Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 6 septembre 2011

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.

  5   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges.

  6   Il s'agit de l'affaire IT-08-91-T, le Procureur contre Mico Stanisic

  7   et Stojan Zupljanin.

  8   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.

  9   Bonjour à toutes les personnes présentes. Je vous demande de vous

 10   présenter.

 11   Mme KORNER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Joanna Korner

 12   avec Crispian Smith pour l'Accusation.

 13   M. ZECEVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Slobodan

 14   Zecevic, Slobodan Cvijetic et Mme Deirdre Montgomery pour la Défense de

 15   Stanisic. Merci.

 16   M. KRGOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Dragan

 17   Krgovic, Aleksandar Aleksic et Miroslav Cuskic pour la Défense de

 18   Zupljanin.

 19   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci.

 20   S'il n'y a pas d'autres questions, veuillez faire entrer le témoin. Mais

 21   avant de le faire, Maître Krgovic, s'agissant de ce qui a été dit hier par

 22   Mme Korner en objection, la Chambre vous rappelle que ce témoin dépose en

 23   tant que témoin expert, et il se peut qu'il y ait un problème

 24   d'interprétation, mais pour autant que je m'en souvienne, certaines

 25   explications de ses commentaires d'hier se sont basées sur son expérience,

 26   et je vous rappelle qu'il faut, en fait, formuler vos questions de telle

 27   manière que ses réponses se basent sur son expérience sans se lancer dans

 28   des suppositions et des choses qui dépassent le cadre de son expertise.


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  1   Je vous prie d'avoir ceci à l'esprit, Maître Krgovic.

  2   Oui, Monsieur le Huissier.

  3   [Le témoin vient à la barre]

  4   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Bonjour, Général. Avant de donner la

  5   parole à Me Krgovic, je vous rappelle que vous êtes toujours tenu

  6   d'observer la déclaration solennelle.

  7   LE TÉMOIN : VIDOSAV KOVACEVIC [Reprise]

  8   [Le témoin répond par l'interprète]

  9   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Maître Krgovic, vous avez la

 10   parole.

 11   Interrogatoire principal par M. Krgovic : [Suite]

 12   Q.  [interprétation] Bonjour, Général.

 13   R.  Bonjour.

 14   Q.  Général, hier, nous avons parlé de plusieurs paragraphes de votre

 15   rapport. Le dernier paragraphe abordé a été le paragraphe 51. Vous avez

 16   expliqué pourquoi ce n'est que le 12 mai que la décision a été prise

 17   portant sur la formation de la VRS.

 18   Et je vous prie d'examiner maintenant le paragraphe 52, où vous dites

 19   :

 20   "Lors de cette même session, suite à la décision prise par l'assemblée

 21   serbe de Bosnie-Herzégovine, l'on a créé l'armée de la Republika Srpska. La

 22   décision a été prise conformément à la constitution de la République serbe

 23   en tant que réponse à la situation actuelle et conformément à l'obligation

 24   constitutionnelle de l'assemblée nationale aux fins 'd'assurer et

 25   d'organiser la défense et la sécurité de la république.'"

 26   Donc vous dites "en tant que réponse ou réaction à la situation actuelle."

 27   Que vouliez-vous dire ?

 28   R.  Maître Krgovic, je l'ai expliqué dans une certaine mesure dans la note


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  1   en bas de page. Et hier, je vous ai déjà dit qu'il est connu de tout le

  2   monde qu'avant cette date, l'ABiH et le Conseil de Défense croate ont été

  3   organisés. C'était deux formations militaires organisées sur le territoire

  4   de la Bosnie-Herzégovine. Donc c'est à cela que je pense lorsque je parle

  5   de "la situation actuelle".

  6   Et je pense à la situation générale qui prévalait à l'époque en

  7   Bosnie-Herzégovine, donc j'entends la situation militaire, et pour être

  8   plus précis, c'était l'état de menace de guerre imminente.

  9   Q.  [hors micro]

 10   L'INTERPRÈTE : Hors micro.

 11   M. KRGOVIC : [interprétation]

 12   Q.  Général, je vous prie maintenant d'examiner la note en bas de page

 13   numéro 16. C'est le document 2D -- non, il faut que je répète le numéro. Je

 14   l'ai lu trop vite. Donc c'est le document 2D100539.

 15   Mme KORNER : [interprétation] C'est quel numéro de l'intercalaire ?

 16   M. KRGOVIC : [interprétation] Intercalaire 16. Non, c'est la note en bas de

 17   page numéro 16, mais c'est l'intercalaire 9. Excusez-moi.

 18   Q.  Voilà, j'ai une copie papier de tous les documents dont j'ai besoin.

 19   M. KRGOVIC : [interprétation] Monsieur l'Huissier, pourriez-vous m'aider.

 20   [Le conseil de la Défense de concerte]

 21   M. KRGOVIC : [interprétation]

 22   Q.  Général, cela figure à l'intercalaire 16 chez vous. Deuxième page.

 23   Général, il s'agit de la décision portant sur la création de l'armée de la

 24   République serbe de Bosnie-Herzégovine. A l'article 2, il est dit : "Les

 25   unités et états-majors de la Défense territoriale sont renommés en tant que

 26   commandements et unités de l'armée dont l'organisation et la composition

 27   seront décidées par le président de la république."

 28   Général, pourriez-vous nous dire brièvement, nous expliquer, à partir de


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  1   quelles unités l'on a créé l'armée de la République serbe de Bosnie-

  2   Herzégovine conformément à cette décision, et c'est quoi l'essence de la

  3   VRS ?

  4   R.  Je vous l'ai déjà dit hier, et je me répète maintenant, que dès le 4

  5   mai, le gouvernement fédéral de la Yougoslavie a pris la décision aux fins

  6   de retirer la JNA du territoire de la Bosnie-Herzégovine. Ainsi, il n'y

  7   avait que des unités de la Défense territoriale qui sont restées sur place

  8   et qui existaient déjà d'avant la guerre en Bosnie-Herzégovine ainsi que

  9   dans toutes les autres républiques. Et suite à la décision prise par les

 10   dirigeants de Bosnie-Herzégovine, la Défense territoriale de Bosnie-

 11   Herzégovine a été créée à l'époque, et telle était la situation également

 12   dans la République serbe de Bosnie-Herzégovine; c'est-à-dire que l'armée de

 13   la République serbe de Bosnie-Herzégovine a été créée à partir de ces

 14   unités et de ces états-majors de la Défense territoriale.

 15   Q.  Est-ce qu'un certain nombre de soldats de la JNA ont rejoint les rangs

 16   de cette nouvelle armée, armée de la VRS ? Et lorsque je dis ces personnes,

 17   je pense à ceux qui étaient de Bosnie-Herzégovine.

 18   R.  Oui. Tous les officiers, sous-officiers et soldats originaires de

 19   Bosnie-Herzégovine qui étaient citoyens de la Bosnie-Herzégovine en ont

 20   fait partie, parce qu'à l'époque nous vivions dans un Etat fédéral, donc

 21   nous avions une citoyenneté fédérale, mais également une citoyenneté qui

 22   correspondait à la république où nous étions nés. Donc c'est sur la base de

 23   ces personnes-là que la VRS a été créée.

 24   Bien sûr, je peux ajouter qu'il s'agissait d'une époque très difficile. Et

 25   c'était les gens eux-mêmes qui ont pris la décision de rejoindre les rangs

 26   ou pas. Personne ne savait comment on allait les payer, les loger, c'était

 27   une décision difficile à prendre, et la meilleure chose à faire était de

 28   rester au sein de l'Etat fédéral, et c'est pourquoi un grand nombre


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  1   d'officiers originaires de Bosnie-Herzégovine ont pris la décision de

  2   rester au sein de la JNA ou, autrement dit, de la future armée de la

  3   République fédérale de Yougoslavie. Et moi-même, j'ai pris cette décision

  4   de rester au sein de cette armée.

  5   Q.  Général, vous dites que la Défense territoriale de la République serbe

  6   de Bosnie-Herzégovine a été créée peu de temps avant. Dites-moi, quel a été

  7   le rapport entre la Défense territoriale de la République serbe de Bosnie-

  8   Herzégovine et l'ancienne Défense territoriale ? Y a-t-il eu des

  9   changements, et quels étaient leurs rapports ?

 10   R.  Pour autant que je le sache, dans la décision portant sur la création

 11   de la Défense territoriale de la République serbe de Bosnie-Herzégovine,

 12   dans l'explication de cette décision, il était dit que les unités de la

 13   Défense territoriale créées au sein de la JNA n'allaient pas être dissoutes

 14   et que les unités de la Défense territoriale de la République serbe de

 15   Bosnie-Herzégovine étaient de nouvelles unités.

 16   Q.  Général, dans le paragraphe 53, vous dites que la présidence de la

 17   République serbe de Bosnie-Herzégovine a pris la décision le 15 juin 1992

 18   portant sur la création, l'organisation, la composition et le commandement

 19   de l'armée de la République serbe de Bosnie-Herzégovine.

 20   Dans votre classeur, cela figure dans la note en bas de page numéro 17.

 21   Mme KORNER : [interprétation] Est-ce que nous allons laisser ce document

 22   que nous venons de voir de côté ? Parce que ce document ne fait pas partie

 23   de la collection juridique. On a demandé la traduction de ce document avec

 24   certaines parties qui ont été rayées, et le service chargé de la traduction

 25   n'a pas pu traduire certaines parties de l'article 2 parce que c'est

 26   illisible. Et ce n'est pas étonnant.

 27   Donc, si ce document est versé au dossier, je pense que Me Krgovic devra

 28   nous fournir une copie qui est lisible.


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  1   M. KRGOVIC : [interprétation] Je comprends ce que Mme le Procureur souhaite

  2   dire, mais c'est suffisamment lisible. Je vais demander au général de nous

  3   donner lecture de ce paragraphe. Et ce sera versé au dossier.

  4   Q.  Général, pourriez-vous donner lecture de l'article 2 portant sur la

  5   création de l'armée de la République serbe de Bosnie-Herzégovine ?

  6   R.  Oui.

  7   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Excusez-moi, Maître Krgovic, mais outre

  8   l'interprétation de la lecture de cet article, Mme Korner a mentionné

  9   quelque chose qui devra être versé au dossier comme faisant partie de la

 10   collection juridique, et il faudrait, avant de verser le document, régler

 11   ces anomalies. Comment pensez-vous que cela puisse être réglé ?

 12   M. KRGOVIC : [interprétation] Je vais demander qu'on retraduise ce

 13   document. Mais le document est lisible. Je peux en donner lecture, et le

 14   témoin a émis des commentaires au sujet de la copie telle qu'elle est.

 15   Donc, pour éviter une situation que nous avons déjà connue, une situation

 16   qui porte sur un document qui fait l'objet d'une discussion entre Mme

 17   Korner et moi, je pense qu'il faudrait plutôt demander que le service de la

 18   traduction fasse une deuxième traduction de ce document.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Maître Krgovic, je peux en donner lecture. Je

 20   vous rappelle que au paragraphe 52 de mon rapport, peu de temps avant la

 21   note en bas de page numéro 16, je cite justement l'article 2. Et il est dit

 22   dans l'article 2 :

 23   "Les unités et les états-majors de la Défense territoriale qui existent à

 24   l'heure actuelle seront renommés en tant que commandements et unités de

 25   l'armée dont l'organisation sera décidée par le président de la

 26   république."

 27   Je pense que c'est ça la copie que vous avez.

 28   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci.


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  1   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

  2   M. ZECEVIC : [interprétation] Et en plus, Monsieur le Président, je vois

  3   qu'à la fin il est dit que cette décision a été publiée dans la "Gazette

  4   officielle" de la République serbe de Bosnie-Herzégovine. Par conséquent,

  5   cela devrait faire partie de la collection juridique.

  6   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Oui, je l'ai remarqué.

  7   Mme KORNER : [interprétation] Oui, si ce document fait partie de la

  8   collection juridique, s'il en fait partie déjà, ce n'est pas la peine que

  9   Me Krgovic demande que le document soit retraduit.

 10   M. KRGOVIC : [interprétation] Compte tenu de cela, je ne demande pas le

 11   versement au dossier de ce document, étant donné qu'il fait partie de la

 12   collection juridique. Mais de toute façon, je vais le vérifier. Parce que

 13   ce qui m'intéresse tout particulièrement, c'est de voir si cette décision a

 14   été publiée dans une gazette officielle ou bien incorporée dans la

 15   jurisprudence. Mais de toute façon, cela n'a pas beaucoup d'importance.

 16   Q.  Général, je vous prie maintenant d'examiner le document qui porte la

 17   référence 65 ter 0030002D sur notre liste. Cela figure à l'intercalaire 11

 18   de votre classeur, Général. C'est en fait plus simple si vous cherchez la

 19   note en bas de page. C'est 17 B.

 20   M. KRGOVIC : [interprétation] Je répète : c'est 00039D2, donc c'était la

 21   référence 65 ter, ou 2D100543.

 22   Mme KORNER : [interprétation] Je suis désolée, mais je ne vois pas la note

 23   en bas de page 17 B dans le rapport du général. Et le document auquel on se

 24   référait dans la note en bas de page numéro 17 n'est pas celui-ci.

 25   M. KRGOVIC : [interprétation] En fait, chez vous, cela figure dans la note

 26   en bas de page numéro 17. Mais c'est dans l'intercalaire 11.

 27   Q.  Général, l'avez-vous trouvée, la décision portant sur la création des

 28   commandements ?


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  1   R.  C'est un ordre.

  2   Q.  Oui, effectivement.

  3   Pouvez-vous nous dire, Général, ce que représente cet ordre-ci visant à

  4   créer une armée ?

  5   R.  C'est quelque peu inhabituel que de voir se passer presque un mois

  6   entre la prise d'une décision, dont on a parlé tout à l'heure, portant sur

  7   la création d'une armée. Et donc, au bout d'un mois, voir un ordre de donné

  8   pour ce qui est de la création de commandements d'unité de l'armée de la

  9   République serbe de Bosnie-Herzégovine, qui, en fait, est susceptible de

 10   permettre la définition de tout ce qui ferait partie de cette armée dans un

 11   délai le plus bref. Afin que cette armée soit constituée sur un niveau

 12   opérationnel et tactique, on définit le nombre des corps ou des ensembles

 13   de la taille d'un corps, définit un cadre législatif pour ce qui est d'un

 14   exercice démocratique civil à l'égard de l'armée, la prise en charge des

 15   armes, du matériel de guerre. Enfin, tout ce qui explique la façon dont

 16   serait censée fonctionner cette armée nouvellement créée.

 17   Mme KORNER : [interprétation] Je crois qu'il y a eu une erreur de

 18   traduction, parce qu'il est dit ici 18 août. Or, je crois que l'original

 19   dit le "6".

 20   M. KRGOVIC : [interprétation] Je suis d'accord. Je n'ai pas remarqué la

 21   chose. Ce doit être une erreur de commise lors de la traduction. On enverra

 22   cela au service de traduction pour rectificatif.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je m'excuse, ce n'est pas le mois d'août.

 24   C'est du mois de juin qu'il s'agit. Ah non, c'est août. Je ne vois pas très

 25   bien. Il me semble que l'ordre, lui, date du mois de juin.

 26   M. KRGOVIC : [interprétation] Peut-on zoomer dans le prétoire électronique

 27   cette partie du texte.

