Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL Affaire IT-95-14-T

2 POUR L’EX-YOUGOSLAVIE

3

4 LE PROCUREUR

5 c/

6 Tihomir BLASKIC

7 Mercredi 28 octobre 1998

8

9 L’audience est ouverte à 16 heures 00.

10 M. le Président. - Vous pouvez vous asseoir. Monsieur le

11 Greffier, faites entrer l'accusé.

12 (L'accusé, M. Blaskic, est introduit dans le prétoire.)

13 M. le Président. - Excusez-moi pour mon retard. Cela m'est

14 imputable pour d'autres raisons tenant à une journée particulièrement

15 chargée. Nous allons reprendre par le nouveau témoin. C'est Maître Hayman.

16 Nous allons introduire le nouveau témoin Monsieur le greffier.

17 (Le témoin est introduit dans la salle d'audience.)

18 M. le Président. - Est-ce que vous m'entendez.

19 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

20 M. le Président. - Vous pouvez donner votre nom, votre prénom,

21 votre situation actuelle professionnelle, votre domicile. Après quoi vous

22 resterez debout quelques instants le

23 temps de prêter serment.

24 D'abord votre nom et votre prénom, s'il vous plaît.

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je m'appelle

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1 Mathew Dundas-Whatley.

2 M. le Président. - Mathew Dundas-Whatley, je reprends. Quelle

3 sont votre profession et votre domicile actuels, Monsieur Whatley.

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je suis actuellement en

5 Bosnie. C'est là que je travaille.

6 M. le Président. - Monsieur l'huissier va vous tendre votre

7 déclaration solennelle, votre serment. Vous allez la lire en restant

8 debout pour l'instant. Allez-y, vous pouvez y aller.

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je déclare solennellement

10 que je dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

11 M. le Président. - Merci Monsieur Dundas-Whatley. Asseyez-vous.

12 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Merci.

13 M. le Président. - Vous avez été cité à comparaître,

14 Monsieur Dundas-Whatley par la défense du colonel Blaskic, dans le procès

15 qui lui est intenté, par le bureau du Procureur. Vous êtes devant le

16 Tribunal Pénal International. Parlez donc librement, vous êtes sous

17 serment.

18 Vous allez répondre d'abord aux questions de ceux de la partie

19 qui vous a fait venir, c’est-à-dire de la défense. Ensuite, vous serez

20 interrogé par le bureau du Procureur et puis les Juges vous poseront des

21 questions.

22 Maître Hayman, nous n'avons pas le petit récapitulatif, mais

23 nous le ferons au prochain témoin mais comme nous avons pris beaucoup de

24 temps, vous n'avez qu'à commencer tout de suite. Monsieur le greffier...

25 D'accord, je l'ai, merci.

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1 M. Hayman (interprétation). - Merci, Monsieur le Président,

2 bonjour Messieurs les Juges.

3 Monsieur Whatley, vous êtes un ancien officier de l'armée

4 britannique n'est-ce pas ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact.

6 M. Hayman (interprétation). - Pourriez vous décrire rapidement

7 quelle a été votre carrière militaire à ce Tribunal ?.

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - J'ai passé 8 ans dans

9 l'armée britannique, environ en commençant en 1985, lorsque j'ai participé

10 à un cours de trois jours de sélection des officiers. Par la suite, j'ai

11 intégré l'Académie militaire royale de Sandhurst et j'ai suivi une

12 formation pendant un an pour devenir officier de l'armée britannique.

13 Au terme de cette formation, j'ai rejoint un régiment. Pendant

14 les six années qui ont suivi, j'ai participé à des missions dans plusieurs

15 endroits du monde et j'ai terminé avec le grade de capitaine.

16 Pour finir, mon dernier poste dans l'armée britannique a été en

17 Bosnie. Pendant les huit ans de service, j'ai participé à différents cours

18 et à différentes formations au Royaume-Uni.

19 M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous avez parlé du

20 régiment , parlez-vous du régiment du Cheshire ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact.

22 M. Hayman (interprétation). - Quel était votre poste dans ce

23 régiment, au moment où le régiment a été envoyé en Bosnie-Herzégovine ?

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). - J'ai été choisi par

25 Bob Stewart, mon commandant, pour devenir officier de liaison.

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1 M. Hayman (interprétation). - Je ménagerai une certaine pause

2 après mes questions et je voudrais que vous fassiez la même chose après

3 vos réponses, afin que les interprètes puissent faire leur travail.

4 Avant de devenir officier de liaison, suite à la demande de

5 Bob Stewart, au cours de la mission du régiment en Bosnie, quel était

6 votre poste dans ce même régiment ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Au cours des deux années

8 qui ont précédé le déploiement en Bosnie, j'avais été officier chargé de

9 la formation, des opérations et j'étais également l'adjoint du commandant

10 d'une compagnie.

11 M. Hayman (interprétation). - Après votre mission en Bosnie,

12 avez-vous quitté l'armée britannique ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

14 M. Hayman (interprétation). - Dans quelles circonstances avez-

15 vous quitté l'armée ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - L'armée a diminué ses

17 effectifs de façon assez significative et c'est à ce moment-là que j'ai

18 quitté l'armée.

19 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous reçu des médailles ou

20 des décorations pour vos services rendus en Bosnie-Herzégovine ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, effectivement, j'ai

22 reçu la médaille des Nations unies pour la Bosnie et j'ai également reçu

23 une décoration du gouvernement britannique.

24 M. Hayman (interprétation). - Aviez-vous reçu d'autres médailles

25 auparavant ?

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1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, effectivement, j'ai

2 reçu la médaille britannique pour mes services rendus en Irlande du nord.

3 M. Hayman (interprétation). - Après avoir quitté l'armée

4 britannique, en 1993 à peu près, dans quel domaine avez-vous travaillé ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je suis retourné en ex-

6 Yougoslavie en tant que participant à des organisations humanitaires, j'ai

7 travaillé dans le cadre d'une ONG britannique à Belgrade, une organisation

8 appelée OXFAM.

9 M. Hayman (interprétation). - Que voulez-vous dire par "ONG" ?

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je parle d'une

11 organisation non gouvernementale chargée d'oeuvres caritatives. Je suis

12 donc revenu en Grande-Bretagne pendant six mois, et puis je suis reparti

13 en Bosnie pour une autre organisation non gouvernementale qui s'appelle

14 Feed the children, "Nourrissons les enfants".

15 Ensuite, j'ai travaillé en tant que consultant auprès d'une

16 autre organisation non gouvernementale britannique qui avait pour but

17 d'aider des personnes âgées se trouvant à Mostar. Après cela, à la mi-95,

18 j'ai monté moi-même ma propre entreprise.

19 M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous avez quitté Feed the

20 Children, ou "Nourrissons les enfants", quel était votre poste ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - A ce moment-là, j'étais

22 devenu coordinateur pour la Bosnie. Cela veut dire que je dirigeais toutes

23 les actions de cette organisation en Bosnie-Herzégovine.

24 M. Hayman (interprétation). - Passons maintenant à votre mission

25 en Bosnie-Herzégovine dans le cadre du régiment du Cheshire. Le régiment

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1 a-t-il reçu une formation spécifique avant d'être déployé en Bosnie-

2 Herzégovine ?

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, je crois que cette

4 formation a duré environ deux mois. Elle a eu lieu en Allemagne, parce que

5 c'est là qu'était cantonné le régiment à l'époque. Mais quant à moi, je

6 crois que je n'ai eu qu'une formation de deux semaines.

7 M. Hayman (interprétation). - Pour quelle raison ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Parce que je faisais

9 partie de l'unité avancée, en fait de l'unité pré-avancée, pré-déployée en

10 Bosnie-Herzégovine, le 16 octobre 1992.

11 M. Hayman (interprétation). - Vous avez sur votre droite, sur le

12 chevalet, une grande carte. Non, excusez-moi, utilisons cette carte, la

13 pièce 29, je crois que vous trouverez également un pointeur devant vous.

14 Ma question est la suivante : comment les officiers de liaison

15 du régiment du Cheshire - comme nous le savons, ce régiment était

16 principalement basé à Vitez mais il y avait également des détachements à

17 Tuzla et à Gornji Vakuf - pourriez-vous donc nous dire, en utilisant la

18 carte si cela vous est utile, comment le régiment du Cheshire a réparti

19 les différentes responsabilités entre les différents officiers de liaison

20 du régiment ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, excusez-moi, je suis

22 juste en train de me demander comment opérer...

23 M. Hayman (interprétation). - Il y a un micro qui peut

24 éventuellement être placé près de vous et qui vous permettra de vous

25 rapprocher de la carte. Peut-être qu'il vous faudra vous lever afin

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1 d'indiquer certains points sur la carte. Peut-être, tout d'abord,

2 pourriez-vous vous adresser directement aux Juges et ensuite utiliser la

3 carte.

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, effectivement. Pour

5 commencer, je pense qu'il faudrait que j'explique le concept utilisé lors

6 de la création des officiers de liaison et pour quelle raison ce poste a

7 été créé. Le colonel Stewart a décidé qu'il était très important, afin que

8 la mission soit couronnée de succès en Bosnie, très important qu'il

9 comprenne très bien la situation et qu'il ait de bons contacts avec les

10 dirigeants militaires, parce que la principale mission qui nous avait été

11 assignée par les Nations Unies avait trait au transport de nourriture et à

12 l'escorte de convois en Bosnie.

