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1 Le jeudi 24 février 2011
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 23.
5 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour. Toutes nos excuses car nous
6 commençons avec un certain retard. Nous avons eu une discussion mes
7 collègues et moi, et cette discussion n'était pas terminée.
8 Je voulais demander à la Défense ce qu'il en était par rapport à deux
9 pièces. J'avais soulevé la question il y a deux jours, et Me Gajic m'avait
10 promis, hier, de répondre aujourd'hui en début d'audience.
11 Donc, Maître Gajic, vous avez la parole.
12 M. GAJIC : [interprétation] Monsieur le Président, étant donné que les
13 documents 3165 et 3163 ont été traduits, le 3163 étant une photographie
14 d'ailleurs, nous pouvons maintenant changer leur statut. Ils ne seront plus
15 enregistrés aux fins d'identification, mais ils seront versés au dossier.
16 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui. Mais les cotes n'ont pas été
17 bien consignées. Il s'agissait des cotes suivantes : P1362 et P1363. Donc
18 ces deux documents sont maintenant versés au dossier et ne sont plus des
19 documents MFI. Je vous remercie.
20 Monsieur McCloskey, si vous n'avez pas d'autres questions à soulever, le
21 moment est venu de poser vos questions supplémentaires.
22 M. McCLOSKEY : [interprétation] Non, non, je n'ai absolument aucune autre
23 question à poser, si ce n'est mes questions supplémentaires, donc M.
24 Manning peut entrer.
25 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je souhaiterais que l'on fasse entrer
26 le témoin dans le prétoire.
27 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je voulais juste vous dire que le document
28 qui, apparemment, n'a pas été saisi dans le prétoire électronique, c'est un
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1 document dont nous aurons besoin, il s'agit du document D169, et je
2 souhaiterais donc qu'il soit placé sur le rétroprojecteur.
3 [Le témoin vient à la barre]
4 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, et sous pli scellé, n'est-ce pas
5 ?
6 M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
7 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Manning.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.
9 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Veuillez prendre place. Et j'aimerais
10 vous rappeler que la déclaration que vous avez prononcée en début de
11 déclaration solennelle est toujours valable.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, je comprends tout à fait, Monsieur
13 le Président.
14 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] M. McCloskey va vous poser ses
15 questions supplémentaires.
16 Je vous en prie, Monsieur McCloskey.
17 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je vous remercie.
18 LE TÉMOIN : DEAN MANNING [Reprise]
19 [Le témoin répond par l'interprète]
20 Nouvel interrogatoire par M. McCloskey :
21 Q. [interprétation] Monsieur Manning, je voulais juste revenir sur ce
22 document à nouveau. Nous allons attendre -- je pense que ce document
23 devrait bientôt être affiché sur le rétroprojecteur. Mais j'aimerais juste
24 rappeler à tout le monde qu'il s'agit d'une lettre dont il a été question
25 hier, il s'agit en fait de la lettre adressée à M. Masovic, à la commission
26 bosniaque relative aux personnes portées disparues. Alors, je ne sais pas
27 si vous vous en souvenez, mais hier, vous avez parlé d'une lettre lors de
28 votre interrogatoire principal, donc je voulais juste savoir, est-ce que
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1 c'était bien à cette lettre que vous pensiez ? Car je sais qu'il existe de
2 nombreuses lettres sur la question. Donc, je vous en prie, regardez ce dont
3 il s'agit.
4 R. Oui, Madame, Messieurs les Juges, je pense qu'il s'agit effectivement
5 du document auquel je faisais référence, qui indique que nous avons délégué
6 la responsabilité pour ces fosses communes, et vous voyez que leur liste se
7 trouve en annexe.
8 Q. J'aimerais appeler votre attention sur une ligne du dernier paragraphe.
9 Etant donné que nous n'avons pas de traduction, je vais vous en donner
10 lecture très lentement. Il s'agit du troisième paragraphe de la première
11 page, qui est comme suit, dernière phrase :
12 "Afin d'accélérer la procédure d'exhumation, le bureau du Procureur a
13 demandé l'aide des autorités appropriées (commissions) afin de mener à bien
14 les exhumations restantes sur les sites de fosses communes secondaires."
15 Donc, est-ce que vous vous souvenez ce qui était entendu par les "autorités
16 appropriées (commissions)" ?
17 R. Excusez-moi, Monsieur McCloskey, mais je n'ai pas vu la phrase en
18 question. Maintenant je la vois, oui.
19 Ecoutez, je suppose qu'il s'agit des organes gouvernementaux
20 appropriés qui seront responsables de la procédure d'exhumation.
21 Q. Donc, est-ce que vous vous souvenez que le bureau du Procureur a
22 demandé aux autorités de Bosnie-Herzégovine de remettre cela à un organe
23 pour qu'il s'occupe de la question ?
24 R. Non, non, je ne le pense pas. D'ailleurs, le libellé du document est
25 assez clair. Comme je vous l'ai dit, c'est moi qui ai rédigé ce document.
26 Bon, je ne me souviens pas maintenant de tous les détails du document en
27 question, mais le document a ensuite été reçu par le bureau du Procureur et
28 envoyé au gouvernement de la Bosnie avec une requête leur demandant
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1 d'assumer la responsabilité pour l'exhumation de ces fosses.
2 Q. Bien. Je n'ai plus de questions à vous poser sur cette question.
3 Je suis sûr que vous vous souviendrez, Monsieur, que le général
4 Tolimir avait dit que dans le rapport du Dr Haglund il était question d'une
5 identité militaire pour 142 Cerska. Dans votre rapport, vous faites
6 référence à certains éléments, mais vous ne faites pas référence à un
7 document d'identité militaire. J'aimerais vous demander quelques questions
8 de précision à ce sujet. Car vous vous souviendrez que vous avez parlé de
9 différents objets qui avaient été associés aux corps de Cerska, et vous
10 avez fait référence à des documents et à des montres, par exemple. Donc,
11 lorsque ces questions vous avaient été posées, j'ai demandé à mon équipe de
12 consulter la liste des objets. Vous vous souviendrez qu'il y a quelque 2
13 000 photographies qui ont été faites dans le cadre des exhumations et des
14 autopsies, vous les avez regardées, vous en avez fourni certaines
15 d'ailleurs à la Défense. Nous pensions d'ailleurs que cela aurait une
16 certaine pertinence. Je ne sais pas si la Défense a véritablement eu le
17 temps de tout assimiler, mais puisque nous parlons de cela, j'aimerais
18 justement éclaircir un peu la situation.
19 Alors, prenez votre rapport dans un premier temps, le document P1825.
20 M. McCLOSKEY : [interprétation] Page 102 pour le prétoire électronique.
21 Q. Hier, très rapidement, j'ai parcouru certaines listes des documents
22 relatifs à d'autres fosses communes. Alors, est-ce que vous vous seriez
23 attendu à trouver -- si vous aviez trouvé des documents militaires, est-ce
24 que vous en auriez dressé une liste ?
25 R. Ecoutez, je suis sûr que si ces documents étaient lisibles, j'en aurais
26 dressé la liste tel quel ou tels qu'ils sont décrits par le groupe du Dr
27 Haglund. Donc je pense en fait que dans d'autres fosses communes, il y a
28 des références à des documents militaires, certes. Je me souviens, par
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1 exemple, qu'il y avait une carte d'hospitalisation avec le jour de la
2 sortie d'hôpital. Il y avait également une carte ou un livret militaire
3 dans l'une des fosses communes. Mais je suis sûr en fait que si je vérifie
4 le rapport, je trouverais des références à des documents militaires.
5 Q. Alors, nous allons prendre un exemple. Regardez, trois ou quatre
6 lignes. Regardez, Lazete Orahovac. Bon, je ne sais pas si vous êtes en
7 mesure de lire, mais il est question de documents militaires --
8 R. Oui, je peux lire. LZ-2, 007, et puis LZ-2. Voyez que vous avez le 010
9 où il est question d'une carte militaire. Dans le premier cas, il est écrit
10 document militaire; dans le deuxième cas, il s'agit de carte militaire. Et
11 puis, je vois que vous avez également -- non, là il s'agit en fait d'une
12 carte de la marine marchande. Mais les deux premiers dont je viens de vous
13 donner des détails c'étaient bien des documents militaires.
14 Q. Alors, nous allons revenir à Osmo Muminovic. Il s'agit de la page 98,
15 donc quelques pages plus tôt par rapport à celle qui est affichée à
16 l'écran. Si vous prenez la première page - est-ce que vous pouvez
17 l'agrandir - vous voyez "objets permettant d'identifier". Vous avez pour
18 Osmo Muminovic, le Cerska 142, vous avez un permis de conduire, puis vous
19 avez également un chapelet de prière pour le Cerska 142. Donc regardez ces
20 quelques photographies que nous avons trouvées.
21 M. McCLOSKEY : [interprétation] Document 07192 de la liste 65 ter, page 2.
22 Q. Monsieur Manning, alors -- je ne sais pas si nous archivons les
23 photographies de façon différente qu'au moment où vous, vous les archiviez,
24 mais regardez cette image. Est-ce que vous pourriez, par exemple, nous
25 expliquer -- d'abord nous dire si vous reconnaissez ce dont il s'agit, pour
26 commencer ?
27 R. Oui, oui. Il s'agit d'une photographie mortuaire, alors vous avez CSK-
28 142, c'est l'abréviation qui correspond à la fosse de Cerska. Il s'agit du
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1 corps numéro 142, de l'objet numéro 12, 12A d'ailleurs, plus précisément.
2 Cela signifie qu'il y avait plusieurs objets. Bon, c'est probablement un
3 portefeuille qui a été trouvé, et vous avez également le chiffre A qui
4 correspond à un objet qui a été retrouvé. Là c'est, je ne sais pas, soit un
5 permis de conduire, soit une carte d'identité. En fait, il s'agit d'un
6 permis de conduire. Vous avez donc la traduction du document qui a été
7 faite. Et vous voyez que la photographie de la personne s'est tellement
8 estompée qu'on ne le reconnaît plus. Cela se passait très souvent; vous
9 sortiez l'objet de la fosse ou vous enleviez l'objet du corps, et l'image
10 disparaissait en fait, et nous n'avions pas les possibilités techniques
11 pour empêcher cela. Et de toute façon, à partir du moment où on retirait
12 l'objet de la fosse, il commençait à se détériorer très, très rapidement.
13 Q. Mais est-ce que vous pensez qu'il s'agit du permis de conduire auquel
14 vous faites référence dans votre rapport ?
15 R. Oui, je le pense.
16 M. McCLOSKEY : [interprétation] Page suivante, je vous prie. Page 3 de ce
17 document.
18 Q. Alors, vous voyez qu'il s'agit une fois de plus de Cerska 142. Vous
19 avez une traduction en haut de l'écran. Qu'est-ce que cela vous indique à
20 propos de ce document-ci ?
21 R. C'est une carte d'identité.
22 Q. Est-ce que vous vous souvenez qui a fait ces traductions avec la
23 photographie ?
24 R. Lorsque l'objet a été examiné à la morgue, et je pense que cela a été
25 fait dans le village de Kladanj à l'époque, vous aviez le photographe
26 présent sur les lieux du crime, donc c'est lui qui a fait la photographie,
27 et je pense que la traduction a été faite par l'un des membres du personnel
28 de la morgue.
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1 Q. Nous ne voyons pas qu'une carte d'identité fasse partie de la liste des
2 objets d'identification; nous n'avons que le permis de conduire. Est-ce que
3 cela a une importance ?
4 R. Ecoutez, je ne sais pas pourquoi je n'ai pas inclus ce document dans ma
5 liste. Peut-être parce que le document lui-même est absolument illisible.
6 En tout cas, quand je l'ai examiné, il était illisible, et l'information
7 que vous avez au-dessus pourrait être utilisée à des fins d'identification,
8 mais il faut savoir que l'on ne pouvait pas véritablement extraire les
9 données de la carte d'identité, parce qu'elle était véritablement
10 extrêmement détériorée, dégradée. Mais ce sont des renseignements qui ont
11 été inclus dans l'ensemble des informations pour Cerska 142. Mais ce que je
12 pense, c'est qu'au moment où j'ai examiné le document, il était
13 complètement illisible. Voilà l'explication.
14 Q. Bien.
15 M. McCLOSKEY : [interprétation] Page suivante, je vous prie.
16 Q. Eh bien, nous voyons très clairement une montre. Est-ce que vous savez
17 ce que sont ces autres objets, d'après votre expérience ?
18 R. Il s'agit de l'objet numéro 9. Donc une montre, une cigarette ou une
19 partie, plutôt, d'une pipe, et puis la boîte, je pense que c'est une blague
20 à tabac; elles étaient très prisées. Je pense en fait qu'il y en a
21 certaines qui avaient un nom inscrit, donc que nous avons pu utiliser comme
22 identification. Il y en avait d'autres qui n'avaient pas de motifs, comme
23 celle-ci.
24 Q. Mais cela ne figure pas dans votre rapport ?
25 R. Non, parce qu'il s'agissait d'un résumé, donc il fallait qu'il soit
26 succinct. S'il y avait eu un nom sur la blague à tabac, je l'aurais
27 inscrit, bien entendu, je l'aurais inclus. S'il y avait eu une inscription
28 sur la montre, je l'aurais également incluse, mais là il s'agissait tout
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1 simplement d'un résumé qui montrait les différentes possibilités
2 d'identification pour nous. Et donc, j'espère que le document ainsi pouvait
3 être utile à des agence, telles que le PHR, lorsqu'ils ont commencé à
4 examiner ces objets à des fins d'identification.
5 Q. Bien.
6 M. McCLOSKEY : [interprétation] Page suivante.
7 Q. Brièvement, de quoi s'agit-il ?
8 R. Ce qui est en noir, cet objet noir, c'est un portefeuille ou quelque
9 chose de ce style-là. Et puis, l'autre c'est probablement un objet
10 religieux. Puis ensuite, vous avez une pierre pour faire du feu, une pierre
11 à briquet.
12 M. McCLOSKEY : [interprétation] Page suivante, je vous prie.
13 Q. De quoi s'agit-il ?
14 R. Il s'agit du chapelet dont je vous ai parlé. J'avais indiqué qu'il
15 s'agissait peut-être d'un objet religieux. Je n'ai pas mis dans la liste
16 qu'il y avait un peigne. Mais vous voyez en fait qu'il s'agit d'objets qui
17 appartiennent au numéro 142.
18 Q. Très bien.
19 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que vous êtes sûr qu'il s'agit
20 de CSK-142 ou 143 ? Ce n'est pas très, très lisible le dernier chiffre.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous avez raison, Monsieur le Président, mais
22 je suppose que cela faisait partie de la même série d'objets. Si vous
23 prenez le numéro du coin supérieur droit, cela vous permet de comprendre
24 qu'il s'agit du numéro F suivant. Donc il y a également un registre
25 photographique qui accompagne ces photographies. Bon, je suis sûr que nous
26 pouvons vérifier ou que le bureau du Procureur pourra vérifier ce chiffre.
27 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je ne sais pas. Est-ce que vous
28 pouvez agrandir. Agrandissez juste ceci. C'est très, très difficile.
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1 Monsieur McCloskey, poursuivez. C'est très difficile. Ce n'est pas très
2 lisible.
3 M. McCLOSKEY : [interprétation] Alors, page précédente, je vous prie.
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Le numéro F est un numéro qui est apposé
5 sur le cliché photographique à proprement parler. En fait, il ne s'agit pas
6 de photos numériques. Il s'agit de film, donc chaque photo s'était vue
7 attribuer un numéro. Moi, je vois que les trois derniers chiffres c'est
8 421, ou plutôt, je suis sûr qu'il s'agit du 142, parce que vous avez la
9 photo suivante, qui est Cerska 142, et de toute façon, il y a un registre
10 qui accompagne tout cela. Vous avez donc le dernier objet qui est l'objet
11 numéro 11, alors si vous voyez ce que je veux dire, cela va de l'objet
12 numéro 1 à l'objet numéro 11 pour Cerska 142.
13 Q. Page suivante, je vous prie, et vous verrez. Là il s'agit de l'objet
14 numéro 10. Regardez, 564-21, objet 11.
15 Donc j'ai demandé à M. Manning [comme interprété] s'il pouvait
16 trouver des documents militaires associés à Cerska 142, et maintenant j'ai
17 quelque chose à vous montrer à ce sujet.
18 M. McCLOSKEY : [interprétation] Il s'agit du numéro 7193 de la liste 65
19 ter.
20 Q. Monsieur Manning, j'aimerais vous montrer le jeu de documents
21 d'origine.
22 M. McCLOSKEY : [interprétation] Donc vous verrez qu'il est confirmé que M.
23 Manning a reçu ceci le 14 mai 1999. Si vous pouvez remettre cela aux Juges.
24 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui. Dans un premier temps à la
25 Défense, je vous prie, et puis au témoin.
26 M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est justement l'un des documents que j'ai
27 envoyés en version électronique à la Défense. Ce sont les documents que
28 nous avons trouvés hier.
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1 Nous attendons la couverture. J'aimerais que la couverture soit affichée
2 pour que nous la voyions, je vous prie. Et vous verrez, Madame, Messieurs
3 les Juges, que j'ai mis une petite étiquette. Elle va être montrée dans un
4 petit moment avec la traduction.
5 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie. La Chambre s'est
6 maintenant penchée sur ces documents, alors vous pouvez maintenant remettre
7 cela au témoin.
8 M. McCLOSKEY : [interprétation]
9 Q. Je sais que de nombreuses années se sont écoulées depuis, Monsieur
10 Manning, mais regardez. Regardez cette première page qui montre que vous
11 avez bien reçu les documents en question. Regardez, parcourrez cela.
12 Regardez si cela évoque quoi que ce soit pour vous.
13 Alors, si cela vous rafraîchit la mémoire, je vous dirais que ce dossier a
14 été trouvé avec un groupe de cinq à six autres dossiers qui correspondaient
15 à des hommes, en fait, identifiés dans votre rapport, page 96 pour le
16 prétoire électronique, et le PHR a établi les identités grâce à l'ADN.
17 R. Ecoutez, je reconnais en tout cas ma signature sur la première page de
18 ce document, et puis je reconnais le type de document en question. Je ne me
19 souviens pas, ceci étant dit, avoir reçu ce document précis. Il est
20 semblable à des milliers d'autres dossiers que j'ai reçus. Donc il s'agit
21 d'un rapport ou d'un dossier d'autopsie normal qui vient du PHR pour cette
22 période. Puis, au verso, je vois qu'il y a une liste des documents qui ont
23 été trouvés, notamment il y a certains détails qui précisent cela pour ces
24 documents; vous avez, par exemple, certaines notes manuscrites qui ont été
25 faites à propos de ces documents, puis vous avez également la feuille qui
26 permet d'établir le lien avec le corps et les objets.
