Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 14 décembre 2009

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé Simatovic est introduit dans le prétoire]

  4   [L'accusé Stanisic est présent via vidéoconférence]

  5   --- L'audience est ouverte à 14 heures 25.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier, veuillez appeler

  7   l'affaire, je vous prie.

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Merci et bonjour, Monsieur le Président,

  9   Madame les Juges.

 10   Il s'agit de l'affaire IT-03-69-T, le Procureur contre Jovica Stanisic et

 11   Franko Simatovic.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Greffier.

 13   Avant de poursuivre, Monsieur Knoops, la Défense de M. Stanisic avait fait

 14   une demande de poser des questions supplémentaires au Dr Eekhof concernant

 15   la requête relative à la libération provisoire. Et la Chambre ayant reçu

 16   maintenant la réponse de l'Accusation, je vous demanderais d'essayer de

 17   voir si le Dr Eekhof est disponible, mais si je ne m'abuse, il n'est pas

 18   disponible en ce moment. Nous avons, bien sûr, réfléchi à la possibilité ou

 19   tenu compte de la possibilité qu'il était peut-être possible de le

 20   remplacer par le Dr Rowell. Nous avons demandé s'il était disponible et, si

 21   je ne m'abuse, il est disponible, mais il s'est déjà présenté au directeur

 22   du quartier pénitentiaire, et il a dit qu'il n'avait pas grand-chose à

 23   dire, il pouvait à peine faire de commentaires sur le rapport qui avait été

 24   envoyé à M. Eekhof.

 25   Donc, dans ces circonstances-là, est-ce que vous insistez encore à poser

 26   des questions à ce médecin sur la question ou pouvez-vous peut-être poser

 27   les questions que vous vouliez au Dr Rowell ?

 28   M. JORDASH : [interprétation] Puis-je répondre à votre question ?

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  2   M. JORDASH : [interprétation] En fait, la difficulté est la suivante, c'est

  3   que nous voulions que le Dr Eekhof vienne déposer pour préciser certains

  4   points qui ne figuraient pas dans sa déclaration, donc jusqu'à une certaine

  5   mesure, nous sommes entre vos mains, Monsieur le Président, Mesdames les

  6   Juges, à savoir si vous pensez que ce sont des points importants.

  7   Et deuxièmement, il nous semble que l'objection formulée par

  8   l'Accusation ou la majeure partie, l'essence de l'objection formulée par

  9   l'Accusation porte sur les problèmes personnels, l'opinion personnelle de

 10   ce médecin. Il est possible, bien sûr, que le Dr Rowell puisse répondre à

 11   certaines questions, s'il est en mesure de répondre et de nous dire que les

 12   problèmes personnels d'un patient peuvent être soient perçus ou réels, bien

 13   sûr dépendamment de l'état psychiatrique, et si ces problèmes personnels,

 14   si ces problèmes étaient résolus, si ces problèmes pouvaient améliorer

 15   l'état de santé de la personne.

 16   Alors, c'est cela que nous voulions demander. Donc il y a peut-être

 17   une question générale qui a été soulevée par l'Accusation dans leur

 18   réponse. Et dans une autre mesure, où vous, Monsieur le Président, Mesdames

 19   les Juges, estimiez que ceci pouvait nous aider, à ce moment-là, nous

 20   pensons que le Dr Rowell pourrait répondre. Mais si vous ne pensez pas que

 21   cela est important pour vous afin que vous puissiez en arriver à une

 22   décision, à ce moment-là, nul besoin de faire perdre le temps du Dr Rowell.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En fait, bien sûr, l'une des

 24   présomptions, c'est que sa déposition pourrait résoudre quelques problèmes.

 25   Bien sûr, je ne sais pas si ceci pourrait nous aider à comprendre, à

 26   avoir une meilleure idée. Je ne sais pas s'il ne s'agit que d'une question

 27   médicale ou non.

 28   Mais normalement, si je ne rencontre pas les personnes avec

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  1   lesquelles j'ai des problèmes, les problèmes n'empirent pas en fait. Voyez

  2   ce que je veux dire.

  3   M. JORDASH : [interprétation] J'ai le même problème. En fait, c'est pareil

  4   pour moi aussi.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'essaie simplement de comprendre ce

  6   dont nous pouvons nous attendre, qu'est-ce qui est médical dans tout ceci,

  7   et quelles sont les opinions qui découlent d'une expérience personnelle en

  8   tant que personne, être humain. Bien sûr, il est certain que je peux

  9   comprendre que si vous avez des problèmes psychiatriques et si les

 10   problèmes personnels sont résolus, alors les problèmes psychiatriques sont

 11   également améliorés. J'imagine que je n'ai pas besoin d'un médecin pour me

 12   dire ceci, mais s'il s'agit vraiment de problèmes psychiatriques, à ce

 13   moment-là c'est une autre chose. Il est très difficile. Il nous est bien

 14   difficile de répondre.

 15   Nous ne voulons pas nous livrer à des conjectures, bien sûr. Nous ne

 16   savons pas en fait complètement si effectivement un médecin peut

 17   effectivement nous donner des réponses, des réponses aux questions, à moins

 18   que les réponses n'aillent dans toutes les directions. Je peux dire, voilà

 19   si c'est le cas, ça pourrait être mieux. S'il s'agit d'une autre affaire, à

 20   ce moment-là, ça pourrait empirer. Voilà, je ne sais pas à quel point le

 21   témoignage de ce médecin pourrait nous aider.

 22   M. JORDASH : [interprétation] Je comprends ce que vous nous dites, je

 23   ne vais pas insister sur sa présence.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai demandé si la Défense

 25   Stanisic insiste pour poser des questions au Dr Rowell. On nous a informés

 26   que s'il pouvait faire de commentaires sur le rapport de son collègue, qu'à

 27   ce moment-là il n'y aurait pas beaucoup de commentaires à faire. Et donc la

 28   Chambre n'est pas très enclin à demander des précisions du Dr Rowell, mais

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  1   si la Défense de Stanisic pense que c'est la façon appropriée de procéder,

  2   à ce moment-là, la Chambre pensera aux réponses qui sont données, et verra

  3   si ces réponses peuvent nous aider.

  4   M. JORDASH : [interprétation] Puis-je dire simplement quelque chose à mon

  5   collègue ?

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, certainement, Maître Jordash.

  7   [Le conseil de la Défense se concerte]

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Maître Jordash, je vous écoute.

  9   M. JORDASH : [interprétation] Pourrais-je, Monsieur le Président, soulever

 10   une dernière question, et j'aimerais vous dire ce que je pense et vous

 11   déciderez s'il s'agit de question très importante. Il s'agit de la question

 12   suivante. Etant donné que le Dr Rowell a lu le rapport concernant l'état de

 13   santé de M. Stanisic, j'aimerais simplement savoir si une période de deux à

 14   trois semaines pouvait apporter une amélioration, ou bien est-ce que ceci

 15   pourrait vraiment empirer l'état de santé.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, nous ne pouvons pas vous dire

 17   quelles sont les questions principales qui nous concernent. Vous pouvez

 18   nous présenter vos arguments comme vous le voulez. Si vous n'insistez pas,

 19   la Chambre, eu égard au rapport qu'elle a reçu, ne s'attend pas à beaucoup

 20   non plus. Si vous prenez une autre position, et si vous prenez que

 21   néanmoins il est important de voir le Dr Rowell et de lui poser des

 22   questions, et si vous pensez que cela pourrait effectivement nous aider à

 23   mieux comprendre la situation, à ce moment-là, vous pouvez le faire. Sinon,

 24   à ce moment-là, la Chambre estimera que la réponse -- plutôt que si le

 25   médecin en question n'est pas en mesure de faire de commentaires sur le

 26   rapport de son collègue, à ce moment-là, nous verrons ce qui --

 27   En fait, je vous laisse décider. Voilà.

 28   M. JORDASH : [interprétation] Monsieur le Président, je crois qu'il nous

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  1   faut, d'un point de vue de la Défense, être particulièrement prudent, par

  2   excès de prudence, je voudrais quand même que le médecin soit appelé pour

  3   lui poser quelques questions. Puisque, pour nous, il s'agit de questions

  4   réellement très importantes.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Je vais vérifier maintenant

  6   si à ce moment-ci le Dr Rowell est disponible ou s'il ne pouvait venir que

  7   beaucoup plus tard. Et de nouveau, comme je l'ai dit tout à l'heure, si les

  8   cinq premières minutes de son témoignage s'avère vagues, s'il nous dit

  9   qu'il n'est vraiment pas en mesure de nous donner de plus amples

 10   renseignements, de faire d'autres commentaires, à ce moment-là, nous

 11   n'insisterons pas.

 12   Le Dr Rowell sera disponible un peu plus tard aujourd'hui et pourra sans

 13   doute venir déposer dans le prétoire.

 14   Je souhaiterais passer au point suivant, il s'agit d'une question portant

 15   sur l'interrogatoire du prochain témoin. Le prochain témoin bénéficie des

 16   mesures de protection, il s'agit de la protection de la protection de la

 17   voix et de la déformation des traits du visage, ainsi que d'un pseudonyme.

 18   La dernière fois, nous avons déjà eu certains problèmes avec l'audio,

 19   c'est-à-dire M. Stanisic ne pouvait pas entendre le témoignage. Mais les

 20   techniciens ont besoin de la pause des vacances judiciaires pour mettre en

 21   place toutes les mesures nécessaires qui permettraient à M. Stanisic

 22   d'entendre la déposition du témoin, soit en entendant la voix déformée ou

 23   en entendant l'original dans une langue qu'il comprend.

 24   Nous faisons face à plusieurs possibilités à ce moment-ci. La première

 25   possibilité serait la suivante, nous pourrions rendre la décision de faire

 26   témoigner le témoin à huis clos partiel, donc pas dans une audience

 27   publique. A ce moment-là, nous n'aurons pas besoin de déformation de la

 28   voix, ce qui veut également dire qu'à une étape ultérieure, seul le

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  1   transcript pourra être rendu public, mais pas la vidéo et pas l'audio,

  2   puisque ces deux ne seront pas déformés. On aura toujours la vraie voix du

  3   témoin, mais c'est un prix très élevé à payer, bien sûr.

  4   La deuxième possibilité est la suivante, à savoir que M. Stanisic qui, si

  5   je ne m'abuse, comprend un peu d'anglais, soit écoute le canal anglais qui,

  6   à ce moment-là, n'est pas déformé, c'est-à-dire la voix sortant du canal

  7   anglais n'est pas déformée, ou il pourrait se livrer à l'exercice de la

  8   lecture du compte rendu d'audience qui figure et qui défile en anglais, au

  9   fur et à mesure que le témoin dépose.

 10   Je dois dire, toutefois, que ni moi ni la Chambre ne savons exactement à

 11   quel point M. Stanisic comprend et parle anglais. Je ne sais pas s'il le

 12   parle et le comprend suffisamment bien pour se livrer à cet exercice. S'il

 13   procédait de la sorte, il aurait la possibilité peu de temps après

 14   l'audience d'entendre l'audio dans sa propre langue et de voir la vidéo.

 15   Et la quatrième [comme interprété] possibilité, c'est de faire venir M.

 16   Stanisic dans le prétoire afin qu'il puisse suivre les débats. Je dois dire

 17   que dans les dernières semaines, les rapports médicaux ont toujours été

 18   tels qu'ils nous disaient que M. Stanisic était en mesure de voyager du

 19   centre pénitentiaire jusqu'ici et était en mesure de se déplacer. Donc, il

 20   a refusé à chaque fois et nous souffrons de quelques conséquences de cette

 21   décision.

 22   J'aimerais entendre les parties me dire comment elles souhaitent procéder,

 23   puisque le caractère public de ce procès est également en jeu. Il ne s'agit

 24   pas que de M. Stanisic, mais également de M. Simatovic. Lui aussi, il doit

 25   souffrir des conséquences de nos décisions, d'une certaine façon, ainsi que

 26   l'Accusation. Donc, voilà, j'aimerais savoir s'il y a une partie, si l'une

 27   des deux parties pouvait nous donner leur opinion quant à la solution.

 28   Alors, je vous invite maintenant, Maître Jordash, à nous donner votre

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  1   opinion quant à la meilleure façon de procéder.

  2   M. KNOOPS : [interprétation] Pourrait-on d'abord avoir une courte pause,

  3   j'aimerais d'abord conférer avec mon client pour voir ce qu'il a à nous

  4   dire.    

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Entre-temps, j'aimerais entendre

  6   l'Accusation.

  7   M. GROOME : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. L'Accusation

  8   estime que la dernière possibilité est la possibilité idéale, suivie par

  9   votre deuxième proposition dans laquelle M. Stanisic entendrait le

 10   témoignage en anglais, et la dernière solution, la dernière possibilité

 11   pourrait être de procéder à huis clos partiel et d'avoir le transcript

 12   public à une étape ultérieure.