 28   Q.  Oui -- non, c'est le mois de juin, c'est sûr.


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  1   R.  Le 16 juin.

  2   Q.  Je vous prie de passer à la page suivante de votre rapport, paragraphe

  3   55.

  4   M. KRGOVIC : [interprétation] Et au prétoire électronique, je voudrais

  5   qu'on nous affiche aussi ce paragraphe 55.

  6   Q.  Je vous prie de donner lecture de la partie où vous dites que :

  7   "L'armée de la Republika Srpska se trouve être définie en tant que force

  8   armée dont… la mission consiste à défendre la souveraineté, le territoire,

  9   l'indépendance et l'ordre constitutionnel de la Republika Srpska."

 10   A cet effet, je vous demanderais de vous pencher sur une pièce à

 11   conviction, il s'agit du 2D100565. Il est question de la note de bas de

 12   page portant le numéro 20. Et chez vous aussi, c'est ce même numéro de note

 13   de bas de page.

 14   M. KRGOVIC : [interprétation] Il faudrait lui montrer la page d'après en

 15   version serbe.

 16   Q.  Ici, dans la Loi régissant le fonctionnement de l'armée, on définit son

 17   rôle et on dit que c'est une force armée.

 18   Alors, qu'en est-il de la police ? Est-ce que cette police, en 1992, dans

 19   cette doctrine militaire ou dans un cadre législatif quelconque, s'était

 20   vue définir, elle aussi, comme étant une force armée ?

 21   R.  J'ai précisément cité cet article de la loi où il est dit que l'armée

 22   de la Republika Srpska est la seule force armée dont la mission consiste à

 23   défendre la souveraineté, le territoire, l'indépendance et l'ordre

 24   constitutionnel de la Republika Srpska tel que formulé dans la

 25   constitution. En d'autres termes, dans cet article, les unités de la

 26   police, de la milice, ou du ministère de l'Intérieur de façon générale, ne

 27   font pas, quant à elles, partie des forces armées de la Republika Srpska.

 28   Q.  Je vous prie de répéter votre réponse parce qu'une partie de cette


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  1   réponse n'a pas été consignée.

  2   R.  J'ai cité cet article de la Loi relative à la défense, parce que cette

  3   loi souligne le fait que seule l'armée de la Republika Srpska se trouve

  4   être définie en guise de force armée dont la mission consiste à défendre la

  5   souveraineté, le territoire, l'indépendance et l'ordre constitutionnel de

  6   la Republika Srpska. Les unités faisant partie du ministère de l'Intérieur,

  7   d'après cette loi-ci, ne sont pas considérées comme partie intégrante des

  8   forces armées.

  9   Q.  Mon Général, au paragraphe 56 --

 10   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Avant que vous ne poursuiviez, Maître

 11   Krgovic.

 12   Général, est-ce que vous pouvez nous aider. S'agissant de votre toute

 13   dernière réponse vous dites que :

 14   "Il est souligné le fait que seule l'armée de la Republika Srpska est

 15   définie comme étant une force armée dont la mission," et cetera, alors les

 16   unités et effectifs du ministère de l'Intérieur ne font pas partie

 17   intégrante des forces armées.

 18   Alors, est-ce que vous pouvez m'aider ? Comment -- pourquoi le dites-

 19   vous ? Parce qu'ici, il y a un article 1, qui se lit comme 

 20   suit : L'armée de la République serbe est une force armée défendant la

 21   souveraineté, et cetera.

 22   Alors, pourquoi vous tirez une conclusion qui dit que cette armée a la

 23   responsabilité exclusive liée à la défense du territoire, de la

 24   souveraineté, et cetera ? Parce qu'à la lecture de cet article numéro 1,

 25   c'est cela que je veux dire.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Il en va de la sorte dans tous les pays et il

 27   allait de même dans l'ex-Yougoslavie. Les forces armées étaient composées

 28   par l'armée populaire yougoslave et la Défense territoriale. Les unités de


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  1   la police ne faisaient pas partie intégrante des forces armées. Ce sont des

  2   unités qui ne sont pas aptes à participer à des activités de combat ou à

  3   conduire des activités de combat. La police, les unités de la police sont

  4   là pour le maintien de la paix et de l'ordre publics. Et c'est la raison

  5   pour laquelle elles ne font nulle part partie des forces armées.

  6   Je ne sais pas si je vous ai été d'une utilité quelconque. C'est dans

  7   le sens où ces unités sont censées conduire des activités de combat dans

  8   une guerre. Et ici, on dit qu'il ne s'agit que de l'armée de la Republika

  9   Srpska. Il n'est plus question de Défense territoriale, parce que cette

 10   armée-là a été créée à partir de la Défense territoriale qui existait

 11   antérieurement. Je veux bien vous croire que c'est quelque peu compliqué.

 12   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci, Monsieur.

 13   Maître Krgovic, veuillez continuer.

 14   M. KRGOVIC : [interprétation]

 15   Q.  Monsieur Kovacevic, je vais enchaîner sur les questions posées par le

 16   Président de la Chambre. Au paragraphe 57, vous dites, et je paraphrase,

 17   que les solutions législatives ultérieures de 1994 ont fait que les unités

 18   de la police du ministère de l'Intérieur avaient été prévues pour faire

 19   partie des forces armées.

 20   R.  Oui, c'est exact. Ça ne s'est passé qu'en 1994 justement. Je ne sais

 21   pas quelles ont été les raisons véritables d'une telle décision, mais c'est

 22   assez inhabituel que de voir les unités de la police faire partie

 23   intégrante des forces armées. Mais la direction de l'époque dans la

 24   Republika Srpska avait probablement eu ses raisons pour ce qui est d'avoir

 25   pris ce type de décision. Je vous ai tout à l'heure parlé de l'année 1992

 26   et de cette époque-là, lorsque l'armée a été créée, cette armée a été la

 27   seule et unique force armée. C'est ainsi qu'on fait la différence entre

 28   elles et les unités paramilitaires et les unités de la police.


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  1   Et, bien entendu, je ne tire pas de parallèle entre les unités

  2   paramilitaires et les unités de la police. Je suis en train, seulement, de

  3   procéder à une différenciation entre les notions de forces armées et les

  4   autres.

  5   Q.  Mon Général, je vous renvoie au paragraphe 56, où vous citez une Loi

  6   régissant la défense.

  7   Aussi, vous demanderais-je de vous pencher sur un document qui est le

  8   2D100567. Et je précise que chez vous, c'est la note de bas de page numéro

  9   21. Intercalaire - un instant - je crois que c'est l'intercalaire 14 de la

 10   liste fournie par la Défense Zupljanin. Vous parlez là --

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Krgovic, je suis dans la

 12   confusion maintenant. Vous dites intercalaire 14. Qu'est-ce que c'est que

 13   ce numéro de document ? Le 2D100567, alors ?

 14   M. KRGOVIC : [interprétation] Il s'agit du 2D100567. Le 65 ter c'est le

 15   00041D2. Il s'agit de la Loi régissant la défense.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci. Et le 2D1 c'est -- c'est votre

 17   référence à vous ?

 18   M. KRGOVIC : [interprétation] C'est l'identification documentaire, c'est

 19   ainsi qu'on l'appelle. C'est le doc ID.

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 21   M. KRGOVIC : [interprétation]

 22   Q.  Je vous renvoie à l'article 10.

 23   Mon Général, ici, dans votre paragraphe 56, vous évoquez les

 24   compétences, les attributions du ministère de l'Intérieur s'agissant du

 25   domaine de la défense. Vous dites un peu plus loin que ceci détermine les

 26   compétences du ministère de l'Intérieur.

 27   Alors, qui est-ce qui décide, en application des dispositions

 28   légales, de l'utilisation des effectifs de la police en cas de 


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  1   guerre ?

  2   R.  L'utilisation de la police dans des opérations de combat est ordonnée

  3   uniquement par le président de la république en sa qualité de commandant

  4   suprême.

  5   Q.  Général, au paragraphe 56, il est dit, dans la pratique, les unités de

  6   la police du MUP de la RS ont participé à l'exécution de missions de

  7   combat, soit en coopération avec la VRS, soit en étant resubordonnées à

  8   cette dernière.

  9   Alors, est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que vous vouliez dire par

 10   là ?

 11   R.  Je voulais, en premier lieu, mettre l'accent sur une différence qui

 12   existait en termes pratiques. Et d'après les conclusions que j'ai pu tirées

 13   partant des documents analysés, il y a eu deux façons de procéder à

 14   l'utilisation de la police dans des opérations de combat.

 15   L'une des modalités, de mon avis, était plus appropriée. L'armée

 16   informait le centre des services de Sécurité pour demander un certain

 17   nombre d'unités ou un certain nombre d'effectifs afin que ces effectifs

 18   soient envoyés dans les rangs de l'armée. A ce moment-là, les unités de la

 19   police en l'occurrence se trouvaient être placées en coordination avec

 20   celles de la VRS. J'ai pu voir dans les documents qu'il y a eu des

 21   modalités autres suivant lesquelles les commandants locaux décidaient eux-

 22   mêmes de resubordonner certaines unités de la police se trouvant sur le

 23   terrain. A mon avis, c'est une façon moins correcte, moins appropriée

 24   d'utiliser les unités de la police dans des opérations de combat. Et c'est

 25   de cette façon-là que j'ai tenu à faire une distinction.

 26   Q.  Lorsque vous mentionnez ces deux cas de figure, quelle est la

 27   relation ou la corrélation qui existe entre les deux, dans ces deux cas de

 28   figure ?


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  1   R.  Eh bien, l'élément crucial c'est justement cette corrélation. Mettons

  2   de côté les modalités suivant lesquelles ces unités ont été utilisées. Dans

  3   l'un et l'autre des cas de figure, ces unités se trouvent être subordonnées

  4   au commandant militaire, qui est là pour donner des ordres concernant la

  5   façon dont une mission de combat serait accomplie.

  6   Q.  Mon Général, un peu plus loin, à la note de bas de page 22, vous faites

  7   référence à un document que je me propose de vous montrer. Il s'agit du

  8   1D00406. C'est la note de bas de page 22 chez vous.

  9   M. KRGOVIC : [interprétation] Le numéro de l'intercalaire est le 15, pour

 10   que les autres participants puissent suivre eux aussi.

 11   Q.  [hors micro]

 12   L'INTERPRÈTE : Hors micro.

 13   M. KRGOVIC : [interprétation] Excusez-moi.

 14   Q.  Général, veuillez vous pencher sur ce document.

 15   Vous verrez au tout début les raisons pour lesquelles on donne un

 16   ordre.

 17   M. KRGOVIC : [interprétation] Et je vous renvoie tout de suite vers la page

 18   numéro 2.

 19   Q.  Je vous demande de vous pencher sur le paragraphe 3 à partir du haut --

 20   non, le 3 et le 4, plutôt. Il est dit que :

 21   "Le droit exclusif relatif à un commandement relève de l'autorité du

 22   commandant de la zone."

 23   Et un peu plus loin, on dit que :

 24   "Dans la conduite des opérations de combat, tous les effectifs de la police

 25   sont placés sous le commandement du commandant de la zone, et c'est lui qui

 26   décide de leur utilisation."

 27   Alors, pour revenir au premier document, il est question aussi de : "La

 28   définition des zones de responsabilité."


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  1   Est-ce que vous pourriez nous commenter quelque peu ce document pour ce qui

  2   est de la délimitation des zones et du commandement au sein de ces zones ?

  3   R.  Le commandant du corps, dans le cadre des attributions qui sont les

  4   siennes et des compétences qui sont les siennes, a le droit de donner des

  5   ordres et de délimiter les zones de responsabilité dont il est question

  6   selon ses propres évaluations de la situation sur le terrain et selon aussi

  7   la conduite des opérations, c'est-à-dire l'accomplissement des missions de

  8   combat.

  9   Par ses ordres, le commandant définit avec précision tant les zones

 10   que leurs limites. Il dit qui est-ce qui commande à l'intérieur de celles-

 11   ci, et il dit quelles sont les missions qui leur sont confiées. Partant de

 12   ce document, on peut également voir que le commandant donne des ordres à

 13   ces unités de la police afin que, dans les opérations de combat, celles-ci

 14   soient subordonnées au commandant de la zone de responsabilité en question.

 15   Et dans certaines circonstances et situations, la chose est possible, mais

 16   ceci ne devrait être qu'une exception et non pas une règle.

 17   Q.  Est-ce que ces zones nouvellement créées doivent coïncider avec

 18   les zones de responsabilité des brigades ou pas ?

 19   R.  Ce n'est pas forcément le cas. Ces notions sont relatives puisque

 20   temporaires. Elles sont créées conformément à l'évaluation de la situation

 21   sur le terrain et de la teneur de la mission de combat qui est censée être

 22   accomplie.

 23   Q.  Dans quelle catégorie de resubordination se trouverait ce cas en

 24   question ? Est-ce que vous avez parlé tout à l'heure de la police, des deux

 25   manières d'utiliser les unités de la police ?

 26   R.  Cela a été dit à titre d'exemple. Il se peut --

 27   Mme KORNER : [interprétation] Excusez-moi, l'interprétation a du retard. Je

 28   vous prie de faire une pause entre les questions et les réponses pour que


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  1   les interprètes puissent suivre.

  2   M. KRGOVIC : [interprétation]

  3   Q.  Général, étant donné que nous parlons la même langue, et moi parfois

  4   j'ai tendance à parler plus rapidement, je vous prie d'observer une pause

  5   avant de répondre à la question posée. Je vais répéter ma question. Même si

  6   je dois dire, ma question n'a pas été très précise.

  7   Vous avez expliqué pourquoi vous avez employé deux termes différents. A un

  8   moment, ces unités sont resubordonnées sans qu'il y ait un ordre approprié

  9   donné; et l'autre cas de figure était qu'il y avait une procédure à suivre.

 10   Alors, dans quel cas de figure se trouve l'exemple que nous avons

 11   maintenant sous les yeux ?

 12   R.  Il est difficile de répondre de manière précise à votre question, et

 13   ce, uniquement sur la base de ce document. Il se peut que le commandant du

 14   corps ait reçu l'habilitation de la part du commandant de l'état-major,

 15   alors que celui-ci a reçu de la part du président de la république, nous

 16   l'avons mentionné tout à l'heure, nous avons dit que le président de la

 17   république était le seul qui pouvait décider quant à l'utilisation des

 18   effectifs de la police dans le cadre des activités de combat.

 19   En l'espèce, nous ne savons pas si le commandant avait reçu cette

 20   autorisation ou bien si c'est lui qui a pris cette décision conformément à

 21   la situation parce que certaines zones étaient menacées et que la

 22   population et les biens étaient mis en danger, et que, par conséquent, en

 23   tant que commandant, il avait le droit de donner des ordres à toutes les

 24   unités relevant de sa zone de responsabilité.

 25   Mais je vous signale que, en l'espèce, cela a une moindre importance. Ce

 26   qui compte et ce qui est l'essence même et ce qui se réfère à ce que vous

 27   m'avez demandé tout à l'heure, c'est que le commandant a pris la décision

 28   suite à laquelle ces unités ont fini par faire partie des unités


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  1   militaires, et, par conséquent, elles étaient resubordonnées au commandant

  2   militaire. Je pense que c'est ça qui compte davantage, et non pas la

  3   manière dont ces unités ont fini par être incorporées au corps militaire.

  4   Q.  Merci, Mon Général.

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Krgovic, un instant, s'il vous

  6   plaît.

