Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 29 mars 2011

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 18.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour à tous et à toutes.

  6   La Chambre a été saisie par une requête urgente de la part de l'Accusation

  7   pour être autorisée à amender sa liste des pièces à conviction 65 ter pour

  8   y rajouter cinq pièces.

  9   Alors, nous demanderions à la Défense si celle-ci est en mesure de répondre

 10   à cette requête.

 11   Monsieur Gajic.

 12   M. GAJIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les

 13   Juges, nous n'avons pas d'objection pour ce qui est d'un rajout de cinq

 14   pièces à conviction sur leur liste en application du 65 ter.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Grand merci.

 16   Monsieur McCloskey, nous avons remarqué qu'il y a à présent trois

 17   procédures différentes pour ce qui est de procéder à l'amendement de la

 18   liste des éléments de preuve en application du 65 ter. Il y en a une qui

 19   porte une petite étoile pour ce qui est des documents qui sont utilisés en

 20   présence d'un témoin, "avec l'autorisation de la Chambre". La deuxième se

 21   passe de commentaire. Et la deuxième c'était plutôt une requête présentée

 22   oralement. Et la troisième procédure c'est par écrit.

 23   Alors, je crois qu'à l'avenir il suffira de s'adresser verbalement

 24   aux Juges de la Chambre dans le prétoire. Il n'est point nécessaire de

 25   présenter des requêtes écrites de ce type.

 26   Les Juges de la Chambre se pencheront sur la requête en question et

 27   vous demandent un peu de temps.

 28   [La Chambre de première instance se concerte]


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  1   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] La Chambre s'est penchée sur la

  2   requête et fait droit au rajout de ces cinq documents sur la liste des

  3   pièces en application du 65 ter.

  4   Monsieur McCloskey.

  5   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur. Bonjour, Madame, Messieurs

  6   les Juges. Bonjour à tous et à toutes.

  7   Merci d'avoir tiré au clair cette façon de procéder. J'ai eu un peu de

  8   temps à ma disposition et j'ai procédé de la sorte, mais je pense,

  9   effectivement, qu'il serait préférable de procéder comme vous l'avez fait

 10   savoir, à savoir surtout pour ce type de documents lorsqu'ils font partie

 11   d'un témoignage de témoin et ils l'ont déjà été.

 12   Le témoin est prêt ici. Je vais demander à ce que l'on attire son attention

 13   sur les mises en garde de coutume.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, merci beaucoup.

 15   Faites entrer le témoin dans le prétoire, s'il vous plaît.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, ce témoin est en

 17   train de -- enfin, est à son anniversaire du décès de sa mère. Ça commence

 18   samedi. C'est à ses yeux, de façon évidente, un événement important, et

 19   d'après les lignes directrices qui nous ont été communiquées, nous devrions

 20   avoir suffisamment de temps pour l'entendre. Nous espérons qu'il pourra

 21   voyager vendredi. Mais il me semble que tout ceci devrait se passer comme

 22   prévu.

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci.

 24   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 25   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Bienvenue au

 26   Tribunal. Veuillez, s'il vous plaît, donner lecture à haute voix de la

 27   déclaration solennelle.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour. Je déclare solennellement que je


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  1   dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  2   LE TÉMOIN : LJUBOMIR OBRADOVIC [Assermenté]

  3   [Le témoin répond par l'interprète]

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Grand merci. Veuillez vous asseoir et

  5   mettez-vous à l'aise.

  6   A la demande de l'Accusation, je voudrais vous mettre en garde de certains

  7   éléments liés au Règlement de procédure et de preuve. Il est un article 90,

  8   qui est tout à fait particulier, et je voudrais en donner lecture. Je vais

  9   donner lecture de ce paragraphe (E), qui se lit comme suit :

 10   "Un témoin peut refuser de faire toute déclaration qui risquerait de

 11   l'incriminer. La Chambre peut, toutefois, obliger le témoin à répondre.

 12   Aucun témoignage obtenu de la sorte ne pourrait être utilisé par la suite

 13   comme élément de preuve contre le témoin, hormis le cas de poursuite pour

 14   faux témoignage."

 15   Monsieur, est-ce que vous avez bien compris ce que je viens de vous lire ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci beaucoup.

 18   M. McCloskey va commencer son interrogatoire principal.

 19   Vous avez la parole, Monsieur McCloskey.

 20   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 21   Interrogatoire principal par M. McCloskey : 

 22   Q.  [interprétation] Général, bonjour.

 23   R.  Bonjour.

 24   Q.  Pouvez-vous nous donner votre nom et prénom pour le compte rendu

 25   d'audience.

 26   R.  Je m'appelle Ljubomir Obradovic. Je suis né le 30 janvier 1950.

 27   Q.  A Visegrad, me semble-t-il.

 28   R.  A Visegrad, oui.


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  1   Q.  Fort bien. Et vous êtes déjà venu ici; vous vous souvenez que vous avez

  2   témoigné comme témoin à décharge dans l'affaire Miletic il y a quelques

  3   années de cela, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Est-ce que vous avez eu l'occasion de réécouter votre témoignage dans

  6   ce procès et de réexaminer les pièces qui vous avaient été montrées à

  7   l'occasion de ce procès par les soins des deux parties en présence ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Et si on vous posait les mêmes questions, est-ce que vos réponses se

 10   trouveraient à être les mêmes ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Bon. Est-il juste de dire que vous avez grandi en Bosnie et que vous

 13   avez été un officier de carrière, d'abord dans les rangs de la JNA ?

 14   R.  Exact.

 15   Q.  Arrivons-en à la période où la guerre en Bosnie-Herzégovine commence,

 16   c'est-à-dire en printemps 1992. Pouvez-vous nous dire quelles ont été vos

 17   fonctions lorsque la guerre a éclaté ?

 18   R.  J'ai été de service dans la garnison de Derventa. J'étais chef de

 19   l'état-major de la 327e Brigade motorisée. Et je représentais le commandant

 20   aux fonctions de commandant de la brigade, donc j'exerçais, en quelque

 21   sorte, deux fonctions.

 22   Q.  Et au fil de cette période allant de 1992 à 1993, est-ce que vous êtes

 23   resté à ces fonctions-là ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Pouvez-vous nous dire de quel corps faisait partie cette brigade ?

 26   Parce que Derventa ce n'est pas une ville dont nous avons longuement

 27   beaucoup entendu parler dans cette affaire-ci.

 28   R.  La 327e Brigade motorisée était partie intégrante du 17e Corps d'armée


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  1   de la JNA. Lorsque les officiers sont partis de la brigade pour partir en

  2   République de Slovénie, Croatie, Macédoine, Monténégro, il est resté les

  3   officiers du groupe ethnique serbe pour l'essentiel, ceux qui étaient

  4   originaires de la Bosnie-Herzégovine, ils sont restés de leur plein gré sur

  5   ce territoire. Pas tous, mais la plupart, oui.

  6   Q.  Et cette brigade est devenue partie intégrante de la VRS au courant de

  7   l'année 1992, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Et comment s'appelait cette brigade lorsqu'elle a fait partie de la VRS

 10   ?

 11   R.  Elle a, au fil de la guerre, changé son nom. C'était soit la 327e

 12   Brigade d'infanterie soit encore la 27e Brigade d'infanterie.

 13   Q.  Et cela faisait partie de quel corps d'armée de la VRS ?

 14   R.  Cette brigade, suite à la réorganisation et création du Corps de la

 15   Bosnie de l'est de la Republika Srpska, territorialement parlant, et du

 16   point de vue de la zone de responsabilité, cela a fait partie du 1er Corps

 17   de la Krajina.

 18   Q.  Et quelles étaient vos fonctions en 1994 ?

 19   R.  En 1994, j'étais chef d'état-major.

 20   Q.  De cette brigade, vous voulez dire ?

 21   R.  Oui, oui.

 22   Q.  Donc ils ont finalement eu un commandant ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Fort bien. En 1994, avez-vous été transféré vers des fonctions autres,

 25   des responsabilités autres ?

 26   R.  Le 1er septembre 1994, suite à l'ordre reçu de la part de mes

 27   supérieurs, je suis arrivé à l'état-major principal de la Republika Srpska,

 28   et j'étais devenu directeur du département opérationnel dans


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  1   l'administration chargée de la formation.

  2   Q.  Et quelle a été votre grade lorsque vous êtes arrivé à l'état-major

  3   principal ?

  4   R.  J'étais lieutenant-colonel.

  5   Q.  Et votre poste d'assignation s'était-il trouvé à Crna Rijeka ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  A un moment donné, avez-vous été envoyé sur le terrain pour servir sous

  8   les ordres du général Milovanovic ?

  9   R.  Ma première mission m'a été confiée au bout de deux ou trois jours à

 10   peine. Je suis allé avec le chef de l'état-major, le général Milovanovic,

 11   le général Tolimir et le colonel Magazin à l'hôtel Panorama de Pale pour

 12   une réunion avec le chef d'état-major de la FORPRONU. Je pense que cet

 13   homme s'appelait Briquemont.

 14   Q.  Pouvez-vous nous décrire brièvement quelles étaient vos missions

 15   lorsque vous étiez à Crna Rijeka ou sur le terrain.

 16   R.  En ma qualité de responsable du département opérationnel, j'étais

 17   chargé du suivi de la situation opérationnelle sur le théâtre des combats,

 18   de rédiger des ordres, des mises en garde, des rapports, d'établir des

 19   plannings et d'assurer un suivi de tout ce qui se résumait à être des

 20   registres opérationnels.

 21   Q.  Général, je voudrais avoir un peu plus de détails pour ce qui est de

 22   votre mission au juste, parce que vous avez été sur le terrain, vous avez

 23   longuement eu des missions sur le terrain une fois que vous avez été

 24   rattaché à l'état-major principal.

 25   R.  En effet. A la mi-novembre 1994, après l'offensive lancée par le 5e

 26   Corps de l'armée musulmane sur le secteur de Bihac, qui s'était dirigée

 27   vers Krupa et Donji Vakuf, le commandant de l'état-major principal a pris

 28   une décision, à savoir de créer un poste de commandement avancé


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  1   représentant l'état-major principal, et ce, à des fins de stabilité et de

  2   stabilisation du front sur ce secteur-là.

  3   Et le général Milovanovic s'est déplacé avec un certain nombre

  4   d'officiers vers les sites en question. C'était en mi-octobre 1994. Au bout

  5   de presque un mois, il en est venu à demander au chef de l'administration

  6   d'envoyer un agent opérationnel, et c'était moi. Cet officier était censé

  7   partir vers ce poste de commandement avancé, et j'y suis donc allé.

  8   Q.  Fort bien. A un moment donné pendant la guerre, est-ce que votre frère

  9   aurait été fait prisonnier à Gorazde ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Et avez-vous pu procéder à un échange ou assurer sa libération ?

 12   R.  A l'occasion des négociations qui ont eu lieu, la partie musulmane a

 13   toujours fait traîner les choses. Et dans toute variante d'échange de mon

 14   frère, elle le mettait en dernière position pour ce qui est des listes

 15   d'échange. Il a fini par être échangé au bout d'à peu près deux ans. Il a

 16   été capturé le 16 octobre 1992 et il a été échangé le 6 octobre 1994. Ça

 17   fait dix jours de moins que deux ans pleins et entiers.

 18   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire si le général Tolimir a fourni une

 19   assistance pour ce qui est de cet échange de votre frère ?

 20   R.  Le général Tolimir allait rencontrer souvent le Pr Koljevic. Il s'est

 21   efforcé de parvenir à des accords d'échange se résumant du tous pour tous.

 22   Q.  Et, de votre avis, a-t-il aidé à faire en sorte que votre frère soit

 23   relâché ? Je veux dire le général Tolimir.

 24   R.  Oui. C'est valable pour mon frère, comme pour tous ceux qui ont été

 25   échangés pendant cette période où il a exercé ce type d'activité.

 26   Q.  Est-ce que vous pouvez brièvement nous dire qui était ce Koljevic ?

 27   Vous avez mentionné son nom en parlant des personnes allant là-bas avec le

 28   général Tolimir. Pouvez-vous nous dire de qui il s'agit ? Brièvement.


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  1   R.  Le Pr Koljevic, si je ne m'abuse, était le vice-président de la

  2   Republika Srpska. Le deuxième vice-président c'était Mme Biljana Plavsic.

  3   Et il s'est beaucoup occupé de tout ce qui se résumait à des missions

  4   humanitaires.

  5   Q.  Fort bien. Pendant que vous étiez en mission sur le terrain, est-ce que

  6   vous vous êtes cassé la jambe ?

  7   R.  Oui, je me suis cassé la jambe à Jasenica le 27 janvier 1995.

  8   Q.  Vous avez dit que c'était parce que vous aviez glissé sur une surface

  9   gelée.

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Et où est-ce que vous êtes allé vous remettre de cette chute ?

 12   R.  J'ai été transféré au centre clinique et hospitalier de Banja Luka. On

 13   m'a mis là une fixation, puis on m'a transporté vers mon lieu de résidence

 14   à Derventa. Après cette fixation, on m'a mis du plâtre à Derventa et j'y

 15   suis resté.

 16   Q.  Et où est-ce que vous êtes allé après ?

 17   R.  A la fin de mes congés de maladie, je suis revenu à l'état-major le 17

 18   juillet 1995.

 19   Q.  Et est-ce que vous avez été promu au rang de colonel en juin 1995 ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Bon. Et à quelle fonction avez-vous été renvoyé ?

 22   R.  Je suis retourné aux fonctions antérieures. J'étais chef du département

 23   opérationnel, à l'administration des affaires opérationnelles et de la

 24   formation.

 25   Q.  Bon. Vous vous souvenez d'avoir témoigné au sujet de formations et

 26   structures de l'état-major à l'occasion de vos témoignages antérieurs. Est-

 27   ce que vous seriez en mesure de nous brosser un peu les positions que vous

 28   avez gardées en mémoire de notre conversation d'il y a un jour ou deux ?


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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Très bien.

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation] A cet effet, je voudrais qu'on nous montre

  4   le 65 ter 7295. Et, Madame, Messieurs les Juges, ce n'est pas destiné à

  5   fournir une réplique précise de ce que le témoin nous a fourni comme

  6   esquisse, mais c'est à peu près cela. C'est un document assez grand et il

  7   est plutôt difficile de le voir sur l'écran. Alors, peut-être pourrions-

  8   nous le lui confier --

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait le mettre sur

 10   le rétroprojecteur ?

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Mais j'ai des copies papier pour les Juges

 12   et j'ai aussi une copie papier pour l'accusé et M. Gajic. Et j'ai aussi des

 13   copies papier en version anglaise. Mais bien sûr, on peut mettre cela sur

 14   le rétroprojecteur.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, on pourrait peut-être recevoir

 16   la version papier, et faites en sorte que la Défense l'obtienne aussi.

 17   Mme l'Huissière d'audience va vous donner un coup de main à cet

 18   effet.

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation] En dessous, c'est pour les Juges. Encore

 20   une feuille. Oui, la Défense a un diagramme. Mais je vais donner une

 21   version anglaise pour M. Gajic aussi.

 22   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] M. Gajic et M. Tolimir indiquent

 23   qu'ils ont le croquis, mais pas en version anglaise, je pense.

 24   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui. Je vais le leur fournir en anglais --

 25   la version anglaise sera fournie à M. Gajic. Comme je l'ai dit, cela n'a

 26   pas pour objectif une exactitude absolue, mais on a essayé de faire au

 27   mieux.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey, nous avons reçu


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  1   maintenant une version imprimée. Est-ce que c'est la version imprimée de ce

  2   que le témoin a dessiné à la main ?

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation] Ça se base sur ce qu'il a fait. C'est

  4   grosso modo ce qu'il a tracé, et il a indiqué une des positions qu'il m'a

  5   indiqué hier avoir oubliée. Donc on s'est efforcés de faire refléter à ce

  6   diagramme la réalité des choses, mais c'est destiné à nous aider à

  7   parcourir le témoignage au point par point avec l'aide du témoin.

  8   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je voudrais comprendre votre façon de

  9   procéder. Le témoin a une copie de ce qu'il a dessiné comme croquis, n'est-

 10   ce pas ?

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, il l'a.

 12   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Et la Défense aussi est en possession

 13   de la même chose, n'est-ce pas ?

 14   Vous avez et nous avons aussi des copies papier pour les Juges de la

 15   Chambre. Et le croquis est dessiné à la main ?

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, je l'ai. C'est en supplément.

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais cela nous aiderait grandement

 18   pour suivre votre interrogatoire du témoin.

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui. Enfin, je ne sais pas si vous êtes

 20   fort en cyrillique. Enfin, moi je n'ai jamais été bon en la matière. Mais

 21   toujours est-il que -- voilà.

 22   Monsieur le Président, Madame, Monsieur les Juges, je voudrais que vous le

 23   voyiez en tant qu'équipe, puis ensuite on verra les différentes unités, et

 24   ce qui m'intéresse surtout c'est la structure du diagramme tel qu'indiquée.

 25   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, merci beaucoup. Veuillez

 26   continuer.

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 28   Q.  Bon, Général Obradovic, le diagramme que vous avez tracé reprend en


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  1   gros un poste de commandement, de chef d'état-major, de commandants

  2   adjoints pour différentes branches, et corps, et les quelques unités qui se

  3   trouvent en dessous, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Et c'est ce que vous avez gardé en mémoire pour ce qui est des éléments

  6   importants de l'état-major, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Donc on va le mettre dans un coin, et vous allez probablement voir la

  9   version anglaise. Vous avez mentionné le 67e Régiment des Transmissions

 10   hier. Alors, où est-ce que vous le placez, celui-ci ? Parce qu'il n'y a pas

 11   de ligne pour établir un lien entre celui-ci et le reste.

 12   R.  Le 67e Régiment des Transmissions est une unité qui dépend de l'état-

 13   major principal. Elle a pour tâche d'organiser les transmissions pour

 14   répondre aux besoins de l'état-major principal. Et elle est attachée au

 15   commandant. Sur le plan professionnel, elle est rattachée aux armes qui

 16   dépendent de l'état-major.

 17   Q.  Très bien. Puisque nous parlons de cela -- vous venez de parler du

 18   secteur de l'état-major, c'est-à-dire le chef d'état-major et le commandant

 19   adjoint. Et le général Milovanovic figure dans votre schéma, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Très bien. Nous y viendrons plus en détail plus tard. Mais commençons

 22   par une brève explication de votre part à notre intention.

 23   Le commandant Ratko Mladic -- pouvez-vous nous dire simplement, d'une façon

 24   générale, quelles étaient les fonctions de Ratko Mladic en tant que

 25   commandant de l'état-major principal et quelles étaient ses principales

 26   tâches ?

 27   R.  Le commandant de l'état-major général commande l'armée de la Republika

 28   Srpska ainsi que toutes les administrations liées à ce commandement. Il a


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  1   pour tâche de s'occuper de l'organisation et de l'amélioration de

  2   l'aptitude au combat de toute l'armée. Il mène à bien son commandement par

  3   voie de directives, d'ordres, d'instructions, de consignes, de mises en

  4   garde, de conseils, et cetera.

