Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL Affaire IT-95-14-T

2 POUR L’EX-YOUGOSLAVIE

3

4 LE PROCUREUR

5 c/

6 Tihomir BLASKIC

7 Mardi 23 février 1999

8

9 L’audience est ouverte à 10 heures 05.

10 M. le Président. - Veuillez vous asseoir. Monsieur le greffier,

11 introduisez notre témoin, c'est-à-dire le général Blaskic.

12 Bonjour aux interprètes, aux sténotypistes, bonjour aux avocats

13 de l'accusation, de la défense. Je salue l'accusé et si tout le monde

14 m'entend bien, ce que j'espère, nous pouvons continuer, Maître Nobilo.

15 M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Je

16 souhaite verser, dès le début, les photographies que nous avons faites à

17 partir de la maquette, nous n'avons qu'un lot de photographies en couleur,

18 hélas, les autres photographies sont en noir et blanc. J'aimerais les

19 présenter sur le rétroprojecteur et demander à M. Blaskic de décrire

20 brièvement ces photographies. Je souhaiterais avoir des cotes pour ces

21 photographies.

22 M. Dubuisson. – Pour les photographies, il s'agira du document

23 D542/1 jusqu'à D542/7.

24 M. Nobilo (interprétation). - La première photographie porte la

25 cote 542/1.

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1 M. Kehoe (interprétation) - Excusez-moi, il me semble que vous

2 avez parlé de photos en noir et blanc ?

3 M. Nobilo (interprétation). - Elles sont de très mauvaise

4 qualité. On ne voit pratiquement rien sur les photos en noir et blanc.

5 Nous serons obligés de demander des copies en couleurs pour tout le monde.

6 Nous avons essayé de constituer les photos en noir et blanc, mais on ne

7 voit quasiment rien sur celles-là.

8 M. le Président. - Cela vous pose un problème qu'elles soient en

9 couleur ?

10 M. Kehoe (interprétation) - Non, c'est plus facile de marquer ce

11 que le témoin dit sur le document en question. C'est toujours plus facile

12 à réutiliser pendant le contre-interrogatoire.

13 M. le Président. - J'ai une autre demande, je l'ai dit et je le

14 répète souvent, c'est que lorsque des documents sont mis sur le

15 rétroprojecteur, c'est pour que la galerie du public puisse les voir

16 aussi. Nos audiences sont publiques. Je le rappelle. Nous avons

17 suffisamment d'audiences à huis clos, pour d'autres raisons. Je sais que

18 c'est techniquement toujours un peu compliqué, mais je les surveille car

19 je vois le moniteur qui est dans la galerie du public. Les audiences sont

20 publiques, je le rappelle, sauf quand on décide autrement pour d'autres

21 raisons.

22 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous décrire la

23 photographie D542/1.

24 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs

25 les Juges, cette photo représente les postes de contrôle qui ont été mis

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1 en place à partir du 2 janvier 1993 et ce, jusqu'au 20 janvier 1993.

2 M. Nobilo (interprétation). - De la part de qui ?

3 M. Blaskic (interprétation). - De la part de l'armée de

4 Bosnie-Herzégovine.

5 Ce que je suis en train de montrer, c'est Vitez. Ici, nous

6 voyons Travnik et Novi Travnik ici.

7 M. Nobilo (interprétation). - Peut-on définir brièvement. Il

8 s'agit donc de postes de contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine, en

9 janvier 1993, sur les municipalités de Travnik, Novi Travnik et Vitez ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

11 M. Nobilo (interprétation). - Passons à la pièce à conviction

12 D542/2, pouvez-vous la placer sur le rétroprojecteur, s'il vous plaît ?

13 M. le Président. - Je demande au témoin de définir très

14 rapidement. Nous ne recommençons pas ce que nous avons vu hier. Le témoin

15 voit la photo, donne la légende et la photo est inscrite et enregistrée au

16 Greffe. Sinon on ne s'en sortira pas. Allez-y, Général Blaskic. Vous avez

17 la photo sous les yeux, moi je ne l'ai pas pour l'instant. Allez-y,

18 description et on passe à la suivante.

19 M. Blaskic (interprétation). - Cette photo représente le poste

20 de contrôle de la municipalité de Travnik. Le déploiement des forces du

21 HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine par rapport à la ligne de front de

22 l'armée de la Republika Srpska.

23 M. Nobilo (interprétation). - Merci, la photo D542/3.

24 M. Blaskic (interprétation). - Cette photo représente le poste

25 de contrôle qui a été mis en place à proximité de l'école élémentaire

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1 Vodovod Novi Travnik par l'armée de Bosnie-Herzégovine.

2 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agit d'un papier jaune qui

3 représente ce poste de contrôle ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

5 M. Nobilo (interprétation). - Passons maintenant à la pièce

6 D542/4.

7 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit d'un poste de contrôle

8 de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Kruscica, il est marqué en jaune.

9 M. Nobilo (interprétation). - Nous passons maintenant à la photo

10 542/5.

11 M. Blaskic (interprétation). - Cette photo représente des postes

12 de contrôle mis en place par l'armée de Bosnie-Herzégovine sur la route

13 principale allant de Novi Travnik à Gornji Vakuf, en jaune, nous voyons

14 les postes de contrôle.

15 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Nous passons à la photo

16 D542/6.

17 M. Blaskic (interprétation). - Cette photo représente les postes

18 de contrôle qui ont été établis par l'armée de Bosnie-Herzégovine, allant

19 de Katici jusqu'à Bilalovac, les marques jaunes indiquent les postes de

20 contrôle.

21 M. Nobilo (interprétation). - Merci. La photo suivante s'il vous

22 plaît. La dernière photo D542/7.

23 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit de la même photo datant

24 du mois de janvier 1993. En jaune, nous voyons les postes de contrôle.

25 M. Nobilo (interprétation). - Entre Katici et Bilalovac ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

2 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Hier, enfin d'audience,

3 nous avons parlé de la journée du 25 janvier 1993, dans l'après-midi de

4 cette journée. Vous avez été informé des combats à Busovaca. Quelles

5 informations avez-vous reçus concrètement ? Et était-ce suffisant pour que

6 vous puissiez commencer à prendre des décisions ? Quelles étaient les

7 communications entre les unités ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Le jour en question, durant la

9 journée, j'ai été informé qu'un conflit s'est produit sur le poste de

10 contrôle de Katici. Un membre de la police militaire du HVO a été blessé

11 ainsi qu'un civil qui n'a pas pu être identifié. Quant aux autres

12 informations, elles étaient vraiment très modestes. Je ne savais que très

13 peu sur ce qui se produisait sur le territoire de la municipalité de

14 Busovaca.

15 M. Nobilo (interprétation). - Peut-on présenter au témoin les

16 pièces de la défense D95 et D96 ainsi que la pièce D406 ?

17 M. Nobilo (interprétation). - S'il s'agit bien de la pièce de la

18 défense D95. Peut-on, s'il vous plaît, placer sur le rétroprojecteur la

19 version anglaise ?

20 (L'huissier s'exécute.)

21 Donc, nous allons montrer d'abord la pièce D95. Il n'y a pas de

22 traduction anglaise apparemment ? Je lirai le texte de ce document. "Le

23 4ème Bataillon de la police militaire", sous le numéro de référence qui

24 figure sur le document à la date du 25 janvier 1993. Le destinataire est

25 le commandement de la zone opérationnelle de Bosnie centrale (colonel

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1 Tihomir Blaskic, Kiseljak).

2 La dernière ligne du destinataire : "Communiqué, le 25 janvier

3 1993, vers 1 heure. Dans la localité de Katici, dans les conflits qui ont

4 éclaté entre les membres des unités du HVO, Busovaca, et de l'armée de

5 Bosnie-Herzégovine ont été mortellement blessés : Ivica Petrovic, membre

6 du HVO à Busovaca, ainsi qu'un individu non identifié pour le moment. Le

7 rapport sur cet événement a été établi sur place par le représentant du

8 département des affaires criminelles du HVO, Mostar, Pasko Ljubicic.

9 Signature"

10 Général, avez-vous reçu ce rapport à Kiseljak à la date du

11 25 janvier 1993, comme cela figure sur ce document ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je l'ai reçu dans l'après-

13 midi du 25 janvier 1993.

14 M. Nobilo (interprétation). - Par quel moyen vous est parvenu ce

15 rapport ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Il me semble qu'il est arrivé par

17 télécopie via les lignes de téléphone normales pour Kiseljak.

18 M. Nobilo (interprétation). - Les lignes de téléphone et de fax

19 entre Busovaca, Vitez et Kiseljak, ces câbles souterrains traversaient

20 quels territoires ? Par où passaient-ils ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Les lignes de téléphone

22 traversaient le territoire de Katici et de Bilalovac en direction de

23 Kiseljak. C'était dans la zone de cette route principale

24 Kiseljak-Busovaca-Vitez.

25 M. Nobilo (interprétation). - Dans ces circonstances, vous étiez

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1 en mesure d'utiliser les lignes téléphoniques normales, civiles, pour

2 émettre des ordres militaires ainsi que pour recevoir des rapports

3 militaires ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Non, puisque nous avons reçu un

5 certain nombre d'informations nous disant que ces lignes étaient mises sur

6 écoute.

7 M. Nobilo (interprétation). - Merci.

8 Nous allons consulter la pièce D96. Peut-on placer la pièce sur

9 le rétroprojecteur, s'il vous plaît ? Il s'agit d'un ordre dont vous êtes

10 l'auteur. Cet ordre n'a pas été confirmé comme le Greffe vient de me

11 l'indiquer. Aucun témoin, jusqu'à présent, n'a pu confirmer ce texte. Je

12 donne lecture du document : "Commandement OA-SB-ZM- Vitez, sb1881/93, en

13 date du 25 janvier 1993." Il est indiqué qu'il faut remettre en main

14 propre du commandant de la brigade Nikola Subic-Zrinjski de Busovaca.

15 Titre : "Choisir et nommer les personnes pour faire partie de la

16 commission conjointe. Sur la base d'une proposition qui nous a été remise

17 par le commandant du 3ème Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine, numéro

18 02/33-320, du 25 janvier 1993, et de la réponse officielle qui nous a été

19 adressée sous le numéro 02/33-327 du 25 janvier 1993, paragraphe 3, de la

20 part du commandant du 3ème Corps de l'armée de

21 Bosnie-Herzégovine afin d'assurer une application totale de

22 cette proposition, j'ordonne :

23 1. Le commandant de la brigade du HVO, Nikola Subic-Zrinjski de

24 Busovaca nommera, devant la brigade du HVO, des personnes pour prendre un

25 contact par téléphone et pour réaliser une rencontre en disposant de tous

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1 les pouvoirs afin de prendre une décision concernant la zone de

2 responsabilité de la brigade de Nikola Subic-Zrinjski Busovaca.

3 2. Le rôle principal de la commission est d'agir selon le

4 cessez-le-feu temporaire entre les unités du HVO et l'armée de Bosnie-

5 Herzégovine.

6 3. Les membres de la commission doivent être élus sur la base de

7 l'évaluation qui aura été effectuée et sur la base de la proposition du

8 commandement de la brigade Nikola Subic-Zrinjski.

9 4. Le délai pour appliquer ces décisions : le 25 janvier 1993,

10 15 heures.

11 Signé par le commandant Colonel Tihomir Blaskic."

12 Il est dit sur le document qu'à la date du 27 janvier 1993,

13 communication par paquet, vers 16 heures, ce document a été reçu.

14 Dites-moi tout d'abord si vous avez bien rédigé cet ordre ?

15 M. Blaskic (interprétation). – Oui.

16 M. Nobilo (interprétation). - Il y a un certain nombre de points

17 étranges ou ambigus. Je voudrais tirer cela au clair. Nous voyons ici un

18 numéro de référence. Il s'agit bien d'un numéro de référence de la zone

19 opérationnelle de Bosnie centrale ?

20 M. Blaskic (interprétation). – Non.

21 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi et à qui devrait

22 normalement appartenir ce numéro de référence ?

23 M. Blaskic (interprétation). – Le jour en question, je n'avais

24 pas de registre de la zone opérationnelle de Bosnie centrale. Je ne

25 pouvais donc pas déterminer ce numéro. J'ai donc demandé au personnel qui

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1 travaillait sur les communications sur paquet de me donner un numéro et

2 d'évaluer quel devait être ce numéro. Ici où l'on voit "SB", cela devrait

3 être "TB", "Tihomir Blaskic", les initiales de Tihomir Blaskic.

4 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Dans le préambule de cet

5 ordre, il semblerait que la lettre du 3ème Corps porte le numéro du

6 3ème Corps et que votre réponse, elle aussi, porte le numéro du 3ème Corps,

7 ce qui semble être une erreur. Quelle en est la raison ?

8 M. Blaskic (interprétation). – C'est une erreur. Celui qui a

9 tapé ce texte -et ce document a été envoyé par communication par paquet-,

10 la personne n'a vraisemblablement pas pu lire mon ordre. En fait, le texte

11 qui arrivait était écrit à la main. Le 3ème Corps m'a répondu. Je leur ai

12 écrit, ils m'ont répondu. Il s'agissait d'un échange de propositions.

13 M. Nobilo (interprétation). - Vous êtes d'accord pour dire que

14 ce préambule n'est pas logique, n'a pas de sens ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

16 M. Nobilo (interprétation). - Je voudrais savoir pourquoi ce

17 n'est pas vous qui déterminez qui va mener ces négociations. Pourquoi

18 laissez-vous le choix à la brigade de Busovaca ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Avant tout, je dois dire que je

20 ne tenais pas la situation en main. Je n'avais pas suffisamment

21 d'informations sur ce qui se produisait dans la municipalité de Busovaca,

22 alors que le commandant de la brigade, je n'étais pas sûr qu'il était

23 parvenu à rentrer de Zepce à la brigade, il s'agit de M. Niko Jozinovic. A

24 l'époque, je considérais encore qu'un incident s'étaient produit à Katici,

25 que c'était seulement un incident et que le conflit n'avait pas d'ampleur.

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1 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Je voudrais que l'on

2 présente sur le rétroprojecteur la pièce de l'accusation D406. Nous avons

3 une version anglaise.

4 M. Nobilo (interprétation). - Il est écrit : "Commandement de

5 la zone opérationnelle de Bosnie centrale de Vitez, numéro 01-1-366/93, à

6 la date du 26 janvier 1993 à 23 heures. Rapport au commandant de la zone

7 opérationnelle de Bosnie centrale, colonel Tihomir Blaskic à Kiseljak."

8 Si l'on regarde la signature, c'est le chef d'état-major,

9 Franjo Nakic.

10 Pourriez-vous, s'il vous plaît, examiner ce document et nous

11 dire comment ce document vous est parvenu ?

12 Pouvez-vous également montrer la dernière page ?

13 M. Blaskic (interprétation). - J'ai reçu ce document par fax,

14 par une ligne civile, ordinaire.

15 M. Nobilo (interprétation). - Nous ne lirons pas l'ensemble de

16 ce document mais uniquement le point 2 où il s'agit de communication :

17 "Rapport sur l'envoi de télégramme par communication par paquet.

18 Communication par paquet de l'état-major du HVO n'est pas entièrement

19 opérationnelle. Seules les personnes d'Herzégovine peuvent recevoir ces

20 communications, vu que des étrangers apparaissent très souvent (l'armée de

21 Bosnie-Herzégovine), le fait que ces communications soient surchargées et

22 que ces communications sont trop souvent interceptées au sein de la zone

23 opérationnelle de Bosnie centrale ; ce n'est qu'à Vitez que ce réseau est

24 opérationnel, Travnik, Novi Travnik ont limité leur capacité. Kiseljak ne

25 fonctionne que par le biais de Vitez. Zenica et Busovaca ne fonctionnent

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1 pas. Zepce est entièrement hors service. Des personnes qui envoient des

2 communications par paquet à Kiseljak ne peuvent pas travailler à plein

3 temps et n'ont pas été non plus formées, ne disposent pas d'équipement

4 pour utiliser cette fréquence. L'armée de Bosnie-Herzégovine a déjà essayé

5 d'intercepter nos communications. Ceci a été remarqué par l'état-major du

6 HVO, nous sommes donc obligés de vérifier chaque participant au maximum."

7 Etc. etc., je ne lirai pas l'ensemble du texte.

8 Dites-moi, si vous avez effectivement reçu ce document à

9 Kiseljak du commandement de Vitez ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

11 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous expliquer très

12 brièvement de quoi il s'agit quand on parle de communication par paquet

13 que vous avez effectivement utilisée, en plus des lignes ordinaires.

14 Avez-vous eu un autre moyen en plus où c'étaient les seuls moyens de

15 communication dont vous disposiez ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Nous n'avions pas d'autres moyens

17 de communication. La communication par paquet, comme on l'a décrit ici,

18 était le seul moyen de communication. Comment procédait-on ? On utilisait

19 une seule ligne téléphonique et le modem sur l'ordinateur pour envoyer des

20 messages.

21 La personne qui était chargée de l'opération tapait le message

22 puis l'envoyait à l'adresse du destinataire. Le problème était de savoir

23 comment protéger nos messages. Ces problèmes étaient graves parce que

24 l'envoi du message pouvait être effectué par n'importe qui. En fait, la

25 réception, elle aussi, pouvait être faite par n'importe qui dans le mesure

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1 où cette personne connaissait le code.

2 M. Nobilo (interprétation). - Un instant. Vous avez dit que vous

3 avez fonctionné par modem, par ligne téléphonique. Par ligne téléphonique

4 ou par ligne radio ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Par radio.

6 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez fait une petite erreur

7 précédemment. Lorsqu'on on envoie un message par paquet, où est le

8 problème ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Le problème principal est de

10 protéger le contenu de ce message parce que toute personne entrant dans

11 cette chaîne de communication peut intercepter le message.

12 M. Shahabuddeen (interprétation). – Maître Nobilo, excusez les

13 Juges. Nous savons que tous les témoins ont utilisé ce terme

14 "communication par paquet" et cette procédure a été expliquée à plusieurs

15 reprises. Mais c'est un témoin très important et je me demande s'il ne

16 serait pas utile d'expliquer, de façon concise et précise, ce que

17 représente ce système de communication et en quoi il consiste ?

18 M. Nobilo (interprétation). – Oui, merci. Général, pourriez-vous

19 très brièvement nous expliquer comment fonctionne ce réseau de

20 transmission ? Quelles étaient les machines nécessaires et comment ce

21 système fonctionnait-il ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Nous utilisions des ordinateurs

23 tout à fait communs. Il ne s'agissait pas d'ordinateurs spécifiques à

24 l'armée, il s'agissait d'ordinateurs que nous pouvions acheter n'importe

25 où. Nous utilisions également les lignes déjà existantes que les PTT

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1 utilisaient. Mais nous utilisions une station de relais radio et nous

2 utilisions également un modem qui nous permettait d'établir des

3 communications entre les différents utilisateurs de ce réseau par paquet.

4 M. Nobilo (interprétation). - Comment envoyait-on un texte ?

5 Pourriez-vous nous expliquer quelle était la procédure ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Par exemple, lorsque je rédigeais

7 un ordre ou document, s'il s'agissait d'un document urgent, je pouvais le

8 remettre à l'opérateur qui se trouvait assis devant l'ordinateur et celui-

9 ci tapait, ensuite, cet ordre sur le l'ordinateur.

10 Par la suite, il contactait l'utilisateur suivant, peut-être un

11 autre ordinateur, l'ordinateur de la personne à qui le message était

12 destiné, et si un lien de communication existait entre les deux

13 ordinateurs, le message était envoyé à l'utilisateur suivant.

14 M. Nobilo (interprétation). - Par conséquent, vous utilisiez un

15 ordinateur et un modem, n'est-ce pas ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

17 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque le message est sur les

18 ondes en quelque sorte, sur les ondes radios, quel est le problème qui se

19 pose ? Le message doit-il arriver au destinataire ou bien une personne

20 peut-elle intercepter le message avant ?

21 M. Blaskic (interprétation). – En fait, deux problèmes se

22 posaient et qui étaient relativement graves. L'un d'entre eux était que si

23 quelqu'un connaissait le code du participant ou de l'utilisateur, ce

24 message pouvait être intercepté par la personne. Il suffisait qu'elle

25 connaisse le code en question.

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1 L'autre problème était que si une tierce personne souhaitait

2 entrer dans ce réseau de communication, eh bien cette personne pouvait

3 l'utiliser pour envoyer ses propres messages. Par exemple, si moi

4 j'envoyais un message de Kiseljak et que le 3ème Corps d'armée connaissait

5 le code, le 3ème Corps d'armée pouvait également envoyer, à partir du

6 centre de communication, un message au commandement de la zone

7 opérationnelle de Vitez.

8 M. Nobilo (interprétation). – Etait-ce code ou la fréquence

9 qu'il fallait connaître ?

10 M. Blaskic (interprétation). - En fait, ce sont deux points

11 différents. Il y a effectivement la fréquence. Si l'on connaît la

12 fréquence, on peut participer à la procédure de communication, mais les

13 participants, les destinataires et expéditeurs de messages avaient leurs

14 propres codes, des codes très simples. Par conséquent, ils s'identifiaient

15 en donnant leur nom de code, par exemple.

16 M. Shahabuddeen (interprétation). - Général, résumez, s'il vous

17 plaît, en nous disant si une interception était possible lorsqu'on

18 utilisait la communication par paquet. Vous nous avez dit d'ailleurs : "En

19 fait, il s'agit d'une communication d'ordinateur à ordinateur", mais une

20 interception était-elle possible quand cette procédure était suivie ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Oui, Monsieur le Juge. Surtout au

22 tout début, lorsque nous avons commencé à utiliser cette procédure et que

23 nous n'avions aucun moyen de protéger nos communications. Je l'ai expliqué

24 il y a quelques instants. L'interception était possible à la fois lorsque

25 le message était envoyé, mais également lorsqu'une tierce personne

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1 envoyait un autre message en utilisant un faux nom ou un faux code.

2 M. Nobilo (interprétation). - Par conséquent, il aurait pu

3 s'agir d'un faux ordre.

4 M. le Président. - Général, puisque nous sommes au tout début du

5 conflit, vous êtes allié officiellement avec le 3ème Corps d'armée, avec

6 l'armée de Bosnie-Herzégovine. Donc, vous avez au départ des matériels

7 communs, des modes de transmission communs et des codes communs. Au tout

8 début, est-ce que cela a donc posé des problèmes encore plus importants ?

9 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président,

10 effectivement, il existait un lien de coopération dans la mesure où les

11 responsables de communications ont coopéré. Par exemple, les responsables

12 de communication chez nous et ceux de Enver se regroupaient parfois,

13 organisaient des réunions. Je ne sais pas comment ils le faisaient, mais

14 ils essayaient de résoudre certains problèmes techniques.

15 Effectivement, à l'époque, nous étions alliés et nous avions

16 tout un système commun de communication. Par conséquent, il n'y avait pas

17 de secret entre les uns et les autres, entre les responsables du

18 3ème Corps et de la zone opérationnelle.

19 M. Nobilo (interprétation). - Ralentissez un peu, Général, s'il

20 vous plaît.

21 M. le Président. - Simplement, vous pouviez vous-même

22 intercepter les communications du 3ème Corps d'armée, par exemple ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Au tout début, oui, la différence

24 étant néanmoins que le 3ème Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine a

25 hérité du système de communication utilisé au quartier général de la

Page 17422

1 Défense territoriale de Zenica. Je parle de l'époque au cours de laquelle

2 la JNA était stationnée à Zenica. Je parle de la défense territoriale en

3 tant que composante des forces armées de l'ex-Yougoslavie. Par conséquent,

4 ils ont hérité du système de communication de l'époque.

5 M. Nobilo (interprétation). - Du point du vue technique, à quel

6 niveau se trouvait ce système par rapport au vôtre ?

7 M. Blaskic (interprétation). - A toutes fins utiles, ce système

8 de communication permettait l'existence de commandements opérationnels,

9 alors que le système utilisé par le HVO était un système qui était en

10 cours de création, à l'état embryonnaire, si je peux dire. Tous les

11 opérateurs n'avaient pas reçu la formation suffisante leur permettant

12 d'utiliser ce système.