13 Par conséquent, il a mobilisé cinq capitaines, moi y compris, et

14 nous a donné pour tâche de nous maintenir en contact permanent avec ces

15 différentes personnes. Simultanément, bien entendu, il devait déployer le

16 bataillon dans toute la Bosnie. Il l'a fait en plaçant une compagnie à

17 Gornji Vakuf, une autre à Tuzla et une autre à Vitez, et a assigné à

18 chacune de ces compagnies un ou deux officiers de liaison. Nous étions

19 deux à être stationnés à Vitez, moi et une autre personne.

20 Puis-je maintenant, s'il vous plaît, indiquer ces différents

21 endroits sur la carte ?

22 (Le témoin montre un endroit sur la carte.)

23 Je ne sais pas si cela fonctionne. Merci.

24 Voici la ville de Gornji Vakuf, ici. C'est là que nous avons

25 stationné un officier de liaison. Ici, vous trouvez la ville de Vitez où

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1 je me trouvais avec un autre capitaine, et Tuzla ne se trouve pas sur la

2 carte, mais se trouve ici, au-dessus de la carte. Là, il y avait deux

3 autres capitaines.

4 M. Hayman (interprétation). - La pièce 183/1 pourrait-elle être

5 placée sur le rétroprojecteur, s'il vous plaît ? Veuillez vous asseoir.

6 Pourrions-nous agrandir l'image afin que la carte soit plus

7 visible ? Merci au personnel technique. A l'aide de cette carte, si cela

8 est utile, pourriez-vous nous montrer sur le rétroprojecteur -ainsi, vos

9 indications apparaîtront sur tous les écrans-, pourriez-vous nous montrer

10 donc quelle était votre zone de responsabilité au départ en tant de

11 qu'officier de liaison ?

12 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Les deux officiers de

13 liaison qui étaient basés ici, à Vitez -moi et un autre capitaine- avaient

14 pour zone de responsabilité cette zone verte et jaune, ne s'étendait pas

15 jusqu'à la zone violette. Ma première zone de responsabilité était ici, la

16 zone Maglaj et (Finka ?), en tout cas comme nous l'appelions à l'époque.

17 En fait, c'était donc la zone de Maglaj parce qu'elle incluait Maglaj et

18 ma zone d'origine s'étendait jusqu'à Zenica.

19 M. Hayman (interprétation). - Donc, en fait, c'était la zone

20 allant de Maglaj jusqu'à Zenica, n'est-ce pas ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je peux vous donner un

22 certain nombre de villes, si vous voulez, qui étaient dans ma zone de

23 responsabilité d'origine.

24 M. Hayman (interprétation). - Allez-y.

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il y avait Zepce,

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1 Zavidovici, Tesanj, Zenica et Maglaj.

2 M. Hayman (interprétation). - Au cours de votre mission, avez-

3 vous eu la possibilité de couvrir d'autres zones du fait de l'absence

4 d'officiers de liaison de Vitez ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, dès le départ, nous

6 étions organisés de la façon suivante. Les autres capitaines et moi-même

7 devions assurer les responsabilités des uns et des autres si la personne

8 était absente. Lorsqu'un des capitaines partait en permission, c'était à

9 moi d'assumer ses responsabilité, et vice versa. Donc l'autre personne

10 avait une très bonne connaissance de ma zone de responsabilité et moi de

11 la sienne.

12 M. Hayman (interprétation). - Est-il parti en permission au

13 moment où vous étiez en mission en Bosnie et avez-vous dû assumer ses

14 responsabilités ?

15 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, effectivement. Il est

16 parti deux semaines en décembre 1992. Par conséquent, j'ai assumé ses

17 responsabilités à ce moment-là, et ensuite il est retourné au Royaume-Uni

18 au cours de la première semaine du mois de mars 1993, et là encore je me

19 suis installé de façon permanente dans sa zone de responsabilité, et ce

20 jusqu'au 16 mai 1993, lorsque je suis parti.

21 M. Hayman (interprétation). - Et à partir de mars 1993, quelle a

22 été votre zone de responsabilité ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je vais vous la montrer

24 sur la carte. Elle incluait les villes de Travnik, Novi Travnik, Vitez,

25 Busovaca et j'avais également la responsabilité de Zenica.

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1 M. Hayman (interprétation). - Vous en avez parlé très

2 brièvement, mais pourrait-on y revenir ? Pouvez-vous nous parler des

3 tâches principales des officiers de liaison du Régiment du Cheshire ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - La responsabilité

5 principale des officiels de liaison telle que définie par le colonel

6 Bob Stewart était que nous devions maintenir un contact constant avec les

7 dirigeants militaires. Nous devions être la courroie de transmission par

8 laquelle

9 les informations devaient être transmises à la Forpronu, informations

10 émanant des factions locales et inversement, et nous devions établir un

11 lien très étroit avec ces commandants, parfois même avec les dirigeants

12 civils, maintenir donc une relation très proche et, dans notre cas,

13 c'était surtout avec l'armée de Bosnie-Herzégovine et avec le HVO, mais

14 parfois il s'agissait également des Serbes.

15 Nous avions des tâches secondaires, mais je dois dire que celles

16 que je viens de mentionner étaient véritablement notre priorité. Nous

17 avions donc des tâches secondaires qui étaient constituées par le

18 rassemblement d'informations. Nous devions rassembler un certain nombre

19 d'informations sur les activités qui avaient lieu sur le terrain, sur les

20 structures des factions en présence à l'époque.

21 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé de différentes

22 tâches. L'une ou l'autre de ces tâches était-elle en contradiction ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non, ce n'était pas ce qui

24 était le plus difficile. Mais il faut souligner surtout, je crois,

25 qu'essayer de maintenir la confiance et notre intégrité lorsque nous

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1 avions affaire avec les commandants locaux exigeait assez naturellement

2 que nous ne soyons pas considérés comme des espions. Par conséquent, toute

3 information, qui parfois était relativement importante, que nous recevions

4 d'une partie, nous ne devions pas la transmettre à l'autre partie. Nous la

5 faisions monter par la chaîne de communication des Nations Unies. Et puis,

6 également, nous ne posions pas des centaines et des centaines de questions

7 à ces différents commandants militaires sur leurs structures de

8 commandement par exemple.

9 M. Hayman (interprétation). - Quelle était la fréquence de vos

10 contacts avec les parties belligérantes, avec l'armée de Bosnie-

11 Herzégovine et le HVO au cours de votre mission ?

12 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Dès mon arrivée, et

13 jusqu'à mon départ d'ailleurs, ceci a été ma seule mission. J'étais sur le

14 terrain six jours par semaine, peut-être pendant douze heures, quinze

15 heures par jour. J'étais en contact à ce moment-là avec des dirigeants

16 militaires.

17 M. Hayman (interprétation). - Les officiers de liaison du

18 régiment, avaient-ils plus de contacts avec les commandants des parties

19 belligérantes que d'autres personnes du régiment ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, bien entendu,

21 largement. Les officiers de liaison et les commandants étaient sans doute

22 les seules personnes à détenir, ou plutôt à avoir participé à des réunions

23 importantes avec des dirigeants militaires. C'était notre tâche à temps

24 plein. Le colonel Steward a également participé à des réunions au sommet.

25 C'était notre tâche permanente, et très peu de personnes du régiment

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1 avaient les contacts que nous entretenions avec ces différentes personnes.

2 M. Hayman (interprétation). – Les commandants du régiment, et

3 peut-être également des officiers de haut rang ont-ils obtenu des

4 informations des officiers de liaison sur les parties belligérantes ? Et,

5 si c'est le cas, comment ?

6 M. Dundas-Whatley (interprétation). – En fait, nous partions le

7 matin et nous revenions en fin de journée. Si au cours de cette période,

8 ou à un quelconque moment, nous découvrions des informations jugées comme

9 étant vitales, ces informations étaient probablement transmises

10 directement.

11 Mais plus normalement, nous transmettions en revenant à notre

12 base à Vitez. Si j'avais des informations importantes ou sensibles,

13 j'allais dans le bureau du colonel Steward, je lui en faisais part

14 personnellement, ou bien –et ceci se produisait tous les jours-, j'allais

15 au bureau d'information.

16 D'autre part, à 17 heures, nous avions une conférence tous les

17 jours. Au cours de cette conférence, je devrais aborder mes activités

18 quotidiennes devant les différentes personnes qui s'y trouvaient.

19 M. Hayman (interprétation). – Qui étaient ces personnes ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Il y avait les officiers

21 de régiment et puis, les différents chefs de section.

22 M. Hayman (interprétation). – Vous avez parlé de cette cellule

23 d'information militaire. Quels documents produisaient cette cellule ? Quel

24 était son travail ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Tous les soirs, il y avait

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1 production d'un bulletin d'information militaire. Ceci avait lieu tous les

2 soirs. C'était le bureau d'information militaire qui se chargeait de cela.

