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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL Affaire IT-95-14-T
2 POUR LEX-YOUGOSLAVIE
3
4 LE PROCUREUR
5 c/
6 Tihomir BLASKIC
7 Mardi 23 février 1999
8
9 Laudience est ouverte à 10 heures 05.
10 M. le Président. - Veuillez vous asseoir. Monsieur le greffier,
11 introduisez notre témoin, c'est-à-dire le général Blaskic.
12 Bonjour aux interprètes, aux sténotypistes, bonjour aux avocats
13 de l'accusation, de la défense. Je salue l'accusé et si tout le monde
14 m'entend bien, ce que j'espère, nous pouvons continuer, Maître Nobilo.
15 M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Je
16 souhaite verser, dès le début, les photographies que nous avons faites à
17 partir de la maquette, nous n'avons qu'un lot de photographies en couleur,
18 hélas, les autres photographies sont en noir et blanc. J'aimerais les
19 présenter sur le rétroprojecteur et demander à M. Blaskic de décrire
20 brièvement ces photographies. Je souhaiterais avoir des cotes pour ces
21 photographies.
22 M. Dubuisson. Pour les photographies, il s'agira du document
23 D542/1 jusqu'à D542/7.
24 M. Nobilo (interprétation). - La première photographie porte la
25 cote 542/1.
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1 M. Kehoe (interprétation) - Excusez-moi, il me semble que vous
2 avez parlé de photos en noir et blanc ?
3 M. Nobilo (interprétation). - Elles sont de très mauvaise
4 qualité. On ne voit pratiquement rien sur les photos en noir et blanc.
5 Nous serons obligés de demander des copies en couleurs pour tout le monde.
6 Nous avons essayé de constituer les photos en noir et blanc, mais on ne
7 voit quasiment rien sur celles-là.
8 M. le Président. - Cela vous pose un problème qu'elles soient en
9 couleur ?
10 M. Kehoe (interprétation) - Non, c'est plus facile de marquer ce
11 que le témoin dit sur le document en question. C'est toujours plus facile
12 à réutiliser pendant le contre-interrogatoire.
13 M. le Président. - J'ai une autre demande, je l'ai dit et je le
14 répète souvent, c'est que lorsque des documents sont mis sur le
15 rétroprojecteur, c'est pour que la galerie du public puisse les voir
16 aussi. Nos audiences sont publiques. Je le rappelle. Nous avons
17 suffisamment d'audiences à huis clos, pour d'autres raisons. Je sais que
18 c'est techniquement toujours un peu compliqué, mais je les surveille car
19 je vois le moniteur qui est dans la galerie du public. Les audiences sont
20 publiques, je le rappelle, sauf quand on décide autrement pour d'autres
21 raisons.
22 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous décrire la
23 photographie D542/1.
24 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
25 les Juges, cette photo représente les postes de contrôle qui ont été mis
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1 en place à partir du 2 janvier 1993 et ce, jusqu'au 20 janvier 1993.
2 M. Nobilo (interprétation). - De la part de qui ?
3 M. Blaskic (interprétation). - De la part de l'armée de
4 Bosnie-Herzégovine.
5 Ce que je suis en train de montrer, c'est Vitez. Ici, nous
6 voyons Travnik et Novi Travnik ici.
7 M. Nobilo (interprétation). - Peut-on définir brièvement. Il
8 s'agit donc de postes de contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine, en
9 janvier 1993, sur les municipalités de Travnik, Novi Travnik et Vitez ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
11 M. Nobilo (interprétation). - Passons à la pièce à conviction
12 D542/2, pouvez-vous la placer sur le rétroprojecteur, s'il vous plaît ?
13 M. le Président. - Je demande au témoin de définir très
14 rapidement. Nous ne recommençons pas ce que nous avons vu hier. Le témoin
15 voit la photo, donne la légende et la photo est inscrite et enregistrée au
16 Greffe. Sinon on ne s'en sortira pas. Allez-y, Général Blaskic. Vous avez
17 la photo sous les yeux, moi je ne l'ai pas pour l'instant. Allez-y,
18 description et on passe à la suivante.
19 M. Blaskic (interprétation). - Cette photo représente le poste
20 de contrôle de la municipalité de Travnik. Le déploiement des forces du
21 HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine par rapport à la ligne de front de
22 l'armée de la Republika Srpska.
23 M. Nobilo (interprétation). - Merci, la photo D542/3.
24 M. Blaskic (interprétation). - Cette photo représente le poste
25 de contrôle qui a été mis en place à proximité de l'école élémentaire
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1 Vodovod Novi Travnik par l'armée de Bosnie-Herzégovine.
2 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agit d'un papier jaune qui
3 représente ce poste de contrôle ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
5 M. Nobilo (interprétation). - Passons maintenant à la pièce
6 D542/4.
7 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit d'un poste de contrôle
8 de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Kruscica, il est marqué en jaune.
9 M. Nobilo (interprétation). - Nous passons maintenant à la photo
10 542/5.
11 M. Blaskic (interprétation). - Cette photo représente des postes
12 de contrôle mis en place par l'armée de Bosnie-Herzégovine sur la route
13 principale allant de Novi Travnik à Gornji Vakuf, en jaune, nous voyons
14 les postes de contrôle.
15 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Nous passons à la photo
16 D542/6.
17 M. Blaskic (interprétation). - Cette photo représente les postes
18 de contrôle qui ont été établis par l'armée de Bosnie-Herzégovine, allant
19 de Katici jusqu'à Bilalovac, les marques jaunes indiquent les postes de
20 contrôle.
21 M. Nobilo (interprétation). - Merci. La photo suivante s'il vous
22 plaît. La dernière photo D542/7.
23 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit de la même photo datant
24 du mois de janvier 1993. En jaune, nous voyons les postes de contrôle.
25 M. Nobilo (interprétation). - Entre Katici et Bilalovac ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
2 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Hier, enfin d'audience,
3 nous avons parlé de la journée du 25 janvier 1993, dans l'après-midi de
4 cette journée. Vous avez été informé des combats à Busovaca. Quelles
5 informations avez-vous reçus concrètement ? Et était-ce suffisant pour que
6 vous puissiez commencer à prendre des décisions ? Quelles étaient les
7 communications entre les unités ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Le jour en question, durant la
9 journée, j'ai été informé qu'un conflit s'est produit sur le poste de
10 contrôle de Katici. Un membre de la police militaire du HVO a été blessé
11 ainsi qu'un civil qui n'a pas pu être identifié. Quant aux autres
12 informations, elles étaient vraiment très modestes. Je ne savais que très
13 peu sur ce qui se produisait sur le territoire de la municipalité de
14 Busovaca.
15 M. Nobilo (interprétation). - Peut-on présenter au témoin les
16 pièces de la défense D95 et D96 ainsi que la pièce D406 ?
17 M. Nobilo (interprétation). - S'il s'agit bien de la pièce de la
18 défense D95. Peut-on, s'il vous plaît, placer sur le rétroprojecteur la
19 version anglaise ?
20 (L'huissier s'exécute.)
21 Donc, nous allons montrer d'abord la pièce D95. Il n'y a pas de
22 traduction anglaise apparemment ? Je lirai le texte de ce document. "Le
23 4ème Bataillon de la police militaire", sous le numéro de référence qui
24 figure sur le document à la date du 25 janvier 1993. Le destinataire est
25 le commandement de la zone opérationnelle de Bosnie centrale (colonel
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1 Tihomir Blaskic, Kiseljak).
2 La dernière ligne du destinataire : "Communiqué, le 25 janvier
3 1993, vers 1 heure. Dans la localité de Katici, dans les conflits qui ont
4 éclaté entre les membres des unités du HVO, Busovaca, et de l'armée de
5 Bosnie-Herzégovine ont été mortellement blessés : Ivica Petrovic, membre
6 du HVO à Busovaca, ainsi qu'un individu non identifié pour le moment. Le
7 rapport sur cet événement a été établi sur place par le représentant du
8 département des affaires criminelles du HVO, Mostar, Pasko Ljubicic.
9 Signature"
10 Général, avez-vous reçu ce rapport à Kiseljak à la date du
11 25 janvier 1993, comme cela figure sur ce document ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je l'ai reçu dans l'après-
13 midi du 25 janvier 1993.
14 M. Nobilo (interprétation). - Par quel moyen vous est parvenu ce
15 rapport ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Il me semble qu'il est arrivé par
17 télécopie via les lignes de téléphone normales pour Kiseljak.
18 M. Nobilo (interprétation). - Les lignes de téléphone et de fax
19 entre Busovaca, Vitez et Kiseljak, ces câbles souterrains traversaient
20 quels territoires ? Par où passaient-ils ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Les lignes de téléphone
22 traversaient le territoire de Katici et de Bilalovac en direction de
23 Kiseljak. C'était dans la zone de cette route principale
24 Kiseljak-Busovaca-Vitez.
25 M. Nobilo (interprétation). - Dans ces circonstances, vous étiez
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1 en mesure d'utiliser les lignes téléphoniques normales, civiles, pour
2 émettre des ordres militaires ainsi que pour recevoir des rapports
3 militaires ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Non, puisque nous avons reçu un
5 certain nombre d'informations nous disant que ces lignes étaient mises sur
6 écoute.
7 M. Nobilo (interprétation). - Merci.
8 Nous allons consulter la pièce D96. Peut-on placer la pièce sur
9 le rétroprojecteur, s'il vous plaît ? Il s'agit d'un ordre dont vous êtes
10 l'auteur. Cet ordre n'a pas été confirmé comme le Greffe vient de me
11 l'indiquer. Aucun témoin, jusqu'à présent, n'a pu confirmer ce texte. Je
12 donne lecture du document : "Commandement OA-SB-ZM- Vitez, sb1881/93, en
13 date du 25 janvier 1993." Il est indiqué qu'il faut remettre en main
14 propre du commandant de la brigade Nikola Subic-Zrinjski de Busovaca.
15 Titre : "Choisir et nommer les personnes pour faire partie de la
16 commission conjointe. Sur la base d'une proposition qui nous a été remise
17 par le commandant du 3ème Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine, numéro
18 02/33-320, du 25 janvier 1993, et de la réponse officielle qui nous a été
19 adressée sous le numéro 02/33-327 du 25 janvier 1993, paragraphe 3, de la
20 part du commandant du 3ème Corps de l'armée de
21 Bosnie-Herzégovine afin d'assurer une application totale de
22 cette proposition, j'ordonne :
23 1. Le commandant de la brigade du HVO, Nikola Subic-Zrinjski de
24 Busovaca nommera, devant la brigade du HVO, des personnes pour prendre un
25 contact par téléphone et pour réaliser une rencontre en disposant de tous
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1 les pouvoirs afin de prendre une décision concernant la zone de
2 responsabilité de la brigade de Nikola Subic-Zrinjski Busovaca.
3 2. Le rôle principal de la commission est d'agir selon le
4 cessez-le-feu temporaire entre les unités du HVO et l'armée de Bosnie-
5 Herzégovine.
6 3. Les membres de la commission doivent être élus sur la base de
7 l'évaluation qui aura été effectuée et sur la base de la proposition du
8 commandement de la brigade Nikola Subic-Zrinjski.
9 4. Le délai pour appliquer ces décisions : le 25 janvier 1993,
10 15 heures.
11 Signé par le commandant Colonel Tihomir Blaskic."
12 Il est dit sur le document qu'à la date du 27 janvier 1993,
13 communication par paquet, vers 16 heures, ce document a été reçu.
14 Dites-moi tout d'abord si vous avez bien rédigé cet ordre ?
15 M. Blaskic (interprétation). Oui.
16 M. Nobilo (interprétation). - Il y a un certain nombre de points
17 étranges ou ambigus. Je voudrais tirer cela au clair. Nous voyons ici un
18 numéro de référence. Il s'agit bien d'un numéro de référence de la zone
19 opérationnelle de Bosnie centrale ?
20 M. Blaskic (interprétation). Non.
21 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi et à qui devrait
22 normalement appartenir ce numéro de référence ?
23 M. Blaskic (interprétation). Le jour en question, je n'avais
24 pas de registre de la zone opérationnelle de Bosnie centrale. Je ne
25 pouvais donc pas déterminer ce numéro. J'ai donc demandé au personnel qui
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1 travaillait sur les communications sur paquet de me donner un numéro et
2 d'évaluer quel devait être ce numéro. Ici où l'on voit "SB", cela devrait
3 être "TB", "Tihomir Blaskic", les initiales de Tihomir Blaskic.
4 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Dans le préambule de cet
5 ordre, il semblerait que la lettre du 3ème Corps porte le numéro du
6 3ème Corps et que votre réponse, elle aussi, porte le numéro du 3ème Corps,
7 ce qui semble être une erreur. Quelle en est la raison ?
8 M. Blaskic (interprétation). C'est une erreur. Celui qui a
9 tapé ce texte -et ce document a été envoyé par communication par paquet-,
10 la personne n'a vraisemblablement pas pu lire mon ordre. En fait, le texte
11 qui arrivait était écrit à la main. Le 3ème Corps m'a répondu. Je leur ai
12 écrit, ils m'ont répondu. Il s'agissait d'un échange de propositions.
13 M. Nobilo (interprétation). - Vous êtes d'accord pour dire que
14 ce préambule n'est pas logique, n'a pas de sens ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
16 M. Nobilo (interprétation). - Je voudrais savoir pourquoi ce
17 n'est pas vous qui déterminez qui va mener ces négociations. Pourquoi
18 laissez-vous le choix à la brigade de Busovaca ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Avant tout, je dois dire que je
20 ne tenais pas la situation en main. Je n'avais pas suffisamment
21 d'informations sur ce qui se produisait dans la municipalité de Busovaca,
22 alors que le commandant de la brigade, je n'étais pas sûr qu'il était
23 parvenu à rentrer de Zepce à la brigade, il s'agit de M. Niko Jozinovic. A
24 l'époque, je considérais encore qu'un incident s'étaient produit à Katici,
25 que c'était seulement un incident et que le conflit n'avait pas d'ampleur.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Je voudrais que l'on
2 présente sur le rétroprojecteur la pièce de l'accusation D406. Nous avons
3 une version anglaise.
4 M. Nobilo (interprétation). - Il est écrit : "Commandement de
5 la zone opérationnelle de Bosnie centrale de Vitez, numéro 01-1-366/93, à
6 la date du 26 janvier 1993 à 23 heures. Rapport au commandant de la zone
7 opérationnelle de Bosnie centrale, colonel Tihomir Blaskic à Kiseljak."
8 Si l'on regarde la signature, c'est le chef d'état-major,
9 Franjo Nakic.
10 Pourriez-vous, s'il vous plaît, examiner ce document et nous
11 dire comment ce document vous est parvenu ?
12 Pouvez-vous également montrer la dernière page ?
13 M. Blaskic (interprétation). - J'ai reçu ce document par fax,
14 par une ligne civile, ordinaire.
15 M. Nobilo (interprétation). - Nous ne lirons pas l'ensemble de
16 ce document mais uniquement le point 2 où il s'agit de communication :
17 "Rapport sur l'envoi de télégramme par communication par paquet.
18 Communication par paquet de l'état-major du HVO n'est pas entièrement
19 opérationnelle. Seules les personnes d'Herzégovine peuvent recevoir ces
20 communications, vu que des étrangers apparaissent très souvent (l'armée de
21 Bosnie-Herzégovine), le fait que ces communications soient surchargées et
22 que ces communications sont trop souvent interceptées au sein de la zone
23 opérationnelle de Bosnie centrale ; ce n'est qu'à Vitez que ce réseau est
24 opérationnel, Travnik, Novi Travnik ont limité leur capacité. Kiseljak ne
25 fonctionne que par le biais de Vitez. Zenica et Busovaca ne fonctionnent
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1 pas. Zepce est entièrement hors service. Des personnes qui envoient des
2 communications par paquet à Kiseljak ne peuvent pas travailler à plein
3 temps et n'ont pas été non plus formées, ne disposent pas d'équipement
4 pour utiliser cette fréquence. L'armée de Bosnie-Herzégovine a déjà essayé
5 d'intercepter nos communications. Ceci a été remarqué par l'état-major du
6 HVO, nous sommes donc obligés de vérifier chaque participant au maximum."
7 Etc. etc., je ne lirai pas l'ensemble du texte.
8 Dites-moi, si vous avez effectivement reçu ce document à
9 Kiseljak du commandement de Vitez ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
11 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous expliquer très
12 brièvement de quoi il s'agit quand on parle de communication par paquet
13 que vous avez effectivement utilisée, en plus des lignes ordinaires.
14 Avez-vous eu un autre moyen en plus où c'étaient les seuls moyens de
15 communication dont vous disposiez ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Nous n'avions pas d'autres moyens
17 de communication. La communication par paquet, comme on l'a décrit ici,
18 était le seul moyen de communication. Comment procédait-on ? On utilisait
19 une seule ligne téléphonique et le modem sur l'ordinateur pour envoyer des
20 messages.
21 La personne qui était chargée de l'opération tapait le message
22 puis l'envoyait à l'adresse du destinataire. Le problème était de savoir
23 comment protéger nos messages. Ces problèmes étaient graves parce que
24 l'envoi du message pouvait être effectué par n'importe qui. En fait, la
25 réception, elle aussi, pouvait être faite par n'importe qui dans le mesure
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1 où cette personne connaissait le code.
2 M. Nobilo (interprétation). - Un instant. Vous avez dit que vous
3 avez fonctionné par modem, par ligne téléphonique. Par ligne téléphonique
4 ou par ligne radio ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Par radio.
6 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez fait une petite erreur
7 précédemment. Lorsqu'on on envoie un message par paquet, où est le
8 problème ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Le problème principal est de
10 protéger le contenu de ce message parce que toute personne entrant dans
11 cette chaîne de communication peut intercepter le message.
12 M. Shahabuddeen (interprétation). Maître Nobilo, excusez les
13 Juges. Nous savons que tous les témoins ont utilisé ce terme
14 "communication par paquet" et cette procédure a été expliquée à plusieurs
15 reprises. Mais c'est un témoin très important et je me demande s'il ne
16 serait pas utile d'expliquer, de façon concise et précise, ce que
17 représente ce système de communication et en quoi il consiste ?
18 M. Nobilo (interprétation). Oui, merci. Général, pourriez-vous
19 très brièvement nous expliquer comment fonctionne ce réseau de
20 transmission ? Quelles étaient les machines nécessaires et comment ce
21 système fonctionnait-il ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Nous utilisions des ordinateurs
23 tout à fait communs. Il ne s'agissait pas d'ordinateurs spécifiques à
24 l'armée, il s'agissait d'ordinateurs que nous pouvions acheter n'importe
25 où. Nous utilisions également les lignes déjà existantes que les PTT
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1 utilisaient. Mais nous utilisions une station de relais radio et nous
2 utilisions également un modem qui nous permettait d'établir des
3 communications entre les différents utilisateurs de ce réseau par paquet.
4 M. Nobilo (interprétation). - Comment envoyait-on un texte ?
5 Pourriez-vous nous expliquer quelle était la procédure ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Par exemple, lorsque je rédigeais
7 un ordre ou document, s'il s'agissait d'un document urgent, je pouvais le
8 remettre à l'opérateur qui se trouvait assis devant l'ordinateur et celui-
9 ci tapait, ensuite, cet ordre sur le l'ordinateur.
10 Par la suite, il contactait l'utilisateur suivant, peut-être un
11 autre ordinateur, l'ordinateur de la personne à qui le message était
12 destiné, et si un lien de communication existait entre les deux
13 ordinateurs, le message était envoyé à l'utilisateur suivant.
14 M. Nobilo (interprétation). - Par conséquent, vous utilisiez un
15 ordinateur et un modem, n'est-ce pas ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
17 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque le message est sur les
18 ondes en quelque sorte, sur les ondes radios, quel est le problème qui se
19 pose ? Le message doit-il arriver au destinataire ou bien une personne
20 peut-elle intercepter le message avant ?
21 M. Blaskic (interprétation). En fait, deux problèmes se
22 posaient et qui étaient relativement graves. L'un d'entre eux était que si
23 quelqu'un connaissait le code du participant ou de l'utilisateur, ce
24 message pouvait être intercepté par la personne. Il suffisait qu'elle
25 connaisse le code en question.
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1 L'autre problème était que si une tierce personne souhaitait
2 entrer dans ce réseau de communication, eh bien cette personne pouvait
3 l'utiliser pour envoyer ses propres messages. Par exemple, si moi
4 j'envoyais un message de Kiseljak et que le 3ème Corps d'armée connaissait
5 le code, le 3ème Corps d'armée pouvait également envoyer, à partir du
6 centre de communication, un message au commandement de la zone
7 opérationnelle de Vitez.
8 M. Nobilo (interprétation). Etait-ce code ou la fréquence
9 qu'il fallait connaître ?
10 M. Blaskic (interprétation). - En fait, ce sont deux points
11 différents. Il y a effectivement la fréquence. Si l'on connaît la
12 fréquence, on peut participer à la procédure de communication, mais les
13 participants, les destinataires et expéditeurs de messages avaient leurs
14 propres codes, des codes très simples. Par conséquent, ils s'identifiaient
15 en donnant leur nom de code, par exemple.
16 M. Shahabuddeen (interprétation). - Général, résumez, s'il vous
17 plaît, en nous disant si une interception était possible lorsqu'on
18 utilisait la communication par paquet. Vous nous avez dit d'ailleurs : "En
19 fait, il s'agit d'une communication d'ordinateur à ordinateur", mais une
20 interception était-elle possible quand cette procédure était suivie ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Oui, Monsieur le Juge. Surtout au
22 tout début, lorsque nous avons commencé à utiliser cette procédure et que
23 nous n'avions aucun moyen de protéger nos communications. Je l'ai expliqué
24 il y a quelques instants. L'interception était possible à la fois lorsque
25 le message était envoyé, mais également lorsqu'une tierce personne
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1 envoyait un autre message en utilisant un faux nom ou un faux code.
2 M. Nobilo (interprétation). - Par conséquent, il aurait pu
3 s'agir d'un faux ordre.
4 M. le Président. - Général, puisque nous sommes au tout début du
5 conflit, vous êtes allié officiellement avec le 3ème Corps d'armée, avec
6 l'armée de Bosnie-Herzégovine. Donc, vous avez au départ des matériels
7 communs, des modes de transmission communs et des codes communs. Au tout
8 début, est-ce que cela a donc posé des problèmes encore plus importants ?
9 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président,
10 effectivement, il existait un lien de coopération dans la mesure où les
11 responsables de communications ont coopéré. Par exemple, les responsables
12 de communication chez nous et ceux de Enver se regroupaient parfois,
13 organisaient des réunions. Je ne sais pas comment ils le faisaient, mais
14 ils essayaient de résoudre certains problèmes techniques.
15 Effectivement, à l'époque, nous étions alliés et nous avions
16 tout un système commun de communication. Par conséquent, il n'y avait pas
17 de secret entre les uns et les autres, entre les responsables du
18 3ème Corps et de la zone opérationnelle.
19 M. Nobilo (interprétation). - Ralentissez un peu, Général, s'il
20 vous plaît.
21 M. le Président. - Simplement, vous pouviez vous-même
22 intercepter les communications du 3ème Corps d'armée, par exemple ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Au tout début, oui, la différence
24 étant néanmoins que le 3ème Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine a
25 hérité du système de communication utilisé au quartier général de la
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1 Défense territoriale de Zenica. Je parle de l'époque au cours de laquelle
2 la JNA était stationnée à Zenica. Je parle de la défense territoriale en
3 tant que composante des forces armées de l'ex-Yougoslavie. Par conséquent,
4 ils ont hérité du système de communication de l'époque.
5 M. Nobilo (interprétation). - Du point du vue technique, à quel
6 niveau se trouvait ce système par rapport au vôtre ?
7 M. Blaskic (interprétation). - A toutes fins utiles, ce système
8 de communication permettait l'existence de commandements opérationnels,
9 alors que le système utilisé par le HVO était un système qui était en
10 cours de création, à l'état embryonnaire, si je peux dire. Tous les
11 opérateurs n'avaient pas reçu la formation suffisante leur permettant
12 d'utiliser ce système.
