Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 19 mars 2010

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 23.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour, à tous. Nous sommes désolés

  6   du retard. On vient de nous dire que le témoin prévu pour aujourd'hui ne

  7   sera pas disponible pour des raisons médicales, il est souffrant. Mais,

  8   Monsieur Thayer, j'espère que vous avez des informations supplémentaires à

  9   nous donner.

 10   M. THAYER : [interprétation] En effet, Monsieur le Président. Bonjour à

 11   tous, Madame, Messieurs les Juges, général Tolimir. Bonjour à tous dans le

 12   prétoire.

 13   Le témoin est souffrant, il ne va vraiment pas bien. Je l'ai rencontré et

 14   ne peut absolument pas faire quoi que ce soit, mis à part rester au lit. Je

 15   ne sais pas ce qu'il a, on dirait la grippe, on dirait la grippe. En tout

 16   cas, ce qui est certain c'est qu'il n'est pas du tout en état de témoigner.

 17   Il est avec le médecin à l'heure actuelle, il était malade quand il est

 18   arrivé, et ça ne fait qu'empirer. Pendant une journée, il a semblé aller à

 19   peu près, et puis il a replongé, si je puis dire. Nous ne savons pas

 20   exactement quand il ira mieux, quand il sera capable et surtout quand il

 21   pourra revenir pour témoigner. M. Ruez a un créneau tellement précis

 22   pendant qu'il est disponible que certains jours, qu'on essaie de programmer

 23   les autres témoins de façon à ne pas modifier les dates de témoignage de M.

 24   Ruez, parce qu'il vient de loin. Je pense que ce témoin pourra revenir en

 25   avril, nous allons étudier le calendrier avec les autres parties. On

 26   l'aurait prévu lundi, s'il était en forme, mais nous avons prévu un témoin

 27   qui est venu -- qui a traversé l'Atlantique, enfin qui a traversé un océan

 28   pour arriver ici et qui est ici avec une personne, ce sont des gens qui

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  1   perdent des jours de travail chaque fois qu'ils doivent rester en dehors de

  2   chez eux. Donc on ne veut pas qu'ils perdent trop de temps. Il faut qu'ils

  3   rentrent vite chez eux. Voilà où nous en sommes. Lundi, nous avons ce

  4   témoin qui est arrivé d'autre Atlantique, l'autre est malade, mais nous

  5   avons encore deux heures de vidéo et nous pouvons peut-être tout simplement

  6   voir les vidéos aujourd'hui.

  7   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Thayer, nous tenons à

  8   attirer l'attention de l'Accusation sur les dates prévues pour les

  9   audiences. Je comprends bien qu'il y a un problème, puisque nous ne

 10   siégeons que deux jours par semaine, à l'heure actuelle, ce qui n'est pas

 11   simple pour vous, pour vous organiser, pour programmer vos témoins. Mais

 12   vous devriez avoir toujours un témoin de réserve, ce serait bien, au cas où

 13   l'un des témoins ne peut pas venir en prétoire. Donc nous espérons qu'à

 14   l'avenir, cette situation ne se répètera, en tout cas pas trop souvent.

 15   M. THAYER : [interprétation] Je tiens à vous dire que nous avons commencé à

 16   nous préparer pour avoir certains des témoins, je les appelle bouche-trou,

 17   ce n'est pas trop élégant, mais ces témoins disponibles à l'avenir. Donc il

 18   y a par exemple plusieurs enquêteurs qui pourraient venir témoigner sans

 19   préavis et qui pourraient témoigner pendant une heure, une demi-heure ici,

 20   une demi-heure là. Vous avez un d'ailleurs lundi, au cas, on en a un pour

 21   lundi au cas où on a trop de temps. Mais de toute façon nous verrons

 22   lorsque nous y serons ce qu'il en est, nous le verrons lundi.

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci.

 24   Donc vous allez nous montrer des vidéos, c'est bien cela. Si j'ai

 25   bien compris, cela permettra d'économiser du temps, de gagner du temps avec

 26   un témoin que nous entendrons plus tard. Donc allez-y, s'il vous plaît.

 27   M. THAYER : [interprétation] Je vous remercie. Je vais donner la

 28   parole maintenant à M. McCloskey, notre substitut Procureur, et je vous

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  1   demande la permission de quitter la salle.

  2   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Allez-y. Vous pouvez donc

  3   quitter le prétoire, et Monsieur McCloskey, nous vous souhaitons la

  4   bienvenue.

  5   M. THAYER : [aucune interprétation]

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous allons poursuivre le visionnage

  7   des vidéos, là où nous en étions. Nous avions regardé la première réunion

  8   de l'hôtel Fontana, où le général Mladic disait qu'il allait rappeler plus

  9   tard dans la soirée. Maintenant, nous avons la vidéo de la réunion dont il

 10   parlait, qu'ils allaient à 23 heures. C'est une vidéo que vous devez voir,

 11   donc ce n'est pas vraiment pas un bouche-trou, absolument pas. Il ne faut

 12   pas l'envisager comme cela, ce n'est pas quelque chose qui nous permet

 13   d'utiliser notre temps. Nous avons --ce type d'éléments existe, ils doivent

 14   être vus, et donc nous pensons que le moment est opportun pour ce faire.

 15   [Diffusion de cassette vidéo]

 16   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 17   "Karremans : Je voudrais commencer avec le fait qu'il a été difficile de

 18   trouver un représentant des réfugiés pour aujourd'hui, enfin pour ce soir.

 19   L'interprète répétant la même chose.

 20   Karremans : Nous sommes contents d'avoir trouvé M. Mandic.

 21   Karremans : Et donc nous avons préparé sur un papier nos premières

 22   réflexions à propos de l'évacuation de la population. Et sur le papier, il

 23   y a aussi les besoins immédiats de la population.

 24   Voici la liste, je vais commencer par ce qu'il y a dans l'enceinte de

 25   Potocari, et les usines qui se trouvent autour de cette enceinte. Il y a

 26   maintenant environ 15  à 20 000 personnes qui s'y trouvent. Il y a encore

 27   un grand nombre de réfugiés qui arrive -- de personnes qui arrivent. Nous

 28   les accompagnons. Pour trouver un endroit quelque part, parmi ces réfugiés

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  1   se trouvent 88 blessés, quatre sont blessés très gravement, et médecins

  2   sans frontières m'a fait savoir qu'il y en a encore huit à Srebrenica.

  3   La situation de la population civile de l'enceinte et dans les usines est

  4   très difficile. Ils sont mal nourris, ils n'ont pas eu assez à manger au

  5   cours des six dernières semaines. Un grand nombre d'entre eux sont malades.

  6   La plupart de ces personnes, je dirais à 95 % sont des femmes, il y en a

  7   beaucoup d'enfants et de vieux. Pratiquement pas d'hommes. Un grand nombre

  8   de personnes sont disons très sales, enfin leur vêtements sont sales, ils

  9   ont des puces, enfin tout cela.

 10   Disons pour aujourd'hui et pour demain, voilà ce qu'on va faire, parce

 11   qu'on ne s'attendait pas à avoir autant de visiteurs dans l'enceinte, donc

 12   voilà ce qu'on va faire, on va essayer d'organiser une espèce

 13   d'approvisionnement en eau, en vivres, enfin ce qu'on a, enfin tous ces

 14   [imperceptible] qui sont nécessaires pour les gens pour deux ou trois

 15   jours. On va y travailler ce soir et demain. A l'heure actuelle, les gens

 16   sont calmes, et on espère que cela reste ainsi. Donc on a mis de soldats

 17   entre les groupes pour les aider dans la mesure du possible. Problème de

 18   vivres. La population n'a rien à manger. En ce qui concerne mes soldats,

 19   moi, il me reste deux jours de vivres. Une fois que ce sera parti, j'aurai

 20   plus rien.

