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1 Le jeudi 4 mars 2004
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 06.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur Weiner.
6 M. WEINER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Aujourd'hui,
7 nous entendrons Paul Davies. C'est le reporter, si vous vous souvenez, de
8 l'ITN qui était déjà venu. Malheureusement, il a dû partir en plein milieu
9 du contre-interrogatoire et il revient maintenant. La Défense continuera le
10 contre-interrogatoire.
11 Pendant l'interrogatoire, pendant sa déposition, il y avait une question
12 quant à la cassette vidéo et à la possession de la cassette vidéo qui était
13 en la possession du Procureur à la page
14 638 et de nouveau à la page 655. Nous pouvons voir qu'il y a eu quelques
15 questions là-dessus. Nous avons reçu une copie du rapport qui provient de
16 Ellen Gardner qui était directeur des opérations de la Linden Production
17 Company de Los Angeles. L'ancien directeur de cette compagnie nous a fourni
18 cette cassette. Nous avons une copie du rapport qui nous parle de la
19 provenance du film.
20 De plus, nous avons reçu notification depuis la section d'aide des Victimes
21 et des Témoins qu'il y a quelques semaines le témoin est entré en
22 possession d'une copie, d'une copie entière de ces secondes additionnelles
23 qui vont du début jusqu'à la fin de la cassette, de ces secondes
24 manquantes. Nous n'avons pas pu parler avec lui directement. Nous ne savons
25 pas s'il a apporté sa cassette avec lui, aujourd'hui. Je demanderais à la
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1 Chambre de lui poser cette question et de s'enquérir là-dessus et de voir
2 s'il l'a apportée.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.
4 Pourrait-on faire rentrer le témoin, je vous prie.
5 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur Davies.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je souhaiterais d'abord vous rappeler
9 de l'affirmation solennelle que vous avez faite devant ce Tribunal. Je
10 devrais vous dire que vous êtes toujours lié par cette même déclaration
11 solennelle. Je vous remercie d'avoir pu revenir ici, dans ce prétoire. Je
12 présume que vous avez pu vous procurer une copie de l'enregistrement
13 original sans aucune partie d'effacée, n'est-ce pas ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, et elle est avec moi dans la salle des
15 témoins.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Si votre déposition se
17 poursuit après la pause, je vous demanderais d'apporter cette cassette avec
18 vous.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, certainement. Je vais l'apporter, ce ne
20 sera pas très difficile.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Je crois qu'à ce moment-ci,
22 nous allons entendre Me Rodic, qui poursuivra le contre-interrogatoire du
23 témoin.
24 M. RODIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
25 LE TÉMOIN: PAUL DAVIES [Reprise]
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1 [Le témoin répond par l'interprète]
2 Contre-interrogatoire par M. Rodic [Suite] :
3 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Davies. Nous allons poursuivre le
4 contre-interrogatoire, que nous avons déjà commencé, à l'endroit où nous
5 nous étions arrêté.
6 R. Bonjour, Maître Rodic.
7 Q. Dites-moi connaissez-vous un journaliste freelance britannique qui
8 s'appelle Phil Davison ?
9 R. Oui.
10 Q. Est-il exact de dire que pendant la période pendant laquelle vous vous
11 êtes trouvé à Dubrovnik, il s'y est trouvé également en 1991 ?
12 R. Oui, cela est exact. Je l'ai rencontré là.
13 Q. Phil Davison était à Dubrovnik depuis la mi-octobre et ce jusqu'au 14
14 novembre 1991, est-ce que c'est là que vous l'avez rencontré puisqu'il
15 séjournait à l'hôtel Argentina ?
16 R. Oui, je l'ai rencontré à l'hôtel Argentina. C'est là que j'ai fait sa
17 connaissance. Je lui ai parlé à plusieurs reprises et oui, je le connais.
18 Q. Est-ce que vous le respectez en tant que collègue journaliste, est-ce
19 que vous respectez également son travail de journaliste ?
20 R. C'est un journaliste qui suscite beaucoup de respect effectivement, qui
21 est connu.
22 Q. Puisqu'il s'est trouvé à Dubrovnik avant vous, dites-nous si Phil
23 Davison vous a informé de la situation à Dubrovnik lorsque vous êtes
24 arrivé, est-ce qu'il vous a indiqué certaines choses, est-ce qu'il vous a
25 parlé de quoi que ce soit de particulier ?
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1 R. Nous nous sommes entretenus. J'en suis tout à fait certain, puisque je
2 le connais. Nous nous aurions, certainement, entretenus. Il n'y a pas passé
3 beaucoup de temps avant que j'y arrive.
4 Q. Je présume qu'il vous a fourni les informations nécessaires. C'est lui
5 qui vous a parlé de Dubrovnik lorsque vous êtes arrivé.
6 R. Non. Les premières informations que j'ai reçues concernant Dubrovnik,
7 c'était lorsque nous sommes arrivés au port. Il y avait d'autres
8 journalistes à ce moment-là qui étaient là et que j'avais déjà rencontré
9 lors de missions diverses, je crois que c'est eux qui m'ont, d'abord, donné
10 les premières impressions de Dubrovnik. Il est certain que plus tard, j'ai
11 parlé à M. Davison.
12 Q. Vous nous avez dit, la dernière fois que vous étiez ici, être arrivé à
13 Dubrovnik accompagné d'une équipe. Dans cette équipe, il y avait un
14 producteur, un technicien de son, un monteur ainsi que Nigel Thomson qui
15 était le caméraman. Est-ce exact ?
16 R. Oui, c'est cela.
17 Q. Par contre, M. Phil Davison dit qu'il est arrivé vers la mi-octobre à
18 Dubrovnik accompagné de John Johnson et de Nigel Thomson pour y travailler
19 et pour écrire des articles pour le journal Independent?
20 R. Oui. Je crois qu'il y a un léger malentendu. Nigel Thomson était le
21 cameraman qui était employé par ma compagnie. En fait, c'était la personne
22 qui m'accompagnait pendant plusieurs années. Nous voyagions ensemble. Il y
23 a, quelque peu, une confusion quant aux personnes qui sont arrivées,
24 effectivement que Nigel Thomson et Phil Davison étaient là depuis un assez
25 long moment, mais ils ne sont pas arrivés ensemble.
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1 Q. Dans votre déclaration, lorsque vous avez parlé d'un collègue
2 journaliste qui avait été blessé par sniper tout près de l'hôtel Argentina,
3 je présume que vous pensiez au journaliste, Phil Davison ?
4 R. Oui, effectivement. Il a été blessé, je crois que c'est à la cheville
5 qu'il a été blessé. Je ne me souviens pas de la date exacte, mais c'était
6 pendant cette période-là, autour du 9 ou du 10 novembre.
7 Q. Savez-vous si Phil Davison avait été traité pour cette blessure à
8 l'hôpital de Dubrovnik ?
9 R. Je crois que oui, mais je n'étais pas là. Je ne l'ai pas vu à ce
10 moment-là. Je sais qu'on lui a apporté des soins médicaux et je sais qu'il
11 a été évacué. On l'a transporté à l'extérieur de Dubrovnik dès qu'on a pu.
12 Je crois que c'était le 13 novembre lorsque le ferry a pu quitté le port.
13 Ce n'est que ce dont je me souviens, mais je n'ai pas été là lorsqu'on lui
14 a administré les soins médicaux.
15 Q. Vous avez, également, témoigné dans l'affaire Milosevic, n'est ce pas ?
16 R. Oui.
17 Q. Au cours de votre déposition dans l'affaire Milosevic, vous avez parlé
18 d'un collègue qui avait passé une période assez longue à l'hôpital. S'agit-
19 il de Phil Davison ?
20 R. Non, je ne crois pas que c'est de lui qu'il s'agissait.
21 Q. Pourriez-vous nous dire de qui il s'agit ?
22 R. Je ne suis pas tout à fait sûr. Deux de mes collègues avaient besoin de
23 soins médicaux. C'était deux journalistes. L'un d'eux était Phil Davison,
24 mais il y avait une autre collègue qui s'appelle Sandy McIntyre, qui se
25 trouvait, également, à l'hôpital pendant un certain temps. J'ai parlé de
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1 lui. Aucun de mes collègues n'a été blessé grièvement, et personne n'a eu
2 besoin de rester à l'hôpital pendant une période prolongée.
3 Q. Bien. Cela veut dire que Phil Davison ainsi que votre collègue Sandy
4 McIntyre sont, tous les deux, passés par l'hôpital de Dubrovnik entre le
5 mois d'octobre et le mois de décembre 1991, n'est ce pas ?
6 R. Il m'est bien difficile de vous donner une réponse exacte là-dessus. Je
7 suis certain que Phil Davison a reçu des soins à l'hôpital. Sandy McIntyre
8 se trouvait à l'hôpital, également. Je crois qu'il a été impliqué dans un
9 incident de pilonnage qui a eu lieu autour de l'hôpital. Il a eu une
10 blessure à la jambe. Je crois que ce n'était pas suite au pilonnage, mais
11 il est tombé. Il s'est blessé de cette façon-là. Je crois qu'il est tombé,
12 s'est mal à la jambe, mais je ne crois pas qu'il a dû séjourner à
13 l'hôpital. Je crois que les deux n'ont pas passé du temps allongé dans un
14 lit, je crois qu'ils n'ont reçu que des soins, à l'hôpital
15 Q. Toujours en parlant de l'affaire Milosevic, au cours de votre
16 déposition, vous avez dit que ce collègue qui se trouvait à l'hôpital a vu,
17 non loin de l'hôpital, une position mobile de lance-mortiers, et que l'on
18 ait ouvert le feu depuis cette position. Est-ce exact ?
19 R. Non. Je ne me souviens pas d'avoir dit cela. Je ne me souviens pas
20 d'avoir dit que quelqu'un ait pu voir qu'on ait pu tirer des mortiers
21 depuis l'hôpital -- ait vu que l'on ait ouvert le feu, depuis cette
22 position, de mortiers.
23 Q. Phil Davison vous a-t-il dit que les Croates avaient des lance-mortiers
24 sur les murailles de la ville, sur les remparts ou à l'intérieur des
25 remparts de la vielle ville, et que le JNA les avaient ciblés avec des
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1 missiles téléguidés
2 R. Non, il n'aurait pas pu me le dire puisque, à l'époque où on a tiré ces
3 missiles téléguidés, il avait été blessé. Il ne s'est plus déplacé de par
4 la ville après avoir été blessé. Le jour où les missiles téléguidés avaient
5 été lancés, c'était le 12 novembre. Ce jour-là, il n'était pas en mesure de
6 se déplacer. Je ne crois pas qu'il ait pu se trouver sur les remparts de la
7 vielle ville et je ne crois pas qu'il aurait pu voir qu'il a eu des
8 mortiers sur les remparts de la vieille ville.
9 Q. Phil Davison vous a-t-il dit, ou est ce que vous auriez vu ou entendu
10 que les soldats croates avaient un nid de mitrailleuse depuis l'intérieur
11 de l'hôtel Argentina; qu'ils tiraient depuis cette position; que Phil
12 Davison s'est plaint à la direction de l'hôtel concernant ce fait ?
13 R. Phil Davison ne m'a pas informé de cela, à l'époque. Je lui ai parlé à
14 plusieurs reprises depuis 12 ans. Il m'a dit, lors d'une de ces
15 conversations, qu'il s'était plaint que l'on ait posé brièvement des nids
16 de mitrailleuses autour de l'hôtel. Je crois que c'était possiblement
17 pendant, ou plutôt à l'époque pendant laquelle il était à l'hôtel. Il ne
18 pouvait pas sortir à cause de sa blessure. Je crois qu'il a dit que les
19 observateurs de l'Union européenne étaient, également, préoccupés par ce
20 fait et estimaient que cela ne devrait pas avoir lieu. Si j'ai bien
21 compris, je crois qu'il m'a dit que la situation avait changé. Je ne sais
22 pas si le nid de mitrailleuses, dont il avait parlé, avait été utilisé
23 effectivement, ou s'il avait, simplement, vu une quelconque activité
24 militaire à cette endroit-là, mais il semblerait que c'est une situation
25 qui n'a pas duré très longtemps, qu'après que les plaintes avaient été
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1 formulées, que l'on les ait enlevés. Ce n'est pas quelque chose que j'ai pu
2 observer moi-même, ni les membres de mon équipe. Je crois que c'est quelque
3 chose. Phil Davison a pu voir lorsqu'il était immobilisé à l'hôtel
4 Argentina à cause de ses blessures.
5 Q. Monsieur Davies, nous parlons d'une position de lance- mortiers se
6 trouvant non loin de l'hôtel Argentina. C'est de ces positions que Phil
7 Davison a dit que c'était visible à tous. C'était visible à tous, ce
8 n'était pas une position dissimulée ou cachée, n'est-ce pas, vous en avez
9 parlé, il y a quelques instants.
10 R. Je ne le crois pas. Je faisais plutôt référence à autre chose. Je ne
11 sais pas quels sont les mots exacts que vous avez utilisés, je crois que
12 vous avez parlé de nid de mitrailleuse et c'est de cela que j'ai parlé. Je
13 n'avais pas compris que vous parliez des lance-mortiers autour de l'hôtel
14 Argentina. S'agissant de ces derniers, c'est quelque chose dont nous avons
15 parlé la dernière fois. J'ai dit, que oui, effectivement, j'avais
16 connaissance, ainsi que les autres journalistes d'ailleurs qui restaient à
17 l'hôtel, qui séjournaient à l'hôtel que les mortiers avaient été tirés
18 depuis les positions se trouvant non loin de l'hôtel Argentina. Il
19 semblerait qu'il s'agissait d'une Unité de lance-mortiers mobiles qui
20 tirait depuis les positions les plus rapprochées de l'armée qui se
21 trouvaient là pour se déplacer vers un endroit plus sûr, pour ne pas
22 s'exposer ou tirer. Il semblerait que ce soit la tactique militaire
23 principale utilisée par les personnes qui défendaient la ville de
24 Dubrovnik, en se servant bien sûr, de mortiers assez limités et de pièces
25 d'artillerie légères pour tirer rapidement, et ensuite, se déplacer vers
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1 d'autres positions pour ne pas faire l'objet de tirs de riposte.
2 Q. Merci, Monsieur Davies.
3 Dites-moi, au cours de votre séjour à Dubrovnik, avez-vous été témoin d'une
4 situation selon laquelle la JNA aurait provoqué de façon non nécessaire,
5 que les forces Croates aient pu tirer en direction de la JNA pour les
6 provoquer enfin qu'ils tirent.
7 R. Non, je n'ai pas été témoin d'activités de provocation. Très souvent ce
8 qui arrivait, c'est qu'on pouvait voir que la paix avait été de nouveau
9 violée ou l'accord de cessez-le-feu, et que l'on entendait des tirs, que
10 l'on entendait des obus tomber, ensuite si vous étiez tout près, vous
11 pouviez aller voir où cela se serait passé. Nous n'étions pas en position
12 de savoir qui provoquait qui, et qui a tiré le premier coup de feu. Nous
13 pouvions simplement tirer des conclusions d'après ce que nous pouvions
14 voir, et dans la plupart des cas, ce que nous pouvions voir, c'est de
15 conclure qu'il s'agissait d'une bataille menée littéralement, c'est-à-dire
16 que l'une des parties étaient beaucoup plus forte que l'autre et avait des
17 armements beaucoup plus importants.
