Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 Jeudi 08 avril 1999

4 L'audience est ouverte à 10 heures 10.

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13 Pages 18953 – 19072 expurgées en audience à huis clos

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22 L'audience est suspendue. Elle reprendra à 17 heures.

23 (L'audience, suspendue à 16 heures 30, est reprise à 17 heures).

24 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

25 M. le Président. - L'audience est reprise, veuillez vous

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1 asseoir.

2 Maître Nobilo, c'est à vous pour trente minutes environ.

3 M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Si

4 je me rappelle bien, à la dernière audience, c'est-à-dire hier en fin

5 d'après-midi, nous nous en étions arrêtés à la date du 8 janvier. Vous

6 étiez en Herzégovine, rentré d'Autriche.

7 Je vous prierai de bien vouloir continuer et nous raconter la

8 suite des événements.

9 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs

10 les Juges, le 8 janvier je suis rentré après avoir été appelé par le

11 ministre de la Défense du HVO. Je me suis rendu à une réunion avec le chef

12 de l'état-major principal du HVO. Dans le bureau de cet officier, j'ai vu

13 le chef du groupe opérationnel n° 2 de Kiseljak, M. Ivica Rajic, à qui

14 j'ai demandé ce qu'il faisait dans le bureau du chef d'état-major

15 principal. Je pensais que j'aurais dû être informé de toute visite qu'il

16 était susceptible de rendre au chef d'état-major principal du HVO.

17 Quand il m'a répondu que lui aussi était venu sur convocation,

18 j'en ai déduit que c'était un signe de visites fréquentes et j'ai continué

19 à parler avec le chef d'état-major principal. Nous avons surtout parlé de

20 la situation dans l'enclave de la Lasva et de l'offensive de l'armée de

21 Bosnie-Herzégovine qui avait commencé aux alentours du 8 janvier et s'est

22 poursuivie au cours des jours suivants.

23 Dans la soirée déjà, j'ai essayé de rentrer à bord d'un

24 hélicoptère pour rejoindre l'enclave de la Lasva mais nous ne sommes pas

25 arrivés à décoller ce soir-là car le temps était mauvais. Et lors d'une

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1 autre tentative, nous avons été obligés de retourner après avoir couvert

2 la moitié du chemin car des avions nous ont contraints à le faire, des

3 avions de l'OTAN.

4 M. Nobilo (interprétation). - Dites-moi, Général, est-ce que

5 vous étiez présent au

6 moment où Ivica Rajic a rencontré le chef d'état-major principal du HVO ?

7 Est-ce que quelqu'un vous a invité à participer à cette rencontre, à cet

8 entretien, pensant que vous deviez être présent ?

9 M. Blaskic (interprétation). – J'attendais devant le bureau du

10 chef d'état-major. Je me trouvais là avec sa secrétaire, mais je n'ai pas

11 assisté à la rencontre d'Ivica Rajic avec le chef d'état-major principal.

12 Quand je suis entré dans le bureau, j'ai été surpris d'y trouver

13 Ivica Rajic. J'ai été surpris qu'il ait été reçu par le chef d'état-major

14 principal, alors que moi j'attendais devant le bureau. C'est la raison

15 d'ailleurs pour laquelle je lui ai demandé ce qu'il faisait là car cela

16 m'étonnait de ne pas avoir eu la moindre idée de cette rencontre entre lui

17 et le chef d'état-major principal, à l'avance.

18 M. Nobilo (interprétation). - Que signifie ce fait ? Veuillez-

19 nous le dire ? Ce fait que vous n'ayez pas été prié d'assister à une

20 rencontre entre le chef du groupe opérationnel n° 2 de Kiseljak et le chef

21 d'état-major ? Et que vous ayez attendu devant la porte de son bureau dans

22 l'isolement ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Je savais déjà qu'un nouveau

24 poste de commandement avancé du HVO avait été créé à Kiseljak. Mais le

25 fait que j'ai dû attendre devant la porte m'a montré qu'il y avait un

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1 traitement différent qui m'était réservé, à moi, et à celui qui,

2 officiellement, était mon subordonné, à savoir M. Ivica Rajic.

3 M. Nobilo (interprétation). – Le 9 janvier, avez-vous eu

4 d'autres conversations, d'autres entretiens avec le chef d'état-major

5 principal ?