 21   Donc ça signifie, à mon avis, si je puis le dire, le point le plus

 22   important, c'est la nourriture. Il nous faut des vivres, ensuite des

 23   médicaments. J'ai parlé aux représentants de Médecins sans frontières et

 24   elle m'a expliqué qu'à l'hôpital de Srebrenica, il y avait 30 jours de

 25   fournitures, donc si nous pouvions avoir accès à ces fournitures, dans ce

 26   cas-là.

 27   Mladic : Qui est cette personne ? Qui est cette personne ?

 28   Voix non identifiée : Il vient, il travaille pour leur sécurité.

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  1   Mladic : Dehors, vous aussi. [Alors, se retournant vers Karremans] Oui ?

  2   Karremans : Si nous pouvions aider les blessés, donc si on pouvait avoir

  3   ces stocks de médicaments pour vendre 30 jours.

  4   Mladic : Mais où se trouvent ces stocks de médicaments ?

  5   Karremans : Ils sont à l'hôpital de Srebrenica. Aujourd'hui, MSF n'a pas pu

  6   prendre ses médicaments ni les équipements spéciaux. Ils ont pas pu les

  7   prendre avec eux.

  8   Mladic : Tout ça est parti, hein, de toute façon. J'étais à l'hôpital.

  9   Amène le panneau. Ils ont tout pris. Il n'y a plus rien. J'ai rien trouvé

 10   là-bas.

 11   Karremans : Mais au fond, je vais voir ce qui s'est passé.

 12   En ce qui concerne nos propres médicaments, on n'a presque plus rien. La

 13   seule chose qui me reste, c'est deux équipes chirurgicales. Cet après-midi

 14   et ce soir, ils ont fait de grosses opérations sur seulement deux

 15   personnes. Maintenant, il y a plus de médicaments, de toute façon. Ils

 16   peuvent plus faire d'opérations.

 17   Si je puis me permettre, il me semble que la deuxième priorité serait

 18   l'évacuation des blessés. Nous avons appelé très rapidement le HCR à

 19   Belgrade au téléphone. Ils ont 30 véhicules à nous proposer, qui sont

 20   disponibles, des vans, des camionnettes, et si on se met d'accord, ils

 21   pourraient nous les faire parvenir très rapidement. Puis il y a les vivres,

 22   les vivres. Voilà, c'est tout en ce qui concerne la nourriture.

 23   Troisièmement, c'est le diesel. Vous savez --

 24   Mladic : Donne-moi une bouteille ou quelque chose comme ça. Ça, ça a été

 25   pris de la mairie de Srebrenica, et je l'ai apportée moi-même. Et il n'y a

 26   plus de médicaments à l'hôpital. Je venais de Srebrenica lorsqu'on s'est

 27   rencontré ici tout à l'heure. J'ai traversé la ville à pied.

 28   Karremans : Oui, mais, moi, je pensais qu'il y avait encore des

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  1   médicaments, parce que c'est ce que les représentants du MSF m'avaient dit

  2   --

  3   Mladic : Je m'en fiche de ce qu'ont dit les représentants. Que le

  4   lieutenant colonel dise ce qu'il veut dire et puis après, j'aimerais

  5   entendre M. -- comment il s'appelle ?

  6   L'interprète : Momdic [phon]. [L'interprète dit à Karremans] C'est pas très

  7   important ce que le représentant MSF a dit, mais poursuivez.

  8   Mladic à Nesib [phon] : Tu fumes ? Allez, fume. Tu voudrais bien une

  9   cigarette. C'est un homme jeune. Allez, mettez cette cigarette devant Nesib

 10   et poursuivez, Colonel.

 11   On pourra au moins se relaxer pendant la réunion. Tu veux quelque chose à

 12   boire, Nesib ?

 13   Nesib : Non, merci, j'ai un café.

 14   Mladic : T'as faim ? T'es professeur ?

 15   Nesib : J'ai déjà mangé ce matin, ça me suffit.

 16   Mladic : Qu'est-ce que t'as étudié ?

 17   Nesib : L'électronique.

 18   Mladic : L'électronique. T'as une licence ?

 19   Nesib : Oui, une licence, oui.

 20   Mladic : Où est-ce que t'as fait tes études ?

 21   Nesib : A Sarajevo.

 22   Mladic : Quand ?

 23   Nesib : En 1990.

 24   Mladic : T'es marié ?

 25   Nesib : Non.

 26   Mladic : Quand est-ce que tu es né ?

 27   Nesib : 1962.

 28   Mladic : Bon, il faut que la conversation termine.

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  1   Karremans : Je peux y aller ? Donc, la 2, parlons du diesel. Nous n'avons

  2   plus de diesel depuis le 16 février dans l'enclave. Je pense que le général

  3   le sait. Aujourd'hui, il nous reste environ 4 à 5 000 litres de diesel. Et

  4   j'en ai besoin pour les générateurs, pour l'électricité.

  5   Mladic : Où est-ce qu'ils les ont mis ? Où est-ce qu'il est, où est-ce

  6   qu'elle est ce diesel ?

  7   Karremans : Dans l'enceinte.

  8   Mladic : Où ça, à Srebrenica ?

  9   Karremans : Non, à Potocari. On a besoin de ce diesel pour nos générateurs,

 10   pour avoir de l'électricité. Pour l'eau, surtout, le truc pour l'eau, là,

 11   comment ça s'appelle, déjà ? Le système de purification d'eau pour que

 12   l'eau soit potable et qu'elle puisse être bue, utilisée, pour qu'on puisse

 13   l'utiliser aussi pour l'antenne chirurgicale, pour le système de

 14   refroidissement.

 15   J'ai demandé une équipe du HCR et les autorités civiles pour qu'ils

 16   puissent nous fournir des équipements comme des autocars. Tout ce que je

 17   peux faire pour l'instant, c'est voir combien il y a de personnes pour

 18   essayer de calculer quels sont nos besoins en transport.

 19   Officier néerlandais à l'arrière-plan : Comptez.

 20   Karremans : Si c'est possible, je peux demander à mes propres supérieurs

 21   hiérarchiques les autocars aux autorités militaires. Mais je ne sais

 22   absolument pas ce qu'ils vont me donner, ce qu'ils ont donné. Je n'en sais

 23   rien pour l'instant. Pour l'instant on s'occupe de savoir combien de

 24   personnes veulent aller où. Mais ça prend du temps. A l'heure actuelle je

 25   ne sais pas du tout si ce sera possible.

 26   Karremans : J'imagine que c'est quelque chose que M. Mladic peut me dire.

 27   Je ne sais pas où ils veulent aller.

 28   Karremans : Donc on pense -- donc on va faire un plan d'évacuation, pour

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  1   savoir quelles sont les personnes qui sont prioritaires du fait leur âge,

  2   de leur état de santé, et cetera. Et en fin, on a pensé à la période de

  3   temps, période ce cessez-le-feu. Je ne sais pas de combien de temps on a

  4   besoin. A partir du moment où on pourra commencer l'évacuation, je ne sais

  5   pas quelles sont les sources -- combien j'aurai de sources, ce que j'aurais

  6   comme équipement. En fin, voilà en gros ce qu'on a mis sur ce papier

  7   rapidement, on a écrit ça rapidement lorsqu'on est entré à l'enceinte de

  8   Potocari. Bien évidemment il va falloir travailler sur les détails. On a

  9   commencé à le faire d'ailleurs.

