Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 Mardi 16 décembre 1997

4 L'audience est ouverte à 10 heures 10.

5 M. le Président. - Veuillez vous asseoir. Veuillez faire

6 introduire l'accusé.

7 (L'accusé est introduit dans la salle d’audience.)

8 Nous reprenons. Nos amis interprètes sont-ils prêts ?

9 L’Interprète. - Oui, bonjour, Monsieur le Président.

10 M. le Président. - Nous pouvons donc poursuivre. Tout le monde

11 m'entend-t-il ? Général Blaskic, vous m’entendez ? La défense,

12 l’accusation, mes collègues, tout le monde m’entend ? Bien.

13 Madame Paterson, je crois que c'est un témoin protégé que nous

14 allons faire entrer. Je vous écoute.

15 Mme Paterson (interprétation). Oui, Monsieur le Président. Comme

16 nous l’avons expliqué en fin de journée hier, ce témoin a demandé une

17 protection complète. Elle demande à témoigner à huis clos et à ce qu'on

18 l'appelle par un pseudonyme.

19 M. le Président. - Quelle est la lettre du pseudonyme sera

20 Témoin ?

21 M. Dubuisson. - Il s'agit du Témoin A.

22 M. le Président. - Témoin A a déjà été utilisé.

23 M. Dubuisson. - Oui, mais je crois que le Témoin A précédent

24 était, en fait, le Témoin P.

25 M. le Président. - C’est une histoire un peu bizarre que vous me

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1 racontez,

2 Monsieur Dubuisson. Si le Témoin A est le Témoin P, le Témoin R

3 est le Témoin S. Il faut que ce soit quand même précis.

4 Je me tourne vers Madame Paterson. Nous sommes dans la phase de

5 l’accusation. Quelle est la lettre de ce témoin ? Nous avions rendu une

6 décision, je vous le rappelle, sur un Témoin A.

7 Mme Paterson (interprétation). - Monsieur le Président, la

8 décision appartient aux Juges. Nous préférerions que son nom soit

9 Témoin A, ce serait plus facile pour nous, pour différentes raisons. Mais

10 si vous préférez que nous l’appellions Témoin P, c’est à vous

11 qu'appartient la décision.

12 M. le Président. - Maître Hayman ?

13 M. Hayman (interprétation). - Si je ne me trompe pas, des

14 discussions ont déjà eu lieu au sujet des protections de ce témoin, et ce

15 témoin a été appelé Témoin A au cours de ces décisions. Pour que les

16 choses soient cohérentes, il serait préférable de l'appeler Témoin A.

17 M. le Président. - Nous allons l'appeler Témoin A, mais je vous

18 rappelle, et mes collègues ont une aussi bonne mémoire que moi, que nous

19 avons déjà rendu une décision sur un Témoin A qui n'était pas ce témoin-

20 ci. Ne perdons pas de temps à cela.

21 Nous allons l'appeler Témoin A, mais en notant bien au compte

22 rendu qu’il faudra revoir peut-être la dénomination du témoin précédent,

23 que nous avons appelé Témoin A. Je ne veux pas dévoiler ici son nom, mais

24 il est présent à l'esprit de tout le monde.

25 Alors, c'est un huis clos complet? Je crois que la défense est

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1 d'accord, Maître Hayman ?

2 M. Hayman (interprétation). - Pour le compte rendu, Monsieur le

3 Président, nous tenons à faire remarquer que ce témoin a donné une

4 interview en 1994, à une agence d'Inter-press. Elle n'a pas donné son nom,

5 mais elle a décrit le traitement qu’elle a subi. Cependant, nous n’avons

6 pas d’objection à une séance à huis clos.

7 M. le Président. - Vous avez tout à fait raison de rappeler

8 cela. Les témoins sont protégés par le Tribunal, mais il faut bien qu'il

9 soit su que le Tribunal ne peut assurer que les protections qui sont en

10 son pouvoir. Nous ne pouvons pas nous substituer aux protections pour

11 lesquelles les témoins eux-mêmes ne prennent pas les précautions

12 minimales. Cela étant, merci de l'avoir précisé.

13 Madame Paterson, nous sommes à huis clos complet.

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24 L’audience se poursuit à huis clos.

25 (expurgée)

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11 Pages 5458 – 5519 expurgées en audience à huis clos

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25 L'audience est suspendue à 13 heures 05.

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8 L'audience publique est reprise à 14 heures 50.

9 M. le Président (interprétation). - Nous reprenons l'audience.

10 Faites entrer l'accusé.

11 (L'accusé est introduit dans le prétoire.)

12 M. le Président (interprétation). – Tout le monde entend ? Est-

13 ce que la technique marche ? Monsieur le Greffier vous êtes responsable de

14 tout dans cette maison, donc la technique en principe marche.

15 M. Dubuisson. – En principe, elle marche.

16 M. le Président (interprétation). – Veuillez excuser, les Juges

17 de ce léger retard qui est dû, vous le savez, à l'abondance des requêtes

18 déposées par les parties. Nous travaillons pour vous de toute façon.

19 C’est monsieur Mark Harmon qui reprend le siège du ministère

20 public comme nous disons dans d'autres systèmes. Allez-y, Monsieur Harmon.

21 Je vous rappelle que demain nous devons terminer en fin de

22 matinée ou en tout début d'après-midi. Je me permets simplement ce léger

23 rappel, mais je crois que vous le savez. Nous vous écoutons.

24 M. Harmon (interprétation). - Merci beaucoup. Bonjour,

25 Monsieur le Président. Bonjour, Messieurs les Juges. Bonjour, aux conseils

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1 de la défense.

2 Monsieur le Président, le prochain témoin que nous allons citer

3 est le major Erik Friis-Pedersen, en retraite de l'armée danoise. Son

4 témoignage portera sur les chefs 15 à 20 de l'acte d'accusation.

5 M. le Président (interprétation). – Pouvez-vous nous rappeler

6 simplement, ce n'est pas un rappel rituel que je vous demande

7 Monsieur Harmon, vous le savez, c'est un rappel explicité. Ce n'est pas un

8 rituel pour faire plaisir au Juge Jorda, vous le savez. Il faut que ce

9 soit en relation, je suppose que vous l’avez bien regardé. 15 à 20, je

10 l’ai sous les yeux, ce sont les

11 traitements inhumains, prises d’otages, utilisation de boucliers

12 humains.

13 M. Harmon (interprétation). - C'est cela.

14 M. le Président (interprétation). - Nous vous écoutons.

15 M. Harmon (interprétation). - Le major Friis-Pedersen a servi en

16 tant que moniteur de L’ECMM en Bosnie centrale depuis la fin de

17 janvier 1993, le 26 janvier exactement jusqu’à la fin du mois de mai 1993.

18 Son témoigange portera sur cinq points spécifiques.

19 D'abord, il décrira les pilonnages de l'Hôtel Vitez sur la base

20 d’un rapport en date du 20 avril 1993 et ce témoignage, Monsieur le

21 Président sera lié au témoignage du témoin précédent, qui a dit que le

22 20 avril, elle-même et d’autres civils du village de Gacice ont été

23 emmenés à l'Hôtel Vitez et ont été utilisés comme bouclier humain.

24 Ensuite, Monsieur le Président, il décrira sa rencontre avec le

25 Colonel Blaskic à la caserne de Kiseljak avant le 16 avril 1993, et la

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1 connaissance qu'il a eu du fait que des civils étaient emprisonnés et

2 détenus à la caserne de Kiseljak après le 16 avril 1993.

3 Le troisième domaine de son témoignage portera sur la

4 description des travaux de la Croix Rouge internationale en Bosnie

5 centrale et notamment, ce que les représentants de la Croix Rouge

6 internationale ont dit au commpandant du HVO au sujet des droits des

7 prisonniers et des obligations des commandants en rapport avec les

8 prisonniers

9 Quatrièmement il témoignera du fait qu'il a reçu des

10 informations d'un commandant adjoint du troisième corps d'armée, le 9 mai

11 selon lequel Darko Krajevic était associé au camion piégé qui a explosé à

12 Stari Vitez.

13 Enfin, Monsieur lePrésident, Messieurs les Juges, il témoignera

14 d’un appel téléphonique menaçant qu'il a reçu de Anto Valenta le

15 18 avril 1993.

16 M. le Président (interprétation). - Merci pour cette synthèse.

17 Je regarde rapidement les chefs d'accusation 15 à 20. Les boucliers

18 humains, non, ce n'est pas du tout visé puisque vous parlez de 15 à 20.

19 M. Harmon (interprétation). – Oui, Monsieur le Président son

20 témoignage portera essentiellement sur les allégations qui ont été faites

21 eu égard au bouclier humain à savoir que ce qu'il dira renforcera et

22 confirmera ce qu’a dit une femme qui a témoigné ici, précédemment, et qui

23 a dit avoir été détenue avec d'autres prisonniers et qu'elle avait servi

24 de bouclier humain devant l’hôtel Vitez, en avril.

25 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie. Nous

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1 pouvons donc introduire le témoin.

2 M. Hayman (interprétation). - Pendant l'entrée du témoin

3 monsieur le Président, j'aimerais simplement dire qu'à un moment qui vous

4 conviendra, j'aimerais présenter oralement une requête. Ce sera bref.

5 Cette requête portera sur le témoignage du témoin que nous avons entendu

6 ce matin, sur le problème de l’ouï-dire. Si les Juges me le permettent,

7 j'aimerais présenter cette requête oralement. C'est une confirmation de la

8 requête que nous avons déposé précédemment par écrit.

9 M. le Président. - A huis clos ?

10 M. Hayman (interprétation). - Je ne pense pas que ce soit

11 nécessaire, Monsieur le Président.

12 M. le Président. - Monsieur le greffier, vous me le rappelerez.

13 (Le témoin est introduit dans la salle d’audience.)

14 Major Friss-Pedersen, est-ce que vous m'entendez ?

15 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Oui, je vous entends.

16 M. le Président. - Pouvez-vous donner au Tribunal votre nom et

17 votre prénom, avant de prêter serment ?

18 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Mes prénoms sont Mogens-

19 Erik, mon nom de famille est Friss-Pedersen.

20 M. le Président. - Merci. Veuillez lire la déclaration que

21 l'huissier va vous tendre

22 maintenant, qui est votre serment.

23 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Je déclare solennellement

24 que je dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

25 M. le Président. - Merci, Major. Vous pouvez vous asseoir.

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1 Vous avez été cité par le Procureur dans le cadre du procès

2 intenté contre l'accusé ici présent, le Général Blaskic, qui était à

3 l'époque le Colonel Blaskic. Vous devez témoigner sur cinq points, qui

4 nous ont été explicités très sommairement par le Procureur avant que vous

5 n'entriez.

6 Ils concernent le pillonnage de l’hôtel de Vitez, votre

7 rencontre avec le Général Blaskic, la description que vous allez nous

8 faire des travaux de la Croix Rouge internationale, une information

9 concernant le camion piégé et une éventuelle responsabilité d'une personne

10 qui n'est pas présente ici, mais qui est liée au contexte général de

11 l’affaire, et enfin l'appel téléphonique d’Anto Valenta.

12 Après quelques questions préalables du Procureur, vous ferez

13 votre déposition devant le Tribunal. Ensuite, le Procureur vous reposera

14 vraisemblablement quelques questions complémentaires, ainsi que les

15 avocats de l'accusé et les Juges avant que ne prenne fin votre audition.

16 Maître Harmon, c'est à vous.

17 M. Harmon (interprétation). - Merci. Bonjour, Monsieur

18 Friss-Pedersen.

19 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Bonjour.

20 M. Harmon (interprétation). - J’aimerais vous demander, pour

21 commencer, de nous décrire votre passé et l’expérience que vous avez

22 acquise en tant qu’officier. J'aimerais que vous disiez cela aux Juges du

23 Tribunal.

24 M. Friss-Pedersen (interprétation) - J'ai été appelé à servir

25 dans les rangs de l'armée danoise en 1955.

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1 En 1965, j'ai été nommé officier, et en tant que tel j'ai occupé

2 divers postes,

3 notamment au sein du corps des transmissions de l'armée danoise.

4 J'ai continué à occuper ce poste jusqu’à ce que je prenne ma retraite.

5 J'ai pris ma retraite en 1991. Depuis lors, je suis réserviste,

6 cela peut être fait dans le cadre de l'armée danoise. Je le serai jusqu'à

7 l'âge de 60 ans. J'aurais 60 ans dans deux ans.

8 Au cours de ma carrière militaire, avant 1991 j'ai été, entre

9 autre, en opération dans le cadre de diverses missions qui ont été

10 déployées hors du Danemark. J’ai passé les cinq dernières années de ma

11 carrière dans le quartier général de l’OTAN, qui se trouve à Oslo. C'est

12 ce que l'on appelle l’AFNORF.

13 Après avoir pris ma retraite, je me suis mis à la disposition de

14 l'armée danoise. Je me suis porté volontaire pour servir dans divers

15 cadres d'opérations, en tant qu'observateur des Nations Unies ou en tant

16 que moniteur de l’ECMM. C'est dans ce cadre que j'ai travaillé, depuis la

17 fin de janvier 1993 jusqu'à la fin du mois de mai de la même année.

