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1 Le mercredi 10 décembre 2003
2 [Audience publique]
3 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.
5 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame la Greffière, pourriez-vous nous
7 donner le numéro et l'intitulé de l'affaire, s'il vous plait.
8 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de l'affaire IT-99-36-T, le
9 Procureur contre Radoslav Brdjanin.
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En ce qui concerne la déclaration du
11 témoin, ce témoin connaissait-il Radoslav Brdjanin ou non ?
12 M. CUNNINGHAM : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Brdjanin, bonjour.
14 L'ACCUSÉ : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pouvez-vous entendre les débats dans
16 une langue que vous comprenez, Monsieur Brdjanin ?
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Madame Korner, voulez-vous
19 présenter les membres du bureau du Procureur ici présents, s'il vous plaît.
20 M. NICHOLLS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Joanna
21 Korner, Denise Gustin et M. Nicholls.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour à tous.
23 La Défense, s'il vous plaît.
24 M. ACKERMAN : [interprétation] Bonjour. Je suis John Ackerman. Je suis
25 accompagné de David Cunningham, Aleksandar Vujic et Kelli Serratt.
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour à tous et bienvenue,
2 Mademoiselle Serratt.
3 Bien. Nous avons un nouveau témoin devant nous. Il n'y a pas de mesures de
4 protection qui ont été sollicitées, je crois. En tout cas, elles n'ont pas
5 été portées à ma connaissance.
6 Bonjour, Monsieur, et bienvenue à ce Tribunal, bienvenue à La Haye
7 également, en cette journée de chaleur tropicale. Vous allez présenter
8 votre témoignage devant ce Tribunal, mais avant de le faire, nous allons
9 vous inviter à prononcer la déclaration solennelle. Une déclaration
10 solennelle selon laquelle au cours de votre témoignage, vous allez dire la
11 vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Le texte va vous être remis
12 sur le document que vient de vous remettre le Greffier. Merci de lire cette
13 déclaration à haute voix.
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
15 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous invite à vous asseoir.
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Golic, vous allez d'abord
19 devoir répondre à un certain nombre de questions qui seront posées par M.
20 Ackerman, qui est le conseil principal de M. Brdjanin, l'accusé dans cette
21 affaire, comme vous le savez. Vous devrez répondre ensuite aux questions
22 qui vous seront posées par l'Accusation, M. Nicholls.
23 Vous êtes un témoin de la Défense. Ce qui ne signifie pas pour autant que
24 vous êtes ici pour témoigner en faveur de l'accusé et contre l'Accusation.
25 Vous êtes ici pour dire la vérité. En d'autres termes, vous n'avez pas le
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1 droit de faire de distinction des questions qui sont posées par la Défense
2 et celles émanant de l'Accusation. Vous avez pour obligation de répondre à
3 toutes les questions conformément au principe de vérité.
4 Monsieur Ackerman, la parole est à vous.
5 M. ACKERMAN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
6 LE TÉMOIN : NAUM GOLIC
7 [Le témoin répond par l'interprète]
8 Interrogatoire principal par M. Ackerman :
9 Q. [interprétation] Bonjour, vous vous appelez Naum Golic, n'est-ce pas ?
10 R. Oui.
11 Q. Pourriez-vous dire aux membres de la Chambre, où vous vivez ?
12 R. A Banja Luka, dans la rue Koste Jacica, numéro 2.
13 Q. Quelle est votre date de naissance ?
14 R. Le 30 juin 1971.
15 Q. Etes-vous marié ?
16 R. Oui.
17 Q. Avec qui ?
18 R. Suzana.
19 Q. Votre épouse est-elle Serbe ?
20 R. Non.
21 Q. Quel est son appartenance ethnique ? A quel groupe ethnique,
22 appartient-elle ?
23 R. Non. C'est-à-dire, non. Elle est Croate.
24 Q. Avez-vous des enfants ?
25 R. Oui, un.
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1 Q. Avez-vous un emploi ? Et si oui, quel est-il ?
2 R. Oui. Je travaille pour une compagnie d'assurance, et j'ai un petit
3 magasin également.
4 Q. J'aimerais revenir maintenant au début des années 1990 voir même avant.
5 Avez-vous jamais été membre de l'armée ?
6 R. Oui.
7 Q. Pourriez-vous dire aux membres de la Chambre à quel moment vous avez
8 servi dans l'armée et quel poste vous y occupiez ?
9 R. J'y ai été en 1989 à Zagreb, Banja Luka, puis à Zagreb, et ensuite à
10 Varazdin pour finir.
11 Q. Etes-vous membre du SDS ou l'avez-vous jamais été ?
12 R. Non. Je n'ai jamais été membre du SDS.
13 Q. Revenons donc à 1991, vous trouviez-vous à Banja Luka pendant toute
14 cette période, toute l'année 1991, ou pas ?
15 R. Oui.
16 Q. Et quelles étaient les conditions qui régnaient à Banja Luka pendant
17 cette année 1991 ?
18 R. Il y avait une certaine tension entre les différentes factions, en
19 quelque sorte. Les gens ne savaient très bien ce qui allait se passer
20 puisque la guerre avait déjà commencé en Croatie et en Slovénie. Il y avait
21 des tensions, un sentiment de tension entre les gens. Ces tensions étaient
22 fortes, et la qualité de la vie était réduite. Il y avait beaucoup de
23 tensions, notamment, parmi les gens qui n'avaient pas de travail.
24 Q. Nous y reviendrons dans un instant. Mais j'aimerais savoir, tout
25 d'abord, si vous avez été mobilisé au cours de cette période ?
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1 R. En 1991, en septembre.
2 Q. Et à quel endroit avez-vous été envoyé ?
3 R. J'ai été transféré de la caserne de Kozara vers la caserne de Gradiska,
4 laquelle est aujourd'hui la Croatie.
5 Q. Et à quel type d'unité avez-vous été rattaché ?
6 R. A la JNA. A l'époque, il s'agissait de l'armée et de tout le monde.
7 Q. Mais apparteniez-vous à une unité ou une compagnie particulière ou
8 s'agissait-il simplement d'une unité d'infanterie ?
9 R. Il s'agissait d'une unité de transmissions au sein du 1er Corps de
10 Krajina.
11 Q. Y avait-il des non-Serbes à vos côtés dans cette unité ?
12 R. Oui. Mon supérieur hiérarchique.
13 Q. Votre commandant ?
14 R. Oui. C'est ça. Le commandant de la compagnie.
15 Q. Et à quel groupe ethnique appartenait-il ?
16 R. Il était Croate. Il s'appelle Josip, je ne me souviens plus de son nom
17 de famille.
18 Q. A-t-il été maintenu dans ce poste pendant toute la période de
19 mobilisation pendant laquelle vous étiez mobilisé ?
20 R. Oui.
21 Q. Y avait-il d'autres personnes au sein de cette unité qui
22 n'appartenaient pas au groupe ethnique serbe autre que votre commandant ?
23 R. Oui. Effectivement.
24 Q. A un moment donné, avez-vous quitté l'armée pour occuper un poste
25 différent ?
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1 R. Non, j'ai demandé à être transféré au sein des forces de police.
2 Q. Quand avez-vous demandé à être transféré au sein de la police ?
3 R. En 1992, je venais juste de me marier, et c'est pour cette raison que
4 j'ai demandé ce transfert au sein du poste de police de Banja Luka.
5 Q. Avez-vous obtenu ce que vous souhaitiez ?
6 R. Oui.
7 Q. Je vois sur le transcript que vous avez dit oui. Je n'avais pas entendu
8 votre réponse.
9 Donc en fait, vous êtes revenu jusqu'à Banja Luka, n'est-ce pas, vous
10 partiez de Gradiska ?
11 R. Oui.
12 Q. Et ceci s'est produit à quel mois de l'année 1992. Quand êtes-vous
13 revenu à Banja Luka ?
14 R. En 1992.
15 Q. Oui, mais quel mois exactement ? En avez-vous le souvenir ?
16 R. Avril, mai, juin, à peu près, je ne sais plus très bien.
17 Q. La guerre ou ce qui ressemblait à une guerre avait sans doute un impact
18 sur la vie économique à Banja Luka.
19 R. Absolument. Des conséquences absolument catastrophiques, le système
20 économique était totalement bouleversé, on ne pouvait plus se déplacer, on
21 ne peut plus exporter ni importer les produits de base ou les matières
22 premières. Donc, l'économie était dans un état terrible.
23 Q. Connaissez-vous des personnes qui ont perdu leur emploi au cours de
24 1992 ?
25 R. Oui. Notamment, dans les entreprises qui produisaient un certain nombre
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1 de biens.
2 Q. Et pourquoi ces personnes perdaient leur emploi ? Cela avait-il à voir
3 avec les mauvaises conditions économiques ?
4 R. Principalement, oui. Pour 99 % des cas, je dirais à l'époque. Etant
5 donné la crise économique, parce que la plupart des grandes entreprises de
6 Banja Luka avaient mis la clé sous la porte.
7 Q. Et est-ce que l'effet de perdre son emploi avait quelque chose à voir
8 avec son appartenance à un groupe ethnique ?
9 R. Non pas à ma connaissance. Pas à cette époque.
10 M. NICHOLLS : [interprétation] Excusez-moi de vous interrompre. Est-ce
11 qu'on le peut déplacer le rétroprojecteur, je ne vois pas très bien le
12 témoin, s'il vous plaît.
13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur l'Huissier, s'il vous plaît.
14 Merci. Attendez, vous êtes en train de tirer les fils. Monsieur l'Huissier,
15 est-ce que vous pourriez peut-être le tourner dans l'autre sens.
16 Monsieur Nicholls, voyez-vous mieux le témoin ?
17 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, merci.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.
19 M. ACKERMAN : [interprétation]
20 Q. Est-ce que l'un ou l'autre des membres de votre famille a été renvoyé ?
21 R. Oui, ma sœur.
22 Q. Et je suppose que votre sœur est Serbe.
23 R. Oui, l'entreprise avait mis la clé sous la porte, il n'y avait plus
24 rien à faire. C'était l'usine Vita Minka [phon] à Banja Luka.
25 Q. Et des membres de la famille de votre femme peut-être ont-ils perdu
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1 leur emploi à cette époque ?
2 R. Non, non, pas de parents proches en tout cas, en tout cas pas ceux que
3 je connaissais moi.
4 Q. Nous avons beaucoup entendu parler dans le cadre de ces affaires du
5 départ des non-Serbes qui quittaient Banja Luka. Saviez-vous pourquoi ces
6 gens s'en allaient ?
7 R. Et bien à cause de la situation économique tout simplement. Les gens
8 étaient tendus, la guerre avait déjà commencé, les gens -- des gens étaient
9 armés dans les rues de la ville vraisemblablement la situation était
10 difficile à contrôler et les conditions de sécurité n'étaient pas bonnes.
11 Et là encore je le répète, le grand facteur qui a sans doute conditionné le
12 départ, c'était la situation économique, les salaires n'étaient plus payés,
13 le taux d'inflation était tellement élevé que vous ne pouviez pas acheter
14 une boite d'allumettes avec votre salaire.
15 Q. Est-ce que les Serbes quittaient également la ville ?
16 R. Oui. Un certain nombre de jeunes personnes en particulier. Et ils
17 quittaient les lieux souvent pour se rendre en Serbie, parce que -- mais il
18 était difficile d'obtenir les documents nécessaires à un départ vers
19 d'autres destinations. Et c'est par le biais des ambassades que les Serbes
20 essaient de quitter les lieux et de s'en aller vers d'autres pays.
21 Q. Et en ce qui concerne la famille de votre épouse. Est-ce que des
22 membres de sa famille ont quitté Banja Luka et sa région ?R. Oui.
23 Q. Qui dans sa famille est parti ?
24 R. Sa mère, son père, ont échangé leur appartement contre un appartement
25 qui appartenait à d'autres personnes à Zagreb. C'était en juillet ou en
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1 août. Et donc ils y ont déménagé. Ma belle-mère travaillait pour
2 Jelisingrad, elle a arrêté de travailler sept jours à peu près avant son
3 départ, quant à mon beau-père, il était déjà à la retraite, et c'est l'un
4 de mes oncles qui a obtenu les documents nécessaires à ce qu'ils puissent
5 se rendre aux Etats-Unis. Et ils ont également une maison avec une maison à
6 Daruvar. Et puis, il y a également aussi les grands parents, et puis il y a
7 une tante qui a échangé son appartement contre un appartement à Rijeka en
8 Croatie, c'était en 1993.
9 Q. Vous avez dit que votre mère avait continué à travailler jusqu'à
10 quelques jours avant son départ ?