 10   Mladic : Je vous remercie.

 11   Karremans : De rien.

 12   Mladic : Nesim c'est ton prénom et ton nom de famille. Mandic, Nesim

 13   Mandic.

 14   Mladic : Nesib Mandic, tu peux parler.

 15   L'interprète : Est-ce que le colonel doit être informé.

 16   Mladic : Oui, tu peux très bien dire ce que je dis. Alors qu'est-ce que tu

 17   veux, Nesib ?

 18   Nesib : Je tiens à dire que je ne suis pas vraiment un représentant

 19   officiel des autorités. J'étais le proviseur du lycée pendant la guerre.

 20   Avant la guerre, j'enseignais l'électronique à l'école donc je pensais que

 21   c'était logique. J'étais un peu surpris quand on m'a dit que je devais

 22   représenter les réfugiés. Moi, je suis réfugié plus de trois ans et demi,

 23   depuis le début. Au début, le colonel, le commandant du bataillon

 24   néerlandais nous a dit qu'il y avait entre 15,000 et 20,000 personnes

 25   réfugiées dans la vieille usine et dans les ateliers. Maintenant je peux

 26   dire avec certitude qu'il y en a plus de 30,000 et que pendant la nuit il y

 27   en aura encore plus. Ils arrivent des villages reculés.

 28   Ah, bon. Ces réfugiés sont venus de plusieurs municipalités essentiellement

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  1   à Srebrenica à Bratunac, Vlasenica, Zvornik, Visegrad, Rogatica, et c'est

  2   la raison pour laquelle je dis les noms de plusieurs municipalités.

  3   Alors quand il est question de ceci, je le répète, je suis

  4   complètement dénué de préparatifs, je n'y ai pas pensé. Je voudrais

  5   demander au général Mladic ainsi qu'au colonel qui commande le bataillon

  6   français, non, néerlandais s'il y a un accord à un niveau plus élevé, les

  7   organisations internationales, la Croix-Rouge, l'UNHCR ou similaire.

  8   Moi, je vous demande de consigner au numéro. Premièrement, vous devez

  9   déposer vos armes, et je vous garantie à tous ceux qui auront déposé leurs

 10   armes je leur garantie la vie sauve."

 11   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 12   L'INTERPRÈTE : L'interprète précise que c'est Mladic qui parle.

 13   [Diffusion de cassette vidéo]

 14   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 15   "Mladic : Vous avez ma parole, ma parole d'homme et du général, à savoir

 16   que je me servirai de toute l'influence qui est la mienne pour aider la

 17   population musulmane innocente, parce que l'objectif de l'opération

 18   conduite par la VRS ce n'est pas elle. L'objectif de nos opérations ce

 19   n'est pas les organisations humanitaires internationales ni la FORPRONU.

 20   Bien que les forces de l'OTAN, suite à la demande de la FORPRONU et les

 21   forces de la FORPRONU, aient tiré sur nos positions, la position de la VRS

 22   mais aussi sur celles où il y avait de la population civile. Donc pour

 23   pouvoir décider en ma qualité d'homme et de commandant, je dois recevoir

 24   des positions clairement formulées de la part des représentants de votre

 25   population. Est-ce que vous voulez survivre, ou est-ce que vous voulez

 26   disparaître ? Et je suis disposé à recevoir ici demain matin à 10 heures

 27   une délégation officielle du côté musulman constituée de gens responsables

 28   pour discuter ici même du salut de votre peuple, de cette ex-enclave de

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  1   Srebrenica. Et je vais donner l'ordre de faire cesser les opérations

  2   jusqu'à 10 heures du matin demain. Et au cas où vous combattants qui

  3   déposeraient les armes je leur dis que nous allons nous conformer aux

  4   conventions internationales et je garantie la vie sauve à tout un chacun, y

  5   compris ceux qui ont commis des crimes contre notre peuple. Est-ce que vous

  6   m'avez compris ?

  7   Nesib, vous avez entre vos mains le sort, la destinée de votre peuple pas

  8   seulement sur ce territoire-ci. J'en ai terminé, vous pouvez vous en allez,

  9   je vais attendre jusqu'à demain matin, 10 heures. Vous pouvez les

 10   raccompagner. Moi, je tiens à être responsable. Vous n'avez qu'à faire

 11   déposer les armes et sauver votre peuple de l'anéantissement.

 12   Merci, Monsieur.

 13   Merci, au revoir.

 14   Au revoir. Tout est entre vos mains. Vous n'avez qu'à contacter les gens

 15   qui ont du poids.

 16   Tu m'as fait peur. Ah, le salaud qui m'a fait peur."

 17   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, pourrions-nous avoir

 19   quelques minutes parce que nous avons un petit problème technique qui nous

 20   empêche de voir le reste.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Allez-y. 

 22   Monsieur McCloskey.

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation] Il y a un problème logiciel. Il va nous

 24   falloir lancer un autre logiciel, un autre programme. Pourrions-nous avoir

 25   peut-être une petite pause de 15 minutes ? La pause maintenant, peut-être ?

 26   Je suis certain que nous arriverons à faire repartir la vidéo si on nous

 27   donne 15 minutes.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Nous allons faire la pause

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  1   et nous reprendrons dans 20 minutes, donc à 10 heures 15.

  2   --- L'audience est suspendue à 9 heures 57.

  3   --- L'audience est reprise à 10 heures 20.

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey.

  5   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, nous avons changé de

  6   logiciel, donc la cassette doit être un petit peu moins bonne. Je tiens à

  7   dire que maintenant nous avons changé de logiciel, la cassette doit être un

  8   peu moins bonne, mais Mme Stewart a travaillé là-dessus toute la nuit, et

  9   nous allons pouvoir regarder ce qui s'est passé dans la ville de

 10   Srebrenica, le 12 juillet 1995.

 11   [Diffusion de cassette vidéo]

 12   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 13   "Inaudible. Pour le centre de presse --"

 14   L'INTERPRÈTE : La cabine française précise que les bruits de fond sont trop

 15   importants pour qu'on entende quoi que ce soit des propos échangés.

 16   [Diffusion de cassette vidéo]

 17   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 18   "Il n'y a personne là. C'est la pression, qu'est-ce que tu dis ? Où est

 19   l'interprète ? Le chef arrive, où est votre commandant ? Le plus haut

 20   gradé, oui, je crois qui est AOP Papa [phon]. Qui c'est qui est un

 21   commandement ici, qui est le plus haut gradé ici ? Il veut savoir qui c'est

 22   qui commande ici. Le grand chef, il est là-bas en train de discuter avec

 23   l'autre chef, le général Mladic."

 24   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je pense que le nouveau logiciel en fait

 26   n'a pas été paramétré de façon à faire passer les sous-titres. Donc je suis

 27   absolument désolé de cela, je m'en excuse auprès de vous. Il nous faut un

 28   peu plus de temps malheureusement. Il faut pouvoir lire, voir tout cela. Ce

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  1   sont peut-être des images que vous ne reverrez pas. Bien sûr, nous

  2   reverrons certains passages par le truchement de certains témoins. Il y a

  3   des choses qui les concernent directement.

  4   Nous allons essayer de repasser l'ancienne bande donc, et là, ce sera la

  5   troisième réunion à l'hôtel Fontana et cela nous pouvons le voir.

