Page 13207
1 (Mardi 21 janvier 2003.)
2 (L'audiences est ouverte à 14 heures 18.)
3 (Audience publique.)
4 (Questions relatives à la procédure.)
5 M. le Président (interprétation): Madame la Greffière, voulez-vous
6 introduire l'affaire, s'il vous plaît?
7 Mme Chen (interprétation): Il s'agit de l'affaire IT-99-36-T, le Procureur
8 contre Radoslav Brdjanin.
9 M. le Président (interprétation): Merci.
10 Monsieur Brdjanin, m'entendez-vous dans une langue que vous comprenez?
11 M. Brdjanin (interprétation): Oui, bonjour. Je vous entends et je vous
12 comprends.
13 M. le Président (interprétation): Merci. L'accusation?
14 Mme Korner (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président. Johanna
15 Korner. Et, pour la première fois, M. Timothy Resch qui a convaincu Me
16 Ackerman, qui ne travaille pas sur ce cas, mais qui est là parce qu'il
17 s'intéresse à quelque chose.
18 M. le Président (interprétation): Merci, Madame Korner, merci à tout le
19 monde. Bonjour à tout le monde.
20 S'il vous plaît, la défense?
21 M. Ackerman (interprétation): Bonjour. Moi, je suis John Ackermann; avec
22 moi sont Me Trbojevic et Me Marela Jevtovic. Dans la galerie se trouve un
23 nouveau stagiaire qui est étudiant en 3e année de droit de l'université de
24 Houston, Texas du sud. J'ai parlé à Mme Korner et, si vous n'y voyez pas
25 d'inconvénient, je demanderais à ce monsieur, qui est sans veste, qu'il
Page 13208
1 reste là assis.
2 C'est à vous, Monsieur le Président: ce n'est pas grand-chose, mais ce
3 serait gentil.
4 M. le Président (interprétation): Madame Korner, vous êtes d'accord?
5 Mme Korner (interprétation): Bien sûr, il n'y a aucun problème.
6 M. Ackerman (interprétation): Je crois qu'il a tout entendu. Je n'avais
7 pas planifié sa présence, mais désormais nous ferons mieux.
8 Mais, avant que Mme Korner ne se présente, je voudrais faire un mea culpa
9 parce que j'ai insisté hier pour savoir quelle était la raison pour
10 laquelle elle avait fait quelque chose. Et c'est très bien que je n'ai pas
11 parié sur la réponse parce que Mme Korner ne l'a pas dit.
12 Mme Korner (interprétation): J'avais oublié hier de demander que le
13 journal du colonel soit versé au dossier sous la cote P1600.
14 M. le Président (interprétation): Très bien. Cela sera P1600.
15 Vous avez dit que M. Brdjanin vous a dit qu'il serait plus tard question
16 du journal de guerre et que vous aviez demandé que ce journal soit
17 photocopié. Je vois que vous l'avez fait.
18 M. Ackerman (interprétation): Peut-être pourrions-nous dès à présent
19 donner une cote à ce document?
20 M. le Président (interprétation): Oui, c'est déjà fait.
21 Mme Korner (interprétation): Je crois que cette pièce est bien le journal
22 de guerre.
23 M. le Président (interprétation): Oui, il y a une cote: c'est 1590.
24 Eh bien, ce sera 1590 parce qu'il n'y a que deux pages.
25 Mme Korner (interprétation): Je crois, Monsieur le Président, que c'est
Page 13209
1 tout pour ce document. Maître Ackerman va utiliser le document entier.
2 (Le témoin, M. Osman Selak, est introduit dans le prétoire.)
3 M. le Président (interprétation): C'est très bien.
4 Bonjour, Monsieur Selak. Je vous demande de relire votre déclaration
5 solennelle. Merci.
6 M. Selak (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la
7 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
8 M. le Président (interprétation): Merci. Vous pouvez vous asseoir.
9 Maître Ackerman?
10 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Osman Selak, par Me Ackermann.)
11 M. Ackerman (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
12 Bonjour Colonel Selak. Soyez le bienvenu. Je vais demander à l'accusation
13 de vous rendre vos déclarations que vous avez remises à l'accusation parce
14 que nous allons aujourd'hui les utiliser à nouveau.
15 (Intervention de l'huissier.)
16 Eh bien, d'abord, nous allons nous pencher sur votre déclaration de l'an
17 1995, et ce qui m'intéresse c'est la partie qui, dans la version anglaise,
18 à la page 4, c'est le passage qui commence par les mot: "Les forces de
19 défense de Yougoslavie ont été composées de la JNA ou quelque chose comme
20 cela".
21 M. Selak (interprétation): Oui.
22 Question: A peu près un tiers de page plus bas, on voit la formulation
23 suivante: vers la fin des années 1980 l'assemblée fédérale Yougoslave,
24 contrôlée par les Serbes, ,préoccupée par le fait que les autres
25 contrôlaient l'armement, a fait voter une loi qui mettait l'armement de la
Page 13210
1 défense territoriale sous le contrôle de la JNA. Vous l'avez dit en 1995,
2 et c'était vrai, n'est-ce pas?
3 Réponse: Oui.
4 Question: Maintenant, je voudrais vous demander que vous jetiez un coup
5 d'oeil sur la pièce à conviction 15-72, s'il vous plaît.
6 (Intervention de l'huissier.)
7 Vous avez déjà vu ce document la semaine dernière. Ce que je voudrais
8 vérifier concernant ce document, c'est sa date. C'est bien le 31 août
9 1992, n'est-ce pas?
10 Réponse: Oui.
11 Question: Autre chose concernant ce document, c'est ce qu'on voit dans le
12 corps du texte de ce document. Il s'agit effectivement de la réponse à
13 l'ordre demandant l'inspection des armements livrés aux unités et aux
14 états-majors depuis le commencement des activités. Est-ce vrai?
15 Réponse: Oui.
16 Question: Et ensuite, dans la dernière phrase, le Général Talic dit, en
17 s'adressant à l'état-major: "Nous vous prions de nous faire connaître
18 votre attitude, votre position au sujet de cette question. Pouvez-vous
19 savoir pourquoi il leur demande leur position?
20 Réponse: Oui, le 1er Corps d'armée de Krajina avait délivré de l'armement
21 et de l'équipement militaire aux états-majors et aux unités de la défense
22 territoriale en Croatie, et dans la Krajina de Bosnie. L'armement a été
23 enregistré au niveau de la comptabilité dans le 1er Corps d'armée de
24 Krajina et les unités et les états-majors de la défense territoriale
25 n'avaient pas de comptabilité, donc ce matériel était en dehors de tout
Page 13211
1 enregistrement concernant sa réception, au niveau des unités et des états-
2 majors subordonnés. Et c'est pour cette raison que le commandant du corps
3 d'armée, le Général Talic, demande l'opinion, la position de l'état-major
4 général de l'armée de la Republika Srpska pour savoir comment s'acquitter
5 de ses obligations concernant ces armements et ces matériels.
6 Question: Merci, très bien. C'est clair maintenant. Et à présent, je
7 voudrais vous demander de jeter un coup d'oeil sur ce répertoire pour voir
8 comment cet armement a été distribué. En premier lieu, je voudrais qu'on
9 clarifie la confusion qui a été créée concernant… quant à savoir ce que
10 veut dire exactement l'intitulé de ce document.
11 Réponse: D'après notre conception, il s'agirait d'un répertoire de
12 l'armement et des équipements délivré aux états-majors et aux unités de la
13 Défense territoriale du 5e Corps d'armée. C'est la livraison de l'armement
14 et de l'équipement aux unités et aux états-majors du 1er Corps d'armée.
15 Question: Merci. Il n'y a pas de signalement dans le document même, pour
16 savoir quand cet armement a été délivré?
17 Réponse: Non, non, pas dans ce document. Cependant, en ma qualité de
18 commandant de base, j'avais moi-même reçu cet ordre d'assurer du point de
19 vue logistique toutes les unités au niveau de la Slavonie de l'Ouest de la
20 Banja et du Kordun, donc en dehors du corps d'armée. En 1991, ma base
21 approvisionnait les autres aussi, et c'est pour cela que je suppose que
22 cet armement et ces équipements ont été livrés en 1992.
23 Question: Une chose qui est certaine, et qui est visible, c'est la
24 suivante: vu qu'une grande quantité d'armement a été livré aux unités de
25 la Défense territoriale en Croatie, donc cela se serait passé pendant les
Page 13212
1 combats en Croatie?
2 Réponse: Oui, pendant la guerre en Croatie et plus tard aussi, parce que
3 les unités du 1er Corps d'armée de Krajina, du Corps d'armée du général
4 Talic, en 1992, étaient en Slavonie de l'Ouest; c'était une brigade
5 blindée. Il y avait une partie de la brigade de lance-roquettes à Glina
6 vers Karlovac.
7 Question: Il n'y a pas d'indications non plus, ni sur le document ni sur
8 la lettre d'accompagnement du général Talic, quant à savoir si une unité
9 concrète de la Défense territoriale a été mobilisée ou non.
10 Réponse: De ce document, cela ne ressort pas, mais je sais positivement
11 que le Bureau du Procureur possède un document, à savoir l'ordre de
12 l'état-major général de Belgrade de la 1re et ensuite de la 2e Région
13 militaire disant que la base logistique, avec le 5e Corps d'armée, assure
14 l'approvisionnement à Slavonie, à Banja et à Kordun.
15 L'état-major de Glina m'avait demandé d'approvisionner 2.000 personnes et,
16 pour moi, dans mes registres, le nombre de personnes n'excédait pas 500
17 personnes. Ce document existe dans le Bureau du Procureur. Du reste, c'est
18 une information qui figure aussi dans mon cahier et je peux le montrer à
19 l'appui de ma déclaration.
20 Question: Je crois que, vraiment, cela ne sera pas nécessaire. Permettez-
21 moi de vous demander si cela est un fait, s'il est clair que –et il me
22 semble que oui-, si les unités de la Défense territoriale ont été
23 mobilisées, alors leur approvisionnement a été tout à fait légitime, et
24 dans le cadre des règles et des lignes directrice de la JNA, n'est-ce pas?
25 Réponse: Oui, c'est vrai. A cette différence près que les appels à la
Page 13213
1 mobilisation étaient envoyés aux hommes capables de porter les armes,
2 d'origine ethnique serbe. Je parle de la Bosnie. L'exemple concret, c'est
3 la commune de Donji Vakuf: j'ai la déclaration du maire où il y a une
4 complainte que les ressortissants d'origine bosniaque et musulmane ne
5 recevaient pas leur appel à la mobilisation.
6 Question: Si vous n'êtes pas d'accord, vous n'avez qu'à nous le dire, mais
7 je suis sûr que vous serez d'accord que, plus souvent, il arrivait que
8 Musulmans et Croates refusaient ou ignoraient les appels à la mobilisation
9 parce qu'ils ne voulaient pas être enrôlés dans la guerre en Croatie. Est-
10 ce vrai?
11 Réponse: Oui, c'est vrai, il y avait des cas de refus de mobilisation,
12 mais il y avait aussi des cas où ils ne recevaient pas d'appels par manque
13 de confiance, parce qu'on ne savait pas comment ils se comporteraient une
14 fois armés au sein de leurs unités respectives.
15 Question: En fait, Alija Izetbegovic avait proposé, avait suggéré aux
16 Bosniaques de ne point réagir aux appels à la mobilisation.
17 Réponse: Je connais cette déclaration, je ne l'ai pas eue entre les mains,
18 mais j'en avais entendu parler et je n'en renie pas l'existence.
19 Question: Très bien. Voyons de nouveau ce document. Sachant qu'à cette
20 époque-là, en Croatie, il y avait la guerre entre les forces militaires
21 croates et la JNA, voyons alors chacun de ces postes.
22 Les premiers "5", donc si je ne m'abuse, donc Okucani, les premiers "5"
23 sont tous en Croatie, n'est-ce pas.
24 Réponse: Oui.
25 Question: Le suivant, Prnjavor, est une région près de la Croatie, c'est
Page 13214
1 une région frontalière?
2 Réponse: La région entre Prnjavor et Bosanska Gradiska… mais c'est près de
3 la frontière, c'est vrai.
4 Question: Combien? Une trentaine de kilomètres?
5 Réponse: A peu près ça. Je ne suis pas sûr, mais je ne pense pas qu'il y
6 ait plus.
7 Question: Petrinja est en Croatie?
8 Réponse: Oui.
9 Question: Krupa est à la frontière, n'est-ce pas?
10 Réponse: Non, Krupa n'est pas à la frontière même, elle est près de la
11 frontière comme Prnjavor, mais elle n'est pas cheval sur la frontière.
12 Question: Omarska?
13 Réponse: Omarska non plus. C'est en Bosnie.
14 Question: Sanski Most, c'est la même distance?
15 Réponse: Peut-être un peu plus, mais à peu près. C'est la même chose pour
16 les deux suivants et, ensuite, nous allons à Bosanska Gradiska qui est à
17 la frontière même.
18 Réponse: C'est vrai, oui.
19 Question: Les trois autres sont à Banja Luka?
20 Réponse: C'est à 50 kilomètres de la frontière.
21 Question: La suivante, c'est en Slavonie de l'Ouest, qui est en Croatie?
22 Réponse: Oui, c'est cela.
23 Question: Bosanski Novi est à la frontière?
24 Réponse: Oui, c'est vrai.
25 Question: Et si l'on regarde l'armement, le nombre d'armes, ce que l'on
Page 13215
1 remarque, c'est que le plus grand nombre, la plus grande quantité a été
2 donnée aux unités qui étaient en Croatie. Je ne sais si nous pouvons
3 passer en revue cette liste. Regardez d'abord les fusils d'assaut 7,62
4 millimètre; les deux premières colonnes: 310, 292 ont été envoyées en
5 Croatie?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Et ensuite, vers la fin, la Slavonie de l'Ouest, il leur a été
8 envoyé 581; ces plus grands chiffres marquent les fusils d'assaut envoyés
9 en Croatie?
10 Réponse: Pour ce qui est des fusils d'assaut, oui, mais pour ce qui est
11 des fusils semi-automatiques… Oui, en fait. Oui.
12 Question: Si vous regardez bien, vous verrez alors que, dans les deux
13 premières colonnes concernant le fusil semi-automatique, nous avons
14 d'abord 900, puis 80. Et puis, vous savez qu'il y avait aussi une unité de
15 Prnjavor qui luttait dans le corridor. C'est peut-être pour cela ce nombre
16 de 682?
17 Réponse: Je ne saurais commenter la raison de cela, parce que les unités
18 de la Défense territoriale et leurs états-majors en Krajina de Bosnie
19 avaient déjà été armés dès la fin de 1991 et au début de 1992. Et moi, je
20 vous prie de faire attention au fait que ce rapport a été fait en août
21 1992 où, en Croatie, il n'y avait pratiquement plus d'opérations de
22 guerre: les forces de l'ONU y étaient déjà.
23 Question: Oui, mais cette pièce jointe n'a rien à voir avec l'an 1992;
24 elle couvre la fin de 1991 et le début de 1992, non seulement le mois
25 d'août. Du reste, à cette époque-là, les états-majors de la Défense
Page 13216
1 territoriale n'existaient plus en Croatie?
2 Réponse: Je ne suis pas d'accord: ça ne peut pas être l'année 1991 parce
3 qu'à cette année, le corps d'armée s'approvisionnait lui-même… Non, en
4 1992, le corps d'armée s'approvisionnait… Il n'y avait pas de registre à
5 jour pour l'armement qui était livré parce qu'ils ne me renvoyaient pas
6 les documents légalisés par la base de logistique à Banja Luka.
7 Donc, à mon sens, cela ne peut concerner que l'an 1992.
8 Question: Nous avons encore une trace pour savoir quand cela se passait.
9 Nous savons que c'était bien avant le 18 mai 1992, n'est-ce pas, parce que
10 c'est bien marqué dans le titre. Donc c'est l'armement livré par le 5e
11 Corps d'armée. Or le 5e Corps d'armée n'existait plus après le 18 mai,
12 n'est-ce pas?
13 Réponse: Oui, mais au poste de commandement du commando du 5e Corps
14 d'armée, qui se trouvait dans le pénitencier de Stara Gradiska, en
15 Croatie, il a été discuté avec les commandants des unités de Slavonie. Ils
16 étaient autorisés à se voir livrer des chars; c'est un fait que j'ai noté
17 dans mon cahier: numériquement, j'ai tout noté combien de chars, combien
18 de chars, pour qu'on les laisse aux états-majors de Slavonie de l'Ouest;
19 c'étaient des chars qui devaient être retirés même de Knin pour être remis
20 aux entrepôts, dans le pénitencier, et que ces armements soient le
21 contrôle des forces de l'ONU afin que les armes soient contrôlées par les
22 forces des Nations Unies, mais qu'elles restent la propriété de la SAO de
23 Krajina et de la Slavonie occidentale.
24 J'ai des livres, j'ai noté tout cela. Il n'y avait pas de chars, il n'y
25 avait pas de véhicules blindés et c'est ce dont nous a fait part le
Page 13217
1 général Talic lors de son exposé. Le T34, l'ancien modèle, devait faire
2 partie de ces armes.
3 Question: Passons maintenant à la colonne des fusils semi-automatiques.
4 Vous y verrez 528 qui ont été dirigés vers Bosanska Gradiska qui se situe
5 à la frontière; 1.491 qui ont été envoyés en Croatie et en Slavonie
6 occidentale; ensuite 535 à d'autres fins, qui étaient également utilisés
7 par la JNA. Est-ce exact?
