Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   (Mardi 25 septembre 2001.)

  2   (L'audience est ouverte à 9 heures 58.)

  3   (Audience publique.)

  4   (le témoin, M. Amor Masovic, est déjà dans le prétoire.)

  5   M. le Président (interprétation): Veuillez citer l'affaire.

  6   Mme Philpott (interprétation): Affaire IT-98-32-T, le Procureur contre

  7   Mitar Vasiljevic.

  8   M. le Président (interprétation): Allez-y, Monsieur Ossogo.

  9   (Interrogatoire principal du témoin, M. Amor Masovic, par M. Ossogo.)

 10   M. Ossogo: Bonjour, Monsieur le Président, bonjour Honorables Juges.

 11   Nous reprenons, ce matin, l'interrogatoire en chef de M. Amor Masovic.

 12   Avant de continuer, nous voudrions solliciter l'autorisation de la Chambre

 13   pour projeter environ 9 minutes de vidéo sur quelques-uns des sites qui

 14   sont concernés par les annexes 1 et 2 du tableau B. Ceci pour donner une

 15   vision concrète des lieux où se sont produits ces crimes ou des lieux où

 16   ont été enterrés les corps et vous permettre d'avoir une meilleure

 17   appréciation de ces faits.

 18   Pour que cette projection soit la plus courte possible, en tenant compte

 19   des observations que vous avez faites hier sur le fait que cette

 20   déposition incluant le contre-interrogatoire ne devrait pas dépasser un

 21   certain temps, pour permettre à la Chambre d'être libre cet après-midi

 22   ainsi qu'aux parties…

 23   M. le Président (interprétation): Je ne voulais pas suggérer que vous

 24   devriez vous limiter à trois heures. J'ai tout simplement dit que c'était

 25   prévu pour trois heures. Ce témoin était prévu pour trois heures et que

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  1   j'espérais que l'on puisse terminer avec son interrogatoire dans un délai

  2   de trois heures mais ne vous sentez pas lié par cette obligation de trois

  3   heures. Nous allons voir la vidéo; puis nous allons revenir à la

  4   présentation des preuves après avoir entendu Me Domazet.

  5   (Projection d'un enregistrement vidéo.)

  6   M. Ossogo: Peut-on arrêter quelques secondes la vidéo pour entendre les

  7   commentaires du témoin. Merci.

  8   Monsieur Masovic, s'il vous plaît, jusqu'à ce stade, pouvez-vous donner

  9   quelques explications à la Chambre relatives aux sites dont il s'agit, et

 10   éventuellement, aux personnes que vous avez pu reconnaître participant à

 11   ces exhumations, s'il vous plaît?

 12   M. Masovic (interprétation): Il s'agit donc là d'une localité que nous

 13   avons appelée officiellement "Slap 1". Sur la carte que nous avons vue

 14   hier, cette localité est marquée comme "groupe 2", "localité 2". J'ai déjà

 15   expliqué, lors de ma déposition d'hier, qu'à ce site-là se trouvaient 125

 16   victimes qui ont été apportées par la rivière Drina pendant l'été de 1992

 17   et pour lesquelles la population locale savait qu'il s'agissait des civils

 18   qui étaient non-Serbes.

 19   Dans ce cas concret, il s'agissait donc de Bosniens, à savoir des

 20   Musulmans de Bosnie qui ont été liquidés soit à Visegrad, soit dans les

 21   environs de Visegrad. La section de la vidéo que nous venons de voir

 22   concerne une partie du terrain longue de 60 mètres. La largeur en est

 23   différente, cela peut varier entre 8 et 15 mètres. Les victimes étaient

 24   marquées avec des signes en bois marqués, numérotés; et cela se trouvait

 25   en haut de leur tête ou bien du côté des pieds.

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  1   Dans un rang, il y avait au minimum une victime; cela pouvait aller

  2   jusqu'à 8 victimes par rang. Ce site se trouve à quelque 500 mètres de

  3   l'endroit où la rivière Zepa se jette dans la rivière Drina. Dans la

  4   dernière partie de cette section vidéo, j'ai pu repérer M. Ibrahim Hadzic

  5   qui était le juge d'instruction du tribunal cantonal de Sarajevo.

  6   Nous voyons aussi sur ces images des membres de ma commission -moi-même

  7   inclus-, et l'on voyait aussi les ouvriers qui travaillaient sur

  8   l'évacuation des corps.

  9   Au début de la vidéo, nous pouvions voir le docteur Nermin Sarajlic. Il

 10   était en train de nettoyer quatre victimes avec une petite balayette; il

 11   enlevait la terre et le sable sur les victimes. Il s'agit d'un expert

 12   auprès du tribunal de Sarajevo. Il travaille par ailleurs à l'institut

 13   médico-légal de l'université de Sarajevo.

 14   M. Ossogo: Monsieur Masovic, nous allons revenir sur la distinction en ce

 15   qui concerne la qualité de civils ou de militaires des corps qui ont été

 16   exhumés ou identifiés. Nous allons poursuivre la vision de la vidéo, s'il

 17   vous plaît.

 18   (Suite de la diffusion de l'enregistrement vidéo.)

 19   Pouvons-nous avoir un arrêt d'une seconde, s'il vous plaît?

 20   Les deux personnes, Monsieur Masovic, qui sont en train d'avancer –l'une

 21   en jean et l'autre en noir portant une mallette-, pouvez-vous les

 22   identifier? Celles que vous venez de voir?

 23   M. Masovic (interprétation): Je n'ai pas suffisamment fait attention. Est-

 24   ce que vous pourriez peut-être revenir en arrière pour quelque 30

 25   secondes. Il y a à peu près une dizaine ou une quinzaine de personnes.

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  1   M. le Président (interprétation): Est-ce que cela est pertinent? Est-ce

  2   que cela a une importance? Je suppose que c'est certainement d'une

  3   certaine importance mais, à moins que cela vous soit nécessaire pour vos

  4   preuves par la suite, est-ce que nous avons réellement de besoin de savoir

  5   qui sont ces personnes?

  6   M. Ossogo: C'était pour qu'il s'identifie lui-même. Ce n'est pas d'une

  7   importance extraordinaire. Comme il est devant vous, on peut peut-être

  8   continuer, si vous le voulez.

  9   On peut continuer sur la vidéo, s'il vous plaît.

 10   (Diffusion d'un enregistrement vidéo.)

 11   M. Ossogo: Bref arrêt s'il vous plaît.

 12   Monsieur Masovic, de quel site s'agit-il, sur lequel nous avons pu voir

 13   qu'il y avait des numéros jusqu'à 7, je pense? Pouvez-vous nous indiquer

 14   de quel site il s'agit?

 15   M. Masovic (interprétation): Il s'agit donc du site Slap 2 qui se trouve à

 16   peu près à un demi-kilomètre, peut-être un tout petit peu plus loin du

 17   site Slap 1. Il se trouve donc plus en aval de la rivière Drina, là où il

 18   y a le lac Perucac. C'est l'endroit où commence un canyon et les rives du

 19   lac sont assez escarpées à cet endroit-là.

 20   Nous avons été amenés à cette localité par un témoin. Il s'agit d'un homme

 21   qui a sorti ces 7 victimes de la Drina et il les a enterrées sur ce site.

 22   A l'occasion, il a aussi pris des notes où il a décrit les vêtements que

 23   portaient les victimes au moment de l'enterrement. Il a, par la même

 24   occasion, noté qu'il y avait là une personne de sexe féminin et 6

 25   personnes de sexe masculin.

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  1   M. Ossogo: Merci. Vidéo s'il vous plaît.

  2   (Diffusion d'un enregistrement vidéo.)

  3   M. Ossogo: Arrêt vidéo, s'il vous plaît. Pouvez-vous nous indiquer de quel

  4   site il s'agit, Monsieur Masovic?

  5   M. Masovic (interprétation): Ce site a été officiellement appelé "grotte

  6   Paklenik". Il s'agit du site qui appartient au groupe 1 sur notre carte,

  7   marqué par le chiffre 1. Il s'agit là d'une grotte naturelle, profonde de

  8   32 mètres. Au départ, par la suite, cette grotte se divise dans les

  9   branchements et des couloirs qui partent dans les directions différentes

 10   et qui sont d'une profondeur d'environ 37 mètres.

 11   Nous avons été amenés à cette grotte par le témoin que je vais décrire

 12   uniquement par des initiales. Ses initiales sont SF. Il s'agit d'une

 13   personne qui a survécu quand on a essayé de fusiller… Il a survécu à une

 14   exécution qui a eu lieu non loin de cette grotte.

 15   Il nous a emmenés là et, entre le 15 août et le 2 septembre de l'année

 16   dernière, nous avons procédé à l'exhumation de 73 victimes qui se

 17   trouvaient dans cette grotte. L'identification de ces victimes a démontré

 18   qu'il s'agissait d'un groupe de civils bosniens de Visegrad et d'un groupe

 19   de civils de Rogatica. Cela a donc montré que ce nous savions là-dessus,

 20   auparavant, s'est montrée comme étant tout à fait fondé.

 21   Nous avons pu identifier 65 sur 73 personnes: 44 personnes qui venaient de

 22   la ville de Visegrad et 21 personnes qui étaient de Rogatica.

 23   Parmi les victimes -et ceci est caractéristique de la grotte en question,

 24   cela nous ne l'avons pas rencontré dans d'autres grottes où avait

 25   travaillé mon équipe-, donc il y a eu une victime qui a survécu à cette

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  1   fusillade à cette exécution; il n'y a eu qu'une balle qui l'a touché à

  2   l'avant-bras. Cette victime a donc été touchée et cette personne a survécu

  3   quand elle est tombée d'une hauteur de 37 mètres. Par la suite, cette

  4   personne a réussi à se cacher dans une partie un peu surélevée de la

  5   grotte.

  6   Le médecin légiste est arrivé à la conclusion que cette victime est

  7   probablement morte de faim et non pas de ses blessures.

  8   Par ailleurs, on a pu identifier des membres de plusieurs familles. Dans

  9   une famille on voyait des pères et des fils. Il y avait donc des pères et

 10   des fils de plusieurs familles. Dans un cas particulier, il s'agissait de

 11   quatre frères qui ont été identifiés par leur père.

 12   M. Ossogo: Monsieur Masovic, merci pour la vidéo, nous en avons fini.

 13   Nous allons effectivement passer à l'aspect relatif à l'identification de

 14   ces victimes. Vous avez parlé d'un témoin dont les initiales seraient

 15   "FS", en ce qui concerne les victimes ou les corps découverts dans ce

 16   dernier site. C'est bien cela, "FS"?

 17   M. Masovic (interprétation): Oui.

 18   M. Ossogo: Monsieur le Président, Honorables Juges, il doit s'agir d'un

 19   témoin qui est passé, qui a déposé devant cette Chambre mais qui n'est pas

 20   protégé ou qui a renoncé aux mesures de protection. C'est pour cela que

 21   nous pouvons indiquer son nom pour pouvoir avoir davantage de détails.

 22   En ce qui concerne ce témoignage, concernant cette victime, il s'agit du

 23   témoin Ferid Spahic.

 24   M. le Président (interprétation): Donc M. Ferid Spahic, vous voulez dire?

 25   M. Ossogo: C'est cela, Monsieur le Président. Il a renoncé aux mesures de

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  1   protection et a témoigné ici en session ouverte.

  2   Nous allons en rester là, Monsieur Masovic, sur ce site.

  3   Je vais vous demander de vous reporter au tableau B afin de pouvoir

  4   identifier, dans ce tableau, quelques-unes des victimes qui en ressortent

  5   et qui ont été trouvées dans ce site, dans cette grotte.

  6   M. le Président (interprétation): Monsieur Ossogo, ceci n'est pas la

  7   déposition. Ne serait-il pas mieux, si on en faisait simplement une pièce

  8   à conviction? Et la vidéo pourrait devenir une pièce à conviction -s'il

  9   n'y a pas d'objection?

 10   M. Ossogo: Elle va être déposée comme pièce à conviction. C'était

 11   simplement pour que le témoin puisse identifier un certain nombre de noms

 12   sur notre guidance, même si cela n'est pas effectivement indispensable.