6 M. Blaskic (interprétation). – Non, je n'en ai eu aucun, mais

7 j'ai passé tout le temps à attendre qu'une possibilité se fasse de

8 décoller. C'est-à-dire que nous avons surtout suivi la situation

9 météorologique et étudié les possibilités de prendre l'hélicoptère pour

10 nous rendre dans l'enclave de la Lasva. C'est de cette façon que nous

11 avons passé notre temps jusqu'au 13 janvier, date à laquelle nous sommes

12 tout de même parvenus à effectuer ce vol pour

13 rejoindre la vallée de la Lasva.

14 M. Nobilo (interprétation). - Dans cette période que vous avez

15 passée au quartier général principal en Herzégovine, a-t-il été question

16 de Darko Kraljevic, de sa sortie de l'enclave de la Lasva, d'une

17 réorganisation des Vitezovi ?

18 M. Blaskic (interprétation). - J'ai dit que le chef d'état-major

19 principal m'avait dit qu'il avait reçu du ministère de la Défense, sur la

20 base de mes demandes, l'autorisation nécessaire. Je pouvais donc procéder

21 à la réorganisation de l'unité spéciale de type A, c'est-à-dire de l'unité

22 des Vitezovi. Je pouvais agir de même à l'égard du bataillon d'assaut

23 léger pour verser ces hommes dans une unité de la garde.

24 Le chef d'état-major principal m'a dit aussi que c'est lui qui

25 allait procéder, qui allait agir pour ramener Darko Kraljevic hors de ce

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1 territoire, hors de la zone et le transférer en Herzégovine.

2 M. Nobilo (interprétation). - Vous a-t-il dit de quelle façon il

3 allait le ramener en Herzégovine ? Vous a-t-il fait part de sa théorie à

4 ce sujet ?

5 M. Blaskic (interprétation). – Oui, il existe même un document à

6 ce sujet. Monsieur Darko Kraljevic, sur la base de l'autorisation du

7 ministre de la Défense, devait être emmené dans un endroit où il devait

8 suivre un traitement médical et des examens médicaux, après quoi, il

9 devait suivre un entraînement de pilote d'hélicoptères.

10 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi fallait-il sortir

11 Darko Kraljevic de l'enclave de la Lasva ? Pourquoi cela était-il

12 important dans cette situation particulière ?

13 Pourquoi devait-il être entraîné en tant que pilote

14 d'hélicoptère ? Est-ce que ce n'était pas possible simplement de lui

15 donner l'ordre de démanteler les Vitezovi ?

16 M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà dit que Darko était un personnage

17 local qui avait toujours une unité sous ses ordres qui était

18 exceptionnellement forte, je parle des Vitezovi. Il était également

19 adjoint du chef du service central de sécurité. Il avait donc un pouvoir

20 exceptionnellement important. A mon avis, son pouvoir surpassait, y

21 compris le pouvoir qui lui avait été octroyé dans le cadre des unités du

22 HVO existantes et de la communauté croate d'Herceg-Bosna.

23 Donc je suis certain que cette idée de créer des brigades de la

24 garde aurait été rendue plus difficile, sinon empêchée, si Darko Kraljevic

25 était resté à l'endroit où il se trouvait.

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1 M. Nobilo (interprétation). - Avant de vous écouter nous parler

2 de votre retour et des actions que vous avez entreprises après votre

3 retour, je prierai qu'on vous remette le document de la défense, pièce à

4 conviction de la défense D391.

5 (L'huissier s'exécute).

6 M. Nobilo (interprétation). – Je vais essayer de donner lecture

7 de cet ordre même si, en version croate originale, c'est un texte assez

8 peu lisible. Il s'agit donc de la pièce à conviction de la défense D391.

9 Ce document est un ordre émanant de vous, rédigé le 8 janvier 1994,

10 adressé à un certain nombre d'unités. Nous n'allons pas lire tous les noms

11 de ces unités. Et l'objet est un ordre précédent de l'état-major principal

12 et votre ordre du premier décembre 1993 dans lequel vous donniez des

13 instructions quant au traitement à réserver aux prisonniers de guerre.

14 Cet ordre se lit comme suit : "Toutes les personnes qui portent

15 visiblement un signe d'appartenance à une formation ennemie et des armes à

16 feu et tous les prisonniers doivent être traités dans le cadre des

17 conventions de Genève et selon les lois internationales de la guerre dans

18 le respect des prisonniers de guerre.