3 M. Hayman (interprétation). - A qui ce bulletin était-il

4 envoyé ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Ce bulletin d'information

6 militaire était transmis, tout d'abord, à Kiseljak qui était le quartier

7 général de la Fropronu en Bosnie. Il était également transmis à Split, qui

8 était le quartier général des Forces britanniques en ex-Yougoslavie. Je

9 pense que ce bulletin était également envoyé directement à la Grande

10 Bretagne.

11 M. Hayman (interprétation). – Outre les réunions et les contacts

12 que vous avez eu avec les commandants locaux des factions belligérantes,

13 étiez-vous également en contact avec des soldats de l'armée de Bosnie-

14 Herzégovine et du HVO, des simples soldats, dirais-je ?

15 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Eh bien, à des niveaux

16 inférieurs de hiérarchie, mes contacts avec les factions avaient lieu

17 généralement au poste de contrôle, comme tout autre membre du bataillon

18 britannique qui se trouvait sur le terrain.

19 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous voyagé beaucoup dans la

20 région ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, beaucoup, dans toute

22 la Bosnie. Et j'ai passé un certain nombre de postes de contrôle.

23 M. Hayman (interprétation). – Je suppose que vous vous déplaciez

24 tous les jours ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, tous les jours.

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1 M. Hayman (interprétation). - J'aimerais que vous répondiez à la

2 question suivante sans communiquer des informations qu'on pourrait

3 qualifier comme étant sensibles ou confidentielles.

4 Le bataillon britannique avait-il un service de renseignement en

5 Bosnie-Herzégovine du type qu'il aurait utilisé si la Grande Bretagne

6 avait été en guerre comme un ennemi direct ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Non.

8 M. Hayman (interprétation). – Pourriez-vous nous donner plus de

9 détails ?

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). – L'armée britannique

11 s'entraîne pour les cas de guerre et d'ailleurs, je l'ai moi-même fait

12 pendant de nombreuses années. Lorsque l'armée britannique part en guerre,

13 tous les pays de l'OTAN font de même je crois, elle met en place un

14 système de renseignement très exhaustif. Pour vous donner une idée,

15 généralement il y aurait un service de renseignement qui ferait partie de

16 l'armée et qui aurait un grand nombre de ressources à son actif, par

17 exemple des avions espions, des satellites, des équipements permettant de

18 pirater des radios ennemies et de décoder leurs messages. Il y aurait des

19 missions de reconnaissance en territoire ennemi et il y aurait également

20 des opérations de recherche afin d'obtenir des informations sur le milieu

21 et l'histoire des commandants des différentes unités de l'ennemi.

22 Par conséquent, nous tenterions de rassembler des informations

23 cruciales dans la planification d'opérations futures.

24 En Bosnie, nous n'avions rien de tout cela. En Bosnie, nous

25 n'étions pas en guerre. Nous disposions d'un bureau d'information

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1 militaire. Je crois d'ailleurs qu'il était occupé de deux ou trois

2 personnes, pas plus.

3 M. Hayman (interprétation). – Y avait-il une différence entre la

4 quantité d'informations que le bataillon britannique recevait sur l'armée

5 de Bosnie-Herzégovine et le HVO, une différence avec ce que le bataillon

6 britannique aurait reçu s'il avait été directement en guerre ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, la quantité

8 d'informations reçues correspond aux informations dont nous avions besoin

9 pour planifier nos opérations. Ou plutôt, je ne pense pas que la quantité

10 d'informations que nous recevions étaient véritablement le type

11 d'informations que nous recherchions et dont nous avions besoin. Par

12 conséquent, on ne pourrait pas faire de comparaisons entre les deux

13 éléments que vous venez de présenter.

14 M. Hayman (interprétation). - Je reviens à votre arrivée en

15 Bosnie, en octobre 1992. A votre avis, vous et vos collègues du bataillon

16 britannique, aviez-vous des préjugés ou des idées préconçues par rapport

17 aux parties en présence et par rapport à la guerre quand vous êtes

18 arrivés ?

19 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Nous étions le premier

20 régiment arrivé, des forces britanniques s'entend. Par conséquent, nous

21 n'avions pas beaucoup d'informations qui étaient disponibles avant

22 d'arriver sur le terrain. Nous nous sommes fondés principalement sur les

23 articles de journaux, sur des émissions de télévision. Par conséquent,

24 nous avions une impression effectivement définie lorsque nous sommes

25 arrivés, avant d'arriver en Bosnie.

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1 A l'époque, en octobre 1992, nous avions l'impression que la

2 Bosnie-Herzégovine disposait d'un gouvernement à Sarajevo et que ce

3 gouvernement qui, disposant de ses propres ressources, était en guerre

4 contre une armée serbe puissante qui s'était rebellée contre les autorités

5 de ce gouvernement.

6 M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous êtes arrivé dans le

7 pays, vous êtes vous rendu compte qu'il y avait également un conflit entre

8 l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO ?

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui nous n'avions pas

10 connaissance de cela avant d'arriver. C'est le 18 octobre, deux jours

11 après mon arrivée à Split, le 18 octobre, lorsque je me suis déplacé pour

12 la première fois, que je suis allé pour la première fois en Bosnie

13 centrale. Peut-être pourrais-je utiliser la carte ?

14 M. Hayman (interprétation). - Vous parlez de la pièce 29,

15 poursuivez ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - La route que nous avons

17 empruntée pour arriver en Bosnie centrale, c'était un convoi important de

18 7 ou 8 Land Rover. Il nous a fait parcourir des montagnes par des routes

19 qui n'étaient pas bitumées. Nous avons franchi ou passé par le lac de

20 Vramsko, nous avons traversé la ville de Prozor, où il y avait beaucoup de

21 tensions.

22 Nous avons franchi les montagnes et nous sommes descendus dans

23 la Vallée de Gornji Vakuf. Là, régnait la paix, la tranquillité. Et puis,

24 nous avons repris la route du nord en traversant une vallée, par une route

25 très mauvaise.

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1 Lorsque nous sommes arrivés dans cette région, nous nous sommes

2 rendu compte, qu'en fait, les problèmes n'étaient pas seulement limitée

3 aux problèmes avec les Serbes. Nous avons passé d'un poste de contrôle à

4 l'autre. Avant d'arriver à Prozor, je crois que nous avions dû franchir à

5 peine deux postes-frontières sur les 160 premiers kilomètres, alors

6 qu'ici, il y en avait un tous les miles ou deux. Certains des insignes que

7 nous avons vus arboraient "TO" (défense territoriale). Pour d'autres

8 soldats, il n'y avait pas d'insigne alors d'autres portaient des insignes

9 du HVO. Mais il n'était pas possible de savoir à partir de leur avis de ce

10 qui se passait. A tous ces postes de contrôle nous avons discuté de ce qui

11 se passait.

12 Si vous me permettez de raconter rapidement. La plupart de cette

13 région se trouvait sous le contrôle de la défense territoriale, alors que

14 certains des villages étaient croates, qui ne se trouvaient pas sous le

15 contrôle de la défense territoriale, mais sous leur propre contrôle, celui

16 des Croates.

17 Lorsque nous sommes arrivés dans le nord, vers Novi Travnik, je

18 crois que les choses avaient changé de nouveau et nous avions quitté cette

19 région où se posaient des problèmes au niveau des villages.

20 M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous êtes arrivé avec vos

21 collègues sur le terrain, quelle a été votre première impression quant aux

22 rapports du HVO avec ce problème dont vous avez parlé, à savoir qu'il y

23 avait un gouvernement central et une rébellion serbe. Comment le HVO

24 s'inscrivait-il dans ces premières idées que vous aviez à propos du

25 conflit ?

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1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Dans les tous premiers

2 jours, les deux premiers jours sans doute, nous avions le sentiment que le

3 HVO était une organisation rebelle, insurgée qui luttait contre un

4 gouvernement, le gouvernement établi à Sarajevo, que c'était une

5 organisation traître, rebelle. C'est la première sensation que nous

6 avions.

7 M. Hayman (interprétation). - A la suite de vos contacts avec

8 l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO, après que quelques semaines ou

9 quelques mois se soient écoulés, avez-vous compris le problème de façon

10 différente ?

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, à la suite de

12 quelques mois passés dans ce pays, et du fait que je passais mon temps à

13 discuter avec des commandants militaires, avec des dirigeants civils, nous

14 avons appréhendé la situation de manière un peu différente. Nous

15 commencions à voir qu'il y avait en Bosnie trois peuples quelque peu

16 différents, avec trois armées différentes, trois structures civiles

17 différentes, qui, pour chacune d'entre elles, avait ses propres connexions

18 nationales, si je puis dire.

19 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé de ces postes de

20 contrôle qu'il y avait sur la route allant de Gornji Vakuf à Novi Travnik.

21 Est-ce qu'il y avait une certaine structure qui se répétait ou est-ce

22 qu'il y avait un effet recherché par la présence de ces postes ?.

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est à ce moment-là, que

24 j'ai vu, pour la première fois, ces postes de contrôle. La situation

25 n'était pas singulière. Elle était le fruit d'une méfiance énorme qui

Page 13632

1 régnait entre les villages croates et musulmans.