 13   Nous pouvons passer outre.

 14   M. le Président (interprétation): Non, ce que je voulais dire c'était que

 15   vous vous référez à des documents et que ces documents ne sont pas versés

 16   au dossier; si vous voulez les verser, il faut le faire.

 17   La 54/2 devrait être versée au dossier. Je ne sais pas si cela a déjà été

 18   fait, auquel cas je m'excuse, mais on s'est référé à cela hier, on a donné

 19   des explications. Bien sûr, vous pouvez y revenir.

 20   Mais est-ce que vous allez le verser au dossier? Avez-vous une objection,

 21   Maître Domazet?

 22   M. Domazet (interprétation): Non.

 23   M. le Président (interprétation): Ce sera la pièce P54/5. Quant à la

 24   vidéo?

 25   M. Ossogo: Monsieur le Président, 54/6.

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  1   M. le Président (interprétation): Avez-vous des objections, Maître

  2   Domazet?

  3   M. Domazet (interprétation): Non.

  4   M. le Président (interprétation): Merci. Ce sera la pièce à conviction

  5   P54/6.

  6   Pendant que nous parlions des objections, j'ai noté 149/1. je ne sais pas

  7   exactement ce que c'était car je n'ai pas réussi à la retrouver dans le

  8   compte rendu. En tout cas, 149, c'est une pièce à conviction qu'on a

  9   versée, c'était la carte.

 10   N'y avait-il pas quelque chose qui était 149/1? La carte. C'est donc déjà

 11   versé au dossier. Très bien.

 12   Allez-y maintenant, continuez Monsieur Ossogo.

 13   M. Ossogo: Merci Monsieur le Président.

 14   Monsieur Masovic, pouvez-vous nous confirmer en écoutant les numéros que

 15   je vais vous communiquer, si ce sont des personnes victimes dont les corps

 16   ont été effectivement retrouvés dans le site appelé cave Paklenik et qui a

 17   été mentionné aux annexes 1 et 2 du tableau B?

 18   Je vous cite quelques numéros: il s'agit des numéros 54 du tableau B, 55,

 19   56, 58.

 20   M. Masovic (interprétation): Oui toutes ces victimes ont été localisées

 21   dans la grotte Paklenik. Et entre le numéro 56 jusqu'au numéro 59 il

 22   s'agit précisément de quatre frères Esad, Hamed, Izet et Mirsad qui ont

 23   été identifiés à la morgue de Visoko par leur père prénommé Ibrahim

 24   proprets n'osaient Ibrahim.

 25   Les numéros 54 et 55 sont aussi deux frères. Il s'agit Sabit et de Hasan,

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  1   fils de Hamed.

  2   Question: Regardons également le numéro 62.

  3   Réponse: Oui, il s'agit de Fikret Karaman.

  4   Question: 83, 84 et 89.

  5   Réponse: Oui, Suad Kustura, Ismet Kustura et Enes Kustura.

  6   Question: 91?

  7   Réponse: Il s'agit de Medo Kustura, fils de Meho.

  8   Question: 116, 117?

  9   Réponse: Là, c'est Seval Omerovic et Mensur Omerovic.

 10   Question: 118 et 120?

 11   Réponse: Smail Kustura…, à vrai dire, je me corrige Smail Omerovic et

 12   Mustafa Omerovic. Dans certains de ces cas, il s'agit d'un père et de son

 13   fils ou bien de deux frères.

 14   Question: Et 24 et 25, la première page?

 15   Réponse: Hilmo Celik et Musan Celik. Il s'agit du père et fils.

 16   Question: Pouvez-vous nous indiquer ou nous rappeler les éléments qui vous

 17   permettent d'affirmer qu'à travers le témoignage du témoin, et d'autres

 18   informations, que ces personnes ont été tuées ou sont mortes de mort

 19   violente?

 20   Réponse: Ce qui était la source la plus importante, qui représentait le

 21   point de départ pour l'identification de ces victimes, c'était le témoin

 22   Ferid Spahic.

 23   Même avant de contacter notre commission, donc immédiatement après avoir

 24   survécu à l'exécution, c'est-à-dire quand il a réussi à s'enfuir de

 25   l'endroit de l'exécution, eh bien, il a dressé une liste de personnes

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  1   qu'il connaissait et qui se trouvaient avec lui dans le même véhicule, qui

  2   les avaient emmenés jusqu'à l'endroit de l'exécution.

  3   Il y avait aussi d'autres témoins qui étaient au courant des personnes qui

  4   se trouvaient dans le bus qui, partant de Visegrad, est arrivé dans les

  5   environs de la ville d'Olovo et, par la suite, a fait demi-tour dans la

  6   municipalité de Sokolac où l'exécution a eu lieu. Lors de l'identification

  7   de ces victimes, les familles ont joué un rôle clé. Ces familles ont à la

  8   base des vêtements, des chaussures et des effets personnels; ainsi que sur

  9   la base des documents d'identité que portaient les victimes et aussi à

 10   l'aide des connaissances des médecins-légistes qui avaient effectué les

 11   autopsies. Ces familles ont donc réussi à l'aide de tout cela à

 12   reconnaître leurs proches. Il y a cependant eu huit cas où

 13   l'identification jusqu'à aujourd'hui n'est pas terminée.

 14   Question: Merci. Nous nous arrêtons là pour un moment, relativement à ce

 15   site de Paklonik, je vais maintenant, en nous référant toujours au tableau

 16   B, vous indiquer quelques numéros qui, eux, sont relatifs à un autre site.

 17   Ce sont des victimes pour leur identification et pour les indications sur

 18   les causes de leur décès éventuellement.

 19   Nous avons le numéro 32, à la page 1 du tableau B. C'est le document 54-5,

 20   n°3344.

 21   Réponse: Il s'agit des victimes localisées sur les sites du groupe 2. Slap

 22   1, Slap 2, Kamenicko Tocilo et Luke. Il s'agit donc du groupe 2, des n°2,

 23   3, 4 et 5. Je ne suis pas sûr que je pourrais déterminer sur quel site

 24   chacune de ces victimes a été trouvée. S'agit-il de la localité Slap 1 ou

 25   Slap 2, etc. En tout cas, je pense qu'au site Slap 2, où ont été trouvées

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  1   7 victimes, je pense qu'aucune de ces personnes n'a été identifiée

  2   aujourd'hui.

  3   En ce qui concerne, les sites de Kamenicko Tocilo, je pense qu'une seule

  4   personne avait été identifiée. En ce qui concerne le site de Luke, je ne

  5   suis pas sûr du nombre de victimes identifiées. Le plus grand nombre de

  6   victimes identifiées, correspondant au groupe 2, a été trouvé sur les

  7   sites Slap 1.

  8   Question: Merci, nous continuons.

  9   Je vous réfère maintenant aux n°68, 69 et 72, exhibits 54 et 55.

 10   Réponse: Je pense qu'il s'agit des victimes exhumées sur le site Slap 1.

 11   Est-ce que vous avez parlé du chiffre 75?

 12   Question: 72.

 13   Réponse: 72, très bien, car 75 a été exhumé à la grotte Paklenik, donc le

 14   groupe 1.

 15   Question: Pour terminer, je voudrais vous référer au numéro 20 et 45,

 16   toujours dans le même document, donc 20, 45 et 134.

 17   Réponse: Le site Slap 1.

 18   Question: C'est bien le site Slap 1?

 19   Réponse: Oui.

 20   Question: Pour terminer, toujours le n°2 de la page 1, exhibit 54/5.

 21   M. Masovic (interprétation): Agic Emin, Slap 1.

 22   M. Ossogo: Merci.

 23   M. le Président (interprétation): Monsieur Ossogo, j'ai trouvé un document

 24   qui me préoccupait, le document qui manquait. Il ne s'agissait pas du

 25   document 149, c'est moi qui l'ai mal écrit. Il s'agit du document 140/1,

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  1   il s'agit de cette carte et ce documents n'était pas encore une pièce à

  2   conviction.

  3   Des objections de la part de la défense?

  4   M. Domazet (interprétation): Non.

  5   M. le Président (interprétation): Ce sera donc la pièce à conviction

  6   P140/1.

  7   M. Ossogo: Merci de cette observation.

  8   Monsieur Masovic, vous avez fait état tout à l'heure, et hier également,

  9   vous avez donné certaines indications sur la qualité qu'auraient pu avoir

 10   les personnes dont les corps ont été retrouvés à travers les vêtements en

 11   qualité de personnes civiles ou non. Pouvez-vous nous donner, après que

 12   nous ayons fait une revue partielle de l'identification de certains de ces

 13   corps, pouvez-vous nous donner votre opinion sur la qualité que ces

 14   personnes revêtaient? Etaient-elles, en général, suivant les indications

 15   que vous avez eues, des personnes civiles ou alors y avait-il des

 16   militaires? S'agissant bien sûr des corps que vous avez pu identifier ou

 17   même que vous avez exhumés mais qui ne sont pas encore identifiés.

 18   M. Masovic (interprétation): Quand il s'agit des victimes identifiées, il

 19   est, dans ce cas-là, absolument sûr qu'il s'agit de civils car ceci avait

 20   été corroboré par les deux membres de leur famille qui les ont identifiés.

 21   Mais d'autres informations l'ont indiqué également. Par exemple, leurs

 22   vêtements, la façon dont ils étaient chaussés, ainsi que les témoignages

 23   des personnes présentes lors des exécutions de certaines personnes

 24   identifiées par la suite; ou bien, les témoins qui ont été présents ou ont

 25   pu voir que l'on est en train d'amener un certain nombre de ces personnes

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  1   que l'on a identifiées par la suite; je veux dire au moment de

  2   l'arrestation de ces victimes, au moment où on les a arrêtées, amenées à

  3   un certain lieu de détention.

  4   Il y avait d'autres personnes présentes à ces instants-là et ces personnes

  5   ont pu remarquer qu'un certain jour par exemple, un certain nombre de

  6   victimes ou certaines victimes ont été emmenées par certaines personnes et

  7   que, après cela, on perd toute trace de ces personnes.

  8   Quand il s'agit des victimes non identifiées, eh bien, là, il devient

  9   clair, sur la base des habits, des vêtements retrouvés sur les corps,

 10   qu'il ne s'agissait pas de soldats. De toute façon, la commission -dont je

 11   suis le responsable- se charge de retrouver les personnes disparues. A

 12   vrai dire, aussi bien des civils que des soldats.

 13   Mais, pour ce qui est de ces cas précis, à l'exception de deux cas où il

 14   s'agissait de soldats qui étaient morts au combat et dont les noms étaient

 15   inscrits sur leur tombe, toutes les autres victimes étaient des civils.

 16   S'il est nécessaire, moi, je peux donner l'identité de ces deux soldats

 17   enterrés à un endroit particulier sur le site Slap 1. Leur tombe était

 18   donc identifiée, leur nom, leur prénom, étaient inscrits sur leur tombe.

 19   Et donc uniquement ces deux victimes-là n'étaient pas portées par la

 20   rivière Drina, mais sont mortes au combat sur le site de Slap 1; c'est

 21   pour cela que ces victimes ont été enterrées avec les autres civils.

 22   M. Ossogo: Bien. Vous dites: en dehors de deux soldats, toutes les autres

 23   victimes étaient des civils. Vous voulez dire en termes de chiffres,

 24   puisqu'il y a eu 311 corps exhumés sur les 14 sites que vous avez indiqués

 25   sur le tableau B, dans ces annexes ainsi que sur la carte.

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  1   Vous voulez dire qu'il y a 311 corps moins 2, donc 309 corps qui ont

  2   appartenu à des personnes civiles. C'est bien cela?

  3   M. Masovic (interprétation): Non. En réalité, ces deux soldats ne sont pas

  4   comptabilisés avec les 311 victimes exhumées, des victimes civiles. Les

  5   deux soldats font partie d'une autre liste puisqu'ils n'ont jamais été

  6   portés disparus, ils n'ont jamais appartenu à cette catégorie-là.

  7   J'ai déjà dit, en préambule, que nous nous préoccupons du sort des

  8   personnes disparues, alors que ces deux soldats, eh bien, on savait ce qui

  9   s'est passé avec eux, on savait ce qu'ils ont fait de leur vivant et

 10   qu'ils ont été tués. Leur famille ont toujours su quel était l'endroit de

 11   leur enterrement, où se trouvait leur tombe.