27 M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce que nous pourrions afficher la page
28 71. Parce qu'en fait, c'est tout le document qui est dans le prétoire
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1 électronique. Donc, moi, je voudrais la page 71. C'est la page 71 où j'ai
2 mis en rouge, et d'ailleurs si le système fonctionne, nous devrions voir
3 une traduction.
4 Q. Monsieur Manning, avant cette page dans le dossier, il y a ce qui
5 semblerait être des photocopies de documents qui sont semblables à
6 certaines des photographies que vous aviez reçues et dont nous venons de
7 parler. J'ai une question fort simple à vous poser à ce sujet -- bon, le
8 texte est lisible --
9 R. Hm-hm.
10 Q. Vous voyez que c'est un texte qui est intitulé "ordre". C'est un ordre
11 de la présidence de Guerre de Bosnie-Herzégovine, ordre donné en 1992 à M.
12 Osmo Muminovic, qui était le numéro 142. En fait, il s'agit
13 fondamentalement de lui demander de l'envoyer pour qu'il devienne le
14 commandant des gardes. Nous nous souvenons de ce qu'il y avait à Zeleni
15 Jadar. Voilà, nous avons ce document militaire. Donc, voilà. Nous pouvons
16 mettre cela à [inaudible]. Voilà, il s'agit d'un document militaire. Voilà,
17 ce sont des dossiers que vous aviez reçus. Est-ce que vous pouvez nous
18 fournir une explication ?
19 R. Oui, je peux tout à fait. Je ne me souviens pas d'avoir vu ce jeu de
20 documents. Cela, je ne m'en souviens pas. Mais ce que je sais en fait,
21 c'était que c'était en B/C/S. Et j'accepte tout à fait qu'il s'agissait
22 d'un ordre militaire et que je ne l'ai peut-être pas inclus dans le
23 document. Peut-être parce qu'il est écrit Osmo Muminovic et c'est tout ce
24 qui est écrit, alors que dans l'autre document, j'ai une date de naissance,
25 une adresse, j'ai donc davantage de données qui facilitent en tout cas
26 l'identification. Je ne sais absolument pas pourquoi ce document n'est pas
27 énuméré. Il est énuméré dans le rapport du Dr Haglund. Ceci étant dit,
28 peut-être que je ne l'ai pas énuméré parce qu'il ne permet pas d'identifier
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1 Osmo Muminovic plus que l'autre document. Mais bon, je n'ai aucun souvenir
2 de cela, je m'en excuse.
3 Q. [aucune interprétation]
4 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Maître Gajic.
5 M. GAJIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais attirer votre
6 attention sur un point dans le rapport, et on a insisté là-dessus lors de
7 notre contre-interrogatoire. Dans la pièce P1071, à la page 65 en anglais,
8 il est dit "les ordres militaires" au pluriel, donc cela veut dire qu'il y
9 a eu plusieurs ordres militaires. Nous serions d'accord pour dire que ce
10 qu'on voit affiché à l'écran est un ordre militaire, mais seulement un
11 ordre militaire.
12 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey.
13 M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Nous avons
14 procédé à l'examen de tous les documents et toutes les photographies que M.
15 Manning avait reçus de l'organisation Médecins pour les droits de l'homme.
16 C'était le premier recueil; et il n'y a pas eu de telle photographie. Nous
17 avons retrouvé les photographies dans un autre dossier séparé, et c'est ce
18 que nous avons. Nous n'avons pas pu trouver d'autres choses. Il n'y a peut-
19 être pas d'autres documents -- mais je pense qu'on a déjà assez parlé de ce
20 sujet. Peut-être que c'était plus que nécessaire, mais je pense que c'est
21 un sujet intéressant. Nous avons trouvé ce document et nous avons pensé
22 qu'il serait utile que ce document soit montré.
23 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vois que nous avons deux documents
24 affichés à l'écran maintenant. Vous pouvez peut-être clarifier cela avec le
25 témoin, Monsieur McCloskey.
26 M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui.
27 Q. Monsieur Manning, oui, M. le Président a raison. Nous voyons qu'ici on
28 a une "carte d'abonnement", et on voit une ligne verticale qui sépare les
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1 ordres militaires des cartes d'abonnement. Pouvez-vous expliquer cela ?
2 R. Monsieur le Président, je ne reconnais pas ce document. On a eu des
3 milliers et des milliers de documents. Je suppose que je n'ai pas intégré
4 cela à la liste puisque cela n'était pas utile pour les identifications des
5 victimes. Encore une fois, mon rapport a été un résumé et -- mais c'étaient
6 les Médecins pour les droits de l'homme qui ont travaillé sur ces
7 documents, et ils m'ont fourni ces documents. C'était pour pouvoir
8 identifier des personnes. Et je ne me souviens pas s'il s'agissait d'une
9 coopérative ou d'une organisation militaire, d'une coopérative de logement,
10 et cetera.
11 Q. Permettez-moi d'aborder un autre sujet, et c'est le sujet qui a été
12 abordé par le général Tolimir. Il a dit, à la page 10 262 : "Puisque c'est
13 Cerska, et il y a eu des combats à Cerska avant, est-ce qu'il est possible
14 que dans ces documents, on peut voir que ces victimes avaient péri avant
15 cette période ou pendant la période où Srebrenica est tombée en juillet
16 1995…"
17 Ensuite, cela continue. A la page 10 278, il fait la déclaration
18 similaire par rapport au même sujet :
19 "Puisque c'est très important à la Chambre, puisqu'en 1993, certaines
20 personnes ont été tuées à Cerska, et il est possible que ces personnes
21 auraient été tuées par d'autres personnes. Dans les documents militaires,
22 on peut lire cela."
23 Je suis certain que vous allez vous souvenir que vous avez discuté de
24 cela avec lui, parce que sous le numéro 142, dans cette fosse commune, il y
25 a des victimes qui ont péri dans les combats ou lors d'autres incidents
26 précédant le massacre.
27 M. McCLOSKEY : [interprétation] Maintenant j'aimerais qu'on affiche P94. Il
28 nous faut la page 223.
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1 Q. Est-ce que vous vous souvenez -- là on va aborder un autre sujet. Mais
2 puisque nous parlons de cela, nous allons en parler. Vous allez vous
3 souvenir que le général Tolimir a parlé de l'entretien que vous avez eu
4 avec M. Becirovic [sic] lorsque vous avez mentionné que vous aviez une vue
5 aérienne des exécutions, et Mme le Juge Nyambe vous a posé une question là-
6 dessus. Avez-vous eu l'occasion de voir cette image avant ?
7 R. Oui, je l'ai déjà vue. Je ne sais pas ce que représente ce qui est
8 ajouté en couleur, mais je sais qu'il s'agit de la vue aérienne de la ferme
9 militaire de Branjevo.
10 M. McCLOSKEY : [interprétation] J'ai également une photo ordinaire,
11 Monsieur le Président. J'aimerais montrer au témoin cette photo pour voir
12 s'il a vu également cette photo. Puisque cette photo imprimée est plus
13 nette que la vue aérienne affichée dans le prétoire électronique.
14 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, cela peut être montré au témoin,
15 et à la Défense aussi.
16 Monsieur McCloskey, pouvez-vous nous dire ce qu'on voit sur la copie papier
17 de la photographie qui a été remise au témoin ?
18 M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, c'est la même
19 photographie que la photographie qu'on voit dans le système électronique.
20 C'est la même photographie. Je ne sais pas si vous pouvez vous souvenir de
21 cela, M. Ruez a parlé là-dessus il y a plusieurs mois. C'est identique,
22 mais il y a des annotations en noir et blanc apportées par les Etats-Unis.
23 M. Ruez a expliqué qu'il a pu examiner les documents des Etats-Unis, que
24 c'était le résultat de l'enquête et ça faisait partie de l'enquête. J'ai
25 voulu savoir si M. Manning a pensé à cela au moment où il a recueilli la
26 déclaration de M. Becirevic [sic].
27 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Continuez. Mais avant, la Chambre
28 aimerait voir la copie papier, Monsieur McCloskey.
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1 M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, bien sûr.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est la photographie à laquelle je fais
3 référence, ou je crois que j'ai fait référence à cette photographie lorsque
4 je parlais au témoin. Il n'y a qu'une seule annotation sur le document qui
5 dit "cadavres", et je crois que ce sont les corps humains qui sont montrés
6 sur la photographie, et cela a en particulier influencé le témoignage de M.
7 Erdemovic. Je l'ai écouté et il était debout dans la zone qu'on voit sur la
8 photographie, et c'est là où les prisonniers ont été exécutés. Et ces
9 contours représentent les cadavres de ces prisonniers. C'est donc ce qu'on
10 a pu avoir comme élément le plus fiable à l'époque, la photographie des
11 exécutions ou des meurtres qui ont été photographiés. Vous voyez qu'il
12 s'agit d'un champ qui est couvert de cadavres. Il y a à la proximité une
13 fosse commune. Lorsqu'on a exhumé la fosse, on a trouvé un certain nombre
14 de cadavres. Oui, c'est la photographie à laquelle j'ai fait référence.
15 M. McCLOSKEY : [interprétation]
16 Q. Monsieur Manning, peut-être vous allez vous souvenir, peut-être pas,
17 que M. Erdemovic a témoigné en disant que cela s'est passé le 16 juillet et
18 le 17 juillet. Est-ce que cela change quoi que ce soit pour vous ?
19 R. Non, non, pas vraiment. Je pense qu'il y a beaucoup de documents
20 prouvant que ces personnes avaient été exécutées. Je ne sais pas si cela
21 s'est passé un jour avant ou une minute avant cela, mais on voit les
22 cadavres, et près de la fosse commune, on voit également les traces de
23 camions et d'autocars et d'autres véhicules. Donc c'est cette photographie.
24 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Maître Gajic.
25 M. GAJIC : [interprétation] M. McCloskey pourrait peut-être tirer ce point
26 au clair. C'est en fait dans la pièce P147, entretien de M. Manning avec le
27 Témoin M. Bircakovic. C'est la phrase à la page 19, où il est dit : "Nous
28 disposons de vues aériennes d'exécutions mêmes."
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1 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey.
2 M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est justement pour cela que j'ai rappelé
3 le témoin que cela s'est passé le 16. Je lui ai demandé si cela pouvait
4 changer sa réponse, et on a entendu sa réponse. Je pense qu'on ne peut pas
5 -- cela aurait dû être posé comme question lors du contre-interrogatoire.
6 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce qu'on peut donc voir la
7 photographie ?
8 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je pense qu'il faut que la greffière
9 s'occupe de cela.
10 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mme le Juge Nyambe a une question à
11 poser.
12 Mme LE JUGE NYAMBE : [interprétation] Monsieur Manning, vous avez dit tout
13 à l'heure que : "… il y a beaucoup de moyens de preuve qui démontrent qu'il
14 y avait des exécutions… vous pouvez voir les cadavres qui gisent près de la
15 fosse commune…"
16 Pouvez-vous indiquer l'emplacement de la fosse commune sur la
17 photographie affichée à l'écran ?
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Madame le Juge, c'est la zone où se trouvent
19 les corps. Cette deuxième zone c'est la zone de la fosse commune. Moi,
20 j'étais sur place. Ce n'est pas une zone très étendue, et les corps se
21 trouvaient à une centaine de mètres, un peu plus peut-être, par rapport à
22 l'endroit où on voit la fosse commune à la photographie.
23 Mme LE JUGE NYAMBE : [interprétation] Et tout cela était toujours visible
24 lorsque vous vous êtes rendu sur le site ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Madame le Juge. Je me suis rendu sur
26 place quelques années plus tard, et entre-temps, les cadavres ont été
27 ramassés en utilisant les engins et ont été mis dans la fosse commune. La
28 fosse commune a été rebouchée, après quoi a été pillée en septembre ou
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1 octobre. Un grand nombre de cadavres ont été enlevés de la fosse commune.
2 Mme LE JUGE NYAMBE : [interprétation] Merci.
3 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous devons clarifier un autre point.
4 Maintenant nous voyons la copie papier de la vue aérienne où on voit des
5 annotations en noir et blanc. On voit indiquées des indications comme "amas
6 de terre", "probablement un corps", "creusement à l'aide d'excavatrice",
7 mais cela ne correspond pas à l'image à l'écran. Et pour ce qui est du
8 titre, il n'y a pas de mention de ferme militaire de Branjevo, mais plutôt
9 "la fosse commune à l'affaire de Branjevo et Donja Pilica, Bosnie-
10 Herzégovine". J'aimerais savoir ce que cela représente, ces annotations en
11 noir et blanc, qui les a donc apposées, ce que cela veut dire et en quoi
12 cela est différent par rapport à la photo affichée à l'écran.
13 M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je peux essayer
14 de clarifier cela en rappelant la déposition de M. Ruez. Je dirais que nous
15 avons reçu cela des Etats-Unis, ces vues aériennes en noir et blanc, et les
16 inscriptions étaient également en noir et blanc. Donc tout ce qui est en
17 noir et blanc à l'écran et sur la copie papier de la photo représente des
18 annotations apposées par les Etats-Unis. Parfois les Etats-Unis apposaient
19 des annotations comprenant des informations différentes, mais il s'agit de
20 la même vue aérienne.
21 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] C'est évident, il s'agit de la même
22 zone représentée sur les deux vues aériennes, mais la copie papier ne
23 montre que la partie gauche de la photographie à l'écran, et les deux
24 photographies portent des titres différents en noir et blanc. Par
25 conséquent, est-ce qu'il faut conclure qu'il s'agit de deux photos
26 différentes de la même localité qui ont été fournies par le gouvernement
27 des Etats-Unis ?
28 M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, malheureusement, je
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1 ne peux pas répondre à votre question. Je peux dire que les Etats-Unis ont
2 communiqué les photos de proportions différentes, où on voit les parties
3 différentes de la même localité. Mais si j'ai bien compris, la photographie
4 du 16 juillet est une seule photographie. Il n'y en a qu'une avec cette
5 date. Vous dites que le titre est différent. On voit les annotations en
6 couleur dans la version de M. Ruez, comme il a déposé lui-même, il a donc
7 combiné ce qu'il a reçu des Etats-Unis et ses résultats, les résultats de
8 sa propre enquête.
9 Malheureusement, nous n'avons pas d'autres informations concernant le
10 nombre de photographies, de vues aériennes et concernant les méthodes et
11 les procédures appliquées pour la prise de ces photographies. Si vous voyez
12 une autre photo de proportions différentes, c'est peut-être une partie
13 différente de la même zone.
14 M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation]
15 M. LE JUGE MINDUA : Toujours à propos de cette photographie. Nous voyons -
16 c'est marqué en haut, à l'extrême gauche - "bodies", donc il s'agit bien de
17 corps. Mais vous êtes d'accord avec moi que là je vois des taches noires et
18 des taches blanches. Je ne sais pas exactement si c'est le corps ou pas.
19 Est-ce qu'il y a une autorité qui détiendrait des images plus claires de
20 ces corps de sorte que je puisse me faire une opinion que c'étaient des
21 corps et non pas d'autres choses, par exemple ?
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, d'abord, je veux dire que
23 j'ai vu la photographie portant l'indication "corps", mais je ne peux pas
24 admettre que c'étaient les corps. C'étaient juste les contours. Mais M.
25 Erdemovic, dans ce prétoire, a décrit ces contours comme étant des corps.
26 Il a dit qu'il était debout à l'endroit qui se trouve en haut de la
27 photographie et qu'il a tiré sur ces gens. Il a déposé là-dessus. Et c'est
28 ça qui m'a persuadé que ce qu'on voit sur ces photos sont effectivement des
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1 corps.
2 Mais pour ce qui est de la question que vous avez posée concernant
3 les photos, les vues aériennes, je sais que cela a été communiqué
4 conformément à l'article 70, mais je ne sais pas vous répondre à ces
5 questions.
6 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Maître Gajic.
7 M. GAJIC : [interprétation] A plusieurs occasions, j'ai entendu que cela
8 était consigné au compte rendu "M. Ademovic", mais je pense que M. Manning
9 a parlé de "M. Erdemovic". C'est à la page 18, ligne 12.
10 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Manning, pouvez-vous
11 confirmer cela ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Il s'agit
13 d'Erdemovic. E-r-d-e-m-o-v-i-c. Drazen Erdemovic.
14 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci.
15 Monsieur McCloskey, vous avez la parole.
16 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je pense que j'aimerais proposer ce
17 document au versement au dossier.
18 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] La photographie sera versée au
19 dossier en tant que pièce à conviction.
20 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] En tant que pièce ayant la cote P1931.
21 M. McCLOSKEY : [interprétation]
22 Q. Monsieur Manning, pour ce qui est des conclusions de M. Ruez, à savoir
23 qu'il s'agit des corps ici --
24 M. McCLOSKEY : [interprétation] Et, Monsieur le Président, nous ne voulons
25 pas suggérer que les conclusions du gouvernement des Etats-Unis
26 représentent une forme d'assertion ou d'affirmation qu'il s'agit des corps.
27 Cela c'est clair. Cela ne représente qu'un élément dans cette affaire.
28 Q. Vous souvenez-vous des enquêtes, des déclarations ou des dépositions
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1 des deux survivants de cette exécution en masse ?
2 R. Oui. Je ne me souviens pas de leurs noms, mais je me souviens d'avoir
3 lu leurs déclarations et écouté leurs témoignages, ou au moins les
4 témoignages de certains d'entre eux.
5 Q. Donc je ne veux pas maintenant aller plus en détail.
6 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Maître Gajic.
7 M. GAJIC : [interprétation] C'est dans la pièce P547, à la page 19, où ce
8 témoin a dit : "Nous disposons des vues aériennes qui montrent les
9 exécutions." M. Manning a dit au témoin qu'ils disposaient des photos des
10 exécutions qui étaient en cours. Mais là on parle de quelque chose qui est
11 complètement différent par rapport à cela.
12 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci, Monsieur Gajic, mais c'est
13 comme cela que M. McCloskey pose ses questions additionnelles. Puis après,
14 quand on aura tout entendu, on va vérifier si tout cela est cohérent.
15 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je n'ai pas d'objection à ce que l'on
16 demande à reposer des questions au sujet de ces questions-là. Cela étant
17 dit, je ne pense pas que le moment de demander cela est approprié.