  5   Q.  Bien. Je vais maintenant vous poser la question suivante : la personne

  6   suivante dans l'organigramme, c'est-à-dire le commandant second du chef

  7   d'état-major, était-ce bien le général Milovanovic en 1995 ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Et, en fait, le général Milovanovic a été chef d'état-major et

 10   commandant en second pendant toute la durée de la guerre, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui. Le général Milovanovic a été le chef du secteur de l'état-major

 12   pendant toute la durée de la guerre. Et ex-officio, il a été pendant toute

 13   la guerre commandant de l'état-major principal.

 14   Q.  Donc ceci signifie qu'il était chef de l'état-major, mais en même temps

 15   commandant en second de l'état-major; c'est bien cela ?

 16   R.  Oui. Il était chef du secteur relevant de l'état-major, ce qui signifie

 17   qu'il était responsable du secteur relevant de l'état-major, et en même

 18   temps il était commandant en second de l'état-major principal.

 19   Q.  Très bien. Ça, c'est très important.

 20   Pouvez-vous nous dire quelle est la différence fondamentale entre les

 21   fonctions qui étaient les siennes en tant que commandant en second et les

 22   fonctions qui étaient également les siennes en tant que chef d'état-major ?

 23   R.  Le chef d'état-major s'occupe de missions opérationnelles, de missions

 24   liées aux différentes armes de l'armée, et il a un certain nombre d'unités

 25   qui lui sont subordonnées pour l'accomplissement de ces missions. Il

 26   s'occupe également d'organiser le travail qui incombe aux commandants de

 27   l'état-major principal, c'est-à-dire qu'il réalise la planification, qu'il

 28   s'occupe également de suivre la situation dans son déroulement.


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  1   Q.  Très bien. Et qu'en est-il de ses fonctions en tant que commandant en

  2   second ?

  3   R.  Il devient commandant en second dans les brèves périodes où le

  4   commandant s'absente. Car dans ces cas-là, il le remplace et n'est habilité

  5   à donner des ordres que dans l'esprit des décisions et ordres déjà donnés

  6   par le passé par le commandant qu'il remplace. Donc il doit en respecter

  7   l'esprit.

  8   Q.  Quelle était la définition du terme "absence" ? Nous voyons, par

  9   exemple, que le général Mladic se rendait à Belgrade, en Serbie. Est-ce

 10   qu'un tel voyage était considéré comme une absence ou était-il encore

 11   commandant exerçant pleinement ses fonctions de commandant lorsqu'il se

 12   rendait à Belgrade, avec Milovanovic qui était le chef d'état-major ?

 13   R.  Milovanovic le remplaçait brièvement pendant ses brèves absences.

 14   Q.  Est-ce que le fait d'aller à Belgrade était considéré comme une absence

 15   ?

 16   R.  Ce n'est pas le lieu de destination qui permet de parler d'absence,

 17   mais la durée du déplacement.

 18   Q.  Alors que vous faisiez partie de l'état-major principal en 1995, est-ce

 19   que vous avez eu connaissance d'une quelconque absence de Mladic, c'est-à-

 20   dire d'un moment où quelqu'un d'autre a dû le remplacer en tant que

 21   commandant, en exerçant ses propres fonctions de commandant en second ?

 22   R.  Personnellement, je ne le sais pas. Lorsque le commandant se rendait

 23   quelque part, il nommait l'un de ses collaborateurs, l'un de ses assistants

 24   pour le remplacer pendant son absence. Et ses assistants, en dehors du

 25   général Milovanovic, étaient le responsable du moral des troupes, des

 26   questions religieuses et juridiques; le responsable du secteur de la

 27   logistique; le responsable des questions liées à l'organisation, à la

 28   mobilisation et aux problèmes de personnel; et puis, il y avait aussi


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  1   l'assistant qui était responsable du renseignement et de la sécurité; il y

  2   avait aussi le responsable de la planification, du développement et de

  3   l'administration financière; et il y avait le responsable des forces

  4   aériennes et de la direction de la Défense antiaérienne.

  5   Voilà quelles étaient les personnes, c'est-à-dire les assistants du

  6   commandant de l'état-major principal, qui étaient, sur le plan

  7   hiérarchique, directement liées à lui.

  8   Q.  Très bien. Pouvez-vous nous dire si le général Tolimir était un

  9   assistant du commandant ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Dans quel secteur ?

 12   R.  Dans le secteur chargé des renseignements et de la sécurité.

 13   Q.  Et le général Gvero, il était responsable de quel secteur ?

 14   R.  Le général Gvero était le chef du secteur chargé du moral des troupes,

 15   des questions religieuses et des questions juridiques.

 16   Q.  Le général Skrbic ?

 17   R.  Le général Skrbic était le chef du secteur chargé de l'organisation, de

 18   la mobilisation et des problèmes de personnel.

 19   Q.  Et le général Djukic ?

 20   R.  Le défunt général Djukic était le chef du secteur de la logistique.

 21   Q.  Et le général Jovo Maric ?

 22   R.  Lui aussi est décédé. Il était le chef de l'administration chargée des

 23   forces aériennes et de la Défense antiaérienne. C'était un pilote.

 24   Q.  Pouvez-vous nous expliquer rapidement, en vous appuyant sur votre

 25   mémoire, comment, en 1995, le général Milovanovic se situait par rapport

 26   aux assistants du commandant dans le secteur de l'état-major ? Pouvez-vous

 27   nous en donner une idée générale, nous dire comment ces relations

 28   fonctionnaient.


Page 11940

  1   R.  Le général Milovanovic se trouvait au poste de commandement avancé et y

  2   restait pendant une grande partie de l'année 1995, c'est-à-dire qu'il

  3   n'était pas à Crna Rijeka.

  4   Q.  Pouvez-vous nous dire où se trouvait ce poste de commandement avancé ?

  5   R.  Pendant ma présence sur les lieux, ce poste de commandement avancé se

  6   trouvait à Jasenica, c'est-à-dire au sud-ouest de la ville de Krupa sur la

  7   rivière Una. Par la suite, une occasion s'est présentée pendant ma présence

  8   sur les lieux, et nous avons transféré ce poste de commandement avancé à

  9   Drvar en raison de la nécessité d'accomplir un certain nombre d'autres

 10   missions.

 11   Q.  Très bien. Pendant la période où le général Milovanovic se trouvait à

 12   l'état-major principal, aussi bien en 1995 que déjà en 1994 au moment où

 13   vous occupiez les fonctions qui étaient les vôtres, pouvez-vous nous

 14   décrire pour l'essentiel quelles étaient ses missions et quelle était la

 15   nature de ses rapports avec les commandants assistant le commandant en

 16   chef.

 17   Vous nous avez rapidement décrit ses fonctions au sein de l'état-major,

 18   mais je vous demande quel était son pouvoir sur les commandants assistant

 19   le commandant en chef et quels étaient ses rapports avec eux ? Rapidement,

 20   s'il vous plaît. Il viendra en personne témoigner, nous l'espérons, et nous

 21   pourrons obtenir de sa bouche des détails complémentaires. Mais nous

 22   aimerions que vous nous fournissiez une idée générale de la nature de ses

 23   relations. Ceci, je crois, permettra à votre déposition de se dérouler de

 24   façon plus fluide.

 25   R.  Il nous faut distinguer entre son travail au sein du secteur de l'état-

 26   major et les tâches qui étaient les siennes au commandement de l'état-major

 27   principal.

 28   Au sein du secteur de l'état-major, il existait une direction chargée de


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  1   l'instruction et des opérations. C'était un organe qui s'occupait des

  2   différents services. Et puis, il y avait un organe de traitement des

  3   données. Il y avait aussi un bureau. Et il y avait un bureau de

  4   dactylographie.

  5   Au sein de la direction chargée des opérations et de l'instruction, il

  6   existait un département qui était chargé du travail opérationnel et qui

  7   était dirigé par moi. C'était un département chargé de l'instruction dont

  8   le chef était le colonel Krsto Djeric. Le centre opérationnel, lui, n'avait

  9   pas d'effectifs qui lui étaient affectés. Nous n'avons pas pu le mettre en

 10   place de la façon souhaitée.

 11   Le général Milovanovic, au sein du secteur de l'état-major, coordonnait le

 12   travail des directions chargées -- des différents organismes, des

 13   différents services, des différents bureaux, ainsi que tout ce qui relevait

 14   du secteur de l'état-major dans le cadre de la hiérarchie, alors qu'au sein

 15   de l'état-major principal, il coordonnait le travail des différents

 16   secteurs de l'état-major principal.

 17   Q.  Je vais vous poser une question, car je remarque que dans

 18   l'organigramme, sous le secteur de l'état-major, on trouve quelque chose

 19   qui s'appelle les services de combat, et dans cette case on voit que figure

 20   le chef du génie, le chef de l'artillerie et des unités blindées, et le

 21   chef des transmissions. Est-ce qu'eux aussi se trouvaient à l'intérieur de

 22   l'état-major ?

 23   R.  Tous ces hommes, c'est-à-dire le chef de l'infanterie, le chef de

 24   l'artillerie, le chef des blindés et des unités mécanisées, ainsi que le

 25   chef des transmissions et de la défense antiarienne faisaient partie du

 26   secteur de l'état-major. Et le nom global pour l'ensemble de ces organismes

 27   était organe chargé des services.

 28   Q.  Très bien. Vous avez décrit le travail accompli par le général


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  1   Milovanovic par rapport au secteur de l'état-major. Et en terminant, vous

  2   avez dit qu'il coordonnait le travail des différents secteurs.

  3   Pouvons-nous dire quels étaient les secteurs dont vous parliez et

  4   quelle était la nature de cette coordination ?

  5   R.  Non, il ne coordonnait pas les secteurs; il coordonnait les rapports

  6   entre les secteurs. Parce que, si vous me le permettez, les fonctions d'un

  7   commandement sont la planification, l'organisation, le fait de donner des

  8   ordres, la coordination et le contrôle.

  9   Q.  Pourriez-vous nous rappeler, parce qu'il y a peut-être des difficultés

 10   d'interprétation, quels sont les secteurs dont nous sommes en train de

 11   parler ? Ceci permettrait de préciser les choses.

 12   R.  Je parle du secteur chargé du moral des troupes; du secteur chargé de

 13   la logistique; du secteur chargé du renseignement et de la sécurité; du

 14   secteur chargé de l'organisation, de la mobilisation et des questions de

 15   personnel. Et puis ensuite, il y a les directions. Les directions sont la

 16   direction de la planification; la direction du développement et des

 17   finances; ainsi que la direction des forces aériennes et de la défense

 18   antiaérienne.

 19   Q.  Très bien. Donc ceci correspond aux assistants du commandant dont vous

 20   avez parlé il y a quelques instants. Donc il coordonnait le travail des

 21   assistants du commandant dans leurs différents secteurs ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Pouvez-vous nous donner un exemple ou nous décrire rapidement quelles

 24   étaient les fonctions d'un commandement ou de coordination qui étaient

 25   concernées ?

 26   R.  Le terme coordination signifie harmonisation du travail des différents

 27   secteurs. Cela peut concerner le travail sur le terrain qui est mené à bien

 28   par les diverses unités situées au même niveau hiérarchique. Donc personne


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  1   n'est supérieur ou subordonné à autrui, et il faut qu'il y ait quelqu'un

  2   qui coordonne ce travail. Alors, si le chef d'état-major coordonne le

  3   travail des différents secteurs, il le fait quand ces secteurs réalisent la

  4   même mission en même temps. Et il existe, par exemple, la directive 7/1 qui

  5   traite de cela --

  6   Q.  Nous y viendrons un peu plus tard. Ne rentrez pas dans trop de détails,

  7   car je compte sur les Juges de la Chambre pour prendre connaissance de tous

  8   les documents lorsqu'ils seront présentés.

  9   Excusez-moi de vous avoir interrompu.

 10   R.  Je voulais dire -- pour que les choses soient tout à fait claires. Si

 11   les forces de trois corps d'armée doivent mener à bien en même temps une

 12   mission déterminée; pensons, par exemple, au Corps de la Bosnie orientale,

 13   au Corps de la Drina et à un troisième corps d'armée, eh bien, il faut

 14   qu'il y ait quelqu'un qui coordonne le travail réalisé par ces trois corps

 15   d'armée, c'est-à-dire qu'il importe d'établir un commandement temporaire

 16   qui aura supériorité hiérarchique sur les forces de ces trois corps d'armée

 17   et dont les ordres seront exécutés par les commandants de ces trois corps

 18   d'armée.

 19   Q.  Et en temps qu'exemple de coordination au sein de l'état-major

 20   principal, vous avez parlé des directives. Nous viendrons aux directives en

 21   temps utile, bientôt. Nous le mettons donc, pour le moment, de côté.

 22   Très bien. Revenons -- parlons maintenant du général Miletic, qui exerçait

 23   ses fonctions au sein de la direction des opérations et de l'instruction.

 24   Où est-ce qu'il se situe dans l'organigramme à l'intérieur de l'état-major

 25   dont vous faisiez partie ?

 26   R.  Il faisait partie de l'état-major et il était le chef de la direction

 27   chargée des missions opérationnelles et de l'instruction. Lui étaient

 28   subordonnés le département chargé des opérations, le département chargé de


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  1   l'instruction et le centre chargé de l'instruction. Mais ce centre chargé

  2   de l'instruction n'a jamais réellement vu le jour.

  3   Q.  Donc quels étaient les subordonnés qui étaient sous ses ordres, s'il en

  4   avait, le général Miletic ?

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Un instant.

  6   Maître Gajic.

  7   M. GAJIC : [interprétation] Monsieur le Président, page 18, ligne 16, nous

  8   lisons au compte rendu en anglais "training centre", mais je crois que ce

  9   qu'a dit le témoin était un peu différent.

 10   Donc je prierais M. McCloskey de bien vouloir préciser ce point avec

 11   le témoin, car il était question d'un centre qui n'avait jamais réellement

 12   vu le jour. Moi, il me semble que ce que j'ai entendu différait un peu de

 13   ce qui est écrit au compte rendu en anglais.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Vous voulez dire en  B/C/S ?

 15   M. GAJIC : [interprétation] Oui, je l'ai entendu, bien sûr, dans la langue

 16   que parle le témoin.

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 19   Q.  Mon Général, pourriez-vous préciser les choses : quel était ce centre

 20   dont vous avez dit qu'il n'a jamais réellement vu le jour ?

 21   R.  Ce qui faisait partie intégrante de cette direction ex officio, c'était

 22   le département chargé des opérations, qui était dirigé par moi en tant

 23   qu'adjoint de Miletic.

 24   Et puis, il y avait un département de cartographie, qui était dirigé

 25   par Ljute [phon], mais qui n'a jamais disposé des effectifs nécessaires

 26   pour fonctionner, car Miletic et moi-même ne suffisions pas. Et puis, il y

 27   avait le colonel Djeric, qui était chef du département de l'instruction, et

 28   il n'y avait personne d'autre avec lui. Et la troisième unité, c'était le


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  1   centre chargé de l'instruction, dont la création avait été envisagée et qui

  2   devait être dirigé par un chef et deux officiers supérieurs, comme, par

  3   exemple, un colonel ou un lieutenant-colonel, qui auraient pu diriger des

  4   équipes au sein de ce centre. Mais à ces fonctions, personne n'a jamais été

  5   nommé, et nous n'avons donc pas eu de centre opérationnel, mais seulement

  6   un responsable opérationnel de permanence au sein de l'état-major

  7   principal.

  8   Q.  Donc c'est le centre des opérations qui n'a jamais vu le jour

  9   réellement ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Très bien. Vous avez dit qu'il était envisagé de créer un certain

 12   nombre de postes ou de fonctions. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce

 13   sujet ? Envisagé par qui ? Qui affectait les effectifs nécessaires à tel ou

 14   tel poste, à telle ou telle fonction ? Qui est-ce qui était responsable de

 15   l'élaboration globale de l'organigramme ?

 16   R.  Au sein du secteur chargé de l'organisation, de la mobilisation et des

 17   questions de personnel, il existe un département responsable des formations

 18   qui s'occupe de mettre en place les formations dans leur aspect et leur

 19   composition définitifs. Et quelqu'un a envisagé comment devait être composé

 20   l'état-major principal. Je crois que ce sont les dirigeants de la

 21   république qui ont nommé Mladic au poste de chef d'état-major principal.

 22   Quant à lui, il était responsable d'affecter à leurs postes les cadres qui

 23   se présentaient en tant que volontaires, sur lesquels il s'est appuyé pour

 24   mettre en place le premier cercle de ses collaborateurs qui ont tous été

 25   chefs de secteurs. Quant aux chefs de secteurs, il est probable que dès

 26   lors que des officiers ont été disponibles, ils ont proposé un certain

 27   nombre de personnes pour être nommées à un certain nombre de postes, qui

 28   ensuite ont été approuvés par le collège de l'état-major principal, puisque


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  1   c'est cet organe qui était chargé des nominations, ou en tout cas de leur

  2   confirmation.

  3   Q.  [hors micro] 

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je crois que votre micro ne

  5   fonctionne pas -- ah, maintenant il fonctionne.

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] Toutes mes excuses.

  7   Q.  Dans le cadre de cet organigramme, combien était-il envisagé de placer

  8   d'hommes au sein de cette direction chargée des opérations et de

  9   l'instruction ?

 10   R.  Au sein de la direction chargée des opérations et de l'instruction, le

 11   chef était le général Miletic. D'après le manuel, il était prévu que 18

 12   responsables y travaillent, mais nous n'étions que quatre.

 13   Q.  Je crois que vous avez cité le nom de Djeric comme étant responsable du

 14   secteur de l'instruction. Vous étiez le chef --

 15   R.  Le chef de ce département, oui.

 16   Q.  Puis, vous avez également parlé d'un cartographe qui était le quatrième

 17   homme ?

 18   R.  Le lieutenant Micanovic était le cartographe. Il était diplômé de

 19   l'académie militaire et chargé de dessiner les cartes et d'élaborer les

 20   documents topographiques nécessaires au travail sur le terrain.

 21   Q.  Donc je ne vais pas vous interroger au sujet des 14 autres postes qui

 22   étaient prévus. Nous voyons qu'il était prévu qu'au sein de cette direction

 23   travaillent beaucoup plus que les quatre hommes que vous étiez. Est-ce que

 24   ces sous-effectifs étaient typiques pour tous les secteurs de l'état-major

 25   principal ?

 26   R.  Je ne pense pas qu'il y ait eu un seul secteur qui ait eu les effectifs

 27   nécessaires. Je ne saurais pas vous en dire plus à ce sujet, mais je crois

 28   que c'était bien le cas.


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  1   Q.  Qui était votre supérieur immédiat ?

  2   R.  Mon supérieur immédiat était le général Miletic. Radivoje Miletic.

  3   Q.  Vous rappelez-vous que c'est une question que je vous ai déjà posée

  4   lors de votre dernière déposition dans une autre affaire, que lorsque vous

  5   élaboriez des documents en vertu de vos fonctions, si vous étiez

  6   responsable de ces documents ?

