Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 24 février 2011

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 23.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour. Toutes nos excuses car nous

  6   commençons avec un certain retard. Nous avons eu une discussion mes

  7   collègues et moi, et cette discussion n'était pas terminée.

  8   Je voulais demander à la Défense ce qu'il en était par rapport à deux

  9   pièces. J'avais soulevé la question il y a deux jours, et Me Gajic m'avait

 10   promis, hier, de répondre aujourd'hui en début d'audience.

 11   Donc, Maître Gajic, vous avez la parole.

 12   M. GAJIC : [interprétation] Monsieur le Président, étant donné que les

 13   documents 3165 et 3163 ont été traduits, le 3163 étant une photographie

 14   d'ailleurs, nous pouvons maintenant changer leur statut. Ils ne seront plus

 15   enregistrés aux fins d'identification, mais ils seront versés au dossier.

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui. Mais les cotes n'ont pas été

 17   bien consignées. Il s'agissait des cotes suivantes : P1362 et P1363. Donc

 18   ces deux documents sont maintenant versés au dossier et ne sont plus des

 19   documents MFI. Je vous remercie.

 20   Monsieur McCloskey, si vous n'avez pas d'autres questions à soulever, le

 21   moment est venu de poser vos questions supplémentaires.

 22   M. McCLOSKEY : [interprétation] Non, non, je n'ai absolument aucune autre

 23   question à poser, si ce n'est mes questions supplémentaires, donc M.

 24   Manning peut entrer.

 25   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je souhaiterais que l'on fasse entrer

 26   le témoin dans le prétoire.

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je voulais juste vous dire que le document

 28   qui, apparemment, n'a pas été saisi dans le prétoire électronique, c'est un


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  1   document dont nous aurons besoin, il s'agit du document D169, et je

  2   souhaiterais donc qu'il soit placé sur le rétroprojecteur.

  3   [Le témoin vient à la barre]

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, et sous pli scellé, n'est-ce pas

  5   ?

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  7   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Manning.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Veuillez prendre place. Et j'aimerais

 10   vous rappeler que la déclaration que vous avez prononcée en début de

 11   déclaration solennelle est toujours valable.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, je comprends tout à fait, Monsieur

 13   le Président.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] M. McCloskey va vous poser ses

 15   questions supplémentaires.

 16   Je vous en prie, Monsieur McCloskey.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je vous remercie.

 18   LE TÉMOIN : DEAN MANNING [Reprise]

 19   [Le témoin répond par l'interprète]

 20   Nouvel interrogatoire par M. McCloskey : 

 21   Q.  [interprétation] Monsieur Manning, je voulais juste revenir sur ce

 22   document à nouveau. Nous allons attendre -- je pense que ce document

 23   devrait bientôt être affiché sur le rétroprojecteur. Mais j'aimerais juste

 24   rappeler à tout le monde qu'il s'agit d'une lettre dont il a été question

 25   hier, il s'agit en fait de la lettre adressée à M. Masovic, à la commission

 26   bosniaque relative aux personnes portées disparues. Alors, je ne sais pas

 27   si vous vous en souvenez, mais hier, vous avez parlé d'une lettre lors de

 28   votre interrogatoire principal, donc je voulais juste savoir, est-ce que


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  1   c'était bien à cette lettre que vous pensiez ? Car je sais qu'il existe de

  2   nombreuses lettres sur la question. Donc, je vous en prie, regardez ce dont

  3   il s'agit.

  4   R.  Oui, Madame, Messieurs les Juges, je pense qu'il s'agit effectivement

  5   du document auquel je faisais référence, qui indique que nous avons délégué

  6   la responsabilité pour ces fosses communes, et vous voyez que leur liste se

  7   trouve en annexe.

  8   Q.  J'aimerais appeler votre attention sur une ligne du dernier paragraphe.

  9   Etant donné que nous n'avons pas de traduction, je vais vous en donner

 10   lecture très lentement. Il s'agit du troisième paragraphe de la première

 11   page, qui est comme suit, dernière phrase :

 12   "Afin d'accélérer la procédure d'exhumation, le bureau du Procureur a

 13   demandé l'aide des autorités appropriées (commissions) afin de mener à bien

 14   les exhumations restantes sur les sites de fosses communes secondaires."

 15   Donc, est-ce que vous vous souvenez ce qui était entendu par les "autorités

 16   appropriées (commissions)" ?

 17   R.  Excusez-moi, Monsieur McCloskey, mais je n'ai pas vu la phrase en

 18   question. Maintenant je la vois, oui.

 19   Ecoutez, je suppose qu'il s'agit des organes gouvernementaux

 20   appropriés qui seront responsables de la procédure d'exhumation.

 21   Q.  Donc, est-ce que vous vous souvenez que le bureau du Procureur a

 22   demandé aux autorités de Bosnie-Herzégovine de remettre cela à un organe

 23   pour qu'il s'occupe de la question ?

 24   R.  Non, non, je ne le pense pas. D'ailleurs, le libellé du document est

 25   assez clair. Comme je vous l'ai dit, c'est moi qui ai rédigé ce document.

 26   Bon, je ne me souviens pas maintenant de tous les détails du document en

 27   question, mais le document a ensuite été reçu par le bureau du Procureur et

 28   envoyé au gouvernement de la Bosnie avec une requête leur demandant


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  1   d'assumer la responsabilité pour l'exhumation de ces fosses.

  2   Q.  Bien. Je n'ai plus de questions à vous poser sur cette question.

  3   Je suis sûr que vous vous souviendrez, Monsieur, que le général

  4   Tolimir avait dit que dans le rapport du Dr Haglund il était question d'une

  5   identité militaire pour 142 Cerska. Dans votre rapport, vous faites

  6   référence à certains éléments, mais vous ne faites pas référence à un

  7   document d'identité militaire. J'aimerais vous demander quelques questions

  8   de précision à ce sujet. Car vous vous souviendrez que vous avez parlé de

  9   différents objets qui avaient été associés aux corps de Cerska, et vous

 10   avez fait référence à des documents et à des montres, par exemple. Donc,

 11   lorsque ces questions vous avaient été posées, j'ai demandé à mon équipe de

 12   consulter la liste des objets. Vous vous souviendrez qu'il y a quelque 2

 13   000 photographies qui ont été faites dans le cadre des exhumations et des

 14   autopsies, vous les avez regardées, vous en avez fourni certaines

 15   d'ailleurs à la Défense. Nous pensions d'ailleurs que cela aurait une

 16   certaine pertinence. Je ne sais pas si la Défense a véritablement eu le

 17   temps de tout assimiler, mais puisque nous parlons de cela, j'aimerais

 18   justement éclaircir un peu la situation.

 19   Alors, prenez votre rapport dans un premier temps, le document P1825.

 20   M. McCLOSKEY : [interprétation] Page 102 pour le prétoire électronique.

 21   Q.  Hier, très rapidement, j'ai parcouru certaines listes des documents

 22   relatifs à d'autres fosses communes. Alors, est-ce que vous vous seriez

 23   attendu à trouver -- si vous aviez trouvé des documents militaires, est-ce

 24   que vous en auriez dressé une liste ?

 25   R.  Ecoutez, je suis sûr que si ces documents étaient lisibles, j'en aurais

 26   dressé la liste tel quel ou tels qu'ils sont décrits par le groupe du Dr

 27   Haglund. Donc je pense en fait que dans d'autres fosses communes, il y a

 28   des références à des documents militaires, certes. Je me souviens, par


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  1   exemple, qu'il y avait une carte d'hospitalisation avec le jour de la

  2   sortie d'hôpital. Il y avait également une carte ou un livret militaire

  3   dans l'une des fosses communes. Mais je suis sûr en fait que si je vérifie

  4   le rapport, je trouverais des références à des documents militaires.

  5   Q.  Alors, nous allons prendre un exemple. Regardez, trois ou quatre

  6   lignes. Regardez, Lazete Orahovac. Bon, je ne sais pas si vous êtes en

  7   mesure de lire, mais il est question de documents militaires --

  8   R.  Oui, je peux lire. LZ-2, 007, et puis LZ-2. Voyez que vous avez le 010

  9   où il est question d'une carte militaire. Dans le premier cas, il est écrit

 10   document militaire; dans le deuxième cas, il s'agit de carte militaire. Et

 11   puis, je vois que vous avez également -- non, là il s'agit en fait d'une

 12   carte de la marine marchande. Mais les deux premiers dont je viens de vous

 13   donner des détails c'étaient bien des documents militaires.

 14   Q.  Alors, nous allons revenir à Osmo Muminovic. Il s'agit de la page 98,

 15   donc quelques pages plus tôt par rapport à celle qui est affichée à

 16   l'écran. Si vous prenez la première page - est-ce que vous pouvez

 17   l'agrandir - vous voyez "objets permettant d'identifier". Vous avez pour

 18   Osmo Muminovic, le Cerska 142, vous avez un permis de conduire, puis vous

 19   avez également un chapelet de prière pour le Cerska 142. Donc regardez ces

 20   quelques photographies que nous avons trouvées.

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation] Document 07192 de la liste 65 ter, page 2.

 22   Q.  Monsieur Manning, alors -- je ne sais pas si nous archivons les

 23   photographies de façon différente qu'au moment où vous, vous les archiviez,

 24   mais regardez cette image. Est-ce que vous pourriez, par exemple, nous

 25   expliquer -- d'abord nous dire si vous reconnaissez ce dont il s'agit, pour

 26   commencer ?

 27   R.  Oui, oui. Il s'agit d'une photographie mortuaire, alors vous avez CSK-

 28   142, c'est l'abréviation qui correspond à la fosse de Cerska. Il s'agit du


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  1   corps numéro 142, de l'objet numéro 12, 12A d'ailleurs, plus précisément.

  2   Cela signifie qu'il y avait plusieurs objets. Bon, c'est probablement un

  3   portefeuille qui a été trouvé, et vous avez également le chiffre A qui

  4   correspond à un objet qui a été retrouvé. Là c'est, je ne sais pas, soit un

  5   permis de conduire, soit une carte d'identité. En fait, il s'agit d'un

  6   permis de conduire. Vous avez donc la traduction du document qui a été

  7   faite. Et vous voyez que la photographie de la personne s'est tellement

  8   estompée qu'on ne le reconnaît plus. Cela se passait très souvent; vous

  9   sortiez l'objet de la fosse ou vous enleviez l'objet du corps, et l'image

 10   disparaissait en fait, et nous n'avions pas les possibilités techniques

 11   pour empêcher cela. Et de toute façon, à partir du moment où on retirait

 12   l'objet de la fosse, il commençait à se détériorer très, très rapidement.

 13   Q.  Mais est-ce que vous pensez qu'il s'agit du permis de conduire auquel

 14   vous faites référence dans votre rapport ?

 15   R.  Oui, je le pense.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Page suivante, je vous prie. Page 3 de ce

 17   document.

 18   Q.  Alors, vous voyez qu'il s'agit une fois de plus de Cerska 142. Vous

 19   avez une traduction en haut de l'écran. Qu'est-ce que cela vous indique à

 20   propos de ce document-ci ?

 21   R.  C'est une carte d'identité.

 22   Q.  Est-ce que vous vous souvenez qui a fait ces traductions avec la

 23   photographie ?

 24   R.  Lorsque l'objet a été examiné à la morgue, et je pense que cela a été

 25   fait dans le village de Kladanj à l'époque, vous aviez le photographe

 26   présent sur les lieux du crime, donc c'est lui qui a fait la photographie,

 27   et je pense que la traduction a été faite par l'un des membres du personnel

 28   de la morgue.


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  1   Q.  Nous ne voyons pas qu'une carte d'identité fasse partie de la liste des

  2   objets d'identification; nous n'avons que le permis de conduire. Est-ce que

  3   cela a une importance ?

  4   R.  Ecoutez, je ne sais pas pourquoi je n'ai pas inclus ce document dans ma

  5   liste. Peut-être parce que le document lui-même est absolument illisible.

  6   En tout cas, quand je l'ai examiné, il était illisible, et l'information

  7   que vous avez au-dessus pourrait être utilisée à des fins d'identification,

  8   mais il faut savoir que l'on ne pouvait pas véritablement extraire les

  9   données de la carte d'identité, parce qu'elle était véritablement

 10   extrêmement détériorée, dégradée. Mais ce sont des renseignements qui ont

 11   été inclus dans l'ensemble des informations pour Cerska 142. Mais ce que je

 12   pense, c'est qu'au moment où j'ai examiné le document, il était

 13   complètement illisible. Voilà l'explication.

 14   Q.  Bien.

 15   M. McCLOSKEY : [interprétation] Page suivante, je vous prie.

 16   Q.  Eh bien, nous voyons très clairement une montre. Est-ce que vous savez

 17   ce que sont ces autres objets, d'après votre expérience ?

 18   R.  Il s'agit de l'objet numéro 9. Donc une montre, une cigarette ou une

 19   partie, plutôt, d'une pipe, et puis la boîte, je pense que c'est une blague

 20   à tabac; elles étaient très prisées. Je pense en fait qu'il y en a

 21   certaines qui avaient un nom inscrit, donc que nous avons pu utiliser comme

 22   identification. Il y en avait d'autres qui n'avaient pas de motifs, comme

 23   celle-ci.

 24   Q.  Mais cela ne figure pas dans votre rapport ?

 25   R.  Non, parce qu'il s'agissait d'un résumé, donc il fallait qu'il soit

 26   succinct. S'il y avait eu un nom sur la blague à tabac, je l'aurais

 27   inscrit, bien entendu, je l'aurais inclus. S'il y avait eu une inscription

 28   sur la montre, je l'aurais également incluse, mais là il s'agissait tout


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  1   simplement d'un résumé qui montrait les différentes possibilités

  2   d'identification pour nous. Et donc, j'espère que le document ainsi pouvait

  3   être utile à des agence, telles que le PHR, lorsqu'ils ont commencé à

  4   examiner ces objets à des fins d'identification.

  5   Q.  Bien.

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] Page suivante.

  7   Q.  Brièvement, de quoi s'agit-il ?

  8   R.  Ce qui est en noir, cet objet noir, c'est un portefeuille ou quelque

  9   chose de ce style-là. Et puis, l'autre c'est probablement un objet

 10   religieux. Puis ensuite, vous avez une pierre pour faire du feu, une pierre

 11   à briquet.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Page suivante, je vous prie.

 13   Q.  De quoi s'agit-il ?

 14   R.  Il s'agit du chapelet dont je vous ai parlé. J'avais indiqué qu'il

 15   s'agissait peut-être d'un objet religieux. Je n'ai pas mis dans la liste

 16   qu'il y avait un peigne. Mais vous voyez en fait qu'il s'agit d'objets qui

 17   appartiennent au numéro 142.

 18   Q.  Très bien.

 19   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que vous êtes sûr qu'il s'agit

 20   de CSK-142 ou 143 ? Ce n'est pas très, très lisible le dernier chiffre.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Vous avez raison, Monsieur le Président, mais

 22   je suppose que cela faisait partie de la même série d'objets. Si vous

 23   prenez le numéro du coin supérieur droit, cela vous permet de comprendre

 24   qu'il s'agit du numéro F suivant. Donc il y a également un registre

 25   photographique qui accompagne ces photographies. Bon, je suis sûr que nous

 26   pouvons vérifier ou que le bureau du Procureur pourra vérifier ce chiffre.

 27   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je ne sais pas. Est-ce que vous

 28   pouvez agrandir. Agrandissez juste ceci. C'est très, très difficile.


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  1   Monsieur McCloskey, poursuivez. C'est très difficile. Ce n'est pas très

  2   lisible.

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation] Alors, page précédente, je vous prie.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Le numéro F est un numéro qui est apposé

  5   sur le cliché photographique à proprement parler. En fait, il ne s'agit pas

  6   de photos numériques. Il s'agit de film, donc chaque photo s'était vue

  7   attribuer un numéro. Moi, je vois que les trois derniers chiffres c'est

  8   421, ou plutôt, je suis sûr qu'il s'agit du 142, parce que vous avez la

  9   photo suivante, qui est Cerska 142, et de toute façon, il y a un registre

 10   qui accompagne tout cela. Vous avez donc le dernier objet qui est l'objet

 11   numéro 11, alors si vous voyez ce que je veux dire, cela va de l'objet

 12   numéro 1 à l'objet numéro 11 pour Cerska 142.

 13   Q.  Page suivante, je vous prie, et vous verrez. Là il s'agit de l'objet

 14   numéro 10. Regardez, 564-21, objet 11.

 15   Donc j'ai demandé à M. Manning [comme interprété] s'il pouvait

 16   trouver des documents militaires associés à Cerska 142, et maintenant j'ai

 17   quelque chose à vous montrer à ce sujet.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] Il s'agit du numéro 7193 de la liste 65

 19   ter.

 20    Q.  Monsieur Manning, j'aimerais vous montrer le jeu de documents

 21   d'origine.

 22   M. McCLOSKEY : [interprétation] Donc vous verrez qu'il est confirmé que M.

 23   Manning a reçu ceci le 14 mai 1999. Si vous pouvez remettre cela aux Juges.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui. Dans un premier temps à la

 25   Défense, je vous prie, et puis au témoin.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est justement l'un des documents que j'ai

 27   envoyés en version électronique à la Défense. Ce sont les documents que

 28   nous avons trouvés hier.


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  1   Nous attendons la couverture. J'aimerais que la couverture soit affichée

  2   pour que nous la voyions, je vous prie. Et vous verrez, Madame, Messieurs

  3   les Juges, que j'ai mis une petite étiquette. Elle va être montrée dans un

  4   petit moment avec la traduction.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie. La Chambre s'est

  6   maintenant penchée sur ces documents, alors vous pouvez maintenant remettre

  7   cela au témoin.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  9   Q.  Je sais que de nombreuses années se sont écoulées depuis, Monsieur

 10   Manning, mais regardez. Regardez cette première page qui montre que vous

 11   avez bien reçu les documents en question. Regardez, parcourrez cela.

 12   Regardez si cela évoque quoi que ce soit pour vous.

 13   Alors, si cela vous rafraîchit la mémoire, je vous dirais que ce dossier a

 14   été trouvé avec un groupe de cinq à six autres dossiers qui correspondaient

 15   à des hommes, en fait, identifiés dans votre rapport, page 96 pour le

 16   prétoire électronique, et le PHR a établi les identités grâce à l'ADN.

 17   R.  Ecoutez, je reconnais en tout cas ma signature sur la première page de

 18   ce document, et puis je reconnais le type de document en question. Je ne me

 19   souviens pas, ceci étant dit, avoir reçu ce document précis. Il est

 20   semblable à des milliers d'autres dossiers que j'ai reçus. Donc il s'agit

 21   d'un rapport ou d'un dossier d'autopsie normal qui vient du PHR pour cette

 22   période. Puis, au verso, je vois qu'il y a une liste des documents qui ont

 23   été trouvés, notamment il y a certains détails qui précisent cela pour ces

 24   documents; vous avez, par exemple, certaines notes manuscrites qui ont été

 25   faites à propos de ces documents, puis vous avez également la feuille qui

 26   permet d'établir le lien avec le corps et les objets.

