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1 Le mercredi 16 novembre 2005
2 [Audience publique]
3 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 05.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Attendons, Maître Kay, tout d'abord.
7 M. KAY : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge. Etant donné les
8 questions qui ont été soumises hier concernant l'état de santé de l'accusé
9 et le problème d'audition qu'il a, en ce moment, il nous a semblé qu'un
10 système, qui était utilisé autrefois au cours de ces procès pour qu'il
11 entende le son correctement, il y avait deux haut-parleurs posés sur sa
12 tête, ce qui lui permettait d'écouter la déposition dans la langue en
13 question, d'après les différents rapports fournis le son qui lui provient
14 par l'intermédiaire des écouteurs exercerbent la situation.
15 La régie technique a dû retirer ce système car, lorsque nous avions des
16 témoins protégés qui étaient cités à la barre dans le procès, on pouvait
17 entendre ce qui était dit à partir de ces haut-parleurs. Nous n'avons pas
18 ce problème-là pour la présentation des moyens à décharge de la Défense et
19 nous n'avons pas des témoins protégés; par conséquent, ceci permettrait de
20 rendre la situation plus agréable pour lui, s'il était possible d'avoir à
21 nouveau les haut-parleurs sur la table de l'accusé, et être sûr que le
22 volume soit ajusté. Je crois que la régie a besoin d'une décision de la
23 Chambre avant de pouvoir procéder à cette modification.
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Ecoutez, c'est fort intéressant.
25 [La Chambre de première instance se concerte]
26 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, vous avez
27 entendu ce que vient de dire Me Kay. Que pensez-vous de cela ?
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Tout d'abord, Monsieur Robinson, cela est un
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1 petit détail. C'est un point de détail parmi les problèmes de santé que
2 j'ai, c'est un tout petit détail. Cela, bien sûr, ne va pas me gêner. Cela
3 peut m'aider. Il est vrai que les écouteurs me gênent. C'est le tout
4 dernier élément, et pour ce qui est de l'oto-rhino-laryngologie et des
5 problèmes liés à ce domaine, c'est le dernier des soucis parmi ceux que
6 j'ai.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-ce que vous souhaitiez que nous
8 prenions en compte ce qui vient d'être dit pour essayer de le mettre en
9 place, ou non ?
10 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, certainement. Ce serait quelque chose qui
11 me faciliterait la vie. Mais j'indique que cela est tout à fait secondaire.
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci, Monsieur Milosevic.
13 [La Chambre de première instance se concerte]
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous allons en tenir compte.
15 Monsieur Nice, s'il vous plaît.
16 [La Chambre de première instance se concerte]
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, vous avez la parole.
18 LE TÉMOIN: ZLATKO ODAK [Reprise]
19 [Le témoin répond par l'interprète]
20 Contre-interrogatoire par M. Nice : [Suite]
21 Q. [interprétation] Hier, lorsque nous avons abordé les événements de
22 Djakovica, nous avons dit que ceci avait été enregistré dans d'autres
23 collections de documents présentés comme éléments de preuve. Vous avez
24 indiqué que, si la source était un ancien de l'UCK, M. Oker. Ensuite, vous
25 avez parlé de M. Walker. Que faisiez-vous lorsque vous avez dit que M.
26 Walker était un ancien ou un vétéran de l'UCK ?
27 R. Monsieur Nice, ce n'est pas qui l'ai dit. C'est ce qu'on dit les
28 membres de cette organisation terroriste de l'UCK.
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1 Q. Vous êtes certain que vous n'avez pas confondu plusieurs éléments et
2 que vous vouliez parler de Holbrooke et du général Clark et les vétérans,
3 et ce que l'on vous a demandé de dire à propos de Walker, ne pensez-vous
4 que vous avez confondu ces deux éléments car rien ne semble indiquer qu'il
5 s'agissait d'un vétéran de guerre en ce qui concerne M. Walker -- d'un
6 vétéran de l'UCK ?
7 R. Je n'ai pas été préparé pour dire ceci ou cela, Monsieur Nice. Il se
8 peut que je me sois trompé.
9 Q. Si vous voulez bien regarder ce livre : "As Seen, As Told," le comité
10 d'expert ou M. Djosan ou quiconque ou toute autre personne vous a-t-il
11 permis d'avoir un accès à ce livre ?
12 R. S'agissant de ce livre, je n'ai lu que les parties qui se rapportaient
13 à Djakovica. Cela s'est passé il y a à peu près trois ans ou peut-être un
14 peu moins de trois ans.
15 Q. On vous a remis l'ensemble du livre ou simplement des extraits ? Qui
16 vous a remis cela ?
17 R. Le général Djosan.
18 Q. Vous vous êtes familiarisé avec la méthodologie de l'ouvrage, à savoir
19 que ceci a été préparé avec des dépositions de témoin et d'éléments
20 recueillis d'autres personnes ?
21 R. Non. Je n'ai pas lu les autres parties. Je n'ai lu que ce qui se
22 rapportait à Djakovica.
23 Q. Vous êtes-vous familiarisé avec la méthodologie utilisée dans cet
24 ouvrage ? Méthodologie qui avait permis de le préparer.
25 R. Non. Cela ne m'intéressait pas.
26 Q. Vous faites ce genre de commentaire sur l'inexactitude des éléments
27 erronés présentée dans cet ouvrage. Est-ce que vous avez regardé ce livre
28 et considéré que de mauvaises actions avaient été commises par l'UCK
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1 lorsque vous avez abordé cette question-là ?
2 R. Pour autant que je le sache, partant des récits que j'ai eus ou des
3 conversations que j'ai eues avec des amis, des connaissances à moi dans ce
4 livre, la première partie ne fait pas état de crimes de l'UCK du tout.
5 Q. Bien. Regardons maintenant un extrait, si vous le voulez bien. Nous
6 n'avons pas, l'ensemble, le temps de voir tout ceci dans le détail, un
7 extrait simplement que je souhaite voir avec vous. Le numéro de la pièce
8 106, si vous voulez bien vous reporter à la page 172. Nous allons vous
9 fournir ce texte en B/C/S, la page correspondante. Je vous demande de lire
10 deux extraits.
11 Monsieur Prendergast, cela se trouve à gauche de la page 173, le paragraphe
12 qui commence comme suit : "Le début des frappes aériennes de l'OTAN contre
13 la RFY, le 24 mars a provoqué une intensification immédiate de la violence
14 et de la destruction au centre de Djakovica au cours desquelles bon nombre
15 de maisons ont été incendiées, des magasins pillés et des Albanais kosovars
16 tués, des civils. Au cours de la nuit, des officiers de police et des
17 paramilitaires ont incendié le quartier du vieux marché. Quelques
18 paramilitaires présents sur les lieux ont été décrits comme étant portant
19 des uniformes de camouflage avec le visage d'un tigre sous forme de
20 brassard sur les manches. Des résidents de la région ont également reconnu
21 des Serbes de la région ainsi que des Gitans qui ont participé à la
22 fusillade et qui ont tiré directement sur des maisons des résidents
23 albanais kosovars. Il y avait des chars, des camions et de l'artillerie
24 lourde dans la ville."
25 Est-ce que vous estimez que chacune de ces phrases est fausse ? Ceci
26 provient donc d'une autre source.
27 R. Pendant ces premières journées, j'ai transporté -- ou plutôt, je dirais
28 que tout le matériel n'a pas jusque-là été sorti de la caserne, donc, il y
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1 a eu un transfert de ce matériel vers les lignes de déploiement des unités.
2 Au quotidien, je passais par le centre de la ville et à côté du site que
3 vous mentionnez justement; cependant, je n'ai pas remarqué ce genre de
4 chose et mes subordonnées ne m'ont pas informé non plus d'avoir
5 éventuellement vu ce genre d'agissement.
6 Q. Monsieur Odak, vous étiez le militaire le plus haut gradé dans la
7 ville, à l'époque. Ici, c'est un compte rendu qui parle de la présence de
8 paramilitaires, d'événements épouvantables comme l'incendie du vieux
9 quartier du marché, de pillages de magasins. Est-ce possible que vous
10 n'étiez pas au courant de cela car vous étiez occupé ailleurs ou est-ce que
11 dans votre déposition vous dites que ce récit est forcément erroné ? Je
12 souhaite simplement connaître votre position là-dessus ?
13 R. Il y a certainement eu des actes criminels commis en temps de guerre,
14 mais, d'après la façon dont j'ai suivi tout ce qui s'est passé, les organes
15 du ministère de l'Intérieur, ainsi que les membres du Département militaire
16 avaient pour mission de sécuriser les magasins et d'assurer la sécurité de
17 la population vis-à-vis de criminels, et ils l'ont fait. Il est certain
18 qu'il y a eu des actes criminels et c'est à condamner, et les auteurs de
19 ces actes doivent être punis. C'est sûr. S'il y a eu des cas de ce genre,
20 cela était des cas particulier.
21 Q. Si vous dites maintenant que, dès le premier jour, des crimes ont été
22 commis par des individus qui pillaient les magasins et qui ont mis le feu à
23 la place du marché, pourriez-vous nous dire, à ce moment-là, ce qui a été
24 fait pour traduire ces auteurs en justice ?
25 R. Tout d'abord, je n'ai pas dit tout à l'heure que cela s'est passé le
26 tout premier jour. La guerre a duré trois mois. Cela aurait pu se passer
27 durant des journées autres. Personnellement, je n'en ai pas connaissance
28 parce que ce n'est pas mon travail. C'étaient les instances du ministère de
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1 l'Intérieur qui étaient chargées de ce travail et c'étaient à eux de
2 capturer les personnes impliquées dans les activités criminelles.
3 Q. Pourriez-vous nous indiquer un compte rendu quelque part qui a consigné
4 cela ? Toute personne qui aurait commis un crime sous la forme de pillage
5 ou l'incendie de Djakovica, à ce moment-là, au mois de mars. Regardez la
6 première partie à droite de cette page qui constitue une partie de votre
7 déposition. Vous trouvez ce paragraphe qui commence comme : "A partir du 25
8 mars, des centaines de résidents de la région ont quitté les villages
9 voisins autour de Djakovica, en particulier, Raca, Moglica, Meja, et se
10 sont réfugiés dans les collines à l'ouest de la ville, en même temps, bon
11 nom d'IDP sont arrivés dans des colonnes escortées de villages plus à
12 l'ouest--" - personnes qui étaient déplacées à l'intérieur du pays,
13 pardonnez-moi - "-- sont arrivées escortées; certaines se sont déplacées à
14 l'ouest près de la frontière albanaise. D'autres se sont réfugiés dans des
15 maisons à Brekovac, et le quartier des Gitans de Djakovica, qui était
16 considéré comme plus sûr. D'après quelqu'un qui a été interviewé, il a vu
17 la VJ se déplacer dans les casernes et dans l'enceinte de l'église
18 catholique Saint-Antoine."
19 Bien. Maintenant, regardons ce passage et je vais revenir à un autre
20 passage également que je souhaite aborder avec vous. Pour ce qui est de ce
21 passage-ci, est-il vrai qu'il y a eu des déplacements de résidents tel que
22 c'est décrit ici ?