18 Q. Dans l'affaire Milosevic, vous avez dit que la JNA tirait sur
19 l'artillerie croate qui était cachée dans le parc de la ville depuis
20 laquelle, elle tirait sur la JNA. Est-ce exact ?
21 R. Oui. Effectivement. Je me souviens d'avoir dit cela.
22 Q. Pouvez-vous me dire où se trouve ce parc ?
23 R. Le parc, dont je vous parle ici, se trouve dans la zone située au nord
24 de la vieille ville. Il s'agit d'une zone boisée qui se trouve le long de
25 la côte entre la vieille ville. J'essaie de trouver des points distinctifs.
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1 Disons que c'est entre la vieille ville et l'hôpital. Ce n'est pas
2 directement à côté de ces deux endroits que je viens de mentionner ni sur
3 la parcelle de terrain qui les entoure.
4 Q. Pendant votre séjour à Dubrovnik, avez-vous entendu parler d'un parc
5 appelé Gradac et du parc Boskovicev ou avez-vous entendu parler d'autres
6 parcs ?
7 R. Malheureusement, je ne me souviens pas du nom des parcs.
8 M. RODIC : [interprétation] Je vais demander à l'Huissière de bien vouloir
9 présenter au témoin la pièce D28. Il s'agit d'une pièce à conviction de la
10 Défense.
11 Q. Monsieur Davies, nous avons ici une photographie réalisée dans le parc
12 Boskovicev. Cette photographie est extraite du film qui a été versé au
13 dossier. Avez-vous été témoin d'une scène semblable pendant votre séjour à
14 Dubrovnik ? Peut-être connaissez vous-même cet homme ?
15 R. Non. C'est sûr. Je ne connais pas cet homme. Mais j'ai été témoin d'une
16 scène semblable avec une -- j'ai vu une équipe qui disposait de mortiers
17 semblables. C'était une équipe mobile, et je sais que des journalistes ont
18 assisté à des tirs de mortiers à partir de zones boisées. Oui, je peux dire
19 que j'ai assisté à des scènes semblables à celle que nous voyons ici, mais
20 je ne sais pas où se trouve ce parc. Je ne peux pas vous dire si j'ai vu
21 quoi que ce soit se dérouler dans ce parc, mais, en tout cas, j'ai vu des
22 scènes semblables.
23 Q. Merci. Pendant l'interrogatoire principal, vous avez dit que les
24 Croates disposaient d'armes de petits calibres, de canons de petits
25 calibres que vous avez vus et qui étaient mobiles parce qu'on pouvait les
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1 déplacer, puisqu'ils étaient munis de roues.
2 M. WEINER : [interprétation] Je n'ai pas d'objection. Je me permets
3 d'intervenir pour aider mon confrère et la Chambre. Lorsque mon confrère
4 parle du procès Milosevic ou d'un autre procès, ou de la déposition du
5 témoin dans ce procès ou dans un autre, peut-il nous donner la page du
6 compte rendu d'audience correspondante pour que nous puissions nous
7 retrouver.
8 M. RODIC : [interprétation] Le conseil de la Défense, actuellement, nous ne
9 sommes pas en train de parler du procès Milosevic. Je suis en train de
10 parler de la déposition principale de ce témoin. Pour ce qui est de la
11 déposition du témoin dans l'affaire Milosevic, c'était l'objet de mes deux
12 questions précédentes. Il est possible qu'après la pause, j'y revienne,
13 parce que je n'ai pas fait d'observations sur la réponse négative du
14 témoin, à ma question au sujet de l'affaire Milosevic. J'ai effectivement
15 le compte rendu d'audience sous les yeux.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Rodic. Effectivement, il
17 serait très utile que, lorsque vous faites référence à un passage du compte
18 rendu d'audience ou d'un compte rendu d'audience, vous nous donniez les
19 références exactes.
20 M. RODIC : [interprétation] Oui. Bien. Merci, Monsieur le Président.
21 Q. Bien. Je vous ai posé une question, il y a quelques instants. Je vais
22 la répéter. Monsieur le Témoin, dans l'interrogatoire principal en
23 l'espèce, vous avez déposé au sujet des canons de petits calibres dont
24 disposaient les Croates, des canons qui étaient montés sur roues, ce qui
25 permettait de les déplacer. Maintenant, j'aimerais que vous examiniez une
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1 photographie pour nous dire si on voit là les canons auxquels vous pensiez.
2 Il s'agit de la pièce P32.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Weiner.
4 M. WEINER : [interprétation] Oui, encore une fois, est-ce que le conseil de
5 la Défense pourrait nous donner le numéro de la page du compte rendu
6 d'audience qu'il évoque ?
7 M. RODIC : [interprétation] C'est ce qu'a dit le témoin pendant
8 l'interrogatoire principal. Je ne peux pas vous donner de numéro de page
9 pour chaque question. L'interrogatoire principal a été mené par Mme Somers.
10 Elle est absente, je comprends parfaitement pourquoi.
11 M. WEINER : [interprétation] Monsieur le Président.
12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Weiner.
13 M. WEINER : [interprétation] Je comprends, Monsieur le Président, qu'il
14 s'agit d'une question de nature générale, mais si, il veut se servir des
15 déclarations précédentes du témoin pour contester sa crédibilité à ce
16 moment-là, il faut qu'il nous donne la page du compte rendu d'audience, à
17 laquelle il fait référence, pour que nous sachions exactement ce qu'a dit
18 le témoin.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. Effectivement, ce serait
20 souhaitable, Maître Rodic. Merci d'avance.
21 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, je crois qu'on s'y prend
22 du mauvais côté. On a mal compris ce que je voulais dire. Je n'ai pas
23 l'intention de contester la crédibilité du témoin, en lui posant ces
24 questions. Je suis simplement en train de reprendre ce que nous a dit le
25 témoin lui-même, au cours de l'interrogatoire principal. Tout ce que je lui
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1 demande maintenant, c'est de comparer ce qu'il nous a dit à ce moment-là
2 avec les moyens de preuve que je vais lui présenter.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce qu'on vous demande, Maître Rodic,
4 c'est simple. Il serait utile, très utile à la Chambre ainsi qu'aux
5 représentants de l'Accusation, de savoir, lorsque vous dites au témoin,
6 vous avez dit ceci ou cela pendant votre interrogatoire principal, il
7 serait bon que vous, à ce moment-là, vous donniez les références exactes
8 dans le compte rendu d'audience. Si vous ne l'avez pas fait, si vous, ne
9 vous êtes pas préparé pour donner ces références, veuillez essayer de
10 remédier à cela maintenant.
11 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
12 Je vous prie, de m'excuser auprès de l'Huissière, mais est-ce qu'on
13 pourrait présenter la pièce D32, au témoin. C'est le canon que l'on voit
14 dans le parc Gradac. C'est d'ailleurs, ce qui est indiqué sur cette
15 photographie.
16 Q. Est-ce qu'à travers les broussailles, on arrive à voir les roues qui
17 supportent ce canon ?
18 R. Non, je les vois pas, mais j'imagine où elles se trouvent et j'imagine
19 de quel type d'arme il semble s'agir, mais en fait, je ne les vois pas.
20 Q. Est-ce que vous voyez un tube, un canon sur cette photographie ?
21 R. Oui.
22 Q. Est-ce que ceci correspond à peu près à un canon de petit calibre comme
23 ceux que vous avez vus de vos yeux ? Diriez-vous que ceux que vous avez vus
24 de vos yeux, étaient semblables à ce que nous voyons à l'image ?
25 R. Je ne pense pas pouvoir vous répondre. Je ne pense pas pouvoir porter
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1 un jugement sur cette photographie en toute honnêteté. Il est possible que
2 les armes en question soient semblables à celle-ci, mais il est difficile
3 d'après cette photographie de se faire une idée des dimensions de cette
4 arme sans nous donner un élément de référence.
5 M. RODIC : [interprétation] Je remercie, l'Huissière.
6 Q. Monsieur Davies, vous nous avez parlé de l'entrepôt de la JNA, du dépôt
7 de munitions à Zarkovica. On l'a vu dans le film qui a été présenté, vous
8 nous avez dit qu'à cet endroit, il y avait eu une très forte explosion.
9 R. Oui, oui, il y a eu une explosion dont on a pu voir les conséquences
10 depuis la vieille ville.
11 Q. Est-ce qu'il y a eu des éclats, je veux dire, est-ce que des
12 projectiles, des éclats de ces grenades, de ces obus ont volé dans les
13 airs ?
14 R. Je ne sais pas. Il est possible que certains éclats aient atteint
15 Dubrovnik, mais cet endroit se trouvait à une certaine distance de la
16 vieille ville. Pour vous dire l'importance de cette explosion, c'est la
17 seule fois où les forces croates sont arrivées à toucher le haut de
18 Zarkovica. Pour ce faire, elles ont rapproché leurs armes autant que
19 possible, c'est-à-dire, auprès de l'hôtel Belvédère. Même en étant
20 positionnées à cet endroit, la plupart des projectiles qu'elles ont tirés
21 sur les positions de la JNA, n'ont pas atteint leur but. Cette explosion
22 manifestement montre que là, le tir a atteint sa cible, ce n'était pas un
23 simple impact. L'explosion était extrêmement puissante. Ensuite, cette
24 explosion a été suivie d'une ou deux autres explosions. C'est pourquoi nous
25 avons pensé qu'un dépôt d'explosifs ou quelque chose de ce type avait été
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1 touché.
2 Je ne pense pas que les projectiles tirés, que ce qui a explosé sur
3 Zarkovica aurait, ensuite, pu toucher Dubrovnik pour y causer des dégâts.
4 Il est possible qu'il y ait eu une explosion et des éclats qui étaient
5 projetés dans la direction de Dubrovnik. En tout cas, nous qui étions
6 témoins de cette scène, à aucun moment, nous n'avons pensé que nous
7 courions un danger quelconque suite à cette explosion.
8 Q. Comme je l'ai déjà dit, dans votre rapport, on peut voir l'endroit où
9 le dépôt de munitions de Zarkovica a été touché, enfin on voit ce moment.
10 Est-ce que vous saviez que cela était la cible de l'armée croate, des
11 forces croates ?
12 R. J'avais, sans doute, une petite idée dans ce sens parce que
13 premièrement, il y avait des tirs qui venaient s'abattre sur Dubrovnik et
14 qui venaient de cette position. Des canons de lourds calibres étaient
15 positionnés dans cette direction et tiraient sur Dubrovnik. D'autre part,
16 nous avions déjà assisté à des explosions sur le flanc des collines en
17 dessous des positions occupées par la JNA au moment où les Croates
18 ripostaient. Il s'agissait d'une région qui présentait un intérêt pour
19 nous. C'est pourquoi nous la filmions. Nous n'avions pas connaissance de
20 l'existence d'une opération militaire qui allait prendre pour cible la
21 position de Zarkovica. D'ailleurs, nous n'étions avec aucune des parties en
22 présence à ce moment-là. Nous étions simplement sur les remparts et nous
23 filmions tout ce que nous pouvions voir depuis cet endroit. Tout ce qui se
24 passait à ce moment-là semblait se concentrer à Zarkovica, sur ces
25 positions de Zarkovica d'où on tirait sur Dubrovnik avec des tentatives de
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1 riposte, dont une de ces tentatives ayant été couronnée de succès.
2 Q. Ceci veut dire que vous étiez dans la vieille ville puisque vous avez
3 été en mesure de filmer ce tir ?
4 R. Oui. Nous étions sur la partie des remparts qui est la plus proche de
5 Zarkovica.
6 Q. Dans votre film, quelques secondes après ce tir réussi sur Zarkovica,
7 on voit cinq personnes dans la vieille ville près du mur, ces hommes sont
8 vêtus d'uniforme et ils portent des armes. Est-ce que c'est vous qui avez
9 filmé cela ?
10 R. Si cela, effectivement, se trouve sur le film, nous l'avons filmé.
11 Q. Vous nous dites également que le 13 novembre, c'est-à-dire après ces
12 trois ou quatre jours de combat dont vous nous avez parlés, qu'à ce moment-
13 là, vous vous êtes rendu en ville, que vous avez fait le tour de la ville
14 et que vous avez vu un projectile qui s'était enfoncé dans le mur à côté
15 d'une des portes, à côté du port, qui n'avait pas explosé. Est-ce exact ?
16 R. Oui.
17 M. RODIC : [interprétation] Je souhaiterais présenter au témoin la pièce
18 P69, pièce à charge.
19 Q. Nous avons, ici, la vieille ville qui se trouve à côté du port. Est-ce
20 que vous voyez sur cette photographie le projectile qui est venu se ficher
21 dans la paroi ?
22 R. Oui. Je vois un projectile mais je ne pourrais m'avancer et dire que je
23 le reconnais. Je ne sais pas si c'est quelque chose que j'ai déjà vu
24 précédemment. La photographie n'est pas très claire, mais effectivement, on
25 voit quelque chose qui dépasse du mur.
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1 Q. D'après ce dont vous vous souvenez, est-ce qu'il est possible que, vu
2 ce que vous avez dit au sujet d'un projectile qui s'était fiché dans le mur
3 et qui n'avait pas explosé auprès du port, est-ce que vous acceptez la
4 possibilité que cela représente la situation dont vous avez parlée ou une
5 situation semblable ?
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Weiner.
7 M. WEINER : [interprétation] Il lui demande si le témoin accepte la
8 possibilité qu'il s'agit du projectile dont il a parlé. Là on demande au
9 témoin de se lancer dans des conjectures, tout simplement.
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je ne pense pas que ce soit le cas,
11 Monsieur Weiner. Merci.
12 Poursuivez, Maître Rodic.
13 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
14 Q. Monsieur Davies, veuillez répondre à ma question, s'il vous plaît.
15 R. Je ne peux pas affirmer que c'est le projectile que j'ai vu. Moi, de
16 toute façon, je me souviens qu'il y avait plus d'un projectile de ce type.
17 Est-ce que c'est un projectile semblable, c'est possible. Nous avons vu des
18 éclats de projectiles divers qui n'avaient pas explosé et qui étaient
19 fichés dans la pierre. Cela y ressemble, effectivement.
20 Q. Merci, Monsieur Davies.
21 Depuis ce jour-là, ce 13 novembre quand vous êtes allé faire le tour de la
22 vieille ville, vous dites que les dégâts dans la vieille ville étaient pour
23 la plupart dans la partie sud de la ville, de la vieille ville. Est-ce que
24 vous avez une explication pour ce phénomène ?
25 R. Je peux vous donner mon opinion. Je pourrais me lancer dans des
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1 suppositions. Les dégâts que nous avons vus ce jour-là semblaient se
2 concentrer dans la zone de la vieille ville qui semblait avoir été la cible
3 de la plus grande partie des bombardements. Il s'agissait en l'occurrence
4 de la partie sud de Dubrovnik et en particulier autour du vieux port.
