Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 6 décembre 2011

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 19.

  5    M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à toutes et à tous.

  6   Madame la Greffière, veuillez citer l'affaire.

  7   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président,

  8   Mesdames les Juges.

  9   Affaire IT-03-69-T, le Procureur contre Jovica Stanisic et Franko

 10   Simatovic.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 12   Quelques points relatifs à la procédure avant d'entendre le témoin.

 13   Premièrement, le Témoin Grekulovic. Nous n'avons pas encore de résumé

 14   public. Par conséquent, il faudra le déposer.

 15   M. JORDASH : [interprétation] Je pense que cela a été déposé, mais nous

 16   allons prendre soin à ce que cela soit fait sur-le-champ.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Peut-être que ma liste n'est pas mise à

 18   jour. La Défense Stanisic pourrait-elle informer la Chambre de ce qui en

 19   est des Témoins DST-071 et 081. Est-ce qu'il convient de les garder sur la

 20   liste ?

 21   M. JORDASH : [interprétation] Oui. Mais pour ce qui est du Témoin DST-081,

 22   la probabilité qu'il vienne est très faible. Franchement, nous n'avons pas

 23   été en contact avec lui depuis quelque temps, nous n'avons pas vérifié s'il

 24   souhaitait revenir. Pour ce qui est du DST-071, nous allons vérifier quelle

 25   est la date qui lui convient au mieux. Nous nous attendons à ce qu'il

 26   vienne.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Pourriez-vous, s'il vous plaît,

 28   commencer à envisager la déposition dans l'ordre prévu. Bien entendu, nous


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  1   ne savons pas à quel moment viendra le Témoin DST-071. Est-ce que vous

  2   souhaitez réagir ?

  3   M. GROOME : [interprétation] Bien entendu, le mieux pour nous serait que la

  4   Défense Stanisic termine avec la présentation de ses moyens de preuve. Mais

  5   nous sommes souples. Si cela était nécessaire nous nous adapterions.

  6   M. BAKRAC : [interprétation] Je dirais la même chose. Nous aimerions que

  7   l'autre équipe termine avec la présentation de ses moyens, mais si cela

  8   n'était pas possible, nous sommes prêts à présenter notre premier témoin la

  9   semaine prochaine.

 10   M. JORDASH : [interprétation] La dernière fois que nous avons eu contact ce

 11   témoin, il a dit que le mois de janvier était la première date où il

 12   pourrait venir, donc nous espérons que ce soit en janvier qu'il vienne.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous reverrons cela. Je pense aussi que

 14   le bureau du Procureur souhaitait savoir quelles sont les dates butoir pour

 15   le dépôt des requêtes aux fins de versement direct de preuves pour la

 16   Défense Stanisic. Un courriel a été envoyé, je pense que c'était le 29

 17   novembre. Thomas Laugel a envoyé ce courriel, et je vais essayer de

 18   résumer.

 19   Monsieur Groome, l'Accusation souligne qu'il est très important que

 20   la Défense Stanisic applique la procédure et qu'elle dépose une requête aux

 21   fins de versement direct, qu'elle applique la procédure prévue par la

 22   Chambre dans ses consignes du 19 février 2010, et à une date ultérieure

 23   également. Donc le mieux serait que des requêtes conjointes soient déposées

 24   avec les commentaires des deux parties sur la pertinence et l'authenticité

 25   des pièces, et l'Accusation demande que 100 documents soient remis par

 26   semaine pour pouvoir préparer les commentaires. Mis à part cela, vous

 27   demandez que les requêtes non expurgées soient fournies au bureau du

 28   Procureur, enfin les parties pertinentes de cela. Et enfin, dans votre


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  1   requête, vous demandez que la requête elle-même soit consignée au compte

  2   rendu d'audience, si la Chambre le demande. Je pense que j'ai bien résumé

  3   vos requêtes ?

  4   M. GROOME : [interprétation] Oui, tout à fait, à une exception près. Nous

  5   avons parlé en fait des parties pertinentes des demandes d'entraide,

  6   d'assistance que nous avons demandées, et non pas les demandes en tant que

  7   telles.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, les parties pertinentes des

  9   demandes non expurgées ainsi que les réponses.

 10   M. JORDASH : [interprétation] C'est ce que nous sommes en train de faire,

 11   mais je pense que si cela vous paraît possible que la date du 15 soit celle

 12   pour les deux premiers versements, et puis le 9 janvier pour la troisième

 13   requête.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai le premier projet --

 15   M. JORDASH : [interprétation] Non, pas la liste de documents --

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] De combien de documents il s'agit ?

 17   M. JORDASH : [interprétation] Je pense 600 à peu près.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et à quel moment est-ce que cela a été

 19   fourni ?

 20   M. JORDASH : [interprétation] Tout d'abord, un premier jeu la semaine

 21   dernière, ensuite hier, le deuxième jeu.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors pour les 600 documents, six

 23   semaines à peu près, donc si on verse 100 documents par semaine, et par

 24   rapport aux dates butoir je ne sais pas quelles sont les parties qui

 25   devraient relever du versement de décembre. Mais plus de 200, donc cela ne

 26   sera pas facile pour l'Accusation --

 27   M. JORDASH : [interprétation] Plus de 200. C'est le document qui est plus

 28   grand, enfin la liste qui est plus longue.


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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Madame Marcus.

  2   Mme MARCUS : [interprétation] Non, non, ce ne sera pas utile parce que sur

  3   la liste nous n'avons que les numéros 65 ter. Ça ne nous donne aucune

  4   information sur l'origine, l'authenticité ou la pertinence. Donc je ne vois

  5   pas comment on pourrait répondre. Et la liste d'ailleurs a été modifiée

  6   aussi, il y a eu plusieurs moutures de cette liste, donc je comprends tout

  7   à fait qu'ils continuent de travailler là-dessus, ce n'est pas ça qui pose

  8   problème, le problème c'est que si nous recevons 100 documents par semaine

  9   pour lesquels ils demandent donc de les verser directement, il nous faudra

 10   y avoir aussi des informations sur l'origine, l'authenticité, la

 11   pertinence.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Jordash, la liste qui ne fournit

 13   pas les éléments d'information pertinents, et puis aussi si la taille est

 14   trop grande, comment voulez-vous que l'Accusation arrive à formuler ses

 15   commentaires.

 16   M. JORDASH : [interprétation] Oui, tout à fait, la liste ne comporte pas

 17   ces informations, parce que cela prend beaucoup de temps à fournir ces

 18   informations. Je dois dire que pour beaucoup de ces documents, ils

 19   proviennent de la liste 65 ter de l'Accusation en fait, je dirais même 50 %

 20   de ces documents, et pour ce qui est de l'origine et de la pertinence, eh

 21   bien d'emblée, pour nombre de ces documents, il est assez évident de quels

 22   documents il s'agit, c'est assez clair.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Marcus, alors 65 ter, votre

 24   liste.

 25   Mme MARCUS : [interprétation] Oui, pour les documents qui proviennent de

 26   notre liste, je suis d'accord. Mais je voudrais encore savoir quelle est

 27   leur pertinence pour que nous puissions nous prononcer, oui je suis

 28   d'accord pour dire qu'il y en a qui vienne de notre liste. Toutefois, il


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  1   nous faudra des éléments supplémentaires avant de pouvoir répondre, sinon

  2   nous allons revoir tous ces documents par deux fois.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, Maître Jordash, c'est ce que vous

  4   êtes en train de faire en ce moment, c'est bien ça, et le rythme de votre

  5   travail est tel que ce serait le 15, le 15 décembre que vous pourriez alors

  6   déposer la requête conjointe, ou plutôt cela vous paraît impossible ?

  7   M. JORDASH : [interprétation] Oui.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] On vous a précisé la forme sous laquelle

  9   cela devait se présenter, n'est-ce pas, cela faisait partie de nos

 10   consignes ?

 11   M. JORDASH : [interprétation] Oui, mais --

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais si nous avons une requête aux fins

 13   de versement direct qui n'est pas complète, comment est-ce que nous pouvons

 14   continuer ?

 15   M. JORDASH : [interprétation] D'après ce que j'ai compris, il nous fallait

 16   fournir les tableaux ou les listes à l'Accusation aux dates indiquées. Je

 17   dois dire que nous travaillons tous là-dessus, tous les membres de notre

 18   équipe. Et nous travaillons sept jours sur sept pour arriver à terminer

 19   cela. Mais vraiment, je ne vois pas comment on pourrait travailler plus

 20   rapidement que ce que l'on fait maintenant. Et nous allons effectivement

 21   terminer cette année en travaillant à un rythme assez difficile. Et puis

 22   nous avons un corpus énorme. Nous n'avons pas de ressources

 23   supplémentaires.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons considérer cela.

 25   Maître Jordash, la semaine dernière vous avez parlé de l'état de

 26   santé de M. Stanisic. Notre personnel a pris contact avec vous et vous

 27   avez, dans le cadre de ce contact, proposé que huit questions soient posées

 28   au médecin. L'Accusation ne s'y est pas opposée et la Chambre demandera que


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  1   ces questions, effectivement, soient présentées au médecin, et qu'il y

  2   réponde dans le cadre de son rapport la semaine prochaine, et peut-être

  3   qu'une ou deux questions seraient ajoutées.

  4   M. JORDASH : [interprétation] Oui. Je peux vous dire que c'est un nouveau

  5   traitement que suit M. Stanisic depuis hier. Il a été emmené à l'hôpital

  6   Bronovo et il a reçu ces nouveaux médicaments, donc, en effet, enfin, dans

  7   cette mesure-là, une solution a été trouvée.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, il y a une question en moins sur

  9   la liste, n'est-ce pas ? A savoir quand les nouveaux médicaments, les

 10   nouveaux traitements, et quelles sont les raisons pour lesquelles c'est à

 11   l'hôpital qu'on a dû se rendre pour changer de traitement, quels sont les

 12   effets que cela a sur l'état de santé de M. Stanisic. En fait, je ne vous

 13   pose pas de questions sur le détail de la situation, mais si un traitement

 14   est administré à l'hôpital, bien sûr, la première question qui se pose est

 15   de savoir quel impact cela a, ne serait-ce que temporairement -- enfin,

 16   provisoirement.

 17   M. JORDASH : [interprétation] Oui. Je peux peut-être vous informer un petit

 18   peu là-dessus. Peut-être que vous vous souviendrez, au début de la semaine

 19   dernière, nous avons eu un traitement comparable qui a été amorcé au

 20   quartier pénitentiaire. Je ne sais pas si c'est parce que ce traitement

 21   actuel est semblable ou différent que ces précautions-là ont été prises.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, la raison principale, ce n'est pas

 23   la façon d'administrer le traitement, c'est plutôt le suivi. C'est pour

 24   suivre de très près l'impact éventuel; c'est cela ?

 25   M. JORDASH : [interprétation] Est-ce que je peux consulter un instant.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 27   M. JORDASH : [interprétation] Oui, je pense, en effet. Pour l'un des deux

 28   médicaments qu'il prend à présent, il a eu une réaction l'année dernière,


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  1   donc maintenant, la recommandation qui est suivie, c'est d'être suivi de

  2   près dès le début du traitement.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et cela a commencé hier. Est-ce qu'il y

  4   a quoi que ce soit à annoncer ?

  5   M. JORDASH : [interprétation] Non, non, mon co-conseil a vu M. Stanisic. Il

  6   semble se porter bien mieux.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

  8   Alors, voyons le point suivant. La Serbie a demandé que l'on lui

  9   fournisse les transcriptions du 21 novembre. Donc, cela porte sur les

 10   transcriptions de l'audience 54 bis du 21 novembre. La plupart de

 11   l'audience s'est déroulée en audience publique et n'est pas protégée, donc

 12   se trouve sur le site Web du Tribunal, mais nous avons deux volets

 13   d'audience également qui se sont déroulés à huis clos partiel, et nous

 14   allons donc ordonner au Greffe de fournir ces portions-là à la Serbie, à

 15   savoir la page 15 022, ligne 24, jusqu'à 15 031, ligne 22. Cela pour la

 16   première partie. Et puis, la deuxième partie, le deuxième extrait concerne

 17   la page 15 052, ligne 19, jusqu'à 15 057, ligne 24. Et le Greffe a pour

 18   consigne d'informer la République de Serbie de la décision de la Chambre

 19   que je viens de rendre.

 20   Je tiens à consigner au compte rendu d'audience l'évolution de la situation

 21   par rapport au rapport d'expert Brown. La Défense Stanisic a demandé que le

 22   dépôt de ce rapport soit déplacé au 15 décembre. L'Accusation a demandé de

 23   recevoir un projet de rapport, mais la Défense Stanisic n'est pas en

 24   possession de ce projet de rapport et, par conséquent, la Chambre a rejeté

 25   cette requête. Maître Jordash, je ne sais pas s'il convient d'ajouter que

 26   la Chambre de première instance n'a pas très favorablement accueilli cette

 27   requête demandant un report de délai le jour même de l'expiration de la

 28   période définie.


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  1   M. JORDASH : [interprétation] Je vous présente mes excuses.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est étrange qu'à notre époque où l'on

  3   peut joindre quasiment tout un chacun à tout moment, eh bien, vous n'ayez

  4   pas trouvé la possibilité de nous joindre en temps utile. Je ne vous le

  5   reproche pas, mais essayez, s'il vous plaît, de réagir plus tôt lorsque

  6   vous ne pouvez pas respecter les délais.

  7   Et enfin, le dernier point, le dernier point sur ma liste, la Défense

  8   Stanisic demande de toute urgence la mise en liberté provisoire pour M.

  9   Stanisic. Maître Jordash, vous allez demander l'autorisation de répondre ?

 10   M. JORDASH : [interprétation] Non, merci.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome.

 12   M. GROOME : [interprétation] Je ne suis pas tout à fait certain si vous

 13   avez omis de décider dans l'affaire du rapport Brown. Je ne vois pas qu'il

 14   y ait eu une décision de rendue suite à cette requête aux fins de report.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que nous avons déplacé la date

 16   au 15, mais je vais vérifier exactement où se trouve cela. Je vais vous

 17   donner la référence, et nous allons corriger cela si nécessaire.

 18   Je n'ai rien d'autre. Est-ce que la Défense Stanisic est prête à continuer

 19   son contre du Témoin Milovanovic ?

 20   M. JORDASH : [interprétation] Oui.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Alors, faisons entrer le

 22   témoin, s'il vous plaît.

 23   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Milovanovic.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Engagez-vous à dire la vérité, toute la

 27   vérité, rien que la vérité, s'il vous plaît.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 


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  1   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  2   LE TÉMOIN : MANOJLO MILOVANOVIC [Reprise]

  3   [Le témoin répond par l'interprète]

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Veuillez vous asseoir.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Milovanovic, ce n'est pas la

  7   première fois que vous êtes ici en tant que témoin dans cette affaire.

  8   Après votre déposition, il y a eu des événements qui se sont produits qui

  9   ont incité les parties à vous citer de nouveau pour vous examiner sur des

 10   points sur lesquels vous n'avez pas été examiné au moment où on vous avait

 11   entendu en avril 2001 [sic]. Donc, vous allez recevoir à présent de

 12   nouvelles questions de la part de Me Jordash. Vous savez qu'il représente

 13   M. Stanisic.

 14   Est-ce que vous êtes prêt, Maître Jordash ? Monsieur Groome.

 15   M. GROOME : [interprétation] Pour qu'il n'y ait aucune confusion, ce témoin

 16   a déposé dans d'autres affaires ici. Il a déposé en 2010.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, j'allais dire 2010. J'ai dit avril,

 18   donc je voulais dire avril 2010. C'est ce que j'avais à l'esprit. Et j'ai

 19   bien dit que c'était dans cette affaire.

 20   Alors, Maître Jordash, est-ce que vous êtes prêt ?

 21   M. JORDASH : [interprétation] Oui, merci.

 22   Contre-interrogatoire supplémentaire par M. Jordash :

 23   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Milovanovic.

 24   R.  Bonjour.

 25   Q.  J'espère que nous vous avons remis un certain nombre de dossiers hier.

 26   Je ne sais pas si vous avez où l'occasion de les passer en revue. Je sais

 27   que vous avez reçu plusieurs documents.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Milovanovic, la Chambre est au


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  1   courant que vous aviez demandé le report de votre déposition afin de

  2   pouvoir lire tous les documents que l'on vous a remis, mais nous avons,

  3   néanmoins, décidé de commencer votre déposition même si vous n'avez pas eu

  4   le temps de les passer tout en revue. Donc, ne vous sentez pas coupable de

  5   quelque façon que ce soit, si vous n'avez pas eu le temps de digérer le

  6   tout comme cela nous a été dit et communiqué, parce que nous savons très

  7   bien que vous avez eu un très grand nombre de documents à lire. Alors, vous

  8   pouvez maintenant répondre à Me Jordash.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Maître Jordash, si je puis dire, on m'a déjà

 10   informé, lorsque j'étais à Banja Luka, que j'allais avoir des documents à

 11   lire. On m'a demandé si je souhaitais que ces documents me soient remis sur

 12   disquette ou sur papier et j'ai demandé que les documents me soient

 13   communiqués sur papier. Par contre, lorsque je suis arrivé, j'avais trois

 14   classeurs faisant plus de 400 pages chacun. J'ai réussi à en lire un, et

 15   cela m'a pris 11 heures à peu près. J'ai lu la moitié du deuxième, et le

 16   troisième, je n'ai pas eu le temps de l'ouvrir. Donc, voilà, c'est ce que

 17   j'ai réussi à faire. Donc, j'ai pris connaissance du premier classeur; le

 18   deuxième, je suis arrivé jusqu'au milieu; et le troisième, je ne l'ai pas

 19   encore ouvert, car c'était vraiment impossible de les lire tous.

 20   M. JORDASH : [interprétation] Je vous remercie.

 21   Q.  Je vous remercie également des efforts que vous avez déployés. Je suis

 22   réellement désolé de vous avoir pressé de cette façon-là d'en prendre

 23   connaissance. Alors, d'abord, avant de revenir aux carnets de Mladic,

 24   permettez-moi de vous informer de ce que j'entends faire. J'ai l'intention

 25   de passer en revue un certain nombre de pages du carnet de Mladic. Je

 26   voudrais vous demander si vous avez connaissance de certains événements qui

 27   y sont décrits. Je voudrais également vous demander si vous seriez en

 28   mesure de nous donner plus de détails sur certains points que nous allons y


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  1   trouver. Voilà. Ce sera l'intention principale et la façon dont j'ai

  2   l'intention de mener mon contre-interrogatoire.

  3   Mais avant de parler des carnets de Mladic, je voudrais demander que l'on

  4   affiche à l'écran une carte qui a été préparée pour ce procès et pour ce

  5   témoin.

  6   M. JORDASH : [interprétation] Il s'agit du 1D05282.

  7   Q.  Vous verrez quatre endroits qui seront indiqués. Et pour votre

  8   information, il s'agit de noms d'aérodromes dans lesquels on fait référence

  9   dans les rapports de combat et d'aptitude de l'armée de la VRS en 1992. Les

 10   rapports sont datés du mois d'avril 1993.