23 R. Tout d'abord, pour répondre à la première question que vous avez posée,
24 je dirais que, dans mon unité, il n'y a pas eu d'acte criminel. Je n'ai pas
25 eu de cas de ce genre, et si cela avait été la situation, j'aurais pris des
26 mesures telles que prévues par la loi. Vous ne pouvez pas me demander des
27 documents de cette nature parce que mon travail n'avait pas consisté à
28 appréhender des criminels. Vous pouvez vous adresser aux instances du
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1 ministère de l'Intérieur, pas à moi.
2 Pour ce qui est des déplacements des habitants, je l'ai déjà dit hier, les
3 gens allaient s'abriter là où ils pensaient qu'ils seraient davantage en
4 sécurité. Un grand nombre --
5 Q. Est-ce que le nombre est exact ?
6 R. Ecoutez, je ne peux pas vous répondre par un oui ou par un non. Un
7 grand nombre d'habitants, notamment, les endroits où il y avait des
8 terroristes, ces habitants quittaient ces lieux pour aller vers des
9 endroits où ils se sentaient plus en sécurité, notamment, la ville de
10 Djakovica. Mais je sais que les habitants sont allés à Moglica, Raca,
11 Petrovica.
12 Q. Est-il exact --
13 R. Oui.
14 Q. Est-il exact que la VJ est installée dans sa caserne dans l'église
15 catholique de Saint-Antoine à Djakovica ?
16 R. Monsieur Nice, ce bâtiment-là est juste à côté de la caserne. Il n'y a
17 qu'un mur qui les sépare. Nous avons très longtemps été voisins pendant
18 presque 20 ans. Nous avons eu des relations excellentes avec ces gens-là.
19 Je ne me souviens plus du nom du père supérieur dans ce monastère, et il me
20 semble que c'était le père Lovre. Suite à la demande de mon commandant, du
21 colonel Djosan, je suis allé le voir parce que nous avions des blessés
22 graves et, pour nous, c'était la chose la plus aisée que de lui demander
23 d'installer là les personnes blessées. Le père en question a accepté la
24 chose. Nous lui avons promis que nous n'allions pas porter des armes à
25 l'intérieur. C'est un monastère. Ce n'est pas une église. L'église se
26 trouve à quelque 50 mètres de là.
27 On leur a dit de sortir les objets de valeur, ils l'ont fait, et
28 lorsque nous avons quitté ces lieux au bout de dix jours, nous sommes
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1 retournés chez nous. Le commandant lui-même a respecté cet engagement qui
2 consistait à ne pas porter d'arme --
3 Q. Nous allons en parler davantage après.
4 R. -- parce que -- parce que --
5 Q. Il est vrai, n'est-ce pas, que la VJ recherchait la protection d'un
6 bâtiment ou d'un lieu de culte ? Est-ce que ceci concorde avec les
7 principes de la guerre, d'après vous; autrement dit, que l'armée recherche
8 la protection de lieux de culte ?
9 R. Monsieur Nice, l'armée n'a pas cherché à trouver protection dans ce
10 bâtiment. C'est là qu'elle a installé les blessés les plus graves parce que
11 les transporter en ce moment aurait été de la folie, et cela aurait
12 d'ailleurs été impossible. Les vies de nos soldats primaient à nos yeux.
13 Q. Je souhaite que vous vous reportiez à la fin du paragraphe précédent,
14 ayant parlé du mouvement des personnes en ville : "De façon générale, ils
15 se rendaient chez des amis ou des amis dans d'autres parties du village ou
16 dans des villages voisins dans les collines, de sorte que la moitié de la
17 population était encore en ville à la fin du bombardement de l'OTAN,
18 d'après les estimations des gens de la région, par rapport à d'autres
19 villes du Kosovo, y compris Pec, qui était quasiment déserte."
20 Cette partie-là du rapport est quelque chose que vous estimez être correct,
21 puis, cela correspond à votre témoignage; autrement dit, qu'il restait la
22 moitié de la population à Djakovica.
23 R. Non, je n'ai pas dit que quiconque parmi la population aurait quitté
24 Djakovica. Je n'ai pas de renseignement de cette nature.
25 Q. Bien, que nous regardions maintenant --
26 R. Je n'ai pas dit que la moitié des habitants étaient restés à Djakovica.
27 Je vous ai dit que Djakovica avait compté à la fin de guerre deux fois plus
28 d'habitants qu'avant.
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1 Q. Regardons maintenant la pièce D321, intercalaire numéro 30, c'est une
2 des déclarations que vous avez faite à la commission, que je puisse
3 comprendre votre déposition car je ne la comprends pas très bien.
4 Vous étiez commandant de cette Unité de Logistique de Défense antiaérienne,
5 comme vous l'avez dit, mais, en réalité, comme le révèle l'intercalaire
6 numéro 30, que nous allons maintenant placer sur le rétroprojecteur,
7 d'après cette déclaration-ci, il s'agit d'une de vos trois déclarations,
8 qui est différente des autres. Vous avez créé une unité d'intervention
9 vous-même; est-ce exact ?
10 R. Les renseignements sont les mêmes dans toutes les déclarations. Oui.
11 Alors, suite à un ordre du commandant du colonel Djosan, étant donné que le
12 commandement de la brigade, à savoir, le poste de commandement avancé du
13 Corps d'armée de Pristina, ainsi qu'au niveau de la population, il n'y
14 avait pas d'unité autre qui serait à même d'intervenir en cas d'attaque des
15 terroristes. On m'a dit de prendre les personnes qui étaient utilisées pour
16 sécuriser les lieux de déploiement des unités pour en faire une compagnie
17 qui serait chargée d'intervenir en cas d'attaque des terroristes vis-à-vis
18 de l'un quelconque des éléments que j'ai mentionnées tout à l'heure.
19 Q. Oui. Vous avez dirigé cette unité, n'est-ce pas ?
20 R. Oui.
21 Q. Si une quelconque unité militaire -- nous pouvons confirmer dans le
22 paragraphe suivant, où il est dit : "La compagnie était formée d'un
23 peloton, un commandant et d'un service de Transmission de ces trois
24 pelotons. J'étais commandant de cette compagnie et tout officier qui avait
25 une spécialité dans le domaine de l'infanterie. Les armes de cette
26 compagnie étaient des armes d'infanterie."
27 Donc, il s'en suit que toute personne qui devait nettoyer la ville ou
28 certain quartier de Djakovica agissait d'après vos ordres, était placée
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1 sous votre commandement, n'est-ce pas ?
2 R. Non, Monsieur Nice. Ce n'est pas exact. Vous êtes en train d'inverser
3 des thèses. J'ai dit que l'unité est créée pour intervenir au cas d'une
4 attaque de la part des terroristes, et elle n'a eu à intervenir qu'une
5 seule fois. Elle a été utilisée lors de cette action antiterroriste au
6 niveau des villages de Meja, Pacaj, Racaj. Il a été très difficile de les
7 rassembler ces hommes parce que les autres parties du bataillon restaient
8 sans effectif de sécurité en cas de la création d'une unité de cette
9 nature. Je ne sais pas si vous comprenez parce que ces soldats étaient là
10 pour sécuriser les effectifs du bataillon.
11 Pendant les deux jours, où je m'en suis servi, d'autres unités ont été
12 sécurisées par des soldats qui n'ont pas été formés à cette fin et cela a
13 placé en danger le reste de mes effectifs.
14 Q. J'aimerais simplement clarifier ma question. J'espère que ce sera plus
15 clair pour vous. J'en ai encore quatre. Souvenez-vous, nous avons vu tous
16 les dégâts qu'a subis la ville de Djakovica sur la vidéo que nous avons vue
17 hier. Vous souvenez-vous de cela ?
18 R. Oui, les bombardements de l'OTAN.
19 Q. Vous savez que j'ai passé en revue et que nous avons abordé la
20 déposition d'une jeune fille ainsi qu'un ouvrage de "Human Rights Watch".
21 Il y a donc énormément de preuves à l'appui en vertu de quoi des gens ont
22 été tués et nettoyés de Djakovica. La question que je vous pose est celle-
23 ci : y avait-il une autre unité armée, hormis la vôtre, capable à Djakovica
24 de soit endommager les bâtiments tels que nous l'avons vu, ou deuxièmement,
25 nettoyer par la force les habitants de Djakovica et massacrer les gens de
26 Djakovica ? Y avait-il une autre unité, hormis votre unité d'intervention,
27 sur place ?
28 R. Tout d'abord, Monsieur Nice, les gens à Djakovica n'ont pas été
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1 massacrés ni expulsés. Cela, c'est un mensonge pur et simple.
2 Q. Un instant, s'il vous plaît.
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, je me demandais s'il
4 n'y a pas un rapport d'expert sur la question; autrement dit, quelle a été
5 la raison de la destruction de ces bâtiments, à savoir si cela provenait
6 d'un bombardement aérien ou de tirs d'artillerie ?
7 M. NICE : [interprétation] Nous avons déjà entendu les dépositions là-
8 dessus. C'était ma question suivante.
9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien.
10 M. NICE : [interprétation]
11 Q. Est-ce que vous pourriez nous aider un petit peu en ceci. Y avait-il
12 une autre unité sur place, hormis l'unité d'intervention que vous dirigiez
13 vous-même, capable d'infliger de tels dégâts aux bâtiments, se rendre dans
14 les maisons des différents habitants, de les tuer et de les évacuer par la
15 force ? Y avait-il une autre unité de l'armée présente dans la ville de
16 Djakovica ?
17 R. Monsieur Nice, mon unité, tout d'abord, n'a pas cela comme affectation.
18 Elle n'est pas destinée au combat. C'est une unité de logistique qui doit
19 approvisionner les autres unités en munitions, vivres, carburant et veiller
20 à accueillir les blessés. C'était cela notre mission. Le seul endroit où
21 nous avons été engagés, c'était pour boucler les lieux dans une action
22 antiterroriste à Meja. Jamais notre unité n'a été utilisée pour ce type
23 d'activités.
24 Q. Djakovica est une ville d'une certaine taille mais ce n'est pas une
25 ville très grande. Y avait-il une autre unité, une unité de la police, de
26 l'armée ou une unité paramilitaire qui, que vous reconnaîtrez, aurait été
27 présente et qui aurait chassé les habitants de leurs maisons ou qui aurait
28 détruit ces bâtiments ?
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1 R. Je vous répète que personne n'a massacré les gens, que personne n'a mis
2 le feu aux maisons et mis à part mon unité, je vous ai dit qu'il y avait
3 une compagnie des transmissions qui étaient là pour desservir les
4 compagnies de la brigade. Je ne sais pas combien d'unités de la police il y
5 avait, mais il n'y avait certainement pas d'unités paramilitaires.
6 Q. Veuillez regarder la dernière partie de votre déclaration lorsque vous
7 parlez de Racaj. Vous parlez de la ligne et du cordon qui a été mis autour
8 de cet endroit-là.
