Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 15 décembre 2008

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 15 heures 06.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour.

  6   Veuillez appeler l'affaire.

  7   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour.

  8   IT-05-88-R.77.1, outrage au Tribunal de Dragan Jokic.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] L'accusé est présent dans le prétoire,

 10   ainsi que son conseil, Mme Isailovic.

 11   Maître Isailovic, vous avez des remarques préliminaires, n'est-ce pas ? Je

 12   vous en prie.

 13   Mme ISAILOVIC : Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour, Madame, Messieurs

 14   de la Chambre.

 15   J'ai demandé en effet de poser tout d'abord une question préliminaire,

 16   c'est-à-dire une requête en vertu de l'article 73 du Règlement concernant

 17   la publicité des débats.

 18   En effet, on est entré aujourd'hui dans la salle d'audience et les rideaux

 19   étaient -- la salle était fermée au public. Les rideaux étaient baissés. Et

 20   il y a d'autres éléments qui empêchent la publicité des débats

 21   d'aujourd'hui. Votre Chambre a évidemment pris une décision dont la Défense

 22   n'a pas eu la notification. Sinon, la Défense aurait réagi à cette

 23   ordonnance de tenir l'audience et les débats d'aujourd'hui à huis clos.

 24   Je me suis rendu compte tenu que dans le calendrier d'aujourd'hui, il est

 25   mentionné "Closed session," on n'a pas mentionné le numéro du dossier ni le

 26   nom de l'accusé, M. Dragan Jokic.

 27   J'ai posé la question sur l'internet par le biais duquel on avertit le

 28   public des tenues des audiences et du cours des dossiers devant le TPIY,

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  1   j'ai posé la question et ils m'ont dit qu'ils ont reçu le même calendrier,

  2   les empêchant d'annoncer l'audience d'aujourd'hui sur le net. Du coup, le

  3   public n'est pas averti, du coup tous mes confrères se sont demandé

  4   pourquoi je suis aujourd'hui là, et je me suis posé la question aussi, est-

  5   ce que je peux leur donner la réponse, vu cette ordonnance implicite, à mon

  6   sens, parce que je n'ai pas reçu de telle ordonnance.

  7   Or il est prévu dans notre Règlement qu'on applique devant la Chambre, dans

  8   les articles 78 et 79, tout ce qui concerne la publicité des tenues des

  9   débats devant votre Tribunal. Et il ressort de l'article 79 que le principe

 10   de publicité des débats peut-être être contrecarré, mais que la Chambre, et

 11   je vais lire en anglais : "The trial Chamber shall made public the reasons

 12   for its order." On se trouve aujourd'hui dans une situation, pour moi au

 13   moins, embarrassante. Je n'ai pas eu de telle ordonnance. Je me demande si

 14   elle existe. Et de toute façon, de facto, peu importe la publicité des

 15   débats d'aujourd'hui, c'est-à-dire qu'on ait levé le rideau, de facto la

 16   salle est vide, le public ne peut pas suivre les débats.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous interromps, parce que nous

 18   perdons énormément de temps précieux, Madame. Nous avons pu voir ce que

 19   vous avez dit sur le compte rendu, nous allons donc traiter cela pour

 20   commencer.

 21   Je vais faire bref.

 22   Vous vous souviendrez certainement que lors de cette procédure et au début

 23   de la procédure, nous avions pris la décision que ce qui se faisait en ex

 24   parte serait public, à savoir que des poursuites au titre d'outrage étaient

 25   instituées contre votre client. Ça, c'était il y a plusieurs mois, on a

 26   décidé la publicité.

 27   Lorsque la présentation des moyens de preuve a commencé, je me souviens

 28   précisément qu'étant donné que vous aviez soulevé la question d'ailleurs,

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  1   et étant donné le caractère détaillé des moyens de preuve que vous

  2   prévoyiez, notamment en ce qui concerne des questions personnelles

  3   afférentes à votre client, il avait été décidé que ces dépositions seraient

  4   entendues à huis clos. Donc la déposition a été entendue à huis clos, mais

  5   la procédure elle-même, à savoir outrage, est publique. La procédure elle-

  6   même n'a jamais été considérée comme étant secrète, et elle n'a jamais été

  7   traitée comme quelque chose de secret; et ce ne sera pas le cas désormais

  8   non plus.

  9   Qu'est-ce que nous allons faire aujourd'hui, la même chose que lorsque vous

 10   avez fait comparaître votre témoin et votre expert et lorsque des questions

 11   ont été posées à votre expert. A de telles occasions, nous avons entendu la

 12   déposition à huis clos, et ça va être le cas aujourd'hui. Donc ne vous

 13   faites pas de soucis, mais en attendant que commence le témoignage, nous

 14   allons travailler en séance publique. Et dès l'arrivée du témoin et dès le

 15   début de votre contre-interrogatoire, nous allons passer à huis clos, et

 16   nous allons terminer l'audience à huis clos, sauf s'il y a des raisons qui

 17   vous poussent à demander la séance publique.

 18   Je pense ne pas pouvoir être plus clair, et si vous avez d'autres

 19   remarques liminaires, vous pouvez les aborder.

 20   Mme ISAILOVIC : Monsieur le Président, merci de votre intervention et des

 21   suggestions, mais je persiste encore sur ma demande. Je n'ai pas terminé ma

 22   demande. Vous dites que je peux à tout instant demander le huis clos, mais

 23   par contre, la --

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non. Un moment.

 25   L'audience se fera à huis clos, et en séance publique uniquement si vous le

 26   demandez ou si nous décidons que le huis clos ne s'impose plus, sinon vos

 27   questions à l'expert, au psychiatre seront à huis clos.

 28   Mme ISAILOVIC : Merci. C'est ce que j'ai compris. Mais le Règlement est

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  1   clair, donc la publicité est la règle et le huis clos est une exception.

  2   Aujourd'hui on va tenir de facto une session pour laquelle le public n'est

  3   pas averti, ça sera de facto une session secrète, et la Défense est opposée

  4   à cette tenue.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avançons, ne perdons pas de temps sur

  6   des questions secondaires. Le public a été informé qu'il y aurait une

  7   audience aujourd'hui. Je suis d'accord avec vous pour dire que dans

  8   l'horaire et dans le programme, l'affaire n'a pas été annoncée. Ça ne

  9   change rien. Aujourd'hui, nous avons publicité. Tout le monde sait que

 10   l'audience maintenant implique votre client, donc commençons sans

 11   transition, s'il vous plaît.

 12   Mme ISAILOVIC : Je ne veux pas vous offusquer et offusquer votre Chambre,

 13   mais pour moi il se passe quelque chose de grave.