 13   Je ne sais pas si la Chambre a demandé à la régie technique s'il est

 14   possible d'entendre la voix dans sa version déformée après la journée

 15   d'audience.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'en ai réfléchi, j'en n'ai pas vraiment

 17   parlé avec la régie technique. A moins d'obtenir un oui tout de suite, je

 18   comprendrais qu'il s'agit plutôt d'un non. Ça ne vaut pas la peine

 19   d'insister plus longuement, puisque notre prochain témoin bénéficie

 20   également des mesures de protection et devrait déposer à huis clos partiel,

 21   et après les vacances judiciaires, le tout devrait être réglé avec le

 22   quartier pénitentiaire. Donc, je vais attendre la réponse de la régie

 23   technique.

 24   M. GROOME : [interprétation] Pendant qu'on attend la réponse de la Défense,

 25   nous avons un problème et nous aimerions vous demander de poser la question

 26   à la régie technique. On nous a informés un peu plus tôt qu'il était

 27   impossible de faire une conférence par vidéoconférence pendant que nous

 28   avons déjà une sorte de vidéoconférence avec M. Stanisic. Donc,

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  1   l'Accusation demandera à ce que certaines dépositions soient faites par le

  2   biais de vidéoconférences, et nous avons un certain nombre de témoins qui

  3   ne sont pas en mesure de se déplacer. Cette demande devrait déjà être faite

  4   la semaine prochaine, avant les vacances judiciaires.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Il s'agit d'un lien vidéo avec

  6   l'ex-Yougoslavie, n'est-ce pas ?

  7   M. GROOME : [interprétation] Oui.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais j'imagine que vous savez que nous

  9   avons toujours besoin d'un certain temps pour préparer ceci et une demande

 10   devra être faite. Nous entendrons à ce moment-là l'opinion de la partie

 11   adverse pour savoir s'ils ont des commentaires à faire. Donc, il vous

 12   faudra déposer vos requêtes la semaine prochaine.

 13   M. GROOME : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Justement,

 14   j'allais faire la demande la semaine prochaine puisque le témoin est censé

 15   venir en février.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous voulez dire qu'à ce moment-là nous

 17   aurons le problème technique de deux conférences vidéo au même moment ?

 18   M. GROOME : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, il faudrait peut-être également

 20   réfléchir là-dessus, et je me tourne vers la Défense Stanisic.

 21   Effectivement, nous aurons besoin de plus d'écrans sur nos bureaux si nous

 22   avons deux conférences vidéo simultanées ?

 23   Oui, Maître Knoops -- ou Maître Jordash, oui, je vous écoute.

 24   M. JORDASH : [interprétation] Monsieur le Président, je me suis

 25   entretenu avec M. Stanisic à l'instant, et M. Stanisic, effectivement,

 26   soulève deux points, l'un étant celui-ci : nonobstant l'élément de preuve

 27   médical, il choisit de rester dans la pièce vidéo puisque le fait de venir

 28   ici l'épuiserait. A ce moment-là, il faudrait raccourcir les journées

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  1   d'audience et, à ce moment-là, il souhaiterait faire ce qui pourrait nous

  2   aider à avoir un bon déroulement de procès, en fait, en restant au quartier

  3   pénitentiaire.

  4   Deuxièmement, il accepterait d'entendre le témoin en anglais, et il

  5   écouterait à ce moment-là la version anglaise.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Donc, le caractère public du

  7   procès ne serait pas compromis.

  8   M. JORDASH : [interprétation] Oui, tout à fait.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 10   M. JORDASH : [interprétation] Merci.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous avez des commentaires à

 12   faire, Maître Petrovic ? A ce moment-là, la Défense Simatovic perdrait le

 13   caractère public de ce procès, mais il semblerait que ceci ne présente pas

 14   de problème pour ce qui est de M. Stanisic.

 15   M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, ce que vient de nous

 16   proposer la Défense de M. Stanisic est tout à fait acceptable, et je crois

 17   que c'est la seule façon de procéder pour ce qui est de la journée

 18   d'aujourd'hui, néanmoins. Alors, je suis tout à fait d'accord avec eux.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 20   [La Chambre de première instance se concerte]

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La Chambre décide que nous allons

 22   poursuivre avec le témoin suivant avec altération des traits du visage et

 23   de la voix et un pseudonyme, ceci découlant d'une décision antérieure dans

 24   laquelle des mesures de protection aient été accordées par une autre

 25   Chambre de première instance, ce qui veut dire que M. Stanisic peut suivre

 26   les débats en anglais par les moyens audio. Il a un écran sur lequel il

 27   peut lire le texte anglais, et compte tenu du fait qu'il a exprimé sa

 28   préférence pour cette façon de procéder, la Chambre va suivre cette

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  1   décision. Là encore, il y aura une possibilité de lui donner une vidéo

  2   complète dans sa propre langue très bientôt pour M. Stanisic.

  3   Puis, y a-t-il d'autres questions de procédure ? Sinon, Madame l'Huissière,

  4   vous êtes invitée à escorter le témoin dans la salle d'audience. Je

  5   voudrais rappeler à toutes les personnes et toutes les parties d'éteindre

  6   leurs micros lorsque le témoin répond à une question.    

  7   Lorsqu'une partie quelconque d'une déposition ou, même au début, les

  8   feuillets avec pseudonymes, et cetera, créent un risque quelconque de

  9   révéler l'identité du témoin -- l'identité des victimes au public, à ce

 10   moment-là, les parties devront demander que l'on aille en audience à huis

 11   clos partiel. C'est bien clair ?

 12   M. GROOME : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je voudrais

 13   maintenant présenter à la Chambre, M. Amir Zec, qui va déposer au nom de

 14   l'Accusation. C'est le prochain témoin.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Monsieur Zec.

 16   M. ZEC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que nous avons besoin d'aller en

 18   audience à huis clos partiel tout de suite ?

 19   M. ZEC : [interprétation] Pas nécessairement. Avant que nous ne

 20   commencions, aujourd'hui nous allons parler de Zvornik, et nous n'avons pas

 21   de classeur de cartes, et je voudrais demander que l'on présente la carte

 22   numéro 27, et je souhaiterais qu'elle soit versée au dossier comme élément

 23   de preuve.

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 27   M. GROOME : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, pourrions-nous

 28   aller en audience à huis clos partiel, s'il vous plaît.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, allons-y.

  2   M. GROOME : [interprétation] Afin que je vous dise mon sentiment actuel sur

  3   cette question.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Audience à huis clos partiel.

  5   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes en audience à huis clos

  6   partiel.

  7   [Audience à huis clos partiel]

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 26   [Audience publique]

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un instant. Ne répétez pas ces mots que

 28   vous voyez, s'il vous plaît, parce que ça révélerait un aspect que nous

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  1   voulons garder confidentiel

  2   Et je voudrais que -- pourriez-vous, s'il vous plaît, enlever la

  3   partie qui n'est pas pertinente. Et si vous voulez ajouter vos initiales, à

  4   ce moment-là -- bon, c'est bien clair que c'est vous qui l'avez dit et

  5   personne d'autre à un stade ultérieur.

  6   Oui, Madame l'Huissière, est-ce que vous pourriez aider, s'il vous plaît.

  7   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, plaise à la Chambre, je

  8   vais procéder à mon interrogatoire en B/C/S.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y.

 10   Interrogatoire principal par M. Zec :

 11   Q.  [interprétation] Madame, pouvez-vous voir le papier qui est devant vous

 12   ?

 13   R.  Oui, je peux.

 14   Q.  Pouvez-vous voir votre nom sur ce bout de papier ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Est-ce que ceci est bien votre nom ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Est-ce que vous avez aussi l'indication de votre date de naissance sur

 19   ce papier ?

 20   R.  Oui.

 21   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, après avoir montré ce

 22   feuillet aux parties, nous voudrions demander qu'il soit admis comme

 23   élément de preuve et déposé sous pli scellé.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il a déjà été montré aux parties.

 25   Monsieur le Greffier, vous pouvez nous donner un numéro.

 26   M. ZEC : [interprétation] Pour ça, je voudrais demander que le témoin signe

 27   le document, si cela convient.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pratique varie selon les Chambres de

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  1   première instance, mais du moins --

  2   M. ZEC : [interprétation]

  3   Q.  Madame, pourriez-vous, s'il vous plaît, signer la feuille de papier que

  4   vous avez devant vous.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier, quel sera le

  6   numéro ?

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le numéro de pièce P110, déposée

  8   sous pli scellé.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc le document P110 est admis sous pli

 10   scellé.

 11   Poursuivez, Maître Zec.

 12   M. ZEC : [interprétation]

 13   Q.  Madame JF-007, chaque fois que je vais vous poser une question,

 14   pourriez-vous, s'il vous plaît, attendre quelques instants et me donner le

 15   temps de finir ma dernière question, et à ce moment-là, vous pourrez

 16   commencer à répondre.

 17   R.  Oui.

 18   M. ZEC : [interprétation] Parce que je vais traiter d'éléments de preuve

 19   antérieurs de ce témoin.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que je pourrais suggérer que vous

 21   avez dit que vous ne voulez pas aller en audience privée puisque ça n'est

 22   pas au compte rendu, et parce que vous avez commencé à poser vos questions

 23   avant que la réponse ait été traduite. De sorte que les instructions pour

 24   le témoin, prenez-les au sérieux vous-même également, Monsieur Zec.

 25   Nous retournons en audience à huis clos partiel.

 26   M. ZEC : [interprétation]

 27   Q.  Madame, est-ce que vous vous rappelez que vous avez déjà fait une

 28   déposition --

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  1   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes en audience à huis clos

  2   partiel, Monsieur le Président.

  3   [Audience à huis clos partiel]

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 13  Page 2561 expurgée. Audience à huis clos partiel.

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  7   [Audience publique]

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

  9   M. ZEC : [interprétation]

 10   Q.  Madame JF-007, avez-vous fourni une déclaration aux enquêteurs de ce

 11   Tribunal le 29 septembre 1999 ?

 12   R.  Oui, j'ai fourni une déclaration.

 13   Q.  Avant votre déposition dans l'affaire Milosevic, il y a eu cette

 14   déclaration de 1996 qui vous a été lue, et vous avez expliqué certaines des

 15   parties de la déclaration dans cet additif à la déclaration qui avait été

 16   faite le 23 septembre 2003 ?

 17   R.  Tout était parfaitement clair pour moi. J'ai fourni des réponses

 18   exactes, et j'ai dit la vérité à ce jour et je n'ai dit que la vérité.

 19     M. ZEC : [interprétation] Je demande que le numéro 5194 de la liste 65

 20   ter portant le numéro ERN 2-02299200 -- je répète.

 21   02299395 à 02299400 soient présentés à l'écran, s'il vous plaît. Et bien

 22   sûr, il faudrait qu'il soit diffusé à l'extérieur.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, c'est clair.

 24   M. ZEC : [interprétation]

 25   Q.  Madame JF-007, avez-vous eu l'occasion de revoir votre déclaration de

 26   1996 et l'additif à cette déclaration que vous avez fournie en 2003 avant

 27   de venir déposer au Tribunal aujourd'hui ?

 28   R.  Oui. Oui, j'ai regardé l'ensemble.

Page 2563

  1   M. ZEC : [interprétation] Madame la Greffière, est-ce que vous pourriez

  2   faire défiler un peu le texte vers le bas pour voir la version anglaise.

  3   Q.  Madame JF-007, est-ce que vous voyez devant vous à l'écran quelque

  4   chose ? Est-ce que vous pouvez reconnaître votre signature sur ce que vous

  5   voyez à l'écran ?

  6   R.  Oui, je peux.

  7   M. ZEC : [interprétation] Allons maintenant à la dernière page de ce

  8   document. Est-ce qu'on pourrait faire remonter maintenant le texte un peu.

  9   Q.  Madame JF-007, reconnaissez-vous la signature ?

 10   R.  Oui, je la reconnais.

 11   Q.  C'est la signature de qui ?

 12   R.  C'est la mienne.

 13   M. ZEC : [interprétation] Est-ce que maintenant on pourrait présenter le

 14   numéro 5195 de la liste 65 ter portant le numéro ERN 03365020 à 03365021.

 15   Et si nous pouvons voir la deuxième page par rapport à en bas. Oui, bien

 16   sûr, il faut pas diffuser ce document non plus à l'extérieur. Pourrait-on

 17   voir la deuxième page. Maintenant, si on pouvait agrandir un petit peu.

 18   Q.  Madame JF-007 --

 19   M. ZEC : [interprétation] S'il vous plaît, faites redescendre un peu.

 20   Q.  Regardez encore une fois à l'écran. Est-ce que vous reconnaissez la

 21   signature sur ce papier-ci ?

 22   R.  Oui, je la reconnais.

 23   Q.  C'est la signature de qui ?

 24   R.  C'est la mienne.  

 25   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, maintenant, l'Accusation

 26   demande le versement au dossier de cette déclaration qui est datée des 28,

 27   27, 29 septembre 1996, étant le document 5194 de la liste 65 ter avec la

 28   déclaration supplémentaire datée du 3 septembre 2003 de la liste 65 ter, au

Page 2564

  1   numéro 5195 et sous pli scellé.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je n'entends pas d'objection.

