Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 LE PROCUREUR

4 C/

5 Tihomir BLASKIC

6 Mardi 14 juillet 1998

7

8 L'audience est ouverte à 10 heures 05.

9 M. le Président. - L'audience est ouverte. Monsieur le greffier,

10 pouvez-vous faire introduire l'accusé, s'il vous plaît ?

11 (L'accusé est introduit dans la salle d'audience)

12 M. le Président. - Nous pouvons donc reprendre. Nous en sommes

13 au contre-interrogatoire du Major Whitworth. Monsieur le greffier, pouvez-

14 vous demander à l'huissier d'introduire le témoin ? Je vois que

15 Maître Kehoe est debout. Ce n'est plus vous qui êtes debout, Maître Kehoe,

16 c'est la défense.

17 M. Kehoe (interprétation). - Oui, effectivement, Monsieur le

18 Président, mais avec tout le respect que je dois à mes collègues de la

19 partie adverse, j'ai oublié avant-hier soir de demander le versement des

20 différentes pièces dont nous avons parlé. Je voudrais donc m'en occuper

21 dès maintenant.

22 M. le Président. - Il y en avait beaucoup, c'est vrai. Y a-t-il

23 des observations de la part de la défense ? Maître Hayman, avez-vous des

24 observations sur le versement des nombreuses pièces à conviction qui ont

25 été présentées hier lors de l'audition du capitaine Whitworth.

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1 M. Hayman (interprétation). - Je n'aurais que deux observations,

2 Monsieur le Président. Nous n'avons pas d'objection, sauf pour

3 deux pièces. L'une d'entre elles est, je crois, la cassette vidéo où on

4 voit des affrontements et où on voit Darko Kraljevic qui court, en tirant

5 d'ailleurs avec ses deux armes. Il n'y a pas de date sur cette cassette.

6 S'il s'agit simplement d'une photo de Darko Kraljevic, je n'ai pas

7 d'objection à formuler, mais il n'y a pas de date et, par conséquent, je

8 demande que cette pièce soit versée à cette fin limitée seulement.

9 M. Kehoe (interprétation). - Il ne s'agit pas seulement d'une

10 fin d'identification mais nous demandons le versement parce que

11 M. Kraljevic combat, en fait, au nom du HVO. Nous n'avons effectivement

12 pas la date de cette cassette.

13 M. le Président. - Maître Kehoe, n'aviez-vous pas vous-même

14 suggéré de faire une photo ? Vous vous souvenez qu'on a présenté la

15 cassette vidéo par séquences. Ce qui vous intéressait, c'était une

16 séquence particulière et vous avez vous-même dit : "on pourrait faire une

17 photo". Ne voulez-vous pas vous contenter de cela ? Vous voulez toute la

18 cassette vidéo ?

19 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais effectivement que toute

20 la vidéo soit versée, Monsieur le Président. En ce qui concerne les

21 clichés, nous n'avons aucune objection. C'est d'ailleurs la défense qui en

22 a demandé plusieurs. Nous pouvons effectivement verser un certain nombre

23 de clichés.

24 Cependant, je pense que la cassette dans son intégralité est

25 importante et peut montrer un certain nombre de faits pour les juges.

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1 Lorsque la BBC nous a communiqué cette vidéo, nous n'avions pas de date.

2 J'aurais bien voulu, mais malheureusement je ne l'ai pas.

3 M. le Président. - Maître Kehoe, si vous voulez qu'on admette

4 cette pièce comme pièce à conviction, ne pourriez-vous pas demander à la

5 BBC de l'identifier ?

6 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, je

7 m'adresserai à la BBC et je leur demanderai de passer en revue leurs

8 archives afin d'obtenir une date plus précise.

9 M. le Président. - Maître Hayman, votre objection est donc

10 retenue. On demandera l'identification de la date de la cassette. Mais

11 vous n'êtes pas satisfait, je le vois...

12 M. Hayman (interprétation). - Je crois que le Conseil va essayer

13 de déterminer la date de la cassette et j'espère que la BBC pourra la lui

14 communiquer.

15 Mon autre objection, Monsieur le Président, porte sur la

16 pièce 447. Ce sont des photos de Grbavica qui seraient de 1997. Nous nous

17 interrogeons sur la pertinence. 1997, cela fait deux ans après l'acte

18 d'accusation dans cette affaire et peut-être trois ans et demi ou quatre

19 ans après la fin de la période couverte par l'acte d'accusation. Nous

20 objectons donc, en fait, au versement de la pièce 447.

21 M. le Président. - Vous savez très bien que la pertinence est

22 décidée par les Juges et pas par les parties. La pièce est donc retenue.

23 C'est à vous maintenant, Maître Hayman.

24 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, j'ai besoin

25 du témoin pour continuer, si vous le voulez bien.

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1 M. le Président. - Oui, je pense, cela me paraît essentiel...!

2 Le voilà d'ailleurs, il suffit que vous le demandiez pour l’avoir.

3 (Le témoin est introduit dans le prétoire)

4 Capitaine, vous pouvez vous asseoir.

5 M. Whitworth (interprétation). - Merci beaucoup, Monsieur le

6 Président.

7 M. le Président. - Capitaine, vous allez donc recevoir les

8 questions des conseils de la défense de l'accusé ici présent. Vous êtes

9 reposé ? Cela va ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Oui, tout à fait, malgré le

11 mauvais temps.

12 M. le Président. - Nous n'y pouvons rien et vous non plus.

13 Si vous voulez bien, Maître Hayman, c'est à vous.

14 M. Hayman (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

15 Bonjour, Monsieur Whitworth. Je m'appelle Russel Hayman et avec

16 mon collègue Anto Nobilo, je représente le général Blaskic dans cette

17 affaire.

18 Vous êtes arrivé en Bosnie centrale en mai 1993, n'est-ce pas ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

20 M. Hayman (interprétation). - Et vous avez assumé les fonctions

21 d'officier de liaison un peu plus tard, en juin 1993, n'est-ce pas ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Non, au cours de la dernière

23 semaine du mois de mai.

24 M. le Président. - Capitaine, quand vous recevez les questions,

25 vous vous tournez vers le conseil mais, quand vous répondez, vous répondez

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1 aux juges. C'est aux juges qu'il faut répondre. Merci.

2 M. Whitworth (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur.

3 M. Hayman (interprétation). - Dans votre déclaration du

4 14 mai 1997, au deuxième paragraphe, vous avez indiqué que vous aviez été

5 présenté comme étant l'officier de liaison au début du mois de juin 1993.

6 Ce n'est plus votre souvenir ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Pourrais-je avoir un exemplaire

8 de ma copie, s'il vous plaît ?

9 M. Hayman (interprétation). - Je n'ai pas d'objection. Si les

10 juges le permettent, c'est tout à fait possible.

11 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, à la demande

12 du témoin, je viens de lui communiquer un exemplaire de la déclaration

13 auquel faisait référence le conseil de la défense à l'instant.

14 M. Hayman (interprétation). - J’attire votre attention sur la

15 page 2, deuxième paragraphe, première ligne.

16 M. Whitworth (interprétation). - Pour répondre à votre question,

17 il s'agit d'une déclaration qui a été prise il y a deux ans, je crois. Les

18 circonstances dans lesquelles cette déclaration a été faite étaient assez

19 complexes à ce moment-là. Cela faisait un certain temps que j'avais quitté

20 la Bosnie ; je n'avais plus rien à voir avec les forces armées et j'ai

21 essayé de me rappeler de tout ce que j'avais fait à ce moment-là. Et

22 depuis qu'on m'a cité à comparaître, j'ai pris plus de temps pour me

23 rappeler de ce qui s'était passé à ce moment-là. J'ai ressorti les

24 photographies et j'ai rassemblé des informations, des détails. Par

25 conséquent, je pense qu'il y a un ou deux détails dans cette déclaration

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1 qui ne sont pas tout à fait exacts.

2 M. Hayman (interprétation). - Donc vous dites que votre mémoire

3 est meilleure aujourd'hui qu’en mai 1997, lorsque vous avez fait cette

4 déclaration, parce que vous avez eu la possibilité de revoir un certain

5 nombre de documents qui vous ont rafraîchi la mémoire ?

6 M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement j'ai revu

7 les bulletins d'informations militaires que j'avais moi-même rédigés

8 chaque jour, avec l'officier chargé des renseignements

9 M. Hayman (interprétation). - Vous avez relu tous les bulletins

10 d'informations militaires du régiment du Prince de Galles non expurgés ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

12 M. Hayman (interprétation). - Et ceci vous a servi pour vous

13 rafraîchir la mémoire ? Y a-t-il eu d'autres éléments que vous avez

14 utilisés ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Oui, il y a eu des

16 photographies que j’ai prises à l’époque.

17 M. Hayman (interprétation). - Et ces bulletins d'informations

18 militaires indiquaient-ils que vous avez assumé vos fonctions d’officier

19 de liaison en mai et non en juin ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement. On

21 m’appelle LO de Vitez, donc l'officier de liaison de Vitez, et il est

22 indiqué la date du 25 ou du 26 mai.

23 Ce poste n'existait pas jusqu'à ce moment-là et c'est par la

24 suite qu'il est devenu le poste que j'ai occupé moi-même.

25 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous reçu une réunion

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1 d'information avant d'assumer vos fonctions et de prendre les fonctions de

2 votre prédécesseur, M. Haye* ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement, une réunion

4 courte. C'était en fait simplement une visite de la région et une

5 introduction aux personnes les plus importantes, à la fois des Musulmans

6 et des Croates, des représentants de l'armée de Bosnie Herzégovine et des

7 représentants du HVO dans la zone.

8 M. Hayman (interprétation). - M. Haye* vous a-t-il dit qu'il

9 avait une réunion avec M. Blaskic plus tôt, en mai 1993 ?

10 M. Whitworth (interprétation). - A l'époque, oui, effectivement.

11 Il m'a dit qu'il avait eu une réunion. Il avait rencontré le

12 Colonel Blaskic avant moi.

13 M. Hayman (interprétation). - Je vais ménager une pause après

14 votre réponse afin que les interprètes puissent terminer leur travail.

15 A-t-il dit quoi que ce soit sur cette réunion ?

16 M. Whitworth (interprétation). - Je ne m'en souviens pas, non.

17 M. Hayman (interprétation). - Je suppose que vous n'avez pas

18 pris de notes, que vous n'avez pas de journal relatif à votre séjour en

19 Bosnie qui pourrait vous rafraîchir la mémoire.

20 M. Whitworth (interprétation). - Oui, en effet. A l'époque,

21 j'avais effectivement un carnet assez détaillé et c'est ce que j'ai

22 utilisé pour transmettre les informations que j'avais rassemblées chaque

23 jour dans le cadre des bulletins d'informations militaires. Mais j'ai

24 rendu ce carnet à la fin de mon service.

25 M. Hayman (interprétation). - A qui ?

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1 M. Whitworth (interprétation). - Aux personnes qui étaient

2 chargées de la rédaction des bulletins d'informations militaires.

3 M. Hayman (interprétation). - Au bataillon britannique ?

4 M. Whitworth (interprétation). - C'est cela.

5 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé hier d'une réunion

6 avec le Colonel Blaskic à l'hôtel Vitez.

7 M. Whitworth (interprétation). - C'est exact.

8 M. Hayman (interprétation). - Combien de réunions avez-vous eu

9 avec le Colonel Blaskic ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Peut-être une dizaine au

11 total ; douze pendant toute la période de mon service là-bas. Pour la

12 plupart, j'avais organisé ces réunions au nom du Colonel Alister*, mais la

13 plupart des réunions étaient, en fait, avec Darko Gelic ; M. Blaskic

14 n'était pas là.

15 M. Hayman (interprétation). - Vous souvenez-vous de la teneur de

16 l'une ou l'autre de ces conversations au cours de ces réunions ?

17 M. Whitworth (interprétation). - A un moment donné, le

18 Colonel Blaskic a exprimé sa préoccupation quant à la situation à l'hôtel

19 de Nova Bila. C'était une réunion avec le Colonel Alister*.

20 M. Hayman (interprétation). - Mais qu'est-ce qui le préoccupait

21 vraiment ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Le nombre de victimes.

23 M. Hayman (interprétation). - Et y avait-il eu une requête

24 visant à faire évacuer les personnes gravement blessées à l'extérieur de

25 l'enclave ?

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1 M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est une demande qui

2 était parvenue à plusieurs reprises de l'hôpital, avant que le

3 Colonel Blaskic ne formule sa requête au colonel Alister*.

4 M. Hayman (interprétation). - Et l'une des parties au conflit a-

5 t-elle essayé de retarder cette évacuation ou a-t-elle fait objection à

6 cette possibilité ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Pas à ma connaissance. Chaque

8 fois qu'il y avait une requête, c'était au HVO qui se trouvait à Kiseljak

9 parce que nous étions évidemment tenus de respecter leur réponse.

10 M. Hayman (interprétation). - Par conséquent, ce qui préoccupait

11 le Colonel Blaskic, c'était l'évacuation imminente des victimes à ce

12 moment-là, n'est-ce pas ? Pourquoi ?

13 M. Whitworth (interprétation). - Je crois en fait que ce qui les

14 préoccupait, c'était le nombre de victimes et les problèmes de structure

15 médicale de l'hôpital de Nova Bila qui ne pouvait pas soigner tant de

16 personnes.

17 M. Hayman (interprétation). - N'y avait-il pas des retards très

18 importants dans l'évacuation des victimes du HVO à Nova Bila étant donné

19 les conditions qui régnaient et qui étaient imposées par l'armée de

20 Bosnie-Herzégovine ?

21 M. Whitworth (interprétation). - Je crois qu'à une ou deux

22 reprises, il y a eu une certaine réticence de la part des représentants du

23 troisième corps d'armée qui ne souhaitait pas voir des mouvements de

24 véhicules et, notamment, des véhicules de l'hôpital de Nova Bila parce

25 qu'on nous accusait en fait d'évacuer des soldats parmi ces victimes, même

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1 s'ils n'étaient pas blessés. Par conséquent, il y a eu un système de

2 sélection extrêmement compliqué où ont participé des officiers des Nations

3 Unies afin de déterminer si les personnes évacuées de Nova Bila, lorsque

4 ces évacuations arrivaient, méritaient cette évacuation.

5 M. Hayman (interprétation). - Merci de vous être souvenu de ce

6 point.

7 Nous reviendrons à l'hôpital de Nova Bila mais, pour l'instant,

8 vous souvenez-vous de la teneur de tout autre conversation avec le

9 colonel Blaskic à laquelle vous auriez participé personnellement ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Pas pour l'instant, non.

11 M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit au cours de votre

12 témoignage que le colonel Blaskic a été informé de la situation dans des

13 endroits tels que Vares, des endroits éloignés. Pouvez-vous nous donner

14 des exemples de la façon dont il était informé ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Eh bien, moi, je recevais des

16 informations par l'officier de liaison du colonel Blaskic, Darko Gelic,

17 sur des incidents et des opérations militaires qui avaient lieu dans des

18 zones qui se trouvaient en dehors de la Vallée de la Lasva. Très souvent,

19 nous obtenions des informations d'un endroit qui se trouvait au nord-est

20 de la Vallée de la Lasva. Je ne me rappelle plus du nom de la localité

21 exactement.

22 M. Hayman (interprétation). - En ce qui concerne la possibilité

23 qu'avait le colonel Blaskic de se rendre sur les lieux et d'inspecter ces

24 différents endroits à l'extérieur de sa zone opérationnelle et de sa zone

25 de responsabilité, si le colonel Blaskic, au cours de votre séjour là-bas,

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1 voulait se rendre à l'ouest, par exemple, pour inspecter les lieux,

2 jusqu'à quelle distance pouvait-il aller sans obtenir une escorte des

3 forces de la FORPRONU ? A quelle distance pouvait-il se rendre de

4 l'hôtel Vitez ?

5 M. Whitworth (interprétation). - Il pouvait aller jusqu'au

6 carrefour en T de Travnik, ensuite aller vers le sud, vers Prozor, vers

7 Gornji Vakuf. Par conséquent, la poche croate était relativement seule à

8 l'est de Busovaca.

9 Mais notre impression était qu'il quittait et revenait dans la

10 zone régulièrement étant donné les vols d'hélicoptère fréquents que nous

11 pouvions observer dans la Vallée de la Lasva.

12 M. Hayman (interprétation). - Nous reviendrons au sujet des

13 hélicoptères plus tard mais, pour l'instant, ma question est la suivante :

14 à quelle distance pouvait-il se rendre vers l'ouest ?

15 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi. Ce n'est pas ce qu'a

16 dit le témoin, Monsieur le Président. Il a dit qu'il pouvait aller jusqu'à

17 Prozor, Gornji Vakuf, je crois.

18 M. le Président. - L'objection est accordée. Le témoin a répondu

19 à votre question. Vous passez donc à une autre question, Monsieur Hayman.

20 M. Hayman (interprétation). - Mais j'ai été interrompu, Monsieur

21 le Président, au milieu de ma question, et l'objection dit que je citais

22 mal le témoignage alors que je n'avais pas fini ma citation. Je vais donc

23 continuer.

24 M. le Président. - Continuez, s'il vous plaît. Il s'agissait

25 seulement de la poche croate et de la possibilité pour l'accusé de pouvoir

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1 se déplacer à l'intérieur de cette poche. Le témoin a répondu. Ou bien,

2 votre question est vraiment différente, sinon vous continuez.

3 M. Hayman (interprétation). - A quelle distance le

4 colonel Blaskic pouvait-il aller vers le nord de l'hôtel Vitez sans une

5 escorte de la FORPRONU ?

6 M. Whitworth (interprétation). - En fait, il ne pouvait pas

7 aller bien loin. Les lignes de l'armée de Bosnie-Herzégovine étaient assez

8 loin au sud de Zenica.

9 M. Hayman (interprétation). - A un kilomètre ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Oui, peut-être à un kilomètre

11 au nord de cet endroit, oui.

12 M. Hayman (interprétation). - Et vers l'est, à quelle distance

13 pouvait se rendre le colonel Blaskic par voie terrestre sans être escorté

14 et surveillé par la FORPRONU ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Jusqu'à Busovaca sur la route

16 menant à Kiseljak.

17 M. Hayman (interprétation). - Enfin, si ma boussole fonctionne,

18 jusqu'où le colonel Blaskic pouvait-il aller vers le sud par rapport à

19 l'hôtel Vitez sans avoir une escorte et la surveillance de la FORPRONU ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Je dirais, jusqu'à trois ou

21 quatre kilomètres.

22 M. Hayman (interprétation). - Jusqu'à qu'à Kruscica ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Non, vers Zazilje*. C'est là

24 qu'était au départ le territoire du HVO.

25 M. Hayman (interprétation). - En passant par Capljina et

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1 Donja Vecerska ? S'il allait vraiment vers Kruscica, donc plein sud, à

2 quelle distance pouvait-il aller ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Je dirais, à un kilomètre, pas

4 plus loin.

5 M. Hayman (interprétation). - Jusqu'à l'extérieur de Kruscica ?

6 Je demanderai que la pièce 433/1 soit soumise au témoin, s'il

7 vous plaît. Il s'agit de la première d'une série de photographies qui, je

8 crois, ont été prises par vous.

9 (Le témoin acquiesce.)

10 M. Hayman (interprétation). - Quand cette photo a-t-elle été

11 prise ?

12 M. Whitworth (interprétation). - Au début de ma mission, peut-

13 être que j'avais été officier. J'étais peut-être officier de liaison

14 depuis quatre semaines.

15 M. Hayman (interprétation). - Très bien. Je vais demander à mon

16 collègue de lire le titre qui apparaît à gauche, en face de cette pancarte

17 ou dans le centre de la photographie, pour qu'elle puisse être traduite et

18 que nous puissions ensuite en parler.

19 M. Nobilo (interprétation). - A gauche, on lit le "quartier

20 général municipal du HVO" et, à droite, le "quartier général de la police

21 HVO".

22 M. Hayman (interprétation). - Saviez-vous ce que voulaient dire

23 ces pancartes pendant votre mission ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

25 M. Hayman (interprétation). - Qu'est-ce que c'est que ce

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1 quartier municipal du HVO sur la gauche ?

2 M. Whitworth (interprétation). - A notre avis, c'était

3 simplement le quartier général central où se trouvaient des représentants

4 de toutes les unités. Par conséquent, nous pouvions nous adresser à

5 plusieurs personnes en nous rendant à l'hôtel Vitez.

6 M. Hayman (interprétation). - Le colonel Blaskic était-il

7 responsable du HVO municipal ou du quartier général municipal du HVO ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Pour nous, le colonel Blaskic

9 était le commandant de la zone opérationnelle comme elle a été appelée par

10 la suite et son quartier général se trouvait à l'hôtel Vitez.

11 En fait, il était le commandant supérieur au niveau municipal.

12 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous pourquoi il y avait des

13 pancartes séparées pour le quartier général municipal et pour la Voïna

14 Policia* ou la police militaire du HVO ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Non.

16 M. Hayman (interprétation). - Quels éléments de la police

17 militaire résidaient dans cet hôtel Vitez ?

18 M. Whitworth (interprétation). - A ma connaissance, il y avait

19 la police militaire et puis cette toute petite unité des Jokeris mais, en

20 fait, les polices militaires entraient dans le cadre d'un régiment. Il y

21 avait des unités de police militaire sur le terrain, dans la zone de

22 Vitez, et leur fonction était, entre autres, la protection du

23 colonel Blaskic lorsque celui-ci se déplaçait sur le terrain.

24 M. Hayman (interprétation). - Mais ma question était : quels

25 éléments de la police militaire résidaient à l'hôtel Vitez ?

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1 M. Whitworth (interprétation). - D'après ce que j'ai compris, il

2 y avait des représentants de tous les éléments de la police militaire dans

3 l'hôtel.

4 M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit hier que le

5 commandant des Jokeris étaient Pasko Ljubicic, n'est-ce pas ?

6 M. Whitworth (interprétation). - C'est exact.

7 M. Hayman (interprétation). - Son bureau se trouvait-il dans

8 l'hôtel Vitez ?

9 M. Whitworth (interprétation). - Je dois dire que je ne l'ai

10 jamais rencontré à l'hôtel Vitez. La seule personne que j'ai rencontrée et

11 qui était liée aux Jokeris, à la police militaire, était un certain Vlado

12 mais, alors que le commandant supérieur de la police militaire,

13 Pasko Ljubicic, était en train de superviser une livraison par convoi à

14 Vitez et dans la zone de Kruscica, il est sorti avec Darko Gelic de

15 l'hôtel Vitez.

16 Je suppose donc que moi j'avais déjà rencontré Vlado et je

17 savais qu'il faisait partie de la police militaire. J'ai supposé que

18 Pasko Ljubicic était également basé dans le même bâtiment.

19 M. Hayman (interprétation). - Avançons un peu dans le temps :

20 lorsque vous avez parlé à un certain nombre de jeunes soldats au chalet

21 suisse ou au bungalow, où vous ont-ils envoyé afin de trouver Pasko

22 Ljubicic ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Ils m'ont juste dit d'aller

24 dans la zone de Vitez.

25 M. Hayman (interprétation). - Vous ont-ils dit de vous rendre au

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1 poste de police ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Non, c'est une hypothèse que

3 j'ai formulée à ce moment-là.

4 M. Hayman (interprétation). - Que voulez-vous dire par "c'était

5 une hypothèse que j'ai formulée ?" Je voudrais savoir ce qu'ils vous ont

6 dit.

7 M. Whitworth (interprétation). - Ils m'avaient dit qu'ils

8 faisaient partie d'une unité d'élite de la police militaire. Par

9 conséquent, lorsqu'ils m'ont envoyé à Vitez, je suis tout d'abord allé au

10 poste de police civile et ensuite à l'hôtel Vitez où nous savions que la

11 police militaire se trouvait.

12 M. Hayman (interprétation). - Par conséquent, personne ne vous a

13 dit au chalet suisse de vous rendre au poste de police ? Vous y êtes allé

14 de votre propre initiative ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Oui, et la raison en est très

16 simple : je ne m'étais pas présenté à la police civile. C'était au début

17 de ma mission et j'ai utilisé mon entretien avec la police militaire pour

18 me présenter avec la police civile et essayer de me familiariser avec les

19 personnages les plus importants, ce qui était aussi un aspect de mon

20 travail en tant qu'officier de liaison.

21 M. Hayman (interprétation). - Au poste de police, avez-vous

22 demandé où se trouvait le bureau de Pasko Ljubicic ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Non, j'ai simplement demandé si

24 je pouvais rencontrer le commandant supérieur de la police civile et j'ai

25 fait semblant de dire que j'avais fait une erreur d'arriver au poste de

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1 police.

2 M. Hayman (interprétation). - Et avez-vous demandé à tout autre

3 personne où se trouvait le bureau de Pasko Ljubicic ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Non, pas à ma connaissance.

5 M. Hayman (interprétation). - Je demande que la pièce 257 soit

6 soumise au témoin, s'il vous plaît, et qu'elle soit placée sur le

7 rétroprojecteur. Je vous demanderai d'examiner brièvement cette pièce.

8 S'agit-il là d'un dessin assez schématique de certaines parties de

9 l'hôtel Vitez ? Peut-être le rez-de-chaussée... Non, je crois en fait que

10 ce schéma est limité.

11 M. le Président. - Prenez votre temps pour examiner ce document.

12 Ce document n'est peut-être pas connu du témoin. Prenez une minute pour

13 l'examiner.

14 M. Whitworth (interprétation). - J'espère que vous comprenez

15 qu'il est assez difficile, lorsqu'on parcourt à pied un bâtiment en béton,

16 de trouver son orientation.

17 M. le Président. - C'est pourquoi je disais, il y a quelques

18 instants, qu'il fallait que vous preniez un peu de temps avant de répondre

19 aux questions de Me Hayman.

20 M. Hayman (interprétation). - Faites-moi savoir lorsque vous

21 aurez eu suffisamment de temps pour consulter ce document et vous y

22 retrouver, Monsieur Whitworth.

23 M. Whitworth (interprétation). - D'après mes souvenirs,

24 Monsieur, c'est assez différent. La zone où j'ai rencontré le

25 colonel Blaskic et là où son escorte m'a amené au colonel Blaskic, était

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1 ici, dans cette zone.

2 M. Hayman (interprétation). - Voulez-vous donc noter au compte

3 rendu : "escalier vers l'entrepôt". C'est cela ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Il y avait de nombreuses portes

5 et je ne sais pas sur quoi elles donnaient pour la plupart d'entre elles.

6 M. Hayman (interprétation). - Excusez-moi... Avez-vous terminé

7 votre réponse ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

9 M. Hayman (interprétation). - J'aimerais maintenant appeler

10 votre attention sur l'indication au centre du diagramme : "première

11 compagnie de police militaire active, bureau..." et il y a une flèche qui

12 indique "salle de repos". Vous voyez cela ?

13 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

14 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous qui était cette

15 première compagnie de la police militaire active ? Qui était à la tête de

16 cette unité ?

17 M. Whitworth (interprétation). - Je ne sais pas.

18 M. Hayman (interprétation). - Etait-ce la tâche de

19 Pasko Ljubicic ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Je sais qu'il y avait plusieurs

21 unités. Toutes les questions relevant de la police militaire étaient

22 traitées avec l’hôtel Vitez qui redistribuait les choses vers le

23 département concerné.

24 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous déjà témoigné que

25 Pasko Ljubicic était le commandant du bataillon et pas de la compagnie de

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1 la police militaire du HVO ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

3 M. Hayman (interprétation). - Cela veut-il dire que l'officier

4 de la première compagnie n'aurait pas été le bureau de Pasko Ljubicic ?

5 M. Whitworth (interprétation). - Je ne sais pas.

6 M. Kehoe (interprétation). - Le témoin vient de dire qu'il ne

7 sait pas. Il ne sait pas de quel bureau il s'agissait. Il ne sait pas qui

8 se trouvait dans ce bureau. Le témoin a déjà répondu.

9 M. le Président. - Capitaine, répondez très clairement à cette

10 dernière question et Me Hayman poursuivra. Vous saviez ou vous ne saviez

11 pas ? Vous saviez dans quelle mesure ? Prenez votre temps.

12 M. Whitworth (interprétation). - Je ne connaissais pas la

13 personne qui se trouvait dans ce bureau.

14 M. le Président. - Poursuivez, Maître Hayman.

15 M. Hayman (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

16 En face de l’hôtel Vitez, de l'autre côté de la rue, vous voyez

17 un encadré qui dit : "police civile".

18 M. Whitworth (interprétation). - Oui, je le vois.

19 M. Hayman (interprétation). - Etait-ce là l'emplacement du poste

20 de police civile dont vous avez parlé tout à l'heure, approximativement ?

21 M. Whitworth (interprétation). - Oui, approximativement.

22 M. Hayman (interprétation). - Dans l'encadré suivant, voyez-vous

23 ce qui est dit : "bureau Vacovucovic*", et ensuite "Pasko Ljubicic" ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Oui, Monsieur.

25 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que cela rafraîchit votre

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1 mémoire en ce qui concerne l'emplacement du bureau de Pasko Ljubicic ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Les nombreuses réunions que

3 j'ai eues à l’hôtel Vitez ont eu lieu dans la zone de réception et les

4 gens étaient très réticents. Les gens étrangers étaient très rarement

5 autorisés à entrer dans les bureaux.

6 Je savais que je pouvais me rendre à l'hôtel Vitez et rencontrer

7 des gens. C'est là que j'avais rencontré Pasko Ljubicic, à l’hôtel Vitez.

8 J'ai également rencontré beaucoup d'autres gens, après avoir demandé à les

9 rencontrer.

10 Lorsque je me suis rendu à la police civile, on m'a dirigé à

11 l’hôtel Vitez. Il y a plusieurs autres noms dans ces encadrés comme Santic

12 et Skopljak notamment qui, pour autant que je le sache, n'étaient pas dans

13 le bâtiment de la police civile mais dans le bâtiment civil qui était à

14 l'arrière de l’hôtel Vitez.

15 M. Hayman (interprétation). - C'est une pièce de l'accusation ;

16 je ne veux donc surtout pas vous induire en erreur. Si vous êtes en

17 désaccord avec cette pièce, c'est votre affaire, mais je ne veux surtout

18 pas sembler vous suggérer que c’est précis ou imprécis.

19 M. Kehoe (interprétation). - Je crois qu'il faut replacer les

20 choses dans le temps, en avril 1993, ce que le témoin témoigne. Ce n'était

21 pas au moment du théâtre des opérations.

22 M. le Président. - Maître Kehoe, vos commentaires sont

23 certainement très importants, mais les juges apprécieront d'eux-mêmes à la

24 faveur des questions et des réponses. Chacun son travail.