11 R. Oui.
12 Q. Elle est Croate, n'est-ce pas ?
13 R. Oui.
14 Q. Vous avez dit à la Chambre que la mère et le père de votre femme ont
15 échangé leur appartement contre quelqu'un vivant à Zagreb ?
16 R. Oui.
17 Q. A votre connaissance, cet échange a bien fonctionné ?
18 R. Oui.
19 Q. Ils en ont été satisfaits ?
20 R. Dans une grande -- oui, dans une grande mesure, oui.
21 Q. Au moment où ils ont quitté Banja Luka, est-ce que les autorités ont
22 confisqué un certain nombre de biens qui leur appartenaient, de l'argent
23 peut-être, des objets de valeurs, quelque chose comme cela ?
24 R. Non.
25 Q. Sont-ils partis parce qu'ils ont été forcés à le faire ou bien parce
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1 qu'ils souhaitaient quitter les lieux ?
2 R. Je ne peux vous parler que de ma famille en ce qui concerne ma belle-
3 mère, elle avait créé une entreprise en Croatie, elle souhaitait simplement
4 s'y rendre. Elle essayait d'obtenir les papiers nécessaires pour créer donc
5 son entreprise à Zagreb. Et elle est toujours propriétaire de cette
6 entreprise.
7 Q. Je vous pose toutes ces questions sur votre beau-père et votre belle-
8 mère, ont-ils quitté les lieux après avoir entendu des discours politiques
9 prononcés qui auraient pu les effrayer et les inciter à partir ?
10 R. Non.
11 Q. J'aimerais maintenant, Monsieur Golic, que nous parlions de votre
12 travail au sein des forces de police. Vous nous avez dit être revenu à
13 Banja Luka en avril, mai ou juin de 1992, lorsque vous avez été transféré
14 et affecté au rang de la police ?
15 R. Oui.
16 Q. Avez-vous déjà travaillé au sein de la police ?
17 R. Non.
18 Q. Avez-vous suivi une certaine formation ?
19 R. Oui, en 1992 j'ai fini ma formation secondaire et il y a eu un cours de
20 brève durée au cours desquels j'étais familiarisé avec le gros de ce que
21 j'allais devoir faire.
22 Q. Et ensuite vous avez commencé à travailler en tant qu'officier de
23 police. Quel travail effectuez-vous ?
24 R. Et bien, j'étais immédiatement affecté au peloton de sécurité, nous
25 assurions la sécurité de certaines personnes et de certains bâtiments.
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1 Q. A votre connaissance, au cours de cette période en 1992, la police
2 effectuait-elle un certain nombre de distinction dans le cadre de ses
3 enquêtes entre l'appartenance ethnique de la victime, des crimes qui
4 faisaient l'objet de leurs enquêtes, de la ou des victimes entre les Serbes
5 et les non-Serbes ?
6 R. A ma connaissance, non.
7 Q. J'aimerais maintenant vous parlez de Radoslav Brdjanin, vous le
8 connaissez, n'est-ce pas ?
9 R. Oui, oui.
10 Q. Quand l'avez-vous rencontré pour la première fois ?
11 R. En octobre, novembre 1992.
12 Q. A quelle occasion l'avez-vous rencontré ?
13 R. On m'avait chargé d'assurer la surveillance de sa maison, sa femme nous
14 a invité à rentré et Radoslav Brdjanin est arrivé, c'est à ce moment-là que
15 je l'ai rencontré.
16 Q. Pourquoi vous avait-on demandé de surveiller la maison de M. Brdjanin.
17 Le savez-vous ?
18 R. Sa voiture avait été forcée deux ou trois fois. Et son par brise avait
19 été volé. Et puis il y avait une bouteille de gaz également qui avait été
20 jetée, quelque chose comme ça, je ne sais plus très bien.
21 Q. Et qui avait pris la décision de vous assigner à ce poste ?
22 R. Le responsable du centre du service de sécurité. Il a évalué, établi la
23 liste des bâtiments à surveiller, et vous receviez un ordre indiquant ce
24 que vous deviez faire et quel bâtiment vous deviez surveiller.
25 Q. A votre connaissance, quel poste occupait M. Brdjanin à l'époque où
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1 vous avez été chargé de surveiller sa maison ?
2 R. Il était député de la région autonome, peut-être. Enfin, je ne savais
3 par très bien. Peut-être qu'il était ministre. Vraiment, je ne peux le
4 dire.
5 Q. Lorsque vous l'avez rencontré pour la première fois, M. Brdjanin, vous
6 lui avez dit la raison de votre présence, à savoir, que vous deviez
7 surveiller sa maison. L'a-t-il accepté ? L'avait-il demandé lui-même ? Le
8 savez-vous ?
9 R. Il m'a répondu qu'il n'avait pas besoin d'une surveillance. Nous
10 n'étions pas là pour assurer sa garde à lui, nous étions là pour surveiller
11 le bâtiment, la maison. A ma connaissance, c'était la raison de notre
12 présence sur place.
13 Q. Vous nous avez dit que son épouse vous avait invité à rentrer à
14 l'intérieur de la maison ?
15 R. Oui.
16 Q. Etait-ce censé se produire ? Etait-ce tout à fait normal ou pas ?
17 R. Mais c'était leur choix.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est normal dans cette région du
19 monde, Monsieur Ackerman, je peux vous le confirmer. En fait, on vous
20 jugerait un peu "snob", et il s'agirait d'un manque de respect de votre
21 part si vous n'invitiez pas une personne à entrer.
22 Mme KORNER : [interprétation] Mais vous savez, même en Angleterre ça
23 arrive, Monsieur le Président. Ça n'est pas seulement dans cette région-là
24 du monde.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, j'imagine, effectivement.
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1 M. ACKERMAN : [interprétation]
2 Q. S'agit-il d'une surveillance de 24 heures sur 24 ou bien s'agissait-il
3 d'une surveillance effectuée la nuit ? Comment étiez-vous organisés ?
4 R. De minuit 22 à 6 heures du matin. Donc il s'agissait d'une surveillance
5 de nuit.
6 Q. Et y avait-il un autre officier qui se chargeait de cette
7 surveillance ? Est-ce que vous vous remplaciez ? Comment étiez-vous
8 organisés ?
9 R. Oui, nous étions deux par équipe. Simplement pour ne pas s'ennuyer
10 parce que, et bien, on peut s'ennuyer au cours de la nuit quand rien ne se
11 produit.
12 Q. Très bien. Vous avez donc rencontré M. Brdjanin après cela. Avez-vous
13 appris à le connaître relativement bien ?
14 R. Oui.
15 Q. Avez-vous rencontré sa famille ?
16 R. Oui.
17 Q. Pourriez-vous nous parler de sa famille ? Avait-il des enfants ?
18 R. Oui, deux filles et une épouse et un petit enfant.
19 Q. Connaissez-vous le nom de ses filles ?
20 R. Jelena et Milka, et sa femme s'appelle Mira.
21 Q. Et quel âge ont ses filles ?
22 R. Jelena, je pense, a 19 ans, et la petite Milka a 25 ans. Je n'en suis
23 pas tout à fait sûr, cela dit.
24 Q. Et l'une d'entre elle donc a un enfant qui est donc le petit-fils ou la
25 petite-fille de M. Brdjanin ?
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1 R. Oui.
2 Q. Et quel âge a cet enfant ?
3 R. Trois mois, quatre mois peut-être.
4 Q. Et qu'en est-il des études qu'ont faites ces jeunes filles ?
5 R. Jelena était à l'école secondaire à l'époque. Maintenant elle étudie à
6 Belgrade. Et Milka avait suivi des cours de théâtre ou de cinéma. Et
7 maintenant --
8 Q. Et maintenant elle travaille en tant qu'actrice ?
9 R. Oui.
10 Q. Pendant que vous faisiez connaissance avec les membres de la famille de
11 M. Brdjanin, avez-vous eu l'occasion de faire également la connaissance de
12 ses -- des membres de sa famille proche, des sœurs, frères, beaux-frères,
13 belles-sœurs, et cetera ?
14 R. Oui, à plusieurs reprises.
15 Q. Combien de frères a M. Brdjanin, d'après votre connaissance ?
16 R. Deux.
17 Q. Et les deux sont mariés ?
18 R. Oui.
19 Q. Pourriez-vous nous fournir quelques informations concernant leurs
20 épouses ?
21 R. Son frère a pour épouse une Croate. Ils ont passé toute la période de
22 la guerre à Banja Luka. Et Nebojsa, son frère cadet, était militaire à
23 Ljubljana. Il a été muté par la suite, à Belgrade. Son épouse est croate,
24 également.
25 Q. Savez-vous ce qui est arrivé à Nebojsa pendant la guerre en Croatie ?
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1 R. Je sais qu'il était militaire. Il était en active [sic], et lorsque le
2 retrait de l'armée a lieu de la Slovénie et de la Croatie, il est parti à
3 Belgrade et il a trouvé un autre emploi.
4 Q. Bien. Est-ce que vous êtes allé à la maison de M. Brdjanin lorsqu'il y
5 avait des fêtes, des cocktail, et cetera ?
6 R. Oui.
7 Q. Quelles étaient ces occasions ?
8 R. Les fêtes familiales, les anniversaires.
9 Q. Etiez-vous invité avec votre épouse ?
10 R. Oui.
11 Q. Et à ces occasions-là, est-ce qu'il y avait-il d'autres invités non-
12 serbes outre que votre épouse ?
13 M. NICHOLLS : [interprétation] Peut-être qu'il serait utile de préciser de
14 quelle période parle-t-on.
15 M. ACKERMAN : [aucune interprétation]
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Ackerman, je vous prie de
17 le faire.
18 M. ACKERMAN : [interprétation]
19 Q. Avez-vous été invité à l'occasion de Slava, des fêtes donc familiaux,
20 pendant les années 1992, 1993, 1994 ?
21 R. Oui.
22 Q. Pouvez-vous nous dire en quelle période précisément vous étiez invité ?
23 R. En 1993, 1994, je pense.
24 Q. Parmi les invités qui étaient présents à ces occasions-là, y avait-il
25 d'autres non-Serbes outre votre épouse ?
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1 R. Il y avait les épouses de ses frères et il y avait d'autres invités,
2 des couples mixtes.
3 Q. Souvenez-vous des noms de ces personnes ?
4 R. Aco et Srebrenka.
5 Q. Aco était --
6 R. Serbe.
7 Q. Et son épouse ?
8 R. Musulmane.
9 Q. Qu'en est-il de ses voisins ? Y avait-il parmi eux des non-Serbes qui
10 étaient invités à ces fêtes ?
11 R. Il y avait un voisin musulman, à Statsavac [phon]. Son nom m'échappe
12 pourtant. Je ne me souviens plus, Nijir [phon] ou quelque chose comme ça.
13 Q. Avez-vous pu observer le rapport qui existait entre M. Brdjanin et ce
14 voisin ? Ce rapport était-il correct ?
15 R. Oui.
16 Q. Se voyaient-ils en d'autres occasions excepté ces fêtes ?
17 R. Oui. J'ai entendu dire son épouse : mes voisins sont venus prendre un
18 café chez moi ce matin.
19 Q. Savez-vous si M. Brdjanin avait des membres de sa famille qui ont
20 épousé des Musulmans ou des Musulmanes ?
21 R. Je l'ignore.
22 Q. Bien, merci. Dans cette période où vous étiez chargé de surveiller la
23 maison, M. Brdjanin voyageait-il pendant cette période ?
24 R. Autant que je le sache, il allait à Pale. C'est là-bas que les sessions
25 de l'assemblée avaient lieu.
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1 Q. L'avez-vous accompagné lors de ces voyages à Pale ?
2 R. Oui, deux ou trois fois, je suis allé pour voir Pale puisque je n'y
3 avais jamais été auparavant.
4 Q. Donc, vous y êtes allé uniquement pour voir Pale et pour l'accompagner,
5 pour lui tenir compagnie ?
6 R. Oui.
7 Q. Pendant ces déplacements et en d'autres occasions, avez-vous discuté
8 avec M. Brdjanin ?
9 R. Oui.
10 Q. Pouvez-vous conclure quelle était son attitude d'après les entretiens
11 que vous avez eu vis-à-vis des non-Serbes ?
12 R. Son attitude était tout à fait normale. Il n'y avait jamais de mépris
13 par rapport à ces gens-là dans ce contexte.
14 Q. L'avez-vous jamais entendu lors de ces entretiens émettre des opinions
15 ou prononcer des paroles péjoratives à propos des non-Serbes ?