  7   R.  J'avais pour responsabilité de produire des documents, et il relevait

  8   de la responsabilité de mon officier supérieur de vérifier ces documents et

  9   éventuellement de les signer ou de les transmettre à son supérieur pour

 10   signature en fonction de la nature du document concerné.

 11   Donc ma responsabilité était d'effectuer le travail, mais la personne qui

 12   était juridiquement responsable était la personne qui signait le document.

 13   Q.  Donc Miletic était responsable des documents que vous élaboriez pour

 14   lui ?

 15   R.  Oui, en qualité de mon supérieur immédiat.

 16   Q.  Et en tant que votre supérieur immédiat, est-ce qu'il était responsable

 17   de votre travail à Crna Rijeka ou sur le terrain, si vous alliez sur le

 18   terrain ?

 19   R.  Oui. Tout supérieur assume cette responsabilité. Tout officier

 20   supérieur a pour responsabilité de suivre le travail de ses subordonnés,

 21   d'en apprécier la qualité et d'évaluer le travail accompli par leurs

 22   subordonnés.

 23   Q.  Vous avez utilisé le terme "suivre", "assurer le suivi". Qu'est-ce que

 24   cela signifie du point de vue des relations entre un supérieur et un

 25   subordonné ? Pouvez-vous nous apporter quelques éléments descriptifs

 26   complémentaires ? Parce que vous vous rappellerez peut-être que des

 27   questions vous ont été posées qui portaient sur le travail d'une personne

 28   qui était suivie par une autre personne. Pouvez-vous nous dire quelle est


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  1   la différence entre les deux concepts ?

  2   R.  Eh bien, normalement, cela devrait être une seule et même chose, parce

  3   que si nous parlons du travail au jour le jour, un supérieur est tenu de

  4   suivre dans le détail le travail de tous ses subordonnés. Lorsqu'ils leur

  5   assignent une mission, ils leur appartiennent de suivre la façon dont cette

  6   mission a été réalisée pour déterminer si la personne qui l'a réalisée

  7   avait les compétences pour la réaliser et si cette mission a été réalisée

  8   de façon consciencieuse.

  9   Q.  Si Milovanovic vous confiait une mission en l'absence de Miletic, est-

 10   ce que vous rendiez compte au général Miletic, est-ce que c'est lui qui

 11   suivait votre travail même si c'est Milovanovic qui vous avait donné

 12   l'ordre d'accomplir ce travail ?

 13   R.  En pratique, lorsque le deuxième supérieur vous donne une tâche, vous

 14   confie une mission, j'aurais normalement effectué cette mission et j'aurais

 15   informé mon premier supérieur sur la tâche reçue du deuxième supérieur.

 16   Très souvent, il arrivait que lorsqu'il fallait rédiger des rapports, il

 17   m'arrivait que le général Milovanovic me demande que je lui rende compte

 18   directement, contournant Miletic. Mais cela pouvait également arriver avec

 19   d'autres supérieurs également. Surtout ceux qui n'étaient pas subordonnés à

 20   Miletic. Alors, le général Milovanovic lisait le rapport et apposait sa

 21   signature.

 22   Q.  Est-ce que vous passiez par Miletic, est-ce que vous suiviez, comme

 23   vous nous l'avez dit, la chaîne hiérarchique appropriée de cette façon-là ?

 24   R.  Oui. Mais vous savez, si physiquement il n'était pas présent et s'il

 25   s'agit d'une question urgente et prioritaire, je pouvais passer directement

 26   et remettre l'acte ou le document à la personne qui m'a demandé de le

 27   rédiger.

 28   Q.  Je crois que vous avez commencé votre réponse en disant, oui. Est-ce


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  1   que je me trompe ?

  2   R.  Oui, lorsqu'il est présent. Mais si physiquement il n'est pas sur

  3   place, à ce moment-là il pouvait arriver que je ne puisse pas lui remettre

  4   le document afin qu'il puisse le passer en revue, et s'il était nécessaire

  5   que je remette le document immédiatement, je le faisais. Mais je

  6   l'informais certainement du travail qui avait été accompli et je

  7   l'informais également des missions qui m'ont été confiées par d'autres.

  8   Q.  Dans une situation comme celle-là, par exemple, il n'était pas présent

  9   sur place, vous l'informiez le plus rapidement possible ? Pouviez-vous

 10   attendre ? Quelle était la rapidité avec laquelle vous deviez l'informer ?

 11   R.  Normalement il s'agissait de missions qui n'étaient pas si urgentes que

 12   ceci. Donc, à ce moment-là, je l'informais de ce qui s'était passé en son

 13   absence, quelles étaient les missions et les tâches que nous avions

 14   accomplies et à la demande de qui. Il n'y avait pas de missions que l'on

 15   pouvait remettre à plus tard. Il fallait immédiatement l'informer.

 16   Q.  Vous nous avez dit un peu plus tôt que vous avez été employé au poste

 17   de commandement avancé avec l'état-major principal -- poste de commandement

 18   avancé avec le général Milovanovic. Donc, est-ce que vous aviez des tâches

 19   et responsabilités, deviez-vous rendre compte au général Miletic lorsque

 20   vous étiez au poste de commandement avancé ?

 21   R.  Pas de façon régulière. Mais effectivement, par des moyens de

 22   communication, nous communiquions et nous échangions des informations.

 23   Q.  Est-ce que vous rendiez compte à lui encore à ce moment-là lorsque vous

 24   étiez au poste de commandement avancé ?

 25   R.  De toute façon, je rendais toujours compte à lui. Mais pour ce qui est

 26   du travail accompli au poste de commandement avancé, je répondais au

 27   général Milovanovic, puisque là-bas j'avais également pour mission

 28   d'effectuer des tâches opérationnelles.


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  1   Q.  Très bien. Merci.

  2   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je voudrais juste une petite

  3   précision. Moi j'ai entendu Milanovic, et l'interprétation nous a dit qu'il

  4   s'agissait du général "Milovanovic", et ceci est également consigné au

  5   compte rendu d'audience.

  6   Veuillez, je vous prie, préciser avec le témoin et lui demander ce

  7   qu'il a dit exactement.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  9   Q.  Pourriez-vous nous préciser, s'il vous plaît, le nom de la personne à

 10   qui vous rendiez compte ? Nous avons seulement besoin du nom. Nous n'avons

 11   pas très bien saisi le nom. Alors que vous étiez au poste de commandement

 12   avancé.

 13   R.  Au poste de commandement avancé, Monsieur le Président, donc au poste

 14   de commandement avancé, lorsque j'effectuais des tâches au poste de

 15   commandement avancé, les missions m'étaient confiées directement par le

 16   général Milovanovic, puisque c'est lui qui me confiait des tâches. Mais de

 17   façon générale, mon officier supérieur qui était toujours responsable de

 18   mon travail de façon générale était le général Miletic, qui n'était pas au

 19   poste de commandement avancé, mais bien à Crna Rijeka.

 20   Q.  Mais donc il est resté, de façon générale, responsable de votre

 21   travail, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui. C'est lui qui m'évaluait, qui effectuait le suivi, donc c'était

 23   mon supérieur.

 24   Q.  Pourriez-vous nous expliquer, afin que je puisse comprendre. S'agissant

 25   de l'armée dans votre pays, c'est peut-être différent -- enfin, les armées

 26   sont différentes dans le monde. Mais je voulais savoir de quelle façon est-

 27   ce que le général Miletic -- ou comment cela se fait-il que le supérieur

 28   est aussi responsable du travail de son officier subordonné ?


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  1   R.  Selon la doctrine de l'armée et selon le pacte de Varsovie, ceci est

  2   tout à fait clair. Les officiers subordonnés ont beaucoup moins de

  3   possibilité de prendre des décisions que dans notre armée à nous. Il y a

  4   beaucoup moins d'indépendance quant à la prise de décision au niveau

  5   inférieur que chez nous, selon notre doctrine.

  6   Q.  Très bien. Alors, passons en revue brièvement le secteur -- parlons

  7   maintenant du secteur du général Gvero, le secteur chargé de la morale et

  8   des questions juridiques. Est-ce que vous savez ou vous souvenez-vous qui

  9   étaient les subordonnés, ses subordonnés à lui ?

 10   R.  Je sais qui étaient les personnes. Je peux vous donner des noms, mais

 11   je ne peux pas vous donner les tâches qu'effectuaient les personnes.

 12   Voyez-vous, ce secteur chargé du moral des troupes, questions

 13   religieuses et affaires juridiques, il y avait également un département

 14   chargé de l'information et des affaires juridiques.

 15   S'agissant de la section chargée des affaires juridiques, il y avait le

 16   lieutenant-colonel Supic. Concernant maintenant le service de l'information

 17   pour les questions religieuses, je crois que c'était le colonel Sokanovic.

 18   Q.  Très bien. Et -- 

 19   R.  Pour les autres, je ne sais pas.

 20   Q.  Est-ce que le général Gvero était responsable du travail de ces

 21   subordonnés-là ? La façon dont vous nous avez décrit, vous nous avez décrit

 22   que Miletic était responsable de votre travail. Est-ce que lui il était

 23   responsable du travail de ses subordonnés dans ces départements ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Et s'agissant du département des questions religieuses et affaires

 26   juridiques, vous nous avez parlé de deux départements. Pourriez-vous nous

 27   dire de quoi il s'agit ?

 28   R.  C'était la direction des questions du renseignement et la direction de


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  1   la sécurité.

  2   Q.  Et qui était le chef de l'administration chargée du renseignement ?

  3   R.  C'était le colonel Salapura. Petar Salapura.

  4   Q.  Et s'agissant de l'administration chargée de la sécurité, qui était le

  5   chef de cette section ?

  6   R.  C'était Ljubisa ou Ljubo Beara.

  7   Q.  Le général Tolimir était-il chargé du travail de ces deux personnes-là,

  8   tout comme le général Miletic était responsable de votre travail à vous, et

  9   Gvero pour le travail de ses personnes ?

 10   R.  Oui. Le général Tolimir était le chef du secteur chargé des questions

 11   relatives au renseignement et la sécurité, qui était composé de ces deux

 12   administrations que vous venez de mentionner.

 13   Q.  Très bien. Merci. Bien, nous avons très brièvement parlé du poste de

 14   commandement avancé de l'état-major principal. Pourriez-vous nous dire quel

 15   était l'objectif d'une existence d'un poste de commandement avancé,

 16   pourquoi l'état-major principal avait son propre poste de commandement

 17   avancé dans certaines opérations ?

 18   R.  Les postes de commandement avancé étaient normalement mis en place dans

 19   le but de pouvoir être plus près, de suivre de façon plus directe les

 20   activités de combat sur un territoire donné et de pouvoir être plus à même

 21   d'avoir une influence sur les activités de combat.

 22   Puisqu'il s'agissait d'une zone sur laquelle se trouvaient deux corps

 23   d'armée, il fallait effectuer la coordination sur cette partie-là du front

 24   afin que l'état-major principal puisse avoir une influence directe sur les

 25   activités.

 26   Q.  Mais pourquoi alors ne pas s'appuyer sur le poste de commandement

 27   avancé au niveau de la brigade ou du corps d'armée ? Pourquoi créer un

 28   poste de commandement avancé de l'état-major principal ?


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  1   R.  Le territoire sur lequel les événements se déroulaient n'était pas

  2   propice à ce que l'on puisse organiser un poste de commandement avancé, par

  3   exemple, sur les postes de commandement avancé du 1er Corps d'armée, et

  4   cetera, à cause de la distance.

  5   En principe, lorsqu'on met en place les postes de commandement

  6   avancé, les unités subordonnées peuvent se trouver au poste de commandement

  7   avancé d'une unité supérieure.

  8   Q.  Le général Mladic préférait-il avoir un officier de l'état-major qui

  9   était chargé des opérations lorsque c'était possible ? En fait, vous avez

 10   parlé de Milovanovic sur ce front très important. Mais j'aimerais savoir si

 11   le général Mladic aussi avait cette préférence de façon régulière ?

 12   R.  Chaque fois que le général Milovanovic se déplaçait, c'était selon une

 13   décision du commandant. Il est habituel lorsqu'on effectue une opération où

 14   les effectifs de plusieurs corps d'armée sont incorporés dans cette

 15   opération ou collaborent ensemble, à ce moment-là il est habituel

 16   d'effectuer un poste de commandement avancé pour effectuer un commandement

 17   unifié de l'opération en question.

 18   Il est arrivé que le commandant déploie sur certains territoires en

 19   certaines régions des officiers de l'état-major principal, lorsque, par

 20   exemple, il y avait des situations extraordinaires, perte de positions,

 21   lorsqu'il fallait stabiliser les choses, lorsque le personnel quittait,

 22   lorsqu'il y avait des déserteurs. Donc il fallait effectuer un commandement

 23   subordonné, ou dans le but d'effectuer un contrôle faisant partie du

 24   commandement pour l'état-major principal.

 25   Q.  Très bien. Je voudrais maintenant aborder un autre sujet, et vous nous

 26   en avez parlé déjà.

 27   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais avant que vous ne passiez à un

 28   autre sujet, je voudrais poser une question au témoin.


Page 11954

  1   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je vous en prie.

  2   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] En fait, je voulais vous demander

  3   ceci. Lorsque vous avez décrit le secteur, vous avez dit que Manojlo

  4   Milovanovic se trouvait à la tête du secteur.

  5   Vous nous avez également dit que le général Miletic était le chef de

  6   l'administration chargée des opérations et de l'instruction et vous étiez

  7   son officier en second; est-ce que c'est exact ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Qu'en est-il des trois autres

 10   officiers ? J'aimerais savoir le niveau des trois autres officiers et quel

 11   était leur rapport par rapport au général Miletic et quel était leur

 12   rapport hiérarchique par rapport à vous aussi, tant est qu'il y en ait eu

 13   un.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Selon la formation, le chef de la section

 15   opérationnelle à la tête de laquelle je me trouvais est en même temps

 16   l'adjoint du chef de l'administration. Une deuxième unité organisationnelle

 17   est une section chargée de l'instruction, et c'était le colonel Krsto

 18   Djeric qui se trouvait à la tête de cette section-là. La troisième section,

 19   c'est le centre opérationnel pour lequel nous n'avions pas de chef

 20   puisqu'il n'a jamais vu le jour.

 21   Pour ce qui est de ma section à moi, il y avait également dans ma

 22   section le cartographe, le colonel Micanovic, outre d'autres officiers qui

 23   étaient dans le même secteur que moi.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Qui était le supérieur immédiat du

 25   colonel Djeric ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] C'était le général Miletic.

 27   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Etait-il également l'adjoint du

 28   général Miletic ?


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Selon la formation, le chef du service

  2   opérationnel a également le rôle du chef du département chargé des

  3   opérations. Donc l'adjoint du général Miletic, c'est le chef de

  4   l'administration qui, par l'établissement, a ces fonctions-là.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation]

  6   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

  7   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Le Juge Mindua souhaite poser une

  8   question.

  9   M. LE JUGE MINDUA : Oui, en effet. Avant que cette pièce ne disparaisse de

 10   l'écran. Monsieur le Témoin, j'ai suivi avec la plus grande attention

 11   évidemment votre déposition concernant les fonctions des membres de l'état-

 12   major principal. Mais j'ai une préoccupation ici en ce qui concerne les

 13   grades et les appellations. Parce que, comme vous le savez, dans toutes les

 14   armées, la hiérarchie, les grades, est très importante. Autant que

 15   possible, les autorités essayent de faire correspondre les grades avec les

 16   fonctions des officiers. Alors, je constatais une -- que dans beaucoup des

 17   pièces qui nous sont soumises ici, une grande confusion dans les

 18   appellations. Peut-être est-ce une question de traduction ou

 19   d'interprétation. Je pourrais l'imaginer.

 20   Dans cette pièce sur l'écran, 65 ter 7295, intitulée "La structure de

 21   l'état-major principal de l'armée de la Republika Srpska, VRS, en juillet

 22   1995", il me semble que la même confusion règne également. Nous voyons, par

 23   exemple, le général -- le commandant -- nous voyons, par exemple, le

 24   commandant Ratko Mladic porter le grade de lieutenant-colonel général.

 25   J'essaie de traduire en français moi-même. Son adjoint, le général -- son

 26   adjoint, Manojlo Milovanovic, portait le même grade, lieutenant-colonel

 27   général. Ça arrive. C'est pas grave. Mais par contre, le subalterne de ce

 28   dernier, le subalterne de Milovanovic, il s'appelle Radivoje Miletic, et


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  1   porte le grade de général. C'est bizarre. Est-ce que c'est possible ?

  2   Alors, je vois également le commandant assistant, Zdravko Tolimir, portait

  3   le grade de général. Nous sommes en juillet 1995. Pendant que son supérieur

  4   porte le grade de lieutenant-colonel général, alors que nous connaissons le

  5   général Tolimir comme général- major pendant la période de fait visée par

  6   l'acte d'accusation. Alors, je voudrais donc une clarification de tout ceci

  7   de votre part, officiers de carrière et appartenant à la catégorie des

  8   officiers généraux.

  9   En juillet 1995, quelle était la hiérarchie de grades au sein de la

 10   catégorie des officiers généraux de la VRS, du plus petit général jusqu'au

 11   plus grand ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, voici. Donc c'était la

 13   situation juste en juillet 1995. Par la suite, il est devenu général de

 14   brigade. Mais par la suite, ce ne sont pas seulement -- excusez-moi -- le

 15   général donc de colonel général. Par la suite, les officiers supérieurs

 16   portant le même grade pouvaient être en position de supérieur et subalterne

 17   en même temps. Ceci pouvait exister.

 18   Donc je ne vois rien d'étrange ou de contesté ici. Pendant un certain

 19   temps j'étais chef du secteur opérationnel, et j'étais lieutenant-colonel,

 20   alors que Djeric était colonel. Mais moi, à ce moment-là, j'étais l'adjoint

 21   du colonel Miletic. Et le colonel Miletic par la suite a obtenu le grade au

 22   même temps que lorsque moi j'ai reçu le grade de colonel.

 23   Donc nos conditions étaient telles qu'il arrivait des fois que des

 24   officiers supérieurs se présenteraient volontairement, de leur propre chef,

 25   et eux, ils étaient à ce moment-là, d'après leurs compétences, d'après les

 26   écoles qu'ils aient faites, se présentent et obtiennent des mêmes grades,

 27   mais ils pouvaient être supérieurs et subalternes les uns aux autres, et ce

 28   n'était pas du tout un problème pour nous.


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  1   M. LE JUGE MINDUA : D'accord, d'accord. Merci beaucoup. J'ai compris.

