Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Vendredi 28 février 2003.)

2 (L'audience est ouverte à 14 heures 19.)

3 (Audience publique.)

4 (Questions relatives à la procédure.)

5 M. le Président (interprétation): Veuillez prendre place.

6 Bonjour. Bonjour, Banja Luka. Malheureusement, Madame Dahuron, nous devons

7 attendre un moment avant de commencer, car nous avons une affaire

8 prioritaire.

9 Nous allons d'abord appeler l'affaire, s'il vous plaît.

10 Mme Thompson (interprétation): Bonjour, Madame et Messieurs les Juges. Il

11 s'agit de l'affaire IT-97-24-T, le Procureur contre Milomir Stakic.

12 M. le Président (interprétation): Merci.

13 Les présentations pour l'accusation.

14 M. Koumjian (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Nicholas

15 Koumjian, Ann Sutherland et Ruth Karper.

16 M. le Président (interprétation): Je suis content de vous revoir parmi

17 nous en bonne santé.

18 La défense?

19 M. Lukic (interprétation): Branko Lukic pour la défense aujourd'hui.

20 Merci, Monsieur le Président.

21 M. le Président (interprétation): Avant de commencer, nous devons prendre

22 des dispositions pour la semaine prochaine. Nous sommes déjà vendredi.

23 Nous avons déjà entendu que quatre témoins seraient entendu la semaine

24 prochaine pour la défense. Nous avons reçu la convocation mandée du témoin

25 006.

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1 Malheureusement, il y a une heure, la Section des victimes et des témoins

2 m'a déclaré qu'aucun témoin supplémentaire ne serait appelé la semaine

3 prochaine. Ils n'ont aucune idée, ils n'ont pas prévu de témoins pour la

4 semaine prochaine.

5 Qu'en pense la défense?

6 M. Lukic (interprétation): Oui, nous avons remis un document écrit que je

7 ne vous ai pas encore donné, mais je demanderai à l'huissier de vous le

8 fournir.

9 (Intervention de l'huissier.)

10 M. le Président (interprétation): Le problème, c'est que, lorsque la

11 Section des victimes et des témoins ne reçoit les coordonnées du témoin

12 que tardivement, cela pose des problèmes lorsqu'il s'agit de faire

13 comparaître le témoin, notamment en ce qui concerne le visa.

14 Est-ce que vous pourriez nous donner des indications supplémentaires au

15 sujet des témoins 0055, 0083, 0044, 55, 83, 44, de manière à ce que la

16 Section des victimes et des témoins puisse effectuer des préparatifs

17 nécessaires?

18 M. Lukic (interprétation): Oui, dans ce mémoire écrit, Monsieur le

19 Président, nous avons essayé d'expliquer. Et je sais que le Tribunal est

20 conscient de nos efforts visant à localiser le témoin 0055. Si nous

21 n'arrivons pas à le localiser d'ici la semaine prochaine, nous allons le

22 soustraire de notre liste.

23 Le Témoin 0083 attend toujours l'autorisation de ses supérieurs

24 hiérarchiques.

25 M. le Président (interprétation): Et le 0043?

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1 M. Lukic (interprétation): Le 0043 devrait se voir délivrer son passeport

2 soit hier soit aujourd'hui, selon les informations dont je dispose.

3 Nous allons essayer de résoudre ces problèmes de visa en début de semaine

4 prochaine. Nous savons que nous avons créé des problèmes à la Section des

5 témoins et des victimes, mais, pour nous, c'est du travail supplémentaire,

6 car nous avons accepté de transporter nos témoins vers l'aéroport. Mais ce

7 sont des problèmes que nous ne contrôlons pas, qui ne dépendent pas de

8 nous. Ce que nous pouvons faire, c'est nous ranger à cela et nous-même

9 transporter nos témoins vers et depuis l'aéroport.

10 M. le Président (interprétation): Y a-t-il d'autres témoins disponibles la

11 semaine prochaine?

12 M. Lukic (interprétation): Nous espérons pouvoir compter sur la présence

13 de certains de ces trois témoins la semaine prochaine.

14 M. le Président (interprétation): Comme vous l'avez dit vous-même, la

15 délivrance d'un visa prend cinq jours. Comment pouvez-vous, si vous

16 introduisez la demande lundi, espérer que le témoin 0043 puisse obtenir

17 ledit visa et arriver à La Haye dans la semaine?

18 M. Koumjian (interprétation): Car, avec l'aide de la Section des

19 victimes et des témoins, nous avons pu, par le passé, accélérer les

20 démarches. En cas de procédure d'urgence, nous savons que la procédure

21 peut durer deux ou trois jours. C'est vrai que, par le passé, on nous

22 avait indiqué que cela mettait cinq jours; c'est vrai.

23 M. le Président (interprétation): Je voudrais vous demander de prendre

24 contact avec la Section des témoins et des victimes pendant la pause pour

25 fournir les coordonnées du témoin qui font encore défaut de manière qu'il

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1 puisse effectuer les préparatifs nécessaires, s'il y a un obstacle tel que

2 l'absence des permission, d'autorisation du supérieur hiérarchique au

3 visa. Car c'est vendredi et c'est vraiment la dernière possibilité.

4 M. Lukic (interprétation): Oui, d'accord. Je vous remercie.

5 M. le Président (interprétation): Je voudrais savoir ce que l'accusation a

6 à dire de cela.

7 M. Koumjian (interprétation): Nous espérons que la défense tiendra sa

8 promesse et finira à temps, car le temps fait défaut les deux témoins,

9 témoins experts, appelés par le Tribunal et nous avons encore trois

10 semaines avant la fin de la présentation des moyens à décharge.

11 M. le Président (interprétation): Il faut revenir à cela. C'est prévu

12 lorsque nous aurons terminé l'audition des témoins par liaison vidéo, mais

13 il est une priorité absolue d'entendre les témoins de la défense, mais je

14 demanderais au juriste de la Chambre de lancer le programme d'urgence dès

15 que possible. Je reviendrai à cela plus tard; je reviendrai là-dessus et

16 je vous dirai ce que signifie un programme d'urgence.

17 Voilà. Nous ne devons pas tarder davantage.

18 (Audience publique par vidéoconférence.)

19 Madame Dahuron, nous allons procéder aux vérifications du son, comme de

20 coutume, comme d'usage: est-ce que vous m'entendez?

21 Mme Dahuron (interprétation): Oui, je vous entends.

22 M. le Président (interprétation): Oui, c'est un peu difficile, mais ça va

23 s'améliorer. D'ici là, pourrait-on voir la totalité du bureau et pourriez-

24 vous également faire entrer le témoin, s'il vous plaît?

25 (Le témoin, Mme Slavica Popovic Radic, est introduit dans le prétoire.)

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1 Bonjour. Est-ce que vous nous entendez dans une langue que vous comprenez,

2 ici, à La Haye.

3 Témoin (interprétation): Oui, je vous entends et je vous comprends.

4 M. le Président (interprétation): Merci d'être venue.

5 Je voudrais vous demander de prononcer la déclaration solennelle.

6 Mme Popovic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

7 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

8 M. le Président (interprétation): Je vous remercie. Vous pouvez-vous

9 asseoir.

10 Avant de commencer votre déposition, je vais vous demander si vous avez

11 besoin de mesures de protection. Nous sommes en séance publique pour le

12 moment.

13 Mme Popovic (interprétation): Je n'en ai pas besoin.

14 M. le Président (interprétation): Comme vous avez été appelée par la

15 défense, je donne la parole à Me Lukic.

16 (Interrogatoire principal du témoin, Mme Slavica Popovic Radic, par Me

17 Lukic.)

18 M. Lukic (interprétation): Merci, Monsieur le Président, Madame et

19 Monsieur les Juges. Bonjour, Madame Popovic.

20 Mme Popovic (interprétation): Bonjour.

21 Question: Je suis Branko Lukic. Avec John Ostojic, je représente le

22 docteur Stakic.

23 Est-ce que vous voulez, aux fins du compte rendu d'audience, nous donner

24 votre nom?

25 Réponse: Docteur Slavica Popovic Radic Radic.

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1 Question: Pourriez-vous nous donner le nom de votre père?

2 Réponse: Dusan.

3 Question: Quand êtes-vous née, docteur Popovic?

4 Réponse: Le 2 juillet 1960.

5 Question: Où êtes-vous née?

6 Réponse: A Omarska.

7 Question: Où vivez-vous?

8 Réponse: A Omarska.

9 Question: Quelle est votre profession?

10 Réponse: Je suis médecin, spécialisée en pédiatrie.

11 Question: Quand avez-vous et où avez-vous obtenu votre diplôme?

12 Réponse: A l'école de médecine de Zagreb, en 1985.

13 Question: Etes-vous mariée? Avez-vous des enfants?

14 Réponse: Je suis mariée, j'ai un enfant.

15 Question: Entre 1990 et 1993, avez-vous appartenu à un parti politique?

16 Réponse: Non.

17 Question: Etes-vous membre d'un parti politique actuellement?

18 Réponse: Je suis à présent membre de l'Alliance populaire démocratique.

19 Question: Lorsque vous avez, ou après que vous ayez obtenu votre diplôme,

20 quel a été votre premier emploi?

21 Réponse: J'ai dû retourner à Omarska lorsque j'ai obtenu mon diplôme, car

22 j'avais obtenu une bourse là-bas. J'étais stagiaire au Centre médical de

23 Prijedor et au centre hospitalier de Banja Luka.

24 Question: Quand avez-vous commencé votre spécialisation?

25 Réponse: En 1990.

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1 Question: Pendant combien de temps?

2 Réponse: La première partie de ma formation de spécialiste a duré jusqu'en

3 1992, c'est-à-dire jusqu'au début de la guerre. Ensuite, on m'a demandé de

4 revenir parce que nous étions soumis à une obligation de travail à Omarska

5 et, après un moment, j'ai été autorisée à reprendre ma spécialisation.

6 Question: Lorsque vous avez été convoqué en vertu de votre obligation de

7 travail, vous vous êtes exécutée?

8 Réponse: Si je ne m'étais pas exécutée, j'aurais perdu mon travail dans

9 les cinq jours.

10 Question: Avez-vous travaillé avec le docteur Stakic?

11 Réponse: Oui. A partir du moment où il a commencé à travailler, en 1989,

12 dans notre Centre médical, et également pendant une partie de 1990, en

13 fait, jusqu'au moment où je me suis inscrite à mon cours de

14 spécialisation.

15 Question: Quelle était la situation dans votre établissement à Omarska au

16 moment où vous êtes venue vous acquitter de votre obligation de travail en

17 ce qui concerne notamment les fournitures médicales?

18 Réponse: La situation était très difficile à Omarska. Jusqu'alors, il y

19 avait suffisamment de personnel, des médecins et du personnel paramédical

20 et tout le personnel auxiliaire de manière à fournir un service de qualité

21 à la population. Quelques mois auparavant, on m'a demandé de revenir au

22 centre qui fournissait la pharmacie de notre Centre médical à Omarska, car

23 les fournitures avaient cessé d'arriver ou, en tout cas, avaient été

24 singulièrement réduites.

25 Question: Outre la pénurie de médicaments, quelles étaient les autres

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1 fournitures médicales qui manquaient?

2 Réponse: Mais c'est la même chose. Il y avait une pénurie de fournitures

3 médicales.

4 Question: A cette époque-là, il y avait également des pénuries de courant?

5 Réponse: Oui.

6 Question: Comment votre établissement fonctionnait-il lors de ces coupures

7 de courant?

8 Réponse: A cette époque-là, lorsqu'il n'y avait pas

9 d'électricité, nous ne pouvions pas travailler, car nous ne pouvions même

10 pas procéder à des tests de laboratoire élémentaires. Nous n'avions pas de

11 courant. La seule possibilité était d'accorder une priorité à nos

12 établissements médicaux, ce qui signifiait que nous pouvions obtenir de

13 l'électricité par le truchement de générateurs.

14 Question: Pour obtenir cette électricité, est-ce que vous deviez acheter

15 du pétrole ou du carburant? Et, dans l'affirmative, comment?

16 Réponse: Nous étions sur la liste prioritaire et les gens étaient

17 conscients de l'importance des soins de santé des établissements de santé.

18 L'armée nous a dès lors permis de nous procurer le carburant nécessaire.

19 Question: Etes-vous devenu un membre de "Kolo Srpskih Sestera", une

20 organisation caritative? Et dites-nous, à quoi était consacrée cette

21 organisation?

22 Réponse: Lorsque le centre de recherches à Omarska a été créé, nous avions

23 besoin de médicaments et autres fournitures. Et l'une des tâches

24 prioritaires du "Kolo Srpskih Sestera", dont j'étais l'un des membres

25 fondateurs -c'est une organisation caritative qui a été créée avec l'aide

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1 de l'église orthodoxe qui, avec Dobrotvor, travaillait avec Caritas, qui

2 est une organisation caritative catholique, ainsi que Merhamet, qui est

3 une organisation humanitaire musulmane-, notre priorité principale était

4 de garantir l'acheminement de médicaments depuis l'étranger.

5 Question: Est-ce que vos efforts étaient couronnés de succès et quelle

6 quantité de médicaments avez-vous pu obtenir?

7 Réponse: Les efforts déployés étaient considérables dans la mesure où la

8 population avait des besoins grandissants en matière de soins de santé et

9 les fournitures médicales fondaient comme neige au soleil. Donc nous nous

10 adressions à nos ressortissants vivant à l'étranger, lesquels nous

11 envoyaient des médicaments, souvent pas bien conditionnés et pas bien

12 stockés en raison de retards aux frontières et des températures élevées,

13 ce qui fait que, souvent, ces médicaments n'étaient plus utilisables

14 lorsqu'ils nous parvenaient.

15 L'armée a cherché à nous aider et nous a fourni les médicaments et

16 fournitures médicales nécessaires, dans des quantités qu'elle pouvait se

17 permettre de nous donner.

18 Question: Savez-vous quand le conflit a éclaté à Kozarac et que s'est-il

19 produit en ce qui concerne votre établissement?

20 Réponse: Vers la fin du mois d'avril, si je ne m'abuse, avril-mai 1992, je

21 ne me rappelle plus très bien la date, mais quoi qu'il en soit, le conflit

22 a éclaté et le premier blessé nous a été amené. Il s'appelait Zgonjanin

23 Zeljko. Il est décédé peu après.

24 Et tout le personnel médical résidant dans la zone d'Omarska était invité

25 à se rendre au centre médical, car nous nous attendions à devoir

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1 accueillir un nombre important de blessés et de tués.

2 Question: Examinons cela d'abord. Lorsque ce soldat blessé, Zeljko

3 Zgonjanin, a été amené chez vous, étiez-vous de service ce jour-là ou

4 chez-vous?

5 Réponse: J'étais là, je travaillais, car j'avais été de garde la nuit

6 précédente.

7 Question: Lorsque ce soldat vous a été amené, est-ce que vous avez demandé

8 au personnel supplémentaire de venir après son admission à l'hôpital ou

9 avant?

10 Réponse: Après.

11 Question: Après les conflits à Kozarac, est-ce que tous les blessés ont

12 été amenés dans votre établissement médical ou seulement quelques-uns de

13 ces blessés? Et lesquels?

14 Réponse: A cause de notre capacité de soins médicaux dans notre

15 établissement médical, il y avait des blessés qui n'étaient pas grièvement

16 blessés. Donc ceux qui étaient vraiment blessés gravement ont été

17 acheminés à l'hôpital de Banja Luka.