8 Réponse: Oui.
9 Question: Maintenant, passons aux mitrailleuses M4957: 50 d'entre elles
10 étaient dirigées à Krupa qui se trouvait sur la frontière, 150 à Sanski
11 Most. Ensuite, dans la colonne qui se trouve à droite, 150 plus 50 plus 5
12 plus 4, ce qui fait 109 au total.
13 Pouvez-vous nous dire s'il s'agit d'un chiffre correct puisque, en fait,
14 il s'agit de 209, n'est-ce pas?
15 Réponse: Il s'agit probablement d'une erreur de calcul; c'est tout à fait
16 humain, puisqu'il me semble que les chiffres individuels sont les bons.
17 Question: Les deux premières colonnes concernant les fusils MK48: 140
18 étaient dirigés en Croatie, 905… c'est-à-dire, plutôt, 200 en Croatie et
19 905 à Krupa, qui se trouve près de la frontière; 107… Ou plutôt 170 qui
20 étaient livrés à l'armée. Ensuite, les Zolja et les lance-roquettes à
21 main.
22 Donc les Zolja d'abord: 148, 60, 24, 60 –ceci se situe dans la première
23 colonne-, qui étaient tous destinés à la Croatie.
24 Ensuite, nous avons des petits chiffres et, à la fin, 160 qui étaient
25 destinés à la Slavonie occidentale.
Page 13218
1 Donc toutes ces unités se trouvaient en Croatie?
2 Réponse: Oui. Les unités de la JNA et, plus tard, celles de l'armée de
3 Republika Srpska qui était en Croatie.
4 Question: En analysant ce document, Monsieur, et en ayant en vue les
5 destinations, la plupart de ces endroits se situaient soit en Croatie,
6 soit près de la frontière. Il ne s'agit pas de schémas imaginaires, mais
7 d'efforts qui visaient à armer les civils de Republika Srpska. Ce document
8 montre plutôt qu'il s'agissait d'un effort qui visait à faire face à la
9 guerre qui se déroulait en Croatie et d'armer les unités qui s'y
10 trouvaient. N'est-ce pas?
11 Réponse: Mais on peut également voir que l'objectif était de défendre le
12 peuple serbe sur les territoires de Croatie; c'est pour cela que les
13 unités y sont restées.
14 Je répète: les forces des Nations Unies contrôlaient cet armement, et ces
15 armes devaient se trouver dans les entrepôts. Par la suite, je ne me
16 rendais plus à ces endroits et je ne saurais dire si les canons et les
17 chars qui ont été livrés à ces unités ont effectivement été entreposés ou
18 pas. Tout ce qui se trouve dans ce document est exact. Ces armes ont
19 effectivement été livrées.
20 Mais c'était organisé: il y avait des unités, on ne distribuait pas ces
21 armes aux familles par exemple, aux personnes privées. Je ne veux pas
22 évoquer là des unités paramilitaires, puisque c'est tout de même l'armée
23 qui exerçait le contrôle sur ces armes. Puisqu'ils les ont livrées, ils
24 exerçaient un certain contrôle, c'est sûr.
25 Question: Vous avez dit que ces armes ont atterri en Croatie afin de
Page 13219
1 protéger le peuple serbe. Quelles sont les autres personnes ou les autres
2 peuple en Croatie qui avaient besoin de protection, dans le théâtre
3 d'opérations en Croatie?
4 Réponse: En Croatie, depuis Lika, Bnanija jusqu'en Slavonie occidentale,
5 on pouvait trouver des Croates et des Serbes. Les Serbes constituaient la
6 majorité pourtant; il y avait très peu de Bosniens musulmans, un
7 pourcentage négligeable d'après les informations dont je dispose -et je
8 pense qu'il est facile de prouver cela.
9 Je souhaiterais ajouter une chose: il m'est tout à fait logique de voir la
10 manière dont ces armes ont été livrées; ça fait partie d'une chronologie
11 qui, à mes yeux, est tout à fait logique vu les événements de guerre.
12 Question: C'est logique effectivement. Il n'aurait certainement pas été
13 logique de voir la JNA livrer des armes aux Croates alors qu'ils étaient
14 en guerre contre la Croatie, et il n'y avait pas de Musulmans que l'on
15 devait protéger. S'il y en avait eu, ils auraient probablement rejoint les
16 Croates. Donc c'était tout à fait logique qu'ils protègent le peuple
17 serbe.
18 Cela ne vous semble-t-il pas logique, à vous?
19 Réponse: Oui, ça a du sens effectivement.
20 Question: Maintenant, je souhaiterais que vous regardiez la pièce à
21 conviction qui porte la cote P19.
22 (Intervention de l'huissier.)
23 Avez-vous sous les yeux la version anglaise?
24 Réponse: Oui.
25 Question: Peut-on lui fournir la version en BCS, en serbe?
Page 13220
1 (Intervention de l'huissier.)
2 C'est un long document que nous avons là; nous allons évoquer ce qui
3 figure sur les premières pages uniquement. Ce document parle de l'ordre
4 dont il a été question auparavant, l'ordre concernant les armes de la TO,
5 qui devaient être remises à la JNA. Nous allons évoquer certains points
6 qui figurent dans ce document.
7 Au premier paragraphe, on peut lire: "Suite à l'ordre des états-majors des
8 forces armées de la République fédérale de Yougoslavie, strictement
9 confidentiel, n°19/1 du 14 mai 1990, l'action qui avait pour but de
10 reprendre les armes et les munitions de la défense nationale et de la
11 protection civile, qui ont été soumises à la JNA, l'action a été
12 entreprise sur le territoire de la Yougoslavie. La délocalisation de la TO
13 de la République socialiste de Bosnie-Herzégovine -des armements de cette
14 TO et des munitions- a été effectuée entre le 18 et le 23 mai 1990, à
15 l'exception de la région de Bihac et de Banja Luka où elle a été terminée
16 le 13 juin 1990. Les forces armées ont pris des mesures afin d'assurer que
17 les armes soient entreposées de manière adéquate". (Fin de citation.)
18 C'est bien ce qui s'est produit, n'est-ce pas?
19 Réponse: Oui.
20 Question: Et, à la date du 13 juin 1990, au sein de la République
21 socialiste de Bosnie-Herzégovine, toutes les TO qui avaient des armes, qui
22 disposaient d'armes ont été entreposées par la JNA?
23 Réponse: Oui. Une partie de ces armes toutefois a été prise par des unités
24 qui se situaient dans certains villages et ils les ont entreposées dans
25 leurs entrepôts à eux. C'était le problème auquel je devais faire face à
Page 13221
1 Banja Luka, à Bihac, Bosanski Novi, Prijedor.
2 Question: Nous y viendrons, Monsieur.
3 A la page suivante, derrière le petit a), on peut lire: "La Défense
4 territoriale SRBH"; on peut lire: "Jusqu'au 16 mai 1990, la TO de la SRBH
5 a gardé, entreposé les armements et les équipements militaires dans 653
6 localités". (Fin de citation.)
7 Est-ce exact?
8 Réponse: Attendez une seconde: je n'ai pas retrouvé le passage.
9 Question: Cela se situe probablement à la première page de votre document.
10 Réponse: Oui, effectivement. Je l'ai retrouvé à la première page.
11 Question: Donc, avant que la JNA ne prenne contrôle de cet équipement,
12 nous avions 653 endroits différents. Ensuite, je vous prie de descendre
13 trois ou quatre paragraphes et de vous concentrer sur le paragraphe qui
14 commence par les mots suivants: "Après l'action..."
15 Donc ce qui est dit est la chose suivante -je cite-: "Après l'action, la
16 plus grande partie des armements et des munitions a été entreposée à 48
17 endroits".
18 Donc nous avons réduit le nombre de localités de 653 à 48, n'est-ce pas?
19 Réponse: Oui.
20 Question: Ensuite, nous pouvons voir qu'il y avait toujours des problèmes
21 de sécurité qui concernaient les armes et les munitions.
22 Je vais essayer de vous indiquer le paragraphe. C'est le quatrième suite à
23 celui auquel nous avons fait référence auparavant: "Il y a eu des erreurs
24 quant à la garde des armements et des munitions; et le système n'a pas
25 fonctionné, ni montré d'effet lorsqu'il s'agit de gardes, de policiers de
Page 13222
1 garde et des patrouilles. La sécurité n'est assurée de manière
2 satisfaisante que dans les entreprises de production."
3 Ensuite, plusieurs paragraphes plus bas, nous avons un passage qui
4 commence par "mesures proposées". Vous l'avez trouvé?
5 Réponse: Oui.
6 Question: Donc, au n°1, lorsque la JNA assure les conditions pour
7 entreposer les armements afin de les assembler, les munitions également,
8 les gardes des uniformes et l'entreposage seraient également assurés pour
9 la Défense territoriale. Donc il y avait bien un effort, n'est-ce pas?
10 Réponse: Je ne suis pas d'accord avec vous, la TO relevait de la
11 responsabilité de la République. Les commandements des bases envoyaient
12 leurs experts en armement aux entrepôts de la TO, afin que ceux-ci
13 puissent examiner, garder et préserver les armements afin qu'il n'y ait
14 pas d'abus.
15 Question: Il y avait une discussion, une polémique à l'époque à ce sujet,
16 il y avait une proposition, donc cette proposition qui était passée à
17 l'assemblée de la République socialiste fédérative de Yougoslavie.
18 Deux Républiques, la Croatie et la Slovénie, ont refusé de l'accepter en
19 affirmant qu'il s'agissait d'un ordre illégal.
20 Réponse: Oui.
21 Question: C'est exact?
22 Réponse: Oui.
23 Question: Donc il y a bien eu une polémique?
24 Réponse: Oui.
25 Question: Ensuite, n°2… non, je vais revenir plutôt au n°1.
Page 13223
1 "Le commandant de la TO de la République socialiste de Bosnie-Herzégovine
2 adoptera des critères spéciaux, afin de réguler la quantité des armements
3 et des munitions qui devraient rester au sein des états-majors de la
4 Défense territoriale, aux fins de protection des plans de la Défense
5 territoriale et de ses locaux".
6 Est-ce que vous savez si cette proposition a été effectivement mise en
7 œuvre?
8 Réponse: Je ne suis pas tout à fait sûr pour ce qui est de la protection
9 des locaux de la TO. Il y avait des bâtiments spéciaux, et nous n'avions
10 besoin que d'un nombre minimal d'armes pour les gardiens.
11 Question: Mais là, il est dit que la TO fait partie des forces armées et
12 que l'armement devrait être traité la même manière, que les critères
13 doivent être les mêmes, et que toutes les TO municipales devraient garder
14 certains pistolets, certains fusils afin de pouvoir protéger les
15 personnes, les documents, les drapeaux, les plans et les locaux de la TO.
16 Et il y avait donc des munitions et des armements dans les entreprises qui
17 étaient entreposés dans des conditions pires que celles qui existaient
18 dans les dépôts municipaux.
19 Ensuite, au n°2: "Il faudrait recueillir les informations et les points de
20 vue des entreprises et des organes exécutifs des communautés socio-
21 politiques avant la fin de 1990. Il faudrait résoudre les problèmes de
22 l'armement et des munitions. Et nous proposons que les armes en trop
23 doivent être remises aux états-major de la Défense territoriale."
24 D'abord, je souhaiterais vous poser la question suivante: au sein de
25 diverses sociétés, il y avait des unités, des compagnies de TO qui
Page 13224
1 disposaient de leurs propres armes et de leurs propres munitions qui se
2 trouvaient dans leurs locaux, n'est-ce pas?
3 Réponse: Oui. C'étaient des unités de travail dont l'objectif était
4 d'aider de défendre et de protéger les usines. Toutes les entreprises,
5 toutefois, n'en disposaient pas; c'étaient des entreprises spéciales,
6 celles dont le champ d'activités couvrait des produits chimiques, et qui
7 étaient couvertes par l'appellation de "objectif spécial".
8 Ils se procuraient leurs armes eux-mêmes, les experts effectuaient le
9 contrôle de temps à autre afin d'inspecter les conditions des armes et de
10 les soumettre à l'examen régulier.
11 Question: C'est pour cela que l'on peut voir dans ce document: "Nous
12 suggérons que les excédents soient rendus aux états-major de la TO". Donc,
13 à un certain moment, les entreprises se sont procurés, ont acheté elles-
14 mêmes des armes qui n'ont pas été fournies par la JNA ou quelque autre
15 entreprise publique, n'est-ce pas?
16 Réponse: Oui.
17 Question: Fort bien.
18 Donc ces armes qui étaient autrefois entreposées dans 653 entrepôts
19 étaient maintenant regroupées dans 48. Et lorsque la guerre en Croatie a
20 commencé, les unités de la TO ont été mobilisées. Ses membres ont été
21 appelés sous les drapeaux et ces armes devaient être rendues aux unités de
22 la TO d'où elles provenaient, n'est-ce pas?
23 Réponse: Oui, à condition qu'un appel à la mobilisation soit
24 officiellement proclamé et qui concernait cette unité ou des unités de la
25 TO en particulier. C'était la loi: on ne devait pas délivrer d'armes aux
Page 13225
1 unités de la TO si un tel appel à la mobilisation n'avait pas été proclamé
2 officiellement.
3 Question: Certaines unités de la TO qui se sont vu restituer leurs armes
4 se situaient dans les zones de la Bosnie-Herzégovine qui étaient peuplées
5 majoritairement par les Bosniens et les Croates.
6 Réponse:Pour ce qui est des armes, ici, on dit que toutes les armes ont
7 été rendues excepté celles qui se trouvaient à Hadzici où il y avait un
8 institut pour les chars. Il me semble que ce n'est qu'à Hadzici que les
9 armes sont restées. D'après ce rapport, toutes les armes ont été rendues
10 avant le 23 mai 1990 et, pour la région de Banja Luka, le 13 juin.
11 Cet ordre de l'état-major général est un acte qui n'est pas conforme à la
12 loi; c'est pour ça qu'il a été la source de nombreuses discussions.
13 Puisque les armes ont été prises alors qu'elles appartenaient aux
14 Républiques qui les avaient achetées, qui les avaient entreposées, qui en
15 prenaient soin. Devant les tribunaux cette affaire a été portée et
16 l'assemblée yougoslave a repris le rôle des Républiques. La Slovénie et la
17 Croatie ne voulaient pas se conformer, alors que la Bosnie-Herzégovine, la
18 Serbie, le Monténégro et la Macédoine l'avaient fait.
19 M. Ackerman (interprétation): Oui, absolument. C'est exactement où je
20 voulais en venir.
21 Nous savons qu'au sein de la Bosnie-Herzégovine, la JNA a pris le contrôle
22 sur les armes de la TO, pratiquement sans exceptions, alors qu'en Croatie,
23 l'avis était plutôt que cet ordre était illégal et que les armes
24 appartenant à la TO, des unités de la TO en Croatie, ne doivent pas être
25 remises à la JNA. C'était bien la situation au moment où la guerre a
Page 13226
1 éclaté entre la Croatie et la JNA. Donc nous avons toutes ces unités de la
2 TO en Croatie, qui n'ont jamais restitué leurs armes; les unités en
3 Bosnie-Herzégovine n'étaient plus armées jusqu'au moment où leurs armes
4 leur ont été remises. C'est bien cela?
5 M. Selak (interprétation): Oui.
6 M. le Président (interprétation): Je souhaiterais juste apporter une
7 correction au compte rendu: à la page 20, ligne 8 du compte rendu en
8 anglais, nous avons "Croatie et Slavonie", alors qu'on devrait voir
9 apparaître "Croatie et Slovénie".
10 M. Ackerman (interprétation): Oui, je l'avais vu. J'ai probablement dit
11 Slavonie moi-même; cela m'arrive.
12 L'armée de Bosnie-Herzégovine, après le 7 avril 1992, n'était en fait, au
13 début, que l'assemblement des unités de la TO qui ont par la suite formé
14 l'armée de l'ABH?
15 M. Selak (interprétation): Oui.
16 Question: Et ces unités de la TO se sont procurés de nouveau leurs armes,
17 de manière légale ou illégale, n'est-ce pas?
18 Réponse: Oui. Pour ce qui est de Gorazde et Sarajevo, je ne sais pas
19 comment les unités se procuraient les armes, mais en règle générale, oui,
20 il y avait des voies légales ou illégales. Pour ce qui est de la Krajina,
21 les armes ont été remises de manière légale aux unités, aux seules unités
22 qui avaient répondu l'appel de mobilisation officiel. Toutes les unités de
23 la JNA qui se retiraient de la Croatie traversaient le territoire de la
24 Bosnie-Herzégovine. Ces unités laissaient leurs armes, tout leur
25 équipement sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine. Je ne suis pas au
Page 13227
1 courant de toutes les voies d'acquisition des armes; il n'y a pas eu pas
2 eu de registre, malheureusement, et ces armes n'étaient plus contrôlées
3 par les bases logistiques.
4 Je ne sais pas comment les corps se débrouillaient pour effectivement
5 avoir voir le contrôle sur ce qui se passait. Mais les unités de la JNA
6 avaient plus de 90% de Serbes. Il est facile alors de conclure où ces
7 armes ont finalement atterri.