18 Auparavant, au cours de ma carrière, il faut que je le précise,

19 j’ai servi en tant qu’observateur militaire des Nations Unies au Moyen-

20 Orient, et ce de 1978 à 1980.

21 Après avoir servi en temps qu'observateur de l’ECMM, j'ai

22 également été observateur militaire des Nations Unies, toujours en

23 Yougoslavie, notamment à Kiseljak. J'y ai servi pendant six mois, depuis

24 le mois de novembre jusqu'à la fin du mois d'avril 1994. J’étais été

25 notamment à Kiseljak, c'est un endroit que je connais fort bien. J’ai

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1 également servi en Macédoine.

2 Du fait de mes diverses expériences en tant qu'observateur pour

3 les Nations Unies ou pour la Communauté européenne, j'ai été choisi par

4 les forces armées pour servir en Finlande en tant qu'instructeur

5 militaire, pour le Corps d'observations qui regroupe un certain nombre

6 d'officiers scandinaves, au début de l'année 1995.

7 Depuis le mois de juin 1995 jusqu'à la fin de 1995, j'ai été

8 désigné pour faire partie d'une force d’observation militaire des

9 Nations Unies au Tadjikistan. Voilà tout ce que je peux

10 dire à propos de ma carrière.

11 M. Harmon (interprétation). - Merci beaucoup, Major. Alors que

12 vous étiez moniteur de l’ECMM en Bosnie Centrale, prépariez-vous des

13 rapports quotidiens au sujet des opérations ?

14 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Certainement, sur une base

15 quotidienne. Nous devions établir et envoyer ces rapports. Tous les jours,

16 j'ai aidé à la préparation de ces rapports d'opérations, qui devaient être

17 envoyés depuis cette équipe, depuis cette entité.

18 M. Harmon (interprétation). - Qu'est-ce qu'un rapport

19 opérationnel quotidien ? Pouvez-vous expliquer exactement aux Juges de

20 quoi il s’agit ?

21 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Oui, absolument. C'est une

22 équipe qui travaille sur ce type de rapports, une commission conjointe. Ce

23 rapport est en fait une synthèse de ce qu'une équipe ou de ce que diverses

24 équipes, appartenant à cette unité, ont fait au cours de la journée. Cela

25 correspond à un certain schéma décidé par de l’ECMM et établi à Zagreb. Il

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1 fallait que nous adoptions ce système et cette méthode de travail.

2 M. Harmon (interprétation). - Je demande la pièce à conviction

3 de l'accusation suivante, la pièce à conviction 187. J'aimerais qu'elle

4 soit distribuée aux Juges, au conseil de la défense, et qu'elle soit

5 placée sur le rétroprojecteur.

6 (L’huissier s’exécute.)

7 Monsieur le Président, pour le procès-verbal, la pièce à

8 conviction de l’accusation 187 est un document en anglais qui comporte

9 deux pages et deux paragraphes de ce rapport opérationnel quotidien dont

10 parlera le Major Friis-Pedersen dans sa déposition. Ils ont été traduits

11 en français. Vous trouverez cette traduction annexée au rapport

12 opérationnel quotidien en anglais.

13 M. Hayman (interprétation). - Pourrions-nous en avoir un

14 exemplaire ?

15 M. le Président. - J'étais en train de lire le document. Vous

16 n'avez pas eu

17 d’exemplaire ? Voilà, parfait.

18 M. Harmon (interprétation). - Major, sur le rétroprojecteur qui

19 se trouve à votre droite, vous devriez voir également, sur l'écran devant

20 vous, le texte du rapport opérationnel quotidien en date du 20 avril 1993.

21 Avez-vous élaboré ce rapport ?

22 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Oui, je l'ai fait avec un

23 certain nombre de mes collègues, notamment M. Hank Mozen, un moniteur de

24 l’ECMM.

25 M. Harmon (interprétation). - J'aimerais attirer votre attention

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1 sur le troisième paragraphe de la première page. Pourriez-vous, je vous

2 prie, lire ce paragraphe et en expliquer la teneur aux Juges ?

3 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Entendu. Ce paragraphe dit

4 la chose suivante : « Violation des cessez-le-feu confirmée. ».

5 L’interprète. - Monsieur le Président, les interprètes ne

6 disposent pas du texte français, et ne peuvent pas suivre sur l’écran.

7 M. le Président. - Oui. Il y avait une différence importante qui

8 n'est d'ailleurs pas de la faute des interprètes. C’est : « Violation du

9 cessez-le-feu non confirmée », n’est ce pas ?

10 L’Interprète. - Absolument, Monsieur le Président. L’interprète

11 a mal lu sur l’écran.

12 M. Harmon (interprétation). - C’est : « non confirmée ».

13 M. le Président. - Les interprètes lisent sur l'écran et ce

14 n’est pas toujours très visible.

15 M. Friss-Pedersen (interprétation). - C'est assez peu clair sur

16 mon écran, également.

17 M. Harmon (interprétation). - Peut-être pourrait-on relever un

18 peu le texte sur l’écran pour que les interprètes puissent voir le

19 troisième paragraphe ?

20 M. le Président. - Et, éventuellement, baisser un peu la lumière

21 extérieure pour

22 mieux faire apparaître le contraste sur l’écran. Continuons.

23 Voilà, vous voyez mieux, Major ?

24 M. Friss-Pedersen (interprétation). - Oui, je vous remercie. En

25 effet, je vois mieux.

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1 M. Harmon (interprétation). - Je vous en prie, continuez.

2 M. Friss-Pedersen (interprétation). - Bien. « Violation du

3 cessez-le-feu non confirmée. 2T34TKS ont reçu l’ordre de se poser en

4 position sur des routes de montagne entre Zenica et Vitez, bombardant le

5 quartier général HVO et le bâtiment des PTT à Vitez. Le HVO aurait lancé

6 un ultimatum à Gacice et, après l'échec de cette manoeuvre, le HVO aurait

7 commencé à attaquer ce village. »

8 M. Harmon (interprétation). - J'aimerais vous poser la question

9 suivante : dans ce paragraphe, nous lisons le HQ du HVO. HQ signifie-t-il

10 quartier général ?

11 M. Friss-Pedersen (interprétation). - Absolument.

12 M. Harmon (interprétation). - Cette information n'est pas

13 confirmée. Pouvez-vous expliquer aux Juges ce que signifie une information

14 non confirmée et quelle est la source de cette information ?

15 M. Friss-Pedersen (interprétation) - La source de l'information

16 était en fait le bataillon britannique, la salle d'opération du bataillon

17 britannique. Nous étions à quelques deux kilomètres de cet endroit, et,

18 régulièrement, nous avions des contacts quotidiens et la plupart des

19 informations qui nous parvenaient provenaient du bataillon britannique,

20 parce qu'il disposait de moyens armés qui leur permettaient de se rendre

21 sur le terrain, ce que nous ne pouvions pas toujours faire.

22 M. Harmon (interprétation). - Est-ce que, selon votre expérience

23 en ex-Yougoslavie, vous avez découvert que les informations qui vous

24 étaient fournies par le bataillon britannique étaient fiables ?

25 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Elles étaient toujours

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1 fiables.

2 M. Harmon (interprétation). - J'aimerais maintenant que nous

3 passions à un autre sujet, qui est la caserne de Kiseljak. Connaissez-vous

4 cette caserne, Major Friis-Pedersen ?

5 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Oui. Comme je l’ai déclaré

6 tout à l'heure, lorsque je parlais de ma carrière, j'ai été très longtemps

7 basé à Kiseljak, en fait, pendant quatre mois, au cours de l'automne et au

8 cours de l'hiver 1993-1994.

9 J'ai loué une petite chambre dans une maison de particuliers.

10 Cette maison se trouvait à deux ou trois kilomètres des casernes. Je sais

11 exactement où se trouvaient ces casernes et où la base des Nations Unies à

12 Kiseljak, à deux ou trois cents mètres. Les casernes de Kiseljak étaient à

13 moins d'un kilomètre des Nations Unies à Kiseljak.

14 M. Harmon (interprétation). - Avant le 16 avril 1993, avez-vous

15 eu l’occasion de rencontrer le Colonel Blaskic, à l’époque, à la caserne

16 de Kiseljak ? Pouvez-vous expliquer aux Juges combien de fois, et dans

17 quelles circonstances vous l’avez rencontré dans ce lieu ?

18 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Absolument. La première

19 fois, j'ai rencontré le Colonel Blaskic le 22 février. Est-ce le 21, ou

20 le 22, je ne sais pas. Je ne suis pas absolument certain.

21 Mais, en tout cas, ce jour-là, je l’ai rencontré dans les

22 casernes de Kiseljak, dans une salle de réunion. En fait, il y avait une

23 brigade locale du HVO basée à Kiseljak. C’est dans ce cadre-là que j’ai

24 rencontré le Colonel Blaskic.

25 M. Harmon (interprétation). - En combien d'autres occasions

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1 avez-vous rencontré le Colonel Blaskic, à la caserne de Kiseljak, avant le

2 mois d'avril 1993 ?

3 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Peut-être l’ai-je rencontré

4 une fois ou deux fois auparavant, je n'ai pas de date en mémoire, mais en

5 tout cas cela s'est passé à Kiseljak.

6 M. Harmon (interprétation). - N’avez-vous jamais eu l’occasion

7 de demander au Colonel Blaskic pourquoi il vous avait rencontré aussi bien

8 à l’hôtel Vitez qu’à la caserne de Kiseljak ?

9 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Notre première rencontre a

10 eu lieu à Vitez. Il fallait que je reçoive un appel qui me dise : « Venez

11 à Kiseljak tel et tel jour ».

12 J’avais été un peu surpris qu'il se trouve à Vitez. Il m'a

13 semblé, par la suite, que Vitez était son quartier général effectif. Mais

14 en tant que commandant de l'armée, jouissant d'un certain grade, il avait

15 deux quartiers généraux. Il était tout à fait normal qu'il me dise : « Je

16 travaille à la fois à Vitez et à Kiseljak, et parfois je travaille en un

17 endroit, et parfois en un autre endroit. »

18 M. Harmon (interprétation). – Après le 16 avril, Major Friis-

19 Pedersen, avez-vous été mis au courant du fait que des civils étaient

20 détenus dans la caserne de Kiseljak, celle de l'armée ?

21 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui absolument. Je crois

22 que le 18 avril j'ai dû me rendre à Kiseljak. J'avais à discuter avec la

23 brigade du HVO qui était basée là-bas. J'avais compris, au vu de certaines

24 sources qui m'avaient été communiquées auparavant, c'est-à-dire en fait

25 des informations du BritBat, que le commandant Bilalovac nous avait

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1 suggéré que ce serait une bonne idée que nous nous rendions à Kiseljak. Il

2 nous avait dit : « Il y a des prisonniers là-bas. », parmi lesquels ce

3 commandant précisait que sa femme et sa fille étaient détenues

4 prisonnières. Il y avait également des hommes, des femmes.

5 Le lendemain, lorsque j'ai à nouveau rencontré ce commandant du

6 HVO, je crois que c'était le 18, je lui ai demandé : « Il y a des

7 prisonniers ici ? ». Il m'a de fait confirmé qu’il y en avait, entre 120

8 et 150 personnes, et parmi ces prisonniers deux femmes et un enfant.

9 Je savais bien que c'était une violation flagrante de la

10 convention de Genève. Il n'était pas pensable que des civils, des enfants

11 ou des femmes soient détenus. Par conséquent je lui ai demandé :

12 « Pourriez-vous me confier ces femmes et cet enfant pour que je les ramène

13 avec moi ?». J'ai pu le faire et j'ai ramené ces personnes chez elles, à

14 Kiseljak et Glalovac.

15 M. Harmon (interprétation). – Ce commandant du HVO avec qui vous

16 parliez

17 vous a-t-il montré le bâtiment dans lequel les autres

18 prisonniers étaient détenus ?

19 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui. Il y avait un

20 bâtiment où nous tenions toutes nos réunions qui se trouvait un peu en

21 haut de la route, vers la caserne, sur la droite. Puis, sur la gauche, de

22 l'autre côté il y avait également quelques prairies, à 50 ou 100 mètres de

23 là, il y avait une caserne où se trouvaient, d'après ce que m'a dit le

24 commandant du HVO, d'autres prisonniers.

25 J'ai demandé si je pouvais les voir et j'ai précisé que si

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1 j'obtenais des informations concernant ces prisionniers de guerre, je les

2 communiquerais à la Croix Rouge qui est supposée prendre toutes les

3 mesures nécessaires dans ces cas-là. A ce moment-là, le commandant du HVO

4 m’a dit où se trouvaient ces prisoniers.

5 M. Harmon (interprétation). – C'était un bâtiment situé à 50 à

6 100 mètres de la pièce où normalement vous rencontriez le Colonel Blaskic

7 lors de vos rencontres avec lui à Kiseljak, est-ce exact ?

8 M. Friis-Pedersen (interprétation). – C’est exact.

9 M. Harmon (interprétation). – Passons à un autre sujet

10 maintenant, Major Friis-Pedersen, à savoir la Croix Rouge internationale.

11 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui.

12 M. Harmon (interprétation). – Avez-vous eu l'occasion de

13 travailler avec la Croix Rouge internationale alors que vous étiez

14 moniteur de l’ECMM en Bosnie centrale ?

