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1 Le mercredi 22 août 2007
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 20.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour.
6 On nous a dit qu'il y a une question que l'on souhaite soulever avant
7 que nous ne poursuivions.
8 Monsieur Saxon.
9 M. SAXON : [interprétation] Merci, Votre Honneur.
10 Je voudrais informer la Chambre concernant une erreur se rapportant
11 au témoin et que j'ai découverte hier au soir. Au cours de la déposition du
12 témoin, ce dernier a dit qu'il avait eu des entretiens avec un enquêteur du
13 bureau du Procureur, notamment ce tête-à-tête qu'il a mentionné, réunion,
14 entretien au cours duquel il a dit qu'une partie de la déclaration faite au
15 bureau du Procureur en 2004 n'était pas exacte ou ne correspondait pas à la
16 vérité.
17 Suite à la déposition du témoin hier, j'ai donné des instructions par
18 courrier électronique à mon équipe pour qu'elle se mette à la recherche de
19 ce genre d'information. Hier après-midi, l'équipe du Procureur a trouvé des
20 informations confirmant ce qu'a dit le témoin, tout de moins en ce qui
21 concerne ce tête-à-tête qui a eu lieu en février 2007 à Skopje. Ceci a été
22 consigné dans ce qu'on appelle le formulaire réservé aux renseignements
23 concernant le témoin, ce qui, en général, n'est vu que la Section des
24 Victimes et des Témoins et le bureau du Procureur. C'est la raison pour
25 laquelle je n'avais pas communiqué ceci précédemment à la Défense. Et ce
26 qui a été consigné par l'enquêteur dit qu'au cours de cet entretien qu'il a
27 eu en février 2007 avec le témoin en vue de confirmer que ce témoin serait
28 bien un témoin à charge, le témoin a dit à l'enquêteur qu'une grande partie
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1 de ce qui se trouvait dans sa déclaration de 2004 était soit incorrecte
2 soit non conforme à la vérité et il a, en partie, motivé sa déclaration.
3 Lorsque j'ai découvert ces informations hier, celles qui n'ont pas
4 été communiquées à la Défense, je suis allé dans la salle des avocats de la
5 Défense et j'ai fourni exemplaire à Me Residovic; et j'ai aussi veillé à ce
6 que ceci soit communiqué par courrier électronique à Me Tarculovski.
7 C'était une erreur que j'ai personnellement commise. L'enquêteur qui
8 avait consigné ceci avait essayé de me dire par courrier électronique le 2
9 mars 2007, courrier que je n'ai pas lu et je n'étais donc pas au courant et
10 je m'en excuse.
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Saxon.
12 Merci d'avoir informé les conseils de la Défense. Nous sommes toujours en
13 train d'interroger le témoin. Il n'a pas arrêté sa déposition.
14 Y a-t-il d'autres questions ?
15 Maître Mettraux, apparemment c'est le cas.
16 M. METTRAUX : [interprétation] Merci beaucoup. Je tiens simplement à
17 manifester ma gratitude envers M. Saxon, qui nous a fourni cette
18 déclaration dès hier soir. Nous avons envoyé une autre demande à M. Saxon
19 afin qu'il effectue une recherche pour savoir s'il y a peut-être des
20 renseignements analogues qui auraient concerné des témoins déjà entendus ou
21 à entendre.
22 Nous pourrions peut-être évoquer deux sujets à ce stade, si vous
23 voulez bien les considérer. Tout d'abord, il y a la question du retour d'un
24 témoin à charge, M. Hutsch. Quand va-t-il revenir ? Nous avons eu un
25 échange de courrier avec M. Saxon. Apparemment, ce dernier a cherché à
26 obtenir un complément d'information et la Défense aimerait vivement
27 recevoir des instructions et des informations pour savoir quand M. Hutsch
28 et terminer sa déposition. Vous aviez donné des instructions, me semble-t-
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1 il, avant les vacances judiciaires pour dire que ce témoin devrait venir à
2 la dernière quinzaine d'août, mais ça semble assez compromis, si nous avons
3 compris ce que nous a dit le bureau du Procureur.
4 Autre sujet, autre interrogation, peut-être la Chambre pourra-t-elle
5 demander à l'Accusation combien de temps elle entend utiliser pour le reste
6 du témoin à charge. Nous pouvons déjà vous dire que l'Accusation, dis-je, a
7 été très honnête et nous a dit hier qu'il y a un témoin prévu qui ne sera
8 sans doute pas cité.
9 Une dernière chose, il y a un bon nombre de sujets dont nous avons
10 déjà discutés avec l'Accusation, notamment en matière de communication, et
11 nous espérons à ce stade que ceci pourra être réglé directement avec le
12 bureau du Procureur sans passer par la Chambre.
13 Merci.
14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Mettraux.
15 Monsieur Saxon.
16 M. SAXON : [interprétation] Monsieur le Président, avant les vacances
17 judiciaires, par le truchement de la Section des Victimes et des Témoins,
18 l'Accusation a essayé de prendre langue avec M. Hutsch pour savoir s'il
19 serait disponible au cours de la dernière quinzaine d'août. Toujours en
20 passant par la Section des Victimes et des Témoins, nous avons reçu une
21 réponse. Il ne pourrait venir que pour deux jours au cours de cette
22 quinzaine, car il a d'autres engagements professionnels. Il ne peut pas
23 promettre de venir quatre jours, ce qu'on avait attendu de lui. Ceci ne
24 serait possible -- je me reprends, ce que la Section des Victimes et des
25 Témoins a appris, c'est que M. Hutsch ne peut pas s'engager à venir quatre
26 jours. C'est seulement fin octobre qu'il pourrait le faire.
27 Lorsque j'ai appris cela, j'ai parlé avec des membres de la Section
28 des Victimes et des Témoins à qui j'ai demandé de reprendre contact avec M.
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1 Hutsch pour qu'il s'engage à venir le lundi 15 octobre pour rester quatre
2 jours, jusqu'au jeudi 18. Cette Section a envoyé des courriers
3 électroniques, a laissé des messages téléphoniques. Tout ceci est à jour
4 resté sans réponse.
