Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 18172

1 Le mercredi 25 juin 2003

2 [Audience publique]

3 --- L'audience est ouverte à 9 heures 06.

4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame la Greffière, bonjour, pouvez-

6 vous annoncer l'affaire, s'il vous plaît ?

7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour Monsieur le Président, Mesdames

8 les Juges. Il s'agit de l'affaire IT-99-36-T, le Procureur contre Radoslav

9 Brdjanin.

10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur Brdjanin.

11 L'ACCUSÉ : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Juge, Mesdames les Juges.

12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous pouvez suivre la

13 procédure dans une langue que vous comprenez ?

14 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, en effet.

15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, vous pouvez vous asseoir. Le

16 Procureur, peut-elle se présenter ?

17 Mme KORNER : [interprétation] Joanna Korner, assistée par Denise Gustin,

18 notre assistance. Bonjour, Monsieur le Président, Mesdames les Juges.

19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Le conseil de la Défense.

20 M. ACKERMAN : [interprétation] Bonjour, Monsieur, je m'appelle John

21 Ackerman. Je suis ici avec Aleksandar Vujic. M. Cunningham sera absent

22 peut-être toute la journée d'aujourd'hui et il revient demain. Est-ce que

23 je peux très brièvement vous dire qu'elles sont les nouvelles du

24 Département de Trésor américain ?

25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

Page 18173

1 M. ACKERMAN : [interprétation] Hier, tard dans la nuit, je me suis

2 entretenu, en réalité c'était dans l'après-midi à Washington avec un

3 représentant du bureau des avoirs étrangers, et je lui ai expliqué, quel

4 était notre problème. Il était tout à fait d'accord pour dire que

5 l'autorisation qui a été envoyée au Président Meron ne représente pas une

6 licence et que d'après les régulations, il est nécessaire de disposer de

7 cette licence. Il considérait que même s'il ne s'agissait pas d'une

8 licence, et bien il s'agissait -- cela pourrait faire -- cela ne devrait

9 pas poser de problème.

10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous souhaite bonne chance, Maître

11 Ackerman.

12 M. ACKERMAN : [interprétation] Je lui ai dit, qu'il m'a réconforté. Il m'a

13 dit que c'est qu'il faisait, c'était d'essayer de décider si cette question

14 de licence individuel ou bien s'il allait faire une licence individuel ou

15 une licence de groupe. Et qu'il allait essayer de me répondre aujourd'hui.

16 Je lui ai dit que j'ai pensé que c'était important que cette décision soit

17 prise le plus rapidement possible, car je ne voulais -- car on ne se

18 trouvait pas dans une situation confortable, et j'ai informé tous les

19 membres de notre association de la situation, tel qu'elle était.

20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Comme hier, Madame la

21 Greffière, je vais demander que cette partie du compte rendu d'audience

22 soit communiquée au président Meron.

23 M. ACKERMAN : [interprétation] Moi, je tiens au courant le président Meron

24 de ce je fais et de toutes les lettres et touts les -- toute la

25 correspondance que je peux entretenir à ce sujet. Donc, il sait où nous en

Page 18174

1 sommes.

2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, moi j'aurais agi de la même

3 façon. Le président Meron n'est pas quelqu'un qui laisse les choses se

4 passées sans agir, il va agir et va agir vite.

5 Mme Korner, avant le témoin.

6 Mme KORNER : [interprétation] Est-ce que je peux vous présenter mes excuses

7 pour deux choses ? Tout d'abord, je n'étais pas capable de lister les

8 documents que j'allais utiliser, car je vous ai dit que vous alliez

9 utiliser les deux dossiers. Je ne peux pas, je n'ai pas eu le temps de, je

10 ne veux pas examiner les deux dossiers. Mais je vais en revanche présenter

11 un certain nombre de documents au témoin, surtout en ce qui concerne les

12 opérations militaires car il est tout à fait capable de parler de cela.

13 Et je vous présente mes excuses aussi, pour cette arrivée tardive de notre

14 préparation des témoins. On nous a envoyé par le biais d'un interne qui a

15 travaillé jusqu'à 11 heures et demi hier soir pour essayer de mettre de

16 l'ordre dans tout ça. Je suis désolée de cela.

17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Hier, vous avez parlé de ces

18 dossiers contenant les pièces à conviction Bosanska Krupa, Celinac et Kotor

19 Varos. Et bien, j'ai vérifié tout cela avec mon personnel, mon équipe et

20 aucun de ces dossiers n'a été admis en tant que pièces à conviction.

21 Hier, j'ai fait une erreur quand j'ai dit, quand j'ai parlé de ces

22 documents de la municipalité de Celinac en vous disant que je me rappelais

23 d'une objection formulée de la part de Me Ackerman. En réalité, il y a une

24 objection de la part de Me Ackerman, mais nous en avons parlé en audience

25 publique et j'avais pris une décision. Mais contrairement à ce que vous

Page 18175

1 avez dit Me Ackerman, nous faisons tous des erreurs. Et j'ai essayé donc de

2 parcourir tous ces documents récents que j'ai apportés avec moi et je n'ai

3 pas l'impression d'avoir reçu une réponse de la Défense concernant les

4 pièces de la municipalité de Bosanska Krupa.

5 M. ACKERMAN : [interprétation] Oui, c'est tout à fait vrai. Je vais essayer

6 de vérifier cela le plus rapidement possible, de vous répondre le plus

7 rapidement possible.

8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, car le temps nous est

9 compté. Il y a aussi un certain nombre de décisions prises ce matin, ce que

10 je vais vous communiquer, il y en a une que je vais vous communiquer plus

11 tard au cours de la journée. Il y a en une concernant l'article 92 bis et

12 puis il y a aussi un certain nombre de décisions concernant la mesure de

13 protection. Donc, il faut que j'organise tout ceci avec mon équipe, et

14 ensuite je vais vous en parlerai.

15 Mme KORNER : [interprétation] En attendant, je voudrais dire quelque chose

16 en audience publique et je pense que c'est très utile pour Me Ackerman.

17 Nous avons pris un certain nombre de déclarations d'un certain nombre de

18 femmes qui ont été violées dans la Cellule de Kotor Varos. Nous avons

19 vraiment du mal à les convaincre de venir témoigner. Il n'en a pas une

20 seule qui soit venue témoigner. Une d'entre elles qui devait venir

21 témoigner et bien elle vient d'avoir un enfant, un autre enfant et elle

22 nous a dit que psychologiquement, elle n'est absolument pas capable de

23 venir témoigner.

24 Ce n'est peut-être pas surprenant, donc nous espérons pouvoir obtenir tout

25 de même une déclaration en vertu de l'article 92 bis. Et nous avons essayé

Page 18176

1 aussi de la persuader de venir témoigner et répondre par rapport à cette

2 déclaration.

3 Nous allons demander à Me Ackerman d'être, d'avoir la gentillesse

4 d'accepter -- de ne pas accepter ces déclarations, d'ailleurs aucune de ces

5 déclarations en tant que moyen de preuve directe contre M. Brdjanin. Pour

6 des raisons évidentes nous ne pouvons pas les présenter en tant que moyen

7 de preuve en vertu de l'article 92 bis. Même si cela est possible et bien -

8 - donc, je vais tout de même demander que l'on présente ces témoignages en

9 tant que témoignages en vertu de l'article 92 bis plutôt que de demander à

10 ces témoins de venir témoigner ici. Je pense que Me Ackerman va comprendre,

11 il s'agit des victimes de viol.

12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Korner, je pense que vous avez

13 été honnête en prévenant Me Ackerman de cela, donc je pense que vous devez

14 peut-être faire une requête aujourd'hui.

15 Mme KORNER : [interprétation] Une requête écrite ?

16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, et vous deviez aussi nous fournir

17 un exemplaire de ces déclarations ainsi qu'une indication, nous disant qui

18 sont ces personnes. Les personnes dont on parle, qui font l'objet de ces

19 déclarations.

20 Mme KORNER : [interprétation] Oui, je vais le faire.

21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Évidemment, nous n'allons pas les faire

22 en audience publique.

23 Mme KORNER : [interprétation] Non.

24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Mais vous savez de l'autre

25 côté une requête orale me suffit. Je peux aussi prendre une décision orale

Page 18177

1 à ce sujet.

2 Mme KORNER : [interprétation] Monsieur le Président, Me Ackerman possède

3 ces déclarations, mais nous allons en effet lui communiquer aussi les noms

4 et nous allons vous communiquer à vous ces déclaration.

5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. J'espère que Me Ackerman va

6 coopérer, mais s'il dit non de toute façon, cela ne veut pas dire qu'il ne

7 coopère pas. Je voudrais que ceci soit bien clair. S'il refuse, cela ne

8 veut pas dire qu'il ne coopère pas.

9 Mme KORNER : [interprétation] Ensuite, il y a autre chose que je veux

10 soulever à ce sujet. Je n'ai pas reçu la décision concernant ce témoin

11 journaliste et je me demande si vous avez accepté cet article ? Je ne suis

12 pas à 100% sûr.

13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

14 Mme KORNER : [interprétation] Cet article a été versé au dossier.

15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] La décision n'a pas été communiquée

16 pour des raisons administratives. Nous attendons encore le document qui

17 n'est pas encore arrivé. Mais, ce n'est pas de notre faute mais le document

18 en tant que tel a été admis au dossier.

19 Mme KORNER : [interprétation] Et bien, dans ce cas-là, nous allons demander

20 un numéro de côté, enfin une cote pour ce document. Le témoin qui a -- d'un

21 autre côté la dernière chose que je voulais dire, c'est que ce témoin qui

22 bénéficie de mesure de protection, et bien il -- finalement il m'a dit

23 hier, qu'il était d'accord pour témoigner en audience publique. Je pense

24 que vous allez préférer cela.

25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

Page 18178

1 Maître Ackerman ?

2 M. ACKERMAN : [interprétation] En ce qui concerne la première question que

3 Mme Korner, a soulevé et bien, je peux dire en tant que préposition

4 générale qu'à chaque fois que nous avons -- que nous sommes face à ces

5 problèmes, nous sommes d'accord que le témoin devrait décrire ces viols, il

6 devrait parler de cela. Moi je me demande, s'il y a pas d'autres questions

7 avec ce qui pourrait survenir de cette déclaration.

8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous ne pouvez pas dire cela tant que

9 nous n'avons pas vu les déclarations elles-mêmes. Je pense, que s'il y a

10 quoi que ce soit qui va au-delà de ces crimes de l'ordre sexuel et bien

11 nous allons y réfléchir.

12 Mme KORNER : [interprétation] Evidemment, il y a un petit peu

13 d'informations au sujet de cette série -- enfin comment, elles sont

14 arrivées dans la série et c'est vrai que les femmes aussi décrivent les

15 attaques menées contre les villages, ce qu'il leur est arrivé et cetera.

16 Mais je pense que la meilleure chose, serait que Me Ackerman vérifie ce qui

17 se trouve dans ces déclarations et qui nous demande éventuellement de

18 rédaction.

19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Donc, nous allons attendre

20 cela, ensuite, nous allons réagir. Je ne pense pas de toute façon que vous

21 allez vous appuyez sur ces témoins pour prouver qu'il y a eu des attaques

22 menées contre des villes ou des villages. Je ne sais pas mais, c'est ce que

23 je me dis.

24 Mme KORNER : [interprétation] Je pense qu'il y a un témoin qui va parler

25 justement de deux choses, mais je pense que cela nous permettrait de voir

Page 18179

1 les choses d'un autre point de vue.

2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Et bien, vous faites vos évaluations et

3 nous, nous allons prendre nos décisions. Je peux vous promettre que nous

4 allons coopérer. Je pense, qu'il faudrait baisser les rideaux à présent

5 pour faire entrer le témoin. Ensuite, nous allons voir avec le témoin, s'il

6 souhaite bénéficier de ces mesures de protection que nous lui avons déjà

7 accordées ou non.

8 Mme KORNER : [interprétation] Et je vous propose d'adopter le même système

9 c'est-à-dire de lui demander -- je vais lui demander de nous remettre ses

10 déclarations dans le cas où je ne suis pas en mesure de terminer

11 l'interrogatoire principal aujourd'hui.

12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous avez des objections,

13 Maître Ackerman ?

14 M. ACKERMAN : [interprétation] Oui. A moins, qu'elle ne soit pas capable de

15 terminer son interrogatoire aujourd'hui.

16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons voir comment les choses se

17 passe.

18 M. ACKERMAN : [interprétation] Elle a toute la journée pour faire cet

19 interrogatoire. Je pense que c'est plus qu'assez.

20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Nous allons voir cela. Et à

21 la fin de la journée d'aujourd'hui, nous allons décider.

22 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur le Témoin, bonjour. Bienvenue

24 au Tribunal. Vous allez déposer en l'espèce. Il s'agit du procès de

25 l'accusé, Radoslav Brdjanin. Avant de déposer, d'après notre Règlement de

Page 18180

1 procédure et de preuve, on va vous demander de faire une déclaration

2 solennelle. Il s'agit d'un serment vous engageant à dire la vérité, toute

3 la vérité et rien que la vérité. Je vais demander à l'Huissier de nous

4 présenter le texte de cette déclaration. Vous allez lire ce texte à haute

5 voix et ceci sera votre déclaration solennelle. Je vous en remercie.

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

7 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

8 LE TÉMOIN : MUHAMED SADIKOVIC [Assermenté]

9 [Le témoin répond par l'interprète]

10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous en remercie. Vous pouvez vous

11 asseoir. Nous allons commencer.

12 Mme KORNER : [interprétation] Avant de poser ces questions, il serait peut-

13 être utile de passer à huis clos partiel pour quelques instants.

14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je suis tout à fait d'accord avec vous,

15 Mme Korner. Alors, passons à huis clos partiel, s'il vous plaît.

16 [Audience à huis clos partiel]

17 (Expurgé)

18 (Expurgé)

19 (Expurgé)

20 (Expurgé)

21 (Expurgé)

22 (Expurgé)

23 (Expurgé)

24 (Expurgé)

25 (Expurgé)

Page 18181

1 (Expurgé)

2 (Expurgé)

3 (Expurgé)

4 (Expurgé)

5 (Expurgé)

6 (Expurgé)

7 (Expurgé)

8 (Expurgé)

9 (Expurgé)

10 (Expurgé)

11 (Expurgé)

12 (Expurgé)

13 [Audience publique]

14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Et comme, nous sommes en audience

15 publique, je peux confirmer que le témoin a choisi de son plein gré, de ne

16 pas bénéficier de ces mesures de protection que les juges lui avaient

17 accordées à la demande du Procureur. A savoir, l'utilisation du pseudonyme

18 et le brouillage des traits du visage sur l'écran.

19 Monsieur, est-ce que vous avez déjà déposé dans votre vie, devant un

20 Tribunal ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Je n'ai pas.

22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vais vous expliquer comment cela se

23 passe, très rapidement. Donc, Mme Korner, qui est le Procureur, le

24 Procureur principal, va vous poser un certain nombre de questions

25 auxquelles vous devriez répondre. Et vous devrez donc, répondre à cela

Page 18182

1 conformément au serment que vous avez fait il y a quelques instants. Elle

2 va probablement, terminer ses questions aujourd'hui. Ensuite, vous allez

3 subir le contre-interrogatoire par le conseil principal de Radoslav

4 Brdjanin. Il s'agit du conseil de la Défense. Cela se produira demain.

5 Demain, à nouveau, je vais vous répéter cela, mais je vous le dis d'ores et

6 déjà. Aussi bien, Mme Korner que M. Ackerman a le droit de vous poser des

7 questions. Ça veut dire que vous êtes obligé de répondre à toutes les

8 questions, quelle que soit leur provenance. Et, mon dernier conseil est

9 comme suit, si vous souhaitez rentrer chez vous après demain, et bien,

10 soyez le plus bref, le plus concis possible dans vos réponses en répondant

11 par un oui ou par un non à chaque fois que cela est possible. Et je vais

12 vous demander de donner des détails uniquement dans la mesure où cela vous

13 est demandé, par au-delà. Est-ce que vous me comprenez ?

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, complètement.

15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, Monsieur Sadikovic. Je vous

16 laisse entre les mains de Mme Korner, ce n'est pas une menace.

17 Mme KORNER : [interprétation] J'espère que vous ne pensiez pas de la façon

18 dont je l'ai entendu.

19 Interrogatoire principal par Mme Korner :

20 Q. [interprétation] Monsieur Sadikovic, vous vous appelez Muhamed

21 Sadikovic ?

22 R. Oui.

23 Q. Et vous êtes né le 26 juin 1961 ?

24 R. Oui.

25 Q. Donc, demain c'est votre anniversaire ?

Page 18183

1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, en effet, c'est demain. Et Me

2 Ackerman va vous aider à le fêter.

3 Mme KORNER : [interprétation]

4 Q. Est-ce que vous êtes d'appartenance ethnique bosnienne ?

5 R. Oui.

6 Q. Monsieur Sadikovic, je voudrais vous poser quelques questions au sujet

7 de votre passé, de votre curriculum vitae, et ensuite, nous allons passer

8 immédiatement à ces événements qui se sont produits en 1991, 1992.

9 Vous êtes né à Kiev, mais en réalité, vous êtes élevé dans la municipalité

10 de Kotor Varos, dans la ville même de Kotor Varos, n'est-ce pas ?

11 R. Oui, en effet.

12 Q. Est-ce que vous avez fait des études d'ingénieur en construction à

13 l'université de Sarajevo ?

14 R. Oui.

15 Q. Et, vous avez reçu votre diplôme en 1987 ?

16 R. Oui.

17 Q. Et ensuite, vous avez fait votre service militaire obligatoire, n'est-

18 ce pas ?

19 R. Oui, dans l'ex-JNA.

20 Q. Et ensuite, vous revenez, n'est-ce pas à Kotor Varos où vous commencez

21 à travailler pour une entreprise de bâtiments et travaux public ?

22 R. Oui.

23 Q. Et, après cela, vous démarrez votre propre entreprise et vous fabriquez

24 des bloques de béton.

25 R. Oui.

Page 18184

1 Q. Est-ce que je peux vous poser la question suivante : lorsque vous avez

2 travaillé dans l'industrie de bâtiment, avez-vous jamais rencontré Radoslav

3 Brdjanin ?

4 R. Non. Pas de tout.

5 Q. Ensuite, avez-vous dirigé cette entreprise jusqu'au début de la guerre

6 en Croatie en 1991 ?

7 R. Oui. Oui, tout a fait. J'étais en Istria et Rovinj [phon], et j'étais

8 là pour mes affaires.

9 Q. Et avez-vous rejoint -- êtes-vous devenu membre de SDA en 1991 ?

10 R. Oui.

11 Q. Et étiez-vous membre du conseil exécutif de ce même parti ?

12 R. Oui, tout a fait.

13 Q. Le président du SDA, était-ce bien Fikrit Djikic ?

14 R. Oui, c'est exact.

15 Q. Il faudra peut-être évoquer les noms des autres membres, mais pas pour

16 l'instant, c'était le vice-président Ahmet Cirkic, est-ce exact ?

17 R. Oui, c'est exact.

18 Q. Et le secrétaire était Bakir Dizdar ?

19 R. C'est exact.

20 Q. Y avait-il à Kotor Varos une aile du HDZ ?

21 R. Oui, c'est exact. Il y avait en fait un conseil municipal.

22 Q. Et Anto Mandic, présidait-il ce conseil municipal ?

23 R. Oui, c'est exact.

24 Q. Y avait-il également une aile du SDS, une antenne de SDS ?

25 R. Oui, c'est exact.

Page 18185

1 Q. Et qui présidait le SDS ?

2 R. C'était M. Nedjeljko Djekanovic.

3 Q. Connaissiez-vous M. Djekanovic et M. Mandic ?

4 R. Mandic était mon voisin, et je le connaissais beaucoup mieux que

5 Djekanovic.

6 Q. Est-ce que je peux vous poser la question suivante : Les trois partis

7 politiques, fonctionnaient-ils, ou étaient-ils dans le même bâtiment, ou

8 ces trois partis étaient-ils dans des bâtiments distinct ?

9 R. Au début, ces différents partis étaient rassemblés dans des bâtiments

10 différents, mais, par la suite, on nous a donné des bureaux qui se

11 situaient dans le même bâtiment.

12 Q. Pourriez-vous nous dire un peu près à quelle époque ceci correspond ?

13 R. Et bien, je dois vous dire que je suis devenu membre par la suite,

14 lorsque je suis rentré du front en Croatie. Mais je crois que la fin de

15 l'année 1991, peut-être au début de l'année 1992, ils avaient déjà leurs

16 locaux dans le même bâtiment.

17 Q. Bien, alors vous avez travaillé dans l'industrie du bâtiment et y a-t-

18 il eu un moment où vous avez été employé par la police de Kotor Varos ?

19 R. Oui. Oui, c'est exact. Les membres de mon parti avaient décidé que je

20 devais accepter ce poste parce qu'ils savaient comment j'avais été élevé.

21 Ils connaissaient ma famille et ils savaient que j'avais vécu dans une

22 ville, ils savaient que je pouvais tout à fait remplir cette tâche et que

23 j'avais un point de vue tout à fait normal et modéré.

24 Q. Pour ce faire, deviez-vous suivre une formation particulière ?

25 R. Et bien, j'étais à Sarajevo où MUP de la république de Bosnie-

Page 18186

1 Herzégovine. Et j'ai également suivi une courte formation et j'ai également

2 eu un examen médical qui était obligatoire.