15 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Oui, notamment au cours de

16 séjours fondamentaux aux alentours de Pâques, séjours où tant d’événements

17 se sont déroulés. Au cours de cette période, nous avions des contacts

18 presque quotidiens avec la Croix Rouge. Il y avait notamment des délégués

19 de la Croix Rouge dans la région avec lesquels nous avions des contacts

20 quotidiens.

21 M. Harmon (interprétation). – Pourriez-vous décrire pour

22 les Juges les pratiques

23 que vous avez pu observer pendant que vous étiez moniteur, ce

24 que vous avez appris de la Croix Rouge internationale au sujet de la façon

25 dont les commandants du HVO parlaient des droits des prisonniers.

Page 5534

1 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Oui, je me rappelle d'une

2 réunion qui s'est tenue là où nous tenions la plupart de nos réunions,

3 avec le commandant du BritBat, ce délégué de la Croix Rouge qui

4 travaillait avec nous et également d'autres personnes. Cette déléguée

5 était une femme. Elle nous racontait ce qu'elle faisait lorsqu'elle

6 essayait d'entrer en contact avec des commandants. Bien sûr, il fallait

7 que les délégués entrés en contact avec les commandants avant d’essayer de

8 faire quoi que ce soit. Elle nous disait qu'elle essayait d'expliquer aux

9 commandants ce qu’étaient les conventions de Genève relatives aux

10 prisonniers de guerre, aux traitements à réserver aux civils en cas de

11 conflit. Elle expliquait les droits des prisonniers de guerre notamment et

12 cela supposait que ces prisonniers soient emmenés des lieux de combat dès

13 qu'ils étaient faits prisonniers. Cela supposait que ces prisonniers

14 soient traités de façon correcte et humaine, il fallait qu’ils reçoivent

15 suffisamment de nourriture d'une qualité à peu près équivalente à celle

16 qu'ils auraient reçu dans leur propre armée. Il était précisé que les

17 prisonniers ne doivent pas être utilisés comme bouclier humain par

18 l'ennemi qui les a pris. Il était précisé que les prisonniers ne doivent

19 pas être utilisés pour creuser des tranchées, pour élever des

20 fortifications.

21 Pour ce qui est des prisonniers civils, elle nous a dit qu'elle

22 expliquait aux commandants quelles étaient les règles, là encore,

23 relatives à la façon de traiter ces prisonniers. Il ne faut pas faire

24 prisonniers certains civils et si c'est le cas, il faut les remettre en

25 liberté aussi rapidement que possible.

Page 5535

1 M. Harmon (interprétation). - Toujours avec l'aide de

2 l'huissier, je vous demanderai de regarder la pièce à conviction de

3 l’accusation n° 187, je vous prierai de tourner la page de la pièce 187 et

4 de montrer à l'écran la partie 8 C. C'est toujours un paragraphe du

5 rapport opérationnel quotidien que vous prépariez, n'est-ce

6 pas ?

7 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Absolument.

8 M. Harmon (interprétation). – Pourriez-vous, je vous prie donner

9 lecture de ce que vous disiez dans ce rapport opérationnel de ce jour, au

10 paragraphe 8 C ?

11 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Je souhaite tout d'abord

12 préciser...

13 M. Harmon (interprétation). - Allez-y.

14 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Les premières lignes qui

15 disent : « Le moniteur… », signifient qu'il y avait en fait deux hommes ce

16 jour-là qui menaient à bien les opérations à Vitez.

17 Comme nous avions un certain nombre de choses à faire et que

18 nous avions des moyens qui nous permettaient de nous protéger, des moyens

19 de transport, nous nous sommes scindés en deux groupes. Donc cela c'est

20 l'autre moniteur qui apportait cette contribution au rapport opérationnel

21 quotidien.

22 Voilà ce qu'il est écrit : « L'autre surveillant est allé avec

23 le reste de la commission mixte et avec le représentant du CICR... »

24 -c’est le délégué dont j'ai parlé tout à l'heure- « ...au quartier général

25 de la brigade HVO à Vitez. Nous avons expliqué les conditions du CICR et

Page 5536

1 le travail de la commission mixte. Les listes n'étaient pas prêtes. »

2 -c'est-à-dire celles que le HVO avait promit d'établir concernant les

3 prisonniers qui étaient détenus par eux à Vitez, donc– « la liste n'était

4 pas prête, principalement du fait de problème de communication. Le HVO à

5 accepter de fournir des listes le lendemain à 9 heures pour qu'elles

6 soient récoltées par la CICR et ces hommes du HVO ont accepté les

7 conditions du CICR relatives au traitement, aux visites et aux droits des

8 prisonniers. L'équipe a insisté sur la question de la sécurité, suite à

9 dix incidents hier, lors desquel, elle a essuyé des tirs d'armes semi-

10 automatiques. »

11 M. Harmon (interprétation). - Merci beaucoup. Passons maintenant

12 à un autre sujet, Major.

13 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Entendu.

14 M. Harmon (interprétation). – Avez-vous vu une conversation avec

15 Ramiz Dukalic, le commandant adjoint du troisième corps, le 9 mai 1993, au

16 sujet d'un camion piégé qui avait explosé à Stari Vitez ?

17 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui, je m'en souviens tout

18 à fait, absolument.

19 M. Harmon (interprétation). - Dites aux Juges, ce dont vous vous

20 rappelez de cette conversation, je vous prie ?

21 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Je me souviens qu'il

22 m'avait fait rapport à moi-même et à mon assistant, à notre moniteur donc.

23 Il nous avait dit que deux hommes avaient été arrêtés par l'armée de

24 Bosnie-Herzégovine à Ahmici quelques jours avant le 9.

25 M. Harmon (interprétation). - Par l'armée de Bosnie-Herzégovine

Page 5537

1 ou par le HVO ?

2 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Excusez-moi, par le HVO.

3 Non, c’était l’armée de Bosnie-Herzégovine. L’armée de Bosnie-Herzégovine

4 était là et est intervenue, elle a capturé ces deux hommes. Ceux-ci

5 portaient des insignes de la police croate dans leur poche. On nous a dit

6 qu'on pouvait interroger ces deux hommes, si nous le souhaitions.

7 Par la suite, concernant cet événement, ce M. Dukalic nous a dit

8 que le camion piégé avait, en fait, été conduit par un Musulman qui était

9 un chauffeur pour des convois humanitaires, qui ne savait pas du tout ce

10 qu'il transportait.

11 En fait, c'était cette charge d'explosifs, dont l'explosion a

12 provoqué un énorme cratère en plein milieu de la route principale de

13 Vitez. Son chauffeur a, lui aussi, était arrêté par le HVO, on l'a obligé

14 à prendre le volant de ce camion. Il y avait un autre homme derrière le

15 camion et on nous a dit qu'il pourrait peut-être nous apprendre quelque

16 chose. Il s'agissait de Darko Kraljevic. Lui habitait à Vitez. Il me

17 semble que c'était dans le quartier de Vitez qui se trouvait à côté du

18 carrefour qui mène vers Zenica.

19 M. Harmon (interprétation). – Passons maitenant au dernier

20 sujet : l’appel menaçant que vous avez reçu d’un homme appelé

21 Anto Valenta.

22 Avant de parler aux Juges de ce coup de téléphone, je prierai

23 l'huissier de bien vouloir placer la pièce 80-8 sur le rétroprojecteur.

24 Pendant que cette pièce à conviction vous est remise, Major

25 Friis-Pedersen, je vous demanderai si vous connaissez un homme appelé

Page 5538

1 Anto Valenta, et si vous avez eu des contacts avec lui avant cet appel

2 téléphonique ?

3 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Oui, je le connais. En

4 fait, je peux l'indiquer si vous voulez. Voilà de qui il s’agit, c'est

5 lui. Et l’on m'a dit, je n'ai aucune raison d'en douter, qu'il était le

6 conseiller politique du Colonel Blaskic.

7 M. Harmon (interprétation). - Bien, j'en ai fini de cette

8 photographie, Major. Merci.

9 Pourriez-vous décrire aux Juges de la Chambre de première

10 instance, ce coup de téléphone que vous avez reçu le soir du

11 18 avril 1993 ?

12 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui. J'étais assis dans

13 mon bureau non loin du bataillon britannique à l’ECMM, lorsque le

14 téléphone a sonné. Je ne suis pas sûr qu’Anto Valenta parlait suffisamment

15 bien l'anglais, donc la conversation s'est déroulée grâce à l'aide d'un

16 interprète.

17 J'écoutais ce qu'il m'était dit dans une oreille et l'interprète

18 me traduisait ces propos. J'ai entendu au bout du fil un homme inconnu qui

19 ne désirait pas donner son nom, ni son numéro de téléphone, ni aucun

20 renseignement personnel. Il a dit que si le bataillon britannique ne

21 cessait pas d'aider les Musulmans -ce que le bataillon britannique avait

22 fait après l'explosion du camion piégé à Vitez - en refusant d'aider le

23 HVO, il allait attaquer le bataillon britannique, le HVO allait attaquer

24 le bataillon britannique. Voilà ce que j'ai entendu au cours de cette

25 conversation. J'étais pratiquement sûr à 90 % que j'entendais la voix

Page 5539

1 d'Anto Valenta.

2 M. Harmon (interprétation). – En êtes-vous sûr ?

3 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Oui. J'avais la certitude

4 de 90 à 100 % que cette voix était bien celle de Valenta. J'avais son

5 numéro sur moi, je savais qu'il était attaché au Colonel Blaskic à Vitez,

6 au quartier général et tout cela correspondait au numéro que j'avais sur

7 sa carte.

8 J'ai donc appelé ce numéro, je l'ai eu au téléphone et je lui ai

9 dit : « Ecoutez, je viens d'avoir une conversation téléphonique très

10 curieuse à l'instant et j'ai eu l'impression que c'était votre voix. » Il

11 a nié faiblement. Je n'ai jamais obtenu une réponse claire du type :

12 « Non, ce n'était pas moi. », mais je n'ai, bien sûr, pas eu non plus la

13 réponse inverse. Je lui ai expliqué ce qu'il nous avait été dit. J'étais

14 assez furieux au sujet de ce coup de téléphone de menace parce que le HVO

15 prétendait tout à coup avoir les mêmes droits que les Musulmans qui

16 avaient été attaqués par lui.

17 Les seuls qui avaient aidé les Musulmans à l'époque étaient les

18 membres du bataillon britanniques qui ont fait intervenir toutes leurs

19 forces pour s'occuper des morts et essayer de faire sortir hors de Vitez

20 les blessés et les réfugiés. Tout cela était très bien fait.

21 Tout à coup, nous avions ce coup de téléphone de menace. J'ai

22 donc expliqué à Anto Valenta qu'il était indécent de proférer de telles

23 menaces et que si ces menaces étaient mises à exécution, le bataillon

24 britannique, à mon avis, ne ferait qu'une seule chose, retirer ses forces

25 et retourner dans le camp.

Page 5540

1 Le bataillon britannique ne ferait qu'une seule chose qui

2 consisterait à retirer l'ensemble de ses forces et à cesser de défendre

3 qui que ce soit en ne défendant que ses membres. Si eux lançaient un

4 assaut, ils souffriraient de cette attaque contre le bataillon

5 britannique, car il n'y aurait pas un moyen pour eux de résister. Il a

6 entériné le rapport que je lui ai fait et je n’ai plus eu de nouvelles.

7 M. Harmon (interprétation). – Je vous remercie, Major.

8 Monsieur le Président, je vais demander le versement au dossier

9 de la pièce de

10 l’accusation 187.

11 Merci, Monsieur le Major Friis-Pedersen. J'en ai terminé de mon

12 interrogatoire principal. A présent, ce sont les conseils de la défense

13 qui vont vous poser quelques questions.

14 M. le Président. – Merci, Maître Harmon. Je vous félicite, vous

15 avez été dense et très précis. Je remercie également le Major d’avoir fait

16 preuve de concision et de précision.

17 Me Hayman, conseil de l'accusé, va vous poser des questions dans

18 le cadre du contre-interrogatoire.

19 M. Hayman (interprétation). - Major, bonjour.

20 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Bonjour.

21 M. Hayman (interprétation). - J'aimerais tout d'abord attirer

22 votre attention sur le paragraphe 3 de la pièce 187. Avez-vous ce

23 paragraphe sous les yeux ? C'est le rapport quotidien des opérations du

24 20 avril 1993. J'aimerais attirer votre attention sur ce paragraphe 3,

25 intitulé : « Violation du cessez-le-feu (non confirmée). ».

Page 5541

1 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui.

2 M. Hayman (interprétation). - Si un membre du BritBat a fait

3 l'observation personnelle d'une violation de cessez-le-feu, serait-ce une

4 violation confirmée ou non, telle qu'elle est consignée dans le rapport

5 qui est la pièce 187 ?

6 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Ce serait confirmé. S'il y

7 avait possibilité de confirmation, nous nous appuyions complètement sur

8 les informations du bataillon britannique qui ont toujours été très

9 fiables.

10 M. Hayman (interprétation). – Si c’était quelqu’un du BritBat,

11 vous diriez : violation confirmée.

12 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Oui, en effet.

13 M. Hayman (interprétation). - Ainsi donc, le fait que ce qui est

14 repris au paragraphe 3 représente des violations non confirmées, signifie-

15 t-il que les informations qu'on y

16 retrouve furent fournies au Britbat par d'autres sources ?