  3   Monsieur le Greffier.

  4   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, le numéro 5194 de

  5   la liste 65 ter devient la pièce numéro P113 sous pli scellé, et le numéro

  6   5195 de la liste 65 ter prend comme numéro de pièce P114 sous pli scellé.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Greffier.

  8   Les deux sont admis au dossier sous pli scellé.

  9   M. ZEC : [interprétation] A ce stade, l'Accusation demande également le

 10   dépôt de trois pièces qui sont associées à ce dépôt 92. Il s'agit de 2827

 11   et 2828 de la liste 65 ter déposées sous pli scellé et la pièce 65 ter ou

 12   le numéro 5196. Egalement, je souhaiterais informer la Chambre du fait que

 13   la Défense Stanisic n'a pas élevé d'objection.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour le moment, je n'entends pas non

 15   plus d'objection de la Défense Simatovic. Par conséquent, ces documents

 16   peuvent recevoir une cote provisoire MFI.

 17   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, donc le 2527 sera

 18   la pièce numéro P115 MFI, et le 65 portera le numéro 2829 [comme

 19   interprété] également avec une cote MFI et sous pli scellé.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 21   Est-ce que je pourrais juste avoir à l'écran et qui ne doit pas être montré

 22   au public la version expurgée de l'additif.

 23   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, pour éviter toute

 24   confusion, ce sont des pièces qui sont associées à la déclaration 92 ter,

 25   donc elles ne figurent pas dans la déclaration.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon. Je comprends. Il ne s'agit pas de

 27   la version expurgée, n'est-ce pas ? J'aimerais vérifier les expurgations --

 28   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, il n'y a pas de

Page 2565

  1   expurgations.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que dans toutes les versions

  3   versées au dossier, bien, il n'y a pas de version publique ? Les pièces

  4   sont versées au dossier sous cote provisoire ?

  5   [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En fait, j'étais quelque peu perdu quant

  7   à la numérotation, puisque les documents que nous avons ne sont pas tous

  8   montrés à l'écran. Donc si je comprends bien, il n'y a pas de version

  9   expurgée, ou vous ne voulez pas demander le versement au dossier d'une

 10   version expurgée de l'annexe ou de l'addendum.

 11   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, nous allons envoyer au

 12   Greffe les versions expurgées.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En fait, j'étais un peu perdu, puisque

 14   vous avez dit -- c'est moi qui ai plutôt dit que les pièces devraient être

 15   versées au dossier aux fins d'identification seulement. Est-ce que ce sont

 16   des pièces qui vont être versées au dossier ? Mais nous allons pouvoir

 17   traiter de l'affaire un peu plus tard.

 18   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je me suis trompé. La pièce P115, la

 20   pièce P116 ainsi que la pièce P117 sont versées au dossier sous pli scellé.

 21   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, vous avez tout à fait

 22   raison. Je n'ai pas demandé que cette déclaration expurgée soit versée au

 23   dossier, donc nous allons envoyer cette pièce au Greffe.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Alors, nous allons traiter de

 25   cette affaire un peu plus tard. Veuillez poursuivre, je vous prie.

 26   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, je vous prie.

 28   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais simplement

Page 2566

  1   apporter une précision à la page 20 du compte rendu d'audience

  2   d'aujourd'hui. La pièce P115 est une pièce que l'on a associée à la pièce

  3   65 ter 2527, alors qu'il s'agirait de la pièce 2827.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est corrigé.

  5   M. ZEC : [interprétation] Egalement, la dernière pièce qui est versée au

  6   dossier, la pièce P117, est une pièce publique. Elle n'est pas versée au

  7   dossier sous pli scellé.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Alors, le statut de cette

  9   pièce changera également.

 10   M. ZEC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 11   Q.  Madame JF-007, dans votre déclaration de 1996, vous parlez d'un

 12   incident qui s'est déroulé le 9 avril 1992 vers 10 heures, lorsqu'un groupe

 13   de soldats a fait irruption dans votre abri et a fait sortir les hommes à

 14   l'extérieur.

 15   A la page 3 de cette même déclaration, vous dites, je cite :

 16   "Dans les pièces, une dizaine de soldats portant des uniformes de

 17   camouflage ont fait irruption, ils portaient également des couvre-chefs de

 18   laine sur leur tête, et ils nous ont menacés. Ils avaient des trous pour

 19   les yeux et la bouche, alors que certains d'entre eux portaient des

 20   mitaines noires. D'après leur accent, j'ai conclu qu'ils étaient

 21   originaires de Serbie."

 22   Lorsque vous avez fait cette déclaration en 1996 aux enquêteurs et que --

 23   les enquêteurs vous ont, plutôt, montré quelques photos. J'aimerais vous

 24   montrer l'une de ces photos maintenant.

 25   R.  [aucune interprétation]

 26   M. ZEC : [interprétation] Madame la Greffière, je demanderais que l'on

 27   affiche la pièce P117, je vous prie. Et prenez la page 11, s'il vous plaît.

 28   Pourrait-on passer à la page précédente, s'il vous plaît ? C'est une pièce

Page 2567

  1   qui porte le numéro ERN 00400125. Non, excusez-moi, il s'agit plutôt de la

  2   pièce 00400152.

  3   Q.  Madame JF-007, lorsque vous avez vu cette photo en 1996, vous

  4   avez dit, et je cite :

  5   "Les masques que portent ces soldats sont identiques à ceux que portaient

  6   les soldats qui avaient fait irruption dans la cave."

  7   Page 5 de la déclaration.

  8   Je voudrais vous poser cette question, aujourd'hui : en regardant cette

  9   photographie, est-ce que vous avez quelque doute à savoir qu'il puisse

 10   s'agir de masques identiques à ceux qui étaient portés par les hommes qui

 11   ont fait sortir vos hommes, les hommes de la cave ce jour-là ?

 12   R.  Oui, effectivement. Ce sont les mêmes masques.

 13   Q.  Très bien. A l'examen de cette photographie, seriez-vous en mesure de

 14   nous dire dans quel bâtiment, où se trouvaient-ils ? Qu'est-ce que c'est,

 15   cette pièce ?

 16   R.  Je crois que c'est une mosquée.

 17   Q.  Qu'est-ce qui vous permet de reconnaître cela ?

 18   R.  Je reconnais les tapis ainsi que les marches qui mènent vers le

 19   minaret.

 20   Q.  Très bien. Je vais maintenant vous montrer une séquence vidéo.

 21   M. ZEC : [interprétation] Excusez-moi, l'Accusation va demander que l'on

 22   passe la pièce 65 ter 4592. Il s'agit d'un extrait vidéo qui est tiré de la

 23   pièce ERN V000-0534. Le clip commence à l'heure 00.29.55 et se poursuit

 24   jusqu'à 00.31.30, et j'aimerais qu'on arrête cette séquence vidéo à

 25   00.31.11.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant de faire passer cet extrait vidéo,

 27   je voudrais entendre Me Petkovic. Vous avez quelque chose à dire ?

 28   M. PETROVIC : [interprétation] Oui. Monsieur le Président, la Défense de M.

Page 2568

  1   Simatovic souhaite élever une objection quant à l'emploi de cet extrait

  2   vidéo par le biais de ce témoin. Il s'agit d'éléments qui n'ont absolument

  3   rien à voir avec le témoignage de ce témoin. Lorsqu'on examine la vidéo, on

  4   peut voir qu'il s'agit d'un endroit qui est tout à fait inconnu, et par la

  5   suite, Brsadin, qui se trouve en Slavonie orientale, enregistré au mois

  6   d'octobre. Ensuite, il y a également un autre extrait, l'état-major de la

  7   garde serbe. Ensuite, il y a un centre chargé de la formation, et cetera.

  8   Donc, je ne suis pas d'accord avec le visionnement de cette vidéo, à moins

  9   que le témoin ne puisse nous dire qu'elle reconnaît une personne sur la

 10   vidéo, mais elle peut le faire beaucoup plus facilement à l'aide de

 11   photographies qui font partie de sa déclaration, qui ont été annexées à sa

 12   déclaration. Si le Procureur souhaite employer cette vidéo pour quelque

 13   autre motif, j'estime qu'il n'y a absolument aucun lien entre cette vidéo

 14   et ce témoin, et le témoin ne peut absolument pas -- enfin, il n'y a aucun

 15   lien entre le témoin et la séquence vidéo et la vidéo au complet, donc je

 16   ne suis pas d'accord que quelque déclaration que ce soit soit présentée par

 17   le truchement de ce témoin.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je comprends. C'est une objection

 19   conditionnelle, car on verra quelles seraient les questions qui seraient

 20   posées concernant cette vidéo. Je comprends tout à fait votre objection.

 21   Maître Zec, qu'est-ce que vous avez à dire ? Quelle est votre réponse à

 22   cette objection ?

 23   M. ZEC : [interprétation] Il s'agit d'une vidéo qui serait montrée au

 24   témoin pour voir si le témoin peut nous dire si elle reconnaît quelque

 25   chose.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais il s'agit de personnes ?

 27   M. ZEC : [interprétation] Oui, justement, y compris les personnes.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois que, Monsieur Petrovic [comme

Page 2569

  1   interprété], il ne s'agit pas de l'endroit où ceci se trouve, mais il

  2   s'agit de personnes.

  3   Donc, je permets cette vidéo et l'emploi de cette vidéo.

  4   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, brièvement, il s'agit

  5   d'une séquence vidéo qui contient des extraits d'une vidéo qui était

  6   enregistrée en Slavonie orientale au mois d'août 1991. Et pour le compte

  7   rendu d'audience, il s'agit de la séquence numéro 1.

  8   [Diffusion de la cassette vidéo]

  9   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 10   "MB : Dans une zone qui se trouve tout près de la ligne de front d'Osijek,

 11   il s'agit de réguliers qui s'appellent des combattants serbes. Ils ont

 12   capturé les villages croates. Il n'y a absolument aucun plan de paix qui

 13   peut fonctionner à moins que leurs commandants ne parlent de paix. Ils sont

 14   beaucoup mieux motivés et mieux formés que les troupes régulières avec

 15   lesquelles il y a de tensions. Nous allons soit devoir servir en tant que

 16   policiers avec les Croates, disent-ils.

 17   ZRA : Le grand problème ici et l'unique problème - c'est que nous ne

 18   pouvons pas leur faire confiance, et eux, ils ne peuvent pas nous faire

 19   confiance non plus. Nous le savons, et ce que nous savons, c'est qu'ils ne

 20   peuvent pas nous faire confiance, donc nous allons défendre ces personnes

 21   ici. Je ne crois pas en la paix. Je souhaiterais croire en cette paix à 100

 22   %, mais comme je vous ai déjà dit, nous allons essayer de faire de notre

 23   mieux pour garder cette paix."

 24   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 25   M. ZEC : [interprétation]

 26   Q.  Madame JF-007, pourriez-vous nous dire ce que montre cet extrait vidéo

 27   ?

 28   R.  Cet extrait vidéo nous montre qu'Arkan a essayé, supposément, d'en

Page 2570

  1   arriver à la paix, mais ce n'était qu'une ruse, car le 8 avril, il était à

  2   Mali Zvornik, à l'hôtel, et c'est de l'autre côté de la Drina. (expurgé)

  3   (expurgé)

  4   Il aurait supposément demandé que l'on remette les armes, et il aurait

  5   proposé la paix, mais ce n'était qu'une ruse.

  6   Q.  Je vous remercie, Madame. Vous venez de mentionner une personne. Cela

  7   signifie que vous l'avez reconnue sur la vidéo ?

  8   R.  [aucune interprétation]

  9   Q.  Pouvez-vous nous dire ce que font ces soldats ?

 10   M. KNOOPS : [interprétation] Est-ce que la question peut être plus précise

 11   ?

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous voulez dire ce que les soldats font

 13   sur les images de la vidéo ?

 14   M. ZEC : [interprétation] Exact, Monsieur le Président. Je retire la

 15   question.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez procéder.

 17   M. KNOOPS : [interprétation] La Défense a soulevé une objection par rapport

 18   à cette série de questions. L'Accusation a annoncé très clairement qu'elle

 19   utiliserait la vidéo uniquement à des fins d'identification. Les événements

 20   montrés sur la vidéo remontent à 1991. Le témoin n'a pas de connaissances

 21   des événements en 1991. En tout cas, le fondement n'existe pas pour cette

 22   question.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La dernière question a été retirée,

 24   Maître Knoops. Alors, voyons quelles seront les autres questions, parce que

 25   j'imagine -- enfin, je ne vais pas commenter les choses en ce moment, car

 26   nous sommes en audience publique.

 27   Veuillez procéder, Monsieur Zec.

 28   M. ZEC : [interprétation]

Page 2571

  1   Q.  Madame JF-007, est-ce que vous avez vu cette séquence vidéo à la

  2   télévision ?

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame le Témoin, pourriez-vous répondre

  4   à la question ?

  5   M. ZEC : [interprétation]

  6   Q.  Madame JF-007, est-ce que vous m'entendez ?

  7   L'INTERPRÈTE : Signe affirmatif de la tête du témoin.

  8   M. ZEC : [interprétation]

  9   Q.  Les images que nous avons vues il y a un instant, est-ce que vous avez

 10   vu ces images à la télévision ?