 12   Ces corps ont été exhumés à la demande de leur famille uniquement parce

 13   que, après que mon équipe ait exhumé les autres 125 victimes se trouvant

 14   sur ce site-là, eh bien, ils ont été exhumés, ces 2 soldats ont été

 15   exhumés pour ne pas être les seules victimes, les seules deux tombes qui

 16   allaient rester isolées sur ce site.

 17   M. le Président (interprétation): Est-ce que cela veut dire que les noms

 18   de ces deux militaires ne figurent pas sur la pièce à conviction 54/5?

 19   M. Ossogo: Tel que le témoin vient de le dire, Monsieur le Président, les

 20   noms de ces deux militaires ne doivent pas y figurer puisqu'ils ne font

 21   pas partie de la liste des personnes manquantes ou de celles des personnes

 22   exhumées. C'est bien cela, Monsieur le Témoin?

 23   M. Masovic (interprétation): Oui. Je le confirme. Il s'agissait de Galib

 24   Seta et de Camil Karic. Et vous n'allez pas trouver leurs noms sur le

 25   tableau B qui contient 152 noms de victimes identifiées.

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  1   M. le Président (interprétation): Merci.

  2   M. Ossogo: S'agissant de l'identification des victimes, avez-vous d'autres

  3   éléments en dehors des habits, des témoignages des familles, qui

  4   pourraient vous permettrez d'être certain qu'il s'agissait bien de civils?

  5   M. Masovic (interprétation): Dans tous les cas où il s'agissait peut-être

  6   de soldats exhumés, dans l'enterrement de telles victimes, l'armée de la

  7   fédération de Bosnie-Herzégovine a été impliquée.

  8   Dans la documentation de cette armée, on peut trouver les informations

  9   concernant leurs soldats. Donc c'est une information supplémentaire sur la

 10   base de laquelle il a été possible d'affirmer qu'il s'agissait, dans ce

 11   cas-là, uniquement de civils.

 12   Question: Suivant votre expérience à partir de ces exhumations, et

 13   certainement de bien d'autres qui ne figurent pas dans les documents que

 14   vous avez produits à la Cour, pouvez-vous nous indiquer l'état général de

 15   ces corps s'agissant de leur apparence générale; tant les corps qui

 16   pouvaient être frais que ceux qui avaient déjà passé un certain temps dans

 17   les tombes ou les fosses communes? Y avait-il des traces de violence qui

 18   pouvaient déterminer de la manière dont ils sont morts? Pouvez-vous

 19   l'indiquer à la Chambre?

 20   M. Masovic (interprétation): En ce qui concerne donc ces 311 victimes, à

 21   chaque fois il s'agissait de victimes qui sont mortes au cours de l'année

 22   1992, ou plus précisément, pour le plus grand nombre d'entre eux, il

 23   s'agissait de victimes qui sont mortes entre à peu près le mois d'avril et

 24   la mi-août ou fin août 1992.

 25   Ceci voulait dire que les restes humains que nous avons trouvés, eh bien,

Page 969

  1   qu'il s'agissait uniquement de squelettes avec quelques éléments

  2   vestimentaires, des objets personnels, très rarement des documents

  3   d'identité. Donc sans tissu mou.

  4   M. Ossogo: Revenons un moment sur l'ethnie à laquelle auraient appartenu

  5   ces personnes.

  6   Pouvez-vous nous donner, si vous le pouvez, des indications ou des

  7   informations s'agissant notamment de ces 311 corps sur l'ethnie à laquelle

  8   les personnes, auxquels ces corps appartiennent, auraient appartenu?

  9   M. Masovic (interprétation): Pour l'instant, nous ne pouvons parler que de

 10   l'appartenance ethnique des victimes qui ont été identifiées, donc des 152

 11   victimes identifiées. Et toutes ces personnes étaient de nationalité

 12   bosnienne; c'est-à-dire qu'il s'agissait de Musulmans de Bosnie.

 13   A l'exception de la victime sous le numéro 101, dans le tableau B, où il

 14   s'agit d'Adonis Mladenovic qui vient d'un mariage mixte. Ses parents

 15   avaient donc une nationalité différente. Sinon cette victime était

 16   originaire de la municipalité de Rogatica. Et c'est là qu'une exécution

 17   s'est produite, pas sur le territoire de la municipalité de Visegrad.

 18   Pour toutes les autres victimes, il s'agissait des Bosniens de religion

 19   musulmane, à l'exception des personnes d'origine albanaise qui étaient

 20   aussi de religion musulmane mais d'origine albanaise. Il s'agissait du

 21   numéro 114 et 115, Nurudini le nom de famille, et le numéro 103 avec le

 22   nom de famille Mucovski.

 23   Quand il s'agit des victimes non identifiées…

 24   M. le Président (interprétation): Un instant, s'il vous plaît, Monsieur.

 25   Numéro 103: s'agissait-il d'un Musulman albanais ou d'une autre

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  1   appartenance ethnique?

  2   M. Masovic (interprétation): Oui, oui, c'est ce que je viens de dire: il

  3   était d'origine albanaise, appartenance ethnique albanaise et religion

  4   islamique.

  5   M. le Président (interprétation): Merci.

  6   M. Masovic (interprétation): Quand il s'agit des victimes non identifiées,

  7   donc les 159 victimes restantes, il est difficile d'affirmer avec une

  8   certitude absolue qu'il s'agissait là uniquement de victimes bosniennes.

  9   Mais si l'on se base sur d'autres éléments, par exemple des vêtements pour

 10   certains d'entre eux, et pour tous les cas, en tout cas, on peut partir de

 11   la supposition qu'il s'agit de la population bosnienne. Et l'on peut le

 12   supposer en se basant sur le fait que, sur le territoire de la

 13   municipalité de Visegrad, entre 1980… au cours de 1992, un très grand

 14   pourcentage de personnes disparues -plus de 99,9%- étaient des Bosniens.

 15   Il s'agissait exclusivement de Bosniens.

 16   En ce qui concerne la disparition des membres d'autres nationalités, on a

 17   noté la disparition d'une personne de nationalité croate sur le territoire

 18   de la ville de Visegrad. Et toutes les autres personnes portées disparues

 19   en 1992 étaient des Bosniens ou plutôt des Musulmans de Bosnie. Donc il

 20   s'agit là d'un fait important sur la base de laquelle on peut supposer que

 21   les autres victimes, pas encore identifiées, étaient de nationalité

 22   bosnienne.

 23   M. le Président (interprétation): Il y a encore un point non élucidé: 101,

 24   vous avez dit que cette personne était d'appartenance ethnique mixte. Est-

 25   ce qu'un de ses parents était un Musulman de Bosnie?

Page 971

  1   M. Masovic (interprétation): Monsieur le Président, je ne peux pas

  2   l'affirmer. En tout cas, son père n'était sûrement pas un Musulman de

  3   Bosnie.

  4   M. le Président (interprétation): Il était Serbe par son nom, n'est-ce

  5   pas?

  6   M. Masovic (interprétation): Non, non, plutôt un Croate de Bosnie, pour

  7   autant que je puisse en dire d'après le nom, le prénom de la victime.

  8   Voyez-vous, le nom de la victime sonne plutôt neutre. Il me semble là

  9   qu'il s'agit d'un prénom d'origine grecque, donc il ne s'agit pas d'un

 10   prénom traditionnel sur les Balkans.

 11   En ce qui concerne le nom du père, il peut s'agir aussi bien d'un Croate

 12   de Bosnie que d'un Serbe de Bosnie, mais ce prénom est plus courant chez

 13   les Croates de Bosnie-Herzégovine.

 14   En ce qui concerne la mère de la personne en question, avec laquelle je

 15   suis entré en contact au moins un cinquantaine de fois au cours des 9

 16   dernières années (car elles venaient me voir à mon bureau à Sarajevo de

 17   façon très intense, très fréquemment, à la recherche de son fils), je n'ai

 18   jamais ressenti le besoin d'établir son appartenance ethnique. Donc je ne

 19   peux pas vous dire avec certitude s'il s'agissait d'une Musulmane, Croate

 20   ou Serbe ou autre chose de Bosnie.

 21   M. le Président (interprétation): Merci.

 22   M. Ossogo: Monsieur Masovic, avez-vous eu des informations au cours de vos

 23   investigations? Une fois contacté par des témoins ou d'autres sources

 24   d'informations, avez-vous eu des informations sur le fait que les

 25   personnes victimes, avant éventuellement d'avoir été tuées, avaient fait

Page 972

  1   l'objet de vol de leurs effets personnels; en tout cas avaient perdu,

  2   d'une manière ou d'une autre, des effets personnels par des voies

  3   illégales?

  4   Réponse: Ceci n'était pas l'objet d'intérêt de notre commission. Nous

  5   sommes chargés de rechercher les personnes portées disparues. De mon

  6   expérience personnelle, je peux dire que, sur presque 11 000 victimes

  7   exhumées par mon équipe, ou bien par les équipes du Bureau du Procureur

  8   sur le territoire de Srebrenica, à plus de 95% des cas ces victimes ne

  9   possédaient pas de document d'identité ou d'objet de valeur, y compris

 10   l'argent.

 11   Il est possible de supposer, mais il s'agit là uniquement de suppositions

 12   bien sûr, que ces documents, leurs documents d'identité et l'argent ainsi

 13   que les bijoux et autres objets de valeur ont été pris à ces victimes.

 14   Mais moi, je n'ai pas d'information à ce sujet. Je n'ai pas de

 15   connaissance directe, et ceci n'est pas l'objet de notre intérêt. Moi, je

 16   peux tout simplement constater avec regret que le fait que l'on s'est

 17   approprié les documents d'identité, les bijoux, les objets de valeur, eh

 18   bien, cela rend l'identification des victimes plus difficile. Par exemple,

 19   une alliance sur la main d'une victime avec la date du mariage gravée dans

 20   l'alliance, eh bien, serait très utile pour identifier la victime.

 21   Malheureusement, je l'ai dit, sur presque 11 000 victimes exhumées jusqu'à

 22   présent, à peu près 5% des victimes -pas plus- possédaient des documents

 23   d'identité ou bien des objets personnels qui étaient utiles pour leur

 24   identification.

 25   M. le Président (interprétation): Il est presque 11 heures, je pense que

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  1   nous allons revenir à 11 heures 30. Nous allons faire une pause

  2   maintenant.

  3   (L’audience, suspendue à 11 heures, est reprise à 11 heures 30.)

  4   M. le Président (interprétation): Monsieur Ossogo, vous avez la parole.

  5   M. Ossogo: Messieurs les Juges, en question préliminaire, je demanderai

  6   l'autorisation de présenter par le Bureau du Procureur, à travers ma

  7   collègue, Mme Bauer, une requête de protection de témoin. Nous devons

  8   avoir des informations pour un problème. Cela va prendre quelques minutes,

  9   Monsieur le Président. Il s’agit d’un témoin qui va être interrogé demain

 10   matin.

 11   M. le Président (interprétation): Très bien, allez-y. A vous, Madame

 12   Bauer.

 13   Mme Bauer (interprétation): Monsieur le Président, je ne suis pas sûr

 14   qu'il soit nécessaire d'avoir un huis clos partiel. Le témoin VG-115 nous

 15   a demandé des mesures de protection qui incluraient la distorsion de la

 16   voix. Si la Chambre souhaite entendre les motifs...

 17   M. le Président (interprétation): Oui, nous aurions besoin de motif. Nous

 18   allons maintenant entrer en huis clos partiel à cette fin.

 19   (Audience à huis clos partiel à 11 heures 33.)

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 12  Page 974 –expurgée– audience à huis clos partiel.

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  1  (expurgé)

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  5  (expurgé)

  6  (expurgé)

  7   (Audience publique à 11h35.)

  8   M. le Président (interprétation): Monsieur Ossogo, vous avez maintenant la

  9   parole.

 10   M. Ossogo: Monsieur Masovic, pouvez-vous vous tourner vers le document

 11   54/1, le tableau A. Vous l'avez trouvé. A ce tableau A sont annexés deux

 12   autres documents. Il s'agit des documents 54/2, immédiatement après le

 13   document principal tableau A et l'annexe 2 qui correspond au document

 14   54/3, dans les documents du Bureau du Procureur.