3 Q. Kotor Varos, je crois, nous avons entendu dire qu'il s'agissait d'une

4 municipalité qui -- ou la majorité je crois, 14 000 personnes étaient

5 Serbes. Il ne s'agit pas d'une majorité écrasante. Il y avait également les

6 Musulmans qui représentaient 11 000 habitants et les Croates qui

7 représentaient 10 000 habitants. Comment cette complétion ethnique se

8 trouvait-elle représentée au sein de la police ?

9 R. Et bien, je dois vous dire qu'avant les élections, la composition

10 ethnique de la police était plutôt en faveur des Serbes. Ce n'est qu'après

11 les élections que cette composition est changée et que les Croates et les

12 Bosniens ont rééquilibré cette composition ethnique de façon à rééquilibrer

13 tout cela. C'était mieux après les élections.

14 Q. Donc, vous dites qu'avant les élections, il s'agissait d'une force de

15 la police à dominante serbe et par la suite les choses se sont

16 rééquilibrées, c'est exact, après les élections ?

17 R. Oui, tout à fait. Avant la guerre, on ne faisait pas particulièrement

18 attention à la composition ethnique des effectifs de la police, c'est-à-

19 dire, que c'était -- que c'était -- que l'on ne faisait pas attention.

20 Q. Si on vous demande, par conséquent, d'évaluer la situation et la

21 composition ethnique, lorsque vous avez commencé à travailler pour la

22 police, quelle était cette répartition sur le plan ethnique et combien des

23 Serbes y avaient-ils dans les forces de la police ?

24 R. Bien, environ 40 à 45% étaient Serbes. Et les Bosniens et les Croates

25 représentaient quelque 55% environ.

Page 18187

1 Q. Nous avons entendu beaucoup de personnes témoigner sur la façon dans

2 les officiers de polices étaient nommés à leurs postes. Les chefs de la

3 police ainsi que les commandants, il s'agissait en fait d'une nomination

4 politique, pour des raisons politique. Votre parti avait décidé que vous

5 étiez le candidat qui devait remplir ce poste. Votre candidature a-t-elle

6 été acceptée sans aucune opposition ?

7 R. Non. Non. Ma candidature n'a pas été acceptée et cela a pris un certain

8 -- un temps pour que je sois accepté et que je travaille au poste de police

9 parce que le représentant serbe, le chef de la police, a été nommé

10 immédiatement, ainsi que son supérieur hiérarchique Nedjeljko Maric. Et

11 j'ai moi-même été nommé par décision -- suite à une décision prise par le

12 vote de la république en septembre 1991. Et j'ai commencé effectivement à

13 travailler au mois de janvier 1992 au poste de police parce qu'il y avait

14 une opposition assez farouche à ma nomination.

15 Q. Qui était le chef de la police, le représentant serbe, comment

16 s'appelait-il ?

17 R. Il s'agit de Savo Tepic et le commandant était Nedjeljko Maric. Et il

18 représentait les Croates bien sûr. Et j'étais le troisième. J'étais donc

19 commandant second.

20 Q. Et qui était si farouchement opposé à votre nomination, et pourquoi ?

21 R. C'était en fait le chef du centre de la sécurité publique à Banja Luka,

22 Stojan Zupljanin ainsi que celui qui dirigeait ce bureau de la police, Savo

23 Tepic.

24 Q. Et pourquoi s'opposaient-ils tellement à votre nomination à ce poste ?

25 R. M. Zupljanin m'a dit quelque chose de l'ordre : je sais que tu n'es pas

Page 18188

1 un mauvais bougre, mais il avait déjà un Musulman au sein de la police,

2 Sejdo Tatar, qui était un -- effectivement, un policier extrêmement

3 compétant et tant qu'il était là, il n'était pas question que je puisse

4 être recruté au sein de la police. C'est la raison -- et la raison avancée

5 était que Tatar avait épousé une femme serbe. Et par conséquent, il pensait

6 pouvoir le manipuler davantage, et qu'il obéirait à ses ordres.

7 Q. Et quel grade occupait M. Tatar au sein de la police de Kotor Varos ?

8 R. Je crois qu'à ce moment-là, c'était un enquêteur -- un inspecteur pour

9 les affaires criminelles. Il travaillait pour la police criminelle à Kotor

10 Varos.

11 Q. Quand avez-vous rencontré M. Zupljanin, lorsque vous avez eu cette

12 conversation ?

13 R. Et bien, c'était au moment où je suis allé -- je me suis rendu à

14 Sarajevo pour recueillir cette décision qui avait été prise me concernant.

15 Et il fallait que j'aille chercher ce document, mais cela ne m'a jamais --

16 je suis allé à Sarajevo chercher ce document puisqu'on ne me l'avait pas

17 envoyé. Il s'agissait en fait pour moi de commencer mes activités au sein

18 de la police. Et je suis allé voir M. Zupljanin pour lui demander et lui

19 dire que je ne pouvais pas intégrer la police et remplir les fonctions

20 comme cela avait été décidé. Et normalement, mon -- le chef de la police et

21 le commandant de la police avaient suivi la même procédure et avaient pu

22 commencer leur travail. Pourquoi ne pouvais-je pas le faire moi-même ? Et

23 Anto Mandic, le chef du conseil municipal me soutenait, et le président de

24 mon parti me soutenait également, et ainsi que les autres membres du parti.

25 C'est pour ça que cette décision avait été prise me concernant à Sarajevo,

Page 18189

1 me permettant d'exercer ces fonctions au sein de la police. Et nous -- il

2 s'agissait pour moi en fait de commencer à travailler.

3 Q. En fait, c'est de ma faute. Ce qui -- M. Sadikovic en fait, c'est de ma

4 faute. Mais à quel moment -- pouvez-vous nous donner une date, s'il vous

5 plaît ? A quel moment avez-vous eu cette conversation avec M. Zupljanin ?

6 R. Je crois qu'il s'agissait en fait d'un jour au mois d'octobre. Je crois

7 que nous nous sommes entretenus au mois d'octobre, à la mi-octobre environ.

8 Q. Et vous l'avez vu à Sarajevo, c'est exact ?

9 R. Non, non. Non, dans son bureau à Banja Luka. C'est là que nous nous

10 sommes rencontrés.

11 Q. Donc, très rapidement j'aimerais regarder un document. Il s'agit de la

12 pièce P2129 qui concerne votre embauche. Alors, j'ai essayé de diviser les

13 différents éléments dans mon classeur. Il est daté du 31 janvier 1992. Il

14 s'agit du numéro 12. Il s'agit ici d'un extrait du procès verbal de la

15 réunion du HDZ du conseil municipal à Kotor Varos et daté du 31 janvier. Et

16 sous le point -- on regarde du point numéro deux. Nous constatons que le

17 président Anto Mandic a soumis un rapport sur la réunion multipartite de

18 façon à ce que l'assemblée puisse continuer son travail et la nomination de

19 vous-même en tant que commandant en second au sein de la police. Un accord

20 est intervenu et vous avez commencé à travailler un lundi. Je crois que

21 vous avez dit que vous avez commencé à travailler au mois de janvier 1992.

22 Est-ce exact ?

23 R. Oui. Il s'agit là d'une preuve de cela. Je vous avais cité le nom, mais

24 non pas la date exacte. C'est un inspecteur du ministère de l'Intérieur de

25 Sarajevo qui a dû se rendre en Banja Luka avant que je ne puisse me mettre

Page 18190

1 au travail et intégrer les effectifs de la police à Kotor Varos.

2 Q. Merci beaucoup. Nous pouvons mettre ce document de côté à présent. Et

3 vous avez donc assumé vos fonctions en tant que commandant en second du

4 poste de police de Kotor Varos. Est-ce exact ?

5 R. Oui.

6 Q. Et, pour que la police à Kotor Varos puisse communiquer avec le

7 ministère de l'Intérieur qui se trouvait à Sarajevo, pouviez-vous

8 communiquer avec -- directement ou deviez-vous le faire en passant par

9 Banja Luka ?

10 R. Non. La chaîne de commandement est assez structurée. Je devais d'abord

11 me tourner vers le chef de la sécurité publique -- du centre de sécurité

12 publique à Banja Luka. C'est eux qui relayaient les informations aux

13 autres. Et ensuite, cela est envoyé à Sarajevo et de nouveau cela passe par

14 Banja Luka, et cela nous est relayé à Kotor Varos.

15 Q. Avez-vous -- aviez-vous du mal à communiquer avec Sarajevo entre le

16 mois de janvier et le mois de juin 1992 ?

17 R. Je dois vous dire qu'au début ce n'était pas difficile. Mais après le -

18 - après qu'une police parallèle a été mise en place dans la région autonome

19 de Bosanski Krajina, les communications avec Sarajevo étaient souvent

20 interrompues et nous ne recevions plus de dépêches à partir de ce moment-

21 là. Et cela devait être par Banja Luka. Il y avait des éléments de la

22 police de la Republika Srpska, et Kotor Varos est devenu partie intégrante

23 de ces forces de police sans que nous en sachions quoi que soit.

24 Q. Donc, je parle maintenant du mois de mars 1992. Après le mois de mars,

25 lorsqu'il y eu une cession au sein du ministère de l'Intérieur. Qu'en

Page 18191

1 était-il à ce moment-là ? Il s'agit du ministère de l'Intérieur serbe.

2 R. Oui, oui, tout à fait.

3 Q. J'aimerais maintenant regarder -- vous tourner les événements qui se

4 sont produits un peu plus tôt, en 1992 à Kotor Varos. Pourrions-nous

5 regarder la pièce portant la cote P29, s'il vous plaît ? Il s'agit ici

6 d'une décision qui aurait été prise par l'assemble du peuple serbe de Kotor

7 Varos. Il s'agissait pour eux d'intégrer la région autonome de la Krajina.

8 C'est daté du 7 avril 1992. D'après vous, que signifiait cette assemblée

9 serbe -- quel rôle jouait cette assemblée serbe.

10 R. Il s'agit de l'autorité suprême dans cette région de la Bosanska

11 Krajina, à la Republika Srpska.

12 Q. Ici, dans ce document, au mois de février, nous parlons en fait de

13 l'assemblée de peuple serbe à Kotor Varos. Saviez-vous qu'une telle

14 assemblée existait ?

15 R. Non. Ceci avait été fait de façon complètement illégale. Il s'agissait

16 d'un gouvernement parallèle, d'une assemblée parallèle. Et en parallèle,

17 par rapport à l'assemblée qui avait été élue de façon tout a fait légale en

18 1991. Et c'était un organe parallèle qui avait été mis en place sans que

19 nous le -- sans que nous soyons tenu au courant, les Croates non plus.

20 Q. Saviez-vous à ce moment là, à savoir au mois de février 1992, que cette

21 soit disante assemblée avait pris pour décision d'être rattachée à la

22 république autonome -- la région autonome de la Krajina ?

23 R. Non, pas de tout. Non, je crois que personne n'était au courant de

24 cela. En tout cas, moi, je n'étais pas.

25 Q. Merci beaucoup. Nous pouvons donc mettre ce document de côté, le

Page 18192

1 remettre à l'Huissier.

2 Au cours de cette période, entre le mois de février et le mois de mars

3 1992, avez -- ou pouviez-vous recevoir des émissions de télévision

4 diffusées par la télévision de Sarajevo ?

5 R. Non. Malheureusement pas. Nous ne pouvions rien recevoir et c'est ce

6 que l'on avait fait dans la région autonome de Bosanska Krajina. Nous ne

7 pouvions pas recevoir les émissions de la télévision de Sarajevo, car les

8 émetteurs étaient tous dirigés en direction de Vlasic Kozara et nous ne

9 pouvions pas recevoir ce programme.

10 Q. Ces programmes que vous pouviez recevoir de Banja Luka, ou ces

11 émissions qui étaient diffusées par d'autres régions, quel type de

12 programme était-ce ?

13 R. Il ne s'agissait que d'émission de propagande qui parlait de la

14 souffrance de peuple serbe, de difficulté, de tribulation de peuple serbe

15 tout au cours leur -- tout le long de leurs-- tout au cours de leurs

16 histoires. On parlait de soit disant profanation des tombes de peuple serbe

17 et de tels programmes convenaient évidement à une partie de la population,

18 mais pas des autres groupe ethnique. Tous ces différents programmes

19 envoyaient un message très clair, à savoir ces deux groupes ethniques

20 représentaient une menace pour les Serbes et tout au long de leurs

21 histoires, les Serbes avaient été menacés par ces deux peuples et avaient

22 été des victimes.

23 Q. Donc, vous-même entre le mois de janvier et le mois de juin 1992,

24 n'avez-vous jamais vu Radoslav Brdjanin à la télévision ?

25 R. Oui, dans les médias et dans la presse écrite, et à la radio.

Page 18193

1 Q. Saviez-vous quelle position, il occupait au sein de l'hiérarchie

2 politique à Banja Luka ?

3 R. Oui, tout a fait. Je savais qu'il était -- que c'était un député du

4 parlement de Bosnie-Herzégovine à Sarajevo.

5 Q. Et vous souvenez-vous de ces propos ou des propos que vous avez

6 entendus de sa bouche à la télévision ?

7 R. Il disait que c'était nécessaire pour les Serbes, et qu'on allait

8 mettre en place la région autonome de la Bosanski Krajina qui allait être

9 rattachée à la Republika Srpska. Et que les Serbes devaient vivre dans un

10 seul et même état. Ça, c'était en fait, en gros le contenu de ces propos

11 Q. Des non-serbes à Kotor Varos ont-ils répondu à l'appel à la

12 mobilisation, à la suite -- après l'éclatement à la guerre en Croatie ?

13 R. Je dois vous dire qu'entre 199 -- non, pardon, 1995, à 98% des Bosniens

14 et des Croates non pas répondu à l'appel à la mobilisation, car ils ne

15 souhaitaient pas se rendre au front. Ils ne souhaitaient pas faire la

16 guerre dans un autre état et être impliqués dans une guerre dans un autre

17 état.

18 Q. Comment, ce manquement des non-serbes a-t-il eu une incidence sur leurs

19 relations avec les Serbes en particulier dans la municipalité et la ville

20 de Kotor Varos ?

21 R. Je dois vous dire que c'était un moyen qui leur permettait d'éliminer

22 les Musulmans et les Bosniens et les Croates de la Défense territoriale.

23 Parce qu'ils savaient que lorsqu'ils étaient convoqués, une convocation

24 leur a été envoyée. Les Bosniens et les Croates ne souhaitaient pas se

25 rendre au front en Croatie et refuseraient. Et par conséquent, ils devaient

Page 18194

1 --on leur enlevait leurs armes, ils ne pouvaient plus travailler au sein de

2 la Défense territoriale et ils devaient abandonner leurs armes qui ensuite

3 ont été remises dans les dépôt et données au Serbes.

4 Q. A Kotor Varos, la ville était-elle divisée en quartier. Par exemple, un

5 quartier serbe, musulman, ou croate ? Où, est-ce que cela n'était pas le

6 cas ?

7 R. Et bien, en fait, les -- tout était mélangé, on ne pouvait pas vraiment

8 établir une distinction entre un quartier bosnien, croate ou serbe. Ce

9 n'était pas le cas, cela s'impliquait à l'ensemble de territoire. Il y

10 avait un village en fait, qui était mélangé à côté d'un village où il y

11 avait des populations mixte. Donc, c'est tout à fait impossible d'extraire

12 certaines parties de territoire et de dire qu'un seul groupe ethnique qui

13 vivait.

14 Q. Vous nous avez dit que le manquement à l'appel à la mobilisation, a eu

15 pour conséquence la réduction des armes des personnes qui avaient refusées

16 d'être enrôlées ? Y a-t-il eu d'autres conséquences à cause de cela ?

17 R. Et bien, d'après la loi en vigueur à cette époque en Bosnie-

18 Herzégovine, cela correspondait à une désertion, mais ce n'est pas comme ça

19 que nous l'avons interprété. Il s'agissait pour nous d'une position

20 morale, et nous ne souhaitions pas faire la guerre et attaquer d'autre

21 peuple.

22 Q. Ceux qui refusaient de répondre à l'appel à la mobilisation, ont-ils

23 perdu leurs emplois ?

24 R. Avant l'attaque, oui. Mais lorsqu'il y a eu une prise de pouvoir le 11

25 juin, à Kotor Varos, à ce moment-là, les Bosniens et les Croates ont perdu

Page 18195

1 leurs emplois.

2 Q. Très bien. Je souhaite vous poser une courte question à propos des

3 armes détenues par les uns et par les autres au cours de cette période.

4 Saviez-vous que les Serbes étaient armés ? Et si oui, de quelle manière les

5 armait-on ?

6 R. J'étais au courant de cela. Oui. Les Serbes ont été armés où ont reçu

7 les armes à trois reprises, des armes leur ont été remises, un très grand

8 nombre d'armes venant de Croatie et de Slovénie qui étaient emmenées en

9 Bosnie. Les armes qui appartenaient à l'armée populaire Yougoslave, qui

10 avait été payé par tous les peuples de l'ancienne Yougoslavie sont allées

11 aux Serbes. Et les officiers de l'armée populaire Yougoslave avaient fait

12 mettre de côté ces armes. Par la suite, ces armes ont été remises seulement

13 à un groupe ethnique, ce qui a été le cas en Kotor Varos et dans d'autres

14 villes aussi.

15 Q. Oui, vous avez dit que ça s'est vu à trois reprises ?

16 R. Oui, oui, trois fois. Ces armes étaient remises chronologiquement

17 parlant en janvier, je crois, ou février et en mars en gros. Je parle de

18 trois périodes distinctes.

19 Q. Bien. Est-ce que vous, au poste de police de Kator Varos, aviez des

20 armes ?

21 R. Oui. Comme il s'agissait d'un poste de police, nous avions des armes --

22 certaines armes -- tous ceux qui travaillaient au poste de police avaient

23 un certain nombre d'armes. Les réservistes de la police se trouvant

24 mobilisés à 100%, nous avions notre propre armurerie qui contenait nos

25 propres armes de service.

Page 18196

1 Q. En gros de quelles sortes d'armes s'agissaient-ils ?

2 R. La plupart c'était des armes automatiques ou semi-automatiques, des

3 armes de point où des lanceurs à main M-53, et les fusils à canon court ou

4 des armes à feu à canon court.

5 Q. Qu'est-ce qui est arrivé à ces armes qui se trouvaient au poste de

6 police de Kator Varos ?

7 R. De façon à éviter toute confusion à ce sujet, nous avions nos propres

8 armes au poste de police, mais nous avions aussi l'armurerie de la Défense

9 territoriale, des armes qui se trouvaient dans la municipalité, et qui en

10 temps de paix avaient été achetées par les sociétés qui travaillaient dans

11 le secteur. Certains montants avaient été mis de côté pour ces armes qui

12 étaient utilisées par chacun des trois groupes ethniques. Cette armurerie

13 se trouvait dans le même bâtiment que notre poste de police. La politique

14 du peuple serbe à l'époque montrait clairement qui se préparait à la

15 guerre, de sorte que ces armes, qui étaient censées aller à chacun de trois

16 groupes de population de la municipalité, avaient été prises de l'armurerie

17 à Kator Varos et emmenées à Banja Luka sans le consentement ni sans aucun

18 accord des deux autres groupes ethniques. Restant tous les documents de

19 chaque municipalité possédaient du point de vue administration militaire,

20 les dossiers concernant les appelés le service militaire, les postes de

21 mobilisation ou tâches confiés aux appelés, une fois que leur service

22 militaire avait été accompli, tous ces documents ont été de cette manière

23 illicite emportés à Banja Luka, ainsi que toutes les armes qui devaient

24 pouvoir être conservées par les Musulmans et des Croates, ceci pour les

25 empêcher de mettre la main sur ces armes et de les utiliser.

Page 18197

1 Q. Bien. Je vais maintenant vous demander de regarder un document et de

2 nous donner quelques détails à ce sujet. Pourriez-vous, s'il vous plaît,

3 regarder le document P2141 ? Alors, Monsieur Sadikovic, c'est un extrait du

4 compte rendu d'une réunion du conseil des Forces nationales, daté du 7

5 avril, et il semble que vous ayez été présent à cette séance. Est-ce que

6 vous vous rappelez de cette réunion ?

7 R. Oui, je m'en souviens.

8 Q. Parce que, si on regarde le point numéro 1 de l'ordre du jours, nous

9 voyons que le lieutenant colonel Peulic, qui était le commandant de l'unité

10 basé à Kotor Varos --

11 R. Peulic, Peulic.

12 Q. Peulic parlait, se trouvait les unités de la JNA, et après cela il y a

13 eu une discussion concerter la Défense territoriale dans laquelle le fait

14 d'avoir pris des armes à l'armurerie de la Défense territoriale à Banja

15 Luka, le fait que les habitants commençaient à s'organiser à constituer des

16 unités des groupes dans les communes locales a été discuté et M. Tepic, qui

17 était le commandant de la Défense territoriale, a souligné que ces armes

18 avaient été emportées et mises dans la caserne Mali Logor à Banja Luka. Et

19 alors ensuite, si vous allez jusqu'à la fin de ce qui est dit concernant le

20 point numéro 1, on voit qu'il y a une discussion concernant le fait que les

21 forces de police de réserves devaient être renforcée que les forces de

22 police devraient assurer les tours de garde de façon à éviter la création

23 d'autres unités, s'organisant elles-mêmes dans les villages. Et ensuite il

24 y a eu un arrangement -- décision d'avoir une réunion avec Stojan

25 Zupljanin, les représentants de la municipalité, je crois des représentants

Page 18198

1 des trois parties en l'occurrence.