9 Il y a beaucoup d'éléments présentés à l'appui de tout ceci pour indiquer
10 que des gens ont été chassés de Racaj. Est-ce que vous dites que ceci est
11 simplement infondé ou inexact, ou est-ce que vous dites : "Qu'il est
12 possible qu'une unité soit entrée dans la ville et qui ait chassée les
13 habitants mais qu'il ne s'agissait de votre unité" ? Quel est votre point
14 de vue sur la question ?
15 R. D'abord, ce n'est pas vrai que d'affirmer que les gens ont été expulsés
16 et je vous ai déjà parlé de la tactique des terroristes. Ce sont eux qui
17 contraignaient la population dans les villages à les quitter afin de
18 présenter cela comme si cette population fuyait l'armée. Cela s'est produit
19 de 1998 à la fin de la guerre. Pendant toute cette durée de temps, ils ont
20 utilisés la même méthodologie de travail parce que la population n'a pas
21 fui là où il n'y a pas eu de terroristes et de soldats.
22 Q. C'est votre récit pour lequel vous n'avez aucun document d'époque, à
23 l'époque. Il n'y a aucun document qui puisse corroborer vos dires ici, ce
24 qui s'est passé en 1998, 1999 ?
25 R. Non, Monsieur Nice, je n'en ai pas. Mais, à la différence de vous-même,
26 j'étais là-bas en 1998, 1999 et j'ai vu cela.
27 Q. Je comprends bien ce que vous nous dites. Vous nous dites en somme que
28 l'UCK se rend dans un village, chasse les habitants du village et incendie
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1 les maisons, et les pauvres villageois sont ainsi réfugiés dans les bois.
2 Que font-ils après cela pour faire comprendre que ceci avait été fait par
3 l'armée ? Pourriez-vous m'aider peut-être un petit peu ?
4 R. Monsieur Nice, vous avez tout compris à tort et à travers. Je vous ai
5 dit que les terroristes arrivaient dans les villages. Ils procédaient à une
6 mobilisation forcée. Ils vendaient, dans la contrainte, des armes à la
7 population. Ils vendaient un fusil au prix de 200 ou 300 marks à l'époque.
8 Ils plaçaient des points de contrôle autour des villages. Ils donnaient
9 l'ordre à la population de creuser des tranchées et des boyaux autour du
10 village et cela créait l'impression que c'était un village qui se défendait
11 contre une armée qui ne l'attaquait. Lorsqu'ils s'attaquaient à l'armée et
12 que l'armée venait à riposter et à s'attaquer aux terroristes du village,
13 eux donnaient l'ordre aux villageois de s'en aller pour faire croire que
14 l'armée avait chassé la population. Or, l'armée ne s'était battue que
15 contre les terroristes. C'était là la façon de procéder des terroristes qui
16 était bonne et vraie pour la totalité des villages du Kosovo ou
17 probablement la totalité des villages.
18 Parce que d'après ce que j'ai vu et j'en ai vu pas mal en 1998 dans le
19 cadre d'un groupe de combat, ils ont justement eu recours à cette façon de
20 faire.
21 Q. Dès le début pour faire croire qu'il s'agit d'une attaque épouvantable
22 menée par l'armée contre les habitants du village et, bien sûr, ils
23 savaient très bien ce qui se passait. C'est ce que vous dites ?
24 R. Je répète une fois de plus, Monsieur Nice. Les villageois, là où il n'y
25 avait pas de terroristes, ces villageois ne quittaient pas leurs villages.
26 Ils n'avaient aucune raison de fuir l'armée et ils n'ont pas fui l'armée.
27 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mon Lieutenant-colonel, les gens à
28 qui ont a fait cela sont, semble-t-il, grosso modo des personnes qui
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1 appartiennent au même groupe ethnique, n'est-ce pas ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui.
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] N'est-ce pas étrange ?
4 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] N'est-ce pas étrange ?
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur Robinson. Cela n'a rien
7 d'étrange parce que ce n'est pas une question d'idéologie, c'est une
8 question de la force. Ils n'ont pas acquis à leurs idées la population par
9 l'idéologie, mais par la force. Ils n'ont pas, sans raison, tué leurs
10 propres compatriotes qui avaient des points de vue différents des leurs.
11 J'entends ceux qui étaient des citoyens loyaux vis-à-vis de leur Etat, de
12 la Serbie-et-Monténégro actuellement, mais, à l'époque, cela s'appelait la
13 Yougoslavie.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice.
15 M. NICE : [interprétation]
16 Q. Avant d'aborder la question de la destruction que j'ai évoquée un peu
17 plus tôt, je souhaite vous poser ma question en des termes très clairs.
18 Monsieur Odak, vous, comme bon nombre de commandants de compagnie ou de
19 bataillon, vous avez été pris dans l'engrenage des événements. Vous avez
20 donné les instructions ou commandé vos hommes en sachant qu'ils allaient
21 peut-être commettre des crimes en toute connaissance de cause et vous avez
22 fait en sorte que ces personnes ne soient pas punies parce que cela servait
23 la cause politique des dirigeants de l'époque et de l'accusé. C'est
24 effectivement ce qui s'est passé, non ?
25 R. Cela c'est une contrevérité complète et c'est une insinuation éhontée
26 de votre part. Je ne vous permets pas d'offenser les gens qui ont combattu
27 à mes côtés pour défendre la liberté de leur pays.
28 Q. Vous êtes maintenant incapable de nous expliquer les causes du décès,
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1 des fosses communes à Djakovica, la destruction et le nettoyage d'une
2 partie de la ville, car c'est vous qui en êtes responsable. Vous le savez
3 et vous êtes venu devant ce tribunal pour mentir à propos de tout cela ?
4 R. Ecoutez, Monsieur Nice, je suis tout à fait ravi par votre comportement
5 de gentlemen, mais je ne vais pas descendre au niveau qui est le vôtre. Ce
6 que vous dites est un mensonge total. J'ai passé tout le temps à Djakovica.
7 J'ai réalisé les missions qui m'ont été confiées par mes supérieurs.
8 C'était essentiellement, à l'époque, où j'étais partie intégrante de la 52e
9 Brigade, des missions qui consistaient à approvisionner les unités. J'ai
10 accompli mes missions avec conscience et responsabilité. Aucun de mes
11 supérieurs, ni de mes soldats n'a commis de crimes. Ceux qui ont essayé de
12 commettre des crimes au niveau de la Brigade, je vous en ai déjà parlé. Ce
13 sont des gens qui ont été appréhendés et qui ont été emprisonnés par la
14 police militaire et ils ont fait l'objet de mesures.
15 Q. Veuillez nous donner leurs noms, s'il vous plaît et dites-nous ce qui
16 est advenu de ces personnes entre-temps.
17 R. Monsieur Nice, je n'ai pas fait partie du commandement de la Brigade,
18 j'ai été commandant d'un bataillon. Ces soldats n'ont pas fait partie des
19 rangs de mon unité à moi. Ils faisaient partie d'une batterie, je ne sais
20 trop laquelle, et nous avons été informés au niveau de la brigade de ces
21 comportements. Mais ce qui est advenu par la suite, cela ne nous regardait
22 pas. C'était une question qui concernait les instances de la justice.
23 Q. Regardons maintenant la pièce 88, s'il vous plaît. Il s'agit du rapport
24 fourni par l'expert Riedlmayer. Je vais tout d'abord vous demander de
25 regarder quelques extraits du rapport écrit et ensuite nous allons regarder
26 les photographies et les différents documents qu'il a analysés, concernant
27 Djakovica en particulier. Si vous voulez bien vous reportez à cela, c'est
28 en anglais malheureusement uniquement. C'est la pièce 88, cela se trouve au
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1 paragraphe 2.1. Si vous voulez bien placer ceci sur le rétroprojecteur, je
2 vais en lire quelques extraits et recueillir vos commentaires.
3 Nous avons eu, voyez-vous, un expert en monuments qui est venu témoigner
4 ici, et il explique qu'entre autres : "Un nombre de monuments historiques
5 et de sites historiques au Kosovo ont, d'après les autorités yougoslaves,
6 été détruits ou très gravement endommagés par les frappes aériennes de
7 l'OTAN…" et il cite ici les différents monuments. Parmi ces monuments se
8 trouve la mosquée de Hadum.
9 Au paragraphe suivant, il dit comme suit : "Par rapport aux sites
10 susmentionnés, on a retrouvé aucun signe de dommages sur les bâtiments qui
11 auraient pu être provoqués par une attaque aérienne. Quelques-uns d'entre
12 eux, y compris les sites de l'église orthodoxe serbe et d'autres monuments
13 du patrimoine non-serbe semblent être complètement intacts."
14 Il s'agit ici de quelqu'un qui a vu la mosquée de Hadum et a comparé ceci
15 avec les allégations qui déclaraient que ceci avait fait l'objet du
16 bombardement, aucun signe d'un bombardement ou d'une attaque.
17 Est-ce que vous acceptez que la mosquée de Hadum n'ait pas été bombardée
18 parce que vous n'étiez pas sur les lieux, n'est-ce pas ?
19 R. Je n'ai pas été à proximité de cette mosquée de Hadum, mais la partie
20 de la ville non loin de Cabrat a été bombardée au quotidien. Pendant les
21 premiers jours de la guerre, elle a été bombardée le plus souvent. Les rues
22 sont très étroites et il y a beaucoup de maisons, autour de la mosquée
23 également. Je l'ai vu bon nombre de fois à partir de cette colline de
24 Cabrat. Il se peut que la mosquée ait brûlé suite à l'incendie qui s'était
25 propagée parmi enfin, au niveau des maisons environnantes.
26 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, je crois qu'il y a un
27 problème ici. Vous voulez bien passer maintenant --
28 M. NICE : [interprétation]
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1 Q. Le paragraphe suivant, puisque je souhaite parler de l'exactitude de ce
2 rapport au niveau de la deuxième phrase.
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Cela n'est pas sur le compte rendu
4 d'audience. Veuillez répéter, s'il vous plaît. J'ai dit, "Voulez-vous
5 confirmer, Monsieur Nice, que cet expert n'a visité que des sites
6 culturels."
7 M. NICE : [interprétation] C'est exact.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
9 M. NICE : [interprétation]
10 Q. Veuillez regarder maintenant le paragraphe suivant --
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez commencer au début de ce
12 paragraphe puisqu'on parle de bazar.
13 M. NICE : [interprétation]
14 Q. "D'autres endroits ont été endommagés et détruits, mais la destruction
15 provenait certainement du terrain (la mosquée de Hadum, les bazars
16 historiques de Pec et Peja). L'église catholique de Saint-Antoine à
17 Djakovica n'a pas été frappée par l'aviation, mais avait été transformée en
18 caserne militaire par l'armée yougoslave."
19 Si on parle maintenant du quartier du bazar que nous allons voir sur la
20 page suivante, l'expert nous dit que ceci a été détruit depuis le sol, que
21 ceci a été incendié. Est-ce que vous acceptez que cela puisse être le cas ?
22 R. Non. Je n'ai pas d'information de ce genre.
23 Q. Est-ce qu'on peut envisager cette possibilité, vous n'êtes pas obligé
24 de vous conformer à des choses que vous ne savez pas. Parce que je vous ai
25 posé des questions à propos de la participation de la police ou des
26 paramilitaires. Est-ce possible que le bazar ait été incendié par ceux qui
27 avaient l'intention d'y mettre le feu ?