  7   Monsieur le Témoin, vous dites que "les unités ont fini par faire partie

  8   des effectifs militaires."

  9   Pourriez-vous nous dire quelles sont les unités auxquelles vous vous

 10   référez ? Etaient-ce toutes les unités relevant d'une zone ou bien

 11   certaines unités qui étaient affectées à cet effet ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Dans ce document, il est dit : dans la

 13   conduite des activités de combat, tous les effectifs de la police sont

 14   placés sous les ordres du commandant de la zone, qui décide de leur

 15   utilisation.

 16   Donc il est clairement dit qu'il s'agit de tous les effectifs de la police.

 17   Personnellement, je n'ai pas été, à l'époque, sur le terrain pour vous dire

 18   de quoi il s'agissait plus précisément, quels étaient ces effectifs.

 19   Il est important de souligner que dans l'armée, il n'est pas possible

 20   d'avoir deux commandants en même temps. Il n'y en a qu'un seul qui

 21   commande. Le commandement conjoint ou collectif n'est pas possible, et il

 22   n'y a pas de responsabilité commune non plus. Et tout ce qui finit par

 23   intégrer l'armée est subordonné au commandant de ladite unité, et ce

 24   commandant a été nommé par un organe d'Etat pour commander une unité, une

 25   brigade, un corps, et cetera. Par conséquent, il est habilité à le faire.

 26   Et tous les effectifs qui font partie de cette unité lui sont subordonnés.

 27   Dans la conduite des combats, il peut -- une partie de ses compétences

 28   déléguées à ses officiers subalternes, mais en le faisant, il ne délègue


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  1   pas sa responsabilité. C'est lui qui assume toute la responsabilité. C'est

  2   lui le commandant et c'est lui qui décide de l'utilisation des effectifs de

  3   ladite unité.

  4   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je comprends ce que vous êtes en

  5   train de dire, Monsieur Kovacevic, mais ce qui m'intéresse est la chose

  6   suivante : tout cela se réfère à un certain territoire, n'est-ce pas ?

  7   Pourriez-vous nous délimiter ce territoire en question ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Dans ce document, l'on précise les limites de

  9   ce territoire.

 10   Par exemple, sur la première page, au point 1, il est dit :

 11   "Le commandant de la 343e Brigade motorisée est responsable pour

 12   l'organisation et la conduite des activités de combat dans la zone."

 13   Dubica, Sanski Most, Sanica et le village d'Ivanjska.

 14   Et tous les effectifs qui se trouvent dans cette zone, et il s'agit

 15   peut-être d'une zone d'une longueur d'une cinquantaine de kilomètres, sont

 16   subordonnés à ce commandant dans le cadre de la conduite des activités de

 17   combat.

 18   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] A l'époque, si tous les

 19   effectifs de la police sont subordonnés à l'armée, qui est-ce qui fait le

 20   travail normalement effectué par la police ? Dans cette zone-là.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est précisément la question que je me suis

 22   posée en préparant ce rapport et en lisant tous ces documents. Cela est

 23   incompréhensible, mais il est difficile à concevoir tout ce qui est

 24   possible, tout ce qui peut se passer en temps de guerre.

 25   Si vous n'avez pas suffisamment de combattants, si vous n'avez pas

 26   suffisamment de réservistes et vous voulez -- je pense que la chose la plus

 27   simple à faire est de recourir aux effectifs de la police qui étaient déjà

 28   sous armes et qui avaient suivi un entraînement. Et je pense que les


Page 23686

  1   commandants se sont vus obligés de le faire, n'ayant pas d'autre choix, et,

  2   par conséquent, les chefs de centres régionaux des services de sécurité se

  3   sont vus sans effectifs.

  4   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

  5   Veuillez poursuivre, Maître Krgovic.

  6   M. KRGOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge Delvoie.

  7   Q.  J'aimerais revenir à la question posée par le Juge. Dans cet ordre, on

  8   définit clairement les zones de responsabilité.

  9   Mais lorsque les unités de police sont resubordonnées alors que les

 10   zones de responsabilité ne sont pas délimitées clairement, quelles sont les

 11   compétences du commandant d'une brigade ? Que se passe-t-il si les unités

 12   de la police ont plutôt été envoyées, sont resubordonnées à une brigade ?

 13   R.  Il m'est difficile de vous répondre à cette question. Le commandant de

 14   cette brigade, par exemple, s'il a une mission à accomplir et si un axe de

 15   communication fait l'objet d'une attaque, bien sûr qu'il ordonnera aux

 16   unités de police qui sont les plus proches d'agir. Mais je vous dis que

 17   cela devait être des exceptions, d'après mon expérience et d'après mes

 18   connaissances théoriques. Et non pas toute chose qui arrivait régulièrement

 19   et souvent sur le terrain.

 20   Excusez-moi. Mon propre frère est policier et qui, pendant cette guerre, a

 21   servi en tant que policier. Il était, à l'époque, à Prnjavor. En tant que

 22   policier, il s'est vu confier des missions qui étaient à plusieurs

 23   centaines de kilomètres de là, à 300 kilomètres par rapport à son poste de

 24   police. Cela lui est arrivé plusieurs fois, même si cela ne semble pas très

 25   logique, et j'en ai parlé avec lui.

 26   Q.  Revenons à votre rapport.

 27   Au paragraphe 58, vous dites : l'organisation de la VRS a eu lieu

 28   après sa création.


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  1    Et vous dites que la politique et la doctrine de la défense de la

  2   Republika Srpska, qui devaient servir de fondation pour l'organisation de

  3   l'armée, n'étaient pas définies.

  4   Pourriez-vous nous dire si, conformément à la Loi régissant l'armée, il

  5   était défini de manière générale le rôle que devait avoir l'armée ?

  6   R.  Oui, son rôle général était défini de manière générale, et je vais

  7   répéter ce que je vous ai dit tout à l'heure.

  8   La mission de la VRS était de défendre la souveraineté de la république,

  9   son territoire, son indépendance et l'ordre constitutionnel de la

 10   République serbe de Bosnie-Herzégovine.

 11   Mais au fond, toute armée n'a que deux missions à accomplir. En temps de

 12   paix, elle doit maintenir l'aptitude au combat ou, comme on dit en

 13   Occident, maintenir ses capacités opérationnelles; et en temps de guerre,

 14   sa mission consiste à combattre l'ennemi.

 15   Q.  Général, dans le paragraphe 59 - je vous prie de l'examiner - là, vous

 16   dites que la VRS a été organisée conformément, plus ou moins, à

 17   l'organisation de la JNA tout en tenant compte de certaines conditions

 18   toutes particulières.

 19   Et par la suite - au paragraphe 63 - vous parlez --il s'agit du modèle

 20   d'organisation par QG en ligne.

 21   Pourriez-vous nous expliquer ce principe de type d'organisation par

 22   "QG en ligne" ? Pourriez-vous nous expliquer ça en termes simples, parce

 23   que cela me semble assez compliqué tel que c'est présenté.

 24   R.  Tout à l'heure, partiellement, j'ai déjà répondu à votre question

 25   lorsque je vous ai dit que le commandant était le seul à avoir le droit de

 26   donner des ordres. Il vaudrait mieux peut-être vous l'expliquer, même si

 27   vous le savez, donc il vaudrait mieux que je vous dise que tout Etat, tout

 28   système, pour qu'il puisse fonctionner, doit se fonder sur deux fonctions


Page 23688

  1   sociales clés. La première est la fonction de diriger. C'est quelque chose

  2   que dans tout système quelqu'un doit prendre des décisions afin de diriger.

  3   Donc c'est le fait de diriger, de commander. Et puis, il y a l'autre

  4   fonction, c'est la fonction de l'exécution de ces ordres.

  5   Et puis, il y a une troisième fonction sociale qui est le commandement. Et

  6   c'est la caractéristique d'un seul système, à savoir de l'armée. Donc cela

  7   vaut pour toute armée.

  8   Alors, pourquoi est-ce le cas ? Cela me prendrait trop de temps pour

  9   expliquer, mais le fait est qu'il faut commander pour que l'armée puisse

 10   disposer d'un tel nombre d'effectifs et de moyens techniques, et je pense

 11   que cette troisième fonction sociale a été introduite à cet effet dans

 12   l'armée. Donc cette troisième fonction existe au sein de toute armée et,

 13   dans une certaine mesure, au sein de la police. Cette fonction se vase sur

 14   le principe de l'unité de commandement et sur la subordination.

 15   Lorsque nous l'expliquons à nos étudiants, nous disons que toutes les

 16   fonctions qui commencent par la lettre K en serbe indiquent qu'il s'agit de

 17   fonctions qui appartiennent au commandant, qu'il soit commandant d'une

 18   brigade, d'une division, d'un corps, et cetera. Et toutes les fonctions

 19   dont la lettre se termine par la lettre K en serbe, telles que "nacelnik",

 20   chef ou l'adjoint du chef, ce sont des gens qui contrôlent, qui aident et

 21   qui servent à exécuter les ordres, mais ce n'est pas eux qui commandent.

 22   Donc c'est ça cette subordination linéaire en ligne qui commence avec le

 23   président de la république et qui passe par le commandant, le chef de

 24   l'état-major, et cetera, et qui va jusqu'aux échelons les plus bas, chef de

 25   compagnie et de section.

 26   Q.  Lorsque vous parliez de la chaîne du commandement, je pense que vous

 27   avez dit que tous ceux dont la dénomination se termine par la lettre K

 28   n'ont pas le droit de commander. Mais le président, "predsednik" en serbe ?


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  1   Ce terme se termine par la lettre K.

  2   R.  Oui, vous avez raison. Le mot président, en tant que président d'un

  3   Parlement ou le Premier ministre, oui. Mais le président d'un Etat est

  4   également le commandant suprême, donc ce qui lui donne le droit de

  5   commander.

  6   M. KRGOVIC : [interprétation] Je pense que maintenant est le bon moment de

  7   faire la pause.

  8   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Nous reprendrons dans 20 minutes.

  9   [Le témoin quitte la barre]

 10   --- L'audience est suspendue à 10 heures 21.

 11   --- L'audience est reprise à 10 heures 49.

 12   [Le témoin vient à la barre]

 13   M. KRGOVIC : [interprétation]

 14   Q.  Général, revenons à votre rapport.

 15   Au paragraphe 59, que vous avez sous les yeux, vous parlez de la VRS

 16   et vous présentez un schéma sur cette page de la structure du commandement

 17   de la VRS. Vous avez mis en haut le commandant suprême, c'est-à-dire le

 18   président de la république.

 19   Conformément à ses compétences, est-ce que les président de la

 20   république pouvait-il déléguer le commandement à quelqu'un d'autre; et si

 21   oui, à qui ?

 22   R.  Le président de la république peut transférer une partie de ses

 23   compétences relatives à l'armée, et je pense que cela s'est passé pendant

 24   la guerre, qu'une partie de ses compétences ont été transférées au

 25   commandant de l'état-major principal de la VRS. Plusieurs documents le

 26   montrent. Et j'ai pu lire dans ces documents : J'autorise le commandant de

 27   l'état-major principal de définir telles ou telles choses.

 28   Q.  Général, par la suite, vous présentez la structure détaillée des unités


Page 23690

  1   subordonnées.

  2   R.  [hors micro]

  3   L'INTERPRÈTE : Micro.

  4   M. KRGOVIC : [interprétation]

  5   Q.  Il y a quelque chose qui manque dans le compte rendu d'audience.

  6   Pourriez-vous répéter la dernière phrase. Lorsque vous dites que vous avez

  7   pu consulter plusieurs documents, et ensuite qu'avez-vous dit ? Pourriez-

  8   vous le répéter.

  9   R.  En préparant ce rapport, pour étayer mes propos, je me suis servi de

 10   documents où il est dit que le président de la république autorise le

 11   commandant de l'état-major principal à définir certaines choses ayant trait

 12   à l'armée.

 13   Q.  Général, au paragraphe 66, vous parlez de l'organisation de la VRS. Que

 14   les compétences des organes selon les différents niveaux de commandement,

 15   la VRS ne l'avait pas mis en place, mais que la VRS s'est servie des ordres

 16   relatifs aux compétences des différents commandements qui prévalaient au

 17   sein de la JNA.

 18   Et dans la note de bas de page 31, vous vous référez aux règlements

 19   relatifs aux responsabilités du commandement du corps de l'armée de terre

 20   en temps de paix.

 21   C'est la référence 65 ter 0097D2, si je ne m'abuse. Et c'est

 22   l'intercalaire 23 pour les autres participants. Alors que pour vous,

 23   Monsieur le Général, c'est à l'intercalaire 47.

 24   Lorsque vous parlez des documents dont la VRS s'est servie, vous

 25   pensiez précisément à ce type de document, n'est-ce pas ? Et pourriez-vous

 26   nous dire quels sont les autres documents qui ont été utilisés, outre

 27   celui-ci portant sur les compétences du commandement du corps de l'armée de

 28   terre en temps de paix. Et je pense à toutes les questions relatives à la


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  1   stratégie, aux questions opérationnelles et tactiques. Alors, quels sont

  2   les documents qui ont été utilisés à tous niveaux ? Ici, vous vous référez

  3   à un seul règlement.

  4   Mme KORNER : [interprétation] Je n'ai pas d'objection au sujet de cette

  5   question, mais j'aimerais que le général nous dise pourquoi il sait que le

  6   règlement relatif aux compétences du commandement du corps de l'armée de

  7   terre en temps de paix était quelque chose qui était utilisé par la VRS en

  8   temps de guerre ou en temps de menace de guerre imminente.

  9   M. KRGOVIC : [interprétation] En préparant --

 10   Mme KORNER : [interprétation] Non. Je pense que Me Krgovic ne devrait pas

 11   répondre. Je pense que c'est au général de répondre --

 12   M. KRGOVIC : [interprétation] Mais dans ce cas-là, c'est à vous de lui

 13   poser cette question dans le cadre du contre-interrogatoire.

 14   Mme KORNER : [interprétation] A moins que le général ne l'explique, parce

 15   que cela n'est pas précisé dans son rapport, dans ce cas-là j'élève une

 16   objection.

 17   M. KRGOVIC : [interprétation]

 18   Q.  Mon Général, une question : lorsque vous avez rédigé votre rapport,

 19   auriez-vous trouvé dans la pratique un règlement pour ce qui est des

 20   compétences de l'armée de terre de cette armée de la Republika Srpska ? Je

 21   veux parler de l'année 1992 ici.

 22   R.  Je n'ai pas trouvé de document de cette nature. Mais je sais de par mon

 23   expérience personnelle qu'il en a été ainsi parce que c'était la guerre.

 24   L'armée a été mise sur pied, elle a été organisée. On a mis en place des

 25   formations. Et j'ai indiqué auparavant que cette armée s'est organisée

 26   suivant un principe analogue à celui que nous avions eu auparavant et qui

 27   était celui de l'armée populaire yougoslave. Du fait des circonstances de

 28   guerre et du manque de temps, cela s'est fait ainsi. Mais je pense que


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  1   d'une façon générale, point y a-t-il eu de nécessité de faire autrement,

  2   parce que les règlements qui ont été rédigés en temps de paix pour l'armée

  3   populaire yougoslave permettaient la chose. Et j'ai pris un exemple. J'ai

  4   pris le règlement pour ce qui est des compétences du commandement du corps

  5   de l'armée de terre. C'est un exemple entre tant d'autres pour dire que

  6   c'est ce qui a été utilisé au sein de l'armée populaire yougoslave, et ça a

  7   même été utilisé par l'armée de la Republika Srpska.