13 M. Nobilo (interprétation). - D'après votre expérience -vous
14 n'êtes pas expert en communication-, ce système de transmission par paquet
15 que vous utilisiez, est-ce un système utilisé dans l'armée permettant de
16 donner des ordres, sur le terrain d'un point de vue opérationnel ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Ce n'était pas un système
18 professionnel à proprement parler parce que lorsqu'il s'agit d'ordres
19 opérationnels. On parle d'ordres en temps réel et en espace réel alors
20 que, selon les documents, on voit que parfois, il fallait un ou deux jours
21 avant qu'un ordre parvienne à sa destination.
22 M. Rodrigues (interprétation). - Nous savons que vous avez, au-
23 delà de votre formation militaire, une formation dans l'informatique. Est-
24 ce que cette formation informatique vous a aidé à installer ou à mieux
25 communiquer dans cette situation ou non ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Juge, si j'avais eu
2 les moyens et les possibilités nécessaires, ceci m'aurait aidé. Je vous
3 donnerai un exemple : le responsable des communications pour la zone
4 opérationnelle avait fait des études techniques. C'était un technicien
5 radio et il avait travaillé dans une entreprise d'entretien de matériel à
6 Travnik. Il était chargé d'assurer l'entretien du matériel radio. Mais la
7 tâche consistant à contrôler certaines unités, certains équipements,
8 c'était quelque chose qu'il ne savait pas faire. Et à l'époque, je n'avais
9 personne à mes côtés.
10 M. Nobilo (interprétation). - Les logiciels que vous utilisiez
11 dans les ordinateurs étaient-ils spécifiques à l'armée ou bien étaient-ce
12 des logiciels tout à fait ordinaires que l'on pouvait acheter n'importe
13 où ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Non, ce n'étaient pas des
15 logiciels militaires. A ma connaissance, c'étaient des logiciels utilisés
16 par n'importe quelle entreprise et qui pouvaient être achetés dans
17 n'importe quelle boutique.
18 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez parlé de quelque chose
19 sur laquelle nous devrions attirer l'attention des juges. "Commandement ou
20 ordre en temps réel", que cela signifie-t-il du point de vue militaire ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Il y a un instant, nous avons
22 parlé d'informatique, d'ordinateur, et le terme utilisé dans l'ex-JNA
23 impliquait qu'un commandement militaire, un commandant militaire reçoit
24 des informations lorsque l'événement a lieu dans une région donnée et
25 qu'il a la possibilité de réagir et d'influer sur la situation. Il pouvait
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1 donc réagir simultanément, dès réception de l'information.
2 Aujourd'hui, outre la possibilité de commander en espace réel et
3 d'exercer son pouvoir de contrôle et de commandement en espace réel, il y
4 a également une démarche sélective vis-à-vis de l'ensemble des
5 informations, de l'ensemble des informations qui sont reçues par les
6 commandants à tout moment. Et ceci lui permet de réagir avec la plus
7 grande diligence possible et d'exercer une certaine influence sur les
8 évènements qui se produisent dans la région en question.
9 M. Nobilo (interprétation). - Nous avons regardé le document D96
10 qui a été rédigé le 25 janvier 1993. Le cachet est celui du réseau de
11 transmission par paquet en date du 27 janvier 1993, à 4 heures du matin,
12 sans doute. Est-ce là un exemple de la qualité des communications qui
13 existaient à l'époque et que représentait ce type d'information ? En tant
14 que commandant, une information qui vous arrivait cinq ou six heures après
15 l'événement ou même une demi-journée, comment ceci influait-il sur votre
16 possibilité de réaction ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Ceci n'est qu'un exemple. Il y en
18 a eu de nombreux autres. Ce type d'information ainsi envoyée et ainsi
19 reçue ne permettait pas au destinataire, ici au commandement à Vitez, de
20 réagir à temps parce que deux jours s'étaient écoulés avant que
21 l'information ne parvienne au commandant. Par conséquent, on ne peut pas
22 réagir de façon appropriée dans ces circonstances lorsque des informations
23 arrivent si tardivement.
24 Il est impossible de commander et contrôler la situation en
25 temps réel, en espace réel.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Passons à autre chose.
2 Ceci nous amène au 26 janvier. Vous êtes toujours à Kiseljak, isolé, sans
3 savoir ce qui se passe à Busovaca. Vous avez une réunion à 10 heures du
4 matin avec Dzemo Merdan. Comment cette réunion a-t-elle été organisée et
5 quel était l'objectif de cette réunion ?
6 M. Blaskic (interprétation). - La réunion du 26 janvier 1993,
7 qui s'est tenue à environ 10 heures du matin au quartier général de la
8 Forpronu pour la Bosnie-Herzégovine, cette réunion donc a regroupé de
9 nombreuses personnes : Cordy Simpson, Dzemo Merdan, le général Bob Stewart
10 et moi-même. C'est à mon initiative que cette réunion a été organisée, à
11 la demande que j'ai formulée le 25 janvier, également de la demande de la
12 Forpronu, afin que nous parvenions à un accord de cessez-le-feu et que
13 nous mettions un terme au conflit avec l'armée de Bosnie-Herzégovine.
14 J'ai tout d'abord demandé une cessation des activités de combat.
15 Cela a été ma première demande. Ensuite, j'ai demandé que le barrage de
16 Katici soit éliminé, que la route soit rouverte, la route entre Kiseljak
17 et Busovaca. J'ai également demandé une totale liberté de mouvement sur la
18 route Busovaca-Kiseljak.
19 Dzemo Merdan n'a pas contesté ou nié le fait qu'il fallait que
20 le conflit cesse. Le désaccord portait sur les soldats de l'extérieur, à
21 savoir l'engagement de forces qui provenaient de l'extérieur de la
22 municipalité de Busovaca dans ce conflit. Néanmoins, au cours de la
23 réunion, nous sommes parvenus à nous mettre d'accord pratiquement sur tous
24 les points qui étaient à l'ordre du jour.
25 A un moment donné, au cours de la réunion, un message m'a été
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1 apporté dans le hall où nous tenions la réunion, message disant que
2 l'armée de Bosnie-Herzégovine avait lancé des opérations de combat dans la
3 région de Lasva, Dusina et Vinica et que les civils croates de ces
4 villages avaient été massacrés. J'ai réagi en demandant à Dzemo de faire
5 cesser ces opérations et je lui ai dit que nous ne pouvions pas rester
6 assis et parler de cela pendant que le 3ème Corps d'armée lançait ces
7 attaques sur le terrain.
8 Cette réunion a été levée, interrompue temporairement et s'est
9 terminée lorsque nous sommes parvenus à un accord stipulant que le
10 lendemain, le 27 janvier 1993, à 10 heures du matin, nous nous
11 retrouverions au même endroit et que le commandant du 3ème Corps d'armée
12 serait présent, Enver, qui d'ailleurs assistait généralement à ce type de
13 réunions avec moi.
14 M. Nobilo (interprétation). - Dzemo Merdan a-t-il promis de
15 d'analyser la situation à Dusina et à Vinica et qu'il ferait cesser les
16 massacres là-bas ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il a dit cela à ce moment-
18 là. Il n'avait aucun moyen de communiquer avec ces hommes à partir de
19 l'endroit où nous nous trouvions. Mais il a dit qu'il allait
20 personnellement se déplacer afin de vérifier quelle était la situation sur
21 le terrain dans cette région.
22 M. Nobilo (interprétation). Passons à une autre réunion. Mais
23 je viens de me souvenir qu'il fallait que je vous pose la question
24 suivante : aviez-vous, ou le 3ème Corps d'armée avait-il des véhicules de
25 brigade, des centres mobiles de communication grâce auxquels les
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1 commandants pouvaient mener des opérations de combat, quel que soit
2 l'endroit où ils se trouvaient ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Nous avions effectivement un
4 système de relais radio, comme nous l'appelions, en tout cas au niveau des
5 brigades de l'ex-JNA, alors que dans le HVO nous n'avions pas ce type de
6 système, en tout cas pas dans la zone opérationnelle de Bosnie centrale.
7 Je sais que l'organisme chargé de l'entretien des systèmes techniques à
8 Travnik, tous ces systèmes ont été utilisés par l'armée de Bosnie-
9 Herzégovine.
10 M. Nobilo (interprétation). Ce jour-là, le 27 janvier 1993, au
11 quartier général de la Fropronu, à Kiseljak, à 10 heures du matin, une
12 autre réunion a été tenue. Enver Hadzihazanovic s'est présenté à cette
13 réunion. C'était le commandant du 3ème Corps d'armée.
14 Comme s'est passée cette réunion ?
15 M. Blaskic (interprétation). Enver Hadzihasanovic du 3ème Corps
16 est venu assister à la réunion. Mais, Kadir Jusic, du 1er Corps, est venu
17 également assister à la réunion. Il est venu de Visoko. Le responsable de
18 l'ECMM, M. Flemming, était également présent. Dès le début, Enver, a fait
19 remarquer que j'étais isolé à Kiseljak et que manifestement le HVO, dans
20 la vallée de la Lasva était commandé par une autre personne. Il a convenu
21 que nous ne commencerions la réunion que lorsque je lui donnerais la
22 véritable identité du commandant du HVO dans la vallée de la Lasva et dans
23 la zone opérationnelle de Bosnie centrale.
24 J'ai confirmé que c'était exact, que j'étais à Kiseljak, mais
25 qu'à ma connaissance, c'était moi qui dirigeais la zone opérationnelle de
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1 Bosnie centrale.
2 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous pu confirmer et lui
3 affirmer que vous ne dirigiez pas les événements qui se produisaient à
4 Busovaca ?
5 M. Blaskic (interprétation). Oui, effectivement, à ce moment,
6 je n'ai pas pu affirmer cela et reconnaître cela parce que ma opposition
7 dépendait des circonstances qui régnaient sur le terrain.
8 M. Nobilo (interprétation). Peut-on montrer au témoin la pièce
9 de la défense D188, s'il vous plaît ?
10 J'aimerais que la version anglaise de ce document soit placée
11 sur le rétroprojecteur.
12 (L'huissier s'exécute.)
13 Dans ce document D188, je vais lire uniquement deux ou trois
14 phrases. Ce document est un rapport de Enver Hadzihasanovic, commandant du
15 3ème Corps d'armée de l'état-major du commandement de la République de
16 Bosnie-Herzégovine des forces armées. Au début du paragraphe, je lis :
17 "Nous supposons que le commandant Tihomir Blaskic est isolé à
18 Kiseljak et que l'acceptation de régler le problème et l'expression de
19 cette acceptation ne fait aucune contestation, mais que les problèmes sont
20 réglés non par Tihomir Blaskic, mais par quelqu'un d'autre.
21 Dans ces conditions, il n'y a aucun sens à négocier puisqu'il
22 est certain qu'indépendamment du résultat obtenu et de l'accord conclu, il
23 n'y aura aucun résultat".
24 Dernière phrase :
25 "Il conviendrait de demander à l'état-major principal du HVO de
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1 déterminer la personne qui, en lieu et place, de M. Blaskic va "
2 On ne lit pas très bien ce mot, mais je pense que cette phrase
3 se lit tout de même comme suit : " qui aura la responsabilité de prendre
4 les décisions entrant dans le cadre du commandement dans la période à
5 venir."
6 Signature : Enver Hadzihasanovic.
7 Vous n'avez pas vu ce document jusqu'à présent. Mais ce qui est
8 dit dans ce document, ce que dit Enver Hadzihasanovic dans ce document,
9 correspond-il à ce qu'il vous a exprimé, oralement, lors de cette
10 rencontre que vous avez eue avec lui, le 27 janvier 1993 ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
12 M. Nobilo (interprétation). - Après avoir essayé de sauver la
13 situation, est-ce que les pourparlers se sont poursuivis ? Est-ce que vos
14 rapports ont continué à exister ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Bien sûr, les pourparlers ont
16 continué. Je voulais avant tout discuter d'un cessez-le-feu que je
17 demandais et discuter de la situation des forces qui venaient de
18 l'extérieur de Busovaca et qui participaient au conflit. Je demandais que
19 les lignes de front soient stabilisées, que la route de Katici soit
20 rouverte et que la situation soit ramenée à ce qu'elle était, le
21 23 janvier 1993, dans tous ses aspects.
22 Lors de cette réunion, nous sommes parvenus à conclure un accord
23 de cessez-le-feu. Nous avons signé cet accord et nous l'avons présenté aux
24 médias et au public. Le général de brigade Cordy Simpson était présent à
25 Kiseljak pour cette réunion, ce qui était un peu exceptionnel.
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1 Après la réunion, je suis allé à la caserne de Kiseljak où je me
2 suis mis au travail pour rédiger les ordres destinés à mettre cet accord à
3 exécution.
4 M. Nobilo (interprétation). - J'aimerais maintenant que l'on
5 remette au témoin le document D348.
6 Ce document D348, daté du 27 janvier 1993, a été adressé à
7 toutes les unités, y compris à toutes les unités autonomes du HVO et au
8 département de la Défense de Mostar ainsi qu'à toutes les brigades, et son
9 objet est l'application de l'accord sur la cessation sans condition des
10 hostilités. Je vais lire un passage.
11 Premier paragraphe :
12 "1. Appliquer l'accord sur la cessation des hostilités et
13 établir un cessez-le-feu concernant toutes les armes.
14 Responsables de l'exécution de cet ordre : les commandants
15 subordonnés immédiats.
16 2. Autoriser les représentants de la Forpronu à vérifier le
17 cessez-le-feu.
18 3. Permettre le libre passage de tous les véhicules et du
19 personnel de la Forpronu, du Haut-commissariat aux réfugiés et d'autres
20 organisations humanitaires.
21 4. Permettre l'échange de tous les prisonniers par
22 l'intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge, etc."
23 Il y a un certain nombre de points qui suivent dans lesquels,
24 notamment, vous déterminez les personnes qui siégeront dans diverses
25 commissions pour surveiller le cessez-le-feu, etc.
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1 Mais ces résultats sont-ils bien le résultat de la conclusion de
2 l'accord que vous venez de nous décrire ?
3 M. Blaskic (interprétation). Oui. En fait, les points de
4 l'accord sont absolument identiques aux points qui figurent dans ce
5 document d'ordre. Ces ordres sont le résultat de la réunion tenue le
6 27 janvier 1993 avec la commandant du 3ème Corps d'armée de l'armée de
7 Bosnie-Herzégovine.
8 M. Nobilo (interprétation). - Le 27 janvier, après cette
9 réunion, vous receviez les premières informations relatives aux violences
10 subies par les villages croates : Gusti Grab, Nezirovici, Besici, etc.
11 Est-ce exact ?
12 M. Blaskic (interprétation). Oui. J'ai reçu des informations
13 après la réunion, je crois qu'il était déjà tard dans la soirée. Et ces
14 informations me faisaient savoir que durant la journée, les unités du
15 3ème Corps d'armée avaient attaqué un certain nombre de villages croates, à
16 savoir Nezirovici, Besici, Prosje, et que ces villages avaient été
17 capturés par l'armée de Bosnie-Herzégovine, les civils habitant dans ces
18 villages étant expulsés de ces villages.
19 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous montrer sur la carte
20 l'emplacement de ces villages ?
21 M. le Président. - Ces attaques ont eu lieu le jour de la
22 réunion avec le général Simpson et la réunion de la Forpronu, c'est cela ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Oui, Monsieur le Président,
24 réunion qui s'est tenue également avec le commandant du 3ème Corps
25 d'armée. Je peux vous montrer, si vous le permettez, l'endroit où ce sont
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1 déroulées ces attaques, sur la carte aussi.
2 M. Nobilo (interprétation). - Sur la maquette, c'est peut-être
3 préférable.
4 M. le Président. - Maître Kehoe, si vous voulez vous approcher,
5 ou Maître Harmon.
6 M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
7 M. Blaskic (interprétation). - Ici, c'est le village de
8 Nezirovici qui a été attaqué ce jour-là, le 27 janvier 1993. De ce
9 village, les habitants croates ont été expulsés dans la direction de
10 Oseliste et Gusti Grab, c'est-à-dire dans la direction de Kiseljak.
11 Ici se trouve le village de Besici. C'est aussi un village
12 croate d'où les Croates ont été expulsés dans la direction d'Oseliste, et
13 le village de Prosje, lui, se trouve ici, à cet emplacement. Peut-être
14 serait-ce d'ailleurs plus visible sur la carte ?
15 M. Nobilo (interprétation). - Il nous suffit de voir le
16 territoire général.
17 M. le Président. - Quand même, si cela ne vous dérange pas de
18 reprendre la carte, parce que moi, la maquette, je dois dire que j'ai un
19 peu de difficultés. Je trouve que la carte donne une idée de la géographie
20 et surtout de l'orientation.
21 Par rapport à Kiseljak, s'il vous plaît, Général Blaskic, vous
22 situez Kiseljak, s'il vous plaît.
23 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Kiseljak
24 se trouve ici et, ici, c'est la route principale qui mène à Busovaca. Le
25 27 janvier, nous étions ici lorsque nous avons tenu notre réunion, et les
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1 villages attaqués sont Nezirovici, que je montre en cet instant-même, et
2 puis le village de Prosje. Une chapelle a été incendiée dans le village de
3 Prosje au cours de l'attaque de cette journée.
4 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous déterminer qui a
5 attaqué ces villages croates ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Ce sont les forces du 3ème Corps
7 de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui ont attaqué ces villages croates, qui
8 ont capturé ces villages et expulsé les habitants croates dans la
9 direction de Gusti Grab et Oseliste, comme je l'ai déjà dit.
10 M. Nobilo (interprétation). - Nous verrons plus tard ce qui est
11 arrivé à Gusti Grab, Oseliste et tout ce territoire habité par des
12 Croates.
13 Si vous en êtes d'accord, pour le moment, j'aimerais vous
14 soumettre un document qui traite de la violence la plus importante
15 survenue à cette époque et, en fait, la première violence qui a pris pour
16 cible les civils de la vallée de la Lasva. Il s'agit du document D434.
17 La brigade Jure Francetic de Zenica, brigade du HVO, envoie au
18 commandement de la zone opérationnelle le 27 janvier ce rapport qui n'est
19 reçu que le 29 janvier. Voici le texte de ce rapport : son titre :
20 "Rapport au sujet du massacre subi par les Croates dans le village de
21 Dusina, communauté locale de Lasva."
22 "Le 27 janvier 1993, des personnes déplacées provenant du
23 village de Dusina, communauté locale de Lasva, sont arrivées à Zenica et
24 nous ont informés du massacre subi par les Croates dans la région
25 susmentionnée.
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1 Tôt le matin du 26 janvier 1993, les forces musulmanes du MOS de
2 Zenica ont encerclé plusieurs maisons croates dans le village de Dusina.
3 Elles exigeaient, au HVO de Dusina, de rendre ses armes.
4 Après qu'il eu été entendu que cette requête serait satisfaite,
5 les membres du MOS ont ouvert le feu sur les maisons croates. Suite à ces
6 tirs, Pero Rajic, Dragenco Kegelj et Frano Rajic ont perdu la vie."
7 Les noms de ces hommes sont suivis des prénoms de leur père.
8 "Zvonko Rajic, père d'Ivo a été tué au cours des négociations.
9 Marko Rajic et Blasko Bosnjak ont été blessés.
10 Les blessés ont été transportés à l'hôpital de Zenica.
11 Après que les tirs ont cessé, les membres du MOS sont entrés
12 dans le village et ont enfermé les civils dans la maison de Stipe Kegelj
13 où ils les ont gardé jusqu'à la nuit.
14 Les soldats du HVO ont confisqué les armes. Après quoi, ils ont
15 procédé à la fouille des maisons et, sous la menace d'une exécution, ils
16 ont exigé que d'autres armes leur soient encore remises car des Musulmans
17 habitant cette zone les avaient informés que toutes les armes n'avaient
18 pas encore été rendues.
19 Comme ils n'ont pas réussi à trouver d'autres armes, ils ont
20 commencé les exécutions. Niko Kegelj, Vinko Kegelj, Joze Kegelj, Mladenko
21 Kegelj et August Rados ont été exécutés.
22 Après cette exécution, les corps des soldats ont été emportés
23 dans la cave d'une maison privée. Marinko Kegelj a réussi à s'enfuir".
24 Là, le texte est assez peu lisible, mais son père, Stipo Kegelj
25 a été exécuté.
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1 "Parmi les hommes dont on ne sait pas où ils se trouvent ou ce
2 qu'il est arrivé, se trouvent Perica Rados, Dragan Rados, Nedeljko Rajic
3 et Marinko Kegelj.
4 Après avoir exécuté les soldats du HVO, les membres du MOS ont
5 voulu également exécuter Zdravka Rados, épouse de Dragan Rados. On suppose
6 qu'ils n'ont pas mis leur souhait à exécution à la demande d'un habitant
7 musulman de la région, etc., etc.
8 Signé : Zivko Totic, commandant de la brigade Subic-Zrinjski "
9 Est-ce que ce rapport vous est parvenu à quelque moment que ce
10 soit au cours du mois de janvier 1993 ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Cette information, qui traitait
12 des événements survenus dans ce village, m'est parvenue le 26 janvier
13 déjà. J'en ai été informé par écrit sur un petit morceau de papier où l'on
14 me disait que l'attaque était en cours au moment même où je participais à
15 la réunion avec Dzemo. Dzemo a d'ailleurs vu le même petit morceau papier
16 comme les autres participants à la réunion. Mais ce que j'ai vu à ce
17 moment-là n'était pas écrit comme ce qui vient d'être lu. J'ai su que des
18 attaques avaient lieu et que des personnes avaient été exécutées. Mais
19 combien de personnes avaient été exécutées et qui avait été exécuté, cela
20 je ne l'ai pas su lors de la réunion.
21 Un peu plus tard, je crois que cela devait être le 31 janvier ou
22 aux alentours de cette date, j'ai reçu l'information dont il vient d'être
23 donné lecture.
24 M. Nobilo (interprétation). Merci. Le 27, nous avons dit que
25 vous avez été informé du fait que des Croates étaient expulsés de leur
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1 village, Gusti Grab, Besici et Nezirovici et le 27 janvier 1993, dans les
2 journaux, les Musulmans annoncent leur entrée dans Busovaca. Avez-vous
3 reçu cette information à Kiseljak ?
4 M. Blaskic (interprétation). Oui, à Kiseljak on parlait de
5 cela déjà. Les informations émanant de Radio Visoko et d'autres moyens
6 d'information nous avaient annoncé qu'il ne restait plus qu'à pénétrer
7 dans Busovaca car toutes les autres positions environnantes avaient été
8 capturées et toutes les conditions créées pour la prise de la ville par
9 l'armée de Bosnie-Herzégovine.
10 M. Nobilo (interprétation). Monsieur le Président, peut-être
11 est-ce le moment de faire la pause ?
12 M. le Président. Tout à fait. Nous suspendons 20 minutes.
13 L'audience, suspendue à 11 heures 20, est reprise à 11 heures 45.
14 M. le Président. - Nous reprenons l'audience et veuillez vous
15 asseoir. Veuillez m'excuser pour mon retard, il s'agit du retard du
16 Président, il est bien entendu involontaire.
17 Nous continuons.
18 M. Nobilo (interprétation). - Merci Monsieur le Président. Avant
19 la pause, nous en étions arrivés à la journée du 29 janvier, date à
20 laquelle les médias annoncent la chute de Busovaca.
21 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
22 M. Nobilo (interprétation). - Vous êtes à Kiseljak, qu'avez-vous
23 entendu à ce sujet ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Nous avons reçu l'information à
25 ce sujet, comme je l'ai dit tout à l'heure, grâce aux médias. Nous avons
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1 donc entendu dire que la chute de Busovaca était imminente et que dans le
2 cours de la journée, on attendait l'entrée des forces de Bosnie-
3 Herzégovine dans la ville de Busovaca qui serait libérée dans les heures
4 de l'après-midi.
5 Après cela, nous avons également reçu à Kiseljak une requête
6 nous demandant d'aider les habitants de Gusti Grab, village qui se trouve
7 sur les territoires de la municipalité de Busovaca. Il nous était demandé
8 d'évacuer les blessés de ces villages, Sirovi panj, Oseliste, Gusti Grab.
9 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous relater ce que vous
10 avez fait, ce qui s'est passé dans la région, quelles sont les décisions
11 que vous êtes parvenu à prendre et, peut-être, nous montrer également les
12 lieux dans lesquels vous situerez les événements que vous allez évoquer
13 brièvement.