 11   L'INTERPRÈTE : Signe affirmatif de la tête du témoin.

 12   M. ZEC : [interprétation]

 13   Q.  Quand ?

 14   R.  En 1992, au début du mois d'avril.

 15   Q.  Savez-vous sur quelle chaîne de télévision, précisément ?

 16   R.  A la télévision serbe.

 17   Q.  Madame JF-007, nous avons vu sur ces images des soldats qui portaient

 18   un masque sur la tête. En faisant appel à vos souvenirs, je vous demande si

 19   les soldats qui sont entrés dans votre cave portaient ces mêmes masques ou

 20   des masques semblables ?

 21   R.  Oui, des masques comme ceux-ci. On ne voyait que les fentes pour les

 22   yeux et la bouche.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Petrovic.

 24   M. PETROVIC : [interprétation] Excusez-moi d'interrompre mon collègue de

 25   l'Accusation, Monsieur le Président, mais il me semble que cette question

 26   est directrice, pour autant que je puisse en juger. A entendre la façon

 27   dont la question était formulée, c'est une question directrice.

 28   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, nous avons tous vu ces

Page 2572

  1   masques sur les images de la vidéo, mais si vous voulez, je peux procéder

  2   pas à pas.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Néanmoins, les images ont été montrées,

  4   et vous dites ensuite : "Ces images sont-elles bien ce qu'on a vu ?" C'est

  5   tout de même directeur, d'une certaine façon, mais en même temps, Maître

  6   Petrovic, est-ce que vous avez vu ces objets en laine sur la tête de ces

  7   hommes avec des fentes pour les yeux ? Est-ce que vous en avez vu qui

  8   avaient un aspect différent de ce qu'on a vu sur les images ? Je dirais que

  9   la question est un peu superflue, car si la question n'avait pas été posée,

 10   ce que je me représenterais dans mon esprit est exactement ce que le témoin

 11   a décrit. Je crois, d'ailleurs, qu'ils appellent ces objets des baklavas.

 12   M. PETROVIC : [aucune interprétation]

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc voilà. La question était superflue,

 14   donc votre intervention l'est aussi. Peut-être également qu'une décision

 15   serait superflue. Veuillez procéder.

 16   M. ZEC : [interprétation]

 17   Q.  Madame JF-007, sur ces images de la vidéo, nous avons vu des soldats

 18   qui portaient des masques sur la tête. En faisant appel à vos souvenirs,

 19   pouvez-vous nous dire si les soldats qui ont pénétré dans votre cave

 20   portaient des masques comme ceux-ci ou semblables à ceux-ci ?

 21   R.  C'est exactement les mêmes que ceux que nous avons vus de couleur noire

 22   avec des fentes pour les yeux et la bouche. Exactement les mêmes. Et si

 23   vous posiez la question à un enfant en bas âge, il vous dirait la même

 24   chose et vous expliquerait exactement ce qu'ils portaient et qu'ils étaient

 25   identiques. Tout enfant pourrait vous répondre la même chose si on lui

 26   posait la même question.

 27   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, en ce moment l'Accusation

 28   demande le versement au dossier du document 65 ter numéro 54929.

Page 2573

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est bien la vidéo, n'est-ce pas ?

  2   M. ZEC : [interprétation] Exact, Monsieur le Président. Et le numéro qui

  3   doit être consigné au compte rendu est, en fait, 4529.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Des objections ?

  5   M. KNOOPS : [interprétation] Monsieur le Président, pas d'objection sauf

  6   pour le texte du journaliste britannique, parce qu'il comporte l'expression

  7   d'un avis personnel. Donc, il conviendrait de l'expurger, d'après nous.

  8   Sinon, pas d'objection par rapport à la demande de versement au dossier de

  9   cette vidéo.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Jordash, apparemment,

 11   l'objection repose sur l'idée que --

 12   M. JORDASH : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président. Je

 13   voulais simplement faire savoir à la Chambre que M. Stanisic demande à se

 14   rendre aux toilettes.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Peut-être -- d'ailleurs, est-ce le

 16   moment de faire une pause.

 17   M. JORDASH : [interprétation] Mais cela ne nous dérange pas que les débats

 18   se poursuivent.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, d'accord. Dans ce cas-là, nous

 20   poursuivons, mais est-ce que c'est vraiment sage -- nous avons dit trois

 21   fois qu'une pause devait se faire toutes les heures et demie. Apparemment,

 22   l'heure est arrivée. Mais voyons d'abord ce qu'il en est de l'objection.

 23   Maître Knoops, apparemment, votre objection repose sur le risque que les

 24   commentaires du journaliste soient pris pour l'expression de la vérité

 25   alors qu'il s'agit d'un avis personnel, et vous demandez expurgation de la

 26   vidéo, mais quels sont les mots exacts qui vous ennuient ?

 27   M. KNOOPS : [interprétation] Non, Monsieur le Président, c'est simplement

 28   une petite partie du texte prononcée par le journaliste britannique au

Page 2574

  1   moment où il explique la force de l'armée, et cetera.

  2   Je crois à présent que l'Accusation a l'intention de demander le versement

  3   du document au dossier uniquement à des fins d'identification. Mais il ne

  4   serait pas convenable qu'un commentaire de cette nature, qui comporte

  5   l'expression d'un avis, d'une opinion personnelle fasse partie du document.

  6   Donc la Défense propose que l'Accusation soit autorisée à verser au dossier

  7   les images de la vidéo dans leur intégralité sauf ces deux ou trois lignes

  8   qui portent sur l'avis personnel du journaliste britannique au sujet des

  9   matériels militaires, et cetera.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une seconde.

 11   [La Chambre de première instance se concerte]

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'écoutais l'anglais. Mais vous avez

 13   parlé d'un texte -- de cabine d'interprète. Je n'ai pas suivi les choses

 14   autrement qu'en anglais, donc je ne sais pas si ce texte a été interprété

 15   et si la version anglaise du texte a bien été consignée au compte rendu

 16   d'audience. J'essaie de le déterminer.

 17   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, la vidéo a été tournée en

 18   anglais, donc le journaliste parle anglais, et je crois que ses propos ont

 19   été consignés au compte rendu.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je vois, je vois. Les propos

 21   accompagnant les images de la vidéo qui ont été diffusées.

 22   [La Chambre de première instance se concerte]

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Votre objection est rejetée, Maître

 24   Knoops, fondamentalement pour les raisons suivantes : si le témoin déclare

 25   qu'elle a vu ces images à la télévision, nous devons au moins savoir ce

 26   qu'elle a vu à la télévision, et il ne peut qu'être utile de savoir dans

 27   quelle mesure son avis ou ses pensées ont pu être influencés par ce qu'elle

 28   a vu à la télévision.

Page 2575

  1   Maintenant, si votre préoccupation repose sur ce qui est dit dans cette

  2   vidéo et sur la possibilité pour la Chambre de considérer que les propos

  3   prononcés peuvent refléter la vérité, il importe de bien comprendre qu'au

  4   vu des circonstances, nous ne pouvons pas exclure la possibilité qu'un

  5   journaliste ait eu la perception qu'il a exprimée à ce moment-là, mais les

  6   Juges en tiendront compte uniquement si cela concorde avec tout le reste,

  7   mais n'admettrons certainement pas la véracité de ces dires sur la simple

  8   base du fait qu'un journaliste s'exprime et exprime son avis personnel à

  9   lui seul. Par conséquent, l'objection est rejetée.

 10   Monsieur le Greffier, un numéro de pièce, je vous prie.

 11   M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce P118.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je voudrais vérifier que la cabine

 13   française a bien traduit tous les mots prononcés. Je vais passer au

 14   français pour qu'on me réponde.

 15   L'INTERPRÈTE : Cabine française, l'interprète qui était au micro au moment

 16   où la vidéo a été diffusé n'est plus dans la cabine. Je ne sais pas,

 17   Monsieur le Président.

 18   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 19   --- L'audience est suspendue à 15 heures 44.

 20   --- L'audience est reprise à 16 heures 14.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Zec, veuillez poursuivre, je

 22   vous prie. Je crois que j'ai encore une décision à rendre au sujet de

 23   l'admission de la vidéo. J'ai expliqué les raisons du rejet de l'objection,

 24   mais je ne crois pas que la vidéo a été admise en tant que pièce à

 25   conviction.

 26   Monsieur le Greffier.

 27   M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. La vidéo

 28   devient la pièce P118.

Page 2576

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et est donc admise en tant qu'élément de

  2   preuve.

  3   Veuillez poursuivre, Monsieur Zec.

  4   M. ZEC : [interprétation]

  5   Q.  Madame JF-007, m'entendez-vous ?

  6   L'INTERPRÈTE : Signe affirmatif de la tête du témoin.

  7    M. ZEC : [interprétation]

  8   Q.  Dans votre déposition, vous dites que vous vous êtes abritée dans la

  9   cave de votre bâtiment quelques jours avant le 9 avril 1992.

 10   R.  [aucune interprétation]

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Zec, nous avons décrété la

 12   pause, Maître Knoops, à un moment où M. Stanisic allait demander à

 13   s'absenter du prétoire, mais je ne vois pas qu'il soit revenu. Je ne sais

 14   pas comment interpréter ce fait. Le voici.

 15   Monsieur Stanisic, je viens de faire remarquer que vous n'étiez pas encore

 16   revenu à votre place, donc nous avons patienté quelques minutes pour que

 17   vous repreniez votre place.

 18   Monsieur Zec, vous pouvez poursuivre.

 19   M. ZEC : [interprétation]

 20   Q.  Madame JF-007, dans cette période, entendiez-vous des tirs en ville ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Dans cette même période, donc avant et après que vous vous soyez

 23   abritée dans la cave du bâtiment, est-ce que vous avez eu l'occasion de

 24   voir des soldats, des chars, et d'autres éléments du même genre se

 25   déplaçant dans la ville de Zvornik ?

 26   R.  Oui, j'ai vu des chars.

 27   Q.  Très bien. J'aimerais maintenant vous montrer une autre vidéo.

 28    M. ZEC : [interprétation] Madame la Greffière, l'Accusation demande la

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  1   vidéo qui constitue le document 65 ter numéro 4508, en commençant à

  2   00.02.33 jusqu'à 00.30.00. Il s'agit d'un article de la BBC datant de 1992.

  3   Et j'indique aux cabines d'interprètes qu'il s'agit de la vidéo numéro 2.

  4   Q.  [aucune interprétation]

  5   R.  [aucune interprétation]

  6   Q.  [aucune interprétation]

  7   R.  [aucune interprétation]

  8   Q.  [aucune interprétation]

  9   R.  [aucune interprétation]

 10   Q.  [aucune interprétation]

 11   R.  [aucune interprétation]

 12   Q.  [aucune interprétation]

 13   R.  [aucune interprétation]

 14   M. ZEC : [aucune interprétation]

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Normalement, je reçois le français sur

 16   le canal 5, et cela fait quelques instants que je n'entends rien. Donc

 17   j'aimerais vérifier s'il y a un problème technique.

 18   M. ZEC : [aucune interprétation]

 19   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 20   M. ZEC : [aucune interprétation]

 21   [Diffusion de la cassette vidéo]

 22   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 23   [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]

 24   M. LE JUGE ORIE : [en français] Est-ce que je peux vérifier où vous avez

 25   reçu le transcript ? [interprétation] La cabine française a un clip indiqué

 26   clip 2, mais le texte ne correspond pas à ce qui a commencé à être entendu.

 27   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 28   L'INTERPRÈTE : Ça va. Merci, Monsieur le Président.

Page 2579

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai donc vérifié. Je vois que le

  2   problème est réglé.

  3   Je demande une rediffusion de la vidéo.

  4   [Diffusion de la cassette vidéo]

  5   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  6   "Les chars ont traversé la rivière pour entrer dans la ville, et bien

  7   que la situation soit confuse, il semble que des Bosniens nouvellement

  8   indépendants aient perdu le contrôle d'une autre partie de leur pays. Leur

  9   président s'est plaint de l'agression de la part des Serbes à Alija

 10   Izetbegovic. Certains groupes venant de Serbie ou de la Drina arrivent et

 11   ils vont en Bosnie et attaquent la ville le long de la rivière.

 12   Le journaliste : La guerre civile s'est répandue ce matin jusqu'à Zvornik

 13   sur la rive de la Drina. Des irréguliers serbes ont menacé de capturer la

 14   ville à moins que les Musulmans ne rendent leurs armes. Finalement, c'est

 15   l'armée fédérale qui est entrée."

 16   L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète : les propos entendus verbalement ne

 17   correspondent pas à la transcription écrite, en tout cas, ne sont pas

 18   présentés dans le même ordre.

 19   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Apparemment, la séquence des passages de

 21   la vidéo n'est pas dans le même ordre que ce qui a été fourni aux cabines

 22   par écrit. J'ai entendu à l'instant l'interprétation de la page 34, ligne

 23   25, jusqu'à la page 35, ligne 3, ensuite la vidéo se poursuit par les mots

 24   :

 25   "Bien que la situation ici soit confuse, il semble que les Bosniens

 26   nouvellement indépendants aient perdu le contrôle sur une nouvelle partie

 27   de leur pays. Leur président s'est plaint d'une agression de la part des

 28   Serbes."

Page 2580

  1   J'avais déjà entendu ces mots prononcés par la cabine, mais en tout cas,

  2   maintenant, je pense que l'ensemble est restitué.