  8   Il y est fourni toutes les compétences des différents commandements; en

  9   l'occurrence, le commandement du corps d'armée.

 10   Q.  Mon Général, partant de votre expérience, partant du travail que vous

 11   avez effectué au niveau de l'académie militaire, pouvez-vous nous dire

 12   quelle était la situation du point de vue de la mise en pratique des règles

 13   et règlements de l'ex-JNA dans la région, pour ce qui est des autres forces

 14   armées, je veux dire ?

 15   R.  Pour autant que je le sache, les autres armées de cette région ont, en

 16   partie, utilisé les dispositions qui étaient celles de l'ex-armée populaire

 17   yougoslave. J'ai déjà indiqué - et il me semble, si mes souvenirs sont

 18   bons, je l'ai dit hier - que chacun a pris dans ces règlements ce qui

 19   l'arrangeait et ce qui lui convenait. Parce que je vous rappelle que

 20   l'armée populaire yougoslave c'était une force armée tout à fait sérieuse

 21   et respectable, ce qui fait que ses règlements étaient en majeure partie

 22   compatibles et similaires aux documents et règlements qui étaient en

 23   vigueur dans d'autres armées, tant européennes qu'au niveau mondial.

 24   Q.  S'agissant du commandement et du contrôle des forces, vous avez

 25   consacré une partie de votre rapport au commandement et contrôle des forces

 26   armées de la République fédérative de Yougoslavie. Aussi, ne vais-je plus

 27   vous poser de questions sur ce segment-là.

 28   Quelle est, je vous prie, la corrélation existant entre le système de


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  1   commandement et de contrôle au sein des forces armées de la République

  2   socialiste fédérative de Yougoslavie, et là j'entends surtout les

  3   principes, le commandement et le contrôle, exercés à l'égard des forces

  4   armées de la Republika Srpska ?

  5   R.  Il y a quelques instants, j'ai tenu à expliquer la différence entre le

  6   contrôle et le commandement. J'ai dit, de façon précise et claire, me

  7   semble-t-il, que le commandement, en sa qualité de fonction sociale, était

  8   la seule des formes présentes dans un système, une organisation qui

  9   s'appelle l'armée. Parce que ça se base sur un principe d'unicité du

 10   commandement et d'une subordination qui se base sur une corrélation de

 11   hiérarchie et de subordination. On sait qui est le commandant, on sait qui

 12   prend les décisions, et c'est celui-là qui est le supérieur hiérarchique.

 13   Le subordonné est, lui, tenu d'exécuter ces décisions, à moins que ces

 14   décisions ne soient contraires aux dispositions du droit de guerre

 15   international.

 16   Ce n'est pas là un principe qui était en vigueur rien qu'au sein de l'armée

 17   populaire yougoslave. Au sommet de toutes les armées, il y a le chef de

 18   l'Etat, puis le commandant du rang de l'état-major, puis les commandants

 19   d'armée, puis les commandants de corps, puis les commandants de division,

 20   puis les commandants de brigade, puis les commandants de bataillon, puis

 21   ceux des compagnie, régiment, peloton, et cetera.

 22   Alors, pour répondre à votre question, les principes de commandement

 23   étaient les mêmes pour l'armée de la Republika Srpska. Je suis certain du

 24   fait que ça s'est fait pareillement dans toutes les autres armées qui ont

 25   été créées dans les régions ou dans les Etats de l'ex-Yougoslavie.

 26   Q.  Je m'excuse, Général. Quand vous faites des réponses un peu plus

 27   longues, comme celle-ci, veuillez ralentir parce que les interprètes ont un

 28   problème pour ce qui est de vous rattraper. N'oublions pas que ce que nous


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  1   échangeons tous les deux est interprété, alors je vous prie de leur donner

  2   un peu de temps.

  3   R.  [hors micro]

  4   L'INTERPRÈTE : Micro.

  5   M. KRGOVIC : [interprétation]

  6   Q.  Au paragraphe 112 de votre rapport, et je vous prie de vous pencher

  7   dessus. 112 dans votre rapport.

  8   M. KRGOVIC : [interprétation] Et j'aimerais qu'on nous montre cela sur nos

  9   écrans.

 10   Q.  Vous y dites que lorsqu'il y a des ordres de donnés, le supérieur

 11   hiérarchique est tenu de tenir compte des réalités et des possibilités

 12   d'exécution de ces ordres.

 13   Alors, est-ce que le supérieur hiérarchique est aussi censé tenir compte

 14   d'autres réglementations et autres éléments, exception faite de ce qui est

 15   une interprétation strictement militaire des choses ?

 16   R.  Eh bien, oui. Je disais tout à l'heure que le supérieur hiérarchique

 17   prend ses décisions et donne des ordres, et les subordonnés sont tenus,

 18   quant à eux, de se conformer à ces ordres et de les exécuter.

 19   J'ai dit que le supérieur hiérarchique est tenu de tenir compte des

 20   réalités et des possibilités d'exécution de ses décisions. En d'autres

 21   termes, il se doit de connaître à merveille son unité, la situation qui

 22   règne dans son unité et il doit aussi connaître la situation sur le

 23   terrain. Et à cet effet, il doit être à même de confier des missions qu'il

 24   est possible de réaliser.

 25   Il se peut -- ou, plutôt que de dire il se peut, je dirais il

 26   faudrait qu'il soit dit ici qu'il est tenu de tenir compte des réalités, de

 27   la légalité des ordres qu'il donne et des possibilités de leur exécution,

 28   parce que l'on sait qu'il y a eu des violations des règles du droit de


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  1   guerre international dans cette guerre-là. Et dans d'autres guerres aussi,

  2   cela est le cas. Je pense que c'est le mot qui manque ici.

  3   Bien que chez nous il est toujours sous-entendu cet élément, mais il

  4   n'est pas suffisant de sous-entendre le fait qu'un supérieur hiérarchique

  5   est censé connaître la législation en vigueur lorsqu'il prend ses décisions

  6   ou lorsqu'il donne des ordres.

  7   Q.  Mon Général, un peu plus loin dans votre rapport, lorsque vous avez

  8   abordé les principes de commandement et de contrôle, à partir du paragraphe

  9   127 et par la suite, vous avez abordé le volet des responsabilités.

 10   M. KRGOVIC : [interprétation] Aussi, vous renverrais-je vers ce paragraphe

 11   127.

 12   Q.  Dans l'énoncé des paragraphes qui suivent, aux 133, 134 et 135, vous

 13   faites état de la responsabilité relative aux agissements des subordonnés.

 14   Vous dites qu'un supérieur hiérarchique militaire se trouve à être

 15   personnellement responsable de toute violation du droit de guerre

 16   international s'il a su ou a pu savoir que des subordonnés ou d'autres

 17   unités ou d'autres individus, encore, s'apprêtaient à commettre des

 18   violations quelconques à un moment où il est encore possible d'empêcher ses

 19   violations, sans pour autant entreprendre les mesures nécessaires aux fins

 20   de contrecarrer ce type de violation.

 21   Alors, est-ce que cette responsabilité concrète se rapporte ou pas à la

 22   totalité des unités subordonnées à tel ou tel autre supérieur hiérarchique

 23   d'une unité, quelle qu'elle soit ?

 24   Mme KORNER : [interprétation] Avant que le général ne réponde, si M.

 25   Krgovic est en train de donner lecture du paragraphe 134, je dirais que ça

 26   a été traduit comme : officier supérieur personnellement responsable de

 27   violation des droits de guerre s'il a su ou a pu savoir que des subordonnés

 28   ou autres unités s'apprêtaient à commettre de telles violations.


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  1   Est-ce que c'est bien cela ?

  2   M. KRGOVIC : [interprétation] Oui.

  3   Mme KORNER : [interprétation] Oui. Parce que ce n'est pas la façon dont ça

  4   été traduit en anglais. Mais bon. Je vous remercie.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce paragraphe 134, dont vous venez de donner

  6   lecture, je l'ai repris intégralement dans les réglementations relatives à

  7   la mise en œuvre des règles du droit de guerre international au sein des

  8   forces armées de la RSFY de l'époque.

  9   Comme vous devez le savoir, cette Yougoslavie de l'époque était

 10   signataire de la totalité des conventions internationales et s'était

 11   engagée à respecter toutes ces règles. Donc, de façon tout à fait

 12   explicite, les choses sont clairement dites. Et pour répondre à votre

 13   question, je dis que le supérieur hiérarchique se trouve être responsable

 14   de la totalité des agissements de ses subordonnés qui ont commis des

 15   violations du droit de guerre international à condition qu'il ait eu à

 16   connaître de ces faits.

 17   M. KRGOVIC : [interprétation]

 18   Q.  Au 135, il est dit :

 19   "Se trouve être personnellement responsable le supérieur hiérarchique

 20   militaire qui sait qu'il y a eu violation des règles du droit de la guerre

 21   sans pour autant entamer une procédure disciplinaire au pénale à leur

 22   encontre, à moins de ne pas être compétent en matière d'initiation d'une

 23   procédure, auquel cas il serait tenu de signaler l'événement au supérieur

 24   militaire hiérarchiquement compétent."

 25   Mon Général, est-ce que l'on n'est pas en train ici d'élargir quelque peu

 26   le cadre, parce que l'officier militaire responsable, s'il n'est pas

 27   compétent, est censé déclarer l'événement au responsable militaire qui se

 28   trouve être compétent ? A quoi cela se rapporte-t-il ici, je vous prie ?


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  1   R.  Eh bien, c'est encore une disposition reprise dans la réglementation

  2   que j'ai citée tout à l'heure. Dans ce cas concret, si un individu a

  3   connaissance du fait qu'il y a eu violation des règles du droit de guerre

  4   international et s'il se trouve être non habilité - c'est bien votre

  5   question ?

  6   Q.  Oui.

  7   R.  Alors, il se peut que l'individu qui a commis une violation des règles

  8   du droit de guerre international ne fasse pas partie des subordonnés

  9   immédiats, ou soit quelqu'un qui n'est pas placé sous commandement à lui.

 10   De ce fait, cet officier n'est pas compétent en matière d'initiation d'une

 11   procédure, mais il est tenu de faire savoir à qui de droit qu'il y a eu

 12   violation par untel de commise au droit de guerre international, de le

 13   signaler, donc, à quelqu'un qui a compétente d'entreprendre les mesures

 14   nécessaires.

 15   Q.  Mon Général, est-ce que cette obligation du supérieur hiérarchique

 16   militaire à l'égard de violation du droit de guerre international, ça se

 17   rapport aussi à des unités qui auraient été resubordonnées ?

 18   R.  Certainement. Quand j'ai parlé des attributions et des compétences de

 19   tout un chacun, j'ai dit qu'un officier n'est pas compétent pour des gens

 20   qui ne font pas partie de ses effectifs. Mais lorsqu'il s'agit d'unités qui

 21   ont été resubordonnées, ça veut dire que c'est des unités qui font

 22   désormais partie de ses effectifs à lui. Et il y a une relation de

 23   supérieur hiérarchique et de subordonné, et, dans cas concret, l'officier

 24   est habilité à initier des procédures à l'égard d'individus qui auraient

 25   commis des violations du droit de guerre international.

 26   Q.  Cela se rapporte-il aussi aux compétences qui seraient les siennes pour

 27   ce qui est d'entamer une procédure disciplinaire ?

 28   R.  Tout à fait. Tous types de responsabilité, à partir de la


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  1   responsabilité morale, puis disciplinaire et aussi pénale, font partie de

  2   l'éventail des capacités du supérieur hiérarchique pour ce qui est

  3   d'entamer des procédures à l'égard d'individus tombant sous sa coupe ou de

  4   membres d'unités qui lui auraient été resubordonnés.

  5   Q.  Mon Général, je vous prie maintenant de vous pencher sur ce que vous

  6   avez indiqué dans votre rapport, à commencer par le paragraphe 147.

  7   Dans ce segment, vous élaborez ce qui est appelé la "filière" de

  8   commandement et de contrôle.

  9   Et au paragraphe 150, vous faites état des relations qui existent entre les

 10   supérieurs hiérarchiques et les subordonnés, suivant les grades, rangs et

 11   positions occupés, entre juniors et seniors.

 12   Alors, pouvez-vous étoffer quelque peu les notions que vous avez utilisées

 13   au paragraphe 150.

 14   R.  La relation entre le supérieur hiérarchique et le subordonné, c'est la

 15   relation de base et la relation prédominante telle qu'elle existe dans

 16   toute armée. Cela se trouve à être réglementé par l'organisation mise en

 17   place et par les formations mises en place, et le tout est réglementé par

 18   des ordres qui consistent en la nomination de certains officiers à des

 19   postes déterminés. Si quelqu'un, en vertu d'un ordre du président de la

 20   république ou du commandant de l'état-major principal, à titre d'exemple,

 21   se trouve à être nommé aux fonctions de commandant de la brigade, il se

 22   trouve être le supérieur hiérarchique de la totalité des officiers, des

 23   soldats et des civils faisant partie des rangs d'une brigade. Et c'est cela

 24   la relation entre le supérieur hiérarchique et ses subordonnés.

 25   Dans l'armée, il y a aussi le segment de la formation militaire. Il y

 26   a des promotions qui se font, et la chose est effectuée par le biais de

 27   l'octroi de grades. Quand on parle d'officiers, le premier des grades d'un

 28   officier c'est une étoile sur l'épaulette quand on a fini les études à


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  1   l'académie militaire. Et quand vous parlez de grades, vous avez aussi des

  2   juniors et des seniors. Au bout d'un certain temps passé dans les rangs de

  3   l'armée, vous obtenez votre grade suivant. Après celui de lieutenant, il y

  4   a celui de capitaine, puis de commandant. Puis, il faut faire d'autres

  5   études à l'école militaire pour être lieutenant-colonel. Ensuite, vous avez

  6   une autre école à fréquenter pour devenir colonel, et cetera. Ce sont là

  7   donc des grades qui permettent de savoir qui est-ce qui est placé à une

  8   position de supérieur hiérarchique ou de subordonné. Donc il y a toujours

  9   quelqu'un de plus haut placé au niveau de l'unité, indépendamment du grade

 10   que cet individu peut posséder à un moment donné.

 11   Il y a eu des cas - à vrai dire, les exceptions ont été rares - mais

 12   il a été possible de voir qu'un officier à la tête d'une unité ait eu un

 13   grade moins élevé que celui de certains officiers qui auraient été placés

 14   sous ses ordres. Cela a été rare, mais la chose est possible.

 15   Le tout est accompagné de rémunération appropriée. Un officier plus haut

 16   placé, plus haut gradé, est mieux payé. Et si l'on est, par exemple, placé

 17   à des fonctions qui sont plus complexes ou qui sous-entendent des

 18   responsabilités plus grandes, la rémunération est conséquente pour ce qui

 19   est des fonctions qui sont effectuées par cet individu. Nous autres, les

 20   militaires, nous n'avons aucun problème pour ce qui est de comprendre qui

 21   est le supérieur hiérarchique et qui est le subordonné. Si je n'ai pas été

 22   suffisamment clair, je suis tout à fait disposé à jeter la lumière qu'il

 23   faut sur tel ou tel autre point.