14 M. Blaskic (interprétation). - Tous les incidents, tous les
15 événements dont nous allons parler, se sont déroulés dans le voisinage du
16 barrage routier qui se trouve ici. Ce barrage se trouvait au lieu-dit de
17 Donji Bukovci, terme reconnu par les villageois des environs alors
18 qu'officiellement, il se trouvait sur le territoire de Oseliste.
19 M. le Président. - Est-ce que nous sommes bien d'après vous, sur
20 les conséquences de la chute de Busovaca ? C'est bien cela que vous
21 demandez au témoin ?
22 Je voudrais comprendre.
23 M. Nobilo (interprétation). - Non, non, les médias musulmans ont
24 annoncé que Busovaca allait tomber ce jour-là. Mais Busovaca n'est pas
25 tombé ce jour-là. Sur la route entre Kiseljak et Busovaca, il y a,
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1 toutefois, un certain nombre de villages croates qui subissaient toujours
2 des attaques. Ce que le témoin entend relater à présent, c'est ce qui
3 s'est passé dans ces villages situés sur la route qui relie Kiseljak à
4 Busovaca.
5 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, une phrase
6 suffira sans doute. Le 27, les villages de Nezirovici et Besici ont été
7 attaqués, comme je l'ai dit, et dans les villages croates de Nezirovici et
8 Besici, après l'attaque de l'armée de Bosnie-Herzégovine...
9 M. Nobilo (interprétation). - S'il était possible de rapprocher
10 le micro de la bouche du témoin, ce serait nécessaire pour que les
11 interprètes puissent vous entendre. Et je vous demanderai de parler un peu
12 moins vite.
13 M. le Président. - Madame le Greffier, lorsque le témoin se
14 déplace, l'huissier se place à côté du témoin pour essayer de l'aider afin
15 que nous ne perdions pas de temps , n'est-ce pas, Monsieur Claudius ? Vous
16 essayerez de faire comme cela, on a toujours des problèmes de
17 manipulation. Il serait préférable que l'huissier se tienne prêt à
18 intervenir. Merci.
19 M. Blaskic (interprétation). - Dans les villages de Nezirovici
20 et de Besici les Croates ont été expulsés de ces 2 villages le
21 27 janvier 1993, après l'attaque des forces du 3ème Corps de l'armée de
22 Bosnie-Herzégovine. Le 29 janvier 1993, les Croates expulsés des villages
23 de Nezirovici et de Besici se trouvaient sur le territoire à l'endroit qui
24 figure sur la carte sous le nom de Oseliste.
25 Et j'ai reçu de Busovaca, du HVO de Busovaca, par téléphone non
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1 protégé, j'ai reçu, donc, une demande qui m'était adressé et qui me
2 demandait d'organiser l'aide à l'accueil des Croates expulsés qui étaient
3 présents à Gusti Grab, Oseliste. Il nous était également demandé
4 d'organiser l'évacuation des blessés de cette région. Le matin, nous avons
5 envoyé une ambulance qui était chargée d'évacuer les blessés ; et au
6 niveau du barrage de Donji Bukovci qui se trouvait exactement à
7 l'emplacement que je suis en train de vous montrer ici sur la carte ou,
8 là, sur la maquette. Voilà c'est ici que se trouvait ce barrage, Oseliste
9 Donji Bukovci.
10 Donc, c'était à ce niveau que des coups de feu ont été tirés
11 contre l'ambulance. Le médecin qui se trouvait dans l'ambulance, le
12 Dr Barbic est mort suite à ces coups de feu tirés contre l'ambulance.
13 M. Nobilo (interprétation). - Qui a ouvert le feu contre
14 l'ambulance et le médecin ?
15 M. Blaskic (interprétation). - C'est l'unité, les soldats qui
16 contrôlaient le barrage routier de Bukovci, des soldats de l'armée de
17 Bosnie-Herzégovine qui ont tiré sur l'ambulance.
18 M. Nobilo (interprétation). - Qu'est-il arrivé au médecin ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Le médecin est mort et
20 l'ambulance a été confisquée, toute forme d'évacuation étant, par cela,
21 rendue impossible.
22 M. Nobilo (interprétation). - A un certain moment, vous avez
23 reçu une information vous annonçant que la famille Grubesic, des gens qui
24 avaient 65 ans, des parents d'un soldat du HVO, vous avez reçu
25 l'information selon laquelle ces personnes étaient mortes.
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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Ce jour-là, nous avons
2 appris la mort des deux membres de la famille Grubesic, des personnes
3 âgées de 65 ans environ, qui avaient trouvé la mort à Nezirovici. Et nous
4 avons entendu qu'une famille de Besici était morte et que l'attaque se
5 poursuivait contre un groupe de Croates qui étaient bloqués entre les
6 villages de Nezirovici et de Besici et le village d'Oseliste.
7 Tous les habitants croates de la communauté locale de Katici,
8 dans la partie du territoire que je montre ici, étaient encerclés,
9 assiégés par les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
10 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez regroupé des volontaires
11 ce jour-là, 120 hommes environ, que vous avez envoyés vers ces barrages
12 routiers érigés par l'armée de Bosnie-Herzégovine dans la région de
13 Kiseljak. Pouvez-vous nous dire ce qui s'est passé, quelle a été
14 l'évolution des événements relatifs à ce groupe d'hommes que vous avez
15 envoyés ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Aux alentours de 15 heures 30,
17 nous sommes parvenus à regrouper 120 volontaires de la municipalité de
18 Kiseljak à peu près et nous sommes donc partis de Kiseljak avec
19 six véhicules à moteur. Nous avons pris la route, nous sommes passés par
20 Gromiljak, Brestovsko, Bilalovac pour nous arrêter à côté de l'usine
21 Klokoti. Ensuite, nous avons poursuivi notre chemin à pied vers le barrage
22 routier de Donje Bukovci.
23 Notre intention était d'obtenir la suppression de ce barrage
24 routier et de poursuivre l'évacuation des civils et des blessés de la
25 région d'Oseliste. Nous avons donc pris cette route à partir de Klokoti
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1 vers Gracac qui est un point situé à la cote 594 et, aux alentours de
2 16 heures 30, 16 heures 40, nous nous sommes trouvés assez près des
3 positions tenues par les soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine, nous
4 pouvions les entendre parler les uns avec les autres au niveau de ce site
5 de Gracac et je me souviens les avoir entendu dire qu'ils attendaient une
6 relève à 17 heures.
7 Mais des coups de feu incontrôlés ont été ouverts à certains
8 moments. Nous étions à peine à 30 ou 50 mètres les uns des autres et ce
9 sont les membres du groupe qui étaient avec moi qui ont fait les frais de
10 ces coups de feu. Un des hommes est mort et trois ou quatre soldats ont
11 été blessés.
12 Quant aux pertes des blessés du côté de l'armée de Bosnie-
13 Herzégovine, je ne les connais pas. Je ne sais pas si l'armée de Bosnie-
14 Herzégovine a subi des pertes légères, mais j'ai remarqué en tout cas
15 qu'après ce conflit, le site de Gracac a été abandonné par ceux qui le
16 gardaient.
17 Les soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine s'étaient donc
18 retirés de Gracac dans la direction de Bukovci, ici, ce qui a permis aux
19 habitants d'Oseliste de prendre la route de Jelenov gaj.
20 Quant à moi, avec le groupe qui m'accompagnait, j'ai rebroussé
21 chemin pour me retrouver aux abords de l'usine de Klokoti, Plin Klokoti et
22 j'ai chargé Mato Lucic d'organiser l'accueil des réfugiés pendant la nuit,
23 après quoi, j'ai repris le chemin de Kiseljak avec tous les véhicules.
24 Quant aux volontaires qui m'avaient accompagné, ils sont
25 retournés chez eux, à la maison. En général, il s'agissait d'habitants de
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1 Kiseljak.
2 M. Nobilo (interprétation). - Nous sommes arrivés à la date du
3 30 janvier 1993. Pouvez-vous me dire, s'il vous plaît, si le jour en
4 question vous avez entrepris une action ? Avez-vous essayé d'obtenir une
5 protection pour certaines familles musulmanes de Kiseljak ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Oui, le 30 janvier, le matin,
7 vers 6 heures et quart, j'ai reçu un appel de la communauté locale de
8 Brestovsko. Sur la maquette, on voit qu'il est marqué "Dugo Polje". Dans
9 cet appel téléphonique, ils m'ont dit qu'ils avaient remarqué un grand
10 groupe de civils arrivant vers Brestovsko par des villages de Bilalovac.
11 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agissait de Croates ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Oui, d'habitants croates de
13 Bilalovac. Il faut savoir qu'avant le 30 ou plutôt le 29, il n'y a pas eu
14 d'incident ou de conflit à cet endroit.
15 M. Nobilo (interprétation). - Il n'y a pas eu d'incident à
16 Bilalovac ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Oui, à Bilalovac. Ces gens-là
18 arrivaient à la caserne de Kiseljak, pour l'essentiel, ces gens étaient
19 très amers, ils réagissaient de manière très émotive. Ils menaçaient, ils
20 disaient qu'ils allaient prendre le même genre de mesures à l'égard des
21 Musulmans Bosniens de la ville de Kiseljak, le même genre de mesures que
22 celles dont ils ont été victimes à Bilalovac par l'armée de Bosnie-
23 Herzégovine.
24 Durant la nuit, du 29 au 30, ces gens ont été expulsés de la
25 communauté locale de Bilalovac et ce, par les forces de l'armée de Bosnie-
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1 Herzégovine. J'ai demandé à Kiseljak de la part de l'adjoint, au
2 commandant du poste de sécurité, au poste de police de Kiseljak, d'assurer
3 des mesures de protection pour des familles de Musulmans en vue dans la
4 ville.
5 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous parlez de Musulmans en
6 vue, vous parlez de la vie culturelle ? Vous parlez plutôt de l'aspect
7 politique, de dirigeants musulmans ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Ici, j'évoque la position des
9 Musulmans qui occupaient des postes importants sur le plan politique. Je
10 pense aussi à la famille du chef du commissariat de police. Cet homme
11 était un Musulman Bosnien, je pense aussi à tous les éminents Musulmans
12 qui avaient fait l'objet de menaces proférées publiquement par des Croates
13 expulsés de Bilalovac .
14 M. Nobilo (interprétation). - Que s'est-il passé concrètement,
15 la police a suivi vos recommandations ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Oui, une patrouille a été
17 constituée afin de surveiller cette zone à proximité des appartements ou
18 des maisons de ces gens. Je pense que le chef de cette station de police,
19 Ganija, Ejub Mujic, Sefer, tous ces gens-là ont été mis au courant de
20 cela.
21 M. Nobilo (interprétation). - Je souhaite montrer une cassette
22 vidéo, je demanderai au technicien d'atténuer les lumières et de préparer
23 la bande. Il s'agit d'une bande très courte. Nous avons donné le texte à
24 la cabine française. J'ai une copie pour la cabine anglaise également.
25 Un instant, s'il vous plaît, avant de commencer. Nous avons donc
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1 une cassette vidéo qui m'a été fournie par la télévision de Kiseljak, il
2 s'agit d'une séquence tournée dans la salle de sport de l'école de
3 Kiseljak où ont été reçues les personnes expulsées de Gusti Grab, de
4 Bilalovac, etc., ce que vous venez de mentionner.
5 Mais nous n'avons pas le son.
6 (Diffusion de la cassette vidéo.)
7 Nous avons quelques difficultés techniques.
8 M. le Président. - Voulez-vous continuer ? Que voulez-vous
9 faire, Maître Nobilo ?
10 M. Nobilo (interprétation). - Peut-on savoir si les techniciens
11 sont prêts ou non ?
12 J'aimerais qu'on revienne au début, s'il vous plaît, au début de
13 la bande.
14 Un jeune homme qui s'appelle Cavara Dalibor, nous racontera sa
15 vision des événements qui viennent de se dérouler. Dalibor, tu as la
16 parole.
17 Eh bien, moi je suis de Gusti Grab, nous avons combattu et eu
18 ils tiraient sur nous de Lugovi et de l'autre coté du Selo, il y a
19 plusieurs villages. Nous avons essayé de résister autant que possible,
20 mais eux ils attaquaient, ils venaient également des côtés, ils venaient
21 de Krajina, il y avait des Moudjahidin. Nous avons été obligés de nous
22 replier. Nous avons eu des blessés. Nous avons cherché à évacuer des
23 blessés. Eux, ils ont pris possession de nos tranchées. Ils les ont
24 détruites. Nous avons été obligés de nous replier complètement. Puis, nous
25 avons stabilisé un peu cette ligne.
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1 Ils nous ont également chassé de là. Ils tiraient de toute part,
2 de Selo, de Lugovi, nous avons reculé légèrement et lentement. Puis, la
3 ligne allait jusqu'à Jelenov gaj. Puis, nous avons rétabli la ligne avant
4 qu'ils ne réattaquent. Nous étions donc basé à Sirovi panj. Nous étions
5 huit à combattre. On s'attendait à ce qu'ils soient cinq cents, mais je
6 pense qu'ils n'étaient pas moins nombreux que cela.
7 Un garçon a été blessé. Il n'y a pas eu d'autres morts. Mais je
8 dois dire que nous nous sommes repliés certes vers Brestovsko, mais que
9 nous allons revenir et qu'au Musulman ne pourra se maintenir à Busovaca".
10 Ceci a été diffusé pas la télé de Kiseljak. Vous avez vu, à
11 l'époque, cette séquence ou vous la voyez pour la première fois
12 aujourd'hui ?
13 M. Blaskic (interprétation). Je vois cette bande pour la
14 première fois aujourd'hui, mais les événements dont il est question ici me
15 sont connus.
16 M. Nobilo (interprétation). Il s'agit d'un jeune homme qui n'a
17 pas plus que 17 ans et je souhaite répéter la dernière phrase qu'il a
18 dite. S'agit-il bien de ce que vous avez entendu par ailleurs ?
19 "Cependant, mon message pour eux", donc pour les Musulmans "est
20 que nous allons revenir et qu'aucun Musulman ne pourra survivre à
21 Busovaca".
22 Que pouvez-vous nous dire suite à cette déclaration de
23 vengeance ?
24 M. Blaskic (interprétation). Il est évident que la conséquence
25 de tout ce que ce jeune homme a pu subir lors de ces combats, ces
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1 conflits, reflète le point de vue des Croates chassés des communautés
2 locales de Katici et de Bilalovac. On peut dire que leur point de vue
3 était presque identique et que cela nous rendait très difficile le travail
4 qui consistait à stabiliser la situation dans la municipalité de Kiseljak.
5 M. Nobilo (interprétation). - En plus de ces problèmes avec les
6 exilés qui sont très en colère, en rage, qui souhaitent se venger, est-ce
7 qu'il y a eu des problèmes sur le plan de l'organisation de la brigade
8 militaire quant à la Brigade Josip Jelacic ? Cette situation était-elle
9 nouvelle, exceptionnelle ? Comment avez-vous résolu ce problème ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Tout à fait. Le problème était de
11 taille. Il faut savoir que les forces de Kiseljak étaient pour l'essentiel
12 versées sur le front face à l'armée de la République serbe. Kokosa,
13 Kobilica, le site de Pjecevac et qu'une partie des forces de Kiseljak, des
14 communautés locales de Brestovsko, Bilalovac, était déjà déployée le long
15 du front de Travnik dans le secteur de Pakla revo également face à l'armée
16 de la République serbe.
17 Alors, le matin en question, le 30 janvier, les vieillards de la
18 communauté locale de Brestovsko étaient nos seuls hommes, les seuls hommes
19 que nous avions à notre disposition pour établir une nouvelle ligne de
20 front, cette fois-ci, face aux forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui
21 étaient tournées de Bilalovac contre Brestovsko et d'autres portions de la
22 municipalité de Kiseljak.
23 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous rappeler à la Chambre
24 où se trouvaient des hommes aptes à combattre pour que vous soyez obligés
25 de mobiliser des vieillards ?
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1 M. Blaskic (interprétation). Deux cents recrues étaient
2 engagées pour défendre la ville de Travnik, dans le secteur 1, le secteur
3 de Pakla revo.
4 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit qu'un grand nombre
5 de ces exilés était en colère, était en rage. Je souhaite vous présenter
6 un document que vous avez rédigé, D350. Peut-on présenter cette pièce au
7 témoin, s'il vous plaît ?
8 J'aimerais également obtenir une cote pour la bande que nous
9 venons de visionner, la bande de la défense.
10 La Greffière (interprétation). Document D543.
11 M. Nobilo (interprétation). - La bande vidéo portera la cote
12 D543.
13 Nous reviendrons donc maintenant sur la pièce D350 que vous avez
14 rédigée le 31 janvier 1993 et que vous avez destinée à Mustafa Agic.
15 Pouvez-vous nous dire de quelle nationalité est Mustafa Agic ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Il est Musulman bosnien.
17 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agit du commandement de la
18 zone opérationnelle de Bosnie centrale à la date du 31 janvier 1993, à
19 remettre en main propre de M. Mustafa Agic.
20 Objet : excuses suite à un comportement brutal des membres
21 extrémistes du HVO de Kiseljak.
22 Monsieur, j'ai été informé par les autorités compétentes d'un
23 comportement délictueux d'un groupe incontrôlé des soldats du HVO qui, à
24 la date du 29 janvier 1993, entre 14 et 16 heures, ont démoli votre
25 restaurant, votre établissement hôtelier. Je suis parfaitement au courant
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1 du fait que ce genre de comportement extrémiste de certains éléments du
2 HVO entrave la sécurité et provoque la méfiance parmi les habitants de
3 Kiseljak qui ne se sentent plus en sécurité.
4 Mais je vous assure que nous allons entreprendre des mesures
5 appropriées contre les personnes qui ont perpétré ces faits.
6 Je tiens à vous présenter encore une fois mes excuses pour tout
7 ce qui a pu être fait par des extrémistes dans les rangs du HVO."
8 Suit la formule de politesse. Signé : Commandant de la zone
9 opérationnelle de Bosnie centrale, colonel Tihomir Blaskic.
10 Pouvez-vous, s'il vous plaît, dire à la Chambre, dans ce
11 contexte où les Croates sont chassés, où des maisons sont incendiées, où
12 il y a eu un massacre perpétué sur les Croates de Dusina, quelles étaient
13 vos raisons pour présenter vos excuses, vous en tant que commandant de la
14 zone opérationnelle, et que vous présentiez vos excuses à cet hôtelier
15 musulman ? Pour quelles raisons avez-vous fait cela ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Mais mes raisons sont
17 parfaitement claires. Elles ressortent du document que nous avons sous les
18 yeux. Ce que je cherchais à préserver à tout prix, c'était de bonnes
19 relations. Je souhaitais stabiliser la situation quant à la sécurité à
20 Kiseljak.
21 Quand on évoque des bonnes relations, on pense évidemment aux
22 relations entre les Croates et les Musulmans bosniens dans la municipalité
23 de Kiseljak. Ici, il s'agissait d'un incident, je sais qu'une procédure a
24 été mise en place par les organes compétents au sujet de cet incident.
25 M. Nobilo (interprétation). - Je souhaite appeler votre
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1 attention sur le sceau. A qui appartient ce sceau ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit du sceau du
3 commandement de la brigade du HVO Josip Ban Jelacic, brigade de Kiseljak.
4 M. Nobilo (interprétation). - Vous, en tant que commandant de la
5 zone opérationnelle, pourquoi utilisez-vous un sceau qui appartient à une
6 brigade ?
7 M. Blaskic (interprétation). - La raison est que je n'avais pas
8 d'autre sceau. Le document est plus important si la signature est
9 accompagnée d'un sceau. J'ai utilisé celui que j'avais. Le seul que
10 j'avais à l'époque, c'étais celui de la brigade.
11 M. Nobilo (interprétation). - A Kiseljak, vous aviez un poste de
12 commandement, vous disposiez d'un bureau avec un personnel, avec des
13 moyens ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Non, je n'avais aucun bureau. Si
15 je me trouvais dans la caserne, j'utilisais le bureau du commandant de la
16 brigade. Quant à un bureau personnel, je n'en n'avais pas dans cette
17 brigade.
18 M. Nobilo (interprétation). - Pendant ce conflit du mois de
19 janvier et après ce conflit, donc pendant la totalité du temps où vous
20 étiez à Kiseljak -et nous verrons que vous y êtes resté jusqu'au début
21 mars-, est-ce qu'on aurait désarmé ou attaqué un village musulman
22 quelconque sur la municipalité de Kiseljak ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Il n'y a eu ni attaque ni
24 désarmement quant aux villages, voire des hameaux musulmans dans cette
25 zone.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que des civils auraient été
2 fait prisonniers, auraient été arrêtés pendant votre séjour à Kiseljak, en
3 janvier et plus tard, en 1993 ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Non.
5 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que des Musulmans ont été
6 forcés à creuser des tranchées pendant que vous étiez à Kiseljak en
7 janvier et février 1993 ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Non, aucun n'a été forcé à cela.
9 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu'il y a eu des maisons
10 musulmanes qui auraient été incendiées pendant votre séjour à Kiseljak en
11 janvier et février 1993 ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Aucun établissement, aucun
13 édifice ni maison musulmane n'ont été incendiés pendant cette période.
14 M. Nobilo (interprétation). - Alors, nous avons parlé de cette
15 commission conjointe que vous avez constituée avec l'armée de Bosnie-
16 Herzégovine, etc. Pouvez-vous nous dire ce que l'armée de Bosnie-
17 Herzégovine a gagné sur le plan militaire ou stratégique dans ces combats
18 et, inversement, quels ont été les gains pour le HVO ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Est-ce que je peux le montrer sur
20 la carte, si la Chambre me le permet ?
21 M. le Président. - Allez-y.
22 M. Blaskic (interprétation). - L'armée de Bosnie-Herzégovine a
23 réussi à créer un corridor par cette action sur la route principale allant
24 de Busovaca à Kiseljak. Ce corridor comprend Katici, Bilalovac.
25 De cette manière, l'armée a pu relier par voie terrestre le
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1 3ème Corps de Zenica aux forces du 4ème Corps se trouvant à Mostar ;
2 également avec une partie des forces du 1er Corps, du groupe opérationnel
3 Igman; puis, dans la zone de trois municipalités, municipalité de Zenica,
4 les villages Lasva, Dusina et Visnjica, un nettoyage ethnique a été
5 perpétré contre les Croates, habitants de ces villages. Egalement dans la
6 zone de la communauté locale de Katici, un nettoyage ethnique a eu lieu.
7 Les Croates ont été chassés des villages de Nezirovici, Besici, Gusti
8 Grab, Oseliste, Prosje, et partiellement le village de Milavice.
9 Aussi, quant à la communauté locale de Bilalovac, les Croates
10 ont été chassés des villages de Prviste, Odrace, Devetaci, Badnje,
11 Milodraz, Sehitluci, ainsi que des hameaux de la communauté locale de
12 Bilalovac, en direction de Kiseljak.
13 M. Nobilo (interprétation). - A peu près, pouvez-vous nous dire
14 combien y a-t-il eu de Croates qui ont été chassés et qui se dirigeaient
15 vers Kiseljak et Busovaca ?
16 M. Blaskic (interprétation). - On peut dire qu'en gros, il
17 s'agissait de 2 100 Croates, voire plus.
18 M. Nobilo (interprétation). - S'agit-il d'un premier nettoyage
19 ethnique qui se serait produit en Bosnie ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est le premier nettoyage
21 ethnique dans les municipalités de Zenica, Busovaca et Kiseljak.
22 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce la première fois qu'une
23 armée arrive dans un village, tue les civils, tue les commandants
24 militaires et incendie le village ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Il se crée donc une nouvelle
2 situation militaire. Nous n'allons pas nous pencher maintenant sur la
3 question du nettoyage ethnique et les incidences que cela a sur les
4 relations entre Croates et Musulmans, mais sur le plan militaire, dans
5 quelle la situation se trouve le HVO suite à ces actions, quelle est la
6 situation dans votre zone opérationnelle ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Et bien, on peut l'envisager sous
8 deux aspects essentiellement. Premièrement, la zone opérationnelle dont le
9 commandement se trouve à Vitez est coupée de liens de communication avec
10 l'état-major qui se trouve à Mostar et c'est une perte extrêmement
11 importante pour le commandement de la zone opérationnelle.
12 En deuxième lieu, des enclaves se créent, à savoir Vitez,
13 Busovaca, Zenica, Travnik, et Novi Travnik constituent une enclave.
14 M. Nobilo (interprétation). - C'est la vallée de la Lasva ? On
15 peut l'appeler comme cela ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est la vallée de la Lasva.