13 M. Nobilo (interprétation). - D'après votre expérience -vous

14 n'êtes pas expert en communication-, ce système de transmission par paquet

15 que vous utilisiez, est-ce un système utilisé dans l'armée permettant de

16 donner des ordres, sur le terrain d'un point de vue opérationnel ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Ce n'était pas un système

18 professionnel à proprement parler parce que lorsqu'il s'agit d'ordres

19 opérationnels. On parle d'ordres en temps réel et en espace réel alors

20 que, selon les documents, on voit que parfois, il fallait un ou deux jours

21 avant qu'un ordre parvienne à sa destination.

22 M. Rodrigues (interprétation). - Nous savons que vous avez, au-

23 delà de votre formation militaire, une formation dans l'informatique. Est-

24 ce que cette formation informatique vous a aidé à installer ou à mieux

25 communiquer dans cette situation ou non ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Juge, si j'avais eu

2 les moyens et les possibilités nécessaires, ceci m'aurait aidé. Je vous

3 donnerai un exemple : le responsable des communications pour la zone

4 opérationnelle avait fait des études techniques. C'était un technicien

5 radio et il avait travaillé dans une entreprise d'entretien de matériel à

6 Travnik. Il était chargé d'assurer l'entretien du matériel radio. Mais la

7 tâche consistant à contrôler certaines unités, certains équipements,

8 c'était quelque chose qu'il ne savait pas faire. Et à l'époque, je n'avais

9 personne à mes côtés.

10 M. Nobilo (interprétation). - Les logiciels que vous utilisiez

11 dans les ordinateurs étaient-ils spécifiques à l'armée ou bien étaient-ce

12 des logiciels tout à fait ordinaires que l'on pouvait acheter n'importe

13 où ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Non, ce n'étaient pas des

15 logiciels militaires. A ma connaissance, c'étaient des logiciels utilisés

16 par n'importe quelle entreprise et qui pouvaient être achetés dans

17 n'importe quelle boutique.

18 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez parlé de quelque chose

19 sur laquelle nous devrions attirer l'attention des juges. "Commandement ou

20 ordre en temps réel", que cela signifie-t-il du point de vue militaire ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Il y a un instant, nous avons

22 parlé d'informatique, d'ordinateur, et le terme utilisé dans l'ex-JNA

23 impliquait qu'un commandement militaire, un commandant militaire reçoit

24 des informations lorsque l'événement a lieu dans une région donnée et

25 qu'il a la possibilité de réagir et d'influer sur la situation. Il pouvait

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1 donc réagir simultanément, dès réception de l'information.

2 Aujourd'hui, outre la possibilité de commander en espace réel et

3 d'exercer son pouvoir de contrôle et de commandement en espace réel, il y

4 a également une démarche sélective vis-à-vis de l'ensemble des

5 informations, de l'ensemble des informations qui sont reçues par les

6 commandants à tout moment. Et ceci lui permet de réagir avec la plus

7 grande diligence possible et d'exercer une certaine influence sur les

8 évènements qui se produisent dans la région en question.

9 M. Nobilo (interprétation). - Nous avons regardé le document D96

10 qui a été rédigé le 25 janvier 1993. Le cachet est celui du réseau de

11 transmission par paquet en date du 27 janvier 1993, à 4 heures du matin,

12 sans doute. Est-ce là un exemple de la qualité des communications qui

13 existaient à l'époque et que représentait ce type d'information ? En tant

14 que commandant, une information qui vous arrivait cinq ou six heures après

15 l'événement ou même une demi-journée, comment ceci influait-il sur votre

16 possibilité de réaction ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Ceci n'est qu'un exemple. Il y en

18 a eu de nombreux autres. Ce type d'information ainsi envoyée et ainsi

19 reçue ne permettait pas au destinataire, ici au commandement à Vitez, de

20 réagir à temps parce que deux jours s'étaient écoulés avant que

21 l'information ne parvienne au commandant. Par conséquent, on ne peut pas

22 réagir de façon appropriée dans ces circonstances lorsque des informations

23 arrivent si tardivement.

24 Il est impossible de commander et contrôler la situation en

25 temps réel, en espace réel.

Page 17425

1 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Passons à autre chose.

2 Ceci nous amène au 26 janvier. Vous êtes toujours à Kiseljak, isolé, sans

3 savoir ce qui se passe à Busovaca. Vous avez une réunion à 10 heures du

4 matin avec Dzemo Merdan. Comment cette réunion a-t-elle été organisée et

5 quel était l'objectif de cette réunion ?

6 M. Blaskic (interprétation). - La réunion du 26 janvier 1993,

7 qui s'est tenue à environ 10 heures du matin au quartier général de la

8 Forpronu pour la Bosnie-Herzégovine, cette réunion donc a regroupé de

9 nombreuses personnes : Cordy Simpson, Dzemo Merdan, le général Bob Stewart

10 et moi-même. C'est à mon initiative que cette réunion a été organisée, à

11 la demande que j'ai formulée le 25 janvier, également de la demande de la

12 Forpronu, afin que nous parvenions à un accord de cessez-le-feu et que

13 nous mettions un terme au conflit avec l'armée de Bosnie-Herzégovine.

14 J'ai tout d'abord demandé une cessation des activités de combat.

15 Cela a été ma première demande. Ensuite, j'ai demandé que le barrage de

16 Katici soit éliminé, que la route soit rouverte, la route entre Kiseljak

17 et Busovaca. J'ai également demandé une totale liberté de mouvement sur la

18 route Busovaca-Kiseljak.

19 Dzemo Merdan n'a pas contesté ou nié le fait qu'il fallait que

20 le conflit cesse. Le désaccord portait sur les soldats de l'extérieur, à

21 savoir l'engagement de forces qui provenaient de l'extérieur de la

22 municipalité de Busovaca dans ce conflit. Néanmoins, au cours de la

23 réunion, nous sommes parvenus à nous mettre d'accord pratiquement sur tous

24 les points qui étaient à l'ordre du jour.

25 A un moment donné, au cours de la réunion, un message m'a été

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1 apporté dans le hall où nous tenions la réunion, message disant que

2 l'armée de Bosnie-Herzégovine avait lancé des opérations de combat dans la

3 région de Lasva, Dusina et Vinica et que les civils croates de ces

4 villages avaient été massacrés. J'ai réagi en demandant à Dzemo de faire

5 cesser ces opérations et je lui ai dit que nous ne pouvions pas rester

6 assis et parler de cela pendant que le 3ème Corps d'armée lançait ces

7 attaques sur le terrain.

8 Cette réunion a été levée, interrompue temporairement et s'est

9 terminée lorsque nous sommes parvenus à un accord stipulant que le

10 lendemain, le 27 janvier 1993, à 10 heures du matin, nous nous

11 retrouverions au même endroit et que le commandant du 3ème Corps d'armée

12 serait présent, Enver, qui d'ailleurs assistait généralement à ce type de

13 réunions avec moi.

14 M. Nobilo (interprétation). - Dzemo Merdan a-t-il promis de

15 d'analyser la situation à Dusina et à Vinica et qu'il ferait cesser les

16 massacres là-bas ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il a dit cela à ce moment-

18 là. Il n'avait aucun moyen de communiquer avec ces hommes à partir de

19 l'endroit où nous nous trouvions. Mais il a dit qu'il allait

20 personnellement se déplacer afin de vérifier quelle était la situation sur

21 le terrain dans cette région.

22 M. Nobilo (interprétation). – Passons à une autre réunion. Mais

23 je viens de me souvenir qu'il fallait que je vous pose la question

24 suivante : aviez-vous, ou le 3ème Corps d'armée avait-il des véhicules de

25 brigade, des centres mobiles de communication grâce auxquels les

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1 commandants pouvaient mener des opérations de combat, quel que soit

2 l'endroit où ils se trouvaient ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Nous avions effectivement un

4 système de relais radio, comme nous l'appelions, en tout cas au niveau des

5 brigades de l'ex-JNA, alors que dans le HVO nous n'avions pas ce type de

6 système, en tout cas pas dans la zone opérationnelle de Bosnie centrale.

7 Je sais que l'organisme chargé de l'entretien des systèmes techniques à

8 Travnik, tous ces systèmes ont été utilisés par l'armée de Bosnie-

9 Herzégovine.

10 M. Nobilo (interprétation). – Ce jour-là, le 27 janvier 1993, au

11 quartier général de la Fropronu, à Kiseljak, à 10 heures du matin, une

12 autre réunion a été tenue. Enver Hadzihazanovic s'est présenté à cette

13 réunion. C'était le commandant du 3ème Corps d'armée.

14 Comme s'est passée cette réunion ?

15 M. Blaskic (interprétation). – Enver Hadzihasanovic du 3ème Corps

16 est venu assister à la réunion. Mais, Kadir Jusic, du 1er Corps, est venu

17 également assister à la réunion. Il est venu de Visoko. Le responsable de

18 l'ECMM, M. Flemming, était également présent. Dès le début, Enver, a fait

19 remarquer que j'étais isolé à Kiseljak et que manifestement le HVO, dans

20 la vallée de la Lasva était commandé par une autre personne. Il a convenu

21 que nous ne commencerions la réunion que lorsque je lui donnerais la

22 véritable identité du commandant du HVO dans la vallée de la Lasva et dans

23 la zone opérationnelle de Bosnie centrale.

24 J'ai confirmé que c'était exact, que j'étais à Kiseljak, mais

25 qu'à ma connaissance, c'était moi qui dirigeais la zone opérationnelle de

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1 Bosnie centrale.

2 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous pu confirmer et lui

3 affirmer que vous ne dirigiez pas les événements qui se produisaient à

4 Busovaca ?

5 M. Blaskic (interprétation). – Oui, effectivement, à ce moment,

6 je n'ai pas pu affirmer cela et reconnaître cela parce que ma opposition

7 dépendait des circonstances qui régnaient sur le terrain.

8 M. Nobilo (interprétation). – Peut-on montrer au témoin la pièce

9 de la défense D188, s'il vous plaît ?

10 J'aimerais que la version anglaise de ce document soit placée

11 sur le rétroprojecteur.

12 (L'huissier s'exécute.)

13 Dans ce document D188, je vais lire uniquement deux ou trois

14 phrases. Ce document est un rapport de Enver Hadzihasanovic, commandant du

15 3ème Corps d'armée de l'état-major du commandement de la République de

16 Bosnie-Herzégovine des forces armées. Au début du paragraphe, je lis :

17 "Nous supposons que le commandant Tihomir Blaskic est isolé à

18 Kiseljak et que l'acceptation de régler le problème et l'expression de

19 cette acceptation ne fait aucune contestation, mais que les problèmes sont

20 réglés non par Tihomir Blaskic, mais par quelqu'un d'autre.

21 Dans ces conditions, il n'y a aucun sens à négocier puisqu'il

22 est certain qu'indépendamment du résultat obtenu et de l'accord conclu, il

23 n'y aura aucun résultat".

24 Dernière phrase :

25 "Il conviendrait de demander à l'état-major principal du HVO de

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1 déterminer la personne qui, en lieu et place, de M. Blaskic va…"

2 On ne lit pas très bien ce mot, mais je pense que cette phrase

3 se lit tout de même comme suit : "…qui aura la responsabilité de prendre

4 les décisions entrant dans le cadre du commandement dans la période à

5 venir."

6 Signature : Enver Hadzihasanovic.

7 Vous n'avez pas vu ce document jusqu'à présent. Mais ce qui est

8 dit dans ce document, ce que dit Enver Hadzihasanovic dans ce document,

9 correspond-il à ce qu'il vous a exprimé, oralement, lors de cette

10 rencontre que vous avez eue avec lui, le 27 janvier 1993 ?

11 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

12 M. Nobilo (interprétation). - Après avoir essayé de sauver la

13 situation, est-ce que les pourparlers se sont poursuivis ? Est-ce que vos

14 rapports ont continué à exister ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Bien sûr, les pourparlers ont

16 continué. Je voulais avant tout discuter d'un cessez-le-feu que je

17 demandais et discuter de la situation des forces qui venaient de

18 l'extérieur de Busovaca et qui participaient au conflit. Je demandais que

19 les lignes de front soient stabilisées, que la route de Katici soit

20 rouverte et que la situation soit ramenée à ce qu'elle était, le

21 23 janvier 1993, dans tous ses aspects.

22 Lors de cette réunion, nous sommes parvenus à conclure un accord

23 de cessez-le-feu. Nous avons signé cet accord et nous l'avons présenté aux

24 médias et au public. Le général de brigade Cordy Simpson était présent à

25 Kiseljak pour cette réunion, ce qui était un peu exceptionnel.

Page 17430

1 Après la réunion, je suis allé à la caserne de Kiseljak où je me

2 suis mis au travail pour rédiger les ordres destinés à mettre cet accord à

3 exécution.

4 M. Nobilo (interprétation). - J'aimerais maintenant que l'on

5 remette au témoin le document D348.

6 Ce document D348, daté du 27 janvier 1993, a été adressé à

7 toutes les unités, y compris à toutes les unités autonomes du HVO et au

8 département de la Défense de Mostar ainsi qu'à toutes les brigades, et son

9 objet est l'application de l'accord sur la cessation sans condition des

10 hostilités. Je vais lire un passage.

11 Premier paragraphe :

12 "1. Appliquer l'accord sur la cessation des hostilités et

13 établir un cessez-le-feu concernant toutes les armes.

14 Responsables de l'exécution de cet ordre : les commandants

15 subordonnés immédiats.

16 2. Autoriser les représentants de la Forpronu à vérifier le

17 cessez-le-feu.

18 3. Permettre le libre passage de tous les véhicules et du

19 personnel de la Forpronu, du Haut-commissariat aux réfugiés et d'autres

20 organisations humanitaires.

21 4. Permettre l'échange de tous les prisonniers par

22 l'intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge, etc."

23 Il y a un certain nombre de points qui suivent dans lesquels,

24 notamment, vous déterminez les personnes qui siégeront dans diverses

25 commissions pour surveiller le cessez-le-feu, etc.

Page 17431

1 Mais ces résultats sont-ils bien le résultat de la conclusion de

2 l'accord que vous venez de nous décrire ?

3 M. Blaskic (interprétation). – Oui. En fait, les points de

4 l'accord sont absolument identiques aux points qui figurent dans ce

5 document d'ordre. Ces ordres sont le résultat de la réunion tenue le

6 27 janvier 1993 avec la commandant du 3ème Corps d'armée de l'armée de

7 Bosnie-Herzégovine.

8 M. Nobilo (interprétation). - Le 27 janvier, après cette

9 réunion, vous receviez les premières informations relatives aux violences

10 subies par les villages croates : Gusti Grab, Nezirovici, Besici, etc.

11 Est-ce exact ?

12 M. Blaskic (interprétation). – Oui. J'ai reçu des informations

13 après la réunion, je crois qu'il était déjà tard dans la soirée. Et ces

14 informations me faisaient savoir que durant la journée, les unités du

15 3ème Corps d'armée avaient attaqué un certain nombre de villages croates, à

16 savoir Nezirovici, Besici, Prosje, et que ces villages avaient été

17 capturés par l'armée de Bosnie-Herzégovine, les civils habitant dans ces

18 villages étant expulsés de ces villages.

19 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous montrer sur la carte

20 l'emplacement de ces villages ?

21 M. le Président. - Ces attaques ont eu lieu le jour de la

22 réunion avec le général Simpson et la réunion de la Forpronu, c'est cela ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Oui, Monsieur le Président,

24 réunion qui s'est tenue également avec le commandant du 3ème Corps

25 d'armée. Je peux vous montrer, si vous le permettez, l'endroit où ce sont

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1 déroulées ces attaques, sur la carte aussi.

2 M. Nobilo (interprétation). - Sur la maquette, c'est peut-être

3 préférable.

4 M. le Président. - Maître Kehoe, si vous voulez vous approcher,

5 ou Maître Harmon.

6 M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

7 M. Blaskic (interprétation). - Ici, c'est le village de

8 Nezirovici qui a été attaqué ce jour-là, le 27 janvier 1993. De ce

9 village, les habitants croates ont été expulsés dans la direction de

10 Oseliste et Gusti Grab, c'est-à-dire dans la direction de Kiseljak.

11 Ici se trouve le village de Besici. C'est aussi un village

12 croate d'où les Croates ont été expulsés dans la direction d'Oseliste, et

13 le village de Prosje, lui, se trouve ici, à cet emplacement. Peut-être

14 serait-ce d'ailleurs plus visible sur la carte ?

15 M. Nobilo (interprétation). - Il nous suffit de voir le

16 territoire général.

17 M. le Président. - Quand même, si cela ne vous dérange pas de

18 reprendre la carte, parce que moi, la maquette, je dois dire que j'ai un

19 peu de difficultés. Je trouve que la carte donne une idée de la géographie

20 et surtout de l'orientation.

21 Par rapport à Kiseljak, s'il vous plaît, Général Blaskic, vous

22 situez Kiseljak, s'il vous plaît.

23 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Kiseljak

24 se trouve ici et, ici, c'est la route principale qui mène à Busovaca. Le

25 27 janvier, nous étions ici lorsque nous avons tenu notre réunion, et les

Page 17433

1 villages attaqués sont Nezirovici, que je montre en cet instant-même, et

2 puis le village de Prosje. Une chapelle a été incendiée dans le village de

3 Prosje au cours de l'attaque de cette journée.

4 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous déterminer qui a

5 attaqué ces villages croates ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Ce sont les forces du 3ème Corps

7 de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui ont attaqué ces villages croates, qui

8 ont capturé ces villages et expulsé les habitants croates dans la

9 direction de Gusti Grab et Oseliste, comme je l'ai déjà dit.

10 M. Nobilo (interprétation). - Nous verrons plus tard ce qui est

11 arrivé à Gusti Grab, Oseliste et tout ce territoire habité par des

12 Croates.

13 Si vous en êtes d'accord, pour le moment, j'aimerais vous

14 soumettre un document qui traite de la violence la plus importante

15 survenue à cette époque et, en fait, la première violence qui a pris pour

16 cible les civils de la vallée de la Lasva. Il s'agit du document D434.

17 La brigade Jure Francetic de Zenica, brigade du HVO, envoie au

18 commandement de la zone opérationnelle le 27 janvier ce rapport qui n'est

19 reçu que le 29 janvier. Voici le texte de ce rapport : son titre :

20 "Rapport au sujet du massacre subi par les Croates dans le village de

21 Dusina, communauté locale de Lasva."

22 "Le 27 janvier 1993, des personnes déplacées provenant du

23 village de Dusina, communauté locale de Lasva, sont arrivées à Zenica et

24 nous ont informés du massacre subi par les Croates dans la région

25 susmentionnée.

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1 Tôt le matin du 26 janvier 1993, les forces musulmanes du MOS de

2 Zenica ont encerclé plusieurs maisons croates dans le village de Dusina.

3 Elles exigeaient, au HVO de Dusina, de rendre ses armes.

4 Après qu'il eu été entendu que cette requête serait satisfaite,

5 les membres du MOS ont ouvert le feu sur les maisons croates. Suite à ces

6 tirs, Pero Rajic, Dragenco Kegelj et Frano Rajic ont perdu la vie."

7 Les noms de ces hommes sont suivis des prénoms de leur père.

8 "Zvonko Rajic, père d'Ivo a été tué au cours des négociations.

9 Marko Rajic et Blasko Bosnjak ont été blessés.

10 Les blessés ont été transportés à l'hôpital de Zenica.

11 Après que les tirs ont cessé, les membres du MOS sont entrés

12 dans le village et ont enfermé les civils dans la maison de Stipe Kegelj

13 où ils les ont gardé jusqu'à la nuit.

14 Les soldats du HVO ont confisqué les armes. Après quoi, ils ont

15 procédé à la fouille des maisons et, sous la menace d'une exécution, ils

16 ont exigé que d'autres armes leur soient encore remises car des Musulmans

17 habitant cette zone les avaient informés que toutes les armes n'avaient

18 pas encore été rendues.

19 Comme ils n'ont pas réussi à trouver d'autres armes, ils ont

20 commencé les exécutions. Niko Kegelj, Vinko Kegelj, Joze Kegelj, Mladenko

21 Kegelj et August Rados ont été exécutés.

22 Après cette exécution, les corps des soldats ont été emportés

23 dans la cave d'une maison privée. Marinko Kegelj a réussi à s'enfuir".

24 Là, le texte est assez peu lisible, mais son père, Stipo Kegelj

25 a été exécuté.

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1 "Parmi les hommes dont on ne sait pas où ils se trouvent ou ce

2 qu'il est arrivé, se trouvent Perica Rados, Dragan Rados, Nedeljko Rajic

3 et Marinko Kegelj.

4 Après avoir exécuté les soldats du HVO, les membres du MOS ont

5 voulu également exécuter Zdravka Rados, épouse de Dragan Rados. On suppose

6 qu'ils n'ont pas mis leur souhait à exécution à la demande d'un habitant

7 musulman de la région, etc., etc.

8 Signé : Zivko Totic, commandant de la brigade Subic-Zrinjski "

9 Est-ce que ce rapport vous est parvenu à quelque moment que ce

10 soit au cours du mois de janvier 1993 ?

11 M. Blaskic (interprétation). - Cette information, qui traitait

12 des événements survenus dans ce village, m'est parvenue le 26 janvier

13 déjà. J'en ai été informé par écrit sur un petit morceau de papier où l'on

14 me disait que l'attaque était en cours au moment même où je participais à

15 la réunion avec Dzemo. Dzemo a d'ailleurs vu le même petit morceau papier

16 comme les autres participants à la réunion. Mais ce que j'ai vu à ce

17 moment-là n'était pas écrit comme ce qui vient d'être lu. J'ai su que des

18 attaques avaient lieu et que des personnes avaient été exécutées. Mais

19 combien de personnes avaient été exécutées et qui avait été exécuté, cela

20 je ne l'ai pas su lors de la réunion.

21 Un peu plus tard, je crois que cela devait être le 31 janvier ou

22 aux alentours de cette date, j'ai reçu l'information dont il vient d'être

23 donné lecture.

24 M. Nobilo (interprétation). – Merci. Le 27, nous avons dit que

25 vous avez été informé du fait que des Croates étaient expulsés de leur

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1 village, Gusti Grab, Besici et Nezirovici et le 27 janvier 1993, dans les

2 journaux, les Musulmans annoncent leur entrée dans Busovaca. Avez-vous

3 reçu cette information à Kiseljak ?

4 M. Blaskic (interprétation). – Oui, à Kiseljak on parlait de

5 cela déjà. Les informations émanant de Radio Visoko et d'autres moyens

6 d'information nous avaient annoncé qu'il ne restait plus qu'à pénétrer

7 dans Busovaca car toutes les autres positions environnantes avaient été

8 capturées et toutes les conditions créées pour la prise de la ville par

9 l'armée de Bosnie-Herzégovine.

10 M. Nobilo (interprétation). – Monsieur le Président, peut-être

11 est-ce le moment de faire la pause ?

12 M. le Président. – Tout à fait. Nous suspendons 20 minutes.

13 L'audience, suspendue à 11 heures 20, est reprise à 11 heures 45.

14 M. le Président. - Nous reprenons l'audience et veuillez vous

15 asseoir. Veuillez m'excuser pour mon retard, il s'agit du retard du

16 Président, il est bien entendu involontaire.

17 Nous continuons.

18 M. Nobilo (interprétation). - Merci Monsieur le Président. Avant

19 la pause, nous en étions arrivés à la journée du 29 janvier, date à

20 laquelle les médias annoncent la chute de Busovaca.

21 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

22 M. Nobilo (interprétation). - Vous êtes à Kiseljak, qu'avez-vous

23 entendu à ce sujet ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Nous avons reçu l'information à

25 ce sujet, comme je l'ai dit tout à l'heure, grâce aux médias. Nous avons

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1 donc entendu dire que la chute de Busovaca était imminente et que dans le

2 cours de la journée, on attendait l'entrée des forces de Bosnie-

3 Herzégovine dans la ville de Busovaca qui serait libérée dans les heures

4 de l'après-midi.

5 Après cela, nous avons également reçu à Kiseljak une requête

6 nous demandant d'aider les habitants de Gusti Grab, village qui se trouve

7 sur les territoires de la municipalité de Busovaca. Il nous était demandé

8 d'évacuer les blessés de ces villages, Sirovi panj, Oseliste, Gusti Grab.

9 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous relater ce que vous

10 avez fait, ce qui s'est passé dans la région, quelles sont les décisions

11 que vous êtes parvenu à prendre et, peut-être, nous montrer également les

12 lieux dans lesquels vous situerez les événements que vous allez évoquer

13 brièvement.

