Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 10472

  1   Le jeudi 16 décembre 2010

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 19.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à tous. Madame la Greffière,

  6   veuillez citer l'affaire, s'il vous plaît.

  7   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame

  8   le Juge. Il s'agit de l'affaire IT-03-69-T, le Procureur contre Jovica

  9   Stanisic et Franko Simatovic.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Madame la Greffière.

 11   Il y a deux Juges qui siègent cet après-midi. Mme le Juge Picard ne

 12   peut pas assister à l'audience d'aujourd'hui, et Mme le Juge Gwaunza et

 13   moi-même nous sommes penchés sur la question de savoir s'il était utile

 14   d'assister à l'audience d'aujourd'hui, et nous avons estimé qu'il serait

 15   utile que l'audience d'aujourd'hui se poursuivre. Nous allons donc

 16   reprendre.

 17   [Le témoin vient à la barre]

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à vous. Veuillez vous asseoir,

 19   Monsieur Stoparic. Monsieur Stoparic, je souhaite vous rappeler que vous

 20   êtes toujours tenu par la déclaration solennelle que vous avez faite au

 21   début de votre déposition, à savoir que vous allez dire la vérité, toute la

 22   vérité et rien que la vérité.

 23   Me Jordash va maintenant, si j'ai bien compris, poursuivre son contre-

 24   interrogatoire pendant cinq minutes. Y a-t-il eu des échanges entre les

 25   parties sur le temps de l'audience d'aujourd'hui ?

 26   M. BAKRAC : [interprétation] Monsieur le Président, d'après ce que j'ai

 27   compris, M. Groome nous a dit qu'il lui faut cinq minutes. J'espère que

 28   rien au niveau de mes questions ne rallongera ce temps-là. Donc nous sommes

Page 10473

  1   quasiment sûrs de pouvoir terminer aujourd'hui.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  3   [La Chambre de première instance se concerte]

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Eventuellement, il y aura des questions

  5   des Juges de la Chambre, mais ceci ne prendra pas beaucoup de temps.

  6   Maître Jordash, veuillez poursuivre.

  7   LE TÉMOIN : GORAN STOPARIC [Reprise]

  8   [Le témoin répond par l'interprète]

  9   Contre-interrogatoire par M. Jordash : [Suite]

 10   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

 11   R.  Bonjour à vous.

 12   Q.  Vous avez dit aux Juges de la Chambre il y a deux jours que vous avez

 13   reçu un troisième salaire directement de Boca; est-ce exact ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Vous avez également dit que ce paiement direct a été effectué à

 16   l'intention d'autres membres des Skorpions, un petit nombre; c'est exact ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Et parmi ces hommes qui ont reçu ce paiement, il y avait quelques

 19   hommes qui lui étaient apparentés. Ces hommes qui ont tiré sur ces victimes

 20   malheureuses ont-ils reçu un paiement analogue de Medic ? Etait-ce à ces

 21   hommes-là que vous pensiez ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Comment se fait-il alors que vous et -- eh bien, parlons de vous. Vous

 24   étiez sur les lieux au moment où les victimes, les prisonniers, ont été

 25   remis plutôt que d'être avec le groupe des Skorpions sur la ligne de front

 26   ou au camp ? Y avait-il une raison à cela ?

 27   R.  J'ai quitté le front en compagnie d'un autre homme, et nous sommes

 28   descendus jusqu'à la base, et ensuite je me suis rendu dans notre centre de

Page 10474

  1   transmission pour reprendre les batteries qui avaient été rechargées pour

  2   pouvoir les utiliser avec notre matériel de transmission, et j'ai également

  3   pris une ou deux bouteilles de jus de fruits et quelques cigarettes, et

  4   j'étais censé emporter tout cela sur la ligne de front.

  5   Q.  Je vois. Et les autres hommes, y compris les auteurs de ces crimes, eh

  6   bien, serait-il exact de décrire qu'il s'agissait plutôt d'aides de corps

  7   de Medic ?

  8   R.  Aleksandar Vukovar était officiellement son aide de corps, il était

  9   responsable du front. Mais vous avez raison, on pourrait tout à fait dire

 10   qu'il s'agissait d'aides en quelque sorte.

 11   Q.  Et certains ont même dormi à l'endroit où Boca était cantonné ?

 12   R.  Je crois qu'ils dormaient tous dans la même maison.

 13   Q.  Ah bon. Y avait-il une raison à cela, une raison particulière, ou

 14   était-ce simplement parce qu'ils avaient des rapports amicaux avec Boca ?

 15   R.  Alors, d'après ce que je sais, leur rôle consistait à être des gardes

 16   du corps, et donc il était normal qu'ils dorment à proximité de lui.

 17   Q.  Merci. Je souhaite maintenant brièvement passer, et je n'ai que

 18   quelques questions à vous poser, à la question où nous nous sommes arrêtés

 19   hier.

 20   M. JORDASH : [interprétation] Pouvons-nous afficher à l'écran dans le

 21   prétoire électronique le 1D1733.

 22   Q.  Et nous avons parlé d'un passage de votre déposition devant le tribunal

 23   de Belgrade le 12 avril 2006, et vous avez laissé entendre que vous avez vu

 24   l'autocar partir plutôt que de voir le car arriver et d'avoir vu descendre

 25   les prisonniers. Vous souvenez-vous de cela ?

 26   R.  J'ai sans doute répondu à des questions des gens de là-bas. Je ne peux

 27   rien vous dire avec exactitude, ou je ne peux pas vous parler de ce que

 28   j'ai dit à l'époque.

Page 10475

  1   Q.  Est-ce que vous souhaitez que je vous rafraîchisse la mémoire ? Est-ce

  2   que vous souhaitez y réfléchir; vous pourriez peut-être nous donner votre

  3   meilleur témoignage aujourd'hui ? Est-ce possible que vous ayez vu

  4   l'autocar partir, ou l'avez-vous peut-être vu garé, ou l'avez-vous peut-

  5   être vu arriver ?

  6   R.  Je n'étais absolument pas près de l'autocar. L'autocar ne s'est pas

  7   approché des maisons parce qu'il n'y a pas de route goudronnée à cet

  8   endroit-là. Je sais à quelle heure l'autocar est arrivé et à quelle heure

  9   il est parti.

 10   Q.  Je vais vous poser une question légèrement différente dans ce cas : ai-

 11   je raison de dire que vous ne savez pas qui était à bord de l'autocar, à

 12   l'exception de, je crois, 15 prisonniers environ ? Vous n'avez pas pu bien

 13   voir qui était à bord de l'autocar ?

 14   R.  Je pense qu'il y avait des prisonniers et qu'il y avait des escortes.

 15   Q.  Bien, vous l'avez pensé, mais vous ne l'avez pas vu distinctement,

 16   n'est-ce pas ?

 17   R.  La distance était d'une centaine de mètres, voire peut-être même plus,

 18   et c'est l'image que j'avais devant les yeux.

 19   Q.  Je ne vous critique en cela aucunement, mais vous ne savez pas ce qui

 20   est advenu des personnes à bord de l'autocar après que l'autocar soit parti

 21   en laissant les 15 ?

 22   R.  Je ne sais rien au sujet du chiffre 15. Pourquoi évoquez-vous ce

 23   chiffre ? Je ne l'ai jamais évoqué moi-même.

 24   Q.  Pardonnez-moi, c'est peut-être une erreur que j'ai commise. Est-ce que

 25   -- n'y avait-il pas 15 prisonniers qui restaient, ils ont été emmenés à

 26   bord d'un camion, et ensuite six d'entre eux sont descendus, on les a fait

 27   descendre et ils ont été exécutés. N'est-ce pas ainsi que les choses se

 28   sont passées ?

Page 10476

  1   R.  Non.

  2   Q.  Donc il y avait juste les six hommes qui sont restés derrière, qui ne

  3   sont pas restés dans l'autocar; c'est exact ?

  4   R.  Je ne peux pas le confirmer parce qu'à ce moment-là, je n'ai pas compté

  5   les hommes. J'ai appris par la suite qu'il y a en avait six, mais au moment

  6   où ils sont venus, je ne sais pas combien ils étaient. Six, sept ou huit.

  7   Q.  Bien. Quel que soit leur nombre, ils ont tous été mis dans un camion et

  8   envoyés sur le lieu de leur exécution; c'est exact ?

  9   R.  Oui, ils ont été emmenés à bord d'un camion à proximité de l'endroit où

 10   ils ont été tués. Ils ont dû marcher un petit peu.

 11   Q.  Et cet incident vous a choqué, n'est-ce pas, c'est quelque chose qui ne

 12   s'était pas produit auparavant chez les Skorpions de Trnovo, n'est-ce pas ?

 13   R.  Eh bien, oui, c'était la toute première fois que j'ai entendu parler

 14   d'une telle chose, car même si je n'avais pas été le témoin oculaire de ce

 15   genre de choses, je l'aurais appris de toute façon.

 16   Q.  Et les autres Skorpions qui étaient à 4 ou 5 kilomètres de là ont-ils

 17   eu connaissance de cet incident; le savez-vous ?

 18   R.  Bien, oui, le jour même. Je dirais même à la minute même où l'incident

 19   s'est produit. Cet incident a eu un effet domino, et cela circulait de

 20   bouche-à-oreille. Ce type de message était transmis très rapidement.

 21   Q.  Etes-vous d'accord pour dire que les Skorpions étaient dans un état de

 22   choc général ?

 23   R.  Eh bien, tout dépend de qui a appris la nouvelle. Je ne sais pas

 24   comment vous décrire le sentiment qui prévalait, si c'était un état de choc

 25   ou pas. Je remercie Dieu de ne pas avoir été une des personnes qui a reçu

 26   l'ordre d'agir ainsi.

 27   Q.  Et ceci ne s'est jamais reproduit ? C'était un incident ponctuel chez

 28   les Skorpions; c'est exact ?

Page 10477

  1   R.  Malheureusement, cela n'est pas le cas. Il y a eu un autre incident de

  2   ce type au Kosovo.

  3   Q.  Vous voulez parler de l'incident au Kosovo en 1999 ?

  4   R.  Oui, à Podujevo.

  5   Q.  Alors pour finir, je vais vous poser une question à propos d'un ou deux

  6   de vos commentaires, qui figurent dans votre déclaration de l'année 2005.

  7   M. JORDASH : [interprétation] Pouvons-nous afficher la pièce P1703, s'il

  8   vous plaît, à la page 3 en anglais et à la page 3 en B/C/S. C'est dans le

  9   prétoire électronique également, me semble-t-il. Paragraphe 9.

 10   Q.  Vous pouvez voir sur ce document - prenez le temps de le lire en B/C/S

 11   - au paragraphe 9 on peut lire quelque chose d'un peu curieux, peut-être :

 12   "Boca a alors donné l'ordre d'enfermer les prisonniers à clé."

 13   Vous vous êtes-vous repéré ?

 14   R.  Très bien. J'ai lu le 9.

 15   Q.  Vous pouvez voir que vous avez dit dans votre déclaration que Boca a

 16   demandé à ce que les prisonniers soient enfermés à clé. Est-ce bien ce qui

 17   s'est passé, Boca a donné l'ordre d'enfermer les prisonniers à clé ?

 18   R.  Je crois que l'endroit était un garage avant, puisqu'il s'agissait

 19   d'une maison de campagne, et c'est là qu'ils ont été provisoirement

 20   enfermés, et après on les a fait monter à bord du camion.

 21   Q.  Se peut-il que Boca ait donné l'ordre qu'ils soient enfermés à clé, et

 22   qu'avant d'être enfermés à clé, un des auteurs ait pris la décision de les

 23   tuer, désobéissant ainsi à l'ordre de Boca ?

 24   R.  Non, non.

 25   Q.  Pour finir, et je me rends compte du fait --

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Jordash, étant donné que nous

 27   sommes sur cette page 1 703, la question des 15 hommes est quelque chose

 28   qui n'a jamais été évoqué avant aujourd'hui. Je souhaite vous demander de

Page 10478

  1   vous reporter à la page 12 de ce document.

  2   M. JORDASH : [interprétation] Je vais poser une ou deux questions à ce

  3   sujet.

  4   Q.  Voyez-vous le paragraphe 12, Monsieur le Témoin ?

  5   M. JORDASH : [aucune interprétation]

  6   Q.  Veuillez regarder le paragraphe 12 du texte en B/C/S, s'il vous plaît,

  7   et plus particulièrement --

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Le numéro 15. C'est la raison pour laquelle je vous ai demandé si oui

 10   ou non la décision a été prise par quelqu'un qui se trouvait à bord du

 11   camion, à savoir qui allait être exécuté, parce que j'ai raison, n'est-ce

 12   pas, il y avait 15 personnes environ à bord de ce camion ?

 13   R.  Je viens de vous dire que je ne les ai pas comptées, et j'ai compté

 14   six, sept ou huit, et là je vois que j'ai utilisé le chiffre 15. Croyez-

 15   moi, aujourd'hui je ne sais pas pourquoi. Il n'y avait que six hommes dans

 16   le camion.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne souhaite pas m'immiscer dans tout

 18   ceci et dans le temps qui vous est imparti. Je ne souhaite pas me mêler de

 19   cela --

 20   M. JORDASH : [interprétation] Vous ne pouvez pas m'accorder cinq minutes de

 21   plus ?

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Adressez-vous à Me Bakrac, parce que ce

 23   sera du temps qui sera déduit de son temps à lui. En attendant, c'est à

 24   vous d'en décider. Ce sont les équipes de la Défense qui répartissent leur

 25   temps comme elles le souhaitent. C'est à vous d'en décider.

 26   M. JORDASH : [interprétation] Merci.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

 28   M. JORDASH : [interprétation]

Page 10479

  1   Q.  Monsieur le Témoin, finalement, vous vous souvenez certainement

  2   clairement d'avoir été employé par le MUP serbe entre le mois d'août et le

  3   mois de décembre 1995 ? Je ne le conteste pas.

  4   R.  Non, je conteste cela. Je ne travaillais pas, j'étais réserviste. Vous

  5   avez utilisé le terme "travailler", ce qui laisse entendre que j'étais

  6   actif. Non, j'étais réserviste.

  7   Q.  Vous avez été payé pendant ce temps-là, n'est-ce pas ?

  8   M. PETROVIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame le Juge, à la

  9   fin de la dernière réponse, à la ligne 17, le témoin a également évoqué la

 10   question du temps accordé aux équipes de la Défense. Je ne vois pas sa

 11   réponse au compte rendu d'audience.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Voyons si nous pouvons le récupérer.

 13   Vous avez dit, Monsieur Stoparic :

 14   "Vous avez utilisé le terme de 'travail', ce qui laissait entendre que

 15   j'étais actif, mais je n'étais pas un membre d'active, j'étais réserviste."

 16   Que dites-vous ensuite ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agissait uniquement de l'expression "à ce

 18   moment-là" parce que Me Jordash a effectivement donné le cadre temporel. Il

 19   a parlé du 11 août jusqu'à -- je ne me souviens pas exactement à quelle

 20   date, mais c'est bien la période en question. Je suis d'accord avec cela.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 22   M. JORDASH : [interprétation] Merci.

 23   Q.  Et vous avez été rémunéré au cours de cette période, n'est-ce pas ?

 24   R.  Nous étions rémunérés. Je ne sais pas à quelle fréquence j'étais payé.

 25   Lorsque l'Accusation m'a montré la fiche de paie, je me suis rendu compte

 26   du fait que nous étions payés tous les 15 jours.

 27   Q.  Et vous saviez très clairement à ce moment-là que vous étiez rémunéré

 28   par la DB, n'est-ce pas ?

Page 10480

  1   R.  Etant donné qu'on nous avait dit que nous étions des réservistes, je

  2   suppose que nous étions payés par la DB.

  3   Q.  Et c'est une supposition que vous avez faites à partir du mois d'août,

  4   que vous étiez payé par le DB, puisque vous étiez réserviste ?

  5   R.  Oui, Maître Jordash. Même si je parlais du MUP, je ne commettrais pas

  6   d'erreur, parce qu'il s'agit toujours du même ministère.

  7   M. JORDASH : [interprétation] Merci beaucoup. Je n'ai pas d'autres

  8   questions.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 10   Maître Bakrac, êtes-vous prêt à contre-interroger le témoin ?

 11   M. BAKRAC : [interprétation] Oui. Merci, Monsieur le Président. Je vais

 12   juste emprunter le pupitre de mon confrère.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Stoparic, vous allez maintenant

 14   être contre-interrogé par Me Bakrac, qui représente les intérêts de

 15   l'accusé, M. Simatovic.

 16   Contre-interrogatoire par M. Bakrac :

 17   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Stoparic.

 18   R.  Bonjour.

 19   Q.  Je ne souhaitais pas intervenir au compte rendu, parce que j'étais sur

 20   le point de commencer mon contre-interrogatoire. Alors, nous allons en

 21   parler maintenant. Nous avons la page 14. Vous avez répondu à une question

 22   de Me Jordash. Vous avez dit que dès que vous étiez devenu réserviste d'une

 23   unité, et vous avez précisé quelle unité, ensuite vous avez dit de laquelle

 24   il s'agissait. Je suppose que c'était la DB qui vous rémunérait. De quelle

 25   unité s'agissait-il ?

 26   R.  La JSO.

 27   Q.  Monsieur Stoparic, nous allons revenir un petit peu en arrière. Me

 28   Jordash vous a posé des questions et nous allons commencer à partir de

Page 10481

  1   l'année 1992. A partir du paragraphe 58 de votre déclaration, le P1702.

  2   M. BAKRAC : [interprétation] Est-ce que nous pouvons afficher cela à

  3   l'écran, s'il vous plaît.

  4   Q.  Paragraphe 58, vous dites, et vous avez témoigné à ce sujet hier, que

  5   vous avez rassemblé un groupe de 200 volontaires et vous avez décidé que

  6   vous alliez vous rendre sur le front de Brcko; c'est exact ?

  7   R.  Oui, mais il n'y en avait pas 200 tout de suite, c'est progressivement

  8   que nous avons atteint ce chiffre.

  9   Q.  Mais le reste est exact, vous aviez décidé que vous alliez vous rendre

 10   et vous battre sur le front de Brcko ?

 11   R.  C'est exact.

 12   Q.  Est-ce que vous vous êtes battus sur le front de Brcko en tant

 13   qu'unité de volontaires pendant toute l'année 1992 ?

 14   R.  Eh bien, je ne sais pas, parce que j'allais et je venais, mais je pense

 15   que cette période est notée dans mon livret militaire.

 16   Q.  Bon, ce n'est pas grave. Nous n'allons pas examiner cela. Ce qui

 17   m'intéresse, c'est ce qui a été gravé dans votre mémoire. On ne va pas

 18   regarder le document.

 19   Voici la question suivante : ce groupe de volontaires qui, à un

 20   moment donné, comptait 200 volontaires, est-ce qu'il s'agissait-là du 7e

 21   Groupe des volontaires de Novi Sad ?

 22   R.  Oui, c'est comme cela qu'on l'a nommé.

 23   Q.  Ce 7e Groupe des volontaires de Novi Sad était placé sous le

 24   commandement de qui pendant l'année 1992 ?

 25   R.  C'est Paja Milinkovic qui était notre commandant. Je pense qu'on était

 26   placés aussi sous les ordres de la 2e Brigade de Posavina, qui dépendait de

 27   l'armée de la Republika Srpska.

 28   Q.  Monsieur Stoparic, maintenant je vais vous demander d'examiner deux

Page 10482

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 10483

  1   documents. J'espère qu'ils vont rafraîchir votre mémoire. Je vais vous

  2   demander de voir si cela vous concerne et si vous avez éventuellement

  3   participé à cela. C'est pour ça que je vais vous demander d'examiner ce

  4   document.

  5   M. BAKRAC : [interprétation] 2D288.

  6   Q.  Est-ce que vous connaissez le colonel Borovo Tesic ?

  7   R.  Oui. Tesic, cela me dit quelque chose.

  8   Q.  Est-ce qu'à un moment donné vous avez été placé sous le commandement de

  9   la Brigade de Bratunac ?