 14   La publicité -- le principe de publicité des débats est violé. Moi, je vais

 15   persister et je fais une demande devant vous en vertu de l'article 73 de

 16   renvoyer cette audience et de tenir une autre audience à une date convenue

 17   pour laquelle soit la publicité va être assurée, la publicité des débats,

 18   la session -- et le public averti de la tenue des sessions, ou de prendre

 19   une décision et de la notifier à la Défense comme le prévoit l'article 79

 20   de notre Règlement. Quoi que ce soit votre décision, la Défense va tirer

 21   les conséquences de cette décision.

 22   Merci.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons délibérer. Avez-vous

 24   l'intention de contre-interroger le témoin aujourd'hui à huis clos ou en

 25   séance publique, il s'agit de l'expert désigné par la Chambre ?

 26   Mme ISAILOVIC : Monsieur le Président, j'ai l'intention de poser la

 27   majorité des questions en audience publique. Uniquement les questions qui,

 28   vraiment, tiennent à la santé mentale, mais elles seront peu nombreuses,

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  1   seront à votre -- donc je vais demander le huis clos, et si vous le

  2   décidez, ça va être à huis clos. Sinon la majorité va -- doit, à mon avis,

  3   se dérouler à l'audience publique, et c'est pour cela, ça me gêne vraiment

  4   que le public ne soit pas averti de la tenue de l'audience.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Je pense que toute l'ex-

  6   Yougoslavie attend avec impatience devant sa télévision pour voir sur quoi

  7   porte l'affaire d'aujourd'hui.

  8   Mme ISAILOVIC : Monsieur le Président, juste --

  9   [La Chambre de première instance se concerte]

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 11   Maître, l'exigence de publicité s'applique à la tenue de l'audience et pas

 12   à l'annonce et la publication du programme. Et toute personne qui est

 13   intéressée à savoir ce qui se fait au Tribunal aujourd'hui peut suivre

 14   l'audience.

 15   L'audience se tiendra en audience publique aujourd'hui, sauf lorsque

 16   vous nous direz qu'il faut passer à huis clos, auquel cas nous passerons à

 17   huis clos, comme nous l'avons déjà fait précédemment lorsque vous avez

 18   convoqué votre propre expert.

 19   Bon. Ce chapitre est clos. Avez-vous d'autres remarques liminaires, je vous

 20   prierais de prendre la parole.

 21   Mme ISAILOVIC : Merci, Monsieur le Président.

 22   Une autre question, c'est, vu la technicité élevée d'une partie du contre-

 23   interrogatoire et des rapports d'expertise de l'expert [inaudible],

 24   j'aurais besoin d'une consultation téléphonique avec l'expert de la

 25   Défense, Mme Anna Najman, qui a paru le 10 décembre l'année dernière devant

 26   vous, et pour cela, j'aurais besoin d'une ligne téléphonique qui sera mise

 27   à ma disposition entre 17 heures et 19 heures. Si vous permettez un

 28   aménagement des débats et des pauses, pour que je puisse à un temps utile

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  1   lui poser certaines questions, si besoin est.

  2   Je l'ai prévenue de ce besoin, mais la question se pose de ce téléphone

  3   parce que je ne suis pas dans mon bureau, je n'ai pas de ligne protégée

  4   pour communiquer avec Mme Najman. Du "Defence room" on ne peut pas

  5   communiquer avec l'étranger, et j'aurais aimé disposer de cette ligne à un

  6   moment pendant une vingtaine de minutes, et je demande à la Chambre

  7   d'ordonner au service du Tribunal de me mettre -- de mettre à ma

  8   disposition une ligne protégée. Merci.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Cette demande nous a été communiquée au

 10   préalable, et on nous a également dit que l'administration vous a dit que

 11   vous recevez des frais administratifs pour prendre en charge de tels cas.

 12   Donc si vous avez besoin de téléphoner à votre expert, c'est à vous de

 13   pendre vos dispositions, et ce n'est pas à la Chambre de le faire pour

 14   vous, et le greffe ne prendra pas ces dispositions non plus. Ça, c'est la

 15   première chose.

 16   Deuxièmement, entre 17 heures et 19 heures, nous allons faire une pause

 17   comme prévu, mais tout dépend du moment où nous ferons la pause.

 18   Donc commençons. Et je pense que c'est à vous de trouver le moyen de

 19   contacter votre expert, si vous en avez vraiment besoin.

 20   Mme ISAILOVIC : Ce n'est pas une question de frais, parce que je suis prête

 21   à rembourser au Tribunal les frais de cette communication sur la part donc

 22   des honoraires que je reçois du greffe. Par contre, je ne dispose pas de

 23   ligne téléphonique protégée parce que j'ai uniquement mon téléphone

 24   portable. Donc il me faut uniquement techniquement une ligne et je vais

 25   rembourser les frais engendrés par cette communication au greffe.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que c'est à vous, vous devez

 27   vous arranger avec le greffe, pas avec nous.

 28   [La Chambre de première instance se concerte]

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame la Greffière, est-ce vous pouvez

  2   contacter le greffe pour voir si vous pouvez résoudre cela pour Me

  3   Isailovic. Nous ne pouvons pas faire cela nous-mêmes.

  4   D'autre chose avant de faire entrer le témoin ?

  5   Mme ISAILOVIC : La dernière chose, Monsieur le Président, serait le délai

  6   qui me serait imparti pour le mémoire en clôture supplémentaire. Vous

  7   m'avez imparti un délai de quatre jours, et je me réserve le droit de

  8   demander à la fin, vu les débats et les résultats des débats, la

  9   prolongation de ce délai qui me paraît très court. Merci et c'est tout.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous nous direz plus tard de combien de

 11   temps vous avez besoin et nous adapterons notre décision en fonction de

 12   cela.

 13   Faisons entrer le témoin à présent. Nous sommes toujours en audience

 14   publique.

 15   Mme ISAILOVIC : Monsieur le Président, avant l'entrée, j'ai préparé des

 16   copies des rapports. Je ne sais pas si vous disposez des copies des

 17   rapports de M. Vermetten et de Mme Neimann, parce que j'ai préparé les

 18   copies, donc je peux les donner à M. Vermetten.

 19   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître, nous avons tout. Peut-être un

 21   exemplaire supplémentaire, si vous en avez un pour l'un de mes confrères.