2 Alors, maintenant je voudrais passer à chacun de ces points. Pour

3 commencer, le fait d'avoir apporté les armes à Banja Luka, est-ce que ceci

4 s'est passé peu de temps avant que cette réunion ait

5 lieu ?

6 R. Oui. Ça été la politique serbe dans toute la Bosnie et Herzogovine.

7 Q. Bien.

8 R. Vlasic et le reste, les communications, ils ont fait cela et nous en

9 avons discuté que plus tard. Une fois que tout avait été déjà accompli, que

10 les armes avaient déjà été emportées, et c'est à ce moment-là qu'il y a eu

11 à discussion alors que ces documents avaient déjà été emportés. Et c'est

12 seulement à ce moment-là qu'ils ont été prêts à parler, à avoir des

13 entretiens. C'était ça sur leur propre ordre du jour. Une fois qu'ils

14 avaient effectué cela, il a pu avoir une discussion, mais qui nous ne

15 servait à rien. Qu'est-ce que nous pouvions faire à partir de ce moment-là

16 ?

17 Q. Bien. Est-ce que vous avez vous-mêmes été de service au cours de la

18 nuit pendant laquelle les armes ont été emportées ?

19 R. Oui. J'étais de service, j'étais le policier de service au poste de

20 police.

21 Q. Et --

22 R. Et vers minuit, et un peu après minuit du côté d'une heure du matin, je

23 me rappelle pas très exactement l'inspecteur Savo Todorovic est arrivé de

24 Banja Luka et m'a dit de l'accompagner pour inspecter les postes de, les

25 postes locaux à Maslovare et autre nom Siprage -- si je suis allé avec eux

Page 18199

1 à Maslovare et Siprage pour inspecter ces postes qui avaient été constitués

2 là, mais nous ne sommes pas parvenus parce qu'il y avait des problèmes sur

3 la route. Il y avait un pont qui avait été endommagé par l'eau et nous

4 sommes allés au point de contrôle et jusqu'au poste de Maslovare, après

5 cela nous sommes allés prendre une boisson dans un café. Toutefois, une

6 fois je suis revenu, mon officier Kljajic m'a dit : patron, alors que vous

7 étiez absent, les armes ont été chargées sur des camions du dépôt de la

8 Défense territoriale, et des membres de l'armée sont venus et ont emporté

9 les armes à Banja Luka.

10 Q. Bien. Alors les autres questions qui ont été discutées, il s'agissait

11 du renforcement des forces de police de réserves pour maintenir les tours

12 de garde dans toutes les communes locales et qu'elle s'organise de façon

13 autonome dans les villages. Alors, en fait, qu'est-ce qui se passait

14 réellement à ce stade ? Est-ce que les patrouilles étaient organisées ?

15 Est-ce que des barricades avaient été érigées ?

16 R. Oui.

17 Q. Et qui, élevait ces barricades ou qui constituait ces patrouilles ?

18 R. Et bien voilà. Kotor Varos avait déjà été bloquée pas mal plus tôt,

19 avant la prise de pouvoir le 11 juin. C'était déjà bloqué par des postes de

20 contrôles qui avaient été constitués par des Serbes. Notamment, à la sortie

21 qui conduisait vers Banja Luka, Teslic et Skender Vakuf. Les routes qui

22 permettaient de quitter la ville. Plus personne ne pouvait entrer ou sortir

23 de Kotor Varos sans qu'il y ait vérification et sans que les voitures ne

24 soient fouillées. Il pouvait s'agir d'un véhicule normale ou d'une voiture

25 personnelle ou d'un camion. Tous les véhicules faisaient l'objet de

Page 18200

1 fouille. Et c'était pas mal plutôt assez longtemps, avant la prise de

2 contrôle le 11 juin 1992.

3 Q. Oui. Alors, maintenant, nous parlons du moment où en août 1992 a eu

4 lieu cette réunion. Est-ce que ces barricades ou est-ce que ces barrages

5 avaient été constitués ?

6 R. Oui, c'est bien la période dont je veux précisément parler.

7 Q. Je crois que lorsque l'enquêteur est venu vous trouver en octobre 2000,

8 vous avez indiqué sur une carte où se trouvaient ces différents points de

9 contrôle. Et je me demande si on pourrait maintenant avoir ce document qui

10 était l'annexe trois au -- à votre déclaration ? Nous avons ici l'original,

11 Monsieur le Président. Comme vous le verrez, c'est plus facile à voir parce

12 que c'est en couleur, tandis que les copies que nous avons pourraient être

13 mis sur le rétroprojecteur.

14 Mme KORNER : [interprétation] Je ne vois aucune marque apporter sur ce

15 croquis. Alors, Monsieur le Président, Mesdames les Juges, voici la carte

16 en couleur, mais je ne crois pas que les signes ajoutés par M. Sadikovic y

17 figurent.

18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce qu'il y a un endroit particulier

19 que vous vouliez signaler ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux mettre des marques maintenant si vous

21 le voulez.

22 Mme KORNER : [interprétation]

23 Q. Bien. Alors nous avons en fait --

24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] A quel endroit -- sur quel endroit

25 devons nous faire un gros plan, Madame Korner ?

Page 18201

1 Mme KORNER : [interprétation] Voici en fait, la carte. C'est une meilleure

2 carte, un meilleur croquis. Excusez-moi. Et il s'agit bien de celui qui

3 porte les marques, Monsieur le Président.

4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Alors, je voudrais d'abord qu'il

5 confirme que c'est bien lui qui a apposé ces marques sur cette carte parce

6 qu'il y a bien des marques, mais je ne vois pas de paraphe ou d'initiales

7 en bas du document.

8 Mme KORNER : [interprétation] C'est en bas du document.

9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je ne peux pas voir le bas du document

10 alors, il faudrait donc déplacer.

11 Mme KORNER : [interprétation]

12 Q. Monsieur Sadikovic, est-ce que vous pourriez simplement confirmer qu'il

13 s'agit bien de vos initiales en bas de la page ?

14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il y a là trois initiales.

15 Mme KORNER : [interprétation] Je crois que celle-ci est le témoin.

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, il y a mon initiale, vos initiales qui se

17 trouvent au milieu là.

18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien.

19 Mme KORNER : [interprétation]

20 Q. Est-ce qu'on pourrait maintenant descendre un peu la carte et pour que

21 nous puissions voir, là où vous avez apposé des croix. Est-ce que c'est

22 bien là, Monsieur le Témoin, qu'il y avait les points de contrôle ?

23 R. Oui. Peut-être que les emplacements ne sont pas précisés, mais c'est

24 sur ces tronçons, en tous les cas, de route que ça se trouvait.

25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Korner, pourriez-vous, s'il vous

Page 18202

1 plaît, dire au témoin de regarder le coin en haut à droite où il y a une

2 lettre majuscule "M" puis un point puis un "S" majuscule puis un point, un

3 tiret, un "C" majuscule, et au-dessus, on voit quelque chose que je suppose

4 veut dire "point de contrôle serbe", si c'est correctement traduit ?

5 Mme KORNER : [interprétation]

6 Q. Est-ce que ceci est bien ?

7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Demandez-lui si c'est son écriture pour

8 commencer et qu'il nous dise ce que "M.S.C." veut dire.

9 Mme KORNER : [interprétation] Ce sont bien ces initiales, Monsieur le

10 Président. Le "C" c'est pour le numéro de la pièce, mais ça fait partie de

11 sa déclaration.

12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. D'accord.

13 Mme KORNER : [interprétation]

14 Q. Monsieur Sadikovic, voulez-vous confirmer qu'il s'agit bien de votre

15 écriture là, tout en haut ?

16 R. Oui, c'est moi qui ai écrit ça.

17 Q. Et c'est bien vos initiales, MS, que l'on voit là ? Et ensuite, le "C"

18 fait partie du numéro du document je crois.

19 Mme KORNER : [interprétation] Monsieur le Président, si vous voyez ce qui

20 est dit à la page six de la déclaration, vous verrez qu'il en est fait

21 mention dans la deuxième déclaration c'est-à-dire celle de 2000.

22 Q. Bon, évidemment personne ne s'attend que ce soit le 100 % tout à fait

23 exact, mais voilà en gros où se trouvaient les points de contrôles, n'est-

24 ce pas ? Est-ce bien cela ?

25 R. Oui, oui. Vous avez raison.

Page 18203

1 Mme KORNER : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que dans ce

2 cas-là, cette pièce pourrait recevoir la cote P2327 ?

3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Merci, Madame Korner.

4 Mme KORNER : [interprétation]

5 Q. Maintenant, au cours de la discussion, on a parlé de patrouilles. Où

6 est-ce que ces patrouilles ont été constituées ? Où est-ce que la

7 patrouille -- ces patrouilles constituées par la police ?

8 R. Oui.

9 L'INTERPRÈTE : Est-ce que ces patrouilles étaient constituées par la police

10 -- organisées par la police?

11 R. Oui. La situation particulière à Kotor Varos, près du front en Croatie

12 et la situation générale en matière de sécurité était que nous aurions

13 encore des patrouilles mixtes qui effectueraient des parcours dans la ville

14 et dans les communes locales et communes avoisinantes. Ceci était conforme

15 à notre plan de travail.

16 Mme KORNER : [interprétation]

17 Q. Alors, est-ce qu'il y avait des patrouilles constituées qui n'étaient

18 pas mixte du point de vue ethnique ? Pour commencer à Kotor Varos

19 proprement dit ?

20 R. Oui. Il y a bien eu des patrouilles qui étaient ethniquement pures

21 c'est-à-dire les patrouilles serbes. Je vais vous donner deux exemples qui

22 auraient pu aboutir à des incidents -- à des conflits. C'est à un endroit

23 qui s'appelait Bilice. C'était un village croate. Il y avait une escouade

24 probablement même un groupe comprenant 20 à 30 membres de la Défense

25 territoriale serbe. Ils étaient armés, et ils allaient vers le village en

Page 18204

1 provoquant la population.

2 Drago Bandalo, un habitant très respecté qui avait travaillé en Autriche ne

3 pouvait plus supporter cela et avait commencé à discuter avec eux. Bon

4 enfin ça n'a jamais abouti à quoi que ce soit d'autre. Je peux vous donner

5 un autre exemple. Tous les soirs, en fin de soirée, dans les heures

6 tardives de la soirée, il y avait une camionnette qui venait et il pouvait

7 transporter 10 à 15 policiers ou personnes en uniformes, et presque toutes

8 les nuits, cette fourgonnette faisait des tournées, allait à certains

9 endroits en ville et les communes locales de Kotor Varos -- de la

10 municipalité de Kotor Varos. Et cette fourgonnette transportait des Serbes,

11 dont le commandant était Sasa Petrovic, qui était toujours dans cette

12 fourgonnette. Et ils faisaient donc des tournées, d'inspections de certains

13 points de la ville. Et ceci était très irritant pour les habitants et pour

14 la population. Toutefois, nous avons toujours essayé de calmer la

15 situation. J'ai usé de mon autorité en tant que commandant adjoint, et les

16 gens me respectaient. Et j'ai toujours dit à tout le monde qui devaient se

17 calme de façon à éviter qu'un conflit ne puisse éclater et pour empêcher

18 qu'un conflit armé ne puisse se déclencher.

19 Q. Alors, maintenant, pour commencer, pourriez-vous, s'il vous plaît,

20 regarder une autre carte du secteur qui avait déjà été versée au dossier

21 sous la cote P2120. Si on peut la mettre sur le rétroprojecteur, vous

22 pourriez simplement nous dire à quel endroit se trouve Bilice, si en ce

23 centre, en haut à droite, c'est bien cela ? En gros, quelle était la

24 distance par rapport à la ville de Kotor Varos -- entre Kotor Varos, ville,

25 et Bilice ?

Page 18205

1 R. Entre deux kilomètres et demi à trois kilomètres et demi, peut-être.

2 Q. Je vous remercie. On peut maintenant regarder ce document. Est-ce qu'il

3 y a en fait eu des incidents ou des actes de violences qui se seraient

4 produits avant le 11 juin ?

5 R. Il y a eu toute une série d'incident -- de provocation plutôt. Je vous

6 donnerai quelques exemples ou des gens essuyaient des coups de feu en plein

7 ville -- en pleine ville de Kotor Varos, en plein dans le milieu de la

8 ville. Comme exemple, je crois que c'était en mars 1992, peut-être en

9 avril, je ne suis pas sûr. Un policier de service, qui était un réserviste,

10 un membre de la Défense territoriale serbe, qui était revenu du front de la

11 Croatie avec des armes, il était ivre, peut-être un peu gris. Ça ne fait

12 pas beaucoup de différence en fait. Mais enfin, il a tiré sur un civil

13 désarmé qui se trouvait dans un jardin près de l'un des cafés de la ville,

14 juste de l'autre côté de la rue.

15 Autre exemple de centre de Zanatski, un groupe d'officiers de service, qui

16 étaient des réservistes, lorsque l'inspecteur est arrivé de Banja Luka pour

17 demander que les Musulmans et des Croates signent un serment d'allégeance

18 au MUP de Republika Srpska, a eu une réunion avec des retraités et il y a

19 eu un incident qui s'est produit, qui a été causé par des soldats qui

20 revenaient du front de Croatie. Un groupe de soldats qui à nouveau a tiré

21 sur un Bosnien, Smajlovic, qui avait pour surnom Bili.

22 Et le troisième exemple que je pourrais vous donner, c'est qu'ils ont tiré

23 sur une voiture, un taxi en fait d'Ahmet qui était de Vecici. C'était un

24 homme honnête -- un homme tout à fait honnête et digne, respecté par les

25 Croates, les Serbes et les Musulmans.

Page 18206

1 Alors voilà, trois exemples que je vous donne parce qu'il y a eu de très

2 nombreux incidents de ce genre. Personnellement, j'essayais de régler les

3 choses au mieux lorsqu'ils se produisaient. J'essayais de calmer les gens

4 et je vous ai donné ces trois exemples parce que, personnellement, j'y ai

5 pris part, j'étais présent et je disais à tout le monde de se calmer.

6 Q. Maintenant vous avez mentionné une question de serment de loyauté ou

7 d'allégeance et je voudrais justement y revenir un moment. Toujours sur ce

8 document, il y avait donc une réunion qui devait être décidée avec Stojan

9 Zupljanin le 8 avril. Est-ce que vous avez assisté à cette réunion, et en

10 premier lieu, est-ce que cette réunion a eu lieu à votre connaissance ?

11 R. Il n'y a pas eu de réunion avec Stojan Zupljanin qui était mon chef à

12 l'époque. A la suite de ces incidents, l'inspecteur Savo Todorovic est

13 arrivé -- Savo Todorovic est venu pour essayer de régler les problèmes en

14 coopérant avec moi et l'autre personne concernée à Kotor Varos.

15 Q. Bien, alors maintenant passons à la question de serment d'allégeance ou

16 de fidélité. A quel moment, est-ce que vous policier de Kotor Varos avez-

17 vous entendu parler de nouveau serment de fidélité, de loyauté ?

18 R. Comme pour tous les autres postes de polices, les services de sécurités

19 de centre de Banja Luka. Ils sont venus nous trouver à Kotor Varos ce jour-

20 là. Ils nous ont dit qu'il faudrait qu'on choisisse notre camp et que l'on

21 choisisse et on voulait faire partie de MUP de la Republika Srpska, si nous

22 voulions rester fidèle au MUP de la Bosnie-Herzégovine.

23 D'après ce que j'ai pu dire, d'après ce que j'ai pu voir d'après les

24 médias, j'ai une conversation téléphonique avec un collègue de Kljuc, qui

25 m'a dit que les Musulmans et les Croates à Kljuc avaient été envoyés en

Page 18207

1 vacances et que le poste de police avait été pris par les Serbes, bien

2 entendu. Dans notre ville, la même chose devait se produire lorsque chacun

3 des personnes, qui faisait partie de poste de police à Kotor Varos, était

4 semblé -- était censé de déclarer publiquement son allégeance et c'est la

5 raison pour laquelle le serment de fidélité n'a jamais été signé pour le

6 MUP de la Republika Srpska. Et je pense que le seul poste de police de la

7 région autonome de Bosanska Krajina qui était -- il n'y a pas eu de

8 division en ce sens, il n'y a pas eu de serment de fidélité au MUP de la

9 Republika Srpska qui a été signé.

10 Q. Donc, aucun Serbe ou Musulman ou Croate au poste de police de Kotor

11 Varos, n'a signé le serment de fidélité à ce moment-là ?

12 R. Oui, c'est exact. Pas officiellement. Nous n'avons pas signé de

13 serment, mais les Serbes travaillaient déjà pour le MUP de la Republika

14 Srpska. Ils étaient déjà là, lorsque la fondation a été proclamée au stade

15 de football de Borac, et ils étaient déjà en train de travailler pour la

16 MUP de Republika Srpska. Ils étaient en traite -- en fait de nettoyer le

17 secteur de Kupres et ainsi de suite. Les Bosniens et les Croates

18 officiellement ne signaient pas de serment d'allégeance, pas d'entre eux.

19 En tout état de cause, je pense, ils auraient refusé de signer ce serment

20 d'allégeance. Je parle au nom -- en mon propre nom pour des collègues et

21 les Bosniens et les Croates et mon commandant Komavic [phon] et tous les

22 autres. Je pense que seulement un très petit nombre de Musulmans et de

23 Croates auraient signé comme ils l'ont fait par la suite.

24 Q. Est-ce que vous avez été appelé à vous rendre à une réunion avec Stojan

25 Zupljanin vers cette période en 1992 ?

Page 18208

1 R. Oui. Mon chef, mon supérieur d'après notre hiérarchie, m'a informé que

2 nous avions une réunion de prévue à Banja Luka avec le chef de poste de

3 sécurité publique Stojan Zupljanin.

4 Mme KORNER : [interprétation] Monsieur le Président, ceci risque de prendre

5 un peu de temps. Donc, je pense que le moment serait peut-être convenable

6 pour une suspension d'audience.

7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Je suspends la séance.

8 --- L'audience est suspendue à 10 heures 28.

9 --- L'audience est reprise à 10 heures 56.

10 Mme KORNER : [interprétation]

11 Q. M. Sadikovic -- excusez-moi.

12 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

13 Mme KORNER : [interprétation]

14 Q. M. Sadikovic, nous vous avez parlé de cette réunion que vous avez avec

15 Zupljanin, à votre supérieur hiérarchique ça va M. Tepic vous a demandé de

16 participer à cette réunion, n'est-ce pas ?

17 R. Oui.

18 Q. Et cette réunion s'est tenue à Banja Luka dans le bâtiment de la CBS,

19 centre de sécurité publique ?

20 R. Oui.

21 Q. Est-ce quoi que ce soit -- quoi qu'il ce soit, s'est produit au moment

22 où vous êtes arrivé dans le bâtiment ?

23 R. Oui, les gardiens de sécurité du bâtiment étaient étonnés, car moi je

24 suis arrivé avec un couvre-chef et qui arboraient une étoile rouge. Et nous

25 portions en Bosnie, tout le monde portait cela. J'avais tous les autres

Page 18209

1 insignes, ils m'ont demandé qui encore au monde, portaient ces genres

2 d'insignes de symbole.

3 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire, de quelle façon les uniformes portés

4 par les serbes ont-ils changés ?

5 R. À la place de ces couvre-chefs avec des étoiles rouges, et bien, ils

6 arboraient des bérets avec les drapeaux tricolores serbes à la place des

7 étoiles rouges. Et aussi sur les épaules, ils avaient des insignes de la

8 police ou plutôt militiat (sic). Mais en Cyrillic, qu'alors que jusqu'alors

9 c'est écrit en caractère latin.

10 Q. Et lors de cette réunion-là, est-ce que vous pourriez dire ce que

11 Zupljanin voulait ? Quel était son objectif ?

12 R. Et bien, cette réunion a duré trois heures à peu près. C'était assez

13 long. L'ambiance était toute à fait habituel et moi en tant que

14 représentant de la police du peuple Bosnien en tant qu'officier supérieur

15 et bien, il fallait que je décide si mon peuple allait remettre ses armes

16 et signer cette déclaration d'allégeance au ministère de l'Intérieur de la

17 Republika Srpska. Il m'a dit, qu'il voulait que je reste en tant

18 qu'assistant commandant du poste de police. Qu'il nous souhaitait qu'on

19 fasse preuve d'allégeance, qu'on remette nos armes et qu'on accepte tout

20 simplement les autorités de cette région autonome de la Krajina de Bosnie.

21 Et donc, de démontrer par ces actes notre allégeance, notre loyauté vis-à-

22 vis la Republika Srpska.

23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Attendez un instant, vous parlez de

24 Stojan Zupljanin, n'est-ce pas ?

25 Mme KORNER : [interprétation] Oui.

Page 18210

1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pas de Slobodan Zupljanin.

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, on parle Stojan Zupljanin. À

3 l'époque, c'était mon chef, il était à la tête du poste de sécurité

4 publique.

5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

6 Mme KORNER : [interprétation]

7 Q. Est-ce que vous avez accepté, de faire ce qu'on vous demandait de faire

8 ?

9 R. Je dois vous dire que ceci ne m'effleurait même pas l'esprit. Je

10 n'avais aucune intention de faire quoi que ce soit de tout cela, mais

11 j'avais besoin du temps. J'avais besoin d'à peu près un mois, j'ai choisi

12 le temps et donc, je leur ai demandé de m'accorder à peu près un mois pour

13 pouvoir faire tout cela. En réalité j'ai choisi le temps pour me consulter,

14 pour voir avec quelle façon sortir de cette solution en vous disant qu'on

15 allait trouver une autre solution différente de celle qui a mené aux

16 évènements, qui se sont en effet produits par la suite.