 10   R.  Je pense que non.

 11   Q.  Veuillez, s'il vous plaît, examiner ce télégramme. Voilà ce qui est

 12   écrit ici, le commandement de la Brigade de Bratunac a envoyé au

 13   commandement du Corps de la Drina, le 22 novembre 1992.

 14   "A plusieurs reprises, je vous ai adressé pour m'envoyer des nouveaux

 15   éléments de renfort. Il s'agit de la 7e Compagnie des volontaires de Novi

 16   Sad, placée sous le commandement du commandant Goran Stoparic. Cette

 17   compagnie dépend du détachement de Leva Supoderica. Son commandant est

 18   placé sous mon commandement et se trouve dans ma zone de responsabilité. Je

 19   demande que le sergent vienne avec ses hommes et son équipement pas plus

 20   tard que dimanche, transférés à mon poste de commandement et placés sous

 21   mon commandement. Si cette unité ne vient pas, il ne serait pas possible

 22   que l'on participe à la mission suivante."

 23   Est-ce que vous pouvez expliquer cela ?

 24   R.  Je vais vous donner une explication.

 25   Les forces musulmanes placées sous le commandement de Naser Oric ont

 26   percé les lignes dans la zone où se trouvait le lieutenant-colonel Borivoje

 27   Tesic. Il était là avec les hommes de Vukovar, qui appartenaient auparavant

 28   à la même unité que moi, en 1991. Il a appris qu'on était là avec l'unité

Page 10484

  1   de Brcko, et il a écrit au commandement à Brcko en faisant cette demande.

  2   Seulement, je n'ai jamais reçu la permission de quitter cette zone, et cela

  3   ne s'est jamais produit.

  4   Q.  Mais vous êtes au courant de cela. Vous savez que ce corps de Borivoje

  5   Tesic était allé de Brcko -- avait été placé sous son commandement. Vous

  6   saviez que vous aviez été placé sous son commandement. La seule chose que

  7   vous êtes en train de nous dire ici, le nouvel élément, c'est qu'on n'a pas

  8   fait droit à cette requête.

  9   R.  Oui. Il ne m'appartenait pas de prendre une décision. C'est la décision

 10   du colonel.

 11   Q.  Mais pour le reste, tout est exact ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Si je vous ai bien compris hier, vous avez dit que le président de la

 14   municipalité de Brcko avait proposé à chaque membre de votre compagnie de

 15   devenir un ressortissant de la Republika Srpska ?

 16   R.  Oui, on nous a même donné des formulaires. Il nous suffisait de mettre

 17   nos noms, prénoms et autres informations, et sur la base de cela, nous

 18   avions tout à fait le droit de devenir membres de la Republika Srpska.

 19   Donc, on n'était plus un groupe de paramilitaires, mais on était, de fait,

 20   placés sous les ordres de l'armée de la Republika Srpska. Toutes les

 21   actions, tous les ordres, venaient de la Republika Srpska.

 22   Q.  Et vous envoyiez vos ordres à la Brigade de Posavina ?

 23   R.  Eh bien, je les ai apportés personnellement à un capitaine chargé de la

 24   sécurité.

 25   Q.  Bien. Donc, c'est vers la fin du mois de novembre que le lieutenant-

 26   colonel Tesic vous a appelé à venir dans le Corps de la Drina. Vous êtes

 27   resté combien de temps là-bas à Brcko; toute l'année 1992 et peut-être une

 28   partie de l'année 1993 ?

Page 10485

  1   R.  Ecoutez, je n'en suis pas sûr.

  2   Q.  Monsieur Stoparic. Hier, quand on a parlé de Brcko, vous avez parlé

  3   d'une unité et vous n'étiez pas sûr si c'était une même unité ou bien s'il

  4   s'agissait de deux unités. Là, je parle de l'unité placée sous le

  5   commandement de Pesa et de Zika Crnogorac. Vous ne saviez pas s'il

  6   s'agissait d'une même unité, ou bien de deux unités différentes ?

  7   R.  Oui, effectivement.

  8   Q.  Vous avez également dit qu'en ce qui concerne l'unité de Zika

  9   Crnogorac, vous ne saviez pas si elle était composée des éléments de Serbie

 10   ou de Bosnie-Herzégovine ?

 11   R.  Moi, je ne les connaissais pas. On a participé à une action, à une

 12   opération qui n'a duré que quelques heures. En ce qui concerne les hommes

 13   de Pesa, je les connaissais bien mieux parce qu'ils étaient tous de la

 14   Republika Srpska, sauf un qui était de Croatie.

 15   Q.  Je vais essayer de rafraîchir votre mémoire, et j'espère que je vais y

 16   parvenir. Même si je vois dans le compte rendu d'audience qu'on mentionne

 17   ici le général Tolimir, vous n'avez pas parlé du général Tolimir. Vous avez

 18   parlé de l'unité de Pesa, n'est-ce pas, vous avez dit que ces hommes

 19   étaient de la Republika Srpska et qu'il n'y en avait qu'un seul qui était

 20   Croate. Mais est-ce que vous avez mentionné le général Tolimir ?

 21   R.  Non.

 22   M. BAKRAC : [interprétation] Bon. Ceci a été corrigé au compte rendu

 23   d'audience. Je m'excuse auprès des interprètes. Monsieur Stoparic,

 24   maintenant, je vais vous demander d'examiner la pièce 2D301.

 25   Q.  Je vous prie de bien vouloir examiner cette pièce à conviction et de

 26   nous dire si, vu que vous avez été présent sur le terrain, cet ordre

 27   rafraîchit votre mémoire ?

 28   R.  Oui. Je viens de lire cela.

Page 10486

  1   Q.  Est-ce que vous voyez ici que l'unité qui est placée sous le

  2   commandement de Zika Crnogorac est placée sous la responsabilité d'une

  3   autre unité, à savoir sous la Brigade de l'infanterie légère de Bratunac ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Est-ce que vous savez que cette unité spéciale de Zika Crnogorac était

  6   une unité spéciale de la Republika Srpska ?

  7   R.  Je savais que c'était une unité spéciale. Et si c'est écrit qu'elle

  8   dépendait du MUP de la Republika Srpska, je n'ai pas de raison de douter de

  9   cela.

 10   Q.  Donc ce document, finalement, reflète vos souvenirs par rapport à cette

 11   unité qui était à Brcko ?

 12   R.  Moi, je savais que c'étaient des professionnels. C'était une unité

 13   spéciale de commando. Peut-être qu'il y en avait qui étaient venus de

 14   Serbie, mais je ne le sais pas.

 15   Q.  Monsieur, puisque vous parlez du MUP, vous parlez du MUP de la

 16   Republika Srpska, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui. Vous savez, pour moi, le MUP c'est le MUP. Moi, à l'époque,

 18   j'étais convaincu de vivre dans un seul Etat.

 19   Q.  Monsieur Stoparic, on va essayer de tirer cela au clair, de comprendre

 20   ce que vous venez de dire. Vous ne pensez pas qu'il est important de faire

 21   la différence entre les MUP, en disant qu'il s'agit du MUP de la Republika

 22   Srpska, puisqu'à l'époque vous considériez que vous viviez dans un seul

 23   pays, la Yougoslavie ?

 24   R.  Oui, c'est exact.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Bakrac, ce qui est intéressant

 26   d'établir, c'est si, mis à part ce document, il a une connaissance

 27   quelconque qui concerne justement cette question-là, la question de savoir

 28   si cette unité était une unité dépendant du MUP de la Republika Srpska ou

Page 10487

  1   bien une unité dépendant du MUP serbe. C'est là la question. Et il faut

  2   poser la question directement au témoin : est-ce que vous avez des

  3   connaissances précises vous permettant de dire si cette unité appartenait

  4   au MUP de la Republika Srpska ou bien au MUP de Serbie.

  5   M. BAKRAC : [interprétation]

  6   Q.  Monsieur, je pense que je n'ai pas besoin de répéter la question du

  7   Juge.

  8   R.  Eh bien, je n'ai jamais réfléchi à cela. A vrai dire, je pensais que

  9   c'était une unité qui dépendait du MUP serbe. Bon, maintenant j'ai vu un

 10   document qui dit autre chose.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre, Monsieur Bakrac

 12   -- mais attendez. Monsieur le Témoin, est-ce que vous avez une raison qui

 13   corroborerait ce que vous croyez être le cas ? Vous pensez que c'était une

 14   unité qui venait de Serbie. Est-ce qu'il y avait une raison de penser cela

 15   ? Pourquoi le pensiez-vous ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis presque convaincu que je n'étais pas

 17   le seul à le penser. A chaque fois que vous voyiez arriver les gens

 18   sérieux, concentrés, bien habillés, avec des expressions sérieuses sur le

 19   visage, on avait l'impression qu'ils venaient de Serbie, puisque c'était un

 20   Etat qui était bien mieux organisé que la Bosnie-Herzégovine à l'époque.

 21   Vous voyez, ce sont des rumeurs, des croyances, eh bien, moi j'en fais

 22   partie, je les partage.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est pour cela que vous aviez cette

 24   conviction à l'époque, c'était basé sur ces croyances que vous venez

 25   d'exprimer ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre.

 28   M. BAKRAC : [interprétation] Monsieur le Président, je demande que cette

Page 10488

  1   pièce soit versée au dossier, s'il vous plaît, même s'il s'agit d'une pièce

  2   qui a été versée directement par rapport à M. Theunens et a été marquée aux

  3   fins d'identification.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais vous n'avez pas parlé du document

  5   précédent, à savoir le document 2D288, et celui-ci aussi fait partie des

  6   pièces à conviction relatives au témoin Theunens. Ce document aussi a reçu

  7   une cote provisoire, à savoir la cote D181. Le document 2D301 va aussi se

  8   voir attribuer une cote provisoire, à savoir D187 et, de la même façon, va

  9   être marqué aux fins d'identification. Donc tout est clair à présent. Vous

 10   pouvez poursuivre.

 11   M. BAKRAC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 12   Q.  Monsieur Stoparic, j'ai encore une question relative à Zika Ivanovic ou

 13   Zika Crnogorac. Si je vous ai bien compris, vous avez dit qu'il était en

 14   conflit avec les autorités locales. Est-ce que je vous ai bien compris,

 15   est-ce qu'il a été en conflit avec les autorités locales parce que ces

 16   autorités locales étaient responsables du départ de certaines personnes de

 17   Brcko ?

 18   R.  Oui, c'est vrai, quelque chose de semblable est arrivé, et on a entendu

 19   parler de Zika Crnogorac. Je ne sais pas ce qui s'est passé exactement.

 20   Quelqu'un a été chassé de Brcko. Je ne sais pas qui exactement.

 21   Q.  Et Zika Crnogorac était contre ce comportement ?

 22   R.  Je ne suis pas au courant de cela. Je ne connais pas de détails. Moi,

 23   je n'ai pas participé à cela. C'est quelque chose qui a été dit, je l'ai

 24   entendu au niveau du commandement.

 25   Q.  Bien.

 26   R.  Mais je ne sais pas du côté de quoi était Zika Crnogorac. Moi, je ne

 27   connais pas tous ces détails.

 28   Q.  Monsieur Stoparic, est-ce qu'à un moment donné au printemps 1993, est-

Page 10489

  1   ce que vous vous êtes battus du côté du HVO contre les Musulmans en Bosnie

  2   ?

  3   R.  Eh bien, on ne peut pas le dire comme cela. On peut dire que nous avons

  4   coopéré, en revanche.

  5   Q.  Que cela veut-il dire, vous avez coopéré ? Est-ce que les ordres vous

  6   sont arrivés de la Brigade de Posavina ?

  7   R.  Moi, je suis parti de Brcko, j'ai reçu l'ordre de me rendre à Teslic.

  8   Q.  Mais vous avez reçu l'ordre de qui exactement ?

  9   R.  Je ne sais pas qui a été le commandant à l'époque. Attendez. Est-ce que

 10   c'était Kutlasic ou bien son remplaçant, écoutez, je ne suis pas sûr. Donc

 11   je me suis rendu à Teslic, à l'école. Ils nous ont emmenés en véhicule dans

 12   ce village de Zepca. Evidemment, à Teslic, ils nous ont dit qu'on allait

 13   agir avec le HVO et qu'il ne fallait pas qu'il y ait des choses négatives

 14   entre nous, qu'il fallait qu'on agisse de concert, qu'on fasse cette

 15   opération ensemble, côte à côte. J'y ai passé moins d'un mois.

 16   Q.  Dites-moi, qui vous a rémunéré pendant que vous avez passé un mois à ce

 17   travail ?

 18   R.  J'ai été payé quand je suis arrivé à Brcko.

 19   Q.  Bien --

 20   M. BAKRAC : [interprétation] Monsieur le Président, je vais demander à

 21   présent d'examiner une autre pièce. C'est la pièce 1702. Le paragraphe qui

 22   nous intéresse, c'est le paragraphe 66.

 23   Q.  Au paragraphe 66 de votre déclaration, Monsieur Stoparic, il y a

 24   quelque chose qui ne correspond pas à ce que vous avez dit aujourd'hui.

 25   Parce que vous avez dit :

 26   "Quand j'ai été démobilisé à Brcko au printemps 1993…"

 27   Donc vous avez été "démobilisé", si j'ai bien compris. Vous avez

 28   quitté l'armée; c'est bien ça ? Puis :

Page 10490

  1   "J'ai pris quelques soldats qui partageaient les mêmes convictions

  2   que moi, et nous nous sommes rendus à Teslic pour rejoindre le HVO dans une

  3   opération conjointe menée contre les Musulmans."

  4   Ici, vous dites que vous avez d'abord été démobilisé et qu'ensuite,

  5   sur votre propre initiative, vous avez choisi quelques soldats qui

  6   partageaient les mêmes convictions que vous et que vous êtes allés

  7   rejoindre le HVO.

  8   R.  J'ai été démobilisé après cela. Mais je ne sais pas de quelles

  9   convictions il s'agit. J'ai dû me tromper.

 10   Q.  Est-ce qu'on vous a montré cette déclaration pendant votre préparation

 11   ?

 12   R.  Non.

 13   Q.  Le Procureur ne vous a pas montré cette déclaration ? Vous ne l'avez

 14   pas parcourue ?

 15   R.  Si, si, j'ai dû parcourir quelques déclarations préalables que j'ai

 16   faites, mais je ne m'en souviens pas de cette partie-là. Je ne me souviens

 17   pas du paragraphe 66.

 18   Q.  Mais est-il possible que vous avez parcouru certains paragraphes sans

 19   entrer en détail, sans vraiment faire l'effort de vous souvenir, parce que,

 20   vous savez, vous êtes venu déposer ici sur la base des dépositions que vous

 21   avez déjà faites. On vous a posé des questions portant sur d'autres

 22   éléments. Et maintenant, on se rend compte que finalement vous n'avez pas

 23   examiné en détail toutes les déclarations préalables que vous avez faites

 24   au préalable.

 25   R.  Ecoutez, j'ai corrigé ce que je pensais qu'il fallait corriger. Cela

 26   étant dit, là j'ai fait une omission. Il faudrait à présent le corriger.

 27   Q.  Très bien.

 28   R.  C'est de ma faute. Je ne suis pas parfait, que voulez-vous ?

Page 10491

  1   Q.  Donc ce que vous dites aujourd'hui, cela correspond à la vérité, et ce

  2   que vous avez dit dans le paragraphe 66 ne correspond pas à la vérité ?

  3   R.  Si j'ose dire, j'ai été témoin dans l'affaire Seselj, on m'a posé la

  4   même question et j'ai répondu exactement de la même façon dont je suis en

  5   train de répondre à votre question d'aujourd'hui. Donc j'accepte la

  6   possibilité que je me sois trompé. Ma mémoire est défaillante, et cela peut

  7   arriver à tout le monde.

  8   Q.  Très bien. Là, vous parlez du printemps 1993. Quand vous avez parlé du

  9   printemps 1993, est-ce que vous pouvez être plus précis, de quel mois

 10   s'agit-il ?

 11   R.  Je me souviens qu'il n'y avait plus de neige à l'époque. Mais je ne

 12   sais pas de quel mois parle-t-on.

 13   Q.  Donc, Monsieur Stoparic, d'après ce que vous dites aujourd'hui, au bout

 14   d'un mois après cette opération commune avec le HVO que vous avez menée à

 15   bien à Teslic, vous êtes revenu à Brcko, et ensuite vous avez été

 16   démobilisé. Mais vous avez été démobilisé quand exactement ?

 17   R.  Immédiatement après cela. Cela étant dit, l'opération a eu lieu à

 18   Zepca.

 19   Q.  Mais combien de temps après vous avez été démobilisé ?

 20   R.  Ecoutez, je ne me souviens pas. J'ai un problème avec les dates.

 21   Q.  Où êtes-vous allé après Brcko ? Où êtes-vous allé après cela, et on

 22   parle toujours du printemps 1993 ?

 23   R.  Je ne me souviens pas. Vous savez, il m'est arrivé de participer à une

 24   opération qui ne durait pas plus que 15 jours et ensuite de revenir. Cela

 25   étant dit, je ne me souviens pas de tous les détails. Je ne sais pas où je

 26   suis allé exactement.

 27   Q.  Mais là encore, dans le cadre de la Brigade de Posavina, ou plutôt de

 28   la 7e Compagnie de Novi Sad ?

Page 10492

  1   R.  Par la suite, cette compagnie a été démantelée et il n'y avait plus

  2   d'activités de combat autour de la ville de Brcko. Donc je ne sais pas.

  3   Q.  Est-ce que vous êtes allé à Sid après Brcko, votre ville natale ?

  4   R.  C'est sûr que j'y suis allé souvent. Pour ma permission en tout cas.

  5   Q.  A quel moment avez-vous rejoint l'Unité des Skorpions ?

  6   R.  Je ne sais pas exactement. Enfin, là, je ne me souviens pas de la date.

  7   Q.  Etait-ce en 1993, en 1994 ? Vous ne vous souvenez pas de la date ou du

  8   mois, mais donnez-nous l'année au moins.

  9   R.  Excusez-moi, ma mémoire me fait défaut à nouveau. Je ne me souviens pas

 10   de l'année.

 11   Q.  Bon, qu'est-ce qu'on va faire ? Vous ne savez pas, vous ne savez pas.

 12   On ne peut rien faire.

 13   Est-ce que vous conviendrez avec moi, et d'ailleurs, cela fait partie de

 14   votre déposition, que donc l'organisation de l'Unité des Skorpions, les

 15   rapports entre cette unité et les autres unités, les questions

 16   d'approvisionnement, de financement, et cetera, tout cela était des faits

 17   mieux connus par M. Milan Milovanovic, Mrgud, que par vous.

 18   R.  Mais bien sûr. Il savait tout, lui.

 19   Q.  Monsieur, hier et avant-hier, au cours de l'interrogatoire principal,

 20   vous nous avez parlé de la création des Skorpions. Mais dites-nous à

 21   présent comment cette union a été créée ?

 22   R.  Le plus difficile c'est de se rappeler des noms. Mais ce que l'on

 23   disait est, lors d'une réunion à Novi Sad avec Zivko Sokolovacki,

 24   Milovanovic et d'autres personnes, que ces personnes présentes ont décidé

 25   de remettre en place la raffinerie de pétrole, les puits donc, et qu'on

 26   allait créer une unité qui allait assurer la sécurité de ces endroits. Et

 27   c'est comme cela que, d'après ce que je sais, l'unité a été créée.

 28   Q.  Mais qui vous a parlé de cela, de la création de cette unité, de cette

Page 10493

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17   

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 10494

  1   réunion et des personnes qui étaient présentes à la réunion ?

  2   R.  Vous savez, je ne sais pas exactement qui sont les personnes présentes

  3   au moment de la réunion. Moi, j'ai retenu le nom de ce Zivko Sokolovacki,

  4   mais je n'ai jamais vu cet homme. Puis j'ai retenu le nom de Milan

  5   Milovanovic. J'en ai entendu parler dans notre base, mais au moment où moi

  6   j'ai rejoint les Skorpions. C'était bien plus tard. J'ai sans doute posé la

  7   question à quelqu'un.

  8   Q.  A un des soldats ?

  9   R.  Plutôt aux officiers, puisque je n'étais jamais un simple gardien ou

 10   soldat de base. Et puis, j'ai trouvé que cette explication était tout à

 11   fait logique et je l'ai acceptée telle quelle.