19 2.- Les prisonniers doivent être emmenés dans la prison de

20 district de Busovaca et le district militaire de Vitez doit être informé

21 immédiatement par téléphone au numéro 714 740.

22 3.- Les enquêtes relatives aux prisonniers ne peuvent être

23 réalisées que par le bureau du Tribunal de district militaire de Vitez.

24 4.- Tout autre poursuite doit être traitée par le Procureur

25 militaire de district du district de Vitez.

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1 5.- Cet ordre prend effet immédiatement, les commandants de

2 brigades et d'unités indépendantes, le chef du ObO ZP de Vitez,

3 l'assistant du SIS ZP de Vitez et le directeur de la prison de district de

4 Busovaca sont personnellement responsables devant vous pour l'exécution de

5 cet ordre."

6 A cette date, vous étiez encore en Herzégovine ?

7 M. Blaskic (interprétation). – Oui.

8 M. Nobilo (interprétation). – Pouvez-vous nous donner des

9 détails quant à la façon dont cet ordre a été élaboré et aux motifs qui

10 l'ont provoqué ?

11 M. Blaskic (interprétation). – Cet ordre est le résultat de

12 l'ordre reçu de l'état-major principal du HVO. Il s'agit du traitement des

13 prisonniers de guerre et y sont définies les compétences eu égard aux

14 prisonniers de guerre aux mains du Tribunal militaire de district, et ceux

15 également faits prisonniers dans la région militaire de Vitez.

16 Moi, j'étais encore en Herzégovine et je pense que cet ordre a

17 été signé par mon adjoint.

18 M. Nobilo (interprétation). – Le 13 janvier, vous retournez dans

19 la vallée de la Lasva, dans l'enclave de la Lasva. Pouvez-vous nous parler

20 de vos activités par la suite ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Je suis rentré en soirée et j'ai

22 immédiatement été informé plus en détail des événements survenus dans la

23 vallée de la Lasva qui, à ce moment-là, était coupée en deux. Les forces

24 de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans le secteur de Buhine Kuce

25 contrôlaient aussi la route principale et avaient occupé des positions

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1 situées au sud de cette route principale. Donc dans cette période, nous

2 avons été dans le secteur de Buhine Kuce placés dans une situation où, en

3 fait, il existait deux enclaves.

4 M. Nobilo (interprétation). – Pouvez-vous, grâce au bâton à côté

5 de vous, montrer

6 où se trouve Buhine Kuce et où l'enclave a été coupée en deux ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je peux le faire,

8 Monsieur le Président. D'abord sur la carte ou d'abord sur la maquette ?

9 M. le Président. – Nous préférons d'abord sur la carte, car nous

10 avons une vue plus macroscopique et, ensuite, sur la maquette. Merci.

11 (Le témoin s'exécute).

12 M. Blaskic (interprétation). - Je suis en train de montrer

13 l'emplacement de Vitez et, ici, se trouve la route principale qui mène de

14 Vitez dans la direction de Busovaca. La route a été coupée à cet endroit-

15 ci, au lieudit Buhine Kuce, au sud de Santici qui est inscrit sur la

16 carte. C'est là que se trouvait cette rangée de maisons, le long de la

17 route. Les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine se trouvaient dans

18 cette rangée de maisons, au sud de la route de sorte que, dans cette

19 situation, au niveau de ce territoire très étroit, il n'y a plus que 200 à

20 255 mètres entre les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine, au sud, et

21 les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine, au nord.

22 (Le témoin était près de la carte. Il se rend à la maquette.)

23 Je peux vous montrer la même situation sur la maquette : ici,

24 Vitez, ici, la route principale Vitez-Busovaka ; Buhine Kuce se trouve

25 ici. Donc la ligne de front, à ce moment-là, incluait Buhine Kuce : c'est

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1 à cet endroit que l'enclave était coupée.

2 Seule la position de Crveno Brdce était encore tenue par les

3 forces du HVO, ce qui rendait impossible d'établir la jonction entre les

4 troupes de l'armée de Bosnie-Herzégovine de Buhine Kuce et les troupes de

5 l'armée de Bosnie-Herzégovine de Kruscica pour absolument diviser

6 l'enclave en deux.