14 M. Blaskic (interprétation). - Tous les incidents, tous les

15 événements dont nous allons parler, se sont déroulés dans le voisinage du

16 barrage routier qui se trouve ici. Ce barrage se trouvait au lieu-dit de

17 Donji Bukovci, terme reconnu par les villageois des environs alors

18 qu'officiellement, il se trouvait sur le territoire de Oseliste.

19 M. le Président. - Est-ce que nous sommes bien d'après vous, sur

20 les conséquences de la chute de Busovaca ? C'est bien cela que vous

21 demandez au témoin ?

22 Je voudrais comprendre.

23 M. Nobilo (interprétation). - Non, non, les médias musulmans ont

24 annoncé que Busovaca allait tomber ce jour-là. Mais Busovaca n'est pas

25 tombé ce jour-là. Sur la route entre Kiseljak et Busovaca, il y a,

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1 toutefois, un certain nombre de villages croates qui subissaient toujours

2 des attaques. Ce que le témoin entend relater à présent, c'est ce qui

3 s'est passé dans ces villages situés sur la route qui relie Kiseljak à

4 Busovaca.

5 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, une phrase

6 suffira sans doute. Le 27, les villages de Nezirovici et Besici ont été

7 attaqués, comme je l'ai dit, et dans les villages croates de Nezirovici et

8 Besici, après l'attaque de l'armée de Bosnie-Herzégovine...

9 M. Nobilo (interprétation). - S'il était possible de rapprocher

10 le micro de la bouche du témoin, ce serait nécessaire pour que les

11 interprètes puissent vous entendre. Et je vous demanderai de parler un peu

12 moins vite.

13 M. le Président. - Madame le Greffier, lorsque le témoin se

14 déplace, l'huissier se place à côté du témoin pour essayer de l'aider afin

15 que nous ne perdions pas de temps…, n'est-ce pas, Monsieur Claudius ? Vous

16 essayerez de faire comme cela, on a toujours des problèmes de

17 manipulation. Il serait préférable que l'huissier se tienne prêt à

18 intervenir. Merci.

19 M. Blaskic (interprétation). - Dans les villages de Nezirovici

20 et de Besici les Croates ont été expulsés de ces 2 villages le

21 27 janvier 1993, après l'attaque des forces du 3ème Corps de l'armée de

22 Bosnie-Herzégovine. Le 29 janvier 1993, les Croates expulsés des villages

23 de Nezirovici et de Besici se trouvaient sur le territoire à l'endroit qui

24 figure sur la carte sous le nom de Oseliste.

25 Et j'ai reçu de Busovaca, du HVO de Busovaca, par téléphone non

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1 protégé, j'ai reçu, donc, une demande qui m'était adressé et qui me

2 demandait d'organiser l'aide à l'accueil des Croates expulsés qui étaient

3 présents à Gusti Grab, Oseliste. Il nous était également demandé

4 d'organiser l'évacuation des blessés de cette région. Le matin, nous avons

5 envoyé une ambulance qui était chargée d'évacuer les blessés ; et au

6 niveau du barrage de Donji Bukovci qui se trouvait exactement à

7 l'emplacement que je suis en train de vous montrer ici sur la carte ou,

8 là, sur la maquette. Voilà c'est ici que se trouvait ce barrage, Oseliste

9 Donji Bukovci.

10 Donc, c'était à ce niveau que des coups de feu ont été tirés

11 contre l'ambulance. Le médecin qui se trouvait dans l'ambulance, le

12 Dr Barbic est mort suite à ces coups de feu tirés contre l'ambulance.

13 M. Nobilo (interprétation). - Qui a ouvert le feu contre

14 l'ambulance et le médecin ?

15 M. Blaskic (interprétation). - C'est l'unité, les soldats qui

16 contrôlaient le barrage routier de Bukovci, des soldats de l'armée de

17 Bosnie-Herzégovine qui ont tiré sur l'ambulance.

18 M. Nobilo (interprétation). - Qu'est-il arrivé au médecin ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Le médecin est mort et

20 l'ambulance a été confisquée, toute forme d'évacuation étant, par cela,

21 rendue impossible.

22 M. Nobilo (interprétation). - A un certain moment, vous avez

23 reçu une information vous annonçant que la famille Grubesic, des gens qui

24 avaient 65 ans, des parents d'un soldat du HVO, vous avez reçu

25 l'information selon laquelle ces personnes étaient mortes.

Page 17440

1 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Ce jour-là, nous avons

2 appris la mort des deux membres de la famille Grubesic, des personnes

3 âgées de 65 ans environ, qui avaient trouvé la mort à Nezirovici. Et nous

4 avons entendu qu'une famille de Besici était morte et que l'attaque se

5 poursuivait contre un groupe de Croates qui étaient bloqués entre les

6 villages de Nezirovici et de Besici et le village d'Oseliste.

7 Tous les habitants croates de la communauté locale de Katici,

8 dans la partie du territoire que je montre ici, étaient encerclés,

9 assiégés par les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

10 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez regroupé des volontaires

11 ce jour-là, 120 hommes environ, que vous avez envoyés vers ces barrages

12 routiers érigés par l'armée de Bosnie-Herzégovine dans la région de

13 Kiseljak. Pouvez-vous nous dire ce qui s'est passé, quelle a été

14 l'évolution des événements relatifs à ce groupe d'hommes que vous avez

15 envoyés ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Aux alentours de 15 heures 30,

17 nous sommes parvenus à regrouper 120 volontaires de la municipalité de

18 Kiseljak à peu près et nous sommes donc partis de Kiseljak avec

19 six véhicules à moteur. Nous avons pris la route, nous sommes passés par

20 Gromiljak, Brestovsko, Bilalovac pour nous arrêter à côté de l'usine

21 Klokoti. Ensuite, nous avons poursuivi notre chemin à pied vers le barrage

22 routier de Donje Bukovci.

23 Notre intention était d'obtenir la suppression de ce barrage

24 routier et de poursuivre l'évacuation des civils et des blessés de la

25 région d'Oseliste. Nous avons donc pris cette route à partir de Klokoti

Page 17441

1 vers Gracac qui est un point situé à la cote 594 et, aux alentours de

2 16 heures 30, 16 heures 40, nous nous sommes trouvés assez près des

3 positions tenues par les soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine, nous

4 pouvions les entendre parler les uns avec les autres au niveau de ce site

5 de Gracac et je me souviens les avoir entendu dire qu'ils attendaient une

6 relève à 17 heures.

7 Mais des coups de feu incontrôlés ont été ouverts à certains

8 moments. Nous étions à peine à 30 ou 50 mètres les uns des autres et ce

9 sont les membres du groupe qui étaient avec moi qui ont fait les frais de

10 ces coups de feu. Un des hommes est mort et trois ou quatre soldats ont

11 été blessés.

12 Quant aux pertes des blessés du côté de l'armée de Bosnie-

13 Herzégovine, je ne les connais pas. Je ne sais pas si l'armée de Bosnie-

14 Herzégovine a subi des pertes légères, mais j'ai remarqué en tout cas

15 qu'après ce conflit, le site de Gracac a été abandonné par ceux qui le

16 gardaient.

17 Les soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine s'étaient donc

18 retirés de Gracac dans la direction de Bukovci, ici, ce qui a permis aux

19 habitants d'Oseliste de prendre la route de Jelenov gaj.

20 Quant à moi, avec le groupe qui m'accompagnait, j'ai rebroussé

21 chemin pour me retrouver aux abords de l'usine de Klokoti, Plin Klokoti et

22 j'ai chargé Mato Lucic d'organiser l'accueil des réfugiés pendant la nuit,

23 après quoi, j'ai repris le chemin de Kiseljak avec tous les véhicules.

24 Quant aux volontaires qui m'avaient accompagné, ils sont

25 retournés chez eux, à la maison. En général, il s'agissait d'habitants de

Page 17442

1 Kiseljak.

2 M. Nobilo (interprétation). - Nous sommes arrivés à la date du

3 30 janvier 1993. Pouvez-vous me dire, s'il vous plaît, si le jour en

4 question vous avez entrepris une action ? Avez-vous essayé d'obtenir une

5 protection pour certaines familles musulmanes de Kiseljak ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Oui, le 30 janvier, le matin,

7 vers 6 heures et quart, j'ai reçu un appel de la communauté locale de

8 Brestovsko. Sur la maquette, on voit qu'il est marqué "Dugo Polje". Dans

9 cet appel téléphonique, ils m'ont dit qu'ils avaient remarqué un grand

10 groupe de civils arrivant vers Brestovsko par des villages de Bilalovac.

11 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agissait de Croates ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Oui, d'habitants croates de

13 Bilalovac. Il faut savoir qu'avant le 30 ou plutôt le 29, il n'y a pas eu

14 d'incident ou de conflit à cet endroit.

15 M. Nobilo (interprétation). - Il n'y a pas eu d'incident à

16 Bilalovac ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Oui, à Bilalovac. Ces gens-là

18 arrivaient à la caserne de Kiseljak, pour l'essentiel, ces gens étaient

19 très amers, ils réagissaient de manière très émotive. Ils menaçaient, ils

20 disaient qu'ils allaient prendre le même genre de mesures à l'égard des

21 Musulmans Bosniens de la ville de Kiseljak, le même genre de mesures que

22 celles dont ils ont été victimes à Bilalovac par l'armée de Bosnie-

23 Herzégovine.

24 Durant la nuit, du 29 au 30, ces gens ont été expulsés de la

25 communauté locale de Bilalovac et ce, par les forces de l'armée de Bosnie-

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1 Herzégovine. J'ai demandé à Kiseljak de la part de l'adjoint, au

2 commandant du poste de sécurité, au poste de police de Kiseljak, d'assurer

3 des mesures de protection pour des familles de Musulmans en vue dans la

4 ville.

5 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous parlez de Musulmans en

6 vue, vous parlez de la vie culturelle ? Vous parlez plutôt de l'aspect

7 politique, de dirigeants musulmans ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Ici, j'évoque la position des

9 Musulmans qui occupaient des postes importants sur le plan politique. Je

10 pense aussi à la famille du chef du commissariat de police. Cet homme

11 était un Musulman Bosnien, je pense aussi à tous les éminents Musulmans

12 qui avaient fait l'objet de menaces proférées publiquement par des Croates

13 expulsés de Bilalovac .

14 M. Nobilo (interprétation). - Que s'est-il passé concrètement,

15 la police a suivi vos recommandations ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Oui, une patrouille a été

17 constituée afin de surveiller cette zone à proximité des appartements ou

18 des maisons de ces gens. Je pense que le chef de cette station de police,

19 Ganija, Ejub Mujic, Sefer, tous ces gens-là ont été mis au courant de

20 cela.

21 M. Nobilo (interprétation). - Je souhaite montrer une cassette

22 vidéo, je demanderai au technicien d'atténuer les lumières et de préparer

23 la bande. Il s'agit d'une bande très courte. Nous avons donné le texte à

24 la cabine française. J'ai une copie pour la cabine anglaise également.

25 Un instant, s'il vous plaît, avant de commencer. Nous avons donc

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1 une cassette vidéo qui m'a été fournie par la télévision de Kiseljak, il

2 s'agit d'une séquence tournée dans la salle de sport de l'école de

3 Kiseljak où ont été reçues les personnes expulsées de Gusti Grab, de

4 Bilalovac, etc., ce que vous venez de mentionner.

5 Mais nous n'avons pas le son.

6 (Diffusion de la cassette vidéo.)

7 Nous avons quelques difficultés techniques.

8 M. le Président. - Voulez-vous continuer ? Que voulez-vous

9 faire, Maître Nobilo ?

10 M. Nobilo (interprétation). - Peut-on savoir si les techniciens

11 sont prêts ou non ?

12 J'aimerais qu'on revienne au début, s'il vous plaît, au début de

13 la bande.

14 Un jeune homme qui s'appelle Cavara Dalibor, nous racontera sa

15 vision des événements qui viennent de se dérouler. Dalibor, tu as la

16 parole.

17 Eh bien, moi je suis de Gusti Grab, nous avons combattu et eu

18 ils tiraient sur nous de Lugovi et de l'autre coté du Selo, il y a

19 plusieurs villages. Nous avons essayé de résister autant que possible,

20 mais eux ils attaquaient, ils venaient également des côtés, ils venaient

21 de Krajina, il y avait des Moudjahidin. Nous avons été obligés de nous

22 replier. Nous avons eu des blessés. Nous avons cherché à évacuer des

23 blessés. Eux, ils ont pris possession de nos tranchées. Ils les ont

24 détruites. Nous avons été obligés de nous replier complètement. Puis, nous

25 avons stabilisé un peu cette ligne.

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1 Ils nous ont également chassé de là. Ils tiraient de toute part,

2 de Selo, de Lugovi, nous avons reculé légèrement et lentement. Puis, la

3 ligne allait jusqu'à Jelenov gaj. Puis, nous avons rétabli la ligne avant

4 qu'ils ne réattaquent. Nous étions donc basé à Sirovi panj. Nous étions

5 huit à combattre. On s'attendait à ce qu'ils soient cinq cents, mais je

6 pense qu'ils n'étaient pas moins nombreux que cela.

7 Un garçon a été blessé. Il n'y a pas eu d'autres morts. Mais je

8 dois dire que nous nous sommes repliés certes vers Brestovsko, mais que

9 nous allons revenir et qu'au Musulman ne pourra se maintenir à Busovaca".

10 Ceci a été diffusé pas la télé de Kiseljak. Vous avez vu, à

11 l'époque, cette séquence ou vous la voyez pour la première fois

12 aujourd'hui ?

13 M. Blaskic (interprétation). – Je vois cette bande pour la

14 première fois aujourd'hui, mais les événements dont il est question ici me

15 sont connus.

16 M. Nobilo (interprétation). – Il s'agit d'un jeune homme qui n'a

17 pas plus que 17 ans et je souhaite répéter la dernière phrase qu'il a

18 dite. S'agit-il bien de ce que vous avez entendu par ailleurs ?

19 "Cependant, mon message pour eux", donc pour les Musulmans "est

20 que nous allons revenir et qu'aucun Musulman ne pourra survivre à

21 Busovaca".

22 Que pouvez-vous nous dire suite à cette déclaration de

23 vengeance ?

24 M. Blaskic (interprétation). – Il est évident que la conséquence

25 de tout ce que ce jeune homme a pu subir lors de ces combats, ces

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1 conflits, reflète le point de vue des Croates chassés des communautés

2 locales de Katici et de Bilalovac. On peut dire que leur point de vue

3 était presque identique et que cela nous rendait très difficile le travail

4 qui consistait à stabiliser la situation dans la municipalité de Kiseljak.

5 M. Nobilo (interprétation). - En plus de ces problèmes avec les

6 exilés qui sont très en colère, en rage, qui souhaitent se venger, est-ce

7 qu'il y a eu des problèmes sur le plan de l'organisation de la brigade

8 militaire quant à la Brigade Josip Jelacic ? Cette situation était-elle

9 nouvelle, exceptionnelle ? Comment avez-vous résolu ce problème ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Tout à fait. Le problème était de

11 taille. Il faut savoir que les forces de Kiseljak étaient pour l'essentiel

12 versées sur le front face à l'armée de la République serbe. Kokosa,

13 Kobilica, le site de Pjecevac et qu'une partie des forces de Kiseljak, des

14 communautés locales de Brestovsko, Bilalovac, était déjà déployée le long

15 du front de Travnik dans le secteur de Pakla revo également face à l'armée

16 de la République serbe.

17 Alors, le matin en question, le 30 janvier, les vieillards de la

18 communauté locale de Brestovsko étaient nos seuls hommes, les seuls hommes

19 que nous avions à notre disposition pour établir une nouvelle ligne de

20 front, cette fois-ci, face aux forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui

21 étaient tournées de Bilalovac contre Brestovsko et d'autres portions de la

22 municipalité de Kiseljak.

23 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous rappeler à la Chambre

24 où se trouvaient des hommes aptes à combattre pour que vous soyez obligés

25 de mobiliser des vieillards ?

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1 M. Blaskic (interprétation). – Deux cents recrues étaient

2 engagées pour défendre la ville de Travnik, dans le secteur 1, le secteur

3 de Pakla revo.

4 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit qu'un grand nombre

5 de ces exilés était en colère, était en rage. Je souhaite vous présenter

6 un document que vous avez rédigé, D350. Peut-on présenter cette pièce au

7 témoin, s'il vous plaît ?

8 J'aimerais également obtenir une cote pour la bande que nous

9 venons de visionner, la bande de la défense.

10 La Greffière (interprétation). – Document D543.

11 M. Nobilo (interprétation). - La bande vidéo portera la cote

12 D543.

13 Nous reviendrons donc maintenant sur la pièce D350 que vous avez

14 rédigée le 31 janvier 1993 et que vous avez destinée à Mustafa Agic.

15 Pouvez-vous nous dire de quelle nationalité est Mustafa Agic ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Il est Musulman bosnien.

17 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agit du commandement de la

18 zone opérationnelle de Bosnie centrale à la date du 31 janvier 1993, à

19 remettre en main propre de M. Mustafa Agic.

20 Objet : excuses suite à un comportement brutal des membres

21 extrémistes du HVO de Kiseljak.

22 Monsieur, j'ai été informé par les autorités compétentes d'un

23 comportement délictueux d'un groupe incontrôlé des soldats du HVO qui, à

24 la date du 29 janvier 1993, entre 14 et 16 heures, ont démoli votre

25 restaurant, votre établissement hôtelier. Je suis parfaitement au courant

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1 du fait que ce genre de comportement extrémiste de certains éléments du

2 HVO entrave la sécurité et provoque la méfiance parmi les habitants de

3 Kiseljak qui ne se sentent plus en sécurité.

4 Mais je vous assure que nous allons entreprendre des mesures

5 appropriées contre les personnes qui ont perpétré ces faits.

6 Je tiens à vous présenter encore une fois mes excuses pour tout

7 ce qui a pu être fait par des extrémistes dans les rangs du HVO."

8 Suit la formule de politesse. Signé : Commandant de la zone

9 opérationnelle de Bosnie centrale, colonel Tihomir Blaskic.

10 Pouvez-vous, s'il vous plaît, dire à la Chambre, dans ce

11 contexte où les Croates sont chassés, où des maisons sont incendiées, où

12 il y a eu un massacre perpétué sur les Croates de Dusina, quelles étaient

13 vos raisons pour présenter vos excuses, vous en tant que commandant de la

14 zone opérationnelle, et que vous présentiez vos excuses à cet hôtelier

15 musulman ? Pour quelles raisons avez-vous fait cela ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Mais mes raisons sont

17 parfaitement claires. Elles ressortent du document que nous avons sous les

18 yeux. Ce que je cherchais à préserver à tout prix, c'était de bonnes

19 relations. Je souhaitais stabiliser la situation quant à la sécurité à

20 Kiseljak.

21 Quand on évoque des bonnes relations, on pense évidemment aux

22 relations entre les Croates et les Musulmans bosniens dans la municipalité

23 de Kiseljak. Ici, il s'agissait d'un incident, je sais qu'une procédure a

24 été mise en place par les organes compétents au sujet de cet incident.

25 M. Nobilo (interprétation). - Je souhaite appeler votre

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1 attention sur le sceau. A qui appartient ce sceau ?

2 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit du sceau du

3 commandement de la brigade du HVO Josip Ban Jelacic, brigade de Kiseljak.

4 M. Nobilo (interprétation). - Vous, en tant que commandant de la

5 zone opérationnelle, pourquoi utilisez-vous un sceau qui appartient à une

6 brigade ?

7 M. Blaskic (interprétation). - La raison est que je n'avais pas

8 d'autre sceau. Le document est plus important si la signature est

9 accompagnée d'un sceau. J'ai utilisé celui que j'avais. Le seul que

10 j'avais à l'époque, c'étais celui de la brigade.

11 M. Nobilo (interprétation). - A Kiseljak, vous aviez un poste de

12 commandement, vous disposiez d'un bureau avec un personnel, avec des

13 moyens ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Non, je n'avais aucun bureau. Si

15 je me trouvais dans la caserne, j'utilisais le bureau du commandant de la

16 brigade. Quant à un bureau personnel, je n'en n'avais pas dans cette

17 brigade.

18 M. Nobilo (interprétation). - Pendant ce conflit du mois de

19 janvier et après ce conflit, donc pendant la totalité du temps où vous

20 étiez à Kiseljak -et nous verrons que vous y êtes resté jusqu'au début

21 mars-, est-ce qu'on aurait désarmé ou attaqué un village musulman

22 quelconque sur la municipalité de Kiseljak ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Il n'y a eu ni attaque ni

24 désarmement quant aux villages, voire des hameaux musulmans dans cette

25 zone.

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1 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que des civils auraient été

2 fait prisonniers, auraient été arrêtés pendant votre séjour à Kiseljak, en

3 janvier et plus tard, en 1993 ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Non.

5 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que des Musulmans ont été

6 forcés à creuser des tranchées pendant que vous étiez à Kiseljak en

7 janvier et février 1993 ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Non, aucun n'a été forcé à cela.

9 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu'il y a eu des maisons

10 musulmanes qui auraient été incendiées pendant votre séjour à Kiseljak en

11 janvier et février 1993 ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Aucun établissement, aucun

13 édifice ni maison musulmane n'ont été incendiés pendant cette période.

14 M. Nobilo (interprétation). - Alors, nous avons parlé de cette

15 commission conjointe que vous avez constituée avec l'armée de Bosnie-

16 Herzégovine, etc. Pouvez-vous nous dire ce que l'armée de Bosnie-

17 Herzégovine a gagné sur le plan militaire ou stratégique dans ces combats

18 et, inversement, quels ont été les gains pour le HVO ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Est-ce que je peux le montrer sur

20 la carte, si la Chambre me le permet ?

21 M. le Président. - Allez-y.

22 M. Blaskic (interprétation). - L'armée de Bosnie-Herzégovine a

23 réussi à créer un corridor par cette action sur la route principale allant

24 de Busovaca à Kiseljak. Ce corridor comprend Katici, Bilalovac.

25 De cette manière, l'armée a pu relier par voie terrestre le

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1 3ème Corps de Zenica aux forces du 4ème Corps se trouvant à Mostar ;

2 également avec une partie des forces du 1er Corps, du groupe opérationnel

3 Igman; puis, dans la zone de trois municipalités, municipalité de Zenica,

4 les villages Lasva, Dusina et Visnjica, un nettoyage ethnique a été

5 perpétré contre les Croates, habitants de ces villages. Egalement dans la

6 zone de la communauté locale de Katici, un nettoyage ethnique a eu lieu.

7 Les Croates ont été chassés des villages de Nezirovici, Besici, Gusti

8 Grab, Oseliste, Prosje, et partiellement le village de Milavice.

9 Aussi, quant à la communauté locale de Bilalovac, les Croates

10 ont été chassés des villages de Prviste, Odrace, Devetaci, Badnje,

11 Milodraz, Sehitluci, ainsi que des hameaux de la communauté locale de

12 Bilalovac, en direction de Kiseljak.

13 M. Nobilo (interprétation). - A peu près, pouvez-vous nous dire

14 combien y a-t-il eu de Croates qui ont été chassés et qui se dirigeaient

15 vers Kiseljak et Busovaca ?

16 M. Blaskic (interprétation). - On peut dire qu'en gros, il

17 s'agissait de 2 100 Croates, voire plus.

18 M. Nobilo (interprétation). - S'agit-il d'un premier nettoyage

19 ethnique qui se serait produit en Bosnie ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est le premier nettoyage

21 ethnique dans les municipalités de Zenica, Busovaca et Kiseljak.

22 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce la première fois qu'une

23 armée arrive dans un village, tue les civils, tue les commandants

24 militaires et incendie le village ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

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1 M. Nobilo (interprétation). - Il se crée donc une nouvelle

2 situation militaire. Nous n'allons pas nous pencher maintenant sur la

3 question du nettoyage ethnique et les incidences que cela a sur les

4 relations entre Croates et Musulmans, mais sur le plan militaire, dans

5 quelle la situation se trouve le HVO suite à ces actions, quelle est la

6 situation dans votre zone opérationnelle ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Et bien, on peut l'envisager sous

8 deux aspects essentiellement. Premièrement, la zone opérationnelle dont le

9 commandement se trouve à Vitez est coupée de liens de communication avec

10 l'état-major qui se trouve à Mostar et c'est une perte extrêmement

11 importante pour le commandement de la zone opérationnelle.

12 En deuxième lieu, des enclaves se créent, à savoir Vitez,

13 Busovaca, Zenica, Travnik, et Novi Travnik constituent une enclave.

14 M. Nobilo (interprétation). - C'est la vallée de la Lasva ? On

15 peut l'appeler comme cela ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est la vallée de la Lasva.