16 R. Non.
17 Q. Vous nous avez dit que le travail que vous effectuez lorsque vous étiez
18 chargé de surveiller la maison de M. Brdjanin, cela ne se passait que
19 pendant la nuit. Savez-vous s'il y avait d'autres personnes pour lesquelles
20 on assurait également ce type de surveillance ?
21 R. Oui.
22 Q. Est-ce que c'était uniquement un travail du nuit ou bien une
23 surveillance que l'on assurait 24 heures sur 24 ?
24 R. Il y en avait qui était censé assurer la surveillance 24 heures sur 24.
25 Certaines personnes avaient disposé de garde et de chauffeur.
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1 Q. Chauffeur, vous avez dit ?
2 R. Oui.
3 Q. Qui étaient ces personnes pour lesquelles on assurait une surveillance
4 de 24 heures sur 24 ?
5 R. Le président de la municipalité, le chef du centre de sécurité
6 publique, le président du SDS.
7 Q. Savez-vous qui étaient ces personnes ?
8 R. Stojan Zupljanin, le chef du CSB de Banja Luka. Le président de la
9 municipalité, Predrag Radic.
10 Q. [aucune interprétation]
11 R. Et le président du SDS, Vukic, je ne me souviens plus de son prénom.
12 Q. Est-ce que M. Brdjanin disposait d'un chauffeur ?
13 R. [aucune interprétation]
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Ackerman, un instant. Les
15 interprètes n'ont pas entendu la réponse du témoin. Je l'ai entendu dire
16 "non."
17 Mais je vous prie de répondre encore une fois à la question qui vous a été
18 posé par M. Ackerman. M. Ackerman, vous a demandé si M. Brdjanin avait à sa
19 disposition un chauffeur ?
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.
21 M. NICHOLLS : [interprétation] Quant à moi, je souhaiterais soulever une
22 objection puisqu'il s'agit à mon avis d'une question directive. Il n'a
23 jamais parlé de voiture de service. Tout d'abord on devrait lui demander
24 s'il en avait une.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.
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1 M. ACKERMAN : [interprétation]
2 Q. Est-ce que M. Brdjanin avait un véhicule de service ?
3 R. Il y avait un véhicule de SUP, le ministère de l'Intérieur. Non, non,
4 ce n'était pas le cas.
5 Q. Et lorsqu'il se rendait à Pale, il faisait le trajet comment ?
6 R. Il avait sa Toyota ou bien il empruntait une voiture, la seule
7 d'ailleurs qu'avait le ministère du bâtiment. Mais la plupart du temps, il
8 s'y rendait en Toyota. Donc en sa propre voiture.
9 Q. Pour ce qui est de l'autorité, du pouvoir sur le territoire de la
10 Krajina et Banja Luka que pensez-vous de M. Brdjanin, avait-il du pouvoir ?
11 R. Non.
12 Q. Lui avez-vous jamais demandé de vous rendre service ?
13 R. Oui.
14 Q. Expliquez aux Juges de cette Chambre quel type d'aide vous avez
15 solliciter ?
16 R. En 1995, mon père avait déjà été opéré, l'opération a eu lieu en 1993.
17 Il était à la retraite à l'époque. En 1995, un appel à la mobilisation a
18 été lancé. Radoslav et moi-même avons tenté par l'intermédiaire du chef de
19 département militaire d'éviter qu'il soit mobilisé puisqu'il avait déjà 57
20 ou 58 à l'époque. Nous n'avons pas réussi. Ils l'ont envoyé à Gradiska.
21 Q. Savez-vous si des membres de la famille de M. Brdjanin avaient été
22 mobilisés à l'époque ?
23 R. Oui.
24 Q. Vous nous avez déjà parlé de son frère Nebojsa qui travaillait à la
25 JNA, qui d'autres ?
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1 R. Les deux fils de sa sœur, l'un d'entre eux a été tué au combat, la
2 fille de son frère Ilija a été mobilisée en tant que médecin, elle a passé
3 deux ou trois ans près de Brcko, à l'hôpital [imperceptible].
4 Q. Savez-vous si les membres de la famille des personnes qui avaient de
5 l'influence à l'époque étaient engagés dans l'armée, étaient mobilisés pour
6 aller au front ou plutôt les personnes qui avaient de l'influence faisaient
7 tout pour éviter cela ?
8 R. La plupart d'entre eux étudiaient à Belgrade, ceux qui avaient de 18 à
9 40 ans d'ailleurs.
10 Q. Vous souvenez de l'épisode au cours de laquelle en 1993, les membres de
11 l'armée sont arrivés devant la résidence de M. Brdjanin ?
12 R. Oui, devant sa résidence.
13 Q. Pouvez-vous expliquer aux Juges de cette Chambre ce qui s'est passé ?
14 De quoi il s'agissait tant que vous le sachiez ?
15 M. NICHOLLS : [interprétation] Pardon.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Monsieur Nicholls.
17 M. NICHOLLS : [interprétation] Je souhaiterais que l'on dise de quelle
18 période il s'agit et quelle est la pertinence de cette question ?
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je peux vous le dire tout de suite,
20 Monsieur Nicholls, il s'agit du mois de septembre.
21 M. ACKERMAN : [interprétation] Oui. Monsieur le Président.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous en avons déjà entendu parlé. Vous
23 avez versé au dossier soit vous-même soit la Défense des documents où il
24 est question de cet événement pendant le témoignage de M. Radic. Et là, il
25 est question également de tout ce qu'il a fait pour essayer de neutraliser
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1 ce qui s'est soit disant produit.
2 Monsieur Ackerman.
3 M. ACKERMAN : [interprétation]
4 Q. Savez-vous pourquoi ils sont venus à la maison de M. Brdjanin ?
5 R. Il voulait perquisitionner la maison, et il voulait les interroger, les
6 emmener au poste de police.
7 Q. Lorsque vous dites, "il," à qui pensez-vous ?
8 R. De membres de sa famille, son épouse et lui-même. Les enfants étaient
9 mineurs, et M. Brdjanin, se trouvait à Pale, une session de l'assemblée
10 avait eu lieu à l'époque, alors que Mira était à la maison.
11 Q. A-t-il réussi à l'arrêter et à l'emmener au poste de police ?
12 R. Non. Nous ne les avons pas laissés entrer dans la maison. On leur a
13 demandé de nous montrer un mandat, il n'avait pas de mandat. Cela s'est
14 produit vers 5 heures, 5 heures et demies du matin.
15 Q. Donc en fait, ils se sont retirés une fois que vous avez réagi de la
16 sorte.
17 R. Oui. Ils ont dit qu'ils allaient voir leur chef pour obtenir le
18 document nécessaire.
19 Q. Et sont-ils revenus ?
20 R. Non. Peut-être, qu'ils sont revenus, mais à l'aube, nous avons emmené
21 Mira et les enfants chez leurs amis Stojan, et ils y sont restés trois ou
22 quatre jours jusqu'à ce que la situation redevienne normale.
23 Q. Donc vous avez pris des mesures pour protéger -- de les protéger contre
24 l'armée, n'est-ce pas ? C'est ce que vous nous dites.
25 R. Oui.
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1 M. ACKERMAN : [interprétation] J'en ai terminé avec ce témoin.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous avons entendu d'autres détails au
3 sujet de l'événement que l'on a mentionné tout à l'heure concernant -- donc
4 les documents qui ont été versés lors du témoignage de M. Radic.
5 Vous avez terminé donc Monsieur Ackerman.
6 Monsieur Nicholls, le témoin est à vous.
7 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
8 M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]
9 Contre-interrogatoire par M. Nicholls :
10 Q. [interprétation] Vous résidez à Banja Luka actuellement ?
11 R. Oui.
12 Q. Etes-vous à Banja Luka ?
13 R. Oui.
14 Q. Vous avez passé toute votre vie à Banja Luka, hormis cette période, où
15 vous avez fait votre service militaire ?
16 R. Oui.
17 Q. Et vos parents sont toujours là-bas ?
18 R. Oui.
19 Q. Pouvez-vous nous dire dans quel quartier de Banja Luka vous avez
20 grandi ?
21 R. Starcevica Ada. L'appartement se trouve à Ada, et la maison à
22 Starcevica. Donc j'ai habité dans les deux quartiers puisque ce sont des
23 quartiers voisins.
24 Q. Au début des années 1990, Ada était un quartier plutôt Serbe en
25 majorité Serbe.
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1 R. 50 % disons. La plupart des habitants étaient des tiganes [sic] de
2 l'autre côté.
3 Q. Vous avez dit que vous êtes propriétaire d'un magasin. De quel genre de
4 magasin s'agit-il ?
5 R. Je vends des fleurs. Je suis fleuriste.
6 Q. Et en même temps, vous travaillez dans une compagnie d'assurance,
7 n'est-ce pas ?
8 R. Oui.
9 Q. Et quel est votre emploi au sein de votre entreprise ? Est-il encore
10 question de sécurité ?
11 R. Non.
12 Q. Que faites-vous alors dans cette compagnie d'assurance ?
13 R. Il s'agit d'assurance concernant les biens, on fait des calculs afin --
14 justement de déterminer le montant d'assurance.
15 Q. Bien. Pouvez-vous nous énumérer les postes que vous avez occupés depuis
16 fin 1992 ? Quand avez-vous quitté la police ?
17 R. Depuis cette période-là, vous voulez que je vous dise ?
18 Q. Quand avez-vous quitté, en quel mois ?
19 R. En 1995, après la signature des accords de Dayton. Je ne voulais pas
20 devenir un policier d'active, et à cette époque, tous les policiers de
21 réserve ont été licenciés.
22 Q. Bien. Depuis donc l'année 1992 jusqu'à la période où vous avez quitté
23 la police, avez-vous occupé d'autres postes ?
24 R. Non. De 1992 à 1995, non.
25 Q. Bien. Je vais vous poser une question : Vous avez un nom assez
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1 particulier, assez rare, Naum Golic.
2 R. Oui, effectivement.
3 Q. Avez-vous jamais été membre de l'unité des forces spéciales de Banja
4 Luka, du détachement spécial ?
5 R. Non.
6 Q. Je vais vous montrer un document. C'est un nouveau document que nous
7 venons de trouver, nous allons vous fournir également une liste. Le
8 document de pièce à conviction. Il s'agit d'un document qui porte le numéro
9 ERN 00574836.
10 M. ACKERMAN : [interprétation] Avant de poursuivre. Peut-on nous fournir un
11 exemplaire de ce document ?
12 M. NICHOLLS : [interprétation]
13 Q. Pendant que M. Ackerman prend connaissance de ce document, je tiens à
14 dire, qu'il s'agit là d'un document émanant du CSB de Banja Luka daté du 14
15 juin 1993 où il est question de demande d'information concernant certains
16 membres de la police.
17 Veuillez lire ce document, Monsieur le Témoin.
18 R. Je l'ai lu.
19 Q. Est-ce qu'il s'agit de vous dans ce document ?
20 R. Oui, mais je n'étais pas membre de l'unité des forces spéciales.
21 J'étais au sein des unités de réserve de police. J'ai passé une quinzaine
22 de jours dans la zone de combat et ensuite j'ai rejoint le CSB de Banja
23 Luka. J'y ai passé un mois.
24 Q. Qui était le commandant de votre unité ? Comment s'appelait-il ?
25 R. Pendant la période que j'ai passée à Obadovac c'était je le pense
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1 Stojan Davidovic. Mais je n'en suis pas sûr.
2 Q. Vous n'avez jamais été commandé par Ljuban Ecim ?
3 R. Dieu m'en préserve. Non. Non.
4 Q. Pourquoi dites-vous cela comme si c'était quelque chose de terrible ?
5 R. Ces unités étaient tout le temps sur le front. Moi, j'étais à Obadovac
6 et une fois près de Olovo, et c'est tout pour cette période.
7 Q. Cette unité spéciale n'était pas uniquement chargée de -- au combat,
8 ils étaient chargés dans des actes criminels. Vous le savez, n'est-ce pas ?
9 R. Oui.
10 Q. Pouvez-vous me donner les dates auxquelles vous avez participé aux
11 combats et la date à laquelle vous avez été à Obadovac.
12 R. Je suis incapable de vous donner les dates. Donc j'étais à Obadovac et
13 à Srednje, près d'Olovo. Je peux vous donner l'année, mais pas la date.
14 Q. Et c'étaient les seules occasions pendant lesquelles vous avez
15 participé aux combats après votre retour à Banja Luka ?
16 R. Oui.
17 M. ACKERMAN : [interprétation] Si ce document est versé au dossier, quelle
18 cote portera-t-il ?