5 Mais je ne pouvais pas promettre qu'il ne viendrait que pour deux
6 jours, parce que je me disais qu'on aurait de mêmes problèmes. En effet, la
7 Défense nous a dit qu'elle avait besoin de trois jours de plus pour le
8 contre-interrogatoire, et je ne voulais pas qu'on se retrouve dans une
9 situation où une fois de plus le contre-interrogatoire serait interrompu.
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] [hors micro] Vous ne savez pas quand
11 il conviendrait que le témoin revienne ?
12 M. SAXON : [interprétation] Je ne saurais vous le confirmer ici même.
13 J'espère qu'il pourra revenir lundi le 15 octobre, mais nous attendons
14 toujours une confirmation.
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Maintenant --
16 M. SAXON : [interprétation] Je réponds aux autres questions, si vous me le
17 permettez.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.
19 M. SAXON : [interprétation] S'agissant de la durée des représentations des
20 moyens à charge. Effectivement, Me Mettraux a raison; nous allons retirer
21 un témoin de plus de la liste prévue. Nous allons vous le dire sous peu par
22 écrit.
23 Compte tenu de l'élimination d'un témoin, si nous avons la même
24 cadence pour ce qui est de la comparution des témoins, en tout cas la
25 cadence qu'il y avait avant les vacances judiciaires, d'après les calculs
26 que j'ai faits, notamment dans les écritures de l'Accusation déposées le 12
27 juillet, il faudrait 11 semaines encore, ce qui fait qu'on terminerait au
28 cours de la première semaine de novembre.
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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Sur quoi vous êtes-vous appuyé -- en
2 tout cas, quel est le temps que vous avez réservé au contre-interrogatoire
3 pour établir ce calcul ?
4 M. SAXON : [interprétation] Je m'en suis tenu à quelque chose de tout à
5 fait restreint, en tout cas, pas très optimiste. C'était les calculs que
6 vous aviez déjà reçus le 12 juillet. Ce qui veut dire que je maintiens ces
7 mêmes prévisions, le même nombre d'heures prévues pour le contre-
8 interrogatoire.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Mais la Chambre de première instance a
10 vu que jusqu'aux vacances judiciaires, au cours des semaines qui ont
11 précédé, nous n'avons pas progressé comme nous l'avions espéré. La cadence
12 ne s'était pas maintenue. Est-ce que vous en avez tenu compte ?
13 M. SAXON : [interprétation] Non, je n'en ai pas tenu compte.
14 Cette semaine, d'après la Défense, on va aller plus vite que prévu.
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce qui me préoccupe tout
16 particulièrement, c'est de voir ce qu'on prévoit pour un témoin la semaine
17 prochaine. On prévoit presque 12 heures de contre-interrogatoire, alors que
18 c'est un témoin, ma foi, assez habituel.
19 M. SAXON : [interprétation] Il y a eu des échanges entre la Défense et
20 l'Accusation tout récemment. L'Accusation a demandé aux avocats de la
21 Défense que ceux-ci lui disent s'ils pensent utiliser moins de temps que
22 prévu pour le contre-interrogatoire, moins que ce qui est prévu par
23 l'Accusation. Tout ce que nous avons reçu de la Défense, en tout cas
24 lorsqu'elle a dit qu'il faudrait moins de temps, c'est pour le témoin
25 actuel.
26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La Chambre s'inquiète de la
27 progression très lente. On en arrive à un point où la Chambre pense à ne
28 plus laisser au conseil le soin de veiller à la bonne économie judiciaire.
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1 Nous en sommes pratiquement arrivés à un stade où il faudra que la Chambre
2 de première instance impose des délais pour veiller à ce que le procès dans
3 sa globalité se termine dans des délais raisonnables.
4 Je le dis haut et clair maintenant. Pourquoi ? Parce qu'au cours des deux
5 semaines à venir, si les choses ne changent pas clairement, si, dans les
6 faits, il n'y a pas d'amélioration, à savoir que ce serait les parties qui
7 ont le contrôle du temps consacré à un témoin, il faut que les parties
8 sachent que des délais seront imposés. Vous avez encore cette semaine-ci et
9 la prochaine pour voir s'il est possible de faire preuve d'une bien plus
10 grande discipline en matière d'utilisation du temps; à défaut, il faudra
11 prendre des mesures, il faudra notamment imposer des délais arbitraires
12 pour veiller à ce que ce procès se termine dans des délais un peu plus
13 raisonnables.
14 J'espère que c'est une indication suffisamment claire à l'intention des
15 parties, et nous allons veiller au grain.
16 [La Chambre de première instance se concerte]
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je suppose que le moment n'est pas
18 venu pour entendre les avocats de la Défense pour ce qui est de
19 l'amélioration de l'utilisation du temps, ceci étant, nous allons
20 simplement reprendre la déposition du témoin, mais j'exhorte les avocats de
21 la Défense à faire très attention à ce que je viens de dire.
22 [La Chambre de première instance se concerte]
23 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Je vous rappelle
25 que vous avez prononcé une déclaration solennelle et qu'elle est toujours
26 de vigueur.
27 LE TÉMOIN: BLAGOJA JAKOVOSKI [Reprise]
28 [Le témoin répond par l'interprète]
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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Désolé de vous avoir fait attendre.
2 Nous avions à régler quelques questions.
3 Maître Residovic, vous avez la parole.
4 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Merci beaucoup, Madame et Messieurs les
5 Juges.
6 Contre-interrogatoire par Mme Residovic : [Suite]
7 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Jakovoski.
8 R. Bonjour.
9 Q. Hier, alors que vous répondiez à mes questions, vous avez dit que vous
10 étiez allé avec M. Boskoski à Ljubanci, et selon vos souvenirs, il y avait
11 un policier, un Albanais, qui vous avait amenés à l'endroit où vous êtes
12 descendus du véhicule. Est-ce que vous vous souvenez d'avoir déclaré ceci
13 hier ?
14 R. Oui.
15 Q. Ensuite, aux pages 3 938, 3 939 du compte rendu d'audience, vous avez
16 dit que vous souveniez du chef d'une municipalité avec qui le ministre
17 s'était entretenu, et maintenant 3 940 et 3 941, ligne 19 pour cette
18 dernière page. Je vous avais demandé une précision.
19 Vous avez répondu que c'était le chef de la municipalité où vous vous
20 trouviez. Si je vous disais qu'il s'agit de la municipalité de Cair à
21 Skopje, est-ce que ceci vous permettrait de vous souvenir que c'était bien
22 la municipalité de Cair ?