18 Q. Monsieur le Témoin, à nouveau, je vais mettre à l'épreuve votre
19 mémoire. Est-ce que vous vous souvenez si les enquêteurs ont trouvé des
20 douilles sur place; et le cas échéant, où ?
21 R. Il faudrait que je vérifie ça. Il faudrait que je vérifie s'il y avait
22 des douilles à proximité des corps. C'est quelque chose qui se trouverait
23 dans le rapport. Cela étant dit, c'est cohérent par rapport à ce qu'a
24 raconté M. Erdemovic et le récit des survivants.
25 Q. En examinant la photo --
26 M. McCLOSKEY : [interprétation] Pourriez-vous agrandir cela pour en arriver
27 à la zone où il est écrit "les corps".
28 Q. Donc, ici, où il est écrit "excavatrice", est-ce que vous voyez sur le
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1 sol des traces que vous pouvez reconnaître, identifier ?
2 R. Eh bien, j'ai dit que je voyais les traces des véhicules. C'est comme
3 cela qu'on a emmené ces gens, par des autocars. Ensuite, il y avait des
4 engins de terrassement qui étaient là et qui ont creusé des charniers, et
5 on voit bien les traces de ces engins qui mènent jusque précisément
6 l'endroit où se trouvent les charniers. Et suite à la déposition de M.
7 Erdemovic, au début, je ne pouvais pas accepter qu'il y avait des corps,
8 parce qu'on voyait juste les contours, mais après, oui, je commençais à
9 croire qu'il y avait des corps là, et puis quand on a comparé cela avec
10 l'image aérienne, on a compris que c'est là qu'a eu lieu l'exécution.
11 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] J'attendais la fin de la réponse.
12 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'ai essayé de me maintenir aux limites de ce
13 qui est permis de demander dans le cadre du contre-interrogatoire. En
14 revanche, ici, au cours des questions additionnelles, on dépasse largement
15 les limites du contre-interrogatoire. Cela sort de la portée et de la
16 teneur du contre-interrogatoire.
17 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey.
18 M. McCLOSKEY : [interprétation] Effectivement. Normalement, M. Manning
19 devait tout simplement nous dire ce qu'il voulait obtenir quand il a posé
20 les questions à M. Becirovic [sic]. Cela étant dit, il y a des questions
21 intéressantes qui ressortent de ces documents. C'est vrai qu'on est allés
22 un peu loin. Cela étant dit, je n'ai plus de questions par rapport à ce
23 sujet.
24 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Gajic, c'est vous qui avez
25 donné la référence à cette partie-là du contre-interrogatoire à laquelle M.
26 McCloskey fait la suite dans ses questions additionnelles.
27 M. McCLOSKEY : [interprétation] Maintenant nous allons parler de Cerska. A
28 la page 62 --
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1 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Il faudrait donner la possibilité à
2 M. Gajic de répondre par rapport à ce qui vient d'être dit.
3 M. GAJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense qu'à nouveau,
4 les noms n'ont pas été correctement saisis au compte rendu d'audience. A la
5 page 21, ligne 22, on peut lire "M. Becirovic", et je pense qu'il
6 s'agissait de "M. Bircakovic".
7 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey, est-ce que dans
8 votre déclaration vous parlez de M. Bircakovic ?
9 M. McCLOSKEY : [interprétation] Peut-être que je mélange les noms. Je
10 parlais de la personne qui a fait l'objet du contre-interrogatoire, et je
11 pense que là il s'agissait de Bircakovic. Je me suis trompé.
12 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Là les parties coopèrent
13 véritablement.
14 Monsieur McCloskey, vous pouvez poursuivre.
15 M. McCLOSKEY : [interprétation] A présent je vais demander que l'on
16 voie la pièce P94, page 62.
17 Q. Et en attendant cela, est-ce que vous vous souvenez avoir vu des photos
18 aériennes ?
19 R. Oui. Je connais cette image. Vous avez l'image de la situation
20 avant et après. Avant sur la gauche et après sur la droite.
21 M. McCLOSKEY : [interprétation] Là je reviens sur les questions qui
22 ont été posées pour vérifier si les victimes ou les corps trouvés ici
23 n'étaient pas des victimes de combat avant les événements de Srebrenica.
24 Q. Est-ce que cette image, Monsieur le Témoin, nous donne un indice sur la
25 date de la création de cette fosse commune ?
26 R. A nouveau, c'est un cadre temporaire que l'on a ici. On peut voir que
27 le 5 juillet, il n'y avait pas de site, il n'y avait pas de fosse commune.
28 Le 27 juillet, c'est clair que l'on a créé des fosses communes. On
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1 reconnaît le même endroit. Cela montre exactement le même terrain, et une
2 année plus tard, des corps ont été exhumés justement de cette fosse commune
3 par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, par son équipe.
4 Q. Pourriez-vous nous décrire la façon dont ces témoins ont été tués ?
5 R. Eh bien, nous avons entendu que des témoins ont voyagé vers cette zone-
6 là dans un blindé de transport -- enfin, il y avait des bus qui voyageaient
7 vers cette zone suivis par un blindé de transport des troupes puis aussi un
8 engin de terrassement, une excavatrice. L'archéologue a examiné ce site, et
9 on y a trouvé à peu près 140 corps. Sous une couche de terre assez fine, on
10 les a trouvés. Il s'agissait des hommes que l'on a tués, et ensuite ils
11 sont tombés en chute libre, d'où ils ont roulé le long de cette berge en
12 pente. Et de l'autre côté, on a donc enseveli ces corps et on a couvert
13 tout cela avec une couche assez fine de terre.
14 Q. Est-ce que vous voyez quoi que ce soit sur cette image qui vous
15 montrerait que ce sol a été utilisé pour procéder aux enterrements ?
16 R. Là vous avez un ovale. Ensuite, à l'intérieur, on voit un rectangle, et
17 puis un plus petit rectangle. Donc on a pris la terre du rectangle plus
18 petit, on l'a donc pris de la berge, et ensuite on a mis les corps dans le
19 rectangle qui est plus large, et ensuite on les a recouverts de terre.
20 C'est quelque chose qui a été décrit par le Dr. Haglund, qu'on a recouvert
21 ces corps par une couche assez fine de terre. Et vous pouvez aussi voir des
22 morceaux de vêtements, souvent des chaussures d'ailleurs, qui ressortent à
23 la surface.
24 Q. Est-ce que vous êtes allé à cet endroit, à ce site ?
25 R. Oui. Même si l'exhumation a commencé en 1996, moi, je n'y suis allé
26 qu'en 1998. Ensuite, je suis allé à de nombreuses reprises. Et là on peut
27 voir ce chemin en terre battue, cette terre qui a été remuée.
28 Q. Très bien.
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1 M. McCLOSKEY : [interprétation] Par rapport à ce même thème, à savoir les
2 victimes de combat avant les événements, je voudrais vous demander
3 d'examiner la pièce 65 ter 07192, page 1.
4 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Vous avez déjà utilisé les deux
5 documents, 65 ter 07192 et 07193, et vous ne les avez pas versés au
6 dossier.
7 M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est la première page du document 7192. Je
8 ne l'ai pas encore utilisé. Et je pense que ceci devrait être le dernier
9 document que j'ai l'intention d'utiliser.
10 Q. Monsieur Manning, on voit les chiffres rouges et on voit Cerska 142.
11 Qu'est-ce que c'est ?
12 R. C'est difficile à dire. Je pense que c'est une photo d'exhumation.
13 C'est écrit Cerska 142, donc c'est la personne dont on a parlée. Très, très
14 difficile de discerner quoi que ce soit dans la photo, mais je pense que
15 c'est un corps trouvé dans une fosse commune. J'ai déjà vu cette image.
16 J'ai examiné toutes les photos qui ont été prises par rapport aux objets et
17 aux corps trouvés dans cette fosse commune ainsi que dans les autres.
18 Q. Pourriez-vous essayer de voir comment étaient placés les corps à partir
19 de cette photo ?
20 R. Peut-être que je me trompe, mais je pense… C'est peut-être à cause de
21 la lumière que je ne vois pas très bien.
22 M. McCLOSKEY : [aucune interprétation]
23 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Cela est déjà arrivé dans ce procès.
24 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
25 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Il faudrait peut-être montrer la
26 photo sous un autre angle. Veuillez vous lever et regarder plutôt
27 verticalement l'écran.
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, ici, vous voyez le
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1 pied de l'individu. Le reste du corps est en haut de l'image. Si vous
2 regardez l'image, un sac noir -- un sac en plastique noir se trouve à peu
3 près là --
4 M. McCLOSKEY : [interprétation]
5 Q. [aucune interprétation]
6 R. -- au niveau de la zone deux. Donc c'est probable que c'est une photo
7 qui ait été prise à la morgue, parce que normalement, ce qu'on fait, c'est-
8 à-dire qu'on enlève le corps de la tombe - dans un sac en plastique puisque
9 ce site était particulièrement humide - donc la première photo prise à la
10 morgue, eh bien, c'est la photo du corps gisant par terre dans un sac en
11 plastique. En fait, j'aurais imaginé que la photo, enfin, qu'il y avait une
12 meilleure lumière au moment où on a pris la photo à la morgue, mais c'est
13 bien cela. Donc c'est dans cet état-là que ce trouvait le corps 142.
14 Q. Est-ce que vous pouvez dire quoi que ce soit au sujet des bras ?
15 R. Eh bien, c'est la position classique, les mains ligotées dans le dos.
16 Q. Bien.
17 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je vais demander que ceci soit versé au
18 dossier puisque maintenant on a des annotations, donc les images qui font
19 partie de la pièce 07192, les images dont on a parlé.
20 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ceci va être versé en tant que pièce
21 à conviction. Et puis, cette photo aussi, cette photo qui est sur écran à
22 présent, et qui a des annotations.
23 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La photo avec des annotations va
24 devenir la pièce P1932 et la photo avec le numéro 65 ter 7192 va devenir la
25 pièce à conviction P1933.
26 M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien. Pourriez-vous nous montrer
27 maintenant la pièce P01235.
28 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais qu'en est-il de la photo 65 ter
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1 1273 [comme interprété] ?
2 M. McCLOSKEY : [interprétation] Il faudrait la verser au dossier aussi.
3 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ceci deviendra la pièce P01934.
4 M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est la pièce P1315 qu'il nous faut. Page
5 15 -- excusez-moi, page 50.
6 Q. Monsieur Manning, qu'est-ce que c'est, d'après ce que vous pouvez nous
7 en dire ?
8 R. C'est un rapport d'autopsie. Donc c'est l'équipe d'exhumation du
9 Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, et le médecin légiste
10 de l'équipe qui a fait cela au cours de l'exhumation qui a eu lieu en 1996.
11 Q. Et là c'est le numéro 142, M. Muminovic ?
12 R. Oui, Cerska 142. A l'époque, on n'avait pas de nom.
13 Q. O.K.
14 M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président --
15 Q. La façon dont sont décrits les possessions personnelles de la victime
16 ainsi que les vêtements, c'est quelque chose d'assez typique, n'est-ce pas,
17 pour cet endroit ?
18 R. Oui, parce qu'ils ont essayé vraiment de décrire les vêtements le mieux
19 possible parce que c'est quelque chose qui aurait pu être utile pour
20 l'identification. Ensuite, le pathologiste essayait d'établir s'il y a eu
21 des blessures au niveau des vêtements, par exemple des trous de balles, et
22 cetera. Ensuite, c'était lavé, enlevé du corps, photographié, décrit, et
23 c'est quelque chose qui a été utilisé pour les identifications. C'était
24 très utile.
25 Q. Bien.
26 M. McCLOSKEY : [interprétation] Veuillez tourner la page, s'il vous plaît.
27 Q. Donc, là, si on regarde les documents qui ont été trouvés sur la
28 victime, on trouve un permis de conduire ainsi que d'autres documents
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1 concernant les différentes responsabilités d'Osmo Muminovic au niveau de
2 l'armée. C'est le genre de documents que l'on trouvait en général dans ce
3 rapport ?
4 R. Oui, oui, effectivement, c'est quelque chose aussi qui était
5 photographié, donc on répertorie aussi dans le dossier avec les photos ces
6 images-là.
7 Q. Et ensuite, on voit aussi l'examen de la peau; rien à signaler.
8 M. McCLOSKEY : [interprétation] Ensuite, la page suivante.
9 Q. Donc on voit la description du traumatisme -- non, non, pas la
10 version B/C/S de ce document. Mais on peut voir ce qui est écrit en
11 anglais. Au premier point, on parle d'une blessure au niveau du pelvis;
12 numéro 2, l'absence des os du visage; numéro 3, des fractures au niveau des
13 os; ensuite sous 4, quelque chose qui relève du vocabulaire médical, je ne
14 comprends pas; ensuite, point 5, on parle aussi des dégâts au niveau des
15 côtes; numéro 6, une fracture du fémur, et apparemment c'est quelque chose
16 qui est arrivé après la mort; et ensuite, on parle d'autres dégâts infligés
17 au corps. Mais ce que je voulais vous demander, là où on parle des balles,
18 on a une balle qu'on a trouvée au niveau de l'épaule droite; ensuite, la
19 cuisse gauche; ensuite, au niveau de la poitrine; ensuite, deux balles en
20 haut de la poitrine; après, au niveau de l'épaule gauche; fragments de
21 balles au niveau de la poitrine. Puis ensuite, on parle d'autres objets.
22 Par exemple, une boite à tabac; la montre, on l'a déjà vue; ensuite, un
23 chapelet et des prières; et puis un porte monnaie en plastique vert avec
24 des documents. Puis, quand on parle de la "cause du décès", on parle d'une
25 "blessure à l'arme à feu reçue au niveau du crâne, ensuite d'autres
26 blessures au niveau de la poitrine, pelvis puis les membres, et il s'agit
27 aussi des blessures infligées par une arme à feu."
28 Donc, quand on voit toutes ces blessures, est-ce que cela correspond à
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1 cette exécution en masse qui a eu lieu ?
2 R. Ecoutez, je ne suis pas un pathologiste ou médecin légiste, mais oui,
3 ceci correspond à la façon dont ces gens étaient tués, effectivement.
4 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] M. le Juge Mindua a une question.
5 M. LE JUGE MINDUA : Oui. Est-ce qu'on peut revenir à la page précédente de
6 ce document que nous avons sur l'écran.
7 Monsieur le Témoin, au niveau de la dernière rubrique, où on parle de
8 projectiles, on a parlé de beaucoup de balles, "bullets". Ce sont des
9 balles trouvées sur une seule et même personne ou dans l'ensemble de la
10 fosse ?
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, d'après ce document, le
12 document qui a été fait par le médecin légiste dans la morgue, cela indique
13 que ces balles ont été retrouvées dans des corps dans ce site, dans la
14 fosse de Cerska. Les corps avaient encore tous les tissus. Ils étaient
15 presque entiers, de sorte qu'on a pu enlever les balles de ces corps. Donc
16 ce sont les balles qu'on a sorties du corps de la victime. Et ces balles et
17 ces éclats de balles, ils ont été identifiés ensuite par un appareil à
18 rayons X, et on a vérifié cela par rapport aux vêtements. Il s'agit des
19 balles qu'on a sorties du corps de l'individu.
20 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Au cours de l'autopsie.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Puis, ces images à rayons X montraient
22 exactement le squelette du corps. Ensuite, ils montraient aussi le tissu,
23 et on voyait clairement où se trouvait la balle. La balle était, dans ces
24 images, d'une couleur beaucoup plus claire. Ensuite, sur la base de ces
25 images-là, ils écrivaient ces rapports d'autopsie qui décrivaient
26 l'emplacement des balles dans le corps.
27 M. LE JUGE MINDUA : Oui. J'attendais donc la traduction. Parce que
28 j'ai comptabilisé à peu près neuf balles; c'est donc sur une seule et même
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1 personne, vous nous avez confirmé ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge. Au niveau du numéro 3,
3 on voit la douille d'une balle, c'est une balle qui avait une espèce de
4 douille qui l'entourait et c'est cela qui est sorti. Donc il se peut
5 qu'elle faisait partie d'une autre balle déjà dans le corps ou ailleurs.
6 Cela étant dit, cela montre que neuf balles ou parties de balles ont été
7 retirées de ce corps. Quand on dit "fragments de balles", cela fait peut-
8 être partie d'une autre balle. Mais une douille, en fait, c'est un morceau
9 assez important, et cela correspond donc à une balle. Donc, là vous avez
10 sept ou huit balles au minimum.
11 M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]
12 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey
13 M. McCLOSKEY : [interprétation]
14 Q. Par rapport à ce même sujet, est-ce que vous vous souvenez quel était
15 le calibre le plus souvent trouvé par rapport aux balles ?
16 R. Il s'agissait des armes automatiques 7,2 [comme interprété], puis
17 parfois il y avait aussi d'autres balles moins souvent utilisées, utilisées
18 par des armes à canons très courts. Mais en général, c'étaient des balles
19 de calibre 762.
20 Q. Bien.
21 M. McCLOSKEY : [interprétation] La dernière pièce, P01782.
22 Q. Est-ce que cette page de garde vous dit quelque chose ?
23 R. Monsieur, c'est le livre des morts du TPIY, qui comptabilise le nombre
24 de personnes portées disparues à Srebrenica. Il date du mois de mai 2000.
25 M. McCLOSKEY : [interprétation] La page 185, s'il vous plaît.
26 Q. Si vous regardez la quatrième personne partant du haut.
27 R. Oui.
28 Q. Est-ce bien la personne qui correspond au corps Cerska 142 ?
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1 R. Oui, il me semble que tel est le cas, mais je ne vois pas la référence,
2 et de toute façon, on ne la verrait pas la référence de la fosse. En fait,
3 il faudrait vérifier le numéro BAZ, qui est une référence PHR et ICMP, me
4 semble-t-il.
5 Q. Mais vous avez la date et le lieu de la disparition. Qu'est-ce que cela
6 indique, d'après vous ?
7 R. Il s'agit d'informations qui ont été fournies par la dernière personne
8 à avoir vu cette personne en vie. Donc, là vous avez "11 juillet 1995". Il
9 a, pour la dernière fois, été vu dans la forêt près de Srebrenica.
10 Q. Très bien.
11 M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai plus
12 d'autres questions à poser.
13 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Manning, votre déposition
14 est terminée. La Chambre vous remercie de nous avoir fourni toutes ces
15 connaissances qui sont les vôtres. Je vous souhaite un bon retour à vos
16 activités normales.
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie. Et je vous remercie de vos
18 bons vœux.
19 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] De toute façon, le moment était venu
20 de faire notre première pause. Et nous allons reprendre à 16 heures 15.