 12   Q.  Monsieur le Témoin, bien que vous veniez de nous décrire que c'est

 13   Mrgud qui devait le mieux connaître tout ce qui concerne cette unité, vous

 14   nous avez dit que vous avez entendu parler de cette réunion en parlant avec

 15   d'autres personnes. Vous avez eu la possibilité d'examiner cette

 16   déclaration préalable et d'apporter des corrections à la déclaration, et

 17   d'ailleurs vous avez effectué une correction au niveau du paragraphe 75 de

 18   cette déclaration préalable. Avant cela, je vais vous poser une question,

 19   pourquoi je vous ai demandé à quel moment vous avez rejoint les Skorpions.

 20   Vous dites que c'était en 1993 ou 1994, n'est-ce pas, mais vous n'êtes pas

 21   sûr de cela ?

 22   R.  Vous savez, beaucoup de choses se sont produites à l'époque, et je n'ai

 23   pas conservé quoi que ce soit par écrit.

 24   Q.  Dans le paragraphe 75, vous avez corrigé quelque chose. Vous parliez

 25   des Skorpions dans ce paragraphe et vous disiez que :

 26   "Il y avait environ 200 hommes; 30 % étaient des hommes avec une

 27   expérience, 30 % sans expérience, et 30 % étaient issus directement des

 28   Bérets rouges qui avaient été formés à Kula et à Tara. Je fais référence

Page 10495

  1   aux Bérets rouges de Frenki."

  2   Et vous avez corrigé quelque chose dans ce paragraphe. Vous avez dit

  3   que 30 % étaient expérimentés, 30 % ne l'étaient pas, et 30 % avaient été

  4   formés par les Bérets rouges de Frenki à Kula et à Tara. Ces hommes

  5   n'étaient pas membres des Bérets rouges officiellement, mais ils étaient

  6   formés dans les camps des Bérets rouges.

  7   Est-ce que vous vous souvenez avoir dit ça durant votre séance de

  8   récolement ?

  9   R.  Non. Que 30 % des hommes venaient des Bérets rouges, mais ce n'est pas

 10   exact. On m'a dit que 30 % des hommes avaient été formés.

 11   Q.  A Kula et à Tara ?

 12   R.  Oui, et je peux rajouter qu'il y avait également des camps à Erdut.

 13   Q.  Vous avez corrigé ceci lundi, c'est-à-dire il y a quatre jours, et

 14   maintenant, vous nous dites que 30 % des Skorpions étaient issus des

 15   centres de formation des Bérets rouges de Frenki, et vous dites qu'ils se

 16   trouvaient à Kula et à Tara; est-ce que vous êtes d'accord avec cela ?

 17   R.  Ce n'est pas que je suis d'accord ou que je ne suis pas d'accord. J'ai

 18   simplement dit ce que j'avais entendu. Personnellement, je ne me suis pas

 19   rendu dans ces centres d'entraînement avant de rejoindre les Skorpions.

 20   Q.  Est-ce que vous seriez surpris, Monsieur le Témoin, d'entendre dire

 21   qu'en 1993 et en 1994 il n'y avait pas de centres d'entraînement ni à Kula

 22   ni à Tara ?

 23   R.  Non, ça ne me surprendrait pas. Mais il a dû y avoir un centre de

 24   formation quelque part.

 25   Q.  Donc tout ce que vous nous avez dit ici relève de rumeurs ou peut-être

 26   que ceci est influencé par le film que vous avez visionné avant de fournir

 27   une déclaration. C'était un film qui représentait les célébrations à Kula

 28   en 1995 et en 1996. Est-ce que ce film vous a influencé ?

Page 10496

  1   R.  J'ai visionné ce film il y a longtemps et je ne l'ai jamais revu

  2   depuis.

  3   Q.  Mais vous avez vu ce film avant de fournir la déclaration, n'est-ce pas

  4   ?

  5   R.  Oui, à Belgrade. Mais je ne sais pas vraiment à quel moment. Je ne m'en

  6   souviens pas.

  7   Q.  Vous avez entendu des rumeurs, mais vous ne vous en tenez pas à ce qui

  8   est dans votre déclaration parce que vous ne savez pas si ceci est exact ou

  9   pas ?

 10   R.  Eh bien, on m'a dit que 30 % des hommes avaient été formés par Frenki.

 11   C'était le nom qui circulait sur la ligne de front.

 12   Q.  Lorsque vous étiez sur les lignes de front en Croatie et en Bosnie-

 13   Herzégovine, est-ce que vous avez également vu Frenki ou Franko Simatovic ?

 14   R.  J'ai dit que je l'avais vu à la télé.

 15   Q.  Vous avez dit que vous l'aviez vu à la télé, mais je vous demande si

 16   vous l'avez vu en personne à Trnovo, en Bosnie, ou ailleurs dans toute

 17   autre opération, alors que vous étiez membre des Skorpions ?

 18   R.  Non, je ne l'ai jamais vu en personne.

 19   Q.  Monsieur le Témoin, il y avait des rumeurs que les Bérets rouges

 20   étaient les hommes de Frenki, n'est-ce pas ?

 21   R.  On les appelait les hommes de Frenki, pas les Bérets rouges.

 22   Q.  Est-ce que vous dites que les Bérets rouges constituaient une unité et

 23   que les hommes de Frenki étaient une autre unité ?

 24   R.  Eh bien, les hommes de Frenki, c'était ainsi qu'on les appelait. Mais

 25   quelquefois peut-être que les Bérets rouges étaient une autre unité. Je ne

 26   sais pas. Souvent, on faisait référence aux hommes de Frenki. C'est comme

 27   ça qu'on les appelait.

 28   Q.  Cependant, sur la base de cela, vous en avez conclu que c'était une

Page 10497

  1   unité qui était sous le commandement de Frenki. Vous n'avez pas

  2   d'informations, vous n'avez aucune preuve, vous n'avez aucun autre élément

  3   qui vous laisserait penser cela, n'est-ce pas ?

  4   R.  Lorsque j'ai tout d'abord entendu le nom de Frenki, je ne savais pas à

  5   quelle personne cela correspondait. C'est après que j'ai appris qu'il

  6   s'agissait de M. Simatovic.

  7   Q.  Après avoir visionné ce film ?

  8   R.  Pas du tout, avant cela. La guerre avait encore lieu. Je ne sais pas,

  9   peut-être qu'il y avait un autre Frenki. Par exemple, il y a plusieurs

 10   personnes qu'on connaît sous le nom de Legija. Je ne sais pas.

 11   Q.  Par conséquent, vous ne savez pas à qui l'on faisait référence

 12   lorsqu'on parlait de Frenki ?

 13   R.  J'ai toujours pensé qu'il s'agissait de M. Simatovic, surtout

 14   maintenant que je connais son nom de famille. Au départ, je pensais qu'il

 15   s'agissait de quelqu'un qui était très haut placé dans la Sûreté de l'Etat.

 16   Q.  Mais lorsque vous avez entendu l'expression "les hommes de Frenki",

 17   comment est-ce que vous saviez qu'il s'agissait de M. Simatovic, alors que

 18   vous avez seulement appris plus tard qu'il s'agissait de M. Simatovic ?

 19   R.  Mais c'est ce que j'ai dit. J'ai dit que c'était soit lui soit

 20   quelqu'un d'autre de haut placé dans la Sûreté de l'Etat, et c'est après

 21   que j'ai relié le sobriquet de Frenki au nom de famille Simatovic.

 22   Q.  Lorsque vous dites une personne haut placé dans la Sûreté de l'Etat,

 23   est-ce que vous savez quelle était la position de M. Simatovic au sein de

 24   la Sûreté de l'Etat durant la période qui nous intéresse, savez-vous quel

 25   était son poste à la Sûreté de l'Etat ?

 26   R.  Je pense qu'il était assistant au responsable.

 27   Q.  Et sur quelle base répondez-vous à cette question ?

 28   R.  C'est difficile à dire. Après des milliers d'émissions de télé qui ont

Page 10498

  1   parlé de toutes ces choses, je pense que c'était quelqu'un de haut placé,

  2   un assistant à un responsable. Et un responsable peut avoir plusieurs

  3   assistants, n'est-ce pas.

  4   Q.  Monsieur le Témoin, il nous reste cinq minutes avant la pause. Je

  5   voudrais que l'on passe à quelque chose d'autre. J'aimerais savoir, pendant

  6   que vous étiez membre des Skorpions, votre commandement était Slobodan

  7   Medic, ou Boca ?

  8   R.  Dès le départ, il a été commandant.

  9   Q.  Savez-vous de qui Boca recevait ses ordres ?

 10   R.  Quelquefois il allait voir les généraux de la VRS et il allait voir

 11   également Milan Milovanovic. Il se rendait également au gouvernement de

 12   cette région de la SBSO.

 13   Q.  Lorsque vous parlez des généraux de la VRS, vous parlez du général

 14   Loncar ?

 15   R.  Je crois que c'était le général en poste, mais il avait des

 16   prédécesseurs également.

 17   Q.  Savez-vous si Boca Medic recevait ses ordres de quelqu'un d'autre ?

 18   R.  Je ne sais pas. Je ne sais pas de qui il recevait ses ordres. Il allait

 19   tous les jours à Sid. Je ne sais pas pourquoi.

 20   Q.  Est-ce que vous pourriez nous donner un fait tangible sur la base

 21   duquel vous pensez que Boca Medic recevait ses ordres de Franko Simatovic,

 22   alias Frenki ?

 23   R.  Peut-être qu'il ne recevait pas directement ses ordres de lui, mais si

 24   cela portait sur des questions de sûreté, peut-être que les ordres

 25   arrivaient de là-haut. Je ne sais pas. Je pense que les ordres auraient dû

 26   venir de là-haut, parce qu'il s'agit d'hommes armés ici. Si les ordres

 27   n'arrivaient pas de là, au moins ils auraient dû arriver de Milan

 28   Milovanovic.

Page 10499

  1   Q.  Par conséquent, vous ne faites que supposer qu'il s'agissait des hommes

  2   de Sid, et Sid est à proximité de la frontière avec la Croatie, mais vous

  3   ne savez pas, en fait, à qui ils adressaient leurs rapports, par exemple ?

  4   R.  Oui.

  5   M. BAKRAC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Madame le Juge.

  6   Il ne me reste qu'une minute, donc je vais encore poser une question.

  7   Q.  Est-ce que vous savez quelles étaient les unités qui étaient payées par

  8   la DB ?

  9   R.  La seule unité armée officielle de la DB était la JSO. Pour ce qui est

 10   du reste, ce que vous avez dit il y a quelques instants s'applique

 11   toujours, à savoir que je n'ai pas de connaissance directe à ce sujet. Ce

 12   que je peux vous dire et qui est absolument vrai -- je peux vous le dire

 13   avec une certitude absolument, c'est qu'il s'agissait de la JSO.

 14   Q.  Monsieur Stoparic, une autre question que je souhaiterais vous poser.

 15   Il me semble que vous avez donné l'exemple d'un groupe de volontaires de

 16   Nis qui voulait rejoindre les rangs des Skorpions. Vous avez posé la

 17   question à Medic et il vous a expliqué la chose de la manière suivante :

 18   Les ordres venant de plus haut consistaient à exiger que 60 % des hommes

 19   viennent de RS et de RSK et 40 % de Serbie.

 20   R.  Oui, c'était plus ou moins comme cela.

 21   Q.  Par conséquent, il devait pouvoir avancer que les hommes qui venaient

 22   de Serbie étaient des volontaires ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Et est-ce que vous pouvez confirmer que c'est exact, parce que je lis

 25   votre déclaration ?

 26   R.  C'est ce qu'on m'a dit.

 27   Q.  Vous êtes originaire de Sid, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui.

Page 10500

  1   Q.  Est-ce que vous étiez volontaire au sein des Skorpions ?

  2   R.  Eh bien, j'ai rejoint les Skorpions à l'invitation du commandant.

  3   Q.  Et par conséquent, vous n'avez pas vraiment décrit la réalité en disant

  4   que vous étiez un volontaire de Serbie ?

  5   R.  Non, mais le problème c'est qu'il y avait tellement de personnes de

  6   Serbie qui venaient en RSK, alors que ceux de la RSK ne répondaient pas aux

  7   appels de mobilisation et partaient en Serbie. De plus, la Serbie n'était

  8   pas en guerre. C'est ainsi qu'il a présenté les choses.

  9   Q.  Mais vous serez d'accord avec moi pour dire qu'en tant que volontaire

 10   de Serbie, vous avez rejoint les rangs des Skorpions à l'instar d'autres

 11   personnes qui étaient originaires de Serbie, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui, c'est exact. Pour ce qui était de ceux qui venaient de Krajina, en

 13   fait, ils faisaient leur service militaire en tant que membres des

 14   Skorpions.

 15   M. BAKRAC : [interprétation] Je crois que j'ai un peu dépassé l'horaire,

 16   Monsieur le Président.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons faire la pause, et nous

 18   reprendrons à 16 heures.

 19   --- L'audience est suspendue à 15 heures 29.

 20   --- L'audience est reprise à 16 heures 08.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Maître Bakrac.

 22   M. BAKRAC : [interprétation] Merci Monsieur le Président.

 23   Q.  Monsieur Stoparic, reprenons. Avant d'avoir rejoint les rangs des

 24   réservistes, la JSO, en août 1995, est-ce que vous aviez des actions

 25   conjointes avec les JSO ?

 26   R.  Non.

 27   Q.  Lorsque je parle des JSO, je parle également des Bérets rouges.

 28   R.  Durant le temps que j'ai passé au sein des Skorpions, je ne m'en

Page 10501

  1   souviens pas.

  2   Q.  Témoin, vous avez dit que les Skorpions portaient un uniforme. Est-ce

  3   que vous pourriez nous le décrire ? Est-ce qu'il y en avait plusieurs; deux

  4   ou trois types ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Et d'où venaient ces uniformes ?

  7   R.  Je ne sais pas d'où ils venaient.

  8   Q.  Je vais essayer de vous rafraîchir la mémoire et vous me direz si c'est

  9   exact.

 10   M. BAKRAC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait afficher le document

 11   de la liste 65 ter 1D1731.

 12   Q.  En attendant que ce document s'affiche à l'écran, j'aimerais savoir,

 13   Monsieur le Témoin, si le 7 juillet 2005, vous avez parlé au Juge

 14   d'instruction du Conseil spécial pour les crimes de guerre ici, à La Haye,

 15   en ce qui concerne les crimes commis par les Skorpions ?

 16   R.  Oui. Il y avait un Juge d'instruction, effectivement.

 17   M. BAKRAC : [interprétation] Est-ce que je pourrais avoir le document qui

 18   porte la cote ERN 0466-8362.

 19   Q.  En attendant que ce document apparaisse --

 20   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait demander au

 21   conseil de nous donner le numéro de page sur le prétoire électronique, s'il

 22   vous plaît.

 23   M. BAKRAC : [interprétation] Toutes mes excuses. Il s'agit de la page 7 en

 24   B/C/S, mais je ne retrouve plus le numéro de page en anglais.

 25   Effectivement, la page en B/C/S est la bonne. Je crois que c'est la page 8

 26   en anglais. En fait, c'est la page précédente, en anglais. Page 7, en

 27   anglais. Mon assistant ne m'avait pas donné le numéro. Je vous prie de

 28   m'excuser.

Page 10502

  1   Q.  Donc, le Juge d'instruction vous a posé des questions concernant

  2   l'origine des uniformes, et vous avez répondu :

  3   "Je sais que des uniformes étaient arrivés, ils avaient été achetés par un

  4   commerçant de Sid. Bien sûr, on l'a payé pour cette cargaison. Il les

  5   achetait assez souvent pour les Skorpions. Slobodan Medic le connaissait

  6   très bien. De cette manière, les deux hommes pouvaient ainsi gagner de

  7   l'argent."

  8   Puis le Juge d'instruction vous a demandé quels étaient les couvre-

  9   chefs que vous aviez, et cetera. Est-ce que ceci vous rafraîchit la mémoire

 10   ? Est-ce que c'est exact ?

 11   R.  Oui. L'homme a mentionné qu'il s'agissait de sa société. Je me souviens

 12   de son nom également. Si vous voulez, je peux vous le donner. C'était

 13   quasiment toujours lui qui fournissait également la nourriture dont nous

 14   avions besoin. Tout passait par lui. Je me souviens également qu'une fois,

 15   il a rapporté des uniformes.

 16   Q.  Donc, il s'agissait d'un accord privé avec Boca. Medic gagnait de

 17   l'argent par le biais de ce commerce ?

 18   R.  Oui, et je me souviens même qu'après l'accord d'Erdut, les hommes l'ont

 19   attaqué en justice pour des transactions commerciales pour lesquelles ils

 20   n'avaient pas reçu d'argent.

 21   Q.  Est-ce que vous vous êtes rendus sur un champ de bataille en Bosnie en

 22   tant que membres des Skorpions, et si tel est le cas, pendant combien de

 23   temps ?

 24   R.  Nous sommes sur la ligne de front de Bihac en direction de la Krajina

 25   de Cazinska.

 26   Q.  Commençons par la ligne de front de Bihac. Est-ce que vous vous

 27   souvenez quand vous êtes allé là-bas ?

 28   R. [aucune interprétation]

Page 10503

  1   Q.  Est-ce que vous savez qui vous a donné l'ordre de vous rendre sur la

  2   ligne de front de Bihac ?

  3   R.  Non. Enfin, j'ai reçu l'ordre de Medic.

  4   Q.  Savez-vous qui a donné l'ordre à Medic de se rendre sur la ligne de

  5   front de Bihac ?

  6   R.  Je suppose que c'était le commandement. Je ne m'en souviens pas. Je ne

  7   sais pas qui a donné cet ordre.

  8   Q.  Quand vous dites "le commandement", à qui pensez-vous ?

  9   R.  Le commandement de la Krajina de Republika Srpska. Je crois que les

 10   villages qui entouraient Bihac appartenaient à une Krajina, pas celle-ci

 11   mais celle de l'autre côté. Je crois que les deux Krajinas ne faisaient

 12   qu'une.

 13   Q.  Quand vous dites le commandement de la Krajina de Republika Srpska,

 14   vous voulez dire son commandement militaire, n'est-ce pas ?

 15   R.  Je ne sais pas. Je ne peux pas vraiment vous dire cela. Je crois que

 16   c'était eux, le commandement.

 17   Q.  Combien de temps avez-vous passé sur la ligne de front à Bihac avec les

 18   Skorpions ?

 19   R.  Pas très longtemps.

 20   Q.  Qu'est-ce que ça veut dire, "pas très longtemps" ?

 21   R.  En général, on était envoyés sur le terrain, en missions, pendant un

 22   mois, et je pense que nous sommes restés là-bas pendant moins d'un mois,

 23   mais je n'en suis pas sûr.

 24   Q.  Monsieur le Témoin, est-ce que vous savez si M. Frenki Simatovic a joué

 25   un rôle quelconque, ou a eu quoi que ce soit à voir avec ce qui s'est passé

 26   à Bihac ?

 27   R.  C'était dans les environs de Bihac, ce n'était pas vraiment à Bihac.

 28   Q.  D'accord, dans les environs de Bihac ?

Page 10504

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 10505

  1   R.  Je ne sais pas s'il y avait des unités spéciales du MUP ou des Bérets

  2   rouges. Je ne m'en souviens pas.

  3   Q.  Lorsque je vous l'ai demandé il y a quelques instants, vous avez dit

  4   que vous n'aviez jamais participé à des actions avec les JSO ou les Bérets

  5   rouges ?

  6   R.  Oui, c'est exact. Participer, c'est une chose. On avait un secteur plus

  7   vaste. Par exemple, j'étais à Kosovo et je n'ai pas participé à des actions

  8   avec les Bérets rouges.

  9   Q.  Mais même aujourd'hui, vous ne savez pas du tout si les Bérets rouges

 10   ont joué un rôle sur la ligne de front de Bihac, n'est-ce pas ?

 11   R.  Beaucoup de temps s'est écoulé, et je ne peux pas vous répondre, ni

 12   d'une manière ni d'une autre. Je n'en suis pas sûr.