  2   Mais revenons sur la charte que nous avons devant nous.

  3   En juillet 1995, que signifie le grade de Ratko Mladic, lieutenant-

  4   colonel général, et celui de Zdravko Tolimir, général ? Qui est supérieur

  5   en grade; pas en fonction, seulement le grade ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] En fait, le général Tolimir c'est une façon

  7   dont on l'appelait, mais en fait il est général-major. Il est inférieur au

  8   grade du grade du général. Donc il était général de division. Mais ici

  9   c'est écrit "général" sans le "général de division", voyez-vous, le

 10   "général-major", "major general", "major".

 11   M. LE JUGE MINDUA : Très bien, Monsieur le Témoin.

 12   Donc en juillet 1995, cette charte, telle qu'on nous la présente

 13   maintenant, elle est fausse en ce qui concerne les appellations de grades ?

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que cette déclaration est

 15   exacte ? C'était une question adressée au témoin, n'est-ce pas.

 16   M. LE JUGE MINDUA : Oui, en effet. Je posais la question au témoin.

 17   Cette charte, cette structure de l'état-major principal de la VRS en

 18   juillet 1995, elle est fausse selon les appellations de grades; oui ou non

 19   ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. La dénomination intégrale des différents

 21   grades ne figure pas dans les cases de l'organigramme, pas toujours.

 22   M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup.

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 24   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je crois qu'il serait peut-être mieux

 25   d'essayer de préciser les choses.

 26   Q.  Alors, dites-nous, si vous vous en souvenez, et sinon ce n'est pas

 27   grave. Dites-nous, le général Milovanovic était-il lieutenant-général en

 28   juillet 1995 ?


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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Et en juillet 1995, quel était le grade du général   Miletic ?

  3   R.  En juillet, il était général-major, donc MAJ, général MAJ.

  4   Q.  Et vous avez également précisé que le général Tolimir était un général-

  5   major.

  6   Donc j'aimerais savoir si le lieutenant-colonel Gvero avait cette

  7   même appellation ?

  8   R.  Il était général lieutenant-colonel.

  9   Q.  Oui, c'est écrit ici.

 10   Skrbic, est-ce que vous vous rappelez quel était son grade ?

 11   R.  Général-major.

 12   L'INTERPRÈTE : Traduit par les Français comme "général de division."

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 14   Q.  Très bien. Et le général Djukic ?

 15   R.  Le général Djukic était général lieutenant-colonel. C'était le plus âgé

 16   de ces officiers.

 17   Q.  Vous vous rappelez ce qu'était Jovo Maric ?

 18   R.  Général-major.

 19   L'INTERPRÈTE : Interprété par les Français généralement dans ce Tribunal

 20   comme "général de division".

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 22   Q.  Et Tomic ?

 23   R.  Général-major.

 24   Q.  Sur un sujet similaire, lorsque vous étiez lieutenant-colonel et que

 25   vous aviez pour fonction d'être l'adjoint de Miletic, est-ce que vous étiez

 26   le supérieur du colonel Djeric ?

 27   R.  Oui, ex officio. Ex officio, j'étais supérieur, mais en âge j'étais

 28   plus jeune. Ceci se passait avant le mois de juillet.


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  1   Q.  Donc si vous pouviez exercer les fonctions d'adjoint de Miletic, est-ce

  2   que vous pouviez émettre un ordre destiné à Djeric, même si vous n'étiez

  3   pas son égal en grade ?

  4   R.  Oui. Du point de vue du poste que j'occupais dans la hiérarchie, ce

  5   poste était le poste de chef du département des opérations et j'étais en

  6   même temps l'adjoint du commandant.

  7   M. McCLOSKEY : [interprétation] Encore une question que je vais poser au

  8   témoin, Monsieur le Président.

  9   Q.  Et cette question est la suivante : Monsieur le Témoin, est-ce que vous

 10   savez si le général Tolimir avait un adjoint ?

 11   R.  Entre les deux chefs de directions, je ne sais pas lequel il a choisi

 12   pour le remplacer en cas d'absence de sa part. Ex officio, je ne sais pas à

 13   qui revenait ces fonctions, mais normalement cela devrait figurer dans

 14   l'organigramme.

 15   Q.  Je vous remercie.

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] J'aimerais poser une question

 17   supplémentaire, après quoi M. le Juge Mindua posera une question.

 18   Quel était votre grade en juillet 1995 ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Colonel.

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Et quel était le grade de M. Djeric ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Colonel.

 22   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie.

 23   Monsieur le Juge Mindua.

 24   M. LE JUGE MINDUA : Oui. Monsieur le Témoin, je vous remercie, parce que

 25   maintenant nous avons les appellations de grades des officiers sur la

 26   charte.

 27   Mais vous avez oublié de répondre à une de mes questions. Je

 28   demandais la hiérarchie des grades des officiers généraux au sein de la VRS


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  1   ? Je m'explique. Par exemple, dans certaines armées de type francophone, si

  2   je peux parler comme ça, nous avons au bas de l'échelle le "général de

  3   brigade", ensuite nous avons le général de division, qu'on appelle aussi

  4   général-major parfois, et nous avons le "général de corps d'armée", qui est

  5   appelé parfois "lieutenant-général", et enfin le "général d'armée". Au sein

  6   de la VRS, quelle était la hiérarchie ? Comme ça, nous pouvons corriger

  7   cela une fois pour toutes.

  8   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je dois vous arrêter, car nous

 10   n'avons pas eu le compte rendu complet.

 11   Je pense qu'il y a eu un problème avec les interprètes.

 12   M. LE JUGE MINDUA : Je reprends ma question, parce que j'espère que ça va

 13   nous aider pour le futur pour la compréhension des appellations des

 14   responsables au sein de la VRS.

 15   Je disais que, Monsieur le Témoin, vous n'aviez pas répondu à l'une de mes

 16   questions concernant la hiérarchie des grades des officiers généraux au

 17   sein de la VRS. Alors, pour vous aider, j'avais comparé avec certaines

 18   armées de type francophone où nous avons au bas de l'échelle des officiers

 19   généraux, nous avons le "général de brigade". Et lorsque nous montons, nous

 20   avons le "général de division", qu'on appelle aussi "général-major". Et

 21   ensuite, nous avons le "général de corps d'armée", appelé parfois

 22   "lieutenant-général", et enfin, nous avons le "général d'armée", c'est la

 23   fin.

 24   Alors, au sein de la VRS, est-ce que vous pouvez nous aider pour dire

 25   quelle était la hiérarchie. Je demande aux interprètes d'être

 26   particulièrement vigilants. Comme ça, nous corrigeons ça une fois pour

 27   toutes.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] L'armée de la Republika Srpska a adopté


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  1   l'organigramme et les règlements de service de l'armée populaire

  2   yougoslave. Et au sein de la JNA, il y avait une hiérarchie des généraux

  3   qui partait du grade inférieur : le général-major; ensuite général;

  4   "potpukovnik", lieutenant-colonel; ensuite le général, "pukovnik"; général-

  5   colonel.

  6   C'était le grade qui existait au sein de la JNA et qui a été repris par la

  7   VRS. Et tout en haut, il y avait le général d'armée.

  8   M. LE JUGE MINDUA : Voilà qui est clair maintenant. Très bien. Merci

  9   beaucoup.

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je suppose donc qu'il y avait au sein

 11   de la VRS trois grades de généraux ?

 12   M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]

 13   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] A la réponse, page 35, ligne 6 du

 14   compte rendu d'audience en anglais, le témoin a dit :

 15   La hiérarchie suivante s'appliquait : général-major, général lieutenant-

 16   colonel et général colonel."

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 18   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Et c'était le cas dans l'ancienne

 19   armée yougoslave; mais c'est seulement dans l'ancienne armée yougoslave,

 20   n'est-ce pas, que vous aviez un général d'armée ? Au sein de la VRS vous

 21   n'aviez pas ce grade; c'est bien cela ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] En effet.

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je crois qu'à présent les choses sont

 24   claires pour tout le monde et que chacun comprend les grades des généraux

 25   de la même façon.

 26   Nous allons maintenant faire une pause et reprendrons à 16 heures 20.

 27   Mais je vous rappelle la demande faite par l'Accusation hier au sujet des

 28   horaires d'audience. L'Accusation a demandé de transférer l'audience de


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  1   l'après-midi au matin jeudi. La Défense a dit être d'accord avec cette

  2   proposition. La Chambre ne voit aucune objection non plus. Donc, jeudi,

  3   l'audience se déroulera le matin, et non l'après-midi.

  4   --- L'audience est suspendue à 15 heures 52.

  5   --- L'audience est reprise à 16 heures 25.

  6   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey. Veuillez

  7   continuer, je vous prie.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci. Monsieur le Président, Madame,

  9   Monsieur les Juges, j'ai besoin de rester sur cet organigramme quelque peu

 10   de temps encore.

 11   Q.  Mon Général, pouvez-vous nous dire, avez-vous entendu parler d'une

 12   unité appelée le 10e Détachement de Sabotage ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Et pouvez-vous nous dire où est-ce que ceci se situe dans la hiérarchie

 15   ou de quelle façon ceci, cette unité a-t-elle été rattachée et à quoi ?

 16   R.  Comme la totalité des unités à compter du 1er Corps jusqu'au Corps de

 17   l'Herzégovine, les unités rattachées à l'état-major et le 10e Détachement

 18   de Sabotage, ça se trouvait placé sous l'autorité du commandant. Du point

 19   de vue professionnel, ils sont subordonnés, d'une certaine façon, à

 20   l'administration du renseignement.

 21   Q.  Eh bien, ce serait alternativement une chose que nous devrions un peu

 22   élaborer. Est-ce que vous pourriez expliquer aux Juges de la Chambre "à

 23   titre professionnel" ou "suivant cette filière professionnelle". Qu'est-ce

 24   que cela veut dire pour ce qui est du lien du 10e Détachement et de

 25   l'administration chargée du renseignement ?

 26   R.  Je crois que l'appellation dit "Détachement de Sabotage et de

 27   Reconnaissance". Alors, comme c'est de la reconnaissance, ça a à voir avec

 28   le renseignement. Comme les transmissions c'est également rattaché à


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  1   l'état-major, parce qu'au sein de l'état-major il y a une instance chargée

  2   des transmissions, qui est donc là pour gérer les questions

  3   professionnelles et techniques, pour envoyer des unités afin que celles-ci

  4   mettent en place un réseau de transmission.

  5   Q.  Pouvez-vous à notre intention étoffer et faire une distinction. Parce

  6   que maintenant on comprend que ce détachement, 10e Détachement de Sabotage,

  7   se trouve sous le commandement du commandant Mladic, comme ailleurs. C'est

  8   clair. Bon. Mais pour ce qui est de la filière professionnelle sous le

  9   contrôle de l'administration du renseignement, alors que voulez-vous dire

 10   par là ? Comment cela peut-il être placé sous le chapeau de deux autorités

 11   ?

 12   R.  Eh bien, l'autre compétence, ça ne sous-entend pas une filière où il y

 13   aurait des ordres de donnés et de reçus. L'administration du renseignement

 14   suit cette unité de reconnaissance pour l'équiper en matière de sabotage et

 15   de reconnaissance. Ça, c'est la filière professionnelle et technique. Pour

 16   ce qui est de la filière de subordination, il n'y a qu'une autorité, c'est

 17   le commandant.

 18   Q.  Et cette administration du renseignement était-elle à même de

 19   superviser les activités de ce 10e de Sabotage, lorsque celle-ci aura reçu

 20   un ordre de la part de Mladic ?

 21   R.  En tout état de cause, ils sont au courant au travers de propositions

 22   qu'ils auraient données ou faites, donc ils ont exercé une influence du

 23   point de vue de l'utilisation de cette unité. Ça n'exclut pas un contrôle

 24   vis-à-vis de cette unité parce qu'ils assument une responsabilité technique

 25   vis-à-vis de l'unité en question.

 26   Q.  Quand vous dites "ils exercent une responsabilité du point de vue

 27   professionnel", de qui parlez-vous ? Quel est l'individu à la tête de ce

 28   réseau du renseignement et de sécurité ?


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  1   R.  C'est le chef de l'administration.

  2   Q.  En l'occurrence, ce serait qui ?

  3   R.  Le colonel Salapura.

  4   Q.  Et qui était le chef de Salapura, qui est-ce qui exerçait donc un

  5   contrôle à son égard et, par voie de conséquence, de ce 10e de Sabotage ?

  6   R.  D'abord, le premier supérieur direct du colonel Salapura c'est le

  7   général Tolimir.

  8   Q.  Nous avons une autre case qui nous est donnée un peu plus bas et qui

  9   parle du 65e Régiment de Protection. Alors, est-ce que vous pourriez nous

 10   en dire un peu plus pour ce qui est de l'endroit où il conviendrait de le

 11   caser.

 12   R.  Du point de vue de la filière de commandement, c'est placé sous

 13   l'autorité du commandant. Etant donné la structure qui est la sienne et les

 14   missions qui sont les siennes, et il s'agit de sécuriser les postes de

 15   commandement, le déploiement de la protection quand il s'agit du commandant

 16   qui se déplace, et cetera, donc il y a en son sein un bataillon de la

 17   police militaire. L'administration chargée de la sécurité dispose d'une

 18   section qui s'occupe du fonctionnement de la police militaire. Du point de

 19   vue professionnel, on dirait section chargée des affaires liées à la police

 20   militaire.

 21   Q.  Alors, veuillez nous rappeler qui était la personne chargée de cette

 22   administration de la sécurité ?

 23   R.  Vous parlez du renseignement ?

 24   Q.  Non, non. On était en train de parler du département chargé de la

 25   sécurité.

 26   R.  Celui qui était chargé du département de la sécurité, c'était le

 27   colonel Beara.

 28   Q.  Et savez-vous où se trouvait cette unité de la police militaire au sein


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  1   de ce 65e Régiment chargé de la Protection ? Où se trouvait-il ?

  2   R.  Ecoutez, il y avait deux sites pour ce qui est de ce régiment, de son

  3   déploiement, me semble-t-il. Il y a des parties qui étaient chargées de

  4   sécuriser l'état-major, c'était dans le secteur de l'état-major et du siège

  5   du commandement. Certains autres segments se trouvaient à un endroit qui,

  6   me semble-t-il, s'appelait Zalukovik.

  7   Q.  Pouvez-vous nous dire qui était le commandant de ce 65e Régiment de

  8   Protection au mois de juillet 1995, si tant est que vous vous en souvenez ?

  9   R.  Je crois que c'était un lieutenant-colonel. Savcic, Milomir.

 10   Q.  Bon. Pour ce qui est des autres départements, vous avez mentionné un

 11   département chargé des affaires civiles. Alors, on voit que ça se trouve --

 12   qu'il y a des liens d'établis avec le reste, et ça va jusqu'au général

 13   Mladic. Pouvez-vous nous dire ce que ce département chargé des affaires

 14   civiles faisait au fond ?

 15   R.  C'est une section plutôt, pas un département. C'est chargé des liens

 16   avec les représentants militaires étrangers et les différentes

 17   organisations extérieures. Cette section recevait des informations

 18   relatives aux passages de différents convois de la FORPRONU, des convois

 19   transportant de l'aide humanitaire, et, d'une manière générale, ils étaient

 20   chargés des contacts avec les forces chargées du maintien de la paix.

 21   Q.  Il me semble que vous avez donné deux noms à ce titre. Pouvez-vous nous

 22   dire qui était chargé de cette unité-là ?

 23   R.  A la tête de cette section il y avait un colonel, Milos Djurdjic, et il

 24   y avait à ses côtés un lieutenant-colonel qui s'appelait Slavko Kralj.

 25   Q.  Fort bien. Pour compléter le diagramme -- laissez-moi parcourir un peu

 26   ces corps et leurs noms, et je vais vous demander si vous êtes d'accord

 27   avec ce que j'énonce. Le premier c'est le Corps de la Krajina, avec Momir

 28   Talic à sa tête, n'est-ce pas ?


Page 11966

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Est-ce que vous saviez quels étaient les grades des commandants de

  3   corps ? Je m'excuse de vous le faire faire, mais c'est un sujet qui semble

  4   être important aujourd'hui. Sinon, ce n'est pas grave.

  5   R.  Il y avait le général Talic. Il était lieutenant-colonel à l'époque.

  6   Q.  Et dans le 2e Corps, Radivoje Tomanic ?

  7   R.  Lui, il était général de division.

  8   Q.  Et le Corps de la Bosnie de l'est, Novica Simic ?

  9   R.  Oui. Il était général de division, Novica Simic.

 10   Q.  Et la première moitié de juillet 1995, Milenko Zivanovic ?

 11   R.  Lui, c'est le Corps de la Drina.

 12   Q.  Et quel était son grade ?

 13   R.  Je crois qu'il est parti à la retraite en tant que général de corps

 14   d'armée.

 15   Q.  Après Zivanovic, dans le Corps de la Drina, c'était Radislav Krstic ?

 16   R.  Oui, le général de division Radislav Krstic.

 17   Q.  Et le Corps de Sarajevo-Romanija, Dragomir Milosevic ?

 18   R.  Oui, général de division lui aussi.

 19   Q.  Et Stanislav Galic aussi ?

 20   R.  Dans le Corps de Sarajevo-Romanija, il y a d'abord eu Stanislav Galic,

 21   qui était commandant, et après c'était le général de division Milosevic qui

 22   est venu à sa place.

 23   Q.  Et quel était le grade de Stanislav Galic ?

 24   R.  Il était général de division, si mes souvenirs sont bons.

 25   Q.  Et le Corps de l'Herzégovine, Radovan Grubac ?

 26   R.  Radovan Grubac, général de division.

 27   Q.  Vous souvenez-vous de quelqu'un qui intervenait dans l'aviation et la

 28   défense antiaérienne ?


Page 11967

  1   R.  L'aviation et la défense antiaérienne, leur commandant c'était le

  2   général de division Zivomere Ninkovic.

  3   Q.  Et le centre des écoles militaires, on voit Rajko Balic [phon] et

  4   Grujo Boric.

  5   R.  Oui. Le général de division Grujo Boric.

  6   Q.  Et Balic ?

  7   R.  [aucune interprétation]

  8   Q.  Vous savez son grade ? Celui de l'école militaire ?

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey, je vois "Balac".

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, c'est l'école qui s'appelle Rajko Balac.

 11   Elle a pris le nom d'un colonel qui était le commandant de cette école et

 12   qui est mort au combat. C'est la raison pour laquelle l'école porte son

 13   nom.

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 15   Q.  Merci de cette intervention et correction.

 16   Et s'agissant du commandant de la 1ère Brigade de la Garde, dans cette

 17   case 1ère Brigade de la Garde.

 18   R.  Je n'en suis pas sûr. Il me semble que c'était un lieutenant-colonel

 19   répondant au nom de Lalovic. Mais je n'en suis pas sûr, toujours parlant de

 20   la période que nous sommes en train de prendre en considération.

 21   Q.  Fort bien. Et qui était, brièvement, à la tête de cette 1ère Brigade de

 22   la Garde -- c'était quoi, en fait ?

 23   R.  C'est une unité rattachée à l'état-major, mais pendant toute la durée

 24   de la guerre, cela a été resubordonnée au Corps de l'Herzégovine.