17 Une autre enclave est constituée de Kiseljak, Kresevo puis,
18 ultérieurement, Fojnica qui est également coupée de Kiseljak et de
19 Kresevo. Toutefois, à la date du 30 janvier 1993, Fojnica communique
20 toujours avec Kiseljak. Mais nous avons une autre enclave avec Kakanj ;
21 excusez-moi, je vais vous le montrer sur cette carte.
22 Donc nous avons une enclave constituée de Kakanj et de Vares
23 pour le HVO. Il s'agit des enclaves du point de vue du HVO de Kiseljak.
24 Puis, quant à la route principale Zenica-Zepce, l'enclave suivante est
25 celle de Zepce, avec les municipalités de Zavidosivi et Maglaj où était
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1 déployé le HVO.
2 Nous avons également une nouvelle enclave qui est celle de
3 Usora.
4 M. Nobilo (interprétation). - Si j'ai bien additionné, votre
5 zone opérationnelle se trouve fragmentée à partir du mois de janvier...
6 M. le Président. - Usara ou Usora, je n'ai pas bien entendu, la
7 dernière. C'est bien Usora. Je me repère avec les cartes parce que c'est
8 là où je vois le mieux en attendant, bien sûr, les superbes photos mises
9 au point par Me Hayman mais, en attendant, j'ai les cartes.
10 Où se trouve Usora, s'il vous plaît ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, la ville
12 de Tesanj au nord de Zenica et puis, à partir de Tesanj, à l'est, on
13 trouve Usora, mais le nom n'est pas inscrit sur la carte. Il n'y a que la
14 rivière Usora sur la carte.
15 M. le Président. - Il y a à ce moment-là cinq enclaves, c'est
16 cela, Général Blaskic ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, suite au
18 conflit, j'ai parlé des enclaves. Je n'ai pas dit encore que Sarajevo
19 était une enclave. Mais c'est une enclave qui ne résulte pas du conflit
20 avec l'armée de Bosnie-Herzégovine. Sarajevo peut être considérée comme un
21 quatrième groupe opérationnel dans la zone.
22 M. Nobilo (interprétation). - Si on inclut Sarajevo, votre zone
23 opérationnelle est fragmentée en six enclaves, n'est-ce pas ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Je montre maintenant
25 l'emplacement d'Usora sur la carte, c'est-à-dire dans la municipalité de
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1 Tesanj Doboj sur ce territoire.
2 M. Nobilo (interprétation). - Mais officiellement, selon l'ordre
3 qui le stipulait, vous êtes demeuré commandant de la zone opérationnelle
4 de Bosnie centrale, c'est-à-dire de ces six enclaves, n'est-ce pas ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
6 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous dire aux Juges ce qui
7 suit ? Vous aviez donc six enclaves. Dans les conditions auxquelles vous
8 vous trouviez confronté, c'est-à-dire au début de l'armement des
9 populations locales et dans les conditions de communication que vous venez
10 de décrire, quelles étaient vos possibilités de communiquer en temps réel
11 avec ces six enclaves, vos possibilités réelles de commander en temps
12 réel ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Je n'avais aucune possibilité de
14 commander en temps réel ces enclaves, à l'exception de l'enclave de
15 Kiseljak sur le territoire de laquelle je me trouvais à ce moment-là.
16 M. Nobilo (interprétation). - Eh bien, à présent, puisque nous
17 avons décrit la situation militaire, passons à Veliaca*. Passons au mois
18 de février. Tout le mois de février 1993, vous l'avez passé à Kiseljak.
19 Pouvez-vous nous décrire brièvement la situation et où vous vous êtes
20 trouvé à ce moment-là ? Est-ce que vous étiez en dehors de votre poste de
21 commandement ? Quelle a été l'évolution des choses, tout cela pour décrire
22 la situation du premier conflit du mois de janvier. Ensuite, arrive la fin
23 de conflit et, puis, il y a un deuxième conflit en avril 1993. Maintenant,
24 nous parlons du 1er février 1993 et de ce qui suit.
25 M. Blaskic (interprétation). - Le 31 janvier 1993, en raison du
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1 fait qu'à l'évidence, l'accord conclu précédemment, le 27 janvier, avec
2 les représentants du 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine, cet accord
3 n'étant visiblement pas appliqué, j'ai demandé une rencontre avec le
4 commandant du 3ème Corps. J'ai présenté cette demande au dirigeant de la
5 Forpronu.
6 Le 1er février, nous avons tenu cette réunion. Pour autant que
7 je me rappelle, elle s'est tenue à Vitez. C'est le général Morillon qui
8 présidait cette réunion à laquelle participait également M. Flemming, le
9 chef de l'ECMM.
10 M. Nobilo (interprétation). - Avant de parler de cette
11 rencontre, j'aimerais que vous disiez quelles sont les dispositions, les
12 points de l'accord que le 3ème Corps d'armée n'a pas appliqué en
13 janvier 1993 ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Le cessez-le-feu et
15 l'interruption de toutes les opérations de combat.
16 M. Nobilo (interprétation). - Pouvons-nous dire que le
17 27 janvier et, par la suite, les plus grandes violences, les plus grandes
18 saisies de territoires se sont produites ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Oui, à partir de la matinée du
20 27 janvier, ce matin du 27 janvier a eu lieu l'attaque contre les villages
21 dont j'ai parlé, les communautés locales de Katici et la communauté locale
22 de Bilalovac, une attaque donc contre des villages croates et due aux
23 forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
24 M. Nobilo (interprétation). - Le 1er février, vous partez pour
25 Vitez ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
2 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous nous décrire le
3 voyage que vous avez fait et, même, avant d'être allé à Vitez, quel est
4 l'ordre que vous avez donné à Bosic, le commandant de la brigade Ban
5 Jelacic, puisque vous partez pour Vitez ? Au moment de partir, quels sont
6 les ordres que vous donniez à Mijo Bozic ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Je me rendais compte que Kiseljak
8 fourmillait de réfugiés qui étaient très amers. Malheureusement, certains
9 de ces réfugiés avaient des armes chez eux. J'ai donc demandé au
10 commandant Bozic de prendre toutes les mesures qui s'imposaient pour
11 empêcher tout acte de vengeance dirigé contre les Musulmans bosniens dans
12 la ville de Kiseljak. Je lui ai demandé également de prendre les mesures
13 nécessaires pour que les armes présentes à Kiseljak soient transférées sur
14 le front, sur l'un ou l'autre des fronts qui entouraient Kiseljak.
15 J'ai demandé également que, dans les délais les plus brefs, on
16 trouve un logement temporel pour tous les réfugiés.
17 M. Nobilo (interprétation). - Et vous êtes parti de quelle
18 façon, dans quelle direction, avec qui ?
19 M. Blaskic (interprétation). - On m'avait demandé un véhicule
20 des Nations Unies et c'est donc dans un blindé de la Forpronu que j'ai
21 quitté la caserne de Kiseljak pour me rendre à Vitez. Je n'ai pas pu
22 suivre de près le trajet que nous avons accompli mais, compte tenu de la
23 durée de ce voyage, j'ai pu supposer que nous avons pris le chemin de
24 Visoko pour nous diriger ensuite vers Kakanj, Zenica et, enfin, arriver à
25 la base de la Forpronu à Vitez.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez donc pris un chemin
2 contournant et non pas le chemin le plus direct ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Oui, nous avons pris un chemin
4 contournant qui dure 40 à 50 minutes de plus. C'est sur la base de la
5 durée du voyage que j'ai compris quel itinéraire nous avions suivi, car il
6 n'y avait que deux circuits possibles.
7 M. Nobilo (interprétation). - Mais cette route secondaire, cette
8 déviation était également contrôlée par l'armée de Bosnie-Herzégovine ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Oui, dans sa totalité.
10 M. Nobilo (interprétation). - Qu'est-ce qui vous empêchait de
11 regarder à l'extérieur pour voir le trajet que vous avez couvert ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, je pense que c'est pour
13 des raisons de sécurité, mais il avait été décidé de baisser les stores
14 qui protégeaient les fenêtres de ce blindé. Nous étions donc complètement
15 dans le noir et nous ne pouvions rien voir à l'extérieur.
16 M. Nobilo (interprétation). - Vous êtes arrivé à la base des
17 Nations Unies à Vitez. Pouvez-vous nous dire où s'est passée la réunion,
18 qui a assisté à cette réunion et ce qui a été dit ?
19 M. Blaskic (interprétation). - C'est le représentant de la
20 Forpronu en Bosnie-Herzégovine qui a présidé cette réunion, le général
21 Morillon, qui a présidé cette réunion, et il était accompagné par le chef
22 de la mission de l'ECMM, M. Flemming. Etaient présents à la réunion Enver,
23 le commandant du 3ème Corps d'armée, Kadir Jusic, qui commandait le
24 1er Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine, Dzemo, qui était l'adjoint du
25 commandant du 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine...
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1 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agit de Dzemal Merdan ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Oui, Dzemal Merdan. J'étais
3 présent également ainsi que le commandant de l'état-major, Franjo Nakic,
4 pour la zone opérationnelle de Bosnie centrale.
5 M. Nobilo (interprétation). - J'aimerais que nous éclaircissions
6 un point : le commandant adjoint du 3ème Corps d'armée s'appelle
7 Dzemal Merdan et Dzemo est un raccourci de son prénom, n'est-ce pas ?
8 C'est bien exact : Dzemo est un raccourci de Dzemal ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Oui, moi, à l'époque, je le
10 connaissais sous le nom de Dzemo. Je connaissais le commandant sous le nom
11 de Enver. C'est en utilisant ces prénoms que nous communiquions les uns
12 avec les autres.
13 M. Nobilo (interprétation). Le général Morillon a présidé
14 cette réunion, mais que vous a-t-il dit en introduction à cette réunion ?
15 M. Blaskic (interprétation). Eh bien, lorsqu'il a ouvert la
16 réunion, il a dit qu'à Genève des actions avaient été entreprises pour
17 rétablir la paix sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine et qu'il était
18 surpris de constater que dans la zone relevant de la responsabilité du
19 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine et dans la zone relevant de la
20 zone opérationnelle de Bosnie centrale, les destructions s'amplifiaient.
21 Il a donc demandé que dans la suite des débats, Enver et moi-même, lui
22 faisions part de nos propositions quant à la meilleure manière de mettre
23 un terme à ces destructions.
24 Le général Morillon a constaté que les Croates de Bilalovac en
25 avaient été chassés et il a ensuite souligné que nous avions pour devoir
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1 -et en disant ces mots je suppose qu'il pensait à moi et à Enver- de créer
2 la confiance mutuelle et de nommer un officier de liaison qui aurait des
3 rapport avec les Nations Unies et, enfin, de rétablir des liaisons PTT,
4 c'est-à-dire des liaisons téléphoniques.
5 Lorsque mon tour est venu de prendre la parole au cours de la
6 réunion, j'ai souligné le fait qu'il importait de vérifier l'ensemble des
7 moyens de communication car manifestement, ce réseau avait été endommagée
8 par endroit.
9 M. Nobilo (interprétation). Lorsque vous parlez de
10 transmission, vous parlez de câbles téléphoniques ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Je parle des câbles
12 téléphoniques. Mais en Bosnie, il y avait deux moyens de communiquer : il
13 y avait le réseau câblé qui concernait également le téléphone, et il y
14 avait le réseau qui passait par les relais radio (RF). Il suffisait qu'un
15 émetteur soit endommagé pour que les communications s'interrompent.
16 M. Nobilo (interprétation). Lorsqu'il a été insisté sur la
17 réparation des moyens de communication et du rétablissement des moyens de
18 communication, est-ce qu'il pensait aux transmissions de la zone
19 opérationnelle du 3ème Corps ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Il était question de l'ensemble
21 des moyens de communication, c'est-à-dire des moyens civils et militaires
22 des deux réseaux qui pourraient permettre de régler plus rapidement le
23 malentendu, tout cela dans le but de rétablir la paix et de restaurer la
24 confiance.
25 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire ce qui s'est
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1 passé par la suite au cours de ces débats ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Au cours de cette même réunion,
3 j'ai également déclaré qu'il nous faudrait intensifier le travail de la
4 commission conjointe et que ce travail devrait être confié à nos
5 commandants, c'est-à-dire d'un côté à Nakic et, de l'autre côté, à Dzemo
6 Merdan. J'ai demandé également que la liberté de circulation soit rétablie
7 sur les routes qui relevaient de notre responsabilité, mais avant tout sur
8 la route Vitez-Kiseljak, Vitez-Zenica et également sur les autres routes.
9 M. Nobilo (interprétation). - Encore un détail terminologique,
10 si vous le voulez bien. Franjo Nakic, quel était son poste dans votre
11 commandement ? Quelles étaient les fonctions qu'il remplissait à cette
12 époque-là ?
13 M. Blaskic (interprétation). Franjo Nakic était à cette
14 époque-là le chef de l'état-major du commandement de la zone
15 opérationnelle de Bosnie centrale.
16 M. Nobilo (interprétation). A-t-il jamais été placé à ce poste
17 officiellement, je parle du poste d'adjoint du commandant de la zone
18 opérationnelle de Bosnie centrale ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Il n'a jamais reçu l'ordre qui
20 l'établissait officiellement au poste d'adjoint au commandant de la zone
21 opérationnelle de Bosnie centrale.
22 M. Nobilo (interprétation). - Mais nous voyons dans certains
23 documents, signés par lui-même et par Merdan, qu'ils les ont signés en
24 tant que commandants adjoints : Nakic, commandant adjoint de la zone
25 opérationnelle de Bosnie centrale pour le HVO et Merdan, commandant
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1 adjoint du 3ème Corps d'armée. Pouvez-vous nous expliquer ce qui a permis
2 ces signatures ?
3 M. Blaskic (interprétation). - C'est exact. Moi-même et le
4 commandant du 3ème Corps d'armée, Enver Hadzihasanovic, avions pour devoir
5 de nommer des adjoints. Si nous n'avions pas d'adjoint officiel, celui qui
6 remplissait ces fonctions était le chef d'état-major qui siégeait à la
7 commission conjointe. Par conséquent, puisque je n'avais pas
8 officiellement de commandant adjoint à moment-là, j'ai nommé à ce poste le
9 chef d'état-major qui, outre ses fonctions de chef d'état-major, devait
10 également remplir les fonctions d'adjoint du commandant.
11 Alors qu'au sein du 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine la
12 situation était un peu différente puisque Dzemo était le commandant
13 adjoint et Nakic était le chef d'état-major du 3ème Corps d'armée.
14 M. Nobilo (interprétation). - Dans les faits, c'est le chef
15 d'état-major Franjo Nakic qui vous remplaçait en tant que commandant
16 adjoint, n'est-ce pas ?
17 M. Blaskic (interprétation). C'est exact, lorsqu'il n'y avait
18 personne d'autres.
19 M. Nobilo (interprétation). - Nous pensons que nous avons un
20 problème au niveau de l'interprétation. Si nous prenons ce que vous avez
21 dit, il n'existe pas de poste officiel de commandant adjoint.
22 M. Blaskic (interprétation). En effet.
23 M. Nobilo (interprétation). - Si vous étiez absent, c'est le
24 chef d'état-major qui vous remplaçait, n'est-ce pas ?
25 M. Blaskic (interprétation). - C'est exact.
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1 M. Nobilo (interprétation). - C'est dans ce sens qu'il faut
2 comprendre le compte rendu de vos propos précédents inscrits dans le
3 compte rendu en anglais.
4 Nous en étions à cette réunion, à vos propositions. Pouvez-vous
5 nous dire exactement ce qui s'est passé au cours de cette réunion et
6 quelles ont été les conclusions de cette réunion ?
7 M. Blaskic (interprétation). Au cours des débats de cette
8 réunion, nous avons ensuite discuté des barrages routiers.
9 M. Hayman (interprétation). Monsieur le Président, je vois des
10 gestes à la table du procureur. Je demanderais que la cassette des propos
11 tenus par mon client au sujet de M. Nakic soit revue et que les
12 traducteurs refassent un compte rendu. En effet, il est arrivé à plusieurs
13 reprises que les interprètes de cabine se corrigent eux-mêmes. Ils ont
14 d'abord utilisé le terme "adjoint", ensuite ils sont simplement dit "chef
15 d'état-major". Mais il n'est plus clair, à la lecture du compte rendu,
16 s'il s'agit de l'interprète qui se corrige lui-même ou s'il s'agit d'une
17 correction faite par l'interprète suite à une correction de M. Blaskic. Je
18 crois que cela doit être clair, notamment s'il doit y avoir des sourires
19 du côté du Procureur à ce sujet.
20 M. Harmon (interprétation). Monsieur le Président, Messieurs
21 les Juges, j'invite la Chambre de première instance à examiner toutes les
22 cassettes, vidéo et audio, pour voir ce qu'il en est du comportement des
23 personnes assises derrière la table du Procureur. Monsieur Hayman peut
24 appeler ce que nous avons fait ici comme il l'entend, mais je ne faisais
25 que communiquer avec mes collègues, Me Kehoe et Me Cayley.
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1 M. le Président. Maître Hayman, ne troublez pas la sérénité de
2 ces débats. Votre témoin s'exprime, il a besoin de calme et de sérénité,
3 ce qu'il fait d'ailleurs et nous l'en félicitons : il contribue à la
4 clarté des débats. Il est accusé, mais aujourd'hui, il était témoin.
5 Maître Hayman, restons tous sereins. Il n'est pas interdit de sourire,
6 d'ailleurs. Cela peut arriver. Il me semble d'ailleurs qu'il vous arrive
7 de sourire. Cela vous arrive, Maître Hayman. Parfois quand le Procureur
8 dit quelque chose qui ne vous plaît pas, vous faites des gestes. J'espère
9 que la caméra ne me prend pas moi-même en vidéo, sinon Me Hayman ne sera
10 pas content. Vous faites cela, vous montrez que le temps s'écoule. Gardons
11 notre calme, Maître Hayman. D'ailleurs, cela va être l'heure du déjeuner.
12 Cela va apaiser beaucoup de choses.
13 M. Hayman (interprétation). - J'ai gardé mon calme. J'étais très
14 tranquille, Monsieur le Président, pendant plusieurs jours. Simplement je
15 ne sais pas comment certains de ces passages ont été interprétés en
16 français. Mais s'il y a la moindre ambiguïté, je peux dire en tout cas,
17 s'agissant de l'anglais, c'est qu'il y a absolument une ambiguïté. Les
18 interprètes se corrigent parfois eux-mêmes, le témoin se corrige et on ne
19 sait pas très bien de quoi il s'agit. Donc s'il y a un problème, on peut y
20 remédier et je pense qu'il faut saisir l'occasion.
21 M. le Président. - Il ne m'appartient pas, à moi, d'arbitrer les
22 interprétations anglaises. Je pense qu'entre vous et vous, on doit bien
23 arriver quand même à trouver la solution pour la bonne interprétation
24 anglaise avec l'aide de la cabine.
25 Pour l'instant, je ne formule aucune récrimination. Monsieur le
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1 témoin, général Blaskic, est-ce vous arrivez à conserver votre sérénité ?
2 Pouvez-vous continuer encore pendant quelques minutes ? Ou êtes-vous pris,
3 vous aussi, par l'envie de faire une pause parce que vous devez être
4 fatigué aussi, vous parlez beaucoup, vous avez une grande mémoire.
5 Préférez-vous que nous fassions une pause tout de suite, ce qui vous
6 permettrait de donner des instructions de calme à vos défenseurs. Cela
7 peut arriver ? Est-ce que vous aimeriez cela ?
8 Je vois que je fais sourire tout le monde. Dans ces conditions,
9 nous allons suspendre et nous reprendrons à 14 heures 30.
10 L'audience est suspendue à 12 heures 55.
11 L'audience est reprise à 14 heures 35.
12 M. le Président. - L'audience est reprise, veuillez vous
13 asseoir. Bien nous reprenons. Nous saluons avec plaisir M.Dubuisson.
14 M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Donc
15 nous avons parlé du 1er février 1993, de la réunion qui s'est tenue après
16 que M. Blaskic ait été transporté en véhicule blindé de la Forpronu de
17 Kiseljak via Zenica jusqu'à la base de la Forpronu à Vitez. Vous avez
18 décrit qui a assisté à la réunion et ce que le général Morillon a dit en
19 introduction. Est-ce que vous pouvez continuer avec la description de
20 cette réunion qui s'est tenue dans la base de la Forpronu à Vitez ?
21 M. Blaskic (interprétation). Oui. Le général Morillon a
22 ensuite parlé du problème des points de contrôle afin de pouvoir réouvrir
23 les lignes de communication en les éliminant. Il a suggéré d'installer,
24 sur chaque point de contrôle, des forces de l'ONU. Il également suggéré
25 que l'armée qui surveille, qui contrôle ce territoire, puisse déployer ses
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1 propres forces à une distance à laquelle ils peuvent être vus.
2 J'ai compris cette suggestion de cette manière-là, c'est-à-dire
3 qu'à Bilalovac, ce sont les forces de l'ONU qui seraient déployées et à la
4 distance de la vision optique, ce serait ici, d'un côté il y aurait un
5 point de contrôle des forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine et, d'un
6 autre côté, les forces du HVO.
7 M. Nobilo (interprétation). - Quelle était votre attitude, à
8 vous, par rapport aux suggestions du général Morillon ?
9 M. Blaskic (interprétation). Mon attitude était que ceci
10 représentait la légalisation d'un territoire occupé et que ceci se
11 réduirait au déploiement des forces dans la région occupée des communautés
12 locales de Katici et de Bilalovac par les forces de l'armée de Bosnie-
13 Herzégovine.
14 J'ai demandé que la situation soit réinstallée telle qu'elle
15 existait le 23 janvier, c'est-à-dire jusqu'au 23 janvier, autrement que
16 ces forces-là se retirent de ce territoire.
17 Je n'étais donc pas d'accord, en ce qui concerne les points de
18 contrôle de l'ONU, que l'on y déploie des forces de quelque formation
19 armée que ce soit, ni de l'armée de Bosnie-Herzégovine ni du HVO.
20 Cependant, j'ai considéré qu'il était totalement compréhensible de vouloir
21 établir les points de contrôle de l'ONU étant donné que ceux-ci
22 garantiraient la sécurité du transport.
23 Deuxièmement, j'ai parlé également de la question de l'échange
24 des prisonniers entre l'armée de Bosnie-Herzégovine, le 3ème Corps d'armée,
25 et la zone opérationnelle. Ensuite, le chef des observateurs européens,
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1 M. Flemming, a pris la parole et voici ce dont il a parlé. Il a demandé
2 qu'un représentant du 1er Corps d'armée de l'armée de Bosnie-Herzégovine,
3 soit nommé ayant des pouvoirs de commandant sur les forces du 1er Corps
4 d'armée.
5 Troisièmement, il a demandé que l'on choisisse des représentants
6 au sein de la commission
7 M. le Président. - Il y a un problème de traduction. Ce n'est
8 pas très clair pour moi. Il a demandé qu'un représentant du 1er Corps
9 d'armée soit... ait l'autorité d'un commandement du 1er Corps d'armée.
10 Est-ce que vous pouvez me réexpliquer, s'il vous plaît, Général Blaskic ?
11 M. Flemming a demandé quoi exactement ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Il a demandé que le représentant
13 du 1er Corps d'armée et les pouvoirs de commandant du 1er Corps d'armée
14 par rapport aux forces déployées dans la région de Katici et de Bilalovac.
15 C'est dans cette région-là qu'il a le contrôle sur ces forces-là, les
16 forces déployées sur le territoire de Katici et Bilalovac.
17 M. Nobilo (interprétation). - Afin d'éclaircir le débat, dites-
18 nous, est-ce que, dans ce conflit, du côté de l'armée de Bosnie-
19 Herzégovine, est-ce qu'il n'y a uniquement que les forces du 3ème Corps
20 d'armée de Enver Hadzihasanovic qui ont participé ou bien est-ce que les
21 forces du 1er Corps d'armée ont participé, elles aussi ?
22 M. le Président. - Ce n'est pas très clair. Il est représentant
23 du 1er Corps, excusez-moi, ce n'est peut-être pas très important mais vous
24 pouvez essayer de réexpliquer cela sur le terrain ?