 13   Q.  Monsieur le Témoin, est-ce que vous avez vu Franko Simatovic sur cette

 14   ligne de front ?

 15   R.  Non, je l'ai dit un peu plus tôt dans ma déposition, je n'ai pas vu M.

 16   Frenki Simatovic.

 17   Q.  Alors, passons à l'autre opération en Bosnie, celle qui s'est déroulée

 18   à Velika Kladusa. Qui vous a donné l'ordre de vous rendre à Velika Kladusa

 19   ?

 20   R.  D'après mon souvenir, on nous a dit que l'action de Velika Kladusa

 21   était due à une initiative émanant de Belgrade.

 22   Q.  Soyons précis ici, s'il vous plaît. La seule chose dont vous vous

 23   souvenez, c'est qu'on vous a dit qu'il s'agissait d'une initiative de

 24   Belgrade, mais vous ne le savez pas, vous ne savez pas de qui cela émanait

 25   ?

 26   R.  Maintenant, je ne sais pas. Je ne peux pas vous donner de nom. De

 27   Belgrade.

 28   Q.  Très bien. Veuillez nous dire qui vous a dit que cette initiative

Page 10506

  1   venait de Belgrade ?

  2   R.  Nous, le groupe de reconnaissance, nous étions alignés, et Medic nous

  3   parlait toujours plus qu'aux autres personnes qui faisaient partie des

  4   autres compagnies, parce que nous allions toujours sur le terrain, alors

  5   que les autres compagnies y allaient une fois sur deux. Il nous a dit qu'il

  6   y aurait d'autres unités là-bas qui prenaient part à cela, ainsi que des

  7   unités de la République serbe de Krajina, de la Republika Srpska, et nous,

  8   les Skorpions. On nous a également dit que la plupart des autres unités

  9   spéciales y prendraient part également. Je ne me souviens pas très bien,

 10   mais je crois que c'était le 5e Corps qui a attaqué l'armée de Fikret

 11   Abdic, et qui a même pris le contrôle d'une partie du territoire à cet

 12   endroit-là, et nous étions censés corriger le tir.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Stoparic, on vous a demandé qui

 14   vous a dit que l'initiative venait de Belgrade, et vous avez commencé votre

 15   réponse en disant :

 16   "Nous, le groupe de reconnaissance, nous étions en rang, et Medic

 17   nous parlait toujours plus qu'aux autres."

 18   Dois-je comprendre par vos propos que c'est Medic qui vous a dit que

 19   cette initiative venait de Belgrade ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Pardonnez-moi, Monsieur le Président, pour ne

 21   pas avoir terminé ma réflexion. Oui, on pourrait dire que c'est Medic qui

 22   était celui qui nous l'a dit.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Bakrac, à moins que vous n'ayez

 24   l'intention de poser au témoin toutes les questions auxquelles il a déjà

 25   répondu, je vous aurais arrêté au niveau de la première et seconde ligne

 26   déjà. Veuillez poursuivre.

 27   M. BAKRAC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Madame le Juge.

 28   Q.  Monsieur le Témoin, combien de temps êtes-vous resté à Velika Kladusa

Page 10507

  1   sur le front ?

  2   R.  Pas longtemps. Nous avons tous été empoisonnés. Nous avons eu la

  3   dysenterie ou quelque chose comme ça.

  4   Q.  Est-ce que quelqu'un vous ramenés à Velika Kladusa ?

  5   R.  Cela aurait dû être Mrgud. Nous avons attendu un jour ou deux, et nous

  6   souffrions, jusqu'à ce qu'une autre unité est arrivée avec d'autres hommes

  7   pour nous remplacer.

  8   Q.  Et lorsque vous étiez là pendant un mois, avez-vous vu Franko Simatovic

  9   ? Saviez-vous quelque chose à propos du rôle qu'il a joué au sein de

 10   l'opération Velika Kladusa ?

 11   R.  Je n'ai pas vu M. Simatovic. Et si vous me permettez de citer quelques

 12   noms, j'ai vu Ulemek. Il est venu nous rendre visite à la base.

 13   Q.  Lorsque vous parlez d'Ulemek, vous voulez parler de Legija; c'est cela

 14   ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Lorsque vous parlez d'Ulemek, vous voulez parler de l'année 1994, et

 17   savez-vous à quelle unité Ulemek appartenait en 1994 ? Encore une fois, je

 18   parle de Legija.

 19   R.  Je ne sais pas grand-chose au sujet de ses antécédents. En fait, si,

 20   parce que cela est de notoriété publique. Je sais qu'il était membre des

 21   Tigres d'Arkan et je sais qu'il était également membre --

 22   L'INTERPRÈTE : Est-ce que le témoin peut répéter ce qu'il vient de dire,

 23   s'il vous plaît.

 24   M. BAKRAC : [interprétation]

 25   Q.  Il était tout d'abord membre des Tigres d'Arkan et --

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Les interprètes ont demandé au témoin de

 27   répéter. Vous avez commencé par dire :

 28   "Je sais qu'il était membre des Tigres d'Arkan et il était également

Page 10508

  1   membre de --"

  2   Est-ce que vous pourriez répéter ce que vous avez dit à ce moment-là

  3   ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Je sais qu'il était membre des Tigres

  5   d'Arkan et qu'il était également membre des JSO. Par la suite, il en a été

  6   le commandant.

  7   M. BAKRAC : [interprétation]

  8   Q.  Etes-vous d'accord avec moi pour dire qu'Ulemek, Legija, a été

  9   transféré à la JSO après 1995 ?

 10   R.  Je ne sais pas à quel moment cela s'est passé, en quelle année. Je n'en

 11   suis pas tout à fait sûr. Toutefois, je sais que lors de sa première

 12   aventure dans les Balkans, il était membre des Tigres d'Arkan.

 13   Q.  Monsieur Stoparic, vous avez dit que lorsque vous étiez à Velika

 14   Kladusa et que vous participiez à cette opération, jusqu'au moment où vous

 15   êtes tombé malade, vous n'avez vu que Legija parmi toutes les personnalités

 16   en vue à ce moment-là. Savez-vous qui commandait les Skorpions pendant

 17   cette opération ?

 18   R.  Je ne sais pas. Mon commandant était Medic, mais je ne sais pas qui

 19   était son supérieur hiérarchique. Je sais que Bozovic, Radojica Bozovic, a

 20   été cité, mais je ne l'ai pas vu. Je crois qu'il était censé être là

 21   également. C'était peut-être son supérieur hiérarchique.

 22   Q.  Donc vous avez entendu des récits, vous avez entendu dire qu'il était

 23   censé être là, mais vous ne savez pas s'il était le commandant de Medic ou

 24   non. Vous savez simplement qu'un certain Radojica Bozic devait se trouver

 25   là ?

 26   R.  Peut-être que Legija occupait un poste plus important que Medic, peut-

 27   être était-ce un officier plus haut gradé que Medic. Il y avait également

 28   le commandant de l'armée d'Abdic qui était là également.

Page 10509

  1   Q.  Avez-vous jamais entendu parler du général Mile Novakovic ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Seriez-vous surpris que je vous dise que le général Mile Novakovic

  4   était le commandant de Pauk, et le chef d'état-major était Cedo Bulat ?

  5   R.  Je ne sais pas à propos de Cedo Bulat, mais je sais que Mile Novakovic

  6   était le commandant de Pauk, et il devait être remplacé par Manojlovic

  7   peut-être.

  8   Q.  Et votre unité ainsi que les autres unités étaient toutes subordonnées

  9   à Mile Novakovic ?

 10   R.  Eh bien, M. Mile Novakovic, qui était général et qui était commandant,

 11   je pense que toutes les unités lui étaient subordonnées.

 12   Q.  Merci, Monsieur Stoparic. Donc nous avons parlé de deux opérations qui

 13   se sont déroulées en Bosnie. Je souhaite maintenant vous demander de porter

 14   votre attention sur l'opération qui s'est déroulée autour de Sarajevo, ou

 15   plutôt, autour de Trnovo. Veuillez nous parler de cette opération, s'il

 16   vous plaît. Qui a donné l'ordre de vous diriger en direction de Trnovo ?

 17   R.  D'après mes souvenirs, Manojlovic a apporté l'ordre de Loncar au bureau

 18   à un moment donné.

 19   Q.  Fort bien. Veuillez nous dire, s'il vous plaît, lorsque vous parlez de

 20   Manojlovic, à quel Manojlovic pensez-vous ?

 21   R.  Srdjan Manojlovic. C'était un assistant du commandant. C'était un

 22   officier d'active au sein de la JNA, ou peut-être un sous-officier. Je ne

 23   suis pas très sûr. Quoi qu'il en soit, il était diplômé d'une école

 24   militaire, et il a rejoint les Skorpions après cela et il travaillait au

 25   sein de l'unité.

 26   Q.  Lorsque vous parlez de commandant adjoint, vous voulez parler de Medic,

 27   le commandant adjoint des Skorpions, Boca Medic ?

 28   R.  Oui.

Page 10510

  1   Q.  Et lorsque vous dites qu'il a apporté un ordre de Loncar, vous voulez

  2   parler du général Loncar qui à l'époque était général de l'armée serbe de

  3   Krajina ?

  4   R.  Oui. Je ne sais pas très bien si son quartier général était à Beli

  5   Manastir ou à Vukovar.

  6   Q.  Bien. Monsieur Stoparic, lorsque vous êtes arrivé sur le théâtre des

  7   opérations à Trnovo, combien de temps y êtes-vous resté ?

  8   R.  Encore une fois, un mois. Je ne sais pas exactement, à vrai dire.

  9   Q.  Monsieur Stoparic, quelles unités avez-vous vues vous-même sur ce

 10   théâtre des opérations, à l'exception des Skorpions ?

 11   R.  Lorsqu'il s'agit du théâtre des opérations, je peux vous dire ce que

 12   j'ai vu sur la ligne de séparation, ou plutôt, sur la ligne de front.

 13   J'avais à ma droite une unité qui venait d'une ville en Republika Srpska.

 14   Q.  Je vais essayer de vous rafraîchir la mémoire. S'agissait-il d'une

 15   unité qui venait de la Brigade de Zvornik ou de Bratunac ?

 16   R.  L'une ou l'autre, je crois que oui. Et celle-ci se trouvait sur ma

 17   droite. Je ne sais pas qui se trouvait sur mon flanc gauche. Je me souviens

 18   de ces hommes que j'ai appelés l'Unité CSB de Doboj. Il y avait également

 19   d'autres unités spéciales. Lorsque je parle d'unités "spéciales", je veux

 20   parler d'hommes qui portaient l'uniforme de l'OTAN, mais je ne les ai pas

 21   vus sur le front, en réalité.

 22   Q.  Alors résumons. Vous avez vu deux unités sur le front : une unité était

 23   une unité qui venait de la Brigade de Bratunac ou de Zvornik et vous avez

 24   également vu le CSB de Doboj ?

 25   R.  Il s'agissait d'unités spéciales de Doboj dont le commandant s'appelait

 26   Zenga. C'est ainsi que tout le monde l'appelait.

 27   Q.  [aucune interprétation]

 28   R.  Oui, c'était une unité de Republika Srpska.

Page 10511

  1   Q.  Il nous faut préciser ceci pour les Juges de la Chambre et pour toutes

  2   autres personnes concernées, les Brigades de Zvornik et de Bratunac étaient

  3   des unités qui venaient de Republika Srpska, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui. J'ai vu quelques-unes de leurs brigades, et elles venaient de la

  5   Republika Srpska.

  6   Q.  Et vous avez également dit avoir vu des unités spéciales, où les avez-

  7   vous vues ?

  8   R.  En traversant Trnovo, j'ai vu des jeeps. Et à un moment donné, j'étais

  9   à pied, j'escortais le commandant, et nous nous dirigions vers un hôtel sur

 10   le mont Jahorina. En réalité, nous marchions sur une piste de ski. J'ai vu

 11   des remontées mécaniques, et c'est là que j'ai vu une unité spéciale. Medic

 12   était là, il assistait à une réunion. Et j'ai entendu dire que M. Simatovic

 13   était également présent.

 14   Q.  Qui vous a dit que M. Simatovic était là et qu'il a assisté à cette

 15   réunion ?

 16   R.  Medic et ses autres escortes, ou gardes du corps. Nous n'avions pas le

 17   droit de nous y rendre, il n'y avait que Medic qui avait le droit de se

 18   rendre dans cet hôtel là-haut.

 19   Q.  Est-ce que Medic vous a dit personnellement qu'il y avait vu Franko

 20   Simatovic ?

 21   R.  Nous avons emprunté la même route pour le retour et il est rentré en

 22   jeep. Quelqu'un a dû conduire la jeep jusque-là. Il ne m'a jamais dit qu'il

 23   avait rencontré Simatovic. Il a évoqué le nom de quelqu'un qui s'appelait

 24   Kobac.

 25   Q.  En d'autres termes, il ne vous a pas dit qu'il était censé rencontrer

 26   M. Franko Simatovic ? Je vais vous reposer la question : avez-vous

 27   personnellement vu Franko Simatovic à Trnovo sur la ligne de front de

 28   Sarajevo pendant le mois où vous y étiez ?

Page 10512

  1   R.  Si M. Simatovic se trouvait dans cet hôtel-là à ce moment là, moi, je

  2   n'y étais qu'une seule fois. Le reste du temps, j'étais sur le front, et je

  3   ne l'ai pas vu.

  4   Q.  Etant donné que vous dites que Boca Medic ne vous a pas dit qu'il était

  5   censé rencontrer Simatovic, comment avez-vous -- veuillez m'accorder

  6   quelques instants, s'il vous plaît.

  7   De qui avez-vous appris cela, à savoir que Franko Simatovic était au

  8   mont Jahorina ?

  9   R.  Je vais essayer de vous l'expliquer. Peut-être que je me suis mal

 10   exprimé. Nous empruntions cette piste de ski, et Boca nous a dit : Je me

 11   rends à une réunion, et Frenki y est. A savoir s'il était là réellement ou

 12   non, je ne sais pas parce que je ne l'ai pas vu ce jour-là. Peut-être le

 13   soir même ou le lendemain, on m'a envoyé au front.

 14   Q.  Et c'est le seul élément d'information dont vous disposiez eu égard à

 15   la présence de Franko Simatovic au mont Jahorina ?

 16   R.  Non. Il y avait d'autres hommes, il y a les hommes de Zenga qui nous

 17   ont également dit que ce type-là, Frenki, était là.

 18   Q.  Où vous ont-il dit cela ? Qui vous a dit cela ? Quels hommes de Zenga ?

 19   R.  Je peux vous décrire la situation. Je peux vous donner des anecdotes

 20   qui sont peut-être des éléments d'information qui ne sont pas si

 21   anecdotiques que cela. Nous étions censés partir en mission de

 22   reconnaissance dans la forêt, et nous ne savions pas que l'unité de Zenga

 23   était devant nous. Ils avaient réussi à détruire une casemate. Il y avait

 24   quelques soldats de l'armée qui se trouvaient dans la casemate et ils ont

 25   été tués au combat. Cinq ou six minutes plus tard, nous sommes arrivés sur

 26   les lieux. Nous avions entendu des tirs. Nous sommes arrivés dans la

 27   casemate. Toute notre section de reconnaissance se trouvait là, et Medic

 28   était avec nous. Et pourquoi je me souviens de tout cela, eh bien, je m'en

Page 10513

  1   souviens parce qu'un des soldats a tranché la tête d'un cadavre et l'a

  2   placée dans son sac à dos, et ensuite il en a parlé à un de mes soldats --

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, à moins que vous souhaitiez nous

  4   dire qu'un de vos soldats avait vu Frenki, la question était tout

  5   simplement : Quels hommes de Zenga vous a dit que Frenki était là ? Etes-

  6   vous en mesure de nous dire de qui il s'agit ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Le type qui avait tranché la tête nous a dit

  8   qu'il allait jeter cette tête sur le bureau de Frenki.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Donc --

 10   M. BAKRAC : [interprétation] Pardonnez-moi.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc la personne qui vous l'a dit est

 12   quelqu'un que vous avez vu au moment où on a pris le contrôle d'une

 13   casemate et où cette personne a dit qu'elle placerait la tête tranchée

 14   d'une personne tuée sur le bureau de Frenki; c'est la réponse à la question

 15   ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La question suivante est celle-ci :

 18   pourquoi pensiez-vous que le bureau de Frenki laissait entendre que Frenki

 19   était là ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce n'est pas ce que je pense. Je vous rapporte

 21   simplement ce qu'il a dit. Il a dit que la tête qu'il avait dans son sac à

 22   dos, qu'il allait jeter cette tête sur le bureau de Frenki.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais ceci ne nous dit rien sur la

 24   présence de Frenki. On ne sait pas s'il s'agit du bureau de Frenki à

 25   Belgrade ou ailleurs. Cela ne nous dit rien. Et on ne sait pas si le bureau

 26   de Frenki se trouvait à ce moment-là au mont Jahorina, n'est-ce pas ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Ecoutez, je suis simplement en train de vous

 28   dire à quel moment et dans quelles circonstances j'ai entendu citer ce

Page 10514

  1   surnom Frenki. Moi, je pensais qu'il était quelque part à proximité.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, faisons la différence entre la

  3   présence de Frenki et la citation de son surnom Frenki. Je suppose, d'après

  4   ce que vous nous avez dit un peu plus tôt, que vous pensiez que Frenki

  5   était dans les parages parce que c'est ce que Medic vous avait dit; est-ce

  6   exact ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Maître Bakrac.

  9   M. BAKRAC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Pardonnez-moi.

 10   Q.  Monsieur Stoparic, pourriez-vous me dire, s'il vous plaît, tout

 11   d'abord, si vous savez si cette personne a effectivement pris cette tête et

 12   si elle l'a jetée sur le bureau de Frenki ?

 13   R.  Je ne sais pas. Peut-être que la personne l'a fait, peut-être qu'elle

 14   ne l'a pas fait. Je ne sais pas. Peut-être que c'était simplement un fou.

 15   Je ne sais pas.

 16   Q.  Bien. Pourriez-vous nous dire environ à quel moment il vous a parlé de

 17   cet incident après votre arrivée ?

 18   R.  Avant. Avant cet incident, un jour ou deux après notre arrivée à

 19   Trnovo.

 20   Q.  Très bien. Monsieur Stoparic, je vais vous reposer la question : à

 21   Trnovo, sur le mont Jahorina, pendant le mois que vous avez passé là-bas,

 22   vous n'avez pas vu M. Simatovic personnellement, même l'espace de quelques

 23   instants ?

 24   R.  Non, et je l'ai dit plusieurs fois.

 25   M. BAKRAC : [interprétation Pouvons-nous afficher, s'il vous plaît, le

 26   P1702 au paragraphe 100, s'il vous plaît.

 27   Q.  Monsieur le Témoin, je vais lire ceci très lentement car nous attendons

 28   l'affiche du paragraphe 100. Vous dites que :

Page 10515

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22   

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 10516

  1   "Lorsque les Skorpions se sont rendus à Sarajevo, nous étions cantonnés à

  2   Trnovo, un petit village au pied du mont Treskavica, près de Sarajevo. Le

  3   commandement conjoint du MUP et de la DB, dirigé par Frenki, était à

  4   l'hôtel Jahorina sur le mont Jahorina. J'avais l'habitude de venir avec

  5   Boca pour voir Bozovic, Frenki, Rambo, ainsi que les hommes d'Arkan que je

  6   connaissais, ainsi que d'autres hommes. Je n'ai pas vu Legija à ce moment-

  7   là."

  8   Donc, qu'est-ce qui est exact ? Que vous avez vu Frenki comme vous

  9   l'avez dit dans votre déclaration, ou ce que vous venez de nous dire pour

 10   la énième fois, que vous n'avez pas vu Frenki ?