 25   Q.  Bon. Nous allons apposer ces corrections sur l'organigramme pour

 26   refléter les propos du témoignage du témoin.

 27   Alors, Général -- nous allons passer à un autre sujet. Vous avez

 28   témoigné auparavant au sujet de l'importance des rapports militaires des


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  1   brigades vers le corps, du corps vers l'état-major, et de l'état-major

  2   jusqu'au commandement Suprême. Tout d'abord, je voudrais vous demander s'il

  3   y a eu un ordre de donné pour ce qui est des rapports présentés oralement

  4   au sujet d'une unité concrète ?

  5   R.  Cela a été le cas, oui. Il y a eu un ordre pour le 65e Régiment de

  6   Protection motorisé, et ce, pour ne pas avoir à rédiger des rapports par

  7   écrit. A titre opérationnel, ils étaient chargés de contacter à une heure

  8   déterminée le matin et le soir le général Miletic, alors qu'il était à la

  9   tête de l'état-major. Je crois que c'est un ordre que vous m'aviez montré à

 10   l'occasion de mon témoignage antérieur. Je ne me souviens plus maintenant

 11   du numéro de référence et du signataire de cet ordre.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Peut-on nous montrer le 65 ter 7260, je

 13   vous prie.

 14   Q.  Donc, Général, nous avons sous les yeux un ordre qui, comme nous le

 15   voyons, vient du commandant Milomir Savcic. Pour l'essentiel, ce qu'on lit

 16   dans cet ordre, c'est que :

 17   "Suite à un ordre oral du chef d'état-major de l'état-major

 18   principal… à l'avenir, les rapports réguliers ne seront pas rédigés; le

 19   chef d'état-major qui appellera le colonel Miletic au téléphone entre 8

 20   heures et 19 heures."

 21   Est-ce que c'est de cela que vous parliez ?

 22   R.  Oui. C'est ce que vous m'avez montré quand j'ai témoigné dans l'autre

 23   procès. Un commandant de régiment, par conséquent, reçoit pour instruction

 24   de rendre compte oralement plutôt que d'envoyer un rapport écrit, donc il

 25   rend compte oralement de l'application d'un ordre qui lui est donné

 26   également oralement par le chef de l'état-major de l'état-major principal.

 27   Et on dit à ces commandants de régiments entre quelle heure et quelle heure

 28   ils doivent rendre compte.


Page 11969

  1   Q.  Très bien.

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation] J'aimerais maintenant que nous regardions

  3   le document 65 ter -- ah, oui, je demande d'abord le versement au dossier

  4   du document précédent, Monsieur le Président.

  5   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Ce document est admis.

  6   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il devient la pièce P2140, Monsieur le

  7   Président, Madame, Monsieur les Juges.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pouvons-nous maintenant nous pencher sur le

  9   document 65 ter numéro 5679.

 10   Q.  Alors, nous venons de parler quelques instants du 10e Détachement de

 11   Sabotage dont vous avez dit qu'il était lié professionnellement à l'unité

 12   chargée du renseignement. Nous voyons dans ce document-ci que le 21

 13   décembre 1994 -- ce document est donc rédigé par l'état-major principal, et

 14   plus particulièrement par son chef, le général de division Zdravko Tolimir,

 15   et ce document porte pour titre : "Mise en garde en rapport avec le choix

 16   des candidats pour l'état-major principal de la VRS au sein du 10e

 17   Détachement de Sabotage."

 18   Est-ce que ce 10e Détachement de Sabotage est celui dont vous avez déjà

 19   parlé ?

 20   R.  Il est question ici du choix des cadres, c'est-à-dire des soldats

 21   destinés à faire partie de cette unité. Peut-être devrions-nous être précis

 22   sur un mot, parce que vous avez dit "rattaché". En fait, ce détachement

 23   n'était pas exactement rattaché. Simplement, il y avait un rapport

 24   professionnel entre les deux formations. Ici, on parle de la partie

 25   professionnelle de la direction. Et là, il est question de choix du

 26   personnel qui relevait donc de la direction.

 27   Q.  Je vous remercie, Mon Général.

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les


Page 11970

  1   Juges, en anglais le terme "attached" et le terme "resubordinated" sont

  2   différents sur le plan militaire. Ils ont chacun leur signification

  3   officielle sur le plan militaire, et parfois en traduction on trouve un

  4   terme à la place de l'autre. Apparemment, le général vient d'entendre dans

  5   ses écouteurs les termes militaires officiels qui émanent peut-être d'une

  6   traduction. Donc, voilà d'où tout cela provient. Mais j'espère que vous

  7   comprenez que le témoin est en train de parler d'un rapport professionnel.

  8   Q.  Alors, nous voyons que le général Tolimir, même si la chose,

  9   éventuellement, n'est pas tout à fait claire aux yeux de tout le monde, le

 10   général Tolimir dit qu'il souhaite que des candidats soient choisis pour

 11   être versés dans cette unité.

 12   Est-ce que cette communication du général Tolimir destinée aux gens

 13   qui se chargeront du choix des candidats pour cette unité correspond au

 14   contrôle qu'il exerçait professionnellement sur cette unité, l'unité dont

 15   vous venez de parler ? Et je parle du contrôle professionnel, par

 16   opposition au commandement de l'unité, dont vous avez dit clairement qu'il

 17   était exercé par Mladic.

 18   R.  La mobilisation et l'affectation des effectifs relèvent de la

 19   compétence du secteur chargé de la mobilisation et du personnel, et au sein

 20   du secteur existait un département responsable de la mobilisation et du

 21   personnel. Donc il est possible que l'attention des responsables ait pu

 22   être appelée sur le genre de personnes qu'il convenait d'admettre dans

 23   l'unité. Je ne vois pas ici à qui est adressé ce document, donc ce que je

 24   viens de dire est simplement une supposition de ma part.

 25   Q.  Est-ce que le général Tolimir agit dans le cadre de ses responsabilités

 26   selon ce qui figure dans ce document, pour autant que vous le sachiez ?

 27   R.  Probablement. La proposition vient du chef de la direction chargée du

 28   renseignement, et cette proposition portait sur le genre de personnes qu'il


Page 11971

  1   pouvait être bon de choisir pour être versées dans cette unité. Et

  2   maintenant, nous voyons qu'il accepte un mémo dans lequel il est dit qu'il

  3   importe de garder cela à l'esprit au moment de choisir les personnes à

  4   verser au sein de cette unité.

  5   Q.  Très bien. Alors, vous venez de nous dire quelle était l'importance, si

  6   tant est que cela ait eu de l'importance, pour l'état-major général de

  7   recevoir des rapports provenant des unités subordonnées. Par exemple, des

  8   rapports concernant ce qui se passait dans le secteur de responsabilité

  9   d'un corps d'armée déterminé avait son importance pour l'état-major

 10   principal. Mais quelle était cette importance, s'il y en avait une, et pour

 11   quelle raison était-ce important ?

 12   R.  Rendre compte sur le plan militaire c'est quelque chose de tout à fait

 13   important parce que c'est sur la base de rapports envoyés à l'heure voulue

 14   et de rapports précis qu'un commandant supérieur peut réagir de la

 15   meilleure façon à certains événements. Si les rapports sont inexacts, les

 16   décisions qui en découleront seront erronées ou en tout cas inadaptées.

 17   Q.  Très bien. Voyons maintenant le document 65 ter numéro 7259.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je demande le versement au dossier du

 19   document précédent. Toutes mes excuses, Monsieur le Président.

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Le document est admis en tant que

 21   pièce à conviction.

 22   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il devient la pièce P2141.

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 24   Q.  Je viens de passer une minute à regarder le document avant de vous

 25   interroger à son sujet. Je crois qu'il vous a déjà été montré. Normalement,

 26   il aurait dû se trouver dans la liasse de documents qui vous a été

 27   transmise. Mais nous voyons qu'il provient de l'état-major principal, qu'il

 28   date du 21 juin 1994. Et je peux vous dire, à la lecture de la page 2,


Page 11972

  1   qu'il provient du chef d'état-major, Manojlo Milovanovic. Peut-être

  2   pourrions-nous voir la page 2, de façon à ce que vous la voyiez également

  3   dans votre langue, le B/C/S.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] Alors, maintenant, affichage une nouvelle

  5   fois de la page 1, puis de la page 2 en B/C/S en particulier.

  6   Q.  Nous voyons d'après le titre de ce rapport qu'il évoque le peu

  7   d'utilité des rapports de combat réguliers. Il est adressé à tous les corps

  8   d'armée dont vous venez de parler. Nous voyons qu'il comporte donc des

  9   critiques. Il est question du niveau insuffisant de commandement.

 10   Et au paragraphe 2, nous lisons, je cite :

 11   "L'état-major principal et le commandement Suprême ne peuvent aucunement

 12   utiliser, en vue de prise de décisions stratégiques et de conduite de la

 13   guerre, des informations qui ne portent que sur le nombre de fusils, d'obus

 14   ou de balles que l'ennemi a tiré sur nos forces."

 15   Puis dans la suite du texte la critique se poursuit.

 16   Alors, pouvez-vous nous dire une chose - nous savons ce qu'est et qui

 17   compose l'état-major principal - pouvez-vous nous dire qui est le

 18   commandant suprême dont il est question dans ce document ? Qui était-il en

 19   1994 ?

 20   R.  Le commandant suprême c'était le président de la Republika Srpska, le

 21   Dr Karadzic, et le commandement Suprême se compose donc du commandant

 22   suprême et des organes d'Etat qui composent ce commandement Suprême.

 23   Q.  Très bien. Alors, paragraphe suivant, il se lit comme suit, je cite :

 24   "L'état-major principal demande," et au tiret numéro 1 intitulé,

 25   (l'ennemi), nous lisons les renseignements suivants relatifs à l'ennemi :

 26   "…information relative à toute activité de combat menée par l'ennemi à

 27   grande échelle, information relative aux intentions futures de l'ennemi,

 28   information relative à l'objectif assigné aux actions futures, …


Page 11973

  1   information relative à l'obtention par l'ennemi des objectifs qui seront

  2   poursuivis à l'avenir."

  3   Alors, cette information relative à l'ennemi, quelle est normalement la

  4   formation qui est chargée de recueillir des renseignements sur l'ennemi ?

  5   R.  C'est la direction de la sécurité et du renseignement. Ce sont donc les

  6   responsables du renseignement qui recueillent des renseignements relatifs à

  7   l'ennemi, à savoir le territoire sur lequel se mènent les opérations de

  8   combat, les dates et heures, et les effectifs de ses propres forces. Les

  9   notes de déploiement de combat, les groupes, les moyens d'appui dont

 10   bénéficie l'ennemi sont analysés. Le genre d'appui fourni par le génie dont

 11   dispose l'ennemi, ou quels que soient les autres modes d'appui dont

 12   l'ennemi dispose de la part de ce service. En un mot, tout ce qui peut

 13   avoir son importance dans la prise de décision et dans la détermination des

 14   intentions de l'ennemi. Tous ces renseignements doivent figurer dans les

 15   rapports opérationnels quotidiens au paragraphe 1 du rapport et doivent

 16   être relayés vers toutes les unités subordonnées.

 17   Puisque nous étions en sous effectifs et que nous n'avions pas de

 18   personnel formé, nous vivions quelques difficultés. Il y avait de nombreux

 19   cas où les effectifs étaient insuffisants, comme souligné ici par le

 20   général Milovanovic dans cette mise en garde, et il y avait aussi des

 21   rapports qui étaient inexacts. Les commandants de corps informaient le

 22   commandant de l'état-major principal dans l'après-midi ou dans la soirée,

 23   et dans leurs rapports, le commandant de corps demandait l'autorisation de

 24   prendre un jour ou deux de permission; ou bien dans le rapport il était

 25   indiqué que le commandant était présent à telle date du mois d'août au sein

 26   de l'état-major principal ou que le commandant était absent à tel ou tel

 27   moment.

 28   Il arrivait fréquemment que les commandants subordonnés ne dépeignent


Page 11974

  1   pas la situation selon sa réalité, et ce, de façon délibérée, ou qu'ils

  2   s'abstiennent de mener à bien une activité de façon à n'en rendre compte

  3   qu'un jour ou deux plus tard. Quelquefois ceci était voulu. D'autres fois

  4   c'était parce que les hommes responsables de telle ou telle action

  5   n'avaient pas été entraînés correctement pour mener cette action ou

  6   effectuer le travail demandé.

  7   Q.  Et le général Milovanovic laisse entendre au paragraphe 2 du texte que

  8   l'état-major principal et le commandement Suprême peuvent être amenés à

  9   prendre des décisions stratégiques sur la conduite de la guerre en

 10   s'appuyant sur ces rapports envoyés par les corps d'armée, n'est-ce pas ?

 11   Est-ce que l'exactitude des renseignements transmis par le corps d'armée

 12   est importante dans le cadre des décisions stratégiques prises par l'état-

 13   major principal ou par le président Karadzic ?

 14   R.  Oui. Parce que l'exactitude des informations et des prévisions sont une

 15   chose, et le dénombrement des obus qui tombaient, c'était un travail de

 16   journalistes. Des soldats professionnels sont censés déduire les intentions

 17   de l'ennemi pour la période à venir sur la base des actions passées de

 18   l'ennemi dont ils sont tenus d'informer leur commandement supérieur.

 19   Q.  Est-ce que la disponibilité d'une unité importante, une unité de

 20   combat, je veux dire, le fait qu'une unité de combat ait achevé une mission

 21   et qu'elle soit prête à en entamer une autre, est-ce que ce genre de

 22   renseignement pourrait être important pour l'état-major principal ?

 23   R.  Je crains de ne pas avoir compris votre question.

 24   Q.  Par exemple, prenons l'exemple du 10e Détachement de Sabotage. S'il

 25   avait terminé une des opérations qui lui avaient été confiées et qu'il

 26   était nécessaire de remplacer une unité qui se trouvait sur le champ de

 27   bataille, est-ce qu'il était important pour l'état-major principal de

 28   savoir que ce 10e Détachement de Sabotage était disponible ?


Page 11975

  1   R.  Bien, l'état-major principal devait le savoir parce que c'était une de

  2   ses unités.

  3   Q.  Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ils devaient le savoir ?

  4   R.  L'état-major principal devait le savoir parce que c'était une unité qui

  5   était liée, qui dépendait de l'état-major principal. Aucun corps d'armée ne

  6   pouvait dire : Moi, je prends le 10e Détachement de Sabotage pour

  7   l'employer à tel et tel endroit; la seule chose qu'un corps d'armée pouvait

  8   faire c'était demander à bénéficier de l'appui d'une unité dépendant d'un

  9   autre corps d'armée. Mais suite à la demande présentée, il pouvait y avoir

 10   acceptation de la demande ou rejet de la demande.

 11   Q.  Très bien. Voyons maintenant le document 65 ter -- pardon.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je demande d'abord le versement au dossier

 13   du document que nous venons d'examiner.

 14   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Le document 65 ter numéro 7259 est

 15   admis au dossier.

 16   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Et devient la pièce P2142.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je demande maintenant l'affichage de la

 18   pièce P1215.

 19   Q.  Je ne suis pas sûr, Mon Général, que vous ayez déjà vu ce document,

 20   mais ce que je souhaite faire en vous le soumettant c'est de vous donner un

 21   exemple de rapport provenant de l'état-major principal et adressé au

 22   président de la Republika Srpska.

 23   Mais avant de nous pencher sur ce document, je vous demanderais si

 24   vous pourriez nous expliquer comment cette communication fonctionnait ?

 25   Nous avons vu que le général Milovanovic déclare que ces rapports

 26   quotidiens provenant des corps d'armée doivent être exacts. Est-ce que

 27   l'état-major principal avait des exigences s'agissant des rapports qui

 28   étaient adressés par l'état-major principal au président de la Republika


Page 11976

  1   Srpska ?

  2   R.  L'établissement des rapports se fait à tous les niveaux de la

  3   hiérarchie vers le niveau immédiatement supérieur. Dans la zone de

  4   responsabilité du corps d'armée, les brigades étaient subordonnées au corps

  5   d'armée à certains intervalles de temps, c'est-à-dire après 16 ou 17

  6   heures, et devaient rendre compte de certaines situations et adresser ces

  7   rapports au corps d'armée.

  8   Au niveau du corps d'armée, tous les rapports de brigade étaient

  9   intégrés en un seul et même rapport qui donnait une idée globale de la

 10   situation à 18 heures et qui était transmis à l'état-major principal.

 11   L'état-major principal, se fondant sur l'ensemble des rapports reçus

 12   des 1er et 2e Corps d'armée, ainsi que du Corps de l'est de la Bosnie-

 13   Herzégovine et du Corps de Sarajevo-Romanija, du Corps de l'Herzégovine, du

 14   centre des écoles militaires, et cetera, et cetera, intégrait tous ces

 15   rapports en un seul rapport qu'il faisait suivre au président qui était le

 16   commandant suprême.

 17   Q.  Très bien. Pouvez-vous nous dire quelle était la partie de l'état-major

 18   principal qui recueillait ces renseignements provenant des corps d'armée

 19   pour les intégrer en un seul et même rapport avant de l'adresser au

 20   président de la Republika Srpska ?

 21   R.  Si nous avions eu un centre des opérations, ce centre des opérations

 22   aurait été l'organe chargé de ce travail. Mais nous n'avions pas de centre

 23   des opérations, donc les renseignements arrivaient dans le secteur dirigé

 24   par le général Miletic, dans notre secteur, par conséquent, et nous

 25   intégrions ces renseignements dans des rapports que nous adressions au chef

 26   d'état-major. Tous les rapports reçus par l'état-major principal étaient

 27   ensuite relayés vers le commandant suprême avec copie pour les commandants

 28   de corps d'armée, de façon à ce que chaque commandant de corps d'armée


Page 11977

  1   puisse être au courant de la situation qui prévalait sur tout le théâtre de

  2   guerre.

  3   Q.  D'accord. Alors, prenons la dernière page de ce rapport.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je crois que c'est la page 4. La page de

  5   signature. Oui, voilà. Elle est à l'écran. Je crois que cela devrait être

  6   également la page 4 en B/C/S. Bien. Les deux pages sont maintenant à

  7   l'écran. Je vous demanderais de vous concentrer sur le bas de la page.

  8   Q.  Nous voyons des initiales. Les interprètes pourraient peut-être nous

  9   dire quelles sont ces initiales sur l'original en B/C/S.

 10   Vous voyez ces initiales qui sont apposées juste avant la ligne de

 11   signature ? Je crois qu'on lit "R" [comme interprété] ?

 12   R.  Oui, je vois.

 13   M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation] 

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce sont mes initiales ainsi que les initiales

 15   de la personne qui a dactylographié le texte.

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que vous parlez de la partie

 17   gauche du bas de la page ?

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 19   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] On devrait agrandir à l'écran cette

 20   partie de la page. Merci.

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 22   Q.  Ce document porte la date du 12 juillet --

 23   R.  Si c'est "OJ" [comme interprété], ce sont mes initiales. Mais si la

 24   date est celle du 12, je n'étais pas à l'état-major principal à la date du

 25   12. Peut-être est-ce un autre jour.