 11   J'aimerais vous demander si vous pouvez me dire, ai-je raison de conclure

 12   que vous avez eu un certain rôle dans la rédaction de cette carte et dans

 13   la rédaction du rapport de combat et de l'analyse des activités de la VRS

 14   en 1992 ?

 15   M. JORDASH : [interprétation] Qui, Monsieur le Président, Mesdames les

 16   Juges, porte la cote P386.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Puis-je répondre ?

 18   M. JORDASH : [interprétation]

 19   Q.  Oui, s'il vous plaît.

 20   R.  Je vois sur cette carte quatre aéroports : l'aéroport de Mahovljani,

 21   c'est l'aéroport où l'aviation de guerre était située ainsi que les

 22   hélicoptères de combat, donc l'aviation de combat et les hélicoptères de

 23   combat; à 20 kilomètres de là, à Zaluzani, en direction de Banja Luka; nous

 24   retrouvons l'aéroport de --

 25   L'INTERPRÈTE : Inaudible.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] -- c'était un aéroport exclusivement militaire

 27   et pendant la guerre, nous avions là des hélicoptères et l'aviation

 28   militaire également; alors que l'autre aéroport est un aéroport


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  1   exclusivement un aéroport de plaisance. Il s'agit de l'aéroport de

  2   Prijedor, donc il ne s'agissait pas d'un aéroport militaire ou de combat.

  3   Il y avait également l'aéroport Bratunac; l'aérodrome s'appelait Aerokuba

  4   [phon]. Et pendant la guerre, cet aéroport était un aéroport de service.

  5   C'est à cela qu'il servait. Il était possible de s'en servir pour des

  6   activités de combat, mais principalement pour les aéronefs particuliers; et

  7   puis, il y avait également un autre aéroport auxiliaire qui manque sur

  8   cette carte. Avant la guerre, le nom de cet aéroport tout près de Glamoc

  9   était --

 10   L'INTERPRÈTE : Inaudible.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] -- et pendant la guerre, nous en faisions

 12   référence seulement comme l'aéroport de Glamoc, et c'était un aéroport qui

 13   servait simplement pour des décollages et des atterrissages.

 14   M. JORDASH : [interprétation]

 15   Q.  Je vais vous arrêter ici et je vous demanderais de bien vouloir nous

 16   indiquer sur la carte, à l'aide du stylet, cet aéroport.

 17   R.  Je dois trouver d'abord Glamoc sur cette carte. Je pense que nous ne

 18   voyons pas Glamoc sur cette partie-là de la carte. Il faudrait la déplacer

 19   vers la droite.

 20   Q.  Pour gagner du temps, Monsieur Milovanovic, nous pourrons revenir à la

 21   carte après la pause. Je pourrais vous la remettre et vous aurez l'occasion

 22   de l'examiner pendant la pause.

 23   R.  Voyez-vous ici, vous avez un village qui s'appelle Crni Lug dans la

 24   partie inférieure. Je ne vois plus rien. La carte a disparu de l'écran.

 25   Voilà. C'est Crni Lug que je vous montre ici. Ticevo et Glamoc devraient

 26   être à cette hauteur-ci. C'est une section en fer à cheval, comme on dit

 27   chez nous. Actuellement, Glamoc se trouve sur le territoire de la

 28   Fédération de Bosnie-Herzégovine. Il ne se trouve plus sur le territoire de


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  1   la Republika Srpska. Et la deuxième partie de votre question --

  2   Q.  Avant de passer à la deuxième partie de la question, j'aimerais vous

  3   demander si vous pourriez nous indiquer, à l'aide d'un cercle, l'endroit où

  4   se trouve l'aéroport auquel vous avez fait référence, et par la suite, nous

  5   allons revenir à la deuxième partie de ma question.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Témoin, je ne sais pas si

  7   vous avez le stylet correspondant -- oui, très bien.

  8   LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

  9   M. JORDASH : [interprétation]

 10   Q.  Je vois trois lignes qui sont indiquées à l'aide du stylet.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que le témoin nous a indiqué

 12   l'endroit qui s'appelle, à la gauche de la carte, Crni Lug, mais je crois

 13   que le trait le plus épais ou plus grand, c'est l'endroit qui se trouve au

 14   sud de Prijedor, tel qu'indiqué par le témoin. Je pense que c'est l'endroit

 15   où se trouvait l'aéroport.

 16   M. JORDASH : [interprétation] Je vous remercie.

 17   Q.  Ma deuxième question était de savoir si vous avez pris part à la

 18   rédaction du rapport de combat ?

 19   R.  Pendant la guerre, j'étais le chef de l'état-major principal, tous les

 20   rapports de combat, toutes les analyses d'aptitude au combat devaient

 21   passer par l'état-major, forcément. Oui, effectivement, j'y ai pris part.

 22   Q.  Fort bien. Merci. S'agissant maintenant de ces cinq aéroports,

 23   c'étaient des aéroports utilisés, vous avez dit, par la VRS pendant le

 24   conflit en Bosnie. Est-ce que vous pouvez nous dire s'il y avait d'autres

 25   aéroports dont vous avez connaissance ?

 26   R.  L'aéroport de Prijedor, en fait, n'était pas du tout utilisé pour des

 27   activités de combat, je l'ai déjà dit. Il y avait également l'aéroport de

 28   Bratunac qui était utilisé au début de la guerre pendant les premiers mois


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  1   de 1992, seulement avec les avions à hélices, et ce, avec des moyens de

  2   combat improvisés. Il y avait également un autre aéroport de service qui

  3   n'était pas utilisé pour des opérations de combat, mais c'était un aéroport

  4   où on pouvait simplement atterrir. C'est-à-dire que si un avion allait en

  5   direction de Banja Luka, ces avions pouvaient atterrir pour

  6   s'approvisionner en carburant, pour continuer leur chemin plus tard. Il y

  7   avait également les avions de type Orao ou "aigle" qui avaient suffisamment

  8   de capacité de carburant, et eux, ils ne s'arrêtaient pas là. Et les

  9   aéroports de Mahovljani étaient surtout utilisés pour les décollages et les

 10   atterrissages lors des opérations de combat. Je dois également ajouter que

 11   l'aviation de la Republika Srpska était utilisée au cours des premiers mois

 12   de la guerre, lorsqu'à la suite d'une décision prise à Londres de la

 13   communauté internationale en 1992 on a atterri à cet endroit-là, et on

 14   avait une discussion à savoir si nous devions démanteler ceci ou si nous

 15   devions peut-être la transférer en Yougoslavie, et il est resté qu'il

 16   faudrait laisser cet aéroport à Mahovljani.

 17   Q.  Je vous remercie. Vous avez répondu à certaines questions que j'allais

 18   vous poser. Justement, pour être tout à fait limpide, y avait-il d'autres

 19   aéroports qui, de quelque façon que ce soit, avaient été utilisés par la

 20   VRS, soit pour des opérations de combat, pour l'approvisionnement ou pour

 21   l'acheminement de l'aide humanitaire peut-être, avant que les avions de

 22   l'armée soient contraints à rester au sol ?

 23   R.  Il y avait un aéroport de plaisance tout près de l'aéroport de

 24   Bijeljina, mais je crois qu'il n'a jamais servi comme aéroport pour des

 25   opérations de combat. Je ne peux pas me rappeler s'il y avait un autre

 26   aéroport plus spécifiquement. Parce que le commandant, au début de la

 27   guerre déjà, avait, pour les problèmes liés à l'aviation, il m'avait remis

 28   cette filière à moi. C'est moi, en tant que son adjoint, qui me suis occupé


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  1   de ceci. On avait commencé la construction d'un aéroport à Podromanija, qui

  2   se trouvait au carrefour entre Sokolac et Rogatica et Pale, mais on n'a

  3   fait que commencer, et les travaux ne se sont jamais terminés.

  4   Q.  Et donc, cet aéroport n'a jamais été en service ?

  5   R.  Non, il n'a jamais été construit. Il a simplement été projeté. Je crois

  6   que c'était une tentative par les autorités de la Republika Srpska pour

  7   représenter une certaine concurrence. Les Serbes voulaient également avoir

  8   un aéroport, mais construire un aéroport en temps de guerre n'est pas une

  9   mince affaire.

 10   Q.  Et chacun des aéroports auxquels vous avez fait référence, qui étaient

 11   utilisés par la VRS - permettez-moi de reformuler ma question - ces

 12   aéroports appartenaient et étaient utilisés par la VRS, n'est-ce pas ?

 13   R.  Il s'agit de l'aéroport de Mahovljani et de Zaluzani, et il y avait

 14   également cet aéroport de service qui était placé sous le contrôle

 15   militaire près de Glamoc. L'aéroport de Zaluzani, avant la guerre,

 16   appartenait à la JNA, mais cet aéroport s'éteignait lentement lorsqu'on a

 17   construit l'aéroport de Mahovljani étant donné qu'il s'agissait d'un

 18   aéroport combiné pour l'aviation civile et militaire. Et puisqu'au début de

 19   la guerre, il n'y avait plus d'aviation civile sur le territoire de la

 20   Republika Srpska actuelle, cet aéroport était devenu un aéroport

 21   exclusivement aéroport militaire.

 22   Q.  Très bien. Lorsque l'exclusion aérienne avait été imposée à la suite

 23   des résolutions du Conseil des Nations Unies, comme vous nous l'avez dit,

 24   la flotte avait été clouée au sol. Ai-je raison de dire que les seuls vols

 25   qui pouvaient décoller du territoire de la VRS étaient les hélicoptères qui

 26   étaient utilisés pour transporter les blessés de la ligne de front vers les

 27   hôpitaux ?

 28   R.  A la suite de l'accord de maintenir les avions au sol, selon cet


Page 15342

  1   accord, on ne pouvait permettre aux avions indiqués par une croix rouge que

  2   lorsque ces avions avaient été déjà annoncés à la FORPRONU. Je sais que la

  3   FORPRONU, tout de suite après cette décision qui avait été prise à Londres,

  4   avait placé les observateurs à l'aéroport de Mahovljani.

  5   Q.  Je vous remercie. A quel moment l'exclusion aérienne a-t-elle été

  6   imposée et à quel moment est-elle entrée en vigueur ?

  7   R.  Les discussions ont commencé en octobre 1992, quant au fait de clouer

  8   l'aviation serbe au sol. Et je pense qu'en 1993, une résolution du Conseil

  9   de sécurité avait été prise selon laquelle on avait imposé une zone

 10   d'exclusion aérienne. J'ignore exactement quelle était la date précise,

 11   mais je sais que c'était en mars 1993, et c'est à ce moment-là que les

 12   dispositions de la résolution avaient été énoncées, et il fallait s'en

 13   tenir à ces dernières. Je ne me souviens pas du numéro de la résolution,

 14   mais je sais qu'elle est entrée en vigueur le 31 mars 1993.

 15   Q.  Je vous remercie. Je voudrais maintenant passer à un autre sujet et je

 16   voudrais parler de vos contacts avec Mladic afin que nous puissions

 17   comprendre ces carnets de notes et avoir une meilleure idée de ce que ces

 18   carnets contiennent. Lorsque vous avez été promu pour la première fois,

 19   vous êtes allé à l'assemblée de la RS le 12 mai et vous y avez été

 20   accompagné de Mladic, n'est-ce pas ?

 21   R.  De quel grade parlez-vous ? Vous pensez que j'ai été promu à quel grade

 22   ?

 23   Q.  En fait, je vous demande de nous dire ce qui s'est passé le 12 mai

 24   lorsque vous êtes allé à Banja Luka et après avoir été promu.

 25   M. GROOME : [interprétation] Pourrait-on avoir une année, s'il vous plaît.

 26   M. JORDASH : [interprétation]

 27   Q.  Excusez-moi, 1992. Je crois que c'était général de brigade,

 28   n'est-ce pas ?


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  1   R.  J'ai été promu au grade de général de brigade le 26 avril 1992. Et à ce

  2   moment-là je me trouvais à Nis. A la suite d'un ordre, j'ai été

  3   resubordonné à Sarajevo dans le 2e District militaire, le 8 mai 1992. Par

  4   contre, je ne me suis jamais rendu à Sarajevo. Je me suis arrêté à Han

  5   Pijesak, et c'était le 11 mai 1992. Cet après-midi-là, j'ai rencontré

  6   Mladic et j'ai rencontré également d'autres membres de l'état-major

  7   principal futur. Le 12, l'assemblée de Banja Luka avait siégé, mais je

  8   n'avais pas pris part à la réunion de cette assemblée. Je vous remercie du

  9   matériel que vous m'avez remis. Je n'ai réussi que de lire le discours de

 10   Mladic hier soir. Le général Mladic, le colonel Tolimir - car il était

 11   colonel à l'époque - le général Gvero et le général Djukic étaient allés

 12   ensemble à l'assemblée, donc tous les assistants de Mladic, et je suis

 13   resté derrière pour organiser le travail de l'état-major principal.

 14   Puisque, la veille, nous nous étions retrouvés afin d'organiser les

 15   liens avec les unités subordonnées, et on m'a dit de commencer la réception

 16   des rapports provenant du terrain pour ce qui est des -- et en fait, pour

 17   les Serbes de Bosnie-Herzégovine, c'est en cette date-là, le 12, que la

 18   guerre a commencé.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous vouliez savoir si le

 20   témoin s'était rendu avec Mladic le 12 mai à l'assemblée ? Nous avons

 21   obtenu deux minutes et demie d'information. Il semblerait que c'est une

 22   très longue réponse pour dire non simplement. Pourriez-vous, je vous prie,

 23   Maître, guider votre témoin, de façon à ce que vous n'obteniez que ce que

 24   vous voulez obtenir de lui.

 25   M. JORDASH : [interprétation] Je m'excuse.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Milovanovic, vous avez dit que

 27   vous n'avez pas assisté à la session de l'assemblée le 12 mai. J'aimerais

 28   savoir si vous étiez allé avec Mladic le jour où l'assemblée de Banja Luka


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  1   avait eu lieu ? Ce jour-là, êtes-vous allé à Banja Luka avec Mladic ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, vous savez, vous auriez simplement

  4   pu répondre à la question précédente par oui ou non, ou vous auriez pu nous

  5   dire une ligne au lieu de nous donner 20 lignes. Alors, vous savez, c'est

  6   très utile de simplement dire non, je ne le sais pas ou je n'étais pas là.

  7   Veuillez poursuivre, Maître Jordash.

  8   M. JORDASH : [interprétation]

  9   Q.  Dans votre réponse, vous avez mentionné qu'on vous a laissé derrière,

 10   en partie, parce que vous deviez faire en sorte que les communications

 11   soient établies avec les unités subordonnées. Est-ce que cette tâche était

 12   bien la vôtre à partir de ce moment-là en 1992 et en 1993 ? Est-ce que ceci

 13   faisait partie de vos tâches et responsabilités ?

 14   R.  Un chef d'état-major, indépendamment de quel état-major, est toujours

 15   responsable de la façon dont les communications fonctionnent dans une

 16   armée.

 17   Q.  En tant que chef, et faisant partie de vos responsabilités, est-ce que

 18   l'une de vos responsabilités était de continuer certains objectifs de la

 19   VRS dont l'un était de protéger le peuple serbe et le territoire, et

 20   l'autre, était de s'occuper des questions relatives aux paramilitaires ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Quels sont les subordonnés qui vous rendaient compte directement à

 23   vous, en cette capacité qui était la vôtre ?

 24   R.  S'agissant de l'organisation des communications, c'était le chef chargé

 25   des communications qui me rendait compte, c'était le colonel Radomir Role.

 26   Et pour ce qui est de couper les liens avec les paramilitaires, c'était

 27   l'ensemble de l'état-major principal, à la tête de laquelle se trouvait le

 28   commandant, et donc j'étais celui qui rédigeait les rapports et les ordres


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  1   et qui faisait en sorte que les subordonnés les reçoivent. Et il y avait

  2   également les commandants qui se trouvaient sur le terrain, et eux aussi

  3   avaient cette responsabilité-là.

  4   Q.  Est-ce que Mladic vous a dit à ce moment-là que la VRS comptait de 80 à

  5   90 000 hommes armés ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  A partir de ce moment-là, à combien de reprises avez-vous vu Mladic,

  8   disons d'abord si vous aviez des réunions avec lui de façon quotidienne ?

  9   R.  Pour gagner de l'espace, il n'y avait pas suffisamment d'espace là où

 10   se trouvait l'état-major principal à Crna Rijeka, je partageais mon bureau

 11   avec Mladic. Nos chaises étaient séparées par un bureau, donc nous nous

 12   voyions lorsqu'il était à l'état-major principal, c'est-à-dire qu'à chaque

 13   fois qu'il était à l'état-major principal, je le voyais tous les jours, et

 14   nous travaillions ensemble dans une même pièce.

 15   Q.  Et le matin, vous aviez des réunions matinales auxquelles participaient

 16   Mladic et certains commandants ainsi que leurs assistants; est-ce exact ?

 17   R.  L'état-major principal recevait des rapports des commandants

 18   subordonnés tous les matins, entre 6 heures et 7 heures. C'était soit mon

 19   rôle à moi ou le rôle du général Mladic de recevoir ces rapports. A partir

 20   de 7 heures du matin environ, nous avions des réunions régulières de

 21   l'état-major principal. Il y avait également des réunions régulières de

 22   Mladic et de ses adjoints. Nous étions sept, donc c'était une réunion plus

 23   petite où nous organisions la journée précédente, et nous prenions les

 24   décisions relatives à ce que nous allions faire au cours de la journée.

 25   Nous nous réunissions deux fois par jour pour ce faire. Alors, si Mladic

 26   était là, c'est lui qui présidait la réunion, et s'il n'était pas là, c'est

 27   moi qui le remplaçais, et l'inverse également était en vigueur.

 28   Q.  Donc, vous receviez les combats [comme interprété] d'activités


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  1   régulières des unités subordonnées qui se trouvaient sur le territoire de

  2   la VRS ?

  3   R.  Oui, ces rapports, nous les recevions jusqu'à 20 heures. Toutefois,

  4   puisque les rapports nous donnent un survol de la situation à partir de 17

  5   heures lorsque le commandant de l'état-major donne le rapport du commandant

  6   du corps d'armée. Et ensuite, il le lit à toutes les brigades, et à la

  7   suite de ce rapport-là, il établit un rapport pour l'état-major principal,

  8   ensuite un certain temps passe entre ces deux, et ensuite les commandants

  9   subordonnés appellent après 20 heures pour informer s'il y avait des

 10   changements par rapport aux rapports de combat écrit. Sur la base de ces

 11   rapports de combat, nous, membres de l'état-major principal, avions

 12   l'obligation de rendre un rapport de combat régulier de l'armée de la

 13   Republika Srpska au commandement supérieur, et ce, par téléphone et jusqu'à

 14   24 heures au commandant suprême, au président Karadzic, tous les jours.

 15   Q.  Juste pour être tout à fait clair, donc vous receviez des rapports sur

 16   l'ensemble des activités de la VRS ainsi que des activités qui se

 17   déroulaient au sein ou sur le territoire de la VRS, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Y compris des questions relatives à la logistique, des questions

 20   relatives au personnel, à la formation, aux opérations de combat, et cetera

 21   ? Vous receviez des rapports sur tous ces sujets de façon quotidienne; est-

 22   ce exact ?