21 [Le témoin se retire]
22 --- L'audience est suspendue à 15 heures 45.
23 --- L'audience est reprise à 16 heures 19.
24 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Vanderpuye. Est-ce
25 que le témoin suivant est prêt à déposer ?
26 M. VANDERPUYE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Bonjour à tout
27 le monde.
28 Je voulais juste attirer votre attention sur deux questions. Dans un
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1 premier temps, il s'agit des questions supplémentaires qui ont été posées
2 au Dr Helge Brunborg. Jeudi dernier, j'avais indiqué, si vous vous en
3 souvenez, que je souhaitais lui poser des questions supplémentaires. J'ai
4 maintenant étudié à nouveau tout ce qu'il avait dit et de sa déposition
5 avec les membres de mon équipe, et nous avons décidé qu'il n'était pas
6 nécessaire de poser des questions supplémentaires au Dr Brunborg.
7 A moins que, bien entendu, la Chambre de première instance ne
8 souhaite, elle, lui poser des questions très importantes, je pense
9 qu'officiellement, il faut déclarer qu'il est arrivé au terme de sa
10 déposition, car je crois comprendre que le général Tolimir, quant à lui,
11 avait terminé son contre-interrogatoire du Dr Brunborg, ce qu'il avait
12 indiqué précédemment.
13 [La Chambre de première instance se concerte]
14 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] La Chambre vous remercie d'avoir
15 reconsidéré la situation relative au Dr Brunborg. Donc je pense que c'est
16 une grande chance pour lui de ne pas être obligé de revenir une troisième
17 fois à La Haye.
18 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je vous remercie. Je voulais également
19 soulever une autre question, il s'agit du témoin qui va témoigner justement
20 aujourd'hui. J'ai été en contact à ce sujet avec Me Gajic, plus
21 particulièrement à propos d'un document sur lequel notre attention a été
22 attirée justement par le Dr Parsons. Il s'agit d'un examen indépendant des
23 procédés techniques pour ce qui est de l'ADN, procédés utilisés par l'ICMP.
24 Il s'agit d'un rapport dont la date est le 14 avril 2010. J'ai obtenu un
25 exemplaire de ce rapport du Dr Parsons, et je l'ai envoyé à Me Gajic le
26 jour où je l'ai moi-même obtenu. Il est en train d'être traduit. Ce
27 document, il y a un projet de traduction non terminé, d'ailleurs, qui a été
28 envoyé à Me Gajic il y a environ une heure de cela. Nous sommes en train
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1 d'essayer de traduire ledit document.
2 Je crois comprendre que la Défense est disposée à commencer son contre-
3 interrogatoire. Bien entendu, il va falloir qu'ils évaluent le document, et
4 pour ce faire, il se peut qu'ils demandent un laps de temps supplémentaire,
5 ce qui ne nous pose aucun problème d'ailleurs. Mais moi, je suis tout à
6 fait disposé à commencer l'interrogatoire principal, et je pense que le
7 contre-interrogatoire pourra bien débuter en dépit du fait qu'ils viennent
8 très récemment de recevoir ce dernier document.
9 Puis, je voulais également vous dire que ce document ne se trouve pas sur
10 ma liste de pièces. Je n'ai pas l'intention de demander des renseignements
11 à propos de ce document au témoin. Donc il appartient à Me Gajic de
12 répondre, mais je vous dirais que j'en ai déjà parlé avec lui de cette
13 question avant l'audience de cet après-midi.
14 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que vous pourriez préciser
15 quelque chose à notre intention. De quel rapport s'agit-il ? Est-ce qu'il
16 s'agit d'une mise à jour d'un rapport précédent établi par le témoin ?
17 M. VANDERPUYE : [interprétation] Ce n'est pas un rapport du témoin ou ce
18 n'est pas un rapport établi par le témoin. Il s'agit de questions relatives
19 à l'identification des restes, notamment des restes d'Avdo Palic, et vous
20 savez que son décès fait partie de l'acte d'accusation. D'après ce que je
21 crois comprendre, il y a eu un retard au niveau de l'identification : il
22 s'agissait de l'identification ADN des restes qui, en fait, ont fini par
23 être associés au colonel Palic. L'ICMP a évalué ces restes. Ils l'avaient
24 fait beaucoup plus tôt, mais ils n'avaient pas pu discerner un appariement
25 avec les échantillons du donateur qui avaient été donnés, donc ils
26 n'avaient pas pu tirer de conclusion. Là c'est un rapport qui,
27 fondamentalement, examine les circonstances du retard en question. Je pense
28 qu'il est tout à fait raisonnable que la Défense dispose de ce rapport pour
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1 pouvoir poser des questions au témoin à ce sujet, mais comme je vous l'ai
2 déjà dit, moi, je n'ai pas l'intention de demander des renseignements ou de
3 poser des questions au témoin à ce sujet, donc je ne pense pas qu'il y ait
4 préjudice pour ce qui est du contre-interrogatoire à la suite de
5 l'interrogatoire principal.
6 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais qui est l'auteur de ce rapport ?
7 M. VANDERPUYE : [interprétation] Il s'agit d'une commission indépendante
8 d'experts dont les noms sont les suivants : Dr Ingo Botic [phon], chef de
9 l'unité de l'ADN du bureau de la police fédérale, je pense que c'est à
10 Wiesbaden, en Allemagne; ensuite, nous avons le Dr Crouse, responsable de
11 l'unité de biologie humaine au bureau de la police Palm Beach en Floride --
12 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ce n'est peut-être pas la peine de
13 nous donner tous les noms pour le compte rendu d'audience.
14 M. VANDERPUYE : [interprétation] D'accord.
15 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je voulais juste savoir quelle
16 institution avait publié cela.
17 M. VANDERPUYE : [interprétation] Il ne s'agit pas d'une institution. Il
18 s'agit d'une commission d'experts qui a préparé cet examen indépendant des
19 circonstances de cette identification.
20 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bien. Mais qui a établi cette
21 commission ?
22 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est
23 que la commission a été mise sur pied seulement pour cet objectif bien
24 précis. Je pense que l'ICMP a été partie prenante et a apporté sa
25 contribution lors de la création de cette commission d'experts, mais je ne
26 sais pas par quel mécanisme la commission a été créée.
27 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ecoutez, je pense que ces
28 renseignements nous suffisent. Nous vous avons entendu.
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1 Maître Gajic, quel est le point de vue de la Défense à ce sujet ?
2 M. GAJIC : [interprétation] Monsieur le Président, vous aurez peut-être eu
3 la possibilité de voir la liste des pièces que nous prévoyons utiliser avec
4 ce témoin. Ce rapport est le document 1D597, et nous allons l'utiliser lors
5 du contre-interrogatoire de ce témoin. Malheureusement, nous n'avons
6 toujours pas de traduction, ce qui complique notre préparation. C'est un
7 rapport qui a quand même quelque 26 pages. Ce n'est pas un rapport bref,
8 absolument pas. Il comporte de nombreux termes techniques, qui plus est.
9 Donc, pour un néophyte, je vous dirais que c'est assez difficile à
10 comprendre, donc nous aurons besoin de l'aide du témoin pour pouvoir
11 interpréter les résultats de ce rapport.
12 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais je ne pense pas qu'il soit la
13 peine de rendre une décision à ce sujet ou d'en parler davantage. Nous
14 verrons bien comment le Procureur utilisera ce rapport, et ensuite comment
15 la Défense le fera.
16 Je souhaiterais que le témoin entre dans le prétoire, je vous prie.
17 Maître Gajic.
18 M. GAJIC : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, mais la
19 Défense souhaiterait faire remarquer que nous n'allons pas demander au
20 témoin de revenir une deuxième fois, donc de revenir dans un mois. Mais si
21 cela est nécessaire, nous allons demander à la Chambre de première instance
22 d'être très patiente à notre égard et de nous accorder un peu plus de temps
23 qu'il n'avait été prévu au départ, car nous ne souhaiterions pas
24 interrompre le contre-interrogatoire. Voilà ce que je voulais dire.
25 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous vous sommes reconnaissants.
26 M. VANDERPUYE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je voulais
27 également ajouter que le Dr Parsons m'a appris hier ou avant-hier, en fait
28 je ne sais plus, que ce document avait été fourni au bureau du Procureur
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1 par l'ICMP il y a un certain temps, d'après ce que je crois comprendre, en
2 juin 2010. Il y a eu quelque problème de communication ou quelque omission
3 dans notre bureau, et ce document n'a jamais été fourni ni à notre équipe
4 ni à l'équipe de la Défense de M. Tolimir. Je dois dire que j'ai pu le
5 localiser dans notre dossier, donc je peux tout à fait confirmer qu'il
6 avait été envoyé et qu'il avait été reçu, mais en fait, notre attention
7 n'avait pas été attirée là-dessus, et c'est pour ça que nous nous trouvons
8 dans le dilemme où nous nous trouvons à l'heure actuelle.
9 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bien. Nous attendons le témoin.
10 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
11 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour, Docteur Parsons. Bienvenu au
12 Tribunal. Je vous demanderais de bien vouloir prononcer la déclaration
13 solennelle dont le texte vous est donné maintenant.
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai
15 la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
16 LE TÉMOIN : THOMAS PARSONS [Assermenté]
17 [Le témoin répond par l'interprète]
18 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez prendre
19 place.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.
21 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] C'est M. Vanderpuye qui va poser les
22 questions de l'interrogatoire principal pour le Procureur.
23 Je vous en prie, Monsieur Vanderpuye.
24 M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour à
25 nouveau.
26 Interrogatoire principal par M. Vanderpuye :
27 Q. [interprétation] Bonjour à vous, Docteur Parsons.
28 R. Bonjour.
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1 Q. Avant que nous ne commencions, je vous ferais remarquer que nous nous
2 exprimons dans la même langue, et je vous demanderais de parler plus
3 lentement que d'habitude et de ménager des temps d'arrêt entre nos
4 questions et vos réponses pour que les interprètes puissent interpréter de
5 façon exacte nos propos.
6 R. Tout à fait d'accord.
7 Q. Et si je vous pose des questions qui ne sont pas claires, comme cela se
8 passe de temps à autre, attirez mon attention là-dessus pour que je puisse
9 reformuler ma question et que nous puissions nous comprendre mieux.
10 J'aimerais, dans un premier temps, vous poser des questions à propos de
11 votre déposition précédente. Est-ce que vous vous souvenez avoir témoigné
12 dans l'affaire le Procureur versus Vujadin Popovic et consorts le 1er
13 septembre 2008 et le 27 avril 2009 ?
14 R. Oui, tout à fait.
15 Q. Avez-vous eu la possibilité de revoir cette déposition avant de venir
16 ici dans ce prétoire ?
17 R. Oui, j'ai lu les documents en question.
18 Q. Et puisque vous avez lu ces documents, ces textes, Docteur Parsons,
19 est-ce que ces documents reprennent fidèlement ce que vous diriez si
20 aujourd'hui on venait à vous reposer les mêmes questions ?
21 R. Fondamentalement, oui.
22 Q. J'aimerais savoir s'il y a des différences importantes entre ce que
23 vous avez dit précédemment et ce que vous direz aujourd'hui à propos des
24 thèmes essentiels de votre déposition ?
25 R. Fondamentalement, non. Mais il y a eu certaines questions qui m'avaient
26 été posées et il m'a fallu un certain temps pour comprendre le but
27 recherché, donc je serais peut-être un peu plus rapide si ces questions
28 étaient posées à nouveau, mais je donnerais les mêmes réponses de toute
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1 façon.
2 Q. O.K.
3 M. VANDERPUYE : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais demander
4 le versement au dossier du document 6720 de la liste 65 ter, il s'agit du
5 compte rendu d'audience vers sous pli scellé, ainsi que le document 6721 de
6 la liste 65 ter, qui est le document public de la déposition précédente du
7 Dr Parsons.
8 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Les deux comptes rendus d'audience
9 sont versés au dossier. Le premier sera versé sous pli scellé.
10 M. VANDERPUYE : [aucune interprétation]
11 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Une minute, je vous prie, Monsieur
12 Vanderpuye.
13 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira des documents P1935 versé
14 sous pli scellé et P1936.
15 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous en prie.
16 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je souhaiterais également que soient
17 versées au dossier les pièces qui ont été présentées et versées au dossier
18 par le truchement du Dr Parsons lors de son témoignage. Donc il s'agit des
19 documents suivants : document de la liste 65 ter 06722 jusqu'à 06727, ainsi
20 que les documents 05748 et 06728, documents de la liste 65 ter également.
21 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je ne pense pas qu'il soit nécessaire
22 de nous lire toutes ces cotes. Donnez-nous juste la dernière cote de la
23 liste, de la deuxième partie de la liste. Je pense qu'il s'agit du document
24 05773 de la liste 65 ter ?
25 M. VANDERPUYE : [interprétation] Ah, je comprends. Vous avez la liste. Très
26 bien. Donc documents 06722 de la liste 65 ter jusqu'au document P00211 --
27 ah non, excusez-moi, 05773.
28 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, bien sûr.
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1 M. VANDERPUYE : [interprétation] Bien.
2 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Parce que le dernier est déjà versé
3 au dossier, Monsieur Vanderpuye.
4 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je suis ravi de voir que vous avez ces
5 documents.
6 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je veux savoir s'il y a des documents
7 qui n'ont toujours pas été traduits.
8 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je pense qu'il y a un certain nombre de
9 documents qui n'ont pas été traduits, Monsieur le Président. Je pense
10 notamment --
11 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous règlerons cette question par un
12 mémoire interne. Ils seront versés au dossier. Mais pour ce qui est des
13 documents qui n'ont pas encore été traduits, ils seront enregistrés aux
14 fins d'identifications en attendant leur traduction.
15 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je vous remercie.
16 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Il y a certains de ces documents qui
17 seront versés sous scellé, donc la greffière octroiera des cotes P à tous
18 ces documents et diffusera ces renseignements dans un mémoire interne.
19 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je vous remercie.
20 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Allez-y.
21 M. VANDERPUYE : [interprétation] J'ai un résumé très bref de la déposition
22 du Dr Parsons dont j'aimerais vous donner lecture pour que vous vous
23 familiarisiez avec les éléments fondamentaux de son témoignage.
24 Puis-je, Monsieur le Président ?
25 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, je vous en prie.
26 M. VANDERPUYE : [interprétation] Le Dr Parsons est le directeur du
27 département des sciences médicolégales pour la commission internationale
28 pour les personnes portées disparues, qui assiste à un laboratoire ayant
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1 acquis beaucoup d'expérience dans le domaine de l'ADN, et ce, depuis
2 l'année 2001. En octobre 2007, l'organisation a reçu l'accréditation de
3 l'ISO 17025, qui est l'une des normes d'accréditation internationale les
4 plus importantes régissant l'analyse médicolégale de l'ADN.
5 Le mandat de cette organisation est l'identification des personnes portées
6 disparues. Sa tâche, en fait, est triple, essentiellement : dans un premier
7 temps, il s'agit d'aider les gouvernements pour ce qui est des personnes
8 portées disparues. Il s'agit en fait d'œuvrer avec les gouvernements pour
9 déterminer des lois et politiques et faire en sorte qu'ils soient
10 redevables pour le problème des personnes portées disparues. Deuxièmement,
11 il s'agit de prendre l'initiative pour la société civile afin qu'elle
12 puisse mobiliser les groupes familiaux et leur fournir la possibilité de se
13 réunir, de se rencontrer et, avec du financement, leur donner la
14 possibilité d'être un interlocuteur par rapport au gouvernement. Et
15 troisièmement, il s'agit de fournir une aide médicolégale dans le domaine
16 des identifications de l'ADN.
17 L'ICMP n'est pas un organe de la police, une organisation exécutive. Elle
18 fonctionne de façon indépendante.
19 En tant que directeur du département chargé des sciences médicolégales, au
20 moment de sa déposition, le Dr Parsons était responsable, entre autres
21 choses, de la supervision de trois divisions de la science médicolégale au
22 sein de cette organisation. Notamment, la division des examens et des
23 excavations, qui effectue les analyses anthropologiques et pathologiques;
24 le système de laboratoire ADN, qui gère la mise au point des types d'ADN
25 afin d'opérer des appariements de profils d'ADN obtenus sur des
26 échantillons d'os et de sang; et la division de la coordination de
27 l'identification de l'ADN, qui établit les liens entre les échantillons et
28 les données génétiques.
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1 Le Dr Parsons a témoigné à propos des procédures de tests d'ADN et des
2 protocoles utilisés par l'ICMP. Il a expliqué la nature et la fiabilité des
3 examens en règle générale ainsi que les procédés très précis suivis par
4 l'ICMP. Notamment, le Dr Parsons a souligné que l'ICMP utilise les analyses
5 de type nucléaire à séquence répétée en tandem, qui est une technologie
6 dont la justesse a été prouvée, qui est acceptée par la communauté
7 scientifique avec approbation, et qui correspond aux normes de l'industrie.
8 M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation]
9 M. VANDERPUYE : [interprétation] C'est une technique validée qui a fait ses
10 preuves et qui devient en fait la norme pour les diagnostics médicolégaux.
11 Il a également indiqué qu'il s'agit d'une technologie qui est utilisée à la
12 fois au Royaume-Uni ainsi qu'aux Etats-Unis. Qui plus est, et cela fait
13 partie de son accréditation, l'ICMP fait l'objet d'audits techniques qui
14 sont effectués.
15 Il y a plusieurs procédures opératoires normalisées qui permettent de
16 comprendre comment l'ICMP effectue ses examens ADN. Il faut savoir que ces
17 modes opératoires normalisés reprennent des procédures et des éléments
18 scientifiques fondamentaux qui sont partagés avec d'autres laboratoires
19 d'ADN. Ces procédures sont expliquées dans le rapport de méthodologie du Dr
20 Parsons, qui couvre la période 2001 à 2008.
21 Le Dr Parsons a indiqué qu'il y avait eu quelques modifications de
22 procédures secondaires au fil du temps, et il s'agit notamment des
23 instruments essentiels qui sont utilisés et qui ont été remplacés par du
24 matériel beaucoup plus sensible et beaucoup plus moderne. Alors, cela, bien
25 entendu, augmente le taux de succès, à savoir la capacité d'extraction de
26 l'ADN, mais cela n'a eu aucune incidence sur la fiabilité fondamentale des
27 techniques utilisées.
