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1 LE TRIBUNAL PÉNAL INTERNATIONAL Affaire IT-94-1-T
2 POUR L’EX-YOUGOSLAVIE
3 Jeudi, le 20 juin 1996
4 (10 heures)
5 (Audience publique)
6 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Tieger, voulez vous continuer ?
7 M. TIEGER : Oui, merci Mme la Présidente. Avant que l’Accusation n’appelle
8 le premier témoin, je voudrais essayer -- je vois que M. Wladimiroff
9 se lève.
10 M. WLADIMIROFF : Non, je ne fais qu’attendre.
11 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Il ne peut pas attendre ! Il est prêt. Très
12 bien. Continuez.
13 M. TIEGER : Je voudrais clarifier un malentendu qui a pu se produire hier
14 et dont je pense qu’il mérite votre attention. Durant son contre-
15 interrogatoire, on a demandé au témoin entendu hier si on lui avait
16 montré ou non une photographie de l’accusé lorsqu’il a été interrogé
17 par les autorités allemandes. Ce contexte suggère clairement que son
18 identification de l’accusé découlait du fait qu’on lui avait
19 préalablement montré une photographie de celui-ci, plutôt que du
20 fait qu’il a grandi et vécu dans le même village.
21 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Mais vous lui avez demandé combien de photos
22 il avait vu, autant que je me souvienne -- je n’ai pas relu le
23 compte-rendu -- et il y en avait 13 ou 14, quelque chose comme ça.
24 M. TIEGER : C’est exact. Nous avons une copie de l’enregistrement allemand
25 de la disposition des photographies montrées au témoin et nous avons
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1 l’album de photos qui indique clairement qu’on a montré au témoin un
2 album qui contenait 24 photos d’individus se ressemblant, et qu’il a
3 clairement reconnu la photographie de l’accusé Dusko Tadic et qu’il
4 l’a sélectionnée parmi toutes les autres.
5 Donc, la manière dont s’est réellement déroulé l’interrogatoire est
6 l’opposé de ce qui a été suggéré à cette Chambre et je pense que
7 cela méritait d’être porté à son attention. Si la Chambre le
8 souhaite, nous sommes en possession de ce document, et nous pouvons
9 le lui communiquer pour examen.
10 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Wladimiroff ? Avez-vous quelque chose à
11 déclarer à ce sujet ?
12 M. WLADIMIROFF : Oui, Mme la Présidente. Nous nous opposerons à la
13 communication de ces photographies. Je ne suis pas sûr que nous les
14 ayons toutes. Nous en avons peut-être certaines car c’est l’avocat
15 allemand qui nous a transmis le dossier, qui à plusieurs reprises
16 s’est avéré incomplet; c’est pourquoi je ne suis pas sûr que nous
17 disposions de toutes les photographies. Mais, au premier chef, nous
18 nous opposons à ce que ces photographies soient soumises à la
19 Chambre pour les raisons que j’ai exposées il y a deux jours. Je
20 pense que nous devons d’abord déterminer clairement la valeur
21 probante d’un tel jeu de photographies, avant de pouvoir le
22 communiquer, c’est pourquoi nous nous y opposons
23 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Il ne serait pas approprié, si nous devions
24 appliquer des règles de preuves strictes, de communiquer ces
25 photographies de la manière que vous suggérez. Si vous deviez les
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1 communiquer, vous devriez le faire à travers l’interrogatoire du
2 témoin. Bien sûr, ceci soulève la question que nous pensions pouvoir
3 repousser jusqu’après avoir interrogé plusieurs témoins. Le témoin a
4 toutefois affirmé, autant que je me souvienne, qu’il avait connu
5 Tadic, qu’il avait vu Tadic. Je me souviens également que pendant le
6 contre-interrogatoire vous avez dit à ce témoin que M. Tadic ne le
7 connaissait pas, si bien que je ne sais pas quel élément de preuve
8 en sera donné à un moment particulier.
9 M. Wladimiroff, en même temps que la déclaration écrite que vous
10 avez lue à cette Chambre il y a deux jours, vous nous avez soumis
11 quelque chose que je n’ai pas encore examiné, mais vous nous avez
12 dit qu’il s’agissait d’une soumission du Dr Wagenaar. Nous n’avions
13 pas décidé, et nous n’avons pas encore décidé si nous allons d’abord
14 écouter M. Wagenaar avant même de rendre une décision sur cette
15 question. Ce que j’essaye de dire, c’est que tout ceci reste pour le
16 moment en suspens. Je propose que nous oubliions les photos que vous
17 suggériez, les 24 photos, à moins que vous ne vouliez rappeler le
18 témoin à la barre. Si vous souhaitez rappeler le témoin à la barre,
19 alors nous aurions à nous occuper immédiatement des questions dont
20 nous repoussons l'examen depuis un moment.
21 M. TIEGER : Je comprends l'argument de la cour. Puis-je, avant de
22 conclure, rappeler à cette Chambre le contexte dans lequel cette
23 question s’inscrit. L’Accusation n’a pas présenté ces photos pour
24 démontrer encore davantage la reconnaissance de l’accusé par le
25 témoin. Nous étions d’accord pour attendre la résolution de cette
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1 question. La Défense, toutefois, a choisi de suggérer à la Chambre
2 que le témoignage de ce témoin était entaché par une procédure qui,
3 en réalité, démontre la capacité du témoin à reconnaître le
4 défendant, puisqu’il a été capable de le reconnaître parmi un jeu de
5 nombreuses photos, alors que la Défense suggérait le contraire. Je
6 pense qu’il ne s’agit pas là d’une initiative de l’Accusation
7 cherchant à soulever prématurément une question avant la résolution
8 du problème dont nous avons discuté. C’est pourquoi j’en ai parlé
9 aujourd’hui.
10 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : D’accord. Le Juge Stephen vient de me montrer
11 la partie du compte-rendu d’audience --il s’agit de la page 1925
12 (page correspondante de la traduction ?) -- où, si je me souviens
13 bien, nous avions convenu de reporter l’examen de cette question. M.
14 Tieger, à ce stade, attendez-vous de cette Chambre de première
15 instance autre chose, concernant ce témoignage, que le fait de faire
16 cette déclaration.
17 M. TIEGER : À la lumière de la réponse de la cour ---
18 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Je sais que vous aimeriez que nous acceptions
19 tout ce que vous avez dit mais, en termes de mesures concrètes,
20 attendez-vous quelque chose de nous à ce stade ?
21 M. TIEGER : Non, rien d’autre que le fait que j’allais lui soumettre les
22 documents. Je comprends la réponse de la cour à cette suggestion et
23 je n’ai donc rien à ajouter.
24 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : D’accord, très bien. M. Wladimiroff, avez-
25 vous autre chose à ajouter sur ce point ou un autre point à soulever
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1 ?
2 M. WLADIMIROFF : Non, aucun autre point à soulever, Mme la présidente. La
3 Chambre de première instance a pris une décision le 7 mai concernant
4 notre requête aux fins de protection des témoins. Nous trouverions
5 très pratique de pouvoir disposer de la version écrite, avant de
6 partir en Bosnie. J’attire juste votre attention sur le fait que
7 nous ne l’avons pas encore reçue.
8 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Merci. J’ai vu ce matin cette décision, qui
9 est en cours de traduction. Vous comprenez bien qu’avant d’être
10 publiée, elle doive d’abord être traduite français, mais vous la
11 recevrez avant votre départ pour la Bosnie.
12 M. WLADIMIROFF : Merci.
13 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Tieger, voulez-vous appeler votre témoin
14 suivant à la barre ?
15 M. TIEGER : Merci, Mme la Présidente. Le prochain témoin de l’Accusation
16 est Nihad Haskic.
17 Appel de M. NIHAD HASKIC à la barre
18 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Monsieur, voulez-vous prêter serment s'il
19 vous plaît ?
20 LE TEMOIN (Interprétation) : Je déclare solennellement de dire la vérité,
21 toute la vérité, rien que la vérité.
22 (Prestation de serment du témoin)
23 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Tieger, vous pouvez continuer.
24 M. TIEGER : Merci, Mme la Présidente.
25 Interrogatoire du témoin par M. TIEGER
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1 Q. : Comment vous appelez-vous ?
2 R. : Nihad Haskic.
3 Q. : Quel est votre lieu de naissance ?
4 R. : Prijedor.
5 Q. : Quelle est votre année de naissance ?
6 R. : 54.
7 Q. : A quelle nationalité ou groupe ethnique appartenez-vous ?
8 R. : Musulman.
9 Q. : Avez-vous été élevé, avez-vous grandi à Prijedor ?
10 R. : J'ai grandi à Trnopolje.
11 Q. : Où êtes-vous allé à l'école ?
12 R. : A Trnopolje, les quatre premières années, puis à Prijedor.
13 Q. : Avez-vous fait votre service militaire dans les rangs de la JNA ?
14 R. : J'ai servi à Banja Luka.
15 Q. : A quelle époque ?
16 R. : En 73 et 74.
17 Q. : Après votre service sous les drapeaux, êtes-vous rentré à Prijedor ?
18 R. : Oui.
19 Q. : Avez-vous suivi une formation de mécanicien et avez-vous travaillé
20 dans la réparation et la vente d'automobiles après votre retour à
21 Prijedor ?
22 R. : Oui.
23 Q. : En 1979, avez-vous ouvert une affaire, un autre type d'affaire ?
24 R. : J'ai ouvert une boutique de kehab.
25 Q. : Le kehab est une spécialité alimentaire, un plat de viande n'est-ce
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1 pas ?
2 R. : Oui, le grill de Banja Luka.
3 Q. : Votre grill était-il populaire et connu dans la région ?
4 R. : Oui.
5 Q. : Avez-vous créé une entreprise de construction en 1986 ?
6 R. : Oui.
7 Q. : Cette société était-elle spécialisée dans la pose de câbles
8 téléphoniques ?
9 R. : Oui.
10 Q. : Vous travaillez donc pour les PTT, est-ce exact ?
11 R. : Oui.
12 Q. : Durant votre jeunesse à Prijedor, quel était l'état des relations
13 entre groupes ethniques dans la région ?
14 R. : Elles étaient bonnes.
15 Q. : Connaissiez-vous Dule Tadic avant la guerre ?
16 R. : Oui.
17 Q. : Vous connaissait-il ?
18 R. : Je crois que oui.
19 Q. : Comment vous êtes-vous connu ?
20 R. : Nous avons fini par nous connaître. Sa famille était connue et il
21 enseignait le karaté.
22 Q. : Il était donc une personne assez connue dans l'opstina de Prijedor ?
23 R. : Oui, toute sa famille.
24 Q. : Etiez-vous bien connu comme étant le propriétaire du grill de kehab ?
25 R. : Oui.
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1 Q. : Pourriez-vous dire à la Cour quel était votre surnom ?
2 R. : Cevap.
3 Q. : Dule Tadic était-il connu au point que s'il venait à votre grill en
4 votre absence, votre femme vous mentionnait sa visite ?
5 R. : Parfois.
6 Q. : D'où votre femme est-elle originaire ?
7 R. : de Nrnici.
8 Q. : Connaissait-elle bien Dule Tadic ?
9 R. : Oui.
10 Q. : Quand vous rencontriez Dule Tadic dans la rue, vous saluiez-vous ?
11 R. : Non, seulement bonjour.
12 Q. : Echangiez-vous parfois quelques mots, mentionnait-il ses visites à
13 votre grill ?
14 R. : Parfois. Il disait des choses du genre "la viande de ton grill est
15 bonne".
16 Q. : L'avez-vous vu de nombreuses fois entre l'ouverture de votre grill et
17 le déclenchement des hostilités ?
18 R. : Je ne pourrais pas dire combien de fois, je ne me souviens pas, mais
19 en de nombreuses occasions.
20 Q. : Avez-vous vu ou rencontré Dule Tadic quelques fois ou à de nombreuses
21 reprises ?
22 R. : Un bon nombre de fois.
23 Q. : Quelle était la taille de Dule Tadic ? Quelle était sa constitution ?
24 R. : Dule Tadic était d'assez petite taille mais très bien bâti.
25 Q. : Portait-il parfois la barbe ?
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1 R. : Oui.
2 Q. : Etait-il parfois rasé ?
3 R. : Il portait parfois la barbe et d'autres fois non. Il ne la portait
4 pas toujours.
5 Q. : M. Haskic, j'aimerais vous poser quelques questions sur la période
6 qui a précédé le conflit. Tout d'abord, vous rappelez-vous la date
7 de la prise de Prijedor ?
8 R. : C'était durant la nuit du 29 au 30 avril, à l'aube.
9 Q. : La population était-elle dans l'ensemble consciente de tensions
10 politiques qui auraient précédé la prise de la ville ?
11 R. : Oui.
12 Q. : Cette prise a t-elle été une surprise pour vous, vos amis et votre
13 famille ?
14 R. : Oui.
15 Q. : Etiez-vous à Prijedor le matin de la prise de la ville ?
16 R. : Oui, j'étais chez moi.
17 Q. : Qu'avez-vous observé à Prijedor ce matin là ? Quelle était la
18 situation ?
19 R. : La situation à Prijedor se caractérisait par la présence de très
20 nombreux soldats ainsi que des troupes et des membres de la police
21 devant tous les bâtiments importants et on pouvait voir des postes
22 de contrôle; et les drapeaux flottaient sur tous les édifices de la
23 ville.
24 Q. : Quelle sorte de drapeaux ?
25 R. : Le drapeau serbe.
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1 Q. : Y avait-il des soldats armés et étaient-ils postés dans des endroits
2 particuliers ?
3 R. : Ils étaient tous armés.
4 Q. : Y avait-il des tireurs embusqués ?
5 R. : Il y avait des tireurs embusqués sur les toits des bâtiments.
6 Q. : Avez-vous pu aller travailler ce jour-là ?
7 R. : Non.
8 Q. : Pourquoi pas ?
9 R. : Je n'ai pas pu parce que les PTT m'avaient dit d'arrêter, de
10 suspendre mon travail.
11 Q. : La situation des Musulmans a t-elle continué à se détériorer après
12 cette prise de la ville ?
13 R. : Elle s'est considérablement dégradée.
14 Q. : Des Musulmans ont-ils perdu leur emploi ?
15 R. : Oui.
16 Q. : Etaient-ils en danger ?
17 R. : Oui et cela s'aggravait quotidiennement.
18 Q. : Avez-vous fait partir votre famille de la région ?
19 R. : Oui, le 15 mai.
20 Q. : A votre connaissance, était-ce la dernière fois que des personnes ont
21 pu quitter la région ?
22 R. : Ce fut le dernier convoi d'autocars à partir.
23 Q. : Après cela, tout Musulman qui voulait se déplacer était-il en danger
24 ?
25 R. : Oui.
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1 Q. : Les programmes de radio et de télévision ont-ils changé ?
2 R. : Oui. Nous n'avons plus eu que des programmes de télévision serbes
3 après cela.
4 Q. : Avez-vous été au courant des attaques d'Hambarine et de Kozarac ?
5 R. : Oui.
6 Q. : Comment avez-vous appris l'existence de ces attaques ?
7 R. : Nous avons regardé l'offensive contre Hambarine. Nous avons pu la
8 suivre du fait de sa proximité de Prijedor et pour ce qui est de
9 l'attaque de Kozarac, je l'ai appris de réfugiés de Kozarac à
10 Prijedor.
11 Q. : Vous mentionnez des "réfugiés". Certains des résidents de Kozarac se
12 sont enfuis vers Prijedor après l'attaque contre leur localité ?
13 R. : Après l'attaque, de nombreux réfugiés sont venus à Prijedor.
14 Q. : Quand le nettoyage de Prijedor a t-il commencé, de la ville de
15 Prijedor ?
16 R. : Le nettoyage ethnique de Prijedor a commencé le 30 mai.
17 Q. : Où vous trouviez-vous ?
18 R. : J'étais chez moi.
19 Q. : Dans quel quartier de la ville de Prijedor viviez-vous ?
20 R. : J'habitais le quartier appelé Zagrad.
21 Q. : Quel groupe ethnique réside dans ce quartier ?
22 R. : Il s'agit d'un quartier musulman.
23 Q. : Comment vous êtes-vous rendu compte ce 30 mai que quelque chose se
24 passait ?
25 R. : Je m'en suis rendu compte en entendant des coups de feu dans la
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1 matinée puis en écoutant radio Prijedor.
2 Q. : Qu'avez-vous entendu à Radio Prijedor ? Quels événements vous a t-on
3 relaté ?
4 R. : Nous avons appris que Prijedor était attaqué et que nous devions
5 rester chez nous.
6 Q. : Les Musulmans et les Croates ont-ils reçu d'autres directives que de
7 rester chez eux ?
8 R. : On leur a dit de rester à leur domicile.
9 Q. : Leur a t-on demandé de faire quoi que ce soit pendant qu'ils étaient
10 chez eux ?
11 R. : On leur a aussi demandé ce jour-là de mettre des drapeaux blancs sur
12 les maisons.
13 Q. : Avez-vous mis un drapeau blanc ou pendu un drap blanc à votre fenêtre
14 ?
15 R. : Non.
16 Q. : Est-ce que bon nombre de vos voisins l'ont fait ?
17 R. : Bon nombre l'ont fait et bon nombre pas.
18 Q. : Après avoir entendu la radio et les coups de feu, êtes-vous resté
19 chez vous une partie de la journée ?
20 R. : Oui, un certain temps.
21 Q. : En plus des coups de feu, avez-vous entendu un bombardement ?
22 R. : Oui.
23 Q. : De votre maison, pouviez-vous voir les parties de Prijedor qui
24 étaient bombardées ?
25 R. : Je pouvais voir une partie de la vieille ville qui était bombardée.
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1 Q. : Quel groupe ethnique vivait à Stari Grad ?
2 R. : Des Musulmans.
3 Q. : Qu'avez-vous pu voir se dérouler à Stari Grad ?
4 R. : Nous avons pu voir un char arriver et tirer sur les maisons puis la
5 façon dont ils incendiaient les maisons.
6 Q. : Le char allait-il de maison en maison ?
7 R. : Oui.
8 Q. : Avez-vous quitté votre maison durant cette journée ?
9 R. : Oui.
10 Q. : Pourquoi avez-vous quitté votre domicile ?
11 R. : Parce que j'ai pensé que ce pourrait être plus sûr, que ce serait
12 préférable que je me joigne à la foule.
13 Q. : Où êtes-vous allé ?
14 R. : Je suis allé chez mes voisins.
15 M. TIEGER : Mme la Présidente, pourrait-on marquer cette carte comme étant
16 la pièce à conviction 229 aux fins d'identification, s'il vous plaît
17 ?
18 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Ce sera la 230, M. Tieger.
19 M. TIEGER : Merci, Mme la Présidente, je m'excuse. M. Haskic,
20 reconnaissez-vous cette carte qui montre partie de la ville de
21 Prijedor ?
22 R. : Oui, je la reconnais.
23 Q. : Pouvez-vous repérer votre quartier sur cette carte ?
24 R. : Oui.
25 M. TIEGER : Mme la Présidente, je verse cette pièce au dossier.
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1 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Des objections ?
2 M. WLADIMIROFF : Pas d'objection.
3 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : La pièce 230 est admise.
4 M. TIEGER : Peut-on la placer un instant sur l'elmo ? M. Haskic, pouvez-
5 vous nous indiquer votre maison sur cette carte ?
6 R. : Oui, elle est ici.
7 Q. : Si vous pouviez le faire sur le document même qui est à votre droite,
8 nous pourrions tous le voir.
9 R. : Ici. (Le témoin désigne l'endroit sur la carte).
10 Q. : Pouvez-vous nous montrer où se situe la maison du voisin où vous vous
11 êtes rendu ce jour-là ?
12 R. : Ici. (Le témoin désigne l'endroit sur la carte).
13 Q. : Pourriez-vous marquer ces endroits avec un crayon ?
14 R. : (Le témoin marque les endroits sur la carte).
15 Q. : Y a t-il une mosquée dans ce quartier ?
16 R. : Oui. La mosquée se trouve ici.
17 Q. : Merci. Vous pouvez vous rasseoir. Etes-vous resté un certain temps
18 dans la maison de votre voisin ?
19 R. : Oui.
20 Q. : Votre voisin avait-il aussi un garage ?
21 R. : Oui.
22 Q. : D'autres personnes du quartier se sont-elles aussi rassemblées à la
23 maison de votre voisin ?
24 R. : Oui.
25 Q. : Etes-vous avec ces personnes du quartier resté dans la maison une
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1 partie de la journée et dans le garage une autre partie de cette
2 même journée ?
3 R. : Oui.
4 Q. : Pouviez-vous voir de la maison de votre voisin ce qui se passait à
5 Stari Grad ou dans d'autres quartiers proches ?
6 R. : Nous pouvions voir ce qui se passait à Stari Grad.
7 Q. : La destruction des maisons que vous avez évoquée plus tôt s'est-elle
8 poursuivie ?
9 R. : Durant toute la journée, oui.
10 Q. : Les troupes serbes ont-elles fini par arriver dans votre quartier ?
11 R. : Oui.
12 Q. : Qu'ont-elles d'abord fait quand elles sont arrivées dans le quartier
13 ?
14 R. : Elles tiraient et nous criaient de sortir des maisons.
15 Q. : Est-ce qu'elles vous criaient de sortir ? Quels moyens employaient-
16 elles pour cela ?
17 R. : Une sorte de haut-parleur.
18 Q. : Vous rappelez-vous ce que ce soldat utilisant le haut-parleur
19 ordonnait aux gens de faire ?
20 R. : Il disait : "Sortez. Nous allons vous tuer".
21 Q. : Après l'arrivée des troupes serbes et qu'elles vous aient donné
22 l'ordre de sortir , avez-vous tous quitté le garage ou la maison ?
23 R. : Nous sommes sortis du garage dans la rue.
24 Q. : Que portaient les troupes serbes qui sont venues dans votre quartier
25 ?
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1 R. : Ils étaient tous armés.
2 Q. : Portaient-ils des uniformes ?
3 R. : Oui.
4 Q. : Quelle sorte d'uniformes ?
5 R. : Des tenues camouflées.
6 Q. : Portaient-ils quelque chose sur leur tête ?
7 R. : Oui. Ils portaient des bérets rouges.
8 Q. : Portaient-ils des emblèmes ou des insignes sur leurs uniformes ?
9 R. : Ils avaient des insignes serbes sur les épaules, autour des bras.
10 Q. : Tout d'abord, en plus de vous et des personnes réfugiées dans le
11 garage, d'autres personnes du quartier sont-elles descendues dans la
12 rue comme on le leur ordonnait ?