28 R. Je vous le répète, je n'ai pas d'information de ce genre. Je ne peux
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1 pas vous dire si, oui ou non, cela se pourrait.
2 Q. Tournez à la page suivante, s'il vous plaît, le paragraphe 2.2. On peut
3 y lire ceci : "Trois de ces centres urbains, historiques et biens protégés
4 au Kosovo, ont été sévèrement endommagés au cours du printemps de 1999 -
5 Pec/Peja, Djakovica/Gjakove et Vucitrn/Vushtrri. Malgré les allégations des
6 autorités yougoslaves, il semblait tout à fait manifeste que, d'après la
7 nature de ces dommages, ces destructions n'étaient pas dues à un
8 bombardement aérien, mais à des incendies provoqués au niveau de bâtiments
9 isolés. Des déclarations de témoins oculaires ont reconnu que c'était la
10 police serbe, les troupes de l'armée yougoslave, les paramilitaires et,
11 dans certains cas, des civils serbes avoir été les auteurs de ces attaques.
12 Ces attaques semblent avoir eu pour objectif la destruction des bâtiments,
13 des sites, des monuments religieux associés avec la population albanaise du
14 Kosovo…"
15 Est-ce que cet expert se trompe ici lorsqu'il nous donne cette analyse ?
16 R. Je vois que nous tournons en rond, Monsieur Nice, en permanence. Pour
17 ce qui est de ces sites-là, un grand nombre de sites ont été touchés par
18 les bombardements de l'OTAN. Je ne peux pas affirmer, il se peut qu'il y
19 ait eu des cas individuels d'incendies. C'est possible. C'était la guerre.
20 Comme dans toute guerre, cela est possible, mais on ne peut pas affirmer si
21 les bombes de l'OTAN ont endommagé un bâtiment que d'autres bâtiments n'ont
22 pas brûlé suite à cela.
23 Djakovica est une ville très caractéristique parce que les rues sont
24 étroites, les maisons se trouvent collées les unes aux autres, et c'est
25 ainsi que les choses se passaient.
26 Q. Regardons un dernier paragraphe, qui se trouve à la page 9, à droite, à
27 la fin du paragraphe 2.4. On peut lire ce qui suit, cet expert s'est
28 entretenu avec différentes personnes, nous avons des notes en bas de page
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1 pour corroborer ces dires, et il dit ceci : "L'église catholique de Saint-
2 Antoine à Pristina et l'église catholique de Saint-Antoine, ainsi que le
3 couvent des Franciscains voisins à Djakovica ont été occupés par les
4 troupes de l'armée yougoslave au début de la guerre aérienne menée par
5 l'OTAN et ont été utilisées comme des installations militaires, une
6 violation des droits de la guerre ce qui représente un abus du symbole de
7 la Croix Rouge."
8 Ensuite, il parle du cas de l'église de Pristina. Je ne sais pas, je ne
9 sais pas si vous pouvez nous aider en ceci -- est-ce que vous vous êtes
10 rendu à Pristina ? Est-ce que vous savez ce qui est arrivé à Pristina ?
11 R. Non, non, je ne sais pas. Pendant toute la durée, j'étais à Djakovica.
12 Q. Je vais sauter cette phrase, et il dit ceci : "Dans le cas de l'église
13 de Pristina [comme interprété], les officiers et les troupes de la base de
14 l'armée yougoslave se sont installées dans l'église, le couvent, une demi-
15 heure avant le début du bombardement de l'OTAN," d'après le prêtre de cette
16 paroisse. "Les troupes de la VJ ont chassé les prêtres et les sœurs et ont
17 utilisé ces bâtiments et cette église comme centre de commandement pendant
18 tous les mois suivants."
19 Il s'agit, donc : "Ils se sont installés dans l'église, le presbytère
20 et le couvent."
21 R. Monsieur Nice, je vous ai déjà dit, si j'avais l'intention de
22 dissimuler quoi que ce soit, je n'en parlerais pas du tout. Nous avions
23 demandé le prêtre de la paroisse et il nous a accordé l'accès à son
24 monastère, et nous lui avons restitué les lieux. Le monastère a été
25 endommagé suite aux frappes aériennes de l'OTAN parce que c'était juste à
26 côté de la caserne. Nous avons très rapidement quitté ces lieux parce que
27 les blessés, ces jeunes traumatisés n'ont pas pu supporter autant de
28 bombardements. C'est la raison pour laquelle nous avons rapidement quitté
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1 les lieux. Nous les avons restitués tels que réceptionnés, et personne
2 n'est entré dans l'église. L'église se trouvait à 50 mètres à gauche de la
3 rue par rapport au monastère, et là, personne n'y a été installé.
4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Comment cet expert a-t-il acquis son
5 expertise ?
6 M. NICE : [interprétation] Il a visité bon nombre de bâtiments dans le
7 monde entier dès bon nombre d'années. Il s'est consacré à cela. Je ne sais
8 pas -- je ne pense pas que son expertise ait été mise en cause. Je ne me
9 souviens pas des diplômes dont il dispose, mais il a été unanimement
10 reconnu par tout le monde. Ses qualifications sont excellentes, mais je
11 peux retrouver son curriculum vitae si vous le souhaitez.
12 Je souhaite maintenant que nous tournons vers les photographies, pièce 88 -
13 -
14 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson.
15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, vous avez la
16 parole.
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Au sujet de la question que vous venez de
18 soulever, je voudrais faire une petite objection. Nous venons d'entendre M.
19 Nice affirmer que M. Riedlmayer a fondé ses constations sur des
20 déclarations de témoins. Il n'est pas habilité à recueillir des dépositions
21 de témoins. Il n'est pas un juge. En aucune façon, il ne se trouve être
22 compétent pour ce qui est de recueillir des déclarations, et ceci ne fait
23 que prouver que tout ce qu'on avance ici n'est que falsification pure et
24 simple.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je crois que cet homme est tout à
26 fait qualifié. Il pourrait recueillir un rapport de n'importe qui. Je crois
27 que ceci n'a rien d'inhabituelle. Je ne sais pas si on peut qualifier ceci
28 comme étant une déclaration au témoin, je ne sais pas.
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1 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Président, peut-on simplement --
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Veuillez poursuivre.
3 M. NICE : [interprétation] Pour simplement vous rappeler de la pièce 88,
4 nous allons regarder les photographies, si vous voulez bien les placer sur
5 le rétroprojecteur.
6 Q. Il s'agit d'une partie du rapport, rapport préparé minutieusement. Je
7 souhaite vous expliquer, Monsieur Odak. Hier, vous avez, avec beaucoup
8 d'emphase, parlé de la manière dont la mosquée et la place du marché ont
9 été détruites, et je vous ai montré une photographie de la mosquée. Cela
10 faisait partie des bâtiments détruits. Vous ne l'avez pas reconnu, mais
11 vous avez dit ceci dans votre témoignage.
12 Regardons maintenant cette photographie, si vous vouliez bien, la première,
13 sans doute. Si vous vouliez bien commencer au K029370. 370.
14 Il s'agit là du bazar de Djakovica et, si vous regardez son analyse, il
15 nous avait dit ceci : "Quasiment tous les magasins du marché historique ont
16 été incendiés, sur une zone importante qui regroupaient un certain nombre
17 de bâtiments près de la mosquée de Hadum.
18 "La destruction couvre l'ensemble du quartier du bazar, du quartier
19 historique avec l'exception d'une rangée de magasins du côté d'Abedin
20 Torbesh, de cette rue-là. Les toits se sont effondrés, ce qui divise les
21 murs des magasins, les murs sont quasiment intacts. Aucun signe de -- aucun
22 indice d'obus ou d'éclats ce qui aurait été normal s'il y avait des frappes
23 aériennes.
24 "Les autorités yougoslaves ont prétendu que les dégâts provoqués au niveau
25 du bazar et de la mosquée de Hadum ont été provoqués par les frappes
26 aériennes de l'OTAN.
27 "Les débris ont été nettoyés au cours de l'été et on a montré les
28 intérieurs de maisons brûlés, il n'y a pas eu de reconstruction."
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1 Ensuite, on peut lire ce qui suit : "Des photographies de Djakovica et du
2 bazar, en train de brûler, ont été prises par un résident de la ville de
3 Petrit Domi, le 4 janvier 1999. Egalement, on voit des cadavres de
4 personnes massacrées devant ces magasins en train de brûler." D'autres
5 photographies.
6 Il s'agit ici d'un récit qui parle d'un bazar en flammes et ceci remonte au
7 mois de janvier 1999.
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Le 4 janvier ?
9 M. NICE : [interprétation] Le 4 janvier, oui.
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ou plutôt le 1er avril ?
11 M. NICE : [interprétation] Je crois que c'est le 1er avril.
12 Q. Est-ce qu'il y a quelque chose ici, d'après les faits, le fait que des
13 tuiles des toits soient éparpillées, que les toits se soient effondrés, et
14 que tout ceci était en train de brûler ? Est-ce qu'il y a quelque chose que
15 vous pouvez contester dans tout ce qui est dit ici ?
16 R. Monsieur Nice, je l'ai déjà dit tout à l'heure. Nous n'arrêtons pas de
17 revenir sur le même sujet et de dire toujours la même chose. Je n'affirme
18 pas qu'aucun crime n'a été commis par des individus isolés. Je le dis
19 encore une fois. Mais la plupart des incendies ont été dues à l'agression
20 de l'OTAN. Je répète encore une fois que tous ces bâtiments et toutes ces
21 maisons sont très près des unes des autres. C'est une rangée de maisons
22 dans cette rue, des unes à côté des autres. Donc, lorsqu'une maison brûle,
23 elle provoque d'extension de l'incendie dans tout un quartier de Djakovica.
24 La place de Mostar a été visé par l'OTAN c'est l'une des caractéristiques
25 de ce qui s'est passé tout près de la colline.
26 M. NICE : [interprétation] Page suivante, Monsieur l'Huissier, s'il vous
27 plaît.
28 Q. Un détail encore, il faut se dépêcher car nous manquons de temps.
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1 Voilà, ce que cet expert a constaté au sujet du bombardement.
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-ce qu'il est au courant que des
3 incendies suivent des bombardements ?
4 M. NICE : [interprétation] Je ne suis pas en mesure de répondre à cette
5 question.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Témoin, pouvez-vous nous
7 aider sur ce point ? Colonel, pouvez-vous nous aider ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas compris la question. Excusez-moi.
9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-ce qu'il est courant que des
10 bombardements provoquent des incendies ?
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, absolument.
12 M. NICE : [interprétation]
13 Q. Voyons ce qu'un indicateur a dit à M. Riedlmayer car cela figure sur la
14 page suivante. Je cite : "L'indicateur écoutait la radio et a entendu un
15 bulletin d'informations dans la soirée diffusé par les Serbes à 20 heures,
16 le 24, disant que les centres-villes de Belgrade, Novi Sad, Pristina et
17 Djakovica avaient été bombardés par l'OTAN.
18 "L'indicateur a expliqué qu'il avait été ébahi car il vivait dans le centre
19 de la ville et qu'à ce moment-là, il n'y avait aucun avion et pas la
20 moindre explosion dans le voisinage."