2 M. Hayman (interprétation). - Au cours des premiers moments de

3 votre mission, est-ce que vous aviez un journal que vous gardiez ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

5 M. Hayman (interprétation). - Je vais vous poser quelques

6 questions. Si vous devez consulter ce journal, vous le ferez avec

7 l'autorisation des Juges.

8 Fin octobre, avez-vous pu établir quelle était la fraction qui

9 détenait la route allant de Novni Travnik à Gornji Vakuf ?

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je viens de vous décrire

11 la situation, telle qu'elle se présentait le 18 octobre. Si vous le

12 permettez, j'aimerais reprendre ce que j'ai commenté pour le 24 octobre.

13 M. Hayman (interprétation). - 1992 ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. C'était un samedi.

15 Permettez-moi de vous en donner lecture.

16 "Samedi 24 octobre. Mon véhicule suivi de la Toyota de Ander et

17 de Olie Halstead, très peu de postes de contrôle par rapport à la

18 dernière. fois. Là, il s'agit de 6 jours précédemment. La route de Gornji

19 Vakuf est sans doute sous le contrôle de la Défense territoriale."

20 M. Hayman (interprétation). - Merci. Vous aviez des contacts

21 pratiquement quotidiens avec les commandants du HVO, avec le commandant

22 HVO, fin 92 et début 93. Est-ce que ceci vous permet de dire aux Juges

23 quelle était cette armée du HVO ? Comment vous avez fini par la

24 comprendre ?

25 De quel type d'armée s'agissait-il ?

Page 13633

1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Le HVO et l'armée de

2 Bosnie-Herzégovine, à mon avis, étaient des armées de paysans. La plupart

3 de ceux-ci avaient sans doute une certaine formation puisqu'ils avaient

4 été conscrits dans la l'armée yougoslave, mais ils n'étaient pas

5 disciplinés. Ils buvaient dans la rue. Ils étaient t organisés de façon

6 territoriale, par village.

7 M. Hayman (interprétation). - Pourriez-vous dire aux Juges

8 quelles en furent les conséquences, quelles étaient les conséquences de

9 cette organisation, comme vous l'avez

10 qualifiée, territoriale, village par village.

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Ceci a eu pour

12 conséquences que la loyauté des soldats était une loyauté envers le

13 village, le dirigeant local, l'homme politique local. Ils étaient surtout

14 intéressés à défendre leur village. Et il y avait des petites unités.

15 Etant donné la taille de ces unités, dont la seule raison d'être était de

16 défendre leur village, il n'était pratiquement pas possible de les

17 organiser en ce qui nous appellerions une structure de commandement.

18 M. Hayman (interprétation). - Pourquoi la présence de ces

19 allégeances locales, et surtout locales, pourquoi une telle organisation

20 ne permettait-elle pas une organisation avec une chaîne de commandements

21 organisés ?

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il y avait un conflit

23 d'intérêt entre le village dans lequel on vivait et le fait de créer ou

24 d'opérer à une échelle plus grande, ce qui aurait signifié que vous deviez

25 quitter votre village et vous trouver sous le commandement de quelqu'un

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1 que vous ne connaissiez pas, et lutter aussi contre quelqu'un que vous ne

2 connaissiez pas.

3 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé de la structure de

4 commandement. Prenons, si vous le voulez bien, un léger détour, pour

5 parler des événements qui ont parsemé votre mission. Pourrait-on

6 distribuer ce document et le placer également sur le rétroprojecteur ?

7 (Le document est placé sur le rétroprojecteur.)

8 M. Dubuisson. - Document D 414.

9 M. Hayman (interprétation). - Vous avez sous les yeux sur le

10 rétroprojecteur la pièce D 414. Voici la question que j'aimerais vous

11 poser.

12 Vous avez fait état de la structure de la chaîne de

13 commandement. Dans le système de l'armée britannique, comment se présente-

14 t-elle à partir du niveau de commandement de brigade vers le bas ?

15 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Lorsqu'on parle de la

16 chaîne de commandement de l'armée britannique, on part d'un état-major

17 principal vers un état-major subordonné. En l'espèce, ici nous avons

18 l'état-major de brigade commandé par un général et, sous ses ordres, nous

19 avons quatre ou cinq bataillons qui, pour chacun, sont commandés par un

20 lieutenant-colonel.

21 M. Hayman (interprétation). - Est-ce qu'on pourrait rapprocher

22 l'image, est-ce qu'on pourrait nous donner un élargissement ? Poursuivez.

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Dans le cadre de chacun de

24 ces bataillons, on pourrait s'attendre à ce qu'il y ait, pour chacun

25 d'entre eux, quatre ou cinq compagnies, chacune étant commandée par un

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1 commandant. Donc la chaîne de commandement va du général de brigade, en

2 passant par le grade de colonel, à celui de commandant.

3 M. Hayman (interprétation). - Qui qualifierait-on de commandant,

4 d'après vous ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Le commandant se trouve au

6 niveau de la brigade. Dans le système américain, ce serait peut-être le

7 général à une étoile. Ça, c'est pour la brigade, pardon. Pour le

8 bataillon, vous avez le lieutenant-colonel, et pour la compagnie, le

9 commandant.

10 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que c'est vous qui avez

11 préparé cet organigramme ?

12 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, je m'étais dit que

13 ceci pourrait nous aider à éclaircir quelques confusions.

14 M. Hayman (interprétation). - Il y a une case sur la droite où

15 l'on voit "officiers d'état-major de brigade". Qui sont ces officiers ?

16 Qui sont ces commandants officiers d'état-major de brigade ?

17 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Ce ne sont pas des

18 commandants, ils sont d'un rang inférieur, je pense à celui de capitaine,

19 de commandant. Ce sont des spécialistes sur divers terrains, ils ont des

20 rôles de conseillers.

21 M. Hayman (interprétation). - Quelles sont leurs missions,

22 quelles sont leurs fonctions en général et quelles sont leurs zones de

23 responsabilité ?

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). - En règle générale, bien

25 sûr c'est différent pour chaque brigade suivant la fonction de celle-ci,

Page 13636

1 mais en général, il y aura un chef d'état-major au niveau de la brigade,

2 dans le système britannique ce sera sans doute un commandant. Ensuite, il

3 y aura sans doute un autre commandant qui s'occupe des services

4 administratifs, approvisionnement par exemple. Il y aura un capitaine

5 chargé des renseignements, un autre qui s'occupera des opérations. En

6 fonction de la taille de la brigade et de sa fonction, il y aura un

7 responsable des communications et un autre des transports.

8 M. Hayman (interprétation). - Merci. Revenons, si vous le voulez

9 bien, à votre mission proprement dite et aux observations que vous avez

10 effectuées en ce qui concerne le HVO. Pourriez-vous dire aux Juges quelle

11 est la différence qui se présenterait entre le HVO et l'armée

12 britannique ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il est difficile d'établir

14 une comparaison entre le HVO et l'armée britannique. Cette dernière est

15 une structure très organisée, qui s'est développée au fil des ans. Au sein

16 de cette structure, il y a des commandants, des unités qui, chacun et

17 chacune, ont une fonction et un rapport bien définis, basés sur la

18 formation et le respect. Tout ceci est parfaitement compris de part en

19 part du système.

20 En ce qui concerne le HVO, cela n'existait pas. Le HVO a été

21 formé au cours de la guerre, il est né du chaos. Ses structures se sont

22 développées à partir des villages, en remontant les structures.

23 M. Hayman (interprétation). - Y a-t-il d'autres différences que

24 vous auriez constatées à la suite de vos observations ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Un autre facteur sans

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1 doute important serait la comparaison qu'on pourrait faire entre la

2 structure de commandement et la structure des grades entre l'armée

3 britannique et le HVO, parce que dans l'armée britannique, c'est la

4 méritocratie, il y a promotion à la suite de mérite, du fait d'avoir de

5 bons rapports, d'avoir de bons résultats, alors que pour le HVO, les gens

6 se voyaient affectés à telle ou telle mission du jour au lendemain. Des

7 gens qui, avant la guerre, n'avaient pratiquement aucune responsabilité se

8 sont retrouvés commandants de brigade.

9 Un exemple parfait en la matière serait le cas de Mario Cerkez,

10 commandant de la brigade de Vitez alors que j'étais sur le terrain. Il

11 commandait la brigade du HVO. Avant la guerre, je crois qu'il avait été

12 garde chargé de la sécurité dans une usine locale de munitions. Et le

13 revoici avec très peu d'expérience militaire, très peu de formation,

14 d'instruction, qui commande la brigade à Vitez pour le HVO.

15 M. Hayman (interprétation). - Sur cette pièce qui est je crois

16 encore sur le rétroprojecteur, la pièce D 414, on voit un général de

17 brigade qui serait commandant de brigade dans l'armée britannique. Quelle

18 expérience peut-on escompter d'un tel homme, quel aurait été le processus

19 de formation et de sélection pour permettre à cet homme de devenir

20 commandant de brigade ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - En règle générale, dans

22 l'armée britannique, il aurait vingt-cinq ans d'expérience professionnelle

23 et de formation à temps plein. Il aurait suivi énormément de cours de

24 formation. Il aurait passé au moins trois ou quatre ans à suivre de tels

25 cours de formation.