 23   R.  Oui. Il y a en fait un règlement selon lequel on doit rédiger un

 24   rapport au commandement supérieur. D'abord, il faut donner les informations

 25   sur l'ennemi. Ensuite, il faut dire ce que le corps d'armée subalterne a

 26   fait, ce qu'il a l'intention de faire le lendemain, quels sont les

 27   problèmes qu'il a rencontrés. Pour ne pas les énumérer, je pense qu'il y a

 28   sept ou huit points, et le dernier point sont les demandes adressées au


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  1   commandement supérieur, c'est-à-dire normalement on informe des morts, des

  2   blessés, des disparus, on demande du carburant, et cetera, de la munition,

  3   et cetera, et cetera.

  4   Q.  Merci. S'agissant maintenant de la prise de notes par écrit, pensez-

  5   vous que Mladic avait tenu régulièrement à jour un carnet de notes à

  6   l'époque ?

  7   R.  Je pense en avoir parlé la fois passée. Chaque officier, quand il a

  8   fini ses études à l'académie militaire et quand il vient dans une unité, il

  9   reçoit un cahier de travail, un cahier de service, et chaque jour il y

 10   inscrit les devoirs qui lui sont confiés pour ne pas les oublier, il

 11   inscrit ce qui s'est passé d'important au poste de travail ou au niveau de

 12   l'unité où il est commandant, ou peut-être est-il fonctionnaire, mais

 13   toujours est-il qu'il doit noter, consigner ce qu'il a fait. Et en termes

 14   simples, ce n'est pas une habitude, c'est une obligation pour chaque

 15   officier que de prendre des notes. Nous l'avons fait, Mladic et moi, bien

 16   que nous ayons été, par exemple, ensemble. C'était le devoir de chaque

 17   officier de l'armée de la Republika Srpska. Ce ne sont pas des journaux de

 18   guerre, c'est autre chose des journaux de guerre. Ça, ce sont des carnets

 19   de notes pour vous rappeler ce que vous aviez obtenu comme mission ou

 20   concernant les modalités de l'exécution de telle ou telle chose.

 21   Q.  C'est exactement de cela que nous sommes en train de parler pour ce qui

 22   est des journaux de Mladic, c'est ce que vous avez eu l'occasion de voir

 23   avant que de venir dans le prétoire aujourd'hui, et lorsque vous avez

 24   également témoigné dans un autre procès.

 25   M. JORDASH : [interprétation] Je vois que M. Groome est debout.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne sais pas si M. Groome va attendre

 27   que vous finissiez.

 28   M. GROOME : [interprétation] Excusez-moi d'avoir interrompu, je crois qu'il


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  1   peut y avoir une confusion. Le témoin, dans sa dernière réponse, a dit

  2   qu'il y avait deux types de documents, l'un qui était "carnets de note" et

  3   l'autre qui était "journal de guerre". Ce qui a été confié au témoin, ces

  4   cahiers, ce sont des carnets de notes, ce ne sont pas des journaux de

  5   guerre.

  6   M. JORDASH : [interprétation] Oui, j'allais poser la question. Mais je vois

  7   que le témoin est en train de hocher de la tête.

  8   Q.  Alors, Monsieur, ce que vous avez vu, et ce dont on a parlé au sujet de

  9   Mladic, c'étaient des carnets de notes personnels, c'est ce que vous avez

 10   pu conclure lorsque vous les avez vus, n'est-ce pas ?

 11   R.  En effet, oui.

 12   Q.  Est-ce que vous avez remarqué qu'il aurait eu une habitude permanente

 13   de consignation de notes dans ce carnet ?

 14   R.  Ecoutez, je n'avais pas à le remarquer pendant la guerre. J'ai vu cela

 15   quand on m'a donné -- donc quand on m'a donné ces carnets de notes ici au

 16   Tribunal, j'ai pu constaté qu'effectivement il avait pris des notes tous

 17   les jours.

 18   Q.  Non, mais ce n'était pas ma question. Ma question était celle de vous

 19   demander si vous aviez remarqué qu'il le faisait ? C'est-à-dire est-ce que

 20   vous auriez remarqué qu'il avait cessé de le faire ?

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il faut qu'on y aille au pas à pas,

 22   Monsieur Jordash. Est-ce que vous avez régulièrement vu M. Mladic en train

 23   de consigner quelque chose dans son carnet de notes ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Soit il prenait des notes, soit il

 25   donnait lecture de ce qu'il avait noté par avance pour une réunion. S'il

 26   avait préparé quelque chose, il le notait dans son carnet de note et il

 27   nous donnait lecture de ce qu'il voulait nous dire. S'il se taisait et que

 28   les autres étaient en train de parler, alors lui, il consignait, il prenait


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  1   des notes.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, bon. Et si vous nous dites que

  3   quand il ne lisait pas il prenait des notes, est-ce que vous le voyiez donc

  4   au quotidien en train de consigner quelque chose dans ses carnets ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et comme vous étiez un proche de lui,

  7   auriez-vous remarqué s'il avait cessé de le faire, l'auriez-vous remarqué ?

  8   Bon, s'il n'était pas là vous ne pourriez remarquer, bien entendu, mais

  9   pendant le temps où vous étiez près de lui et pendant que vous avez pu

 10   observer ce qu'il faisait, était-il en train de le faire constamment ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Pendant toute la durée de la guerre, j'étais

 12   assis à gauche de Mladic, épaule contre épaule, et je pouvais toujours voir

 13   quand il prenait des notes ou pas. Quand nous n'étions pas ensemble, il

 14   était, par exemple, à une réunion au commandement Suprême ou dans une unité

 15   subalterne. Là-bas, il prenait des notes, et au retour à chaque fois, si ce

 16   n'est pas l'état-major au complet, alors c'était moi qui étais mis au

 17   courant de ce qu'il avait noté là-bas et il me donnait lecture de ce qu'il

 18   avait consigné dans son carnet de notes.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez continuer, Monsieur Jordash.

 20   M. JORDASH : [interprétation] Merci.

 21   Q.  Partons de ce que vous nous avez dit auparavant. Je puis conclure que

 22   vous n'avez pas été à ses côtés lors des événements de Srebrenica en 1995,

 23   c'est-à-dire à l'époque où il y a ces massacres; est-ce bien exact ?

 24   R.  Je n'étais pas toujours en compagnie de Mladic à compter du 28 octobre

 25   1994 jusqu'au 15 octobre 1995. J'ai été du côté ouest de Drvar et Banja

 26   Luka, et cetera, et Mladic est resté à Han Pijesak et là avec ce qui s'est

 27   passé à Srebrenica. Mais je n'étais donc pas en sa compagnie lors des

 28   événements de Srebrenica.


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  1   Q.  Est-ce que vous pouvez nous donner une raison quelconque partant des

  2   échanges que vous avez eus avec lui à l'époque pour ce qui est de savoir

  3   pourquoi il n'a pas pris de notes au sujet de ces événements-là ?

  4   R.  Je ne sais pas pourquoi il n'a pas pris de notes. Je ne m'en souviens

  5   pas. Et il ne m'a d'ailleurs pas parlé de Srebrenica à mon retour. Et il y

  6   avait une espèce de secret qui planait à l'état-major. Il ne m'en a pas

  7   parlé. A-t-il pris des notes là-bas ou pas, je ne le sais.

  8   Q.  Bien. Merci. Avant que de passer au carnet, vous nous avez dit que vers

  9   mai 1992 et plus tard, vous avez réussi à résoudre le problème de la

 10   subordination des unités paramilitaires ?

 11   R.  Je pense en avoir parlé à l'occasion de mon témoignage antérieur, mais

 12   je vais y revenir brièvement.

 13   Q.  Non, je ne voudrais pas que vous répétiez ce que vous avez déjà dit. Je

 14   vais vous poser une question plus concrète. A-t-il été établi un planning

 15   clair pour ce qui est de la façon dont il convenait de placer sous ses

 16   ordres les paramilitaires se trouvant sur le territoire relevant de

 17   l'autorité de la VRS ?

 18   R.  Il n'y a pas eu de planning. Il y a eu une décision de prise par

 19   l'état-major principal. Cette décision s'énonçait à peu près comme suit :

 20   Convier les commandants de tous les paramilitaires sur le territoire de la

 21   République serbe de Bosnie-Herzégovine pour un entretien et leur proposer

 22   de s'intégrer dans les rangs de l'armée de la Republika Srpska, c'est-à-

 23   dire dans les rangs du corps sur les territoires desquels ces

 24   paramilitaires se trouvent. Ceux qui refuseraient de faire partie de

 25   l'armée de la Republika Srpska, étant donné que la plupart de ces

 26   paramilitaires étaient venus d'ailleurs et non pas de Bosnie-Herzégovine,

 27   il fallait qu'ils retournent vers les territoires à partir desquels ils

 28   étaient venus. S'ils voulaient faire partie des rangs de la Republika


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  1   Srpska, ou certains des combattants le voulaient, ils pouvaient

  2   individuellement s'intégrer dans les rangs de l'une quelconque des unités

  3   de la VRS. Ceux qui refuseraient l'un et l'autre, c'est-à-dire quitter le

  4   territoire ou faire partie des rangs de la VRS, seront expulsés par la

  5   force. Ceux qui s'opposeraient par les armes seraient anéantis.

  6   Il y a eu, tout de suite après la session de l'assemblée à Banja

  7   Luka, ce type de rencontres, des réunions, et c'est des généraux qui sont

  8   allés, le général Mladic, le général Tolimir, qui était chargé du

  9   renseignement et de la sécurité, et le général Gvero en sa qualité de

 10   l'assistant chargé du moral et des questions religieuses. Pour ce qui est

 11   des commandants des paramilitaires, il y a eu tout de suite accession aux

 12   rangs de la VRS du commandant Savic Ljubisa, qui était connu sous le surnom

 13   de Mauzer. Il avait une brigade de volontaires qui s'appelait les

 14   Panthères. Il est venu faire partie d'abord du commandement de l'état-

 15   major, puis du commandement du Corps de la Bosnie de l'est. Arkan et ses

 16   Tigres ont refusé. Ils sont retournés vers le territoire de la Serbie. Je

 17   ne sais pas où exactement. Il y avait bon nombre de municipalités

 18   frontalières qui avaient des unités de la TO créées par le parti au

 19   pouvoir, le SDS. Toutes ces unités, et je crois qu'elles étaient 92 de la

 20   taille d'une brigade, ont fait partie, au final, de l'armée de la Republika

 21   Srpska. Il y a eu une unité non loin de Zvornik qui n'a pas voulu le faire,

 22   un certain Zuca, un Crni, et le capitaine Dragan, dont j'ai déjà parlé

 23   auparavant, et ceux-là, on les a expulsés, mis aux arrêts et enfin, brisé

 24   les rangs de ces unités.

 25   Le 28 juin, il y a eu un ordre de l'état-major principal signé par le

 26   général Mladic - je crois que c'est moi qui en étais l'auteur - où tout ce

 27   qui a été convenu et essayé de réaliser…

 28   Q.  Vous nous avez dit le 28 juin, Monsieur. C'est le 28 juillet que vous


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  1   vouliez dire ?

  2   R.  Non, juin.

  3   Q.  Bon, excusez-moi. C'est moi qui me suis trompé. Peut-être que vous avez

  4   gardé en mémoire -- non, je vais reformuler. Alors, vous nous avez dit le

  5   28 juin 1992; c'est bien exact ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Quelle est la date que vous avanceriez pour ce qui est du fait de

  8   savoir que la totalité des paramilitaires qui seraient restés en Bosnie ont

  9   fini par être complètement incorporés à la VRS ?

 10   R.  Je ne sais pas quel jour c'était. Le 28 juin, c'est une grande fête

 11   serbe. C'est la Saint-Vitus, et c'est la fête du saint patron de la

 12   Republika Srpska. L'ordre a été rédigé pour que nous puissions avoir un

 13   droit légal d'élimination de ces paramilitaires qui se trouvaient autour de

 14   Zvornik ou à proximité de Zvornik et à proximité de Sarajevo.

 15   Q.  Monsieur Milovanovic, il y a bon nombre de documents qu'il me faut

 16   parcourir avec vous. Je vous serais gré de répondre de façon tout à fait

 17   concrète à mes questions. Qu'avez-vous dit au sujet de la date pour ce qui

 18   est de la totalité des paramilitaires à avoir quitté, à défaut d'avoir été

 19   incorporés dans les rangs de la VRS ?

 20   R.  Les formations paramilitaires ont commencé à disparaître à partir du 12

 21   mai, et ça a duré jusqu'au 28 juin.

 22   Q.  Je voudrais vous poser une question tout à fait concrète. Quelle est la

 23   date, d'après vous, à laquelle la totalité des paramilitaires sont partis

 24   ou ont été incorporés à la VRS ?

 25   R.  Je ne peux pas vous répondre pour ce qui est de la date précise. Mauzer

 26   est venu faire partie des rangs de la VRS tout de suite, dès qu'il est

 27   entré en contact avec le général Mladic. Je ne sais pas vous dire

 28   maintenant quand est-ce que Mladic, Tolimir ou Gvero se sont entretenus


Page 15353

  1   avec le commandant suivant, c'est-à-dire Arkan. Mais à partir du moment où

  2   il y a eu un entretien avec Arkan et qu'il a refusé de faire partie des

  3   rangs de la VRS, il a reçu ordre de quitter le territoire de la Republika

  4   Srpska, et il est parti. Je ne sais pas maintenant vous dire quels sont les

  5   autres paramilitaires. Mais, par exemple, après l'entretien avec ce Zuca et

  6   ce Crni à proximité de Zvornik, ceux-là ne voulaient ni s'en aller du

  7   territoire de la Republika Srpska, parce qu'ils étaient originaires de ces

  8   régions-là, et ils ne voulaient pas non plus faire partie des rangs de la

  9   Republika Srpska.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Milovanovic, vous êtes en train

 11   de décrire la totalité de l'histoire. Or, la question que vous a posée M.

 12   Jordash était celle de savoir à quelle date ceux qui n'ont pas voulu être

 13   incorporés dans les rangs de la VRS sont-ils partis et à quelle date ceux

 14   qui ont accepté de s'incorporer à la VRS l'ont fait.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne peux pas vous donner la date parce que

 16   je ne sais pas quand est-ce que Mladic s'est entretenu avec eux.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est bon. La réponse est simple : je ne

 18   peux pas vous répondre. C'est ainsi. Mais pourquoi vous ne savez pas dire

 19   la date, c'est une autre question. S'il veut le savoir, M. Jordash vous le

 20   demandera. Or, la réponse est simplement : Non, je ne sais pas vous donner

 21   de date.

 22   Veuillez continuer, Monsieur Jordash.

 23   M. JORDASH : [interprétation]

 24   Q.  Merci. Essayons de tirer au clair les choses. Quand vous parlez

 25   d'incorporation dans les rangs de la VRS, ça veut dire qu'il y a eu

 26   subordination et qu'ils ont commencé à être approvisionnés par la VRS. Est-

 27   ce que c'est cela que vous sous-entendez en disant qu'ils ont été

 28   incorporés dans les rangs ?


Page 15354

  1   R.  Oui, ils ont été incorporés dans les rangs de la VRS à tous points de

  2   vue.

  3   Q.  Merci.

  4   M. JORDASH : [interprétation] Monsieur le Président, je vois l'heure. Peut-

  5   être est-ce l'heure de faire une pause.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, nous allons faire une pause, et

  7   nous allons reprendre nos travaux à 16 heures.

  8   --- L'audience est suspendue à 15 heures 33.

  9   --- L'audience est reprise à 16 heures 04.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, une petite observation.

 11   Etant donné que la date butoir a été décalée au 15 décembre, il y a eu

 12   communication par courriel de faite à la date du 2 décembre. Je crois que

 13   ce n'est pas encore consigné au compte rendu, mais je crois que c'est là

 14   qu'on est arrivés.

 15   M. GROOME : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, je crois que c'est

 16   ce que vous vouliez dire lorsqu'on en a parlé, mais je ne l'ai pas vu, donc

 17   c'est la raison pour laquelle j'ai attiré votre attention sur ce fait.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon. Alors, maintenant c'est au compte

 19   rendu. Les parties ont été informées à la date du 2 décembre par courriel

 20   informel.

 21   Monsieur Jordash, nous avons maintenant une carte qui est depuis

 22   longtemps annotée et n'a pas été versée au dossier. Je ne sais pas ce que

 23   vous voulez en faire.

 24   M. JORDASH : [interprétation] Je voudrais demander son versement au

 25   dossier. Excusez-moi de ne pas l'avoir fait.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon. Madame la Greffière, la côte que

 27   vous lui accordez ?

 28   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera le D559, Monsieur le Président.


Page 15355

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, c'est versé au dossier.

  2   Monsieur Milovanovic, je vous demande de centrer vos réponses sur ce qui

  3   vous est posé comme question. Si des explications complémentaires sont

  4   requises, nous vous les demanderons ou les détails, le cas échéant. Alors,

  5   si quelqu'un vous demande si vous êtes arrivé ici dans cette voiture rouge,

  6   vous n'avez pas à nous dire qu'il y a à peu près 10 % des voitures aux

  7   Pays-Bas qui sont de couleur rouge et qu'il y a quatre roues et que ça

  8   roule à telle vitesse, et cetera. Donc, dites oui, c'était rouge et puis

  9   c'est tout. Merci.

 10   Veuillez continuer.

 11   M. JORDASH : [interprétation] Peut-on nous montrer sur nos écrans le 65 ter

 12   5599, s'il vous plaît. La page souhaitée est le 285 en version anglaise, et

 13   le 293 en version B/C/S.

 14   Q.  Il s'agit de carnets de notes de Mladic --

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il a été question de savoir ce qu'il

 16   convenait de montrer. Est-ce que c'était la version manuscrite ou la

 17   version transcrite ?

 18   M. JORDASH : [interprétation] Oui.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, est-ce qu'on a tranché la

 20   question ?

 21   M. JORDASH : [interprétation] Je ne suis pas sûr que ce soit fait à la

 22   satisfaction de tout un chacun.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, mais dans ces circonstances, je me

 24   demande pourquoi ne montrerait-on pas les deux versions, la version

 25   manuscrite originale et la version anglaise, et je crois que cela répondra

 26   aux attentes de tout un chacun. Enfin, je ne peux pas prévoir si tout un

 27   chacun sera satisfait, mais si vous considérez que l'approche numéro 2, il

 28   n'y aura pas lieu de se quereller au sujet des versions A ou versions B,


Page 15356

  1   puisque de toute manière, nous n'avons pas de traduction, et étant donné

  2   notre système d'affichage électronique pratiquement parfait, on peut avoir

  3   sur nos écrans les deux versions.

  4   M. GROOME : [interprétation] C'est acceptable pour l'Accusation, Monsieur

  5   le Président.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, étant donné que nous nous sommes

  7   tournés vers les dates qui nous intéressent, et on a le document approprié,

  8   on pourrait essayer de la sorte.

  9   M. JORDASH : [interprétation] Merci. Ce que j'avais demandé, c'était la

 10   page 285 et 293.

