Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 LE TRIBUNAL PÉNAL INTERNATIONAL Affaire IT-94-1-T

2 POUR L’EX-YOUGOSLAVIE

3 Mercredi, le 12 juin 1996

4 (10 heures)

5 Rappel du TEMOIN Q – Rendu public par la chambre II 30 août 1996

6 Poursuite du contre-interrogatoire par M. KAY

7 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Kay, oui.

8 M. KAY : Oui, Madame le Président. Merci. J’entends maintenant une autre

9 langue. J’ai eu le français et le serbo-croate, ce qui explique

10 pourquoi j’étais un peu perdu, Madame le Président. L’interprète

11 pourrait-il dire quelque chose en anglais ?

12 L’INTERPRETE : Nous entendez-vous en anglais maintenant ?

13 M. KAY : Oui, je suis sur la bonne longueur d’ondes.

14 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Bonjour à tous, encore. Reprenons nos

15 travaux.

16 M. KAY (Au témoin) : M. Q, je vais vous poser quelques questions sur

17 l’incident concernant l’église dans le village de Kozarac, lorsque

18 de jeunes gardiens vous ont parlé de M. Tadic et /vous ont dit/

19 l’avoir vu à l’église. Vous souvenez-vous en avoir parlé à la Cour

20 hier ?

21 R. : Oui.

22 L’INTERPRETE : Le micro du témoin est éteint.

23 TEMOIN : Oui.

24 M. KAY : D’abord, j’aimerais savoir quand c’était par rapport à la guerre

25 à Kozarac, l’offensive contre Kozarac, quand cela a eu lieu ?

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1 R. : Pour autant que je me souvienne, pour ce que j’en sais, environ 15 à

2 20 jours ou peut-être un peu plus, pour autant que je me souvienne.

3 Q. : C’est-à-dire avant l’offensive contre Kozarac ?

4 R. : Oui.

5 Q. : Combien de temps aviez-vous été de garde à l’hôpital avant que ce

6 rapport ne vous soit remis ?

7 R. : Un peu plus /longtemps/ que, un peu /avant/ que cet incident ne

8 survienne, un peu plus.

9 Q. : Donc, est-ce que cet incident vous a été signalé peu de temps après

10 que les gardiens avaient été postés aux diverses positions à

11 Kozarac ?

12 R. : Oui, tout de suite après, pour ainsi dire, deux ou trois minutes

13 après cet événement.

14 Q. : Ce dont je parle, en fait, c’est depuis quand les gardiens musulmans

15 y avaient-ils été postés à Kozarac, et si vous veniez juste de

16 mettre ce système en place ?

17 R. : Approximativement, je crois que les gardiens ont commencé bien avant,

18 mais je ne sais pas exactement quand ils ont commencé. En ce qui me

19 concerne, je viens de vous le dire.

20 Q. : Très bien. Vous étiez posté à l’hôpital et avez-vous assuré la garde

21 de cette position seul ou avec d’autres ?

22 R. : J’ai assuré la garde de cet endroit (expurgé), à l’extérieur

23 de l’hôpital.

24 Q. : Combien d’entre vous étaient de garde ce soir-là lorsque les garçons

25 vous ont rapporté ce qui se passait à l’église ?

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1 R. : Là où j’étais, il y en avait cinq ou six, pas plus de sept personnes.

2 Je ne peux pas vous donner le nombre exact.

3 Q. : Pouvez-vous me donner le nom de l’une ou l’autre de ces personnes

4 avec qui vous étiez de garde ?

5 R. : Quelques noms que je pourrais mentionner, ce devrait être Becirevic

6 Anes, Modronja Suad, Modronja Senad, Modronja, Gromilic est le nom

7 de famille, je ne me souviens pas de son prénom.

8 Q. : Excusez-moi -- vous étiez encore en train de réfléchir et je vous ai

9 interrompu. Y a-t-il autre chose que vous aimeriez nous dire sur les

10 noms des personnes qui étaient de garde avec vous ?

11 R. : Je ne me souviens pas exactement des vrais noms et je n’ai pas envie

12 de mentionner des surnoms que, peut-être, la Cour ne -- je ne sais

13 pas leur nom et prénom.

14 Q. : Est-ce que l’un d’entre vous avait des armes pendant que vous gardiez

15 l’hôpital ?

16 R. : Oui.

17 Q. : Quand vous parliez des gardiens à l’hôpital (expurgé)

18 s’agissait-il d’hommes qui étaient à peu près du même âge que vous,

19 plus âgés ou plus jeunes ?

20 R. : Eh bien, d’âges différents.

21 Q. : Quelle était la tranche d’âge du groupe à l’hôpital ? Quel âge avait

22 le plus jeune et le plus âgé ?

23 R. : Le plus jeune -- il faudrait que je revienne quatre ans en arrière

24 maintenant -- environ 17 ans, ce devrait être l’âge du plus jeune,

25 et 45, plus ou moins 45 ans, pour le plus âgé.

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1 Q. : Combien d’endroits aviez-vous décidé de garder à Kozarac ?

2 R. : Environ, pour ce que j’en sais, le nombre d’endroits qui étaient

3 gardés, pour ce que j’en sais, il y en avait plusieurs. Je peux en

4 citer un, si nécessaire.

5 Q. : Vous pouvez peut-être nous donner la liste des endroits à Kozarac où

6 il y avait des gardiens, alors ?

7 R. : Je pourrais en énumérer certains que je connais et il s’agit

8 approximativement de l’hôpital, de l’emplacement de l’église, de

9 l’emplacement de la Commune locale, de l’emplacement de la poste;

10 y (expurgé) la

11 fontaine du triangle et, plus tard, il fut déplacé plus loin. Un

12 autre était sur la même route qui menait de l’église à Kamicani, à

13 côté d’un café, nous l’appelions «Devetka». C’est tout ce que je

14 sais.

15 Q. : En y repensant, vous souvenez-vous quand ces endroits ont commencé à

16 être gardés ?

17 R. : A ma connaissance, pour ce que j’en sais, environ un mois ou un peu

18 avant l’éclatement de la guerre.

19 Q. : De garde à l’église, la nuit où vous avez eu une conversation avec

20 les jeunes gardiens, combien de personnes y avait-il ?

21 R. : Quatre ou cinQ. : L’un de ces chiffres est exact, mais je ne suis pas

22 sûr en ce qui concerne un homme, quatre ou cinq personnes.

23 Q. : Comment s’appelaient les gens qui étaient de garde à l’église ?

24 R. : Je ne pourrais pas énumérer tous les gens, mais je vais vous donner

25 certains des noms que je connais. En fait, je vais plutôt vous

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1 donner des noms de famille.

2 Q. : Donnez-nous n’importe quel nom qui, selon vous, pourrait permettre

3 d’identifier les gens.

4 R. : Ce nom est très facile à reconnaître. Le nom de famille est Besic;

5 c’est-à-dire un homme un peu plus âgé qui bégaie, et je peux aussi

6 reconnaître sa maison si vous le voulez, mais je ne peux pas vous

7 dire son prénom parce que je ne le connais pas. Nous l’appelions

8 tous «Mucko» et, à Kozarac, nous nous identifions de cette manière

9 plutôt que par notre nom et prénom.

10 Q. : D’autres noms de gardiens à l’église cette nuit-là ?

11 R. : Les autres qui étaient là près de l’église cette nuit-là étaient en

12 fait des enfants, et je ne pourrais pas donner leur nom, parce qu’il

13 y avait une différence d’âge entre moi et eux, et je ne

14 m’aventurerais tout simplement pas à donner leurs noms parce qu’en

15 fait, je ne les connais pas.

16 Q. : Quand ils montaient la garde à l’église, où était à peu près leur

17 position, ou avaient-ils plusieurs postes ?

18 R. : Non, il n’y avait qu’un poste central, et ceci s’explique quand on

19 regarde l’une de ces illustrations qui représentaient Kozarac. Pour

20 essayer de vous dessiner cette illustration, la route qui menait à

21 Marsala Tita conduit à l’église et continue ensuite jusqu’à

22 Kamicani, puis l’intersection de cette route avec la route qui mène

23 à l’hôpital, maintenant la ligne entre cette route et l’hôpital, est

24 reliée par un petit sentier. Au /sic/ -- il y a une petite pente et,

25 au coin, quand vous descendez ici, il y a un arbre énorme. Ils

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1 étaient au pied de cet arbre. Donc, tout à fait en bas de cette

2 pente, à environ cinq ou six mètres.

3 Q. : Est-ce cet arbre devant l’église ?

4 R. : Quand on regarde l’église, quand on regarde de cet endroit, c’est

5 juste devant l’église, mais cet arbre est près de la clôture autour

6 de l’église, et la distance qui sépare cet arbre de l’église est

7 d’une quinzaine de mètres.

8 Q. : A quel moment les enfants sont-ils venus vous parler ce soir-là ?

9 R. : C’était, comme nous le dirions, tard, entre 11 heures et minuit.

10 Q. : Donc, il faisait noir à cette heure-là ?

11 R. : Assez.

12 Q. : Les noms des enfants qui sont venus vous parler et vous dire ce qui

13 s’était passé, pouvez-vous nous donner leur nom ?

14 R. : Je peux donner -- Je peux donner le nom du père, mais, là encore, je

15 ne peux pas donner le nom du père, mais je peux donner

16 l’orientation, parce que la seule station de lavage de voitures

17 appartenait à Juso, je ne sais pas son nom de famille, mais le plus

18 jeune de ses fils -- à propos, il avait deux fils -- le plus jeune

19 de ses fils était /sic/ cette nuit-là.

20 Q. : Donc, combien de gens sont venus vous parler ?

21 R. :Un autre type est venu de là, pas celui que je viens de mentionner,

22 mais un autre type est venu --maintenant, comment dirais-je --

23 complètement affolé. D’autres se sont cachés immédiatement quand ils

24 l’ont découvert, quand ils l’ont vu, quand ils ont commencé à

25 courir. C’était le moment où ils ont commencé à courir. Il était

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1 très ébranlé quand il nous a rejoints et disait, commençait à dire :

2 «Eh bien, nous venons de voir Dule Tadic. Il porte quelque chose

3 mais je ne sais pas quoi. Il est là-bas.» Ce fut très bref.

4 Le reste de l’histoire que je vous ai racontée s’est déroulé

5 immédiatement après, parce que nous étions à cet endroit près de

6 l’hôpital, puis nous avons couru pour voir. La fin de l’histoire a

7 alors été racontée par ces gens-là.

8 Q. : Donc, vous n’avez pas vu Dule Tadic ?

9 R. : Non.

10 Q. : Quand ces gens vous ont parlé, savez-vous s’ils avaient été de garde

11 comme gardiens à l’église ?

12 R. : Je vous dirai une chose d’emblée. Il n’y avait aucun ordre établi ou

13 la liste de quand et comment on allait monter la garde. Parfois, je

14 me disais : «Eh bien, allons voir le climat qui règne ici; y a-t-il

15 quelque raison que nous ayons une petite fête, que nous racontions

16 des histoires drôles, que nous racontions certains événements, pour

17 passer le temps agréablement.»

18 Q. : Les aviez-vous vus de garde à l’église ?

19 R. : Personnellement, je ne suis pas descendu avant tout ce qui allait se

20 passer. Je suis resté là-haut tout le temps. La garde, notre garde

21 ne signifiait pas la patrouille.

22 Q. : Avaient-ils des armes avec eux quand ils gardaient l’église ?

23 R. : Oui, ils avaient des armes, d’après ce que j’ai pu voir immédiatement

24 après l’événement quand nous nous sommes rencontrés.

25 Q. : Donc, est-ce que je résume bien en disant qu’à l’église, un homme

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1 plus âgé, qui s’appelait Besic, était de garde, et les autres

2 étaient des enfants qui gardaient l’église ?

3 R. : Oui.

4 Q. : Ai-je raison de dire aussi ceci, que Besic n’est pas venu vous

5 parler ?

6 R. : Non -- enfin, oui, c’est exact, il ne nous a pas parlé.

7 Q. : Mais plusieurs enfants vous ont parlé, y compris le père de l’enfant

8 qui, lui-même, n’avait pas été de garde à l’église ?

9 R. : La première fois que nous avons entendu dire que quelque chose était

10 arrivé là-bas, c’est un enfant qui nous l’a dit, et seulement une

11 très petite partie, comme je viens de le mentionner. Le reste de

12 l’histoire nous a été raconté par les autres personnes qui étaient

13 restées là et c’étaient ces enfants-là et ce vieil homme, Besic, que

14 j’ai mentionné.

15 Q. : Serait-il exact de dire qu’on vous a dit avoir vu M. Tadic qui

16 portait un jerrycan ?

17 R. : Oui, c’est vrai.

18 Q. : Savez-vous où on l’a vu avec son jerrycan, où il était ?

19 R. : Pour essayer d’expliquer de quelle direction il venait, de la route

20 de Marsala Tita et de la route transversale qui mène à l’église,

21 c’est-à-dire nous venons de la direction de la rue Marsala Tita.

22 M. KAY : Je crois que cela nous aiderait si la pièce à conviction 196

23 était affichée à l’écran. Je ne sais pas si Madame le Président en

24 garde une copie ? Quelqu’un pourrait peut-être le mettre sur le

25 rétroprojecteur. Merci, M. Bos.

Page 2573

1 (Au témoin) : Vous pourriez peut-être indiquer avec la baguette la

2 direction dans laquelle on vous a dit que Dusko Tadic marchait vers

3 l’église. Je crois que vous avez fait mention de la rue Marsala

4 Tita.

5 R. : J’ai mentionné la rue Marsala Tita simplement pour expliquer d’où il

6 venait et je vais maintenant montrer la direction d’où il venait.

7 (Le témoin indique la direction).

8 Q. : Donc, on vous a dit qu’il venait du carrefour qui est là d’où partait

9 votre baguette, est-ce exact ? Si vous pouviez peut-être indiquer

10 d’où il est parti d’après ce qu’on vous a dit ?

11 R. : La référence la plus simple que nous pourrions faire visuellement est

12 que la grand-route, de Prijedor à Banja Luka.

13 Q. : Gardez votre baguette à l’endroit d’où il est parti, d’après ce que

14 vous dites qu’on vous a dit. Est-ce à l’arrière de l’église ?

15 R. : Oui.

16 Q. : Vous pouvez peut-être indiquer où se trouve l’arbre où les

17 sentinelles auraient été de garde ?

18 R. : (Le témoin indique l’endroit).

19 Q. : Merci. Vous dites qu’on vous a dit qu’il transportait de l’essence ?

20 R. : Oui, oui.

21 Q. : Vous pourriez peut-être expliquer comment on savait qu’il y avait de

22 l’essence qui était transportée ?

23 R. : Eh bien, parce qu’il a laissé, laissé le jerrycan avec l’essence

24 quand il s’est sauvé en courant. Il l’avait abandonné.

25 Q. : Avez-vous vu le jerrycan ?

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1 R. : Oui, je l’ai vu et nous l’avons trouvé ensemble.

2 Q. : Pourquoi ne nous l’avez-vous pas dit avant ?

3 R. : Je ne l’ai pas dit parce que, si je raconte tous ces petits détails,

4 je vais rester ici dix jours.

5 Q. : N’est-ce pas un détail important dont, si vous disiez la vérité, vous

6 nous auriez parlé avant ?

7 R. : Oui, un détail très important. Je ne l’ai tout simplement pas

8 mentionné.

9 Q. : Merci. Vous avez dit hier que vous deviniez qu’il voulait provoquer

10 un incident.

11 R. : Vous voulez dire des questions sur Tadic ?

12 Q. : Oui.

13 R. : Si cela a trait à Tadic, oui. La réponse est oui.

14 Q. : Pourquoi avez-vous deviné à ce moment-là ?

15 R. : Eh bien, une des raisons pour lesquelles j’avais fait cette

16 supposition est qu’il est tout à fait stupide de se promener la

17 nuit, le jour, avec un jerrycan à la main, et de ne pas emprunter

18 les routes principales. Cela n’a pas grand sens, vraiment.

19 Q. : Y avait-il une raison pour laquelle les enfants s’en sont rapportés à

20 vous et pas à quelqu’un d’autre ?

21 R. : Je ne suis pas le seul à qui l’incident a été raconté. Il a été

22 raconté à tous les gens qui sont venus là.

23 Q. : Je veux passer maintenant à l’offensive contre Kozarac le 24 mai et à

24 ce que vous avez vu ce jour-là. Vous nous avez dit hier que, lorsque

25 le bombardement a commencé à 13 h 45, que vous avez mis vos

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1 vêtements militaires et êtes allé garder l’hôpital, n’est-ce-pas ?

2 R. : Oui.

3 Q. : Vous êtes resté de garde à l’hôpital jusqu’à 8 heures ou 9 heures du

4 soir quand vous avez quitté l’église pour aller voir votre famille ?

5 R. : Premièrement, je n’étais pas à l’église. J’étais près de l’hôpital.

6 Q. : Quitté le poste de contrôle, excusez-moi, je n’ai pas bien lu mon

7 écriture. Vous avez quitté le poste de contrôle où vous étiez à

8 l’hôpital et êtes allé voir votre famille ?

9 R. : Oui, c’est exact.

10 Q. : Merci. Jusqu’à ce moment-là, les bombardements sur Kozarac n’avaient

11 pas cessé depuis 1 h 45 ou y avait-il eu des interruptions des

12 tirs ?

13 R. : Il y avait de très brèves interruptions. Je dirais uniquement ce

14 qu’il fallait pour recharger tous les canons qui bombardaient.

15 Q. : Quand vous étiez de garde à l’hôpital, où vous étiez-vous posté à peu

16 près ?

17 R. : Eh bien, moi et les autres, nous étions à l’hôpital, dans l’immeuble.

18 Q. : Combien de personnes environ y avait-il avec vous ?

19 R. : Je ne sais pas exactement combien de membres du personnel de

20 l’hôpital étaient là. En tout, peut-être une trentaine de personnes.

21 Je dirais une trentaine de personnes, pour autant que je m’en

22 souvienne.

23 Q. : Vous, avec quelques autres, étiez là aux fins de garder cette

24 position, qui avait été l’endroit où vous aviez été de garde les

25 jours précédents, n’est-ce-pas ?

Page 2576

1 R. : Ce n’était pas le même endroit. C’était -- l’endroit était à un

2 virage, près de l’entrée de l’hôpital et, ce jour-là, j’étais à

3 l’hôpital.

4 Q. : Pouviez-vous voir quel était l’effet du bombardement sur Kozarac ? Y

5 avait-il du feu ? Les immeubles étaient-ils endommagés ?

6 R. : Il y avait des coups de feu, il y avait des tirs, partout dans

7 Kozarac. Avoir une idée de quelles maisons brûlaient, étaient

8 atteintes, est impossible à définir avec précision.

9 Q. : (expurgée)

10 (expurgée)

11 (expurgée)

12 R. : (expurgée)

13 (expurgée)

14 Q. : (expurgée).

15 R. : (expurgée)

16 Q. : Entre l’hôpital (expurgé), il y a beaucoup de maisons, de

17 jardins, de cours, de garages, de remises, de bâtiments ?

18 R. : Oui.

19 Q. : Si nous regardons sur ce plan, ces détails ont été supprimés pour de

20 bonnes raisons, mais c’est comme cela dans la réalité ?

21 R. : Oui, c’est exact.

22 Q. : Vous avez dit à la Cour hier que, quand vous êtes venu vérifier si

23 tout allait bien pour votre famille, vous êtes venu à pied de

24 l’hôpital et, sur la route, vous avez vu Dusko Tadic et Bosko

25 Dragicevic, n’est-ce-pas ?

Page 2577

1 R. : Oui, c’est exact.

2 Q. : Pendant que nous regardons ce plan, pourriez-vous identifier à peu

3 près, sur ce plan, où vous avez vu ces deux-là quand vous avez quitté

4 l’hôpital ?

5 R. : Oui, je peux les identifier. (Il les indique sur le plan).

6 Q. : Merci. Nous pouvons tous le voir. Ce serait difficile à exprimer,

7 Madame le Président, de manière formelle, à moins que quelqu’un ne

8 puisse y apporter une amélioration, mais il semble --- (Au témoin) :

9 A combien de mètres de l’hôpital ?

10 R. : Si l’on regarde de l’hôpital, il n’y a pas plus de 60 ou 70 mètres. Je

11 crois qu’il faudrait dire environ 90 mètres de l’hôpital.

12 Q. : A quelle distance de l’hôpital étiez-vous quand vous les avez vus pour

13 la première fois ?

14 R. : Environ 250 mètres, si nous prenons cette route directement dans ce

15 petit chemin.

16 Q. : Vous pouvez peut-être indiquer avec votre baguette où vous étiez quand

17 vous les avez vus pour la première fois ?

18 R. : (Il indique l’endroit).

19 Q. : Donc, vous étiez venu le long de la route qui mène à l’hôpital et

20 aviez tourné à droite le long d’un chemin; n’est-ce-pas ?

21 R. : Je suis passé par quelques maisons qui sont ici. Je vais vous montrer

22 où. (Il indique l’endroit).

23 Q. : Oui.

24 R. : J’ai indiqué la direction et la route entre ces maisons et ma position

25 finale.

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1 Q. : Si vous pouviez peut-être nous montrer alors en déplaçant ce bâton

2 depuis l’hôpital quel itinéraire vous avez pris exactement ?

3 R. : D’abord, je suis arrivé ici. (Il indique l’endroit).

4 Q. : Oui. Donc vous avez suivi la route jusqu’à l’hôpital, n’est-ce-pas ?

5 R. : Oui, c’est exact.

6 Q. : Continuez à indiquer votre déplacement jusqu’à la position où vous

7 étiez quand vous dites avoir vu Dusko Tadic et Goran Borovnica pour

8 la première fois.

9 R. : Goran Borovnica ?

10 Q. : Dragicevic.

11 R. : (Il indique l’endroit).

12 Q. : Donc, où vous êtes posté là, est-ce au coin d’un chemin ?

13 R. : Oui.

14 Q. : Si vous pouvez remettre votre baguette à l’endroit où vous dites que

15 Bosko Dragicevic et Dusko Tadic se trouvaient quand vous les avez

16 vus pour la première fois ? Et quelle heure était-il ce soir-là ?

17 R. : Entre ou vers 9 heures.

18 Q. : Y avait-il des immeubles qui brûlaient dans ce quartier qui avaient

19 été bombardés ?

20 R. : Dans les environs immédiats, ici, quand j’étais là au coin de cette

21 petite route, il n’y avait aucune maison qui brûlait à cet endroit.

22 Q. : Se passait-il autre chose à ce moment-là ? Les bombardements se

23 poursuivaient-ils ou avaient-ils cessé ?

24 R. : Le bombardement continuait, mais pas sur cette partie où nous nous

25 trouvions. Kozarac est assez grand, mais il y avait des

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1 bombardements dans d’autres quartiers et on l’entendait très bien.

2 Q. : Peut-être alors, si vous remettez votre baguette au coin du chemin,

3 vous pourriez retracer les mouvements que vous avez faits alors ?

4 R. : (Il indique ce qu’il a fait.) D’après ce que j’ai compris, depuis le

5 coin de la petite route, puis plus loin derrière, derrière une

6 maison, nous avons mentionné la position aux alentours de ce coin,

7 (expurgée)

8 Q. : (expurgée)

9 (expurgée)

10 R. : (expurgée).

11 Q. : Où êtes-vous allé ?

12 R. : Après tout cela, une fois que ce fut fini, je suis retourné vers

13 l’hôpital, c’est-à-dire à l’hôpital. Ce fut ma dernière destination.