18 Question: Après la cessation des conflits à Kozarac, est-ce que

19 qu'il y avait des gens de Kozarac qui sont venus à Omarska et quel était

20 le nombre de ces gens? Est-ce que vous pouvez nous expliquer un peu cela?

21 Réponse: Après la cessation du conflit, il y avait des gens qui sont venus

22 en bus et qui sont venus devant la maison de la culture à Omarska. Il y

23 avait assez de mes amis parmi ces gens-là.

24 Le peuple d'Omarska apportait de la nourriture et de l'eau pour offrir à

25 ces gens pour les soulager un peu.

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1 Question: Pouvez-vous nous dire quelle était la composition de ces

2 personnes à bord de ces bus?

3 Réponse: Il y avait des femmes, des enfants et il y avait des

4 hommes qui étaient un peu plus âgés.

5 Question: Qu'est-ce qui s'est passé avec ces gens? Est-ce qu'ils sont

6 restés à Omarska ou sont-ils partis ailleurs?

7 Réponse: Ils ne sont pas restés à Omarska, ils sont partis ailleurs.

8 Question: Est-ce que vous savez qui s'est occupé du transport de ces gens?

9 Réponse: Non.

10 Question: Est-ce que, dans le bâtiment de votre établissement médical,

11 c'est-à-dire dans le bâtiment du Centre de santé d'Omarska, travaillait le

12 médecin Gajic Slobodan?

13 Réponse: Non. Pendant les premiers jours après l'éclatement des conflits,

14 plusieurs jours après, le médecin Gajic Slobodan est arrivé, il a été

15 mobilisé et il nous a dit qu'il s'occuperait des soins médicaux des

16 détenus se trouvant au centre d'enquête.

17 Question: Est-ce que le médecin Gajic était civil ou militaire?

18 Réponse: Il était militaire.

19 Question: Est-ce que vous savez combien de fois le docteur Gajic se

20 rendait-il au centre d'enquête d'Omarska?

21 Réponse: Il y est allé tous les jours. D'habitude, c'était au cours de

22 l'après-midi et, si le besoin s'en présentait, il se rendait là-bas au

23 cours de la matinée aussi.

24 Question: Est-ce que le docteur Gajic dormait au Centre de santé?

25 Réponse: Oui. Dans notre établissement, il y avait une pièce qui était

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1 destinée à cela, c'est-à-dire dans laquelle il pouvait dormir. Comme cela,

2 il pouvait être à disposition pendant les 24 heures.

3 Question: Est-ce que le docteur Gajic faisait partie du personnel de votre

4 établissement médical ou appartenait-il à l'armée?

5 Réponse: Il était en dehors de l'établissement médical. Il ne faisait pas

6 partie du personnel de l'établissement médical. Il travaillait pour

7 l'armée.

8 Question: Donc le docteur Gajic ne s'occupait pas de soins médicaux des

9 personnes qui se trouvaient dans votre établissement médical?

10 Réponse: Non, c'étaient nos médecins et nos infirmières, donc notre

11 personnel médical qui s'occupait de cela.

12 Question: Est-ce qu'il arrivait que, du centre d'enquête d'Omarska, des

13 détenus ont été amenés dans votre établissement médical?

14 Réponse: Oui, il s'agissait de cas d'urgence. Il y avait des détenus qui

15 ont été amenés parce qu'ils souffraient d'asthme et de problèmes

16 respiratoires, également qui avaient une température élevée ou des

17 personnes qui souffraient de déficiences rénales.

18 Donc il y avait aussi des blessés qui n'étaient pas grièvement blessés,

19 mais qui arrivaient; par exemple, une fois que j'étais de permanence, il y

20 avait une personne qui a eu une blessure par balle. Ce blessé, je l'ai

21 adressé, je l'ai fait transférer à l'hôpital à Banja Luka pour qu'il soit

22 hospitalisé.

23 Question: Est-ce qu'il y avait des personnes qui avaient des blessures qui

24 avaient trait aux passages à tabac?

25 Réponse: Il y avait des ecchymoses chez certains détenus, mais, en

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1 général, moi, je voyais les gens ayant des problèmes tout à fait

2 ordinaires, des problèmes médicaux, c'est-à-dire qui avaient des problèmes

3 respiratoires et qui avaient des problèmes rénaux.

4 Question: Est-ce que vous avez reçu une personne venant du centre

5 d'enquête d'Omarska et qui avait des os cassées?

6 Réponse: Non.

7 Question: Vous dites que cette personne-là, qui avait une blessure par

8 balle, vous l'avez donc envoyée à l'hôpital de Banja Luka pour qu'elle

9 soit hospitalisée?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Est-ce que, pour cette procédure, vous deviez avoir une

12 autorisation quelconque?

13 Réponse: Donc j'ai dû demander l'autorisation pour envoyer ce patient à

14 l'hôpital. J'ai appelé la station, le poste de police à Omarska pour

15 contacter le centre d'enquête, pour que ce poste de police contacte le

16 centre d'enquête et pour demander si je pouvais envoyer ce patient à

17 l'hôpital.

18 Question: Donc vous, en personne, vous ne pouviez pas contacter

19 directement le centre d'enquête d'Omarska?

20 Réponse: Non.

21 Question: Est-ce qu'à Omarska, la cellule de crise, une cellule de crise

22 fonctionnait?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Est-ce que vous avez jamais reçu des instructions de cette

25 cellule de crise concernant les détenus qui ont été amenés chez vous, dans

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1 ce centre d'enquête d'Omarska?

2 Réponse: Non.

3 Question: Est-ce que, en même temps, Docteur, est-ce que vous avez apporté

4 vos soins médicaux aux habitants des villages environnants?

5 Réponse: Oui. Il fallait donc apporter les soins médicaux à ces habitants.

6 Question: Est-ce que vos collègues, à cette époque-là, ont été mobilisés

7 et envoyés ailleurs?

8 Réponse: Oui, mes collègues hommes ont été très vite mobilisés et envoyés

9 au front. A un moment donné, il y avait un médecin femme qui a été

10 mobilisé et c'est comme cela, dans notre établissement, qu'il y avait

11 seulement deux femmes médecins qui sont restées dans le Centre médical.

12 Question: S'il vous plaît, dites-nous le nom de cette femme médecin qui a

13 été mobilisée à cette époque-là?

14 Réponse: C'était Rosic Brankica, c'était le docteur Rosic Brankica.

15 Question: Est-ce que vous avez traité de la même manière des personnes du

16 centre d'enquête d'Omarska et les autres malades qui venaient dans votre

17 centre médical?

18 Réponse: Oui, absolument, de la même manière. Et peut-être, nous leur

19 apportions les soins médicaux avec plus d'attention parce qu'ils se

20 trouvaient dans ce centre d'enquête. Nous leur donnions des médicaments,

21 même des médicaments que nous ne pouvions pas prescrire aux habitants.

22 Question: Est-ce que quelqu'un vous a jamais dit de ne pas porter de soins

23 médicaux à des personnes venant du centre d'enquête d'Omarska ou bien de

24 ne pas les traiter de la même manière que les autres patients qui venaient

25 à l'époque dans votre Centre médical?

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1 Réponse: Non. Personne ne nous a jamais dit cela. Les médecins ont leur

2 code de déontologie et ils savent comment ils doivent travailler.

3 Question: Qui amenait des blessés du centre d'enquête d'Omarska dans votre

4 Centre médical?

5 Réponse: C'étaient des policiers.

6 Question: Est-ce que vous les avez connus?

7 Réponse: Certains d'entre eux, oui, je les connaissais et les autres, non.

8 Question: Est-ce que vous savez qu'il s'agissait, pour la plupart, de

9 policiers de réserve? Est-ce que vous le saviez ou pas?

10 Réponse: Non.

11 Question: Est-ce que vous vous souvenez jusqu'à quand vous étiez soumise à

12 l'obligation de travail dans votre centre médical d'Omarska?

13 Réponse: Cela a duré à peu près un an et demi.

14 Question: Est-ce que vous avez jamais quitté le territoire de la Republika

15 Srpska de Bosnie-Herzégovine au cours de la guerre?

16 Réponse: Au cours de la guerre, j'ai quitté le territoire seulement une

17 fois, le territoire de la Republika Sprska de Bosnie-Herzégovine. Je suis

18 allée accompagner un patient qui a été hospitalisé dans une clinique à

19 Belgrade.

20 Question: Est-ce que, pour ce voyage, vous deviez disposer d'un laissez-

21 passer spécial?

22 Réponse: J'ai dû disposer d'un laissez-passer pour la libre circulation.

23 Question: Est-ce que vous savez qui s'est occupé de ce laissez-passer?

24 Réponse: Je ne sais pas. Ce sont les autres qui ont demandé, c'est-à-dire

25 ce sont les gens qui ont demandé que j'accompagne ce patient qui ont

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1 demandé ce laissez-passer, qui m'a été ensuite délivré.

2 M Lukic (interprétation): Vous dites que vous n'avez pas demandé vous-même

3 ce laissez-passer, mais est-ce que vous savez à quelle institution les

4 gens devaient demander ce laissez-passer pour pouvoir quitter le

5 territoire de la Republika Srpska?

6 Mme Popovic (interprétation): C'était le ministère de la Défense.

7 M. Koumjian (interprétation): J'ai une objection à soulever. Nous ne

8 savons pas du tout la pertinence de cela, c'est-à-dire de quelle année de

9 la guerre nous parlons ici.

10 M. le Président (interprétation): S'il vous plaît, tenez compte de cela

11 lorsque vous posez des questions à ce témoin.

12 M. Lukic (interprétation): Docteur Popovic, vous avez entendu

13 l'objection de l'accusation. Donc pouvez-vous nous dire si vous vous

14 souvenez de la période pendant laquelle vous êtes allée accompagner ce

15 patient qui est parti pour Belgrade?

16 Mme Popovic (interprétation): Ce n'était pas au début de la guerre, c'est-

17 à-dire lorsqu'il y avait un corridor pour pouvoir aller à Belgrade.

18 C'était peut-être pendant la troisième année de la guerre, mais je ne suis

19 pas sûre.

20 Question: Dans la deuxième partie, lorsque nous avons parler des patients

21 provenant du centre d'enquête d'Omarska et du docteur Gajic, je suppose

22 qu'il s'agit du printemps et de l'été 1992?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Maintenant, nous allons parler du docteur Gajic.

25 Pouvez-vous nous dire s'il vous disait, s'il vous parlait de ce qui

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1 passait au centre d'enquête? Est-ce qu'il était obligé de faire des

2 rapports, soit à vous soit à votre établissement médical?

3 Réponse: Il n'était pas obligé, il n'avait aucun devoir de rendre compte à

4 notre établissement médical et nous n'avons pas parlé de cela, c'est-à-

5 dire qu'il ne nous a jamais rien dit au sujet des événements qui sont

6 survenus au centre d'enquête.

7 Question: Vous dites que le docteur Gajic était à la disposition non-stop,

8 c'est-à-dire 24 heures sur 24?

9 Réponse: Théoriquement.

10 Question: C'est 24 heures?

11 Réponse: Le centre médical à Omarska avait un service médical organisé, il

12 y avait des urgences, il y avait des permanences aussi qui étaient à la

13 disposition en continu, pendant la journée et pendant la nuit.

14 Question: Pendant ces 24 heures au cours desquelles le docteur Gajic,

15 comme vous le dites, était à la disposition des patients, donc lorsqu'il

16 s'occupait des malades et des blessés, il faisait cela au centre d'enquête

17 d'Omarska et non dans votre centre médical?

18 Réponse: Je vous ai déjà dit: les soins médicaux dans notre établissement

19 médical ont été apportés par nos médecins, donc les médecins qui ont été

20 embauchés dans le centre, qui travaillaient dans le centre médical.

21 Question: Je vous remercie.

22 Question: Après les conflits survenus à Kozarac, lorsqu'un soldat a été

23 tué, le soldat qui s'appelait Zeljko Zgonjanin, est-ce que vous avez

24 entendu parler de l'existence d'une unité paramilitaire "Manijakosi"? Et

25 est-ce que vous avez entendu ce qu'ils disaient à propos de ce soldat qui

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1 a été tué?

2 Réponse: A peu près dans la soirée, un groupe d'hommes est venu, ils

3 étaient armés et ils ont demandé de voir ce soldat qui a été tué. Et

4 lorsqu'on l'a emmené dans la pièce dans laquelle se trouvait le cadavre de

5 Zeljko Zgonjanin, ils ont allumé une bougie, ils ont fait le signe de

6 croix et ils ont dit: "Ne soyez pas étonnés si nous voulons nous venger,

7 parce que nous le ferons". Et il s'appelait "Manijakosi", il s'appelait

8 comme cela.

9 Question: Maintenant, je vais vous poser une question concernant

10 le docteur Stakic. A votre connaissance, d'abord, pouvez-vous nous dire

11 depuis quand vous connaissiez le docteur Stakic?

12 Réponse: Le docteur Stakic, je le connais depuis qu'il était au lycée. Il

13 était une promotion après moi. Il était très sérieux, très calme, réservé,

14 un bon élève, un excellent élève. Il est d'une famille modeste et honnête.

15 Plus tard, lorsque je suis parti faire mes études de médecine à Zagreb, il

16 a fait ses études à Banja Luka. Pendant ce temps-là, nous ne pouvions pas

17 nous voir, mais quand même, parfois, je le voyais à Prijedor.

18 Lorsqu'il a commencé à travailler dans notre établissement médical, il

19 était un médecin très compétent, qui prenait son travail au sérieux et il

20 était très consciencieux. Les patients l'aimaient beaucoup parce qu'il

21 était jeune et, de ce fait, il devait travailler d'abord sur le terrain:

22 il travaillait dans des infirmeries à Lamovita et à Kevljani.

23 Question: Est-ce que vous pouvez nous dire quelle était la composition

24 nationale de la population dans des villages dans lesquels le docteur

25 Stakic travaillait?

Page 12753

1 Réponse: A Gornja Lamovita, la population était mixte: il y avait des

2 Serbes et également des habitants qui étaient d'appartenance ethnique

3 musulmane. A Kevljani, dans cette infirmerie, dans cette commune locale,

4 il s'agissait d'une population exclusivement musulmane.

5 Question: Est-ce que vous savez comment le docteur Stakic a été accueilli

6 à Kevljani?

7 Réponse: Je ne peux vous dire qu'un exemple.

8 Question: Pouvez-vous nous dire en quelle année il a travaillé à Kevljani,

9 s'il vous plaît?

10 Réponse: Donc il a commencé à travailler en 1989, à peu près. C'est en

11 1989 qu'il a commencé à travailler, jusqu'en 1990, lorsque je suis partie

12 faire ma spécialisation.

13 Pendant cette période, à Kevljani, il a été très aimé. Les habitants l'ont

14 beaucoup aimé. Il n'y avait aucun reproche adressé à lui concernant son

15 travail. Et lorsque nous voulions affecter un autre médecin dans cette

16 infirmerie, il s'agissait d'un autre médecin, le docteur Hodzic Ekrem, qui

17 devait partir dans ces infirmeries sur le terrain, parce que nous voulions

18 que lui aussi, il puisse faire ce stage sur le terrain. La population ne

19 le voulait pas à Kevljani parce que la population de Kevljani était

20 extrêmement contente du travail du docteur Stakic et c'est ainsi qu'il a

21 continué à travailler dans cette commune locale.