 11   Q.  Monsieur Milovanovic, il s'agit du lundi 11 mai 1992. Et nous allons

 12   reprendre là où on s'est arrêtés lorsqu'on s'était entretenus à ce sujet

 13   avant la pause. Il y a quelques questions complémentaires que je voudrais

 14   aborder.

 15   M. JORDASH : [interprétation] Oui, donnez-moi un instant. Nous avons des

 16   références pour les copies qui sont tapées à la machine, c'est ça le

 17   problème.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais on a des dates, ça peut aider.

 19   Peut-être pourrions-nous -- ah, vous n'avez qu'une transcription de pages

 20   en anglais.

 21   M. JORDASH : [interprétation] Oui. Enfin, en anglais et en B/C/S.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais si vous avez les pages en B/C/S et

 23   si vous avez les originaux, alors je ne sais pas si l'un coïncide avec

 24   l'autre ou s'il y a une différence.

 25   M. JORDASH : [interprétation] Eh bien, la version anglaise correspond à peu

 26   près à ce qui est tapé à la machine en version B/C/S, malheureusement, pas

 27   toujours.

 28   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, pour faciliter


Page 15357

  1   l'utilisation, nous avons essayé de suivre le format des notes manuscrites

  2   pour garder la même pagination, ou plus ou moins la même désignation par

  3   page.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Voyons donc un peu ce qu'il convient de

  5   montrer à qui. Vous voudriez voir la version manuscrite originale, n'est-ce

  6   pas ?

  7   M. GROOME : [interprétation] Non, ce n'est pas nous qui voudrions voir,

  8   mais nous avons pensé que M. Milovanovic, ça l'assisterait que d'avoir la

  9   version originale manuscrite, parce qu'il y a, on voit, la façon dont ceci

 10   a été consigné, et ça peut plus l'aider que de lui montrer le texte tapé à

 11   la machine.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, alors, si vous avez les pages de

 13   préparées en version transcrite anglaise, Monsieur Jordash.

 14   M. JORDASH : [interprétation] J'ai les transcriptions anglaises et B/C/S.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon.

 16   M. JORDASH : [interprétation] Peut-être pourrais-je vous expliquer. Il y a

 17   un numéro de page en haut de la version anglaise et il y a un numéro de

 18   page en bas, et je ne sais pas si au haut, c'est la pagination originale,

 19   et peut-être pourrions-nous utiliser cela pour nous orienter.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez, on va commencer avec une page

 21   et on va voir les trois versions et on verra si on peut s'y retrouver.

 22   M. JORDASH : [interprétation] Eh bien, la page en version anglaise, tapée à

 23   la machine, nous dit lundi 11 mai 1992, poste de commandement --

 24   L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas compris.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Quelle page ?

 26   M. JORDASH : [interprétation] 90 [comme interprété] en haut. Et c'est la

 27   page 285, version anglaise, B/C/S, page 293. Je vois que sur l'écran, on

 28   nous montre la page qui nous intéresse, version anglaise.


Page 15358

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, alors commençons.

  2   M. JORDASH : [interprétation]

  3   Q.  Alors, pour vous aider à vous y retrouver, Monsieur Milovanovic, le 11

  4   mai, poste de commandement Grmec, et par la suite je voudrais qu'on passe à

  5   la page 296 de la version anglaise, et 304 dans la version B/C/S, là où le

  6   colonel Kovacevic est en train de parler, d'après ce qui est consigné dans

  7   les notes. Ça fait partie de la même réunion et on peut le voir partant de

  8   la date, et nous avons une date qui précède des commentaires qui auraient

  9   été faits par ce colonel Kovacevic.

 10   M. JORDASH : [interprétation] J'aimerais qu'on passe à la page 296 version

 11   anglaise et page 304 en version B/C/S, s'il vous plaît. Je ne sais pas s'il

 12   sera possible de retrouver l'original manuscrit.

 13   M. GROOME : [interprétation] Je pense pouvoir aider. En haut de la page,

 14   enfin c'est que M. Mladic a paginé ses carnets, donc le 301 correspondrait

 15   normalement à la page qui nous permettrait de retrouver le carnet.

 16   M. JORDASH : [interprétation] Ici, donc, ce sera 5 599.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc --

 18   M. JORDASH : [interprétation] Donc, je vais peut-être citer le numéro qui

 19   figure en haut et aussi --

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez, en fait, la pagination est

 21   assez proche. Le 301 en anglais apparaît en bas de la page qui porte le

 22   numéro 296, donc c'est très proche. Essayons de prendre pour repère les

 23   numéros de pages qui figurent en haut, en haut dans l'original. On trouvera

 24   cela en anglais, donc nous avons la numérotation, la pagination qui vient

 25   de l'auteur lui-même et qui se retrouve dans la version anglaise et dans la

 26   version B/C/S de la transcription. Donc si vous savez quelle est la page

 27   qu'il vous faut, nous allons ensuite nous reporter à la référence

 28   manuscrite. Par exemple, prenons la page 301 en B/C/S. Dans la


Page 15359

  1   transcription, ce sera 304 sur 406. Donc, il s'agit, en fait, d'une

  2   différence de quelques pages.

  3   M. JORDASH : [interprétation]

  4   Q.  Est-ce que vous pouvez, s'il vous plaît, rapidement lire ce qui est

  5   écrit ici. Est-ce que vous connaissiez le colonel Kovacevic ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Etait-il responsable de la distribution des armes pendant les dix mois

  8   qui ont précédé cette note, comme il semble le dire ?

  9   R.  Je ne sais pas. Dix mois avant cette note, j'étais moi-même à Skopje.

 10   Q.  Vous êtes venu à l'état-major à un moment donné. Qu'en est-il à partir

 11   de là ?

 12   R.  Quand je suis venu à l'état-major principal, Kovacevic est devenu

 13   l'adjoint du général Djukic, c'était l'assistant du commandant chargé de la

 14   sécurité des arrières de l'armée.

 15   Q.  Est-ce que vous savez d'où il est venu, ce qu'il a fait précédemment ?

 16   Qu'est-ce qui vous permettrait d'accepter ou de rejeter ses commentaires ?

 17   R.  Kovacevic c'est quelqu'un que j'ai rencontré ce jour-là, ce soir-là, le

 18   11 mai. Tout ce que j'en savais c'est ce que le général Mladic nous a dit

 19   en le présentant, comme il nous a présentés tous. Il a présenté de la même

 20   façon le général Kovacevic.

 21   Q.  Il est resté l'assistant du commandant pendant combien de temps,

 22   Kovacevic ?

 23   R.  Il était l'adjoint de l'assistant du commandant, et pas l'assistant. Il

 24   est resté quelques mois à ce poste et il est parti de ce poste-là pour

 25   devenir ministre de la Défense.

 26   Q.  Et Djukic, est-ce que c'était lui qui était responsable de la

 27   distribution des armes à la VRS pendant que vous étiez stationné en Bosnie

 28   ?


Page 15360

  1   R.  Le général Djukic, il avait sous sa responsabilité l'approvisionnement

  2   en armes. Et pour ce qui est de la personne responsable de la distribution,

  3   eh bien, c'était moi-même.

  4   Q.  Et qu'est-ce que cela signifiait, la distribution ? Quelle  était

  5   l'organisation de cela qui était en place ?

  6   R.  S'approvisionner en armes pour une armée c'est un problème, donc il

  7   faut acheter, il faut trouver l'argent. Lorsqu'il s'agit de la

  8   distribution, il s'agit de la distribution aux différentes unités. Et donc,

  9   le chef de l'état-major est le mieux placé pour savoir qui en a besoin le

 10   plus, et c'est lui qui a la charge des dotations stratégiques, donc des

 11   armes, des munitions et des vivres.

 12   Q.  Merci. Avançons, s'il vous plaît --

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Groome.

 14   M. GROOME : [interprétation] J'ai une question à poser à Me Jordash. Je

 15   pense que si on ne verse pas cela au dossier, cela risque de nous laisser

 16   avec un compte rendu d'audience qui ne sera pas clair.

 17   M. JORDASH : [interprétation] Oui, effectivement, je suis d'accord. En

 18   fait, nous avions l'intention de demander le versement des carnets dans

 19   leur totalité plutôt que de verser au dossier des extraits au cas par cas.

 20   Nous pensons que les carnets sont importants parce qu'ils nous montrent qui

 21   était chargé de quoi, qui faisait quoi.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Indépendamment du rapport d'expert du Dr

 23   Brown, que nous attendons toujours ?

 24   M. JORDASH : [interprétation] Nous pensons qu'il y a des extraits du carnet

 25   qui sont fiables et d'autres qui ne le sont pas.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous demandez le versement de la

 27   totalité, et c'est ensuite uniquement que nous allons distinguer les

 28   parties fiables et d'autres qui ne le sont pas, cela risque de poser


Page 15361

  1   problème. Une fois que ce sera versé au dossier, ça restera au dossier.

  2   M. JORDASH : [interprétation] Oui.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, c'est la raison pour laquelle je

  4   vous pose la question. Vous nous dites cela nous permet de savoir plus ou

  5   moins qui fait quoi, mais est-ce que cela veut dire que c'est fiable sur ce

  6   plan-là ? Parce que vous ne pouvez pas nous dire après que certaines

  7   parties sont fiables et d'autres ne le sont pas. Je ne comprends pas très

  8   bien ce que vous voulez. Quelle démarche voulez-vous que j'aie vis-à-vis de

  9   cela ? Quelle attitude dois-je adopter ? Et peut-être mes collègues aussi

 10   se posent la question.

 11   M. JORDASH : [interprétation] Nous avons souvent versé au dossier des

 12   documents de cette manière-là. Il nous faut corroborer les documents et les

 13   pièces. Donc, c'est la raison pour laquelle nous pensons qu'il convient de

 14   tout verser au dossier maintenant.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est pour des raisons très pratiques

 16   que je vous pose la question. Maître Jordash, votre document que vous allez

 17   nous préparer va comporter quasiment toutes les pages qui ont été

 18   présentées au témoin. Si vous nous dites qu'il nous faut plus que cela,

 19   bien, on va en parler avec M. Groome. Parce que, parfois, il nous faudra

 20   replacer des choses dans un contexte temporel. Je vois que page 301, il n'y

 21   a pas de date. La date figure à la page suivante, le 12 mai, session de

 22   l'assemblée. Donc, il nous faudra la page suivante pour savoir quel est le

 23   moment duquel nous parlons. C'était avant le 12 mai, la veille du 12. Et

 24   aussi, page 301 commence avec l'assemblée, donc cela peut nous permettre de

 25   comprendre ce qui s'est passé le lendemain.

 26   M. JORDASH : [interprétation] Je n'ai pas envie d'en parler en la présence

 27   du témoin. Ça me pose problème.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais la seule chose que je vous demande


Page 15362

  1   pour l'instant, c'est de constituer un document qui nous permettra de le

  2   verser au dossier. Si nous avons uniquement la déposition du témoin sans le

  3   document qui l'étaye, le compte rendu d'audience ne sera pas clair.

  4   Monsieur Groome.

  5   M. GROOME : [interprétation] Oui. Et je ne pense pas qu'il soit nécessaire

  6   de décider maintenant quelle sera la partie du carnet qui sera en

  7   définitive versée au dossier. Chaque page du carnet comporte un numéro ERN.

  8   Me Jordash pourrait simplement tenir compte de cette référence dans ses

  9   questions, et cela nous permettra de constituer par la suite l'ensemble du

 10   document qui a été commenté par le témoin.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Il suffit d'avoir cela au compte

 12   rendu d'audience. Il suffit d'avoir tous les éléments d'information

 13   nécessaires, et après vous saurez de quoi on a parlé.

 14   M. GROOME : [interprétation] Oui, tout à fait. Et, après, on décidera ce

 15   qu'il convient de verser et ce qui ne doit pas être versé.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Jordash.

 17   M. JORDASH : [interprétation] Oui, c'est une bonne solution tout à fait

 18   pratique. Mais je pense qu'il suffirait de simplement verser le carnet au

 19   dossier, parce que la plus grande partie du carnet --

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais je pense que pour le moment,

 21   M. Groome vous propose une solution qui nous permettra de bien pouvoir

 22   comprendre le compte rendu d'audience.

 23   M. JORDASH : [interprétation] D'accord.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et puis, il vous dit de faire référence

 25   au numéro ERN sur les pages. Donc, la page que nous avons en ce moment-là à

 26   l'écran est la page J000-3072, page 301. C'est la page qui s'affiche à

 27   l'écran devant moi maintenant. Je peux vous aider, si vous voulez. Je peux

 28   donner lecture de chaque numéro qui s'affiche à l'écran devant moi.


Page 15363

  1   M. JORDASH : [interprétation] Mais je ne conteste pas.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

  3   M. PETROVIC : [interprétation] Est-ce que je peux contribuer à cette

  4   discussion ? Oui, je suis, bien entendu, tout à fait d'accord avec la

  5   solution proposée par vous, Monsieur le Président, et par M. Groome, pour

  6   que l'on comprenne tout à fait clairement de quelle partie de la déposition

  7   du témoin il s'agit dans les différentes parties de la transcription du

  8   compte rendu d'audience. Mais mon collègue propose de verser l'ensemble de

  9   ces carnets au dossier. Pourquoi suis-je d'accord avec lui ? Parce que nous

 10   aussi, nous allons présenter d'autres extraits au témoin. Nous allons

 11   demander, pour certains, un versement direct. Donc, ce qui va se passer,

 12   c'est que nous aurons --

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais vous interrompre. Si vous voulez

 14   tout cela versé au dossier et si Me Jordash veut la majeure partie versée

 15   au dossier, je ne sais pas ce qu'en dit M. Groome, bien, pourquoi vous ne

 16   vous essayez d'envisager cela ensemble. Le bureau du Procureur souhaite

 17   cette partie-là versée au dossier, la Défense Stanisic 90 %, vous-même,

 18   vous voulez 100 % versé au dossier, puis nous aurons une requête aux fins

 19   de versement direct. Et pour le moment, je dois dire qu'il ne s'agit pas du

 20   tout d'attribuer des cotes. Il s'agit simplement d'avoir un compte rendu

 21   d'audience clair qui reflètera les pages qui ont été discutées. Et j'ai

 22   donné la référence pour la page que nous avons sous les yeux.

 23   Votre question suivante ou l'extrait suivant, Maître Jordash.

 24   M. JORDASH : [interprétation] Je demande la page 319 en anglais, et 327 en

 25   B/C/S, 324 en haut de la page.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] 324, en haut de la page.

 27   M. JORDASH : [interprétation] C'est le même carnet, 5599.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J000-3095.


Page 15364

  1   M. JORDASH : [interprétation]

  2   Q.  Et la date, pour que vous puissiez vous repérer, Monsieur Milovanovic,

  3   c'est la date du 14 mai 1992. Nous avons une liste de ce qui a été envoyé à

  4   la Défense territoriale de Bosnie depuis le secrétariat fédéral à la

  5   Défense. Est-ce que vous étiez au courant de ces livraisons qui étaient

  6   faits par le secrétariat fédéral à la Défense ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  Le secrétariat fédéral à la Défense ne fournissait-il pas régulièrement

  9   l'équipement à la Défense territoriale de Bosnie à cette période-là ?

 10   R.  Je ne suis pas au courant de cela.

 11   Q.  Normalement, compte tenu de vos fonctions, compte tenu du fait que vous

 12   étiez membre de l'état-major, est-ce que vous n'auriez pas dû être au

 13   courant, et en particulier vu que vous étiez chargé des fournitures ?

 14   R.  Monsieur le Défenseur, dans ce manuscrit, je ne vois pas que cela

 15   vienne du secrétariat fédéral ou du secrétaire fédéral, parce que ce n'est

 16   pas ce qui figure dans le manuscrit. C'est ce que l'on trouve dans la

 17   version anglaise. Et puis, je dois dire que le 14 mai, en Bosnie, il y

 18   avait différentes défenses, celle de la coalition croate musulmane et la

 19   Défense territoriale de la Republika Srpska qui, elle, va devenir

 20   incorporée dans la VRS. Je ne sais pas de quelle Défense territoriale il

 21   est question ici, qui a reçu ces livraisons, parce qu'il y avait des

 22   négociations à ce moment-là entre Alija Izetbegovic et le Grand état-major

 23   de la RFY de l'époque. Il s'agissait de libérer les conscrits qui avaient

 24   été bloqués ou capturés, ne serait-ce qu'à la garnison de Sarajevo, en

 25   échange d'armes d'infanterie. Et je sais que l'adjoint du chef du Grand

 26   état-major, général Panic, m'a demandé de laisser partir cela sur la Drina,

 27   donc de traverser de l'autre côté de la frontière, pour que ce ne soit pas

 28   réquisitionné. Je ne sais pas à quel moment Mladic a rédigé cela. Je ne


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  1   sais pas. Vous dites que c'était le 14, mais je ne peux pas le confirmer.

  2   Q.  Qu'est-ce que l'on peut lire dans ce titre sur la gauche, à l'écran ?

  3   Est-ce que c'est différent ? En haut, à gauche.

  4   R.  "Envoyé pour la Défense territoriale de Bosnie-Herzégovine". Mais je

  5   dois dire qu'à l'époque nous avions déjà la République serbe de Bosnie-

  6   Herzégovine. C'était ça son appellation.

  7   M. JORDASH : [interprétation] Page 344 en anglais et 352 en B/C/S, et

  8   349 en haut de la page, s'il vous plaît. Le numéro en haut de la page J000-

  9   3120.

 10   Q.  Nous voyons que Mladic parle du ministère du côté serbe. Est-ce que

 11   vous avez eu des contacts avec le ministère chargé des Serbes résidant à

 12   l'extérieur de la Serbie ?

 13   R.  Non. C'est la première fois que j'entends parler de ça.

 14   Q.  Donc, vous ne pourriez pas nous dire pourquoi est-ce que Mladic a noté

 15   ce numéro-là ?

 16   R.  Mais quel numéro ?

 17   Q.  Ce numéro sous le titre "Ministère chargé des Serbes à l'extérieur de

 18   la Serbie." En fait, il y a plusieurs numéros qui semblent correspondre à

 19   ce titre. Et puis, il y a un numéro de télécopieur aussi.

 20   R.  Gojko Djogo, c'est ce nom qui figure là en haut. Je sais que c'est un

 21   poète -- enfin, je ne sais pas trop quoi. Simo, je ne sais absolument pas

 22   qui c'est. Mais je sais qu'à ce moment-là on a tenté une chose et on n'a

 23   pas réussi. On a essayé de créer un comité à Belgrade avec le général

 24   Blagoje Adzic, général à la retraite à l'époque, qui aurait dû être à la

 25   tête de cela et qui aurait dû procéder à des compensations en armements

 26   entre l'armée de Yougoslavie et la VRS. Parce qu'en Republika Srpska, nous

 27   avons hérité de l'industrie militaire, Pretis [phon], Famos, le centre de

 28   services Hadzici [phon], et cetera. J'en ai parlé la dernière fois, comment


Page 15366

  1   nous nous sommes approvisionnés en munitions en Republika Srpska. On

  2   faisait des moules, c'était complété en Serbie, des amorceurs étaient

  3   installés --

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Jordash, la page qui s'affiche

  5   est 0668-3168. Continuez. Non, en fait, je ne suis plus sûr.