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce que nous pourrions afficher la page

 28   71. Parce qu'en fait, c'est tout le document qui est dans le prétoire


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  1   électronique. Donc, moi, je voudrais la page 71. C'est la page 71 où j'ai

  2   mis en rouge, et d'ailleurs si le système fonctionne, nous devrions voir

  3   une traduction.

  4   Q.  Monsieur Manning, avant cette page dans le dossier, il y a ce qui

  5   semblerait être des photocopies de documents qui sont semblables à

  6   certaines des photographies que vous aviez reçues et dont nous venons de

  7   parler. J'ai une question fort simple à vous poser à ce sujet -- bon, le

  8   texte est lisible --

  9   R.  Hm-hm.

 10   Q.  Vous voyez que c'est un texte qui est intitulé "ordre". C'est un ordre

 11   de la présidence de Guerre de Bosnie-Herzégovine, ordre donné en 1992 à M.

 12   Osmo Muminovic, qui était le numéro 142. En fait, il s'agit

 13   fondamentalement de lui demander de l'envoyer pour qu'il devienne le

 14   commandant des gardes. Nous nous souvenons de ce qu'il y avait à Zeleni

 15   Jadar. Voilà, nous avons ce document militaire. Donc, voilà. Nous pouvons

 16   mettre cela à [inaudible]. Voilà, il s'agit d'un document militaire. Voilà,

 17   ce sont des dossiers que vous aviez reçus. Est-ce que vous pouvez nous

 18   fournir une explication ?

 19   R.  Oui, je peux tout à fait. Je ne me souviens pas d'avoir vu ce jeu de

 20   documents. Cela, je ne m'en souviens pas. Mais ce que je sais en fait,

 21   c'était que c'était en B/C/S. Et j'accepte tout à fait qu'il s'agissait

 22   d'un ordre militaire et que je ne l'ai peut-être pas inclus dans le

 23   document. Peut-être parce qu'il est écrit Osmo Muminovic et c'est tout ce

 24   qui est écrit, alors que dans l'autre document, j'ai une date de naissance,

 25   une adresse, j'ai donc davantage de données qui facilitent en tout cas

 26   l'identification. Je ne sais absolument pas pourquoi ce document n'est pas

 27   énuméré. Il est énuméré dans le rapport du Dr Haglund. Ceci étant dit,

 28   peut-être que je ne l'ai pas énuméré parce qu'il ne permet pas d'identifier


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  1   Osmo Muminovic plus que l'autre document. Mais bon, je n'ai aucun souvenir

  2   de cela, je m'en excuse.

  3   Q.  [aucune interprétation]

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Maître Gajic.

  5   M. GAJIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais attirer votre

  6   attention sur un point dans le rapport, et on a insisté là-dessus lors de

  7   notre contre-interrogatoire. Dans la pièce P1071, à la page 65 en anglais,

  8   il est dit "les ordres militaires" au pluriel, donc cela veut dire qu'il y

  9   a eu plusieurs ordres militaires. Nous serions d'accord pour dire que ce

 10   qu'on voit affiché à l'écran est un ordre militaire, mais seulement un

 11   ordre militaire.

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Nous avons

 14   procédé à l'examen de tous les documents et toutes les photographies que M.

 15   Manning avait reçus de l'organisation Médecins pour les droits de l'homme.

 16   C'était le premier recueil; et il n'y a pas eu de telle photographie. Nous

 17   avons retrouvé les photographies dans un autre dossier séparé, et c'est ce

 18   que nous avons. Nous n'avons pas pu trouver d'autres choses. Il n'y a peut-

 19   être pas d'autres documents -- mais je pense qu'on a déjà assez parlé de ce

 20   sujet. Peut-être que c'était plus que nécessaire, mais je pense que c'est

 21   un sujet intéressant. Nous avons trouvé ce document et nous avons pensé

 22   qu'il serait utile que ce document soit montré.

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vois que nous avons deux documents

 24   affichés à l'écran maintenant. Vous pouvez peut-être clarifier cela avec le

 25   témoin, Monsieur McCloskey.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui.

 27   Q.  Monsieur Manning, oui, M. le Président a raison. Nous voyons qu'ici on

 28   a une "carte d'abonnement", et on voit une ligne verticale qui sépare les


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  1   ordres militaires des cartes d'abonnement. Pouvez-vous expliquer cela ?

  2   R.  Monsieur le Président, je ne reconnais pas ce document. On a eu des

  3   milliers et des milliers de documents. Je suppose que je n'ai pas intégré

  4   cela à la liste puisque cela n'était pas utile pour les identifications des

  5   victimes. Encore une fois, mon rapport a été un résumé et -- mais c'étaient

  6   les Médecins pour les droits de l'homme qui ont travaillé sur ces

  7   documents, et ils m'ont fourni ces documents. C'était pour pouvoir

  8   identifier des personnes. Et je ne me souviens pas s'il s'agissait d'une

  9   coopérative ou d'une organisation militaire, d'une coopérative de logement,

 10   et cetera.

 11   Q.  Permettez-moi d'aborder un autre sujet, et c'est le sujet qui a été

 12   abordé par le général Tolimir. Il a dit, à la page 10 262 : "Puisque c'est

 13   Cerska, et il y a eu des combats à Cerska avant, est-ce qu'il est possible

 14   que dans ces documents, on peut voir que ces victimes avaient péri avant

 15   cette période ou pendant la période où Srebrenica est tombée en juillet

 16   1995…"

 17   Ensuite, cela continue. A la page 10 278, il fait la déclaration

 18   similaire par rapport au même sujet :

 19   "Puisque c'est très important à la Chambre, puisqu'en 1993, certaines

 20   personnes ont été tuées à Cerska, et il est possible que ces personnes

 21   auraient été tuées par d'autres personnes. Dans les documents militaires,

 22   on peut lire cela."

 23   Je suis certain que vous allez vous souvenir que vous avez discuté de

 24   cela avec lui, parce que sous le numéro 142, dans cette fosse commune, il y

 25   a des victimes qui ont péri dans les combats ou lors d'autres incidents

 26   précédant le massacre.

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] Maintenant j'aimerais qu'on affiche P94. Il

 28   nous faut la page 223.


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  1   Q. Est-ce que vous vous souvenez -- là on va aborder un autre sujet. Mais

  2   puisque nous parlons de cela, nous allons en parler. Vous allez vous

  3   souvenir que le général Tolimir a parlé de l'entretien que vous avez eu

  4   avec M. Becirovic [sic] lorsque vous avez mentionné que vous aviez une vue

  5   aérienne des exécutions, et Mme le Juge Nyambe vous a posé une question là-

  6   dessus. Avez-vous eu l'occasion de voir cette image avant ?

  7   R.  Oui, je l'ai déjà vue. Je ne sais pas ce que représente ce qui est

  8   ajouté en couleur, mais je sais qu'il s'agit de la vue aérienne de la ferme

  9   militaire de Branjevo.

 10   M. McCLOSKEY : [interprétation] J'ai également une photo ordinaire,

 11   Monsieur le Président. J'aimerais montrer au témoin cette photo pour voir

 12   s'il a vu également cette photo. Puisque cette photo imprimée est plus

 13   nette que la vue aérienne affichée dans le prétoire électronique.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, cela peut être montré au témoin,

 15   et à la Défense aussi.

 16   Monsieur McCloskey, pouvez-vous nous dire ce qu'on voit sur la copie papier

 17   de la photographie qui a été remise au témoin ?

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, c'est la même

 19   photographie que la photographie qu'on voit dans le système électronique.

 20   C'est la même photographie. Je ne sais pas si vous pouvez vous souvenir de

 21   cela, M. Ruez a parlé là-dessus il y a plusieurs mois. C'est identique,

 22   mais il y a des annotations en noir et blanc apportées par les Etats-Unis.

 23   M. Ruez a expliqué qu'il a pu examiner les documents des Etats-Unis, que

 24   c'était le résultat de l'enquête et ça faisait partie de l'enquête. J'ai

 25   voulu savoir si M. Manning a pensé à cela au moment où il a recueilli la

 26   déclaration de M. Becirevic [sic].

 27   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Continuez. Mais avant, la Chambre

 28   aimerait voir la copie papier, Monsieur McCloskey.


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  1   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, bien sûr.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est la photographie à laquelle je fais

  3   référence, ou je crois que j'ai fait référence à cette photographie lorsque

  4   je parlais au témoin. Il n'y a qu'une seule annotation sur le document qui

  5   dit "cadavres", et je crois que ce sont les corps humains qui sont montrés

  6   sur la photographie, et cela a en particulier influencé le témoignage de M.

  7   Erdemovic. Je l'ai écouté et il était debout dans la zone qu'on voit sur la

  8   photographie, et c'est là où les prisonniers ont été exécutés. Et ces

  9   contours représentent les cadavres de ces prisonniers. C'est donc ce qu'on

 10   a pu avoir comme élément le plus fiable à l'époque, la photographie des

 11   exécutions ou des meurtres qui ont été photographiés. Vous voyez qu'il

 12   s'agit d'un champ qui est couvert de cadavres. Il y a à la proximité une

 13   fosse commune. Lorsqu'on a exhumé la fosse, on a trouvé un certain nombre

 14   de cadavres. Oui, c'est la photographie à laquelle j'ai fait référence.

 15   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 16   Q.  Monsieur Manning, peut-être vous allez vous souvenir, peut-être pas,

 17   que M. Erdemovic a témoigné en disant que cela s'est passé le 16 juillet et

 18   le 17 juillet. Est-ce que cela change quoi que ce soit pour vous ?

 19   R.  Non, non, pas vraiment. Je pense qu'il y a beaucoup de documents

 20   prouvant que ces personnes avaient été exécutées. Je ne sais pas si cela

 21   s'est passé un jour avant ou une minute avant cela, mais on voit les

 22   cadavres, et près de la fosse commune, on voit également les traces de

 23   camions et d'autocars et d'autres véhicules. Donc c'est cette photographie.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Maître Gajic.

 25   M. GAJIC : [interprétation] M. McCloskey pourrait peut-être tirer ce point

 26   au clair. C'est en fait dans la pièce P147, entretien de M. Manning avec le

 27   Témoin M. Bircakovic. C'est la phrase à la page 19, où il est dit : "Nous

 28   disposons de vues aériennes d'exécutions mêmes."


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  1   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey.

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est justement pour cela que j'ai rappelé

  3   le témoin que cela s'est passé le 16. Je lui ai demandé si cela pouvait

  4   changer sa réponse, et on a entendu sa réponse. Je pense qu'on ne peut pas

  5   -- cela aurait dû être posé comme question lors du contre-interrogatoire.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce qu'on peut donc voir la

  7   photographie ?

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je pense qu'il faut que la greffière

  9   s'occupe de cela.

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mme le Juge Nyambe a une question à

 11   poser.

 12   Mme LE JUGE NYAMBE : [interprétation] Monsieur Manning, vous avez dit tout

 13   à l'heure que : "… il y a beaucoup de moyens de preuve qui démontrent qu'il

 14   y avait des exécutions… vous pouvez voir les cadavres qui gisent près de la

 15   fosse commune…"

 16   Pouvez-vous indiquer l'emplacement de la fosse commune sur la

 17   photographie affichée à l'écran ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Madame le Juge, c'est la zone où se trouvent

 19   les corps. Cette deuxième zone c'est la zone de la fosse commune. Moi,

 20   j'étais sur place. Ce n'est pas une zone très étendue, et les corps se

 21   trouvaient à une centaine de mètres, un peu plus peut-être, par rapport à

 22   l'endroit où on voit la fosse commune à la photographie.

 23   Mme LE JUGE NYAMBE : [interprétation] Et tout cela était toujours visible

 24   lorsque vous vous êtes rendu sur le site ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Madame le Juge. Je me suis rendu sur

 26   place quelques années plus tard, et entre-temps, les cadavres ont été

 27   ramassés en utilisant les engins et ont été mis dans la fosse commune. La

 28   fosse commune a été rebouchée, après quoi a été pillée en septembre ou


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  1   octobre. Un grand nombre de cadavres ont été enlevés de la fosse commune.

  2   Mme LE JUGE NYAMBE : [interprétation] Merci.

  3   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous devons clarifier un autre point.

  4   Maintenant nous voyons la copie papier de la vue aérienne où on voit des

  5   annotations en noir et blanc. On voit indiquées des indications comme "amas

  6   de terre", "probablement un corps", "creusement à l'aide d'excavatrice",

  7   mais cela ne correspond pas à l'image à l'écran. Et pour ce qui est du

  8   titre, il n'y a pas de mention de ferme militaire de Branjevo, mais plutôt

  9   "la fosse commune à l'affaire de Branjevo et Donja Pilica, Bosnie-

 10   Herzégovine". J'aimerais savoir ce que cela représente, ces annotations en

 11   noir et blanc, qui les a donc apposées, ce que cela veut dire et en quoi

 12   cela est différent par rapport à la photo affichée à l'écran.

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je peux essayer

 14   de clarifier cela en rappelant la déposition de M. Ruez. Je dirais que nous

 15   avons reçu cela des Etats-Unis, ces vues aériennes en noir et blanc, et les

 16   inscriptions étaient également en noir et blanc. Donc tout ce qui est en

 17   noir et blanc à l'écran et sur la copie papier de la photo représente des

 18   annotations apposées par les Etats-Unis. Parfois les Etats-Unis apposaient

 19   des annotations comprenant des informations différentes, mais il s'agit de

 20   la même vue aérienne.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] C'est évident, il s'agit de la même

 22   zone représentée sur les deux vues aériennes, mais la copie papier ne

 23   montre que la partie gauche de la photographie à l'écran, et les deux

 24   photographies portent des titres différents en noir et blanc. Par

 25   conséquent, est-ce qu'il faut conclure qu'il s'agit de deux photos

 26   différentes de la même localité qui ont été fournies par le gouvernement

 27   des Etats-Unis ?

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, malheureusement, je


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  1   ne peux pas répondre à votre question. Je peux dire que les Etats-Unis ont

  2   communiqué les photos de proportions différentes, où on voit les parties

  3   différentes de la même localité. Mais si j'ai bien compris, la photographie

  4   du 16 juillet est une seule photographie. Il n'y en a qu'une avec cette

  5   date. Vous dites que le titre est différent. On voit les annotations en

  6   couleur dans la version de M. Ruez, comme il a déposé lui-même, il a donc

  7   combiné ce qu'il a reçu des Etats-Unis et ses résultats, les résultats de

  8   sa propre enquête.

  9   Malheureusement, nous n'avons pas d'autres informations concernant le

 10   nombre de photographies, de vues aériennes et concernant les méthodes et

 11   les procédures appliquées pour la prise de ces photographies. Si vous voyez

 12   une autre photo de proportions différentes, c'est peut-être une partie

 13   différente de la même zone.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation]

 15   M. LE JUGE MINDUA : Toujours à propos de cette photographie. Nous voyons -

 16   c'est marqué en haut, à l'extrême gauche - "bodies", donc il s'agit bien de

 17   corps. Mais vous êtes d'accord avec moi que là je vois des taches noires et

 18   des taches blanches. Je ne sais pas exactement si c'est le corps ou pas.

 19   Est-ce qu'il y a une autorité qui détiendrait des images plus claires de

 20   ces corps de sorte que je puisse me faire une opinion que c'étaient des

 21   corps et non pas d'autres choses, par exemple ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, d'abord, je veux dire que

 23   j'ai vu la photographie portant l'indication "corps", mais je ne peux pas

 24   admettre que c'étaient les corps. C'étaient juste les contours. Mais M.

 25   Erdemovic, dans ce prétoire, a décrit ces contours comme étant des corps.

 26   Il a dit qu'il était debout à l'endroit qui se trouve en haut de la

 27   photographie et qu'il a tiré sur ces gens. Il a déposé là-dessus. Et c'est

 28   ça qui m'a persuadé que ce qu'on voit sur ces photos sont effectivement des


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  1   corps.

  2   Mais pour ce qui est de la question que vous avez posée concernant

  3   les photos, les vues aériennes, je sais que cela a été communiqué

  4   conformément à l'article 70, mais je ne sais pas vous répondre à ces

  5   questions.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Maître Gajic.

  7   M. GAJIC : [interprétation] A plusieurs occasions, j'ai entendu que cela

  8   était consigné au compte rendu "M. Ademovic", mais je pense que M. Manning

  9   a parlé de "M. Erdemovic". C'est à la page 18, ligne 12.

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Manning, pouvez-vous

 11   confirmer cela ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Il s'agit

 13   d'Erdemovic. E-r-d-e-m-o-v-i-c. Drazen Erdemovic.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci.

 15   Monsieur McCloskey, vous avez la parole.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je pense que j'aimerais proposer ce

 17   document au versement au dossier.

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] La photographie sera versée au

 19   dossier en tant que pièce à conviction.

 20   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] En tant que pièce ayant la cote P1931.

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 22   Q.  Monsieur Manning, pour ce qui est des conclusions de M. Ruez, à savoir

 23   qu'il s'agit des corps ici --

 24   M. McCLOSKEY : [interprétation] Et, Monsieur le Président, nous ne voulons

 25   pas suggérer que les conclusions du gouvernement des Etats-Unis

 26   représentent une forme d'assertion ou d'affirmation qu'il s'agit des corps.

 27   Cela c'est clair. Cela ne représente qu'un élément dans cette affaire.

 28   Q.  Vous souvenez-vous des enquêtes, des déclarations ou des dépositions


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  1   des deux survivants de cette exécution en masse ?

  2   R.  Oui. Je ne me souviens pas de leurs noms, mais je me souviens d'avoir

  3   lu leurs déclarations et écouté leurs témoignages, ou au moins les

  4   témoignages de certains d'entre eux.

  5   Q.  Donc je ne veux pas maintenant aller plus en détail.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Maître Gajic.

  7   M. GAJIC : [interprétation] C'est dans la pièce P547, à la page 19, où ce

  8   témoin a dit : "Nous disposons des vues aériennes qui montrent les

  9   exécutions." M. Manning a dit au témoin qu'ils disposaient des photos des

 10   exécutions qui étaient en cours. Mais là on parle de quelque chose qui est

 11   complètement différent par rapport à cela.

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci, Monsieur Gajic, mais c'est

 13   comme cela que M. McCloskey pose ses questions additionnelles. Puis après,

 14   quand on aura tout entendu, on va vérifier si tout cela est cohérent.

 15   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je n'ai pas d'objection à ce que l'on

 16   demande à reposer des questions au sujet de ces questions-là. Cela étant

 17   dit, je ne pense pas que le moment de demander cela est approprié.

 18   Q.  Monsieur le Témoin, à nouveau, je vais mettre à l'épreuve votre

 19   mémoire. Est-ce que vous vous souvenez si les enquêteurs ont trouvé des

 20   douilles sur place; et le cas échéant, où ?

 21   R.  Il faudrait que je vérifie ça. Il faudrait que je vérifie s'il y avait

 22   des douilles à proximité des corps. C'est quelque chose qui se trouverait

 23   dans le rapport. Cela étant dit, c'est cohérent par rapport à ce qu'a

 24   raconté M. Erdemovic et le récit des survivants.