17 Q. Est-ce que, au bout d'un mois vous avez donné une réponse à Zupljanin ?

18 R. Non, je dois vous dire que Zupljanin m'avait immédiatement dit que

19 cette période de temps demandée était beaucoup trop longue, que je n'avais

20 aucune chance d'obtenir cette période de 30 jours de délai, qui pourrait

21 m'accorder tout au plus sept jours, quel que soit mon point de vue, quel

22 que soit mon opinion là-dessus, qu'ils allaient prendre le pouvoir à Kator

23 Varos, comme cela avait été prévu. C'est ce qu'il m'a dit.

24 Q. Donc, il vous a donné une semaine. L'avez-vous prise ?

25 R. Mais oui, bien sûr que oui. Mais vous savez cela n'était pas suffisant,

Page 18211

1 j'avais besoin de plus de temps que cela, pour voir quelle était la

2 situation -- pour voir quelle était la situation partout en Bosnie et

3 cetera. En l'espace de sept jours, je ne pouvais rien faire.

4 Q. Très bien. Mais, est-ce que vous lui aviez dit à quelque moment que ce

5 soit, non, je ne veux pas accepter ce que tu me demandes de faire ?

6 R. Oui. Je lui ai dit ouvertement cela. A fortiori, j'ai un peu peur mais

7 à l'époque je n'avais pas peur, je lui ai dit qu'on allait pas rendre nos

8 armes, car nous avons tous payés pour ces armes, les armes qui ont été

9 achetés, le peuple musulman, le peuple bosnian, s'étaient procurés ces

10 armes par leurs propres moyens personnels. Et je lui ai dit que nous

11 n'allions remettre ces armes, mais de l'autre côté, s'ils avaient pris la

12 décision de prendre le pouvoir et bien ceci ne posait pas de problèmes.

13 Moi, je vais sortir de ce bureau, je vais quitter mon bureau et celui qui

14 doit me remplacer et bien qu'il prenne le pouvoir, à condition qu'il ne

15 touche pas au peuple serbe ou bosnian.

16 Car à partir du moment où mise un quelconque citoyen de notre municipalité

17 de notre quartier et bien je lui ai dit que nous allions avoir recours à la

18 force que nous allions nous défendre. Mais cela dit, je lui ai bien dit que

19 ceci ne posait pas de problème. Je ne voulais pas participer à ces pouvoirs

20 ni moi, ni la plupart de mes concitoyens voisins et Bosniens et Croates,

21 cela ne posait pas de problèmes, s'il voulait continuer avec ce genre de

22 pouvoir.

23 Je lui ai dit aussi qu'on n'allait pas toucher à leurs drapeaux, qu'ils

24 fassent ce qu'ils veulent, on ne va pas le brûler, on va rien faire avec

25 leurs drapeaux. Qu'ils prennent le pouvoir s'ils veulent, c'est ce que je

Page 18212

1 lui ai dit. Mais, ils fallaient qu'ils laissent les gens en paix, les

2 autres.

3 Q. Nous allons examiner rapidement un certain nombre d'événements qui sont

4 décrits dans les documents, dans les dossiers, il s'agit des événements qui

5 ont mené à la prise du pouvoir. Mais avant, un autre sujet. À quel

6 commandant de police du service de sécurité publique de Kotor Varos ?

7 Pourriez-vous me dire qui vous donnait des ordres ? Qui était votre

8 supérieur hiérarchique ? Donc, autrement dit le poste de sécurité publique

9 de Kotor Varos recevait les ordres de qui ?

10 R. Le commandant c'était un croate, Nedjeljko Maric. C'est un collègue qui

11 avait fait ces études à Sarajevo, je ne peux pas vraiment dire qu'on

12 faisait le même métier. Mais on travaillait au même endroit, on se

13 considérait comme camarades collègues. Nous avons tous les deux d'ailleurs

14 fait nos études à Sarajevo. Nous étions très amis.

15 Q. Excusez-moi, je me suis trompé.

16 En ce qui concerne la chaîne du commandement, qui donnait les ordres, les

17 instructions au service de sécurité publique de Kotor Varos ?

18 R. Le poste de police de Kotor Varos recevait ses ordres, ses instructions

19 du centre des services de sécurité publique de Banja Luka. Donc, c'était

20 bien cela la chaîne du commandement et de la communication.

21 Q. Est-ce l'assemblée municipale jouissait de quelques autorité que ce

22 soit, pour donner des ordres à la police ?

23 R. Non. Dans ces conditions normales en temps de paix, d'après les codes

24 des affaires intérieures, les codes que nous étions censés respecter et

25 bien l'assemblée pouvait faire des propositions. Et pour faire des

Page 18213

1 propositions pour un certain nombre d'amendements, des changements dans les

2 cadres d'une situation particulière, ils pouvaient donc, émettre de telles

3 propositions, des suggestions et nous aider à résoudre de telles situations

4 extraordinaires en temps de paix. En temps de guerre évidemment que cette

5 assemblée était revêtue d'autres fonctions, d'autres pouvoirs. Et c'était

6 différent donc, nous acceptions toujours ces propositions faites par

7 l'assemblée. Et la proposition faite par leurs membres.

8 Q. Donc, vous dites qu'en temps de guerre, en temps de cas d'urgence, les

9 conditions changeaient. Que se passait-il si l'assemblée ne pouvait pas se

10 réunir et si les fonctions de l'assemblée étaient reprises par la cellule

11 de Crise ? Est-ce que dans ce cas-là, la cellule de Crise pouvait donner

12 des instructions à la police ?

13 R. Oui, bien sûr. Dans ce cas-là, et bien c'est la Cellule de Crise qui

14 reprend toutes les compétences, tout le pouvoir de l'assemblée municipale.

15 C'est donc, la Cellule de Crise qui assume ses devoirs et a plus de

16 pouvoirs, plus de compétences que l'assemblée municipale, et ceci sur

17 d'autres organes aussi, y compris l'armée ou la police.

18 Q. Le chef de la police était-il membre de la Cellule de

19 Crise ?

20 R. Oui. C'est par sa fonction qu'il est membre de la Cellule de crise

21 automatiquement. Donc, de la cellule de Crise de la municipalité de Kotor

22 Varos, mais il en va de même pour les autres municipalités.

23 Q. Très bien. A présent, je voudrais aborder un certain nombre

24 d'événements qui ont mené à la prise de pouvoir. Je parle des informations

25 qui se trouvent dans les documents. Je souhaiterais que l'on présente au

Page 18214

1 témoin la pièce P2149. Il s'agit d'un rapport signé par un opérationnel de

2 la police en quelque sorte, et dans ce rapport, il parle de la situation du

3 point de vue de sécurité dans le village de Vrbanjci. Il dit que des

4 individus d'appartenance ethnique musulmane vêtus d'uniformes de

5 camouflages semblent -- se rassemblaient dans des maisons. Il y en a 60

6 membres des Bérets verts, leurs activités s'accroîtrent -- s'accroissent,

7 ce qui fait monter l'inquiétude parmi les citoyens serbes. Et à cause de

8 cela, de nombreux citoyens serbes en âge portaient des armes, sont venus à

9 Maslovare pour demander de l'aide, pour demander de la protection et pour

10 demander des armes pour pouvoir résister à ces citoyens extrémistes. Et, en

11 fait, la veille, là on parle de -- le document est daté du 19 mai. A 23

12 heures 30, il y a eu de conflits de combats armés entre les extrémistes

13 musulmans et les citoyens du village. Personne n'a été blessée et les

14 femmes et les enfants de Vrbanjci se sont déplacés dans les villages serbes

15 avoisinants. Ensuite, il y a une demande à ce que l'on arme les habitants

16 de Vrbanjci qui sont en âge de combattre. Il y a aussi une proposition pour

17 une unité spéciale.

18 Est-ce que vous savez quoi que ce soit au sujet de ces incidents ?

19 R. Et bien, je peux déclarer en toute responsabilité qu'il n'y a pas eu de

20 tels incidents. Moi, en tant que vice commandant -- l'assistant commandant,

21 je l'aurais su puisque j'ai été informé de tous les incidents qui s'étaient

22 produits pour essayer de trouver une solution. Et ceci comprend aussi les

23 échanges de feu, et cetera. J'ai été informé de tout ça, et je répète, en

24 m'engageant, ma responsabilité là-dessus est que ceci ne s'est pas produit.

25 Exception faite des patrouilles et des gardes dans les villages et dans les

Page 18215

1 communautés avoisinantes, mais là ces gens, ceux qui montaient les gardes,

2 n'étaient pas vêtus d'uniformes. Ils portaient des vêtements civils. Il n'y

3 avait aucune formation qui pouvait être armée et agir de la sorte, car ceci

4 aurait été retransmis dans les médias, on l'aurait su. Car on aurait trouvé

5 -- dans ce cas-là, il aurait fallu trouver une solution, et j'aurais été au

6 courant. Donc, il n'y a pas eu de tels incidents, il n'y a pas eu de viols,

7 il n'y a pas eu de tels problèmes. Cela ne s'est pas produit tout

8 simplement, car je l'aurais su.

9 Q. Très bien. Donc, il parle -- enfin il propose l'arrivée d'une unité

10 spéciale de Banja Luka. Il demande qu'une unité spéciale de Banja Luka

11 descende à Kotor Varos. Est-ce que vous êtes au courant de cela ?

12 R. Mais chaque centre de sécurité publique dispose d'unité spéciale. Nous

13 -- en tant que poste de police de Kotor Varos, nous avions notre unité

14 spéciale. A l'époque, on l'appelait l'unité de manœuvres. Donc, il

15 s'agissait d'une unité spéciale. Et au niveau du poste de sécurité

16 publique, il y a une unité spéciale qui réunit tous les membres de police

17 de toutes les municipalités et on fait recours à une telle unité dans le

18 cadre d'infraction sérieuse à l'ordre ou à l'état de loi. Quand il y a des

19 situations extrêmes, des incidents, de conflits majeurs. Et dans ce cas-là

20 évidemment, les chefs de centre de sécurité publique ont tout à fait droit

21 -- sont autorisés à faire recours à de telles unités, mais ceci ne s'est

22 jamais produit à Kotor Varos. Une telle unité n'est jamais venue à Kotor

23 Varos.

24 Q. Très bien.

25 Mme KORNER : [interprétation] Maintenant, je voudrais enfin aller dans un

Page 18216

1 autre document.

2 Q. Le document 2150, on parle à peu près de la même chose. Il s'agit du

3 document suivant. A présent, je vais vous demander d'examiner la pièce P --

4 R. Excusez-moi, je voudrais ajouter une phrase à ce sujet. Toutes les

5 situations posant problème à Kotor Varos, et je crois qu'il y avait des

6 incidents, et bien, on en a discuté lors des assemblées municipales, et

7 donc un tel incident aurait été -- forcément été enregistré et aurait fait

8 l'objet d'une discussion à l'ordre comme tout autre problème survenu à

9 l'époque.

10 Q. Donc, pourriez-vous à présent examiner la pièce P1250 ? Il s'agit à

11 nouveau d'un rapport en date du 8 juin. On parle de Kotor Varos, à la fin

12 du dernier paragraphe. A présent, Kotor Varos et Banja Luka sont les seuls

13 endroits dans leur région. Il n'y a pas eu d'opération pour remettre les

14 armes. On nettoyait les terrains des Bérets vert ou des membres du HOS.

15 L'INTERPRÈTE : Hos, H-O-S.

16 Mme KORNER : [interprétation]

17 Q. Monsieur le Témoin, étiez-vous au courant de cet appel à remettre les

18 armes ou à désarmer la population ? Un appel émanant de la région autonome

19 de la Krajina ?

20 R. Non, je déclare en toute responsabilité que sur le territoire de Kotor

21 Varos, il n'y avait ni des Bérets verts, ni des membres du HOS, mais

22 c'était très simple pour les Serbes. A chaque fois qu'il y avait des

23 Musulmans quelque part, ils disaient que c'étaient des Bérets verts et, à

24 chaque fois qu'il y avait des Croates quelque part, et bien, ils disaient

25 que c'était un membre du HOS. Mais moi je peux vous dire que ni avant, ni

Page 18217

1 pendant l'agression, il n'y avait pas de membres de telles unités sur le

2 territoire de notre municipalité. Après l'agression, il y a eu enfin des

3 mouvements pour s'organiser -- pour organiser la défense. Mais là, à

4 nouveau, il s'agissait uniquement de la Défense territoriale. A cette

5 époque-là, il n'y avait pas des Bérets verts, ni de HOS, à Kotor Varos.

6 Q. Ensuite il y a une recommandation où il est écrit : "Nous disposons de

7 preuves fiables indiquant qu'il y a des unités des Bérets verts dans la

8 région de Vrbanja -- la municipalité de Kotor Varos."

9 Je ne sais pas où est-ce. Pouvez-vous nous dire où se trouve ce village ?

10 Est-ce ce que c'est Vrbanjci ?

11 R. Et bien, c'est Vrbanjci qui se trouve à peu près sept kilomètres de

12 Kotor Varos, du centre de Kotor Varos. Vous prenez la route principale

13 Banja Luka-Kotor Varos-Teslic-Doboj, à sept kilomètres à peu près. Il

14 s'agit d'une commune assez importante qui se portait très bien du point de

15 vue économique, car un grand nombre de citoyens de cette agglomération

16 travaillaient à l'étranger. Et dans leur propagande, quand ils écrivaient,

17 et bien ils disaient qu'on allait créer des polices musulmanes et croates,

18 mais ceci ne s'est jamais produit. Il s'agissait tout simplement de leur

19 propagande car il s'agissait d'une région, qui était -- qui se portait bien

20 et ils allaient utiliser comme argument, en faveur de cette idée de la

21 collection des unités croates et musulmanes.

22 Q. Très bien, ensuite il est écrit :

23 "Nous recommandons l'action urgente dans ces régions pour obtenir le retour

24 des armes et pour se débarrasser des extrémistes."

25 Là, il s'agit de la date de 8 juin.

Page 18218

1 Pourriez-vous à présent regarder la pièce P234, s'il vous plaît. Il s'agit

2 du jour suivant.

3 Q. Le 9 juin, Milos :

4 "Suite à notre proposition, à la proposition des autres, le SDS doit

5 commencer très bientôt une opération ayant pour le but la prise de pouvoir

6 dans Kotor Varos et la résolution calmait les tensions ethniques dans les

7 centres de sécurités publique de Kotor Varos et dans d'autres organes.

8 Pendant cette opération, les individus, qui possèdent des armes sans

9 licence, ou bien qui ont obtenu ces armes du HDZ ou de SDA, doivent les

10 remettre. Cette opération doit être menée de façon synchronisée avec l'aide

11 de centre de sécurité publique de Banja Luka."

12 Vous, en tant que membre de SDA et en tant qu'officier de police, avez-vous

13 fourni des armes aux Bosniens de Kotor Varos ?

14 R. Monsieur le Président, Mesdames les Juges, excusez-moi, j'ai oublié la

15 façon dont je dois m'adresser à vous. Ce n'est pas que je ne vous apprécie

16 pas, au contraire, je vous dois tous mes respects parce que vous allez

17 vraiment contribuer à l'établissement de la justice.

18 Mais, bon, je dois vous dire que moi, en tant qu'homme, en tant que

19 policier, je n'ai jamais distribué d'armes en dehors de mes heures de

20 travail, tout simplement parce que je ne disposais pas, je n'en avais pas.

21 C'est vrai que les Musulmans et les Croates, aussi bien que les Serbes,

22 avaient reçu des armes dans le cadre des unités de réserve, mais on savait

23 exactement de quelle façon ces armes étaient distribuées. Nous avons reçu

24 un ordre de Sarajevo nous indiquant qu'il fallait armer les unités de

25 réserves, et donc ils ont reçu ces armes de façon officielle, selon la

Page 18219

1 règle en vigueur. Mais, à part cela, je n'ai pas distribué d'armes, ni moi,

2 en tant que chef de la police, enfin l'adjoint, ni le SDA ou le HDZ, pour

3 la simple raison qu'on n'en avait pas. Les gens, spontanément, après avoir

4 vu ce qui s'est produit en Croatie, il y en avait beaucoup qui

5 travaillaient à l'étranger. Ils avaient vu ce qui s'est passé là-bas et

6 donc, ils se sont procurés des armes par leurs propres moyens. Ils les ont

7 achetés en Croatie en rentrant. Ils les ont achetés aussi directement

8 auprès de Serbes à Banja Luka. Il s'agissait d'une vente organisée et il y

9 avait aussi de la contrebande, des profiteurs de guerre, qui achetaient des

10 armes pour les revendre par la suite. Et vous savez, c'était très difficile

11 d'apporter des armes à Kotor Varos. Personne ne pouvait le faire

12 facilement. Vous pouvez éventuellement prendre -- enfin faire passer un

13 fusil, deux fusils, mais pas beaucoup d'armes, car il y avait des points de

14 contrôle partout, il était impossible -- pratiquement impossible de

15 pénétrer dans la ville avec une grosse quantité d'armes. Donc, ces gens qui

16 faisaient de la contrebande, et bien ils se procuraient deux ou trois

17 pièces et les revendaient par la suite. Donc, pour autant que je le sache,

18 personne n'a distribué des armes. Et moi, je ne l'ai pas fait en tout cas,

19 et je pense que le HDZ ne l'a pas fait non plus.

20 M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

21 M. ACKERMAN : [interprétation] On vous a posé la question pour savoir s'il

22 a fourni des armes ou si qui que ce soit d'autres avait fourni des armes et

23 je pense qu'il a répondu par la négative.

24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, oui, je vois comment ce que vous

25 ressentez. Comme moi, je ressens exactement la même chose, car il parle, il

Page 18220

1 parle, il parle. Mais je me suis dit qu'il allait répondre à la question

2 suivante et pour ça que je l'ai laissé faire. Et aussi, Monsieur le Témoin,

3 je vous prie de bien vouloir ralentir quand les interprètes ont vraiment de

4 mal à vous suivre. Vous parlez très, très vite, votre débit est

5 extraordinairement rapide.

6 Mme KORNER : [interprétation] Je m'excuse.

7 Q. C'est tout ce qui m'intéressait au sujet de ces documents. A présent,

8 je voudrais que l'on montre au témoin la pièce P959 et ceci rapidement. Il

9 s'agit d'un document émanant du premier corps de la Krajina en date de 8

10 juin, mais apparemment quelqu'un a corrigé la date à la main en écrivant la

11 date de 10 juin. Donc, au paragraphe 3, on parle de la situation sur le

12 terrain, il y a beaucoup d'activités de la connaissance. On essaye

13 d'organiser une résistance de la population musulmane, en dehors des zones

14 de conflits, surtout à Gradiska et à Kotor Varos. Est-ce que à votre

15 connaissance, on a essayé d'organiser un soulèvement armé généralisé de la

16 population musulmane.

17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous parlons de 10 juin, n'est-ce pas ?

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Président, Mesdames les

19 Juges, non. Car, j'aurais été au courant de cela. Et car moi, j'ai

20 travaillé jusqu'au 11 juin et j'ai été de garde la nuit entre le 10 et le

21 11. Mais à l'époque, c'était Bajram. Il s'agit d'une grande fête

22 religieuse musulmane et c'est pour cela que j'ai demandé à Anto Pranjic,

23 mon collègue, de me remplacer, il était de garde ce jour-là. Donc moi, j'ai

24 travaillé jusqu'au dernier jour -- jusqu'au dernier moment et dire que

25 j'aurais dû travailler jusqu'au dernier moment, mais je ne l'ai pas fait.

Page 18221

1 Mme KORNER : [interprétation]

2 Q. Très bien. J'ai voulu vous poser une question au sujet du jour où il y

3 a eu cette prise de pouvoir ?

4 R. Et bien, cela s'est produit dans la matinée. J'étais devant la mosquée,

5 dans mon voisinage, dans mon quartier, dans ma rue à Donji Varos. Je ne

6 suis pas allé prier pour Bajram, car je me suis dit que j'allais rencontrer

7 plein de gens. Mais bon, vers 4 h 30 un peu près, j'ai entendu une colonne

8 de véhicules, une colonne importante, arrivée en direction de Banja Luka.

9 Je me suis dit tout de suite qu'il s'agissait de la colonne de véhicules,

10 enfin emmenant ces forces qui allaient prendre le pouvoir. Car je vais dire

11 qu'on a parlé beaucoup de cette prise de pouvoir, mais à chaque fois, on

12 essayait de déterminer la date de la prise du pouvoir. Mais jamais rien ne

13 s'est produit justement, à cette date-là. Et donc ce soir-là, j'avais aussi

14 entendu dire qu'il y avait une prise de pouvoir, mais moi je n'ai pas fait

15 attention à cela, car comme chaque fois auparavant, je me suis dit, qu'il

16 s'agissait d'une date fictive. Mais en attendant ce bruit -- le bruit de

17 cette colonne motorisée, je me suis caché derrière une maison près de la

18 mosquée. Et j'ai compris que le jour était venu.

19 Devant la colonne, il y avait une voiture de police. Ensuite, il y avait

20 des blindés ou véhicules militaires, deux ou trois quatre par quatre. Et

21 ensuite, quelques autobus. Et ensuite, je n'en suis pas sûr, je pense qu'il

22 y avait une unité spéciale. Et derrière, un véhicule blindée de combat. Ils

23 se sont arrêtés pendant un moment, près de la mosquée, et ensuite ils ont

24 continué vers la ville.