17 Une autre enclave est constituée de Kiseljak, Kresevo puis,

18 ultérieurement, Fojnica qui est également coupée de Kiseljak et de

19 Kresevo. Toutefois, à la date du 30 janvier 1993, Fojnica communique

20 toujours avec Kiseljak. Mais nous avons une autre enclave avec Kakanj ;

21 excusez-moi, je vais vous le montrer sur cette carte.

22 Donc nous avons une enclave constituée de Kakanj et de Vares

23 pour le HVO. Il s'agit des enclaves du point de vue du HVO de Kiseljak.

24 Puis, quant à la route principale Zenica-Zepce, l'enclave suivante est

25 celle de Zepce, avec les municipalités de Zavidosivi et Maglaj où était

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1 déployé le HVO.

2 Nous avons également une nouvelle enclave qui est celle de

3 Usora.

4 M. Nobilo (interprétation). - Si j'ai bien additionné, votre

5 zone opérationnelle se trouve fragmentée à partir du mois de janvier...

6 M. le Président. - Usara ou Usora, je n'ai pas bien entendu, la

7 dernière. C'est bien Usora. Je me repère avec les cartes parce que c'est

8 là où je vois le mieux en attendant, bien sûr, les superbes photos mises

9 au point par Me Hayman mais, en attendant, j'ai les cartes.

10 Où se trouve Usora, s'il vous plaît ?

11 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, la ville

12 de Tesanj au nord de Zenica et puis, à partir de Tesanj, à l'est, on

13 trouve Usora, mais le nom n'est pas inscrit sur la carte. Il n'y a que la

14 rivière Usora sur la carte.

15 M. le Président. - Il y a à ce moment-là cinq enclaves, c'est

16 cela, Général Blaskic ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, suite au

18 conflit, j'ai parlé des enclaves. Je n'ai pas dit encore que Sarajevo

19 était une enclave. Mais c'est une enclave qui ne résulte pas du conflit

20 avec l'armée de Bosnie-Herzégovine. Sarajevo peut être considérée comme un

21 quatrième groupe opérationnel dans la zone.

22 M. Nobilo (interprétation). - Si on inclut Sarajevo, votre zone

23 opérationnelle est fragmentée en six enclaves, n'est-ce pas ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Je montre maintenant

25 l'emplacement d'Usora sur la carte, c'est-à-dire dans la municipalité de

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1 Tesanj Doboj sur ce territoire.

2 M. Nobilo (interprétation). - Mais officiellement, selon l'ordre

3 qui le stipulait, vous êtes demeuré commandant de la zone opérationnelle

4 de Bosnie centrale, c'est-à-dire de ces six enclaves, n'est-ce pas ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

6 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous dire aux Juges ce qui

7 suit ? Vous aviez donc six enclaves. Dans les conditions auxquelles vous

8 vous trouviez confronté, c'est-à-dire au début de l'armement des

9 populations locales et dans les conditions de communication que vous venez

10 de décrire, quelles étaient vos possibilités de communiquer en temps réel

11 avec ces six enclaves, vos possibilités réelles de commander en temps

12 réel ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Je n'avais aucune possibilité de

14 commander en temps réel ces enclaves, à l'exception de l'enclave de

15 Kiseljak sur le territoire de laquelle je me trouvais à ce moment-là.

16 M. Nobilo (interprétation). - Eh bien, à présent, puisque nous

17 avons décrit la situation militaire, passons à Veliaca*. Passons au mois

18 de février. Tout le mois de février 1993, vous l'avez passé à Kiseljak.

19 Pouvez-vous nous décrire brièvement la situation et où vous vous êtes

20 trouvé à ce moment-là ? Est-ce que vous étiez en dehors de votre poste de

21 commandement ? Quelle a été l'évolution des choses, tout cela pour décrire

22 la situation du premier conflit du mois de janvier. Ensuite, arrive la fin

23 de conflit et, puis, il y a un deuxième conflit en avril 1993. Maintenant,

24 nous parlons du 1er février 1993 et de ce qui suit.

25 M. Blaskic (interprétation). - Le 31 janvier 1993, en raison du

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1 fait qu'à l'évidence, l'accord conclu précédemment, le 27 janvier, avec

2 les représentants du 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine, cet accord

3 n'étant visiblement pas appliqué, j'ai demandé une rencontre avec le

4 commandant du 3ème Corps. J'ai présenté cette demande au dirigeant de la

5 Forpronu.

6 Le 1er février, nous avons tenu cette réunion. Pour autant que

7 je me rappelle, elle s'est tenue à Vitez. C'est le général Morillon qui

8 présidait cette réunion à laquelle participait également M. Flemming, le

9 chef de l'ECMM.

10 M. Nobilo (interprétation). - Avant de parler de cette

11 rencontre, j'aimerais que vous disiez quelles sont les dispositions, les

12 points de l'accord que le 3ème Corps d'armée n'a pas appliqué en

13 janvier 1993 ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Le cessez-le-feu et

15 l'interruption de toutes les opérations de combat.

16 M. Nobilo (interprétation). - Pouvons-nous dire que le

17 27 janvier et, par la suite, les plus grandes violences, les plus grandes

18 saisies de territoires se sont produites ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Oui, à partir de la matinée du

20 27 janvier, ce matin du 27 janvier a eu lieu l'attaque contre les villages

21 dont j'ai parlé, les communautés locales de Katici et la communauté locale

22 de Bilalovac, une attaque donc contre des villages croates et due aux

23 forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

24 M. Nobilo (interprétation). - Le 1er février, vous partez pour

25 Vitez ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

2 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous nous décrire le

3 voyage que vous avez fait et, même, avant d'être allé à Vitez, quel est

4 l'ordre que vous avez donné à Bosic, le commandant de la brigade Ban

5 Jelacic, puisque vous partez pour Vitez ? Au moment de partir, quels sont

6 les ordres que vous donniez à Mijo Bozic ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Je me rendais compte que Kiseljak

8 fourmillait de réfugiés qui étaient très amers. Malheureusement, certains

9 de ces réfugiés avaient des armes chez eux. J'ai donc demandé au

10 commandant Bozic de prendre toutes les mesures qui s'imposaient pour

11 empêcher tout acte de vengeance dirigé contre les Musulmans bosniens dans

12 la ville de Kiseljak. Je lui ai demandé également de prendre les mesures

13 nécessaires pour que les armes présentes à Kiseljak soient transférées sur

14 le front, sur l'un ou l'autre des fronts qui entouraient Kiseljak.

15 J'ai demandé également que, dans les délais les plus brefs, on

16 trouve un logement temporel pour tous les réfugiés.

17 M. Nobilo (interprétation). - Et vous êtes parti de quelle

18 façon, dans quelle direction, avec qui ?

19 M. Blaskic (interprétation). - On m'avait demandé un véhicule

20 des Nations Unies et c'est donc dans un blindé de la Forpronu que j'ai

21 quitté la caserne de Kiseljak pour me rendre à Vitez. Je n'ai pas pu

22 suivre de près le trajet que nous avons accompli mais, compte tenu de la

23 durée de ce voyage, j'ai pu supposer que nous avons pris le chemin de

24 Visoko pour nous diriger ensuite vers Kakanj, Zenica et, enfin, arriver à

25 la base de la Forpronu à Vitez.

Page 17457

1 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez donc pris un chemin

2 contournant et non pas le chemin le plus direct ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Oui, nous avons pris un chemin

4 contournant qui dure 40 à 50 minutes de plus. C'est sur la base de la

5 durée du voyage que j'ai compris quel itinéraire nous avions suivi, car il

6 n'y avait que deux circuits possibles.

7 M. Nobilo (interprétation). - Mais cette route secondaire, cette

8 déviation était également contrôlée par l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Oui, dans sa totalité.

10 M. Nobilo (interprétation). - Qu'est-ce qui vous empêchait de

11 regarder à l'extérieur pour voir le trajet que vous avez couvert ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, je pense que c'est pour

13 des raisons de sécurité, mais il avait été décidé de baisser les stores

14 qui protégeaient les fenêtres de ce blindé. Nous étions donc complètement

15 dans le noir et nous ne pouvions rien voir à l'extérieur.

16 M. Nobilo (interprétation). - Vous êtes arrivé à la base des

17 Nations Unies à Vitez. Pouvez-vous nous dire où s'est passée la réunion,

18 qui a assisté à cette réunion et ce qui a été dit ?

19 M. Blaskic (interprétation). - C'est le représentant de la

20 Forpronu en Bosnie-Herzégovine qui a présidé cette réunion, le général

21 Morillon, qui a présidé cette réunion, et il était accompagné par le chef

22 de la mission de l'ECMM, M. Flemming. Etaient présents à la réunion Enver,

23 le commandant du 3ème Corps d'armée, Kadir Jusic, qui commandait le

24 1er Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine, Dzemo, qui était l'adjoint du

25 commandant du 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine...

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1 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agit de Dzemal Merdan ?

2 M. Blaskic (interprétation). - Oui, Dzemal Merdan. J'étais

3 présent également ainsi que le commandant de l'état-major, Franjo Nakic,

4 pour la zone opérationnelle de Bosnie centrale.

5 M. Nobilo (interprétation). - J'aimerais que nous éclaircissions

6 un point : le commandant adjoint du 3ème Corps d'armée s'appelle

7 Dzemal Merdan et Dzemo est un raccourci de son prénom, n'est-ce pas ?

8 C'est bien exact : Dzemo est un raccourci de Dzemal ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Oui, moi, à l'époque, je le

10 connaissais sous le nom de Dzemo. Je connaissais le commandant sous le nom

11 de Enver. C'est en utilisant ces prénoms que nous communiquions les uns

12 avec les autres.

13 M. Nobilo (interprétation). – Le général Morillon a présidé

14 cette réunion, mais que vous a-t-il dit en introduction à cette réunion ?

15 M. Blaskic (interprétation). – Eh bien, lorsqu'il a ouvert la

16 réunion, il a dit qu'à Genève des actions avaient été entreprises pour

17 rétablir la paix sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine et qu'il était

18 surpris de constater que dans la zone relevant de la responsabilité du

19 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine et dans la zone relevant de la

20 zone opérationnelle de Bosnie centrale, les destructions s'amplifiaient.

21 Il a donc demandé que dans la suite des débats, Enver et moi-même, lui

22 faisions part de nos propositions quant à la meilleure manière de mettre

23 un terme à ces destructions.

24 Le général Morillon a constaté que les Croates de Bilalovac en

25 avaient été chassés et il a ensuite souligné que nous avions pour devoir

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1 -et en disant ces mots je suppose qu'il pensait à moi et à Enver- de créer

2 la confiance mutuelle et de nommer un officier de liaison qui aurait des

3 rapport avec les Nations Unies et, enfin, de rétablir des liaisons PTT,

4 c'est-à-dire des liaisons téléphoniques.

5 Lorsque mon tour est venu de prendre la parole au cours de la

6 réunion, j'ai souligné le fait qu'il importait de vérifier l'ensemble des

7 moyens de communication car manifestement, ce réseau avait été endommagée

8 par endroit.

9 M. Nobilo (interprétation). – Lorsque vous parlez de

10 transmission, vous parlez de câbles téléphoniques ?

11 M. Blaskic (interprétation). - Je parle des câbles

12 téléphoniques. Mais en Bosnie, il y avait deux moyens de communiquer : il

13 y avait le réseau câblé qui concernait également le téléphone, et il y

14 avait le réseau qui passait par les relais radio (RF). Il suffisait qu'un

15 émetteur soit endommagé pour que les communications s'interrompent.

16 M. Nobilo (interprétation). – Lorsqu'il a été insisté sur la

17 réparation des moyens de communication et du rétablissement des moyens de

18 communication, est-ce qu'il pensait aux transmissions de la zone

19 opérationnelle du 3ème Corps ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Il était question de l'ensemble

21 des moyens de communication, c'est-à-dire des moyens civils et militaires

22 des deux réseaux qui pourraient permettre de régler plus rapidement le

23 malentendu, tout cela dans le but de rétablir la paix et de restaurer la

24 confiance.

25 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire ce qui s'est

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1 passé par la suite au cours de ces débats ?

2 M. Blaskic (interprétation). - Au cours de cette même réunion,

3 j'ai également déclaré qu'il nous faudrait intensifier le travail de la

4 commission conjointe et que ce travail devrait être confié à nos

5 commandants, c'est-à-dire d'un côté à Nakic et, de l'autre côté, à Dzemo

6 Merdan. J'ai demandé également que la liberté de circulation soit rétablie

7 sur les routes qui relevaient de notre responsabilité, mais avant tout sur

8 la route Vitez-Kiseljak, Vitez-Zenica et également sur les autres routes.

9 M. Nobilo (interprétation). - Encore un détail terminologique,

10 si vous le voulez bien. Franjo Nakic, quel était son poste dans votre

11 commandement ? Quelles étaient les fonctions qu'il remplissait à cette

12 époque-là ?

13 M. Blaskic (interprétation). – Franjo Nakic était à cette

14 époque-là le chef de l'état-major du commandement de la zone

15 opérationnelle de Bosnie centrale.

16 M. Nobilo (interprétation). – A-t-il jamais été placé à ce poste

17 officiellement, je parle du poste d'adjoint du commandant de la zone

18 opérationnelle de Bosnie centrale ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Il n'a jamais reçu l'ordre qui

20 l'établissait officiellement au poste d'adjoint au commandant de la zone

21 opérationnelle de Bosnie centrale.

22 M. Nobilo (interprétation). - Mais nous voyons dans certains

23 documents, signés par lui-même et par Merdan, qu'ils les ont signés en

24 tant que commandants adjoints : Nakic, commandant adjoint de la zone

25 opérationnelle de Bosnie centrale pour le HVO et Merdan, commandant

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1 adjoint du 3ème Corps d'armée. Pouvez-vous nous expliquer ce qui a permis

2 ces signatures ?

3 M. Blaskic (interprétation). - C'est exact. Moi-même et le

4 commandant du 3ème Corps d'armée, Enver Hadzihasanovic, avions pour devoir

5 de nommer des adjoints. Si nous n'avions pas d'adjoint officiel, celui qui

6 remplissait ces fonctions était le chef d'état-major qui siégeait à la

7 commission conjointe. Par conséquent, puisque je n'avais pas

8 officiellement de commandant adjoint à moment-là, j'ai nommé à ce poste le

9 chef d'état-major qui, outre ses fonctions de chef d'état-major, devait

10 également remplir les fonctions d'adjoint du commandant.

11 Alors qu'au sein du 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine la

12 situation était un peu différente puisque Dzemo était le commandant

13 adjoint et Nakic était le chef d'état-major du 3ème Corps d'armée.

14 M. Nobilo (interprétation). - Dans les faits, c'est le chef

15 d'état-major Franjo Nakic qui vous remplaçait en tant que commandant

16 adjoint, n'est-ce pas ?

17 M. Blaskic (interprétation). – C'est exact, lorsqu'il n'y avait

18 personne d'autres.

19 M. Nobilo (interprétation). - Nous pensons que nous avons un

20 problème au niveau de l'interprétation. Si nous prenons ce que vous avez

21 dit, il n'existe pas de poste officiel de commandant adjoint.

22 M. Blaskic (interprétation). – En effet.

23 M. Nobilo (interprétation). - Si vous étiez absent, c'est le

24 chef d'état-major qui vous remplaçait, n'est-ce pas ?

25 M. Blaskic (interprétation). - C'est exact.

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1 M. Nobilo (interprétation). - C'est dans ce sens qu'il faut

2 comprendre le compte rendu de vos propos précédents inscrits dans le

3 compte rendu en anglais.

4 Nous en étions à cette réunion, à vos propositions. Pouvez-vous

5 nous dire exactement ce qui s'est passé au cours de cette réunion et

6 quelles ont été les conclusions de cette réunion ?

7 M. Blaskic (interprétation). – Au cours des débats de cette

8 réunion, nous avons ensuite discuté des barrages routiers.

9 M. Hayman (interprétation). – Monsieur le Président, je vois des

10 gestes à la table du procureur. Je demanderais que la cassette des propos

11 tenus par mon client au sujet de M. Nakic soit revue et que les

12 traducteurs refassent un compte rendu. En effet, il est arrivé à plusieurs

13 reprises que les interprètes de cabine se corrigent eux-mêmes. Ils ont

14 d'abord utilisé le terme "adjoint", ensuite ils sont simplement dit "chef

15 d'état-major". Mais il n'est plus clair, à la lecture du compte rendu,

16 s'il s'agit de l'interprète qui se corrige lui-même ou s'il s'agit d'une

17 correction faite par l'interprète suite à une correction de M. Blaskic. Je

18 crois que cela doit être clair, notamment s'il doit y avoir des sourires

19 du côté du Procureur à ce sujet.

20 M. Harmon (interprétation). – Monsieur le Président, Messieurs

21 les Juges, j'invite la Chambre de première instance à examiner toutes les

22 cassettes, vidéo et audio, pour voir ce qu'il en est du comportement des

23 personnes assises derrière la table du Procureur. Monsieur Hayman peut

24 appeler ce que nous avons fait ici comme il l'entend, mais je ne faisais

25 que communiquer avec mes collègues, Me Kehoe et Me Cayley.

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1 M. le Président. – Maître Hayman, ne troublez pas la sérénité de

2 ces débats. Votre témoin s'exprime, il a besoin de calme et de sérénité,

3 ce qu'il fait d'ailleurs et nous l'en félicitons : il contribue à la

4 clarté des débats. Il est accusé, mais aujourd'hui, il était témoin.

5 Maître Hayman, restons tous sereins. Il n'est pas interdit de sourire,

6 d'ailleurs. Cela peut arriver. Il me semble d'ailleurs qu'il vous arrive

7 de sourire. Cela vous arrive, Maître Hayman. Parfois quand le Procureur

8 dit quelque chose qui ne vous plaît pas, vous faites des gestes. J'espère

9 que la caméra ne me prend pas moi-même en vidéo, sinon Me Hayman ne sera

10 pas content. Vous faites cela, vous montrez que le temps s'écoule. Gardons

11 notre calme, Maître Hayman. D'ailleurs, cela va être l'heure du déjeuner.

12 Cela va apaiser beaucoup de choses.

13 M. Hayman (interprétation). - J'ai gardé mon calme. J'étais très

14 tranquille, Monsieur le Président, pendant plusieurs jours. Simplement je

15 ne sais pas comment certains de ces passages ont été interprétés en

16 français. Mais s'il y a la moindre ambiguïté, je peux dire en tout cas,

17 s'agissant de l'anglais, c'est qu'il y a absolument une ambiguïté. Les

18 interprètes se corrigent parfois eux-mêmes, le témoin se corrige et on ne

19 sait pas très bien de quoi il s'agit. Donc s'il y a un problème, on peut y

20 remédier et je pense qu'il faut saisir l'occasion.

21 M. le Président. - Il ne m'appartient pas, à moi, d'arbitrer les

22 interprétations anglaises. Je pense qu'entre vous et vous, on doit bien

23 arriver quand même à trouver la solution pour la bonne interprétation

24 anglaise avec l'aide de la cabine.

25 Pour l'instant, je ne formule aucune récrimination. Monsieur le

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1 témoin, général Blaskic, est-ce vous arrivez à conserver votre sérénité ?

2 Pouvez-vous continuer encore pendant quelques minutes ? Ou êtes-vous pris,

3 vous aussi, par l'envie de faire une pause parce que vous devez être

4 fatigué aussi, vous parlez beaucoup, vous avez une grande mémoire.

5 Préférez-vous que nous fassions une pause tout de suite, ce qui vous

6 permettrait de donner des instructions de calme à vos défenseurs. Cela

7 peut arriver ? Est-ce que vous aimeriez cela ?

8 Je vois que je fais sourire tout le monde. Dans ces conditions,

9 nous allons suspendre et nous reprendrons à 14 heures 30.

10 L'audience est suspendue à 12 heures 55.

11 L'audience est reprise à 14 heures 35.

12 M. le Président. - L'audience est reprise, veuillez vous

13 asseoir. Bien nous reprenons. Nous saluons avec plaisir M.Dubuisson.

14 M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Donc

15 nous avons parlé du 1er février 1993, de la réunion qui s'est tenue après

16 que M. Blaskic ait été transporté en véhicule blindé de la Forpronu de

17 Kiseljak via Zenica jusqu'à la base de la Forpronu à Vitez. Vous avez

18 décrit qui a assisté à la réunion et ce que le général Morillon a dit en

19 introduction. Est-ce que vous pouvez continuer avec la description de

20 cette réunion qui s'est tenue dans la base de la Forpronu à Vitez ?

21 M. Blaskic (interprétation). – Oui. Le général Morillon a

22 ensuite parlé du problème des points de contrôle afin de pouvoir réouvrir

23 les lignes de communication en les éliminant. Il a suggéré d'installer,

24 sur chaque point de contrôle, des forces de l'ONU. Il également suggéré

25 que l'armée qui surveille, qui contrôle ce territoire, puisse déployer ses

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1 propres forces à une distance à laquelle ils peuvent être vus.

2 J'ai compris cette suggestion de cette manière-là, c'est-à-dire

3 qu'à Bilalovac, ce sont les forces de l'ONU qui seraient déployées et à la

4 distance de la vision optique, ce serait ici, d'un côté il y aurait un

5 point de contrôle des forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine et, d'un

6 autre côté, les forces du HVO.

7 M. Nobilo (interprétation). - Quelle était votre attitude, à

8 vous, par rapport aux suggestions du général Morillon ?

9 M. Blaskic (interprétation). – Mon attitude était que ceci

10 représentait la légalisation d'un territoire occupé et que ceci se

11 réduirait au déploiement des forces dans la région occupée des communautés

12 locales de Katici et de Bilalovac par les forces de l'armée de Bosnie-

13 Herzégovine.

14 J'ai demandé que la situation soit réinstallée telle qu'elle

15 existait le 23 janvier, c'est-à-dire jusqu'au 23 janvier, autrement que

16 ces forces-là se retirent de ce territoire.

17 Je n'étais donc pas d'accord, en ce qui concerne les points de

18 contrôle de l'ONU, que l'on y déploie des forces de quelque formation

19 armée que ce soit, ni de l'armée de Bosnie-Herzégovine ni du HVO.

20 Cependant, j'ai considéré qu'il était totalement compréhensible de vouloir

21 établir les points de contrôle de l'ONU étant donné que ceux-ci

22 garantiraient la sécurité du transport.

23 Deuxièmement, j'ai parlé également de la question de l'échange

24 des prisonniers entre l'armée de Bosnie-Herzégovine, le 3ème Corps d'armée,

25 et la zone opérationnelle. Ensuite, le chef des observateurs européens,

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1 M. Flemming, a pris la parole et voici ce dont il a parlé. Il a demandé

2 qu'un représentant du 1er Corps d'armée de l'armée de Bosnie-Herzégovine,

3 soit nommé ayant des pouvoirs de commandant sur les forces du 1er Corps

4 d'armée.

5 Troisièmement, il a demandé que l'on choisisse des représentants

6 au sein de la commission…

7 M. le Président. - Il y a un problème de traduction. Ce n'est

8 pas très clair pour moi. Il a demandé qu'un représentant du 1er Corps

9 d'armée soit... ait l'autorité d'un commandement du 1er Corps d'armée.

10 Est-ce que vous pouvez me réexpliquer, s'il vous plaît, Général Blaskic ?

11 M. Flemming a demandé quoi exactement ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Il a demandé que le représentant

13 du 1er Corps d'armée et les pouvoirs de commandant du 1er Corps d'armée

14 par rapport aux forces déployées dans la région de Katici et de Bilalovac.

15 C'est dans cette région-là qu'il a le contrôle sur ces forces-là, les

16 forces déployées sur le territoire de Katici et Bilalovac.

17 M. Nobilo (interprétation). - Afin d'éclaircir le débat, dites-

18 nous, est-ce que, dans ce conflit, du côté de l'armée de Bosnie-

19 Herzégovine, est-ce qu'il n'y a uniquement que les forces du 3ème Corps

20 d'armée de Enver Hadzihasanovic qui ont participé ou bien est-ce que les

21 forces du 1er Corps d'armée ont participé, elles aussi ?

22 M. le Président. - Ce n'est pas très clair. Il est représentant

23 du 1er Corps, excusez-moi, ce n'est peut-être pas très important mais vous

24 pouvez essayer de réexpliquer cela sur le terrain ?