 22   Bonjour, Monsieur Vermetten. Est-ce que vous m'entendez ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour et bienvenu au Tribunal.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous vous avons convoqué ici, car nous

 27   estimions qu'il allait dans l'intérêt de la justice en l'espèce de

 28   permettre à M. Isailovic, qui représente le Défendeur, de vous contre-

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  1   interroger sur le contenu de votre rapport et vos constatations. Avant que

  2   vous ne déposiez en vertu de notre Règlement, je vous invite à prêter

  3   déclaration solennelle selon laquelle vous direz toute la vérité. Je vous

  4   prierais de donner lecture de cette déclaration qui sera votre engagement

  5   solennel.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

  7   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  8   LE TÉMOIN: ERIC VERMETTEN [Assermenté]

  9   [Le témoin répond par l'interprète]

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'espère que la langue anglaise vous

 11   convient pour déposer.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, tout à fait.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Fort bien. Maître Isailovic, le témoin

 14   est à vous.

 15   Contre-interrogatoire par Mme Isailovic : 

 16   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Vermetten. Je m'appelle Branislava

 17   Isailovic, je représente les intérêts de M. Dragan Jokic, et je suis

 18   avocate du barreau français de Paris. Je vais vous parler en B/C/S, c'est

 19   la langue qui est parlée par l'accusé. Donc je vais vous poser les

 20   questions en B/C/S simplement pour éviter que l'on doive nous interpréter.

 21   [en français] -- une copie à M. l'Huissier des rapports de M. Vermetten et

 22   d'Ana Najman.

 23   Je veux poser la question à M. Vermetten : [interprétation] Aimeriez-vous

 24   avoir une copie papier. Voilà, vous l'avez. Très bien.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'ai avec moi.

 26   Mme ISAILOVIC : -- voudrais donner à M. Vermetten tout de suite le rapport

 27   de Mme Neimann, parce que je vais lui poser certaines questions afférentes

 28   à ce rapport. Si vous êtes d'accord, M. l'Huissier peut lui donner ce

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  1   rapport.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie. Certainement, oui,

  3   c'est fort utile. Entre-temps, M. Vermetten pourrait peut-être nous

  4   répondre à la question suivante : avez-vous pris connaissance de ce

  5   rapport, rapport qui a été rédigé par Mme Neimann ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est le rapport qui vient de m'être remis ?

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne crois pas avoir eu l'occasion de le

  9   lire. En fait, je crois, que c'est ---

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, mais est-ce que vous le voyez pour

 11   la première fois aujourd'hui ou bien est-ce que vous l'avez déjà vu

 12   auparavant ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Si je lis la première page, je constate que je

 14   n'ai pas vu ce rapport auparavant.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Isailovic, vous pouvez

 16   continuer.

 17   Mme ISAILOVIC [interprétation] :

 18   Q.  Comme je l'ai mentionné, Monsieur Vermetten, je vais vous poser des

 19   questions en B/C/S et je vais parler lentement afin que l'on puisse

 20   permettre aux interprètes d'interpréter mes propos et aussi afin que M.

 21   Dragan Jokic puisse entendre toutes les questions que je vais vous poser.

 22   Je vais commencer d'abord par votre CV. Malheureusement, je n'ai pas eu

 23   l'honneur d'avoir votre CV et d'en prendre connaissance, je n'ai donc pas

 24   pu voir quel était votre champ d'expertise, mais je vais vous poser des

 25   questions très lentement.

 26   D'abord j'aimerais savoir, quel est votre parcours, qu'est-ce que vous avez

 27   fait comme études.

 28   R.  En ce qui concerne ma formation, j'ai fait l'école de médecine, à

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  1   l'Université de Maastricht, ensuite j'était interne en psychiatrie aux

  2   Pays-Bas en partie, et aux Etats-Unis, où j'ai continué par formation en

  3   tant que neuroscientifique avant de retourner aux Pays-Bas où je travaille

  4   en tant que psychiatre. Je suis également directeur d'un département de

  5   recherche à Utrecht.

  6   Q.  Je vous remercie. J'aimerais vous demander ceci : s'il nous fallait

  7   faire une différence entre le travail de psychiatre, de psychologue, de

  8   neuropsychiatre, de neurologue et de neuropsychologue, si j'ai bien

  9   compris, vous vous considérez psychiatre et vous êtes également neurologue.

 10   Est-ce que c'est ainsi que je dois vous comprendre ?

 11   R.  Non, je vais rectifier. Je suis psychiatre. Aux Pays-Bas, un psychiatre

 12   c'est quelqu'un qui est médecin, docteur en médecine, au contraire du

 13   psychologue qui n'a pas de licence médicale. Donc en plus de ma licence

 14   médicale, je suis également enregistré en psychiatrie, c'est une

 15   spécialisation de quatre ans et demi en plus de votre formation médicale.

 16   En plus de cela, j'ai étudié la neuroscience qui est une science

 17   ouverte à tous, psychiatres autant que psychologues et autres disciplines.

 18   Q.  Seriez-vous d'accord avec moi pour dire que la neuropsychologie fait

 19   partie d'un domaine très précis de ces sciences neuropsychologiques, pour

 20   les appeler ainsi, et que pour travailler en tant que neuropsychologue, il

 21   est absolument nécessaire d'avoir une éducation spécialisée juste pour

 22   travailler dans ces domaines ?

 23   R.  En fait, un psychiatre, en général, se fait [inaudible]  son savoir-

 24   faire de plusieurs disciplines. Et ça peut être en neuropsychologie ou la

 25   neuropsychiatrie. Mais la psychiatrie est une discipline qui intègre de

 26   nombreux champs. Par le passé, aux Pays-Bas, il y avait une spécialité qui

 27   couvrait la neurologie et la psychiatrie, c'était un docteur en médecine

 28   neurologique. Mais ces dernières années, ce champ était scindé en

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  1   neurologie et psychiatrie. Donc c'est la branche de la médecine qui étudie

  2   les questions liées au cerveau en particulier.

  3   Q.  Dois-je donc comprendre que vous n'avez pas un diplôme en psychologie ?

  4   Vous n'avez pas fait des études dans ce domaine ?

  5   R.  Je n'ai pas eu de formation de psychologue. C'est ainsi que je

  6   répondrais à cela, effectivement. Est-ce que je peux ajouter quelque chose,

  7   cela vous aidera peut-être.

  8   Le domaine de la psychologie porte sur la santé et les comportements

  9   normaux de personnes dites saines. Et la psychiatrie porte sur des

 10   personnes touchées par une pathologie. Et l'explication de la pathologie

 11   provient d'éléments tirés d'autres champs, d'autres disciplines. Mais c'est

 12   la pathologie qui est centrale et la base de connaissances est tirée

 13   d'autres disciplines, dont notamment la psychologie et la neuropsychologie.