8 Je peux concrètement vous dire quelle était la situation dans quelques
9 municipalités et dans certaines unités. Par exemple, le général Uzelac a
10 ordonné que l'on fournisse à la Brigade de la TO de Kozara, la 5e Brigade,
11 qui n'a pas été mobilisée. Et moi, j'ai dû régler ce problème avec
12 Belgrade directement.
13 Donc c'était illégal et contraire à la loi. C'est à ce moment-là que le
14 conflit a éclaté entre moi-même et le général Uzelac au sujet des ces
15 armes.
16 Question: Nous allons maintenant regarder un document qui, vraiment, nous
17 parlera beaucoup plus; il sera beaucoup plus révélateur à ce sujet.
18 Voudriez-vous regarder, s'il vous plaît, le document DB126.
19 (Intervention de l'huissier.)
20 Réponse: Pendant que nous attendons ce document, pourrais-je, s'il vous
21 plaît, ajouter quelques mots à ce sujet?
22 Au Tribunal, il y a un document du commandant de la 6e Brigade
23 territoriale, le colonel Bascarija, en octobre 1991 -j'en ai un exemplaire
24 de ce document-, dans lequel il explique de façon très claire comment il a
25 armé la population en Krajina de Bosnie, à Kljuc et à Sanski Most. Donc je
Page 13228
1 souhaiterais que l'on puisse voir aussi ce document-là.
2 Question: C'est intéressant, mais ça n'a rien à voir avec la question que
3 je vous ai posée. La question que je vous ai posée concernait les unités
4 de la Défense territoriale musulmane; c'est cela que nous allons regarder
5 dans le document DB126.
6 Voici donc un document qui a été rédigé par une personne dont nous avons
7 déjà parlé, Mesud Hasotic, commandant adjoint –c'est un colonel-, pour la
8 préparation psychologique et la direction morale. C'est un colonel et un
9 Bosnien, n'est-ce pas?
10 Réponse: Oui.
11 Question: C'est un document qui est daté du 21 avril 1992, c'est-à-dire
12 deux semaines après la reconnaissance par la communauté européenne de
13 l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas?
14 Réponse: Oui.
15 M. Ackerman (interprétation): Regardez le deuxième paragraphe, le colonel
16 Hasotic dit ceci: "Les installations militaires sont particulièrement
17 menacées. L'industrie militaire, les dépôts et autres installations
18 isolées. Ceux qui organisent les attaques sont de l'état-major de la
19 Défense territoriale républicaine et du MUP de Bosnie-Herzégovine; ou ceux
20 qui les appliquent sont du SDA, du Parti d'action démocratique, et du HDZ,
21 de l'Union démocratique croate.
22 Si vous descendez un peu plus bas, au premier paragraphe numéroté, il est
23 dit: "En ce qui concerne d'autres questions, nous voudrions mentionner ce
24 qui suit: la nuit des 17 au 18 avril 1992, les Bérets verts et des membres
25 d'unités spéciales du MUP de Bosnie-Herzégovine ont attaqué l'usine de
Page 13229
1 Pretis à Vogosca.
2 Les conséquences de ces deux attaques, à 3 heures et 5 heures, ont été les
3 suivantes: 5 attaquants ont été tués, 20 ont été blessés, 9 ont été faits
4 prisonniers. Ils sont repartis avec 7 camions, dont deux contenaient des
5 munitions; 100 véhicules Golf Volkswagen ont été volés et les Bérets verts
6 les utilisent déjà".
7 Avez-vous eu connaissance de cet incident?
8 M. Selak (interprétation): Revenons, s'il vous plaît, au commencement, au
9 début de ce document.
10 Le colonel Hasotic s'est borné à transmettre ce rapport au 2e District
11 militaire sur la situation en Bosnie-Herzégovine. Ce rapport émanait de
12 l'assistant chargé des questions politiques et juridiques du commandement
13 du 2e District militaire. Et le colonel Hasotic ne se réfère pas à des
14 événements au sein du 1er Corps de la Krajina -c'est le secteur du 5e
15 Corps-, mais il se réfère à l'ensemble du document et le transmet aux
16 brigades pour leur information. C'était, professionnellement, son devoir
17 de le faire. Ce n'est pas son document à lui, mais c'est un document du 2e
18 District militaire de Sarajevo.
19 Mme Korner (interprétation): Quelle est la pertinence de ces secteurs qui
20 sont tous en dehors de la zone concernant l'Acte d'accusation?
21 M. le Président (interprétation): Oui, Maître Ackerman?
22 M. Ackerman (interprétation): Monsieur le Président, ce que ce document
23 fait, c'est de parler de l'acquisition d'un nombre important d'armes et de
24 matériels par des membres de la Défense territoriale musulmane en avril
25 1992. Et, comme nous le savons tous, les armes ne restent pas
Page 13230
1 nécessairement là où elles ont été prises, mais peuvent être transportées
2 dans tout le pays.
3 Mme Korner (interprétation): J'ai l'impression que ceci vise simplement à
4 montrer que les Musulmans, dans d'autres secteurs, recevaient des armes.
5 Mais nous avons déjà examiné cet aspect particulier; ce n'est pas un moyen
6 de défense de dire que les Musulmans s'armaient. Ce qui importe, dans la
7 présente affaire, c'est que les éléments de preuve que le colonel donne
8 aient trait au fait que sont armés des Serbes dans le secteur couvert par
9 cet Acte d'accusation.
10 Donc j'objecte à ce type de questions et à ce qu'elles soient poursuivies.
11 M. le Président (interprétation): Un dernier commentaire de votre part,
12 Maître Ackerman?
13 M. Ackerman (interprétation): Si c'est bien le cas, Monsieur le Président,
14 je pense que c'est tout à fait le cas, que c'est tout à fait pertinent
15 pour nous afin de montrer que les forces bosniennes avaient des sources
16 pour s'approvisionner en armes et pouvaient fournir ces armes à n'importe
17 quel endroit de leur choix, y compris la Krajina de Bosnie.
18 M. le Président (interprétation): Mais on met la charrue avant les bœufs,
19 ici. Je veux dire que l'on ne peut pas continuer comme ça. Comme je l'ai
20 dit -et Mme Korner l'a dit également-, ceci va trop loin, vous allez trop
21 loin. Et vous voulez, en quelque sorte, construire sur cet argument de
22 nouveaux arguments et vous voudriez demander si ce colonel présente, lui,
23 d'autres documents qui montrent que des armes étaient achetées par des
24 Musulmans dans d'autres pays? Prétexte qu'il aurait pu avoir ensuite pour
25 les transmettre à des Musulmans dans le territoire de Bosnie-Herzégovine?
Page 13231
1 Je pense que, ici, il faut vraiment mettre une limite, Maître Ackerman. Je
2 crois que vous savez exactement ce que je veux dire. Et je vous suggère de
3 poser des questions supplémentaires.
4 M. Ackerman (interprétation): Eh bien, Monsieur le Président, peut-être
5 que je peux… enfin, si je peux encore poser deux ou trois questions, je
6 pourrais établir la pertinence.
7 M. le Président (interprétation): Mais je vous arrêterai si vous vous en
8 écartez.
9 M. Ackerman (interprétation): Je comprends.
10 Qu'est-ce que c'était que l'usine de Pretis à Vogosca? Où est-elle?
11 M. Selak (interprétation): Pretis, à Vogosca ou dans la municipalité de
12 Vogosca, est à l'ouest du centre de la ville de Sarajevo; elle fait partie
13 de la ville de Sarajevo. C'est une usine de construction d'automobiles. Ce
14 sont plus particulièrement des véhicules industriels, c'est-à-dire qu'il y
15 a des installations industrielles et militaires qui se trouvaient là aussi
16 à l'intérieur de Sarajevo.
17 Question: Du matériel militaire était fabriqué là aussi, n'est-ce pas?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Et à un autre endroit, du matériel militaire était fabriqué en
20 Bosnie-Herzégovine? A Igman, il y avait une installation près de Konjic,
21 n'est-ce pas?
22 Réponse: Près de Konjic, il y avait des munitions pour l'infanterie qui
23 étaient fabriquées.
24 M. Ackerman (interprétation): Et où est l'usine d'Igman?
25 Mme Korner (interprétation): Ce sont les deux questions de Me Ackerman. Où
Page 13232
1 allons-nous maintenant?
2 M. le Président (interprétation): Oui, Maître Ackerman?
3 M. Ackerman (interprétation): Monsieur le Président, je ne pense pas que
4 je devrais avoir à faire ce type de représentation, mais je vais le faire.
5 Il y avait, d'après ce que j'ai compris, seulement deux ou trois usines
6 dans l'ensemble de la Bosnie-Herzégovine qui fabriquaient des armes et des
7 munitions, et ces usines étaient toutes situées profondément à l'intérieur
8 du pays, dans des zones dans le secteur de Sarajevo-Konjic, pour des
9 raisons de sécurité. C'est là que Tito les avait mises lorsqu'il avait
10 conçu l'ensemble de la notion de Défense territoriale. C'est pour cela que
11 si l'on voulait essayer d'acquérir des armes pour les utiliser dans tout
12 les pays, en les volant de ces unités, à ces endroits, alors il fallait
13 aller là où elles se trouvaient. On ne pouvait pas tout simplement aller
14 voler des armes à Banja Luka parce qu'il n'y avait pas d'usine à cet
15 endroit-là.
16 M. le Président (interprétation): Oui, mais nous devons nous en tenir aux
17 territoires dont nous parlons, à moins qu'il y ait au moins une raison,
18 une bonne raison prima facie, que ces armes ont fini par aboutir dans le
19 territoire qui forme l'objet de l'Acte d'accusation qui nous est soumis.
20 Je veux dire, comme je l'ai dit, nous pouvons avoir des exemples d'armes
21 qui auraient été achetées et vendues par des Musulmans ailleurs, plus dans
22 cette affaire. Mais nous avons déjà entendu des éléments de preuve
23 concernant des armes qui étaient vendues par les Serbes eux-mêmes à des
24 Musulmans. Donc, en fait, qu'est-ce que cela change?
25 M. Ackerman (interprétation): Je ne veux pas mettre la charrue devant les
Page 13233
1 bœufs. Il faut d'abord que je mette les bœufs en premier.
2 M. le Président (interprétation): Je pense, moi, que vous mettez la
3 charrue devant les bœufs parce que vous n'avez pas de preuve du tout, en
4 tout cas aucune indication du tout, même prima facie, que des armes qui
5 auraient été volées de ces deux installations militaires ou installations
6 industrielles auraient fini dans les mains de Musulmans, Musulmans dans le
7 territoire dont nous sommes en train de parler.
8 M. Ackerman (interprétation): Laissez-moi vous donner un exemple.
9 M. le Président (interprétation): Ce n'est pas la peine, Maître Ackermann,
10 parce que nous avons déjà suffisamment d'éléments de preuve que des
11 Musulmans, dans le territoire dont nous parlons, avaient obtenu des armes
12 de soldats serbes qui rentraient de Croatie.
13 M. Ackerman (interprétation): Je comprends que c'est un problème de
14 charrue devant les bœufs. Supposons que j'aie un témoin qui soit là et qui
15 soit en train de dire qu'un très grand nombre d'armes venaient dans la
16 Krajina de Bosnie depuis la Bosnie centrale, alors vous voudriez que je
17 dise comment cela peut se passer alors, où ont-ils obtenu leurs armes et
18 comment puis-je le prouver si...
19 M. le Président (interprétation): Mais vous avez déjà ce document. C'est
20 pourquoi Mme Korner a raison d'objecter sur la façon dont vous insistez
21 avec ces questions, avec ces questions avec ce témoin. Vous avez ce
22 document qui est un document officiel, un document d'un colonel de
23 l'armée. Voilà.
24 Mme Korner (interprétation): J'objecte à ce que des questions
25 supplémentaires soient posées en ce qui concerne ce document. Pour autant
Page 13234
1 que je puisse voir, il n'est pas pertinent pour les questions quelconques
2 concernant cet officier et il ne peut pas nous aider. Ce serait comme de
3 décider que Me Ackerman ne doit pas continuer à poser des questions dans
4 ce sens.
5 M. Ackerman (interprétation): Je crois que vous avez une décision à ce
6 sujet et j'objecte à être gêné, entravé dans mon contre-interrogatoire.
7 J'ai dit ce que j'avais à dire et je suis prêt à poursuivre, Monsieur le
8 Président.
9 M. le Président (interprétation): Bien. Poursuivez, Maître Ackerman.
10 M. Ackerman (interprétation): Témoin, je souhaiterais que vous regardiez
11 la pièce à conviction P1573.
12 (Intervention de l'huissier.)
13 Monsieur le Témoin, je voudrais que vous regardiez la pièce à conviction
14 P1573. C'est un document que vous avez vu l'autre jour; il n'est pas
15 nouveau pour vous.
16 M. Selak (interprétation): Oui.
17 Question: La première question que j'ai concerne la date. Il est daté du
18 14 mars 1992, n'est-ce pas?
19 Réponse: Oui.
20 Question: Bon. C'est donc à l'époque où la JNA existait encore en Bosnie-
21 Herzégovine, n'est-ce pas?
22 Réponse: Oui.
23 Question: Et les armes qui sont décrites dans ce document provenaient de
24 la Défense territoriale à Banja Luka, n'est-ce pas? C'est vrai aussi?
25 Réponse: Oui.
Page 13235
1 Question: Il est dit qu'elles ont été transférées avec le consentement de
2 la Défense territoriale de Banja Luka?
3 Réponse: Ceci est un ordre de transférer; elles n'avaient pas encore été
4 transférées.
5 Question: Ce n'était pas ma question. Ma question: c'était fait, ç'avait
6 été fait, ça devait être fait avec le consentement de la Défense
7 territoriale de Banja Luka, n'est-ce pas?
8 Réponse: Oui.
9 Question: Ma question est: pourquoi est-ce que le colonel Tepsic se mêle
10 de cette question de transférer des armes d'une Défense territoriale à une
11 autre? En quoi est-ce que cela le concerne-t-il?
12 Réponse: Le colonel Vaso Tepsic était commandant adjoint pour les
13 questions logistiques. Ici, il abusait de ses fonctions; il n'avait pas
14 les compétences pour approuver la délivrance de munitions et d'armes à des
15 unités de la Défense territoriale.
16 Question: Je me demande si ce document a un effet quelconque. La Défense
17 territoriale de Banja Luka aurait tout simplement donné ses armes à la
18 Défense territoriale de Karanovac sans que Tepsic s'en mêle du tout,
19 n'est-ce pas?
20 Réponse: Oui, mais ici, nous voyons que des arrangements ont été conclus
21 entre le personnel de la Défense territoriale de Banja Luka et le
22 commandement du Corps; probablement qu'ils ont discuté verbalement de
23 cette question et le colonel Tepsic, sur cette base, a rédigé cet ordre.
24 Question: Vous nous avez dit l'autre jour, dans votre déposition, à la
25 page 12947 du compte rendu, que vous n'aviez pas connaissance de cet ordre
Page 13236
1 du colonel Tepsic en mars 1992. Est-ce exact?
2 Réponse: Oui, je n'en avais pas connaissance, de ce document. Et, pour
3 moi, cet ordre n'est absolument pas logique.
4 Question: Ce que vous nous avez dit dans le compte-rendu, à la ligne 18,
5 c'est: "Il aurait dû me consulter et il n'y aurait pas eu de problème.
6 L'état major de district de Banja Luka en avait connaissance, mais
7 personne ne m'en a informé". Mais je suppose que ce que vous dites, c'est
8 qu'il ne pourrait pas y avoir eu de problème et il n'y a eu aucun problème
9 pour que ces armes soient transférées entre ces deux unités de la défense
10 territoriale. C'est simplement le fait que vous n'en avez pas eu
11 connaissance?
12 Réponse: Je ne sais pas. Je n'en sais rien. Mais, si cette unité -qui en
13 fait était une section d'une trentaine d'hommes- n'avait pas été armée, à
14 ce moment-là, l'état-major de la défense territoriale municipale aurait dû
15 demander, par les voies normales, ce matériel à la base de logistique.
16 Toutefois, il est demandé au commandement du Corps -et c'est pour ça que
17 je dis que c'était une procédure illégale ou irrégulière, ce n'était pas
18 la façon régulière- de fournir des armes à des unités de la défense
19 territoriale.
20 Question: A la page 12948 de votre déposition, mercredi dernier, on vous a
21 posé la question suivante: "Il est dit -en ce qui concerne ce document-,
22 il est dit qu'il ordonne que la Défense territoriale de Banja Luka
23 délivrera les armes suivantes. Donc il donne un ordre à la défense
24 territoriale?" Votre réponse a été: "Il a donné son approbation, il l'a
25 approuvé".
Page 13237
1 Alors maintenant, si vous regardez ce document, Monsieur le Témoin, dit-
2 il: "J'ordonne par les présentes…"?
3 Réponse: Oui, c'est bien cela qui est dit: "J'ordonne par les présentes…".
4 Question: Donc ce n'est pas une approbation; c'est un ordre, n'est-ce pas?
5 Réponse: Oui, c'en est un.
6 Question: Pourquoi avez-vous dit que c'était une approbation? Pourquoi
7 avez-vous dit que ce n'était pas un ordre qu'il l'approuvait?
8 Réponse: C'est un lapsus que j'ai fait. Ce document est très précis; il
9 dit: "J'ordonne". Il ne va pas délivrer d'armes, mais c'est l'opérateur
10 qui se trouvait là où les armes étaient entreposées qui allait le faire.