 15   Est-ce bien vous qui avez établi ces documents?

 16   M. Masovic (interprétation): Oui, c'est bien moi, j'ai donné des

 17   instructions à mon équipe afin qu'elle établisse ces documents.

 18   Question: Le tableau A est donc un tableau qui fait ressortir des noms et

 19   l'ensemble des noms s'élèvent à 875, est-ce bien cela?

 20   Réponse: Oui.

 21   Question: Il s'agit de personnes dont la disparition a été constatée dans

 22   la municipalité de Visegrad, est-ce bien cela?

 23   Réponse: Oui. C'est tout à fait exact.

 24   Question: L'annexe numéro 1 à ce tableau porte sur le pourcentage en âge,

 25   de 0 à 16 ans, que vous avez extrait de ce tableau A, est-ce exact?

Page 976

  1   Réponse: Oui.

  2   Question: Tandis que l'annexe 2 concerne des personnes dont le nom était

  3   extrait du tableau principal A, ces personnes étant âgées au-delà de 70

  4   ans, c'est bien cela?

  5   Réponse: Oui, c'est tout à fait exact.

  6   Question: Bien. Au cours de précédentes dépositions, qui ont été faites

  7   dans d'autres cas, vous avez indiqué à peu près les méthodes que vous

  8   utilisez pour confectionner ces listes et vous êtes revenue quelque peu

  9   sur ces méthodes lorsque nous avons parlé de liste de personnes exhumées.

 10   C'est pourquoi nous allons juste vous poser quelques questions sur les

 11   procédures utilisées et sur les comparaisons entre ce document et d'autres

 12   documents qui pourraient provenir d'autres sources, concernant toujours

 13   les personnes manquantes ou disparues dans la municipalité de Visegrad.

 14   Pourriez-vous donc nous indiquer très brièvement, en très, très peu de

 15   minutes, le processus qui vous a permis d'aboutir à 875 noms, comme étant

 16   le chiffre des personnes manquantes dans la municipalité de Visegrad? Et

 17   en quelle année pensez-vous que ces personnes manquent ou en quelles

 18   années, au pluriel?

 19   Réponse: Oui, tout d'abord, je souhaiterais dire que j'ai confiance, que

 20   le nombre de personnes disparues dans la municipalité de Visegrad est

 21   certainement beaucoup plus élevé que le chiffre de 875, donc le chiffre

 22   qui figure sur ce tableau, car un grand nombre de personne qui, en 1991 et

 23   au début de 1992, vivaient dans la municipalité de Visegrad ont disparu du

 24   territoire ou du territoire d'autres municipalités pendant la guerre;

 25   c'est-à-dire entre 1992 et 1995.

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  1   Des municipalités voisines, par exemple Rogatica, Rudo, Cajnice et

  2   Gorazde, ou ils ont peut-être disparu de municipalités qui ne sont pas

  3   voisines de Visegrad. Un certain nombre de personnes de Visegrad ont été

  4   portées disparu ou ont disparu dans les montagnes, alors qu'elles

  5   tentaient de fuir Visegrad ou Gorazde, là où elles avaient à l'origine

  6   cherché refuge.

  7   Et l'on estime qu'environ 3000 Bosniens de Visegrad ont pris la fuite vers

  8   Gorazde. Un certain nombre de ces personnes qui tentaient d'arriver à

  9   Sarajevo ou Zenica ou la Bosnie centrale de façon générale où les forces

 10   du Gouvernement contrôlaient le territoire, eh bien, un certain nombre de

 11   personnes ont disparu.

 12   Par conséquent, ce tableau représente le nombre de personnes portées

 13   disparues dans la municipalité de Visegrad au cours de l'année 1992.

 14   Question: Y a-t-il d'autres institutions locales ou internationales qui

 15   procèdent aux mêmes travaux que votre commission, relatifs à la

 16   compilation du nombre d'informations concernant les personnes disparues?

 17   Réponse: Oui, des commission locales qui, en fait, sont des départements,

 18   des sous-divisions de notre propre commission dont le siège est à

 19   Sarajevo. Ces commissions locales avaient l'obligation de transmettre

 20   leurs informations concernant les disparitions ou la capture de personnes.

 21   Donc leurs informations devaient être transmises à notre bureau, à

 22   Sarajevo où ces informations étaient informatisées.

 23   Et il y a d'autres institutions étatiques également qui ont entrepris de

 24   tels travaux. Pendant la guerre, il s'agissait des présidences de guerre

 25   des municipalités, comme par exemple la présidence de guerre de la

Page 978

  1   municipalité de Visegrad qui nous a fourni des informations de ce type,

  2   ainsi que des renseignements concernant les personnes manquantes qui nous

  3   ont été également fournis par la police, les autorités militaires.

  4   Pour ce qui est de la période qui a suivi la guerre, c'est-à-dire après

  5   1995, une organisation internationale a également créé une base de données

  6   concernant les personnes disparues sur le territoire de l'ex-Yougoslavie.

  7   Cette organisation internationale, eh bien, il s'agit du comité

  8   international de la Croix-Rouge dont le siège est à Genève.

  9   M. Ossogo: Y a-t-il des différences entre les données que vous trouvez et

 10   celles de la Croix-Rouge internationale que vous venez de mentionner?

 11   Travaillez-vous en coopération?

 12   M. Masovic (interprétation): Oui, il y a de la coopération. Certes. Les

 13   bases de données se complètent: celles des commissions locales pour la

 14   recherche de personnes disparues en Bosnie Herzégovine et le CICR. Mais il

 15   y a aussi des divergences dans les registres et dans les données

 16   concernant les personnes disparues. En règle générale, les commissions

 17   locales, sur le territoire non seulement de la Bosnie Herzégovine mais

 18   aussi de la République de Croatie, la Yougoslave et le Kosovo, eh bien,

 19   ces commissions ont des données plus abondantes, plus complètes concernant

 20   les personnes disparues.

 21   Selon les données du CICR, et pour ce qui est de la municipalité de

 22   Visegrad, le nombre de personnes disparues s'élève à un peu plus que 600.

 23   Dans nos registres, donc les registres de la commission dont je suis

 24   responsable, nous avons un peu plus de 250 personnes; personnes dont les

 25   noms ne se retrouvent pas dans les registres du CICR.

Page 979

  1   Dans ma déposition antérieure, devant cette Chambre, j'ai déjà cité les

  2   raisons, les motifs de ces divergences. Et si vous me le permettez, je

  3   peux répéter.

  4   M. le Président (interprétation): Avez-vous vérifié si tout cela se

  5   retrouve dans les preuves qui ont été reproduites? Je me souviens bien de

  6   la déposition faite par le témoin, mais je n'ai pas relu ce transcript, je

  7   ne sais pas si cela figure ici, dedans.

  8   M. Ossogo: Tout à fait, Monsieur le Président. Je voulais simplement qu'il

  9   puisse faire le résumé en ce qui concerne ce document particulier sur la

 10   municipalité de Visegrad, puisque les différences… il avait établi dans le

 11   cas de son témoignage dans l'affaire dont il fait référence, à savoir

 12   l'affaire "le Procureur contre Milorad Krnojelac" qui concernait la

 13   municipalité de Foca. Il peut juste rappeler les éléments principaux qui

 14   conduisent à ces différences s'agissant de la municipalité de Visegrad.

 15   M. le Président (interprétation): Tout d'abord, je pense que nous devons

 16   identifier ou établir que les documents auxquels se réfère le témoin se

 17   trouvent bien dans le dossier, parce qu'il a donné une explication très

 18   détaillée qui nous était d'un grand secours. Je pense que ce serait une

 19   perte de temps que de lui demander de répéter ce qu'il a déjà dans le

 20   dossier.

 21   M. Ossogo: C'est le document 54.4, Monsieur le Président.

 22   M. le Président (interprétation): Oui, mais à quelle page? Où trouve-t-on

 23   l'explication qu'il a donnée?

 24   M. Ossogo: Je n'ai pas la version française, mais c'est un témoignage

 25   donné le 20 mars 1992, c'est la deuxième partie. C'était en trois temps…

Page 980

  1   Le 21, pardon... sauf erreur.

  2   M. le Président (interprétation): Eh bien, il a déposé pendant plus d'une

  3   journée. Peut-être pourriez-vous demander à votre collègue, le substitut

  4   du Procureur, de bien vouloir parcourir le transcript et vous pourriez

  5   passer à autre chose, alors que l'on vérifie cela pour savoir si le

  6   transcript est dans notre dossier. C'est une question importante. Il a

  7   donné une réponse très détaillée et j'aimerais que l'on puisse gagner du

  8   temps, si possible.

  9   M. Ossogo: Tout à fait, Monsieur le Président. La vérification va être

 10   faite sur les trois jours de témoignage qu'il avait donné et sur les pages

 11   sur lesquelles nous ne nous sommes pas attardés outre mesure, puisque nous

 12   avions une application dans ce sens.

 13   Monsieur Masovic, pour revenir sur le tableau A concernant les personnes

 14   disparues dans cette municipalité, je voudrais vous référer aux numéros

 15   397 à 440 concernant ce document. Il s'agit de l'exhibit 54/14, numéros

 16   397 à 340.

 17   Il s'agit d'une série de noms, 46 noms qui sont les mêmes et qui concerne

 18   peut-être des familles. Pouvez-vous donner des indications sur ce qui vous

 19   a conduit à les inscrire dans ces documents concernant les personnes

 20   disparues et les événements éventuels relatifs ou correspondants à ces

 21   noms?

 22   M. Masovic (interprétation): Oui. Si vous me le permettez, par rapport à

 23   la question précédente, c'est-à-dire ce que j'avais déjà dit dans le cadre

 24   de l'autre affaire, c'est que le motif principal pour les divergences

 25   entre les données du CICR et les données dont nous disposons, c'est que le

Page 981

  1   comité international accepte des requêtes concernant les personnes

  2   disparues émanant uniquement de proches, de membres de la famille

  3   immédiate. Visegrad est un très bon exemple qui illustre les divergences

  4   entre les registres du CICR et nos registres, donc la commission que je

  5   préside.

  6   Dans l'affaire Foca, je l'ai déjà expliqué, je vais réitérer cela

  7   maintenant.

  8   M. le Président (interprétation): Nous avons déjà une bonne partie de vos

  9   dépositions, ici, dans notre transcript. Si cela se retrouve déjà dans le

 10   transcript, inutile de répéter ce que vous avez déjà dit. C'est seulement

 11   que si notre transcript ne comprend pas vos explications que nous allons

 12   vous les redemander.

 13   Est-ce que vous auriez la gentillesse de répondre à la question qui vous a

 14   été posée par M. Ossogo, concernant les chiffres dans la pièce 54/1. Vous

 15   en avez parlé comme pièce à conviction, mais cela n'a pas été versé au

 16   dossier.

 17   M. Ossogo: C'est le document 54/1 du Bureau du Procureur qui n'est pas

 18   encore effectivement un exhibit, et que nous allons introduire après

 19   l'avoir exploité au cours de cette déposition.

 20   Il s'agissait des noms portant les numéros 397 à 440 que l'on retrouve

 21   dans ce document dont nous parlons et qui sont les mêmes noms.

 22   M. Masovic (interprétation): C'est tout à fait exact, c'est la (expurgé)

 23   (expurgé) qui, à l'origine, venait de Koritnik. En tout cas, la plupart

 24   d'entre eux vivaient dans les alentours du village de Koritnik, dans la

 25   municipalité de Visegrad. Je pense que nos registres comprennent 46 noms

Page 982

  1   de membres de cette (expurgé) qui, à l'heure actuelle, sont tous

  2   considérés comme des personnes disparues.

  3   Dans les registres du CICR, je pense qu'ils n'ont pas plus de 12, voire 15

  4   noms inscrits. Je voulais justement attirer votre attention sur ce fait

  5   dans la réponse que je viens de faire. Un petit nombre de membres de la

  6   (expurgé) a survécu aux événements de 1992 à Koritnik ou Visegrad,

  7   et il y a très peu de membres de la famille immédiate qui ont survécu et

  8   qui pourraient donc déposer des requêtes de recherche auprès du CICR.

  9   Nous avons ici de nombreux proches, des parents, des enfants, des frères

 10   et sœurs -la parenté la plus proche-, des oncles et des tantes également.