 25   Q.  En examinant la photo --

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pourriez-vous agrandir cela pour en arriver

 27   à la zone où il est écrit "les corps".

 28   Q.  Donc, ici, où il est écrit "excavatrice", est-ce que vous voyez sur le


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  1   sol des traces que vous pouvez reconnaître, identifier ?

  2   R.  Eh bien, j'ai dit que je voyais les traces des véhicules. C'est comme

  3   cela qu'on a emmené ces gens, par des autocars. Ensuite, il y avait des

  4   engins de terrassement qui étaient là et qui ont creusé des charniers, et

  5   on voit bien les traces de ces engins qui mènent jusque précisément

  6   l'endroit où se trouvent les charniers. Et suite à la déposition de M.

  7   Erdemovic, au début, je ne pouvais pas accepter qu'il y avait des corps,

  8   parce qu'on voyait juste les contours, mais après, oui, je commençais à

  9   croire qu'il y avait des corps là, et puis quand on a comparé cela avec

 10   l'image aérienne, on a compris que c'est là qu'a eu lieu l'exécution.

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] J'attendais la fin de la réponse.

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'ai essayé de me maintenir aux limites de ce

 13   qui est permis de demander dans le cadre du contre-interrogatoire. En

 14   revanche, ici, au cours des questions additionnelles, on dépasse largement

 15   les limites du contre-interrogatoire. Cela sort de la portée et de la

 16   teneur du contre-interrogatoire.

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] Effectivement. Normalement, M. Manning

 19   devait tout simplement nous dire ce qu'il voulait obtenir quand il a posé

 20   les questions à M. Becirovic [sic]. Cela étant dit, il y a des questions

 21   intéressantes qui ressortent de ces documents. C'est vrai qu'on est allés

 22   un peu loin. Cela étant dit, je n'ai plus de questions par rapport à ce

 23   sujet.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Gajic, c'est vous qui avez

 25   donné la référence à cette partie-là du contre-interrogatoire à laquelle M.

 26   McCloskey fait la suite dans ses questions additionnelles.

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] Maintenant nous allons parler de Cerska. A

 28   la page 62 --


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  1   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Il faudrait donner la possibilité à

  2   M. Gajic de répondre par rapport à ce qui vient d'être dit.

  3   M. GAJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense qu'à nouveau,

  4   les noms n'ont pas été correctement saisis au compte rendu d'audience. A la

  5   page 21, ligne 22, on peut lire "M. Becirovic", et je pense qu'il

  6   s'agissait de "M. Bircakovic".

  7    M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey, est-ce que dans

  8   votre déclaration vous parlez de M. Bircakovic ?

  9   M. McCLOSKEY : [interprétation] Peut-être que je mélange les noms. Je

 10   parlais de la personne qui a fait l'objet du contre-interrogatoire, et je

 11   pense que là il s'agissait de Bircakovic. Je me suis trompé.

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Là les parties coopèrent

 13   véritablement.

 14   Monsieur McCloskey, vous pouvez poursuivre.

 15   M. McCLOSKEY : [interprétation] A présent je vais demander que l'on

 16   voie la pièce P94, page 62.

 17   Q.  Et en attendant cela, est-ce que vous vous souvenez avoir vu des photos

 18   aériennes ?

 19   R.  Oui. Je connais cette image. Vous avez l'image de la situation

 20   avant et après. Avant sur la gauche et après sur la droite.

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation] Là je reviens sur les questions qui

 22   ont été posées pour vérifier si les victimes ou les corps trouvés ici

 23   n'étaient pas des victimes de combat avant les événements de Srebrenica.

 24   Q.  Est-ce que cette image, Monsieur le Témoin, nous donne un indice sur la

 25   date de la création de cette fosse commune ?

 26   R.  A nouveau, c'est un cadre temporaire que l'on a ici. On peut voir que

 27   le 5 juillet, il n'y avait pas de site, il n'y avait pas de fosse commune.

 28   Le 27 juillet, c'est clair que l'on a créé des fosses communes. On


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  1   reconnaît le même endroit. Cela montre exactement le même terrain, et une

  2   année plus tard, des corps ont été exhumés justement de cette fosse commune

  3   par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, par son équipe.

  4   Q.  Pourriez-vous nous décrire la façon dont ces témoins ont été tués ?

  5   R.  Eh bien, nous avons entendu que des témoins ont voyagé vers cette zone-

  6   là dans un blindé de transport -- enfin, il y avait des bus qui voyageaient

  7   vers cette zone suivis par un blindé de transport des troupes puis aussi un

  8   engin de terrassement, une excavatrice. L'archéologue a examiné ce site, et

  9   on y a trouvé à peu près 140 corps. Sous une couche de terre assez fine, on

 10   les a trouvés. Il s'agissait des hommes que l'on a tués, et ensuite ils

 11   sont tombés en chute libre, d'où ils ont roulé le long de cette berge en

 12   pente. Et de l'autre côté, on a donc enseveli ces corps et on a couvert

 13   tout cela avec une couche assez fine de terre.

 14   Q.  Est-ce que vous voyez quoi que ce soit sur cette image qui vous

 15   montrerait que ce sol a été utilisé pour procéder aux enterrements ?

 16   R.  Là vous avez un ovale. Ensuite, à l'intérieur, on voit un rectangle, et

 17   puis un plus petit rectangle. Donc on a pris la terre du rectangle plus

 18   petit, on l'a donc pris de la berge, et ensuite on a mis les corps dans le

 19   rectangle qui est plus large, et ensuite on les a recouverts de terre.

 20   C'est quelque chose qui a été décrit par le Dr. Haglund, qu'on a recouvert

 21   ces corps par une couche assez fine de terre. Et vous pouvez aussi voir des

 22   morceaux de vêtements, souvent des chaussures d'ailleurs, qui ressortent à

 23   la surface.

 24   Q.  Est-ce que vous êtes allé à cet endroit, à ce site ?

 25   R.  Oui. Même si l'exhumation a commencé en 1996, moi, je n'y suis allé

 26   qu'en 1998. Ensuite, je suis allé à de nombreuses reprises. Et là on peut

 27   voir ce chemin en terre battue, cette terre qui a été remuée.

 28   Q.  Très bien.


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  1   M. McCLOSKEY : [interprétation] Par rapport à ce même thème, à savoir les

  2   victimes de combat avant les événements, je voudrais vous demander

  3   d'examiner la pièce 65 ter 07192, page 1.

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Vous avez déjà utilisé les deux

  5   documents, 65 ter 07192 et 07193, et vous ne les avez pas versés au

  6   dossier.

  7   M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est la première page du document 7192. Je

  8   ne l'ai pas encore utilisé. Et je pense que ceci devrait être le dernier

  9   document que j'ai l'intention d'utiliser.

 10   Q.  Monsieur Manning, on voit les chiffres rouges et on voit Cerska 142.

 11   Qu'est-ce que c'est ?

 12   R.  C'est difficile à dire. Je pense que c'est une photo d'exhumation.

 13   C'est écrit Cerska 142, donc c'est la personne dont on a parlée. Très, très

 14   difficile de discerner quoi que ce soit dans la photo, mais je pense que

 15   c'est un corps trouvé dans une fosse commune. J'ai déjà vu cette image.

 16   J'ai examiné toutes les photos qui ont été prises par rapport aux objets et

 17   aux corps trouvés dans cette fosse commune ainsi que dans les autres.

 18   Q.  Pourriez-vous essayer de voir comment étaient placés les corps à partir

 19   de cette photo ?

 20   R.  Peut-être que je me trompe, mais je pense… C'est peut-être à cause de

 21   la lumière que je ne vois pas très bien.

 22   M. McCLOSKEY : [aucune interprétation]

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Cela est déjà arrivé dans ce procès.

 24   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 25   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Il faudrait peut-être montrer la

 26   photo sous un autre angle. Veuillez vous lever et regarder plutôt

 27   verticalement l'écran.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, ici, vous voyez le


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  1   pied de l'individu. Le reste du corps est en haut de l'image. Si vous

  2   regardez l'image, un sac noir -- un sac en plastique noir se trouve à peu

  3   près là --

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  5   Q.  [aucune interprétation]

  6   R.  -- au niveau de la zone deux. Donc c'est probable que c'est une photo

  7   qui ait été prise à la morgue, parce que normalement, ce qu'on fait, c'est-

  8   à-dire qu'on enlève le corps de la tombe - dans un sac en plastique puisque

  9   ce site était particulièrement humide - donc la première photo prise à la

 10   morgue, eh bien, c'est la photo du corps gisant par terre dans un sac en

 11   plastique. En fait, j'aurais imaginé que la photo, enfin, qu'il y avait une

 12   meilleure lumière au moment où on a pris la photo à la morgue, mais c'est

 13   bien cela. Donc c'est dans cet état-là que ce trouvait le corps 142.

 14   Q.  Est-ce que vous pouvez dire quoi que ce soit au sujet des bras ?

 15   R. Eh bien, c'est la position classique, les mains ligotées dans le dos.

 16   Q.  Bien.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je vais demander que ceci soit versé au

 18   dossier puisque maintenant on a des annotations, donc les images qui font

 19   partie de la pièce 07192, les images dont on a parlé.

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ceci va être versé en tant que pièce

 21   à conviction. Et puis, cette photo aussi, cette photo qui est sur écran à

 22   présent, et qui a des annotations.

 23   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La photo avec des annotations va

 24   devenir la pièce P1932 et la photo avec le numéro 65 ter 7192 va devenir la

 25   pièce à conviction P1933.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien. Pourriez-vous nous montrer

 27   maintenant la pièce P01235.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais qu'en est-il de la photo 65 ter


Page 10349

  1   1273 [comme interprété] ?

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation] Il faudrait la verser au dossier aussi.

  3   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ceci deviendra la pièce P01934.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est la pièce P1315 qu'il nous faut. Page

  5   15 -- excusez-moi, page 50.

  6   Q.  Monsieur Manning, qu'est-ce que c'est, d'après ce que vous pouvez nous

  7   en dire ?

  8   R.  C'est un rapport d'autopsie. Donc c'est l'équipe d'exhumation du

  9   Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, et le médecin légiste

 10   de l'équipe qui a fait cela au cours de l'exhumation qui a eu lieu en 1996.

 11   Q.  Et là c'est le numéro 142, M. Muminovic ?

 12   R.  Oui, Cerska 142. A l'époque, on n'avait pas de nom.

 13   Q.  O.K.

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président --

 15   Q.  La façon dont sont décrits les possessions personnelles de la victime

 16   ainsi que les vêtements, c'est quelque chose d'assez typique, n'est-ce pas,

 17   pour cet endroit ?

 18   R.  Oui, parce qu'ils ont essayé vraiment de décrire les vêtements le mieux

 19   possible parce que c'est quelque chose qui aurait pu être utile pour

 20   l'identification. Ensuite, le pathologiste essayait d'établir s'il y a eu

 21   des blessures au niveau des vêtements, par exemple des trous de balles, et

 22   cetera. Ensuite, c'était lavé, enlevé du corps, photographié, décrit, et

 23   c'est quelque chose qui a été utilisé pour les identifications. C'était

 24   très utile.

 25   Q.  Bien.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Veuillez tourner la page, s'il vous plaît.

 27   Q.  Donc, là, si on regarde les documents qui ont été trouvés sur la

 28   victime, on trouve un permis de conduire ainsi que d'autres documents


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  1   concernant les différentes responsabilités d'Osmo Muminovic au niveau de

  2   l'armée. C'est le genre de documents que l'on trouvait en général dans ce

  3   rapport ?

  4   R.  Oui, oui, effectivement, c'est quelque chose aussi qui était

  5   photographié, donc on répertorie aussi dans le dossier avec les photos ces

  6   images-là.

  7   Q.  Et ensuite, on voit aussi l'examen de la peau; rien à signaler.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] Ensuite, la page suivante.

  9   Q.  Donc on voit la description du traumatisme -- non, non, pas la

 10   version B/C/S de ce document. Mais on peut voir ce qui est écrit en

 11   anglais. Au premier point, on parle d'une blessure au niveau du pelvis;

 12   numéro 2, l'absence des os du visage; numéro 3, des fractures au niveau des

 13   os; ensuite sous 4, quelque chose qui relève du vocabulaire médical, je ne

 14   comprends pas; ensuite, point 5, on parle aussi des dégâts au niveau des

 15   côtes; numéro 6, une fracture du fémur, et apparemment c'est quelque chose

 16   qui est arrivé après la mort; et ensuite, on parle d'autres dégâts infligés

 17   au corps. Mais ce que je voulais vous demander, là où on parle des balles,

 18   on a une balle qu'on a trouvée au niveau de l'épaule droite; ensuite, la

 19   cuisse gauche; ensuite, au niveau de la poitrine; ensuite, deux balles en

 20   haut de la poitrine; après, au niveau de l'épaule gauche; fragments de

 21   balles au niveau de la poitrine. Puis ensuite, on parle d'autres objets.

 22   Par exemple, une boite à tabac; la montre, on l'a déjà vue; ensuite, un

 23   chapelet et des prières; et puis un porte monnaie en plastique vert avec

 24   des documents. Puis, quand on parle de la "cause du décès", on parle d'une

 25   "blessure à l'arme à feu reçue au niveau du crâne, ensuite d'autres

 26   blessures au niveau de la poitrine, pelvis puis les membres, et il s'agit

 27   aussi des blessures infligées par une arme à feu."

 28   Donc, quand on voit toutes ces blessures, est-ce que cela correspond à


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  1   cette exécution en masse qui a eu lieu ?

  2   R.  Ecoutez, je ne suis pas un pathologiste ou médecin légiste, mais oui,

  3   ceci correspond à la façon dont ces gens étaient tués, effectivement.

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] M. le Juge Mindua a une question.

  5   M. LE JUGE MINDUA : Oui. Est-ce qu'on peut revenir à la page précédente de

  6   ce document que nous avons sur l'écran.

  7   Monsieur le Témoin, au niveau de la dernière rubrique, où on parle de

  8   projectiles, on a parlé de beaucoup de balles, "bullets". Ce sont des

  9   balles trouvées sur une seule et même personne ou dans l'ensemble de la

 10   fosse ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, d'après ce document, le

 12   document qui a été fait par le médecin légiste dans la morgue, cela indique

 13   que ces balles ont été retrouvées dans des corps dans ce site, dans la

 14   fosse de Cerska. Les corps avaient encore tous les tissus. Ils étaient

 15   presque entiers, de sorte qu'on a pu enlever les balles de ces corps. Donc

 16   ce sont les balles qu'on a sorties du corps de la victime. Et ces balles et

 17   ces éclats de balles, ils ont été identifiés ensuite par un appareil à

 18   rayons X, et on a vérifié cela par rapport aux vêtements. Il s'agit des

 19   balles qu'on a sorties du corps de l'individu.

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Au cours de l'autopsie.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Puis, ces images à rayons X montraient

 22   exactement le squelette du corps. Ensuite, ils montraient aussi le tissu,

 23   et on voyait clairement où se trouvait la balle. La balle était, dans ces

 24   images, d'une couleur beaucoup plus claire. Ensuite, sur la base de ces

 25   images-là, ils écrivaient ces rapports d'autopsie qui décrivaient

 26   l'emplacement des balles dans le corps.

 27   M. LE JUGE MINDUA : Oui. J'attendais donc la traduction. Parce que

 28   j'ai comptabilisé à peu près neuf balles; c'est donc sur une seule et même


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  1   personne, vous nous avez confirmé ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge. Au niveau du numéro 3,

  3   on voit la douille d'une balle, c'est une balle qui avait une espèce de

  4   douille qui l'entourait et c'est cela qui est sorti. Donc il se peut

  5   qu'elle faisait partie d'une autre balle déjà dans le corps ou ailleurs.

  6   Cela étant dit, cela montre que neuf balles ou parties de balles ont été

  7   retirées de ce corps. Quand on dit "fragments de balles", cela fait peut-

  8   être partie d'une autre balle. Mais une douille, en fait, c'est un morceau

  9   assez important, et cela correspond donc à une balle. Donc, là vous avez

 10   sept ou huit balles au minimum.

 11   M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 14   Q.  Par rapport à ce même sujet, est-ce que vous vous souvenez quel était

 15   le calibre le plus souvent trouvé par rapport aux balles ?

 16   R.  Il s'agissait des armes automatiques 7,2 [comme interprété], puis

 17   parfois il y avait aussi d'autres balles moins souvent utilisées, utilisées

 18   par des armes à canons très courts. Mais en général, c'étaient des balles

 19   de calibre 762.

 20   Q.  Bien.

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation] La dernière pièce, P01782.

 22   Q.  Est-ce que cette page de garde vous dit quelque chose ?

 23   R.  Monsieur, c'est le livre des morts du TPIY, qui comptabilise le nombre

 24   de personnes portées disparues à Srebrenica. Il date du mois de mai 2000.

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] La page 185, s'il vous plaît.

 26   Q.  Si vous regardez la quatrième personne partant du haut.

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Est-ce bien la personne qui correspond au corps Cerska   142 ?


Page 10353

  1   R.  Oui, il me semble que tel est le cas, mais je ne vois pas la référence,

  2   et de toute façon, on ne la verrait pas la référence de la fosse. En fait,

  3   il faudrait vérifier le numéro BAZ, qui est une référence PHR et ICMP, me

  4   semble-t-il.

  5   Q.  Mais vous avez la date et le lieu de la disparition. Qu'est-ce que cela

  6   indique, d'après vous ?

  7   R.  Il s'agit d'informations qui ont été fournies par la dernière personne

  8   à avoir vu cette personne en vie. Donc, là vous avez "11 juillet 1995". Il

  9   a, pour la dernière fois, été vu dans la forêt près de Srebrenica.

 10   Q.  Très bien.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai plus

 12   d'autres questions à poser.

 13   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Manning, votre déposition

 14   est terminée. La Chambre vous remercie de nous avoir fourni toutes ces

 15   connaissances qui sont les vôtres. Je vous souhaite un bon retour à vos

 16   activités normales.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie. Et je vous remercie de vos

 18   bons vœux.

 19   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] De toute façon, le moment était venu

 20   de faire notre première pause. Et nous allons reprendre à 16 heures 15.

 21   [Le témoin se retire]

 22   --- L'audience est suspendue à 15 heures 45.

 23   --- L'audience est reprise à 16 heures 19.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Vanderpuye. Est-ce

 25   que le témoin suivant est prêt à déposer ?

 26   M. VANDERPUYE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Bonjour à tout

 27   le monde.

 28   Je voulais juste attirer votre attention sur deux questions. Dans un


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  1   premier temps, il s'agit des questions supplémentaires qui ont été posées

  2   au Dr Helge Brunborg. Jeudi dernier, j'avais indiqué, si vous vous en

  3   souvenez, que je souhaitais lui poser des questions supplémentaires. J'ai

  4   maintenant étudié à nouveau tout ce qu'il avait dit et de sa déposition

  5   avec les membres de mon équipe, et nous avons décidé qu'il n'était pas

  6   nécessaire de poser des questions supplémentaires au Dr Brunborg.