13 R. : Nous sommes tous sortis, toute la ville est sortie dans la rue.
14 Q. : Pouvez-vous nous montrer sur le plan où on vous a ordonné de vous
15 rendre ?
16 R. : On nous a ordonné d'aller vers la ville.
17 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : La carte est-elle toujours sur l'elmo ? 230 ?
18 M. TIEGER : Monsieur, à l'aide de cette baguette vous pourriez peut-être
19 nous indiquer sur la carte à votre droite où vous vous êtes tous
20 dirigés ?
21 R. : Nous sommes allés ici vers la ville.
22 Q. : Vous êtes donc allé du garage, en haut de votre rue, dans la
23 direction de la ville ?
24 R. : Oui.
25 Q. : Avez-vous vu ce qui était arrivé à votre maison pendant que vous vous
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1 rendiez en ville ?
2 R. : J'ai pu voir en passant devant ma maison qu'elle brûlait, qu'elle
3 était en flammes.
4 Q. : Est-ce que d'autres maisons du bloc étaient aussi en flammes ?
5 R. : Deux maisons étaient en train de brûler en face de la mienne.
6 Q. : Pendant que vous avanciez, avez-vous pu observer si certains de vos
7 voisins étaient abattus sur place ?
8 R. : Oui, à droite, Fuad Ekimovic a été abattu et tué dans son jardin.
9 Q. : Il était encore dans son jardin quand il a été tué ?
10 R. : Oui.
11 Q. : Il n'était pas sorti dans la rue comme les soldats en avaient donné
12 l'ordre ?
13 R. : Oui.
14 Q. : Vous avez désigné ou vous nous avez montré sur la carte où se
15 trouvait la mosquée. S'est-il passé quelque chose à la mosquée ce
16 jour-là ?
17 R. : La mosquée a été touchée par un obus.
18 Q. : Le minaret était-il encore en état ?
19 R. : Le minaret était à moitié détruit.
20 Q. : Le groupe de Musulmans du quartier a t-il interrompu sa marche ?
21 R. : Le groupe s'est arrêté ici, devant un plateau où se trouvaient les
22 bâtiments et c'est ici que les autocars nous attendaient.
23 Q. : Pouvez-vous nous montrer cet endroit sur la carte ?
24 R. : C'est ici. (Le témoin indique l'endroit sur la carte).
25 Q. : Vous pourriez peut-être aussi le marquer au crayon ?
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1 R. : (Le témoin marque l'endroit sur la carte).
2 Q. : Y a t-il des édifices à l'endroit où le groupe s'est arrêté ?
3 R. : Il y a une croix.
4 Q. : Quelle sorte d'édifices ?
5 R. : Le bâtiment de la banque SDK puis une autre banque un peu plus loin,
6 PBS Bank, de Sarajevo. Il y avait aussi un immeuble d'habitation et,
7 au rez-de-chaussée se trouvait une coopérative.
8 Q. : Vous dites que des autocars attendaient lors de votre arrivée.
9 Qu'est-il arrivé au groupe de Musulmans de votre quartier quand vous
10 êtes arrivés à l'endroit où attendaient les autocars ?
11 R. : On nous a fait monter dans les autocars.
12 Q. : Est-ce que certaines personnes ont été dirigées vers certains
13 autocars et d'autres placées à bord d'autres cars ?
14 R. : Ils ont fait monter les hommes à bord des autocars et ils ont dirigé
15 les femmes et les enfants de l'autre côté, ils nous ont séparé.
16 Q. : Y avait-il aussi des hommes âgés dans le groupe de personnes dirigées
17 vers cet endroit ?
18 R. : Oui.
19 Q. : Où les hommes âgés ont-ils été placés lors de la séparation ?
20 R. : Dans les mêmes autocars.
21 Q. : Les mêmes autocars que les hommes ?
22 R. : Oui.
23 Q. : Où les autocars vous ont-ils emmené ?
24 R. : Nous avons été emmenés au centre de la ville devant l'hôtel Balkan.
25 Q. : Qu'avez-vous vu quand vous êtes arrivés ?
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1 R. : Nous étions dans les autocars. Nous ne sommes pas sortis mais nous
2 avons pu voir que des autocars arrivaient à cet endroit en
3 provenance de toute la ville.
4 Q. : En chemin de l'endroit où vous êtes montés à bord des cars jusqu'à
5 l'hôtel Balkan, avez-vous vu des cadavres dans les rues ?
6 R. : J'ai vu des cadavres à gauche du marché.
7 Q. : Après votre arrivé à l'hôtel Balkan où sont arrivés de nombreux cars,
8 où ces autocars se sont-ils rendus ensuite ?
9 R. : Nous avons formé une colonne qui a commencé à avancer puis nous nous
10 sommes arrêtés devant le bâtiment de la SUP. La colonne s'est
11 arrêtée devant le bâtiment de la SUP.
12 Q. : C'est l'immeuble de la police ?
13 R. : Oui.
14 Q. : Des policiers sont-ils montés à bord des cars ?
15 R. : Pas dans celui où je me trouvais mais dans d'autres.
16 Q. : Ont-ils fait descendre des personnes des cars ?
17 R. : Oui.
18 Q. : Qu'est-il arrivé à ces gens ?
19 R. : Ils sont remontés à bord des véhicules après un certain temps.
20 Q. : Certains d'entre eux avaient-ils été battus ?
21 R. : Je le pense.
22 Q. : Les cars sont restés combien de temps devant le bâtiment de la SUP ?
23 R. : Je ne pourrais pas vous dire exactement, une éternité. Pas longtemps.
24 Ils ne sont pas restés longtemps.
25 Q. : Compreniez-vous à ce stade ce qui vous arrivait ainsi qu'aux autres
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1 gens ? Saviez-vous quelles étaient leurs intentions à votre égard,
2 où ils vous emmenaient ?
3 R. : Nous ne le savions pas. Je ne le savais pas.
4 Q. : Où les autocars se sont-ils rendus ensuite ?
5 R. : Ils sont partis avec nous à leur bord.
6 Q. : Pendant le trajet, vous a t-on ordonné de vous asseoir dans le car
7 d'une certaine façon ?
8 R. : Oui. Nous étions censés garder la tête baissée et ne pas regarder où
9 nous allions.
10 Q. : Où votre car a t-il abouti ?
11 R. : Mon car est arrivé à Omarska.
12 Q. : Quelle heure était-il ?
13 R. : C'était dans la soirée.
14 Q. : Que s'est-il passé quand vous êtes descendu du car à Omarska ?
15 R. : Ils nous ont fait sortir et nous ont aligné contre le mur puis ils
16 nous ont fouillé et pris tout ce que nous avions sur nous.
17 Q. : Est-ce que de nouveaux prisonniers ont été battus à ce moment-là ?
18 R. : Oui. Durant la fouille certains ont été frappés et d'autres pas.
19 Q. : En plus de la saisie de vos papiers et objets de valeur, ont-ils
20 enregistré votre identité lors de votre arrivée ?
21 R. : Oui, ils ont pris les noms de tout le monde.
22 Q. : Dans quelle partie du camp d'Omarska avez-vous passé cette première
23 nuit ?
24 R. : Nous sommes restés à l'entrée près du restaurant, dans une pièce près
25 du restaurant.
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1 Q. : A l'intérieur de l'édifice du restaurant ?
2 R. : Près du restaurant, une salle près du restaurant.
3 Q. : Pourriez-vous examiner ce modèle et nous indiquer l'édifice où vous
4 avez passé cette nuit là ?
5 R. : (Le témoin indique l'endroit sur le modèle).
6 Q. : Merci. Combien de temps êtes-vous resté dans cette salle ?
7 R. : Très brièvement, une nuit.
8 Q. : On vous a ensuite placé dans une autre salle dans l'édifice du
9 restaurant ?
10 R. : Non, à ce moment là je suis allé à la pista.
11 Q. : Pourriez-vous indiquer sur le modèle où se trouve la pista ?
12 R. : Voici la pista. (Le témoin désigne l'endroit sur le modèle).
13 Q. : Etes-vous resté sur la pista toute la journée ?
14 R. : Oui, nous avons dormi sur la pista ?
15 Q. : Vous est-il arrivé de passer la nuit en d'autres endroits du camp ?
16 R. : Oui. Pendant que nous étions sur la pista, j'ai passé une nuit à la
17 maison blanche.
18 Q. : Vous a t-on placé dans une salle particulière à la maison blanche
19 avec d'autres prisonniers de la pista ?
20 R. : J'ai été placé avec les détenus qui étaient venus avec moi de la
21 pista.
22 Q. : Pendant que vous étiez à la maison blanche, avez-vous eu l'occasion
23 de voir des salles différentes de celle dans laquelle vous vous
24 trouviez ?
25 R. : Quand je suis entré, j'ai vu deux salles à l'avant du bâtiment.
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1 Q. : Quel était l'état de ces deux salles ?
2 R. : Horrible.
3 Q. : Qu'avez vous vu ?
4 R. : Dans la salle de gauche j'ai vu deux personnes allongées sur le sol,
5 le béton.
6 Q. : Avez-vous observé quoi que ce soit sur le sol ou les murs ?
7 R. : Il y avait de vieilles traces de sang sur le sol et les murs.
8 Q. : Combien de temps, approximativement, êtes-vous resté sur la pista ?
9 R. : Au total je suis resté neuf ou dix jours sur la pista.
10 Q. : Où avez-vous été détenu ensuite ?
11 R. : J'ai ensuite été transféré dans la pièce du hangar.
12 Q. : Si M. Bos peut m'aider, nous pourrions peut-être retirer le toit du
13 hangar de façon à ce que nous puissions en voir l'intérieur ? M.
14 Haskic, puis-je vous demander d'examiner le modèle et de voir si
15 vous pouvez situer la salle dans laquelle vous avez été détenu après
16 la pista ? Vous pouvez vous lever si vous le voulez. Si vous la
17 voyez, pourriez vous la désigner et je vous demanderai d'identifier
18 le numéro de la salle. Les numéros qui figurent sur le modèle sont
19 uniquement à l'usage de la cour. Ils ne correspondent à aucun des
20 numéros utilisés pour les salles du camp.
21 Si vous pouvez vous lever et examiner le modèle et nous dire si vous
22 voyez la salle dans laquelle vous vous trouviez et nous la désigner.
23 R. : Je ne peux pas voir de ce côté. Ici. (Le témoin indique l'endroit sur
24 le modèle).
25 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Pouvez vous voir, M. Wladimiroff ?
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1 M. WLADIMIROFF : Difficilement.
2 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Pourquoi ne vous levez vous pas pour voir
3 également ?
4 M. WLADIMIROFF : C'est très difficile de voir. Si la lumière est un peu
5 faible, l'écran n'est pas très large.
6 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Pourriez-vous désigner une nouvelle fois, M.
7 Haskic, la salle dans laquelle vous étiez détenu et, M. Wladimiroff,
8 si vous pouviez vous lever pour mieux voir ?
9 INTERPRETE : Nous ne pouvons pas entendre le témoin parce qu'il ne parle
10 pas dans le microphone.
11 TEMOIN : Cette salle porte le numéro 15. L'entrée se trouvait ici. Voici
12 la salle. Et voilà l'entrée.
13 M. TIEGER : M. Haskic, voyez-vous le ou les numéros qui sont sur le modèle
14 dans cette pièce et, si oui, pouvez-vous nous les indiquer ?
15 R. : Numéros 7 et 23.
16 Q. : Avez-vous fini par être transféré de cette salle ?
17 R. : Après l'interrogatoire je suis retourné dans la salle où je me
18 trouvais à l'origine.
19 Q. : Etes-vous resté dans cette salle du bâtiment du restaurant jusqu'à
20 votre départ d'Omarska ?
21 R. : Oui.
22 Q. : Vous avez mentionné votre interrogatoire. Connaissiez-vous certaines
23 des personnes qui vous ont interrogé au camp d'Omarska ?
24 R. : Oui.
25 Q. : Comment se fait-il que vous les connaissiez ?
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1 R. : Je les connaissais parce qu'ils appartenaient tous à la police, à la
2 SUP de Prijedor.
3 Q. : Pouvez-vous nous donner le nom de certains d'entre eux ?
4 R. : J'ai été interrogé par Zjelko Tomcic - Neso Tomcic et Neso Babic.
5 Q. : Quelle était l'occupation de Neso Tomcic et de Neso Babic avant la
6 guerre ?
7 R. : Ils étaient des officiers de police, des inspecteurs de la SUP.
8 Q. : Vous rappelez-vous d'autres personnes qui procédaient aux
9 interrogatoires à Omarska et que vous aviez connu avant la guerre ?
10 R. : Je me souviens de Drago Meakic.
11 Q. : Que faisait Drago Meakic avant la guerre ?
12 R. : La même chose, il était également un inspecteur de la SUP.
13 Q. : Etait-il en activité ou avait-il pris sa retraite peu de temps avant
14 les hostilités ?
15 R. : Il avait pris sa retraite juste avant la guerre.
16 Q. : Vous rappelez-vous d'autres personnes procédant aux interrogatoires ?
17 R. : Je me souviens de Obrad Despotovic.
18 Q. : Que faisait-il avant la guerre ?
19 R. : Il était aussi inspecteur de la SUP.
20 Q. : Y en avait-il d'autres ?
21 R. : Rade Teic.
22 Q. : Etait-il aussi lié à la SUP avant la guerre ?
23 R. : Oui.
24 Q. : Avez-vous vu ces inspecteurs, ces anciens inspecteurs maintenant
25 chargés des interrogatoires arriver au camp d'Omarska ?
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1 R. : Oui.
2 Q. : Venaient-ils souvent au camp ?
3 R. : Chaque jour, ils arrivaient le matin dans des autocars.
4 Q. : Vers quelle heure partaient-ils ?
5 R. : Ils partaient dans l'après-midi.
6 Q. : Savez-vous si des prisonniers ont été battus durant ces
7 interrogatoires ?
8 R. : Oui.
9 Q. : Avez-vous vu l'état de ces prisonniers avant et après leur
10 interrogatoire ?
11 R. : Après leur interrogatoire ... bon nombre d'entre eux avaient été
12 sévèrement passés à tabac. Ils étaient couverts d'ecchymoses.
13 Q. : Pouvez-vous décrire les conditions à Omarska durant votre séjour ?
14 R. : Les conditions de vie à Omarska étaient intolérables. Nous avons tous
15 attrapé la typhoïde, la dysenterie, nous avions des poux. Nous
16 subissions chaque jour de mauvais traitements. Des gens dormaient
17 même dans les latrines. Nous ne recevions comme aliments qu'un
18 huitième d'un pain et quelques cuillerées d'un liquide appelé
19 "soupe".
20 Q. : Aviez-vous de l'eau potable ?
21 R. : Nous avions de l'eau potable mais avant la guerre nous ne
22 l'utilisions pas pour la consommation. Elle n'était pas bonne en
23 raison de sa forte teneur en fer, mais nous l'avons bu néanmoins.
24 Q. : Des femmes étaient-elles aussi détenues à Omarska ?
25 R. : Oui.
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1 Q. : Où étaient-elles détenues ?
2 R. : Elles passaient leurs journées dans le restaurant où nous prenions
3 nos repas.
4 Q. : Savez-vous si des femmes étaient détenues ou non dans la maison
5 blanche ?
6 R. : Je ne sais pas.
7 Q. : En plus des passages à tabac infligés aux prisonniers durant les
8 interrogatoires, étaient-ils battus en d'autres occasions ?
9 R. : Ils nous frappaient chaque fois qu'ils le pouvaient.
10 Q. : Les détenus étaient-ils frappés quand ils se rendaient à leur repas ?
11 R. : Oui, ils formaient deux files et nous devions passer entre ces deux
12 rangées et ils nous frappaient quand nous passions.
13 Q. : Des prisonniers étaient-ils frappés quand ils voulaient utiliser les
14 latrines ?
15 R. : Oui, quand on allait et revenait des toilettes, ils frappaient
16 parfois les détenus ou parfois nous hésitions à y aller parce que
17 nous savions que nous risquions d'être battus.
18 Q. : Est-ce que les prisonniers, dont beaucoup souffraient de la
19 dysenterie, ont trouvé d'autres moyens de satisfaire leurs besoins
20 naturels plutôt que d'utiliser les toilettes où ils risquaient
21 d'être battus ?
22 R. : Nous étions dans la salle 15 du hangar. Il y avait des lavabos mais
23 certains s'y soulageaient uniquement pour éviter d'aller aux
24 toilettes.
25 Q. : Est-ce que des prisonniers étaient appelés la nuit de divers endroits
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1 du camp ?
2 R. : Oui.
3 Q. : Pouviez-vous entendre ce qui arrivait parfois à ces détenus ?
4 R. : Nous pouvions voir seulement certains d'entre-eux quand ils étaient
5 ramenés dans la salle.
6 Q. : Quel était alors leur état ?
7 R. : Ils étaient sévèrement battus.
8 Q. : Est-ce que certains des prisonniers emmenés de la salle la nuit ne
9 sont jamais revenus ?
10 R. : Bon nombre d'entre eux ne sont jamais revenus.
11 Q. : Avec quelle régularité des prisonniers étaient-ils emmenés de la
12 salle et ne revenaient pas ?
13 R. : Tous les soirs.
14 Q. : Avez-vous vu des cadavres à Omarska ?
15 R. : Oui.
16 Q. : Où les avez-vous aperçus ?
17 R. : Sur l'herbe quand nous étions sur la pista, sur l'herbe près de la
18 maison blanche.
19 Q. : Les voyiez-vous le matin ?
20 R. : Durant la journée.
21 Q. : Les dépouilles étaient-elles enlevées à un moment quelconque durant
22 la journée ?
23 R. : Elles restaient parfois sur place un jour ou deux.
24 Q. : Vous a t-on d'abord emmené à Manjaca après votre départ d'Omarska ?
25 R. : Quand nous sommes allés à Manjaca, nous avons passé la première nuit
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1 dans le car. Nous ne sommes pas entrés dans le camp.
2 Q. : Après votre arrivée à Manjaca, la Croix rouge vous a t-elle pesé ?
3 R. : La Croix rouge nous a examiné un jour ou deux plus tard.
4 Q. : Quel était votre poids à votre arrivée à Manjaca ?
5 R. : 51 kilogrammes.
6 Q. : Quel était-il avant votre arrivée à Omarska ?
7 R. : 83 kilos.
8 Q. : Avez-vous jamais vu des officiels serbes de Prijedor venir à Omarska,
9 autres que les inspecteurs ou anciens inspecteurs de la SUP ?
10 R. : Le chef de la SUP de Prijedor, Simo Drljaca.
11 Q. : Drljaca venait-il fréquemment au camp d'Omarska ?
12 R. : Je ne comprends pas.
13 Q. : Drljaca venait-il souvent au camp d'Omarska ?
14 R. : Je l'ai aperçu plusieurs fois pendant que je me trouvais sur la
15 pista.
16 Q. : Connaissiez-vous Simo Drljaca avant la guerre ?
17 R. : Oui.
18 Q. : Quelles étaient vos relations ?
19 R. : Nous jouions au football ensembles et il fréquentait mon restaurant.
20 Il y venait fréquemment.
21 Q. : Quand vous l'avez aperçu à Omarska était-il accompagné de quelqu'un
22 d'autre de l'extérieur du camp ?
23 R. : Oui.
24 Q. : Qui était-ce ?
25 R. : Un soldat d'active de l'ancienne JNA, Milovan Milutinovic.
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1 Q. : Avez-vous jamais vu Simo Drljaca avec des membres de l'administration
2 du camp - avec le commandant du camp, par exemple ?
3 R. : Oui.
4 Q. : Qui était le commandant du camp ?
5 R. : Zelko Mejakic.
6 M. TIEGER : Mme la Présidente, pourrait-on marquer cette pièce aux fins
7 d'identification ? Il s'agit d'un cliché extrait d'un film vidéo
8 déjà versé comme moyen de preuve sous le numéro 184 ?
9 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Il s'agira donc de 231 ?
10 M. TIEGER : Oui, Mme la Présidente, c'est exact. M. Haskic, reconnaissez-
11 vous les personnes sur cette photo ?
12 R. : Oui.
13 Q. : Qui sont-elles ?
14 R. : Sur cette photo vous avez, à droite, Simo Drljaca et près de lui, de
15 l'autre côté Milovan Milutinovic.
16 Q. : Pourrait-on placer cette photo sur l'écran s'il vous plaît ?
17 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Des objections à 231 ?
18 M. WLADIMIROFF : Non, Mme la Présidente.
19 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : La pièce est admise.
20 M. TIEGER : Pourriez-vous nous indiquer Simo Drljaca à l'aide de votre
21 baguette ?
22 R. : Oui, c'est lui, ici.
23 Q. : Pourriez-vous maintenant désigner Milovan Milutinovic ?
24 R. : Le voici.
25 Q. : Merci. Savez-vous si des officiels serbes ne vivant pas à Prijedor
Page 3209
1 sont jamais venus ou non en visite au camp ?
2 R. : Une fois pendant que je me trouvais sur la pista, un hélicoptère est
3 arrivé mais je n'ai pas vu qui était à bord.
4 Q. : Vous a t-on dit quel était l'objet de la visite de l'hélicoptère ?
5 R. : En tant que détenus, nous ne pouvions qu'imaginer mais les gardes ne
6 nous ont rien dit.
7 Q. : M. Haskic, vous nous avez parlé des détenus qui étaient régulièrement
8 emmenés de leurs places et battus. Durant votre séjour à Omarska -
9 vous rappelez-vous d'un incident durant lequel Emir Beganovic et
10 Senad Muslimovic ont été appelés de votre salle ?
11 R. : Oui. Ils étaient avec moi dans la pièce.
12 Q. : Dans quelle salle vous trouviez-vous à ce moment-là ?
13 R. : J'étais dans le hangar, à l'étage.
14 Q. : Quelle heure était-il, approximativement, quand ils ont été appelés ?
15 R. : C'était durant l'après-midi.
16 Q. : Vous rappelez-vous de la date approximative ?
17 R. : C'était le 18 juin.
18 Q. : Vous rappelez-vous qui a été appelé le premier ?
19 R. : Je pense que c'est Beganovic.
20 Q. : Avez-vous vu dans quel état il était à son retour ?
21 R. : Oui.
22 Q. : Dans quel état était-il ?
23 R. : Horrible.
24 Q. : Portaient-ils des blessures visibles ?
25 R. : Oui, une de ses blessures étaient très visible. Il avait une entaille
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1 à la tête.
