Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 5 février 2009

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.

  5   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  6   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

  8   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] J'aimerais vous rappeler que la

  9   déclaration solennelle que vous avez prononcée en début de déposition est

 10   toujours valable, Monsieur.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Neuner, je vous en prie.

 13   LE TÉMOIN : ALI GJOGAJ [Reprise]

 14   [Le témoin répond par l'interprète]

 15   Interrogatoire principal par M. Neuner : [Suite]

 16   Q.  [interprétation] Bonjour à toutes les personnes présentes dans le

 17   prétoire ainsi que celles qui sont à l'extérieur du prétoire. Bonjour à

 18   vous, Monsieur.

 19   J'aimerais vous demander une précision, car hier vous avez fait

 20   référence à plusieurs reprises à un certain Buda. J'aimerais savoir quel

 21   est le nom de famille et le prénom de Buda.

 22   R.  Budimir Spasic.

 23   Q.  Hier vous avez également fait référence à un certain Jova. J'aimerais

 24   savoir quel est le nom de famille et le prénom de Jova ?

 25   R.  Jovan Vujicic.

 26   Q.  J'aimerais que nous reparlions de Korisa. Hier - et cela fait l'objet

 27   de la page 41 du compte rendu d'audience - vous avez indiqué que sept à

 28   huit policiers avaient retiré des corps d'une fosse. Pourquoi est-ce que

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  1   vous pensez que ces hommes qui étaient en train de retirer ces corps

  2   étaient des policiers ?

  3   R.  Tout simplement parce qu'ils portaient des uniformes de la police, donc

  4   en règle générale il s'agit de policiers.

  5   Q.  A quelle distance de ces policiers vous trouviez-vous au moment où ils

  6   ont enlevé ces corps ?

  7   R.  A une distance de 15 à 20 mètres.

  8   Q.  Est-ce que vous aviez vraiment pu voir, parce que je crois comprendre

  9   que cela s'est passé dans l'obscurité, dans la pénombre, c'était le soir,

 10   n'est-ce pas ?

 11   R.  Je les ai vus, parce qu'en fait ils ont fait un feu à cet endroit.

 12   C'est pour ça que je les ai vus.

 13   Q.  Merci.

 14   R.  Les phares des pelleteuses étaient allumés, ce qui fait que j'ai pu les

 15   voir.

 16   Q.  Où est-ce que les policiers ont amené ces corps ?

 17   R.  Ils les ont chargés dans un camion; et nous, nous nous sommes chargés

 18   du deuxième camion parce que comme je vous l'ai dit, il y avait deux

 19   camions et deux pelleteuses.

 20   Q.  Est-ce que vous pourriez décrire les camions si tant est que vous vous

 21   en souveniez, à quoi ressemblaient ces camions.

 22   R.  Il s'agissait de gros camions. Il y avait des réfrigérateurs, donc il y

 23   en avait un. Le nôtre en tout cas il était de couleur rouge et la chambre

 24   froide était blanche. Pour ce qui est de l'autre camion, je ne me souviens

 25   pas de la couleur.

 26   Q.  Est-ce que vous vous souvenez si ces camions avaient des plaques

 27   d'immatriculation ?

 28   R.  Non, non, il n'y avait pas de plaques d'immatriculation.

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  1   Q.  Vous avez déjà indiqué que vous étiez en train de travailler. Quel

  2   genre de travail faisiez-vous cette nuit-là ?

  3   R.  Les pelleteuses ont exhumé les corps et nous, nous les avons placés à

  4   bord des camions.

  5   Q.  Non. J'aimerais, en fait, obtenir une précision. J'aimerais savoir si

  6   vous, vous avez travaillé à l'endroit où ont travaillé les policiers en

  7   question ou est-ce que vous étiez ailleurs ?

  8   R.  Non, nous étions à Korishe, c'est là où ils ont tué ces personnes.

  9   C'est à cet endroit que nous-mêmes, ainsi que les policiers, avons mis ces

 10   corps à bord des camions.

 11   Q.  Bien. Mais vous n'avez pas répondu à ma question. Dans cet endroit qui

 12   s'appelle Korishe, est-ce que vous travailliez au même endroit que les

 13   policiers en question ou est-ce que vous travailliez sur une autre tombe ?

 14   R.  Non, nous avons travaillé séparément et dans des endroits différents.

 15   Parce qu'eux avaient un camion; nous, nous avions un camion. Eux, ils

 16   travaillaient avec leur propre groupe; et nous, nous travaillions avec

 17   notre groupe.

 18   Q.  Donc vous, vous étiez avec votre groupe et vous vous occupiez d'une

 19   tombe différente, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Qui vous a dit ce que vous deviez faire sur cette deuxième tombe ?

 22   R.  C'est Buda.

 23   Q.  Qui a déterminé ou établi l'emplacement de cette deuxième tombe ?

 24   R.  Moi, je ne savais rien, mais à l'endroit où nous avons travaillé, il y

 25   avait cette pelleteuse et il y avait ce camion qui n'ont pas été déplacés

 26   et qui ont commencé à travailler de suite.

 27   Q.  Il se peut que je me sois mal exprimé. Mais j'aimerais savoir si vous

 28   vous souvenez qui vous a indiqué que cet endroit ou cette fosse était la

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  1   fosse que vous deviez ouvrir et creuser, qui vous l'a dit cela ?

  2   R.  C'est Buda.

  3   Q.  J'aimerais savoir combien de cadavres vous avez déplacés cette nuit-là

  4   ?

  5   R.  Je ne les ai pas comptés, mais je dirais entre 80 et 90.

  6   Q.  Quels étaient les vêtements qui étaient portés par les défunts ?

  7   R.  Ils étaient en habits civils.

  8   Q.  Pourquoi est-ce que vous pensez qu'ils étaient habillés en civil ?

  9   R.  Parce qu'on peut tout à fait discerner des vêtements civils d'autres

 10   vêtements. Ils ne portaient pas d'uniforme, donc ils n'étaient habillés

 11   qu'avec des vêtements civils.

 12   Q.  Est-ce qu'il y avait des armes auprès de ces corps que vous avez dû

 13   déplacer ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Dans quel état se trouvaient les corps ?

 16   R.  Les corps se trouvaient dans un état de décomposition avancée. Je dois

 17   dire qu'il y avait une puanteur. Il nous a été très, très difficile de

 18   travailler.