7 M. Nobilo (interprétation). - En dehors de cette situation

8 militaire assez peu satisfaisante, quelles sont les mesures que vous avez

9 faites pour modifier la structure, l'organisation des unités et rendre

10 davantage possible le commandement et le contrôle dans

11 l'enclave de la Lasva ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Ce jour-là, puisque j'avais reçu

13 l'autorisation du chef d'état-major principal, le 14 janvier 1993 déjà,

14 j'ai créé une équipe restreinte parmi mes collaborateurs à qui j'ai exposé

15 les grandes lignes de mon plan.

16 M. le Président. – Nous sommes en 1994, là ?

17 M. Nobilo (interprétation). – Oui, c'est exact, mais c'est sans

18 doute une petite erreur : il s'agit du mois de janvier 1994. Je demanderai

19 donc que la correction soit apportée au compte rendu en anglais.

20 Poursuivez.

21 M. le Président. – Poursuivez.

22 M. Blaskic (interprétation). – Merci, Monsieur le Président.

23 J'ai donc constitué une équipe parmi mes collaborateurs pour travailler à

24 ces nouvelles structures et je leur ai dicté les thèses qui étaient les

25 miennes eu égard à la création d'une brigade de la garde et à l'ordre de

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1 le faire.

2 J'ai également donné à mes hommes les grandes lignes du plan qui

3 était le mien, eu égard à la structure de cette unité qui serait placée

4 sous mes ordres directs, dans le cadre de mon commandement de la zone

5 opérationnelle de Bosnie centrale. Le 15 janvier 1994 déjà, cette équipe

6 de collaborateurs a travaillé en vue de créer rapidement la brigade de la

7 garde dans l'enclave de la Lasva.

8 M. Nobilo (interprétation). - L'équipe d'hommes qui a créé

9 l'unité de la garde, qu'a-t-elle fait eu égard aux anciens Jockeri et aux

10 Vitezovi, les anciens Jockeri étant un bataillon d'assaut léger ?

11 M. Blaskic (interprétation). - Vis-à-vis de ces unités, nous

12 avons dû agir précautionneusement : nous avons donc d'abord, de façon très

13 sélective, vérifié qui parmi les membres de ces unités souhaitait entrer

14 dans l'unité de la garde et qui remplissait les conditions pour ce faire.

15 Après quoi, nous avons dirigé ces membres de l'unité des Vitezovi et du

16 bataillon d'assaut léger vers les bureaux du ministère de la Défense de

17 leur lieu d'origine et ces bureaux du ministère de la Défense leur ont

18 remis leur affectation de guerre.

19 Ces membres de ces deux unités ont ensuite participé à un

20 concours pour entrer dans la brigade de la garde. Autrement dit, aucun de

21 ces hommes ne pouvait entrer dans l'unité de la garde s'il n'avait pas

22 satisfait aux critères imposés pour ce faire.

23 M. Nobilo (interprétation). - Cela signifie-t-il qu'aux

24 alentours du 15 janvier 1994 le bataillon d'assaut léger et les Vitezovi

25 cessent d'exister officiellement en tant qu'unités militaires ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est deux unités cessent

2 d'exister officiellement et la nouvelle unité créée est une brigade de la

3 garde.

4 M. Nobilo (interprétation). - Sommes-nous autorisés à dire qu'à

5 partir du 15 janvier 1994 il existe, pour la première fois, un

6 commandement unifié dans la vallée de la Lasva et que, pour la première

7 fois, toutes les unités vous sont directement subordonnées ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

9 M. Nobilo (interprétation). - Je vous prie de poursuivre.

10 M. Blaskic (interprétation). - Ma deuxième préoccupation avait

11 trait à la situation militaire dans l'enclave de la Lasva. A partir du 14

12 déjà, j'éprouvais de très grandes inquiétudes eu égard à cette situation,

13 car je me rendais compte que, dans les positions occupées à ce moment-là,

14 l'armée de Bosnie-Herzégovine ne pouvait pas se maintenir, et que donc

15 elle devait soit battre en retraite, soit poursuivre plus loin dans la

16 direction de Kruscica parce que le terrain était tel qu'il était

17 impossible dans ces positions qu'elle se maintienne à long terme. Par

18 ailleurs, nous n'avions plus aucune possibilité d'utiliser les routes

19 secondaires.