 14   Est-ce que j'ai bien répondu à la question ?

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que nous connaissons tous la

 16   distinction entre les psychologues et les psychiatres. C'est la raison pour

 17   laquelle nous avons fait venir un psychiatre et pas un psychologue comme

 18   expert. Merci.

 19   Poursuivons.

 20   Mme ISAILOVIC : [interprétation]

 21   Q.  Est-ce que cela veut dire que vous ne vous penchez pas sur l'analyse

 22   des pathologies d'une personne, ou plutôt, vous ne vous penchez pas sur

 23   l'examen de l'analyse de la personnalité d'une personne mais vous ne vous

 24   penchez que sur la pathologie.

 25   R.  Les troubles de la personnalité sont également des psychologies en

 26   psychiatrie. Donc je dirais que c'est également une de mes spécialités.

 27   Q.  Merci beaucoup. Je vous demanderais, s'il vous plaît, de nous énumérer

 28   précisément, brièvement, de nous expliquer le domaine de votre expertise.

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  1   R.  Ma spécialité, c'est le stress dit traumatique, donc tout ce qui est

  2   lié à l'exposition d'un sujet au stress, à un traumatisme, et cela peut se

  3   décliner en plusieurs choses, violence, conflits armés qui posent une

  4   difficulté à l'individu. Et ma spécialité porte sur l'effet de ces

  5   circonstances sur le cerveau, ainsi que l'esprit et le corps qui met en

  6   cause la validité.

  7   Et j'ai quitté les Pays-Bas et j'ai travaillé sur les vétérans du Vietnam

  8   en tant qu'associé de recherches à Yale. J'examinais l'effet de la guerre

  9   du Vietnam sur des fonctions particulières telles que - enfin, la santé et

 10   les pathologies de personnes qui ont subi les conséquences de la guerre du

 11   Vietnam. Et c'est toujours ma spécialité. J'ai fait un doctorat sur ce

 12   sujet, sur les troubles liés au stress post-traumatique avec, comme sous-

 13   titre, "Traitement et neurobiologie".

 14   J'ai fait plusieurs publications. Je pourrais vous donner les titres

 15   de mes publications qui figurent dans mon CV. Vous y trouverez toute une

 16   série des articles publiés dans les magazines scientifiques qui ont fait

 17   l'objet d'une relecture par des spécialistes.

 18   Q.  Un instant, s'il vous plaît.

 19   Mme ISAILOVIC : Je pense -- parce que moi, j'ai pas eu l'honneur donc

 20   de recevoir ce curriculum vitae. Je pense pour notre dossier, ça peut être

 21   utile d'avoir une copie de ce curriculum vitae dans notre dossier pour la

 22   continuation de la procédure.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, d'accord. Vous pouvez lui donner

 24   mon exemplaire. Vous pouvez lui faire une copie et dans l'intervalle, je

 25   ferai faire une copie pour moi.

 26   Mme ISAILOVIC : Ça serait utile pour la continuation. Ça aurait été utile

 27   de recevoir même avant, peut-être pour économiser le temps. Mais je vais

 28   continuer.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, d'accord. Nous sommes surpris que

  2   vous n'ayez pas reçu un exemplaire.

  3   Il est deux ou trois fois plus long que les deux rapports pris ensemble,

  4   d'ailleurs.

  5   Mme ISAILOVIC : Merci, Monsieur le Président. Donc vaut mieux maintenant

  6   que jamais. On le dit comme cela.

  7   Q. [interprétation] Monsieur Vermetten, je vais passer maintenant à votre

  8   expertise en tant que témoin expert dans les tribunaux. J'aimerais savoir

  9   quelle est votre expérience de témoin expert auprès des tribunaux ou bien

 10   est-ce également contenu dans votre CV, et à ce moment-là, vous pourriez

 11   peut-être montrer le passage, citer le passage ou nous l'expliquer

 12   brièvement.

 13   R.  Qu'est-ce qu'un expert auprès du Tribunal ? Est-ce que ça signifie que

 14   vous voulez savoir quelles sont les affaires pour lesquelles j'ai déposé

 15   devant un tribunal ? Ça ne figure pas dans mon curriculum. J'ai déjà rédigé

 16   deux rapports préalables qui ont été remis en 2008.

 17   Q.  Dites-nous, s'il vous plaît, si ces témoignages ou si ces rapports

 18   avaient été faits devant ce Tribunal ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Est-ce que vous pensez à d'autres affaires, à deux affaires différentes

 21   dans lesquelles vous avez déposé en tant que témoin expert et non pas Jokic

 22   ?

 23   R.  Il y a d'une part l'affaire Jokic, puis il y a une autre affaire.

 24   Q.  Je crois avoir remarqué dans le rapport Jokic - mais nous allons y

 25   arriver - qui nous dévoile l'autre affaire dans laquelle vous avez déposé,

 26   car le nom est resté dans le rapport Jokic. Mais ceci peut arriver à tous,

 27   bien sûr. Mais dans tous les cas, c'est votre expérience, pour ce qui est

 28   de votre expertise auprès des tribunaux; c'est cela ?

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un moment. Tirons cela au clair, parce

  2   que selon l'interprétation que nous avons, il est question de comparaître

  3   "devant un tribunal," devant une juridiction. Il faudrait que votre réponse

  4   soit plus compréhensive.

  5   En ce qui concerne ce Tribunal, vous nous avez clairement dit que c'était

  6   la deuxième fois.

  7   Mais aux Pays-Bas ou devant les juridictions nationales ou à l'étranger ou

  8   aux Pays-Bas devant d'autres juridictions, est-ce que vous avez déjà été

  9   expert désigné par la cour ou par l'une des parties à l'occasion de procès

 10   ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je me souviens d'une fois. C'était au

 12   tribunal d'Arnhem. En tant qu'expert psychiatre,  j'ai fait office d'expert

 13   mais pas pour un tribunal dans une situation telle que celle-ci.

 14   Mme ISAILOVIC : [interprétation]

 15   Q.  Si je puis résumer votre expérience en tant que témoin expert auprès

 16   des tribunaux, s'agissant du domaine d'expertise que vous nous avez évoqué

 17   tout à l'heure, on pourrait dire que vous avez donc donné votre expertise

 18   dans l'affaire Jokic, dans l'autre affaire

 19   pour un autre accusé qui comparaît devant le Tribunal pénal international

 20   de l'ex-Yougoslavie, et cette troisième fois où vous avez été consultant,

 21   mais je suis vraiment désolée si je prononce mal la ville où vous avez

 22   déposé, Arnhem ?