17 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Oui. Cela signifie que les

18 membres du bataillon britannique ne s'étaient pas rendus sur place pour

19 confirmer les faits.

20 M. Hayman (interprétation). – Savez-vous quelles étaient les

21 sources ?

22 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Je crois que non.

23 M. Hayman (interprétation). – Pour savoir quelle était la

24 source, pour déterminer la valeur qualitative de l’information, il faut

25 nous adresser à quelqu’un d'autre que vous ?

Page 5542

1 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui. Je n’ai pas pu par la

2 suite confirmer moi-même cette information.

3 M. Hayman (interprétation). – Avez-vous essayé de le faire ?

4 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Je ne me rappelle

5 exactement, mais nous avions réparti nos moyens, en principe à l'époque.

6 Nous avions normalement deux équipes qui pouvaient sortir. Il n'y en avait

7 qu’une qui était sortie dans une Mercedes, ce jour-là. Le bataillon

8 britannique sortait toujours avec des blindés, transports de troupes.

9 C'était un meilleur moyen de traverser, en cas de problèmes.

10 M. Hayman (interprétation). - Si je vous comprends bien vous

11 n’avez pas été en mesure de confirmer personnellement le paragraphe 3 de

12 la pièce 187 ?

13 M. Friis-Pedersen (interprétation). - En effet, mais, c'était

14 conforme à nos procédures. Nous devions nous diviser et confirmer que nous

15 savions tel ou tel événement avec 100 % de certitude comme c'est dit au

16 paragraphe 2. Dans ce cas précis, le message ne nous a pas permis de le

17 faire.

18 M. Hayman (interprétation). - Le BritBat a reçu un rapport,

19 n'est-ce pas d'une source quelconque ?

20 M. Friis-Pedersen (interprétation) - Oui, c'était un message

21 oral du bataillon britannique.

22 M. Hayman (interprétation). – Avez-vous des informations plus

23 précises s'agissant du moment où le rapport, décrit au paragraphe 3, a eu

24 lieu ? Etait-ce à 3 heures du matin, vers midi, était-ce des tirs

25 ininterrompus ? Avez-vous davantage d’information ?

Page 5543

1 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Non.

2 M. Hayman (interprétation). - Cela aurait-il pu être un obus à

3 4 heures du matin ? Ce serait tout à fait dans le cadre du rapport, n’est-

4 ce pas ?

5 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Dans ce cas, je pense

6 qu'il y a eu plus d'un obus. Normalement, nous n'accordons pas une

7 importance extraordinaire à un seul impact.

8 M. Hayman (interprétation). – BritBat vous a-t-il dit combien

9 d'obus avaient été mentionnés ?

10 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Non.

11 M. Hayman (interprétation). – Vous êtes-vous seulement contenter

12 de rapporter ce que le BritBat vous a dit ?

13 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui.

14 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé de la rencontre

15 que vous avez eu avec le colonel Blaskic à la caserne de Kiseljak, le

16 22 février 93.

17 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui. C'est la première

18 réunion que je me rappelle avoir eue avec lui. C'était donc une espèce de

19 rencontre de présentation, comme nous le faisions toujours dans ce genre

20 de réunion. Nous avons discuté de la situation sur le plan des opérations,

21 bien entendu.

22 M. Hayman (interprétation). - Vous souvenez-vous d'autres

23 réunions que vous auriez eues avec lui à Kiseljak ?

24 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Non, je me rappelle

25 simplement que cela a dû se passer avant le 16 avril. Car depuis cette

Page 5544

1 date, je crois pouvoir dire qu'il est pratiquement resté tout le temps

2 dans son quartier de Vitez.

3 M. Hayman (interprétation). – Excusez-moi, je n’ai pas bien

4 suivi. Je consulte mes notes.

5 Vous dites qu'à partir de ce moment-là, il est resté à son

6 quartier général de Vitez ?

7 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Peut-être que le mot resté

8 n'est pas le terme le plus approprié, dans la mesure où je suppose qu’il

9 s’est de temps en temps rendu auprès de ses troupes. Il n'a pas passé tout

10 le temps assis derrière son bureau.

11 M. Hayman (interprétation). – La guerre a sévi à partir du

12 16 avril, n’est-ce pas ?

13 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Je sais, oui.

14 M. Hayman (interprétation). - Pourriez-vous nous dire quand vous

15 l’avez rencontré à Vitez ?

16 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Jusqu'à la dernière

17 réunion qui a eu lieu, je regarde mes notes. La dernière a eu lieu le

18 9 mai, je me rappelle cette réunion, car c'était une espèce de visite

19 d'adieu. Là encore, bien sûr, nous avons discuté de questions

20 opérationnelles.

21 M. Hayman (interprétation). - Vous souvenez-vous de la date

22 d'autres réunions que vous avez eues avec lui à Vitez ?

23 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Non. Excusez-moi…

24 M. Hayman (interprétation). - Je vous en prie.

25 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Je me rappelle que j’ai eu

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1 des réunions avec lui. Mais, je ne me rappelle pas les dates de ces

2 réunions.

3 M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous vous êtes rendu à

4 Kiseljak le 22 avril 1993, d’où veniez-vous ? Quel était le point de

5 départ de votre mission ce jour-là ?

6 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Le 22 février ?

7 M. Hayman (interprétation). - Oui. D’où êtes-vous venu ce jour

8 là ?

9 M. Friis-Pedersen (interprétation). - D’où suis-je venu ? Vous

10 parlez de la première réunion ?

11 M. Hayman (interprétation). – Etiez-vous à Kiseljak au début de

12 la journée du 22 avril 93 ?

13 Excusez-moi, attendez que je finisse de poser ma question, il ne

14 faut pas aller trop vite pour les interprètes. Il faut leur donner la

15 possibilité de faire leur travail correctement.

16 Etiez-vous là ? Ou bien avez-vous dû vous déplacer depuis un

17 autre endroit pour parvenir à cet endroit où vous alliez rencontrer le

18 Colonel Blaskic ?

19 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui je l'ai fait. Je suis

20 parti de Busovaca pour arrivée à Kiseljak par la route. J'ai eu cette

21 réunion au siège des Nations Unies. J'y ai aussi fait quelques courses,

22 dans leur entrepôt. Dans l'après-midi de ce jour, j'ai rencontré le

23 colonel Blaskic, dans son bureau, à cet endroit.

24 M. Hayman (interprétation). – Avez-vous, au cours de ces

25 déplacements, dû passer par la route Kiseljak-Busovaca ?

Page 5546

1 M. Friis-Pedersen (interprétation). - En effet.

2 M. Hayman (interprétation). – Avez-vous dû franchir des barrages

3 routiers du HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

4 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Oui, tout à fait.

5 M. Hayman (interprétation). – Ce segment de route, allant de

6 Bilalovac à Kacuni à peu près, était-il contrôlé par l’armée de Bosnie-

7 Herzégovine, n'est-ce pas ?

8 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui c'est exact.

9 M. Hayman (interprétation). – C’était vrai depuis le

10 27 janvier 93 à peu près, n’est-ce pas ?

11 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui.

12 M. Hayman (interprétation). - Le Colonel Blaskic n'avait pas de

13 liberté de passage par cette route à ce moment là, n'est-ce pas ?

14 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Il me semble qu'il ne

15 pouvait pas passer, mais

16 je sais aussi que les deux parties utilisaient des chemins dont

17 elles étaient les seules à connaître l'existence dans la montagne et

18 qu'elles utilisaient pour remplir les objectifs qui étaient les leurs. Il

19 y avait d'autres moyens d'aller de Zenica à Kiseljak en empruntant une

20 autre route. Vous le verrez sur la carte, vous verrez sur le terrain qu'il

21 y avait d'autres routes qui allaient à Kiseljak et pas seulement celle de

22 Busovaca.

23 M. Hayman (interprétation). - Vous voulez dire pour aller à

24 Sarajevo ?

25 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Non.

Page 5547

1 M. Hayman (interprétation). - Pour aller à Visoko ?

2 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Visoko est l'un de ces

3 lieux, oui.

4 M. Hayman (interprétation). – Mais, Visoko, à l’époque était

5 tenu par l'armée de Bosnie-Herzégovine, n’est-ce pas ?

6 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Par l'armée de Bosnie-

7 Herzégovine ? Oui, c'est exact. Mais encore une fois, je dois insister

8 auprès de vous pour dire que les commandants des deux côtés connaissaient

9 leurs petits chemins secrets.

10 M. Hayman (interprétation). – Entre le 27 janvier 1993 et la

11 deuxième semaine de mars 1993, pourriez-vous nous parler d'incidents ou de

12 cas où le Colonel Blaskic est sorti de Kiseljak pour aller à Vitez, si ce

13 n'est avec une escorte blindée de la Forpronu, du moins pour aller à une

14 réunion avec les Nations Unies ? Pourriez-vous citer un seul exemple ?

15 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Non, parce qu'il ne nous

16 l'aurait pas dit s'il avait d'autres moyens de circuler.

17 Il est exact que les Nations Unies assuraient son transport en

18 toute sécurité et s’assuraient de son passage par les barrages routiers

19 lorsqu'il se rendait à certaines des réunions avec les membres des Nations

20 Unies. Cela est exact.

21 Mais là il s'agissait de moyens officiels de se déplacer. Les

22 Nations Unies ne s'occupaient pas de la façon dont il contrôlait ses

23 troupes. Et nous non plus à l’ECMM, nous ne

24 nous occupions pas de savoir comment il contrôlait ses troupes.

25 M. Hayman (interprétation). - Vous l'avez rencontré à la caserne

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1 de Kiseljak le 22 avril, n'est-ce pas ?

2 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui.

3 M. Hayman (interprétation). - Et lui, il était au quartier de la

4 brigade à Kiseljak, à la caserne, n’est-ce pas ?

5 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Oui. Nous nous

6 rencontrions toujours dans la même pièce. Un tableau particulier se

7 trouvait sur le mur. Je me souviens qu’à la première réunion, j’ai demandé

8 au Colonel Blaskic qui était ce monsieur à l’air très noble et qui

9 ressemblait à un roi. Le Colonel Blaskic m’a répondu que c’était un roi

10 croate.

11 M. Hayman (interprétation). – Avez-vous appris que le

12 Colonel Blaskic avait un quartier général et du personnel à Kiseljak ?

13 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Nous l’avons appris dans

14 le sens où c’est là que nous l'avons rencontré.

15 M. Hayman (interprétation). – Je ne vous ai pas demandé si vous

16 l’aviez rencontré à Kiseljak, parce qu’apparemment vous l’avez fait.

17 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui.

18 M. Hayman (interprétation). - Ma question est différente.

19 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui.

20 M. Hayman (interprétation). – Il avait un état-major à l’hôtel

21 Vitez, n’est-ce pas ?

22 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui.

23 M. Hayman (interprétation). – Avez-vous des informations

24 précises qui suggéraient qu'il avait aussi un état-major au quartier

25 général de Kiseljak ?

Page 5549

1 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Non.

2 M. Hayman (interprétation). - Vous vous êtes rendu à Kiseljak et

3 vous en avez

4 ramené un ou plusieurs civils. Tout ceci s'est passé quel jour,

5 Monsieur ? Cela s'est-il passé un autre jour que le 22 avril ou était-ce

6 le même jour ?

7 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Non, c'était le 18 avril.

8 M. Hayman (interprétation). – Savez-vous où était le

9 Colonel Blaskic le 18 avril, à Kiseljak ou à Vitez ?

10 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Il n'était pas à Kiseljak.

11 Je ne peux pas parler en son nom, je ne sais pas exactement où il était,

12 mais je suppose qu’il était dans la région de Vitez.

13 M. Hayman (interprétation). - Vous ne pouvez pas dire qu'il

14 était à Kiseljak ou qu'il n'y était pas ?

15 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Il se cachait peut-être,

16 mais il y avait les moniteurs de l’ECMM et je suppose qu’il aurait voulu

17 nous parler s'il avait su que nous étions présents.

18 M. Hayman (interprétation). - Il avait toujours l'intention de

19 discuter avec vous lorsque vous vous êtes trouvé dans son quartier

20 général ?

21 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Quand nous demandions à le

22 rencontrer, il était toujours près à trouver une date pour une telle

23 réunion. Quand la première date n'allait pas, il en trouvait une autre.

24 M. Hayman (interprétation). - Le 18 avril, vous êtes allé à

25 Kiseljak. Avez-vous avez franchi les mêmes barrages routiers et la section

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1 de terrain que contrôlait l'armée de Bosnie-Herzégovine sur la route de

2 Kiseljak à Busovaca ?

3 M. Friis-Pedersen (interprétation). - En effet.

4 M. Hayman (interprétation). – Avec qui avez-vous parlé, à quel

5 commandant du HVO ?

6 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Je ne me rappelle pas son

7 nom. Il s'est

8 présenté comme commandant de brigade.

9 M. Hayman (interprétation). - Vous souvenez-vous qu'à la réunion

10 de la commission mixte de Busovaca, réunion à laquelle vous avez participé

11 le 18 avril, il y a eu un accord entre le HVO et l’armée de Bosnie-

12 Herzégovine portant sur l’échange de prisonniers ?

13 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui. Nous fournissions ce

14 genre de choses au nom de la Croix Rouge ; c'est la Croix Rouge qui

15 enregistrait les prisonniers.