  7   A moins que, bien entendu, la Chambre de première instance ne

  8   souhaite, elle, lui poser des questions très importantes, je pense

  9   qu'officiellement, il faut déclarer qu'il est arrivé au terme de sa

 10   déposition, car je crois comprendre que le général Tolimir, quant à lui,

 11   avait terminé son contre-interrogatoire du Dr Brunborg, ce qu'il avait

 12   indiqué précédemment.

 13   [La Chambre de première instance se concerte]

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] La Chambre vous remercie d'avoir

 15   reconsidéré la situation relative au Dr Brunborg. Donc je pense que c'est

 16   une grande chance pour lui de ne pas être obligé de revenir une troisième

 17   fois à La Haye.

 18   M. VANDERPUYE : [interprétation] Je vous remercie. Je voulais également

 19   soulever une autre question, il s'agit du témoin qui va témoigner justement

 20   aujourd'hui. J'ai été en contact à ce sujet avec Me Gajic, plus

 21   particulièrement à propos d'un document sur lequel notre attention a été

 22   attirée justement par le Dr Parsons. Il s'agit d'un examen indépendant des

 23   procédés techniques pour ce qui est de l'ADN, procédés utilisés par l'ICMP.

 24   Il s'agit d'un rapport dont la date est le 14 avril 2010. J'ai obtenu un

 25   exemplaire de ce rapport du Dr Parsons, et je l'ai envoyé à Me Gajic le

 26   jour où je l'ai moi-même obtenu. Il est en train d'être traduit. Ce

 27   document, il y a un projet de traduction non terminé, d'ailleurs, qui a été

 28   envoyé à Me Gajic il y a environ une heure de cela. Nous sommes en train


Page 10355

  1   d'essayer de traduire ledit document.

  2   Je crois comprendre que la Défense est disposée à commencer son contre-

  3   interrogatoire. Bien entendu, il va falloir qu'ils évaluent le document, et

  4   pour ce faire, il se peut qu'ils demandent un laps de temps supplémentaire,

  5   ce qui ne nous pose aucun problème d'ailleurs. Mais moi, je suis tout à

  6   fait disposé à commencer l'interrogatoire principal, et je pense que le

  7   contre-interrogatoire pourra bien débuter en dépit du fait qu'ils viennent

  8   très récemment de recevoir ce dernier document.

  9   Puis, je voulais également vous dire que ce document ne se trouve pas sur

 10   ma liste de pièces. Je n'ai pas l'intention de demander des renseignements

 11   à propos de ce document au témoin. Donc il appartient à Me Gajic de

 12   répondre, mais je vous dirais que j'en ai déjà parlé avec lui de cette

 13   question avant l'audience de cet après-midi.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que vous pourriez préciser

 15   quelque chose à notre intention. De quel rapport s'agit-il ? Est-ce qu'il

 16   s'agit d'une mise à jour d'un rapport précédent établi par le témoin ?

 17   M. VANDERPUYE : [interprétation] Ce n'est pas un rapport du témoin ou ce

 18   n'est pas un rapport établi par le témoin. Il s'agit de questions relatives

 19   à l'identification des restes, notamment des restes d'Avdo Palic, et vous

 20   savez que son décès fait partie de l'acte d'accusation. D'après ce que je

 21   crois comprendre, il y a eu un retard au niveau de l'identification : il

 22   s'agissait de l'identification ADN des restes qui, en fait, ont fini par

 23   être associés au colonel Palic. L'ICMP a évalué ces restes. Ils l'avaient

 24   fait beaucoup plus tôt, mais ils n'avaient pas pu discerner un appariement

 25   avec les échantillons du donateur qui avaient été donnés, donc ils

 26   n'avaient pas pu tirer de conclusion. Là c'est un rapport qui,

 27   fondamentalement, examine les circonstances du retard en question. Je pense

 28   qu'il est tout à fait raisonnable que la Défense dispose de ce rapport pour


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  1   pouvoir poser des questions au témoin à ce sujet, mais comme je vous l'ai

  2   déjà dit, moi, je n'ai pas l'intention de demander des renseignements ou de

  3   poser des questions au témoin à ce sujet, donc je ne pense pas qu'il y ait

  4   préjudice pour ce qui est du contre-interrogatoire à la suite de

  5   l'interrogatoire principal.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais qui est l'auteur de ce rapport ?

  7   M. VANDERPUYE : [interprétation] Il s'agit d'une commission indépendante

  8   d'experts dont les noms sont les suivants : Dr Ingo Botic [phon], chef de

  9   l'unité de l'ADN du bureau de la police fédérale, je pense que c'est à

 10   Wiesbaden, en Allemagne; ensuite, nous avons le Dr Crouse, responsable de

 11   l'unité de biologie humaine au bureau de la police Palm Beach en Floride --

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ce n'est peut-être pas la peine de

 13   nous donner tous les noms pour le compte rendu d'audience.

 14   M. VANDERPUYE : [interprétation] D'accord.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je voulais juste savoir quelle

 16   institution avait publié cela.

 17   M. VANDERPUYE : [interprétation] Il ne s'agit pas d'une institution. Il

 18   s'agit d'une commission d'experts qui a préparé cet examen indépendant des

 19   circonstances de cette identification.

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bien. Mais qui a établi cette

 21   commission ?

 22   M. VANDERPUYE : [interprétation] Je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est

 23   que la commission a été mise sur pied seulement pour cet objectif bien

 24   précis. Je pense que l'ICMP a été partie prenante et a apporté sa

 25   contribution lors de la création de cette commission d'experts, mais je ne

 26   sais pas par quel mécanisme la commission a été créée.

 27   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ecoutez, je pense que ces

 28   renseignements nous suffisent. Nous vous avons entendu.


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  1   Maître Gajic, quel est le point de vue de la Défense à ce  sujet ?

  2   M. GAJIC : [interprétation] Monsieur le Président, vous aurez peut-être eu

  3   la possibilité de voir la liste des pièces que nous prévoyons utiliser avec

  4   ce témoin. Ce rapport est le document 1D597, et nous allons l'utiliser lors

  5   du contre-interrogatoire de ce témoin. Malheureusement, nous n'avons

  6   toujours pas de traduction, ce qui complique notre préparation. C'est un

  7   rapport qui a quand même quelque 26 pages. Ce n'est pas un rapport bref,

  8   absolument pas. Il comporte de nombreux termes techniques, qui plus est.

  9   Donc, pour un néophyte, je vous dirais que c'est assez difficile à

 10   comprendre, donc nous aurons besoin de l'aide du témoin pour pouvoir

 11   interpréter les résultats de ce rapport.

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais je ne pense pas qu'il soit la

 13   peine de rendre une décision à ce sujet ou d'en parler davantage. Nous

 14   verrons bien comment le Procureur utilisera ce rapport, et ensuite comment

 15   la Défense le fera.

 16   Je souhaiterais que le témoin entre dans le prétoire, je vous prie.

 17   Maître Gajic.

 18   M. GAJIC : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, mais la

 19   Défense souhaiterait faire remarquer que nous n'allons pas demander au

 20   témoin de revenir une deuxième fois, donc de revenir dans un mois. Mais si

 21   cela est nécessaire, nous allons demander à la Chambre de première instance

 22   d'être très patiente à notre égard et de nous accorder un peu plus de temps

 23   qu'il n'avait été prévu au départ, car nous ne souhaiterions pas

 24   interrompre le contre-interrogatoire. Voilà ce que je voulais dire.

 25   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous vous sommes reconnaissants.

 26   M. VANDERPUYE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je voulais

 27   également ajouter que le Dr Parsons m'a appris hier ou avant-hier, en fait

 28   je ne sais plus, que ce document avait été fourni au bureau du Procureur


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  1   par l'ICMP il y a un certain temps, d'après ce que je crois comprendre, en

  2   juin 2010. Il y a eu quelque problème de communication ou quelque omission

  3   dans notre bureau, et ce document n'a jamais été fourni ni à notre équipe

  4   ni à l'équipe de la Défense de M. Tolimir. Je dois dire que j'ai pu le

  5   localiser dans notre dossier, donc je peux tout à fait confirmer qu'il

  6   avait été envoyé et qu'il avait été reçu, mais en fait, notre attention

  7   n'avait pas été attirée là-dessus, et c'est pour ça que nous nous trouvons

  8   dans le dilemme où nous nous trouvons à l'heure actuelle.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bien. Nous attendons le témoin.

 10   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour, Docteur Parsons. Bienvenu au

 12   Tribunal. Je vous demanderais de bien vouloir prononcer la déclaration

 13   solennelle dont le texte vous est donné maintenant.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai

 15   la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 16   LE TÉMOIN : THOMAS PARSONS [Assermenté]

 17   [Le témoin répond par l'interprète]

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez prendre

 19   place.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] C'est M. Vanderpuye qui va poser les

 22   questions de l'interrogatoire principal pour le Procureur.

 23   Je vous en prie, Monsieur Vanderpuye.

 24   M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour à

 25   nouveau.

 26   Interrogatoire principal par M. Vanderpuye : 

 27   Q.  [interprétation] Bonjour à vous, Docteur Parsons.

 28   R.  Bonjour.


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  1   Q.  Avant que nous ne commencions, je vous ferais remarquer que nous nous

  2   exprimons dans la même langue, et je vous demanderais de parler plus

  3   lentement que d'habitude et de ménager des temps d'arrêt entre nos

  4   questions et vos réponses pour que les interprètes puissent interpréter de

  5   façon exacte nos propos.

  6   R.  Tout à fait d'accord.

  7   Q.  Et si je vous pose des questions qui ne sont pas claires, comme cela se

  8   passe de temps à autre, attirez mon attention là-dessus pour que je puisse

  9   reformuler ma question et que nous puissions nous comprendre mieux.

 10   J'aimerais, dans un premier temps, vous poser des questions à propos de

 11   votre déposition précédente. Est-ce que vous vous souvenez avoir témoigné

 12   dans l'affaire le Procureur versus Vujadin Popovic et consorts le 1er

 13   septembre 2008 et le 27 avril 2009 ?

 14   R.  Oui, tout à fait.

 15   Q.  Avez-vous eu la possibilité de revoir cette déposition avant de venir

 16   ici dans ce prétoire ?

 17   R.  Oui, j'ai lu les documents en question.

 18   Q.  Et puisque vous avez lu ces documents, ces textes, Docteur Parsons,

 19   est-ce que ces documents reprennent fidèlement ce que vous diriez si

 20   aujourd'hui on venait à vous reposer les mêmes questions ?

 21   R.  Fondamentalement, oui.

 22   Q.  J'aimerais savoir s'il y a des différences importantes entre ce que

 23   vous avez dit précédemment et ce que vous direz aujourd'hui à propos des

 24   thèmes essentiels de votre déposition ?

 25   R.  Fondamentalement, non. Mais il y a eu certaines questions qui m'avaient

 26   été posées et il m'a fallu un certain temps pour comprendre le but

 27   recherché, donc je serais peut-être un peu plus rapide si ces questions

 28   étaient posées à nouveau, mais je donnerais les mêmes réponses de toute


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  1   façon.

  2   Q.  O.K.

  3   M. VANDERPUYE : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais demander

  4   le versement au dossier du document 6720 de la liste 65 ter, il s'agit du

  5   compte rendu d'audience vers sous pli scellé, ainsi que le document 6721 de

  6   la liste 65 ter, qui est le document public de la déposition précédente du

  7   Dr Parsons.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Les deux comptes rendus d'audience

  9   sont versés au dossier. Le premier sera versé sous pli scellé.

 10   M. VANDERPUYE : [aucune interprétation]

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Une minute, je vous prie, Monsieur

 12   Vanderpuye.

 13   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira des documents P1935 versé

 14   sous pli scellé et P1936.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous en prie.

 16   M. VANDERPUYE : [interprétation] Je souhaiterais également que soient

 17   versées au dossier les pièces qui ont été présentées et versées au dossier

 18   par le truchement du Dr Parsons lors de son témoignage. Donc il s'agit des

 19   documents suivants : document de la liste 65 ter 06722 jusqu'à 06727, ainsi

 20   que les documents 05748 et 06728, documents de la liste 65 ter également.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je ne pense pas qu'il soit nécessaire

 22   de nous lire toutes ces cotes. Donnez-nous juste la dernière cote de la

 23   liste, de la deuxième partie de la liste. Je pense qu'il s'agit du document

 24   05773 de la liste 65 ter ?

 25   M. VANDERPUYE : [interprétation] Ah, je comprends. Vous avez la liste. Très

 26   bien. Donc documents 06722 de la liste 65 ter jusqu'au document P00211 --

 27   ah non, excusez-moi, 05773.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, bien sûr.


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  1   M. VANDERPUYE : [interprétation] Bien.

  2   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Parce que le dernier est déjà versé

  3   au dossier, Monsieur Vanderpuye.

  4   M. VANDERPUYE : [interprétation] Je suis ravi de voir que vous avez ces

  5   documents.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je veux savoir s'il y a des documents

  7   qui n'ont toujours pas été traduits.

  8   M. VANDERPUYE : [interprétation] Je pense qu'il y a un certain nombre de

  9   documents qui n'ont pas été traduits, Monsieur le Président. Je pense

 10   notamment --

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous règlerons cette question par un

 12   mémoire interne. Ils seront versés au dossier. Mais pour ce qui est des

 13   documents qui n'ont pas encore été traduits, ils seront enregistrés aux

 14   fins d'identifications en attendant leur traduction.

 15   M. VANDERPUYE : [interprétation] Je vous remercie.

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Il y a certains de ces documents qui

 17   seront versés sous scellé, donc la greffière octroiera des cotes P à tous

 18   ces documents et diffusera ces renseignements dans un mémoire interne.

 19   M. VANDERPUYE : [interprétation] Je vous remercie.

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Allez-y.

 21   M. VANDERPUYE : [interprétation] J'ai un résumé très bref de la déposition

 22   du Dr Parsons dont j'aimerais vous donner lecture pour que vous vous

 23   familiarisiez avec les éléments fondamentaux de son témoignage.

 24   Puis-je, Monsieur le Président ?

 25   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, je vous en prie.

 26   M. VANDERPUYE : [interprétation] Le Dr Parsons est le directeur du

 27   département des sciences médicolégales pour la commission internationale

 28   pour les personnes portées disparues, qui assiste à un laboratoire ayant


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  1   acquis beaucoup d'expérience dans le domaine de l'ADN, et ce, depuis

  2   l'année 2001. En octobre 2007, l'organisation a reçu l'accréditation de

  3   l'ISO 17025, qui est l'une des normes d'accréditation internationale les

  4   plus importantes régissant l'analyse médicolégale de l'ADN.

  5   Le mandat de cette organisation est l'identification des personnes portées

  6   disparues. Sa tâche, en fait, est triple, essentiellement : dans un premier

  7   temps, il s'agit d'aider les gouvernements pour ce qui est des personnes

  8   portées disparues. Il s'agit en fait d'œuvrer avec les gouvernements pour

  9   déterminer des lois et politiques et faire en sorte qu'ils soient

 10   redevables pour le problème des personnes portées disparues. Deuxièmement,

 11   il s'agit de prendre l'initiative pour la société civile afin qu'elle

 12   puisse mobiliser les groupes familiaux et leur fournir la possibilité de se

 13   réunir, de se rencontrer et, avec du financement, leur donner la

 14   possibilité d'être un interlocuteur par rapport au gouvernement. Et

 15   troisièmement, il s'agit de fournir une aide médicolégale dans le domaine

 16   des identifications de l'ADN.

 17   L'ICMP n'est pas un organe de la police, une organisation exécutive. Elle

 18   fonctionne de façon indépendante.

 19   En tant que directeur du département chargé des sciences médicolégales, au

 20   moment de sa déposition, le Dr Parsons était responsable, entre autres

 21   choses, de la supervision de trois divisions de la science médicolégale au

 22   sein de cette organisation. Notamment, la division des examens et des

 23   excavations, qui effectue les analyses anthropologiques et pathologiques;

 24   le système de laboratoire ADN, qui gère la mise au point des types d'ADN

 25   afin d'opérer des appariements de profils d'ADN obtenus sur des

 26   échantillons d'os et de sang; et la division de la coordination de

 27   l'identification de l'ADN, qui établit les liens entre les échantillons et

 28   les données génétiques.


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  1   Le Dr Parsons a témoigné à propos des procédures de tests d'ADN et des

  2   protocoles utilisés par l'ICMP. Il a expliqué la nature et la fiabilité des

  3   examens en règle générale ainsi que les procédés très précis suivis par

  4   l'ICMP. Notamment, le Dr Parsons a souligné que l'ICMP utilise les analyses

  5   de type nucléaire à séquence répétée en tandem, qui est une technologie

  6   dont la justesse a été prouvée, qui est acceptée par la communauté

  7   scientifique avec approbation, et qui correspond aux normes de l'industrie.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation]

  9   M. VANDERPUYE : [interprétation] C'est une technique validée qui a fait ses

 10   preuves et qui devient en fait la norme pour les diagnostics médicolégaux.

 11   Il a également indiqué qu'il s'agit d'une technologie qui est utilisée à la

 12   fois au Royaume-Uni ainsi qu'aux Etats-Unis. Qui plus est, et cela fait

 13   partie de son accréditation, l'ICMP fait l'objet d'audits techniques qui

 14   sont effectués.

 15   Il y a plusieurs procédures opératoires normalisées qui permettent de

 16   comprendre comment l'ICMP effectue ses examens ADN. Il faut savoir que ces

 17   modes opératoires normalisés reprennent des procédures et des éléments

 18   scientifiques fondamentaux qui sont partagés avec d'autres laboratoires

 19   d'ADN. Ces procédures sont expliquées dans le rapport de méthodologie du Dr

 20   Parsons, qui couvre la période 2001 à 2008.

 21   Le Dr Parsons a indiqué qu'il y avait eu quelques modifications de

 22   procédures secondaires au fil du temps, et il s'agit notamment des

 23   instruments essentiels qui sont utilisés et qui ont été remplacés par du

 24   matériel beaucoup plus sensible et beaucoup plus moderne. Alors, cela, bien

 25   entendu, augmente le taux de succès, à savoir la capacité d'extraction de

 26   l'ADN, mais cela n'a eu aucune incidence sur la fiabilité fondamentale des

 27   techniques utilisées.

 28   La procédure d'appariement de l'ADN de l'ICMP est solide. Il s'agit en fait


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  1   d'un procédé qui permet de procéder l'ADN prélevé sur un os envoyé à l'ICMP

  2   pour que les données soient recoupées par rapport à la base de données des

  3   profils d'ADN obtenus à partir d'échantillons de sang ou d'urine fournis

  4   par des donneurs. Pour ce qui est du résultat du test de l'ADN, il faut

  5   qu'il y ait un seuil minimum de certitude statistique de 99,95 %. Dans les

  6   cas où il y a des preuves d'identité présumées, par exemple, avec la

  7   présence d'objets ayant appartenu aux personnes, les rapports d'appariement

  8   sont fournis avec 99 % de certitude.