25 Maître Hayman, passez à une autre question, s'il vous plaît.

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1 M. Hayman (interprétation). - Je passe à une autre question,

2 Monsieur le Président, avec plaisir.

3 Vous avez mentionné M. Valenta ; vous avez dit que Santic et

4 Skopljak vous avaient dit que Valenta serait l'officier de liaison de la

5 Forpronu. Vous souvenez-vous d'avoir dit cela ?

6 M. Whitworth (interprétation). - Pouvez-vous répéter ?

7 M. Hayman (interprétation). - Je crois que vous avez mentionné

8 hier que c'étaient M. Santic et/ou M. Skopljak qui vous avaient informé

9 qu'Anto Valenta serait ou était l'officier de liaison avec la Forpronu ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne l'ai pas dit.

11 M. Hayman (interprétation). - Alors si ce n'est pas ce qui a été

12 dit, pouvez-vous nous dire exactement ce qui vous a été dit ?

13 M. Whitworth (interprétation). - En tant qu'officier de liaison,

14 il ne m'incombait pas de dire autre chose. Les premières personnes que

15 j'ai rencontrées sont Santic et Skopljak. Après quelques réunions avec

16 eux, ils m'ont dit qu'il serait utile, pour que je me familiarise avec les

17 personnes de l’hôtel Vitez, que j'aie une réunion avec M. Valenta qui

18 était la personnalité importante du point de vue politique sur place.

19 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous reçu un titre plus

20 spécifique pour M. Valenta ? Vous avez dit que c'était une personnalité

21 politique importante. Savez-vous quel était son titre ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne me souviens pas de

23 cela.

24 M. Hayman (interprétation). - Quand, approximativement, l'avez-

25 vous rencontré à l'hôtel Vitez ?

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1 M. Whitworth (interprétation). - Je dirais que c'est un peu

2 avant la mi-juin.

3 M. Hayman (interprétation). - Mais en juin 1993 ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Oui, je crois que oui.

5 M. Hayman (interprétation). - Après la chute de Travnik le

6 12 juin ? Ou bien, vous n'êtes pas sûr ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Je dirai que c'est avant cette

8 période.

9 M. Hayman (interprétation). - Et qu'utilisez-vous pour cela ?

10 Votre mémoire ou une référence dans un document ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Ma mémoire uniquement.

12 M. Hayman (interprétation). - Sur la pièce 257, pouvez-vous

13 indiquer où vous avez rencontré Anto Valenta dans l'hôtel Vitez ?

14 M. Whitworth (interprétation). - C'est un diagramme qui n'est

15 pas familier pour moi, mais je me rappelle avoir emprunté un corridor ici,

16 je crois, dans cette zone du bâtiment, parce qu'il y avait très clairement

17 une fenêtre qui donnait vers l'arrière du bâtiment.

18 M. Hayman (interprétation). - Vous indiquez là où il est indiqué

19 "bureau du premier étage", c'est bien cela ? C'est cette région générale ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

21 M. Hayman (interprétation). - Ensuite, avez-vous eu une série de

22 réunions à l'hôtel Vitez avec lui ou une seule ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Je pense deux fois, et la

24 troisième fois que je l'ai rencontré, c'était pour arranger une escorte

25 pour me rendre à Kiseljak.

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1 M. Hayman (interprétation). - Combien de fois l'avez-vous

2 rencontré à l'hôtel Vitez ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Deux fois.

4 M. le Président. - Vous veniez de poser la question. Il l'a

5 rencontré deux fois.

6 Puis, évitez trop de références à ce document. Il faut bien se

7 rendre compte qu'il s'agissait de 1993.

8 Gardons donc les objectifs principaux en vue, Maître Hayman.

9 Allons à l'essentiel. Merci, continuez.

10 M. Hayman (interprétation). - Dans l'hôtel Vitez -c'était ma

11 question-, combien de fois et quand l'avez-vous rencontré dans le bureau

12 que vous avez décrit, s'il vous plaît ?

13 M. Whitworth (interprétation). - Deux fois, je pense, et au

14 début de ma mission.

15 M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous avez rencontré

16 Anto Valenta, il avait pris un bureau temporairement dans l'hôtel Vitez

17 après avoir perdu son bureau à Travnik après la chute de Travnik dans la

18 première partie de juin 1993.

19 M. Whitworth (interprétation). - A ma connaissance, les gens ne

20 savaient pas qu'il était basé à Travnik. Nous avons toujours su qu'il

21 était basé à l'hôtel Vitez et, à maintes occasions, j'ai vu son assistant

22 personnel à l'hôtel Vitez. Je n'ai pas vu Valenta, j'ai vu son assistant

23 plusieurs fois, à peu près à l'époque où je l'ai rencontré deux fois dans

24 son bureau.

25 M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit que dans votre

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1 premier entretien avec lui, M. Valenta avait adopté la position qu'une

2 certaine zone serait de composition entièrement croate.

3 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

4 M. Hayman (interprétation). - Pensez-vous que ceci soit

5 contraire aux dispositions du plan de paix Vance-Owen et, si ce n'est pas

6 le cas, était-ce le cas pour les parties en Bosnie-Herzégovine ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Je ne me souviens pas de cet

8 accord particulier mais, oui, cela contrevenait à ce qui semblait avoir

9 été agréé.

10 M. Hayman (interprétation). - Y a-t-il eu ultérieurement dans

11 vos entretiens avec les autorités civiles de Vitez, Skopljak, Santic et

12 Valenta qui faisaient peu de cas du plan de paix Vance-Owen et qui

13 plaidaient en faveur des accords régis par Mate Boban ?

14 M. Whitworth (interprétation). - J'ai eu plusieurs entretien

15 avec Santic, le maire. A plusieurs occasions, il a insisté pour dire que

16 le plan actuel ne fonctionnerait pas. Il était pleinement conscient

17 également du fait qu'il était nécessaire de maintenir les communautés

18 musulmanes et croates intégrées jusqu'à une certaine mesure, et il y avait

19 un certain degré de désaccord ou d'accord selon le moment où on parlait et

20 le niveau de tension de la région.

21 M. Hayman (interprétation). - Ce désaccord se poursuivait-il

22 également dans le cadre civil avec Santic, Skopljak et Valenta, comme vous

23 avez pu vous en souvenir ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne me souviens pas de

25 cela.

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1 M. Hayman (interprétation). - Mais vous avez dit à l'instant que

2 le maire Santic était en faveur d'un certain degré d'intégration entre les

3 communautés musulmanes et croates. Est-ce une perspective différente que

4 ce que disait M. Valenta lorsque vous l'avez rencontré la première fois ?

5 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

6 M. Hayman (interprétation). - M. Valenta était-il tenu en haute

7 estime par l'homme de la rue à Vitez, c'est-à-dire les résidents

8 ordinaires ?

9 M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est ce que je pensais

10 puisqu'il était basé à l'hôtel Vitez. Mais ce n'était pas une personnalité

11 locale et il n'était donc pas particulièrement bien connu.

12 M. Hayman (interprétation). - N'avez-vous jamais parlé de ce que

13 pensait Valenta avec le colonel Blaskic ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Non, Monsieur.

15 M. Hayman (interprétation). - En votre présence, le

16 colonel Blaskic n'a-t-il jamais exprimé de tels avis, c'est-à-dire des

17 préjugés raciaux vis-à-vis des Musulmans ?

18 M. Whitworth (interprétation). - Non.

19 M. Hayman (interprétation). - La pièce 80/8 peut-elle être

20 présentée au témoin, s'il vous plaît ?

21 Monsieur Whitworth, il s'agit d'une série de photos de diverses

22 personnes marchant dans la rue, semble-t-il, sur une place et l'une

23 d'entre elles est Anto Valenta. Est-ce vous qui avez pris cette photo ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

25 M. Hayman (interprétation). - Quand a-t-elle était prise ?

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1 M. Whitworth (interprétation). - Elle a été prise... Je ne vais

2 pas me souvenir de la date. Il s'agissait d'un mouvement organisé de

3 responsables officiels du HVO vers Kiseljak qui se rendaient vers des

4 sièges des Nations Unies.

5 M. Hayman (interprétation). - Alors, tous ces gens se sont

6 rencontrés pour être transportés, je suppose, par les forces de la

7 FORPRONU vers Kiseljak, c'est cela ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

9 M. Hayman (interprétation). - Ce transport était nécessaire

10 parce que Vitez se trouvait dans une enclave entourée par l'armée de

11 Bosnie-Herzégovine, c'est bien cela ?

12 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

13 M. Hayman (interprétation). - L'objectif de ce transport par les

14 forces des Nations Unies vers Kiseljak était de s'engager dans un certain

15 type de négociations ?

16 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

17 M. Hayman (interprétation). - Avec qui, avec l'armée de

18 Bosnie-Herzégovine ou avec d'autres dirigeants civils ? Quelles étaient

19 les parties impliquées ?

20 M. Whitworth (interprétation). - C'est le représentant de l'ONU

21 de Kiseljak qui dirigeait cela, mais il y avait quelques

22 personnalités-clés de l'Armiya et des communautés musulmanes de la région.

23 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous un moyen de dater

24 l'événement ? Pouvez-vous nous donner un mois, si ce n'est la date

25 exacte ?

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1 M. Whitworth (interprétation). - Je dirais juin.

2 M. Hayman (interprétation). - Vous avez suggéré hier que

3 M. Valenta avait de l'influence sur les opérations militaires en Bosnie

4 centrale. Pouvez-vous donner à la Cour un exemple de la manière ou des

5 manières dont cette influence s'exerçait en Bosnie centrale ?

6 M. Whitworth (interprétation). - L'hypothèse d'implications

7 militaires se fondait sur le fait que son bureau, pour autant que nous le

8 sachions, se trouvait dans la zone du commandant en chef de la police

9 militaire à la ville de Vitez. Il était la personnalité politique la plus

10 importante et nous avons supposé qu'il avait une influence sur les

11 décisions militaires qui étaient prises à l'hôtel.

12 M. Hayman (interprétation). - Mais ce sont des hypothèses. Je

13 vous ai demandé un exemple. Avez-vous un exemple à soumettre à la Cour ?

14 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, j'aimerais que le

15 Conseil de la défense pose des questions au témoin et, en ce qui concerne

16 les commentaires de la défense sur les commentaires et les réponses du

17 témoin, j'aimerais qu'ils s'en abstiennent. Merci.

18 M. le Président. - Evitez les commentaires, Maître Hayman, même

19 si vous avez envie d'en faire et laissez le temps au témoin de répondre.

20 Il vous a dit que c'étaient des hypothèses, évidemment.

21 M. Hayman (interprétation). - Pour le compte rendu, Monsieur le

22 Président, je crois que ce n'est pas ce que nous faisons. Le témoin a

23 déclaré qu'il s'agissait d'une hypothèse alors j'ai dit merci pour cette

24 hypothèse.

25 Monsieur Whitworth, pouvez-vous donner à la Cour un exemple -un

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1 seul exemple- au cours de vos six mois de mission en Bosnie où M. Valenta

2 a eu une influence sur les activités militaires de la région ?

3 M. Whitworth (interprétation). - A ma connaissance, je n'ai vu

4 aucun exemple. Je réitère l'hypothèse que nous avons faite ultérieurement

5 qui était fondée sur nos observations.

6 M. Hayman (interprétation). - Merci.

7 Vous avez décrit les capacités de communication du HVO. J'ai

8 deux ou trois questions à vous poser à ce sujet :

9 Vous a-t-on fait faire une visite des installations de

10 communication ou des pièces où il y avait des centres de communication ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Non, pas lors d'une visite

12 officielle.

13 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous où cela était ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Je suis entré dans une pièce

15 que j'ai supposé être le centre de communication. Je crois qu'elle était

16 en bas.

17 M. Hayman (interprétation). - Etait-ce dans le bâtiment des PTT

18 ou à l'hôtel Vitez ?

19 M. Whitworth (interprétation). - A l'hôtel Vitez.

20 M. Hayman (interprétation). - Et c'est là que vous pensiez que

21 les communications étaient basées pour le centre des opérations du QG du

22 HVO ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Je n'ai pas dit cela, j'ai dit

24 que le type de communication que j'ai vu se trouvait en bas.

25 M. le Président. - Maître Hayman, veuillez attendre la réponse

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1 du témoin et parler un peu plus lentement pour le travail des interprètes.

2 Au témoin, je lui rappelle qu'il doit répondre aux juges. Merci.

3 M. Hayman (interprétation). - Je vous prie de m'excuser,

4 Monsieur le Président.

5 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais que le témoin puisse

6 terminer sa réponse.

7 M. Hayman (interprétation). - Je n'ai pas interrompu, c'est la

8 Cour qui m'a interrompu.

9 M. le Président. - La Cour s'excuse, c'est ce que vous voulez

10 dire ?

11 M. Hayman (interprétation). - Monsieur Whitworth, avez-vous une

12 réponse à compléter sur ce point ?

13 M. Whitworth (interprétation). - Je vais réitérer ce que j'ai

14 dit tout à l'heure : je n'ai pas revendiqué m'être trouvé dans le QG de

15 l'hôtel Vitez, j'ai simplement dit quel était le type de communication que

16 j'avais vu dans divers endroits de l'hôtel Vitez.

17 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous vu des équipements à

18 l'hôtel Vitez qui, à votre avis, étaient destinés à garantir des capacités

19 de communication sûres vers les commandants et officiers supérieurs de la

20 zone d'opération ?

21 M. Whitworth (interprétation). - Non.

22 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous ce qu'on entend par le

23 terme de "Packet Radio"* ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Je ne connais pas ce terme.

25 M. Hayman (interprétation). - Vous avez déclaré que vous aviez

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1 vu une pièce d'équipement de télévision satellitaire. Voulez-vous dire par

2 là une antenne qui peut être utilisée pour recevoir la télévision câblée

3 sans payer la redevance normale ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Oui. J'ai vu ce type

5 d'équipement.

6 M. Hayman (interprétation). - Et c'est ce que vous vouliez

7 dire ? Vous avez vu une telle antenne ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Si ce n'est pas sur l'hôtel,

9 j'ai vu un certain nombre d'exemples de cela dans la Vallée de la Lasva.

10 M. Hayman (interprétation). - Vous avez également parlé d'un

11 téléphone satellitaire. Qu'avez-vous vu exactement ?

12 M. Whitworth (interprétation). - Ils semblaient disposer d'un

13 système de téléphone et j'ai supposé qu'il s'agissait d'une boîte comme

14 une petite valise, avec un téléphone qui ressemble à ceux que j'ai vus

15 antérieurement et qui n'ont pas besoin de ligne terrestre mais seulement

16 d'un système d'antennes.

17 M. Hayman (interprétation). - Un tel équipement pourrait-il être

18 un téléphone radio ou quelque chose d'autre ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Oui, monsieur.

20 M. Hayman (interprétation). - Merci. Pourrait-on présenter au

21 témoin la pièce 433/7 ? Monsieur Whitworth, nous passons maintenant à la

22 question au sujet des hélicoptères. Pouvez-vous nous dire quand vous avez

23 pris cette photo ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Non, Monsieur, je ne peux pas.

25 Il y a eu plusieurs exemples d'atterrissages d'hélicoptères dans la Vallée

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1 de la Lasva et cela aurait pu être l'une de ces nombreuses occasions.

2 M. Hayman (interprétation). - Quand ces hélicoptères ont-ils

3 commencé à venir dans la Vallée de la Lasva ? A quel mois ? Si vous vous

4 en souvenez...

5 M. Whitworth (interprétation). - Je dirais, là encore, au tout

6 début juin là.

7 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous une indication autre que

8 celle de votre mémoire pour vous souvenir de cette date ? Vous souvenez-

9 vous de bulletins militaires, d'informations militaires lors de votre

10 venue dans la Vallée de la Lasva ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne m'appuie que sur ma

12 mémoire. Je sais qu'il y a eu beaucoup d'atterrissages d'hélicoptères

13 pendant deux ou trois jours ; il y a eu beaucoup de vols de nuit, le soir,

14 vers 23 heures ou minuit. Et, en raison de la proximité du bataillon

15 britannique, il était tout à fait facile de les entendre ou de voir les

16 armes de petit calibre.

17 M. Hayman (interprétation). - Vous avez toujours vu des tirs de

18 feu de ces armes de petit calibre ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Non, mais si des traceurs

20 étaient utilisés la nuit, on les voyait, on pouvait les distinguer.

21 M. Hayman (interprétation). - Alors, pour l'hélicoptère en

22 question, a-t-il atterri ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

24 M. Hayman (interprétation). - C'était l'hélicoptère de qui ?

25 M. Whitworth (interprétation). - Nous pensions que c'était un

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1 hélicoptère du HVO qui venait du sud.

2 M. Hayman (interprétation). - Vous savez pourquoi ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Non. Là encore, c'étaient des

4 hypothèses de notre part. Il ne semblait pas évacuer des victimes parce

5 que nous faisions des vérifications régulières sur l'hôpital de Nova Bila

6 et, en général, on y participait.

7 M. Hayman (interprétation). - Pourrait-on présenter au témoin la

8 pièce 434 ?

9 Lorsque ces hélicoptères atterrissaient, pouvez-vous nous

10 d'écrire comment ?

11 M. Whitworth (interprétation). - En spirale très rapide en

12 raison des dangers qui les menaçaient des troupes de l'armée de Bosnie-

13 Herzégovine qui les entouraient.

14 M. Hayman (interprétation). - C'est dangereux d'atterrir de

15 cette manière ?

16 M. Whitworth (interprétation). - Ce n'est certainement pas très

17 confortable.

18 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé d'armes de petit

19 calibre dirigées contre ces hélicoptères, que se passait-il lorsque de

20 tels hélicoptères étaient touchés ?

21 M. Whitworth (interprétation). - Eh bien, cela dépend de quel

22 moment.

23 M. Hayman (interprétation). - Et si cela touche le moteur ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Cela dépend de quelle pièce du

25 moteur est touché. Un hélicoptère est assez délicat de structure et il ne

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1 peut pas supporter de grands dommages.

2 M. Hayman (interprétation). - S'ils sont touchés dans des

3 endroits tels qu'une partie importante du moteur, s'écrasent-ils ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

5 L'interprète. - Les réponses et les questions sont intercalées

6 et on ne peut pas les interpréter précisément.

7 M. le Président. - Allez un peu plus doucement, Maître Hayman.

8 Les Juges pensent quand même que si un hélicoptère est touché, cela peut

9 être dangereux et difficile pour nous. Essayons donc d'aller à

10 l'essentiel, s'il vous plaît.

11 M. Hayman (interprétation). - Vous avez donc la pièce 434 qui

12 indique un hélicoptère.

13 M. Whitworth (interprétation). - Non, Monsieur, nous n'avons

14 jamais été certain de cela. Cela aurait pu se trouver de l'autre côté de

15 cette faille-ci. Je l'indique ici. Voilà, ils auraient pu atterrir ici et

16 là.

17 M. Hayman (interprétation). - Dans le coin droite supérieur où

18 il y a une route qui suit la vallée ? Si bien que vous ne savez pas très

19 bien l'emplacement le plus proche de l'atterrissage des hélicoptères ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est cela. On a pu

21 observer les hélicoptères à maintes occasions, les voir atterrir et

22 décoller étant donné les gardes qui se trouvaient en poste à l'extérieur

23 et étant donné que le bataillon britannique se trouvait là. Lorsqu'un

24 hélicoptère chute, il est tout à fait difficile de savoir précisément où.

25 M. Hayman (interprétation). - Personnellement, n'avez-vous

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1 jamais vu un de ces hélicoptères atterrir et toucher le sol ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Non.

3 M. Hayman (interprétation). - L'un de ces gardes dont vous avez

4 parlé vous a-t-il dit qu'il a vu personnellement un hélicoptère atterrir

5 ou toucher le sol ?

6 M. Whitworth (interprétation). - Comme je vous l'ai dit,

7 lorsqu'un hélicoptère disparaît de la vue -il y a tant de collines et de

8 petits reliefs-, c'est impossible de savoir exactement...

9 M. Hayman (interprétation). - Ai-je raison de dire qu'un

10 hélicoptère peut également être utilisé pour jeter des paquets sans avoir

11 à atterrir ?

12 M. Whitworth (interprétation). - Oui, un hélicoptère à basse

13 altitude peut être couvert complètement, être soustrait à la vue des

14 autres et repartir après avoir effectué sa mission.

15 M. Hayman (interprétation). - Mais le sol sur lequel ils

16 atterrissaient était fait de quoi ? De béton ?

17 M. Whitworth (interprétation). - Je me suis rendu à cet endroit

18 et j'ai constaté qu'il y avait plusieurs endroits qui auraient pu être

19 utilisés comme endroits d'atterrissage d'hélicoptère et où on pouvait

20 accéder par véhicule.

21 M. Hayman (interprétation). - Mais il n'y avait pas de terrains

22 véritablement construits avec un signe, une grande croix pour qu'ils

23 soient visibles dans la nuit ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Comme je vous l'ai dit, la

25 nature du terrain ferait qu'il serait tout à fait possible de mettre des

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1 lumières sur le terrain la nuit à l'insu de tout le monde. Personne ne le

2 verrait, sauf l'hélicoptère ayant l'intention d'atterrir.

3 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous assisté à des

4 évacuations médicales de Vitez ?

5 M. Whitworth (interprétation). - Oui, Monsieur.

6 M. Hayman (interprétation). - Où atterrissaient les hélicoptères

7 qui venaient pour ces missions ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Ils atterrissaient dans un

9 terrain de football. Ils venaient de Kiseljak.

10 M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit que le bataillon

11 britannique pensait que le colonel Blaskic avait quitté le théâtre des

12 opérations pendant trois à quatre semaines. Pouvez-vous nous dire quand

13 cela s'est passé ? Comment le bataillon britannique s'est convaincu du

14 fait que le colonel Blaskic était parti trois à quatre semaines ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Nous avons vu plusieurs

16 photographies de personnalités dans des blindés allant à Kiseljak, et le

17 retour était assuré quelques jours plus tard. Beaucoup de ces

18 personnalités du HVO ne sont pas revenues dans le transport lorsqu'il est

19 revenu. Elles sont revenues dans la Vallée de la Lasva ultérieurement.

20 Elles ne sont donc pas passées en blindés de l'ONU par Kiseljak, mais

21 elles ont quand même réussi à réintégrer la Vallée de la Lasva.

22 M. Hayman (interprétation). - Le colonel Blaskic était-il l'une

23 des personnes qui étaient parties avec l'ONU et pas revenues avec l'ONU ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Je ne me souviens pas si

25 c'était le cas. Il y avait trois véhicules blindés. Je n'ai pas supervisé

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1 le voyage, les retours, mais le conducteur se souvenait, avec la liste des

2 passagers, de ce qui s'était passé.

3 M. Hayman (interprétation). - Ces indications et la liste des

4 personnes doivent donc se trouver dans les fichiers de l'ONU ?

5 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

6 M. Hayman (interprétation). - Ma question était la suivante :

7 vous avez parlé du bataillon britannique qui s'est formulé sa propre

8 opinion, personnellement ou collectivement, selon laquelle le

9 colonel Blaskic avait quitté les lieux pendant trois ou quatre semaines.

10 Pouvez-vous nous donner le mois qui correspond à cet événement ? Etait-ce

11 après les affrontements à Grbavica ?

12 M. Whitworth (interprétation). - Je ne me rappelle pas de la

13 date, je suis désolé.

14 M. Hayman (interprétation). - Bien. Revenons à ces hélicoptères

15 de Kiseljak qui transportaient des médicaments. Y a-t-il eu plusieurs

16 opérations de ce type ?

17 M. Whitworth (interprétation). - Je ne me souviens que d’une

18 opération.

19 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous pourquoi les

20 hélicoptères ne sont pas venus à Vitez pour évacuer ces personnes

21 gravement blessées ?

22 M. Whitworth (interprétation). - A cause du danger que

23 représentait le survol de la Vallée de la Lasva, étant donné la présence

24 de l'armée de Bosnie-Herzégovine sur les collines environnantes.

25 M. Hayman (interprétation). - Je suppose que ces personnes

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1 gravement blessées ont été mises dans des ambulances ou dans des camions,

2 qu'elles ont été amenées à Kiseljak et qu'elles ont ensuite été emmenées

3 par hélicoptère.

4 M. Whitworth (interprétation). - Oui. Cela paraît très simple

5 quand vous le décrivez comme cela, mais je vous assure que c'était bien

6 compliqué.

7 M. Hayman (interprétation). - Je ne suis pas du tout en train de

8 suggérer que les choses étaient très simples, je dis simplement que ces

9 personnes étaient transférées par voie terrestre jusqu’à Kiseljak et

10 qu'elles étaient ensuite évacuées par hélicoptère.

11 M. Whitworth (interprétation). - C'est cela.

12 M. Hayman (interprétation). - Pouvez-vous dire aux juges quel

13 itinéraire ces convois d'ambulances ou de camions suivaient pour parvenir

14 à Kiseljak ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Nous traversions la zone de la

16 Vallée de la Lasva, nous sortions vers Busovaca et nous traversions

17 ensuite la zone contrôlée par l’armée de Bosnie-Herzégovine vers Kiseljak.

18 M. Hayman (interprétation). - Ce convoi d'évacuation médical a-

19 t-il traversé Visoko ou bien est-il allé à Kacuni* et Bilalovac ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Je crois que c'était Visoko.

21 M. Hayman (interprétation). - Mais c'est l'itinéraire le plus

22 long, n'est-ce pas ? Vous contournez Visoko au lieu de prendre la route

23 directe, en passant par Kacuni*, Bilalovac, etc. ?

24 M. Whitworth (interprétation). - En fait, nous avons utilisé les

25 deux, mais je crois que nous avons utilisé les hélicoptères au cours d'une

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1 seule évacuation seulement.

2 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous pourquoi ce convoi a

3 choisi de suivre cet itinéraire long en contournant Visoko, au lieu de

4 passer par Busovaca pour aller jusqu’à Kiseljak ?

5 M. Whitworth (interprétation). - Oui, parce que nous n'avions

6 pas le soutien de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans la zone.

7 M. Hayman (interprétation). - Vous voulez dire que l'armée de

8 Bosnie-Herzégovine dans la zone de Kacuni* et Bilalovac ne laisserait pas

9 passer ce convoi d’évacuation médical ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est exact.

11 M. Hayman (interprétation). - L'un ou l'autre de ces blessés

12 graves est-il mort au cours de ce voyage jusqu'à Kiseljak, par voie

13 terrestre donc ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Pas à ma connaissance, non.

15 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé du convoi de la

16 joie. Passons à ce sujet, si vous le voulez bien. C'était le 10 ou le

17 11 juin 1993, je crois ?

18 M. Whitworth (interprétation). - C'est exact, oui.

19 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé d'un moment au

20 cours duquel le colonel Blaskic s'est rendu sur les lieux, là où des

21 civils empêchaient le convoi de passer. Et Mario Cerkez a été repéré dans

22 la foule, n'est-ce pas ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

24 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous ce que Cerkez faisait

25 sur les lieux ? Pouvez-vous le dire ?

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1 M. Whitworth (interprétation). - Pour moi, il faisait partie des

2 personnes qui avaient orchestré cette participation de la foule qui avait

3 pour objectif de retarder le passage du convoi.

4 M. Hayman (interprétation). - Et quelle a été la réaction de

5 M. Blaskic lorsqu'il s'en est rendu compte ?

6 M. Whitworth (interprétation). - Le colonel Blaskic a tenté

7 d'attirer l’attention du commandant à ce moment-là. Je sais qu'il y a eu

8 une conversation entre les deux et le ton du colonel Blaskic semblait être

9 assez violent. En tout cas il essayait de réprimander le commandant

10 Cerkez.

11 M. Hayman (interprétation). - Vous a-t-il semblé que le

12 colonel Blaskic avait donné à M. Cerkez l'instruction selon laquelle il

13 devait faire obstruction à ce convoi ou, au contraire, il n'avait pas

14 donné d'instruction de ce type et il était mécontent du fait que M. Cerkez

15 avait participé à cette opération ?

16 M. Whitworth (interprétation). - Oui, il était apparemment

17 mécontent de la situation.

18 M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit que vous et

19 Darko Gelic, après cet incident, aviez rendu visite à tous les commandants

20 locaux afin de reconstituer le convoi de la joie.

21 M. Whitworth (interprétation). - Quant à nos activités, nous les

22 avons dirigées vers les régions où nous trouvions beaucoup de véhicules,

23 seulement ce qu’on pensait. Nous avons contacté les commandants dont nous

24 considérions qu'ils étaient responsables pour ces véhicules.

25 M. Hayman (interprétation). - Quels étaient les commandants

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1 locaux que vous avez contactés afin de libérer le convoi ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Carlo Grabovac ; ensuite une

3 personne dont je ne me souviens pas du nom, mais c'était un commandant du

4 HVO local qui se trouvait près du bataillon britannique et qui était

5 responsable pour la région de la carrière.

6 M. Hayman (interprétation). - Pourquoi était-ce nécessaire que

7 vous alliez trouver ces personnes ensemble avec Darko Gelic ? Pourquoi le

8 colonel Blaskic ne pouvait pas simplement donner l'ordre disant de laisser

9 passer les camions, de laisser passer le convoi ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne sais pas

11 pourquoi le colonel Blaskic ne pouvait pas donner une telle instruction.

12 C'est ce qu'on a demandé.

13 M. Hayman (interprétation). - Et qu'a-t-il répondu ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Je ne connais pas le détail

15 personnellement, mais c'est ce qu'on m'a dit. Darko me l’a dit et les

16 autres aussi, étant donné qu'à la fin, Darko a reçu des assurances de la

17 part du colonel Blaskic comme quoi tout allait bien se passer et comme

18 quoi il n'y aurait pas de problème en ce qui concerne ces véhicules.

19 Mais lorsque j'ai essayé de reconstituer le convoi moi-même,

20 ceci s'est avéré impossible. C'était donc clair qu'il était capable de le

21 faire.

22 M. Hayman (interprétation). - Vous serviez-vous d'un interprète

23 lorsque vous avez contacté ces commandants locaux ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Oui, le premier jour et, par la

25 suite, j'ai pris à mon service Vanja*. C'était la fille d'une personne qui

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1 travaillait pour nous. Elle aussi travaillait pour nous.

2 M. Hayman (interprétation). - L'un quelconque des interprètes

3 vous a-t-il interprété l'entretien entre Darko Gelic et le commandant ?

4 Qu’est-ce qu’il a dit ?

5 M. le Président. - Pouvez-vous regarder les juges, s'il vous

6 plaît ? C'est aux juges qu'il faut répondre. Merci.

7 M. Whitworth (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur le

8 Président. Je ne me souviens pas avoir entendu de tels entretiens entre

9 Gelic et les commandants locaux. Ils avaient ce genre d'entretiens en

10 tête-à-tête. Je ne peux rien vous dire là-dessus.

11 M. Hayman (interprétation). - Mais avez-vous été présent au

12 moment où il y a eu certains incidents concernant le Convoi de la Joie, où

13 Kordic et Petkovic ont participé d'une quelconque manière ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Non.

15 M. Hayman (interprétation). - Etes-vous d'accord avec la

16 déclaration selon laquelle, de toute évidence, Mario Cerkez n'obéissait

17 pas aux ordres du colonel Blaskic ?