  6   [Diffusion de cassette vidéo]

  7   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  8   "Leur interprète est resté ici. Par ici par ici. A l'intérieur. Vous êtes

  9   qui vous ? Nous sommes des représentants du campement, tous les trois. Et

 10   vous ? Nous sommes aussi du camp. Donc vous êtes quatre. Dites-lui de ne

 11   pas fermer la voiture à clé. Qu'avez-vous dans les poches ? Rien. Vous êtes

 12   sûr. Oui. Bon. Allez. Vas-y, Madame. Les femmes sont les plus dangereuses.

 13   Mais je n'ai rien sur moi dit la femme. Mes respects. Vous, vous allez

 14   comment ? Ibro Nuhanovic. Vous avez rencontré M. Magic [phon] hier. Comment

 15   allez-vous ? Bien. Vous pouvez-vous dire bonjour, Omanovic Samila. Omanovic

 16   Samila dit la femme en se présentant.

 17   Karremans dit, prendre des notes. Je vais m'asseoir ici, comme ça je vais

 18   entendre l'anglais. Qu'est-ce que vous allez boire ? Moi, je vais prendre

 19   de l'eau minérale vous pouvez boire un jeu de fruits. Qu'est-ce que vous

 20   faites comme métier ?

 21   La femme, elle dit : Je suis économiste.

 22   Quelle faculté ?

 23   La faculté de Brcko.

 24   Etes-vous marié ?

 25   Elle répond : Oui.

 26   Question : Vous vous appelez comment ?

 27   Samila. Amila.

 28   La femme dit : Non. Samila. J'ai deux enfants et un petit enfant.

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  1   Vous êtes bien jeune. Quand est-ce que vous êtes né ?

  2   Elle répond : En 1953, et j'étais à l'école avec mon collègue à l'école

  3   secondaire.

  4   Donc vous n'avez pas besoin de moi.

  5   Elle dit : Non, non.

  6   Bon, vous pouvez peut-être résoudre le problème entre collègue de classe.

  7   C'est peut-être un amour des temps en temps.

  8   Non, nous ne savions pas que ceci allait se produire.

  9   Bon, si nous avions des -- si nous étions des hommes politiques, nous on

 10   est des citoyens ordinaires. On ne s'est jamais disputé avec personne. On a

 11   toujours vécu une vie normale, par un concours de circonstance je suis

 12   restée à Srebrenica. Il a fallu tout traverser, je suis là. Que vais-t-il

 13   se passer ?

 14   Est-ce que vous aviez une entreprise ?

 15   Réponse : Non, moi, j'ai été chef de comptabilité. Je n'ai jamais été

 16   membre d'un parti.

 17   Et le monsieur qui est à côté de vous.

 18   Réponse : Je m'appelle Ibro Nuhanovic. Je suis économiste diplômé. J'étais

 19   homme d'affaires avant. Maintenant je suis ici avec ma famille à

 20   Srebrenica.

 21   Est-ce que vous pouvez parler un peu plus fort ?

 22   Réponse : Oui, j'ai dit c'est par un concours de circonstances que nous

 23   sommes ici. Nous vivions à Suboranja [phon]. J'ai quitté en 1955 pour aller

 24   faire mes classes secondaires. J'ai travaillé à Bratunac puis j'ai

 25   travaillé à Srebrenica. J'ai été choisi par les gens, on m'a confié à venir

 26   ici.

 27   Mladic : Je veux vous aider. Mais je te demande une coopération absolue de

 28   la part de la population civile puisque votre armée a été battue. Il n'est

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  1   point nécessaire que la population périsse, ni votre mari, ni vos frères,

  2   ni vos voisins. Il suffit que vous disiez ce que vous souhaitez. J'ai dit

  3   hier soir à ce monsieur. Vous pouvez soit survivre, soit disparaître. Pour

  4   votre survie, moi, je demande à ce que tous ceux qui ont des armes, même

  5   s'ils ont commis des crimes, et bon nombre d'entre eux ont commis des

  6   crimes à l'égard de notre peuple, restituent leurs armes à l'armée de la

  7   Republika Srpska. Une fois que toutes les armes seront restituées vous

  8   pourrez choisir, soit de rester sur le territoire, soit si cela vous

  9   arrange, de vous en aller là où vous voulez. Et autant vous serez à

 10   exprimer un souhait chaque vœu, chaque désir sera exaucé.

 11   Question de la femme : Mais comment voulez-vous qu'on entre en contact avec

 12   ces gens ?

 13   Mladic : A vous de le savoir. Si le reste votre armée disposait des armées

 14   ils peuvent restituer leurs armes à mes officiers en présence des officiers

 15   de la FORPRONU. Vous pourrez donc choisir de rester ou de choisir si vous

 16   le souhaitez partir. Et si vous voulez partir vous pouvez partir où vous

 17   voudrez aux quatre coins du monde une fois que les armes seront restituées

 18   par chacun des individus, chacun d'entre eux pourra s'en aller. Il s'agit

 19   d'assurer du carburant, moi, je vous donnerai les véhicules. Le carburant

 20   vous pouvez le payer à ceux qui en ont si vous avez les moyens. Si vous ne

 21   pouvez pas le payer la FORPRONU devrait amener quatre ou cinq citernes pour

 22   faire le plein des camions parce qu'il y a beaucoup de gens à transporter

 23   et ça devrait être surmonté. Si vous choisissez de vous en aller, et moi,

 24   je ne veux pas influer sur la décision, moi, personne ne me dérange, les

 25   gens qui sont innocents qui n'ont rien fait ne me dérangent pas. A vous de

 26   choisir, si vous voulez partir vers l'est, si vous voulez partir traverser

 27   la Serbie, ou si vous voulez y rester. Moi, je n'ai rien contre. Si vous

 28   voulez aller à l'ouest vous pouvez vous prononcer où est-ce que vous voulez

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  1   aller.

  2   Interlocuteur : Ils ont dit qu'ils voulaient aller à Bratunac au stade.

  3   Mladic : Qui ? Ils peuvent aller au stade et il y aura leur représentant."

  4   L'INTERPRÈTE : Une voix inaudible.

  5   [Diffusion de cassette vidéo]

  6   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  7   "Moi, je peux les laisser.

  8   Mladic : Madame, si besoin est, vous votre fille et vos enfants seront

  9   transportés à bord de mon véhicule, si nécessaire. Vous n'avez rien à

 10   redouter.

 11   Interlocuteur : Si vous avez besoin de l'aide des soldats des

 12   bataillons nous pouvons vous apporter de l'aide également. Nous avons reçu

 13   des ordres du département de la Défense de mon pays, de mon ministère ce

 14   matin pour apporter autant d'aide que possible.

 15   Mladic : Je vous remercie de votre offre.

 16   Informez donc le ministère de la Défense que vos troupes sont en

 17   sécurité ici. Vous et vos effectifs n'allez pas être la cible de nos

 18   opérations. Je vous demande de vous placer au service de l'aide à apporter

 19   à ces gens qui sont dans le besoin, et vous pouvez compter sur une

 20   coopération pleine et entière de notre part. Merci, Général.

 21   Est-ce qu'il serait convenable de demander ou approprié de demander

 22   une réunion avec les représentants et du commandement de la Republika

 23   Srpska. Je ne peux pas arranger cela de la sorte. Donne à boire à chacun.

 24   Sergent, vous avez eu l'opportunité de retourner à Srebrenica, mais vous

 25   avez décidé de passer du côté serbe. Pourquoi ?

 26   [L'interprète traduit vers l'anglais]

 27   Sergent : Nous avons eu peur pour nos vies et nous avons dû quitter notre

 28   poste d'observation. Et de la sorte, nous pourrions aller dans deux

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  1   directions et nous avons choisi ces directions.