20 Il était encore possible de se diriger vers Busovaca, mais le

21 risque était très important. Donc, avec mes collaborateurs, j'ai travaillé

22 à l'élaboration d'un plan d'action militaire destiné à désenclaver cette

23 position et à repousser l'armée de Bosnie-Herzégovine sur

24 ses anciennes positions.

25 A partir du 14 et dans les jours qui ont suivi, nous avons pour

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1 l'essentiel préparé l'action dans ce plan. Nous avons effectué les travaux

2 de reconnaissance et nous avons repoussé des attaques sur d'autres

3 secteurs du front, attaques qui étaient lancées par l'armée de Bosnie-

4 Herzégovine.

5 Le 17, en vue de cette action visant Buhine Kuce, j'ai élaboré

6 un commandement de reconnaissance, au sens militaire du terme. C'était une

7 opération assez semblable à celle de Grbavica, c'est-à-dire que nous avons

8 créé des groupes spéciaux, des équipes spéciales. Nous avons déterminé qui

9 seraient nos associés directs, dans la reconnaissance qu'il était

10 nécessaire d'effectuer dans toutes les directions. Nous avons défini les

11 limites de l'opération, en termes de zones habitées, de maisons, et nous

12 avons affecté une partie du bataillon à cette tâche. Je crois qu'il y

13 avait aussi un bataillon de la Forpronu, un bataillon de transports

14 néerlando-belge à Santici.

15 La situation était très difficile s'agissant de planifier

16 l'opération militaire, c'était une opération très complexe.

17 Après tous ces préparatifs qui ont duré trois jours, le 19 nous

18 avons entamé l'opération destinée à désenclaver Buhine Kuce. Nous avons

19 également agi dans la direction d'un secteur qui nous permettait -comme

20 secteur de départ- de nous diriger ensuite vers Buhine Kuce.

21 Cette action de déblocage de Buhine Kuce a duré au total

22 six jours. Nous avons travaillé pas à pas, donc assez lentement, avec

23 beaucoup de précautions. Après ces quelques jours, nous avons réussi a

24 désenclaver les troupes qui se trouvaient à cet endroit et cette position.

25 Le 19 janvier, j'ai rencontré également le colonel Williams à

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1 13 heures 30. Lors de cette rencontre, nous avons discuté du nombre de

2 personnes blessées et tuées à Buhine Kuce.

3 Selon les chiffres à ma disposition, je savais que 39 personnes étaient

4 mortes au total et je savais avec certitude que 9 parmi ces 39 étaient des

5 soldats. Quant au reste, il y avait également des civils, même s'il y

6 avait peut-être un ou deux soldats supplémentaires.

7 M. Nobilo (interprétation). - De quelle nationalité étaient ces

8 personnes ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Des Croates, pour l'essentiel.

10 Le colonel Williams, au moment de cette rencontre, m'a également

11 demandé quels étaient les autres problèmes, pourquoi les vivres

12 n'arrivaient pas dans l'enclave de la Lasva.

13 Encore une fois, je l'ai remercié de l'aide qu'il avait apportée

14 pour évacuer les blessés de l'église hôpital et j'ai parlé avec lui

15 d'autres endroits où des hommes avaient été tués en disant que ce problème

16 ne concernait pas uniquement Buhine Kuce, qu'une situation comparable

17 s'était produite à Krizancevo Selo, à Bikose, à Maljine, également dans le

18 village de Miletici, et puis dans des secteurs de Novi Travnik, à

19 Rastovci.

20 Je lui ai dit que ce qui m'inquiétait c'était que la vérité au

21 sujet de ces morts était étouffée parce que très peu de personnes

22 semblaient avoir le courage de la faire connaître, ce qui ne faisait

23 qu'accroître l'amertume vécue par les soldats sur ces positions.

24 M. Nobilo (interprétation). - Vous parlez de morts de soldats à

25 quel endroit ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - Dans l'enclave de la Lasva.

2 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Eh bien, apparemment le

3 temps est écoulé. Nous pouvons peut-être poursuivre demain. Monsieur le

4 Président, je suis sûr que nous terminerons demain.

5 M. le Président. - Demain ! C'était la question que j'allais

6 vous poser. J'aimerais bien que nous terminions demain, si c'était

7 possible.