25 M. Flemming demande quoi au représentant du 1er Corps d'armée ?

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1 Il lui demande d'être quoi, d'avoir de l'autorité sur le 1er Corps d'armée

2 mais cela me paraît évident, non ? Expliquez-vous s'il vous plaît ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, à la

4 réunion, M. Kadir Jusic, le représentant du 1er Corps d'armée a assisté à

5 la réunion à Vitez. Et M. Flemming lui a demandé d'obtenir, donc,

6 Kadir Jusic, qu'il obtienne les pouvoirs du commandant du 1er Corps

7 d'armée, afin de placer sous son contrôle les forces du 1er Corps d'armée

8 déployées dans la région de Katici et Bilalovac.

9 M. Nobilo (interprétation). - Avant d'expliquer, est-ce que le

10 commandant a assisté à la réunion ?

11 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

12 M. Nobilo (interprétation). - Le commandant de 3ème Corps

13 d'armée ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Oui

15 M. Nobilo (interprétation). - C'est uniquement le commandant du

16 1er Corps d'armée qui n'a pas assisté à la réunion n'est-ce pas ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

18 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que le fait que le

19 commandant du 1er Corps d'armée n'a pas assisté à la réunion a constitué

20 un problème par rapport aux pourparlers, d'un côté afin de signer les

21 documents et, d'un autre côté, afin de contrôler les forces aux fins

22 d'arriver à un accord.

23 M. Blaskic (interprétation). - Ici, je citais les propos tenus

24 par M. Flemming. A mon avis, il a été conscient du fait qu'il avait devant

25 lui deux commandants, moi-même et le commandant du 3ème Corps d'armée de

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1 Zenica, mais quant aux forces qui sont venues de Visoko à Bilalovac, le

2 commandant du 1er Corps d'armée n'était pas présent. Le commandant qui

3 pourrait signer l'accord et œuvrer à sa mise en place. A cette époque-là,

4 nous savions que les forces du 1er Corps d'armée de Visoko ont été

5 déployées à Bilalovac. Ce que nous ignorions à l'époque était la chaîne de

6 commandement entre Visoko et le commandement du 3ème Corps à Zenica.

7 M. Nobilo (interprétation). - Un moment, s'il vous plaît. Les

8 forces ont été déployées, amenées d'où pour aller où ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Les forces ont été amenées de

10 Visoko à Bilalovac.

11 M. Nobilo (interprétation). - Durant l'attaque contre le HVO qui

12 a eu lieu au mois de janvier ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

14 M. Nobilo (interprétation). - Si ceci est clair, vous pouvez

15 continuer à nous parler des propos tenus par M. Flemming de l'ECMM, et

16 tâchez de ne pas parler trop vite pour que les interprètes puissent vous

17 suivre.

18 M. le Président. - Allez à l'essentiel sur les conclusions de

19 cette réunion. Vous connaissez, bien sûr, très bien tout cela puisque vous

20 l'avez vécu. Ce que je vous demande et les Juges, c'est d'aller à

21 l'essentiel des conclusions de cette réunion pour savoir dans quelles

22 conditions cela va avoir des conséquences sur la suite des événements.

23 Vous voulez bien ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs

25 les Juges, je n'ai pas parlé des propos du commandant du 3ème Corps

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1 d'armée.

2 M. Nobilo (interprétation). - Peut-être que cela peut être

3 important de savoir quelle était l'opinion de l'armée de Bosnie-

4 Herzégovine concernant cette situation-là.

5 M. Blaskic (interprétation). - Le commandant du 3ème Corps

6 d'armée a demandé que la situation, telle qu'elle existait avant le jour

7 du 23 janvier 1993, soit réinstallée et nous, pendant cette réunion-là,

8 nous avons défini... Quand je dis "nous", je parle de moi-même, du

9 commandant du 3ème Corps d'armée et du représentant du 3ème Corps d'armée.

10 Nous avons donc créé une carte représentant les forces et le

11 fait de savoir qui contrôlait quel territoire.

12 Je mentionne ceci étant donné que cette carte permettait de

13 montrer le fait que les forces du 3ème Corps d'armée et les forces du

14 groupe opérationnel de Visoko de l'armée de Bosnie-Herzégovine

15 contrôlaient le territoire des communautés locales de Katici et de

16 Bilalovac.

17 Le commandant du 3ème Corps d'armée a suggéré également que

18 l'artillerie soit tournée vers le front face à l'armée de Republika

19 Srpska. Il a demandé que l'on libère des deux côtés tous les prisonniers

20 et, en ce qui concerne les maisons incendiées et d'autres bâtiments

21 incendiés dans les villages de Dusina, en ce qui concerne l'église

22 endommagée à Zepce, il a exprimé son opinion selon laquelle il s'agissait

23 d'un acte commis par des individuels échappant à tout contrôle. Lors de

24 cette réunion, il a également dit que c'est lui qui allait coordonner les

25 activités des forces du groupe opérationnel de Visoko.

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1 J'ai demandé que ces forces-là, dans les communautés locales de

2 Katici et de Bilalovac, soient ramenées à Zenica et dans la région de

3 Visoko et que la route soit ouverte. J'ai également demandé que l'on

4 réprime la violence, les actes violents commis par des individuels.

5 Monsieur Kadir Jusic, le représentant du 1er Corps d'armée, a

6 souligné qu'il serait nécessaire que les forces de l'ONU contrôlent les

7 endroits où il n'y a plus de conflit. Il a affirmé que les villages

8 croates désertés étaient pillés, incendiés et que les biens étaient ôtés

9 et ramenés en camions de ces villages-là.

10 Il a également affirmé que des familles croates de Bilalovac

11 quittaient leur foyer.

12 Il a dit que la raison pour laquelle les forces du 1er Corps

13 d'armée étaient déployées dans la région était pour protéger les Musulmans

14 bosniaques dans la communauté locale de Bilalovac. J'ai demandé que l'on

15 explique bien ces propos et j'ai demandé qui étaient les Musulmans

16 bosniaques, qui les menaçait, étant donné que les Croates étaient toujours

17 déployés sur le front face à l'armée serbe.

18 J'ai également souligné que les membres des unités de "Cygnes

19 noirs" continuaient à intimider les civils croates, à Bilalovac. Les

20 "Cygnes noirs" étaient des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine. J'ai

21 également indiqué qu'il était clair que le conflit avait été planifié à un

22 niveau plus élevé. J'ai demandé aussi, en ce qui concerne les médias, de

23 faire appel à eux pour qu'ils oeuvrent à ce que la situation se calme.

24 M. Nobilo (interprétation). - Avant de parler de ceci en détail,

25 est-ce que vous pouvez nous dire si vous vous rappelez ce que le

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1 général Morillon a dit à M. Jusic en ce qui concerne les maisons

2 incendiées.

3 M. Blaskic (interprétation). - Je me se souviens, il a dit

4 "Jusic, arrêtez d'incendier les maisons à Bilalovac !".

5 M. Nobilo (interprétation). - Il était le représentant du

6 1er Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Il représentait le 1er Corps

8 d'armée de Bosnie-Herzégovine à Visoko.

9 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous dire

10 quelques mots de conclusion à la réunion.

11 M. Blaskic (interprétation). - C'est M. Flemming qui les a

12 exposées. Voici quelles étaient les conclusions. C'était d'obtenir le

13 retrait de toutes les forces et le délai de ce retrait était le

14 2 février 1993 avant 12 heures. Le rapport, nous devions le soumettre à la

15 commission conjointe, donc moi-même et Enver, avant 13 heures.

16 Ensuite, nous nous sommes mis d'accord que la zone de

17 responsabilité de la commission conjointe corresponde à la zone de

18 responsabilité du 3ème Corps d'armée et de la zone opérationnelle de la

19 Bosnie centrale.

20 M. Nobilo (interprétation). - Quelles devaient être les missions

21 de cette commission conjointe ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Elles devaient traiter ces

23 conclusions, surveiller leur mise en oeuvre et les mettre en oeuvre.

24 Autrement dit, tous les ordres donnés par moi-même et Enver, c'est la

25 commission conjointe qui devait les exécuter sur le terrain.

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1 Nous avions des problèmes en ce qui concerne l'équipement de

2 communication de la commission conjointe, étant donné que nous manquions

3 de ce genre de moyens, mais il s'agissait là de questions techniques.

4 L'une des conclusions de cette réunion était également de créer

5 une ligne d'urgence. Il s'agissait d'une ligne téléphonique entre Katici

6 et Busovaca d'un côté et, de l'autre côté, entre Bilalovac et Kiseljak.

7 Donc, cela devait nous permettre d'assurer la communication entre les

8 forces du HVO et les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans cette

9 région-là.

10 J'ai également proposé quels devaient être les axes de retrait

11 des forces de la région de Bilalovac vers Visoko et de Katici vers Zenica.

12 M. Nobilo (interprétation). - Selon les conclusions de la

13 réunion, à quel moment est-ce que la route entre Vitez et Kiseljak devait

14 être ouverte ?

15 M. Blaskic (interprétation). – La route entre Vitez et Kiseljak

16 devait être ouverte le 2 février 1993, vers 14 heures, donc à partir de 14

17 heures.

18 M. Nobilo (interprétation). - A la fin de la réunion, vous êtes

19 entré à Kiseljak ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je suis rentré à Kiseljak.

21 J'ai surtout travaillé à la rédaction des ordres me permettant d'appliquer

22 les conclusions de la réunion qui s'est tenue à Vitez, le jour auparavant.

23 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque vous étiez dans la base de

24 la Forpronu à Vitez, avez-vous eu la possibilité de vous rendre dans votre

25 commandement ou bien sinon, comment est-ce que vous avez quitté les

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1 lieux ?

2 M. Blaskic (interprétation). – Non. A la fin de la réunion, j'ai

3 pris, tout comme je l'ai fait pour mon arrivée, le véhicule de la

4 Forpronu, le véhicule blindé, et je suis arrivé comme cela à Kiseljak.

5 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que lors de votre arrivée

6 ou bien de votre retour, vous avez eu l'occasion de vous arrêter, de

7 sortir du véhicule et de voir qui que ce soit à Busovaca, un autre membre

8 du HVO ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Non, d'après ce que j'ai vu, la

10 route que nous avons prise ne passait pas du tout par Busovaca, mais par

11 Visoko et Kakanj.

12 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que le 2 février 1993,

13 l'accord sur l'ouverture entre la route sur Kiseljak et Vitez a été

14 respecté ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Cette obligation de l'accord n'a

16 pas été respectée.

17 M. Nobilo (interprétation). - Le 2 février, vous avez eu un

18 entretien avec M. Flemming. Lui est venu en accusant d'une certaine

19 manière le camp croate. Comment cet incident s'est-il terminé, dites-nous,

20 s'il vous plaît ?

21 M. Blaskic (interprétation). - La veille, j'ai travaillé, je

22 préparé ces documents-là et vers 17 heures, donc dans l'après-midi,

23 M. Flemming est venu et il a affirmé qu'il a reçu l'information selon

24 laquelle le chef du poste de la police de Kiseljak exigeait que les

25 villages musulmans de Kazagici, Visnjica et Svinjarevo soient désarmés.

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1 Moi, j'ai demandé à M. Flemming s'il s'agissait là du chef du

2 poste de police civil. Il m'a confirmé qu'effectivement, il s'agissait du

3 chef de police civile. Moi j'ai suggéré à M. Flemming que moi-même je me

4 rende tout de suite avec lui, dans ces villages, pour vérifier sur place

5 les informations que M. Flemming avait reçues.

6 M. Blaskic (interprétation). -Avant de continuer, dites-nous, le

7 chef de la police civile, qu'a-t-il dit à M. Flemming ? Les ordres de qui

8 exécutait-il ?

9 M. Blaskic (interprétation). – Flemming avait l'impression que

10 le chef de la police civile s'était adressé aux villageois dans

11 l'intention de les désarmer. Lorsque les villageois ont dit au chef du

12 poste de police que ceci n'était pas conforme l'esprit de l'accord qui

13 avait signé la veille et qui avait été rendu public, à ce moment-là, le

14 chef du poste de police a dit que lui, mettait en oeuvre les décisions

15 prises à Mostar.

16 M. Nobilo (interprétation). – Qu'avez-vous fait ? Etes-vous allé

17 dans ces villages avec Flemming et si oui, qu'avez-vous pu constater ?

18 M. Blaskic (interprétation). – Tout d'abord, j'ai expliqué à

19 M. Flemming que je considérais que ceci n'était pas vrai, mais que de

20 toute façon il serait plus facile que nous nous rendions tous les deux

21 dans ces villages, tout de suite, pour vérifier ces informations.

22 Nous y sommes allés tout de suite, dans les villages Visnjica,

23 Svinjarevo. Nous avons vérifié ces informations et M. Flemming a dit après

24 cette vérification : "C'est bon, les informations dont je disposais

25 n'étaient pas correctes, donc les informations qui m'ont été envoyées ne

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1 sont pas exactes.".

2 M. Nobilo (interprétation). - D'après la traduction, il paraît

3 que les informations ont été confirmées, que les premières informations

4 étaient bonnes. Ceci était la traduction en anglais.

5 Qu'est-ce que vous avez constaté ? Que les informations de

6 M. Flemming étaient bonnes ou pas correctes ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Nous avons établi que les

8 informations qu'il avait reçues n'étaient pas correctes. C'est ce qu'il

9 avait affirmé lui-même. C'est ce qu'il m'a dit.

10 M. Nobilo (interprétation). - Nous n'allons pas nous attarder

11 sur toute une série d'incidents qui se sont produits ainsi que sur les

12 plaintes qui parvenaient à l'époque.

13 Vous avez été informé que des forces de l'armée de

14 Bosnie-Herzégovine commençaient à se concentrer à Gomionica. C'est une

15 information que vous avez reçue à cette époque, le 3 février. Pouvez-vous

16 nous montrer, s'il vous plaît, où se trouve Gomionica ?

17 (Le témoin s'exécute.)

18 M. Blaskic (interprétation). - Sur cette maquette, Gomionica se

19 trouve à l'endroit que je suis en train de montrer avec mon pointeur. Je

20 peux montrer son emplacement sur la carte. En quittant Kiseljak par la

21 route principale en direction de Busovaca, au nord de la route principale

22 se trouve le village de Gomionica.

23 J'ai reçu cette information le 3 février 1993. Il était dit dans

24 cette information que 60 soldats, des soldats locaux de l'armée de Bosnie-

25 Herzégovine étaient stationnés à Gomionica et qu'environ cent soldats

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1 supplémentaires étaient arrivé de Visoko à cet endroit.

2 M. Nobilo (interprétation). - Les jours en question, la route

3 Busovaca-Kiseljak a-t-elle été ouverte conformément à l'accord du

4 2 février ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Non, la route n'a pas été

6 ouverte. Nous avons continué à recevoir des informations inquiétantes de

7 Fojnica sur la construction des fortifications sur le territoire de la

8 municipalité de Fojnica et ceci par des membres de l'armée de Bosnie-

9 Herzégovine. Ces fortifications étaient tournées vers les villages croates

10 situés sur la municipalité de Fojnica.

11 M. Nobilo (interprétation). - Le 4 février 1993, une attaque

12 Kuber se produit en direction de Zenica. Comment avez-vous réagi ?

13 M. Blaskic (interprétation). - C'est ici que se trouve Kuber.

14 C'est l'ensemble des montagnes que nous voyons ici.

15 Le 4 février, j'ai appris que les forces de la 17ème Brigade de

16 Krajina ainsi que de la 7ème Brigade musulmane venaient de lancer une

17 attaque contre le site de Kuber à l'endroit de Saracivica et que le site

18 de Saracivica venait d'être pris.

19 M. Nobilo (interprétation). - Peut-on présenter au témoin la

20 pièce de la défense D 402.

21 Le 5 février, votre commandement, le commandant Rasim Delic qui

22 se trouve à l'état-major des forces armées dans le département de Visoko

23 demande l'approbation pour un transport de munitions en quantité

24 considérable, 400 000 pièces de munitions de 7,62 mm de calibre,

25 2 600 pièces de 7,94 mm et 30 000 pièces de 12,7 mm.

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1 S'il vous plaît, cette demande l'avez-vous reçue ? Et avez-vous

2 donné votre accord à ce qu'on laisse passer cette quantité de munitions

3 pour les besoins de l'armée de Bosnie-Herzégovine à la date du

4 5 février 1993 ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Durant la journée en question, le

6 5 février, nous avons réagi conformément à cette demande, et des convois

7 ont pu passer transportant des munitions pour l'armée de Bosnie-

8 Herzégovine.

9 Si vous me le permettez, je tiens à ajouter que ces convois ont

10 pu passer sans difficulté à travers Kiseljak. Il s'agissait de convois

11 pour les besoins de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

12 M. Nobilo (interprétation). - Cependant, le 5 février, vous avez

13 une nouvelle réunion avec des représentants des Nations Unies et du 3ème

14 Corps. Cette réunion se tient à Busovaca. Comment s'est passé votre

15 transfert, qu'avez-vous vécu pendant ce voyage et pouvez-vous nous donner

16 les conclusions de cette réunion ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Encore une fois, ce sont les

18 Nations Unies qui ont organisé mon transfert. Nous avons donc emprunté les

19 véhicules blindés de la Forpronu. J'ai donc été transporté de Kiseljak à

20 Busovaca pour arriver à l'hôtel Tisa. C'est là qu'était situé le siège de

21 la commission conjointe, la commission qui venait d'être constituée la

22 veille, lors de la réunion à Vitez.

23 Pendant le voyage, j'ai pu sentir l'odeur qui provenait des

24 édifices, des bâtiments qui avaient été incendiés dans la zone de

25 Bilalovac-Katici.

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1 M. Nobilo (interprétation). - Dans ces propos liminaires,

2 Flemming a fait des affirmations assez importantes. Pouvez-vous nous les

3 relater ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est M. Flemming qui

5 présidait cette réunion. Il a souligné qu'il était nécessaire de retirer

6 les forces du 1er Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine de la

7 municipalité de Kiseljak. Ensuite, il a dit qu'une attaque a été lancée

8 contre une population civile dans le village de Katici dans la

9 municipalité de Busovaca.

10 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agissait de quels civils, de

11 quelle appartenance ethnique ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Dans le village de Katici, il

13 s'agissait de Croates, de civils croates.

14 Je suis en train de montrer le village de Katici.

15 Ces civils étaient des Croates et l'attaque a été lancée de la

16 direction de Merdan. Ces civils ont été emmenés, ces villageois ont été

17 emmenés.

18 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu'on a appris que ces

19 civils avaient été gardés comme des otages dans certaines maisons ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Oui, la commission conjointe a pu

21 l'établir, le 3ème Corps, des représentants du 3ème Corps ainsi que des

22 représentants d'ECMM. Ils se sont rendus à l'endroit où étaient détenus

23 les civils du village de Katici, ils ont pu établir à ce moment que dans

24 une maison, 25 femmes étaient détenues, 25 femmes avec des enfants. Quant

25 aux autres bâtiments, ils n'ont pas pu les vérifier, ni les visiter parce

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1 que les soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine ne le leur ont pas

2 permis.

3 M. Nobilo (interprétation). – Est-il exact que lors de cette

4 réunion, vous avez accusé le 1er et le 3ème Corps d'avoir créé des zones

5 ethniquement pures ?

6 M. Blaskic (interprétation). – Oui.

7 M. Nobilo (interprétation). – Par la suite, quelles ont été les

8 affirmations ou l'infirmation de Dzemo Merdan ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Lorsque j'ai évoqué le problème

10 du nettoyage ethnique et de la création des zones ethniquement pures,

11 Dzemo Merdan a dit la chose suivante. Il a demandé que l'on se rende dans

12 les villages de Rovna, de Besici, de Kovacevac, de Putis, de Skradno, de

13 Strane, de Mahala et de Kadira Strana.

14 Il a dit que l'attaque qui a été menée contre le village de

15 Katici était une attaque provoquée par des coups de feu provenant du

16 village de Katici et en direction du village de Merdani. Par la suite,

17 Merdan a dit que les civils étaient emmenés à creuser des tranchées.

18 M. Nobilo (interprétation). – Où ? Dans quelle localité ?

19 M. Blaskic (interprétation). - A Busovaca. C'était première fois

20 que j'ai entendu ce genre d'affirmation parce que de par le passé, nous

21 avions tenu toute une série de réunions avec Dzemo et le commandant du

22 3ème Corps.

23 Il a également dit que les Vitezovi réglaient les problèmes dans

24 les villages par voie d'ultimatum. Il faisait allusion aux villages

25 musulmans bosniens. Il a également déclaré que le fait de désarmer les

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1 Musulmans dans la municipalité de Kiseljak a servi de prétexte pour amener

2 des forces du 1er Corps pour amener la communauté locale sur le territoire

3 de Bilalovac. Quant à moi, je lui ai demandé de me citer concrètement le

4 nom des villages musulmans bosniens sur le territoire Bilalovac qui

5 auraient été désarmés. Il ne m'en a cité aucun.

6 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous avez abordé la question

7 des détenus qui devaient creuser des tranchées et qu'il fallait donc

8 libérer, la représentante de la Croix-Rouge a également pris part à cette

9 discussion et elle a exposé les points de vue de la Croix-Rouge concernant

10 la libération des détenus. Pouvez-vous, s'il vous plaît, relater les

11 propos de la représentante de la Croix-Rouge ?

12 M. Blaskic (interprétation). - La représentante de la Croix

13 Rouge, je connais son nom et je peux vous le donner, cette femme

14 s'appelait Iris, du moins c'est comme cela qu'elle nous a été présentée,

15 elle considérait qu'il était nécessaire de procéder à une libération

16 réciproque de tous les détenus. Le chiffre qu'elle a donné était le

17 chiffre de 64 détenus. C'est du moins, le chiffre que j'ai noté.

18 Mais ce que je ne vois pas, c'est ce que représentait ce chiffre

19 de "64", qui sont les détenus dont il s'agit. Lors de cette réunion, elle

20 a demandé à M. Flemming de reporter provisoirement la libération des

21 détenus à cause de l'incident qui s'était produit à Katici parce que sur

22 le plan de la sécurité, d'après son évaluation, la situation était elle

23 que les détenus ne pouvaient pas être libérés. Ce qu'elle a donc demandé,

24 ce qu'elle nous a demandé, à nous qui étions présents à cette réunion,

25 c'était de garantir la sécurité à tous ceux qui allaient rentrer.

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1 M. Nobilo (interprétation). – Laissons de côté maintenant cette

2 réunion et la question des détenus, puisque c'est au cœur de cet acte

3 d'accusation, ainsi que le fait de forcer les civils à creuser des

4 tranchées.

5 Ce que je souhaite vous me demander, c'est de savoir si, après

6 avoir reçu les informations, vous avez abordé la question des détenus et

7 la question des tranchées avec cette représentante de la Croix-Rouge ?

8 Vous lui avez demandé des renseignements, des informations ?

9 M. Blaskic (interprétation). – Oui, une fois que la première

10 partie de cette réunion s'est terminée, j'ai eu un entretien en tête à

11 tête avec Mme Iris dans une autre pièce de l'hôtel Tisa et le seul sujet

12 que nous ayons abordé, c'était la question de civils forcés à creuser des

13 tranchées.

14 Madame Iris m'a dit avoir reçu une plainte lui disant que des

15 détenus étaient envoyés à creuser des tranchées sur le territoire de la

16 municipalité de Busovaca. Ce à quoi je lui ai répondu que j'étais en

17 permanence à Kiseljak et que jusqu'au 5 février, je n'avais pas reçu de

18 telles informations. Je lui ai également dit que j'allais faire tout ce

19 qui était en mon pouvoir afin de vérifier cette information et que

20 j'allais prendre des mesures parce que je ne pouvais pas approuver ce

21 genre de procédé.

22 M. Nobilo (interprétation). – Le lendemain ou dans les journées

23 qui ont suivi, avez-vous vérifié ces informations ? Si oui, qui avez-vous

24 contacté ? Quelles sont les informations que vous avez reçues ?

25 M. Blaskic (interprétation). – J'ai demandé que ces informations

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1 soient vérifiées s'agissant du commandement de la zone opérationnelle,

2 concernant également le commandant de la brigade Nikola Subic-Zrinjski de

3 Busovaca. Les informations que j'ai reçues de la part des commandants de

4 Busovaca, ainsi que de la part du chef de l'état-major de la zone

5 opérationnelle, m'indiquaient que personne n'avait donné l'ordre ni

6 n'avait approuvé ni demandé ce genre de procédé, à savoir que des détenus

7 soient envoyés creuser des tranchées.