 24   Q.  Général, dans votre rapport, vous avez également pris en considération

 25   des décisions et ordres. A cet effet, je vous renvoie vers un paragraphe

 26   qui est le 163 dans votre rapport.

 27   Ici, aux 162 et 163, on voit que vous expliquez la substance de ce qu'est

 28   un ordre. Et vous fournissez aussi des explications disant que l'élément


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  1   crucial c'est la décision du commandant, du chef.

  2   Et un peu plus loin, aux paragraphes 164 et 165, vous fournissez la teneur

  3   de ce qu'est censée être une décision.

  4   Ce qui m'intéresse, moi, à titre concret, c'est la partie du paragraphe 165

  5   qui parle de la teneur d'une décision. Et vous y dites qu'il y a l'idée

  6   poursuivie par la décision, les activités qui s'ensuivent. Je ne vais pas

  7   donner lecture du tout.

  8   Mais vous parlez des fondements des activités conjointes et des

  9   aptitudes au combat.

 10   Alors, Général, est-ce que vous pouvez étoffer vos propos pour ce qui est

 11   de la partie relative à la décision du commandant qui parle d'activités

 12   conjointes et de coopération ? Qu'est-ce que cela doit-il comporter et

 13   quelles en sont les conséquences ? Qu'est-ce qui en découle ?

 14   R.  Comme il y dit ici, la décision est la partie la plus importante et

 15   l'élément clé de tout ordre donné par un commandant, un supérieur. C'est

 16   aussi l'élément le plus délicat, le plus difficile. Par exemple, lorsqu'une

 17   situation change, tous les organes de commandement, s'il y a assez de

 18   temps, doivent se réunir. Tous ces organes doivent se réunir. Et si ça

 19   n'est pas le cas, à ce moment-là, le commandant, avec ses officiers les

 20   plus gradés, le cercle intérieur du commandement, ou parfois même tout

 21   seul, examine la situation, fait une appréciation des forces de l'ennemi et

 22   de ses propres forces, de la situation dans le territoire, en tenant compte

 23   des éléments du temps disponible et de l'espace. Et en se fondant sur tout

 24   cela, y compris sur les suggestions qui sont faites par chacun des éléments

 25   appartenant aux organes de commandement, le commandant prend une décision

 26   qui comprend les éléments dont vous avez fait la lecture. Il s'agit, en

 27   l'occurrence, de : action de combat; opération objective; concept de

 28   manœuvre; classement des tâches, tâches immédiates et tâches postérieures;


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  1   le type d'engagement; les bases d'une collaboration et la préparation au

  2   combat; les tâches visant au renfort; composition et tâches des

  3   réservistes; organisation de base pour les opérations d'appui au combat; et

  4   ainsi de suite.

  5   Tels sont les éléments que doit obligatoirement contenir une décision, les

  6   éléments obligatoires en théorie. En pratique, bien sûr, chacun de ces

  7   éléments ne doit pas toujours être présent. Ça dépend de la tâche et des

  8   forces que l'on à sa disposition, les unités qu'on à sa disposition. Si

  9   font défaut des moyens ou du matériel contre les blindés, alors, bien sûr,

 10   vous n'allez pas inclure cela. Si vous n'avez pas de moyens antiaériens,

 11   des armements antiaériens, à ce moment-là vous n'aurez pas à prendre cela

 12   en considération. S'il n'y a pas d'action coordonnée, il n'en sera pas fait

 13   mention. Mais ce sont là les éléments qui sont obligatoirement constitutifs

 14   d'une décision. Et souvent, les commandants qui souhaitent montrer qu'ils

 15   ont prêté toute l'attention qu'ils voulaient, quand ils sont à l'école de

 16   guerre, la mention de ces éléments [imperceptible] -- s'assurer qu'il y a

 17   bien eu une action coordonnée et une coopération coordonnée bien qu'il

 18   s'agisse de telle ou telle tâche particulière, et montre s'il y a eu ou non

 19   action coordonnée ou coopérée.

 20   Q.  Lorsqu'on fait les plans pour une action coordonnée ou de coopération,

 21   est-il nécessaire de développer davantage cette question, cet aspect ?

 22   R.  Avant de prendre une décision concernant une action coordonnée, il y a

 23   ce qu'on appelle une coordination, ou synchronisation, comme on l'appelle

 24   dans les pays occidentaux, et ceci implique le fait d'y établir un plan

 25   d'opération comme document plus vaste qui contient les éléments individuels

 26   ou les tâches pour les unités qui participent à la mise en œuvre d'une

 27   tâche particulière. Pourvu qu'on ait assez de temps et si c'est possible

 28   que le commandant ou son adjoint, ainsi qu'un certain nombre d'officiers


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  1   qui remplissent des rôles clés pour l'exécution de cette tâche, procèdent à

  2   la reconnaissance voulue pour le commandement de façon à être sûr que ce

  3   plan de coordination s'adapte bien à la réalité qui existe sur le terrain.

  4   Sur la base du plan de coordination, un document plus développé était

  5   établi, plan dit d'action coordonnée, qui comprend les dispositions

  6   précisant qui, avec qui et avec combien de soldats va pouvoir prendre part

  7   à l'action coordonnée. Donc ceci désigne de façon précise les éléments

  8   d'espace et de temps spatial et temporel, et précise également quelles sont

  9   les unités qui doivent y prendre part. Ceci est un autre document qui doit

 10   être établi comme faisant partie du plan d'opération de combat. Là encore,

 11   c'est un document encore plus développé que les deux premiers : ce plan de

 12   coordination et ce plan d'action coordonnée.

 13   Q.  Mon Général, plus loin, vous traitez de la question des documents de

 14   combat, au paragraphe 173. Ces documents servent à la mise en œuvre des

 15   décisions du commandant.

 16   Alors, la question que je vais vous poser est la suivante : lorsque l'on

 17   accomplit une tâche de combat, et compte tenu de la décision prise par le

 18   commandant de l'exécuter, est-ce qu'il existe là une coopération, en

 19   l'occurrence ? Ou bien est-ce que la mise en œuvre de la décision du

 20   commandant, est-ce qu'elle est traitée de façon différente ?

 21   R.  La décision du commandant est matérialisée par l'utilisation des

 22   documents de combat dont je parle au paragraphe 173. Il est couché par

 23   écrit et il fait l'objet d'une distribution aux unités concernées. Ceci est

 24   fait également à la suite d'un ordre qui est donné. Dans la plupart des

 25   cas, ces documents doivent être exécutés sans exception.

 26   Maintenant, je dois dire que je n'ai pas tout à fait compris la

 27   question que vous posiez. Et pourquoi parlez-vous de coopération ? Il n'y a

 28   pas de coopération à partir du moment où un commandant a pris une décision.


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  1   Une coordination peut exister pendant la préparation d'une décision entre

  2   les différents organes du commandement, mais jusqu'au stade où une décision

  3   est prise, quand on parvient à ce stade --

  4   L'INTERPRÈTE : Correction de l'interprète : La coopération peut exister.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Une fois qu'une décision est prise et qu'elle

  6   est couchée par écrit et est diffusée aux unités, elle doit être exécutée,

  7   sauf si elle contrevient à une loi.

  8   Toutefois, dans le cours de l'exécution de cette décision et des tâches de

  9   combat prévues, il est possible dans le cadre et vu la teneur de ces tâches

 10   qu'il y ait une certaine forme de coopération entre les unités qui

 11   exécutent la décision du commandement et d'autres autorités qui se trouvent

 12   sur le terrain. Là, c'est le seul cas dans lequel on peut parler d'une

 13   coopération.

 14   M. KRGOVIC : [interprétation]

 15   Q.  Mon Général, vous avez aussi traité dans votre rapport la question du

 16   commandement et le contrôle des forces armées de la Republika Srpska à

 17   partir du paragraphe 175 et suivants. Vous vous exposez à certaines

 18   conclusions auxquelles vous êtes vous-même parvenu. Mais je ne vais pas

 19   vous poser de questions à leur sujet parce que nous avons commenté

 20   précédemment cette partie de votre rapport.

 21   Regardons, si vous le voulez bien, le paragraphe 188 de votre rapport. Ici,

 22   vous parlez de ceux qui étaient responsables du commandement opérationnel

 23   et des responsabilités du commandant de l'état-major principal.

 24    Regardez, s'il vous plaît, la note de bas de page 93. Il s'agit là

 25   du document 65 ter 30081D2, et pour les autres parties, il s'agit de

 26   l'intercalaire 59 dans le classeur de la Défense de Zupljanin.

 27   Regardez l'article 175 de la loi --

 28   Vous aviez parlé il y a un instant des pouvoirs du président, et il


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  1   est question de délégation de pouvoirs. Est-ce que vous pourriez brièvement

  2   nous commenter cet article 175 de la loi et le comparer avec le paragraphe

  3   qui y correspond dans votre rapport ?

  4   R.  Le président est, effectivement, le commandant en chef des forces

  5   armées, mais le président ne peut pas exercer de façon quotidienne ce

  6   commandement de l'armée. Ce n'est pas ça l'idée. De sorte que les pouvoirs

  7   du président sont également définis par la constitution et par la Loi

  8   relative à la défense. Le président décide de l'état de guerre, déclare

  9   s'il y a une menace imminente de guerre, et cetera.

 10   Toutefois, le commandement quotidien de l'armée, l'emploi de l'armée

 11   et le recours à toute autre solution, autre question, font l'objet d'une

 12   délégation donnée par le président ou commandement de l'état-major

 13   principal. Et ceci est conforme aux dispositions de l'article 175 de la Loi

 14   concernant la défense, je crois. C'est la raison pour laquelle j'ai cité ce

 15   paragraphe dans mon rapport.

 16   Q.  Mon Général, un peu plus loin dans votre rapport, à partir du

 17   paragraphe 191, vous parlez du commandement et du contrôle ou de la

 18   direction de la VRS.

 19   Pourriez-vous nous dire s'il existe un parallèle entre les règlements

 20   et la pratique tels qu'ils existaient en pratique pour la JNA précédemment

 21   ?

 22   R.  Lorsque l'on parle d'un cadre théorique et de certains principes de

 23   base ou principes fondamentaux de commandement, comme je l'ai déjà dit, il

 24   n'y avait aucune différence quelle qu'elle soit. Ici aussi, on sait

 25   clairement qui se trouve tout au haut de la pyramide et qui se trouve en

 26   bas. Ici, nous avons le président de la république qui est à la barre en

 27   tant que commandant en chef, comme c'était le cas précédemment pour la JNA.

 28   En d'autres termes, les principes, les responsabilités, les relations de


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  1   commandement, la voie hiérarchique, les principes pour qui doit rendre

  2   compte à qui depuis les subordonnés jusqu'aux supérieurs, le principe de la

  3   transmission des renseignements ou informations par les subordonnés -- du

  4   supérieur vers les subordonnés, tout ceci était mis en œuvre en pratique,

  5   mais c'était évidemment adapté aux conditions dictées par une menace

  6   imminente de guerre, ou peut-être devrons-nous dire même d'un état de

  7   guerre.

  8   Excusez-moi. Bien sûr, il y a là certaines compétences qui ont été

  9   développées et élargies, mais c'est également envisagé par les règlements

 10   applicables dans l'armée populaire yougoslave. Parce qu'ici, vous avez tout

 11   un éventail de membres des forces de réserve qui sont maintenant membres de

 12   l'armée parce qu'ils ont été mobilisés dans un état de guerre ou d'une

 13   menace imminente de guerre.

 14   Il y est également fait mention de la création de juridictions militaires

 15   et d'un procureur militaire et autres questions qui font toujours partie

 16   d'une menace imminente de guerre. Toutefois, lorsqu'il s'agit du

 17   commandement et de la direction, je ne crois pas qu'il y ait de distinction

 18   fondamentale entre les principes qui étaient appliqués.

 19   Q.  Mon Général, maintenant que vous avez parlé de la menace de guerre

 20   imminente et la déclaration de l'existence d'un état de guerre, lorsque

 21   nous parlons des pouvoirs et des responsabilités des commandants d'unités -

 22   je veux parler des commandants de brigade, des commandants de corps d'armée

 23   - y a-t-il une différence entre leurs compétences et leurs responsabilités

 24   pendant une période de menace de guerre imminente et un état de guerre

 25   déclaré, alors qu'ils sont engagés dans l'exécution d'opérations de combat

 26   ?

 27   R.  A mon avis, il n'y a pas de différence fondamentale entre un état de

 28   menace de guerre imminente et un état de guerre lorsqu'il est question des


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  1   compétences et responsabilités à la fois des supérieurs et des subordonnés.

  2   La seule différence consiste, si vous me permettez, en une différence

  3   psychologique, parce que nous savons, nous les militaires, ce que c'est

  4   qu'un état où il existe une menace de guerre imminente. L'idée même se

  5   comprend toute seule. Il est clair que c'est quelque chose qui précède une

  6   guerre, et c'est un état qui ne peut pas durer de façon perpétuelle. Ça ne

  7   peut durer qu'un, deux ou trois mois, lorsqu'on se rend compte qu'il y a un

  8   danger de guerre. Toutefois, une fois que la guerre est déclarée, alors ça,

  9   ça peut durer trois ou quatre ou cinq ans, alors un soldat ne comprendra

 10   pas pourquoi on ne déclare pas qu'il s'agissait d'une guerre.

 11   Bien que je ne sois pas expert dans les questions juridiques et que je

 12   fasse de mon mieux pour les comprendre autant que possible, je peux déduire

 13   que du point de vue des compétences et des responsabilités, il n'y avait

 14   pas de différence de substance.

 15   Q.  Général, au paragraphe 193, vous parlez de la hiérarchie ou de la

 16   chaîne de commandement, et vous dites que :

 17   "Aucune personne, sauf les commandements… n'ont jamais fait partie de la

 18   chaîne de commandement à un niveau quelconque…"

 19   Et au paragraphe 194, vous dites que :

 20   "La voie hiérarchique pour ce qui est de rendre compte va dans le sens

 21   inverse."

 22   Pourriez-vous, s'il vous plaît, expliquer comment on rend compte et comment

 23   fonctionne la chaîne de commandement du point de vue de la VRS. Hier,

 24   lorsque vous avez mentionné certains exemples tirés de la pratique, vous

 25   faisiez référence à la JNA. Ce qui m'intéresse dans ces deux rapports.

 26   Peut-être serait-il possible de les interpréter dans leur situation

 27   précise, l'une vis-à-vis de l'autre.

 28   R.  J'ai déjà expliqué comment un commandant prend une décision et comment


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  1   cette décision est appliquée. Ici, la chaîne de commandement va depuis

  2   l'autorité supérieure jusqu'aux subordonnés. C'est comme ça qu'est mise en

  3   œuvre la décision du commandement. C'est la même chose dans la VRS, et

  4   c'était comme cela également dans l'ancienne JNA. C'est le même principe

  5   qui s'applique.

  6   Mais pour ce qui est de la voie hiérarchique et la façon dont on rend

  7   compte, elle va dans le sens inverse, depuis l'unité la moins élevée en

  8   grade, la plus subordonnée, et remonte vers les éléments supérieurs. Par

  9   exemple, tout commandant - et au niveau le plus bas dans la VRS, il y avait

 10   donc le chef d'escouade, ou le chef de peloton ou de section, le commandant

 11   de compagnie, le commandant de bataillon, et ainsi de suite, en remontant

 12   la voie hiérarchique - tous avaient le devoir, comme le prévoient les

 13   règlements, de fournir et de présenter des rapports quotidiens concernant

 14   les événements de la journée et de rendre compte de la manière dont ils

 15   s'étaient acquittés de leurs tâches.