22 Question: Ce nouveau médecin, qui devait aller travailler sur le terrain,

23 Hassan Hodzic, pouvez-vous nous dire à quel groupe ethnique il

24 appartenait?

25 Réponse: C'était Ekrem Hodzic.

Page 12754

1 Question: Oui, Ekrem Hodzic, je m'excuse.

2 Réponse: Oui, Ekrem Hodzic était Musulman, mais c'était un homme qui

3 n'était pas né dans notre région. Il est venu vivre dans notre région

4 après s'être marié et la population ne le connaissait pas bien.

5 Question: Vous êtes originaire d'Omarska. Est-ce que vous savez à quel

6 parti politique appartenait le docteur Stakic en 1990 et 1991?

7 Réponse: Je sais qu'il était président du Parti radical populaire, de

8 Velko Guberina.

9 Question: Lorsque vous avez travaillé avec le docteur Stakic, est-ce que

10 vous avez jamais remarqué qu'il faisait preuve de haine ou d'intolérance

11 envers des personnes appartenant à d'autres groupes ethniques?

12 Réponse: Jamais. Dans son travail et dans ses gestes, il n'y avait que du

13 professionnalisme et des compétences. Il n'a jamais divisé les gens selon

14 leur appartenance ethnique.

15 Question: Vers la fin de 1992 ou même au début de 1993, est-ce que vous

16 avez entendu parler du fait que le docteur Stakic a été démis de ses

17 fonctions de président de l'assemblée municipale?

18 Réponse: Oui, j'ai entendu parler de cela.

19 Question: Pouvez-vous nous donner des détails liés à cet événement?

20 Réponse: Je ne peux pas vous dire de détails parce que nous ne nous sommes

21 pas beaucoup intéressés à cela, parce que notre rôle était différent dans

22 tout cela, nous devions nous occuper de notre survie.

23 Question: Quant au centre d'enquête d'Omarska, je dois vous

24 demander si vous vous êtes jamais rendue pour apporter des soins médicaux

25 aux détenus qui se trouvaient au centre d'enquête.

Page 12755

1 Réponse: Non.

2 Question: Avant que le docteur Gajic ne soit arrivé, qui, avez-vous dit,

3 était soldat et mobilisé et qui travaillait au centre d'enquête d'Omarska,

4 qui s'occupait des détenus, des malades? Est-ce que quelqu'un parmi vos

5 collègues s'est rendu au centre d'enquête pour apporter des soins médicaux

6 à des malades?

7 Réponse: Après que ce centre d'enquête a été formé, il y avait quelques-

8 uns parmi mes collègues qui sont partis avec quelques infirmiers pour

9 apporter des soins médicaux à des gens qui demandaient de l'aide médicale.

10 Mais il y avait également les autres qui s'y sont rendus pendant la

11 période pendant laquelle le docteur Gajic n'était pas là.

12 Question: Vous avez parlé de la cellule de crise qui se trouvait à

13 Omarska. Est-ce que vous savez quelles étaient les compétences de cette

14 cellule de crise?

15 Réponse: Non, je ne le sais pas.

16 Question: A l'époque, est-ce que vous saviez qu'une cellule de crise de la

17 municipalité de Prijedor existait? Aviez-vous entendu parler de son

18 existence?

19 Réponse: Non. Je présume qu'une cellule de crise devait exister puisqu'il

20 y en avait une à Omarska, mais je n'avais pas de connaissance personnelle

21 quant à son existence.

22 Question: Donc vous ne savez par quelles étaient les compétences de cette

23 cellule de crise-là non plus?

24 Mme Popovic (interprétation): Non, je ne le sais pas.

25 M. Lukic (interprétation): Docteur Popovic, je vous remercie. Cela met fin

Page 12756

1 à l'interrogatoire principal.

2 C'est maintenant au tour de l'accusation qui vous posera des questions. Je

3 vous remercie d'avoir répondu à nos questions.

4 M. le Président (interprétation): Merci. Est-ce que l'accusation est prête

5 à entamer le contre-interrogatoire?

6 M. Koumjian (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

7 M. le Président (interprétation): Très bien. Madame, ce sera M. Koumjian

8 qui vous posera des questions. Il représente le Bureau du Procureur.

9 (Contre-interrogatoire du témoin, Mme Slavica Popovic Radic, par M.

10 Koumjian.)

11 M. Koumjian (interprétation): Madame, vous avez parlé du fait que vous

12 avez été interne avec le docteur Stakic.

13 Pourriez-vous nous expliquer que représentait ce stage en 1989, stage que

14 vous avez fait avec le docteur Stakic?

15 Mme Popovic (interprétation): Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. Après

16 avoir terminé mes études médicales à Zagreb, en 1985, j'ai dû passer un

17 certain temps, j'ai dû faire un stage qui a duré une année. Ce stage, je

18 l'ai complété et je l'ai fait donc à l'urgence de l'hôpital de Prijedor et

19 j'ai également travaillé à l'hôpital de Banja Luka dans le cadre de ce

20 stage. Après avoir terminé le stage en question, j'ai poursuivi mon

21 travail en tant que médecin à l'hôpital, au Centre médical d'Omarska.

22 Question: Je suis vraiment navré, Madame, mais je crois que vous n'avez

23 peut-être pas bien saisi ma question.

24 Je voulais vous demander la chose suivante: à quel moment le docteur

25 Stakic a fait son stage en interne?

Page 12757

1 Réponse: Le docteur Stakic s'est présenté dans notre hôpital en 1989 et je

2 crois qu'il avait déjà fait son stage auparavant, car il travaillait à

3 Teslic, si je ne m'abuse.

4 Question: Vous dites que, lorsque le docteur Stakic s'est présenté dans

5 votre hôpital, vous dites qu'il s'est présenté en 1989 et qu'il a

6 travaillé chez vous entre 1989 et 1992. Mais où travaillait-il auparavant?

7 Réponse: En 1989, il est devenu membre de l'équipe médicale du

8 Centre médical d'Omarska. Il a obtenu un emploi en tant que médecin et,

9 outre d'être médecin généraliste au sein des urgences, il pratiquait

10 également au service d'urgence de deux cliniques: la clinique à Gornja

11 Lamovita et de Keveljani.

12 J'ai quitté, en 1990, mon poste et le docteur Stakic est resté à Omarska,

13 au Centre médical d'Omarska. Je crois que c'est au début de 1991 qu'il a

14 arrêté, qu'il a cessé de travailler en tant que médecin au Centre médical

15 d'Omarska et qu'il a pris un poste actif au sein de l'assemblée municipale

16 de Prijedor.

17 Question: Pourriez-vous nous expliquer la chose suivante: est-il exact de

18 dire que le Centre médical d'Omarska est un centre médical qui traitait

19 les maladies générales et que c'était un centre de référence, c'est-à-dire

20 que, si quelqu'un était malade plus grièvement ou avait des problèmes plus

21 importants, on l'acheminait ailleurs. Est-ce que c'est exact?

22 Réponse: Oui, c'est exact. Mais est-ce que vous parlez de la population

23 civile?

24 Question: Oui.

25 Réponse: Oui. C'est un dispensaire qui dispensait des soins généraux alors

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1 que, pour les maladies plus graves, on acheminait les malades au centre

2 hospitalier de Prijedor et, par la suite, à Banja Luka, s'ils avaient un

3 besoin plus urgent. Pour toutes les maladies qui ne pouvaient pas être

4 soignée au Centre, c'est-à-dire à l'hôpital de Prijedor, on acheminait les

5 malades à l'hôpital de Banja Luka.

6 Question: Lorsqu'il s'agit d'un jeune médecin avec peu d'expérience, est-

7 ce que l'on pourrait dire que ces médecins se devaient de travailler avec

8 des collègues qui avaient plus d'expérience et qui étaient peut-être plus

9 spécialisés dans un certain domaine lorsqu'ils recevaient des patients et

10 devaient leur fournir leur aide médicale?

11 Réponse: Chaque médecin qui travaillait dans une clinique avait son propre

12 bureau médical. Le médecin se trouve donc dans son bureau, c'est là qu'il

13 reçoit les patients et leur offre les soins médicaux.

14 Par contre, tous les matins, après être arrivés au travail, il y a des

15 réunions de spécialistes et le médecin de garde parle des événements qui

16 se sont déroulés au cours de la nuit. On fait part aux jeunes collègues de

17 ce qui est arrivé; on leur enseigne certaines choses et, si les jeunes

18 collègues avaient besoin d'aide, avaient besoin de quelques conseils, les

19 médecins pouvaient leur prodiguer, leur donner des conseils pour qu'ils

20 puissent établir un bon diagnostic.

21 Question: Serait-il exact de dire qu'un médecin généraliste, un médecin

22 généraliste qui se trouvait dans le centre hospitalier comme était celui

23 où travaillait le docteur Stakic, est-il exact de dire que les jeunes

24 médecins devaient souvent consulter les spécialistes tels que les

25 cardiologues, les gynécologues, les obstétriciens, les oto-rhino-

Page 12759

1 laryngologistes, par exemple? Devaient-ils les consulter pour quelque

2 question qu'ils auraient pu avoir au sujet des patients?

3 Réponse: Lorsqu'il s'agit de soins en médecine générale, nous avions des

4 services de consultation. Ces services étaient offerts par trois

5 spécialistes. Il y avait un gynécologue, un médecin pour les maladies

6 internes et il y avait un pédiatre. Ces médecins travaillaient une fois

7 par semaine et tous les patients, qui se présentaient au cours d'une

8 journée ou qui s'étaient présentés au cours des journées précédentes

9 pendant cette semaine-là, étaient acheminés vers ces médecins, étaient

10 référés à ces médecins, si le médecin généraliste estimait qu'il fallait

11 consulter ces derniers.

12 Par contre, un médecin généraliste pouvait également référer des patients,

13 pouvait donc référer pour voir certains médecins spécialistes qui auraient

14 pu se trouver également à l'extérieur de la ville.

15 Question: Bien. Alors, dites-nous, quand un patient est référé par un

16 médecin généraliste, est-ce que qu'on inclut normalement l'historique du

17 patient dans la lettre de référence?

18 Réponse: Le médecin généraliste procède à un examen général du patient. Il

19 examine le patient, il procède à une analyse en laboratoire, il fait faire

20 des tests et, si le médecin estime que le centre hospitalier ou le

21 dispensaire en question n'est pas assez compétent pour traiter ce patient,

22 ce médecin demandera ou acheminera le patient vers un spécialiste et il

23 inclura tous les tests qui ont été menés jusqu'à ce moment-là concernant

24 le patient en question.

25 Question: Dans le cadre de vos rapports avec le docteur Stakic, est-ce que

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1 vous pouvez nous dire s'il maintenait ou entretenait des rapports avec des

2 médecins qui étaient d'origine serbe exclusivement, ou avait-il également

3 des contacts avec des médecins qui étaient des non-Serbes? Par exemple,

4 parlait-il aux médecins musulmans ou médecins croates?

5 Réponse: Dans notre Centre médical, il y avait le docteur Angela

6 Mladenova. Elle est d'origine bulgare. Il y avait également deux médecins

7 musulmans; c'était un couple. Et il n'y avait absolument aucune différence

8 qui s'est fait sentir. Nous étions tous d'origines ethniques et d'origines

9 nationales différentes et le docteur Stakic n'a jamais fait d'exception,

10 il n'a jamais fait de différence entre les collègues qui travaillaient au

11 Centre médical.

12 Question: Bien. Mais je ne voulais pas savoir qui se trouvait à la

13 clinique avant que vous n'arriviez, vous et le docteur Stakic, mais je

14 voudrais savoir si le docteur Stakic maintenait des contacts avec les

15 médecins qui étaient Musulmans ou Croates dans la municipalité de

16 Prijedor? Est-ce que la communauté des médecins à Prijedor était assez

17 petite pour que vous vous connaissiez tous? Est-ce que vous aviez des

18 contacts les uns avec les autres?

19 Réponse: Nous nous connaissions tous, étant donné que le nombre de

20 médecins qui prodiguent les soins en matière de médecine générale, le

21 nombre de médecins n'est pas très élevé. Je ne peux pas vous dire quels

22 étaient les amis du docteur Stakic. Je ne peux pas vous dire qu'ils

23 faisaient des différences. Nous étions tous ensemble lors de conférences,

24 lors de séminaires. Nous étions tous ensemble et ils ne faisaient

25 absolument aucune différence.

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1 Question: Etait-ce habituel, est-ce que ça arrivait souvent que les

2 médecins suivent des cours de perfectionnement? Est-ce qu'il arrivait

3 souvent que les médecins se voient à l'extérieur des heures de travail

4 pour ce qui est de la municipalité de Prijedor?

5 Réponse: L'enseignement est toujours continu, bien sûr. Il y avait

6 plusieurs conférences et il y avait très souvent des fêtes qui faisaient

7 en sorte que tous les médecins participaient à ces fêtes. Il y avait par

8 exemple la fête des infirmières et des infirmiers. Il y avait également la

9 fête du 8 mars.

10 Question: Merci.

11 Madame, en 1992, au tout début du conflit, sans que vous nous donniez une

12 adresse particulière bien sûr, j'aimerais savoir si vous pouvez me dire

13 dans quelle partie de la ville habitiez-vous à cette époque? Etiez-vous

14 dans la ville? Etiez-vous à Omarska? Où habitiez-vous à l'époque?

15 Réponse: A l'époque, j'étais à Banja Luka, je suivais un cours de

16 spécialisation. C'est là que j'étudiais, mais je me déplaçais en voiture

17 et je me rendais à la maison, qui se trouvait à Omarska.

18 Question: Est-ce que votre maison était à Banja Luka?

19 Réponse: Non, je n'avais pas de résidence à Banja Luka, mais j'habitais

20 chez des amis à Banja Luka, alors que ma maison se trouvait à Omarska.

21 Question: Où était votre maison? Dans quelle partie? A quel endroit?

22 Réponse: Ma maison ou plutôt l'appartement dans lequel j'habite se trouve

23 à Omarska.

24 Question: Très bien.

25 Et, en 1992, lorsque le conflit de Kozarac a éclaté, étiez-vous dans votre

Page 12762

1 appartement à Omarska? Où étiez-vous à ce moment-là?

2 Réponse: Au tout début du conflit, j'étais de garde au Centre médical

3 d'Omarska en tant que médecin de service. Et pendant la journée, j'étais

4 également resté au Centre médical.

5 Question: Est-ce que vous pouviez voir l'armée qui pilonnait la zone de

6 Kozarac depuis l'endroit où vous vous trouviez? Pouviez-vous la voir

7 pilonner ou procéder à un bombardement de Kevljani ou de Kozarac, par

8 exemple?

9 Réponse: La seule chose que j'ai pu voir était les patients qui venaient

10 me voir. C'était très difficile. La situation était particulièrement

11 lourde lorsqu'on a commencé à acheminer les blessés et les cadavres. Les

12 médecins ne pouvaient plus quitter le dispensaire et le centre où l'on

13 prodiguait des soins.

14 Question: Vous avez parlé d'une personne qui s'appelle Zeljko Zgonjanin,

15 si je ne m'abuse. Etait-ce un soldat d'origine ethnique serbe qui a été

16 tué?