16 Chaque fois que nous circulions dans la région et que nous

17 avions le sentiment que nous apprenions avec certitude qu'il y avait des

18 prisonniers, nous essayions de rassembler autant d'éléments que possible,

19 nous tentions de libérer telle ou telle personne si c’était possible.

20 Lorsque nous avions l'autorisation de visiter un prisonnier -ce qui

21 n'était pas toujours le cas- nous transmettions ces données à la Croix

22 Rouge internationale le même jour ou le lendemain.

23 M. Hayman (interprétation). – Vous avez décrit une réunion que

24 vous avez eue avec un représentant de la CICR.

25 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui.

Page 5551

1 M. Hayman (interprétation). – Avez-vous assisté à une quelconque

2 réunion ayant eu lieu entre le CICR et le Colonel Blaskic ?

3 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Non, je n'étais pas

4 présent personnellement à cette réunion particulière.

5 M. Hayman (interprétation). – Avez-vous toujours la pièce 187

6 sous les yeux ?

7 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Le rapport du 20 avril ?

8 M. Hayman (interprétation). - Oui, le rapport opérationnel.

9 Pourriez-vous examiner, page 2, le paragraphe 8C.

10 Je suppose que ce rapport provient de M. Morci, j’espère que je

11 prononce bien son nom. Il est allé avec un représentant du CICR au

12 quartier général à Vitez, n’est-ce pas ? Etait-ce le quartier général de

13 Mario Cerkez à l’époque ? Etait-ce le quartier général de Mario Cerkez, à

14 l'époque ?

15 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Le siège de la brigade du

16 HVO était à cet endroit, effectivement.

17 M. Hayman (interprétation). - Oui, nous parlons d'un bureau

18 différent. Je ne parle pas ici du commandement pour la zone opérationnelle

19 de la Bosnie Centrale.

20 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Oui, c'était en un lieu

21 différent, mais pas loin.

22 M. Hayman (interprétation). - J'aimerais vous poser une question

23 qui porte sur la réunion que vous avez eue avec Ramiz Dukalic, le

24 9 mai 1993.

25 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Oui.

Page 5552

1 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous dit, lors de votre

2 déposition, qu'il vous avait dit que deux soldats du HVO ou du HV, avaient

3 été capturés à Ahmici ?

4 M. Friss-Pedersen (interprétation). - Ils ont trouvé dans leur

5 poche deux badges, deux emblèmes du HVO. C'est cela qu'on nous a dit.

6 M. Hayman (interprétation). - Vous a-t-on dit que apparemment,

7 d’après ce que croyait M. Dugalic, il s’agissait de soldats du HVO qui

8 auraient participé à l'attaque ? Ou s’agissait-il de soldats du HV ? Il se

9 peut que j'aie raté une lettre dans ce que vous avez dit.

10 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Il croyait qu'il s'agissait

11 de types du HVO.

12 M. Hayman (interprétation). - Vous avez eu une discussion qui

13 portait sur Darko Kraljevic, n’est-ce pas ?

14 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Pas une discussion. On nous

15 a simplement dit qu'un homme, qui se trouvait derrière ce Darko Kraljevic,

16 était le voisin de quelqu'un que nous connaissions, qui vivait à Vitez.

17 M. Hayman (interprétation). - Monsieur l'huissier, avec votre

18 aide, j'aimerais fournir des documents aux Juges, au conseil de

19 l'accusation. Il n'y a malheureusement pas de traduction française pour le

20 moment, mais il y une traduction en anglais des documents serbo-

21 croates.

22 (L’huissier s’exécute.)

23 La question que j'aimerais vous poser est la suivante.

24 Commandant, lors de votre rencontre avec Ramiz Dugalic, commandant-adjoint

25 du 3ème Corps d'armée de l’armée de Bosnie-Herzegovine, le 9 mai 1993, il

Page 5553

1 vous a remis un document, un document que vous avez maintenant entre les

2 mains, à savoir la version BSC du document qui vous a été remis, n'est-ce

3 pas ?

4 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Je ne me rappelle pas avoir

5 vu ce document par le passé.

6 M. Hayman (interprétation). - Vous vous êtes rendu à cette

7 réunion avec un autre membre de la mission, M. MacLeod, n’est-ce pas ?

8 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Oui, en effet.

9 M. Hayman (interprétation). - A-t-il rédigé un rapport ?

10 M. Harmon (interprétation). - Objection, Monsieur le Président.

11 Une série de questions très précises ont été posées au témoin au

12 sujet du camion piégé de Darko Kraljevic. Maintenant, les questions

13 sortent véritablement de ce champ très étroit. Donc, je fais objection,

14 Monsieur le Président.

15 M. le Président. - (Hors micro.)

16 M. Hayman (interprétation). - Oui, volontiers, Monsieur le

17 Président. La déclaration de l’autre observateur, qui a participé à la

18 même réunion que le témoin, déclare ceci s'agissant de ce document, je

19 cite : « C'est une autorisation qui est donnée aux Musulmans de quitter

20 leur maison. » ; ceci se trouve en annexe. C'est une annexe, un rapport de

21 l’ECMM.

22 Ce document a été obtenu par l’ECMM, précisément lors de

23 l'entretien auquel a participé le témoin. Il ne s'en souvient peut-être

24 pas, mais je crois avoir le droit d’essayer de lui rafraîchir la mémoire

25 sur ce point. Il a déjà peut-être la mémoire rafraîchie par le petit

Page 5554

1 dialogue

2 que l’on vient d’avoir.

3 M. le Président. - Je voudrais consulter mes collègues.

4 (Les Juges se consultent sur le siège.)

5 Maître Hayman, nous sommes à la limite de l'exercice, mais le

6 Tribunal vous autorise à reformuler votre question brièvement. Allez-y, en

7 essayant de la cerner au mieux sur ce qui avait été dit lors de

8 l’interrogatoire.

9 M. Hayman (interprétation). - Je n'ai plus que quelques

10 questions à poser, je vous remercie de m'avoir donné l’occasion de

11 rafraîchir la mémoire du témoin sur ce point.

12 Commandant, est-ce que le petit dialogue que nous avons eu vous

13 a rafraîchi la mémoire ?

14 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Oui, cela m'a permis de me

15 rafraîchir la mémoire dans le mesure où, pendant ces journées, je n'étais

16 plus membre, ni président de la commission.

17 J'ai été envoyé à Zenica avec MacLeod, qui venait de notre siège

18 supérieur, à Zagreb. Lui, il était chargé, avec mon aide, de tenter de

19 recueillir tous les éléments que nous connaissions au sujet des atrocités

20 et des raisons pour lesquelles tant de personnes avaient été blessées,

21 tuées, etc.

22 Puisque lui était chargé de rédiger le récapitulatif, ainsi que

23 son propre rapport, ce qu'il a fait le 17 mai, date à laquelle je suis

24 parti, il l'a fait avec ses propres moyens. Il était donc plus en mesure

25 de se rappeler tous les détails, parce qu'il avait le document en sa

Page 5555

1 possession.

2 Moi, je ne me rappelle pas avoir déjà vu ce document, peut-être

3 l’ai-je simplement vu au moment où il a été transmis à MacLeod, c’est

4 tout.

5 M. Hayman (interprétation). - S'il avait attaché une annexe aux

6 notes que vous aviez de cette réunion, avec Ramiz Dugalic ce jour-là,

7 auriez-vous le moindre doute quant au fait qu’il a effectivement obtenu

8 ces informations lors de la réunion ?

9 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Bien sûr que non. Pas du

10 tout. Nous étions très proches, nous parlions de ce que nous voyions, l'un

11 ou l'autre. Comme j'étais son assistant, ce que je viens de vous dire, il

12 m'arrivait de prendre des notes pour lui. Mais, lors de cette réunion,

13 j'ai eu très peu de notes. Donc je ne suis pas en mesure de dire que je

14 connais ce rapport.

15 M. Hayman (interprétation). - Je demande le versement de ce

16 document qui est extrait du rapport ECM, attaché en annexe, et fourni à la

17 défense par l'accusation.

18 M. Harmon (interprétation). - Monsieur le Président, je fais

19 objection, car le témoin n'a pas établi les fondements. Le témoin a dit

20 qu'il ne reconnaissait pas ce document.

21 M. le Président. - Il a terminé son intervention en disant qu'il

22 ne reconnaissait pas, qu'il n'identifiait pas, ce document. Il doit donc

23 être mis en réserve, à mon avis.

24 Monsieur le Juge Riad ?

25 M. Riad (interprétation). - Oui.

Page 5556

1 M. le Président. - Le document n'est pas identifié formellement

2 par le témoin. Nous en resterons, pour l’instant, sur ce que le témoin a

3 déclaré, ce qui figure au compte rendu, si vous voulez bien.

4 Autre question, Maître Hayman ?

5 M. Hayman (interprétation). - Ces deux soldats du HVO, dont le

6 commandant Dugalic, vous ont parlé. Les avez-vous rencontrés, avez-vous eu

7 l’occasion de les voir ?

8 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Non, pas du tout.

9 M. Hayman (interprétation). - Est-ce qu’un membre de l’ECMM les

10 a rencontrés ?

11 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Pas que je sache.

12 M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit avoir été informé du

13 fait qu’Anto Valenta était le conseiller politique du Colonel Blaskic ?

14 M. Friss-Pedersen (interprétation). - C'est exact.

15 M. Hayman (interprétation). - Qui vous l'a dit ?

16 M. Friss-Pedersen (interprétation). - Lorsqu’il s’est présenté

17 la première fois, lorsque je l'ai vu pour la première fois, c'est là qu'il

18 me l’a dit.

19 M. Hayman (interprétation). - C'est de cette façon

20 qu’Anto Valenta s’est présenté à vous ?

21 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Absolument.

22 M. Hayman (interprétation). - En présence du Colonel Blaskic ?

23 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Je n’en suis pas certain,

24 non.

25 M. Hayman (interprétation). - Vous ne vous souvenez pas si le

Page 5557

1 Colonel Blaskic était présent ?

2 M. Friss-Pedersen (interprétation) - C'est exact, je ne m’en

3 souviens pas.

4 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que, outre Valenta lui-

5 même, quelqu’un d’autre vous l'a dit aussi ?

6 M. Friss-Pedersen (interprétation) - Oui, mes compagnons, les

7 autres moniteurs qui étaient là, et qui, eux aussi, travaillaient dans ce

8 centre régional à Zenica. Ce sont eux qui nous ont parlé de cet

9 Anto Valenta et du poste qu’il occupait.

10 M. Hayman (interprétation). – Vous, ainsi que les autres

11 moniteurs, avez été informés du fait qu'il était conseiller politique du

12 Colonel Blaskic ?

13 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui.

14 M. Hayman (interprétation). – Vous a-t-on dit qu’il occupait une

15 autre fonction, un autre poste politique par exemple ?

16 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Pas que je m'en souvienne.

17 M. Hayman (interprétation). - Il avait donc pour seule fonction

18 d'être conseiller du Colonel Blaskic, n'est-ce pas ?

19 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Pour autant que nous

20 l’ayons appris pendant

21 la durée de notre séjour là-bas, oui.

22 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé de cette menace

23 provenant de M. Valenta.

24 M. Friis-Pedersen (interprétation). - C'est exact.

25 M. Hayman (interprétation). - Vous croyez que c'était lui au

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1 téléphone.

2 M. Friis-Pedersen (interprétation). - J'en suis sûr à 90 ou

3 100 %.

4 M. Hayman (interprétation). - Je ne vous mets pas en doute,

5 croyez-moi.

6 Au cours des réunions et conversations que vous avez eues avec

7 le Colonel Blaskic, n’a-t-il jamais proféré des menaces à l’égard de

8 l’ECMM, du BritBat ou d’autres organisations internationales ?

9 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Non.

10 M. Hayman (interprétation). - Il a même coopéré avec l’ECMM,

11 vous en souvenez-vous ?

12 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Apparemment, oui. Dès que

13 nous avions une demande à formuler, il essayait de nous venir en aide.

14 L’impression que nous avions de lui était celle d’un homme poli, agréable.

15 Il semblait avoir une main de fer dans un gant de velours. C'était un

16 commandant qui savait faire ce qu'il fallait quand c'était nécessaire et,

17 en l’occurrence, pour nous, c’était nécessaire. S'il souhaitait que nous

18 l'aidions, il essayait lui aussi de nous aider. C'est comme cela que nous

19 avons perçu les choses et, en un certain nombre de cas, cela nous a

20 beaucoup aidé.

21 M. Hayman (interprétation). - Cet appel téléphonique de

22 M. Valenta s'est-il produit avant ou après le camion piégé à Stari Vitez ?

23 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Après l'explosion du

24 camion piégé parce que, précisément, il a fait référence à l’aide apportée

25 par le bataillon britannique aux Musulmans après cet incident.

Page 5559

1 M. Hayman (interprétation). – Avez-vous reçu ma lettre du

2 24 avril 1997 qui demandait un entretien avec vous ?

3 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Oui, je m’en souviens,

4 j’ai obtenu cette lettre, absolument.

5 M. Hayman (interprétation). - Vous étiez, si je me souviens

6 bien, prêt à nous accorder cet entretien.

7 M. Harmon (interprétation). – Objection, Monsieur le Président.

8 Cette question sort tout à fait du champ couvert par l’interrogatoire

9 principal.