25 Q. Pourriez-vous faire une pause à présent ? Je vais vous montrer quelques

Page 18222

1 photos. En fait une carte avec des photos. La pièce P2123. Monsieur, avant

2 de regarder la carte, ne vous inquiétez pas, Monsieur le Président, le

3 témoin ne parle pas anglais. C'est lui qui a marqué cette carte. Pourriez-

4 vous, s'il vous plaît, nous dire ce que l'on voit sur les photos 2 et 3 ?

5 L'INTERPRÈTE : Celui qui a noté cette carte.

6 R. Il s'agit ici du poste de police, numéro 3. Il s'agit ici en fait d'une

7 usine. Je n'en suis pas tout à fait sûr. Je crois qu'en fait, il s'agit

8 d'une des pièces de la série.

9 Mme KORNER : [interprétation]

10 Q. Et le numéro 2 ça correspond au poste de police. Pourriez-vous, s'il

11 vous plaît, nous dire ce que représente la photo numéro 6 --

12 R. Ici dessous, en fait c'est un atelier dans une usine.

13 Q. Très bien, mais le numéro 6, vous reconnaissez cette photographie ?

14 Cela n'est pas important si vous ne le pouvez pas.

15 R. Je ne suis pas sûr à 100 % donc, je préfère ne pas me tromper.

16 Q. Pouvons-nous revenir au plan de la ville ? Pourriez-vous nous dire en

17 quelle direction se trouvait le convoi ? D'où venait le convoi, plus

18 précisément ?

19 R. Le convoi venait de Banja Luka et Celinac. Ici c'est Donji Varos et la

20 mosquée, je crois. Ça doit se trouver par là. Ils sont -- le convoi est

21 passé par là. Ils sont venus de là et sont passés par ici. Ils ont descendu

22 cette rue en direction du centre.

23 Q. Et vous-même, vous étiez à Donji Varos, près de la mosquée. Vous étiez

24 debout devant cette mosquée ?

25 R. Oui, c'est exact. Près de la mosquée et près d'un pont.

Page 18223

1 Q. Très bien. Donc, vous avez vu ce convoi arrivé, et comme il s'agissait

2 d'une fête religieuse, le Bajram, la plupart des Musulmans se trouvaient-

3 ils à l'intérieur de la mosquée ?

4 R. Bien, la plupart des Musulmans se trouvaient à la mosquée, mais il y

5 avait différentes mosquées, à différents endroits également.

6 Q. Donc, comment avez-vous réagi quand vous avez vu arriver cet -- ce

7 convoi ?

8 R. Et bien, tout d'abord, j'ai empêché ces jeunes gens armés de faire quoi

9 que ce soit. Je suis entré dans la mosquée et je me suis adressé aux

10 personnes qui étaient en train de prier à l'intérieur de la mosquée.

11 C'était des voisins et des amis. Je leur ai dit que nous ne pouvions pas

12 prier, car un convoi était arrivé à Kotor Varos et la guerre avait éclaté.

13 Et je leur ai dit qu'il y aurait certainement une prise de pouvoir, que

14 c'était inévitable. Et je leur ai dit que nous devions nous disperser, que

15 les personnes qui ne se sentaient pas en sécurité devraient partir et s'en

16 aller. Et ceux qui souhaitaient rester pouvaient rester. C'était à eux d'en

17 décider. Et ils -- c'était à eux de décider à savoir s'ils se sentaient

18 plus en sécurité à l'intérieur de la ville ou à l'extérieur. Et évidemment,

19 je leur ai souhaité bonne route.

20 Q. Et qu'avez-vous fait vous-même ?

21 R. Bien, moi je suis parti sur le champ, je me suis rendu chez moi dans

22 ma maison et j'ai demandé à mon frère de m'accompagner. J'ai emmené mes

23 vêtements, un sac à dos que j'ai rempli de vivres, de médicaments et de

24 munition. Et j'ai emporté mon fusil, celui pour lequel le colon m'avait

25 remis officiellement contre ma signature. Et je me suis dirigé en direction

Page 18224

1 de Ravne, à quatre ou cinq kilomètres de Donji Varos, de l'autre côté de la

2 Vrbanja, du fleuve.

3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ackerman.

4 M. ACKERMAN : [interprétation] Page 48, ligne 25, je crois que ce qu'il a

5 dit, c'est qu'il a empêché un jeune homme armé de tirer un coup de fusil ou

6 quelque chose de la sorte. Je crois que c'est cela qu'il a dit.

7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je souhaite savoir si vous avez dit que

8 vous avez empêché ces jeunes gens de faire quoi que soit ou si vous avez

9 empêché ces jeunes gens de tirer des coups de feu. C'est une question de

10 traduction ici. Nous avons besoin d'un éclaircissement, s'il vous plaît.

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, Mesdames les Juges,

12 j'ai empêche ce jeune homme d'utiliser son arme. Je l'ai empêché de tirer,

13 car je souhaitais empêcher qu'un incident ne se produise.

14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Korner.

15 Mme KORNER : [interprétation] Merci.

16 Q. Vous avez dit que vous, vous êtes parti en direction de Ravne. Si vous

17 voulez bien vous tourner vers la pièce P2120. C'est une carte. Est-ce que

18 l'on peut identifier Ravne ?

19 R. [Le témoin s'exécute]

20 Q. Merci.

21 R. Et le fleuve Vrbanja.

22 Q. Je vais vous demander dans quelques instants de regarder une vidéo qui

23 a été tournée dans la région. Bien. Alors, vous êtes parti en direction de

24 Ravne. Vous êtes-vous rendu dans une autre localité avant d'arriver à

25 Ravne ?

Page 18225

1 R. Monsieur le Président, Madame la Juge, non, je me suis rendu

2 directement en Ravne.

3 Q. Et M. Djikic, le président du SDA, vous a-t-il accompagné à ce moment-

4 là ?

5 R. Oui. Haza Djikic était également à la mosquée. Il était sur le point de

6 prier, c'était les prières du Bajram. Il avait un appartement à Carsija et

7 sa mère était une voisine et, lors des fêtes religieuses Bajram, il rendait

8 visite à sa mère, de façon à pouvoir prier à Donji Varos près de l'endroit

9 où il habitait. C'est pour cela qu'il se trouvait à la mosquée ce jour-là.

10 Il hésitait, il ne savait pas s'il devait nous rejoindre parce qu'il avait

11 sa femme et ses deux filles qui étaient restées en Carsija, et son cousin,

12 Senad Djikic lui a dit qu'il devait venir avec nous, c'est la raison pour

13 laquelle il n'est pas resté là-bas. Donc, il nous a rejoint, mais il

14 hésitait beaucoup parce que finalement c'est son cousin qui avait décidé

15 pour lui en l'influençant.

16 Q. Très bien. Bien, vous avez donc établi votre QG ou votre centre

17 opérationnel à Ravne, mais avez-vous visité d'autres villages alentour à ce

18 moment-là le 11 juin ?

19 R. Je n'ai pas établi un QG tout de suite. Ceci a été fait plus tard,

20 quelques jours plus tard, et je me suis rendu dans les villages voisins à

21 Vranica parce que je connaissais des gens à cet endroit-là, et je suis allé

22 leur parler des évènements qui avaient lieu à Kotor Varos, à Carsija. Et je

23 suis arrivé au village et quelques jeunes hommes s'y trouvaient sur le

24 terrain de football puisqu'ils allaient préparer un tournoi à l'occasion du

25 Bajram. En fait, c'était un tournoi qui a été organisé de façon

Page 18226

1 traditionnelle dans la région, et les équipes se préparaient et

2 l'atmosphère était une atmosphère ludique, et j'ai dit à ces jeunes gens

3 que le tournoi n'aurait pas lieu. Je leur ai expliqué ce qu'il s'était

4 passé, et je leur ai demandé de prendre ces nouvelles au sérieux. Et je

5 leur ai dit quelle était la situation, et je leur demandais de monter la

6 guerre autour du village. Je leur ai dit de faire attention et de prendre

7 ceci au sérieux car nous nous préparions pour les temps difficiles.

8 Q. Une fois que vous êtes arrivé à Ravne, d'autres personnes vous ont-elle

9 rejointes à ce moment-la ?

10 R. Oui. Lorsque les forces sont arrivées à Carsija, un nombre de personnes

11 pour leurs propres personnelles sont venues, bien évidemment certains

12 d'entre eux avaient de la famille, certains y étaient nés peut-être. Suljo,

13 un de mes voisions qui venait de Ravne, avait une maison à Donji Varos,

14 mais il a quitté sa femme avec ses filles et s'est rendu vers la maison de

15 son père à Ravne. Il y avait des cas -- nombreux cas comme ceci.

16 Q. Les Serbes eux-mêmes ont-ils envoyé des troupes ou des membres de la

17 police à Ravne ?

18 R. Non. Non. Ils n'ont envoyé personne. Ils n'ont pas envoyé de troupes,

19 et ça je le sais parce que des gens qui sont arrivés à Donji Varos m'ont

20 dit cela. Ils m'ont dit que, 15 à 20 minutes après mon départ, ma maison a

21 été encerclée par des hommes des unités spéciales, mais ils n'ont pas

22 envoyé des membres de la police ou de l'armée. Ils ont envoyé certaines

23 personnes qui s'agissaient de négociateurs, qui devaient négocier au nom de

24 la cellule de Crise, et de Carsija. Ces gens-là sont venus à Ravne et

25 personnellement je leur ai parlé. Il y avait Karin Dizdar [phon], qui était

Page 18227

1 membre de la cellule de Crise, qui était Musulman. Je ne sais pas s'il y

2 avait d'autres Musulmans qui étaient membres de la cellule de Crise. Ceci

3 n'a duré que très court laps de temps. Par conséquent, ils n'ont pas envoyé

4 d'unités ou de troupes, ils ont envoyé des civils pour négocier.

5 Q. Et pour finir, y a-t-il eu un groupe dont vous étiez le chef et qui

6 constituait un mouvement de résistance à Kotor Varos ?

7 R. Ce groupe a été crée le jour même, c'est à ce moment-là que nous avons

8 commencé à le constituer, mais avant cela, il n'y avait pas d'unités ou de

9 formations proprement parlées. C'est à partir de ce jour-là et les jours

10 suivants. Non, c'est à partir de ce jour-là dont après la prise de ce

11 pouvoir que les gens ont commencé à s'organiser. Mes amis, mes voisins, ils

12 m'ont contacté, et ce groupe -- avec ce groupe -- les membres de ce groupe,

13 nous avons constitué un QG et d'aucun avait suggéré que j'en devienne le

14 commandant et c'est donc la Défense territoriale de la municipalité de

15 Kotor Varos, constituée de Musulmans et de Croates. C'est comme ça que nous

16 l'appelions. Cela en fait représentait les différentes localités et les

17 Musulmans et les Croates, ces différentes localités. C'est comme ça que cet

18 organisme fonctionnait.

19 Q. Très bien. Donc, avant d'entrer dans le détail de tout ceci, je

20 souhaite regarder une vidéo de la région, et je souhaite que vous

21 identifiiez certains éléments au plan géographique.

22 Mme KORNER : [interprétation] Il s'agit en fait d'un vidéo assez long de M.

23 Inayat et nous avons divisé ceci en plusieurs extraits -- passages. Je

24 crois que c'est la régie qui s'en est occupé.

25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Nous l'avions en fait à

Page 18228

1 l'écran, il y quelques instants.

2 Mme KORNER : [interprétation]

3 Q. Pourriez-vous arrêter la vidéo lorsque vous reconnaissez certains

4 endroits ?

5 [Diffusion de cassette vidéo]

6 R. Monsieur le Président, Mesdames les Juges, je souhaite poser une

7 question. Est-ce que je parle plus lentement ? Est-ce

8 mieux ? Est-ce plus lent, avant que je ne réponde à la question ?

9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je crois que cela va très bien

10 maintenant. Merci.

11 Mme KORNER : [interprétation]

12 Q. Reconnaissez-vous ce bâtiment, monsieur ? Si vous ne le reconnaissez

13 pas, dites-le simplement ?

14 R. Je pense qu'il s'agit du Donji Varos, Vrbanja à gauche, et ceci à

15 droite, il s'agit de la route goudronnée. Et je crois que c'est l'endroit -

16 - en fait, il s'agit en fait d'un atelier, un atelier de l'usine. Est-ce

17 que nous pourrions agrandir ceci ? Parce que s'il y a une mosquée à côté,

18 il s'agira à ce moment-là de Vrbanjci. Ce bâtiment blanc ici.

19 Q. Très bien. On va voir si c'est possible du côté de la régie technique.

20 Merci.

21 [Diffusion de cassette vidéo]

22 Mme KORNER : [interprétation]

23 Q. La réponse, je crois, est plutôt négative.

24 R. Je pense qu'il s'agit de Vrbanjci, l'école et les bâtiments voisins, le

25 fleuve Vrbanja. Je crois que c'est la commune locale de Vrbanjci.

Page 18229

1 Q. [aucune interprétation]

2 R. Ceci est Vecici. Après l'attaque sur Kotor Varos, c'est à ce moment-là

3 que le film a été tourné, ceci fait également partie de Vrbanjci, de la

4 commune locale Vrbanjci. Ici c'est Vecici, la mosquée à Vecici, le minaret

5 avait été détruit et de l'autre côté, on voit Grabovci.

6 Q. Pourriez-vous nous faire arrêter et revenir un petit peu en arrière ?

7 Je crois que nous n'avons pas pu voir la mosquée. Pourriez-vous, s'il vous

8 plait, Monsieur le Témoin, nous arrêter lorsque vous voyez la mosquée ?

9 R. Arrêtez maintenant. Ici, on voit la mosquée sans minaret puisque le

10 minaret avait été détruit.

11 Q. Je sais que c'est difficile. On ne voit pas votre doigt à l'écran,

12 c'est bien dommage. Pourriez-vous nous dire exactement à quel endroit cela

13 se situe, s'il vous plait ? Est-ce on voit le dôme ici à l'avant plan ou

14 non ?

15 R. On voit le dôme en cuivre.

16 Mme KORNER : [interprétation] Est-ce que vous permettez, je vais aller le

17 voir de plus près -- voir quel endroit il indique car je ne vois pas

18 distinctement ?

19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Si vous partez un petit peu en arrière

20 -- si on fait un retour en arrière, je crois qu'à ce moment là, ça sera

21 encore plus visible.

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, l'image n'est pas très nette, mais on

23 voit toute ma main.

24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, non. Écoutez, avançons la cassette

25 vidéo un petit peu ici, ici, nous pouvons nous arrêter.

Page 18230

1 [Diffusion de cassette vidéo]

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Et vous avez déplacé un petit peu l'image.

3 Nous allons essayer un grand plan.

4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je -- en ce moment-là, on peut demander

5 à ce qu'une des caméras ici soit dirigé vers le témoin de façon à ce qu'on

6 puisse voir quel endroit il indique avec le pointeur.

7 Mme KORNER : [interprétation]

8 Q. S'agit-il de bâtiment qui est derrière, ici nous voyons un bâtiment

9 avec toit plat, qui semble être un bâtiment avec un toit plat, et au bout

10 de la rue. Et on voit le début de la rue ici et après, on voit les arbres.

11 Est-ce un bâtiment qui est derrière les arbres ? C'est cela que vous voulez

12 nous signifier. Peut-être que l'huissier peut nous aider ?

13 R. Oui, Monsieur le Président, Mesdames les Juges, en fait, il n'y a pas

14 de minaret, donc ceci porte à conclusion -- porte à confusion. Voici la

15 mosquée ici, mais évidement sans le minaret, sans la tour, puisque ce

16 minaret avait été détruit. On voit simplement le dôme.

17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vois bien. Cela ne fait aucun doute.

18 Mme KORNER : [interprétation] Bon, très bien. Si vous voyez, Monsieur le

19 Président, Mesdames les Juges, et Maître Ackerman, peut-être qu'il voit.

20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Écoutez, Madame Korner, je vous en

21 joins d'aller vous mettre au côté de témoin pour voir quel endroit y

22 indique, pour qu'il n'y ait pas de confusion. Très bien.

23 Mme KORNER : [interprétation] Très bien, nous pouvons continuer à visionner

24 la vidéo.

25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Ackerman.

Page 18231

1 [Diffusion de cassette vidéo]

2 Mme KORNER : [interprétation]

3 Q. Pourriez-vous nous indiquer Ravne, parce que nous savons un peu près à

4 quel endroit se situe cette ville, mais pourriez-vous le préciser, s'il

5 vous plait ?

6 R. Et bien, cette vidéo montre Vrbanjci, la cabine locale qui se trouve

7 environ dix kilomètres de Ravne. Et je peux me diriger en fonction de la

8 route, mais on ne voit pas Ravne sur ce film, il y a une distance assez

9 importante entre ces deux endroits. L'endroit que nous voyons ici est Ravne

10 -- Ravne, mais en direction de Banja Luka, Vrbanjci, Casa, et à gauche de

11 fleuve Vrbanja, et au dessus de Gornji Varos à trois ou quatre kilomètres

12 de là, à partir de Donji Varos, il faut suivre la route.

13 Q. Cet endroit se situe t-il dans les collines ?

14 R. Non, je ne crois pas. C'est encore assez loin. Ici, nous voyons la

15 commune locale de Vrbanjci et un peu plus basse, en direction de Donji

16 Varos. Mais pour que je vous puisse vous indiquer où se situe Ravne, il

17 faudrait pouvoir avoir une vue de village. A ce moment-là, je pourrais vous

18 l'indiquer -- je peux simplement vous dire de quelle -- à quelle distance

19 se situe par rapport à Donji Varos, là où se trouvait l'usine.

20 Q. Non, non, dites-nous simplement si vous pouvez -- si vous voyez de bons

21 repères ici ?

22 R. C'est une vue panoramique de la commune locale de Vrbanjci. Je crois ce

23 que le film montre pour l'essentiel. Et bien, ici nous nous rapprochons de

24 la ville elle-même. C'est la zone urbaine Carsija et c'est un quartier, ici

25 on voit la Syrie et on voit Ravne un peu plus loin. Si vous voulez bien,

Page 18232

1 faites un retour en arrière, un petit peu et ensuite de pousser l'image

2 vers la gauche. Voilà, si vous voulez bien vous arrêter. Et grosso modo,

3 Ravne se situe de côté des colline, ici on voit le fleuve Vrbanja, on voit

4 Donji Varos et c'est là que coule le fleuve et ensuite le quartier de Kotor

5 -- un quartier de Kotor, Kukavica, Duratovci, et au-dessus on peut

6 apercevoir le fleuve Ravne.

7 Q. Très bien. Je crois que nous n'avons plus besoin d'utiliser la vidéo.

8 Merci.

9 Pourrions, s'il vous plaît, maintenant parler de la mise en place de la TO

10 de Kotor Varos, ce groupe de personne que vous avez assemblé. Combien de

11 personnes aviez-vous sous votre commandement ?

12 R. Et bien, ce chiffre ne faisait qu'augmenter, puisque les gens

13 arrivaient sans cesse. C'est que la situation évoluée dans cette ville.

14 Certains villages avaient déjà rendu leurs armes, mais la trêve n'a duré

15 que très peu de temps et ils ont dit qu'ils voulaient se débarrer -- se

16 débarrasser de tous les Bérets rouges, de tous les Oustachas, de tous les

17 extrémistes. Et ces personnes avaient vécues toute inquiétude avant cela.

18 Et certaines personnes dans certains villages avaient la liberté de

19 circuler, de se déplacer parce qu'ils avaient rendu leurs armes. Et ceci a

20 duré un certain temps et après on a commencé à les frapper et à les

21 arrêter. Et de quel, ils se sont rendus compte, qu'ils étaient trompés,

22 donc ils ont quitté leurs villes et ils sont venus se joindre à nous. Donc,

23 ce chiffre croissait sans cesse. Donc, il y avait des Bosniens, et des

24 Musulmans et des Croates et on m'a nommé commandant. Goran Markovic était

25 un commandant second. Il venait de Visevice. C'est un Croate qui est venu

Page 18233

1 ici après l'attaque de Visevice. Et mon assistant était un homme qui

2 s'appelait Drago Bandalo, il venait de Bilice et Puskaric. Je ne me

3 souviens pas de son prénom, c'était un bon ami, mais je ne me souviens pas

4 de son prénom. Et par la suite également, nous avions également les

5 commandants locaux et donc les effectifs ont grossi de façon importante,

6 puisque les gens arrivaient de différents villages.

7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Pour le besoin de compte

8 rendu d'audience, s'il vous plaît, si M. Ackerman souhaite utiliser ceci

9 pour son contre-interrogatoire, est-ce que nous avons donné une cote à

10 cette vidéo de M. Inayat.

11 Mme KORNER : [interprétation] Il s'agit en fait de la pièce P447.

12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, merci. Je vous en prie,

13 poursuivez.

14 Mme KORNER : [interprétation]

15 Q. Donc, il y avait des commandants locaux qui étaient restés aux

16 villages. Y avait-il un commandement et un contrôle assez rigoureux sur ces

17 différents villages ? Autrement dit, tous et chacun devait suivre vos

18 consignes ainsi que les hommes.