25 M. Flemming demande quoi au représentant du 1er Corps d'armée ?
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1 Il lui demande d'être quoi, d'avoir de l'autorité sur le 1er Corps d'armée
2 mais cela me paraît évident, non ? Expliquez-vous s'il vous plaît ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, à la
4 réunion, M. Kadir Jusic, le représentant du 1er Corps d'armée a assisté à
5 la réunion à Vitez. Et M. Flemming lui a demandé d'obtenir, donc,
6 Kadir Jusic, qu'il obtienne les pouvoirs du commandant du 1er Corps
7 d'armée, afin de placer sous son contrôle les forces du 1er Corps d'armée
8 déployées dans la région de Katici et Bilalovac.
9 M. Nobilo (interprétation). - Avant d'expliquer, est-ce que le
10 commandant a assisté à la réunion ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
12 M. Nobilo (interprétation). - Le commandant de 3ème Corps
13 d'armée ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Oui
15 M. Nobilo (interprétation). - C'est uniquement le commandant du
16 1er Corps d'armée qui n'a pas assisté à la réunion n'est-ce pas ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
18 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que le fait que le
19 commandant du 1er Corps d'armée n'a pas assisté à la réunion a constitué
20 un problème par rapport aux pourparlers, d'un côté afin de signer les
21 documents et, d'un autre côté, afin de contrôler les forces aux fins
22 d'arriver à un accord.
23 M. Blaskic (interprétation). - Ici, je citais les propos tenus
24 par M. Flemming. A mon avis, il a été conscient du fait qu'il avait devant
25 lui deux commandants, moi-même et le commandant du 3ème Corps d'armée de
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1 Zenica, mais quant aux forces qui sont venues de Visoko à Bilalovac, le
2 commandant du 1er Corps d'armée n'était pas présent. Le commandant qui
3 pourrait signer l'accord et uvrer à sa mise en place. A cette époque-là,
4 nous savions que les forces du 1er Corps d'armée de Visoko ont été
5 déployées à Bilalovac. Ce que nous ignorions à l'époque était la chaîne de
6 commandement entre Visoko et le commandement du 3ème Corps à Zenica.
7 M. Nobilo (interprétation). - Un moment, s'il vous plaît. Les
8 forces ont été déployées, amenées d'où pour aller où ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Les forces ont été amenées de
10 Visoko à Bilalovac.
11 M. Nobilo (interprétation). - Durant l'attaque contre le HVO qui
12 a eu lieu au mois de janvier ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
14 M. Nobilo (interprétation). - Si ceci est clair, vous pouvez
15 continuer à nous parler des propos tenus par M. Flemming de l'ECMM, et
16 tâchez de ne pas parler trop vite pour que les interprètes puissent vous
17 suivre.
18 M. le Président. - Allez à l'essentiel sur les conclusions de
19 cette réunion. Vous connaissez, bien sûr, très bien tout cela puisque vous
20 l'avez vécu. Ce que je vous demande et les Juges, c'est d'aller à
21 l'essentiel des conclusions de cette réunion pour savoir dans quelles
22 conditions cela va avoir des conséquences sur la suite des événements.
23 Vous voulez bien ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
25 les Juges, je n'ai pas parlé des propos du commandant du 3ème Corps
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1 d'armée.
2 M. Nobilo (interprétation). - Peut-être que cela peut être
3 important de savoir quelle était l'opinion de l'armée de Bosnie-
4 Herzégovine concernant cette situation-là.
5 M. Blaskic (interprétation). - Le commandant du 3ème Corps
6 d'armée a demandé que la situation, telle qu'elle existait avant le jour
7 du 23 janvier 1993, soit réinstallée et nous, pendant cette réunion-là,
8 nous avons défini... Quand je dis "nous", je parle de moi-même, du
9 commandant du 3ème Corps d'armée et du représentant du 3ème Corps d'armée.
10 Nous avons donc créé une carte représentant les forces et le
11 fait de savoir qui contrôlait quel territoire.
12 Je mentionne ceci étant donné que cette carte permettait de
13 montrer le fait que les forces du 3ème Corps d'armée et les forces du
14 groupe opérationnel de Visoko de l'armée de Bosnie-Herzégovine
15 contrôlaient le territoire des communautés locales de Katici et de
16 Bilalovac.
17 Le commandant du 3ème Corps d'armée a suggéré également que
18 l'artillerie soit tournée vers le front face à l'armée de Republika
19 Srpska. Il a demandé que l'on libère des deux côtés tous les prisonniers
20 et, en ce qui concerne les maisons incendiées et d'autres bâtiments
21 incendiés dans les villages de Dusina, en ce qui concerne l'église
22 endommagée à Zepce, il a exprimé son opinion selon laquelle il s'agissait
23 d'un acte commis par des individuels échappant à tout contrôle. Lors de
24 cette réunion, il a également dit que c'est lui qui allait coordonner les
25 activités des forces du groupe opérationnel de Visoko.
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1 J'ai demandé que ces forces-là, dans les communautés locales de
2 Katici et de Bilalovac, soient ramenées à Zenica et dans la région de
3 Visoko et que la route soit ouverte. J'ai également demandé que l'on
4 réprime la violence, les actes violents commis par des individuels.
5 Monsieur Kadir Jusic, le représentant du 1er Corps d'armée, a
6 souligné qu'il serait nécessaire que les forces de l'ONU contrôlent les
7 endroits où il n'y a plus de conflit. Il a affirmé que les villages
8 croates désertés étaient pillés, incendiés et que les biens étaient ôtés
9 et ramenés en camions de ces villages-là.
10 Il a également affirmé que des familles croates de Bilalovac
11 quittaient leur foyer.
12 Il a dit que la raison pour laquelle les forces du 1er Corps
13 d'armée étaient déployées dans la région était pour protéger les Musulmans
14 bosniaques dans la communauté locale de Bilalovac. J'ai demandé que l'on
15 explique bien ces propos et j'ai demandé qui étaient les Musulmans
16 bosniaques, qui les menaçait, étant donné que les Croates étaient toujours
17 déployés sur le front face à l'armée serbe.
18 J'ai également souligné que les membres des unités de "Cygnes
19 noirs" continuaient à intimider les civils croates, à Bilalovac. Les
20 "Cygnes noirs" étaient des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine. J'ai
21 également indiqué qu'il était clair que le conflit avait été planifié à un
22 niveau plus élevé. J'ai demandé aussi, en ce qui concerne les médias, de
23 faire appel à eux pour qu'ils oeuvrent à ce que la situation se calme.
24 M. Nobilo (interprétation). - Avant de parler de ceci en détail,
25 est-ce que vous pouvez nous dire si vous vous rappelez ce que le
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1 général Morillon a dit à M. Jusic en ce qui concerne les maisons
2 incendiées.
3 M. Blaskic (interprétation). - Je me se souviens, il a dit
4 "Jusic, arrêtez d'incendier les maisons à Bilalovac !".
5 M. Nobilo (interprétation). - Il était le représentant du
6 1er Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Il représentait le 1er Corps
8 d'armée de Bosnie-Herzégovine à Visoko.
9 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous dire
10 quelques mots de conclusion à la réunion.
11 M. Blaskic (interprétation). - C'est M. Flemming qui les a
12 exposées. Voici quelles étaient les conclusions. C'était d'obtenir le
13 retrait de toutes les forces et le délai de ce retrait était le
14 2 février 1993 avant 12 heures. Le rapport, nous devions le soumettre à la
15 commission conjointe, donc moi-même et Enver, avant 13 heures.
16 Ensuite, nous nous sommes mis d'accord que la zone de
17 responsabilité de la commission conjointe corresponde à la zone de
18 responsabilité du 3ème Corps d'armée et de la zone opérationnelle de la
19 Bosnie centrale.
20 M. Nobilo (interprétation). - Quelles devaient être les missions
21 de cette commission conjointe ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Elles devaient traiter ces
23 conclusions, surveiller leur mise en oeuvre et les mettre en oeuvre.
24 Autrement dit, tous les ordres donnés par moi-même et Enver, c'est la
25 commission conjointe qui devait les exécuter sur le terrain.
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1 Nous avions des problèmes en ce qui concerne l'équipement de
2 communication de la commission conjointe, étant donné que nous manquions
3 de ce genre de moyens, mais il s'agissait là de questions techniques.
4 L'une des conclusions de cette réunion était également de créer
5 une ligne d'urgence. Il s'agissait d'une ligne téléphonique entre Katici
6 et Busovaca d'un côté et, de l'autre côté, entre Bilalovac et Kiseljak.
7 Donc, cela devait nous permettre d'assurer la communication entre les
8 forces du HVO et les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans cette
9 région-là.
10 J'ai également proposé quels devaient être les axes de retrait
11 des forces de la région de Bilalovac vers Visoko et de Katici vers Zenica.
12 M. Nobilo (interprétation). - Selon les conclusions de la
13 réunion, à quel moment est-ce que la route entre Vitez et Kiseljak devait
14 être ouverte ?
15 M. Blaskic (interprétation). La route entre Vitez et Kiseljak
16 devait être ouverte le 2 février 1993, vers 14 heures, donc à partir de 14
17 heures.
18 M. Nobilo (interprétation). - A la fin de la réunion, vous êtes
19 entré à Kiseljak ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je suis rentré à Kiseljak.
21 J'ai surtout travaillé à la rédaction des ordres me permettant d'appliquer
22 les conclusions de la réunion qui s'est tenue à Vitez, le jour auparavant.
23 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque vous étiez dans la base de
24 la Forpronu à Vitez, avez-vous eu la possibilité de vous rendre dans votre
25 commandement ou bien sinon, comment est-ce que vous avez quitté les
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1 lieux ?
2 M. Blaskic (interprétation). Non. A la fin de la réunion, j'ai
3 pris, tout comme je l'ai fait pour mon arrivée, le véhicule de la
4 Forpronu, le véhicule blindé, et je suis arrivé comme cela à Kiseljak.
5 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que lors de votre arrivée
6 ou bien de votre retour, vous avez eu l'occasion de vous arrêter, de
7 sortir du véhicule et de voir qui que ce soit à Busovaca, un autre membre
8 du HVO ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Non, d'après ce que j'ai vu, la
10 route que nous avons prise ne passait pas du tout par Busovaca, mais par
11 Visoko et Kakanj.
12 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que le 2 février 1993,
13 l'accord sur l'ouverture entre la route sur Kiseljak et Vitez a été
14 respecté ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Cette obligation de l'accord n'a
16 pas été respectée.
17 M. Nobilo (interprétation). - Le 2 février, vous avez eu un
18 entretien avec M. Flemming. Lui est venu en accusant d'une certaine
19 manière le camp croate. Comment cet incident s'est-il terminé, dites-nous,
20 s'il vous plaît ?
21 M. Blaskic (interprétation). - La veille, j'ai travaillé, je
22 préparé ces documents-là et vers 17 heures, donc dans l'après-midi,
23 M. Flemming est venu et il a affirmé qu'il a reçu l'information selon
24 laquelle le chef du poste de la police de Kiseljak exigeait que les
25 villages musulmans de Kazagici, Visnjica et Svinjarevo soient désarmés.
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1 Moi, j'ai demandé à M. Flemming s'il s'agissait là du chef du
2 poste de police civil. Il m'a confirmé qu'effectivement, il s'agissait du
3 chef de police civile. Moi j'ai suggéré à M. Flemming que moi-même je me
4 rende tout de suite avec lui, dans ces villages, pour vérifier sur place
5 les informations que M. Flemming avait reçues.
6 M. Blaskic (interprétation). -Avant de continuer, dites-nous, le
7 chef de la police civile, qu'a-t-il dit à M. Flemming ? Les ordres de qui
8 exécutait-il ?
9 M. Blaskic (interprétation). Flemming avait l'impression que
10 le chef de la police civile s'était adressé aux villageois dans
11 l'intention de les désarmer. Lorsque les villageois ont dit au chef du
12 poste de police que ceci n'était pas conforme l'esprit de l'accord qui
13 avait signé la veille et qui avait été rendu public, à ce moment-là, le
14 chef du poste de police a dit que lui, mettait en oeuvre les décisions
15 prises à Mostar.
16 M. Nobilo (interprétation). Qu'avez-vous fait ? Etes-vous allé
17 dans ces villages avec Flemming et si oui, qu'avez-vous pu constater ?
18 M. Blaskic (interprétation). Tout d'abord, j'ai expliqué à
19 M. Flemming que je considérais que ceci n'était pas vrai, mais que de
20 toute façon il serait plus facile que nous nous rendions tous les deux
21 dans ces villages, tout de suite, pour vérifier ces informations.
22 Nous y sommes allés tout de suite, dans les villages Visnjica,
23 Svinjarevo. Nous avons vérifié ces informations et M. Flemming a dit après
24 cette vérification : "C'est bon, les informations dont je disposais
25 n'étaient pas correctes, donc les informations qui m'ont été envoyées ne
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1 sont pas exactes.".
2 M. Nobilo (interprétation). - D'après la traduction, il paraît
3 que les informations ont été confirmées, que les premières informations
4 étaient bonnes. Ceci était la traduction en anglais.
5 Qu'est-ce que vous avez constaté ? Que les informations de
6 M. Flemming étaient bonnes ou pas correctes ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Nous avons établi que les
8 informations qu'il avait reçues n'étaient pas correctes. C'est ce qu'il
9 avait affirmé lui-même. C'est ce qu'il m'a dit.
10 M. Nobilo (interprétation). - Nous n'allons pas nous attarder
11 sur toute une série d'incidents qui se sont produits ainsi que sur les
12 plaintes qui parvenaient à l'époque.
13 Vous avez été informé que des forces de l'armée de
14 Bosnie-Herzégovine commençaient à se concentrer à Gomionica. C'est une
15 information que vous avez reçue à cette époque, le 3 février. Pouvez-vous
16 nous montrer, s'il vous plaît, où se trouve Gomionica ?
17 (Le témoin s'exécute.)
18 M. Blaskic (interprétation). - Sur cette maquette, Gomionica se
19 trouve à l'endroit que je suis en train de montrer avec mon pointeur. Je
20 peux montrer son emplacement sur la carte. En quittant Kiseljak par la
21 route principale en direction de Busovaca, au nord de la route principale
22 se trouve le village de Gomionica.
23 J'ai reçu cette information le 3 février 1993. Il était dit dans
24 cette information que 60 soldats, des soldats locaux de l'armée de Bosnie-
25 Herzégovine étaient stationnés à Gomionica et qu'environ cent soldats
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1 supplémentaires étaient arrivé de Visoko à cet endroit.
2 M. Nobilo (interprétation). - Les jours en question, la route
3 Busovaca-Kiseljak a-t-elle été ouverte conformément à l'accord du
4 2 février ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Non, la route n'a pas été
6 ouverte. Nous avons continué à recevoir des informations inquiétantes de
7 Fojnica sur la construction des fortifications sur le territoire de la
8 municipalité de Fojnica et ceci par des membres de l'armée de Bosnie-
9 Herzégovine. Ces fortifications étaient tournées vers les villages croates
10 situés sur la municipalité de Fojnica.
11 M. Nobilo (interprétation). - Le 4 février 1993, une attaque
12 Kuber se produit en direction de Zenica. Comment avez-vous réagi ?
13 M. Blaskic (interprétation). - C'est ici que se trouve Kuber.
14 C'est l'ensemble des montagnes que nous voyons ici.
15 Le 4 février, j'ai appris que les forces de la 17ème Brigade de
16 Krajina ainsi que de la 7ème Brigade musulmane venaient de lancer une
17 attaque contre le site de Kuber à l'endroit de Saracivica et que le site
18 de Saracivica venait d'être pris.
19 M. Nobilo (interprétation). - Peut-on présenter au témoin la
20 pièce de la défense D 402.
21 Le 5 février, votre commandement, le commandant Rasim Delic qui
22 se trouve à l'état-major des forces armées dans le département de Visoko
23 demande l'approbation pour un transport de munitions en quantité
24 considérable, 400 000 pièces de munitions de 7,62 mm de calibre,
25 2 600 pièces de 7,94 mm et 30 000 pièces de 12,7 mm.
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1 S'il vous plaît, cette demande l'avez-vous reçue ? Et avez-vous
2 donné votre accord à ce qu'on laisse passer cette quantité de munitions
3 pour les besoins de l'armée de Bosnie-Herzégovine à la date du
4 5 février 1993 ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Durant la journée en question, le
6 5 février, nous avons réagi conformément à cette demande, et des convois
7 ont pu passer transportant des munitions pour l'armée de Bosnie-
8 Herzégovine.
9 Si vous me le permettez, je tiens à ajouter que ces convois ont
10 pu passer sans difficulté à travers Kiseljak. Il s'agissait de convois
11 pour les besoins de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
12 M. Nobilo (interprétation). - Cependant, le 5 février, vous avez
13 une nouvelle réunion avec des représentants des Nations Unies et du 3ème
14 Corps. Cette réunion se tient à Busovaca. Comment s'est passé votre
15 transfert, qu'avez-vous vécu pendant ce voyage et pouvez-vous nous donner
16 les conclusions de cette réunion ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Encore une fois, ce sont les
18 Nations Unies qui ont organisé mon transfert. Nous avons donc emprunté les
19 véhicules blindés de la Forpronu. J'ai donc été transporté de Kiseljak à
20 Busovaca pour arriver à l'hôtel Tisa. C'est là qu'était situé le siège de
21 la commission conjointe, la commission qui venait d'être constituée la
22 veille, lors de la réunion à Vitez.
23 Pendant le voyage, j'ai pu sentir l'odeur qui provenait des
24 édifices, des bâtiments qui avaient été incendiés dans la zone de
25 Bilalovac-Katici.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Dans ces propos liminaires,
2 Flemming a fait des affirmations assez importantes. Pouvez-vous nous les
3 relater ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est M. Flemming qui
5 présidait cette réunion. Il a souligné qu'il était nécessaire de retirer
6 les forces du 1er Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine de la
7 municipalité de Kiseljak. Ensuite, il a dit qu'une attaque a été lancée
8 contre une population civile dans le village de Katici dans la
9 municipalité de Busovaca.
10 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agissait de quels civils, de
11 quelle appartenance ethnique ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Dans le village de Katici, il
13 s'agissait de Croates, de civils croates.
14 Je suis en train de montrer le village de Katici.
15 Ces civils étaient des Croates et l'attaque a été lancée de la
16 direction de Merdan. Ces civils ont été emmenés, ces villageois ont été
17 emmenés.
18 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu'on a appris que ces
19 civils avaient été gardés comme des otages dans certaines maisons ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Oui, la commission conjointe a pu
21 l'établir, le 3ème Corps, des représentants du 3ème Corps ainsi que des
22 représentants d'ECMM. Ils se sont rendus à l'endroit où étaient détenus
23 les civils du village de Katici, ils ont pu établir à ce moment que dans
24 une maison, 25 femmes étaient détenues, 25 femmes avec des enfants. Quant
25 aux autres bâtiments, ils n'ont pas pu les vérifier, ni les visiter parce
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1 que les soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine ne le leur ont pas
2 permis.
3 M. Nobilo (interprétation). Est-il exact que lors de cette
4 réunion, vous avez accusé le 1er et le 3ème Corps d'avoir créé des zones
5 ethniquement pures ?
6 M. Blaskic (interprétation). Oui.
7 M. Nobilo (interprétation). Par la suite, quelles ont été les
8 affirmations ou l'infirmation de Dzemo Merdan ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Lorsque j'ai évoqué le problème
10 du nettoyage ethnique et de la création des zones ethniquement pures,
11 Dzemo Merdan a dit la chose suivante. Il a demandé que l'on se rende dans
12 les villages de Rovna, de Besici, de Kovacevac, de Putis, de Skradno, de
13 Strane, de Mahala et de Kadira Strana.
14 Il a dit que l'attaque qui a été menée contre le village de
15 Katici était une attaque provoquée par des coups de feu provenant du
16 village de Katici et en direction du village de Merdani. Par la suite,
17 Merdan a dit que les civils étaient emmenés à creuser des tranchées.
18 M. Nobilo (interprétation). Où ? Dans quelle localité ?
19 M. Blaskic (interprétation). - A Busovaca. C'était première fois
20 que j'ai entendu ce genre d'affirmation parce que de par le passé, nous
21 avions tenu toute une série de réunions avec Dzemo et le commandant du
22 3ème Corps.
23 Il a également dit que les Vitezovi réglaient les problèmes dans
24 les villages par voie d'ultimatum. Il faisait allusion aux villages
25 musulmans bosniens. Il a également déclaré que le fait de désarmer les
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1 Musulmans dans la municipalité de Kiseljak a servi de prétexte pour amener
2 des forces du 1er Corps pour amener la communauté locale sur le territoire
3 de Bilalovac. Quant à moi, je lui ai demandé de me citer concrètement le
4 nom des villages musulmans bosniens sur le territoire Bilalovac qui
5 auraient été désarmés. Il ne m'en a cité aucun.
6 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous avez abordé la question
7 des détenus qui devaient creuser des tranchées et qu'il fallait donc
8 libérer, la représentante de la Croix-Rouge a également pris part à cette
9 discussion et elle a exposé les points de vue de la Croix-Rouge concernant
10 la libération des détenus. Pouvez-vous, s'il vous plaît, relater les
11 propos de la représentante de la Croix-Rouge ?
12 M. Blaskic (interprétation). - La représentante de la Croix
13 Rouge, je connais son nom et je peux vous le donner, cette femme
14 s'appelait Iris, du moins c'est comme cela qu'elle nous a été présentée,
15 elle considérait qu'il était nécessaire de procéder à une libération
16 réciproque de tous les détenus. Le chiffre qu'elle a donné était le
17 chiffre de 64 détenus. C'est du moins, le chiffre que j'ai noté.
18 Mais ce que je ne vois pas, c'est ce que représentait ce chiffre
19 de "64", qui sont les détenus dont il s'agit. Lors de cette réunion, elle
20 a demandé à M. Flemming de reporter provisoirement la libération des
21 détenus à cause de l'incident qui s'était produit à Katici parce que sur
22 le plan de la sécurité, d'après son évaluation, la situation était elle
23 que les détenus ne pouvaient pas être libérés. Ce qu'elle a donc demandé,
24 ce qu'elle nous a demandé, à nous qui étions présents à cette réunion,
25 c'était de garantir la sécurité à tous ceux qui allaient rentrer.
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1 M. Nobilo (interprétation). Laissons de côté maintenant cette
2 réunion et la question des détenus, puisque c'est au cur de cet acte
3 d'accusation, ainsi que le fait de forcer les civils à creuser des
4 tranchées.
5 Ce que je souhaite vous me demander, c'est de savoir si, après
6 avoir reçu les informations, vous avez abordé la question des détenus et
7 la question des tranchées avec cette représentante de la Croix-Rouge ?
8 Vous lui avez demandé des renseignements, des informations ?
9 M. Blaskic (interprétation). Oui, une fois que la première
10 partie de cette réunion s'est terminée, j'ai eu un entretien en tête à
11 tête avec Mme Iris dans une autre pièce de l'hôtel Tisa et le seul sujet
12 que nous ayons abordé, c'était la question de civils forcés à creuser des
13 tranchées.
14 Madame Iris m'a dit avoir reçu une plainte lui disant que des
15 détenus étaient envoyés à creuser des tranchées sur le territoire de la
16 municipalité de Busovaca. Ce à quoi je lui ai répondu que j'étais en
17 permanence à Kiseljak et que jusqu'au 5 février, je n'avais pas reçu de
18 telles informations. Je lui ai également dit que j'allais faire tout ce
19 qui était en mon pouvoir afin de vérifier cette information et que
20 j'allais prendre des mesures parce que je ne pouvais pas approuver ce
21 genre de procédé.
22 M. Nobilo (interprétation). Le lendemain ou dans les journées
23 qui ont suivi, avez-vous vérifié ces informations ? Si oui, qui avez-vous
24 contacté ? Quelles sont les informations que vous avez reçues ?
25 M. Blaskic (interprétation). J'ai demandé que ces informations
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1 soient vérifiées s'agissant du commandement de la zone opérationnelle,
2 concernant également le commandant de la brigade Nikola Subic-Zrinjski de
3 Busovaca. Les informations que j'ai reçues de la part des commandants de
4 Busovaca, ainsi que de la part du chef de l'état-major de la zone
5 opérationnelle, m'indiquaient que personne n'avait donné l'ordre ni
6 n'avait approuvé ni demandé ce genre de procédé, à savoir que des détenus
7 soient envoyés creuser des tranchées.