2 Q. : Pouviez-vous observer d'autres indices qu'il avait subi un passage à
3 tabac ?
4 R. : Oui. Il était couvert d'ecchymoses lorsqu'il a ôté ses vêtements.
5 Q. : Dans quel état Muslimovic est-il revenu ?
6 R. : Il était dans un meilleur état que Beganovic.
7 Q. : Avait-il été aussi sévèrement battu ?
8 R. : Oui, mais moins que Beganovic.
9 Q. : Avez-vous entendu les bruits des coups ou les cris de douleur des
10 prisonniers quand Beganovic et Muslimovic ont été appelés ?
11 R. : Oui, nous avons entendu des cris effroyables.
12 Q. : Peut-on décrire ces cris ?
13 R. : Non, ils défient toute description. Ils étaient effroyables. Votre
14 sang se glaçait dans vos veines en les entendant.
15 Q. : D'où provenaient ces cris ?
16 R. : D'en-dessous de l'endroit où nous nous trouvions.
17 Q. : Du rez-de-chaussée du hangar ?
18 R. : Oui, du rez-de-chaussée du hangar.
19 Q. : Combien de temps ces cris des détenus ont-ils duré ?
20 R. : Je ne pourrais pas dire; cela nous a paru une éternité. Je ne sais
21 pas.
22 Q. : Avez-vous appris par la suite l'identité des prisonniers appelés et
23 de ceux dont vous avez entendu les cris ce jour-là ?
24 R. : Nous l'avons appris le lendemain quand nous sommes allés aux
25 toilettes.
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1 Q. : Qui étaient les prisonniers dont vous avez entendu les cris ?
2 R. : Nous avons appris qu'il s'agissait de Eno Alic, Jasmin Hrnic et
3 Karabasic.
4 Q. : Connaissiez-vous le prénom de Karabasic ?
5 R. : Emir Karabasic.
6 Q. : Connaissiez-vous ces hommes avant le conflit ?
7 R. : Oui.
8 Q. : A quel groupe ethnique appartenaient-ils ?
9 R. : Musulman.
10 Q. : Que faisait Emir Karabasic avant le conflit ?
11 R. : Emir était un policier d'active.
12 Q. : Que faisait Eno Alic ?
13 R. : Alic était un chauffeur dans une entreprise, un camionneur.
14 Q. : Et que faisait Jasmin Hrnic ?
15 R. : Jasmin Hrnic avait sa propre affaire, une entreprise d'expédition, de
16 livraison.
17 Q. : De quelle partie de Prijedor venaient ces hommes ?
18 R. : Jasmin était de Hrnici et les deux autres de Kozarac.
19 Q. : Avez-vous des relations de parenté avec Jasmin Hrnic ?
20 R. : Il est mon beau-frère.
21 Q. : Après votre fuite de Bosnie avec votre famille, avez-vous tout fait
22 pour savoir si Jasmin Hrnic était toujours vivant ?
23 R. : Nous avons tout essayé en passant par toutes les organisations
24 possibles.
25 Q. : Etes-vous entré en contact avec toutes les organisations susceptibles
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1 de vous informer de ses coordonnées ?
2 R. : Oui.
3 Q. : Avez-vous pris contact avec des gens, des réfugiés dans divers pays
4 pour savoir s'ils avaient une idée des coordonnées de Jasko ?
5 R. : Oui.
6 Q. : Est-ce qu'une agence internationale avait des informations indiquant
7 que Jasmin Hrnic avait survécu aux hostilités ?
8 R. : Non.
9 Q. : Est-ce que des survivants d'Omarska ou des réfugiés de la région de
10 Prijedor ont vu Hasmin Hrnic vivant après qu'il ait été emmené à
11 Omarska ?
12 R. : Après Omarska ? Je ne comprends pas.
13 Q. : Je vais formuler de nouveau ma question. Est-ce qu'une des personnes
14 que vous avez contacté a vu Jasmin en vie depuis la guerre ?
15 R. : Non.
16 Q. : Vous avez mentionné la date du 18 juin. Une raison particulière vous
17 permet-elle de vous rappeler de cette date comme étant celle de
18 l'incident durant lequel Muslimovic et Beganovic ont été appelés et
19 que vous avez entendu les cris au rez-de-chaussée ?
20 R. : Parce que ce matin là j'ai appris ce qui s'était passé et c'est resté
21 gravé dans ma mémoire.
22 Q. : M. Haskic, durant votre séjour au camp d'Omarska, y avez-vous jamais
23 aperçu Dule Tadic ?
24 R. : Oui.
25 Q. : En combien d'occasions ?
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1 R. : Je l'ai vu deux fois ... non, trois fois.
2 Q. : L'avez-vous aperçu de vos propres yeux en ces trois occasions ?
3 R. : Je l'ai vu deux fois de mes propres yeux.
4 Q. : Où vous trouviez-vous quand vous avez vu Dule Tadic pour la première
5 fois à Omarska ?
6 R. : La première fois j'étais sur la pista.
7 Q. : Ce serait donc au début de juin peu de temps après votre arrivée au
8 camp ?
9 R. : Cela s'est passé alors que j'étais sur la pista.
10 Q. : En utilisant la baguette, pouvez-vous nous montrer sur le modèle où
11 vous vous trouviez sur la pista quand vous avez vu Dule Tadic pour
12 la première fois ?
13 R. : (Le témoin indique l'endroit sur le modèle). Ici.
14 Q. : Vers le milieu de la pista donc ?
15 R. : Oui.
16 Q. : Est-ce un peu dans la direction du hangar ?
17 R. : Oui.
18 Q. : Etiez-vous debout, assis ou allongé ?
19 R. : A ce moment particulier nous étions assis.
20 Q. : Pendant que vous vous trouviez sur la pista, les prisonniers ont-ils
21 jamais été contraints de s'allonger ?
22 R. : Oui.
23 Q. : En quelles occasions ?
24 R. : Quand certains événements bizarres se déroulaient dans le camp, on
25 nous ordonnait alors de nous allonger.
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1 Q. : Pendant que les détenus étaient assis sur la pista avez-vous jamais
2 reçu l'ordre de regarder le sol ?
3 R. : Oui.
4 Q. : Est-ce qu'il est arrivé sur la pista que les prisonniers aient été
5 assis et n'aient pas reçu l'ordre de regarder le sol ou de
6 s'allonger ?
7 R. : Nous avions parfois la liberté de regarder comme nous voulions.
8 Q. : En cette occasion, la première fois que vous avez vu Dule Tadic, dans
9 quelle direction étiez-vous tourné ?
10 R. : Je faisais face au bout, vers le coin.
11 Q. : Etiez-vous face au bâtiment du hangar ou face à celui du restaurant ?
12 R. : Nous faisions face à la cantine.
13 Q. : Où se trouvait Dule Tadic quand vous l'avez aperçu ?
14 R. : Dule Tadic était ici. (Le témoin désigne l'endroit sur le modèle).
15 Q. : Ce serait donc au coin du bâtiment du restaurant ?
16 R. : Au coin de cet édifice là. (Le témoin montre l'endroit sur le
17 modèle). Le hangar est de l'autre côté de la route.
18 Q. : Ce serait donc le coin du bâtiment "menza" qui est le plus proche de
19 vous, le coin de la façade, est-ce exact ?
20 R. : Oui, ce coin, ici.
21 Q. : Une raison particulière a t-elle attiré votre attention sur cet
22 endroit ou l'avez vous vu simplement en regardant dans cette
23 direction ?
24 R. : La rumeur courait que Dule était venu au camp. La rumeur s'est
25 propagée parmi les détenus.
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1 Q. : Quand vous l'avez aperçu, était-il seul ou avec d'autres ?
2 R. : Non, il y avait un groupe.
3 Q. : Combien de personnes environ ?
4 R. : Trois ou quatre. C'était un groupe de gens.
5 Q. : Vous rappelez-vous de ce qu'ils portaient ?
6 R. : Des tenues camouflées.
7 Q. : Etaient-ils armés ?
8 R. : Oui.
9 Q. : Que faisaient-ils quand vous les avez aperçus ?
10 R. : Ils se tenaient debout.
11 Q. : Vous rappelez-vous combien de temps, approximativement, ils sont
12 restés dans ce coin du bâtiment de la cantine ?
13 R. : Je ne sais pas.
14 Q. : Avez-vous vu où ils sont allés ensuite ?
15 R. : Ils sont allés vers le restaurant, vers la cantine. (Le témoin montre
16 l'endroit sur le modèle).
17 Q. : Pendant tout le temps que Dule Tadic et les autres se tenaient à
18 l'endroit que vous avez indiqué, les regardiez-vous constamment ?
19 R. : Non, non.
20 Q. : Regardiez-vous puis détourniez-vous les yeux de façon à ce que Dule
21 Tadic et les gardes ne se rendent pas compte que vous les regardiez
22 ?
23 R. : Nous jetions seulement un coup d'oeil pour ne pas nous faire
24 remarquer.
25 Q. : Savez-vous exactement combien de fois vous l'avez regardé ou pendant
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1 combien de temps ?
2 R. : Je ne peux pas vous dire combien de temps ou combien de fois mais
3 suffisamment pour le reconnaître.
4 Q. : Où étiez-vous assis la deuxième fois que vous avez vu Dule Tadic ?
5 R. : La deuxième fois, j'étais assis près de ce côté. (Le témoin désigne
6 l'endroit sur le modèle).
7 Q. : Vous étiez donc vers l'un des côtés de la pista, le côté de la pista
8 le plus éloigné de la maison blanche, est-ce exact ?
9 R. : Oui.
10 Q. : A peu près vers le milieu de la pista, c'est-à-dire entre le hangar
11 et l'édifice du restaurant.
12 R. : Oui.
13 Q. : Dans quelle direction étiez-vous tourné ?
14 R. : Nous faisons de nouveau face à la cantine.
15 Q. : En cette occasion, où se trouvait Dule Tadic quand vous l'avez aperçu
16 ?
17 R. : Dule Tadic était ici.
18 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Cela nous aiderait si vous pouviez vous
19 concentrer sur l'endroit où pointe le témoin. M. Tieger, Pourriez-
20 vous de nouveau demander au témoin d'indiquer l'endroit ?
21 M. TIEGER : Oui. M. Haskic, pourriez-vous de nouveau indiquer avec la
22 baguette l'endroit où se tenait Dule Tadic quand vous l'avez vu la
23 deuxième fois ?
24 R. : Ici. (Le témoin montre l'endroit sur le modèle).
25 Q. : Vous avez de nouveau indiqué un endroit à proximité du bâtiment de la
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1 cantine ...
2 R. : Oui.
3 Q. : ... au coin le plus éloigné de la maison blanche et en face du hangar
4 ?
5 R. : Oui.
6 M. KAY : Aux fins de clarification, Mme la Présidente, la première fois
7 qu'il a été demandé au témoin où il était assis, ce n'est pas apparu
8 sur l'écran vidéo. Pourrait-on l'indiquer de sorte à ce que nous
9 puissions le voir sur nos écrans ?
10 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Tieger, pourriez-vous faire cela
11 rapidement, s'il vous plaît, avant que nous suspendions l'audience ?
12 La raison en est, M. Tieger, que la vue de la défense est bloquée.
13 Ils ne peuvent pas voir au-dessus de la pièce à conviction. C'est la
14 raison de ma demande.
15 M. TIEGER : Je comprends. M. Haskic, pourrions-nous revenir un instant à
16 la première occasion durant laquelle vous avez vu Dule Tadic dans le
17 camp.
18 R. : La première fois, il était ici au coin et la deuxième fois il était
19 un peu plus près de cet endroit, là. (Le témoin montre l'endroit sur
20 le modèle).
21 Q. : Pouvez-vous nous montrer avec la baguette où vous vous trouviez la
22 première fois ?
23 R. : La première fois, j'étais ici.
24 Q. : Vers le milieu de la pista donc ?
25 R. : Oui.
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1 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Merci, M. Tieger. Nous suspendons l'audience
2 pendant 20 minutes.
3 (11 heures 30)
4 (Brève suspension d'audience)
5 (12 heures)
6 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Tieger, voulez-vous continuer s'il vous
7 plaît ?
8 M. TIEGER : Oui, Mme la Présidente, merci.
9 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Il semble que le modèle ... Ce n'est pas ma
10 vue, n'est-ce pas, M. Tieger ?
11 M. TIEGER : Merci, Mme la Présidente. Comme vous l'avez observé, le modèle
12 est penché pour aider la vue de la caméra.
13 M. Haskic, nous avons le bénéfice d'un nouveau matériel qui va nous
14 permettre, tant à la cour qu'aux Conseils dans le prétoire, de voir
15 les endroits que vous nous avez indiqué antérieurement. Je vais donc
16 vous demander une nouvelle fois de nous désigner certains des
17 endroits que vous nous avez déjà montré. Quand vous les montrez, je
18 vous demanderais de le faire lentement de sorte que la caméra puisse
19 l'enregistrer et que tout le monde dans le prétoire puisse voir
20 l'endroit. Je me rends compte que cela va probablement vous obliger
21 à vous lever et à vous rasseoir une ou deux fois mais je vous
22 demande votre aide sur ce point.
23 Tout d'abord, puis-je vous demander de nous montrer une nouvelle
24 fois la partie du hangar dans laquelle vous vous trouviez quand
25 Beganovic et Muslimovic ont été appelés et quand vous avez entendu
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1 les cris émanant du rez-de-chaussée du hangar - la partie du camp
2 dans laquelle vous vous trouviez alors, si vous pouviez nous
3 l'indiquer ?
4 R. : J'étais dans la salle no 15, ici. (Le témoin indique l'endroit sur le
5 modèle). Exactement ici.
6 Q. : Quand nous examinons cet endroit, nous remarquons qu'il est assez
7 important et englobe deux salles plus petites. Qu'est-ce qu'étaient
8 ces deux salles dans cet endroit plus important ?
9 R. : Ces deux secteurs à gauche est l'endroit où je me trouvais et ceci
10 est l'endroit où nous nous lavions les mains et à droite il y avait
11 une salle de bain.
12 Q. : Il y avait aussi une porte au bout de cette salle, pas du côté où
13 vous nous avez indiqué que vous êtes entré mais de l'autre côté de
14 cette pièce. Cette porte était-elle maintenue ouverte ou fermée ?
15 R. : Cette porte était fermée de notre côté.
16 Q. : Pourriez-vous maintenant montrer à la cour où vous vous trouviez
17 quand vous avez aperçu Dule Tadic pour la première fois au camp
18 d'Omarska ?
19 R. : Je ne parviens pas à l'atteindre.
20 Q. : Vous pouvez vous déplacer autour du modèle. Vous pouvez utiliser
21 votre baguette tout en vous déplaçant aussi.
22 R. : Ici. (Le témoin montre l'endroit sur le modèle).
23 Q. : Est-ce l'endroit où vous vous trouviez ?
24 R. : Oui.
25 Q. : Où était Dule Tadic ?
Page 3220
1 R. : Ici, dans ce coin.
2 Q. : Voyez-vous ces marqueurs jaunes sur la table réservée aux témoins ?
3 Pouvez-vous prendre celui marqué "W1" et le placer à l'endroit où
4 vous vous trouviez la première fois et poser celui marqué "T1" à
5 l'endroit où se trouvait Dule Tadic en cette première occasion ? M.
6 Haskic, pouvez-vous nous montrer où vous vous trouviez la deuxième
7 fois quand vous avez vu Dule Tadic et où celui se trouvait en cette
8 deuxième occasion ?
9 R. : J'étais ici et il était approximativement là, au même endroit, et
10 j'étais ici.
11 Q. : Pouvez-vous prendre les marqueurs "W2" et "T2" ? Et pendant que vous
12 y êtes, vous avez parlé d'une troisième occasion, pouvez-vous nous
13 indiquer où vous étiez en cette troisième occasion ?
14 R. : Je me trouvais ici à l'extrémité, vers la maison blanche.
15 Q. : Pouvez-vous placer le marqueur "W3" et prendre le marqueur "T3" et
16 nous indiquer où se trouvait le groupe en cette troisième occasion ?
17 R. : C'était tout essentiellement dans un secteur.
18 Q. : Si vous voulez bien vous rasseoir ? M. Haskic, j'aimerais de nouveau
19 attirer votre attention sur la deuxième fois que vous avez vu Dule
20 Tadic à Omarska. Vous nous avez déjà indiqué où vous étiez assis et
21 vous nous avez dit dans quelle direction vous étiez tourné. Quel
22 laps de temps s'était écoulé entre la première fois que vous l'avez
23 vu et la deuxième ?
24 R. : C'était très bref, peut-être un jour ou deux.
25 Q. : La deuxième fois, Dule Tadic était-il seul ou avec d'autres personnes
Page 3221
1 ?
2 R. : Il était aussi avec un groupe de trois ou quatre personnes.
3 Q. : Comment les membres de ce groupe étaient-ils vêtus ?
4 R. : Ils portaient aussi des tenues camouflées.
5 Q. : Qu'est-ce que Dule Tadic et les autres membres du groupe faisaient
6 quand vous les avez vus pour la deuxième fois ?
7 R. : Ils étaient debout et pointaient vers quelque chose avec leurs mains.
8 Q. : Quelque chose avait-il attiré votre attention vers l'endroit où Dule
9 Tadic se tenait avec le groupe ?
10 R. : Non, seulement la rumeur parmi les détenus que ce groupe avec Dule
11 était arrivé au camp.
12 Q. : En cette deuxième occasion, avez-vous pu regarder assez longtemps et
13 suffisamment de fois pour être certain qu'il s'agissait bien de Dule
14 Tadic ?
15 R. : Je ne sais pas combien de fois j'ai pu jeter un coup d'oeil, mais
16 suffisamment pour être certain que c'était bien lui.
17 Q. : Vous avez mentionné une troisième occasion et vous nous avez montré
18 sur le modèle où vous vous trouviez à ce moment-là. Etiez-vous
19 également assis sur la pista en cette troisième occasion ?
20 R. : Oui.
21 Q. : Dans quelle direction étiez-vous tourné ?
22 R. : Je faisais de nouveau face à la cantine.
23 Q. : En cette troisième occasion, avez-vous également entendu dire que
24 Dule Tadic était dans le camp ?
25 R. : Oui.
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1 Q. : Avez-vous regardé pour voir si vous pouviez l'apercevoir ?
2 R. : Oui.
3 Q. : Qu'avez-vous vu ?
4 R. : Je ne l'ai pas vu. Je ne l'ai aperçu que de dos.
5 Q. : De sorte qu'en cette troisième occasion, à la différence des deux
6 autres, bien que vous ayez entendu dire qu'il était dans le camp,
7 vous n'avez pas été en mesure de voir effectivement son visage et de
8 vous assurer que c'était bien lui ?
9 R. : Non.
10 Q. : Les membres du groupe que vous avez vus et qui vous tournaient le
11 dos, que portaient-ils ?
12 R. : Egalement des tenues camouflées.
13 R. : Vous rappelez-vous quel temps s'est écoulé entre la deuxième fois que
14 vous avez vu Dule Tadic dans le camp et le moment où vous avez vu ce
15 groupe de dos ?
16 R. : L'intervalle a aussi été très bref, peut-être un jour ou deux.
17 Q. : M. Haskic, je me rends compte de la quantité de matériel dans le
18 prétoire mais je vous demande de regarder attentivement autour de
19 vous et de nous dire si vous voyez Dule Tadic dans la salle
20 d'audience ? Pouvez-vous regarder autour de vous et nous dire si
21 Dule Tadic est ici aujourd'hui ?
22 L'ACCUSE TADIc : Je suis Dusko Tadic. (L'accusé Tadic se lève et
23 s'identifie comme Dusko Tadic).
24 LE TEMOIN : Oui, il est ici.
25 Q. : Reconnaissez-vous cet homme comme étant Dule Tadic ?
Page 3223
1 R. : Oui.
2 Q. : Vous êtes absolument certain que c'est l'homme que vous avez vu à
3 deux reprises sur la pista au camp d'Omarska ?
4 R. : Oui.
5 M. TIEGER : Pas d'autres questions.
6 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Le procès-verbal mentionnera que le témoin a
7 identifié l'accusé. M. Wladimiroff et M. Tieger, je crois qu'il va
8 nous falloir discuter de cette question lors de la suspension
9 d'audience. Contre-interrogatoire ?
10 M. KAY : Oui, Mme la Présidente.
11 Contre-interrogatoire par M. KAY
12 Q. : M. Haskic, j'aimerais tout d'abord vous poser quelques questions sur
13 votre connaissance de Dusko Tadic. Tout d'abord, avez-vous jamais
14 habité à Kozarac ?
15 R. : Pas à Kozarac. Je résidais à Trnopolje.
16 Q. : En 1992, vous viviez à Prijedor; combien de temps y avez-vous habité
17 ?
18 R. : J'habitais Prijedor depuis 1980.
19 Q. : Où se trouvait votre restaurant, le Banja Luka grill ?
20 R. : Dans le vieux marché.
21 Q. : Est-ce à Prijedor ?
22 R. : Prijedor.
23 Q. : Votre entreprise était également à Prijedor ?
24 R. : Oui.
25 Q. : Quand vous dites que vous connaissiez Dusko Tadic, peut-on dire que
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1 vous ne le voyiez pas fréquemment quand vous viviez à Prijedor ?
2 R. : Non.
3 Q. : Vous ne pouvez pas aider la Cour en ce qui concerne le mode de vie de
4 Dusko Tadic pendant que vous habitiez Prijedor ?
5 R. : Non.
6 Q. : Vous ne pourriez pas non plus aider la cour en ce qui concerne toute
7 période que Dusko Tadic aurait passé en dehors de la région de
8 Kozarac ?
9 R. : Non.
10 Q. : Vous avez déclaré à la Cour ce matin que vous faisiez partie d'un
11 groupe de gens qui étiez sortis d'une maison, qui n'était pas la
12 vôtre, du fait d'un ordre de forces militaires ?