 16   Certainement, ces rapports étaient de plus en plus longs avec le

 17   temps et également au fur et à mesure qu'ils montaient la voie

 18   hiérarchique. Parfois, il s'agissait de rapports faits oralement, soit

 19   présentés de façon personnelle, soit pas téléphone, et ensuite, à partir

 20   d'un certain niveau, ils devaient être consignés par écrit, et tout

 21   dépendait de la situation sur le champ de bataille. Mais certainement, la

 22   ligne des transmissions du point de vue hiérarchique va de bas en haut.

 23   J'ai mentionné une autre voie, à savoir celle de la transmission de

 24   l'information. Donc, de façon à ce que se soit bien clair, qu'on évite

 25   toute confusion, ce sont les subordonnés qui ont le devoir de rendre

 26   compte. Et lorsque ces rapports sont reçus par l'organe au niveau supérieur

 27   - en l'occurrence, l'état-major principal ou le commandement du corps

 28   d'armée - alors, conformément à la théorie et aux règles et règlements, ils


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  1   doivent être analysés pour la veille ou pour la semaine précédente. Puis,

  2   un rapport complet, un rapport intégré, est rédigé par lequel le supérieur

  3   informe ses subordonnés.

  4   De sorte que les subordonnés rendent compte au supérieur, mais le

  5   supérieur, lui, informe ses subordonnés.

  6   [Le conseil de la Défense se concerte]

  7   M. KRGOVIC : [interprétation]

  8   Q.  Mon confrère Zecevic me dit que tout n'a pas été interprété de manière

  9   adéquate, parce que votre réponse a été plutôt longue et rapide.

 10   Donc vous pourriez faire une distinction entre les différents systèmes de

 11   rendre compte et d'informer.

 12   R.  Le système de rendre compte fonctionne de la manière suivante : à

 13   partir des échelons les plus bas, on va vers le haut, vers les niveaux les

 14   plus élevés. Les subordonnés doivent quotidiennement rendre compte à son

 15   supérieur hiérarchique au sujet de l'exécution des missions confiées par

 16   leur commandant.

 17   Une fois que tous ces rapports sont collectés à un certain niveau de

 18   commandement, ces rapports sont analysés au cours de la journée, un résumé

 19   est compilé portant sur les événements les plus important, et ensuite ces

 20   niveaux supérieurs en informent les niveaux subalternes, les informent de

 21   tout événement, positif ou négatif, ou de mesures supplémentaires qu'il

 22   faut entreprendre, et cetera.

 23   Donc le système de rapport va du bas vers le haut, ainsi que le système

 24   d'information va à partir des niveaux supérieurs vers les niveaux

 25   subalternes. Donc ce sont les deux voies : vers le haut et vers le bas.

 26   Néanmoins, la chaîne de commandement est toujours la même. Elle va des

 27   niveaux les plus élevés vers les niveaux plus bas.

 28   Q.  Au paragraphe 195, vous dites que :


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  1   "La chaîne de commandement et la fonction de commandement se rapportent à

  2   toutes les formations temporaires et unités resubordonnées."

  3   Pourriez-vous nous expliquer, en deux mots, quelles sont ces fonctions de

  4   commandement auxquelles vous vous référez lorsque vous parlez de ces

  5   formation temporaires et unités resubordonnées ?

  6   R.  Donc, là, j'en parle pour étayer ce que je viens de dire auparavant en

  7   ce qui concerne les systèmes de rapport et d'information. Cela vaut

  8   également pour les unités resubordonnées et les formations temporaires.

  9   Q.  Et le principe de commandement, d'unité de commandement, est-ce que ce

 10   principe se rapporte également aux formations temporaires et unités

 11   resubordonnées ?

 12   R.  Oui. Et je l'ai répété plusieurs fois. Une fois que les effectifs sont

 13   intégrés dans votre unité, vous devenez son commandant et vous êtes

 14   responsable de ces effectifs.

 15   M. KRGOVIC : [interprétation] Je pense que c'est le bon moment pour faire

 16   la pause puisque maintenant je souhaite aborder un autre sujet.

 17   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Oui, c'est le bon moment pour faire la

 18   pause, Maître Krgovic.

 19   Nous reprendrons nos travaux dans 20 minutes.

 20   [Le témoin quitte la barre]

 21   --- L'audience est suspendue à 12 heures 05.

 22   --- L'audience est reprise à 12 heures 32.

 23   [Le témoin vient à la barre]

 24   M. KRGOVIC : [interprétation] Puis-je poursuivre, Monsieur le Président ?

 25   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Oui.

 26   M. KRGOVIC : [interprétation] Merci.

 27   Q.  Mon Général, nous sommes arrivés à terme de ce sujet que vous abordé au

 28   paragraphe 195. Et puis, dans les paragraphes qui suivent, vous parlez de


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  1   la responsabilité. A plusieurs reprises en répondant à mes questions, vous

  2   avez fait le lien entre ces sujets-là.

  3   Par conséquent, nous allons maintenant passer au chapitre 5, plus

  4   précisément au paragraphe 207, où vous parlez de la question de

  5   resubordination et de la coordination.

  6   Au paragraphe 207, vous parlez de plusieurs notions, donc vous parlez de :

  7   resubordination, de complètement, de rattachement, de coordination, de

  8   l'action coordonnée et de la coopération. Pourriez-vous nous expliquer

  9   quelle est la différence entre ces notions ? Si vous pouvez nous expliquer

 10   la différence entre la coordination, la coopération, le rattachement, le

 11   complètement et l'action coordonnée, et d'autre part, la resubordination ?

 12   S'il y a une différence, pourriez-vous nous l'expliquer ?

 13   R.  Dans cette partie de mon rapport, j'ai insisté sur ces notions. Parce

 14   que, à mon avis, compte tenu du caractère de l'acte d'accusation et du

 15   sujet de mon rapport, outre la notion de commandement dont nous avons déjà

 16   parlé, ces notions ci-énumérées sont très importantes, et il faut les

 17   expliquer de manière précise à l'intention de la Chambre. Et je vais

 18   essayer de le faire.

 19   Ce sont des notions, certes, mais ce sont également des actions entreprises

 20   afin que la décision prise par le commandant - dont nous avons parlé tout à

 21   l'heure - soit exécutée de manière efficace.

 22   Le complètement c'est le début de l'histoire. Pour faire quoi que ce soit,

 23   il faut avoir des effectifs. Cette mesure est définie par les différents

 24   actes juridiques, à savoir comment compléter les rangs d'une unité, qu'il

 25   s'agisse de conscrits ou de soldats professionnels, et cetera, et cetera.

 26   Lorsque vous avez une unité dont vous êtes le commandant, par exemple, si

 27   vous êtes à la tête d'une brigade, dans ce cas-là, ce qui vous appartient,

 28   ce qui relève de vos compétences pendant la conduite des activités de


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  1   combat, vous pouvez resubordonner ces effectifs. Vous pouvez procéder à la

  2   resubordination.

  3   Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu'une unité

  4   subalterne, qui a un niveau plus bas par rapport à vous, si là, en

  5   l'occurrence, nous parlons d'un commandant d'une brigade, il peut décider

  6   d'utiliser une compagnie et de la resubordonner à un autre commandant parce

  7   que c'est une unité qui relève de ses compétences. Il peut le faire. Il

  8   peut isoler une compagnie et l'affecter à un autre commandant conformément

  9   à la mission confiée. Ça, c'est la resubordination.

 10   Le rattachement --

 11   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Maître Krgovic, si vous me permettez.

 12   Mon Général, je regarde le début du paragraphe 207, où vous dites : "Compte

 13   tenu de cette problématique et d'un certain nombre de désaccords qui

 14   existent à ce sujet," et cetera. Je ne suis pas sûr dans quelle mesure vous

 15   employez ces termes, comme ces termes sont compris de manière générale, par

 16   rapport à comment vous décidez pour vos propres besoins de les utiliser ou

 17   de les comprendre.

 18   Est-ce que vous m'avez compris ? Pourriez-vous précisez cette

 19   distinction ? Parce que vous dites qu'il existe un certain nombre de

 20   contradictions sur le plan théorique et -- pardon, Madame Korner.

 21   Mme KORNER : [interprétation] Je ne sais pas si c'est ce qu'il veut dire.

 22   J'ai l'impression qu'on lui a fourni des informations au sujet de cette

 23   affaire.

 24   Mais je ne suis pas sûre qu'il parle de différents concepts

 25   théoriques lorsqu'il dit :

 26    "Compte tenu de l'importance de cette problématique et d'un certain

 27   nombre de désaccords qui existent," et cetera 

 28   Peut-être que vous devriez lui demander les précisions, Monsieur le


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  1   Président.

  2   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci, Madame Korner.

  3   Poursuivons.

  4   M. KRGOVIC : [interprétation]

  5   Q. Mon Général, vous venez d'entendre les propos de Mme le Procureur,

  6   et dans le préambule, vous dites que vous faites la différence et vous

  7   dites qu'il existe un certain nombre de désaccords et même d'aspects

  8   contradictoires dans le document théorique et juridique, législatif.

  9   Pourriez-vous nous dire quelles sont ces contradictions et de quelle

 10   manière ces contradictions sont liées à cette affaire ?

 11   [Le conseil la Défense se concerte]

 12   M. KRGOVIC : [interprétation]

 13   Q.  En fait, moi-même, je n'ai pas très bien compris.

 14   Est-ce que ces contradictions se rapportent aux questions de théorie

 15   en général ou bien est-ce que ces contradictions se rapportent à ce qui

 16   nous préoccupe en l'espèce dans cette affaire ? C'est ça ma question.

 17   R.  J'ai été le commandant de l'académie militaire, vous le savez. J'ai

 18   d'abord été étudiant à l'académie, puis j'ai suivi des cours de mes

 19   professeurs, et j'ai consulté et j'ai lu un certain nombre de manuels qui

 20   définissent et expliquent ces notions. Et partiellement, je voulais me

 21   référer à cela lorsque je l'ai dit tout à l'heure, parce que j'ai lu un

 22   certain nombre de manuels de théorie où l'on met sur un pied d'égalité ou,

 23   pour être plus précis, où l'on a beaucoup de mal à faire la distinction

 24   entre la notion de rattachement et la notion de resubordination. Et compte

 25   tenu de cette affaire, qu'il s'agit d'un certain nombre d'unités qui ont

 26   été utilisées dans des activités de combat, et que, à mon avis, étant donné

 27   qu'en théorie cette problématique a été peu expliquée, à mon avis, ces

 28   unités ont été rattachées aux unités de l'armée.


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  1   Je vous ai dit tout à l'heure que la resubordination est quelque chose que

  2   vous pouvez faire si vous-même, vous disposez de ces effectifs. Si vous

  3   êtes à la tête, si vous êtes le commandant de ces unités. Mais si votre

  4   supérieur hiérarchique met à votre disposition un certain nombre d'unités,

  5   cela veut dire qu'il a rattaché ces unités à vos unités.

  6   Mais que l'on parle de rattachement ou de resubordination, il faut

  7   que la relation soit maintenue. Ce dont nous avons parlé tout à l'heure, à

  8   savoir la relation entre un supérieur hiérarchique et un subalterne. Vous

  9   savez, j'ai enseigné à l'académie, je suis diplômé d'un troisième cycle en

 10   matière de sciences militaires et je voulais expliquer ce concept

 11   théorique. Le fait de rattacher, ça veut dire que quelqu'un a mis quelque

 12   chose à votre disposition. Alors que la resubordination, là, vous pouvez

 13   procéder à la resubordination uniquement si vous disposez déjà de ces

 14   unités que vous voulez resubordonner à quelqu'un. Donc vous pouvez procéder

 15   à l'action de rattacher les unités, alors que la resubordination est une

 16   question qui relève plutôt de relation exclusivement.

 17   Une fois qu'une unité est rattachée, à partir de ce moment-là, il existe la

 18   relation de resubordination entre cette unité rattachée et les structures

 19   supérieures.

 20   Et au début, je vous ai expliqué que lorsqu'il s'agit de la police,

 21   nous avions deux pratiques constatées [imperceptible] -- sur le terrain.

 22   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Mon Général, j'aimerais vous poser

 23   une question afin que vous précisiez certaines choses.

 24   Si vous ne procédez pas à resubordonner une unité qui vous

 25   appartient, mais plutôt vous demandez qu'on mette à votre disposition une

 26   unité qui ne vous appartient pas, et, par conséquent, cette unité est mise

 27   à votre disposition et relève de votre responsabilité. De quoi s'agit-il, à

 28   votre avis ? S'agit-il de la resubordination ou du rattachement; qu'en est-


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  1   il ?

  2   Parce que dans les exemples dont nous avons parlé plus tôt en détail

  3   en l'espèce, nous avons compris que le commandant de l'armée pouvait

  4   demander que les unités de police soient mises sous son commandement

  5   pendant une certaine période de temps et, du moins c'est ce que j'ai

  6   compris, être la resubordination, c'est comme cela qu'on l'appelle dans le

  7   langage militaire.

  8   Néanmoins, cela ne correspond pas à votre définition. Et je ne sais

  9   plus comment le comprendre.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais essayer d'être plus précis. J'ai

 11   compris votre dilemme et votre suggestion.

 12   Dans les deux cas, comme je l'ai mis en exergue, le rapport entre un

 13   supérieur hiérarchique et un subalterne est maintenu. Si vous recevez à

 14   votre disposition une unité, comme vous l'avez dit, par le fait d'être mise

 15   à votre disposition, cette unité est resubordonnée au commandant qui veut

 16   exécuter une mission. Donc il n'y a pas deux chaînes de commandement, il

 17   n'y a pas de commandement parallèle.

 18   Mais je rappelle : dans notre théorie, ces deux notions existent, et j'ai

 19   essayé de faire la distinction entre les deux. Parce que le commandant

 20   d'une unité peut décider d'affecter certaines parties de son unité à

 21   d'autres unités, et dans ce cas-là, ça s'appelle la resubordination.

 22   Mais le rapport -- que vous receviez une unité à votre disposition ou que

 23   vous envoyiez une unité à quelqu'un d'autre, à un autre commandant, le

 24   rapport reste le rapport de supérieur hiérarchique et de resubordination,

 25   de la subordination.

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Kovacevic, si je vous ai

 27   bien compris, une unité de police est mise à la disposition d'un commandant

 28   militaire. Dans ce cas-là, on parle d'un rattachement.


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  1   Mais la structure de commandement est celle de la resubordination. Vous ai-

  2   je bien compris ? La chaîne de commandement est telle que l'unité de la

  3   police est rattachée au militaire.

  4   Vous ai-je bien compris ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Précisément. C'est cela.

  6   Cette unité ne peut être mise à la disposition que pendant une période

  7   précise. Une fois cette période écoulée, l'unité de la police quitte les

  8   rangs de l'armée. C'est exactement comme vous l'avez expliqué.

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [hors micro] 

 10   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Mon Général, l'unité qui est

 11   transférée - et je fais exprès d'employer ce terme neutre - donc si une

 12   unité de la police est transférée de manière temporaire au commandement de

 13   l'armée pour une mission particulière, pour une opération de combat, et

 14   pour une durée de temps limitée, est-il possible que pendant cette période

 15   où l'unité de police participe aux opérations de combat, est-il possible

 16   que l'organe d'autorité par rapport à cette unité peut être partagé ?