8 M. Nobilo (interprétation). - Dans les jours qui ont suivi, plus

9 précisément le 6 février 1993 : de Gomionica, de nouvelles informations

10 vous parviennent ? Que se passe-t-il là-bas en 1993, le 6 février 1993, je

11 me suis trompé d'année à ce qu'il me semble.

12 M. Blaskic (interprétation). – Le jour en question, j'ai reçu

13 une information disant que de nouveau des pièces d'artillerie, des pièces

14 de 120 millimètres étaient apportées de Visoko à Gomionica.

15 M. Nobilo (interprétation). - Dans ce contexte, à Kiseljak ou

16 particulièrement dans les boutiques de Kiseljak, qu'a-t-on observé ?

17 Quelle genre de pratique était généralisée ?

18 M. Blaskic (interprétation). – On a remarqué que les gens

19 achetaient des produits alimentaires en grande quantité, en quantité très

20 élevée par rapport à la période précédente.

21 M. Nobilo (interprétation). - Ce que j'ai négligé de vous

22 demander, entre la réunion de Busovaca et cet entretien que vous avez eu

23 en particulier avec la représentante de la Croix-Rouge, où êtes-vous allé

24 entre ces deux moments et de quelle manière ?

25 M. Blaskic (interprétation). - De la même manière que

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1 précédemment : j'ai été transporté de nouveau par des véhicules blindés de

2 la Forpronu, puis via Kacuni, Bilalovac, je suis arrivé à Kiseljak.

3 M. Nobilo (interprétation). – La route Kiseljak Busovaca a-t-

4 elle été ouverte, débloquée ? Les postes de contrôle que nous voyons ici

5 ont-ils été démantelés ?

6 M. Blaskic (interprétation). – Non, à ce moment, la route

7 n'était pas ouverte non plus. Bien que nous ayons abordé ce sujet pendant

8 la réunion, la route était toujours fermée au HVO.

9 M. Nobilo (interprétation). - Cependant, le 8 février, sur la

10 municipalité de Kiseljak, un nouveau barrage est mis en place par l'armée

11 de Bosnie-Herzégovine ? Non seulement on n'enlève pas les précédents, mais

12 il y en a un nouveau. Pouvez-vous dire à la Chambre qui met en place ce

13 nouveau poste de contrôle ? S'il nous reste encore de ces papiers jaunes,

14 pouvez-vous les mettre à la place ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Ce nouveau barrage, poste

16 contrôle, est installé à l'entrée même du village de Gomionica, et ceci de

17 la part des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Il y avait, à

18 proximité de ce poste de contrôle, des forces de l'armée de Bosnie-

19 Herzégovine qui ont été déployées pour défendre ce poste de contrôle, donc

20 des effectifs, des hommes et des moyens.

21 M. Nobilo (interprétation). - S'il vous plaît, dites à la

22 Chambre quelle était l'importance de Gomionica ? Où se situe-t-elle ?

23 Comment est-elle reliée à l'arrière-pays ?

24 M. le Président. - La maquette est très bien pour les points de

25 détail, mais ce que les Juges aiment bien voir, c'est une vision

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1 d'ensemble. J'ai une carte, une pièce du tout début de notre Instance.

2 Vous pouvez la montrer ? Que la caméra la montre également, que la galerie

3 du public également la voit.

4 Montrez-nous par rapport à Kiseljak, Général Blaskic,

5 montrez-nous où est Gomionica.

6 M. Blaskic (interprétation). - Je vous montre Kiseljak. On suit

7 la route principale en direction de Busovaca. A droite de la route, au

8 nord de la route se trouve Gomionica, le poste de contrôle qui a été mis

9 en place à proximité immédiate de la route principale, à l'entrée du

10 village de Gomionica et, par la route qui traverse Cakalovici, Orasje,

11 Gomionica était relié à la route principale Kakanj-Visoko, autrement dit

12 Visoko.

13 M. Nobilo (interprétation). - Ce territoire était-il sous le

14 contrôle exclusif de l'armée de Bosnie-Herzégovine en continuité ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Une fois que les forces de

16 l'armée de Bosnie-Herzégovine aient nettoyé la zone de Gornje et

17 Donja Zimca et les nettoyaient de Serbes dès le mois mai 1992.

18 M. Nobilo (interprétation). - Le 9 février, un nouvel incident

19 armé se produit, cette fois-ci de Merdani : de quoi s'agit-il ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Des coups de feu ont éclaté

21 depuis Merdani en touchant donc le centre de Busovaca et certains obus

22 sont tombés à proximité de la base de la Forpronu.

23 M. Nobilo (interprétation). - Qui se trouvait dans le village de

24 Merdani ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Les forces du 3ème Corps de

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1 l'armée de Bosnie-Herzégovine étaient stationnées à Merdani.

2 M. Nobilo (interprétation). - A l'époque, autrement dit, au mois

3 de février, le 8 février, le 9 février, vous êtes toujours où ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Je suis toujours à Kiseljak, je

5 suis donc sur le territoire de la municipalité de Kiseljak.

6 M. Nobilo (interprétation). - Etait-ce par choix que vous vous

7 trouviez à Kiseljak, ou bien n'aviez-vous pas le choix ? De quoi s'agit-

8 il ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, précisément, le 9, il y

10 a eu une tentative faite par des réfugiés, des civils pour percer, pour

11 arriver à Busovaca et, moi-même, je n'avais aucun moyen d'aller à Vitez.

12 Ce n'était donc pas par choix que je m'y trouvais, c'était par nécessité.

13 Je ne pouvais pas passer et me rendre à Vitez.

14 M. Nobilo (interprétation). - Dites à la Chambre, s'il vous

15 plaît : de nombreux témoins du Procureur ont cherché des passages qui

16 auraient mené de Kiseljak à Busovaca et Vitez par des montagnes. Auriez-

17 vous pu le faire ?

18 M. Blaskic (interprétation). - Je souhaite le montrer sur la

19 carte, Monsieur le Président, mais ma réponse, de toute façon, est non.

20 Cela n'était pas possible.

21 M. Nobilo (interprétation). - Nous pourrons peut-être y revenir

22 plus tard, plus en détail.

23 En plus de ces activités et les contact avec...

24 M. le Président. - Maître Nobilo, je suppose que vous y

25 reviendrez, sur ce point, sinon ce sont les Juges qui y reviendront, je

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1 vous le dis parce que c'est un point qui a été très discuté, vous le

2 savez. On a même parlé d'hélicoptères, on parlé de beaucoup de choses. Il

3 ne faut pas dire toujours "Je reviendrai". Moi, je veux bien. Vous avez un

4 plan, c'est le vôtre mais, cela, c'est point qui a été très discuté.

5 Or, le témoin a dit : "Je peux vous le montrer sur la carte,

6 mais ma réponse est non". Je crois que les Juges auront à cœur de savoir

7 exactement de quoi il s'agit, mais vous n'êtes pas obligé de le faire tout

8 de suite. Simplement, je vous le rappelle, il faudra l'éclairer, ce point.

9 M. Nobilo (interprétation). - Je considérais qu'il était

10 suffisant que le témoin réponde qu'il ne pouvait pas se rendre de Kiseljak

11 à Busovaca et à Vitez et je pensais également qu'il était en mesure de

12 l'expliquer plus en détail si cela vous intéressait. Si la Chambre

13 souhaite l'entendre, le témoin est à votre disposition.

14 Pouvez-vous, s'il vous plaît, nous expliquer...

15 M. le Président. - Vous avez dit : "Je reviendrai sur cette

16 question-là." Si vous voulez y revenir, vous choisirez le moment où vous y

17 revenez. Je me permettais de vous rappeler... Je crois pouvoir être

18 l'interprète de mes collègues parce que c'est un point qui a été très

19 discuté.

20 Nous avons même parlé des hélicoptères qui permettaient à

21 l'accusé de pouvoir rejoindre son quartier général de Vitez. Moi, cela

22 m'est égal, c'est vous qui choisissez le moment. Le témoin a répondu de

23 façon elliptique, il a répondu "Non, je ne pouvais pas y aller". Quand

24 vous le souhaiterez, vous le déciderez, vous ferez la démonstration. Je

25 vous rappelle qu'il faudra quand même que vous fassiez la démonstration ou

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1 alors, vous ne la ferez pas. C'est votre choix.

2 M. Nobilo (interprétation). - Bien sûr, Monsieur le Président.

3 Nous pouvons le faire à l'instant. Le témoin va expliquer les relations

4 entre Kiseljak et Busovaca.

5 M. le Président. - Général Blaskic vous êtes donc bloqué à

6 Kiseljak. Vous estimez que vous êtes dans une enclave et vous estimez que

7 vous ne pouvez pas rejoindre le quartier général de Vitez, sauf par les

8 montagnes, et vous dites que vous ne pouvez pas par les montagnes.

9 M. Blaskic (interprétation). - Je vous montre la grande route,

10 la route principale qui va de Kiseljak à Bilalovac, puis à Kacuni et à

11 Busovaca et celle-ci. Elle était coupée à Kacuni par un barrage routier,

12 ainsi Oseliste Donje Bukovci et à Bilalovac, donc pour moi, il était

13 impossible d'employer cette route. Je ne pouvais pas traverser.

14 Et l'autre route, c'est la route Kiseljak-Visoko-Kakanj-Lasva-

15 Kaonik-Vitez qui était sous le contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine

16 et plus précisément des forces du 1er Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine,

17 de Visoko avec des forces de la 3ème armée, du 3ème Corps d'armée, à

18 Kakanj. Et à Biljesevo se trouvaient des éléments de la 305ème Brigade de

19 l'armée de Bosnie-Herzégovine qui avait été expulsée de Jajce, et à

20 Dobrinja se trouvait le département Abdul Latif, l'unité Abdul Latif, des

21 Moudjahidin. Cette route également, il m'était impossible de l'emprunter,

22 absolument impossible.

23 Si l'on prend la route qui va de Kiseljak à Gromiljak qui se

24 poursuit jusqu'à la route de Fojnica jusqu'à Raskrci, on peut prendre la

25 route qui va à Fojnica. A Fojnica était stationnée la 310ème Brigade, ce

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1 qui était à l'époque le 3ème Corps d'armée, qui dépendait à l'époque du

2 3ème Corps d'armée, avec des effectifs d'un bataillon à Pridola. Sur la

3 carte, il est écrit Pridola, mais également Zivcici.

4 Il y avait un camp de Moudjahidin à Dragacici, un bataillon de

5 la 310ème Brigade à Gradina et un bataillon dans Fojnica même.

6 Afin de rendre impossibles les communications entre Fojnica et

7 Busovaca pour les membres du HVO, l'armée de Bosnie-Herzégovine avait

8 installé un barrage à Smajlovici, c'est la position que je suis en train

9 d'indiquer sur la maquette avec le pointeur, et l'armée de Bosnie-

10 Herzégovine avait également interrompu toute forme de coopération ou de

11 patrouille commune avec les forces du HVO sur le site de Zahor.

12 Et le 6 février déjà, des fortifications et des tranchées ont

13 été construites autour des villages croates, y compris les civils se

14 voyaient le passage interdit si l'armée de Bosnie-Herzégovine n'était pas

15 d'accord et ce, sur la totalité du trajet Kiseljak-Busovaca.

16 Si nous regardons en détail, nous verrons que les personnes

17 expulsées de Kacuni ne pouvaient pas revenir non plus. Aucune route, y

18 compris une route secondaire, n'était disponible à cet effet, puisque

19 toutes les routes existantes étaient sous le contrôle de l'armée de

20 Bosnie-Herzégovine. Nous le verrons encore mieux lorsque nous étudierons

21 la ligne de front créée autour de Busovaca, le 31 janvier 1993.

22 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, pendant la

23 pause, nous avons prévu de nous servir de petits drapeaux sur la maquette

24 pour désigner la nouvelle ligne de front qui a séparée le HVO et l'armée

25 de Bosnie-Herzégovine.

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1 M. le Président. - Bien.

2 M. Nobilo (interprétation). - Si vous le permettez, cette

3 question de l'hélicoptère au mois de janvier, est-ce que vous aviez un

4 hélicoptère à Vitez ou ailleurs ?

5 Est-ce que un hélicoptère volait à quelque moment que ce soit ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Non.

7 M. Nobilo (interprétation). - En février ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Non.

9 M. Nobilo (interprétation). - En 1993 ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Non.

11 M. le Président. - Voilà, je vous remercie. Il est bien clair

12 qu'il appartiendra, bien sûr, au procureur d'en tirer les conclusions, les

13 observations qui seront nécessaires aux débats.

14 Très bien. Nous continuons encore d'ici 10 minutes. A moins le

15 quart, nous arrêterons, n'est ce pas, par là, d'accord ? Poursuivez.

16 M. Nobilo (interprétation). - Je vous remercie. Nous en étions

17 arrivés au 11 février, date à laquelle à Kiseljak, une importante action

18 policière est organisée contre les criminels. Veuillez expliquer quelles

19 étaient les caractéristiques de ce groupe de criminels et ce qui s'est

20 passé ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Nous avons lancé une action de

22 grande envergure et 14, ou peut-être même jusqu'à une vingtaine de

23 criminels, ont été placés en état d'arrestation lors de cette opération, y

24 compris pour nous, c'était un élément nouveau que de constater que ce

25 groupe possédait, quand je dis "possédait", je veux parler du fait que les

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1 membres de ce groupe portaient dans leur poche, ou ailleurs, des insignes

2 du Conseil croate de défense, du HVO, de l'armée de Bosnie-Herzégovine, de

3 la Défense territoriale, de la police militaire du HVO, de la police

4 militaire de la Défense territoriale. Ce groupe opérait et cambriolait sur

5 le territoire de la municipalité de Kiseljak, notamment en milieu urbain

6 et notamment dans les villages environnant la ville de Kiseljak .

7 Ce groupe d'hommes cambriolaient les villages croates et ses

8 membres portaient les insignes de l'armée de Bosnie-Herzégovine et si ce

9 groupe s'attaquait, pour cambrioler, à des villages tenus par l'armée de

10 Bosnie-Herzégovine, ces membres arboraient les insignes du HVO ou de

11 diverses unités militaires dépendantes du HVO. La composition de ce groupe

12 était deux tiers croates, un tiers bosnien musulman. Il y avait également

13 2 Serbes dans ce groupe de criminels.

14 M. Nobilo (interprétation). - A ce moment-là, c'était le seul

15 groupe multi-ethnique qui existait dans cette région, n'est-ce pas ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

17 M. Nobilo (interprétation). - Dites-moi, une attaque a lieu de

18 la part de l'armée de Bosnie-Herzégovine sur le site de Kula, le

19 11 février. Pouvez-vous nous dire ce qu'est le site de Kula, quels étaient

20 les effectifs des forces qui ont procédé à cette attaque et ce qui s'était

21 exactement passé ?.

22 M. Blaskic (interprétation). - Je vais d'abord me servir de la

23 carte. Je suis en train de montrer la ville de Busovaca, la ville.

24 Kula ... eh bien ... l'attaque est partie de Lasva Ducina, et

25 elle visait le site de Kula. Quant aux effectifs qui y ont participé, ils

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1 étaient de 600 à 1000 soldats. Et ce site est un site tout à fait crucial

2 pour la défense de Busovaca du côté nord.

3 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agit d'une montagne autour de

4 Busovaca ?

5 M. Blaskic (interprétation). - C'est le seul mont qui domine

6 Busovaca. Si ce site avait été pris, la ville de Busovaca serait tombée

7 dans les mains de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

8 Je vous montre ici, sur la maquette, la région concernée.

9 M. Nobilo (interprétation). - Avec quelles forces, l'armée de

10 Bosnie-Herzégovine a-t-elle procédé à cette attaque ?

11 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, 600 à 1000 soldats ont

12 participé à cette attaque. Ils étaient membres de la 10ème Brigade de

13 Krajina , de la 333ème Brigade de montagne et il y avait également des

14 éléments de la 7ème Brigade musulmane.

15 M. Nobilo (interprétation). - Mais est-ce qu'il n'y avait pas un

16 accord de cessez-le-feu en vigueur ?

17 Excusez-moi. (M. Nobilo s'adressait à M. Kehoe).

18 Est-ce qu'il n'y avait pas eu deux fois un accord de cessez-le-

19 feu conclu entre vous et M. Hadzihasanovic ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Oui, un cessez-le-feu avait été

21 convenu mais le problème chez nous, à ce moment-là, était de voir le

22 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine respecter les accords. Autrement

23 dit, l'accord de cessez-le-feu n'a pas été respecté.

24 M. Nobilo (interprétation). - Comment obteniez-vous ce genre

25 d'information sur le plan technique, concrètement.

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1 M. Blaskic (interprétation). - Lorsqu'il s'agissait d'attaques

2 assez importantes, ces informations nous arrivaient par téléphone, par

3 emploi du réseau non protégé comme c'est le cas dans toute conversation

4 téléphonique entre 2 personnes dans la vie quotidienne.

5 M. Nobilo (interprétation). - En dehors des informations

6 relatives à l'attaque du site de Kula par l'armée de Bosnie-Herzégovine,

7 avec des effectifs de X.

8 Est-ce que vous avez pu obtenir de la part de certains civils de

9 Busovaca des détails quant aux positions de la défense qui vous eussent

10 permis de prendre des décisions dans le cadre de la défense de la ville

11 sur le plan militaire. Cela vous était-il possible ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Cela n'a pas été possible parce

13 que nous nous rendions bien compte que ce genre d'informations auraient

14 d'abord atteint Kacuni et que les responsables de l'armée de Bosnie-

15 Herzégovine de Kacuni auraient réagi à ces informations avant même que

16 moi, je sois en état de le faire.

17 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi est-ce que vous estimez

18 que ces informations auraient d'abord été reçues à Kacuni ? Comment vous

19 expliquez cela ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Nous savions déjà, à ce moment-

21 là, que nous étions sur écoutes à Kacuni.

22 M. Nobilo (interprétation). - Par où passe la ligne

23 téléphonique ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Entre Busovaca et Kiselijak, la

25 ligne téléphonique passe par Kacuni. C'est là qu'étaient réalisées les

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1 écoutes et les interceptions de messages de cette nature. C'est exactement

2 ce qui se serait passé. Autrement dit, transmettre une information de

3 cette façon n'aurait consisté qu'à la transmettre à l'auteur de l'attaque,

4 à l'adversaire.

5 M. Nobilo (interprétation). - Etait-il possible d'utiliser les

6 liaisons radios par paquet, rapides et sûres pour gagner du temps.

7 M. Blaskic (interprétation). - Non, dans des conditions de ce

8 genre, en temps de guerre et de combats, le réseau de transmission par

9 paquet est inutilisable parce que le temps qu'il faut à l'opérateur pour

10 taper le message et parvenir à l'envoyer, il est fort vraisemblable que la

11 moitié du combat est déjà terminé.

12 M. Nobilo (interprétation). - J'aimerais, à présent, que l'on

13 remette au témoin le document D456/9 de la défense qui montre, en date du

14 11 février 1992, la création d'un commandement conjoint. Nous allons

15 parler de cela.

16 Nous avons donc cette pièce à conviction de la défense sous les

17 yeux. Il s'agit d'un ordre de Sefer Halilovic, chef du quartier général du

18 commandement suprême de l'armée de Bosnie-Herzégovine et Milivoj Petkovic,

19 dirigeant du quartier général du HVO, général de brigade. Et cet ordre, en

20 date du 11 février 1993, stipule ce qui suit :

21 Au point un : "Le commandant du 3ème Corps de l'armée de Bosnie-

22 Herzégovine et le commandant de la zone opérationnelle du HVO pour la

23 Bosnie centrale (Hasim Hasinovic et Blaskic) constitue une équipe de

24 coordination conjointe composée de trois membres qui sera présidée par cet

25 homme. L'équipe se verra affecter les tâches suivantes et aura les

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1 compétences suivantes", ensuite, suit une liste dans le détail de laquelle

2 nous n'allons pas rentrer. Peut-être, Monsieur le Président, serait-il

3 préférable que nous expliquions le contenu de ce document après la pause

4 car il est...

5 M. le Président. - Nous faisons une pause de 20 minutes.

6 L'audience, suspendue à 15 heures 45, est reprise à 16 heures 10.

7 M. le Président. - L'audience est reprise.

8 M. Nobilo (interprétation). - Merci.

9 Général, la dernière pièce à conviction que nous examinions

10 avant la pause était la pièce à conviction de l'accusation 456/9 dans

11 laquelle Halilovic et Petkovic, les commandants du HVO et de l'armée de

12 Bosnie-Herzégovine, ont créé un commandement conjoint.

13 Qu'est-ce que cela a eu comme signification ? Qu'en avez-vous su

14 et quelles en ont été les répercussions ?

15 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi. Général, avant que

16 vous ne preniez la parole pour le compte rendu, Monsieur le Président,

17 contrairement à ce que qui figure au compte rendu en anglais, il s'agit

18 d'une pièce à conviction de l'accusation et non de la défense. Je crois

19 que ce qui est écrit est "pièce à conviction de la défense". Si je ne me

20 trompe, c'est ce qui est écrit, n'est-ce pas ?

21 M. le Président. - C'est une pièce de la défense ou de

22 l'accusation, Monsieur le Greffier ?

23 M. Dubuisson. - Il s'agit d'une pièce du Procureur. Toutes les

24 pièces 456 qui seront utilisées sont des pièces du Procureur.

25 M. le Président. - Alors, c'est un commandement conjoint ou une

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1 commission conjointe ? J'ai entendu la traduction "commandement conjoint"

2 alors que dans le texte, il me semblait que ce soit "commission". Je ne

3 sais pas. Pouvez-vous nous le préciser ?

4 M. Nobilo (interprétation). - Je crois que le mieux, c'est de

5 demander au général Blaskic de nous le dire. Quelle a été la signification

6 de cette démarche et quelles ont été les actions qui en ont découlé ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Ce document est rédigé suite à

8 l'accord conclu entre le chef du quartier général de l'armée de la

9 république de Bosnie-Herzégovine et le chef du quartier général principal

10 du HVO.

11 Il s'agissait d'une tentative destinée à régler tous les

12 différents et à mettre un terme au conflit qui existait encore pour créer

13 un commandement conjoint, donc un nouveau commandement dans le but

14 d'accentuer, d'intensifier le combat contre l'ennemi commun serbe.

15 Il s'agissait également du début d'une..., de la continuation du

16 commandement conjoint, mais sous une forme différente. En effet, Prkacin

17 Pasalic était déjà membre d'un commandement conjoint précédemment, mais

18 désormais, c'était moi-même et le commandant du 3ème Corps d'armée de

19 Bosnie-Herzégovine qui avons créé une équipe de coordination conjointe qui

20 avait également pour compétence d'émettre des ordres conjoints.

21 M. Nobilo (interprétation). - Dans cet ordre conjoint de

22 Petkovic et Halilovic, au point 1c et 1d, nous lisons -je commence par le

23 paragraphe 1c- : "Supprimer tous les barrages et tous les obstacles dans

24 la zone de responsabilité et garantir rapidement le retour de la

25 population dans ses domiciles ainsi que la circulation sans obstacles sur

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1 toutes les routes.

2 Créer les conditions de retour également des organes légaux du

3 pouvoir."

4 Au point 1d, "L'ordre est émis pour que toutes les unités,

5 toutes les formations venues de territoires extérieurs se retirent

6 rapidement sur les positions qui étaient les leurs avant le début du

7 conflit."

8 Dites-nous, dans les jours qui ont suivi, cet ordre émanant de

9 Halilovic et Petkovic, a-t-il été respecté ? Les barrages et les obstacles

10 existant dans la vallée de la Lasva et de la Lopenica ont-ils été

11 retirés ?

12 M. le Président. - Excusez-moi. C'est peut-être au niveau de

13 l'interprétation... Ce n'est pas Halilovic. Quel est son nom exact, s'il

14 vous plaît ? Hasan ?

15 M. Nobilo (interprétation). - Le nom est Sefer Halilovic.

16 M. le Président. - Merci.

17 M. Nobilo (interprétation). - C'est le chef du quartier général

18 de l'armée de Bosnie-Herzégovine, de l'état-major principal de l'armée de

19 Bosnie-Herzégovine.

20 Monsieur Blaskic, est-ce que cet ordre a été respecté ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Les barrages routiers et les

22 obstacles placés sur les routes n'ont pas été supprimés et le retour des

23 habitants n'a pas été assuré. La liberté de circulation n'a pas été rendue

24 possible et les unités qui venaient de territoires extérieurs ne se sont

25 pas retirées sur les positions qui étaient les leurs avant le début du

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1 conflit.