23 R. Oui. Oui, c'est cela. C'était bien la municipalité de Cair. C'est là
24 que se trouvait le village.
25 Q. Vous avez dit que son maire ou son chef était là. Est-ce que vous
26 vouliez dire, est-ce que je vous ai bien compris ? Est-ce que vous vouliez
27 dire qu'en fait c'était le chef de l'unité de l'intérieur de cette
28 municipalité, que c'était un homme politique de la municipalité et pas le
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1 maire; est-ce exact ?
2 R. Oui.
3 Q. Le ministre Boskoski a rencontré une certaine personne, lui a parlé,
4 laquelle lui a donné certaines explications sur certains sujets. En fait,
5 c'était le chef de la municipalité de Cair; est-ce que c'est bien cela ?
6 R. Oui.
7 Q. Dans votre déclaration préalable, vous ne donnez pas le nom de cette
8 personne.
9 Peut-on maintenant montrer la pièce 1D499 de la liste 65 ter ? Page
10 1D4519. Ceci n'existe qu'en anglais, et ceci vous montre un extrait de la
11 déclaration préalable de Pejcinovski.
12 Voici ce qui est dit ici : "Lorsque nous sommes arrivés, il y avait
13 beaucoup de monde. C'est seulement au moment où nous sommes descendus que
14 le ministre a rencontré le commandant du OVR, Ljube Krstevski. Je ne sais
15 pas de quoi ils ont parlé."
16 Cette déclaration préalable de Branko Pejcinovski, est-ce qu'elle
17 vous permet de vous souvenir que le chef de la police de la municipalité de
18 Cair, c'était bien Ljube Krstevski, le chef de cette OVR de Cair ?
19 R. C'est exact. C'est bien lui. C'était Krstevski à qu'il a parlé,
20 le ministre.
21 Q. En fait, cet homme, c'est celui qui pendant toute la durée du
22 temps que vous avez passé dans la cour où vous étiez entrés, était à
23 proximité du ministre. C'est la seule personne qui d'après vos souvenirs a
24 donné des explications au ministre ?
25 R. C'est exact.
26 Q. Si je vous disais qu'il était manifeste à votre arrivée, comme à
27 votre départ, que le ministre ne savait pas ce qui se passait, si je vous
28 disais que Ljube Krstevski m'a donné des explications; est-ce que ce serait
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1 exact ?
2 R. Excusez-moi, mais je n'ai pas compris la question.
3 Q. Je m'excuse, je l'ai peut-être mal posée, ou peut-être était-elle
4 compliquée.
5 Voici ce que j'aimerais savoir : Vous vous êtes trouvé dans une certaine
6 situation. Est-ce que vous avez pensé de cette situation, ou est-ce que
7 vous avez conclu qu'en fait le ministre Boskoski, avant d'arriver là où il
8 est arrivé, ne savait pas ce qui se passait à cet endroit ? Cette
9 conclusion que je tire, est-elle la bonne ?
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Saxon.
11 M. SAXON : [interprétation] L'Accusation a le sentiment qu'on demande des
12 conjectures au témoin. On lui demande de savoir ce que savait l'accusé
13 Boskoski à l'époque. Peut-il le faire ? J'en doute.
14 L'INTERPRÈTE : Les interprètes n'ont pas entendu la réponse du témoin, qui
15 s'est faite en même temps que l'intervention de l'Accusation.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Residovic, M. Saxon s'inquiète
17 d'une chose. Vous demandez des conjectures, des hypothèses au témoin.
18 Qu'avez-vous à dire ?
19 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Tout ce que je lui demande, c'est qu'il
20 nous fasse part de son expérience, je ne lui demande pas ce que savait le
21 ministre à ce moment-là. Je lui ai demandé si le témoin a pu conclure que
22 le ministre ne savait pas ce qui se passait.
23 Le témoin a déjà répondu à ma question. Cependant, si vous estimez que je
24 dois reformuler ma question --
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En tout cas, nous n'avons pas entendu
26 la réponse du témoin, puisque les voix se sont chevauchées. Mais j'ai
27 toujours du mal à accepter ce que vous me dites vous.
28 Mme RESIDOVIC : [interprétation]
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1 Q. Monsieur, lorsque vous êtes allé à Ljubanci, est-ce que vous saviez ce
2 qui se passait à Ljubanci ?
3 R. Non.
4 Q. Au cours du voyage en voiture, est-ce que le ministre savait ce qui se
5 passait là-bas ?
6 R. Non, il ne savait pas non plus.
7 Q. A votre arrivée à Ljubanci, est-ce que Krstevski lui a expliqué quelque
8 chose ? Est-ce qu'il était clair que c'était la première fois que le
9 ministre apprenait ce qui se passait à cet endroit ?
10 R. Oui, c'est exact.
11 Q. Merci. Mais vous, vous n'aviez jamais été à Ljubanci auparavant ?
12 R. Exact.
13 Q. Jamais vous n'aviez été à cet endroit seul ni avec le ministre, n'est-
14 ce pas ?
15 R. Non. Non, non, je n'avais jamais été là avant.
16 Q. Le Procureur vous a posé une question. Vous avez répondu que vous
17 n'aviez pas fait attention à ce que ce chef de la police et le ministre se
18 disaient, car vous aviez l'habitude d'uniquement veiller à la sécurité des
19 ministres, n'est-ce pas ?
20 R. Oui.
21 Q. Vous avez ajouté que lorsque vous étiez arrivés, vous aviez entendu des
22 coups de feu tirés dans le village, n'est-ce pas ?
23 R. Oui.
24 Q. Hier, le Procureur vous a montré une séquence vidéo. Sur les images que
25 vous avez vues, vous vous êtes reconnu vous-même, et vous avez reconnu le
26 ministre; vous vous en souvenez ?
27 R. Oui, oui, je m'en souviens.
28 Q. L'Accusation vous a posé une question et en y répondant vous avez
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1 confirmé que vous avez trouvé à cet endroit beaucoup de monde, vous ne
2 savez pas combien. Une vingtaine, peut-être, ou 100 avez-vous dit. C'est ce
3 qui se trouve à la page 3 938 du compte rendu d'audience. Vous vous en
4 souvenez ?