 19   Q.  Ces corps, donc ces 80 ou 90 corps, où les avez-vous

 20   amenés ?

 21   R.  Ecoutez, ça je n'en sais rien, parce qu'ils nous ont emmenés à un autre

 22   endroit pour que nous creusions et récupérions d'autres corps. En plus il

 23   pleuvait, donc je ne sais pas en tout cas où ils ont amené les corps.

 24   Q.  Mais lorsque vous avez déplacé ces corps à Korisa, où est-ce que vous

 25   les avez physiquement amenés, placés ?

 26   R.  Nous les avons mis à bord du camion.

 27   Q.  Lorsque vous êtes parti de Korisa, à votre départ, où se trouvaient les

 28   camions ?

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  1   R.  Ils étaient au même endroit, ils étaient à l'endroit où nous avions

  2   chargé les corps sur les camions.

  3   Q.  Mais vous, cette nuit, lorsque vous êtes parti de Korisa, est-ce que

  4   les camions sont partis également ou est-ce qu'ils sont restés à cet

  5   endroit ?

  6   R.  Les camions sont restés à cet endroit.

  7   Q.  Bien. A quelle heure environ êtes-vous partis de Korisa cette nuit-là ?

  8   R.  A environ 2 heures du matin.

  9   Q.  Où êtes-vous allés à 2 heures du matin ?

 10   R.  Nous sommes allés à la décharge publique de la ville. Alors dans un

 11   premier temps les pelleteuses y sont allées, puis nous, nous sommes arrivés

 12   et nous avons commencé à creuser et à récupérer les corps.

 13   M. NEUNER : [interprétation] J'aimerais obtenir l'aide de M. l'Huissier

 14   pour avoir la pièce P277 affichée à l'écran.

 15   Q.  J'aimerais, Monsieur, que vous nous indiquiez, lorsque la carte sera

 16   affichée sur votre écran, l'emplacement où se trouvait cette décharge

 17   publique.

 18   M. NEUNER : [interprétation] J'aimerais demander l'aide de M. l'Huissier,

 19   je vous prie, est-ce que vous pourriez fournir ou donner au témoin le

 20   stylet.

 21   Q.  Alors est-ce que vous pourriez faire un cercle à l'endroit où se trouve

 22   d'après vous la décharge publique ?

 23   R.  Un petit moment, je vous prie. Voilà où se trouvait cette décharge

 24   publique, c'était près du village de Shpinadjinadi.

 25   Q.  Bien. Je vois que vous avez fait un cercle. Est-ce que vous pourriez,

 26   je vous prie, mettre le chiffre 2 à côté de ce cercle.

 27   R.  [Le témoin s'exécute]

 28   Q.  Qui vous a accompagnés de Korisa à la décharge publique ?

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  1   R.  J'étais avec mes collègues de travail, puis la police, la police elle

  2   nous a accompagnés là-bas, ensuite elle nous a entourés pour nous protéger.

  3   Q.  Bien. Quelle a été votre tâche en quelque sorte à la décharge publique

  4   ?

  5   R.  Ecoutez, c'est exactement la même chose que nous avions faite

  6   auparavant. Dans un premier temps, les pelleteuses sont arrivées là-bas,

  7   puis nous, nous sommes arrivés avec les camions réfrigérés.

  8   Q.  Est-ce qu'il s'agissait du même camion réfrigéré que vous aviez vu à

  9   Korisa ou est-ce qu'il s'agissait d'un autre camion réfrigéré ?

 10   R.  C'était un autre camion réfrigéré.

 11   Q.  Bien.

 12   R.  Il était plus petit.

 13   Q.  Il était plus petit. Est-ce que vous pourriez nous décrire la couleur

 14   de ce camion, est-ce qu'il avait une plaque d'immatriculation ?

 15   R.  Il n'y avait pas de plaque d'immatriculation, alors la  partie de la

 16   chambre froide elle était blanche, et il me semble, si je ne m'abuse, que

 17   le camion était jaune.

 18   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de la marque du camion ?

 19   R.  C'était un camion Zastava.

 20   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de la marque du camion réfrigéré à Korisa

 21   ?

 22   R.  Alors le nôtre c'était un Nomad 21.

 23   Q.  Non, mais je vous parlais t de la marque de la chambre froide en

 24   quelque sorte, si vous la connaissez ?

 25   R.  Oui, c'était Mercedes.

 26   Q.  Merci. Pourriez-vous --

 27   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous avez l'intention de

 28   demander le versement au dossier de cette pièce ?

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  1   M. NEUNER : [interprétation] Un peu plus tard, parce que je voudrais que le

  2   témoin fasse une ou deux autres annotations.

  3   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien. Il ne faudrait pas que la carte

  4   et ses annotations disparaissent, bien entendu.

  5   M. NEUNER : [interprétation] Non, non, cela ne va pas se passer. Ce sera de

  6   toute façon la seule pièce que je vais utiliser jusqu'à la fin de

  7   l'interrogatoire, Monsieur le Président.

  8   Q.  Qui vous a confié votre mission à la décharge publique ?

  9   R.  C'est Buda.

 10   Q.  Vous aviez mentionné auparavant que Jova se trouvait à Korisa. Est-ce

 11   que vous l'avez vu également à la décharge publique ?

 12   R.  Oui, mais c'est Buda qui nous a confié cette tâche.

 13   Q.  Qui a indiqué l'emplacement des tombes qui devaient être exhumées par

 14   les pelleteuses ?

 15   R.  C'est la police qui l'a dit à Buda et à Jova d'ailleurs, et ils nous

 16   ont donné l'ordre de nous rendre là-bas et de récupérer ces corps.

 17   Q.  Combien de corps avez-vous transporté de la décharge publique jusqu'à

 18   la pelleteuse ?

 19   R.  Une trentaine, voire une quarantaine.

 20   Q.  Quels vêtements étaient portés, si tant est qu'ils aient eu des

 21   vêtements, étaient portés par les personnes défuntes ?

 22   R.  Comme les premiers, ils étaient en civil.

 23   Q.  Est-ce que vous avez vu des armes ou des uniformes d'ailleurs portés

 24   par les défunts ?

 25   R.  Non.

 26   Q.  Quel était l'état des corps à la décharge publique ?

 27   R.  Ils étaient dans le même état.

 28   Q.  Dans le même état que quoi ? Est-ce que vous pourriez préciser ?

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  1   R.  Dans le même état que les premiers cadavres; état de décomposition

  2   avancé avec cette puanteur. C'était exactement la même situation.