  2   Voix non identifiée : Vous avez donc jugé que c'était plus sûr ?

  3   Sergent : Oui.

  4   Voix non identifiée : Que se passe-t-il ? Il suffit de bloquer, oui.

  5   Restez, restez là. Passez le mot. Quoi ? Là-bas, il y a une tranchée.

  6   Voix non identifiée : Quoi ? Où ?

  7   Voix non identifiée : A la colline. Gohan [phon], si tu ne peux pas y

  8   aller, tu n'as qu'à envoyer quelqu'un d'autre là-bas.

  9   Où est-ce que tu as eu ce gilet pare-balles ? Et vieux, fais-les descendre.

 10   Allez, allons, allons tout de suite. Amenez-vous par ici. Mais personne ne

 11   vous fera de mal. Allez, venez. Vous n'avez rien à redouter. Venez.

 12   Personne vous fera rien, allons.

 13   Voix non identifiée : On nous a séparés et nous, on voudrait être réunis.

 14   Voix non identifiée : Mais vous n'avez rien à redouter. 

 15   23 Omega, 23 Omega.

 16   Voix non identifiée : Ne pleurez pas. Personne ne vous fera de mal.

 17   Zoka, il est quelque part ?

 18   Voix non identifiée : Zoka, je crois qu'il doit être par ici. Il doit être

 19   vers Kucani. Je ne sais plus.

 20   Voix non identifiée : Tiens, tu peux faire un signe de main à ce monsieur.

 21   N'aie pas peur. Dis-le, il n'est pas ici.

 22   Est-ce que vous auriez l'amabilité, s'il vous plaît -- et jeune gars.

 23   Regarde un peu par ici.

 24   Enfant : A moi. A moi. Donne-moi pour ma sœur et mon frère.

 25   Voix non identifiée : Luke, regarde celui-là, il ressemble à Kojak.

 26   Quelle est la marque de cigarette que tu fumes ? Donne-moi ça.

 27   Voix non identifiée : Je n'en ai plus, je n'en ai plus.

 28   Voix non identifiée : Donne à cette petite fille.

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  1   Enfant : A moi, à moi.

  2   Voix non identifiée : A cette petite fille. Regarde ce petit, il

  3   ressemble à Kojak. Allez. Dégagez d'ici.

  4   Voix non identifiée : O.K., j'ai compris, je vais informer mon commandant. Notre

  5   commandant n'a pas d'informations au sujet d'un plan. Moi, je suis en train

  6   de respecter et de me conformer aux ordres.

  7   Mladic : Moi, je ne veux pas le savoir. Tout ceux qui veulent s'en aller peuvent

  8   s'en aller, peuvent aller monter sur les bus. Tous ceux qui veulent être

  9   transportés seront transportés, qu'ils soient jeunes, petits, vieux, peu

 10   importe. Vous n'avez rien à redouter. Tout doucement, allez-y doucement.

 11   D'abord, les femmes et les enfants. Il arrivera 30 autocars et on vous

 12   transportera vers Kladanj. De là, vous allez passer sur le territoire

 13   contrôlé par les forces à Alija. Mais ne paniquez pas, laissez passer

 14   d'abord les petits, les enfants et les femmes. Et ne perdez aucun enfant.

 15   Vous n'avez rien à redouter. Personne ne vous portera du tort.

 16   Général, après la libération de Srebrenica, il y a plusieurs milliers de civils

 17   musulmans qui se trouvent ici. Qu'adviendra-t-il d'eux ?

 18   Général : J'ai reçu aujourd'hui une délégation de la population d'ici. Ils m'ont

 19   demandé de fournir la possibilité à ces gens, à ces civils qui veulent

 20   quitter ce territoire de les laisser passer vers les territoires contrôlés

 21   par les Musulmans et les Croates. Notre armée n'a pas pour objectif de se

 22   battre contre la population civile, pas plus que contre les forces de la

 23   FORPRONU. Nous avons assuré des moyens de transport, de l'eau, des vivres

 24   et des véhicules. Et dans la journée d'aujourd'hui, nous allons d'abord

 25   évacuer les femmes, les enfants et les personnes âgées, et tous ceux qui

 26   veulent de leur plein gré, sans obligation aucune, quitter ce territoire où

 27   il y a eu des combats.

 28   Journaliste : La libération de Srebrenica a eu lieu suite à des actions

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  1   terroristes innombrables des Unités musulmanes depuis cette zone

  2   prétendument désarmée et protégée ?

  3   Général : Oui. Srebrenica était désormais libérée. Mais j'ai dit à la délégation

  4   qui est venu ici, je leur ai dit qu'il y avait encore quelques groupes qui

  5   s'efforcent de se battre de façon sporadique ou de résister, d'une façon ou

  6   d'une autre. J'ai donné l'ordre à ce que tous leurs soldats les rejoignent,

  7   déposent leurs armes, et ils ont accepté. J'espère que cette partie du

  8   problème, on la résoudra de façon humaine, pour qu'il n'y ait pas de

  9   victimes parmi cette population civile. Les femmes, les enfants et les

 10   vieillards et les autres ne sont pas responsables de la politique de Alija.

 11   Et cette fois-ci, [inaudible].

 12   Mladic : Ce que je peux vous dire, c'est que je suis bouleversé en ma

 13   qualité d'homme. D'après ce que j'ai entendu dire par ces civils et les

 14   officiers soldats, hier à Srebrenica, ont dit : Ah, si on avait au moins,

 15   si on nous avait déjà trompé. Au moins, si nous avions accepté ce que vous

 16   suggériez en 1993, à savoir cessez de combattre de résoudre les problèmes

 17   de façon pacifique sur ces territoires. Personne ne vous fera de mal.

 18   Bonjour, c'est bon, c'est bon. Comment allez-vous ? Quel âge tu as ?

 19   12.

 20   Comment tu t'appelles ?

 21   Izodin [phon].

 22   Soyez patients, soyez patients, tous ceux qui peuvent rester pourront

 23   rester. Ceux qui veulent quitter le territoire, pourront quitter le

 24   territoire. Nous avons assuré suffisamment de camions et d'autocars, vous

 25   allez être transportés à Kladanj. Mais allez-y lentement, doucement.

 26   Inaudible.

 27   La plupart du travail, pour ce qui est de Srebrenica était fait par le

 28   Corps de la Drina. Comment évaluez-vous ces opérations ?

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  1   Kristic : Le Corps de la Drina a réalisé cette opération et a eu beaucoup

  2   de succès. Nous n'avons pas interrompu l'opération, nous allons aller

  3   jusqu'au bout pour libérer le territoire entier de la municipalité de

  4   Srebrenica. Et nous allons garantir à la population civile la sécurité. Ils

  5   seront en toute sécurité transportés là où ils souhaitent aller.

  6   Comment commentez-vous les frappes aériennes des avions de l'OTAN contre

  7   l'armée serbe, bien que tout un chacun sait parfaitement bien que les

  8   Musulmans de cet ex-enclave ont toujours attaqué pour porter des pertes aux

  9   Serbes, en premier lieu en s'attaquant à des cibles civiles.

 10   Et bien, nous sommes surpris par les frappes aériennes de l'OTAN, pour une

 11   raison simple. Ils savent ici que se trouve ici le gros des forces du

 12   bataillon hollandais, ces gens sont passés sur nos territoires. Ils nous

 13   demandaient de garantir leur sécurité. Alors nous sommes très surpris. Nous

 14   n'avons pas pris peur du fait des frappes de leur aviation, nous irons

 15   jusqu'au bout.

 16   Le Journaliste à Srebrenica : Dites-nous, vous revenez de mission, comment

 17   ça s'est passé ?