2 M. Nobilo (interprétation). - Le lendemain, le 12 février 1993,

3 vous avez de nouveau tenu une réunion avec les représentants de la Croix-

4 Rouge internationale en rapport avec un événement, un incident grave dont

5 il a été question dans certaines pièces à conviction du Procureur.

6 Pouvez-vous expliquer aux juges de quoi il s'agissait ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Le 12 février 1993, j'ai

8 rencontré à Kiseljak, Madame Iris, représentante de la Croix-Rouge

9 internationale, qui m'a informé que M. Sehovic et M. Elezovic avaient été

10 tués le 7 février 1993, à Busovaca.

11 M. Nobilo (interprétation). - Dans quelles conditions, Sehovic

12 et Elezovic ont-ils été tués, quelle était leur nationalité, quelle était

13 la nationalité de ceux qui les ont tués.

14 M. Blaskic (interprétation). - Eux étaient Musulmans Bosniens,

15 quant aux à ceux qui les ont tués, ils provenaient de la population

16 croate, du peuple croate. Quant au conditions dans lesquelles ces deux

17 hommes ont été tués, elles sont les suivantes : ils étaient en train de

18 creuser des tranchées, de faire un travail. Moi, cette information m'a

19 surpris car, jusqu'à cette date, le chef de l'état-major ou les

20 responsables de la zone opérationnelle ne m'avaient jamais fourni de

21 telles informations.

22 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous avez lancé une

23 enquête destinée à vérifier ce qui s'était passé ?

24 Avez-vous demandé des mesures particulières de vérification.

25 Dites-nous ce que vous avez fait après avoir reçu cette information.

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1 M. Blaskic (interprétation). - Dès que j'ai reçu cette

2 information, j'ai demandé qu'une enquête soit effectuée, une enquête

3 complète. Je l'ai demandée à l'adjoint chargé de la sécurité, au

4 commandant de la police militaire et j'ai demandé des informations au

5 commandement de la zone opérationnelle de Vitez également.

6 Et quand j'ai appris que cette enquête avait commencé, j'ai

7 vérifié à plusieurs reprises comment elle suivait son cours. Et j'ai été

8 informé, en grande partie, de la façon dont la procédure entamée suivait

9 son cours au sujet de cet incident.

10 M. Nobilo (interprétation). - Et qu'en est-il du Tribunal

11 militaire et du Procureur militaire ? Est-ce qu'il a repris cette

12 affaire ? Est-ce que cette affaire a été confiée au Tribunal militaire ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Oui, on m'a dit qu'un rapport

14 avait été... qu'une plainte avait été déposée et que le Procureur

15 militaire avait lancé des poursuites et que l'ensemble de l'affaire était

16 donc confié au Tribunal militaire régional ?

17 M. Nobilo (interprétation). - Qu'est-ce que vous avez dit à la

18 représentante de la Croix-Rouge ? Quelle a été votre attitude, votre

19 position en rapport avec le creusement des tranchées, qu'avez-vous

20 entrepris par rapport à cette information que vous aviez reçue ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Lors d'une réunion tenue

22 précédemment, à Busovaca, le 5 février, j'avais déjà exposé ma position eu

23 égard à l'obligation de creuser des tranchées. J'avais dit qu'il

24 appartenait aux soldats concernés de creuser leurs propres tranchées et

25 qu'il était impossible d'engager des détenus dans ce travail destiné à

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1 creuser des tranchées.

2 A ce moment-là, j'avais également... et ce jour-là, j'ai fait

3 connaître une nouvelle fois ma position à Mme Iris, cette représentante de

4 la Croix-Rouge internationale. Je pense qu'elle se rendait bien compte que

5 j'avais passé tout mon temps à Kiseljak et qu'il m'était impossible de

6 savoir ce qui s'était passé sur le territoire de Busovaca.

7 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que, eu égard à vos

8 subordonnés de la zone opérationnelle de Bosnie centrale et aux hommes

9 engagés sur le territoire de Busovaca, vous leur avez envoyé un message

10 clair pour exposer votre position, eu égard à la possibilité de voir des

11 détenus creuser des tranchées ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je l'ai fait ce jour-là et

13 je l'avais fait également le 5 février. Je n'ai pas envoyé simplement un

14 message, j'ai émis un ordre destiné à faire savoir que ces travaux ne

15 devaient pas être accomplis, qu'il s'agissait de travaux illégaux.

16 M. Nobilo (interprétation). - Le 12 février 1993, une tentative

17 d'assassinat est réalisée contre vous, pouvez-vous dire où cela a eu lieu

18 et dans quelles conditions ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Aux alentours de 19 heures, dans

20 l'après-midi, j'ai reçu une convocation de M. Flemming qui me demandait de

21 me rendre à Visoko pour participer à une réunion avec le commandant du

22 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine, rencontre organisée par la

23 mission des observateurs européens en Bosnie centrale.

24 Et je devais être conduit à cette rencontre de Visoko par le

25 chef de la mission européenne pour Kiseljak, M. Russel, escorté de membres

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1 des Nations Unies danois stationnés à Kiseljak.

2 M. le Président. – Je m'adresse au garde. Monsieur le garde de

3 l'ONU, s'il vous plaît, pouvez-vous tenir un peu en retrait, je vous en

4 prie. Vous vous tenez sur votre chaise. Vous laissez la place aux avocats

5 de l'accusation ou de la défense éventuellement. Il n'arrivera rien.

6 Monsieur Blaskic, vous continuez.

7 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, le

8 12 février 1993, nous sommes partis de Kiseljak, en fait du parking de la

9 caserne et le groupe était composé de M. Russel, de moi-même et de ceux

10 qui nous escortaient. Nous avons emprunté la grand-route qui mène à

11 Visoko. Notre intention était de tenir cette réunion à Visoko, réunion à

12 laquelle je devais moi-même participé et le commandant du 3ème Corps

13 d'armée de Bosnie-Herzégovine, M. Enver.

14 Après avoir passé le village de Dusina, sur la carte, dans la

15 direction de Visoko, nous nous sommes d'abord trouvés confrontés à un

16 barrage et le blindé des Nations Unies s'est arrêté, le blindé qui se

17 trouvait devant nous, et nous nous aussi nous nous sommes arrêtés à une

18 quinzaine de mètres derrière ce blindé de tête. A cet instant, sur la

19 gauche, sur le côté gauche, de la grand-route, une rafale très violente a

20 été tirée, rafale émanant d'un fusil automatique.

21 Cette rafale a été tirée sur notre véhicule, c'est-à-dire sur la

22 voiture tout terrain, la jeep dans laquelle je me trouvais avec M. Russel.

23 Nous sommes restés à bord de ce véhicule. Quant au blindé des forces

24 danoises des Nations Unies, elles ont défendu notre tout-terrain. C'était

25 un véhicule de marque Mercedes, blindé, qui a été endommagé au cours de

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1 l'incident. Mais nous sommes tout de même parvenus à rebrousser chemin en

2 empruntant la même route rentrer à Kiseljak. Ce soir-là, je ne suis pas

3 allé à la réunion à Visoko.

4 Le véhicule étant blindé, aucun d'entre nous qui étions à

5 l'intérieur de ce véhicule n'a subi la moindre blessure. Nous étions

6 quatre au total : le chauffeur, M. Russel, mon garde du corps et moi-même.

7 M. Nobilo (interprétation). – Le lendemain, le 13 février 1993,

8 la réunion s'est tenue, mais elle s'est tenue à Busovaca. Etaient présents

9 Sefer Halilovic, M. Petkovic. Pouvez-vous dire quels ont été les aspects

10 les plus importants dont il a été question au cours de cette réunion ?

11 M. Blaskic (interprétation). – Le lendemain, 13 février, la

12 réunion a porté sur cet ordre de Sefer Halilovic et de Milivoj Petkovic.

13 Cette réunion s'est tenue à Busovaca. Au cours de la réunion, nous avons

14 abordé les questions suivantes : le retrait des forces originaires de

15 l'extérieur et puis, l'enlèvement des barrages routiers qui bloquaient les

16 routes ; le retour de la population locale et la liberté de circulation

17 sur les routes.

18 Etaient présents à cette réunion Enver Hadzihasanovic,

19 commandant du 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine, également Dzemo

20 Merdan. J'étais moi-même présent à cette réunion, ainsi que Franjo Nakic.

21 C'est M. Flemming qui a présidé cette réunion.

22 M. Nobilo (interprétation). – La représentante de la Croix

23 Rouge, Mme Iris, était-elle présente également ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Oui. La représentante de la

25 Croix-Rouge internationale, Mme Iris était présente à la réunion. Je crois

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1 me rappeler qu'il y avait deux ou trois officiers qui venaient du

2 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine et du commandement de la zone

3 opérationnelle. Je sais que M. Marko Potkalo était présent.

4 M. Nobilo (interprétation). - Comment êtes-vous arrivé à

5 Busovaca ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Encore une fois de la même

7 manière qu'auparavant. J'ai emprunté le véhicule de l'ONU. Il s'agissait

8 d'un convoi de deux ou parfois trois véhicules. J'entrais dans le véhicule

9 à Kiseljak. Il fallait que j'aie une carte d'identité. D'abord, ils

10 vérifiaient notre identité et ensuite, ils nous mettaient à bord. Ils nous

11 emmenaient jusqu'à Kiseljak de Busovaca sans s'arrêter.

12 M. Nobilo (interprétation). - Pour nous, il est peut-être plus

13 intéressant d'entendre quelle était l'attitude de Mme Iris de la Croix-

14 Rouge internationale ? Quelle était l'opinion qu'elle exprimait lors de

15 cette réunion ?

16 M. Blaskic (interprétation). - En ce qui concerne le paragraphe

17 où l'on demandait que les détenus soient relâchés immédiatement, elle a

18 considéré qu'il était impossible de procéder à cette libération étant

19 donné que la situation continuait à être instable, que les tensions

20 restaient importantes. Elle considérait que de nouveaux problèmes allaient

21 être créés au cas où les détenus seraient libérés. Elle a demandé que la

22 libération des détenus soit reportée. Elle a demandé cela lors de cette

23 réunion le 13 février 1993.

24 M. Nobilo (interprétation). - Dites-nous, elle exprimait pour la

25 deuxième fois l'attitude de la Croix-Rouge internationale selon laquelle

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1 les détenus ne devaient pas être libérés avant que des conditions de

2 sécurité étaient assurées. Est-ce que vous avez eu l'impression qu'il

3 s'agissait, là, d'une attitude ferme de la Croix-Rouge ou bien est-ce que

4 vous avez pensé qu'elle improvisait lorsqu'elle exposait cette attitude-

5 là ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Nous avons compris cela comme une

7 attitude ferme de la Croix-Rouge. Et la libération des détenus,

8 effectivement, relevait de la compétence des employés de la Croix-Rouge

9 internationale. Elle n'improvisait pas du tout.

10 M. Nobilo (interprétation). - Parlons de cette réunion, nous

11 pouvons laisser de côté les discussions et les débats, les détails

12 concernant ceci. De toute façon, si jamais une question se pose à ce

13 sujet, vous pourrez apporter plus de détails. Mais dites-nous, maintenant,

14 les conclusions exposées par M. Flemming, quelles étaient-elles ? Et quel

15 était l'essentiel de ces conclusions-là ?

16 M. Blaskic (interprétation). - La réunion a duré presque toute

17 la journée et voici les conclusions que M. Flemming a exposées :

18 - le retrait des troupes des forces venant de l'extérieur,

19 ensuite, la couverture des tranchées, l'enlèvement des barrages routiers,

20 la libération des prisonniers.

21 La Commission conjointe devait se rendre dans tous les lieux de

22 combat, de conflit, et devait constater quels étaient les rapports,

23 établir les faits et les conséquences du conflit, de même que constater le

24 degré de responsabilité, soit individuel soit d'unités du HVO ou de

25 l'armée de Bosnie-Herzégovine, dans la région du conflit.

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1 Ensuite, elle devait recueillir toutes les informations

2 concernant les activités locales dans la région du conflit. Elle devait,

3 coûte que coûte, faire en sorte que les ordres conjoints, émis par moi-

4 même et M. Hadzihasanovic, soient exécutés. Monsieur Flemming m'a

5 souligné : "y compris ayant recours à la force".

6 Finalement, lors de la prochaine réunion, un rapport devait être

7 soumis concernant chaque tâche qui, éventuellement, n'allait pas être mise

8 en oeuvre.

9 Il a également dit que tout le monde devait pouvoir utiliser les

10 routes et que la liberté de circulation devait être totale.

11 Ensuite, l'échange des équipements militaires et des armements,

12 que les deux côtés ont saisi les uns aux autres, cet échange devait se

13 faire entre la zone opérationnelle du HVO et le 3ème Corps d'armée.

14 Ensuite, le délai pour le retrait des forces allait être reporté

15 et le délai était celui du 14 février 1993 avant midi.

16 Une autre conclusion était que l'artillerie devait être retirée

17 et que des commissions séparées devaient mener des enquêtes concernant les

18 incidents, et que ces commissions allaient

19 être créées.

20 Il a également été dit qu'à partir du 15 février 1993, la

21 liberté de circulation devait être totale et finalement, une autre réunion

22 a été prévue, la réunion de la Commission conjointe, présidée par Nakic et

23 Merdan. Cette réunion allait être organisée le 14 février à 13 heures.

24 Et le jour suivant, la réunion suivante des commandants de la

25 zone opérationnelle et du 3ème Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine

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1 devait avoir lieu le 16 février 1993, à midi.

2 M. Nobilo (interprétation). - Le jour suivant, avec le

3 commandant du 3ème Corps d'armée, M. Hadzihasanovic vous a émis toute une

4 série d'ordres conjoints. Je demande que l'on présente les pièces à

5 conviction de la Défense D351, D352, D353, D355 et D356.

6 Tout d'abord, nous allons parler de la pièce à conviction D351.

7 Le 13 février 1993, Hadzihasanovic et Blaskic émettent l'ordre

8 pour faire passer les convois et les moyens de transport. Dans le

9 paragraphe 1, vous demandez de rendre possible à tous les moyens de

10 transport avec toutes leurs cargaisons de partir.

11 Est-ce que ceci a été adopté suite aux conclusions de la réunion

12 que vous avez mentionnée ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Effectivement, cet ordre a été

14 rédigé sur la base des conclusions de la réunion qui a eu lieu le

15 13 février.

16 M. Nobilo (interprétation). - Le document suivant, s'il vous

17 plaît, D352. Il s'agit là encore une fois de l'ordre est mis par vous-même

18 et M. Hadzihasanovic. La date est la même, donc le 13 février 1993. Dans

19 le paragraphe 1, il est dit : "Rendre possible immédiatement que les

20 unités se retirent des lignes de contact. Les unités, toutes les unités

21 venant d'autres municipalités doivent se rendre immédiatement sur leur

22 territoire d'origine. Le délai de ce retrait est le 14 février 1993 avant

23 midi."

24 Est-ce qu'il s'agit là du contenu de l'ordre que vous avez

25 rédigé avec Hadzihasanovic ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - C'est l'ordre que nous avons

2 rédigé le jour même lors de la réunion à Busovaca.

3 M. Nobilo (interprétation). - Le document suivant est D353.

4 Encore une fois, la date est celle du 13 février 1993. Le titre est "le

5 retour de la population dans leur foyer", fait par le commandant du

6 3ème Corps d'armée de l'armée de Bosnie-Herzégovine et vous-même en tant

7 que représentant de la zone opérationnelle de la Bosnie centrale.

8 Dans le paragraphe 1, il est dit :

9 "Rendre possible le retour de la population réfugiée dans leur

10 foyer. La population qui rentrera dans leur foyer doit se voir garantir la

11 sécurité complète."

12 Troisième point : "Il faut rendre possible à toute la population

13 de se déplacer sans obstacle et de manière sûre sur tout le territoire. Le

14 délai de l'exécution de cet ordre est le 14 février à midi."

15 Nous n'allons pas lire l'ensemble du texte. Encore une fois, la

16 question reste la même : est-ce que cet ordre a été rédigé conformément

17 aux conclusions de la réunion qui a eu lieu le 13 février 1993 ?

18 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

19 M. Nobilo (interprétation). - Le document suivant est D355. Il

20 s'agit là de l'ordre que vous avez rédigé vous-même. Donc cette fois-ci,

21 il ne s'agit pas d'un ordre conjoint rédigé conformément aux conclusions

22 de cette réunion.

23 Il n'est pas facile de voir le début du document mais,

24 visiblement, il s'agit d'un ordre concernant les situations dans la

25 prison. La date est celle du 19 février 1993 et l'ordre est adressé au

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1 commandant de la brigade du HVO Nikola Subic-Zrinjski et le commandant du

2 4ème Bataillon de la police militaire, Pasko Ljubicic.

3 M. Kehoe (interprétation). - Je m'excuse, mais il s'agit là du

4 document D354 et non pas 355.

5 M. Nobilo (interprétation). - Je m'excuse, vous avez raison. Je

6 m'excuse, j'avais l'intention de lire le texte de l'ordre 355.

7 Effectivement, nous allons examiner l'ordre 355.

8 M. le Président. - Nous sommes sur l'ordre rédigé par l'accusé

9 lui-même, c'est cela ?

10 M. Nobilo (interprétation). - J'ai fait une erreur, j'ai regardé

11 le mauvais numéro. Donc ce que j'ai dit tout à l'heure était une erreur.

12 Le document D355 que j'avais l'intention de présenter là, encore une fois,

13 il s'agit d'un ordre conjoint du commandant Hadzihasanovic et du général

14 Blaskic.

15 J'ai fait une erreur tout à l'heure. Donc il s'agit là d'un

16 ordre conjoint en date encore une fois du 13 février 1993 et, dans cet

17 ordre, vous et Hadzihasanovic donniez l'ordre que toutes les personnes

18 arrêtées et détenues soient libérées immédiatement et sans aucune

19 condition et, au plus tard, le 15 février 1993 à midi.

20 Dans le deuxième paragraphe, vous dites que : "Dans la prison ou

21 en détention provisoire, les uniques personnes qui peuvent y rester sont

22 les membres d'unité du camp qui les a arrêtées, s'ils ont violé les règles

23 et la loi".

24 Dans le 3ème paragraphe, vous dites que : "La liberté et la

25 sécurité seront garanties à toutes les personnes relâchées et que ce sont

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1 les états-majors de la défense municipaux qui en seront responsables."

2 Dans le 4ème point, il est dit que c'est l'adjoint du commandant

3 du 3ème Corps d'armée et l'adjoint du commandant de la zone opérationnelle

4 de la Bosnie centrale qui seront responsables pour la mise en oeuvre de

5 cet ordre. Je souhaiterais donc demander si vous avez effectivement émis

6 cet ordre avec Hadzihasanovic.

7 M. Blaskic (interprétation). - Oui, mais je veux souligner

8 également, il faut que je me corrige, étant donné que la réunion n'a pas

9 eu lieu à Busovaca mais à Kakanj dans la base de l'ONU.

10 M. Nobilo (interprétation). - De toute façon, il s'agissait de

11 la base de l'ONU ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Oui, la base de l'ONU à Kakanj,

13 et quant au transport de Kiseljak, c'était de Kiseljak à Kakanj, et non

14 pas de Kiseljak à Busovaca, mais le transport a été organisé de la manière

15 que j'ai déjà décrite.

16 M. Nobilo (interprétation). - Très bien. Et examinons maintenant

17 la pièce à conviction D356. Il s'agit, là encore, d'un document en date du

18 13 février 1993. Le texte a été rédigé à Kakanj, encore une fois, par vous

19 et Hadzihasanovic.

20 Vous demandez que tous les barrages routiers et tous les

21 obstacles soient écartés des lignes de communication à partir du

22 15 février 1993 à midi. Donc c'est le délai de l'exécution de cet ordre.

23 Est-ce qu'il s'agit là encore d'un ordre conjoint ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il s'agit là d'un ordre

25 rédigé par moi-même et par le commandant du 3ème Corps d'armée lors de la

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1 même réunion.

2 M. Nobilo (interprétation). - Dites-nous, le jour suivant, le

3 14 février 1993, vous avez reçu l'information concernant les maisons

4 croates incendiées à Nezirovici, est-ce que vous pouvez nous montrer où

5 cela s'est produit et quel était le problème ?

6 M. le Président. - Une seconde, s'il vous plaît. Poursuivez...

7 M. Blaskic (interprétation). - J'ai reçu l'information

8 concernant les maisons croates incendiées dans le village de Nezirovici

9 sur lequel l'armée de Bosnie-Herzégovine a pris le contrôle le

10 27 janvier 1993. Je souhaite ajouter également que ce genre d'information

11 concernant des maisons incendiées arrivait plusieurs fois. Non pas

12 seulement ce jour-là.

13 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Cependant, ce jour-là, à

14 Nezirovici, ces incendies portaient sur des maisons de qui ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Sur des maisons croates, des

16 maisons de réfugiés croates.

17 M. Nobilo (interprétation). - Ce même jour, le 14 février 1993,

18 vous avez eu une autre réunion dans la base de la Forpronu, cette fois-ci

19 à Vitez. Est-ce que vous pouvez-vous dire qui a assisté à la réunion ?

20 M. Blaskic (interprétation). – Ont assisté à la réunion le chef

21 des observateurs européens, M. Thébault. Ensuite, le colonel Bob Stewart.

22 Ensuite, j'ai moi-même assisté à la réunion, puis le commandant du

23 3ème Corps d'armée, Enver. Ensuite, le commandant de la zone opérationnelle

24 de l'Herzégovine du Nord-Ouest du HVO, le colonel Zeljko Siljeg et le

25 sujet de la réunion était le fait que la 305ème Brigade de l'armée de

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1 Bosnie-Herzégovine s'est vue déplacée de Gornji Vakuf à Zenica.

2 M. Nobilo (interprétation). – Aidez-nous à comprendre. Est-ce

3 que vous avez été d'accord avec cela ? Est-ce que ce déplacement a

4 effectivement eu lieu par la suite ?

5 M. Blaskic (interprétation). - J'étais d'accord avec cela et ce

6 déplacement a été effectué par la suite.

7 M. Nobilo (interprétation). - Le jour suivant, le 15 février,

8 l'armée de Bosnie-Herzégovine célèbre sa victoire à Gomionica, dans la

9 municipalité de Kiseljak. De quoi s'agissait-il ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Ce jour-là, il y a eu une fête

11 générale à Gomionica, des coups de feu ont été tirés et ils célébraient la

12 victoire à Gornji Vakuf, la victoire de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans

13 le conflit avec le HVO à Gornji Vakuf.

14 M. Nobilo (interprétation). - Vous êtes allé à Vitez, de

15 Kiseljak, et ensuite vous êtes rentré à Kiseljak. Est-ce que tout cela

16 s'est passé de la même manière qu'auparavant ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Ceci a été organisé par la

18 Forpronu exactement de la même manière qu'auparavant. Ce sont eux qui

19 m'ont transporté jusqu'à Vitez et qui m'ont ramené à Kiseljak. Ils m'ont

20 transporté jusqu'à la base à Nova Bila et, ensuite, ils m'ont ramené

21 directement dans la caserne de Kiseljak.

22 M. Nobilo (interprétation). – Avez-vous essayé d'apprendre

23 quelque chose concernant la mort de Sehovic et Elezovic ?

24 M. Blaskic (interprétation). - J'ai posé des questions

25 concernant le meurtre de Sehovic et Elezovic et je voulais savoir à quel

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1 stade se trouvait cette enquête.

2 M. Nobilo (interprétation). – Des réfugiés de Konjic sont

3 arrivés à un certain moment à Kiseljak. Quelles sont les conséquences que

4 cela a entraîné et quelle est la raison pour laquelle ils sont arrivés à

5 Kiseljak ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Des habitants du village de

7 Pozetva, qui se trouve dans la municipalité Konjic, ont été expulsés par

8 des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Une partie est arrivée à

9 Kiseljak et une autre partie est arrivée à Fojnica. Le village de Pozetva

10 se trouve dans la municipalité Konjic. Donc voici le village. C'est d'ici

11 que les Croates ont été expulsés : une partie vers Fojnica et une partie

12 des Croates sont arrivés à Kiseljak. Ils ont été expulsés par des unités

13 de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

14 M. Nobilo (interprétation). - Leur arrivée a-t-elle fait monter

15 des tensions interethniques à Kiseljak ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Leur arrivée a certainement fait

17 monter les tensions et a rendu plus complexes les rapports entre les

18 Croates et les Musulmans dans la région de la municipalité de Kiseljak. La

19 situation est devenue encore plus difficile à contrôler à cause de cela ?