 11   Dans certains cas, il y a trois générations: grands-parents, parents et

 12   enfants. Malheureusement, la (expurgé) n'est pas la seule à être

 13   représentée en si grand nombre parmi les personnes disparues.

 14   Si vous examinez cette même liste à d'autres endroits, vous trouvez à la

 15   première page de ce document la famille Hamed Spahijic dont 14 membres ont

 16   disparu. Et à la deuxième page de ce même document, la famille Avdic. Là

 17   encore, 14 membres ont été portés disparus. A la troisième page du

 18   document, la famille Besirevic dont 9 membres ont disparu.

 19   Et si vous parcourez la liste dans son ensemble, jusqu'à la fin de la

 20   liste, vous trouverez des cas dans lesquels il y a plus de 20 membres

 21   d'une même famille qui sont toujours portés disparus à l'heure actuelle,

 22   et l'on ne sait rien de leur sort.

 23   Question: C'est bien des membres des familles qui vous ont contactés,

 24   notamment en ce qui concerne la (expurgé)?

 25   Réponse: Oui, c'est exact.

Page 983

  1   Question: Je voudrais également vous référer aux numéros 87 et 90 de ce

  2   même document 54/1, 87, 90. Je vous réfère au numéro parce que ce sont des

  3   noms qui concernent également des personnes protégées dans le cadre de

  4   cette procédure.

  5   Avez-vous connaissance de la manière dont vous avez été saisi ou par qui

  6   vous avez été saisi, avant d'introduire ces noms dans cette liste de

  7   personnes manquantes? Il s'agit des numéros 87 et 90.

  8   Réponse: Je ne peux pas vous donner chaque nom de famille et chaque prénom

  9   de cette liste, mais il s'agit notamment -dans la majorité des cas- de

 10   membres de la famille qui nous ont informé que leurs proches avaient

 11   disparu. Mais je suis incapable, pour l'instant, de vous dire comment

 12   cette famille, les 8 membres de cette (expurgé) ont été inscrits sur

 13   cette liste. Je présume qu'un de leur proche, un membre de la famille est

 14   venu à notre département à Gorazde ou alors à notre siège à Sarajevo, et

 15   ils nous ont fait un rapport selon lequel ils avaient disparu.

 16   Question: Après avoir identifié les corps, après les avoir enregistrés

 17   dans vos fichiers, procédez-vous à l'extraction des noms de ces corps

 18   identifiés ou non encore identifiés mais exhumés? Est-ce que vous sortez

 19   ces noms de cette liste de personnes manquantes de manière systématique?

 20   M. Masovic (interprétation): Oui, ces noms sont alors radiés de la liste

 21   des personnes manquantes, mais nous conservons ces noms dans nos registres

 22   avec une note selon laquelle les victimes ont été retrouvées, exhumées et

 23   identifiées, puis enterrées. Mais leurs noms ne figurent plus sur la liste

 24   des personnes disparues. Donc on ne retrouve pas leurs noms sur ce

 25   document. Ces noms figurent sur un document séparé, distinct, une liste de

Page 984

  1   152 personnes qui ont été identifiées. Vous retrouvez ce document

  2   également dans ce dossier. C'est le tableau B.

  3   M. Ossogo: Monsieur le Président, pour revenir au transcript, à la page

  4   -puisqu'il y en a qu'une-, concernant la réponse de M. Masovic donnée dans

  5   le cas Krnojelac, il s'agit de la page 4267 de l'exhibit 54/4.

  6   M. le Président (interprétation): Oui, je croyais que le témoin avait

  7   donné beaucoup plus de détails. On voit sur le transcript d'autres

  8   affaires que vous avez dit que "les informations du CICR sont moindres

  9   parce qu'il enregistre les noms de personnes disparues uniquement si leurs

 10   proches ont rapporté que ces personnes manquaient, alors que nous avons

 11   des critères plus larges. Comme je l'ai déjà expliqué, nous inscrivons

 12   toutes les personnes qui nous sont rapportées par qui que ce soit, par

 13   quelques organisations que ce soit."

 14   Je pense qu'à un autre moment, vous aviez donné des explications plus

 15   détaillées. Mais peut-être que nous gagnerons du temps si vous nous

 16   réitérez vos explications. Alors si vous souhaitez le faire, allez-y.

 17   M. Masovic (interprétation): Oui, Monsieur le Président, mis à part les

 18   membres des familles, nous acceptions aussi les inscriptions de toute

 19   autre personne pour laquelle nous supposions qu'elle pouvait être au

 20   courant, ou bien qu'on pouvait assumer qu'elle pouvait donc être au

 21   courant sur la disparition de certaines personnes.

 22   Par exemple, les victimes qui étaient présentes au moment où une personne

 23   ou un groupe de personnes avait été emmené, elles représentent une source

 24   précieuse pour le contexte ou les disparitions de certaines personnes,

 25   parce qu'il y avait des familles qui n'avaient pas de connaissance directe

Page 985

  1   sur la disparition d'un de leurs membres. Mais ce qui restait, c'étaient

  2   des témoins. Parfois, il y avait des groupes qui se composaient d'une

  3   dizaine de personnes et le témoin connaissait ces personnes; cette

  4   personne. Ce témoin avait pu connaître le jour et l'heure et l'endroit

  5   d'où les personnes sont disparues, des personnes qui n'ont plus réapparu

  6   nulle part.

  7   Mis à part 6 témoins oculaires, il y avait aussi leurs codétenus, les

  8   anciens codétenus qui avaient enregistré la présence de certains

  9   prisonniers dans des camps. Ils savaient de quand à quand ces personnes-là

 10   se trouvaient dans une prison. Ces personnes, ces détenus sont sortis de

 11   la prison un jour, ont été emmenés et, après, on ne les a plus jamais

 12   revus.

 13   Il y a aussi des associations des anciens détenus. Ces gens ont fait

 14   partie des échanges. Moi-même j'étais présent quand ils ont dit qu'un

 15   grand nombre d'hommes a été sorti des prisons, par exemple la prison

 16   d'Uzamnica et qu'on a jamais plus revu en prison.

 17   Mis à part ces connaissances que je pourrais appeler "directes" sur la

 18   disparition de différentes personnes, nous avions aussi des documents tels

 19   que des rapports de police, de la présidence de guerre, de différentes

 20   institutions et organes. Et puis, comme je l'ai mentionné hier, nous nous

 21   sommes appuyés aussi sur la base de données du CICR.

 22   M. le Président (interprétation): Je vous remercie.

 23   Monsieur Ossogo, est-ce que vous avez envie de poser une question

 24   supplémentaire là-dessus?

 25   M. Ossogo: A ce stade, Monsieur le Président, nous voudrions donc

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  1   introduire ce document portant le n°54-1 et ses annexes qui portent les

  2   numéros: respectivement 54-2 de l'annexe 1 et 54-3 de l'annexe 2, comme

  3   exhibits, éléments de preuve dans le dossier.

  4   M. le Président (interprétation): Y a-t-il des objections, Maître Domazet?

  5   M. Domazet (interprétation): Non, Monsieur le Président.

  6   M. le Président (interprétation): Dans ce cas, ce seront les pièces à

  7   conviction P5/1, P54/2 et P54/3.

  8   M. Ossogo: Monsieur le Président, nous en avons terminé avec nos

  9   questions.

 10   M. le Président (interprétation): Merci. C'est à vous, Maître Domazet.

 11   (Contre-interrogatoire du témoin, M. Amor Masovic, par Me Domazet.)

 12   M. Domazet (interprétation): Monsieur Masovic, la pièce à conviction 141,

 13   il s'agit ici de la carte. D'après son intitulé, elle concerne les

 14   exhumations qui ont été faites dans la municipalité de Visegrad. Ma

 15   question porte sur le fait suivant: est-ce que, d'après ce que votre

 16   commission a pu trouver, s'agit-il des victimes qui viennent du territoire

 17   de la municipalité de Visegrad ou s'agit-il tout simplement des sites

 18   d'exhumation qui se trouvent sur le territoire de la même municipalité?

 19   M. Masovic (interprétation): L'intitulé du document est un peu, est

 20   légèrement différent en langue bosniaque, ce serait traduit comme

 21   "exhumations liées à la municipalité de Visegrad", et non pas "les

 22   exhumations sur le territoire de la municipalité de Visegrad".

 23   Dans ce document, nous voyons clairement que ces 14 sites ne se trouvent

 24   pas tous dans la municipalité de Visegrad. Les sites qui sont marqués par

 25   le chiffre 1 se trouvent dans la municipalité de Sokolac. J'ai expliqué,

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  1   dans ma déposition, qu'il s'agissait là d'un car de prisonniers qui

  2   étaient originaires de Visegrad. Dans ledit car s’est aussi trouvé

  3   Monsieur FS. Ce car s’est dirigé vers la ville d'Olovo, après on a fait

  4   faire le demi-tour à ce car jusqu'à Kalinovici et, par la suite, jusqu'à

  5   la montagne de Paklenik.

  6   Ensuite, toutes ces personnes ont été liquidées et jetées dans la grotte

  7   profonde de 32 mètres. Le site n°2 concerne les localités de Slap 1 et de

  8   Slap 2, elles sont marquées ici comme des sites 2 et 3. Ce site se trouve

  9   dans la municipalité de Rogatica qui est désignée sur la carte par la

 10   couleur jaune. Cependant, il s'agit là des victimes qui ont été apportées

 11   par la rivière Drina, mais ce sont des victimes originaires de Visegrad et

 12   des environs.

 13   Quant aux site n°3, ce sont les sites que l'on retrouve dans la

 14   municipalité de Visegrad.

 15   Question: Je vous remercie. Ma question portait en partie là-dessus car,

 16   sur cette carte, nous voyons 14 sites, d'où l'on a exhumé 311 corps. Ce

 17   que vous venez de nous expliquer, c'est qu'un parti…, la partie décide qui

 18   est dans la municipalité de Rogatica, eh bien, il ne s'agit pas des

 19   victimes originaires de Visegrad.

 20   Réponse: Dans le groupe 1, il y a au moins 21 victimes qui sont

 21   originaires de la municipalité de Rogatica. Il s'agit des personnes qui

 22   ont été liquidées dans la ville de Rogatica. Une fois mortes, elles ont

 23   été transportées jusqu'à la grotte de Paklenik et ont été jetées dans la

 24   même grotte dans laquelle se trouvaient les victimes d'une exécution. Les

 25   victimes de l'exécution étaient des victimes de Visegrad mais, dans ce cas

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  1   précis, il s'agissait de victimes qui venaient de la municipalité de

  2   Rogatica. Ceci figure clairement dans le tableau B qui contient, par

  3   ailleurs, les noms de 152 victimes qui sont originaires de Rogatica.

  4   Question: Parlant des tableaux, dans ces tableaux nous voyons beaucoup de

  5   données. Je n'ai pas pu remarquer, et je n'ai pas l'impression que cela

  6   figure dans ce tableau, quelque chose à quoi se référait la question tout

  7   à fait concrète de M. Ossogo. Il nous donnait donc des numéros sous

  8   lesquels les personnes étaient enregistrées, et vous disiez à quel endroit

  9   les corps ont été trouvés.

 10   Pourquoi n'avez-vous pas fait un tableau où l'on pourrait savoir à quel

 11   endroit ces personnes ont été exhumées. Cela faciliterait grandement les

 12   recherches?

 13   Réponse: Je craignais une confusion si l'on avait créé un tel tableau. Si

 14   nous séparions d'un côté les corps qui venaient de la municipalité de

 15   Visegrad, nous serions obligés d'inclure toutes les exhumations faites sur

 16   la municipalité de Rogatica. Je pense qu'il y avait quelque chose comme

 17   400 victimes qui ont été exhumées jusqu’à présent et qui venaient de ce

 18   territoire-là.

 19   Question: Je ne pense pas que nous nous sommes bien compris, ma question

 20   était différente. Par exemple, les numéros 54, 55 et 56, quand M. Ossogo

 21   vous a demandé où ont été exhumées ces personnes, je crois que vous avez

 22   répondu en disant que c’était à Paklenik. Je vous demande pourquoi ceci ne

 23   figure pas dans ce tableau, ce serait plus facile de le retrouver, ou

 24   bien, vous auriez pu marquer Slap 1, Slap 2, ou d'autres endroits?