  9   L'ICMP a également un système officiel d'examen et de révision de

 10   tous les rapports ADN. Le Dr Parsons a témoigné pour dire que l'ICMP ne

 11   délivre pas de certificats de décès; c'est plutôt les pathologistes locaux

 12   qui s'en occupent. Et une affaire est considérée comme réglée lorsque les

 13   médecins légistes nommés par un tribunal et par les autorités nationales de

 14   la Bosnie-Herzégovine délivrent un certificat de décès et rendent les

 15   restes aux membres de la famille.

 16   Lors de sa déposition en 2009, 6 006 personnes qui avaient des liens avec

 17   les fosses communes de Srebrenica ont été identifiées grâce aux efforts

 18   d'identification d'ADN de l'ICMP.

 19   J'en ai terminé avec la lecture de mon rapport, Monsieur le

 20   Président. Et je dois vous dire que j'ai un certain nombre de questions à

 21   poser au Dr Parsons.

 22   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous en prie.

 23   M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 24   Q.  Docteur Parsons, cela fait quasiment deux années que vous êtes venu

 25   témoigner pour la dernière fois. Est-ce que vous pourriez nous dire ce que

 26   vous avez fait, enfin dans les grandes lignes, depuis votre dernière

 27   déposition ici ?

 28   R.  Eh bien, nous avons, bien entendu, poursuivi notre programme


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  1   d'assistance technique aux procédés d'identification en ex-Yougoslavie,

  2   notamment en Bosnie. Nous avons poursuivi notre travail dans le domaine des

  3   analyses d'ADN. Nous avons comparé des échantillons osseux et nous avons

  4   comparé les profils d'ADN des victimes avec les échantillons sanguins qui

  5   avaient été fournis par les donneurs, et nous avons établi des

  6   recoupements, ce qui nous occupe beaucoup.

  7   Puis, ce que je fais également, c'est que j'essaie de me tenir au

  8   courant des meilleures pratiques et des améliorations obtenues dans mon

  9   domaine pour pouvoir avoir une méthodologie encore plus peaufinée. Lorsque

 10   nous sommes informés de nouvelles méthodologies, soit par les documents

 11   scientifiques, les textes scientifiques ou de façon empirique, nous les

 12   reprenons et nous les utilisons dans notre travail.

 13   Donc, pour ce qui est des grands changements, je pense que vous avez

 14   fait référence à l'une de ces modifications, il s'agit d'utiliser des

 15   instruments plus modernes. Vous avez des compagnies qui fabriquent ce genre

 16   de matériel, qui fournissent des modèles. Nous suivons ce qui se passe dans

 17   ce domaine, et nous avons évalué de nouveaux instruments, ce qui ne change

 18   pas véritablement la nature profonde des examens que nous menons à bien.

 19   Et puis, il y a autre chose que l'on peut compter parmi les grands

 20   changements. Il s'agit d'une nouvelle méthode d'extraction d'ADN que nous

 21   avons mise au point à partir d'échantillons osseux. Nous avons pu prouver

 22   que cela nous permet d'obtenir davantage de profils d'ADN ou davantage de

 23   recoupements par rapport aux échantillons osseux.

 24   En fait, vous avez ces échantillons qui ont été mélangés avec

 25   d'autres corps, et il y a beaucoup d'activité microbienne, il y a de la

 26   terre, ce qui peut véritablement dégrader en quelque sorte, détériorer

 27   l'ADN qui a survécu dans un échantillon osseux. Donc il est important

 28   d'avoir des techniques qui sont extrêmement efficaces pour pouvoir extraire


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  1   les molécules d'ADN qui ont survécu.

  2   Donc nous avons une nouvelle méthode d'extraction d'ADN qui a été

  3   validée, qui a été utilisée, et dont vous trouvez des renseignements dans

  4   les documents scientifiques.

  5   Q.  Très bien --

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] J'aimerais vous rappeler d'essayer de

  7   parler un peu plus lentement, parce que vous ne facilitez pas la tâche des

  8   interprètes en ce moment.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je vais essayer.

 10   M. VANDERPUYE : [interprétation]

 11   Q.  Je vais essayer de revenir à certaines questions que vous avez

 12   mentionnées. Mais d'abord, j'aimerais vous montrer le document 65 ter 7190.

 13   Il s'agit d'un exemplaire de votre biographie.

 14   M. VANDERPUYE : [interprétation] Je pense que nous n'avons toujours pas de

 15   traduction de ce document. Est-ce que nous l'avons ? Bien, nous l'avons.

 16   Q.  Je pense que c'est la copie de votre biographie mise à jour.

 17   Reconnaissez-vous ce document ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Quand il s'agit de vos responsabilités dans le cadre de l'ICMP, est-ce

 20   que ces responsabilités sont restées les mêmes ou est-ce que vos

 21   responsabilités ont changé par rapport à votre dernière déposition ?

 22   R.  Ce sont les mêmes responsabilités, principalement les mêmes.

 23   Q.  Pour ce qui est des activités qui sont les vôtres dans le  cadre de

 24   cette organisation, pouvez-vous nous dire si vous avez participé à des

 25   nouvelles conférences, est-ce que vous avez fait publier de nouveaux

 26   articles qui devraient figurer dans votre biographie ?

 27   R.  Oui, nous avons publié un certain nombre d'articles, et cela se trouve

 28   dans la dernière partie de ma biographie. Pour ce qui est des conférences


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  1   et d'échanges entre professionnels, je veux dire que cette commission joue

  2   un rôle important pour ce qui est de la communauté médicolégale, et nous

  3   assistons souvent à des conférences de professionnels pour présenter notre

  4   travail. Nous essayons de faire notre mieux pour suivre tout ce qui se

  5   passe dans ce domaine, les nouveaux développements. Nous attendons [comme

  6   interprété] régulièrement à des réunions d'un réseau européen de médecine

  7   légale et nous collaborons étroitement avec nos collègues, donc nos

  8   activités sont très connues en détail, et sur le plan international, notre

  9   projet est considéré comme étant le projet avec beaucoup de succès pour ce

 10   qui est de l'identification des restes humains.

 11   A Seattle, il a été organisé une conférence et nous avons présenté 12

 12   ouvrages scientifiques à l'audience large avec les détails des aspects

 13   scientifiques de notre travail à partir de l'année 1995 et la chute de

 14   Srebrenica. On a présenté toutes les procédures d'identification et

 15   d'enquête que nous avons menées. Et cela a été accepté par la communauté

 16   scientifique.

 17   Q.  Avez-vous participé à la rédaction ou à la révision des articles

 18   concernant la procédure d'identification appliquée par la commission ICMP

 19   et est-ce que vous avez publié ces articles à partir du moment où vous avez

 20   déposé ici la dernière fois ?

 21   R.  J'aimerais bien vérifier ma biographie pour me rappeler le nombre de

 22   ces articles. Mais oui, c'était le cas.

 23   M. VANDERPUYE : [interprétation] J'aimerais proposer ce document au

 24   versement au dossier, Monsieur le Président.

 25   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Vanderpuye, j'essaie de

 26   savoir si ce document figure sur la liste de vos documents.

 27   M. VANDERPUYE : [interprétation] Je m'excuse. C'est au point 4 de la

 28   première catégorie de documents que j'ai l'intention de présenter lors de


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  1   mon interrogatoire principal de ce témoin.

  2   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

  3   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je viens de recevoir le document mis

  4   à jour du greffe parce que je n'ai pas eu la version mise à jour. Merci.

  5   Donc la biographie sera versée au dossier.

  6   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] En tant que pièce portant la cote

  7   P1937.

  8   M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci.

  9   Q.  Docteur Parsons, est-ce que le rôle de la commission ICMP se limite à

 10   l'identification des personnes portées disparues au conflit en ancienne

 11   Yougoslavie ou bien est-ce que c'était plus étendu comme objectif ? Pouvez-

 12   vous nous dire quelque chose là-dessus.

 13   R.  Oui. Puisqu'on a eu un succès énorme pour ce qui est de notre travail

 14   en ancienne Yougoslavie, sur le plan international, nous avons commencé à

 15   être impliqués dans des efforts pour ce qui est de l'identification sur la

 16   base d'analyse de l'ADN. Nous avons répondu à des demandes d'assistance

 17   pour ce qui est des événements dans le monde entier, comme par exemple le

 18   tsunami en Asie du sud-est. Egalement, nous avons extrait l'ADN des

 19   victimes qui ont été les victimes de l'ouragan Katrina aux Etats-Unis. Nous

 20   avons également assisté l'Interpol lorsqu'il a été nécessaire de procéder à

 21   des identifications à grande échelle pour ce qui est d'un bateau des

 22   Philippines qui a sombré, et lorsqu'il s'agissait des personnes portées

 23   disparues au Chili en 1973 également. Voilà quelques exemples.

 24   Q.  Pour ce qui est du rôle de l'ICMP, est-ce que cela se limitait toujours

 25   à l'analyse de l'ADN pour ce qui est des fins médicolégales ou bien vous

 26   avez eu des efforts similaires dans d'autres domaines ?

 27   R.  Oui. En fait, lorsqu'il s'agit de ces procédures médicolégales, on

 28   souligne toujours cet aspect du travail de la commission, mais nous ne


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  1   sommes pas une institution médicale. Nous avons beaucoup d'expérience pour

  2   ce qui est de l'assistance fournie à des gouvernements concernant divers

  3   aspects des personnes portées disparues.

  4   Par exemple, la commission a été invitée à s'occuper de la question

  5   des personnes portées disparues en Colombie, et nous avons envoyé nos

  6   équipes d'experts qui devaient se pencher sur cette question parmi

  7   lesquelles il y avait des médecins légaux qui s'occupaient d'examiner cette

  8   question sur la base d'analyse d'ADN, analyse anthropologique, mais

  9   également des aspects des sociétés civiles, droits des victimes, structure

 10   juridique, les dommages et intérêts, responsabilités, et cetera. Nous avons

 11   une grande expérience et nous suivons tout ce qui se passe dans ce domaine.

 12   Q.  Vous avez peut-être déjà entendu ce que j'ai dit lorsque j'ai donné

 13   lecture du résumé de votre témoignage. Vous avez souligné que la commission

 14   est une organisation indépendante. Pouvez-vous nous dire quelque chose là-

 15   dessus ?

 16   R.  Cette commission a été établie en 1996. Il s'agissait d'une initiative

 17   conjointe qui a été lancée lors d'une conférence du G7. Donc il s'agit du

 18   résultat d'une initiative internationale qui, si je ne me trompe, a été

 19   lancée par le président Bill Clinton, l'ancien président des Etats-Unis.

 20   C'est comme cela que la commission a été établie et qui, au début, avait

 21   pour mandat de travailler dans l'ancienne Yougoslavie.

 22   Durant notre travail, nous sommes une organisation qui travaille

 23   indépendamment. Nous ne dépendons d'aucun gouvernement ou de corporation,

 24   nous ne subissons aucune influence extérieure. Pour ce qui est de la

 25   commission même, la commission est supervisée par les commissionnaires.

 26   James Kimsey préside à présent la commission, qui est philanthrope sur le

 27   plan international, pour ainsi dire. Dans cette commission, il y a

 28   plusieurs personnalités internationalement connues.


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  1   Nous jouissions d'immunités et du privilège diplomatique dans notre

  2   QG en Bosnie et, par conséquent, nous sommes en mesure de fournir des

  3   garanties pour ce qui est de la protection des données et l'indépendance de

  4   notre travail concernant les identifications que nous effectuons.

  5   Q.  Est-ce que la commission internationale a quelque chose qu'on pourrait

  6   appeler le comité directeur pour ce qui est de la médecine légale en

  7   particulier ?

  8   R.  Oui. A partir du moment où ces programmes ont été établis, la

  9   commission a voulu assurer la transparence maximale pour ce qui est de ses

 10   activités et également bénéficier des conseils de tout un chacun pour ce

 11   qui est de ce domaine. C'est pour cela que très tôt, un organe a été créé.

 12   C'était le comité scientifique consultatif. Et moi, j'étais au courant de

 13   l'existence de cet organe parce que moi aussi, j'ai joué un rôle au sein de

 14   ce comité. J'étais, à l'époque, à la tête du département qui s'occupait de

 15   l'identification sur la base d'analyse de l'ADN des forces armées des

 16   Etats-Unis. Donc, moi, j'étais membre de ce comité où il y avait des

 17   experts de différentes disciplines : anthropologie, archéologie, médecine

 18   légale, statistiques, détermination des types d'ADN, et cetera. Nous nous

 19   réunissions une fois par an pour voir comment fonctionnait le système, nous

 20   évaluions le travail. Ce groupe avait beaucoup de défis, des grands défis,

 21   et nous essayions de trouver les réponses à ces défis.

 22   Ce groupe consultatif s'appelle différemment, nous l'appelons le

 23   comité directeur pour la médecine légale, et ce comité se réunit toujours.

 24   Q.  Pouvez-vous nous dire quelque chose pour ce qui est du rôle de ce

 25   comité consultatif quand il s'agit des rapports avec les gouvernements ?

 26   R.  A quel comité pensez-vous ? Je ne sais pas à quel comité vous faites

 27   référence. C'est un autre comité ?

 28   Q.  Oui, c'est un autre comité. C'est le comité consultatif des


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  1   représentants de gouvernements. Est-ce qu'un tel comité existe ?

  2   R.  Je ne connais aucun conseil ou comité qui porterait ce nom.

  3   Q.  Pour ce qui est du comité directeur et son rôle, est-ce que ce comité a

  4   une influence sur le choix des cas de la commission ou c'est quelque chose

  5   qui est décidé à un échelon supérieur ?

  6   R.  C'est un comité qui a le rôle consultatif, uniquement le rôle

  7   consultatif, il ne décide pas quels seront les cas que la commission

  8   examinera.

  9   Q.  Quelle est la procédure que vous appliquez pour décider dans quel

 10   domaine vous allez être engagé ? Comment vous décidez si vous allez

 11   travailler par rapport à un avion qui est tombé quelque part ou un bateau

 12   qui a sombré dans les Philippines ?

 13   R.  Notre mandat général est d'assister les gouvernements pour ce qui est

 14   des activités concernant les personnes portées disparues, et nous répondons

 15   à des invitations de gouvernements, à des demandes d'assistance. Dans

 16   certains cas, nous avons offert notre aide. C'était, par exemple, dans le

 17   cas de l'ouragan Katrina, où nous avons offert notre aide au gouvernement

 18   puisque nous avons voulu aider.

 19   Q.  J'aimerais que vous nous disiez dans quels locaux la commission

 20   internationale pour les personnes portées disparues travaille. Où se

 21   trouvent vos locaux aujourd'hui ?

 22   R.  Le QG et le laboratoire principal pour les analyses de l'ADN se

 23   trouvent à Sarajevo, en Bosnie. Il y a une autre unité pour la médecine

 24   légale qui s'occupe de la coordination, et c'est le secteur de coordination

 25   qui se trouve à Tuzla, en Bosnie. Nous avons un élément du laboratoire pour

 26   l'analyse de l'ADN qui se trouve à Banja Luka, en Republika Srpska, en

 27   Bosnie. Et tous les échantillons à être analysés pour l'ADN sont envoyés

 28   dans ce laboratoire spécial à Banja Luka.


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  1   Avec la commission internationale, il y a eu pendant des années les

  2   locaux à Tuzla pour ce qui est du projet d'identification de Podrinje. Il

  3   s'agit de la morgue où les restes humains de Srebrenica sont conservés et

  4   examinés, et à la tête de cette unité se trouve le médecin légiste qui est

  5   nommé par une instance judiciaire de Bosnie. Et je me souviens qu'à

  6   l'époque cette personne était membre de la commission internationale, donc

  7   avait deux casquettes. Donc le projet dont je parle s'appelle le projet

  8   d'identification pour Podrinje, PIP. C'est le projet lancé par la

  9   commission internationale. Les compétences ont été transférées aux

 10   autorités nationales de Bosnie il y a quelques mois, mais nous continuons à

 11   fournir notre assistance technique en envoyant nos experts

 12   anthropologistes, médecins légiste, et cetera.

 13   Q.  Est-ce que la commission internationale a des bureaux à Belgrade ou à

 14   Pristina, des bureaux régionaux ?

 15   R.  Je crois que le bureau à Belgrade n'est plus en fonction, mais nous

 16   avons toujours un bureau à Pristina.

 17   Q.  Pendant la procédure d'identification qui a lieu par rapport à des

 18   personnes disparues concernant les événements à Srebrenica, est-ce que la

 19   commission internationale avait un bureau régional à Belgrade ?

 20   R.  Oui, et nous avions également un secteur dans notre laboratoire à

 21   Belgrade où on a pu effectuer les analyses de l'ADN pour établir les types

 22   d'ADN en utilisant des échantillons de référence des membres de famille.

 23   Q.  Quel est le nombre de laboratoires qui sont en fonction dans le cadre

 24   de la commission internationale ?

 25   R.  A présent, il y en a deux qui s'occupent des analyses de l'ADN; un

 26   laboratoire à Banja Luka, en Republika Srpska, et le laboratoire principal

 27   à Sarajevo.

 28   Q.  Et pour ce qui est du secteur chargé de la coordination et des lignes


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  1   d'application que vous avez mentionné plus tôt, pouvez-vous nous dire si

  2   son siège se trouve dans un des laboratoires de l'ADN ou dans d'autres

  3   locaux ? Pouvez-vous nous dire quel est le rôle de ce secteur et où cela se

  4   situe dans l'organigramme.

  5   R.  Il s'agit de locaux séparés. Cela ne se trouve pas dans le cadre des

  6   laboratoires d'analyse de l'ADN, mais cela fait absolument partie de cette

  7   procédure. Le secteur chargé de l'identification et de la coordination se

  8   trouve à Tuzla, et ce sont les locaux où les échantillons sont collectés.

  9   Tous les échantillons que nous recevons de la commission internationale et

 10   les échantillons prélevés dans les fosses communes, les échantillons de

 11   sang que nous avons reçus des membres de la famille des personnes

 12   disparues, tout cela afflue dans le secteur chargé de l'identification et

 13   de la coordination, où tous ces échantillons sont traités immédiatement

 14   pour savoir d'où ils viennent. Tout cela se passe dans les laboratoires

 15   pour les analyses de l'ADN où on applique la méthode objective.

 16   Il y a d'autres locaux où l'identification et coordination se

 17   passent. Après que le système de laboratoire a été établi, on obtient le

 18   profil de l'ADN concernant une victime donnée et des échantillons donnés

 19   par les membres de la famille, après quoi les profils obtenus de l'ADN sont

 20   envoyés au centre chargé de l'identification et de la coordination, où,

 21   d'une façon très sophistiquée et informatisée, on procède à l'appariement

 22   des échantillons d'os et des échantillons de sang des membres de famille de

 23   la victime, après quoi on procède à la rédaction du rapport portant sur les

 24   appariements des échantillons de l'ADN.