14 Q. : Pourquoi avez-vous précédemment fait une déclaration dans laquelle

15 vous avez dit : «Le premier jour de l’attaque, alors que le jour

16 tombait, (expurgé) j’ai grimpé sur la colline en

17 direction de l’hôpital parce que j’étais curieux et je voulais

18 essayer de voir ce qui se passait. En me dirigeant vers l’hôpital,

19 j’ai vu Dusko Tadic et Bosko Dragicevic lancer des fusées

20 éclairantes dans le ciel. Ces fusées éclairantes illuminaient le

21 quartier près de l’hôpital.» J’ai ici une copie de votre déclaration

22 pour l’Accusation que vous avez faite en mai 1995, le 18 et le 19

23 mai. Vous aimeriez peut-être la regarder, M. Q ?

24 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Est-ce différent des pièces à conviction 9 et

25 10 de la Défense ?

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1 M. KAY : Oui.

2 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : -- que vous avez mentionnées hier comme étant

3 ses déclarations ?

4 M. KAY : Oui, Madame le Président. Nous pourrions peut-être présenter ce

5 document comme pièce à conviction 11 de la Défense ?

6 M. TIEGER : Madame le Président, je ne crois pas que nous allons réussir

7 si nous nous y prenons de cette manière, puisque ce document est en

8 anglais.

9 M. KAY : Non, il n’est pas en anglais.

10 M. TIEGER : En avez-vous une traduction ?

11 M. KAY : Oui.

12 M. TIEGER : Puis-je en avoir une copie, s’il vous plaît ?

13 M. KAY : D’accord. (Il transmet le document).

14 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Alors, est-ce la déclaration que le témoin a

15 faite en serbo-croate et qui a été ensuite traduite en anglais, la

16 pièce à conviction 11 de la Défense ?

17 M. KAY : Oui, c’est un document qui nous a été transmis par l’Accusation

18 parmi les déclarations de ses témoins.

19 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Lequel, la version anglaise ou serbo-croate ?

20 M. KAY : J’ai donné la version serbo-croate au témoin. C’est une

21 traduction anglaise que j’ai, Madame le Président.

22 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Laquelle vous a été transmise ? La version

23 anglaise ou serbo-croate ?

24 M. KAY : Les deux.

25 M. TIEGER : Pour clarifier la procédure, la déclaration proprement dite

Page 2581

1 est une déclaration en anglais qui est interprétée au témoin. La

2 traduction, la traduction serbo-croate, a été faite par la suite et

3 n’aurait jamais été présentée au témoin.

4 M. KAY : Cela ne pose aucun problème. Peut-être si l’Accusation avait

5 l’amabilité de soumettre au témoin la version qui a été recueillie

6 en anglais qui est assortie d’une déclaration d’authentification de

7 la traduction et la signature de ce témoin en regard de cette

8 authentification.

9 M. TIEGER : Ce n’est pas un problème d’authentification. Je tiens compte

10 du fait que le document que la Défense a présenté est une traduction

11 de la déclaration anglaise mais, pour que la Cour la comprenne, les

12 représentants anglophones du Tribunal recueillent les déclarations

13 des témoins en anglais. Une fois achevée, cette déclaration est

14 relue au témoin et elle est traduite, puis la déclaration en anglais

15 devient la déclaration dont on se sert. Cette déclaration est

16 ensuite traduite pour la Défense. Donc, le témoin n’aura jamais vu

17 la version serbo-croate à tel point qu’il peut y avoir le genre de

18 problèmes de traduction que nous avons rencontrés périodiquement.

19 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Qui a préparé la traduction serbo-croate ?

20 M. TIEGER : Le Greffe.

21 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : D’accord, et ce témoin n’a jamais vu la

22 traduction serbo-croate; c’est ce que vous êtes en train de dire ?

23 M. TIEGER : Pas selon la procédure normale et, à ma connaissance, il ne

24 l’a pas vue.

25 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Bos, vouliez-vous me dire quelque chose,

Page 2582

1 me donner des renseignements, en ce qui concerne le rôle du Greffe ?

2 Nous connaissions bien sûr le problème de traduction et l’effet de

3 la traduction quand l’Accusation a introduit une requête pour la

4 Défense, les déclarations des témoins à décharge, je me souviens, la

5 Défense a adopté la position suivante : «Eh bien, vous savez,

6 celles-ci ont été recueillies dans une autre langue et quand elles

7 seront traduites, il va y avoir des problèmes.»

8 Je ne sais pas quoi faire d’autre que de la recevoir et de lui

9 donner le poids que nous jugeons approprié. Je comprends que, comme

10 nous avons entendu les traductions de l’anglais au serbo-croate

11 simplement hier, les «rags» (haillons) en anglais par rapport à

12 «rake» (râteau), puis c’était une fourche à foin. Ces choses-là se

13 sont produites. Mais c’est une déclaration et je crois que M. Kay

14 devrait pouvoir continuer avec la déclaration et voyons quels

15 problèmes surgissent, le cas échéant, en ce qui concerne les

16 traductions.

17 M. KAY : Si la Cour pouvait me permettre de continuer de cette manière. Je

18 crois que ce témoin parle peut-être un peu anglais. Je ne sais pas

19 si vous lisez l’anglais, Monsieur ? (Au témoin) : Lisez-vous

20 l’anglais ?

21 R. : Non.

22 M. KAY : Cela vient de clore la question.

23 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Je suppose que si vous voulez le contester

24 avec une déclaration précédente, la déclaration qui devrait être

25 utilisée est la déclaration en serbo-croate, pour que vous puissiez

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1 lui demander : «Je vais vous montrer la déclaration. Est-ce la

2 déclaration que vous avez faite ?»

3 M. KAY : Oui.

4 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Alors, il peut dire «oui» ou «non» ? Puis,

5 vous lui demandez : «En regardant le serbo-croate, avez-vous dit

6 ceci ou cela ? Vous vous servirez, bien sûr, de la version anglaise,

7 et espérons que la traduction en anglais correspond à ce qu’il y

8 avait en serbo-croate. Puis, vous aurez l’occasion d’expliquer

9 pourquoi il y a une différence, s’il y a une différence, mais vous

10 devrez travailler avec la version serbo-croate avec lui.

11 M. KAY : C’est pourquoi j’ai choisi ce document. Merci.

12 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : C’est la pièce à conviction 11 de la

13 Défense ?

14 M. KAY : La pièce à conviction 11 de la Défense.

15 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : C’est en serbo-croate ?

16 M. KAY : C’est en serbo-croate. (Au témoin) : Vous avez été interrogé en

17 1995 à deux dates différentes; n’est-ce-pas, M. Q ? Vous ne vous

18 souvenez peut-être pas des dates, mais vous vous souvenez avoir été

19 interrogé l’an dernier par l’Accusation pour cette affaire ?

20 R. : Oui, je me souviens de la déclaration que j’ai faite et, pour autant

21 que je m’en souvienne, cela a eu lieu un jour et a duré tard dans la

22 soirée.

23 Q. : Vous aviez une interprète, n’est-ce pas, et vous vous souvenez peut-

24 être de son nom, (expurgé)

25 R. : Nous avions une interprète et je crois, oui, (expurgé), je ne suis pas

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1 certain.

2 Q. : Oui. En fait, vous avez été interrogé par deux hommes qui sont dans

3 la salle d'audience aujourd’hui, vous souvenez-vous d’eux, M. Keegan

4 qui vous a interrogé et M. Tieger qui est assis de l’autre côté du

5 prétoire ?

6 R. : Oui.

7 M. KAY : Je ne me sers pas de cela comme d’un précédent pour

8 l’identification d’un témoin à la barre, Madame le Président!

9 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : A-t-il vu M. Keegan et M. Tieger avant et les

10 voit-il aujourd’hui ? Je ne sais pas.

11 M. KAY (Au témoin) : Après cette entrevue, la déclaration que vous avez

12 faite à ces messieurs et à l’interprète a été signée par vous, vous

13 en souvenez-vous ? Vous aimeriez peut-être regarder cette signature

14 ici. (Le document est transmis au témoin).

15 R. : Oui, j’ai signé ceci.

16 Q. : Oui, avec la date. En fait, vous avez reconnu où vous avez signé

17 votre nom que la déclaration que vous aviez faite vous avait été

18 relue en serbo-croate, vous en souvenez-vous, et que c’était ----

19 R. : Oui, cela a été lu à haute voix en serbo-croate.

20 Q. : Et c’était une déclaration conforme à la réalité, au meilleur de

21 votre connaissance et de votre mémoire ?

22 R. : Oui.

23 Q. : Et vous l’avez faite volontairement pour les poursuites devant le

24 Tribunal pénal international ?

25 R. : Oui.

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1 Q. : Et que /sic/ vous pourriez être appelé à témoigner devant le

2 Tribunal ?

3 R. : C’est ce qu’on m’a dit.

4 Q. : Oui. Vous voudriez peut-être regarder cette déclaration que vous avez

5 ici en serbo-croate et peut-être simplement regarder la première

6 page, comme vous l’avez fait hier pour ces autres déclarations, où

7 est le texte. Le voyez-vous ? Cela commence : (expurgé)

8 (expurgée)

9 R. : Oui.

10 Q. : Cela donne des précisions sur votre passé, où vous habitez, dans ce

11 premier paragraphe; est-ce exact ?

12 R. : Oui.

13 Q Le paragraphe suivant concerne la tension avant l’offensive contre

14 Kozarac, n’est-ce-pas ?

15 R. : Oui.

16 Q. : Le paragraphe suivant concerne la montée des tensions et un groupe

17 d’anciens membres de la Défense territoriale pour mettre en place

18 des observateurs /chargés de surveiller/ certaines institutions

19 importantes dans le village, n’est-ce-pas ?

20 R. : Oui, c’est exact.

21 Q. : Le paragraphe suivant, le paragraphe 4, vous aimeriez peut-être le

22 lire à haute voix en serbo-croate pour qu’il puisse nous être

23 traduit ?

24 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Voulez-vous présenter la pièce à conviction

25 11, et je crois comprendre que c’est la déposition en serbo-croate

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1 du témoin, et il a signé cela ?

2 M. KAY : Oui.

3 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Vous avez une traduction anglaise. Avez-vous

4 une copie pour la Cour ?

5 M. KAY : Je crois qu’il a signé la traduction anglaise et non pas la

6 serbo-croate.

7 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Je vous ai mal compris. Vous lui avez demandé

8 de regarder sa signature et je crois que je me suis égarée.

9 M. KAY : J’ai retiré l’attestation du témoin parce que ces déclarations

10 sont accompagnées de certifications des traducteurs et d’une

11 attestation du témoin.

12 JUGE STEPHEN : Pourrais-je clarifier ce que je comprends ? La déclaration

13 a été faite par lui, bien sûr, en serbo-croate, mais elle est

14 écrite, ayant été traduite en anglais ?

15 M. KAY : Oui.

16 JUGE STEPHEN : Il a ensuite signé la copie anglaise et, par la suite, le

17 Greffe l’a de nouveau traduite en serbo-croate ?

18 M. KAY : Oui, mais il y a une étape importante dans le fait que la

19 déclaration lui a été relue en serbo-croate ---

20 JUGE STEPHEN : Oui.

21 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Cela n’a pas été signé.

22 M. KAY : -- par le traducteur. C’est ce que j’ai lu à haute voix et c’est

23 signé.

24 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Mais cela n’a pas été signé ? Cette

25 déclaration en serbo-croate n’a pas été signée ?

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1 M. KAY : Celle-là a été signé par lui sur la déclaration en anglais parce

2 qu’elle a été traduite pour lui. «Cette déclaration m’a été relue en

3 serbo-croate», et elle est donc jointe au document anglais.

4 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : La pièce à conviction 11 est une déclaration,

5 dites-vous, de Q en serbo-croate qui n’a pas été signée, mais la

6 version anglaise a été signée ?

7 M. KAY : Oui.

8 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Je suggérerais que l’on présente les deux, et

9 j’aimerais avoir une copie de la traduction anglaise. M. Tieger,

10 vous aviez une objection, il me semble, à ce sujet ? Je vais écarter

11 votre objection. Votre objection, si je comprends bien, a trait à

12 l’ensemble du processus et au poids qu’il faudrait accorder aux

13 traductions, mais nous résoudrons cela plus tard.

14 Donc, la pièce à conviction 11 sera versée au dossier. Cela ne sera

15 d’aucune utilité à moins que nous n’ayons aussi une copie de

16 l’anglais, donc pourquoi n’en faites-vous pas les pièces à

17 conviction 11A et 11B et j’aimerais avoir une copie de l’anglais, si

18 vous avez une copie pour la Cour, s’il vous plaît ?

19 M. KAY : Madame le Président, les miennes sont pleines d’annotations, je

20 crains. Ce que j’ai fait, comme nous jouons à saute-mouton, j’ai des

21 copies du document serbo-croate, si la Cour le veut.

22 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Je ne voulais que suivre le témoignage. Vous

23 avez donné au Procureur une copie de l’anglais et le serbo /sic/,

24 pourtant ?

25 M. KAY : Il l’a de toute manière. Le procureur l’a de toute façon et il me

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1 l’a donnée.

2 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : D’accord. La pièce à conviction 11A de la

3 Défense sera versée au dossier. La pièce à conviction 11B de la

4 Défense sera versée au dossier. La pièce à conviction 11A de la

5 Défense est la version serbo-croate. La pièce à conviction 11B est

6 la version anglaise.

7 M. KAY : Oui.

8 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Notre conseillère juridique principale

9 suggérait, peut-être, de mettre la version anglaise sur le

10 rétroprojecteur, donc, si vous comptez poser des questions, nous

11 pouvons la regarder aussi.

12 M. KAY : C’est une excellente idée. Si vous pouviez mettre la première

13 page ? Il y a une solution.

14 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : C’est la pièce à conviction 11B.

15 M. KAY : Si j’indique la page à M. Bos, nous sommes en train de regarder

16 le quatrième paragraphe. Est-ce que la Cour voit ?

17 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Oui.

18 M. KAY : L’offensive contre Kozarac, c’est le quatrième paragraphe. (Au

19 témoin). M. Q, vous pourriez peut-être lire à haute voix en serbo-

20 croate ce quatrième paragraphe pour qu’on puisse nous le traduire

21 pendant que vous le lisez.

22 R. : Je vais le lire, mais est-ce que cela reflète le sens véritable de la

23 version anglaise ? Je ne sais pas, mais je vais essayer de lire ce

24 que j’ai devant moi. «En raison de la tension sans cesse croissante,

25 un groupe des anciens membres de la Défense territoriale» -----

Page 2589

1 Q. : Le paragraphe suivant.

2 R. : Excusez-moi. «L’offensive contre Kozarac a commencé le 24 mai 1992

3 dans l’après-midi. A la radio locale serbe, nous avons entendu que

4 l’armée serbe traverserait la région. Tout le monde savait qu’il se

5 passait quelque chose. J’étais en train de manger chez moi quand les

6 premiers obus sont tombés. J’ai eu un choc. Nous sommes

7 immédiatement descendus au rez-de-chaussée. Les explosions ont

8 continué jusqu’à la fin de la journée et ont continué le lendemain.

9 Le soir du premier jour de l’attaque, je suis sorti de la maison et

10 je suis parti pour l’hôpital. J’étais curieux et je voulais voir ce

11 qui se passait. En me rendant à l’hôpital, j’ai vu Dusko Tadic et

12 Bosco Dragicevic qui lançaient des fusées en l’air. Une dizaine de

13 minutes plus tard, ils tiraient le projectile, cette zone serait

14 bombardée.»

15 Q. : Y avait-il une phrase qui a été oubliée, l’avant-dernière ?

16 R. : J’ai lu tout ce qu’il y a ici.

17 Q. : Merci. Vous voyez dans cette déclaration ici que vous avez faite en

18 serbo-croate et qui vous a été relue, vous avez déclaré que vous

19 aviez été chez vous et que vous êtes allé dans la cave de votre

20 maison quand les explosions ont commencé, n’est-ce-pas ?

21 R. : Je n’ai pas déclaré ici quelle maison, ni quelle cave, d’après ce que

22 je comprends de la traduction serbo-croate de ce que j’ai dit.

23 Q. : Je crois que vous avez dit (et l’on me corrigera si je me trompe) que

24 vous étiez chez vous en train de manger quand ont eu lieu les

25 premières explosions ?

Page 2590

1 R. : C’est ce que cela dit dans la déclaration ici, mais cette déclaration

2 n’a pas été recueillie, à ma connaissance, d’une heure à l’autre,

3 pour couvrir chaque seconde.

4 Q. : Non, mais elle concorde avec le témoignage que vous avez donné hier à

5 la Cour selon lequel, lorsque les premières explosions ont eu lieu,

6 vous étiez chez vous en train de manger, est-ce exact ?

7 R. : Hier, j’ai dit que, quand j’étais chez moi et que j’étais en train de

8 manger, et quand j’ai vu les premiers obus, et c’était quand je suis

9 allé à l’hôpital, c’est-à-dire quand je les ai vus en fait ou,

10 plutôt, /quand j’ai/ entendu les obus tomber.

11 Q. : Oui. Vous nous avez dit hier que vous avez arrêté de déjeuner, vous

12 êtes changé immédiatement et êtes allé à l’hôpital; mais dans cette

13 déclaration, vous nous dites que vous êtes allé à l’étage sous le

14 rez-de-chaussée et qu’il était plus tard, comme c’était le soir, que

15 (expurgé) vous avez grimpé la colline

16 jusqu’à l’hôpital ?

17 R. : C’est ce qui est dit dans cette déclaration mais, comme je l’ai dit,

18 ils n’étaient pas -- il n’y avait aucune information complète sur

19 tous mes mouvements.

20 Q. : Non, mais cela dit, et vous leur avez dit, que vous étiez curieux et

21 que vous vouliez voir ce qui se passait ?

22 R. : Madame le Président, Messieurs les juges, puis-je expliquer quelque

23 chose pour tenir compte de tous les éléments ? Je parle en mon

24 propre nom et aucun d’entre nous ne s’attendait à ce qu’un tel

25 bombardement ait lieu comme il s’est produit. J’étais abasourdi

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1 parce que tout ce qui se passait, on ne pouvait le voir que dans des

2 films sur la guerre, et tout désir de savoir si quelque chose

3 s’était passé ici ou là, je crois, animerait n’importe quel homme,

4 et c’est ce qui m’animait.

5 Si une erreur a été faite dans cette première déclaration qui a été

6 lue, c’est possible parce qu’on n’a pas tenu compte du véritable

7 déroulement des événements. Tout ce qui a été recueilli l’a été de

8 manière très superficielle. Hier, je crois que je n’ai jamais fait

9 une déclaration plus complète de ma vie qu’hier, et je peux dire que

10 je ne peux pas vraiment donner une évaluation des pourcentages, mais

11 une grande partie de ma vie était ce dont je vous ai parlé hier.

12 Merci beaucoup.

13 JUGE STEPHEN : Excusez-moi, mais j’ai l’impression que je reçois le serbo-

14 croate à un volume élevé, et il m’est très difficile d’entendre la

15 traduction. J’entends la traduction aussi mais le serbo-croate est

16 amplifié. Est-ce que tout le monde est dans la même situation ?

17 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Non, mais je crois que le témoin parle plus

18 fort que les traducteurs, donc, parfois, je baisse /le volume/ quand

19 il parle. Aucun problème. J’aimerais cependant dire simplement ceci,

20 Monsieur, vous avez donné votre explication à propos de cette

21 déclaration que vous avez faite au départ et de votre témoignage

22 hier, et nous avons entendu cela. Maintenant, toutefois, M. Kay va

23 vous soumettre à un contre-interrogatoire à propos de la

24 déclaration, donc vous devriez répondre à ses questions au fur et à

25 mesure qu’il vous les posera. Allez y, M. Kay.

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1 M. KAY : Merci, Madame le Président. (Au témoin) : Pouvez-vous expliquer,

2 néanmoins, pourquoi vous avez dit deux choses différentes à deux

3 occasions : une fois, que vous étiez chez vous et que vous êtes allé

4 à l’hôpital et, l’autre fois, que vous aviez été à l’hôpital pour la

5 même période et que vous en étiez parti et revenu chez vous ? C’est

6 plus qu’une erreur associée à la traduction, n’est-ce-pas ?

7 R. : Oui.

8 Q. : Avez-vous donné ces deux versions différentes parce que ce que vous

9 avez dit n’était pas la vérité ?

10 R. : Tout ce que j’ai dit était vrai.

11 Q. : Le quartier où vous dites que les obus seraient tombés après que les

12 fusées éclairantes ont été lancées en l’air par M. Tadic et M.

13 Dragicevic, cela aurait été très près de la maison de M. Tadic,

14 n’est-ce-pas ? Regardez le plan 196, la pièce à conviction 196. Vous

15 avez dit qu’après que les fusées éclairantes ont été lancées en

16 l’air peu après la chute des obus dans le quartier. Cela aurait été

17 autour de la maison de M. Tadic, n’est-ce-pas ?

18 R. : Eh bien, pas vraiment aussi près, parce que les obus tombaient de la

19 direction de Prijedor vers Kozarac, donc ce serait autour de

20 l’hôpital parce que les fusées éclairantes, la fusée éclairante

21 proprement dite a été lancée en direction de l’hôpital.

22 Q. : L’hôpital n’a pas été bombardé, n’est-ce-pas ?

23 R. : A frappé le premier soir et le premier jour et le premier soir, je ne

24 -- je ne peux pas évaluer le nombre d’obus parce que je ne les ai

25 pas comptés, mais il y avait des centaines d’obus qui tombaient

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1 autour de l’hôpital et sur l’hôpital.

2 Q. : L’hôpital n’a pas été bombardé, alors, n’est-ce-pas ?

3 R. : Je ne sais pas s’il a été bombardé alors. De notre -- de là où nous

4 nous trouvions, de notre angle, nous voyions où l’obus tombait à peu

5 près et, même en théorie, il n’aurait pas pu tomber au-delà de

6 l’hôpital. Théoriquement, ils n’auraient pas pu manquer l’hôpital.

7 Q. : J’aimerais maintenant passer à d’autres points. Vous nous avez dit

8 que l’hôpital avait été déplacé de son endroit habituel, que les

9 gens qui s’y trouvaient ont été transférés au motel, n’est-ce-pas ?

10 R. : Oui.

11 Q. : Quand sont-ils partis par rapport à l’offensive contre Kozarac, à

12 quel stade ?

13 R. : Le deuxième jour.

14 Q. : Vous souvenez-vous à quel moment ce déplacement s’est fait ?

15 R. : Eh bien, je dirais à partir de 10 heures du matin. Ce serait comment

16 je calcule le temps, que le début était vers 10 heures.

17 Q. : Etiez-vous à l’hôpital à ce moment-là et avez-vous participé au

18 déménagement au motel ?

19 R. : J’ai contribué au déménagement de l’hôpital.

20 Q. : Est-ce que tout l’hôpital a été déménagé à l’hôtel ou est-ce que

21 certaines personnes sont restées dans le vieux bâtiment ?

22 R. : Oui, deux personnes sont restées.

23 Q. : Donc, tous les malades de l’hôpital, les médecins et d’autres membres

24 du personnel ont déménagé, sauf deux personnes ?

25 R. : Ils n’ont pas été transférés par deux personnes. Deux personnes sont

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1 restées dans l’hôpital.

2 Q. : Je crois que je n’ai pas compris la traduction ici. Ont-ils pris

3 l’équipement de l’hôpital quand ils sont partis au motel ?

4 R. : Un peu seulement; pour ce que j’en sais, ils ont pris des pansements,

5 des trousses de secours, quelques comprimés, en général tout ce dont

6 on a besoin pour des premiers soins, pour des blessures et des

7 comprimés.

8 Q. : Combien de temps êtes-vous resté au motel ?

9 R. : Jusqu’au début de la soirée ce jour-là.

10 Q. : Donc, c’est le deuxième jour de l’offensive contre Kozarac ?

11 R. : Oui.

12 Q. : Le soir de ce jour-là, où êtes-vous allé ?

13 R. : Dans le bois.

14 Q. : Etes-vous revenu au motel /après/ avoir été dans le bois ce soir-là ?

15 R. : Ce soir-là, quand je suis allé dans la forêt, c’était -- ce devait

16 être à un endroit, pour trouver certaines personnes, pour se parler

17 et s’encourager. Puis, de cet endroit pour aller à un autre, à un

18 troisième, au quatrième, au cinquième, pour tout expliquer.