 25   Réponse: Je suis d'accord avec vous si ceci est important pour vous, et de

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  1   savoir à quel endroit, de quel charnier a été exhumé ce corps. Donc, si

  2   vous avez besoin, je peux répondre avec précision de quel site a été

  3   exhumé telle ou telle personne.

  4   M. Domazet (interprétation): Je vous remercie, mais ma question était la

  5   suivante: est-ce qu'il y avait un tableau? Vous avez répondu que non. Pour

  6   chaque cas particulier vous devez nous donner une explication?

  7   M. Masovic (interprétation): Tout à fait.

  8   M. le Président (interprétation): Est-ce que vous voulez dire que vous ne

  9   voulez pas avoir cette information, mais que vous critiquez la méthode.

 10   M. Domazet (interprétation): J'aurais préféré si j'avais pu avoir un tel

 11   tableau, parce que je pourrais faire une recherche pour trouver certaines

 12   personnes si jamais il y a, parmi ces victimes, des personnes qui

 13   concernent notre affaire. Je ne pense pas que tel est le cas. Je ne vais

 14   pas procéder de la même manière qu'a procédé M. Ossogo car M. Ossogo s’est

 15   référé précisément à des personnes qui pouvaient avoir un lien avec notre

 16   affaire.

 17   M. le Président (interprétation): Oui, je ne pense pas que nous devrions

 18   passer sur tous les noms des 152 personnes. Si, en revanche, avant le

 19   départ de ce témoin, il pouvait tout simplement marquer les sites

 20   d'exhumation de certains endroits, si vous le désirez, nous pouvons lui

 21   demander de le faire.

 22   M. Domazet (interprétation): Oui, je vous remercie, Monsieur le Président.

 23   M. le Président (interprétation): Monsieur le Témoin, si avant votre

 24   départ vous pouviez prendre le tableau et noter, pour chacune de ces 152

 25   victimes, à quel site elle a été exhumée, si vous pouviez le faire une

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  1   fois que vous aurez terminé votre déposition, est-ce que vous seriez en

  2   mesure de le faire?

  3   M. Masovic (interprétation): Cela prendra environ un quart d'heure, et je

  4   peux le faire sans problème.

  5   M. le Président (interprétation): Je vous remercie. On vous en sera gré.

  6   Vous pouvez continuer, Maître Domazet.

  7   M. Domazet (interprétation): Je vous remercie, Monsieur le Président.

  8   Monsieur Masovic, quand vous avez répondu aux questions relatives à

  9   l'identification des personnes, à savoir l'identification de leur

 10   appartenance ethnique, vous avez dit que la plupart d'entre elles, ou

 11   presque toutes ces victimes étaient des Musulmans de Bosnie. Vous avez,

 12   par la même occasion, dit qu'ils étaient tous de religion musulmane et que

 13   c'était là l'un de vos critères. N'avez-vous pas l'impression que tel ne

 14   doit pas forcément être le cas, parce qu'il y en a qui pouvaient être

 15   athées. Je crois que dans notre pays, précédemment, il y avait beaucoup de

 16   personnes qui étaient athées. Vous n'avez pas pris ce critère-là en

 17   considération?

 18   M. Masovic (interprétation): Il y a quand même des raisons objectives pour

 19   lesquelles j'ai affirmé cela. Au moment où l'on identifie une victime,

 20   après cette identification, on décide de l'enterrer. Et selon les

 21   traditions funéraires, il est très facile de déterminer quelle est la

 22   religion de la victime.

 23   Je peux vous dire que le 5 août dernier, à Visegrad, plus de 150 victimes

 24   identifiées et non identifiées ont été enterrées à Visegrad selon les

 25   rites funéraires musulmans. Je pense que ce sont des faits objectifs qui

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  1   nous prouvent, qui nous mènent à la conclusion qu'il s'agit là de

  2   personnes qui étaient de religion musulmane. Je peux toutefois être

  3   d'accord avec vous que l'appartenance ethniques bosnienne ne veut pas

  4   forcément dire qu'une personne est de religion musulmane.

  5   Ceci étant dit, je ne connais pas un seul exemple, dans le cas de

  6   Visegrad, où les deux faits ne coïncident pas; à savoir que les Bosniens

  7   étaient de religion musulmane.

  8   Question: Je vous remercie, Monsieur Masovic. Vous nous avez expliqué

  9   votre critère qui peut être valable, c'est-à-dire que, après la mort, vous

 10   les avez enterrés selon certains rites.

 11   Il y a autre chose qui n'est peut-être pas d'une très grande importance en

 12   l'espèce, mais je voudrais revenir au cas de la victime 101. Vous nous

 13   avez dit qu'il s'agit là d'une personne qui était issue d'un mariage mixte

 14   et dont le père devait être soit un Croate de Bosnie, soit un Serbe de

 15   Bosnie. Vous nous avez dit que vous n'avez pas vérifié ce cas-là, même si

 16   vous avez dit que le prénom Tihomir pouvait être un prénom soit serbe,

 17   soit croate. Mais nom de famille Mladenovic est plus fréquent chez les

 18   Serbes.

 19   Réponse: Oui, je suis absolument d'accord avec vous. J'ai déjà mentionné

 20   que, depuis 8 ou 9 ans, la mère de la victime a été en contact avec moi de

 21   nombreuses fois. Et ce que je peux affirmer, c'est que cette victime a été

 22   enterrée à Sarajevo.

 23   Question: Vous nous avez dit, Monsieur Masovic, qu'il n'y avait à peu près

 24   que 5% des victimes qui avaient sur elles soit des pièces d'identité, soit

 25   des effets personnels utiles pour l'identification.

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  1   Est-ce que cela veut dire que toutes les autres victimes ont été

  2   identifiées d'après leurs proches ou bien des personnes qui pouvaient les

  3   reconnaître pour une raison ou pour une autre.

  4   Réponse: Oui, tel a été le cas pour la plupart des victimes. C'étaient

  5   soit des membres de la famille proche s'ils avaient survécu aux

  6   événements, ou bien c'était la famille au sens large, ou bien des

  7   personnes qui les connaissaient, qui avaient des connaissances; soit elles

  8   connaissaient la victime, soit elles étaient présentes au moment où la

  9   victime a été enlevée, elles savaient comment elle était vêtue. Ou bien,

 10   il y avait aussi des données anthropologiques. On connaissait, par

 11   exemple, leur dossier dentaire ou bien des fractures que la personne a pu

 12   avoir de son vivant.

 13   Et puis, très récemment -mais ceci n'est pas encore un processus

 14   généralisé-, dans le cas de Srebrenica on utilise aussi la méthode

 15   d'identification par l'ADN.

 16   Question: Je m'intéresse à Visegrad et ce que je voudrais savoir est la

 17   chose suivante: ces personnes qui ont été exhumées, pour la plupart

 18   courant de l'année 2000 -ce qui veut dire à peu près 8 ans après les

 19   faits-, et vous nous avez dit que, dans la plupart des cas, il s'agissait

 20   de squelettes, je suppose que l'identification qui se faisait par des

 21   membres, des parents proches ou bien des amis, était quelque chose d'assez

 22   rare.

 23   Réponse: Non, au contraire. J'ai déjà dit que la façon la plus fréquente a

 24   été l'identification par le biais des témoignages des membres des

 25   familles. Vous devrez cependant savoir que, dans le cas de la grotte

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  1   Paklenik, nous avions à faire à 73 victimes. Nous étions au courant que 50

  2   d'entre-elles étaient dans un car avec une victime qui avait survécu à

  3   l'exécution.

  4   Ce témoin connaissait 47 noms de personnes qui étaient avec lui dans ce

  5   car. Ce qui veut dire que nous avons pu réduire le nombre des victimes;

  6   donc passer de 875 personnes disparues sur le territoire de la

  7   municipalité de Visegrad, eh bien, nous avons pu les réduire aux 47

  8   personnes pour lesquelles nous avions un témoin oculaire de leur

  9   exécution. Il nous appartenait de déterminer, parmi ces 50 personnes, qui

 10   étaient Esad, Mirsad, Adonis, et ainsi de suite. En d'autres termes, nous

 11   n'avions pas une tâche trop difficile en matière d'identification.

 12   Dans certains autres cas, tel que le site Slap 1, les personnes qui

 13   retiraient les corps de la Drina étaient des personnes qui avaient retiré

 14   des corps morts depuis peu de temps. On a pu les reconnaître tout de

 15   suite, parce qu'ils avaient été tués un jour ou deux auparavant, en amont

 16   de Slap, à Visegrad. Les personnes qui étaient chargées de sortir les

 17   corps de l'eau nous ont donné des renseignements, parce qu'ils avaient

 18   pris des notes là-dessus. Ceci nous a grandement aidé dans notre tâche,

 19   quand nous avons procédé à l'identification de squelettes, 8 ans plus

 20   tard.

 21   Question: Oui mais, Monsieur Masovic, si je vous ai bien compris, la

 22   situation est complètement différente quand on identifie un cadavre, un ou

 23   deux jours, voire même 10 jours après la mort. Ceci est un cas de figure

 24   où l'identification est beaucoup plus facile. Mais dans les cas où on n'a

 25   pas pu les identifier tout de suite, et je pense ici au site Slap 1, est-

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  1   ce que l'identification a pu être faite avec l'aide des familles, ou bien

  2   avec des experts de médecine légale?

  3   Réponse: On s'est servi des deux méthodes, des témoignages des membres de

  4   famille, et aussi par des critères objectifs anthropologiques.

  5   Malheureusement, les documents que vous avez devant vous, indiquent que

  6   plus de 50 % des victimes n'ont pas pu être identifiées aujourd'hui. Cela

  7   veut dire que soit il n'y a plus de membres de leur famille ou il n'y a

  8   plus de témoins qui ont pu aider à déterminer leur identité, ou bien

  9   l'état du squelette était tel que toute identification classique de la

 10   victime s'est avérée impossible.

 11   Ce ne sera qu'avec un prélèvement d'ADN et, bien sûr si certains membres

 12   de la même famille sont toujours en vie, car l'analyse ADN requiert la

 13   parenté avec la lignée des femmes. On compare aussi avec les échantillons

 14   de sang des parents qui sont en vie. Et on compare cela avec l'analyse de

 15   l'ADN prélevé dans les os des victimes mortes.

 16   Ce ne sera qu'en utilisant cette méthode-là, que nous pourrions dans les

 17   sept ou huit années à venir, déterminer avec certitude l'identité des 152

 18   victimes pour l'instant non identifiées et qui venaient de Visegrad.

 19   Question: Je vous ai bien compris. Est-ce que parmi le nombre de personnes

 20   qui ont été identifiés, et cette identification s'est faite de manière

 21   différente, certaines peu de jour après leur mort et d'autres selon la

 22   méthode que vous venez de décrire, est-ce que vous pensez que cette

 23   méthode a donné des résultats fiables ou bien on peut douter de ces

 24   résultats?

 25   Réponse: Je ne peux vous donner aucune raison objective ou subjective qui

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  1   indiquerait que les 152 victimes en question ne sont pas les personnes

  2   désignées par leur famille. Si vous voulez une réponse directe de ma part,

  3   je suis absolument convaincu qu'aucune erreur n'a été faite lors de leur

  4   identification. Les familles ont pu reconnaître, à l'aide des éléments

  5   donnés par les médecins-légistes des membres de leur famille.

  6   Question: Il y a eu des cas, Monsieur Masovic, où les personnes qui

  7   enterraient les corps à Slap 1, c'était eux qui reconnaissaient les corps

  8   et ils avaient marqué les tombes. Est-ce que vous vous en êtes arrêté à

  9   leur parole ou avez-vous vérifié toutes ces données par les membres de

 10   leur famille ou bien par les médecins-légistes.