 26   Q.  Nous voyons un D, me semble-t-il, suivi d'un J, ou peut-être un Dj.

 27   R.  Oui, c'est Krsto Djeric. Vous m'avez montré un document qui comportait

 28   mes initiales, OJ. Mais ici c'est Krsto Djeric, et les initiales de la


Page 11978

  1   personne qui s'est chargée de la dactylographie sont MM.

  2   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Pourrait-on encore une fois agrandir

  3   les initiales à l'écran.

  4   Les deux premières seulement, pourriez-vous nous dire encore une fois

  5   ce que vous voyez ici, Monsieur le Témoin ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] M et Dj.

  7   L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète : Le Dj est une lettre unique en

  8   cyrillique.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Pourriez-vous nous expliquer à quoi

 10   elles correspondent ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Moi je pensais à Krsto Djeric, mais là j'ai vu

 12   que la première lettre était un M. Ah, c'est Mihajlo Djurdjevic, qui

 13   faisait partie de l'organe du génie au sein de l'état-major principal. Donc

 14   c'est Djurdjevic.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Puis nous voyons que "Le général-major,

 17   général de division Radivoje Miletic, signe au nom du chef d'état-major."

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Pouvez-vous nous expliquer d'abord ce que cela signifie de "signer en

 20   lieu et place de" sur le plan officiel militaire ? Puis nous expliquer si

 21   oui ou non à votre avis le général Miletic était effectivement en mesure,

 22   comme il est permis de le penser à la lecture de ce document, de signer en

 23   lieu et place du chef d'état-major principal ?

 24   R.  De façon générale, signer en lieu et place signifie, à strictement

 25   parler et aux termes de la Loi sur l'armée de l'ex-Yougoslavie, que l'on

 26   parle d'une personne qui remplace une autre personne et a tous les pouvoirs

 27   et toutes les fonctions de la personne qu'elle remplace à un moment

 28   déterminé. Donc du point de vue du statut et du point de vue de la solde ou


Page 11979

  1   des avantages associés, et cetera, la personne qui est remplacée a le

  2   pouvoir d'imposer des sanctions ou de décider d'accorder à la personne qui

  3   le remplace des incitations matérielles ou autres pour une période

  4   déterminée. Car en général, cela se passe pendant une période d'absence de

  5   la personne en lieu et place de laquelle quelqu'un d'autre agit, absence

  6   due à la maladie ou à tout autre raison qui rend cette personne incapable

  7   de remplir ses fonctions.

  8   Donc pour agir en lieu et place de quelqu'un, il faut qu'il y ait un

  9   ordre officiel qui détermine que vous êtes en mesure de le faire. Vous vous

 10   rappellerez peut-être qu'au début j'ai donné quelques détails de ma

 11   biographique. J'ai dit que j'avais été non pas chef d'état-major, mais que

 12   j'avais agi en lieu et place du chef d'état-major. Le commandant n'avait

 13   pas été nommé officiellement. Donc j'ai rempli ces fonctions. J'avais le

 14   statut d'un commandant au moment où j'agissais en lieu et place de ce

 15   dernier. Ici, on voit que le général Miletic signe en tant que personne qui

 16   signe en lieu et place du chef d'état-major, alors qu'il n'est pas

 17   effectivement chef d'état-major et parce que le chef d'état-major était

 18   ailleurs en Republika Srpska où il réglait des problèmes sur le théâtre de

 19   la guerre.

 20   Mais là c'est une erreur. Parce qu'il n'avait pas le pouvoir d'être

 21   élevé au rang de chef d'état-major.

 22   Dans ce que j'ai déjà dit dans ma déposition, j'ai dit que je savais

 23   vaguement à quel moment le général Miletic a commencé à signer en lieu et

 24   place du chef d'état-major. Si nécessaire, je peux apporter des

 25   explications complémentaires.

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Excusez-moi. Page 52, ligne 1 du

 27   compte rendu, le nom du rédacteur du document n'est pas correctement

 28   orthographié.


Page 11980

  1   Si j'ai bien compris, vous avez dit "Djurdjevic;" c'est bien ça ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai dit Mihajlo Djurdjevic.

  3   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, c'est ce que j'ai dit. Avec un

  4   U, "Djurdjevic." Mais l'orthographe n'est pas correcte au compte rendu en

  5   anglais. Encore une fois, il faudrait corriger.

  6   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

  7   M. LE JUGE FLUEGGE : [aucune interprétation]

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  9   Q.  [aucune interprétation]

 10   R.  D-j-u-r-d-j-e-v-i-c.

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Maintenant nous avons la bonne

 12   orthographe.

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien.

 14   Q.  Vous venez de demander si vous pourriez apporter quelques explications

 15   complémentaires quant à l'utilisation de cette mention "signe en lieu et

 16   place" pour des rapports aussi importants que ce rapport de l'état-major

 17   principal, et vous conviendrez avec moi que c'était une pratique assez

 18   courante. Je veux dire, nous trouvons souvent, dans des centaines de

 19   rapports en fait, cette mention "en lieu et place de".

 20   Pouvez-vous nous dire comment cette pratique a commencé et quelle était sa

 21   signification dans le contexte général ? Vous nous avez déjà dit ce qu'il

 22   en était du processus officiel.

 23   R.  Lorsque j'étais avec le général Milovanovic au poste de commandement

 24   avancé dans l'ouest de la Republika Srpska, à Drvar, le général Milovanovic

 25   a invité le général Jovo Maric et moi-même à prendre avec lui le café du

 26   matin. Sur la table il y avait un rapport comme celui-ci, un rapport

 27   adressé au commandant suprême. A un certain moment le général Milovanovic,

 28   excusez-moi de répéter exactement ce qu'il a dit : Qu'est-ce qu'il


Page 11981

  1   m'emmerde, ce Mico.

  2   C'est moi qui m'envoie à moi-même un rapport, parce qu'au niveau du

  3   bloc de signature on trouvait en imprimé la mention "Chef d'état-major,

  4   général Manojlo Milovanovic."

  5   Par la suite, cette mention de "en lieu et place" a commencé à être

  6   insérée dans les documents. C'est-à-dire que quand je suis arrivé à Crna

  7   Rijeka, on utilisait toujours cette mention au niveau du bloc de signature.

  8   Q.  Donc le fait de rassembler toutes ces informations importantes et de

  9   les relayer, c'était le travail de Milovanovic, n'est-ce pas, quand il

 10   était présent ?

 11   R.  Dans les rapports, il ne s'agit pas seulement des informations sur

 12   l'ennemi.

 13   Q.  Oui, je sais. Mais je veux dire de façon générale. Ces rapports, si

 14   Milovanovic avait été présent à l'état-major principal en 1995, ça aurait

 15   été lui qui aurait fait cela, non pas Miletic ?

 16   R.  Non. Nous, de la direction, nous rédigions le rapport et Milovanovic ne

 17   faisait que contrôler et signer.

 18   Q.  Mais le contrôle est très important, comme vous nous l'avez dit, n'est-

 19   ce pas. Le fait de contrôler ces documents, c'est quelque chose d'important

 20   ?

 21   R.  Oui. Il était très méticuleux. Il aimait bien les détails.

 22   Q.  Donc le contrôle et la signature de ces rapports est un exemple de ce

 23   que pouvait faire Miletic pendant que Milovanovic n'était pas présent,

 24   n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  D'accord.

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] J'aimerais demander le versement au dossier

 28   de cette pièce.


Page 11982

  1   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je crois qu'il figure déjà au

  2   dossier.

  3   M. McCLOSKEY : [interprétation] D'accord.

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Sous la cote P1250 [comme

  5   interprété].

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] Très bien. Passons maintenant à la pièce 65

  7   ter 45.

  8   Q.  Mon Général, c'est un rapport qui est rédigé le lendemain. C'est un

  9   rapport qui émane également de l'état-major principal - en date du 13

 10   juillet - adressé au président.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Si l'on prend la dernière page. Je pense

 12   que dans les deux langues on trouvera ce que je cherche à la page 3.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, en fait ce n'est pas sur la page 3 en

 14   serbe. Non, non. Je la vois maintenant, c'est la page 4.

 15   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 16   Q.  D'accord. De nouveau, nous voyons qu'il est indiqué "signe en lieu et

 17   place de," et nous voyons le nom du général Miletic dactylographié.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons maintenant à la première page dans

 19   les deux langues ou la page de garde.

 20   Q.  Très brièvement -- nous pouvons voir qu'elle est intitulée "situation

 21   sur la ligne de front", et par la suite on peut lire sur cette page 1er

 22   Corps de Krajina, 2e Corps de Krajina. Et à la page suivante il y a une

 23   énumération de corps d'armée --

 24   M. McCLOSKEY : [interprétation] De nouveau, je demanderais l'affichage de

 25   la page 3 en anglais, s'il vous plaît. Au paragraphe 6 en B/C/S.

 26   Nous arrivons au DK --

 27   Q.  C'est le Corps de la Drina, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui.


Page 11983

  1   Q.  J'aimerais passer en revue très brièvement le passage sous le mot

  2   "ennemi", la troisième phrase se lit comme suit :

  3   "L'ennemi de l'ancien enclave de Srebrenica est en état de démantèlement

  4   total et les troupes se rendent en grands nombres à la VRS. Un groupe de

  5   soldats composé de 200 à 300 hommes ont ménagé d'effectuer une percée vers

  6   le secteur général du mont Urdc … où ils ont essayé d'effectuer une percée

  7   jusqu'au territoire placé sous le contrôle des Musulmans."

  8   Je saute la section (b) qui est intitulée :

  9   "Situation dans le corps. Les groupes de combat d'autres unités se

 10   trouvent dans la phase finale des préparatifs et nous allons régler la

 11   question de l'enclave de Zepa."

 12   Par la suite :

 13   "Situation sur le territoire. Il y a un transfert organisé et

 14   planifié de la population de Srebrenica au territoire placé sous le

 15   contrôle musulman."

 16   Bien. Maintenant, nous savons que vous n'êtes pas encore retourné à

 17   l'état-major principal, donc je ne vais pas vous demander de nous parler de

 18   ces faits, mais je voudrais attirer l'attention de toutes les parties

 19   concernant ce que je viens de lire, le commentaire d'un "démantèlement

 20   total", "l'enclave de Zepa" et "le transfert de population".

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation] J'aimerais maintenant que l'on passe -- en

 22   fait, je voudrais d'abord demander le versement au dossier de cette pièce,

 23   si elle ne figure pas encore au dossier.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je voudrais demander au témoin la

 25   chose suivante : De nouveau nous voyons ici une abréviation, NT. Les

 26   lettres NT, et par la suite "/GP." J'aimerais savoir : Est-ce que vous

 27   savez à qui appartiennent ces initiales, NT ? Si je lis comme il faut.

 28   Oui, je le vois.


Page 11984

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Je pense que c'est Nikola Trkulja [phon]. Il

  2   était colonel. Trkulja, son nom de famille était Trkulja, mais je crois que

  3   son nom était Nikola.

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Très bien, merci. Cette pièce sera

  5   versée au dossier.

  6   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Sous la cote P2143, Monsieur le

  7   Président, Madame, Monsieur le Juge.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons maintenant à la pièce P1601, s'il

  9   vous plaît.

 10   Q.  Je crois que vous serez d'accord avec moi pour dire qu'il s'agit d'un

 11   rapport de combat quotidien du Corps de la Drina adressé à l'état-major

 12   principal le même jour -- en fait c'est la dernière journée, et d'après ce

 13   que vous nous avez dit c'est l'une des choses que vous incorporiez dans

 14   votre rapport envoyé au président.

 15   Donc j'aimerais vous demander de vous pencher sur le troisième

 16   paragraphe sous l'intitulé "l'ennemi." Ici on peut lire que :

 17   "L'ennemi de l'ancienne enclave de Srebrenica se trouve en débandade

 18   totale et se livre à la VRS en très grands nombres."

 19   On peut lire que :

 20   "Un groupe de soldats ennemis composé de 200 à 300 personnes a réussi

 21   à passer dans le secteur général du mont Urdc dans le but de se trouver sur

 22   le territoire placé sous le contrôle de l'ABiH."

 23   Par la suite on parle de groupes de combat d'autres unités de corps

 24   qui sont en train de mener des préparatifs définitifs pour régler la

 25   question de Zepa.

 26   Par la suite sous "situation dans la zone de responsabilité", jusqu'à

 27   maintenant le transport de 15 000 Musulmans de Potocari à Kladanj a été

 28   organisé.


Page 11985

  1   Ce sont les mêmes quatre points, comme je l'ai dit, débandade, mont

  2   Urdc, Zepa, et le transport, les mêmes quatre éléments que nous avons vus

  3   dans le rapport qui a été envoyé au président. Est-ce que c'est ainsi que

  4   vous compiliez les rapports ? Vous preniez les informations du corps et par

  5   la suite vous les incorporiez dans le rapport adressé au président ?

  6   R.  Oui. Ça a été repris du rapport du Corps de la Drina.

  7   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Tolimir.

  8   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, il faudrait demander au

  9   témoin s'il lui était possible de voir le document. Puisqu'il n'était pas

 10   du tout à l'état-major principal quand ce document a été élaboré. Il a été

 11   élaboré seulement pour l'état-major principal du Corps de la Drina en date

 12   du 13 juillet.

 13   J'aimerais savoir si le témoin a vu ce rapport puisque M. McCloskey a

 14   dit : "Vous avez vu ce rapport." Merci.

 15   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] D'abord je note qu'il ne s'agit pas

 16   du 13 [comme interprété] juillet au compte rendu d'audience, mais bien du

 17   13 juillet.

 18   Monsieur McCloskey, je vous écoute.

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation] Vous vous souviendrez, Monsieur le

 20   Président, que j'ai affirmé ce fait, et d'ailleurs le témoin a été d'accord

 21   avec moi pour dire qu'il n'est pas revenu jusqu'au 17. Donc nous sommes en

 22   train de passer en revue ces rapports simplement pour qu'il puisse nous

 23   expliquer de quelle façon les rapports avaient été faits.

 24   Oui, effectivement, je me sers de ces dates, mais je lui ai bien dit

 25   : Je ne vais pas vous poser de questions sur ces événements puisque vous

 26   n'étiez pas encore de retour. Je ne sais pas si c'est exactement ce que

 27   j'ai dit, mais en tout cas j'ai dit quelque chose de très similaire.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, mais c'est ce que je vous ai


Page 11986

  1   entendu dire.

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation] Alors, je crois que c'est maintenant clair.

  3   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui. Poursuivez, je vous prie.

  4   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  5   Q.  Dans ce rapport du Corps de la Drina, il y a également une mention

  6   selon laquelle il est indiqué que :

  7   "A Konjevic Polje ainsi qu'à Nova Kasaba la réception des civils

  8   musulmans et des soldats qui se rendent, et tout ceci est mené à bien de

  9   façon organisée."

 10   Alors, j'aimerais savoir, Monsieur, s'agissant du rapport de l'état-major

 11   principal au président.

 12   J'aimerais savoir s'il est possible de mentionner tous les détails au

 13   président ? Est-ce un choix que vous faites dans ces cas-là, d'après vous ?

 14   R.  Je ne pourrais pas vous le dire avec précision. Il faudrait que l'on

 15   reprenne le document. Il y a peut-être un point commun dans le rapport qui

 16   parle de la situation sur le territoire. Il faudrait revenir au rapport

 17   combiné de l'état-major.

 18   Q.  Très bien. Alors, reprenons le document.

 19   M. McCLOSKEY : [interprétation] Quelle était encore la cote ?

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] La cote de cette pièce était la

 21   P2143.

 22   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 23   Alors, page 3 en anglais, paragraphe 6 en B/C/S, sous l'intitulé : "Corps

 24   de la Drina".

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, nous voyons ici situation dans le

 26   territoire, où on peut lire :

 27   "La population de Srebrenica est transférée de façon organisée et

 28   planifiée sur le territoire qui était sous le contrôle des Musulmans."


Page 11987

  1   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  2   Q.  Oui, vous avez raison, et je suis d'accord avec vous pour dire que

  3   c'est consigné dans l'autre rapport. Mais la partie qui n'avait pas été

  4   consignée était que les civils et les soldats se présentent dans la région

  5   de Konjevic Polje et de Nova Kasaba. Ça, c'est une partie de l'information

  6   qui n'est pas mentionnée sous l'intitulé : "Corps de la Drina". Etes-vous

  7   d'accord avec moi ?

  8   R.  Oui, effectivement. Ce n'est pas indiqué ici.

  9   Q.  Puisque nous sommes en train de parler de ce sujet, passons à un autre

 10   document, un document du 12 juillet. C'est un document de l'état-major

 11   principal --

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Pièce P1215.

 13   Q.  -- un rapport envoyé au président.

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation] Au paragraphe 6, sous le Corps de la Drina.

 15   Q.  Au bas du paragraphe, sous l'intitulé : "Corps de la Drina", on peut

 16   lire, je cite :

 17   "L'ennemi a essayé de se retirer de l'enclave de Srebrenica avec des femmes

 18   et des enfants en direction de Ravni Buljin et Konjevic Polje."

 19   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Où est ce passage ? Nous ne l'avons

 20   pas trouvé. Et il faudrait l'agrandir également en anglais, s'il vous

 21   plaît.

 22   M. McCLOSKEY : [interprétation] Page 3 en anglais.

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Revenons à la page 3 et élargissons,

 24   s'il vous plaît. Très bien.

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] C'est ce dernier paragraphe de la page 3.

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie.

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 28   Q.  Mon Général, nous voyons ici que dans le rapport précédent -- donc un


Page 11988

  1   rapport de l'état-major principal au président, on fait référence au fait

  2   que des femmes et des enfants se dirigent vers Konjevic Polje, et c'est

  3   dans le rapport du lendemain qu'on parle du fait qu'ils arrivent. Donc,

  4   effectivement, c'est mentionné dans ce rapport, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  D'accord.

  7   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, le recueil ne

  8   contient pas le rapport de combat quotidien du 12 juillet, sinon je

  9   l'aurais passé en revue, mais nous ne l'avons pas. J'aurais demandé qu'on

 10   l'examine ensemble, mais nous ne l'avons pas.

 11   Q.  Mon Général, la dernière fois, vous nous avez dit qu'au sein de l'état-

 12   major principal, il y avait de façon quotidienne un rapport matinal.

 13   Pourriez-vous nous dire de quoi il s'agissait exactement ?

 14   R.  A l'état-major principal, quand le commandant est présent et que le

 15   chef de l'état-major en ressent le besoin, on avait des réunions matinales.

 16   Sinon, ces briefings se faisaient au secteur de l'état-major et c'est nous

 17   qui nous nous réunissions entre nous. Mais quand les commandants étaient

 18   présents, à ce moment-là, on leur faisait un briefing. Mais les chefs du

 19   secteur étaient normalement présents et les chefs des administrations.