18 M. Whitworth (interprétation). - Il a obéi aux ordres, mais il

19 n'a pas été particulièrement heureux à cause de cela. Il n'était pas

20 d'accord avec les intentions du colonel Blaskic, mais il y a obéi.

21 M. Hayman (interprétation). - Et de quelle manière a-t-on pu

22 constater qu'il sympathisait plutôt avec l'armée de Bosnie-Herzégovine ou

23 bien qu'il n'était pas vraiment d'accord ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Il ne se prononçait pas très

25 clairement là-dessus. Je pense que ses opinions concernaient surtout la

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1 Vallée de la Lasva alors que le colonel Blaskic était responsable pour un

2 territoire plus large.

3 Je pense que Cerkez trouvait cela difficile de comprendre

4 pourquoi le colonel Blaskic faisait un certain nombre de choses. Je pense

5 que c'est ceci qui a causé un certain nombre de différends entre les deux.

6 Je pense aussi qu'il était beaucoup plus proche de la communauté

7 locale et il était beaucoup plus préoccupé par sa propre popularité auprès

8 de cette population et il ne voulait donc pas prendre de risque.

9 M. Hayman (interprétation). - Cela voulait-il dire que le

10 colonel Blaskic avait moins de préoccupations par rapport à sa propre

11 popularité ?

12 M. Whitworth (interprétation). - Je n'ai pas d'informations là-

13 dessus.

14 M. Hayman (interprétation). - Vous avez donc dit que Cerkez

15 n'était pas content des ordres de Blaskic, mais quel était vraiment le

16 problème ?

17 M. Whitworth (interprétation). - Comme je l'ai déjà dit, Mario

18 se concentrait surtout sur des questions de nature locale, plutôt que des

19 questions d'intérêt de stratégie générale.

20 M. Hayman (interprétation). - Le 14 mai 1997, avez-vous dit à

21 l'enquêteur du Tribunal que Cerkez n'avait pas obéi aux ordres de

22 Blaskic ? Il s'agit de la page 7, ligne 3, de votre déclaration préalable.

23 M. Whitworth (interprétation). - J'aimerais reformuler ceci.

24 J'aimerais plutôt dire qu'il n'était pas d'accord avec les ordres de

25 Blaskic visiblement, mais il y obéissait quand même.

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1 M. Hayman (interprétation). - Vous voudriez donc réviser votre

2 déclaration préalable dans ce sens ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

4 M. Hayman (interprétation). - Vous avez la déclaration sous les

5 yeux, cela vous rafraîchit la mémoire et vous êtes en train de modifier

6 certains points ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Il ne s'agit pas seulement de

8 la déclaration. Depuis le premier entretien que j'ai eu, j'ai eu le temps

9 de réfléchir. Lorsque je suis rentré de la Bosnie, mes souvenirs n'étaient

10 pas très clairs et, par la suite, petit à petit, les souvenirs me sont

11 revenus lors de ma préparation pour le témoignage.

12 M. Hayman (interprétation). - Combien de temps avez-vous passé à

13 vous préparer pour le témoignage ?

14 M. Whitworth (interprétation). - J'ai pris quelques jours, j'ai

15 relu certains rapports, cela m'a quand même pris un certain nombre de

16 journées. Il m'a fallu un certain temps pour me rappeler de ce qui s'était

17 passé et quand et pourquoi.

18 M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit que Cerkez était un

19 commandant local de la milice. Je voudrais savoir de quoi étaient

20 constituées les brigades locales du HVO ? Vous avez dit que cela se basait

21 sur un principe territorial ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

23 M. Hayman (interprétation). - Et donc cela veut dire que les

24 gens du village faisaient partie d'une compagnie ?

25 M. le Président. - Vous reposerez votre question. Vous pensez en

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1 avoir pour combien de temps, Maître Hayman ? Nous allons reprendre dans

2 20 minutes.

3 M. Hayman (interprétation). - J'ai terminé à peu près un tiers

4 de mon contre-interrogatoire.

5 M. le Président. - Bien, nous reprenons dans 20 minutes.

6 L'audience est suspendue.

7 (L'audience, suspendue à 11 h 15, est reprise à 11 h 45)

8 M. le Président. - L'audience est reprise. Introduisez l'accusé.

9 (L'accusé est introduit dans la salle d'audience)

10 M. le Président. - Maître Hayman, poursuivez.

11 M. Hayman (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Nous

12 parlions de la nature des brigades et je crois vous avoir demandé si vous

13 étiez d'accord avec moi pour dire que, de façon générale, un homme ou

14 plusieurs hommes qui habitaient dans un village particulier

15 constitueraient une compagnie ?

16 M. Whitworth (interprétation). - Oui ,c'est exact.

17 M. Hayman (interprétation). - Et un groupe de villages qui se

18 trouvaient les uns à côté des autres pourraient-ils éventuellement

19 combiner différentes compagnies pour former un régiment ou un bataillon ?

20 M. Whitworth (interprétation). - C'est exact.

21 M. Hayman (interprétation). - Les hommes qui constituaient les

22 membres de ces brigades vivaient-ils chez eux, à votre avis ? Ne vivaient-

23 ils pas dans des casernes militaires ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Non, vous avez raison, ils

25 vivaient chez eux.

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1 M. Hayman (interprétation). - Et la plupart avaient-ils leurs

2 uniformes et leurs armes chez eux lorsqu'ils n'étaient pas de service ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

4 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous si ces hommes

5 participaient à ces milices locales à plein temps ou bien s'ils avaient,

6 par exemple, une semaine ou deux de service par mois pendant lesquelles

7 ils étaient de garde et ils continuaient à vivre leur vie normale le reste

8 du temps, à faire le jardin ou à participer à d'autres activités ?

9 M. Whitworth (interprétation). - A notre avis, c'était un peu

10 des deux. Cela dépendait de la proximité de la maison de ces soldats par

11 rapport aux lignes de front. Mais ils avaient généralement une semaine de

12 service et une semaine de permission. Mais je n'en suis pas totalement

13 sûr. En tout cas, je sais que cela fonctionnait ainsi.

14 M. Hayman (interprétation). - Et ce principe de la

15 territorialité était-il différent d'une armée normale regroupant des

16 conscrits, qui les regrouperait selon une base géographique et qui les

17 ferait vivre dans une caserne ?

18 M. Whitworth (interprétation). - Un régiment normal aurait un

19 grand nombre de recrues qui seraient toutes centralisées avec leurs

20 uniformes et avec leurs armes dans des casernes.

21 M. Hayman (interprétation). - Etes-vous d'accord pour dire que

22 la nature territoriale des brigades du HVO était l'une des raisons pour

23 laquelle des commandants tels que Mario Cerkez étaient très préoccupés par

24 les questions de nature locale ? Parce qu'il provenaient lui-même de cette

25 zone et tous ces hommes venaient également des environs.

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1 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

2 M. Hayman (interprétation). - Et seriez-vous également d'accord

3 avec moi pour dire que, dans le cas de Mario Cerkez, le nom même de Cerkez

4 avait plus d'influence dans la poche de Vitez que celui de Blaskic ?

5 M. Whitworth (interprétation). - Je serais d'accord pour ce qui

6 est des civils locaux de la région. Si je parlais à des gens qui vivaient

7 dans la zone de Vitez et dans les environs, Mario Cerkez était

8 généralement leur référence militaire principale puisqu'ils venaient de la

9 région. C'était la personne qu'ils connaissaient le mieux parmi toutes les

10 personnalités militaires.

11 M. Hayman (interprétation). - Seriez-vous d'accord pour dire que

12 Cerkez ne semblait pas accepter son lien de subordination vis-à-vis du

13 colonel Blaskic ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Voulez-vous répéter s'il vous

15 plaît ?

16 M. Hayman (interprétation). - Seriez-vous d'accord pour dire que

17 Mario Cerkez était commandant des soldats du HVO de Vitez et ne semblait

18 pas accepter ce lien de subordination avec le colonel Blaskic ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne suis pas d'accord.

20 M. Hayman (interprétation). - Je lis une citation à la page 3 de

21 votre déclaration signée, sous le titre "personnalité Mario Cerkez".

22 Si vous n'êtes plus d'accord avec cette déclaration, pouvez-vous

23 dire aux juges quels exemples ou quels éléments des bulletins

24 d'informations militaires vous avez étudiés cette semaine qui vous ont

25 mené à ne plus vous conformer à ce que vous avez dit en mai 1997 à propos

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1 de cette personne.

2 M. le Président. - Maître Hayman, pouvez-vous répéter la

3 phrase ? Je n'ai peut-être pas bien suivi. Quel est le passage de la

4 déclaration sur lequel vous essayez d'obtenir du témoin qu'il explique

5 pourquoi il est revenu sur ladite déclaration et qu'il a une autre

6 appréciation ? A travers le compte rendu, je ne lis pas très bien.

7 Qu'avait dit le témoin sur ce plan si vous voulez bien ?

8 M. Hayman (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. C'est

9 une utilisation des mots assez particulière en anglais et c'est peut-être

10 pour cela que la traduction est un peu particulière également. Je fais

11 référence au paragraphe "personnalité Mario Cerkez", et là je cite : "Il

12 était commandant des soldats du HVO de Vitez, et ne semblait pas accepter

13 une subordination au Colonel Blaskic ou du Colonel Blaskic".

14 M. Whitworth (interprétation). - Puis-je apporter une précision

15 sur cette déclaration ?

16 M. Hayman (interprétation). - Etes-vous d'accord ou non ? Et si

17 vous n'êtes pas d'accord avec cette déclaration, pourquoi avez-vous changé

18 d'avis ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Je suis d'accord avec cette

20 déclaration. Si je devais rendre visite à Mario au cinéma, je n'étais sous

21 aucune influence, ni celle du Colonel Blaskic, ni de toute autre personne

22 du HVO. Si je vais vers lui et que je lui dise "j'aimerais faire ceci ou

23 j'aimerais faire cela", alors il va répondre : "Non ce n'est pas possible.

24 Je ne suis pas d'accord. Je ne peux pas permettre qu'une telle chose se

25 produise." A ce moment-là, j'allais alors à l'hôtel Vitez et je demandais

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1 à voir le Colonel Blaskic, généralement par l'intermédiaire de

2 Darko Gelic. Je voulais lui expliquer ce que je voulais faire, ce que

3 j'essayais de faire, et après un certain temps, on me donnait généralement

4 la réponse suivante : "Très bien, vous allez pouvoir faire comme ceci ou

5 comme cela." J'essayais à ce moment-là de m'adresser à toute personne par

6 l'intermédiaire de laquelle je pourrais faire ceci ou cela. Je revenais

7 ensuite devant Mario Cerkez puisque c'était lui qui dirigeait directement

8 les soldats qui se trouvaient dans la zone de Vitez, et je disais à

9 Mario : "Voilà, j'ai reçu l'autorisation de la part du Colonel Blaskic,

10 pouvez-vous vous assurer que tous les soldats me permettront de faire

11 telle ou telle chose si je le souhaite ?". Et la réponse de Mario était

12 généralement : "Je n'ai pas reçu cet ordre, il ne m'a pas été transmis ;

13 montrez-moi un document qui me prouve que cet ordre a bien été délivré."

14 Et il m'a dit très clairement à plusieurs reprises qu'il n'était pas

15 d'accord avec la décision qui avait été prise à un autre niveau. Mais

16 lorsqu'il se trouvait en présence du Colonel Blaskic, Mario suivait à ce

17 moment-là les instructions. Il respectait les ordres émis par le

18 Colonel Blaskic comme cela avait été le cas dans le cadre des incidents

19 liés au convoi de la joie.

20 M. Hayman (interprétation). - Pouvez-vous nous donner tout autre

21 exemple au cours duquel Mario Cerkez a dit : "Non, je ne le ferai pas

22 parce que je n'ai pas reçu l'ordre du Colonel Blaskic" ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Je n'ai pas de détails précis à

24 l'esprit, mais j'ai passé toute ma mission à essayer de faire arriver de

25 l'aide humanitaire dans toute la région et j'ai été repoussé à plusieurs

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1 reprises par les soldats de Mario, par exemple lorsque j'ai essayé de

2 rentrer dans Stari Vitez parce que Mario disait qu'il n'avait pas reçu

3 d'ordre, qu'il ne souhaitait pas obéir à ces ordres et que cela ne faisait

4 pas partie de l'accord.

5 M. Hayman (interprétation). - Ai-je donc raison de dire que

6 Mario Cerkez vous a dit à plusieurs reprises qu'il n'avait pas reçu

7 d'ordre vous permettant de laisser passer des convois du HCR dans

8 l'enclave de Vitez ?

9 M. Whitworth (interprétation). - C'est exact.

10 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé d'un incident

11 impliquant trois jeunes hommes croates, vraisemblablement à Kruscica, et

12 d'une tentative d'échange par rapport à deux blessés. Savez-vous pourquoi

13 ces trois jeunes hommes étaient détenus ?

14 M. Whitworth (interprétation). - En fait, ils ont été arrêtés

15 par une patrouille de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans la zone de

16 Kruscica. Leurs parents m'avaient dit qu'ils avaient été envoyés à

17 l'extérieur pour ramasser du bois et Sivro Sifik*, le commandant de

18 l'armée qui détenait ces trois enfants, lorsque je l'ai rencontré, m'a dit

19 qu'il les avait arrêtés alors qu'ils étaient en train de se promener dans

20 le bois. Ils avaient été arrêtés par une patrouille de l'armée de Bosnie-

21 Herzégovine vers Kruscica.

22 Les trois jeunes hommes semblaient avoir de bons rapports avec

23 les officiers de la police civile qui les gardaient et qui s'occupaient

24 bien d'eux également.

25 M. Hayman (interprétation). - Cela explique leur arrestation

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1 mais savez-vous pourquoi ils étaient maintenus en détention ?

2 M. Whitworth (interprétation). - A ma connaissance, il n'y avait

3 pas de structure adéquate pour organiser un échange d'un camp à l'autre, à

4 moins que nous agissions, nous, et que nous soyons des intermédiaires (moi

5 par exemple, ou le CICR). Par conséquent, ils auraient pu aller jusqu'à la

6 ligne de front avec ces trois jeunes hommes et les faire passer de l'autre

7 côté.

8 M. Hayman (interprétation). - Et je suppose que c'était vrai des

9 deux camps. Si une personne voulait traverser la ligne de front, elle

10 risquait d'être arrêtée parce qu'il n'y avait pas de façon sûre de

11 traverser la ligne de front, sinon celle de faire l'objet d'un échange

12 d'un type ou d'un autre.

13 M. Whitworth (interprétation). - Je crois que les deux camps

14 ressentaient un certain nombre de soupçons à l'égard de personnes qui

15 essayaient de traverser la ligne de front mais vous avez raison, en effet.

16 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous ce qu'il est advenu des

17 deux personnes blessées qui ont été emmenées au quartier général de

18 Cerkez ? Ont-elles réussi à sortir ? Ont-elles obtenu un traitement

19 adéquat ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Oui, à ce moment-là. Elles ont

21 été libérées par le sergent qui les avait escortées jusqu'à Zenica et,

22 moi, je suis revenu de Kruscica à Vitez avec les trois enfants.

23 M. Hayman (interprétation). - Cet incident, est-ce un bon

24 exemple des représailles, des provocations qui avaient cours dans les deux

25 camps au cours de ce conflit ?

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1 M. Whitworth (interprétation). - Oui, tout à fait.

2 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé d'une conversation

3 que vous avez eue avec un certain nombre de jeunes soldats au bungalow,

4 des Jokeris. Passons à ce sujet, si vous le voulez bien.

5 Etaient-ils mieux dotés en armes que les brigades ou les milices

6 qui faisaient partie du HVO ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

8 M. Hayman (interprétation). - Vous ont-ils dit comment ils ont

9 obtenu leur équipement ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Non. Etant donné les

11 circonstances, il y a beaucoup de soupçons lorsque vous commencez à poser

12 des questions, d'où ils viennent, d'où viennent leurs équipements, etc.

13 C'est un sujet extrêmement épineux.

14 Par conséquent, j'ai pensé qu'il ne... Enfin, je n'ai pas pu

15 évaluer cela.

16 M. Hayman (interprétation). - Je demanderais que la pièce D 138

17 soit placée sur le rétroprojecteur. Nous en avons terminé avec la

18 pièce 434.

19 (L'huissier s'exécute.)

20 Monsieur Whitworth, consacrez un instant à la lecture de ces

21 bulletins d'information militaires en date du 10 août 1993. J'aimerais

22 attirer votre attention notamment sur la deuxième ligne où il est dit :

23 "Les Jokeris sont une sous-unité entrant dans le cadre du quatrième

24 bataillon, BN, de la MP, donc Police Militaire, du HVO." Vous voyez ce

25 passage ?

Page 10345

1 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

2 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, je crois

3 qu'il y a une traduction en français de cette pièce, si cela peut vous

4 aider.

5 M. le Président. - Merci. Je crois que les interprètes pourront

6 me la fournir. Continuez, allez-y.

7 M. Hayman (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

8 Pasko Ljubicic était-il le commandant du quatrième bataillon de

9 la police militaire du HVO. Est-ce ce que vous avez compris ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est ce que j'ai compris.

11 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous appris où les premier,

12 deuxième et troisième bataillons de la police militaire étaient

13 stationnés ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Non.

15 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous appris à qui ces

16 bataillons faisaient rapport, s'il y avait un supérieur ?

17 M. Whitworth (interprétation). - Peut-être à Mostar, quelque

18 chose comme cela.

19 M. Hayman (interprétation). - Parlons maintenant de l'incident

20 de Rijeka impliquant les personnes déplacées. Je demanderais que la

21 pièce 56 soit... C'est une grande pièce et je voudrais d'abord y jeter un

22 oeil si c'est possible, et je voudrais que la pièce 435 soit fournie au

23 témoin dès maintenant. Nous verrons si nous pouvons conclure sur ce sujet

24 en n'utilisant que la petite pièce.

25 Pour le compte rendu, la pièce 435 est un extrait de la

Page 10346

1 pièce 56. En fait, il s'agit de la partie supérieure de la photographie et

2 il n'y a rien au-dessus de la photo qui est représentée par la pièce 435.

3 Monsieur Whitworth, avez-vous appris la façon dont ces personnes

4 déplacées se sont retrouvées dans la zone entourée d'un cercle vert sur la

5 pièce 435 ?

6 M. Whitworth (interprétation). - Il s'agissait de personnes

7 déplacée de la zone de Turbe*, je crois, et qui ont été amenées dans la

8 Vallée de la Lasva.

9 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous quand elles sont

10 arrivées dans la Vallée de la Lasva ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne m'en souviens pas.

12 M. Hayman (interprétation). - Où se trouvait la ligne de front

13 sur cette photo ? Pouvez-vous nous la montrer sur le rétroprojecteur à

14 l'aide du pointeur ? Peut-être qu'elle se trouve un peu à l'extérieur de

15 la photo, mais pouvez-vous nous donner une approximation de l'endroit où

16 elle se trouvait ?

17 M. Whitworth (interprétation). - Sans doute, par ici.

18 M. Hayman (interprétation). - Pour le compte rendu, le pointeur

19 montre le haut de la photographie, en haut à droite de la pièce.

20 Voyez-vous les maisons qui se trouvent le long de la route et

21 qui sont en fait plus proches de la ligne de front que les maisons qui

22 sont indiquées par le cercle vert ? J'ai moi-même une pièce sous les yeux.

23 Peut-être que vous la voyez de l'endroit où vous vous trouvez. Je vous la

24 montre actuellement.

25 M. Whitworth (interprétation). - Je pense que la ligne de front

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1 est un peu plus éloignée, dans cette direction vers la droite par rapport

2 à l'endroit où j'ai posé le pointeur. Mais tout ce que je peux dire, c'est

3 que c'est la seule photo qui a représenté l'endroit où j'ai entouré les

4 maisons et cet endroit se trouve relativement proche de l'endroit où ces

5 personnes déplacées se trouvaient.

6 M. Hayman (interprétation). - Mais si je vous indique ce point :

7 je vous demande si vous voyez cette rangée de maisons situées le long de

8 la route, qui est parallèle à la ligne droite se trouvant dans la partie

9 en haut à droite de la pièce 435.

10 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

11 M. Hayman (interprétation). - Qui vivait dans ces maisons ?

12 M. Whitworth (interprétation). - Je crois qu'il s'agissait de la

13 région croate de la Vallée de la Lasva et je ne sais pas qui les occupait

14 ou si elles étaient occupées.

15 M. Hayman (interprétation). - Vous êtes-vous jamais rendu sur

16 les lieux ?

17 M. Whitworth (interprétation). - J'y suis allé une fois, oui.

18 M. Hayman (interprétation). - Y avait-il des familles croates

19 vivant dans ces maisons à l'époque ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Pour ce qui est de ces

21 maison-là en particulier, je ne sais plus, mais je me souviens que j'ai

22 rencontré sur cette route à un moment donné un soldat d'une milice du HVO

23 qui était extrêmement agressif à mon égard, lorsque j'essayais moi-même de

24 me rendre dans la zone musulmane.

25 M. Hayman (interprétation). - Il est exact de dire, n'est-ce

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1 pas, qu'il y avait des Croates, des familles croates, qui vivaient dans

2 pratiquement toutes ces maisons entourant ce cercle vert sur la

3 pièce 435 ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Oui, sans doute.

5 M. Hayman (interprétation). - Ces personnes étaient-elles

6 utilisées en tant que boucliers humains ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Non, je crois que vous n'avez

8 pas très bien compris ce que j'ai dit avant. C’est la seule carte qui m'a

9 été soumise. Peut-être que la partie verte ne représente pas précisément

10 l'endroit où se trouvaient ces maisons, mais je me souviens que c'était

11 l'endroit effectivement... (L’interprète de la cabine anglaise demande au

12 témoin de ralentir.) Il ne s'agit donc pas forcément de ces maisons-là,

13 mais c'était la seule photo qui m'a été soumise et c'est sur celle-là que

14 j'ai dû apposer cette approximation.

15 M. Hayman (interprétation). - Merci.

16 Avez-vous réussi à déterminer si une personne ou un groupe de

17 personnes essayaient de maintenir ces personnes déplacées dans les maisons

18 qu'elles occupaient ? S'agissait-il de soldats de l'endroit, de civils, de

19 membres de brigades de Vitez ? Qui essayait de les maintenir là ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Lorsque j'ai essayé de leur

21 assurer un passage pour les faire sortir de cette zone, des membres de la

22 milice locale et un véhicule de la police militaire occupé par trois

23 personnes qui semblaient appartenir à la police militaire m'ont empêché

24 d'escorter ces personnes pour les faire sortir de la zone.

25 M. Hayman (interprétation). - A ce moment-là, respectaient-ils

Page 10349

1 les ordres émanant d'une autre personne ou bien s'agissait-il de leur

2 propre initiative ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Je n'en sais rien.

4 M. Hayman (interprétation). - Vous n'en savez donc rien ?

5 M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne m'en souviens plus.

6 M. Hayman (interprétation). - Qui que ce soit de ces réfugiés

7 a-t-il été blessé durant une attaque ou les combats contre l'armée de

8 Bosnie-Herzégovine ?

9 M. Whitworth (interprétation). - Pour autant que je sache, non.

10 M. Hayman (interprétation). - Je voudrais vous poser maintenant

11 une question sur Darko Kraljevic.

12 Vous avez dit que vous l'aviez rencontré vers le 11 ou le

13 12 juin. A ce moment-là, il y a eu des pilonnages effectués par l'armée de

14 Bosnie-Herzégovine. Dites-moi quelles parties de Vitez ont été touchées ?

15 M. Whitworth (interprétation). - La partie centrale.

16 M. Hayman (interprétation). - Que se trouvait-il dans le

17 centre-ville ? Quel était l'objectif de cette attaque ?

18 M. Whitworth (interprétation). - Cela, je ne peux pas le dire.

19 Ils ont tout simplement pilonné le centre-ville.

20 M. Hayman (interprétation). - Vous ne savez donc pas s'il y

21 avait des objectifs militaires dans cette partie de la ville ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Dans cette partie de la ville

23 se trouvait le quartier général de la troisième zone opérationnelle qui a

24 été touchée, mais je pense que ceci n'était pas vraiment l'objectif qui

25 était visé.

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1 M. Hayman (interprétation). - L'usine Slobodan Principe* se

2 trouvait plus loin par rapport au centre-ville ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Tout à fait.

4 M. Hayman (interprétation). - Que se passait-il ? Quels autres

5 événements se sont produits le 11 et le 12 juin 1993 ? Le HVO se

6 retirait-il de la ville de Travnik, étant donné qu'il était tombé sous le

7 contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Tout ce que je peux dire, c'est

9 qu'à peu près à ce moment-là, il y avait quelque chose comme cela. C'était

10 une période très difficile pour moi, j'avais beaucoup de travail. Il y a

11 eu plusieurs opérations qui se déroulaient au même moment et, dans ma

12 tête, tout cela s'est mélangé. Je ne me rappelle donc pas la date exacte,

13 mais je peux vous affirmer que plusieurs opérations se sont produites à

14 peu près au même moment.

15 M. Hayman (interprétation). - Excusez-moi si je demande que vous

16 répétiez les parties de votre témoignage d'hier, mais dites-moi quelles

17 étaient les unités qui vous ont empêché... ?

18 M. Whitworth (interprétation). - De quoi parlez-vous ?

19 M. Hayman (interprétation). - Je parle de l'occasion où

20 Kraljevic a appuyé un pistolet sur votre tempe.

21 M. Whitworth (interprétation). - Il s'agissait des milices

22 croates, des milices du HVO, des Croates locaux. Il y avait le commandant

23 du bataillon et ses soldats, donc tout un groupe de personnes qui ont

24 empêché que qui que ce soit passe par la route. Les milices du HVO,

25 Kraljevic et ses troupes et les civils étaient groupés autour des

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1 véhicules dans le centre de Vitez ce soir-là.

2 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que la foule a été agitée ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Oui, tout à fait. C'était une

4 période trouble. Le Convoi de la Joie devait passer par la ville et, en

5 même temps, il y avait plusieurs pilonnages et les gens étaient très émus

6 à cause de tout ce qui se passait.

7 M. Hayman (interprétation). - Quels étaient les uniformes que

8 portaient les Vitezovis de Kraljevic ?

9 M. Whitworth (interprétation). - Je ne peux pas vous dire qu'ils

10 portaient un uniforme différent par rapport aux autres membres de la

11 police militaire. Il faisait nuit, il n'y avait pas beaucoup de lumière

12 dans la rue.

13 M. Hayman (interprétation). - Kraljevic vous a apparemment dit

14 qu'il pouvait ou qu'il allait vous tuer étant donné que la FORPRONU aidait

15 l'armée de Bosnie-Herzégovine. Avez-vous eu l'impression que c'était

16 vraiment ce qu'il pensait ?

17 M. Whitworth (interprétation). - Vu les circonstances, je ne

18 pouvais pas totalement négliger ce qu'il me disait.

19 M. Hayman (interprétation). - Durant la même période, vous avez

20 également appris qu'un des membres de l'ECMM a été détenu dans une cave ?

21 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

22 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous qui étaient ces

23 membres-là ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Il y avait un officier

25 britannique, puis un Italien. C'était un homme grand. Il y avait un homme

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1 grand avec une moustache, je ne me souviens pas de son nom. Il y avait

2 ensuite une personne assez âgée qui était mince, chauve, mais les noms

3 m'échappent en ce moment.

4 M. Hayman (interprétation). - Les soldats du HVO étaient-ils eux

5 aussi cachés dans la cave de l'hôtel Vitez ensemble avec ces membres de

6 l'ECMM ?

7 M. Whitworth (interprétation). - J'étais plutôt content vis-à-

8 vis de la situation dans laquelle se trouvaient les membres de l'ECMM à

9 l'époque. Ils n'étaient pas pris en otage, ils étaient abrités dans cette

10 cave et, en ce qui concerne le rôle du HVO par rapport à cet événement, il

11 était correct. Ces membres venaient assez souvent à l'hôtel Vitez étant

12 donné que c'était le siège du HVO.

13 M. Hayman (interprétation). - Est-ce vrai que Darko Kraljevic

14 était adoré par la population locale à Vitez ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Je pense que la phrase que

16 j'utilisais à l'époque était qu'ils avaient peur de lui, mais qu'ils le

17 respectaient en même temps. Il s'agissait d'un commandant militaire très

18 efficace mais, en même temps, il s'agissait d'une personne qui était

19 plutôt instable et il était difficile de savoir quelle allait être sa

20 réaction. Il était donc imprévisible et les gens avaient peur de lui.

21 M. Hayman (interprétation). - C'était quelqu'un de violent,

22 d'agressif ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

24 M. Hayman (interprétation). - Saviez-vous s'il avait un rang, un

25 grade militaire ?

Page 10353

1 M. Whitworth (interprétation). - Je pense qu'il se faisait

2 appeler colonel. Je pense que son niveau était peut-être égal à celui...

3 En fait, il faudrait que je me corrige. Je ne me souviens pas avec

4 précision s'il avait un quelconque grade. Peut-être que la population

5 locale l'appelait d'une certaine manière.

6 M. Hayman (interprétation). - Je demande que la pièce à

7 conviction D 73 soit montrée au témoin et je souhaite que le témoin nous

8 dise si cela lui permet de rafraîchir sa mémoire par rapport au fait que

9 Darko Kraljevic se considérait lui-même un colonel. Je demande donc que la

10 pièce à conviction D 73 soit mise sur le rétroprojecteur. Je ne sais pas

11 s'il s'agit là d'une traduction en anglais ou bien de l'original en serbo-

12 croate.

13 M. le Président. - Cette pièce n'a pas été admise,

14 Monsieur Hayman.

15 M. Hayman (interprétation). - Je ne sais plus, Monsieur le

16 Président. Peut-être pouvons-nous demander au témoin s'il se souvient

17 mieux à cause de cela...

18 Je demande qu'on montre au témoin la signature. Il s'agit de la

19 traduction en anglais qu'on voit maintenant. C'est la traduction en

20 anglais de l'ordre, et vous avez également l'original en serbo-croate.

21 L'ordre a été signé par le colonel Darko Kraljevic. Est-ce que

22 ceci rafraîchit votre mémoire par rapport à vos rencontres avec

23 Darko Kraljevic et au fait de savoir s'il avait un grade ou non ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Veuillez clarifier ce que vous

25 voulez que je vous dise et que je vous réponde. Quelle est la question ?

Page 10354

1 M. Hayman (interprétation). - Si Kraljevic disait lors de ces

2 rencontres qu'il était colonel, seriez-vous d'accord avec une telle

3 constatation ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Je n'ai jamais eu de contact

5 officiel avec lui et je ne me souviens pas que ses soldats l'appelaient

6 ainsi.

7 M. Hayman (interprétation). - Comment l'appelaient-ils ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Darko.

9 M. Hayman (interprétation). - Merci. Nous avons terminé avec

10 cette pièce à conviction.

11 Nous avons vu une cassette vidéo de la BBC concernant les

12 tranchées. Comment se fait-il que les journalistes de la BBC étaient sur

13 place ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Si je ne me trompe pas, c'est

15 Kraljevic qui a filmé cette vidéo. C'est lui qui a envoyé cela aux

16 journalistes de la BBC.