5 Q. On est en train de parler du sud. Est-ce que cela peut aussi
6 s'appliquer à la partie des remparts qui se trouve au sud de la ville et
7 qui donne sur la mer ? La partie de la ville et des remparts qui donnent
8 sur la mer, toujours en parlant de la vieille ville, bien entendu.
9 R. Oui. La partie des murailles dont on parle correspond à la partie de la
10 vielle ville la plus proche de Zarkovica, la plus proche de l'hôtel
11 Argentina. C'est de ce côté de Dubrovnik que nous avons pu voir que des
12 projectiles étaient tirés depuis la mer, vers les remparts. Certains
13 n'arrivaient pas à leurs buts, touchaient des bateaux ou tombait dans
14 l'eau. Certains de ces projectiles atteignaient l'intérieur de la ville où
15 ils causaient des dégâts. Cela semble expliquer pourquoi la majeure partie
16 des dégâts se concentrait sur cette partie de la vieille ville.
17 Q. Monsieur Davies, un témoin de Dubrovnik qui a déposé devant les Juges
18 de la Chambre a déclaré qu'il avait vu une position de l'armée croate au-
19 dessus de la route principale, la route de l'Adriatique et au-dessus des
20 remparts nord de la ville. Le savez-vous ? C'est-à-dire, entre les remparts
21 nord de la vieille ville et la route principale, l'espèce d'autoroute. Ce
22 témoin nous a dit qu'il a vu l'armée croate à cet endroit. Etant donné que
23 vous vous déplaciez beaucoup dans cette zone, est-ce que vous avez remarqué
24 des positions de ce type ?
25 R. Non, et j'ai passé beaucoup de temps mais je n'ai rien vu. Mais je
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1 n'étais pas là à ce moment-là, en particulier. En tous cas, je n'ai rien vu
2 de tel. Si nous avions vu des positions militaires sur les remparts où à
3 l'intérieur même de la vieille ville, cela aurait fait l'objet de la plus
4 grande partie de notre reportage. Nous n'avons rien vu de tel pendant
5 toutes les journées que nous avons passé sur place. Nous n'avons rien vu.
6 La raison pour laquelle ceci ne figure pas dans notre reportage, c'est
7 parce que nous n'avons pas vu cela.
8 Q. Monsieur Davies, je ne crois pas que vous ayez compris ce que je vous
9 ai dit. En écoutant votre réponse, j'ai l'impression que vous avez compris
10 que je vous avais interrogé au sujet de l'intérieur de la vielle ville. Or,
11 ce n'est pas l'objet de ma question. Je parle de la partie qui est située
12 au nord des remparts extérieurs, des remparts situés au nord. A ce moment-
13 là, vous avez la colline et, ensuite, un peu plus loin, la route
14 principale. La question que je vous posais, c'était la suivante : un témoin
15 qui est venu précédemment a dit qu'entre les remparts et cette route,
16 c'est-à-dire, pas à l'intérieur des remparts mais à l'extérieur des
17 remparts. A l'extérieur des remparts, au nord des remparts et la route, ce
18 témoin a vu des positions de l'armée croate.
19 R. Oui, je comprends la question. Je n'ai pas vu ces positions. Encore une
20 fois, si j'avais vu ces positions, nous les aurions filmées, et elles
21 figureraient sur l'enregistrement.
22 Q. Lorsque vous avez mentionné des mortiers montés sur les camions qui
23 étaient mobiles et qui s'approchaient des positions de la JNA pour mieux
24 les cibler, pouvez-vous le me dire, dans quelle partie de la ville, dans
25 quels quartiers, les avez-vous vus ?
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1 R. Je vu cela à deux reprises. C'était il y a longtemps, mais je me
2 souviens de deux fois où j'ai vu une telle scène. Une fois, c'était dans le
3 quartier de Gruz, du nouveau port. L'autre fois, j'ai assisté une telle
4 scène à proximité d'un hôtel, dont je ne me souviens plus du nom, entre la
5 vieille ville et l'hôtel Argentina. Il y avait un hôtel, à l'époque il n'y
6 avait personne dedans. J'ai vu un camion sur lequel était monté un mortier.
7 Q. Est-ce qu'il s'agit de l'hôtel Excelsior ?
8 R. C'est possible, oui.
9 Q. Ce camion, avec le mortier monté dessus, bougeait, se déplaçait, juste
10 après avoir tiré, n'est ce pas ?
11 R. C'est ce que j'ai cru comprendre, oui.
12 Q. Vous avez également mentionné le fait qu'une position croate, une
13 position de mortiers se trouvait à proximité de l'hôtel Belvédère, et que
14 depuis cette position, ils tiraient en direction de Zarkovica. A plusieurs
15 reprises, leurs mortiers, également, étaient en activité en proximité de
16 l'hôtel Argentina. Ils changeaient de positions en circulant assez
17 rapidement le long de la côte, n'est ce pas ?
18 R. Oui. Encore une fois, c'est ce que j'ai cru comprendre. Nous ne
19 pouvions pas vraiment les suivre, chaque mouvement. Mais il me semble que
20 c'était leur tactique, et c'est ce qu'ont compris également d'autres
21 journalistes qui assistaient à ce phénomène d'un temps à autre.
22 Q. Je vous ai déjà posé la question, il me semble, la dernière fois, mais
23 avez-vous filmé des scènes de ce type ?
24 R. Vous m'avez, effectivement, posé la question, et je vous avais répondu
25 que ce n'était pas le cas. Je n'ai pas de scènes de mortiers circulant ou
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1 tirant. J'ai filmé toutefois les résultats de ces tirs, mais nous n'avons
2 jamais été en position de filmer le moment de tir depuis ces armes. Cela se
3 passait de manière discrète, et c'était très rapide. On entendait le bruit,
4 lorsque cela se produisait ensuite, ils bougeaient. J'ai compris également
5 que certains militaires croates, d'après ce que j'ai entendu de leur
6 bouche, qu'ils faisaient cela pour deux raisons. Tout d'abord, ils
7 voulaient être en position de riposter et ils n'avaient, deuxièmement, que
8 très peu de mortiers. Ils voulaient en faire le meilleur usage possible.
9 Ils tiraient et circulaient rapidement, changeaient de position.
10 Q. Si j'ai bien compris, vu la situation concernant le camion mobile sur
11 lequel était monté le mortier, suite au tir, il changeait de position. La
12 même tactique était appliquée au mortier qui était placé dans une position
13 donnée, et qui circulait juste après avoir tiré, n'est-ce pas ?
14 R. Oui. Oui, c'est ce que je pense.
15 Q. Dans la déclaration que vous avez faite auprès des enquêteurs à la page
16 8, dernier paragraphe de votre déclaration, vous dites : "Je me souviens
17 qu'un canon anti-aérien a été monté sur le camion et qu'il changeait de
18 position d'un endroit à l'autre. Je présume qu'il faisait de la sorte afin
19 que l'ennemi ne puisse pas le toucher. Les Croates ont essayé de fabriquer
20 un véhicule blindé en protégeant un camion avec des planches de métal, mais
21 le résultat n'était pas très réussi."
22 M. RODIC : [interprétation] Il s'agit de la pièce D35. Je prie, Madame
23 l'Huissière, de montrer au témoin cette pièce.
24 Q. S'agit-il du canon anti-aérien que vous avez mentionné lorsque vous
25 avez fait votre déclaration auprès des enquêteurs ?
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1 R. C'est possible.
2 Q. Je vous remercie.
3 M. RODIC : [interprétation] A présent, je demanderais à Madame l'Huissière,
4 de montrer au témoin la pièce P24.
5 Q. Monsieur Davies, voyez-vous sur la deuxième photo, la photo d'en bas,
6 un véhicule ? S'agit-il bien du véhicule blindé que l'on appelait Majsan ?
7 R. C'est possible. Pourtant j'ai gardé en ma mémoire, un aspect beaucoup
8 moins professionnel. Peut-être que ce n'est pas le même véhicule que j'ai
9 vu. L'engin que j'ai vu, portait des plaques en métal sur le devant. Ce
10 véhicule a un aspect beaucoup plus sophistiqué que le véhicule que j'ai vu
11 de mes yeux. De toute évidence, l'engin que j'ai vu, moi, avait beaucoup de
12 difficultés à bouger, à circuler. Alors ce n'est pas le cas de celui-ci.
13 Q. Merci, Monsieur Davies. Lorsque vous avez mentionné tout à l'heure le
14 canon anti-aérien monté sur un camion, vous souvenez-vous où, à quel
15 endroit vous avez assisté à des scènes que nous avons évoquées tout à
16 l'heure ? Quels sont les endroits dans la ville où vous aviez vu ce camion
17 avec le canon anti-aérien monté dessus ?
18 R. Je ne peux pas vous le dire avec 100 % d'exactitude. Je pense
19 toutefois, qu'il s'agissait des nouveaux quartiers de Dubrovnik. Peut-être
20 près du poste de police à proximité du poste de police, j'ai vu, et cela je
21 peux le confirmer, le véhicule blindé que j'ai mentionné. Lorsque j'ai vu
22 le véhicule qui avait et qu'il semblait un canon anti-aérien monté dessus,
23 celui-ci n'était pas en train de tirer. C'est tout ce que je peux vous
24 dire. Je l'ai vu une fois ou deux, à des endroits différents, mais je ne
25 l'ai pas vu tirer.
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1 Q. Merci.
2 M. RODIC : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, Monsieur le
3 Juge, Madame le Juge.
4 L'accusé se plaint de ne plus recevoir l'interprétation, alors je
5 demanderais aux cabines de faire un essai.
6 Il semble que cela marche à présent.
7 Q. Ce canon anti-aérien sur le camion en question, fonctionnait de la même
8 manière que les armes que vous aviez décrites tout à l'heure, les armes qui
9 tiraient pour ensuite se déplacer rapidement. J'imagine que la même
10 tactique était appliquée à ce canon anti-aérien ?
11 R. Il s'agit là de suppositions, vous le savez. Tout ce que je peux
12 ajouter, c'est qu'à l'époque où Dubrovnik a été exposé aux bombardements,
13 nous avions entendu ce qui pourrait être identifié comme des tirs anti-
14 aériens dirigés vers les avions qui étaient en train de bombarder, mais
15 nous n'avions pas vu de nos yeux l'arme qui tirait à ce moment-là.
16 Q. Merci. Vous avez réitéré à plusieurs reprises, si je ne m'abuse, qu'il
17 était impossible de voir les Croates agir puisqu'ils se déplaçaient
18 rapidement. Est-ce exact ?
19 R. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous ne pouvions pas les filmer
20 en action. L'autre raison est la suivante : cela était beaucoup plus facile
21 de filmer l'attaque venant de l'autre partie puisqu'il y en avait beaucoup
22 plus. Il y a eu beaucoup d'attaques bien sûr que nous n'avons pas pu filmer
23 puisque cela se passait rapidement aussi. Nous avions réussi avec plus de
24 facilité de filmer cela, ce sont les deux raisons principales pour
25 lesquelles nous n'étions pas en mesure de filmer des actions des Croates
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1 excepté, bien sûr, le fait que nous avons pu filmer les impacts des
2 mortiers et des pièces d'artillerie.
3 Q. Vous avez dit, à plusieurs reprises, que vous n'avez pas réussi à
4 filmer le moment du tir des armes croates mais que vous aviez eu l'occasion
5 de filmer en revanche l'impact, le résultat de leurs tirs, n'est-ce pas ?
6 R. Cela est exact. Je vais vous l'expliquer. La première fois que l'on se
7 rendait compte qu'il y avait des tirs provenant de la ville et que nous
8 voyons des impacts, cela était à ce moment-là que l'on dirigeait la caméra
9 en cette direction et que l'on filmait.
10 Q. Dites-moi, vous avez dit que dans votre hôtel, les représentants de
11 l'UNESCO séjournaient aussi. Vous souvenez-vous des noms ou de l'aspect
12 physique de certains d'entre eux ?
13 R. Je ne garde absolument pas de souvenirs de leurs noms. Pour ce qui est
14 de leurs aspects physiques, il me serait facile de les reconnaître si je
15 les voyais filmés dans notre reportage. Nous savions que ces personnes
16 étaient dans le même hôtel ainsi il y avait également des drapeaux et des
17 drapeaux indiquant les nationalités des personnes qui séjournaient à
18 l'hôtel.
19 Q. Vous souvenez-vous combien il y avait eu, à l'époque, des représentants
20 de l'UNESCO, l'époque où vous-même aviez séjourné à Dubrovnik ?
21 R. Non.
22 Q. Dr Colin Kaiser, qui a témoigné devant ce Tribunal, était l'un de ces
23 représentants de l'UNESCO. Il a mentionné qu'avant de venir à Dubrovnik, à
24 Zagreb il a vu un enregistrement, un reportage de l'ITN et là il a pu voir
25 le drapeau de l'UNESCO sur le mont Srdj. C'est vous qui aviez filmé cela ?
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1 Etiez-vous au courant de cela ?
2 R. Je ne le pense pas. Je ne garde pas le souvenir de ce drapeau. Il y a
3 eu des drapeaux de l'UNESCO. Un grand nombre d'entre eux dans la vieille
4 ville mais je ne me souviens pas du drapeau de l'UNESCO sur le mont Srdj.
5 Q. Peut-être que ce drapeau y avait été placé et ensuite il a été retiré
6 alors que les drapeaux qui étaient dans le centre ville y sont restés ?
7 R. Je ne le sais pas.
8 Q. Vous avez séjourné à Dubrovnik du 31 octobre jusqu'au 21 novembre 1991,
9 si je ne m'abuse ?
10 R. Cela est exact.
11 Q. Vous n'y êtes plus retourné depuis ?
12 R. Je n'y suis retourné qu'une fois depuis 1991.
13 Q. Comment se fait-il alors, M. Davies, que des membres de l'UNESCO ont
14 séjourné à l'hôtel alors que les premiers d'entre eux ne sont arrivés à
15 Dubrovnik que le 28 ou le 29 novembre 1991 ?
16 R. Je ne sais pas. Comme j'ai dit déjà, j'ai compris que l'hôtel a servi
17 de base pour les observateurs ainsi que pour l'UNESCO, ainsi que le
18 consulat temporaire pour certains pays. Cela est ce que j'ai crû
19 comprendre.
20 Q. Monsieur Davies, dans votre déclaration, déclaration que vous avez
21 donnée aux enquêteurs, au premier paragraphe de la 10e page, vous avez dit
22 à la fin : "Je sais que les représentants de l'UNESCO étaient également en
23 ville, mais je ne sais rien d'autre sur eux."
24 Cela est la déclaration que vous avez faite le 18 et le 19 janvier 2001.
25 Vous souvenez-vous avoir dit cela ?
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1 R. Oui. J'ai cru que les représentants de l'UNESCO étaient en ville et
2 comme vous pouvez le voir, j'ai dit que je ne savais rien sur eux, ce qui
3 explique pourquoi je ne peux pas vous donner leurs noms, ni vous les
4 décrire.
5 Q. Savez-vous quel était le rôle de ces représentants de l'UNESCO ? Quel
6 était le but de leur séjour dans la vieille ville de Dubrovnik ?