5 R. Oui.
6 Q. Nous avons la cote 65 ter 1D498, page 1D4527 en anglais et la page
7 1D4541, point 17 en macédonien.
8 Est-ce que vous voyez le point 17 ?
9 "Lorsque nous sommes arrivés, j'ai vu des réservistes de l'armée et de la
10 police. L'un d'entre eux, un réserviste de l'armée, s'est approché du
11 ministre et pleurait parce que son meilleur ami avait été tué. Je ne
12 connais pas les détails. Je pense que ce réserviste me parlait de son ami à
13 l'arrivée. J'ai vu deux civils."
14 Est-il exact qu'en sus des réservistes de la police, vous avez
15 également vu là-bas un certain nombre de réservistes de l'armée ?
16 R. Oui, c'est exact.
17 Q. Vous avez également vu des civils; est-ce exact également ?
18 R. Oui, il y avait de nombreux civils sur place, oui.
19 Q. Néanmoins, comme vous l'avez dit, lorsque l'Accusation vous a posé une
20 question sur le nombre, vous aviez dit que vous ne pouviez pas être sûr du
21 nombre, c'est-à-dire, du nombre de réservistes de l'armée et des civils;
22 est-ce exact ?
23 R. Oui. Je ne peux pas le dire avec précision.
24 Q. Je demanderais maintenant à ce qu'on vous montre le document 1D497,
25 page 1D4519, points 27, 28 et 29. C'est la déclaration de Branko
26 Pejcinovski, c'est-à-dire, le chef adjoint de la sécurité dont nous avons
27 parlé hier. Comme nous avons déjà pu le voir, lorsque vous êtes arrivés, il
28 y avait beaucoup de personnes sur place, au point 26, c'est ce qui est dit.
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1 Néanmoins, au point 27, voilà ce qu'il dit : "Dans le jardin, il y avait
2 également des villageois et nous leur avons demandé de ne pas aller dans le
3 village de Ljuboten. Il y avait beaucoup de gens en civil avec des femmes,
4 des enfants et des hommes. J'ai vu une centaine ou plus de villageois à ce
5 moment-là."
6 La question que je vous poserai est la suivante : Etant donné la
7 déclaration faite par Branko Pejcinovski et votre déclaration préalable
8 dans laquelle vous disiez n'avoir vu que deux civils, serait-il exact que
9 vous ayez vu des civils, mais que vous ne pouvez pas pour l'instant et en
10 ce moment donner le nombre exact de civils qui étaient présents pour les
11 mêmes raisons qui ne vous permettent de vous souvenir d'autres événements
12 également ?
13 R. Oui, je suis d'accord avec vous. Je ne peux pas vous donner le nombre
14 exact de civils.
15 Q. Merci. Mon éminent confrère de l'Accusation vous a montré un clip vidéo
16 hier, comme je l'ai dit, dans lequel vous vous êtes reconnu ainsi que le
17 ministre. Dans le compte rendu d'audience il s'agit du moyen à charge DMFI
18 et, si vous vous souvenez, vous étiez dans ce vidéoclip, debout à côté d'un
19 mur; est-ce exact ? Est-ce que vous vous en souvenez ?
20 R. Oui, je m'en souviens.
21 Q. Dans ce vidéoclip vous avez pu voir, je vous demande si vous vous en
22 souvenez, que la cour de cette maison était entourée de murs relativement
23 élevés ?
24 R. Oui, c'est exact.
25 Q. Dans cette cour, vous n'avez pas pu voir d'autres fortifications ou
26 d'autres sacs de sable ou autre chose de similaire ?
27 R. Oui, c'est exact.
28 Q. Ce mur était la seule protection; est-ce exact ?
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1 R. Oui, c'est exact.
2 Q. Si vous vous souvenez de ce vidéoclip que vous avez pu voir hier, est-
3 il exact qu'un certain nombre de fois on a pu voir qu'il y avait des tirs,
4 que l'on pouvait entendre les tirs et que les gens se protégeaient derrière
5 les murs ? Est-ce que vous vous souvenez avoir vu cela sur le clip vidéo ?
6 R. Oui, je m'en souviens puisque j'y étais, et il y avait des tirs qui
7 venaient du village et qui étaient dirigés contre la maison.
8 Q. C'est la raison pour laquelle que vous-même et peut-être d'autres
9 personnes sur place avez essayé de vous protéger derrière les murs, puisque
10 les tirs venaient du village en direction de la maison; est-ce exact ?
11 R. Oui, c'est exact.
12 Q. D'une façon générale, du fait qu'avec le ministre vous étiez
13 quelquefois présent sur le champ de bataille, est-il exact de dire que les
14 murs des maisons étaient souvent utilisés comme protection ?
15 R. Oui, c'est exact.
16 Q. L'Accusation vous a montré un clip vidéo sur le village de Matejce, et
17 vous avez pu voir le ministre qui portait un casque sur la tête. Est-ce que
18 vous vous en souvenez ?
19 R. Oui, je m'en souviens.
20 Q. A ma question vous avez répondu que très souvent vous demandiez au
21 ministre de porter une protection lorsque vous étiez proches d'endroits où
22 il y avait des tirs."
23 R. Oui, c'est exact.
24 Q. A l'époque, lorsque vous étiez à Ljubanci dans cette maison, le
25 ministre était en civil, en tenue civile ?
26 R. Oui, c'est exact.
27 Q. Il ne portait donc pas de casque sur la tête ?
28 R. Oui, c'est exact.
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1 Q. Vous ne lui avez pas suggéré cela parce que vous ne vous attendiez pas
2 à ce qu'il y ait une bataille en cours; est-ce exact ?
3 R. Oui, c'est exact.
4 Q. Lorsque vous avez entendu les tirs, en tant que garde du corps, le
5 stress était chez vous très important en raison de l'état de la sécurité du
6 ministre ?
7 R. Oui.
8 Q. Dites-moi, vous avez regardé, comme on a pu le voir sur le clip vidéo,
9 vous regardiez en direction du village. Est-ce que vous avez pu voir
10 beaucoup de choses ? Est-ce qu'il y avait beaucoup de choses à voir ?