  6   Monsieur Groome, je vois un numéro. J0000-3120 dans le prétoire

  7   électronique. Mais je trouve une autre version dans le prétoire

  8   électronique où on ne retrouve pas ce numéro au même endroit, mais où l'on

  9   voit un autre numéro, et c'est un exemplaire en noir et blanc.

 10   M. GROOME : [interprétation] Oui, je peux vous aider. Le gouvernement de

 11   Serbie, dans un premier temps, a fourni au bureau du Procureur la version

 12   scannée qu'ils avaient produite, eux, et qui comporte un autre numéro.

 13   Lorsque le bureau du Procureur a reçu les originaux, on a décidé de les

 14   scanner de nouveau, et c'est de là que viennent les préfixes J. Les

 15   préfixes J correspondent uniquement à tout ce qui a été trouvé au domicile

 16   du général Mladic. Donc, il suffit de nous donner le numéro J-3120, ce qui

 17   nous permet de savoir à quelle page du document original cela correspond et

 18   non pas le "scan" qui a été fait dans un premier temps.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, tout à fait. Parce que nous

 20   semblons avoir deux originaux dans le prétoire électronique, en couleur,

 21   celui que vous avez scanné, le J0000, et puis l'autre. Ce sont des

 22   exemplaires scannés envoyés par la République de Serbie.

 23   M. GROOME : [interprétation] Oui, tout à fait.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Excusez-moi, je ne voyais plus clair là-

 25   dedans. Lorsqu'on a deux originaux, c'est toujours un petit peu

 26   problématique à mes yeux. Mais maintenant c'est clair.

 27   Maître Jordash.

 28   M. JORDASH : [interprétation]


Page 15367

  1   Q.  Vous avez parlé des munitions envoyées à la République de Serbie pour

  2   recevoir les produits explosifs. Ça a duré combien de temps, ce processus ?

  3   R.  Pendant toute la guerre. Seulement, je voudrais corriger quelque chose

  4   par rapport à la question précédente si vous m'y autorisez. Je peux ?

  5   Q.  Oui, bien sûr.

  6   R.  Vous m'avez demandé si j'étais au courant de ce ministère chargé des

  7   Serbes à l'extérieur de la Serbie. En fait, lorsque la RSFY s'était

  8   composée, on a créé un ministère chargé des Serbes dans la diaspora, et ce

  9   ministère existait dans la RFY. Et encore aujourd'hui, vous avez ce

 10   ministère en Serbie. Ce ministère, il veille aux intérêts de tous les

 11   Serbes de la diaspora, pas seulement les Serbes de Bosnie ou de Croatie,

 12   mais ceux qui sont aux Etats-Unis, en Australie, et cetera. Donc, ce

 13   ministère existe bel et bien.

 14   Q.  En juillet 1992, Bogdanovic, l'ex-ministre de l'Intérieur, est-ce que

 15   vous savez s'il est devenu ministre de ce ministère ?

 16   R.  Je ne sais pas. J'ai du mal à me rappeler les noms de tous les

 17   ministres de la Republika Srpska, et encore moins arriverais-je à me

 18   rappeler ceux de la Yougoslavie.

 19   Q.  Alors, le ministre -- ou le ministère chargé des Serbes qui résident à

 20   l'extérieur de la Serbie, qu'est-ce qu'il a fait, pour autant que vous le

 21   sachiez, par rapport à la VRS ? Quel lien est-ce que cela pouvait avoir

 22   avec Mladic ?

 23   R.  Quel lien avec le général Mladic. Parce que ces Serbes, ils créaient

 24   des associations en Amérique, en Australie, et il y avait des donations

 25   qu'ils faisaient pour la VRS. Pour l'essentiel, c'était de l'argent.

 26   Q.  Merci.

 27   M. JORDASH : [interprétation] 65 ter 5600, s'il vous plaît. Page 2 en

 28   anglais et en B/C/S.


Page 15368

  1   Q.  C'est le début du carnet de Mladic. Cela commence à la date du 31 mai

  2   1992. Pour autant que vous le sachiez, est-ce que Mladic avait l'habitude

  3   d'inscrire les numéros de téléphone importants au début de ses carnets ?

  4   R.  C'était la pratique courante de tous les officiers. Sous la page de

  5   garde, vous avez une douzaine de pages, je pense, où on écrit les adresses

  6   et numéros de téléphone, et cetera.

  7   Q.  Et c'étaient des numéros importants, n'est-ce pas, aux yeux de l'auteur

  8   du carnet, c'est ce qu'on est en droit de penser, des numéros pour qu'il

  9   puisse les contacter directement ? Est-ce que ce n'était pas la pratique

 10   courante ?

 11   R.  Généralement, lorsqu'on rencontre quelqu'un on a des échanges, soit on

 12   tisse des liens amicaux ou professionnels, eh bien, on demande : Mais quel

 13   est ton numéro de téléphone ? Et puis on le consigne dans son carnet.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Page J000-3178.

 15   M. JORDASH : [interprétation] Merci. Voyons ce qui se passe un peu plus

 16   loin, après les numéros de téléphone, page 36 en anglais, 36 en B/C/S; 31

 17   mai 1992, c'est ça la date. Et maintenant, prenons la page 38 en anglais et

 18   en B/C/S, 37 en haut.

 19   Q.  Nous voyons que Mladic serait à Jahorina en train d'avoir une réunion

 20   avec la direction de la République serbe de Bosnie-Herzégovine.

 21   M. JORDASH : [interprétation] Et l'original, J000-3113.

 22   Q.  C'était il y a longtemps, mais est-ce que vous vous souvenez qui était

 23   présent à cette réunion ?

 24   R.  Non.

 25   M. JORDASH : [interprétation] Prenons la page 41 de la version en anglais

 26   ainsi qu'en B/C/S -- ou plutôt, prenez la page 41 en anglais et 40 en

 27   B/C/S, en haut de la page.

 28   Q.  Il semblerait que Karadzic est encore en train de prendre la parole. Et


Page 15369

  1   ensuite on dit : "Nous ne pouvons plus nous servir d'aéronefs à l'exception

  2   de cas extrêmes." Et un peu plus bas on fait référence de Mauzer, de qui on

  3   a parlé un peu plus tôt. Pourriez-vous nous dire de qui il s'agit ? Est-ce

  4   que vous seriez en mesure de faire quelque commentaire que ce soit sur

  5   l'affirmation apparemment faite par M. Karadzic ou des personnes qui

  6   étaient présentes à la réunion, à savoir que l'on ne pouvait plus du tout

  7   se servir d'aéronefs, à l'exception de cas exceptionnels ?

  8   R.  Je ne sais pas dans quel sens vous voulez que je vous parle de ceci ou

  9   que je vous fasse de commentaires. Je ne veux pas mentionner la roue de

 10   change qui se trouve attachée au véhicule rouge.

 11   Q.  Mais en fait, je voulais savoir si, effectivement, c'était le cas au

 12   mois de mai sur le territoire de la VRS, à savoir que l'on ne pouvait pas

 13   se servir d'avions, sauf en cas de besoin extrême ?

 14   R.  Eh bien, au mois de mai ? Non, car les discussions entourant l'aviation

 15   ont commencé en octobre à Londres.

 16   Q.  Mais pour ce qui est maintenant de Mauzer, est-ce que vous pouvez nous

 17   confirmer que des discussions avaient lieu à état-major principal, et

 18   discussions qui se rendaient jusqu'à Karadzic concernant Mauzer et le

 19   besoin de le subordonner en mai ?

 20   R.  Les mois de mai et juin sont deux mois où l'on a parlé des groupes

 21   paramilitaires, et c'est à ce moment-là qu'il y a eu cette resubordination

 22   qui avait été placée sous le commandement de la VRS.

 23   Q.  Mais est-ce que Mauzer recevait son approvisionnement des dépôts de la

 24   JNA ?

 25   R.  Je crois que non. Ce n'est que plus tard lorsqu'il a fait partie de

 26   notre groupe qu'il a commencé à en recevoir.

 27   Q.  Et d'où tenait-il son approvisionnement avant cela ?

 28   R.  Je ne le sais pas. Je ne sais pas d'où les paramilitaires


Page 15370

  1   s'approvisionnaient. Je n'en ai aucune idée.

  2   Q.  Ce n'était pas le SDS qui distribuait l'approvisionnement aux personnes

  3   comme Mauzer avant le début de la VRS ?

  4   R.  Chaque parti politique, et je pense au parti politique le plus

  5   important, disposait de ses paramilitaires. C'est eux qui s'occupaient

  6   d'eux financièrement, et pour les personnes qui ont de l'argent, il n'était

  7   pas difficile d'acheter des munitions et des armes. Je ne sais pas si le

  8   SDS approvisionnait Mauzer, mais je pense que Mauzer avait également son

  9   propre parti. S'agissant de la Serbie, je ne sais pas à qui elle s'appuyait

 10   ou que son parti s'appuyait plutôt, mais je ne sais pas s'il s'appuyait sur

 11   quelconque en la Republika Srpska non plus.

 12   Q.  Est-ce que vous êtes en mesure - après cette entrée - de nous dire à

 13   quel moment la VRS a commencé à approvisionner Mauzer ?

 14   R.  Je ne peux pas vous donner la date, mais je pourrais vous donner une

 15   idée approximative du mois.

 16   Q.  Oui, faites, je vous prie.

 17   R.  Oui. C'était au cours du mois de juin.

 18   Q.  Je vous remercie.

 19   M. JORDASH : [interprétation] Je ne sais pas si j'ai donné la cote.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous avions vu ensemble J000-3216.

 21   M. JORDASH : [interprétation] Je vous remercie. Passons maintenant à la

 22   page 60 en anglais et à la page 59 en B/C/S, en haut de la page.

 23   Q.  Il s'agit toujours de la même réunion.

 24   M. JORDASH : [interprétation] 59 en haut de la page, et 60 en bas de la

 25   page en anglais, s'il vous plaît.

 26   Q.  Je voudrais vous demander de me dire quelque chose concernant ce

 27   commentaire ici. Il se lit comme suit :

 28   "Envoyez le commandant Radojcic du centre d'entraînement de Sarajevo à


Page 15371

  1   Ozren."

  2   Qu'était-ce ce centre d'entraînement de Sarajevo en mai 1992 ?

  3   R.  Dans le texte dans l'original, il n'est pas dit que c'était un centre

  4   d'entraînement, mais c'était un centre écolier. Et le centre écolier se

  5   trouvait à Banja Luka et le commandant Radojcic était, je pense, le

  6   professeur d'éducation physique.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Milovanovic, je vous

  8   demanderais de bien vouloir ralentir votre débit. Pourriez-vous aussi, je

  9   vous prie, répéter votre réponse de tout à l'heure. Vous avez dit :

 10   "A l'original, il n'est pas indiqué qu'il s'agissait d'un centre

 11   d'entraînement mais d'un centre scolaire". Pourriez-vous répéter ce que

 12   vous avez dit à partir du "centre scolaire", s'il vous plaît.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] C'était un centre scolaire chargé de la

 14   formation des sous-officiers, des officiers, des officiers de réserve,

 15   également des officiers chargés -- des tankistes, plutôt, à Banja Luka.

 16   M. JORDASH : [interprétation]

 17   Q.  Monsieur, est-ce que vous savez pourquoi le commandant avait été envoyé

 18   à Ozren ?

 19   R.  Je ne sais pas.

 20   Q.  Seriez-vous en mesure de confirmer si, effectivement, il avait été

 21   envoyé à Ozren ?

 22   R.  Je ne l'ai jamais vu à Ozren, alors que j'y suis allé plusieurs fois.

 23   Q.  Y avait-il un centre de formation de la VRS à cet endroit-là ?

 24   R.  Non, pas à Ozren. Il y avait une unité de combat, le Groupe

 25   opérationnel Doboj, et c'est eux qui s'y trouvaient.

 26   Q.  Ils étaient subordonnés à qui, ces derniers ?

 27   R.  Ils faisaient partie du 1er Corps de Krajina.

 28   Q.  Qui en était le commandant, s'il vous plaît ?


Page 15372

  1   R.  Le général Momir Talic.

  2   Q.  Est-ce que le Groupe opérationnel, l'unité de combat qui organisait,

  3   c'était eux qui organisaient la formation à Ozren ?

  4   R.  Non. Le centre chargé de la formation pour l'armée de la Republika

  5   Srpska se trouvait à Banja Luka, Bijeljina et Bilici [phon].

  6   Q.  S'agissant du centre de formation de Banja Luka, quelle était sa

  7   taille, s'il vous plaît ? Combien d'hommes étaient entraînés sur une base

  8   hebdomadaire ou mensuelle ?

  9   R.  Je ne sais pas combien, mais le chiffre n'était jamais le même

 10   dépendamment du nombre de jeunes recrues qui étaient recrutées.

 11   Q.  A quel moment ce centre a-t-il été établi ?

 12   R.  Il a été établi au tout début de la guerre, après avoir reçu les

 13   premières recrues, et c'était au mois d'août 1992.

 14   Q.  Et il était opérationnel pendant combien de temps et jusqu'à quand,

 15   pourriez-vous nous le dire, s'il vous plaît ?

 16   R.  La formation des recrues de base durait de trois à quatre mois, et par

 17   la suite ils suivaient une deuxième formation au sein des unités de combat,

 18   mais on ne pouvait pas s'en servir dans le cadre des opérations de combat

 19   sans avoir fait partie de l'armée pendant au moins huit mois.

 20   Q.  Est-ce que vous pourriez nous donner une idée de la taille de ces

 21   centres, combien y avaient-ils de personnes qui enseignaient, par exemple ?

 22   R.  Je ne peux pas vous dire combien il y avait de personnes qui y

 23   enseignaient ou qui y travaillaient, mais je sais que les centres faisaient

 24   partie des corps d'armée : le centre de Banja Luka faisait partie du 1er

 25   Corps de Krajina; alors que celui à Bijeljina appartenait au Corps de

 26   Bosnie orientale; et l'autre, à Bilici, faisait partie du Corps

 27   d'Herzégovine.

 28   Q.  Quelle était l'importance de ces centres de formation pour le travail


Page 15373

  1   de la VRS ? La majeure partie du personnel qui faisait partie de la VRS,

  2   étaient-ils tous passés par ces centres de formation ?

  3   R.  Toutes les personnes qui étaient nées en 1972 et après, et ce, pendant

  4   la durée de la guerre, mais je ne peux pas vous dire quel était le nombre

  5   de recrues exact.

  6   Q.  Qu'est-ce que cela veut dire exactement, excusez-moi ? Vous parlez "des

  7   personnes qui étaient nées en 1972" ? Je ne comprends pas très bien votre

  8   réponse. Pourriez-vous l'expliquer, s'il vous plaît.

  9   R.  Les soldats sont recrutés, normalement, lorsqu'ils atteignent l'âge de

 10   18 ans. Donc, lorsqu'ils ont complété 19 ans ou 20 ans, on les appelle à

 11   venir faire leur service militaire, et donc, au fur et à mesure que ces

 12   jeunes hommes avaient l'âge en question, quand ils avaient 18 ou 19 ans,

 13   ils étaient invités à faire partie de ces centres d'entraînement.

 14   Q.  Et les groupes paramilitaires ou les unités de la Défense territoriale

 15   qui avaient été subordonnées à la VRS à partir du mois de mai 1992, ces

 16   derniers passaient-ils également par une formation au sein de ces centres

 17   de formation ? Est-ce qu'on s'attendait à ce qu'ils suivent une formation

 18   dans ces centres en question ?

 19   R.  Non, car s'agissant des unités paramilitaires, il n'y avait pas de

 20   jeunes hommes. C'étaient des conscrits qui n'avaient pas répondu à l'appel

 21   à la mobilisation faite par la Republika Srpska, et c'est eux qui faisaient

 22   partie de ces groupes paramilitaires, et cette mobilisation avait été

 23   annoncée le 21 mai.

 24   Q.  Du meilleur de votre connaissance, est-ce qu'il y avait d'autres

 25   centres de formation à Banja Luka pendant que la VRS avait ses centres

 26   d'entraînement ?

 27   R.  Est-ce que vous parlez des centres pour les paramilitaires ?

 28   Q.  Non, je parle de tout centre de formation. Je veux dire par là,


Page 15374

  1   d'autres centres que les centres de formation de la VRS ?

  2   R.  Sur le territoire de la Republika Srpska il n'y avait qu'un seul

  3   centre, et c'était le centre capitaine Dragan à Divic, tout près de

  4   Zvornik. Du meilleur de ma connaissance, il n'y avait qu'un centre.

  5   Q.  Et il était fonctionnel jusqu'à quand ?

  6   R.  Le centre capitaine Dragan était d'abord situé sur le territoire de la

  7   Kninska [phon] Krajina, et après la signature du plan Vance-Owen sur la

  8   cessation des hostilités sur le territoire de la Croatie, ce centre n'avait

  9   plus lieu d'exister, et le capitaine Dragan, qui ne voulait plus retourner

 10   en Australie ou en Serbie, il s'est arrêté à la frontière de Divic et il a

 11   commencé à rassembler des hommes, des spéciaux qu'il a formés lui-même,

 12   mais avec l'ordre du 28 juin, nous avons réussi à démanteler ce groupe.

 13   Q.  Très bien. Nous allons parler du capitaine Dragan sous peu, mais

 14   j'aimerais d'abord savoir si vous savez combien de temps ce centre a-t-il

 15   fonctionné ?

 16   R.  Pas plus d'un mois et demi, je crois.

 17   Q.  Merci. Passons maintenant à autre chose. Je voudrais revenir sur le

 18   sujet du capitaine Dragan, puisqu'on en parle dans les carnets de Mladic.

 19   M. JORDASH : [interprétation] Mais pour l'instant, j'aimerais demander

 20   l'affichage de la page 151 en anglais et de la page 149 en B/C/S. En fait,

 21   c'est à la page 148, en haut de la page. Le numéro original est le J000-

 22   3322.

 23   Q.  Pour mieux vous orienter, Monsieur, je crois qu'il serait mieux de

 24   prendre la page précédente. La date qui nous intéresse est le 11 juin, qui

 25   se trouve à la page 146 en anglais, et cette même date figure également à

 26   la page 144 en B/C/S. Nous y avons l'entrée suivante, elle est intitulée

 27   "Bijeljina", et la page qui suit fait également référence à Mauzer,

 28   commandant autoproclamé. Nous parlons de Mauzer, on dit, et cetera, et


Page 15375

  1   cetera. Le cerveau derrière toute cette équipe est Jesaric. Il a beaucoup

  2   de liens avec la communauté d'affaire. Son unité est située dans les

  3   casernes à Bijeljina.

  4   J'aimerais savoir si vous aviez connaissance de ces éléments ? Et si oui,

  5   est-ce que ce qui est indiqué ici est exact ?

  6   R.  Pour pouvoir répondre précisément, vous devez me dire de quelle date

  7   vous parlez exactement, quelle période précise, s'il vous plaît.