19 Q. : Je sais que vous êtes allé dans le bois, mais cette question avait

20 pour but de savoir si vous étiez retourné le lendemain au motel où

21 l’hôpital avait été transféré ?

22 R. : Si nous regardons le troisième jour, c’était une direction, un

23 itinéraire, je suis parti pour Kozarac.

24 Q. : Mais êtes-vous retourné au motel ?

25 R. : Je ne suis pas resté au motel. Je suis passé devant parce que, si je

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1 vais chez moi, c’est-à-dire en direction de Kozarac, en termes très

2 simples, je dois passer devant.

3 Q. : Peut-être que si vous regardiez de nouveau avec nous le plan, la

4 pièce à conviction 196 ? Si nous pouvions l’avoir à l’écran, ce qui

5 est le cas en ce moment, nous voyons en haut du plan le mot «motel»,

6 n’est-ce-pas ? Le voyez-vous ?

7 R. : Oui.

8 Q. : Est-ce là que l’hôpital a été transféré ?

9 R. : Oui.

10 Q. : Hier, dans votre témoignage, quand vous avez dit que vous étiez allé

11 dans le bois, ce serait au-dessus du motel sur la carte, n’est-ce-

12 pas ?

13 R. : Oui, c’est exact. Tout autour du motel ou, en termes très simples, la

14 forêt commence immédiatement derrière l’hôtel.

15 Q. : C’est là que vous avez passé cette nuit-là, et puis le troisième jour

16 de l’attaque le matin, vous auriez encore été dans le bois, n’est-

17 ce-pas ?

18 R. : Très tôt le matin.

19 Q. : Oui. Pouviez-vous voir combien d’autres personnes étaient dans le

20 bois à ce moment-là ? Saviez-vous plus ou moins s’il y avait

21 beaucoup de gens ou simplement un petit nombre ?

22 R. : Un très grand nombre de gens, beaucoup de gens, des milliers.

23 Q. : Aviez-vous toujours votre fusil à ce moment-là ?

24 R. : Oui. Oui.

25 Q. : Mais je comprends que vous ne participiez à aucun combat ?

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1 R. : Non.

2 Q. : Y en avait-il d’autres avec vous avec des armes dans le bois ?

3 R. : Quelques-uns.

4 Q. : Mais le matin, avez-vous vu ce qui s’était passé à Kozarac le

5 troisième jour de l’attaque ?

6 R. : Je l’ai vu quand je suis arrivé, quand je suis entré dans Kozarac et,

7 à partir de l’endroit, de l’emplacement du motel, on voit loin parce

8 que l’hôtel est situé sur une élévation plus haute que la région de

9 Kozarac proprement dite.

10 Q. : Donc, dans ce quartier autour du motel où vous et les autres étiez

11 dans le bois, il ne semble pas y avoir eu de soldats ?

12 R. : Eh bien, il n’y avait pas de soldats à cet endroit.

13 Q. : Il serait exact de dire que, derrière vous, là-haut dans la montagne,

14 vous ètiez conscient qu’il y avait de l’artillerie ?

15 R. : Nous l’avons découvert plus tard.

16 Q. : Oui. En étiez-vous conscient à ce moment-là, le 26 ?

17 R. : J’ai entendu beaucoup d’histoires sur la position, sur l’encerclement

18 de Kozarac, sur le renforcement des positions serbes autour de

19 Kozarac, parce que, en termes simples, il y avait tant de rumeurs,

20 tant d’histoires, que cela ne faisait que susciter la peur chez les

21 gens. Tout le monde le savait. Seules quelques personnes savaient

22 exactement où étaient les positions.

23 Q. : Le matin, y avait-il des gens, des familles qui traversaient Kozarac

24 le long de la route de Banja Luka à Prijedor jusqu’à la grand-route

25 là ?

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1 R. : Au tout début, très tôt le matin, il y a eu une certaine agitation

2 dans le bois, il y avait du désordre, un désordre total, dans le

3 bois. Les gens ne savaient pas quoi faire à ce moment-là; et ils se

4 dirigeaient simplement vers Kozarac, s’enfuyaient en courant de la

5 forêt, en formant des colonnes, et en les dirigeant vers Kozarac de

6 la forêt, puis de toutes les parties de Kozarac, une multitude, un

7 grand nombre de gens ont commencé à se joindre plus tard.

8 Q. : Vous avez dit que les gens étaient dirigés à travers Kozarac. Y

9 avait-il des soldats dans la ville ?

10 R. : Quand j’ai vu des soldats dans la ville, dans le centre de Kozarac au

11 triangle, c’est à ce même moment que j’ai vu des policiers tous

12 alignés.

13 Q. : Aviez-vous votre arme avec vous ?

14 R. : Oui.

15 Q. : Donc, vous étiez allé dans le centre de Kozarac seul, n’est-ce-pas ?

16 R. : C’est exact.

17 Q. : Personne d’autre avec vous ?

18 R. : Non, personne n’était avec moi. Chacun essayait de sauver sa vie, en

19 termes simples.

20 Q. : Vous étiez habillé en uniforme militaire ?

21 R. : Je portais des bottes militaires, un pantalon et un manteau doublé en

22 fourrure et une chemise civile.

23 Q. : Aviez-vous des insignes sur votre uniforme ?

24 R. : Oui, j’avais des insignes.

25 Q. : Lesquels ?

Page 2598

1 R. : C’étaient les insignes de l’armée nationale yougoslave, de petites

2 étoiles.

3 Q. : Vous aviez traversé Kozarac comme ça avec une arme jusqu’à l’endroit

4 où se trouvaient les forces serbes ?

5 R. : Je ne suis pas entré dans Kozarac par, le long de la rue Marsala

6 Tita. J’ai emprunté une autre route pour entrer dans Kozarac avec

7 des armes.

8 Q. : Mais, quelle que fût la route que vous avez prise, vous nous dites

9 que vous êtes allé jusqu’au centre même de Kozarac, au bout de la

10 rue Marsala Tita ?

11 R. : (expurgée)

12 Q. : Cela vous aurait placé au coeur des forces serbes, au milieu des

13 forces serbes ?

14 R. : Cela m’a amené à cet endroit.

15 M. KAY : Madame le Président, ce serait peut-être le moment de suspendre,

16 il est /11 h/ 30.

17 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Nous allons suspendre l’audience pendant 20

18 minutes.

19 (11 h 30)

20 (L’audience est brièvement suspendue).

21 (11 h 50)

22 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Kay, vous pouvez continuer.

23 M. KAY : Merci, Madame le Président. (Au témoin) : M. Q, j’aimerais vous

24 poser maintenant quelques questions précises sur la scène à Kozarac

25 le troisième jour où vous avez dit à la Cour que vous étiez retourné

Page 2599

1 au centre. Vous l’avez décrite comme étant chaotique, mais combien

2 de gens étaient là, dans le village, et se dirigeaient vers la rue

3 Marsala Tita ? De combien de personnes s’agissait-il ?

4 R. : Plusieurs milliers de personnes. Je ne pourrais pas vous donner le

5 chiffre exact.

6 Q. : Avaient-ils des possessions avec eux ou ne portaient-ils rien ?

7 R. : Certains oui, d’autres non.

8 R. : Y avait-il quelque mouvement de véhicules le long de la rue Marsala

9 Tita ? Y avait-il des camions ou des remorques, ou quelque autre

10 moyen de transport ?

11 R. : Je n’en ai vu aucun.

12 Q. : Donc, les gens étaient à pied ?

13 R. : Oui, dans la rue du maréchal Tito.

14 Q. : Si l’on regarde le plan de la rue du maréchal Tito, la zone à gauche

15 et à droite de la ville, y avait-il des gens qui traversaient ces

16 quartiers ou ne faisaient-ils que descendre la rue principale ?

17 R. : Les gens descendaient la rue du maréchal Tito. Ils se déplaçaient en

18 colonnes. D’autres personnes se joignaient à eux, de petits groupes

19 se joignaient à eux également, les gens qui vivaient près de la rue

20 du maréchal Tito, des deux côtés de la rue.

21 Q. : Y avait-il des incendies dans la ville ?

22 R. : Oui, certaines maisons étaient en train de brûler.

23 Q. : Quand ils ont descendu la rue Marsala Tita, où allaient-ils

24 exactement après le bout de cette rue ?

25 R. : Ils descendaient la rue du maréchal Tito, jusqu’au triangle et, après

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1 cela, ils étaient sélectionnés -- au début, la plupart d’entre eux

2 ont été dirigés vers Prijedor, et immédiatement après, certains sont

3 allés à Trnopolje, à Sivci et en direction de Trnopolje.

4 Q. : Donc, une fois de plus, est-ce que ces groupes de gens étaient

5 toujours à pied ?

6 R. : Oui.

7 Q. : Donc, si nous regardons notre plan, la pièce à conviction 196,

8 indiquez, si vous pouvez, les directions dans lesquelles les gens

9 allaient, après être arrivés au centre de Kozarac, au triangle ?

10 R. : (Le témoin indique l’endroit sur le plan)

11 Q. : Merci.

12 R. : (Le témoin indique l’endroit sur le plan)

13 Q. : Ces deux routes en haut du plan vous mèneraient à Prijedor, n’est-ce-

14 pas ?

15 R. : La première route que je montre croise la grand-route, la grand-route

16 de Prijedor à Banja Luka.

17 Q. : Oui.

18 R. : Et cette route secondaire, il y a beaucoup de petites rues qui la

19 croisent et qui sont également reliées à la grand-route de Prijedor

20 à Banja Luka.

21 Q. : Oui, et quand vous avez indiqué l’endroit au-delà du terrain de

22 football, c’est dans la direction de Trnopolje ?

23 R. : Oui.

24 Q. : Pourriez-vous nous indiquer où vous vous trouviez exactement sur ce

25 plan quand vous observiez ce qui se passait dans le centre de la

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1 ville ?

2 R. : (Le témoin indique l’endroit sur le plan)

3 Q. : (expurgée)

4 R. : (expurgée)

5 Q. : Vous ne vous êtes pas rendu au triangle vous-même ?

6 R. : Non, je ne suis pas allé au triangle.

7 Q. : (expurgée)

8 R. : (expurgée).

9 Q. : Et vous ne vous êtes pas dirigé vers la rue du maréchal Tito ?

10 R. : Pas dans cette partie autour du triangle, mais en regardant/la rue

11 du/ maréchal Tito, c’est une longue rue, une longue route.

12 Q. : Oui, je ne me préoccupe que de ce qui s’est passé ici, au triangle.

13 R. : Quand je suis venu à cette maison d’où j’observais ceci, j’ai vu un

14 groupe d’une dizaine de gardiens, et j’ai vu un char d’assaut et

15 aussi un grand nombre de soldats serbes armés. J’ai vu aussi un

16 grand groupe de personnes qui étaient stationnées dans le parc de

17 l’école primaire Laza Kondic, les groupes de gens qui allaient dans

18 les directions que je vous ai montrées.

19 Q. : Quand vous dites dix gardiens, que voulez-vous dire ?

20 R. : Je n’ai pas dit dix gardiens, j’ai dit dix policiers. Je voulais dire

21 qu’il y avait beaucoup de gardiens de la Garde nationale serbe à cet

22 endroit. Je ne suis pas sûr du nombre exact, des chiffres exacts.

23 Les gens montaient et descendaient dans cette direction, vers les

24 côtés et ils faisaient beaucoup de bruit, faisaient peur aux gens

25 donc, pour moi, c’était une situation assez chaotique.

Page 2602

1 Q. : Oui. Vous avez décrit un incident qui est censé avoir eu lieu de

2 l’autre côté du triangle par rapport à l’endroit où vous étiez,

3 n’est-ce-pas ?

4 R. : J’ai décrit l’incident qui s’est produit exactement d’un côté de ce

5 triangle en direction de mon point d’observation.

6 Q. : Au moment où vous dites avoir observé ceci, étiez-vous dans un

7 immeuble ou bel et bien dans l’allée ?

8 R. : J’étais derrière la maison. J’étais derrière la maison qui

9 appartenait à Dzevad Asani, et du coin de cette maison, j’observais

10 tout. Aucun Serbe ne pouvait me voir, me remarquer.

11 Q. : Quelle arme aviez-vous avec vous ?

12 R. : Une kalashnikov.

13 Q. : C’est un fusil, n’est-ce-pas ?

14 R. : Oui.

15 Q. : Si les Serbes vous avaient vu avec cela, vous auraient-ils attaqué ?

16 R. : Sans aucun doute.

17 Q. : Pendant combien de temps avez-vous observé le triangle de la position

18 où vous étiez derrière la maison ?

19 R. : La durée exacte, il me serait difficile de vous la donner, peut-être

20 15 minutes, et après cela, j’ai pris peur, parce que je voyais ce

21 qui se passait et, bien sûr, je craignais pour ma vie.

22 Q. : Vous avez dit hier qu’il était venu un temps où vous aviez perdu tout

23 courage et étiez parti. Vous en souvenez-vous ?

24 R. : Oui, j’ai dit que j’avais perdu tout courage, je n’avais plus le

25 courage de regarder cela et j’ai quitté, j’ai quitté la position.

Page 2603

1 Q. : Quand vous avez quitté cet endroit, est-ce que quelqu’un vous a

2 repéré, est-ce que quelqu’un vous a trouvé en train de vous déplacer

3 dans la ville de Kozarac ?

4 R. : Pas dans ce quartier d’où j’observais l’incident; personne ne m’a

5 repéré là, seulement plus tard.

6 Q. : Donc, en regardant le temps que vous avez passé, les 15 minutes, près

7 du triangle, et le moment où vous êtes parti, vous nous avez dit

8 hier que vous avez vu Dusko Tadic frapper un homme, n’est-ce-pas ?

9 R. : J’ai dit hier que j’ai vu Dusko Tadic et Goran Borovnica et

10 l’incident qui a eu lieu à cet endroit.

11 Q. : Ce que vous nous avez dit hier, c’est que vous avez vu Dusko Tadic,

12 en particulier, frapper un homme ?

13 R. : Oui.

14 Q. : Et il n’a pas frappé d’autres hommes ?

15 R. : Je n’ai pas vu s’il avait frappé quelqu’un d’autre. Je l’ai vu

16 frapper une personne et c’est quand ma peur était à son paroxysme,

17 et c’est pourquoi j’ai quitté cette position.

18 Q. : Vous avez dit que vous avez vu Goran Borovnica frapper un homme avec

19 sa main ?

20 R. : Oui.

21 Q. : Est-ce votre souvenir de ce qui s’est passé ?

22 R. : Mon souvenir de ce qui s’est passé est très bref et se présente comme

23 ceci : Goran Borovnica frappe cette personne et, très peu de temps

24 après, M. Tadic recourt à une manoeuvre de karaté pour frapper la

25 même personne dans la jambe droite. Cette personne tombe par terre.

Page 2604

1 Borovnica prend cet homme et le saisit à la gorge et le soulève dans

2 la même position horizontale dans laquelle il était allongé. Voilà

3 la déclaration que j’ai faite hier.

4 Q. : Pourquoi, dans votre déclaration, avez-vous dit quelque chose de

5 différent de ce que vous avez déclaré à l’Accusation l’an dernier ?

6 Vous regarderez peut-être la pièce à conviction 11A de la Défense,

7 et regardez simplement la deuxième page et le paragraphe en haut de

8 cette deuxième page. Voyez-vous, M. Q ? Vous pourriez peut-être lire

9 à voix haute en serbo-croate pour qu’on puisse nous traduire ce que

10 dit ce paragraphe ?

11 R. : «A la caserne, nous avons reconnu Dusko Tadic, Goran Borovnica, Bosko

12 Dragicevic» -----

13 Q. : Puis-je vous arrêter ici quelque temps ? «Aux barricades, nous avons

14 reconnu», étiez-vous seul ou avec d’autres ?

15 R. : J’étais seul.

16 Q. : Est-ce votre propre récit ou quelque chose d’autre que les autres

17 vous ont dit ?

18 R. : C’est mon récit.

19 Q. : Pourquoi avez-vous dit «nous», alors ?

20 R. : Probablement parce que tout cet incident concernant Kozarac, les gens

21 étaient surtout en groupe et c’était en grande partie mon erreur.

22 Q. : Très bien. Continuez peut-être alors avec ce que vous lisiez à voix

23 haute en serbo-croate, vous en étiez à «Bosko Dragicevic» ?

24 R. : «... et d’autres Serbes que je n’ai pas reconnus parce qu’ils

25 n’étaient pas de notre village. Goran Borovnica, Bosko Dragicevic et

Page 2605

1 Tepo, je /les/ ai reconnus parce que c’étaient des Serbes de

2 l’endroit. Outre Tadic et d’autres, à l’intersection, il y avait

3 aussi un groupe de policiers de l’endroit, des Musulmans. L’un

4 d’entre eux s’appelait Alic. J’ai vu Borovnica et Tadic quand ils

5 attaquaient Alic. Borovnica a frappé Alic plusieurs fois avec la

6 crosse de son fusil derrière la tête.»

7 Q. : Arrêtez-vous ici un instant. Qu’était-ce ? Vous avez dit la «crosse

8 de son fusil», vous nous avez dit hier que c’était avec son poing ou

9 sa main, une gifle ou un coup de poing : lequel des deux ? Lequel

10 est la vérité ?

11 R. : La vérité est que, j’espère que vous le comprendrez, aucun des Serbes

12 n’avaient -- aucun des Serbes n’abandonnait son fusil une seconde,

13 et pourquoi je dis dans cette déclaration qu’il a été frappé avec la

14 crosse du fusil, parce que ce n’est pas quelque chose que vous

15 remarqueriez, simplement. Le fusil était dans la main et le coup,

16 qui venait de côté, donc le fusil était dans la main, la main et le

17 coup.

18 Q. : «Borovnica a frappé» -- Je lis -- «J’ai vu Borovnica et Tadic tandis

19 qu’ils attaquaient Alic. Borovnica avec /la/ crosse de son fusil a

20 frappé Alic plusieurs fois derrière la tête.» Vous voyez la

21 différence quand quelqu’un tient un fusil et frappe quelqu’un, et

22 quand quelqu’un les frappe de la main, n’est-ce-pas ?

23 R. : Je vois la différence dans ce coup, mais ce coup qui a bel et bien

24 été donné, la manière dont je viens de le décrire, je dis simplement

25 parfois «avec une main» parce qu’il a été, au cours de l’incident,

Page 2606

1 frappé avec la main, ou parfois je dis avec une crosse de fusil»,

2 mais c’est une seule et même chose, parce que le fusil était dans la

3 main au moment où le coup a été donné.

4 Q. : Vous ne saviez pas hier s’il s’agissait d’une gifle ou d’un coup de

5 poing ?

6 R. : Je ne savais pas parce que, même maintenant, je ne sais pas très bien

7 s’il l’a giflé, avec une crosse de fusil. La manière la plus simple

8 de le dire, c’est que c’était un coup complet avec la main, avec la

9 crosse du fusil, avec /la/ paume, c’était tout ensemble.

10 Q. : Voudriez-vous poursuivre votre lecture jusqu’à la fin du paragraphe ?

11 R. : «Tadic l’a frappé plusieurs fois dans la jambe et la lui a

12 probablement cassée. J’ai également vu Tadic et d’autres Serbes

13 maltraiter d’autres policiers et les gifler, arracher leurs insignes

14 et les insulter.»

15 Q. : Je croyais que vous nous aviez dit hier et il n’y a pas longtemps que

16 les seuls coups que vous aviez vu Tadic donner étaient à cet homme

17 Alic, que Borovnica, ici vous nous avez dit qu’il frappait d’autres

18 policiers ?

19 R. : Oui, c’est ce que j’ai dit hier.

20 Q. : Non, vous n’avez pas dit cela hier.

21 R. : Tout ce qui est écrit ici, je n’ai pas dit cela hier, une partie de

22 ceci, je l’ai dit hier; ce que j’ai vu à ce moment-là quand j’étais

23 debout derrière la maison, ce que j’ai vu se produire à ce moment-

24 là.

25 Q. : Donc, avez-vous mis dans cette déclaration des choses que vous n’avez

Page 2607

1 pas vues ?

2 R. : Non.

3 Q. : Pourquoi, alors, cette déclaration est-elle différente et contient-

4 elle d’autres détails dont vous ne nous avez pas parlé hier et

5 aujourd’hui ?

6 R. : Elle est différente dans le sens où je ne vous ai pas dit, décrit

7 chaque minute de ma vie. C’est la deuxième fois que cela s’est passé

8 quand j’ai vu Tadic à Kozarac avec l’autre groupe de policiers qui

9 se rendaient quand j’ai vu ce qui se passait.

10 Q. : Mais je croyais qu’après, vous aviez perdu courage, comme vous nous

11 l’avez dit hier et aujourd’hui, que vous avez traversé la ville et

12 en étiez parti ?

13 R. : Oui, je suis allé dans le bois.

14 Q. : Oui. Donc, vous n’avez pas vu M. Tadic une deuxième fois ?

15 R. : J’ai vu M. Tadic la deuxième fois, mais je n’ai pas fait de

16 déclaration à ce sujet hier.

17 Q. : Cette déclaration que nous venons de regarder dit : «J’ai également

18 vu Tadic et les autres Serbes maltraiter les autres policiers», ce

19 qui signifie les dix au triangle ?

20 R. : En ce qui concerne la deuxième partie de cette déclaration, je n’ai

21 pas vu ces dix policiers au triangle. Ceux-là étaient les autres. Il

22 y aura probablement dans ce cas d’autres déclarations par d’autres

23 personnes qui ont vu ces policiers se rendre parce qu’ils ne se sont

24 pas tous rendus en même temps.

25 Q. : Si vous dites alors à cette Cour maintenant qu’il y a eu une autre

Page 2608

1 fois où vous avez vu M. Tadic et d’autres Serbes maltraiter d’autres

2 policiers, les gifler, leur arracher leurs épaulettes et leurs

3 grades et les brutaliser, vous aimeriez peut-être nous dire où cela

4 s’est passé ?

5 R. : Puis-je le montrer sur la carte qui est dessinée ici ?

6 Q. : Allez-y, je vous en prie. C’est là.

7 R. : (Le témoin indique l’endroit sur la carte)

8 Q. : Si vous pouviez simplement garder votre baguette à cet endroit, pour

9 que nous puissions voir que c’est près de la mosquée, vous dites,

10 qu’il y a eu cette autre fois; vous voudriez peut-être nous dire

11 quand cela est arrivé ?

12 R. : L’événement dont je vais vous parler maintenant a eu lieu près de

13 notre commune locale, et il se trouve qu’il y a un triangle ici

14 aussi. De la rue Marsala Tita, il y a deux rues qui se rejoignent

15 plus loin. L’endroit où les policiers ont été arrêtés, maltraités,

16 était l’endroit devant l’entrée de la Maison des jeunes. Il y a une

17 élévation, une petite élévation là, un plateau. Si vous regardez de

18 ce plateau vers le bois, le long de la rue Marsala Tita, il y a une

19 petite route qui mène aussi vers le bois, et vers Besici et des

20 maisons particulières non loin de là. De ce côté-là, de cette route-

21 là, près de Besici, il y en a une que nous avions coutume d’appeler

22 un lieu de pêche, Pecara, et aussi une société qui fabriquait des

23 paniers et des objets en osier.

24 A ce moment-là, les Serbes n’avaient pas encore pris ces quartiers

25 de Kozarac. Ils n’avaient pris que la grand-route, en termes

Page 2609

1 simples. De cet angle, je regardais la Maison des jeunes et les

2 policiers qui se trouvaient là. Mon évaluation, d’après mon

3 évaluation, il y avait environ, six, sept, sept, huit policiers, et

4 ce qui s’est passé, c’est que les policiers ont été maltraités, on

5 leur a arraché leurs épaulettes, on les a insultés, les insultes aux

6 policiers, et ainsi de suite.