13 R. : Oui.
14 Q. : La maison dans laquelle vous vous trouviez alors appartenait à l'un
15 de vos amis ?
16 R. : Oui.
17 Q. : S'agissait-il d'un parent ?
18 R. : Non.
19 Q. : Mais un certain nombre d'autres personnes comme vous y ont trouvé
20 refuge ?
21 R. : Oui.
22 Q. : On peut dire, n'est-ce pas, que votre vie a changé quand vous avez
23 été incarcéré ce jour-là par ces gens ?
24 R. : Quand ils nous ont interné dans le camp, oui, ma vie a changé.
25 Q. : A compter de ce jour, le temps que vous avez consacré à monter votre
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1 affaire et à établir votre foyer à Prijedor a été perdu pour vous à
2 jamais ?
3 R. : Oui.
4 Q. : Ces événements qui vous ont touché signifient que vous avez dû
5 recommencer votre vie ailleurs et que vous n'avez pas eu la
6 possibilité de rentrer dans votre maison et de reprendre votre
7 existence antérieure ?
8 R. : Ce n'est toujours pas possible, même aujourd'hui, de rentrer chez
9 moi.
10 Q. : On peut supposer que vous ressentez une animosité considérable contre
11 les gens qui vous ont fait cela ?
12 R. : Je ne comprends pas.
13 Q. : Avez-vous un sentiment de haine à l'égard de ces gens qui ont tant
14 perturbé votre existence ?
15 R. : Je ne les juge pas.
16 Q. : Vous savez que Dusko Tadic a été accusé du meurtre de votre beau-
17 frère ?
18 R. : Oui.
19 Q. : Vous avez donné un certain nombre d'interviews, n'est-ce pas, aux
20 médias concernant les événements qui se sont déroulés et que vous
21 avez vécus durant l'été de 1992 ?
22 R. : Non, je n'ai donné qu'une seule interview.
23 Q. : Vous n'avez pas donné plus d'une interview ?
24 R. : Non.
25 Q. : Très bien. Vous rappelez-vous qu'en juillet 1994, vous avez été
Page 3226
1 interrogé par des gens en Allemagne par l'intermédiaire d'un
2 interprète sur les événements de Prijedor et d'Omarska ?
3 R. : Oui.
4 Q. : J'aimerais que vous examiniez un document ici, en allemand mais dont
5 chaque page est signée de vous. Mme la Présidente, pour le procès-
6 verbal, ce serait D18 si je comprends bien.
7 M. Haskic, si vous pouviez examiner ce document que je viens de
8 placer devant vous. Vous pouvez voir qu'il est dactylographié mais
9 qu'il renferme aussi votre signature en bas de page ?
10 R. : Oui.
11 Q. : Est-ce exact ? Vous rappelez-vous ...
12 R. : Oui.
13 Q. : ... avoir été interrogé en Allemagne sur les événements de Prijedor
14 et d'Omarska ?
15 R. : Oui.
16 Q. : Je crois qu'en cette occasion un inspecteur de police ou un enquêteur
17 judiciaire était présent, vous rappelez-vous ?
18 R. : Oui.
19 Q. : Et un interprète vous a relu dans votre propre langue ce que vous
20 avez déclaré à l'enquêteur judiciaire ?
21 R. : L'interprète était albanais, un albanais parlant albanais.
22 Q. : L'interprète ne parlait pas serbo-croate et vous l'avez signalé ?
23 R. : Oui.
24 Q. : Oui. J'aimerais que nous passions à la page 37 de ce document. Elles
25 sont numérotées en haut à droite. Vous pouvez voir votre signature
Page 3227
1 sur cette page ainsi que celle des autres personnes - est-ce exact ?
2 R. : Oui.
3 Q. : Parlez-vous en fait allemand ?
4 R. : Non.
5 Q. : Ce que je suggère maintenant c'est que, en cette occasion, le 4
6 juillet 1994, vous avez donné un récit différent de ce qui vous est
7 arrivé à Prijedor.
8 R. : J'ai déclaré à la Cour ici ce qui m'est arrivé, la même déclaration.
9 Q. : N'avez-vous pas dit en cette occasion que les Serbes avaient atteint
10 votre maison à 15 heures ?
11 R. : Cela ne peut être qu'une erreur de traduction.
12 Q. : Que les Serbes avaient sonné à la porte et "que j'ai ouvert la porte"
13 ?
14 R. : Non, les Serbes tiraient uniquement avec leurs armes. Je n'étais pas
15 chez moi à ce moment-là.
16 Q. : "... que les Serbes ont demandé que je descende dans la rue", avez-
17 vous dit cela ?
18 R. : Je ne me souviens pas.
19 Q. : C'est très différent, n'est-ce pas, de ce que vous avez déclaré à
20 cette Cour aujourd'hui sur ce qui vous est arrivé le jour de la
21 rafle des Musulmans à Prijedor ?
22 R. : J'ai relaté aujourd'hui exactement ce qui s'est passé à Prijedor.
23 Q. : Quand vous avez dit à la Cour ce matin que vous avez aperçu votre
24 maison en flammes quand vous avez descendu votre rue, est-ce exact ?
25 R. : Oui.
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1 Q. : Avez-vous vu Fuad Ekimovic se faire tuer ou avez-vous vu uniquement
2 son corps ?
3 R. : Pendant que nous avancions, j'ai entendu des coups de feu et nous
4 passions alors devant la maison. J'ai vu sa dépouille devant la
5 maison.
6 Q. : Avez-vous déclaré à ces gens en Allemagne en cette occasion : "J'ai
7 vu un soldat serbe tuer mon voisin Fuad Ekimovic, d'une balle dans
8 la tête" ?
9 R. : Je les ai vus tirer - j'ai entendu un coup de feu et je l'ai aperçu
10 mort dans la cour.
11 Q. : Avez-vous poursuivi en disant que, en fait, une cinquantaine de
12 personnes de votre rue ont été emmenées à un endroit où les autocars
13 attendaient ?
14 R. : On les a fait monter à bord des autocars. Il y avait de très
15 nombreuses personnes. Une cinquantaine d'entre elles ont été placées
16 dans un car et j'en connaissais plusieurs.
17 Q. : Ce que je suggère, c'est que vous avez inventé les événements
18 auxquels vous dites avoir assisté par vengeance pour ce qui vous est
19 arrivé ?
20 R. : Je ne les ai pas inventés.
21 Q. : Que vous avez inventé le fait d'avoir vu Dusko Tadic deux ou trois
22 fois à Omarska ?
23 R. : Non, je ne l'ai pas inventé.
24 Q. : S'agissant de la première fois où vous dites avoir vu M. Tadic,
25 combien de personnes étaient présentes avec vous sur la pista à ce
Page 3229
1 moment-là ?
2 R. : Je ne pourrais pas vous dire exactement. Je ne pourrais pas vous dire
3 combien de personnes s'y trouvaient.
4 Q. : Quand vous avez fait la déclaration en Allemagne, vous avez dit qu'il
5 y avait environ 1 000 autres prisonniers sur la zone goudronnée du
6 camp, est-ce exact ?
7 R. : Nous étions nombreux.
8 Q. : Acceptez-vous ou non le chiffre de 1 000 ?
9 R. : Je ne pourrais pas dire exactement.
10 Q. : Sur la pista, à ce moment là, est-ce l'endroit où vous étiez jour et
11 nuit ?
12 R. : Oui.
13 Q. : Après le bref séjour dans le bâtiment du restaurant quand vous êtes
14 arrivé à Omarska, c'est l'endroit où vous êtes resté durant pas mal
15 de jours ?
16 R. : Quand je suis arrivé à Omarska, j'ai passé une journée dans la salle
17 voisine du restaurant.
18 Q. : Pouvez-vous nous dire combien de jours et de nuits vous avez ensuite
19 passés sur la pista ?
20 R. : Sur la pista j'ai passé 10 jours au maximum.
21 Q. : C'était une époque de grande chaleur ?
22 R. : Oui.
23 Q. : Le soleil frappait sur la pista et vous n'aviez pas d'ombre ?
24 R. : Nous n'avions l'ombre du hangar que tôt le matin.
25 Q. : Le reste de la journée vous étiez au soleil ?
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1 R. : Oui.
2 Q. : La pista était couverte d'hommes comme vous ?
3 R. : Toute la pista n'était pas couverte.
4 Q. : Le camp était très plein à l'époque, n'est-ce pas ?
5 R. : Les détenus étaient très nombreux.
6 Q. : Savez-vous ou vous a t-on dit que vous deviez rester à cet endroit
7 parce qu'il n'y avait pas d'autre place ailleurs ?
8 R. : Sur la pista ?
9 Q. : Oui.
10 R. : Nous étions sur la pista parce qu'il n'y avait pas de place ailleurs.
11 Q. : Quand vous étiez sur la pista, pouviez-vous vous déplacer, parler ?
12 R. : Seulement de temps en temps.
13 Q. : Le reste du temps vous deviez vous asseoir la tête baissée entre les
14 jambes ?
15 R. : Oui, ou nous allonger.
16 Q. : Aviez-vous accès à la cantine à ce moment-là ?
17 R. : Non, il n'y avait pas de cantine.
18 Q. : Comment étiez-vous nourri quand vous étiez sur la pista ?
19 R. : Comme les autres prisonniers, un huitième d'un pain et quelques
20 cuillerées de quelque liquide.
21 Q. : Sur la pista, mangiez-vous dehors ou alliez-vous dans l'édifice du
22 restaurant ?
23 R. : Nous allions dans un bâtiment, dans le restaurant.
24 Q. : Quand vous étiez sur la pista y avait-il des sanitaires ?
25 R. : Non, pas sur la pista. Ils se trouvaient à l'intérieur, dans le
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1 bâtiment voisin du restaurant.
2 Q. : La première fois que vous dites avoir vu Dusko Tadic à cet endroit,
3 il y aurait eu de très nombreuses personnes entre vous et l'homme
4 que vous dites avoir vu ?
5 R. : Non, elles étaient très nombreuses derrière moi et sur mon côté.
6 Q. : Regardant l'endroit que vous avez marqué sur le modèle ce matin, vous
7 vous placez dans un secteur peu éloigné du hangar ?
8 R. : Plus proche du hangar que du restaurant.
9 Q. : Nettement plus proche du hangar que du restaurant, êtes-vous d'accord
10 ?
11 R. : Je ne peux pas vraiment dire.
12 Q. : Et vous dites que ce jour-là il y avait davantage de personnes
13 derrière vous et sur votre côté que dans l'autre partie de la pista
14 ?
15 R. : Nous étions dans un endroit spécifique de la pista.
16 Q. : Cet endroit de la pista était-il caractérisé par quelque chose ?
17 R. : Il y avait quelque chose en béton, comme des vases en béton.
18 Q. : En forme de boîte ?
19 R. : Oui, de forme carrée. Ils contenaient de la terre.
20 Q. : Le type de choses qui à une meilleure époque pourrait contenir des
21 fleurs ?
22 R. : Je ne sais pas.
23 Q. : Ils étaient placés entre le coin de l'édifice du restaurant jusqu'au
24 hangar, de chaque côté ?
25 R. : Non. Ces objets étaient des deux côtés du hangar jusqu'à l'endroit où
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1 nous nous trouvions, des deux côtés.
2 Q. : L'endroit où vous vous trouviez était-il encerclé par les vasques en
3 béton ?
4 R. : Non, il s'agissait de vasques individuelles. Elles ne couvraient pas
5 toute la longueur.
6 Q. : Mais quand on regarde l'endroit que vous avez marqué ce matin comme
7 celui où vous étiez assis la première fois que vous dites avoir vu
8 Dusko Tadic, ne convenez-vous pas avec moi qu'il devait y avoir
9 beaucoup de monde entre vous et cette personne ?
10 R. : Il y avait beaucoup de monde sur la pista mais pas devant moi.
11 Q. : La deuxième fois, vous êtes encore plus proche du hangar que du
12 bâtiment du restaurant ?
13 R. : Oui.
14 Q. : Et c'est là que vous avez marqué ces positions ce matin ?
15 R. : Exact.
16 Q. : Je vous le demande de nouveau, n'y avait-il pas beaucoup de monde
17 entre vous et la personne qui, selon vous, était Dusko Tadic ?
18 R. : Il y en avait davantage cette fois-là parce que j'étais plus près du
19 hangar.
20 Q. : Vous avez dit à la Cour ce matin que, la première fois, vous n'avez
21 que jeté un coup d'oeil pour ne pas être remarqué ?
22 R. : Oui.
23 Q. : C'était dangereux pour vous de regarder aux alentours parce que les
24 gardiens ne le permettaient pas, est-ce exact ?
25 R. : Oui.
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1 Q. : Et également la deuxième fois vous n'avez pu que jeter un coup d'oeil
2 ?
3 R. : Suffisamment longtemps pour voir que c'était lui.
4 Q. : Je suggère que même si vous avez vu quelqu'un dans ces circonstances
5 il ne s'agissait pas en fait de Dusko Tadic ?
6 R. : Non, c'était un groupe de trois ou quatre personnes.
7 Q. : Pouvez-vous nommer une autre des personnes l'accompagnant durant
8 l'une de ces trois occasions où vous dites l'avoir vu ?
9 R. : La troisième fois j'ai entendu dire que Dvca l'accompagnait mais je
10 ne l'ai pas vu.
11 Q. : Pouvez-vous nommer une des personnes l'accompagnant durant l'une de
12 ces trois occasions où vous dites l'avoir vu ?
13 R. : Non.
14 Q. : Pouvez-vous nommer des personnes qui étaient assises près de vous ?
15 Etiez-vous assis avec le même groupe de personnes sur la pista ?
16 R. : Cela variait chaque jour en fonction de l'endroit où vous étiez
17 assis.
18 Q. : Vous rappelez-vous de personnes assises avec vous en l'une de ces
19 occasions où vous dites avoir vu Dusko Tadic ?
20 R. : Je ne me souviens pas. Je ne me souviens pas des noms.
21 Q. : Vous avez parlé de tenues camouflées. Pouvez-vous nous décrire
22 l'aspect de l'homme que vous dites avoir vu, nous en donner une
23 description ?
24 R. : Oui. Il portait une tenue camouflé. Il était de petite taille et très
25 costaud.
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1 Q. : Avez-vous remarqué quoi que ce soit d'autre sur son aspect, était-il
2 rasé ou non, portait-il la barbe ou non ?
3 R. : Il portait la barbe.
4 Q. : De quelle longueur ?
5 R. : Je ne pourrais pas dire.
6 Q. : Vous ne pouvez pas vous en rappeler ?
7 R. : La longueur de la barbe, non.
8 Q. : La longueur des cheveux ?
9 R. : Non plus.
10 M. KAY : Merci. Je n'ai pas d'autres questions.
11 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Tieger, d'autres questions ?
12 Nouvel interrogatoire par M. Tieger
13 M. TIEGER : Merci, Mme la Présidente. M. Haskic, vous avez mentionné que
14 lors de votre interrogatoire par les autorités allemandes,
15 l'interprète était albanais. Y a t-il une différence entre la façon
16 dont cet interprète s'exprimait et celle qu'aurait employé un serbo-
17 croate ?
18 R. : Une différence considérable.
19 Q. : Vous était-il parfois difficile de comprendre l'interprète ?
20 R. : Oui.
21 Q. : Etait-il parfois difficile de comprendre tout ce que disait
22 l'interprète albanais ?
23 R. : Oui.
24 Q. : Pourriez-vous regarder à la page 35 de cette déclaration ? Au dernier
25 paragraphe, il est fait référence à ce qui s'est passé à Prijedor et
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1 il y est dit qu'il s'agissait d'une attaque "Nuit et brouillard".
2 Savez-vous ce qu'est "Nuit et brouillard" ?
3 R. : Non.
4 M. TIEGER : Mme la Présidente, puis-je m'approcher du modèle un instant ?
5 Il m'est difficile de voir d'ici.
6 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Oui.
7 M. TIEGER : M. Haskic, est-ce que toute la pista, de l'arrière du hangar à
8 l'entrée du restaurant, était occupée par les prisonniers ?
9 R. : Non.
10 Q. : Y avait-il de la place devant le bâtiment du restaurant pour ...
11 R. : Oui.
12 Q. : Etait-ce pour permettre aux gardiens de se déplacer, aux prisonniers
13 d'aller prendre leurs repas etc. ?
14 R. : Oui, et pour permettre aux gardiens de se déplacer.
15 Q. : La partie de la pista occupée par les prisonniers était donc en
16 retrait du bâtiment du restaurant ?
17 R. : Oui, il y avait un certain espace vide.
18 Q. : Vous avez essayé de placer ce marqueur assez gros à l'endroit
19 approximatif où vous vous trouviez la première fois que vous avez vu
20 Dule Tadic à Omarska, est-ce exact ?
21 R. : Oui.
22 Q. : Vous rappelez-vous qu'en cette première occasion, vous étiez plus
23 près de l'avant du groupe de prisonniers dans la section de la pista
24 qui leur était réservée, et qu'ils étaient plus nombreux derrière
25 vous que devant vous ?
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1 R. : Oui.
2 Q. : M. Haskic, durant les années que vous avez connu Dule Tadic, portait-
3 il une barbe drue ? A t-il un poil noir qui pousse rapidement sur
4 son visage ?
5 R. : Il avait une barbe noire et, oui, je crois très fournie.
6 Q. : S'il ne se rasait pas pendant quelques jours, avait-il déjà
7 l'apparence de porter une barbe ?
8 R. : Oui.
9 M. KAY : Je crois que le témoin a parlé de barbe noire plutôt que du fait
10 de ne pas se raser pendant quelques jours. Je pense que mon honoré
11 collègue a touché un point qui ne figure pas parmi les éléments de
12 preuve, Mme la Présidente.
13 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Je repousse votre opposition. Vous pouvez
14 questionner de nouveau le témoin. Il a juste demandé s'il aurait
15 l'apparence de porter une barbe au cas où il ne se raserait pas
16 pendant plusieurs jours. Vous pourrez le questionner en contre-
17 interrogatoire sur ce qu'il a dit quand vous lui avez parlé.
18 M. TIEGER : M. Haskic, je vous ai demandé il y a quelques instants si M.
19 Tadic a le poil sombre et qui pousse rapidement sur son visage. Vous
20 avez répondu qu'il avait une barbe noire et très drue ?
21 R. : Oui.
22 Q. : Voulez-vous dire par là qu'il est le genre de personnes dont le poil
23 pousse rapidement sur le visage s'il ne se rase pas ?
24 R. : Oui.
25 Q. : M. Haskic, avez-vous contacté les autorités allemandes pour leur
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1 parler ou vous ont-elles contacté ?
2 R. : Elles m'ont contacté. Elles m'ont appelé.
3 Q. : Vous ont-elles dit qu'elles savaient que vous aviez été interné au
4 camp d'Omarska et que vous pourriez disposer d'informations sur les
5 événements qui se sont déroulés dans le camp et la région de
6 Prijedor en général ?
7 R. : J'ignore ce qu'elles savaient avant cela mais elles savaient que
8 j'avais été détenu dans le camp.
9 Q. : Etes-vous allé voir les autorités allemandes pour leur parler de
10 l'attaque de Prijedor et de vos expériences dans le camp ?
11 R. : De l'attaque de Prijedor et du camp.
12 Q. : Durant votre entretien vous ont-elles posé des questions sur Dule
13 Tadic ? Y avait-il une interprétation ?
14 R. : Je ne me souviens pas, je ne pourrais pas dire.
15 Q. : Avez-vous dit aux autorités allemandes quand vous leur avez parlé que
16 vous aviez vu Dule Tadic sur la pista à Omarska ?
17 R. : Oui.
18 Q. : Avez-vous dit la vérité à la Cour aujourd'hui ?
19 R. : Oui.
20 Q. : Auriez-vous inventé en partie votre ...
21 R. : Non.
22 M. TIEGER : Merci, Monsieur. Pas d'autres questions.
23 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Kay, contre-interrogatoire ?
24 M. KAY : Un seul point, Mme la Présidente.
25 Nouveau contre-interrogatoire par M. KAY
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1 Q. : M. Haskic, pouvez-vous confirmer que la déclaration que vous avez
2 faites en Allemagne le 5 juillet 1994 se rapportait aux poursuites
3 contre M. Tadic, qui était traduit devant la juridiction pénale
4 allemande ?
5 R. : Je ne pourrais pas dire.
6 M. KAY : Merci.
7 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Tieger ?
8 M. TIEGER : Non, Mme la Présidente.
9 JUGE STEPHEN : M. Tieger, je peux peut-être le faire par votre
10 intermédiaire. Pourriez-vous demander au témoin s'il peut donner une
11 date de la première fois qu'il a vu Tadic sur la pista, parce que je
12 ne pense pas que cela ressorte de son témoignage ?
13 M. TIEGER : M. le Juge, mon souvenir de son témoignage est que le témoin
14 est arrivé à Omarska le soir du 30 mai, comme il a témoigné. Je
15 crois qu'il a passé une nuit dans le bâtiment du restaurant puis a
16 été emmené à la pista. Vous avez peut-être raison, peut-être que la
17 question entre ...
18 JUGE STEPHEN : Il a séjourné dans la maison blanche puis il y a les 10
19 jours.
20 M. TIEGER : Je vais clarifier ce point. Je comprends.
21 M. Haskic, vous rappelez-vous approximativement combien de temps
22 s'est écoulé entre votre arrivée sur la pista et la première fois
23 que vous avez vu Dusko Tadic ?
24 R. : Je ne peux pas dire. La première fois que je l'ai vu ... l'intervalle
25 entre la première et la deuxième fois ... un jour ou deux se sont
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1 écoulés mais pour ce qui est de la première fois, je ne sais pas
2 vraiment si c'était un jour ou deux ou ...
3 Q. : Vous étiez sur la pista pendant une dizaine de jours au total ?
4 R. : Pas plus de 10 jours.
5 Q. : Est-ce durant cette période que vous avez passé une nuit dans la
6 maison blanche ?
7 R. : Oui.
8 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Kay ?
9 M. KAY : Pas d'autres questions, Mme la Présidente.
10 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Je n'ai pas de questions. S'oppose t-on à ce
11 que M. Haskic soit définitivement libéré de ses obligations ?
12 M. KAY : Mme la Présidente, nous aimerions être en mesure de rappeler ce
13 témoin à la barre et je demande qu'il ne soit pas libéré de ses
14 obligations pour l'instant.