7 R. Non. Si je ne garde pas de souvenirs d'une réunion quelconque avec ces
8 personnes-là, je ne sais pas non plus quelle était leur mission. J'ai cru
9 qu'ils étaient des représentants de l'UNESCO. J'étais au courant du lien
10 qui existait entre l'UNESCO et la ville de Dubrovnik aux vues des drapeaux
11 qui flottaient dans la vieille ville et c'est à peu près tout ce que je
12 savais de Dubrovnik à ce sujet.
13 Q. Pouvez-vous me dire de quels drapeaux il s'agit ?
14 R. C'était des drapeaux, de grands drapeaux bleu, blanc, des drapeaux de
15 l'UNESCO.
16 Q. Où étaient-ils placés?
17 R. Je ne peux pas le dire avec précision, mais on pouvait les voir. Ils
18 flottaient en hauteur dans la vieille ville, mais je ne peux pas vous dire
19 à quel endroit, quel rempart, quel monument, on pouvait les voir. Mais, ils
20 étaient très visibles.
21 Q. Il me semble que vous êtes en train d'éviter de répondre puisque M.
22 Colin Kaiser a placé les drapeaux de l'UNESCO, lorsqu'il est arrivé, en
23 novembre. Alors, comment se fait-il que vous ayez pu voir ces mêmes
24 drapeaux, alors qu'il ne les avait pas encore placés ?
25 R. Je n'ai pas pu voir les drapeaux qu'il a placés, lui, et je n'ai pas pu
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1 voir les drapeaux qu'il les ait placés. Je me souviens de drapeaux de
2 l'UNESCO, bleu et blanc. Cela signifiait que Dubrovnik faisait partie des
3 sites protégés. Dans les reportages, dont j'étais l'auteur, j'en ai fait
4 mention. Ce n'est pas quelque chose que j'ai appris auparavant.
5 Q. Merci. Nous allons passer à autres choses. Lors de votre interrogatoire
6 principal, vous avez décrit votre itinéraire, lorsque vous circuliez dans
7 la vieille ville. Alors, vous avez dit, entre autres, que les remparts de
8 la vieille ville étaient un endroit d'où on pouvait bien voir une belle vue
9 sur la région qui se trouvait aux alentours de la vieille ville ?
10 R. Oui.
11 Q. Savez-vous si c'est pour cette raison qu'il y avait des postes
12 d'observation sur les remparts de la vieille ville ?
13 R. J'imagine que ce serait un bon endroit pour observer, surtout le côté
14 sud. Mais, je dois dire, réitérer, que je n'ai pas vu d'activités
15 militaires sur ces remparts.
16 M. RODIC : [interprétation] Merci. Monsieur le Président, peut-être le
17 moment est opportun pour faire une pause ?
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Rodic, effectivement.
19 --- L'audience est suspendue à 10 heures 29.
20 --- L'audience est reprise à 10 heures 55.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous écoute, Maître Rodic. Je suis
22 désolé, Monsieur Weiner, je n'avais pas remarqué que vous vous étiez levé.
23 M. WEINER : [interprétation] Oui. Monsieur le Président, il n'y a pas de
24 problème. Je voudrais simplement vous dire que nous avons transmis un ruban
25 à la cabine technique, qui va faire en sorte à ce que la conversion se
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1 fasse sur une conversion appropriée, afin que l'on puisse visionner ceci
2 sur notre système.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. J'espère que cette
4 conversion pourrait se faire avant que le témoin ne s'en aille. Je remarque
5 que la cabine technique me fait un signe affirmatif de la tête, et je suis
6 bien confiant que cela pourrait se faire. Maître Rodic, je vous écoute.
7 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
8 Q. Monsieur Davies, vous avez également dit qu'il y avait des observateurs
9 de la Communauté européenne qui séjournaient à l'hôtel.
10 R. Oui. Leur bureau se trouvait à l'hôtel et ils séjournaient également à
11 l'hôtel.
12 Q. Vous avez également dit que vous les fréquentiez, n'est-ce pas ?
13 R. Jusqu'à une certaine mesure, oui. Nous n'étions pas des amis proches
14 mais on se retrouvait au bar à la fin d'une journée de travail et on
15 échangeait des propos, oui.
16 Q. Vous souvenez-vous de leurs noms, de ces observateurs ? Vous souvenez-
17 vous d'où ils venaient ?
18 R. Non. C'était une équipe multinationale. Je crois pouvoir me souvenir
19 d'un Italien, et c'est tout. Malheureusement, je ne me souviens pas de
20 leurs noms.
21 Q. Dites-moi, lorsque l'on bombardait la ville, qu'il y avait un échange
22 de tirs, les observateurs allaient-ils dans un abri ?
23 R. Je ne me souviens pas que les observateurs s'abritaient quelque part.
24 Ils avaient leurs propres tâches, leurs propres responsabilités. Ils
25 avaient des choses à accomplir au cours d'une journée et ils devaient
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1 fournir leur assistance pour ce qui est des cessez-le-feu. Ils n'étaient
2 pas toujours tous au même endroit afin de pouvoir aller dans un abri,
3 lorsque les tirs commençaient. Cela ne se passait comme cela. Pour ce qui
4 est des abris souterrains, cela n'existe pas, sauf que je me souviens que
5 lorsqu'on bombardait les alentours de l'hôtel Argentina, les gens
6 descendaient au sous-sol de l'hôtel. Je me souviens avoir pris des photos
7 de certains observateurs qui s'abritaient sous des tables, et poursuivaient
8 leur travail. Pour répondre à votre question, je ne me souviens pas de les
9 avoir vus dans des abris souterrains désignés en tant que tels.
10 Q. Si je ne m'abuse, pendant le pilonnage, vous vous trouviez, à un
11 certain moment donné, à l'extérieur de l'hôtel, c'est-à-dire, que vous vous
12 déplaciez dans la ville de Dubrovnik. Vous vous rendiez également dans la
13 vieille ville. Est-ce exact ?
14 R. Oui. C'est exact. Nous avions appris qu'il y avait trois ou quatre
15 endroits qui pouvaient donner une bonne vue de certaines zones, et c'est
16 là, qu'on se rendait si l'on avait rien de plus particulier à faire, de
17 plus spécifique à faire.
18 Q. Vous est-il arrivé de voir des observateurs de la Communauté européenne
19 se déplaçant dans la ville de Dubrovnik, dans la zone de la vieille ville ?
20 R. Je ne me souviens pas de les avoir vus. Je ne me souviens pas de les
21 avoir vus. Je ne suis pas sûr qu'il était possible de les voir, car on
22 avait choisi des endroits, des points de mire qui nous permettaient d'avoir
23 une bonne vue avec la caméra afin de pouvoir filmer ce qui se passait aux
24 alentours. Cela ne voulait pas dire qu'on avait une très bonne vue sur les
25 rues. Je ne me souviens pas de les avoir vus dans la ville ou autour de la
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1 ville pendant les bombardements.
2 Q. Vous souvenez-vous où était votre meilleur point de mire, comme vous
3 l'avez décrit, c'est-à-dire, d'où pouviez-vous observer les positions ?
4 R. Cela dépendait où les bombardements étaient concentrés. Les deux
5 positions principales étaient, soit sur les remparts de la vieille ville,
6 ou particulièrement, au tout début de notre séjour sur l'une des routes qui
7 allait du haut de Dubrovnik et qui se trouvait presque sur la colline de
8 Srdj afin que l'on puisse voir la ville en regardant en bas. Mais c'était
9 également possible de voir les nouvelles zones, les nouvelles
10 agglomérations qui avaient fait l'objet d'attaques, surtout au tout début,
11 le 11 et le 12 novembre.
12 Q. Dites-moi, est-ce que vous étiez en mesure de voir ou de filmer des
13 explosions de l'entrepôt au port de Gruz ?
14 R. Nous avons filmé ce qui s'est passé immédiatement après l'explosion. Je
15 ne crois pas que nous ayons pu filmer le moment de l'impact. Je crois que
16 nous faisions autre chose, nous filmions autre chose. Nous étions en train
17 de filmer ailleurs, et à ce moment-là, nous avions appris que le port de
18 Gruz avait fait l'objet d'une attaque. Nous nous étions rendus sur place et
19 lorsque nous sommes arrivés les entrepôts brûlaient, les navires également,
20 et nous avions pu filmer le tout, et cela a été diffusé par la suite à la
21 télévision.
22 Q. Vous n'étiez pas en mesure de voir l'explosion avoir lieu, l'explosion
23 du port de Gruz, au mois de novembre 1991.
24 R. Non, je n'ai pas -- je ne sais le moment précis, le moment de
25 l'explosion d'un obus lorsque l'explosion a causé le feu. Mais comme j'ai
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1 dit, j'ai pu filmer ce qui s'est passé immédiatement après, mais je n'ai
2 pas pu avoir sur bande l'explosion même.
3 Q. Est-ce que vous aviez entendu dire que dans l'un de ces entrepôts, les
4 Croates avaient placé de la munition qui servait à leurs fins.
5 R. Je ne sais pas si cela est vrai ou non mais, effectivement, j'avais
6 entendu dire quelque chose dans ce genre-là. J'ai vu que le bois brûlait et
7 certains de ces entrepôts contenaient du bois mais je n'ai pas entendu ou
8 vu s'il y avait des entrepôts avec de la munition qui avait été atteints au
9 port.
10 Q. En parlant toujours des observateurs de l'Union européenne, est-ce que
11 vous aviez échangé de l'information ? Leur donniez-vous de l'information
12 pour ce qui est de ce que vous aviez aperçu vous-même ? Est-ce qu'ils vous
13 renseignaient sur certaines choses aussi ?
14 R. De façon inofficielle, oui, il y a eu un certain échange
15 d'informations. Par contre, ce n'était pas des échanges officiels. Nous
16 n'avions pas à leur donner de rapports concernant les choses que nous
17 avions vues et ils n'étaient pas, non plus, tenus de nous informer de ce
18 qu'ils avaient vu. De temps en temps, lorsqu'ils étaient impliqués dans les
19 pourparlers concernant le cessez-le-feu, ils leur arrivaient de nous en
20 parler à la fin des pourparlers soit dans un restaurant ou au bar mais il
21 n'y a jamais eu un système officiel mis en place.
22 Q. Je n'insiste pas sur le fait qu'il s'agissait de conversations
23 officielles. Je vous pose des questions à savoir s'il y a eu des échanges
24 inofficiels puisque je présume, qu'en tant que journaliste, vous vous
25 reposiez sur les observateurs pour recevoir de l'information. Ils
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1 représentaient une source d'information pour vous ?
2 R. Oui, si l'on les considère comme une source d'information.
3 Effectivement il y a eu certains échanges très souvent à l'hôtel, à la fin
4 d'une journée de travail.
5 Q. Est-ce que vous saviez de quelle façon, ils arrivaient à être renseigné
6 sur ce qui se passait dans Dubrovnik ?
7 R. Non.
8 Q. Aviez-vous entendu parler de la cellule de Crise de Dubrovnik, pendant
9 votre séjour ?
10 R. Non, je n'avais pas entendu ce nom là. Vous pourriez peut-être
11 m'expliquer ce qu'ils faisaient mais je n'étais pas au courant de quelque
12 chose qui s'appellerait cellule de Crise.
13 Q. La cellule de Crise à Dubrovnik s'occupait des citoyens de la ville de
14 Dubrovnik concernant l'approvisionnement lié à l'entrée et à la sortie de
15 Dubrovnik, lié également à la partie défensive. Ils participaient, entre
16 autre, aux pourparlers avec la JNA. Est-ce que cela vous dit quelque
17 chose ?
18 R. Oui, certainement. Tout ce que vous avez énuméré a eu lieu. Je sais
19 qu'il y a eu des personnes qui étaient impliquées dans l'organisation de
20 tout ce que vous avez énuméré. Je sais que ces activités se déroulaient
21 mais je n'étais pas au courant que cet organisme s'appelait la cellule de
22 Crise. Nous étions impliqués dans le tournage de la distribution de
23 nourriture, tout ce qui se passait à l'extérieur de la ville lorsque l'on
24 venait distribuer des vivres. Oui, effectivement, j'ai vu des gens faire ce
25 genre de travail.
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1 Q. Pour ce qui est de l'hôtel Argentina, y avait-il des représentants de
2 la ville de Dubrovnik qui informaient les observateurs de certaines
3 activités ?
4 R. Il y avait un bureau d'information si l'on peut l'appeler ainsi qui
5 était tenu par les Croates de l'endroit et c'est eux qui informaient les
6 journalistes ainsi que les observateurs de leur point de vue ou ils leur
7 donnaient de l'information sur ce qui se passait.
8 Q. Est-ce que vous vous serviez d'eux comme source d'information,
9 également ?
10 R. Nous les écoutions. Nous écoutions ce qu'ils avaient à dire mais il est
11 vrai que cette source d'information était assez partiale. Pour vous donner
12 un exemple, nous voulions savoir où l'on distribuait l'eau, la nourriture,
13 mais on entendait très souvent leur point de vue pour ce qui est de la
14 pénurie de denrées. On recevait le point de vue d'un côté. Nous étions,
15 bien sûr, conscients du fait que c'est un service qui avait été mis en
16 place par le côté croate, nous devions quand même avoir certaines réserves.
17 Q. Lorsque vous dites qu'il était "partial", ce bureau croate à l'hôtel
18 Argentina, lorsque vous dites qu'il était plutôt "partial", je crois que
19 cela ne se rapportait pas nécessairement à l'information que vous receviez
20 concernant la nourriture, la distribution d'eau, et cetera. J'imagine que
21 vous pensez à autre chose lorsque vous étiquetez ce bureau en tant qu'étant
22 partial ?
23 R. Lorsque nous devons traiter l'information que nous recevons, sachant
24 que cette information provient d'un côté et qu'il n'y a qu'un point de vue
25 qui est donné, surtout lorsqu'il s'agit de distribution en eau ou en
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1 nourriture, il est certainement vrai que cela était plus facile de croire
2 qu'ils étaient partiaux --
3 Q. Je ne sais pas si j'ai été assez clair. Lorsque je parle de la
4 distribution en nourriture, lorsque je parle d'endroits où ces
5 distributions doivent avoir lieu, de l'heure à laquelle cela devrait avoir
6 lieu, je ne vois pas, personnellement, comment on peut manipuler cette
7 information. Lorsque vous parlez de la partialité d'un côté, j'aimerais
8 savoir d'où tirez-vous la conclusion que le côté qui donnait ces
9 renseignements était plutôt partial, était de parti pris ?
10 R. Lorsqu'on est journaliste et qu'on couvre un conflit, si l'on veut
11 couvrir le conflit de façon objective, il faut avoir certaines réserves
12 lorsque l'on reçoit les renseignements d'un parti. Nous pouvons nous
13 attendre à ce que le parti exagère ou s'adonne à certaines manipulations.
14 Nous avions compris cela, surtout au tout début. Nous avons remarqué qu'il
15 s'agissait plutôt d'un art, l'art selon lequel on manipulait le média.