28 La procédure d'appariement de l'ADN de l'ICMP est solide. Il s'agit en fait
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1 d'un procédé qui permet de procéder l'ADN prélevé sur un os envoyé à l'ICMP
2 pour que les données soient recoupées par rapport à la base de données des
3 profils d'ADN obtenus à partir d'échantillons de sang ou d'urine fournis
4 par des donneurs. Pour ce qui est du résultat du test de l'ADN, il faut
5 qu'il y ait un seuil minimum de certitude statistique de 99,95 %. Dans les
6 cas où il y a des preuves d'identité présumées, par exemple, avec la
7 présence d'objets ayant appartenu aux personnes, les rapports d'appariement
8 sont fournis avec 99 % de certitude.
9 L'ICMP a également un système officiel d'examen et de révision de
10 tous les rapports ADN. Le Dr Parsons a témoigné pour dire que l'ICMP ne
11 délivre pas de certificats de décès; c'est plutôt les pathologistes locaux
12 qui s'en occupent. Et une affaire est considérée comme réglée lorsque les
13 médecins légistes nommés par un tribunal et par les autorités nationales de
14 la Bosnie-Herzégovine délivrent un certificat de décès et rendent les
15 restes aux membres de la famille.
16 Lors de sa déposition en 2009, 6 006 personnes qui avaient des liens avec
17 les fosses communes de Srebrenica ont été identifiées grâce aux efforts
18 d'identification d'ADN de l'ICMP.
19 J'en ai terminé avec la lecture de mon rapport, Monsieur le
20 Président. Et je dois vous dire que j'ai un certain nombre de questions à
21 poser au Dr Parsons.
22 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous en prie.
23 M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
24 Q. Docteur Parsons, cela fait quasiment deux années que vous êtes venu
25 témoigner pour la dernière fois. Est-ce que vous pourriez nous dire ce que
26 vous avez fait, enfin dans les grandes lignes, depuis votre dernière
27 déposition ici ?
28 R. Eh bien, nous avons, bien entendu, poursuivi notre programme
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1 d'assistance technique aux procédés d'identification en ex-Yougoslavie,
2 notamment en Bosnie. Nous avons poursuivi notre travail dans le domaine des
3 analyses d'ADN. Nous avons comparé des échantillons osseux et nous avons
4 comparé les profils d'ADN des victimes avec les échantillons sanguins qui
5 avaient été fournis par les donneurs, et nous avons établi des
6 recoupements, ce qui nous occupe beaucoup.
7 Puis, ce que je fais également, c'est que j'essaie de me tenir au
8 courant des meilleures pratiques et des améliorations obtenues dans mon
9 domaine pour pouvoir avoir une méthodologie encore plus peaufinée. Lorsque
10 nous sommes informés de nouvelles méthodologies, soit par les documents
11 scientifiques, les textes scientifiques ou de façon empirique, nous les
12 reprenons et nous les utilisons dans notre travail.
13 Donc, pour ce qui est des grands changements, je pense que vous avez
14 fait référence à l'une de ces modifications, il s'agit d'utiliser des
15 instruments plus modernes. Vous avez des compagnies qui fabriquent ce genre
16 de matériel, qui fournissent des modèles. Nous suivons ce qui se passe dans
17 ce domaine, et nous avons évalué de nouveaux instruments, ce qui ne change
18 pas véritablement la nature profonde des examens que nous menons à bien.
19 Et puis, il y a autre chose que l'on peut compter parmi les grands
20 changements. Il s'agit d'une nouvelle méthode d'extraction d'ADN que nous
21 avons mise au point à partir d'échantillons osseux. Nous avons pu prouver
22 que cela nous permet d'obtenir davantage de profils d'ADN ou davantage de
23 recoupements par rapport aux échantillons osseux.
24 En fait, vous avez ces échantillons qui ont été mélangés avec
25 d'autres corps, et il y a beaucoup d'activité microbienne, il y a de la
26 terre, ce qui peut véritablement dégrader en quelque sorte, détériorer
27 l'ADN qui a survécu dans un échantillon osseux. Donc il est important
28 d'avoir des techniques qui sont extrêmement efficaces pour pouvoir extraire
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1 les molécules d'ADN qui ont survécu.
2 Donc nous avons une nouvelle méthode d'extraction d'ADN qui a été
3 validée, qui a été utilisée, et dont vous trouvez des renseignements dans
4 les documents scientifiques.
5 Q. Très bien --
6 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] J'aimerais vous rappeler d'essayer de
7 parler un peu plus lentement, parce que vous ne facilitez pas la tâche des
8 interprètes en ce moment.
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je vais essayer.
10 M. VANDERPUYE : [interprétation]
11 Q. Je vais essayer de revenir à certaines questions que vous avez
12 mentionnées. Mais d'abord, j'aimerais vous montrer le document 65 ter 7190.
13 Il s'agit d'un exemplaire de votre biographie.
14 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je pense que nous n'avons toujours pas de
15 traduction de ce document. Est-ce que nous l'avons ? Bien, nous l'avons.
16 Q. Je pense que c'est la copie de votre biographie mise à jour.
17 Reconnaissez-vous ce document ?
18 R. Oui.
19 Q. Quand il s'agit de vos responsabilités dans le cadre de l'ICMP, est-ce
20 que ces responsabilités sont restées les mêmes ou est-ce que vos
21 responsabilités ont changé par rapport à votre dernière déposition ?
22 R. Ce sont les mêmes responsabilités, principalement les mêmes.
23 Q. Pour ce qui est des activités qui sont les vôtres dans le cadre de
24 cette organisation, pouvez-vous nous dire si vous avez participé à des
25 nouvelles conférences, est-ce que vous avez fait publier de nouveaux
26 articles qui devraient figurer dans votre biographie ?
27 R. Oui, nous avons publié un certain nombre d'articles, et cela se trouve
28 dans la dernière partie de ma biographie. Pour ce qui est des conférences
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1 et d'échanges entre professionnels, je veux dire que cette commission joue
2 un rôle important pour ce qui est de la communauté médicolégale, et nous
3 assistons souvent à des conférences de professionnels pour présenter notre
4 travail. Nous essayons de faire notre mieux pour suivre tout ce qui se
5 passe dans ce domaine, les nouveaux développements. Nous attendons [comme
6 interprété] régulièrement à des réunions d'un réseau européen de médecine
7 légale et nous collaborons étroitement avec nos collègues, donc nos
8 activités sont très connues en détail, et sur le plan international, notre
9 projet est considéré comme étant le projet avec beaucoup de succès pour ce
10 qui est de l'identification des restes humains.
11 A Seattle, il a été organisé une conférence et nous avons présenté 12
12 ouvrages scientifiques à l'audience large avec les détails des aspects
13 scientifiques de notre travail à partir de l'année 1995 et la chute de
14 Srebrenica. On a présenté toutes les procédures d'identification et
15 d'enquête que nous avons menées. Et cela a été accepté par la communauté
16 scientifique.
17 Q. Avez-vous participé à la rédaction ou à la révision des articles
18 concernant la procédure d'identification appliquée par la commission ICMP
19 et est-ce que vous avez publié ces articles à partir du moment où vous avez
20 déposé ici la dernière fois ?
21 R. J'aimerais bien vérifier ma biographie pour me rappeler le nombre de
22 ces articles. Mais oui, c'était le cas.
23 M. VANDERPUYE : [interprétation] J'aimerais proposer ce document au
24 versement au dossier, Monsieur le Président.
25 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Vanderpuye, j'essaie de
26 savoir si ce document figure sur la liste de vos documents.
27 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je m'excuse. C'est au point 4 de la
28 première catégorie de documents que j'ai l'intention de présenter lors de
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1 mon interrogatoire principal de ce témoin.
2 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]
3 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je viens de recevoir le document mis
4 à jour du greffe parce que je n'ai pas eu la version mise à jour. Merci.
5 Donc la biographie sera versée au dossier.
6 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] En tant que pièce portant la cote
7 P1937.
8 M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci.
9 Q. Docteur Parsons, est-ce que le rôle de la commission ICMP se limite à
10 l'identification des personnes portées disparues au conflit en ancienne
11 Yougoslavie ou bien est-ce que c'était plus étendu comme objectif ? Pouvez-
12 vous nous dire quelque chose là-dessus.
13 R. Oui. Puisqu'on a eu un succès énorme pour ce qui est de notre travail
14 en ancienne Yougoslavie, sur le plan international, nous avons commencé à
15 être impliqués dans des efforts pour ce qui est de l'identification sur la
16 base d'analyse de l'ADN. Nous avons répondu à des demandes d'assistance
17 pour ce qui est des événements dans le monde entier, comme par exemple le
18 tsunami en Asie du sud-est. Egalement, nous avons extrait l'ADN des
19 victimes qui ont été les victimes de l'ouragan Katrina aux Etats-Unis. Nous
20 avons également assisté l'Interpol lorsqu'il a été nécessaire de procéder à
21 des identifications à grande échelle pour ce qui est d'un bateau des
22 Philippines qui a sombré, et lorsqu'il s'agissait des personnes portées
23 disparues au Chili en 1973 également. Voilà quelques exemples.
24 Q. Pour ce qui est du rôle de l'ICMP, est-ce que cela se limitait toujours
25 à l'analyse de l'ADN pour ce qui est des fins médicolégales ou bien vous
26 avez eu des efforts similaires dans d'autres domaines ?
27 R. Oui. En fait, lorsqu'il s'agit de ces procédures médicolégales, on
28 souligne toujours cet aspect du travail de la commission, mais nous ne
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1 sommes pas une institution médicale. Nous avons beaucoup d'expérience pour
2 ce qui est de l'assistance fournie à des gouvernements concernant divers
3 aspects des personnes portées disparues.
4 Par exemple, la commission a été invitée à s'occuper de la question
5 des personnes portées disparues en Colombie, et nous avons envoyé nos
6 équipes d'experts qui devaient se pencher sur cette question parmi
7 lesquelles il y avait des médecins légaux qui s'occupaient d'examiner cette
8 question sur la base d'analyse d'ADN, analyse anthropologique, mais
9 également des aspects des sociétés civiles, droits des victimes, structure
10 juridique, les dommages et intérêts, responsabilités, et cetera. Nous avons
11 une grande expérience et nous suivons tout ce qui se passe dans ce domaine.
12 Q. Vous avez peut-être déjà entendu ce que j'ai dit lorsque j'ai donné
13 lecture du résumé de votre témoignage. Vous avez souligné que la commission
14 est une organisation indépendante. Pouvez-vous nous dire quelque chose là-
15 dessus ?
16 R. Cette commission a été établie en 1996. Il s'agissait d'une initiative
17 conjointe qui a été lancée lors d'une conférence du G7. Donc il s'agit du
18 résultat d'une initiative internationale qui, si je ne me trompe, a été
19 lancée par le président Bill Clinton, l'ancien président des Etats-Unis.
20 C'est comme cela que la commission a été établie et qui, au début, avait
21 pour mandat de travailler dans l'ancienne Yougoslavie.
22 Durant notre travail, nous sommes une organisation qui travaille
23 indépendamment. Nous ne dépendons d'aucun gouvernement ou de corporation,
24 nous ne subissons aucune influence extérieure. Pour ce qui est de la
25 commission même, la commission est supervisée par les commissionnaires.
26 James Kimsey préside à présent la commission, qui est philanthrope sur le
27 plan international, pour ainsi dire. Dans cette commission, il y a
28 plusieurs personnalités internationalement connues.
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1 Nous jouissions d'immunités et du privilège diplomatique dans notre
2 QG en Bosnie et, par conséquent, nous sommes en mesure de fournir des
3 garanties pour ce qui est de la protection des données et l'indépendance de
4 notre travail concernant les identifications que nous effectuons.
5 Q. Est-ce que la commission internationale a quelque chose qu'on pourrait
6 appeler le comité directeur pour ce qui est de la médecine légale en
7 particulier ?
8 R. Oui. A partir du moment où ces programmes ont été établis, la
9 commission a voulu assurer la transparence maximale pour ce qui est de ses
10 activités et également bénéficier des conseils de tout un chacun pour ce
11 qui est de ce domaine. C'est pour cela que très tôt, un organe a été créé.
12 C'était le comité scientifique consultatif. Et moi, j'étais au courant de
13 l'existence de cet organe parce que moi aussi, j'ai joué un rôle au sein de
14 ce comité. J'étais, à l'époque, à la tête du département qui s'occupait de
15 l'identification sur la base d'analyse de l'ADN des forces armées des
16 Etats-Unis. Donc, moi, j'étais membre de ce comité où il y avait des
17 experts de différentes disciplines : anthropologie, archéologie, médecine
18 légale, statistiques, détermination des types d'ADN, et cetera. Nous nous
19 réunissions une fois par an pour voir comment fonctionnait le système, nous
20 évaluions le travail. Ce groupe avait beaucoup de défis, des grands défis,
21 et nous essayions de trouver les réponses à ces défis.
22 Ce groupe consultatif s'appelle différemment, nous l'appelons le
23 comité directeur pour la médecine légale, et ce comité se réunit toujours.
24 Q. Pouvez-vous nous dire quelque chose pour ce qui est du rôle de ce
25 comité consultatif quand il s'agit des rapports avec les gouvernements ?
26 R. A quel comité pensez-vous ? Je ne sais pas à quel comité vous faites
27 référence. C'est un autre comité ?
28 Q. Oui, c'est un autre comité. C'est le comité consultatif des
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1 représentants de gouvernements. Est-ce qu'un tel comité existe ?
2 R. Je ne connais aucun conseil ou comité qui porterait ce nom.
3 Q. Pour ce qui est du comité directeur et son rôle, est-ce que ce comité a
4 une influence sur le choix des cas de la commission ou c'est quelque chose
5 qui est décidé à un échelon supérieur ?
6 R. C'est un comité qui a le rôle consultatif, uniquement le rôle
7 consultatif, il ne décide pas quels seront les cas que la commission
8 examinera.
9 Q. Quelle est la procédure que vous appliquez pour décider dans quel
10 domaine vous allez être engagé ? Comment vous décidez si vous allez
11 travailler par rapport à un avion qui est tombé quelque part ou un bateau
12 qui a sombré dans les Philippines ?
13 R. Notre mandat général est d'assister les gouvernements pour ce qui est
14 des activités concernant les personnes portées disparues, et nous répondons
15 à des invitations de gouvernements, à des demandes d'assistance. Dans
16 certains cas, nous avons offert notre aide. C'était, par exemple, dans le
17 cas de l'ouragan Katrina, où nous avons offert notre aide au gouvernement
18 puisque nous avons voulu aider.
19 Q. J'aimerais que vous nous disiez dans quels locaux la commission
20 internationale pour les personnes portées disparues travaille. Où se
21 trouvent vos locaux aujourd'hui ?
22 R. Le QG et le laboratoire principal pour les analyses de l'ADN se
23 trouvent à Sarajevo, en Bosnie. Il y a une autre unité pour la médecine
24 légale qui s'occupe de la coordination, et c'est le secteur de coordination
25 qui se trouve à Tuzla, en Bosnie. Nous avons un élément du laboratoire pour
26 l'analyse de l'ADN qui se trouve à Banja Luka, en Republika Srpska, en
27 Bosnie. Et tous les échantillons à être analysés pour l'ADN sont envoyés
28 dans ce laboratoire spécial à Banja Luka.
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1 Avec la commission internationale, il y a eu pendant des années les
2 locaux à Tuzla pour ce qui est du projet d'identification de Podrinje. Il
3 s'agit de la morgue où les restes humains de Srebrenica sont conservés et
4 examinés, et à la tête de cette unité se trouve le médecin légiste qui est
5 nommé par une instance judiciaire de Bosnie. Et je me souviens qu'à
6 l'époque cette personne était membre de la commission internationale, donc
7 avait deux casquettes. Donc le projet dont je parle s'appelle le projet
8 d'identification pour Podrinje, PIP. C'est le projet lancé par la
9 commission internationale. Les compétences ont été transférées aux
10 autorités nationales de Bosnie il y a quelques mois, mais nous continuons à
11 fournir notre assistance technique en envoyant nos experts
12 anthropologistes, médecins légiste, et cetera.
13 Q. Est-ce que la commission internationale a des bureaux à Belgrade ou à
14 Pristina, des bureaux régionaux ?
15 R. Je crois que le bureau à Belgrade n'est plus en fonction, mais nous
16 avons toujours un bureau à Pristina.
17 Q. Pendant la procédure d'identification qui a lieu par rapport à des
18 personnes disparues concernant les événements à Srebrenica, est-ce que la
19 commission internationale avait un bureau régional à Belgrade ?
20 R. Oui, et nous avions également un secteur dans notre laboratoire à
21 Belgrade où on a pu effectuer les analyses de l'ADN pour établir les types
22 d'ADN en utilisant des échantillons de référence des membres de famille.
23 Q. Quel est le nombre de laboratoires qui sont en fonction dans le cadre
24 de la commission internationale ?
25 R. A présent, il y en a deux qui s'occupent des analyses de l'ADN; un
26 laboratoire à Banja Luka, en Republika Srpska, et le laboratoire principal
27 à Sarajevo.
28 Q. Et pour ce qui est du secteur chargé de la coordination et des lignes
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1 d'application que vous avez mentionné plus tôt, pouvez-vous nous dire si
2 son siège se trouve dans un des laboratoires de l'ADN ou dans d'autres
3 locaux ? Pouvez-vous nous dire quel est le rôle de ce secteur et où cela se
4 situe dans l'organigramme.
5 R. Il s'agit de locaux séparés. Cela ne se trouve pas dans le cadre des
6 laboratoires d'analyse de l'ADN, mais cela fait absolument partie de cette
7 procédure. Le secteur chargé de l'identification et de la coordination se
8 trouve à Tuzla, et ce sont les locaux où les échantillons sont collectés.
9 Tous les échantillons que nous recevons de la commission internationale et
10 les échantillons prélevés dans les fosses communes, les échantillons de
11 sang que nous avons reçus des membres de la famille des personnes
12 disparues, tout cela afflue dans le secteur chargé de l'identification et
13 de la coordination, où tous ces échantillons sont traités immédiatement
14 pour savoir d'où ils viennent. Tout cela se passe dans les laboratoires
15 pour les analyses de l'ADN où on applique la méthode objective.
16 Il y a d'autres locaux où l'identification et coordination se
17 passent. Après que le système de laboratoire a été établi, on obtient le
18 profil de l'ADN concernant une victime donnée et des échantillons donnés
19 par les membres de la famille, après quoi les profils obtenus de l'ADN sont
20 envoyés au centre chargé de l'identification et de la coordination, où,
21 d'une façon très sophistiquée et informatisée, on procède à l'appariement
22 des échantillons d'os et des échantillons de sang des membres de famille de
23 la victime, après quoi on procède à la rédaction du rapport portant sur les
24 appariements des échantillons de l'ADN.