15 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Non ? Vous ne voulez pas dire seulement
16 aujourd'hui mais ...
17 M. KAY : Qu'il puisse, le cas échéant, être rappelé à la barre.
18 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Tieger ?
19 M. TIEGER : Je laisse cette décision à la Cour, Mme la Présidente.
20 L'Accusation ne voit aucune raison de ne pas libérer ce témoin de
21 ses obligations.
22 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : M. Haskic, le Conseil de la défense a demandé
23 que vous restiez disponible pour pouvoir, le cas échéant, être
24 rappelé à témoigner devant la Chambre de première instance. Assurez-
25 vous donc que vous restez en contact avec le Bureau du Procureur qui
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1 vous a cité comme témoin et qu'il sache où vous trouver pour que
2 vous puissiez éventuellement comparaître à nouveau. Me comprenez-
3 vous ?
4 LE TEMOIN : Oui.
5 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Ferez-vous cela ?
6 LE TEMOIN : Oui.
7 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Très bien. Nous suspendons l'audience jusqu'à
8 14 heures 30.
9 (13 heures)
10 (Suspension d'audience du déjeuner)
11 (14 heures 30) (Audience à huis clos)
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1 (expurgée)
2 (expurgée)
3 (Brève suspension d'audience)
4 (Audience publique)
5 (15 heures)
6 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Mme Hollis, voulez-vous appeler votre témoin
7 suivant, s'il vous plaît ?
8 MME HOLLIS : Merci, Mme la Présidente. Nous appelons Saud Hrnic à la
9 barre.
10 M. SAUD HRNIC est appelé à la barre.
11 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Voulez-vous prêter serment s'il vous plaît
12 monsieur ?
13 LE TEMOIN (Interprétation) : Je jure solennellement de dire la vérité,
14 toute la vérité et rien que la vérité.
15 (Prestation de serment du témoin)
16 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Bien. Merci. Vous pouvez vous asseoir.
17 Interrogatoire par MME HOLLIS
18 MME HOLLIS : Monsieur, comment vous appelez-vous ?
19 R. : Saud Hrnic.
20 Q. : Quelle est votre date de naissance ?
21 R. : Le 4 avril à Kozarac.
22 Q. : Et l'année de votre naissance ?
23 R. : 1961.
24 Q. : Quelle est votre nationalité ?
25 R. : Musulman.
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1 Q. : Etes-vous né dans la ville de Kozarac ou dans l'un des villages
2 voisins ?
3 R. : Dans la ville de Kozarac.
4 Q. : Combien de temps avez-vous habité Kozarac ?
5 R. : J'y ai habité jusqu'au 24 ... 27 mai 1994.
6 Q. : Avez-vous fait vos études primaires à Kozarac ?
7 R. : Oui.
8 Q. : Où avez-vous fait vos études secondaires ?
9 R. : A Prijedor.
10 Q. : Avez-vous fait votre service militaire ?
11 R. : Oui.
12 Q. : Quand ?
13 R. : Entre janvier 1980 et 1981.
14 Q. : Quel poste avez-vous occupé à l'armée ?
15 R. : J'étais dans une unité motorisée, je transportais des gens, du
16 matériels, des vivres etc.
17 Q. : Vous étiez un chauffeur ?
18 R. : Oui.
19 Q. : Du fait de votre service militaire, avez-vous appris à connaître le
20 matériel, les uniformes et les armes de la JNA ?
21 R. : Oui, la plupart d'entre eux.
22 Q. : Etes-vous devenu familier avec les véhicules et véhicules de combat
23 de la JNA comme les chars et les transports de troupes blindés ?
24 R. : Oui.
25 Q. : Quel métier exerciez-vous ?
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1 R. : Je ne comprends pas la question, avant ou après l'armée ?
2 Q. : Avant l'attaque de Kozarac, quel métier exerciez-vous ?
3 R. : J'avais ma propre entreprise de livraison.
4 Q. : C'était un genre de société de transport routier ?
5 R. : Oui.
6 Q. : L'activité de votre société de transport vous a t-elle menée dans les
7 villages voisins de Kozarac ?
8 R. : Oui.
9 Q. : Votre activité professionnelle vous a t-elle amenée à rencontrer et à
10 connaître bon nombre de personnes dans les villages voisins de
11 Kozarac ?
12 R. : Oui.
13 Q. : Quel était le ou les groupes ethniques dominants dans cette région ?
14 R. : Les Musulmans.
15 Q. : Y avait-il aussi quelques villages serbes dans cette région ?
16 R. : Oui.
17 Q. : Aviez-vous d'autres affaires que cette société de transport ?
18 R. : A partir du milieu de 91 j'avais une discothèque à Kozarac.
19 Q. : Où se trouvait cette discothèque dans Kozarac ?
20 R. : A proximité de la gare routière à Kozarac, dans la Commune locale.
21 Q. : Quelle était votre adresse à Kozarac ?
22 R. : J'habitais au 140 de la rue Marsala Tita.
23 Q. : Pourrait-on donner au témoin la pièce à conviction 196 de
24 l'Accusation, la carte de partie de Kozarac ? Pourriez-vous examiner
25 cette carte un instant ? Pourrait-on placer la carte sur le
Page 3252
1 rétroprojecteur, s'il vous plaît ? Si nous regardons cette carte et
2 voyons la grande rue passant près de l'école et allant vers
3 l'édifice marqué "mosquée" - ceci étant la grande rue de Kozarac -
4 pourriez-vous montrer à la cour où se trouverait votre maison ?
5 Pourriez-vous le faire sur le rétroprojecteur, s'il vous plaît ?
6 R. : (Le témoin montre l'endroit sur la carte).
7 Q. : Votre maison se serait donc trouvée au-delà de la mosquée qui est
8 indiquée sur cette carte ?
9 R. : Oui.
10 Q. : Il s'agit de la mosquée Mutnik ?
11 R. : Oui.
12 Q. : A combien de maisons de la mosquée se serait trouvé votre domicile ?
13 R. : A cinq ou six maisons.
14 Q. : Sur cette carte, pourriez-vous nous montrer où se serait trouvée
15 votre disco ?
16 R. : Ici, au croisement, ici sur la gauche.
17 Q. : Ce serait donc du côté opposé de la rue par rapport à la mosquée ?
18 R. : Non. Oui, oui, mais avant la mosquée.
19 Q. : Mais de l'autre côté de Marsala Tita ?
20 R. : Oui.
21 Q. : Kozarac est une ville assez petite n'est-ce pas ?
22 R. : Oui.
23 Q. : Est-ce que vos affaires et autres activités vous menaient fréquemment
24 dans le centre ville, dans la grande rue ?
25 R. : Oui.
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1 Q. : Connaissiez-vous bon nombre des habitants de la ville de Kozarac ?
2 R. : Oui.
3 Q. : Connaissiez-vous bon nombre des habitants et des commerces situés
4 dans la rue Marsala Tita ?
5 R. : Oui.
6 Q. : Connaissiez-vous Dule Tadic ?
7 R. : Oui.
8 Q. : Depuis combien de temps connaissez-vous Dule Tadic ?
9 R. : Depuis le début de l'école primaire, vers mon dixième.
10 Q. : Votre dixième quoi ?
11 R. : Oui.
12 Q. : Je m'excuse, l'interprétation dit "vers mon dixième", vers votre
13 dixième quoi, votre dixième anniversaire ?
14 R. : Oui.
15 Q. : A votre connaissance, Dule Tadic est-il plus jeune ou plus âgé que
16 vous ?
17 R. : Plus âgé.
18 Q. : Quelle est approximativement votre différence d'âge ?
19 R. : Il a cinq ou six ans de plus que moi.
20 Q. : Comment avez-vous connu Dule Tadic ?
21 R. : Quand j'étais jeune, j'admirais ses frères et je l'ai regardé plus
22 tard. Ils étaient d'excellents karatékas et j'aimais cela quand
23 j'étais jeune, j'aimais les regarder.
24 Q. : Vous les regardiez donc de temps à autre s'entraîner au karaté ?
25 R. : Oui.
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1 Q. : Dule Tadic vous a t-il jamais enseigné le karaté ?
2 R. : Oui.
3 Q. : Combien de cours de karaté Dule Tadic vous a t-il donné ?
4 R. : J'ai suivi ses cours à deux reprises.
5 Q. : Quel âge aviez-vous ?
6 R. : 16 ou 17 ans.
7 Q. : Combien de temps ce premier cours a t-il duré ?
8 R. : Il a duré plus longtemps que cela mais j'y ai passé deux ou trois
9 mois.
10 Q. : Combien de fois par semaine suiviez-vous cet entraînement avec Dule
11 Tadic ?
12 R. : Une ou deux fois.
13 Q. : Une ou deux fois quoi, par semaine, par mois ?
14 R. : Par semaine.
15 Q. : Combien de temps a duré le deuxième cours que vous avez suivi avec
16 Dule Tadic ?
17 R. : Je ne peux pas vous dire exactement mais ce fut bref.
18 Q. : Vous n'avez suivi ce cours que peu de temps ?
19 R. : Je ne peux pas vous dire exactement combien de temps cela a duré.
20 Q. : Avez-vous achevé ce cours ou avez-vous quitté avant la fin ?
21 R. : Avant la fin.
22 Q. : Pourquoi avez-vous quitté avant la fin ?
23 R. : A l'occasion d'un combat avec un de mes amis, je l'ai frappé par
24 inadvertance d'un coup de pied. Il s'est effondré et Dule Tadic a
25 commencé à me frapper à cause de cela.
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1 Q. : Après ce deuxième cours, après que vous ayez abandonné ce deuxième
2 cours, avez-vous gardé des contacts avec Dule Tadic ?
3 R. : Oui.
4 Q. : Quel genre de contacts aviez-vous avec Dule Tadic ?
5 R. : Nous nous rencontrions dans la rue ou dans un café.
6 Q. : Votre soeur tenait-elle un café-bar à Kozarac ?
7 R. : Oui.
8 Q. : Quel était le nom de ce café-bar ?
9 R. : Il s'appelait le Trinaeset, 23.
10 Q. : Avez-vous jamais rencontré Dule Tadic dans ce café-bar ?
11 R. : Oui.
12 Q. : A votre connaissance, que faisait Dule Tadic à Kozarac, quelle était
13 son occupation professionnelle ?
14 R. : Il a aussi ouvert un café-bar à la veille du conflit et avant cela il
15 était un athlète actif, il avait aussi entraîné des gens etc.
16 Q. : Où se trouvait son café-bar ?
17 R. : Près de la maison de sa famille, la maison de son père et la sienne.
18 Q. : Où était-ce situé à Kozarac ?
19 R. : A gauche, juste avant l'école ou le restaurant, à gauche, face à
20 Kozarac en venant de la direction Banja Luka/Prijedor.
21 Q. : Dans la rue Marsala Tita ?
22 R. : Oui.
23 Q. : Etes-vous jamais allé au café-bar de Dule Tadic ?
24 R. : Oui.
25 Q. : Durant la période que vous avez connu Dule Tadic, quelle était la
Page 3256
1 fréquence de vos contacts avec lui, sur une base hebdomadaire ?
2 R. : Il avait son propre café-bar mais il fréquentait aussi souvent celui
3 de ma soeur et de mon beau-frère et nous nous voyions assez
4 fréquemment, de même que dans son café.
5 Q. : Sur une base hebdomadaire, combien de fois pensez-vous que vous
6 rencontriez M. Tadic ?
7 R. : Je tiens à dire que je n'avais pas beaucoup de contacts avec lui mais
8 nous nous rencontrions dans la rue. Nous nous rencontrions seulement
9 dans la rue.
10 Q. : Cela arrivait-il souvent durant une semaine, occasionnellement ...
11 avec quelle fréquence ?
12 R. : Je ne sais pas exactement mais très souvent.
13 Q. : Connaissiez-vous la femme de Dule Tadic ?
14 R. : Oui.
15 Q. : Savez-vous si elle travaillait et, si oui, quelle était son
16 occupation ?
17 R. : Oui, elle était infirmière ou quelque chose du genre, je ne sais pas
18 exactement, mais elle travaillait à l'hôpital. Pendant un certain
19 temps elle était à l'hôpital de Kozarac.
20 Q. : Depuis que vous connaissez Dule Tadic, l'avez-vous vu avec une barbe
21 ?
22 R. : Oui.
23 Q. : L'avez-vous jamais vu rasé ?
24 R. : Oui, mais très rarement. Il était difficile de dire s'il était rasé
25 ou pas à moins d'être très près de lui.
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1 Q. : Pourquoi cela ?
2 R. : Dule Tadic a une barbe très drue et si on le regarde à une certaine
3 distance, on pourrait penser qu'il porte la barbe alors que ce n'est
4 pas le cas.
5 Q. : Il a donc un système pileux facial très dru ?
6 R. : Oui.
7 Q. : Comment qualifieriez-vous vos relations avec lui depuis que vous le
8 connaissez ? Etiez-vous des connaissances, des amis, de bons amis ?
9 R. : Je dirais plutôt que nous nous connaissions de vue dans la rue. Nous
10 n'étions pas des amis proches. Nous passions parfois du temps
11 ensembles; nous avions peu de contacts.
12 Q. : A votre connaissance, y a t-il quelqu'un à Kozarac qui ressemble
13 beaucoup à Dusko Tadic ?
14 R. : Non.
15 Q. : Avez-vous jamais entendu parler d'une personne qu'on aurait pu
16 prendre pour Dule Tadic ?
17 R. : Non.
18 Q. : Connaissiez-vous certains des amis proches de Dule Tadic ?
19 R. : Oui.
20 Q. : Pouvez-vous nous donner les noms de certains de ses amis ?
21 R. : Je pense que son meilleur ami était Emir Karabasic qui passait des
22 jours entiers et même des nuits avec lui.
23 Q. : Connaissez-vous le groupe ethnique d'Emir Karabasic ?
24 R. : Oui.
25 Q. : A ce stade, j'aimerais que l'on joue la pièce à conviction 195 de
Page 3258
1 l'Accusation. Il s'agit d'une vidéo de parties de Kozarac,
2 uniquement la partie montrant la rue Marsala Tita, s'il vous plaît ?
3 M. Hrnic, j'aimerais que vous identifiez pour la Cour les édifices
4 que vous reconnaissez ? Un instant s'il vous plaît ? Je m'excuse,
5 Madame, messieurs de la Cour, y a t-il quelque chose ...
6 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Nous avons déjà vu la pièce à conviction 195
7 à plusieurs reprises. Nous pourrions probablement désigner certains
8 endroits nous-mêmes mais si vous voulez établir que ce témoin
9 connaît l'endroit ...
10 JUGE STEPHEN : Il le doit, de toute évidence.
11 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Il avait une disco.
12 MME HOLLIS : Très bien. Si la Cour estime que cela suffit, nous ne
13 montrerons pas la pièce à conviction 195.
14 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : A moins que vous ayez une autre raison pour
15 le faire ?
16 MME HOLLIS : Non, Mme la Présidente, il n'y en a pas.
17 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Très bien, merci.
18 MME HOLLIS : Ne jouez donc pas la vidéo.
19 Au printemps de 1992, vous habitiez Kozarac, est-ce exact ?
20 R. : Oui.
21 Q. : Durant le printemps de 1992, vous rappelez-vous avoir vu des canons
22 ou de l'artillerie arriver dans la région de Kozarac ?
23 R. : Oui.
24 Q. : De quel type de canon ou d'artillerie s'agissait-il ?
25 R. : Il s'agissait de canons légers. Ils ont traversé Kozarac tiré par des
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1 camions.
2 Q. : Ces canons légers étaient-ils du type de ceux utilisés par la JNA ?
3 R. : Oui.
4 Q. : Les camions qui les tiraient étaient-ils du type de ceux employés par
5 la JNA ?
6 R. : Oui.
7 Q. : Avez-vous remarqué des plaques d'immatriculation ou autres marques
8 sur ces camions qui les identifiaient comme des camions de la JNA ?
9 R. : Oui.
10 Q. : Qu'avez-vous observé ?
11 R. : J'ai vu les plaques de la JNA et il s'agissait de véhicules TAM 110.
12 On les appelait aussi des Pitzgauers, il s'agissait de TAM 110 ou
13 ...
14 Q. : Un Pitzgauer est un véhicule de type militaire utilisé par la JNA ?
15 R. : Oui.
16 Q. : Quand avez-vous vu ces canons tirés par les camions de la JNA ?
17 R. : Je pense que c'était en avril ou peut-être début mai, je ne me
18 souviens pas de la date exacte.
19 Q. : En 1992 ?
20 R. : Oui.
21 Q. : Où avez-vous vu ces canons tirés par les camions ?
22 R. : Je les ai vus entrer le quartier que nous appelons Vocnjak. C'est
23 Garevci, entre les deux gares routières, Koncari et Orlovci.
24 Q. : Les avez-vous vus tirés sur la nouvelle route Prijedor / Banja Luka ?
25 R. : Oui.
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1 Q. : La pièce à conviction de l'Accusation pourrait-elle être montrée au
2 témoin ? Pourriez-vous prendre un moment pour vous familiariser avec
3 cette carte ? Pourrait-on placer cette carte sur le rétroprojecteur
4 s'il vous plaît ? M. Hrnic, pouvez-vous situer cet endroit ?
5 Pourriez-vous désigner l'endroit où vous avez aperçu ces véhicules ?
6 Pourriez-vous indiquer le secteur en général puis nous le
7 préciserons ensuite. Pouvez-vous l'indiquer sur la carte figurant
8 sur le rétroprojecteur ?
9 R. : C'est ici. (Le témoin indique l'endroit sur la carte).
10 Q. : Pourrait-on préciser cela un peu plus s'il vous plaît ? C'est donc
11 près de l'endroit avec le nom "Drljaca" écrit juste au-dessus que
12 vous avez observé ces véhicules ? Pouvez-vous le désigner une
13 nouvelle fois ?
14 R. : Non, ce n'est pas ici ... oui. Oui, Drljaca.
15 Q. : Dans quelle direction ces véhicules tirant ces canons se dirigeaient-
16 ils ?
17 R. : Ils venaient de la direction de Banja Luka et se dirigeaient vers
18 Prijedor.
19 Q. : Puis ont-ils quitté la route principale pour prendre une autre
20 direction ?
21 R. : Oui.
22 Q. : Pouvez-vous montrer à la Cour l'endroit où ils ont quitté la route
23 principale et la direction qu'ils ont empruntée ?
24 R. : Ici, ils sont partis dans la direction au-dessus de Vocnjak.
25 Q. : Qu'est-ce qui se trouve dans cette région ? Il y a des points verts
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1 ici. Que trouve t-on dans cette région ?
2 R. : Nous l'appelons Vocnjak. C'est un verger. Il y a des pommiers, des
3 pruniers, des poiriers.
4 Q. : A votre connaissance, quel groupe ethnique vit dans cette zone et la
5 contrôle ?
6 R. : Les Serbes.
7 Q. : Etait-ce avant ou après la prise de Prijedor par les Serbes ?
8 R. : Je ne me souviens pas exactement mais je pense que c'était avant.
9 Q. : Après la prise de Prijedor par les Serbes le 30 avril, avez-vous
10 commencé à avoir des difficultés à vous déplacer entre Kozarac et
11 Prijedor ?
12 R. : Oui.
13 Q. : Quel genre de difficultés ?
14 R. : Nous devions passer des postes de contrôle.
15 Q. : De quel genre, des postes de contrôle routiers ?
16 R. : Oui. Il y avait des postes de contrôle de la police et de l'armée, la
17 JNA.
18 Q. : Où étaient situés ces postes de contrôle ?
19 R. : Le premier était à Kozarac, le deuxième à Koncari et le troisième à
20 Cirkin Polje.
21 Q. : Quels types de difficultés rencontriez-vous à ces postes de contrôle
22 ?
23 R. : Nous étions presque toujours arrêtés, contrôlés, fouillés. Nos
24 voitures étaient fouillées.
25 Q. : Vous avez mentionné qu'il y avait des membres de la JNA et de la
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1 police à ces postes de contrôle. Que portaient-ils ?
2 R. : Les policiers portaient alors leurs uniformes bleus ordinaires et les
3 militaires des tenues camouflées.
4 Q. : Connaissiez-vous certaines des personnes postées à ces barrages ?
5 R. : Je connaissais la plupart d'entre eux. Il y avait des agents de la
6 circulation, des policiers qui étaient toujours sur la route entre
7 Prijedor et Kozarac.
8 Q. : Ceux que vous connaissiez, quel était leur groupe ethnique ?
9 R. : Serbe.
10 Q. : Après la prise de Prijedor, après cette date, les habitants de
11 Kozarac ont-ils organisé des patrouilles ou des postes de garde dans
12 la ville ?
13 R. : Oui.
14 Q. : Quel type de patrouilles ou de postes de garde ont-ils organisés ?
15 R. : Généralement parlant, des patrouilles de nuit dans les rues et aux
16 approches de Kozarac, sur les principaux axes de sortie de la ville,
17 c'est là que se trouvaient les postes de contrôle.
18 Q. : Pourquoi ces postes de contrôle ont-ils été organisés ?
19 R. : Ils craignaient principalement que des gens de l'autre côté viennent
20 déclencher quelque chose qui dégénérerait en conflit.
21 Q. : Quand vous parlez de "gens de l'autre côté", qu'entendez-vous par là
22 ?
23 R. : La JNA et les gens qui pourraient venir, je ne sais pas qui.
24 Q. : Combien d'habitants de Kozarac ont participé à ces patrouilles et
25 postes de garde ?
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1 R. : Je ne peux pas vous donner de chiffre exact mais deux personnes
2 patrouillaient tous les soirs dans les rues et la police avait ses
3 patrouilles.
4 Q. : Quels groupes de personnes participaient à ces patrouilles ?
5 R. : Des citoyens ainsi que des membres de la Défense territoriale de
6 Kozarac et de la police.
7 Q. : Avez-vous participé à ces patrouilles ?
8 R. : Oui.
9 Q. : Quel quartier avez-vous patrouillé ou gardé ?
10 R. : J'étais principalement dans la zone de Rajkovici et de Mrakovica.
11 Q. : Où se situent ces endroits ?
12 R. : Ils se trouvent dans la direction de ... quand vous allez de Kozarac
13 à Mrakovica.