19 M. NICHOLLS : [interprétation] Je ne pense pas qu'il s'agit là d'un
20 document d'importance cruciale. Mais si -- on le versera sous la cote
21 P2717.
22 Q. Après votre retour à Banja Luka, quelques mois plus tard, vous avez été
23 embauché pour assurer la surveillance auprès de M. Brdjanin, n'est-ce pas ?
24 R. Oui.
25 Q. Où se situait la maison de M. Brdjanin ? Où habitait-il à Banja Luka ?
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1 R. Il s'agissait d'un appartement sur le territoire de la commune locale,
2 Starcevica, dans une autre partie de Starcevica par rapport à celle où
3 j'habite, moi.
4 Q. C'était un appartement. Pouvez-vous nous le décrire, la taille, le
5 quartier, et cetera ?
6 R. Il s'agissait d'un trois pièces. Il y a des immeubles où se situent
7 quatre appartements. J'ai vu des voisins. On se disait bonjour. Je ne les
8 connaissais pas tous. J'en voyais quelques-uns, ceux qui habitaient dans
9 cet immeuble.
10 Q. M. Ackerman vous a demandé quelle était l'ambiance à Banja Luka lorsque
11 vous y rentrez de Croatie en 1992. Vous avez évoqué des groupes armés et la
12 situation économique. Mais on peut dire que c'était là -- à cette époque-
13 là, un endroit très dangereux.
14 R. Oui.
15 Q. Il y avait des commerces qui étaient plastiqués pratiquement, toutes
16 les nuits.
17 R. Et bien, les gens circulaient, dans la ville, armés, munis de leurs
18 fusils. Personne n'osait leur demander de les enlever. Vous savez, dès
19 qu'on les voyait, et bien, on se cachait. Ils étaient ivres et ils
20 circulaient, armés dans la ville.
21 Q. Il y avait des commerces qui étaient plastiqués pratiquement toutes les
22 nuits ?
23 R. Pas toutes les nuits.
24 Q. Trois fois par semaine alors, trois ou quatre ?
25 R. A peu près, oui. Vous savez, les gens ne circulaient pas beaucoup dans
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1 la ville. Moi, je ne savais pas ce qui se passait dans Budzak. Je n'avais
2 pas de carburant et on essayait de circuler le moins possible.
3 Q. Un instant, s'il vous plaît. Je vous demande de répondre à mes
4 questions et de ne pas extrapoler. Si je vous demande si à quelle fréquence
5 a-t-on miné ou explosé ces commerces, et bien, répondez-moi à cette
6 question-là sans parler de la circulation de la population. Cela ne m'a pas
7 intéressé.
8 Il y avait aussi des tirs la nuit, n'est-ce pas ? Les gens qui tiraient
9 dans l'air --
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais il n'a pas encore répondu à votre
11 question, Maître Nicholls.
12 M. NICHOLLS : [interprétation] Je pensais qu'il l'a fait quand il a dit,
13 oui à peu près, quand je lui ai demandé si c'était trois ou quatre fois par
14 semaine.
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, continuez.
16 Oui, oui, je le vois. Très bien, Monsieur Nicholls.
17 M. NICHOLLS : [interprétation]
18 Q. Donc, il y avait des tirs aussi dans la nuit qui faisaient peur aux
19 gens, n'est-ce pas ?
20 R. Oui.
21 Q. Et tous ces tirs, toutes ces attaques, étaient visées pour faire peur
22 aux Musulmans, aux Bosniens, n'est-ce pas ?
23 M. ACKERMAN : [interprétation] Je soulève une objection parce que le témoin
24 n'a pas dit qu'il y avait des attaques ou des intimidations. Il a dit qu'il
25 y avait des tirs et des explosions.
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pourriez-vous poser autrement votre
2 question ?
3 M. NICHOLLS : [interprétation]
4 Q. Les gens qui ont fait l'objet de ces commerces détruits, dont les
5 commerces étaient détruits ou plastiqués, étaient des Bosniens, n'est-ce
6 pas ? Le savez-vous ? A l'époque, vous étiez policier.
7 R. Mais des commerces serbes étaient détruits aussi.
8 Q. Je n'ai jamais dit qu'il n'y a pas eu de commerces serbes ou de fonds
9 de commerces serbes brûlés en 1992. Mais la partie de la population, qui a
10 le plus souffert dans tout cela étaient les Bosniens, n'est-ce pas ?
11 R. Oui.
12 Q. Et à nouveau, ces tirs --
13 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas entendu le témoin.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pourriez-vous répéter puisque les
15 interprètes ne vous ont pas entendu.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Pas seulement les Bosniens. On a parlé des
17 Musulmans. Le Procureur a parlé des Musulmans, mais il y avait encore des
18 Croates là-bas. Et d'ailleurs, les Croates étaient plus nombreux à être
19 propriétaires des fonds de commerce que les autres, que moi.
20 M. NICHOLLS : [interprétation]
21 Q. Toujours est-il que ce sont les fonds de commerce de non-Serbes qui ont
22 été explosés, brûlés, et cetera, au cours de l'été 1992, n'est-ce pas ?
23 R. [aucune interprétation]
24 Q. Pourriez-vous répondre à la question.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Essayez de parler dans le micro, s'il
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1 vous plaît, puisque les interprètes ne vous entendent pas.
2 M. ACKERMAN : [interprétation] Pour une raison que je ne connais pas, le
3 microphone gauche du témoin n'est pas branché. Normalement, les deux micros
4 sont branchés.
5 M. NICHOLLS : [interprétation] Ça, je l'ai remarqué moi aussi.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Et bien.
7 Pouviez-vous demander au témoin, Maître Nicholls, puisque nous y sommes, si
8 à un moment donné, c'était la plupart de fonds de commerces croates qui
9 avaient été détruits ou bien musulmans. C'est-à-dire s'il y avait une
10 différence. Si on faisait une différence entre les fonds de commerce
11 croates et musulmans. S'il y a eu une époque où on s'est plutôt attaqué aux
12 fonds de commerces de Croates et ensuite une autre où on s'est plutôt
13 attaqué aux fonds de commerces dont les propriétaires étaient des
14 Musulmans.
15 M. NICHOLLS : [interprétation] Très bien. Mais le témoin n'a toujours pas
16 répondu à la dernière question.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Nous pourrons commencer par
18 là.
19 M. NICHOLLS : [interprétation]
20 Q. Je vous ai demandé : "Si vous étiez d'accord pour dire que ces fonds de
21 commerce, qui avaient été détruits ou brûlés au cours de l'été 1992.
22 Appartenaient à des non-Serbes". Est-ce exact ?
23 R. Oui.
24 Q. Et à un moment donné, cette campagne était dirigée plutôt contre les
25 Bosniens et les Croates, enfin les fonds de commerce dont les propriétaires
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1 étaient bosniens ou croates, n'est-ce pas ? Est-ce que ceci a changé --
2 M. ACKERMAN : [interprétation] J'ai soulevé une objection quand à
3 l'utilisation du terme "campagne".
4 M. NICHOLLS : [aucune interprétation]
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous prie de ne pas vous disputer
6 devant le témoin. Oubliez ce terme "campagne" et répondez à la question.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Je pense qu'il n'y a pas de différence.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Donc, vous nous dites que pendant toute
9 l'année, au cours de toute l'année 1992, et bien la plupart des fonds de
10 commerce qui ont été la cible de ces attaques appartenaient plutôt aux
11 Croates qu'aux Musulmans ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, ce n'est pas cela que j'ai dit.
13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pourriez-vous me dire ce que vous dites
14 alors ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous ai dit qu'il n'y avait pas de
16 différence entre les fond de commerce dont la propriété -- le propriétaire
17 était Croate ou Musulman. Ils ont été détruits sans différence.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, Monsieur Nicholls, je ne
19 vais pas continuer à ce sujet. Vous pouvez reprendre la parole.
20 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
21 Q. Et bien si l'on fait exploser les fonds de commerce de quelqu'un, si on
22 les brûle, si on les détruits, et bien cette personne en même temps perd
23 son gagne-pain et souhaite partir. N'est-ce pas ?
24 R. Oui, il perd leur emploi -- ils perdent leurs emplois sinon ils
25 pourraient sous-louer leurs fonds de commerce.
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1 Q. Est-il possible, est-il probable que quelqu'un souhaite partir, quitter
2 la ville si son fond de commerce a été détruit, a explosé au cours de nuit.
3 Ceci pourrait faire peur aux gens, n'est-ce pas ?
4 R. Oui.
5 Q. Donc les gens, les Bosniens et les Croates, qui quittaient Banja Luka,
6 ne le faisaient pas seulement à cause de la situation économique. Ils
7 partaient aussi car ils avaient peur à cause de ces explosions, des groupes
8 armés, les tirs ?
9 R. Oui. J'ai dit qu'ils sont partis pour des raisons économiques mais
10 aussi à cause des tensions et à cause des tirs. Je pense que je l'ai déjà
11 dit.
12 Q. Très bien. Quand vous avez parlé avec le conseil de la Défense, je pense
13 que vous avez parlé du SOS à Banja Luka, les forces de la défense serbe.
14 R. Je n'ai pas compris votre question.
15 Q. Quand vous avez rencontré l'enquêteur ou le conseil de la Défense, est-
16 ce que vous avez parlé des activités du SOS de Banja Luka en 1992 ?
17 R. Non, c'est la SOS, c'est peut-être pour ça que je ne vous ai pas
18 compris.
19 Q. Oui, j'ai essayé de prononcer cela de cette façon-là. Donc, pourriez-
20 vous me répondre ?
21 R. Oui, oui, mais brièvement.
22 Q. Pendant que vous étiez à Banja Luka, est-ce que le SOS avaient bloqué
23 la ville. Là je pense à la première semaine du mois d'avril ?
24 R. Oui, cela est arrivé.
25 Q. Et vous, vous êtes arrivé à Banja Luka à un moment donné au mois de
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1 mars ?
2 R. Oui, mars ou avril. C'est difficile à dire.
3 Q. Et bien c'est en avril, le 1e avril, n'est-ce pas, car le blocus s'est
4 produit le 3, et vous avez dit que vous étiez là ?
5 R. Je ne suis pas sûr des dates. C'est un peu difficile. Mais c'est vrai
6 que mon épouse à l'époque fréquentait l'université. C'est pour cela que je
7 me souviens à peu près de la date.
8 Q. Ici, Monsieur, je ne vous demande pas de vous rappeler de toutes les
9 dates, de tous les événements qui sont produits il y a dix ans. Ne vous
10 inquiétez pas, j'ai voulu tout simplement vérifier que vous étiez bien à
11 Banja Luka au moment où les forces du SOS ont bloqué, encerclé la ville ?
12 R. Oui.
13 Q. IL s'agit là de criminels, pur et simple, n'est-ce pas ? On ne les
14 détruire -- on ne peut les décrire autrement ?
15 R. Non, à 99 %, c'est vrai que nous ne pourrons pas dire autre chose.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Et bien, ce que je vois dans le compte
17 rendu d'audience, ne fait pas de sens. Monsieur Nicholls, vous a demandé si
18 ces gens étaient des criminels pur et simple, il vous a demandé si on
19 pouvait les décrire autrement. Et vous vous dites "Non, ce n'est pas
20 possible, 90 % d'entre eux, non nous ne pourrons pas." Pourriez-vous s'il
21 vous plaît terminer votre phrase car cette réponse ne veut rien dire.
22 LE TÉMOIN : [interprétation] En ce qui concerne la plupart d'entre eux,
23 oui, c'était bien le cas.
24 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.
25 Q. Monsieur le Témoin, saviez-vous si -- que Radoslav Brdjanin était un
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1 grand supporteur du SOS ?
2 R. Non, je n'étais pas au courant de cela.
3 Q. Vous n'avez jamais parlé de cela quand vous étiez chez lui dans sa
4 maison ou bien quand vous le conduisiez à Pale, ce thème, le thème du SOS ?
5 R. Non, jamais.
6 Q. Je vais vous montrer rapidement la pièce P154. J'ai ici un exemplaire
7 de cela avec quelques portions du texte qui sont surlignées.
8 Il s'agit d'un article du Glas en date du 21 avril 1992 avec -- pour titre
9 "Les licenciements selon le désir du peuple." Et c'est une interview de
10 Radoslav Brdjanin. Comme vous pouvez le voir, à l'entête de l'article, il
11 est dit :
12 "C'est la raison principale de cette conversation avec Radoslav Brdjanin,
13 le vice-président de l'assemblée de la Krajina de Bosnie et membre de la
14 cellule de Crise de la municipalité de Banja Luka qui est responsable de
15 faciliter les demandes qui ont déjà été acceptées par les forces de la
16 défense serbe concernant les changements au niveau du personnel dans
17 certaines entreprises publiques et sociales de Banja Luka et dans certaines
18 institutions."