 23   R.  Effectivement, Arnhem. A-r-n-h-e-m.

 24   Q.  Merci beaucoup.

 25   R.  Pour autant que je m'en souvienne, c'est exact.

 26   Q.  Monsieur Vermetten, je vous demanderais, s'il vous plaît, de passer à

 27   un autre sujet de ce contre-interrogatoire, et cet autre sujet a trait aux

 28   circonstances entourant votre nomination en tant que témoin expert

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  1   psychiatre dans l'affaire Jokic, pour laquelle vous comparaissez en tant

  2   que témoin expert aujourd'hui d'ailleurs. En tant que conseil de la

  3   Défense, j'ai reçu deux rapports émanant de vous. Pourriez-vous nous dire,

  4   s'il vous plaît, si c'est tout ce que vous avez préparé pour ce Tribunal ?

  5   R.  [aucune interprétation]

  6   Q.  Excusez-moi. Non, je vais répéter ma question. Elle n'est peut-être pas

  7   claire.

  8   En tant que conseil de la Défense de Dragan Jukic, j'ai reçu un rapport que

  9   vous vous aviez envoyé au greffe du Tribunal en date du 30 mai, il

 10   s'agissait d'une version signée, alors que vous leur avez fait parvenir une

 11   version non signée le 29 mai de cette année, et j'ai reçu également un

 12   autre rapport que vous aviez fait parvenir au greffe en date du 29 juillet

 13   de cette année. Pourriez-vous nous dire est-ce que ce sont tous les

 14   rapports que vous avez fait parvenir au greffe concernant l'affaire Dragan

 15   Jokic ?

 16   R.  C'est exact.

 17   Q.  Merci beaucoup. Dites-nous, s'il vous plaît, avant que vous ne vous

 18   penchiez sur cette affaire et sur ces rapports, est-ce que vous avez eu

 19   l'occasion d'examiner des documents qui avaient trait aux ordonnances

 20   faites par la Chambre de première instance concernant une nécessité de

 21   faire une expertise ?

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avant que vous ne répondiez à la

 23   question, on ne peut pas voir au compte rendu d'audience votre réponse à la

 24   question précédente. La question précédente était la suivante :

 25   "En ce qui concerne les deux rapports, ces documents sont-ils la totalité

 26   de ce que vous avez fourni à la Cour dans le cadre de votre expertise dans

 27   l'affaire Dragan Jokic ?"

 28   Est-ce que vous avez remis d'autres documents, en plus de ces deux rapports

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  1   ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Effectivement, présenté comme cela, la réponse

  3   est non.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. C'est bien, nous pouvons

  5   poursuivre. Nous avons tiré les choses au clair.

  6   Mme ISAILOVIC : Monsieur le Président, je pense qu'on n'a pas, parce que

  7   vous avez changé la tournure de la question, parce que la réponse était,

  8   "Oui" --

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ne vous en faites pas, parce que c'est

 10   clair. C'est tout à fait clair. C'est limpide. Ne vous en faites pas.

 11   Mme ISAILOVIC : C'est tout -- bon.

 12   Q.  [interprétation] Monsieur Vermetten, j'aimerais savoir si vous avez eu

 13   l'occasion de voir des ordonnances par lesquelles on a demandé un témoin

 14   expert dans l'affaire de Dragan Jukic.

 15   R.  Oui, lorsque l'on m'a demandé de faire mon expertise, cette information

 16   m'a été transmise par un fonctionnaire de La Haye, donc lors de

 17   l'invitation à déposer en tant qu'expert, donc la réponse est "oui," mais

 18   je ne sais pas si vous voulez que j'entre dans les détails de cette

 19   information qui m'a été fournie.

 20   Q.  Pour être tout à fait limpide, j'aimerais savoir si vous vous souvenez

 21   que, pour la première fois, on vous a demandé de vous exprimer le plus tôt

 22   possible sur l'état de santé mentale de Jokic avant l'appel et avant de lui

 23   avoir envoyé une injonction à comparaître --  "la signification de la

 24   citation à comparaître."

 25   R.  J'essaie de lire votre question sur le moniteur. On m'a demandé de

 26   faire une expertise psychiatrique dans le cadre de l'affaire, c'est ce que

 27   j'ai fait, et mon rapport dont vous parliez date du 29 mars, avec une

 28   lettre d'accompagnement du 30 mars. Ensuite on m'a posé une question

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  1   spécifique; on m'a demandé de réexaminer M. Jokic au sujet d'une question

  2   particulière que j'avais traitée dans mon rapport, et cela, le 29 juillet.

  3   Donc le premier rapport était assez général, une évaluation psychiatrique,

  4   et le deuxième portait sur une question particulière.

  5   Q.  Pour la deuxième fois, est-ce qu'on vous a posé deux questions ?

  6   R.  Oui, tout à fait. J'en donne lecture et je réponds à ces deux questions

  7   dans mon rapport.

  8   Q.  Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, qui était la personne avec

  9   laquelle vous aviez eu des contacts lorsqu'on vous a demandé de faire une

 10   évaluation psychiatrique générale de l'état de santé de Dragan Jokic, à qui

 11   avez-vous parlé ?

 12   R.  Le nom de la personne qui m'a contacté --

 13   Q.  En fait, pour être bien honnête, j'aimerais savoir, cette personne

 14   appartenait à quelle section du Tribunal. Est-ce que c'est quelqu'un du

 15   greffe, était-ce quelqu'un de la Chambre de première instance. Vous pouvez

 16   également citer le nom du contact. Je crois qu'il n'y a pas de problème.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Faisons bref. Vous ne pouvez pas poser

 18   de questions directes, nous pouvons le faire.

 19   On vous a invité à mener à bien cette tâche, qui était votre contact ? Les

 20   Juges ou le greffe, et le quartier pénitentiaire ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Quartier pénitentiaire.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. A qui avez-vous soumis le

 23   rapport, les deux rapports, lorsqu'ils ont été prêts ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] (expurgé)

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Et peut-être à d'autres après, selon ses

 27   instructions.

 28   Mme ISAILOVIC : [interprétation]

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  1   Q.  Lorsque vous avez reçu ces deux questions bien précises après votre

  2   premier rapport, pourriez-vous me dire si quelqu'un vous a précisé les

  3   raisons pour lesquelles on vous demandait de répondre à ces questions et

  4   quelle était la différence entre ces rapports ?

  5   R.  Les questions étaient suffisamment claires, il s'agissait d'aspects

  6   qu'il y avait lieu de traiter, car le rapport n'y apportait pas de réponse.