 18   Ça s'est très bien passé, fatiguant mais tout s'est fait sans problème.

 19   Et les soldats, ils vont bien ?

 20   Les soldats sont enfin satisfaits que nous en ayons fini. Ça s'améliore.

 21   Il y a eu beaucoup de pertes ?

 22   Non pas ces jours-ci, aujourd'hui, non plus.

 23   Le moral des soldats ?

 24   Le moral d'eux allait mal maintenant. Nous sommes déterminés à aller

 25   jusqu'au bout.

 26   Le journaliste : L'invité de ce journal c'est le Dr Radovan Karadzic, le

 27   président de la Republika Srpska. On garantit la sécurité de tous ceux qui

 28   se trouvent à Potocari ainsi qu'aux membres des formations armées

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  1   musulmanes au cas où elles déposeraient les armes et se rendraient.

  2   Monsieur le Président, quelle est la situation à Srebrenica maintenant ?

  3   Et bien, je dirais que c'est la nouvelle la plus importante de ce jour,

  4   mais ceci illustre la supériorité des armes serbes, et cela illustre la

  5   générosité des forces serbes. Nous avons fourni la possibilité de protéger

  6   la population civile, les forces internationales peuvent suivre ce qui se

  7   passe. Il n'y a pas un civil à avoir péri et depuis la cessation des

  8   combats, l'ordre et la paix règnent. Nous avons voulu établir notre

  9   autorité là-bas, parce que les Serbes ont été chassés de Srebrenica au tout

 10   début de la guerre, et ils sont en train de revenir chez eux. Il y a des

 11   instances qui ont été élues auparavant au niveau de l'assemblée municipale

 12   serbe qui reviennent, et à présent, il y a un processus de remise de

 13   l'ordre et la plupart des réfugiés qui ont déclaré qu'ils voulaient s'en

 14   aller, peuvent s'en aller. La grande majorité de ces réfugiés avait exprimé

 15   de s'en aller vers Tuzla. Certains avaient voulu aller chez Abdic. Nous

 16   sommes tout à fait disposés à exaucer leur vœu et nous avons signé un

 17   accord pour que tout citoyen puisse aller là où il souhaite aller. Nous

 18   n'estimons pas qu'ils doivent forcément partir, mais il y a une chose qui

 19   est certaine, à savoir ce ne sera jamais une place forte des terroristes.

 20   Comme vous l'avez dit, plus jamais, plus jamais aucun homme armé, exception

 21   faite des policiers ne pourra s'y trouver. S'ils acceptent l'autorité de la

 22   Republika Srpska, ils peuvent être les citoyens de la Republika Srpska. Ils

 23   ne sont pas obligés de s'en aller. Mais il s'est avéré que la grande

 24   majorité voulait s'en aller et en majorité, ils voulaient aller à Tuzla.

 25   Je propose que nous fassions voir maintenant les vues vidéo ramenées de

 26   Srebrenica.

 27   Le journaliste : Après toutes les provocations et toutes les attaques des

 28   forces musulmanes, les soldats de la VRS ont été obligés de libérer

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  1   Srebrenica. Il y a beaucoup de civils qui se rendent, les soldats musulmans

  2   sont en train de fuir, paniquer vers les collines environnantes.

  3   L'opération de libération de Srebrenica est encore en cours.

  4   Le journaliste au studio : Les médias mondiaux disent et manipulent que la

  5   situation militaire à Srebrenica est très pénible.

  6   Monsieur le Président, quelles sont vos informations au sujet de la

  7   situation humanitaire dans la ville ?

  8   Ça n'a jamais été si pénible. Ils ont dit qu'il y avait 60 000 habitants.

  9   Ils ont majoré les chiffres ou gonflé les chiffres pour avoir plus de

 10   vivres, et cela a créé beaucoup de tension entre nous et la FORPRONU et

 11   l'UNHCR, parce que nous savions que ces vivres étaient une manipulation.

 12   Ensuite, comme vous le savez, il y a eu une aide humanitaire d'apportée,

 13   vous avez vu que la population a l'air d'avoir mangé à sa faim. Et, si vous

 14   aviez vu ce qui s'était passé en Slavonie occidentale où les Croates

 15   avaient prétendument libéré le territoire, et lorsque vous voyez les Serbes

 16   libérer les territoires, la différence est telle qu'on ne peut pas parler

 17   de guerre. Nous prenons soin de la population et si cette population

 18   souhaite rester, bien sûr qu'elle peut rester. La situation du point de vue

 19   humanitaire est sous le contrôle de nos autorités, nous n'allons

 20   certainement pas accepter que les civils souffrent de quoi que ce soit.

 21   Parce que ce que nous avons, nous allons le partager avec eux. C'est une

 22   population, ils auraient pu décider d'être nos citoyens à nous, et en

 23   termes simples, les civils musulmans n'ont jamais été considérés comme

 24   étant nos adversaires ou nos ennemis. Nous n'avons jamais combattu ces

 25   gens. Il en sera de même.

 26   Le journaliste : Izetbegovic et Siladzic avaient été, semblaient être

 27   confus. Ils demandent aux Nations Unies et l'OTAN de restituer le statut de

 28   zones protégées à Srebrenica.

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  1   On peut restituer ce statut à Srebrenica. Nous, parce que ce sera une zone

  2   sécurisée par nous. Et ce sera pour tous ceux qui s'y trouveront, une zone

  3   sécurisée. Parce que jusqu'à là, personne n'était en sécurité. Parce que en

  4   application du droit militaire, il y a une zone démilitarisée lorsque deux

  5   personnes ont convenu de la chose, et on signe un accord qu'il n'y a pas,

  6   disant qu'il n'y aura pas d'armes. Et, il y aura des civils qui seront

  7   protégés par les deux parties. Mais il n'en a pas été ainsi. Aucune zone

  8   protégée n'a été véritablement démilitarisée. M. Ghali [phon] a dit lui-

  9   même que ce sont des places fortes militaires pour procéder à des

 10   opérations, contrôle des Serbes, la population serbe, et il fallait bien

 11   mettre un terme à cela. Ça doit cesser à Bihac, à Tuzla, à Srebrenica, à

 12   Zepa, à Gorazde ainsi qu'à Sarajevo. Dans toutes les six zones il faut

 13   qu'on cesse une bonne fois pour toutes de s'en servir comme plateforme pour

 14   s'attaquer aux villages serbes et pour tuer des civils serbes. Personne ne

 15   peut nous obliger, nous contraindre à restituer un statut à Srebrenica, qui

 16   a été un statut de place forte de l'armée musulmane. Il n'en est pas

 17   question. Nous sommes une des parties belligérantes, les Nations Unies ne

 18   doivent en aucune situation devenir une partie belligérante. Si cela

 19   devient, s'ils deviennent une partie belligérante, ce sera une partie qui

 20   sera en conflit avec les Serbes. Et, je tiens à rappeler la communauté

 21   internationale d'une hypocrisie. A chaque fois qu'il y a eu des zones

 22   protégées, telles que Bihac, Tuzla, Gorazde, les forces musulmanes ont

 23   progressé vers les territoires serbes et le monde entier a applaudi.