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1 M. Hayman (interprétation). - Quand vous dites vingt-cinq ans de

2 formation, vous parlez de vingt-cinq ans d'expérience, y compris les cours

3 de formation ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

5 M. Hayman (interprétation). - Y a-t-il d'autres différences que

6 vous auriez constatées entre l'armée britannique et le HVO ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, je crois qu'il est

8 important de voir l'équipement ou les équipements dont disposait le HVO.

9 Lorsque l'armée britannique se forme et part en guerre, elle est dotée de

10 tous les équipements militaires nécessaires pour mener une telle guerre :

11 communications, transmissions, logistique, réapprovisionnements, tout le

12 matériel militaire, le régiment d'artillerie, de chars, hélicoptères,

13 avions, systèmes radars, alors que le HVO n'avait rien de tout cela.

14 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que le HVO était bien

15 équipé pour mener une guerre moderne ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - En Bosnie centrale où

17 j'étais en mission, et là je ne peux parler que de cette région-là, il y

18 avait très peu de chars, très peu d'artillerie, je parle du HVO qui menait

19 une guerre à la fin du XXème siècle avec les armements ou les moyens dont

20 nous, nous disposions il y a cent ans de cela.

21 M. Hayman (interprétation). - Et ceci vaudrait également pour

22 l'armée de Bosnie-Herzégovine, je suppose ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est tout à fait pareil.

24 Il y a un autre domaine qui rend la comparaison difficile entre

25 le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine...

Page 13639

1 M. Hayman (interprétation). - Excusez-moi, vous avez parlé de

2 l'armée de Bosnie-Herzégovine et du HVO.

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Excusez-moi, je parlais de

4 l'armée britannique et du HVO. Je parle de la façon dont les gens étaient

5 formés et sélectionnés pour tel ou tel poste. J'ai déjà fourni un exemple

6 dans ce sens, mais de façon générale et dans tous les domaines, il y a

7 sélection, formation et promotion dans l'armée britannique sur une

8 certaine 7période de temps, dans le cadre d'une structure bien donnée,

9 afin de s'acquitter d'une tâche définie et, tout au long de leur carrière,

10 qu'ils soient dans l'armée pendant trois ans ou trente ans, c'est un

11 processus continu.

12 Pour ce qui est du HVO, les hommes ont été mobilisés dans les

13 villages, de la rue. On leur a donné un fusil et on leur a dit de

14 l'utiliser. Ce sont là les raisons pour lesquelles, à mon avis, il n'est

15 pas possible de vraiment comparer le HVO, ou l'armée de Bosnie-Herzégovine

16 d'ailleurs, avec une armée britannique ou toute autre armée de ce genre.

17 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé du rôle que jouait

18 la formation dans la constitution d'une armée de métier. Au cours des six

19 mois ou des quelque six mois de votre mission, avez-vous vu des éléments

20 du HVO en train d'être formés ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non.

22 M. Hayman (interprétation). - Jamais ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non. Au cours de ma

24 mission en Bosnie, jamais je n'ai entendu qui que ce soit parler de la

25 formation, que ce soit du HVO ou de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

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1 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que le HVO était une force

2 disciplinée, organisée, ou était-ce autre chose ?

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Au vu de mon expérience en

4 Bosnie centrale, le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine n'étaient pas des

5 forces organisées ni disciplinées. Ces informations nous sont parvenues

6 par le truchement de leurs propres commandants qui nous ont dit qu'ils

7 avaient des difficultés à maîtriser ces gangs, ces bandes de soldats et de

8 scélérats quelquefois qu'ils avaient sous leurs ordres.

9 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que le HVO avait des états-

10 majors organisés ? Je pense ici à l'hôtel Vitez.

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne savais pas, nous ne

12 savions pas combien ils avaient d'officiers formés au sein de leurs

13 quartiers généraux, de leurs états-majors. Si on voulait jauger la

14 capacité de ces états-majors, il faudrait être au courant de ces

15 informations. Mais je vous ai déjà donné une idée du nombre d'officiers

16 formés qu'on aurait dans un état-major ou dans un quartier général

17 britannique.

18 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que dans l'armée

19 britannique il y a des unités de transmission de communications à l'état-

20 major ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - En fonction du rôle qu'on

22 attend, mais je suppose qu'il y aurait effectivement un escadron chargé

23 des transmissions du code travaillant au niveau de la brigade. Je l'ai

24 déjà dit, mais à l'hôtel Vitez, il y avait beaucoup de brigades se

25 trouvant sous le commandement de cet hôtel Vitez. C'était au niveau de la

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1 division à ce moment-là. C'était donc un état-major important, ou même à

2 un niveau supérieur à celui de la division.

3 M. Hayman (interprétation). - Vous n'êtes pas en mesure de

4 répondre à la question de savoir si le HVO en Bosnie centrale fonctionnait

5 bien car vous ne savez pas combien il y avait d'officiers de métier formés

6 à ces fins au sein de l'état-major et des états-majors principaux ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact.

8 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que l'état-major ou le

9 quartier général du HVO en Bosnie centrale avait les moyens d'avoir le

10 contrôle sur les communications, les transmissions par exemple par fax ?

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Pas que je sache. Nous

12 avions des contacts par téléphone.

13 M. Hayman (interprétation). - Est-ce qu'il est dangereux

14 d'utiliser des moyens de communication qui ne sont pas vraiment sous

15 sécurité dans de telles conditions ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - A ce niveau-là, oui, il

17 est dangereux de le faire si on n'a pas des moyens sûrs. Les raisons en

18 sont les suivantes : toute transmission par radio ou par téléphone qui

19 n'est pas codée peut être saisie par l'ennemi en question. Dans une telle

20 situation, si vous donnez des instructions à des unités, à des brigades

21 subordonnées à vous, vous transmettez des ordres qui doivent être

22 exécutés. Si l'ennemi s'empare de ces ordres, il saura parfaitement

23 quelles sont vos intentions. De la même façon, si des unités subordonnées

24 font rapport au quartier général, vous disent comment les choses

25 progressent, si elles se sont emparées d'un terrain, s'il y a eu des

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1 pertes, s'il y a eu des pertes de terrain également, si ces renseignements

2 tombent entre les mains de l'ennemi, celui-ci saura quelles sont vos

3 forces et vos faiblesses. Donc il est dangereux de fonctionner sans une

4 grande sécurité en matière de communications et de transmissions.

5 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que la Forpronu avait une

6 grande sécurité en matière de transmission de renseignements ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne pense pas que ce

8 soit le cas, du moins au niveau où je fonctionnais. Nous n'avons pas caché

9 d'ailleurs nos fréquences radio puisque nous n'étions pas en guerre.

10 M. Hayman (interprétation). - Donc c'est délibérément que la

11 Forpronu n'a pas essayé de brouiller ses communications ?

12 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne sais pas pourquoi

13 nous n'avions pas de moyens de transmission sûrs, mais ce n'était pas

14 important pour nous, pour ce que nous étions censés faire, puisque nous

15 n'étions pas en guerre.

16 M. Hayman (interprétation). - Avançons dans le temps, si vous le

17 voulez bien, et passons à la période d'avril ou disons mars 93. A ce

18 moment-là, je suppose que vous étiez le seul officier de liaison

19 responsable de la région de Travnik, Vitez, Busovaca et Zenica. Est-ce

20 exact ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Tout à fait. De mars

22 jusqu'à mi-avril, j'étais le seul officier de liaison pour toute cette

23 région.

24 M. Hayman (interprétation). - Et avant avril 93, est-ce qu'une

25 entité connue sous le nom de 7ème brigade musulmane a été portée à votre

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1 connaissance et si c'est le cas, pourquoi ?

2 M. Dundas-Whatley (interprétation). - L'organisation qu'on a

3 fini par connaître comme étant la 7ème brigade musulmane a été portée à ma

4 connaissance dès janvier 93, avec un effet assez déstabilisateur dès le

5 moment où ceci nous a été connu. Et c'est du fait de ce facteur que nous

6 avons appris son existence.

7 La 7ème Brigade musulmane avait été constituée, si je ne me

8 trompe –et c'est ce que je pensais à l'époque et je n'avais pas de raison

9 de ne pas le croire- avait été créée dans la village de Nimela. J'aimerais

10 vous montrer où se trouve ce village sur la carte.

11 M. Hayman (interprétation). – Vous montrez un espace qui se

12 trouve au-dessus de la carte ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, votre carte n'est pas

14 assez grande pour que je vous montre ce village.

15 M. Hayman (interprétation). – Est-ce que c'est l'endroit qui se

16 trouve au nord de Zenica ?

17 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, à 15 kilomètres de

18 Zenica. Nous la connaissons comme étant la Brigade de Nimela ou d'Emila ?

19 M. Hayman (interprétation). – Pourriez-vous nous donner des

20 caractéristiques qui vous ont été relayées au bataillon britannique à

21 propos de cette brigade ?

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). – La 7ème Brigade musulmane

23 représentait une nouvelle dimension dans la façon dont évoluait la

24 situation militaire en Bosnie centrale.