14 Q. : Est-ce que Rajkovici se trouve sur la pièce à conviction 79 de
15 l'Accusation ?
16 R. : Oui.
17 Q. : Peut-on la replacer sur le rétroprojecteur, s'il vous plaît et si
18 vous pouviez montrer à la Cour le secteur dans lequel vous
19 effectuiez ces patrouilles ? Peut-on agrandir ce point, s'il vous
20 plaît ?
21 R. : (Le témoin indique l'endroit sur la carte).
22 Q. : Où menait cette route ?
23 R. : C'est la route qui va de Mrakovica à Bosanska Gradiska.
24 Q. : Etait-ce aussi la route menant au mont Kozara ?
25 R. : Oui.
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1 Q. : S'agissant des groupes de personnes participant à ces patrouilles - y
2 avait-il une structure hiérarchique de type militaire les concernant
3 ?
4 R. : Non.
5 Q. : Y avait-il généralement une personne qui était chargée du groupe ?
6 R. : Pas autant que je sache.
7 Q. : Savez-vous combien de personnes étaient armées ?
8 R. : Généralement les policiers étaient armés ... les policiers aux postes
9 de contrôle et les personnes possédant leurs propres armes mais
10 celles-ci étaient rares.
11 Q. : Vous avez aussi mentionné que des membres de la Défense territoriale
12 participaient à ces patrouilles. Est-ce que certains d'entre eux
13 étaient aussi armés ?
14 R. : Oui.
15 Q. : De quels types d'armes les membres de ces patrouilles étaient-ils
16 dotés ?
17 R. : Essentiellement des fusils de chasse et certains avaient des fusils M
18 48 qui venaient de la défense territoriale. Il y avait peut-être
19 aussi une mitrailleuse de la TO.
20 Q. : Y avait-il des armes automatiques ?
21 R. : Quelques unes mais très rares.
22 Q. : Portiez-vous une arme ?
23 R. : Oui.
24 Q. : De quel type ?
25 R. : J'avais une arme automatique.
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1 Q. : De quelle quantité de munitions disposiez-vous pour ces armes ?
2 R. : Très peu.
3 Q. : Savez-vous si ces gens avaient aussi des mortiers, des canons ou des
4 pièces d'artillerie ?
5 R. : Non.
6 Q. : Savez-vous s'ils avaient des blindés ou des transports de troupe
7 blindés ?
8 R. : Non.
9 Q. : Connaissez-vous une personne appelée Cirkin, capitaine Cirkin ?
10 R. : Oui.
11 Q. : Le connaissiez-vous personnellement ?
12 R. : Oui.
13 Q. : Savez-vous s'il a participé à l'organisation des groupes patrouillant
14 Kozarac ?
15 R. : A ma connaissance, non.
16 Q. : J'aimerais que vous utilisiez de nouveau la pièce à conviction 79 de
17 l'Accusation, la carte, et que vous montriez à la Cour où vous vous
18 trouviez le 24 mai 1992 au début de l'attaque de Kozarac ?
19 R. : J'étais au-dessus de Rajkovici, sur la route de Kotlovaca, ici.
20 Q. : Près du nom "Alagic" sur la carte ?
21 R. : Je ne connais pas ce nom.
22 Q. : Vous le voyez sur la carte et vous avez indiqué une zone proche de ce
23 mot ?
24 R. : Je vois, oui.
25 Q. : C'était l'un de ces postes de contrôle que vous avez mentionné plus
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1 tôt ?
2 R. : Oui.
3 Q. : Pourquoi aviez-vous un poste de contrôle à cet endroit particulier ?
4 R. : C'était une sortie de la ville de Kozarac, située sur l'axe principal
5 allant de Rajkovici à Kozarac.
6 Q. : Savez-vous s'il y avait des installations de la JNA plus loin sur
7 cette route ?
8 R. : Oui.
9 Q. : De quel genre d'installations s'agissait-il ?
10 R. : Il s'agissait de soldats de la JNA dont certains appartenaient peut-
11 être aux unités de réserve mais ils appartenaient à la JNA.
12 Q. : Savez-vous où ils se trouvaient, le nom de cet endroit ?
13 R. : Oui.
14 Q. : Et quel était-il ?
15 R. : Benkovac.
16 Q. : Le 24 avril (sic) quand l'attaque a commencé, où se trouvait votre
17 famille ? Votre femme ?
18 R. : A la maison.
19 Q. : Avez-vous des enfants ?
20 R. : Oui.
21 Q. : Etaient-ils chez vous avec votre femme ?
22 R. : Non.
23 Q. : Je m'excuse, je me suis trompée. J'ai parlé du 24 avril quand
24 l'attaque a commencé, je voulais dire le 24 mai, je m'excuse. Le 24
25 mai donc, votre femme était chez vous et vos enfants n'étaient pas à
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1 Kozarac. Où se trouvaient vos enfants ?
2 R. : Ils étaient partis à l'étranger.
3 Q. : Quand l'attaque de Kozarac a commencé et que vous vous en êtes rendu
4 compte, êtes-vous resté où vous étiez ou êtes-vous parti ?
5 R. : Non, je suis parti.
6 Q. : Etes-vous parti à pied ou à bord d'un véhicule ?
7 R. : A bord d'un véhicule.
8 Q. : Quand vous êtes parti, avez-vous emprunté la grande rue de Kozarac
9 dans la direction de Banja Luka ?
10 R. : Oui.
11 Q. : Pendant que vous conduisiez dans la rue principale et que vous
12 sortiez de Kozarac, cet endroit était-il bombardé ?
13 R. : Oui.
14 Q. : Avez-vous alors entendu des tirs, des coups de feu tirés de la ville
15 vers les positions serbes ?
16 R. : Non.
17 Q. : Etes-vous à un moment donné devenu vous-même la cible d'une arme ?
18 R. : Oui.
19 Q. : En utilisant de nouveau la pièce à conviction 79 de l'Accusation,
20 pouvez-vous désigner l'endroit où vous avez été pris sous le feu
21 direct de l'ennemi ?
22 R. : (Le témoin désigne l'endroit sur la carte).
23 Q. : Comment s'appelle l'endroit que vous venez d'indiquer ?
24 R. : Forica Suma.
25 Q. : Pouvez-vous le montrer de nouveau s'il vous plaît ? Je remarque que
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1 c'est à gauche du nom "Nisici". Avez-vous pu déterminer la direction
2 d'où venaient ces tirs ?
3 R. : Oui.
4 Q. : Et d'où venaient-ils ?
5 R. : D'au-dessus de Drenovici, du pont à Balte.
6 Q. : Pourriez-vous nous désigner cet endroit, s'il vous plaît ?
7 R. : (Le témoin désigne l'endroit sur la carte).
8 Q. : Quelle était la distance approximative entre cet endroit et celui où
9 vous vous trouviez ?
10 R. : Je dirais de deux à trois kilomètres.
11 Q. : Est-ce que l'endroit que vous avez désigné se trouvait à une altitude
12 supérieure à la vôtre ?
13 R. : Oui.
14 Q. : Quel groupe ethnique contrôlait le secteur d'où venaient les tirs ?
15 R. : Les Serbes.
16 Q. : Avez-vous pu déterminer le type d'armes utilisées ?
17 R. : A peu près, oui.
18 Q. : Et quelles étaient-elles ?
19 R. : Des mortiers.
20 Q. : Avez-vous pu vous échapper de ce petit bois et vous rendre ailleurs ?
21 R. : Je ne comprends pas très bien la question.
22 Q. : Avez-vous pu quitter ce secteur pris sous les tirs et vous rendre
23 ailleurs ?
24 R. : Oui.
25 Q. : Etes-vous resté en dehors de la ville de Kozarac jusque lundi après-
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1 midi ?
2 R. : Oui.
3 Q. : Le lundi, avant de retourner à Kozarac, avez-vous vu des chars ?
4 R. : Oui.
5 Q. : Où les avez-vous vus ?
6 R. : Au même endroit, à Balte.
7 Q. : Combien de chars avez-vous vu ?
8 R. : J'en ai vu un.
9 Q. : Avez-vous pu déterminer si le char tirait quand vous l'avez vu ?
10 R. : Oui.
11 Q. : Comment avez-vous pu le déterminer ?
12 R. : J'étais très près, je ne sais pas à quelle distance mais plusieurs
13 kilomètres et je pouvais voir le char tourné vers la ville et la
14 fumée sortir du canon.
15 Q. : Pouviez-vous aussi entendre le bruit du tir ?
16 R. : Oui.
17 Q. : Dans quelle direction le char pointait-il ?
18 R. : Il pointait vers Kamicani, Softici, cette direction là.
19 Q. : A votre connaissance, quel groupe ethnique vivait dans ces endroits ?
20 R. : Des Serbes.
21 Q. : Quand vous êtes rentré dans la ville de Kozarac le lundi, avez-vous
22 passé la nuit dans la cave d'une maison ?
23 R. : Oui.
24 Q. : Le lendemain, avez-vous vu des gens commencer à se rendre et à se
25 diriger vers le principal quartier commerçant de Kozarac ?
Page 3270
1 R. : Oui.
2 Q. : Où vous trouviez-vous quand ces gens ont commencé à former une
3 colonne et à se rendre vers le centre commerçant de Kozarac ?
4 R. : J'étais près du poste de police, devant le bâtiment des PTT et le
5 café Neira.
6 Q. : Quand vous avez vu ces gens dans cette colonne se diriger vers le
7 centre de Kozarac, en avez-vous reconnu certains ?
8 R. : Oui.
9 Q. : Avez-vous reconnu des policiers parmi ces gens ?
10 R. : Oui.
11 Q. : Qui étaient les policiers que vous avez reconnus ?
12 R. : Il y avait Osme, le chef de la police, Braco Denic et d'autres.
13 Q. : Ces policiers que vous avez reconnus, quelle était leur appartenance
14 ethnique ?
15 R. : Musulmans.
16 Q. : Quand vous les avez vus, quand vous avez vu les policiers, où se
17 trouvaient-ils dans ce groupe de personnes ? Etaient-ils à l'avant
18 ou au milieu ?
19 R. : Vers l'avant.
20 Q. : Pourriez-vous utiliser de nouveau la pièce à conviction 196 de
21 l'Accusation, la carte sur partie de Kozarac et désigner l'endroit
22 où vous avez vu ce groupe de personnes, y compris ces policiers ?
23 R. : (Le témoin désigne l'endroit sur la carte).
24 Q. : C'est donc un endroit situé juste en dessous de la route circulaire
25 qui part de Marsala Tita pour la rejoindre plus bas sur la carte ?
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1 R. : Cette route ne la rejoint pas plus bas mais sur la partie supérieure
2 de la carte.
3 Q. : Oui. Pourriez-vous de nouveau nous montrer l'endroit ? L'endroit où
4 vous les avez vus est donc en dessous de l'endroit où la route
5 rejoint Marsala Tita, est -ce exact ?
6 R. : En dessous de l'endroit où elles se rejoignent.
7 Q. : Ce groupe, était-il accompagné d'une escorte ou de soldats ?
8 R. : Non.
9 Q. : Pouvez-vous estimer le nombre de personnes qui constituaient ce
10 groupe?
11 R. : Ils étaient très nombreux.
12 Q. : Plus haut sur cette carte, une structure est indiquée comme étant un
13 motel. Elle a été identifiée antérieurement comme une structure
14 établie provisoirement en tant que hôpital et quartier général de la
15 police. Après que vous ayez vu Osme et Braco avez-vous fini par
16 arriver à ce motel ?
17 R. : Oui.
18 Q. : Qu'avez-vous vu quand vous y êtes arrivé ?
19 R. : J'y ai vu des policiers et quelques rares civils.
20 Q. : Avez-vous reconnu certains des policiers à ce motel ?
21 R. : Oui, la plupart d'entre eux.
22 Q. : Quel était le groupe ethnique de ceux que vous avez reconnus ?
23 R. : Musulman.
24 Q. : Vous rappelez-vous du nom de policiers que vous avez vu au motel ?
25 R. : Oui.
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1 Q. : De quels noms vous rappelez-vous ?
2 R. : Nedjo Redzic, Emir Hodzic, Ekrem Besic, Besic ... j'ai oublié son
3 prénom, nous l'appelions "Boca" ... Klipic, Sakip et de nombreux
4 autres.
5 Q. : Vous avez mentionné le nom "Klipic", vous rappelez-vous de son prénom
6 ?
7 R. : Non, nous l'appelions tous "Klipic".
8 Q. : Vous rappelez-vous le nom de sa femme ?
9 R. : Oui, Nasiha.
10 Q. : Quand vous êtes arrivé au motel et que vous avez vu ces policiers,
11 que faisaient-ils ?
12 R. : Ils étaient tous là et ils essayaient d'établir le contact avec
13 Prijedor.
14 Q. : Qui essayait ?
15 R. : Edin Besic, que nous appelions Boca. Il essayait, je crois, d'établir
16 le contact avec le poste de police de Prijedor.
17 Q. : Savez-vous qui il essayait d'atteindre ?
18 R. : Il demandait à parler à Osme au téléphone.
19 Q. : Au commandant de la police de Kozarac ?
20 R. : Oui.
21 Q. : Savez-vous s'il a jamais réussi à contacter Osme à la radio ?
22 R. : Non.
23 Q. : Après votre arrivée au motel, ce groupe de policiers est-il parti et
24 s'est-il dirigé vers le centre commercial de Kozarac ?
25 R. : Oui.
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1 Q. : Après que vous les ayez vus partir dans cette direction, avez-vous
2 jamais revu l'un d'entre eux après cette date ?
3 R. : Non.
4 Q. : Vous êtes-vous personnellement rendu ce jour-là, le mardi ?
5 R. : Non.
6 Q. : Avez-vous retrouvé votre femme dans la soirée du mardi ?
7 R. : Oui.
8 Q. : Le lendemain, le mercredi, avez-vous, avec votre femme, rejoint les
9 gens qui se dirigeaient vers le centre de Kozarac pour se rendre ?
10 R. : Oui.
11 Q. : Marchiez-vous ou étiez-vous dans un véhicule ?
12 R. : Nous étions à pied.
13 Q. : Etiez-vous armé ?
14 R. : Non.
15 Q. : Qu'avez-vous fait avec l'arme que vous aviez ?
16 R. : Le mardi matin, quand le premier groupe voulait se rendre, quand ils
17 sont allés se rendre, nous l'avons mise dans le sac d'un ami.
18 Q. : Ce groupe, y compris vous-même et votre femme, a t-il fini par
19 s'arrêter près de l'école dans la rue Marsala Tita ?
20 R. : A la gare routière de Kozarac, exactement.
21 Q. : Pendant que vous vous dirigiez vers cet endroit, avez-vous aperçu des
22 gens armés sur le toit des édifices à Kozarac ?
23 R. : Oui.
24 Q. : Comment étaient-ils vêtus ?
25 R. : Ils portaient tous des tenues camouflées.
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1 Q. : Quel type d'armes avaient-ils ?
2 R. : Surtout des armes automatiques.
3 Q. : Avez-vous reconnu certains de ces gens ?
4 R. : Pas ici.
5 Q. : Quand vous avez suivi cette route vers le centre ville, avez-vous vu
6 des chars ?
7 R. : Après être arrivé à cet endroit, j'ai aperçu un char au croisement
8 avec la route qui va vers le vieux Kula, la route de Stari Grad, la
9 vieille ville.
10 Q. : C'était donc au croisement de Marsala Tita et d'une autre rue ?
11 R. : Oui.
12 Q. : Avez-vous pu voir si ce char était du type utilisé par la JNA ?
13 R. : Oui.
14 Q. : Pendant votre marche vers cet endroit à Kozarac, aviez-vous une
15 escorte armée ?
16 R. : Constamment.
17 Q. : Avez-vous reconnu certains des membres de cette escorte ?
18 R. : Pas à ce moment là.
19 Q. : Que portaient-ils ?
20 R. : Ils portaient tous des tenues camouflées.
21 Q. : Pouvez-vous nous montrer en vous servant de la pièce à conviction 196
22 de l'Accusation l'endroit où cette colonne à fini par s'arrêter ?
23 R. : (Le témoin montre l'endroit sur la carte). Ici.
24 Q. : Vous pointez ici au carrefour de ce qu'on appelle parfois la vieille
25 route de Prijedor ?
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1 R. : Oui.
2 Q. : Combien de temps vous a t-on gardé à cette intersection avant de
3 continuer ?
4 R. : Je ne pourrais pas vous dire exactement, peut-être deux ou trois
5 heures.
6 Q. : Tout ce temps là, étiez-vous gardés ou escortés par la police ou des
7 soldats ?
8 R. : Oui.
9 Q. : En avez-vous reconnu certains ?
10 R. : Oui, l'un d'entre eux.
11 Q. : Qui était-ce ?
12 R. : Je ne connais pas son nom mais on l'appelait le fils de Gauro.
13 R. : Selon vous, à quel groupe ethnique appartenait-il ?
14 R. : Serbe.
15 Q. : Que portaient ces gardes au croisement ?
16 R. : Ils portaient tous des tenues camouflées.
17 Q. : Pendant que vous attendiez à ce croisement, avez-vous assisté à du
18 pillage commis dans les édifices avoisinants ?
19 R. : Oui.
20 Q. : Qu'avez-vous vu ?
21 R. : J'ai vu un camion devant la maison de mon amis Redzo, un camion civil
22 avec une plaque de Bosanski Novi et il chargeait ... les gens
23 chargeaient tout ce qui se trouvait dans le magasin à bord du
24 camion.
25 Q. : Vous dites que ce magasin appartenait à l'un de vos amis ?
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1 R. : Oui.
2 Q. : A quel groupe ethnique appartenait-il ?
3 R. : Musulman.
4 Q. : Que portaient les pillards ?
5 R. : Ils étaient tous en uniforme .
6 Q. : Quel type d'uniforme ?
7 R. : Des tenues camouflées.
8 Q. : Les gardes sont-ils intervenus pour stopper ces gens en tenues
9 camouflées qui pillaient ce magasin ?
10 R. : Non.
11 Q. : Que faisaient ces gardes ?
12 R. : Ils essayaient de voir ce qu'il y avait dans le magasin, ce qu'ils
13 pouvaient emmener pour eux.
14 Q. : Pendant que vous vous trouviez à ce croisement, le groupe nombreux a
15 t-il était divisé en groupes plus petits ?
16 R. : Oui.
17 Q. : Comment avez-vous été séparés ?
18 R. : Les hommes ont été séparés des femmes.
19 Q. : Dans quelle direction êtes-vous allé après cette séparation ?
20 R. : Nous avons emprunté la nouvelle route Banja Luka/Prijedor.
21 Q. : Dans quelle direction ?
22 R. : Vers Prijedor.
23 Q. : Au début, étiez-vous dans des véhicules ou à pied ?
24 R. : A pied, nous marchions.
25 Q. : Les hommes, femmes et enfants ont-ils fini par être placés à bord de
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1 cars et emmenés au camp de Trnopolje ?
2 R. : Les femmes et les enfants ont d'abord été mis dans des cars et
3 emmenés.
4 Q. : Puis les hommes ont été mis dans des cars et emmenés au camp de
5 Trnopolje ?
6 R. : Oui.
7 MME HOLLIS : Mme la Présidente, le moment est peut-être propice pour une
8 suspension.
9 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : L'audience est suspendue pendant 20 minutes.
10 (16 heures)
11 (Brève suspension d'audience)
12 (16 heures 20)
13 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Asseyez-vous s'il vous plaît. Mme Hollis,
14 voulez-vous continuer ?
15 MME HOLLIS : Merci, Mme la Présidente.
16 Monsieur, avant de reprendre l'interrogatoire, j'aimerais clarifier
17 deux points. Je vous ai demandé si vous connaissiez le groupe
18 ethnique d'Emir Karabasic et je ne me souviens pas de votre réponse.
19 Pouvez-vous nous dire quel était le groupe ethnique d'Emir Karabasic
20 ?
21 R. : Oui. Musulman.
22 Q. : Nous avons aussi parlé du lundi qui a suivi l'attaque de Kozarac et
23 vous nous avez dit avoir vu un char à Balte. Vous avez indiqué que
24 Balte était un endroit habité par les Serbes. Vous avez aussi
25 précisé que la tourelle du char pointait vers Kamicani et Softici.
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1 Pouvez-vous nous dire, s'il vous plaît, à quel groupe ethnique
2 appartenaient les habitants de Kamicani et de Softici ?
3 R. : Ils étaient Musulmans.
4 Q. : Merci, monsieur. Avant la suspension, vous avez indiqué que les
5 hommes, femmes et enfants ont été mis à bord de cars le mercredi
6 après l'attaque de Kozarac. Avez-vous aussi été mis à bord de l'un
7 de ces cars ?
8 R. : Oui.
9 Q. : Quels types d'autocars étaient utilisés pour le transport de ces gens
10 ?
11 R. : Des autocars civils de Auto Transport à Prijedor.
12 Q. : Etes-vous arrivé au camp de Trnopolje le mercredi qui a suivi
13 l'attaque de Kozarac ?
14 R. : Oui.
15 Q. : Avez-vous retrouvé votre femme au camp de Trnopolje ?
16 R. : Oui.
17 Q. : Combien de temps êtes-vous resté au camp de Trnopolje ?
18 R. : Cinq jours environ.
19 Q. : Combien de temps votre femme y est-elle restée ?
20 R. : Deux jours.
21 Q. : Vous rappelez-vous de la date à laquelle vous avez quitté le camp de
22 Trnopolje ?
23 R. : Je pense que c'était le premier juin.
24 Q. : Comment avez-vous réussi à garder trace des jours après que vous ayez
25 été pris par les Serbes ?
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1 R. : Je n'ai fait aucune attention aux dates, je parle approximativement.
2 Je sais que ma femme est partie le vendredi et je suis parti deux
3 jours plus tard.
4 Q. : Vous pensez vous souvenir que deux jours après ce vendredi était le
5 premier juin, est-ce exact ?