  3   Q.  Quand s'est terminé le travail à la décharge publique ?

  4   R.  Vers environ 4 heures du matin.

  5   Q.  Donc si je comprends bien votre déposition, Monsieur, vous nous dites

  6   que vous êtes arrivés vers 9 heures du soir à Korisa, et qu'à 4 heures du

  7   matin vous avez terminé votre travail à la décharge publique. Est-ce que

  8   vous pourriez nous dire s'il s'agissait d'un horaire de travail normal en

  9   1999, il s'agissait de travail

 10   nocturne ?

 11   R.  Non, non, non, non. Ce n'était pas du tout l'horaire de travail normal.

 12   En règle générale nous travaillions pendant la journée, et non pas la nuit,

 13   mais cette fois-là ils nous ont conduits là-bas pour que nous travaillions

 14   pendant la nuit.

 15   Q.  Sur le chemin du retour, est-ce que quelqu'un vous a escortés, et le

 16   cas échéant, de qui s'agissait-il ?

 17   R.  C'est Jova et Buda qui nous ont accompagnés. Ils se trouvaient dans le

 18   même camion que nous.

 19   Q.  Est-ce qu'il y avait d'autres véhicules qui vous accompagnaient le long

 20   du chemin ?

 21   R.  Il y avait des policiers qui nous ont accompagnés.

 22   Q.  J'aimerais savoir si, pendant la campagne des frappes aériennes de

 23   l'OTAN, si vous avez dû récupérer des corps à une autre occasion ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Quand est-ce que cela s'est passé ? Où cela s'est passé ?

 26   R.  Dans le village de Pusto Selo, qui se trouve au-dessus de Rahovec.

 27   Q.  Est-ce que vous pourriez, je vous prie, faire un cercle si vous trouvez

 28   ce lieu, Pusto Selo, sur la carte.

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  1   R.  Est-ce que vous pourriez agrandir la carte.

  2   M. NEUNER : [interprétation] Oui, mais si nous l'agrandissons, nous allons

  3   perdre le deuxième cercle. C'est pour cela que l'Accusation avait suggéré

  4   que nous travaillions à partir d'un document papier hier. Je pense que la

  5   seule solution, c'est de verser au dossier la carte en l'état afin de ne

  6   pas perdre le deuxième cercle.

  7   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Si je ne m'abuse, il s'agit déjà d'une

  8   pièce versée au dossier, il s'agit de la pièce P277.

  9   M. NEUNER : [interprétation] Oui, mais le témoin a indiqué --

 10   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, le témoin a ajouté une annotation

 11   supplémentaire  avec le chiffre 2 sur la pièce P277.

 12   M. NEUNER : [interprétation] Si cela fonctionne, nous pourrions la verser

 13   comme cela. Je voudrais, en fait, demander le versement au dossier sous la

 14   même cote.

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons l'imprimer, mais il n'y

 16   aura qu'une cote.

 17   M. NEUNER : [interprétation] Oui, je vous en prie.

 18   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 19   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, mais le système exige une autre

 20   cote.

 21   M. NEUNER : [interprétation] Oui, c'est bien ce que je pensais.

 22   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous savez, c'est le système qui nous

 23   contrôle tous ici, Monsieur Neuner.

 24   M. NEUNER : [interprétation] Je comprends.

 25   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 26   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P00279, Monsieur le

 27   Président.

 28   M. NEUNER : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait agrandir, je vous

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  1   prie, la carte, tel que le témoin nous l'a demandé ? Je pense que nous

  2   allons avoir une carte vierge en quelque sorte. Je pense que la carte sans

  3   annotation avait reçu la cote P276. Est-ce que l'on pourrait prendre la

  4   P278 et - ou plutôt non, je m'excuse, la carte P279, l'agrandir, ensuite la

  5   verser au dossier lorsque le témoin aura apposé ses annotations ? Mais il

  6   vous appartient d'en décider, Messieurs les Juges.

  7   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que dans un premier temps

  8   nous allons faire en sorte d'obtenir un agrandissement suffisant.

  9   M. NEUNER : [interprétation] Si cela est possible, l'Accusation aimerait

 10   que la carte P279 soit agrandie, parce qu'en fait nous souhaiterions

 11   finalement avoir les annotations sur une seule et même carte.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Djurdjic.

 13   M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je ne pense

 14   pas qu'il soit approprié d'ajouter de nouvelles annotations à une pièce qui

 15   a déjà été versée au dossier, parce que nous ne savons pas quelle est la

 16   situation. Si quelque chose a déjà été versé au dossier, il faudra

 17   présenter une carte vierge et ensuite demander que les annotations soient

 18   faites. Je pense que c'est la seule manière. Ainsi nous saurons ce que nous

 19   aurons.

 20   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je crains fort que nous ayons des

 21   expériences différentes, Maître Djurdjic. Moi, je suis habitué à avoir des

 22   cartes papier sur lesquelles différents témoins ont apposé leurs

 23   annotations, ensuite nous avons une seule et même pièce. Je peux vous

 24   assurer que cela a toujours été suivi jusqu'à la fin.

 25   Dans ce cas, je comprends que l'Accusation veuille présenter une

 26   pièce après l'autre, finalement pour avoir en fin de parcours une seule et

 27   même pièce à conviction avec toutes les annotations. Tant que nous suivons

 28   le compte rendu d'audience, nous savons exactement de quoi il s'agit et à

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  1   quoi correspond chaque annotation, ce qui signifie que lorsque vous

  2   commencerez à travailler à la fin de la présentation des moyens à charge et

  3   la fin de la présentation des moyens à décharge également, la Chambre sera

  4   à même de parvenir à une décision en connaissance de cause, parce que nous

  5   aurons une seule et même carte avec toutes les annotations.

  6   Donc d'après ce que je comprends, c'est l'intention de l'Accusation. Je

  7   pense que vous vous rendez compte que vous pourrez tout à fait bien suivre

  8   cela, Maître.

  9   Poursuivez, Monsieur Neuner.

 10   Q.  Vous avez cette carte élargie, est-ce que vous avez trouvé Pusto Selo,

 11   est-ce que vous pouvez faire un cercle autour de Pusto Selo ?

 12   R.  Je ne vois pas très bien. J'ai peur de faire des erreurs. Je ne peux

 13   pas lire les lettres en question.