 20   Q.  Nous allons parler de ce sujet un peu plus en détail sous peu. Mais le

 21   17, lorsque vous êtes arrivé, êtes-vous resté au bureau de Crna Rijeka,

 22   dans cette chambre transformée en bureau -- vous y dormiez pendant

 23   l'ensemble du mois de juillet ?

 24   R.  Oui, c'est là que j'habitais et c'est là que je travaillais, donc à ce

 25   même endroit, dans cette même pièce.

 26   Q.  Est-ce que le général Miletic était également au même endroit ?

 27   Travaillait-il et résidait-il dans ce même lieu ?

 28   R.  Oui. La plupart d'entre nous le faisions, étions organisés de cette


Page 11989

  1   façon-ci.

  2   Q.  Vous avez également expliqué aux Juges de la Chambre la dernière fois

  3   qu'il y avait certaines questions relatives aux communications. On vous a

  4   demandé si Milovanovic et Mladic étaient en mesure d'établir un contact ou

  5   d'avoir un contact pendant que Milovanovic se trouvait sur le front de

  6   l'ouest, comme on l'a appelé, au cours du mois de juillet. Est-ce que vous

  7   savez s'ils étaient en contact d'une façon ou d'une autre ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Et de quelle façon établissaient-ils le contact ?

 10   R.  Oui. Voyez-vous, au poste de commandement avancé, on organise tous les

 11   moyens de transmission qui existent au commandement régulier, sauf que ces

 12   moyens de transmission ne sont pas aussi développés qu'aux postes

 13   permanents.

 14   Mais il existait également un lien direct avec une protection

 15   cryptographique numéro 63. Et le commandant appelait à certains moments

 16   pour savoir ce qui se passait dans la zone du 2e Corps d'armée et sur le

 17   front de l'ouest. Il m'est arrivé à quelques reprises d'être là lorsque le

 18   général Milovanovic était revenu du terrain. Donc il m'incombait à moi de

 19   rendre compte au commandant de l'état-major même si, depuis le commandement

 20   avancé, nous rédigions le même type de rapport que les états-majors -- pour

 21   l'état-major principal.

 22   Q.  Essayons de préciser juste certains points. Je crois que vous avez

 23   mentionné un moyen de transmission 63. Je ne sais pas si j'ai bien compris

 24   ce que vous avez dit.

 25   R.  C'est un appareil de chiffrage qui donne la possibilité d'effectuer une

 26   protection crypto, et le modèle est de 1963. C'est installé sur une ligne

 27   téléphonique, et c'est ainsi qu'on réussi à protéger les communications.

 28   Q.  Est-ce que c'est ce que vous avez appelé le KZU-63 ?


Page 11990

  1   R.  Oui. En fait, ça s'appelle appareil de chiffre, tiret, 63. Le KZU-63

  2   est une abréviation.

  3   Q.  Est-ce que le chiffrage se faisait pour les communications orales,

  4   s'agissant des communications orales par téléphone, ou bien est-ce que

  5   c'était un chiffrage de fax, de fac-similés ?

  6   R.  Les deux sont chiffrés. Si l'on applique l'appareil de chiffrage, il

  7   s'agissait des transmissions de relais mais sur des téléphones. Il y avait

  8   un très grand nombre de personnes qui pensaient que c'était protégé, que

  9   les communications étaient protégées, parce qu'on voyait un fil. Mais il

 10   fallait absolument appliquer l'appareil de chiffrage. Chaque fois qu'il n'y

 11   avait pas d'appareil de chiffrage et que les gens parlaient ouvertement, on

 12   interceptait les conversations téléphoniques.

 13   Q.  Dans le cadre du dernier procès, nous vous avons montré un certain

 14   nombre de conversations interceptées, et je vais vous poser des questions

 15   plus tard là-dessus.

 16   Mais ces communications -- cet appareil de chiffrage effectuait le

 17   chiffrage de la voix des transmissions par téléphone ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Et étiez-vous en mesure d'effectuer des communications depuis Crna

 20   Rijeka, d'appeler le général Milovanovic par le biais de cet appareil de

 21   chiffrage ? Pouviez-vous lui parler de façon sûre ?

 22   R.  Je vous ai dit qu'on établissait tous types de moyens de communication

 23   comme au commandement régulier. Mais là, on peut parler ouvertement,

 24   oralement et ouvertement, grâce à cet appareil de chiffrage.

 25   Q.  Dernière pièce que je souhaite montrer sur ce sujet.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Il s'agira de la pièce P400 [comme

 27   interprété] en anglais. En fait, non, il ne nous est plus nécessaire de

 28   faire ce que je voulais faire. Non. Bien. Alors, P400A, s'il vous plaît.


Page 11991

  1   Pour le compte rendu d'audience et pour le bénéfice de la Chambre de

  2   première instance, je voudrais simplement vous informer qu'il s'agissait du

  3   17 juillet, 19 heures 50, conversation entre Krstic et le commandant, entre

  4   parenthèses, Mladic.

  5   Q.  Est-ce que vous savez si, à 19 heures 50 dans la soirée en question,

  6   vous étiez de retour à Crna Rijeka ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Bien. Alors, en regardant cette conversation interceptée, je vois que

  9   Krstic et Mladic se parlent. De quel Krstic s'agit-il si, effectivement, il

 10   s'agit d'une conversation interceptée originale ? De quel Krstic s'agit-il

 11   ?

 12   R.  Il n'y avait que le commandant du Corps de Drina qui s'appelait Krstic.

 13   Q.  Est-ce que vous vous souvenez du fait que le général Krstic, à la date

 14   du 17 juillet, se trouvait être à la tête du Corps de la Drina lors des

 15   attaques contre les forces musulmanes qui défendaient l'enclave de Zepa ?

 16   R.  Je n'ai pas eu d'information à ce sujet à l'époque.

 17   Q.  Est-ce que vous avez eu vent de la chose peu de temps après votre

 18   arrivée le 17 ? Parce que, vous savez, cette campagne a duré pendant --

 19   enfin, jusqu'au début août --

 20   R.  Peut-être que je l'ai appris par la suite.

 21   Q.  Fort bien. Mais ce que je voulais vous demander à ce sujet -- Mladic

 22   dit : "Krle, est-ce que tu m'entends ?"

 23   Et ça, c'est le surnom du général Krstic. Est-ce que vous savez nous

 24   dire son surnom ?

 25   R.  Oui, Krle.

 26   Q.  Et ensuite, Mladic -- enfin, Krstic dit : "Je vous entends."

 27   Et Mladic dit : "Allez de l'avant à pleine vapeur."

 28   Et Krstic dit : "Compris."


Page 11992

  1   Ensuite, Mladic entrera en contact avec Miletic sur une ligne

  2   sécurisée, et il est dit : "A pleine vapeur en avant." Et il a dit : "Je

  3   n'accepte pas les conditions posées par les Turcs."

  4   Alors, est-ce que le général Krstic était sur le terrain dans le secteur de

  5   Zepa ? Et s'il était là-bas, aurait-il été à même d'utiliser cette ligne de

  6   communication sécurisée dont on a parlé pour contacter Miletic, qui était à

  7   Crna Rijeka ?

  8   R.  Ecoutez, je ne savais pas. Je me perdrais en conjecture. Je ne savais

  9   ni où se trouvait Krstic ni où se trouvait Mladic. La signification c'était

 10   qu'il fallait qu'il s'entretienne avec Miletic sur une ligne de

 11   communication sécurisée pour qu'il n'y ait pas de fuite de renseignement.

 12   Pour quelle raison ? On ne dit pas. Mais il a dit : "A pleine vapeur

 13   en avant."

 14   Q.  Oui.

 15   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je crois que l'heure de la pause est en

 16   fait passée.

 17   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui. Nous allons faire notre deuxième

 18   pause maintenant et nous allons reprendre à 6 heures et quart.

 19   --- L'audience est suspendue à 17 heures 48.

 20   --- L'audience est reprise à 18 heures 17.

 21   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur McCloskey, veuillez

 22   continuer, je vous prie.

 23   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 24   Q.  Général, vous allez vous souvenir de la dernière fois où vous avez été

 25   interrogé au sujet de cette extension 155 de l'état-major. Vous avez, par

 26   exemple, des conversations interceptées ou documents. Alors, cette ligne ou

 27   extension numéro 155, ça se trouvait à Crna Rijeka à peu près ?

 28   R.  Oui.


Page 11993

  1   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire où, et c'était en fait le numéro de

  2   qui ?

  3   R.  C'était le poste du chef d'état-major. Mais sur cette même ligne, il y

  4   avait un autre appareil qui se trouvait branché dans une petite pièce, qui

  5   était le centre opérationnel.

  6   Q.  C'était la pièce opérationnelle que vous aviez qualifiée de telle la

  7   fois passée, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui, c'est la salle opérationnelle que nous qualifions de la sorte.

  9   Q.  Et qui s'était servi de ce local ou de ce poste pendant que Milovanovic

 10   était absent ? Et là, je suis en train de parler de la période où vous êtes

 11   revenu le 17 juillet.

 12   R.  Personne ne s'est servi de cette pièce. Il y avait un séjour et une

 13   chambre à coucher pour le chef d'état-major.

 14   Q.  Et qui répondait lorsque ça sonnait au 155 ?

 15   R.  C'est le chef qui répondait. Et lorsqu'il s'absentait, il transférait

 16   la communication vers le combiné téléphonique de la salle opérationnelle

 17   afin que nous soyons mis au courant et que nous l'informions au cas où

 18   quelqu'un aurait essayé de le contacter.

 19   Q.  Et qui se trouvait dans cette salle opérationnelle ?

 20   R.  Le plus souvent, c'était moi-même.

 21   Q.  Et où se trouvait alors le général Miletic ?

 22   R.  Le général Miletic avait un local à lui, c'est-à-dire un bureau et une

 23   chambre.

 24   Q.  Et quel était le numéro de son poste ?

 25   R.  Il me semble que c'était le 277.

 26   Q.  Et quel était le surnom du général Miletic ?

 27   R.  Enfin, ceux qui étaient haut gradés comme lui, ils l'appelaient Mico.

 28   Q.  Et au sujet du général Tolimir maintenant, ceux qui étaient de son


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  1   grade ou plus élevés, lui appelaient-ils par un surnom ?

  2   R.  Très souvent on s'adressait à lui par Tosa -- Toso. Enfin, ceux qui

  3   pouvaient se permettre de l'appeler ainsi le faisaient.

  4   Q.  O.K. La fois passée, vous avez parlé quelque peu des directives. Et je

  5   crois qu'un peu plus tôt dans la journée vous avez dit que c'était l'une

  6   des tâches du commandant que de rédiger des directives. Alors, nous nous

  7   pencherons sur la directive 7 pour le concret. Mais avant que d'y arriver,

  8   pouvez-vous nous dire, partant de votre expérience à l'état-major,

  9   qu'étaient donc ces directives ? On en a vu plusieurs, et je crois qu'il y

 10   en avait encore après le numéro 7. Mais qu'est-ce qu'une directive ?

 11   R.  Une directive c'est un acte de commandement. C'est un document de

 12   commandement. C'est utilisé par les niveaux les plus élevés dans la filière

 13   hiérarchique, et ceci est une façon de donner des missions à long terme,

 14   c'est une façon d'établir les objectifs poursuivis.

 15   Q.  Et normalement, partant de votre expérience, qui était l'auteur et qui

 16   était le signataire de ce type de directive ?

 17   R.  Les directives sont signées par le commandant en chef ainsi que par le

 18   chef de l'état-major.

 19   Q.  On a vu dans cette directive 7 qui est manuscrite ou dont "le brouillon

 20   manuscrit a été établi par Miletic". Alors, est-ce que vous pouvez nous

 21   dire, ces croquis ou ces brouillons, comment se faisaient-ils ?

 22   R.  Le processus de l'élaboration d'une directive se déroule conformément

 23   aux instructions gérant le fonctionnement des commandements et des QG des

 24   états-majors. Il y a une méthodologie à suivre. Donc il y a une

 25   méthodologie complète, une méthodologie abrégée ou une méthodologie qui est

 26   qualifiée de dénuée de consultation au niveau de l'organe de commandement.

 27   Q.  Est-ce que vous savez nous dire quelle est la méthodologie utilisée

 28   pour ce qui est de cette directive numéro 7 ?


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  1   R.  C'est la méthodologie complète, globale.

  2   Q.  Est-ce que vous pouvez expliquer le processus suivant lequel une

  3   directive est rédigée ?

  4   R.  Le fondement pour la rédaction de cette directive numéro 7, sa base

  5   c'était l'analyse de l'aptitude au combat établie pour l'armée de la

  6   Republika Srpska pour l'année précédente. Cette analyse a été faite en fin

  7   janvier 1995.

  8   Et dans l'analyse en question, il y a participation du commandant de

  9   l'état-major, qui est celui qui préside aux travaux, aux sessions. C'est

 10   lui qui ouvre la réunion, et il y a les différents commandants de corps qui

 11   présentent leurs rapports respectifs, puis il y a les chefs des secteurs au

 12   niveau de l'état-major qui font de même. Et dans le courant de

 13   l'élaboration de cette analyse, on aboutit à certaines conclusions pour ce

 14   qui est du degré et du volume de réalisation des missions qui ont été

 15   confiées à tout un chacun pour l'année antérieure et on définit les

 16   missions qui devront être accomplies pendant l'année suivante, l'année

 17   d'après. Partant de ceci, on trace une idée générale, et cette ligne

 18   directrice est fournie par le commandant. On procède à des évaluations de

 19   la part de toutes les instances du commandement, et il est formulé des

 20   propositions à l'intention du commandant.

 21   Et lui, il les accepte, si et quand elles sont acceptées, l'instance

 22   opérationnelle en fait un tout, une entité.

 23   Ce qui fait que la partie qui parle de l'ennemi est proposée et élaborée

 24   comme un sous-ensemble de la directive par les soins des instances chargées

 25   du renseignement. Et partant donc de cette idée de départ, de l'idée de

 26   base, par la suite la sécurisation des sites de l'activité de combat se

 27   trouve être définie par l'état-major. Donc il y a l'administration, par

 28   exemple, des affaires opérationnelles et du renseignement qui apporte sa


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  1   contribution. Mais pour ce qui est des différents corps d'armée, ce sont

  2   les instances qui en sont chargées et qui définissent leur part à eux.

  3   Chacune de ces définitions vient rejoindre un tout pour constituer un

  4   document qui s'appelle "directive". L'organe des communications va

  5   travailler sur sa partie des transmissions; la sécurisation contre les

  6   armes chimiques, nucléaires, et cetera, apporte sa contribution;

  7   l'administration des unités blindées et mécanisées apporte sa contribution.

  8   Et tous ces éléments sont regroupés par l'administration chargée des

  9   affaires opérationnelles et de l'information, et c'est présenté pour

 10   signature au commandant habilité à signer.

 11   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Gajic.

 12   M. GAJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que compte tenu

 13   de l'interprétation qui se fait à titre officiel, il y a un petit problème

 14   qui devrait être tiré au clair.

 15   Par exemple, en page 69, ligne 6, il est dit : L'organe chargé des armes.

 16   Et je crois que --

 17   Enfin, la même traduction est faite. Le témoin a dit : Le terme

 18   utilisé est celui de "corps". Alors, je crois que le terme est traduit de

 19   façon variée. Je crois que nous allons avoir un problème d'interprétation

 20   du compte rendu si le problème n'est pas résolu. Il y a une confusion

 21   terminologique. Le témoin  a dit ce qu'il a dit. Mais il faut qu'une

 22   clarification soit apportée au niveau de la version anglaise à cet effet.

 23   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] J'ai entendu "arms" dans

 24   l'interprétation en anglais.

 25   Monsieur McCloskey.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je crois qu'ils sont en train de faire du

 27   bon travail. Je ne suis pas sûr s'il y a quoi que ce soit à rectifier, mais

 28   je veux bien travailler avec M. Gajic sur le compte rendu pour voir quels


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  1   sont les éléments en suspens pour -- enfin, je ne sais pas ce qui se trouve

  2   être crucial et ce qui ne l'est pas.

  3   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Le compte rendu va être vérifié dans

  4   une phase ultérieure, et on comparera avec les enregistrements. Je crois

  5   que pendant le processus de réexamen du compte rendu il pourra être apporté

  6   des éclaircissements à cet effet.

  7   L'INTERPRÈTE : La cabine française précise qu'il s'agit des corps, dans le

  8   sens armes : armée de terre, armée de l'air. Ce sont donc les différentes

  9   armées.

 10   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 11   Q.  Vous en étiez arrivé, au moment où vous avez été interrompu, à parler

 12   de tous ce matériel destiné aux instances pertinentes, et vous parliez

 13   aussi des hommes qui étaient réunis dans le secteur des opérations et de

 14   l'instruction. Il s'agissait bien du général Miletic, de vous-même ainsi

 15   que de deux autres hommes qui étiez chargés de cela ?

 16   R.  Il y avait aussi le colonel Krsto Djeric dans cette direction.

 17   Q.  Donc vous trois, vous oeuvriez à l'unification de ces différents

 18   éléments pour ce document ?

 19   R.  Monsieur le Président, Madame, Monsieur les Juges, je dois préciser

 20   quelque chose. J'ai expliqué quel était le processus général qui présidait

 21   à l'élaboration d'une directive, mais je n'ai jamais participé à la

 22   rédaction d'une quelconque directive de l'état-major principal. Je ne suis

 23   donc pas l'auteur d'une seule directive de l'état-major principal.

 24   Q.  Oui, je vous remercie, Mon Général, d'avoir précisé cela. Nous savons

 25   que vous n'étiez pas dans les environs le 17 mars, en tout cas pas pendant

 26   cette période-là.

 27   Alors, voilà ce que je vais vous dire : est-ce que vous avez pu avoir

 28   sous les yeux la directive numéro 7 après votre retour, à un moment


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  1   quelconque à partir du 17 juillet ?

  2   R.  Oui. Il se trouve que j'ai ressenti un jour le besoin de me procurer

  3   quelque chose qui se trouvait dans l'armoire du général Miletic. Alors,

  4   j'ouvre l'armoire, et peut-être ai-je été un peu indiscret, mais enfin,

  5   j'ai jeté un coup d'œil.

  6   Q.  Et je crois que la dernière fois, vous avez dit que vous l'aviez obtenu

  7   à l'intérieur d'une boîte renforcée. Alors, je ne sais pas très bien quelle

  8   est la traduction exacte du mot que vous avez utilisé. Mais il me semble

  9   qu'il s'agissait d'une espèce d'armoire, de petite armoire ou de boîte qui

 10   était fermée à clé, et c'est là, n'est-ce pas, que vous avez trouvé la

 11   directive numéro 7 ?

 12   R.  C'était une armoire métallique, et le général Miletic  était en

 13   possession de la clé de cette armoire. Moi j'avais besoin de quelque chose

 14   d'autre dans cette armoire à ce moment-là, et c'est de cette façon que j'ai

 15   eu sous les yeux ce document et j'ai simplement jeté un coup d'œil.