19 A la page 3 de la version en langue anglaise, vous allez trouver une
20 portion du texte qui est surlignée, qui commence en bas de la page et
21 continue dans la colonne suivante, c'est tout à fait à la fin de l'article,
22 il y a une question de Glas, je cite :
23 "La période de la mise en place -- mise en œuvre de ces demandes de la part
24 du SOS était le 15 avril. Et il est clair qu'elles n'ont pas été réalisées.
25 Est-ce que cela va se produire ? Le cas échéant, quand ?"
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1 Et Brdjanin répond, je cite : "Ce que nous souhaitons tout d'abord, c'est
2 de mener à bien notre mission de façon paisible et civilisée. Nous essayons
3 de faire comprendre à certaines personnes, qui ont des postes à
4 responsabilité dans les entreprises et dans les institutions, qu'ils
5 doivent se retirer. Et s'ils sont têtus et s'ils campent sur leurs
6 positions, la mise en œuvre de cette requête va être la responsabilité des
7 forces de la défense serbe. Je suis désolé, car nous ne souhaitons pas que
8 les choses se produisent de la sorte, mais si ces gens, à qui on a demandé
9 de se retirer de ces entreprises à Banja Luka ne le font pas en l'espace de
10 trois jours, dans ce cas, les membres du SOS vont rentrer en scène."
11 "Et tout cela se passe à un moment où certaines factions politiques
12 changent dans la Banja Luka et la Krajina. Est-ce que cela va créer de
13 nouveaux mécontentements et incompréhensions ?"
14 Brdjanin : "A nouveau, je dois répéter que ces requêtes de la part du SOS,
15 portant sur les changements des cadres sont pleinement approuvées par la
16 cellule de Crise de Banja Luka et par l'assemblée de la Krajina de la
17 Bosnie."
18 Est-ce que c'est bien cela, qui est dit dans l'article ?
19 R. Oui.
20 Q. Et vous, vous dites de ne pas savoir si M. Brdjanin était favorable au
21 SOS.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ackerman.
23 Allez-y. Allez-y, Monsieur Nicholls.
24 M. NICHOLLS : [interprétation]
25 Q. Il dit qu'il va supporter pleinement ces demandes formulées par le SOS.
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1 M. ACKERMAN : [interprétation] C'est là, que je pose une objection. M.
2 Nicholls, essaie de faire valoir les faits que M. Brdjanin était le
3 supporteur favorable au SOS alors que les documents disent que c'est la
4 cellule de Crise et l'assemblée de la RAK qui ont été favorables à cette
5 demande particulière. Je pense qu'on ne peut pas en conclure que c'était
6 l'œuvre de M. Brdjanin
7 M. NICHOLLS : [interprétation] Je pense que c'est tout à fait acceptable.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Tout à fait.
9 M. NICHOLLS : [interprétation] Car il s'agit là d'un article qui dit
10 clairement --
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je permets cette question. Puisque
12 Brdjanin s'est exprimé au nom de la cellule de Crise de Banja Luka et de la
13 RAK, il était tout à fait capable, il était tout à fait habilité à le
14 faire.
15 M. NICHOLLS : [interprétation]
16 Q. Et bien, nous nous sommes déjà mis d'accord sur les faits que le SOS
17 étaient des criminels. Vous avez dit que 99 % entre eux étaient des
18 criminels. M. Brdjanin, ici dit : "Qu'il voulait faire cela de façon
19 paisible et civilisée." Mais il ne voulait pas se limiter à ces méthodes.
20 Il dit aussi que : "Si cela ne se fait pas, le SOS va intervenir en
21 l'espace de trois jours."
22 Et bien, vu ce que vous avez dit au sujet du SOS à Banja Luka, au sujet du
23 blocus qui s'est produit plus tôt ce mois-là, est-ce que vous n'interprétez
24 pas cela comme une menace, enfin d'après ce que dit ce journal.
25 R. Et bien, ce n'est pas une preuve. Ce qui est dit dans les journaux.
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1 Vous savez, il y a toutes sortes de choses qu'on raconte dans les journaux.
2 Vous avez toutes sortes de journaux, et on ne peut pas dire qu'il s'agit là
3 de publications sérieuses. Donc moi, je ne saurais accepter ce qui est dit.
4 Q. Pourriez-vous répondre à la question ? Vous êtes de Banja Luka, vous
5 avez vu les blocus de la ville par les forces du SOS et pour un Croate ou
6 pour un Musulman qui a vécu la même chose, ne pensez-vous pas que ceci
7 pourrait être interprété comme une menace. S'ils le lisent, ce journal où
8 M. Brdjanin dit cela, et bien, où il a fait cet ultimatum, où il dit que le
9 SOS va revenir en l'espace de trois jours, si jamais, s'il ne s'exécute pas
10 --
11 R. Oui. Peut-être que vous pouvez l'interpréter comme cela.
12 Q. Oui. Car Glas, c'était un journal important.
13 R. Mais personne ne lisait le journal à l'époque.
14 Q. Personne ne lisait les journaux, c'est ce que vous dites.
15 R. Oui. Très peu de gens. Car il était difficile de circuler, et personne
16 n'allait acheter des journaux chez les marchands de journaux.
17 Q. Très bien.
18 Revenons au moment où vous rencontrez M. Brdjanin, pour la première fois.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Ackerman.
20 M. ACKERMAN : [interprétation] Monsieur le Président, il y a quelques
21 propos qui ont été formulés par le témoin et qui n'ont jamais été traduits.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. C'est un problème. Ceci pose un
23 problème.
24 M. ACKERMAN : [interprétation] Il a dit qu'il existe toutes sortes de
25 journaux, et il dit que ce journaliste n'était pas sérieux et que ce
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1 journal n'était pas sérieux du tout. Rien de tout cela n'a été traduit.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous avez entendu ce que
3 vient de dire Me Ackerman ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous avez dit cela ?
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Et bien, ceci pose un problème. Nous
8 demandons une explication. Est-ce que les interprètes trouvent que c'est
9 difficile de suivre ce témoin ? Car je n'ai pas l'impression que cela va
10 trop vite.
11 M. NICHOLLS : [interprétation]
12 Q. Vous conviendrez qu'en 1992, Glas était un journal du SDS.
13 R. Probablement.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que je peux regarder ce
15 document ? Examinons ce document que nous venons d'examiner, cet extrait du
16 journal. J'ai besoin de la version en langue anglaise, bien évidemment.
17 M. NICHOLLS : [interprétation] La traduction en langue anglaise ne comporte
18 pas le nom du journaliste.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Vous avez très bien compris de
20 quoi je parle.
21 M. NICHOLLS : [interprétation]
22 Q. Qui est l'auteur de ce journal ?
23 R. Zeljko Kopanj.
24 Q. Maintenant --
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, Maître Nicholls car je
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1 voudrais éclaircir ce point.
2 Est-ce l'intégralité du document qu'avait le témoin ou y avait-il une
3 deuxième page ? Très bien. Est-ce que je peux la voir. Peut-il nous montrer
4 le nom du témoin -- le nom de l'écrivain, de l'auteur de l'article --. Oui,
5 je le vois.
6 Monsieur le Témoin, que savez-vous au sujet de ce journaliste Andjelko
7 Kopanj?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Et bien, en lisant ces articles, j'ai pu
9 vérifier moi-même que ce qu'il a raconté, ne correspondait pas à la vérité.
10 C'était un journal indépendant
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais quand vous avez parlé de lui, vous
12 avez dit, d'après ce que dit, Me Ackerman, ce n'est pas sérieux du tout --
13 c'est ce que Me Ackerman affirme, apparemment vous, vous avez confirmé
14 avoir dit cela, évidemment je parle de M. Kopanj, pas de M. Ackerman.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Et bien, c'est sa façon d'écrire, voyez -- il
16 détourne les choses en donnant sa version, il le fait au jour d'aujourd'hui
17 encore quand il écrit pour les journaux.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur l'Huissier, je vous rends le
19 document.
20 M. ACKERMAN : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai mal lu sa
21 réponse précédente.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il a déjà répondu.
23 M. ACKERMAN : [interprétation] Il a dit qu'il n'était pas sérieux. Que ce
24 n'était pas une personne sérieuse et ensuite il y a une deuxième partie
25 dans sa réponse où il a dit : Qu'au jour d'aujourd'hui, au journal où il
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1 travaille aujourd'hui, il n'était pas très professionnel, et pas très
2 sérieux non plus.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.
4 M. NICHOLLS : [interprétation] Et bien, je voudrais tout de même reposer
5 cette question avant la pause.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y. Vas-y.
7 M. NICHOLLS : [interprétation] Peut-être qu'il y a une erreur
8 d'interprétation --
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que ce journaliste était connu à
10 l'époque, à l'époque où ces tactiques, cet interview, a été publié dans
11 cette publication Glas ? Est-ce que à l'époque il était déjà connu comme un
12 journaliste pas sérieux ?
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce que je vous dis --
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais à l'époque, avait-il déjà cette
15 réputation ?
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne peux répondre à la question. Je n'en
17 sais rien de la période dont vous parlez.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais nous parlons de la période d'avril
19 1992.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] J'étais beaucoup plus jeune à l'époque, trop
21 jeune peut-être pour pouvoir juger de la question. Mais à l'époque, je ne
22 m'intéressais pas à la politique. J'avais 23 ans, quelque chose comme ça.
23 M. NICHOLLS : [interprétation]
24 Q. Par conséquent, vous ne connaissiez pas sa réputation à l'époque ? Vous
25 ne lisiez même pas les journaux ? C'est bien ce que vous avez dit ?
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1 R. Oui, c'est exact.
2 Q. Vous ne pouvez donc pas juger de la crédibilité de cet article, et en
3 tout cas, de la manière dont la population de Banja Luka a perçu cet
4 article ? Vous ne pouvez pas vous prononcer sur la question, n'est-ce pas ?
5 R. Non.
6 Q. Merci.
7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous souvenez-vous d'une conversation
8 ou d'une autre que vous auriez pu avoir avec M. Brdjanin sur cet article en
9 particulier, ou sur ce rapport, ou le compte rendu de cette entrevue ? Il
10 ne s'est jamais plaint du fait qu'il avait été mal interprété ou que les
11 citations données de ce qu'il avait dit n'étaient pas exactes, elles ne
12 reflétaient pas la teneur exacte de ses propos ?
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais plus, je ne me souviens plus.
14 Précisément de quel journaliste il me parlait, mais il se plaignait souvent
15 des mauvaises interprétations qui étaient faites de ce qu'ils disaient.
16 Lorsque je dis, souvent, je dis peut-être deux, trois fois. Il m'a dit
17 certaines choses, et c'est la conclusion que j'en ai tirée. Je ne sais pas
18 s'il m'a parlé spécifiquement de cet article, mais à plusieurs reprises, il
19 m'a dit que ce qui était reflété dans l'article ne reflétait pas exactement
20 ses propos.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons faire une pause de 25
22 minutes.
23 Monsieur le Procureur, à votre avis, combien de temps vous faudra-t-il
24 encore pour mettre un terme à ce contre-interrogatoire ?
25 M. NICHOLLS : [interprétation] [hors micro] Je pense que j'en aurai terminé
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1 aujourd'hui. J'en suis même certain. Il me reste encore quelques questions
2 brèves. Je pense que j'en aurai terminé au cours de la prochaine séance,
3 après la pause.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.
5 M. ACKERMAN : [interprétation] Je voudrais rappeler que mon interrogatoire
6 a duré 45 minutes.
7 M. NICHOLLS : [interprétation] Je ne vois pas ce que -- quel rapport a cela
8 avec mon contre-interrogatoire.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Nicholls, vous en avez terminé
10 de vos remarques ?
11 Et bien, dans ce cas, faisons la pause de 25 minutes.
12 --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.
13 --- L'audience est reprise à 10 heures 59.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Nicholls.
15 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
16 Q. Vous avez dit que vous ne saviez pas si M. Kopanj faisait partie des
17 journalistes à propos duquel M. Brdjanin s'était plaint. C'est bien exact ?
18 R. Oui.
19 Q. Je vais vous parler donc des plaintes qu'avait exprimées M. Brdjanin à
20 votre encontre à partir du moment où vous avez commencé à surveiller sa
21 maison et puis au cours des années à venir, n'est-ce pas ?