17 Réponse: Oui, c'est exact, il était très jeune. Il a été blessé par balle

18 et il y avait des traces de... Il avait été atteint aux reins. C'était la

19 première victime qui avait été acheminée vers nous. C'est un homme qui est

20 mort sous nos yeux. Il a été tué par balle.

21 M. Koumjian (interprétation): Avant que ce soldat soit acheminé, on avait

22 déjà bombardé la zone depuis deux jours. Avez-vous vu des patients pendant

23 ces deux jours en question?

24 Mme Popovic (interprétation): Non.

25 M. Lukic (interprétation): Objection, Monsieur le Président. Selon la

Page 12763

1 déposition de ce témoin, il n'est pas très clair à quel moment ce soldat a

2 été emmené. Je crois que l'accusation devrait d'abord rétablir le moment

3 précis où cet homme a été emmené au Centre médical.

4 M. le Président (interprétation): Oui, effectivement, je crois que

5 l'accusation devrait préciser la date exacte.

6 M. Koumjian (interprétation): Excusez-moi, Madame, est-ce que vous vous

7 souvenez si le soldat qui a été emmené, le soldat blessé, c'était bien en

8 date du 26 mai, et que le pilonnage de Kozarac avait commencé dimanche le

9 24 mai?

10 Mme Popovic (interprétation): Je peux seulement vous dire que c'était au

11 tout début du conflit. Je sais que c'était vers la fin du mois de mai,

12 mais je ne pourrais pas vous donner la date exacte. Donc je sais que,

13 lorsque le conflit a commencé, c'est à ce moment-là que ce soldat a été

14 acheminé.

15 Question: Mais n'est-il pas exact de dire qu'il y avait un feu

16 d'artillerie et qu'on avait bombardé la ville deux jours avant que le

17 soldat soit emmené à l'hôpital?

18 Réponse: Je ne le sais pas, je ne peux pas vous préciser ce détail.

19 Question: Madame, avez-vous prodigué des soins aux victimes de

20 bombardement?

21 Réponse: Non.

22 Question: Vous a-t-on amené des enfants qui auraient été blessés par des

23 obus d'artillerie ou par des tirs de chars?

24 Réponse: Non. Non, je n'ai pas prodigué de soins à de tels enfants, à de

25 tels blessés.

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1 Question: S'agissant du docteur Idriz Mrdjanin, savez-vous s'il avait fait

2 une demande pour qu'une ambulance soit appelée afin de pouvoir évacuer

3 deux enfants blessés de la région de Kozarac?

4 Réponse: Si je me souviens bien, je ne sais pas quel était le médecin qui

5 avait fait cette demande, mais nous avions reçu une demande d'envoyer une

6 ambulance à Kozarac. Deux infirmières et un chauffeur se sont rendus sur

7 place. Donc ils avaient quitté le centre hospitalier, mais ils sont

8 revenus très rapidement. Ils avaient très peur, ils étaient effrayés et

9 ils étaient fâchés contre le médecin qui les avait envoyés parce qu'il les

10 avait de la sorte exposés à des tirs, à des coups de feu.

11 Question: Madame, vous avez parlé du village de Kevljani. Vous dites que

12 le docteur Stakic était un médecin que l'on aimait bien dans le village de

13 Kevljani. Est-ce que vous l'avez vu après le 26 mai?

14 Réponse: Non.

15 Question: Bien. Est-ce que vous savez que plusieurs personnes que l'on

16 avait évacuées de force de Kevljani avaient été emmenées au camp de

17 Trnopolje et de Keraterm, et qu'on avait brûlé plusieurs maisons?

18 Réponse: Je présume qu'après le conflit, plusieurs de leurs maisons

19 avaient été détruites; pour la plupart, il s'agissait de femmes et

20 d'enfants: ces habitants étaient emmenés à bord d'autobus devant le centre

21 de la culture. Concernant d'autres centres d'investigation, d'enquête,

22 outre le centre d'Omarska, je ne connaissais pas leur existence.

23 Plus tard, j'ai su qu'il y avait un camp à Trnopolje. On nous a expliqué

24 qu'il s'agissait d'un endroit où étaient rassemblées des personnes qui

25 pouvaient circuler librement et qu'à cet endroit-là, ils étaient le mieux

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1 protégés, que ces personnes se trouvaient à cet endroit pour qu'on ne les

2 blesse pas, pour qu'on ne leur fasse rien, que c'était pour les protéger,

3 alors que je n'avais pas entendu parler de Keraterm pendant très

4 longtemps.

5 Question: Madame, savez-vous si le docteur Stakic a fait quelque

6 chose pour les habitants de Kevljani qui avaient fait l'objet de cette

7 attaque et qui avaient été placés à bord de ces autobus? Est-ce que vous

8 pourriez nous dire, si vous savez, si le docteur Stakic a fait quelque

9 chose pour ces personnes?

10 Réponse: Je ne le sais pas.

11 Question: Madame, est-ce que vous avez prodigué des soins aux femmes

12 détenues au camp d'Omarska?

13 Réponse: J'avais certaines patientes qui étaient venues me voir au

14 dispensaire. J'avais une patiente qui avait une infection urinaire et elle

15 souffrait de fébrilité. Il y avait une femme qui les accompagnait

16 normalement. J'ai vu une femme qui portait un vêtement de sport en soie;

17 je pouvais la différencier parce qu'elle était habillée autrement. Nous

18 avons prodigué des soins adéquats à ces patientes. On leur a donné une

19 infusion, des antibiotiques et on a poursuivi leur traitement au centre

20 d'enquête.

21 M. Koumjian (interprétation): Monsieur le Président, est-ce qu'il serait

22 possible de passer à huis clos partiel avant la pause?

23 M. le Président (interprétation): Bien. Est-ce que le huis clos partiel

24 vous suffit? Vous en êtes certain?

25 M. Koumjian (interprétation): Oui, tout à fait.

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1 M. le Président (interprétation): Bien. Merci.

2 (Huis clos partiel à 15 heures 42.)

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17 (Audience publique à 15 heures 43.)

18 M. le Président (interprétation): Nous sommes maintenant en audience

19 publique.

20 M. Koumjian (interprétation): Madame, vous avez parlé du docteur Gajic,

21 qui allait au camp d'Omarska. Est-ce que vous l'avez envoyé à ce camp?

22 Mme Popovic (interprétation): Non, le docteur Gajic est venu en tant que

23 soldat. Il avait dit qu'il avait été mobilisé et que c'est lui qui

24 prodiguerait les soins médicaux aux détenus du centre d'enquête.

25 M. Koumjian (interprétation): Madame, je vais maintenant vous donner

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1 lecture d'une déposition de Slobodan Gajic, qui a déposé dans une autre

2 affaire.

3 Pour le compte rendu d'audience, il s'agit de la page 11.672 de l'affaire

4 Kvocka.

5 M. Lukic (interprétation): Nous objectons, Monsieur le Président, car il

6 n'est pas possible de présenter des déclarations, de montrer à des témoins

7 de la défense, à cette étape-ci de la procédure, des passages de

8 déposition d'autres témoins.

9 M. le Président (interprétation): Bien. Prenons maintenant la pause de 30

10 minutes et nous parlerons de cette question de procédure à huis clos

11 partiel.

12 (Le témoin, Mme Slavica Popovic Radic, est reconduit hors du prétoire.)

13 (Questions relatives à la procédure.)

14 (Audience à huis clos partiel à 15 heures 44.)

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21 (Audience publique à 16 heures 20.)

22 (Le témoin, Mme Slavica Popovic Radic, se trouve dans le bureau de Banja

23 Luka.)

24 M. le Président (interprétation): Nous recommençons en séance publique.

25 Nous allons procéder à une vérification du son.

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1 Est-ce que vous nous entendez à Banja Luka?

2 Mme Popovic (interprétation): Oui, nous vous entendons.

3 M. le Président (interprétation): Maître Koumjian, je vous prie, continuez.

4 (Contre-interrogatoire du témoin, Mme Slavica Popovic par M. Koumjian.)

5 M. Koumjian (interprétation): Madame, vous nous avez parlé du docteur

6 Gajic. Il venait de Jajce: est-ce exact?

7 Mme Popovic (interprétation): Il est venu, il s'est présenté, il a déclaré

8 qu'il était médecin ou un soldat, ou plus exactement un médecin mobilisé.

9 Question: Il ne venait pas de Prijedor, n'est-ce pas?

10 Réponse: Effectivement, il ne venait pas de Prijedor.

11 Question: Je voudrais vous soumettre un témoignage de M. Gajic à la page

12 11693, au début de la ligne 16.

13 Il a déposé pour une autre affaire et le Juge Rodrigues lui a demandé s'il

14 existait un horaire selon lequel les médecins arrivaient au Centre ou est-

15 ce qu'ils arrivaient tous ensemble?

16 Et la réponse, c'était: "Le docteur Slavica Popovic était administratrice

17 en chef du Centre médical; c'est elle qui décidait du calendrier et de

18 l'emploi du temps des différents médecins".

19 Et votre réponse, c'était…

20 (Les interprètes demandent que le texte soit placé sur le rétroprojecteur

21 parce que M. Koumjian parle trop rapidement pour que les interprètes

22 puissent le suivre, de même que la sténotypiste.)

23 A la page 11693, haut de la page.

24 (Intervention de l'huissier.)

25 La réponse du docteur Gajic, c'était: "Au cours de la première visite du

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1 matin, c'est la première chose que nous faisions. Dès que nous nous

2 levions, nous allions à la première visite. A cet effet, nous n'avions pas

3 besoin d'instructions. Nous savions que c'était notre travail. Lorsque

4 nous obtenions tous les médicaments dont nous avions besoin, nous nous

5 rendions directement au Centre pour la visite du matin.

6 Pour ce qui est des autres visites, elles s'effectuaient à la suite de

7 coups de téléphone. Si on nous appelait ou si le docteur Slavica nous

8 disait de nous rendre quelque part, nous nous y rendions.". (Fin de

9 citation.)

10 Ensuite, au début de la page 11672, ligne 4, page 11672, la question

11 suivante a été posée au docteur Gajic: "Pourriez-vous expliquer -à la

12 ligne 4- au Tribunal quelles étaient les dispositions que vous aviez

13 prises avec le médecin et la manière dont elle vous a demandé de prendre

14 en charge le Centre médical? Pourquoi vous a-t-elle demandé de couvrir le

15 Centre médical?

16 Réponse: Elle m'a dit de m'occuper du Centre, car je proviens d'une autre

17 région et je ne connaissais pas les gens qui se trouvaient au centre de

18 recherche.". (Fin de citation.)

19 Madame, avez-vous demandé au docteur Gajic de vous rendre au camp

20 d'Omarska?

21 Réponse: Le docteur Gajic, comme je l'ai dit, a été mobilisé, il était

22 soldat. C'était un médecin. Il m'a dit qu'il était arrivé avec les

23 chauffeurs et l'ambulance militaire, et qu'à partir de ce moment-là, il se

24 chargerait de dispenser les soins médicaux au centre de recherche. Moi-

25 même et les autres médecins n'avons pu rien dire au docteur Gajic. Il a

Page 12771

1 repris le travail au centre de recherche, alors que nous, nous

2 poursuivions notre travail au quotidien. Nous continuions à dispenser des

3 soins au centre médical.

4 Pour ce qui est de la détermination de l'emploi du temps, je ne sais pas

5 pourquoi il m'a désignée. Ce n'était pas moi qui décidais qui serait de

6 service ou de garde, car, dès le début du conflit, nous avons eu une

7 réunion et nous nous sommes mis d'accord sur les gardes entre les

8 médecins. Deux médecins étaient de garde chaque nuit. Aussi aucun d'entre

9 nous n'était-il présent 24 heures sur 24 à l'infirmerie; donc il n'était

10 pas possible qu'on lui dise où aller, car il se rendait tous les jours au

11 Centre et nous n'étions pas là.

12 Et il y a une troisième chose qu'il a dite… Pourriez-vous la répéter pour

13 moi, s'il vous plaît?

14 Question: Est-ce qu'il est vrai que vous lui avez dit de se rendre au camp

15 et que c'était quelque chose qui convenait parce qu'il ne connaissait pas

16 les prisonniers, n'étant pas de Prijedor?

17 Réponse: Je n'étais pas investie de l'autorité nécessaire pour envoyer

18 quelqu'un au centre de recherche. J'ai également indiqué précédemment que

19 nous n'étions pas en contact téléphonique avec lui.

20 S'il était nécessaire d'avoir un médecin au centre d'enquête, à ce moment-

21 là, le commissariat nous téléphonait ou bien venait nous trouver

22 personnellement pour demander un médecin. Nous ne gardions pas de trace de

23 cela, dans la mesure où nous étions un organe civil qui devait s'occuper

24 de la population civile. Lorsqu'il était nécessaire de prodiguer des soins

25 médicaux aux prisonniers ou au centre d'enquête, nous le faisions

Page 12772

1 également.

2 Il existe peut-être des traces écrites dans lesquelles les noms des

3 prisonniers qui ont reçu des soins sont consignés au Centre médical.

4 Question: Donc, sur la base de ces appels téléphoniques dont vous parlez,

5 vous reconnaissez que vous vous êtes rendue à Omarska lorsque des

6 prisonniers y étaient?

7 Réponse: Non, nous ne nous sommes pas bien compris. Le docteur Slobodan

8 Gajic s'y rendait, mais, si une aide médicale était requise à la demande

9 de la police, que ce soit par téléphone ou qu'ils viennent nous le

10 demander en personne, notre véhicule amènerait les prisonniers à la

11 clinique pour qu'ils reçoivent les soins nécessaires. Parfois, la police

12 utilisait ses propres véhicules pour acheminer les prisonniers vers le

13 Centre médical.

14 Question: Madame, pour être sûr que je vous comprends bien, vous êtes-vous

15 trouvée à une seule reprise au camp d'Omarska lorsque des prisonniers y

16 étaient?

17 Réponse: Non.

18 Question: A la page 11686 du compte rendu d'audience de la déposition de

19 M. Gajic...

20 Peut-être l'huissier pourrait-il placer le texte sur le rétroprojecteur?

21 (Intervention de l'huissier.)

22 A la ligne 1, le Juge Riad a posé une question au témoin:

23 "-Q: Toute cette pression, c'est parce que vous étiez le seul homme, le

24 seul docteur pour tout le camp?

25 -R: Non, d'autres docteurs ont visité le camp, y compris Slavica Popovic,

Page 12773

1 Nada Ljubic, Jasenka Mijatovic et Vlado Radic, ainsi que d'autres dont je

2 ne me souviens plus, car j'étais déjà parti. Mais c'était moi qui m'y

3 rendais le plus souvent; j'étais le médecin habituel." (Fin de citation.)

4 Madame, est-ce que vous niez toujours vous être rendue au camp?

5 Réponse: J'ai dit que les médecins de l'hôpital prodiguaient des soins

6 médicaux au centre d'enquête jusqu'à l'arrivée et mobilisation du docteur

7 Gajic.

8 Question: Donc je dois maintenant en déduire que vous vous êtes

9 bien rendue au camp avant l'arrivée du docteur Gajic?

10 Réponse: Non.

11 Question: Est-ce que vous avez déjà, Madame...?

12 Réponse: Je ne me suis pas rendue au camp à ce moment-là. Ce sont d'autres

13 médecins qui s'y sont rendus.