 24   Lorsqu'il y a une contre offensive pour neutraliser l'adversaire, alors on

 25   fait du vacarme, on commence à pousser de hauts cris, et on commence à

 26   pleurer les pertes. Mais vous voyez que les civils n'ont pas eu, les civils

 27   musulmans n'ont pas eu de pertes. Ce sont les combattants qui ont péri. Et

 28   ce que je veux dire pour la communauté internationale, c'est d'accélérer la

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  1   conférence, parce que plus on fera durer la guerre, moins les Serbes seront

  2   souples. Nous avons été le plus souple possible à la conférence de Lisbonne

  3   avant le début de la guerre, avec chaque journée de la guerre, nous sommes

  4   en position de ne plus pouvoir restituer les territoires et de garder une

  5   situation de fait qui est un rôle clé ici, donc il faut que l'on continue

  6   avec la conférence, que l'on lève les sanctions contre la Yougoslavie et

  7   qu'on amène les parties en conflit à une table de négociations, sans pour

  8   autant qu'il y ait participation active des autres contre l'armée serbe,

  9   tout le peuple serbe et la Republika Srpska en jouant à des jeux

 10   politiques. Et, ceci il n'a été que les Musulmans, et les Musulmans ne sont

 11   pas reconnaissants. Parce que s'il n'y avait pas eu la FORPRONU, ils

 12   auraient été battus il y a longtemps. C'est paradoxal parce que la présence

 13   de la FORPRONU n'a fait que prolonger la guerre. S'ils n'étaient pas là, la

 14   guerre aurait été terminée avant, parce que je tiens à dire que la victoire

 15   serbe est la seule issue. Nous n'avons pas voulu les battre et nous

 16   voulions juste avoir un Etat parce que la Bosnie était pratiquement

 17   entièrement serbe. Et il se peut que dans son intégralité, elle rejoigne le

 18   giron de la Yougoslavie.

 19   Voix non identifiée : Me voici. Me voici. Ne me tiens pas. Viens par là.

 20   Soldat de la VRS : Allez, ne fume pas trop.

 21   Attends. Attends. Ecoute-moi. Si c'est vos enfants, prenez-les.

 22   Laisse-les sortir. Laisse-les sortir! Tout va bien. Dis-leur de sortir et

 23   de fermer la porte.

 24   Une voix d'homme : Conduis le bus le long de la route, mais, mais va par

 25   là. T'auras du mal à marcher. T'as pas de bonnes chaussures pour marcher.

 26   Allez, allez."

 27   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey.

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  1   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous n'allons pas passer cette partie parce

  2   que nous avons une version mise à jour reliée à des sous-titres, et là,

  3   vous ne les avez pas. Donc, nous allons sauter ce passage et nous allons

  4   prendre le passage suivant.

  5   Mais je pense que les choses sont très simples à -- elles parlent d'elles-

  6   mêmes.

  7   [Diffusion de cassette vidéo]

  8   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  9   Voix non identifiée :

 10   "Voici la base qu'on a éliminée, la base entière.

 11   Voix non identifiée : Elle était tenue par la FORPRONU, n'est-ce pas ?

 12   Réponse : Oui, oui. Ils étaient à l'intérieur. Attends, attends! Attends,

 13   mec. Sur le Motorola, tout va bien, tout va bien.

 14   Voix numéro 3 : Par là, par là.

 15   Voix numéro 2 : Non, à gauche, à gauche. Ne bouge pas comme ça. Restez en

 16   colonnes, un par un.

 17   Pour qui vous filmez ?

 18   Réponse : Pour la police. Allez, filmez un peu. Allez, allez, de côté.

 19   Mettez-vous de côté.

 20   Allez. Allez, allez. Plus vite. Pourquoi vous vous êtes pas rendus ? Allez,

 21   par là. Par là. Laissez passer.

 22   Vous êtes tous de Srebrenica ?

 23   Voix non identifiée : Oui, on est tous de Srebrenica.

 24   Autre voix : Non, moi, je ne suis pas là, je suis de Belgrade. Faut pas que

 25   je fasse ici quoi que ce soit. Ils nous donnent du pain et de l'eau. Oui,

 26   et puis, celui qui était un peu perdu, malade. Et moi, j'ai 90 ans, mémé,

 27   que Dieu donne le paradis à Aleksandar,  Djordjevic aussi à Milosevic s'il

 28   le peut. Est-ce que vous savez où vous allez ? Son frère va arriver. Quel

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  1   âge a cet enfant ? Quel âge il a ? Oui, il a cinq mois. Vous avez combien

  2   d'enfants ? Quatre. Il y en a un à Kruglo [phon]. C'est un enfant de la

  3   guerre ? Ça oui.

  4   Oui, les hommes, les femmes et les enfants sont évacués maintenant

  5   dit une voix d'homme. On dirait que c'est le dernier groupe, n'est-ce pas ?

  6   Oui, c'est le dernier groupe. Tous les gens de Potocari ont été

  7   évacués. Oui, ils vont tous être évacués. On ne peut pas faire tout d'un

  8   coup. Ça va être bientôt être terminé.

  9   Rolfe [phon], Rolfe, oui. Rolfe est resté. J'ai assez d'hommes. Le

 10   reste peut revenir dans l'enceinte. On reste ici avec Médecins sans

 11   frontières et je contacterais les personnes nécessaires pour qu'ils

 12   viennent voir.

 13   Voix d'homme : Bon, Miki [phon]. Mais allez chercher Miki, et vérifie

 14   si quelqu'un veut partir. C'est à eux de le faire. Nous, on est là pour les

 15   réunir et pour les emmener aux autocars.

 16   Membre de la FORPRONU : Rejoignez le lieutenant Frank Klinken [phon]

 17   près de la citerne d'eau.

 18   Oui, avec un traducteur. Le traducteur peut y aller aussi. Oui.

 19   Je peux vous demander quelque chose -- juste ici.

 20   Petrovic : Est-ce que je peux vous demander quelque chose pour la

 21   télévision indépendante de Belgrade ? Que s'est-il passé ? 

 22   C'est un des postes de la FORPRONU sous le contrôle de l'armée serbe.

 23   Les Néerlandais sont là pour aider à transporter les Musulmans civils pour

 24   aider à leur évacuation.

 25   Bon, pour la télévision des membres de Belgrade : Dites-nous ce qui

 26   se passe aujourd'hui.

 27   FORPRONU : Vous savez ce qui s'est passé.

 28   Petrovic : Je viens d'arriver.

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  1   Un membre de la FORPRONU : Vous savez il y a des malades. Ça c'est

  2   pour les malades. Ce n'est pas pour la FORPRONU c'est pour les malades dit

  3   le Casque bleu, pour la Croix-Rouge. Donc ceci sera donné aux faibles et

  4   aux malades. C'est de l'eau. Là maintenant.

  5   Le membre de la FORPRONU : Ça va pas du tout. Ça ne va pas du tout. Il y a

  6   beaucoup trop de monde. C'est surpeuplé. En plus les hommes sont emmenés

  7   ailleurs. Il y a beaucoup trop de monde. Ils sont assis les uns sur les

  8   autres. Ça ne va pas. Ça ne va pas. Vas là-bas. Et pourquoi as-tu

  9   [imperceptible]

 10   Voix non identifiée : Il n'y avait personne qui essaie de

 11   s'introduire dans les convois alors qu'ils sont des criminels à tenter.

 12   Voix non identifiée : Venez ici! Je suis là! Venez ici.

 13   Adi [phon] : Avec qui ?

 14   Voix non identifiée : Avec Ramo. Ben, merde, Ramo, dis avec les Serbes.

 15   Ramo : Avec les Serbes.

 16   Voix non identifiée : Voilà. Et dis-leur que tu vis avec les Serbes!

 17   Vieux. Avec les Serbes.

 18   Tu l'as rappelé ?

 19   Voix non identifiée : Ça va. Il y a pas de danger ici avec les

 20   Serbes! Nermin [phon].  Venez ici. Je suis là-bas. Il n'y a pas de danger

 21   avec les Serbes, venez. Il faut que vous veniez tous. Venez tous.