19 R. Monsieur le Président, Mesdames les Juges, naturellement on manifestait

20 du respect, mais c'était essentiellement fondé sur les considérations

21 patriotiques humaines. D'une façon en générale, ces gens me connaissaient,

22 savaient qui j'étais, connaissaient ma famille, savaient d'où je venais,

23 quelle tâche j'accomplissais, parce que les gens de mon secteur

24 respectaient toujours la police ou les militaires et ainsi de suite. Les

25 gens respectaient la police. Ils me respectaient à cause de ce que j'étais,

Page 18234

1 à cause de ce qu'étaient mes parents. Donc, ces personnes-là me

2 respectaient et m'écoutaient, mais parler de voie hiérarchique ou de chaîne

3 de commandement, je crois que c'était surtout basé sur le patriotisme, mais

4 purement sur les relations humaines de respect et d'appréciation.

5 Q. Bien. Alors, au moment où les effectifs étaient les plus importants, au

6 plus fort de la situation, combien de personnes avez-vous eu directement

7 sous vos ordres dans le village de Ravne ?

8 R. Il y avait aussi d'autres villages, pas seulement Ravne. Et j'étais là,

9 la plupart du temps. Et si je peux parler du commandement du personnel par

10 la suite, lorsque je suis parti, lorsque je me suis déplacé, mais si on met

11 -- si on fait l'addition de tous les villages, Doljani, Duratovci,

12 Visevice, je dirais que j'avais de 300 à 400 personnes sous mes ordres. Il

13 y avait le village de Vecici. Et bien, ils étaient en principe sous notre

14 commandement, mais en réalité, ils ne fonctionnaient pas exactement selon

15 les règles. De l'autre, Drago était un commandant local, et parce que nous

16 ne pouvions pas communiquer parce que nous n'avions pas de matériel de

17 communication, nous étions matériellement séparés. Vous savez c'est un très

18 grand territoire, et plus particulièrement Bilice, où se trouvait Drago, il

19 y avait la ville qui nous séparait, qui était contrôlée par les Serbes. Et

20 nous tenions certaines parties du village et certains éléments autour de la

21 ville de sorte que ce n'était pas tout d'un bloc, c'étaient fractionnés. Il

22 y avait environ trois ou quatre endroits où on pouvait trouver un nombre de

23 personnes plus important qui montaient la garde ou remplissaient d'autres

24 taches, vous savez. Et qui s'occupaient également de l'approvisionnement et

25 choses de ce genre vous savez.

Page 18235

1 Q. Bien. Est-ce que vous aviez un appui, du point de vue des effectifs ou

2 de l'armée de Bosnie-Herzégovine, en armement peut-être aussi ?

3 R. Malheureusement, je n'avais absolument rien à faire avec -- je n'avais

4 aucun rapport avec qui que ce soit. Nous étions complètement encerclés tant

5 du point de vue de la formation, politique et du reste. Plus

6 particulièrement, si vous vous rappelez que Kotor Varos se trouve entre

7 Celinac, Skender Vakuf, Travnik et Teslic, toutes ces municipalités, en

8 gardant cela à l'esprit, nous pouvons dire que nous n'avions tout

9 simplement aucun contact. Nous n'avions même pas d'électricité alors on ne

10 pouvait pas regarder la télévision. Et nous n'avions même pas cette

11 possibilité. Je ne pouvais rien apprendre au point de vue nouvelle de la

12 télévision. Et en fait, je ne faisais pas très attention à ce qui se

13 passait. Indépendamment de la question de communiquer avec quelqu'un ou

14 d'aider quelqu'un.

15 Mais à un moment donné, vers la fin de juin ou au début de juillet, nous

16 avons entendu qu'il y avait formation constituée de Croates et de

17 Musulmans, une formation dans Dubravci ou plutôt à Travnik. Nous avons

18 entendu que c'était à Travnik et par la suite, nous avons appris que

19 l'endroit véritable était Dubravci. Et bien, un certain nombre de personnes

20 dans ce groupe ne pouvaient pas attendre parce qu'on leur avait dit d'aller

21 à Kotor Varos plus élevé et ainsi de suite. Pour une raison ou pour une

22 autre, ils ne sont jamais venus, mais c'est -- on le sait, c'est bien

23 connu, je me rends compte -- je m'en suis rendu compte par la suite.

24 Mais un certain nombre de personnes ont désobéi à leur commandement de

25 sorte qu'ils étaient à la fois tout proche et très loin de leur famille. Et

Page 18236

1 bien sûr, ils voulaient savoir ce qui se passait. Ils voulaient savoir

2 vraiment ce qui se passait, ce qui leur arrivait, ce qui nous arrivait et

3 ce qui arrivait au reste des personnes qui se trouvaient dans la Krajina,

4 de la Bosanski Krajina et en Bosnie, à Prijedor, à Sanski Most et Kljuc et

5 ainsi de suite. Et nous allons voir par la suite que il y avait une

6 solution, mais malheureusement -- nous espérions qu'il y aurait une

7 solution, mais malheureusement, elle n'est pas venue à temps et nous étions

8 finalement les seules qui résistaient, excusez-moi, Monsieur le Juge.

9 Q. Vous allez trop vite.

10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous continuez à aller très vite.

11 Veuillez ralentir.

12 Mme KORNER : [interprétation]

13 Q. Bien. Je crois que nous avons une idée générale à ce sujet. Est-ce que

14 je peux vous poser des questions concernant les armes ?

15 R. Excusez-moi, mais vous devez garder à l'esprit qu'évidement tout ceci

16 suscite beaucoup d'émotion et il y a certains moments où je ne parviens pas

17 à contrôler mes émotions. Je vous présente mes excuses.

18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien.

19 Mme KORNER : [interprétation]

20 Q. Vous n'êtes nullement le pire, je peux vous assurer que nous avons eu

21 pire ici.

22 Et puis-je maintenant vous poser des questions concernant les armes ?

23 Quelle sorte d'armes aviez-vous ?

24 R. A l'époque nous avions des armes automatiques, les membres de la

25 réserve par exemple, les forces de la réserve, avaient des armes

Page 18237

1 automatiques et ils sont partis rejoindre la résistance et nous avions

2 également des armes de chasse parce que nous avions notre société de chasse

3 à Kotor Varos. Et il y avait un nombre assez important de chasseurs, de

4 personnes qui avaient -- il y avait des personnes qui fabriquaient leurs

5 propres armes avec des tuyaux ou des tubes. Il y avait également, ils

6 faisaient parfois des fusils à un seul canon ou des pistolets de fortunes.

7 Un certain nombre de nos hommes avaient travaillé en Croatie, en Slovénie,

8 et ils avaient fabriqué des explosifs de sorte qu'une fois qu'ils sont

9 revenus à Kotor Varos, ils les ont ramenés. Ils avaient préparé certains

10 engins.

11 Parfois, ils avaient acheté du TNT à des Serbes. Ils achetaient ce qu'on

12 appelaient des paquets de 100 grammes et les utilisaient pour fabriquer des

13 bombes, des explosifs. Mais pour l'ensemble, il s'agissait d'arme légère. A

14 ma connaissance, il y avait environ deux ou 54 machines, deux et 53

15 mitrailleuses et un certain nombre de mitraillette dans la force de

16 réserve, mais sinon c'était toutes des armes d'infanterie légère.

17 Q. Vous avez dit deux mitrailleuses 53 ou est-ce que c'est une

18 description, deux de 53, 2,53 ? Qu'est-ce que vous vouliez dire par 2, 53 ?

19 R. Oui, qu'est -- je crois que c'était le nom de l'arme, de la marque.

20 C'est comme ça qu'on l'appelait. C'était une Garonja et une Brno de

21 fabrication Tchèque.

22 Q. Et alors, est-ce que vous aviez également des lances roquets à main ?

23 R. Non. Nous n'avions pas de lanceurs à main. Nous avions des zoljas, ce

24 qui est un engin anti-chars de petites dimensions que l'on utilisait contre

25 les blindés. Mais nous n'avions pas de lance roquets à l'époque. C'était

Page 18238

1 des armes qui étaient plus grandes et par la suite, nous avons réussi à

2 nous en procurer et avoir l'avantage de mitrailleuses ou mitraillettes.

3 Mais, c'est par la suite qu'on les a eues. C'est un groupe d'hommes qui se

4 trouvaient à Travnik qui les a achetées. Elle a acheté également à Vecici -

5 -

6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Ackerman.

7 M. ACKERMAN : [interprétation] Monsieur le Président, le mot que le témoin

8 est en train de prononcer qui l'on voit toujours pas au compte rendu est

9 "OSA". Il s'agit de la description d'une arme particulière.

10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Témoin, vous avez entendu ce que Me

11 Ackerman vient de dire par sa remarque. Est-ce que vous mentionniez des OSA

12 ? Et est-ce que vous pourriez dans l'affirmative nous explique ce qui veut

13 dire OSA ?

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. J'ai mentionné à la fois zolja et OSA.

15 Zolja est une arme, c'est une arme anti-blindée. Je crois que son calibre

16 est plus petit que celui d'OSA. Et Osa est un analogue, mais c'est un

17 calibre plus gros. Et je voulais mentionner ces deux types d'armes.

18 Mme KORNER : [interprétation]

19 Q. Est-ce que vous avez acquis soient des chars, soient des transports de

20 troupes blindés ?

21 R. Oui. À un moment donné, en juillet, je crois, je ne suis pas absolument

22 sûr est-ce que c'était à la fin de juillet au début du mois d'août. Dans

23 une attaque d'infanterie, les Serbes utilisaient un char qui était tombé en

24 panne à Vrbanjci, entre Donji Vrbanjci et Zebe, à peu près à cet endroit-

25 là, de sorte qu'ils nous l'ont laissé, mais il ne fonctionnait mal.

Page 18239

1 Toutefois, ils avaient placé un explosif dedans et ils avaient enlevé

2 toutes les armes qui pouvaient tirer de ce véhicule et ils avaient juste

3 laissé comme ça pour nous et nous ne pouvions pas nous en servir.

4 Q. Bien. Est-ce que vous aviez des chars qui fonctionnaient en ce qui vous

5 concerne ?

6 R. Non, jamais.

7 Q. Et APC ?

8 R. Non. J'ai déjà dit qu'il y avait des armes d'infanterie légères -- des

9 armes légères d'infanterie et ça été comme ça jusqu'à la fin.

10 Q. Juste pour confirmer, est-ce que vous avez jamais eu de l'artillerie à

11 longue portée ?

12 R. Non, jamais.

13 Q. Vous avez mentionné la manière dont vous étiez emparée de divers types

14 d'armes. Est-ce que vous avez lancé en tant que groupes des actions

15 offensives contre les Serbes ?

16 R. Nous n'avions même pas pensé. Notre but était de proposer

17 -- de protéger la population, de veiller à sa sécurité, de conserver le

18 territoire que nous avions. Pour commencer, nous n'avions pas d'armes pour

19 quoi que ce soit pour procéder à des actions. Nous aurions eu besoin de

20 bien davantage, toutefois les commandants locaux parfois entreprenaient de

21 petites opérations de sabotage ou d'activités de ce genre dans leur

22 secteur. Personnellement, j'étais contre et j'étais contre parce que chaque

23 fois une opération était menée et que les Serbes capturaient nos villageois

24 innocents, des Croates et des Bosniens, en ville, ceux qui avaient signé un

25 serment de fidélité. Il y avait des choses de ce genre qui se passaient, il

Page 18240

1 y avait des mesures de rétorsion contre les civils, des représailles et

2 c'est pour ça que j'étais contre le fait de telles opérations soient

3 menées.

4 Q. Je voudrais regarder, s'il vous plaît, la description qui est faite

5 dans ce document, des différents types d'actions qui ont eu lieu au cours

6 de ces mois. Pourriez-vous d'abord, s'il vous plaît, regarder le document

7 P2157 ? Ce document est daté du 14 juin 1992, et ceci émane du commandement

8 de la 4ième Brigade légère et leur rencontre après le nettoyage de la ville

9 Kotor Varos, du fait qu'une partie des forces ennemies et de la population

10 croate et musulmane, est échappé, est allé dans la région plus vaste du

11 village de Hadrovci.

12 R. Hadrovci, le village de Hadrovci.

13 Q. Tel que vous comprenez les choses. Est-ce que ceci fait une référence

14 au secteur dans lequel vous et vos collègues, vous vous trouviez ?

15 R. Oui. Ça se réfère bien à nous. C'est bien l'endroit en question, ça ne

16 pouvait être personne que nous.

17 Q. Bien. Le reste, on pourrait le laisser de côté.

18 Pourriez-vous maintenant regarder, s'il vous plaît, la pièce 2165. Ceci est

19 un extrait du compte rendu d'une séance de la cellule de Crise, tenue le 22

20 juin, dans laquelle assistait lieutenant colonel Peulic. Et apparemment, il

21 a dit qu'un groupe, de qui il a appelé environ 2 000 Oustachas s'était

22 déplacé depuis la Bosnie centrale, en tant que renforts pour Kotor Varos.

23 Est-ce que vous n'avez jamais entendu ou vu quoi que ce soit concernant ces

24 2 000 Oustachas tels qu'ils sont décrits ?

25 R. Ceci est de la propagande, Monsieur le Président, Mesdames les Juges,

Page 18241

1 cette propagande dans laquelle les Serbes s'étaient engagés dans cette

2 région. J'aurais bien voulu que nous ayons de telles formations parce qu'à

3 ce moment-là, nous aurions pris Kotor Varos avec le raide [sic].

4 Q. Oui, bien, je vous remercie. Maintenant, regardons le document P217. Il

5 s'agit là du bulletin de la cellule de Crise et qui est daté du 26 juin, il

6 est question au deuxième paragraphe aux éléments suivants: En dépit du fait

7 que nous sommes en guerre avec les extrémistes, qui ne voudront pas se

8 rendre jusqu'au dernier homme, les évènements se déroulent en notre faveur

9 et nos positions sont tous les jours meilleures. L'ennemi n'a pas de chef

10 et, dans le désordre et subit de lourdes pertes, leurs deux forteresses de

11 Hravcani et Bilica ont été détruites. Hravcani et Bilica. Alors,

12 maintenant, je voudrais vous demander ce que vous savez concernant ces

13 destructions de ces deux villages ?

14 R. Pour Hravcani, ça n'était pas un village fortifié ou renforcé. Il y

15 avait tout simplement des gens qui vivaient dans leurs maisons, il y a

16 aucune formation rien. C'est le premier village qui a été attaqué qui a

17 subi des tirs d'obus et ça s'est passé immédiatement, le 13 ou le 14, mais

18 c'est le premier village qui -- qu'on pouvait voir -- tout le monde pouvait

19 voir de ces propres yeux. C'est le premier village qui a été rasé par tirs

20 d'artilleries. Cela étant, les gens ont réussi à évacuer, à partir sous les

21 tirs avec un nombre minimal de victimes. Je crois qu'il y a eu six ou huit

22 civils. C'est ce que j'ai appris par la suite qui n'ont pas réussi à s'en

23 aller. Parce que le reste de la population a réussi à s'enfuir du village

24 de Cerkvisce parce qu'ils avaient des amis et des parents. Ils ont réussi à

25 les rejoindre à Ravne pour ceux qui avaient de la famille là bas. Donc, je

Page 18242

1 peux dire que, sous toute responsabilité, il n'y avait pas de formation, il

2 n'y avait pas de forteresse et, si on regarde d'après ce territoire à

3 Bilica, il y avait des nombres considérables : il y avait Drago Bandalo,

4 qui était commandant local, il y avait également des personnes de la ville

5 qui étaient venues rejoindre de Donji Varos, de Kotor Varos et mêmes

6 certaines de Banja Luka.

7 Quelqu'un, qui est arrivé là -- qui était venu, soit visiter des parents,

8 et puis tout ceci il a fini par arriver à Bilica -- de sorte à Bilica. Oui,

9 il y avait un nombre très important de membres de la Défense territoriale,

10 mais, sinon, il s'agissait d'une personne qui vivait là normalement, qui

11 travaillait et qui ont subi des tirs

12 -- un très grand nombre de tirs d'obus. On l'a traite plus. On a pu très

13 facilement voir cela. Moi-même, j'ai pu voir ça avec mes jumelles de

14 l'endroit où je me trouvais, où je me déplaçais. J'ai vu comment on a été

15 pilonné, maison après maison, le plus grand nombre d'obus visant le

16 minaret, c'est-à-dire, la mosquée, et toutefois après deux jours de tirs,

17 ils n'ont quand même pas réussi à la détruire. C'est par la suite qu'ils

18 l'ont détruit, lorsque l'infanterie est rentrée dans le village. Donc, ils

19 sont venus mettre des explosifs et ils ont réussi à les faire sauter

20 faisant en sorte -- que voilà la façon dont les choses se sont développées,

21 mais pour ce qui est de Bilica, tout ceci est la désinformation.

22 Mme KORNER : [interprétation] Sur l'écran, on voit Bilica n'a pas semblant

23 de -- mais, en fait, on devrait lire Bilica ne l'a pas pris, ne l'a pas eu.

24 Et des membres de la Défense territoriale, qui sont restés à Bilica

25 jusqu'au la fin, ne sont pas été pris. Ils ont été attaqués à ce moment-là,

Page 18243

1 mais, ils n'ont jamais quitté Bilica.

2 Q. Quel était le but pour autant que vous le sachiez d'attaquer Hravcani ?

3 R. A mon avis, c'était une tentative pour démonter -- une démonstration de

4 pouvoir, pour montrer psychologiquement -- effet psychologique pour montrer

5 aux gens ce qui se passerait s'ils n'acceptaient pas et s'ils ne signaient

6 pas une reconnaissance -- un serment de fidélité à ces autorités.

7 Q. Nous voyons maintenant dans le même bulletin qu'ils affirment, qu'ils

8 ont pris le contrôle de la plus grande partie de territoire de la

9 municipalité, sauf le secteur qui se trouve à gauche de la rivière Vrbanja

10 de Vecici a Ravne, disons que des forces ennemis se trouvent encore là,

11 mais ils sont encerclés, et suite un feu constant et parmi eux, ils ont de

12 nombreux blessés et leurs réserves sont en train de fondre et ceci porte

13 une date de 12 juin. Il est question d'ennemis extrémistes qui sont

14 conduits par Spasa [phon] et Sadikovic qui ont lancé une attaque bien

15 cordonnée, bien planifiée à la fois sur ces trois endroits Vrbanjci, Revici

16 [phon] et Kotor. Ils ont subi de terrible défaite avec de terribles pertes.

17 Alors, ceci affirme que vous avez effectué une attaque bien cordonnée, bien

18 planifiée. Qu'est-ce que vous dites en ce qui concerne ces affirmations ?

19 R. J'ai déjà répondu à ceci, et là encore je prends toute la

20 responsabilité de cela. Je dis qu'aucune contre-attaque ou qu'aucune

21 attaque planifiée n'a été lancée de notre côté parce que c'est comme ça qui

22 a été nos positions. Nous n'avions pas les moyens, nous n'avions pas ce

23 qu'il fallait pour cela. Nous voulions simplement protéger la population,

24 la défendre et voir ce qui allait se passer. Ceci n'est que de la

25 propagande.

Page 18244

1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Sadikovic, l'Accusation n'a

2 plus beaucoup de temps pour terminer son interrogatoire principal et ceci

3 aiderait beaucoup si vous pouviez limiter vos réponses, en quelque sorte,

4 être plus bref dans vos réponses.

5 Mme KORNER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président, ne

6 vous en fait pas. Je vais quand même terminer, mais votre intervention

7 m'aide.

8 Q. Alors, je vous remercie, Monsieur le Témoin, c'était ce que je voulais

9 vous demander moi aussi. Maintenant, voudriez-vous regarder le document P -

10 -

11 R. Bien, Monsieur le Président, Mesdames les Juges, je veux faire de mon

12 mieux pour limiter, raccourcir mes réponses. Je vous présente mes excuses.

13 Q. Le document P2188, s'il vous plaît.

14 Monsieur Sadikovic, ici il y a un rapport, un compte rendu concernant la

15 mort de lieutenant colonel Stevilovic, qui était le chef de la sécurité

16 pour le premier corps de la Krajina et qui apparemment était tué dans une

17 embuscade le 5 juillet. Est-ce que vous-même ou votre groupe avez-vous quoi

18 que ce soit avoir avec cet incident ?

19 R. Personnellement, je n'ai rien eu avoir avec cette action. Deux ou trois

20 jours plus tard, toutefois, j'ai entendu dire qu'il y avait eu lieu et

21 c'est Stipo Maric qui m'on a parlé. C'était un des commandants locaux qui

22 avait un groupe et qui se livrait en quelque sorte à des actions peu

23 contrôlées. Il allait et venait, je veux dire qu'il ne tenait pas en place.

24 Donc, je savais que cette action avait eu lieu, mais je ne savais pas par

25 qui à ce moment-là. Je ne l'ai appris que deux ou trois jours plus tard.

Page 18245

1 Q. Est-ce que vous avez donné des ordres pour qu'une telle embuscade ait

2 lieu ?

3 R. J'ai déjà répondu. Je n'étais même pas au courant. Alors, je ne l'ai

4 évidement pas ordonnée, j'en ai entendu parlé que deux ou trois jours plus

5 tard.

6 Q. Un instant, je vous prie.

7 Mme KORNER : [interprétation] Monsieur le Président, peut-être que nous

8 pourrions suspendre la séance maintenant parce que je voudrais maintenant

9 montrer à M. Sadikovic la vidéo de Kotor Varos. Nous sommes arrivés à ce

10 point.

11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien, alors suspension de séance

12 pendant 25 minutes à partir de maintenant. Je vous remercie.