 14   M. NEUNER : [interprétation] Est-ce que nous pourrions demander à M.

 15   l'Huissier d'agrandir une fois de plus la carte. Est-ce que vous pourriez

 16   faire en sorte que la moitié de Prizren disparaisse de l'écran. Voilà,

 17   c'est très bien.

 18   Q.  Maintenant, est-ce que vous trouvez ce village ? Sinon, l'Accusation a

 19   un document papier.

 20   R.  Est-ce que vous pourriez faire défiler vers le bas, vers le bas, oui,

 21   vers le bas du document, c'est cela. Vraiment, je ne vois pas très bien.

 22   J'ai peur de faire une erreur, ensuite ce que je dirai ne sera pas pris en

 23   considération.

 24   M. NEUNER : [interprétation] Déjà hier j'avais proposé que l'on travaille à

 25   partir d'un exemplaire papier. Il appartient à M. l'Huissier de me dire

 26   s'il pense que c'est une solution, puisque là, visiblement, le témoin

 27   n'arrive pas à reconnaître --

 28   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien sûr.

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  1   M. NEUNER : [interprétation] Hier on m'a dit que cela n'est pas possible.

  2   C'est pour ça que je pose la question à présent.

  3   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Qu'est-ce qui n'était pas possible ?

  4   M. NEUNER : [interprétation] On m'a dit que ce n'était pas possible de

  5   travailler à partir d'un document papier. Mais vous pouvez le placer sur le

  6   rétroprojecteur, ce que je vous demande de faire maintenant.

  7   Q.  Est-ce que vous pourriez faire un cercle autour de Pusto Selo, si vous

  8   l'avez trouvé sur cette carte ?

  9   R.  Un petit moment, je vous prie.

 10   Q.  Merci.

 11   M. NEUNER : [interprétation] Puisqu'il s'agit d'une nouvelle pièce, je

 12   pense que nous allons commencer par le chiffre 1 à nouveau, si vous n'y

 13   voyez pas d'inconvénient, Messieurs les Juges.

 14   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il vous appartient d'en décider,

 15   Monsieur Neuner.

 16   M. NEUNER : [interprétation] Je pense que nous allons recommencer à la case

 17   de départ, parce qu'il s'agit d'une carte vierge, si vous voyez ce que je

 18   veux dire.

 19   Q.  Est-ce que vous pourriez, je vous prie, placer le chiffre 1 à côté de

 20   ce cercle.

 21   R.  Près de Pastasele; c'est cela ?

 22   Q.  Oui.

 23   R.  [Le témoin s'exécute]

 24   Q.  A quelle heure êtes-vous allés à Pusto Selo ?

 25   R.  Nous y sommes allés à la fin du mois d'avril ou peut-être qu'il

 26   s'agissait du début du mois de mai. Je n'en suis pas sûr. Mais c'était fin

 27   avril début mai. Plus probablement que c'était la fin du mois d'avril.

 28   Q.  De quelle année s'agissait-il ?

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  1   R.  De l'année 1999.

  2   Q.  Et qui vous a accompagnés là-bas, si tant est que quelqu'un vous ait

  3   accompagnés ?

  4   R.  Notre patron Buda, et il y avait également des policiers de Prizren.

  5   Ils nous ont fait sortir de Rahovec, puis il y avait une autre compagnie de

  6   l'entreprise Hygiène de Rahovec, ils sont venus avec nous.

  7   Q.  Est-ce que vous avez reconnu les policiers à Pusto Selo ?

  8   R.  Non, à l'exception du fils de Jova qui était également policier.

  9   C'était le fils de notre directeur. Il s'appelait Mirko. C'est le seul que

 10   j'ai reconnu. Je n'ai pas reconnu les autres.

 11   Q.  Est-ce que vous pourriez nous décliner son identité complète, je vous

 12   prie ?

 13   R.  Mirko Vujicic.

 14   Q.  Et qui vous a confié cette tâche lorsque vous êtes arrivés à Pusto Selo

 15   ?

 16   R.  Budimir.

 17   Q.  Je vais reposer la question. Qui vous a confié cette tâche lorsque vous

 18   êtes arrivés à Pusto Selo ?

 19   R.  Budimir.

 20   Q.  Et qu'est-ce qu'il vous a dit ?

 21   R.  Lorsque nous sommes arrivés là-bas, il y avait également d'autres

 22   employés de la voirie de Rahovec. Nous avons eu pour tâche de porter ces

 23   corps pour les charger sur le camion.

 24   Q.  Combien de cadavres avez-vous portés en cette occasion-là ?

 25   R.  Environ 90.

 26   Q.  Dans quel état se trouvaient ces corps ?

 27   R.  Décomposés. Probablement les corps ont dû être enterrés bien avant

 28   d'être déterrés, je ne sais pas à quel moment. Mais je sais que les corps

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  1   étaient en décomposition avancée, et qu'il y avait là une forte puanteur.

  2   Q.  Très bien. Et où les corps ont été transportés une fois que vous les

  3   avez chargés à bord de ces véhicules ?

  4   R.  A la morgue de Prizren. Tous les corps ont été charriés là-bas. Nous

  5   les avons déchargés dans le garage de l'hôpital.

  6   Q.  Bien. Pouvez-vous nous dire si ces cadavres ont été enterrés encore une

  7   fois ?

  8   R.  Non. Cinq ou six jours après que nous avons charrié ces corps à

  9   Prizren, il nous a été donné l'ordre de charrier tous les corps à Prishtina

 10   pour que l'on procède à une autopsie. Par conséquent, quatre ou cinq jours

 11   plus tard, nous avons charrié ces corps à Prishtina pour autopsie, pour les

 12   retourner ensuite à Prizren. 

 13   Q.  De retour à Prizren, est-ce que ces corps sont restés là-bas ou peut-

 14   être enterrés quelque part ailleurs ?

 15   R.  Il y avait des corps qui ont été charriés à Rahovec, d'autres à Xerxe,

 16   d'autres par contre à Dusanov près de Prizren. Trois corps ont été enterrés

 17   dans le cimetière de Prizren.

 18   Q.  Pouvez-vous, s'il vous plaît, nous marquer ce site où les corps ont été

 19   enterrés à Orahovac, faites un cercle pour marquer le lieu.

 20   R.  Puis-je peut-être faire cette annotation ici ? Ça me semble être plus

 21   clair.