 25   Q.  Nous allons parler de la procédure de l'identification dans quelques

 26   instants. Vous avez mentionné des dépôts mortuaires, des morgues. Pouvez-

 27   vous nous dire quel est le nombre de morgues qui fonctionnent dans le cadre

 28   de ce système que vous venez de décrire ? Et par rapport à Srebrenica, aux


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  1   personnes portées disparues par rapport aux événements survenus à

  2   Srebrenica.

  3   Je pourrais répéter ma question. Je m'en excuse. J'ai parlé trop vite. Pour

  4   ce qui est des morgues ou des dépôts mortuaires, pouvez-vous nous dire quel

  5   est le nombre de morgues qui sont en fonction pour ce qui est de cette

  6   procédure d'identification par la commission internationale et par rapport

  7   à Srebrenica ?

  8   R.  A présent, la commission n'a qu'une seule morgue qui a rapport avec

  9   Srebrenica, et c'est la morgue que j'ai déjà mentionnée quand j'ai parlé du

 10   projet d'identification lié à Podrinje. Avant, il y avait d'autres locaux

 11   qui étaient supervisés par la commission internationale et par d'autres

 12   organes, tels que le Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie, qui ont

 13   été impliqués à des exhumations. La commission internationale avait des

 14   locaux près de Visoko dans les années précédentes, et il y a eu également

 15   une unité à Lukavac, lié au même projet, PIP. C'est une ville qui se trouve

 16   près de Tuzla, en Bosnie. Là-bas, il y avait des locaux où on procédait à

 17   des examens des fragments les plus fins des restes humains parce qu'il est

 18   très difficile de les examiner aux fins d'identification.

 19   Q.  J'aimerais que vous nous parliez de ce procédé de l'identification.

 20   Vous avez déjà parlé de cela lors de votre déposition précédente, mais

 21   pouvez-vous nous dire comment ce procédé commence ? Donc vous avez dit que,

 22   par exemple, quelqu'un est venu dans votre organisation pour dire qu'un

 23   membre de sa famille est porté disparu. Pouvez-vous nous dire ce qui se

 24   passe par la suite ?

 25   R.  Il y a deux éléments du procédé. Le premier élément comporte l'examen

 26   des échantillons et du type de l'ADN des échantillons des victimes prélevés

 27   dans les fosses communes. Et l'autre élément concerne les informations

 28   fournies par les membres de la famille et l'analyse des échantillons de


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  1   sang pour identification. Je peux vous parler de chacun de ces deux

  2   éléments de ce procédé d'identification.

  3   Tout cela représente le résultat d'un programme développé de la commission

  4   internationale pour informer les membres de famille des personnes portées

  5   disparues du fait qu'ils peuvent aider à l'identification en se présentant

  6   à la commission et en fournissant des échantillons de sang pour ce qui est

  7   de la détermination des profils de l'ADN. Il s'agit d'un grand nombre

  8   d'échantillons de sang, 70 000 échantillons de sang des membres de famille

  9   seulement pour l'Etat de Bosnie, ce qui nous ramène au nombre de personnes

 10   portées disparues qui est de 23 000 pour ce qui est de l'Etat de Bosnie. Ce

 11   procédé commence par l'établissement du contact avec les familles. On

 12   organise les membres de famille en groupes pour leur donner les

 13   informations, pour leur faire comprendre quels sont leurs besoins et leur

 14   situation. Donc c'est le point de départ pour ce qui est de la collecte de

 15   ce grand nombre d'échantillons concernant les personnes portées disparues.

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous prie de ralentir votre débit,

 17   puisqu'il est très difficile de vous suivre.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur, voudriez-vous que je répète ce que

 19   j'ai déjà dit plus lentement ?

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vois que tout a été consigné au

 21   compte rendu de façon correcte, mais les interprètes doivent interpréter

 22   tout cela en d'autres langues, donc il faut que vous ralentissiez votre

 23   débit un peu.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Donc, lorsque les échantillons de sang sont

 25   obtenus des membres de familles, avec des garanties que ces échantillons

 26   allaient être utilisés uniquement pour l'identification de leurs proches,

 27   ces échantillons sont catégorisés selon les types des profils de l'ADN des

 28   personnes portées disparues. On entre tout cela dans la base de données des


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  1   profils de l'ADN et on se penche également sur les informations concernant

  2   les liens de parenté des victimes et des membres de famille et des

  3   personnes portées disparues.

  4   M. VANDERPUYE : [interprétation]

  5   Q.  Vous avez dit qu'une personne qui vient à la commission pour dire qu'un

  6   membre de la famille est porté disparu, que tout cela peut se passer

  7   puisqu'il y a le programme qui est appliqué par la commission. Est-ce que -

  8   - au moment où une personne est portée disparue et que cette information

  9   est fournie à la commission, savez-vous si les mêmes informations sont

 10   fournies à d'autres organisations; par exemple, le comité international de

 11   la Croix-Rouge ou d'autres agences qui sont présentes en Bosnie ?

 12   R.  Il y a des listes qui se chevauchent, les listes des personnes portées

 13   disparues que nous avons et d'autres listes établies par d'autres

 14   organisations, comme par exemple le comité international de la Croix-Rouge.

 15   Notre base de données est unique puisque toutes les données sont en rapport

 16   avec des échantillons de sang et avec des échantillons génétiques. Nous

 17   avons donc les profils génétiques pour ce qui est de tous les membres de

 18   famille de cette personne portée disparue.

 19   Q.  Vous avez indiqué qu'il y avait beaucoup de chevauchement. Donc, est-ce

 20   que cela indique que les listes dont dispose le CICR chevauchent les listes

 21   de l'ICMP ?

 22   R.  Oui, c'est exact. Parce qu'en fait, il n'y a pas eu de procédure de

 23   compatibilité ou d'harmonisation entre ces deux listes. De toute façon,

 24   elles ont des objectifs légèrement différents. Car nous, notre objectif

 25   principal est fondamentalement d'identifier les personnes portées

 26   disparues.

 27   Q.  Pour ce qui est des échantillons sanguins, vous nous avez dit qu'il y

 28   avait les renseignements pertinents relatifs aux donneurs par rapport à la


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  1   victime, et vous avez dit que tout cela était consigné. Nous allons revenir

  2   là-dessus puisque, de toute façon, nous allons parler des types d'examens

  3   que vous effectuez. Mais j'aimerais savoir, en règle générale, quels sont

  4   les liens que vous recherchez entre un donneur et une victime pour pouvoir

  5   opérer un appariement ou une identification ADN fiable ?

  6   R.  La référence la plus utile c'est lorsqu'il y a un lien de parenté

  7   direct, par exemple père, mère ou enfant. Toute autre combinaison de lien

  8   de parenté peut nous permettre de procéder à des identifications. Et nous

  9   avons différents types de pedigrees, en quelque sorte, que nous pouvons

 10   utiliser. Parfois nous pouvons avoir une mère et deux enfants, un frère et

 11   une sœur. Alors, ce qui est idéal, c'est d'avoir le père et la mère, et là

 12   cela suffit. Vous êtes sûr de pouvoir procéder à une identification si vous

 13   avez cela. Et puis, il y a d'autres possibilités également de lien de

 14   parenté qui peuvent permettre d'établir un lien de parenté.

 15   Mais il y a quelque chose qu'il faut comprendre. Alors, est-ce qu'il

 16   est possible d'établir un appariement avec certitude ? Cela dépend en fait

 17   des types génétiques des familles, car nous avons étudié nombre d'ADN

 18   nucléaires indépendants - il s'agit de différentes positions des

 19   chromosomes - et, en fait, ils varient de façon assez importante. Lorsque

 20   vous avez une position, vous pouvez obtenir un type d'ADN - je pourrais

 21   développer plus tard, si vous le souhaitez - mais ce type peut soit être

 22   très commun dans la population ou très rare dans la population. Donc, si

 23   une famille a des types qui se trouvent sur un locus bien particulier - il

 24   s'agit des positions dont je vous parlais - cela est très rare, et il va

 25   être très facile d'identifier la personne en question parce qu'elle

 26   partagera cette rareté du type.

 27   Mais parfois il y a des cas où vous avez, par exemple, une mère, et

 28   vous avez le type génétique de la mère et vous avez le type génétique de


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  1   ses enfants qui permettront une certaine identification avec une certitude

  2   de 99,99999. Et vous avez d'autres cas, par exemple, où vous avez une

  3   famille qui a un type génétique très commun, là nous ne pourrons pas avoir

  4   une certitude à 99,95 %. C'est pour cela que nous essayons toujours d'avoir

  5   plusieurs membres de la famille, dans la mesure du possible.

  6   Q.  Vous avez mentionné l'analyse des échantillons osseux, et vous nous

  7   avez dit, à toutes fins utiles, qu'ils étaient extraits de corps exhumés,

  8   ces échantillons osseux. Est-ce que vous pourriez nous expliquer le procédé

  9   qui est utilisé, à savoir comment est-ce que ces échantillons osseux

 10   arrivent dans votre laboratoire et quel est le sort réservé à ces

 11   échantillons osseux une fois qu'ils ont été réceptionnés dans votre

 12   laboratoire ?

 13   R.  Alors, les échantillons osseux peuvent arriver dans notre laboratoire

 14   suivant plusieurs méthodes. Je pense que pour la Chambre de première

 15   instance ce qui est intéressant, c'est de nous concentrer sur la grande

 16   majorité des cas, à savoir des restes humains exhumés dans des fosses

 17   communes ayant différentes tailles. Pour ce qui est de Srebrenica, par

 18   exemple, très souvent il s'agit de fosses communes larges, très larges. Et

 19   il y a également ce que l'on appelle les fosses communes secondaires, à

 20   savoir les restes des personnes ont été déplacés de la fosse commune

 21   primaire, ont été transportés dans un camion vers un site différent, et

 22   ensuite ont été réenterrés dans une fosse commune clandestine.

 23   Donc, pour ce qui est des échantillons osseux reçus par l'ICMP, ils

 24   peuvent provenir de restes exhumés par le TPIY juste après le conflit, donc

 25   au début du TPIY. Ils peuvent également provenir, et ça c'est une catégorie

 26   très commune, ils peuvent également provenir d'exhumations où l'ICMP a joué

 27   un rôle. Par exemple, nous avons des équipes d'experts, d'anthropologues

 28   judiciaires et d'archéologues judiciaires extrêmement compétents, et il


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  1   faut savoir qu'en 2000, l'ICMP a commencé à fournir une assistance

  2   technique sur les lieux d'exhumation pendant les exhumations. Donc il faut

  3   savoir que lorsque vous avez une exhumation officielle, il faut qu'il y ait

  4   une ordonnance rendue par un tribunal pour que l'exhumation ait lieu. Et

  5   vous avez en fait le projet d'exhumation conjoint, puisqu'il s'agit d'un

  6   système qui a été en quelque sorte mis en place par le bureau du haut

  7   représentant en 1996. Il faut savoir que la commission des personnes

  8   portées disparues pour les Croates et les Bosniaques travaillait

  9   conjointement avec le bureau des personnes portées disparues pour la

 10   Republika Srpska, et ce, pour mener à bien ces excavations.

 11   Donc, dans le cas de Srebrenica, où l'ICMP a fourni une assistance

 12   technique, le site était ouvert grâce à ces procédures d'exhumation

 13   conjointes. L'équipe principale était en fait la commission des personnes

 14   portées disparues pour la Fédération croato-bosniaque, et ils s'occupaient

 15   de l'excavation. Cela était supervisé dans beaucoup de cas par un

 16   représentant du bureau de Republika Srpska, et il y avait une sécurité qui

 17   était assurée 24 heures sur 24 par la police de la Republika Srpska.

 18    Il faut savoir que dans beaucoup de cas, l'ICMP a fourni toute une

 19   gamme de compétences techniques, mais je dirais que dans de nombreux cas,

 20   nous avons fourni une assistance technique complète. Je pense aux

 21   excavations médicolégales menées à bien par les archéologues judiciaires.

 22   Nous avons ici utilisé les toutes dernières méthodes pour récupérer ces

 23   restes humains, nous avions également collecté les données de façon

 24   électronique et nous avons dressé des archives qui sont extrêmement solides

 25   pour ce qui est de tous les restes humains et de toutes les preuves qui

 26   avaient été récupérés de ces sites.

 27   Il y a une chose qui est extrêmement importante. Je vous ai parlé des

 28   fragments et des restes qui étaient mélangés lorsqu'ils étaient transportés


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  1   vers des sites ou des fosses communes secondaires. Donc il ne faut pas

  2   arriver et enlever toute une pile d'os. Il faut essayer de déplacer, de

  3   récupérer des parties de personnes de façon articulée pour que vous ne vous

  4   retrouviez pas avec, en quelque sorte, un fouillis de restes mortels --

  5   Q.  J'aimerais juste intervenir et vous poser une question, parce que vous

  6   avez mentionné le bureau du haut représentant ainsi que son rôle dans le

  7   cadre d'exhumations conjointes. Est-ce que vous pourriez nous dire quel est

  8   le bureau du haut représentant ? D'après vous, qu'est-ce que cela

  9   représente ? Pour que nous sachions bien de quoi il est question.

 10   R.  Eh bien, je demande l'indulgence de la Chambre car je n'ai pas beaucoup

 11   de compétences en matière de structures politiques. J'avoue que je suis

 12   avant tout un scientifique. Mais voilà comment je comprends le bureau du

 13   haut représentant : il s'agit d'un organe qui a été créé par le conseil de

 14   mise en œuvre de la paix. Toujours est-il qu'il s'agit d'un représentant

 15   international qui est nommé -- bon, cela, à la suite des accords de Dayton,

 16   si je ne me trompe. Et je vous dirais que je ne connais pas tous les

 17   tenants et aboutissants de cette question. Mais il s'agit d'un organe qui a

 18   un pouvoir administratif extrêmement important en Bosnie et qui peut

 19   exercer une autorité administrative en cas de besoin. En règle générale, je

 20   dirais que le système politique en Bosnie fonctionne tout seul, mais là il

 21   s'agit d'un mécanisme qui permet à la communauté internationale, compte

 22   tenu des accords de paix, de jouer un rôle de supervision administrative en

 23   quelque sorte ou de contrôle administratif. Voilà, c'est la meilleure

 24   réponse que je peux vous fournir. Je m'en excuse.

 25   Q.  Merci. Je pense aux échantillons qui sont reçus par l'ICMP. Est-ce que

 26   l'ICMP est responsable ou est-ce qu'elle a plutôt une influence pour ce qui

 27   est de l'étiquetage de ces échantillons, et je pense notamment aux liens

 28   entre ces échantillons et des sites d'exhumation ou des fosses communes ?


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  1   R.  Je répondrais de façon générale par un non. Cela dépend des personnes

  2   qui examinent les restes mortels et qui prélèvent des échantillons pour les

  3   ADN. En fait, on avait différents types de protocoles ou de conventions

  4   d'étiquetage. C'est vrai que l'ICMP a des conventions en matière

  5   d'étiquetage et qu'elle préfère utiliser son protocole, et nous

  6   encourageons les personnes à le faire. Lorsque c'est nous qui contrôlons la

  7   procédure de A à Z, il y a, par exemple, la nomenclature en matière

  8   d'étiquetage, notre nomenclature que nous utilisons.

  9   Q.  En un mot comme en cent, j'aimerais savoir si les laboratoires

 10   médicolégaux de l'ICMP fonctionnent comme tout laboratoire qui ferait un

 11   examen routinier, une prise de sang, par exemple ? Si quelqu'un va voir son

 12   médecin, une prise de sang est faite et l'échantillon sanguin est envoyé.

 13   Donc, est-ce que votre laboratoire fonctionne de la même façon, en tenant

 14   compte des mêmes principes ?

 15   R.  Eh bien, dans la mesure où nous effectuons des examens ou que nous

 16   avons un système d'examen accrédité et homogène, uniforme, oui, je pense

 17   que pour ce qui est de l'ensemble de la procédure, elle est assez

 18   semblable, car vous avez un échantillon biologique qui doit faire l'objet

 19   d'un examen scientifique, l'échantillon est testé par rapport à cet examen,

 20   et ensuite vous obtenez les résultats de l'examen.

 21   Je ne --

 22   Q.  Oui, mais est-ce qu'il y a une sélectivité qui est opérée par l'ICMP,

 23   je pense par rapport aux échantillons réceptionnés ? En d'autres termes,

 24   est-ce que l'ICMP peut exercer une influence par rapport aux types

 25   d'échantillons osseux ou à la provenance de ces échantillons osseux pour

 26   pouvoir mettre ces échantillons osseux en parallèle ou les comparer avec

 27   les profils de sang des donneurs qui ont été reçus ?

 28   R.  L'ICMP peut exercer une influence sur ce qu'elle reçoit, mais elle ne


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  1   contrôle pas tout toujours ce qu'elle reçoit. Il y a de nombreux cas où les

  2   restes physiques qui ont été récupérés dans les fosses communes sont

  3   envoyés à l'ICMP et il y a une analyse anthropologique et une analyse d'ADN

  4   qui est effectuée à ce moment-là. Et dans ces conditions, nous avons des

  5   protocoles d'échantillonnage extrêmement précis dont le but est de

  6   minimiser la quantité d'ADN nécessaire tout en optimalisant la possibilité

  7   de réassocier les restes qui ne sont pas ensembles, qui sont complètement

  8   désassemblées.

  9   Donc ce que j'entends, c'est que nous avons une procédure

 10   opérationnelle normalisée que nous recommandons sur les sites pour les

 11   squelettes sur lesquels des échantillons doivent être prélevés pour l'ADN.

 12   Et nous encourageons vivement les personnes à utiliser cette procédure

 13   opérationnelle normalisée. Mais très souvent nous recevons des échantillons

 14   qui, d'après nous, n'ont pas été prélevés conformément à notre procédure

 15   normalisée.

 16   Donc, si vous pensez au pire des cas, vous avez quelqu'un qui ouvre

 17   une housse mortuaire, qui y trouve des centaines d'échantillons osseux et

 18   qui va commencer, de façon tout à fait aléatoire, à prélever des

 19   échantillons et à les présenter pour qu'ils fassent l'objet d'analyse ADN.

 20   Mais en fait, il faudrait pouvoir, dans un premier temps, déterminer le

 21   nombre minimum de personnes dont il est question pour pouvoir prélever des

 22   échantillons pour lesquels l'analyse sera beaucoup plus efficace. Mais cela

 23   ne se passe pas toujours. Donc nous ne pouvons pas toujours contrôler la

 24   provenance, la façon dont les échantillons sont prélevés ou la façon dont

 25   tout cela est étiqueté.

 26   Q.  En ce qui concerne le processus des tests, souvent vous arrivez à

 27   trouver des paires, et pour le déclarer d'une façon plus précise, nous

 28   allons parler plus tard quelles sont les méthodes pour cela. Donc vous avez


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  1   parlé de la différence entre trouver une paire et la clôture d'une affaire,

  2   c'est-à-dire quand le dossier est clos, et c'est quelque chose qui est fait

  3   par le pathologiste. Pouvez-vous nous expliquer cela ?