11 R. On ne pouvait rien voir. On ne pouvait pas voir le village, et on ne
12 voyait pas la bataille qui se déroulait.
13 Q. Dites-moi, lorsque vous avez vu, on a pu voir cela d'ailleurs sur le
14 clip vidéo, est-ce que vous avez pu voir quelques maisons, simplement d'où
15 sortait de la fumée ? --
16 Si vous ne vous souvenez pas, ce n'est pas important. Nous avons vu
17 le clip vidéo hier.
18 R. Je ne peux pas me souvenir pour le moment.
19 Q. A la question de mon éminent confrère de l'Accusation, vous avez dit
20 que vous êtes resté environ une heure et demie dans la cour de cette
21 maison. Ceci est également une évaluation de la situation, une évaluation
22 que vous pouvez faire aujourd'hui; est-ce exact ?
23 R. Oui, c'est exact.
24 Q. Lorsque vous étiez dans la cour de cette maison, vous n'avez jamais
25 remarqué que Boskoski a donné des ordres, que ce soit à Ljube Krstevski ou
26 à qui que ce soit d'autre ?
27 R. Oui, c'est exact.
28 Q. Monsieur Jakovoski, hier vous avez dit devant ce Tribunal qu'à de
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1 nombreuses reprises, vous avez parlé au bureau du Procureur, en fait à
2 l'enquêteur du bureau du Procureur par téléphone, et vous avez également
3 rencontré l'enquêteur personnellement dans un hôtel à Skopje. A la page,
4 dans le compte rendu d'audience, 3 967, lignes 9 à 11, vous avez dit que
5 vous lui avez parlé au téléphone à cinq ou six reprises et que pour vous
6 cela représentait un problème sur le plan psychologique. Vous souvenez-vous
7 de cela ?
8 R. Oui.
9 Q. Nous avons reçu les notes de l'enquêteur, et l'enquêteur dit que depuis
10 2004, jusqu'en février 2007, il vous a appelé au téléphone 15 fois. Vous
11 pouvez confirmer que cela est vrai, mais vous ne vous souvenez pas du
12 nombre exact de fois ?
13 R. Je ne m'en souviens pas, mais ce pourrait être une quinzaine de fois --
14 quinze fois.
15 Q. Lorsque vous avez dit que cela vous posait un problème psychologique,
16 est-ce que je peux supposer que vous vous sentiez mis sous pression
17 concernant votre témoignage ?
18 R. Oui, énormément.
19 Q. Je vous demanderais maintenant de répondre à certaines questions
20 d'ordre personnel, et si vous pensez que vous n'avez pas à répondre, je
21 n'insisterai pas pour que vous répondiez.
22 Nous avons parlé de votre carrière professionnelle, de votre
23 évolution de carrière et de votre emploi au poste de police en tant
24 qu'officier en uniforme. Pouvez-vous me dire s'il est exact qu'avant de
25 travailler pour le département de sécurité, vous travailliez comme
26 inspecteur dans le département chargé du trafic de la drogue ?
27 R. C'est exact.
28 Q. Est-il également exact qu'après avoir quitté la sécurité de M.
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1 Boskoski, vous êtes retourné travailler dans ce département de répression
2 de la drogue ?
3 R. Exact.
4 Q. Est-il exact que ce soit un travail extrêmement difficile et qu'il vous
5 fallait souvent travailler la nuit ?
6 R. Oui, c'est exact.
7 Q. Est-il exact qu'au ministère de l'Intérieur, pour la sécurité des
8 inspecteurs eux-mêmes, mais également en guise de protection pour éviter
9 qu'il y ait des abus, il y a des tests qui sont effectués sur les
10 inspecteurs chargés de ces fonctions pour éviter toute possibilité de voir
11 les inspecteurs tomber dans la drogue ?
12 R. Oui, c'est exact.
13 Q. Et vous avez très souvent passé ces tests. Les tests étaient négatifs,
14 et vous n'avez jamais eu de problème avec la drogue au cours de votre vie;
15 est-ce exact ?
16 R. C'est exact.
17 Q. Vous n'avez jamais eu de problème avec l'alcool non plus ?
18 R. Exact.
19 Q. Donc, si quelqu'un laissait entendre que vous avez eu des problèmes de
20 cet ordre, ces suppositions seraient incorrectes.
21 R. Exact.
22 Q. Lorsque vous avez répondu à la question de l'Accusation hier en disant
23 que vous ne direz que la vérité et que le changement de pouvoir n'a pas eu
24 d'impact en ce qui vous concerne, est-il exact que tout ce que vous avez
25 dit au Procureur depuis le début de votre entretien était un souhait
26 personnel pour indiquer au Procureur que certaines des choses que vous avez
27 dites auparavant n'étaient pas correctes, et pour certaines, même, étaient
28 fausses ?
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1 R. Oui, c'est exact.
2 Q. Est-ce votre décision, votre honnêteté pour vous être ouvert de cela au
3 Procureur n'étaient pas le résultat d'une pression qu'exercerait quelqu'un
4 sur vous; est-ce exact ?
5 R. Oui, c'est exact.
6 Q. Ceci n'était pas non plus dû au fait que les Albanais n'étaient pas mis
7 en accusation devant ce Tribunal. Simplement que vous aviez décidé de dire
8 la vérité et que le Procureur devait le savoir en temps; est-ce exact ?
9 R. Oui, c'est tout à fait correct.
10 Q. Donc, si quelqu'un laissait entendre que vous avez dit cela pour
11 d'autres raisons et non pour les raisons que vous venez de confirmer devant
12 ce Tribunal, cela serait incorrect ?
13 R. Oui, c'est exact.
14 Q. Je voudrais maintenant vous poser une autre question.
15 Hier, le Procureur vous a posé des questions sur des lieux dits
16 privés et les restaurants, Del Fufo, Galija, et un autre restaurant --
17 Dzino, oui, il s'agit du restaurant Dzino.
18 Pouvez-vous me dire si ces restaurants sont des lieux publics ?
19 R. Oui, c'est exact.
20 Q. Ces restaurants, Del Fufo, Galija et Dzino, qui sont mentionnés dans le
21 compte rendu d'audience, dans la 3 926, lignes 1 à 7, sont des restaurants
22 assez populaires à Skopje, qui sont situés au centre de Skopje; est-ce
23 exact ?