11 M. Ackerman (interprétation): Ne trouvez-vous pas étrange qu'un officier
12 de la JNA ordonne à une unité de la Défense territoriale de faire quelque
13 chose qu'il voulait faire de toute manière? Pourquoi est-ce que c'était
14 nécessaire, pourquoi est-ce qu'il fallait lui ordonner de le faire? Je
15 pense que j'ai déjà posé cette question.
16 Mme Korner (interprétation): Qui plus est, Monsieur le Président, ce que
17 Me Ackerman fait remarquer au témoin, c'est les explications qu'il a
18 données sur les raisons pour lesquelles le colonel Tepsic devrait donner
19 cet ordre ou cette approbation, qui suit directement sur le compte rendu
20 qu'il cite.
21 M. le Président (interprétation): Vous avez raison, Madame Korner.
22 M. Ackerman (interprétation): Passons maintenant à…
23 M. le Président (interprétation): Je vous remercie. Maître Ackerman?
24 M. Ackerman (interprétation): Je voudrais que vous regardiez le document
25 DB116 et, en même temps, je voudrais aussi qu'on vous présente le document
Page 13238
1 DB117.
2 Le DB116 du témoin est un autre ordre analogue, signé par Tepsic, n'est-ce
3 pas?
4 M. Selak (interprétation): Oui.
5 Question: Et celui-là est daté du 5 mai 1992. C'est toujours la JNA,
6 n'est-ce pas?
7 Réponse: Oui.
8 M. Ackerman (interprétation): J'ai entendu une voix mentionner le nom de
9 M. Brdjanin.
10 M. le Président (interprétation): (Hors micro.).
11 Il est important que le témoin entende l'interprétation parce que j'ai pu
12 vous suivre, vous, Maître Ackerman.
13 Interprète: Microphone, Monsieur le Président.
14 M. le Président (interprétation): Oui.
15 M. Ackerman (interprétation): Quoi?
16 M. le Président (interprétation): Il semble qu'il y ait peut-être un
17 problème. Je ne suis pas tout à fait sûr qu'il y en ait un.
18 Colonel, est-ce que vous avez entendu l'interprète? Les interprètes ont
19 des problèmes avec le matériel et présentent leurs excuses.
20 Bien. Vous avez entendu la question de Me Ackerman? Est-ce qu'elle a été
21 traduite pour vous?
22 M. Selak (interprétation): Oui, j'ai entendu parler de ce document.
23 M. le Président (interprétation): Bien.
24 M. Selak (interprétation): C'est juste le numéro qui a été mentionné, rien
25 de plus que cela.
Page 13239
1 M. Ackerman (interprétation): Pourriez-vous nous dire ce qu'était le poste
2 militaire 7980 à Banja Luka?
3 M. Selak (interprétation): C'est une unité subordonnée, subordonnée au
4 commandement du Corps. Bah, je ne sais pas quelle unité c'était, mais
5 chaque brigade avait son poste militaire, de sorte que le numéro du poste
6 militaire ait le nom secret ou de baptême confidentiel qui est donné à
7 l'unité. Ce n'est pas vraiment secret, mais c'est utilisé, disons, dans
8 certaines conditions de temps de paix. En temps de guerre, des numéros
9 différents sont utilisés.
10 Question: Donc ceci était une brigade, fondamentalement? Le poste
11 militaire 7980?
12 Réponse: Je suppose que oui, quelqu'un de l'une des brigades.
13 Question: Eh bien, étiez-vous à Banja Luka? Vous connaissiez le poste
14 7980?
15 Réponse: Ce numéro m'est familier. J'ai oublié le lieu, je ne voudrais pas
16 commettre d'erreur, je ne suis pas sûr. Donc, si vous avez le
17 renseignement vous-même, la réponse vous-même, j'y réfléchirai. Le numéro
18 me rappelle quelque chose, c'est Banja Luka. Je ne suis pas sûr de quel
19 poste militaire il s'agit: il y en avait un très grand nombre. C'est assez
20 difficile de garder tout cela dans sa mémoire. Il y avait des postes
21 militaires dans les unités subordonnées de la base également.
22 Question: Je voudrais vous demander de regarder la signature, et ce qui
23 est plus important encore, le tampon que l'on peut voir sur ce document.
24 La signature et le reste, c'est le commandant assistant pour les questions
25 logistiques, le colonel Vaso Tepsic. Mais le timbre dit "Poste militaire
Page 13240
1 4022 - Banja Luka".
2 Pouvez-vous nous dire ce que c'est?
3 Réponse: C'est le commandement du Corps.
4 M. Ackerman (interprétation): Bien.
5 M. le Président (interprétation): Avant que ne continuiez, Maître
6 Ackerman… D'abord, en avez-vous fini avec ce document-ci?
7 M. Ackerman (interprétation): Je vais passer au 117 ensuite, Monsieur le
8 Président. Donc j'ai fini ce document-là.
9 M. le Président (interprétation): Bien.
10 Colonel, juste une simple question. Vous voyez dans le document DB116,
11 nous avons deux localités qui sont mentionnées, les deux défenses
12 territoriales essentiellement: l'une de Bosanska Gradiska et l'autre de
13 Kotor Varos.
14 M. Selak (interprétation): Oui.
15 M. le Président (interprétation): Et dans chaque cas, nous avons 50 unités
16 de fusils automatiques, 150 pièces de fusils semi-automatiques. Et si vous
17 remontez au document P1572, sur lequel on vous a posé des questions
18 précédemment, vous verrez que…
19 Est-ce que vous avez encore le document 1572? Si vous voulez, s'il vous
20 plaît, le reprendre? C'était le document qui portait une liste.
21 M. Selak (interprétation): Non, je ne l'ai pas.
22 M. le Président (interprétation): Madame la Greffière, pourriez-vous, s'il
23 vous plaît, remettre au témoin le document en question?
24 (Intervention de l'huissier.)
25 Regardez donc ce document 15272, que vous avez déjà vu: dans la colonne
Page 13241
1 Bosanska Gradiska, vous allez voir qu'il y a seulement 30 fusils
2 automatiques, alors qu'il y a 528 fusils semi-automatiques. Et vous voyez
3 aussi que Kotor Varos n'apparaît pas dans la liste qui figure sur le
4 document P1572.
5 Est-ce que ceci pourrait éventuellement vouloir dire que la liste contenue
6 dans la pièce à conviction P1572 se réfère à une période antérieure au 5
7 mai 1992, qui est la date que porte la pièce à conviction DB107?
8 M. Selak (interprétation): Il est très évident que des armes, ici, étaient
9 délivrées en double. Là, nous avons une unité qui comporte 200 hommes dans
10 les deux états-majors municipaux, et ça n'était pas visé dans cette liste
11 qui est datée du 31 août concernant les armes qui ont été délivrées.
12 Toutefois, le commandant du Corps et ses unités obtenaient des fournitures
13 pour toutes les unités qui leur étaient subordonnées, même sans que des
14 ordres soient émis, pour toutes les unités qui exécutaient leurs ordres.
15 Comme je le disais, c'étaient même des unités paramilitaires parce que
16 j'ai un document que j'ai vu, ici, au Tribunal, qui rend compte très
17 clairement du nombre de formations paramilitaires dans le territoire de la
18 République serbe de Bosnie-Herzégovine, de sorte qu'il est clair que le
19 colonel Tepsic -sans consulter le général Galic, je pense- a délivré de sa
20 propre initiative cet ordre; il avait le pouvoir de le faire, il était
21 l'autorité compétente, la personne compétente. Ce document est
22 parfaitement légal.
23 Mais je voudrais souligner que, pour Bosanska Gradiska, dans l'état-major
24 ou le personnel de la Défense territoriale, il n'y avait que des soldats
25 serbes; c'est-à-dire que ces unités étaient composées uniquement de
Page 13242
1 soldats serbes.
2 Quant à Kotor Varos, je pense que la situation était la même, était
3 analogue, mais je ne peux pas le garantir: je ne suis pas sûr à cent pour
4 cent, comme je le suis pour Bosanska Gradiska.
5 M. le Président (interprétation): Très bien. Nous suspendons la séance
6 pour un quart d'heure.
7 (L'audience, suspendue à 15 heures 47, est reprise à 16 heures 05.)
8 Maître Ackerman, poursuivez.
9 M. Ackerman (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
10 Colonel, nous parlons toujours de ce document DB116. Dans votre réponse à
11 la question du Juge, vous avez dit ce qui suit -je cite-: "Il est clair
12 que le colonel Tepsic, sans avoir consulté le général Talic, selon moi, et
13 sur sa propre initiative, à donné cet ordre". C'est ce que vous avez dit?
14 M. Selak (interprétation): Oui, c'est ce que j'ai dit, mais je m'excuse.
15 Dans l'introduction de ce document, on dit: "Sur la base d'un ordre oral
16 du commandant du Corps d'armée". C'est moi qui ai fait une erreur: le
17 colonel Tepsic avait reçu l'ordre du commandant du 5e Corps de délivrer
18 cet armement. Je m'excuse: c'est une erreur que j'ai faite.
19 M. Ackerman (interprétation): Je voudrais vous demander quelle information
20 avez-vous eue qui vous ait fait conclure que cet ordre aurait été donné
21 sans la consultation du général Talic ou vous l'avez tout simplement
22 inventé?
23 M. Selak (interprétation): Je ne l'ai pas inventé parce que le colonel
24 Tepsic, à moi-même qui étais colonel et commandant d'une base, avait
25 apporté un fusil automatique et m'en a fait cadeau. Je sais qu'il en
Page 13243
1 faisait autant avec d'autres officiers dans son bureau; il y avait un lit
2 sur lequel il y avait une caisse pleine de fusils automatiques. Je lui
3 avais demandé à quoi ça lui servait et il n'a fait que sourire. J'ai même
4 dans mon cahier le numéro du fusil dont il m'a fait cadeau et au colonel
5 Zentic(?), qui était chef de l'état-major. Le numéro du fusil est marqué
6 dans mon cahier. Donc c'est ma conclusion qu'il a dû en donner aux autres,
7 ce qui m'a frappé d'ailleurs.
8 M. le Président (interprétation): Bien. Je pense que nous pouvons aller
9 plus loin encore.
10 M. Ackerman (interprétation): Avant de passer au document suivant, je
11 voudrais poser encore quelques questions d'ordre général de sorte que nous
12 puissions mieux comprendre la situation qui prévalait.
13 Les unités de la Défense territoriale n'étaient pas sous le commandement
14 du 5e Corps d'armée, c'est-à-dire les unités de la Défense territoriale
15 qui se trouvaient dans la zone de responsabilité du 5e Corps n'étaient pas
16 sous son commandement?
17 M. Selak (interprétation): Non.
18 Question: Et il est vrai, n'est-ce pas, qu'il existait un état-major
19 régional de la Défense territoriale avec son siège à Banja Luka, qui
20 existait bien avant que ne fut créée la Région autonome de Krajina?
21 Réponse: Oui, le chef était le colonel Kasabasic Nikola; le commandant de
22 l'état-major de la Défense territoriale plutôt.
23 Question: De la Défense territoriale régionale?
24 Réponse: Oui, on appelle ça la défense territoriale de la zone, dont le
25 commandant était le colonel Nikola Kasabasic.
Page 13244
1 Question: Et le colonel Milorad Sajic, quel était son rôle?
2 Réponse: Je ne peux pas m'en souvenir. Il était peut-être le chef de
3 l'état-major mais, à cette époque-là… Je ne voudrais pas m'aventurer dans
4 des conjonctures. La situation changeait; beaucoup d'officiers de
5 Slovénie, de Croatie sont venus et qui ont remplacé les Musulmans, les
6 Croates qui avaient quitté leur poste dans l'armée, si bien que je ne sais
7 pas, à cette époque, qui était à quelle fonction. Oui, je connais les
8 fonctions des principaux officiers, mais pas des autres.
9 Question: Une dernière question liée à ce document DB116. Est-ce que, à
10 cette époque, en mai 1992, vous avez… vous en connaissiez l'existence?
11 Réponse: Non. Je ne le connaissais pas, à cette époque-là.
12 Question: Très bien. Voyons maintenant le document DB117. C'est un
13 document semblable aux précédents, signé par le colonel Tepsic, du 9 mai
14 1992, de l'époque de la JNA, n'est-ce pas?
15 Réponse: Oui.
16 Question: Et c'était quatre jours après le document précédent, n'est-ce
17 pas?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Et il est ordonné ici, à la poste militaire 7980 de Banja Luka,
20 de délivrer le matériel suivant à l'état-major de la Défense territoriale
21 de Kotor Varos, n'est-ce pas?
22 Réponse: Oui.
23 Question: Colonel, dans la version anglaise dont nous disposons, il est
24 dit: "Le numéro de la poste militaire 4022" et aussi "le numéro de la
25 poste militaire 7980", mais nous ne sommes pas sûrs que ce soit vraiment
Page 13245
1 une bonne traduction. Ça s'appelait vraiment "poste militaire"?
2 Réponse: Oui. Oui, la poste militaire 4022, c'était le commandement du
3 Corps d'armée, c'était son numéro en temps de paix. Car dans la
4 correspondance entre les unités et entre les structures civiles, on
5 écrivait le numéro de la poste militaire et non pas la formation, corps
6 d'armée, brigade, etc.
7 Question: Très bien. Est-ce que vous saviez que cet ordre existait en mai
8 1992?
9 Réponse: Non. C'est la première fois, maintenant, que je vois ce document.
10 Mais, sur la base d'un ordre oral, c'est sur un ordre oral du colonel, du
11 commandant du Corps que Tepsic a donné cet ordre.
12 Question: Eh bien, nous avons vu tout à l'heure trois ordres signés par le
13 colonel Tepsic, pour lesquels vous avez dit ne pas les avoir vus avant.
14 Mais vous saviez qu'il le faisait, qu'il signait de tels ordres?
15 Réponse: Il était commandant adjoint pour les arrières; or cela concerne
16 la parties des missions des arrières et le colonel… cela relevait de la
17 compétence du colonel Tepsic. Il agissait sur les ordres de son
18 commandant, le général Talic.
19 Question: Mais vous n'avez pas répondu à ma question. N'avez-vous pas su,
20 à l'époque Tepsic le faisait, qu'à l'époque il signait de tels ordres?
21 Réponse: J'étais le commandant d'une base des arrières et le colonel
22 Tepsic était au commandement du corps d'armée. Nous n'avons jamais
23 discuté; il n'avait pas l'obligation de m'informer au sujet de ces
24 documents. Il donnait des ordres à ses unités subordonnées, il n'y avait
25 aucun besoin qu'il m'en informe; du reste, cela ne m'intéresse pas. S'il
Page 13246
1 m'avait saisi, s'il s'était adressé à moi, j'aurais paraphé au coin droit
2 supérieur et j'aurais remis ce document à mon chef des services techniques
3 pour qu'il règle ce problème. Cependant, le corps d'armée disposait des
4 armes, en disposait librement et le colonel Tepsic…
5 Question: Je vous ai posé une question simple: est-ce que vous saviez
6 qu'il le faisait ou non? Je pense que votre réponse est non?
7 Réponse: Qu'il écrivait ça, qu'il réglait ces choses par des documents? Je
8 vois des initiales, ici, de celui de qui a traité l'acte; à droite, c'est
9 marqué "DJ". C'est son préposé aux armes qui a tapé et qui a conçu cet
10 acte et c'est le colonel qui l'a signé.
11 Question: Monsieur, je suis obligé d'insister pour que vous répondiez à ma
12 question qui est simple: vous saviez, n'est-ce pas, que Tepsic faisait
13 cela, donc qu'il signait ce type d'ordre? Le saviez-vous ou non? Dites oui
14 ou non.
15 Réponse: Je dis explicitement: je ne savais pas qu'il rédigeait de tels
16 documents.
17 M. Ackerman (interprétation): Merci.
18 M. le Président (interprétation): Merci. Je sais que vous le faites dans
19 l'esprit de coopération avec ce Tribunal, mais je vous prie d'être concis
20 et bref dans vos réponses et de ne répondre qu'aux questions, et de ne pas
21 vous disperser. Je vous remercie.
22 M. Ackerman (interprétation): Vous avez devant vous votre déposition de
23 1995.
24 M. Selak (interprétation): Elle a été rendue.
25 (Intervention de l'huissier.)
Page 13247
1 Question: Alors, je ne sais pas où elle est.
2 (Intervention de l'huissier.)
3 Réponse: Oui.
4 Question: Ce qui m'intéresse, c'est ce qui se trouve à la page 10 de la
5 version en anglais, le passage qui commence par –je cite-: "Le lieutenant-
6 colonel Nikola Uzelac, commandant du Corps d'armée de Banja Luka, en 1991,
7 à deux reprises a été promu pendant la guerre".
8 Lorsque vous aurez trouvé cela, sur la page 11 dans la version en
9 original…
10 Réponse: Oui.
11 Question: Maintenant, je vous prie d'aller trois paragraphes plus bas où
12 il est écrit -je cite-: "Tard en 1991 et en début de 1992, l'adjoint
13 d'Uzelac, du commandant de logistique Vaso Tepsic, colonel, m'appelait
14 vers la fin de la journée, me saisissait avec les ordres de délivrance de
15 nouveaux armements pour les unités de la Défense territoriale".
16 Vous le saviez, non?
17 Réponse: Nous avions des réunions régulières, journalières auxquelles nous
18 faisions l'analyse, la logistique du corps d'armée. Ces réunions se
19 faisaient avec les chefs des services, de ces services et des miens, et
20 là, nous discutions toutes les questions de logistique au niveau du corps
21 d'armée, entre autres, tout ce qui concernait ces unités. Mais sans
22 document, je vous en prie. Sans document.