  3   Veuillez poursuivre, Monsieur Zec.

  4   M. ZEC : [interprétation] J'aimerais poser des questions au témoin, des

  5   questions très précises au sujet de certaines parties bien précises de la

  6   vidéo.

  7   Première séquence au code temps 00:13 sur cette séquence numéro 2.

  8   Q.  Madame JF-007, est-ce que vous voyez ce qui figure sur l'écran devant

  9   vous ?

 10   R.  Je le vois.

 11   Q.  Est-ce que vous discernez la rivière sur cette image ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Pouvez-vous dire aux Juges de la Chambre quelle est cette rivière ?

 14   R.  C'est la Drina. Et ici, c'est la Serbie.

 15   Q.  En faisant appel à vos souvenirs, pouvez-vous nous dire, les soldats

 16   qu'on voit sur cette image, de quel côté ils se trouvent, de quel côté de

 17   la Drina ?

 18   R.  Ils sont en Serbie.

 19   Q.  Et de l'autre côté, normalement, qu'est-ce que c'est ?

 20   R.  C'est la Bosnie-Herzégovine.

 21   M. ZEC : [interprétation] Deuxième séquence que j'aimerais diffuser à

 22   l'intention du témoin, code temps 00 : 24.

 23   Q.  Madame JF-007, sur l'image que vous avez face à vous à l'écran, est-ce

 24   que vous voyez un pont ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Reconnaissez-vous ce pont ? Quel est ce pont ?

 27   R.  C'est le pont de Karakaj.

 28   Q.  Est-il exact que ce pont relie Mali Zvornik et Zvornik, c'est-à-dire la

Page 2581

  1   Serbie et la Bosnie-Herzégovine ?

  2   R.  Oui.

  3   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, Mesdames les Juges,

  4   l'Accusation demande le versement au dossier du document 65 ter numéro

  5   4508.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Des objections ? Quel est le numéro de

  7   cette pièce ?

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agira de la

  9   pièce P119.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais ce document 65 ter, c'est bien la

 11   vidéo ? Là, nous avons la deuxième séquence.

 12   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, nous demandons le

 13   versement au dossier de la vidéo.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui. Puisqu'il n'y a pas

 15   d'objection, Monsieur le Greffier, la pièce P119 est admise en tant

 16   qu'élément de preuve.

 17   Monsieur Zec, je continue à me poser la question de savoir si le fait que

 18   ce pont soit bien le pont de Karakaj est contesté ? Est-ce que votre thèse

 19   serait différente si les soldats s'étaient trouvés sur l'autre rive, de

 20   l'autre côté de la rivière ? J'essaie de comprendre ce que j'entends pour

 21   déterminer ce qui est contesté et ce qui n'est pas contesté, et je suppose

 22   qu'à l'époque, la guerre a donné lieu à la diffusion de certaines images à

 23   la télévision. Mais ce que je veux dire, c'est que s'ils avaient été de

 24   l'autre côté du pont, est-ce que cela aurait modifié quoi que ce soit à

 25   votre thèse, s'ils avaient été de l'autre côté de la rivière ?

 26   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, pendant la suite du

 27   procès, la raison pour laquelle j'ai montré cette séquence vidéo

 28   particulière apparaîtrait plus clairement.

Page 2582

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, nous verrons.

  2   Veuillez procéder.

  3   M. ZEC : [interprétation] J'aimerais maintenant que l'on diffuse la

  4   séquence vidéo qui constitue le document 65 ter 4508 qui commence au code

  5   temps 00:05:03 et se poursuit jusqu'au code temps 00:08:08. Et je

  6   demanderais un arrêt sur image au code temps 00:07:20. Et j'indique aux

  7   interprètes des cabines que sur la transcription écrite, cette séquence est

  8   la séquence numéro 3.

  9   [Diffusion de la cassette vidéo]

 10   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 11   "Martin Bell : a déjà oublié [inaudible] Serbes en action à Zvornik, une

 12   ville qui était mixte et pacifique. Aujourd'hui, elle n'est plus ni l'un ni

 13   l'autre. Il n'y avait pas d'hommes de l'armée yougoslave, mais des milices

 14   très disciplinées serbes, sous le commandement d'Arkan. Ils nettoyaient le

 15   dernier signe de résistance musulmane. Les autorités bosniaques,

 16   principalement musulmanes, étaient chassées de la ville. Elles évaluaient

 17   leurs morts à au moins 300. Ceci est peut-être exagéré, mais les victimes

 18   étaient simplement très nombreuses. Les Serbes sont maintenant en Bosnie.

 19   Ce qu'ils ont fait l'année dernière en Croatie, ce qui se fonde sur

 20   l'argument de la légitime défense pour étendre leur contrôle dans des

 21   secteurs anciennement mixtes sur le plan population. En fait, ils font en

 22   sorte que la Grande-Serbie voit le jour. Dans un village à 2 kilomètres au

 23   sud de Zvornik, nous avons découvert une calamité humaine, qui est le

 24   résultat concret de tout cela. Deux mille Musulmans sont écartés et se

 25   battent pour s'en sortir. Ils ont parlé de combats derrière eux,

 26   d'assassinats et de prises d'otages qui se poursuivaient.

 27   HOMME INCONNU : Mais tout cela se passe maintenant. Ils ont fait cela

 28   depuis deux, trois jours. C'est terrible, c'est la terreur qui est en train

Page 2583

  1   d'être imposée. Cela se fait sous nos yeux. On voit même maintenant des

  2   obus.

  3   LE JOURNALISTE : Nous pouvions et avons vu des réfugiés attendant les

  4   secours, des barrages d'artillerie s'étendaient vers les villages du côté

  5   musulman de Zvornik. Ce qui se passe, a-t-il été dit, c'est que 'Nous

  6   étions sans armes et ils nous tiraient dessus.' Ils supplient le monde de

  7   les aider contre l'agression des Serbes et de l'armée fédérale. Les pleurs

  8   sont entendus encore une fois pour demander de l'aide le plus rapidement

  9   possible, et les applaudissements, ici, sont les premiers signes que nous

 10   ayons eus depuis des jours que quelqu'un s'occupait de leur sort et de

 11   leurs souffrances. Les chiffes sont difficiles à estimer, mais du côté de

 12   la montagne, des colonnes très importantes s'étendent sur des voies assez

 13   larges, et il est possible que 20 000 personnes, y compris, soient en train

 14   de se déplacer, la plupart à pied. Elles marchent, ces personnes, depuis

 15   deux jours. Elles ont couvert 18 kilomètres, en tout cas, 20 de plus sur ce

 16   chemin de larmes. Elles se dirigent pour trouver la sécurité dans un

 17   secteur musulman sans la moindre aide, sans vivres, sans médicaments, sans

 18   moyens de transport. Mais elles marchent toutes en raison des actions des

 19   Serbes dans leur ville de Zvornik."

 20   [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] L'interprète française vient de terminer

 22   à l'instant, Monsieur Zec, en interprétant d'ailleurs des lignes qui n'ont

 23   pas été diffusées. Je ne peux pas citer les mots exacts, mais apparemment,

 24   vous avez fourni une transcription plus longue que la séquence qui vient

 25   d'être diffusée à l'instant.

 26   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président --

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce sera complété plus tard. C'est

 28   toujours un problème pour mettre en mots des images de la vidéo.

Page 2584

  1   L'INTERPRÈTE : Il est absolument impossible de faire de la traduction à vue

  2   avec une telle vitesse de diffusion des images.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais il est possible que la diffusion

  4   soit si rapide que la traduction dans le prétoire sera pratiquement

  5   impossible. Est-ce que vous avez fourni également la transcription aux

  6   procès verbalistes ?

  7   M. ZEC : [interprétation] Je crois.

  8   L'INTERPRÈTE : Pour que les choses soient claires, il ne s'agit pas ici

  9   d'interprétation simultanée, impossible à cette vitesse, mais de traduction

 10   à vue d'un texte que l'interprète doit lire en même temps qu'elle le

 11   traduit.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon. Apparemment, les interprètes ont

 13   reçu une traduction plus longue que les mots prononcés lors de la

 14   diffusion. Nous n'allons pas régler le problème ici même, en cet instant,

 15   mais j'insiste pour qu'il y ait concordance sur ce plan.

 16   Veuillez poursuivre, Monsieur Zec.

 17   M. ZEC : [interprétation]

 18    Q.  Madame JF-007, avez-vous reconnu le territoire ou en tout cas le lieu

 19   où ces réfugiés se sont rassemblés, regroupés ?

 20   R.  Ça ne peut être que Snagovo ou peut-être un peu plus loin dans la

 21   direction de Kamenica, vers Jasanica. Mais je peux pas déterminer plus

 22   précisément.

 23   Q.  Quelle est la distance entre Snagovo et Zvornik, à peu

 24   près ?

 25   R.  Pas plus de 7 à 9 kilomètres.

 26   M. ZEC : [interprétation] Encore une fois, je voudrais montrer au témoin

 27   une partie bien précise de la séquence qui vient d'être diffusée, des

 28   images précises et lui poser des questions. Code horaire 00 : 27 secondes.

Page 2585

  1   Q.  Madame JF-007, reconnaissez-vous l'endroit où cette image a été tournée

  2   ?

  3   R.  Je le reconnais.

  4   Q.  Où est cet endroit ?

  5   R.  A partir des maisons et à partir du grand magasin, c'est vers le haut.

  6   Q.  A Zvornik ?

  7   R.  Oui. La rue s'appelait la rue Bire.

  8   M. ZEC : [interprétation] L'image suivante que je voudrais montrer au

  9   témoin se trouve au code horaire 00:24.

 10   Q.  Madame JF-007, reconnaissez-vous l'endroit où cette image a été tournée

 11   ?

 12   R.  Dans le centre.

 13   Q.  Vous pourriez répéter ?

 14   R.  Le centre.

 15   Q.  Le centre de Zvornik ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Sur quoi vous fondez-vous pour reconnaître cet endroit ?

 18   R.  Je reconnais la mosquée, les bâtiments qui se trouvent à côté. C'est

 19   là-bas, dans la direction de l'hôpital.

 20   Q.  Je vous remercie.

 21   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, Mesdames les Juges, je

 22   demande le versement au dossier de ce document 65 ter numéro 4508, qui est

 23   une séquence vidéo.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je n'entends pas d'objection du côté de

 25   la Défense.

 26   Maître Knoops.

 27   M. KNOOPS : [interprétation] Sauf l'objection que nous élevons par rapport

 28   au versement au dossier de l'image montrant le lieu appelé Snagovo, parce

Page 2586

  1   que ce lieu n'a pas été évoqué dans les autres éléments de preuve de

  2   l'Accusation jusqu'à présent, et le témoin n'a pas pu établir un lien entre

  3   les images de la vidéo et ce qu'elle sait personnellement. Elle a témoigné

  4   aussi en disant très clairement qu'elle n'était pas sur place et qu'elle

  5   supposait que c'était Snagovo. Donc il n'existe pas de fondement pour le

  6   versement au dossier de la ville de Snagovo dans la présente affaire, pas

  7   plus que des crimes qui sont censés s'y avoir été commis.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Zec, je pense que vous

  9   souhaiterez interroger ultérieurement le témoin, si vous considérez ce

 10   point comme très important pour vous.

 11   M. ZEC : [interprétation]

 12   Q.  Madame JF-007, lorsque vous avez parlé du village où les réfugiés

 13   s'étaient regroupés, vous avez dit qu'il s'agissait sans doute de Snagovo.

 14   Comment est-ce que vous avez reconnu ce village ? Si vous le souhaitez, je

 15   peux vous montrer la photo à l'écran.

 16   R.  J'ai reconnu le village, parce que j'avais déjà traversé Snagovo avant

 17   la construction de la nouvelle autoroute vers Tuzla, et la plupart des gens

 18   se sont enfuis en passant par là. Ils ont emprunté cette route, sont montés

 19   jusqu'à la forêt et ils sont partis plus loin.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que l'objection tient toujours ?

 21   M. KNOOPS : [interprétation] S'agissant de l'objection, elle concerne le

 22   fait que c'était un élément de preuve nouveau. Ça n'a jamais été évoqué par

 23   l'Accusation. L'Accusation n'a jamais indiqué que Snagovo ferait partie des

 24   éléments de preuve à l'appui de sa thèse.

 25   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président, cet élément concerne les

 26   déportations de population, et on voit des personnes qui sont en train de

 27   partir. J'ai simplement demandé au témoin si elle reconnaissait le village

 28   où les gens se sont trouvés et elle a répondu comme elle l'a fait.

Page 2587

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  2   [La Chambre de première instance se concerte]

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Objection rejetée. Monsieur le Greffier,

  4   la vidéo est donc admise au dossier.

  5   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, Mesdames les

  6   Juges, la vidéo devient la pièce P120.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Elle est admise en tant qu'élément de

  8   preuve.