8 M. Nobilo (interprétation). - Dans les jours qui ont suivi, plus
9 précisément le 6 février 1993 : de Gomionica, de nouvelles informations
10 vous parviennent ? Que se passe-t-il là-bas en 1993, le 6 février 1993, je
11 me suis trompé d'année à ce qu'il me semble.
12 M. Blaskic (interprétation). Le jour en question, j'ai reçu
13 une information disant que de nouveau des pièces d'artillerie, des pièces
14 de 120 millimètres étaient apportées de Visoko à Gomionica.
15 M. Nobilo (interprétation). - Dans ce contexte, à Kiseljak ou
16 particulièrement dans les boutiques de Kiseljak, qu'a-t-on observé ?
17 Quelle genre de pratique était généralisée ?
18 M. Blaskic (interprétation). On a remarqué que les gens
19 achetaient des produits alimentaires en grande quantité, en quantité très
20 élevée par rapport à la période précédente.
21 M. Nobilo (interprétation). - Ce que j'ai négligé de vous
22 demander, entre la réunion de Busovaca et cet entretien que vous avez eu
23 en particulier avec la représentante de la Croix-Rouge, où êtes-vous allé
24 entre ces deux moments et de quelle manière ?
25 M. Blaskic (interprétation). - De la même manière que
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1 précédemment : j'ai été transporté de nouveau par des véhicules blindés de
2 la Forpronu, puis via Kacuni, Bilalovac, je suis arrivé à Kiseljak.
3 M. Nobilo (interprétation). La route Kiseljak Busovaca a-t-
4 elle été ouverte, débloquée ? Les postes de contrôle que nous voyons ici
5 ont-ils été démantelés ?
6 M. Blaskic (interprétation). Non, à ce moment, la route
7 n'était pas ouverte non plus. Bien que nous ayons abordé ce sujet pendant
8 la réunion, la route était toujours fermée au HVO.
9 M. Nobilo (interprétation). - Cependant, le 8 février, sur la
10 municipalité de Kiseljak, un nouveau barrage est mis en place par l'armée
11 de Bosnie-Herzégovine ? Non seulement on n'enlève pas les précédents, mais
12 il y en a un nouveau. Pouvez-vous dire à la Chambre qui met en place ce
13 nouveau poste de contrôle ? S'il nous reste encore de ces papiers jaunes,
14 pouvez-vous les mettre à la place ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Ce nouveau barrage, poste
16 contrôle, est installé à l'entrée même du village de Gomionica, et ceci de
17 la part des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Il y avait, à
18 proximité de ce poste de contrôle, des forces de l'armée de Bosnie-
19 Herzégovine qui ont été déployées pour défendre ce poste de contrôle, donc
20 des effectifs, des hommes et des moyens.
21 M. Nobilo (interprétation). - S'il vous plaît, dites à la
22 Chambre quelle était l'importance de Gomionica ? Où se situe-t-elle ?
23 Comment est-elle reliée à l'arrière-pays ?
24 M. le Président. - La maquette est très bien pour les points de
25 détail, mais ce que les Juges aiment bien voir, c'est une vision
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1 d'ensemble. J'ai une carte, une pièce du tout début de notre Instance.
2 Vous pouvez la montrer ? Que la caméra la montre également, que la galerie
3 du public également la voit.
4 Montrez-nous par rapport à Kiseljak, Général Blaskic,
5 montrez-nous où est Gomionica.
6 M. Blaskic (interprétation). - Je vous montre Kiseljak. On suit
7 la route principale en direction de Busovaca. A droite de la route, au
8 nord de la route se trouve Gomionica, le poste de contrôle qui a été mis
9 en place à proximité immédiate de la route principale, à l'entrée du
10 village de Gomionica et, par la route qui traverse Cakalovici, Orasje,
11 Gomionica était relié à la route principale Kakanj-Visoko, autrement dit
12 Visoko.
13 M. Nobilo (interprétation). - Ce territoire était-il sous le
14 contrôle exclusif de l'armée de Bosnie-Herzégovine en continuité ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Une fois que les forces de
16 l'armée de Bosnie-Herzégovine aient nettoyé la zone de Gornje et
17 Donja Zimca et les nettoyaient de Serbes dès le mois mai 1992.
18 M. Nobilo (interprétation). - Le 9 février, un nouvel incident
19 armé se produit, cette fois-ci de Merdani : de quoi s'agit-il ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Des coups de feu ont éclaté
21 depuis Merdani en touchant donc le centre de Busovaca et certains obus
22 sont tombés à proximité de la base de la Forpronu.
23 M. Nobilo (interprétation). - Qui se trouvait dans le village de
24 Merdani ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Les forces du 3ème Corps de
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1 l'armée de Bosnie-Herzégovine étaient stationnées à Merdani.
2 M. Nobilo (interprétation). - A l'époque, autrement dit, au mois
3 de février, le 8 février, le 9 février, vous êtes toujours où ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Je suis toujours à Kiseljak, je
5 suis donc sur le territoire de la municipalité de Kiseljak.
6 M. Nobilo (interprétation). - Etait-ce par choix que vous vous
7 trouviez à Kiseljak, ou bien n'aviez-vous pas le choix ? De quoi s'agit-
8 il ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, précisément, le 9, il y
10 a eu une tentative faite par des réfugiés, des civils pour percer, pour
11 arriver à Busovaca et, moi-même, je n'avais aucun moyen d'aller à Vitez.
12 Ce n'était donc pas par choix que je m'y trouvais, c'était par nécessité.
13 Je ne pouvais pas passer et me rendre à Vitez.
14 M. Nobilo (interprétation). - Dites à la Chambre, s'il vous
15 plaît : de nombreux témoins du Procureur ont cherché des passages qui
16 auraient mené de Kiseljak à Busovaca et Vitez par des montagnes. Auriez-
17 vous pu le faire ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Je souhaite le montrer sur la
19 carte, Monsieur le Président, mais ma réponse, de toute façon, est non.
20 Cela n'était pas possible.
21 M. Nobilo (interprétation). - Nous pourrons peut-être y revenir
22 plus tard, plus en détail.
23 En plus de ces activités et les contact avec...
24 M. le Président. - Maître Nobilo, je suppose que vous y
25 reviendrez, sur ce point, sinon ce sont les Juges qui y reviendront, je
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1 vous le dis parce que c'est un point qui a été très discuté, vous le
2 savez. On a même parlé d'hélicoptères, on parlé de beaucoup de choses. Il
3 ne faut pas dire toujours "Je reviendrai". Moi, je veux bien. Vous avez un
4 plan, c'est le vôtre mais, cela, c'est point qui a été très discuté.
5 Or, le témoin a dit : "Je peux vous le montrer sur la carte,
6 mais ma réponse est non". Je crois que les Juges auront à cur de savoir
7 exactement de quoi il s'agit, mais vous n'êtes pas obligé de le faire tout
8 de suite. Simplement, je vous le rappelle, il faudra l'éclairer, ce point.
9 M. Nobilo (interprétation). - Je considérais qu'il était
10 suffisant que le témoin réponde qu'il ne pouvait pas se rendre de Kiseljak
11 à Busovaca et à Vitez et je pensais également qu'il était en mesure de
12 l'expliquer plus en détail si cela vous intéressait. Si la Chambre
13 souhaite l'entendre, le témoin est à votre disposition.
14 Pouvez-vous, s'il vous plaît, nous expliquer...
15 M. le Président. - Vous avez dit : "Je reviendrai sur cette
16 question-là." Si vous voulez y revenir, vous choisirez le moment où vous y
17 revenez. Je me permettais de vous rappeler... Je crois pouvoir être
18 l'interprète de mes collègues parce que c'est un point qui a été très
19 discuté.
20 Nous avons même parlé des hélicoptères qui permettaient à
21 l'accusé de pouvoir rejoindre son quartier général de Vitez. Moi, cela
22 m'est égal, c'est vous qui choisissez le moment. Le témoin a répondu de
23 façon elliptique, il a répondu "Non, je ne pouvais pas y aller". Quand
24 vous le souhaiterez, vous le déciderez, vous ferez la démonstration. Je
25 vous rappelle qu'il faudra quand même que vous fassiez la démonstration ou
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1 alors, vous ne la ferez pas. C'est votre choix.
2 M. Nobilo (interprétation). - Bien sûr, Monsieur le Président.
3 Nous pouvons le faire à l'instant. Le témoin va expliquer les relations
4 entre Kiseljak et Busovaca.
5 M. le Président. - Général Blaskic vous êtes donc bloqué à
6 Kiseljak. Vous estimez que vous êtes dans une enclave et vous estimez que
7 vous ne pouvez pas rejoindre le quartier général de Vitez, sauf par les
8 montagnes, et vous dites que vous ne pouvez pas par les montagnes.
9 M. Blaskic (interprétation). - Je vous montre la grande route,
10 la route principale qui va de Kiseljak à Bilalovac, puis à Kacuni et à
11 Busovaca et celle-ci. Elle était coupée à Kacuni par un barrage routier,
12 ainsi Oseliste Donje Bukovci et à Bilalovac, donc pour moi, il était
13 impossible d'employer cette route. Je ne pouvais pas traverser.
14 Et l'autre route, c'est la route Kiseljak-Visoko-Kakanj-Lasva-
15 Kaonik-Vitez qui était sous le contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine
16 et plus précisément des forces du 1er Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine,
17 de Visoko avec des forces de la 3ème armée, du 3ème Corps d'armée, à
18 Kakanj. Et à Biljesevo se trouvaient des éléments de la 305ème Brigade de
19 l'armée de Bosnie-Herzégovine qui avait été expulsée de Jajce, et à
20 Dobrinja se trouvait le département Abdul Latif, l'unité Abdul Latif, des
21 Moudjahidin. Cette route également, il m'était impossible de l'emprunter,
22 absolument impossible.
23 Si l'on prend la route qui va de Kiseljak à Gromiljak qui se
24 poursuit jusqu'à la route de Fojnica jusqu'à Raskrci, on peut prendre la
25 route qui va à Fojnica. A Fojnica était stationnée la 310ème Brigade, ce
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1 qui était à l'époque le 3ème Corps d'armée, qui dépendait à l'époque du
2 3ème Corps d'armée, avec des effectifs d'un bataillon à Pridola. Sur la
3 carte, il est écrit Pridola, mais également Zivcici.
4 Il y avait un camp de Moudjahidin à Dragacici, un bataillon de
5 la 310ème Brigade à Gradina et un bataillon dans Fojnica même.
6 Afin de rendre impossibles les communications entre Fojnica et
7 Busovaca pour les membres du HVO, l'armée de Bosnie-Herzégovine avait
8 installé un barrage à Smajlovici, c'est la position que je suis en train
9 d'indiquer sur la maquette avec le pointeur, et l'armée de Bosnie-
10 Herzégovine avait également interrompu toute forme de coopération ou de
11 patrouille commune avec les forces du HVO sur le site de Zahor.
12 Et le 6 février déjà, des fortifications et des tranchées ont
13 été construites autour des villages croates, y compris les civils se
14 voyaient le passage interdit si l'armée de Bosnie-Herzégovine n'était pas
15 d'accord et ce, sur la totalité du trajet Kiseljak-Busovaca.
16 Si nous regardons en détail, nous verrons que les personnes
17 expulsées de Kacuni ne pouvaient pas revenir non plus. Aucune route, y
18 compris une route secondaire, n'était disponible à cet effet, puisque
19 toutes les routes existantes étaient sous le contrôle de l'armée de
20 Bosnie-Herzégovine. Nous le verrons encore mieux lorsque nous étudierons
21 la ligne de front créée autour de Busovaca, le 31 janvier 1993.
22 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, pendant la
23 pause, nous avons prévu de nous servir de petits drapeaux sur la maquette
24 pour désigner la nouvelle ligne de front qui a séparée le HVO et l'armée
25 de Bosnie-Herzégovine.
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1 M. le Président. - Bien.
2 M. Nobilo (interprétation). - Si vous le permettez, cette
3 question de l'hélicoptère au mois de janvier, est-ce que vous aviez un
4 hélicoptère à Vitez ou ailleurs ?
5 Est-ce que un hélicoptère volait à quelque moment que ce soit ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Non.
7 M. Nobilo (interprétation). - En février ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Non.
9 M. Nobilo (interprétation). - En 1993 ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Non.
11 M. le Président. - Voilà, je vous remercie. Il est bien clair
12 qu'il appartiendra, bien sûr, au procureur d'en tirer les conclusions, les
13 observations qui seront nécessaires aux débats.
14 Très bien. Nous continuons encore d'ici 10 minutes. A moins le
15 quart, nous arrêterons, n'est ce pas, par là, d'accord ? Poursuivez.
16 M. Nobilo (interprétation). - Je vous remercie. Nous en étions
17 arrivés au 11 février, date à laquelle à Kiseljak, une importante action
18 policière est organisée contre les criminels. Veuillez expliquer quelles
19 étaient les caractéristiques de ce groupe de criminels et ce qui s'est
20 passé ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Nous avons lancé une action de
22 grande envergure et 14, ou peut-être même jusqu'à une vingtaine de
23 criminels, ont été placés en état d'arrestation lors de cette opération, y
24 compris pour nous, c'était un élément nouveau que de constater que ce
25 groupe possédait, quand je dis "possédait", je veux parler du fait que les
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1 membres de ce groupe portaient dans leur poche, ou ailleurs, des insignes
2 du Conseil croate de défense, du HVO, de l'armée de Bosnie-Herzégovine, de
3 la Défense territoriale, de la police militaire du HVO, de la police
4 militaire de la Défense territoriale. Ce groupe opérait et cambriolait sur
5 le territoire de la municipalité de Kiseljak, notamment en milieu urbain
6 et notamment dans les villages environnant la ville de Kiseljak .
7 Ce groupe d'hommes cambriolaient les villages croates et ses
8 membres portaient les insignes de l'armée de Bosnie-Herzégovine et si ce
9 groupe s'attaquait, pour cambrioler, à des villages tenus par l'armée de
10 Bosnie-Herzégovine, ces membres arboraient les insignes du HVO ou de
11 diverses unités militaires dépendantes du HVO. La composition de ce groupe
12 était deux tiers croates, un tiers bosnien musulman. Il y avait également
13 2 Serbes dans ce groupe de criminels.
14 M. Nobilo (interprétation). - A ce moment-là, c'était le seul
15 groupe multi-ethnique qui existait dans cette région, n'est-ce pas ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
17 M. Nobilo (interprétation). - Dites-moi, une attaque a lieu de
18 la part de l'armée de Bosnie-Herzégovine sur le site de Kula, le
19 11 février. Pouvez-vous nous dire ce qu'est le site de Kula, quels étaient
20 les effectifs des forces qui ont procédé à cette attaque et ce qui s'était
21 exactement passé ?.
22 M. Blaskic (interprétation). - Je vais d'abord me servir de la
23 carte. Je suis en train de montrer la ville de Busovaca, la ville.
24 Kula ... eh bien ... l'attaque est partie de Lasva Ducina, et
25 elle visait le site de Kula. Quant aux effectifs qui y ont participé, ils
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1 étaient de 600 à 1000 soldats. Et ce site est un site tout à fait crucial
2 pour la défense de Busovaca du côté nord.
3 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agit d'une montagne autour de
4 Busovaca ?
5 M. Blaskic (interprétation). - C'est le seul mont qui domine
6 Busovaca. Si ce site avait été pris, la ville de Busovaca serait tombée
7 dans les mains de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
8 Je vous montre ici, sur la maquette, la région concernée.
9 M. Nobilo (interprétation). - Avec quelles forces, l'armée de
10 Bosnie-Herzégovine a-t-elle procédé à cette attaque ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, 600 à 1000 soldats ont
12 participé à cette attaque. Ils étaient membres de la 10ème Brigade de
13 Krajina , de la 333ème Brigade de montagne et il y avait également des
14 éléments de la 7ème Brigade musulmane.
15 M. Nobilo (interprétation). - Mais est-ce qu'il n'y avait pas un
16 accord de cessez-le-feu en vigueur ?
17 Excusez-moi. (M. Nobilo s'adressait à M. Kehoe).
18 Est-ce qu'il n'y avait pas eu deux fois un accord de cessez-le-
19 feu conclu entre vous et M. Hadzihasanovic ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Oui, un cessez-le-feu avait été
21 convenu mais le problème chez nous, à ce moment-là, était de voir le
22 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine respecter les accords. Autrement
23 dit, l'accord de cessez-le-feu n'a pas été respecté.
24 M. Nobilo (interprétation). - Comment obteniez-vous ce genre
25 d'information sur le plan technique, concrètement.
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1 M. Blaskic (interprétation). - Lorsqu'il s'agissait d'attaques
2 assez importantes, ces informations nous arrivaient par téléphone, par
3 emploi du réseau non protégé comme c'est le cas dans toute conversation
4 téléphonique entre 2 personnes dans la vie quotidienne.
5 M. Nobilo (interprétation). - En dehors des informations
6 relatives à l'attaque du site de Kula par l'armée de Bosnie-Herzégovine,
7 avec des effectifs de X.
8 Est-ce que vous avez pu obtenir de la part de certains civils de
9 Busovaca des détails quant aux positions de la défense qui vous eussent
10 permis de prendre des décisions dans le cadre de la défense de la ville
11 sur le plan militaire. Cela vous était-il possible ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Cela n'a pas été possible parce
13 que nous nous rendions bien compte que ce genre d'informations auraient
14 d'abord atteint Kacuni et que les responsables de l'armée de Bosnie-
15 Herzégovine de Kacuni auraient réagi à ces informations avant même que
16 moi, je sois en état de le faire.
17 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi est-ce que vous estimez
18 que ces informations auraient d'abord été reçues à Kacuni ? Comment vous
19 expliquez cela ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Nous savions déjà, à ce moment-
21 là, que nous étions sur écoutes à Kacuni.
22 M. Nobilo (interprétation). - Par où passe la ligne
23 téléphonique ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Entre Busovaca et Kiselijak, la
25 ligne téléphonique passe par Kacuni. C'est là qu'étaient réalisées les
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1 écoutes et les interceptions de messages de cette nature. C'est exactement
2 ce qui se serait passé. Autrement dit, transmettre une information de
3 cette façon n'aurait consisté qu'à la transmettre à l'auteur de l'attaque,
4 à l'adversaire.
5 M. Nobilo (interprétation). - Etait-il possible d'utiliser les
6 liaisons radios par paquet, rapides et sûres pour gagner du temps.
7 M. Blaskic (interprétation). - Non, dans des conditions de ce
8 genre, en temps de guerre et de combats, le réseau de transmission par
9 paquet est inutilisable parce que le temps qu'il faut à l'opérateur pour
10 taper le message et parvenir à l'envoyer, il est fort vraisemblable que la
11 moitié du combat est déjà terminé.
12 M. Nobilo (interprétation). - J'aimerais, à présent, que l'on
13 remette au témoin le document D456/9 de la défense qui montre, en date du
14 11 février 1992, la création d'un commandement conjoint. Nous allons
15 parler de cela.
16 Nous avons donc cette pièce à conviction de la défense sous les
17 yeux. Il s'agit d'un ordre de Sefer Halilovic, chef du quartier général du
18 commandement suprême de l'armée de Bosnie-Herzégovine et Milivoj Petkovic,
19 dirigeant du quartier général du HVO, général de brigade. Et cet ordre, en
20 date du 11 février 1993, stipule ce qui suit :
21 Au point un : "Le commandant du 3ème Corps de l'armée de Bosnie-
22 Herzégovine et le commandant de la zone opérationnelle du HVO pour la
23 Bosnie centrale (Hasim Hasinovic et Blaskic) constitue une équipe de
24 coordination conjointe composée de trois membres qui sera présidée par cet
25 homme. L'équipe se verra affecter les tâches suivantes et aura les
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1 compétences suivantes", ensuite, suit une liste dans le détail de laquelle
2 nous n'allons pas rentrer. Peut-être, Monsieur le Président, serait-il
3 préférable que nous expliquions le contenu de ce document après la pause
4 car il est...
5 M. le Président. - Nous faisons une pause de 20 minutes.
6 L'audience, suspendue à 15 heures 45, est reprise à 16 heures 10.
7 M. le Président. - L'audience est reprise.
8 M. Nobilo (interprétation). - Merci.
9 Général, la dernière pièce à conviction que nous examinions
10 avant la pause était la pièce à conviction de l'accusation 456/9 dans
11 laquelle Halilovic et Petkovic, les commandants du HVO et de l'armée de
12 Bosnie-Herzégovine, ont créé un commandement conjoint.
13 Qu'est-ce que cela a eu comme signification ? Qu'en avez-vous su
14 et quelles en ont été les répercussions ?
15 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi. Général, avant que
16 vous ne preniez la parole pour le compte rendu, Monsieur le Président,
17 contrairement à ce que qui figure au compte rendu en anglais, il s'agit
18 d'une pièce à conviction de l'accusation et non de la défense. Je crois
19 que ce qui est écrit est "pièce à conviction de la défense". Si je ne me
20 trompe, c'est ce qui est écrit, n'est-ce pas ?
21 M. le Président. - C'est une pièce de la défense ou de
22 l'accusation, Monsieur le Greffier ?
23 M. Dubuisson. - Il s'agit d'une pièce du Procureur. Toutes les
24 pièces 456 qui seront utilisées sont des pièces du Procureur.
25 M. le Président. - Alors, c'est un commandement conjoint ou une
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1 commission conjointe ? J'ai entendu la traduction "commandement conjoint"
2 alors que dans le texte, il me semblait que ce soit "commission". Je ne
3 sais pas. Pouvez-vous nous le préciser ?
4 M. Nobilo (interprétation). - Je crois que le mieux, c'est de
5 demander au général Blaskic de nous le dire. Quelle a été la signification
6 de cette démarche et quelles ont été les actions qui en ont découlé ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Ce document est rédigé suite à
8 l'accord conclu entre le chef du quartier général de l'armée de la
9 république de Bosnie-Herzégovine et le chef du quartier général principal
10 du HVO.
11 Il s'agissait d'une tentative destinée à régler tous les
12 différents et à mettre un terme au conflit qui existait encore pour créer
13 un commandement conjoint, donc un nouveau commandement dans le but
14 d'accentuer, d'intensifier le combat contre l'ennemi commun serbe.
15 Il s'agissait également du début d'une..., de la continuation du
16 commandement conjoint, mais sous une forme différente. En effet, Prkacin
17 Pasalic était déjà membre d'un commandement conjoint précédemment, mais
18 désormais, c'était moi-même et le commandant du 3ème Corps d'armée de
19 Bosnie-Herzégovine qui avons créé une équipe de coordination conjointe qui
20 avait également pour compétence d'émettre des ordres conjoints.
21 M. Nobilo (interprétation). - Dans cet ordre conjoint de
22 Petkovic et Halilovic, au point 1c et 1d, nous lisons -je commence par le
23 paragraphe 1c- : "Supprimer tous les barrages et tous les obstacles dans
24 la zone de responsabilité et garantir rapidement le retour de la
25 population dans ses domiciles ainsi que la circulation sans obstacles sur
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1 toutes les routes.
2 Créer les conditions de retour également des organes légaux du
3 pouvoir."
4 Au point 1d, "L'ordre est émis pour que toutes les unités,
5 toutes les formations venues de territoires extérieurs se retirent
6 rapidement sur les positions qui étaient les leurs avant le début du
7 conflit."
8 Dites-nous, dans les jours qui ont suivi, cet ordre émanant de
9 Halilovic et Petkovic, a-t-il été respecté ? Les barrages et les obstacles
10 existant dans la vallée de la Lasva et de la Lopenica ont-ils été
11 retirés ?
12 M. le Président. - Excusez-moi. C'est peut-être au niveau de
13 l'interprétation... Ce n'est pas Halilovic. Quel est son nom exact, s'il
14 vous plaît ? Hasan ?
15 M. Nobilo (interprétation). - Le nom est Sefer Halilovic.
16 M. le Président. - Merci.
17 M. Nobilo (interprétation). - C'est le chef du quartier général
18 de l'armée de Bosnie-Herzégovine, de l'état-major principal de l'armée de
19 Bosnie-Herzégovine.
20 Monsieur Blaskic, est-ce que cet ordre a été respecté ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Les barrages routiers et les
22 obstacles placés sur les routes n'ont pas été supprimés et le retour des
23 habitants n'a pas été assuré. La liberté de circulation n'a pas été rendue
24 possible et les unités qui venaient de territoires extérieurs ne se sont
25 pas retirées sur les positions qui étaient les leurs avant le début du
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1 conflit.