23 M. Ackerman (interprétation): Ce que vous avez dit est qu'il vous
24 saisissait régulièrement avec des ordres, les ordres que nous avons vus
25 tout à l'heure. Il venait vous voir, en fait, avec des ordres pour armer
Page 13248
1 les nouvelles de la Défense territoriale; il fallait donc distribuer de
2 l'armement aux unités de la Défense territoriale. Et vous avez dit, tout à
3 l'heure, qu'il donnait ses ordres pour armer ces unités.
4 Ce document nous vient de l'accusation, non?
5 M. Selak (interprétation): Oui.
6 M. le Président (interprétation): Je voudrais être sûr que le mot "ordre"
7 est utilisé dans le contexte que vous suggérez, Maître Ackerman, et non
8 pas dans un autre. Car un ordre d'armement est une chose, et un ordre qui
9 aurait été donné par le colonel Tepsic au poste militaire 7980, ordre
10 d'approvisionner une unité avec ce type d'armement serait autre chose.
11 M. Ackerman (interprétation): Un ordre est un ordre.
12 M. le Président (interprétation): Si la Défense territoriale de Kotor
13 Varos donne un ordre de cent fusils, ça c'est un ordre. Et c'est pour cela
14 que je voudrais être sûr que ce qui est marqué ici comme ordre d'armement
15 pour les nouvelles brigades est bien ce à quoi vous pensez, et non pas ce
16 que le témoin a essayé de vous suggérer. En d'autres termes, la solution
17 serait dans la langue originale que je ne comprends pas.
18 Mme Korner (interprétation): La déposition a été faite en anglais et
19 ensuite traduite en BCS.
20 M. le Président (interprétation): Peut-être le témoin pourrait peut-être
21 nous expliquer lui-même?
22 Mme Korner (interprétation): Je ne sais pas ce qui est marqué en serbo-
23 croate, mais ce n'est pas ce que le témoin a dit en BCS. Les dépositions
24 sont prises en anglais, donc le témoin a répondu et l'interprète a
25 traduit; et c'est comme cela que ça a été écrit. Ensuite, le même
Page 13249
1 interprète a lu sa déposition au témoin, et ensuite toute la déposition a
2 été retraduite comme on savait qu'il apparaîtrait ici.
3 M. le Président (interprétation): Je pose une question directe au témoin
4 lui-même.
5 Ici, il est marqué que: "Vers la fin de l'année 1991 et au début de 1992,
6 le colonel Tepsic me saisissait vers la fin de la journée régulièrement
7 avec des ordres d'armer les nouvelles brigades des unités territoriales".
8 Qu'est-ce que vous entendez par "les ordres d'armement"? En d'autres
9 termes, est-ce que le colonel Tepsic venait vous voir pour vous dire:
10 "Colonel Selak, il nous faut tant et tant de fusils pour la Défense
11 territoriale à Kotor Varos ou à Bosanska Gradiska"? Ou bien, il venait
12 vous voir avec un ordre écrit que vous n'auriez qu'à approuver pour donner
13 l'ordre aux unités subordonnées? Parce que la façon dont cela a été écrit
14 ici, à mon avis, laisse de la place pour des conjectures. )
15 M. Selak (interprétation): Je dois expliquer cela plus largement. Nous
16 avions des réunions régulières de nuit, le commandant Tepsic et moi, avec
17 nos collaborateurs, avec les chefs des services. Jamais le colonel Tepsic
18 n'a donné un ordre d'armement, mais c'était son préposé aux munitions et
19 aux armements. Il le rapportait à moi-même et à Tepsic sur les problèmes,
20 et c'est Tepsic qui posait une demande pour la dotation de ces unités non
21 pas écrit; on le faisait le lendemain, on laissait l'administration pour
22 le lendemain. C'est pour ça que je le dis.
23 Je vois ce document pour la première fois. Du reste il n'y avait aucun
24 besoin que je le vois avant.
25 M. le Président (interprétation): Bien, je crois que c'est maintenant
Page 13250
1 assez clair.
2 Maître Ackerman, vous pouvez poursuivre.
3 M. Ackerman (interprétation): Maintenant, nous allons passer à un sujet
4 tout à fait différent. J'ai fini avec ces documents et je voudrais vous
5 demander qu'on revienne une page en arrière, à votre déposition de 1995,
6 au passage qui commence par les mots -je cite-: "Concernant la question de
7 la responsabilité", etc., a la page 10 de la version BCS; vous voyez?
8 M. Selak (interprétation): Oui.
9 Question: Voilà ce qui est marqué: "Concernant la responsabilité des
10 supérieurs pour les faits et gestes des subordonnés sur le terrain, il n'y
11 a pas de façon pour un commandant sur le terrain pour qu'il envoie une
12 unité au combat sans l'approbation de son commandant." Et quelque chose de
13 très similaire où vous avez dit dans votre déposition, mercredi, est-ce
14 vrai?
15 Réponse: Oui.
16 Question: Est-ce que, dans la JNA, il existait quelque chose qu'on appelle
17 dans l'armée américaine "règles d'action de combat"?
18 Réponse: Oui, il existait des règles de combats qui définissaient les
19 compétences de commandement et de responsabilité.
20 Question: C'étaient les règlements donc qui définissaient ce qu'une unité
21 pouvait faire à son niveau dans certaines situations et je serais plus
22 concret un peu plus tard.
23 Maintenant je voudrais savoir: est-ce que tout cela était marqué dans le
24 document même?
25 Réponse: Oui.
Page 13251
1 Question: Est-ce que vous pouvez nous dire quelles étaient ces règles? Si
2 une unité par exemple était attaquée, alors elle, certainement, ne devait
3 pas attendre la probation ou un ordre avant de riposter?
4 Réponse: Non, le commandant entreprend tout de suite les mesures de
5 défense, mais, en même temps, il en rapporte à son commandant supérieur
6 qu'il a été attaqué et que les combats sont en cours.
7 Question: Et quelles sont alors ces ordres, quelles sont ses compétences,
8 à part qu'il est obligé d'en informer son supérieur? Qu'est-ce qu'on en
9 attend dans une situation d'attaque où se trouve son unité?
10 Réponse: Il utilisa son unité pour s'acquitter de sa mission, donc de se
11 défendre, de défendre le terrain et de défendre l'unité. Et pour en
12 rapporter à son commandant supérieur au cas où il aurait besoin d'un
13 renfort et de chaque phase, de chaque degré d'accomplissement de la
14 mission, il est obligé d'en reporter régulièrement à ses supérieurs pour
15 que ces derniers puissent avoir les informations précises sur ce qui se
16 passe sur le théâtre de guerre et pour qu'il puisse, à son niveau, prendre
17 d'autres mesures; donc de lui envoyer des renforts éventuellement ou autre
18 chose.
19 Question: Et s'il est possible, et dans la mesure du possible, il devrait
20 éliminer complètement la menace à laquelle son unité est disposée?
21 Réponse: C'est pour cela qu'elle existe, son unité, elle a été créée pour
22 s'acquitter de la mission qui lui a été donnée.
23 Son commandant avait donné, avait pris une décision d'utiliser cette unité
24 dans cette partie du théâtre de guerre, donc il a agit dans l'esprit de
25 cette décision, il a dû évaluer qui est son ennemi, quelles sont ses
Page 13252
1 forces et quels sont ses objectifs pour pouvoir précisément prendre des
2 contre-mesures adéquates.
3 Question: Ce que je vous avais dit, ce que je vous avais demandé, vous
4 auriez pu répondre, dans la mesure du possible: éliminer complètement la
5 menace à laquelle son unité est exposée. Cela serait vrai, n'est-ce pas?
6 Réponse: Oui.
7 M. Ackerman (interprétation): Maintenant, je voudrais que vous jetiez un
8 coup d'œil sur votre déposition de l'an 2000. Dans la vieille version
9 anglaise, cela se trouvera sur la page 5, où l'on parle des brigades, des
10 autorités, des compétences. Et le passage sur lequel je voudrais que vous
11 jetiez un coup d'oeil commence par les mots -je cite-: "Je n'ai pas
12 d'information sur les opérations des brigades".
13 M. Selak (interprétation): Un instant, s'il vous plaît, je n'ai pas trouvé
14 ce passage.
15 M. le Président (interprétation): C'est la page 5, le deuxième paragraphe.
16 M. Selak (interprétation): Je ne connais aucune opération de la brigade
17 qui se serait déroulée sans la connaissance de la Division tactique. Je
18 pense qu'aucune opération ne devait être faite sans l'approbation de
19 l'aval du corps d'armée. On en a d'ailleurs parlé de l'entraînement et de
20 la doctrine.
21 Question: Et bien entendu, comme vous venez de nous le dire, la brigade
22 pouvait faire une opération d'autodéfense à condition d'avoir été
23 attaquée, n'est-ce pas?
24 Réponse: Oui.
25 Question: Et c'est précisément ce qui est arrivé à Kozarac: une unité de
Page 13253
1 la JNA a été attaquée, elle s'est défendue en conformité avec la doctrine
2 de la JNA; et dans ce sens, cette unité a bénéficié d'un appui.
3 Réponse: Non, la brigade n'avait pas été attaquée dans le sens militaire,
4 si l'on pense aux particuliers isolés, ce n'est pas une unité. Et c'est
5 une désinformation.
6 Question: Voyons maintenant le document DB124.
7 (Intervention de l'huissier.)
8 Vous avez devant vous un document du centre de sécurité de Banja Luka de
9 juin 1992. Il semble qu'il s'agisse là d'un rapport qui a été rédigé suite
10 à une enquête de ce qui s'était passé à Kozarac.
11 Au second paragraphe, on lit: "Les informations ont repris au cours des
12 entretiens avec les extrémistes. Leur contact… et un nombre de citoyens
13 d'appartenance ethnique musulmanes, démontre que, depuis l'automne 1991
14 les citoyens d'ethnicité musulmane, dans la zone large de Prijedor, ont
15 acquis de manière illégale les armes, d'une manière planifiée et
16 organisée; ce qui était une activité organisée par la SDA. L'armement
17 illégal a été dirigé par la cellule de crise créée vers la fin de l'année
18 1991 avec Muhamed Cehajic, Mirza Mujadzic, Becir Medunjanin, Hilmija
19 Hopovac, et d'autres à sa tête.
20 Après la création de la cellule de crise, la prise du pouvoir par les
21 extrémistes musulmans sur le territoire de Prijedor a été préconisée
22 ouvertement. Et c'est pour réaliser cela que les unités paramilitaires ont
23 été créées et armées de manière illégale." (Fin de citation.)
24 D'abord, étiez-vous au courant de la création de la cellule de crise et de
25 l'armement dont il est question ici?
Page 13254
1 Réponse: Je ne suis pas au courant de la création de la cellule de crise
2 et je dois dire que la cellule de crise musulmane dans la municipalité de
3 Prijedor n'était pas armée. Ce rapport des services de sécurité ne
4 correspond à la réalité. Il est là juste pour justifier le nettoyage
5 ethnique qui s'est produit à Kozarac, Hambarine et Prijedor; les
6 arrestations et les massacres qui ont eu lieu. Ceci n'est pas exact, je
7 n'ai entendu parler l'une des personnes dont il est question ici. Ce sont
8 des dirigeants musulmans de Prijedor et on voulait les écarter. J'imagine
9 que, parmi les centaines et les milliers de tués, quelques-uns d'entre eux
10 figurent. Ce qui est dit ici ne correspond pas à la réalité, mais a servi
11 de justification pour le massacre qui s'est ensuivi, massacre dirigé
12 contre le peuple musulman.
13 Excusez-moi, mais qui aurait pu armer les Musulmans de Prijedor? De
14 l'autre côté de la rivière Sava, il y avait une région serbe et, à l'Est,
15 il y avait le Corps de Banja Luka! Comment aurait-on pu armer des unités
16 paramilitaires ennemies? Ceci n'est nullement exact.
17 Question: Donc vous niez le fait qu'il y ait eu une cellule de crise à
18 Kozarac que avait été armée?
19 Réponse: Je n'en avais pas connaissance de cette cellule de crise.
20 Question: Mais cela veut dire que vous ne le saviez pas. Elle aurait pu
21 exister, mais vous, vous ne le saviez pas, n'est-ce pas?
22 Réponse: Les gens se seraient certainement organisés, ils auraient
23 organisé des patrouilles, mais, pour ce qui est d'unités militaires
24 armées, il n'y en avait pas eu. Il n'y avait pas eu de sections, de
25 bataillons, de brigades ou autre chose de ce genre.
Page 13255
1 M. Ackerman (interprétation): Pour ce qui est de l'origine des armes, nous
2 n'avons qu'à lire le paragraphe suivant -je cite-: "Les armes ont été
3 financées par des personnes qui habitaient à l'étranger et par des
4 citoyens, sous forme de donations, en particulier provenant des personnes
5 aisées: les entrepreneurs, les membres du SDA. Les armes étaient obtenues
6 de manière illégale par le biais du parti SDA et HDZ, de Croatie, via
7 Slavonski Brod, mais également depuis Sarajevo, Banja Luka et Cazin
8 Krajina. Il y avait de la contrebande d'ordre par un certain nombre de
9 personnes d'origine serbe. Certains individus se sont enrichis grâce à ces
10 activités de contrebande".
11 Est-ce que vous niez cela?
12 M. le Président (interprétation): Vous parlez là de quelle affaire? Il y a
13 eu plusieurs déclarations.
14 M. Ackerman (interprétation): Oui.
15 Pouvez-vous juste nous dire si vous êtes d'accord avec ce que je viens de
16 lire?
17 M. Selak (interprétation): Il y avait effectivement des achats, les gens
18 se procuraient des armes, il y avait des activités de contrebande sur tout
19 le territoire de la Bosnie-Herzégovine, mais j'affirme que 80% de
20 policiers dans la municipalité de Prijedor étaient Serbes. Alors, comment
21 est-il possible d'effectuer des activités de contrebande d'armes si l'on a
22 face à soi une telle puissance?
23 M. Ackerman (interprétation): Vous avez dit qu'il y avait eu de la
24 contrebande sur tout le territoire de la Bosnie-Herzégovine. Et il y a eu,
25 j'imagine, vous serez d'accord avec moi pour dire qu'il y a eu des vols
Page 13256
1 d'armes dans l'usine de Konjic et que ces armes ont été, par la suite,
2 transportées à Kozarac?
3 Mme Korner (interprétation): Effectivement, tout peut se produire.
4 M. le Président (interprétation): Laissez-le répondre.
5 M. Selak (interprétation): Ce n'est pas possible, ce n'était pas possible,
6 malheureusement, puisqu'il n'y a qu'un peuple qui a été victime. Si ce
7 peuple disposait d'armes, il aurait pu se défendre.
8 M. Ackerman (interprétation): Alors, pourquoi avez-vous dit, dans votre
9 réponse: "Il y avait des activités de contrebande sur le tout le
10 territoire de la Bosnie-Herzégovine"? Vous l'avez bien dit tout à l'heure?
11 M. le Président (interprétation): Mais il a dit également qu'il excluait
12 la possibilité que des achats d'armes s'effectuaient au niveau d'un
13 groupe. Il a précisé qu'il s'agissait d'individus. Nous pouvons également
14 imaginer qu'il y avait des rumeurs. Nous parlons là d'individus et pas de
15 groupes.
16 Lorsque vous parlez de contrebande, est-ce que vous avez à l'esprit la
17 contrebande au niveau d'un groupe ou à l'échelle individuelle?
18 M. Selak (interprétation): A petite échelle, oui. Malheureusement, je le
19 répète.
20 M. Ackerman (interprétation): Passons à la page suivante.
21 Vous verrez le paragraphe qui commence par les mots suivants: "Puisque
22 nous disposions d'informations…"
23 M. Selak (interprétation): Oui.
24 Question: Je poursuis: "Puisque nous disposions d'informations sur
25 l'armement illégal et l'établissement d'unités paramilitaires illégales
Page 13257
1 dans cette région -je précise qu'il s'agit de Kozarac-, le gouvernement
2 légal a exigé que ces armes soient rendues, ce que la cellule de crise, la
3 cellule de guerre a refusé". Est-ce exact?
4 Réponse: Il est exact que la cellule de guerre a demandé aux Bosniens de
5 rendre leurs armes. Un certain nombre de personnes se sont conformés à cet
6 ordre. Je ne sais pas ce qui s'est passé par la suite. Je répète, ceci
7 n'était qu'un phénomène sporadique; il n'y avait que des individus qui
8 étaient impliqués. Il y avait également des fusils de chasse. Je sais
9 pertinemment qu'il n'y avait pas de grosses quantités d'armes.
10 Il y a deux ans, j'ai vu ici, au Tribunal, un document qui a été émis à
11 Sanski Most et où l'on voit le nombre d'armes qui ont été rendues par les
12 Bosniens.
13 Question: Ma question ne concernait que Kozarac et pas Sanski Most. Je la
14 répète: est-il exact que lorsque l'on a demandé à la population de Kozarac
15 de rendre les armes, ils auraient refusé? C'était ma question. Si vous ne
16 savez pas, dites-le, mais répondez à ma question, je vous prie.
17 Réponse: Les armes étaient rendues, mais je ne peux pas vous affirmer que
18 toutes les pièces ont été rendues.
19 Question: Fort bien. Vous nous avez dit la même chose vendredi dernier.
20 (Intervention de l'huissier.)