22 R. Oui.
23 Q. Et au cours de cette période, vous avez entendu M. Brdjanin se plaindre
24 à deux ou trois reprises d'avoir été mal cité dans ces articles de
25 journaux ?
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1 R. Oui.
2 Q. Vous nous avez dit que ce journaliste manquait de sérieux ?
3 R. Maintenant, oui, en tout cas c'est ce que j'ai compris.
4 Q. Il a publié des articles qui ont exposé un certain nombre de crimes
5 graves qui avaient été commis par les forces serbes.
6 M. ACKERMAN : [interprétation] Peut-on avoir une idée de la période dont
7 vous parlez, s'il vous plaît.
8 M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]
9 M. NICHOLLS : [interprétation]
10 Q. Bien, ma question finalement porte sur l'ensemble des différentes
11 périodes à partir de 1992 et par la suite. A-t-il jamais fait la lumière
12 sur un certain nombre de crimes par les forces serbes ?
13 R. Oui.
14 Q. Et il a publié des articles qui portaient entre autre sur les massacres
15 qui ont eu lieu dans la région de la montagne de Vlasic. N'est-ce pas ?
16 R. Son journal a publié ce type d'articles, mais je ne pense pas qu'il les
17 a signés.
18 Q. Son journal a publié un article, un article qui reflétait la vérité,
19 n'est-ce pas ? Vous ne contestez pas cette réalité ?
20 R. Non, je ne la conteste pas.
21 Q. Donc, cet article reflétait bien la réalité. Nous nous sommes bien
22 compris ?
23 R. Oui.
24 Q. Et qu'est-il advenu de ce journaliste ? Que lui est-il arrivé en 1999 ?
25 R. Une bombe a été placé sous son véhicule, mais d'après ce que j'ai
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1 entendu, il y a eu une série d'article qui avait été publiée sur un certain
2 nombre de crimes et que c'est en rapport avec ces crimes-là que cette
3 tentative d'attentat a été perpétré.
4 Q. Donc qui vous a dit exactement pourquoi cette bombe avait été placée
5 sous sa voiture, et qu'en explosant, elle lui avait arraché les jambes ?
6 R. Et bien, c'est ce qui était dit à Banja Luka.
7 Q. Donc, c'était la rumeur, n'est-ce pas ? Ce n'était pas par le biais de
8 contact au sein des forces de la police ?
9 R. Il avait déjà dit une fois dans le journal, qu'il avait été victime de
10 menaces, menaces des gens qui faisaient l'objet de ces articles.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais je ne comprends pas très bien sur
12 quelle base le témoin s'est fondé pour dire que ce journaliste manquait de
13 sérieux.
14 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, je pense que vous avez raison, Monsieur
15 le Président. Je n'ai pas poursuivi dans cette voie, mais je vais le faire
16 à présent.
17 Q. Monsieur le Témoin, pourquoi avez-vous dit que ce journaliste manquait
18 de sérieux. Vous avez admis l'histoire qui avait été publiée -- les
19 histoires publiées dans ce journal, n'étaient pas totalement fausses ?
20 Pourquoi dites-vous qu'il manquait de sérieux ?
21 R. Je n'ai pas dit que cet interview en particulier publié n'avait pas été
22 -- n'était pas correcte. J'ai dit simplement que ce journaliste et le
23 journal pour lequel il travaille, parfois manque de sérieux, et qu'à deux
24 ou trois reprises, et bien ils ont dû apporter des corrections à ce qui
25 avait été publié. Ils ont dû également présenter leurs excuses à certaines
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1 personnes. C'est arrivé vis-à-vis de l'entreprise de télécommunication
2 également entreprise de transport ferroviaire, et cetera.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois que vous pouvez continuer,
4 Monsieur Nicholls.
5 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui.
6 Q. Le Témoin, nous allons revenir au moment que vous avez rencontré M.
7 Brdjanin pour la première fois.
8 R. Oui, c'était en 1992.
9 Q. Quel mois, excusez-moi, je ne me souviens plus, septembre ? Je ne me
10 souviens plus ce que vous avez dit.
11 R. C'était en autonome, la fin de l'automne ou le début de l'hiver. Donc,
12 c'est à mon avis, en octobre.
13 Q. D'emblé, dès votre première rencontre avec M. Brdjanin et sa famille,
14 vous avez été invité et bien à rentrer dans la maison et vous avez reçu un
15 accueil chaleureux ?
16 R. Oui, mais ce n'était pas seulement moi, ils ont adopté le même
17 comportement avec le collègue avec lequel je travaillais.
18 Q. Comment s'appelait-il ?
19 R. Boris Dimitrasinovic.
20 Q. Quand pour la dernière fois quel avais été votre poste à ce moment-là,
21 quand pour la dernière fois avez-vous surveillé son bâtiment, l'avez-vous
22 accompagné à Pale, et cetera.
23 R. Tant qu'il est resté ministre ou représentant au sein du gouvernement
24 de la Republika Srpska.
25 Q. Et par la suite ? Ou plus précisément, pendant toute cette période, vos
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1 rapports avec les membres sont restés chaleureux, n'est-ce pas ?
2 R. Oui.
3 Q. Vous n'avez pas seulement assuré la sécurité des lieux, vous avez
4 également participé à des fêtes, n'est-ce pas ou à des manifestations
5 festives au sein de la famille ?
6 R. Oui, mais je ne surveillais plus sa maison à ce moment-là. Nous nous
7 rendions visite effectivement et effectivement nous avions des rapports
8 sociaux.
9 Q. Vous avez dit qu'il avait une petite-fille ou un petit garçon de trois
10 mois, n'est-ce pas ?
11 R. Oui, un petit-fils.
12 Q. Avez-vous vu ce petit-fils ?
13 R. Oui.
14 Q. Quand ?
15 R. Il y a un mois.
16 Q. Donc vous êtes toujours en rapport ? Vous avez toujours des rapports
17 étroits avec la famille de M. Brdjanin ?
18 R. Et bien, oui, nous nous rendons visite pour les Slavas. Nous nous
19 voyons, disons, deux à trois fois par an.
20 Q. J'aimerais bien comprendre. J'aimerais bien comprendre. Vous avez eu --
21 vous êtes en rapport avec M. Brdjanin depuis une dizaine d'années environ,
22 et avec sa famille ? Au départ donc, vous vous êtes présenté chez lui parce
23 que le pare-brise de sa Toyota avait été brisé ou quelque chose comme ça,
24 n'est-ce pas ?
25 R. Quand on a forcé la voiture.
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1 Q. Oui, j'avais mal compris. Effectivement, on a forcé sa voiture, et puis
2 ensuite, vous avez été affecté à --
3 R. Bien. Il y a eu un rapport du SUP, par la suite, il y a eu une nouvelle
4 infraction.
5 Q. Est-ce que vous comprenez l'anglais, Monsieur ?
6 R. Pas très bien.
7 Q. Parce que j'ai l'impression que vous comprenez ma question avant
8 d'entendre toute l'interprétation, mais je vous demanderais de bien vouloir
9 attendre la fin de l'interprétation avant de répondre, s'il vous plaît.
10 Donc lorsque vous êtes arrivé, vous avez commencé à assurer cette sécurité,
11 vous travailliez de nuit, n'est-ce pas ? Vous surveilliez la maison de
12 nuit ?
13 R. Oui.
14 Q. Qui assurait la surveillance de la maison avant vous, si vous le savez.
15 Qui assurait la sécurité de M. Brdjanin ou, en tout cas, surveillait sa
16 maison, en 1992 jusqu'au moment où vous avez été affecté à ce même poste ?
17 R. Je pense que c'était Sevo, Nenad, et puis un Musulmans du nom de Cavka
18 ou Seva, Svraka, enfin quelque chose de ce genre.
19 Q. Mais ces deux hommes n'assuraient pas la surveillance au même moment
20 que vous, n'est-ce pas ? Il s'agissait là de vos prédécesseurs.
21 R. Oui.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'ai du mal à suivre quelques éléments
23 ici. De quoi parlons nous ici quand nous parlons de sécurité ou de
24 surveillance. S'agissait-il de surveillance de jour, s'agissait-il de
25 surveillance de nuit ? De quoi s'agissait-il exactement ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, de nuit seulement.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avant que vous n'arriviez sur place ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Et lorsque vous êtes arrivé, lorsque
5 vous avez été affecté, vous avez poursuivi cette surveillance, mais de
6 nuit, là encore ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Donc, en fait, seuls les noms, les
9 personnes ont changées ? Les personnes chargées de surveiller la maison ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Alors, pourquoi avons-nous parlé de cet
12 événement d'infraction dans la voiture et du vol ou du bris de son pare-
13 brise puisque déjà auparavant il avait des gardes qui étaient chargés de
14 surveiller les locaux, avant donc que cet événement ne se produise.
15 Parce que vous nous avez fait comprendre, au cours de votre témoignage, que
16 vous avez été affecté à la surveillance, vous et votre collègue, de cette
17 maison, la nuit, parce que suite à cet incident, il a été jugé nécessaire
18 de fournir ce type de service. Je parle notamment de l'infraction dans la
19 voiture, du fait que sa voiture ait été forcée et que son pare-brise ait
20 été volé ou brisé. Mais il y avait déjà, vraisemblablement une équipe de
21 surveillance de nuit. Ai-je tort ou ai-je raison ?
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. D'abord, il y avait eu infraction dans le
23 véhicule, une équipe de surveillance a été mise en place, et ensuite, il y
24 a eu vol du pare-brise à une ou deux reprises.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Etes-vous donc en train de suggérer que
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1 les gardes qui se trouvaient sur place avant vous ont été remplacés par
2 vous parce que les incidents se sont poursuivis ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Et bien, le pare-brise a été volé une première
4 fois lorsque j'étais de garde, moi.
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Les choses se compliquent, Monsieur
6 Nicholls, alors je crois que je vais m'arrêter là.
7 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.
8 Q. Ce que vous demandait le Président, c'est qu'à partir de 1992, et même
9 avant cela, M. Brdjanin bénéficiait d'un service de surveillance effectuée
10 par au moins deux gardes de sécurité, n'est-ce pas ?
11 R. Non, pas pendant toute l'année 1992.
12 Q. Et bien, quand ces équipes de surveillance ont-elles commencé à
13 intervenir ?
14 R. Deux ou trois mois avant que je n'ai été affecté à cette tâche. C'est
15 en tout cas ce que m'ont dit mes collègues. Donc avant que je remplace les
16 personnes qui étaient là avant moi.
17 Q. Vous êtes sûr que vous n'avez pas remplacé vos prédécesseurs parce que
18 M. Brdjanin et d'autres pensaient qu'il n'était pas approprié d'avoir un
19 Musulman parmi les gardes de sécurité ?
20 R. C'est eux qui ont demandé à être transférés ou mutés vers la police
21 chargée de la circulation. Parce qu'en ce qui concerne Seva, son beau-frère
22 travaillait dans ce service.
23 Q. Et c'est effectivement un souhait, pensez-vous, un souhait tout à fait
24 raisonnable, lorsque vous êtes policier de vouloir être transféré au
25 service qui s'occupe de la circulation ? A votre avis, vous vous souhaitez
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1 être muté pour être plus proche de votre beau-frère ? C'est l'explication
2 que vous proposez ?
3 R. Bien, c'était plus facile. Ce genre de travail était plus facile. Et
4 puis, il pouvait travailler la journée dans cette unité particulière de la
5 circulation, alors que là, il ne travaillait que la nuit.
6 Q. Vous ne lisiez peut-être pas le journal, mais vous avez travaillé aux
7 côtés de représentants officiels. Vous avez travaillé pour la police, donc
8 dans le domaine de la sécurité en 1992. Vous avez grandi à Banja Luka. Vous
9 savez que certaines personnes ont été licenciées du fait de leur
10 appartenance ethnique. Vous le savez, n'est-ce pas ? Je ne dis pas que ça a
11 été là la raison du départ de tout le monde, mais --
12 R. Oui, ça s'est produit.
13 Q. Oui, cela s'est produit effectivement, sur ordre de la cellule de Crise
14 de la région autonome de Krajina, n'est-ce pas ?
15 R. Je ne sais pas qui en a donné l'ordre, mais je sais que ça s'est
16 produit.
17 Q. J'aimerais vous montrer la pièce à conviction 688.
18 En attendant, vous avez parlé d'un homme qui s'appelle Davidovic, un peu
19 plus tôt, comment s'appelle-t-il ? Quel est son prénom exactement ?