21 Il a expliqué à M. Riedlmayer que la base de l'armée yougoslave qui se
22 trouve en périphérie de la ville avait été touchée par une frappe aérienne,
23 mais le centre de la ville, et il ajoute ensuite : "Quand, après minuit, la
24 police serbe en civil est arrivée à pied et en voiture et a mis le feu à la
25 mosquée Hadum et au vieux bazar qui l'entoure, des gens ont été tués
26 également."
27 Voici le récit fait par quelqu'un qui a été poussé à réagir car d'après lui
28 ce que disait la radio était un mensonge. Est-ce que cette personne a peut-
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1 être raison ? Est-ce que le bazar a peut-être été incendié par des
2 policiers en civil à pied qui ont aussi tué des gens ? Est-ce que ceci peut
3 éventuellement être vrai ?
4 R. Monsieur Nice, je ne sais pas combien de fois je dois vous répéter que
5 je ne sais rien de tout cela. Ce que je sais, je l'ai dit et je vous
6 prierais de -- parce que vous me posez sans cesse la même question et je ne
7 peux que vous répondre toujours la même chose.
8 Q. J'en ai presque fini, mais vous faites une déposition que si elle est
9 admise sera prise comme base d'un jugement. Vous avez dit dans votre
10 déposition que rien de répréhensible ne s'était passé en raison de l'action
11 des Serbes qu'il s'agisse de policiers ou de militaires ou d'autres dans la
12 ville dont vous étiez un officier supérieur au sein de l'armée et je vous
13 donne une possibilité de commenter votre déposition pour dire le contraire.
14 M. NICE : [interprétation] Si M. l'Huissier pouvait tourner quelques pages
15 et passer à la page 9 373, nous verrons ce qui est dit au sujet de la
16 mosquée.
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Quand cette déposition a-t-elle été
18 recueillie ?
19 M. NICE : [interprétation] Le 26 octobre. C'est le rapport de l'expert, 26
20 octobre 1999. Je crois que l'étude a été faite à peu près à ce moment-là,
21 mais je n'en suis pas certain.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Il agissait pour le bureau du
23 Procureur ?
24 M. NICE : [interprétation] Non.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Non ?
26 M. NICE : [interprétation] Je ne crois pas. Je vais devoir vérifier, mais
27 je crois que c'était un expert indépendant pour la MINUK en 2001 et que
28 cette étude a été commandée par d'autres que le bureau du Procureur. Je
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1 n'ai pas son curriculum vitae en tête à l'instant même, mais c'est
2 vérifiable.
3 Q. Pouvez-vous regarder cette photographie de la mosquée ? On voit un
4 portait en bois devant la mosquée qui a complètement été brûlée. Voilà ce
5 que dit cet expert : "Un long portail en bois devant la mosquée a
6 totalement brûlé. Le plomb sur le toit de ce bâtiment incendié et des dômes
7 couvrant l'arcade de la mosquée ont complètement fondu. Une porte en bois
8 massive de la mosquée a été calcinée. Des marques d'incendie émanent de la
9 fenêtre semi circulaire au-dessus de la porte d'entrée. Des dommages
10 importants aux fresques du 18e couvrant les murs et l'intérieur des dômes
11 ont été remarqués. Le minaret a été décapité. La portion supérieure au-
12 dessus du balcon a été démolie et une grande partie du minaret semble
13 s'être écrasée sur le sommet de la bibliothèque adjacente, ce qui a
14 entraîné l'écoulement du mur arrière."
15 Voilà la description des dégâts.
16 M. NICE : [interprétation] Si la Chambre peut passer à la page suivante, je
17 pense qu'elle y verra éventuellement la date. Si nous regardons la
18 photographie du haut, Monsieur l'Huissier, c'est la photographie prise par
19 M. Riedlmayer en octobre 1999.
20 Q. Nous voyons que le feu a calciné le socle du minaret et qu'il y a déjà
21 des débris. Ensuite, ce qui suit est le récit donné par cet homme qui a
22 fourni des informations sur ce qui s'est passé.
23 "La première nuit du bombardement de l'OTAN, le 24 mars, la radio serbe a
24 annoncé le bombardement par l'OTAN de Belgrade, Novi Sad, Pristina et
25 Djakovica. Donc, toujours ce que dit cet homme qui a fourni les
26 informations. Il a été ébahi mais lorsqu'il va voir de plus près, il
27 découvre qu'un engin incendiaire a été placé à la porte de la mosquée mais
28 que seule l'extension en bois du portique et l'extérieur de la porte ainsi
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1 que tous les éléments de bois ont brûlé. L'intérieur de la mosquée n'a pas
2 pris feu même si un projectile incendiaire a été tiré par l'ouverture
3 surplombant la porte. La raison de cela c'est que la porte a donc servi
4 d'obstacle et quelques mois plus tôt, des membres plus âgés de la
5 congrégation s'étaient plaints de courant d'air entrant de la mosquée par
6 cette ouverture de sorte qu'un doublage en bois très épais avait été
7 installé à l'intérieur pour empêcher le froid d'entrer. Ces planches de
8 bois ont pris feu et brûlé. Cet homme déclare que l'on voit des marques de
9 suies au-dessus de la porte mais que le projectile incendiaire n'a pas pu
10 détruire tout l'intérieur de la mosquée.
11 La bibliothèque et l'école coranique juste à côté ont également brûlé à
12 l'époque et le minaret de la mosquée a été décapité selon cet homme qui
13 fournit ces informations mais un peu plus tard, le 8 mai 1999."
14 Alors, voici le détail du récit obtenu en 1999 par cet expert qui
15 travaillait pour la MUNIK, si je ne m'abuse, mais nous verrons le détail
16 ultérieurement. Est-ce que vous avez des commentaires ou des détails à
17 fournir ?
18 R. Monsieur Nice, j'étais dans la caserne qui a été détruite totalement.
19 C'est elle qui a été frappée la première. Après quoi, une pluie de bombes
20 est tombée sur Cabrat. J'ai mis un certain nombre de ressources à l'abri
21 et, dans la partie supérieure des maisons de Cabrat, le feu s'est
22 rapidement étendu vers le bas de la ville. Je suis passé par là, j'ai vu un
23 grand nombre de pompiers qui essayaient d'éteindre l'incendie. Voilà ce que
24 j'ai vu et je considère et affirme que tout cela était le résultat des
25 bombes de l'OTAN.
26 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Odak, vous rappelez-vous à
27 quel moment l'incendie -- le bombardement a commencé ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Le bombardement a commencé dans la soirée. Je
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1 ne me souviens pas de l'heure exacte, mais je crois que c'était entre 19
2 heures et 20 heures.
3 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.
4 M. NICE : [interprétation]
5 Q. Vous semblez vouloir attribuer tous les incendies au bombardement mais
6 pouvez-vous expliquer dans ces conditions pourquoi le MUP s'est plaint du
7 fait que des membres de l'armée yougoslave ou des réservistes, de l'armée
8 mettaient le feu à des bâtiments ? Est-ce qu'ils avaient besoin dans ces
9 conditions d'incendier encore davantage ?
10 R. Monsieur Nice, je ne sais pas sur quoi votre question porte
11 concrètement, mais, s'il y a eu des plaintes ou des protestations, c'est en
12 collaboration avec le commandant de mon unité, le général Djosan, ces
13 problèmes ont été résolus. Je répète encore une fois, que des abus ont
14 peut-être eu lieu, mais au sein de mon unité cela n'a pas été le cas et je
15 le sais, donc pas dans notre brigade. Ce rapport de M. Colic, ou ce récit
16 fait par M. Colic, ne dit nulle part qu'il s'agirait d'autre chose que de -
17 - qu'il s'agirait exclusivement de Djakovica, en tout cas, ce n'est pas
18 ainsi que j'ai compris la chose.
19 Q. Je ne peux plus en entendre davantage. Je répète ce qui
20 est : compte tenu du fait que vous avez été exclu des autres forces
21 paramilitaires ou de la police, vous étiez responsable de ce qui s'est
22 passé à Djakovica, Monsieur Odak, vous êtes considérablement responsable
23 personnellement et par l'intermédiaire de vos hommes des crimes graves qui
24 ont été commis à Djakovica, et comme tous les autres commandants, vous avez
25 été contraint de venir ici et de mentir parce que vous savez que si vous ne
26 vous serrez pas les coudes vous aurez tous à répondre de ce que vous avez
27 fait. Peut-être pas nécessairement, ici, mais ailleurs en tout cas et c'est
28 la raison pour laquelle vous nous mentez, n'est-ce pas, la vérité ?
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1 R. Monsieur Nice, vous prenez vos désirs pour des réalités. Ce que vous
2 venez dire est totalement inexact. Nous n'avons fait qu'accomplir des
3 missions qui nous étaient assignées par l'armée pour défendre notre pays.
4 Ce que vous affirmez n'a rien à voir avec la vérité.
5 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges, j'ai
6 des exemplaires du curriculum vitae de M. Riedlmayer, si vous en avez
7 besoin. Dans la pièce à conviction initiale, on trouve ce curriculum vitae.
8 Il semble bien que cet homme avait une très bonne connaissance académique
9 de tout ce qui concernait les Balkans, les Turcs et autres. Il a fondé, en
10 1999, le projet culturel du Kosovo et je me souviens que ceci l'a mené à
11 inspecter les divers sites catalogués par lui dans le cadre d'une mission
12 de consultant auprès de la MUNIK.
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci, Monsieur Nice.
14 Monsieur Milosevic, des questions supplémentaires éventuellement.
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vais essayer, Monsieur Robinson.
16 Nouvel interrogatoire par M. Milosevic :
17 Q. [interprétation] Au début on vous a demandé si vous aviez, de vos yeux,
18 vu un cadavre de terroriste tué. Vous vous rappelez avoir entendu cette
19 question ?
20 R. Pour l'année 1999, oui.
21 Q. On vous a demandé si vous aviez vu le cadavre d'un terroriste tué, et
22 vous n'avez pas eu l'occasion de répondre. Comment est-ce possible que vous
23 n'ayez pas vu un seul cadavre ? Est-ce que cela signifie, ce que dit M.
24 Nice d'ailleurs, que les terroristes n'étaient pas tués ?
25 R. Non, non, non. Chaque fois qu'il y avait affrontement et conflit avec
26 les terroristes, nous trouvions d'importantes traces de sang. Mais, comme
27 c'est le cas ailleurs aussi, ils emportaient leurs morts et leurs blessés.
28 Q. Très bien. S'agissant des cartes d'identité en nombre important,
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1 plusieurs centaines que vous avez découvertes dans le village de Nec, est-
2 ce que les Albanais prétendent que leurs cartes d'identité leur ont été
3 confisquées ?
4 R. Non.
5 Q. Vous avez découvert ces cartes d'identité par vous-même, n'est-ce pas ?
6 R. Oui.
7 Q. Votre bataillon était la seule unité présente à Djakovica; c'est bien
8 cela ?