  9   Madame le Témoin, y a-t-il quelque chose que vous souhaiteriez dire ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Puis-je parler ?

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je vous en prie.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] A l'époque où nous vivions à Zvornik, cet

 13   endroit s'appelait Snagovo. Après, il a reçu un autre nom. Mais ce que j'ai

 14   vu à l'écran, c'est l'ancien Snagovo, parce que je reconnais pas mal tout

 15   ce qu'on voit sur les images.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie de cette

 17   précision.

 18   Veuillez poursuivre, Monsieur Zec.

 19   M. ZEC : [interprétation] Ceci met un point final à mon interrogatoire. Je

 20   vous remercie de votre attention.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Zec.

 22   Quelle devrait être la séquence maintenant pour les contre-interrogatoires

 23   ? La Défense de Stanisic va commencer ?

 24   M. KNOOPS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Knoops, également dans votre

 26   propre intérêt, le Dr Rowell sera disponible approximativement à 5 heures

 27   30 et il sera disponible pour relativement peu de temps. Non, j'ai fait une

 28   erreur. Il sera disponible après 6 heures, approximativement 6 heures 30.

Page 2588

  1   Il se peut qu'il soit disponible un peu plus tôt, mais son temps est

  2   limité. Est-ce que le contre-interrogatoire aura pris fin à ce moment-là,

  3   et je me tourne également vers la Défense de Simatovic ? Donc commençons et

  4   voyons jusqu'où nous pouvons aller.

  5   M. KNOOPS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Témoin JF-007, vous allez maintenant

  7   être contre-interrogée par Me Knoops, et Me Knoops est conseil pour la

  8   Défense de M. Stanisic.

  9   M. KNOOPS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 10   Contre-interrogatoire par M. Knoops :

 11   Q.  [interprétation] Témoin, je vous remercie beaucoup pour être venue

 12   jusqu'ici en dépit des circonstances. Pour commencer, est-ce qu'on pourrait

 13   présenter le document P119, s'il vous plaît, à nouveau, la séquence vidéo.

 14   Je crois que ce n'est pas le document P119. Ça, c'est le P120. Oui. Est-ce

 15   que l'on pourrait, s'il vous plaît, arrêter juste à cet endroit-là, ici.

 16   Témoin, la personne qui est mentionnée ici, elle dit :

 17   "Pour finir, c'est l'armée fédérale qui est arrivée et qui est entrée."

 18   Vous pouvez lire ça ?

 19   M. ZEC : [interprétation] Monsieur le Président --

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois que le témoin n'a pas pu lire

 21   cela.

 22   Je peux imaginer qu'elle a entendu le commentateur dire que c'est

 23   l'armée fédérale qui est entrée pour votre information.

 24   Maintenant, votre question, Maître Knoops.

 25   M. KNOOPS : [interprétation]

 26   Q.  Témoin, seriez-vous d'accord pour dire que l'armée fédérale est entrée

 27   dans Zvornik ?

 28   R.  Yougoslave, vous voulez dire ? L'armée yougoslave.

Page 2589

  1   Q.  Oui, effectivement.

  2   R.  Oui, c'est juste.

  3   Q.  Etes-vous d'accord que le char que l'on voit encore à l'écran était un

  4   char de l'armée yougoslave ?

  5   R.  J'en suis certaine à 100 %.

  6   Q.  Avez-vous vu d'autres chars de l'armée yougoslave ce jour-là ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Pourriez-vous nous donner une estimation en gros du nombre de chars de

  9   l'armée yougoslave que vous avez vus ce jour-là ?

 10   R.  Trois.

 11   Q.  Témoin, il est exact que ces chars étaient accompagnés par des soldats

 12   de l'armée yougoslave ?

 13   R.  C'est exact.

 14   Q.  Donc il serait juste de dire que l'armée yougoslave faisait partie de

 15   l'attaque contre Zvornik; est-ce que c'est exact ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Témoin, est-il exact que M. Dragan Nikolic était un commandant de la

 18   JNA ?

 19   R.  Oui, il l'était. Et je suis allée le voir personnellement.

 20   Q.  Est-ce que vous savez qu'il appartenait à la JNA ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Comment le saviez-vous ?

 23   R.  Parce que lui et ses soldats avaient été hébergés dans les locaux d'une

 24   société à Karakaj.

 25   Q.  Pourriez-vous nous dire où se trouve exactement Karakaj ?

 26   R.  Karakaj, c'est quand vous allez de Tuzla, Bijeljina, vers Zvornik. On

 27   voit d'abord Karakaj, puis 3 kilomètres plus loin, on atteint Zvornik.

 28   C'est là que se trouve Karakaj. Il y a un cimetière serbe là.

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  1   Q.  Et est-ce que vous nous dites aujourd'hui que les soldats de cette

  2   compagnie à Karakaj ont participé à l'attaque contre Zvornik ?

  3   R.  Oui, oui. Il y en avait un qui allait me tuer.

  4   Q.  Est-ce que vous avez pu reconnaître les uniformes de la

  5   JNA ?

  6   R.  Des uniformes de camouflage verts.

  7   Q.  Vous venez de dire que vous aviez parlé à M. Dragan Nikolai.

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Pendant cette conversation, vous a-t-il dit qu'il participait, en fait,

 10   à l'attaque sur Zvornik ?

 11   R.  Oui, il l'a fait.

 12   Q.  Témoin, est-il exact que feu votre mari travaillait pour une société à

 13   Zvornik ? Enfin, peut-être pourrait-on aller à huis clos.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Huis clos partiel. Huis clos partiel ou

 15   huis clos, c'est plus ou moins la même chose ici. Allons à huis clos

 16   partiel.

 17   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous y sommes, Monsieur le Président.

 18   [Audience à huis clos partiel]

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 13  Pages 2591-2594 expurgées. Audience à huis clos partiel.

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 14   [Audience publique]

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 16   M. KNOOPS : [interprétation]

 17   Q.  Témoin, lors de votre retour à Zvornik, qui avez-vous vu à Zvornik ?

 18   R.  Je suis revenue le huitième jour. Je suis simplement allée chercher des

 19   traces de mes -- enfin, je n'y suis pas retournée y vivre. On ne pouvait,

 20   d'ailleurs, pas retourner y vivre.

 21   Nous avons d'abord atteint Karakaj, puis on nous a envoyées voir

 22   Dragan Nikolic, et il nous a envoyées à Zvornik. Il nous a dit d'aller à

 23   Zvornik. Pour commencer, a-t-il dit -- (expurgé)

 24   (expurgé) était son nom, et il nous a dit : "S'ils n'ont pas

 25   d'armes, alors ils étaient probablement dans la bataille quelque part.

 26   S'ils ont des armes, ils ne se seraient pas trouvés dans un abri; ils se

 27   seraient trouvés dans des bois, comme vous." Et il a dit : "Nous allons

 28   garder une liste. Nous allons voir qui était en vie et qui a été capturé et

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  1   qui a été tué." Il a ordonné à un soldat d'aller chercher ces papiers. Il

  2   les a regardés et il a dit : "Il n'est pas sur la liste, ni parmi les

  3   captifs, ni parmi les tués." Et il a dit : "Ils ont dû pouvoir s'échapper

  4   quelque part et ils ont dû aller se cacher dans les bois." Maintenant,

  5   comment est-ce qu'ils auraient pu aller se cacher dans les bois lorsqu'ils

  6   avaient été encerclés et lorsqu'ils avaient été alignés sur le mur ? En

  7   tous les cas, il a dit : "Allez parler au président." Et nous sommes allées

  8   parler à Grujic, et Grujic a dit que nous pouvions aller à l'appartement --

  9   Q.  Témoin, excusez-moi. Je pense que vous allez au-delà de la question.

 10   Excusez-moi si je vous interromps. Ma question, c'était : lors de votre

 11   retour à Zvornik, vous avez vu des soldats de la JNA qui tuaient des gens à

 12   Zvornik; c'est exact ?

 13   R.  Il y avait des morts partout; des gens de chez nous, des femmes, des

 14   enfants. Il y en avait partout. Oui, ils les ont tués, effectivement. Ils

 15   ont essayé de nous tuer aussi, lorsque nous avons essayé de retrouver les

 16   nôtres. C'est ce même Dragan, il a envoyé chercher un camion, et il y en

 17   avait quatre et ils sont arrivés au bâtiment avant notre arrivée, parce que

 18   nous étions à pied. Nous sommes arrivés à ce moment-là à l'entrée de la

 19   maison où il y a l'escalier, et les trois autres étaient en train

 20   d'emporter des choses de la voiture ou du camion, divers effets et autres

 21   choses.

 22   Q.  Madame, je ne veux pas être impoli, mais ma question est simplement :

 23   est-ce que vous vous rappelez qu'après votre retour à Zvornik, vous avez vu

 24   des soldats de la JNA qui se trouvaient encore à Zvornik en train de tuer

 25   des civils ? Pourriez-vous, s'il vous plaît, répondre à la question par un

 26   oui ou par un non. Ça m'aiderait. Merci.

 27   R.  Oui. Oui.

 28   Q.  Merci.

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  1   M. KNOOPS : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres

  2   questions pour ce témoin.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Maître Knoops.

  4   Maître Petrovic, c'est votre tour ? Bon.

  5   Témoin JF-007, vous allez maintenant être contre-interrogée par Me

  6   Petkovic. Me Petkovic est conseil pour la Défense de M. Simatovic, et vous

  7   le voyez à votre gauche. Il est debout.

  8   Allez-y, Maître Petrovic.

  9   M. PETROVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 10   Contre-interrogatoire par M. Petrovic :

 11   Q.  [interprétation] Témoin JF-007, je voudrais tout d'abord, au nom de M.

 12   Simatovic et de son équipe de la Défense, exprimer nos condoléances pour la

 13   terrible perte que vous avez subie dans la situation dans laquelle vous

 14   vous êtes trouvée et dont vous avez parlé aujourd'hui, et je vais

 15   simplement vous poser quelques questions qui visent à élucider ou éclairer

 16   les circonstances, circonstances importantes pour le présent procès et pour

 17   rien d'autre, non pas pour mettre quoi que ce soit en question ou protester

 18   quoi que ce soit de cette tragédie qui vous est arrivée ce jour-là.

 19   M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, pourrait-on aller en

 20   audience à huis clos partiel, s'il vous plaît.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Huis clos partiel.

 22   M. LE GREFFIER : [interprétation] Huis clos partiel.

 23   [Audience à huis clos partiel]

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 18   [Audience publique]

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 20   Madame le Témoin, si vous souhaitez dire quelque chose concernant la

 21   question qui a fait l'objet de cette discussion avant que l'on ne retourne

 22   en audience publique, il faudrait passer à huis clos partiel. Est-ce que

 23   vous vouliez ajouter quelque chose sur ce sujet ou vous vouliez dire autre

 24   chose ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Concernant les autorités du gouvernement qui

 26   affirment que j'ai donné des déclarations --

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un instant. Un instant. Nous allons

 28   revenir en audience à huis clos partiel, alors.

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  1  [Audience à huis clos partiel]

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  1   [Audience publique]

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Greffier.

  3   Témoin JF-007, vous avez répondu à toutes les questions qui vous ont

  4   été posées par les parties ainsi qu'aux quelques questions qui vous ont été

  5   posées par les Juges. La Chambre comprend tout à fait à quel point il doit

  6   être difficile pour vous de venir ici discuter des événements que vous

  7   venez de décrire, ce qui, bien entendu, a laissé une empreinte très

  8   importante sur votre vie. Les Juges de la Chambre tiennent à vous remercier

  9   de tout cœur d'être venue au Tribunal pour apporter votre témoignage, et

 10   nous vous souhaitons un bon retour en toute sécurité à votre domicile.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie. J'aimerais aussi ajouter

 12   quelques mots, si vous me le permettez.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dites quelques mots s'ils sont

 14   convenables dans un prétoire.

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 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce que vous venez de dire est

 24   suffisamment clair. Vous ne reconnaissez pas ce gouvernement-là.

 25   S'il y a d'autres questions qui se posent en rapport avec cette question,

 26   la Chambre se penchera avec le plus grand soin sur tous les problèmes. Pour

 27   le moment, nous n'avons encore rendu aucune décision définitive sur ce

 28   sujet.

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  1   Avez-vous autre chose à dire ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Bien, qu'on interroge mon gouvernement, mon

  3   gouvernement, pas le gouvernement serbe, pour lui demander si j'ai fait une

  4   déclaration. Seulement ça, parce que c'est cela qui me fait le plus

  5   souffrir. Ce qui me fait souffrir, ce sont que mes enfants aient été tués,

  6   et ce qui me fait souffrir aussi, c'est qu'on dit que j'ai transmis ce

  7   document à mon gouvernement alors que je ne l'ai jamais fait, et je ne

  8   cesserai de le dire et de le répéter. Je le répète. Voilà.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci d'avoir ajouté ces quelques mots,

 10   Témoin. Vous êtes maintenant invitée à suivre Mme l'Huissière. Je vous

 11   renouvelle nos vœux de bon retour chez vous.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci beaucoup.