 22   Q.  Oui.

 23   R.  [Le témoin s'exécute]

 24   Q.  Voulez-vous, s'il vous plaît, marquer ce cercle par un chiffre 2 ?

 25   R.  [Le témoin s'exécute]

 26   Q.  Grosso modo, combien de corps ont été enterrés une fois de plus cette

 27   fois-ci à Orahovac sur ce lieu d'enterrement ?

 28   R.  Environ une trentaine de corps ont été enterrés à Rahovec, une

Page 568

  1   quinzaine peut-être 16 à Xerxe, et de neuf à dix corps ont été enterrés à

  2   Dusanov.

  3   Q.  Voulez-vous, s'il vous plaît, marquer le lieu de Xerxe avec un cercle

  4   et y apposer le chiffre 3.

  5   R.  [Le témoin s'exécute]

  6   Q.  Je ne suis pas en mesure de bien lire le chiffre 3 annoté par vous.

  7   Voulez-vous, s'il vous plaît, refaire l'opération, marquer cela par un

  8   nouveau chiffre 3.

  9   R.  [Le témoin s'exécute]

 10   Q.  Merci. Et pour le compte rendu d'audience, pouvez-vous, s'il vous

 11   plaît, à côté écrire Xerxe ?

 12   R.  Oui, X-r-c-e.

 13   Q.  Maintenant je vous prie de marquer par un cercle le lieu de Dusanova ?

 14   R.  [Le témoin s'exécute]

 15   Q.  Annotez le tout par un chiffre 4.

 16   R.  [Le témoin s'exécute]

 17   Q.  Merci.

 18   Maintenant, s'il vous plaît, soyez aimable et localisez le cimetière de

 19   Prizren.

 20   R.  Oui, je vais tout simplement marquer par un cercle où nous pouvons lire

 21   Prizren, parce que je ne vois rien d'autre pour savoir où se trouve

 22   l'emplacement du cimetière.

 23   Q.  Fort bien. Et mettez à côté le chiffre 5.

 24   R.  [Le témoin s'exécute]

 25   Q.  Vous nous avez dit que les corps une première fois ont été exhumés à

 26   Pusto Selo, ce que vous avez marqué par un chiffre 1. Ensuite vous nous

 27   avez expliqué pour dire qu'à quatre différents endroits les corps ont été

 28   enterrés une seconde fois.

Page 569

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Est-ce que vous avez une explication de la raison pour laquelle ces

  3   corps ont été ainsi délimités en quatre groupes, pourquoi ne les a-t-on pas

  4   enterrés une fois de plus à Pusto Selo, là où les corps ont été retrouvés

  5   sur place une première fois ?

  6   R.  Je ne le sais pas. Ce sont nos supérieurs qui en savaient mieux et

  7   plus. On nous a tout simplement ordonné d'enterrer ces corps à Xerxe,

  8   Dusanov et Rahovec. On ne nous a jamais expliqué pourquoi ceci a été fait

  9   en groupes et dans différentes localités. Je ne sais plus pour quelle

 10   raison on les a charriés à ces différents endroits. Nous avons eu pour

 11   tâche tout simplement de déplacer ces corps, de les charrier vers ces

 12   sites.

 13   Q.  Et tout ce travail d'un nouvel enterrement a eu lieu en quelle année et

 14   en quel mois ?

 15   R.  En 1999.

 16   Q.  En quel mois ?

 17   R.  Ceci devait être avril ou mai, approximativement.

 18   Q.  Pouvez-vous nous dire à peu près quand les policiers serbes ont quitté

 19   cette voirie, cette société Hygiène publique. Vous avez évoqué hier le fait

 20   qu'ils ont emménagé les locaux de la société Hygiène publique en 1999.

 21   R.  Lorsque les autres Serbes ont quitté le Kosova, la police serbe l'a

 22   fait également une fois que l'infanterie de l'OTAN est entrée dans le

 23   Kosova. C'est à cette occasion que tous les Serbes ont quitté le Kosova, y

 24   compris les forces de police.

 25   Q.  A quel mois en 1999 l'OTAN a-t-elle entré au Kosovo ?

 26   R.  Pour être franc, je ne le sais pas, je pense que ceci devait être au

 27   mois de juin lorsque les forces de l'OTAN sont entrées dans le Kosova.

 28   Q.  Par conséquent, c'est approximativement à cette époque-là que les

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  1   policiers ont dû quitter le bâtiment de la voirie de Prizren.

  2   R.  Oui.

  3   M. NEUNER : [interprétation] L'Accusation n'a plus de questions à poser à

  4   ce témoin à ce stade, Monsieur le Président. Nous prions que cette carte

  5   soit versée au dossier en tant que pièce à conviction.

  6   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons verser au dossier

  7   l'exemplaire en format papier qui a déjà été marqué, annoté, et ceci sera

  8   donc admis.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agira de la

 10   pièce à conviction qui porte la cote P00280.

 11   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Monsieur.

 12   Monsieur Djurdjic, avez-vous des questions à poser à ce témoin ?

 13   M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. J'ai des

 14   questions à poser à ce témoin.

 15   Contre-interrogatoire par M. Djurdjic : 

 16   Q.  [interprétation] Je suis Veljko Djurdjic, membre de l'équipe du conseil

 17   de la Défense de M. Djordjevic. Nous avons Mlle Marie O'Leary à nos côtés.

 18   En vue et aux fins des préparatifs, M. Dragoljub Djordjevic, le principal

 19   conseil de la Défense, s'excuse d'être d'absent.

 20   Ma première question serait la suivante : hier lorsque nous avons suspendu

 21   l'audience, vous avez dû marquer et en les décrivant deux uniformes que

 22   portaient vos supérieurs. Pouvez-vous nous en faire une description

 23   maintenant, s'il vous plaît, de l'un et de l'autre uniforme, des deux

 24   uniformes.

 25   R.  Le directeur prénommé Jova portait un uniforme de la police, alors que

 26   l'uniforme de Budimir Spasic était un uniforme militaire.

 27   Q.  Merci. S'agit-il des mêmes uniformes en fait ?

 28   R.  Non, non, ces uniformes n'étaient pas identiques. Comme je l'ai dit

Page 571

  1   préalablement, Jova portait un uniforme policer alors que Buda portait un

  2   uniforme militaire.