 11   R.  Je n'ai pas vu Frenki.

 12   Q.  Merci.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Stoparic, ceci soulève

 14   toutefois la question suivante. Vous avez clairement déclaré avoir vu Rajo

 15   Bozovic et Frenki, en passant, vous avez vu Rambo, vous avez cité le nom

 16   des hommes d'Arkan. Ensuite, vous dites je n'ai pas vu Legija. Pourquoi

 17   aviez-vous déclaré à l'époque de façon si catégorique qui vous avez vu et

 18   qui vous n'aviez pas vu ? Vous avez dit de façon catégorique que vous

 19   n'avez pas vu Frenki. Pourquoi ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, si je vous dis que je n'ai pas vu

 21   Legija à cet endroit-là, cela signifie que quelqu'un m'a posé la question à

 22   savoir si je l'avais vu. Pour ce qui est de Frenki, je suis sûr à 100 % que

 23   je ne l'ai pas vu. J'ai vu quelques hommes d'Arkan --

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais vous arrêter ici. Je ne vous

 25   demande pas de répondre comme vous venez de le faire. Je vous demande aussi

 26   pourquoi vous avez dit à l'époque que vous l'avez vu et comment vous l'avez

 27   vu, vous l'avez vu en passant. Apparemment, ceci n'est plus exact et vous

 28   ne l'avez pas corrigé lorsque vous avez relu votre déclaration.

Page 10517

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, ceci a dû m'échapper. C'est peut-

  2   être une erreur de ma part, mais je ne l'ai pas fait exprès.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Bakrac.

  4   M. BAKRAC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  5   Q.  Monsieur Stoparic, le nom de Vaso Mijovic vous dit-il quelque chose ?

  6   R.  Oui. C'est un nom que je connais. Je crois que cet homme se trouvait là

  7   également, mais je ne peux pas en être tout à fait certain.

  8   Q.  Etes-vous d'accord avec moi, étant donné que vous nous avez dit que

  9   vous vous souveniez de la présence de la Brigade de Zvornik ou de Bratunac,

 10   que Vaso Mijovic se trouvait dans le périmètre de la Brigade de Zvornik ou

 11   de Bratunac ?

 12   R.  Le nom me dit quelque chose. Je crois qu'il était là, mais je ne peux

 13   pas l'affirmer avec certitude. Je ne peux pas vous dire exactement à quelle

 14   unité il appartenait. Le nom me dit quelque chose.

 15   Q.  Vaso Mijovic était-il votre commandant, le commandant des Skorpions ?

 16   R.  Eh bien, honnêtement, si je l'avais rencontré, je n'aurais pas su que

 17   c'était lui.

 18   Q.  Est-ce que vous voulez dire que c'était le supérieur hiérarchique de

 19   Boca Medic ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Savez-vous quelque chose à ce sujet ? Et si vous savez quelque chose,

 22   veuillez nous le dire.

 23   R.  Eh bien, je ne sais pas si c'était lui ou pas, mais Medic n'était

 24   certainement pas le numéro un. Il n'était pas vraiment le supérieur

 25   hiérarchique de celui-ci.

 26   Q.  Est-il vrai que le général Milosevic de l'armée de la Republika Srpska

 27   a commandé ces opérations ?

 28   R.  Je ne sais pas. J'ai entendu citer son nom, mais je ne le sais pas.

Page 10518

  1   M. BAKRAC : [interprétation] Veuillez m'accorder quelques instants, s'il

  2   vous plaît.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ceci nous permet de poser une autre

  4   question. Vous nous avez dit un peu plus tôt que vous ne saviez pas qui

  5   était cette personne qui a dit qu'elle allait jeter la tête sur le bureau

  6   de Frenki. Néanmoins, dans votre déclaration, vous dites, et je vais vous

  7   la lire :

  8   "Un des types de cette unité a jeté la tête d'un soldat musulman mort sur

  9   le bureau de Frenki dans son QG."

 10   Non seulement vous dites que cela s'est passé, mais vous avez même précisé

 11   à quel endroit ceci s'est déroulé. Veuillez nous expliquer pourquoi vous en

 12   avez parlé avec force de détail à l'époque. Vous avez dit que ceci a été

 13   jeté sur la table de Frenki dans son QG à Jahorina, et maintenant, vous

 14   dites :

 15   "Peut-être qu'il l'a fait, peut-être qu'il ne l'a pas fait, je ne

 16   sais pas. Peut-être que c'était un fou."

 17   Sur quoi vous fondez-vous pour parler de cette tête de soldat

 18   musulman jetée sur la table de Frenki ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai fait ma déclaration il y a quelques

 20   années de cela déjà, et peut-être que je me souvenais davantage de ce qui

 21   s'était passé. Mais je me souviens maintenant. J'ai entendu dire que

 22   l'homme a agi ainsi, qu'il a jeté cette tête coupée sur le bureau du

 23   commandant à Jahorina.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et qui vous a rapporté cela, si vous

 25   vous en souvenez ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne m'en souviens pas. Quand il a dit pour

 27   la première fois qu'il allait le faire, il l'a dit devant nous tous.

 28   Ensuite, quelqu'un nous a rapporté cela. Quelqu'un nous a dit que cela a

Page 10519

  1   été fait. Je ne dis pas que je l'ai vu. Je n'ai pas vu la table, je n'ai

  2   pas vu quelqu'un en train de le faire. Cela étant dit, j'ai vu la tête.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et cela vous a été dit à Trnovo, pendant

  4   que vous y étiez toujours.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre, Maître Bakrac.

  7   M. BAKRAC : [interprétation]

  8   Q.  Ce n'est pas la même personne qui vous a dit qu'elle allait le faire

  9   qui vous a dit que cela a été fait ?

 10   R.  Non, je ne les ai plus jamais revues.

 11   Q.  Vu que je vous ai posé une question très précise, vous avez répondu

 12   clairement que vous saviez qu'il vous avait dit qu'il allait le faire, et

 13   maintenant, après avoir lu la déclaration préalable, vous vous êtes rappelé

 14   qu'on vous a dit par la suite que cela avait été fait.

 15   R.  Excusez-moi. Il ne l'a pas dit à moi tout seul; il l'a dit devant 40

 16   personnes.

 17   Q.  Dites-nous, qui d'autre était présent ? Donnez-nous des noms. On peut

 18   passer à huis clos.

 19   R.  Pas besoin, pas besoin. Tous les membres de la reconnaissance étaient

 20   là, Medic était là, ainsi que cinq ou six hommes de Medic.

 21   Q.  Monsieur Stoparic, je vais vous arrêter. Nous n'avons pas beaucoup de

 22   temps. Donnez-moi le nom des membres des Skorpions qui ont été présents

 23   avec vous, qui ont entendu dire cela, et qui sont encore en vie au jour

 24   d'aujourd'hui.

 25   R.  Darko Miljkovic était là. C'est lui qui a ouvert le sac à dos. Moi, je

 26   l'ai vu. Slobodan Medic l'a vu. Milovan Stojic l'a vu.

 27   Q.  Mais qui l'a entendu dire qu'il allait jeter cela sur la table de

 28   Frenki ? Je ne vous demande pas qui a vu la tête, mais qui l'a entendu dire

Page 10520

  1   ?

  2   R.  Eux tous.

  3   Q.  Ils ont tous entendu dire qu'il allait jeter la tête de ce Musulman sur

  4   son bureau, mais est-ce qu'ils ont tous entendu dire qu'il l'a fait ?

  5   R.  Je ne sais pas s'ils l'ont tous entendu, mais nous étions ensemble.

  6   Cela étant dit, on faisait des blagues à ce sujet.

  7   Q.  Vous plaisantiez à ce sujet, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui, effectivement.

  9   Q.  Monsieur Stoparic, connaissez-vous un certain Cena, Goran Sehovac ?

 10   R.  Le nom de famille Sehovac -- je connais plusieurs personnes répondant à

 11   ce nom de famille. Cena, cela ne me dit pas grand-chose.

 12   Q.  Goran Sehovac, commandant d'une unité spéciale du MUP de Sarajevo, vous

 13   ne le connaissez pas ?

 14   R.  Non. 

 15   Q.  Vous souvenez-vous s'il y a eu des fêtes à Jahorina, sur le front de

 16   Sarajevo, avant que vous ne quittiez Trnovo ?

 17   R.  Une fête, une célébration ? Mais l'on fêtait quoi exactement ?

 18   Q.  Vous souvenez-vous d'une fête à Jahorina ?

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Les interprètes n'ont pas compris le nom

 20   que vous avez mentionné. Est-ce que vous vous souvenez du nom que vous avez

 21   mentionné ? Vous avez dit :

 22   "Avant de partir de Trnovo --"

 23   Vous avez mentionné "Jahorina".

 24   M. BAKRAC : [interprétation] Non, non, je n'ai pas mentionné de nom,

 25   Monsieur le Président. Moi j'ai parlé d'une fête. J'ai demandé au témoin

 26   s'il se souvenait d'une fête qui a eu lieu à Jahorina avant qu'il ne quitte

 27   le front de Sarajevo et Trnovo.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cependant, Monsieur Bakrac, le témoin a

Page 10521

  1   répondu "Branislav." Je ne pense pas que c'était la réponse à la question

  2   que vous avez posée. Il aurait répondu "Branislav."

  3   M. BAKRAC : [interprétation] Oui, c'est un problème d'interprétation. Il

  4   n'a pas dit "Branislav", il a dit "fête". Il a juste répété les mots que

  5   j'ai prononcés.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Ceci va peut-être résoudre la

  7   question. Donc, vous avez posé une question portant sur une fête qui aurait

  8   eu lieu avant que le témoin ne quitte Trnovo et le front de Sarajevo.

  9   Maintenant, je l'ai compris.

 10   Est-ce que vous avez participé à une fête, Monsieur ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne me souviens pas.

 12   M. BAKRAC : [interprétation]

 13   Q.  Est-ce que vous avez entendu parler d'une fête qui aurait eu lieu avant

 14   que vous n'ayez quitté le front de Sarajevo ?

 15   R.  Non, je ne m'en souviens pas.

 16   Q.  Est-ce que vous avez dit à un moment donné qu'après la chute de Zepa,

 17   Gorazde et Srebrenica, une fête s'est tenue dans l'hôtel Jahorina ?

 18   R.  Après la chute de Srebrenica, de Zepa et de Gorazde, tout le monde

 19   faisait la fête, les militaires faisaient la fête. C'était une victoire

 20   militaire qui était remportée. Personne ne pensait à autre chose. C'était

 21   une célébration militaire.

 22   Q.  Donc, il n'y a pas eu vraiment une célébration particulière; vous avez

 23   fêté la victoire.

 24   R.  Je ne m'en souviens pas s'il y a eu une fête. Peut-être qu'il y en a eu

 25   une, et de toute façon, Medic y est allé. Moi, j'ai fait la fête avec des

 26   soldats. On n'a pas bu d'alcool.

 27   Q.  Mais est-ce que Medic vous a dit s'il a participé à une fête à Jahorina

 28   ?

Page 10522

  1   R.  Je ne me souviens pas.

  2   Q.  Mais est-ce que vous avez parcouru votre déclaration il y a quatre

  3   jours ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Au paragraphe 104, vous dites :

  6   "Ensuite, l'on nous a informé de la chute des enclaves de Srebrenica, Zepa

  7   et Gorazde. C'est là que Boca nous a dit que le but de cette opération

  8   était de retirer les forces de ces endroits pour en prendre le contrôle.

  9   Dans l'hôtel Jahorina s'est tenu une célébration. Frenki, Bozovic et Zenga

 10   y ont assisté. Moi, je n'étais pas présent, puisque j'étais en train de

 11   tenir les lignes contre une contre-attaque des Musulmans."

 12   R.  Le commandant m'a dit que des forces s'étaient retirées de là-bas. Sans

 13   doute qu'il avait aussi mentionné la fête, mais à présent --

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Attendez un instant. Monsieur Bakrac, à

 15   la page précédente, vous auriez pu poser la question clairement au témoin.

 16   Au niveau des paragraphes 1 à 4 [comme interprété], vous avez dit

 17   qu'une fête a eu lieu dans l'hôtel Jahorina, et que Frenki, Bozovic et

 18   Zenga étaient présents. Vous avez dit cela sur la base de quoi, exactement,

 19   vu qu'à présent vous ne vous souvenez de rien à ce sujet ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, vous savez, je ne peux

 21   pas apprendre tout cela par cœur en un seul jour. J'ai un blocage -- enfin,

 22   je ne suis pas Nikola Tesla. Je ne suis pas extrêmement intelligent. Mon

 23   intelligence est plus moyenne. Je n'arrive pas à me souvenir de tout cela.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Stoparic, vous n'avez pas

 25   besoin d'apprendre par cœur quoi que ce soit. Là, ce que je vous demande,

 26   c'est quelque chose qui figure dans votre déclaration préalable. Vous avez

 27   dit qu'une fête a eu lieu et que Frenki était présent. Au jour

 28   d'aujourd'hui, vous ne vous souvenez plus de cela. Alors, est-ce que vous

Page 10523

  1   considérez qu'il n'y a pas eu de fête ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Quand le conseil de la Défense m'a posé la

  3   question, moi je lui ai dit que j'avais du mal à me souvenir de cela. Je

  4   sais que l'on a fêté cette victoire, mais je ne me souvenais plus de cette

  5   fête-là. Je ne sais pas quoi répondre. C'est quelque chose dont je ne me

  6   souviens plus.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous ne souvenez plus de cette fête,

  8   mais est-ce que vous vous souvenez si Frenki était présent ? Ou bien, est-

  9   ce que vous n'avez aucun souvenir de cela ? Là je parle de la fête.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Maintenant, après avoir lu --

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si cela vous aide à vous rappeler de

 12   quelque chose, c'est très bien. Mais si vous ne vous souvenez pas -- parce

 13   que je ne vous demande pas de vous rappeler des choses dont vous ne vous

 14   souvenez plus. Si vous dites, oui, maintenant je me souviens puisque cela

 15   m'a aidé à me rappeler, c'est bien. Mais si vous dites écoutez, je ne me

 16   souviens pas même après avoir lu cela, enfin, je comprends ce que j'ai dit,

 17   mais je ne me souviens pas, dites-le. Vous n'avez pas besoin de vous

 18   rappeler quoi que ce soit. Je ne vous demande pas de vous rappeler. Vous

 19   n'avez pas besoin de vous rappeler forcément parce que vous pensez qu'il

 20   serait bien de confirmer ce qui a été dit dans votre déclaration. Je vous

 21   demande simplement est-ce que vous vous souvenez de cela. Maintenant, on a

 22   rafraîchi votre mémoire, on vous a rappelé ce que vous avez dit. Est-ce que

 23   vous vous en souvenez à présent ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais m'en tenir à la réponse que j'ai déjà

 25   donnée. Je me souviens que j'ai fêté cela avec mes soldats, et je ne me

 26   souviens pas de ces détails à présent. Il y a sept ou huit ans, peut-être

 27   qu'à l'époque je m'en souvenais, si je le dis.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Au moment où vous avez fait cette

Page 10524

  1   déclaration, est-ce qu'à aucun moment vous auriez menti ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Enfin, je n'avais aucun besoin de mentir

  3   expressément. Cela étant dit, je peux dire quelque chose qui ne correspond

  4   pas à la vérité, mais vu les circonstances, je pense que c'est vrai. Cela

  5   étant dit, il est possible de dire quelque chose qui ne correspond pas à la

  6   vérité. Même moi, à l'époque, je pensais que c'était vrai. C'est comme cela

  7   que je le voyais, c'est ce que je pensais à l'époque. Est-ce que vous me

  8   comprenez ?

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre, Maître Bakrac.

 10   M. BAKRAC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 11   Q.  Monsieur Stoparic, quand vous êtes revenu du front de Trnovo, vous êtes

 12   allé à Sid, n'est-ce pas, et si je vous ai bien compris, un membre de la DB

 13   de Sid vous a recommandé de vous rendre dans le camp qui était le camp de

 14   la JSO sur la rivière de Tara ?

 15   R.  Il m'a donné un numéro de téléphone et m'a dit si tu veux y aller,

 16   rends-toi dans l'hôtel Jahorina et demande qu'on te donne le numéro de

 17   téléphone. Explique-leur pourquoi t'es venu et quelqu'un va venir te

 18   chercher. C'est exactement cela que les choses se sont présentées.

 19   Q.  Donc vous avez appelé quoi, l'hôtel Jahorina sur la rivière Tara ?

 20   R.  Non, non, l'hôtel Omorika, je me suis trompé. Donc j'ai appelé. Un Lada

 21   Niva est venu, enfin, un policier, et il m'a emmené dans l'hôtel Tara, je

 22   pense.

 23   Q.  Est-ce que vous aviez l'impression que c'était un camp d'entraînement

 24   des policiers ?

 25   R.  Voyez-vous, l'homme qui travaille à l'accueil c'est un policier. J'y ai

 26   passé une journée ou deux, et après un groupe de gens est arrivé, et

 27   ensuite un homme vêtu d'un blouson en cuir, en civil, est venu et il m'a

 28   appelé. Moi, j'avais donné tous les documents que j'avais auparavant. Il a

Page 10525

  1   dit : Je vois que vous n'avez rien à faire dans l'atelier de groupe, parce

  2   qu'on attend d'avoir plus de gens. Je vois que vous êtes sergent. Allez sur

  3   le polygone et entraînez-vous tout simplement, faites des exercices. Et

  4   voilà, j'ai fait cela. Pendant deux jours, j'ai animé un groupe qui faisait

  5   des exercices. Ensuite, un homme d'âge moyen est arrivé. Il y avait

  6   beaucoup d'hommes qui n'avaient aucune expérience. Ils pouvaient tout

  7   simplement mettre un écrin à fusil, rien d'autre. Ils ne savaient même pas

  8   comment utiliser les transmissions, rien. Et cet homme les a formés, et moi

  9   aussi d'ailleurs. Moi, je l'ai aidé, pour ainsi dire.

 10   Q.  Comment s'appelait cet homme, celui qui vous a formés, et il vous a

 11   formés pendant combien de temps ?

 12   R.  Eh bien, pendant que nous attendions d'avoir le nombre suffisant, on a

 13   suivi cette formation. En ce qui concerne cet homme, tout ce que je sais,

 14   c'est qu'il est originaire d'une petite ville aux alentours. C'est tout ce

 15   dont je me souviens. Il était vêtu d'un uniforme. C'était un professionnel.

 16   Q.  Est-ce qu'il portait un uniforme bleu de police ?

 17   R.  Non, non. Il avait un uniforme comme les uniformes de l'OTAN.

 18   Q.  Vous avez passé combien de jours dans cette formation ?

 19   R.  Pas trop longtemps. Une semaine au maximum.

 20   Q.  Et vous ne vous souvenez pas de la personne qui vous a formés pendant

 21   une semaine ?

 22   R.  Ecoutez, j'essaie de me rappeler de son prénom. Je pense que je n'ai

 23   jamais connu son nom de famille. Il s'est présenté et nous a donné son

 24   prénom. Tout ce que je sais, c'est qu'il habitait aux alentours de l'hôtel.

 25   Q.  Est-ce que vous avez jamais vu Franko Simatovic pendant que vous étiez

 26   sur la rivière Tara, c'est-à-dire dans ce centre de formation ?

 27   R.  Non.

 28   Q.  Monsieur Stoparic, en sortant des Skorpions - j'ai oublié de vous poser

Page 10526

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 10527

  1   la question - avant de rejoindre, le 11 août, comme vous dites, les JSO, et

  2   vous avez décrit la procédure, où avez-vous remis les armes que vous avez

  3   reçues pendant que vous étiez au sein des Skorpions ?

  4   R.  Dans la base des Skorpions.

  5   Q.  La base des Skorpions à Djeletovci; c'est bien cela ?

  6   R.  Oui. Je sais que l'on a mis tout dans les camions et qu'on a tout

  7   transporté jusqu'à la caserne de Sid.

  8   Q.  Quand vous dites la caserne de Sid, vous pensez à la caserne de

  9   l'armée, la caserne militaire ?

 10   R.  Oui. A l'époque, on avait déjà créé l'armée, la frontière était là, et

 11   la caserne aussi. A la sortie de Sid, en direction de Tovarnik. Tous les

 12   camions avec tout l'équipement ont été acheminés là-bas.

 13   Q.  Monsieur le Témoin, quand vous êtes devenu, à partir du 11 août, comme

 14   vous dites, puisque nous avons déjà examiné les certificats s'y afférent, à

 15   partir du moment où vous êtes devenu membre de la JSO, est-ce que vous avez

 16   signé un contrat avec qui que ce soit qui portait justement sur le fait que

 17   vous deveniez membre de la JSO ?