25 Il recevait une solde de soldat, une bonne solde d'ailleurs,

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1 c'était assez inusité parce que l'armée de Bosnie-Herzégovine normale, qui

2 accueillait la plupart des Musulmans, n'était pas payée. On recevait

3 vraiment une roupille de sansonnets. Ils étaient bien équipés, mais ils ne

4 devaient pas partager d'armes, ils avaient chacun un fusil et un uniforme.

5 Ils devaient aussi arrêter de boire et se rendre au service de la mosquée,

6 alors que la plupart des soldats musulmans n'allaient pas à la mosquée.

7 M. Hayman (interprétation). – Vous avez dit qu'ils étaient mieux

8 rémunérés, vous parliez ici des membres de la 7ème Brigade musulmane qui

9 recevaient une solde supérieure à ce que recevaient les officiers

10 habituels de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Savait-on d'où venait cet

11 argent qui permettait de rémunérer ces soldats de la 7ème Brigade

12 musulmane ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Nous n'avions aucun

14 renseignement précis. Mais il nous a été dit que l'argent venait du Moyen

15 Orient. Le fait que ces soldats étaient payés avait pour effet d'attirer

16 soldats qui quittaient les unités régulières de l'armée de Bosnie-

17 Herzégovine.

18 M. Hayman (interprétation). – Vous voulez dire que des soldats

19 ont quitté les rangs des unités existantes dans l'armée de Bosnie-

20 Herzégovine pour aller dans la 7ème Brigade musulmane qui faisait

21 concurrence, pour ainsi dire ?

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). – C'est ce que nous croyions

23 à l'époque, effectivement.

24 M. Hayman (interprétation). – Vous avez dit que cette

25 7ème Brigade musulmane a eu un effet déstabilisateur sur la situation en

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1 Bosnie centrale. Pourquoi et comment a-t-elle eu cet effet ?

2 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Si vous voulez que je

3 réponde à cette question, j'aimerais prendre l'exemple de Travnik que je

4 vais montrer sur la carte.

5 Avant la guerre, la population était partagée pratiquement

6 moitié/moitié à Travnik, Musulmans et Croates. Les rapports étaient

7 excellents au sein de cette ville avant la guerre entre les deux

8 communautés. A la suite de la guerre et du fait de la guerre, il y a eu un

9 afflux vraiment massif de réfugiés musulmans venant des territoires

10 détenus par les Serbes est ceci a perturbé de façon dramatique l'équilibre

11 entre les deux communautés.

12 Je crois qu'il y avait pratiquement un rapport de trois à un qui

13 était passé de 6 à 1 dans la ville. Mais le commandement de l'armée de

14 Bosnie-Herzégovine, dans la ville, a maintenu l'alliance qui existait. Le

15 colonel Halagic et le colonel Filipovic, Halagic pour l'armée de Bosnie-

16 Herzégovine et Filipovic pour le HVO, ont maintenu cette alliance. Ils ont

17 essayé de maintenir cette alliance pour que l'afflux massif de réfugiés

18 n'ait pas un effet déstabilisateur et que ceci ne les empêche pas de

19 poursuivre la guerre contre les Serbes.

20 Mais sans doute, vers mars 1993, je me souviens pas de la date

21 exacte, la 7ème Brigade musulmane a ouvert un bureau dans la ville de

22 Travnik et a essayé d'attirer les soldats pour que ceux-ci rejoignent

23 leurs rangs. On pouvait les voir, les distinguer, ils avaient un uniforme

24 quelque peu différent.

25 Ceci a introduit un type de nationalisme quelque peu différent,

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1 d'intégrisme religieux qui n'existait pas auparavant dans les mille ans

2 d'histoire qu'avait connu cette ville.

3 Les Croates, dans cette ville, étaient vraiment effrayés, comme

4 l'étaient d'ailleurs les Musulmans modérés. Ce n'est pas ce qu'ils

5 attendaient d'une telle évolution.

6 Lorsque j'ai posé des questions aux commandants de l'armée de

7 Bosnie-Herzégovine, ils nous ont dit que la 7ème Brigade musulmane n'était

8 pas sous leur contrôle. La présence même de cette brigade avait un effet

9 préoccupant sur les commandants de l'armée de Bosnie-Herzégovine eux-

10 mêmes.

11 M. Hayman (interprétation). – Est-ce que la présence de cette

12 7ème Brigade musulmane, par exemple à Travnik, est devenue un problème pour

13 les dirigeants politiques de la ville ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, dans la mesure où les

15 hommes politiques croates ont tiré parti, ont utilisé la présence de ces

16 extrémistes musulmans qui étaient habillés quelque peu différemment pour

17 enflammer les sentiments nationalistes des Croates de la ville.

18 M. Hayman (interprétation). – Ce disant, pensez-vous à un homme

19 politique particulier à Travnik ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, il y a un exemple

21 parfait pour cela. Je me souviens plus tout à fait des détails. Mais ce

22 dont je me souviens, c'est d'une visite effectuée par Mate Boban dans la

23 Ville de Travnik. Il était alors président, je crois, de la communauté

24 croate de la Herceg-Bosna.

25 A la suite de sa visite, la tension ou les tensions -peut-être

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1 pas nécessairement à la suite de sa visite, mais après sa visite- la

2 tension qui existait dans la ville, les rapports entre les Musulmans et

3 les Croates dans la ville, s'est avivée. Les rapports se sont désintégrés,

4 détériorés. On a brûlé des drapeaux de Croate et de Bosnie.

5 M. Hayman (interprétation). – La 7ème Brigade musulmane

6 manifestait-elle sa présence dans d'autres localités de Bosnie centrale,

7 hormis Travnik ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Tout à fait. Avant

9 d'arriver à Travnik, je l'ai déjà dit tout à l'heure, la brigade se

10 trouvait dans le village de Nimilia, et c'est là qu'elle a été créée. Mais

11 elle a été également présente dans d'autres villages. Si vous le

12 permettez, je vais les indiquer sur la carte.

13 M. Hayman (interprétation). – Oui, s'il vous plaît. Dites-nous

14 dans quelles autres localités cette brigade a envoyé des unités ?

15 (Le témoin indique différentes localités sur la carte.)

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Voici la ville de Zenica

17 que j'indique. Plus au nord, j'ai déjà dit que se trouvait le village de

18 Nemila et c'est dans ce village pour la première fois que nous avons

19 entendu parler de cette brigade. Plus au nord encore, il y a encore la

20 ville de Zepce et Zavidovici. Je précise qu'elle n'apparaît pas sur cette

21 carte, c'est malheureux. C'est à Zepce que, pour la première fois, j'ai

22 entendu parler de la 7ème brigade musulmane. Donc Nemila, Zepce,

23 Zavidovici, toutes localités où s'est manifestée cette brigade, et ensuite

24 il y a eu Travnik, Novi Travnik et, plus en bas, à peu près par ici, il y

25 a un village qui s'appelle Ravno Rostovo. En fait, je dis village, c'est

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1 plutôt un hameau, un groupement de maisons qui se trouve sur le flanc de

2 cette colline qui est ici. Et puis, par ici, il y a la ville de Kakanj.

3 C'est, à ma connaissance, dans ces localités que la brigade musulmane

4 avait des unités ou bien des bureaux de représentation.

5 M. Hayman (interprétation). - Ceci s'est passé pendant les trois

6 ou quatre premiers mois de 1993, n'est-ce pas ? C'est au cours de cette

7 période de temps que ces unité se sont déployées dans la région ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, je pense que tout a

9 commencé vers Noël et à la fin mars, la situation était telle que celle

10 que je viens de la décrire.

11 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous souvenir d'informations

12 plus précises relatives à la présence de la 7ème brigade musulmane dans la

13 ville de Zepce ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. Zepce, c'est la ville

15 qui se trouve beaucoup plus au nord sur la carte, qui n'apparaît pas sur

16 la carte. En janvier 1993, pour la première fois, j'ai été confronté

17 réellement avec la 7ème brigade musulmane. J'étais officier de liaison

18 pour la ville et, en tant que tel, j'allais toujours dans le quartier

19 général de l'armée de Bosnie-Herzégovine et dans le quartier général du

20 HVO qui se trouvaient tous les deux en ville.

21 En une occasion, je ne me rappelle pas de la date

22 malheureusement, les commandants des deux parties m'ont dit exactement la

23 même chose. Ils m'ont dit qu'ils étaient extrêmement préoccupés. Ils ont

24 dit : "Il y a une nouvelle unité qui manifeste sa présence dans cette

25 ville". Je devrais préciser que le commandant de l'armée de Bosnie-

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1 Herzégovine était un Musulman et que celui du HVO était un Croate. Mais

2 tous les deux étaient très préoccupés par cette nouvelle unité.

3 Donc, j'ai été voir quelle était la situation et je me suis

4 aperçu que la 7ème brigade musulmane avait pris le contrôle d'un bâtiment

5 qui se trouvait de l'autre côté du commandement du HVO. La brigade

6 musulmane avait érigé un mât, et en haut de ce mât flottait un drapeau

7 vert qui montrait le croissant de lune et l'étoile que l'on associe

8 généralement avec les pays islamiques.