17 M. Hayman (interprétation). - Comment la vidéo de la BBC

18 a-t-elle été montée ? Ceci s'est-il produit le jour même de l'explosion ?

19 Ou une semaine plus tard ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Je pense qu'il faudrait leur

21 poser la question à eux. Moi, je ne sais pas.

22 M. Hayman (interprétation). - Si j'ai bien compris, je pense que

23 le bataillon britannique ne pouvait pas savoir qu'il y aurait une

24 explosion dans les rangs.

25 M. Whitworth (interprétation). - Non, non.

Page 10355

1 M. Hayman (interprétation). - Et qui a pris l'initiative pour

2 cela ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Vous voulez dire pour

4 l'explosion ?

5 M. Hayman (interprétation). - Oui.

6 M. Whitworth (interprétation). - Je ne sais pas. Je sais que

7 Darko s'est vanté d'avoir pris l'initiative pour ceci.

8 M. Hayman (interprétation). - Vous voulez dire qu'il vous a dit

9 cela ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Je n'ai pas dit qu'il avait

11 pris l'initiative, je parle des explosifs, du bouton qui a été appuyé, je

12 parle de la mise en oeuvre de cette opération.

13 M. Hayman (interprétation). - Qu'a-t-il dit à cet égard ? A-t-il

14 dit : "C'est moi qui l'ai initié" ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Je ne sais pas quels étaient

16 les termes exacts. Je pense qu'il a dit qu'il avait été responsable de

17 cela, que c'est lui qui a fait exploser les tranchées, mais je ne sais pas

18 très exactement quels sont les termes qu'il a employés.

19 M. Hayman (interprétation). - Le journaliste de la BBC a dit sur

20 cette vidéo que Darko Kraljevic avait promis de défendre de toutes ses

21 forces la poche de Vitez. Vous en rappelez-vous ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

23 M. Hayman (interprétation). - Ne trouvez-vous pas cela bizarre

24 que Darko Kraljevic ait parlé au monde entier, vis-à-vis des médias

25 internationaux, de la défense de la poche de Vitez ou trouvez-vous que

Page 10356

1 ceci était plutôt typique pour lui ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Je pense que c'était plutôt en

3 accord avec son caractère, c'était quelqu'un d'assez excentrique et je

4 pense qu'il était plutôt content de monter sur scène pour se présenter

5 dans son rôle de commandant des forces spéciales du HVO.

6 M. Hayman (interprétation). - Seriez-vous d'accord avec moi pour

7 dire qu'il se présentait ainsi partout où il allait ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Effectivement. Je pense que

9 c'est ce qu'il faisait lorsqu'il était quelque part et je pense que

10 c'était également l'opinion partagée par les commandants locaux.

11 M. Hayman (interprétation). - Vous souvenez-vous des moments où

12 Darko Kraljevic ne souhaitait pas faire quelque chose, mais où il faisait

13 quand même cette chose-là, étant donné qu'il devait suivre les ordres du

14 colonel Blaskic ? Pouvez-vous me donner des exemples de tels cas, par

15 exemple, si le colonel Blaskic disait : "nous avons besoin de vos gens sur

16 les lignes de front", que Kraljevic disait : "non, nous ne pouvons pas

17 vous donner cela", que Blaskic disait : "si, si, on a vraiment besoin des

18 gens à Pocsuliza*" et que Darko Kraljevic finissait par se plier à ses

19 ordres ? Vous rappelez-vous de tels exemples ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Je pense que Kraljevic avait ce

21 genre d'unité.

22 M. Riad (interprétation). - Excusez-moi mais je n'ai pas compris

23 votre réponse.

24 M. Whitworth (interprétation). - Il y avait peut-être vingt ou

25 trente Vitezovis. Leur fonction au sein du HVO, d'après la manière dont

Page 10357

1 nous la comprenions, n'était pas de renforcer les troupes sur les lignes

2 de front mais il s'agissait d'autres missions, d'être actif dans d'autres

3 situations.

4 En ce qui concerne la situation telle que vous l'avez décrite où

5 Blaskic donnait l'ordre d'envoyer les gens de Vitez quelque part, une

6 telle situation n'existait pas, tout simplement. Je ne me souviens pas

7 d'une telle situation où Kraljevic ait eu l'occasion de réagir aux ordres

8 du colonel Blaskic.

9 M. Hayman (interprétation). - Vous souvenez-vous des situations

10 où Darko Kraljevic souhaitait faire quelque chose mais où il ne le faisait

11 pas étant donné que le colonel Blaskic lui ordonnait ou lui disait de ne

12 pas le faire ?

13 M. Whitworth (interprétation). - Je pense que je peux donner la

14 même réponse que tout à l'heure à cette question : je ne me souviens pas

15 d'une quelconque activité dans laquelle on demandait que les Vitezovis

16 s'activent. Je ne pense pas qu'il y ait eu de telle situation.

17 M. Hayman (interprétation). - Vous ne vous en souvenez donc

18 pas ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Non.

20 M. Hayman (interprétation). - Vous avez mentionné un certain

21 Zuti*, un criminel local. L'avez vous vu ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Très brièvement, une seule

23 fois, et c'était un entretien assez vague. Mes seules connaissances

24 concernant Zuti* provenaient de ce que l'officier de liaison de Travnik

25 m'avait dit.

Page 10358

1 J'ai passé beaucoup de temps avec cet officier de liaison. Nous

2 avons parlé de plusieurs personnes que nous avions rencontrées auparavant.

3 C'étaient mes seuls souvenirs par rapport à Zuti*.

4 M. Hayman (interprétation). - Je demande maintenant qu'on montre

5 au témoin la pièce à conviction D 135. Etes-vous d'accord pour dire que

6 Zuti avait beaucoup d'influence à Bila et dans certaines parties de la

7 région de Travnik ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Il était certainement quelqu'un

9 de très actif mais, d'après ce que le capitaine Ngus* m'a dit, il n'était

10 pas actif dans le sens militaire du terme. C'était quelqu'un qui disposait

11 d'un nombre énorme d'armes. Il avait plusieurs véhicules.

12 Moi j'avais l'impression que c'était quelqu'un qui avait tout

13 simplement profité de la situation qui régnait dans la Vallée de la Lasva

14 à l'époque.

15 M. Hayman (interprétation). - La pièce à conviction D 135 est un

16 mémorandum rédigé par le colonel Duncan et dans le paragraphe 3 notamment,

17 il fait référence à l'entretien entre le colonel Duncan et le colonel

18 Blaskic lors duquel, comme c'est stipulé dans le paragraphe 3, on peut

19 constater que Zuti avait beaucoup d'influence dans la Vallée de la Lasva

20 et que Blaskic n'en avait pas ; et on peut aussi conclure que Blaskic

21 était tout simplement une figure de commandant complètement ignorée par

22 les soldats. Avez-vous assisté à cet entretien ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Non.

24 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous parlé de cela avec le

25 Colonel Duncan ?

Page 10359

1 M. Whitworth (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.

2 M. Hayman (interprétation). - Pendant votre séjour sur place,

3 êtes-vous d'accord pour dire que le HVO menait une guerre de défense pour

4 protéger la poche de Vitez ?

5 M. Whitworth (interprétation). - Oui, je serais d'accord avec

6 cette constatation.

7 M. Hayman (interprétation). - Et est-ce que c'est vrai que le

8 HVO a néanmoins perdu une grande partie du territoire à la faveur de

9 l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Vous parlez de Travnik ?

11 M. Hayman (interprétation). - Travnik pourrait être une de ces

12 régions. Mais pas la seule région qui a été perdue de la sorte.

13 M. Whitworth (interprétation). - Vous voulez dire que le HVO

14 considérait que Travnik était son propre territoire avant que l'armée de

15 Bosnie-Herzégovine ait pris le contrôle de ce territoire plutôt que de

16 penser qu'il s'agissait d'un territoire multi-ethnique ?

17 M. Hayman (interprétation). - Je vais reformuler ma question.

18 M. le Président. - Bientôt c'est le témoin qui va vous poser

19 des questions et c'est vous qui devrez répondre Maître Hayman. Donc soyez

20 direct.

21 M. Hayman (interprétation). - C'est exactement ce qui s'est

22 passé. C'est pour cela que je vais reformuler ma question. Le témoin a eu

23 raison de poser la sienne. Donc les lignes de front existaient en avril et

24 en mai, donc durant la période où vous étiez sur place lorsque vous êtes

25 arrivé. Elles existaient sur place. Ces lignes-là ont-elles été déplacées

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1 de telle manière à ce que le territoire sous le contrôle du HVO est devenu

2 plus petit ou plus grand ou bien il est resté tel qu'il était au moment de

3 votre arrivée ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Il est difficile de vous donner

5 la réponse à cette question. Lorsque nous sommes arrivés sur place, il n'y

6 avait pas vraiment de limites entre les communautés croate et musulmane et

7 cette situation régnait pendant assez longtemps. C'est seulement par la

8 suite que de telles limites, de telles lignes ont été tracées. Lorsqu'il

9 fallait que l'on constate où se trouvaient de telles lignes, il ne nous

10 était pas possible de dire que le HVO avait perdu une grande partie de ce

11 territoire. Ils ont eu certaines pertes, par exemple la région de Yasilje*

12 mais il ne s'agissait pas de grandes parties du territoire.

13 M. Hayman (interprétation). - Et le début de la période dont

14 vous parlez se situe à quelle époque ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Il s'agit de l'époque vers le

16 milieu de mon séjour et par la suite.

17 M. Hayman (interprétation). - Et donc en août et plus tard ?

18 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

19 M. Hayman (interprétation). - Et donc après août, les lignes ont

20 été plus ou moins stables ?

21 M. Whitworth (interprétation). - Il y avait certains combats

22 mais pour autant que je sache, il n'y a pas eu de grands changements par

23 rapport aux lignes de front.

24 M. Hayman (interprétation). - Je demande maintenant que l'on

25 montre au témoin la pièce à conviction 433 et je vous demanderai

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1 d'examiner les parties marquées par 13 et 14 et il s'agit des photos qui

2 ont été prises à l'hôpital de Nova Bila.

3 M. Whitworth (interprétation). - Je pense qu'il s'agit de la

4 pièce 433/3.

5 M. Hayman (interprétation). - C'est vous qui l'avez prise ?

6 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

7 M. Hayman (interprétation). - Donnez-nous une date s'il vous

8 plaît ?

9 M. Whitworth (interprétation). - C'était vers le milieu de mon

10 séjour. Je passais beaucoup de temps à l'hôpital de Nova Bila. C'était

11 peut-être un peu plus tôt lorsque le général Petkovic est arrivé, c'était

12 le moment où on essayait d'obtenir un soutien afin de permettre aux

13 hélicoptères du HVO de venir dans la Vallée de la Lasva pour évacuer les

14 blessés. Je pense donc que c'était avant le milieu de mon séjour, peu de

15 temps après le début de mon séjour.

16 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que c'était vers

17 le 10 juin ? A peu près à la même date où l'incident avec le convoi a eu

18 lieu ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Je ne m'en souviens pas très

20 exactement.

21 M. Hayman (interprétation). - Lorsque le général Petkovic venait

22 à l'hôpital dans la poche de Vitez, comment est-ce qu'il s'y rendait ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Je pense qu'il était transporté

24 de Kiseljak dans un véhicule de l'ONU.

25 M. Hayman (interprétation). - Passons à Stari Vitez. Etes-vous

Page 10362

1 d'accord pour dire qu'au début de votre mission Stari Vitez était bien

2 approvisionnée par des stocks d'armes et de dispositifs d'explosifs ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne les ai pas vus. Il

4 se vantait qu'il y avait un endroit où il cachait, où les Musulmans et les

5 Croates travaillaient ensemble avant la confrontation dans la région. Mais

6 je n'ai jamais vu aucune preuve. J'ai vu des preuves de beaucoup d'obus

7 improvisés et de systèmes d'armement. Ces systèmes d'armement étaient très

8 anciens et assez primitifs.

9 M. Hayman (interprétation). - Permettez-moi de vous demander si

10 vous êtes d'accord avec une intervention que vous avez faite, une

11 déclaration, dans votre déclaration préalable à la page 6 notamment où

12 vous dites : "qu'en tant qu'enclave Stari Vitez était assez bien

13 approvisionnée avec des stocks d'armes, et des dispositifs d'explosifs

14 improvisés". Etes-vous d'accord ?

15 M. Whitworth (interprétation). - A l'origine oui.

16 M. Hayman (interprétation). - Quand vous dites à l'origine, oui,

17 j'étais d'accord, qu'est-ce que cela veut dire ?

18 M. Whitworth (interprétation). - C'est-à-dire que très souvent

19 je demandais à Sefkija comment il arrivait à maintenir à Stari Vitez, à se

20 maintenir à Stari Vitez et à résister aux opérations du HVO à Stari Vitez

21 et il m'a expliqué qu'à Stari Vitez, il y avait une cachette d'armes parce

22 qu'à l'origine, c'était comme le quartier général des milices. Et que ces

23 stocks étaient centrés de diverses sources, musulmane et croate, et que

24 heureusement pour eux cette cachette se trouvait là lorsque les relations

25 entre Croates et Musulmans se sont interrompues, ce qui leur a permis de

Page 10363

1 se replier là-dessus et de maintenir leur position. Telle était la

2 situation en ce qui me concernait d'après les explications qu'il m'a

3 données lorsque les relations se sont donc interrompues entre Musulmans et

4 Croates.

5 M. Hayman (interprétation). - Il est donc vrai qu'il ne vous...

6 qu'on... qu'ils n'ont jamais reconnu qu'ils avaient des moyens de

7 réapprovisionner Stari Vitez en armes ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Je n'ai jamais vu d'évidence,

9 de preuve, de stocks d'armes et les officiers de renseignements et moi-

10 même en avons souvent débattu en se demandant s'ils n'avaient plus

11 d'approvisionnement comment ils pourraient poursuivre.

12 M. Hayman (interprétation). - Vous pensiez, n'est-ce pas, que

13 l'armée de Bosnie-Herzégovine à Stari Vitez devait recevoir un certain

14 type de réapprovisionnement militaire pour résister, pour maintenir leur

15 défense contre les Croates. C'est bien cela ?

16 M. Whitworth (interprétation). - Oui, je pense que c'était une

17 possibilité.

18 M. Hayman (interprétation). - Je vais là encore vous citer :

19 « Mes collègues et moi-même pensions que des approvisionnements devaient

20 passer par l'enclave d'une manière ou d'une autre, mais nous n'en avons

21 jamais eu de preuve ». Etes-vous d'accord avec cela ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Oui, je suis d'accord.

23 M. Hayman (interprétation). - Et est-ce, entre autres, parce

24 qu'il n'y avait pas de fabrique de munitions à Stari Vitez pour les

25 fabriquer localement ?

Page 10364

1 M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est juste ; il n'y avait

2 pas, que je sache, d'installation de ce genre capable de le faire. En

3 fait, c'était une enclave extrêmement restreinte, de 500 mètres de

4 diamètre.

5 M. Hayman (interprétation). - Et vous étiez soupçonneux sur ce

6 point, parce que vous saviez, en tant que soldat entraîné que, sans

7 réapprovisionnement, une armée n'a tout simplement plus de munitions.

8 C'est juste une question de temps.

9 M. Whitworth (interprétation). - C'est le bon sens. En ce qui

10 concerne les enquêtes que nous avons faites, nous n'avons jamais trouvé de

11 méthode de réapprovisionnement, sauf un petit incident où ils ont réussi à

12 faire entrer quelques centaines (...?) dans leur enclave.

13 M. Hayman (interprétation). - Le HVO partageait-il votre

14 croyance selon laquelle le réapprovisionnement de Stari Vitez était fait ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Il y avait des accusations et

16 des contre-accusations de toute part, de toutes les factions impliquées,

17 selon lesquelles une partie devait être favorisée par un

18 réapprovisionnement en armes. La réponse à votre question est donc oui,

19 effectivement.

20 M. Hayman (interprétation). - Ces soupçons de la part du HVO

21 étaient-ils dirigés sur les seules entités qui avaient véritablement accès

22 à Stari Vitez à l'époque, c'est-à-dire la FORPRONU et certaines

23 institutions d'aide humanitaire ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement, c'est le

25 cas ; c'est juste.

Page 10365

1 M. Hayman (interprétation). - Est-il également juste de dire

2 qu'en exprimant de tels soupçons, la Forpronu et son personnel en ont été

3 profondément insultés, ce qui est compréhensible ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Je crois que la première fois

5 que vous êtes accusé, vous vous sentez insulté, parce que vous vous

6 acquittez d'une tâche au mieux de vos capacités utiles. Mais ces

7 accusations étaient proférées d'une manière si fréquente qu’elles sont

8 devenues tout simplement chose courante. Nous essayions de les ignorer et

9 de nous acquitter de notre tâche au mieux. A l'origine, nous nous sentions

10 effectivement insultés, quelques minutes peut-être, à la suite de quoi

11 nous acceptions ce fait comme chose courante.

12 M. Hayman (interprétation). - Vous êtes d'accord, je suppose,

13 pour dire que les soupçons du HVO étaient fondés sur des faits

14 rationnels ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Je crois que n'importe qui dans

16 ces circonstances aurait probablement dit la même chose. Nous étions

17 autorisés à avoir des contacts avec le HVO. Nous leur avons instillé

18 suffisamment de confiance pour qu'ils comprennent que nous nous

19 acquittions de notre tâche et que nous ne prenions partie pour aucun côté.

20 M. Hayman (interprétation). - Vous avez relaté cet incident où

21 vous avez involontairement transporté un certain nombre de cargaisons de

22 munitions à Stari Vitez. Vous aviez réuni ces boîtes qui étaient censées

23 contenir des médicaments de l'entrepôt du HCR.

24 M. Whitworth (interprétation). - C'est juste.

25 M. Hayman (interprétation). - Est-ce le même bâtiment où les

Page 10366

1 produits alimentaires du HCR étaient délivrés ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Oui. Ils étaient empaquetés. On

3 empaquetait tous les produits alimentaires pour toutes les communautés,

4 croate et musulmane de la Vallée de la Lasva.

5 M. Hayman (interprétation). - Sous le contrôle de qui était

6 placé l'entrepôt ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Du HCR.

8 M. Hayman (interprétation). - Vous souvenez-vous de la date ou

9 du mois de cet incident ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Non, je crains de ne pouvoir

11 m'en souvenir.

12 M. Hayman (interprétation). - Avant cet incident, combien de

13 fois avez-vous eu l'occasion -ou d'autres membres du bataillon

14 britannique- de transporter des boîtes de médicaments ou d'autres

15 approvisionnements de cet entrepôt vers Stari Vitez ?

16 M. Whitworth (interprétation). - On nous a demandé très

17 régulièrement de le faire, mais la pratique voulait qu'on le refuse afin

18 d'encourager le respect des organisations humanitaires qui devaient

19 s'acquitter de leurs livraisons comme on le leur demandait. Nous

20 essayions, quant à nous, d'utiliser les institutions appropriées plutôt

21 que d'assumer leur rôle et de faire autre chose que ce qui nous incombait

22 dans cette région.

23 M. Hayman (interprétation). - A combien d'occasions avant cela

24 avez-vous eu la possibilité d'escorter ce type d'approvisionnement

25 (produits alimentaires, médicaments, etc.), vers Stari Vitez ?

Page 10367

1 M. Whitworth (interprétation). - Je crois que c'était la seconde

2 fois que je l'avais fait.

3 M. Hayman (interprétation). - Ces objets faisaient l'objet de

4 transports de routine vers Stari Vitez ?

5 M. Whitworth (interprétation). - Oui, sous ma supervision.

6 M. Hayman (interprétation). - Après que vous ayez vu les soldats

7 de l'armée de Bosnie-Herzégovine déballer des stocks d'armes de ces boîtes

8 censées contenir des médicaments, avez-vous essayé de les retenir et de

9 vous ressaisir de ces boîtes, ou bien avez-vous pensé qu'il était

10 inapproprié de le faire ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Les deux. J'ai pensé qu’il

12 n'était pas approprié de le faire. Les emballages étaient déjà défaits. Ma

13 réaction première a été de m'adresser à Sefkija en lui exprimant mon

14 mécontentement de ce qui s'était passé. Je crois que je l'ai déjà dit tout

15 à l'heure. En fait, il m'a laissé tomber et il a trompé ma confiance.

16 M. Hayman (interprétation). - Que vous a dit le

17 commandant Gidic* lorsque vous lui avez exprimé qu'il avait trompé votre

18 confiance ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Il a haussé les épaules et n'a

20 pas dit grand-chose. Il a dit que ces choses étaient nécessaires. Après

21 cela, je dois dire que je suis parti très rapidement.

22 M. Hayman (interprétation). - Après cet incident, avez-vous

23 rendu compte à vos supérieurs selon la chaîne de commandement ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Oui. J'en ai fait état aux gens

25 des informations militaires et j'ai parlé à l'officier de liaison du HCR,

Page 10368

1 le capitaine Encok*, de façon qu'il puisse transmettre cette information.

2 M. Hayman (interprétation). - Cela a-t-il été écrit dans un

3 bulletin d'informations militaires ou dans un autre rapport ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Non, je n'ai pas vu et,

5 franchement, je ne m'en souviens pas.

6 M. Hayman (interprétation). - En a-t-on fait état au colonel

7 Duncan ? Le savez-vous ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Je ne lui en ai pas fait état

9 personnellement. Je ne sais pas s'il connaissait cet incident.

10 M. Hayman (interprétation). - Marc Baua* occupait-il un poste en

11 vertu duquel il aurait pu ou il aurait eu cette information ?

12 M. Whitworth (interprétation). - J'aimerais penser qu'il

13 détenait cette information, mais je ne me souviens pas m'être entretenu

14 personnellement avec lui à ce sujet. L'objectif était de transmettre toute

15 l'information aux informations militaires de façon que nous soyons tous au

16 courant de ce qui se passait.

17 M. Hayman (interprétation). - Quelqu'un d'autre du bataillon

18 britannique avait-il informé le HCR de cet incident ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Non, pas d'après mon souvenir.

20 M. Hayman (interprétation). - Au cours de votre entretien avec

21 le commandant Gidic*, vous a-t-il dit que Stari Vitez était bien

22 approvisionné et comptait beaucoup de caves qui pouvaient entreposer

23 beaucoup d'équipements militaires ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Je ne me souviens pas qu'il ait

25 utilisé ces termes disant qu'ils avaient les endroits nécessaires pour

Page 10369

1 stocker de grandes quantités d'armes. Comme je vous l'ai dit, ils avaient

2 une cachette d'armes qu'ils détenaient avant la rupture des relations

3 entre les communautés musulmane et croate. Stari Vitez était bien équipé

4 de caves et c'était probablement là que tout était stocké.

5 M. Hayman (interprétation). - Et lorsqu'il a parlé des caves,

6 avez-vous compris qu'il faisait référence à des caves de logements

7 privés ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Mais il n'y avait que cela à

9 Stari Vitez.

10 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé de la dynamique

11 entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine ; vous avez parlé d'une

12 certaine provocation d'attaque vers Stari Vitez. Etes-vous d'accord pour

13 dire que lorsque le HVO a attaqué Stari Vitez, il y aurait une résistance

14 virulente de la part de Stari Vitez et que le commandant Gidic*

15 demanderait

16 jonction ok

17 M18

18 MARDI18

19 JONCTION ok.

20 M. Hayman (interprétation). - Pendant votre séjour sur place,

21 êtes-vous d'accord pour dire que le HVO menait une guerre de défense pour

22 protéger la poche de Vitez ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Oui, je serais d'accord avec

24 cette constatation.

25 M. Hayman (interprétation). - Et est-il vrai que le HVO a

Page 10370

1 néanmoins perdu une grande partie du territoire en faveur de l'armée de

2 Bosnie-Herzégovine ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Vous parlez de Travnik ?

4 M. Hayman (interprétation). - Travnik pourrait être une de ces

5 régions, mais pas la seule région qui a été perdue de la sorte.

6 M. Whitworth (interprétation). - Vous voulez dire que le HVO

7 considérait que Travnik était son propre territoire avant que l'armée de

8 Bosnie-Herzégovine ait pris le contrôle de ce territoire plutôt que de

9 penser qu'il s'agissait d'un territoire multi-ethnique ?

10 M. Hayman (interprétation). - Je vais reformuler ma question.

11 M. le Président. - Bientôt, c'est le témoin qui va vous poser

12 des questions et c'est vous qui devrez répondre, Maître Hayman. Soyez donc

13 direct.

14 M. Hayman (interprétation). - C'est exactement ce qui s'est

15 passé. C'est pour cela que je vais reformuler ma question. Le témoin a eu

16 raison de poser la sienne.

17 Les lignes de front existaient en avril et en mai, donc durant

18 la période où vous étiez sur place lorsque vous êtes arrivé. Elles

19 existaient sur place. Ces lignes-là ont-elles été déplacées de manière que

20 le territoire sous le contrôle du HVO est devenu plus petit ou plus

21 grand ? Ou bien, celui-ci est-il resté tel qu'il était au moment de votre

22 arrivée ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Il est difficile de vous donner

24 une réponse à cette question. Lorsque nous sommes arrivés sur place, il

25 n'y avait pas vraiment de limites entre les communautés croate et

Page 10371

1 musulmane et cette situation régnait pendant assez longtemps. C'est

2 seulement par la suite que de telles limites, de telles lignes ont été

3 tracées.

4 Lorsqu'il fallait que l'on constate où se trouvaient de telles

5 lignes, il ne nous était pas possible de dire que le HVO avait perdu une

6 grande partie de ce territoire. Ils ont eu certaines pertes, par exemple,

7 la région de Zasilje*, mais il ne s'agissait pas de grandes parties du

8 territoire.

9 M. Hayman (interprétation). - A quelle époque se situe le début

10 de la période dont vous parlez ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Il s'agit de l'époque vers le

12 milieu de mon séjour et par la suite.

13 M. Hayman (interprétation). - Donc en août et plus tard ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

15 M. Hayman (interprétation). - Après août, les lignes ont donc

16 été plus ou moins stables ?

17 M. Whitworth (interprétation). - Il y avait certains combats

18 mais, pour autant que je sache, il n'y a pas eu de grands changements par

19 rapport aux lignes de front.

20 M. Hayman (interprétation). - Je demande maintenant que l'on

21 montre au témoin la pièce à conviction 433 et je vous demanderai

22 d'examiner les parties marquées par 13 et 14. Il s'agit des photos qui ont

23 été prises à l'hôpital de Nova Bila.

24 M. Whitworth (interprétation). - Je pense qu'il s'agit de la

25 pièce 433/3.

Page 10372

1 M. Hayman (interprétation). - C'est vous qui l'avez prise ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

3 M. Hayman (interprétation). - Donnez-nous une date, s'il vous

4 plaît ?

5 M. Whitworth (interprétation). - C'était vers le milieu de mon

6 séjour. Je passais beaucoup de temps à l'hôpital de Nova Bila. C'était

7 peut-être un peu plus tôt, lorsque le général Petkovic est arrivé, c'était

8 le moment où on essayait d'obtenir un soutien afin de permettre aux

9 hélicoptères du HVO de venir dans la Vallée de la Lasva pour évacuer les

10 blessés. Je pense donc que c'était avant le milieu de mon séjour, peu de

11 temps après le début de mon séjour.

12 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que c'était vers

13 le 10 juin, à peu près à la même date où l'incident avec le convoi a eu

14 lieu ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Je ne m'en souviens pas très

16 exactement.

17 M. Hayman (interprétation). - Lorsque le général Petkovic venait

18 à l'hôpital dans la poche de Vitez, comment s'y rendait-il ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Je pense qu'il était transporté

20 de Kiseljak dans un véhicule de l'ONU.

21 M. Hayman (interprétation). - Passons à Stari Vitez. Etes-vous

22 d'accord pour dire qu'au début de votre mission, Stari Vitez était bien

23 approvisionnée en stocks d'armes et en dispositifs d'explosifs ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne les ai pas vus. Ils

25 se vantaient qu'il y avait un endroit où ils cachaient..., où les

Page 10373

1 Musulmans et les Croates travaillaient ensemble avant la confrontation

2 dans la région. Mais je n'ai jamais vu aucune preuve. J'ai vu des preuves

3 de beaucoup d'obus improvisés et de systèmes d'armement. Ces systèmes

4 d'armement étaient très anciens et assez primitifs.

5 M. Hayman (interprétation). - Permettez-moi de vous demander si

6 vous êtes d'accord avec une intervention que vous avez faite, une

7 déclaration. Dans votre déclaration préalable -à la page 6 notamment-,

8 vous dites qu'en tant qu'enclave, Stari Vitez était assez bien

9 approvisionnée en stocks d'armes et en dispositifs d'explosifs improvisés.

10 Etes-vous d'accord ?

11 M. Whitworth (interprétation). - A l'origine, oui.

12 M. Hayman (interprétation). - Quand vous dites : "A l'origine,

13 oui, j'étais d'accord", qu'est-ce que cela veut dire ?

14 M. Whitworth (interprétation). - C'est-à-dire que très souvent,

15 je demandais à Sefkja comment il arrivait à se maintenir à Stari Vitez et

16 à résister aux opérations du HVO à Stari Vitez, et il m'a expliqué qu'à

17 Stari Vitez, il y avait une cachette d'armes parce qu'à l'origine, c'était

18 comme le quartier général des milices, que ces stocks étaient centrés de

19 diverses sources, musulmanes et croates, et que, heureusement pour eux,

20 cette cachette se trouvait là lorsque les relations entre Croates et

21 Musulmans se sont interrompues, ce qui leur a permis de se replier là-

22 dessus et de maintenir leur position.

23 Telle était la situation en ce qui me concernait d'après les

24 explications qu'il m'a données lorsque les relations se sont donc

25 interrompues entre Musulmans et Croates.

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1 M. Hayman (interprétation). - Il est donc vrai qu'ils n'ont

2 jamais reconnu qu'ils avaient des moyens de réapprovisionner Stari Vitez

3 en armes ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Je n'ai jamais vu de preuves de

5 stocks d'armes, et les officiers de renseignements et moi-même en avons

6 souvent débattu en nous demandant, s'ils n'avaient plus

7 d'approvisionnement, comment ils pourraient poursuivre.

8 M. Hayman (interprétation). - Vous pensiez, n'est-ce pas, que

9 l'armée de Bosnie-Herzégovine, à Stari Vitez, devait recevoir un certain

10 type de réapprovisionnement militaire pour résister, pour maintenir leur

11 défense contre les Croates. C'est bien cela ?

12 M. Whitworth (interprétation). - Oui, je pense que c'était une

13 possibilité.

14 M. Hayman (interprétation). - Je vais là encore vous citer :

15 « Mes collègues et moi-même pensions que des approvisionnements devaient

16 passer par l'enclave d'une manière ou d'une autre, mais nous n'en avons

17 jamais eu de preuve ». Etes-vous d'accord avec cela ?