24 R. Oui, c'est exact
25 Q. Ils sont fréquentés au quotidien par des personnes connues ?
26 R. Oui, c'est exact.
27 Q. Mais ils sont également fréquentés par des citoyens ordinaires,
28 nombreux, quelle que soit d'ailleurs la nationalité ou le penchant
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1 politique de ces personnes; est-ce exact ?
2 R. Oui, c'est exact
3 Q. Dans la pratique, chacun de ces restaurants est fréquenté tous les
4 jours par plusieurs centaines de personnes; est-ce exact ?
5 R. Oui, c'est exact.
6 Q. Donc, ce que vous avez dit, les restaurants dont a parlé le Procureur
7 ne sont pas des lieux privés, mais des lieux publics; est-ce exact ?
8 R. Oui, c'est exact.
9 Q. Si je vous ai bien compris, le ministre Boskoski y est allé à plusieurs
10 reprises en certains de ces restaurants de façon dans un cadre privé; est-
11 ce exact ?
12 R. Oui, c'est exact.
13 Q. Pour vous, en tant que gardes du corps, c'était toujours un problème
14 lorsque le ministre se rendait dans ces lieux où il y avait des dizaines ou
15 des centaines de personnes présentes à tout moment; est-ce exact ?
16 R. Oui, c'est exact.
17 Q. En fait, il s'agissait de votre fonction principale; vous deviez vous
18 occuper de la sécurité du ministre, et si je vous ai bien compris, si je
19 vous ai bien compris, il y avait beaucoup de personnes qui venaient dire
20 bonjour au ministre; est-ce exact ?
21 R. Oui, c'est exact. Tout un chacun voulait à ce moment-là dire bonjour au
22 ministre.
23 Q. Cela se produisait également lorsque le ministre marchait dans la rue.
24 Les gens venaient lui dire bonjour et c'était toujours une situation un peu
25 difficile pour vous en tant que gardes du corps; est-ce exact ?
26 R. Oui, c'est exact.
27 Q. Cela était particulièrement stressant et difficile, parce que c'était
28 au moment de la crise, et vous ne saviez jamais qui était la personne qui
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1 venait voir le ministre; est-ce exact ?
2 R. Oui, c'est exact.
3 Q. J'aimerais vous demander de confirmer si je vous ai bien compris
4 lorsque vous avez dit que peut-être lors de sorties dans un cadre privé, le
5 ministre a rencontré Bucuk. Ceci pourrait être compris comme n'importe qui
6 venait voir le ministre.
7 R. Oui, c'est exact.
8 Q. Mais vous n'avez pas pu confirmer cela avec certitude; est-ce exact ?
9 R. Oui, c'est exact.
10 Q. Vous-même, vous n'avez pas pu en fait confirmer si Bucuk était une
11 connaissance du ministre ou pas; est-ce exact ?
12 R. Oui, c'est exact.
13 Q. Mais ce que vous pouvez dire avec certitude, c'est que vous ne l'avez
14 jamais vu s'asseoir en compagnie de Bucuk ou de Johan, et avoir une
15 conversation avec eux sur un point quelconque. C'est une chose que vous
16 n'avez jamais pu voir; est-ce exact ?
17 R. Oui, c'est exact.
18 Q. Merci.
19 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Merci. Votre Honneur, je n'ai pas d'autres
20 questions à poser à ce témoin.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Residovic.
22 Monsieur Apostolski.
23 M. APOSTOLSKI : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.
24 Ce n'est pas parce que la Cour nous l'a rappelé, mais je n'ai pas de
25 questions à poser à ce témoin.
26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'était très rapide, Maître
27 Apostolski.
28 Monsieur Saxon.
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1 Nouvel interrogatoire par M. Saxon:
2 Q. [interprétation] Inspecteur, mon confrère vous a lu quelques lignes
3 d'un extrait de la déposition faite auprès du bureau du Procureur par M.
4 Branko Pejcinovski. Plus particulièrement, au début de cet après-midi, Me
5 Residovic vous a lu certaines lignes extraites du paragraphe 13 [comme
6 interprété] de cette déposition concernant des événements qui sont déroulés
7 à Ljubanci le 12 août, et la personne avec laquelle le ministre Boskoski
8 avait discuté dans le jardin, à la cour. Le paragraphe 13 [comme
9 interprété] commence ainsi : "Dans ce jardin" --
10 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Président, je n'ai pas cité le point 13,
11 mais plutôt le 27, 28 et 29. Mais j'ai effectivement mentionné cette
12 déclaration pour établir l'exactitude, mais je voulais simplement dire que
13 je n'ai pas fait de citation prise dans ce paragraphe.
14 M. SAXON : [interprétation] Merci pour cette correction.
15 Q. Vous avez dit à mon éminent confrère que le ministre Boskoski a parlé à
16 des gens dans le jardin et les a calmés. Vous avez ensuite dit que
17 certaines personnes dans le jardin auraient pu être des civils.
18 Au paragraphe 30 de la déposition de ce témoin, et je lis le
19 paragraphe qui commence ainsi : "Dans ce jardin, il a parlé avec des
20 civils. Il y avait également des personnes du ministère en uniforme, en
21 tenue de camouflage. Je ne les connais que de vue; je ne connais pas leurs
22 noms."
23 Hier vous nous avez dit que lorsque le ministre est entré dans ce
24 jardin, des officiers de police en uniforme étaient au garde-à-vous. Vous
25 en souvenez-vous ?
26 R. Oui, je m'en souviens.
27 Q. Pourriez-vous clarifier les choses. Ces personnes au garde-à-vous,
28 s'agissait-il de personnes du ministère en tenue en camouflage, mentionnées
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1 par votre collègue, M. Pejcinovski ?
2 R. Oui.
3 Q. Un peu plus tôt aujourd'hui, mon confrère vous a parlé de conversations
4 téléphoniques et de conversations que vous avez eues avec un enquêteur du
5 bureau du Procureur, et vous avez dit que l'enquêteur vous a appelé environ
6 une quinzaine de fois après que vous ayez fait votre déclaration préalable.
7 Vous souvenez-vous qu'au cours de ces conversations téléphoniques
8 l'enquêteur vous ait demandé de vous rencontrer personnellement ?