10 M. le Président. - Allez jusqu'au bout de votre objection. C’est

11 une objection uniquement sur le principe, car Me Hayman n'a pas terminé sa

12 question. Le Tribunal doit connaître la question. C'est une objection de

13 principe ?

14 M. Harmon (interprétation). – Monsieur le Président, nous

15 entrons dans un domaine que j'aurais pu aborder dans l'interrogatoire

16 principal. Je ne l'ai pas fait. Donc, nous sortons tout à fait de ce qui a

17 été dit le cadre de l’interrogatoire principal.

18 M. le Président. – Maître Harmon, vous le savez bien.

19 M. Harmon (interprétation). – Parfait, Monsieur le Président.

20 M. le Président. - Ce n'est pas le fait de rappeler une lettre

21 qu’il a envoyée au témoin qui doit en principe aider les Juges. Ces

22 derniers doivent avoir un peu plus d'éléments pour savoir si on sort

23 vraiment et de façon trop large de l’interrogatoire. Maître Hayman,

24 poursuivez.

25 M. Hayman (interprétation). - Je n'ai que quelques questions à

Page 5560

1 poser sur ce point.

2 Vous avez reçu ma lettre personnellement, me semble-t-il. Vous

3 étiez prêt à m'accorder cet entretien, n’est-ce pas ? C'était votre

4 sentiment personnel d'acquiescement ?

5 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Nous étions trois

6 moniteurs danois à avoir reçu cette lettre, pour autant que je m'en

7 souvienne. Nous avons eu un petit entretien entre

8 nous, nous nous sommes entretenus également avec notre quartier

9 général de l’armée danoise. Et nous nous sommes demandés s'il s'agissait

10 là d'une procédure légale, légitime. D'après la loi danoise, ce n'est pas

11 une procédure tout à fait légale. C'est ainsi que je dirai les choses. Il

12 y a des circonstances où se serait considéré comme une façon indécente de

13 pousser le témoin de l'accusation à répondre à des questions de la défense

14 afin de l'aider à préparer son affaire.

15 Lars Paterson a participé à cet entretien notamment, un de mes

16 collègues. C'est lui qui a répondu à vos questions. Vous allez recevoir

17 nos déclarations sur certains points. Ce que vous pouvez voir aujourd'hui,

18 c'est ce que peut voir l'accusation.

19 Voilà quelle est mon opinion, l’opinion des autorités

20 judiciaires du Danemark quant à ce qui doit se passer devant ce Tribunal.

21 M. Hayman (interprétation). - Du fait de ces entretiens, vous

22 avez compris qu'au titre du droit danois, une fois qu'un témoin s'est

23 exprimé avec l'accusation, il ne peut pas avoir de contact avec la partie

24 adverse, n'est-ce pas ?

25 M. Friis-Pedersen (interprétation). - C'est exact.

Page 5561

1 M. Hayman (interprétation). – Je n’ai plus de question à poser

2 au témoin, Monsieur le Président.

3 M. le Président. – Maître Harmon, vous voulez exercer votre

4 droit de réplique, mais je pense que sur ce dernier point -vous ferez ce

5 que vous voudrez, bien entendu- il n'y a pas lieu d'épiloguer. Nous sommes

6 restés sur un plan purement formel. Le Tribunal voulait voir où allait

7 Me Hayman.

8 Maître Harmon, si vous n'avez pas de point particulier sur cette

9 question-là, peut-être que sur d'autres questions vous avez à compléter

10 votre interrogatoire ? Allez-y.

11 M. Harmon (interprétation). – Non, Monsieur le Président, pas de

12 question supplémentaire.

13 M. le Président. - Je me tourne maintenant vers les Juges.

14 Monsieur le Juge Riad, avez-vous une ou plusieurs questions à poser ?

15 M. Riad (interprétation). - Monsieur le Commandant, bonjour.

16 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Bonjour, Monsieur le Juge.

17 M. Riad (interprétation). - Dans les rapports que vous avez avec

18 le HVO, vous avez estimé que le Colonel Blaskic était un commandant fort ?

19 M. Friis-Pedersen (interprétation). – Oui, c'est mon impression

20 et c'était celle de mes collègues également lorsque nous en avons parlé.

21 M. Riad (interprétation). - C’était donc lui qui prenait les

22 décisions ? Ou était-ce plutôt des gens comme Anto Valenta, des gens qui

23 l'entouraient ?

24 M. Friis-Pedersen (interprétation). - D'après moi, c'est lui qui

25 prenait les décisions, c'est lui qui tenait les rênes, qui était au

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1 commandement de cette région ?

2 M. Riad (interprétation). - De quelle région parlons-nous ?

3 M. Friis-Pedersen (interprétation). - C'est ce que l'on appelait

4 -je ne peux pas tellement la délimiter- la zone opérationnelle de Bosnie

5 centrale. C’est ainsi qu’on l’a appelée. Il était responsable des brigades

6 du HVO sur ce territoire. C'est bien de ce territoire dont nous parlons.

7 M. Riad (interprétation). - Je vous remercie.

8 M. le Président. - Monsieur le Juge Shahabuddeen.

9 M. Shahabuddeen (interprétation). - Commandant, soyez indulgent

10 à mon égard, j'en reviens à votre rapport opérationnel en date

11 du 20 avril 1993.

12 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui.

13 M. Shahabuddeen (interprétation). - Rédigé dans ce langage

14 merveilleusement raccourci qui est commun du monde militaire.

15 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Je maîtrise parfaitement

16 toutes ces

17 abréviations Monsieur le Juge.

18 M. Shahabuddeen (interprétation) - C'est peut-être pour cela que

19 moi je suis peu clair sur certains points.

20 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Entendu.

21 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je pense plutôt au

22 paragraphe 3 et à la 3ème ligne de ce paragraphe, et plus précisément au

23 pilonnage ou au fait de bombarder le quartier général du HVO et le

24 bâtiment des PTT à Vitez.

25 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui.

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1 M. Shahabuddeen (interprétation). – Pourriez-vous nous dire qui

2 a accompli ce bombardement et sa provenance ?

3 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui. Quand on dit le

4 quartier général du HVO, c'est le quartier du HVO qui a été pilonné.

5 M. Shahabuddeen (interprétation). – Est-ce qu’il y a eu un

6 pilonnage du HVO ou les obus tombaient sur le quartier général du HVO ?

7 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Absolument et ces tirs ont

8 été tirés par quelqu'un d'autre.

9 M. Shahabuddeen (interprétation). – Et qu’en est-il du bâtiment

10 de PTT ?

11 M. Friis-Pedersen (interprétation) - Cela veut dire Poste et

12 Télécommunication, Télégraphe et Télécommunication ?

13 M. Shahabuddeen (interprétation). – Cela veut-il dire que là

14 aussi, il pleuvait des obus sur le bâtiment des PTT ?

15 M. Friis-Pedersen (interprétation) - Absolument.

16 M. Shahabuddeen (interprétation). – Avez-vous des éléments

17 d'informations déterminant l'origine de ces obus ?

18 M. Friis-Pedersen (interprétation) - Oui, il y a marqué qu'il y

19 avait ces tanks 34,

20 ces deux chars T34, et voilà.

21 M. Shahabuddeen (interprétation). – Je vois.

22 M. Friis-Pedersen (interprétation) – Mais, Monsieur le Juge, il

23 s'agit d'informations non confirmées à l'époque.

24 M. Shahabuddeen (interprétation). – Oui, j'ai maintenant saisi

25 cette image que vous avez essayée de communiquer. Effectivement, c'était

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1 un petit peu mystérieux pour moi qui ne suis pas militaire.

2 M. Friis-Pedersen (interprétation) - C'est parfois l'intention

3 visée, Monsieur le Juge.

4 M. Shahabuddeen (interprétation). - D'après ce que vous nous

5 avez dit, je suppose que ce qui vous préoccupait surtout, c'était toute

6 infraction ou violation des principes humanitaires.

7 M. Friis-Pedersen (interprétation) - Oui, le travail de tous les

8 moniteurs était non seulement de veiller à l'évolution de la situation

9 militaire, mais il fallait voir l’évolution politique au niveau local et

10 quelle était l'évolution de la situation des civils ou de la police, parce

11 qu'il n'y avait plus vraiment d'autorités effectives sur la région.

12 Parfois, elles opéraient de façon efficace, mais aussi, parfois, elles ne

13 prenaient pas leur responsabilité.

14 Donc il fallait que nous nous occupions de tout. Mais nous

15 travaillons main dans la main avec la Croix Rouge internationale comme je

16 l’ai déjà dit, et aussi très étroitement avec le HCR des Nations Unies.

17 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vous comprends. Chaque

18 fois qu'il vous était nécessaire de contacter quelqu'un du côté croate,

19 dans le cadre d'éventuelles violations aux principes humanitaires, quel

20 était l'officier au sommet de la hiérarchie avec lequel vous aviez ces

21 conversations ?

22 M. Friis-Pedersen (interprétation) - Est-ce que nous savions qui

23 contacter

24 directement ? Qui était le responsable local de la région ? Si

25 nous le savions, nous nous approchions de cette personne-là. Mais si

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1 certaines difficultés surgissaient sur ce territoire, nous allions voir le

2 Colonel Blaskic.

3 M. Shahabuddeen (interprétation). – Pourriez-vous nous dire

4 combien de fois vous avez personnellement rencontré le Colonel Blaskic ?

5 M. Friis-Pedersen (interprétation) - Disons six fois au plus au

6 cours de mon séjour là-bas.

7 M. Shahabuddeen (interprétation). - Voici une question un peu

8 bizarre, faites de votre mieux pour y répondre, dans la mesure où cela

9 vous sera possible, sinon oubliez-la.

10 En moyenne, pourriez-vous nous dire effectivement quelle était

11 la durée moyenne de ces rencontres : dix minutes, une demi-heure, une

12 heure ?

13 M. Friis-Pedersen (interprétation) - La plupart du temps, une

14 heure.

15 M. Shahabuddeen (interprétation). - Une heure, d'accord. Au

16 cours de ces rencontres, diriez-vous que vous avez été en mesure de mieux

17 connaître personnellement le Colonel Blaskic ?

18 M. Friis-Pedersen (interprétation) - Je ne comprends pas très

19 bien votre question, monsieur le Juge, excusez-moi. Qu'est-ce que j'ai

20 essayé de faire ? Je ne comprends pas quelle était la question ?

21 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vais reformuler la

22 question. Au cours de ces six réunions avec le Colonel Blaskic, chacune

23 d’une durée moyenne d'une heure, diriez-vous que vous avez mieux réussi à

24 faire connaissance avec le Général Blaskic ?

25 M. Friis-Pedersen (interprétation) – Oui, pour autant qu'on

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1 puisse établir de tels rapports dans un tel contexte, pour autant qu'on

2 puisse apprendre à connaître quelqu’un sur un plan personnel dans une

3 situation aussi sérieuse et aussi grave. Nous parlions de choses très

4 graves, alors parfois on parvient à percer un peu la façade. Dans cette

5 mesure-là, je dirai que

6 nous nous connaissions relativement bien.

7 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je suppose que c'est dans ce

8 contexte-là que vous le qualifiez de commandant fort.

9 M. Friis-Pedersen (interprétation) - Exactement. Bien sûr, on

10 juge sur les apparences. Comment savoir ce qui se cache derrière ?

11 M. Shahabuddeen (interprétation). - Est-ce qu’il vous a jamais

12 dit qu'il y avait des éléments militaires du côté croate qui opéraient en

13 dehors du cadre de son commandement ?

14 M. Friis-Pedersen (interprétation) - C'est ce qu'il a dit en un

15 certain nombre d'occasions.

16 M. Shahabuddeen (interprétation). – Qu’a-t-il dit précisément ?

17 M. Friis-Pedersen (interprétation) - Il a dit que si nous

18 disions que le HVO avait fait ceci et cela, ce n’était pas de ces forces

19 qu'il s'agissait et qu'il devait s'agir d'éléments incontrôlables,

20 d'éléments externes incontrôlables. J'ajouterai que c'est précisément ce

21 que nous avait dit l'autre côté impliqué, c’est-à-dire la BiH.

22 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vois. Donc nous avons

23 entendu la même histoire de deux sources différentes et opposées.

24 M. Friis-Pedersen (interprétation) - Exactement.

25 M. Shahabuddeen (interprétation). – Le Colonel Blaskic n’a-t-il

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1 jamais précisé quelles étaient ces forces extérieures ?

2 M. Friis-Pedersen (interprétation) – Non.

3 M. Shahabuddeen (interprétation). - Vous qui vous intéressiez à

4 d'éventuelles violations des principes humanitaires, n’avez-vous jamais

5 évoqué avec le Général Blaskic la question de sa propre responsabilité en

6 qualité de commandant militaire ?

7 M. Friis-Pedersen (interprétation) – Non, je ne me rappelle pas

8 avoir soulevé ce point avec lui.

9 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vous remercie.