  8   Q.  Je pense que c'est jeudi, le 11 juin. Jeudi, le 11 juin.

  9   R.  Voici ce que je sais de Mauzer à cette période-là. Lorsque le général

 10   Mladic s'est entretenu avec lui - et c'est quelque chose que Mladic m'a dit

 11   lui-même - Mauzer a enlevé ses insignes de grade de commandant. Il a voulu

 12   les remettre à Mladic parce que qu'il ne les avait pas obtenus de l'armée

 13   de la Republika Srpska dont il faisait partie. Mladic a pris les

 14   épaulettes, il les a regardées un peu, et puis il les a remis à Mauzer et

 15   lui a dit : A partir de maintenant, tu es un commandant de l'armée de la

 16   Republika Srpska. Donc, je ne sais pas s'il s'appelait lui-même commandant,

 17   si c'était un grade autoproclamé, ou s'il l'avait réellement obtenu de

 18   quelqu'un.

 19   Q.  Etait-il effectivement cantonné dans la caserne de Bijeljina à cette

 20   époque-là avec le personnel de la VRS ?

 21   R.  Je ne sais pas où il était, car je n'avais absolument aucun contact

 22   avec lui. Je sais seulement qu'il avait procédé à la création de cette

 23   brigade, et ce, même avant le début des conflits en Bosnie-Herzégovine. Ce

 24   qu'il avait fait avec cette brigade jusqu'à notre arrivée, je ne le sais

 25   pas. Mais c'est lui qui avait formé sa brigade.

 26   Q.  Quelle était l'importance de la présence de la VRS dans les casernes de

 27   Bijeljina au moment où ces événements se sont déroulés ?

 28   R.  J'ignore le nombre d'effectifs. Je sais qu'ils étaient composés de deux


Page 15376

  1   ou trois brigades émanant du corps de Bosnie orientale. La caserne était de

  2   très grande taille, et j'imagine qu'elle servait au repos des soldats.

  3   Q.  Les brigades qui s'y trouvaient, de quelle façon étaient-elles

  4   approvisionnées ? Y avait-il une base logistique à Bijeljina ?

  5   R.  Il y avait une base logistique à Bijeljina, mais elle était liée à

  6   l'état-major principal et non pas au Corps de Bosnie orientale.

  7   Q.  Est-ce que le Corps de Bosnie orientale pouvait recevoir la logistique

  8   par l'état-major principal ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Savez-vous pourquoi Mladic n'avait pas procédé à la subordination de

 11   Mauzer avant le mois de juin ? Par exemple, pourquoi ne l'a-t-il pas fait

 12   en mai ?

 13   R.  Je l'ai déjà dit, parce qu'il n'avait simplement pas le temps. Il

 14   aurait fallu d'abord avoir des discussions avec ces commandants des unités

 15   paramilitaires. Ensuite, il aurait fallu que ces derniers prennent une

 16   décision, et par la suite, en juin, on a procédé à la subordination.

 17   C'était peut-être arrivé en mai. Il s'est peut-être entretenu avec eux en

 18   mai.

 19   Q.  Je vous remercie.

 20   M. JORDASH : [interprétation] J'aimerais maintenant passer à la page 245 en

 21   anglais et 243 en B/C/S.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne pense pas que nous ayons un compte

 23   rendu d'audience tout à fait complet. On voit que quelqu'un avait été

 24   envoyé à Ozren, et c'était le commandant -- en fait, vous avez oublié de

 25   lire le numéro de la page. C'était J000-3235. Et ensuite, au passage que --

 26   c'était justement ce que vous avez lu.

 27   M. JORDASH : [interprétation] Je vous présente mes excuses.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, nous allons passer à quelle page


Page 15377

  1   ?

  2   M. JORDASH : [interprétation] A la page 245 en anglais, 243 en B/C/S, en

  3   commençant par 242 en haut de la page.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous sommes en train de consulter le

  5   document J000-3416.

  6   M. JORDASH : [interprétation]

  7   Q.  Avant de vous poser une question, j'aimerais d'abord vous demander,

  8   Monsieur Milovanovic, si vous savez qui est Dencic ? Je fais référence à

  9   une entrée qui avait été faite un peu plus tôt où Mladic dit que Mauzer a

 10   fait de Dencic le commandant adjoint chargé des questions relatives au

 11   contre-renseignement. Alors, c'est pourquoi je voudrais vous demander si

 12   vous savez qui était Dencic ?

 13   R.  Le colonel Dencic, dont j'oublie le prénom, était l'assistant chargé de

 14   la logistique à Tuzla. A la suite d'une décision sur le retrait de la JNA,

 15   le commandant du corps d'armée, dont j'ai oublié le nom également, mais je

 16   sais qu'il est décédé il n'y a pas très longtemps, ce dernier a quitté la

 17   Bosnie-Herzégovine, et Dencic, en tant qu'adjoint chargé de la logistique,

 18   avait remplacé le commandant du Corps de Bosnie orientale pendant un

 19   certain temps. C'est lui qui effectuait ces tâches-là. C'est un homme qui

 20   ne s'est pas illustré par ses qualités extraordinaires en tant que

 21   commandant du corps d'armée. Nous avons dû le remplacer. Et ce dernier, en

 22   fait, avait donné la permission au capitaine Dragan de procéder à la

 23   création du centre de formation à Divic.

 24   Q.  Vous voulez dire contre les ordres de son propre commandant, n'est-ce

 25   pas ?

 26   R.  Je ne comprends pas très bien votre question. De quel commandant

 27   parlez-vous ?

 28   Q.  Qui était le commandant de Dencic à l'époque où il a donné


Page 15378

  1   l'approbation au capitaine Dragan d'établir un centre de formation ?

  2   R.  Dencic effectuait les travaux de commandant du corps d'armée de Bosnie

  3   orientale alors que son commandant supérieur immédiat était le commandant

  4   suprême Ratko Mladic.

  5   Q.  Je vous remercie.

  6   M. JORDASH : [interprétation] Passons à l'examen de l'entrée qui figure à

  7   l'écran et qui porte le numéro J000-3416.

  8   Q.  Voici ce qui m'intéresse. Parlez-nous de cette entrée, s'il vous plaît,

  9   si vous le savez, où l'on fait référence au capitaine de première classe

 10   Markovic. De qui parle-t-on ici ?

 11   R.  Je ne sais pas à quel Markovic on fait référence ici, car je connais un

 12   très grand nombre de Markovic dans la VRS, en allant de lieutenant à

 13   colonel, donc je ne sais pas de quel Markovic on parle ici.

 14   Q.  Existe-t-il un lien entre le centre de formation et Zvornik ? Pouvez-

 15   vous établir un lien entre les deux ?

 16   R.  Maître, je ne peux qu'improviser. Je peux seulement me livrer à des

 17   conjectures, et en tant que témoin, je ne devrais pas faire ce genre de

 18   choses. Il existait un Markovic à Knin, effectivement.

 19   Q.  Monsieur Milovanovic, si vous ne pouvez que vous livrer à des

 20   conjectures, ne le faites pas, s'il vous plaît. Ne nous donnez que des

 21   faits. Parce que si vous ne le savez pas, dites-le-nous simplement, et nous

 22   allons passer à une autre question.

 23   R.  En fait non, voilà, je ne sais pas de qui on parle ici.

 24   Q.  Très bien, merci.

 25   M. JORDASH : [interprétation] Passons maintenant à la page 215 en anglais,

 26   213 en B/C/S, en commençant par 212 en haut de la page. Il s'agit de J000-

 27   3386.

 28   Q.  Lors d'une réunion au sein du ministère de la Défense, le colonel


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  1   Subotic était également présent, apparemment. Quel était son rôle précis à

  2   cette époque-là ? Comme il était ministre de la Défense, quel avait été son

  3   rôle ?

  4   R.  Le colonel Bogdan Subotic était le premier ministre de Défense de la

  5   Republika Srpska. Je peux vous dire que j'en sais un peu plus que ce qui

  6   n'est écrit ici. On a su qu'il y a eu, près de la mine de bauxite autour de

  7   Milici, une sorte de pillage, et le président Karadzic a envoyé Subotic en

  8   tant que ministre de la Défense là-bas pour voir de quoi il s'agit.

  9   Ensuite, il a informé le colonel Mladic de la situation générale qui

 10   prévalait à Milici. Comme il s'agit du 20 juin, je peux vous dire que le

 11   plus grand problème avec l'armée à Milici était le problème suivant : le

 12   maire était également le directeur de cette mine de bauxite et il a refusé

 13   de procéder à une mobilisation dans la municipalité de Milici, mobilisation

 14   qui a été décrétée le 21 mai. Alors, pour que les choses aillent plus mal

 15   encore, il était en plus président du Conseil exécutif du SDS. Suivant

 16   cette ligne du parti, c'était donc l'homme  numéro 2 au sein du Parti

 17   démocratique serbe, et il a refusé de procéder à une mobilisation, et c'est

 18   la raison pour laquelle le commandant suprême a envoyé la balle au ministre

 19   de la Défense pour que l'on détermine de quoi il en retourne.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Jordash, je suis en train de

 21   regarder la montre.

 22   M. JORDASH : [interprétation] Ça doit être l'heure de la pause.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, en effet. Nous allons reprendre à

 24   18 heures moins quart.

 25   --- L'audience est suspendue à 17 heures 18.

 26   --- L'audience est reprise à 17 heures 55.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Jordash, êtes-vous prêt à

 28   continuer ?


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  1   M. JORDASH : [interprétation] Oui. Merci.

  2   Q.  Nous étions en train de parler au sujet de Subotic et cette situation à

  3   Milici.

  4   M. JORDASH : [interprétation] J'aimerais qu'on nous montre la page

  5   suivante, s'il vous plaît. J'aimerais maintenant qu'on nous montre le J000-

  6   3387.

  7   Q.  Et Mladic, apparemment, était en train de dire qu'un policier de

  8   Zvornik était présent, et il a parlé d'un problème au sujet de ce centre

  9   d'entraînement créé par le capitaine Dragan à Divic. Alors, est-ce que vous

 10   savez nous dire si vous êtes à même de savoir de quel commandement s'était-

 11   il éloigné à ce moment ?

 12   R.  D'après ce que le capitaine Dragan a expliqué au général Mladic, et je

 13   veux dire que c'est la première fois que j'ai vu que Mladic s'était

 14   rencontré avec Dragan, partant de la documentation qu'on m'a montrée hier,

 15   parce que jamais il ne me l'a dit lui-même. Le capitaine Dragan avait

 16   rassemblé des hommes qui n'avaient pas envie d'aller faire leur service

 17   dans l'armée, que ce soit dans la Serbie ou dans la Krajina serbe, ou quand

 18   il est arrivé en Republika Srpska. Pour l'essentiel, c'étaient des jeunes

 19   gars qui étaient des individus problématiques.

 20   Q.  Excusez-moi de vous interrompre. Il semblerait que dans cette entrée il

 21   soit indiqué qu'il avait été placé sous commandement à un moment donné.

 22   Est-ce que vous pouvez jeter un peu de lumière sur cet élément-là, s'il

 23   vous plaît ?

 24   R.  Je ne peux pas le faire. Parce que ce que je viens de vous dire, je

 25   l'ai appris partant de la documentation que vous m'avez montrée. Je sais

 26   que le dénommé Dencic avait été commandant par intérim dans ce corps

 27   d'armée, et il lui avait donné l'autorisation de créer ce centre

 28   d'entraînement à Divic.


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  1   Q.  Mais qui était-il en train d'entraîner ?

  2   R.  C'étaient des jeunes gens qu'il avait rassemblés, je ne sais trop

  3   comment. Lorsque je suis arrivé la première fois dans ce centre dans

  4   l'intention de le démanteler, j'y ai trouvé une vingtaine de jeunes gens

  5   qui ne faisaient rien, qui étaient allongés çà et là. Le capitaine Dragan

  6   n'était pas là. J'y suis allé parce que le général Mladic m'avait demandé

  7   de trouver des moyens d'écarter le capitaine Dragan. Je crois vous avoir

  8   raconté par le passé comment tout ceci s'était produit.

  9   Q.  Ai-je bien compris les choses, pour autant que vous le sachiez, ce

 10   capitaine Dragan avait organisé des entraînements à l'intention de jeunes

 11   gens. Avant qu'ils n'aient eu la possibilité de faire quoi que ce soit, ils

 12   ont été écartés de là-bas, n'est-ce pas ?

 13   R.  J'ai dit qu'il s'était attardé chez nous, à Divic, un mois ou un mois

 14   et demi. Il n'a réalisé aucune opération avec eux, parce que c'était moi

 15   qui étais chargé de les écarter de là, et je m'y suis attelé comme suit.

 16   Par exemple, j'ai confié une mission que je savais pertinemment bien qu'ils

 17   n'étaient pas en mesure de réaliser. Alors, pendant quatre jours, on m'a

 18   tiré par le bout du nez, et puis on a convenu de se retrouver à Milici

 19   parce qu'il a demandé à ce que, en personne, je lui confie cette mission de

 20   façon orale. On est arrivés à Milici, et puis on ne l'a pas trouvé parce

 21   que, semblait-il, il était parti il y a dix minutes de cela à Zvornik. Et à

 22   Zvornik, on m'a dit : Mais il y a 10 minutes, il vient de quitter pour

 23   Divic. Mon chef chargé de la sécurité était contre le fait d'aller à Divic.

 24   Il avait redouté un piège ou une embuscade. On y est allés, mais on n'a pas

 25   trouvé Dragan non plus. Il avait fui vers Belgrade. Alors, j'ai dit aux

 26   jeunes gars : Vous ramassez vos cliques et vos claques et je ne veux plus

 27   vous voir d'ici une demi-heure. Et le centre a été démantelé. Le capitaine

 28   Dragan n'a plus fait son apparition là-bas.


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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Puis-je demander des éclaircissements

  2   pour ce qui est de l'une des réponses. Il y a une minute à peine, vous avez

  3   dit :

  4   "D'après ce que le capitaine Dragan avait dit au général Mladic," et

  5   vous avez précisé que c'était la première fois que vous aviez vu que le

  6   capitaine Dragan avait rencontré Mladic, et vous l'aviez vu dans une

  7   documentation qui vous a été montrée hier.

  8   Or, ça, c'est une référence qui manque de clarté à mes yeux, parce

  9   que nous n'avons pas parcouru la totalité de cette documentation. Ça ne se

 10   trouve pas non plus à la page qu'on vient de voir, n'est-ce pas ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non.

 12   M. JORDASH : [interprétation] Peut-être pourrais-je vous montrer l'endroit

 13   --

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne sais pas si vous trouvez la chose

 15   importante, mais je voulais que cette référence-là soit clairement indiquée

 16   comme étant une source méconnue de la Chambre.

 17   M. JORDASH : [interprétation] Je vais éclairer la lanterne des Juges. Page

 18   264 de l'anglais et 262 de la version B/C/S. Il s'agit d'une référence 2611

 19   [comme interprété] en haut de page.

 20   Q.  Il me semble que cela accompagne la date du 30 juin 1992, et c'est la

 21   date qui se trouve en page 246 de la version anglaise et 244 de la version

 22   B/C/S. Nous sommes en train de voir sur nos écrans le J000-3435. On voit en

 23   mi-page qu'il y a une rencontre avec lui et Dragan suite à la requête de ce

 24   dernier. Si l'on lit encore plus vers le bas, il semble y avoir une entrée

 25   :

 26   "J'ai rencontré Dragan lorsque le colonel Ilic est venu," et ça a peut-être

 27   été consigné par l'adjoint Mijatovic, "on a tous les deux dit que c'était

 28   une bonne chose. Le blocus de la municipalité et l'intrusion dans le


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  1   bâtiment des armes à la main était une chose qui ne saurait être tolérée."

  2   Et on ajoute que : "Rien ne devait être pris de Divic pour être placé dans

  3   des réserves de guerre en guise de butin de guerre." Alors, est-ce là une

  4   référence où il est fait état de Dragan et de ses hommes qui étaient en

  5   train de prendre du matériel et pour les garder à Divic pour en faire des

  6   objets personnels et non pas un butin de guerre ?

  7   R.  C'est à moi que vous posez la question ?

  8   Q.  Oui, certainement, c'est à vous que je pose la question.

  9   R.  Je vais d'abord répondre à la question posée par le Président de la

 10   Chambre. Jamais Mladic ne m'a dit qu'il avait eu une rencontre avec le

 11   capitaine Dragan. Un soir, il était venu de quelque part pour me dire :

 12   Trouve des modalités pour éloigner le capitaine Dragan de la Republika

 13   Srpska. J'ai trouvé un moyen de le faire. Je vous ai raconté comment. Et

 14   dans la documentation qu'on m'a montrée, c'est la première fois que je vois

 15   que Mladic avait eu à un moment donné une rencontre avec le capitaine

 16   Dragan. Pour ce qui est de ce que Mladic a trouvé à Divic, ces objets ou ce

 17   matériel, je ne les ai pas vus, mais dans votre documentation, j'ai vu que

 18   Mijatovic avait raconté à Mladic que le capitaine Dragan, c'était un

 19   pilleur ordinaire qui était rentré dans une municipalité serbe pour la

 20   bloquer.

 21   Q.  Et vous n'avez pas eu connaissance de ceci ?

 22   R.  Non.

 23   Q.  Au bas de la page, il est dit :

 24   "Zuca et Crni faisaient intrusion même dans des salles d'opération

 25   chirurgicales pendant que les opérations étaient en cours."

 26   Est-ce que Zuca et Crni étaient des gens qui travaillaient bras dessous,

 27   bras dessus avec Dragan ?

 28   R.  Je pense que non. Je pense que c'étaient des organisations distinctes.


Page 15384

  1   Crni faisait ça et là son apparition chez Zuca. Je ne sais pas ce que ce

  2   Crni pouvait avoir. Je crois que c'était un franc-tireur. Enfin, j'ai

  3   entendu parler de lui pendant la guerre et je crois qu'il a été écarté en

  4   même temps que Zuca. Je sais que Zuca a été, lui, condamné à 15 ans de

  5   prison et qu'il est décédé à Sremska Mitrovica, dans la prison.

  6   Q.  Combien d'hommes avait-il sous ses ordres, le dénommé Crni, à l'époque;

  7   le savez-vous ?

  8   R.  Non, je ne sais pas.

  9   Q.  Mais que faisait-il au juste ?

 10   R.  J'ai vu Crni pour la première fois vers l'été 1992. Je crois qu'on

 11   était en juillet, août. Il était venu chez Mladic. Il venait d'arriver de

 12   l'Herzégovine. Mladic était en train de s'entretenir avec, et il m'a appelé

 13   par téléphone de l'endroit où il dormait, et il m'a dit : Il viendra chez

 14   toi un individu, prête une oreille attentive à ce qu'il dira, et tu me

 15   donneras tes conclusions. Et fournis-lui un hélicoptère, pour lui et pour

 16   un autre homme, le capitaine Janic, pour aller en Herzégovine. Et cet

 17   individu est venu. Il m'a raconté qu'il s'était emparé d'un répéteur de

 18   télévision de la main des Musulmans, d'une montagne Leutar [phon] et

 19   c'était en 1993. Le Corps d'Herzégovine avait essayé de s'emparer à nouveau

 20   de ce répéteur pour les communications. Alors, je ne sais pas, ce Crni, ce

 21   qu'il faisait en Herzégovine, s'il avait des hommes sous lui, et s'il

 22   coopérait avec le capitaine Dragan, je ne le sais pas. Mais ce qui est pire

 23   encore, c'est que je ne sais pas vous dire quel est le nom et le prénom qui

 24   se trouvent derrière ce surnom de Crni.