7 Q. : Y avait-il l’un ou l’autre des premiers policiers dans le groupe de

8 dix que vous avez vus aussi dans ce groupe ?

9 R. : Non, c’étaient de nouveaux policiers.

10 Q. : Etait-ce aussi le troisième jour après l’offensive contre Kozarac ?

11 R. : Le même jour.

12 Q. : Donc, vous avez passé votre temps à vous déplacer près des soldats

13 serbes, n’est-ce-pas, à Kozarac ce jour-là ?

14 R. : De la forêt en direction de Kozarac.

15 Q. : Venez-vous de composer, pour la Cour, ce récit que vous venez de nous

16 donner à propos de cette deuxième fois ?

17 R. : Non, je vous ai dit la vérité.

18 Q. : Merci beaucoup. Passons maintenant à Keraterm où vous avez fini par

19 être forcé à rester. Simplement pour reprendre le contexte, pouvez-

20 vous rappeler à la Cour quelle était la date, dans la mesure où vous

21 pouvez en juger, à laquelle vous avez été placé à Keraterm ?

22 R. : C’était le 14 juin 1992 quand j’ai été emmené du village de Sivci à

23 Keraterm.

24 Q. : Vous avez compté vers ce moment, peu après votre arrivée, qu’il y

25 avait environ 572 hommes dans votre cellule ?

Page 2610

1 R. : Oui, j’ai eu l’occasion de noter ces gens.

2 Q. : Serait-il exact de dire que l’endroit où se trouvaient les 572 était

3 trop petit pour ce nombre de gens ?

4 R. : Ceci ne me semble pas être une question. Excusez-moi.

5 Q. : Peut-être parce qu’une partie n’a pas été traduite, mais je vais le

6 dire plus simplement. Serait-il exact de dire que l’entassement de

7 572 hommes pour l’endroit où vous étiez était effroyable ?

8 R. : Selon moi, comme les Serbes nous y ont entassés, et 300 personnes de

9 plus auraient pu entrer dans cette salle.

10 Q. : Combien de temps après votre arrivée les prisonniers de Hambarine

11 ont-ils été placés dans l’autre cellule ?

12 R. : D’abord, les gens de Hambarine sont allés dans la troisième cellule,

13 combien de temps après, environ un mois, peut-être un peu plus d’un

14 mois plus tard.

15 Q. : Vous avez décrit un incident concernant ces hommes où il y a eu des

16 coups de feu tirés dans leur cellule. Combien de temps après leur

17 arrivée cela a-t-il eu lieu ?

18 R. : Cela a eu lieu le même soir où ils ont été amenés.

19 Q. : Merci. Le nombre de 572 dans votre cellule no 2 a-t-il été augmenté

20 pendant le séjour que vous y avez fait ou le nombre a-t-il été

21 réduit ?

22 R. : Quand j’ai noté ces gens, le nombre, le chiffre était de 572 et, plus

23 tard, quand les gens de Hambarine sont arrivés, le nombre a

24 augmenté. Cependant, tous les jours -- je ne peux pas dire que

25 c’était tous les jours, mais de nouvelles personnes arrivaient très

Page 2611

1 souvent et quittaient ces mêmes prisonniers /sic/ dans le camp de

2 Keraterm dans des directions différentes, c’est-à-dire qu’ils s’en

3 allaient tous dans la direction de Kozarac, d’Omarska, de Banja

4 Luka.

5 Q. : Pendant la nuit, la porte de la cellule était-elle fermée ?

6 R. : Cette nuit-là, quand l’incident a eu lieu avec les gens de Hambarine,

7 la porte de la cellule était fermée.

8 Q. : Ce que je vous demande a trait, en fait, aux autres nuits plutôt qu’à

9 cette nuit particulière et pour le contexte général. Pendant la

10 nuit, la porte était-elle ouverte ou fermée ?

11 R. : En général, la porte était ouverte, mais il y avait des fois où elles

12 étaient fermées. Sur ces photos-là, nous ne voyons pas à quoi le

13 camp ressemblait exactement, parce que ce que je pourrais ajouter à

14 cette image et ce qu’il y avait sur les portes des cellules, nos 1

15 et 2, c’est, pour le dire très simplement, il y avait un grand cadre

16 en fer avec une ouverture et encore plus petite qu’une porte

17 normale. Naturellement, il y avait la porte originale que nous

18 pouvons voir sur cette photo.

19 Q. : Pendant le jour, aviez-vous le droit de sortir de la cellule pour

20 vous promener à l’extérieur ?

21 R. : Parfois, on nous le permettait, mais nous avions une possibilité très

22 restreinte, un sentier très étroit le long duquel nous pouvions

23 marcher, mais il n’est jamais arrivé que nous puissions marcher

24 pendant trois heures ou plus. C’était toujours court. Je ne sais pas

25 si cela dépendait de l’humeur dans laquelle ils étaient, ou je ne

Page 2612

1 sais pas pourquoi, mais oui, ils nous permettaient parfois pendant

2 de très brèves périodes.

3 Q. : Pendant ces courtes périodes, l’endroit en face de la cellule était

4 sans doute une bande étroite, n’est-ce-pas, de combien de mètres de

5 largeur où les gens avaient le droit de se promener ?

6 R. : En regardant la cellule no 1 et la dernière, qui était la cellule no

7 4, du coin de la cellule no 1 et environ dix mètres en avant des

8 cellules, c’était à peu près la zone de promenade pour ces gens-là.

9 En règle générale, aucun de nous ne s’éloignait davantage que pour

10 aller de la cellule no 2 à la cellule no 4, parce que c’était

11 dangereux de toute façon.

12 Q. : Quand vous étiez dans la cellule no 2, vous nous disiez que vous

13 aviez un endroit particulier où vous restiez qui était le coin

14 extrême droit, n’est-ce-pas ?

15 R. : Oui, c’est exact.

16 Q. : Donc, comme nous regardions ces images du vidéo hier et que la caméra

17 traversait la porte de la cellule et dans la pièce, la partie où

18 vous restiez aurait été au-delà de la partie du nouveau bâtiment qui

19 n’était pas là à l’origine, n’est-ce-pas ?

20 R. : Je ne comprends pas très bien cet itinéraire que vous suiviez, mais

21 je vais essayer d’expliquer l’endroit où j’étais. On entrait par la

22 porte de la cellule no 2. Puis, nous voyons le mur à gauche, et

23 puis, si nous continuons plus loin le long de ce mur jusqu’au bout,

24 c’est-à-dire jusqu’au mur suivant à un angle de 90o ---

25 Q. : Oui.

Page 2613

1 R. : -- et si nous continuons alors le long de ce mur jusqu’au fil de fer,

2 parce qu’il y a une barrière, une cloison, entre la cellule no 2 et

3 la pièce suivante, et il y avait un morceau de fil de fer, comme

4 nous avons pu le voir. Il y avait dans le coin, entre ce deuxième

5 mur et ce fil de fer, et c’est précisément au bout de la cellule no

6 2 dans le coin droit.

7 Q. : Est-ce de cet endroit et dans cette pièce que vous avez décrits que

8 vous nous dites que vous avez vu Dusko Tadic à Keraterm ?

9 R. : Je n’ai pas vu Dusko Tadic de cet endroit.

10 Q. : Je croyais qu’hier vous nous aviez dit que c’est là que vous vous

11 trouviez ?

12 R. : J’ai dit hier que j’étais là, mais je n’ai pas dit quelle était la

13 position d’où je voyais Dusko Tadic.

14 Q. : La note que j’ai, parce qu’on vous a demandé de vous situer par

15 rapport à l’endroit où vous étiez quand vous avez dit que vous

16 l’avez vu, était que vous étiez habituellement, si nous regardons à

17 l’entrée de la cellule no 2, le coin au bout à droite de cette

18 salle, et vous étiez dans la cellule no 2 ce jour-là.

19 R. : Ce jour-là, j’étais dans la cellule no 2 et je n’ai pas vu Dusko

20 Tadic de ce coin-là, par contre, je l’ai vu d’un autre coin. En

21 termes très simples, du coin où j’étais, ce serait à droite, quand

22 on regarde vers la porte, à droite.

23 Q. : Le nombre de personnes dans la cellule no 2 ce jour-là était-il à peu

24 près le même nombre que vous nous avez décrit dans votre

25 témoignage ?

Page 2614

1 R. : Assurément plus ou moins 20 ou 30 personnes, en gros.

2 Q. : Comment avez-vous vu qu’il était parti au volant d’une camionnette ?

3 R. : C’est une situation qui, peut-être, n’a jamais été décrite

4 auparavant, cette, je veux dire, curiosité générale, dans ce cas

5 avec Dusan Tadic et comment nous avons découvert quand il est parti,

6 c’était plus ou moins comme ça. Les gens qui connaissent certaines

7 des personnes qui viennent, Dusan Tadic en l’occurrence, c’étaient

8 des gens de Kozarac et je suis presque certain que Kozarac le

9 connaît à 100 %, à 99 %.

10 Est-ce la première chose qui a été dite, comment l’information se

11 transmet d’une personne à l’autre ? Eh bien, c’est-à-dire, «Voici

12 Tadic», et puis l’information est transmise d’une personne à une

13 autre, à une troisième, un prisonnier, et c’est ainsi que cela

14 parvenait à l’ensemble de la salle. En outre, il y a toujours des

15 gens qui étaient sortis pour jeter un coup d’oeil pour voir si

16 c’était cela. Puis, comment j’ai vu la camionnette quitter la salle,

17 eh bien, c’était la séquence inverse des événements. Il s’en va et

18 nous étions tous très heureux parce que nous tous, dans le camp,

19 nous avions peur des gens que nous connaissions et des gens qui vous

20 connaissaient et qui étaient d’origine serbe.

21 M. KAY : Merci. Je n’ai pas d’autres questions.

22 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Tieger, voulez-vous procéder à un nouvel

23 interrogatoire ?

24 M. TIEGER : Merci, Madame le Président.

25 Nouvel interrogatoire de M. TIEGER

Page 2615

1 Q. : M. Q, je veux vous poser quelques questions à propos d’une chose sur

2 laquelle vous avez été interrogé hier, c’est-à-dire les discussions

3 que vous avez eues à Zenica après votre arrivée en territoire libre.

4 Premièrement, vous souvenez-vous avoir eu quelque discussion avec le

5 représentant de la Commission des crimes de guerre à Zenica ?

6 R. : Oui, c’est exact.

7 Q. : Quand étiez-vous arrivé à Zenica ou depuis combien de temps étiez-

8 vous à Zenica avant cette conversation ?

9 R. : Pour autant que je m’en souvienne, quand je suis venu à Zenica, ce

10 devait être le 23 août.

11 Q. : La date sur le document qui vous a été montré hier indiquait que la

12 discussion a eu lieu (expurgé), n’est-ce-pas ?

13 R. : Oui.

14 Q. : Est-ce que cela concorde en général avec le souvenir que vous avez

15 d’avoir parlé avec quelqu’un peu après votre arrivée à Zenica ?

16 R. : Oui.

17 Q. : Cela aurait eu lieu moins d’une semaine après que vous avez quitté le

18 camp de Trnopolje, traversé Vlasic et échappé au massacre de la

19 montagne de Vlasic ?

20 R. : Oui.

21 Q. : Pouvez-vous décrire comment vous vous sentiez à ce moment-là et à

22 quoi vous pensiez pendant ces premiers jours après votre libération

23 du camp et votre arrivée dans un territoire libre ?

24 Q. : En termes très simples, le 21 août marquera mon deuxième

25 anniversaire. C’est certain. Deuxièmement, mes sentiments, c’est

Page 2616

1 très difficile à décrire mais, après ces quelques mois de captivité,

2 et si vous regardez un couple de jeunes mariés, un couple d’un homme

3 et d’une femme qui se tiennent la main sans crainte, et comment ces

4 mêmes personnes vont dans un café pour passer un bon moment, pour

5 faire une plaisanterie, c’est quelque chose de complètement

6 différent.

7 Finalement, il n’y a pas besoin d’en parler autant. Je n’attendais

8 pas cela avec impatience. J’attendais quelque chose de plus que

9 cela. Pour le dire simplement, l'électricité/sic/, il faisait jour

10 tout autour de moi et, pourtant, c’était la nuit dehors. J’avais

11 perdu l’habitude de la lumière, de l'électricité pendant cette

12 période récente de ma vie, un poste de télévision, un magnétoscope.

13 C’est difficile à expliquer parce que c’est tout ce que j’avais

14 l’habitude d’avoir avant et je savais ce qu’étaient ces choses, et

15 j’apprenais à leur sujet, je savais, et je dis simplement que ce fut

16 ma renaissance.

17 Q. : Monsieur, votre traduction dit «current» [en anglais], par «current»,

18 vouliez-vous dire électricité ?

19 R. : Oui, je veux dire le courant électrique.

20 Q. : Donc, une partie de ce qui s'est passé pendant cette période, c'est

21 que vous étiez surpris de revoir de l'électricité ? Avez-vous pu

22 avoir des repas pour la première fois depuis des mois ?

23 R. : Est-ce que je pouvais manger ? J'ai connu un moment heureux à cet

24 endroit où je suis resté quelque temps, c’est-à-dire dans cette

25 école primaire. Les gens qui étaient déjà des réfugiés là-bas, ils

Page 2617

1 en avaient déjà assez de manger du riz qui n'était même pas très

2 bien cuit, ni bien épicé mais, aujourd'hui, je déteste encore le

3 riz. Pourquoi ? Parce que, pendant un mois, j'avais deux repas par

4 jour et je mangeais huit assiettées de riz, de riz très cuit.

5 Q. : Avez-vous pu dormir pour la première fois sans crainte d'être battu

6 ou tué ?

7 R. : C'est vraiment incompréhensible, ce que je vais dire. Je savais que

8 j'étais libre, mais ces jours-là, je ne pouvais pas dormir parce que

9 ce n'était pas ce à quoi j'étais habitué. J'étais habitué à la

10 possibilité que l'on pourrait m'appeler chaque fois que je fermais

11 les yeux, et il devait y avoir quelque chose dans ma tête pour que

12 je sois constamment en état d'alerte et, pendant ces premiers jours,

13 je ne pouvais tout simplement pas évincer cette pensée que je

14 pouvais de nouveau dormir normalement, que je m'endormirais en

15 sachant que je me réveillerais.

16 Q. : Restiez-vous dans un centre de réfugiés ?

17 R. : Oui, c'était l'école primaire dans le village de Skrgo.

18 Q. : Etes-vous allé chercher quelqu'un pour raconter en détail ce qui vous

19 était arrivé ou est-ce que quelqu'un, dans le centre de réfugiés,

20 vous a abordé et vous a demandé de parler de Kozarac ?

21 R. : Il n'y avait pas besoin de chercher quelqu'un. L'information à mon

22 sujet, pas à mon sujet, mais à propos d'un individu qui était arrivé

23 de captivité, cette information se répandait. Il y avait des fois où

24 15 à 20 journalistes cameramen, journalistes-photographes venaient,

25 et je ne savais pas qui d'autre venait à cette école primaire dans

Page 2618

1 le village de Skrgo.

2 R. : La fois où, peu après votre arrivée, vous avez parlé à la

3 représentante du centre pour faire enquête sur les crimes de guerre,

4 vous a-t-elle pris à part avec une autre personne ?

5 Q. : Oui, la déclaration que nous avons faite, moi et un autre type qui

6 avait aussi traversé le Vlasic, /qui/ était dans une autre pièce.

7 Avec cette personne, il y avait une autre personne du même centre.

8 Q. : Tout de suite après votre arrivée, y avait-il des gens qui

9 s'intéressaient à vous parce que vous aviez survécu au massacre de

10 la montagne du Vlasic ?

11 R. : Oui.

12 Q. : Est-ce que l'intérêt qu'ils avaient à vous parler de Kozarac était en

13 quelque sorte secondaire par rapport à leur intérêt pour ce qui

14 s'était passé à Vlasic ?

15 R. : Immédiatement après que j'eus traversé avec ce convoi, les nouvelles

16 sont arrivées à propos de ces 250 hommes enlevés de Vlasic, et c'est

17 à ce moment-là, alors, boum, les gens ont commencé à se renseigner

18 çà et là /sur/ ce qui était advenu de ces 250 personnes. Dans le

19 cadre de la recherche de ces gens, certains renseignements sont

20 venus de l'homme qui avait fait cette déclaration, cette déclaration

21 sur les 250 hommes dont il avait connaissance.

22 Q. : Lorsque cette déclaration ou ce document qu'on vous a montré hier du

23 centre d'enquête sur les crimes de guerre a été recueilli, la

24 personne qui vous parlait s'intéressait également à découvrir

25 certaines choses qui s'étaient passées à Kozarac, n’est-ce-pas ?

Page 2619

1 R. : Oui.

2 Q. : Elle vous a parlé ainsi qu'à Husein, dont le nom de famille ne figure

3 pas ici, à propos de ce qui s'est passé à Kozarac entre autres

4 choses ?

5 R. : Oui.

6 Q. : Vous a-t-elle parlé à tous les deux en même temps ?

7 R. : Oui, notre conversation s'est plus ou moins déroulée comme suit. Pour

8 tenter de l'expliquer, je parlerais d'une chose. Je dirais que je

9 parle d'un à trois /sic/ et de ce qui se passe alors, et ce type

10 Husein parle du point trois à quatre, et je continuerai à parler de

11 quatre à six, et puis il enchaînera et racontera sept à huit.

12 C'était la séquence. C'est ainsi que cette déclaration a été

13 recueillie.

14 Q. : Ecrivait-elle des choses, certaines choses pendant que vous parliez,

15 et écrivait-elle certaines choses pendant qu'il parlait ?

16 R. : Oui.

17 Q. : Combien de temps vous et cet autre homme lui avez-vous parlé ?

18 R. : Si nous parlons d'un maximum possible, ce n'aurait pas pu être plus

19 d'une heure et demie, et c'est trop.

20 Q. : Quelle était votre intention à ce moment-là, de lui donner tous les

21 détails sur tout ce qui vous était arrivé pendant cette période

22 maximale d'une heure et demie quand vous parliez avec quelqu'un

23 d'autre ?

24 R. : Non.

25 Q. : Comment la discussion s'est-elle terminée ? A-t-elle simplement dit

Page 2620

1 qu'elle avait fini de vous parler ?

2 R. : Eh bien, à peu près. Simplement, ce sont tous des segments

3 différents, des parties différentes, et vous avez atteint le

4 territoire libre.

5 Q. : Vous a-t-elle demandé d'étudier le document pour vous assurer que

6 chaque détail de ce qui vous était arrivé était là, ou que tout ce

7 qu'elle avait écrit à propos de ce que vous et Husein disaient était

8 exact ou connu de vous ?

9 R. : Je ne sais plus exactement si je l'ai lu. Je ne crois pas. Je ne peux

10 pas vous donner une réponse exacte. Je ne me souviens pas.

11 Q. : Maintenant qu'on vous a montré -- j'aimerais vous demander ceci.

12 Pendant que vous étiez à Zenica, est-ce que quiconque a jamais

13 dactylographié une déclaration pendant que vous leur parliez ?

14 R. : Cela n'est arrivé qu'une fois tout au long de ma déclaration.

15 Q. : Quand ?

16 R. : C'était quand M. Keegan et M. Tieger sont venus chez moi. C'était la

17 seule déclaration dactylographiée, et une feuille de papier fournie

18 avec une date, avec quelques informations, et dans aucun autre cas.

19 Q. : Maintenant, le deuxième document que M. Kay vous a montré hier était

20 un document dactylographié et ce serait le no D10. Est-il possible

21 de le montrer rapidement au témoin, s’il vous plaît ? Est-ce que ce

22 document a été préparé devant vous pendant que vous parliez à

23 quelqu'un ?

24 R. : Non, aucunement.

25 Q. : Faudrait-il alors que ce soit un genre de compte rendu recueilli plus

Page 2621

1 tard auprès de quelque autre source à propos, à la suite d'une

2 conversation ?

3 R. : Très probablement.

4 Q. : Maintenant, ce document, si vous pouviez regarder la première ligne,

5 ou en fait la suivante, la date qui est donnée le 26 mai 1992,

6 indique d'abord que le bombardement a eu lieu le 26 mai 1992. Ce

7 n'est pas une date exacte, n’est-ce-pas ?

8 R. : Exact.

9 Q. : Puis, cela continue pour dire qu'en serbo-croate : «U Kozarcu je bila

10 kao.» Est-ce que le mot «kao» dans cette déclaration indique

11 «quelque chose comme» ou «en quelque sorte» ?

12 R. : Oui.

13 Q. : Donc, est-ce que ce document indique qu'à Kozarac, il y avait une

14 sorte de défense ?

15 R. : Oui.

16 Q. : La déclaration indique-t-elle aussi ou ce document indique-t-il aussi

17 que cette chose qui était «quelque chose comme une défense» avait

18 quelques canons ?

19 R. : Oui.

20 M. KAY : Je crois que je peux aider la Cour, parce que j'avais des

21 traductions anglaises copiées des documents que l'on regarde en ce

22 moment. Je vois qu'il est très difficile de comprendre le sens de

23 ces mots, et celles-ci sont à la disposition des Juges pour ces deux

24 documents.

25 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Il y a des traductions et il y a des

Page 2622

1 traductions. En ce moment, j’aimerais que ces documents soient

2 présentés comme pièces à conviction nos 9 et 10 de la Défense. J'ai

3 la ferme intention de vous demander si vous voulez verser ces pièces

4 au dossier, puis je trancherai à ce sujet. En ce moment, elles ne

5 sont ici que pour être présentées comme pièces à conviction. Il

6 serait très inconvenant, pour une traduction faite par quelqu'un,

7 d’être versée au dossier à moins que vous n'ayez l'intention de nous

8 expliquer d'où cela venait. Mais l'heure est venue d'aller déjeuner.

9 De combien de temps encore croyez-vous avoir besoin pour ce nouvel

10 interrogatoire, M. Tieger ?

11 M. TIEGER : Pas beaucoup plus longtemps, Madame le Président, mais je ne

12 voudrais pas retarder le déjeuner. Je crois que ce sera assez long.

13 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Vous pouvez peut-être vous consulter tous les

14 deux à propos de la traduction, et si la Défense souhaite présenter

15 les nos 9 et 10 comme pièces à conviction, on pourra peut-être

16 aboutir à une entente quant au contenu de la traduction. Cela nous

17 aiderait si les nos 9 et 10 sont versés au dossier.

18 Merci. Nous allons suspendre l’audience jusqu'à 14 h 30.

19 (13 h 04).

20 (Suspension de l’audience pour le déjeuner).

21 (14 h 30)

22 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Tieger, aimeriez-vous continuer, s’il vous

23 plaît ?

24 M. TIEGER : Oui, Madame le Président. (Au témoin) : Monsieur, quand nous

25 avons fait une pause pour le déjeuner, j'étais en train de vous

Page 2623

1 poser des questions sur un des deux documents qu'on vous a montrés

2 hier qui contenait le mot «kao» dans la description de la nature de

3 quelque défense qui existait à Kozarac ? Quand on vous a interrogé à

4 ce sujet ----

5 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Entendez-vous ?

6 LE TEMOIN : Est-ce que je peux me promener un peu ? J'ai la jambe raide.

7 M. TIEGER : Madame le Président, avant l'entrée de la Cour, le témoin

8 semblait avoir des contorsions en essayant de se soulager d'une

9 douleur manifeste.

10 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Nous allons suspendre l’audience pendant --

11 je préférerais que nous suspendions l’audience pendant cinq ou dix

12 minutes plutôt que de le voir se promener ? Il aura peut-être besoin

13 de faire autre chose. Est-ce que le fait de marcher va vous suffire,

14 Monsieur ?

15 LE TEMOIN : Tout simplement marcher, cela n'a pas d'importance, je sais ce

16 qui s'est passé.