9 R. Oui.
10 Q. Votre bataillon était un Bataillon de Logistique, n'est-ce pas ?
11 R. Oui.
12 Q. Votre bataillon n'était pas une Unité de Combat ?
13 R. En effet.
14 Q. Si, dans une ville où se trouve une unité qui n'est pas une Unité de
15 Combat, quelque chose se passe, est-il permis de penser que ce quelque
16 chose constitue des combats, une opération armée ?
17 R. Certainement pas.
18 Q. M. Nice a déclaré ou a plutôt évoqué des canons de gros calibres, 20,
19 30 et 40 millimètres, un calibre suffisamment gros pour tirer sur des
20 avions. Alors, les troupes terrestres et l'artillerie de terre ont-elles
21 des canons de ce calibre ?
22 R. Non, ces calibres correspondent à des armes antiaériennes.
23 Q. Très bien. Les calibres plus importants 20, 30, 40, et cetera, sont
24 bien les calibres dont vous parlez ?
25 R. Oui. Pour les mortiers, le calibre en question commence à 60
26 millimètres.
27 Q. Donc 60 millimètres et plus haut. Bien. Alors, dites-nous si les armes
28 antiaériennes sont les armes du plus petit calibre dans cette catégorie
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1 utilisées en Bosnie.
2 R. Oui, oui.
3 Q. M. Nice vous a également posé une question au sujet de la commission
4 qui recueillait des dépositions, il vous a demandé si vous aviez déposé
5 devant cette commission. Il vous a montré un document du Grand quartier
6 général de l'armée yougoslave qui avait été utilisé au cours du contre-
7 interrogatoire du général Geza Farkas, nous avons vu ce document. C'est un
8 document du Grand quartier général de l'armée de Yougoslavie qui concerne
9 un certain nombre d'éléments d'expert et qui constitue l'intercalaire 10
10 dans le classeur présenté par
11 M. Nice.
12 J'aimerais que l'on place ce document sur le rétroprojecteur. Je vous
13 demanderais ce que dit ce texte. C'est un document qui a été présenté pour
14 M. Nice ici.
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je suis sûr qu'on peut placer le texte sur le
16 rétroprojecteur sans séparer les pages, Monsieur l'Huissier.
17 M. MILOSEVIC : [interprétation]
18 Q. Est-ce que vous voyez ce que j'ai surligné dans ce document en haut ?
19 Que lisez-vous ? Le titre d'abord. Vous lisez bien : "Mission assignée à la
20 commission d'experts ?"
21 R. Oui.
22 Q. Il s'agit de cette commission d'experts qui a fait l'objet des
23 questions de M. Nice. Que lit-on en dessous de ce titre ?
24 R. "Suivi et analyse des documents et éléments tirés des actes
25 d'accusation dressés par le Procureur du Tribunal de La Haye contre des
26 membres de l'armée yougoslave, officiers de métier et officiers retraités."
27 Q. Bon. Dans ces conditions --
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Excusez-moi, une seconde. J'aimerais
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1 m'assurer auprès M. Nice que ce document n'est pas couvert provisoirement
2 par des mesures de protection.
3 M. NICE : [interprétation] Je ne pense pas, non. J'ai simplement cité deux
4 extraits --
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ce passage précis, vous l'avez bien
6 montré au témoin, n'est-ce pas ?
7 M. NICE : [interprétation] Je pense. Je ne pense pas que ce document fasse
8 l'objet de mesures de protection. Non, absolument pas. Mon assistante me
9 dit que non, nous pouvons lui faire confiance.
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Quel est le numéro de l'intercalaire ?
11 Intercalaire 10 de la pièce 921 ? Les mesures de protection n'ont pas été
12 appliquées. Bien. Merci. Veuillez poursuivre, Monsieur Milosevic.
13 M. MILOSEVIC : [interprétation]
14 Q. Lieutenant-colonel, vous avez cité la nature des tâches qui étaient
15 mentionnées ici. Est-ce que mon nom apparaît quelque part éventuellement
16 dans ce texte ?
17 R. Non, Monsieur Milosevic.
18 Q. Je vous demanderais de regarder de très près ce document, car M. Nice a
19 interrogé un certain nombre de témoins en affirmant que l'équipe d'experts
20 a été créée pour me venir en aide. Que lit-on dans ce texte ? Suivi et
21 quoi ?
22 R. "Suivi et analyse des documents et éléments tirés des actes
23 d'accusation dressés par le Procureur du Tribunal de La Haye contre des
24 membres professionnels de l'armée yougoslave et des officiers en retraite."
25 Q. [aucune interprétation]
26 R. Oui.
27 Q. Merci, Lieutenant-colonel.
28 M. NICE : [interprétation] Passons maintenant à autre chose. Le document
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1 peut être restitué à l'Huissier.
2 Q. Vous avez vu des images de maisons détruites. On vous a montré hier ces
3 images à Djakovica. Si je me souviens bien,
4 M. Nice a déclaré qu'elles avaient été prises en août 1999.
5 Pouvez-vous éventuellement me dire comment il se fait que personne n'a pris
6 de telles photographies avant 1999 ?
7 R. Je suppose que cela n'était pas nécessaire -- et que les photographies
8 ont commencé à être prises à ce moment-là et l'ont peut-être encore été
9 ensuite.
10 Q. Lieutenant-colonel, vous avez dit qu'à Djakovica à la fin de la guerre
11 la population avait doublé par rapport à ce qu'elle était au début;
12 autrement dit, que la ville était surpeuplée. Ceci est-il exact ?
13 R. Oui.
14 Q. M. Nice vous a demandé qui était responsable des meurtres et des
15 expulsions de domiciles survenus à Djakovica. Alors, je vous pose la
16 question suivante : toute cette population supplémentaire qui avait servi à
17 doubler la population initiale de Djakovica était-elle vivante à la fin de
18 la guerre, ou est-ce qu'elle avait fait l'objet d'un nettoyage ?
19 R. J'ai dit qu'il y avait tant de monde qui habitait à Djakovica que --
20 Q. Très bien, mais un nombre qui constituait quoi ? Le double de la
21 population initiale ?
22 R. Je suppose, oui.
23 Q. Ou peut-être 50 % de plus ?
24 R. Oui, disons 50 % de plus.
25 Q. Très bien, merci. Il a été dit que toutes ces personnes ont subi un
26 nettoyage et ont été tuées et, en dépit de cela, leur nombre s'est accru
27 pendant la guerre. Pendant tous ces meurtres et ces nettoyages, la
28 population aurait augmenté, est-ce que cela vous semble logique ? C'est
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1 tout à fait logique, n'est-ce pas ?
2 Lieutenant-colonel, cet homme qui est censé avoir fourni des informations à
3 M. Riedlmayer a déclaré que le premier jour seule la caserne avait été
4 bombardée et qu'elle se trouvait en périphérie de la ville selon ses
5 propres mots. Alors le premier jour de la guerre, vous étiez présent sur
6 place. Est-ce que seule la caserne a été bombardée, ou est-ce qu'un autre
7 bâtiment l'a été également ?
8 R. J'ai déjà dit que le premier jour du bombardement, la caserne a été
9 touchée, ainsi que les installations de Cabrat où se trouvent les positions
10 de tirs du Bataillon d'Artillerie. Cela se trouve en périphérie de
11 Djakovica en direction de Cabrat. Il y avait là un lotissement.
12 Q. Très bien. Est-ce qu'une bombe est tombée sur le lotissement, ou est-ce
13 que toutes les bombes sont tombées sur Cabrat ?
14 R. Je suppose qu'elles sont également tombées sur le lotissement, parce
15 qu'une partie de ce dernier se trouve sur les pentes de la colline de
16 Cabrat.
17 Q. Lorsque vous parlez de bombardement de Cabrat, vous parlez de
18 l'intention de deux qui larguaient les bombes de prendre Cabrat pour cible,
19 mais vous ne parlez pas effectivement de l'endroit où les bombes sont
20 tombées ?
21 R. En effet.
22 Q. Où les bombes sont-elles tombées effectivement le premier jour de la
23 guerre ?
24 R. J'ai déjà dit que la caserne a été frappée à deux ou trois reprises et,
25 pour le reste, c'est exact, les bombes sont également tombées à l'endroit
26 où se trouvait, à un certain moment par le passé, la base du Bataillon
27 d'Artillerie. Ce que j'ai dit, c'est que Cabrat avait été massivement
28 bombardée cette nuit-là et les bombes sont tombées un peu partout sur
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1 plusieurs maisons des environs, donc c'est tout le lotissement, qui se
2 trouvait là sur les pentes de Cabrat, qui a été touché.
3 Q. Je vous en prie, ce premier jour, Djakovica a été bombardée, le premier
4 jour, le premier soir de la guerre ?
5 R. Oui, oui.
6 Q. Je vous demande de faire appel à vos souvenirs. Je ne vous demande pas
7 de renseignements précis, car vous n'aviez aucune raison de noter ce genre
8 de détails particulièrement et le général Djosan a déjà été interrogé à ce
9 sujet, mais à quelle fréquence Djakovica a-t-elle été bombardée pendant la
10 guerre ?
11 R. Tous les jours.
12 Q. Djakovica était donc bombardée quotidiennement ?
13 R. Oui, quotidiennement.
14 Q. Maintenant, je vais vous poser la même question que celle de M. Nice.
15 Est-ce que vous n'excluez pas la possibilité qu'au cours de ces
16 bombardements quotidiens de Djakovica, depuis le premier au dernier jour de
17 la guerre, ces bombes en grand nombre auraient pu ne détruire aucune
18 maison, ne provoquer aucun incident, ne causer aucune destruction ? Est-ce
19 que vous admettez éventuellement cette possibilité ?
20 R. Je n'admets pas cette possibilité, non.
21 L'ACCUSÉ : [interprétation] Messieurs, j'affirme que le général Djosan nous
22 a donné des éléments précis et des chiffres au sujet des bombardements de
23 Djakovica, bombardements intensifs pendant toute la guerre.
24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Odak, quelle est la distance
25 séparant la caserne de Djakovica et le marché ?
26 LE TÉMOIN : [interprétation] A vol d'oiseau ou par la route, Monsieur ?
27 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Disons à vol d'oiseau, par exemple ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Je dirais à peu près un kilomètre.
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.
2 M. MILOSEVIC : [interprétation]
3 Q. Ce lotissement de Cabrat qui a été touché par les bombes se trouve à
4 quelle distance ?
5 R. Ce lotissement commence sur les pentes de la colline de Cabrat et se
6 termine à quelques dizaines de mètres du marché, une cinquantaine de
7 mètres, disons.
8 Q. Donc, ce lotissement qui a été touché le premier jour se trouve à une
9 cinquantaine de mètres du marché ?
10 R. Oui, oui.
11 Q. Merci.
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, est-ce que vous
13 admettez que Djakovica a été bombardée à un moment ou à un autre ?