16 Q. Merci, Monsieur Davies. Je vous pose cette question, car lorsque vous
17 avez parlé des évènements qui ont eu lieu au mois de novembre, vous avez,
18 entre autre, dit que les informations qui vous provenaient des Croates
19 étaient parfois justes, mais parfois non. Vous en avez parlé lorsque la
20 vieille ville avait été attaquée, vous avez dit que vous aviez entendu une
21 explosion d'un obus, alors que les Croates vous ont informé qu'avant cela,
22 trois obus étaient tombés. Vous souvenez-vous de cette situation ?
23 R. Je crois que oui.
24 Q. Vous avez, également, parlé des dommages causés au monastère de la
25 vieille ville. Vous souvenez-vous des dommages causés à ce monastère au
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1 mois de novembre 1991 ?
2 R. J'ai vu certains dommages causés aux bâtiments, mais je ne suis pas un
3 expert en la matière. D'après ce que j'ai pu voir, les dommages n'étaient
4 pas si grave que l'on n'ait pas pu restaurer ou réparer les dommages. Je ne
5 suis pas un expert dans ce domaine, il m'est difficile de dire que, si
6 quelque chose a été atteint par mortier ou par obus, les dommages sont
7 graves ou non. Effectivement, lorsqu'un bâtiment est rasé au sol, il est
8 facile de dire que le bâtiment est endommagé. Pour ce qui est de plusieurs
9 monuments à Dubrovnik, les dommages causés à ces monuments historiques ne
10 semblaient pas être tellement graves, si graves qu'ils n'aient pas pu être
11 restaurés. Pour ce qui est des bâtiments, ils semblent être assez
12 résistants aux armes du 21e siècle. Pour ce qui est des remparts aussi, ils
13 semblaient résister assez bien.
14 Q. Peut-on en déduire au cours du mois du novembre, c'est-à-dire qu'après
15 les combats qui ont eu lieu, que vous avez décrits pendant ce mois de
16 novembre. Quand vous êtes allé en ville le 13 novembre 1991, à ce moment-
17 là, vous avez été en mesure de voir des dégâts considérables mais qui
18 n'étaient pas graves. C'est-à-dire que ce n'était pas des dégâts qui
19 étaient complètement irréparables ?
20 R. Je ne pense pas que je sois la personne appropriée pour faire ce genre
21 d'affirmation au sujet de bâtiments aussi anciens. En tant qu'observateur,
22 je peut dire que les dégâts occasionnés aux édifices et aux monuments
23 n'étaient pas aussi graves que je l'aurais imaginé précédemment, et que je
24 l'avais imaginé pendant l'offensive même.
25 Q. Ce qui signifie qu'au cours du mois de novembre dans la vieille ville,
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1 aucun édifice n'a été détruit, n'a été incendié complètement, est-ce que
2 c'est ce que vous voulez dire ?
3 R. Je ne me souviens pas avoir vu de bâtiments complètement rasés ou
4 détruits à un tel point, qu'il aurait été impossible de le réparer. Mais,
5 effectivement, il y avait des dégâts considérables. Des incendies s'étaient
6 déclarés. Des édifices très anciens, des monuments très anciens avaient été
7 endommagés. Je le répète, je ne me souviens pas d'avoir vu de dégâts tels
8 qu'ils étaient complètement irréparables, les bâtiments concernés.
9 Q. Quand vous parlez de nombreux édifices et monuments anciens endommagés,
10 est-ce que vous pensez au mois de novembre 1991 et à la vieille ville ?
11 R. Oui, effectivement, parce que je n'étais pas là en décembre.
12 Q. Merci.
13 Vous avez, également, dit avoir vu des forces croates sur le terrain et
14 vous avez dit que sur la mer, vous avez vu des bateaux qui ont percé le
15 blocus, qui ont amené les blessés pour y ramener des munitions, est-ce
16 exact ?
17 R. Oui, nous avons vu ce genre d'embarcations, nous les avons vu partir,
18 pour faire tout ce que vous êtes en train de décrire, mais nous ne les
19 avons pas vu en action. Nous les avons vu partir pour faire ce qu'ils
20 avaient à faire. Nous en avons, également, profité pour faire ainsi sortir
21 des images, des enregistrements, parce que la station de télévision, le
22 relais de télé avait été gravement endommagé, on ne pouvait plus faire
23 sortir d'images de Dubrovnik même.
24 Q. Mais votre reportage, votre cassette, ce film à qui l'avez-vous remis,
25 ou plutôt, à qui l'avez-vous remis pour qu'il soit emporté par ces hors-
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1 bord, ces bateaux très rapide, qui ont emporté tout cela, qui ont fait
2 partir tout cela de Dubrovnik ?
3 R. Ces hors-bord suivaient la côte, et ensuite ils s'amarraient à un
4 endroit qui était convenu à l'avance et qui était, encore, contrôlé par les
5 Croates. Les représentants de ma société allaient sur place, ils
6 récupéraient les cassettes et les enregistrements, ensuite, ils les
7 ramenaient à une de nos branches que nous avions ouvertes à Split. A ce
8 moment-là, il pouvait remettre ensemble, remonter les images et le son.
9 C'est de cette façon qu'on pouvait envoyer nos reportages parce qu'on lui
10 envoyait également des indications sur la manière de monter les images et
11 le son, en même temps. C'était une façon de remédier au fait que l'émetteur
12 télé avait été complètement détruit par les bombardements.
13 Q. Monsieur Davies, je suis tout à fait conscient des problèmes auxquels
14 vous étiez confronté. J'imagine que ce n'était pas la première fois, étant
15 donné que vous avez déjà travaillé sur de nombreux champs de bataille. Mais
16 moi, ce qui m'intéresse, c'est Dubrovnik en 1991. La question que j'ai à
17 vous poser, c'est de savoir à qui vous remettiez tout cela, ces
18 enregistrements pour qu'ils soient sortis de Dubrovnik dans ces bateaux.
19 R. Sandy McIntyre, mon producteur, emmenait les enregistrements au port et
20 les remettaient à un Croate, qui se trouvait sur le bateau. Quand le bateau
21 s'en allait, on envoyait un message à notre représentant à Split pour qu'il
22 puisse aller à la rencontre du hors-bord, ce n'était pas toujours le même
23 hors-bord et il ne s'arrêtait pas toujours au même endroit. On lui donnait
24 des instructions pour qu'il aille récupérer les enregistrements auprès de
25 la personne à qui on les avait remis précédemment.
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1 Q. Vous nous dites que vous remettiez ces enregistrements à un Croate dans
2 un port. De quel port s'agit-il ? Est-ce qu'il s'agit du port de Gruz, du
3 port de la vieille ville ou peut-être d'un autre porte même ?
4 R. Je pense mais ce n'est qu'une supposition de ma part, que c'était le
5 port de Gruz. Je n'ai jamais remis ces cassettes en personne aux
6 intéressés. Je ne sais pas. Il me semble que c'était le port de Gruz, mais
7 je ne peux l'affirmer avec certitude.
8 Q. Vous n'êtes pas sûr. Pouvez-vous me dire si on voyait ces hors-bord
9 dans le port de la vieille ville également ? Est-ce qu'on les voyait entrer
10 dans le port de la vieille ville également ?
11 R. Je ne pense pas, mais je n'en suis pas sûr. C'étaient des bateaux tout
12 à fait reconnaissables. Ce sont des bateaux très fins, très rapides. Ce
13 sont des hors-bord extrêmement rapides, très puissants. Ils espéraient que,
14 grâce à leur vitesse, ils pouvaient traverser tout blocus sur la mer.
15 Q. Est-ce qu'il s'agissait, vous venez de rafraîchir ma mémoire, est-ce
16 qu'il s'agissait de ces hors-bord très puissants qui sont utilisés
17 généralement sur les mers dans des trafics divers et variés, des bateaux
18 extrêmement puissants. Est-ce que c'est le genre de hors-bord que l'on
19 utilise dans ce type d'activités de contrebande ?
20 R. C'est possible. J'ai déjà vu des hors-bord de ce type dans des courses.
21 J'ai déjà vu ce genre de bateaux utilisé dans des courses.
22 Q. Merci. Pendant votre séjour à Dubrovnik, est-ce que vous avez entendu
23 parler d'une formation de la marine dans laquelle auraient servi ces hors-
24 bord, ceux dont vous venez de parler ?
25 R. Non, pas vraiment. Mais généralement, pour rigoler, pour plaisanter, on
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1 désignait ces hors-bord sous le terme de marine croate, mais
2 personnellement, je n'avais pas connaissance du fait que les Croates
3 auraient utilisé des bateaux armés. Je ne peux pas affirmer que cela ne
4 s'est pas produit cependant. En tout cas, je n'en ai pas eu connaissance.
5 La seule chose que je savais, c'est qu'il y avait ces hors-bord et je
6 savais à quoi ils servaient.
7 Q. Avez-vous entendu parler du premier de ces bateaux qui s'appelait Sveti
8 Vlaho, Saint-Blaise ? Ladislav Merkas commandait ce bateau, et ceci pendant
9 toute la guerre dans la région de Dubrovnik ?
10 R. Je ne savais pas cela. Je ne connaissais ni le nom de cet homme ni le
11 nom du bateau que vous venez de donner.
12 Q. Connaissez-vous le nom des autres bateaux, Jim, Bom, Lude Gude,
13 Dezerter, Formule 4, et cetera, et cetera. Est-ce que vous connaissez ces
14 noms ou certains de ces noms ?
15 R. Non. C'est la première fois que j'entends prononcer ces noms.
16 Q. Pendant votre séjour à Dubrovnik, avez-vous entendu parler de
17 l'existence d'une unité de la police spéciale ?
18 R. Non. Pas vraiment. Nous avons entendu parler de diverses unités qui
19 auraient pu exister d'un côté ou de l'autre. C'est l'une ou l'autre des
20 parties belligérantes mais nous n'avons pas eu connaissance de plus de
21 détails. Nous n'avons pas vu de preuves sur le terrain.
22 Q. Avant la pause ce matin, je n'ai pas donné les pages exactes du compte
23 rendu d'audience, dans l'affaire Milosevic, que j'ai évoquée. Je me suis
24 procuré ces références pendant la pause, et je vais répéter, donner ces
25 références. Cela se rapportait au séjour de votre collègue à l'hôpital.
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1 Page 16830 dans l'affaire Milosevic, la question posée était la suivante,
2 je cite : "Est-il exact Monsieur Davies, qu'à proximité immédiate de
3 l'hôpital de Dubrovnik, il y avait des forces croates et qu'ils ont ouvert
4 le feu sur la JNA à partir de ces positions."
5 C'est à la page 16831 que l'on trouve votre réponse. Vous dites, je cite :
6 "Je ne le sais pas avec certitude. Je ne l'ai pas vu. Tout ce que je peux
7 dire, c'est qu'il y avait des tirs nourris, 0 assez nourris qui venaient de
8 la zone située autour de l'hôpital. Je n'ai pas pu me rendre compte s'il
9 s'agissait de tirs sortants. Mais j'ai entendu dire, qu'il y avait des
10 positions de mortiers mobiles à cet endroit, qui étaient actifs tout à côté
11 de cet endroit, et qu'ils étaient peut-être impliqués dans ces tirs. Mon
12 collègue a passé pas mal de temps à l'hôpital. Il était pratiquement
13 convaincu que la zone située autour de l'hôpital était la cible de tirs
14 pendant plusieurs jours."
15 Est-ce que ceci vous rafraîchit la mémoire ?
16 R. Oui. Cela m'explique pourquoi il y a eu un malentendu précédemment. Ce
17 collègue qui a passé pas mal de temps à l'hôpital n'était pas blessé. Il
18 n'était pas alité ou quoi que ce soit. En fait il allait à l'hôpital
19 régulièrement pour vérifier le nombre de blessés, le nombre de morts, et
20 cetera. Il nous a dit qu'il y avait des tirs nourris autour de l'hôpital
21 car, comme je l'ai dit précédemment aujourd'hui, il a été blessé au cours
22 de l'un de ces échanges alors qu'il essayait de courir, alors qu'il se
23 trouvait sur le toit de l'hôpital. Il s'est blessé, il s'est blessé au
24 pied. Oui, comme je l'ai dit précédemment, bien que je n'en ai pas été
25 témoin personnellement, mon collègue, qui se trouvait à cet endroit, a
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1 déclaré qu'effectivement il semblait qu'il y avait des échanges de tirs
2 nourris aux alentours de l'hôpital. Cela ne venait pas de l'hôpital. Cela
3 se produisait autour de l'hôpital.
4 Tout comme les autres incidents dont nous avons parlés, pour nous il
5 s'agissait bien que nous ayons là fait plutôt des suppositions, étant donné
6 que nous ne disposions pas des faits précis. Mais en tout cas, nous
7 pensions qu'il s'agissait d'unités mobiles de mortiers qui se trouvaient à
8 cet endroit et qu'on essayait de les prendre pour cible.
9 Q. Merci. Vous avez passé beaucoup de temps à Dubrovnik. Y avez-vous
10 rencontré des soldats croates à divers endroits et aux alentours également,
11 des gens qui participaient aux opérations de guerre dans la zone de
12 Dubrovnik ?
13 R. Nous avons rencontré des Croates armés dans divers endroits mais pour
14 la plupart des gens, que nous avons vus dans cette situation, cela ne
15 m'apparaissait être plutôt des gens qui s'étaient armés eux-mêmes. Des
16 civils qui s'étaient armés ou que l'on avait armés et pas grand-chose de
17 plus.
18 Effectivement, je suis tombé sur plusieurs positions comme j'ai d'ailleurs
19 laissé entendre précédemment, en particulier le fort au-dessus du mont
20 Srdj. Là, il y avait des Croates qui étaient armés. Il y avait aussi des
21 Croates armés juste en dessous du pont de Gruz, là où s'arrêtaient les
22 limites du territoire contrôlé par les Croates. Comme nous l'avons déjà
23 mentionné à plusieurs reprises, on en voyait qui circulaient et qui
24 participaient à des opérations qui consistaient pour eux à procéder à des
25 tirs et ensuite à se déplacer. Nous avions connaissance de la présence de
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1 ces Croates armés à différents endroits dans Dubrovnik.
2 Q. Peut-on en conclure que vous avez vu des gens en uniforme ainsi que des
3 personnes vêtues d'habits civils mais qui étaient armées ?
4 R. Oui. Pour faire simple oui. La plupart du temps cependant, ceux qui
5 étaient armés même les civils, qui avaient été enrôlés au sein de ces
6 milices civiles, si l'on peut les appeler ainsi, la plupart du temps ces
7 gens portaient des uniformes mais il était également possible de voir des
8 gens qui n'étaient pas vêtus d'uniformes et qui étaient armés d'armes
9 légères.
10 Q. Est-il exact de dire, s'agissant de la photographie prise dans le parc
11 Bogisica, que cet homme, cet homme qui est en train d'armer ce mortier, y
12 placer un obus, cet homme est en civil, n'est-ce pas ?
13 R. Il faudrait que je le revois pour pouvoir vous répondre par oui ou par
14 non.