17 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Marchez, alors.

18 M. TIEGER : Merci, Madame le Président. (Au témoin) : Monsieur, êtes-vous

19 prêt à continuer ?

20 R. : Oui.

21 Q. : Hier, M. Kay vous a posé quelques questions sur ce document basé sur

22 une traduction anglaise dont il lisait des extraits. Il vous a

23 interrogé, à propos de cette phrase particulière et en lisant la

24 traduction, sur l'exactitude d'une déclaration qui se lisait comme

25 suit : «Kozarac a été bombardée à 13 h 45 le 26 mai 1992, et la

Page 2624

1 défense de Kozarac était prête et consistait d'hommes qui s'étaient

2 organisés seuls et qui avaient quelques canons.» La question s’est

3 poursuivie pour obtenir d'autres détails que contient le document no

4 10. Quand il vous a demandé si oui ou non ce compte rendu

5 correspondait à l'information que vous avez donnée à la Cour, vous

6 avez indiqué que cela concordait en partie. Vous en souvenez-vous ?

7 R. : Oui, je m'en souviens.

8 Q : Quand vous dites que ce document ne concordait qu'en partie, voulez-

9 vous dire le fait que vous n'aviez pas connaissance d'une défense

10 organisée ou officielle à Kozarac avant l'attaque ?

11 R. : Ce que je voulais dire, c’était une sorte de défense qui existait,

12 mais quel genre de défense, je ne sais pas.

13 Q. : Est-ce que la défense dont vous aviez connaissance, ces gardes des

14 institutions que vous avez mentionnés à la Cour hier ?

15 R. : Oui, c'est une partie de cette défense.

16 Q. : Une grande partie de ce que vous avez vu à Kozarac avant la guerre

17 était quelque chose comme une défense plutôt qu'une défense

18 officielle organisée; s'agit-il de ce que vous tentiez d'indiquer à

19 M. Kay hier ?

20 R. : Oui, exactement.

21 Q. : Aurait-ce été plus facile si la traduction sur laquelle M. Kay se

22 basait avait inclus le terme «kao» ou un reflet du terme «kao»,

23 c’est-à-dire une indication que le document proprement dit ne

24 mentionnait que quelque chose comme une défense ?

25 R. : C'est exactement cela.

Page 2625

1 Q. : Le groupe auquel vous vous êtes joint pour garder l'hôpital avait

2 déjà été formé avant que vous n'en fassiez partie, avant que vous

3 n’ayez été invité par un voisin à le faire ?

4 R. : Oui.

5 Q. : Avez-vous joué un rôle quelconque dans l'organisation de ce groupe ?

6 R. : Je n'ai pas participé à l'organisation de ce groupe.

7 Q. : Vous n'avez pas participé le moindrement à quelque formation que ce

8 soit avec le groupe après vous y être joint ?

9 R. : C'est exact.

10 Q. : Aviez-vous entendu parler d'autres personnes ou, dans la ville, d'un

11 certain capitaine Cirkin ?

12 R. : Oui.

13 Q. : On vous a posé hier des questions sur le capitaine Cirkin ?

14 R. : Oui.

15 Q. : On vous a interrogé sur des déclarations qui étaient censées avoir

16 été faites à des gens de la Commission des crimes de guerre à Zenica

17 et qui étaient contenues dans ce document. On vous a demandé si le

18 capitaine Cirkin avait organisé le groupe. Vous en souvenez-vous ?

19 Vous souvenez-vous qu'on vous a posé cette question ?

20 R. : Oui.

21 Q. : Vous souvenez-vous si le capitaine Cirkin a formé le groupe ?

22 R. : C'est tout ce que j'ai entendu, mais je ne sais pas si c'est vrai.

23 Q. : Donc, vous aviez entendu de l'information sur le capitaine Cirkin,

24 mais vous ne faisiez pas partie de l'organisation du groupe ni de la

25 formation du groupe. Est-ce ce que vous tentiez d'indiquer à M. Kay

Page 2626

1 hier ?

2 R. : Exactement.

3 Q. : Aurait-il été plus facile s'il avait fait référence à un document qui

4 avait été communiqué devant vous et qui n'avait pas été

5 dactylographié plus tard ? Avez-vous une idée du moment où le

6 document dactylographié qui vous a été montré hier a été préparé et

7 de qui l'a préparé ?

8 R. : Non.

9 Q. : Avez-vous vu vous-même quelques indications d'une défense officielle

10 ou organisée à Kozarac avant la guerre ?

11 R. : Non.

12 Q. : Quand vous êtes allé dans la forêt la première fois, y avait-il une

13 défense officielle et organisée ?

14 R. : Non.

15 Q. : Avant la suspension de la séance, M. Kay vous a posé des questions

16 sur Keraterm, sur la fois où vous avez vu Dusko Tadic arriver à

17 Keraterm. J'aimerais vous poser quelques questions supplémentaires.

18 Premièrement, vous avez indiqué que votre place habituelle dans la

19 cellule no 2 était vers le fond à droite ?

20 R. : Oui.

21 Q. : J'aimerais que vous disiez à la Cour, si vous le voulez bien, où vous

22 étiez quand vous avez constaté pour la première fois que Dusko Tadic

23 était à Keraterm ce jour-là ?

24 R. : J'étais toujours dans mon coin habituel. Les nouvelles que j'ai

25 entendues étaient que Dusko Tadic était arrivé, «Dusko Tadic est

Page 2627

1 ici.» Ensuite, je suis simplement passé de ma position au grand mur,

2 puis j'ai jeté un regard vers les portes de sortie de la cellule no

3 2, et c'est là que je l'ai vu. C'est la direction dans laquelle je

4 l'ai vu, puis je suis retourné. Ensuite, je suis immédiatement

5 revenu à ma place, en me dérobant surtout à son regard, parce que je

6 ne voulais pas qu'il me trouve car il sait très bien qu'il me

7 connaît, tout comme je sais que je le connais, et c'est parce que

8 nous tous, les prisonniers, nous avions peur de ces gens qui nous

9 connaissaient, nous les prisonniers.

10 Je veux dire, ce que je veux dire, c'est que, si je connaissais

11 certains Serbes et je savais qu'ils me connaissaient, alors,

12 j'essayais toujours de me dérober à leur regard, pour qu'ils ne me

13 trouvent pas, parce que cela aurait suffi à supprimer un grand

14 nombre de vies à Keraterm et dans tous les autres camps.

15 Q. : Donc, à cette occasion, vous avez tous deux entendu que Dusko Tadic

16 était à Keraterm, et alors, vous l'avez vu aussi de vos propres

17 yeux ?

18 R. : Exactement.

19 Q. : Y a-t-il eu une autre fois où vous avez entendu dire que Dusko Tadic

20 était à Keraterm ?

21 R. : Oui, il y a eu une autre occasion où j'ai entendu dire que Dusko

22 était venu au camp.

23 Q. : Etait-ce une fois où les prisonniers de Kozarac avaient été appelés

24 et battus ?

25 R. : Oui, exactement.

Page 2628

1 Q. : Est-ce que les prisonniers qui ont été appelés et battus sont revenus

2 dans la salle immédiatement et ont raconté aux autres ce qu'ils

3 avaient entendu ?

4 R. : Ils ne sont pas revenus tout de suite, mais ils sont revenus et ils

5 ont raconté qui était là.

6 Q. : Avez-vous entendu dire que Dusko Tadic avait été à Keraterm ?

7 R. : Oui.

8 Q. : Et avait participé à ces passages à tabac tandis que les prisonniers

9 revenaient dans la salle ?

10 R. : Oui, exactement.

11 Q. : Mais nous ne l'avez pas vraiment vu de vos propres yeux cette fois-

12 là ?

13 R. : Non, je ne l'ai pas vu de mes propres yeux.

14 Q. : C'est la différence entre cette fois-là où vous étiez sûr que Dusko

15 Tadic avait été au camp, et l'autre fois où vous êtes sûr qu'il

16 était à Keraterm ?

17 R. : Oui.

18 Q. : Lorsque les représentants du Tribunal sont venus vous voir, leur

19 avez-vous signalé qu'il y avait eu deux fois où vous étiez sûr que

20 Dusko Tadic était à Keraterm ?

21 R. : Pour autant que je m'en souvienne, je ne me souviens pas avoir dit

22 deux fois.

23 Q. : Mais, quoi qu'il en soit, il y a eu une fois où vous avez entendu

24 dire que Dusko Tadic était à Keraterm, et une fois où vous avez

25 entendu dire pour la première fois, puis vu de vos propres yeux

Page 2629

1 qu'il était là ?

2 R. : Exactement.

3 M. TIEGER : C'est tout ce que j'ai, Madame le Président, merci.

4 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Kay ?

5 M. KAY : Merci, Madame le Président.

6 Poursuite du contre-interrogatoire par M. KAY

7 M. KAY : Simplement quelques points, M. Q, Madame le Président,

8 l'Accusation et la Défense ont parlé des traductions de ces

9 déclarations lors de la suspension de l’audience pour le déjeuner

10 et, d'après ce que j'ai compris, elles ne s'y opposaient pas. Donc,

11 je les présente à la Cour comme pièces à conviction, et des copies

12 de chacune d'elles ont été faites pour vous, Madame le Président et

13 Messieurs les Juges.

14 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Vous allez présenter la pièce à conviction no

15 9 de la Défense et la pièce à conviction no 10 et puis, si je

16 comprends bien, vous avez des déclarations pour ces deux-là ?

17 M. KAY : Oui.

18 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Voulez-vous un numéro -- J'allais suggérer

19 que vous puissiez numéroter 9A, si vous voulez, puis B, la

20 traduction anglaise, puis 10A la serbo-croate, et 10B la traduction

21 anglaise. M. Tieger ---

22 M. KAY : C'est exactement cela.

23 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : -- Avez-vous une objection ?

24 M. TIEGER : Simplement pour clarifier. Je n'ai pas la moindre objection

25 quant à l'utilisation limitée qui va en être faite, d'après ce que

Page 2630

1 je comprends. Il me semble important, à la lumière de nos

2 restrictions juridiques, aussi larges soient-elles, d'indiquer qu'il

3 y a toujours une inquiétude quand un document ou des documents que

4 l'Accusation considère comme non fiables, et qui se sont avérés non

5 fiables, soient versés au dossier à des fins générales. Mais, pour

6 les objectifs limités pour lesquels ils ont été mis ici, et pour

7 aider la Cour à comprendre cela, il me semble que nous n'aurions pas

8 d'objection mais ----

9 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Nous les verserons alors au dossier et

10 souvenez-vous de votre nouvel interrogatoire à leur sujet. Je

11 comprends ce que vous dites. Donc, 9A et 9B seront versés au

12 dossier, et 10A et 10B seront versés au dossier.

13 M. KAY : Madame le Président a devant vous ce que j'appellerais 9B.

14 (Transmission des documents). La deuxième déclaration est 10B. Si la

15 pièce à conviction 9A pouvait être placée devant le témoin ? (La

16 pièce à conviction 9A a été transmise au témoin). Il n'est pas

17 nécessaire de l’afficher à l'écran parce que Madame le Président et

18 Messieurs les Juges en ont une copie.

19 (Au témoin) : Voici le document, M. Q, (expurgé) recueilli à

20 Zenica, qui avait pour sujet votre propre témoignage et celui de

21 quelqu'un qui s'appelle Husein concernant les crimes chetniks commis

22 dans le village de Kozarac et dans les environs, n’est-ce-pas ?

23 R. : Oui.

24 Q. : Si nous allons à la fin de ce document et que vous allez à la fin de

25 votre document manuscrit, il est signé par vous seul et non par

Page 2631

1 Hussein, n’est-ce-pas ?

2 R. : Il y a une signature ici, mais je ne la reconnais pas comme étant ma

3 signature ici.

4 M. TIEGER : Madame le Président ----

5 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : De quelle pièce à conviction s’agit-il ? Est-

6 ce 9B, ou je suppose que c'est le serbo-croate ?

7 M. KAY : Il regarde 9A en serbo-croate, Madame le Président.

8 M. TIEGER : Madame le Président, j'ai eu l'occasion de voir l'original

9 très récemment et cette partie n'est pas découpée dans l'original,

10 et il indique une autre signature. Nous aurons une meilleure copie

11 qui sera faite pour la Cour, je devrais aviser la Défense, et la

12 communiquer immédiatement. Quoi qu'il en soit, il y a deux

13 signatures; la deuxième signature, d'après ce que je vois, est

14 «Husein» et son nom de famille.

15 M. KAY : Très bien. C'est accepté.

16 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Donc 9A alors, ce témoin n'a pas signé ?

17 M. KAY : Ils l'ont tous deux signé. Est-ce exact ? M. Tieger pourrait

18 peut-être m'aider à déterminer s'ils l'ont tous deux signé ?

19 M. TIEGER : Il y a deux noms qui apparaissent ici. Je crois que le témoin

20 a déjà témoigné en ce qui concerne les questions de signature.

21 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Oui, je comprends. Il a dit qu'il ne

22 reconnaissait pas cela comme sa signature. C'est 9A. Mais sur 9B,

23 l'anglais, en bas, vous avez la signature du citoyen et vous avez le

24 nom de ce témoin, mais ce «Husein», son nom, vous n'avez pas

25 dactylographié qu'il l’a aussi signé.

Page 2632

1 M. KAY : Cela n'a pas été dactylographié sur le document.

2 M. TIEGER : Madame le Président, c'est sans doute un reflet du même

3 problème qui vient de se produire, et c'est que cette partie du

4 document n'a été copiée que très partiellement.

5 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Vous fournirez une copie intégrale pour que

6 la signature apparaisse sur 9A, l'autre signature, n'est-ce pas

7 ainsi ?

8 M. TIEGER : Cela vient d'être fourni.

9 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Puis, je suppose que nous recevrons une autre

10 copie de 9B ou que nous supposerons simplement pour nous-mêmes qu'il

11 y a une autre signature sur 9B qui est en anglais.

12 M. KAY : Supposez tout simplement, et le point que j'allais soulever à

13 propos d'une signature vient d’être éliminé.

14 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Très bien. Merci.

15 M. KAY : Très bien. (Au témoin) : Mais dans ce document, M. Q, il n'y a

16 pas la moindre mention de Vlasic qui, vous nous l’avez dit, était le

17 but de votre interrogatoire. Ce n'est pas mentionné du tout.

18 Voudriez-vous vérifier dans le document et voir si j'ai tort à ce

19 sujet ?

20 R. : Si vous aviez vérifié dans ce document, il ne devrait pas y avoir de

21 problème, alors.

22 Q. : Oui. On peut vérifier si je me trompe. Il n'est pas nécessaire de

23 s'attarder là-dessus plus que nécessaire.

24 Merci. Je n'ai pas d'autres questions.

25 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Tieger ?

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1 M. TIEGER : Moi non plus, Madame le Président.

2 Questions de la Cour

3 JUGE STEPHEN : M. Q, j'avais deux questions à vous poser. La première a

4 trait à l'état de votre ville. Nous en avons vu des films. Etait-ce

5 l'effet du bombardement des 24 et 25, ou y a-t-il eu beaucoup de

6 dommages causés par la suite à toutes les maisons par l'explosion ou

7 le feu après le bombardement ?

8 R. : Madame le Président, voudriez-vous entendre des éléments

9 d’information que je n'ai jamais mentionnés avant ? A partir du

10 bombardement de Kozarac, toutes ces maisons n'ont pas été détruites

11 de la même façon. Il m'est arrivé de me trouver dans des situations

12 où je pourrais vous décrire approximativement cette journée, une

13 journée, je veux dire, du matin jusqu'au coucher du soleil. Cela

14 commencerait plus ou moins comme suit :

15 Dans des endroits où les Serbes avaient déjà creusé leurs tranchées,

16 très tôt le matin, vers 8 heures quand le jour se lève, dans un

17 quartier de Kozarac, nous les appellions sokaci, rues latérales, les

18 transports de troupes blindés venaient et les hommes qui sortaient

19 de ces véhicules qui pillaient et prenaient des choses dans les

20 maisons particulières après cela, et tout ceci a eu lieu entre six

21 et sept heures.

22 Puis, l'après-midi, vers 15 heures, mais cela n'a pas vraiment

23 d'importance, un autre groupe est arrivé avec des camions, avec des

24 camions assez grands. Il y avait même des tracteurs, et toutes

25 sortes de véhicules, sauf des berlines, et ces mêmes choses -- ces

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1 gens, j'ai oublié, excusez-moi, ces gens empilaient toutes ces

2 choses, toutes ces choses qu'ils avaient sorties de ces maisons

3 particulières, ils les empilaient à un endroit, et puis, ce deuxième

4 groupe arrivait pour ramasser toutes ces choses, et les charger à

5 bord de ces véhicules, et puis ils les emportaient depuis Kozarac.

6 Puis, un troisième groupe arrivait habillé -- en fait, ils

7 arrosaient toutes ces mêmes maisons avec quelque chose, avec un

8 produit, nous les appelons brente, et y mettaient le feu. Puis, ils

9 partaient tout de suite après avoir accompli leur tâche. Il y avait

10 aussi des cas où le troisième groupe, ce qu'ils faisaient, ils

11 lançaient une bombe dans une ou plusieurs maisons, ou les minaient,

12 et c'est pourquoi vous voyez ces photos de Kozarac comme vous les

13 avez vues.

14 Q. : Vous avez vu ceci pendant les jours où vous étiez dans la forêt ?

15 C'est une question.

16 R. : Exactement. Alors, pas au tout début de la guerre, comme je l'ai dit,

17 mais environ sept jours plus tard, peut-être cinq ou sept jours plus

18 tard. C'est alors que cela a commencé.

19 Q. : Merci. Voici l'autre question que je voulais vous poser : Près de

20 l'église, y avait-il quelque éclairage de rue ?

21 R. : Oui, Madame le Président, Kozarac et les grandes artères, les grandes

22 rues, étaient toutes éclairées.

23 Q. : Est-ce que cela éclairait les environs de l'église ?

24 R. : Oui.

25 JUGE STEPHEN : Merci.

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1 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Qui sont les «ils» auxquels vous faisiez

2 allusion en réponse à la question du Juge Stephen ? Vous avez

3 continué pendant plusieurs paragraphes, selon cette transcription, à

4 en parler, mais qui étaient les «ils» qui faisaient ces choses ?

5 R. : Dans certains cas, selon la situation, parfois je disais sans doute

6 «ils», cela voulait dire les Serbes dans la plupart des cas. Selon

7 toute probabilité, dans la plupart des cas, cela signifiait les

8 Serbes. C'était ainsi que ma réponse et la question étaient

9 formulées.

10 Q. : Vous avez indiqué quand vous étiez à Keraterm que vous avez dressé

11 une liste des gens qui étaient dans la cellule no 2, environ 500

12 personnes, j'oublie le chiffre exact. A quel groupe ethnique ces

13 personnes appartenaient-elles ?

14 R. : 572. Dans la cellule no 2, il y avait 572 personnes ce jour-là, et 98

15 % d'entre elles étaient musulmanes et 2 % croates.

16 Q. : Y avait-il des Serbes qui y étaient détenus ?

17 R. : Non.

18 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Tieger, avez-vous d'autres questions ?

19 M. TIEGER : Seulement une.

20 Reprise du contre-interrogatoire par M. TIEGER

21 Q. : Vous souvenez-vous à peu près quand la liste a été préparée ?

22 R. : Dans la liste pour la cellule no 2 ?

23 Q. : Oui.

24 R. : Je devrais dire, laissez-moi vous dire, à peu près, si nous nous

25 prenons comme référence le massacre perpétré dans la cellule no 3

Page 2636

1 quand les gens de Hambarine sont venus, c'était immédiatement avant

2 leur arrivée, peut-être pas plus de sept jours avant leur arrivée,

3 ce serait la période avant l'arrivée de Hambarine.

4 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Kay, avez-vous d'autres questions ?

5 M. KAY : Il y a un point qui surgit, Madame le Président.

6 Reprise du contre-interrogatoire par M. KAY

7 Q. : La rue est-elle éclairée à l'arrière de l'église ?

8 R. : Non, pas derrière l'église.

9 M. KAY : Merci.

10 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Tieger, je suppose que je devrais vous

11 demander, aimeriez-vous poser plus de questions à ce témoin ?

12 M. TIEGER : C'est très aimable à vous de me le demander, Madame le

13 Président, non.

14 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Très bien. Y a-t-il quelque objection à ce

15 que ce témoin se retire de manière définitive ?

16 M. KAY : Non, Madame le Président.

17 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Très bien. Vous êtes libéré de manière

18 définitive, donc vous pouvez partir. Merci beaucoup d'être venu.

19 LE TEMOIN : Merci.

20 (Le témoin se retire)

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24 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Très bien. Mme Hollis, voudriez-vous appeler

25 votre prochain témoin, s’il vous plaît ?

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1 MME HOLLIS : Oui, Madame le Président. Nous aimerions appeler Azra

2 Blazevic.

3 (Audience publique)

4 Rappel d’AZRA BLAZEVIC.

5 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Voudriez-vous prêter ce serment, Madame ?

6 LE TEMOIN [interprétation] : Je déclare solennellement que je dirai la

7 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

8 (Assermentation du témoin)

9 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Vous pouvez vous asseoir.

10 Interrogatoire par MME HOLLIS

11 Q. : Voudriez-vous décliner votre identité ?

12 R. : Azra Blazevic.

13 Q. : Quelle est votre date de naissance ?

14 R. : Le 4 novembre 1959.

15 Q. : Quel est votre groupe ethnique ?

16 R. : Musulman.

17 Q. : Où êtes-vous née ?

18 R. : Je suis née à Prijedor.

19 Q. : S’agit-il de la ville de Prijedor ?

20 R. : Oui.

21 Q. : Combien de temps avez-vous vécu à Prijedor ?

22 R. : Jusqu’en 1986.

23 Q. : En 1986, où avez-vous déménagé ?

24 R. : A Kozarac.

25 Q. : Combien de temps avez-vous vécu à Kozarac ?

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1 R. : De 1996 (sic) jusqu’à ce que la guerre éclate en 1992.

2 Q. : Excusez-moi, était-ce depuis 1996 ?

3 R. : Depuis 1986, excusez-moi.

4 Q. : Etes-vous mariée ?

5 R. : Oui.

6 Q. : Quel est le nom de votre mari ?

7 R. : Ermin Strikovic.

8 Q. : Quel est le groupe ethnique de votre mari ?

9 R. : Musulman.

10 Q. : Quelle était votre profession précédente ?

11 R. : Vétérinaire.

12 Q. : Où avez-vous fait vos études de médecine vétérinaire ?

13 R. : A Sarajevo.

14 Q. : Où avez-vous exercé votre métier de vétérinaire ?

15 R. : A Kozarac.

16 Q. : Est-ce que votre cabinet se trouvait à Kozarac ?

17 R. : La clinique était à Kozarac, à l’entrée de Kozarac, entre la scierie

18 et le terrain de football.

19 MME HOLLIS : Pourrait-on remettre au témoin la pièce à conviction 196 de

20 l’Accusation, qui était le plan de Kozarac, s’il vous plaît ?

21 Pourriez-vous, s’il vous plaît, le mettre sur le rétroprojecteur ?

22 (Au témoin) : Mme Blazevic, dans l’exercice de votre métier de

23 vétérinaire, est-ce que les gens vous appelaient en général «Dr

24 Blazevic» ou «Mme Blazevic» ?

25 R. : En général, ils m’appelaient «Azra».

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1 Q. : Je vais peut-être vous appeler «Dr Blazevic». Pourriez-vous regarder

2 la pièce à conviction 196 de l’Accusation, ce plan, et si nous

3 prenons le terrain de football sur le plan comme point de référence,

4 pourriez-vous me montrer la cour où se trouvait votre clinique ?