 17   C'est-à-dire que s'agissant du contrôle des activités des unités de la

 18   police sur la ligne de front, dans ce cas-là c'est le commandant militaire

 19   qui a l'autorité de contrôler et de commander cette unité, alors que pour

 20   d'autres questions, cette unité de la police relève toujours des organes

 21   d'autorité du MUP, par exemple, si l'on mène une enquête ou s'il y a des

 22   poursuites au sujet des crimes commis par cette unité de la police pendant

 23   qu'elle était affectée sur la ligne de front.

 24   Est-ce que vous comprenez ma question ? Je vous demande dans quelle mesure

 25   vous pouvez décrire ce transfert d'autorité depuis le MUP vers l'armée de

 26   manière stricte et précise ? Parce que c'est cela qui n'est pas précis.

 27   Soit le commandant de l'armée a un contrôle illimité, un contrôle plein sur

 28   cette unité de police, ou bien, compte tenu de certaines circonstances, il


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  1   se peut que le commandant militaire a un contrôle limité sur cette unité,

  2   alors que le MUP a un contrôle pour d'autres questions. Donc on parle dans

  3   ce cas-là d'un partage temporaire de contrôle par rapport à cette unité.

  4   C'est ça ma question : est-ce possible ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, j'ai compris la question que

  6   vous m'avez posée.

  7   Ça, ce n'est pas possible. A partir du moment où une unité de la police est

  8   envoyée vers des effectifs militaires à titre temporaire, elle perd les

  9   compétences qui sont les siennes en tant qu'unité policière. Ce ne sont pas

 10   des agents de l'ordre public. Ce sont des combattants, des soldats. Ils

 11   deviennent des soldats et ils sont placés sous le contrôle de cette armée.

 12   Il n'y a pas de contrôle parallèle et il n'y a pas de commandement

 13   parallèle. Et c'est déjà réglé par l'armée. Il n'y a pas de zone grise. A

 14   partir du moment où ils sont envoyés là-bas jusqu'au moment où ils sont

 15   revenus à la police, ils tombent sous l'autorité et la responsabilité de

 16   l'organisation militaire.

 17   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Oui, je comprends parfaitement. Bien

 18   entendu, pour des finalités de combat, c'est la façon dont cela doit

 19   forcément se passer. Le commandant de l'armée doit avoir l'autorité du

 20   supérieur hiérarchique pour ce qui est de la conduite des activités de

 21   combat.

 22   Mais ma question était celle de parler d'activités qui n'ont pas à voir

 23   avec les combats. Est-ce que le MUP garde un contrôle limité à l'égard de

 24   ses propres policiers ? Et, par exemple, dans ce que je vous ai dit pour ce

 25   qui est des poursuites au pénal. Parce que, si j'ai bien compris les

 26   choses, et vous pouvez me rectifier si je me trompe, mais si j'ai bien

 27   compris, le problème pratique serait très souvent le fait que l'unité de

 28   police se verrait attacher ou resubordonner à l'armée pendant une si courte


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  1   période de temps qu'il se serait avéré peu pratique pour la police

  2   militaire et les tribunaux militaires de diligenter des enquêtes, parce que

  3   pendant que ces choses se passent ou se fassent, l'unité de police se

  4   verrait re-transférer vers le MUP au retour.

  5   Donc il y aurait peut-être un certain sens à donner au fait que,

  6   pendant ces activités-là, l'autorité soit gardée par le MUP, c'est-à-dire

  7   les tribunaux civils et les enquêteurs civils qui se chargeraient des

  8   investigations et des poursuites judiciaires à l'encontre de ces personnes-

  9   là.

 10   Donc je vous repose ma question : est-ce que c'est exclu dans toutes

 11   circonstances que de voir que, pour ce qui est des investigations et

 12   poursuites liées à des crimes dans ce type de circonstances, l'autorité

 13   soit gardée par le MUP et les autorités civiles, et non pas par la police

 14   militaire et les tribunaux militaires ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] De mon avis, c'est exclu.

 16   A partir du moment, et je répète, où ils entrent dans les effectifs de

 17   l'armée, ils sont pris en charge par les tribunaux militaires et le

 18   procureur militaire. C'est mon opinion.

 19   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Merci.

 20   Je m'en remets à vous, Maître Krgovic.

 21   M. KRGOVIC : [interprétation]

 22   Q.  Mon Général, à titre très bref, puisque vous avez parlé de ces termes

 23   de resubordination et du reste.

 24   Est-ce que vous pouvez nous parler de ce qui est sous-entendu par

 25   activité et par toutes les autres notions : complètement, rattachement,

 26   coordination, coopération, activité conjointe.

 27   Quels sont les éléments qui tombent sous le relationnel et qu'est-ce qui

 28   tombe sous les activités déployées ?


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  1   R.  Je vais essayer d'être plus précis encore.

  2   Quand il s'agit d'un complètement, d'un rattachement, d'une

  3   coordination, d'une activité conjointe et d'une coopération, tout cela, ce

  4   sont des activités de combat, exception faite de la coopération. La

  5   relation qui s'installe c'est, je le répète, l'unicité du commandement, la

  6   subordination et la resubordination vis-à-vis des supérieurs hiérarchiques.

  7   Je répète, il y a une exception, c'est celle de la coopération, qui,

  8   très souvent, se déroule au niveau des structures civiles sur le terrain.

  9   Cela sous-entend une relation sur pied d'égalité entre les participants.

 10   Pour ce qui est des autres activités, il n'y a que la relation supérieur

 11   hiérarchique et subordonné.

 12   Q.  Vous ai-je bien compris ? La resubordination ou le complètement, le

 13   rattachement, la coordination et les activités conjointes -- excusez-moi

 14   d'aller si vite. C'est quoi ?

 15   R.  Ce sont des coopérations.

 16   Q.  Et la resubordination ?

 17   R.  C'est la relation qui est prépondérante au sein d'une armée.

 18   Mme KORNER : [interprétation] Peut-être dois-je -- enfin, c'est peut-être

 19   dû à moi, mais je n'ai pas compris cette question :

 20   Vous ai-je bien compris ? Resubordination, rattachement, coordination,

 21   activité conjointe et coopération, c'est quoi ?

 22   Et ensuite, la réponse a été : Coopération.

 23   M. KRGOVIC : [interprétation] Attendez, je vais y aller lentement pour

 24   qu'on comprenne mieux.

 25   Q.  Mon Général, ça a été en partie de ma faute.

 26   J'ai dit : complètement, rattachement, coordination, activité conjointe et

 27   coopération, c'est quoi ?

 28   R.  Ce sont des activités; et la resubordination, elle, c'est une relation


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  1   qui s'installe, où il y a aménagement de relations telles qu'elles se

  2   déroulent au sein d'une unité.

  3   Q.  Merci, Général. C'est tout ce que je voulais vous demander au sujet de

  4   ce volet.

  5   Dans votre rapport, vous avez ensuite indiqué, et je vous renvoie au

  6   paragraphe 216, alors il est question de guerre et de danger de guerre

  7   imminent, et dans d'autres circonstances exceptionnelles, la police peut

  8   être utilisée pour l'accomplissement de missions de combat dans les forces

  9   armées conformément à la législation en vigueur.

 10   Puis, il est dit :

 11   "Pendant la période où accomplissement de missions de combat il y a dans

 12   les forces armées, la police se trouve être subordonnée au supérieur

 13   compétent qui est là pour conduire les activités de combat."

 14   Ma question est celle-ci : pour ce qui est de la doctrine militaire, dans

 15   la pratique et d'après la loi, êtes-vous à même d'expliquer pourquoi la

 16   situation est-elle ainsi mise en place ? Pourquoi la police est-elle

 17   subordonnée au supérieur hiérarchique militaire ?

 18   R.  Ce que vous venez de nous énoncer, Monsieur Krgovic, c'est là un énoncé

 19   que j'ai pris dans la Loi de la Défense populaire généralisée, dans son

 20   article 104, c'est d'ailleurs indiqué dans mon rapport.

 21   Ici, il est souligné qu'il y a une telle possibilité, qu'on ménage cette

 22   possibilité afin que la police puisse être utilisée à des fins

 23   d'accomplissement de missions de combat, et, d'après moi, c'est une chose

 24   qui devrait se faire à titre exceptionnel.

 25   Dans la deuxième partie de cet article, il est dit de façon explicite et

 26   claire et tout à fait précise quelle est la position que l'on met en

 27   exergue, à savoir que ces unités de la police sont resubordonnées au

 28   supérieur hiérarchique militaire qui est là pour conduire les activités de


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  1   combat.

  2   Je pense qu'hier, j'ai en partie parlé de la chose pour vous dire que

  3   cette façon de régler des choses au niveau de la loi se trouve être tout à

  4   fait justifiée parce que la conduite des opérations de combat c'est quelque

  5   chose d'enseigné aux écoles et aux académies militaires, et non pas aux

  6   académies de la police. La police est formée pour accomplir des missions

  7   tout à fait autres. C'est la raison pour laquelle la police est subordonnée

  8   au supérieur hiérarchique qui conduit les opérations de combat et qui a été

  9   formé, en ce qui le concerne, pour justement s'occuper d'opérations de

 10   combat.

 11   Q.  Mon Général, au paragraphe 217, vous avez parlé de cette relation, et

 12   vous avez dit qu'à partir du moment où ils se présentent auprès d'un

 13   supérieur, l'unité est resubordonnée au commandement militaire, puis ils

 14   deviennent une partie intégrante de la structure militaire.

 15   Alors, vous avez commencé à répondre à cette question, mais est-ce que vous

 16   pouvez nous dire à quel moment deviennent-ils des conscrits militaires et

 17   jusqu'à quand sont-ils considérés comme tels ? Donc, jusqu'à quand ont-ils

 18   les responsabilités et obligations qui sont celles à découler de ce type de

 19   statut ?

 20   R.  J'ai répondu tout à l'heure à cette question en répondant aux Juges. Je

 21   peux répéter.

 22   A partir du moment où une unité quitte un poste de sécurité publique, le

 23   statut de personne militaire entre déjà en vigueur, si tant est que cette

 24   resubordination est prévue par un document officiel. Et ce statut dure

 25   jusqu'au retour des membres de la police vers leur poste de sécurité

 26   publique.

 27   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Général, puis-je vous demander ici la

 28   chose suivante : lorsque cette unité de police retourne au poste de


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  1   sécurité publique, est-ce que c'est à un moment qui découle d'un ordre de

  2   l'officier de l'armée qui relâche l'unité de la police ? Ou cette unité de

  3   la police peut-elle retourner vers le CSB sans ordre formel de donné ?

  4   C'est-à-dire, une fois que les activités de combat sont terminées, ils s'en

  5   vont tout simplement, de leur propre chef.

  6   En somme, le retour de cette unité de police vers leur poste de sécurité

  7   publique requiert-il un ordre par écrit de la part du commandant militaire

  8   pour ce qui est de les laisser partir chez eux, de les relâcher ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Monsieur le Juge, dans la pratique, il

 10   est tout à fait possible que le document envoyant une unité vers l'armée, y

 11   soit précisé la date butoir de la durée de leur mission. Ça, c'est déjà une

 12   possibilité.

 13   S'il n'y a qu'un document pour les envoyer là-bas mais sans préciser

 14   le délai, parce que parfois on ne sait pas combien de temps ça va durer,

 15   alors il faudrait qu'il y ait également un document portant sur la

 16   cessation de leur intervention, c'est-à-dire pour le retour de cette unité

 17   de la police vers le poste de police. L'unité ne peut pas s'en aller de son

 18   propre chef depuis des positions de combat ou quitter tout simplement une

 19   unité de combat. 

 20   M. KRGOVIC : [interprétation]

 21   Q.  Je vais enchaîner sur la question posée par M. le Juge Harhoff.

 22   Qui est-ce qui délivre ce document dont il vient d'être question, le

 23   document où l'on fait état de la cessation de la nécessité d'utiliser d'une

 24   unité de la police pour ce qui est de la faire participer à des opérations

 25   de combat ? C'est-à-dire, dans le deuxième cas de figure, où le document

 26   l'envoyant vers l'armée ne prévoit pas le délai, donc qui est-ce qui

 27   prévoit ou fixe l'existence d'une nécessité et la durée de celle-ci ?

 28   R.  Ça peut être fait par le commandant vers lequel l'unité a été envoyée,


Page 23723

  1   et il en informe leur supérieur hiérarchique à eux une fois que cette unité

  2   a accompli la mission qui lui a été confiée par le commandant militaire. Il

  3   serait plus correct et plus conforme au règlement de voir celui qui a

  4   délivré un document d'envoi délivrer aussi un document de retour de l'unité

  5   vers son poste de police d'origine.

  6   Q.  Est-ce qu'il s'agit là d'un commandant militaire ?

  7   R.  Oui, oui, il ne s'agit que d'un commandant militaire.

  8   Q.  [hors micro]

  9   L'INTERPRÈTE : Hors micro.

 10   M. KRGOVIC : [interprétation]

 11   Q.  Excusez-moi. Général, dans votre rapport, vous avez évoqué au

 12   paragraphe 218 une coordination. Et à ce sujet, vous avez dit, au sujet de

 13   la "coordination", ce que vous avez dit, mais vous placez ceci dans un

 14   contexte de commandement et de contrôle. Pouvez-vous nous dire qui est-ce

 15   qui détermine le plan de coordination, la nécessité d'une coordination

 16   d'abord, puis un plan et les détails de celle-ci ?

 17   R.  Eh bien, oui. La coordination c'est une fonction ou une partie

 18   intégrante du commandement en tant que tel. Parce que quand il y a une

 19   décision de rendue par un commandant, il y a début de planification des

 20   activités des opérations de combat. C'est l'une des premières fonctions de

 21   ce que l'on appelle le commandement. Lorsque vous avez fait votre planning,

 22   vous organisez les choses, et on appelle cela l'organisation. C'est une

 23   fonction seconde au niveau du commandement. Une fois que vous avez mis en

 24   place un organigramme pour ce qui est de la façon dont la décision va être

 25   réalisée, il s'installe une troisième fonction ou un troisième volet du

 26   commandement, il y en a un quatrième qui se compose d'ordres concrets à

 27   donner pour que les fonctions d'un commandement s'exécutent, et il y a une

 28   cinquième fonction qui consiste en un contrôle de ce qui s'est fait.


Page 23724

  1   Pourquoi procède-t-on à une coordination ? Les opérations de combat c'est

  2   des choses qui sont extrêmement complexes. Il y a eu un très grand nombre

  3   de participants et d'intervenants. Plus ils sont nombreux, plus la chose

  4   est compliquée. La coordination c'est donc une notion plus vaste qui assure

  5   la présence de la totalité des éléments au sein d'un déploiement au combat

  6   entre les effectifs qui participent à l'accomplissement d'une mission afin

  7   qu'il y ait non pas une coordination -- une coopération entre les uns et

  8   les autres, mais qu'il y ait un accomplissement coordonné de leur tâche. Et

  9   la finalité c'est de se conformer à un planning d'activité conjointe qui

 10   est une forme plus restreinte de coordination, c'est de faire en sorte que

 11   vos propres effectifs n'aillent pas tirer sur vos propres troupes là-bas.