15 M. RODIC : [interprétation] D28, s'il vous plaît.
16 Q. Pouvez-vous nous dire quel type de vêtements il porte ?
17 R. En regardant de plus près, j'ai l'impression qu'il porte un jeans et
18 une sorte de pull ou de "sweat-shirt", en tout cas, cela n'est pas une
19 tenue de camouflage. Non en fait si on regarde la photographie même, et pas
20 l'écran, parce qu'au début j'avais l'impression qu'il portait une chemise
21 de rugby ou un maillot de rugby, mais en fait si on regarde mieux, si on
22 regarde de plus près, j'ai l'impression qu'il porte de gilet pare-balles
23 bleu. Oui, effectivement à première vue cela n'a pas l'air d'être un
24 uniforme militaire, mais si on y regarde de plus près, j'ai l'impression
25 que cela est une sorte de gilet pare- balles.
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1 Q. Mais quoi qu'il en soit, vous conviendrez que cet homme était habillé
2 en civil, il est habillé en civil, n'est-ce pas ? Quand on voit cette photo
3 on ne peut pas dire que cet homme porte un uniforme militaire, qu'il arbore
4 des insignes ?
5 R. Oui, cela est exact. Il s'agit d'habits civils et pas d'un uniforme
6 militaire.
7 Q. La dernière fois vous nous avez parlé d'un certain Mario Peci, qui a
8 été tué en novembre, si je ne me trompe dans la région de Dubrovnik ?
9 R. Oui, cela est exact.
10 Q. Vous nous dites que vous le connaissiez personnellement et qu'il était
11 membre de l'armée croate, n'est-ce pas ?
12 R. Je le connaissais parce que je l'ai rencontré et je lui ai parlé assez
13 longuement. Je l'ai rencontré sur le mont Srdj au fort, mais je ne le
14 connaissais pas, sinon je ne l'ai rencontré que ce jour-là. Vous dire s'il
15 était membre de l'armée croate maintenant je sais qu'il était membre de la
16 défense croate. Mais il ne faisait pas partie de l'armée régulière. Mais la
17 raison pour laquelle je me souviens de lui avec une telle précision, c'est
18 qu'il avait un restaurant et une discothèque à Dubrovnik. Il parlait un
19 anglais excellent parce qu'il avait des contacts avec les touristes et il
20 se distinguait des autres. C'était quelqu'un de très jovial et on lui a
21 parlé longuement, on l'a interviewé dans le cadre de notre reportage. Il ne
22 faisait pas partie de l'armée régulière comme la plupart des gens que nous
23 avons rencontrés. C'était un civil qui travaillait dans le secteur
24 touristique et qui avait été enrôlé dans les forces de la défense. On lui
25 avait remis une arme. La dernière fois que nous l'avons vu vivant, il avait
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1 un mortier, un mortier à canon simple. Il partait du flanc du mont Srdj
2 pour se rendre à l'endroit où le mortier allait être mis en action, et
3 cette même nuit, il a été tué.
4 Q. Merci.
5 En visionnant le film qui a été présenté pendant la première journée de
6 votre déposition dans ce prétoire, nous avons pu entendre le narrateur,
7 celui qui commande les images, qui explique ce qu'on voit à l'image. Ce
8 narrateur, est-ce vous, s'agissant de ces images-là ?
9 R. Oui.
10 Q. Je vais, maintenant, parler de la transcription des propos que vous
11 tenez pendant ce reportage, quand vous parlez du bombardement du fort
12 Napoléon. Vous dites, je cite : "Les échanges de tirs n'étaient pas
13 unilatéraux parce que certains tirs de mortiers venaient de la ville, des
14 tirs qui n'ont pas atteint les batteries de l'artillerie de l'armée
15 fédérale qui était cachée entre les arbres au sommet du mont Zarkovica."
16 Quels éléments vous ont permis d'en arriver à cette conclusion, à savoir
17 que ces obus n'étaient pas en mesure d'atteindre les positions tenues par
18 l'armée fédérale ?
19 R. Tout simplement, parce que ces obus n'allaient pas suffisamment loin,
20 ils tombaient avant. C'était ma supposition. Je ne pouvais imaginer que ces
21 obus visaient les flancs de cette montagne, juste en dessous des positions
22 d'où on pouvait, très clairement, voir qu'on procédait à des tirs sur
23 Dubrovnik.
24 Q. Depuis quelle position tiraient-ils, quelle position à Dubrovnik même ?
25 R. A cette occasion, je ne sais pas précisément, je ne saurais vous le
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1 dire. D'après l'expérience ultérieure, il serait logique de conclure qu'ils
2 tiraient depuis une position à proximité de l'hôtel Belvédère, puisque
3 c'est l'endroit le plus proche de ces positions. Les chances de toucher ces
4 positions étaient meilleures s'ils s'approchaient le plus possible. Les
5 Croates, j'entends ceux qui étaient, en fait qui correspondait à l'endroit
6 qui se trouvait à proximité de l'hôtel Belvédère, au bord de la mer.
7 Q. Monsieur Davies, je vais vous poser la question suivante : êtes-vous
8 d'accord avec moi pour dire, qu'au moment où vous décrivez le film et les
9 images, vous ne savez pas d'où exactement l'artillerie croate tire. Vous ne
10 savez pas s'il s'agit de mortiers, de canons, de quel calibre il s'agit,
11 vous n'êtes pas au courant des détails concernant les pièces d'artillerie.
12 Vous ne savez pas de quelles munitions, il s'agit. Vous ne savez pas non
13 plus, quelle est la portée de ces armes. Vous ne savez pas non plus si les
14 instruments optiques -- de quel type il s'agit, n'est-ce pas ?
15 R. Oui. C'était la situation telle que vous la décrivez, oui. Il était
16 impossible d'être au courant de tous les détails que vous venez de
17 mentionner.
18 Q. Etes-vous d'accord avec moi, pour dire que votre conclusion, à savoir
19 qu'il ne pouvait pas toucher la cible ne peut être qu'une supposition,
20 puisque vous n'aviez pas tous les éléments nécessaires pour tirer une
21 conclusion correcte ?
22 R. Bien sûr. Il s'agit là d'une supposition, mais je pense qu'elle
23 correspond plus ou moins à la vérité.
24 Q. D'après vous, peut-on supposer que les personnes qui tiraient, que
25 l'artillerie croate pouvait faire des erreurs comme tout le monde. Vous
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1 l'avez dit vous-même, lorsqu'ils changent de position pour tirer, ils
2 déplacent le mortier une fois le coup tiré, ils ne disposent pas de
3 suffisamment de temps pour régler les instruments optiques. Ceci pourrait
4 être la raison pour tirer une telle conclusion, pour présumer cela comme
5 vous l'avez fait tout à l'heure quant aux positions.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Weiner.
7 M. WEINER : [interprétation] Il me semble que la question n'a pas de sens.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] D'après ce que je vois, on vous
9 demande de faire des commentaires, Monsieur Davies. En fait, on vous
10 demande de dire si les mortiers auraient pu ne pas être réglés comme il
11 faut, puisqu'ils les avaient bougés, que leur position avait changé, et à
12 cause de cela, des erreurs auraient pu se produire.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. C'est possible. C'est possible que les
14 instruments n'aient pas pu être réglés, il est, également, possible qu'ils
15 auraient pu faire des erreurs.
16 Après avoir observé les échanges puisqu'il y a eu des échanges, un parti,
17 pour des raisons diverses et variées, n'étaient pas en mesure de toucher
18 les positions de l'autre parti. Ce que j'ai vu de mes yeux, c'est que ces
19 armes n'étaient pas de gros calibres. Je pense qu'ils n'étaient pas en
20 mesure de toucher ces positions. Toutes ces possibilités que l'on invoquait
21 tout à l'heure peuvent refléter la vérité.
22 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
23 Q. Monsieur Davies, s'agissant de cela, je ne vous ai pas posé une
24 question cruciale. Que savez-vous de la formation, du niveau des personnes
25 qui manipulaient ces mortiers du côté croate ? Avaient-ils reçu une
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1 formation ?
2 R. Pour répondre à votre question, je ne sais pas quelle était leur
3 formation s'ils étaient bien entraînés à manipuler les mortiers.
4 Q. Avec tous les éléments que nous avons mentionnés que vous ne
5 connaissiez pas, ceci fait, également, parti de ces éléments très
6 importants, la question de formation puisque vous aviez évoqué la portée
7 qui n'était pas suffisante, et la précision de tir ?
8 R. Bien sûr qu'elle est pertinente cette question, mais elle ne changera
9 pas mon opinion que j'ai énoncée dans le reportage. Ils ne pouvaient pas
10 toucher les cibles qu'ils essayaient de toucher.
11 Q. Justement, s'agissant des qualifications des personnes qui manipulaient
12 les mortiers, et compte tenu de tous les éléments que vous ignorez, êtes-
13 vous d'accord avec moi pour dire qu'il s'agit là, d'éléments très
14 importants pour donner une évaluation juste de la précision des obus, du
15 fait que ces obus ne touchaient pas la cible ? En fait, que les obus
16 tombaient avant la cible.
17 R. Il s'agit là d'éléments pertinents. Etre formé à manipuler un mortier
18 est très important. Mais si vous avez l'occasion de voir pendant une longue
19 période, si vous êtes en mesure de voir quel est le rapport de force entre
20 les deux parties, je pense qu'il est, tout à fait, juste de conclure que
21 s'ils n'arrivaient pas à toucher leur cible, c'est parce qu'ils n'étaient
22 pas en mesure de le faire.
23 Q. Je vais vous poser une autre question. Est-ce qu'il y a une différence
24 entre une pièce d'artillerie fixe qui sortirait de la JNA, qui serait fixé
25 à un endroit selon les règles militaires et les pièces de l'armée croate,
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1 qui étaient mobiles, qui tiraient, ensuite s'étaient déplacées à un autre
2 endroit pour tirer à nouveau. Est-ce que ces éléments-là également sont
3 pertinents lorsque nous évoquons les échanges de tirs, la précision, et
4 cetera. Etes-vous d'accord avec nous pour affirmer cela ?
5 R. Oui, ce sont des facteurs qui jouent un rôle. Un militaire
6 professionnel qui a reçu une formation appropriée, avec une pièce qui est
7 placé de manière appropriée, avec des armes performantes, alors
8 effectivement, les performances de ces personnes-là vont être bien
9 supérieures à des milices qui ne disposent que d'armes de petits calibres.
10 Q. Vous allez un peu trop loin dans votre réponse, mais c'est un fait que
11 j'ai évoqué un nombre d'éléments que vous ignorez. Pourtant, vous concluez,
12 dans votre reportage, de manière assez simpliste, que l'artillerie croate
13 ne pouvait pas toucher les cibles, les positions de la JNA, et ce, à cause
14 des armes qui étaient bien plus faibles que celles dont disposait la JNA.
15 R. Oui, c'était ma conclusion. Vous pouvez ajouter les choses suivantes.
16 Veuillez ajouter à la liste des éléments que vous avez évoqué, la liste
17 comprenant justement la formation appropriée, le professionnalisme, tout
18 cela ne pourrait que nous amener à la même conclusion.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Rodic, ne pensez-vous pas que
20 vous avez traité de manière appropriée ce domaine ?
21 M. RODIC : [interprétation] J'ai encore qu'une question à poser, relevant
22 du même domaine et après, je crois que je vais terminer rapidement.
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.
24 M. RODIC : [interprétation] Merci.
25 Q. Si je vous ai posé toutes ces questions, Monsieur Davies, c'est pour
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1 que nous puissions comparer la situation où nous avons un enregistrement où
2 l'artillerie croate prend pour cible l'entrepôt de munitions à Zarkovica,
3 et ceci occasionne une explosion importante. Il s'agit d'une image qui fait
4 beaucoup d'effet, du point de vue d'un journaliste que vous êtes.
5 R. Oui, cela a fait de l'effet. Ce n'était pas habituel. C'est pour cela
6 que l'effet était d'autant plus grand, surtout si vous vouliez démontrer
7 qu'il ne s'agissait pas de bombardement unilatéral, et que de l'autre côté,
8 il n'y avait rien, il n'y avait pas de défense. Il y avait des réussites de
9 l'autre parti. occasionnellement.
10 Q. J'accepte votre explication, mais compte tenu de ce qui nous intéresse
11 et ce que nous avons déjà évoqué ici, ils ont réussi à toucher cette cible-
12 là, à savoir l'entrepôt à Zarkovica. Savez-vous depuis quelle position ils
13 ont tirés ? D'où ont-ils tiré pour pouvoir toucher cet entrepôt ? Pour être
14 plus précis, quelles sont les positions depuis lesquelles l'artillerie
15 croate pouvait tirer et toucher cette cible-là ? Quelles sont les positions
16 qui leur permettaient de toucher cette cible ? Disposez-vous de tels
17 éléments, les éléments qui pourraient vous aider à répondre ?
18 R. Non, pas du tout. Je ne connaissais pas la position d'où les Croates
19 avaient tiré sur les positions de la JNA. Je ne suis pas au courant de la
20 portée de l'arme d'où est parti cet obus.
21 Q. Merci.
22 Dans votre reportage, on voit l'hôtel Belvédère et vous dites qu'il semble
23 que les canons ont ciblé, ont pris pour cible le nid d'artillerie des
24 Croates qui se trouvait à proximité de l'hôtel Belvédère. Vous nous avez
25 également dit que des réfugiés étaient logés dans l'hôtel Belvédère. N'est-
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1 ce pas ?
2 R. Oui, c'est exact.
3 Q. Dans l'hôtel Belvédère, y avait-il des militaires croates outre le nid
4 d'artillerie que vous mentionnez ? Y a-t-il eu des militaires qui étaient
5 logés dans l'hôtel même, dans l'hôtel Belvédère et dans ses environs ?
6 R. Je ne sais pas. La position est très particulière et difficilement
7 accessible. Nous l'avons visité une ou deux fois. Nous n'avons pas vu de
8 militaires croates à ces occasions-là mais nous avons entendu beaucoup de
9 mortiers d'artillerie à une reprise, au moins. Nous savions qu'ils se
10 trouvaient là-bas. Je ne sais pas si on peut appeler cela un "nid
11 d'artillerie." Je ne sais pas s'il y avait un ou deux mortiers qui étaient
12 déplacés à cette position pour tirer et déplacer de nouveau. Je ne sais pas
13 s'il y avait une présence militaire permanente à cet endroit-là. Nous
14 n'avons pas vu de soldats croates visiter l'hôtel Belvédère. Peut-être nous
15 l'avons visité une fois pendant toute cette période que nous avons passée à
16 Dubrovnik, peut-être deux fois, au plus.
17 Q. Pendant votre séjour à Dubrovnik, avez-vous remarqué d'autres endroits
18 où se mélangeaient civils et militaires, des positions civiles et des
19 positions militaires, des activités civiles et militaires ? Avez-vous
20 remarqué qu'il y avait des activités militaires à proximité des positions
21 civiles ?