25 Q. Nous allons parler de la procédure de l'identification dans quelques
26 instants. Vous avez mentionné des dépôts mortuaires, des morgues. Pouvez-
27 vous nous dire quel est le nombre de morgues qui fonctionnent dans le cadre
28 de ce système que vous venez de décrire ? Et par rapport à Srebrenica, aux
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1 personnes portées disparues par rapport aux événements survenus à
2 Srebrenica.
3 Je pourrais répéter ma question. Je m'en excuse. J'ai parlé trop vite. Pour
4 ce qui est des morgues ou des dépôts mortuaires, pouvez-vous nous dire quel
5 est le nombre de morgues qui sont en fonction pour ce qui est de cette
6 procédure d'identification par la commission internationale et par rapport
7 à Srebrenica ?
8 R. A présent, la commission n'a qu'une seule morgue qui a rapport avec
9 Srebrenica, et c'est la morgue que j'ai déjà mentionnée quand j'ai parlé du
10 projet d'identification lié à Podrinje. Avant, il y avait d'autres locaux
11 qui étaient supervisés par la commission internationale et par d'autres
12 organes, tels que le Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie, qui ont
13 été impliqués à des exhumations. La commission internationale avait des
14 locaux près de Visoko dans les années précédentes, et il y a eu également
15 une unité à Lukavac, lié au même projet, PIP. C'est une ville qui se trouve
16 près de Tuzla, en Bosnie. Là-bas, il y avait des locaux où on procédait à
17 des examens des fragments les plus fins des restes humains parce qu'il est
18 très difficile de les examiner aux fins d'identification.
19 Q. J'aimerais que vous nous parliez de ce procédé de l'identification.
20 Vous avez déjà parlé de cela lors de votre déposition précédente, mais
21 pouvez-vous nous dire comment ce procédé commence ? Donc vous avez dit que,
22 par exemple, quelqu'un est venu dans votre organisation pour dire qu'un
23 membre de sa famille est porté disparu. Pouvez-vous nous dire ce qui se
24 passe par la suite ?
25 R. Il y a deux éléments du procédé. Le premier élément comporte l'examen
26 des échantillons et du type de l'ADN des échantillons des victimes prélevés
27 dans les fosses communes. Et l'autre élément concerne les informations
28 fournies par les membres de la famille et l'analyse des échantillons de
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1 sang pour identification. Je peux vous parler de chacun de ces deux
2 éléments de ce procédé d'identification.
3 Tout cela représente le résultat d'un programme développé de la commission
4 internationale pour informer les membres de famille des personnes portées
5 disparues du fait qu'ils peuvent aider à l'identification en se présentant
6 à la commission et en fournissant des échantillons de sang pour ce qui est
7 de la détermination des profils de l'ADN. Il s'agit d'un grand nombre
8 d'échantillons de sang, 70 000 échantillons de sang des membres de famille
9 seulement pour l'Etat de Bosnie, ce qui nous ramène au nombre de personnes
10 portées disparues qui est de 23 000 pour ce qui est de l'Etat de Bosnie. Ce
11 procédé commence par l'établissement du contact avec les familles. On
12 organise les membres de famille en groupes pour leur donner les
13 informations, pour leur faire comprendre quels sont leurs besoins et leur
14 situation. Donc c'est le point de départ pour ce qui est de la collecte de
15 ce grand nombre d'échantillons concernant les personnes portées disparues.
16 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous prie de ralentir votre débit,
17 puisqu'il est très difficile de vous suivre.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur, voudriez-vous que je répète ce que
19 j'ai déjà dit plus lentement ?
20 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vois que tout a été consigné au
21 compte rendu de façon correcte, mais les interprètes doivent interpréter
22 tout cela en d'autres langues, donc il faut que vous ralentissiez votre
23 débit un peu.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Donc, lorsque les échantillons de sang sont
25 obtenus des membres de familles, avec des garanties que ces échantillons
26 allaient être utilisés uniquement pour l'identification de leurs proches,
27 ces échantillons sont catégorisés selon les types des profils de l'ADN des
28 personnes portées disparues. On entre tout cela dans la base de données des
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1 profils de l'ADN et on se penche également sur les informations concernant
2 les liens de parenté des victimes et des membres de famille et des
3 personnes portées disparues.
4 M. VANDERPUYE : [interprétation]
5 Q. Vous avez dit qu'une personne qui vient à la commission pour dire qu'un
6 membre de la famille est porté disparu, que tout cela peut se passer
7 puisqu'il y a le programme qui est appliqué par la commission. Est-ce que -
8 - au moment où une personne est portée disparue et que cette information
9 est fournie à la commission, savez-vous si les mêmes informations sont
10 fournies à d'autres organisations; par exemple, le comité international de
11 la Croix-Rouge ou d'autres agences qui sont présentes en Bosnie ?
12 R. Il y a des listes qui se chevauchent, les listes des personnes portées
13 disparues que nous avons et d'autres listes établies par d'autres
14 organisations, comme par exemple le comité international de la Croix-Rouge.
15 Notre base de données est unique puisque toutes les données sont en rapport
16 avec des échantillons de sang et avec des échantillons génétiques. Nous
17 avons donc les profils génétiques pour ce qui est de tous les membres de
18 famille de cette personne portée disparue.
19 Q. Vous avez indiqué qu'il y avait beaucoup de chevauchement. Donc, est-ce
20 que cela indique que les listes dont dispose le CICR chevauchent les listes
21 de l'ICMP ?
22 R. Oui, c'est exact. Parce qu'en fait, il n'y a pas eu de procédure de
23 compatibilité ou d'harmonisation entre ces deux listes. De toute façon,
24 elles ont des objectifs légèrement différents. Car nous, notre objectif
25 principal est fondamentalement d'identifier les personnes portées
26 disparues.
27 Q. Pour ce qui est des échantillons sanguins, vous nous avez dit qu'il y
28 avait les renseignements pertinents relatifs aux donneurs par rapport à la
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1 victime, et vous avez dit que tout cela était consigné. Nous allons revenir
2 là-dessus puisque, de toute façon, nous allons parler des types d'examens
3 que vous effectuez. Mais j'aimerais savoir, en règle générale, quels sont
4 les liens que vous recherchez entre un donneur et une victime pour pouvoir
5 opérer un appariement ou une identification ADN fiable ?
6 R. La référence la plus utile c'est lorsqu'il y a un lien de parenté
7 direct, par exemple père, mère ou enfant. Toute autre combinaison de lien
8 de parenté peut nous permettre de procéder à des identifications. Et nous
9 avons différents types de pedigrees, en quelque sorte, que nous pouvons
10 utiliser. Parfois nous pouvons avoir une mère et deux enfants, un frère et
11 une sœur. Alors, ce qui est idéal, c'est d'avoir le père et la mère, et là
12 cela suffit. Vous êtes sûr de pouvoir procéder à une identification si vous
13 avez cela. Et puis, il y a d'autres possibilités également de lien de
14 parenté qui peuvent permettre d'établir un lien de parenté.
15 Mais il y a quelque chose qu'il faut comprendre. Alors, est-ce qu'il
16 est possible d'établir un appariement avec certitude ? Cela dépend en fait
17 des types génétiques des familles, car nous avons étudié nombre d'ADN
18 nucléaires indépendants - il s'agit de différentes positions des
19 chromosomes - et, en fait, ils varient de façon assez importante. Lorsque
20 vous avez une position, vous pouvez obtenir un type d'ADN - je pourrais
21 développer plus tard, si vous le souhaitez - mais ce type peut soit être
22 très commun dans la population ou très rare dans la population. Donc, si
23 une famille a des types qui se trouvent sur un locus bien particulier - il
24 s'agit des positions dont je vous parlais - cela est très rare, et il va
25 être très facile d'identifier la personne en question parce qu'elle
26 partagera cette rareté du type.
27 Mais parfois il y a des cas où vous avez, par exemple, une mère, et
28 vous avez le type génétique de la mère et vous avez le type génétique de
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1 ses enfants qui permettront une certaine identification avec une certitude
2 de 99,99999. Et vous avez d'autres cas, par exemple, où vous avez une
3 famille qui a un type génétique très commun, là nous ne pourrons pas avoir
4 une certitude à 99,95 %. C'est pour cela que nous essayons toujours d'avoir
5 plusieurs membres de la famille, dans la mesure du possible.
6 Q. Vous avez mentionné l'analyse des échantillons osseux, et vous nous
7 avez dit, à toutes fins utiles, qu'ils étaient extraits de corps exhumés,
8 ces échantillons osseux. Est-ce que vous pourriez nous expliquer le procédé
9 qui est utilisé, à savoir comment est-ce que ces échantillons osseux
10 arrivent dans votre laboratoire et quel est le sort réservé à ces
11 échantillons osseux une fois qu'ils ont été réceptionnés dans votre
12 laboratoire ?
13 R. Alors, les échantillons osseux peuvent arriver dans notre laboratoire
14 suivant plusieurs méthodes. Je pense que pour la Chambre de première
15 instance ce qui est intéressant, c'est de nous concentrer sur la grande
16 majorité des cas, à savoir des restes humains exhumés dans des fosses
17 communes ayant différentes tailles. Pour ce qui est de Srebrenica, par
18 exemple, très souvent il s'agit de fosses communes larges, très larges. Et
19 il y a également ce que l'on appelle les fosses communes secondaires, à
20 savoir les restes des personnes ont été déplacés de la fosse commune
21 primaire, ont été transportés dans un camion vers un site différent, et
22 ensuite ont été réenterrés dans une fosse commune clandestine.
23 Donc, pour ce qui est des échantillons osseux reçus par l'ICMP, ils
24 peuvent provenir de restes exhumés par le TPIY juste après le conflit, donc
25 au début du TPIY. Ils peuvent également provenir, et ça c'est une catégorie
26 très commune, ils peuvent également provenir d'exhumations où l'ICMP a joué
27 un rôle. Par exemple, nous avons des équipes d'experts, d'anthropologues
28 judiciaires et d'archéologues judiciaires extrêmement compétents, et il
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1 faut savoir qu'en 2000, l'ICMP a commencé à fournir une assistance
2 technique sur les lieux d'exhumation pendant les exhumations. Donc il faut
3 savoir que lorsque vous avez une exhumation officielle, il faut qu'il y ait
4 une ordonnance rendue par un tribunal pour que l'exhumation ait lieu. Et
5 vous avez en fait le projet d'exhumation conjoint, puisqu'il s'agit d'un
6 système qui a été en quelque sorte mis en place par le bureau du haut
7 représentant en 1996. Il faut savoir que la commission des personnes
8 portées disparues pour les Croates et les Bosniaques travaillait
9 conjointement avec le bureau des personnes portées disparues pour la
10 Republika Srpska, et ce, pour mener à bien ces excavations.
11 Donc, dans le cas de Srebrenica, où l'ICMP a fourni une assistance
12 technique, le site était ouvert grâce à ces procédures d'exhumation
13 conjointes. L'équipe principale était en fait la commission des personnes
14 portées disparues pour la Fédération croato-bosniaque, et ils s'occupaient
15 de l'excavation. Cela était supervisé dans beaucoup de cas par un
16 représentant du bureau de Republika Srpska, et il y avait une sécurité qui
17 était assurée 24 heures sur 24 par la police de la Republika Srpska.
18 Il faut savoir que dans beaucoup de cas, l'ICMP a fourni toute une
19 gamme de compétences techniques, mais je dirais que dans de nombreux cas,
20 nous avons fourni une assistance technique complète. Je pense aux
21 excavations médicolégales menées à bien par les archéologues judiciaires.
22 Nous avons ici utilisé les toutes dernières méthodes pour récupérer ces
23 restes humains, nous avions également collecté les données de façon
24 électronique et nous avons dressé des archives qui sont extrêmement solides
25 pour ce qui est de tous les restes humains et de toutes les preuves qui
26 avaient été récupérés de ces sites.
27 Il y a une chose qui est extrêmement importante. Je vous ai parlé des
28 fragments et des restes qui étaient mélangés lorsqu'ils étaient transportés
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1 vers des sites ou des fosses communes secondaires. Donc il ne faut pas
2 arriver et enlever toute une pile d'os. Il faut essayer de déplacer, de
3 récupérer des parties de personnes de façon articulée pour que vous ne vous
4 retrouviez pas avec, en quelque sorte, un fouillis de restes mortels --
5 Q. J'aimerais juste intervenir et vous poser une question, parce que vous
6 avez mentionné le bureau du haut représentant ainsi que son rôle dans le
7 cadre d'exhumations conjointes. Est-ce que vous pourriez nous dire quel est
8 le bureau du haut représentant ? D'après vous, qu'est-ce que cela
9 représente ? Pour que nous sachions bien de quoi il est question.
10 R. Eh bien, je demande l'indulgence de la Chambre car je n'ai pas beaucoup
11 de compétences en matière de structures politiques. J'avoue que je suis
12 avant tout un scientifique. Mais voilà comment je comprends le bureau du
13 haut représentant : il s'agit d'un organe qui a été créé par le conseil de
14 mise en œuvre de la paix. Toujours est-il qu'il s'agit d'un représentant
15 international qui est nommé -- bon, cela, à la suite des accords de Dayton,
16 si je ne me trompe. Et je vous dirais que je ne connais pas tous les
17 tenants et aboutissants de cette question. Mais il s'agit d'un organe qui a
18 un pouvoir administratif extrêmement important en Bosnie et qui peut
19 exercer une autorité administrative en cas de besoin. En règle générale, je
20 dirais que le système politique en Bosnie fonctionne tout seul, mais là il
21 s'agit d'un mécanisme qui permet à la communauté internationale, compte
22 tenu des accords de paix, de jouer un rôle de supervision administrative en
23 quelque sorte ou de contrôle administratif. Voilà, c'est la meilleure
24 réponse que je peux vous fournir. Je m'en excuse.
25 Q. Merci. Je pense aux échantillons qui sont reçus par l'ICMP. Est-ce que
26 l'ICMP est responsable ou est-ce qu'elle a plutôt une influence pour ce qui
27 est de l'étiquetage de ces échantillons, et je pense notamment aux liens
28 entre ces échantillons et des sites d'exhumation ou des fosses communes ?
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1 R. Je répondrais de façon générale par un non. Cela dépend des personnes
2 qui examinent les restes mortels et qui prélèvent des échantillons pour les
3 ADN. En fait, on avait différents types de protocoles ou de conventions
4 d'étiquetage. C'est vrai que l'ICMP a des conventions en matière
5 d'étiquetage et qu'elle préfère utiliser son protocole, et nous
6 encourageons les personnes à le faire. Lorsque c'est nous qui contrôlons la
7 procédure de A à Z, il y a, par exemple, la nomenclature en matière
8 d'étiquetage, notre nomenclature que nous utilisons.
9 Q. En un mot comme en cent, j'aimerais savoir si les laboratoires
10 médicolégaux de l'ICMP fonctionnent comme tout laboratoire qui ferait un
11 examen routinier, une prise de sang, par exemple ? Si quelqu'un va voir son
12 médecin, une prise de sang est faite et l'échantillon sanguin est envoyé.
13 Donc, est-ce que votre laboratoire fonctionne de la même façon, en tenant
14 compte des mêmes principes ?
15 R. Eh bien, dans la mesure où nous effectuons des examens ou que nous
16 avons un système d'examen accrédité et homogène, uniforme, oui, je pense
17 que pour ce qui est de l'ensemble de la procédure, elle est assez
18 semblable, car vous avez un échantillon biologique qui doit faire l'objet
19 d'un examen scientifique, l'échantillon est testé par rapport à cet examen,
20 et ensuite vous obtenez les résultats de l'examen.
21 Je ne --
22 Q. Oui, mais est-ce qu'il y a une sélectivité qui est opérée par l'ICMP,
23 je pense par rapport aux échantillons réceptionnés ? En d'autres termes,
24 est-ce que l'ICMP peut exercer une influence par rapport aux types
25 d'échantillons osseux ou à la provenance de ces échantillons osseux pour
26 pouvoir mettre ces échantillons osseux en parallèle ou les comparer avec
27 les profils de sang des donneurs qui ont été reçus ?
28 R. L'ICMP peut exercer une influence sur ce qu'elle reçoit, mais elle ne
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1 contrôle pas tout toujours ce qu'elle reçoit. Il y a de nombreux cas où les
2 restes physiques qui ont été récupérés dans les fosses communes sont
3 envoyés à l'ICMP et il y a une analyse anthropologique et une analyse d'ADN
4 qui est effectuée à ce moment-là. Et dans ces conditions, nous avons des
5 protocoles d'échantillonnage extrêmement précis dont le but est de
6 minimiser la quantité d'ADN nécessaire tout en optimalisant la possibilité
7 de réassocier les restes qui ne sont pas ensembles, qui sont complètement
8 désassemblées.
9 Donc ce que j'entends, c'est que nous avons une procédure
10 opérationnelle normalisée que nous recommandons sur les sites pour les
11 squelettes sur lesquels des échantillons doivent être prélevés pour l'ADN.
12 Et nous encourageons vivement les personnes à utiliser cette procédure
13 opérationnelle normalisée. Mais très souvent nous recevons des échantillons
14 qui, d'après nous, n'ont pas été prélevés conformément à notre procédure
15 normalisée.
16 Donc, si vous pensez au pire des cas, vous avez quelqu'un qui ouvre
17 une housse mortuaire, qui y trouve des centaines d'échantillons osseux et
18 qui va commencer, de façon tout à fait aléatoire, à prélever des
19 échantillons et à les présenter pour qu'ils fassent l'objet d'analyse ADN.
20 Mais en fait, il faudrait pouvoir, dans un premier temps, déterminer le
21 nombre minimum de personnes dont il est question pour pouvoir prélever des
22 échantillons pour lesquels l'analyse sera beaucoup plus efficace. Mais cela
23 ne se passe pas toujours. Donc nous ne pouvons pas toujours contrôler la
24 provenance, la façon dont les échantillons sont prélevés ou la façon dont
25 tout cela est étiqueté.
26 Q. En ce qui concerne le processus des tests, souvent vous arrivez à
27 trouver des paires, et pour le déclarer d'une façon plus précise, nous
28 allons parler plus tard quelles sont les méthodes pour cela. Donc vous avez
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1 parlé de la différence entre trouver une paire et la clôture d'une affaire,
2 c'est-à-dire quand le dossier est clos, et c'est quelque chose qui est fait
3 par le pathologiste. Pouvez-vous nous expliquer cela ?