2 M. Nobilo (interprétation). - Le lendemain, le 12 février 1993,
3 vous avez de nouveau tenu une réunion avec les représentants de la Croix-
4 Rouge internationale en rapport avec un événement, un incident grave dont
5 il a été question dans certaines pièces à conviction du Procureur.
6 Pouvez-vous expliquer aux juges de quoi il s'agissait ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Le 12 février 1993, j'ai
8 rencontré à Kiseljak, Madame Iris, représentante de la Croix-Rouge
9 internationale, qui m'a informé que M. Sehovic et M. Elezovic avaient été
10 tués le 7 février 1993, à Busovaca.
11 M. Nobilo (interprétation). - Dans quelles conditions, Sehovic
12 et Elezovic ont-ils été tués, quelle était leur nationalité, quelle était
13 la nationalité de ceux qui les ont tués.
14 M. Blaskic (interprétation). - Eux étaient Musulmans Bosniens,
15 quant aux à ceux qui les ont tués, ils provenaient de la population
16 croate, du peuple croate. Quant au conditions dans lesquelles ces deux
17 hommes ont été tués, elles sont les suivantes : ils étaient en train de
18 creuser des tranchées, de faire un travail. Moi, cette information m'a
19 surpris car, jusqu'à cette date, le chef de l'état-major ou les
20 responsables de la zone opérationnelle ne m'avaient jamais fourni de
21 telles informations.
22 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous avez lancé une
23 enquête destinée à vérifier ce qui s'était passé ?
24 Avez-vous demandé des mesures particulières de vérification.
25 Dites-nous ce que vous avez fait après avoir reçu cette information.
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1 M. Blaskic (interprétation). - Dès que j'ai reçu cette
2 information, j'ai demandé qu'une enquête soit effectuée, une enquête
3 complète. Je l'ai demandée à l'adjoint chargé de la sécurité, au
4 commandant de la police militaire et j'ai demandé des informations au
5 commandement de la zone opérationnelle de Vitez également.
6 Et quand j'ai appris que cette enquête avait commencé, j'ai
7 vérifié à plusieurs reprises comment elle suivait son cours. Et j'ai été
8 informé, en grande partie, de la façon dont la procédure entamée suivait
9 son cours au sujet de cet incident.
10 M. Nobilo (interprétation). - Et qu'en est-il du Tribunal
11 militaire et du Procureur militaire ? Est-ce qu'il a repris cette
12 affaire ? Est-ce que cette affaire a été confiée au Tribunal militaire ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Oui, on m'a dit qu'un rapport
14 avait été... qu'une plainte avait été déposée et que le Procureur
15 militaire avait lancé des poursuites et que l'ensemble de l'affaire était
16 donc confié au Tribunal militaire régional ?
17 M. Nobilo (interprétation). - Qu'est-ce que vous avez dit à la
18 représentante de la Croix-Rouge ? Quelle a été votre attitude, votre
19 position en rapport avec le creusement des tranchées, qu'avez-vous
20 entrepris par rapport à cette information que vous aviez reçue ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Lors d'une réunion tenue
22 précédemment, à Busovaca, le 5 février, j'avais déjà exposé ma position eu
23 égard à l'obligation de creuser des tranchées. J'avais dit qu'il
24 appartenait aux soldats concernés de creuser leurs propres tranchées et
25 qu'il était impossible d'engager des détenus dans ce travail destiné à
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1 creuser des tranchées.
2 A ce moment-là, j'avais également... et ce jour-là, j'ai fait
3 connaître une nouvelle fois ma position à Mme Iris, cette représentante de
4 la Croix-Rouge internationale. Je pense qu'elle se rendait bien compte que
5 j'avais passé tout mon temps à Kiseljak et qu'il m'était impossible de
6 savoir ce qui s'était passé sur le territoire de Busovaca.
7 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que, eu égard à vos
8 subordonnés de la zone opérationnelle de Bosnie centrale et aux hommes
9 engagés sur le territoire de Busovaca, vous leur avez envoyé un message
10 clair pour exposer votre position, eu égard à la possibilité de voir des
11 détenus creuser des tranchées ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je l'ai fait ce jour-là et
13 je l'avais fait également le 5 février. Je n'ai pas envoyé simplement un
14 message, j'ai émis un ordre destiné à faire savoir que ces travaux ne
15 devaient pas être accomplis, qu'il s'agissait de travaux illégaux.
16 M. Nobilo (interprétation). - Le 12 février 1993, une tentative
17 d'assassinat est réalisée contre vous, pouvez-vous dire où cela a eu lieu
18 et dans quelles conditions ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Aux alentours de 19 heures, dans
20 l'après-midi, j'ai reçu une convocation de M. Flemming qui me demandait de
21 me rendre à Visoko pour participer à une réunion avec le commandant du
22 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine, rencontre organisée par la
23 mission des observateurs européens en Bosnie centrale.
24 Et je devais être conduit à cette rencontre de Visoko par le
25 chef de la mission européenne pour Kiseljak, M. Russel, escorté de membres
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1 des Nations Unies danois stationnés à Kiseljak.
2 M. le Président. Je m'adresse au garde. Monsieur le garde de
3 l'ONU, s'il vous plaît, pouvez-vous tenir un peu en retrait, je vous en
4 prie. Vous vous tenez sur votre chaise. Vous laissez la place aux avocats
5 de l'accusation ou de la défense éventuellement. Il n'arrivera rien.
6 Monsieur Blaskic, vous continuez.
7 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, le
8 12 février 1993, nous sommes partis de Kiseljak, en fait du parking de la
9 caserne et le groupe était composé de M. Russel, de moi-même et de ceux
10 qui nous escortaient. Nous avons emprunté la grand-route qui mène à
11 Visoko. Notre intention était de tenir cette réunion à Visoko, réunion à
12 laquelle je devais moi-même participé et le commandant du 3ème Corps
13 d'armée de Bosnie-Herzégovine, M. Enver.
14 Après avoir passé le village de Dusina, sur la carte, dans la
15 direction de Visoko, nous nous sommes d'abord trouvés confrontés à un
16 barrage et le blindé des Nations Unies s'est arrêté, le blindé qui se
17 trouvait devant nous, et nous nous aussi nous nous sommes arrêtés à une
18 quinzaine de mètres derrière ce blindé de tête. A cet instant, sur la
19 gauche, sur le côté gauche, de la grand-route, une rafale très violente a
20 été tirée, rafale émanant d'un fusil automatique.
21 Cette rafale a été tirée sur notre véhicule, c'est-à-dire sur la
22 voiture tout terrain, la jeep dans laquelle je me trouvais avec M. Russel.
23 Nous sommes restés à bord de ce véhicule. Quant au blindé des forces
24 danoises des Nations Unies, elles ont défendu notre tout-terrain. C'était
25 un véhicule de marque Mercedes, blindé, qui a été endommagé au cours de
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1 l'incident. Mais nous sommes tout de même parvenus à rebrousser chemin en
2 empruntant la même route rentrer à Kiseljak. Ce soir-là, je ne suis pas
3 allé à la réunion à Visoko.
4 Le véhicule étant blindé, aucun d'entre nous qui étions à
5 l'intérieur de ce véhicule n'a subi la moindre blessure. Nous étions
6 quatre au total : le chauffeur, M. Russel, mon garde du corps et moi-même.
7 M. Nobilo (interprétation). Le lendemain, le 13 février 1993,
8 la réunion s'est tenue, mais elle s'est tenue à Busovaca. Etaient présents
9 Sefer Halilovic, M. Petkovic. Pouvez-vous dire quels ont été les aspects
10 les plus importants dont il a été question au cours de cette réunion ?
11 M. Blaskic (interprétation). Le lendemain, 13 février, la
12 réunion a porté sur cet ordre de Sefer Halilovic et de Milivoj Petkovic.
13 Cette réunion s'est tenue à Busovaca. Au cours de la réunion, nous avons
14 abordé les questions suivantes : le retrait des forces originaires de
15 l'extérieur et puis, l'enlèvement des barrages routiers qui bloquaient les
16 routes ; le retour de la population locale et la liberté de circulation
17 sur les routes.
18 Etaient présents à cette réunion Enver Hadzihasanovic,
19 commandant du 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine, également Dzemo
20 Merdan. J'étais moi-même présent à cette réunion, ainsi que Franjo Nakic.
21 C'est M. Flemming qui a présidé cette réunion.
22 M. Nobilo (interprétation). La représentante de la Croix
23 Rouge, Mme Iris, était-elle présente également ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Oui. La représentante de la
25 Croix-Rouge internationale, Mme Iris était présente à la réunion. Je crois
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1 me rappeler qu'il y avait deux ou trois officiers qui venaient du
2 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine et du commandement de la zone
3 opérationnelle. Je sais que M. Marko Potkalo était présent.
4 M. Nobilo (interprétation). - Comment êtes-vous arrivé à
5 Busovaca ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Encore une fois de la même
7 manière qu'auparavant. J'ai emprunté le véhicule de l'ONU. Il s'agissait
8 d'un convoi de deux ou parfois trois véhicules. J'entrais dans le véhicule
9 à Kiseljak. Il fallait que j'aie une carte d'identité. D'abord, ils
10 vérifiaient notre identité et ensuite, ils nous mettaient à bord. Ils nous
11 emmenaient jusqu'à Kiseljak de Busovaca sans s'arrêter.
12 M. Nobilo (interprétation). - Pour nous, il est peut-être plus
13 intéressant d'entendre quelle était l'attitude de Mme Iris de la Croix-
14 Rouge internationale ? Quelle était l'opinion qu'elle exprimait lors de
15 cette réunion ?
16 M. Blaskic (interprétation). - En ce qui concerne le paragraphe
17 où l'on demandait que les détenus soient relâchés immédiatement, elle a
18 considéré qu'il était impossible de procéder à cette libération étant
19 donné que la situation continuait à être instable, que les tensions
20 restaient importantes. Elle considérait que de nouveaux problèmes allaient
21 être créés au cas où les détenus seraient libérés. Elle a demandé que la
22 libération des détenus soit reportée. Elle a demandé cela lors de cette
23 réunion le 13 février 1993.
24 M. Nobilo (interprétation). - Dites-nous, elle exprimait pour la
25 deuxième fois l'attitude de la Croix-Rouge internationale selon laquelle
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1 les détenus ne devaient pas être libérés avant que des conditions de
2 sécurité étaient assurées. Est-ce que vous avez eu l'impression qu'il
3 s'agissait, là, d'une attitude ferme de la Croix-Rouge ou bien est-ce que
4 vous avez pensé qu'elle improvisait lorsqu'elle exposait cette attitude-
5 là ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Nous avons compris cela comme une
7 attitude ferme de la Croix-Rouge. Et la libération des détenus,
8 effectivement, relevait de la compétence des employés de la Croix-Rouge
9 internationale. Elle n'improvisait pas du tout.
10 M. Nobilo (interprétation). - Parlons de cette réunion, nous
11 pouvons laisser de côté les discussions et les débats, les détails
12 concernant ceci. De toute façon, si jamais une question se pose à ce
13 sujet, vous pourrez apporter plus de détails. Mais dites-nous, maintenant,
14 les conclusions exposées par M. Flemming, quelles étaient-elles ? Et quel
15 était l'essentiel de ces conclusions-là ?
16 M. Blaskic (interprétation). - La réunion a duré presque toute
17 la journée et voici les conclusions que M. Flemming a exposées :
18 - le retrait des troupes des forces venant de l'extérieur,
19 ensuite, la couverture des tranchées, l'enlèvement des barrages routiers,
20 la libération des prisonniers.
21 La Commission conjointe devait se rendre dans tous les lieux de
22 combat, de conflit, et devait constater quels étaient les rapports,
23 établir les faits et les conséquences du conflit, de même que constater le
24 degré de responsabilité, soit individuel soit d'unités du HVO ou de
25 l'armée de Bosnie-Herzégovine, dans la région du conflit.
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1 Ensuite, elle devait recueillir toutes les informations
2 concernant les activités locales dans la région du conflit. Elle devait,
3 coûte que coûte, faire en sorte que les ordres conjoints, émis par moi-
4 même et M. Hadzihasanovic, soient exécutés. Monsieur Flemming m'a
5 souligné : "y compris ayant recours à la force".
6 Finalement, lors de la prochaine réunion, un rapport devait être
7 soumis concernant chaque tâche qui, éventuellement, n'allait pas être mise
8 en oeuvre.
9 Il a également dit que tout le monde devait pouvoir utiliser les
10 routes et que la liberté de circulation devait être totale.
11 Ensuite, l'échange des équipements militaires et des armements,
12 que les deux côtés ont saisi les uns aux autres, cet échange devait se
13 faire entre la zone opérationnelle du HVO et le 3ème Corps d'armée.
14 Ensuite, le délai pour le retrait des forces allait être reporté
15 et le délai était celui du 14 février 1993 avant midi.
16 Une autre conclusion était que l'artillerie devait être retirée
17 et que des commissions séparées devaient mener des enquêtes concernant les
18 incidents, et que ces commissions allaient
19 être créées.
20 Il a également été dit qu'à partir du 15 février 1993, la
21 liberté de circulation devait être totale et finalement, une autre réunion
22 a été prévue, la réunion de la Commission conjointe, présidée par Nakic et
23 Merdan. Cette réunion allait être organisée le 14 février à 13 heures.
24 Et le jour suivant, la réunion suivante des commandants de la
25 zone opérationnelle et du 3ème Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine
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1 devait avoir lieu le 16 février 1993, à midi.
2 M. Nobilo (interprétation). - Le jour suivant, avec le
3 commandant du 3ème Corps d'armée, M. Hadzihasanovic vous a émis toute une
4 série d'ordres conjoints. Je demande que l'on présente les pièces à
5 conviction de la Défense D351, D352, D353, D355 et D356.
6 Tout d'abord, nous allons parler de la pièce à conviction D351.
7 Le 13 février 1993, Hadzihasanovic et Blaskic émettent l'ordre
8 pour faire passer les convois et les moyens de transport. Dans le
9 paragraphe 1, vous demandez de rendre possible à tous les moyens de
10 transport avec toutes leurs cargaisons de partir.
11 Est-ce que ceci a été adopté suite aux conclusions de la réunion
12 que vous avez mentionnée ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Effectivement, cet ordre a été
14 rédigé sur la base des conclusions de la réunion qui a eu lieu le
15 13 février.
16 M. Nobilo (interprétation). - Le document suivant, s'il vous
17 plaît, D352. Il s'agit là encore une fois de l'ordre est mis par vous-même
18 et M. Hadzihasanovic. La date est la même, donc le 13 février 1993. Dans
19 le paragraphe 1, il est dit : "Rendre possible immédiatement que les
20 unités se retirent des lignes de contact. Les unités, toutes les unités
21 venant d'autres municipalités doivent se rendre immédiatement sur leur
22 territoire d'origine. Le délai de ce retrait est le 14 février 1993 avant
23 midi."
24 Est-ce qu'il s'agit là du contenu de l'ordre que vous avez
25 rédigé avec Hadzihasanovic ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - C'est l'ordre que nous avons
2 rédigé le jour même lors de la réunion à Busovaca.
3 M. Nobilo (interprétation). - Le document suivant est D353.
4 Encore une fois, la date est celle du 13 février 1993. Le titre est "le
5 retour de la population dans leur foyer", fait par le commandant du
6 3ème Corps d'armée de l'armée de Bosnie-Herzégovine et vous-même en tant
7 que représentant de la zone opérationnelle de la Bosnie centrale.
8 Dans le paragraphe 1, il est dit :
9 "Rendre possible le retour de la population réfugiée dans leur
10 foyer. La population qui rentrera dans leur foyer doit se voir garantir la
11 sécurité complète."
12 Troisième point : "Il faut rendre possible à toute la population
13 de se déplacer sans obstacle et de manière sûre sur tout le territoire. Le
14 délai de l'exécution de cet ordre est le 14 février à midi."
15 Nous n'allons pas lire l'ensemble du texte. Encore une fois, la
16 question reste la même : est-ce que cet ordre a été rédigé conformément
17 aux conclusions de la réunion qui a eu lieu le 13 février 1993 ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
19 M. Nobilo (interprétation). - Le document suivant est D355. Il
20 s'agit là de l'ordre que vous avez rédigé vous-même. Donc cette fois-ci,
21 il ne s'agit pas d'un ordre conjoint rédigé conformément aux conclusions
22 de cette réunion.
23 Il n'est pas facile de voir le début du document mais,
24 visiblement, il s'agit d'un ordre concernant les situations dans la
25 prison. La date est celle du 19 février 1993 et l'ordre est adressé au
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1 commandant de la brigade du HVO Nikola Subic-Zrinjski et le commandant du
2 4ème Bataillon de la police militaire, Pasko Ljubicic.
3 M. Kehoe (interprétation). - Je m'excuse, mais il s'agit là du
4 document D354 et non pas 355.
5 M. Nobilo (interprétation). - Je m'excuse, vous avez raison. Je
6 m'excuse, j'avais l'intention de lire le texte de l'ordre 355.
7 Effectivement, nous allons examiner l'ordre 355.
8 M. le Président. - Nous sommes sur l'ordre rédigé par l'accusé
9 lui-même, c'est cela ?
10 M. Nobilo (interprétation). - J'ai fait une erreur, j'ai regardé
11 le mauvais numéro. Donc ce que j'ai dit tout à l'heure était une erreur.
12 Le document D355 que j'avais l'intention de présenter là, encore une fois,
13 il s'agit d'un ordre conjoint du commandant Hadzihasanovic et du général
14 Blaskic.
15 J'ai fait une erreur tout à l'heure. Donc il s'agit là d'un
16 ordre conjoint en date encore une fois du 13 février 1993 et, dans cet
17 ordre, vous et Hadzihasanovic donniez l'ordre que toutes les personnes
18 arrêtées et détenues soient libérées immédiatement et sans aucune
19 condition et, au plus tard, le 15 février 1993 à midi.
20 Dans le deuxième paragraphe, vous dites que : "Dans la prison ou
21 en détention provisoire, les uniques personnes qui peuvent y rester sont
22 les membres d'unité du camp qui les a arrêtées, s'ils ont violé les règles
23 et la loi".
24 Dans le 3ème paragraphe, vous dites que : "La liberté et la
25 sécurité seront garanties à toutes les personnes relâchées et que ce sont
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1 les états-majors de la défense municipaux qui en seront responsables."
2 Dans le 4ème point, il est dit que c'est l'adjoint du commandant
3 du 3ème Corps d'armée et l'adjoint du commandant de la zone opérationnelle
4 de la Bosnie centrale qui seront responsables pour la mise en oeuvre de
5 cet ordre. Je souhaiterais donc demander si vous avez effectivement émis
6 cet ordre avec Hadzihasanovic.
7 M. Blaskic (interprétation). - Oui, mais je veux souligner
8 également, il faut que je me corrige, étant donné que la réunion n'a pas
9 eu lieu à Busovaca mais à Kakanj dans la base de l'ONU.
10 M. Nobilo (interprétation). - De toute façon, il s'agissait de
11 la base de l'ONU ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Oui, la base de l'ONU à Kakanj,
13 et quant au transport de Kiseljak, c'était de Kiseljak à Kakanj, et non
14 pas de Kiseljak à Busovaca, mais le transport a été organisé de la manière
15 que j'ai déjà décrite.
16 M. Nobilo (interprétation). - Très bien. Et examinons maintenant
17 la pièce à conviction D356. Il s'agit, là encore, d'un document en date du
18 13 février 1993. Le texte a été rédigé à Kakanj, encore une fois, par vous
19 et Hadzihasanovic.
20 Vous demandez que tous les barrages routiers et tous les
21 obstacles soient écartés des lignes de communication à partir du
22 15 février 1993 à midi. Donc c'est le délai de l'exécution de cet ordre.
23 Est-ce qu'il s'agit là encore d'un ordre conjoint ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il s'agit là d'un ordre
25 rédigé par moi-même et par le commandant du 3ème Corps d'armée lors de la
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1 même réunion.
2 M. Nobilo (interprétation). - Dites-nous, le jour suivant, le
3 14 février 1993, vous avez reçu l'information concernant les maisons
4 croates incendiées à Nezirovici, est-ce que vous pouvez nous montrer où
5 cela s'est produit et quel était le problème ?
6 M. le Président. - Une seconde, s'il vous plaît. Poursuivez...
7 M. Blaskic (interprétation). - J'ai reçu l'information
8 concernant les maisons croates incendiées dans le village de Nezirovici
9 sur lequel l'armée de Bosnie-Herzégovine a pris le contrôle le
10 27 janvier 1993. Je souhaite ajouter également que ce genre d'information
11 concernant des maisons incendiées arrivait plusieurs fois. Non pas
12 seulement ce jour-là.
13 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Cependant, ce jour-là, à
14 Nezirovici, ces incendies portaient sur des maisons de qui ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Sur des maisons croates, des
16 maisons de réfugiés croates.
17 M. Nobilo (interprétation). - Ce même jour, le 14 février 1993,
18 vous avez eu une autre réunion dans la base de la Forpronu, cette fois-ci
19 à Vitez. Est-ce que vous pouvez-vous dire qui a assisté à la réunion ?
20 M. Blaskic (interprétation). Ont assisté à la réunion le chef
21 des observateurs européens, M. Thébault. Ensuite, le colonel Bob Stewart.
22 Ensuite, j'ai moi-même assisté à la réunion, puis le commandant du
23 3ème Corps d'armée, Enver. Ensuite, le commandant de la zone opérationnelle
24 de l'Herzégovine du Nord-Ouest du HVO, le colonel Zeljko Siljeg et le
25 sujet de la réunion était le fait que la 305ème Brigade de l'armée de
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1 Bosnie-Herzégovine s'est vue déplacée de Gornji Vakuf à Zenica.
2 M. Nobilo (interprétation). Aidez-nous à comprendre. Est-ce
3 que vous avez été d'accord avec cela ? Est-ce que ce déplacement a
4 effectivement eu lieu par la suite ?
5 M. Blaskic (interprétation). - J'étais d'accord avec cela et ce
6 déplacement a été effectué par la suite.
7 M. Nobilo (interprétation). - Le jour suivant, le 15 février,
8 l'armée de Bosnie-Herzégovine célèbre sa victoire à Gomionica, dans la
9 municipalité de Kiseljak. De quoi s'agissait-il ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Ce jour-là, il y a eu une fête
11 générale à Gomionica, des coups de feu ont été tirés et ils célébraient la
12 victoire à Gornji Vakuf, la victoire de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans
13 le conflit avec le HVO à Gornji Vakuf.
14 M. Nobilo (interprétation). - Vous êtes allé à Vitez, de
15 Kiseljak, et ensuite vous êtes rentré à Kiseljak. Est-ce que tout cela
16 s'est passé de la même manière qu'auparavant ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Ceci a été organisé par la
18 Forpronu exactement de la même manière qu'auparavant. Ce sont eux qui
19 m'ont transporté jusqu'à Vitez et qui m'ont ramené à Kiseljak. Ils m'ont
20 transporté jusqu'à la base à Nova Bila et, ensuite, ils m'ont ramené
21 directement dans la caserne de Kiseljak.
22 M. Nobilo (interprétation). Avez-vous essayé d'apprendre
23 quelque chose concernant la mort de Sehovic et Elezovic ?
24 M. Blaskic (interprétation). - J'ai posé des questions
25 concernant le meurtre de Sehovic et Elezovic et je voulais savoir à quel
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1 stade se trouvait cette enquête.
2 M. Nobilo (interprétation). Des réfugiés de Konjic sont
3 arrivés à un certain moment à Kiseljak. Quelles sont les conséquences que
4 cela a entraîné et quelle est la raison pour laquelle ils sont arrivés à
5 Kiseljak ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Des habitants du village de
7 Pozetva, qui se trouve dans la municipalité Konjic, ont été expulsés par
8 des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Une partie est arrivée à
9 Kiseljak et une autre partie est arrivée à Fojnica. Le village de Pozetva
10 se trouve dans la municipalité Konjic. Donc voici le village. C'est d'ici
11 que les Croates ont été expulsés : une partie vers Fojnica et une partie
12 des Croates sont arrivés à Kiseljak. Ils ont été expulsés par des unités
13 de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
14 M. Nobilo (interprétation). - Leur arrivée a-t-elle fait monter
15 des tensions interethniques à Kiseljak ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Leur arrivée a certainement fait
17 monter les tensions et a rendu plus complexes les rapports entre les
18 Croates et les Musulmans dans la région de la municipalité de Kiseljak. La
19 situation est devenue encore plus difficile à contrôler à cause de cela ?