22 R. Dubrovnik est un endroit relativement petit. L'utilisation des armes,
23 dans la région, dans son ensemble signifierait que de toute manière, vous
24 voulez dire que les civils n'étaient pas très loin. Nous avons vu des
25 canons tirer et des mortiers depuis des positions qui se trouvaient à
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1 proximité de notre hôtel, alors que des civils étaient à l'hôtel. Nous
2 avons également remarqué la même chose à proximité de l'hôtel Belvédère
3 alors que des réfugiés étaient logés. Je n'ai pas vu d'opérations du type
4 bouclier humain où on mettrait délibérément des armes en plein milieu d'une
5 cible civile. C ce que je vous ai dit tout à l'heure cela s'est produit.
6 Q. Je vous crois. Je crois ce que vous venez de dire mais je n'ai même pas
7 fait mention de bouclier humain puisque cela voudrait dire qu'on plaçait
8 délibérément les civils devant des armes alors qu'il n'était pas du tout
9 question de cela. N'est-ce pas ?
10 R. Oui.
11 Q. Cependant, ce que vous venez de dire et ce qui a été mentionné à
12 plusieurs reprises ici, les réfugiés et la mission d'Observation de l'Union
13 européenne étaient dans cet hôtel, dans votre hôtel, alors que les Croates
14 procédaient à des activités militaires tout près de l'hôtel. En faisant
15 cela, ils attiraient les tirs de la partie adverse. La partie adverse prend
16 pour cible cette position-là et là, il peut y avoir des erreurs et, bien
17 sûr, il peut y avoir des victimes, des victimes innocentes, c'est une
18 possibilité, n'est-ce pas ?
19 R. Oui, cette possibilité existe toujours.
20 Q. Dites-moi, je vous prie, lorsque vous décrivez les événements du 6
21 novembre, lorsque vous dites que la cible principale était Srdj, la cible
22 des attaques. Vous avez dit également que la ville a été exposée aux tirs
23 de canons qui se trouvaient aux alentours de Dubrovnik ou plutôt aux
24 vaisseaux de guerre depuis lesquels on tirait sur Dubrovnik.
25 R. Sans voir, revoir mes notes, il m'est difficile de vous répondre par
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1 oui ou par non. Je me souviens que des tirs provenaient des vaisseaux mais
2 je ne pourrais pas vous dire avec certitude que cela s'est produit le 6
3 novembre. Je sais en revanche que le 11 novembre, où la marine a été
4 particulièrement active, on tirait sur Dubrovnik. Je devrais revoir
5 certains de mes reportages pour vous dire précisément ce qui s'est produit
6 le 6 novembre.
7 Q. Je vais vous rafraîchir la mémoire. La dernière phrase dans votre
8 déclaration, on lit : "La ville était bombardée depuis les bateaux qui se
9 trouvaient à proximité de la ville et un grand nombre d'obus est tombé à
10 proximité de l'hôpital de Dubrovnik."
11 Est-ce exact ?
12 R. Cela semble correspondre à la réalité à l'époque où j'ai donné cette
13 déclaration. J'ai eu la possibilité de regarder les notes que j'avais
14 faites à l'époque. Je pense que nous avions fait un reportage où on pouvait
15 voir que les obus tombaient effectivement à proximité de l'hôpital, à
16 proximité relative de l'hôpital.
17 Q. C'est ce que je voulais entendre. Pour enchaîner, il s'agit d'abus de
18 bâtiments civils, l'hôpital en fait partie. Peut-on dire que l'artillerie
19 croate agissait depuis des positions à proximité de l'hôtel Argentina et de
20 l'hôpital, que ces activités mettaient en péril les bâtiments de ce type
21 ainsi que les personnes qui s'y trouvaient.
22 R. Je suis d'accord avec vous lorsque vous dites que si on tire, on place
23 des pièces d'artillerie à proximité des hôpitaux, que ceci accroît les
24 possibilités d'être touché à son tour effectivement. Cela représente un
25 danger réel.
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1 Q. Vous avez répondu à ma question, je vous remercie.
2 Après votre reportage, peut-on en déduire que le premier obus tiré au
3 courant du mois de novembre, d'après vous, est tombé dans la vieille ville
4 le 10 novembre.
5 R. Oui. Je crois. Je pense bien.
6 Q. D'après vous, et vous avez retenu cette date parce que c'est la date de
7 votre anniversaire, les bombardements les plus nourris se sont produits le
8 11 novembre, n'est-ce pas ?
9 R. Oui.
10 Q. Ce jour-là, il y a eu des échanges entre les parties que vous avez
11 observées depuis les remparts de la vieille ville.
12 R. Oui. Pendant une grande partie de cette journée-là. Oui.
13 Q. Dites-moi, pendant la période où il n'y avait pas eu de pilonnage,
14 lorsque vous vous promeniez en ville, aviez-vous eu l'occasion de
15 rencontrer des personnes armées ?
16 R. Je pense qu'il y a eu des personnes avec des armes de petits calibres
17 aux alentours de la vieille ville. J n'ai pas vu de gros calibres. Je ne me
18 souviens pas avoir vu quoi que ce soit qui puisse évoquer une activité
19 militaire. J'ai vu une ou deux personnes circuler en portant des armes
20 légères. Je n'ai pas vu de positions, de préparatifs, qui impliqueraient
21 l'activité d'armes, mais j'ai vu quelques personnes portant des armes de
22 petits calibres.
23 Q. Vous avez dit que des personnes portaient des armes de petits calibres,
24 est-ce que vous pensez au fusil, pistolet, fusil automatique ?
25 R. Je pensais au pistolet. Peut-être que quelqu'un avait un fusil, mais je
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1 n'en garde pas le souvenir. Cela n'aurait pu être que très rare. Ce que
2 j'ai à l'esprit, lorsque je parle d'arme personnelle, nous avions tous un
3 pistolet.
4 Q. Au début, je vous ai posé une question. Dans votre film, on voit une
5 situation, vous vous trouvez dans la vieille ville et vous filmez un tir à
6 Zarkovica. Je vous ai posé une question concernant les cinq personnes qui
7 se cachaient derrière un mur dans la vieille ville. Je vous ai dit que deux
8 d'entre eux étaient en uniforme, et on pouvait voir distinctement un fusil
9 automatique, ce que l'on peut voir sur le film que vous avez tourné vous-
10 même. Ceci ne nous indique-t-il pas qu'il y a eu des personnes qui
11 portaient également des fusils, et ce, dans la vieille ville ? Qu'il n'y
12 avait pas uniquement des pistolets ?
13 R. Bien sûr que c'est possible, mais encore une fois, je vous le répète,
14 nous avons passé beaucoup de temps dans la vieille ville, dans les
15 alentours de la vieille ville. S'il y avait eu des armes importantes sur
16 les remparts, si, qui que ce soit les avait utiliser, nous l'aurions vu et
17 nous aurions filmé quelque chose de ce type.
18 Q. Merci. A la page 9, de votre déclaration, au premier paragraphe, vous
19 dites : "Tous les jours, je voyais un défenseur croate puisqu'il
20 travaillait à l'hôtel Argentina," ils n'avaient pas d'uniforme spécial
21 puisqu'ils ne faisaient pas partie de l'armée régulière. C'étaient des gens
22 ordinaires et ils percevaient leurs armes au poste de police. Il s'agissait
23 de fusils anciens modèles, et des pistolets.
24 Là, on voit beaucoup d'éléments au sujet desquels je vous ai posé des
25 questions tout à l'heure. Il s'agit de gens ordinaires dont l'activité
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1 principale était touristique. Ils venaient à l'hôtel en tant que défenseurs
2 croates, n'est-ce pas ?
3 R. Non, pas tout à fait. Ce que j'entendais par là, était autre chose.
4 Nous avons vu des personnes travailler à l'hôtel, et après, ils
5 s'acquittaient d'autres tâches militaires. J'ai vu par exemple, une
6 personne qui nous servait le café au petit déjeuner qui portait un costume.
7 Plus tard, dans la journée, je le voyais portant une veste de camouflage,
8 juste une veste de camouflage, et un fusil qui n'était pas très
9 impressionnant et allant à Srdj. Il travaillait et une fois le travail
10 terminé, il rejoignait son unité de défense de milice. Ce n'est pas à
11 l'hôtel qu'il effectuait des activités militaires. Ces personnes
12 travaillaient à l'hôtel et s'acquittaient également des missions militaires
13 après leur travail. Q. Q. Q. Merci.
14 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que le moment
15 est opportun pour faire la deuxième pause.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pensais que votre contre-
17 interrogatoire touchait à sa fin.
18 M. RODIC : [interprétation] J'ai oublié de vous dire que je terminerai
19 rapidement après la pause.
20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est ce que vous nous avez dit à 12
21 heures moins 5.
22 Nous allons faire une pause de 20 minutes.
23 --- L'audience est suspendue à 12 heures 26.
24 --- L'audience est reprise à 12 heures 53.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Rodic.
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1 M. RODIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
2 Q. Monsieur Davies, j'imagine que le film que vous avez emmené à La Haye
3 cette fois-ci, est le film original, celui que vous avez filmé à Dubrovnik
4 à ce moment-là.
5 R. Oui, il s'agit des images originales qui ont été enregistrées à Londres
6 au siège de mon entreprise, le 14 novembre. C'est la version qui a été
7 enregistrée, qui plus tard, a été diffusée, qui a été diffusée d'ailleurs
8 le même jour.
9 Q. Si j'ai bien compris, il s'agit d'un enregistrement qui a été réalisé
10 par votre société sur la base de ce que vous avez envoyé depuis Dubrovnik.
11 C'est votre société qui a produit ce film, qui l'a monté, qui l'a diffusé
12 tel quel. Ce qui a été diffusé sous cette forme à l'antenne ensuite a été
13 remis au bureau du Procureur, n'est-ce pas ?
14 R. Oui. C'est vrai en partie. Il s'agit là, de l'enregistrement qui a été
15 réalisé à Londres, à partir d'images qui ont été communiquées à partir d'un
16 endroit en Serbie d'où on a procédé à l'envoi des images par satellite. Il
17 n'y a pas eu de montage. Ils ont, simplement, procédé à un enregistrement
18 des images telles qu'elles avaient été envoyées, et cela a été diffusé à
19 l'antenne. Cela n'a pas été monté, cela n'a pas été manipulé d'une manière
20 ou d'une autre. Nous avons envoyé cela par satellite, ensuite cela a été
21 diffusé à l'antenne. D'ailleurs, on peut voir l'horloge égrener les
22 secondes au bas de l'écran puisque c'est de cette manière, c'est l'horloge
23 que l'on voit au début du film à Dubrovnik. C'est quelque chose qu'on ne
24 voyait pas sur le film tel qu'on l'a vu la dernière fois. Il faudrait
25 demander au bureau du Procureur s'ils ont ces premières secondes, ces
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1 premières secondes où on voit une horloge et ensuite les premières images
2 du film. D'autre part, le film qu'on a vu la dernière fois avait été coupé
3 quelques secondes avant la fin mais à part cela, c'est exactement le même
4 film. La version que j'ai amenée aujourd'hui est la version complète avec
5 les quelques secondes supplémentaires que je viens de vous décrire aussi
6 bien au début du film qu'à la fin.
7 Q. Merci. Mais ce film que vous nous avez amené, est-ce que c'est le film
8 dont vous avez parlé la dernière fois avec les notes, qui avaient été
9 trouvés dans des cartons ?
10 R. Non. C'est le film qui vient des archives de ma société puisque qu'on
11 garde l'enregistrement de tous les reportages qui sont reçus par satellite
12 et qui ensuite sont diffusés. Vous parlez de notes, vous parlez de cartons,
13 tout cela ce sont des éléments qui m'ont permis de préparer la
14 transcription des propos tenus dans le film, la transcription que j'ai ici.
15 Q. Autre chose sur ce film, si on regarde la version que vous nous avez
16 amenée avec cette horloge à l'écran au début, si on pense à ce que vous
17 avez envoyé à partir de Dubrovnik, est-ce que c'est exactement la même
18 chose ou est-ce qu'il y a quelque chose qui manque ?
19 R. Non, c'est identique.
20 Q. La dernière fois, je vous ai demandé si vous vous souveniez de la chose
21 suivante. En dehors de ce film, disposez-vous d'autres enregistrements,
22 d'autres images réalisées au moment où vous avez réalisé tous ces
23 reportages dans la région de Dubrovnik. Si je ne me trompe pas, la dernière
24 fois, vous nous avez dit que vous aviez cinq ou six films de ce type. Vous
25 avez dit que vous les conserviez dans des cartons avec les notes
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1 correspondantes, c'est-à-dire des cartons, des boites qui portent des
2 annotations qui indiquent, sans doute, la nature du film concerné ?
3 R. C'est un petit peu compliqué, tout cela. Je vous ai dit que ce
4 reportage assez long, n'était pas le seul reportage que nous avons envoyé
5 depuis Dubrovnik. Nous en avons envoyé plusieurs autres et je vous avais
6 dit qu'en préparant le commentaire de ce reportage, j'ai forcément fait
7 appel à ma mémoire. Les notes que j'ai faites au moment où les images ont
8 été tournées, ainsi que les notes qui figurent sur les boites dans
9 lesquelles se trouvaient les cassettes. Enfin pour que les choses soient
10 claires, chaque cassette, comme celle que je tiens en main et sur laquelle
11 se trouve le reportage de 11 à 12 minutes que nous avons vu la dernière
12 fois, est réalisée à partir d'images que nous tournons pendant plusieurs
13 jours. Ensuite, on choisit les images les plus appropriées et on réalise un
14 reportage qui tient sur une cassette ou sur beaucoup des cassettes.
15 Sur les boites de cassettes, il y a normalement une feuille de papier blanc
16 qui permet d'écrire des notes, d'indiquer les personnes avec qui on s'est
17 entretenu, il y a un bref résumé de ce qu'on peut voir sur la cassette
18 concernée, et cetera. Une sorte de calepins, d'un genre un petit peu
19 nouveau et on s'en sert avec les notes que l'on a prises au moment où les
20 images ont été tournées pour écrire le commentaire du reportage.
21 Q. Encore autre chose au sujet du film que vous avez amené aujourd'hui.
22 Est-ce que c'est ainsi que ce film a été réalisé comme vous venez de
23 l'expliquer ? Est-ce que cela a été réalisé à partir de 11 ou 12
24 cassettes ? On a choisi des images, on les a montées et ensuite tout ceci a
25 formé un reportage provenant de Dubrovnik, sur les événements de Dubrovnik,
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1 est-ce que c'est ainsi que ce film a été préparé ?
2 R. Tout à fait.
3 Q. Ces cassettes-là, est-ce que vous en avez amenées aujourd'hui ? Ces
4 cassettes dont vous vous êtes servi pour réaliser le reportage final ? Dans
5 sa version originale que vous amenez aujourd'hui, est-ce que vous avez avec
6 vous l'une ou l'autre de ces 11 ou 12 cassettes ? Est-ce que vous les avez
7 ces cassettes ?