20 M. Nobilo (interprétation). - Dites-nous s'il s'agissait de la

21 même période au cours de laquelle il fallait protéger les maisons de

22 Musulmans, distinguer ?

23 M. Blaskic (interprétation). – Effectivement, il était

24 nécessaire de le faire à ce moment-là.

25 M. Blaskic (interprétation). – Le 16 février 1993, il y a eu un

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1 redéploiement des forces sur certaines lignes de front. De quelles lignes

2 s'agissait-il et de quels soldats ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agissait des soldats du

4 1er Corps d'armée du groupe opérationnel de Visoko et la ligne de front se

5 trouvait entre Lisovo Brdo, donc à Kiseljak, en passant par Grabovci.

6 Ensuite, la région qui surplombe le village de Svinjarevo et au-dessus de

7 Gomionica.

8 Voici, c'est cette ligne-là.

9 M. Nobilo (interprétation). - Combien de soldats ont été

10 déployés sur cette nouvelle ligne de front ?

11 M. Blaskic (interprétation). - On a amené et déployé là environ

12 150 soldats appartenant au groupe opérationnel de Visoko.

13 M. Nobilo (interprétation). - Cependant, une partie de ces

14 soldats qui se trouvaient sur les lignes de front de Travnik, qui étaient

15 originaires de Brestovsko et de Bilalovac, sont entrés. Pouvez-vous dire

16 combien de soldats sont entrés ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Il est vrai qu'un certain nombre

18 de soldats de la municipalité de Kiseljak, qui étaient actifs sur les

19 lignes de front de Kiseljak, sont rentrés, environ 150 soldats sont

20 rentrés, mais ils n'étaient pas armés et n'avaient pas d'équipement

21 militaire.

22 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que l'armée de Bosnie-

23 Herzégovine était d'accord pour qu'ils rentrent ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Ceci constituait l'un des sujets

25 de la réunion qui a eu lieu le 14 février 1993, à Vitez, dans la base de

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1 la Forpronu. C'est lors de cette réunion que j'ai obtenu l'accord de

2 l'armée de Bosnie-Herzégovine pour que ces soldats rentrent de Travnik à

3 Kiseljak et les forces de la Forpronu devaient escorter et assurer la

4 sécurité de ces soldats. Mais la condition était qu'ils ne portent pas

5 d'armes ni d'équipement militaire sur eux.

6 M. Nobilo (interprétation). – Le jour suivant, il y a eu un

7 incident sérieux avec l'attaque contre la caserne de Kiseljak. Il

8 s'agissait du 17 février. Pouvez-vous nous expliquer de quoi

9 il s'agissait ?

10 M. Blaskic (interprétation). – Il s'agissait d'une attaque grave

11 organisée par un groupe de criminels armés. Ce groupe comportait des

12 membres du HVO, des membres de la Division du diable, des membres du HOS.

13 Ils ont désarmé les gardes à l'accueil de la caserne de Kiseljak.

14 Ils ont bloqué le quartier général de Kiseljak, ils ont repris

15 les clefs et ont relâché une partie des détenus. Les détenus, c'était ce

16 groupe d'environ 15 à 20 criminels dont nous avons parlé tout à l'heure.

17 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit que ce groupe de

18 criminels était un groupe multiethnique de criminels qui avaient été

19 arrêtés.

20 M. Blaskic (interprétation). - Oui, leur demande était de

21 libérer ce groupe multiethnique de criminels.

22 M. Nobilo (interprétation). - Le jour suivant, le

23 18 février 1993, vous avez reçu une information de la police civile de

24 Fojnica concernant un certain groupement de forces. De quoi

25 s'agissait-il ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'ai reçu l'information de

2 la police civile de Fojnica selon laquelle de nouvelles forces étaient

3 arrivées à Fojnica, de nouvelles forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine

4 et que ces forces-là allaient de Fojnica vers Pogorelica avec l'intention

5 d'entraîner ces forces-là à Pogorelica pour qu'elles puissent procéder à

6 l'attaque, une nouvelle attaque contre Busovaca. C'est l'information que

7 j'ai reçue.

8 M. Nobilo (interprétation). - A la date du 19 février 1993, vous

9 avez envoyé un nouvel ordre. Il s'agit de l'ordre que j'ai commencé à lire

10 par erreur. Il s'agit de la pièce de la Défense D354. Je voudrais que vous

11 examiniez ce document.

12 (Le témoin s'exécute.)

13 Il s'agit donc d'un document que vous avez rédigé et visiblement

14 envoyé par transmission par paquet, par radio ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

16 M. Nobilo (interprétation). - Le 19 février 1993 à 19 heures 55,

17 vous l'avez adressé au commandant de la brigade de Busovaca ainsi qu'au

18 commandant de la police de Busovaca.

19 Je n'en lirai qu'une phrase : "Faire parvenir un rapport

20 détaillé sur l'irruption des membres de vos unités au sein de la prison

21 militaire de Busovaca le 2 et le 16 février 1993 à 22 heures.

22 A cette occasion, ce groupe a perpétré les actes suivants :

23 entrer par force au sein de la prison militaire sous menace :

24 a) des armes

25 b) sortir par la force des prisonniers de leur cellule, etc.

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1 etc."

2 Je ne donne pas lecture de la totalité du texte.

3 Pouvez-vous nous dire de quoi il s'agissait et quelle a été

4 l'information que vous avez reçue ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agissait de l'entrée par la

6 force d'un détachement d'éclaireurs de la brigade de Nikola Subic-Zrinjski

7 au sein de cette prison. Ils ont attaqué la sécurité de la prison et ils

8 ont sorti de force les détenus qui se trouvaient dans leur cellule comme

9 il est dit dans ce document. Cela s'est produit à deux reprises, le 2 et

10 le 16 février.

11 Ce que j'ai demandé, c'était un rapport plus détaillé me

12 relatant cet événement exceptionnel.

13 M. Nobilo (interprétation). - A la date du 20 février, en dépit

14 de tous les accords et de tous les ordres conjoints, la circulation n'est

15 toujours pas possible entre Busovaca et Kiseljak, elle est toujours

16 impossible même pour les convois humanitaires. Dites-nous quelle a été

17 l'information que vous avez reçue le 20 février.

18 M. Blaskic (interprétation). - Le jour en question, j'ai appris

19 que de nouvelles forces venaient d'être amenées, des forces de l'armée de

20 Bosnie-Herzégovine et qu'elles étaient arrivées à Bilalovac.

21 M. Nobilo (interprétation). - D'après vos souvenirs, Karitas a-

22 t-il essayé de parvenir à Busovaca ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je me souviens que Karitas a

24 essayé d'apporter de la nourriture pour la paroisse de Busovaca. J'ai été

25 informé de cette tentative personnellement. J'ai envoyé également cette

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1 information au commandement de la Forpronu à Kiseljak.

2 M. Nobilo (interprétation). - Le 21 février 1993, de nouveaux

3 postes de contrôle sont mis en place par les membres de l'armée de

4 Bosnie-Herzégovine à Smajlovici, à Bilalovac, à Bukovci. Pouvez-vous nous

5 en dire quelque chose ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit du poste de contrôle en

7 direction de Fojnica. C'est le poste que je suis en train de montrer.

8 C'est Smajlovici.

9 Moi-même et le commandant du 3ème Corps d'armée de

10 Bosnie-Herzégovine, lors de la réunion à Kakanj, avons rédigé un ordre

11 conjoint demandant le démantèlement des barrages ou des postes de contrôle

12 sur les routes. Celui-ci a été installé lorsque des civils venaient d'être

13 chassés de Busovaca à Kiseljak et ces civils avaient tenté de passer par

14 la route principale de Kiseljak à Fojnica, en passant par Besici

15 Ils ont essayé de parvenir à Busovaca. Ils ont été empêchés de

16 le faire à ce barrage établi à Smajlovici alors que Oseliste, Bukovica, le

17 poste de contrôle à cet endroit-là suscitait une inquiétude particulière

18 pour nous parce qu'il a été établi suite à la signature de cet ordre.

19 Au poste de contrôle de Bukovica se trouvait un canon antiaérien

20 de 20 millimètres. Jusqu'à ce moment, c'était très rare que des canons

21 antiaériens gardent des postes de contrôle.

22 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez repris votre place, mais

23 je souhaiterais que vous vous releviez pour dire à la Chambre, s'il vous

24 plaît, à partir du mois de janvier, où se trouvaient les lignes de front

25 entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO ? Pouvez-vous nous montrer

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1 quels sont les drapeaux qui marquent cette ligne de front ?

2 M. Blaskic (interprétation). - Je peux le montrer de manière

3 beaucoup plus précise sur la carte.

4 M. Nobilo (interprétation). - D'abord, sur la carte, s'il vous

5 plaît, puis, nous reviendrons sur la maquette.

6 M. Blaskic (interprétation). - A partir du mois de janvier, la

7 ligne de front à Busovaca était la suivante... Je suis en train de montrer

8 la ville même de Busovaca. Au nord se trouve le site de Kuber, la cote 9-

9 5-7, cote de Saracivica.

10 Maintenant, je montre le village de Putis, puis Katici, en

11 passant par Bobovisce à Mejdani, Solakovici, ou plutôt Kula, Bilalice,

12 Donje Polje, Prosje, Modri Kamen, Pridolci, Luske Staje, Busovacke Staje,

13 Rog, Kovacevac, Rovna, Donja Rovna. La ligne de front avec les forces qui

14 étaient déployées sur la municipalité de Kiseljak... Je suis en train de

15 montrer la ville de Kiseljak. Cette ligne de front était la suivante :

16 elle allait de Pobrde par Demici, Dugo Polje, Medovici, Dundjeri, le

17 village de Badnje, je vais le montrer sur la maquette.

18 Nous voyons Busovaca ici, les forces déployées à Kuber,

19 Saracevica, la cote 957, le village de Katici, puis Kula, Milavice,

20 Prosje, Modri Kamen, Pridolci, Luske Staje ne figurent pas sur cette

21 maquette, non plus. Busovacke Staje, non plus, le site Rog, puis plus

22 loin, Donja Rovna.

23 M. Nobilo (interprétation). - S'il vous plaît, pour ce que soit

24 consigné au procès-verbal, les drapeaux verts indiquent les lignes de

25 front de l'armée de Bosnie-Herzégovine et, en face, les drapeaux bleus

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1 indiquent les forces du HVO. Est-ce exact ?

2 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Sur le territoire de la

3 municipalité de Kiseljak, nous avons donc la ligne de front à Pobrde,

4 Demici, Dugo Polje, Dundjeri, Badnje, tandis que la zone de la communauté

5 locale de Kacuni, jusqu'à Bilalovac, est-ce que on pourrait prendre une

6 feuille ?

7 M. Nobilo (interprétation). - Oui.

8 M. Blaskic (interprétation). - Cette zone était une zone où il

9 n'y avait pas de Croates, quelques vieillards sont restés, des familles

10 Grubesic, Stapici, Ljoljo, ont été tuées.

11 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous dites sans Croate, vous

12 voulez dire que les Croates n'y vivaient pas ou qu'ils avaient été

13 nettoyés de là ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Dans cette zone, les Croates ont

15 été chassés. Il s'agit de la zone de Dusina, de Lasva et de Visnjica, de

16 la municipalité de Zenica, où les Croates ont également été victimes de

17 nettoyage ethnique.

18 M. Nobilo (interprétation). - Puisque nous évoquons le nettoyage

19 ethnique, il faut dire que la Commission conjointe...

20 (M. Nobilo s'interrompt).

21 Ainsi donc, la Commission conjointe pour Busovaca, la Commission

22 conjointe du HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine a parcouru la majeure

23 partie de cette zone. Elle a pu établir de manière conjointe combien il y

24 a eu de victimes croates, quels ont été les dommages sur les biens

25 croates. Pouvez-vous communiquer à la Chambre les chiffres obtenus par

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1 cette Commission conjointe ?

2 M. Blaskic (interprétation). - Il ne s'agit pas de chiffres

3 définitifs. Il s'agit de données qui nous ont été communiquées par la

4 Commission conjointe lors de la réunion qui s'est tenue le

5 21 février 1993. L'ensemble de ces chiffres...

6 M. Kehoe (interprétation) - Excusez-moi, s'il y a des chiffres

7 qui ressortent des documents, des chiffres obtenus par la Commission

8 conjointe, j'aimerais que la défense nous permette de consulter ces

9 documents.

10 M. Nobilo (interprétation). – Monsieur le Président, nous ne

11 disposons pas de ce document, nous ne l'avons pas. La seule chose que nous

12 ayons, ce sont les notes personnelles de M. Blaskic et ses souvenirs. Nous

13 n'avons pas de document.

14 M. le Président. - Maître Kehoe, je partage l'avis de Me Nobilo.

15 Le témoin vous dit un certain nombre de chiffres, ou bien le témoin dit si

16 ce sont des chiffres qui lui ont été donnés officiellement, ou bien ce

17 sont des chiffres qu'il avait évalués lui.

18 Ces chiffres proviennent d'où ?

19 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, il ne

20 s'agit pas de mes estimations personnelles. Il s'agit de chiffres établis

21 par la Commission conjointe, constituée de membres de l'ECMM et présidée

22 par le chef de la mission européenne pour la région de Zenica. La réunion

23 où j'ai entendu, par la Commission conjointe, énoncer ces chiffres était

24 une réunion qui a été convoquée par l'ECMM et présidée également par eux

25 et des officiers de la Forpronu étaient présents.

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1 M. Nobilo (interprétation). - Pour tirer cela au clair, vous

2 avez entendu prononcer oralement ces chiffres lors de cette réunion ?

3 M. Blaskic (interprétation). – Oui, il s'agit de données qui

4 nous ont été communiquées de la part de la Commission conjointe. Et moi-

5 même et Enver, avec MM. Fleming et Stewart, nous nous sommes prononcés là-

6 dessus et nous avons approuvé le rapport de la Commission conjointe.

7 M. Nobilo (interprétation). - Mais il s'agit d'un rapport oral ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Tout à fait. Nous n'avons pas

9 reçu un document écrit de la part de la Commission conjointe. L'ECMM a

10 probablement établi ce document pour ses propres besoins.

11 M. Nobilo (interprétation). - Autrement dit, quels sont vos

12 souvenirs concernant ce qu'a pu établir la Commission conjointe ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, 548 familles en tout ont

14 été expulsées. Il s'agit de familles croates et il s'agit de

15 2 101 personnes en tout. Elles ont été chassées des villages de Oseliste,

16 51 familles ou 273 personnes ; de Bukovci, 28 familles ou 103 personnes ;

17 du village de Gusti Grab, 57 familles ou 285 personnes ; du village de

18 Prosje, 6 familles ou 26 individus ; du village de Milavice, 4 familles ou

19 20 personnes ; du village de Gornji Solakovic, 18 familles, ce qui

20 représente 85 personnes ; du village de Nezorovici, 45 familles ou

21 131 personnes , village de Kacuni, 53 familles ou 203 personnes.

22 Dans la municipalité de Kiseljak, 240 familles ; de la

23 communauté locale de Bilalovac, 800 personnes ; de la municipalité de

24 Zenica, 46 familles, 175 personnes ; des villages de Dusina, 12 familles

25 ou 45 personnes ; le village de Visnjica, 20 familles ou 80 personnes , le

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1 village de Lasva, 14 familles ou 50 personnes.

2 Voilà, c'était le rapport de la Commission conjointe du

3 3ème Corps du HVO et de l'ECMM.

4 M. Nobilo (interprétation). - Lors de cette réunion, avez-vous

5 pu constater que tous les détenus avaient été relâchés ? Est-ce que cela a

6 été constaté ? Si vous vous en souvenez, sinon ce n'est pas...

7 M. Blaskic (interprétation). – Non, je ne me souviens pas si

8 nous l'avions constaté à ce moment.

9 M. Nobilo (interprétation). - Très bien, nous allons passer à la

10 date du 23 février ? L'armée de Bosnie-Herzégovine a fait parvenir à

11 Gomionica des éléments de construction en béton. Pouvez-vous nous en

12 parler un peu plus en détail ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il s'agit de constructions

14 en série qui avait déjà été utilisées par l'ex-JNA. Il s'agit de bunkers

15 en béton armé consistant en éléments préfabriqués et qui peuvent être

16 transportés et donc installés à diverses endroits où ils sont utilisés

17 comme éléments de fortification pour des opérations de combat et pour la

18 protection.

19 Il s'agit de bunkers classiques qui offrent un très haut niveau

20 de protection et qui sont extrêmement appropriés pour des opérations de

21 combat.

22 M. Nobilo (interprétation). - La route de Kiseljak Busovaca, au

23 40ème jour de sa fermeture, est-elle praticable ?

24 M. Blaskic (interprétation). – Non, cette route n'est toujours

25 pas débloquée, elle est toujours fermée aux membres du HVO et aux Croates.

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1 M. Nobilo (interprétation). - Le 25 février 1992, vous vous

2 rendez de nouveau à la base des Nations Unies…, le 25 février 1993. Vous

3 êtes encore une fois convoqué à une réunion à la base de la Forpronu à

4 Nova Bila.

5 M. Blaskic (interprétation). - Non, il s'agit d'une réunion à

6 Kiseljak, au sein du commandement de la Forpronu. J'ai été convoqué à

7 cette réunion, elle était présidée par le général de brigade Cordy

8 Simpson. Y ont participé : le général Prado, il me semble qu'il venait du

9 bataillon espagnol de l'ONU, également le général Milovoj Petkovic, le

10 chef d'état-major principal du HVO, moi-même. L'ordre du jour de cette

11 réunion était l'approvisionnement en aide humanitaire par parachutes. Il

12 s'agit d'une mission qui était esquissée à l'époque. Il s'agissait de

13 savoir quelles seraient les obligations du HVO, eu égard à cette mission

14 humanitaire.

15 A un moment de cette réunion, M. Simpson a voulu savoir pour

16 quelle raison la route Busovaca-Kiseljak demeurait fermée. Il a adressé sa

17 question au général de brigade Petkovic, qui lui a répondu, en disant que

18 ce serait bien qu'ils s'en entretiennent avec Halilovic. En fait, il

19 pensait à Sefer Halilovic qui était à la tête de l'état-major suprême de

20 l'armée de Bosnie-Herzégovine.

21 Alors Petkovic a repris la parole et a dit que Busovaca était

22 isolée depuis 32 jours et qu'elle ne pouvait pas recevoir l'aide

23 humanitaire tandis que des convois de l'armée de Bosnie-Herzégovine,

24 destinés aux Musulmans bosniens continuaient à traverser le territoire de

25 Busovaca et ce en étant acheminés vers Zenica et Tuzla.

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1 Petkovic a insisté sur le fait que la population de Busovaca

2 manquait de vivres, alors qu'elle était obligée de laisser passer d'autres

3 convois. A cela, Simpson a répondu au général de brigade Petkovic en

4 disant que ce serait bien que le général de brigade Petkovic s'adresse aux

5 représentants de HCR qui réunissent l'aide humanitaire.

6 M. Nobilo (interprétation). - Puisque nous venons de mentionner

7 le général de brigade, M. Petkovic, il participe à de nombreuses réunions

8 avec vous. Comment peut-il y parvenir ?

9 M. Blaskic (interprétation). - C'est uniquement grâce à l'aide

10 des Nations Unies. Pour ce qui est de cette occasion, en particulier, je

11 sais que le bataillon espagnol a mis à sa disposition ces deux véhicules

12 blindés. C'est donc dans ces véhicules que le général de brigade Petkovic

13 a pu atteindre Kiseljak.

14 M. Nobilo (interprétation). - Le 27 février 1993, les Musulmans

15 interdisent aux Croates de rentrer dans un certain nombre de villages.

16 Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

17 M. Blaskic (interprétation). – Oui, il s'agit des villages qui

18 se trouvent dans la communauté locale de Kiseljak, communauté locale de

19 Lepenica. Il en a été question un peu plus au moment où l'on a parlé du

20 conflit de Duhri.

21 Je suis en train de montrer le village de Bukovica, le village

22 de Zabrde. C'est à Bukovica qu'un poste de contrôle a été installé et que

23 l'on a interdit l'entrée aux Croates. Ils n'avaient pas le droit d'entrer

24 dans les villages de Zabrde, Bukovica, Kostan et ainsi de suite.

25 M. Nobilo (interprétation). – Merci. Le jour en question, il y a

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1 eu un entretien avec le représentant du HVO de Kiseljak chargé des

2 informations. Pouvez-vous nous dire quel a été l'objet de cet entretien ?

3 M. Nobilo (interprétation). - J'ai demandé qu'un représentant du

4 HVO s'entretienne…

5 Il y a eu quelques problèmes de traduction, semble-t-il ? Donc,

6 vous avez pris contact avec l'officier chargé de l'information au sein du

7 HVO ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

9 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire ce que vous

10 avez cherché à obtenir ?

11 M. Blaskic (interprétation). – J'ai donné une instruction à cet

12 officier chargé de l'information. Je lui ai dit de prendre contact avec

13 les autorités civiles de la municipalité de Kiseljak afin de trouver un

14 moyen d'obtenir un créneau où les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine

15 du territoire de la municipalité de Kiseljak pourraient s'adresser, via la

16 station radio locale, à la population musulmane bosnienne de la

17 municipalité de Kiseljak.

18 Et ceci parce que les tensions continuaient à s'aggraver dans la

19 municipalité de Kiseljak et mon objectif était justement de calmer les

20 tensions dans cette zone.

21 M. Nobilo (interprétation). - Le jour en question à 10 heures et

22 ce avec l'ECMM et avec Merdan, vous vous êtes entretenus et vous avez

23 appris qu'il y a eu des incendies de maisons ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Oui, le 28 février 1993, j'ai eu

25 une réunion à 10 heures et Merdan a dit que la route Busovaca-Kiseljak sur

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1 la portion Kacuni-Bilalovac était bloquée. Il a dit qu'ils avaient vu, en

2 se rendant à la réunion, qu'il y a eu des maisons croates de Bilalovac et

3 de Kacuni qui étaient incendiées.

4 Dzemo a souligné, lors de cette réunion, que des barrages de

5 caractère politique étaient mis en place et que ces barrages étaient la

6 conséquence de toute une série de décisions politiques du gouvernement de

7 la communauté croate d'Herceg-Bosnie ainsi que du gouvernement de la

8 République de Bosnie-Herzégovine et qu'il s'agit de décisions qui se

9 contredisaient.

10 Monsieur Nakic a dit, lors de cette réunion, que des barrages

11 avaient également été installés à Vitez et, quant à Novi Travnik, une

12 réunion n'a pas pu se tenir, une réunion de la Commission conjointe et de

13 la commission locale de Novi Travnik, donc réunissant les représentants de

14 l'armée de Bosnie-Herzégovine et du HVO, et que la raison pour laquelle

15 que ceci n'a pas pu avoir lieu, c'est que les représentants de l'armée de

16 Bosnie-Herzégovine n'ont pas voulu se rendre à cette réunion en dépit

17 d'une invitation que Dzemo Merdan leur a lancée, en fait, une convocation

18 qui leur a été adressée par Dzemo Merdan.

19 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, vous avez été informé

20 de la libération d'un criminel notoire de Vitez qui a été libéré grâce à

21 un recours à la force, n'est-ce pas ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'ai appris que

23 Ferad Gazibaric Gucanin a été libéré de la prison militaire régionale de

24 Busovaca, j'ai appris que le poste de police a été attaqué, que par la

25 suite, le commandement de la police militaire a été attaqué ainsi que la

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1 prison militaire régionale également.

2 M. Nobilo (interprétation). - Nous sommes parvenus à la fin du

3 mois de février. Avant de passer au mois de mars, je propose que nous

4 suspendions nos travaux.

5 M. le Président. - Nous allons suspendre. Je vous rappelle que

6 désormais, les mercredis, nous commencerons à 13 heures 30. Cela ne

7 changera pas la durée globale de notre séquence puisque nous terminerons à

8 17 heures 30.

9 L'audience est levée, elle reprend demain à 13 heures 30.

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11 L'audience est levée à 17 heures 30.

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