  4   R.  Comme je l'ai dit tout à l'heure, quand il s'agit d'échantillonner les

  5   différents types d'ADN, notre système est parfaitement objectif. Nous ne

  6   pouvons absolument pas savoir d'où viennent les échantillons et à quoi on

  7   peut les référer, et là je parle aussi bien des échantillons osseux que des

  8   échantillons de sang. Ensuite, nous avons un processus très objectif pour

  9   essayer de trouver les échantillons de l'ADN, et ensuite, informatiquement,

 10   on va essayer de faire les paires. Par exemple, je vais vous citer un

 11   exemple : une mère et une fille nous ont donné leurs échantillons de sang

 12   pour essayer de retrouver le fils disparu. Ensuite, nous avons des

 13   échantillons d'os et on va comparer cela avec des dizaines de milliers

 14   d'échantillons que l'on possède dans notre base de données.

 15   A un moment donné, informatiquement, on va arriver à des paires

 16   possibles où vous avez une très haute probabilité de lien, c'est-à-dire des

 17   éléments que l'on pourrait lier pour pouvoir faire des paires. Par exemple,

 18   cet échantillon osseux pourrait être lié à cette femme. Un autre va être

 19   lié au frère, enfant, et cetera. Nous utilisons toute une série d'indices

 20   que l'on rentre dans notre système informatique pour travailler sur les

 21   informations génétiques d'une personne portée disparue. On compare cela

 22   avec le profil des frères, des sœurs, et on arrive à élaborer un profil

 23   génétique de la personne portée disparue.

 24   Q.  [aucune interprétation]

 25   R.  Sur la base du résultat de ce calcul qui est fait informatiquement, on

 26   peut, avec une probabilité haute, essayer de faire le lien entre ce profil

 27   ADN avec les échantillons prélevés auprès des familles. C'est-à-dire, là on

 28   va trouver le pourcentage de probabilité qu'il s'agisse justement de la


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  1   personne portée disparue, de la personne recherchée par la famille.

  2   Le système que nous utilisons permet une précision extraordinaire,

  3   c'est-à-dire qu'on arrive à 99,95 %. Autrement dit, vous avez une chance

  4   sur 2 000 qu'un profil ADN n'est pas correct, c'est-à-dire qu'il appartient

  5   à une autre personne, pas à la personne que nous avons identifiée.

  6   Donc, quand je dis une personne sur 2 000, eh bien, c'est le critère

  7   le plus bas qui est acceptable pour nous, le degré le moins élevé. Dans de

  8   nombreux cas, au lieu d'avoir une probabilité de 99,95 %, nous arrivons à

  9   95,99999 % [comme interprété] des cas qu'on ne se trompe. Donc, là vous en

 10   arrivez à une chance sur 100 billions de cas de se tromper.

 11   M. VANDERPUYE : [interprétation] Je vais essayer de vous montrer toute une

 12   série de documents. Le premier document c'est un document qu'il ne faudrait

 13   pas montrer dans le public. C'est le document 65 ter 6723A. C'est le numéro

 14   du document.

 15   Je ne pense pas qu'on ait la traduction de ce document, donc je vais

 16   expliquer à la Défense de quoi il s'agit. Il s'agit d'un dossier qui

 17   concerne les cadavres exhumés d'une fosse commune, et il s'agit du corps

 18   numéro 40. En haut du document, on voit BIS, 01 SEK, ce qui correspond

 19   probablement à Sekovici, et ensuite on a un numéro, 0408 [comme

 20   interprété], et la lettre (F). On voit aussi le nom de la personne à

 21   laquelle correspond le dossier.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Vanderpuye, permettez-moi

 23   d'intervenir parce que je viens de penser à quelque chose. Tout à l'heure,

 24   quand on a parlé des rapports ADN pour lesquels on a trouvé une paire, je

 25   n'ai jamais vraiment répondu à la question que vous m'avez posée, à savoir

 26   comment on arrive à trouver des paires et comment on clôt un dossier. Si

 27   vous voulez, je peux vous en parler plus en détail.

 28   M. VANDERPUYE : [interprétation] Excusez-moi. Je n'ai pas compris qu'on n'a


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  1   pas terminé avec ce thème.

  2   Q.  Veuillez, s'il vous plaît, nous expliquer de quoi il s'agit. Je pense

  3   qu'il serait plus utile, en effet, de nous donner cette explication, et

  4   ensuite on va passer à l'autre dossier.

  5   R.  Je vous ai expliqué d'une façon très, très longue de quelle façon on

  6   fait ces rapports, les rapports d'appairage, mais ensuite ces rapports sont

  7   envoyés aux pathologistes, ceux qui nous ont envoyé au départ les

  8   échantillons osseux. Aujourd'hui, on le fait d'une autre façon. On le fait

  9   en passant par une organisation du gouvernement bosniaque, l'institut pour

 10   les personnes portées disparues. C'est l'institution qui a la charge des

 11   personnes portées disparues, et c'est eux qui envoient les dossiers au

 12   pathologiste. Toujours est-il qu'un rapport ADN positif est envoyé à

 13   l'instance qui possède la dépouille de la personne portée disparue. La

 14   personne qui va recevoir le rapport doit vérifier si, du point de vue

 15   biologique, cela correspond aux informations qu'il possède au sujet de

 16   l'âge, le sexe, et cetera, des restes humains. Est-ce que cela correspond

 17   aussi aux conditions de la disparition ? Est-ce que c'est le corps qui a

 18   été trouvé dans une fosse commune, par exemple, près de Srebrenica ? Et

 19   vérifier que la famille a bien déclaré que c'est justement par rapport à

 20   Srebrenica que la personne a disparu.

 21   Ensuite, on va aussi vérifier les objets retrouvés sur le corps, et

 22   cetera, et le médecin légiste va, sur la base de ce rapport ADN et du corps

 23   et de l'analyse des restes trouvés, il va, sur la base de toutes ces

 24   informations, pouvoir élaborer le certificat de décès.

 25   En ce qui concerne Srebrenica, c'est le Dr Rifat Kesetovic qui a fait

 26   tout cela à Podrinje dans l'organisation PIP. Une fois que ce dossier est

 27   déclaré clos, on peut transmettre le corps à la famille, et la famille va

 28   prendre connaissance de l'intégralité du dossier. Donc c'est la différence


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  1   entre le rapport des échantillons ADN et la clôture du dossier.

  2   Q.  Est-ce qu'on peut dire que la commission internationale participe à

  3   cette déclaration finale, à savoir au rapport de décès établi par le

  4   médecin légiste ?

  5   R.  Oui, bien sûr.

  6   Q.  Puis, en ce qui concerne le critère de sûreté de l'identification, vous

  7   avez dit que la valeur la moins élevée est celle des 99,95 %.

  8   R.  Oui, c'est exact. C'est bien cela le pourcentage.

  9   Q.  Maintenant je vais vous montrer un document --

 10   M. VANDERPUYE : [interprétation] Mais je pense que nous devons tout de même

 11   passer à huis clos partiel, puisque nous allons peut-être être amenés à

 12   montrer des noms.

 13   M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation]

 14   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

 15   [Audience à huis clos partiel]

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  9   [Audience publique]

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Mais nous ne pouvons pas

 11   poursuivre parce que le moment est venu pour prendre notre deuxième pause,

 12   et ensuite nous allons poursuivre nos travaux à 6 heures 15 minutes.

 13   --- L'audience est suspendue à 17 heures 45.

 14   --- L'audience est reprise à 18 heures 16.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Vanderpuye, veuillez

 16   continuer.

 17   M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 18   Q.  Monsieur Parsons, au moment où nous avons levé la séance tout à

 19   l'heure, je venais de vous poser une question, à savoir comment vous étiez

 20   sûr que c'était bien cela le document envoyé au médecin légiste. Et vous

 21   avez commencé à répondre.

 22   R.  Oui. Si j'ai bien compris, je peux me servir de ce stylet pour noter ce

 23   que je veux sur l'écran. Je le vois immédiatement. Est-ce que vous voyez le

 24   curseur qui se déplace ?

 25   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] C'est le greffier [comme interprété]

 26   qui va vous aider pour que vous puissiez annoter ce document.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Il serait plus facile si j'annote justement la

 28   partie qui m'intéresse. Donc, ici, vous voyez les profils génétiques de ces


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  1   personnes. Et la façon qui me permet de vérifier que tout cela a été envoyé

  2   au médecin légiste est le fait que ces génotypes-ci sont codés de la façon

  3   qui vous permet de voir quels sont les rapports entre ces individus de

  4   sorte que vous ne pouvez pas savoir quel est le profil génétique de ces

  5   personnes. Et nous faisons cela à cause du respect de la vie privée des

  6   individus.

  7   M. VANDERPUYE : [interprétation] Est-ce qu'on peut verser ce document.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Eh bien, il nous serait plus utile si

  9   les explications que vous nous avez fournies par rapport aux deux parties

 10   que vous avez annotées. Est-ce que vous pouvez annoter à nouveau parce

 11   qu'on a perdu le document, on ne le voit plus sur l'écran. Voilà.

 12   Maintenant ajoutez les chiffres 1 au premier cercle et 2 au deuxième, et

 13   ensuite dites-nous de quoi il s'agit.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Sous le numéro 1, nous avons le profil

 15   génétique codé, le profil de la victime, donc du squelette, des restes que

 16   l'on a retrouvés; et sous 2, le deuxième cercle correspond au profil

 17   génétique, chiffré aussi, d'un membre de la famille.

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Parfait.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Et ensuite, il y a d'autres éléments que je

 20   n'ai pas annotés, que je n'ai pas encerclés.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Donc il s'agit là d'un

 22   membre de la famille.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous en prie.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Donc M. Vanderpuye a demandé à ce que

 25   ceci soit versé au dossier et nous allons le verser au dossier.

 26   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P1938, Monsieur

 27   le Président.

 28   M. VANDERPUYE : [interprétation]


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  1   Q.  Avant de passer à la page suivante, Monsieur, veuillez regarder ce qui

  2   est écrit en bas à gauche sur cette page. On voit quel est l'échantillon de

  3   référence. Pour le compte rendu d'audience, pourriez-vous nous dire si

  4   c'est bien la photo de l'échantillon qui a servi de base pour faire cette

  5   vérification ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Est-ce qu'on fait cela à chaque fois qu'on essaie d'établir un rapport

  8   ADN ?

  9   R.  Oui.

 10   M. VANDERPUYE : [aucune interprétation]

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Cette pièce vient d'être versée au

 12   dossier sous scellé.

 13   M. VANDERPUYE : [interprétation]

 14   Q.  Pourriez-vous nous dire ce que l'on voit ici ?

 15   R.  Ici, c'est une autre version du rapport ADN qui existe aussi dans

 16   l'ICMP. Ici, nous voyons des profils génétiques qui ne sont pas chiffrés,

 17   donc un généticien pourrait, sur la base de ces informations, dire

 18   exactement quel est le profil génétique de cette personne. Moi, je vous ai

 19   dit que nous n'envoyons jamais à l'extérieur ce genre de document pour

 20   respecter de la vie privée des individus. Et tout à la fin, vous avez toute

 21   une série de lignes où l'on peut apposer une signature. Ceci nous montre

 22   exactement le processus, parce qu'une fois qu'on a établi le profil

 23   génétique, on le renvoie au laboratoire ADN, où on procède à d'autres

 24   examens, et à la fin, on appose une signature à la fin du document pour

 25   certifier qu'il s'agit d'un examen accompli et exact. Donc c'est vraiment

 26   une procédure typique qui confirme l'exactitude des informations.

 27   Q.  La fiabilité statistique par rapport à l'échantillon et les membres de

 28   la famille, on voit cela sur ce document, c'est en bas de la page. Pouvez-


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  1   vous nous dire de quoi il s'agit ?

  2   M. VANDERPUYE : [interprétation] Est-ce qu'on peut agrandir déjà cette

  3   pièce pour mieux voir.

  4   Q.  Donc, est-ce que vous pourriez nous dire de quoi il s'agit ? On parle

  5   de la probabilité. Ce n'est pas quelque chose qui a été traduit.

  6   "Les résultats de l'ADN obtenus à partir de l'échantillon osseux BIS

  7   01 SEK 040 B (f) sont 900e 15 fois plus vraisemblables si l'échantillon

  8   osseux vient d'une personne ayant un lien de parenté avec les échantillons

  9   sanguins en question et décrit dans ce rapport que si l'échantillon osseux

 10   vient d'un autre individu de la population générale qui n'a aucun lien de

 11   parenté avec la victime. La probabilité de lien est ici décrite comme

 12   dépassant 99,99999 %."

 13   Qu'est-ce que cela veut dire ?

 14   R.  Eh bien, après 900, vous voyez un petit "e", cela nous donne la valeur

 15   exponentielle sur la base du chiffre 10, donc 900 fois 10 sur 15. Donc,

 16   après le chiffre 90 [comme interprété] - vous avez un point, donc c'est un

 17   chiffre décimal -et ensuite vous avez dix chiffres 9. Donc c'est 900

 18   milliards.

 19   Q.  Et que veut dire ce chiffre-là, l'autre chiffre, 1 sur 7 000 ?

 20   R.  Je vais revenir sur le chiffre original, à savoir 900 trillions. Il

 21   s'agit d'une probabilité, et c'est le résultat du test ADN. Dans les

 22   statistiques dans la médecine légale, il s'agit de la probabilité. Après

 23   avoir fait le test, vous êtes encore plus sûr qu'avant. Il est probable

 24   qu'avant, il y avait des indices, des informations indiquant qu'il s'agit

 25   bien de cette personne-là, mais après avoir fait le test, nous sommes 900

 26   milliards de millions de fois plus sûrs qu'avant.

 27   Et cela dépend du degré de certitude d'avant avoir fait les tests.

 28   Ici, on voit qu'avant d'avoir fait le test, il y avait une possibilité sur


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  1   7 000, avant avoir fait le test ADN, que l'échantillon n'appartenait pas à

  2   la personne indiquée. Quand je parle de 7 000, ce sont les 7 000 personnes

  3   disparues à Srebrenica. On sait que c'est une personne retrouvée dans la

  4   fosse commune liée à Srebrenica. C'est pour cela qu'il s'agit d'un

  5   échantillon sur 7 000. Et donc, quand vous comparez cela au facteur de 900

  6   trillions, vous arrivez à une probabilité extrêmement élevée.

  7   On n'a pas ajouté tous les chiffres 9 qui suivent après 99.9999 parce

  8   qu'il y en a plus que neuf --

  9   Q.  [aucune interprétation]

 10   M. VANDERPUYE : [interprétation] Je vais demander que l'on montre le

 11   document 06723A en vertu de l'article 65 ter.

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je n'ai pas la liste mise à

 13   jour, mais je suppose que c'est quelque chose qui figurait sur votre

 14   dernière liste ?

 15   M. VANDERPUYE : [interprétation] Oui. Je suis désolé que vous n'avez

 16   pas la liste mise à jour.

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Vous n'avez pas besoin de

 18   présenter vos excuses. Sans doute que l'erreur vient de nous. Nous allons

 19   verser cela au dossier.

 20   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P1939 sous

 21   pli scellé.

 22   M. VANDERPUYE : [interprétation] Je voudrais montrer un autre document au

 23   Dr Parsons, et c'est le document 7191 en vertu de l'article 65 ter. Ceci ne

 24   devrait pas être montré au public.

 25   Monsieur le Président, vu qu'ici on a plusieurs tableaux, nous allons

 26   utiliser le logiciel Sanction pour pouvoir les montrer sur les écrans dans

 27   ce prétoire. Est-ce que l'on peut procéder comme cela ?

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bien sûr. Allez-y.


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  1   M. VANDERPUYE : [interprétation]

  2   Q.  Monsieur Parsons, est-ce que vous reconnaissez cela ?

  3   R.  Il s'agit là de la page de garde -- en fait, je ne connais pas la page

  4   de garde, mais il s'agit d'une page de garde -- je n'avais pas le bon

  5   document. Voilà. C'est la page de garde d'un document Excel qui a été

  6   communiqué par la commission internationale à votre bureau.

  7   Q.  Est-ce que cela correspond aux rapports d'appariement qui sont le

  8   résultat du processus que vous venez de décrire ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Je vais demander que l'on nous montre le document qui se trouve au

 11   premier intercalaire, qui concerne les "événements à Srebrenica". On a

 12   aussi l'intercalaire qui concerne "Zepa", et puis le troisième qui n'est

 13   "lié qu'en partie", et puis le quatrième qui n'a "rien à voir".

 14   Veuillez examiner avec moi ce tableau.

 15   R.  [aucune interprétation]

 16   Q.  Tout d'abord, on va regarder ce qui est écrit ici. Déjà à la première

 17   ligne, on voit la date de naissance, ensuite le "protocol ID".

 18   Pourriez-vous nous dire ce que c'est que l'identification du

 19   protocole ?

 20   R.  Chaque entrée horizontale correspond à un rapport d'appariement de

 21   l'ADN qui est ici répertorié. A la première colonne, vous voyez le nom de

 22   la personne concernée. Et en ce qui concerne la question posée, c'est tout

 23   simplement un numéro interne utilisé par la commission et qui est attribué

 24   au rapport en question.

 25   Q.  Ensuite, "l'identification du cas étudié" ?

 26   R.  C'est le nom de l'échantillon, si j'ose dire. C'est une identification

 27   chiffrée qui identifie l'échantillon qui est arrivé dans la commission

 28   internationale.


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  1   Q.  Ce nom qui est donné à cet échantillon, est-ce qu'on peut faire le lien

  2   entre cela et ce que je viens de montrer tout à l'heure, à savoir c'est

  3   quelque chose qui va servir à identifier les corps ?

  4   R.  Oui, c'est exactement le numéro en question.

  5   Q.  Ensuite, on voit la colonne E, où on peut lire "ID ICMP".

  6   R.  Là encore, c'est un numéro interne utilisé par la commission qui

  7   concerne la personne portée disparue. Donc le numéro qui est utilisé à

  8   l'intérieur de la commission va être lié au numéro du rapport, et c'est de

  9   cette façon-là que l'on va faire le lien entre le rapport et la personne.

 10   Q.  Ensuite, on voit les "coordonnées des lieux", ensuite la "compétence"

 11   et la "date de la présentation du dossier". Qu'est-ce que cela représente ?

 12   R.  C'est la date à laquelle la commission a communiqué ce rapport

 13   d'appariement de l'ADN à un organe externe.

 14   Q.  Qui fournit les informations sur la date de disparition ?

 15   R.  C'est le membre de la famille qui a déclaré la personne disparue.

 16   Q.  Ensuite, on voit les types de rapports. Pourriez-vous nous dire de quoi

 17   il s'agit là ?

 18   R.  S'il existe une affaire principale, cela veut dire que le rapport

 19   d'appariement est la première fois où l'on a pu établir un lien entre

 20   l'échantillon osseux et la personne disparue. On a un autre cas de figure,

 21   c'est quand on a un deuxième échantillon osseux qui est lié avec la même

 22   personne.

 23   Q.  Ensuite, on voit l'intercalaire concernant Zepa. Ici, on peut voir que

 24   certaines personnes sont surlignées en rose. Est-ce que vous pourriez nous

 25   dire de quoi il s'agit ?

 26   R.  C'est le nouveau type de tableau qui fait partie de toute une série de

 27   tableaux qu'on a communiquée au bureau du Procureur. Chez moi, la couleur

 28   est plutôt beige que rosâtre. Il s'agit des nouveaux rapports d'appariement


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  1   par rapport aux rapports que nous vous avons envoyés auparavant.