14 Question: Madame, connaissez-vous quelqu'un répondant au nom Ljuban

15 Andzic?

16 Réponse: Je le connais, il vient du même endroit. Il avait de nombreux

17 amis et connaissances au centre d'enquête. Il se rendait souvent au

18 centre, il y prenait des médicaments, des victuailles et tout ce dont il

19 avait besoin.

20 Question: Ljuban Andzic était-il un technicien médical qui était envoyé au

21 camp d'Omarska, pas un prisonnier mais un technicien médical?

22 Réponse: Oui, effectivement, il est membre du personnel paramédical et il

23 s'est également rendu là comme infirmier. Mais en raison de ses contacts

24 et du nombre important d'amis qu'il avait là-bas, il s'y est également

25 rendu à titre privé.

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1 M. Koumjian (interprétation): Vous vous êtes rendue au camp avec M.

2 Andzic? Est-ce exact?

3 Mme Popovic (interprétation): Non. J'ai eu l'intention d'y aller; il a été

4 demandé que tous les médecins d'Omarska se rendent au centre d'enquête,

5 mais, à un moment donné, une fois passés la porte de l'enceinte mais sans

6 que nous ayons pénétré dans le centre, nous avons fait demi-tour, car il y

7 avait un blessé serbe, un autre blessé musulman et personne d'autre

8 n'était resté à l'hôpital; donc nous avons dû rebrousser chemin. Mais

9 étant donné que les blessés à l'intérieur du centre d'enquête avaient déjà

10 reçu des soins, il n'était plus nécessaire que nous nous y allions.

11 M. le Président (interprétation): Je voudrais interrompre pour des

12 questions de procédure.

13 Je voudrais vous demander, compte tenu du fait que vous êtes un témoin

14 important dans cette affaire et qu'il ne semble pas suffisant de vous

15 entendre uniquement par vidéo satellite, quelle serait la date qui vous

16 conviendrait pour vous rendre à La Haye?

17 Mme Popovic (interprétation): Pour des raisons personnelles, je ne peux

18 pas me rendre à La Haye. Et c'est la raison pour laquelle, après avoir

19 parlé au conseil, j'ai décidé de déposer par vidéoconférence. J'ai un

20 enfant en bas âge que je ne peux confier à personne.

21 M. le Président (interprétation): Est-ce que vous avez une famille? Quel

22 âge a votre enfant?

23 Mme Popovic (interprétation): Mon enfant a 6 ans. Nous n'avons jamais été

24 séparés. Je vis avec mon fils et mon parent le plus proche est ma mère qui

25 a 73 ans et qui n'est pas capable de s'occuper de mon fils.

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1 M. le Président (interprétation): Le Tribunal décidera ultérieurement s'il

2 est obligatoire de vous entendre de vive voix, car la valeur probatoire

3 d'une vidéoconférence est moins importante que celle d'un témoignage de

4 vive voix. Je vous prierai d'en tenir compte lorsque vous répondrez aux

5 questions qui vont vous être posées. Je demanderai d'ailleurs au Procureur

6 de répéter sa dernière question.

7 M. Koumjian (interprétation): Je pense qu'elle a répondu à cette question.

8 Mais, Madame, est-il exact que vous vous êtes rendue au camp d'Omarska en

9 compagnie de Ljuban Andzic?

10 Mme Popovic (interprétation): Je pense avoir déjà répondu à cette

11 question.

12 M. le Président (interprétation): Excusez-moi de vous interrompre. La fin

13 de la réponse était: "Mais il n'était pas nécessaire que nous nous y

14 rendions." (Fin de citation.)

15 Est-ce que c'est votre dernière réponse?

16 Mme Popovic (interprétation): Non, nous nous sommes rendus là-

17 bas parce qu'on nous avait dit que tous les médecins disponibles devaient

18 se mettre à disposition du centre d'enquête, mais, lorsque nous sommes

19 arrivés là, le docteur Gajic et l'infirmier, Ljuban Andzic -je pense que

20 c'était lui-, ce dernier est rentré et on nous a dit que des patients

21 avaient déjà été soignés et que nous devions nous rendre à l'hôpital, car

22 deux blessés venaient d'arriver, l'un serbe, l'autre musulman.

23 M. Koumjian (interprétation): Je voudrais encore vous soumettre des

24 comptes rendus d'audience. Nous n'avons que trois exemplaires: l'un pour

25 le rétroprojecteur, l'autre pour les Juges et le troisième pour la

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1 défense.

2 (Intervention de l'huissier.)

3 Je voudrais avoir la dernière ligne de la page 75335, ainsi que le début

4 de la page suivante.

5 Madame, M. Ljuban Andzic a déposé sous serment devant ce Tribunal le 7

6 février 2001, et on lui a posé la question de savoir si un médecin du

7 Centre médical d'Omarska l'accompagnait -en parlant du camp-, et il a

8 répondu: "Le docteur Slavica Popovic".

9 Est-ce que vous avez idée des raisons pour lesquelles M. Andzic penserait

10 ou déclarerait que vous l'avez accompagné au camp?

11 Réponse: Je vous ai dit que, lorsqu'il y avait des fusillades au camp lui-

12 même, au centre d'enquête, lorsque le personnel médical était appelé, je

13 me rendais avec ce groupe au centre d'enquête, dans le groupe du personnel

14 médical. Je n'ai jamais été là en compagnie de Ljuban Andzic. Je pense

15 qu'à sept reprises, Ljuban Andzic faisait partie du corps médical affecté

16 au centre d'enquête, mais je ne l'ai jamais accompagné. Nos médecins

17 fournissaient des soins seulement dans les quelques jours qui ont suivi la

18 mise en place du centre d'enquête.

19 Question: Avez-vous traité Muhamed Cehajic?

20 Réponse: Pendant la guerre?

21 Question: Non. Est-ce que vous l'avez traité tout simplement? Est-ce qu'il

22 vous est arrivé de le traiter?

23 Réponse: Non. Avant la guerre, je n'en ai pas eu l'occasion. Pendant la

24 guerre, lors de la visite d'une partie de l'équipe qui devait examiner

25 comment fournir les meilleurs soins médicaux possible aux prisonniers du

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1 centre d'enquête, j'ai vu Muhamed Cehajic qui a été examiné par un autre

2 médecin qui lui a prescrit un traitement.

3 Question: Où était le professeur Cehajic lorsque vous l'avez vu?

4 Réponse: A ce moment-là, lorsque je l'ai vu, il se trouvait au centre

5 d'enquête et il était à la clinique qui avait été désignée comme l'endroit

6 où ses patients seraient traités.

7 Question: Madame, pouvez-vous nous dire où se trouvait cette clinique au

8 camp d'Omarska?

9 Réponse: C'était une pièce. Il ne s'agissait pas d'une vraie infirmerie,

10 d'un vrai dispensaire. Il s'agissait d'une pièce destinée à dispenser des

11 soins médicaux et à prescrire des traitements.

12 Question: Dans quel bâtiment se trouvait cette infirmerie?

13 Réponse: Il ne s'agissait pas d'un bâtiment. Il s'agissait d'une petite

14 maison, enfin d'une pièce. Autour se trouvaient des bâtiments et c'était

15 seulement une pièce assez petite et au plafond assez bas.

16 Question: Madame, lorsque vous avez vu le professeur Cehajic, qui était

17 présent encore?

18 Réponse: Il y avait un collègue qui a fréquenté le même lycée que moi à

19 Prijedor. Le professeur Cehajic était professeur de la langue serbo-

20 croate. Il y avait deux infirmières aussi.

21 Question: Qui est ce collègue avec qui vous étiez ensemble au lycée?

22 Réponse: Il s'agissait du docteur Vlado Radic.

23 Question: Madame, je prie M. l'huissier de placer maintenant sur le

24 rétroprojecteur une maquette. Il s'agit de la pièce à conviction portant

25 la cote S15-18.

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1 (Intervention de l'huissier.)

2 Je pense que c'est peut-être difficile pour vous de voir cela et de nous

3 dire quelque chose sur cette maquette, mais sur cette maquette nous

4 pouvons voir quelques bâtiments.

5 En bas, à droite, se trouve une maison blanche. Ensuite, à droite et à

6 gauche, on voit disposer d'autres bâtiments. Où se trouvait cette

7 infirmerie dont vous avez parlé?

8 Réponse: Il s'agissait d'un... Peut-être que la pièce qui se trouve

9 derrière ces bâtiments; c'est peut-être cela, cette pièce qui est au

10 plafond bas, mais je ne suis pas certaine. Je sais que cette pièce ne

11 faisait pas partie d'autres bâtiments.

12 Question: Donc vous croyez que vous avez vu le professeur Cehajic dans

13 cette maison blanche?

14 Réponse: Dans cette pièce. Donc il est venu pour être examiné. Je pense

15 qu'il s'agissait de cette pièce, mais je ne suis pas certaine; mais tout

16 ce que je sais, c'est que cette pièce ne faisait pas partie d'autres

17 bâtiments.

18 Question: Madame, pouvez-vous nous dire ce que vous avez remarqué quant à

19 l'état du président de l'assemblée municipale de Prijedor, c'est-à-dire M.

20 Cehajic, lorsque vous l'avez vu à cette occasion-là?

21 Réponse: Il était assez agité et distrait. Il demandait à être examiné, à

22 faire un examen de cœur parce qu'il nous a dit qu'il a déjà eu un

23 infarctus. Il nous demandait à avoir quelques médicaments, quelques

24 tranquillisants.

25 Question: Est-ce que vous avez remarqué des traces de passage à tabac sur

Page 12779

1 son corps?

2 Réponse: Lorsqu'il a enlevé sa chemise, j'ai pu voir un bleu sur son dos.

3 Question: Est-ce qu'il vous a dit qu'il urinait du sang?

4 Réponse: Non.

5 Question: Madame, est-ce que vous savez pourquoi le professeur Cehajic a

6 été détenu au camp d'Omarska?

7 Réponse: Non.

8 Question: Madame, est-ce que vous avez appris que certains de vos

9 collègues qui étaient médecins étaient détenus au camp d'Omarska?

10 Réponse: Pour certains, j'ai entendu parler qu'ils se trouvaient au camp,

11 au centre d'enquête.

12 M. Koumjian (interprétation): Je prie que nous passions pour un moment à

13 huis clos partiel.

14 M. le Président (interprétation): Je vous prie de passer à huis clos

15 partiel.

16 (Audience à huis clos partiel à 16 heures 50.)

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12 (Audience publique à 16 heures 57.)

13 M. le Président (interprétation): C'est confirmé, vous pouvez poursuivre.

14 Mme Popovic (interprétation): Le docteur Stakic était président du Parti

15 radical populaire de Veljko Guberina. Est-ce qu'il était membre d'un autre

16 parti politique? je n'en sais rien.

17 M. Koumjian (interprétation): Vous avez dit que le docteur Stakic a été

18 candidat et a été élu député de l'assemblée municipale lors des élections

19 de 1990 et que, par la suite, il a abandonné la pratique médicale pour

20 entrer en fonction en tant que président de la municipalité, n'est-ce pas?

21 C'était en 1991.

22 Réponse: Je sais qu'il était vice-président à partir de l'année 1991,

23 mais, à l'époque, moi je ne m'intéressais pas à la politique et je ne

24 participais à ces événements politiques; je ne connaissais pas tout cela.

25 Cela ne m'intéressait pas de savoir qui était candidat pour quelle

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1 fonction, etc.

2 Question: Vers la fin de la guerre, en 1996, c'est-à-dire en 1997, est-ce

3 que le docteur Stakic est revenu? C'est-à-dire: est-ce qu'il est redevenu

4 président de la municipalité et, par la suite, il a abandonné sa vocation

5 médicale?

6 Réponse: Je pense que le docteur Stakic, lorsqu'il a quitté l'assemblée

7 municipale, n'a pas travaillé en tant que médecin, c'est-à-dire en tant

8 que médecin praticien, lorsqu'il était directeur du Centre médical, mais

9 je n'en sais vraiment rien. Je ne peux pas me souvenir de cela. Je sais

10 qu'il était directeur du Centre médical.

11 Question: Je vous remercie. Donc, en tant que directeur du Centre médical,

12 il était la personne qui était responsable du travail d'autres médecins,

13 mais lui-même ne s'occupait pas de soins médicaux dispensés aux patients,

14 n'est-ce pas?

15 Mme Popovic (interprétation): Oui.

16 M. Koumjian (interprétation): Je vous remercie. Je n'ai plus de question à

17 vous poser.

18 (Questions de M. le Président au témoin, Mme Slavica Popovic Radic.)

19 M. le Président (interprétation): Je vous remercie.

20 Pourrais-je tout de suite me référer à une série de questions qui vous ont

21 été posées par l'accusation?

22 Pouvez-vous nous dire la date exacte lorsque le docteur Slobodan

23 Gajic est arrivé à Omarska?

24 Mme Popovic (interprétation): Je ne peux pas vous dire la date exacte,

25 mais j'ai déjà dit que, seulement quelques jours après la formation du

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1 centre, il est arrivé dans cet établissement.

2 Question: Et est-ce que vous savez quand c'était, c'est-à-dire cette date

3 après la formation de l'établissement?

4 Réponse: Après la formation de quoi? Je n'ai pas compris votre question.

5 Question: Vous avez dit… Je me suis référé à votre réponse. Je vous ai

6 demandé quand le docteur Slobodan Gajic est arrivé à Omarska; vous avez

7 dit -je cite-: "Je ne peux pas vous dire la date exacte, mais j'ai dit que

8 c'était peu après la formation". Et c'est pour cela que je vous ai demandé

9 de me dire quelle était la date de la formation de quoi?

10 Réponse: Je ne peux pas vous dire quand le centre d'enquête a été formé

11 exactement, mais plusieurs jours après la formation de ce centre

12 d'enquête, il y est arrivé.

13 Question: Est-ce qu'avec l'aide de quelques événements plus importants à

14 l'époque, vous pouvez vous souvenir plus précisément de cette date? Est-ce

15 que cela pourrait vous aider peut-être si j'attire votre attention à une

16 autre partie de la déposition du docteur Gajic, datée du 11 mai 2001?

17 C'est à la page 11, la page 11.671, où il a dit -je cite-: "Le 25 mai, je

18 me suis présenté à l'unité à Banja Luka et j'ai été mobilisé, j'ai été

19 affecté à une brigade, c'est-à-dire qu'il s'agissait d'une unité médicale

20 de cette brigade. J'étais dans la 1re Brigade, la brigade armée".

21 Et ensuite, à la ligne 24, il dit -je cite… C'est-à-dire que nous pouvons

22 commencer par la réponse suivante: lorsqu'on lui a demandé comment il a

23 organisé son travail au centre médical d'Omarska, le docteur Gajic a

24 répondu -je cite-: "Dans le Centre médical d'Omarska, le travail était

25 organisé de la façon suivante: nous nous occupions de la population

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1 civile, de l'armée, de la police et la femme médecin, que je ne

2 connaissais pas à l'époque, m'a informé qu'un centre d'enquête a été formé

3 et que le Centre médical devrait s'occuper de cela aussi."

4 Donc est-ce que cela peut vous aider? Est-ce que cela peut rafraîchir

5 votre mémoire?

6 Réponse: J'ai été invitée en tant que médecin pour aider, c'est-à-dire

7 pour que j'effectue mon obligation de travail.