  7   Q.  Je vous pose cette question, parce qu'en réponse à la première question

  8   - et j'ai cette ordonnance de la Chambre - on vous a demandé de répondre --

  9   ou plutôt, je vais vous donner lecture en anglais -- je vais vous donner

 10   lecture de la décision :

 11   "Le greffe nommera une personne qui examinera M. Jokic conformément à la

 12   pratique professionnelle et devra rendre compte de l'état de santé mentale

 13   de M. Jukic à la Chambre de première instance avant ou après la

 14   signification de la citation à comparaître."

 15   Ensuite, pour ce qui est de la deuxième question - et j'insiste sur cette

 16   deuxième question, parce que il y avait deux questions - effectivement, on

 17   vous a demandé de préciser si possible et de donner l'état d'esprit mental

 18   de Dragan Jukic lorsqu'il a refusé de témoigner dans l'affaire le Procureur

 19   contre Popovic et Tadic."

 20   Je voudrais savoir, en tant que profane, de quelle façon est-ce que vous

 21   avez compris quelle était la différence entre le fait d'évaluer l'état de

 22   santé mentale, d'une part -, et c'est ce que vous avez fait, effectivement

 23   - et dans un deuxième temps, d'évaluer son état d'esprit ? Pourriez-vous

 24   nous dire quelle est la différence entre ces deux et comment voyez-vous la

 25   différence entre ces deux concepts ?

 26   R.  Il est assez difficile de faire état de l'état de santé mentale d'un

 27   sujet lorsque l'on n'a pas assisté à la consultation en tant que

 28   psychiatre, donc répondre rétrospectivement à cette question est difficile.

Page 90

  1   On ne peut procéder que de manière indirecte, utiliser des rapports de

  2   consultation antérieurs pour reconstruire ce qui aurait vraisemblablement

  3   été le cas. Et je pense que c'est l'interprétation des lecteurs de ce

  4   rapport, ils ont formulé les questions de manière suffisamment spécifique

  5   pour aider le Tribunal à trouver une réponse à ces questions de manière

  6   condensée. Donc je pensais qu'il était normal, du point de vue de la

  7   séquence logique des choses, que l'on pose des questions qui soient plus

  8   précises -- et ce sont les questions qu'on m'a posées.

  9   Q.  Je vais vous poser d'autres questions sur le contenu du rapport un peu

 10   plus tard. Mais pour résumer, c'était tout à fait clair pour vous de savoir

 11   pourquoi est-ce que d'abord on vous avait demandé quelque chose, alors que

 12   pour moi, en tant que profane, c'est tout à fait identique, et par la suite

 13   on vous a demandé de préciser, mais sous la forme d'une question concrète.

 14   R.  Rien n'est absolument clair, mais c'était suffisamment clair pour

 15   m'exécuter et fournir une réponse à la question posée d'une manière plus

 16   détaillée que dans le cadre du premier exercice.

 17   Q.  Mais, Monsieur Vermetten, votre expertise s'agissant du domaine de

 18   l'évaluation de l'état d'esprit ou comme vous l'avez appelée, l'évaluation

 19   d'un stress post-traumatique, de quelle façon ce stress peut influer les

 20   capacités humaines, vous l'avez déjà fait dans un premier rapport, dans le

 21   premier rapport vous avez fait ces évaluations-là, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Je souhaiterais maintenant passer à la méthodologie de votre travail,

 24   puisque nous avons posé les mêmes questions au témoin expert précédent, et

 25   je crois que ces questions sont fort utiles.

 26   D'abord, permettez-moi de vous poser la question suivante : à la lecture de

 27   votre rapport, je n'ai pas très bien saisi quelque chose. J'imagine que

 28   vous avez rendu visite à trois reprises à Dragan Jokic, mais

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  1   malheureusement je n'ai pas pu trouver dans votre rapport la date de la

  2   troisième visite. Alors je vous demanderais de bien vouloir nous donner la

  3   troisième date ou de nous dire combien y avait-il de visites et quand, si

  4   vous avez les dates.

  5   R.  Je pense que dans le premier rapport, j'indique avoir rendu visite à M.

  6   Jokic deux fois : le 15 avril, deux heures et demie; et le 22 avril, deux

  7   heures au quartier pénitentiaire. Et dans le cadre du deuxième rapport,

  8   j'ai rendu visite une fois à M. Jokic le - voyons voir, où est-ce que cela

  9   est indiqué.

 10   Q.  Malheureusement, cela ne figure pas dans votre rapport et c'est la

 11   raison pour laquelle je vous pose cette question. Vous avez peut-être noté

 12   ceci dans un carnet de notes.

 13   R.  Oui, je vois ici, dans le deuxième rapport, donc effectivement, cela

 14   figurerait dans mon carnet de notes. Toutes mes excuses si ce n'était pas

 15   indiqué clairement dans mon rapport.

 16   Q.  Vous affirmez donc que vous vous y êtes rendu une troisième fois ?

 17   R.  Oui, absolument, et je pense que la durée de la visite était

 18   approximativement la même, deux heures, deux heures et demie.

 19   Q.  Je vous demanderais de bien vouloir nous dire qui était présent lors de

 20   ces examens médicaux ?

 21   R.  Toutes mes excuses, je ne me souviens pas des noms, mais lors de chaque

 22   visite, j'étais accompagné de quelqu'un qui faisait l'interprète pendant

 23   toute la visite.

 24   Q.  Dois-je donc conclure que les examens avaient lieu à l'aide d'un

 25   interprète, et que vous n'aviez pas de contact direct avec Dragan Jokic,

 26   n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui, enfin, nous communiquions par communication verbale et non

 28   verbale. Je connais un petit peu le serbe, mais effectivement, j'ai eu

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  1   l'aide d'une interprète.

  2   Q.  Si l'on vous demandait maintenant d'évaluer la participation de

  3   l'interprète, si l'on fait un total de six heures que vous avez passées

  4   avec l'accusé, combien de temps est allé à l'interprétation ? Si j'ai bien

  5   compris, vous deviez sans doute poser une question, l'interprète traduit

  6   votre question, et Jokic répond, ensuite l'interprète vous interprète les

  7   propos de Jokic. Est-ce que c'était ainsi que les choses se déroulaient ?

  8   R.  Oui, c'est exact. Je dois vous dire que j'ai eu l'occasion en continu

  9   d'observer le comportement à la fois verbal et non verbal de M. Jokic

 10   pendant toute la période de temps, alors qu'il répondait ou ne répondait

 11   pas. Je précise que dans la profession, il importe également de regarder

 12   une personne lorsque celle-ci demeure silencieuse, sans s'exprimer. Alors

 13   pour les deux, je dirais que la parole était assez lente, parfois il était

 14   difficile de saisir les éléments qui étaient demandés. Donc je dirais qu'il

 15   est peut-être un peu difficile de donner un pourcentage, 40 %, voire plus.