10 M. le Président (interprétation). – Major, une seule question.

11 Vous avez parlé des rencontres avec l'accusé, vous avez même employé

12 l’expression de commandant fort et de main de fer dans un gant de velour,

13 qui était apliquée d’ailleurs à un homme politique célèbre en france,

14 Talleyrand, c'était une expression de Napoléon.

15 Je voudrais vous poser une question : vous avez dit qu'il était

16 non seulement poli, agréable, mais qu'en même temps, il coopérait avec

17 vous. Vous avez même dit que chaque fois -je vois que mon collègue le

18 Juge Riad vérifie et je l’en remercie- qu'on lui demandait quelque chose,

19 finalement il faisait tout pour vous donner satisfaction, il faisait

20 beaucoup pour vous donner satisfaction.

21 Pouvez-vous nous citer des exemples précis de demandes, dans

22 votre domaine qui est le domaine de l’application du droit international

23 humanitaire et des conventions de Genève, du statut des prisonniers, des

24 réfugiés, illustrant ce propos ?

25 M. Friis-Pedersen (interprétation) – Oui, enfin je vais essayer

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1 du moins.

2 Il y a eu un certain nombre d'occasions au cours desquelles il y

3 a eu des incidents impliquant des convois d’aide humanitaire. Ces convois

4 ont été bloqués, retenus pendant des heures et des heures, pendant des

5 jours parfois. Les chauffeurs étaient emmenés et emprisonnés de façon

6 temporaire. Ces convois humanitaires devaient ce rendre dans des poches,

7 dans les enclaves, de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Nous avons abordé ce

8 problème avec le Colonel Blaskic. Voilà un exemple de ce que nous avons

9 abordé avec lui et il a promis d'intervenir. Et c'est bien ce qui s'est

10 passé, dans certains cas, il est intervenu.

11 Nous avons parfois réussi à libérer ces chauffeurs qui ont pu

12 ensuite mener ce convoi à bon port. Mais, je ne dirai pas qu'il nous a

13 toujours aidés, qu'il a toujours apporté sa coopération. Je dirai que

14 d'une façon générale il apporte une coopération tout à fait normale, donc

15 que nous avions l'impression que c'était l'homme vers lequel se tourner,

16 si nous avions

17 besoin d'aide dans une situation particulière. Est-ce que je

18 vous aide en répondant ceci ?

19 M. le Président. - Presque, pas tout à fait quand même. Je

20 comprends que vous ayez cité un exemple. J'aimerais avoir un ou des

21 exemples pour des sujets qui vous tenaient à coeur. Vous avez cité l'aide

22 humanitaire, mais pour des sujets qui concernent véritablement les

23 conventions de Genève : auriez –vous un ou plusieurs exemples où il

24 n'aurait pas tenu ses engagements ou même pour lesquels vous auriez dit

25 que cela lui était indifférent ?

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1 Puisque vous venez de nous dire que vous-même, je reprends vos

2 propos-ce n'est pas une opinion du Juge-vous avez dit que vous avez cité

3 un exemple, vous avez dit : « Mais, je ne dirai pas qu'il nous a toujours

4 aidés ». Pouvez-vous nous préciser, sinon tant pis, vous ne répondez pas ?

5 M. Friis-Pedersen (interprétation). - La situation qui prévalait

6 avant le 16 avril montrait clairement que nous étions très préoccupés par

7 le fait de réussir à dégager la route qui allait de Busovaca à Kiseljak.

8 Il y avait un certain nombre de postes de contrôle établis par

9 les deux parties en présence. Notre mission principale, à ce moment-là,

10 était pour nous les observateurs, les moniteurs, de nous assurer que ces

11 postes de contrôle étaient abandonnés, que les tranchées étaient comblées

12 et que les positions s’éloignaient de cette route afin que les parties qui

13 s'opposaient ne se tirent pas dessus comme elles le faisaient

14 quotidiennement.

15 Tout ceci nous l'avons abordé lors d'un entretien avec le

16 Colonel Blaskic. Même s'il a promis en ces occasions de faire ce qu'il

17 pouvait, c'est-à-dire exercer une certaine pression sur ses commandants,

18 c'est son commandant adjoint qui nous l'a dit, M. Nakic, qui était avec

19 nous quotidiennement au sein de la commission mixte, jamais nous n'avons

20 obtenu des résultats. Nous avons presque réussi à faire ce que nous

21 voulions faire.

22 Certaines positions n’ont pas bougé. Il y a eu une certaine

23 coopération pour ce qui

24 était d’établir des postes de contrôle conjoints, c’est-à-dire

25 HVO et armée de Bosnie-Herzégovine, là où les positions étaient de toute

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1 façon très rapprochées.

2 Les ordres du Colonel Blaskic, pour une raison quelconque, n'ont

3 pas eu d'impacts concrets. En tout cas, nous n'en avons pas vus. Même s'il

4 a établi ces ordres par écrit -et d'ailleurs peut-être l’a-t-il même dit-

5 je ne crois pas qu'il se soit montré parfaitement coopératif dans ce

6 cadre.

7 En tant que commandant militaire, il aurait du être –et c’est

8 ainsi que nous le comprenions- en mesure de mettre ses ordres en

9 application, de même que l'autre partie avait promis la même chose et

10 essayait de mettre ces mêmes ordres en application. Cela vous convient-il

11 Monsieur le Président ?

12 M. le Président. - Je vais m'en contenter. On peut très bien

13 comprendre qu'un commandant militaire, dans une situation comme celle-ci,

14 ne peut pas agréer à toutes vos demandes, notamment lorsque cela touche le

15 domaine militaire, je pensais plus spécialement au domaine de la

16 protection des réfugiés, des civils et la situation des prisonniers, etc.

17 A moins que vous ayez à compléter votre réponse ?

18 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Je peux ajouter des petits

19 détails, des promesses que nous avait faites le Général Blaskic. Il nous

20 avait dit qu'il essayerait de nous aider, dans toute la mesure du

21 possible, en ce qui concernait les prisonniers de guerre et leur

22 libération et qu'il était prêt à coopérer avec la Croix Rouge

23 Internationale.

24 Je crois qu'au moment où j'ai quitté la région un certain nombre

25 de choses fonctionnaient assez bien. Certains prisonniers étaient libérés

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1 d'une prison, puis d'une autre, mais c'est la Croix Rouge Internationale

2 qui gérait ce genre de chose.

3 M. le Président. - Le dépeindriez-vous comme un chef militaire

4 qui faisait ce qu'il pouvait dans la situation qui était celle que vous

5 avez connue ? Je n’aurais pas d’autre question.

6 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Nous savions en partie ce

7 qui se passait au

8 plan militaire d'un côté et de l'autre, mais il était difficile

9 d'aller voir derrière son dos ce qui se passait suite à ces réunions.

10 Difficile de savoir ce qu'il faisait en matière de mise en application des

11 promesses qu'il nous avait faites.

12 Je dirai qu'il s'agissait d'un commandant qui exerçait un

13 contrôle, un commandement réel. Alors, dans quelle mesure exerçait-il

14 réellement ce contrôle ? C'est de sa conscience et de sa volonté que cela

15 dépendait. Il aurait dû, et il avait les moyens d'exercer un commandement

16 et un contrôle réels. Voilà ce que je peux dire en tant que commandant

17 militaire que j'aie moi-même été. Voilà ce que je peux dire.

18 Je sais aussi que c'est parfois difficile de le faire, mais la

19 guerre c'est de toute façon une situation extrêmement difficile, on peut

20 en mourir. Cela arrive souvent et en ex-Yougoslavie aussi d’ailleurs, nous

21 le savons. Lui aussi aurait pu se trouver dans une situation de danger,

22 peut-être qu’au sein de sa propre partie il était peut-être également sous

23 quelque type de pression. Mais, cela ne le dégageait pas de sa

24 responsabilité d'exercer un contrôle et un commandement réels,en tant que

25 commandant militaire.

Page 5572

1 M. le Président. - Merci d'avoir eu à coeur de cerner le mieux

2 que possible des réponses précises à une question qui ne l’était pas

3 suffisamment. Mon collègue souhaite vous poser une question

4 supplémentaire.

5 M. Riad (interprétation). -Commandant, vous venez de dire que le

6 Colonel Blaskic vous a parfois dit qu'il y avait d'autres forces qui

7 s'immisçaient.

8 M. Friis-Pedersen (interprétation). - En effet.

9 M. Riad (interprétation). - Ceci avait-il un rapport quelconque

10 avec les événements survenus à Vitez ou à Ahmici ?

11 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Oui, entre autre chose.

12 Mais maintenant que vous parlez précisément d'Ahmici, oui, cela s'est

13 passé également là.

14 M. Riad (interprétation). – Pourriez-vous étoffer le propos ? A-

15 t-il dit des choses

16 plus précises ou aurait-il rejeté toutes responsabilités de sa

17 part concernant les événements survenus ?

18 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Hormis le fait qu'il a dit

19 qu'il n'était pas responsable de l'arrivée de forces extérieures qui se

20 livraient à certaines choses, non.

21 M. Riad (interprétation). - Vous parlez de forces extérieures ?

22 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Voilà l’expression qu’il a

23 utilisée en un certain nombre de cas.

24 M. Riad (interprétation). -Ce sont des forces qui ne seraient

25 pas du HVO, alors ?

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1 M. Friis-Pedersen (interprétation). - Cela pourrait être le cas,

2 mais c’est une hypothèse que je formule. Cela pourrait être des forces du

3 HVO qui auraient normalement été basées à la frontière sud de la Bosnie-

4 Herzégovine vers la Croatie, qui essayaient de s'infiltrer. Nous avons

5 entendu, mais je n’ai pas personnellement vu de soldats du HVO qui

6 porteraient un insigne HV. Je n'ai pas non plus vu ces masques noirs,

7 cette espèce de groupe terroriste qui existait au sein du HVO. Peut-être

8 est-ce à cela que faisait référence le Général Blaskic.

9 M. Riad (interprétation). -En règle générale, vous avez vu des

10 soldatas du HVO ?

11 M. Friis-Pedersen (interprétation). - En tout cas, c’est ce que

12 moi j’ai vu.

13 M. Riad (interprétation). - Je vous remercie.

14 M. le Président. - Nous vous avons posé beaucoup de questions et

15 vous y avez mis beaucoup de collaboration. Je ne sais pas si c'est au-delà

16 de ce que le gouvernement danois vous autorise, mais le Tribunal en tout

17 cas est très sensible à votre témoignage.

18 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

19 A présent, nous allons lever cette longue séquence d'audience.

20 Nous reprendrons à 16 heures 45.

21 L'audience est suspendue à 16 30

22 L’audience en session à huis clos est reprise à 16 50.

23 M. le Président. - L'audience est reprise. Introduisez l'accusé.

24 (L'accusé est introduit dans la salle).

25 Monsieur le Procureur ?

Page 5574

1 M. Harmon (interprétation). - Monsieur le Président, nous allons

2 demander à ce que comparaisse notre prochain témoin, mais il faudrait le

3 faire en huis clos. Nous avons discuté avec ce témoin précédemment. Il va

4 déposer à propos d'informations extrêmement sensibles.

5 M. le Président. - Bien. En fonction de la décision qui a été

6 prise par la Chambre, nous avons autorisé à présenter ce témoin, et nous

7 avons décidé du huis clos total, c’est cela, Monsieur le Greffier ?

8 M. Dubuisson. - Oui, Monsieur le Président.

9 M. le Président. - On avait dit à huis clos total, il me

10 semble ?

11 M. Dubuisson. - Oui, c’est cela.

12 M. le Président. - Nous allons prononcer le huis clos total. Je

13 n'ai pas oublié, Maître Hayman, que vous avez une requête à nous

14 présenter, mais nous n’allons pas le faire maintenant. Nous allons plutôt

15 nous consacrer à ce témoin.

16 Après ce témoin, monsieur Harmon, aurez-vous un autre témoin,

17 demain matin ?

18 M. Harmon (interprétation). - Tout à fait, Monsieur le

19 Président.

20 M. le Président. - Nous reprendrons donc un peu plus tôt demain.

21 Nous allons voir comment va se dérouler la présente déposition.

22 Nous prononçons le huis clos total. Je le dis à l’attention du

23 public.

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20 L'audience se poursuit en session publique.

21 M. le Président. - Maître Paterson ou Maître Harmon, il restera

22 un témoin pour demain matin, c'est cela ?

23 Mme Paterson (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

24 Nous venons d'apprendre que nous avons encore un témoin pour demain matin.

25 Nous n'avons plus de témoin à présenter cet après-midi.

Page 5595

1 M. le Président. - Très bien. Nous allons donc mettre fin à

2 l'audience. Si vous le voulez bien, en audience publique et conformément à

3 ce qui a été demandé par Me Hayman, nous vous écoutons.

4 L'audience est-elle publique, Monsieur le Greffier ?

5 M. Dubuisson. - Oui, Monsieur le Président.

6 M. le Président. - Bien. L'audience est publique, donc nous

7 pouvons donc commencer. Le Tribunal vous écoute.

8 M. Hayman (interprétation). - Je vous en remercie, Monsieur le

9 Président. Merci, Messieurs les Juges de bien vouloir écouter et entendre

10 cette requête présentée par la défense. Je serais concis.

11 Vous le savez, nous avons soumis une requête relative à l'ouï-

12 dire. Même si nous pensons qu'il serait inusité pour la Chambre d'exclure

13 des déclarations par ouï-dire, comme nous vous avons exhortés à le faire

14 dans notre requête, nous pensons que quelquefois il faudrait effectivement

15 que la Cour exerce sa discrétion et son pouvoir discrétionnaire dans ce

16 sens.