5 R. : La clinique était ici. (Elle indique la clinique)

6 Q. : Où habitiez-vous à Kozarac ?

7 R. : Dans l’immeuble de la clinique vétérinaire.

8 Q. : Très bien. Maintenant, si nous regardons le terrain de football et

9 que vous indiquez un endroit juste en bas du terrain de football

10 comme étant votre clinique, est-ce exact ?

11 R. : Oui. Oui.

12 Q. : Alors, si vous regardez plus bas, en direction d’une route qui va de

13 la gauche sur le plan, vers le bas à droite, parlait-on parfois de

14 cette route comme de la nouvelle grand-route de Prijedor à Banja

15 Luka ?

16 R. : Si vous voulez dire cette route ici, alors, oui, c’est la nouvelle

17 route de Banja Luka.

18 Q. : Dans quelle direction serait Banja Luka sur cette carte, alors ?

19 R. : (Le témoin l’indique). Ici.

20 Q. : Dans quelle direction serait alors Prijedor ?

21 R. : Ici.

22 Q. : La rue qui passe devant l’endroit de votre maison et de votre

23 clinique et le terrain de football et continue jusqu’à la mosquée,

24 était-ce la rue principale, la grand’rue commerçante, de la ville de

25 Kozarac ?

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1 R. : Oui, c’est la rue qui traverse le centre de Kozarac.

2 Q. : Cette rue était-elle, au moins à un certain endroit, mentionnée comme

3 étant la rue Marsala Tita ?

4 R. : Non.

5 Q. : Cette rue principale qui mène à la mosquée ?

6 R. : Non, elle porte peut-être un autre nom. La grand’rue, la rue

7 principale, part de cette intersection ici, puis continue vers

8 Kozara.

9 Q. : Où se trouve la rue Marsala Tita sur ce plan ?

10 R. : A partir d’ici vers le haut.

11 Q. : Puis, cette partie de la rue qui va de cette intersection jusqu’au-

12 delà de votre maison, comment s’appelait-elle ?

13 R. : Je ne me souviens pas.

14 Q. : Très bien.

15 R. : Je recevais tout le courrier et toutes les autres choses arrivaient à

16 la clinique vétérinaire de Kozarac. C’aurait pu être la rue

17 Omladinska.

18 Q. : Très bien. Maintenant, pourriez-vous regarder de nouveau le plan et,

19 en prenant l’école comme point de référence, nous voyons une

20 intersection triangulaire ici, la voyez-vous ?

21 R. : Oui.

22 Q. : Cette route qui traverse cette intersection triangulaire là,

23 l’appelait-on parfois la vieille route de Prijedor ?

24 R. : Oui.

25 Q. : Si nous voulions retourner chez vous et, au lieu de monter la

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1 grand’rue en direction de la mosquée, nous nous en allions dans la

2 direction opposée et suivions cette route quand elle passe au-dessus

3 de la nouvelle grand-route de Prijedor, cela nous mènerait où ? Où

4 menait cette route ?

5 R. : Cette route ici mène à Trnopolje.

6 Q. : Puis, si nous regardons ce plan et /si/ nous regardons le dessin avec

7 le «H» à l’intérieur, était-ce le centre médical de Kozarac ?

8 R. : Oui.

9 Q. : La mosquée qui est indiquée sur ce plan, quelle mosquée était-ce ?

10 R. : Ce serait la mosquée Mutnik.

11 Q. : Puis, si nous regardons l’immeuble qui est indiqué comme étant un

12 motel, était-ce l’immeuble qui servait de local médical temporaire

13 durant l’offensive contre Kozarac ?

14 R. : Oui.

15 Q. : Merci. Dr Blazevic, n’avez-vous exercé votre métier que dans la ville

16 de Kozarac, ou dans un certain secteur, un secteur géographique, à

17 l’intérieur duquel vous exerciez ?

18 R. : Je couvrais un grand secteur qui appartenait -- c’était un vaste

19 secteur, un secteur beaucoup plus vaste que simplement la ville de

20 Kozarac et qui était couvert par la clinique à Kozarac.

21 MME HOLLIS : Si l’on pouvait fournir au témoin la pièce à conviction 79 de

22 l’Accusation et si l’on pouvait laisser la pièce à conviction 196 de

23 l’Accusation au témoin mais sur la table près du témoin, s’il vous

24 plaît ? (Au témoin) : Pourriez-vous regarder ce plan quelque temps

25 pour vous y familiariser ? Si l’on pouvait le remettre sur le

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1 rétroprojecteur, s’il vous plaît ? Dr Blazevic, à l’aide de cette

2 carte, pouvez-vous indiquer approximativement à la Cour la zone dans

3 laquelle vous exerciez votre métier de vétérinaire ?

4 R. : Ce serait ici si -- si nous prenons, si nous nous figurons que c’est

5 le centre de Kozarac, puis le secteur dans lequel j’ai travaillé en

6 direction de Prijedor s’étendait le long de la route qui menait à

7 Gornje Garevci et ce serait la route, ce serait cette route ici.

8 C’est la route qui monte.

9 Si nous allions en direction de Banja Luka, le dernier secteur que

10 je desservais était le secteur du village de Jakupovici, et ce

11 serait la route qui est ici. Dans la direction de Kozarac à

12 Trnopolje, cela couvrirait toute la région de -- toute la région de

13 Trnopolje, et puis aussi l’ensemble du territoire autour de Kozarac,

14 jusqu’à Kozarac et jusqu’à Mrakovica, en haut de ces collines.

15 Q. : Dans cette zone géographique dont vous venez de parler, est-ce que

16 votre métier de vétérinaire vous amenait souvent dans les villages

17 de ce secteur ?

18 R. : Oui.

19 Q. : Votre métier de vétérinaire vous a-t-il amenée chez de nombreux

20 habitants de ces villages ?

21 R. : Oui.

22 Q. : Dans cette zone géographique que vous avez indiquée, quel était le

23 groupe ou quels étaient les groupes ethniques prédominants dans ces

24 villages ?

25 R. : Musulman.

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1 Q. : Est-ce qu’Omarska faisait partie de votre secteur géographique ?

2 R. : Non.

3 Q. : Vous rendiez-vous souvent à Omarska pour des raisons autres que

4 professionnelles ?

5 R. : Non.

6 Q. : Vous êtes-vous déjà rendue à Omarska, au village d’Omarska ?

7 R. : Oui.

8 Q. : A quelle fréquence alliez-vous dans ce village ?

9 R. : Pas si souvent que cela.

10 Q. : A votre connaissance, à quelle distance de Kozarac se trouvait le

11 village d’Omarska ?

12 R. : 11 kilomètres.

13 Q. : A quelle distance de Prijedor se trouvait Kozarac ?

14 R. : 11 kilomètres également.

15 Q. : Si vous regardez de nouveau sur la carte, pouvez-vous nous montrer,

16 /.../ là où il y a le chiffre «4» sur la carte que l’on appelait

17 parfois, d’après ce que nous disons, la nouvelle route de Prijedor à

18 Banja Luka ?

19 R. : Ce serait cette route ici.

20 Q. : C’est une route qui porte le numéro «4» à un certain endroit de la

21 route ?

22 R. : Oui.

23 Q. : Quand vous parliez de la vieille route de Prijedor, pourriez-vous

24 nous montrer où ce serait sur cette carte ?

25 R. : Ce serait cette route ici.

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1 Q. : Donc, cette route menait dans un sens à Prijedor, et dans l’autre,

2 elle menait où ?

3 R. : Elle menait à Prijedor dans un sens et à Banja Luka dans l’autre --

4 il y a longtemps. Je ne sais pas si c’est encore comme ça.

5 Q. : Très bien, merci. Dr Blazevic, à quelle distance Kozarac se trouvait

6 de Trnopolje ?

7 R. : A six kilomètres.

8 Q. : Je crois que vous avez mentionné que ce village se trouvait dans

9 votre secteur géographique, n’est-ce-pas ?

10 R. : Oui.

11 Q. : A votre connaissance, quelle était la composition ethnique du village

12 de Trnopolje ?

13 R. : Surtout musulmane, aussi, la majorité de la population était

14 musulmane.

15 Q. : Vous avez mentionné que vous avez vécu à Kozarac de 1986 jusqu’à

16 l’offensive contre Kozarac. Quand nous parlons de Kozarac, il y

17 avait d’abord la ville de Kozarac qui était assez petite, n’est-ce-

18 pas ?

19 R. : Oui.

20 Q. : Est-ce que certaines personnes parlent également d’une région plus

21 étendue de Kozarac qui correspondrait non seulement à la ville mais

22 aussi à certains villages voisins ?

23 R. : Oui.

24 Q. : Pendant que vous viviez à Kozarac, passiez-vous tous les jours par

25 cette partie principale de la ville ?

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1 R. : Oui.

2 Q. : Connaissiez-vous beaucoup des gens qui vivaient dans la ville de

3 Kozarac ?

4 R. : Oui.

5 Q. : A votre connaissance, est-ce que les gens de la ville de Kozarac

6 connaissaient bien leurs voisins ?

7 R. : Assez bien.

8 Q. : Savez-vous quelle était la composition ethnique de la ville de

9 Kozarac ?

10 R. : Une population majoritairement musulmane.

11 Q. : Pendant que vous habitiez à Kozarac, avez vous connu Dusko Tadic,

12 connu également sous le nom de Dule Tadic ?

13 R. : Oui.

14 Q. : Comment le connaissiez-vous ?

15 R. : Superficiellement, comme l’un des habitants de Kozarac.

16 Q. : Comment définiriez-vous votre relation avec Dule Tadic ? Diriez-vous

17 que vous étiez des amis, /que/ vous étiez des connaissances, que

18 vous vous connaissiez de vue ? Comment définiriez-vous cela ?

19 R. : Nous nous connaissions de vue.

20 Q. : En moyenne, pendant la période où vous avez vécu à Kozarac, combien

21 de fois diriez-vous que vous avez vu Dule Tadic, par exemple, au

22 cours d’une semaine, combien de fois voyiez-vous Dule Tadic ?

23 R. : Je n’y ai pas prêté attention. J’avais l’occasion de le voir tous les

24 jours, peut-être même plusieurs fois par jour.

25 Q. : Pendant combien de temps avez-vous avez ainsi connu Dule Tadic,

Page 2653

1 pendant combien d’années ?

2 R. : Probablement pendant toute cette période, depuis que j’avais commencé

3 à travailler à Kozarac ?

4 Q. : A votre connaissance, où se trouvait la maison de Dule Tadic par

5 rapport à votre maison ?

6 R. : Par rapport à ma maison, la maison de Dule Tadic était dans cette

7 direction quand vous traversiez le centre de Kozarac, c’était sur la

8 droite de la route, à peu près en face de la pharmacie ou peut-être

9 un peu plus haut que cela.

10 Q. : A quelle distance serait-ce à peu près de votre maison, si vous

11 pouvez l’évaluer ?

12 R. : Selon moi, peut-être deux ou trois cents mètres.

13 Q. : A votre connaissance, Dule Tadic avait-il un restaurant ou un café à

14 Kozarac ?

15 R. : Oui.

16 Q. : Savez-vous où se trouvait ce café ?

17 R. : Ce café se trouvait en face de la maison.

18 Q. : J’aimerais vous montrer une vidéocassette d’une partie de Kozarac.

19 Donc, si la pièce à conviction 195 de l’Accusation pouvait commencer

20 à l’endroit que j’ai indiqué, s’il vous plaît ? Nous allons nous

21 arrêter à divers endroits et je vous demanderai de me définir

22 certaines constructions, si vous le pouvez. Pouvez-vous mettre ce

23 vidéo en marche, s’il vous plaît ? Est-ce que le magnétoscope est

24 prêt ?

25 (Projection du vidéo)

Page 2654

1 Pouvez-vous arrêter le vidéo, s’il vous plaît ? Pourriez-vous nous

2 dire quel est ce bâtiment ?

3 R. : C’est la mosquée Mutnik.

4 Q. : Pourriez-vous alors, s’il vous plaît, faire défiler le magnétoscope

5 jusqu’au trajet du retour de l’autre côté de la rue, s’il vous

6 plaît ? Pourriez-vous arrêter le magnétoscope, s’il vous plaît ?

7 Pouvez-vous nous dire ce qui se trouvait dans cet immeuble ?

8 R. : Cet immeuble était la pharmacie de Kozarac, le barbier et un magasin.

9 Q. : Pourrions-nous avancer, s’il vous plaît ? Serait-il possible

10 d’arrêter le magnétoscope ici ? Quel est cet immeuble ?

11 R. : C’est l’école primaire de Kozarac.

12 Q. : Pourrait-on faire avancer la bande, s’il vous plaît ? Peut-on arrêter

13 le magnétoscope ici ? Est-ce l’intersection triangulaire sur la

14 carte où ce qui s’appelle la vieille route, la vieille route de

15 Prijedor, commençait à traverser la ville ?

16 R. : Oui.

17 Q. : Pouvons-nous continuer, s’il vous plaît ? Pouvez-vous arrêter le

18 magnétoscope ici, s’il vous plaît ? Arrêtez-le. Quel est cet

19 immeuble, cet immeuble rouge ?

20 R. : C’est un bureau qui a été construit par un des fils de Bozo

21 Dragicevic.

22 Q. : Connaissez-vous le nom de ce fils de Bozo Dragicevic qui a construit

23 ce bureau ?

24 R. : Je ne savais pas à qui cela appartenait. L’un des fils s’appelait

25 «Bosko» et il vivait non loin de là. L’autre fils, je crois,

Page 2655

1 s’appelait «Slavko» et je crois qu’il travaillait à Prijedor, à la

2 poste.

3 Q. : Très bien. Pouvons-nous continuer, s’il vous plaît ? C’est le

4 bâtiment rouge dont vous venez de parler ?

5 R. : Oui.

6 Q. : Alors, pourriez-vous arrêter ici, s’il vous plaît ? Ce bâtiment

7 jaunâtre à côté du bâtiment rouge, qu’est-ce que c’est ?

8 R. : C’est la maison de Bozo Dragicevic.

9 Q. : Savez-vous où se trouvait la maison de Bozo Dragicevic ?

10 R. : Oui.

11 Q. : Où serait-ce ?

12 R. : C’est juste à côté de cette maison dans la cour, après cette maison.

13 Q. : Donc, si nous avons l’immeuble rouge, le bâtiment jaunâtre est donc

14 la maison de Bozo, et puis, la maison voisine de celle qui

15 n’apparaît pas sur cette séquence serait la maison de Bozo

16 Dragicevic ?

17 R. : Oui.

18 Q. : Pouvons-nous avancer, s’il vous plaît ? Pourrions-nous passer au

19 segment suivant, s’il vous plaît ? Pouvez-vous arrêter là, s’il vous

20 plaît ? Reconnaissez-vous cet immeuble ?

21 R. : Oui.

22 Q. : Quel est ce bâtiment ?

23 R. : C’est la clinique, la clinique médicale, à Kozarac.

24 Q. : Pouvons-nous poursuivre à ce sujet, s’il vous plaît ? Comment était

25 situé ce centre médical à Kozarac ? Etait-il complètement séparé des

Page 2656

1 autres maisons voisines ?

2 R. : Eh bien, il se trouve dans le quartier de Kozarac où se trouvent des

3 maisons particulières, et c’est la seule maison de ce type dans ce

4 quartier, et elle se trouve sur une très petite colline.

5 Q. : Merci. J’aimerais attirer votre attention sur le 30 avril 1992, date

6 à laquelle les Serbes -- si nous pouvions arrêter cela, s’il vous

7 plaît, et c’est tout ce dont j’avais besoin, s’il vous plaît -- ont

8 pris le pouvoir dans la ville de Prijedor. Comment avez-vous eu

9 connaissance de cette prise de pouvoir ?

10 R. : Je crois en avoir entendu parler par les ouvriers de la scierie qui

11 venaient de Prijedor pour travailler dans la première équipe.

12 Q. : Avez-vous appris peu de temps après que l’opstina de Prijedor avait

13 été proclamée opstina serbe ?

14 R. : Quelque chose comme ça.

15 Q. : Comment l’avez-vous appris ?

16 R. : Les gens disaient qu’il se pass/ait/ quelque chose à Prijedor, que

17 l’armée /était/ partout et que dans la maison de -- la mairie, il y

18 a/vait/ un grand drapeau avec un insigne typiquement serbe, et à cet

19 endroit, il y avait toujours le drapeau de l’ex-Yougoslavie.

20 Q. : Avez-vous jamais entendu quelque annonce officielle exposant la

21 raison pour laquelle l’intervention à Prijedor devait se produire ?

22 R. : Plus tard, au cours de la journée, nous avons entendu des

23 informations à ce sujet à la radio.

24 Q. : Qu’avez-vous entendu à la radio ?

25 R. : Nous avons entendu de l’information selon laquelle l’armée avait pris

Page 2657

1 le pouvoir dans la municipalité de Prijedor, et /qu’/elle était

2 forcée d’agir ainsi parce qu’il y avait un danger plus grand de, si

3 je me souviens bien, des extrémistes musulmans et quelque chose de

4 ce genre.

5 Q. : Etes-vous vraiment allé à Prijedor après la prise de la ville ?

6 R. : J’y suis allée le jour même.

7 Q. : Qu’avez-vous vu là qui était différent de ce que vous vous attendiez

8 à voir à Prijedor ?

9 R. : La ville était inhabituellement vide. On voyait les postes militaires

10 partout et aussi ce drapeau avec quatre S sur l’immeuble, sur

11 l’immeuble municipal.

12 Q. : Quand vous dites quatre S, parlez-vous des S cyrilliques ?

13 R. : Oui.

14 Q. : Quelle était la couleur de ce drapeau sur lequel figuraient ces

15 quatre S cyrilliques ?

16 R. : Bleu, blanc et rouge.

17 Q. : Selon vous, de quel drapeau s’agit-il ? Ce sont les couleurs de quel

18 drapeau ?

19 R. : A cause du signe caractéristique au milieu du drapeau, ce drapeau

20 représentait pour moi un drapeau typiquement serbe.

21 Q. : Vous avez dit que la ville était vide. Avez-vous vu quelqu’un dans

22 Prijedor ce jour-là ?

23 R. : Il y avait plusieurs personnes ici, mais la ville était

24 inhabituellement vide. Normalement -- et c’était dans l’après-midi -

25 -, normalement, il y a beaucoup de monde dans Prijedor.

Page 2658

1 Q. : Ici, vous parlez de beaucoup de civils, n’est-ce-pas ?

2 R. : Oui.

3 Q. : Avez-vous vu des soldats à Prijedor ce jour-là ?

4 R. : Oui, non, excusez-moi. Il doit y avoir un malentendu. Je n’ai

5 probablement pas compris la question. J’ai dit que normalement à

6 Prijedor, normalement, il y a beaucoup de civils dans Prijedor

7 l’après-midi, mais cette fois-là, quand je suis allée à Prijedor, on

8 ne voyait presque pas de civils dans les rues, presque personne

9 n’était dans les rues à l’exception de l’armée qui était à divers

10 endroits, qui était partout dans la ville.

11 Q. : Ces militaires que vous avez vus à Prijedor ce jour-là, vous

12 souvenez-vous de leur habillement ?

13 R. : Des uniformes.

14 Q. : Vous souvenez-vous du genre d’uniforme qu’ils portaient ?

15 R. : Des uniformes militaires.

16 Q. : Avez-vous une bonne mémoire pour les divers types d’uniformes ?

17 R. : Non.

18 Q. : Avez-vous reconnu l’un ou l’autre de ces soldats dans Prijedor ce

19 jour-là ?

20 R. : Oui.

21 Q. : Ceux que vous avez reconnus, d’où étaient-ils ?

22 R. : De Prijedor.

23 Q. : A votre connaissance, à quel groupe ethnique appartenaient ces

24 soldats que vous avez reconnus ?

25 R. : Ils étaient serbes.

Page 2659

1 Q. : Ce jour-là à Prijedor, avez-vous vu des véhicules de combat tels que

2 des chars ou des véhicules de transport de troupes blindés ?

3 R. : Pour autant que je m’en souvienne, non.

4 Q. : Après cette date où vous étiez à Prijedor, avez-vous eu l’occasion de

5 retourner à Prijedor après la prise de pouvoir par les Serbes ?

6 R. : Oui.

7 Q. : Lorsque vous êtes retournée à Prijedor ces fois-là, avez-vous

8 continué à remarquer un nombre accru de soldats ou de policiers dans

9 Prijedor ?

10 R. : Oui.

11 Q. : Lorsque vous êtes retournée à Prijedor ces fois-là, avez-vous vu des

12 véhicules de combat ?

13 R. : Non.

14 Q. : Après la prise de Prijedor par les Serbes, les Serbes ont-ils

15 également pris le pouvoir à Kozarac ?

16 R. : A Kozarac ?

17 Q. : Dans la ville.

18 R. : Non.

19 Q. : Donc, les responsables de Kozarac sont restés les mêmes ?

20 R. : Oui.

21 Q. : Quant à la police de Kozarac, est-ce que tous les policiers sont

22 restés ou est-ce que certains policiers sont partis après la prise

23 de Prijedor par les Serbes ?

24 R. : D’après ce que j’en sais, tout le monde est resté.

25 Q. : Après que les Serbes ont pris le pouvoir à Prijedor, est-ce qu’ils

Page 2660

1 ont commencé à lancer des ultimatums à Kozarac ?

2 R. : Oui.

3 Q. : Quels sont les ultimatums qui ont été lancés ?

4 R. : Ils lançaient des ultimatums ordonnant que le gouvernement et la

5 police de Kozarac signent une déclaration d’allégeance envers -- une

6 déclaration d’allégeance envers le gouvernement de Kozarac et qu’ils

7 adoptent l’insigne, d’après ce que je me rappelle.

8 Q. : A votre connaissance, donnait-on des ordres ou lançait-on des

9 ultimatums selon lesquels les gens de Kozarac devaient rendre des

10 armes ?

11 R. : Oui, pour autant que je m’en souvienne, il y avait aussi des

12 ultimatums de ce genre.

13 Q. : Comment avez-vous entendu parler de ces ultimatums qui ont commencé

14 après la prise de Prijedor par les Serbes ?

15 R. : Pendant toute cette période au cours du mois de mai, il y avait des

16 négociations entre le gouvernement officiel de Kozarac et Prijedor.

17 Parfois, nous entendions même des commentaires à la radio, et la

18 plupart du temps, j’entendais des gens de Kozarac qui en parlaient.

19 Q. : Quels changements avez-vous remarqués après la prise de Prijedor par

20 les Serbes ? Quels changements avez-vous remarqués quant à votre

21 liberté de circuler dans la région ?

22 R. : Les changements étaient évidents en ce sens qu’il y avait un contrôle

23 renforcé à l’entrée de Prijedor.

24 Q. : Quand vous dites «contrôle renforcé», que voulez-vous dire ?

25 R. : Je veux dire que les barrages militaires qui étaient à l’entrée,

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1 entre la ligne de démarcation entre Prijedor et Kozarac, ils

2 arrêtaient les gens -- /ils/ arrêtaient les véhicules, vérifiaient

3 les papiers, les bagages, etc.

4 Q. : Connaissez-vous le nom de ce barrage routier ?

5 R. : C’était le barrage routier d’Orlovci.

6 Q. : A quelle distance de Kozarac ce barrage routier d’Orlovci se

7 trouvait-il sur la route de Prijedor ?

8 R. : A quatre kilomètres environ, entre Kozarac et Prijedor.

9 Q. : Vous avez indiqué, je crois, que les soldats étaient ceux qui

10 assuraient la permanence à ce barrage routier ?

11 R. : Oui.

12 Q. : Connaissiez-vous l’un ou l’autre de ces soldats qui assuraient la

13 permanence à ce barrage routier ?