 18   R.  Non, mais cet instructeur a promis à ceux qui allaient se distinguer

 19   par leur qualité qu'ils allaient avoir la possibilité de devenir des

 20   membres actifs, mais cela ne s'est jamais produit. Personne n'a réussi à le

 21   faire.

 22   Q.  Vous n'avez signé aucun contrat, mais on vous a fait des promesses ?

 23   R.  Eh bien, voyez-vous, on était nombreux à le demander, parce que moi, en

 24   tant que soldat, j'avais l'impression que c'était vraiment le sommet. Et si

 25   j'étais membre d'une telle unité, j'aurais été content parce qu'on peut

 26   beaucoup apprendre dans une telle unité.

 27   Q.  Bien. Moi, tout ce qui m'intéressait, c'était cela. On vous a dit que

 28   vous alliez signer un contrat, puis finalement vous ne l'avez jamais signé.

Page 10528

  1   On vous a fait des promesses, rien d'autre ?

  2   R.  Oui, cet homme nous disait que ceux qui allaient se montrer comme des

  3   bons éléments pendant six mois, qu'après on allait devenir membres, et

  4   cetera, mais je ne me souviens plus exactement de la période.

  5   Q.  Monsieur Stoparic, on va examiner encore un document, puis après on va

  6   faire la pause.

  7   M. BAKRAC : [interprétation] Voilà, c'est votre déclaration préalable.

  8   P1702.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Bakrac, je regarde l'heure.

 10   Nous devons prendre la pause maintenant. Est-ce que vous pourriez me dire

 11   de combien de temps vous avez encore besoin après la pause ?

 12   M. BAKRAC : [interprétation] De 30 à 40 minutes.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, si vous le faites en 30 minutes,

 14   cela laissera suffisamment de temps à l'Accusation pour poser les questions

 15   supplémentaires.

 16   M. GROOME : [interprétation] J'ai besoin de huit minutes, pas plus, vu la

 17   situation telle qu'elle se présente.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Monsieur Jordash, cela

 19   dépendra sans doute des questions qui vont être posées par M. Groome, et

 20   donc essayez de terminer dans les 30 minutes après la pause, Monsieur

 21   Bakrac. Et je vous demande aussi d'arrêter le témoin s'il répond de façon

 22   trop détaillée, puisque vous pouvez l'interrompre, vous pouvez revenir à la

 23   question --

 24   M. BAKRAC : [interprétation] Ecoutez, j'hésite, Monsieur le Président, à le

 25   faire, car il est arrivé souvent justement que les Juges ne soient pas

 26   satisfaits parce que je ne laisse pas le témoin terminer sa réponse. C'est

 27   pour ça que j'hésite toujours à le faire, mais je vais essayer cette fois-

 28   ci de le faire.

Page 10529

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, c'est bien d'être prudent. C'est

  2   bien d'être hésitant parfois, c'est vrai aussi. Cela étant dit, ses

  3   réponses durent trop longtemps, souvent des réponses aux questions que vous

  4   ne lui avez même pas posées.

  5   Donc nous allons prendre une pause à présent, et nous allons reprendre nos

  6   travaux à 17 heures 45.

  7   --- L'audience est suspendue à 17 heures 16.

  8   --- L'audience est reprise à 17 heures 47.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Bakrac, vous avez jusqu'à 18

 10   heures 25.

 11   M. BAKRAC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Est-ce qu'on

 12   pourrait afficher le paragraphe 109.

 13   Q.  Et en attendant que ce paragraphe apparaisse à l'écran, Monsieur le

 14   Témoin, nous avons mentionné les contrats. Je vais commencer par donner

 15   lecture du paragraphe qui est assez long. Vous avez dit :

 16   "Après avoir quitté les Skorpions, j'étais à Sid."

 17   Vous avez parlé à un inspecteur, vous avez parlé de la montagne de Tara, et

 18   vous avez dit :

 19   "Nous sommes devenus membres de la JSO. Lorsque mon nom a été appelé, il

 20   semble qu'ils étaient au courant de mon passé et du fait que j'avais été

 21   membre des Skorpions de la DB. Ils connaissaient mon grade et ils avaient

 22   certainement également fait des vérifications. J'ai signé un contrat de six

 23   mois, et ensuite j'ai signé un contrat de trois ans avec les Bérets

 24   Rouges/JSO. Dans le contrat, l'unité s'appelait JSO, à savoir l'unité pour

 25   opérations spéciales de la DB. Et le contrat avait cet insigne des quatre S

 26   avec une épée et un loup. Il y avait également le tampon de la JSO."

 27   Vous avez eu la possibilité de consulter cette déclaration il y a quatre

 28   jours, n'est-ce pas, alors est-ce que vous avez signé ce contrat ou pas ?

Page 10530

  1   Dans votre déclaration, vous décrivez même celui-ci.

  2   R.  J'ai corrigé cela.

  3   Q.  Où avez-vous corrigé cela ? Nous n'avons pas été avertis de quelque

  4   correction que ce soit.

  5   R.  J'ai demandé au Procureur de corriger cela.

  6   Q.  Et quand avez-vous corrigé ceci ?

  7   R.  Je ne sais pas. Il y a deux ou trois jours, je crois. Trois jours,

  8   peut-être.

  9   M. GROOME : [interprétation] Je pense qu'il s'agit de la deuxième page du

 10   P1704. Il est mentionné au paragraphe 109. Il s'agit des corrections qui

 11   ont été apportées à ce paragraphe.

 12   M. BAKRAC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait afficher le document

 13   P1704 sur les écrans. Nous aimerions voir les corrections. Peut-être que je

 14   me trompe, mais la manière dont je lis ceci, je ne considère pas qu'il

 15   s'agisse de correction. Est-ce que l'on pourrait afficher la deuxième page,

 16   s'il vous plaît.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, la deuxième page du

 18   document P1704, pour moi, il s'agit d'un document d'une page. Il s'agit du

 19   document qui fait référence au 11 juin. Document P1704.

 20   M. GROOME : [interprétation] C'était --

 21   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 22   M. GROOME : [interprétation] C'est à l'écran. Il s'agit des corrections qui

 23   ont été apportées aux modifications [comme interprété].

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je me suis peut-être trompé lorsque j'ai

 25   essayé de télécharger le document. Oui, effectivement, je me suis trompé.

 26   Je vous prie de m'excuser.

 27   M. BAKRAC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame le Juge, je

 28   regarde à nouveau ce document. Je l'ai déjà vu, mais je ne considère pas

Page 10531

  1   ceci comme une correction ou comme une déclaration faisant état qu'il

  2   n'avait pas signé ce document.

  3   Q.  Il est mentionné ici dans la correction :

  4   "Toute personne qui avait mené à bien l'entraînement avait la possibilité

  5   de signer un contrat de six mois. Après six mois, ils recevaient la

  6   possibilité d'avoir un contrat de trois ans avec le MUP de Serbie."

  7   Monsieur Stoparic, comment se fait-il qu'en 2003 vous avez décrit le

  8   contrat que vous aviez soi-disant signé avec le MUP de Serbie ?

  9   R.  Cette personne, et je l'ai répété dans ma déclaration, cette personne

 10   nous a dit que nous aurions la possibilité de signer un contrat de six

 11   mois, en ensuite un contrat d'une durée plus longue.

 12   Q.  Monsieur Stoparic, je n'ai pas beaucoup de temps. Dans votre

 13   déclaration de 2003, vous avez mentionné que vous avez effectivement signé

 14   le contrat et vous avez même décrit le contrat. Vous avez dit que le

 15   contrat avait quatre S, avec une épée et un loup, ainsi que le tampon de la

 16   JSO. Pourquoi avoir dit ceci en 2003 ? Pourquoi avoir décrit le contrat que

 17   vous aviez soi-disant signé avec la JSO ?

 18   R.  Je n'ai pas signé de contrat. C'est la raison pour laquelle je me suis

 19   corrigé, et ici je décris un contrat que j'ai vu quelque part.

 20   Q.  Où avez-vous vu ce contrat ?

 21   R.  Quelqu'un l'avait à Tara. Je crois que cet homme nous a montré ce

 22   contrat.

 23   Q.  En d'autres termes, en 2003, vous ne vous souveniez pas de cela, et

 24   maintenant en 2010, vous souvenez que vous n'avez, en fait, pas signé le

 25   contrat, mais que cette personne au camp de Tara vous a montré un spécimen

 26   de contrat. Est-ce que c'est ce que vous confirmez dans le cadre de votre

 27   déposition d'aujourd'hui ?

 28   R.  Oui.

Page 10532

  1   Q.  Merci, Monsieur le Témoin.

  2   M. BAKRAC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait demander l'affichage

  3   du document P1708.

  4   Q.  Monsieur Stoparic, en attendant l'affichage du document, je voudrais

  5   vous expliquer qu'il s'agit d'un certificat qui mentionne qu'entre 11 août

  6   et le 22 décembre 1995, vous étiez engagé par le ministère de l'Intérieur

  7   de la République de Serbie et que vous aviez effectué certaines missions et

  8   que vous aviez certaines responsabilités. J'aurais quelques questions à

  9   vous poser.

 10   M. BAKRAC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame le Juge, est-ce

 11   qu'on pourrait demander à M. Stoparic de regarder de plus près le tampon.

 12   Où il y a la signature. Est-ce que l'on pourrait agrandir cette partie du

 13   document.

 14   Q.  Tout d'abord, est-ce que vous pouvez nous dire, Monsieur Stoparic, si

 15   vous savez qui est Stojan Petrovic ?

 16   R.  Non.

 17   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire où vous avez obtenu ce certificat ?

 18   R.  Je pense qu'il s'agit d'un endroit qui s'appelle Pajzos ou Pados, à

 19   proximité d'Ilok.

 20   Q.  Quand avez-vous reçu ce certificat ?

 21   R.  Je pense que je l'ai reçu aux environs du 22 décembre.

 22   Q.  Nous afficherons le haut du document dans quelques instants, mais est-

 23   ce qu'il s'agit bien d'une "unité pour affectation spéciale" plutôt qu'une

 24   "unité pour opérations spéciales", donc "special purpose" en anglais plutôt

 25   que "special operations" ?

 26   R.  En fait, c'est illisible. Le mot "unité" est lisible et le mot

 27   "affectation" est lisible, "purpose" en anglais.

 28   Q.  Vous nous avez dit que vous étiez un membre de la JSO, et ici nous

Page 10533

  1   voyons une personne qui s'appelle Stojan Petrovic qui a signé le certificat

  2   faisant état du fait que vous étiez un membre de cette unité d'affectation

  3   spéciale. Pourquoi y a-t-il une différence ?

  4   R.  Je n'ai jamais vraiment regardé ceci de près. Je vois le cachet pour la

  5   première fois.

  6   Q.  Est-ce que cela vous aiderait si je vous disais qu'une unité

  7   d'affectation spéciale était sous la coupe du centre de la sécurité

  8   publique ?

  9   R.  Je ne sais pas.

 10   Q.  Monsieur Stoparic --

 11   M. BAKRAC : [interprétation] En fait, est-ce qu'on pourrait faire remonter

 12   le document.

 13   Q.  Il semble que vous ayez reçu ce certificat le 12 décembre plutôt que le

 14   22 décembre. Vous venez de nous dire que vous l'aviez reçu le 22 décembre.

 15   R.  Je n'étais pas catégorique. Je venais de le lire le 22 et je pensais

 16   que c'était à ce moment-là que le certificat avait été délivré.

 17   Q.  Et comment expliquez-vous que ce certificat a été délivré avant le 22 ?

 18   Comment savaient-ils que vous alliez rester au sein de cette unité jusqu'au

 19   22 décembre, alors qu'on n'en était qu'au 12 décembre ?

 20   R.  Je dirais que j'ai reçu ce certificat alors que j'avais déjà rendu mes

 21   armes, mon uniforme, et cetera, et en même temps, j'étais monté à bord du

 22   bus et je me suis rendu à Sid.

 23   Q.  Merci beaucoup, Monsieur Stoparic.

 24   M. BAKRAC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait maintenant demander

 25   l'affichage du document 1D152.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai une question à poser. Au vu de ce

 27   cachet, il y a des lettres que l'on peut clairement déchiffrer. Et si l'on

 28   regardait l'original, et si c'est quelqu'un qui a le B/C/S comme langue

Page 10534

  1   maternelle, il est possible que l'on pourrait tomber d'accord sur le texte.

  2   Maintenant, est-ce qu'on pourrait tomber d'accord également sur ce qui

  3   figure sur ce cachet ?

  4   Oui, Monsieur Groome.

  5   M. GROOME : [interprétation] Dans la traduction, il y a un point

  6   d'interrogation, ce qui signifie que ce n'est pas vraiment très clair, donc

  7   je ne pourrais pas tomber d'accord.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Il est évident que la personne qui

  9   a traduit ceci n'était pas sûre -- mais en fait, ce que vous faites, c'est

 10   que vous ne demandez pas à quelqu'un qui fait des traductions, vous

 11   demandez à quelqu'un qui essayerait de voir si l'on peut déchiffrer le

 12   texte. Parce qu'il y a des méthodes assez faciles qui peuvent être

 13   utilisées à cette fin. Je me demandais s'il y avait un désaccord --- oui,

 14   Maître Bakrac.

 15   M. BAKRAC : [interprétation] Je vous prie de m'excuser, mais peut-être que

 16   le témoin pourrait nous aider. Il s'agit de son certificat. Il peut lire

 17   l'original et il peut peut-être également nous dire ce que signifie ce

 18   cachet.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je n'ai aucun problème à ce que le

 20   témoin déchiffre cela, mais je ne peux pas dire que ceci constituera une

 21   conclusion décisive.

 22   M. GROOME : [interprétation] Je pourrais demander à l'Institut scientifique

 23   néerlandais d'examiner l'original. Ils ont peut-être un matériel spécial

 24   qui leur permet de mieux voir le contenu de ce cachet.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne pensais pas immédiatement avoir

 26   des experts, mais je pensais qu'on pouvait commencer par faire preuve de

 27   bon sens et utiliser peut-être un autre éclairage, ce qui permet de

 28   déchiffrer un cachet sans avoir recours à un expert. Il semble que

Page 10535

  1   l'interprète ait jugé que les mentions étaient suffisamment claires pour

  2   s'essayer à une traduction.

  3   M. GROOME : [interprétation] Me Bakrac et moi-même pourrions essayer

  4   d'avoir d'autres documents qui ont des exemples de cachets de cette unité

  5   d'opérations spéciales, de façon à voir si l'on peut mieux comprendre ce

  6   qui figure sur ce cachet.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est une possibilité. Je pense qu'il

  8   faut faire usage de bon sens plutôt que de commencer à recruter des

  9   experts. Mais je vous demande de conserver soigneusement l'original,

 10   Monsieur Groome.

 11   M. GROOME : [interprétation] Ne vous inquiétez pas, c'est en lieu sûr.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, d'accord.

 13   Maître Bakrac.

 14   M. BAKRAC : [interprétation] Je suis d'accord avec M. Groome, mais je

 15   propose que ce document reçoive une cote provisoire. Etant donné que le

 16   cachet, ou son contenu, est contesté, je pense qu'il est préférable de

 17   conserver une cote MFI.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais je crois que ce document a déjà

 19   reçu une cote MFI, n'est-ce pas ?

 20   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que je ne

 21   serais pas d'accord.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais vérifier. Si ce document a déjà

 23   reçu une cote MFI, il semble que personne n'ait fait une demande pour un

 24   changement de statut. Mais s'il n'a pas reçu de cote MFI, dans ce cas-là,

 25   nous pouvons voir si l'on peut reconsidérer cela. Enfin, on vérifiera. En

 26   fait, oui, c'est ce qui me semblait. Ce document a une cote MFI. Il va

 27   conserver ce statut pour l'instant.

 28   M. BAKRAC : [interprétation] Merci. Est-ce que l'on pourrait maintenant

Page 10536

  1   demander l'affichage du document 2D152.

  2   Q.  Témoin, pourriez-vous consulter ce document d'identité et est-ce que

  3   vous pourriez nous dire s'il s'agit du type de document d'identité que vous

  4   avez reçu lorsque vous étiez membre des Skorpions ?

  5   R.  En fait, ce livret s'ouvrait dans le sens contraire.

  6   Q.  En plus de cela, je dirai qu'il s'agit d'un livret bleu foncé. Est-ce

  7   que c'est ce type de livret d'identité que vous aviez lorsque vous étiez

  8   membre des Skorpions ?

  9   R.  Non, il ne ressemblait pas à cela.

 10   Q.  Ma deuxième question est la suivante : vous avez dit qu'un responsable

 11   de la DB de Sid vous avait présenté son livret d'identité très rapidement.

 12   Est-ce que c'était l'aspect de ce livret d'identité ?

 13   R.  Ce document avait des armoiries, et il y était mentionné qu'il

 14   s'agissait d'un livret d'identité officiel.

 15   Q.  Est-ce qu'il y était mentionné "Sûreté de l'Etat" ?

 16   R.  Je ne l'ai pas eu entre les mains. Cet homme me l'a présenté et s'est

 17   présenté lui-même également. Je lui ai dit : asseyez-vous. Mais

 18   effectivement, il y avait les armoiries de l'Etat en question.

 19   Q.  Mais est-ce que vous vous souvenez s'il y était mentionné "Sûreté de

 20   l'Etat" ?

 21   R.  L'homme était certainement un membre de la Sûreté de l'Etat. Je n'en

 22   avais aucun doute.

 23   Q.  Mais ce n'est pas ce que je vous demande. Je voudrais savoir si sur ce

 24   livrer d'identité, il était mentionné "Sûreté de l'Etat" ?

 25   R.  Je ne m'en souviens pas.

 26   Q.  Très bien. Monsieur Stoparic, en tant que membre des Skorpions, vous

 27   avez également été déployé au Kosovo, n'est-ce pas, en 1999 ?

 28   R.  Oui, mais pas à Podujevo, comme vous venez de le mentionner.

Page 10537

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 10538

  1   Q.  Est-ce que Milan Milanovic, alias Mrgud, vous a accompagné à Prolom

  2   Banja lorsque vous êtes parti en direction du Kosovo ?

  3   R.  C'est exact.

  4   Q.  Est-ce que Milan Milanovic, alias Mrgud, vous a trouvé un logement dans

  5   un hôtel à Prolom Banja ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Si je vous disais que Milan Milanovic, alias Mrgud, vous a accompagné

  8   de Belgrade, du stade de Makis, et qu'à partir de là il n'a pas accompagné

  9   les Skorpions, quelle serait votre réponse ?

 10   R.  Je ne dirais rien, parce que je suis catégorique, il nous a accompagnés

 11   à partir de cet endroit-là.

 12   Q.  Fort bien. Monsieur Stoparic, vous avez fait deux autres déclarations.

 13   M. BAKRAC : [interprétation] Pourrait-on afficher la pièce 1D1720. Est-ce

 14   que l'on pourrait consulter les paragraphes 105 à 108, s'il vous plaît.

 15   Q.  Monsieur Stoparic, lorsque l'on a parlé de certaines inexactitudes,

 16   vous nous avez dit que vous ne vous appeliez pas Nikola Tesla, que vous

 17   étiez quelqu'un de normal, sans connaissances poussées. Je vais vous donner

 18   lecture des paragraphes 105 à 108. Je cite :

 19   "Je vais expliquer ceci très rapidement. A l'époque, il y avait une

 20   propagande qui n'avait connu aucune pareille. On nous avait dit que la vie

 21   et les biens des Serbes en Croatie étaient menacés, qu'un tiers des Serbes

 22   serait tué, un tiers serait expulsé et un tiers serait converti au

 23   catholicisme. Bien sûr, à l'époque, j'étais très jeune et je n'ai pas trop

 24   essayé de réfléchir à tout cela. J'y ai simplement cru.