 13   [Le témoin se retire]

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Stanisic, M. Knoops aimerait

 15   poser quelques questions au médecin qui remplace le Dr Eekhof. Le médecin

 16   arrivera à 18 heures environ et ne pourra pas s'attarder très longtemps.

 17   Est-ce qu'une pause de 20 minutes vous suffirait ? Et je crois comprendre

 18   qu'une fois que nous aurons entendu le médecin, la séance s'achèvera assez

 19   rapidement en fonction des réponses que nous obtiendrons en 12 ou 13

 20   minutes. Est-ce qu'une pause courte vous conviendrait, de façon à ne pas

 21   faire attendre le médecin trop longtemps ?

 22   L'ACCUSÉ STANISIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je voulais

 23   vous demander une pause de 15 minutes pour me reposer un peu.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Nous allons faire une pause

 25   et reprendre à 18 heures 25.

 26   --- L'audience est suspendue à 18 heures 08.

 27   --- L'audience est reprise à 18 heures 30.

 28   [Le Dr Rowell est introduit dans le prétoire]

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Docteur Rowell. Je tiens

  2   d'abord à vous remercier pour être venu si rapidement jusqu'à ce prétoire.

  3   J'aimerais demander aux parties s'il est indispensable de demander au

  4   médecin de prononcer une déclaration solennelle.

  5   M. GROOME : [interprétation] L'Accusation ne pense pas que ce soit

  6   indispensable, Monsieur le Président.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Je vois que la Défense est

  8   d'accord avec cet avis.

  9   Docteur Rowell, le Dr Eekhof a rédigé deux rapports, dont le premier date

 10   du 20 novembre et le second, du 2 décembre 2009, joints à une requête de

 11   demande de liberté conditionnelle déposée par la Défense Stanisic. La

 12   Défense Stanisic, bien qu'étant consciente que vous n'êtes pas l'auteur de

 13   ces deux rapports médicaux, a néanmoins dit aujourd'hui qu'elle insiste

 14   pour vous poser des questions.

 15   La Chambre s'est enquise de savoir si vous pourriez être disponible

 16   ou pas. La réponse qui a été transmise aux Juges consistait à dire qu'il

 17   vous serait très difficile de commenter des rapports médicaux rédigés par

 18   un collègue à vous et que vous n'auriez sans doute pas grand-chose à dire à

 19   ce sujet, mais les Juges de la Chambre ont pris note de l'insistance de la

 20   Défense Stanisic à vous poser des questions. Par conséquent, c'est Me

 21   Jordash, je suppose, qui aura des questions à vous poser. Est-ce que il y

 22   aura des questions de suivi de la part de d'autres personnes présentes dans

 23   le prétoire, cela demeure à déterminer.

 24   M. JORDASH : [interprétation] Je vous remercie, Docteur, d'être venu. Nous

 25   apprécions grandement votre présence dans ce prétoire. J'aimerais vous

 26   poser quelques brèves questions, je ne serai pas long. Je me rends bien

 27   compte et j'apprécie que vous ayez accepté de venir si tard ce soir dans ce

 28   prétoire.

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  1   D'abord, j'aimerais simplement comprendre ce que vous savez du dossier

  2   médical de M. Stanisic.

  3   DR ROWELL : [interprétation] J'ai lu son dossier aujourd'hui ainsi qu'il y

  4   a quelques mois lorsque j'avais la qualité de responsable des rapports

  5   médicaux directs.

  6   M. JORDASH : [interprétation] Est-ce que la première fois ou cette fois-ci,

  7   vous avez eu la possibilité de vous entretenir avec l'un des médecins

  8   traitants ou avec le Dr Eekhof ?

  9   DR ROWELL : [interprétation] J'ai rapidement échangé quelques mots avec le

 10   Dr Eekhof aujourd'hui.

 11   M. JORDASH : [interprétation] Pouvez-vous nous parler des éléments sur

 12   lesquels le Dr Eekhof a fondé son avis ?

 13   DR ROWELL : [interprétation] Non. Je me suis contenté de lire ce qui était

 14   inscrit dans le dossier médical.

 15   M. JORDASH : [interprétation] Mais vous n'avez pas pu parler avec lui de

 16   tout cela ? Vous ne vous êtes pas entretenu avec lui sur ce sujet ?

 17   DR ROWELL : [interprétation] J'ai parlé avec lui de sa moto, qui était

 18   couverte de glace, mais c'est tout.

 19   M. JORDASH : [interprétation] Je l'ai vu aussi, et nous avons eu la même

 20   conversation.

 21   Vous aurez constaté dans le rapport médical, je suis sûr, que l'état de M.

 22   Stanisic s'améliore régulièrement depuis son retour au quartier

 23   pénitentiaire des Nations Unies le 4 mai 2009.

 24   DR ROWELL : [interprétation] Oui.

 25   M. JORDASH : [interprétation] Et ceci est régulier. Il est exact que cette

 26   amélioration régulière concerne aussi bien sa maladie physique que son état

 27   de santé mentale ?

 28   DR ROWELL : [interprétation] Il va de mieux en mieux, aussi bien sur le

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  1   plan personnel, puisque c'est moi qui l'ai vu la première fois et je l'ai

  2   revu également il y a peu de temps. L'amélioration la plus importante se

  3   situe au niveau psychologique. Quant à son état physique, il est

  4   relativement stable.

  5   M. JORDASH : [interprétation] Est-ce que vous avez lu les deux rapports

  6   déposés par le Dr Eekhof, celui du 20 novembre et celui du 2 décembre ?

  7   DR ROWELL : [interprétation] Oui.

  8   M. JORDASH : [interprétation] Je vais faire référence à celui du 20

  9   novembre 2009. Le Dr Eekhof, ainsi que le Dr Petrovic, estiment que la

 10   solution des problèmes importants dont M. Stanisic avait rendu compte à ses

 11   médecins entraînerait un stress réduit et, par conséquent, conduirait à une

 12   amélioration de son état. On vient de me rappeler que si nous devons parler

 13   d'éléments personnels relatifs à M. Stanisic --

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Les informations personnelles ne sont

 15   pas destinées au public.

 16   M. JORDASH : [interprétation] Exactement.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc passons à huis clos partiel.

 18   M. JORDASH : [interprétation] Je vous remercie.

 19   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes à

 20   présent en audience à huis clos partiel.

 21   [Audience à huis clos partiel]

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  9   [Audience publique]

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Greffier.

 11   M. JORDASH : [interprétation] Enfin, Docteur, le point suivant : ayant lu

 12   les dossiers médicaux de M. Stanisic et constaté l'amélioration qui s'est

 13   produite au cours des sept derniers mois, êtes-vous en mesure de donner aux

 14   Juges de la Chambre une indication de la solidité de cette amélioration ?

 15   Ce que je veux dire c'est que  nous demandons une liberté conditionnelle

 16   depuis quatre semaines. Quels sont les risques, étant donné la progression

 17   de la maladie et les risques d'une dégradation importante ou autre dans un

 18   délai de quatre mois ?

 19   DR ROWELL : [interprétation] Malheureusement, je ne pense pas que je puisse

 20   spéculer sur ce point et vous donner quelque élément d'information certain.

 21   Il va mieux, c'est sûr, sur le plan psychologique, depuis que ses

 22   médicaments ont été modifiés, et peut-être y a-t-il eu une légère

 23   modification dans son approche de l'unité de détention. Il est certainement

 24   mieux à même de réagir aux éléments qui le stressent dans sa vie au

 25   quotidien, d'une certaine façon. Donc je pense qu'il est plus capable de le

 26   faire qu'il ne l'était par le passé. Mais la seule façon de répondre à

 27   votre question, c'est de voir ce qui va se passer à l'avenir.

 28   M. JORDASH : [interprétation] Est-ce que votre réponse serait la même si au

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  1   lieu de quatre semaines je vous parlais de deux semaines ?

  2   DR ROWELL : [interprétation] Je ne pense pas que cela ferait une grande

  3   différence. Je ne pense pas que je peux vraiment commenter ce point ou que

  4   je sois capable de traiter de cette question. Si les choses vont bien,

  5   alors le délai peut s'allonger. Si les choses vont mal depuis le début, le

  6   délai sera plus court. Donc il faut simplement attendre et voir ce qui va

  7   se passer. Il faut essayer et voir.

  8   M. JORDASH : [interprétation] Dernière question, je pense peut-être est-

  9   elle hypothétique, mais je vais essayer. Si une dégradation observable se

 10   produisait, est-ce qu'il faudrait en rendre compte immédiatement à la

 11   Chambre de première instance ?

 12   DR ROWELL : [interprétation] Je pense que s'il est observable, oui, il

 13   pourrait rétrograder par rapport à son état actuel. La personne qui est

 14   responsable de l'évaluation devrait procéder à une nouvelle évaluation

 15   avant qu'une quelconque valeur puisse être associée à cette appréciation

 16   avant communication aux Juges.

 17   M. JORDASH : [interprétation] Etes-vous en mesure de nous dire -- enfin, je

 18   vais reformuler.

 19   Est-ce qu'un rapport de plusieurs semaines risquerait de mettre en

 20   lumière des signes de dégradation, et est-ce que, dans ce cas-là, la

 21   Chambre de première instance pourrait se saisir de la question ?

 22   DR ROWELL : [interprétation] Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris

 23   ce que vous voulez dire, mais s'il est évalué régulièrement, on pourrait

 24   voir quelles sont les causes de la dégradation et y mettre un terme.

 25   M. JORDASH : [interprétation] Je vous remercie de vos réponses très

 26   claires, plus claires que ma question, je me rends bien compte. Je vous

 27   remercie, Docteur. Je n'ai plus de questions.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, des questions ?

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  1   M. GROOME : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous pourriez être bref, car

  3   nous savons que le médecin a un rendez-vous.

  4   M. GROOME : [interprétation] Je ferai de mon mieux, Docteur.

  5   Docteur, sans entrer dans la nature détaillée des problèmes et des dossiers

  6   médicaux, vous avez dit que M. Stanisic affirmait que ses problèmes

  7   "étaient un élément important et qu'il serait difficile a quiconque de dire

  8   le contraire."

  9   Est-ce que je peux conclure, à vous entendre, qu'une grande partie de

 10   l'appréciation du rôle que les problèmes personnels de M. Stanisic joue

 11   dans son état de santé générale, vient de M. Stanisic en tant que tel ?

 12   DR ROWELL : [interprétation] Oui et non. En tant que clinicien, la

 13   première fois que je vois un patient et que je connais assez mal le

 14   contexte de son cas, je dois m'en tenir à ce qu'on me dit. Mais plus on

 15   connaît quelqu'un, plus on peut juger de son comportement dans diverses

 16   circonstances. Plus on peut se dire -- en tout cas, c'est mon expérience

 17   personnelle, que ce qu'on entend de sa bouche est exact ou pas. Je ne l'ai

 18   vu que très brièvement. Je suis donc dans l'obligation d'admettre son avis

 19   comme étant exact.

 20   M. GROOME : [interprétation] Est-ce que vous vous êtes formé un avis

 21   personnel dans cette affaire sur ce point particulier ?

 22   DR ROWELL : [interprétation] Oui. Il affirme que ces problèmes sont

 23   importants pour lui, et je n'ai aucune raison de penser le contraire. Je

 24   n'ai pas non plus la moindre raison de ne pas admettre l'avis du Dr Eekhof,

 25   et le Dr Eekhof, lui, l'a rencontré assez souvent.

 26   M. GROOME : [interprétation] Mais à quel point est-il raisonnable de

 27   s'attendre à ce qu'un individu puisse résoudre ce que vous avez qualifié,

 28   si je ne m'abuse, d'un problème personnel très complexe ? A quel point est-

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  1   il raisonnable de s'attendre à ce qu'une personne puisse résoudre de tels

  2   problèmes pendant une visite de courte durée ?

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, est-ce que nous

  4   pourrions ajouter cette question, à savoir dans quelle mesure les

  5   renseignements et la connaissance professionnelle d'un médecin va vous

  6   permettre d'exprimer une attente par rapport à la possibilité pour un

  7   individu de résoudre ses problèmes, étant donné qu'ils ont été qualifiés de

  8   complexes.

  9   Je crois que d'après votre question et d'après ma question également,

 10   Monsieur Groome, il est clair que la profession médicale estime ne pas

 11   pouvoir dire à l'avance : "Si vous rentrez à la maison, les choses iront

 12   mieux", car elle peut dire également : "Elles iront moins bien." Votre

 13   connaissance professionnelle, si vous la preniez comme base, est-ce que

 14   vous pouvez peut-être dire qu'une confrontation plus directe avec les

 15   problèmes créerait un risque de dégradation de l'état de santé ou que

 16   quelqu'un peut espérer qu'en raison de cela il ira mieux ? Je vous demande

 17   votre appréciation, non pas en tant qu'être humain normal, mais en tant que

 18   médecin.

 19   Monsieur Groome, est-ce que vous pourriez formuler votre question dans ces

 20   termes ?