 22   Bien, dis-le. Dis qu'ils doivent tous venir.

 23   Oh, Nermin. Ils vont apporter du pain. Venez ici! Il n'y a pas de

 24   danger. Je suis avec les Serbes.

 25   Venez tous, tous. Aussi nombreux que vous êtes, venez tous.

 26   Merci.

 27   Voix non identifiée : Vous voyez ? Je ne peux pas me cacher, vous savez.

 28   Chaque fois que je travaillais avec eux, ils voyaient bien que j'étais une

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  1   star. Où j'allais, hein, c'était un enthousiasme général, oué, oué, oué.

  2   Boro [phon] : Est-ce qu'on va échanger nos pistolets ?

  3   Bien, fais voir. 

  4   T'en as un autre de rechange ? Bon. On échange ?

  5   Voix non identifiée : Ça aussi, c'est le long de la route. On a utilisé des

  6   chiens pour les retrouver. Il y a des soldats qui se reposent. A Boro, est-

  7   ce qu'on va échanger nos pistolets ?

  8   Qui, là ? Qui nous filme, là ? Qu'est-ce qu'il veut ? Des balles ?

  9   Vous avez deux gars, là, Lucic et un autre de l'autre équipe qui est avec

 10   lui. Il appartient à l'autre escouade.

 11   En route à Bratunac, Kravice, Konjevic Polje. Mon fils m'a dit qu'avec les

 12   restes des forces musulmanes qui continuent de refuser de se rendre, cette

 13   tâche est faite par les forces spéciales du MUP du ministère de

 14   l'Intérieur.

 15   On estime qu'environ 5 à 6 000 Musulmans sont encore en train de se trouver

 16   dans la forêt et dans les montagnes à Erre [phon]. La colonne, là sur la

 17   route, la colonne se dirige vers -- oui, c'est la même. Mais de façon à

 18   éviter les surprises, bon, il n'y en aura pas. La citerne, qu'elle reste

 19   là, j'en ai besoin ici, le camion citerne. La citerne est ici.

 20   Officier.

 21   J'écoute.

 22   Arrêtez la circulation ici, derrière vous.

 23   Oui, je sais, je sais.

 24   C'est le secteur où vous avez surtout -- alors de cette colline.

 25   Ouais, ceci.

 26   C'est un passage principal ?

 27   S'ils passent par là, oui, ils traversent.

 28   Et quel est l'endroit ? C'est plus loin de Kravica.

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  1   Vers Kravica, depuis Kravica jusqu'à Konjevic Polje.

  2   Viens ici, il y a quelque chose là. Viens voir.

  3   Allez viens les gars, sortez de là, allez les gars. Sortez de là, les

  4   mains en l'air. Allez, venez. Allez plus vite.

  5   -- il y a environ 50, ils vont descendre de cette pente. Allez les

  6   gars, sortez, les gars. Bande d'enfoirés, niqueurs.

  7   Combien là qui sont sortis.

  8   Approximativement trois ou quatre milles sont sortis. Ils sont tous

  9   rendus à vous ici, oui. D'habitude, on dit que c'est une exagération. Une

 10   exagération, ça c'est sûr. Mais ils sont aussi nombreux que ça, hein.

 11   Oui.

 12   Si nombreux, si nombreux.

 13   Ils sont là, là-haut. Maintenant, ils sont tournés derrière, là où

 14   vous voyez, regardez tout en haut, on les voit là-haut.

 15   Allez les gars venez, sortez de là. Vous êtes en sûreté,

 16   [imperceptible], qui l'ont pas fait, allez sortez, sortez de là. Vous

 17   voyez, vous voyez, ils sont en train de sortir. C'est toute la colonne qui

 18   est en train de venir, ils sont tous en train de venir, trois, environ 15

 19   d'entre eux sont passés.

 20   Ils sont descendus comme cela toute la journée.

 21   Depuis ce matin, ils ont commencé à sortir comme cela. Il y avait 400

 22   hommes, 400 d'entre eux qui sont descendus là, qui sont venus ici. Ils

 23   laissent leurs uniformes là-haut, et ils mettent des vêtements civils et

 24   voilà. Ils sont jeunes. Allez, venez, allez, allez, descendez, sortez de

 25   là; est-ce qu'il y en a là, non, il n'y en a pas. Allez, allez, dépêchez-

 26   vous, dépêchez-vous.

 27   Ils viennent de sortir, enfoirés. Allez, un peu plus vite.

 28   -- studio B, je sais qui tu es, ça va. Ça ne change rien.

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  1   Qui sont ces personnes-là dans cette maison rouge, là, énorme ?

  2   Qu'est-ce que t'as dit ?

  3   Je ne sais pas pour certains, combien de temps vous avez passé ? Vous

  4   avez passé deux jours et deux nuits.

  5   Nous avons passé deux jours et demi, complètement encerclés.

  6   Je n'avais pas de fusil, non.

  7   Vous êtes un civil ?

  8   Bien sûr, je ne combats. Je ne suis pas combattant.

  9   Est-ce que vous avez peur ?

 10   Comment est-ce que je n'aurais pas avoir peur ?

 11   Allons les gars, n'aient pas peur, viens, n'aient pas peur. Enfin,

 12   et, tu peux encore,  ce sont là-bas les bruits. Comment ça se fait qu'il

 13   est déjà arrivé celui-là, et on a ce t-shirt, celui-ci, oui. Où est-ce que

 14   tu l'as obtenu ce t-shirt, allez, enlève-le. Merde, quoi.

 15   Monsieur le Président, je vais prendre l'équipement là. Donne-moi de

 16   l'eau, ils arrivent là, ils descendent de là, va chercher de l'eau. Merde

 17   c'est FORPRONU.

 18   C'est qui ces gens-là ?

 19   Ceux-là ce sont les Serbes locaux. D'abord, les coups de fusil, puis --

 20   Ouais, bien, ils ont relaxe, hein. Regarde ceux-là à cheval. Ouais.

 21   Eh, comment ça va ? Qu'est-ce qui se passe ? Vous savez, ils nous ont fait

 22   une moquée préfabriquée ici à la montagne Igman. Ils ont commencé ici. Non,

 23   je ne savais pas ça, une mosquée; je pense que deux jours et elle sera

 24   démolie. Il y a quelque chose d'arable là qui commence ici. Vous avez

 25   compris. Oui, oui. Bon, et ça ne faisait pas partie, tout ça, ça ne fait

 26   pas partie de l'Europe. Et les foutus cons qu'est-ce qu'ils nous ont

 27   emmenés une sorte de peste. Sur réaliste tu sais, tu dois admettre. Comment

 28   ça va ? Qu'est-ce qui se passe ? Et il y a des soldats musulmans qui sont

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  1   morts et -- tu vois ça là, hein, enfoiré foutre de foutre, non. Ici sur la

  2   ligne. Merci, Mon Dieu."

  3   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, voilà toutes les

  5   vidéos que nous avions. Nous allons tâcher de régler la question des sous

  6   titres si on d'autres périodes libres. Mais c'est tout ce qu'on peut faire

  7   pour aujourd'hui, tout ce qu'on peut présenter.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bien. Je vous remercie beaucoup, et

  9   donc je pense que nous en avons terminé pour aujourd'hui. Nous allons donc

 10   lever l'audience et nous reprendrons lundi. Je vous remercie.

 11   --- L'audience est levée à 11 heures 44 et reprendra le lundi 22 mars 2010,

 12   à 9 heures 00.

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