14 M. NICE : [interprétation] Je ne crois pas qu'il y ait le moindre doute
15 quant au fait que les cibles militaires qui s'y trouvaient ont été
16 bombardées. Mais nous n'avons pas les dates exactes. Il est clair à partir
17 de la déposition de Djosan, et nous avons passé en revue son journal
18 intime, que pendant un certain nombre de jours, il n'y a pas eu de
19 bombardements. Je ne pense pas qu'il ait été contesté que certains
20 bombardements aient eu lieu, mais je vais devoir examiner les choses de
21 plus près pour retrouver tout l'historique des dates précises des
22 bombardements, car il semblerait que les bombardements se soient produits
23 certains jours, mais pas tous les jours.
24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je me demandais si le témoin pouvait
25 montrer l'emplacement de la caserne ou du marché, pièce à conviction 83.
26 Pourrait-elle être placée sur le rétroprojecteur ? Page 24. C'est un plan
27 de la ville de Djakovica.
28 Est-ce qu'on voit c'est deux emplacements sur ce plan, Lieutenant-colonel ?
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1 Le marché d'abord, où se trouve-t-il ? Ou plutôt, pour commencer, est-ce
2 que vous reconnaissez ce plan ? On peut peut-être éloigner la caméra de
3 façon à voir le plan dans son ensemble encore un peu ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Je pense que la caserne devrait se trouver à
5 peu près ici. Ce plan ne me paraît pas très clair, mais c'est dans ce
6 secteur que devrait se trouver la caserne.
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Le marché ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Parce que si la mosquée se trouve ici, nous
9 avons ici la colline de Cabrat et l'endroit où se trouvait le lotissement.
10 Le marché devrait se trouver à peu près ici, mais j'ai du mal à le
11 retrouver sur ce plan. Il devrait se trouver à peu près ici.
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.
13 M. NICE : [interprétation] Je vais voir si nous pouvons trouver un plan de
14 meilleure qualité; sinon, nous pourrons regarder dans les pièces à
15 conviction pour voir si nous trouvons une source. Mais assez bizarrement,
16 il semble difficile de trouver des plans.
17 M. MILOSEVIC : [interprétation]
18 Q. Colonel, à votre droite, vous avez la carte du Kosovo et la
19 localisation des lieux où des actions ont eu lieu. Pouvez-vous montrer le
20 secteur de Djakovica sur cette carte ? Très précisément, je vous prie.
21 R. [Le témoin s'exécute]
22 Q. Bien. Le secteur de Djakovica se trouve ici. On voit que de très
23 bombardements ont eu lieu dans ce secteur. Combien y a-t-il eu d'attaques
24 sur Djakovica ?
25 R. 236.
26 Q. C'est ce qui est écrit dans le tableau à gauche de la carte ?
27 R. Oui.
28 Q. Djakovica, 236 attaques. Au cours d'une attaque on utilise toujours de
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1 nombreux projectiles, n'est-ce pas ?
2 R. Bien sûr.
3 Q. Donc, ces 236 attaques devraient multipliées par X projectiles pour
4 donner le nombre de projectiles pour donner le nombre de projectiles,
5 n'est-ce pas ?
6 R. Ceci est sans doute le nombre total d'attaques simplement.
7 Q. Oui. C'est l'emplacement des attaques, le nombre des attaques. Il n'est
8 pas question du nombre de bombes. Qu'est-il écrit d'ailleurs dans la
9 légende ? Le nombre d'attaques ou autres choses ?
10 R. Nombre des attaques.
11 Q. Pour Djakovica, il y en a eu combien ? Redites-le ?
12 R. 236 attaques --
13 Q. 236 pendant 78 jours de guerre ?
14 R. Oui.
15 Q. Vous avez décrit ce qui s'est passé le premier jour où vous alliez à la
16 recherche de personnes et de biens pour essayer de les sauver et que vous
17 avez vu les Unités des Pompiers qui essayaient d'éteindre le feu, les
18 incendies provoqués par les bombardements car ils avaient bien été
19 provoqués par les bombardements, n'est-ce pas ?
20 R. Oui, oui.
21 Q. Alors, que vous semble-t-il qu'affirme M. Nice ?
22 R. Il affirme que notre police a allumé des incendies et qu'ensuite les
23 sapeurs pompiers appartenant à la police comme vous le savez, venaient
24 s'efforcer d'éteindre les incendies. Donc, d'un côté, il y avait des
25 policiers qui allumaient les feux et, de l'autre, d'autres policiers qui
26 essayaient de les éteindre. Est-ce que cela vous paraît logique ?
27 R. C'est très probable et ce serait très vicieux. C'est un fait bien connu
28 que les Unités de Pompier relevaient du ministère de l'Intérieur.
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1 Q. Très bien. Pourriez-vous maintenant nous expliquer ce qu'a écrit M.
2 Riedlmayer par rapport à l'église et au monastère ? Puisque vous avez
3 expliqué que vous y aviez installé des blessés. Selon ce que vous savez et
4 je rappelle que vous êtes un officier supérieur de l'armée yougoslave, très
5 éduqué pour qui -- qui êtes très au courant des règlements. Vous savez,
6 n'est-ce pas, que la protection des blessés est l'une des préoccupations
7 fondamentales en droit international humanitaire ?
8 R. Oui. Absolument. Tout à fait.
9 Q. Très bien. Laissons cela de côté. Donc, la protection des blessés est
10 l'une des préoccupations fondamentales en droit international humanitaire.
11 La protection des malades, des fragiles et des blessés est également un
12 principe fondamental de la religion chrétienne, n'est-ce pas ?
13 R. Oui.
14 Q. Alors, je vais vous poser une question. Qu'y a-t-il de bizarre à
15 installer des blessés dans une église ou dans un monastère ? Est-ce que
16 ceci est en violation du droit humanitaire international de quelque façon
17 que ce soit ?
18 R. Je ne pense qu'il y ait la moindre violation en l'espèce. D'abord, nous
19 n'avons pas installé les blessés dans ces endroits sans avoir au préalable
20 obtenu l'accord du prête local sans parler du fait que ce bâtiment a été
21 très important pour nous en tant qu'hôpital ou dispensaire temporaire
22 jusqu'à ce que nous trouvions un meilleur lieu pour cela car il y avait des
23 gens qui étaient très gravement blessés.
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, de combien de
25 temps avez-vous besoin encore ? J'aimerais vérifier si vous pouvez en finir
26 avant la pause; sinon, nous ferions la pause maintenant et reprendrions
27 après la pause.
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Il faudrait que je vérifie mes notes pour vous
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1 le dire très franchement. Peut-être n'ai-je pas besoin de beaucoup de
2 temps ?
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien. Nous allons faire la pause
4 maintenant. Suspension de 20 minutes.
5 --- L'audience est suspendue à 10 heures 36.
6 --- L'audience est reprise à 10 heures 59.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice.
8 M. NICE : [interprétation] Il y a une carte qui est une meilleure carte de
9 Djakovica qui a déjà été versée au dossier. Il s'agit du numéro 143,
10 intercalaire numéro 1. J'ai des documents papiers pour vous. Ce n'est peut-
11 être pas meilleur que celui que l'on trouve dans l'atlas. Cela se trouve au
12 niveau de notre logiciel Sanction. Je crois que les inscriptions sont assez
13 claires sur cet exemplaire-là. Mme Dicklich va, peut-être, pouvoir zoomer
14 sur certains endroits de cette carte.
15 C'est une carte qui a été présentée par le témoin, Niki Peraj. Je crois que
16 ces annotations écrites et manuscrites qui sont de lui, 1, 2, 3 sont, je
17 crois, des indications de l'endroit où se trouvait le poste de commandement
18 avancé. M. Coo, qui a eu l'obligeance de bien vouloir mettre la main sur
19 cette carte et la présenter pour confirmer les comptes rendu d'audience,
20 pour voir à quoi correspondaient les codes 1, 2 et 3 et pour nous le
21 rappeler. Madame Dicklich, veuillez agrandir certaines parties de cette
22 carte par rapport à ce que nous voyons sur -- agrandir les parties de cette
23 carte qui se trouve à l'écran.
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic.
25 M. MILOSEVIC : [interprétation]
26 Q. Lorsque vous avez utilisé ce monastère, l'avez-vous endommagé ?
27 R. Absolument pas. Je vous ai déjà dit qu'un des raisons pour laquelle
28 nous avons quitté le monastère plus tôt, c'est comme je vous l'ai déjà dit,
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1 la caserne se trouvait juste à côté. Il y a juste un mur qui sépare les
2 deux endroits. Il y a beaucoup de dommages causés à l'extérieur et qui
3 venaient des débris de la caserne après le bombardement, donc, la partie
4 extérieure; autrement dit, celle qui fait face à la caserne a été
5 endommagée.
6 Ceci n'est absolument pas exact, il n'est pas vrai que nous avons endommagé
7 quelque chose, encore moins détruit quelque chose.
8 Q. Bien. Est-ce qu'il y a eu une quelconque manifestation de violence ? Je
9 ne parle pas de passage à tabac ou quelque chose de la sorte. J'entends. M.
10 Nice ou M. Riedlmayer a évoqué les sœurs ou les religieuses qui vivaient
11 dans ce monastère.
12 R. J'ai déjà dit, Monsieur Milosevic, que toutes les religieuses sont
13 allées dans le monastère qui était à côté de l'église, et je vous ai dit
14 que l'église faisait partie de cette enceinte. Nous n'avons eu aucun
15 contact avec les religieuses puisque nous étions dans le nouveau monastère.
16 Ils ont emmené et emporté tout ce qu'ils pouvaient et nous ont laissé le
17 bâtiment vide, et nous avons investi ce bâtiment, nous l'avons utilisé, et
18 nous l'avons vidé plus tard. Nous avons même vérifié avec les sœurs pour
19 voir si tout allait bien, et les religieuses ne se sont absolument pas
20 imposées à cela, ni à notre comportement non plus.
21 Q. M. Riedlmayer affirme le contraire. Vous étiez sur les lieux --
22 R. Oui, oui. Je répète, j'ai été toujours en contact avec le prêtre pour
23 voir s'il y avait une quelconque difficulté. Il ne s'est jamais plaint de
24 rien.
25 Q. Très bien. Vous, en tant que commandant chargé du Bataillon de
26 Logistique, vous deviez vous occuper des blessés et fournir une assistante
27 médicale, et cetera.
28 R. Oui, tout à fait. C'est le rôle d'un peloton médical, nous avons même
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1 créé un hôpital à cet endroit-là.
2 Q. Quelques questions très précises, encore. M. Nice a évoqué la présence
3 de paramilitaires à Djakovica. Avez-vous vu une quelconque formation, je ne
4 veux pas utiliser le terme de formation. Avez-vous vu des groupes de
5 paramilitaires à Djakovica ?
6 R. Absolument pas. Il n'y avait pas de formation paramilitaire du tout.
7 Q. Y avait-il une formation paramilitaire de la police ?
8 R. Non, certainement pas. En tout cas, pas que je sache, pendant que
9 j'étais là, je n'ai vu personne. Il est clair que si je n'ai vu personne,
10 il n'était pas là.
11 Q. Il a également évoqué une autre catégorie de personnes, des
12 réservistes. Est-ce que c'étaient des personnes qui faisaient partie de
13 l'armée ou des unités des hommes qui étaient intégrés, ou est-ce qu'il y
14 avait un groupe de soldats de réserve ?