9 R. Oui, il a demandé à me rencontrer.
10 Q. Ensuite, après la mise en accusation faite par ce Tribunal contre M.
11 Boskoski et M. Tarculovski, vous souvenez-vous avoir refusé de le
12 rencontrer parce que vous pensiez que le Tribunal avait un parti pris et
13 était injuste, car il n'avait pas mis en accusation des suspects d'origine
14 albanaise. Vous souvenez-vous avoir déclaré cela à l'enquêteur ?
15 R. Non, je ne m'en souviens pas.
16 Q. Vous souvenez-vous, lors d'une conversation téléphonique, avoir dit à
17 l'enquêteur que vous vouliez maintenant devenir le meilleur témoin pour
18 Frère Ljube puisque le Tribunal de La Haye ne mettaient pas en accusation
19 d'Albanais. Vous en souvenez-vous ?
20 R. Non, je ne m'en souviens pas. Ce n'est pas exact.
21 Q. En 2001, saviez-vous qu'un homme surnommé Bucuk et d'autres membres de
22 l'agence de sécurité Kometa avaient la réputation d'être des criminels; le
23 saviez-vous ?
24 R. Non, je ne le sais pas.
25 Q. Monsieur l'Inspecteur, hier, à la page 3 956 du compte rendu
26 d'audience, vous avez été d'accord avec ma consoeur pour dire qu'en 2001 le
27 message principal de M. Boskoski était qu'il fallait se préoccuper de tous
28 les êtres humains, de tous les citoyens quelles que soient leurs
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1 affiliations religieuses et leurs origines. Il faut se préoccuper de toutes
2 personnes qui aiment leur pays, la Macédoine. Vous souvenez-vous l'avoir
3 dit ?
4 R. Oui, je m'en souviens.
5 Q. En 2001, quelle était l'attitude du ministre Boskoski vis-à-vis des
6 citoyens de Macédoine qui critiquaient les actes des forces de sécurité
7 contre l'UCK ?
8 R. Pouvez-vous répéter la question ? Elle ne me semble pas très claire.
9 Q. Le ministre Boskoski estimait-il également que les droits des
10 Macédoniens à critiquer les forces de sécurité macédonienne dans leur lutte
11 contre l'UCK devaient également être protégés ?
12 R. Je ne suis pas une personne compétente pour répondre à une telle
13 question.
14 Q. En 2001, le ministre Boskoski a-t-il jamais qualifié les personnes qui
15 critiquaient les forces de la sécurité de Macédoine de traîtres ?
16 R. Non, il ne l'a jamais dit.
17 Q. En 2001, le ministre Boskoski pensait-il qu'il fallait octroyer
18 davantage de droits aux personnes d'origine albanaise en Macédoine ?
19 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Objection, Monsieur le Président.
20 Dès à présent, l'Accusation a posé un certain nombre de questions qui
21 demandent au témoin de faire part des opinions et des sentiments du
22 ministre. Très récemment M. Saxon a fait objection à des questions très
23 similaires que j'ai posées.
24 Je ne pense pas qu'il devrait poser de telles questions au témoin.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Saxon.
26 M. SAXON : [interprétation] Mes questions ont commencé par des commentaires
27 faits par le témoin hier, quand il parlait du "message principal du
28 ministre Boskoski." Et je voudrais me pencher sur cette question. Quel est
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1 le message du ministre Boskoski, et qu'est-ce qu'il pensait des droits des
2 personnes d'origine albanaise ?
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Comment se fait-il que vous ne
4 l'abordiez que dans les questions supplémentaires ?
5 M. SAXON : [interprétation] Lors du contre-interrogatoire hier, il a été
6 dit que le message principal du ministre est qu'il fallait se préoccuper de
7 la même manière de toute personne, de tout citoyen quelles que soient leurs
8 affiliations ethniques ou religieuses, se préoccuper de toutes les
9 personnes qui aiment leur pays, la Macédoine. Cela se trouve à la page 3
10 956, donc je voudrais me pencher sur la question du message du ministre et
11 demander en quoi cela implique les droits des personnes d'origine
12 albanaise.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Residovic.
14 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, mon éminent
15 confrère ne cite qu'un passage d'une situation, un passage d'un livre que
16 le Procureur a lu lui-même et dont il a lu certains extraits. Mais il a
17 fait des commentaires que sur la première phrase où il est dit que le
18 ministre travaillait jour et nuit et à la fin de son paragraphe, il dit :
19 "Le ministre Boskoski a écrit dans son livre qu'il exprime ses sentiments
20 vis-à-vis de tous les citoyens de Macédoine, quelles que soient leurs
21 affiliations ethniques ou religieuses." Je ne pense pas que l'Accusation a
22 le droit de revenir sur une question qu'il a posée lui-même.
23 M. SAXON : [interprétation] On a demandé au témoin de commenter ce passage
24 pendant le contre-interrogatoire.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Saxon.
26 M. SAXON : [interprétation]
27 Q. Monsieur l'Inspecteur, je vais vous reposer la question.
28 En 2001, pour reprendre le même terme, quel était le message du
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1 ministre Boskoski au sujet des personnes d'origine albanaise qui
2 souhaitaient avoir davantage de droits en Macédoine ?
3 R. Bien. Le ministre vient du village de Celopek qui est un village mixte
4 où habitent Albanais et Macédoniens, où ils cohabitent. Dans cet endroit et
5 dans la Macédoine en général, il a lutté pour l'égalité de tous les
6 citoyens de Macédoine.
7 Q. Est-ce que le ministre Boskoski était d'accord avec les efforts de
8 certaines personnes d'origine albanaise qui souhaitaient accroître leurs
9 droits constitutionnels en 2001 ?
10 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, encore une
11 fois j'objecte à cette question, parce que ce n'est pas une question à
12 poser à ce témoin. Il est garde du corps.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien. Nous allons pouvoir poursuivre,
14 Maître Residovic, pour les mêmes raisons que pour la question précédente.
15 Veuillez poursuivre, Monsieur Saxon.
16 M. SAXON : [interprétation]
17 Q. Monsieur l'Inspecteur, en 2001, le ministre Boskoski était-il d'accord
18 avec les efforts de certaines personnes d'origine albanaise de Macédoine
19 qui souhaitaient accroître leurs droits constitutionnels ?