 25   "Les hommes politiques, de manière très perfide, ont redonné corps à

 26   un certain chauvinisme et à nous convaincre qu'il était nécessaire d'avoir

 27   tous les Serbes habitant dans un seul Etat. Ils nous ont convaincus que si

 28   les Républiques de la RFY devenaient indépendantes et existaient hors de la

Page 10539

  1   Yougoslavie, il s'agirait d'un acte antiserbe, et ceci pourrait en fait

  2   devenir un génocide contre les Serbes. Dans leurs apparitions publiques,

  3   ils ont rappelé ce qui s'était passé durant la Seconde Guerre mondiale,

  4   notamment les sites d'exécution où des Serbes avaient péri. Milosevic a

  5   pris l'initiative, et puis, comme je le disais, je n'ai pas une

  6   intelligence hors du commun, je suis allé à l'école secondaire et, par

  7   conséquent, je ne peux pas me reprocher quoi que ce soit, même si je suis

  8   devenu partie du plan monstrueux de Slobodan Milosevic."

  9   Monsieur Stoparic, est-ce qu'il s'agit des mots que vous avez prononcés

 10   vous-même ?

 11   R.  C'est moi qui l'ai écrit de ma propre main. Le Procureur devrait avoir

 12   une copie manuscrite de cela.

 13   Q.  Vous avez donné ceci au Procureur avant votre entretien avec celui-ci,

 14   n'est-ce pas ?

 15   R.  J'ai écrit ceci durant une soirée.

 16   Q.  Est-ce que l'Accusation dispose de ce document ? Est-ce que vous l'avez

 17   remis à l'Accusation ?

 18   R.  Oui, mais pas à la personne qui est dans ce prétoire, à quelqu'un

 19   d'autre.

 20   Q.  Très bien. Donc, Monsieur le Témoin, vous avez préparé ceci avant

 21   d'avoir un entretien avec les membres du bureau du Procureur et vous l'avez

 22   amené avec vous ?

 23   R.  [aucune interprétation]

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Tout d'abord, Maître Bakrac va vous

 25   poser une question. Je vous demande de répondre à cette question. Sinon,

 26   nous allons avoir le même problème qu'auparavant.

 27   Maître Bakrac, allez-y.

 28   M. BAKRAC : [interprétation]

Page 10540

  1   Q.  Monsieur Stoparic, avant d'avoir signé cette déclaration, est-ce que

  2   vous avez également amené avec vous ces notes ?

  3   R.  Effectivement, j'avais rédigé ça le soir, et le lendemain j'ai apporté

  4   avec moi ce que j'avais écrit.

  5   Q.  Cette note manuscrite n'a pas été communiquée. Je suppose que M. Groome

  6   n'a pas ce document, sinon il nous l'aurait communiqué.

  7   M. BAKRAC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait maintenant consulter

  8   le document 1D2714.

  9   Q.  Cette déclaration que nous voyons maintenant a été donnée entre février

 10   2004 et novembre 2005. Maintenant, je vous montre une déclaration qui a été

 11   faite en 2006, les 1er, 2, 3 et 4 août à La Haye. Je n'ai pas besoin d'en

 12   donner lecture. Je parle particulièrement des paragraphes 4 à 7. Monsieur

 13   Stoparic, je vous demande de consulter ces paragraphes, donc les

 14   paragraphes 4, 5, 6 et 7. Ces paragraphes sont identiques à ce que je viens

 15   de lire.

 16   Est-ce qu'en 2006, vous avez fourni ce document à nouveau ou est-ce

 17   que les enquêteurs n'ont fait que reprendre ce que vous aviez déclaré dans

 18   votre précédente déclaration, ou est-ce que vous avez dicté ceci de mémoire

 19   ?

 20   R.  Je ne serais pas en mesure de dicter ceci de mémoire. J'ai écrit ceci

 21   un soir, comme cela.

 22   Q.  Donc, est-ce que vous l'avez écrit à nouveau un an plus tard ? Comment

 23   est-il possible que vous puissiez faire la même chose un an après ?

 24   R.  Je n'ai pas rédigé ceci à nouveau, et ce que j'ai écrit de ma propre

 25   main, je l'ai donné à l'enquêteur.

 26   Q.  Donc, les enquêteurs ont incorporé ce que vous aviez rédigé un an

 27   auparavant dans cette nouvelle déclaration, n'est-ce pas ?

 28   R.  C'est fort possible.

Page 10541

  1   Q.  Merci, Monsieur le Témoin. Je n'ai plus beaucoup de temps. Il me reste

  2   sept ou huit minutes. En 1997, en Serbie, est-ce que vous avez dû vous

  3   défendre contre les accusations de possession illicite d'armes ?

  4   R.  Je ne sais pas. J'ai eu une peine avec sursis.

  5   Q.  Est-ce que c'était pour un port illicite d'armes en République de

  6   Serbie ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Votre commandant, Boca Medic, est-il venu témoigner dans votre procès ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Et à ce procès, Boca Medic a-t-il déclaré que vous étiez une unité de

 11   la République serbe de Krajina, et que vous portiez ces armes parce que

 12   vous montiez la garde devant les champs pétrolifères de Djeletovci ?

 13   R.  Je ne sais pas si j'écoutais son témoignage lorsqu'il l'a donné devant

 14   les Juges de la Chambre. Je pense que oui.

 15   Q.  Est-il exact de dire qu'il n'a absolument pas fait état du fait que

 16   vous étiez membre d'une quelconque unité du MUP de Serbie ?

 17   R.  Non. Devant ce tribunal, c'est quelque chose qu'il n'a pas évoqué.

 18   Q.  J'approche de la fin, il me reste cinq minutes. Essayons de poser ces

 19   questions sans document. L'Accusation nous a communiqué l'information

 20   suivante : vous avez été le témoin de Sasa Cvjetan, qui a été accusé du

 21   meurtre de Podujevo. Le procès s'est déroulé à Belgrade.

 22   R.  Sasa Cvjetan, oui.

 23   Q.  A deux reprises, avez-vous remis une déclaration ou déposé devant le

 24   tribunal de Belgrade pour crimes de guerre ?

 25   R.  Je crois que c'était une fois.

 26   Q.  Avez-vous, dans la même affaire, devant le tribunal de Prokuplje, donné

 27   une déclaration, et par la suite vous avez donné une autre déclaration

 28   lorsque l'affaire a été jugée devant le tribunal de Belgrade ?

Page 10542

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Est-ce que vous avez changé votre déposition parce que vous avez dit

  3   que lors de ce premier procès à Prokuplje, vous aviez menti, parce que vous

  4   étiez tellement convaincu par le conseil de la Défense ?

  5   R.  C'est exact.

  6   Q.  Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre comment cela est arrivé,

  7   comment se fait-il que le conseil de la Défense ait réussi de vous

  8   convaincre de dire des mensonges devant un tribunal et de dire des choses

  9   qui étaient fausses ?

 10   R.  Le conseil de la Défense a contacté un certain nombre d'entre nous et a

 11   dit que nous devions défendre et aider Cvjetan contre les charges qui

 12   pesaient sur lui. Nous étions quatre à venir témoigner dans ce procès, et

 13   il nous a griffonné sur un morceau de papier de quoi il s'agissait et ce

 14   que nous étions censés déclarer devant la chambre. 

 15   Q.  Merci, Monsieur Stoparic.

 16   M. BAKRAC : [interprétation] Puis-je simplement consulter mon client, s'il

 17   vous plaît. Mais j'arrive vraiment à la fin.

 18   [Le conseil la Défense et l'Accusé Simatovic se concertent]

 19   M. BAKRAC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame le Juge, il me

 20   reste trois minutes que j'aimerais utiliser, s'il vous plaît.

 21   Q.  Monsieur Stoparic, on vous a montré des certificats de paiement que

 22   vous avez reçus du MUP de Serbie. Etait-ce votre salaire ou était-ce des

 23   per diem ?

 24   R.  L'en-tête indique qu'il s'agit d'un per diem. 

 25   Q.  Je ne vous demande pas ce que dit le document, je vous demande comment

 26   vous compreniez ces paiements. Est-ce qu'il s'agissait de per diem ou d'un

 27   salaire ?

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez vous expliquer, s'il vous

Page 10543

  1   plaît, quelle est la différence au niveau des faits et comment vous pouvez

  2   voir s'il s'agit de l'un ou de l'autre. Demandez au témoin s'il a une

  3   quelconque connaissance factuelle de cela. Parce que si je reçois de

  4   l'argent, on est en droit de se demander de quoi il s'agit, mais s'il

  5   s'agit d'un per diem ou d'un salaire, il est important de faire la

  6   différence entre les deux. Il s'agit d'éléments factuels, ici, qui peuvent

  7   aider les Juges de la Chambre.

  8   M. BAKRAC : [interprétation]

  9   Q.  Monsieur Stoparic, pouvez-vous nous dire, s'il vous plaît, étant donné

 10   que vous n'avez signé aucun contrat et que vous nous avez dit cela, comment

 11   se fait-il que vous ayez reçu des paiements de la JSO; pour quelle raison ?

 12   R.  Eh bien, j'étais là, j'étais dans la région. Je suppose qu'il était

 13   normal que je sois payé.

 14   Q.  Vous voulez dire à Tara ?

 15   R.  A Tara, on nous a remis une petite somme qui nous permettait de couvrir

 16   nos frais.

 17   Q.  Lorsque vous dites que vous étiez sur le terrain, qu'est-ce que vous

 18   entendez par là ?

 19   R.  La Slavonie, la Baranja et le Srem occidental faisaient partie de la

 20   République serbe de Krajina.

 21   Q.  Monsieur le Témoin, vous nous avez dit vous-même, hier, que

 22   l'Accusation vous a montré, ce sont des per diem que vous avez commencé à

 23   recevoir à partir du 16 août 1995. Quel salaire aurait pu être versé avant

 24   cette date-là, le 16 août ?

 25   R.  Je n'ai pas cité de paiements de salaire. J'étais sur le terrain et

 26   tous les 15 jours, nous recevions de l'argent.

 27   Q.  Et de qui receviez-vous l'argent ?

 28   R.  Un commandant dont le nom était Rasko, un membre d'active de la JSO.

Page 10544

  1   C'est lui qui distribuait l'argent entre nous.

  2   Q.  A quel moment a-t-il fait cela ?

  3   R.  Eh bien, il recevait l'argent et le distribuait entre nous.

  4   Q.  Avant le 18 août, étiez-vous membre de la JSO ?

  5   R.  De Tara, je me suis rendu au village de Njemci et ensuite dans la

  6   forêt, et pendant toute la durée de mon engagement là-bas, j'étais dans la

  7   forêt.

  8   Q.  Et après le moment passé à Tara, vous étiez dans la forêt. Combien

  9   d'argent avez-vous reçu ? Quel était votre salaire ?

 10   R.  Beaucoup d'argent. Je ne sais pas.

 11   Q.  Est-il exact que vous avez dit au juge d'instruction Dilparic, lors de

 12   l'audience, avoir reçu deux salaires uniquement de la JSO; est-ce exact ?

 13   R.  Puis-je répondre ? Je crois que j'étais là pour deux mois. C'est la

 14   raison pour laquelle j'ai parlé de ces deux salaires. Et ensuite, ici, j'ai

 15   vu la fiche de paye et j'ai compris que c'était tous les 15 jours, donc

 16   deux salaires tous les 15 jours, deux paiements tous les 15 jours,

 17   correspond à un mois de salaire.

 18   M. BAKRAC : [interprétation] Merci, Monsieur Stoparic. Je n'ai pas d'autre

 19   question à vous poser.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Maître Bakrac.

 21   Monsieur Groome.

 22   M. GROOME : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 23   Monsieur le Président, Madame le Juge, je souhaite indiquer au compte rendu

 24   que le document dont j'ai reconnu l'existence mardi, que l'Accusation n'a

 25   pas communiqué à la Défense avant l'audience, ce document a été fourni

 26   avant l'audience d'aujourd'hui. Certains éléments ont été communiqués hier.

 27   Je ne me souviens pas si Me Jordash avait posé des questions sur ce

 28   document, et je souhaite simplement lui demander s'il peut me confirmer

Page 10545

  1   avoir reçu ces documents avec la traduction anglaise.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Jordash, M. Groome vous pose

  3   simplement une question sur la réception du document.

  4   M. JORDASH : [interprétation] Vous voulez parler de la déposition du témoin

  5   de l'ancien --

  6   M. GROOME : [interprétation] En fait, de l'audition antérieure devant le

  7   tribunal serbe qui viennent d'être évoqués par Me Bakrac.

  8   M. JORDASH : [interprétation] Je crois que l'on m'avait communiqué deux

  9   documents, le témoignage -- le tribunal du Kosovo, même s'il ne s'agit pas

 10   de l'intégralité du témoignage antérieur du témoin que nous demandons.

 11   M. GROOME : [interprétation] Dans ce cas, je vais me pencher dessus, Maître

 12   Jordash, après l'audience d'aujourd'hui. S'il y a d'autres éléments qui

 13   relèvent de notre obligation de communication -- à mon sens, nous vous

 14   avons remis tous les documents qui relèvent de notre obligation de

 15   communication. Si cela n'est pas le cas --

 16   M. JORDASH : [interprétation] Cela est peut-être exact. Il se peut que

 17   l'Accusation nous ait donné tout ce qu'ils ont en leur possession. Ce que

 18   j'évoque ici, ce sont des témoignages antérieurs qui ne semblent pas être

 19   en possession de l'Accusation et qui portent sur ce qu'a dit le témoin

 20   précédemment, soit devant ce tribunal de Kosovo, ou plutôt, ce qui est plus

 21   vraisemblable, devant ce tribunal de Belgrade lorsque Sasa a été poursuivi

 22   en justice, et dont nous n'étions pas au courant.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez, je vais essayer de clarifier

 24   les choses. Je me souviens qu'il y avait cette déclaration canadienne ou ce

 25   témoignage canadien. Ensuite, nous avons parlé de ce témoignage devant un

 26   tribunal à Belgrade qui indiquait que le témoin, à une occasion antérieure,

 27   n'avait pas dit la vérité. Maintenant, ces témoignages ou déclarations

 28   antérieurs ont-ils été communiqués ou non, parce qu'il semblerait qu'il

Page 10546

  1   aurait dit quelque chose qui ne correspondrait pas à la vérité. Je ne sais

  2   pas si vous l'avez.

  3   M. GROOME : [interprétation] En fait, je vous ai dit que nous allions nous

  4   pencher sur la question, parce que le fichier est très important. Je ne

  5   savais pas les cotes. Nous avons vérifié le fichier et nous avons non

  6   seulement trouvé la déposition du témoin dans l'affaire devant Belgrade,

  7   mais du procès précédent également. Je ne veux pas citer le nom, cela

  8   commençait par un P, et cela s'est déroulé au Kosovo. Donc il y a eu trois

  9   éléments qui ont été communiqués.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc nous avons, en fait, la procédure

 11   devant Belgrade. Et maintenant, la déclaration de La Haye, devant un

 12   tribunal serbe où une déclaration est recueillie à La Haye; c'est cela ?

 13   J'ai entendu Me Bakrac citer La Haye. Où devons-nous situer cela ? Ceci

 14   n'est pas canadien. Est-ce que cela fait partie du gros dossier ou pas ?

 15   M. BAKRAC : [interprétation] Oui -- non, Monsieur le Président, Madame le

 16   Juge. Ce qui a été communiqué -- oui, ceci a été communiqué par

 17   l'Accusation le 7 juillet 2003. C'est à ce moment-là que le juge

 18   d'instruction du tribunal de Belgrade était ici à La Haye et a recueilli la

 19   déclaration du témoin Stoparic. Veuillez m'accorder quelques instants et je

 20   vais vous dire quel numéro 65 ter ce document porte. Je l'ai sous les yeux.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce qui m'intéresse surtout, c'est de

 22   savoir s'il y a des problèmes de communication. Apparemment, si ce document

 23   a été communiqué déjà si tôt, je crois qu'il n'y a aucun problème de

 24   communication à l'égard de celui-ci. Et ensuite, Maître Jordash, vous ai-je

 25   bien compris, vous avez reçu les éléments canadiens ainsi que les

 26   antécédents concernant le procès de Belgrade et tous les documents relatifs

 27   à cela. Vous avez tout reçu et vous avez reçu ce qui est en possession de

 28   l'Accusation, n'est-ce pas ?

Page 10547

  1   M. JORDASH : [aucune interprétation] 

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome ?

  3   M. GROOME : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans ce cas, je crois que nous avons

  5   clarifié cela. Canada plus Belgrade plus l'historique, les autres

  6   déclarations, la déclaration de La Haye qui existait déjà mais ne fait pas

  7   l'objet de contestation pour ce qui est de la communication de ce document.

  8   Nouvel interrogatoire par M. Groome :

  9   Q.  [interprétation] Monsieur Stoparic, j'ai quelques questions à vous

 10   poser. Il y a une question que je souhaite vous poser. Je souhaite que vous

 11   expliquiez plus en détail une réponse que vous avez fournie à Me Jordash

 12   hier à la page du compte rendu d'audience 10 461. Il vous a posé une

 13   question sur vos responsabilités et les responsabilités des Skorpions à

 14   Djeletovci. Je cite :

 15   "Eh bien, voyez-vous, à une occasion, Medic m'a dit ceci : La frontière

 16   appartient aux militaires et les puits de pétrole au service de Sûreté de

 17   l'Etat, parce que les dernières installations revêtaient une importance

 18   stratégique. C'est ce qu'il voulait dire lorsqu'il a dit cela."

 19   Puis-je vous demander d'expliquer ce passage-là, lorsque vous dites que les

 20   installations susmentionnées revêtaient une importance stratégique.

 21   Qu'entendiez-vous par là ?

 22   R.  Eh bien, c'est ce qu'il nous a dit à nous tous. Il a dit que la

 23   frontière appartenait aux militaires. Ce qu'il voulait dire, c'est que

 24   l'armée de la République serbe de Krajina serait responsable de la

 25   frontière, et dans ce contexte-là, puisque nous étions censés assurer la

 26   protection de la frontière, nous devions rendre des comptes à l'armée. Et

 27   pour ce qui est des champs pétrolifères, ils appartenaient, ou plutôt, ont

 28   appartenu au service de Sûreté qui les intéressait, parce que les champs

Page 10548

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 10549

  1   pétrolifères avaient un intérêt stratégique.

  2   Q.  Savez-vous pourquoi les champs pétrolifères avaient un intérêt

  3   stratégique ?

  4   R.  D'après ce que je sais, les champs pétrolifères étaient rentables pour

  5   l'Etat.

  6   Q.  A la page du compte rendu d'audience 9, aujourd'hui, à une réponse

  7   posée par Me Jordash, vous avez indiqué que pour la période pour laquelle

  8   des registres de paiements effectués par le service de Sûreté de l'Etat

  9   indiquent que vous avez reçu de l'argent quand vous étiez réserviste. Vous

 10   n'étiez pas un membre d'active et vous ne travailliez pas. Lorsque je vous

 11   ai interrogé plus tôt, vous avez cité un certain nombre de noms qui

 12   figuraient sur cette liste de paiements. Goran Simovic, Goran Jovic, Laza

 13   Kresovic, et Zlatoje Bozic. Voici la question que je souhaite vous poser :

 14   savez-vous si un de ces hommes étaient également des réservistes pour la

 15   période citée sur les registres de paiements ?

 16   M. JORDASH : [interprétation] Lorsque j'ai posé cette question, Cher

 17   Confrère, que j'ai posé des questions détaillées sur ces quatre hommes et

 18   qu'il a confirmé qu'il les connaissait, l'Accusation ne m'a pas permis de

 19   continuer ces questions et je me demandais pourquoi, et j'ai décidé de ne

 20   pas aborder cette question-là pendant mon contre-interrogatoire. Et je

 21   pense que Me Bakrac ne l'a pas fait non plus. Compte tenu de cela, nous

 22   estimons que l'Accusation ne devrait pas être autorisée à pouvoir poser ces

 23   questions-là maintenant à la dernière minute.

 24   [La Chambre de première instance se concerte]

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, veuillez répondre.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je cherche la question exacte -- donc, à

 27   la page 9, Me Jordash dit :

 28   "Et vous avez fait cette supposition-là à partir du mois d'août que vous

Page 10550

  1   étiez payé par la DB parce que vous étiez réserviste."

  2   Et c'est Me Jordash qui a posé cette question-là au témoin et a dit que

  3   c'était un réserviste sur la liste. La question simplement que je pose au

  4   témoin, c'est si les autres personnes qui figurent sur cette liste sont

  5   également des réservistes.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Jordash.