 16   C'est comme ici. Lorsque vous communiquez, il y a des pauses, il y a des

 17   silences, et en fait, je ne sais pas si tout est bien traduit. Parfois

 18   lorsqu'il y a de l'émotion, il faut revenir à la question qui peut prendre

 19   pas mal de temps avant que je sois confiant et satisfait de la réponse

 20   donnée.

 21   Q.  Pourriez-vous me préciser lorsque vous dites "content," qu'est-ce que

 22   vous voulez dire par là exactement ? Dans quel sens ?

 23   R.  En ce sens que je pouvais résumer toutes les observations que j'avais

 24   formulées pendant ce laps de temps. Donc l'avantage d'avoir pu interroger

 25   une personne lors de deux visites précédentes facilitait ma tâche lors de

 26   ma troisième visite à M. Jokic.

 27   Mme ISAILOVIC : Monsieur le Président, je voudrais à cet instant vous

 28   demander quelque chose.

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  1   Parce que je me suis aperçue que dans les pièces à conviction 7A et 7B, qui

  2   sont en effet les rapports de Mme Ana Najman, il s'est glissé une erreur

  3   dans la pièce qui représente la traduction concernant -- c'est la page 55

  4   de dossier, de notre dossier. Concernant le temps que Mme Najman a consacré

  5   à l'examen de M. Jokic. En effet, dans l'original, on dit que c'est deux

  6   jours, pendant deux jours et cinq heures par jour, alors que dans la

  7   version anglaise on dit que c'est cinq heures en tout. C'est-à-dire donc la

  8   moitié du temps réel et je vous prie juste soit d'ordonner la correction de

  9   cette erreur. Merci.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous en prenons note au plan

 11   judiciaire. Merci.

 12   Mme ISAILOVIC : Merci, Monsieur le Président.

 13   Q.  [interprétation] Monsieur Vermetten, dans votre rapport, et ce, au tout

 14   début du rapport, vous faites référence à certains documents et vous faites

 15   référence également à certaines personnes que vous avez consultées dans le

 16   cadre de la rédaction de votre rapport rédigé pour la Chambre de première

 17   instance, bien sûr, et nous pouvons, si vous le souhaitez, lire ensemble

 18   ceci.

 19   Donc dans le premier rapport, vous évoquez vous être consulté avec le

 20   Dr Petrovic. J'imagine que c'est Vera Petrovic, c'est le psychiatre de M.

 21   Jokic. Est-ce que vous avez ce texte sous les yeux ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Ensuite, le rapport du neuropsychiatre, du Dr Vera Petrovic, c'est le

 24   rapport qu'elle a fait en date du 22 avril 2008. Ensuite, il y a eu des

 25   communications avec - je vais certainement me tromper lorsque je

 26   prononcerai ce nom - c'est Mme Remelzvan [phon], qui est une infirmière --

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît, Madame. On

 28   a attiré notre attention sur le fait que le rapport du témoin est un

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  1   rapport confidentiel. Il a été déposé par le greffier sous pli scellé alors

  2   que vous faites des références précises sur les deux rapports et nous

  3   sommes en audience publique pour l'instant. Donc il y a deux façons de

  4   procéder : nous pouvons passer à huis clos partiel ou bien à huis clos,

  5   lorsque vous souhaitez faire des références précises aux rapports, ou bien

  6   je peux consulter également mes collègues pour savoir s'ils sont prêts à

  7   lever le caractère confidentiel, au moins pour ces questions. Mais je ne

  8   sais pas quelles seront les questions de suivi. Donc j'hésite quelque peu

  9   de lever le caractère confidentiel de ces rapports. Personnellement, c'est

 10   pour ce qui me concerne, je ne sais pas ce qu'en pensent mes collègues.

 11   Mais permettez-moi de les consulter d'abord.

 12   [La Chambre de première instance se concerte]

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Donc nous sommes prêts à lever la

 14   confidentialité. Donc vous pouvez poursuivre en session ouverte. Donc levez

 15   la confidentialité du rapport aux fins de ces questions.

 16   Mme ISAILOVIC : Monsieur le Président, il me semble que les questions qui

 17   concernent la méthodologie du travail de l'expert n'entrent pas dans le

 18   domaine de confidentialité. Mais juste pour vous rassurer, je vais

 19   reformuler ma question, c'est-à-dire je vais poser des questions directes,

 20   parce que ça ne concerne pas le contenu du rapport mais justement la

 21   méthodologie du travail. Et je vais poser la question juste à l'expert

 22   qu'il réponde sur la base de quoi il s'est référé en rédigeant son rapport

 23   en dehors de l'examen de M. Jokic. Bien sûr, toutes les données concernant

 24   la santé mentale et la famille de M. Jokic, à mon avis, doivent être

 25   confidentielles.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Poursuivons.

 27   Mme ISAILOVIC [interprétation] :

 28   Q.  Monsieur Vermetten, vous avez compris, n'est-ce pas, quel était le

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  1   problème. Donc j'aimerais vous demander de vous rappeler, si vous le

  2   pouvez, sur la base de quelles données, outre l'examen de M. Jokic, vous

  3   vous êtes basé pour rédiger votre rapport ?

  4   R.  C'est donc dans le premier rapport à la page 3. Je ne vais pas vous en

  5   donner lecture à haute voix, mais vous parliez des consultations auxquelles

  6   je m'étais livré avant ma première visite auprès de M. Jokic.

  7   Q.  Non, je vais vous expliquer. Je ne vous demande pas de nous citer votre

  8   rapport. Tout ce qui m'intéresse c'est la méthodologie -- enfin, votre

  9   rapport m'intéresse comme méthodologie de votre travail indépendamment du

 10   fait qu'il s'agisse de ce qui est écrit dans votre rapport oui ou non, pour

 11   ne pas passer à huis clos partiel, dites-le-nous, s'il vous plaît, si vous

 12   le pouvez. Et vous pouvez certainement prendre tous les outils qui vous

 13   sont nécessaires pour nous dire qu'est-ce que vous avez fait avant

 14   d'examiner Dragan Jokic, quels sont les ouvrages que vous avez lus, quels

 15   sont les rapports que vous avez lus, avec qui vous vous êtes entretenu.

 16   Tout ce qui m'intéresse, ce n'est pas la teneur des propos que vous avez

 17   entendus au sujet de M. Jokic, mais avec qui vous êtes vous entretenu et

 18   qu'est-ce que vous avez entendu à son sujet avant de rédiger votre rapport.

 19   R.  J'ai consulté en fait son psychiatre traitant, le psychiatre qui le

 20   connaissait par courrier électronique. J'ai demandé l'autorisation de M.