21 A la page 10 du compte rendu, en évoquant Kozarac, vous avez dit à la
22 ligne 22: "Dans cette zone, il n'y avait pas de formations armées des
23 Bérets verts, comme on les appelait. Les gens rendaient leurs armes à la
24 demande des autorités municipales de Prijedor.". C'est ce que vous avez
25 dit.
Page 13258
1 Réponse: Je n'ai pas trouvé ce passage. Ah, excusez-moi, je viens de le
2 retrouver. Là, je vois "Général Talic"…
3 Question: Non, vous ne pouvez pas le trouver puisque cela figure dans le
4 compte rendu de votre témoignage de vendredi dernier.
5 Réponse: Je vous prie de répéter ce que vous venez de dire.
6 Question: On vous a posé une question concernant Kozarac. Vous avez dit –
7 je cite-: "Dans cette zone, il n'y avait pas eu de formation armée des
8 Bérets verts, comme on les appelait. Les gens rendaient leurs armes à la
9 demande des autorités municipales de Prijedor."
10 Réponse: Oui.
11 Question: Et c'est bien votre position, la position que vous maintenez
12 aujourd'hui?
13 Réponse: Oui.
14 Question: Ce que je voudrais savoir, cependant, c'est: comment savez-vous
15 si les gens de Kozarac étaient armés ou pas? Vous n'étiez pas là-bas,
16 n'est-ce pas?
17 Réponse: Oui. Je n'étais pas à Kozarac et je n'ai jamais fourni d'armes à
18 aucune unité paramilitaire; le Corps ne l'a jamais fait non plus, au
19 niveau du Corps cela ne s'est pas produit. Cela aurait été communiqué par
20 les médias ou lors des réunions du Corps, lorsqu'on évoquait les
21 bataillons, les compagnies, etc. On n'en a jamais entendu parler.
22 Question: Et les gens, comme par exemple les officiers, les anciens
23 officiers de la JNA, des Musulmans membres du Parlement, nous ont pourtant
24 dit qu'à Kozarac ils avaient refusé de rendre leurs armes quand on leur a
25 demandé de le faire. Est-ce que maintenant vous êtes prêt à changer votre
Page 13259
1 point de vue?
2 Réponse: Ce que j'ai dit, c'est qu'il y avait eu des armes. La question
3 qui se pose est la suivante: est-ce que, moi, j'aurais rendu mon arme si
4 on me l'avait demandé, puisqu'il était question de protection personnelle?
5 Personne ne me garantissait, à l'époque, ma sécurité personnelle. Il est
6 fort probable que, moi-même, je ne l'aurais jamais fait.
7 M. Ackerman (interprétation): Ne savez-vous pas, pourtant, que des groupes
8 armés par la suite ont, de fait, attaqué Prijedor, des groupes croato-
9 musulmans, surtout musulmans; ces groupes ont attaqué Prijedor afin de
10 prendre le pouvoir?
11 M. le Président (interprétation): Maître Ackerman, veuillez être plus
12 précis quant à la période à laquelle vous faites référence.
13 Mme Korner (interprétation): Vous avez dit "des groupes"; ce n'est pas un
14 élément de preuve. Cela ne figure pas dans le document.
15 M. Ackerman (interprétation): Je vais lire ce qui est écrit: "Les
16 entretiens avec les personnes que l'on amenait, on expliquait les
17 circonstances qui entouraient l'attaque sur Prijedor qui a été lancée par
18 des Musulmans et des Croates, des extrémistes, le 30 mai de cette année.
19 Très tôt le matin, un groupe de 200 hommes bien organisés et bien armés
20 ont lancé une attaque sur les institutions de Prijedor en provoquant ainsi
21 la mort de 18 personnes et la blessure de 15 autres. En outre, cette
22 attaque a occasionné de grands dommages matériels à Prijedor.
23 Saviez-vous qu'une attaque des forces non-serbes a eu lieu à Prijedor le
24 30 mai 1992; c'était une tentative de reprendre le pouvoir à Prijedor?
25 M. Selak (interprétation): Il y avait, à Prijedor, la 343e Brigade
Page 13260
1 motorisée. Il y avait d'autres brigades.
2 Question: Je ne vous ai pas posé de questions concernant la 343e Brigade
3 motorisée. Ma question était simple et je vous prie d'y répondre: étiez-
4 vous au courant d'une attaque qui aurait été dirigée par des forces non-
5 serbes contre Prijedor le 30 mai 1992?
6 Réponse: Il n'y a pas d'attaque.
7 Question: Je vous remercie.
8 Réponse: Il n'y a pas eu d'attaque organisée effectuée par une unité.
9 Question: Je vous remercie, Monsieur. Vous avez répondu à ma question.
10 Maintenant, je vais passer à un autre sujet. Vers le 15 mai 1992, tous les
11 soldats de la JNA en Bosnie-Herzégovine -qui ne sont pas nés en Bosnie-
12 Herzégovine mais dont le lieu de naissance se situait en Serbie ou au
13 Montenegro- devaient se retirer et rentrer chez eux. C'est exact?
14 Réponse: Oui.
15 Question: Et les soldats de Bosnie-Herzégovine qui faisaient leur service
16 ailleurs devaient quitter leurs unités et revenir en Bosnie-Herzégovine;
17 est-ce exact?
18 Réponse: Oui. Ils sont rentrés chez eux. Ils ont regagné leur domicile.
19 Question: Et tout cela, toute cette circulation des officiers, des sous-
20 officiers, ceux qui étaient nés en Bosnie et qui servaient ailleurs, tout
21 cela a produit une situation plutôt chaotique au sein de l'armée et
22 effectivement a mené à des désertions.
23 Réponse: Oui, uniquement des soldats désertaient alors que les officiers
24 restaient à leur poste; ils ne rentraient pas chez eux, ils n'étaient pas
25 censés rentrer chez eux, en Serbie.
Page 13261
1 Question: Pour ce qui est des pourcentages à l'époque, ils s'élevaient à
2 90% le pourcentage des désertions, n'est-ce pas?
3 Réponse: Ce n'est pas l'information dont je dispose.
4 Question: Est-ce que cela vous surprendrait que d'apprendre cela?
5 Réponse: Oui, effectivement, je trouverais cela plutôt étonnant. Que
6 faisaient alors les officiers, que faisaient les gens chargés de la
7 sécurité? Je trouve cela plutôt illogique, c'est peu plausible.
8 Question: Environ, vers le 15 mai, vers la mi-mai, suite à ces
9 changements, il y a eu des unités de la JNA qui traversaient la Krajina de
10 Bosnie sur le chemin de retour en Serbie, n'est-ce pas?
11 Réponse: Non, ce ne sont pas les unités qui rentraient en Serbie, elles
12 restaient en Bosnie. Je ne suis pas au courant du fait qu'une unité ait
13 juste traversé la Krajina pour rentrer en Serbie, excepté les officiers,
14 techniciens de l'Académie de Zagreb qui regagnaient à l'époque Belgrade.
15 Question: Fort bien. Je vais passer à autre chose. Je vais évoquer
16 maintenant la coopération avec les autorités civiles.
17 Dans votre déclaration de l'an 2000, je vous prie de regarder le passage
18 qui se trouve à la page 6 de la version en anglais.
19 (Intervention de l'huissier.)
20 Et je vous prie de vous concentrer sur le paragraphe qui commence par les
21 mots suivants -je cite-: "Pour ce qui est des liens…" Vous dites: "Pour ce
22 qui est des liens qui existaient entre les organes militaires et civils,
23 au niveau local, ils étaient très bons. L'objectif de la JNA était de
24 représenter l'armée de toute la population, et ils travaillaient afin
25 d'établir de bons contacts avec les autorités civiles".
Page 13262
1 C'était la politique officielle et cela ressortait de toutes les lois et
2 des règlements, n'est-ce pas?
3 Réponse: Oui.
4 Question: Et ceux-ci sont bien les lois et la politique de régulation de
5 la JNA bien avant les premières élections multipartites, en 1991 et 1992?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Ceci figurait dans les règlements et la législation de la
8 Yougoslavie auxquels se conformait la JNA, et ces règlements étaient
9 adoptés par la Republika Srpska et la VRS?
10 Réponse: Oui, ils ont utilisé les règles et les lois qui étaient
11 instaurées par l'ancienne Yougoslavie, oui, effectivement.
12 Question: Nous ne pouvons pas évoquer toutes les raisons pour lesquelles
13 il est nécessaire d'établir de bons contacts entre les militaires et les
14 civils, les autorités militaires et les civils, mais je vais vous poser la
15 question suivante: lorsque vous avez un poste militaire et vous avez des
16 appelés tout jeunes, vous avez toujours des problèmes avec ces jeunes
17 appelés lorsqu'ils vont en ville ou lorsqu'ils sont en congés, lorsqu'ils
18 se rendent à un endroit qui est près de l'endroit où ils servent.
19 Réponse: Oui.
20 Question: Il doit bien y avoir une coopération entre les militaires et les
21 autorités locales, afin de pouvoir régler les problèmes qui sont
22 occasionnés par ces militaires?
23 Réponse: Oui.
24 Question: Les militaires ont besoin de nourriture et, bien sûr, il doit y
25 avoir une coopération à ce niveau là aussi?
Page 13263
1 Réponse: Oui.
2 Question: On a besoin du matériel de construction, ceci implique aussi une
3 coopération?
4 Réponse: Oui.
5 Question: Ensuite la santé: là aussi nous avons besoin d'une bonne
6 coopération entre les civils et les militaires?
7 Réponse: Oui.
8 Question: Lorsque nous évoquons ces règlements et ces lois qui ont été
9 adoptés et qui ont gouverné la JNA et qui ont, par la suite, été adoptés
10 par la VRS, il n'y a pas eu de changements donc, pas de changement de
11 politique, pas de changement d'orientation politique qui permettrait aux
12 autorités civiles d'émettre des ordres aux unités militaires, n'est-ce
13 pas? Ceci ne s'est jamais produit, est-ce bien exact?
14 Réponse: Non, les autorités locales ne pouvaient pas donner d'ordres aux
15 soldats de la VRS.
16 Question: Les seules autorités civiles qui pouvaient émettre des ordres
17 destinés à l'armée étaient les commandants en chef?
18 Réponse: Oui. Le Président de la République: Radovan Karadzic, le
19 commandant de l'armée de la Republika Srpska.
20 Question: Dans cette déclaration de l'année 2000, à la page 7…
21 Réponse: Oui.
22 Question: … je vais vous lire ce que vous avez dit concernant quelques-
23 unes de ces questions, en évoquant les commandants locaux et les rapports
24 avec les cellules de crise.
25 (Intervention de l'huissier.)
Page 13264
1 Je cite: "Le commandant militaire local pouvait personnellement discuter
2 d'une question avec le chef de la cellule de crise s'il n'était pas
3 d'accord avec une certaine demande émanant de la cellule de crise.
4 Cependant, s'il n'était pas d'accord, j'imagine que le devoir n'était pas
5 exécuté. Si le commandant ne pouvait pas résoudre le problème à son
6 niveau, il en rendait compte à son supérieur hiérarchique. Et si moi, par
7 exemple, j'avais été le commandant en question, j'aurais tout de suite
8 informé mon commandant, mon supérieur, et c'est lui qui aurait décidé de
9 ce qui aurait dû être fait dans des circonstances pareilles."
10 Si, par exemple, un militaire désirait utiliser un bâtiment particulier,
11 la cellule de crise devait lui faciliter cela?
12 Réponse: Oui.
13 Question: C'est bien exact?
14 Réponse: Oui. Il n'y avait pas eu de conflit, toutes ces choses étaient
15 réglées au niveau local. Pour ce qui est du matériel, l'armée s'acquittait
16 de ses obligations, elle utilisait les capacités, les locaux qui étaient à
17 sa disposition. C'était le fruit de nombreuses années de travail. Notre
18 slogan était "Un peuple, une armée"; c'est effectivement tout à fait
19 logique, c'était un seul Etat.
20 Question: En tant que commandant local au niveau municipal, vous pouviez
21 uniquement exécuter les désirs de la cellule de crise de la municipalité,
22 si cela faisait partie des ordres permanents ou conformément à
23 l'autorisation de vos supérieurs, n'est-ce pas?
24 Réponse: Oui, mais il fallait bien qu'il s'agisse d'un intérêt commun.
25 Question: En tant que commandant d'une unité, vous n'avez jamais été
Page 13265
1 subordonné à une cellule de crise ou au président d'une cellule de crise?
2 Réponse: Non, je n'ai jamais été subordonné à une cellule de crise.
3 Question: Je voudrais que vous regardiez le document DB118, Monsieur le
4 Témoin. Ce que vous voyez ici, c'est un autre document assez curieux; il
5 est signé par quelqu'un du nom de Gojko Klickovic de Bosanska Krupa qui
6 était, apparemment, le président de la présidence de guerre ou de la
7 cellule de crise.
8 Bosanska Krupa, est-ce vous voyez cela?
9 Réponse: Gojko Klickovic.
10 Question: Regardez ce qu'il essaie devoir faire. Il envoie un ordre au
11 commandement de la 1ère Brigade de la Krajina de détruire trois ponts. Il y
12 a le pont de Crno Jezero renforcé en béton, le pont de béton renforcé sur
13 la Una –vous voyez cela?-, et le pont de bois. Vous voyez cela?
14 Réponse: Oui, je vois.
15 Question: Si vous étiez le commandant de cette 1ère Brigade de la Krajina,
16 après avoir fini de rire (sic), que feriez-vous ensuite?
17 Réponse: L'intention, l'objectif de la destruction de ces ponts est clair
18 pour moi: le président de la cellule de crise ou de la présidence de
19 guerre a fait une erreur, en l'occurrence parce qu'il n'avait pas le
20 pouvoir de donner des ordres à un commandant de brigade. Et il n'avait pas
21 à exécuter cet ordre, le commandant de brigade si ça n'était pas dans leur
22 intérêt réciproque; c'est d'ailleurs dans l'intérêt à la fois de l'armée
23 et de la présidence de guerre de la municipalité de Bosanska Krupa.
24 Question: Est-ce que vous diriez que ceci est un exemple d'un magnat local
25 qui essaierait d'exercer un pouvoir au-delà de ce qui était véritablement
Page 13266
1 son pouvoir?
2 Réponse: Oui, il a outrepassé ses pouvoirs, il n'avait pas le pouvoir de
3 donner des ordres. Ceci ne pouvait constituer un ordre pour le commandant.
4 Il aurait pu les faire, mais il aurait fallu que ce soit dans l'intérêt de
5 sa brigade; alors, à ce moment-là probablement, ç'aurait été une
6 approbation émise par les autorités municipales de détruire ces ponts.
7 Mais en tant que document, ce document n'a pas la valeur d'un ordre.
8 Question: Bien entendu n'importe qui peut rédiger un document, l'appeler
9 "un ordre" et le signer de son nom, faire toutes sortes de choses de ce
10 genre. Mais c'est une question distincte de savoir s'ils avaient le
11 pouvoir de le faire ou non. Vous savez que ces ponts n'ont jamais été
12 détruits, ces trois ponts dont il est question dans cet ordre. Ils
13 existent encore aujourd'hui, n'est-ce pas, tout comme ils existaient en
14 avril 1992?
15 Réponse: Oui, je crois que c'est bien le cas. Mais je n'ai pas traversé
16 récemment ces ponts, je ne crois pas qu'ils aient été détruits. Si cela
17 n'était pas dans l'intérêt ou si cela ne correspondait pas aux besoins de
18 l'armée, non, je ne crois pas qu'ils aient été détruits.
19 Question: Je suppose que vous ne savez pas, même si le commandant de la
20 1ère Brigade de Krajina s'est jamais préoccupé de transmettre cette espèce
21 d'ordre très sot à une autorité supérieure, n'est-ce pas?
22 Réponse: Personnellement, je pense qu'il aura probablement pris contact
23 avec ce Gojko Klickovic à qui on a dû expliquer la question. Et s'il a
24 renoncé à sa demande, il n'était plus nécessaire de rendre compte,
25 hiérarchiquement. Toutefois, si cela n'était pas le cas, à ce moment-là,
Page 13267
1 il était censé informer ses supérieurs, son officier supérieur sur cette
2 question.
3 Question: Maintenant, pour être juste envers M. Klickovic, nous devons
4 quand même faire remarquer qu'après cette ordonnance il a autorisé le
5 commandement à différer l'exécution si ce commandement pensait que c'était
6 une bonne idée, n'est-ce pas?
7 M. Selak (interprétation): Oui.
8 M. Ackerman (interprétation): En revanche, si les militaires avaient
9 besoin d'aide de la cellule de crise ou de l'aide des autorités locales,
10 la cellule de crise serait obligée d'obtempérer à la demande d'assistance
11 ou d'aide des militaires, n'est-ce pas?
12 Réponse: L'expression "serait obligée de" me paraît être erronée. C'était
13 une aide mutuelle, réciproque, selon des accords réciproques. Et
14 indépendamment de M. Klickovic, si le commandant de l'armée devait estimer
15 que les ponts représentaient un danger pour ses unités et cette partie de
16 la ligne de front, je pense qu'il les aurait détruits de sa propre
17 initiative, sans demander le consentement du président de cette
18 municipalité. Parce que cette unité utilisait le territoire en question,
19 les ressources humaines dont il avait besoin pour les combats.