9 Les Croates, le HVO, considéraient que c'était un affront de

10 faire cela en plein milieu de la ville. Une ville qui, à l'époque, avait

11 une mosquée, une église catholique et une église orthodoxe dans le même

12 quartier. Ils considéraient donc que cela n'avait pas lieu d'être. Et puis

13 le commandant de l'armée de Bosnie-Herzégovine m'a également dit que ce

14 n'était pas normal, il m'a dit qu'il n'était pas à même de prendre le

15 contrôle de cette brigade et il a précisé que certains de ses soldats

16 quittaient les rangs de l'armée pour rejoindre les rangs de cette brigade.

17 M. Hayman (interprétation). - Y a-t-il eu des combats à Zepce

18 par la suite ?

19 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Effectivement. Je crois

20 que dans le courant du mois de mai, il y a eu des combats extrêmement

21 violents à Zepce. Suite à ces combats, Zepce est devenue une partie de

22 l'enclave croate et les Musulmans ont été expulsés de la ville.

23 M. Hayman (interprétation). - Après les combats qui se sont

24 déroulés en Bosnie centrale en janvier 1993, début janvier 93 peut-être, y

25 a-t-il eu établissement d'un cessez-le-feu ? Est-ce qu'un ordre a été

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1 donné allant dans ce sens ?

2 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je vois à quoi vous faites

3 référence. Effectivement, un cessez-le-feu a été décrété. Je crois que

4 cela a été à la fin du mois de janvier, troisième ou quatrième semaine du

5 mois de janvier.

6 M. Hayman (interprétation). - Merci. Je vais demander l'aide de

7 l'huissier. Je vais distribuer aux parties un document, Monsieur le

8 Président, si vous le permettez. Voici la pièce et voici des exemplaires

9 de cette pièce. Il y a donc un original en BCS et il y a une version en

10 anglais de ce document rédigé à la main. Monsieur le Président, toutes mes

11 excuses, mais nous ne disposons pas d'une traduction en français dudit

12 document.

13 M. Dubuisson. - Document D/415, 415/A pour la version anglaise.

14 M. Hayman (interprétation). - Ayez l'obligeance d'étudier ce

15 document, s'il vous plaît. Pendant ce temps, je vais demander à ce que la

16 carte que j'ai entre les mains reçoive une cote et je demanderai à ce

17 qu'elle soit placée sur le chevalet. C'est une carte de la JNA, une carte

18 qui montre la région de Zenica. Certaines parties de cette carte ont été

19 surlignées. Je crois que la carte tiendra sur le rétroprojecteur, mais

20 d'abord je souhaiterais qu'elle reçoive une cote.

21 Bien. J'attire, Monsieur, votre attention sur la pièce D 415/A.

22 Tout d'abord, reconnaissez-vous ce document ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Tout à fait.

24 M. Hayman (interprétation). - Quand avez-vous vu ce document

25 pour la première fois ?

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1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Sans doute l'ai-je vu pour

2 la première fois le jour où il a été rédigé. Soit je l'ai vu le jour même,

3 soit je l'ai vu le lendemain.

4 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que vous avez reçu les

5 pièces D/415 et D/415/A dans le courant du mois de mars 1993 et dans le

6 cadre de la mission qui était la vôtre en Bosnie-Herzégovine ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

8 M. Hayman (interprétation). - Ces documents, vous me les avez

9 remis, n'est-ce pas avant votre comparution devant la Chambre ?

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact.

11 M. Hayman (interprétation). - Ces deux pièces sont bien des

12 copies authentiques du document que vous avez reçu à l'époque des faits ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

14 M. Hayman (interprétation). - La version en anglais, qui est

15 manuscrite, comment a-t-elle été rédigée et par quelle entité, par quelle

16 organisation ? C'est la cellule des interprètes qui faisaient partie du

17 quartier général de mon bataillon qui a rédigé ce texte.

18 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, pour le

19 compte-rendu, je précise que ce document est une lettre de protestation

20 signée par Dusko Grubesic. J'aimerais en lire certains extraits et je vais

21 demander au témoin de nous aider à localiser les lieux qui sont cités dans

22 la lettre. Je crois que la carte a reçu une cote ?

23 M. Dubuisson. - Document D 416 pour la carte.

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il faut déplacer la carte

25 sur le rétroprojecteur, l'image n'est pas bonne pour le moment.

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1 M. Hayman (interprétation). – Oui, pourrions-nous remonter la

2 carte et pourrions-nous en obtenir un agrandissement, s'il vous plaît,

3 cela nous aiderait tous beaucoup ? Merci à l'équipe technique.

4 Cette lettre de protestation porte la date du 13 mars 1993,

5 lettre de protestation contre le fait que le cessez-le-feu a été

6 interrompu.

7 "Nous protestons vis-à-vis de la mission d'observation de la

8 Communauté Européenne et vis-à-vis des Nations unies parce que les forces

9 de l'armée de Bosnie-Herzégovine, en dépit des réunions quotidiennes,

10 violent le cessez-le-feu. Le 12 mars 1993, à 20 heures 40, ces forces

11 tiraient avec une mitrailleuse M48 sur nos positions, dans le village de

12 Kula.".

13 Monsieur, s'il vous plaît, pourriez-vous nous indiquer la

14 localisation du village de Kula ?

15 Merci, vous indiquez une région qui se trouve au nord-est de

16 Busovaca.

17 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Effectivement, voici

18 Busovaca.

19 M. Hayman (interprétation). - Et Kula, pourriez-vous nous

20 l'indiquer à nouveau ?

21 (Indication du témoin)

22 Merci.

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Des régions de Pavice et

24 de Gorni Rovna, ces forces nous ont provoqué, elles ont provoqué nos

25 unités durant toute la nuit en utilisant des armes personnelles et en

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1 tirant sur les villages Gorni Rovna, Bare et Roske Stijene. Les forces

2 musulmanes tiraient avec des mitrailleuses anti-aériennes, cela vers

3 05 heures 03. C'est ce qui est écrit, mais dans l'original, c'est

4 5 heures 30 qui apparaît. Donc, je poursuis. Ils tiraient sur les

5 locations que j'ai citées précédemment.

6 M. Hayman (interprétation). - Pourriez-vous nous indiquer les

7 locations dont on dit que c'est de là que les coups de feu étaient tirés

8 le 12 mars 1993 ? Je veux parler de Pevice et Gorni Rovna.

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Pevice et Gorni Rovna se

10 trouvent ici. C'est sur un terrain très surélevé. Voici Pevici et voici

11 Gorni Rovna.

12 M. Hayman (interprétation). - Pourriez-vous nous indiquer

13 maintenant Doni Rovna et Bare sur cette même carte, la pièce de la défense

14 D 416.

15 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Doni Rovna est ici, Bare

16 ici.

17 M. Hayman (interprétation). - J'en viens maintenant au troisième

18 point de la lettre de protestation :

19 "A 22 heures 30, ils ont ouvert le feu de la direction de

20 Merdani, ils ont ouvert le feu sur nos positions, établies dans le village

21 de Gavrine Kuce. Ils utilisaient des balles et ont incendié deux maisons

22 musulmanes qui se trouvaient à cet endroit. Envoyé à la mission der

23 l'Union Européenne, aux Nations Unies et à l'armée de Bosnie-

24 Herzégovine.Signé commandant de brigade Dusko Grubesic."

25 Pourriez-vous nous indiquer l'emplacement du village de

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1 Merdani ?

2 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il se trouve ici.

3 M. Hayman (interprétation). - Merci.

4 Dans ce document, il est fait référence à l'utilisation d'une

5 mitrailleuse anti-aérienne. Cette machine a été utilisée pour une attaque

6 au sol. Pourriez-vous dire ce qu'est exactement une mitrailleuse anti-

7 aérienne ou bien est-ce que le terme se définit lui-même ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il y a différents types

9 d'armes de ce genre, mais en Bosnie, généralement, ils utilisaient une

10 mitrailleuse de 12,7 millimètres. Ce type de mitrailleuse permet

11 normalement d'abattre des avions. C'est une machine extrêmement efficace

12 et d'assez gros calibre, ce qui apparaît. C'est un canon assez long qui

13 projette les projectiles très haut, ce qui permet d'atteindre les avions

14 qui surplombent la mitrailleuse.

15 M. Hayman (interprétation). - Avec l'aide de l'Huissier,

16 Monsieur le Président, j'aimerais vous faire parvenir un document

17 similaire. C'est une lettre de protestation. Je vous fais parvenir le

18 document original en serbo-croate et une lettre manuscrite en anglais.

19 M. Dubuisson. - Document D/417, et D/417A pour la lettre

20 manuscrite en anglais.

21 M. Hayman (interprétation). – Monsieur Dundas-Whatley, pourriez-

22 vous examiner ces documents ? Dites-nous si vous les reconnaissez ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

24 M. Hayman (interprétation). - S'agit-il également de documents

25 que vous avez reçus lors de votre mission au sein de la Forpronu pendant

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1 la guerre ?

2 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

3 M. Hayman (interprétation). - S'agit-il de copies authentiques,

4 des documents que vous m'avez remis avant de venir déposer devant cette

5 Chambre ?

6 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

7 M. Hayman (interprétation). – Dans la version originale en

8 serbo-croate, il y a une annotation qui apparaît dans le coin supérieur

9 droit, une annotation manuscrite. Il y ait indiqué : "Fait à l'intention

10 du capitaine Dundas-Whatley".