 12   En termes simples, il faut que chacun sache quand est-ce que

 13   l'aviation va intervenir, quand est-ce que les blindés vont intervenir,

 14   quand est-ce que l'infanterie va y aller et quand est-ce qu'on va procéder

 15   à des préparatifs à l'artillerie. C'est cela les activités conjointes, une

 16   coordination de mise en place et une activité conjointe pour que les choses

 17   se fassent dans l'ordre. Parce qu'il est arrivé, même dans la guerre

 18   civile, qu'il y ait l'aviation à toper sur des positions à nous. Et vous

 19   avez pu voir même en Libye pendant les opérations et à l'occasion de

 20   l'agression de l'OTAN contre la Yougoslavie, il y a eu des dégâts

 21   collatéraux. C'est précisément dû à des activités conjointes mal

 22   organisées. C'est donc la chose la plus compliquée du point de vue

 23   militaire. Je le souligne parce que lorsqu'il s'agit d'opération de grande

 24   envergure avec la participation d'un grand nombre d'intervenants et où il y

 25   a une puissance de feu énorme de prévue --

 26   Q.  Général, nous en sommes à la fin de la journée, alors on est un peu

 27   tous fatigués, et je demanderais de ralentir votre débit en raison des

 28   interprètes qui ont du mal à vous suivre.


Page 23725

  1   Je vais vous demander de vous pencher sur le paragraphe 224 de votre

  2   rapport, Général. Et c'est là que vous parlez d'activités conjointes. Vous

  3   avez, en partie, évoqué les activités conjointes en tant que forme de

  4   coordination, mais en tant que notions plus restreintes que ne l'est celle

  5   de la coordination.

  6   Alors, est-ce que vous pouvez nous dire ce qui suit : dans une

  7   situation où plusieurs unités sont censées intervenir de façon conjointe

  8   pour accomplir une mission, quel est le relationnel qui s'installe entre

  9   ces unités intervenant de façon conjointe et qui est-ce qui commande

 10   lesdites unités censées intervenir de façon conjointe ?

 11   R.  C'est toujours le commandant qui se trouve à la tête de la totalité des

 12   unités placées sous ses ordres. Je vous disais tout à l'heure que les

 13   activités conjointes sont organisées entre différents éléments d'unités.

 14   C'est le commandant qui approuve le planning des activités conjointes.

 15   C'est dans ce planning qu'on dit qui, quand, avec qui et quoi, on

 16   intervient sur quel territoire pour accomplir telle ou telle mission

 17   pendant telle ou telle autre période d'activité conjointe. Le dilemme ne

 18   doit pas se poser. Il y a don, à chaque fois le commandant de la brigade,

 19   du bataillon, du corps d'armée, peu importe, qui est là pour diriger les

 20   activités de combat, et de ce fait, il dirige également les activités

 21   conjointes dans le cadre de l'accomplissement des missions de combat.

 22   Q.  Général, lorsque nous voyons l'ordre donné par un commandant d'exécuter

 23   une opération militaire où il y dit : Effectuer une action coordonnée avec

 24   des unités du MUP, quelle relation existe-t-il entre ces unités dans leur

 25   action coordonnée et le  

 26   commandement ? Est-ce que ces unités sont subordonnées à ce commandement

 27   des unités du MUP ?

 28   Mme KORNER : [interprétation] Monsieur le Président, ça, c'est la question


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  1   essentielle et c'est une question qui est orientée. La question qu'il

  2   aurait fallu poser aurait dû s'arrêter à ceci -- c'est un peu tard

  3   maintenant, la question qui pose vraiment problème est : quel est le

  4   rapport entre ces unités ?

  5   M. KRGOVIC : [interprétation] Mais je voulais simplement éclairer les

  6   choses. J'ai une base pour cela. C'est le témoin qui en a parlé.

  7   Mme KORNER : [interprétation] Monsieur le Président, la question était :

  8   lorsque nous voyons un ordre d'un commandant pour exécuter une opération

  9   militaire et qu'il dit d'effectuer cette tâche dans une action coordonnée

 10   avec le MUP, quelle est la relation entre ces unités en action coordonnée

 11   avec le commandement ? C'est pour ça que cette question aurait dû être

 12   arrêtée.

 13   M. KRGOVIC : [hors micro]

 14   L'INTERPRÈTE : Microphone s'il vous plaît.

 15   M. KRGOVIC : [interprétation] Regardez la réponse qu'il donne.

 16   Mme KORNER : [interprétation] Eh bien, Monsieur le Président, je vous

 17   l'avais dit, c'est un peu tard maintenant, mais je vous ai dit quelle était

 18   mon objection hier, et je crois que Me Krgovic sait que c'est là le minimum

 19   de la question, l'essentiel. Ceci ne convient pas.

 20   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Poursuivons.

 21   M. KRGOVIC : [interprétation]

 22   Q.  Vous-même, vous avez dit cela. Pouvez-vous, s'il vous plaît, répondre à

 23   la question. Quel est le rapport entre les unités en action coordonnée ?

 24   Vous avez fourni une réponse il y a un instant seulement. Et tout ce que je

 25   voulais, c'était un éclaircissement supplémentaire.

 26   R.  Les unités qui, dans une action coordonnée, effectuent des tâches de

 27   combat agissent ensemble, et je le répète pour la énième fois, elles sont

 28   toujours sous le commandement et la direction d'un seul commandant. Il ne


Page 23727

  1   peut pas y avoir deux personnes qui exercent le commandement. Nous ne

  2   pouvons pas avoir deux personnes qui exercent le commandement.

  3   Lorsque je le dis, ou lorsque l'on dit "en action coordonnée avec",

  4   ceci montre seulement qu'il existe un rapport entre elles, mais elles se

  5   trouvent toujours sous le commandement d'un seul commandant qui dirige

  6   cette opération ou cette unité.

  7   Q.  Et quel est ce commandant ?

  8   R.  C'est toujours le commandant militaire. Cela dépend du cas particulier

  9   ou de l'exemple, ça peut être un chef de bataillon, ça peut être le

 10   commandant d'une brigade, le commandant d'un corps d'armée, quel que ce

 11   soit.

 12   Q.  Mon Général, reprenons la question posée par le Juge Harhoff. Vous avez

 13   parlé de l'autorité nécessaire pour pouvoir exercer des poursuites contre

 14   des policiers qui auraient fait quelque chose d'illicite alors qu'ils

 15   agissaient en tant que membres d'une unité agissant avec des militaires.

 16   M. KRGOVIC : [interprétation] Regardez, s'il vous plaît, le 1D00411

 17   maintenant, qui est à l'intercalaire 99.

 18  Q.  Il s'agit d'un document du 1er Corps de la Krajina, donc le commandement

 19   de ce corps d'armée de la Krajina, et nous voyons qu'il s'agit du poste de

 20   commandement avancé. La date se situe en octobre 1992. Et vous voyez

 21   l'objet est l'abondance des postes tenus par les membres de la police. Nous

 22   voyons à qui le message est adressé, à savoir le CSB de Banja Luka et le

 23  commandement du 1er Corps de la Krajina, ainsi que la 43e Brigade motorisée.

 24   Le commandant, ou quelqu'un qui agit pour son compte, informe par la

 25   présente les organes en question de ce qui suit : "Nous avons reçu ce qui

 26   suit, télégramme de l'état-major principal de l'armée de la RS…"

 27   Et puis, il cite :

 28   "Nous informons par la présente que les membres des unités de la police de


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  1   Prijedor ont abandonné leur poste et se sont enfuis en retournant chez eux,

  2   dans leur ville

  3   "Veuillez immédiatement préparer des rapports de poursuites pénales

  4   pour chacun des individus en question et entreprendre les mesures pour

  5   informer le public en publiant leurs noms…"

  6   Et ensuite, le texte se poursuit en expliquant comment cela doit être fait.

  7   Le but de ce document est d'informer. Pourriez-vous faire des

  8   commentaires sur la teneur de ce document ?

  9   M. KRGOVIC : [aucune interprétation]

 10   Mme KORNER : [interprétation] Je ne sais pas ce qui a été dit précédemment,

 11   mais ce qui a été dit précédemment avait absolument toutes les

 12   caractéristiques d'une question orientée, d'une question directrice, mais

 13   elle n'a pas été interprétée.

 14   Maintenant, ce que M. Krgovic a dit avant ceci, c'était ?

 15   M. KRGOVIC : [hors micro] 

 16   L'INTERPRÈTE : Microphone.

 17   Mme KORNER : [interprétation] Ce que j'ai entendu, c'est ceci : c'est pour

 18   information.

 19   M. KRGOVIC : [interprétation] Excusez-moi. J'ai dit abandon des postes par

 20   des membres de la police, information. J'ai simplement lu ce que dit le

 21   document.

 22   Mme KORNER : [interprétation] Eh bien, Monsieur le Président, je ne

 23   suis pas en train de blâmer les interprètes, et il se peut que Me Krgovic

 24   soit allé très rapidement, mais aujourd'hui nous avons eu de véritables

 25   problèmes. L'interprétation qui se situe derrière cela est que ce sont des

 26   questions directrices. Et je demande à Me Krgovic de ralentir, qu'il y ait

 27   toujours une pause avant que le général ne commence à répondre à la

 28   question.


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  1   M. KRGOVIC : [interprétation]

  2   Q.  Mon Général, j'ai lu le document, et vous pouvez le voir vous-même,

  3   j'ai cité ce document. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous donner un bref

  4   commentaire concernant ce document en ce qui concerne la description de

  5   l'autorité qui doit entreprendre certains actes ?

  6   R.  Maître Krgovic, c'est ici un exemple qui explique ma position, telle

  7   que je l'ai présentée en répondant à la question du Juge Harhoff lorsqu'il

  8   a décrit ce qui pourrait arriver.

  9   Alors, que dit-il ce télégramme ? Les membres de la police ont

 10   abandonné leurs tâches de combat à un moment où ils se trouvaient être des

 11   soldats. L'événement en question s'est produit à Prijedor, pour autant que

 12  je sache, dans la zone de responsabilité du 1er Corps d'armée de la Krajina.

 13   Et pour autant que je sache, il y a eu un tribunal militaire et il y a eu

 14   un bureau du procureur militaire auprès de ce commandement. Par ce

 15   document, le chef de l'état-major principal donne un ordre -- et nous

 16   voyons qu'il contient une citation, c'est une citation. Il ordonne pour le

 17   commandement du corps, dont c'est la responsabilité, qu'il envoie des

 18   rapports de caractère pénal pour poursuivre certains individus. Ce document

 19   montre également que le commandant du corps informe le CSB à Banja Luka

 20   d'où ces policiers avaient été probablement envoyés pour effectuer cette

 21   tâche de combat, et je crois que c'était ce qui devait être fait, que

 22   c'était à juste titre.

 23   Tout ceci corrobore ma position; à savoir que des policiers,

 24   lorsqu'ils effectuent des tâches de combat, se trouvent sous le

 25   commandement d'un officier militaire, et, en vertu de ce fait, cet officier

 26   a l'autorité de lancer des poursuites contre ces personnes lorsqu'elles

 27   commettent des manquements à la discipline, ou des infractions, ou des

 28   crimes et délits.


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  1   M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Mon Général, vous semblez suggérer

  2   que ceci est l'ordre envoyé par le général Talic au procureur militaire et

  3   à la police militaire, ordre de préparer des rapports de poursuites

  4   pénales, et ainsi de suite.

  5   Toutefois, la façon dont ceci m'apparaît, c'est qu'il y a là des

  6   instructions qui sont adressées au CSB de Banja Luka.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Messieurs les Juges, Monsieur le Président,

  8   c'est ce qui m'apparaissait également lorsque je l'ai lu pour la première

  9   fois, à première vue. Mais la ponctuation montre clairement - et je me

 10   réfère aux deux points et à la citation qui suit entre guillemets - qu'il

 11   s'agit là d'un document que le commandant de l'état-major principal a

 12   envoyé au commandant du corps d'armée. Et il lui dit : Nous vous informons

 13   par la présente, et ainsi de suite. Et le commandant de l'état-major

 14   principal ordonne au commandant du corps d'armée d'entamer une procédure de

 15   poursuites. Le commandant du corps d'armée se borne à informer le CSB de

 16   cet état des choses, de cet ordre.

 17   L'autre interprétation serait possible s'il n'y avait pas de

 18   guillemets, autrement dit, s'il n'y avait pas de citation.

 19   Mme KORNER : [interprétation] Monsieur le Président, je pourrais faire

 20   remarquer que, en fait, lorsque l'on regarde l'original aussi, il y a un

 21   ensemble de guillemets dans le deuxième paragraphe, mais pas dans le

 22   troisième. Mais ceux-ci ont été mis dans la traduction en anglais pour une

 23   raison qui m'est inconnue. Pas que ça fasse une grande différence, mais

 24   simplement je dis cela pour que les choses soient bien claires.

 25   M. ZECEVIC : [interprétation] Excusez-moi. Peut-être puis-je aider un petit

 26   peu.

 27   Monsieur le Président, je note que l'original ne comporte que deux

 28   groupes de guillemets, un au début et l'autre à la fin --


Page 23731

  1   Mme KORNER : [hors micro]

  2   M. ZECEVIC : [interprétation] Oui. Donc l'ensemble du document,

  3   précisément, c'est que -- comme le témoin l'a confirmé --

  4   Mme KORNER : [hors micro]

  5   L'INTERPRÈTE : Microphone, s'il vous plaît.

  6   Mme KORNER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Zecevic. Il suffit

  7   que vous ayez fait remarquer qu'il s'agissait là d'une erreur dans la

  8   traduction qui a été faite en anglais.

  9   M. ZECEVIC : [interprétation] eh bien, je suis d'accord avec cela. Excusez-

 10   moi, donc il y avait un malentendu.

 11   M. KRGOVIC : [interprétation]

 12   Q.  Il ne reste plus beaucoup de temps. Je vais revenir à ce que vous

 13   exposez dans votre rapport.

 14   Au paragraphe 229, vous parlez d'action coordonnée de divers éléments de

 15   disposition de combat d'une brigade. Puis, au paragraphe 232, vous parlez

 16   d'un plan d'action coordonnée.

 17   Et la question que je vous pose est la suivante : le plan d'action

 18   coordonnée et tous les éléments que vous avez énumérés ici sont-ils compris

 19   dans le document final ? Le document de combat.

 20   R.  Le plan d'action coordonnée fait partie d'un document plus complet, et

 21   il s'agit du plan des activités de combat. J'ai déjà expliqué pourquoi une

 22   action coordonnée est organisée entre divers éléments du dispositif de

 23   combat d'une unité.

 24   M. KRGOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

 25   comme je viens d'en terminer avec ce sujet et que je me prépare à en

 26   aborder un autre, je crois que nous pouvons peut-être nous arrêter

 27   aujourd'hui.

 28   Et pour que cela soit consigné au compte rendu, j'aurais besoin encore de


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  1   30 à 40 minutes demain, donc je prie la Chambre de première instance de

  2   bien vouloir m'accorder quelque 20 minutes de plus que ce qui était prévu

  3   de façon à ce que je puisse terminer mon interrogatoire.

  4   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Je vous remercie.

  5   Nous allons lever la séance. Et demain, à moins qu'il y ait une

  6   modification, nous nous retrouverons dans la salle d'audience numéro III.

  7   [Le témoin quitte la barre]

  8   --- L'audience est levée à 13 heures 45 et reprendra le mercredi 7

  9   septembre 2011, à 9 heures 00.

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