 25   Q.  Y a-t-il eu une raison quelconque pour laquelle vous n'avez pas eu à

 26   connaître de la taille de son groupe ? Est-ce que ceci vous dit quelque

 27   chose de la taille ou des activités déployées par ce groupe ?

 28   R.  Je ne sais rien de tout cela. Je vous ai dit que c'était, à mon avis,


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  1   un franc-tireur. C'était un loup solitaire.

  2   Q.  C'est ce que je voulais laisser entendre. Vous ne saviez pas s'il était

  3   subordonné ou resubordonné au sein de la JNA ou de la VRS, et vous ne savez

  4   rien au sujet de la taille de son groupe. Est-ce que ceci laisse entendre

  5   que c'était quelqu'un de peu important du point de vue des opérations de

  6   guerre ou du point de vue des activités criminelles de cet homme ?

  7   R.  Je viens de vous dire que je ne savais rien. Lorsque Mladic me l'a

  8   envoyé dans ma baraque, il m'a dit qu'il a empêché un attentat contre le

  9   commandant du Corps de l'Herzégovine. Il semblerait qu'il y avait eu un

 10   règlement de comptes entre des hommes de la sécurité du commandant d'une

 11   brigade. Je viens d'oublier -- oui, un dénommé Ante Boro. Ses gens chargés

 12   de la sécurité, ils avaient eu un conflit avec les gens de sécurité du

 13   général Grubic, et il y a eu un mort, et il semblerait qu'il avait réussi à

 14   protéger le général Grubic. Mais je n'ai pas eu l'occasion d'en discuter

 15   avec ce général Grubic. En somme, je ne sais pas du tout qui est cet homme,

 16   exception faite du fait que je ne l'ai vu qu'une seule fois.

 17   Q.  Bon. Merci.

 18   M. JORDASH : [interprétation] Revenons, s'il vous plaît, vers le carnet.

 19   Nous en sommes encore au 65 ter 5600. Il s'agit de la page 117 en version

 20   anglaise et de la page 116 en version B/C/S. Oui, j'aurais dû donner la

 21   référence du haut de page. Il s'agit du 115. Excusez-moi.

 22   Q.  Avant que de nous pencher dessus, il s'agit du J000-3289, et c'est :

 23   "Le lundi, 8 juin, requête de l'état-major à l'intention de l'armée de la

 24   République fédérale de Yougoslavie." Et il est question de coordination

 25   entre groupes, coordination d'éléments tels que l'administration technique,

 26   l'administration de l'intendance, les forces aériennes, la défense

 27   antiaérienne. Savez-vous nous parler de la coordination de ces groupes et

 28   de leur importance pour ce qui est de Mladic et pour ce qui est de la VRS ?


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  1   R.  Tout d'abord, pour ce qui est de l'intitulé. Je ne sais pas s'il s'agit

  2   ici des demandes formulées par l'état-major de l'armée de Yougoslavie à

  3   l'égard de la VRS ou alors c'est une requête de Mladic destinée à l'état-

  4   major de l'armée de Yougoslavie. Alors, les déclinaisons ne permettent pas

  5   de comprendre clairement, mais je suis au courant de ce groupe. J'ai

  6   commencé à en parler lorsque vous m'avez interrogé au sujet de ce ministère

  7   chargé des Serbes à l'extérieur de la Serbie. Je sais qu'on avait essayé de

  8   créer un groupe dirigé par le général Adzic qui avait été déjà à la

  9   retraite, et ce groupe aurait permis des coopérations mutuelles pour ce qui

 10   est de la production des munitions. Et nous avions ensuite bon nombre de

 11   réfugiés qui étaient des conscrits militaires et qui se trouvaient en

 12   Serbie. On pensait avoir les effectifs d'un corps d'armée en Serbie.

 13   C'étaient des déserteurs, en somme. Pour autant que je le sache, dans ce

 14   groupe au côté du général Adzic, il devait y avoir le général Djukic, un

 15   assistant chargé des arrières, Mico Grubor aussi devait en faire partie,

 16   c'était l'homme chargé des cadres dans la VRS. Et je sais que ce groupe n'a

 17   pas commencé à exister parce que le général Adzic ne s'est pas mis à sa

 18   tête, vu qu'entre-temps on lui a interdit d'accéder à l'état-major fédéral

 19   de l'armée de Yougoslavie. J'ignore les raisons de cette interdiction.

 20   Q.  Merci.

 21   M. JORDASH : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît. Passons

 22   maintenant à la page 230 de la version anglaise, à savoir la page 228 de la

 23   version B/C/S. La référence du haut de la page est le 227.

 24   Q.  Cette inscription ou cette entrée est relative à la date du 24 juin

 25   1992, et il est question d'une réunion de la direction collégiale de

 26   l'état-major de l'armée de la Republika Srpska. Non, excusez-moi, il s'agit

 27   d'un briefing du colonel Zivanovic à 13 heures 30, page 228 version

 28   anglaise, et 226 en version B/C/S. Alors, avez-vous lu les entrées qui se


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  1   rapportent à Skelani et au barrage de  Bajina Basta et de la mise à feu de

  2   certains villages serbes ?

  3   R.  Oui, j'ai lu ces passages.

  4   Q.  Et êtes-vous d'accord avec la teneur de ces entrées partant des

  5   connaissances qui sont les vôtres ?

  6   R.  Il s'agit du colonel Zivanovic, qui est devenu par la suite général, et

  7   c'est ce qu'il présente comme rapport à Mladic, parce que Mladic l'avait

  8   envoyé en Bosnie de l'est, c'est-à-dire à Skelani, pour qu'il détermine

  9   comment se présentait la situation. Alors le colonel à l'époque, Zivanovic,

 10   était chef de l'artillerie par intérim à l'état-major principal. Une fois

 11   revenu, il lui a raconté ce qu'il a rencontré. Moi, en personne, je n'ai

 12   pas été d'accord avec ce type d'appréciation présenté par le général

 13   Zivanovic. Il avait vanté les mérites de ce bataillon, or nous avons eu des

 14   problèmes avec ce bataillon-là. Tout d'abord, la population avait quitté la

 15   municipalité de Skelani nouvellement créée. Ils sont passés de l'autre côté

 16   de la Drina, à Bajina Basta, et on a dû faire venir un bataillon du 1er

 17   Corps de la Krajina pour régler tout ce qu'il y avait à régler et ils l'ont

 18   fait en 24 heures.

 19   Ce colonel Zivanovic avait fait des louanges à l'intention du

 20   commandant du bataillon de Skelani, mais ce commandant n'en a pas fait

 21   autant, vous savez, pas vraiment.

 22   Q.  Et qu'en est-il de ces mises à feu de villages musulmans; est-ce exact

 23   ou pas ? Non, pardon, excusez-moi, mises à feu de villages serbes ?

 24   R.  Je ne sais pas si c'est exact ou pas. A l'occasion d'un témoignage ici

 25   dans cette affaire ou dans une autre, je pense avoir dit une constatation

 26   disant que jusqu'au 14 février 1993, entre avril 1992 jusqu'au 14 février

 27   1993, il y a eu d'incendiés, détruits, pillés 156 villages et hameaux

 28   serbes.


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  1   Q.  Ça s'est passé à ce procès-ci, donc on n'a pas à en reparler.

  2   M. JORDASH : [interprétation] A la place, penchons-nous sur la page 246 de

  3   la version anglaise, et 244 de la version B/C/S. La référence du haut de la

  4   page est le 243.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Jordash, à l'occasion de la

  6   première page, vous avez situé les choses dans le temps à la date du 24

  7   juin, or je vois que le 24 juin apparaît à la page 217 en haut. Or 219, à

  8   mi-page, avant que le briefing ne commence, il est dit 25 juin.

  9   M. JORDASH : [interprétation] C'est mon erreur à moi. Merci.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez continuer.

 11   M. JORDASH : [interprétation] Il s'agit de la page J000-3417. Cette réunion

 12   semble avoir lieu entre Mladic et les représentants de la municipalité de

 13   Zvornik. Et nous avons ici la liste des participants. Prenons la page 247

 14   en anglais, 245 en B/C/S, 244 figure en haut de la page.

 15   Q.  Nous avons ici une note qui concerne Novak Tokanovic, commandant du

 16   détachement de Sekovici, partie de la Brigade de Bihac, d'après ce que l'on

 17   voit. Alors il parle d'une unité qui s'appellerait la garde qui agit sous

 18   les ordres de la JNA. Est-ce que vous savez de quelle unité Tokanovic parle

 19   ici ? De quoi semble-t-il parler ici ?

 20   R.  Je n'ai pas compris que ce Tokanovic était commandant. C'était un

 21   commissaire du SDS chargé de la municipalité de Sekovici. Je sais qu'à un

 22   moment donné il y a un remue-ménage, je ne sais pas comment en parler, à

 23   Sekovici. Parce que ce qui s'est passé c'est que quelqu'un a constitué une

 24   unité paramilitaire, mais cette unité avait été, en fait, considérée comme

 25   étant une unité de police et pas militaire. A l'époque, Andric Svetozar, le

 26   commandant de la Brigade de Milici, a refusé l'intégration de cette unité

 27   dans sa brigade, ce qui a donné lieu à un conflit entre les autorités

 28   municipales et le commandement de la brigade. Mladic s'est rendu sur place


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  1   pour régler cela, et il me semble que c'est à Vlasenica qu'il y a eu cette

  2   réunion avec l'ensemble des représentants municipaux des municipalités du

  3   coin à Milici, Sekovici, Vlasenica, je ne sais lesquelles, toutes de ces

  4   zones.

  5   Q.  Vous voyez cette référence qui est donnée ici, il est question de la

  6   garde qui agit dans le cadre de la JNA. Mais qui aurait pu être cela ? Est-

  7   ce que vous pourriez nous expliquer cela ? Est-ce que vous savez de quoi il

  8   s'agit ?

  9   R.  Excusez-moi, quelle est la date qui vous intéresse ?

 10   Q.  La date qui s'affiche à l'écran.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que c'est le 30 juin.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne vois pas la date.

 13   M. JORDASH : [interprétation]

 14   Q.  Oui, la date ne s'affiche pas à l'écran. C'est le 30 juin. Vous voyez

 15   les questions de la garde qui agit au sein de la JNA, à en juger d'après ce

 16   que dit Tokanovic. Donc, j'aimerais savoir si vous savez de quelle unité il

 17   s'agit ici ?

 18   R.  Le 30 juin de quelle année ?

 19   Q.  1992.

 20   R.  Ça ne peut pas être la JNA, puisque la JNA avait quitté le territoire

 21   de Bosnie-Herzégovine le 20 mai 1992. Donc, je pense plutôt --

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Votre question m'interpelle. Vous parlez

 23   de la garde et vous demandez qui cela pourrait être, mais à en juger

 24   d'après le contexte, on dirait qu'il s'agit d'une unité. Donc, pour moi,

 25   lorsqu'on dit qui, j'entends toujours qu'il s'agit d'un individu, d'une

 26   personne, mais peut-être que je ne comprends pas bien l'anglais. Donc, si

 27   vous dites M. X, qui est-il, ou pour l'unité, vous, vous diriez de quoi

 28   s'agit-il, donc vous ne vous exprimeriez de la même façon.


Page 15390

  1   M. JORDASH : [interprétation] Oui, je vais préciser.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  3   M. JORDASH : [interprétation]

  4   Q.  Donc, cette note dit :

  5   "Avant l'arrivée de l'armée, nous avions une unité appelée la garde, qui

  6   agissait dans le cadre de la JNA."

  7   Est-ce que vous savez ce qu'il en est de cette unité, Monsieur Milovanovic

  8   ? En savez-vous quelque chose ?

  9   R.  Je ne le sais pas.

 10   Q.  Alors, passons à autre chose.

 11   M. JORDASH : [interprétation] 263, la page en anglais, 261 en B/C/S, et 260

 12   en haut de la page.

 13   Q.  C'est toujours la même réunion, la réunion des représentants de

 14   Zvornik. Et c'est le commentaire de Mladic qui m'intéresse, ou la

 15   déclaration que "Crni vous aurait cité en tant que référence". Jokic,

 16   apparemment, a dit à Mladic cela. Est-ce que vous en savez quelque chose ?

 17   R.  Je connais Jokic. Je vous ai déjà dit comment j'ai rencontré Crni, il

 18   m'a été envoyé par Mladic, et je suppose que Crni a cité Mladic aussi

 19   lorsqu'il est venu voir Jokic. Tout simplement, je ne sais pas s'il a cité

 20   Mladic en tant que référence ou non. Il est tout à fait possible que Mladic

 21   l'ait envoyé chez Jokic, tout comme il l'a envoyé chez moi.

 22   Q.  Je vous remercie.

 23   M. JORDASH : [interprétation] Je n'arrive pas à voir le numéro. J000-3434.

 24   Alors, prenons la page 316 en anglais, 314 en B/C/S, 313 en haut de la

 25   page. Il s'agit du dimanche, 12 juillet 1992. Il n'est pas tout à fait

 26   clair de savoir de quoi il s'agit, d'une réunion ou autre chose, mais le

 27   général Gvero semble être là, et le président de la municipalité de Bileca,

 28   à un moment. Page 317 en anglais, page 315 en B/C/S. C'est la page 318 qui


Page 15391

  1   m'intéresse en anglais, 316 en B/C/S, et 315 en haut de la page. Donc, il y

  2   a un commentaire là à la situation. C'est à un tiers de la page :

  3   "La situation est bonne dans la municipalité de Gacko." Ensuite :

  4   "Problème dans l'armée dans une municipalité --"

  5   L'INTERPRÈTE : Inaudible pour l'interprète.

  6   M. JORDASH : [interprétation] "-- des hommes d'Arkan pillent, voudraient

  7   que l'armée les équipe avant d'aller combattre. Veulent que l'objectif de

  8   la guerre en Herzégovine soit précisé."

  9   Q.  Est-ce que vous savez ce qu'il en est d'Arkan ? Est-ce qu'il aurait

 10   demandé que la VRS l'équipe dans cette municipalité ?

 11   R.  Il s'agit du 12 juillet 1992.

 12   Q.  Oui.

 13   R.  On avait déjà chassé Arkan du territoire de la Republika Srpska.

 14   Toutefois, un groupuscule d'Arkan aurait pu se rendre en Herzégovine, parce

 15   qu'ils n'ont pas pu s'installer en Bosnie orientale, et je sais que Mladic

 16   avait envoyé Gvero en Herzégovine pour qu'il visite la plupart des

 17   municipalités là-bas et pour qu'il voie quelles étaient les relations entre

 18   les autorités civiles et l'armée, l'attitude des pouvoirs civils vis-à-vis

 19   de l'armée, et Gvero était à l'époque chargé du moral. Je ne vois pas quoi

 20   d'autre je pourrais dire. Gvero fait son rapport à Mladic. Mais j'ai vu à

 21   la page précédente un crayon différent, parce que je voudrais maintenant

 22   comparer les écritures. Je ne suis plus sûr qu'il s'agisse de la même

 23   écriture.

 24   Q.  Oui.

 25   M. JORDASH : [interprétation] Oui, revenons à une page en arrière, s'il

 26   vous plaît.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, j'ai vu un crayon bleu. Dimanche 12

 28   juillet. C'est la Saint-Pierre, c'est une fête serbe. C'est la même


Page 15392

  1   écriture, mais je ne comprends pas pourquoi -- c'est peut-être parce qu'il

  2   n'avait plus de -- oui, il n'avait peut-être plus d'encre, donc il a dû

  3   changer de crayon.

  4   M. JORDASH : [interprétation]

  5   Q.  Est-ce que l'on peut continuer ? Est-ce que vous vouliez ajouter

  6   quelque chose ou c'est tout ce que vous vouliez dire ?

  7   R.  Je n'ai rien à ajouter à ce sujet, mais de manière générale, au sujet

  8   des documents que vous m'avez fournis hier, c'est par erreur que l'on a mal

  9   transcrit le paraphe du général Mladic. Partout, il est écrit BM, mais en

 10   fait, il faut lire RM, parce qu'il avait une manière très spéciale d'écrire

 11   ce R, c'est comme un 8 ouvert, et donc tous ceux qui ont interprété cela se

 12   sont trompés, parce qu'ils se sont dits que c'était un B en lettres

 13   cyrilliques, mais ce n'est pas le cas. Partout dans les documents que j'ai

 14   lus, vous avez ces initiales BM, mais je ne pense pas que Mladic ait jamais

 15   mis ses initiales au début de ses carnets, ou c'est peut-être la manière de

 16   parapher de celui qui a transcrit les documents. Je ne sais pas.

 17   M. JORDASH : [interprétation] C'est la femme de Mladic qui a signé le

 18   document - je ne pense pas que ce soit contesté - lorsque ces documents ont

 19   été trouvés dans l'appartement.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Bosa Mladic. En fait, je pensais que c'était

 21   les initiales de Mladic. C'était sa manière de parapher. Donc, c'est la

 22   raison pour laquelle j'en ai parlé comme ça.

 23   M. JORDASH : [interprétation]

 24   Q.  Non. Pour votre information, elle a paraphé toutes les pages lorsque

 25   les documents ont été remis au MUP serbe.

 26   R.  Monsieur, j'ai vu 23 carnets de Mladic, que ce soit ici ou à Banja

 27   Luka. C'est uniquement sur trois cahiers que j'ai trouvé ce paragraphe au

 28   feutre vert. Trois carnets. Et au dos de ces trois carnets, elle a écrit,


Page 15393

  1   revu par Bosa Mladic, pages numérotées de 1 à 400, et en fait, ces pages

  2   sont paginées à partir du numéro d'ordre 13. Parce que les 12 premières

  3   pages concernent les adresses, les numéros de téléphone, et cetera.

  4   Q.  D'accord. Passons à autre chose. Nous reviendrons à cela si nécessaire.

  5   M. JORDASH : [interprétation] Prenons la page 355 en anglais et 353 en

  6   B/C/S, 353 en haut de la page. La date est celle du 15 juillet 1992. C'est

  7   un briefing des organes du commandement de l'état-major principal de

  8   l'armée de la République serbe de Bosnie-Herzégovine. Je donne la référence

  9   de la page, J000-3527.