4 R. Comme je l'ai dit tout à l'heure, quand il s'agit d'échantillonner les
5 différents types d'ADN, notre système est parfaitement objectif. Nous ne
6 pouvons absolument pas savoir d'où viennent les échantillons et à quoi on
7 peut les référer, et là je parle aussi bien des échantillons osseux que des
8 échantillons de sang. Ensuite, nous avons un processus très objectif pour
9 essayer de trouver les échantillons de l'ADN, et ensuite, informatiquement,
10 on va essayer de faire les paires. Par exemple, je vais vous citer un
11 exemple : une mère et une fille nous ont donné leurs échantillons de sang
12 pour essayer de retrouver le fils disparu. Ensuite, nous avons des
13 échantillons d'os et on va comparer cela avec des dizaines de milliers
14 d'échantillons que l'on possède dans notre base de données.
15 A un moment donné, informatiquement, on va arriver à des paires
16 possibles où vous avez une très haute probabilité de lien, c'est-à-dire des
17 éléments que l'on pourrait lier pour pouvoir faire des paires. Par exemple,
18 cet échantillon osseux pourrait être lié à cette femme. Un autre va être
19 lié au frère, enfant, et cetera. Nous utilisons toute une série d'indices
20 que l'on rentre dans notre système informatique pour travailler sur les
21 informations génétiques d'une personne portée disparue. On compare cela
22 avec le profil des frères, des sœurs, et on arrive à élaborer un profil
23 génétique de la personne portée disparue.
24 Q. [aucune interprétation]
25 R. Sur la base du résultat de ce calcul qui est fait informatiquement, on
26 peut, avec une probabilité haute, essayer de faire le lien entre ce profil
27 ADN avec les échantillons prélevés auprès des familles. C'est-à-dire, là on
28 va trouver le pourcentage de probabilité qu'il s'agisse justement de la
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1 personne portée disparue, de la personne recherchée par la famille.
2 Le système que nous utilisons permet une précision extraordinaire,
3 c'est-à-dire qu'on arrive à 99,95 %. Autrement dit, vous avez une chance
4 sur 2 000 qu'un profil ADN n'est pas correct, c'est-à-dire qu'il appartient
5 à une autre personne, pas à la personne que nous avons identifiée.
6 Donc, quand je dis une personne sur 2 000, eh bien, c'est le critère
7 le plus bas qui est acceptable pour nous, le degré le moins élevé. Dans de
8 nombreux cas, au lieu d'avoir une probabilité de 99,95 %, nous arrivons à
9 95,99999 % [comme interprété] des cas qu'on ne se trompe. Donc, là vous en
10 arrivez à une chance sur 100 billions de cas de se tromper.
11 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je vais essayer de vous montrer toute une
12 série de documents. Le premier document c'est un document qu'il ne faudrait
13 pas montrer dans le public. C'est le document 65 ter 6723A. C'est le numéro
14 du document.
15 Je ne pense pas qu'on ait la traduction de ce document, donc je vais
16 expliquer à la Défense de quoi il s'agit. Il s'agit d'un dossier qui
17 concerne les cadavres exhumés d'une fosse commune, et il s'agit du corps
18 numéro 40. En haut du document, on voit BIS, 01 SEK, ce qui correspond
19 probablement à Sekovici, et ensuite on a un numéro, 0408 [comme
20 interprété], et la lettre (F). On voit aussi le nom de la personne à
21 laquelle correspond le dossier.
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Vanderpuye, permettez-moi
23 d'intervenir parce que je viens de penser à quelque chose. Tout à l'heure,
24 quand on a parlé des rapports ADN pour lesquels on a trouvé une paire, je
25 n'ai jamais vraiment répondu à la question que vous m'avez posée, à savoir
26 comment on arrive à trouver des paires et comment on clôt un dossier. Si
27 vous voulez, je peux vous en parler plus en détail.
28 M. VANDERPUYE : [interprétation] Excusez-moi. Je n'ai pas compris qu'on n'a
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1 pas terminé avec ce thème.
2 Q. Veuillez, s'il vous plaît, nous expliquer de quoi il s'agit. Je pense
3 qu'il serait plus utile, en effet, de nous donner cette explication, et
4 ensuite on va passer à l'autre dossier.
5 R. Je vous ai expliqué d'une façon très, très longue de quelle façon on
6 fait ces rapports, les rapports d'appairage, mais ensuite ces rapports sont
7 envoyés aux pathologistes, ceux qui nous ont envoyé au départ les
8 échantillons osseux. Aujourd'hui, on le fait d'une autre façon. On le fait
9 en passant par une organisation du gouvernement bosniaque, l'institut pour
10 les personnes portées disparues. C'est l'institution qui a la charge des
11 personnes portées disparues, et c'est eux qui envoient les dossiers au
12 pathologiste. Toujours est-il qu'un rapport ADN positif est envoyé à
13 l'instance qui possède la dépouille de la personne portée disparue. La
14 personne qui va recevoir le rapport doit vérifier si, du point de vue
15 biologique, cela correspond aux informations qu'il possède au sujet de
16 l'âge, le sexe, et cetera, des restes humains. Est-ce que cela correspond
17 aussi aux conditions de la disparition ? Est-ce que c'est le corps qui a
18 été trouvé dans une fosse commune, par exemple, près de Srebrenica ? Et
19 vérifier que la famille a bien déclaré que c'est justement par rapport à
20 Srebrenica que la personne a disparu.
21 Ensuite, on va aussi vérifier les objets retrouvés sur le corps, et
22 cetera, et le médecin légiste va, sur la base de ce rapport ADN et du corps
23 et de l'analyse des restes trouvés, il va, sur la base de toutes ces
24 informations, pouvoir élaborer le certificat de décès.
25 En ce qui concerne Srebrenica, c'est le Dr Rifat Kesetovic qui a fait
26 tout cela à Podrinje dans l'organisation PIP. Une fois que ce dossier est
27 déclaré clos, on peut transmettre le corps à la famille, et la famille va
28 prendre connaissance de l'intégralité du dossier. Donc c'est la différence
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1 entre le rapport des échantillons ADN et la clôture du dossier.
2 Q. Est-ce qu'on peut dire que la commission internationale participe à
3 cette déclaration finale, à savoir au rapport de décès établi par le
4 médecin légiste ?
5 R. Oui, bien sûr.
6 Q. Puis, en ce qui concerne le critère de sûreté de l'identification, vous
7 avez dit que la valeur la moins élevée est celle des 99,95 %.
8 R. Oui, c'est exact. C'est bien cela le pourcentage.
9 Q. Maintenant je vais vous montrer un document --
10 M. VANDERPUYE : [interprétation] Mais je pense que nous devons tout de même
11 passer à huis clos partiel, puisque nous allons peut-être être amenés à
12 montrer des noms.
13 M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation]
14 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
15 [Audience à huis clos partiel]
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9 [Audience publique]
10 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Mais nous ne pouvons pas
11 poursuivre parce que le moment est venu pour prendre notre deuxième pause,
12 et ensuite nous allons poursuivre nos travaux à 6 heures 15 minutes.
13 --- L'audience est suspendue à 17 heures 45.
14 --- L'audience est reprise à 18 heures 16.
15 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Vanderpuye, veuillez
16 continuer.
17 M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
18 Q. Monsieur Parsons, au moment où nous avons levé la séance tout à
19 l'heure, je venais de vous poser une question, à savoir comment vous étiez
20 sûr que c'était bien cela le document envoyé au médecin légiste. Et vous
21 avez commencé à répondre.
22 R. Oui. Si j'ai bien compris, je peux me servir de ce stylet pour noter ce
23 que je veux sur l'écran. Je le vois immédiatement. Est-ce que vous voyez le
24 curseur qui se déplace ?
25 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] C'est le greffier [comme interprété]
26 qui va vous aider pour que vous puissiez annoter ce document.
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Il serait plus facile si j'annote justement la
28 partie qui m'intéresse. Donc, ici, vous voyez les profils génétiques de ces
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1 personnes. Et la façon qui me permet de vérifier que tout cela a été envoyé
2 au médecin légiste est le fait que ces génotypes-ci sont codés de la façon
3 qui vous permet de voir quels sont les rapports entre ces individus de
4 sorte que vous ne pouvez pas savoir quel est le profil génétique de ces
5 personnes. Et nous faisons cela à cause du respect de la vie privée des
6 individus.
7 M. VANDERPUYE : [interprétation] Est-ce qu'on peut verser ce document.
8 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Eh bien, il nous serait plus utile si
9 les explications que vous nous avez fournies par rapport aux deux parties
10 que vous avez annotées. Est-ce que vous pouvez annoter à nouveau parce
11 qu'on a perdu le document, on ne le voit plus sur l'écran. Voilà.
12 Maintenant ajoutez les chiffres 1 au premier cercle et 2 au deuxième, et
13 ensuite dites-nous de quoi il s'agit.
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Sous le numéro 1, nous avons le profil
15 génétique codé, le profil de la victime, donc du squelette, des restes que
16 l'on a retrouvés; et sous 2, le deuxième cercle correspond au profil
17 génétique, chiffré aussi, d'un membre de la famille.
18 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Parfait.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Et ensuite, il y a d'autres éléments que je
20 n'ai pas annotés, que je n'ai pas encerclés.
21 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien. Donc il s'agit là d'un
22 membre de la famille.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous en prie.
24 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Donc M. Vanderpuye a demandé à ce que
25 ceci soit versé au dossier et nous allons le verser au dossier.
26 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P1938, Monsieur
27 le Président.
28 M. VANDERPUYE : [interprétation]
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1 Q. Avant de passer à la page suivante, Monsieur, veuillez regarder ce qui
2 est écrit en bas à gauche sur cette page. On voit quel est l'échantillon de
3 référence. Pour le compte rendu d'audience, pourriez-vous nous dire si
4 c'est bien la photo de l'échantillon qui a servi de base pour faire cette
5 vérification ?
6 R. Oui.
7 Q. Est-ce qu'on fait cela à chaque fois qu'on essaie d'établir un rapport
8 ADN ?
9 R. Oui.
10 M. VANDERPUYE : [aucune interprétation]
11 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Cette pièce vient d'être versée au
12 dossier sous scellé.
13 M. VANDERPUYE : [interprétation]
14 Q. Pourriez-vous nous dire ce que l'on voit ici ?
15 R. Ici, c'est une autre version du rapport ADN qui existe aussi dans
16 l'ICMP. Ici, nous voyons des profils génétiques qui ne sont pas chiffrés,
17 donc un généticien pourrait, sur la base de ces informations, dire
18 exactement quel est le profil génétique de cette personne. Moi, je vous ai
19 dit que nous n'envoyons jamais à l'extérieur ce genre de document pour
20 respecter de la vie privée des individus. Et tout à la fin, vous avez toute
21 une série de lignes où l'on peut apposer une signature. Ceci nous montre
22 exactement le processus, parce qu'une fois qu'on a établi le profil
23 génétique, on le renvoie au laboratoire ADN, où on procède à d'autres
24 examens, et à la fin, on appose une signature à la fin du document pour
25 certifier qu'il s'agit d'un examen accompli et exact. Donc c'est vraiment
26 une procédure typique qui confirme l'exactitude des informations.
27 Q. La fiabilité statistique par rapport à l'échantillon et les membres de
28 la famille, on voit cela sur ce document, c'est en bas de la page. Pouvez-
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1 vous nous dire de quoi il s'agit ?
2 M. VANDERPUYE : [interprétation] Est-ce qu'on peut agrandir déjà cette
3 pièce pour mieux voir.
4 Q. Donc, est-ce que vous pourriez nous dire de quoi il s'agit ? On parle
5 de la probabilité. Ce n'est pas quelque chose qui a été traduit.
6 "Les résultats de l'ADN obtenus à partir de l'échantillon osseux BIS
7 01 SEK 040 B (f) sont 900e 15 fois plus vraisemblables si l'échantillon
8 osseux vient d'une personne ayant un lien de parenté avec les échantillons
9 sanguins en question et décrit dans ce rapport que si l'échantillon osseux
10 vient d'un autre individu de la population générale qui n'a aucun lien de
11 parenté avec la victime. La probabilité de lien est ici décrite comme
12 dépassant 99,99999 %."
13 Qu'est-ce que cela veut dire ?
14 R. Eh bien, après 900, vous voyez un petit "e", cela nous donne la valeur
15 exponentielle sur la base du chiffre 10, donc 900 fois 10 sur 15. Donc,
16 après le chiffre 90 [comme interprété] - vous avez un point, donc c'est un
17 chiffre décimal -et ensuite vous avez dix chiffres 9. Donc c'est 900
18 milliards.
19 Q. Et que veut dire ce chiffre-là, l'autre chiffre, 1 sur 7 000 ?
20 R. Je vais revenir sur le chiffre original, à savoir 900 trillions. Il
21 s'agit d'une probabilité, et c'est le résultat du test ADN. Dans les
22 statistiques dans la médecine légale, il s'agit de la probabilité. Après
23 avoir fait le test, vous êtes encore plus sûr qu'avant. Il est probable
24 qu'avant, il y avait des indices, des informations indiquant qu'il s'agit
25 bien de cette personne-là, mais après avoir fait le test, nous sommes 900
26 milliards de millions de fois plus sûrs qu'avant.
27 Et cela dépend du degré de certitude d'avant avoir fait les tests.
28 Ici, on voit qu'avant d'avoir fait le test, il y avait une possibilité sur
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1 7 000, avant avoir fait le test ADN, que l'échantillon n'appartenait pas à
2 la personne indiquée. Quand je parle de 7 000, ce sont les 7 000 personnes
3 disparues à Srebrenica. On sait que c'est une personne retrouvée dans la
4 fosse commune liée à Srebrenica. C'est pour cela qu'il s'agit d'un
5 échantillon sur 7 000. Et donc, quand vous comparez cela au facteur de 900
6 trillions, vous arrivez à une probabilité extrêmement élevée.
7 On n'a pas ajouté tous les chiffres 9 qui suivent après 99.9999 parce
8 qu'il y en a plus que neuf --
9 Q. [aucune interprétation]
10 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je vais demander que l'on montre le
11 document 06723A en vertu de l'article 65 ter.
12 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je n'ai pas la liste mise à
13 jour, mais je suppose que c'est quelque chose qui figurait sur votre
14 dernière liste ?
15 M. VANDERPUYE : [interprétation] Oui. Je suis désolé que vous n'avez
16 pas la liste mise à jour.
17 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Vous n'avez pas besoin de
18 présenter vos excuses. Sans doute que l'erreur vient de nous. Nous allons
19 verser cela au dossier.
20 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P1939 sous
21 pli scellé.
22 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je voudrais montrer un autre document au
23 Dr Parsons, et c'est le document 7191 en vertu de l'article 65 ter. Ceci ne
24 devrait pas être montré au public.
25 Monsieur le Président, vu qu'ici on a plusieurs tableaux, nous allons
26 utiliser le logiciel Sanction pour pouvoir les montrer sur les écrans dans
27 ce prétoire. Est-ce que l'on peut procéder comme cela ?
28 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bien sûr. Allez-y.
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1 M. VANDERPUYE : [interprétation]
2 Q. Monsieur Parsons, est-ce que vous reconnaissez cela ?
3 R. Il s'agit là de la page de garde -- en fait, je ne connais pas la page
4 de garde, mais il s'agit d'une page de garde -- je n'avais pas le bon
5 document. Voilà. C'est la page de garde d'un document Excel qui a été
6 communiqué par la commission internationale à votre bureau.
7 Q. Est-ce que cela correspond aux rapports d'appariement qui sont le
8 résultat du processus que vous venez de décrire ?
9 R. Oui.
10 Q. Je vais demander que l'on nous montre le document qui se trouve au
11 premier intercalaire, qui concerne les "événements à Srebrenica". On a
12 aussi l'intercalaire qui concerne "Zepa", et puis le troisième qui n'est
13 "lié qu'en partie", et puis le quatrième qui n'a "rien à voir".
14 Veuillez examiner avec moi ce tableau.
15 R. [aucune interprétation]
16 Q. Tout d'abord, on va regarder ce qui est écrit ici. Déjà à la première
17 ligne, on voit la date de naissance, ensuite le "protocol ID".
18 Pourriez-vous nous dire ce que c'est que l'identification du
19 protocole ?
20 R. Chaque entrée horizontale correspond à un rapport d'appariement de
21 l'ADN qui est ici répertorié. A la première colonne, vous voyez le nom de
22 la personne concernée. Et en ce qui concerne la question posée, c'est tout
23 simplement un numéro interne utilisé par la commission et qui est attribué
24 au rapport en question.
25 Q. Ensuite, "l'identification du cas étudié" ?
26 R. C'est le nom de l'échantillon, si j'ose dire. C'est une identification
27 chiffrée qui identifie l'échantillon qui est arrivé dans la commission
28 internationale.
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1 Q. Ce nom qui est donné à cet échantillon, est-ce qu'on peut faire le lien
2 entre cela et ce que je viens de montrer tout à l'heure, à savoir c'est
3 quelque chose qui va servir à identifier les corps ?
4 R. Oui, c'est exactement le numéro en question.
5 Q. Ensuite, on voit la colonne E, où on peut lire "ID ICMP".
6 R. Là encore, c'est un numéro interne utilisé par la commission qui
7 concerne la personne portée disparue. Donc le numéro qui est utilisé à
8 l'intérieur de la commission va être lié au numéro du rapport, et c'est de
9 cette façon-là que l'on va faire le lien entre le rapport et la personne.
10 Q. Ensuite, on voit les "coordonnées des lieux", ensuite la "compétence"
11 et la "date de la présentation du dossier". Qu'est-ce que cela représente ?
12 R. C'est la date à laquelle la commission a communiqué ce rapport
13 d'appariement de l'ADN à un organe externe.
14 Q. Qui fournit les informations sur la date de disparition ?
15 R. C'est le membre de la famille qui a déclaré la personne disparue.
16 Q. Ensuite, on voit les types de rapports. Pourriez-vous nous dire de quoi
17 il s'agit là ?
18 R. S'il existe une affaire principale, cela veut dire que le rapport
19 d'appariement est la première fois où l'on a pu établir un lien entre
20 l'échantillon osseux et la personne disparue. On a un autre cas de figure,
21 c'est quand on a un deuxième échantillon osseux qui est lié avec la même
22 personne.
23 Q. Ensuite, on voit l'intercalaire concernant Zepa. Ici, on peut voir que
24 certaines personnes sont surlignées en rose. Est-ce que vous pourriez nous
25 dire de quoi il s'agit ?