8 D'autres médecins ont peut-être une meilleure mémoire pour se rappeler

9 toutes ces dates, parce que moi, je suis arrivée pour les aider à

10 dispenser des soins médicaux adéquats. C'était ma tâche primordiale et

11 assez de temps s'est écoulé. Pour nous tous, tout cela était très

12 douloureux et tragique, tous ces événements qui se sont passés sur notre

13 territoire. Je ne peux pas vous dire la date précise de la formation de ce

14 centre d'enquête.

15 Et le docteur Gajic, à l'époque où il est arrivé, moi je n'étais

16 pas à la tête de ce Centre médical; c'était le docteur Nada Lukic qui

17 était directeur, parce que le directeur, qui était à l'époque le directeur

18 formel, à cause des barrières érigées sur la route, ne pouvait pas venir

19 de Prijedor. C'est elle qui aurait pu lui dire au sujet de la formation de

20 ce centre d'enquête, mais lui ne s'occupait pas de soins médicaux

21 dispensés à la population civile d'Omarska.

22 Question: Pendant combien de temps le docteur Slobodan Gajic était-il

23 resté à Omarska et jusqu'à quand a-t-il travaillé au camp d'Omarska?

24 Réponse: Je ne suis pas certaine, mais c'était pendant que le centre

25 d'enquête fonctionnait. Mais les personnes qui étaient là-bas ne pouvaient

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1 pas être abandonnées, c'est-à-dire laissées sans soins médicaux.

2 Question: Dans le même témoignage que j'ai évoqué, à la page 11.679, on a

3 demandé au docteur Gajic -je cite-: "Quand approximativement, pour la

4 dernière fois, vous êtes-vous rendu au camp d'Omarska?"

5 Il a répondu: "Je ne me souviens pas exactement de cela, mais probablement

6 que c'était vers le 10 ou 12 juillet.

7 -Q: Donc vous avez passé uniquement un mois pour dispenser au camp

8 d'Omarska?

9 -R: Oui." (Fin de citation.)

10 Après avoir entendu cela, est-ce que votre mémoire a été rafraîchie?

11 Réponse: Je ne peux pas vous dire précisément combien de temps il a passé

12 là-bas. Il sait mieux cela en ce qui le concerne. Mais je pense que les

13 détenus au camp d'enquête devaient bénéficier de soins médicaux continus.

14 Mais est-ce qu'au niveau de la police et de l'armée, cela a été réglé

15 différemment? Je ne sais pas. Est-ce que quelqu'un d'autre l'a remplacé,

16 je ne peux pas vous le dire.

17 Question: Combien de fois êtes-vous allée au camp d'Omarska?

18 Réponse: La première fois, il a fallu d'abord voir à quel endroit on

19 pouvait dispenser des soins médicaux. C'est là où j'ai vu le professeur

20 Cehajic pour la première fois et je l'ai reconnu. Et la deuxième fois, je

21 suis allée au centre d'enquête pour dispenser des soins médicaux; compte

22 tenu du fait qu'il y avait déjà des soins médicaux qui ont été dispensés,

23 on nous a dit de revenir dans notre Centre médical. Il fallait prodiguer

24 des soins médicaux à un homme, un Musulman qui avait été blessé.

25 Et après que les soins médicaux lui ont été prodigués et que les

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1 antibiotiques lui ont été prescrits, par la suite, il a été envoyé à

2 Prijedor au département de chirurgie. Il y avait aussi un gardien qui

3 avait été blessé, qui étaient Serbe, et qui a été également envoyé à

4 l'hôpital.

5 Question: Maintenant, je reviens au témoignage du docteur Gajic.

6 Il a dit lui-même que c'était approximativement le 10 ou le 12 juillet.

7 Est-ce qu'il y avait un autre médecin qui a remplacé le docteur Gajic, ou

8 était-ce vous qui avez remplacé le docteur Gajic?

9 Réponse: Non, ce n'était pas moi parce que nous avions eu trop de travail

10 dans le Centre médical pour dispenser des soins médicaux à la population

11 civile, qui, normalement, venait demander de l'aide médicale dans notre

12 Centre médical. Je ne sais pas si quelqu'un d'autre l'a remplacé.

13 Question: Est-ce que vous avez jamais parlé avec le docteur Gajic au sujet

14 de la raison pour laquelle les gens se trouvaient au camp d'Omarska?

15 Réponse: C'était très difficile à vivre. Il s'agissait de temps très

16 difficile et ce n'était pas facile d'en parler. Nous, en tant que

17 médecins, nous avons pensé uniquement aux soins médicaux qu'il fallait

18 dispenser aux personnes et pour éviter qu'une épidémie se répande. C'est

19 dans ce sens qu'on a agi, c'est-à-dire pour dispenser des soins médicaux

20 adéquats à la population.

21 Question: Est-ce que vous avez parlé du fait de comment les détenus au

22 camp d'Omarska ont été traités?

23 Réponse: Le docteur Gajic était un homme qui n'était pas très

24 volubile, qui a eu très peu de contacts avec nous. Il m'a dit à une

25 occasion qu'il y avait des infections gastro-intestinales avec des

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1 vomissements et de la diarrhée et qu'il a craint l'épidémie. C'est alors

2 que mes collègues et moi, nous lui avons demander d'apporter des

3 médicaments au centre d'enquête et de les distribuer à ces gens.

4 Question: Pourrais-je vous lire la réponse donnée par le docteur Gajic à

5 la page 11.680? A la même question que je vous ai posée tout à l'heure, il

6 a répondu -je cite-; "Il y avait beaucoup d'individus qui étaient passés à

7 tabac. Il y avait beaucoup d'hématomes sur leurs corps, des écorchures et

8 toutes sortes de blessures".

9 Est-ce que vous avez parlé de cela avec le docteur Gajic?

10 Réponse: Le docteur Gajic ne nous a pas informés de ces événements, mais

11 on pouvait supposer qu'il y avait des blessures parce que même nous,

12 pendant que nous étions de garde, il y avait des blessés qui arrivaient,

13 qui avaient des hématomes sur leurs corps. Il y avait un blessé qui avait

14 une blessure par balle qui, par la suite, a été envoyé à l'hôpital.

15 Question: C'est correct, c'est ce que vous avez déjà mentionné au cours de

16 votre déposition.

17 Est-ce qu'avec vos patients, vous avez parlé de la raison pour laquelle

18 ils ont subi ces blessures?

19 Réponse: C'était plus qu'évident. C'est-à-dire que ces blessures lui ont

20 été portées. Souvent, eux-mêmes, ils ont dit que les conditions de vie

21 étaient très difficiles et qu'il y avait aussi des personnes qui pensaient

22 qu'ils ne devaient pas s'y trouver, qu'ils se blessaient mutuellement,

23 c'est-à-dire également qu'ils ont été passés à tabac par des policiers.

24 Question: Est-ce que vous avez jamais vu un Serbe ou entendu parler d'un

25 Serbe qui a été passé à tabac au camp d'Omarska?

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1 Réponse: Non, je n'ai jamais entendu parler de cela. J'ai vu un Serbe qui

2 avait une blessure par balle au pied.

3 Question: Est-ce qu'il vous a dit comment il a été blessé?

4 Réponse: Il y avait des tirs au centre d'enquête et, lui, il se trouvait

5 devant les détenus. C'est comme cela qu'il a été blessé.

6 Question: Madame, d'un point de vue médical, est-ce que vous sentiez que

7 la façon dont les êtres humains étaient traités au camp d'Omarska, est-ce

8 que vous aviez l'impression que c'était une façon tout à fait inadéquate

9 de détenir des prisonniers?

10 Réponse: Les conditions ne sont jamais bonnes. Lorsqu'un homme est détenu,

11 ce n'est jamais dans de bonnes conditions. En tant que personnel médical,

12 nous donnions tout ce que nous pouvions, nous faisions de notre mieux pour

13 leur administrer tous les soins nécessaires. Nous leur envoyions des

14 médicaments et nous leur apportions notre aide. Nous essayions de faire du

15 mieux que nous pouvions pour que leur détention soit moins difficile.

16 Question: Le docteur Gajic a répondu à la même question le 11 mai 2001 à

17 la page 11.681, ligne 1. Je vais vous donner lecture de sa réponse.

18 Il a répondu: "Pour ce qui me concerne, les conditions n'étaient pas

19 adéquates, mais je ne pouvais rien faire pour les changer. Ce n'était pas

20 approprié. Les conditions n'étaient pas appropriées." (Fin de citation.)

21 Avez-vous essayé de trouver une solution pour améliorer la situation?

22 Réponse: Je me souviens d'une conversation lorsque je lui ai

23 proposé de séparer les malades qui étaient malades de maladie chronique,

24 de les séparer des autres dans le centre d'enquête et d'essayer de faire

25 en sorte que ces derniers soient entendus plutôt que les autres pour qu'on

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1 puisse les acheminer ailleurs et leur prodiguer des soins plus appropriés.

2 Question: En tant qu'être humain et en tant que citoyenne, est-ce que vous

3 pouviez comprendre pourquoi ces personnes étaient détenues? Aviez-vous

4 entendu parler de crimes allégués que ces personnes auraient commis?

5 Réponse: En tant qu'être humain, il n'y a rien qui puisse justifier la

6 détention de quelque personne que ce soit. Nous avons tous vécu des

7 moments très difficiles, nous tous. Il n'y a rien qui justifie la mort de

8 personne soit sur le front, soit ailleurs. La guerre est une catastrophe,

9 c'est un mal.

10 Heureusement, certaines personnes ont survécu, telle que moi-même. Je n'ai

11 pas pris part à la vie politique de l'époque. Je ne pouvais avoir aucune

12 influence sur personne et je croyais fermement qu'il ne fallait pas qu'il

13 y ait une guerre en Bosnie-Herzégovine.

14 Question: Je crois que nous partageons tous votre point de vue, mais

15 n'est-il pas exact de dire que, déjà depuis vos années universitaires,

16 vous connaissiez le docteur Stakic?

17 Réponse: Oui, je connaissais le docteur Stakic. Je l'ai connu au lycée de

18 Prijedor. Le docteur Stakic était un bon élève, un élève exemplaire,

19 retiré et sérieux.

20 Question: Oui, vous nous l'avez déjà dit. Merci. Nous vous remercions.

21 Nous n'avons aucun doute là-dessus.

22 Mais voici la question que je souhaiterais vous poser. Vous avez déjà

23 déposé et vous deviez savoir que le docteur Stakic était devenu un homme

24 politique. N'aviez-vous pas pensé que c'était une chance et que vous

25 pourriez discuter de ces problèmes avec lui, que vous auriez une oreille

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1 sympathique si vous étiez allée lui adresser la parole, puisque vous étiez

2 dans la même ville?

3 Réponse: En 1990, je n'étais plus à Omarska. Au début du printemps, je me

4 suis trouvée à Banja Luka et j'étais en formation, en spécialisation, je

5 ne voyais plus le docteur Stakic à ce moment-là.

6 Question: Mais vous saviez que le docteur Stakic était d'abord devenu

7 vice-président et ensuite président de l'assemblée municipale de Prijedor,

8 n'est-ce pas?

9 Réponse: Oui, j'avais connaissance de cela, je savais qu'en 1991, il était

10 vice-président et que, par la suite, il est devenu président de

11 l'assemblée municipale.

12 Question: Dans le cadre de votre travail de tous les jours, vous faisiez

13 face à un drame humain. Est-ce que vous en avez parlé avec le docteur

14 Stakic, soit en 1992 ou plus tard?

15 Réponse: Non.

16 Question: A la page 11, ligne 23, du compte rendu d'audience

17 d'aujourd'hui, lorsqu'on vous a demandé si vous saviez qu'il existait une

18 cellule de crise, vous avez répondu: "On pouvait penser qu'il y avait une

19 cellule de crise à Prijedor plus tard", mais n'est-il pas exact de dire

20 que vous saviez que le docteur Stakic était le président de la cellule de

21 crise de Prijedor?

22 Réponse: Non, je ne le savais pas.

23 Question: Est-ce quelque chose que vous avez appris plus tard?

24 Réponse: Nous avions très peu d'informations à ce sujet. La vie politique

25 n'était pas quelque chose qui nous touchait particulièrement. Nous

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1 luttions pour survivre. La situation était particulièrement difficile.

2 Question: Nous vous comprenons très bien, mais je dois néanmoins vous

3 poser la question suivante: depuis 1992, à combien de reprises vous est-il

4 arrivé de rencontrer le docteur Stakic?

5 Réponse: Je n'ai plus revu le docteur Stakic après 1992 et en 1992 non

6 plus. Plus tard, lorsqu'il est devenu directeur du dispensaire, j'ai pu

7 peut-être le voir à deux reprises.

8 Question: Est-ce que vous avez parlé de quelque sujet? Est-ce que vous

9 l'avez simplement entrevu? Comment cela s'est-il passé?

10 Réponse: Je ne me suis pas vraiment entretenue avec lui sur des

11 sujets particuliers. Il est vrai que, la dernière fois que je l'ai vu, je

12 lui ai demandé de me permettre de continuer ma formation de spécialiste.

13 Question: Est-ce que vous travaillez encore au Centre médical?

14 Réponse: Après avoir terminé ma formation de spécialiste, étant donné que

15 je suis le seul pédiatre dans cette région, j'habite également au même

16 endroit, on m'a demandé de rester sur place et de travailler au Centre

17 médical pour que les enfants puissent être soignés de la bonne façon, de

18 la façon la plus adéquate que possible.

19 Question: Avez-vous vu des enfants au camp d'Omarska?

20 Réponse: Je vous ai déjà dit que je ne suis pas allée très souvent au camp

21 d'Omarska. Je vous ai décrit comment les choses se passaient, mais je

22 crois que, là, il n'y avait pas d'enfants.

23 Question: Qui est votre directeur aujourd'hui?

24 Réponse: Mon directeur s'appelle le docteur Spomenka Pavkovic et elle est

25 également spécialisée en pédiatrie.

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1 Question: Et qui est le directeur administratif du Centre médical?

2 Réponse: Je ne comprends pas votre question, mais je peux vous dire que

3 son remplaçant, son adjoint serait M…

4 Question: Peut-être qu'après…? Terminez.

5 Réponse: Le chef des services juridiques?

6 Question: Non. Qui est le chef de la section administrative, si cela

7 existe?

8 Réponse: Le chef de la section juridique est Mme Borislava Dakic. Mais il

9 y a également un comité exécutif. Je ne sais pas qui est le président; je

10 crois que c'est un membre du Parti socialiste.

11 Question: Est-ce que vous savez si le docteur Stakic fait toujours partie

12 du cadre du personnel du centre médical?

13 Réponse: Je ne le sais pas. Mais je crois que la directrice s'est

14 entretenue avec moi pour dire qu'on ne peut pas couper son salaire, car

15 ses enfants seraient démunis de toute aide et cela n'est pas possible. On

16 ne peut pas permettre une telle chose.

17 M. le Président (interprétation): Très bien. Nous comprenons la raison.

18 Je n'ai plus d'autre question.

19 Juge Vassylenko, je vous cède la parole.

20 (Questions de M. le Juge Vassylenko au témoin, Mme Slavica Popovic

21 Radic.)

22 M. Vassylenko (interprétation): Outre le docteur Cehajic, y avait-il

23 d'autres personnes qui étaient soit vos amis ou des parents qui étaient

24 détenus à Omarska?