  3   Q.  Merci. Pouvez-vous nous dire encore en quoi consiste la différence que

  4   vous voyez pour parler de ces deux uniformes ?

  5   R.  L'uniforme de Jova était celui de la police, de couleur bleue, treillis

  6   de camouflage, alors que Buda, lui, portait l'uniforme réglementaire de

  7   militaire que portaient d'ordinaire les réservistes.

  8   Q.  Merci.

  9   Monsieur Gjogaj, quand avez-vous pu voir une dernière fois, avant de parler

 10   évidemment de la journée d'hier, les images présentant les uniformes que

 11   vous sembliez reconnaître hier ?

 12   R.  Probablement vous n'êtes pas sans savoir que je suis ici pour la

 13   troisième fois à déposer à titre de témoin devant ce Tribunal. J'ai

 14   également pu témoigner devant le tribunal de Belgrade. Il s'agit des mêmes

 15   uniformes que j'ai pu montrer devant les deux cours. J'ai accompli mon

 16   service militaire en 1984, 1985, je suis bien versé dans tous ces uniformes

 17   et je sais les reconnaître et en faire une différence.

 18   Q.  Monsieur Gjogaj, écoutez-moi attentivement pour ne pas qu'on perde de

 19   temps.

 20   Ma question était suivante : hier on vous a montré deux photos

 21   d'uniformes. Avant la journée d'hier, quand c'est que pour une dernière

 22   fois vous avez pu voir ces photos qu'on vous a soumises

 23   hier ?

 24   R.  En 1999, lorsque mon directeur et mon chef les avaient portés.

 25   Q.  Monsieur Gjogaj, je voulais vous demander avant la journée d'hier, à

 26   quel moment cette même photo vous a été montrée et non pas quand vous les

 27   avez vus, je ne vous ai pas posé la question de savoir quand vous les avez

 28   vus de vos propres yeux, ces uniformes.

Page 572

  1   R.  Lorsque j'étais à Belgrade.

  2   Q.  Merci. Je me dois de vous rappeler que vous ne dites pas la vérité,

  3   parce que le bureau du Procureur nous a fait savoir que le 28 janvier 2009,

  4   on vous avait montré ces photos. Il s'agit lors de la présentation d'un

  5   mémoire préalable au procès d'une pièce à conviction présentée 05162, il

  6   s'agit de quatre uniformes, deux ayant été annotés par la lettre X. Si vous

  7   l'avez fait, si vous avez apporté ces annotations lors de votre entrevue

  8   avec l'enquêteur du Tribunal de La Haye en 1999 à La Haye; est-ce exact,

  9   lorsque vous étiez à Prizren ?

 10   R.  Bien sûr, lors des récolements aux fins de la présente déposition j'ai

 11   pu les voir ces photographies.

 12   Q.  Pourquoi ne me l'avez-vous pas dit tout de suite ?

 13   R.  Je pensais pour ma part que vous vouliez savoir, telle était votre

 14   question, quand je les avais vus ces uniformes une dernière fois.

 15   Q.  Par conséquent, il est vrai que pour se parler de ces photographies il

 16   y avait des annotations faites sur les uniformes que vous avez reconnus

 17   vous-même, que vous avez identifiés ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Merci.

 20   Monsieur Gjogaj, pouvez-vous me dire si votre souvenir est meilleur à ce

 21   stade-ci où vous en faites une description de cet événement, ou est-ce que

 22   vous en aviez une mémoire plus approfondie et mieux fondée lorsque vous

 23   avez une première fois fait une déclaration au bureau du Procureur du

 24   Tribunal international ?

 25   R.  Il est possible que j'aie peut-être omis certains détails se rapportant

 26   à cet événement, mais à ce moment-là moi, pour parler des événements tels

 27   qu'ils s'étaient produits, j'ai dit toute la vérité.

 28   Q.  Ma question a été de savoir si votre mémoire était peut-être meilleure

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  1   à ce moment-là où vous avez fait une déclaration en 1999 ou peut-être est-

  2   ce que le cas aujourd'hui, que vous vous en souvenez mieux ?

  3   R.  Je pense que je m'en souvenais beaucoup mieux préalablement, parce que

  4   les éléments semblaient être plus clairs à mon esprit.

  5   Q.  Merci, Monsieur Gjogaj, c'est ce que je pensais.

  6   Mais ce qui m'étonne c'est qu'après presque dix ans, hier vous nous

  7   faites entendre pour une première fois certains détails, certains faits

  8   dont vous n'avez pas parlé avant. Sommairement je vous dis de quoi il

  9   s'agit pour parler de ces faits, de ces détails.

 10   Primo, vous parlez de votre directeur comme quoi lui portait un

 11   uniforme au temps de la guerre, jusqu'à maintenant vous ne l'avez pas

 12   évoqué ni devant ce Tribunal ni dans le cadre des déclarations faites aux

 13   enquêteurs; est-ce exact ?

 14   R.  J'ai toujours évoqué ce détail. Le directeur, bien entendu, portait une

 15   tenue de policier, c'est ce que je disais tout le temps. C'est un fait. Lui

 16   portait un uniforme.

 17   Q.  Fort bien. Nous allons les parcourir toutes vos déclarations. Est-ce

 18   que pour une première fois dans le cadre de cette déclaration-là vous dites

 19   que c'est votre directeur Jova qui vous escorté lorsque vous étiez parti

 20   pour ce polygone et pour la décharge ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Par conséquent, vous voulez dire par là que vous l'aviez évoqué

 23   préalablement également ?

 24   R.  Toujours ai-je dit qu'il y avait Jova et Buda avec nous, sinon personne

 25   n'aurait osé partir s'occuper de cette besogne que nous avons effectuée au

 26   cours de cette nuit. Buda et Jova étaient toujours là, tout comme la police

 27   qui nous escortait.

 28   Q.  Monsieur Gjogaj, je vous ai posé la question au sujet de votre

Page 574

  1   directeur Jova, je ne parlais pas de Buda. Est-ce que vous vous en tenez à

  2   ce que vous avez dit préalablement que le directeur Jova était avec vous

  3   sur ce terrain d'exercice et de tir ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Merci. On y reviendra tout à l'heure. Monsieur Gjogaj, dans quelle

  6   localité avez-vous fait vos études élémentaires ?

  7   R.  Dans le village de Leshan, municipalité de Suhareka.

  8   Q.  Y a-t-il eu dans votre classe d'autres élèves qui appartenaient à des

  9   ethnies différentes, nationalités différentes ?