18 M. Whitworth (interprétation). - Oui, je suis d'accord.

19 M. Hayman (interprétation). - Et est-ce, entre autres, parce

20 qu'il n'y avait pas de fabrique de munitions à Stari Vitez pour les

21 fabriquer localement ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est juste ; il n'y avait

23 pas, que je sache, d'installation de ce genre capable de le faire. En

24 fait, c'était une enclave extrêmement restreinte, de 500 mètres de

25 diamètre.

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1 M. Hayman (interprétation). - Et vous étiez soupçonneux sur ce

2 point, parce que vous saviez, en tant que soldat entraîné que, sans

3 réapprovisionnement, une armée n'a tout simplement plus de munitions.

4 C'est juste une question de temps.

5 M. Whitworth (interprétation). - C'est le bon sens. En ce qui

6 concerne les enquêtes que nous avons faites, nous n'avons jamais trouvé de

7 méthode de réapprovisionnement, sauf un petit incident où ils ont réussi à

8 faire entrer quelques centaines (...?) dans leur enclave.

9 M. Hayman (interprétation). - Le HVO partageait-il votre

10 croyance selon laquelle le réapprovisionnement de Stari Vitez était fait ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Il y avait des accusations et

12 des contre-accusations de toute part, de toutes les factions impliquées,

13 selon lesquelles une partie devait être favorisée par un

14 réapprovisionnement en armes. La réponse à votre question est donc oui,

15 effectivement.

16 M. Hayman (interprétation). - Ces soupçons de la part du HVO

17 étaient-ils dirigés sur les seules entités qui avaient véritablement accès

18 à Stari Vitez à l'époque, c'est-à-dire la FORPRONU et certaines

19 institutions d'aide humanitaire ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement, c'est le

21 cas ; c'est juste.

22 M. Hayman (interprétation). - Est-il également juste de dire

23 qu'en exprimant de tels soupçons, la FORPRONU et son personnel en ont été

24 profondément insultés, ce qui est compréhensible ?

25 M. Whitworth (interprétation). - Je crois que la première fois

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1 que vous êtes accusé, vous vous sentez insulté, parce que vous vous

2 acquittez d'une tâche au mieux de vos capacités utiles. Mais ces

3 accusations étaient proférées d'une manière si fréquente qu’elles sont

4 devenues tout simplement chose courante. Nous essayions de les ignorer et

5 de nous acquitter de notre tâche au mieux. A l'origine, nous nous sentions

6 effectivement insultés, quelques minutes peut-être, à la suite de quoi

7 nous acceptions ce fait comme chose courante.

8 M. Hayman (interprétation). - Vous êtes d'accord, je suppose,

9 pour dire que les soupçons du HVO étaient fondés sur des faits

10 rationnels ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Je crois que n'importe qui dans

12 ces circonstances aurait probablement dit la même chose. Nous étions

13 autorisés à avoir des contacts avec le HVO. Nous leur avons instillé

14 suffisamment de confiance pour qu'ils comprennent que nous nous

15 acquittions de notre tâche et que nous ne prenions partie pour aucun côté.

16 M. Hayman (interprétation). - Vous avez relaté cet incident où

17 vous avez involontairement transporté un certain nombre de cargaisons de

18 munitions à Stari Vitez. Vous aviez réuni ces boîtes qui étaient censées

19 contenir des médicaments de l'entrepôt du HCR.

20 M. Whitworth (interprétation). - C'est juste.

21 M. Hayman (interprétation). - Est-ce le même bâtiment où les

22 produits alimentaires du HCR étaient délivrés ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Oui. Ils étaient empaquetés. On

24 empaquetait tous les produits alimentaires pour toutes les communautés,

25 croate et musulmane de la Vallée de la Lasva.

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1 M. Hayman (interprétation). - Sous le contrôle de qui était

2 placé l'entrepôt ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Du HCR.

4 M. Hayman (interprétation). - Vous souvenez-vous de la date ou

5 du mois de cet incident ?

6 M. Whitworth (interprétation). - Non, je crains de ne pouvoir

7 m'en souvenir.

8 M. Hayman (interprétation). - Avant cet incident, combien de

9 fois avez-vous eu l'occasion -ou d'autres membres du bataillon

10 britannique- de transporter des boîtes de médicaments ou d'autres

11 approvisionnements de cet entrepôt vers Stari Vitez ?

12 M. Whitworth (interprétation). - On nous a demandé très

13 régulièrement de le faire, mais la pratique voulait qu'on le refuse afin

14 d'encourager le respect des organisations humanitaires qui devaient

15 s'acquitter de leurs livraisons comme on le leur demandait. Nous

16 essayions, quant à nous, d'utiliser les institutions appropriées plutôt

17 que d'assumer leur rôle et de faire autre chose que ce qui nous incombait

18 dans cette région.

19 M. Hayman (interprétation). - A combien d'occasions avant cela

20 avez-vous eu la possibilité d'escorter ce type d'approvisionnement

21 (produits alimentaires, médicaments, etc.), vers Stari Vitez ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Je crois que c'était la seconde

23 fois que je l'avais fait.

24 M. Hayman (interprétation). - Ces objets faisaient l'objet de

25 transports de routine vers Stari Vitez ?

Page 10378

1 M. Whitworth (interprétation). - Oui, sous ma supervision.

2 M. Hayman (interprétation). - Après que vous ayez vu les soldats

3 de l'armée de Bosnie-Herzégovine déballer des stocks d'armes de ces boîtes

4 censées contenir des médicaments, avez-vous essayé de les retenir et de

5 vous ressaisir de ces boîtes, ou bien avez-vous pensé qu'il était

6 inapproprié de le faire ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Les deux. J'ai pensé qu’il

8 n'était pas approprié de le faire. Les emballages étaient déjà défaits. Ma

9 réaction première a été de m'adresser à Sefkija en lui exprimant mon

10 mécontentement de ce qui s'était passé. Je crois que je l'ai déjà dit tout

11 à l'heure. En fait, il m'a laissé tomber et il a trompé ma confiance.

12 M. Hayman (interprétation). - Que vous a dit le

13 commandant Gidic* lorsque vous lui avez exprimé qu'il avait trompé votre

14 confiance ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Il a haussé les épaules et n'a

16 pas dit grand-chose. Il a dit que ces choses étaient nécessaires. Après

17 cela, je dois dire que je suis parti très rapidement.

18 M. Hayman (interprétation). - Après cet incident, avez-vous

19 rendu compte à vos supérieurs selon la chaîne de commandement ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Oui. J'en ai fait état aux gens

21 des informations militaires et j'ai parlé à l'officier de liaison du HCR,

22 le capitaine Encok*, de façon qu'il puisse transmettre cette information.

23 M. Hayman (interprétation). - Cela a-t-il été écrit dans un

24 bulletin d'informations militaires ou dans un autre rapport ?

25 M. Whitworth (interprétation). - Non, je n'ai pas vu et,

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1 franchement, je ne m'en souviens pas.

2 M. Hayman (interprétation). - En a-t-on fait état au colonel

3 Duncan ? Le savez-vous ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Je ne lui en ai pas fait état

5 personnellement. Je ne sais pas s'il connaissait cet incident.

6 M. Hayman (interprétation). - Marc Baua* occupait-il un poste en

7 vertu duquel il aurait pu ou il aurait eu cette information ?

8 M. Whitworth (interprétation). - J'aimerais penser qu'il

9 détenait cette information, mais je ne me souviens pas m'être entretenu

10 personnellement avec lui à ce sujet. L'objectif était de transmettre toute

11 l'information aux informations militaires de façon que nous soyons tous au

12 courant de ce qui se passait.

13 M. Hayman (interprétation). - Quelqu'un d'autre du bataillon

14 britannique avait-il informé le HCR de cet incident ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Non, pas d'après mon souvenir.

16 M. Hayman (interprétation). - Au cours de votre entretien avec

17 le commandant Gidic*, vous a-t-il dit que Stari Vitez était bien

18 approvisionné et comptait beaucoup de caves qui pouvaient entreposer

19 beaucoup d'équipements militaires ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Je ne me souviens pas qu'il ait

21 utilisé ces termes disant qu'ils avaient les endroits nécessaires pour

22 stocker de grandes quantités d'armes. Comme je vous l'ai dit, ils avaient

23 une cachette d'armes qu'ils détenaient avant la rupture des relations

24 entre les communautés musulmane et croate. Stari Vitez était bien équipé

25 de caves et c'était probablement là que tout était stocké.

Page 10380

1 M. Hayman (interprétation). - Et lorsqu'il a parlé des caves,

2 avez-vous compris qu'il faisait référence à des caves de logements

3 privés ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Mais il n'y avait que cela à

5 Stari Vitez.

6 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé de la dynamique

7 entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine ; vous avez parlé d'une

8 certaine provocation d'attaque vers Stari Vitez. Etes-vous d'accord pour

9 dire que lorsque le HVO a attaqué Stari Vitez, il y aurait une résistance

10 virulente de la part de Stari Vitez et que le commandant Gidic*

11 demanderait qu'on tire sur Stari Vitez à partir des positions de Kruscica

12 vers le sud et à partir des positions de la 350ème brigade au nord de

13 Vitez, ce qui aboutirait à une suppression de l'attaque ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Non, je n'ai pas dit cela, j'ai

15 dit que le commandant Sefkija avait des communications avec la brigade 325

16 et Kruscica.

17 En ce qui concerne Stari Vitez, c'était un échange local. Ils ne

18 disposaient de ressources qu'au sein de leur propre territoire mais ils

19 pouvaient tirer sur le HVO en retour et je ne sais pas si le commandant

20 Sefkija avait le pouvoir d'ordonner des tirs d'artillerie ou d'obus à ce

21 moment-là.

22 M. Hayman (interprétation). - En vous paraphrasant précisément,

23 si je reprends la page 6 de votre déclaration, aux deux tiers de la page,

24 là où il est indiqué Stari Vitez, j'aimerais que vous me disiez si vous

25 êtes d'accord avec ce qui est dit ici, et je vous cite : "le commandant de

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1 l'armée de BIH à Stari Vitez était Sefkija et il avait des communications

2 avec le commandant de la brigade 325 sur les collines situées au-dessus de

3 Vitez dans la direction de Zenica. Sefkija a vu le niveau de commandement

4 s'opposant à lui comme étant Cerkez, c'est-à-dire au niveau d'une brigade.

5 Lorsque les attaques sur Stari Vitez se produiraient, elles

6 rencontreraient une résistance violente de la part de l'enclave et

7 seraient appuyées rapidement par des tirs BIH de Kruscica vers le sud et

8 les positions de la brigade 325 de l'armée de Bosnie-Herzégovine vers le

9 nord".

10 Etes-vous d'accord avec cette déclaration ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Je suis d'accord avec la

12 première partie. Une résistance virulente s'est effectivement effectuée en

13 ce qui concerne la régularité avec laquelle se produisait ce genre

14 d'échanges. Je m'en souviens maintenant un peu mieux. Je crois que selon

15 toutes probabilités, les mortiers tirés sur Vitez... enfin Vitez est très

16 petit, mais ces échanges de tir, comme je l'ai dit, pouvaient résulter de

17 la brigade 325 et ce, à certaines occasions seulement.

18 M. Hayman (interprétation). - Est-il également juste de dire

19 qu'après les tirs de mortiers, l'attaque sur Stari Vitez aurait été

20 supprimée par Cerkez ? C'est ce que vous dites dans la phrase suivante de

21 votre déclaration préalable. Etes-vous d'accord sur cette phrase ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Comme il était le commandant de

23 brigade sur le terrain -c'est une interprétation de ma part-, je pense

24 qu'il aurait contrôlé directement les troupes situées sur la ligne de

25 front entourant Stari Vitez. Alors la réponse est oui.

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1 M. Hayman (interprétation). - Enfin, êtes-vous d'accord avec la

2 phrase suivante : "Sefkija n'évaluait pas les attaques commandées par le

3 niveau de commandement de Blaskic mais par Cerkez au niveau de la

4 brigade".

5 M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'était sa vision des

6 choses.

7 M. Hayman (interprétation). - Après, au cours de vos

8 investigations, avez-vous entendu parler d'offres faites par la communauté

9 croate à Vitez aux citoyens de Stari Vitez afin qu'ils évacuent

10 temporairement Stari Vitez et sortent de la zone de guerre ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

12 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous si l'armée de Bosnie-

13 Herzégovine a diffusé ces offres auprès de la population civile ?

14 M. Whitworth (interprétation). - J'ai personnellement porté le

15 message à Sefkija. Je l'ai fait, en effet.

16 M. Hayman (interprétation). - Cette offre a-t-elle été faite à

17 de multiples reprises ?

18 M. Whitworth (interprétation). - Je dirais deux ou trois fois.

19 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous si le commandant Gidic*

20 a fait des efforts sincères pour transmettre ce message à la population

21 civile de Stari Vitez ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Ils connaissaient tous

23 l'existence de cette offre, pour autant que je le sache.

24 M. Hayman (interprétation). - A votre connaissance, y a-t-il une

25 raison pour laquelle l'armée de Bosnie-Herzégovine aurait voulu que les

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1 civils restent à Stari Vitez et ne l'évacuent point ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Les gens occupant Stari Vitez

3 étaient des gens qui habitaient Stari Vitez et dans la zone de

4 Stari Vitez. Comme on demandait aux gens de Grbavica d'abandonner leur

5 foyer, ils pensaient que c'était la même chose que pour le HVO qui allait

6 défendre les positions des personnes locales. Ce qu'on leur demandait,

7 c'était d'abandonner leur foyer et de se déplacer vers la Vallée de la

8 Lasva. Sefkija et tous les gens avec qui j'avais parlé de ce commandement

9 on dit que c'était leur foyer et qu'ils n'allaient pas accepter cette

10 offre.

11 S'ils l'avaient acceptée, ils se seraient rendus sur cette route

12 qui les aurait conduits à Valenta et à un chemin où on aurait pratiqué

13 cette séparation des groupes ethniques, afin qu'il ne reste que des

14 Croates.

15 M. Hayman (interprétation). - Cela aurait-il exposé l'armée de

16 Bosnie-Herzégovine à Stari Vitez à une action militaire ?

17 M. Whitworth (interprétation). - Pourriez-vous répéter votre

18 question ?

19 M. Hayman (interprétation). - Au moment où les civils auraient

20 quitté Stari Vitez, est-ce que cela aurait exposé l'armée de Stari Vitez à

21 des opérations militaires, à une attaque, à une offensive du HVO, sans

22 tenir compte du danger de grande perte ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Mais il n'y avait que des

24 civils à Stari Vitez.

25 M. Hayman (interprétation). - Alors dites-nous ce qui s'était

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1 passé. Est-ce que tout le monde à Stari Vitez contribuait à l'effort de

2 guerre de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Très peu de gens portaient

4 l'uniforme à Stari Vitez et, comme la plus grande partie de la population

5 de la Lasva, ils avaient des armes sous une forme ou sous une autre.

6 M. Hayman (interprétation). - Je pense que le commandant Gidic*

7 nous a dit qu'il y avait 250 soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine et

8 des policiers à Stari Vitez. Est-ce juste par rapport à ce dont vous vous

9 souvenez ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Je sais que l'un des officiers

11 de la police civile résidait à Stari Vitez.

12 M. Hayman (interprétation). - 250, cela vous paraît juste comme

13 chiffre ?

14 M. Whitworth (interprétation). - 250, oui. Des hommes avec des

15 petites armes.

16 M. Hayman (interprétation). - Tous ces hommes étaient-ils actifs

17 dans la défense militaire de Stari Vitez ?

18 M. Whitworth (interprétation). - Tout le monde était actif dans

19 la défense de Stari Vitez.

20 M. Hayman (interprétation). - Vous voulez dire hommes et

21 femmes ?

22 M. Whitworth (interprétation). - J'ai vu des femmes

23 effectivement qui portaient des armes.

24 M. Hayman (interprétation). - Il y avait certainement des jeunes

25 enfants et des vieillards à Stari Vitez. Alors disons que ce sont eux que

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1 j'appellerais les civils. Cela exclut toutes les autres personnes aux fins

2 de cette question.

3 M. Whitworth (interprétation). - J'aimerais également préciser

4 que je ne dis pas que les circonstances de Stari Vitez soient tellement

5 différentes par rapport à la population croate locale. Les circonstances

6 étaient difficiles pour tout le monde. Et les gens vivaient sur la ligne

7 de front, qu'ils fussent Croates ou Musulmans. Beaucoup de gens portaient

8 donc des armes s'ils étaient suffisamment forts pour cela, mais ils ne

9 portaient pas nécessairement d'uniforme.

10 Alors pour ce qui est de savoir s'il faut leur donner

11 l'appellation de soldats ou pas, cela relève de la sémantique.

12 M. Hayman (interprétation). - Toute la population de la région

13 était armée, n'est-ce pas ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

15 M. Hayman (interprétation). - Et pas seulement de petites

16 armes ? Ils portaient également des explosifs qu'on pouvait trouver dans

17 la population, etc. C'est cela ?

18 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

19 M. Hayman (interprétation). - J'aimerais que la pièce 252 soit

20 soumise au témoin, et j'ai une dernière question à poser pendant qu'on

21 apporte la pièce concernant Stari Vitez.

22 Si les personnes âgées et les enfants avaient été partis,

23 l'armée de Bosnie-Herzégovine à Stari Vitez se serait-elle trouvée face à

24 la possibilité d'une attaque du HVO sans risque pour le HVO d'enregistrer

25 des pertes, des victimes importantes à Stari Vitez ?

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1 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

2 M. Hayman (interprétation). - La pièce 252 vous est soumise.

3 Avez-vous pris cette photo ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

5 M. Hayman (interprétation). - Pouvez-vous nous dire quand, à peu

6 près, elle a été prise et où ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Vers la fin de ma mission.

8 C'est probablement le plus grand échange que j'ai pu faire à ce moment-là.

9 Je dirais que c'était vers la route de Kruscica. C'est Carlo Grabovac qui

10 se trouvait là et, à sa droite, le dos tourné vers nous, il s'agit d'une

11 personne croate. Il y a une tenture en plastique qui constitue un écran de

12 façon à ce que les Croates passant derrière ne puissent pas être dans le

13 champ de l'appareil photo, et c'était également un moyen de contrôler qui

14 circulait.

15 M. Hayman (interprétation). - Il fallait donc protéger les

16 militaires et les civils des francs-tireurs ? Ces tentures se trouvaient-

17 elles également dans la zone de Vitez, près de Stari Vitez, de façon à ce

18 que les gens soient moins susceptibles d'être touchés par les francs-

19 tireurs en cas de tir ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Les gens s'étaient retirés,

21 pour la plus grande partie, dans le centre de l'enclave de Stari Vitez,

22 depuis qu'ils étaient couverts des tirs des francs-tireurs grâce aux

23 bâtiments, parce qu'il y avait plusieurs couches de bâtiments à

24 l'extérieur qui avaient été endommagés pendant l'attaque. Si bien que,

25 pour la plus grande partie, ces choses étaient absolument nécessaires

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1 parce que cela permettait de couvrir certaines parties des bâtiments de

2 Stari Vitez.

3 M. Hayman (interprétation). - Vous parlez de Stari Vitez mais à

4 propos de Vitez, entre la ligne de front des Croates à Vitez, face à

5 Stari Vitez, y avait-il également des tentures de ce genre ?

6 M. Whitworth (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.

7 M. Hayman (interprétation). - Là aussi, est-ce que les activités

8 des francs-tireurs étaient des espèces de représailles ou des sortes de

9 "coup pour coup" ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

11 M. le Président. - Nous allons suspendre. Nous reprendrons à

12 14 h 30. L'audience est suspendue.

13 (L'audience, suspendue à 13 h 00, est reprise à 14 heures 40.)

14

15 M. le Président. - L'audience est reprise. Introduisez

16 l'accusé.

17 (L'accusé entre dans la salle d'audience.)

18 Maître Hayman, c'est à vous.

19 M. Hayman (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Je

20 voudrais que la pièce 433/16 soit soumise au témoin, s'il vous plaît.

21 J'aimerais maintenant passer, Monsieur Whitworth, au sujet des

22 « bébés », ce type d'engin explosif très particulier, et à son utilisation

23 à Vitez. Combien de « bébés » avez-vous vu de vos yeux tomber à

24 Stari Vitez et combien ont causé des dégâts ?

25 M. Whitworth (interprétation). - Je n'en ai vu aucun. Le seul

Page 10388

1 que j'ai vu, c'est celui qui n'avait pas explosé et qui m'a été montré par

2 des soldats de Sefkija. Il y en avait peut-être un ou deux.

3 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous jamais vu l'un de ces

4 engins être lancé vers Stari Vitez ?

5 M. Whitworth (interprétation). - Non, mais j’ai observé les

6 endroits d’où ces « bébés » étaient lancés, juste à côté de Stari Vitez,

7 dans les environs de Vitez.

8 M. Hayman (interprétation). - Et où se trouvaient ces bases de

9 lancement ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Il y en avait une ou deux dans

11 des jardins. L'une était dans un jardin et puis les autres... Enfin

12 différentes parties de ces bases de lancement se trouvaient à l'atelier de

13 soudure, dans la ville de Vitez, là où ces « bébés » étaient fabriqués.

14 Mais, effectivement, j'en ai vu un dans un jardin.

15 M. Hayman (interprétation). - Et cette base qui se trouvait dans

16 le jardin... A quelle distance se trouvait ce jardin de la ligne de front

17 qui se trouvait entre Vitez et différentes rues ?

18 M. Whitworth (interprétation). - A 500 à 600 mètres. En fait, il

19 n'y avait pas une cible particulière. Il se trouvait là simplement, à côté

20 d'une maison. Il aurait été très probable que cette base de lancement ait

21 été lancée à un point de tir particulier. (??)

22 M. Hayman (interprétation). - Pièce 433/16. Qui vous a dit que

23 ces dégâts avaient été occasionnés par un « bébé » ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Les soldats qui se trouvaient

25 sur le terrain. Et lorsque j'ai examiné les lieux avec attention, j'ai vu

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1 qu'il n'y avait pas d'éclats d'obus sur les murs, ce que l’on trouve

2 généralement lorsque c'est un mortier qui tombe car il y aurait des

3 petites marques sur les murs. Et le nombre d'éclats qu'on associe à un

4 mortier est généralement assez important. Or là il n'y avait rien.

5 M. Hayman (interprétation). - Vous a-t-on dit quand ces maisons

6 avaient subi des dégâts ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Non.

8 M. Hayman (interprétation). - Vous rappelez-vous du moment où

9 vous avez été emmené à cet endroit ? De quel mois s'agissait-il ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Je crois que c'était vers la

11 fin de la mission, bien après la moitié de la mission. C'est à ce moment-

12 là que je suis allé à cet endroit.

13 M. Hayman (interprétation). - Où se trouvent ces maisons que

14 l'on voit sur cette photo 433/16 et à quelle distance se trouvaient-elles

15 de la ligne de front qui se trouvait entre Vitez et Stari Vitez ?

16 M. Whitworth (interprétation). - Très proche de la ligne de

17 front, à 100 ou 200 mètres. Sans doute ces maisons étaient-elles dans la

18 ligne de tir direct, à partir de la ligne de front. Il devait donc y avoir

19 un certain nombre de dégâts provoqués par des armes de petit calibre.

20 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous si ces maisons étaient

21 utilisées par l'armée de Bosnie-Herzégovine pour tirer vers Vitez ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Je ne sais pas si c'était

23 effectivement le cas, mais c'était tout à fait probable.

24 M. Hayman (interprétation). - Elles étaient bien placées en tout

25 cas pour ce faire ?

Page 10390

1 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

2 M. Hayman (interprétation). - N’êtes-vous jamais allé à l'hôtel

3 Vitez lorsque vous avez entendu un son et qu'on vous a dit ensuite qu'il

4 s'agissait d'un "bébé" qui était lancé ?

5 M. Whitworth (interprétation). - A ma connaissance, non.

6 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé d'une menace qui

7 consistait à faire sauter l'usine de munitions, l'usine Vitezite*. Est-ce

8 un sujet que vous avez abordé personnellement avec le colonel Blaskic ?

9 M. Whitworth (interprétation). - Je crois que le colonel Blaskic

10 en a parlé au colonel Alister* au cours d'une réunion mais je n'ai pas de

11 souvenir très précis de cette réunion.

12 M. Hayman (interprétation). - Vous ne savez pas s'il y a eu une

13 réunion entre Blaskic et Duncan ou bien vous ne vous souvenez plus si vous

14 y étiez présent ou pas ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Je me souviens qu'il y avait

16 effectivement cette menace. Darko Gelic m'en a parlé à plusieurs

17 occasions. Par conséquent, je sais que cette menace nous a été communiquée

18 à plusieurs reprises. J'aurais pu effectivement assister à une réunion au

19 moment où le colonel Blaskic l'aurait mentionnée au colonel Alister*. Je

20 ne sais plus... Je crois que le colonel Blaskic l'a mentionnée au cours

21 d'une réunion en particulier.

22 M. Hayman (interprétation). - A laquelle vous avez assisté ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Oui, j'en suis sûr.

24 M. Hayman (interprétation). - Et le colonel Blaskic a-t-il

25 exprimé très clairement au colonel Duncan que vous seriez mis au courant

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1 avant qu'il y ait la moindre destruction de cette usine afin que les

2 personnes du bataillon britannique et d'autres personnes se trouvant dans

3 la zone puissent être évacuées ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Oui, je m'en souviens.

5 M. Hayman (interprétation). - Il l'a exprimé clairement, n'est-

6 ce pas ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Oui, je m'en souviens bien.

8 M. Hayman (interprétation). - Et cette usine a-t-elle été

9 effectivement piégée et a-t-elle explosé sur l'initiative du HVO ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Non.

11 M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit que Darko Gelic

12 avait effectivement exprimé une menace et il a dit que si Vitez était

13 attaqué, le HVO pilonnerait Zenica. Vous en souvenez-vous ? Est-ce bien ce

14 qui a été dit ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Oui, quelque chose de ce type-

16 là. Je ne sais plus quelles étaient les circonstances exactes mais quelque

17 chose de ce type a été effectivement dit.

18 M. Hayman (interprétation). - Le HVO a-t-il jamais pilonné

19 Zenica au cours de votre mission ?

20 M. Whitworth (interprétation). - A plusieurs reprises ou plutôt

21 à deux ou trois reprises, on a dit que Nora* était en train de tirer et

22 qu'il y avait eu plusieurs explosions dans la zone de Zenica.

23 M. Hayman (interprétation). - Et ont-elles fait l'objet d'une

24 enquête ?

25 M. Whitworth (interprétation). - Comment cela ?

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1 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que quelqu'un a tenté de

2 vérifier qu'il s'agissait effectivement de tirs d'artillerie du HVO et que

3 ces tirs avaient pour cibles différentes zones de la région de Zenica, ou

4 personne n'a-t-il pu confirmer ces informations ?

5 M. Whitworth (interprétation). - Eh bien cela aurait été la même

6 chose si l'armée de Bosnie-Herzégovine avait pilonné la zone de Vitez.

7 Nous aurions exprimé notre préoccupation. En effet, de nombreux civils

8 auraient probablement été blessés et ces protestations auraient

9 généralement été communiquées par moi, ou par l'officier de liaison qui

10 était de service à ce moment-là, aux autorités compétentes.

11 M. Hayman (interprétation). - Et je suppose qu'au cours de votre

12 mission, l'armée de Bosnie-Herzégovine pilonnait régulièrement le centre

13 de Vitez ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Régulièrement... Si je dis

15 "régulièrement", on va penser qu'il s'agissait d'attaques quotidiennes

16 mais cela changeait, en fait, d'un jour à l'autre.

17 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous vu des bulletins

18 d'informations militaires ou d'autres documents qui essayaient de tenter

19 de prouver qu'au cours de votre mission, le HVO a pilonné à un moment

20 donné un quartier civil dans la ville de Zenica ? Y a-t-il eu des

21 documents de ce type, des analyses, des bulletins ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne m'en souviens plus

23 mais il n'y en a pas à ma connaissance.

24 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé de la mort de

25 l'interprète du bataillon britannique, Dobrila. Après son décès, vous êtes

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1 allé à l'hôtel Vitez, d'après ce que j'ai compris, et vous vous êtes

2 entretenu personnellement avec le colonel Blaskic ou non ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Je l'ai peut-être rencontré à

4 ce moment-là, oui. J'ai peut-être insisté à ce moment-là pour pouvoir lui

5 parler directement.

6 M. Hayman (interprétation). - Il a donc exprimé toute sa

7 sympathie et tous ses regrets vis-à-vis du décès de cette interprète,

8 n'est-ce pas ?

9 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

10 M. Hayman (interprétation). - S'est-il engagé à former un groupe

11 d'enquêteurs pour enquêter sur sa mort ?

12 M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement.

13 M. Hayman (interprétation). - Et a-t-il créé une équipe

14 d'enquêteurs pour ceci spécifiquement ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'étaient effectivement

16 des représentants du HVO, de la brigade de Mario Cerkez, et deux autres

17 représentants provenaient de l'hôtel Vitez.

18 M. Hayman (interprétation). - Et vous avez vous-même travaillé

19 avec cette équipe, n'est-ce pas ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

21 M. Hayman (interprétation). - Et l'équipe a mené une enquête

22 pendant quelques trois ou quatre jours, n'est-ce pas ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est exact.

24 M. Hayman (interprétation). - Etait-ce une enquête à plein

25 temps, si je puis dire ?

Page 10394

1 M. Whitworth (interprétation). - Nous passions effectivement la

2 plupart de la journée sur cette enquête, oui. Nous nous sommes rendus dans

3 la zone de responsabilités de la 325ème brigade musulmane parce qu'ils

4 avaient visiblement participé à des échanges de tirs provenant d'armes de

5 petit calibre. J'essayais donc moi-même d'obtenir leur récit de l'incident

6 et j'essayais de leur demander de lancer eux-mêmes leur propre enquête.

7 M. Hayman (interprétation). - Dobrila a-t-elle été tuée d'une

8 seule balle ? Y a-t-il eu une salve de balles dans une direction ou bien y

9 a-t-il eu encore un échange de tirs entre différents groupes dans

10 différents endroits ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Il y a eu, en fait, un échange

12 de tirs provenant d'armes de petit calibre et je crois que cet échange a

13 commencé une demi-heure avant. Il y avait des tirs intermittents. Des

14 balles seules entre les deux camps qui s'échangeaient. Et le nombre de

15 coups de feu a augmenté juste avant le décès de Dobrila. Il y a eu une ou

16 deux salves mais il s'agissait en fait, pour la plupart, de coups tout

17 seuls. Et lorsque la balle a touché Dobrila, peut-être trois ou quatre

18 coups de feu avaient été tirés vers la maison du capitaine et ont touché

19 le mur notamment dans la zone qui entourait la maison où se trouvait

20 malheureusement Dobrila.

21 M. Hayman (interprétation). - Où se trouvait la position de tir

22 de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans cet échange de tirs provenant

23 d'armes de petit calibre que vous venez de décrire ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Ils étaient sur un terrain

25 surélevé, sur la gauche du bout de la maison à côté de laquelle se

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1 trouvait Dobrila.