 10   Q.  Est-ce que vous étiez présent à cette réunion d'information ?

 11   R.  J'allais en parler à la fin de cet interrogatoire. En fait, tout ce que

 12   j'ai vu au cours de la nuit passée, c'est la moitié de ces classeurs, et je

 13   n'ai jamais vu mon nom ni ma fonction, alors qu'il ne pouvait pas y avoir

 14   de réunion d'information à l'état-major en mon absence parce que c'était

 15   moi qui étais chargé d'analyser les opérations de combat et c'est moi qui

 16   formulais les propositions à l'intention du commandant. Quand j'ai examiné

 17   les cahiers, dans certains d'entre eux, j'ai vu NS, pour chef de l'état-

 18   major, donc cela correspondait à ma fonction. Mais hier, je n'ai trouvé ça

 19   nulle part, et je n'ai pas trouvé mon nom. Nulle part l'ai-je trouvé. Et

 20   cela commence ici par, Colonel Tolimir, chef du secteur chargé de

 21   l'information et du renseignement, à moins que l'on trouve Petar Salapura,

 22   chef de l'information et du renseignement, mais normalement, c'est le

 23   renseignement qui informe sur l'ennemi, et ensuite, vous avez le chef de

 24   l'état-major qui prend la parole ou le chef des opérations, mais Miletic,

 25   je ne l'ai trouvé nulle part non plus. C'est lui qui fait un rapport au

 26   commandant sur la situation militaire, donc sur la situation dans les rangs

 27   de la VRS. Et à la fin, c'est le chef de l'état-major qui reprend la parole

 28   et qui propose au commandant l'emploi de l'armée. Donc, tout ça, je ne l'ai


Page 15394

  1   trouvé nulle part dans le premier classeur jusqu'à la moitié du deuxième,

  2   comme si je n'avais pas été dans l'armée, alors qu'il s'agit de l'année

  3   1992, et pendant six mois, je n'ai pas bougé de la caserne pendant la

  4   gestation de l'armée. Donc, je ne sais pas comment est-ce que cela a pu se

  5   passer. C'est juste pendant 24 heures que je me suis absenté, le 2 août,

  6   quand je suis allé rendre visite à ma famille.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Jordash, avant de donner la

  8   parole à M. Groome, vous avez dit que l'entrée avait été faite le 15

  9   juillet alors qu'ici il est tout à fait clair que l'entrée a été faite le

 10   20 juillet, n'est-ce pas ?

 11   M. JORDASH : [interprétation] Excusez-moi. Je me suis réellement trompé.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Groome.

 13   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, le général Milovanovic

 14   a fait à maintes reprises des observations sur des documents qu'il a lus

 15   hier soir alors qu'il n'y a pas réellement d'indication précise à savoir

 16   quels sont les documents que l'on lui a remis exactement. J'aimerais

 17   demander à Me Jordash de bien vouloir nous donner le titre ou les

 18   informations concernant les documents et les pièces qu'on lui a donnés ou

 19   un index des documents que l'on a remis au général Milovanovic.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Jordash.

 21   M. JORDASH : [interprétation] Oui, je vais préparer une liste et je vais la

 22   déposer, avec votre permission, Monsieur le Président, je vais la

 23   soumettre.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien, oui. Mais en même temps, je

 25   pense que l'une des dernières réponses apportées par le témoin a duré

 26   environ une page, et ce, en ne répondant même pas à la question : si vous

 27   étiez présent lors de la réunion ? Vous avez peut-être essayé d'obtenir

 28   cette information en posant votre question, mais je me demande réellement


Page 15395

  1   si vous étiez vraiment intéressé à obtenir toutes ces informations qu'il

  2   vous a fournies. Alors, je vous demanderais de bien vouloir lui poser une

  3   question de façon un peu différente.

  4   M. JORDASH : [interprétation] Je veux juste savoir s'il était présent.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais à ce moment-là, vous auriez dû

  6   l'interrompre et dire : Etiez-vous présent ou pas ? Et s'il n'était pas

  7   présent, alors vous lui posez une autre question plutôt que de le laisser

  8   parler pendant toute une page, à moins que cela ne soit exactement ce que

  9   vous vouliez obtenir.

 10   M. JORDASH : [interprétation] Non, en fait, Monsieur le Président, je

 11   voulais simplement savoir si le témoin a des observations à nous apporter

 12   concernant l'authenticité du carnet, mais c'est tout.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il nous a parlé de la façon dont le BM

 14   est écrit, tout ça c'est très clair, le nom, c'est clair aussi, mais je ne

 15   sais pas si tout ceci était réellement vraiment important. Bien, c'est

 16   votre témoin. Je ne vais pas vous interrompre.

 17   M. JORDASH : [interprétation] Très bien. Merci beaucoup, Monsieur le

 18   Président. Je prends bonne note de ce que vous m'avez dit. Alors, je vais

 19   essayer de l'interrompre la prochaine fois s'il nous donne trop d'éléments

 20   d'information.

 21   Q.  Monsieur, le 20 juillet 1992. Et pour vous poser cette question,

 22   j'aimerais que l'on passe -- donc cette question-ci : est-ce qu'ils ont

 23   augmenté leurs activités de reconnaissance autour du mois de juillet 1992

 24   pour empêcher la VRS d'utiliser leurs avions à l'intérieur de la Bosnie ?

 25   R.  Les vols de reconnaissance de l'OTAN avaient débuté, mais je ne sais

 26   pas dans quel but exactement.

 27   Q.  Est-ce que cela vous a empêché d'utiliser des avions à l'intérieur de

 28   la Bosnie ?


Page 15396

  1   R.  Non. J'ai dit que nous avions cloué nos avions au sol en octobre 1992.

  2   Q.  Par le truchement de votre propre service de reconnaissance, saviez-

  3   vous qui se trouvait dans l'espace aérien au-dessus de la Bosnie, quels

  4   étaient les aéronefs qui utilisaient l'espace aérien sur le territoire de

  5   la VRS ?

  6   R.  Je ne sais pas. Je sais seulement que ce n'était pas l'Islande, parce

  7   que l'Islande n'avait pas de forces armées, même si l'Islande est membre de

  8   l'OTAN.

  9   Q.  Nous sommes peut-être fatigués tous les deux.

 10   M. JORDASH : [interprétation] Passons maintenant rapidement à la page 357

 11   en 355 en B/C/S. Nous sommes peut-être fatigués tous les deux, alors je

 12   propose de passer rapidement à ce qui est dit ici en haut de la page

 13   s'agissant des commentaires faits par le colonel Lukic. Il dit :

 14   "Il y a 110 recrues au centre de formation, 295 à Bileca. Ils doivent

 15   terminer leur entraînement le 30 juillet."

 16   Q.  Etiez-vous au courant de ceci ?

 17   R.  Oui, tout à fait. Le colonel Lukic était un homme chargé du personnel

 18   et c'est lui qui tenait compte du calendrier et des cours qui étaient

 19   dispensés aux officiers. C'est moi personnellement qui l'ai emmené à

 20   l'état-major principal, et il est venu de Nis.

 21   Q.  Est-ce qu'il s'agissait effectivement de formation ou d'entraînement

 22   tel que décrit dans ce carnet de notes ?

 23   R.  Je vous ai déjà dit que nous disposions de trois centres chargés de

 24   l'entraînement des recrues, Banja Luka, Bileca et Belica [phon], et vous

 25   m'aviez demandé combien de recrues il y avait. Je ne le savais pas lorsque

 26   je vous ai répondu à cette question un peu plus tôt, mais maintenant, je

 27   vois qu'il s'agissait de 295 recrues. C'était la première génération des

 28   recrues que nous avions recrutées pour servir dans l'armée.


Page 15397

  1   Q.  Etes-vous d'accord avec moi qu'autour de cette période et tout au long

  2   de l'année 1992, il n'avait pas suffisamment de formation, d'entraînement

  3   qui pouvaient être dispensés aux effectifs de la VRS ?

  4   R.  Le problème, en fait, c'était le manque de conscrits militaires. Je

  5   vous ai dit tout à l'heure que nous avions en Serbie un corps d'armée de

  6   déserteurs. Ces jeunes hommes qui avaient l'âge de porter les armes étaient

  7   des enfants de parents qui n'avaient pas suffisamment de moyens pour

  8   quitter la Bosnie-Herzégovine, donc le nombre était vraiment très petit. Et

  9   ensuite, nous avions des problèmes avec les conscrits qui étaient restés

 10   sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine, car leur spécialité ne

 11   correspondait pas aux besoins de l'armée de la VRS. Nous avions beaucoup

 12   plus de soldats d'infanterie, et donc il nous a fallu les former pour

 13   pouvoir servir dans l'armée de l'air, pour être tankistes et pour servir

 14   dans d'autres branches de l'armée.

 15   Q.  Oui. Mais en fait le problème dont je vous ai demandé de nous parler

 16   n'était pas seulement de nous parler du manque de recrues, mais également

 17   du fait qu'il y avait des problèmes quant à la formation. C'est-à-dire

 18   qu'eu égard au fait qu'il n'y avait pas suffisamment d'heures de formation

 19   accordées à ces personnes, ces jeunes hommes, s'agissant des opérations de

 20   combat, par exemple, il y avait beaucoup de pertes. Et l'équipement aussi

 21   était quelque chose que ces jeunes recrues ne savaient pas utiliser, n'est-

 22   ce pas ?

 23   R.  Oui, c'est exact. C'est pour cela qu'on a dit dans la Republika Srpska

 24   que tous les soldats devaient d'abord compléter huit mois de formation, et

 25   que ce n'est qu'à partir de ce moment-là qu'ils pouvaient devenir des

 26   conscrits militaires, et que ces derniers devaient d'abord servir dans

 27   l'armée. Après leur formation, ils avaient l'obligation de rester dans

 28   l'armée encore 16 mois.


Page 15398

  1   Q.  Et le manque de formation adéquate voulait dire qu'il y avait un nombre

  2   beaucoup trop élevé de morts et de blessés, est-ce que c'est exact, dans la

  3   VRS ?

  4   R.  Il serait logique de penser ainsi, mais ce n'était pas le cas. Parce

  5   que, je l'ai déjà dit un peu plus tôt, nous ne nous servions pas de recrues

  6   pendant les premiers huit mois dans les opérations de combat, justement

  7   pour diminuer les risques de perdre des hommes qui n'étaient pas

  8   suffisamment bien formés.

  9   Q.  Mais c'est ce qui se passait en 1992, n'est-ce pas ? Effectivement, il

 10   y avait beaucoup trop d'hommes qui mourraient de façon insensée, pour rien,

 11   parce qu'ils n'avaient pas eu une formation suffisamment adéquate ? C'est

 12   ce qui figure dans le rapport de combat de la VRS de 1992. Si vous voulez,

 13   je pourrais vous en donner lecture.

 14   R.  Si vous estimez que c'est important, oui, montrez-moi ce document, s'il

 15   vous plaît.

 16   Q.  C'est seulement nécessaire si vous ne vous souvenez pas de ce qui est

 17   écrit dans le document ou si vous ne vous souvenez pas de ce problème dans

 18   la VRS. Mais si vous êtes d'accord avec moi, je n'ai pas besoin de vous

 19   montrer le document.

 20   R.  Chaque guerre est telle qu'il y a des pertes. La tâche du commandement

 21   est de diminuer ces pertes, et de diminuer surtout des pertes insensées.

 22   C'était un crime de se servir d'une recrue qui vient d'arriver d'une

 23   session de formation et de l'envoyer sur un champ de bataille afin qu'il

 24   trouve la mort parce qu'il n'est pas suffisamment bien formé.

 25   M. JORDASH : [interprétation] Nous allons revenir à cette question demain.

 26   Je ne veux pas retarder les débats maintenant en essayant de trouver la

 27   référence, mais je vais vous montrer ce document demain. Passons maintenant

 28   à la page 377 de la version en anglais et à la page 375 en B/C/S, en haut


Page 15399

  1   de la page. Nous avons vu la pièce J000-3549 à l'instant.

  2   R.  Je vois seulement 549.

  3   Q.  Oui, c'est justement la pièce que nous avons à l'écran, la J000-3549.

  4   Et nous venons de voir J000-3529. C'est une entrée du 27 juillet 1992, à la

  5   page 373 de l'anglais et 371 en B/C/S, et cette entrée parle du ministre de

  6   l'Intérieur, Mico Stanisic. Nous pouvons revenir une page en arrière.

  7   Gavrilo Kukic et Crni de Bileca, est-ce que vous les connaissiez ? C'est ce

  8   qu'on peut lire à la page 374 en anglais.

  9   R.  C'est justement ce Crni dont on a parlé jusqu'à maintenant, mais je ne

 10   savais pas comment il s'appelait.

 11   Q.  C'est le même Crni qui refusait de se subordonner à la VRS et qui avait

 12   été envoyé par Mladic quelque part ? Est-ce que c'est bien lui ?

 13   R.  Je sais que c'est ce Crni-là, parce qu'il m'a lui-même dit que, tout

 14   seul avec quatre autres gars, qu'il avait réparé l'antenne à Bileca.

 15   Q.  Passons maintenant à la page précédente où il semble parler de sept ou

 16   huit Bérets rouges qui sont en train de travailler pour eux. Tout ce qu'ils

 17   veulent faire, c'est de voler une voiture. C'est ce qui est écrit ici.

 18   D'après ce que vous pouvez voir ici, les hommes dont on fait référence, ce

 19   sont des hommes de Crni ?

 20   R.  Pardon, quelle est la question ?

 21   Q.  Je vous ai demandé de nous dire si Crni faisait référence à son groupe

 22   comme étant des Bérets rouges, les appelait-il ainsi ?

 23   R.  Il ne m'a pas parlé de son groupe appelé Bérets rouges. Je ne sais pas.

 24   Il m'a parlé de quatre hommes. Il m'a dit qu'il avait réparé cette antenne

 25   avec quatre gars, et je ne savais pas de quel type de personnes il

 26   s'agissait, je ne savais pas si c'étaient des soldats ou autre.

 27   Q.  Merci.

 28   M. JORDASH : [interprétation] Passons maintenant au document 65 ter 5601,


Page 15400

  1   s'il vous plaît.

  2   Q.  Ce carnet de notes commence avec un très grand nombre de numéros de

  3   téléphone, il semblerait qu'il s'agirait de contacts de Mladic de l'époque,

  4   et le journal commence le 2 août 1992.

  5   M. JORDASH : [interprétation] Je voudrais que l'on passe immédiatement à la

  6   page 22 de l'anglais et 21 en B/C/S en haut de la page.

  7   Q.  Réunion tenue le 2 août 1992 avec la présidence de la République serbe

  8   de la BiH. Karadzic semble être présent, il prend la parole et dit : "Il

  9   semblerait qu'il y ait des tendances autonomistes très fortes présentes à

 10   Banja Luka." Restons-en là pendant quelques instants. Il s'agit de la pièce

 11   J000-2197. Et si nous prenons la page suivante :

 12   "Les Bérets rouges doivent être placés sous contrôle immédiatement.

 13   Le lieutenant-colonel Sajic a établi un groupe de brigades qui constitue

 14   une armée autonome."

 15   Est-ce que c'est quelque chose dont vous aviez connaissance, Monsieur

 16   Milovanovic ?

 17   R.  J'ai déjà dit que ce jour-là je me trouvais à Vranje. Par contre,

 18   s'agissant de cette histoire d'autonomie, j'en ai entendu parler un ou deux

 19   jours plus tard, d'armée autonomiste comme il est indiqué ici. Et l'homme

 20   dont on a parlé ici, dont vous avez parlé, que vous avez mentionné, entre-

 21   temps j'ai oublié son nom, mais je pense qu'il s'appelait Sajic, comme vous

 22   l'avez dit. Une déclaration avait été faite, je pense que l'on s'y référait

 23   en tant que déclaration de Prijedor. Et puisque au début tout ceci n'avait

 24   absolument aucun sens ou Karadzic avait-il peut-être peur que le monde

 25   n'accepterait ses idées, les gens de Krajina, c'est-à-dire les gens de la

 26   Bosanska Krajina, c'est-à-dire à partir de la rivière Ukrina [phon] jusqu'à

 27   la Rivière Una, donc tout cet espace-là, et je parle de la Republika Srpska

 28   de Krajina, c'est-à-dire la Krajina de Knin, Kordun, Banija, la Slavonie


Page 15401

  1   occidentale, donc je parle de ces endroits-là, on pensait qu'on pouvait

  2   former, procéder à la formation d'une espèce d'état de la Krajina sur les

  3   territoires que je viens de mentionner.

  4   Q.  Je suis réellement désolé de vous interrompre, mais je voulais

  5   seulement me concentrer sur les Bérets rouges. Est-ce que vous avez trouvé

  6   le passage, et dites-nous si vous en aviez entendu parler et ce que vous en

  7   savez d'ailleurs ?

  8   R.  Non, j'ignore tout sur les Bérets rouges. La seule fois que j'ai

  9   rencontré les Bérets rouges, et j'en ai parlé la dernière fois, c'était

 10   avec M. Simatovic et un autre colonel, lorsque nous nous sommes salués nous

 11   avons passé à peu près deux minutes côte à côte dans la Krajina de Cazin,

 12   quelque part près de Kladusa, c'était la première que j'ai eu connaissance

 13   des Bérets rouges. C'est sur eux que j'ai vu pour la première fois à ce

 14   moment-là des bérets rouges, ils les portaient sur la tête.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Jordash, je regarde l'heure. Et

 16   je ne sais pas si le moment est opportun pour terminer.

 17   M. JORDASH : [interprétation] Une dernière question.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien, une dernière question.

 19   M. JORDASH : [interprétation]

 20   Q.  Qui était le lieutenant-colonel Sajic ?

 21   R.  J'ai entendu parler de lui, mais je ne sais pas de qui il s'agit.

 22   Q.  Bon, c'est bon. Merci beaucoup.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors vous ne savez pas quelle est sa

 24   position j'imagine, parce qu'on peut savoir quelle est la position de

 25   quelqu'un sans pour autant situer son visage ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas du tout ni quelles étaient ses

 27   fonctions ni quelle était son apparence. J'ai entendu parler de son nom

 28   seulement lorsqu'il a été question de la création d'un état conjoint.

 


Page 15402

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, merci pour la réponse. Je dois vous

  2   donner instruction pour ce qui est de ne pas parler avec qui que ce soit au

  3   sujet de votre témoignage, qu'il s'agisse de votre témoignage d'aujourd'hui

  4   ou des témoignages que vous avez fournis auparavant dans cette affaire,

  5   parce qu'il y a encore à témoigner. Nous allons vous voir demain matin à 9

  6   heures du matin.

  7   Je demanderais à ce que le témoin soit raccompagné du prétoire.

  8   [Le témoin quitte la barre]

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Jordash, je voudrais d'abord

 10   vous demander jusqu'où on en est arrivé du point de vue du temps.

 11   M. JORDASH : [interprétation] Je crois que deux heures me suffiront.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon. Ça nous permettra de rester, et

 13   vous devriez en rester dans les limites de temps imparties. Donc on

 14   s'attend à ce que vous finissiez demain au bout de deux heures, parce que

 15   vous avez déjà utilisé trois heures jusqu'à présent, et on a prévu au total

 16   cinq heures.

 17   M. JORDASH : [interprétation] Certainement.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon. Vous allez devoir terminer après la

 19   première pause, et nous allons reprendre demain matin le mercredi, 7

 20   décembre, à 9 heures du matin, salle d'audience numéro II.

 21   --- L'audience est levée à 19 heures 02 et reprendra le mercredi, 7

 22   décembre 2011, à 9 heures 00.

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