 10   R.  Ces enfants-là étaient de différentes nationalités, et à cette époque-

 11   là les affaires étaient plus normales. On vivait bien en paix, en harmonie

 12   à l'école.

 13   Q.  Merci. Hier vous vous êtes déclaré comme étant Roma. Dans les

 14   déclarations faites au préalable par vous, vous disiez que vous étiez de

 15   nationalité ashkalienne. Y a-t-il une différence à observer là ?

 16   R.  Ashkali est quelqu'un qui ne parle pas la langue de Roma. Tous sont

 17   considérés comme appartenant au groupe ethnique de Roma, mais les Ashkalis

 18   ne parlent pas la langue de Roma, je me sens comme étant tel, mais

 19   j'appartiens à la nationalité Roma.

 20   Q.  Suis-je dans mon droit de dire que votre langue maternelle serait

 21   l'albanais ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Merci.

 24   Vous nous avez dit déjà que vous avez fait votre service militaire; quand

 25   et où ?

 26   R.  J'ai accompli mon service militaire à Sarajevo en 1984, 1985.

 27   Q.  Pouvez-vous nous dire quel était l'uniforme que vous portiez lorsque

 28   vous étiez sous les drapeaux ?

Page 575

  1   R.  Couleur SMB, cela veut dire gris olive.

  2   Q.  Est-ce que Buda lui aussi portait le même type d'uniforme au temps de

  3   la guerre ?

  4   R.  Non.

  5   Q.  En quoi consiste la différence entre cet uniforme-là porté par vous et

  6   l'uniforme porté par Buda ?

  7   R.  Lorsque j'étais soldat, mon uniforme était un uniforme ordinaire de

  8   couleur gris olive, alors que Buda, lui, portait un uniforme treillis de

  9   camouflage réglementaire dans l'armée au temps de la guerre.

 10   Q.  Merci. Dites-moi est-ce qu'au temps de la guerre et pendant la guerre

 11   il y avait des uniformes qui correspondaient à l'uniforme que vous portiez

 12   lorsque vous étiez sous les drapeaux ?

 13   R.  Il y en avait parmi les réservistes de ces militaires uniformes, il

 14   s'agissait de réservistes de l'armée serbe.

 15   Q.  Merci.

 16   Vous nous avez dit que vous étiez employé à la voirie, société Hygiène

 17   publique. Avez-vous été récompensé pour le travail fait ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Le salaire vous a été payé régulièrement ?

 20   R.  Oui, régulièrement.

 21   Q.  Au moment où les bombardements commencent, avez-vous été engagé

 22   également aux fins de servir dans le cadre de la protection civile ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  En tant que membre de la protection civile, en fait, avez-vous vaqué

 25   aux mêmes occupations réglementaires telles que prévues dans le cadre de la

 26   société Hygijena, Hygiène publique ?

 27   R.  Non. Parce qu'avant d'être mobilisé, avant que l'on ne me donne un

 28   uniforme de membre de protection civile, j'ai travaillé en tant que

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  1   nettoyeur; nous avons dû ramasser des ordures. Après quoi, lorsque nous

  2   avons été mobilisés, on nous a donné des uniformes.

  3   Q.  Merci. Pouvez-vous nous faire la description de cet uniforme qui vous a

  4   été donné en tant que membre de la protection civile ?

  5   R.  Ces uniformes étaient de couleur verte.

  6   Q.  Ces uniformes comprenaient quoi ?

  7   R.  Comme d'habitude, il s'agissait d'un pantalon, d'une vareuse et d'un

  8   couvre-chef.

  9   Q.  Et avez-vous reçu également une chemise ?

 10   R.  Non.

 11   Q.  Merci. Et votre patron, Budimir Spasic, est-ce qu'il a été mobilisé

 12   également dans une unité de la protection civile ?

 13   R.  Buda portait un uniforme militaire.

 14   Q.  Monsieur Gjogaj, ce n'est pas la question que je vous ai posée. Je vous

 15   demandais si Budimir Spasic, lui aussi, avait été mobilisé à la protection

 16   civile, est-ce qu'il y travaillait également, il avait été mobilisé à la

 17   protection civile ?

 18   R.  Il n'a pas reçu l'uniforme de la protection civile, mais il nous

 19   accompagnait sur le terrain à tout moment.

 20   Q.  Merci. Il faisait son travail habituel, le travail qu'il effectuait

 21   dans la société Hygijena; c'est bien cela, n'est-ce pas ?

 22   R.  Pouvez-vous répéter la question ? Je ne l'ai pas bien entendue. Désolé.

 23   Q.  Je vais répéter la question. Votre patron, Budimir Spasic, est-ce que

 24   son travail habituel chez Hygiène, il l'effectuait tous les jours comme

 25   vous le faisiez ?

 26   R.  Oui, il continuait son travail habituel. Et nous faisions ce qu'il nous

 27   ordonnait de faire.

 28   Q.  Merci. Il recevait également un salaire de la société Hygijena pour le

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  1   travail qu'il effectuait, comme vous ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Merci.

  4   Monsieur Gjogaj, nous allons essayer d'expliquer où se trouve cette société

  5   Hygijena. Vous connaissez bien Prizren ?

  6   R.  Oui. Et la société Hygijena se trouve à l'ouest de la ville, où se

  7   trouve la route vers l'Albanie. Au bout du pont, se trouve la société

  8   Hygijena, à l'ouest de Prizren.

  9   Q.  Oui, Monsieur Gjogaj, très bien, mais tout cela est assez abstrait

 10   lorsque nous disons à la Chambre et à l'Accusation que ça se trouve à

 11   l'ouest de Prizren. Votre société est sur la route vers Vrbnica, au

 12   croisement vers la frontière ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  A 1 kilomètre avant l'endroit où se trouve cette société, si on

 15   poursuit la route, il y a une petite pente, il y a le tribunal local de

 16   Prizren, et vous avez le bâtiment du SUP de Prizren; c'est bien cela ?

 17   R.  Oui, en effet.

 18   Q.  Merci.

 19   Peut-on dire qu'après que les frappes aériennes aient commencé, étant donné

 20   le danger qui régnait, le SUP de Prizren a été déplacé à plusieurs endroits

 21   ?