2 M. Hayman (interprétation). - Peut-on donc dire que l'armée de

3 Bosnie-Herzégovine tirait sur des maisons qui se trouvaient de l'autre

4 côté de la rue par rapport à la maison de Dobrila lorsqu'on commence à

5 monter la colline, c'est-à-dire la colline de Grbavica ? Est-ce cela que

6 vous êtes en train de nous dire ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Je crois qu'une carte serait

8 utile.

9 M. Hayman (interprétation). - Telle que la carte que vous avez à

10 votre gauche ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Oui. Est-ce que je peux

12 utiliser une feuille de papier en dessous, si cela ne vous dérange pas ?

13 M. Hayman (interprétation). - Vous voudriez dessiner sur une

14 feuille blanche, n'est-ce pas ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

16 M. Hayman (interprétation). - Si on peut fournir au témoin un

17 crayon, nous pourrions enlever la vue aérienne et le témoin pourrait ainsi

18 illustrer son témoignage plus précisément.

19 Le témoin va juste dessiner sur une feuille blanche si on peut

20 lui fournir un marqueur noir.

21 M. le Président. - Monsieur le Procureur, vous voulez...

22 M. Hayman (interprétation). - Si vous parlez de l'endroit où

23 vous vous trouvez, le micro ne va pas pouvoir capter votre voix. Alors

24 pourriez-vous vous retourner vers le micro si vous avez quelque chose à

25 nous dire ?

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1 M. Whitworth (interprétation). - Le dessin de la maison située

2 en haut représente en fait l'extrémité de ce bâtiment.

3 M. Hayman (interprétation). - Vous indiquez l'extrémité de la

4 maison dessinée en diagonale qui se trouve juste en dessous de la maison

5 tout en haut, où l'on voit qu'il y a une porte sur la droite, je crois.

6 C'est cela ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est exact.

8 M. Hayman (interprétation). - Veuillez poursuivre.

9 M. Whitworth (interprétation). - Il y avait deux balcons, un

10 balcon inférieur et un balcon supérieur. Moi-même et un autre capitaine

11 étions à l'étage supérieur, et Dobrila et son petit ami vivaient à l'étage

12 inférieur. Moi-même, Dobrila et son petit ami étions en train de discuter,

13 enfin plus tôt dans la journée, lorsque les échanges de coups de feu ont

14 commencé.

15 A ce moment-là, je suis monté dans ma chambre au premier étage.

16 Dobrila et son petit ami sont restés en bas à ce moment-là et, quand je

17 suis sorti sur le balcon supérieur, des coups de feu ont touché le

18 bâtiment, et l'une des balles a traversé la tête de Dobrila et l'a tuée.

19 M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous êtes sorti sur le

20 balcon supérieur de ce bâtiment, qui est le bâtiment que vous indiquez ici

21 sur la droite, n'est-ce pas, combien de balles ont touché le bâtiment à ce

22 moment-là ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Deux ou trois.

24 M. Hayman (interprétation). - Vous, vous n'avez pas été blessé ?

25 M. Whitworth (interprétation). - Non, Monsieur.

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1 M. Hayman (interprétation). - Où l'une de ces balles a-t-elle

2 touché Dobrila ? Lorsqu'elle était sur le seuil ? Par la fenêtre ?

3 Etait-elle à l'extérieur ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Elle était juste au niveau du

5 porche, du seuil de la porte.

6 M. Hayman (interprétation). - Où se trouvait la maison par

7 rapport à l'échange de coups de feu entre les deux points de tir, celui du

8 HVO et celui de l'armée de Bosnie-Herzégovine, dans la mesure où vous

9 pouvez nous dire où ces positions de tir se trouvaient ?

10 L'interprète. - Les interprètes n'entendent pas le témoin.

11 M. Whitworth (interprétation). - Ces maisons se trouvaient sur

12 le bord de la route et elles étaient contrôlées par le HVO.

13 M. Hayman (interprétation). - Vous indiquez le bas du diagramme,

14 n'est-ce pas ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est exact. Il y avait un

16 ensemble de tranchées qui était juste à côté de la route, de ce côté-ci.

17 Ici, sur le côté, on voit des maisons appartenant à la

18 communauté musulmane. C'était dans une de ces maisons que nous habitions.

19 Elle était louée à une famille musulmane.

20 M. Hayman (interprétation). - Où est cette colline de Grbavica

21 sur ce diagramme ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Les bâtiments placés sur un

23 terrain surélevé que vous avez vus hier sur la photo étaient occupés par

24 des gens de l'armée de Bosnie-Herzégovine. C'est cette maison-là, sur le

25 côté, où j'ai écrit BIH.

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1 M. Hayman (interprétation). - Quelle est la distance

2 approximative entre les maisons du HVO en bas et le lieu contrôlé par

3 l'armée de Bosnie-Herzégovine que vous avez indiqué en haut à droite ?

4 M. Whitworth (interprétation). - 400 mètres.

5 M. Hayman (interprétation). - Quel est l'angle séparant les

6 installations militaires de l'armée de Bosnie-Herzégovine que vous avez

7 indiquées en haut à droite et le devant de la maison où vous vous trouviez

8 vous-même ? Cet angle, c'est cela ? Donc une pyramide en fait.

9 Je pensais en fait... A partir de l'endroit où se trouvaient les

10 tranchées du HVO par exemple qui essayait de tirer vers les positions de

11 l'armée de Bosnie-Herzégovine, combien y a-t-il de degrés ? 5 à 10 ?

12 M. Whitworth (interprétation). - Je dirais 25 à 30.

13 M. Hayman (interprétation). - Y avait-il d'autres positions de

14 l'armée de Bosnie-Herzégovine en montant le long de la colline de

15 Grbavica ?

16 M. Whitworth (interprétation). - Non, mais ces positions

17 n'auraient pas pu tirer sur ces maisons-ci. Ces maisons-là étaient d'une

18 importance stratégique.

19 L'interprète. - Les interprètes n'ont pas saisi la fin de la

20 réponse du témoin.

21 M. Whitworth (interprétation). - Il s'agissait des seules

22 maisons qui donnaient sur la zone et c'est pourquoi elles étaient d'une

23 importance stratégique particulière au cours de l'attaque de Grbavica. Les

24 autres maisons ne donnaient pas sur les positions du HVO, sur ces maisons

25 croates. Ces deux maisons étaient régulièrement occupées par des soldats

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1 de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui tiraient à partir de ces positions

2 sur les Croates, sur les positions du HVO qui se trouvaient juste à côté

3 du camp le long de la route.

4 M. Hayman (interprétation). - En avez-vous fini avec ce

5 diagramme ?

6 M. Whitworth (interprétation). - Oui, mais l'échelle est fausse.

7 Je tiens à le préciser.

8 M. Hayman (interprétation). - Oui, effectivement, l'échelle

9 n'est pas exacte. Très bien.

10 Si la pièce 172 pouvait être replacée sur le chevalet, s'il vous

11 plaît... Il s'agit de la vue aérienne. Peut-être pourrions-nous repérer un

12 certain nombre de ces bâtiments sur la carte afin d'avoir une meilleure

13 idée de l'échelle.

14 M. Dubuisson. - Cette pièce portera le numéro D 155.

15 M. Hayman (interprétation). - Merci.

16 Pendant ce temps, vous êtes-vous rendu avec cette équipe

17 d'enquêteurs dans cette zone qui abrite les tranchées en bas de la

18 pièce 155 ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement.

20 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous trouvé des éléments de

21 preuve, des éclats d'obus, des douilles de cartouches, etc. ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement, il y avait

23 des douilles, mais ceci ne nous permettait pas de dire que les tirs

24 venaient effectivement de cet endroit.

25 M. Hayman (interprétation). - Y avait-il des soldats à ces

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1 endroits ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Non, à ce moment-là en

3 particulier, il n'y avait personne.

4 M. Hayman (interprétation). - Personne ?

5 M. Whitworth (interprétation). - Non, personne. L'activité

6 s'était calmée dans cette zone pendant les quelques deux ou trois derniers

7 jours.

8 Moi, j'avais rendu visite à toutes les positions locales du HVO,

9 de l'armée de Bosnie-Herzégovine et, en fait, je crois que le message

10 transmis par les officiers de liaison avait été très clair et que les deux

11 camps l'avaient bien perçu.

12 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous pu vous rendre à la

13 position de tir de l'armée de Bosnie-Herzégovine que vous avez indiquée

14 sur la pièce D 155 ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Non, je n'ai pas pu à ce

16 moment-là.

17 M. Hayman (interprétation). - Quand vous dites que vous n'avez

18 pas pu vous y rendre, est-ce parce que le niveau de sécurité n'était pas

19 suffisant ou bien parce que vous n'avez tout simplement pas pu vous rendre

20 et interviewer les personnes qui s'y trouvaient ?

21 M. Whitworth (interprétation). - J'étais déjà allé à ces

22 positions auparavant. J'ai essayé d'y remonter par la suite mais je n'ai

23 pas obtenu de coopération de la part du commandant de l'armée de Bosnie-

24 Herzégovine.

25 M. Hayman (interprétation). - Puis-je m'approcher, Monsieur le

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1 Président ?

2 M. le Président. - Je voudrais consulter mes collègues sur un

3 point.

4 (Les Juges se consultent sur le siège.)

5 M. le Président. - J'ai voulu consulter mes collègues sur le

6 point particulier du temps accordé à l'accusation et à la défense. C'est

7 la première fois, à notre souvenance, que le contre-interrogatoire est

8 plus long que l'interrogatoire, ce qui pose quand même un petit problème.

9 Il n'y a pas de règles particulières. Les juges, bien sûr, décident, mais

10 il nous apparaît quand même nécessaire de faire cette observation à

11 Maître Hayman, pour lui faire observer qu'il est, depuis que nous avons

12 repris, dans un temps qui est plus long que celui de l'accusation. Hier,

13 vous vous inquiétiez de savoir si vous auriez le temps de procéder à votre

14 contre-interrogatoire. Je pense que vous avez largement le temps. Il

15 faudrait quand même envisager la fin de votre contre-interrogatoire,

16 Maître Hayman. D'accord ?

17 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, j'ai pris

18 bonne note de vos commentaires. J'ai environ 45 minutes encore. Je crois

19 que j'ai pris autant de temps que l'interrogatoire direct, ce qui est

20 inhabituel dans ce cas parce que nos contre-interrogatoires ont été

21 beaucoup plus brefs, ces dix derniers mois, que les interrogatoires

22 principaux, et la difficulté avec ce témoin est qu'il y a beaucoup d'avis

23 sur des sujets très différents, et pour les creuser véritablement, dans

24 mon système judiciaire en tout cas, il est normal, dans ce type de

25 témoignage, que le contre-interrogatoire prenne plus de temps que

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1 l'interrogatoire principal. Mais, de toute façon, nous voulons l'éviter et

2 nous allons essayer de continuer d'éviter ce genre de chose.

3 M. le Président. - Vous pourriez déjà essayer de terminer à

4 15 h 30. Quant à la référence à votre système judiciaire, nous avons tous

5 des références à nos systèmes judiciaires respectifs, et il faut essayer

6 de ne pas trop nous y référer. Nous essayons nous-mêmes de maintenir un

7 équilibre.

8 Vous vous inquiétiez hier de la possibilité d'assurer votre

9 contre-interrogatoire. Je crois que les juges en ont bien tenu compte.

10 Nous allons vous demander de terminer à 15 h 30, si vous voulez bien.

11 M. Riad (interprétation). - Monsieur Hayman, jusqu'à maintenant,

12 vous avez pris trois heures ce matin et une heure maintenant. Cela fait

13 quatre heures. Nous y avons pris beaucoup de plaisir, soyez sans crainte,

14 mais ce temps est compté sur le temps des autres parties. Cela pourrait se

15 produire pour vous aussi, du temps qui sera compté comme des heures

16 déduites de votre partie.

17 M. Hayman (interprétation). - Si la Cour le souhaite, si elle

18 veut une règle que tout temps venant en excès du temps soit attribué à

19 l'autre partie, je n'ai pas d'objection qu'il en soit ainsi. Je crois que

20 cela s'est produit très rarement pendant l'accusation et j'ose espérer que

21 ceci sera très rare du côté de la défense aussi. Mais j'apprécie vos

22 observations. Je ne porte effectivement pas atteinte à vos décisions et

23 j'essaierai de conclure dans le temps qui m'est imparti.

24 M. le Président. - Nous allons admettre que vous terminez à

25 15 h 30, Maître Hayman.

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1 M. Hayman (interprétation). - Je ferai de mon mieux, Monsieur le

2 Président. Je sais que nous avons donné trente jours à l'accusation et ils

3 ont eu eux-mêmes plus de quatre-vingt-dix jours. Nous étions nous-mêmes

4 d'accord pour ne prendre que soixante jours et je pense que nous avons

5 fait preuve de grands efforts dans cette affaire.

6 M. le Président. - Tout le monde doit faire preuve de grands

7 efforts, y compris les juges. Nous allons admettre que vous avez comme

8 objectif de terminer à 15 h 30, et si vous ne le pouvez pas tout à fait,

9 nous apprécierons en fonction.

10 M. Hayman (interprétation). - Puis-je poursuivre, Monsieur le

11 Président ?

12 M. le Président. - Oui, vous pouvez poursuivre.

13 M. Hayman (interprétation). - Merci, Monsieur le Président,

14 merci Messieurs les juges.

15 M. Kehoe (interprétation). - (hors micro)

16 M. Hayman (interprétation). - Ecoutez, c'est la seule

17 possibilité que j'ai eue, alors si vous voulez bien avoir un peu de

18 patience...

19 Nous avons déjà eu un transparent de cette pièce du Major Bower,

20 alors on pourrait peut-être avoir ce transparent puisque je crois qu'il

21 serait intéressant de voir où se trouvent ces trois maisons sur la carte.

22 On pourrait peut-être trouver ce transparent très rapidement. Si on y

23 arrivait, je propose qu'on le fasse. Le greffier pourrait-il s'en occuper,

24 s'il vous plaît ?

25 M. le Président. - Pour en terminer sur la question précédente

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1 et pour être vraiment équitable et très rigoureux, Maître Hayman, soyez

2 rassuré, l'interrogatoire principal a duré très exactement 175 minutes et,

3 à 15 h 05, vous en étiez à 170 minutes. Nous essayons donc de terminer à

4 15 h 30.

5 Allons-y.

6 M. Dubuisson. - Il s'agit de la pièce D 142.

7 M. Hayman (interprétation). - J'aimerais que ceci soit placé sur

8 la pièce D 172.

9 Monsieur Withworth, il faudrait trouver un marqueur en couleur

10 qui ne reprenne pas les autres couleurs qui ont déjà été utilisées. Je

11 vois qu'il y en a un vert. Pouvez-vous vous approcher de la pièce D 142

12 qui se trouve au-dessus de la 172 et indiquer l'emplacement des trois

13 zones que vous avez identifiées antérieurement ?

14 M. le Président. - Je me permets de vous signaler simplement que

15 l'égalité entre les juges n'est pas totalement assurée, puisque le

16 juge Shahabuddeen voit très bien, mais le juge Riad et le juge Jorda sont

17 pris par les reflets du transparent. Mais je crois que vous ne pourrez

18 rien faire de plus. Nous avons le juge Shahabuddeen qui voit très bien, il

19 aura des yeux pour nous.

20 M. Hayman (interprétation). - Aux fins du compte rendu,

21 permettez-moi de dire que vous avez indiqué en rouge, en n° 1, la maison

22 où Dobrila a été tuée, en n° 2, la ligne des maisons sur la partie sud de

23 la route occupées par le HVO et la population croate, et le numéro 3

24 indique les deux maisons clés qui ont été encerclées et occupées par

25 l'armée musulmane.

Page 10405

1 Au cours de l'échange de feu que vous avez remarqué, savez-vous

2 quelle est ou quelles sont les maisons, le long de la ligne n° 2, à partir

3 desquelles les coups de feu ont été tirés sur la pièce D 142 ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Ils venaient du haut de la

5 ligne indiquée ici, que j'ai rayée en couleur.

6 M. Hayman (interprétation). - Que vous avez rayée dans une autre

7 couleur ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Cela venait aussi des positions

9 de BIH, de Grbavica.

10 M. Hayman (interprétation). - Merci, vous pouvez vous asseoir.

11 Après que l'équipe d'enquête, dont vous faisiez partie, ait

12 effectué ses activités au cours de ces trois ou quatre jours, y a-t-il eu

13 d'autres enquêtes qui, à votre avis, n'ont pas été effectuées ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Etant donné les circonstances,

15 nous avons fait de notre mieux pour questionner les personnes se trouvant

16 sur cette zone, des deux parties.

17 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous suggéré qu'une autre

18 enquête ou un suivi d'enquête soit effectué et l'avez-vous suggéré au

19 colonel Blaskic ou à son équipe ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne l'ai pas fait à ce

21 moment-là.

22 M. Hayman (interprétation). - Permettez-moi de vous interroger

23 sur le décès de Boris, le chauffeur du HCR.

24 M. Whitworth (interprétation). - J'aimerais vous faire remarquer

25 à ce stade, Monsieur le Président, que l'enquête que j'ai menée était

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1 également conduite par la police militaire britannique, en même temps. Et

2 toutes les évidences, toutes les preuves balistiques, toutes les balles

3 autour du bâtiment où a été tuée Dobrila nous ont permis de conclure que

4 la balle venait d'une fenêtre particulière du côté de la partie de la

5 route occupée par le HVO. Ceci est pratiquement irréfutable étant donné la

6 trajectoire qu'elle a suivie.

7 En dépit de cela, le HVO a offert une autre conclusion en disant

8 que c'était le soldat qui avait rampé de l'autre côté et qui s'était

9 réfugié après avoir tiré.

10 M. Hayman (interprétation). - La police du bataillon britannique

11 a-t-elle préparé un rapport ou des documents relatifs à l'analyse de la

12 trajectoire de la balle ?

13 M. Whitworth (interprétation). - Les mêmes conclusions ont été

14 tirées par la police militaire et nous sur ce point là, et je pense qu'un

15 rapport a effectivement été produit à cet effet.

16 M. Hayman (interprétation). - A-t-on montré ce rapport au HVO ?

17 M. Whitworth (interprétation). - Je ne m'en souviens pas. Je le

18 crains. J'ai donné mon compte rendu au docteur Kelic* après l'enquête du

19 HVO, une fois qu'ils ont eu fait état des conclusions auxquelles ils

20 étaient parvenus.

21 M. Hayman (interprétation). - Je suppose qu'en fin de journée,

22 il n'y a plus d'autre enquête ; plus personne n'a été interviewé. Donc le

23 colonel Duncan avait-il demandé au colonel Blaskic de veiller à ce que ce

24 soit fait ?

25 M. Whitworth (interprétation). - Au vu des preuves balistiques,

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1 il nous est apparu très évident que la balle venait d'une des positions du

2 HVO et que nous voulions que le colonel Blaskic puisse accepter la

3 possibilité de ce fait ; il fallait, lors de son enquête, qu'il établisse

4 qui était responsable ; et, pour autant que nous le sachions, ce n'est pas

5 ce qui s'est passé.

6 Il y a eu un déni complet de cette possibilité alors que les

7 preuves étaient prévalantes, écrasantes en ce qui nous concerne, et

8 c'étaient les conclusions de ce type d'enquête.

9 M. Hayman (interprétation). - L'équipe d'enquêteurs a-t-elle

10 interviewé les soldats du HVO impliqués sur le terrain ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Non, pas à notre connaissance.

12 Il n'y avait personne à ce moment-là et je me rappelle avoir parlé au

13 commandant du bataillon local qui a tout simplement rejeté cela. Il

14 n'était pas conscient de l'importance de ce fait.

15 M. Hayman (interprétation). - Le commandant local n'était donc

16 pas coopératif ?

17 M. Whitworth (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.

18 M. Hayman (interprétation). - En a-t-on fait état au

19 colonel Blaskic ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Je ne m'en souviens pas,

21 honnêtement.

22 M. Hayman (interprétation). - Passons maintenant au décès du

23 chauffeur du HCR, le 14 août 1993. Je crois que vous avez dit qu'une

24 enquête avait eu lieu pendant deux jours. C'est bien cela ?

25 M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est juste.

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1 M. Hayman (interprétation). - Qui a participé à cette enquête ?

2 M. Whitworth (interprétation). - J'ai été le seul à participer à

3 cette enquête et le seul en mesure de me rendre dans les

4 deux emplacements. Le point de tir supposé est donc l'endroit où la

5 personne a été tuée.

6 M. Hayman (interprétation). - Cependant, le HVO a-t-il désigné

7 quelqu'un pour vous assister dans cette enquête ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Oui, je crois que oui.

9 M. Hayman (interprétation). - De combien de personnes s'agissait

10 il ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Pour ce cas-là, je crois que

12 c'était une personne, mais cela aurait pu être plus.

13 M. Hayman (interprétation). - Mais cette personne n'a pas été

14 autorisée par le commandant Gidic* à se rendre sur la scène de destination

15 de la balle pour enquêter sur ce point de l'enquête ?

16 M. Whitworth (interprétation). - Oui, le commandant Sefkija au

17 départ avait été tout à fait prêt à autoriser les représentants du HVO à

18 rétablir les câbles d'électricité à Stari Vitez mais, après cela, son

19 opinion de l'événement était qu'il y avait eu des espionnages, des

20 arrangements de défense de l'armée de Bosnie-Herzégovine au sein de

21 Stari Vitez et il a arrêté de faire ceci ; il a refusé d'autoriser les

22 représentants.

23 M. Hayman (interprétation). - Vous avez indiqué en ligne orange,

24 je crois, la ligne de feu supposée sur la pièce 441. Qu'avez-vous trouvé à

25 ce point soupçonné ? Vous avez trouvé des preuves ?

Page 10409

1 M. Whitworth (interprétation). - Il s'agissait d'une position

2 régulièrement occupée à partir de laquelle les soldats du HVO tiraient sur

3 la zone et le seul motif qui me permet de conclure que cela venait de ce

4 point, c'est la direction du véhicule lorsque la balle a été tirée.

5 M. Hayman (interprétation). - Après ces deux jours d'enquête,

6 pensez-vous qu'il y ait des pistes ou d'autres activités d'enquête

7 supplémentaire que vous auriez souhaité voir effectuées par le

8 représentant du HVO ?

9 M. Whitworth (interprétation). - Je leur ai suggéré qu'étant

10 donné ce que j'avais trouvé, il y avait une forte possibilité que cela

11 vienne des tranchées qui se trouvaient à cet endroit-là, et je voulais

12 qu'ils le demandent aux personnes responsables de ces tranchées. Je ne

13 sais pas jusqu'à quel point cette enquête a été menée, mais je l'ai

14 demandée et, lorsque je l'ai demandée, on a refusé catégoriquement qu'un

15 soldat du HVO ait pu faire une chose pareille. J'en ai conclu qu'il n'y

16 aurait pas d'enquête ultérieure de leur part. Ils ne voulaient tout

17 simplement pas accepter l'idée que c'était une possibilité.

18 M. Hayman (interprétation). - Etait-ce avant ou après ce point

19 que vous avez vu le fusil de sniper dans les pièces 82/9, 82/10, 82/19 ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Je crois que j'ai vu cette arme

21 après cet événement.

22 M. Hayman (interprétation). - Au moment de l'enquête, vous

23 n'aviez donc pas vu d'armes de sniper dans cette zone ? C'est juste ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

25 M. Hayman (interprétation). - Combien de fois avez-vous vu cette

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1 arme de sniper dans les mains des Vitezovis ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Lors de ma seconde ou troisième

3 visite à Kraljevic -il suffit de reprendre les documents, on le verra très

4 bien avec les dates-, je ne sais pas..., trois ou quatre semaines.

5 M. Hayman (interprétation). - A un mois près, est-ce précis ?

6 M. Whitworth (interprétation). - Trois à quatre semaines après.

7 M. Hayman (interprétation). - Vous avez vu cette arme trois à

8 quatre semaines après la fin de l'enquête ?

9 M. Whitworth (interprétation). - Au moment de l'enquête, après

10 avoir discuté de la portée, de la précision nécessaire et du calibre de

11 l’arme avec les officiers de renseignements qui étaient parfaitement bien

12 informés des capacités des armes, nous avons suggéré qu'il s'agirait d'une

13 arme de ce genre ou de quelque chose de ce genre qui pouvait être

14 responsable de l'acte. Et quatre semaines plus tard, je l'ai vue dans les

15 mains de Kraljevic. On pouvait donc raisonnablement conclure qu'il n'était

16 peut-être pas responsable de la mort de Boris mais, enfin, c'est une arme

17 relativement rare dans la Vallée de la Lasva et nous avons donc estimé que

18 c'était, de ce fait, une conclusion possible.

19 M. Hayman (interprétation). - Le représentant du bataillon

20 britannique et vous-même avez demandé que l'on rouvre la chose, étant

21 donné les soupçons que vous portiez, relatifs à cette arme ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Non. L'enquête s'est terminée

23 quelque temps après, un mois plus tard, et nous étions très occupés à

24 d’autres activités.

25 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que l'ensemble des photos

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1 identifiées sont toutes de la même arme ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

3 M. Hayman (interprétation). - Au cours de l'incident du Convoi

4 de la Joie, le bataillon britannique a-t-il eu l'occasion de tirer sur les

5 Croates et d'en tuer ou d'en blesser lors de la tentative de protection du

6 convoi ?

7 M. Kehoe (interprétation). - Cela ne fait pas partie de

8 l'interrogatoire principal. Je n'ai pas d'objection, mais enfin, il ne

9 faut pas s'écarter du temps qui nous est imparti.

10 M. le Président. - Vous posez vous question, mais très

11 rapidement, Maître Hayman.

12 M. Hayman (interprétation). - J'utilise mon propre temps pour

13 l'équilibre de ce contre-interrogatoire, si vous me l’accordez. Si

14 l'accusation a une objection, je n'ai pas le même avis sur le Convoi de

15 la Joie et le comportement de la foule. Je n'essaie pas de suggérer que

16 c'est inapproprié, mais il est exact que le bataillon britannique a tué un

17 certain nombre de Croates civils, précisément dans le cadre de l'incident

18 du Convoi de la Joie. Ce sont des informations pertinentes concernant le

19 comportement de la population et ce qui se passait à Vitez à ce moment-là.

20 M. le Président. - Maître Hayman, vous permettez quand même au

21 Président d'avoir son mot sur la question.

22 La règle reste valable. Le contre-interrogatoire ne doit pas

23 s'écarter de façon trop évidente de l'interrogatoire principal. Il est

24 vrai que ce fait n'a pas fait partie de l'interrogatoire principal. C'est

25 une information que, j'espère, je ne vous apporte pas. Vous le savez aussi

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1 bien que moi.

2 Nous sommes là en train d'essayer de gagner du temps. Si vous

3 nous dites que c'est particulièrement important pour vous de poser la

4 question, je vous rappelle simplement que cela n'a pas fait partie de

5 l'interrogatoire. Il arrive aux juges d'écouter. Je sais ce que je dis.

6 M. Hayman (interprétation). - Bien sûr que la Cour examine les

7 problèmes. Je ne voudrais surtout pas suggérer le contraire.

8 Pouvez-vous répondre brièvement ? Sinon je continue. Le

9 bataillon britannique a-t-il eu l'occasion de tirer sur les civils croates

10 ou les soldats dans le cadre de l'incident du Convoi de la Joie ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Je n'ai pas de témoignage de

12 cela. J’ai entendu parler de l'incident. Il y a eu de nombreux incidents

13 au cours de notre mission où les Musulmans et les Croates ont reçu des

14 coups de tirs du HVO et du BIH.

15 M. Hayman (interprétation). - Le dernier sujet de mon contre-

16 interrogatoire concerne l'attaque de Grbavica, les 7 et 8 septembre 1993.

17 Sur la pièce 142, vous avez indiqué en rouge le point de tir de l'armée

18 BIH. Y avait-il un siège de bataillon de l'armée de BIH dans cette zone ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Non, pas à ma connaissance. Et

20 si c'était le cas, c'était complètement caché.

21 M. Hayman (interprétation). - Vous êtes-vous rendu dans des

22 installations de ce genre de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

23 M. Whitworth (interprétation). - A Grbavica, les logements ne

24 semblaient pas avoir d'emplacement militaire, outre les deux maisons qui

25 ont été utilisées en raison de leur position centrale et qui ont été

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1 constamment occupées par un ou deux soldats de l'armée BIH, mais il ne

2 s'agissait pas de quartier général à proprement parler, pour autant que je

3 sache. A Grbavica, il s'agissait d'un endroit où se trouvait un membre de

4 la milice locale.

5 M. Hayman (interprétation). - Ai-je raison de dire que la maison

6 que vous avez indiquée sur la pièce 142 est un emplacement de l'armée de

7 BIH et se trouve à 500 mètres de la base du bataillon britannique ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement, c'est à 400

9 ou 500 mètres de là. C'est cela.

10 M. Hayman (interprétation). - Est-ce là un sujet sur lequel le

11 colonel Blaskic présentait des protestations à la FORPRONU, en disant

12 qu'il y avait là des coups de feu dans un rayon de 500 mètres, ou la

13 FORPRONU avait-elle proclamé cette zone comme étant une zone de cessez-le-

14 feu ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Oui, le colonel Blaskic s'est

16 plaint du fait que les positions HVO adjacentes au camp tiraient en retour

17 et le commandant de la 325ème brigade a protesté justement à propos de la

18 régularité de ces incidents.

19 M. Hayman (interprétation). - A propos de Grbavica des 7 et

20 8 septembre 1993, combien de civils victimes y a-t-il eu des coups de

21 francs-tireurs dans le cadre de votre mission ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Je ne voudrais pas deviner,

23 mais je dirais une douzaine ou plus.

24 M. Hayman (interprétation). - Etes-vous d'accord pour dire qu'au

25 cours de l'attaque, le HVO n'a fait aucune tentative pour encercler

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1 l'arrière de Grbavica de façon à garantir une route d'évacuation pour les

2 civils et l'armée de BIH sur ce point ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Oui, je suis d'accord, mais

4 cela aurait été stupide du point de vue militaire, parce que la zone 4 est

5 un territoire de BIH et aucun commandant n'enverrait des soldats dans

6 cette zone, en raison précisément des forces qui y étaient déployées.

7 M. Hayman (interprétation). - Mais c'est en fait la route qui a

8 été utilisée pour évacuer les civils de Grbavica ? C'est bien cela ?

9 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

10 M. Hayman (interprétation). - Après leur évacuation la nuit du

11 7, combien de soldats de l'armée BIH sont restés à Grbavica ? Vous le

12 savez ou vous ne le savez pas ? Parce qu'ils se trouvaient dans des

13 maisons ou dans des fortifications, dans des tranchées ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

15 M. Hayman (interprétation). - Est-ce la dernière version qui est

16 juste ?