13 --- L'audience est suspendue à 12 heures 29.

14 --- L'audience est reprise à 13 heures 01.

15 Mme KORNER : [interprétation]

16 Q. Avant de visionner cette cassette, je vais vous demander d'examiner

17 encore un document, très rapidement d'ailleurs. Il s'agit du document

18 P2217.

19 Il s'agit à nouveau d'un des ces bulletins de la présidence de guerre. Au

20 début, il y est écrit que les Serbes se sont armés de toute façon possible

21 et qu'ils ne disposaient pas d'aide de l'étranger, à la différence des deux

22 autres groupes ethniques qui se sont battus pour les expulser, les détruire

23 ou bien pour les assujettir. Monsieur Sadikovic, répondez-moi rapidement,

24 s'il vous plaît. Est-ce que les Bosniens de Kotor Varos avaient reçu de

25 l'aide de l'étranger pour s'armer ? Vous pouvez répondre par un oui ou par

Page 18246

1 un non.

2 R. Non, Madame Korner.

3 Q. Est-ce que vous ou les autres Bosniens, est-ce que vous avez

4 l'intention d'assujettir, expulser ou détruire les Serbes de Kotor Varos ?

5 R. Non, jamais.

6 Q. Très bien. A présent, je vais vous présenter une vidéo. Je vais vous

7 montrer cette vidéo.

8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pendant que cela se fait, Madame

9 Korner, dans une de ses déclarations, il parle d'une aide en argent, ou en

10 armes venant du parti du SDA. Peut-être que vous pourriez lui poser une

11 question directe à ce sujet.

12 Mme KORNER : [interprétation] Je pense que je lui ai déjà posé cette

13 question-là. Pourriez-vous me dire d'ailleurs, Monsieur le Président,

14 quelle est la page à laquelle vous faites référence ?

15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je ne sais pas exactement quelle est la

16 page. Je ne sais même pas de quelle déclaration il s'agit. Mais posez-lui

17 la question. Posez-lui la question tout simplement. Demandez-lui si son

18 groupe de résistants --

19 Mme KORNER : [interprétation]

20 Q. Monsieur, votre groupe a-t-il reçu, une aide financière ou en armes du

21 parti du SDS -- du parti du SDA ?

22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il s'agit de la dernière déclaration

23 écrite, la dernière déclaration qu'on a du témoin. Celle-là qui porte la

24 date du 10 mars 2001, la dernière page. Vous pouvez répondre, Monsieur le

25 Témoin ?

Page 18247

1 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, Mesdames les Juges, je

2 n'ai jamais appris cela. Je l'aurais su, c'est sûr, si nous avions reçu de

3 l'aide. Il s'agit de la propagande serbe, la propagande qui était

4 récurrente à l'époque. Malheureusement, nous n'en avons pas reçu. Dans le

5 cas contraire, la situation aurait été tout à fait autre.

6 Mme KORNER : [interprétation]

7 Q. Avant de visionner cette cassette vidéo, et nous disposons d'un

8 transcript -- une transcription de cette cassette parmi les documents

9 communiqués. Oui, donc il s'agit de la pièce P510 donc, la même cote que la

10 cote de la vidéo. A l'intercalaire 16 qui vient juste après le document

11 P2155.

12 Monsieur, je pense qu'il est exact, même si vous ne l'avez pas vu

13 personnellement cette cassette vidéo en 1994 à partir du moment où vous

14 avez quitté Kotor Varos, est-ce que vous avez vu un film ou un journal

15 télévisé de la télévision de Banja Luka ?

16 R. Oui. En sortant, en 1994, j'étais d'abord en Croatie, ensuite en

17 Slovénie, ensuite en Allemagne. Les autres concitoyens qui habitaient là-

18 bas, m'ont montré une cassette -- m'ont parlé d'une cassette et il avais

19 enregistré cette cassette, car ils étaient intéressés par la situation. Il

20 s'agissait d'une cassette enregistrée par une antenne satellite. Donc là,

21 il s'agissait d'une -- d'un journal télévisé de Banja Luka, portant sur les

22 événements à Kotor Varos. Donc, effectivement j'ai pu voir cet

23 enregistrement vidéo en 1994.

24 Q. Très bien. A présent, je vais vous demander de -- à nous montrer cet

25 enregistrement. Je vais arrêter l'enregistrement et vous poser des

Page 18248

1 questions à ce sujet.

2 [Diffusion de cassette vidéo]

3 Mme KORNER : [interprétation] Je n'entends pas de son.

4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Tel que je vois sur mon écran, et bien

5 cela a changé, mais ce que je voyais à l'époque, et bien, c'était l'autre

6 vidéo.

7 Mme KORNER : [interprétation] C'est la même, c'est la même vidéo. Il s'agit

8 d'un journal télévisé.

9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais, Madame la Greffière

10 --

11 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Oui parce que là, on passe par

12 l'ordinateur.

13 Mme KORNER : [interprétation] C'est pour cela. Mme Gustin nous a dit que

14 nous n'étions pas en mesure de contrôler le volume du son. Et en réalité,

15 nous ne recevons pas de son.

16 Pourriez-vous nous montrer à nouveau cet enregistrement, mais on ne reçoit

17 pas de son effectivement.

18 [Diffusion de cassette vidéo]

19 Mme KORNER : [interprétation] Nous avons effectivement besoin de montrer

20 cet enregistrement. Il s'agit d'une pièce à conviction, mais nous allons

21 continuer sans perdre de temps.

22 Q. Monsieur, ces premières scènes que vous avez vu, est-ce une scène

23 venant de cet enregistrement que vous avez vu en 1994 ? Ou bien avez-vous

24 besoin de voir encore quelques scènes pour en être sûr ?

25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Sadikovic ?

Page 18249

1 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, Mesdames les Juges, je

2 pense en effet, qu'il s'agit d'un même enregistrement, de la même cassette

3 vidéo. Vous n'avez pas besoin de m'en montrer davantage.

4 Mme KORNER : [interprétation]

5 Q. Mais je voulais tout de même vous montrer quelques scènes. Je voulais

6 vous demander si vous pouviez situer cela dans le temps. Pourriez-vous --

7 pourrait-on visionner cette cassette ? Même si on ne reçoit pas de son,

8 même si elle est muette.

9 [Diffusion de cassette vidéo]

10 Mme KORNER : [aucune interprétation]

11 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix] A quelques kilomètres seulement de Kotor

12 Varos, les extrémistes musulmans ont entendu une embuscade, et ils ont

13 ouvert le feu sur les policiers au cours de cette attaque, il y a eu

14 beaucoup de personnes qui se sont faits tuer, des soldats et des unités

15 spéciales. Slobodan Milocanic se trouve -- Zupljanin se trouvent

16 aujourd'hui à l'hôpital de Banja Luka. Nous l'avons visité.

17 Mme KORNER : [interprétation] Pouvez-vous vous arrêter un instant ?

18 Q. Monsieur le Témoin, connaissiez-vous le capitaine Slobodan Zupljanin ?

19 R. Oui, Monsieur le Président, Mesdames les Juges, je le connaissais

20 personnellement.

21 [Diffusion de cassette vidéo]

22 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

23 INTERVIEWÉ : A vrai dire nous nous attendions pas à cette embuscade car là

24 nous devions nous rendre bien c'est un endroit qui était plus propice à une

25 embuscade et dont nous avons été fait surpris, même si nous sommes au

Page 18250

1 courant de la situation qui prévaut sur le cadre [sic] des opérations à

2 l'ouest de Slavonie et même si l'on sait que les méthodes et bien on ne les

3 choisit pas, on sait que l'ennemi choisit de détruire, de liquider le

4 journaliste.

5 JOURNALISTE : Je vais répéter cela, ceci n'est pas important ni pour

6 l'Europe ni pour le monde, c'est important juste pour nous, pour nous de

7 savoir avec qui nous avons à faire, savoir qui est notre ennemi et quel est

8 la façon dont on conduit la guerre.

9 Mme KORNER : [interprétation] Pourriez-vous vous arrêter.

10 Q. Saviez-vous qui est M. Stevandic ? Est-ce que vous l'avez vu ?

11 R. [aucune interprétation]

12 Mme KORNER : [interprétation] Pouvez-vous continuer.

13 R. [aucune interprétation]

14 [Diffusion de cassette vidéo]

15 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

16 M. BRDJANIN : Dans le cas d'une victoire, nous en tant que peuple nous

17 disparaîtrons.

18 JOURNALISTE : Hier Gran Tunic, membre de détachement des milices, d'un

19 détachement spéciale s'était blessé. Il s'agit d'un détachement de Banja

20 Luka.

21 M. TUNIC : Nous n'allons plus négocier, il n'accepte que la discussion par

22 des armes.

23 JOURNALISTE BRANKO : Ils les font aux leurs, ce qu'ils sont prêts à faire

24 aux autres et bien ils le montrent tous les jours.

25 ANIMATEUR DE LA TÉLÉVISION DE BANJA LUKA : Il est temps de séparer les

Page 18251

1 extrémistes qui menacent vos vies en semant la terreur. Nous vous appelons

2 de chasser ces individus extrémistes qui sont venus dans vos villages. Et

3 car à cause d'eux vos villages pourraient se trouver incendiés. Nous

4 appelons le peuple musulman de ne pas croire aux histoires racontées par

5 les extrémistes croates, qui mettent -- poussent les musulmans devant eux.

6 Vous devez comprendre que la politique croate consiste à utiliser les

7 musulmans pour réaliser leur but. Les citoyens rentrés chez-vous, rendez

8 vos armes et laissez à côté de côté pour l'éternité ces extrémistes qui ne

9 vous veulent pas du bien ni à vous ni à vos enfants. Tous ceux qui vont

10 rendre les armes nous leur garantissons une sécurité absolue du point de

11 vue, en ce qui concerne leurs biens et leurs personnes. C'est dit dans

12 l'appel et même dans la cellule de Crise de Kotor Varos.

13 Mme KORNER : [interprétation] Pourriez-vous arrêter l'enregistrement à cet

14 endroit.

15 Q. En regardant cet extrait que l'on voit sur l'écran à présent, pourriez-

16 vous nous dire si vous pensez qu'il s'agit de serbes ou de musulmans ?

17 R. Je n'ai pas très bien compris la question.

18 Q. On voit sur l'écran, on arrête sur l'image avec deux personnes vêtues

19 d'uniformes. Le journaliste parle des extrémistes musulmans et croates.

20 Pouviez-vous nous dire ? Êtes-vous en mesure de nous dire s'il s'agit là

21 des soldats serbes, musulmans ou croates ?

22 R. J'affirme et j'engage ma responsabilité là-dessus qu'il s'agit ici des

23 soldats serbes car nous n'avions pas d'armes pareilles, ni nous ni les

24 croates.

25 Q. Et quelle est cette arme ?

Page 18252

1 R. D'après moi, il s'agit d'une roquette afin une arme d'artillerie peut-

2 être une lance-roquette. Il s'agit d'une arme d'artillerie.

3 [Diffusion de la cassette vidéo]

4 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

5 M. BRDJANIN : Muhamed Debic [phon] et Sadikovic ont organisé la résistance

6 parmi leurs rangs et il y a beaucoup de blessés et il n'y a plus beaucoup

7 de nourriture. À Vrbanjci, un chef-lieu des Oustacha jusque hier se trouve

8 à présent dans entre les mains de l'armée et la république Bosnie-

9 Herzégovine. À présent, je souhaite dire que nous avons rencontré une

10 coopération enviable parmi ces gens. Mais malheureusement dans les deux

11 villages où nous avons réussi à parvenir un accord, nous avons essuyé des

12 tirs sur des membres des unités de ministère des Affaires intérieures de

13 Republika Srpska Krajina.

14 JOURNALISTE : M. Brdjanin, pourriez-vous nous dire quelles sont les raisons

15 de votre arrivée et comment voyez-vous ces derniers incidents qui se sont

16 produits sur le territoire de la municipalité de Kotor Varos.

17 M. BRDJANIN : Je dois vous dire que moi en tant que président de la cellule

18 de Crise de la région autonome doit -- je dois visiter tous les théâtres

19 d'opération. Je dois dire que le plus souvent je me suis retrouvé dans ce

20 corridor vers la Serbie. Mais je suis venu tout simplement pour la simple

21 raison que chaque lundi je dois envoyer un rapport à tous les présidents

22 des cellules de Crise leur décrivant la situation sur le terrain. Nous nous

23 devons de nettoyer ce terrain et Kotor Varos et Jajce font partie de ces

24 territoires que nous devons nettoyer. La bataille la plus importante qui

25 est en train de se faire et j'y suis allé hier. Et bien c'est la bataille

Page 18253

1 pour percer dans la Serbie. Tout simplement nous voyons qu'il n'est plus

2 possible de négocier avec ceux qui nous font la guerre et car ils ont pris

3 les armes entre leurs mains. Et il faut les écraser, il faut qu'ils se

4 rendent, il faut qu'ils rendent ces armes. Et ici il faut que les Serbes

5 sortent avec un pouvoir absolu.

6 Mme KORNER : [interprétation]

7 Q. Monsieur Sadikovic, pouvez-vous nous dire -- pourriez-vous situer à peu

8 près dans le temps ce film ?

9 R. Je pense qu'il s'agit de la fin du mois de juin à peu près au début

10 juillet.

11 Q. Merci beaucoup. Nous n'avons plus besoin de ces extraits vidéo et je

12 souhaite au document P2001.

13 Il s'agit ici d'un document du corps du premier corps de la Krajina et daté

14 du 17 août, paragraphe 3. Il est indiqué qu'à la suite d'un sabotage sur

15 une camionnette dans la région de Kotor Varos au cours duquel 32, 13

16 soldats ont été tués. L'infanterie légère, la Brigade de l'infanterie

17 légère de Celinac a décidé de se venger auprès de la population musulmane.

18 Ne vous préoccupez pas des évènements de Celinac, mais de quoi s'agit-il

19 cet acte de sabotage contre une camionnette. Savez-vous de quoi il s'agit ?

20 R. Monsieur le Président, Mesdames les Juges, je pense qu'il s'agit ici

21 d'attaque menée par des groupes locaux et qui menaient des opérations de

22 reconnaissance et des opérations de ce type. Ils savaient que cette - qu'il

23 y avait des soldats à l'intérieur de cette camionnette et non pas des

24 civils. C'est ce que j'ai appris par la suite. Dans la région de Vrbanjci.

25 C'est comme ça que cette action a été menée. Je pense que cela fait

Page 18254

1 référence à cela.

2 Q. Vous avez vu la carte, pouviez-vous contrôler les événements qui ont eu

3 lieu à Vecici ou dans d'autres régions musulmanes, près de Kotor Varos,

4 autrement dit, l'autre côté de la ville par rapport à votre position ?

5 R. Monsieur le Président, Mesdames les Juges, comme je vous l'ai dit

6 précédemment, je n'avais pas de contrôle à propos -- à parler au plan

7 physique, car je m'en trouvais éloigné. Il s'agit ici de trois régions bien

8 distinctes et je ne pouvais pas simplement physiquement être à trois

9 endroits en même temps. Par conséquent, au début, c'était les commandants

10 locaux qui menaient ces types d'opérations. Et pendant toute cette période,

11 je me suis opposé à ces opérations, car des représailles -- car des

12 représailles étaient lancées très rapidement très peu de temps après. C'est

13 la raison pour laquelle je m'opposais à ce type d'action. Et les mesures de

14 représailles étaient à l'encontre des soldats.

15 Q. Très bien. Alors, pièce 2239, s'il vous plaît. Il s'agit d'un rapport

16 portant la même date. Il s'agit d'un autre rapport du premier corps de la

17 Krajina daté du 17 août envoyé à l'état majeur principal. Veuillez vous

18 tourner au paragraphe quatre. Il s'agit d'une situation qui décrit la

19 situation sur le territoire, la région de Kotor Varos. Paragraphe quatre où

20 les extrémistes croates et musulmans mènent des opérations régulières,

21 envoient des hommes dans les villages de Siprage, et infligeant des pertes

22 lourdes de différentes unités qui sont embusquées dans de telles

23 opérations. A la ligne suivante, deux autres villages, de l'autre côté de

24 la carte par rapport à Kotor Varos, par rapport à l'endroit où vous vous

25 trouviez vous-même.

Page 18255

1 R. Oui. Siprage, c'est un village, en fait c'est une commune locale y

2 compris d'autres villages. Cela correspond à peu près à 18 ou 20 kilomètres

3 de l'endroit où je me trouvais moi-même. Et c'est plus près de Travnik. Ce

4 territoire-là et donc qui a -- qui est jouxte à la municipalité de Travnik.

5 Par conséquent, je n'étais pas en contact avec cette partie de la

6 municipalité de Kotor Varos.

7 Q. Ensuite, il est indiqué dans un rapport que, parmi les rapports --

8 parmi les troupes, il y a un désir de vengeance qui se propage -- désirs de

9 vengeance contre les Musulmans, contre la population musulmane et croate en

10 particulier, ceux qui ont enterré des membres de leur famille. Très bien.

11 Alors, nous pouvons mettre ce document de côté. Et nous pouvons poursuivre.

12 Et je souhaite maintenant présenter la pièce P 2248. Il

13 s'agit d'un document qui représente le 71e séance de la présidence de

14 guerre. Il y a ce -- il y a en fait deux documents ici. Je crois que c'est

15 un document en B/C/S document anglais.

16 Pourriez-vous regarder, le document qui fait référence à la 70e -- 71e

17 réunion ou séance. Au point deux, il est indiqué que des contacts avaient

18 été faits avec -- établis avec des représentants de village de Hadrovci à

19 Vagani où le commandant souhaite remettre des armes en échange d'une

20 garantie pour leur sécurité. Ceci est daté du 3 septembre. Vous souvenez-

21 vous avoir eu connaissance de négociations de ce type ?

22 R. Je me souviens, mais je l'ai découvert par la suite d'un commandant sur

23 place. Encore une fois, ceci est la preuve que je n'avais aucun contrôle

24 sur l'ensemble du territoire. Et vous savez, certains villages se

25 retrouvaient. Il y avait des indicateurs serbes, mais sans que j'en sois

Page 18256

1 tenu au courant, des gens se regroupaient en groupe de deux, trois ou

2 quatre personnes de différents villages. Et n'en informaient pas leur

3 commandants locaux et ils allaient négocier avec les Serbes. Soit parce

4 qu'ils craignaient pour leur vie, ils craignaient qu'ils -- d'avoir fait

5 une erreur. Mais, pour être très franc, je ne savais pas. Les gens jouaient

6 à ces jeux un peu particuliers et cela aurait pu mener à des situations

7 très difficiles. Ainsi, lorsque le commandant de la région m'en a tenu

8 informé, j'ai essayé de calmer la situation. J'ai essayé de comprendre ces

9 gens-là et je voulais éviter que le conflit n'éclate entre ces gens-là et

10 ces villageois.

11 Q. Très bien.

12 Mme KORNER: [interprétation] Je ne vais pas montrer le document au

13 témoin. Le 2249 indique que ces négociations n'ont pas abouti. Cette

14 réunion du 6 septembre. Et l'armée devra -- l'armée devrait être utilisée

15 comme prévu.

16 Q. Très bien. Donc, dans un rapport encore une fois que je vais vous

17 montrer. P2250, c'est homme Milos, daté du 7 septembre, qui déclare que les

18 formations ennemies à Kotor Varos -- dans la région de Kotor Varos sont

19 constituées de 3 000 membres, de gens positionnés qui ont pris position

20 principalement dans les collines. Je sais -- puis-je vous poser cette

21 question ? Je sais que vous avez -- vous nous aviez dit combien d'hommes

22 vous aviez. Le nombre de vos hommes plus les Croates, cela aurait

23 représenté environ 3 000 hommes, donc, des résistants ?

24 R. Ceci est bien éloigné de la situation sur le terrain. Je ne pense pas

25 qu'il y avait même 1000 hommes, y compris les Musulmans, les Croates et

Page 18257

1 cetera. Et je dirais que nous avons du mal à arriver à ce chiffre de 1000.

2 Et 3 000 me semble vraiment impossible.

3 Q. J'aimerais que vous retourniez à la pièce 2240 -- 56, s'il vous plaît.

4 Et pièce P2257 également, s'il vous plaît. Il s'agit ici d'une réunion de

5 la présidence de guerre datée du 17 septembre, a laquelle a participé

6 Slobodan Zupljanin, capitaine de première classe. Il s'agit ici de tenir

7 informé la présidence de guerre sur la situation, qu'une opération

8 significative, mais une attaque sur Vrbanjci a eu lieu le matin. Le village

9 a été attaqué et incendié. Et les personnes qui s'y trouvaient, ont été

10 tuées pour la plupart certainement. Saviez-vous que cette attaque avait eu

11 lieu ?

12 R. Cette attaque n'a jamais eu lieu. Et les Serbes tenaient Vrbanjci tout

13 le temps. Il n'y a jamais eu d'attaque contre Vrbanjci. Ce village était

14 déjà aux mains des Serbes depuis le début et tout le temps. Je ne suis

15 absolument pas au courant d'une telle attaque.

16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous parlons de 17 septembre, ou vers

17 sa date. Vous confirmez que du côté de 17 septembre, le village était aux

18 mains des Serbes ?

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, tout le temps. Pendant toute cette

20 période.

21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. C'est à vous, Madame Korner.