20 R. Stojan, c'était mon commandant lorsque je me trouvais de Brcko.
21 Q. Très bien.
22 Il s'agit d'une décision de la cellule de Crise de la région autonome en
23 date du 22 juin 1992. La Chambre a déjà vu ce document, je ne vais pas
24 passer trop de temps à revenir dessus, mais vous serez d'accord avec moi
25 pour dire qu'il s'agit là d'une décision signée par votre ancien patron, M.
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1 Brdjanin.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ce n'était pas vraiment son ancien
3 patron. Nous n'avons aucune indication montrant que M. Brdjanin avait
4 effectivement employé le témoin.
5 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui. Effectivement. Oui.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] M. Ackerman veut aller plus loin.
7 M. ACKERMAN : [interprétation] Oui. Puis là, je pense que M. Nicholls nous
8 dit que ce document a été signé par M. Brdjanin, mais je pense que c'est
9 ici, une question contentieuse.
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Enfin, je pense que toutes les
11 signatures de M. Brdjanin font l'objet d'un contentieux, même celles qui
12 figurent sur le document que la Défense a déposées au dossier, et qu'elle
13 le présente comme étant de spécimen de sa signature.
14 Allez-y, Monsieur Nicholls. Continuez, s'il vous plaît.
15 M. NICHOLLS : [interprétation]
16 Q. Vous serez d'accord à dire qu'il s'agit d'un document qui semble avoir
17 été signé par M. Brdjanin dont le nom figure en bas de ce document. Une
18 décision donc de la cellule de Crise de la région autonome de Krajina
19 disant qu'une personne, appartenant au groupe ethnique serbe, peut occuper
20 un certain nombre de fonctions, n'est-ce pas ?
21 Je vous invite à répondre à haute voix, Monsieur le Témoin.
22 R. Oui. Ici, on y parle également d'intérêt national parce qu'à ce moment-
23 là, la guerre avait déjà éclaté.
24 Q. Et ce sont les personnes qui ont été licenciées ou que l'on a privées
25 de leurs emplois sur la base de leur appartenance ethnique. Les personnes
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1 qui relèvent de la catégorie de "l'intérêt national" comme vous le décrivez
2 vous-même.
3 R. Oui, mais il s'agit des postes à responsabilité, des postes de
4 direction en tout, d'après ce que je comprends.
5 Q. J'en ai terminé de ce document. Merci.
6 Lorsque vous finissiez des services de sécurité à M. Brdjanin, enfin, vous
7 n'avez jamais travaillé pour lui pendant la journée.
8 R. Oui. Sauf, une fois lorsque nous avons emmené Mira et les enfants en
9 voiture. C'était en septembre 1993, mais ça je l'ai déjà expliqué. Nous
10 l'avons emmenée, elle et les enfants. Mais ni moi, ni mon collègue, avec
11 qui donc je travaillais, n'avons fait autre chose que cela.
12 Q. Très bien. Mais vous avez dit avoir été à Pale avec M. Brdjanin. M.
13 Ackerman, a dit que vous, bien, lui teniez compagnie, quelque chose comme
14 cela. Mais vous assuriez sa sécurité de temps en temps, en tout cas, vous
15 avez assuré sa sécurité lors de son déplacement vers Pale.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Officiellement ou officieusement. Je
17 crois que nous devons être très clair sur la question.
18 M. NICHOLLS : [interprétation] Non. Je parle de sécurité officielle.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Non. Non. Officieusement.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, c'est pour ça que je vous pose la
21 question parce que cela fonctionne comme cela. A un moment donné ou un
22 autre, et bien, quelqu'un vous demande une faveur ou un service, est-ce que
23 vous pouvez venir demain ? Et puis voilà, et puis c'est comme ça que ça
24 fonctionne.
25 M. NICHOLLS : [interprétation]
Page 23517
1 Q. Est-ce exact, Monsieur le Témoin ?
2 R. Non. Non. Non. Je lui ai demandé si je pouvais l'accompagner à Pale.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.
4 M. NICHOLLS : [interprétation]
5 Q. Donc Monsieur le Témoin, vous avez été téléphoné à M. Brdjanin, vous
6 allez à Pale, est-ce que je peux profiter de la voiture et puis vous avez
7 discuté pendant le trajet.
8 R. Oui. Enfin, non. Nous bavardions le soir, il m'a dit, à ce moment-là,
9 qu'il allait aller à Pale le lendemain, et je lui ai demandé à ce moment-
10 là, est-ce que je peux accompagner -- vous accompagner ?
11 Q. Donc vous ne saviez pas, enfin bref, pendant la journée, vous ne saviez
12 pas où allait M. Brdjanin, le matin, par exemple, n'est-ce pas ?
13 R. Non.
14 Q. Il vous faut parler à haute voix, Monsieur.
15 R. Non.
16 Q. Vous ne saviez donc pas à qui il parlait, qui, il voyait.
17 R. Non.
18 Q. Vous ne savez pas quel document, il signait au cours de la journée ? A
19 quelle réunion, il assistait ?
20 L'INTERPRÈTE : Les interprètes n'entendent pas le témoin.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] M. Golic, s'il vous plaît, est-ce que
22 vous pouvez parler plus fort et vous rapprocher du micro ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.
24 M. NICHOLLS : [interprétation]
25 Q. Donc vous ne savez pas ce qu'il faisait au cours de la journée pendant
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1 l'année 1992.
2 R. Non.
3 Q. Donc vous ne savez pas où il allait pendant la journée.
4 R. Non. Non. Je n'étais pas présent pendant la journée.
5 Q. Vous avez également parlé pendant un certain temps ou enfin vous avez
6 mentionné le nom d'un certain nombre d'individus qui avaient assuré la
7 sécurité de M. Brdjanin. Je n'ai pas les noms sur l'écran, mais pourriez-
8 vous s'il vous plaît, me donner le nom d'autres personnes qui, à un moment
9 donné ou à un autre, ont assuré la sécurité ou en tout cas, ont fourni le
10 type de service que vous avez fourni à M. Brdjanin ?
11 R. Dimitrasinovic, Boris. Knezevic, Zeljko. Radonjic, Boro. Cavka,
12 Musulman. Et Seva, Nenad. Je sais que ces personnes ont fourni ce genre de
13 service.
14 Q. Bien. Vous avez également parlé assez longuement de l'opinion de M.
15 Brdjanin sur les couples mixtes et de ses opinions concernant les membres
16 de la population non-serbe. Au cours de l'année 1992, avez-vous regardé la
17 télévision pendant toute l'année à Banja Luka, et non pas seulement, après
18 le mois d'avril ?
19 R. Je n'étais pas à Banja Luka pendant toute l'année 1992, mais
20 effectivement, je la regardais de temps en temps.
21 Q. En 1992, vous n'appeliez pas les Croates, les Oustachi, n'est-ce pas ?
22 R. Non.
23 Q. Parce qu'il s'agirait là, n'est-ce pas, d'une manière raciste de faire
24 référence à ces personnes ?
25 R. Oui.
Page 23519
1 Q. De même vous n'appeliez pas les Musulmans des balijas pour les mêmes
2 raisons.
3 R. Non.
4 Q. Vous ne les qualifiez pas de rocailles non chrétiennes qui devaient
5 débarrasser le plancher serbe, n'est-ce pas ?
6 R. Non.
7 Q. Saviez-vous que la personne dont vous surveillez la maison, M. Brdjanin
8 faisait référence à cette personne en utilisant ce type de descriptif en
9 1992 ? Vous ne le saviez pas, n'est-ce pas ?
10 R. Non.
11 Q. Vous n'avez jamais entendu ce type de description.
12 R. Non.
13 Q. C'est tout à fait nouveau, n'est-ce pas, vous n'avez jamais entendu ce
14 genre de remarques --
15 R. Non.
16 Q. La famille de votre épouse a quitté Banja Luka en 1992, n'est-ce pas ?
17 Votre belle-mère s'est achetée un magasin à Zagreb ?
18 R. Oui.
19 Q. Et comment vivaient-ils ? Y avait-il un moyen de communication à
20 l'époque, du transport. Comment sont-ils partis plus précisément ? Comment
21 ont-ils quitté les lieux ?
22 R. Par avion.
23 Q. Quand, si vous vous en souvenez du mois ?
24 R. Je crois que c'était en mai, de l'aéroport de Makovjani jusqu'à
25 Belgrade, jusqu'à la Hongrie et jusqu'à Zagreb.
Page 23520
1 Q. Vous savez qu'un certain nombre de personnes qui vivaient à Banja Luka
2 à l'époque n'ont pas pu quitter les lieux par avion ?
3 R. Oui.
4 Q. Ils sont partis en bus, en car, en convoi. N'est-ce pas ?
5 R. Oui, dans des cars.
6 Q. Et vous savez que ces personnes étaient limitées dans le nombre et la
7 valeur des objets qui pouvaient emmener avec eux ?
8 R. En ce qui concerne leur position, je ne sais pas très bien. En ce qui
9 concerne l'argent, je crois qu'ils ne pouvaient pas emporter grand-chose, à
10 part leurs sacs, en tout cas, à ma connaissance.
11 Q. Vous -- la proposition suivante vous a-t-elle traversé l'esprit, à
12 savoir, que la famille de votre épouse avait pu quitter le territoire en
13 avion parce que et bien vous étiez un policier serbe ?
14 R. J'ai fait en sorte qu'ils puissent en avion, mais deux d'entre eux ont
15 pris leurs voitures.
16 Q. Bon, en bref, ils avaient une position privilégiée grâce à vous, parce
17 que vous, vous étiez dans une position privilégiée et qu'ils avaient la
18 chance de vous avoir en tant que beau-fils. Ça c'est simple, non, ou que
19 vous alliez vous marier avec elle ?
20 R. Mais je devais me marier.
21 Q. Veuillez répondre à ma question s'il vous plaît.
22 R. Oui, oui.
23 Q. Je voulais juste tirer au clair le fait que votre belle famille, elle
24 n'était pas typique, elle ne représentait pas les non-Serbes, la majorité
25 des non-Serbes à Banja Luka ? Vous serez d'accord avec moi pour dire que
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1 dans la population serbe il y avait un sentiment très fort contre les
2 mariages mixtes à cette période ?
3 R. Il y avait eu cas de ce type.
4 Q. Un Serbe marié avec une non Serbe n'était pas considéré étant la même
5 chose qu'une femme Serbe mariée à un homme Bosnien ?
6 R. En ce qui me concerne, c'est la même chose.
7 Q. Je ne parle pas de vous, mais de l'ambiance générale ?
8 R. Je suis incapable de répondre à cette question.
9 Q. Et si en mai 1992 par exemple, votre sœur était venue en vous disant,
10 je sors avec un Musulman, nous sommes fiancés, vous n'auriez pas de
11 problème avec ça, vous n'aurez pas eu de problème avec ça. Vous lui aurez
12 dit par exemple, bienvenue.
13 R. Oui.
14 Q. Je vais parler de cela en détail. Avez-vous jamais entendu M. Brdjanin
15 parler de ça à la télévision ?
16 R. J'ai vu Radoslav lors de la transmission des assemblées, mais je ne
17 l'ai pas entendu parler des couples mixtes.
18 Q. IL faut que nous soyons clairs là-dessus. Vous ne l'avez jamais entendu
19 pas seulement en 1992, puisque vous n'avez jamais regardé la télé à cette
20 époque. Vous n'avez jamais entendu M. Brdjanin parler en ces termes
21 terribles de non-Serbes en 1992. C'est la première fois que vous en
22 entendez parler, ici aujourd'hui ?
23 R. Pour ce qui est des mariages mixtes, oui.
24 Q. Non, je ne vous parle de cela. Je parle des termes péjoratifs, Balija,
25 Oustacha, Racaille, non Chrétiens, et cetera.
Page 23522
1 M. ACKERMAN : [interprétation] Monsieur le Président, il a déjà posé cette
2 question. Il se répète.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, il s'agit d'une autre chose. Il
4 s'agit au début -- la première fois que la question a été posée, il
5 s'agissait d'allégations, et maintenant on souhaite savoir s'il en a jamais
6 entendu parlé avant de venir dans ce prétoire.
7 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
8 M. NICHOLLS : [interprétation]
9 Q. Encore une fois--
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous n'avez pas répondu à la question.
11 La question qui vous a été posée, n'était pas celle de savoir si vous avez
12 entendu M. Brdjanin lui-même prononcer des discours de ce type. Mais avez-
13 vous entendu dire qu'il a prononcé des discours de ce type ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai juste entendu dire qu'il avait qualifié
15 des non Chrétiens, il les a qualifiés de communistes. C'est la seule que
16 j'ai entendue.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Voilà, nous avons encore des
18 communistes, ça devient de plus en plus compliqué, Monsieur Nicholls ?