25 Mme Popovic (interprétation): Cehajic, c'est un professeur, c'était le

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1 professeur Cehajic, professeur de littérature. Je n'avais pas de parent

2 détenu à cet endroit, mais pour ce qui est des amis et des collègues, oui,

3 il y en avait.

4 Question: Pourquoi étaient-ils détenus au camp d'Omarska?

5 Réponse: Je ne le sais pas.

6 Question: Quelle était leur appartenance ethnique?

7 Mme Popovic (interprétation): Pour la plupart, c'étaient des Musulmans.

8 M. Vassylenko (interprétation): Je vous remercie. Je n'ai plus de

9 question.

10 M. le Président (interprétation): La Juge Argibay aura quelques questions

11 pour vous.

12 (Questions de Mme la Juge Argibay au témoin, Mme Slavica Popovic Radic.)

13 Mme Argibay (interprétation): Bonjour, Docteur. Est-ce que vous saviez que

14 le complexe minier d'Omarska deviendrait un centre d'enquête, comme vous

15 l'avez appelé?

16 Mme Popovic (interprétation): Je ne le savais pas.

17 Question: A quel moment vous êtes-vous rendu compte qu'il s'agissait d'un

18 centre d'enquête?

19 Réponse: Depuis le poste de police, on nous a informés qu'un centre

20 d'enquête avait été créé et qu'il nous fallait administrer des soins aux

21 personnes qui étaient détenues à cet endroit jusqu'à ce qu'une nouvelle

22 décision soit prise.

23 Question: Est-ce que les gens, les habitants d'Omarska étaient

24 heureux d'avoir ce centre d'enquête dans le voisinage? Quelle était leur

25 réaction?

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1 Réponse: Les habitants d'Omarska n'étaient pas très heureux. Pour nous,

2 cela représentait un malheur commun; c'était le résultat des conflits

3 armés. Et nous nous efforcions, de par nos amis qui étaient à la police,

4 qui travaillaient dans la police, par nos connaissances, d'envoyer des

5 vivres ou des vêtements aux personnes qui s'y trouvaient, à chaque fois

6 que nous le pouvions.

7 C'était un grand malheur, une tragédie que d'avoir cette guerre sur nos

8 territoires. Je ne souhaiterais à personne ce genre de choses.

9 Question: Avez-vous terminé?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Bien. Alors j'aurais une autre question à vous poser. Est-ce que

12 vous saviez que les gens d'Omarska avaient fait une marche de protestation

13 ou avaient plutôt procédé à des protestations lorsque les premiers détenus

14 sont arrivés au camp?

15 Réponse: Les habitants d'Omarska n'ont pas fait de protestations. Les gens

16 étaient en état de choc. La guerre en elle-même les a secoués, alors que

17 les gens étaient inquiets, qu'ils avaient peur; les gens étaient stressés.

18 Même avant le début du conflit, la situation était assez tendue et nous

19 souhaitions que le tout se termine le plus rapidement possible. Nous

20 souhaitions que ce centre d'enquête ferme ses portes le plus tôt possible

21 et que, d'une certaine façon, nous essayions de surmonter tous ces

22 problèmes ensemble.

23 Mme Argibay (interprétation): Merci. Je n'ai plus d'autre question.

24 M. le Président (interprétation): Y a-t-il des questions supplémentaires

25 que la défense souhaite poser?

Page 12795

1 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, Mme Slavica Popovic

2 Radic, par Me Lukic.)

3 M. Lukic (interprétation): Je n'ai qu'une question, Monsieur le Président.

4 Merci.

5 Docteur Popovic, concernant cette dernière question qui vous a été posée

6 par le Juge Argibay, pourriez-vous nous dire si des gens armés, avec à

7 leur tête Cigo Radanovic, ont essayé d'empêcher la police et l'armée de

8 placer ces détenus dans le centre, dans ce centre, dans ce complexe minier

9 d'Omarska?

10 Mme Popovic (interprétation): Non, je n'ai pas connaissance de cela.

11 M. Lukic (interprétation): Merci. Nous n'avons plus de question, Monsieur

12 le Président.

13 M. le Président (interprétation): Qu'en est-il pour l'accusation?

14 M. Koumjian (interprétation): Monsieur le Président, je dois admettre que

15 j'ai encore quelques questions. Je vous demanderai de m'accorder la

16 permission de réouvrir le contre-interrogatoire. Il y a un sujet que j'ai

17 oublié de couvrir lors du contre-interrogatoire, mais je pourrai peut-être

18 procéder après la pause.

19 M. le Président (interprétation): Est-ce que vous pouvez procéder

20 immédiatement avant la pause?

21 (Contre-interrogatoire supplémentaire du témoin, Mme Slavica Popovic

22 Radic, par M. Koumjian.)

23 M. Koumjian (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

24 Madame, est-ce que vous avez fourni des médicaments au professeur Cehajic

25 relatifs à son état de santé et à son problème cardiaque?

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1 Mme Popovic (interprétation): Je lui ai envoyé des médicaments, un

2 médicament qui s'appelle Isoptin. C'est un tonique cardiaque. Je lui ai

3 envoyé également un médicament qui s'appelle l'Apaurin. J'ai demandé à ce

4 qu'on lui remette ces médicaments.

5 Question: Une question: à quel moment avez-vous su que le professeur

6 Cehajic n'était plus au camp d'Omarska, qu'il ne se trouvait plus au camp

7 d'Omarska?

8 Réponse: Je n'ai pas su que le professeur Cehajic ne se trouvait plus au

9 camp d'Omarska. Je ne le savais pas. Ce n'est pas un détail dont j'ai

10 connaissance.

11 Question: Donc quand avez-vous arrêté d'envoyer les médicaments? Avez-vous

12 continué à envoyer ces médicaments tout au long de l'été et de l'automne?

13 Pourquoi avez-vous cessé l'envoi des médicaments au professeur Cehajic?

14 Réponse: Je n'ai pas cessé de lui envoyer les médicaments parce que je

15 croyais qu'il n'était plus au centre d'enquête; j'ai cessé de lui envoyer

16 les médicaments pour la raison suivante: c'est que c'était suffisant et

17 j'estimais que son état de santé avait dû s'améliorer.

18 Question: En tant que pédiatre, vous connaissiez le docteur Minka Cehajic,

19 pédiatre également, n'est-ce pas?

20 Réponse: Oui, c'est exact.

21 Question: Est-ce que vous lui avez parlé concernant son mari?

22 Vous lui avez dit que vous aviez vu son mari à la "maison blanche" du camp

23 d'Omarska?

24 Réponse: Je l'ai appelée une fois. Je voulais lui dire que je l'avais vu,

25 que je lui avais envoyé des médicaments, mais ma collègue était

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1 particulièrement ébranlée lorsqu'elle a entendu ma voix. Elle a pleuré

2 tout au long de la conversation, elle n'arrêtait pas de me remercier pour

3 ce coup de téléphone de sorte que je n'ai pu lui dire rien de plus

4 concernant son mari.

5 Question: Vous avez dû avoir eu des contacts avec l'armée et la police

6 d'Omarska. Vous vivez encore sur ce territoire.

7 Vous est-il arrivé de demander à qui que ce soit au sujet du sort qui a

8 été réservé au professeur Muhamet Cehajic? Est-ce que vous savez ce qui

9 lui est arrivé?

10 Mme Popovic (interprétation): Non, je n'ai jamais parlé avec la police à

11 ce sujet. Je ne crois pas que les policiers me diraient ce qu'il en est.

12 Je pense qu'en tant que médecin, en tant que civile, je n'aurais

13 certainement pas le droit de leur poser des questions de ce genre.

14 M. Koumjian (interprétation): Je n'ai plus d'autre question.

15 M. le Président (interprétation): Y a-t-il des questions que la défense

16 souhaite poser suite aux questions de l'accusation?

17 M. Lukic (interprétation): Non, Monsieur le Président.

18 M. le Président (interprétation): Bien. Je dois donc vous remercier,

19 Madame, d'avoir déposé devant nous aujourd'hui. Nous savons très bien que

20 cela doit être très difficile de témoigner dans de telles circonstances et

21 de vous remémorer tous ces événements. Je vous remercie de votre

22 témoignage.

23 Cela met fin à la liaison vidéo d'aujourd'hui. Et je dois remercier tout

24 le personnel de Banja Luka qui nous a aidé à établir cette liaison vidéo.

25 Merci Banja Luka et au revoir.

Page 12798

1 (Le témoin, Mme Slavica Popovic, est reconduite hors du bureau de Banja

2 Luka.)

3 (Fin de la vidéoconférence.)

4 (Questions relatives à la procédure.)

5 M. le Président (interprétation): Bien. Alors nous allons maintenant

6 parler de l'ordre des témoins à faire entendre pour la semaine prochaine.

7 Nous savons très bien que le témoin 006 devra venir témoigner à la barre

8 sur la base du résumé modifié que nous avons reçu aujourd'hui.

9 M. Lukic (interprétation): Oui. Justement, j'ai parlé à Mme Skukan de la

10 Section d'aide aux témoins et aux victimes, et elle m'a dit qu'elle

11 prendrait les mesures nécessaires pour que le témoin 043 vienne témoigner

12 la semaine prochaine. Nous leur avons donné la date de naissance de ce

13 témoin. Nous espérons qu'il pourra obtenir un visa.

14 Nous avons également appris de cette même section que les deux témoins de

15 la Chambre pourraient également être présents ici, la semaine prochaine.

16 Nous croyons que cela suffirait pour couvrir la semaine entière.

17 M. le Président (interprétation): Nous vous remercions d'avoir travaillé

18 si fort au cours de la pause. Nous savons que c'est bien difficile pour

19 vous de vous déplacer à l'intérieur du Tribunal. Vous avez certainement dû

20 voir l'échange de notes entre l'assistante et la Chambre, et il a été

21 confirmé que la Section d'aide aux victimes et aux témoins fera de son

22 mieux pour que le témoin 043 soit disponible à partir de jeudi.

23 J'ai dit un petit peu plus tôt que nous sommes tout à fait au courant des

24 difficultés que vous avez. Nous en parlerons plus tard en énumérant les

25 témoins un par un.

Page 12799

1 Nous avons instauré ce programme d'urgence, ce qui veut dire que

2 cette Chambre de première instance débutera lundi à 9 heures avec

3 l'audition du témoin, M. Budimir. L'audition de ce témoin sera suivie par

4 l'audition du témoin 006 et, ensuite, nous nous attendons à entendre M.

5 Travar qui devrait arriver mercredi. Il pourra donc être prêt à témoigner

6 jeudi et la journée de vendredi serait donc réservée au témoin 043.

7 Je crois que ce programme peut être gardé tel quel. Il me semble que nous

8 aurons suffisamment de témoins pour travailler toute la semaine.

9 J'informe donc les parties qu'après la pause, j'ai l'intention de parler

10 de questions administratives et de revoir la liste des témoins mise à

11 jour. Merci.

12 La séance est suspendue jusqu'à 18 heures précises.

13 (L'audience, suspendue à 17 heures 47, est reprise à 18 heures 12.)

14 M. le Président (interprétation): Veuillez prendre place.

15 A l'égard de l'ordonnance portant au calendrier de la semaine prochaine,

16 tout reste en l'état. Vous avez entendu quels étaient les témoins qui

17 devaient être appelés. On a prévenu la défense qu'il y aurait une deuxième

18 demande au titre de l'Article 66.

19 Et je dois annoncer que, conformément à la règle, une réunion ex parte

20 obligatoire se tiendra immédiatement après l'audience du 5 mars. Nous

21 serons à ce moment-là dans la salle 1 et nous avons prévu une heure, une

22 plage d'une heure. J'espère que cela suffira. L'accusation devrait

23 effectuer les préparatifs nécessaires pour pouvoir répondre à la question

24 consistant à savoir si cette preuve pourrait être disponible. Je ne peux

25 pas m'étendre davantage, compte tenu de la nature de cette demande.

Page 12800

1 Ensuite, nous pouvons à présent passer à la liste des témoins mise à jour.

2 Je voudrais poser la question à la défense de savoir ce qu'il en est du

3 001 qui s'est tant fait attendre.

4 M. Lukic (interprétation): Monsieur le Président, nous avons déplacé cette

5 personne à la dernière semaine, de manière à le convaincre de venir à

6 titre volontaire. S'il n'est pas disposé, nous allons le soustraire de la

7 liste des témoins. Il est donc prévu pour la semaine du 17 mars.

8 Et pour chacun des témoins, nous avons décidé que, si ces témoins ne sont

9 pas amenés la semaine pour laquelle ils ont été prévus, ils seront retirés

10 de la liste.

11 M. le Président (interprétation): Pour éviter tout retard supplémentaire,

12 je pars du principe que la défense ne demandera jamais d'assignation à

13 comparaître à ces témoins?

14 M. Lukic (interprétation): Effectivement, c'est notre position actuelle,

15 Monsieur le Président.

16 M. le Président (interprétation): Je vous remercie.

17 Ensuite, le 006 suivra la semaine prochaine.

18 Le 025?

19 M. Lukic (interprétation): Nous avions envisagé que ce témoin puisse être

20 un témoin au titre de l'Article 92bis, mais étant donné que la Chambre

21 souhaite que ce témoin soit entendu de vive voix, je pense que notre

22 enquêteur cherchera à prendre contact avec cette personne, mais je ne

23 pense pas qu'il sera d'accord de comparaître.

24 Voilà la situation telle qu'elle est actuellement.

25 M. le Président (interprétation): Merci.

Page 12801

1 Le 034?

2 M. Lukic (interprétation): Non, ce témoin n'est pas disponible. Il est

3 quelque part aux Etats-Unis et, ce soir, je devrais savoir si nous avons

4 trouvé un remplaçant. Vous savez que la date butoir est le 3 mars,

5 Monsieur le Président.

6 M. le Président (interprétation): Je voulais simplement vous dire

7 qu'effectivement, si vous voulez remplacer vos témoins, vous avez un délai

8 qui arrive à expiration lundi.

9 M. Lukic (interprétation): Oui, oui, nous le savons. Merci, Monsieur le

10 Président.

11 M. le Président (interprétation): Le 041?

12 M. Lukic (interprétation): Comme vous le savez, c'est un des témoins pour

13 lesquels nous éprouvons des difficultés. Nous avions demandé une

14 assignation à comparaître, mais si nous ne parvenons pas à le faire venir

15 de son plein gré, nous le retirerons de la liste des témoins.

16 Une explication supplémentaire?

17 M. le Président (interprétation): Je vous en prie.

18 M. Lukic (interprétation): Les témoins 001 et 0041 devraient être couverts

19 par le témoignage de l'un des témoins convoqués par le Tribunal. Sinon, il

20 nous faudra demander des assignations à comparaître.

21 M. le Président (interprétation): Comment est-ce que je dois comprendre

22 cela? Parce que si vous voulez que le Tribunal envoie à un témoin une

23 assignation à comparaître, dites-le-nous aujourd'hui, car le temps nous

24 est compté.

25 M. Lukic (interprétation): Oui, effectivement. Mais peut-être je me suis

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1 mal exprimé. Mais nous ne savions pas si les témoins appelés par le

2 Tribunal seraient ici. Nous ne pouvions pas le confirmer, mais maintenant

3 qu'il a été confirmé que tous les deux viendront… Il y avait…

4 Le premier témoin va couvrir dans sa déposition la même chose que 001 et,

5 également, le témoin 041. Donc ces deux domaines seront couverts par le

6 témoin convoqué par le Tribunal. Donc nous ne demandons pas d'assignation

7 à comparaître.