8 Maître Hayman est aussi sûr que Me Nobilo ?

9 M. Hayman (interprétation). - Non, je n'en suis peut-être pas

10 aussi sûr.

11 M. le Président. - Bien. Je voulais vous proposer,

12 exceptionnellement, de siéger

13 lundi matin et mercredi matin, si cela était possible. Vous y réfléchissez

14 et vous nous le dites demain matin. Vous allez-y réfléchir, si cela ne

15 bouleverse pas trop vos plans. Je ne dis pas qu'on le fera toutes les

16 semaines. Quand on le pourra, on essayera de le faire.

17 Nous avons, avec M. Olivier Fourmy, revu nos calendrier. Nous

18 les revoyons presque chaque jour, nous les modifions presque chaque jour.

19 Compte tenu des calendriers des occupations des autres Juges

20 dans d'autres instances, des perspectives sur les témoins de la Chambre

21 qui, en principe, seront cantonnés sur une journée maximum, mais on ne

22 sais jamais, M. Olivier Fourmy vous fera parvenir le résultat de nos

23 calculs, je dois reconnaître que nous ne sommes pas sûrs de pouvoir

24 terminer avant la fin du mois de juillet. Mais nous allons vous

25 communiquer des résultats là-dessus.

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1 Demain matin également, Monsieur le Greffier, vous donnerez très

2 exactement le nombre de journées, de journées utiles, qui ont été

3 consacrées à l'interrogatoire principal du général Blaskic pour que

4 l'accusation sache combien de temps il lui sera imparti.

5 Les Juges ont posé beaucoup de questions. Donc nous aurons, en

6 principe, un peu moins de questions que si nous avions adopté la méthode

7 que nous adoptons pour les autres témoins.

8 Voilà les communications que je voulais vous faire.

9 Demain matin, vous nous donnerez la réponse s'agissant de

10 l'audience de lundi matin et de mercredi matin.

11 Il va de soi que si lundi matin nous siégions, nous ferons

12 l'horaire 10 heures / 13 heures, 14 heures 30 / 17 heures 30. Si vous

13 préférez en rester à l'horaire habituel, lundi nous commencerons à

14 14 heures.

15 Est-ce que je me suis exprimé clairement ?

16 M. Hayman (interprétation). - Maître Nobilo, Monsieur le

17 Président, vous a compris comme ayant dit que nous allions travailler

18 demain après-midi. Mais je n'ai pas

19 compris la même chose. Alors lequel d'entre nous a raison ?

20 M. le Président. - Eh bien, c'est plutôt vous, Maître Hayman,

21 encore que je ne sais pas ce que vous avez compris. Je répète et je vais

22 essayer d'être clair, avec l'aide des interprètes qui doivent être

23 également fatigués.

24 Demain matin, c'est un vendredi matin normal, c'est-à-dire que

25 nous commençons à 9 heures, nous terminons à 13 heures 30.

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1 Je vous faisais exceptionnellement la proposition, compte tenu

2 du pessimisme qui entoure le calendrier de la fin de nos travaux, lorsque

3 cela paraît possible, à la fois par rapport à l'emploi du temps des Juges

4 et à vos propres emplois du temps, de siéger lundi matin de la semaine

5 prochaine et mercredi matin, aux heures d'une journée normale, c'est-à-

6 dire 10 heures / 13 heures, si vous voulez bien y réfléchir. Où vous nous

7 donnez la réponse tout de suite ou demain matin, simplement afin que le

8 Greffe prenne ses dispositions par rapport au transfert de l'accusé.

9 Vous n'avez qu'à nous donner la réponse demain matin, je ne veux

10 pas du tout bouleverser vos emplois du temps.

11 L'explication étant que nous avons revu le calendrier prévisible

12 de nos activités et que nous sommes pessimistes. Donc quand on peut

13 essayer de gagner un petit peu de temps, nous essayons de le gagner.

14 Voilà, est-ce que c'est clair, Maître Nobilo ? Me suis-je bien

15 fait comprendre ?

16 (Signe affirmatif de Me Nobilo).

17 M. Hayman (interprétation). - Merci.

18 M. le Président. - Donc, demain matin 9 heures.

19 Merci beaucoup aux interprètes et reposez-vous bien.

20 L'audience est levée à 17 heures 40.

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