8 R. Non. Il n'est pas usuel de conserver ces cassettes que, dans le jargon
9 du métier, on appelle des rushes. Généralement, on ne garde pas les rushes,
10 les images brutes si l'on veut, après les événements pendant très
11 longtemps. Or ici, comme vous pouvez l'imaginer pour réaliser une cassette
12 telle que je tiens dans ma main, on a besoin de 11 ou 12 cassettes. Si l'on
13 part du principe qu'au cours d'une mission, on réalise dix ou 12 cassettes
14 et à chaque fois on a besoin de dix ou 12 cassettes brutes, cela représente
15 des centaines de cassettes. Cela seulement pour une mission et pour un
16 journaliste. Nos archives, au bout d'un certain temps, ne conservent que
17 les reportages qui sont, effectivement, diffusés à l'antenne. La
18 législation les y oblige d'ailleurs, mais il est très rare que l'on
19 conserve les rushes originaux.
20 Q. Bien, Monsieur Davies. Je vous entends, bien.
21 Mais si ce reportage dure 11 minutes, les dix à 12 cassettes que vous avez
22 utilisées, les dix à 12 cassettes de rushes pour reprendre le terme que
23 vous avez utilisé, elles contiennent combien d'images, une durée de
24 combien ?
25 R. Cent cinquante à 200 minutes. Il faut savoir que quand on filme des
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1 tirs d'artillerie et quand, aux informations télévisées on voit une
2 explosion et les dégâts provoqués, pour obtenir cela, il faut savoir que la
3 caméra est restée pointée sur ce point pendant dix à 15 minutes à filmer
4 cet endroit pour obtenir ces quelques secondes d'images. Etant donné que
5 cela se passe systématiquement pour chacun des éléments qui constituent le
6 reportage final, cela représente énormément d'images. Il faut beaucoup de
7 temps pour faire une synthèse de toutes ces images, de tous ces rushes pour
8 donner une idée juste de la situation telle qu'elle se présente sur place.
9 Q. Oui, je comprends bien que les spectateurs, les téléspectateurs, cela
10 ne les intéressait vraisemblablement pas de visionner autant d'heures de
11 rushes tels que vous nous les décrivez. Mais ai-je raison de penser que
12 pour un reportage de 11 minutes, on est parti de 150 à 200 minutes de film
13 original ? Est-ce que je résume bien la façon dont ce reportage a été
14 réalisé ?
15 R. Oui. Chacune de ces cassettes, si elle est enregistrée complètement
16 durent 20 à 30 minutes. Parfois, on réalise un reportage en utilisant
17 jusqu'à dix cassettes. Sur certaines cassettes, il n'y a pas grand-chose,
18 sur d'autres énormément de choses. Effectivement, cela représente beaucoup
19 de rushes, beaucoup d'images au départ.
20 Q. Merci, Monsieur Davies.
21 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'en ai terminé du
22 contre-interrogatoire du témoin.
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Rodic.
24 Monsieur Weiner.
25 M. WEINER : [interprétation] Merci.
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1 Nouvel interrogatoire par M. Wiener :
2 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Davies.
3 R. Bonjour.
4 Q. Je n'en aurai pas pour longtemps.
5 Avez-vous visionné la cassette que vous nous avez amenée aujourd'hui ?
6 R. Oui.
7 Q. Est-ce qu'il s'agit de la cassette, de l'enregistrement intégral que
8 vous avez envoyé ?
9 R. Oui. Cela comporte, également, l'horloge. La première image est une
10 horloge qui marque le début de tous les reportages que nous préparons, mais
11 qui n'est jamais diffusée.
12 Q. Est-ce que ceci nous donne une idée exacte de ce que vous avez vu
13 pendant ces journées ?
14 R. Oui. Je suis très fier de dire que c'est ce que nous avons vu. En tout
15 cas, c'est notre interprétation de ce qui se passait à cet endroit, à ce
16 moment-là.
17 Q. La cassette que vous nous avez montrée lorsque vous êtes venu déposer
18 il y a un mois et demi, est-ce que toutes les informations qui figuraient
19 sur cette cassette figurent dans la cassette que vous avez amenée
20 aujourd'hui ?
21 R. La seule différence, ce sont quelques secondes au début et quelques
22 secondes à la fin. Il n'y a pas eu de manipulation, il n'y a pas eu de
23 coupure. C'est exactement la manière dont cet enregistrement a été diffusé.
24 M. WEINER : [interprétation] Est-ce que la cabine technique pourrait
25 envoyer les 30 premières secondes ainsi que les 30 dernières secondes de la
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1 cassette ?
2 [Diffusion de cassette vidéo]
3 M. WEINER : [interprétation]
4 Q. Monsieur Davies, ayant vu cette cassette, est-ce que c'est la cassette
5 complète, sans partie tronquée ?
6 R. Oui, c'est exact.
7 M. WEINER : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais que
8 l'on verse cette cassette vidéo comme pièce à conviction.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, très bien, pourrait-on avoir une
10 cote, je vous prie ?
11 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Oui, il s'agira de la cote P92,
12 Monsieur le Président.
13 M. WEINER : [interprétation] De plus, nous souhaiterions que la déclaration
14 d'Ellen Gardner soit également versée au dossier avec la cassette vidéo qui
15 a été versée au dossier ce matin.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous écoute, Maître Rodic.
17 M. RODIC : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais formuler
18 une objection liée à cette déclaration. Je crois qu'une déclaration écrite
19 d'un témoin fait partie des éléments de preuve, indépendamment ce dont à
20 quoi elle se rapporte, sans le témoignage du témoin.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Weiner, je vous écoute.
22 M. WEINER : [interprétation] Monsieur le Président, à la page 638 et à la
23 page 655, ils nous ont faits deux requêtes concernant la provenance de la
24 cassette. Avant la fermeture de l'audience, et pendant le contre-
25 interrogatoire, ils ont demandé la source de cette cassette. Nous avons
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1 répondu. Nous avons le document. Nous avons déposé ce document. C'est un
2 document qui a trait à la cassette, et c'est un document qui répond à leur
3 demande. Ce n'est toutefois pas un document très important, mais nous
4 aimerions néanmoins que ce document soit versé au dossier, fasse partie du
5 dossier.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous maintenez votre
7 objection, Maître Rodic ?
8 M. RODIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. L'une des questions
9 découle de l'autre, ce qui est tout à fait normal dans ce cas-ci. Monsieur
10 Davies nous a expliqué, lors de l'interrogatoire principal et du contre-
11 interrogatoire, qu'il y a eu un manque de matériel, en fait il nous a
12 apporté une nouvelle cassette vidéo. Il a dit qu'il manquait quelques
13 secondes au début de la cassette, et quelques secondes à la fin, le
14 matériel n'était pas tout à fait complet. Monsieur Davies nous a fourni une
15 explication, et nous a apporté la cassette originale, qui est maintenant
16 visionnée devant cette Chambre. Il a expliqué quels sont les manquements,
17 ou les parties tronquées qui existaient sur la cassette que nous avions vue
18 préalablement. La Défense souhaitait obtenir quelque chose d'additionnel de
19 M. Davies. Nous l'avons obtenu. Il nous a dit que ce film, qui a été versé
20 au dossier, dont certaines parties avaient été coupées. Ce document a été
21 versé au document P19. Ces parties nous ont été montrées. Il y a eu un
22 autre cassette que M. Davies a apporté, il s'agit d'une cassette qui
23 représente un résumé des 150 à 200 minutes a enregistrées. Nous maintenons
24 notre objection, c'est-à-dire que ce genre de déclaration ne doit être
25 admis au dossier. Je vous remercie.
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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Monsieur Rodic, mais s'il ne
2 s'agit pas d'un document qui apporte une importance importante selon ce que
3 nous avons entendu de M. Davies, outre le fait de nous présenter quelques
4 éléments additionnels, je crois que nous pourrions recevoir ce document,
5 et l'admettre au dossier.
6 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce document portera la cote de P91.
7 M. WEINER : [interprétation] Merci.
8 Q. J'aurais quelques questions à votre endroit, Monsieur Davies. On vous a
9 posé une question concernant l'explosion sur Zarkovica, qui aurait été
10 causée par des tirs croates. Y a-t-il eu d'autres possibilités qui auraient
11 pu causer cette explosion ? Par exemple, est-ce que vous pouvez exclure le
12 sabotage, ou pouvez-vous exclure un accident --
13 M. RODIC : [interprétation] Objection, Monsieur le Président.
14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous écoute, Maître Rodic.
15 M. RODIC : [interprétation] Mon éminent confrère, Maître Weiner, pose des
16 questions qui appelle à la conjecture. Nous avons vu le film, nous avons vu
17 ce reportage, qui parle pour lui-même. L'image est montrée lors du contre-
18 interrogatoire et de l'interrogatoire principal. Le témoin a affirmé à
19 plusieurs reprises qu'il a suivi personnellement l'événement et que
20 l'explosion qui a eu lieu sur Zarkovica a été causée par l'artillerie
21 croate. Il n'est pas acceptable de poser ce genre de questions lors de
22 l'interrogatoire supplémentaire puisque le témoin a très clairement parlé
23 de l'origine de l'explosion à Zarkovica. Il n'est pas approprié de lui
24 poser ce genre de questions dans le cadre des questions supplémentaires.
25 Merci.
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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Weiner, j'ai déjà dit à M.
2 Rodic que cette question a été couverte lors du contre-interrogatoire, et
3 ce, très profondément. Je crois qu'il n'est peut-être pas utile de lui
4 poser cette question. Je ne vois pas ce que vous pourriez ajouter de plus.
5 M. WEINER : [interprétation] Je vais passer à autre chose.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Passez à autre chose. Merci.
7 M. WEINER : [interprétation]
8 Q. Monsieur, on vous a posé des questions concernant un certain drapeau.
9 On vous a posé des questions tant quant à votre déclaration également. Dans
10 la déclaration qui est la vôtre, à la page 7, au deuxième paragraphe, nous
11 pouvons lire dans la première phrase, et je cite : "Les Croates n'ont
12 jamais cru que la vieille ville deviendrait une cible, qu'elle serait
13 l'objet d'attaque puisqu'elle représentait un site protégé par l'UNESCO
14 dans son entièreté et les drapeaux indiquant ceci, les drapeaux de l'UNESCO
15 ou les drapeaux de la convention de La Haye étaient hissés à plusieurs
16 endroits dans la ville."
17 Vous souvenez-vous d'avoir vu ces drapeaux ?
18 R. Je me souviens d'avoir vu des drapeaux des Nations Unies qui
19 démontraient le fait qu'il s'agissait d'un site protégé. Je n'aurais pas
20 cru ou je n'aurais pas su qu'il s'agissait du drapeau représentant les
21 conventions de La Haye. La première fois que j'ai vu ces drapeaux, j'ai vu
22 un drapeau qui indiquait qu'il s'agissait pour moi de site protégé et ces
23 drapeaux étaient très visibles.
24 Q. Je souhaiterais vous poser une autre question concernant un autre
25 sujet. Vous avez dit ne pas pouvoir vous souvenir d'une activité de
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1 provocation venant de la ville dans le cadre du contre-interrogatoire. Vous
2 vous référiez à la vieille ville lors de votre réponse ?
3 R. Oui. Tout à fait. Je me référais à la vieille ville. Je n'avais pas
4 conscience ou connaissance qu'il y avait eu une activité de provocation
5 parvenant depuis la vieille ville. Si cela avait eu lieu, j'aurais été au
6 courant de cela mais je parlais également de façon générale. Je n'étais pas
7 au courant d'activité de provocation qui aurait commencé le conflit. Pour
8 être tout à fait juste, je crois, que je n'aurais pas été en position pour
9 savoir qui a commencé le conflit pour la plupart du temps.
10 Q. Monsieur, est-ce que vous êtes d'accord avec moi pour dire que vous
11 n'avez jamais vu de tirs en provenance de la vieille ville ?
12 R. Oui. Je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire cela.
13 Q. Je vous remercie.
14 M. WEINER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Merci, Monsieur
15 le Témoin.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Davies, vous êtes arrivé à la
17 fin de votre déposition. Je vous remercie de vous être déplacé à deux
18 reprises. Je vous remercie de l'aide que vous nous avez fournie. Je vous
19 souhaite bon retour à la maison. Vous pouvez maintenant disposer.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
21 [Le témoin se retire]
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je crois que cela met fin à la journée
23 d'aujourd'hui, Monsieur Weiner.?
24 M. WEINER : [interprétation] Oui. Je suis désolé de vous dire que nous
25 avons certains problèmes à faire venir notre prochain témoin. Je dois vous
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1 dire que nous n'avons plus de témoin de prévu pour aujourd'hui ni pour
2 demain. Nous avions l'impression qu'il ne serait pas propice de le citer
3 comme témoin pour demain. Nous avons certains problèmes de logistique à
4 résoudre.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous proposiez que l'on fasse entendre
6 ce témoin lundi, et vous proposez que l'on ajourne le procès jusqu'à lundi.
7 M. WEINER : [interprétation] Oui. Tout à fait, Monsieur le Président.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien. Je crois que les parties ont
9 bien entendu et que tout le monde a compris.
10 Maître Petrovic, je vous écoute.
11 M. PETROVIC : [interprétation] Oui. Si c'est le cas, la Défense demanderait
12 d'être informée qui sont les témoins qui seront cités à la barre lundi,
13 mardi, et mercredi afin de pouvoir planifier le temps nécessaire pour le
14 contre-interrogatoire de ces témoins. Si c'est M. Janicot, qui viendrait
15 témoigner mardi, son témoignage était très long. Ce témoin ne peut pas
16 venir ni avant ni après. Il a certaines contraintes de temps. C'est la
17 raison pour laquelle je vous demanderais de nous donner l'information
18 nécessaire là-dessus pour savoir qui sont les témoins qui seront appelés
19 afin d'éviter de faire venir des témoins qui ne pourraient peut-être pas
20 être entendus pendant la période en question. Je vous remercie, Monsieur le
21 Président.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pouvez-vous nous donner des
23 informations requises, Monsieur Weiner, concernant les témoins ?
24 (Expurgé)
25 (Expurgé)
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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.
2 M. WEINER : [interprétation] Alors que M. Janicot est prévu pour mardi et
3 mercredi.
4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il faudrait faire attention au temps
5 pour ce qui est de M. Janicot puisque les soucis de M. Petrovic sont bien
6 fondés.
7 M. WEINER : [interprétation] Nous allons faire de notre mieux.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Rodic.
9 M. RODIC : [interprétation] Je vais enchaîner sur ce qui vient d'être dit.
10 Nous avons un problème avec la journée de demain comme nous l'avons vu, et
11 nous voulons demander à nos confrères de l'Accusation, si, ils pourraient
12 nous fournir l'ordre des témoins pour le 18 et le 19, puisque nous allons
13 nous arrêter le 10. Si d'ici, mercredi prochain, on pourrait obtenir les
14 noms des témoins qui sont appelés à comparaître le 18 et le 19.
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Weiner, je vous prie, d'avoir
16 cela à l'esprit afin que nous puissions avoir les informations nécessaires
17 avant mercredi prochain, qui seront les témoins qui comparaîtront la
18 semaine d'après.
19 M. WEINER : [interprétation] Ce n'est pas un problème.
20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] A présent, nous allons lever
21 l'audience et nous reprendrons lundi prochain.
22 --- L'audience est levée à 13 heures 35 et reprendra le lundi 8 mars 2004,