17 M. Whitworth (interprétation). - Nous avons pensé une dizaine,

18 une douzaine, étant donné le peu d'échanges de tirs qui ont eu lieu.

19 M. Hayman (interprétation). - Mais vous ne pouvez pas le dire

20 exactement, parce que ces gens se cachaient ?

21 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

22 M. Hayman (interprétation). - L'attaque d'infanterie a commencé

23 le matin du 8, n'est-ce pas ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Exact.

25 M. Hayman (interprétation). - La cassette de la BBC que nous

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1 avons vue hier (la pièce 443) montre que l'armée de Bosnie-Herzégovine

2 s'était retirée à 13 heures ou 1 heure de l'après-midi. C'est bien cela ?

3 Est-ce bien à ce moment-là que les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine

4 ont semblé se retirer ?

5 M. Whitworth (interprétation). - Je ne sais pas, c'est un détail

6 communiqué par la BBC.

7 M. Hayman (interprétation). - Alors quand l'armée s'est-elle

8 retirée ? Le savez vous ?

9 M. Whitworth (interprétation). - D'après mes observations, alors

10 que j'empruntais la route et alors que les affrontements avaient encore

11 lieu, j'ai vu très peu de personnes. Le HVO était en train de "nettoyer"

12 les positions, si je puis dire.

13 M. Hayman (interprétation). - Le 8, que faisiez-vous ? Avez-vous

14 pu observer les affrontements ou avez-vous fait d'autres choses ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Le matin du 8, je prenais des

16 photos des soldats. J'observais notamment, avec mes jumelles, à partir du

17 mess des officiers, la position de tir du HVO qui se situait au point 3.

18 Ensuite, l'après-midi, de mon véhicule, j'ai vu des soldats

19 traverser la route. Il y avait des échanges de coups de feu provenant

20 d'armes de petit calibre. Je suis allé à l'hôtel Vitez pour m'entretenir

21 avec le colonel Blaskic mais j'ai parlé à Darko Gelic à la place.

22 M. Blaskic n'était pas disponible à l'époque. J'y suis resté une demi-

23 heure et je suis retourné après le déjeuner, dans l'après-midi -je ne sais

24 plus à quelle heure exactement- et là j'ai pris des photos montrant

25 l'étendue des dégâts et des incendies. C'était dans l'après-midi, au début

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1 de l'après-midi.

2 M. Hayman (interprétation). - Par conséquent, vous avez quitté

3 la base du bataillon britannique de quand à quand à peu près ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Le 8 septembre ?

5 M. Hayman (interprétation). - De quelle heure à quelle heure ?

6 M. Whitworth (interprétation). - Je ne saurais le dire. Je suis

7 peut-être parti pendant quelques heures.

8 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous répondu à ma question de

9 savoir quand ces soldats s'étaient retirés ou... ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Oui, je pense qu'ils étaient en

11 train de se retirer lorsque j'allais vers l'hôtel Vitez pour la première

12 fois. J'ai vu qu'il y avait très peu d'activités, à part quelques échanges

13 de coups de feu de petites armes. Par conséquent, j'ai pensé qu'il y avait

14 encore des soldats à Grbavica. Et lorsque je suis remonté une ou deux plus

15 tard, les soldats du HVO étaient apparemment dans la zone. Ils

16 traversaient la route et avançaient pour continuer leur mouvement. Et

17 l'après-midi, lorsque je suis revenu, ils avaient effectivement traversé

18 le village. J'en ai supposé que toutes les personnes, tous les soldats de

19 l'armée de Bosnie-Herzégovine, qui étaient restés, étaient maintenant

20 morts ou capturés, ou s'étaient retirés.

21 M. Hayman (interprétation). - Cette cassette de la BBC dit que

22 le drapeau a été hissé à Grbavica, à l'heure du thé. Qu'est-ce que cela

23 veut dire dans votre langue ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Je dirais vers 4 h 00 ou

25 5 h 00.

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1 M. Hayman (interprétation). - Donc 16 h 00 ou 17 h 00 ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

3 M. Hayman (interprétation). - Et ceci correspond à vos

4 souvenirs ?

5 M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement, cela

6 correspond aux souvenirs que j'ai de ce jour-là.

7 M. Hayman (interprétation). - La cassette de la BBC continue. Il

8 est dit que le pillage et les incendies ont commencé plus tard dans la

9 nuit. Etes-vous d'accord ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Oui. Comme je l'ai dit hier,

11 plusieurs véhicules et plusieurs camions ont été renversés et, une fois

12 que l'endroit a été "nettoyé" entre guillemets, les gens sortaient et

13 pillaient tout ce qu'ils pouvaient trouver.

14 M. Hayman (interprétation). - Les pilleurs sont arrivés en

15 camions et en bus, n'est-ce pas ?

16 M. Whitworth (interprétation). - Non, il y avait des caravanes.

17 D'autres étaient dans des camions. Certains poussaient des canapés le long

18 de la route... enfin, tout ce qu'ils pouvaient trouver, et ils essayaient

19 de récupérer tout ce qui avait une quelconque valeur.

20 M. Hayman (interprétation). - Combien de maisons étaient en

21 flamme lorsque vous êtes revenu, en milieu d'après-midi ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Un certain nombre. La moitié à

23 peu près.

24 M. Hayman (interprétation). - La moitié des maisons que vous

25 avez vues brûlaient le 8, c'est cela ? Ou bien dites-vous la moitié des

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1 maisons de Grbavica ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Oui, je dirais la moitié des

3 maisons de Grbavica. Il y avait en tout cas un écran de fumée très épais

4 et cela voulait donc dire qu'un très grand nombre de maisons brûlaient. Et

5 au moment où j'ai pris des photos, j'ai eu l'impression que la moitié des

6 maisons à peu près brûlaient.

7 M. Hayman (interprétation). - Et après les premiers incendies en

8 milieu d'après-midi, combien ont encore été brûlées par la suite, le 8,

9 c'est-à-dire le soir ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Je dirais que deux ou

11 trois jours plus tard, lorsque j'y suis retourné, la plupart des maisons

12 avaient été incendiées et tout avait été saisi, enlevé. Les gens

13 rentraient même à l'intérieur et utilisaient le bois qui servait pour les

14 encadrements de fenêtre.

15 Ils allaient peut-être l'utiliser comme bois de construction, je

16 n'en suis pas sûr. En tout cas? tous les bâtiments avaient été dévastés et

17 tous les objets utiles qui se trouvaient à l'intérieur des maisons avaient

18 été emmenés.

19 Je ne sais plus, à ce moment-là, dans quel état se trouvait la

20 mosquée, mais je crois qu'elle était relativement en bon état le 8...

21 Enfin peut-être qu'elle était incendiée à ce moment-là... Je ne sais plus.

22 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous vu des personnes mettant

23 le feu à des maisons ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Non.

25 M. Hayman (interprétation). - Etes-vous d'accord pour dire que

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1 les civils et les pilleurs qui sont venus après la fin des affrontements

2 auraient pu mettre le feu aux maisons, de même que tous les soldats qui se

3 trouvaient dans la zone ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Je ne vois pas quelle serait

5 leur motivation et pourquoi ils mettraient le feu à des bâtiments alors

6 qu'ils essayaient de récupérer tout ce qui était encore utilisable dans

7 ces mêmes bâtiments.

8 M. Hayman (interprétation). - Ces personnes qui venaient sur la

9 colline ou plutôt les gens qui venaient sur les lieux après la fin de la

10 bataille et qui essayaient d'arracher le bois des fenêtres étaient des

11 gens de la région, n'est-ce pas ?

12 M. Whitworth (interprétation). - Je le suppose, oui.

13 M. Hayman (interprétation). - Il s'agissait des mêmes personnes

14 qui avaient été victimes de tirs isolés, n'est-ce pas ? Avez-vous vu ces

15 gens sur la cassette de la BBC ?

16 M. le Président. - Vous êtes en train de faire des suggestions

17 et, à partir de vos propres suggestions, vous finissez par poser votre

18 question. Posez votre question sans faire de suggestions ni de

19 commentaires. Vous entraînez le témoin dans vos suggestions. Non, essayez

20 de poser vos questions directement.

21 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous vu dans quel état, dans

22 quelles conditions, étaient les gens qui sont descendus à Grbavica, le 8,

23 afin de piller les lieux, etc. ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Il semblait qu'ils venaient

25 piller et ramasser tout ce qu'ils pouvaient trouver. C'étaient des gens

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1 qui venaient de Nova Bila, de Novi Travnik.

2 M. Hayman (interprétation). - Zuti est-il venu avec un groupe

3 d'hommes afin de piller et de récupérer toutes sortes d'objets ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Je ne me souviens pas d'avoir

5 vu Zuti.

6 M. Hayman (interprétation). - Mais Zuti était de Nova Bila,

7 n'est-ce pas ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Oui, de Nova Bila,

9 Novi Travnik.

10 M. Hayman (interprétation). - Et comment ces gens sont-ils venus

11 de Nova Bila si vous n'avez pas vu Zuti ou ses hommes ?

12 M. Whitworth (interprétation). - Il y a beaucoup plus de

13 personnes à Nova Bila que Zuti. Je connaissais beaucoup de personnes à

14 Nova Bila qui ont participé à des évacuations et qui auraient pu

15 identifier un certain nombre d'objets, de camions. J'ai pu moi-même les

16 reconnaître.

17 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous évacué des gens de

18 Grbavica, le 7 ou le 8 ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Non.

20 M. Hayman (interprétation). - L'homme portant l'uniforme noir

21 sur la pièce 444... Peut-on soumettre cette pièce au témoin, s'il vous

22 plaît ?

23 M. Dubuisson - Pourrais-je vous demander d'être un peu plus

24 lent ? Cela apparaît d'ailleurs quand on lit le transcript.

25 M. Hayman (interprétation). - Pour ce qui est de la pièce 444, y

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1 a-t-il quoi que ce soit qui vous permette de penser que la personne qu'on

2 voit à l'extrême gauche faisait partie des Jokers, outre le fait qu'elle

3 porte un uniforme noir ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Non, j'ai dit hier qu'elle

5 était habillée dans l'uniforme des Jokeris mais mon chauffeur et mon

6 officier de communications, qui travaillaient avec moi tout le temps, ont

7 également reconnu l'insigne des Jokers. Cette photo a été prise pour

8 montrer le type de vêtements que portaient les Jokers. Je n'ai pas dit que

9 c'était un membre des Jokers, mais cet insigne, qui était également porté

10 par une ou deux personnes qui se trouvaient à Grbavica, a été identifié

11 comme étant l'insigne des Jokers. Et il y avait également un visage.

12 M. Hayman (interprétation). - Mais que voulez-vous dire par "le

13 visage" ? Vous avez identifié un certain nombre de visages ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Oui, j'ai identifié un ou deux

15 visages ; des gens que j'avais rencontrés au balcon au Chalet Suisse.

16 M. Hayman (interprétation). - Si vous vous êtes approché

17 suffisamment d'eux pour pouvoir reconnaître leur visage, avez-vous vu des

18 signes ou des insignes sur leur uniforme qui auraient pu les identifier

19 comme étant des Jokers ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Non, mais ils ne portaient que

21 très peu d'insignes pour la plupart. C'étaient surtout des unités d'élite

22 spécialisées qui portaient ce type d'insigne. Certains d'entre eux avaient

23 le signe de la police militaire, ce qui nous fait penser qu'ils faisaient

24 partie de la police militaire, mais on ne peut pas véritablement toujours

25 se fonder sur ce que portent des gens pour identifier l'appartenance à

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1 telle ou telle unité. Ce que j'ai dit hier, c'est que j'avais identifié

2 des soldats et des jeunes gens qui portaient les vêtements des Jokers.

3 Nous avons également identifié des personnes qui portaient ce type

4 d'insigne au cours de l'affrontement à Grbavica.

5 M. Hayman (interprétation). - Mais les visages ?

6 M. Whitworth (interprétation). - J'ai identifié le visage d'une

7 ou deux personnes qui portaient des uniformes noirs et la personne qui

8 était avec moi dans le véhicule m'a confirmé cela en disant : "J'ai vu ce

9 type avec son insigne sur l'épaule, avec ce chapeau de clown sur son

10 bras." Par conséquent, il m'a également confirmé le fait que les Jokers

11 semblaient être présents sur les lieux.

12 M. Hayman (interprétation). - Et quand cela s’est-il produit

13 après la bataille ou pendant la bataille ?

14 M. Whitworth (interprétation). - C'était à la fin de la

15 bataille, à la fin de la journée, lorsque ces soldats parcouraient la

16 zone.

17 M. Hayman (interprétation). - Je n'ai plus que quelques

18 questions.

19 Etes-vous retourné à l'hôtel Vitez ou bien êtes-vous retourné à

20 la base ?

21 M. Whitworth (interprétation). - Je me souviens simplement

22 d'être descendu lorsque la bataille faisait rage, mais je pense que j'y

23 suis retourné par la suite. J'y allais souvent, trois à quatre fois par

24 jour. Cela dépendait des circonstances.

25 M. Hayman (interprétation). - Et lorsque vous y alliez, que vous

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1 rencontriez Darko Gelic et que vous lui disiez que des maisons étaient en

2 flamme, que vous disait-il ? Qu'il n'y avait pas d'opération militaire ?

3 M. Whitworth (interprétation). - En fait, il niait

4 catégoriquement qu'il y ait la moindre opération militaire. Et lorsque je

5 demandais à parler à un officier ou bien au Colonel Blaskic, on me

6 répondait qu'il n'était pas disponible.

7 M. Hayman (interprétation). - Etait-ce à midi ou à 6 heures du

8 soir ? Quand avez-vous eu cette conversation ? Etait-ce à midi, vers

9 l'heure du déjeuner ?

10 M. Whitworth (interprétation). - C'est une conversation que j'ai

11 eue lorsque je suis allé à l'hôtel Vitez, à l'heure du déjeuner ou au

12 début de l'après-midi du 8. C'est à ce moment-là que vous m'avez fait

13 remarquer que je n'étais pas présent dans la zone de Grbavica.

14 M. Hayman (interprétation). - Et l'armée de Bosnie-Herzégovine

15 ne s'était pas encore retirée à cette heure-là ?

16 M. Whitworth (interprétation). - Si vous vous en souvenez, j'ai

17 dit qu'il y avait des petits échanges de coups de feu, que je n'avais pas

18 vu de soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine, que j'avais quitté les

19 lieux pour aller à l'hôtel Vitez et que j'étais revenu une ou deux heures

20 plus tard. A ce moment-là, tous les soldats du HVO traversaient la route

21 et parcouraient la zone.

22 M. Hayman (interprétation). - Une protestation a-t-elle été

23 exprimée à votre connaissance à l'hôtel Vitez, outre celle que vous avez

24 formulée à midi, le 8 ?

25 M. Whitworth (interprétation). - Eh bien non, il n'y avait aucun

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1 intérêt à faire cela puisque le combat était terminé. Le HVO avait réussi

2 à prendre le contrôle de Grbavica et la population musulmane s'était

3 retirée.

4 M. Hayman (interprétation). - La réponse est non ?

5 M. Whitworth (interprétation). - La réponse est non.

6 M. Hayman (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. J'en

7 ai terminé. Je vais simplement demander le versement... Je crois que la

8 pièce 444 est déjà versée pour l'accusation. Je souhaiterais donc ...

9 M. Dubuisson - ... 155 peut-être.

10 M. Hayman (interprétation). - Le transparent ?

11 M. Dubuisson - Egalement le transparent effectivement qui est le

12 D142.

13 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, je crois

14 que la pièce D142 est déjà versée au dossier mais je dois demander un

15 nouveau versement parce qu'il y a de nouvelles annotations.

16 Quelle est la pièce D155 dont vous venez de parler,

17 Monsieur le Greffier ?

18 M. Dubuisson - C'est le dessin réalisé par le témoin.

19 M. Hayman (interprétation). - Ah oui, le dessin. Oui, je demande

20 le versement de la pièce D155.

21 J'en ai terminé. Merci.

22 M. le Président. - Pas d'autres observations ?

23 Compte tenu du déroulement de cette audience, nous allons faire

24 une pause d'une vingtaine de minutes. Le Procureur posera ensuite les

25 questions complémentaires qu'il juge utile de poser et les juges poseront

Page 10425

1 leurs questions. L'audience est suspendue.

2 (L'audience, suspendue à 15 heures 45, est reprise à

3 16 heures 10.)

4 M. le Président. - L'audience est reprise. Introduisez l'accusé.

5 (L'accusé est introduit dans la salle.)

6 M. le Président. - Me Kehoe a bien sûr droit de réplique, pas

7 trop longue évidemment, dans le cadre du contre-interrogatoire. Nous

8 sommes d'accord ?

9 M. Kehoe (interprétation). - Bien sûr, Monsieur le Président.

10 Rebonjour, Capitaine. Je vais vous poser un certain nombre de

11 questions relatives aux questions déjà posées par le conseil de la défense

12 au cours du contre-interrogatoire. Je suis désolé si je passe d'un sujet à

13 l'autre.

14 Vous avez dit en réponse à une question posée par le conseil de

15 la défense que Blaskic était un commandant bien informé.

16 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

17 M. Kehoe (interprétation). - Je crois que le conseil a abordé

18 les questions de Vares et que le colonel Blaskic était au courant de ce

19 qui passait à Vares ?

20 M. Whitworth (interprétation). - C'est exact.

21 M. Kehoe (interprétation). - Qu'en est-il de Zepce ? Avez-vous

22 jamais reçu des informations sur la situation à Zepce au cours de votre

23 mission ? Auriez-vous reçu cette information de représentants du HVO ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement. A de

25 nombreuses reprises, j'ai reçu des informations de Darko Gelic, l'officier

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1 de liaison du colonel Blaskic, sur des informations ayant lieu à Kiseljak,

2 Vares et Zepce.

3 M. Kehoe (interprétation). - Capitaine, vous étiez dans les

4 forces armées depuis un certain temps : il est tout à fait normal qu'un

5 commandant tel que le colonel Blaskic soit bien informé et sache ce qui se

6 passe dans sa zone de responsabilité, n'est-ce pas ?

7 M. Whitworth (interprétation). - C'est tout à fait exact, oui,

8 c'est très important afin de pouvoir exercer les fonctions stratégiques.

9 M. Kehoe (interprétation). - Par conséquent, d'après ces

10 informations, Blaskic et son personnel étaient bien informés ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Très bien informés, oui.

12 M. Kehoe (interprétation). - Il avait également un certain

13 nombre de soldats qui étaient placés sous son commandement, n'est-ce pas ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Oui, il avait plusieurs

15 brigades dans la Vallée de la Lasva que nous connaissions et il disposait

16 également -en tout cas, c'était ce que nous supposions-... Nous pensions

17 qu'il prenait des décisions d'ordre stratégique dans des poches croates

18 telles que Vares et Zepce.

19 M. Kehoe (interprétation). - Je vous demanderais de regarder les

20 Juges lorsque vous répondez aux questions, s'il vous plaît, Monsieur.

21 Vous avez parlé de Zuti au cours de l'interrogatoire principal

22 et du contre-interrogatoire. Nous avons parlé de Darko Kraljevic et des

23 Vitezovis également ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Combien de Vitezovis y

25 avait-il ?

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1 M. Kehoe (interprétation). - J'ai estimé qu'ils étaient au

2 nombre de 20 ou 30, et les hommes de Zuti étaient en fait un gang de

3 soldats, un petit groupe de proches de Zuti.

4 M. Kehoe (interprétation). - Qu'en est-il des Jokeris ? Combien

5 y en avait-il ?

6 M. Whitworth (interprétation). - En tant que section de la

7 police militaire, la taille normale d'une unité de ce type serait de

8 30 soldats.

9 M. Kehoe (interprétation). - Si une de ces unités opérait à

10 l'encontre des ordres donnés par Blaskic, celui-ci avait-il suffisamment

11 de soldats pour les exclure, pour les réprimander ?

12 M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement. Il avait

13 suffisamment d'hommes à sa disposition, suffisamment d'armes pour les

14 arrêter dans la perpétration d'actes qui auraient été contraires à ses

15 ordres. Il avait une position suffisante et exerçait un pouvoir suffisant

16 pour pouvoir le faire si cela était nécessaire, pour faire respecter la

17 discipline.

18 M. Kehoe (interprétation). - Capitaine, au cours de votre

19 mission -je parle du premier événement-, le 11 juin, lorsque Blaskic a

20 demandé que les véhicules du HCR soient libérés, Kraljevic a-t-il

21 finalement obéi aux ordres donnés par M. Blaskic ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

23 M. Kehoe (interprétation). - Lorsque Gelic a demandé que les

24 camions du Convoi de la Joie soient libérés -vous étiez avec lui, n'est-ce

25 pas ?- et qu'il s'est entretenu avec les différents commandants du HVO à

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1 différents endroits, ces commandants du HVO ont-ils obéi aux ordres de

2 Blaskic ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Oui, Monsieur, ils ont obéi.

4 M. Kehoe (interprétation). - Au cours du contre-interrogatoire,

5 vous avez parlé du mépris de Mario Cerkez et de sa réticence à obéir aux

6 instructions de M. Blaskic. Vous souvenez-vous de ces questions ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

8 M. Kehoe (interprétation). - Je crois que vous avez souligné

9 notamment que lorsque vous avez essayé d'obtenir de l'aide au départ, vous

10 avez ressenti une certaine résistance de la part de Cerkez ?

11 M. Whitworth (interprétation). - C'est exact.

12 M. Kehoe (interprétation). - Lorsque la décision finale a été

13 prise, Cerkez a-t-il obéi à l'ordre de Blaskic ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Oui, il était réticent, mais il

15 a fini par obéir.

16 M. Kehoe (interprétation). - Passons à un autre sujet si vous le

17 voulez bien. Je fais référence aux photographies que vous avez prises.

18 L'une d'entre elles a été montrée à la fois par l'accusation et par la

19 défense. C'est une photo de Valenta, de Blaskic, de Kordic, d'Ostroman*,

20 Santic, Skopljak, toutes ces personnes étant emmenées au bâtiment des

21 Nations Unies à Kiseljak. Vous vous en souvenez ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

23 M. Kehoe (interprétation). - Je pense que vous avez dit que ceci

24 s'était produit au mois de juin. Je demande que l'on place de nouveau la

25 photographie sur le rétroprojecteur. Je pense qu'il s'agit de la pièce à

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1 conviction 80, mais je ne suis pas tout à fait sûr. C'est la pièce 80/8,

2 n'est-ce pas ?

3 M. Dubuisson. - Effectivement.

4 M. Kehoe (interprétation). - Vous -lorsque je dis vous, je parle

5 de la FORPRONU-, vous avez réussi à prendre en photo des personnalités

6 tout à fait importantes.

7 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

8 M. Kehoe (interprétation). - Il y avait deux compagnies de

9 Warrier qui protégeaient ces personnes ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Je pense effectivement qu'ils

11 étaient entre huit et dix. Chacune avait donc à peu près huit personnes à

12 l'intérieur et certains comportaient trois ou quatre représentants

13 croates, donc des personnalités croates importantes.

14 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit que vous les aviez

15 transportés jusqu'à la structure à Kiseljak et que vous les avez ramenés

16 quelques jours plus tard ?

17 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

18 M. Kehoe (interprétation). - Mais ils ne sont pas tous revenus ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

20 M. Kehoe (interprétation). - Et vous avez dit également que les

21 personnes que vous avez amenées à Kiseljak ont réussi, peu de temps après,

22 à rentrer dans la région de Vitez. Est-ce exact ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

24 M. Kehoe (interprétation). - Comment sont-elles rentrées ?

25 M. Whitworth (interprétation). - Je vais répéter ce que j'ai

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1 déjà dit. Nous pensions que cela s'est fait par des hélicoptères qui sont

2 arrivés jusqu'à cette région, et qu'ils ont également transporté de hauts

3 fonctionnaires tels que Dario Kordic et le colonel Blaskic. C'était, pour

4 nous, la seule explication étant donné que nous ne les avions pas vus.

5 M. Kehoe (interprétation). - Mais c'est un fait, Monsieur, que

6 les huit personnalités croates du HVO sont rentrées à Vitez sans la

7 protection de la FORPRONU ?

8 M. Whitworth (interprétation). - C'est exact.

9 M. Kehoe (interprétation). - Sur la base de ce fait, croyez-vous

10 que le colonel Blaskic pouvait, lui aussi, entreprendre un tel voyage

11 relativement facilement ?

12 M. Whitworth (interprétation). - Oui. Nous pensons qu'il

13 exerçait aussi son pouvoir de cette manière dans la région, en dehors de

14 la Vallée de la Lasva.

15 M. Kehoe (interprétation). - Je demande qu'on montre maintenant

16 la pièce à conviction 435.

17 M. Dubuisson. - Il s'agit d'une carte.

18 M. Kehoe (interprétation). - Capitaine, vous avez dit, lors de

19 votre interrogatoire, que ce qui était marqué en vert, c'était la région

20 générale où avaient été détenus ces soldats ?

21 M. Whitworth (interprétation). - Je pense que c'est exact.

22 M. Kehoe (interprétation). - Combien de Musulmans bosniaques ont

23 été expulsés ?

24 M. Whitworth (interprétation). - J'ai compté cinq ou six

25 familles. Je pense qu'il y avait environ vingt ou trente personnes, parmi

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1 lesquelles il y avait une dizaine d'enfants.

2 M. Kehoe (interprétation). - Vous saviez qu'il y avait ces gens-

3 là là-bas ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

5 M. Kehoe (interprétation). - Ils étaient à quelle distance par

6 rapport à l’hôtel Vitez ?

7 M. Whitworth (interprétation). - A environ 1 kilomètre et

8 400 mètres.

9 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce les gens de Blaskic qui les

10 tenaient ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Je ne vois pas ce que vous

12 voulez dire par "les gens de Blaskic".

13 M. Kehoe (interprétation). - C'étaient tous des gens de

14 Blaskic ?

15 M. Hayman (interprétation). - Excusez-moi, mais lors du contre-

16 interrogatoire, nous sommes entrés dans tous les détails de ces gens-là,

17 et s’il s'agissait des gens des milices, de la police militaire, etc. Il

18 ne faudrait pas que ces termes...

19 M. le Président. - Observation accordée. Il ne faudrait pas que

20 les termes portent précisément sur les spécifications de chacune de ces

21 troupes, de ces milices, de ces formations... Il faut donc que vous soyez

22 un peu plus précis, Maître Kehoe. Merci.

23 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur Withworth, s'agissait-il

24 de soldats qui appartenaient à la brigade du HVO de Vitez ?

25 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

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1 M. Kehoe (interprétation). - Les soldats de la brigade du HVO de

2 Vitez savaient-ils que ces gens-là étaient à 1,5 kilomètre de l'hôtel de

3 Vitez ?

4 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

5 M. Kehoe (interprétation). - Et deux unités séparées du HVO

6 savaient qu'il y avait ces gens-là, c'est exact ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

8 M. Kehoe (interprétation). - Au début, Darko Gelic vous a dit

9 que ces gens-là ne pouvaient pas quitter cette région.

10 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

11 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce à cause de cela que vous

12 considérez que le colonel Blaskic savait que ces personnes déplacées

13 étaient retenues sur les lignes de front ?

14 M. Whitworth (interprétation). - L'impression que j’avais,

15 c'était que Darko Gelic représentait son propre commandant et que son

16 commandant savait donc que ces personnes étaient retenues dans cette

17 région et que ceci s'était produit avec son accord.

18 M. Kehoe (interprétation). - Changeons de sujet encore une fois

19 et passons au meurtre de l'interprète Dobrila. Je demanderai qu'on montre

20 à nouveau la pièce à conviction qui était sur le chevalet, s’il vous

21 plaît, et je vais m'approcher de celui-ci. Pouvez-vous voir ceci,

22 Capitaine ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

24 M. Kehoe (interprétation). - Le conseil de la défense vous a

25 posé certaines questions. A la base de ces questions, pensez-vous qu'il

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1 voulait voir quelle était la position d'où les coups ont été tirés et si

2 ceci était Grbavica ?

3 M. Hayman (interprétation). - Excusez-moi, j'ai l'impression que

4 la question était peu claire. J'ai moi-même posé une question, et si on

5 fait référence à ma propre question, il faudrait que ceci soit tout à fait

6 clair pour le transcript. Si moi-même je me suis mal exprimé, il faut...

7 M. le Président. - Il faudrait éclaircir. Il faut que

8 l'interprète ait le temps de bien isoler la question de la réponse. Pour

9 moi-même, ce n'est pas très commode. Si vous voulez bien reformuler votre

10 question, Maître Kehoe.

11 M. Kehoe (interprétation). - Capitaine, à la suite des questions

12 posées par le Conseil de la défense, avez-vous ressenti qu'on essayait de

13 vous indiquer ou qu'on essayait de vous faire suggérer que la position de

14 tir d'où a été tuée Dobrilla se trouvait ici, à savoir la colline de

15 Grbavica qui donnait sur le camp du bataillon britannique ?

16 M. le Président. - Je ne suis pas d'accord là. Vous n'avez pas à

17 demander au témoin si on a pensé le faire suggérer. On se doute bien de ce

18 qu'a voulu faire Maître Hayman. Soyez plus léger, Maître Kehoe.

19 M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. On vous

20 a posé un certain nombre de questions au cours du contre-interrogatoire

21 sur la position de l'armée de Bosnie-Herzégovine en haut de la colline de

22 Grbavica, n'est-ce pas ?

23 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

24 M. Kehoe (interprétation). - Et au cours du contre-

25 interrogatoire et de l'interrogatoire principal, sur le fait que le HVO a

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1 mené une enquête suite à l'assassinat de Dobrila ?

2 M. Whitworth (interprétation). - C'est exact.

3 M. Kehoe (interprétation). - Ne sont-ils pas arrivés à la

4 conclusion selon laquelle la position de tir était en fait une tranchée du

5 HVO et que le tir ne provenait pas d'une position de l'armée de

6 Bosnie-Herzégovine ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Lorsque j'ai indiqué la

8 trajectoire de la balle qui a touché Dobrilla, ils ont fini par concéder

9 que cette balle devait effectivement venir de la partie du HVO.

10 M. Kehoe (interprétation). - Par conséquent, à partir de

11 l'enquête du HVO, la conclusion a été qu'elle ne venait pas de la position

12 de l'armée de Bosnie-Herzégovine en haut de la colline de Grbavica, n'est-

13 ce pas ?

14 M. Whitworth (interprétation). - C'est exact.

15 M. Kehoe (interprétation). - La position de tir dont vous venez

16 de parler était donc une zone de tranchées du HVO, n'est-ce pas ?

17 M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'était une des maisons

18 occupées par le HVO.

19 M. Kehoe (interprétation). - La conclusion a été la suivante :

20 le soldat de l'armée de Bosnie-Herzégovine a rampé dans cette tranchée ?

21 M. Whitworth (interprétation). - Non, en fait, ce n'était pas la

22 tranchée, c'était l'étage supérieur d'un des bâtiments occupés par les

23 soldats du HVO.