6 R. : Je pense que c'était le premier juin.
7 Q. : Pendant votre séjour au camp de Trnopolje, où dormiez-vous ?
8 R. : Dans le bâtiment de l'école.
9 Q. : Connaissiez-vous d'autres détenus du camp ?
10 R. : Oui, la plupart d'entre eux.
11 Q. : A quel groupe ethnique appartenaient-ils ?
12 R. : Musulman.
13 Q. : Que portaient les gardes du camp ?
14 R. : Ils étaient tous en tenues camouflées.
15 Q. : Connaissiez-vous certains de ces gardes du camp ?
16 R. : Certains d'entre eux, oui.
17 Q. : A quel groupe ethnique appartenaient ceux que vous connaissiez ?
18 R. : Serbe.
19 Q. : Vous rappelez-vous avoir vu une femme se faire tuer durant votre
20 séjour au camp de Trnopolje ?
21 R. : Oui.
22 Q. : Qu'avez-vous vu de cet incident ?
23 R. : Nous étions à l'extérieur, au coin de l'école, pratiquement dans la
24 cour et nous ne faisions pas attention mais il y a eu un coup de
25 feu. Nous nous sommes tournés et nous avons vu un soldat lever son
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1 fusil automatique et commencer à tirer sur des gens à l'extérieur.
2 Q. : Avez-vous vu cette femme être touchée par ce tir ?
3 R. : Oui.
4 Q. : Où vous a t-on emmené après Trnopolje ?
5 R. : A la caserne de Prijedor.
6 Q. : A la caserne militaire de Prijedor ?
7 R. : Oui.
8 Q. : Où se situait cette caserne à Prijedor ?
9 R. : Oui.
10 Q. : Où se trouvait-elle ?
11 R. : A la sortie de Prijedor, dans la direction de Bosanska Dubica, à
12 gauche.
13 Q. : Y a t-il d'autres localités dans cette direction générale ?
14 R. : C'est la route de Zagreb, vers l'autoroute Belgrade/Zagreb ; il y a
15 donc de nombreuses localités.
16 Q. : Combien de temps avez-vous été détenu dans la caserne militaire de
17 Prijedor ?
18 R. : Assez pour écrire une déclaration.
19 Q. : Comment avez-vous été emmené à la caserne ?
20 R. : Nous avons été transféré avec Fadil Delmic dans sa voiture.
21 Q. : Qui conduisait ce véhicule ?
22 R. : Deux soldats ont saisi la voiture, m'ont fait monter dedans avec lui
23 et nous ont emmenés. Je me suis rendu compte en chemin que nous
24 allions vers la caserne et nous avons fini par y arriver.
25 Q. : Vous dites que vous êtes resté à la caserne assez longtemps pour
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1 faire une déclaration. Vous a t-on interrogé pendant votre séjour à
2 la caserne ?
3 R. : Oui.
4 Q. : Qui vous a interrogé ?
5 R. : Il y avait deux individus en uniforme. J'ai vu leur grade mais je ne
6 les connaissais pas; ils portaient des tenues camouflées.
7 Q. : Sur quoi portait la déclaration ? Quelles questions vous ont-ils posé
8 ?
9 R. : Ils voulaient que j'écrive où je me trouvais au début des hostilités,
10 ce que je faisais avant la guerre et durant l'attaque de Kozarac
11 jusqu'à mon séjour à Trnopolje.
12 Q. : Où vous a t-on emmené après cette déclaration ?
13 R. : Ils m'ont emmené à Keraterm.
14 Q. : Comment vous a t-on emmené à Keraterm ?
15 R. : En véhicule civil.
16 Q. : Qui vous y a escorté ?
17 R. : Deux autres soldats.
18 Q. : Que portaient-ils ?
19 R. : Egalement des tenues camouflées.
20 Q. : Combien de temps avez-vous été détenu à Keraterm ?
21 R. : Sept jours.
22 Q. : Où y avez-vous été détenu ?
23 R. : J'étais dans le garage no 1.
24 Q. : Pourrait-on placer la pièce à conviction 201 de l'Accusation, le
25 document no 29-1, 29/27, sur l'écran d'ordinateur ? M. Hrnic, cette
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1 photographie montre t-elle Keraterm ?
2 R. : Oui.
3 Q. : Peut-on la placer sur le rétroprojecteur, s'il vous plaît ? Pourriez-
4 vous nous désigner l'endroit où vous étiez détenu à Keraterm en
5 pointant sur la photo sur le rétroprojecteur ?
6 R. : (Le témoin désigne l'endroit sur la photographie).
7 Q. : Pourriez-vous l'indiquer de nouveau, s'il vous plaît ? Ce sont donc
8 les premières portes sur la gauche quand vous regardez ce bâtiment ?
9 R. : Oui.
10 Q. : C'était le garage no 1 dans lequel vous étiez détenu ?
11 R. : Oui.
12 Q. : Pendant votre séjour à Keraterm, connaissiez-vous ou avez vous
13 reconnu certains des détenus qui s'y trouvaient ?
14 R. : Oui.
15 Q. : Quelle est l'appartenance ethnique des détenus que vous connaissiez
16 ou avez reconnus ?
17 R. : La plupart d'entre eux étaient des Musulmans et il y avait quelques
18 Croates.
19 Q. : Connaissiez-vous personnellement certains des gardes de Keraterm ?
20 R. : Oui.
21 Q. : Quelle était l'appartenance ethnique de ceux que vous connaissiez ?
22 R. : Serbe.
23 Q. : Comment étaient vêtus les gardes de Keraterm ?
24 R. : Ils portaient aussi, dans l'ensemble, des tenues camouflées.
25 Q. : "Dans l'ensemble" quels autres types de vêtements ces gardes
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1 portaient-ils ?
2 R. : Quelque fois l'un d'entre eux portait un uniforme de la police peut-
3 être. Il y avait d'anciens uniformes SMB, les vieux uniformes de la
4 JNA.
5 Q. : Pendant votre séjour à Keraterm, avez-vous entendu parler d'un
6 dénommé Zoran Zigic ?
7 R. : Oui.
8 Q. : Est-ce que d'autres à Keraterm vous l'ont indiqué comme étant Zoran
9 Sigic ?
10 R. : Je ne connaissais pas son nom mais je l'ai vu avant cela en plusieurs
11 occasions.
12 Q. : D'autres personnes vous ont dit qu'il s'appelait Zoran Zigic ?
13 R. : Que c'était Zigic, quelques uns l'appelaient Zoran mais je le
14 connaissais. Je l'avais vu plusieurs fois avant cela. Je ne
15 connaissais pas son nom.
16 Q. : Pendant votre séjour à Keraterm, vous rappelez-vous de passages à
17 tabac de détenus au camp ?
18 R. : Oui.
19 Q. : Qui les infligeait ?
20 R. : Zoran Zigic était l'un de ceux qui les infligeaient le plus
21 fréquemment.
22 Q. : Vous rappelez-vous l'avoir vu battre un dénommé Emsud Bahonic ?
23 R. : Oui.
24 Q. : Avez-vous vu ce passage à tabac ?
25 R. : Oui.
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1 Q. : Comment cet homme, Emsud Bahonic, a t-il été battu ?
2 R. : Zigic l'a frappé. Il avait toujours un Scorpion avec lui. C'est une
3 sorte de pistolet. Il lui a donné des coups de pied, il l'a frappé
4 avec tout ce qui lui tombait sous la main. Il y avait aussi des
5 barres de fer ... tout ce qui se trouvait là.
6 Q. : Avez-vous vu l'état de Emsud Bahonic après ce passage à tabac ?
7 R. : Oui.
8 Q. : Dans quel état était-il ?
9 R. : Je ne me souviens pas si c'était le droit ou le gauche mais il ne
10 pouvait pas du tout bouger tout un côté de son corps.
11 Q. : Avez-vous vu des hématomes ou des blessures sur son corps ?
12 R. : Il était recouvert d'ecchymoses.
13 Q. : Connaissiez-vous Emsud Bahonic avant Keraterm ?
14 R. : Oui.
15 Q. : A quel groupe ethnique appartenait-il ?
16 R. : Musulman.
17 Q. : Où vous a t-on emmené après Keraterm ?
18 R. : Ils m'ont emmené à Omarska ?
19 Q. : Comment vous y ont-ils emmené ?
20 R. : Dans un fourgon de la police.
21 Q. : Aviez-vous une escorte dans ce fourgon de la police ?
22 R. : Je ne peux pas dire. Nous étions enfermés dans le fourgon, Nous
23 étions 12 ou 13. Nous étions à l'intérieur. Je ne pouvais rien voir.
24 Je ne sais pas.
25 Q. : Les autres personnes qui étaient emmenées avec vous étaient-elles
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1 aussi des détenus de Kozarac ?
2 R. : Oui.
3 Q. : Vous rappelez-vous de votre date d'arrivée à Omarska ?
4 R. : Je crois que c'était le 8 juin.
5 Q. : Vous rappelez-vous du jour de la semaine ?
6 R. : Cela aurait pu être le lundi ou le mardi.
7 Q. : Combien de temps avez-vous été détenu au camp d'Omarska ?
8 R. : J'y suis resté jusqu'au 6 ou 7 août 1992.
9 Q. : Où vous a t-on emmené après Omarska ?
10 R. : Ils nous ont emmené à Manjaca.
11 Q. : Connaissiez-vous personnellement certains des gardes du camp
12 d'Omarska ?
13 R. : Oui.
14 Q. : Quel était le groupe ethnique des gardes que vous connaissiez ?
15 R. : Serbe.
16 Q. : Que portaient les gardes d'Omarska ?
17 R. : Ils portaient de nombreux uniformes bariolés, des uniformes de la
18 police, de vieux uniformes SMB.
19 Q. : Durant votre séjour au camp d'Omarska, avez-vous jamais vu ou
20 rencontré un homme appelé zeljko Mejakic ?
21 R. : Oui.
22 Q. : Avez-vous appris quel poste il occupait au camp ?
23 R. : Il était le commandant du camp.
24 Q. : Pourquoi pensez-vous qu'il était le commandant du camp ?
25 R. : Il était sur place presque chaque jour, chaque nuit. Il quittait
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1 rarement le camp. Il ne communiquait pas beaucoup avec les détenus,
2 seulement avec les gardes et les supérieurs.
3 Q. : Connaissiez-vous certains des détenus à Omarska ?
4 R. : Oui, bon nombre d'entre eux.
5 Q. : Quel était le groupe ethnique de ceux que vous connaissiez ?
6 R. : Musulman, principalement.
7 Q. : Aviez-vous des parents au camp d'Omarska ?
8 R. : Oui.
9 Q. : Quels étaient-ils ?
10 R. : Tout d'abord il y avait mon frère, Hrnic Dalija et un autre de mes
11 parents, Jasmin Hrnic; l'un de mes beaux-frères, un certain nombre
12 de mes amis et le frère de l'un de mes beaux-frères.
13 Q. : Vous avez indiqué que Jasmin Hrnic était l'un de vos parents. Avait-
14 il un surnom ?
15 R. : Oui.
16 Q. : Et quel était ce surnom ?
17 R. : "Jasko".
18 Q. : A quel groupe ethnique appartenait vos parents détenus au camp ?
19 R. : Musulman.
20 Q. : Pourriez-vous, s'il vous plaît, examiner le modèle devant vous et
21 nous dire ce qu'était ce grand bâtiment rouge presque directement
22 devant vos yeux ?
23 R. : Oui, c'est le hangar.
24 Q. : Comment s'appelait l'endroit entre le hangar et cet édifice rouge
25 plus petit ?
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1 R. : C'est la pista.
2 Q. : Quel était ce bâtiment rouge plus petit légèrement à votre droite ?
3 R. : C'est le bâtiment administratif et le restaurant.
4 Q. : Pouvez-vous voir le petit bâtiment blanc sur le modèle ?
5 R. : Oui, d'ici.
6 Q. : Qu'est-ce qu'était ce bâtiment ?
7 R. : C'était la maison blanche.
8 Q. : Ce modèle devant vous représente t-il le camp d'Omarska quand vous y
9 étiez en 1992 ?
10 R. : Oui.
11 Q. : Que s'est-il passé quand vous êtes arrivé à Omarska ?
12 R. : Ils nous ont amené ici, là, et nous ont aligné contre le mur de ce
13 bâtiment.
14 Q. : J'ai remarqué que vous avez d'abord pointé sur une partie de la pista
15 puis sur un endroit situé près du bâtiment que vous avez identifié
16 comme le bâtiment administratif ou le restaurant. Puis-je vous
17 demander d'éviter de désigner un endroit avant que je vous le
18 demande spécifiquement. Que s'est-il passé après que vous ayez été
19 alignés ?
20 R. : On nous a ordonné de vider nos poches et tout ce que nous avions.
21 Nous avions aussi emmené des sacs à Keraterm. Nous transportions des
22 sous-vêtements, ce genre de choses. Ils nous ont tout pris puis nous
23 ont emmené vers le hangar. Quand on nous y a emmené, je ne savais
24 pas que cela s'appelait la maison blanche mais de l'autre côté ils
25 nous ont emmené à la porte du premier étage et à la première pièce
Page 3288
1 sur la droite. Nous avons appris par la suite qu'elle s'appelait la
2 salle "15".
3 Q. : Ils vous ont donc mis au premier étage du hangar puis dans la
4 première pièce à droite en haut des escaliers, est-ce bien cela ?
5 R. : Oui.
6 Q. : Et vous avez appris plus tard qu'il s'agissait de la salle no 15 ?
7 R. : Oui.
8 Q. : Quand vous êtes arrivé à Omarska, durant la fouille et votre
9 transfert dans la salle 15, avez-vous été battu ou avez-vous subi de
10 mauvais traitements ?
11 R. : Pas ce jour-là.
12 Q. : Quand vous êtes arrivé à Omarska, avez-vous vu d'autres détenus ...
13 R. : Excusez-moi, je n'entends pas très bien.
14 Q. : Je m'excuse. Quand vous êtes arrivé à Omarska, avez-vous vu d'autres
15 détenus dans le camp ?
16 R. : Oui.
17 Q. : Où se trouvaient ces autres détenus, dans quel endroit général ?
18 R. : Les premiers que j'ai vus étaient sur la pista.
19 Q. : Quand vous les avez vus sur la pista, dans quelle position étaient-
20 ils, comment se tenaient-ils sur la pista ?
21 R. : Ils étaient tous allongés sans bouger.
22 Q. : J'aimerais vous poser quelques questions sur les conditions au camp
23 d'Omarska durant votre séjour. Combien de repas receviez-vous par
24 jour ?
25 R. : Une fois ou pas du tout.
Page 3289
1 Q. : Quand vous aviez un repas, de quel genre de nourriture s'agissait-il
2 ?
3 R. : De l'eau. Je ne sais pas vraiment quel nom lui donner, ce n'était pas
4 de la soupe, il n'y avait pas de condiments, rien, presque sans sel.
5 Q. : Combien de temps aviez-vous pour ingurgiter ce repas quotidien que
6 vous receviez parfois ?
7 R. : Nous avions trois minutes.
8 Q. : Où preniez-vous ce repas quotidien ?
9 R. : Dans le bâtiment administratif où se trouve la cantine.
10 Q. : Que se passait-il si vous preniez plus de trois minutes ?
11 R. : Vous ne vous sentiez pas très affamé dans ce cas là; nous étions
12 battus.
13 Q. : Vous donnaient-ils de l'eau à boire durant votre séjour au camp
14 d'Omarska ?
15 R. : Très rarement.
16 Q. : Quelle était la qualité de cette eau ?
17 R. : Elle provenait peut-être de la rivière Gomenica; elle devait porter
18 des effluents industriels je pense.
19 Q. : Cette eau avait-elle un goût ou une odeur particulière ?
20 R. : Elle était trouble. Elle passait par ces gros tuyaux qui servent à
21 laver les camions, ces gros camions-benne ou d'autres véhicules
22 qu'ils avaient dans le camp.
23 Q. : Vous avez indiqué que vous avez été détenu à Omarska du début juin au
24 6 août. Quelles étaient les températures durant la journée pendant
25 cette période ?
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1 R. : Cette année-là, la chaleur fut insupportable.
2 Q. : Quelles étaient les conditions d'hygiène durant votre séjour ?
3 R. : J'ai pris un bain pratiquement la veille de mon départ pour Manjaca.
4 Q. : Y avait-il des toilettes et autres installations sanitaires adéquates
5 pour les détenus du camp ?
6 R. : Non.
7 Q. : Quel était votre poids à votre arrivée dans les camps ?
8 R. : Je pesais environ 100 kilos.
9 Q. : Vous a t-on jamais pesé durant votre séjour à Omarska ou à Manjaca ?
10 R. : Oui.
11 Q. : Où avez-vous été pesé ?
12 R. : Je crois que c'était la croix rouge ou quelque soit son nom, quand
13 ils sont venus, je ne connais pas la date, mais ce sont eux qui nous
14 ont pesés.
15 Q. : C'est donc la croix rouge qui vous a pesé ?
16 R. : Oui.
17 Q. : A cette époque combien de poids aviez-vous perdu ?
18 R. : Environ 32 kilos.
19 R. : Vous dites qu'à votre arrivée vous avez été emmené à la salle 15 du
20 hangar. Combien de temps avez-vous été incarcéré dans la salle 15 ?
21 R. : Jusqu'à l'interrogatoire.
22 Q. : Combien de temps passiez-vous dans le camp avant d'être interrogés ?
23 R. : Une douzaine de jours, de 10 à 12 jours. Je connais la date de mon
24 premier interrogatoire.
25 Q. : A ce stade, pourrait-on débrancher le rétroprojecteur et brancher la
Page 3291
1 caméra pour le modèle ? Pourrait-on aussi retirer le toit, le toit
2 inférieur du bâtiment du hangar ? Je vais maintenant vous demander,
3 monsieur, de venir devant ou sur le côté du modèle et d'indiquer la
4 salle dans laquelle vous avez été détenu et que vous avez appelé
5 salle 15. Avant cela, quand vous regarderez dans cette salle, vous
6 allez voir un ou plusieurs chiffres sur un morceau de papier et je
7 vais vous demander de nous dire ce qu'est ce chiffre. Vous pouvez
8 retirer vos écouteurs pour vous déplacer puis mettre ceux qui se
9 trouvent près de la table du greffier. Pouvez-vous donc retirer vos
10 écouteurs maintenant, prendre la baguette et venir nous montrer la
11 salle 15 ? Pouvez-vous venir de mon côté du modèle vers moi; pouvez-
12 vous voir la salle 15 ?
13 L'INTERPRETE : L'un des micros pourrait-il être tourné vers le témoin,
14 s'il vous plaît ?
15 MME HOLLIS : Pourriez-vous indiquer la salle 15 avec la baguette ?
16 R. : (Le témoin désigne l'endroit sur le modèle).
17 MME HOLLIS : Pourriez-vous désigner l'intérieur derrière cette porte dans
18 la salle ?
19 R. : (Le témoin désigne l'endroit sur le modèle).
20 Q. : Merci. Vous pouvez vous rasseoir. Le technicien peut peut-être aussi
21 se rasseoir.
22 Avez-vous une idée du nombre de personnes incarcérées avec vous dans
23 la salle 15 durant votre détention ?
24 R. : Oui.
25 Q. : Combien étiez-vous, selon votre estimation ?
Page 3292
1 R. : Durant ma détention il y avait environ 300 personnes.
2 Q. : Connaissiez-vous certains des autres détenus avec vous dans la salle
3 15 ?
4 R. : La plupart d'entre eux.
5 Q. : A quel groupe ethnique appartenaient les personnes que vous
6 connaissiez ?
7 R. : Musulman.
8 Q. : Vous avez déclaré que vous pensez avoir été interrogé 10 ou 12 jours
9 après votre arrivée au camp. Avez-vous été interrogé durant votre
10 première semaine dans le camp ?
11 R. : Non.
12 Q. : Quand vous parlez en termes de semaines, s'agit-il du lundi au lundi
13 ?
14 R. : Oui.
15 Q. : Vous n'avez donc pas été interrogé durant la première semaine
16 jusqu'au lundi suivant ?
17 R. : Non.
18 Q. : Puis durant la deuxième semaine de votre détention, durant la semaine
19 proprement dite, avant le week-end, avez-vous été interrogé ?
20 R. : Oui.
21 Q. : Quand avez-vous été interrogé ?
22 R. : Le samedi.
23 Q. : Vous n'avez donc pas été interrogé du lundi au vendredi ?
24 R. : Non.
25 Q. : Vous avez été emmené à l'interrogatoire pour la première fois le
Page 3293
1 samedi ?
2 R. : Oui, durant la deuxième semaine et non la première.
3 Q. : Très bien. Avant ce premier interrogatoire, vous rappelez-vous d'un
4 incident concernant un dénommé Meho Alic durant lequel il a été
5 appelé en dehors de la salle 15 ?
6 R. : Oui.
7 Q. : Qu'avez-vous observé durant cet incident concernant Meho Alic ?
8 R. : Un garde que je ne connaissais pas est venu. Il a ouvert la porte et
9 a appelé "Meho Alic". Celui-ci s'est levé et le garde lui a demandé
10 de sortir et de chercher son fils.
11 Q. : Le garde est donc venu à la porte. S'agit-il de la porte donnant dans
12 la salle 15 que vous nous avez indiquée auparavant ?
13 R. : Oui.
14 Q. : Il est venu à cette porte, a appelé "Meho Alic" et celui-ci s'est
15 levé ?
16 R. : Oui.
17 Q. : Puis il a demandé à Meho Alic quelque chose à propos de son fils ?
18 R. : Oui.
19 Q. : Qu'a t-il demandé à Meho Alic de faire ?
20 R. : Il voulait que Meho sorte et cherche son fils Eno.
21 Q. : Après qu'il ait expliqué ce qu'il voulait, Meho est-il sorti de la
22 salle 15 ?
23 R. : Oui.
24 Q. : En cette occasion, quand Meho est sorti de la salle 15, d'autres
25 détenus dans cette pièce ont-ils aussi été appelés dehors ?
Page 3294
1 R. : Oui.
2 Q. : Qui étaient-ils ?
3 R. : Emir Beganovic et Senad Muslimovic ont quitté la salle.
4 Q. : Connaissiez-vous ces trois hommes avant cet incident ?
5 R. : Oui.
6 Q. : Combien de ces hommes connaissiez-vous avant l'incident ?
7 R. : Je connaissais Meho, Began et, naturellement, Senad qui était le
8 frère de Halid Muslimovic.
9 Q. : Pendant que Meho était sorti de la salle, qu'avez-vous entendu ?
10 R. : C'est difficile à dire. Nous avons entendu ce que nous aurions
11 préféré ne pas entendre. Il s'agissait de hurlements. Il y a un
12 hurlement en particulier dont je me souviens. J'en ai encore la
13 chair de poule. Je ne peux même pas le décrire.