 11   Réponse: Bien sûr, que nous n'avons pas pu nous satisfaire avec les

 12   données qui ont été faites par ces personnes-là. Nous avons procédé à des

 13   recherches plus approfondies, nous nous sommes appuyés sur les lois en

 14   vigueur en Bosnie-Herzégovine. Donc les experts appropriés y ont

 15   participé, des médecins-légistes, bien sûr, les criminologues de police et

 16   même, dans le cas où on était sûr qu'il agissait des deux membres de

 17   police, on savait que c'était bien eux, que c'était leurs proches qui les

 18   avaient enterrés et que l'on avait marqué leur tombe avec leur nom, Galib

 19   Seta et Camil Karic.

 20   Nous avons tout de même procédé à leur identification, et j'ai dû même

 21   répondre au père de Galib Seta qui m'a demandé: "Mais pourquoi est-ce que

 22   vous le faites, pourquoi est-ce qu'il faut revérifier l'identité?", alors

 23   que lui en tant que père était bien certain qu'il s'agissait bien de son

 24   fils qui avait été enterré à Slap. Ma réponse a été qu'il s'agissait d'une

 25   procédure légale, que nous étions tenus de respecter quelle que soit la

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  1   volonté des parents en la matière.

  2   Question: Vous venez de mentionner ces deux soldats qui ont été séparées

  3   des autres à cause de leur uniforme. Par rapport à cela, je vous pose la

  4   question suivante: était-il possible que parmi ces victimes qui portaient

  5   des vêtements exclusivement civils, il y avait des personnes qui avaient

  6   participé au conflit et qui ont été tuées au cours du conflit, surtout si

  7   on pense à la situation de l'époque et au fait que beaucoup de gens ont

  8   pris part au conflit, sans porter d’uniforme, sans appartenir à une unité

  9   fixe.

 10   Etait-il possible que parmi ces victimes, il y avait des gens qui étaient

 11   tués, qui sont morts en temps que soldat, quel que soit le côté?

 12   Réponse: C'est très difficile de supposer cela. Pourquoi? Parce que la

 13   plupart de ces corps sont arrivés entre le 15 juin et la mi ou la fin août

 14   1992. Si vous connaissez la situation militaire à Visegrad à l'époque, eh

 15   bien, il est parfaitement clair que cette région en amont, entre Slap et

 16   Visegrad, était contrôlée par les forces de l'armée serbe. Donc il n'y

 17   avait pas de combats là-bas, dans cette région-là.

 18   S'il s'agissait d'autres régions, de temps en temps il y avait des

 19   conflits entre deux armées. Oui, on aurait pu supposer que parmi les

 20   victimes il y avait aussi des personnes qui avaient été tuées au cours des

 21   combats. Mais, ici, dans ce cas précis, il est très difficile de supposer

 22   qu'aucune de ces victimes était morte dans le cadre d'un conflit entre

 23   deux armées.

 24   Question: Je vous ai compris, Monsieur Masovic. Mais justement, dans cette

 25   affaire, plusieurs témoins ont témoigné. Ils ont déclaré ici, devant ce

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  1   Tribunal, qu'à partir… à peu près du 10 juin, ils appartenaient à la

  2   Brigade musulmane de Visegrad -donc pas serbe, musulmane-, qui existait et

  3   qui était stationnée justement dans ce village, le long de la Drina. Ils

  4   ont donc rejoint ces rangs, les rangs de cette unité en quittant le

  5   territoire pour ainsi dire sous le contrôle serbe. Donc ils ont bien dit

  6   qu'ils sont devenus membres de cette brigade. Je suppose qu'ils ne

  7   disposaient pas d'uniformes puisque nous avons quelques photographies qui

  8   le démontrent.

  9   Et donc, il y a des preuves indiquant qu'il y avait des combats entre

 10   différentes formations militaires, même sur le territoire de Visegrad à

 11   partir du mois de juin, et plus tard. Après, on peut se poser la question

 12   s'ils ont été effectivement tués au cours de ces opérations ou non. Mais

 13   passons.

 14   Ma prochaine question, si nous nous concentrons sur Visegrad, eh bien,

 15   c'est la question qui suit: est-il possible pour ces corps qui ont été

 16   amenés par la Drina, est-il possible qu'ils venaient d'endroits plus

 17   lointains comme par exemple Foca ou Gorazde? Qu'ils sont arrivés jusqu'à

 18   Slap 1 et Slap 2 où ils ont été enterrés?

 19   Réponse: Il y a au moins deux raisons pour lesquelles je vais répondre à

 20   votre question par un non.

 21   Tout d'abord, parce qu'entre 125 personnes identifiées, ou plutôt, 125

 22   personnes exhumées et 52 personnes identifiées à Slap, il n'existe aucune

 23   victime qui avait disparu d'une autre région que de la région de Visegrad.

 24   Evidemment, pour les personnes non identifiées, nous ne pouvons pas dire

 25   de quelle région elles venaient, elles avaient disparu. Mais, pour les

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  1   personnes identifiées, c'est sûr.

  2   Aussi, en amont de la ville de Visegrad se trouve une centrale hydro-

  3   électrique, et donc, un barrage sur la rivière Drina qui empêche l'afflux

  4   de tout matériel, y compris de corps de victimes, à travers ce barrage. Il

  5   est donc clair que toutes les victimes exécutées, qui sont arrivées par le

  6   courant qui descendait de la Drina, venaient à partir de ce barrage de

  7   Visegrad.

  8   Malheureusement, on peut dire aussi que ces deux barrages de Visegrad, à

  9   Bajina Basta et à Perucac, ont détruit à jamais un grand nombre de

 10   victimes du territoire de Visegrad qui donc descendaient, qui étaient

 11   amenées par le courant de la rivière en aval de Visegrad ou de Foca. Ces

 12   corps sont arrivés dans les vannes du barrage, et probablement, il ne

 13   reste rien de ces corps.

 14   Je peux donc vous dire, pour revenir à votre question, que je suis sûr que

 15   toutes les victimes qui ont été trouvées dans les localités, les sites

 16   Slap 1, Slap 2, Kamenicko Tocilo et Luke étaient originaires de la

 17   municipalité ou de la ville de Visegrad. Il existe au moins encore trois

 18   sites pour lesquels nous sommes sûrs -et ces sites se trouvent en aval de

 19   Visegrad-, pour lesquels nous sommes sûrs qu'ils contiennent des dizaines

 20   de nouveaux corps de victimes de Visegrad. Mais, malheureusement, nous

 21   n'avons pas encore réussi à exhumer ces corps puisque nous sommes en

 22   train, toujours, de recueillir des informations qui pourraient nous aider

 23   à identifier ces victimes. Nous allons sans doute procéder à ces

 24   exhumations au début de l'année suivante.

 25   M. Domazet (interprétation): Monsieur Masovic, j'ai compris donc vos deux

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  1   raisons, les deux raisons que vous avez avancées. Concernant la deuxième

  2   raison, évidemment, il existait ces barrages et il est évident que, si un

  3   corps était entré dans les turbines du barrage, il est évident qu'il

  4   n’allait rien en rester. Mais nous savons aussi que, de temps en temps, il

  5   y a eu des incidents au cours desquels des grandes quantités d'eau avaient

  6   été relâchées, quand des vannes de ce barrage avaient été levées.

  7   Et vous allez être d'accord pour dire que, dans les cas où l'eau avait été

  8   relâchée du barrage, des corps ont pu aussi arriver des endroits se

  9   trouvant en amont du barrage. Peut-être il s'agirait d'un nombre de corps

 10   plus petits, mais vous devez accepter que cette possibilité existe.

 11   M. Masovic (interprétation): Ecoutez, je ne suis vraiment pas un expert

 12   dans cette matière, vous devriez poser cette question à quelqu'un qui

 13   travaille sur un barrage pour vous expliquer cela. Tout ce que je peux

 14   vous dire, c'est que toutes les personnes, les 52 personnes identifiées

 15   sur le site de Slap 1 étaient absolument toutes originaires de Visegrad.

 16   M. le Président (interprétation): Maître Domazet, n'est-il pas exact qu'un

 17   témoin nous avait donné la date à laquelle le premier corps est arrivé.

 18   C'était bien après que l'eau ne soit relâchée. Vous n'avez pas mis en

 19   question cette date-là. C'est une théorie fort intéressante, mais il me

 20   semble -si j'ose dire-, qu'elle n'est pas en accord avec le témoignage que

 21   nous avons reçu, ici.

 22   M. Domazet (interprétation): Je ne pensais pas à cet incident-là.

 23   Evidemment, on en a parlé, le témoin en a parlé: il s'agissait de

 24   l'incident qui s'est produit quelques jours avant l'arrivée du Corps

 25   d'Uzice. Il est vrai que cela s'est produit, mais ce n'était pas vraiment

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  1   une inondation importante.

  2   Mais nous parlons de cet autre incident où il y a eu une inondation très

  3   importante, où il y a eu des morts, où des maisons ont été inondées. Mais

  4   moi, je parle aussi de ces situations quand l'eau a été relâchée à travers

  5   le barrage pour différentes raisons. Et parfois, ceci avait été fait

  6   exprès, il y avait des personnes qui l'avaient fait exprès.

  7   Ils avaient ouvert les vannes du barrage pour que le niveau de l’eau monte

  8   et que les corps descendent de la rivière. Je parle de ces incidents-là.

  9   Bien sûr, il faudrait le prouver et, apparemment, le témoin n'est pas

 10   expert en la matière.

 11   En ce qui concerne cette première raison que vous avez indiquée, il est

 12   exact que cela semble logique mais ne pensez-vous pas que ce serait très

 13   difficile que les familles des personnes disparues plus en amont, des

 14   endroits, des localités qui se trouvent plus loin de Visegrad, Gorazde et

 15   Foca, ne pouvaient pas participer près de Visegrad, dans la région de

 16   Visegrad, à l'identification de ces corps? Ce n’était donc absolument pas

 17   possible, c’était très difficile pour ces familles d'être présentes au

 18   moment de l'identification.

 19   Réponse: Toutes les familles qui cherchent leurs disparus, leurs proches

 20   sont invitées à participer aux exhumations, aux identifications. C'est

 21   vrai que les familles se trouvant dans les régions les plus proches sont

 22   présentes au moment des exhumations. Vous avez des cas où il y a des

 23   familles qui participent à toutes les exhumations qui se déroulent sur le

 24   territoire de Bosnie-Herzégovine. Je ne saurais vous dire s'il y avait des

 25   familles de Foca ou de Gorazde qui ont participé, qui ont été présentes au

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  1   moment de l'identification menée sur le territoire de Visegrad mais tout

  2   le monde pouvait venir. Je peux vous dire que nous faisons tout ce qui

  3   nous est possible pour inviter le plus grand nombre de familles. En effet,

  4   le succès de notre action est mesuré non seulement par le nombre de

  5   victimes exhumées, mais avant tout par le nombre de victimes identifiées.

  6   C'est pourquoi il nous est très important d'arriver à identifier le plus

  7   grand nombre de victimes.

  8   Réponse: Je vous comprends. Ceci est tout à fait logique. Je comprends que

  9   votre commission s'efforce d'identifier le plus grand nombre de ces

 10   victimes, que le plus grand pourcentage soit identifié. C'est pourquoi

 11   j'ai posé la question concernant la fiabilité parce que je me suis dit

 12   que, peut-être, on pourrait identifier une personne avec des preuves qui

 13   ne sont pas toujours très fiables. Vous avez répondu que ce n'était pas

 14   possible. Je vais poser une question au sujet d'un terme que vous avez

 15   utilisé. Quand vous avez parlé du site de Slap 1, vous avez parlé d'une

 16   fosse commune. Si j'ai bien compris ce terme, il s'agit d'une fosse où ont

 17   été enterrés un grand nombre de corps sans aucun ordre, sans aucune

 18   logique. Ceci pourrait être la grotte de Paklenik, par exemple mais,

 19   d'après les preuves que nous avons, il s'agissait de corps qui ont été

 20   enterrés les uns à côté des autres, dans un certain ordre. Je vous demande

 21   donc si on peut vraiment utiliser ce terme de fosse commune ou de

 22   charnier.