24 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi. C'était donc une

25 maison qui était contrôlée par le HVO. Mais alors, un soldat de l'armée de

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1 Bosnie-Herzégovine s'est introduit d'une façon ou d'une autre,

2 subrepticement, dans ce bâtiment et a tué Dobrilla de cet endroit ?

3 M. Whitworth (interprétation). - C'est exact. Il est passé par

4 derrière, a suivi les escaliers, a tiré par la fenêtre sur Dobrilla et a

5 ensuite repris le même chemin pour repartir et pour repasser sur le

6 territoire de l'armée de Bosnie-Herzégovine au cours de cet échange de

7 coups de feu provenant de petites armes.

8 M. Kehoe (interprétation). - Vous n'étiez pas d'accord avec ces

9 conclusions ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Si.

11 M. le Président. - Vous pourriez peut-être passer, Maître Kehoe.

12 Tout ceci a vraiment été traité de toutes les façons possibles. Le

13 Tribunal est donc en mesure de se faire une opinion. Poursuivez sur une

14 autre question, s'il vous plaît.

15 M. Kehoe (interprétation). - Je continue, Monsieur le Président.

16 Ce sera ma dernière question sur ce point.

17 Lors du meurtre de Boris, le chauffeur, le HVO a adopté la même

18 attitude, n'est-ce pas ? Ils ont nié ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

20 M. Kehoe (interprétation). - C'est Darko Gelic qui a nié toute

21 participation du HVO ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

23 M. Kehoe (interprétation). - La même personne dont vous avez

24 parlé au cours du contre-interrogatoire et qui disait qu'aucune opération

25 militaire n'avait lieu à Grbavica, opération militaire dont vous avez été

Page 10436

1 le témoin vous-même le 8, n'est-ce pas ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

3 M. Kehoe (interprétation). - Après avoir trouvé cette arme et

4 après avoir mené votre enquête, vous n'étiez pas d'accord avec la position

5 adoptée par le HVO sur cet incident ?

6 M. Whitworth (interprétation). - Oui, je pense qu'ils auraient

7 dû faire beaucoup plus d'efforts pour mener leur propre enquête.

8 M. Kehoe (interprétation). - Sur ces deux assassinats, vous

9 aviez des conclusions différentes que celles du HVO, et aucun soldat du

10 HVO n'a été sanctionné, n'est-ce pas ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

12 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous été surpris de voir

13 qu'aucun soldat du HVO n'a été puni pour ces massacres ?

14 M. Whitworth (interprétation). - Bien non, cela ne m'a pas

15 surpris étant donné le manque d'engagement de leur part afin de déterminer

16 la vérité.

17 M. Hayman (interprétation). - Je suis désolé, cela sort du cadre

18 du contre-interrogatoire. Je demanderai de poser des questions au témoin,

19 puisqu'il en a été vaguement parlé dans la question de l'accusation, parce

20 que ce témoin doit nous dire s'il a reçu ces informations indirectement ou

21 bien si on le pousse à faire un faux témoignage devant cette Cour. (??)

22 M. le Président. - Objection accordée, changez de question,

23 Maître Kehoe.

24 M. Kehoe (interprétation). - Parlons de Stari Vitez. Vous avez

25 dit au cours du contre-interrogatoire que des gens utilisaient des armes

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1 improvisées, n'est-ce pas ?

2 M. Whitworth (interprétation). - C'est exact.

3 M. Kehoe (interprétation). - Vous savez que parfois les femmes

4 défendaient leur propre maison.

5 M. Whitworth (interprétation). - Parfois, oui.

6 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez fait remarquer que

7 Sefjkija Tedic* vous a dit qu'il y avait une cache d'armes ou plutôt de

8 munitions à cet endroit, n'est-ce pas ?

9 M. Whitworth (interprétation). - Oui, il me l'a dit, oui.

10 M. Kehoe (interprétation). - Le CICR et le HCR fournissaient

11 régulièrement les Musulmans à Stari Vitez ou non ?

12 M. Whitworth (interprétation). - Oui, ils fournissaient des

13 médicaments et de la nourriture.

14 M. Kehoe (interprétation). - Et des munitions ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Comme nous, ils ont tenté

16 d'éliminer ce type de possibilité.

17 M. Kehoe (interprétation). - Comment le savez-vous ?

18 M. Whitworth (interprétation). - Nous avions nos propres

19 officiers de liaison pour le HCR qui vérifiaient les activités de

20 chargement et de déchargement et il y avait un officier de liaison qui

21 travaillait avec le CICR également et sa conduite était tout à fait

22 impeccable. Il s'assurait toujours que la moindre victime était soignée et

23 que les médicaments étaient toujours livrés dans de bonnes conditions.

24 M. Kehoe (interprétation). - Comment savez-vous que le HCR ne

25 convoyait pas des armes régulièrement en utilisant ses camions.

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1 M. Whitworth (interprétation). - Si je supervisais une

2 livraison, une des mesures que je prenais était de permettre aux Croates

3 de choisir un véhicule au hasard et qui pouvait aller jusqu'à Kruscica.

4 En fait, la personne qui faisait les paquets n'aurait pas pu

5 garantir la possibilité que ces armes ne finissent pas dans les mains du

6 HVO.

7 M. Kehoe (interprétation). - Peut-on dire, par conséquent, que

8 le choix des camions qui allaient à Stari Vitez était arbitraire ?

9 M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'était effectivement un

10 choix arbitraire. On choisissait un camion parmi d'autres.

11 M. Kehoe (interprétation). - Pardonnez-moi, j'ai parlé de

12 l'entrepôt du HVO et je voulais parler de l'entrepôt du HCR.

13 M. Whitworth (interprétation). - J'aimerais également faire

14 remarquer que tous ces approvisionnements venaient de Splitt, en

15 territoire croate, et passaient par de larges territoires du HVO. Nous

16 n'avons eu aucun problème de ce genre lorsque ces véhicules transitaient

17 par les zones musulmanes et le territoire de BIH, au sud de la Vallée de

18 la Lasva. Il était considéré inacceptable d'arrêter des convois du HCR et

19 tout le monde faisait des efforts en ce sens.

20 M. Hayman (interprétation). - Nous aimerions procéder à un

21 contre-interrogatoire. A sa connaissance...

22 (Les interprètes signalent qu'elles ne peuvent plus traduire)

23 M. le Président. - Oui, il faut quand même mettre un peu

24 d'ordre. Je vais en mettre puisque c'est mon rôle.

25 Premièrement, il n'y aura pas de contre contre-interrogatoire.

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1 Nous n'avons jamais procédé de cette façon.

2 Deuxièmement, avec mes collègues, j'ai dit que le contre-

3 interrogatoire devait être adapté à l'interrogatoire et que le droit de

4 réplique devait être adapté au contre-interrogatoire. Cette règle n'est

5 pas mathématique, je l'ai déjà dit à différentes reprises ; nous

6 l'appliquons avec une certaine souplesse.

7 Troisièmement, je demanderai au témoin de se contenter de

8 répondre aux questions. Il ne faut pas faire de commentaires, sinon cela

9 va dégénérer et je peux comprendre à ce moment-là que la défense

10 s'inquiète de savoir ce qui est porté à la connaissance des juges.

11 Enfin, dernier point : les interprètes ne peuvent plus

12 travailler dans ces conditions. Maître Kehoe, vous allez reprendre une

13 nouvelle question et vous restez dans le cadre du contre-interrogatoire,

14 sinon je vous fixerai une limite de temps au-delà de laquelle nous

15 arrêterons, comme nous l'avons fait hier soir. Allez-y.

16 M. Kehoe (interprétation). - J'en avais quasiment terminé,

17 Monsieur le Président.

18 A Stari Vitez, qui procédait à l'attaque ? Le HVO ou l'armée de

19 Bosnie-Herzégovine ?

20 M. Whitworth (interprétation). - Mon impression, Monsieur, était

21 que le HVO avait initié la majorité des échanges qui ont eu lieu. Les

22 circonstances de Stari Vitez étaient très dures et ils essayaient de

23 conserver leurs munitions et résistaient à toute tentation de gaspiller

24 leurs munitions pour tirer sur les positions croates. Ils n'essayaient en

25 aucune manière de procéder à des offensives contre eux et ce n'était qu'à

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1 l'avantage du HVO de procéder ainsi.

2 M. Kehoe (interprétation). - Dans le contre-interrogatoire, on

3 vous a demandé si Blaskic autorisait les civils à quitter Stari Vitez, et

4 vous avez dit que vous aviez transmis ce message à plusieurs reprises. Je

5 crois que c'était la réponse à une question du conseil de la défense. Est-

6 ce juste ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

8 M. Kehoe (interprétation). - A l'origine, personne ne pouvait

9 partir. C'est juste ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Oui, personne ne pouvait

11 partir.

12 M. Kehoe (interprétation). - Certaines personnes de Stari Vitez

13 ont-elles, en définitive, quitté Stari Vitez ? Des gens ont-ils fini par

14 quitter Stari Vitez, Capitaine ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Oui, nous avons été autorisés à

16 évacuer une douzaine de personnes qui étaient âgées, blessées, ou qui

17 avaient besoin d'un traitement médical qu'elles ne pouvaient pas obtenir

18 dans les limites de Stari Vitez.

19 M. Kehoe (interprétation). - Après cela, des civils sont-ils

20 restés à Stari Vitez ?

21 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

22 M. Kehoe (interprétation). - Après que ces personnes soient

23 parties ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

25 M. Kehoe (interprétation). - Ces personnes à Stari Vitez

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1 pouvaient-elles voir les incendies du village de Grbavica ?

2 M. Hayman (interprétation). - Grbavica ou Zenica ? Je vois très

3 bien ce que l'accusation essaie de faire et c'est tout à fait en dehors du

4 sujet.

5 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, me

6 permettez-vous de répondre ? La réponse est la suivante : le Conseil a

7 suggéré à la Cour que ces gens avaient toute liberté pour quitter cet

8 endroit, et ces gens ont conclu, en voyant ce qu'ils ont vu -s'ils étaient

9 partis-, que leur village pourrait être pillé et brûlé comme tous les

10 autres villages de la Vallée de la Lasva.

11 M. le Président. - Oui. La réponse est valable Maître Kehoe.

12 Poursuivez.

13 M. Kehoe (interprétation). - Peut-on voir Grbavica de

14 Stari Vitez ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

16 M. Kehoe (interprétation). - Donji Vecerska et Gacice étaient-

17 ils visibles aussi ?

18 M. Whitworth (interprétation). - Ils étaient suffisamment près

19 pour voir ce qui se passait lorsque des bâtiments étaient brûlés.

20 M. Kehoe (interprétation). - Les gens de Stari Vitez savaient-

21 ils ce qui s'était passé dans des villages tels qu'Ahmici ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

23 M. Kehoe (interprétation). - Pourquoi les civils ne sont-ils pas

24 partis ?

25 M. Whitworth (interprétation). - A leur avis, s'ils partaient,

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1 ils céderaient aux Croates toute la Vallée de la Lasva et leur foyer, et

2 ils n'auraient pas d'endroit pour abriter leur famille. Pour ce qui les

3 concernait, ils étaient prêts à défendre leur foyer indépendamment de ce

4 que cela leur coûterait. La situation était tout à fait simple pour eux.

5 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, je n'ai plus

6 d'autres questions.

7 M. le Président. - Monsieur le juge Riad...

8 M. Riad (interprétation). - Capitaine Whitworth, bonjour.

9 M. Whitworth (interprétation). - Bonjour, Monsieur le juge.

10 M. Riad (interprétation). - Je souhaiterais des précisions si

11 vous êtes en mesure de me les donner, sans entrer dans trop de détails

12 parce que j'ai entendu beaucoup de choses aujourd'hui. Je passerai en

13 revue une partie de votre témoignage.

14 Vous avez mentionné que le colonel Blaskic était bien informé,

15 connaissait bien la région et comprenait bien la situation. Ce sont

16 pratiquement vos paroles.

17 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

18 M. Riad (interprétation). - Vous êtes un militaire, vous

19 connaissez évidemment les choses mieux que moi qui ne suis pas militaire,

20 et ce qu'un commandant doit savoir. Vous êtes-vous fondé, pour penser

21 cela, sur vos connaissances militaires, ou bien aussi sur des indications

22 concrètes selon lesquelles il était bien informé et comprenait bien la

23 situation et la région ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Nous sommes parvenus à cette

25 conclusion à la fin de notre mission, après que les officiers de liaison

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1 et le colonel aient pu observer la situation tout au long de notre

2 mission. J'ai pu moi-même assister à des messages, qui ont été transmis au

3 colonel Alister* à l'hôtel Vitez, de la situation concernant les

4 équipements que nous ne connaissions pas, dont nous ne savions pas qu'ils

5 les possédaient, et notre impression générale était que c'était un

6 commandant efficace au niveau stratégique. Il était bien informé des

7 régions qui étaient censées être sous son commandement.

8 C'est une opinion que nous avons formée à la fin de notre

9 mission et nous disposions de plusieurs informations.

10 M. Riad (interprétation). - Sur le terrain et pas académiques ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

12 M. Riad (interprétation). - Vous venez de redire que le

13 commandant avait un contrôle efficace sur le terrain de ses soldats et de

14 la région, y compris de la police militaire, c'est bien cela ?

15 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

16 M. Riad (interprétation). - Vous avez exclu des conversations

17 avec le colonel Duncan(??) ou était-il considéré comme une marionnette et

18 ignoré par les personnes localement ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

20 M. Riad (interprétation). - Il n'était donc pas une marionnette,

21 Commandant ?

22 M. Whitworth (interprétation). - En ce qui nous concernait, non.

23 Si nous voulions que quelque chose soit fait, nous demandions au

24 colonel Blaskic, et cela pouvait prendre un certain temps pour que ses

25 ordres soient transmis mais, pour finir, cela se passait.

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1 M. Riad (interprétation). - Avoir un commandement efficace et un

2 contrôle du terrain. Excluez-vous le fait que certains incidents majeurs,

3 tels que l'incendie de village etc., puissent se produire en dépit de ses

4 ordres ou sans qu'il en soit au courant ?

5 M. Whitworth (interprétation). - Je dirais, Monsieur, que les

6 circonstances étaient très difficiles. Opérer un contrôle de commandement

7 en cas de bataille est toujours quelque chose de très difficile.

8 Je pourrais imaginer des circonstances où les soldats qui

9 seraient sous adrénaline en quelque sorte et en état d'excitation

10 particulier pourraient sortir du contrôle. Etant donné le nombre de

11 maisons qui ont effectivement été incendiées au cours d’attaques de ce

12 type, on pourrait penser cela et s'il s'agit d'un nombre restreint, je

13 suis prêt à accepter cela, mais le fait que nous parlions de la quasi-

14 totalité des bâtiments de Grbavica semble me suggérer qu'il s'agissait

15 d'une politique par opposition à quelque chose qui serait le fait de

16 l'inspiration du moment.

17 M. Riad (interprétation). - Vous venez de mentionner Grbavica.

18 Vous nous avez montré une vidéo où on voyait des maisons brûlées et où on

19 voyait les soldats se promener avec une hache de boucher à la main. Est-ce

20 juste ?

21 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

22 M. Riad (interprétation). - Et vous avez dit que vous aviez

23 trouvé quelqu'un décapité ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

25 M. Riad (interprétation). - Cette hache était-elle une arme

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1 utilisée dans cette zone au moment des opérations ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Monsieur, je ne voudrais pas

3 établir de connexion. Ma conclusion de cela, c'est que ce n'est pas une

4 arme. Il m’a paru, lorsque j'ai pris cette photo, qu'il s'agissait d'un

5 trophée qui avait été acquis dans une maison musulmane au cours du

6 pillage.

7 M. Riad (interprétation). - Y a-t-il eu enquête ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Non, Monsieur.

9 M. Riad (interprétation). - Pas du tout ?

10 M. Whitworth (interprétation). - Pas du tout.

11 M. Riad (interprétation). - Ni sur la destruction, ni sur

12 l'assassinat ?

13 M. Whitworth (interprétation). - Les corps trouvés ont été

14 identifiés comme portant des uniformes militaires. Il s'agissait donc de

15 soldats. Je n'ai pas assisté personnellement à l'incident où on a vu la

16 tête de l'homme décapité dans un sac, mais je ne sais pas d'où cela

17 provenait.

18 M. Riad (interprétation). - Vous avez également mentionné que le

19 colonel Blaskic était toujours présent dans la Vallée de la Lasva et qu'il

20 jouait un rôle actif. Quel était le trajet qu'il pouvait effectuer sans

21 l'assistance de la FORPRONU ?

22 M. Whitworth (interprétation). - Nous avons supposé qu'il était

23 actif parce qu'il était très difficile de le localiser et l’on ne cessait

24 de me dire qu'il n'était pas à l'hôtel Vitez ; mais je suis parfois tombé

25 sur lui dans la région de Nova Bila. Il avait de toute évidence un rôle

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1 actif dans cette région. L'officier de liaison me disait qu’il avait passé

2 pas mal de temps dans l’hôtel Vitez. Ses mouvements et ses déplacements

3 dans la Vallée de la Lasva étaient déplacés (suspendus ?) en raison des

4 mouvements sur le territoire concerné. (??)

5 M. Riad (interprétation). - Mais dans ses déplacements, lui

6 était-il possible de se rendre à des endroits tels qu'Ahmici et d'autres ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Oui, absolument. Ces endroits

8 se trouvent à quelques kilomètres, sur le territoire du HVO.

9 M. Riad (interprétation). - Vous avez parlé de tranchées et vous

10 avez déclaré qu'elles étaient bien situées pour empêcher l'Armiya ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Non, j'ai dit qu'elles étaient

12 bien planifiées par un officier professionnel. Plusieurs ex-membres de la

13 JNA dans le HVO étaient basé à l'hôtel. Le fait que ces tranchées étaient

14 bien positionnées... En ce qui concernait la défense, c'était donc bien

15 planifié, pas par un commandant de milice locale, mais par un

16 professionnel militaire.

17 M. Riad (interprétation). - Alors la question est de savoir qui

18 et comment ont été construites ces tranchées. Par des civils ou des

19 militaires ? Est-ce que cela relevait de la JNA ou des commandants ?

20 M. Whitworth (interprétation). - C'est la milice locale qui

21 aurait creusé et aucun civil n'a été vu creuser ces tranchées. Les

22 tranchées, en général, apparaissaient le jour suivant. Elles étaient

23 creusées pendant la nuit. Il n'y avait pas de prisonniers qui creusaient

24 ces tranchées.

25 M. Riad (interprétation). - Vous avez parlé d'Anto Valenta comme

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1 étant une personnalité politique influente et comme étant celui qui

2 décidait de la politique dans la Vallée de la Lasva. Et le colonel Blaskic

3 était la personnalité militaire la plus importante. Nous savons ce que le

4 politicien est censé faire et ce que fait le commandant militaire.

5 Estimez-vous que le commandant militaire exécutait les ordres, était

6 l'exécuteur de la politique ?

7 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

8 M. Riad (interprétation). - Mais en mettant en oeuvre cette

9 politique, aurait-il pu le faire en évitant la destruction, les

10 incendies... tout ce que vous avez mentionné ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Oui. Il n'y a pas de raison

12 pour la destruction systématique de la région. La région était vidée des

13 troupes.

14 M. Riad (interprétation). - Vous avez mentionné qu'à

15 Stari Vitez, le HVO avait décidé qu'il ferait exploser les munitions en

16 cas d'invasion par le BIH. Dans quelle mesure cela pouvait-il mettre en

17 danger les populations civiles ?

18 M. Whitworth (interprétation). - Cette fabrique de munitions se

19 trouvait à l'extérieur, à 1 kilomètre à l'extérieur du centre de Vitez.

20 Notre évaluation des dommages était que les dommages pourraient être dus

21 aux explosifs et qu'il y aurait beaucoup de dommages dus aux éclats

22 d'obus, des morceaux de bâtiments qui créeraient un grand cratère, mais le

23 dommage essentiel serait créé par les débris qui voleraient en éclats dans

24 la région.

25 M. Riad (interprétation). - Merci.

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1 M. le Président. - Monsieur le Juge Shahabuddeen...

2 M. Shahabuddeen (interprétation). - Capitaine, je m'excuse par

3 avance si je vous semble évoquer des questions que vous avez déjà

4 abordées. Dans ce cas, j'en serai responsable et je n'aurai pas porté

5 suffisamment d'attention à votre témoignage.

6 Je voudrais parler de l'hôpital à Nova Bila. Il y avait bien un

7 hôpital là-bas, n'est-ce pas ?

8 M. Whitworth (interprétation). - Oui, tout à fait.

9 M. Shahabuddeen (interprétation). - Les patients qui se

10 trouvaient dans cet hôpital étaient-ils exclusivement croates ou

11 exclusivement musulmans, ou était-ce une population mixte ?

12 M. Whitworth (interprétation). - En fait, il ne s'agissait pas

13 véritablement d'un hôpital, c'était une église catholique qui avait été

14 transformée en hôpital. C'était le seul bâtiment médical que les Croates

15 et le HVO avaient dans la poche croate. Les conditions étaient donc assez

16 difficiles à cet égard. D'après ce que j'ai pu observer, les seules

17 personnes qui s'y trouvaient étaient des Croates bien qu'une fois, j'aie

18 vu des nomades musulmans qui résidaient dans le centre-ville de Vitez et

19 qui ont été blessés au cours d'un pilonnage. Or, ces personnes ont été

20 hospitalisées dans cet hôpital. C'est seulement à ce moment-là que j'ai pu

21 observer la présence de Musulmans, en fait, des Tziganes de la région.

22 M. Shahabuddeen (interprétation). - Le Colonel Blaskic a-t-il

23 émis un certain nombre d'instructions relatives à l'évacuation ?

24 M. Whitworth (interprétation). - A quel égard ?

25 M. Shahabuddeen (interprétation). - Des patients qui se

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1 trouvaient à l'hôpital ?

2 M. Whitworth (interprétation). - Il a effectivement formulé le

3 souhait de voir ces personnes évacuées de l'hôpital parce que cet hôpital

4 ne pouvait plus accueillir tant de patients et les structures ne

5 permettaient plus de soigner tant de personnes.

6 Par exemple, au cours de la chute de Travnik, il y a eu une

7 arrivée massive de victimes qui avaient surtout des blessures de balles ou

8 bien des éclats d'obus. Il fallait par conséquent que nous organisions une

9 évacuation. C'est en tout cas la requête qui a été formulée à notre égard.

10 M. Shahabuddeen (interprétation). - Est-ce que je vous comprends

11 bien ? Les instructions ne faisaient aucune distinction entre Musulmans et

12 Croates ?

13 M. Whitworth (interprétation). - Aucune distinction de ce type

14 n'a été faite, non, mais les personnes qui se trouvaient à l'hôpital

15 étaient des Croates.

16 M. Shahabuddeen (interprétation). - Parlez-moi de

17 M. Anto Valenta et de M. Santic. De votre témoignage, je conclus que

18 M. Valenta favorisait l'option de la séparation, alors que M. Santic était

19 prêt à accepter un certain degré d'intégration. Vous ai-je bien compris ?

20 M. Whitworth (interprétation). - C'est effectivement

21 l'impression que m'ont fait ces deux hommes.

22 M. Shahabuddeen (interprétation). - Eh bien, suite aux

23 observations que vous avez faites des événements sur le terrain, à votre

24 avis, quelle politique a été adoptée ?

25 M. Whitworth (interprétation). - La politique d'Anto Valenta.

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1 M. Shahabuddeen (interprétation). - Par conséquent, ceci

2 aurait-il été apparent également à tout observateur objectif ?

3 M. Whitworth (interprétation). - Je pense qu'après une mission

4 de six mois, lorsqu'on étudiait tout ce qui s'était passé, tous les

5 incidents qui avaient eu lieu, oui.

6 M. Shahabuddeen (interprétation). - Peut-on dire, d'après toutes

7 les informations que vous avez rassemblées, que ceci éventuellement

8 risquait de ne pas être véritablement clair pour le colonel Blaskic ?

9 M. Whitworth (interprétation). - C'est un soldat professionnel.

10 Comme je l'ai dit, il comprenait bien la situation qui prévalait sur sa

11 zone de responsabilité. Par conséquent, je ne vois pas pourquoi il ne se

12 serait pas rendu compte de ce qui se passait.

13 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je voudrais vous parler

14 maintenant de Vitez et de Stari Vitez. L'impression qui se dégage en tout

15 cas pour moi de votre témoignage est la suivante : vraisemblablement, les

16 attaques qui se déroulaient surtout sur Vitez par rapport à Stari Vitez,

17 la plupart des tirs provenaient de Vitez et étaient dirigés vers

18 Stari Vitez. C'est bien de cela que je veux parler.

19 M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est exact. Je ne peux

20 pas dire que je suis resté trop souvent dans ce no man's land pour évaluer

21 cette quantité de tirs.

22 M. Shahabuddeen (interprétation). - Oui, je comprends, bien sûr,

23 mais avez-vous acquis l'impression que l'éventualité de tuer des civils à

24 Stari Vitez à quelque moment que ce soit avait un effet limitatif sur

25 l'utilisation des forces militaires qui se trouvaient à Vitez et qui

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1 auraient pu viser Stari Vitez ?

2 M. Whitworth (interprétation). - C'est....

3 M. Shahabuddeen (interprétation). - C'est une question

4 difficile, Capitaine ?

5 M. Whitworth (interprétation). - J'essaie de me rappeler des

6 circonstances.

7 M. Shahabuddeen (interprétation). - Des civils ont-ils été tués

8 à Stari Vitez ?

9 M. Whitworth (interprétation). - Pour être complètement

10 honnête, Monsieur le Juge, je crois qu'aucune considération n'a été donnée

11 à la situation des civils à Stari Vitez et que le nombre de victimes...

12 Enfin, il n'y avait que des civils, en tout cas, pour moi. Il y avait un

13 grand nombre de femmes et d'enfants qui avaient été blessés par

14 l'utilisation de "bébés", ces extincteurs.

15 M. Shahabuddeen (interprétation). - Mais c'était une petite

16 zone, n'est-ce pas, relativement limitée ?

17 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

18 M. Shahabuddeen (interprétation). - Parlons maintenant de cette

19 usine de munitions à laquelle vous avez fait référence. D'après votre

20 témoignage, j'en ai déduit que le colonel Blaskic a tenté de vous informer

21 de l'éventualité d'une explosion de cette usine.

22 M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement, il nous a

23 prévenu à cet effet, oui. Il nous a dit qu'il nous préviendrait deux

24 heures à l'avance si cela était le cas.

25 M. Shahabuddeen (interprétation). - Il vous a dit ceci : "Si

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1 cette usine sautait, est-ce que cela mettrait en danger la base du

2 bataillon britannique ?"

3 M. Whitworth (interprétation). - Oui, je pense qu'il y aurait

4 eu un certain nombre de dégâts très graves.

5 M. Shahabuddeen (interprétation). - Pouvez-vous nous dire si une

6 même notification a été donnée de la part du HVO dans le cadre de tout

7 autre explosion qui aurait pu entraîner des dégâts dans la région, dans la

8 région où vous vous trouviez ?

9 M. Whitworth (interprétation). - Non, et je parle notamment de

10 l'attaque de Grbavica, lorsqu'il y a eu des obus, des projectiles qui sont

11 tombés dans la zone du camp avant même que les mortiers ne commencent à

12 viser leur cible.

13 Par conséquent, il n'y a pas eu notification si je puis dire de

14 ces attaques.

15 M. Shahabuddeen (interprétation). - Un dernier domaine de

16 question, je parle notamment des hommes, des soldats du HVO qui se

17 trouvaient regroupés en différents groupes dans différents endroits de la

18 Bosnie centrale. C'est bien exact ?

19 M. Whitworth (interprétation). - Oui.

20 M. Shahabuddeen (interprétation). - En tant que militaire et

21 d'après vos observations, pourriez-vous dire à cette Cour si vous avez

22 pensé à ce moment-là que ces différents groupes de soldats du HVO

23 agissaient de concert, agissaient en coordination, en coopération, ou bien

24 s'ils agissaient de façon indépendante ?

25 M. Whitworth (interprétation). - Nous avons eu l'impression

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1 qu'il leur était assigné des tâches particulières comme à toutes les

2 unités militaires, mais que la direction provenait en fait des personnes

3 qui prenaient les décisions politiques. Ceci semblait être le schéma suivi

4 dans ce cas de figure.

5 Dans les zones de conflit comme celles-là, il semble qu'il y ait

6 une ligne de politique générale qui sous-tend toutes les actions sur le

7 terrain.

8 M. Shahabuddeen (interprétation). - Vous diriez donc que ces

9 différentes poches de soldats du HVO étaient en contact les uns avec les

10 autres d'une façon ou d'une autre ?

11 M. Whitworth (interprétation). - Oui, Monsieur le Juge.

12 M. Shahabuddeen (interprétation). - Merci.

13 M. le Président. - Je n'ai qu'une question à vous poser,

14 Capitaine, avant d'en avoir terminé avec ce long témoignage. C'est une

15 question de mes collègues qui m'a fait penser...

16 La politique de séparation d'Anto Valenta, politique aussi

17 d'exploitation du plan Vance-Owen à son propre bénéfice, a donc été

18 prééminente. Ma question est celle-ci : au moment où on décide de mettre

19 en oeuvre une telle politique, à votre avis, selon vous qui êtes un

20 militaire, le chef militaire, le chef de la zone opérationnelle, quand il

21 est choisi, est-il choisi en fonction de ses options politiques et en

22 fonction du choix qu'il fait de cette politique ? Entendez-vous bien ma

23 question ?

24 M. Whitworth (interprétation). - Oui, tout à fait Monsieur le

25 Président. Et en essayant de répondre à votre question, au vu des

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1 circonstances que je connais, oui, vous choisiriez généralement la

2 personne dont vous savez qu'elle est la mieux préparée à le faire.

3 M. le Président. - Merci.

4 Capitaine, le Tribunal vous remercie beaucoup. Vous avez fait

5 preuve d'une très grande patience ; vous avez essayé de répondre avec

6 clarté, honnêteté, bonne foi et objectivité, comme cela doit être le cas

7 d'un témoin, même si c'est le témoin d'une des parties. Nous vous en

8 sommes reconnaissants.

9 Vous pouvez maintenant rejoindre vos activités civiles, si j'ai

10 bien compris. Monsieur le greffier, vous pouvez donc faire raccompagner le

11 témoin. Merci Capitaine.

12 (Le témoin quitte la salle d'audience)

13 M. le Président. - Maître Harmon, que vous proposez-nous ? J'ai

14 le sentiment que vous n'avez pas d'autre témoin...

15 M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. Nous

16 n'avons plus de témoin pour aujourd'hui.

17 M. le Président. - Ce sera tout bénéfice pour les interprètes et

18 nous en sommes très satisfaits pour eux et elles, parce qu'ils ont un peu

19 peiné aujourd'hui et nous leur devons quelques excuses. Tant mieux donc si

20 cela se termine un peu plus tôt. Nous reprendrons demain matin à 10

21 heures. L'audience est levée.

22 L'audience est levée à 17 heures 00.

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