26 R. C'est le nouveau type de tableau qui fait partie de toute une série de
27 tableaux qu'on a communiquée au bureau du Procureur. Chez moi, la couleur
28 est plutôt beige que rosâtre. Il s'agit des nouveaux rapports d'appariement
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1 par rapport aux rapports que nous vous avons envoyés auparavant.
2 Q. A présent je voudrais attirer votre attention sur les deux dernières
3 colonnes, où il est écrit que "l'appariement définitif n'a pas eu lieu".
4 Pourriez-vous nous dire ce que cela veut dire ? Nous avons le cas où
5 certains échantillons ont fait l'objet d'un appariement de façon
6 définitive, et d'autres non. Qu'est-ce que cela veut dire ?
7 R. Ces listes qui concernent les corps retrouvés à Srebrenica, on les a
8 traitées ensemble à la demande du Tribunal pénal international pour l'ex-
9 Yougoslavie. Il n'est pas habituel pour nous d'élaborer de telles listes.
10 Cela ne fait pas partie de nos travaux. D'habitude, on ne fait pas cela.
11 Mais il est arrivé que l'on vous envoie toute une série de listes, et au
12 fur et à mesure que le temps s'écoulait, on recevait de nouvelles
13 informations par rapport aux cas qui avaient déjà fait l'objet de
14 différentes listes. Ici, nous avons apporté un certain nombre de
15 corrections par rapport à des cas ou personnes qui ont déjà fait l'objet de
16 différentes listes pour montrer que la situation a changé et de quelle
17 façon.
18 Donc le critère principal pour que le nom d'une personne se retrouve
19 sur une telle liste c'est que la famille ait déclaré disparue une personne
20 suite à la chute de Srebrenica en juillet 1995. C'était le critère
21 principal.
22 Ensuite, après avoir reçu d'autres informations, on mettait à jour ces
23 listes. Ici, on trouve différentes catégories additionnelles. J'espère
24 qu'on va réussir à les clarifier. Quand on va parler de cela, je pense
25 qu'il sera plus facile de tout d'abord regarder la colonne dans le tableau
26 où il est écrit "les cas où il n'y a pas eu d'appariement".
27 Q. Très bien.
28 R. Ici, nous avons six cas différents, six cas différents pour lesquels la
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1 commission internationale pense qu'il n'y a pas de lien avec les événements
2 à Srebrenica. Dans les commentaires, on décrit pourquoi la conclusion qu'on
3 fait à présent est différente de la conclusion que nous avions faite
4 auparavant.
5 Je comprends très bien ce qui est écrit ici, mais je pourrais peut-
6 être vous expliquer de quoi il s'agit pour que vous puissiez vraiment
7 comprendre quels sont les facteurs à prendre en compte. On peut peut-être
8 examiner un exemple.
9 Voyons le premier exemple, le premier cas. Le commentaire de la
10 commission est comme suit : "deux frères portés disparus". Cela veut dire
11 qu'on les a déclarés disparus. Pour une personne, il est déclaré qu'elle a
12 disparu en juillet 1995, et pour l'autre, en 1992. "La personne portée
13 disparue en 1995 a été identifiée dans l'affaire Cancari." Donc il s'agit
14 d'une fosse commune. Cancari qui est liée à Srebrenica. Et nous avons
15 l'autre frère qui est porté disparu en 1992, et pas en 1995.
16 Pour vous aider à comprendre, je vais dire ce qui suit : dépendant des
17 échantillons de référence, l'analyse ADN ne va pas toujours permettre de
18 faire la différence entre frères et sœurs, parce que si vous avez
19 uniquement les échantillons d'un parent et frère et sœur, et si plusieurs
20 frères ou sœurs sont portés disparus, l'analyse ADN ne va pas permettre de
21 savoir laquelle des deux personnes a été identifiée. Ici, par exemple, on
22 ne sait pas lequel des deux frères a été identifié. On sait que l'un des
23 deux frères a été identifié, mais on ne sait pas lequel.
24 Ici, nous avons un échantillon pour lequel nous savons qu'il vient de
25 Srebrenica, alors que pour l'autre frère, on ne l'a pas porté disparu par
26 rapport aux événements de Srebrenica, et c'est pour cela qu'on l'a exclu de
27 la liste et on est arrivés à la conclusion que cet échantillon ADN
28 appartient au frère.
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1 M. VANDERPUYE : [interprétation] Je demande que ceci soit versé au dossier.
2 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je voudrais poser la question au
3 témoin par rapport à la colonne E, et je vais vous demander que l'on
4 revienne à cette colonne intitulée numéro d'identification, commission
5 internationale. Voilà. Il est peut-être nécessaire de revenir à la première
6 page. Oui. Merci.
7 Nous voyons qu'un nom apparaît trois fois, et c'est aux lignes 5, 6,
8 et 7. Je ne vais pas maintenant lire les noms. Nous avons ici le numéro
9 d'identification de la commission internationale identique dans la colonne
10 E, mais pour ce qui est des numéros d'identification du cas, les numéros
11 sont différents. J'aimerais que vous nous expliquiez cette divergence.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce que nous voyons à l'écran, parce que la
13 partie droite n'est pas affichée -- maintenant on peut voir la partie
14 droite. Mais moi, je n'arrive pas -- est-ce que quelqu'un peut me rappeler
15 quelles sont les lignes dont vous avez parlé ? C'est 4, 5 et 6 ?
16 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je pense que c'est 5, 6 et 7. Ce sont
17 les lignes.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Donc il semble qu'il s'agisse du cas 6, 7 et
19 8, et c'est toujours le même nom d'une personne qui apparaît et qui porte
20 le même numéro d'identification de la commission internationale.
21 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] C'est 5, 6 et 7. Nous ne pouvons pas
22 compter maintenant, mais je fais référence à un numéro spécifique pour ce
23 qui est de la même personne qui apparaît dans les trois lignes.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est sous les numéros 6, 7 et 8 à mon écran,
25 mais je pense qu'il s'agit du même cas.
26 Lorsqu'on regarde la partie droite brièvement -- mais nous n'avons
27 pas besoin de développer cela davantage. Nous avons le cas où une même et
28 seule personne est enregistrée dans trois colonnes différentes. On a le cas
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1 principal, et ensuite deux cas qui se reliaient au cas principal.
2 Donc ces trois entrées d'appariement concernent trois échantillons
3 différents qui ont été soumis à la commission internationale pour analyse
4 de l'ADN, et c'est le premier échantillon qui avait l'air de pouvoir être
5 recoupé avec les échantillons des membres de la famille de cette personne
6 portée disparue au numéro 3175. Il y a eu deux autres échantillons prélevés
7 sur les différentes parties de la même personne, donc on a trois
8 échantillons de l'ADN différents des trois parties de corps différentes de
9 la même personne, et c'est pour cela que le numéro d'identification de la
10 Commission internationale est le même numéro.
11 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, mais cela a été retrouvé dans
12 différentes fosses communes; est-ce vrai ? Puisqu'on voit ici que les trois
13 localités différentes sont citées : Cancari, Kamenica et Zvornik,
14 notamment.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Je pense que ces échantillons ne
16 proviennent pas de différentes fosses communes. Je ne dispose pas
17 d'informations définitives par rapport à cela, mais je dis cela puisque le
18 numéro d'identification est CR-05 pour ce qui est de tous les trois cas.
19 Selon notre mode opérationnel, cela concerne la fosse commune numéro 5 à la
20 route de Cancari. Il y a un peu de confusion là pour ce qui est du
21 toponyme; Cancari et Kamenica sont des appellations différentes pour un
22 même lieu. Donc, lorsque les informations ont été enregistrées sur les
23 formulaires avec les échantillons, une fois, quelqu'un a inscrit Cancari,
24 et l'autre fois, Kamenica. Lorsqu'on regarde les codes des échantillons et
25 le numéro d'identification du cas, je pense qu'il s'agit de la fosse
26 commune numéro 5 le long de la route de Cancari. Il s'agit de différentes
27 parties du corps de cette personne qui ont été défragmentées et qui ont été
28 trouvées dans la fosse commune où il y avait beaucoup de fragments de
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1 différents corps entrelacés.
2 M. VANDERPUYE : [interprétation] Monsieur le Président, vous pouvez voir
3 que les entrées concernant ce site sont les mêmes pour ce qui est de ces
4 trois entrées.
5 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci. Cela est clair maintenant.
6 Ce document sera versé au dossier en tant que pièce.
7 M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci.
8 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] P1940.
9 M. VANDERPUYE : [interprétation] Et sous pli scellé --
10 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, sous pli scellé.
11 M. VANDERPUYE : [interprétation] Monsieur le Président, j'en ai fini avec
12 mon interrogatoire principal.
13 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci.
14 Monsieur Tolimir, maintenant vous pouvez commencer votre contre-
15 interrogatoire.
16 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je salue ce
17 témoin. Et bien qu'on s'approche à la fin de l'audience, je souhaite que
18 cette audience se finisse selon la volonté de Dieu, et non pas selon ma
19 volonté. Je vous souhaite bon séjour ici et je vous salue au nom de la
20 Défense.
21 Contre-interrogatoire par M. Tolimir :
22 Q. [interprétation] Mes questions concernent une partie de votre rapport.
23 Lorsque M. Vanderpuye a parlé, à la page 48, des informations vous
24 concernant, il a dit que vous êtes directeur du département médicolégal de
25 la commission pour les personnes portées disparues. Est-ce qu'il s'agit
26 d'un département médicolégal d'une instance judiciaire ? Et pourquoi cela
27 s'appelle comme cela si vous n'avez rien à voir avec une instance
28 judiciaire ?
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1 R. Il ne s'agit pas d'un centre scientifique pour la médecine légale. Je
2 suis directeur du département qui s'occupe de la médecine légale dans le
3 cadre de la commission internationale, qui s'intitule exactement le
4 département pour la science de la médecine légale. Donc, moi, je surveille
5 tout ce qui concerne la science de la médecine légale et supervisé par la
6 commission internationale.
7 Nous nous occupons des enquêtes, des recherches scientifiques d'après
8 les normes de cette science qui s'appelle la médecine légale, et c'est pour
9 cela que ce département s'appelle ainsi. De plus, nous pouvons voir que les
10 résultats de nos analyses sont liés au procès, et c'est pour cela qu'on
11 appelle ce centre le centre de médecine légale ou "judiciaire". Et cette
12 institution a été accréditée en tant qu'institution de médecine légale.
13 Q. Merci. Pourquoi n'avez-vous pas un département qui s'occuperait des
14 conclusions destinées à un tribunal ? Pourquoi n'avez-vous pas une personne
15 dans votre équipe qui serait chargée de s'occuper des informations envoyées
16 à ce Tribunal ?
17 R. Je ne sais pas s'il y a un problème dans l'interprétation, mais je n'ai
18 pas compris votre question. Qu'est-ce que cela veut dire, responsable de
19 certaines informations ? Moi, je suis responsable de la déposition que je
20 fais aujourd'hui.
21 Q. Vous avez dit que le tribunal se trouve à Tuzla ou à Sarajevo. Pourquoi
22 dans votre équipe vous n'avez pas une personne désignée et compétente pour
23 ce qui est des activités qui ont lien avec ce Tribunal, si ce n'est pas
24 toute votre organisation en tant que telle qui est responsable devant ce
25 Tribunal ?
26 R. Les activités de la commission internationale n'ont pas pour objectif
27 de travailler pour le Tribunal. Nous ne travaillons pas pour ce Tribunal
28 international. Nous nous occupons de l'identification des personnes pour
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1 pouvoir remettre leurs restes aux membres de leurs familles et pour
2 assister le gouvernement de la Bosnie pour assumer la responsabilité
3 concernant plusieurs questions qui se posent par rapport aux personnes
4 portées disparues. Et lors de nos activités, il est devenu évident que pour
5 ce qui est de ce Tribunal, son travail est pertinent. Et c'est pour cela
6 que nous avons partagé nos informations avec le Tribunal et pourquoi je
7 suis ici maintenant.
8 Q. Merci. Est-ce que vous êtes ici puisque vous avez voulu être ici, parce
9 que c'était votre décision de venir, ou est-ce que vous avez été convoqué
10 par un organe du Tribunal ?
11 R. Le bureau du Procureur de ce Tribunal nous a demandé de fournir les
12 informations, et nous avons accepté de le faire.
13 Q. Donc le Tribunal a décidé que cela soit fait. Pourquoi n'avez-vous pas
14 une personne dans votre équipe qui serait responsable de ces activités et
15 de soumettre des rapports ? Pourquoi ne voulez-vous pas être responsable de
16 ce vous faites et de ce que vous décrivez dans vos rapports ?
17 R. Tout ce que vous dites et ce que vous posez comme question, ce n'est
18 pas fondé. Je suis responsable pour mon travail. Pourquoi dites-vous que
19 nous ne sommes pas responsables ?
20 Q. Merci. Pour ce qui est de ce que vous faites, le procédé d'appariement
21 des échantillons osseux et de sang et les analyses que vous envoyez au
22 Tribunal, par rapport à tout cela, pourquoi il n'y a pas de procédure
23 déterminée pour le faire ?
24 R. Je ne sais pas.
25 Q. Merci. A la page 42, à la ligne 5, M. Vanderpuye, donc le Procureur,
26 vous a posé la question pour savoir qui supervise le travail de la
27 commission. Donc pouvez-vous dire à la Chambre qui procède au contrôle des
28 rapports rédigés par la commission qui sont transférés aux tribunaux ?
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1 Merci.
2 R. La commission même est composée d'un certain nombre de commissaires,
3 personnes qui assument la responsabilité pour ce qui est de l'existence et
4 des activités de la commission internationale. Pour ce qui est de la
5 supervision de la qualité scientifique et médicolégale de nos rapports, il
6 faut que je vous rappelle qu'il y a eu des initiatives diverses pour que
7 cela soit fait, et en particulier lorsqu'on a obtenu l'accréditation
8 internationale pour nos activités en tant qu'institution scientifique.
9 Q. Pouvez-vous me dire à qui vous répondez pour ce qui est de votre
10 travail; à votre employeur ou à l'institution pour laquelle vous effectuez
11 votre travail ? Quel est l'organe, en quelque sorte, judiciaire au sens des
12 sanctions éventuelles ?
13 R. Je réponds à mon employeur, à la commission internationale pour les
14 personnes portées disparues.
15 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] J'aimerais dire qu'à la page 42 du
16 compte rendu d'aujourd'hui, par rapport à ce que vous avez dit tout à
17 l'heure et qui a été consigné au compte rendu, je dois dire que M.
18 Vanderpuye n'a pas posé de question. Il a lu le résumé, et ça c'est
19 différent, puisque le résumé ne fait pas partie des pièces.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. C'est pour cela que j'ai posé cette
21 question, pour savoir si c'est l'employeur ou la personne qui commandite
22 les analyses.
23 M. TOLIMIR : [interprétation]
24 Q. A qui répondez-vous une fois votre travail terminé; à l'institution
25 pour laquelle vous avez effectué l'analyse, qui vous a financé, ou a votre
26 employeur ? Merci.
27 R. Cela dépend des éléments de notre travail auxquels vous faites
28 référence. Pour ce qui est de notre travail lié aux fosses communes, cela
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1 est fait selon l'ordonnance de la cour d'Etat de Bosnie-Herzégovine. Et
2 pour ce qui est des personnes qui sont destinataires de nos rapports
3 d'appariement des échantillons de l'ADN, il y a des médecins légistes
4 désignés par les autorités de l'Etat qui nous soumettent des échantillons,
5 après quoi nous leur envoyons nos rapports.
6 Q. Merci. A la page 47, à la ligne 10, me semble-t-il, vous avez dit que
7 vous avez été engagé dans des travaux eu égard au à l'ouragan Katrina.
8 Voilà ma question pour vous : qui vous a engagé à participer à ces travaux
9 de recherche des personnes portées disparues dans ces deux événements ?
10 Est-ce que vos conclusions dans vos rapports correspondent -- je me
11 corrige. Est-ce que dans vos analyses vous avez décrit les circonstances ou
12 la cause de la disparition d'une personne portée disparue ?
13 R. Vous m'avez posé la question concernant mon engagement pour ce qui est
14 des activités liées au tsunami, et je vais commencer par là. Après le
15 tsunami en 2006, si je me souviens bien, la communauté internationale a
16 déployé beaucoup d'efforts pour réagir après cette catastrophe naturelle
17 horrible qui a touché beaucoup de citoyens de beaucoup de pays. Et c'est
18 comme cela que les équipes de médecins légistes de différents pays ont été
19 envoyées sur place, en Thaïlande, et on a travaillé sur l'identification de
20 milliers de personnes qui ont péri lors de cette catastrophe. Et sous
21 l'autorité de la police nationale de Thaïlande, qui était responsable de
22 tout cela, les équipes de médecins légistes de différents pays ont donc
23 travaillé ensemble pour essayer de retrouver les cadavres et les
24 identifier. La commission internationale a été invitée également pour, vu
25 notre expérience et nos connaissances, essayer de s'occuper des
26 échantillons des victimes et de profils de l'ADN pour faire des
27 appariements. Mais nous n'avons pas formulé de conclusions pour ce qui est
28 de la cause de décès de ces personnes.
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1 Concernant l'ouragan Katrina, les autorités compétentes ont demandé notre
2 assistance --
3 Q. Vous avez dit qu'il s'agissait d'une catastrophe naturelle. Etes-vous
4 sûr qu'il s'agissait d'une catastrophe naturelle ou d'une autre catastrophe
5 causée par l'homme, puisque le tsunami ne produit pas une autre vague ? Il
6 n'y a que la première vague d'impact. Pourquoi vous dites qu'il s'agit,
7 dans le cas du tsunami, d'une catastrophe naturelle ?
8 R. La commission internationale n'a pas de point de vue pour ce qui est de
9 dire s'il s'agissait d'une catastrophe naturelle dans le cas du tsunami ou
10 pas, donc il faut que d'autres experts considèrent cette question. Je pense
11 que la plupart des gens dans le monde entier considèrent le tsunami comme
12 étant une catastrophe naturelle.
13 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] En tout cas, c'est quelque chose qui
14 s'est passé dans l'environnement naturel.
15 Mais il faut qu'on lève l'audience. Nous continuerons demain à 9
16 heures dans la même salle d'audience.
17 Monsieur le Témoin, je dois vous rappeler que vous n'êtes pas censé
18 contacter les parties pendant la pause, donc d'ici à demain, 9 heures.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
20 M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous souhaite bon séjour ici. Et
21 l'audience est levée.
22 [Le témoin quitte la barre]
23 --- L'audience est levée à 18 heures 58 et reprendra le vendredi 25 février
24 2011, à 09 heures 00.
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