15 R. Non, pas du tout. Les réservistes avaient été mobilisés et ont été
16 intégrés aux différentes unités. Je vais vas expliquer. Une compagnie peut
17 être composée de 120 hommes en temps de paix et 150 en temps de guerre, et
18 ces hommes, par exemple, seraient affectés à une compagnie.
19 Q. S'ils étaient affectés à une compagnie, étaient-ils différents d'autres
20 soldats ?
21 R. Non, pas du tout.
22 Q. Merci, Lieutenant-colonel. Je n'ai plus de questions à vous poser.
23 M. KAY : [interprétation] Peut-être que je pourrais parler de la question
24 de la carte qui vient d'être présentée comme la pièce 143, intercalaire
25 numéro 1, et demander au témoin d'inscrire quelque chose sur les
26 exemplaires que M. Nice a fournis à la Chambre, et indiquer les différents
27 endroits dont il est question.
28 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
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1 M. KAY : [interprétation] Merci beaucoup. Peut-être que l'on peut remettre
2 un exemplaire de la pièce 143, intercalaire numéro 1, au témoin, s'il vous
3 plaît.
4 Questions de M. Kay :
5 Q. [interprétation] Lieutenant-colonel Odak, je vous demande de bien
6 vouloir vous familiariser avec cette carte supplémentaire de Djakovica.
7 Etes-vous en mesure de signaler l'endroit où se trouvait votre caserne ?
8 R. Oui, c'est ici à cet endroit-là, si vous le voyez.
9 Q. Pouvez-vous inscrire un A et l'entourer d'un cercle, s'il vous plaît ?
10 R. [Le témoin s'exécute]
11 Q. Nous savons maintenant que cela signifie casernes. Pourriez-vous nous
12 indiquer maintenant l'endroit où se trouvait le bazar ?
13 R. [Le témoin s'exécute]
14 Q. Si vous vouliez bien inscrire un B à cet endroit-là et l'entourer d'un
15 cercle.
16 R. [Le témoin s'exécute]
17 Q. Cabrat -- la colline de Cabrat, s'il vous plaît, l'endroit. Si vous
18 pouvez simplement dessiner le contour ou une ligne, ce serait peut-être la
19 meilleure façon de l'indiquer.
20 R. Non, c'est impossible. Tout ceci représente ces collines. C'est là où
21 se trouve la colline de Cabrat. Je peux, si vous voulez, indiquer la
22 frontière entre Cabrat et la ville.
23 Q. Oui. Veuillez, s'il vous plaît, nous indiquer cela. Les pourtours de
24 Cabrat. Vous nous avez dit qu'il s'agissait là d'un endroit qui se trouvait
25 à 50 mètres du bazar.
26 R. [Le témoin s'exécute]
27 Non. Non. Ce que j'ai dit c'est que les pourtours du quartier près de
28 Cabrat se trouvent à 50 mètres. Ici, il y a les quartiers qui appartiennent
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1 déjà à la ville. C'est cette rue ici, par exemple. Je ne sais pas
2 exactement quel est le nom de cette rue, mais nous l'appelions la rue
3 Catholique. Elle se trouvait précisément à cet endroit-là.
4 Q. A gauche de la ligne que vous venez -- du tracé que vous venez de faire
5 sur la carte, est-ce que vous pouvez représenter -- en hachurer ce
6 quartier-ci, s'il vous plaît, de l'autre côté, s'il vous plaît ?
7 R. [Le témoin s'exécute]
8 Q. Oui, très bien. Pour que nous puissions le voir.
9 Ensuite, la mosquée. Etes-vous en mesure de nous dire où se trouve la
10 mosquée sur cette carte, et inscrire la lettre D, entourer d'un cercle à
11 cet endroit, s'il vous plaît ?
12 R. Je crois que c'est à peu près à cet endroit-là.
13 Q. Je crois qu'on vous a donné un feutre qui ne marche pas très bien, je
14 vais vous en remettre un autre qui marche mieux. Merci.
15 R. [Le témoin s'exécute]
16 Q. Oui, c'est beaucoup mieux comme cela. Veuillez repasser sur le A et le
17 B de façon à ce que nous puissions bien les identifier.
18 R. [Le témoin s'exécute]
19 Q. Oui, c'est beaucoup mieux. Merci.
20 M. LE JUGE KWON : [interprétation] La mosquée est en la mosquée de Bada
21 [sic].
22 M. KAY : [interprétation] La mosquée de Hadum.
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] L'église de Saint-Antoine se trouve à
24 l'endroit signalé par la lettre A ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois que ceci a été indiqué ici. Il y a un
26 mur d'enceinte ici. Quelque chose a dessiné cette région où l'endroit où se
27 trouvait la caserne. C'est ici que se trouvait le monastère, et voici
28 l'église ici, et c'est là que se trouvait l'ancien monastère. Ici se trouve
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1 le nouveau monastère. Celui qui se trouvait à côté de la caserne. Nous
2 étions là. Nous ne sommes pas allés jusque-là du tout.
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pourriez-vous indiquer par la lettre E
4 l'endroit où se trouvait l'église de Saint-Antoine et le monastère ?
5 R. [Le témoin s'exécute]
6 L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, non. Vous n'avez pas entendu la question.
7 Le monastère.
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ecoutez, je ne comprends pas.
9 M. KAY : [interprétation]
10 Q. Est-ce que la lettre E représente l'église ou le monastère ?
11 R. E, c'est la lettre E, ici indique l'endroit où se trouvait le
12 monastère. La lettre C --
13 Q. L'église.
14 R. Oui.
15 Q. Merci.
16 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.
17 M. KAY : [interprétation] Merci.
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je souhaite maintenant parler de la
19 déclaration du lieutenant-colonel Odak qui a été marquée aux fins
20 d'identification pendant le témoignage du général Djosan. Il s'agit de la
21 pièce D321, intercalaire numéro 8, qui n'a pas été utilisée et, par
22 conséquent, qui ne sera pas versé au dossier.
23 L'intercalaire numéro 11 restera marquer aux fins d'identification en
24 attente de traduction.
25 L'intercalaire numéro 30 est divisé en deux parties, une partie plus
26 longue, nous allons verser au dossier. La partie plus courte n'est pas
27 traduite; par conséquent, sera marquée aux fins d'identification en
28 attendant la traduction.
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1 Cette carte sur laquelle le témoin vient d'indiquer un certain nombre de
2 noms de lieux et de bâtiments sera versée au dossier.
3 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce numéro D328 pour
4 la carte qui comporte des annotations manuscrites de la main du témoin.
5 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
7 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je pense qu'il serait utile que le témoin
8 indique l'endroit où se trouve Cabrat, qu'il le marque au crayon. Ce serait
9 bien qu'il hachure l'endroit où il dit se trouver les collines de Cabrat de
10 façon à ce que nous ayons quelque chose de complet --
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Là se serait la ligne de démarcation.
13 L'ACCUSÉ : [interprétation] Bien. Vous devez le savoir.
14 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] En tout cas, c'est visible. On voit l'endroit,
16 en fait, qui constitue la zone que cela représente.
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
18 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Président, je ne sais pas si ce
19 serait utile, enfin d'agrandir ceci sur l'écran lorsque le témoin a répondu
20 aux questions de Me Kay. Je crois qu'il y a un endroit qui semble indiquer
21 l'emplacement d'une église lorsque nous sommes aux points E et C sur la
22 carte originale. Si ceci peut vous intéresser, voyez qu'il y a une église
23 qui est juste en face. Pour l'instant, si nous regardons un agrandissement
24 de cette partie de la ville, mais c'est peut-être parce que nous avons du
25 mal à déchiffrer la légende de cette carte.
26 Puisque je suis debout, est-ce que je peux faire un court commentaire par
27 rapport à une des questions posées par les Juges de la Chambre ? M.
28 Fischman a fait les recherches et concernant M. Riedlmayer, je crois que
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1 tous nos souvenirs concordaient à peu près; autrement dit, il a vérifié
2 auprès de l'UNESCO pour demander si une étude devait être menée sur les
3 monuments endommagés au Kosovo. Constatant que ceci n'a pas été le cas, il
4 a fait des recherches sur Internet pour voir si des fonds avaient été mis à
5 la disposition à cet effet. Il a été rejoint en cela par un architecte dont
6 le nom figure ici. Ensuite, il a obtenu des fonds du centre de Harvard et
7 des Études orientales pour travailler également avec l'institut des Droits
8 humanitaires. Donc, effectivement, ce sont des -- ceci et ce projet a été
9 financé de façon complètement indépendante.
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ceci est consigné au compte rendu
11 d'audience.
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci. Lieutenant-colonel, ceci met
13 un terme à votre disposition. Nous vous remercions d'être venu témoigner
14 devant ce Tribunal. Vous pouvez maintenant disposer.
15 [Le témoin se retire]
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Votre témoin suivant, Monsieur
17 Milosevic.
18 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson, je ne peux citer à la barre
19 le témoin suivant car je ne me sens pas bien. Je ne peux pas continuer à
20 rester assis ici. Je dois dire que je m'oppose à toute audience qui se
21 tiendrait en mon absence.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Quelle est la maladie dont vous
23 souffrez ?
24 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je crois que ce médecin qui vous a envoyé un
25 rapport dispose d'éléments très importants. Ces rapports sont maintenant
26 entre vos mains. Tout le monde ici sait puisque je suis venu assister à ces
27 audiences, c'est que cela m'est très pénible. Mais bien, cela me concerne
28 personnellement.
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je crois, Monsieur Milosevic, qu'il
2 est important que vous parliez à la Chambre de votre état de santé. Nous
3 avons un rapport médical.
4 L'ACCUSÉ : [interprétation] Maintenant, Monsieur Robinson, c'est ainsi que
5 je me sens. J'ai au niveau des yeux et au niveau des oreilles, je sens
6 qu'une pression est énorme, est exercée à cet endroit-là et ma tête pèse
7 très lourde et tout son m'est pénible. J'ai mal à la tête. Le mal de tête
8 n'est pas trop grave mais je sens une pression forte au niveau de la tête
9 et au niveau des oreilles et ceci m'est très, très pénible. C'est
10 insoutenable.
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie pour ces éléments
12 d'informations.
13 [La Chambre de première instance se concerte]
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, nous
15 allons faire en sorte que vous puissiez être ausculté par un médecin du
16 Tribunal. En attendant cela, nous allons lever l'audience.
17 --- L'audience est suspendue à 11 heures 21.
18 --- L'audience est reprise à 12 heures 29.
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] La Chambre de première instance a
20 reçu le rapport du Dr Gerts, qui est le médecin du Tribunal, et par
21 conséquent, la Chambre de première instance estime qu'il n'est pas
22 convenable de tenir cette audience aujourd'hui et demain non plus. Par
23 conséquent, nous allons suspendre l'audience et reprendre lundi de la
24 semaine prochaine.
25 L'audience est levée.
26 --- L'audience est levée à 12 heures 31 et reprendra le lundi 21 novembre
27 2005, à 9 heures 00.
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