20 M. le Président (interprétation): (Hors micro.)
21 Est-ce que vous m'entendez, Maître Ackerman?
22 M. Ackerman (interprétation): Non, je ne vous ai pas entendu.
23 M. le Président (interprétation): Si vous avez fini en ce qui concerne ce
24 document précis, passons à quelque chose de différent, parce que je crois
25 que nous en avons entendu suffisamment sur ce point.
Page 13268
1 M. Ackerman (interprétation): J'ai pratiquement fini avec ce document,
2 mais j'ai une ou deux questions sur le point dont il s'agit, et je vais en
3 terminer rapidement je pense.
4 Monsieur le Témoin, la dernière question que je vous ai posée, en fait,
5 n'avait rien à voir avec ce document; elle avait à avoir avec une
6 situation. Je citais vos propres paroles, en fait ce que vous avez dit
7 dans le second paragraphe, je le lis ici c'est: "Si par exemple les
8 militaires souhaitaient utiliser un bâtiment particulier, la cellule de
9 crise était obligée de l'aider à préparer ou à faire de l'ordre dans ce
10 bâtiment".
11 Mais peut-être que cela n'est pas clair, et j'ai pensé que vous vouliez
12 dire que si les militaires avaient besoin d'un immeuble particulier pour
13 leur usage, la cellule de crise devait faire droit à cette demande. Ils
14 avaient obligation de le faire.
15 Est-ce que j'ai raison à ce sujet ou est-ce que j'ai mal interprété ce que
16 vous avez dit?
17 M. Selak (interprétation): Non, la cellule de crise devait aider à vider
18 le bâtiment qui devait être utilisé par les militaires pour des objectifs
19 de guerre. Les mots "devaient" sont erronés, je pense.
20 M. le Président (interprétation): Nous allons suspendre la séance, pour
21 une suspension bien méritée je pense.
22 (Le témoin, M. Osman Selak, est reconduit hors du prétoire.)
23 (L'audience, suspendue à 17 heures 15, est reprise à 17 heures 36.)
24 M. le Président (interprétation): Faites entrer le témoin.
25 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
Page 13269
1 Où est le témoin? Il a disparu? Oui, Maître Ackerman?
2 M. Ackerman (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
3 Dans votre déposition, vous avez parlé du fait que le général Talic avait
4 assisté à des réunions de cellule de crise régionale.
5 M. Selak (interprétation): Oui.
6 Question: Et tout ce que vous savez à ce sujet, c'est ce que d'autres
7 officiers vous ont dit, n'est-ce pas? Vous n'avez pas de connaissances
8 personnelles du fait qu'il ait assisté à des séances ou des réunions de
9 cellule de crise régionale, n'est-ce pas?
10 Réponse: Oui, sauf pour un cas: lorsqu'il revenait d'une cellule de crise,
11 il a invité ses assistants et moi-même. J'ai tout noté, y compris la date.
12 Il nous a informé en ce qui concerne ce qui s'était dit à la réunion de la
13 cellule de crise.
14 M. Ackerman (interprétation): Lorsque vous avez déposé dans l'affaire
15 Tadic, Monsieur le Témoin, le 5 juin 1995… Je regarde la page 1224 du
16 compte rendu de cette date.
17 M. le Président (interprétation): Ne vous en préoccupez pas, Colonel
18 Selak, parce que vous n'avez pas le compte-rendu, vous n'avez pas le
19 compte-rendu..
20 M. Ackerman (interprétation): On vous a posé la question suivante et vous
21 avez fait la réponse suivante. La question était: est-ce qu'à votre
22 connaissance, Colonel Selak, est-ce que le général Talic se réunissait
23 souvent avec des membres du SDS dans le secteur de Banja Luka?
24 M. Selak (interprétation): Le général Talic avait des briefings réguliers
25 avec des organes politiques, notamment le SDS. Il était membre de la
Page 13270
1 cellule de crise de Banja Luka; par conséquent, lui-même et le colonel
2 Vukovic, son assistant pour les questions d'éthique et le chef de la
3 sécurité, le colonel (inaudible) étaient régulièrement là.
4 Question: Maintenant, vous avez dit qu'il était membre et qu'il attendait
5 aux séances de la cellule de Banja Luka?
6 Réponse: Oui.
7 M. Ackerman (interprétation): Comment se fait-il qu'après 1996, entre ce
8 moment-là et votre déposition aujourd'hui, vous dites qu'il participait ou
9 assistait à des réunions de cellule de crise régionale? Laquelle des deux
10 est vraie?
11 M. Selak (interprétation): Il est vrai qu'il assistait à des réunions de
12 la cellule de crise régionale. C'était parfaitement normal comme voie de
13 communication entre les autorités militaires et les autorités civiles -je
14 pense que j'ai dit cela dans ma première déposition en 1996; je ne sais
15 pas comment cela a été traduit-, mais c'était parfaitement logique et
16 normal qu'il ait assisté à ces réunions, lui-même, en personne, ou
17 n'importe lequel de ses assistants: Vukelic, Bogojevic ou, plus tard,
18 Gojko Vujnovic, qui était son assistant pour l'organisation de l'autorité
19 civile dans le secteur des responsabilités du Corps.
20 Mme Korner (interprétation): Je pense que Me Ackerman, peut-être, pose une
21 question qui n'est peut-être pas juste. Et je suis sûre qu'il ne voudrait
22 pas qu'en 1996, lorsque le procès Tadic se déroulait, je ne pense pas que,
23 si vous regardiez dans le compte-rendu, il y aurait une distinction à
24 établir. C'est simplement la cellule de crise de Banja Luka et il n'y a
25 pas de "questions régionales et Banja Luka" de sorte que l'idée qu'il
Page 13271
1 avait dit quelque chose de différent est injuste.
2 M. le Président (interprétation): Je ne suis pas intervenu, Madame Korner.
3 D'abord, je n'ai pas connaissance et je n'ai pas eu connaissance de ce que
4 vous venez juste de dire, mais je ne suis pas intervenu parce que je pense
5 qu'en me basant sur la déclaration que le témoin a déjà faite
6 précédemment, sur sa déposition à ce moment-là, il était tout à fait à
7 même de répondre à la question parce qu'il avait déjà établi une
8 distinction entre les deux cellules de crise et l'importance relative de
9 chacune. Et je pense que ceci avait également trait à l'interaction entre
10 les militaires et les civils.
11 Mme Korner (interprétation): Monsieur le Président, c'est exact, mais mon
12 seul motif de soulever cette question, c'est parce que Me Ackerman semble
13 suggérer, à moins que je ne me trompe, qu'il avait modifié sa déposition
14 par rapport à ce qu'il avait dit dans le procès Tadic.
15 M. le Président (interprétation): Je ne l'ai pas compris comme cela.
16 Mme Korner (interprétation): Eh bien, dans ce cas-là, je retire mon
17 objection.
18 M. le Président (interprétation): Bon, je ne l'ai pas considéré comme
19 cela.
20 Oui, Maître Ackerman?
21 M. Ackerman (interprétation): Le but légitime, Colonel, la raison légitime
22 pour laquelle, Colonel, le général Talic assistait à ces réunions dont je
23 viens de parler, c'est -je regarde si je peux retrouver exactement les
24 paroles que vous aviez prononcées-, c'était "parfaitement normal". C'était
25 pour recueillir des informations concernant la situation politique dans la
Page 13272
1 région pour donner des instructions à la cellule de crise concernant les
2 besoins des militaires et, en particulier, c'était un bon endroit pour le
3 général Talic pour qu'il ait son interface ou son homologue, dont nous
4 avons parlé en ce qui concerne les autorités civiles, pour traiter des
5 problèmes qui devaient être traités avec les autorités civiles. N'est-ce
6 pas, Madame Korner?
7 Mme Korner (interprétation): Est-ce que, s'il vous plaît, on pourrait
8 avoir ces trois ou quatre questions divisées en quatre questions?
9 M. le Président (interprétation): C'est juste, Madame Korner.
10 M. Ackerman (interprétation): Je vais le faire.
11 M. le Président (interprétation): Alors, allons-y: une question après une
12 autre!
13 M. Ackerman (interprétation): Le but légitime pour lequel le colonel Talic
14 assistait à de telles réunions -vous avez dit que c'était parfaitement
15 normal-, c'était en premier lieu de recueillir des renseignements en ce
16 qui concerne la situation politique dans la région, n'est-ce pas?
17 M. Selak (interprétation): Oui.
18 Question: Pour permettre à la cellule de crise de savoir quels étaient les
19 besoins des militaires en aliments, vêtements, matériaux de construction,
20 médicaments, tout ce dont les militaires pourraient avoir besoin?
21 Réponse: Non.
22 Question: Ceci aurait été votre travail?
23 Réponse: Oui.
24 Question: Et un bon endroit pour lui, simplement pour se trouver face à
25 face avec les autorités civiles pour discuter des questions d'intérêt
Page 13273
1 mutuel -dont nous avons parlé précédemment, avant la suspension-, et qui
2 pouvaient exister entre eux, n'est-ce pas?
3 Réponse: Oui, oui.
4 Question: Et pour la même raison il était logique, il y avait de bonnes
5 raisons pour que le colonel Vukelic assiste à de telles réunions?
6 Réponse: Oui. Ils n'avaient pas besoin d'être présents tous les trois
7 ensemble, mais un seul membre de l'état-major du commandement du Corps,
8 soit le commandant, soit l'un des ses assistants; il n'était pas
9 nécessaire qu'ils soient tous présents ensemble.
10 Question: Et s'il y avait une réunion de la RAK, qu'il s'agisse de
11 l'assemblée de la RAK ou de la cellule de crise, c'était une occasion
12 parfaite, n'est-ce pas, pour rester en contact avec toutes les autorités
13 locales puisque participaient à ces réunions les présidents des cellules
14 de crise ou les présidents des municipalités de l'ensemble de la région de
15 la RAK, n'est-ce pas?
16 Réponse: Oui.
17 Question: Le général Talic, non plus qu'aucun autre officier, ne serait
18 allé à de telles réunions pour prendre des instructions sur ce qui leur
19 serait ordonné de faire, n'est-ce pas?
20 Réponse: Non
21 Question: Aucun officier ne se trouvait dans une position subordonnée par
22 rapport à l'autorité civile, si ce n'est au niveau du commandant en chef,
23 n'est-ce pas?
24 Réponse: Oui.
25 Question: Inversement, aucune autorité civile n'était supérieure à un
Page 13274
1 officier militaire, sauf au niveau du commandant en chef, n'est-ce pas?
2 Réponse: Oui.
3 Question: A la page 6 de votre déclaration faite en 2000, si vous l'avez
4 là devant vous; je ne sais pas si vous l'avez ou non. Apparemment, on vous
5 la reprend.
6 (Intervention de l'huissier.)
7 Je voudrais simplement dire, pour que tout le monde soit au courant, que
8 je n'en aurai pas fini avec toutes ces déclarations jusqu'à ce que j'ai
9 fini de poser toutes les questions que je veux poser. Donc j'aurai encore
10 besoin de ces déclarations.
11 Je reprends: à la page 6 de la version anglaise, au bas de la page, ça
12 commence par: "Pour ma part, je devais garder le contact avec les
13 présidents de certaines municipalités clés". Vous l'avez?
14 Réponse: Non.
15 Question: Page 7, Monsieur le Témoin.
16 Réponse: Oui, la page 7, oui.
17 Question: Vous dites: "Personnellement, j'ai rendu visite au président des
18 municipalités environ trois ou quatre fois par an, guère plus. Il était
19 important de garder des liens avec les organes municipaux parce que de
20 nombreux soldat et de nombreux civils, en l'occurrence, vivaient ou
21 provenaient de ces régions".
22 Réponse: Oui.
23 Question: Premièrement, ma question pour commencer est de savoir pourquoi
24 se fait-il, en tant que commandant pour les questions logistiques, que
25 vous vous rendiez en visite dans ces municipalités? Quel était votre rôle
Page 13275
1 particulier en ce qui concerne les questions logistiques qui vous
2 obligeaient à faire ces visites?
3 Réponse: J'avais des dépôts et des entrepôts de munitions et de carburant
4 à ces endroits-là. Il n'y avait pas d'autres unités de la JNA là, si ce
5 n'est mes unités. Donc il était logique et il était normal, on s'attendait
6 à ce que je rende visite à ces autorités dans ces municipalités.
7 Question: Nous venons juste de parler des homologues et de l'interface qui
8 avait lieu entre les réunions de la RAK Banja Luka, qu'il s'agisse d'une
9 cellule de crise ou de l'assemblée de la RAK. Il se fait bien, n'est-ce
10 pas, que même avant le 18 mai, ce secteur de responsabilité du 5e puis du
11 1er Corps de la Krajina n'a jamais été le même que dans la Région autonome
12 de la Krajina. C'était toujours une région différente, mais qui comprenait
13 une partie des mêmes municipalités, n'est-ce pas?
14 Réponse: Oui.
15 Question: Autre sujet. Le moment est venu où le quartier général s'est
16 déplacé de Banja Luka à Stara Gradiska, à cause de la situation très
17 mauvaise qui existait en Croatie.
18 Pourriez-vous nous dire quand cela a eu lieu? Quand est-ce que ceci a été
19 établi?
20 Réponse: Je pense que ce serait probablement à un moment donné au mois de
21 mai, mais je ne sais pas la date exacte. Peut-être que je pourrai trouver
22 quelque chose dans mes carnets, mais je ne sais pas la date exacte lorsque
23 le poste de commandement, comme on l'appelait, a été transféré du
24 pénitencier de Stara Gradiska. Je pense que c'était en mai; ce n'était pas
25 avant cela parce que j'ai participé, j'ai assisté à ces réunions en mai.
Page 13276
1 Peut-être que c'était vers la fin avril, mais je n'en suis pas sûr.
2 Question: Et c'est là que le général Talic avait son quartier général?
3 C'est là qu'il dormait, qu'il mangeait, qu'il donnait des ordres à son
4 Corps, n'est-ce pas?
5 Réponse: Oui.
6 Question: Est-ce que vous savez combien de temps ce quartier général a
7 fonctionné en dehors de Stara Gradiska avant de retourner à Banja Luka?
8 Réponse: Je pense que c'est jusqu'au mois d'août 1992, mais je ne suis pas
9 sûr de la date: j'avais déjà pris ma retraite lorsque le commandement est
10 retourné à Banja Luka.
11 Question: Durant votre témoignage ici, mercredi dernier, sur la page
12 12917, à commencer par la ligne 16, la question suivante vous a été posée
13 -je cite-: "Oui, je voudrais que l'on parle séparément sur vos
14 connaissances et contacts avec Talic et Brdjanin, mais, partant de ce que
15 vous avez compris de ce qui se passait à cette époque-là, dites-nous quel
16 était leur rapport?"
17 Vous avez répondu ce qui suit: "Le rapport, la relation entre le général
18 Talic et M. Brdjanin a toujours été honnête. Cela voulait dire que,
19 souvent, ils échangeaient des informations. Je n'assistais pas à leurs
20 réunions; peut-être seulement une fois, mais ces réunions étaient très
21 régulières et nous étions contents du rapport qui était établi entre
22 l'armée et l'état-major dirigé par M. Brdjanin."
23 C'est ainsi que vous avez répondu à cette question. Dites, ces réunions
24 que vous mentionnez là, où avaient-elles lieu? Où ces personnes se
25 réunissaient-elles?
Page 13277
1 Réponse: C'est normal qu'ils se réunissaient là où ils se mettaient
2 d'accord. Certes M. Brdjanin venait dans les locaux du commandement du
3 Corps d'armée, mais aussi le général Talic se rendait, lui aussi, sur les
4 positions des unités de guerre, sur le front de Derventa, sur le corridor,
5 partout où il en convenait. Les contacts étaient normaux, attendus.
6 Question: Pendant le temps où le poste de commandement se trouvait à Banja
7 Luka, dites-nous combien des fois avez-vous vu Brdjanin venir dans les
8 locaux du commandement rencontrer le général Talic.
9 Réponse: Je ne l'ai jamais vu parce que mes bureaux se trouvaient au 7e
10 étage, Talic était au 5e et je n'en tenais même pas compte; cela ne
11 m'intéressait pas beaucoup et, du reste, je ne pouvais pas et je ne
12 voulais pas voir ça. Je n'avais pas le temps de m'en occuper, si bien que
13 j'ignore combien de fois ils se sont rencontrés.
14 Question: Avez-vous jamais vu, où que ce soit, eux deux se rencontrer à
15 une réunion?
16 Réponse: Personnellement, non. Sauf lorsque, une fois, nous avons été
17 ensemble. Sinon, c'était par les médias que je l'ai appris, à la télé et
18 en lisant le journal "Banja Luka Glas" et par la radio. Mais c'était
19 normal que deux dirigeants, un militaire et un politique, se rencontrent
20 pour coordonner leurs actions conjointes.
21 Question: Je crains de devoir vous poser la même question: je parle
22 maintenant du général Talic et de Radoslav Brdjanin. Est-ce que vous les
23 avez jamais vus ensemble à une réunion. Pouvez-vous répondre à cette
24 question par un oui ou un non?
25 Réponse: Non.
Page 13278
1 Question: Avez-vous jamais été dans une situation où vous pouviez entendre
2 ce qu'ils se disaient l'un à l'autre à cette réunion? Avez-vous pu
3 entendre ce qu'ils disaient?
4 Réponse: Je l'ai entendu par les médias et notamment par la télé, mais il
5 y avait aussi des commentaires de nos collaborateurs communs, du Corps
6 d'armée et de ma base, et par mon organe politique, le commandant
7 Pavlovic, qui était chargé de suivre les événements politiques dans la
8 zone de responsabilité de la base logistique. C'est lui qui m'en a
9 informé.