  2   Q.  A présent je voudrais attirer votre attention sur les deux dernières

  3   colonnes, où il est écrit que "l'appariement définitif n'a pas eu lieu".

  4   Pourriez-vous nous dire ce que cela veut dire ? Nous avons le cas où

  5   certains échantillons ont fait l'objet d'un appariement de façon

  6   définitive, et d'autres non. Qu'est-ce que cela veut dire ?

  7   R.  Ces listes qui concernent les corps retrouvés à Srebrenica, on les a

  8   traitées ensemble à la demande du Tribunal pénal international pour l'ex-

  9   Yougoslavie. Il n'est pas habituel pour nous d'élaborer de telles listes.

 10   Cela ne fait pas partie de nos travaux. D'habitude, on ne fait pas cela.

 11   Mais il est arrivé que l'on vous envoie toute une série de listes, et au

 12   fur et à mesure que le temps s'écoulait, on recevait de nouvelles

 13   informations par rapport aux cas qui avaient déjà fait l'objet de

 14   différentes listes. Ici, nous avons apporté un certain nombre de

 15   corrections par rapport à des cas ou personnes qui ont déjà fait l'objet de

 16   différentes listes pour montrer que la situation a changé et de quelle

 17   façon.

 18   Donc le critère principal pour que le nom d'une personne se retrouve

 19   sur une telle liste c'est que la famille ait déclaré disparue une personne

 20   suite à la chute de Srebrenica en juillet 1995. C'était le critère

 21   principal.

 22   Ensuite, après avoir reçu d'autres informations, on mettait à jour ces

 23   listes. Ici, on trouve différentes catégories additionnelles. J'espère

 24   qu'on va réussir à les clarifier. Quand on va parler de cela, je pense

 25   qu'il sera plus facile de tout d'abord regarder la colonne dans le tableau

 26   où il est écrit "les cas où il n'y a pas eu d'appariement".

 27   Q.  Très bien.

 28   R.  Ici, nous avons six cas différents, six cas différents pour lesquels la


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  1   commission internationale pense qu'il n'y a pas de lien avec les événements

  2   à Srebrenica. Dans les commentaires, on décrit pourquoi la conclusion qu'on

  3   fait à présent est différente de la conclusion que nous avions faite

  4   auparavant.

  5   Je comprends très bien ce qui est écrit ici, mais je pourrais peut-

  6   être vous expliquer de quoi il s'agit pour que vous puissiez vraiment

  7   comprendre quels sont les facteurs à prendre en compte. On peut peut-être

  8   examiner un exemple.

  9   Voyons le premier exemple, le premier cas. Le commentaire de la

 10   commission est comme suit : "deux frères portés disparus". Cela veut dire

 11   qu'on les a déclarés disparus. Pour une personne, il est déclaré qu'elle a

 12   disparu en juillet 1995, et pour l'autre, en 1992. "La personne portée

 13   disparue en 1995 a été identifiée dans l'affaire Cancari." Donc il s'agit

 14   d'une fosse commune. Cancari qui est liée à Srebrenica. Et nous avons

 15   l'autre frère qui est porté disparu en 1992, et pas en 1995.

 16   Pour vous aider à comprendre, je vais dire ce qui suit : dépendant des

 17   échantillons de référence, l'analyse ADN ne va pas toujours permettre de

 18   faire la différence entre frères et sœurs, parce que si vous avez

 19   uniquement les échantillons d'un parent et frère et sœur, et si plusieurs

 20   frères ou sœurs sont portés disparus, l'analyse ADN ne va pas permettre de

 21   savoir laquelle des deux personnes a été identifiée. Ici, par exemple, on

 22   ne sait pas lequel des deux frères a été identifié. On sait que l'un des

 23   deux frères a été identifié, mais on ne sait pas lequel.

 24   Ici, nous avons un échantillon pour lequel nous savons qu'il vient de

 25   Srebrenica, alors que pour l'autre frère, on ne l'a pas porté disparu par

 26   rapport aux événements de Srebrenica, et c'est pour cela qu'on l'a exclu de

 27   la liste et on est arrivés à la conclusion que cet échantillon ADN

 28   appartient au frère.


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  1   M. VANDERPUYE : [interprétation] Je demande que ceci soit versé au dossier.

  2   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je voudrais poser la question au

  3   témoin par rapport à la colonne E, et je vais vous demander que l'on

  4   revienne à cette colonne intitulée numéro d'identification, commission

  5   internationale. Voilà. Il est peut-être nécessaire de revenir à la première

  6   page. Oui. Merci.

  7   Nous voyons qu'un nom apparaît trois fois, et c'est aux lignes 5, 6,

  8   et 7. Je ne vais pas maintenant lire les noms. Nous avons ici le numéro

  9   d'identification de la commission internationale identique dans la colonne

 10   E, mais pour ce qui est des numéros d'identification du cas, les numéros

 11   sont différents. J'aimerais que vous nous expliquiez cette divergence.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce que nous voyons à l'écran, parce que la

 13   partie droite n'est pas affichée -- maintenant on peut voir la partie

 14   droite. Mais moi, je n'arrive pas -- est-ce que quelqu'un peut me rappeler

 15   quelles sont les lignes dont vous avez parlé ? C'est 4, 5 et 6 ?

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je pense que c'est 5, 6 et 7. Ce sont

 17   les lignes.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Donc il semble qu'il s'agisse du cas 6, 7 et

 19   8, et c'est toujours le même nom d'une personne qui apparaît et qui porte

 20   le même numéro d'identification de la commission internationale.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] C'est 5, 6 et 7. Nous ne pouvons pas

 22   compter maintenant, mais je fais référence à un numéro spécifique pour ce

 23   qui est de la même personne qui apparaît dans les trois lignes.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est sous les numéros 6, 7 et 8 à mon écran,

 25   mais je pense qu'il s'agit du même cas.

 26   Lorsqu'on regarde la partie droite brièvement -- mais nous n'avons

 27   pas besoin de développer cela davantage. Nous avons le cas où une même et

 28   seule personne est enregistrée dans trois colonnes différentes. On a le cas


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  1   principal, et ensuite deux cas qui se reliaient au cas principal.

  2   Donc ces trois entrées d'appariement concernent trois échantillons

  3   différents qui ont été soumis à la commission internationale pour analyse

  4   de l'ADN, et c'est le premier échantillon qui avait l'air de pouvoir être

  5   recoupé avec les échantillons des membres de la famille de cette personne

  6   portée disparue au numéro 3175. Il y a eu deux autres échantillons prélevés

  7   sur les différentes parties de la même personne, donc on a trois

  8   échantillons de l'ADN différents des trois parties de corps différentes de

  9   la même personne, et c'est pour cela que le numéro d'identification de la

 10   Commission internationale est le même numéro.

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, mais cela a été retrouvé dans

 12   différentes fosses communes; est-ce vrai ? Puisqu'on voit ici que les trois

 13   localités différentes sont citées : Cancari, Kamenica et Zvornik,

 14   notamment.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Je pense que ces échantillons ne

 16   proviennent pas de différentes fosses communes. Je ne dispose pas

 17   d'informations définitives par rapport à cela, mais je dis cela puisque le

 18   numéro d'identification est CR-05 pour ce qui est de tous les trois cas.

 19   Selon notre mode opérationnel, cela concerne la fosse commune numéro 5 à la

 20   route de Cancari. Il y a un peu de confusion là pour ce qui est du

 21   toponyme; Cancari et Kamenica sont des appellations différentes pour un

 22   même lieu. Donc, lorsque les informations ont été enregistrées sur les

 23   formulaires avec les échantillons, une fois, quelqu'un a inscrit Cancari,

 24   et l'autre fois, Kamenica. Lorsqu'on regarde les codes des échantillons et

 25   le numéro d'identification du cas, je pense qu'il s'agit de la fosse

 26   commune numéro 5 le long de la route de Cancari. Il s'agit de différentes

 27   parties du corps de cette personne qui ont été défragmentées et qui ont été

 28   trouvées dans la fosse commune où il y avait beaucoup de fragments de


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  1   différents corps entrelacés.

  2   M. VANDERPUYE : [interprétation] Monsieur le Président, vous pouvez voir

  3   que les entrées concernant ce site sont les mêmes pour ce qui est de ces

  4   trois entrées.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci. Cela est clair maintenant.

  6   Ce document sera versé au dossier en tant que pièce.

  7   M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] P1940.

  9   M. VANDERPUYE : [interprétation] Et sous pli scellé --

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, sous pli scellé.

 11   M. VANDERPUYE : [interprétation] Monsieur le Président, j'en ai fini avec

 12   mon interrogatoire principal.

 13   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci.

 14   Monsieur Tolimir, maintenant vous pouvez commencer votre contre-

 15   interrogatoire.

 16   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je salue ce

 17   témoin. Et bien qu'on s'approche à la fin de l'audience, je souhaite que

 18   cette audience se finisse selon la volonté de Dieu, et non pas selon ma

 19   volonté. Je vous souhaite bon séjour ici et je vous salue au nom de la

 20   Défense.

 21   Contre-interrogatoire par M. Tolimir : 

 22   Q.  [interprétation] Mes questions concernent une partie de votre rapport.

 23   Lorsque M. Vanderpuye a parlé, à la page 48, des informations vous

 24   concernant, il a dit que vous êtes directeur du département médicolégal de

 25   la commission pour les personnes portées disparues. Est-ce qu'il s'agit

 26   d'un département médicolégal d'une instance judiciaire ? Et pourquoi cela

 27   s'appelle comme cela si vous n'avez rien à voir avec une instance

 28   judiciaire ?


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  1   R.  Il ne s'agit pas d'un centre scientifique pour la médecine légale. Je

  2   suis directeur du département qui s'occupe de la médecine légale dans le

  3   cadre de la commission internationale, qui s'intitule exactement le

  4   département pour la science de la médecine légale. Donc, moi, je surveille

  5   tout ce qui concerne la science de la médecine légale et supervisé par la

  6   commission internationale.

  7   Nous nous occupons des enquêtes, des recherches scientifiques d'après

  8   les normes de cette science qui s'appelle la médecine légale, et c'est pour

  9   cela que ce département s'appelle ainsi. De plus, nous pouvons voir que les

 10   résultats de nos analyses sont liés au procès, et c'est pour cela qu'on

 11   appelle ce centre le centre de médecine légale ou "judiciaire". Et cette

 12   institution a été accréditée en tant qu'institution de médecine légale.

 13   Q.  Merci. Pourquoi n'avez-vous pas un département qui s'occuperait des

 14   conclusions destinées à un tribunal ? Pourquoi n'avez-vous pas une personne

 15   dans votre équipe qui serait chargée de s'occuper des informations envoyées

 16   à ce Tribunal ?

 17   R.  Je ne sais pas s'il y a un problème dans l'interprétation, mais je n'ai

 18   pas compris votre question. Qu'est-ce que cela veut dire, responsable de

 19   certaines informations ? Moi, je suis responsable de la déposition que je

 20   fais aujourd'hui.

 21   Q.  Vous avez dit que le tribunal se trouve à Tuzla ou à Sarajevo. Pourquoi

 22   dans votre équipe vous n'avez pas une personne désignée et compétente pour

 23   ce qui est des activités qui ont lien avec ce Tribunal, si ce n'est pas

 24   toute votre organisation en tant que telle qui est responsable devant ce

 25   Tribunal ?

 26   R.  Les activités de la commission internationale n'ont pas pour objectif

 27   de travailler pour le Tribunal. Nous ne travaillons pas pour ce Tribunal

 28   international. Nous nous occupons de l'identification des personnes pour


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  1   pouvoir remettre leurs restes aux membres de leurs familles et pour

  2   assister le gouvernement de la Bosnie pour assumer la responsabilité

  3   concernant plusieurs questions qui se posent par rapport aux personnes

  4   portées disparues. Et lors de nos activités, il est devenu évident que pour

  5   ce qui est de ce Tribunal, son travail est pertinent. Et c'est pour cela

  6   que nous avons partagé nos informations avec le Tribunal et pourquoi je

  7   suis ici maintenant.

  8   Q.  Merci. Est-ce que vous êtes ici puisque vous avez voulu être ici, parce

  9   que c'était votre décision de venir, ou est-ce que vous avez été convoqué

 10   par un organe du Tribunal ?

 11   R.  Le bureau du Procureur de ce Tribunal nous a demandé de fournir les

 12   informations, et nous avons accepté de le faire.

 13   Q.  Donc le Tribunal a décidé que cela soit fait. Pourquoi n'avez-vous pas

 14   une personne dans votre équipe qui serait responsable de ces activités et

 15   de soumettre des rapports ? Pourquoi ne voulez-vous pas être responsable de

 16   ce vous faites et de ce que vous décrivez dans vos rapports ?

 17   R.  Tout ce que vous dites et ce que vous posez comme question, ce n'est

 18   pas fondé. Je suis responsable pour mon travail. Pourquoi dites-vous que

 19   nous ne sommes pas responsables ?

 20   Q.  Merci. Pour ce qui est de ce que vous faites, le procédé d'appariement

 21   des échantillons osseux et de sang et les analyses que vous envoyez au

 22   Tribunal, par rapport à tout cela, pourquoi il n'y a pas de procédure

 23   déterminée pour le faire ?

 24   R.  Je ne sais pas.

 25   Q.  Merci. A la page 42, à la ligne 5, M. Vanderpuye, donc le Procureur,

 26   vous a posé la question pour savoir qui supervise le travail de la

 27   commission. Donc pouvez-vous dire à la Chambre qui procède au contrôle des

 28   rapports rédigés par la commission qui sont transférés aux tribunaux ?


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  1   Merci.

  2   R.  La commission même est composée d'un certain nombre de commissaires,

  3   personnes qui assument la responsabilité pour ce qui est de l'existence et

  4   des activités de la commission internationale. Pour ce qui est de la

  5   supervision de la qualité scientifique et médicolégale de nos rapports, il

  6   faut que je vous rappelle qu'il y a eu des initiatives diverses pour que

  7   cela soit fait, et en particulier lorsqu'on a obtenu l'accréditation

  8   internationale pour nos activités en tant qu'institution scientifique.

  9   Q.  Pouvez-vous me dire à qui vous répondez pour ce qui est de votre

 10   travail; à votre employeur ou à l'institution pour laquelle vous effectuez

 11   votre travail ? Quel est l'organe, en quelque sorte, judiciaire au sens des

 12   sanctions éventuelles ?

 13   R.  Je réponds à mon employeur, à la commission internationale pour les

 14   personnes portées disparues.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] J'aimerais dire qu'à la page 42 du

 16   compte rendu d'aujourd'hui, par rapport à ce que vous avez dit tout à

 17   l'heure et qui a été consigné au compte rendu, je dois dire que M.

 18   Vanderpuye n'a pas posé de question. Il a lu le résumé, et ça c'est

 19   différent, puisque le résumé ne fait pas partie des pièces.

 20   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. C'est pour cela que j'ai posé cette

 21   question, pour savoir si c'est l'employeur ou la personne qui commandite

 22   les analyses.

 23   M. TOLIMIR : [interprétation] 

 24   Q.  A qui répondez-vous une fois votre travail terminé; à l'institution

 25   pour laquelle vous avez effectué l'analyse, qui vous a financé, ou a votre

 26   employeur ? Merci.

 27   R.  Cela dépend des éléments de notre travail auxquels vous faites

 28   référence. Pour ce qui est de notre travail lié aux fosses communes, cela


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  1   est fait selon l'ordonnance de la cour d'Etat de Bosnie-Herzégovine. Et

  2   pour ce qui est des personnes qui sont destinataires de nos rapports

  3   d'appariement des échantillons de l'ADN, il y a des médecins légistes

  4   désignés par les autorités de l'Etat qui nous soumettent des échantillons,

  5   après quoi nous leur envoyons nos rapports.

  6   Q.  Merci. A la page 47, à la ligne 10, me semble-t-il, vous avez dit que

  7   vous avez été engagé dans des travaux eu égard au à l'ouragan Katrina.

  8   Voilà ma question pour vous : qui vous a engagé à participer à ces travaux

  9   de recherche des personnes portées disparues dans ces deux événements ?

 10   Est-ce que vos conclusions dans vos rapports correspondent -- je me

 11   corrige. Est-ce que dans vos analyses vous avez décrit les circonstances ou

 12   la cause de la disparition d'une personne portée disparue ?

 13   R.  Vous m'avez posé la question concernant mon engagement pour ce qui est

 14   des activités liées au tsunami, et je vais commencer par là. Après le

 15   tsunami en 2006, si je me souviens bien, la communauté internationale a

 16   déployé beaucoup d'efforts pour réagir après cette catastrophe naturelle

 17   horrible qui a touché beaucoup de citoyens de beaucoup de pays. Et c'est

 18   comme cela que les équipes de médecins légistes de différents pays ont été

 19   envoyées sur place, en Thaïlande, et on a travaillé sur l'identification de

 20   milliers de personnes qui ont péri lors de cette catastrophe. Et sous

 21   l'autorité de la police nationale de Thaïlande, qui était responsable de

 22   tout cela, les équipes de médecins légistes de différents pays ont donc

 23   travaillé ensemble pour essayer de retrouver les cadavres et les

 24   identifier. La commission internationale a été invitée également pour, vu

 25   notre expérience et nos connaissances, essayer de s'occuper des

 26   échantillons des victimes et de profils de l'ADN pour faire des

 27   appariements. Mais nous n'avons pas formulé de conclusions pour ce qui est

 28   de la cause de décès de ces personnes.


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  1   Concernant l'ouragan Katrina, les autorités compétentes ont demandé notre

  2   assistance --

  3   Q.  Vous avez dit qu'il s'agissait d'une catastrophe naturelle. Etes-vous

  4   sûr qu'il s'agissait d'une catastrophe naturelle ou d'une autre catastrophe

  5   causée par l'homme, puisque le tsunami ne produit pas une autre vague ? Il

  6   n'y a que la première vague d'impact. Pourquoi vous dites qu'il s'agit,

  7   dans le cas du tsunami, d'une catastrophe naturelle ?

  8   R.  La commission internationale n'a pas de point de vue pour ce qui est de

  9   dire s'il s'agissait d'une catastrophe naturelle dans le cas du tsunami ou

 10   pas, donc il faut que d'autres experts considèrent cette question. Je pense

 11   que la plupart des gens dans le monde entier considèrent le tsunami comme

 12   étant une catastrophe naturelle.

 13   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] En tout cas, c'est quelque chose qui

 14   s'est passé dans l'environnement naturel.

 15   Mais il faut qu'on lève l'audience. Nous continuerons demain à 9

 16   heures dans la même salle d'audience.

 17   Monsieur le Témoin, je dois vous rappeler que vous n'êtes pas censé

 18   contacter les parties pendant la pause, donc d'ici à demain, 9 heures.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous souhaite bon séjour ici. Et

 21   l'audience est levée.

 22   [Le témoin quitte la barre]

 23   --- L'audience est levée à 18 heures 58 et reprendra le vendredi 25 février

 24   2011, à 09 heures 00.

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