14 R. : Oui.

15 Q. : Ces soldats que vous connaissiez, d’où étaient-ils ?

16 R. : De Prijedor, dans la plupart des cas.

17 Q. : A quel groupe ethnique appartenaient-ils ?

18 R. : Ils étaient serbes.

19 MME HOLLIS : Madame le Président, aimeriez-vous marquer la pause de 16

20 heures maintenant ?

21 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Oui. Nous allons suspendre l’audience jusqu’à

22 16 h 20.

23 (16 heures)

24 (La Cour suspend brièvement ses travaux)

25 (16 h 20)

Page 2662

1 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Mme Hollis, vous pouvez continuer.

2 MME HOLLIS : Merci, Madame le Président. Madame le Président, avec cette

3 technologie de pointe que nous utilisons ici, il y a eu un problème

4 tout à l’heure. J’aimerais donc que l’on montre au témoin une autre

5 partie de la pièce à conviction 195 de l’Accusation que les

6 techniciens n’ont pas montrée tout à l’heure ? Donc, pouvons-nous

7 commencer, s’il vous plaît, avec la pièce à conviction 195 ?

8 (Au témoin) : Vous voyez la vidéo sur votre écran, Dr Blazevic ?

9 R. : Oui.

10 Q. : Peut-on arrêter ici, s’il vous plaît ? Reconnaissez-vous cette

11 structure ?

12 R. : Oui.

13 Q. : Quelle est cette structure, pourrait-on clarifier, s’il vous plaît ?

14 R. : Ce devrait être le café de Dusan Tadic.

15 Q. : Très bien. Pouvons-nous faire défiler la bande, s’il vous plaît ?

16 Pouvons-nous arrêter ici ? Reconnaissez-vous cette structure ?

17 R. : Oui, c’était sa maison.

18 Q. : Quand vous dites «sa maison», de qui parlez-vous ?

19 R. : Celle de Dusan Tadic.

20 Q. : Merci. Pourriez-vous fermer le vidéo, s’il vous plaît ? Vous parliez

21 des difficultés de mouvement après la prise de Prijedor par les

22 Serbes. Vous avez mentionné le barrage routier d’Orlovci comme un

23 secteur où il était difficile de traverser. Avant la prise de

24 pouvoir par les Serbes à Prijedor, y avait-il un barrage routier

25 dans la ville de Kozarac ?

Page 2663

1 R. : Oui.

2 Q. : Où se trouvait ce barrage routier ?

3 R. : Le barrage routier se trouvait au carrefour, sur la nouvelle route de

4 Banja Luka et sur la route de Kozarac à Trnopolje ?

5 Q. : Pourrait-on remettre la pièce à conviction 196 sur le

6 rétroprojecteur ? Pourriez-vous indiquer l’endroit de ce point de

7 contrôle s’il vous plaît ?

8 R. : Ce devait être ici.

9 Q. : A cette intersection précise ?

10 R. : Oui, à cette intersection, ici.

11 Q. : Avant la prise de Prijedor par les Serbes, qui assurait la permanence

12 de ce barrage routier ?

13 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Pour être bien sûr, c’était où, alors ? A

14 l’intersection du /terrain de/ football -- l’intersection de la

15 grand-route de Prijedor à Banja Luka et /de la/ vieille /route/, eh

16 bien, non, c’est cette rue dont nous ne sommes pas sûrs du nom.

17 MME HOLLIS : Madame le Président, le témoin a signalé l’intersection de la

18 grand-route qui traverse Kozarac, alors qu’elle passait devant le

19 terrain de football et traversait ce qu’on appelle la nouvelle

20 grand-route de Prijedor à Banja Luka, cette intersection.

21 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : D’accord. Excusez-moi. Formulez de nouveau la

22 question.

23 MME HOLLIS : Oui, Madame le Président. (Au témoin) : Avant la prise de

24 Prijedor par les Serbes, qui assurait la permanence de ce barrage

25 routier à cette intersection, à Kozarac ?

Page 2664

1 R. : C’était le barrage routier de la police.

2 Q. : D’où était la police qui assurait la permanence de ce barrage

3 routier ?

4 R. : C’était la police de Prijedor et de Kozarac, d’après ce que je sais.

5 Q. : Donc, c’était un barrage routier mixte avec du personnel de Prijedor

6 et de Kozarac qui en assurait la permanence ?

7 R. : Oui.

8 Q. : Après la prise de Prijedor par les Serbes, qui assurait la permanence

9 du barrage routier à Kozarac ?

10 R. : Les policiers de Prijedor.

11 Q. : Connaissiez-vous l’un ou l’autre de ces policiers qui assuraient la

12 permanence de ce barrage routier après la prise de pouvoir par les

13 Serbes ?

14 R. : Oui.

15 Q. : Ceux que vous connaissiez, à quel groupe ethnique appartenaient-ils ?

16 R. : Ils étaient serbes.

17 Q. : Y avait-il d’autres barrages routiers à Kozarac proprement dit, dans

18 la ville ?

19 R. : Oui, il y avait les barrages routiers de la Défense territoriale.

20 Q. : Où se trouvaient-ils ?

21 R. : En général, à tous les carrefours appropriés, d’après ce dont je me

22 souviens.

23 Q. : Qui assurait la garde de ces barrages routiers aux principaux

24 carrefours de Kozarac ?

25 R. : Les membres de la Défense territoriale.

Page 2665

1 Q. : Quand ces barrages routiers ont-ils été établis ?

2 R. : Je ne me souviens pas de quand exactement. Peut-être à la fin de 1991

3 ou peut-être au début de 1992.

4 Q. : Quel était le groupe ethnique des gens qui assuraient la permanence

5 de ces barrages routiers à Kozarac ?

6 R. : La majorité était musulmane mais il y avait d’autres groupes

7 ethniques.

8 Q. : Quels autres groupes ethniques ?

9 R. : Eh bien, disons, des Serbes ou des Croates.

10 Q. : Y avait-il un barrage routier près du centre médical à Kozarac ?

11 R. : Pas d’après ce dont je me souviens.

12 Q. : Y a-t-il eu une époque à Kozarac où les gens ont commencé à garder

13 des bâtiments importants dans Kozarac ?

14 R. : Non, pas à ma connaissance.

15 Q. : Très bien. A quelle date Kozarac a-t-elle été attaquée ?

16 R. : Le 24 mai.

17 Q. : Vous souvenez-vous du jour de la semaine où cela a eu lieu ?

18 R. : Le dimanche.

19 Q. : Avant cette date, avant le 24 mai, aviez-vous eu connaissance de

20 quelque blocus de la ville ?

21 R. : Oui.

22 Q. : Comment avez-vous eu connaissance de ce blocus ?

23 R. : Parce que j’ai été renvoyée de ce point de contrôle à Orlovci et

24 parce qu’on m’a dit que je ne pouvais pas entrer dans Prijedor.

25 Q. : A quelle date cela a eu lieu ?

Page 2666

1 R. : C’était un jeudi ---

2 Q. : Pourquoi alliez-vous --- excusez-moi.

3 R. : -- C’était le 21 mai, je crois.

4 Q. : Quand vous êtes allée à ce barrage routier pour aller à Prijedor,

5 pourquoi alliez-vous à Prijedor ?

6 R. : J’étais en voiture et c’était pour la clinique vétérinaire, pour

7 aller chercher un peu d’essence à la station-service de Prijedor, la

8 seule d’ailleurs.

9 Q. : Quelles questions vous a-t-on posées au barrage routier d’Orlovci ?

10 R. : On m’a demandé où j’allais et j’ai répondu : «A Prijedor». Ils m’ont

11 demandé : «Pourquoi ?» Je leur ai dit, et je leur ai montré la

12 commande, ou, en d’autres termes, à cette époque, on devait avoir un

13 certificat, une permission, pour obtenir une certaine quantité

14 d’essence, parce qu’il y avait pénurie d’essence, et ensuite, on m’a

15 demandé d’où je venais et je lui ai dit : «De Kozarac». Puis il m’a

16 dit que je ne pouvais pas passer et que je devais faire demi-tour.

17 Q. : Pendant que vous étiez à ce barrage routier, avez-vous vu d’autres

18 véhicules que l’on a autorisés à passer à ce barrage routier ?

19 R. : Un véhicule a pu passer.

20 Q. : Quel type de véhicule était-ce ?

21 R. : Une berline.

22 Q. : Etait-ce un civil ?

23 R. : Une voiture.

24 Q. : Etait-ce un véhicule civil ?

25 R. : Oui.

Page 2667

1 Q. : Avez-vous reconnu le véhicule ou quiconque dans le véhicule ?

2 R. : Non.

3 Q. : Les gens qui étaient au barrage routier au moment où vous avez fait

4 demi-tour, quels vêtements portaient-ils ?

5 R. : Des uniformes.

6 Q. : Comme vous ne semblez pas bien connaître les uniformes, vous

7 souvenez-vous du type d’uniformes qu’ils portaient ?

8 R. : Militaires, je crois, au moins certains d’entre eux.

9 Q. : Au moment où vous avez fait demi-tour, connaissiez-vous l’une ou

10 l’autre de ces personnes au barrage routier, l’une ou l’autre de ces

11 personnes en uniforme ?

12 R. : L’une d’entre elles.

13 Q. : La personne que vous connaissiez, d’où était cette personne ?

14 R. : Elle était de Kozarac, ou plutôt de Vidovici.

15 Q. : Est-ce un village dans Kozarac ?

16 R. : Oui.

17 Q. : Vous souvenez-vous par hasard du nom de cette personne ?

18 R. : Ils l’appelaient Nedjo Jankovic.

19 Q. : A quel groupe ethnique appartenait cette personne ?

20 R. : Elle était serbe.

21 Q. : Ce jour-là où vous avez fait demi-tour au barrage routier d’Orlovci,

22 avez-vous perdu des services publics ?

23 R. : Oui, c’était peut-être avant cela, ou un peu après, les lignes

24 téléphoniques ont été coupées.

25 Q. : Ce même jour où vous avez fait demi-tour d’Orlovci, avez-vous

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1 remarqué que les Serbes de Kozarac commençaient à quitter Kozarac ?

2 R. : Oui.

3 Q. : Combien de temps cet exode serbe de Kozarac a continué ?

4 R. : Eh bien, le jeudi et le vendredi, d’après ce que je sais, et le

5 samedi.

6 Q. : Avez-vous pu demander aux habitants serbes pourquoi ils partaient ?

7 R. : Non.

8 Q. : Pourquoi ?

9 R. : Je ne les ai pas vus. J’avais seulement entendu /dire/ qu’ils

10 partaient.

11 Q. : Pendant ces jours-là, quand vous avez vu les gens dans Kozarac, avez-

12 vous remarqué qu’il y avait moins de Serbes parmi ces gens-là ?

13 R. : Oui, je me souviens que l’on racontait, peut-être le samedi dans la

14 soirée, je crois que c’était le samedi, qu’il n’en restait que deux

15 dans Kozarac.

16 Q. : Après que vous avez fait demi-tour au barrage routier d’Orlovci, que

17 les lignes téléphoniques ont été coupées, et que les Serbes ont

18 commencé à quitter Kozarac, d’après vous, qu’allait-il se passer à

19 Kozarac ?

20 R. : Je n’ai pas compris la question. Que voulez-vous dire : «Qu’allait-il

21 se passer» ?

22 Q. : Après que vous avez fait demi-tour au barrage routier d’Orlovci et

23 que les lignes téléphoniques ont été coupées, et que les Serbes ont

24 commencé à quitter Kozarac, d’après ce que vous pressentiez,

25 qu’allait-il se passer bientôt à Kozarac ?

Page 2669

1 R. : Eh bien, nous avons cru que Kozarac serait peut-être attaquée ou que

2 quelque chose comme cela allait s’ensuivre, que l’armée tenterait

3 d’entrer dans Kozarac.

4 Q. : Pourquoi avez-vous pensé cela ?

5 R. : Eh bien, simplement parce que l’endroit était encerclé. Vous ne

6 pouviez pas en sortir. Vos /sic/ téléphones avaient été coupés. Les

7 Serbes partaient et c’était quelque chose qui se produisait déjà,

8 qui s’était déjà produit, que nous avions l’habitude de voir à cause

9 des événements qui avaient lieu en Croatie ou dans l’est de la

10 Bosnie et /à/ Sarajevo.

11 Q. : Donc, c’étaient des signes qui vous étaient familiers ?

12 R. : Oui.

13 Q. : Pour vous préparer à cette attaque que vous pressentiez de manière

14 imminente, qu’avez-vous fait, vous et votre mari, le 21 mai ?

15 R. : Eh bien, d’abord, pour des raisons de sécurité et parce qu’au départ,

16 dans l’immeuble de la clinique, il n’y avait aucune salle protégée,

17 nous avons commencé à nous demander où nous pourrions aller; puis,

18 nous avons décidé -- j’ai décidé d’aller me présenter au centre

19 médical de Kozarac ou, plutôt, de leur offrir mes services, au

20 centre médical de Kozarac, s’ils avaient besoin d’aide.

21 Q. : Qu’allait faire votre mari pour se préparer à l’attaque imminente ?

22 R. : Il a décidé de rester avec les gens qui étaient à la scierie et a dit

23 qu’il pourrait peut-être, puisque nous avions une voiture, une

24 fourgonnette, qu’il pourrait peut-être rester pour aider s’il y

25 avait quelqu’un de blessé.

Page 2670

1 Q. : Vous avez mentionné la scierie, je crois, deux fois jusqu’à présent

2 dans votre témoignage. Pourriez-vous regarder de nouveau la pièce à

3 conviction 196 de l’Accusation, et pourriez-vous indiquer à la Cour

4 où se trouve cette scierie ?

5 R. : La scierie était juste à l’entrée de Kozarac, quand on arrivait de

6 Prijedor et qu’on tournait vers le centre de Kozarac au coin vers la

7 gauche; et entre la scierie et le terrain de football, il y avait la

8 clinique vétérinaire.

9 Q. : Etes-vous vraiment allée au centre médical le jeudi pour y commencer

10 des préparatifs ?

11 R. : Oui.

12 Q. : Quel type de préparatifs ont été faits au centre médical le 21 ?

13 R. : Simplement, il y avait plusieurs personnes qui s’y trouvaient, il y

14 avait un de mes collègues et deux ou trois médecins des centres

15 médicaux. Nous avons simplement essayé de voir comment nous

16 pourrions peut-être protéger l’une ou l’autre de ces salles dans ce

17 centre médical au cas où il y aurait un bombardement, pour que nous

18 puissions nous regrouper dans ces salles, et peut-être prévoir une

19 certaine protection et nous préparer à fonctionner dans cet espace

20 restreint.

21 Q. : Etes-vous restée au centre médical le 21 ou êtes-vous retournée chez

22 vous ce jour-là ?

23 R. : Je crois que je suis rentrée chez moi.

24 Q. : Pendant cette période du 21 mai au 24 mai, vous souvenez-vous avoir

25 entendu un message à la radio dans lequel l’ultimatum pour Kozarac

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1 était de nouveau lancé ?

2 R. : Oui. Certains ultimatums ont été répétés à propos de la restitution

3 des armes. Je crois même qu’il y en a eu plusieurs. Il y en avait un

4 /disant/ que le délai était prolongé, ou quelque chose comme ça.

5 Q. : Vous souvenez-vous quand était ce délai ?

6 R. : Je ne me souviens pas exactement, mais je crois que le délai final

7 était au cours de la journée de dimanche.

8 Q. : Savez-vous qui diffusait ce message et répétait ces ultimatums ?

9 R. : Les autorités de la municipalité de Prijedor à cette époque.

10 Q. : Quand ces messages étaient diffusés à la radio, vous souvenez-vous si

11 l’on a dit quelque chose sur ce qui se produirait si les habitants

12 de Kozarac ne cédaient pas à ces ultimatums ?

13 R. : Il y avait -- cela disait que s’ils ne le faisaient pas, l’armée

14 devrait alors prendre Kozarac, entrer dans Kozarac.

15 Q. : A votre connaissance, est-ce que Kozarac a cédé à l’ultimatum selon

16 lequel il fallait rendre les armes ?

17 R. : Non, pas pour ce que j’en sais.

18 Q. : A votre connaissance, quels groupes de gens avaient des armes à

19 Kozarac ?

20 Q. : Eh bien, à Kozarac, les policiers avaient des armes, les forces de

21 métier et les forces de réserve, la Défense territoriale et

22 certaines personnes avaient des armes à titre privé.

23 R. : Quand vous dites la police, tant de métier que de réserve, parlez-

24 vous de la police de métier et de la police de réserve ?

25 Q. : La police de métier/,/ de réserve, les forces actives et les forces

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1 de réserve.

2 R. : Vous avez mentionné qu’à votre connaissance, il y avait des

3 particuliers qui avaient des armes. A votre connaissance, de quel

4 genre d’armes s’agissait-il ?

5 Q. : Eh bien, surtout de chasse, d’après ce que je sais, de chasse ou

6 peut-être des pistolets, et quoi d’autre pouvait-on avoir ?

7 R. : Aviez-vous des armes ?

8 Q. : Non.

9 R. : Votre mari avait-il des armes ?

10 Q. : Non.

11 R. : L’après-midi du 22 mai et la nuit du 22 et /sic/ 23 mai, avez-vous

12 entendu ou vu des signes de combat ou d’attaque provenant de quelque

13 secteur proche de Kozarac ?

14 Q. : Excusez-moi, quel soir ?

15 R. : Ce serait l’après-midi du 22 mai, le vendredi, ainsi que la nuit du

16 22 et le début de la matinée du 23 mai.

17 R. : Oui. Le vendredi après-midi, on entendait des détonations qui

18 provenaient de Prijedor et, plus tard, on voyait même la fumée et

19 les flammes qui s’élevaient du secteur des collines aux alentours de

20 Prijedor.

21 Q. : Quand vous avez vu cette fumée et ces flammes, quelle heure du jour

22 ou de la nuit était-il ? Etait-ce la nuit du 22, le matin du 23 ?

23 R. : Oui, c’était la nuit du -- le soir du 22 et pendant la nuit du 22 au

24 23 mai. Donc, vendredi et samedi, la nuit de vendredi à samedi.

25 Q. : Comment avez-vous pu voir ces flammes de Kozarac ?

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1 R. : On le voyait de l’étage supérieur du centre médical de Kozarac.

2 Q. : Vous êtes-vous servi de quelque chose pour mieux voir ou regardiez-

3 vous à l’oeil nu ?

4 R. : On le voyait à l’oeil nu, mais on voyait beaucoup mieux avec les

5 jumelles que le Dr Pasic avait apportées de chez lui.

6 Q. : Donc, vous avez regardé avec ces jumelles en direction des flammes ?

7 R. : Oui.

8 Q. : Avez-vous remarqué quelque chose sur la manière dont les incendies se

9 propageaient, quelque chose qui vous semblait inusité ?

10 R. : Oui, ce qui était inusité, c’était qu’au début, ces incendies étaient

11 dispersés ou, plutôt, je veux dire, parfois au sommet des collines,

12 parfois au pied de la colline, mais alors, nous avons commencé à

13 voir comment le feu se propageait en série, comme une /chaîne/ en

14 quelque sorte, en succession, et nous supposions que quelqu’un

15 mettait le feu aux maisons, l’une après l’autre.

16 Q. : Pourriez-vous nous répéter quel était le secteur où vous avez vu ces

17 incendies qui semblaient s’amorcer de manière systématique ?

18 R. : Ce sont les secteurs qui sont, quand vous allez de Prijedor à

19 Ljubija, sur les collines qui apparaissent ici, dans ce secteur,

20 dans la vallée de la Sana, près de la rivière.

21 Q. : Vous pourriez peut-être regarder la pièce à conviction 79 de

22 l’Accusation. Pourriez-vous la placer sur le rétroprojecteur et

23 indiquer à la Cour le secteur où vous avez vu ces incendies ?

24 R. : Ce devrait être ce secteur, approximativement. (Le témoin indique

25 l’endroit.)

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1 Q. : Sous quel nom connaissez-vous cette région ?

2 R. : On l’appelait Brdo ou Hambarine.

3 Q. : Merci. Le dimanche matin à Kozarac, pouviez-vous encore circuler

4 librement ?

5 R. : Le dimanche matin, oui.

6 Q. : En attendant l’offensive contre Kozarac, est-ce qu’un signal

7 quelconque d’avertissement avait été établi pour les habitants de

8 Kozarac ?

9 R. : Je ne me souviens pas si c’était officiel, mais je sais par contre

10 que le dimanche, vers midi, quand nous avons entendu résonner

11 l’alerte, quand nous l’avons entendue, nous nous sommes rendu compte

12 que cela signifiait un danger immédiat, imminent d’une attaque.

13 Q. : Y avait-il eu une décision au moins officieuse quant au moment où la

14 sirène serait déclenchée ?

15 R. : C’était peut-être une décision de déclencher la sirène quand, je ne

16 me souviens pas, ou peut-être de les /sic/ déclencher quand la

17 police quitte/rait/ le barrage routier sur la route de Banja Luka.

18 Je me souviens de cela, parce qu’on croyait toujours que, tant que

19 le barrage routier de la police serbe était à Kozarac, il n’y aurait

20 pas d’attaque.

21 Q. : Le dimanche où la sirène a retenti, qu’avez-vous fait ?

22 R. : Je suis allée au centre médical de Kozarac.

23 Q. : Au centre médical, qui était là quand vous êtes arrivée ou /qui/

24 s’est joint à vous peu après cela ?

25 R. : Eh bien, au centre médical, cet après-midi-là, ce jour-là, je suis

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1 allée là, le Dr Idriz Merdzanic, le Dr Mensur Kusuran, le Dr Jusuf

2 Pasic, mon collègue, un autre vétérinaire, le Dr Dzonlagic, un

3 auxiliaire médical, Mujozulic, une infirmière, Sabiha Islamovic, et

4 deux ou trois filles se sont joints à nous, Lejla Hrnic, une fille

5 du nom de Gordana, je ne connais pas son nom de famille, et

6 plusieurs jeunes hommes du voisinage ou, plutôt, quelques hommes du

7 voisinage.

8 Q. : Ce personnel médical que vous avez mentionné et les auxiliaires

9 médicaux que vous avez mentionnés, à quel groupe ethnique

10 appartenaient-ils selon vous ?

11 R. : Ils étaient tous musulmans à l’exception de Gordana.

12 Q. : A votre connaissance, à quel groupe ethnique appartenait Gordana ?

13 R. : Elle était serbe.

14 Q. : Quand l’offensive contre Kozarac a-t-elle véritablement commencé ?

15 R. : Vers midi, le dimanche.

16 Q. : Le dimanche, ou pendant les jours précédant immédiatement l’offensive

17 contre Kozarac, à votre connaissance, y avait-il eu des coups de feu

18 en provenance de Kozarac, en direction des positions serbes ?

19 R. : A ma connaissance, non.

20 Q. : A votre connaissance, y avait-il eu quelque type d’artillerie, de

21 mortier ou de canons qui ont été tirés depuis Kozarac en direction

22 des positions serbes ?

23 R. : Non.

24 Q. : Que s’est-il passé quand l’offensive a commencé contre Kozarac ?

25 R. : L’offensive contre Kozarac a commencé soudainement par un terrible

Page 2676

1 bombardement qui était tellement répété /sic/ qu’on avait

2 l’impression que des milliers d’obus tombaient en même temps, et,

3 peu après, nous avions les premiers blessés qui sont arrivés.

4 Q. : Pendant combien de temps ce bombardement de Kozarac a-t-il continué ?

5 R. : Il a duré tout le temps où j’étais à Kozarac.

6 Q. : C’est-à-dire jusqu’à quelle date ?

7 R. : Jusqu’au mardi 26 mai, je crois.

8 Q. : Y a-t-il eu des bombardements dans le voisinage immédiat du centre

9 médical ?

10 R. : Oui, nous avions l’impression que pendant tout ce temps, ils visaient

11 précisément le centre médical.