10 Question: Vous semblez m'avoir encore mal compris, Monsieur. Ce que je
11 vous demande, ce sont les situations pour lesquelles vous dites qu'il y a
12 eu des réunions de M. Brdjanin et du général Talic. Je vous demande
13 maintenant si jamais vous avez pu entendre ce qu'ils se disaient, parce
14 que vous aviez un micro caché dans une pièce ou bien parce que vous avez
15 prêté l'oreille à là porte? Est-ce que jamais vous les avez entendus se
16 parler entre eux?
17 Réponse: Non, non, non.
18 Question: Vous dites que ces réunions étaient très régulières: comment le
19 savez-vous?
20 Réponse: Régulières parce que la situation politique et militaire
21 changeait d'un jour à l'autre. C'est pour cette raison qu'ils devaient se
22 réunir: les hommes, les chefs, les dirigeants politiques et militaires
23 devaient se réunir.
24 Question: Je vais vous poser la même question encore une fois. Vous dites
25 que ces réunions étaient régulières; comment le saviez-vous? Comment
Page 13279
1 savez-vous qu'ils se réunissaient régulièrement? Vous m'avez avancé la
2 raison mais je vous demande comment vous savez qu'ils se sont rencontrés.
3 Réponse: En réunion avec le colonel Tepsic, nous avion une réunion tous
4 les soirs pour assurer la coordination de la logistique. Ensuite, mon
5 adjoint, le commandant Pavlovic, m'informait régulièrement des événements
6 politiques, des évolutions politiques. Et c'est là, à ce niveau, que je
7 recevais des informations. Mais, personnellement, je n'ai pas vu et je
8 n'ai pas assisté à leurs rencontres.
9 Question: Lorsque vous parlez des réunions Brdjanin/Talic, est-ce que vous
10 entendez par là aussi la réunion de la cellule de crise?
11 Réponse: Non, pas toujours; ils n'avaient pas toujours besoin de se réunir
12 parce qu'eux deux étaient les dirigeants de ces organismes et pouvaient
13 régler beaucoup des problèmes de façon ad hoc. Donc, lorsque le problème
14 apparaissait, ils pouvaient le régler.
15 Question: Monsieur, nous n'allons pas terminer vite si vous n'écoutez pas
16 bien mes questions et si vous n'y répondez pas. Je n'aime pas vous poser
17 chaque fois deux fois la même question.
18 Lorsque vous parlez des réunions entre Brdjanin et Talic, est-ce que vous
19 entendez par ces réunions aussi les réunions de la cellule de crise?
20 Réponse: Non.
21 Question: Ces réunions de la cellule de crise, où est-ce qu'elles avaient
22 lieu?
23 Réponse: Je l'ignore.
24 Question: Avez-vous jamais vu un bureau sur la porte duquel il est inscrit
25 "Cellule de crise de la Région autonome de Krajina"?
Page 13280
1 Réponse: Non.
2 Question: Allons, parlez encore un petit peu des relations! Nous avons
3 parlé des relations avec Brdjanin, mais dites-moi quels étaient les
4 rapports entre le général Talic et Predrag?
5 Réponse: Je n'ai jamais entendu qu'il y avait eu des problèmes ou des
6 malentendus entre le général Talic et M. Predrag Radic.
7 Question: Est-ce que vous voulez dire qu'ils se sont souvent rencontrés
8 pour échanger des informations?
9 Réponse: Ils se sont rencontrés à quelle fréquence, je ne le sais pas.
10 Question: N'oseriez-vous pas dire que leurs réunions étaient régulières?
11 Réponse: "Régulières" pourrait vouloir dire "mensuelles" aussi, comme je
12 le faisais. Donc "régulières" ne veut pas dire "quotidiennes"; c'est au
13 rythme convenu entre eux deux et, au besoin, aussi bien officiellement que
14 non officiellement.
15 Question: Est-ce que vous savez qui est Nikola Erceg?
16 Réponse: Ce nom et ce prénom me sont familiers, mais j'ai oublié la
17 fonction que cette personne occupait.
18 Question: Est-ce qu'il vous serait utile si je vous disais qu'il était
19 président du comité exécutif de la Région autonome de Krajina?
20 Réponse: Oui.
21 Question: Quel était son rapport avec le général Talic? Est-ce qu'ils se
22 rencontraient souvent ou régulièrement pour échanger des informations?
23 Réponse: Je l'ignore.
24 Question: Et Vojo Kupresanin, quel était son rapport avec le général
25 Talic?
Page 13281
1 Réponse: Je sais qu'ils avaient des contacts, mais quels étaient leurs
2 rapports mutuels, je n'oserais pas me prononcer. Ils avaient des contacts
3 officiels, mais je n'oserais pas me prononcer au sujet de leurs rapports
4 personnels.
5 Question: Vous savez bien entendu que Vojo Kupresanin était le président
6 de la Région autonome de Krajina. Vous le saviez?
7 Réponse: Oui, je l'ai contacté à plusieurs reprises; il avait besoin d'une
8 certaine aide de la base logistique, mais je ne l'ai jamais rencontré
9 malgré les coups de téléphone qu'il m'envoyait.
10 Question: Vous savez aussi que la cellule de crise de la Région autonome
11 de Krajina n'a existé que pendant une courte période, pendant mai, juin et
12 juillet, et que, le reste du temps, le général Talic -tout à fait
13 logiquement- a rencontré Vojo Kupresanin qui était alors à la tête du
14 gouvernement.
15 La question que je vous pose est celle de savoir s'il y a eu des réunions
16 entre eux deux aussi souvent que les rencontres avec M. Brdjanin?
17 Réponse: Je conclus logiquement que oui.
18 M. Ackerman (interprétation): Ma dernière question à ce sujet, Monsieur,
19 est de savoir si le général Talic -qui rencontrait toutes ces personnes-
20 se rendait à toutes ces réunions de la cellule de crise. Comment arrivait-
21 il à rester à Gradiska et à commander ces unités pendant la guerre?
22 M. le Président (interprétation): Vous n'êtes pas obligé de répondre à
23 cette question.
24 Maître Ackerman, vous pouvez aller plus loin.
25 M. Ackerman (interprétation): Merci.
Page 13282
1 Je voudrais maintenant présenter la pièce suivante: ce serait DB119.
2 Mme Korner (interprétation): Est-ce que je pourrais avoir cinq minutes
3 avant la fin de la session pour nous occuper d'une autre question?
4 M. le Président (interprétation): Oui.
5 Mme Korner (interprétation): Merci.
6 M. le Président (interprétation): Notez bien cela, Maître Ackerman, je
7 vous en prie.
8 M. Ackerman (interprétation): Oui, d'accord.
9 Monsieur, vous avez déjà vu ce document, n'est-ce pas? Je voudrais juste
10 vous dire, vous demander aussi de jeter un coup d'œil sur votre déposition
11 en 2000, à la page 9 de la version anglaise, et qui commence par une très
12 brève phrase: "Les documents suivants m'ont été montrés avec la prière de
13 les commenter".
14 Nous devrions donc avoir sous les yeux les deux documents avant de vous
15 poser les questions.
16 (Intervention de l'huissier.)
17 Avez-vous trouvé le passage dans votre déposition que j'ai évoqué tout à
18 l'heure?
19 Réponse: Quelle déclaration?
20 Question: C'est à la page 9 dans la version anglaise, mais aussi dans
21 votre langue, où il est inscrit: "Les documents suivants m'ont été montrés
22 avec la prière de les commenter"?
23 Réponse: Oui.
24 Question: Très bien. Dans ce premier paragraphe, vous dites qu'un ordre du
25 général Momir Talic vous a été montré, portant la date du 7 juin 1992.
Page 13283
1 C'était un d'ordre du commandant du 1er Corps d'armée de Krajina et de son
2 adjoint pour la logistique, portant sur l'ouverture du camp à Manjaca,
3 pour qu'il soit préparé pour la réception des prisonniers de guerre de la
4 HVO. Entre parenthèses, on dit: "Objet: ouvrages dans lesquels étaient
5 hébergés autrefois les prisonniers de guerre".
6 Ensuite, "Le commandant du camp est désormais le colonel Popovic". Et
7 maintenant on dit qui était ce commandant Popovic. C'est comme ça?
8 Réponse: Oui.
9 Question: Est-ce que ce document vous a vraiment été montré pendant cet
10 entretien en l'an 2000 ou bien vous a-t-on seulement dit qu'il existait?
11 Réponse: Je ne suis pas sûr qu'on m'avait dit qu'il existait, je connais
12 ce document. Six années, six années se sont écoulées depuis. Je savais, je
13 connaissais ce document et, au moment du rapport sur le général Talic
14 -j'ai noté cela dans mon cahier-, c'est lui, c'est le général Talic qui a
15 donné l'ordre de l'ouverture d'un camp pour les prisonniers de guerre. A
16 ce moment-là, on n'avait pas fait mention du HVO, mais on a dit "un camp
17 pour les prisonniers de guerre pour 2.500 personnes". J'ai le document
18 original portant la date de cet ordre.
19 Question: Jetons un coup d'œil sur le document, document pour lequel vous
20 dites qu'il vous a été montré pendant cet entretien en l'an 2000. D'abord,
21 dans le document, il est écrit que "le colonel Popovic est nommé désormais
22 commandant". Est-ce que c'est vrai?
23 Réponse: Oui.
24 Question: N'est-il pas vrai qu'en 1992, lorsque le camp de Manjaca a été
25 ouvert, Popovic n'était pas colonel à cette époque-là?
Page 13284
1 Réponse: Je crois que non; il était parti à la retraite avec le grade de
2 lieutenant-colonel; il vivait à Banja Luka et le grade de colonel lui a
3 été donné par la suite, je crois.
4 Question: Je crois que vous nous avez dit, il y a quelques jours, qu'une
5 des raisons pour lesquelles il avait regagné le service actif, c'était sa
6 tentative, sa volonté de devenir colonel?
7 Réponse: Oui, c'est vrai.
8 Question: Regardez le sommet du document. En haut, à gauche du document,
9 on y voit 353-1/93; en dessous, il y a la date: le 7 juin 1993. C'est bien
10 clair, non?
11 Réponse: Dans le coin à droite, quelqu'un a écrit cela au stylo feutre.
12 C'est une photocopie; j'ignore qui aurait pu écrire cela.
13 M. Ackerman (interprétation): Est-ce que l'huissier peut m'apporter ce que
14 vous êtes en train de regarder maintenant?
15 (Intervention de l'huissier.)
16 C'est maintenant sur le rétroprojecteur: où est-ce que vous voyez que
17 c'est une… Non, regardez l'autre page, la page à gauche, là où il est
18 marqué "le commandement"? En dessous encore, voyez-vous le n°353-1/93 et
19 la date du 7 juin 1993? C'est correct?
20 Réponse: Oui, oui.
21 Question: Venez maintenant au premier paragraphe, au dessous du mot
22 "j'ordonne". On y dit concernant… Non "sur la base de l'ordre du VRS,
23 etc." C'est vrai?
24 Et maintenant passez au paragraphe 6 de l'ordre où il est marqué:
25 "Préparez le camp jusqu'au 8 juin 1993, jusqu'à 14 heures, au plus tard".
Page 13285
1 Réponse: Oui.
2 Question: Si vraiment ce document vous a été montré, comme vous l'avez dit
3 durant l'entretien avec le Procureur en l'an 2000, comment avez-vous pu
4 prendre ce document pour un document de 1992, quand vous voyez bien que
5 c'est un document de 1993?
6 Réponse: Le camp pour les prisonniers de guerre de Manjaca a été constitué
7 avant le 6 juin 1992. J'ai visité les sites avec le colonel Tepsic,
8 pendant sa mise en place, et je l'ai vu moi-même.
9 Question: Mais cet ordre a de toute évidence un rapport avec les
10 réouvertures de ce camp en juin 1993 pour y loger les prisonniers de
11 guerre du HVO. On y dit même que c'était un endroit où, autrefois,
12 s'étaient trouvés encore des prisonniers de guerre.
13 Réponse: Oui.
14 Question: Eh bien, ma question est de savoir comment vous avez pu prendre
15 cet ordre pour un autre ordre donné en 1992? Comment cela a-t-il pu se
16 produire?
17 Réponse: Le camp des prisonniers de guerre de Manjaca a été fermé en
18 décembre, le 15 ou le 16 décembre 1992, et a été réactivé sur la base du
19 document que vous venez de me présenter. Le colonel Popovic a été promu
20 colonel dès l'ouverture du camp de Manjaca, en 1992.
21 Question: Est-ce quelqu'un vous a dit que ce document datait de 1992? Ou
22 bien vous avez mal lu?
23 Réponse: Peut-être que j'ai mal lu parce que le camp a été constitué en
24 juin 1992, pour la première fois, dans les étables d'un combinat agricole.
25 Peut-être est-ce la date du 7 juin 1992 et celle du 7 juin 1993 qui m'a
Page 13286
1 induit en erreur.
2 Question: L'une des choses que vous avez dites aux investigateurs ce jour-
3 là (Mme Sutherland, Mazhar Inayat, Kellie Ward, Ewan Brown) a été ce qui
4 suit. Vous avez dit que -je cite-: "vous saviez tout ce qui concerne cet
5 ordre de 1992, celui qui vous a été montré, parce que vous et vos adjoints
6 de 1992, vous avez fait une entrée en date du 1er janvier 1992 concernant
7 cet ordre et l'ouverture du camp".
8 Et pourquoi personne de ces gens avec lesquels vous avez parlé ne vous ont
9 pas dit: "Non, non, ce n'est pas un ordre de 1992, mais de 1993"?
10 Réponse: Six années se sont écoulées et donc je ne peux pas me prononcer.
11 Je ne veux pas me prononcer à ce sujet parce que je ne suis pas sûr.
12 M. Ackerman (interprétation): Je vous dirais que la version anglaise
13 montre la date de 1993 et cela à quatre reprises. Les personnes avec
14 lesquelles vous avez parlé ont dû le voir.
15 Mme Korner (interprétation): Là, il s'agit d'un commentaire.
16 M. le Président (interprétation): Madame Korner elle-même voudrait
17 profiter de ce document s'il date de 1992, car, hier ou avant-hier, je ne
18 me souviens plus, nous avions établi une certaine discorde et nous avions
19 décidé de ne plus l'utiliser. Je ne voulais pas vous interrompre, mais
20 cette décision vous liait, vous aussi, de ne plus l'utiliser.
21 M. Ackerman (interprétation): Je pourrais commenter cela, mais je m'y
22 refuse.
23 M. le Président (interprétation): Donc ce document ne peut être utilisé
24 pour l'an 1992, sauf pour la partie où il est dit qu'il a été utilisé pour
25 la mise en place d'un camp de prisonniers de guerre.
Page 13287
1 Je voudrais demander au colonel Selak si, avant juin 1992, d'après ses
2 connaissances, le camp de Manjaca n'a jamais été utilisé comme un endroit
3 où l'on gardait les prisonniers de guerre? Avant 1992?
4 M. Selak (interprétation): Non, jamais.
5 M. le Président (interprétation): Mais s'il s'agit de 1993, on peut dire
6 que le camp avait été déjà utilisé pour héberger les prisonniers de guerre
7 parce qu'il a été mis en place en 1992?
8 M. Selak (interprétation): Oui.
9 M. le Président (interprétation): Alors nous pouvons en finir maintenant,
10 je pense.
11 M. Ackerman (interprétation): Je vais passer, Monsieur le Président, à un
12 autre sujet.
13 M. le Président (interprétation): Oui, d'accord. Nous avons encore 5
14 minutes que nous avons promises à Mme Korner; il vous reste donc encore 6
15 minutes.
16 M. Ackerman (interprétation): Alors je préfère m'arrêter là parce que
17 c'est un bloc important de questions.
18 M. le Président (interprétation): Avez-vous encore besoin de M. Selak?
19 Mme Korner (interprétation): Je ne sais pas encore, mais M. Ackerman a
20 mentionné, comme investigateur, Mme Sutherland. Mais je dois dire qu'elle
21 n'a pas été investigateur, mais elle a dû faire autre chose là-bas.
22 M. Ackerman (interprétation): Je ne voulais pas la traiter
23 d'investigateur; je sais quelles sont ses qualités de juriste.
24 Mme Korner (interprétation): Peut-on passer à huis clos?
25 M. le Président (interprétation): Colonel Selak, je vous remercie encore
Page 13288
1 pour votre déposition. Ce n'était pas facile aujourd'hui. Nous nous
2 reverrons demain, à la même heure et à la même place.
3 (Le témoin, M. Osman Selak, est reconduit hors du prétoire.)
4 (Questions relatives à la procédure.)
5 M. le Président (interprétation): Monsieur Ackerman, croyez-vous que vous
6 pourrez terminer demain, vu la quantité de papiers qui sont devant vous?
7 M. Ackerman (interprétation): Je peux l'imaginer, mais éventuellement non,
8 même si je pourrais éventuellement.
9 M. le Président (interprétation): Passons donc à huis clos.
10 (Audience à huis clos à 18 heures 21.)
11 (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 (expurgé)
16 (expurgé)
17 (expurgé)
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
Page 13289
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12 Pages 13289 à 13293 –expurgées– audience à huis clos
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
Page 13294
1 (expurgé)
2 (expurgé)
3 (L'audience est levée à 18 heures 32.)
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25