20 L'INTERPRÈTE : Les interprètes n'ont pas pu entendre la réponse du témoin.
21 M. SAXON : [interprétation]
22 Q. Pouvez-vous répondre un peu plus fort ?
23 R. Oui.
24 Q. Il était donc d'accord. C'est là votre réponse ? La réponse est donc
25 bien, oui ?
26 R. Oui.
27 Q. Vous a-t-il fait part de son accord ?
28 R. Non, pas à moi personnellement.
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1 Q. Alors, comment savez-vous qu'il était d'accord avec ces efforts de
2 personnes d'origine albanaise qui souhaitaient accroître leurs droits ?
3 R. Je l'ai vu à la télévision.
4 Q. Hier, à la page 3 959 du compte rendu d'audience, vous étiez d'accord
5 avec mon éminente consoeur pour dire qu'en 2001 lorsque le ministre
6 Boskoski avait vent de ce que des policiers avaient été blessés ou tués, il
7 le prenait de manière très personnelle ? Vous souvenez-vous l'avoir dit ou
8 avoir été d'accord avec ce fait ?
9 R. Oui, c'est exact.
10 Q. A la même page du compte rendu d'audience, vous avez été d'accord avec
11 ma consoeur pour dire que le ministre Boskoski disait toujours que la
12 police ne devait pas réagir de la même manière et que le ministre Boskoski
13 ne recherchait pas la vengeance. Est-ce que vous vous souvenez avoir été
14 d'accord avec cette déclaration ?
15 R. Oui, c'est exact. Je suis d'accord.
16 M. SAXON : [interprétation] J'aimerais maintenant montrer au témoin ce qui
17 est maintenant la pièce P402. Peut-on rendre le classeur au témoin afin
18 qu'il puisse regarder cette pièce et cette version papier. Et sur le
19 prétoire électronique, il s'agit de la page 31 dans la version anglaise et
20 de la page 64 dans la version macédonienne.
21 M. l'Huissier peut-il aider le témoin en prenant l'intercalaire numéro 1
22 dans la version macédonienne et aller jusqu'à la page 64 de la version
23 macédonienne.
24 Q. Monsieur l'Inspecteur, pouvez-vous consulter le haut de la page 64 dans
25 la version macédonienne.
26 M. SAXON : [interprétation] Pour ceux d'entre nous qui suivent en anglais,
27 il s'agit du bas de la page 31.
28 Q. Monsieur l'Inspecteur, en haut de la page, vous voyez une phrase qui
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1 commence par la suivante : "Nous ne devons pas permettre aux terroristes de
2 nous mener à la table des négociations."
3 Voyez-vous ce passage ?
4 R. Oui.
5 Q. C'est une citation d'une déclaration du ministre Boskoski aux
6 journalistes, le 6 juin 2001.
7 Monsieur l'Inspecteur, si vous allez un peu plus loin dans ce
8 paragraphe, vous verrez une phrase qui commence de la manière suivante :
9 "Nous devons réagir vis-à-vis des terroristes."
10 Voyez-vous ce passage, quelques lignes plus bas ? Il s'agit du même
11 paragraphe. "Nous devons réagir vis-à-vis des terroristes."
12 M. SAXON : [interprétation] Puis-je demander à Monsieur l'Huissier de venir
13 aider le témoin et de trouver le passage dans sa version linguistique.
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je vois la phrase.
15 M. SAXON : [interprétation] La phrase en question est la suivante : "Nous
16 devons réagir vis-à-vis des terroristes en utilisant les mêmes manières,
17 les mêmes méthodes dont ils font usage."
18 Voyez-vous cette phrase ?
19 R. Oui, je la vois.
20 Q. Monsieur l'Inspecteur, est-ce que cela ne ressemble pas, pour vous, à
21 un appel à la vengeance ?
22 R. Je n'ai pas de commentaire.
23 Q. Mais j'aimerais que vous fassiez un commentaire. J'aimerais que vous
24 répondiez à la question.
25 R. Pour moi, il ne s'agit pas de vengeance.
26 Q. Je vois. Très bien.
27 Monsieur l'Inspecteur, avant votre déposition ici à La Haye, est-ce
28 que quelqu'un vous a demandé de dire que vous ne vous souvenez pas des
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1 détails des événements de Ljuboten d'août 2001 ?
2 R. Non. C'est inexact. Personne ne m'a dit de le faire.
3 [Le conseil de l'Accusation se concerte]
4 M. SAXON : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, je n'ai pas
5 d'autres questions.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
7 [La Chambre de première instance se concerte]
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous serez heureux d'apprendre que
9 cela marque la fin des questions qui vous auront été posées. Nous vous
10 remercions d'être venu à La Haye et de nous avoir fourni votre assistance.
11 Vous avez maintenant le plaisir de retourner à vos autres activités, et M.
12 l'Huissier va vous reconduire à la sortie.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci beaucoup.
14 [Le témoin se retire]
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Saxon.
16 M. SAXON : [interprétation] Monsieur le Président, l'Accusation a été
17 informée hier que la Défense aurait besoin de moins de temps avec ce
18 témoin. Hier, nous avons fait de notre mieux pour avancer les autres
19 témoins, ainsi le témoin qui devait témoigner vendredi va déposer demain.
20 Nous avons également pris nos dispositions pour faire venir un autre témoin
21 d'origine albanaise qui n'était pas prévu pour déposer à La Haye cette
22 semaine. Il arrivera demain et pourra déposer vendredi.
23 Nous n'avons pas d'autre témoin disponible à l'heure actuelle.
24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il y a une conséquence très claire à
25 ce que vous nous dites, Monsieur Saxon.
26 Je crois que vu les circonstances et étant donné le fait que nous
27 avançons de manière très encourageante, nous devons lever la séance pour
28 aujourd'hui, et nous reprendrons demain à 14 heures 15. Nous espérons que
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1 nous aurons suffisamment de temps jeudi et vendredi pour interroger ces
2 deux témoins.
3 Je vais demander à la Greffière d'audience de se renseigner auprès du
4 service technique au sujet de ces problèmes récurrents de l'effet Larsen
5 qui sont dus aux problèmes de micros.
6 --- L'audience est levée à 15 heures 35 et reprendra le jeudi 23 août 2007,
7 à 14 heures 15.
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