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je vois cette annotation.

12 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, ce document

13 est plus court que le précédent, je vais me permettre de le lire. Il est

14 daté du 14 mars 1993. Il porte le titre "Protestations contre la violation

15 de l'accord du cessez-le-feu".

16 "Nous protestons auprès de l'ECMM et des Nations unies parce que

17 les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine, en dépit de réunions

18 quotidiennes relatives à la mise en place de ce qui a fait l'objet d'un

19 accord sont en train de violer la trêve déclarée. Le 14 mars 1993, les

20 forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine se sont engagées dans des tirs

21 provocateurs utilisant des armes de main. Ces armes ont été utilisées

22 depuis le village de Pezici".

23 Monsieur le Président, au vu de l'original, je crois que l'on

24 peut dire que le deuxième village qui est cité est celui de Vrangska.

25 C'est très difficile à lire sur la version originale, mais je crois qu'il

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1 s'agit bien de Vrangska.

2 "Les tirs provenaient de Vrangska et étaient tirés dans la

3 direction de Roskcjene, Kovacevac et Donja Rovna. De 12 heures 30 à

4 13 heures, ils ont tiré avec une mitrailleuse antiaérienne. Nous informons

5 les représentants de l'ECMM, des Nations unies et de l'armée de Bosnie-

6 Herzégovine de ces faits." Le document est signé du commandant de brigade,

7 Dusko Grubesic.

8 M. Hayman (interprétation). - Monsieur Whatley, on ne cite dans

9 ce document qu'une seule localité qui n'a pas été encore été identifiée,

10 ou peut-être y en a-t-il deux. D'abord, on dit que les tirs viennent de

11 Pezici. Alors, pourriez-vous nous montrer où se trouve Pezici, encore une

12 fois ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). – C'est ici.

14 M. Hayman (interprétation). – Pour ce qui est de Vrangska, où se

15 trouve Vrangska ?

16 (Indication du témoin).

17 Où se trouve Vitez par rapport à Vrangska ? Il vous faut

18 descendre la carte. Merci. Vous nous indiquez maintenant Vitez et Vrangska

19 se trouve au sud-est de Vitez.

20 On indique également que les tirs ciblés Donja Rovna et

21 Kovacevac, pourriez-vous nous indiquer Kovacevac ? Est-ce que c'est un

22 village qui se trouve entre Pezici et Vare ? Je vois que le village n'a

23 pas été surligné, mais je vous remercie de votre indication.

24 Est-ce que vous avez continué à tenir votre journal après avoir

25 passé un certain temps en Bosnie ? Ou est-ce que vous n'aviez plus le

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1 temps de tenir ce journal à jour ?

2 M. Dundas-Whatley (interprétation). – J'ai tenu ce journal

3 depuis le jour de mon arrivée jusqu'au début de janvier 93.

4 M. Hayman (interprétation). - Après le mois de janvier 1993,

5 est-ce que vous avez toutefois continué à prendre quelques notes ?

6 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. Au mois de janvier,

7 j'ai pris une permission de deux semaines et lorsque je suis revenu à la

8 fin du mois, je n'ai pas repris mon journal. Tout ce que j'ai fait, c'est

9 de prendre des notes dans mon carnet militaire.

10 M. Hayman (interprétation). – J'attire maintenant votre

11 attention sur des événements très précis qui sont survenus au courant du

12 mois d'avril 1993. Si vous avez besoin de faire référence aux notes que

13 vous avez prises au moment de ces faits, si les Juges vous y autorisent,

14 vous pouvez le faire. Mais lorsque vous le faites, précisez-le pour que

15 tout soit clair dans le compte rendu.

16 J'attire tout d'abord votre attention sur la date du

17 7 avril 1993. Ce jour-là, avez-vous rencontré le commandant de l'armée de

18 Bosnie-Herzégovine à Krucica ?

19 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Effectivement.

20 M. Hayman (interprétation). - Le plan Vance-Owen a-t-il été au

21 centre de votre entretien ? Et a-t-il été cité par ce commandant ?

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

23 M. Hayman (interprétation). - Dans votre carnet de notes, y a-t-

24 il référence à cet entretien ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, dans mon carnet, il y

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1 a trois choses qui ont trait à ce que l'on a pu dire à cet entretien. Tout

2 d'abord, je précise que le commandant de l'armée de Bosnie-Herzégovine de

3 Krucica me demande de lui fournir une version manuscrite du plan Vance-

4 Owen parce qu'il n'en dispose pas. Il poursuit en déclarant, je cite :

5 "Jamais sous le commandement du HVO" et ensuite, il dit, je cite, il dit :

6 "Les provinces musulmanes sont pleines".

7 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que vous avez eu des

8 rencontres quotidiennes avec des représentants de différents quartiers

9 généraux ?

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

11 M. Hayman (interprétation). - Sans votre carnet, est-ce que vous

12 seriez à même de nous dire, de vous souvenir de ce qui a été dit lors de

13 cet entretien du 7 avril 1993 ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Certainement pas. Sans

15 l'aide de ce carnet, je serai incapable de me souvenir de la plupart des

16 détails.

17 M. Hayman (interprétation). – Tout cela s'est passé il y a

18 cinq ans et demi, n'est-ce pas ?

19 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, cinq ans et demi se

20 sont passés.

21 M. Hayman (interprétation). – J'attire votre attention sur la

22 date du 8 avril 1993. Ce jour-là, vous êtes-vous rendu dans la ville de

23 Travnik ?

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Effectivement. Et il

25 s'agissait de ma troisième réunion ce jour-là. Il s'agissait d'une réunion

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1 conjointe de l'armée de Bosnie-Herzégovine et du HVO à Travnik.

2 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous entendu parler d'un

3 mouvement de troupes qui aurait eu lieu le 8 avril 1993 ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Effectivement.

5 M. Hayman (interprétation). - Un instant, s'il vous plaît,

6 pendant que les Juges s'entretiennent.

7 Qu'avez-vous appris lors de cette réunion qui s'est tenue le

8 8 avril 1993 qui s'est tenue à propos d'un certain mouvement de troupes ?

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Le colonel Filipovic, le

10 commandant du HVO, à Travnik m'a déclaré, je cite : "500 soldats de Visoko

11 sont allés aux casernes à Travnik". Il a ensuite déclaré, je cite : "A

12 9 heures - il faisait référence à la veille - des drapeaux ont brûlé

13 (croates)"

14 Ensuite, il m'a dit, et je cite encore mes notes : "Le

15 commandement du HVO va maintenant se trouver à Dolac."

16 M. Hayman (interprétation). – Revenons-en à la première chose

17 que vous nous avez dite en vous appuyant sur vos notes. Vous avez dit que

18 500 hommes s'étaient déplacés de Visoko à Travnik. Y avait-il des troupes

19 du HVO à Travnik à ce moment-là, pour autant que vous le sachiez ?

20 Savez-vous de qui relevaient ces troupes qui se sont déplacées

21 de Visoko à Travnik ?

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Peut-être y avait-il des

23 troupes à Visoko, mais je ne crois pas que cela ait un rapport particulier

24 avec ce mouvement de 500 hommes.

25 M. Hayman (interprétation). - Qu'est-ce que qui vous fait dire

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1 cela ?

2 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Le commandant Filipovic me

3 l'a dit parce que cela le préoccupait. En outre, ses hommes se sont rendus

4 dans les casernes de Travnik, casernes qui n'étaient pas des casernes du

5 HVO, mais des casernes de l'armée bosniaque.

6 M. Hayman (interprétation). - Ce déplacement de 500 hommes qui

7 s'est déroulé le 8 avril, est-ce que vous pensez que l'on peut dire qu'il

8 s'agissait d'un mouvement de troupes important dans la vallée de la

9 Lasva ?

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, c'était vraiment un

11 convoi assez important de cars et de véhicules.

12 M. Hayman (interprétation). - Vous avez précisé que lors de

13 cette réunion, vous aviez appris que le HVO avait déplacé son quartier

14 général, qu'il ne se trouvait plus à Travnik, n'est-ce pas ?

15 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact. Je crois

16 qu'ils ont effectué le déplacement ce même soir.

17 M. Hayman (interprétation). – Je vais demander à ce que cette

18 carte que j'ai entre les mains reçoive une cote. Monsieur le Président,

19 quels sont vos projets ? A quelle heure nous arrêtons-nous ? Si vous avez

20 l'intention de poursuivre, je vais maintenant me pencher sur une autre

21 carte.

22 M. le Président. - Nous allons arrêter à 17 heures 30 parce que

23 les interprètes ont commencé ce matin dès 9 heures 30. Nous allons arrêter

24 impérativement à 17 heures 30. Si vous voulez commencer un autre sujet ?

25 Sinon nous arrêtons tout de suite.

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1 M. Hayman (interprétation). - Je crois que nous aurions besoin

2 de quelques minutes pour placer cette carte sur le rétroprojecteur. Nous

3 allons nous interrompre maintenant. La carte sera déjà en place demain

4 matin et nous gagnerons beaucoup de temps.

5 M. le Président. – D'accord, dans ces conditions, l'audience est

6 levée.

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8 L'audience est levée à 17 heures 25.

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