22 Mme KORNER : [interprétation] Merci.

23 Q. Monsieur le Témoin, je voudrais vous demander. Je veux vous poser des

24 questions en ce qui concerne les événements qui sont rapportés dans le

25 document P2257, c'est le jour suivant. Slobodan Zupljanin est en train de

Page 18258

1 faire rapport à la présidence de guerre concernant une attaque contre le

2 village de Serdari. Monsieur le Président, ce village ne se trouve sur

3 aucune des cartes que nous avons vues jusqu'à maintenant, alors je vais

4 simplement demander que l'on puisse fournir une carte qui a été préparé

5 juste pour montrer à quel endroit se trouve ce village. En voici une pour

6 les juges, ceci porterait la cote P2328.

7 Donc, Monsieur Sadikovic, je crois qu'il s'agit là, d'une attaque, n'est-ce

8 pas qui a eu lieu, une attaque par des Musulmans, n'est-ce pas ?

9 R. Oui, Monsieur le Président, Mesdames les Juges. J'ai appris par la

10 suite, plus tard, qu'il y avait eu une attaque contre Serdari. Mais cette

11 attaque a été menée, là encore par un groupe local, avec des hommes qui

12 étaient venus de loin, de Travnik, un groupe conjoint, un groupe mélangé de

13 personnes qui venaient de Travnik, des Bosniens et des Croates. Et

14 apparemment, il y avait un dépôt ou un entrepôt qui se trouvait là, et

15 c'est pour ça qu'ils ont lancé leur attaque contre Serdari. Mais, il n'y

16 avait pas de mortiers, parce que cet entrepôt, n'existait pas, n'était pas

17 là.

18 J'ai appris ça plus tard, j'ai appris que ça se trouvait plus près de

19 Bilica et Tesici et Bastine. Et oui, j'ai bien entendu parlé de cette

20 attaque, il a bien eu lieu.

21 Q. Bien. Maintenant, je voudrais que l'on regarde s'il vous plaît la pièce

22 2264. Voici, donc un autre document qui est un document militaire, qui

23 émane d'archive militaire. Il s'agit du commandement de la première brigade

24 d'infanterie léger à Kotor Varos et si vous voulez bien regarder s'il vous

25 plaît le paragraphe quatre, le commandant M. Novakovic dit qu'il va

Page 18259

1 effectuer des préparatifs et monter une attaque. Et nous voyons qu'ils sont

2 les lieux sur lesquels -- contre lesquels, il va monter cette attaque.

3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il n'est pas utile de mettre ce

4 document sur le rétroprojecteur et lorsque vous vous référez au paragraphe

5 quatre, nous ne pouvons pas le voir.

6 Mme KORNER : [interprétation]

7 Q. Les objectifs en utilisant -- en recourant à des actions inattendues et

8 rapides, en utilisant tous les moyens de combats et des moyens techniques

9 pour écraser les forces ennemis à Kotor, Ravne et aux autres endroits. Et

10 ensuite des nouvelles actions pour empêcher des groupes ennemis de lancer

11 des actions contre l'armée, la population et les installations. Et ce

12 document est daté de 27 septembre. Alors est-ce que cette opération a

13 commencé ?

14 R. Oui. Cette opération a eu lieu. C'était une opération très difficile et

15 très vaste avec un appui intensif de l'artillerie, je crois que cela a pris

16 plusieurs jours -- non ça a duré plusieurs jours, je ne peux pas vous dire

17 si c'était 4, 5 ou 6 jours. Mais ça a pris un nombre important de jours et

18 les villages de Hadrovci et de Doljani étaient rasés par l'artillerie et

19 l'ensemble de la population est allé se réfugier dans la forêt voisine

20 entre Jakotina et Hadrovci de sorte que l'ensemble du village et la mosquée

21 et toutes les autres maisons ont été détruites. Mais heureusement pour

22 nous, l'infanterie serbe n'y est pas entrée et nous avons repoussé

23 l'attaque.

24 Q. Bien, je voudrais qu'on passe maintenant au moment où vous avez quitté

25 le secteur. Je crois que nous pouvons reprendre cela à partir d'un compte

Page 18260

1 rendu daté de 1er octobre qui porte la cote P2271. On peut voir là, au

2 troisième paragraphe du point 2, que Nedjeljko Djekanovic a déclaré que des

3 représentants étaient venus de Sibovo où plus de 650 personnes d'autres

4 villages y compris des extrémistes se trouvaient.

5 Or, établissant des listes des habitants des maisons et les coordonnées des

6 autres en particuliers les hommes. Il faudra vérifier tout cela. Nous

7 allons suggérer que tout ceci se fasse par voie d'accord, en ayant la

8 participation des représentants du corps et que les personnes soient

9 transportées, qu'une position soit prise sur toutes les autres questions.

10 Alors au début d'octobre --

11 Mme KORNER : [interprétation] Monsieur le Président, à moins qu'il y ait

12 une objection. Je voudrais continuer à poser des questions à ce sujet.

13 Parce qu'il me reste encore un petit peut de temps.

14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Posez vos questions. Et nous verrons,

15 s'il y a une objection.

16 Mme KORNER : [interprétation] Bien.

17 Q. Est-ce que vous avez participé au début de mois d'octobre à une réunion

18 à [imperceptible] situé à quatre ou cinq kilomètres à l'extérieur de Kotor

19 Varos -- de la ville de Kotor Varos ?

20 R. Oui, Monsieur le Président, j'ai assisté à cette réunion.

21 Q. Est-ce que c'était sur la recommandation du Bishop Komarica qui était

22 en l'occurrence en train d'agir comme intermédiaire entre la partie serbe

23 et à la fois les Croates et la résistance croates et la résistance

24 musulmane ?

25 R. Oui. Je voudrais saisir cette occasion pour remercier vraiment ce grand

Page 18261

1 homme. C'était vraiment une -- un personnage religieux qui a joué un rôle

2 très important là, et je ne serais jamais allé à ces négociations parce que

3 j'avais vraiment peur. Mais, j'ai pu parler à ce religieux et il m'a donné

4 des garanties. J'ai dit que je ne pouvais parler avec lui et je voudrais

5 vraiment saisir l'occasion de le dire parce que ça a été décisif pour le

6 fait que j'examine la possibilité de négocier avec l'autre partie.

7 Q. Bien. Alors, est-ce qu'à cette réunion assistaient M. Djekanovic,

8 Slobodan Zupljanin, Vojo Kupresanin, et quelques autres personnes

9 représentant les militaires et aussi représentant M. Bandalo du côté serbe

10 -- du côté croate ?

11 R. Oui. Je vais vous dire exactement la composition. En plus des noms que

12 vous avez mentionnés, il y avait le capitaine Balaban et il y avait Peulic,

13 membre de la sécurité d'état du Stru [phon], Mandela Simovic [phon] et

14 Mehmet Smajlovic, et je crois Krevola [phon] qui se trouvait là également.

15 Nous étions quatre.

16 Q. Je vais essayer de finir ce point aussi rapidement que possible.

17 Monsieur Sadikovic, à cause du temps qu'il nous reste, je pense que d'après

18 vos souvenirs, M. Kupresanin a été le principal orateur du côté serbe et,

19 pour vous il semblait être le responsable. C'est bien ça ?

20 R. Oui, c'est comme ça.

21 Q. Et en fait, est-ce que vous avez soulevé la question des garanties pour

22 le cas où vous partiriez tous pour Travnik -- vous rendre à Travnik ?

23 R. Oui. L'autre partie était suffisamment souple, ce qui m'a surpris,

24 parce qu'ils ont accepté les conditions -- nous parlions des conditions

25 auxquelles nous serions d'accord pour quitter notre municipalité -- nous

Page 18262

1 accepterions.

2 Q. Bien. Je pense qu'ensuite, il y a eu plus tard, une autre réunion avec

3 le Colonel Peulic, à laquelle vous avez participé avec le prêtre

4 catholique, et vous lui avez donné une liste d'environ 2 000 hommes, femmes

5 et enfants qui formeraient le convoi.

6 R. Une petite correction. Lors de cette réunion, nous nous sommes mis

7 d'accord sur le fait, qu'il fallait établir une liste avec les noms de tous

8 ceux qui prendraient ce convoi. Ceci était environ 1 000 ou 1 500

9 personnes, pas 2 000. Et je ne les ai pas portés à ce moment-là. Nous avons

10 simplement convenu, à cette réunion, que nous établirions cette liste de

11 toutes les personnes qui partiraient. Cette liste contenait environ 1 500

12 noms. C'étaient des habitants de Kotor Varos.

13 Q. Bien. Alors, est-ce que vous êtes aussi allé à Vecici, accompagné par

14 le religieux catholique ?

15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Et avec Peulic ?

16 Mme KORNER : [interprétation] Non, je ne pense pas. Si vous regardez la

17 déclaration, Monsieur le Président.

18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vois que c'est après la réunion avec

19 Peulic.

20 Mme KORNER : [interprétation] Oui.

21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien.

22 Mme KORNER : [interprétation]

23 Q. Est-ce que vous êtes allé à Vecici ?

24 R. Oui, Monsieur le Président, Mesdames les Juges. Du fait que le

25 commandement local de Vecici n'a pas accepté nos conditions et qu'il y a eu

Page 18263

1 la décision de l'état majeur d'aller en ce sens -- de se rendre dans cette

2 direction, j'ai pensé que si j'allais à Vecici et si je faisais usage de

3 mon autorité, si j'étais capable de l'emporter par rapport à ces personnes

4 et si je risquais ma propre vie, la vie de mon frère et celle de mes

5 parents, du monde, je voulais en quelque sorte gagner parce que sachant que

6 si on risque -- qu'à moins qu'on risque quelque chose, on ne peut rien

7 gagner. Pour réussir, il faut prendre des risques. Toutefois, entre -- dans

8 l'intervalle, sur la route à Vecici, un groupe de personnes étaient déjà en

9 route et je ne veux pas entrer dans les détails.

10 Mme KORNER : [interprétation] Bien.

11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous pouvez poursuivre,

12 Madame Korner, afin de conclure ?

13 Mme KORNER : [interprétation] Je sais qu'il y a une question que Me

14 Ackerman veut évoquer maintenant, et j'aurais voulu simplement évoquer un

15 document de plus, par rapport à demain.

16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ackerman, est-ce que vous pensez

17 que vous avez besoin de l'ensemble de l'audience demain ?

18 M. ACKERMAN : [interprétation] Je pense que oui. Je ne sais pas. Peut-être

19 pas, Monsieur le Président. Peut-être pas.

20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Est-ce que vous seriez prêt à

21 concéder les 15 premières minutes de l'audience à Mme Korner ?

22 Mme KORNER : [interprétation] Dix minutes seraient suffisant.

23 M. ACKERMAN : [interprétation] Dix minutes ne seront pas un problème.

24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Donc, nous pouvons nous arrêter là.

25 Demandez au témoin de quitter le prétoire et de regagner son hôtel et nous

Page 18264

1 allons voir ce que Me Ackerman a à nous dire. Est-ce que j'ai votre

2 indulgence de la part des interprètes et des techniciens pour rester deux

3 ou trois minutes de plus ? Pourriez-vous être rapide, Maître Ackerman ?

4 M. ACKERMAN : [interprétation] Très rapide, Monsieur le Président.

5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Le témoin, peut être escorté hors du

6 prétoire. Je vous remercie. Nous vous reverrons demain matin. Nous espérons

7 conclure votre déposition demain.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Mesdames les

9 Juges.

10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Voulez-vous attendre qu'il soit sorti,

11 s'il vous plaît, Me Ackerman, ou voulez-vous commencer maintenant ?

12 M. ACKERMAN : [interprétation] Je voudrais commencer dès maintenant,

13 Monsieur le Président. C'est une question extrêmement simple.

14 [Le témoin se retire]

15 M. ACKERMAN : [interprétation] Par rapport, à ce que vous aviez à m'offrir

16 au cours de la semaine, je crois lundi, et ce qui est en train de se passer

17 pour le reste de cette affaire, et compte tenu du fait que je suis

18 particulièrement épuisé aujourd'hui. Je ne sais pas si vous l'avez

19 remarqué, j'ai eu du mal à rester éveillé à l'audience aujourd'hui. Et

20 j'aurais souhaité reporter mon contre-interrogatoire des deux principaux

21 experts de l'Accusation, M. Brown et M. Treanor, jusqu'à ce que la Défense

22 présente ses moyens de charge. Si nous pouvions faire cela, à ce moment-là

23 je pense que nous réussirions et je pense que ce serait acceptable

24 également pour Mme Korner. C'est la suggestion, à la requête que je veux

25 présenter.

Page 18265

1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je ne sais pas si je vais trop loin

2 pour le moment, mais pour le moment, est-ce que vous envisagez vous aussi

3 de fournir ou de faire venir vos propres experts dans les deux domaines

4 auxquels ces experts déposeront ? Vous voulez cela plus tard, comme en les

5 citant comme témoins de la Défense ?

6 M. ACKERMAN : [interprétation] Ça dépendra beaucoup du contre-

7 interrogatoire et de la façon dont il évolue, Monsieur le Président.

8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je sais que par exemple dans l'affaire

9 Stakic, un expert a été cité par la Défense pour équilibrer ce que M. Brown

10 avait déclaré.

11 M. ACKERMAN : [interprétation] Je suis pleinement conscient de cela, et je

12 suis même conscient du fait -- je sais ce qui s'est passé pour cet expert

13 en particulier. Et je pense que c'est seulement à ce moment-là que je

14 saurais, lorsque j'aurais terminé le contre-interrogatoire.

15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Qu'est-ce que suggère Me Ackerman, est-

16 ce que c'est acceptable pour vous, Madame Korner ?

17 Mme KORNER : [interprétation] Oui et non. Pour commencer, au début, oui

18 sous réserve de ceci. La question que j'ai soulevée hier et qui est de dire

19 que nous allons nous fonder beaucoup, vraiment beaucoup sur le témoignage

20 d'expert de M. Brown et sur le témoignage d'expert de M. Treanor, bien que

21 d'une certaine manière, M. Treanor ne fait que réunir les documents, mais

22 M. Brown va en fait nous donner son analyse.

23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que le témoignage de ces

24 experts, pour les deux, c'est que, bon j'ai regardé toute la documentation

25 qui nous a été fournie et je pense que les deux experts sont très, très

Page 18266

1 importants, l'un plus encore que l'autre.

2 Mme KORNER : [interprétation] Oui.

3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Peut-être que Treanor dans une moindre

4 mesure que M. Brown. Et puis, il y a des parties du rapport de M. Treanor

5 qui sont extrêmement importants et d'autres qui ne sont pas si importants.

6 Mme KORNER : [interprétation] La difficulté, Monsieur le Président, découle

7 je pense que vous l'aviez vu hier, c'est la façon dont vous avez

8 l'intention de traiter les éléments de preuve qui n'ont pas fait l'objet

9 d'un contre-interrogatoire aux fins des moyens présentés au titre de

10 l'article 98 du Règlement. Je pense que -- la seule façon faire cela, c'est

11 si la Défense pouvait accepter que ces éléments de preuve existent et

12 qu'ils ne peuvent plaider contre cela. Mais, c'est ça la difficulté en

13 particulier, en ce qui concerne les calendriers, nous sommes prêts à

14 soulever cette question -- la question notamment de mise en œuvre des

15 décisions de cellule de Crise régionale.

16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Ackerman.

17 M. ACKERMAN : [interprétation] Tout ce que j'entends, je crois, est

18 parfaitement censé.

19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense aussi.

20 M. ACKERMAN : [interprétation] Je voudrais en quelque sorte demander qu'on

21 fasse les choses de manière suivante. Nous allons voir ce que nous pouvons

22 faire et si nous ne réussissons pas à ce moment-là, on pourra trouver un

23 moyen d'y remédier.

24 Mme KORNER : [interprétation] C'est la seule raison pour laquelle je pose

25 la question.

Page 18267

1 M. ACKERMAN : [interprétation] Demain vaudrait mieux, je ne sais pas.

2 Mme KORNER : [interprétation] La seule raison pour laquelle j'ai demandé à

3 Me Ackerman de soulever cette question, c'est que j'ai dit à Me Ackerman

4 aujourd'hui que de façon à adapter les choses pour d'autres témoins, nous

5 allions réduire la déposition de M. Treanor à deux jours et attendre de

6 voir combien de temps il souhaite pour un contre-interrogatoire.

7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'allais suggérer qu'en tout état de

8 cause, on ramène cela à deux jours.

9 Mme KORNER : [Aucune interprétation]

10 M. LE JUGE AGIUS : [Aucune interprétation]

11 Mme KORNER : [Aucune interprétation]

12 M. LE JUGE AGIUS : [Aucune interprétation]

13 Mme KORNER : [Aucune interprétation]

14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Moi là, je pense à voix haute mais je

15 ne vois où est le mal si par exemple le contre-interrogatoire de M. Brown

16 se fasse avant que Me Ackerman ne présente son propre expert. S'il veut en

17 présenter un. C'est la première chose.

18 Ensuite, en ce qui concerne M. Treanor, je ne sais pas si Me Ackerman à

19 l'intention de présenter un expert à ce sujet.

20 Mme KORNER : [interprétation] Ce qui est important, c'est ce qui suit, nous

21 ne pouvons pas attendre, voyez ce que je voulais dire. Nous pouvons mais,

22 nous ne pouvons pas attendre que Me Ackerman contre interroge M. Brown. Et

23 ensuite qu'ils nous disent, et bien peut-être que maintenant, je vais avoir

24 un rapport d'expert, et puis finalement, il n'y a pas de rapport d'expert.

25 Car moi, je ne peux pas me consulter avec M. Brown et c'est là difficulté.

Page 18268

1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ecoutez, je dois consulter mes

2 collègues à ce sujet et nous allons revenir vers vous, vous me prenez un

3 peu à dépourvu, voyez-vous ?

4 Mme KORNER : [interprétation] C'est très important, je suis désolée

5 vraiment mais c'est vraiment important pour que nous puissions nous

6 organiser.

7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais je suis 100% d'accord avec vous

8 Madame Korner, mais peut-être que pour l'instant devrions-nous nous

9 concentrer à vos interrogatoire principaux et attendre d'organiser tout et

10 de terminer les autres témoins puis il faut voir aussi ce qu'en pense Me

11 Ackerman. Voyez là vous m'avez vraiment pris au dépourvu. Laissez-moi

12 réfléchir à ce sujet un peu.

13 M. ACKERMAN : [interprétation] Est-ce que je peux répondre rapidement ?

14 C'est que je pensais, Monsieur le Président, et je pense que c'est tout à

15 fait logique. Et bien, si ceci est remis à plus tard, et bien le deux

16 témoins introduits initialement pour la Défense, ces deux témoins-là, vont

17 être remis à plus tard. Et moi, je peux terminer les contre-interrogatoires

18 avant de commencer la présentation des moyens de preuve de la Défense de

19 sorte qu'ils témoignent avant que moi, que je n'aie la possibilité

20 d'appeler un témoin expert.

21 Mme KORNER : [interprétation] Oui, c'est vrai. Mais je vous dis que le seul

22 problème vient -- réside de la façon dont nous allons aborder ces

23 dépositions et ceci en vertu de l'article 98 et en vertu de ce que vient de

24 dire Me Ackerman.

25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ecoutez ceci figure dans le comte rendu

Page 18269

1 d'audience, dans les actes, nous devons évidemment prendre en compte cela,

2 cela ne sert à rien de discuter de cela pour l'instant. Nous n'allons pas,

3 nous allons les prendre en compte qu'en nous allons réfléchir à l'article

4 98bis.

5 Mme KORNER : [interprétation] Très bien. Mais il faut y pense, c'est tout.

6 Car il ne s'agit d'un contre-interrogatoire, enfin il n'a pas subi de

7 contre-interrogatoire. Et peut-être que vous et Me Ackerman, vous pouvez me

8 donner une confirmation demain pour que je sache s'ils vont être contre-

9 interroger ou non. Car moi, je dois commencer à organiser mes témoins, la

10 difficulté résidant les faits qu'il y a un certain nombre de témoins dont

11 nous n'avons pas encore communiqué le nom mais, nous sommes toujours dans

12 le cadre de cette règle concernant la communication en l'espace de 30

13 jours. Donc je vais parler de cela au moment où nous devons communiquer le

14 nom de ces témoins.

15 Ensuite ces témoins étaient protégés ou non. Cet homme qui doit revenir

16 avec son journal, je dois savoir si la Défense a une idée de la date de la

17 traduction.

18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] De son livre.

19 Mme KORNER : [interprétation] De ses mémoires.

20 M. ACKERMAN : [interprétation] Comme vous le savez, nous ne sommes pas très

21 rapide dans ces services. Nous avons demandé à ce que ceci soit traduit

22 avant le 15 juillet, mais pour l'instant je n'ai pas reçu de plaintes de

23 leur part. Donc je me dis que les délais vont être respectés.

24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Donc à nouveau, Madame la

25 Greffière, je vais vous demander de communiquer ce que je viens de dire, ce

Page 18270

1 que je veux vous dire à présent est de le communiquer au Président.

2 Je veux montrer au public, je voudrais en public remercier mes deux

3 collègues et les interprètes, la cabine technique et tout le personnel de

4 ce Tribunal qui nous aide à chaque fois que nous avons besoin de dépasser

5 le temps qu'il nous est alloué pour l'audience. Il est fait gentiment et

6 avec beaucoup de bonne volonté. Et je souhaite que le Président du Tribunal

7 Pénal International le sache. Merci.

8 --- L'audience est levée à 13 heures 56 et reprendra le jeudi 26 juin 2003,

9 à 9 heures 00

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

21

22

23

24

25