 16   Q.  Savez-vous si le général Miletic était sur place au mois de mars, parce

 17   qu'on voit au bas de cette directive numéro 7, au niveau de la signature,

 18   son nom précédé de "écrit par". Est-ce que vous savez qui pouvait

 19   l'assister à cette époque-là, donc au mois de mars et dans les environs du

 20   mois de mars, au moment où ce document a été rédigé et signé ?

 21   R.  Je ne sais pas qui, quel représentant, quel membre d'un autre secteur

 22   aurait pu rédiger des parties de directive incombant respectivement aux

 23   différents secteurs à ce moment-là.

 24   Mais prenons l'exemple de l'appui logistique, c'était l'un des points

 25   de la directive, et, en général, le passage d'une directive concernant ce

 26   sujet était rédigé par quelqu'un de l'instance chargée des opérations et de

 27   la logistique. Mais les chefs de service participaient au libellé des

 28   différents passages qui concernaient leur service, ça, c'est certain.


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  1   L'appui à la logistique, le service du transport, les services médicaux,

  2   tout cela relevait du secteur de la logistique.

  3   Donc je ne sais pas qui a participé à la rédaction de la directive

  4   numéro 7.

  5   Q.  Vous nous avez parlé de quelque chose qui, en traduction, serait une

  6   instance chargée des opérations et de la logistique. Qu'est-ce que c'était

  7   exactement ?

  8   R.  C'était le secteur de l'appui logistique. Une partie de ce secteur

  9   était l'instance chargée des opérations et de la logistique. Ensuite, il y

 10   avait aussi le chef du service technique, le chef des services logistiques,

 11   le chef des services médicaux, et puis il y avait aussi le chef du service

 12   vétérinaire. Donc tous ces aspects relevaient de l'appui à la logistique.

 13   Q.  Je vous remercie. Mais je voudrais que nous soyons tout à fait clairs

 14   sur ce point. Est-ce que l'appui à la logistique était quelque chose de

 15   distinct par rapport aux opérations et à l'instruction dont vous avez parlé

 16   il y a un instant ? C'était différent, n'est-ce pas ?

 17   R.  Cela faisait partie du secteur responsable de la logistique. Donc, dans

 18   ce secteur, il y avait l'organe, l'instance opérationnelle de la

 19   logistique.

 20   Q.  Très bien. Et si je comprends bien ce que vous avez dit, tous les

 21   autres organes apportaient leur apport à la rédaction du document global.

 22   Mais les gens qui -- ce qui m'intéresse, c'est de savoir qui avait

 23   participé à l'harmonisation de la rédaction du texte qui était sous les

 24   ordres du général Miletic. Et puisque vous n'étiez pas présent, je vous

 25   demande si vous saviez, en dehors du général Miletic, qui a travaillé à

 26   l'harmonisation rédactionnelle de cette directive ?

 27   R.  Je ne sais pas. Mais on voit dans la directive que celle-ci a été

 28   rédigée par le général Miletic et dactylographiée par quelqu'un dont


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  1   l'initiale du nom est Z. J'ai oublié la deuxième initiale. En général, il y

  2   a deux initiales. Ou peut-être dans ce cas-là s'agit-il d'une seule

  3   initiale pour le nom de famille.

  4   Q.  Je pense que l'heure est venue de lire cette pièce à conviction.

  5   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je demande l'affichage de la pièce P1214.

  6   Je crois que -- dans la version serbe, cela devrait être la page 23

  7   dans le prétoire électronique, parce qu'il y a une page de couverture qui

  8   est une lettre. Donc voyons ce qu'il en est de la page 23, dont je demande

  9   l'affichage pour vérifier. J'espère que c'est bien la lettre de couverture

 10   qui, au lieu d'être placée avant le document, a été placée à la fin. Oui,

 11   la voici à l'écran.

 12   Q.  Général, est-ce que c'est bien la lettre de couverture qui accompagnait

 13   la directive 7 ?

 14   R.  A la lecture de ce qui est à l'écran, je réponds oui. C'est le chef

 15   d'état-major qui est signataire. Et cette lettre de couverture a été dictée

 16   par Krsto Djeric. Quant à la personne qui a dactylographié cette lettre, je

 17   ne peux pas le déterminer d'après les initiales qui sont SZ. Je ne me

 18   souviens pas de la personne à qui correspondent ces initiales.

 19   Et puis, on voit qu'il ait fait mention du commandement du 1er Corps

 20  de la Krajina. Le sceau de ce 1er Corps de la Krajina figure dans la lettre,

 21   il confirme donc que celle-ci a été reçue le 21 mars 1995.

 22   Q.  Est-ce que vous pouvez voir quels sont les autres corps d'armée qui ont

 23   reçu un exemplaire identique ou une copie de cette directive numéro 7, mais

 24   peut-être avec différentes lettres de couverture ?

 25   R.  Je pense que la lettre de couverture avait la même teneur, et que c'est

 26   simplement l'en-tête qui était différente; autrement dit, la mention de

 27   l'adresse du destinataire.

 28   Donc, que celle-ci ait été adressée au 2e Corps d'armée ou au Corps de


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  1   Bosnie orientale, la teneur de la lettre devait être la même.

  2   Q.  D'accord. J'appelle maintenant votre attention sur ce qui figure en

  3   haut à gauche de cette page. Sous la mention "très urgent", nous lisons :

  4   "Directive relative aux opérations à venir."

  5   Donc, est-ce que c'était effectivement une directive concernant les

  6   opérations à venir, comme c'est écrit ici ?

  7   R.  Je ne sais pas pourquoi c'est la personne dont le nom est Djeric qui

  8   était chargée de traiter de ce document et pourquoi Djeric a dit cela.

  9   Parce que, oui, ce document concerne les opérations à venir avec un numéro

 10   chronologique, numéro qui est 7.

 11   Q.  D'accord. Alors, voyons cela d'un peu plus près. Vous venez de parler

 12   de numéros; je vais donc vous poser une question au sujet de la troisième

 13   ligne à partir du haut du texte. On lit : "Strictement confidentiel, numéro

 14   03/4…"

 15   Est-ce que 03/4 ont une quelconque -- est-ce que ces chiffres ont une

 16   quelconque signification ?

 17   R.  Eh bien, puisque le colonel Djeric fait partie de la direction des

 18   opérations et de l'instruction, il a enregistré ce document dans le

 19   registre de la direction des opérations et de l'instruction.

 20   Q.  Est-ce que le numéro 03/4 désigne le secteur des opérations et de

 21   l'instruction ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Et qu'en est-il des chiffres qui suivent ? Après barre oblique, on lit

 24   434. Que désignent ces trois chiffres ?

 25   R.  C'est le numéro d'ordre du document dans le registre. C'était sans

 26   doute le 34e document enregistré après le 4.

 27   Q.  D'accord.

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Voyons maintenant la première page de la


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  1   directive numéro 7. Je pense que nous l'avons en anglais. La voici à

  2   l'écran.

  3   Q.  Et nous remarquons que la date de cette directive est celle du 8 mars,

  4   alors que la lettre de couverture portait la date du 17 mars. Et nous

  5   lisons dans la directive : Commandement Suprême des forces armées de la

  6   Republika Srpska. Vous nous avez dit que ceci concernait Radovan Karadzic.

  7   Donc cette directive a été signée par Radovan Karadzic, n'est-ce pas ? Nous

  8   vérifierons la signature dans un instant.

  9   R.  Je pense que oui.

 10   Q.  Très bien. Nous vérifierons dans un instant.

 11   Nous voyons aussi que, comme vous l'avez dit, cette directive est

 12   adressée à tous les corps d'armée et à certaines autres unités dont nous

 13   avons parlé. Elle est intitulée : "Directive relative aux opérations à

 14   venir, OP numéro 7." Et elle commence par les mots, je cite : "Les

 15   principales caractéristiques de la situation internationale sur le plan

 16   militaire et politique."

 17   Alors, je ne voudrais pas entrer dans tous les détails, mais je vous

 18   demande si vous savez quelle était la branche de l'état-major principal qui

 19   s'est chargée de rédiger cette partie du texte concernant ce sujet

 20   particulier ?

 21   R.  La direction du renseignement, et éventuellement le secteur chargé du

 22   moral des troupes, mais avec un accent plus important sur le secteur du

 23   renseignement.

 24   Q.  D'accord.

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Nous voyons maintenant la page suivante.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Excusez-moi, j'aurais voulu ajouter quelques

 27   mots.

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui.


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Puisque c'est une directive du commandant

  2   suprême, il est possible que certains des organes représentant le pouvoir

  3   de la république et liés au commandant suprême aient pu se charger de la

  4   rédaction de certaines parties du texte eu égard à l'appréciation de la

  5   situation politique, parce que ce document concerne aussi bien le militaire

  6   que le politique.

  7   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  8   Q.  D'accord. Merci. Je pense qu'une fois que nous aurons lu le passage en

  9   question, nous verrons que vous avez tout à fait raison sur ce point. Mais

 10   il nous faut tout de même nous accorder le temps de la lecture.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons au deuxième paragraphe sur les

 12   écrans, qui devrait être le paragraphe 3 en anglais. Oui. En anglais, c'est

 13   le bon paragraphe qui est à l'écran. Il s'intitule : "Forces de la

 14   coalition musulmano-croates." Et il est question des forces de la

 15   Fédération et des forces armées musulmanes dans le corps du paragraphe.

 16   Q.  Alors, quelle est la branche qui pouvait se charger de rédiger ce

 17   passage ?

 18   R.  Puisque tous les organes chargés du renseignement à tous les niveaux

 19   hiérarchiques étaient tenus de suivre les actions de l'ennemi en

 20   permanence, nous voyons que les renseignements recueillis par ces

 21   différents niveaux hiérarchiques chargés du renseignement sont envoyés à la

 22   direction du renseignement au niveau de l'état-major principal et sont

 23   ensuite réunis et analysés, ce qui donne lieu ensuite à la rédaction d'un

 24   document comme celui-ci.

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Excusez-moi une seconde.

 26   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je vous remercie. Passons maintenant à la

 28   page 7 en anglais. Paragraphe 3 en B/C/S, intitulé : "Les missions de


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  1   l'armée de la Republika Srpska."

  2   En fait, c'est à la page 11 dans le prétoire électronique en B/C/S.

  3   Q.  Mon Général, pourriez-vous passer en revue très brièvement ces

  4   missions, ces tâches confiées à l'armée de la Republika Srpska, et

  5   pourriez-vous nous dire brièvement de quoi ceci consistait essentiellement.

  6   Donc nous allons passer en revue rapidement ce paragraphe,

  7   M. McCLOSKEY : [interprétation] Mais j'aimerais également que l'on passe à

  8   la page suivante en anglais. Dernière phrase avant le paragraphe 4.

  9   Après avoir énuméré une série de missions, on peut voir :

 10   "Point 4… créer les conditions optimales pour le leadership politique

 11   et d'Etat pour négocier un accord de paix et accomplir les objectifs

 12   stratégiques de la guerre…"

 13   Q.  Est-ce que ceci veut dire qu'un accord de paix pouvait effectivement

 14   avoir lieu en cette année-là, en 1995 ?

 15   R.  A ce niveau-là dont on parle, je crois qu'on est en train d'évaluer la

 16   situation, on est en train de tirer des conclusions de toutes les

 17   négociations de paix. Les tâches et les missions sont extraites de

 18   l'analyse dont j'ai parlé, donc sur la base des conclusions et des

 19   propositions des commandants pour leurs propres unités. A ce niveau-là, on

 20   a élaboré ceci des fois de façon plus élaborée et des fois de façon plus

 21   concrète en des objectifs.

 22   Il est effectivement vrai que l'armée a pour mission de permettre de

 23   bonnes conditions pour que les négociations à un niveau politique puissent

 24   avoir lieu. Donc d'optimiser et de permettre à ce que des négociations

 25   peuvent avoir lieu et qu'elles soient couronnées de succès.

 26   Q.  Mais en juillet 1995, est-ce que vous aviez l'impression que la guerre

 27   allait terminer, quel était le sentiment que l'on avait ? Puisqu'ici on

 28   parle d'une négociation en vue d'une paix, est-ce qu'à l'époque vous


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  1   pensiez qu'il était réaliste de penser qu'une paix était envisageable ?

  2   R.  Concrètement, pour moi-même je peux vous dire que lorsque je suis

  3   arrivé et lorsque je me suis renseigné, j'ai vu que dans la zone du Corps

  4   de Sarajevo-Romanija la situation n'était pas très bonne, puisque la partie

  5   musulmane avait commencé une offensive très généralisée et ceci a duré

  6   assez longtemps. Par la suite, j'ai appris que certains chefs avaient été

  7   engagés pour aller -- étaient déployés sur le territoire du Corps de

  8   Sarajevo-Romanija. La situation était particulièrement mauvaise autour de

  9   Doboj, sur le mont Vlasic. Au sein du 2e Corps d'armée de Krajina, je ne

 10   peux même pas vous parler de ce 2e Corps d'armée, puisque la situation

 11   était assez difficile de façon presque permanente. Donc, lorsque je suis

 12   arrivé et lorsque je me suis renseigné, je n'étais pas aussi optimiste que

 13   ce que vous interprétez ici. Peut-être que moi je n'avais pas suffisamment

 14   d'informations à un niveau général comme ça. Je n'étais pas optimiste à ce

 15   moment-là. Je ne pouvais pas conclure que la fin approchait non plus.

 16   Q.  Je vais vous donner lecture de vos propos dans l'affaire Popovic.

 17   M. McCLOSKEY : [interprétation] A la page 28 344.

 18   Q.  Puisque le texte n'existe qu'en anglais, je vais devoir vous en donner

 19   lecture. J'espère qu'il nous sera possible de l'afficher --

 20   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Mais quelle est la cote ? Vous avez

 21   simplement fait référence à une page, Monsieur McCloskey.

 22   M. McCLOSKEY : [interprétation] Juste une petite minute, Monsieur le

 23   Président.

 24   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

 25   M. McCLOSKEY : [interprétation] Mme Stewart pourra nous montrer le document

 26   sur le logiciel Sanction, donc nous allons pouvoir voir la page.

 27   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Quelle est la cote de la pièce afin

 28   de pouvoir l'enregistrer au compte rendu d'audience.


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  1   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation] En fait, c'est le compte rendu d'audience.

  3   C'est le transcript, donc je ne sais pas s'il y a effectivement une cote.

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, effectivement, vous avez un

  5   témoin viva voce, donc le témoignage ne fait pas partie de tous les

  6   documents.

  7   M. McCLOSKEY : [interprétation] Voilà, c'est exactement cela.

  8   Je vois le passage qui m'intéresse.

  9   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Nous voyons également en haut de la

 10   page qu'il s'agit du transcript du Témoin Ljubo Obradovic, contre-interrogé

 11   par M. McCloskey, session d'audience publique.

 12   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, en fait, j'ai lu ceci dans un passage,

 13   mais je n'arrive pas à retrouver le passage pertinent.

 14   Q.  Je vais donner lecture de nouveau de ce passage.

 15   En fait, le passage que je vous ai lu, Monsieur, se lisait comme suit

 16   :

 17   "Et c'est ainsi que par la force des armes, imposer le résultat final de la

 18   guerre sur l'ennemi, en forçant le monde à reconnaître la situation

 19   courante sur le terrain pour que la guerre se termine."

 20   Donc je vous ai demandé :

 21   "Est-il juste de dire qu'à l'époque où ceci était écrit, on croyait

 22   qu'effectivement la guerre allait se terminer et que la planification pour

 23   la fin de la guerre était en train d'avoir lieu ?"

 24   Et vous avez répondu par l'affirmative.

 25   C'était à la fin du paragraphe. Mais maintenant que je vous ai donné

 26   lecture de ce passage de ce paragraphe, est-ce que vous maintenez la

 27   réponse que vous avez donnée dans l'affaire Popovic ?

 28   En fait, Mon Général, excusez-moi. Je vous interromps puisque je vois


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  1   maintenant le passage dont je vous ai donné lecture. En fait, c'est juste

  2   au-dessus du passage que je vous ai lu. C'est dans le paragraphe au-dessus

  3   du paragraphe 4. Si l'on revient à la directive 7, on pourra le voir.

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Pour le compte rendu d'audience, vous

  5   êtes en train de lire les lignes de 15 à 21, n'est-ce pas ?

  6   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, merci, Monsieur le Président.

  7   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Au début de votre citation, mais

  8   c'était une citation d'un autre document. Vous citez un autre document.

  9   Cela ne fait pas partie de votre question, n'est-ce pas ?

 10   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je suis vraiment désolé. Est-ce que l'on

 11   pourrait revenir à la directive numéro 7, s'il vous plaît. P1214.

 12   Q.  Vers le milieu du paragraphe, juste avant, "J'ai décidé," on peut lire

 13   -- juste avant le point 2. La partie que j'ai lue au procès est là. Donc je

 14   vais en donner lecture :

 15   "…infliger le plus possible de troupes, d'équipements et de matériels et

 16   ainsi, avec la force des armes, imposer le résultat final de la guerre sur

 17   l'ennemi en forçant le monde à reconnaître la situation actuelle sur le

 18   terrain afin de terminer la guerre."

 19   Ce que je vous ai lu tout à l'heure c'était la dernière phrase :

 20   "…pour créer des conditions optimales pour que l'Etat et le

 21   leadership politique puissent négocier un accord de paix et accomplir les

 22   objectifs stratégiques de la guerre."

 23   Sur la base de ce paragraphe et compte tenu de la réponse que vous

 24   m'avez donnée à la suite de ma question précédente, en fait une dernière

 25   réponse, et nous allons pouvoir terminer notre troisième volet d'audience

 26   pour aujourd'hui, et j'aimerais vous demandez si vous maintenez ce que vous

 27   avez déclaré dans l'affaire Popovic ?

 28    R.  Oui, mais je dois quand même préciser quelque chose.


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  1   Le début de ce passage, avec toutes les activités énumérées, commence comme

  2   suit : "Si cette trêve de quatre mois cessait et que la guerre continuait,"

  3   et ensuite la phrase se poursuit : Qu'allons-nous faire ? La question se

  4   pose ici. Mais la condition pour tout ceci c'est que la trêve de quatre

  5   mois soit interrompue. Ce n'est qu'à ce moment-là que la guerre

  6   continuerait.

  7   Q.  Je vous remercie, Mon Général.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que nous

  9   pouvons terminer pour la soirée.

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Oui, effectivement, vous avez tout à

 11   fait raison. Alors, nous allons lever l'audience pour aujourd'hui. Nous

 12   reprendrons nos travaux demain après-midi, à 14 heures 15, dans cette même

 13   salle d'audience.

 14   Je voudrais vous rappeler, Monsieur, que vous n'êtes pas autorisé à parler

 15   avec qui que ce soit de la teneur de votre déposition. Merci.

 16   La séance est levée.

 17   [Le témoin quitte la barre]

 18   --- L'audience est levée à 19 heures 02 et reprendra le mercredi 30 mars

 19   2011, à 14 heures 15.

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