8 M. le Président (interprétation): J'espère que notre témoin comparaîtra

9 effectivement.

10 M. Lukic (interprétation): Cette personne devrait être là la semaine

11 prochaine.

12 M. le Président (interprétation): Comme vous l'avez dit.

13 M. Lukic (interprétation): Oui.

14 M. le Président (interprétation): Vraisemblablement vendredi.

15 M. Lukic (interprétation): Oui, probablement.

16 M. le Président (interprétation): Le 55.

17 M. Lukic (interprétation): Cela figure déjà dans notre requête pour la

18 semaine prochaine, mais il est probable que nous ne trouvions pas cette

19 personne. Même son frère nous refuse de nous donner des indications quant

20 à la manière de le localiser.

21 M. le Président (interprétation): Quand interviendra votre décision

22 finale?

23 M. Lukic (interprétation): Lundi prochain. Nous aurons toute la certitude

24 lundi prochain.

25 M. le Président (interprétation): Je pourrais demander, si ce témoin n'est

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1 pas convoqué comme témoin de la défense, est-ce que ce serait un témoin

2 pour la duplique?

3 M. Koumjian (interprétation): Je ne sais pas de quel témoin il s'agit. Je

4 n'ai pas suivi.

5 M. le Président (interprétation): 055.

6 M. Koumjian (interprétation): Non, nous n'envisageons pas pour cette

7 procédure. Je n'ai aucune idée de ce qu'il va dire.

8 M. le Président (interprétation): Je vous remercie de cette précision.

9 Le 037? C'est un témoin qui, apparemment, s'est rendu à deux reprises à La

10 Haye. Nous nous sommes déjà préparés deux fois pour recevoir ce témoin.

11 M. Lukic (interprétation): Le 037?

12 M. le Président (interprétation): Le 058 sur la liste 65ter.

13 M. Lukic (interprétation): Le 058? Je viens de parler à mon confrère de la

14 partie opposée. J'ai contacté ce témoin lorsque j'étais à Prijedor et j'ai

15 l'impression qu'il est encore souffrant. C'est ce qu'il prétend en tout

16 cas et il m'a dit que, selon les médecins néerlandais, il devait prendre

17 ses médicaments pendant 10 jours encore. Donc je resterai en contact avec

18 lui et j'essayerai de le faire comparaître. Donc il est sur la liste pour

19 la dernière semaine en raison de cela.

20 M. le Président (interprétation): C'est compréhensible.

21 Le 083? Nous savons qu'il y a un problème d'autorisation, mais je ne

22 comprends pas quel est le problème. Avez-vous déjà demandé l'autorisation?

23 Nous parlions de l'autorisation de déposer depuis plusieurs mois.

24 M. Lukic (interprétation): Ce monsieur nous dit qu'effectivement, il a

25 demandé à plusieurs reprises d'avoir l'autorisation sans succès.

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1 Il s'agit du témoin que nous voudrions essayer de remplacer et la date

2 prévue est lundi pour savoir si nous allons effectivement essayer de faire

3 comparaître ce témoin ou au contraire de le remplacer.

4 M. le Président (interprétation): Il faut en parler de manière ouverte.

5 Il serait très difficile d'assigner à comparaître une personne sans

6 disposer de l'autorisation de déposer.

7 M. Lukic (interprétation): Effectivement. Nous n'allons pas demander une

8 assignation à comparaître pour ce témoin.

9 M. le Président (interprétation): Le 089?

10 M. Lukic (interprétation): Cette personne est prévue, selon la défense,

11 pour la semaine qui commence le 10 mars.

12 M. le Président (interprétation): Je vous remercie.

13 M. Lukic (interprétation): Cette semaine, nous aurons notre expert

14 historien et probablement deux témoins supplémentaires.

15 M. le Président (interprétation): Ensuite les experts. C'est clair. Je

16 pense qu'il n'y aura pas de changement. Le 12 mars, pour être plus précis.

17 Ensuite, l'expert militaire le 19 et peut-être le 20 mars.

18 M. Lukic (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

19 M. le Président (interprétation): Nous sommes arrivés au terme des témoins

20 qui seront entendus par liaison satellite.

21 A présent, les témoins au titre de l'Article 92bis. J'espère que toutes

22 les parties ont reçu la déclaration apparemment inchangée de ce témoin,

23 mais à présent certifiée.

24 Y a-t-il des objections à l'égard du versement de ce témoignage?

25 M. Koumjian (interprétation): Non, aucune.

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1 M. le Président (interprétation): Donc le témoignage du témoin 084 est

2 versé au dossier au titre de l'Article 92bis.

3 Et ensuite, pendant la pause, nous avons reçu un compte rendu d'audience

4 relatif à quel témoin?

5 M. Lukic (interprétation): 074.

6 M. le Président (interprétation): 074?

7 M. Lukic (interprétation): On avait prévu dès le début que cette personne

8 serait un témoin 92bis.

9 M. le Président (interprétation): Effectivement, il y a déjà des

10 commentaires de la part de l'accusation.

11 M. Lukic (interprétation): Je dois dire que je l'ai également fourni à

12 l'accusation. Je l'avais sur mon ordinateur, mais la pagination n'était

13 pas correcte, j'ai donc reçu ce document ce matin.

14 M. Koumjian (interprétation): Nous n'avons pas eu la possibilité d'en

15 faire la lecture, mais, pour autant que je sache, nous ne prévoyons aucune

16 objection.

17 M. le Président (interprétation): C'est très bien. Revenons à cette

18 question lundi. Donc une déclaration 92bis devra être entendue lundi à

19 Belgrade.

20 M. Lukic (interprétation): C'est la femme du docteur Stakic.

21 M. le Président (interprétation): Dans ce cas également, la même règle

22 reste d'application. Si vous voulez d'autres déclarations au titre de

23 l'article 92bis ou d'autres comptes rendus d'audience qui soient versés au

24 dossier, la date butoir est lundi.

25 Pour ce qui est des témoins convoqués par le Tribunal, il reste une seule

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1 personne. Vous en connaissez le nom. Je ne voudrais pas passer à huis clos

2 partiel pour pouvoir le dire, donc je ne le dis pas. Je voulais simplement

3 vous dire qu'à cet égard, le lundi 10 mars, une conférence supplémentaire

4 65ter se tiendra de 10 heures à 12 heures, le 10 mars.

5 M. le Président (interprétation): Pour autant que je sache, cela met un

6 terme à notre examen de la liste des témoins. Est-ce correct ou en avez-

7 vous d'autres sur votre liste?

8 M. Lukic (interprétation): Non, les choses sont correctes.

9 Simplement, nous cherchons à trouver un remplaçant pour le 013, qui est le

10 premier qui a été retiré de la liste. Nous avons essayé d'entrer en

11 contact avec d'autres membres de la Croix-Rouge, mais aucun d'entre eux ne

12 s'était rendu à Trnopolje. Ce n'est donc pas utile pour nous.

13 M. le Président (interprétation): Donc ce sera tout. Donc cela signifie un

14 maximum de dix témoins, enfin vraisemblablement moins.

15 M. Lukic (interprétation): Probablement moins.

16 M. le Président (interprétation): Au mieux, dix témoins.

17 Je voudrais demander, pour éviter toute surprise désagréable, si

18 l'accusation, pour la réplique, plus tard, souhaite convoquer le témoin

19 expert ou le témoin Patrick Troener, l'expert nommé dans le mémoire

20 préalable au procès, expert en matière de cellule de crise. Je pense qu'il

21 serait juste que, si ce témoin est convoqué pour la réplique, qu'on

22 l'annonce à temps.

23 M. Koumjian (interprétation): Je ne pense pas que nous allions appeler M.

24 Troener lors de la réplique.

25 Si vous voulez, je pourrais expliquer cela. Monsieur Troener pourrait

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1 parler de ce qui était écrit dans les statuts ou dans les différentes

2 ordonnances adoptées. C'est la raison pour laquelle nous ne convoquons pas

3 d'expert en droit constitutionnel, en droit bosnien, etc.

4 M. le Président (interprétation): Puisque nous parlons de droit, nous vous

5 savons gré de nous avoir transmis la Constitution demandée, mais quant au

6 fait que l'on fait référence à la Constitution de la République socialiste

7 de Bosnie-Herzégovine du 25 février 1994, en vertu de l'Article 98, nous

8 demandons à l'accusation de fournir cette Constitution en anglais et en

9 BCS.

10 Je pense que ce texte est disponible que ce texte est disponible pour vous

11 sans problème?

12 M. Koumjian (interprétation): Oui, oui, oui, sans problème.

13 M. le Président (interprétation): Qu'en est-il des traductions? La

14 traduction a-t-elle été fournie à la défense?

15 M. Lukic (interprétation): Oui, et notre substitut d'audience, avec l'aide

16 d'un stagiaire, photocopie les traductions. Donc tout sera prêt lundi.

17 M. le Président (interprétation): Est-ce que cela pose des problèmes à

18 l'accusation?

19 M. Koumjian (interprétation): Plus tôt nous recevrons les documents, le

20 mieux serait pour nous.

21 M. Lukic (interprétation): Ils seront prêts ce soir ou demain matin, mais

22 nous ne savons pas où les livrer.

23 M. Koumjian (interprétation): Je pense que M. Budimir me fera travailler

24 ce week-end.

25 M. Lukic (interprétation): Encore une chose supplémentaire, si vous me le

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1 permettez.

2 M. le Président (interprétation): Je vous donnerai la parole tout de

3 suite, mais parfois ma mémoire me fait défaut, j'oublie l'une ou l'autre

4 chose et je voudrais continuer.

5 Qu'en est-il des journaux officiels? L'accusation a-t-elle trouvé d'autres

6 versions du journal officiel que les deux versions qui ont été versées au

7 dossier?

8 M. Koumjian (interprétation): Nous avons un rapport de M. Corin, qui

9 explique les amendements aux statuts, qui explique énormément de choses

10 dans ce rapport. Ce rapport est prêt et nous pouvons le présenter au

11 Tribunal et à la défense demain. Je ne sais pas s'il faut le verser au

12 titre de l'Article 98 ou si nous devons le verser lors de la duplique.

13 M. Lukic (interprétation): Nous n'avons pas d'objection aux journaux

14 officiels.

15 M. Koumjian (interprétation): En fait, nous avons les explications de M.

16 Corin, une explication de six pages. Il a attaché les amendements et il

17 s'est également référé à un statut de 1986 que nous avons ajouté en

18 annexe, à toutes fins utiles.

19 M. le Président (interprétation): Nous y reviendrons lundi et, bien sûr,

20 c'est une question. Il s'agit de deux choses différentes. Il y a d'une

21 part le versement au dossier de journaux officiels et leur traduction et,

22 d'autre part, une déclaration sous serment, enfin une forme sur laquelle

23 il faudra se décider pour verser au dossier précisément cette pièce, ce

24 texte.

25 M. Koumjian (interprétation): Je voudrais juste dire une chose et peut-

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1 être Me Lukic peut-il m'aider? Vous avez demandé pour la version 1974 de

2 la Constitution. Je pense qu'il y a eu certains amendements avant 1992 et

3 je pense que vous voudriez également avoir ces amendements?

4 M. Lukic (interprétation): Oui, en 1980, il y a eu des amendements. Il

5 faudrait donc les avoir également.

6 M. le Président (interprétation): Nous demandons la Constitution du 25

7 février 1974. Je pense que, lorsque nous demandons cela, il va sans dire

8 que cette Constitution doit être assortie de tous les amendements

9 pertinents, et ce, conformément à l'Article 98.

10 M. Koumjian (interprétation): Jusqu'à 1992, j'imagine?

11 M. le Président (interprétation): Effectivement.

12 Et ensuite, hier, nous avions attribué une cote provisoire à un document

13 S1516, qui avait été soumis au témoin. Le témoin a posé des marques sur

14 certaines parties de ce document en cyrillique. Ce document deviendrait la

15 pièce à conviction S1516-2.

16 Y a-t-il des objections des parties?

17 M. Koumjian (interprétation): Non.

18 M. Lukic (interprétation): Non.

19 M. le Président (interprétation): Cette pièce est donc versée au dossier

20 et portera la cote S15-16-2.

21 Enfin, on peut également le voir sur le compte rendu d'audience, mais je

22 voudrais le répéter aux fins du compte rendu d'audience, et je voudrais

23 demander à Mme la Greffière de fournir cette partie du compte rendu

24 d'audience au chef du quartier pénitentiaire des Nations Unies afin qu'il

25 nous fournisse la déclaration demandée sur le docteur Stakic. Nous

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1 demandons donc à M. McFadden de nous fournir cette déclaration sur le

2 docteur Stakic, comme nous l'a demandée la défense.

3 Voilà. Je n'ai pas d'autre point sur mon ordre du jour.

4 Qu'en est-il des parties? Je vous en prie, Maître Lukic.

5 M. Lukic (interprétation): La dernière chose que je voulais soulever, avec

6 l'assistance précieuse de la Section de protection des victimes et des

7 témoins -qui fait toujours un très bon travail- et fait les choses en

8 temps utile et opportun -ce qui n'est pas notre cas-, nous avons eu la

9 confirmation selon laquelle le témoin de vendredi serait à même de voyager

10 jeudi et serait donc là vendredi pour pouvoir déposer.

11 Mademoiselle Skukan nous l'a confirmé.

12 M. le Président (interprétation): Nous sommes extrêmement reconnaissants à

13 la Section d'aide des témoins et des victimes. Il faut que cela soit acté

14 au compte rendu d'audience également.

15 L'accusation, y a-t-il d'autres points?

16 M. Koumjian (interprétation): Il n'y a rien d'autre, Monsieur le

17 Président.

18 M. le Président (interprétation): J'espère que je n'ai pas oublié trop de

19 questions. Nous reviendrons à cela lundi prochain. Je voudrais simplement

20 informer les parties que nous siégerons le matin, de lundi à jeudi, mais

21 dans la salle d'audience I. Et en tout cas, lundi et mercredi… Pardon. En

22 tout cas, mercredi.

23 Mais je voudrais savoir ce qu'il en est pour mardi, Madame la Greffière.

24 Pour le moment, l'assignation des salles d'audience change tous les jours.

25 (Le Président s'entretient avec la Greffière.)

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1 Nous n'avons pas d'information supplémentaire. Il faut donc que je me fie

2 à la dernière version actualisée du calendrier du Tribunal: il est prévu

3 que nous nous réunissions dans la salle d'audience I, mercredi et jeudi

4 et, vendredi, étant donné qu'il y a l'entretien dans la salle 1, nous

5 siégerons dans la salle II, vendredi après-midi à 14 heures 15,

6 malheureusement jusqu'à 19 heures.

7 Je ne sais pas pourquoi la Chambre II est toujours la victime et doit

8 siéger le vendredi après-midi jusqu'à 19 heures.

9 Voilà en tout cas pour ce qui est du programme de la semaine prochaine.

10 Il me reste à remercier tous ceux qui nous ont aidés au cours de cette

11 longue semaine, en particulier les interprètes et les techniciens qui

12 travaillent en coulisse, mais sans lesquels nous ne pourrions pas

13 poursuivre et connaître de l'affaire.

14 Je souhaite à tout le monde un excellent week-end.

15 La séance est levée jusqu'à lundi matin 9 heures.

16 (L'audience est levée à 18 heures 45.)

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