14 Q. : Meho Alic est-il revenu dans la salle 15 ce jour-là ?
15 R. : Oui.
16 Q. : Quel était son comportement ou son état quand il est revenu dans la
17 salle ?
18 R. : Il ne pouvait même pas marcher. Il était pâle. Il est revenu et s'est
19 assis. Personne ne lui a posé de questions.
20 Q. : A quel moment de la journée Meho Alic a t-il été appelé de la salle ?
21 R. : C'était dans l'après-midi.
22 Q. : Combien de jours avant votre premier interrogatoire cet incident a t-
23 il eu lieu ?
24 R. : Deux jours.
25 Q. : Vous avez dit qu'on avait demandé à Meho Alic de sortir de la salle
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1 et de trouver son fils Eno. Connaissiez-vous son fils Eno ?
2 R. : Oui.
3 Q. : Connaissiez-vous Eno sous un autre nom ?
4 R. : Nous l'appelions soit "Alic" qui était son patronyme, Eno Alic soit
5 Eno. "Eno" est le diminutif de son prénom.
6 Q. : Quand Meho a été appelé, vous trouviez-vous près de la porte de la
7 salle 15 ?
8 R. : Oui.
9 Q. : Meho Alic se trouvait-il aussi dans ce coin de la salle ?
10 R. : Oui.
11 Q. : Avez-vous reconnu le garde qui a appelé Meho Alic ?
12 R. : Non.
13 Q. : Que portait ce garde ?
14 R. : Aussi une tenue camouflée.
15 Q. : Vous avez mentionné que votre parent, Jasmin ou Jasko Hrnic se
16 trouvait aussi au camp d'Omarska. Avez-vous jamais revu votre parent
17 Jasmin Hrnic après cet incident concernant Meho Alic ?
18 R. : Non.
19 Q. : Vous pensez avoir été interrogé pour la première fois un week-end, un
20 samedi. Au total, combien de fois avez-vous été interrogé durant
21 votre séjour à Omarska ?
22 R. : Cinq fois.
23 Q. : Dans quel bâtiment ces interrogatoires avaient-ils lieu ?
24 R. : Le bâtiment administratif.
25 Q. : Durant vos cinq interrogatoires, avez-vous été interrogé dans des
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1 salles situées au rez-de-chaussée et au premier étage de cet édifice
2 ?
3 R. : Oui.
4 Q. : Qui vous escortait quand vous étiez appelé pour ces interrogatoires ?
5 R. : Certains jeunes hommes et, apparemment, chacun d'eux travaillait pour
6 un inspecteur donné ?
7 Q. : Connaissiez-vous certains des individus qui vous escortaient ?
8 R. : Non.
9 Q. : Que portaient-ils ?
10 R. : Certains des tenues camouflées et d'autres les uniformes de la
11 police.
12 Q. : Connaissiez-vous les gens qui vous interrogeaient ?
13 R. : Un seul.
14 Q. : Qui était-ce ?
15 R. : C'était Laic ... Lakic.
16 Q. : D'où venait Lakic ?
17 R. : Lakic était de Prijedor.
18 Q. : Savez-vous quel était le groupe ethnique de Lakic ?
19 R. : Serbe.
20 Q. : Savez-vous d'où venaient les autres individus qui vous interrogeaient
21 ?
22 R. : Certains étaient de Prijedor et d'autres de Banja Luka.
23 Q. : Comment savez-vous qu'ils étaient de Prijedor ou de Banja Luka ?
24 R. : Je l'ai appris quand nous étions sur la pista. Ils arrivaient dans
25 plusieurs voitures de Banja Luka et le car venait de Prijedor.
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1 Q. : Comment saviez-vous cela ?
2 R. : Nous pouvions le voir pendant que nous étions sur la pista et nous
3 avons entendu d'autres détenus présents en parler mais nous pouvions
4 aussi le voir. Nous pouvions voir les voitures et les cars quand ils
5 arrivaient.
6 Q. : Comment savez-vous que ces voitures et ces cars venaient de Banja
7 Luka ou de Prijedor ?
8 R. : Ceux qui venaient de Prijedor avaient tous des plaques minéralogiques
9 de Banja Luka et le car appartenait à Rudar, le club de football de
10 Rudar, Ljubija et Omarska, qui formaient un groupe.
11 Q. : Mon interprétation m'indique que ceux qui venaient de Prijedor
12 avaient tous des plaques de Banja Luka. Est-ce correct ? Les
13 véhicules de Prijedor avaient des plaques minéralogiques de Banja
14 Luka ?
15 R. : Ou je n'ai pas compris ou ... les voitures venaient de Prijedor. Le
16 car avait des plaques de Prijedor.
17 Q. : Quelles plaques portaient ceux de Banja Luka ?
18 R. : Il n'y avait pas de car de Banja Luka.
19 Q. : Quelle plaque portait les véhicules venant de Banja Luka ?
20 R. : Banja Luka.
21 Q. : Durant vos interrogatoires, avez-vous été battu ou maltraité ?
22 R. : Oui.
23 Q. : Que vous est-il arrivé ? Quelle sorte de mauvais traitements avez-
24 vous reçu ?
25 R. : La première fois on m'a battu jusqu'à ce que je m'effondre au sol,
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1 c'était le lundi puis durant le deuxième interrogatoire j'ai perdu
2 connaissance sous les coups. J'ai réussi à quitter la salle et à
3 retourner sur la pista jusqu'à la fois suivante. J'ai de nouveau été
4 appelé par ces gens de Banja Luka. J'étais au sol et j'ai dû
5 m'agenouiller sur un carré de 50 par 50 environ. Des carrés comme
6 ceux du prétoire.
7 Q. : Vous indiquez les carrés de la moquette dans la salle d'audience ?
8 R. : Oui.
9 Q. : On vous a donc fait vous agenouiller sur un carré de 50 centimètres
10 sur 50 centimètres environ ?
11 R. : Oui.
12 Q. : Que vous a t-on fait pendant que vous étiez à genoux ?
13 R. : Ils nous ont tout d'abord averti de ne pas sortir du carré puis ils
14 nous frappaient dans le dos pour que nous en sortions. Ils nous y
15 remettaient ensuite à coups de pied. Puis ils nous frappaient avec
16 les matraques et ce qu'ils avaient sous la main. Ils étaient trois à
17 me frapper et j'ai fini par ne plus même sentir les coups. Cela
18 m'importait peu.
19 Q. : Où vous a t-on emmené après ce deuxième passage à tabac, dans la
20 salle 15 ?
21 R. : Non.
22 Q. : Où êtes-vous allé ?
23 R. : Après le deuxième passage à tabac ou le deuxième interrogatoire ?
24 Q. : Je m'excuse, le deuxième interrogatoire.
25 R. : Ils m'ont ramené à la pista.
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1 Q. : Vous avez indiqué que durant votre deuxième interrogatoire, votre
2 premier passage à tabac, vous avez perdu connaissance sous les
3 coups. Est-ce exact ?
4 R. : Oui, j'ai perdu connaissance. J'étais à demi conscient durant le
5 deuxième interrogatoire et le premier passage à tabac. C'était le
6 lundi.
7 Q. : Vous a t-on demandé de signer quelque chose durant ces
8 interrogatoires ?
9 R. : Je ne me souviens pas.
10 Q. : Quel genre de questions vous a t-on posées durant ces interrogatoires
11 ?
12 R. : Le plus souvent ils voulaient connaître des renseignements
13 personnels. Ils me questionnaient à propos de telle ou telle
14 personne, qui était cet homme ou celui-ci, sur les gens en haut de
15 la rue. Puis ils me demandaient d'admettre que j'avais amené des
16 armes à Kozarac avec mon camion.
17 Q. : Aviez-vous amené des armes à Kozarac avec votre camion ?
18 R. : Non.
19 Q. : Ont-ils arrêté de vous frapper quand vous avez répondu par la
20 négative ?
21 R. : Non.
22 Q. : Combien de fois avez-vous été battu au point de perdre connaissance ?
23 R. : Je ne peux pas vous répondre mais cela me paraissait une éternité.
24 Q. : Quand vous quittiez la salle et entriez dans le couloir, que se
25 passait-il dans le couloir ?
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1 R. : C'était pire encore que dans la salle.
2 Q. : Que se passait-il ?
3 R. : Nous devions descendre les escaliers. Cinq ou six soldats nous
4 attendaient, les mêmes qui nous avaient mené à l'étage et les mêmes
5 qui se trouvaient à l'entrée. Pendant que nous descendions les
6 escaliers ... c'était tout un art de descendre les escaliers et
7 beaucoup sont devenus des victimes à l'entrée du bâtiment.
8 Q. : Que se passait-il quand vous essayiez de descendre les escaliers ?
9 R. : Ils vous frappaient d'abord dans le dos, à coups de pied, de sorte
10 que vous tombiez sur le premier pallier. C'est là qu'ils
11 rattrapaient la personne et la faisaient descendre les escaliers à
12 coups de pied jusqu'à la sortie, puis dans le coin d'où partent les
13 escaliers et où se trouve cette première salle d'interrogatoire.
14 C'est là que de nombreuses personnes ont vécu leurs derniers
15 moments.
16 Q. : Quand vous parlez de descendre les escaliers, s'agit-il des escaliers
17 qui se situent dans cette partie ronde du bâtiment administratif ?
18 R. : Oui, exactement dans cette partie ronde.
19 Q. : De quel genre de blessures avez-vous souffert du fait de ces passages
20 à tabac ?
21 R. : Je n'ai pas eu de fractures mais j'étais couvert d'ecchymoses. J'en
22 étais absolument couvert. C'est difficile à décrire. J'étais
23 complètement couvert de bleus, ma poitrine, mes jambes. Je ne peux
24 rien dire sur mon dos que je n'ai pas pu voir mais d'autres
25 personnes l'ont vu. Je pouvais voir cette partie de mon corps et
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1 elle était toute noire. Après les coups nous pensions que c'était
2 pourri.
3 Q. : Quelle est la partie de votre corps que vous touchiez en disant
4 qu'elle était toute noire ? De quelle partie s'agit-il ?
5 R. : Mes reins.
6 Q. : Avez-vous reçu des soins médicaux après ces passages à tabac ?
7 R. : De mes collègues. Un de mes codétenus m'a donné son t-shirt mouillé
8 et ils l'ont placé sur cet endroit.
9 Q. : Le personnel du camp vous a t-il jamais fourni des soins médicaux
10 après ces passages à tabac ?
11 R. : Personne d'autre que mes amis, les détenus, ne l'ont fait.
12 Q. : Qui étaient les gens qui vous frappaient dans les salles
13 d'interrogatoire puis dans le couloir à votre sortie ?
14 R. : Ils étaient tous des Serbes.
15 Q. : Combien de temps avez-vous été détenu sur la pista au camp d'Omarska
16 ?
17 R. : J'y ai passé environ trois semaines.
18 Q. : Combien de temps restiez-vous chaque jour sur la pista ?
19 R. : Nous y étions de l'aube à la nuit. Je pourrais dire d'une nuit à
20 l'autre.
21 Q. : De juste avant l'aube jusqu'à la tombée de la nuit donc ?
22 R. : Oui, ils nous faisaient sortir à l'aube puis rentrer à la tombée de
23 la nuit.
24 Q. : Où dormiez-vous la nuit ?
25 R. : Je dormais dans la cantine.
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1 Q. : Quand vous parlez de la cantine, parlez-vous de la partie
2 "restaurant" du bâtiment administratif ?
3 R. : Oui, c'est un restaurant où nous allions pour déjeuner.
4 Q. : Que faisiez-vous durant la journée pendant votre détention sur la
5 pista ?
6 R. : Nous étions pour l'essentiel allongés sur le ventre. Nous devions
7 rester allonger toute la journée. Nous ne pouvions pas lever la tête
8 ou même nous lever. Des gardes nous permettaient parfois de nous
9 asseoir. Ils nous permettaient parfois de boire l'eau qui se
10 trouvait sur le côté.
11 Q. : Pendant que vous étiez allongé sur le ventre sur la pista, dans
12 quelle direction votre tête était-elle tournée ? Vers le hangar ou
13 vers le bâtiment administratif ?
14 R. : Vers le hangar.
15 Q. : Quand vous étiez allongé sur le ventre, dans cette position, comment
16 arrangiez-vous votre tête ? Face au béton ou tournée à droite ou à
17 gauche ?
18 R. : A droite et à gauche.
19 Q. : Quand vous étiez allongé sur le ventre la tête tournée à droite ou à
20 gauche, pouviez-vous voir des gens ?
21 R. : Oui, nous pouvions toujours apercevoir des gens.
22 Q. : Pouvez-vous estimer le nombre de détenus qui se trouvaient allongés
23 avec vous sur la pista ?
24 R. : Je dirais que de 300 à 400 personnes s'y trouvaient. C'est ce que je
25 pense, de 300 à 400 personnes. Je ne peux pas vous dire exactement.
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1 La pista était pleine. Je n'ai pas eu l'occasion de compter et je ne
2 peux pas me rappeler exactement les groupes et il y avait
3 généralement 30 groupes allant au déjeuner. Mais nous étions très
4 nombreux.
5 Q. : Pendant que vous étiez allongés sur le ventre sur la pista, y avait-
6 il de la place entre ces rangées de détenus pour permettre aux
7 gardiens de marcher ?
8 R. : Ce n'était pas un groupe organisé mais nous avions généralement une
9 rangée puis une deuxième et je ne peux pas vous dire quelle était la
10 distance entre les rangées.
11 Q. : Vous aviez donc deux rangées ensembles puis une sorte d'espace et
12 deux autres rangées etc. ?
13 R. : Non. Nous étions allongés comme des sardines à partir du hangar. Il y
14 avait une rangée ici et une autre là et cela jusqu'au bâtiment de la
15 cantine.
16 Q. : Les gardes avaient-ils la place de se déplacer parmi vous sur la
17 pista ?
18 R. : S'ils le voulaient. Quand ils venaient, nous nous déplacions
19 automatiquement pour leur faire de la place.
20 Q. : Où vous a t-on emmené après votre départ de la pista ?
21 R. : Ils m'ont emmené ... en fait je l'ai fait moi-même ... au bâtiment
22 administratif, à droite. Il y avait une entrée par le garage.
23 Q. : Combien de temps y avez-vous été détenu ?
24 R. : Jusqu'à la fin de mon séjour au camp d'Omarska.
25 Q. : Vous avez témoigné sur les passages à tabac qu'on vous a infligé
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1 durant les interrogatoires. Avez-vous été battu de nouveau après les
2 interrogatoires ?
3 R. : Durant mon séjour ou pendant de nouveaux interrogatoires ?
4 Q. : Durant votre séjour à Omarska.
5 R. : Quotidiennement mais pas trop, quand les gardes passaient près de
6 nous. Selon leur état d'esprit ils nous frappaient ou non mais nous
7 ne disions rien.
8 Q. : Durant votre séjour au camp d'Omarska avez-vous personnellement
9 observé d'autres personnes se faire tabasser ?
10 R. : Oui.
11 Q. : Connaissiez-vous certaines des autres personnes qui ont été battues ?
12 R. : En une occasion, ils étaient dans la salle no 15, je m'en souviens
13 très bien, puis je me souviens quand ils ont commencé à battre
14 Beganovic à l'entrée de la maison blanche. C'est ce dont je me
15 souviens le mieux.
16 Q. : Beganovic et les autres détenus que vous avez vu être maltraités,
17 connaissez-vous leur groupe ethnique ?
18 R. : Beganovic était musulman et ... il y avait un groupe de trois ou
19 quatre Croates. Je ne me souviens pas exactement, peut-être des
20 frères. On leur a d'abord ordonné de se battre mutuellement et ils
21 ont refusé et ils se sont mis à les frapper. Nous devions rester
22 allongés sur la pista, nous n'avons même pas essayé de voir ce qui
23 se passait. Je ne les ai jamais revus.
24 Q. : En dehors de cet incident, quelle était l'appartenance ethnique des
25 autres personnes que vous avez vu faire l'objet de passages à tabac
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1 au camp d'Omarska ?
2 R. : Beganovic était musulman.
3 Q. : Mais en plus de cet incident, avez-vous vu d'autres détenus être
4 battus au camp d'Omarska ?
5 R. : Nous assistions à des passages à tabac quotidiennement. Les détenus
6 du camp étaient principalement des Musulmans avec quelques Croates,
7 mais surtout des Musulmans.
8 Q. : Quels étaient les auteurs de ces passages à tabac auxquels vous avez
9 assisté ?
10 R. : Les gardes venaient nous battre, des gens qui venaient en visite au
11 camp. Les inspecteurs procédant aux interrogatoires nous battaient
12 également et, pour ainsi dire, presque tous ceux qui voulaient ou en
13 avaient envie pouvaient nous battre.
14 Q. : Durant votre séjour à Omarska, avez-vous vu des détenus emmenés la
15 nuit et que vous n'avez jamais revus ensuite ?
16 R. : Les journées étaient principalement consacrées à nous infliger des
17 sévices mais les nuits étaient horribles. Personne ne pouvait dormir
18 parce qu'ils appelaient des détenus toutes les nuits pour les battre
19 mais la plupart d'entre eux ne sont jamais revenus.
20 Q. : Connaissiez-vous certains des détenus qui ont été appelés la nuit ?
21 R. : Ils étaient trop nombreux.
22 Q. : Quel était le groupe ethnique de ceux que vous connaissiez ?
23 R. : Musulman.
24 Q. : Qui emmenait ces gens qu'on appelait la nuit ?
25 R. : Les gardes en poste.
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1 Q. : Avez-vous vu des cadavres dans le camp durant votre séjour à Omarska
2 ?
3 R. : Oui.
4 Q. : Avez-vous reconnu certains de ces cadavres ?
5 R. : Nous avons vu de nombreux cadavres. J'ai reconnu la dépouille de mon
6 frère.
7 Q. : Vous rappelez-vous quand vous avez vu le cadavre de votre frère ?
8 R. : C'était après le deuxième interrogatoire ou la première fois que j'ai
9 été battu. C'est la première fois que j'ai quitté la pista. J'étais
10 à la cantine et j'y ai passé la nuit.
11 Q. : Avez-vous vu le corps de votre frère le même jour, ce lundi, lors de
12 votre premier passage à tabac ou le lendemain matin ?
13 R. : Le matin.
14 Q. : Vous avez indiqué que vous étiez dans le restaurant quand vous avez
15 vu votre frère, est-ce exact ?
16 R. : Oui.
17 Q. : Quand vous avez vu la dépouille de votre frère, où se trouvait-elle ?
18 R. : Je l'ai vue devant le restaurant sur l'herbe. Elle était posée là.
19 Q. : Avez-vous reconnu votre frère ?
20 R. : Au début, je n'étais pas sûr. Je ne faisais pas attention. J'avais du
21 mal à voir parce que j'avais été battu. Puis on m'a dit que mon
22 frère était mort et qu'il avait été emmené à cet endroit. Ils m'y
23 ont emmené, me l'ont montré et j'ai pu le voir.
24 Q. : C'était votre frère, Dalija ?
25 R. : Oui.
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1 Q. : Pourriez-vous vous lever et, à l'aide de la baguette, indiquer à la
2 Cour où vous avez vu le corps de votre frère. Pouvez-vous venir vers
3 moi, s'il vous plaît ? Pourriez-vous venir vers moi pour que les
4 juges puissent voir. Pourriez-vous désigner l'endroit où vous avez
5 vu le cadavre de votre frère ?
6 R. : (Le témoin désigne l'endroit sur le modèle).
7 Q. : Je fais remarquer que le témoin indique un endroit au bord même du
8 modèle, au-delà de la cantine dans le bâtiment administratif et un
9 peu sur la partie herbeuse après la partie bétonnée.
10 Merci, M. Hrnic. Vous pouvez vous rasseoir. Durant votre séjour à
11 Omarska, avez-vous jamais vu des cadavres emmenés du camp ?
12 R. : Oui.
13 Q. : Cela arrivait-il souvent ?
14 R. : Tous les matins. Toutes les nuits nous entendions ces bruits. Ils les
15 emmenaient surtout tôt dans la matinée mais pratiquement sur une
16 base quotidienne.
17 Q. : Comment ces cadavres étaient-ils emmenés du camp ?
18 R. : Je ne comprends pas la question, je m'excuse.
19 Q. : Quel type de véhicule utilisaient-ils pour emmener ces cadavres du
20 camp ?
21 R. : Un véhicule de couleur beige, jaunâtre avec deux positions pour
22 conduire. La partie chargement était ouverte et nous pouvions le
23 voir chaque matin.
24 Q. : Où se trouvaient ces cadavres que vous avez vus transporter hors du
25 camp ?
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1 R. : Ils se trouvaient généralement à l'endroit que je vous ai montré pour
2 le cadavre de mon frère et parfois ils les emmenaient au-dessus de
3 la maison blanche. Je ne sais pas ce qui se passait de ce côté; je
4 pouvais voir le côté auquel je faisais face, en regardant dans cette
5 direction à partir du restaurant.
6 Q. : Mme la Présidente, pourrait-on appeler le document portant la cote Z3
7 20-7 sur l'ordinateur et le Greffier pourrait-il le marquer comme la
8 nouvelle pièce à conviction de l'Accusation, la 232 je crois.
9 Monsieur, cette photographie, la pièce à conviction 232 de
10 l'Accusation pour identification, montre t-elle le type de véhicule
11 que vous avez vu emmener les cadavres du camp d'Omarska ?
12 R. : Oui.
13 MME HOLLIS : Mme la Présidente, je verse la pièce à conviction 232 de
14 l'Accusation pour identification.
15 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : Des oppositions ?
16 M. WLADIMIROFF : Non, Mme la Présidente.
17 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : La pièce 232 est versée au dossier.
18 MME HOLLIS : Le moment est peut-être propice, Mme la Présidente, pour
19 clore cette audience ?
20 JUGE VOHRAH : Mme Hollis, pourriez-vous éventuellement soumettre un plan
21 du hangar, s'il vous plaît ?
22 MME HOLLIS : Oui, M. le Juge.
23 LE PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE : L'audience est levée jusqu'à demain 10
24 heures.
25 (17 heures 30)
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1 (Ajournement de l'audience jusqu'au lendemain).
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