 21   Jokic de le consulter. Alors je ne sais pas si - j'hésite mais en général

 22   je l'ai fait, je crois l'avoir fait dans ce cas - effectivement, j'avais

 23   demandé la permission de consulter cette personne après ma première visite

 24   afin de corroborer ce qui m'a été dit et pour obtenir des informations

 25   supplémentaires, puisqu'il n'y avait pas de rapport de psychiatrique que je

 26   pouvais utiliser dans mon rapport. Donc ça, c'était une source

 27   d'information. Donc il y avait une partie consultation, il y avait une

 28   partie, c'était le rapport neuropsychiatrique, puis il y avait des

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  1   médicaments dans le traitement de M. Jokic et il n'y avait aucun registre

  2   des médicaments en question. Je sais que certains médicaments peuvent

  3   entraver la capacité d'une personne, ou plutôt, sa capacité mentale peut

  4   être entravée par les médicaments. Je voulais savoir quels médicaments

  5   avaient été prescrits. Pourquoi. Puisque des médicaments étaient prescrits,

  6   il fallait que je dispose de cette information assez inhabituelle. Mais il

  7   me paraissait essentiel d'avoir ces informations. Aussi j'ai consulté les

  8   infirmières qui étaient disponibles à cette période-là.

  9   Ensuite la troisième partie de l'information, ça c'est simplement le

 10   type d'information générale. Il y a un site Web où j'ai pu en quelque sorte

 11   contextualiser l'information concernant l'affaire et les procédures et

 12   situation de la procédure de ce Tribunal. Donc le site Web mentionné dans

 13   le rapport est également utile en ce qui me concerne.

 14   Q.  Je vais rester au -- enfin je vais citer le premier rapport. Vous dites

 15   : "Ce que j'ai appris était un peu inhabituel, inusité." Je vous

 16   demanderais de préciser ce que vous avez dit là, s'il vous plaît.

 17   R.  Je vous prie de m'excuser --

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que vous devez expliquer. Moi-

 19   même je n'ai pas compris votre question.

 20   Mme ISAILOVIC [interprétation] :

 21   Q.  Pendant que vous donniez une réponse à ma question précédente, je suis

 22   en train de lire la réponse que vous aviez donnée au compte rendu

 23   d'audience, c'est la ligne 18 et vous pouvez suivre avec moi; vous dites :

 24   "Il me fallait avoir cette information et ce que j'ai appris était un

 25   peu inhabituel."

 26   Puisque ceci m'interpelle, j'aimerais savoir pourquoi est-ce que vous

 27   pensiez que ce que vous aviez reçu était inhabituel ?

 28   R.  J'ai appris que M. Jokic a reçu soit le Bromazepam ou le Temazepam,

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  1   enfin, un médicament qu'il avait démarré un certain jour, et je voulais

  2   savoir avant de donner un médicament à une personne, il faut savoir

  3   pourquoi on lui a donné ce médicament, quel est l'incident qui s'est passé

  4   juste avant. Puisque je n'avais pas son dossier médical, en général, avec

  5   mes patients, la pratique suivante, c'est que je me réfère à d'autres

  6   tableaux. Et en m'adressant aux infirmières de recherche, c'est qu'en

  7   général on ne reçoit pas beaucoup de demandes de ce genre. Donc ce n'est

  8   peut-être pas nécessaire pour d'autres psychiatres conseils d'avoir ces

  9   informations. Mais dans ce cas précis, il me paraissait important d'avoir

 10   cette information. Et je me référais donc à une des citations de

 11   l'infirmière lorsque j'ai demandé la permission de regarder le tableau du

 12   dossier médical.

 13   Q.  Nous avons ce dossier médical, il fait partie du dossier, et nous avons

 14   déjà parcouru ce dossier médical en la présence de Mme Ana Najman. Mais

 15   j'aimerais savoir si lors de la rédaction du deuxième rapport, si vous vous

 16   êtes servi d'informations supplémentaires ?

 17   R.  Non. Pour mon deuxième rapport, je me suis fié uniquement aux

 18   informations, puisque j'avais déjà eu accès à suffisamment d'informations

 19   pour le premier rapport. Je pouvais donc baser mon rapport sur l'entretien

 20   que j'ai eu avec lui pour cette seule visite, et il ne m'était pas

 21   essentiel ni nécessaire pour moi d'effectuer une autre visite ou de

 22   demander des informations complémentaires.

 23   Q.  En êtes-vous absolument certain ?

 24   R.  Oui, tout à fait. "Vous êtes-vous fié à des informations

 25   supplémentaires ?" "Non, je me suis basé sur les informations qui se

 26   trouvaient donc lors de la deuxième visite. Ça me suffisait."

 27   Mme ISAILOVIC : Monsieur le Président, parce que je voudrais évoquer le

 28   contenu du rapport, donc je vous prie qu'on passe à huis clos.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je vous en prie.

  2   Donc passons à séance privée.

  3   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Huis clos partiel.

  5   Mme LA GREFFIÈRE : [aucune interprétation]

  6   [Audience à huis clos partiel]

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 13  Pages 100-139 expurgées. Audience à huis clos partiel.

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 24   [Audience publique]

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous sommes en séance publique.

 26   Maître, vous avez besoin pour vos arguments supplémentaires de combien de

 27   temps ?

 28   Mme ISAILOVIC : Justement, je voulais vous demander au moins dix jours,

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  1   parce que j'ai d'autres obligations aussi avec mon cabinet à Paris.

  2   Et pour moi, juste pour vous expliquer. Donc c'est encore plus important

  3   pour moi que le premier.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. Nous vous donnons davantage

  5   encore. Nous vous donnons jusqu'à la fin des vacances judiciaires, c'est-à-

  6   dire jusqu'au 12 janvier. Cela devrait vous donner suffisamment de temps

  7   pour nous présenter votre mémoire supplémentaire, mémoire final de la

  8   Défense.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie. Merci.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je voulais également profiter de cette

 11   occasion pour vous souhaiter de bonnes fêtes.

 12   [La Chambre de première instance se concerte]

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître, avant de lever l'audience, est-

 14   ce que vous souhaitez parler à votre client et lui demander s'il souhaite

 15   faire d'autres déclarations ? En fait, il nous a entendu.

 16   Monsieur Jokic, non. M. Jokic, je l'ai vu, ne souhaite pas faire de

 17   déclarations supplémentaires.

 18   L'audience est levée. Et nous attendons votre mémoire final, et nous

 19   rendrons notre décision en temps voulu.

 20   --- L'audience est levée à 19 heures 00, sine die.

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