12 Q. : Est-ce que le centre médical proprement dit, le bâtiment même a été

13 frappé par le bombardement ?

14 R. : Oui.

15 Q. : Quelles parties du bâtiment ont été endommagées par ce bombardement ?

16 R. : A cause du bombardement, à cause des obus qui sont tombés sur

17 l’hôpital même, sur le bâtiment du centre médical ou à proximité,

18 toutes les fenêtres de l’immeuble ont été cassées, certaines parties

19 du bâtiment ont été endommagées, par exemple, le terre-plein à

20 l’avant du bâtiment, et je me souviens qu’une partie du coin du

21 bâtiment manquait. Je parle du bâtiment du centre médical.

22 Q. : Excusez-moi. Pourriez-vous s’il vous plaît donner des explications

23 sur la traduction /qui dit/ «le terre-plein à l’avant du bâtiment»,

24 que voulez-vous dire par «le terre-plein à l’avant» ?

25 R. : Quand vous entrez dans le bâtiment même, quand vous entrez par

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1 l’avant du bâtiment, il y a plusieurs marches, puis il y a un grand

2 terre-plein, ou une avancée et, de là, vous entrez dans le bâtiment

3 proprement dit où se trouvent les bureaux de quelques médecins et,

4 dans l’autre partie, il y a des marches qui vous conduisent aux

5 laboratoires du centre médical.

6 Q. : Donc, les dégâts dont vous parlez se sont produits sur ce terre-

7 plein ?

8 R. : Oui. Cela s’est produit sur le terre-plein /à l’avant du/ bâtiment --

9 et le bâtiment même.

10 Q. : Quand le bâtiment a-t-il été endommagé ?

11 R. : Je crois que cela s’est produit la nuit, la nuit du dimanche au lundi

12 matin.

13 Q. : Donc, cela aurait été la nuit du 24 au matin du 25 mai ?

14 R. : Oui.

15 Q. : Vous avez indiqué précédemment que le centre médical était en quelque

16 sorte séparé des autres bâtiments qui l’entouraient. Est-ce que

17 l’emplacement du centre médical était bien connu des gens de la

18 région élargie de Kozarac ?

19 R. : Je crois que oui.

20 Q. : Au moment où le bombardement de Kozarac a commencé, quel genre de

21 fournitures médicales aviez-vous au centre médical pour soigner les

22 blessés ?

23 R. : Presque rien.

24 Q. : Quelles fournitures aviez-vous, où avez-vous obtenu ces fournitures ?

25 R. : Les médicaments et tout le matériel, le matériel nécessaire, nous

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1 nous sommes servis de ce que nous avons trouvé dans le bâtiment

2 même. Plus tard, ils nous ont apporté des médicaments de la

3 pharmacie à Kozarac.

4 Q. : C’était la pharmacie que vous nous avez montrée tout à l’heure sur la

5 vidéocassette ?

6 R. : Oui.

7 Q. : Après que le bombardement de Kozarac a commencé, avez-vous pu voir ce

8 que faisaient les autres habitants de Kozarac, comment ils

9 réagissaient au bombardement ?

10 R. : Non.

11 Q. : Combien de temps êtes-vous restée dans le centre médical proprement

12 dit ?

13 R. : Je suis restée jusqu’au lundi.

14 Q. : A ce moment-là, où êtes-vous allée ?

15 R. : Le lundi, nous avons été transférés dans une maison que toute la

16 population de Kozarac appelait le «motel», qui était située sur la

17 route qui mène de Kozarac à Mrakovica, dans cette région de Kozarac.

18 Q. : Donc, c’était le motel sur la carte, la pièce à conviction 196 de

19 l’Accusation, située au-dessus de la mosquée Mutnik ?

20 R. : Oui.

21 Q. : Pourquoi êtes-vous allée à ce motel le lundi ?

22 R. : Parce qu’il était pratiquement impossible de rester au centre

23 médical, parce qu’il n’y avait pour ainsi dire pas de salles qui

24 offraient une sécurité suffisante et le but de -- il ne servait à

25 rien de rester là plus longtemps parce que personne ne pouvait nous

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1 amener les blessés sans se faire blesser en les transportant, en

2 raison de la fréquence des bombardements.

3 Q. : Vous avez mentionné que peu après le début du bombardement, les

4 blessés ont commencé à arriver au centre médical. Pendant que vous

5 étiez au centre médical, combien de blessés avez-vous reçus et

6 soignés ?

7 R. : Je ne pourrais pas vous donner le chiffre exact, peut-être 20 ou une

8 vingtaine.

9 Q. : De quels genres de blessures souffraient ces gens ?

10 R. : Des blessures de bombardement.

11 Q. : Quel était le groupe d’âge de ces blessés et de quel sexe étaient-

12 ils ?

13 R. : Ils étaient d’âges variés, et il s’agissait surtout d’hommes.

14 Q. : /Parmi/ les hommes blessés qui ont été amenés, vous souvenez-vous si

15 l’un ou l’autre portait un uniforme ?

16 R. : Non.

17 Q. : Vous ne vous en souvenez pas ou ils n’étaient pas en uniforme ?

18 R. : Pour ce que j’en sais, ils n’avaient pas d’uniforme.

19 Q. : Vous souvenez-vous si l’un ou l’autre d’entre eux avait des armes

20 quand ils ont été amenés au centre médical ?

21 R. : Ils n’avaient pas d’armes.

22 Q. : Connaissiez-vous l’un ou l’autre de ces blessés qui ont été amenés au

23 centre médical ?

24 R. : Oui, presque tous.

25 Q. : A quel groupe ethnique appartenaient les gens que vous connaissiez ?

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1 R. : Ils étaient musulmans.

2 Q. : Combien de ces personnes, le cas échéant, ont succombé à leurs

3 blessures avant d’arriver ou après être arrivées au centre médical ?

4 R. : Au bâtiment même, un blessé est mort.

5 Q. : A quel groupe d’âge appartenait cette personne ?

6 R. : Voulez-vous dire quel âge avait-il ?

7 Q. : Oui.

8 R. : Entre 20 et 30 ans peut-être.

9 Q. : Le connaissiez-vous ?

10 R. : Je le connaissais de vue. Il était de Hrustici, je crois.

11 Q. : A votre connaissance, à quel groupe ethnique appartenait-il ?

12 R. : Il était musulman.

13 Q. : Le lundi où vous êtes partie au motel, y avez-vous également

14 transféré les malades ?

15 R. : Oui.

16 Q. : COmment les y avez-vous transportés ?

17 R. : Avec un camion.

18 Q. : Y a-t-il eu des bombardements pendant que vous transfériez ces

19 malades au motel ?

20 R. : Oui.

21 Q. : Est-ce que l’un ou l’autre des camions a été atteint par les obus ?

22 R. : Je ne sais pas parce que je suis allée --J’ai été la dernière à

23 quitter le centre médical avec un des chauffeurs de l’ambulance.

24 Q. : A votre connaissance, est-ce que l’un des membres du personnel

25 médical est resté au centre médical ?

Page 2681

1 R. : Pas après moi.

2 Q. : Quand vous êtes partie au motel, combien de temps êtes-vous restée au

3 motel ?

4 R. : Nous y sommes restés jusqu’au mardi matin.

5 Q. : Combien de blessés avez-vous accueillis après avoir déménagé au

6 motel ?

7 R. : Je ne connais pas le chiffre exact, mais il y en avait beaucoup plus

8 que le premier, que le premier jour, peut-être trois fois plus,

9 peut-être 50 personnes ou plus.

10 Q. : De quels genres de blessures ces gens souffraient-ils ?

11 R. : Des blessures de bombardement.

12 Q. : Quel était l’âge de ces blessés et de quel sexe étaient-ils ?

13 R. : En ce qui concerne le sexe, il y avait des hommes et des femmes, des

14 enfants aussi, des personnes âgées --- il y avait un mélange.

15 Q. : Vous souvenez-vous si l’un ou l’autre de ces blessés portait un

16 uniforme ?

17 R. : Je ne sais pas, peut-être que certains d’entre eux avaient des

18 parties de certains uniformes, mais je ne me souviens pas

19 exactement.

20 Q. : Parmi ces personnes qui ont été amenées là, y en avait-il qui avaient

21 des armes quand elles sont arrivées ?

22 R. : Personne n’avait d’arme.

23 Q. : Connaissiez-vous l’une ou l’autre de ces personnes ?

24 R. : Presque toutes.

25 Q. : A quel groupe ethnique appartenaient ces blessés ?

Page 2682

1 R. : Ils étaient musulmans.

2 Q. : Parmi ces personnes, y en a-t-il qui sont mortes au cours de leur

3 transfert au motel ou pendant qu’elles étaient au motel ?

4 R. : Nous avions beaucoup de morts là-bas.

5 Q. : A quel groupe d’âge appartenaient les personnes qui sont mortes ?

6 R. : C’était assez varié; un enfant, un enfant de 12 ans est mort et une

7 femme âgée qui avait peut-être 70 ou 80 ans.

8 Q. : La nature des blessures des personnes que l’on vous a amenées, de

9 quels types de blessures souffraient-elles ?

10 R. : De blessures de bombardements.

11 Q. : Et de quelles blessures corporelles souffraient-elles ?

12 R. : La plupart de ces blessures étaient très graves, soit des amputations

13 de membres, des parties du corps ou des parties du corps

14 complètement écrasées.

15 Q. : Quel genre de fournitures ou d’équipement médical aviez-vous pour

16 soigner ces personnes qui étaient amputées ?

17 R. : /Nous n’avions/ rien.

18 Q. : Pendant que vous étiez au motel, quel autre groupe était aussi au

19 motel ?

20 R. : Il y avait des membres du service de police de Kozarac, des membres

21 des services de police de Kozarac.

22 Q. : Saviez-vous qui était le chef de la police au motel ?

23 R. : Quelqu’un qui s’appelait Osme.

24 Q. : Pendant que vous étiez au motel, avez-vous entendu par hasard des

25 négociations entre ces policiers et les autorités serbes à

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1 l’extérieur de la ville ?

2 R. : Oui.

3 Q. : Comment avez-vous pu entendre ces négociations ?

4 R. : Les négociations se déroulaient par la voie d’une sorte de station de

5 radio, et comme c’était dans le motel même, j’étais présent dans une

6 des salles à un moment donné ----

7 Q. : Pendant combien de temps ----

8 R. : ---- où les négociations ont eu lieu.

9 Q. : Excusez-moi. Combien de temps ces négociations se sont-elles

10 poursuivies ?

11 R. : Je ne sais pas. Probablement toute la nuit.

12 Q. : Maintenant, la fois où vous étiez présent pendant que les

13 négociations se déroulaient, qui était le porte-parole des gens de

14 Kozarac ?

15 R. : Osme.

16 Q. : Et à qui parlait-il ou à qui s’adressait-il à la radio ?

17 R. : Je sais qu’il parlait à Simo Drljaca et à Zeljaja.

18 Q. : Comment le savez-vous ?

19 R. : Je le sais parce qu’au cours de la conversation, nous avons entendu

20 le commentaire nous demandant de faire moins de bruit parce qu’à ce

21 moment-là, il parlait à Simo Drljaca, et la deuxième fois, c’était

22 parce qu’Osme criait et demandait de parler à Zeljaja.

23 Q. : Quelles conditions, le cas échéant, étaient imposées aux habitants de

24 Kozarac pour faire cesser le bombardement sur la ville ?

25 R. : Les conditions consistaient à rendre les membres de la police avec

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1 leurs armes, et s’ils y allaient les premiers, les civils seraient

2 alors autorisés à quitter Kozarac en colonne.

3 Q. : Quand ce premier accord, ou condition, a-t-il été conclu, à quelle

4 heure du jour ou de la nuit ?

5 R. : C’était la nuit, après minuit, de lundi à mardi.

6 Q. : Combien de temps avez-vous eu pour rassembler les gens ?

7 R. : J’ai entendu qu’on leur avait accordé 30 minutes pour préparer la

8 police et pour former une colonne qui était censée quitter Kozarac.

9 Q. : Puis, à la fin de ces 30 minutes, que s’est-il passé ?

10 R. : On a dit qu’ils attendraient d’autres instructions et, au bout d’un

11 certain temps, la communication a été rétablie, nous avons de

12 nouveau entendu une conversation, et ils ont demandé : «Est-ce que

13 cela a été fait ?» Osme a répondu : «Oui».

14 Q. : Que s’est-il passé ensuite ?

15 R. : Ensuite, nous avons de nouveau entendu un bombardement répété non

16 loin de là et nous avons entendu que les obus tombaient sur la route

17 qui traversait Kozarac.

18 Q. : Pourriez-vous regarder de nouveau la pièce à conviction 196 de

19 l’Accusation, c’est-à-dire le plan, pourrait-on le placer sur le

20 rétroprojecteur, s’il vous plaît ? Si l’on regarde maintenant le

21 secteur du motel -- est-il possible de réduire l’image, s’il vous

22 plaît ? Merci -- /si l’on/ regarde le secteur du motel où vous vous

23 trouviez, voudriez-vous indiquer à la Cour où les gens devaient se

24 rassembler sur la route ?

25 R. : Ce serait sur cette route, ici.

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1 Q. : Sur cette partie de la route ?

2 R. : (Le témoin indique l’endroit). Oui, à cet endroit de la route.

3 Q. : Puis, lorsque le bombardement a repris, voudriez-vous indiquer à la

4 Cour où, dans quel quartier les obus tombaient ?

5 R. : D’après ce que j’ai entendu, à cet endroit de la route.

6 Q. : Avez-vous bel et bien entendu ce bombardement quand il a commencé ?

7 R. : Oui.

8 Q. : Aviez-vous l’impression qu’il était très près ?

9 R. : Oui, c’était dans le voisinage immédiat.

10 Q. : Puis, je crois que vous avez indiqué que des gens sont revenus au

11 motel et ont dit que le bombardement avait lieu sur cette route ?

12 R. : Oui.

13 Q. : Plus tard ce matin-là, une entente finale qui permettrait aux blessés

14 et aux civils de quitter Kozarac a-t-elle été conclue ?

15 R. : Oui.

16 Q. : En quoi consistait cette entente ? Qu’était-il censé arriver ?

17 R. : Apparemment, je ne suis pas sûre de ce que fut l’entente définitive

18 mais, le mardi à l’aube, un groupe de policiers se sont préparés et

19 ils ont décidé de se rendre. Pendant tout ce temps-là, les

20 négociations ont eu lieu pour nous permettre de sortir les blessés

21 qui étaient alors dans le motel de Kozarac et pour nous permettre de

22 les transporter à l’hôpital de Prijedor. Après eux, une colonne de

23 civils était censée suivre.

24 Q. : Donc, est-ce que cette colonne a commencé à se former à l’aube du 26

25 mai ?

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1 R. : Oui.

2 Q. : Quand a-t-elle commencé à se former ? Pourriez-vous l’indiquer de

3 nouveau sur le plan ?

4 R. : Elle a commencé à se former exactement sur cette route ici, ici.

5 Q. : Serait-il possible de le montrer à l’écran, s’il vous plaît ?

6 Pourriez-vous nous le montrer de nouveau, s’il vous plaît, où cette

7 colonne a commencé à se former ?

8 R. : A cet endroit de la route.

9 Q. : Dans quelle direction la colonne s’est-elle alors déplacée ?

10 R. : Elle a traversé le centre de Kozarac en direction de la route de

11 Banja Luka.

12 Q. : Et qui était à la tête de cette colonne ?

13 R. : La police.

14 Q. : Qui était derrière la police dans cette colonne ?

15 R. : D’après ce que j’en sais, nos blessés.

16 Q. : Comment les blessés allaient-ils être transportés ?

17 R. : Dans un camion et une ambulance.

18 Q. : Savez-vous vers quelle heure ce matin-là cette colonne a commencé à

19 se former et à se déplacer depuis le quartier du motel ?

20 R. : Je ne sais pas exactement. C’était tôt le matin, à sept heures peut-

21 être.

22 Q. : Faisiez-vous partie de cette colonne ?

23 R. : Non.

24 Q. : Vous avez indiqué que les blessés étaient transportés dans un camion

25 et une ambulance. Qui étaient les chauffeurs de ces véhicules ?

Page 2687

1 R. : Ils ont été transférés en camion et en ambulance. Les chauffeurs, le

2 chauffeur du camion s’appelait Fehim Sinanegic, et c’était mon mari

3 qui conduisait l’ambulance et ils s’étaient portés volontaires.

4 Q. : Quand votre mari est parti avec cette colonne au volant du véhicule,

5 quand avez-vous revu votre mari par la suite ?

6 R. : En décembre 1992.

7 Q. : Après le départ de cette colonne, qui est resté avec vous ?

8 R. : Personne.

9 Q. : Donc, aucun membre du personnel médical n’est resté avec vous ?

10 R. : Excusez-moi. Je n’ai pas compris. Le personnel médical est resté, le

11 personnel médical qui venait du centre médical de Kozarac.

12 Q. : Donc, ces personnes que vous avez déjà mentionnées sont restées avec

13 vous au motel quand la colonne s’est mise en marche ?

14 R. : Quand la colonne est partie, quand nous avons envoyé les blessés,

15 nous avons ensuite décidé de revenir au centre médical de Kozarac,

16 et comme le bombardement avait presque cessé à ce moment-là, de voir

17 ce que nous allions faire alors.

18 Q. : Le même jour, le 26 mai, êtes-vous allée à Trnopolje pour tenter de

19 négocier avec les autorités serbes ?

20 R. : Oui.

21 Q. : Qui vous a accompagnée ?

22 R. : Le Dr Idriz Merdzanic.

23 Q. : Est-ce qu’on l’appelle couramment le Dr Idriz ?

24 R. : Oui.

25 Q. : Pourquoi vouliez-vous consulter les autorités serbes de Trnopolje ?

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1 R. : En fait, nous voulions entrer en contact avec les autorités serbes

2 pour leur dire que nous aimerions rester dans le centre médical de

3 Kozarac jusqu’à ce que les civils quittent Kozarac, de manière à

4 pouvoir aider ces gens au besoin.

5 Q. : Avez-vous pu parler avec les autorités serbes de Trnopolje ?

6 R. : Non.

7 Q. : Alors, êtes-vous revenu au centre médical le jour même, le mardi 26 ?

8 R. : Oui.

9 Q. : Combien de temps êtes-vous restée au centre médical ?

10 R. : Nous sommes restés jusqu’à l’après-midi, lorsque l’armée est entrée

11 dans Kozarac.

12 Q. : Que s’est-il passé au centre médical cet après-midi-là ?

13 R. : Cet après-midi-là, les soldats sont entrés dans le centre médical de

14 Kozarac, puis nous avons dû quitter le bâtiment.

15 Q. : /Parmi/ ces soldats qui sont entrés dans le centre médical, combien

16 d’entre eux sont entrés à l’endroit où vous vous trouviez ?

17 R. : D’abord, deux soldats.

18 Q. : Avez-vous entendu l’un ou l’autre de ces soldats parler ou dire

19 quelque chose ?

20 R. : Oui.

21 Q. : Avez-vous reconnu le dialecte ou l’accent comme étant un dialecte

22 local ou comme un dialecte différent ?

23 R. : Non, ils parlaient le dialecte ekevica.

24 Q. : Où se parle ce dialecte ?

25 R. : En Serbie.

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1 Q. : Que s’est-il passé après que ces deux soldats sont venus à l’endroit

2 où vous vous trouviez ?

3 R. : Ils nous ont demandé où /étaient/ nos armes, nos blessés. Ils nous

4 ont fouillés.

5 Q. : Aviez-vous des armes ?

6 R. : Non.

7 Q. : Comment étaient habillés ces soldats ?

8 R. : En uniforme.

9 Q. : Après qu’ils vous ont posé ces questions, que s’est-il passé ?

10 R. : Ils nous ont donné ordre de ramasser tous les médicaments qui étaient

11 à l’entrée du bâtiment. Ils étaient tous éparpillés à l’entrée et

12 c’étaient les médicaments qui avaient été apportés de la pharmacie

13 de Kozarac. Ils nous ont donné ordre de charger ces médicaments dans

14 le camion, ce que nous avons fait, et ensuite, nous avons quitté le

15 bâtiment, le centre médical de Kozarac. Ils nous ont emmenés vers le

16 centre de Kozarac.

17 Q. : Ces deux soldats qui sont venus à l’endroit où vous étiez, vous avez

18 dit qu’ils parlaient des dialectes serbes. Connaissiez-vous l’un ou

19 l’autre de ces soldats ?

20 R. : Non, pas à ce moment-là.

21 Q. : Avez-vous appris par la suite le nom de l’un de ces soldats ?

22 R. : Oui.

23 Q. : Quand avez-vous appris le nom de l’un de ces soldats ?

24 R. : Un de ces deux soldats est revenu à Trnopolje, peut-être même deux

25 fois, et il nous a alors parlé et s’est présenté.

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1 Q. : Et comment s’appelait-il ?

2 R. : Ljubomir ou Ljubo Stojanovic.

3 Q. : Stojanovic vous a-t-il dit d’où il venait ?

4 R. : Oui, il a dit qu’il était de Belgrade.

5 Q. : Pendant que vous étiez au centre médical, Gordana était-elle encore

6 là avec vous ? Etait-elle l’une des personnes qui étaient avec

7 vous ?

8 R. : Oui.

9 Q. : Vous souvenez-vous des soldats qui ont demandé à Gordana de quitter

10 le bâtiment avec eux ?

11 R. : Oui, immédiatement après qu’ils sont entrés, l’un des soldats lui a

12 demandé, l’a appelée et lui a demandé de sortir, et elle est revenue

13 après environ, peut-être, une demi-heure.

14 Q. : Dans quel état était-elle quand elle est revenue ?

15 R. : Elle était bouleversée, presque dans un état d’hystérie.

16 Q. : Vous a-t-elle dit ce qui s’était passé pendant qu’elle était partie ?

17 R. : Nous avons demandé ce qui s’était passé et où ils l’avaient emmenée,

18 et tout ce qu’elle a dit, c’est qu’elle avait dû leur montrer son

19 appartement.

20 Q. : Qu’elle avait dû montrer son appartement aux soldats ?

21 R. : Oui.

22 Q. : Lui ont-ils dit pourquoi ils voulaient voir son appartement ?

23 R. : Oui, pour qu’ils n’y touchent pas. C’est ce qu’elle a dit.

24 MME HOLLIS : Madame le Président, c’est peut-être un bon moment pour nous

25 arrêter.

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1 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Nous allons suspendre. Je veux parler

2 brièvement aux avocats de l’équipement de transmission en différé.

3 Donc, le Docteur peut sans doute s’en aller. Vous pouvez vous

4 retirer pour la journée. Nous vous demandons de revenir demain à 10

5 heures, s’il vous plaît.

6 (Le témoin se retire.)

7 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : L’équipement de transmission en différé

8 fonctionne, il me semble, et l’on est en train de préparer des

9 instructions pour les profanes qui ont parfois de la difficulté avec

10 l’équipement technique, mais on est en train de préparer des

11 instructions pour que nous sachions comment nous en servir. Les

12 instructions seront prêtes ce soir, probablement vers 18 h 30. Donc,

13 si le Conseil est dans nos murs ou si vous voulez envoyer quelqu’un

14 chez Mme Featherstone, elle sera en mesure de nous donner ces

15 instructions. Sinon, vous pouvez attendre jusqu’à demain matin et

16 les lui demander. Je crois qu’il serait bon que nous puissions

17 parler quelques minutes demain sur la manière dont nous pourrions

18 régler les questions que pourrait soulever le besoin d’/équipement/

19 de transmission en différé.

20 Donc, à moins qu’il y ait d’autres points qui doivent être portés à

21 l’attention de la Chambre de première instance, nous allons ajourner

22 nos travaux jusqu’à demain matin à 10 heures.

23 (La Cour ajourne l’audience jusqu’au lendemain.)

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