 23   Réponse: Je ne suis pas sûr. Je ne saurais pas répondre avec précision. Il

 24   y a plusieurs théories dans le monde concernant ce terme de charnier ou

 25   fausse commune. Des légistes de renommée mondiale, par exemple M. William

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  1   Haglund, des Etats-Unis, considère qu'une fosse commune est un tombeau où

  2   on a enterré trois victimes ou plus. Nous, en Bosnie-Herzégovine, nous

  3   appelons une tombe "fosse commune" si on y a enterré cinq ou plus de

  4   victimes. Il y a donc deux critères différents. Tout d'abord, il faut

  5   qu'il s'agisse d'une seule tombe et que cinq victimes ou plus y soient

  6   enterrées. J’ai expliqué que la région de Slap 1, et que ce site a une

  7   longueur d'une soixantaine de mètres et une largeur de huit à quinze

  8   mètres; que ces tombeaux sont alignés et que, parfois, il y a des files ou

  9   vous allez trouver des tombes individuelles, et d'autres où vous allez

 10   trouver jusqu'à huit tombes. Il y a des endroits où quatre ou cinq

 11   victimes sont enterrées, vous auriez pu le voir sur la vidéo et, parfois,

 12   quatre ou cinq victimes sont enterrées dans la même tombe. Cela veut dire

 13   que l'on a creusé une tombe qui fait deux mètres de long sur deux mètres

 14   de large et on y a enterré cinq victimes. C'est pourquoi j’ai utilisé ce

 15   terme-là, le terme de "fosse commune". Il ne s'agit pas d'une fosse

 16   commune au sens strict du terme où les victimes ont été jetées les unes

 17   sur les autres, sans aucun ordre. Moi, au cours de mon expérience pratique

 18   en Bosnie- Herzégovine, j'ai pu rencontrer de tels charniers en Bosnie-

 19   Herzégovine et il n'y en avait plus que deux cents.

 20   Dans ce cas précis, c'était la population bosniaque habitant la région qui

 21   avait enterré ces victimes. C'est pourquoi on les a enterrées de la façon

 22   la plus civilisée possible, la plus correcte possible. C'est pour cela que

 23   ces victimes se sont trouvées alignées les unes à côté des autres et n’ont

 24   pas été jetées les unes sur les autres, comme c'était le cas dans le

 25   groupe 1 à Paklenik ou à Kurtalici où 62 victimes ont été trouvées. Il

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  1   s'agit d'une localité se trouvant à 7 ou 8 kilomètres en aval de Visegrad,

  2   sur la rive droite de la Drina et, là, les victimes ont été complètement

  3   mélangées. C'était très difficile de déterminer quelle partie du squelette

  4   appartenait à quelle victime, c'est pourquoi l'identification était très

  5   très difficile. Nous n'avons pu identifier que 6 victimes sur 62 victimes

  6   sur ce site à cause justement de cet enterrement et de la façon dont ces

  7   victimes ont été enterrées, à supposer qu'un enterrement ait eu lieu du

  8   tout. Puisque cette région se trouve sous le niveau du lac et c'est

  9   uniquement dans le cas d'une grande sécheresse où le niveau de l'eau du

 10   lac est très bas. Il était possible de s'approcher de ce site et de

 11   découvrir ces charniers.

 12   Question: Monsieur Masovic, en parlant de Paklenik, ce site qui représente

 13   un charnier, vous avez dit qu'on a identifié un grand nombre de victimes

 14   sur ce site. Vous avez dit que le témoin Spahic -il ne s'agit pas ici d'un

 15   témoin protégé-, qui vous y a emmené, vous a donné le nom des 47 personnes

 16   au sujet desquelles il pensait qu'elles avaient été tuées à cet endroit.

 17   Si j'ai bien vu, 44 victimes avaient été identifiées, donc je me demande

 18   si vous les avez identifiées uniquement sur la base de ce qu'il a dit, ou

 19   bien, est-ce que chacun de ces corps a été vérifié? Est-ce que l'on a

 20   procédé à des vérifications plus sérieuses?

 21   Réponse: On a vérifié l'identité de chaque victime. Il existe encore au

 22   moins quatre noms de victimes dont nous disposons. Nous avons leur nom,

 23   leur prénom et nous savons que ces victimes ont été enterrées dans la

 24   grotte de Paklenik. Leur famille, au vu des restes que nous avons pu

 25   trouver, n'a pas été capable de confirmer leur identité. Ces victimes ont

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  1   donc été enterrées en tant que victimes non identifiées, et nous avons

  2   recueilli des échantillons de leur os, des ossements pour tenter

  3   d'identifier l'identité de ces victimes à travers une analyse d'ADN menée

  4   aux Etats-Unis.

  5   Question: Monsieur Masovic, j'ai une question concernant l'appartenance

  6   ethnique. Quand vous avez dit que vous pensez que presque toutes les

  7   personnes étaient des Musulmans de Bosnie et que, à 99,9% des cas, les

  8   personnes disparues étaient des Bosniens, qu'il n'y avait qu'un seul

  9   Croate porté disparu, je voudrais vous poser la question suivante: compte

 10   tenu des divergences qui prévalaient entre les groupes ethniques, à

 11   l'époque, est-ce qu'il arrivait que des Serbes viennent vous voir pour

 12   vous faire part d'une disparition éventuelle? Est-ce que les Serbes

 13   s'adressaient à vous, à votre commission?

 14   Réponse: Au cours de la guerre, entre 1992 et 1995, il y a eu très peu,

 15   vraiment très peu de Serbes de Bosnie qui avaient notifié la disparition

 16   de leurs proches auprès de notre commission à Sarajevo. Après la guerre,

 17   et surtout au cours des deux dernières années, de plus en plus, il arrive

 18   que des Serbes de Bosnie viennent nous voir pour nous faire part de la

 19   disparition de leurs proches. Ils le font auprès de notre commission, à

 20   Sarajevo.

 21   Sans doute -et j'espère que je ne fais pas preuve d'immodestie ici-,

 22   probablement parce que sur 1000 victimes que nous avons réussi à exhumer

 23   au cours des cinq dernières années, tous seuls, par nos propres moyens ou

 24   à l'aide des enquêteurs du Tribunal, toujours est-il que les personnes de

 25   toutes nationalités avaient la possibilité de notifier la disparition de

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  1   leurs proches auprès des commission locales de la Croix-Rouge

  2   internationale. Si vous regardez, par exemple, les registres du Comité

  3   international de la Croix-Rouge, pour la ville de Visegrad, sur 600

  4   personne portées disparues, il n'y a qu'un seul Serbe de Bosnie porté

  5   disparu. Il a disparu au mois d'avril 1993, il s'agit de Stevan Pesic,

  6   porté disparu quelque part au niveau de l'agglomération de Medjedja, de la

  7   municipalité de Visegrad. Tout à l'heure, j'ai dit qu'un certain Loncaric,

  8   un Croate de Bosnie, était porté disparu aussi dans la ville de Visegrad,

  9   et sa disparition correspondait à la disparition de Bosniens de la même

 10   ville.

 11   Il s'agit là d'informations dont dispose la Croix-Rouge internationale. Il

 12   s'agit d'une organisation tout à fait neutre.

 13   M. Domazet (interprétation): C'est ma dernière question. Je m'apprête à

 14   poser ma dernière question.

 15   M. le Président (interprétation): Très bien.

 16   M. Domazet (interprétation): Peut-être que je ne vous aurais pas posé

 17   cette question-là sans la réponse que vous venez de nous donner, qui

 18   diffère sensiblement de preuve du témoignage écrit du témoin Sabu et d'un

 19   tableau qui montrait que, parmi les personnes disparues, il y avait un

 20   grand nombre de Serbes. Ce nombre était beaucoup plus élevé que le chiffre

 21   que vous nous avez indiqué pour l'année 1992. Il s'agissait des rapports

 22   faits par la Croix-Rouge internationale. Ce n'est peut-être pas tellement

 23   important. Je n'ai pas d'autres questions.

 24   M. Masovic (interprétation): J'ai, en effet, ce document provenant de la

 25   Croix-Rouge internationale intitulé "les personnes portées disparues sur

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  1   le territoire Bosnie Herzégovine". On voit dans ce document, à la page

  2   355, que Stevan Pesic a disparu dans l'agglomération de Medjedja, le 12

  3   avril 1993. Si vous pensez qu'il y a d'autres Serbes parmi ces 600 et

  4   quelques personnes, eh bien, je vous saurais gré de bien vouloir me le

  5   dire. Je ne suis pas en mesure de trouver des Serbes parmi ces personnes

  6   disparues.

  7   M. le Président (interprétation): Au cours de la pause déjeuner, je vous

  8   serai gré de prendre un exemplaire de l'annexe B et de noter, sur ce

  9   tableau, les sites d'exhumation de ces 152 personnes victimes. J'espère

 10   que cela ne vous prendra pas trop de temps sur votre déjeuner. J'aurais dû

 11   noter dans le transcript que la pièce 54/4, il s'agit donc du transcript

 12   du témoignage de M. Masovic dans l'affaire Krnojelac et, là aussi, on fait

 13   état de la différence qui prévalait entre les informations dont il dispose

 14   et les informations données par la Croix-Rouge internationale. Il s'agit

 15   de la page 43 et 48, allant jusqu'aux pages 43-51 du compte rendu

 16   d'audience. Nous allons procéder à une pause et revenir à 14 heures 30.

 17   (L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 40)

 18   M. le Président (interprétation): Est-ce que le document a été complété

 19   comme nous l'avions demandé? Oui, je vois que tel est le cas.

 20   Maître Domazet, sauf pour l'intitulé, "fosse commune ou charnier", avez-

 21   vous des objections à ce document? Il semblerait que cela réponde à votre

 22   requête.

 23   M. Domazet (interprétation): Oui, Monsieur le Président, je n'ai pas

 24   d'objection.

 25   M. le Président (interprétation): Monsieur Ossogo, comment allons-nous

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  1   intituler cela? 54/7?

  2   Votre micro, s'il vous plaît?

  3   M. Ossogo: Je pense que ce sera cela, Monsieur le Président, mais je

  4   m'assure de l'ordre dans lequel nous nous trouvons.

  5   Oui, Monsieur le Président: 54/7.

  6   M. le Président (interprétation): Merci. Donc pièce P54/7.

  7   Merci beaucoup, Monsieur Masovic, d'avoir pris le temps de compléter cela.

  8   Nous vous sommes reconnaissants du temps que cela vous a pris.

  9   Avez-vous des questions supplémentaires, Monsieur Ossogo?

 10   M. Ossogo: Non, Monsieur le Président.

 11   M. le Président (interprétation): Alors merci d'être revenu témoigner. Je

 12   pense que nous allons sans doute vous revoir dans d'autres affaires par

 13   rapport au même problème. Nous vous sommes reconnaissants d'être revenu et

 14   du temps que vous nous avez consacré. Vous pouvez maintenant disposer.

 15   (Le témoin, M. Amor Masovic, est reconduit hors du prétoire.)

 16   Nous commençons demain matin, avec VG-115.

 17   Avez-vous une estimation réaliste du temps qu'il faudra pour interroger ce

 18   témoin?

 19   M. Ossogo: Monsieur le Président, mon collègue qui va procéder à cet

 20   interrogatoire n'est pas là, mais nous pensons que cela devrait prendre un

 21   peu moins des deux sessions de la matinée. Sauf erreur de notre part.

 22   M. le Président (interprétation): La raison pour laquelle je vous pose la

 23   question, c'est parce que nous avons un ordre du jour chargé. Comme nous

 24   allons entendre des témoins par vidéo conférence, je ne sais pas si nous

 25   pourrons utiliser cette vidéo vendredi également. Donc nous devrions en

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  1   terminer avec ces témoins.

  2   Très bien. On me dit que cette vidéo conférence sera aussi disponible

  3   vendredi. Donc ça va. J'étais préoccupé, je me disais qu'il fallait donner

  4   la priorité aux témoins que nous entendrons par vidéo conférence mais,

  5   puisque ce n'est pas le cas, nous allons donc entendre VG-115 en début de

  6   la matinée.

  7   Y a-t-il d'autres questions que nous devons traiter ou que nous pourrions

  8   régler maintenant?

  9   M. Ossogo: Non, Monsieur le Président, nous n'avons pas d'autre problème à

 10   vous soumettre.

 11   M. le Président (interprétation): Et vous, Maître Domazet, avez-vous des

 12   questions pour l'instant?

 13   M. Domazet (interprétation): Non, Monsieur le Président.

 14   M. le Président (interprétation): Merci beaucoup. Nous allons donc lever

 15   la séance et reprendre demain matin, à 9 heures 30.

 16   (L'audience est suspendue à 14 heures 45.)

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