20 M. Nobilo (interprétation). - Dites-nous s'il s'agissait de la
21 même période au cours de laquelle il fallait protéger les maisons de
22 Musulmans, distinguer ?
23 M. Blaskic (interprétation). Effectivement, il était
24 nécessaire de le faire à ce moment-là.
25 M. Blaskic (interprétation). Le 16 février 1993, il y a eu un
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1 redéploiement des forces sur certaines lignes de front. De quelles lignes
2 s'agissait-il et de quels soldats ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agissait des soldats du
4 1er Corps d'armée du groupe opérationnel de Visoko et la ligne de front se
5 trouvait entre Lisovo Brdo, donc à Kiseljak, en passant par Grabovci.
6 Ensuite, la région qui surplombe le village de Svinjarevo et au-dessus de
7 Gomionica.
8 Voici, c'est cette ligne-là.
9 M. Nobilo (interprétation). - Combien de soldats ont été
10 déployés sur cette nouvelle ligne de front ?
11 M. Blaskic (interprétation). - On a amené et déployé là environ
12 150 soldats appartenant au groupe opérationnel de Visoko.
13 M. Nobilo (interprétation). - Cependant, une partie de ces
14 soldats qui se trouvaient sur les lignes de front de Travnik, qui étaient
15 originaires de Brestovsko et de Bilalovac, sont entrés. Pouvez-vous dire
16 combien de soldats sont entrés ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Il est vrai qu'un certain nombre
18 de soldats de la municipalité de Kiseljak, qui étaient actifs sur les
19 lignes de front de Kiseljak, sont rentrés, environ 150 soldats sont
20 rentrés, mais ils n'étaient pas armés et n'avaient pas d'équipement
21 militaire.
22 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que l'armée de Bosnie-
23 Herzégovine était d'accord pour qu'ils rentrent ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Ceci constituait l'un des sujets
25 de la réunion qui a eu lieu le 14 février 1993, à Vitez, dans la base de
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1 la Forpronu. C'est lors de cette réunion que j'ai obtenu l'accord de
2 l'armée de Bosnie-Herzégovine pour que ces soldats rentrent de Travnik à
3 Kiseljak et les forces de la Forpronu devaient escorter et assurer la
4 sécurité de ces soldats. Mais la condition était qu'ils ne portent pas
5 d'armes ni d'équipement militaire sur eux.
6 M. Nobilo (interprétation). Le jour suivant, il y a eu un
7 incident sérieux avec l'attaque contre la caserne de Kiseljak. Il
8 s'agissait du 17 février. Pouvez-vous nous expliquer de quoi
9 il s'agissait ?
10 M. Blaskic (interprétation). Il s'agissait d'une attaque grave
11 organisée par un groupe de criminels armés. Ce groupe comportait des
12 membres du HVO, des membres de la Division du diable, des membres du HOS.
13 Ils ont désarmé les gardes à l'accueil de la caserne de Kiseljak.
14 Ils ont bloqué le quartier général de Kiseljak, ils ont repris
15 les clefs et ont relâché une partie des détenus. Les détenus, c'était ce
16 groupe d'environ 15 à 20 criminels dont nous avons parlé tout à l'heure.
17 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit que ce groupe de
18 criminels était un groupe multiethnique de criminels qui avaient été
19 arrêtés.
20 M. Blaskic (interprétation). - Oui, leur demande était de
21 libérer ce groupe multiethnique de criminels.
22 M. Nobilo (interprétation). - Le jour suivant, le
23 18 février 1993, vous avez reçu une information de la police civile de
24 Fojnica concernant un certain groupement de forces. De quoi
25 s'agissait-il ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'ai reçu l'information de
2 la police civile de Fojnica selon laquelle de nouvelles forces étaient
3 arrivées à Fojnica, de nouvelles forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine
4 et que ces forces-là allaient de Fojnica vers Pogorelica avec l'intention
5 d'entraîner ces forces-là à Pogorelica pour qu'elles puissent procéder à
6 l'attaque, une nouvelle attaque contre Busovaca. C'est l'information que
7 j'ai reçue.
8 M. Nobilo (interprétation). - A la date du 19 février 1993, vous
9 avez envoyé un nouvel ordre. Il s'agit de l'ordre que j'ai commencé à lire
10 par erreur. Il s'agit de la pièce de la Défense D354. Je voudrais que vous
11 examiniez ce document.
12 (Le témoin s'exécute.)
13 Il s'agit donc d'un document que vous avez rédigé et visiblement
14 envoyé par transmission par paquet, par radio ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
16 M. Nobilo (interprétation). - Le 19 février 1993 à 19 heures 55,
17 vous l'avez adressé au commandant de la brigade de Busovaca ainsi qu'au
18 commandant de la police de Busovaca.
19 Je n'en lirai qu'une phrase : "Faire parvenir un rapport
20 détaillé sur l'irruption des membres de vos unités au sein de la prison
21 militaire de Busovaca le 2 et le 16 février 1993 à 22 heures.
22 A cette occasion, ce groupe a perpétré les actes suivants :
23 entrer par force au sein de la prison militaire sous menace :
24 a) des armes
25 b) sortir par la force des prisonniers de leur cellule, etc.
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1 etc."
2 Je ne donne pas lecture de la totalité du texte.
3 Pouvez-vous nous dire de quoi il s'agissait et quelle a été
4 l'information que vous avez reçue ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agissait de l'entrée par la
6 force d'un détachement d'éclaireurs de la brigade de Nikola Subic-Zrinjski
7 au sein de cette prison. Ils ont attaqué la sécurité de la prison et ils
8 ont sorti de force les détenus qui se trouvaient dans leur cellule comme
9 il est dit dans ce document. Cela s'est produit à deux reprises, le 2 et
10 le 16 février.
11 Ce que j'ai demandé, c'était un rapport plus détaillé me
12 relatant cet événement exceptionnel.
13 M. Nobilo (interprétation). - A la date du 20 février, en dépit
14 de tous les accords et de tous les ordres conjoints, la circulation n'est
15 toujours pas possible entre Busovaca et Kiseljak, elle est toujours
16 impossible même pour les convois humanitaires. Dites-nous quelle a été
17 l'information que vous avez reçue le 20 février.
18 M. Blaskic (interprétation). - Le jour en question, j'ai appris
19 que de nouvelles forces venaient d'être amenées, des forces de l'armée de
20 Bosnie-Herzégovine et qu'elles étaient arrivées à Bilalovac.
21 M. Nobilo (interprétation). - D'après vos souvenirs, Karitas a-
22 t-il essayé de parvenir à Busovaca ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je me souviens que Karitas a
24 essayé d'apporter de la nourriture pour la paroisse de Busovaca. J'ai été
25 informé de cette tentative personnellement. J'ai envoyé également cette
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1 information au commandement de la Forpronu à Kiseljak.
2 M. Nobilo (interprétation). - Le 21 février 1993, de nouveaux
3 postes de contrôle sont mis en place par les membres de l'armée de
4 Bosnie-Herzégovine à Smajlovici, à Bilalovac, à Bukovci. Pouvez-vous nous
5 en dire quelque chose ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit du poste de contrôle en
7 direction de Fojnica. C'est le poste que je suis en train de montrer.
8 C'est Smajlovici.
9 Moi-même et le commandant du 3ème Corps d'armée de
10 Bosnie-Herzégovine, lors de la réunion à Kakanj, avons rédigé un ordre
11 conjoint demandant le démantèlement des barrages ou des postes de contrôle
12 sur les routes. Celui-ci a été installé lorsque des civils venaient d'être
13 chassés de Busovaca à Kiseljak et ces civils avaient tenté de passer par
14 la route principale de Kiseljak à Fojnica, en passant par Besici
15 Ils ont essayé de parvenir à Busovaca. Ils ont été empêchés de
16 le faire à ce barrage établi à Smajlovici alors que Oseliste, Bukovica, le
17 poste de contrôle à cet endroit-là suscitait une inquiétude particulière
18 pour nous parce qu'il a été établi suite à la signature de cet ordre.
19 Au poste de contrôle de Bukovica se trouvait un canon antiaérien
20 de 20 millimètres. Jusqu'à ce moment, c'était très rare que des canons
21 antiaériens gardent des postes de contrôle.
22 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez repris votre place, mais
23 je souhaiterais que vous vous releviez pour dire à la Chambre, s'il vous
24 plaît, à partir du mois de janvier, où se trouvaient les lignes de front
25 entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO ? Pouvez-vous nous montrer
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1 quels sont les drapeaux qui marquent cette ligne de front ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Je peux le montrer de manière
3 beaucoup plus précise sur la carte.
4 M. Nobilo (interprétation). - D'abord, sur la carte, s'il vous
5 plaît, puis, nous reviendrons sur la maquette.
6 M. Blaskic (interprétation). - A partir du mois de janvier, la
7 ligne de front à Busovaca était la suivante... Je suis en train de montrer
8 la ville même de Busovaca. Au nord se trouve le site de Kuber, la cote 9-
9 5-7, cote de Saracivica.
10 Maintenant, je montre le village de Putis, puis Katici, en
11 passant par Bobovisce à Mejdani, Solakovici, ou plutôt Kula, Bilalice,
12 Donje Polje, Prosje, Modri Kamen, Pridolci, Luske Staje, Busovacke Staje,
13 Rog, Kovacevac, Rovna, Donja Rovna. La ligne de front avec les forces qui
14 étaient déployées sur la municipalité de Kiseljak... Je suis en train de
15 montrer la ville de Kiseljak. Cette ligne de front était la suivante :
16 elle allait de Pobrde par Demici, Dugo Polje, Medovici, Dundjeri, le
17 village de Badnje, je vais le montrer sur la maquette.
18 Nous voyons Busovaca ici, les forces déployées à Kuber,
19 Saracevica, la cote 957, le village de Katici, puis Kula, Milavice,
20 Prosje, Modri Kamen, Pridolci, Luske Staje ne figurent pas sur cette
21 maquette, non plus. Busovacke Staje, non plus, le site Rog, puis plus
22 loin, Donja Rovna.
23 M. Nobilo (interprétation). - S'il vous plaît, pour ce que soit
24 consigné au procès-verbal, les drapeaux verts indiquent les lignes de
25 front de l'armée de Bosnie-Herzégovine et, en face, les drapeaux bleus
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1 indiquent les forces du HVO. Est-ce exact ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Sur le territoire de la
3 municipalité de Kiseljak, nous avons donc la ligne de front à Pobrde,
4 Demici, Dugo Polje, Dundjeri, Badnje, tandis que la zone de la communauté
5 locale de Kacuni, jusqu'à Bilalovac, est-ce que on pourrait prendre une
6 feuille ?
7 M. Nobilo (interprétation). - Oui.
8 M. Blaskic (interprétation). - Cette zone était une zone où il
9 n'y avait pas de Croates, quelques vieillards sont restés, des familles
10 Grubesic, Stapici, Ljoljo, ont été tuées.
11 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous dites sans Croate, vous
12 voulez dire que les Croates n'y vivaient pas ou qu'ils avaient été
13 nettoyés de là ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Dans cette zone, les Croates ont
15 été chassés. Il s'agit de la zone de Dusina, de Lasva et de Visnjica, de
16 la municipalité de Zenica, où les Croates ont également été victimes de
17 nettoyage ethnique.
18 M. Nobilo (interprétation). - Puisque nous évoquons le nettoyage
19 ethnique, il faut dire que la Commission conjointe...
20 (M. Nobilo s'interrompt).
21 Ainsi donc, la Commission conjointe pour Busovaca, la Commission
22 conjointe du HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine a parcouru la majeure
23 partie de cette zone. Elle a pu établir de manière conjointe combien il y
24 a eu de victimes croates, quels ont été les dommages sur les biens
25 croates. Pouvez-vous communiquer à la Chambre les chiffres obtenus par
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1 cette Commission conjointe ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Il ne s'agit pas de chiffres
3 définitifs. Il s'agit de données qui nous ont été communiquées par la
4 Commission conjointe lors de la réunion qui s'est tenue le
5 21 février 1993. L'ensemble de ces chiffres...
6 M. Kehoe (interprétation) - Excusez-moi, s'il y a des chiffres
7 qui ressortent des documents, des chiffres obtenus par la Commission
8 conjointe, j'aimerais que la défense nous permette de consulter ces
9 documents.
10 M. Nobilo (interprétation). Monsieur le Président, nous ne
11 disposons pas de ce document, nous ne l'avons pas. La seule chose que nous
12 ayons, ce sont les notes personnelles de M. Blaskic et ses souvenirs. Nous
13 n'avons pas de document.
14 M. le Président. - Maître Kehoe, je partage l'avis de Me Nobilo.
15 Le témoin vous dit un certain nombre de chiffres, ou bien le témoin dit si
16 ce sont des chiffres qui lui ont été donnés officiellement, ou bien ce
17 sont des chiffres qu'il avait évalués lui.
18 Ces chiffres proviennent d'où ?
19 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, il ne
20 s'agit pas de mes estimations personnelles. Il s'agit de chiffres établis
21 par la Commission conjointe, constituée de membres de l'ECMM et présidée
22 par le chef de la mission européenne pour la région de Zenica. La réunion
23 où j'ai entendu, par la Commission conjointe, énoncer ces chiffres était
24 une réunion qui a été convoquée par l'ECMM et présidée également par eux
25 et des officiers de la Forpronu étaient présents.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Pour tirer cela au clair, vous
2 avez entendu prononcer oralement ces chiffres lors de cette réunion ?
3 M. Blaskic (interprétation). Oui, il s'agit de données qui
4 nous ont été communiquées de la part de la Commission conjointe. Et moi-
5 même et Enver, avec MM. Fleming et Stewart, nous nous sommes prononcés là-
6 dessus et nous avons approuvé le rapport de la Commission conjointe.
7 M. Nobilo (interprétation). - Mais il s'agit d'un rapport oral ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Tout à fait. Nous n'avons pas
9 reçu un document écrit de la part de la Commission conjointe. L'ECMM a
10 probablement établi ce document pour ses propres besoins.
11 M. Nobilo (interprétation). - Autrement dit, quels sont vos
12 souvenirs concernant ce qu'a pu établir la Commission conjointe ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, 548 familles en tout ont
14 été expulsées. Il s'agit de familles croates et il s'agit de
15 2 101 personnes en tout. Elles ont été chassées des villages de Oseliste,
16 51 familles ou 273 personnes ; de Bukovci, 28 familles ou 103 personnes ;
17 du village de Gusti Grab, 57 familles ou 285 personnes ; du village de
18 Prosje, 6 familles ou 26 individus ; du village de Milavice, 4 familles ou
19 20 personnes ; du village de Gornji Solakovic, 18 familles, ce qui
20 représente 85 personnes ; du village de Nezorovici, 45 familles ou
21 131 personnes , village de Kacuni, 53 familles ou 203 personnes.
22 Dans la municipalité de Kiseljak, 240 familles ; de la
23 communauté locale de Bilalovac, 800 personnes ; de la municipalité de
24 Zenica, 46 familles, 175 personnes ; des villages de Dusina, 12 familles
25 ou 45 personnes ; le village de Visnjica, 20 familles ou 80 personnes , le
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1 village de Lasva, 14 familles ou 50 personnes.
2 Voilà, c'était le rapport de la Commission conjointe du
3 3ème Corps du HVO et de l'ECMM.
4 M. Nobilo (interprétation). - Lors de cette réunion, avez-vous
5 pu constater que tous les détenus avaient été relâchés ? Est-ce que cela a
6 été constaté ? Si vous vous en souvenez, sinon ce n'est pas...
7 M. Blaskic (interprétation). Non, je ne me souviens pas si
8 nous l'avions constaté à ce moment.
9 M. Nobilo (interprétation). - Très bien, nous allons passer à la
10 date du 23 février ? L'armée de Bosnie-Herzégovine a fait parvenir à
11 Gomionica des éléments de construction en béton. Pouvez-vous nous en
12 parler un peu plus en détail ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il s'agit de constructions
14 en série qui avait déjà été utilisées par l'ex-JNA. Il s'agit de bunkers
15 en béton armé consistant en éléments préfabriqués et qui peuvent être
16 transportés et donc installés à diverses endroits où ils sont utilisés
17 comme éléments de fortification pour des opérations de combat et pour la
18 protection.
19 Il s'agit de bunkers classiques qui offrent un très haut niveau
20 de protection et qui sont extrêmement appropriés pour des opérations de
21 combat.
22 M. Nobilo (interprétation). - La route de Kiseljak Busovaca, au
23 40ème jour de sa fermeture, est-elle praticable ?
24 M. Blaskic (interprétation). Non, cette route n'est toujours
25 pas débloquée, elle est toujours fermée aux membres du HVO et aux Croates.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Le 25 février 1992, vous vous
2 rendez de nouveau à la base des Nations Unies , le 25 février 1993. Vous
3 êtes encore une fois convoqué à une réunion à la base de la Forpronu à
4 Nova Bila.
5 M. Blaskic (interprétation). - Non, il s'agit d'une réunion à
6 Kiseljak, au sein du commandement de la Forpronu. J'ai été convoqué à
7 cette réunion, elle était présidée par le général de brigade Cordy
8 Simpson. Y ont participé : le général Prado, il me semble qu'il venait du
9 bataillon espagnol de l'ONU, également le général Milovoj Petkovic, le
10 chef d'état-major principal du HVO, moi-même. L'ordre du jour de cette
11 réunion était l'approvisionnement en aide humanitaire par parachutes. Il
12 s'agit d'une mission qui était esquissée à l'époque. Il s'agissait de
13 savoir quelles seraient les obligations du HVO, eu égard à cette mission
14 humanitaire.
15 A un moment de cette réunion, M. Simpson a voulu savoir pour
16 quelle raison la route Busovaca-Kiseljak demeurait fermée. Il a adressé sa
17 question au général de brigade Petkovic, qui lui a répondu, en disant que
18 ce serait bien qu'ils s'en entretiennent avec Halilovic. En fait, il
19 pensait à Sefer Halilovic qui était à la tête de l'état-major suprême de
20 l'armée de Bosnie-Herzégovine.
21 Alors Petkovic a repris la parole et a dit que Busovaca était
22 isolée depuis 32 jours et qu'elle ne pouvait pas recevoir l'aide
23 humanitaire tandis que des convois de l'armée de Bosnie-Herzégovine,
24 destinés aux Musulmans bosniens continuaient à traverser le territoire de
25 Busovaca et ce en étant acheminés vers Zenica et Tuzla.
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1 Petkovic a insisté sur le fait que la population de Busovaca
2 manquait de vivres, alors qu'elle était obligée de laisser passer d'autres
3 convois. A cela, Simpson a répondu au général de brigade Petkovic en
4 disant que ce serait bien que le général de brigade Petkovic s'adresse aux
5 représentants de HCR qui réunissent l'aide humanitaire.
6 M. Nobilo (interprétation). - Puisque nous venons de mentionner
7 le général de brigade, M. Petkovic, il participe à de nombreuses réunions
8 avec vous. Comment peut-il y parvenir ?
9 M. Blaskic (interprétation). - C'est uniquement grâce à l'aide
10 des Nations Unies. Pour ce qui est de cette occasion, en particulier, je
11 sais que le bataillon espagnol a mis à sa disposition ces deux véhicules
12 blindés. C'est donc dans ces véhicules que le général de brigade Petkovic
13 a pu atteindre Kiseljak.
14 M. Nobilo (interprétation). - Le 27 février 1993, les Musulmans
15 interdisent aux Croates de rentrer dans un certain nombre de villages.
16 Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
17 M. Blaskic (interprétation). Oui, il s'agit des villages qui
18 se trouvent dans la communauté locale de Kiseljak, communauté locale de
19 Lepenica. Il en a été question un peu plus au moment où l'on a parlé du
20 conflit de Duhri.
21 Je suis en train de montrer le village de Bukovica, le village
22 de Zabrde. C'est à Bukovica qu'un poste de contrôle a été installé et que
23 l'on a interdit l'entrée aux Croates. Ils n'avaient pas le droit d'entrer
24 dans les villages de Zabrde, Bukovica, Kostan et ainsi de suite.
25 M. Nobilo (interprétation). Merci. Le jour en question, il y a
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1 eu un entretien avec le représentant du HVO de Kiseljak chargé des
2 informations. Pouvez-vous nous dire quel a été l'objet de cet entretien ?
3 M. Nobilo (interprétation). - J'ai demandé qu'un représentant du
4 HVO s'entretienne
5 Il y a eu quelques problèmes de traduction, semble-t-il ? Donc,
6 vous avez pris contact avec l'officier chargé de l'information au sein du
7 HVO ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
9 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire ce que vous
10 avez cherché à obtenir ?
11 M. Blaskic (interprétation). J'ai donné une instruction à cet
12 officier chargé de l'information. Je lui ai dit de prendre contact avec
13 les autorités civiles de la municipalité de Kiseljak afin de trouver un
14 moyen d'obtenir un créneau où les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine
15 du territoire de la municipalité de Kiseljak pourraient s'adresser, via la
16 station radio locale, à la population musulmane bosnienne de la
17 municipalité de Kiseljak.
18 Et ceci parce que les tensions continuaient à s'aggraver dans la
19 municipalité de Kiseljak et mon objectif était justement de calmer les
20 tensions dans cette zone.
21 M. Nobilo (interprétation). - Le jour en question à 10 heures et
22 ce avec l'ECMM et avec Merdan, vous vous êtes entretenus et vous avez
23 appris qu'il y a eu des incendies de maisons ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Oui, le 28 février 1993, j'ai eu
25 une réunion à 10 heures et Merdan a dit que la route Busovaca-Kiseljak sur
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1 la portion Kacuni-Bilalovac était bloquée. Il a dit qu'ils avaient vu, en
2 se rendant à la réunion, qu'il y a eu des maisons croates de Bilalovac et
3 de Kacuni qui étaient incendiées.
4 Dzemo a souligné, lors de cette réunion, que des barrages de
5 caractère politique étaient mis en place et que ces barrages étaient la
6 conséquence de toute une série de décisions politiques du gouvernement de
7 la communauté croate d'Herceg-Bosnie ainsi que du gouvernement de la
8 République de Bosnie-Herzégovine et qu'il s'agit de décisions qui se
9 contredisaient.
10 Monsieur Nakic a dit, lors de cette réunion, que des barrages
11 avaient également été installés à Vitez et, quant à Novi Travnik, une
12 réunion n'a pas pu se tenir, une réunion de la Commission conjointe et de
13 la commission locale de Novi Travnik, donc réunissant les représentants de
14 l'armée de Bosnie-Herzégovine et du HVO, et que la raison pour laquelle
15 que ceci n'a pas pu avoir lieu, c'est que les représentants de l'armée de
16 Bosnie-Herzégovine n'ont pas voulu se rendre à cette réunion en dépit
17 d'une invitation que Dzemo Merdan leur a lancée, en fait, une convocation
18 qui leur a été adressée par Dzemo Merdan.
19 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, vous avez été informé
20 de la libération d'un criminel notoire de Vitez qui a été libéré grâce à
21 un recours à la force, n'est-ce pas ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'ai appris que
23 Ferad Gazibaric Gucanin a été libéré de la prison militaire régionale de
24 Busovaca, j'ai appris que le poste de police a été attaqué, que par la
25 suite, le commandement de la police militaire a été attaqué ainsi que la
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1 prison militaire régionale également.
2 M. Nobilo (interprétation). - Nous sommes parvenus à la fin du
3 mois de février. Avant de passer au mois de mars, je propose que nous
4 suspendions nos travaux.
5 M. le Président. - Nous allons suspendre. Je vous rappelle que
6 désormais, les mercredis, nous commencerons à 13 heures 30. Cela ne
7 changera pas la durée globale de notre séquence puisque nous terminerons à
8 17 heures 30.
9 L'audience est levée, elle reprend demain à 13 heures 30.
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11 L'audience est levée à 17 heures 30.
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