  7   M. JORDASH : [interprétation] Si j'avais su que vous souhaitiez aborder ce

  8   thème-là, à savoir le statut des autres personnes qui figurent sur la

  9   liste. L'Accusation, bien évidemment, avait ceci déjà à l'esprit lorsqu'ils

 10   ont interrogé le témoin dans le cadre de l'interrogatoire principal, et ils

 11   ont décidé de ne pas poser cette question. Moi, j'ai décidé de ne pas

 12   l'aborder et de ne pas évoquer son statut non plus, et encore moins des

 13   quatre autres sur la liste, parce qu'ils ne sont pas pertinents.

 14   [La Chambre de première instance se concerte]

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] L'objection est rejetée.

 16   Monsieur Groome.

 17   M. GROOME : [interprétation]

 18   Q.  Savez-vous si les autres personnes que vous avez reconnues étaient des

 19   réservistes ? Vous souhaitez que je répète toute la question ?

 20   R.  Jovic, Goran, Laza Kresovic, et puis ces derniers ont le même statut

 21   que moi, ils étaient des réservistes. En ce qui concerne Goran Simovic, je

 22   ne suis pas sûr de son statut.

 23   Q.  Pendant que vous étiez membre de la réserve, ou comme vous dites, de la

 24   JSO, est-ce que vous avez rencontré des membres qui étaient considérés

 25   comme étant des soldats d'active ?

 26   R.  Mon commandant était un soldat d'active. A moment donné, il m'a

 27   transféré dans une unité légère d'infanterie mobile, et le commandant était

 28   un soldat d'active. Il s'appelait Rasko.

Page 10551

  1   Q.  Est-ce qu'il existe une différence entre les rémunérations des soldats

  2   d'active et des soldats de réserve au sein de la JSO ?

  3   R.  Je pense que les soldats d'active étaient mieux payés que nous. Il y en

  4   avait une dizaine. Ils dormaient dans leurs tentes séparées, des tentes de

  5   plus petites tailles qui entouraient notre grande tente, notre chapiteau

  6   pour ainsi dire. 

  7   M. BAKRAC : [interprétation] Est-ce que le témoin peut répéter sa réponse.

  8   Parce qu'il a dit --

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Attendez. On ne va pas dire au témoin ce

 10   qu'il a dit. On va lui demander de répéter et on va essayer de voir si vous

 11   êtes content avec sa réponse.

 12   Monsieur, je vais vous lire lentement la réponse telle qu'elle figure au

 13   compte rendu d'audience, et puis dites-nous si cela correspond à ce que

 14   vous avez dit. Voici ce qui est écrit :

 15   "Je crois que les membres d'active étaient mieux payés que nous, même

 16   s'ils étaient rémunérés le même jour que nous. Il y avait une douzaine de

 17   membres d'active qui étaient dans leurs petites tentes qui étaient toutes

 18   près de la nôtre."

 19   Est-ce que c'est ce que vous avez dit ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Bakrac, là vous avez la

 22   possibilité de vérifier l'enregistrement en B/C/S et vous pourrez demander

 23   que ceci soit éventuellement corrigé, parce qu'on ne peut pas maintenant

 24   réécouter ce qu'a dit le témoin, on ne peut pas le faire redire quelque

 25   chose qu'il a déjà fait. Donc vous avez la possibilité d'écouter les bandes

 26   et de vérifier la traduction et d'apporter une correction éventuellement

 27   demandée.

 28   Monsieur Groome.

Page 10552

  1   M. GROOME : [interprétation]

  2   Q.  Monsieur Stoparic, est-ce que les membres d'active ou les membres de la

  3   réserve recevaient des reçus ou bien des fiches de paie ou quoi que ce soit

  4   au moment du paiement ?

  5   R.  Il y avait des listes. D'ailleurs, ces listes étaient complètement

  6   identiques aux listes que vous m'avez montrées quand vous m'avez demandé de

  7   trouver justement mon nom, et il fallait signer au niveau de son nom.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous considérons qu'à présent vous êtes

  9   arrivé à la limite de ce qu'on vous a permis de faire par rapport à

 10   l'objection soulevée tout à l'heure par Me Jordash. Vous auriez pu poser de

 11   nombreuses questions au témoin au sujet des paiements, vous auriez pu, au

 12   moment de votre interrogatoire principal, poser des questions au sujet des

 13   reçus ou des fiches de paie si vous vouliez le faire à l'époque.

 14   M. GROOME : [interprétation] Très bien. C'est la dernière question.

 15   Q.  Au niveau de la page du compte rendu d'audience d'aujourd'hui, de la

 16   page 36, on vous a posé des questions au sujet de Pauk. On vous a demandé

 17   si vous connaissiez un certain Mile Novakovic. Est-ce que vous avez jamais

 18   vu un ordre signé par Mile Novakovic ?

 19   R.  Non, je ne me souviens pas.

 20   Q.  Est-ce que vous avez jamais entendu M. Medic dire qu'il a reçu un ordre

 21   de M. Mile Novakovic ?

 22   R.  Non, je ne me souviens pas de cela.

 23   M. GROOME : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Maître Groome.

 25   [La Chambre de première instance se concerte]

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Moi, j'ai une question pour vous.

 27   Questions de la Cour : 

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Témoin, vous avez dit, je

Page 10553

  1   pense que vous avez dit que le 11 juillet, vous n'étiez pas encore membre

  2   d'une unité de réserve, mais que vous étiez plutôt membre des Skorpions. Où

  3   étiez-vous exactement ce jour-là, où étiez-vous exactement avec des

  4   Skorpions ce jour-là ? En réalité, je pense que nous parlions du 11 juin.

  5   Je vais vous lire la réponse que vous nous avez donnée. Il s'agissait d'un

  6   document où il y a eu une controverse au sujet de la date. On se demandait

  7   si c'était juin ou août, et vous avez dit :

  8   "Moi, je ne faisais pas partie des forces de réserve du MUP serbe le 11

  9   juin, à cette époque-là j'étais avec les Skorpions."

 10   Mais où étiez-vous exactement à ce moment-là; vous étiez avec les

 11   Skorpions, mais où ?

 12   R.  Ma toute dernière mission avec les Skorpions était à  Trnovo.

 13   C'est là que l'on se retrouvait en général.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous nous avez aussi dit qu'alors que

 15   vous étiez avec les Skorpions, vous étiez aussi rémunéré de Serbie. Vous

 16   avez parlé de trois sources : vous avez parlé de l'argent que vous receviez

 17   de Serbie, l'argent que vous receviez de votre commandant directement, et

 18   puis de l'argent que vous receviez de l'industrie pétrolière. Est-ce que

 19   vous avez reçu de l'argent de Serbie alors que vous étiez, le 11 juin, à

 20   Trnovo, comme vous l'avez dit ?

 21   R.  Nous avons toujours été rémunérés de la même façon. Mais pendant

 22   qu'on était sur le terrain, on n'était pas rémunérés. On était rémunérés à

 23   partir du moment où on retournait dans la base. C'est là qu'ils nous

 24   donnaient toutes les arrières, tout l'argent qu'on n'avait pas reçu pendant

 25   qu'on était sur le terrain.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Est-ce qu'à aucun moment entre le

 27   moment où vous avez quitté les Skorpions et où vous avez commencé à faire

 28   partie de l'unité de réserve, est-ce qu'il y a eu une période où vous étiez

Page 10554

  1   sans emploi, sans affectation, que vous n'étiez donc ni avec les Skorpions

  2   ni avec le MUP ?

  3   R.  Oui, il y a eu une période où j'étais chez moi, mais je ne sais

  4   pas combien de temps cela a duré. Une semaine ou deux, je dirais.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Question suivante : vous avez rejoint

  6   les unités du MUP au mois d'août, vous avez dit, mais est-ce que vous

  7   pouvez nous dire à quel moment vous avez quitté cette unité précisément ?

  8   R.  Au mois d'octobre ou novembre. Je ne sais pas. Normalement, cela

  9   devrait correspondre au certificat que je vous ai montré. On l'a examiné

 10   ici dans ce prétoire. C'était autour du 22.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais comment vous avez reçu ce document

 12   ? Vous avez demandé à l'obtenir ?

 13   R.  Non, je ne l'ai pas demandé. On est arrivés à Pajzos, il y avait des

 14   hangars là-bas, on était en train de retourner notre équipement, les armes,

 15   et cetera, et quand on a eu fini avec tout cela, on est entrés dans un

 16   autocar qui devait nous amener à Sid, et moi, ça me convenait parfaitement

 17   puisque j'étais originaire de Sid. Donc cela voulait dire que j'allais

 18   directement chez moi, que je rentrais tout simplement. Et ensuite, un homme

 19   est venu, il était vêtu de vêtements de civils, et il nous a appelés un par

 20   un et nous a délivré ces certificats.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc ce certificat qui est daté du 12

 22   décembre, c'est ce que montre le certificat, mais dans ce cas, après le 12

 23   décembre, est-ce que vous étiez toujours membre du MUP ?

 24   R.  Bien des années plus tard. Au Kosovo.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cependant, ce document dit que vous

 26   étiez membre des Skorpions jusqu'au 22 décembre. Comment alors vous pouvez

 27   écrire le 12 que vous faites partie d'une unité jusqu'à date future ?

 28   R.  Moi, ce que je pouvais dire, et j'en suis sûr d'ailleurs, c'est que le

Page 10555

  1   jour où j'ai reçu ce certificat, je suis rentré chez moi. D'où vient cette

  2   différence, je ne saurais vous le dire.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci de vos réponses. Je n'ai pas

  4   d'autres questions. Est-ce que les questions posées par les Juges ou les

  5   questions posées par M. Groome sont de nature à provoquer d'autres

  6   questions de la part des conseils de la Défense ?

  7   M. JORDASH : [interprétation] Non.

  8   M. BAKRAC : [interprétation] Non.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant de faire sortir le témoin,

 10   Monsieur Jordash, nous avons commencé à entendre la déposition de ce témoin

 11   avec pas mal de questions de communication qui étaient encore pendantes.

 12   Est-ce que vous avez réfléchi à cela, est-ce que vous pensez que vous allez

 13   devoir reciter ce témoin à la barre ?

 14   M. JORDASH : [interprétation] On y réfléchit encore.

 15   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 16   M. JORDASH : [interprétation] Il est peu probable qu'on le fasse. En tout

 17   cas, il y a moins de chances qu'au début de la déposition de ce témoin,

 18   mais on n'a pas encore pris de décision.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Bakrac.

 20   M. BAKRAC : [interprétation] Moi, j'ai entièrement confiance en M. Groome,

 21   et je suis sûr qu'il n'est pas au courant de l'existence de ce document

 22   qu'a mentionné le témoin, mais il serait peut-être utile que le Procureur

 23   vérifie s'il est en mesure de trouver ce document et de le nous communiquer

 24   par la suite. Et suite à cela, je saurai vous dire si nous avons besoin de

 25   reciter ce témoin, oui ou non. Voilà, c'est la seule information dont j'ai

 26   besoin.

 27   M. GROOME : [interprétation] Juste pour être sûr de quoi on parle, est-ce

 28   bien cette note écrite à la main qu'il a présentée au Procureur ?

Page 10556

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Moi, je pense que c'est une note qui a

  2   été écrite à la main, que le témoin a préparée la veille de son entretien,

  3   et dans cette note, il a écrit les raisons pour lesquelles il a rejoint

  4   cette unité, quelle a été son opinion sur la situation politique, et

  5   cetera.

  6   M. GROOME : [interprétation] Je ferai une enquête là-dessus.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Jordash, quand serez-vous en

  8   mesure de nous dire que vous avez pris votre décision ? Parce que je vais,

  9   bien sûr, dire au témoin qu'il n'est pas censé discuter de sa déposition

 10   avec qui que ce soit, mais nous ne pouvons pas lui imposer le silence à

 11   jamais.

 12   M. JORDASH : [interprétation] Un mois, si cela convient aux Juges de la

 13   Chambre.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Est-ce que l'on peut

 15   également vous demander, Monsieur Groome, de vous renseigner concernant

 16   cette note manuscrite dans le mois qui vient ?

 17   M. GROOME : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.

 19   [La Chambre de première instance se concerte]

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans ce cas-là, Monsieur Stoparic, ceci

 21   conclut votre déposition. Je voudrais vous remercier d'être venu répondre

 22   aux questions posées par les parties et par les Juges de la Chambre. Je

 23   vous rappelle que vous n'êtes pas censé discuter de votre déposition avec

 24   qui que ce soit, que ce soit les parties, des amis, des membres de votre

 25   famille, et je vous demande de ne pas communiquer avec eux de quelque

 26   manière que ce soit, parce qu'il est possible, même si cette possibilité

 27   est limitée, qu'une fois que les parties auront examiné d'autres documents,

 28   on vous demandera de revenir déposer. Par conséquent, en tant que témoin,

Page 10557

  1   vous serez peut-être amené à revenir. Cependant, dans le mois qui suit,

  2   nous espérons vous envoyer un message pour vous dire si ces instructions

  3   sont toujours d'actualité ou si vous êtes définitivement démis de cette

  4   obligation de silence, dans les limites, bien sûr, du Règlement de

  5   procédure et de preuve.

  6   Est-ce que ceci est clair ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans ce cas-là, je vous invite à suivre

  9   l'huissier qui va vous escorter hors de ce prétoire, et je vous souhaite un

 10   bon retour chez vous.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 12   [Le témoin se retire]

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Jordash, ce qui me vient à

 14   l'esprit, c'est qu'avant-hier je vous avais invité à présenter des

 15   arguments concernant une suspension d'audience par écrit. Nous n'avons

 16   encore rien reçu pour l'instant --

 17   M. JORDASH : [interprétation] C'est presque terminé.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Fort bien.

 19   M. JORDASH : [interprétation] Nous pourrons déposer ceci demain matin.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, il me semble que ce

 21   n'est pas quelque chose qui devrait ne pas faire l'objet d'une décision,

 22   quelle que soit cette décision. Par conséquent, je vous demande de combien

 23   de temps vous aurez besoin pour répondre, même si vous n'avez pas encore vu

 24   la demande, mais vous savez probablement quels sont les éléments qui seront

 25   soulevés par Me Jordash, puisqu'il avait commencé à présenter ses arguments

 26   oralement pour une suspension du procès après les vacances judiciaires.

 27   M. GROOME : [interprétation] Est-ce que je pourrais vous demander de me

 28   donner un délai jusqu'à mercredi prochain ? J'ai certains collaborateurs

Page 10558

  1   qui sont déjà en vacances et je demanderais à Me Jordash de nous envoyer

  2   une copie non officielle.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et quand pensez-vous que nous, nous

  4   pourrions recevoir une copie non officielle de votre réponse ?

  5   M. GROOME : [interprétation] Je pense que ceci pourrait se faire mercredi.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Les Juges de la Chambre souhaiteraient

  7   avoir la possibilité de consulter les arguments des parties avant la

  8   période de Noël, parce que vendredi de la semaine prochaine et le lundi de

  9   la semaine d'après sont des vacances pour les Nations Unies. Par

 10   conséquent, je me demandais si ce ne serait pas possible de terminer ceci

 11   mardi en fin de journée.

 12   M. GROOME : [interprétation] Je m'efforcerai de faire cela.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que d'autres points souhaitent

 14   être soulevés ?

 15   M. JORDASH : [interprétation] Oui, un dernier point concernant la Défense

 16   de M. Stanisic. Vous aviez fixé un délai pour que la Défense informe les

 17   Juges de la Chambre en ce qui concerne le Témoin JF-004 et pour savoir si

 18   nous souhaitions procéder à un contre-interrogatoire supplémentaire. J'ai

 19   marqué une pause parce que je veux m'assurer que je ne dis rien de

 20   compromettant en audience publique. Ceci porte sur les interceptions

 21   téléphoniques, et nous avions mentionné que nous voulions parler à un

 22   expert.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 24   M. JORDASH : [interprétation] Nous n'avons pas encore trouvé un expert et

 25   nous nous trouvons dans une situation où nous nous attendons à avoir un peu

 26   plus de temps nécessaire pour trouver cet expert. Par conséquent, nous

 27   aimerions avoir la possibilité de procéder à ce contre-interrogatoire

 28   supplémentaire pendant un peu plus longtemps.

Page 10559

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, est-ce que vous avez

  2   des remarques concernant l'explication de Me Jordash ?

  3   M. GROOME : [interprétation] Je n'ai pas d'objection. En fait, je ne serais

  4   pas en mesure de terminer la présentation des éléments à charge s'il y a

  5   encore des contre-interrogatoires qui sont en suspens.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si l'on changeait la date butoir au 15

  7   janvier, est-ce que ceci vous aiderait ?

  8   M. JORDASH : [interprétation] Je ne vois pas comment la situation pourrait

  9   être différente compte tenu de la pause de Noël. Je peux vous informer de

 10   ce que nous faisons. Au départ, nous voulions avoir un expert en Serbie. Ça

 11   s'est avéré impossible. Et maintenant, nous essayons de voir au niveau

 12   international pour voir si nous pouvons trouver un expert, et ceci présente

 13   évidemment des problèmes. Nous faisons ce que nous pouvons.

 14   [La Chambre de première instance se concerte]

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Jordash, le 15 janvier ce sera la

 16   date à laquelle vous aurez soit couvert le périmètre du sujet qui avait été

 17   abordé auparavant soit pour nous expliquer pourquoi vous avez besoin de

 18   plus de temps.

 19   M. JORDASH : [interprétation] Très bien.

 20   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 21   M. JORDASH : [interprétation] Merci.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome.

 23   M. GROOME : [interprétation] Je crois qu'il y a un témoin qui n'avait pas

 24   pu être contre-interrogé par la Défense Simatovic. Nous allons prévoir la

 25   comparution de ces personnes durant la pause. Si Me Bakrac sait qu'il n'y

 26   aura aucun contre-interrogatoire, ceci nous aiderait au niveau de

 27   l'Accusation.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Bakrac.

Page 10560

  1   M. BAKRAC : [interprétation] C'est exactement ce que je voulais demander.

  2   Dès que nous ferons la pause, je passerai en revue la déclaration de ce

  3   témoin, et le 10 janvier pourrait être la date butoir pour ma réponse à

  4   l'attention de l'Accusation pour savoir s'il est nécessaire de faire

  5   comparaître à nouveau ce témoin.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, le 10 janvier est donc

  7   l'offre.

  8   M. GROOME : [interprétation] Je m'en remets aux Juges de la Chambre. Il

  9   s'agit du Témoin JF-052.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Fort bien. Mais est-ce que vous êtes

 11   contre cette date du 10 janvier ?

 12   M. GROOME : [interprétation] Nous avons un témoin prévu pour le 19 janvier,

 13   donc ça ne laisse pas beaucoup de temps pour une réponse et pour établir

 14   une vidéoconférence.

 15   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 16   M. BAKRAC : [interprétation] Monsieur le Président, je fais de mon mieux.

 17   J'essaierai de faire ceci aussi rapidement que possible.

 18   [La Chambre de première instance se concerte]

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Bakrac, on fera ceci entre les

 20   deux périodes de Noël. M. Groome aura déjà fêté son Noël, et vous, vous

 21   fêterez le vôtre après. Vous aurez le temps de vous préparer.

 22   M. BAKRAC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons lever l'audience. Pour

 24   l'instant, nous reprenons nos audiences le 10 janvier, mais ceci dépend de

 25   la décision d'une motion que nous n'avons pas encore reçue. Tout d'abord,

 26   je voudrais souhaiter à tous d'excellentes fêtes de fin d'année. Même si je

 27   sais que tout le monde dans ce prétoire ne sera pas en mesure de rentrer

 28   dans leurs familles, j'espère que cette période de Noël et du jour de l'An

Page 10561

  1   se passera bien pour tous. L'audience est levée.

  2   --- L'audience est levée à 19 heures 02 et reprendra le lundi 10 janvier

  3   2011, à 14 heures 15.

  4  

  5  

  6  

  7  

  8  

  9  

 10  

 11  

 12  

 13  

 14  

 15  

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  

 26  

 27  

 28