19 M. NICHOLLS : [interprétation]
20 Q. Je ne pense pas. Je pense, Monsieur, que vous n'avez jamais entendu,
21 c'est ce que vous nous dites tout du moins dire que M. Brdjanin a prononcé
22 ces paroles ?
23 R. C'est exact.
24 Q. Vous l'avez gardé, vous avez assuré sa sécurité pendant la nuit, et
25 vous vous adressez à lui par son prénom.
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1 M. ACKERMAN : [interprétation] Qu'est-ce que cela veut dire ? M. Nicholls
2 vient de dire, "il était censé le garder la nuit".
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, oui, vous avez tout à fait raison.
4 M. Nicholls ne pensait pas dire cela.
5 M. NICHOLLS : [interprétation] J'avais juste à l'esprit le fait qu'il
6 assurait si bien sa sécurité que la voiture a été forcée à deux reprises
7 alors que lui était de service.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ça arrive.
9 M. NICHOLLS : [interprétation]
10 Q. Votre métier consistait en cela, d'assister, assurer la sécurité du
11 ministre et de sa famille pendant la nuit ?
12 R. Non, j'assurais la sécurité du bâtiment, de son appartement.
13 Q. Vous assurez la sécurité des personnes se trouvant dans cet
14 appartement. N'est-ce pas ?
15 R. Oui, mais parce que lui n'était pas là, je ne le suivais pas,
16 j'assurais la sécurité du bâtiment.
17 Q. Oui, vous le gardiez lui et sa maison et sa personne lorsqu'il se
18 trouvait dans cet immeuble. Cet homme était ministre, était le président de
19 la RAK, la cellule de Crise ?
20 R. J'en ai entendu parlé. Il était vice-président, un vice premier
21 ministre.
22 Q. J'ai entendu cela. Vous n'avez jamais été curieux de savoir comment cet
23 homme, quand cet homme est passé à la télévision, quels discours il
24 tenait ?
25 R. En 1992 ?
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1 Q. 1992, 1993.
2 R. Je ne sais pas. Je ne sais pas, peut-être que je l'ai vu une fois ou
3 deux fois. Il parlait du ministère. Ça ne m'intéressait pas vraiment.
4 Q. Bien.
5 [Le Conseil de l'Accusation se concerte]
6 M. NICHOLLS : [interprétation] J'en ai terminé avec ce sujet.
7 Je vous demanderais, Monsieur le Président, de passer en audience à huis
8 clos partiel.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Passons en audience à huis clos
10 partiel, si vous n'y voyez pas d'inconvénients.
11 [Audience à huis clos partiel]
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13 Pages 23525-23534 expurgées en audience à huis clos partiel.
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9 [Audience publique]
10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous sommes en audience publique.
11 M. NICHOLLS : [interprétation]
12 Q. Votre commandant, le commandant de votre unité, Stojan Davidovic, était
13 en réalité membre d'une unité spéciale du CSB. Je voudrais que ceci soit
14 bien clair ?
15 R. Et bien, il était le commandant de toute l'unité de la police, qu'il
16 s'agisse de réservistes ou de policiers d'actives.
17 Q. Etes-vous en train de nous dire qu'il n'a jamais fait partie de cette
18 unité spéciale du CSB ?
19 R. Je ne le sais pas.
20 Q. Et cet homme-là, le même homme est à présent le directeur du quartier
21 pénitentiaire de Banja Luka ?
22 R. Oui.
23 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.
24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Nicholls. Est-ce qu'il y
25 a d'autres questions, des questions supplémentaires de la part de Maître
Page 23536
1 Ackerman ?
2 M. ACKERMAN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, je serai bref.
3 Nouvel interrogatoire par M. Ackerman :
4 Q. [interprétation] Monsieur Golic, au début du contre-interrogatoire, M.
5 Nicholls vous a montré un article du journal publié dans le journal Glas,
6 avec ce soi-disant interview de M. Brdjanin. Vous vous en souvenez ? Au
7 mois d'avril, publié au mois d'avril 1992. On vous l'a montré au début et
8 vous avez parlé de l'auteur de cet article et vous avez dit que c'était une
9 personne qui n'était pas fiable ?
10 R. Et bien, c'est mon opinion. Et je ne l'ai pas vu avant aujourd'hui.
11 Q. Au mois d'avril, au mois de mai 1992, saviez-vous qu'il existait une --
12 un grand différend entre M. Brdjanin et l'éditeur de Glas, M. Mladjenovic -
13 -
14 M. NICHOLLS : [interprétation] Il ne peut pas poser de questions au sujet
15 des différends, des disputes, s'il ne lui a pas demandé auparavant s'il
16 était au courant de l'existence d'une telle dispute.
17 M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]
18 M. ACKERMAN : [interprétation]
19 Q. Etes-vous au courant de l'existence de ces différends entre le
20 responsable de l'éditorial du Glas et M. Brdjanin ?
21 R. A l'époque non, mais plus tard j'ai appris par Radoslav, en parlant
22 avec lui, qu'il y a eu une dispute entre les deux, mais c'était au mois
23 d'avril.
24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Au mois d'avril de quelle année ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] 1992. On m'a posé une question au sujet du
Page 23537
1 1992.
2 M. ACKERMAN : [interprétation]
3 Q. On vous a demandé si vous avez jamais entendu M. Brdjanin parler
4 contre, se prononcer contre les mariages mixtes. Je me demande si vous avez
5 entendu, de qui que ce soit d'autre, que M. Brdjanin était contre de tels
6 mariages ?
7 R. Non, car moi-même j'ai fait un mariage mixte, et c'est vrai qu'on ne
8 m'a jamais parlé de cela, peut-être justement parce que j'ai fait un
9 mariage mixte. C'est peut-être pour cela que les gens n'osaient pas m'en
10 parler.
11 Q. D'après votre meilleur souvenir, pourriez-vous me donner la date à
12 laquelle vous avez commencé à assurer la sécurité de la maison de M.
13 Brdjanin ?
14 M. NICHOLLS : [interprétation] Il lui a déjà posé une question à ce sujet.
15 Me Ackerman a déjà posé cette question. Il ne s'agit pas d'une question
16 acceptable pour les questions supplémentaires.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vais tout de même laisser Me
18 Ackerman poser cette question, car cette date n'est pas très claire.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Vers la fin de l'année 1992, au mois
20 d'octobre, au mois de novembre à peu près.
21 M. ACKERMAN : [interprétation] Je vais vous demander à nouveau, Monsieur le
22 Président, de passer à huis clos partiel.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Pouvons-nous passer à huis
24 clos partiel pour quelques instants.
25 [Audience à huis clos partiel]
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25 [Audience publique]
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous sommes en audience publique à
2 nouveau.
3 M. ACKERMAN : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Puisqu'il n'y a pas de question des
5 Juges, votre déposition s'arrête ici. Avant que l'Huissier ne vous escorte
6 pour quitter ce prétoire, je voudrais vous dire qu'on va faciliter votre
7 retour dans vos foyers [sic] le plus rapidement possible. Au nom des Juges
8 et de cette Chambre et du Tribunal, je souhaite vous remercier de votre
9 déposition, de votre présence. Et je vous souhaite un bon voyage de retour.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous en remercie.
11 [Le témoin se retire]
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons, je pense, discuter un
13 petit peu de la suite des événements de la semaine prochaine et au-delà.
14 Donc le témoin numéro 11, si j'ai bien compris, ne vient pas. Ai-je raison,
15 Maître Ackerman ?
16 M. ACKERMAN : [interprétation] La semaine prochaine, Monsieur le Président,
17 nous avons les témoins 8 et 27.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ces deux-là, c'est tout ?
19 M. ACKERMAN : [interprétation] Oui. Et je pense que cela va nous prendre
20 toute la semaine.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. De toute façon, nous siégeons
22 toute la semaine la semaine prochaine. Donc le premier témoin va sans doute
23 déposer pendant trois jours, peut-être même plus. Et ensuite, nous nous
24 revoyons le 12 janvier. Je sais qu'hier M. Cunningham nous a dit, qu'il va
25 profiter de la journée de demain puisque nous ne siégeons pas, pour
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1 organiser tout cela.
2 M. ACKERMAN : [interprétation] Lundi, Mme Korner nous a demandé si nous
3 pourrions fournir au Procureur une liste des témoins que nous allons citer
4 après les vacances judiciaires, une sorte de liste des témoins finals, et
5 je lui ai dit que nous allons certainement pouvoir le faire avant les
6 vacances. Donc j'en ai déjà parlé avec et nous nous sommes mis d'accord là-
7 dessus.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Vous auriez la gentillesse,
9 bien sûr, de nous en fournir un exemplaire.
10 M. ACKERMAN : [interprétation] Certainement.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En ce qui concerne les témoins 38 et
12 42, vous avez dit que le premier a été annulé -- reporté -- et que vous
13 avez des réserves quant au 42. Est-ce que la situation a changé, Maître
14 Ackerman ?
15 M. ACKERMAN : [interprétation] Nous avons des doutes quant aux deux
16 témoins, et finalement, je serais surpris qu'ils viennent.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce qu'il y a quoi que ce soit que
18 vous souhaitiez dire, Madame Korner ?
19 Mme KORNER : [interprétation] Et bien, la seule question que je souhaite
20 poser, c'est la question des résumés. Nous le recevons un jour ou deux
21 jours avant le début des dépositions.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez de la chance.
23 Mme KORNER : [interprétation] Et bien, effectivement nous sommes mieux
24 lotis que vous, Monsieur le Président. On nous a dit que, par exemple, en
25 ce qui concerne le témoin de lundi, et bien, qu'ils ont des déclarations et
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1 qu'ils pourraient nous fournir avant sa déposition.
2 Et bien, nous allons négocier là-dessus. Quand nous recevons la
3 déclaration qu'ils ont, et bien, nous allons leur fournir l'interview du
4 bureau du Procureur avec ce monsieur. Voici ce que je propose. C'est pour
5 lundi. Et ensuite, avant la pause, je voudrais savoir quels sont les
6 témoins qui viennent, s'il y a des déclarations qui contredisent les
7 entretiens de nos enquêteurs, et nous souhaitons recevoir ces déclarations
8 en même temps que la liste.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ackerman.
10 M. ACKERMAN : [interprétation] Nous allons le faire, Monsieur le Président.
11 Je ne pense pas que nous avons d'autres déclarations.
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Donc nous nous revoyons
13 lundi, lundi matin.
14 Mme KORNER : [interprétation] Est-ce que je peux vous demander si nous
15 allons travailler le matin ou l'après-midi la semaine prochaine.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Et bien, mardi et mercredi, dans
17 l'après-midi, à moins que nous ne réussissions à trouver une place le
18 matin.
19 Mme KORNER : [interprétation] Ceci serait vraiment bien.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Le problème vient de l'affaire Blaskic,
21 car je pense que la semaine prochaine --
22 Mme KORNER : [interprétation] Et bien, s'il y a une toute petite
23 possibilité que nous travaillions mercredi matin à la place de mercredi
24 après-midi --
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mme Chuqing.
Page 23542
1 Madame Korner, et bien, on lui a déjà posé cette question et je sais
2 qu'elle est en train de faire ses enquêtes à ce sujet.
3 M. ACKERMAN : [interprétation] Et qu'en est-il de jeudi ? Quand est-ce que
4 nous siégeons jeudi ?
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Et bien, jeudi le matin, vendredi le
6 matin aussi. Donc il ne reste que mardi et mercredi pour l'après-midi. Mais
7 c'est vrai que moi j'aurais préféré aussi les faire le matin, mais je ne
8 sais pas si ce sera possible à cause des demandes, des exigences, de la
9 Chambre d'appel qui est composée des différents Juges. Et donc cela est un
10 problème. Et puis aussi, pendant toute la semaine, il va y avoir Rajic --
11 Hadzihasanovic, Milosevic, et ceci nous laisse les mains liées. Donc moi,
12 je vais m'efforcer pour arranger tout le monde, y compris nous-mêmes.
13 Mme KORNER : [interprétation] Il s'agit d'une demande, d'un souhait
14 personnel, Monsieur le Président. Pour mercredi, cela m'arrangerait.
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons nous efforcer d'arranger
16 cela.
17 Mme KORNER : [interprétation] Mais de toute façon, je n'insistait pas.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons être coopératifs, nous
19 essayons toujours de le faire. Nous levons la séance pour aujourd'hui.
20 Merci.
21 --- L'audience est levée à 12 heures 14 et reprendra le lundi 15 décembre
22 2003, à 9:00 heures.
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