17 Nous pensons qu'il faut soulever la question, surtout s’agissant

18 de la déclaration du Témoin A attribuée à l'individu dénommé Cicko, où

19 Cicko aurait dit que certains ordres avaient été donnés par l'accusé ou

20 qu'il y avait une certaine intention de la part de l'accusé s'agissant des

21 événements survenus à Ahmici..

22 Pourquoi pensons-nous que cette déclaration ne satisfait pas à

23 certains seuils minimaux de crédibilité ou de fiabilité ?

24 Tout d'abord parce que le Tribunal n'a reçu aucune information

25 relative au fondement constituant les connaissances qu'avait Cicko de

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1 cette information. Il se peut que Cicko ait été officier dans un groupe

2 qui a lutté contre les Serbes en 1992, mais il n'était pas officier des

3 Jokers, c'était un fantassin dans les Jokers. Toute connaissance qu’aurait

4 Cicko de tout ordre qu'aurait donné ou n’aura donné le Général Blaskic est

5 à plusieurs étapes éloigné de l'ouï-dire. On a peut-être à affaire à un

6 ouï-dire de quatre mains.

7 La déclaration n'a pas été obtenue en face à face. Elle a été

8 entendue et même si le témoin a été assez certain de l’identité de

9 l’orateur, du locuteur, à savoir Cicko, sur le plan qualitatif ceci est

10 différent de la conversation, de l'information, que l'on peut recueillir

11 au cours de l'entretien direct en face à face, et c’est mon deuxième

12 argument.

13 Troisième argument : Cette Chambre, n’a pas et n'aura pas à la

14 connaissance de la défense la coopération dans ce Tribunal de toute

15 ordonnance établie par le Colonel Blaskic de la nature évoquée par le

16 Témoin A et attribué à Cicko. Elle n'aura aucune corroboration.

17 Et puis Cicko a un intérêt à mentir au détriment de notre client

18 parce que celui-ci l'a forcé à l’incarcération en 1993 pour avoir tué et

19 pour avoir fait éclater une maison musulmane alors qu’il se trouvait un

20 Musulman à l’intérieur. Il est resté en prison du fait de l’action

21 intentée par notre client.

22 Il apparaît aussi du témoignage qui a été fait devant ce

23 Tribunal que Cicko avait des ressentiments. Il se sentait mis sous

24 pression du fait que l'enquête ordonnée, diligentée, par l'accusé à la

25 suite des événements d'Ahmici. Ici, je fais état de la déclaration de

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1 Cicko où il a dit qu'il devait en fait subir le blâme de toutes ses

2 atrocités.

3 Ce sont les quatre raisons qui nous amènent à dire que ce

4 quintuple ouï-dire attribué à Cicko ne satisfait pas aux seuils

5 élémentaires de fiabilité qui doivent être pris en compte à

6 notre avis par la Chambre.

7 Nous pensons aussi que la situation est particulièrement grave,

8 car rien n'a prouvé que Cicko était non disponible. L'accusation n'a pas

9 prouvé que Cicko n’était pas possible. En fait, l'accusation a confirmé

10 que Cicko ne serait pas un témoin de l'accusation. On nous a dit

11 qu'apparemment c'est parce que l'accusation ne veut pas le citer à la

12 barre. Cela veut dire que l'accusation a le choix entre deux types de

13 preuves. Il y a la preuve directe par l'intervenant, l'auteur de la

14 déclaration. Il y a aussi la preuve indirecte dérivée qui se fait par le

15 biais d'un témoin très sympathique, mais la sympathie ne rend pas la

16 justice envers cet individu que nous avons entendu ce matin. On a décidé

17 du côté de l'accusation de présenter un messager, une preuve indirecte

18 alors qu'il y avait un témoin direct, Cicko, qu’elle aurait pu citer à la

19 barre. En faisant comparaître à la barre un témoin dérivé, ils ont protégé

20 l'auteur de la déclaration. Ils ont empêché que Cicko soit contre-

21 interrogé par la défense. Ceci nous semble grave quels que soient les

22 critères respectés, y compris ceux appliqués par la Commission européenne

23 par les droits de l'homme.

24 J'en ai presque terminé, il est facile de dire : "Ah oui, ce

25 sont des petits morceaux d'ouï-dire qui ne sont pas importants. Il y en a

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1 un petit peu parci parlà. Pourquoi Maître Hayman, pourquoi la défense, en

2 prennent-ils ombrage ?".

3 Je crois que nous avons souvent constaté dans cette affaire

4 qu’il y a, de plus en plus, des éléments disparates qui sont présentés par

5 des témoignages dérivés, de seconde main, de tierce main. Aujourd'hui par

6 exemple, que nous ont dit des témoins dérivés ou secondaires ?

7 M. le Président. - Je ne voudrais surtout pas que nous

8 replaidions le problème du principe de l'ouï-dire. Je ne reviens pas sur

9 tout ce que vous avez dit jusqu’à présent.

10 Sur ce point là, je ne voudrais pas que nous reprenions le débat

11 que nous avons déjà eu. Nous sommes d'accord. Car ce que vous venez de

12 nous dire est exactement l'introduction de votre requête sur le principe

13 de l’ouï-dire, je vous le rappelle.

14 Poursuivez, si vous estimez que vous ne reprenez pas les

15 plaidoiries déjà faites sur ce point.

16 Mme Paterson (interprétation). - Monsieur le Président, je

17 rappelle à chacun que l'audience est publique et que Me Hayman va parler

18 de témoignages qui ont été faits dans le cadre de sessions à huis clos. Je

19 ne crois pas que ce soit approprié.

20 M. Hayman (interprétation). - Si j'ai réussi à éviter cet écueil

21 jusqu'à présent, je n'ai pas l'intention de reprendre des éléments de ce

22 genre. Si j'ai franchi le rubicond, excusez-moi, je croyais avoir été très

23 scrupuleux et attentionné. Je ne vais pas me répéter. Je crois que la

24 situation est grave

25 Ne fût-ce qu’aujourd’hui, nous avons entendu des témoignages

Page 5599

1 secondaires de la part du Témoin A pour ce qui est de la déclaration de

2 Cicko, un témoignage dérivé également de la part du Commandant Friis-

3 Pedersen, s'agissant de sources non confirmées venant du BritBat pour ce

4 qui est de pilonnages en avril 1993 à Vitez, et maintenant nous avons par

5 le truchement du dernier témoin un autre témoignage. Je vais peut-être le

6 dire de façon générale, nous avons entendu l’avis ou l'opinion de Cicko

7 relayé par le dernier témoin. Je ne vois pas d’objection de la part de

8 l’accusation.

9 Mais là, nous avons l'opinion de Cicko qui est un déclarant,

10 auteur de déclarations, hors prétoire qui dit que tout un jeu de documents

11 pourrait être préjudiciable à notre client. C’est de nouveau relayé par un

12 messager. Nous n’avons pas eu l’occasion d'interroger Cicko en face à

13 face. Ces documents ne sont pas du tout préjudiciables. Et si Cicko est

14 d’un avis contraire, il faudrait pouvoir le contre-interroger sur ce

15 point.

16 Nous pensons que c'est une question d'importance et nous

17 soumettons ceci à la sagacité des Juges, mais nous voulions émettre nos

18 propres réflexions étant donné le témoignage du témoin paraissant au

19 compte rendu ?

20 M. le Président. - Mme Paterson ?

21 Mme Paterson (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

22 C'est moi qui ai interrogé le Témoin A, vous le savez. Je ne suis présente

23 ici que de façon temporaire. Je ne suis pas présente ici depuis le début.

24 Je pense qu'il faut donner la parole à mon collègue Me Kehoe parce que

25 c’est lui qui est plus à même de parler pertinement de cette affaire.

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1 M. le Président. - Maître Kehoe ?

2 M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. Je

3 serais moi aussi très concis s'agissant de toutes ces questions soulevées

4 par Me Hayman. Ces questions qu'il a soulevées portent sur le poids qu'il

5 faut accorder à toute déposition entendue devant ce Tribunal, c'est aussi

6 simple que cela.

7 Les explications fournies en guise d'excuses pour l'accusé, au

8 nom de M. Bralo et nonobstant la suite, restent vraies. Cicko a

9 manifestement participé aux opérations et aux massacres d’Ahmici. Il était

10 membre du HVO, comme ces documents en attestent. Ces documents ont non

11 seulement été signés par l'accusé... Et je parle simplement de ce document

12 en particulier.

13 Quelles sont les circonstances au cours desquelles il y a eu ces

14 conversations avec Bralo ? Ceci donne de forts indices de fiabilité parce

15 que Bralo était en train de parler avec ses amis de ce qui a suivi, de ce

16 qui était après Ahmici. Comme tout le monde essayait de se mettre à

17 couvert, il y a là un fort tissu de fiabilités et bien sûr le témoin

18 savait qui était cet homme.

19 Voilà que le conseil de la défense avance que Bralo avait un

20 problème avec l'accusé parce que celui-ci avait arrêté Bralo. C'est tout à

21 fait contraire à la réalité. Quelle est la réalité de la situation ? Bralo

22 est sorti et est rentré dans cette prison autant de fois qu'il le voulait.

23 S’il voulait aller boire un coup au café du coin, il l’a fait. S'il

24 voulait rentrer chez lui pour passer la fin de semaine voir sa femme, il

25 l'a fait aussi. Lorsqu'il s'agissait vraiment de parler du combat le 16

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1 avril, il a été libéré Bralo.

2 Je vous donne la ligne de conduite qui a abouti à tout ceci. A

3 toute fin pratique,

4 Bralo était libre de ses mouvements, comme bon lui semblait.

5 M. le Président. - Poursuivez, Maître Kehoe.

6 M. Kehoe (interprétation). - J'en arrive à mon argument final ou

7 du moins à l'argument de Me Hayman s'agissant du refus de l'accusation de

8 faire comparaître Bralo devant le Tribunal.

9 Je ne sais pas comment qualifier cet argument. La réalité c'est

10 qu'on n'obtient pas l'exécution d'ordonnances rendues par ce Tribunal par

11 un gouvernement. S’attendre à ce qu'un tel individu exécute tout ordre

12 donné par ce Tribunal, comparaisse devant ce Tribunal,c'est assez peu

13 réaliste. En fait, le mot de la fin c'est que les préoccupations soulevées

14 portent sur le poids de cet élément de preuve.

15 Mais il y a d'autres éléments qui seront soumis à l'attention de

16 ce Tribunal, à l'appui de ce que je viens d'annoncer.

17 Enfin de compte, Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

18 vous allez bien sûr soupeser tous ces éléments, conclure et accorder tel

19 ou tel poids à un document plutôt qu'à un autre.

20 M. le Président. - Maître Hayman, pas de réplique ? Vous n'êtes

21 pas obligé !

22 M. Hayman (interprétation). - En moins d'une minute, Monsieur le

23 Président.

24 A supposer que cet individu ne vienne pas devant le Tribunal de

25 son plein gré, je pense que le Tribunal a compétence pour décerner un

Page 5602

1 mandat visant à l'arrestation d'une personne qui a des informations

2 matérielles importantes et pour la faire comparaître ; d'autant qu'il est

3 facile de mettre en oeuvre un tel mandat d'arrêt.

4 Pour ce qui est de l'incarcération de Bralo, il était emprisonné

5 sur les ordres de notre client. Il n’a pas été libéré sur les ordres ou

6 aec l'acquiescement de notre client avant le 16 avril. Je ne pense pense

7 pas que l'accusation avance même qu’il l’ait été, parce que manifestement

8 il était sorti de prison avant le 16 avril et il a participé aux atrocités

9 d’Ahmici, mais ceci n'a pas été

10 fait sur les ordres ou avec l'accord de notre client.

11 (Les Juges se consultent sur le siège.)

12 M. le Président. - Maître Hayman, le Tribunal vous donne acte de

13 votre requête. Le Tribunal a très bien compris que c'était une question

14 qui vous tenait à coeur dans la défense du Général Blaskic. Les Juges ont

15 noté les arguments présentés de part et d'autre sur la plus ou moins

16 grande fragilité de ce témoignage et c'est enfin de compte au Tribunal

17 d'apprécier la fiabilité et la valeur probante de ces différents

18 témoignages.

19 Enfin, il vous appartiendra Maître Hayman, au moment de la phase

20 de présentation des éléments de preuve, en fonction de ce qui aura

21 présenté par l’accusation, de proposer toute mesure qui vous apparaîtrait

22 utile pour rendre aux yeux des Juges encore plus fragiles ces témoignages

23 que nous avons entendus.

24 Maître Harmon ?

25 M. Harmon (interprétation). - Monsieur le Président, je serais

Page 5603

1 bref. Nous demandons à ce que les quatre pièces à conviction qui ont été

2 versées au dossier lors de la session à huis clos, le soient sous scellés.

3 M. le Président. - Sous les réserves formulées par Me Hayman,

4 mais qui ont été également enregistrées, ces pièces sont admises comme

5 pièces au dossier.

6 Maître Hayman, vous voulez encore intervenir ?

7 M. Hayman (interprétation). - Non, Monsieur le Président.

8 M. le Président. - L'audience reprendra demain matin. Je pense

9 que nous n'avons plus qu'un seul témoin. En plein accord avec mes

10 collègues, elle commencera à 9 heures 30.

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12 L’audience est levée à 18 heures.

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