 21   M. GROOME : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Veuillez procéder.

 23   Veuillez répondre à la question, Docteur.

 24   DR ROWELL : [interprétation] Je ne pense pas que quiconque puisse dire s'il

 25   ira mieux ou moins bien en dehors de tout contexte, et je ne pense pas que

 26   ce soit une question médicale.

 27   Mais d'un point de vue médical, tout ce que je peux dire, c'est que s'il

 28   est suffisamment capable sur le plan psychologique de traiter de ses

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  1   problèmes pendant quelques mois ou pendant une autre durée, parce qu'il y a

  2   quelques mois il n'était pas en mesure de traiter de toutes ces questions.

  3   Voilà ce que je dirais. Je ne peux pas vous en dire plus. Je ne peux pas

  4   spéculer sur le fait que ceci sera utile ou pas, mais je proposerais

  5   qu'étant donné l'enthousiasme qu'il a manifesté par rapport à tous ces

  6   problèmes, il y a une forte probabilité qu'il réussisse à les résoudre,

  7   également une forte probabilité qu'il ne puisse pas le faire. Sur le plan

  8   psychologique, c'est mon appréciation médicale, étant donné l'enthousiasme

  9   qui présidait à l'évaluation qui a été faite la première fois. Je pense

 10   qu'il y a de bonnes chances qu'il aille mieux, mais ce n'est finalement que

 11   la spéculation.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Toutes les questions de suivi à cet

 13   égard seront posées par les Juges.

 14   J'aimerais que nous passions à huis clos partiel.

 15   M. GROOME : [interprétation] Je m'en remets à la Chambre, Monsieur le

 16   Président. J'allais poser une question un peu différente.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Huis clos partiel, je vous prie.

 18   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

 19   [Audience à huis clos partiel]

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 24   [Audience publique]

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une question. Lorsque vous avez entendu

 26   la question de Me Jordash quant à la constatation d'une dégradation de son

 27   état, est-ce que vous pensiez à quelqu'un qui était surveillé constamment

 28   au quartier pénitentiaire des Nations Unies ou à quelqu'un qui vient à

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  1   l'hôpital peut-être deux fois par semaine ou une heure ou deux heures par

  2   semaine ?

  3   DR ROWELL : [interprétation] Je pense que n'importe quelle personne qui se

  4   penche sur ce cas est capable d'apprécier l'état de santé mentale de cette

  5   personne assez rapidement et peut constater une amélioration au fil des

  6   jours ou une dégradation, selon les éléments de stress impliqués. Donc si

  7   nous devions nous diriger vers une liberté conditionnelle et traiter des

  8   problèmes qu'il souhaite traiter et qui ont provoqué chez lui un stress

  9   important, il pourrait également commencer à fonctionner très bien.

 10   D'ailleurs, les signes d'amélioration sont déjà visibles. Même commentaire

 11   au sujet de la situation au quartier pénitentiaire. S'il y avait des

 12   éléments de stress qui ont influé sur son fonctionnement général et que ces

 13   éléments disparaissent, l'état s'améliorera.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais il n'est pas surveillé

 15   constamment, donc on ne peut pas constater de dégradation  parfois dans ces

 16   conditions. Est-ce que vous pensez qu'il faudrait que quelqu'un passe le

 17   voir toutes les heures ou toutes les trois heures ?

 18   DR ROWELL : [interprétation] Quelqu'un qui le suivrait sur le plan clinique

 19   le ferait. Je ne pense pas que ce soit nécessaire de le faire toutes les

 20   heures, mais un représentant du corps médical qui voudrait apprécier

 21   l'évolution de son état mental vous dirait que ce serait préférable. Or,

 22   nous l'avons vu la dernière fois il y a quelques jours à peine.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 24   Monsieur Groome, d'autres questions ?

 25   M. GROOME : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je vous remercie.

 26   Docteur Rowell, dans le rapport que vous avez déposé aujourd'hui, vous

 27   estimez que M. Stanisic est suffisamment en bon état de santé physique et

 28   psychologique pour participer aux audiences avec un maximum de cinq heures

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  1   par jour et de deux jours par semaine; c'est bien ça ?

  2   DR ROWELL : [interprétation] Quelqu'un Oui, c'est exact.

  3   M. GROOME : [interprétation] En page 84, ligne 22 du compte rendu, vous

  4   avez déclaré, je cite :

  5   "Si les choses vont mal," et je parle de ce que vous avez dit au sujet de

  6   la liberté conditionnelle, "alors la durée sera plus courte."

  7   Je suppose que vous admettez que même dans la situation médicale où se

  8   trouve M. Stanisic aujourd'hui et dans sa situation psychiatrique, si ses

  9   traitements étaient maintenus à la perfection, il y aurait tout de même la

 10   possibilité que régler ses problèmes personnels puisse entraîner une

 11   dégradation de son état de santé général, n'est-ce pas ?

 12   DR ROWELL : [interprétation] Oui, c'est exact.

 13   M. GROOME : [interprétation] Alors, mettons les problèmes personnels de

 14   côté, et je vous demande si tous les traitements physiques qu'il reçoit

 15   étaient interrompus du jour au lendemain, combien de temps faudrait-il,

 16   d'après vous, pour constater des signes observables de dégradation de sa

 17   santé physique ?

 18   DR ROWELL : [interprétation] Je ne pense pas que je puisse répondre à cette

 19   question. Je ne suis pas expert eu égard aux détails de son état de santé,

 20   et j'aurais besoin de revoir son dossier médical plus en détail avant de

 21   répondre. Cela n'a jamais été un problème sur lequel je me suis penché.

 22   M. GROOME : [interprétation] Etes-vous en mesure de nous dire quelque

 23   chose, rapidement, ou est-ce qu'il faudrait plusieurs mois ou plusieurs

 24   semaines ? Combien de temps faudrait-il pour observer cette dégradation ?

 25   DR ROWELL : [interprétation] Encore une fois, je pense que c'est une

 26   question qu'il conviendrait de poser à son médecin actuel, qui est la

 27   principale personne susceptible de commenter les effets des médicaments qui

 28   lui sont administrés, son gastro-entérologue.

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  1   M. GROOME : [interprétation] Est-ce que vous pourriez nous donner un

  2   point de vue eu égard à son traitement psychiatrique ? Si on l'interrompait

  3   du jour au lendemain, est-ce que vous auriez un avis quant au délai

  4   nécessaire avant de voir une dégradation ?

  5   DR ROWELL : [interprétation] Je pense qu'il faudrait plusieurs semaines,

  6   sur la base des médicaments qui lui sont administrés actuellement.

  7   M. GROOME : [interprétation] Plusieurs semaines ?

  8   Dr ROWELL : [interprétation] Une à deux semaines.

  9   M. GROOME : [interprétation] D'accord. S'il y avait dégradation --

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je regarde l'horloge. Vous avez dit que

 11   vous seriez bref.

 12   M. GROOME : [interprétation] Je n'ai plus qu'une question.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le Dr Rowell a raté son rendez-vous

 14   déjà, ce que je regrette, mais M. Groome a encore une question.

 15   M. GROOME : [interprétation] S'il y avait dégradation de son état

 16   psychiatrique ou physique lors de sa libération conditionnelle, est-ce

 17   qu'il serait capable de participer aux audiences, combien de temps

 18   faudrait-il pour que son état physique et psychologique s'améliore de façon

 19   à être au même niveau qu'aujourd'hui, d'après vous ?

 20   DR ROWELL : [interprétation] Je ne pense pas que je puisse faire cette

 21   appréciation. Tout dépendrait de l'évolution de la situation et de la

 22   possibilité que ses problèmes soient réglés ou pas ainsi que du traitement

 23   qui lui est administré, des médicaments et des raisons qui motivent son

 24   état. Donc je ne peux pas répondre, je le crains.

 25   M. GROOME : [interprétation] Merci, Docteur Rowell. Je n'ai plus de

 26   questions.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La Chambre n'a pas de questions à vous

 28   poser, Monsieur Rowell. Nous tenons à vous remercier des éléments

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  1   d'information supplémentaires que vous avez apportés à la Chambre, et nous

  2   vous présentons nos excuses pour ce rendez-vous que vous n'avez pu honorer.

  3   Donc nos excuses aux personnes ou à la personne qui vous attend également.

  4   Je vous remercie d'être venu.

  5   DR ROWELL : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

  6   [Le Dr Rowell se retire]

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous sommes sur le point de suspendre.

  8   Je crois comprendre que le témoin suivant est prévu pour être entendu peu

  9   de temps, donc nous pouvons croire que sa déposition s'achèvera demain.

 10   M. GROOME : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président.

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  4   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je viens de donner -- au greffier

  6   d'audience.

  7   Est-ce qu'il y a d'autres questions à soulever ?

  8   M. GROOME : [interprétation] Oui, très brièvement, Monsieur le Président.

  9   Au début de l'audience d'aujourd'hui, l'Accusation a demandé le versement

 10   de la carte 27 du livre de cartes de Zvornik, et même s'il n'y a pas

 11   d'objection, je crois que la Chambre n'avait pas statué sur cette question,

 12   donc je ne voulais pas que l'on oublie ce fait.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais au même moment, cette carte --

 14   en fait, il nous faudra d'abord -- en fait, je ne vois pas grand-chose sur

 15   la carte qui pourrait nous être utile, outre le fait de voir que Tuzla se

 16   trouve sur la carte. A l'exception de cela, je ne vois vraiment pas de

 17   raisons pour lesquelles vous aimeriez demander le versement de cette carte

 18   au dossier.

 19   M. GROOME : [interprétation] Oui, je crois également que cette carte nous

 20   indique les frontières entre la Serbie et la Bosnie-Herzégovine, mais je

 21   crois que d'une générale, ceci peut aider les Juges de la Chambre à

 22   s'orienter par rapport à Zvornik.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien, alors.

 24   [La Chambre de première instance se concerte]

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce qu'il y a des objections quant au

 26   versement au dossier de cette pièce ?

 27   M. JORDASH : [interprétation] Pas d'objection.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

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  1   M. LE GREFFIER : [interprétation] Cette pièce portera la cote P109.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce P109 est versée au dossier.

  3   J'aimerais que l'on trouve une façon de ne pas, à chaque fois que l'on

  4   veuille admettre ou faire verser une carte au dossier, de procéder de la

  5   sorte. On pourrait peut-être trouver un moyen plus facile --

  6   M. GROOME : [interprétation] Excusez-moi, je ne comprends pas votre dernier

  7   commentaire. Vous aimeriez que l'Accusation vous identifie quelle partie de

  8   la carte nous intéresse spécifiquement ?

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non. En fait, je voulais simplement dire

 10   que ces cartes ne devraient pas être vues de cette façon-là ou traitées de

 11   cette façon-là. En fait, si elles ne sont pas pertinentes, on pourrait

 12   peut-être demander le versement au dossier d'une série de cartes, les

 13   verser au dossier ensemble, parce que maintenant, nous trouvons des cartes

 14   qui ne sont pas encore versées au dossier, ensuite nous pouvons trouver

 15   quelque chose qui semble être pertinent mais qui ne se trouve pas encore au

 16   dossier.

 17   M. GROOME : [interprétation] Justement, nous allons nous rencontrer demain

 18   matin avec les collègues de la Défense et nous allons en parler.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, je parle seulement de cartes

 20   géographiques, c'est tout. Je ne parle pas d'autres questions. Si vous

 21   pouvez vous mettre d'accord sur ce point, cela serait fort utile.

 22   Oui, Maître Jordash.

 23   M. JORDASH : [interprétation] Monsieur le Président, en fait, j'ai une

 24   autre objection. Je voudrais revenir sur la question de la liberté

 25   conditionnelle. En fait, je suis vraiment désolé de le faire maintenant, et

 26   le Dr Rowell est déjà parti --

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je comprends, mais il est déjà 19

 28   heures 05, et je crois que nous sommes en train de déjà demander beaucoup

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  1   trop de nos interprètes. Alors, demain, si j'ai bien compris, nous aurons

  2   quelque temps, un peu plus de temps, et nous pourrons traiter de ces

  3   questions demain.

  4   M. GROOME : [interprétation] Oui, je crois que vous avez raison, Monsieur

  5   le Président.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Alors, vous allez pouvoir

  7   nous présenter vos arguments demain. De combien de temps aurez-vous besoin

  8   ?

  9   M. JORDASH : [interprétation] Deux minutes.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais pas maintenant, vu l'heure.

 11   Alors peut-être que je pourrais vous accorder deux minutes avant la

 12   première pause, et vous pourrez m'informer de ce que vous voulez dire.

 13   M. JORDASH : [interprétation] Merci.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, il est certain que la Chambre

 15   réfléchira sur la question, et avant les vacances judiciaires, la Chambre

 16   décidera sur cette question.

 17   Alors, nous allons lever la séance aujourd'hui et nous reprendrons nos

 18   travaux demain, le 15 décembre à 14 heures 15, dans la salle d'audience -

 19   permettez-moi de vérifier.

 20   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, c'est dans cette même salle

 22   d'audience que nous nous retrouverons demain.

 23   --- L'audience est levée à 19 heures 08 et reprendra le mardi 15 décembre

 24   2009, à 14 heures 15.

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