 22   R.  Je ne sais pas. Je pense que le SUP est là où je pensais qu'il était.

 23   Est-ce qu'il y avait des policiers à l'intérieur ou non, ça je n'en sais

 24   rien. Le SUP aurait-il été relocalisé, je n'en sais rien non plus.

 25   Q.  Monsieur Gjogaj, je sais que le bâtiment est resté sur place, mais

 26   savez-vous que les personnes qui étaient à l'intérieur de ce bâtiment l'ont

 27   quitté et ont travaillé à partir d'autres bâtiments dans Prizren, par

 28   exemple, à l'hôtel Putnik, à la société chargée de la gestion de l'eau, au

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  1   bâtiment Pristinska Banka, puis également en d'autres endroits ?

  2   R.  J'ai vu des policiers à l'hôtel Putnik, je les voyais se rendre au

  3   travail, je voyais cela lorsque je me rendais à mon travail. Quant à la

  4   raison de leur présence là-bas, je n'en sais rien. Est-ce qu'ils avaient

  5   leurs quartiers là-bas, ou est-ce qu'ils y faisaient quelque chose, je n'en

  6   sais rien.

  7   Q.  Est-ce que vous conviendrez avec moi que dans cette société, les

  8   officiers de police effectuaient leur travail normal au cours de la guerre

  9   ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Merci.

 12   Peut-on dire qu'il y a un grand parking devant cette entreprise et que tous

 13   les véhicules de cette entreprise y étaient stationnés ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Est-il vrai qu'il y avait un gardien qui ne permettait à personne

 16   d'étranger au service de rentrer sur le site, et il ne laissait l'accès

 17   qu'aux véhicules de l'entreprise ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Puis-je également dire que vous ne savez pas véritablement quel travail

 20   était effectué par les policiers qui utilisaient les locaux de votre

 21   entreprise ?

 22   R.  Oui, effectivement, je ne suis pas au courant.

 23   Q.  Merci.

 24   Monsieur Gjogaj, j'aimerais passer maintenant à ce dont nous avons discuté

 25   aujourd'hui à propos de Pusto Selo. Monsieur Gjogaj, est-il vrai que vous

 26   avez été emmené à Pusto Selo par votre patron Budimir Spasic ?

 27   R.  Oui, mais il n'y avait pas que moi-même. Il y en avait d'autres

 28   également.

Page 579

  1   Q.  Est-il vrai que vous vous trouviez dans un groupe d'ouvriers emmenés

  2   par Budimir Spasic, et que vous êtes allés à Pusto Selo accompagnés de la

  3   police ?

  4   R.  Oui, c'est ça.

  5   Q.  Est-il vrai que vous vous êtes rendus à Pusto Selo au cours de la

  6   journée ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Est-il vrai que vos collègues d'Orahovac vous ont accompagnés également

  9   à Pusto Selo, ce sont des gens qui vous ont rejoints à Orahovac ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Le 24 juin, ou plutôt, le 27 et le 1er mars 1999, lorsque vous avez fait

 12   votre déclaration auprès d'un enquêteur du Tribunal pénal international,

 13   vous ne connaissiez pas le nom de famille de Mirko, c'est-à-dire le fils de

 14   votre patron ?

 15   R.  Oui. Lorsque j'ai commencé à travailler, je ne le savais pas. Mais

 16   ensuite j'ai appris cela de la bouche de mes collègues, qu'il était le fils

 17   de Jova. Et vu que Jova s'appelait Vujicic, je suppose que le patronyme de

 18   son fils est le même.

 19   Q.  Monsieur Gjogaj, vous n'avez pas bien écouté ma question. Je vais

 20   devoir la reposer. Je vous demande d'écouter attentivement. Vous avez fait

 21   une déclaration auprès d'un enquêteur du Tribunal de La Haye le 27 février

 22   et le 1er mars 1999. A cette occasion-là vous avez déclaré que vous étiez

 23   accompagné par Mirko, qui était le fils du directeur Jova qui travaillait

 24   au SUP de Prizren en tant qu'officier de police, et vous avez dit que vous

 25   ne connaissiez pas son nom de famille; c'est bien cela, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Merci. Puis-je en conclure qu'à l'époque vous n'étiez pas au courant du

 28   nom de famille de Jova ?

Page 580

  1   R.  En effet, puisque ce n'était qu'au tout début de mon travail là-bas.

  2   J'étais nouveau.

  3   Q.  Je parle de février 1999 et du 1er mars 1999.

  4   R.  Et vous me demandez quoi ?

  5   M. NEUNER : [interprétation] Je me lève, parce que je pourrais indiquer à

  6   mon éminent collègue que la déclaration prise par le bureau du Procureur

  7   était de 2000, en février ou au début mars 2000. Parce que dans

  8   l'interprétation nous entendons février 1999. A l'époque les frappes

  9   aériennes n'avaient pas encore commencé.

 10   M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, cher collègue. Vous avez parfaitement

 11   raison. Je voudrais que toutes les références à 1999 soient corrigées et

 12   remplacées par 2000 dans le compte rendu, car mon confrère a raison,

 13   l'enquêteur a pris la déclaration en 2000.

 14   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Djurdjic, je vous dirai que

 15   nous ne changerons pas le compte rendu d'audience. Nous nous fonderons sur

 16   ce que vous venez de dire, à savoir que vous aviez voulu dire 2000 plutôt

 17   que 1999. De sorte que ceci soit correctement consigné au compte rendu

 18   d'audience.

 19   M. DJURDJIC : [interprétation] Très bien. Merci, Monsieur le Président.

 20   Q.  Monsieur Gjogaj, vous souvenez-vous ou est-ce que vous comprenez bien

 21   ma question ?

 22   R.  Pouvez-vous poser la question ?

 23   Q.  Oui. Le 27 février 2000 et le 1er mars 2000, vous avez fait une

 24   déclaration que vous avez signée, déclaration que vous avez donnée à un

 25   enquêteur du bureau du Procureur du TPIY. Dans cette déclaration, vous avez

 26   indiqué que vous étiez accompagné par Mirko, le fils du directeur Jova, qui

 27   travaillait en tant que policier au SUP de Prizren, dont vous ne

 28   connaissiez pas le nom de famille.

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  1   R.  Oui. C'est ce que je vous dis. Je ne connaissais pas le nom de Mirko.

  2   Je crois l'avoir dit deux ou trois fois. Je ne nie pas le fait que je ne

  3   connaissais pas son nom de famille. Que dire ? C'était tout à fait normal

  4   qu'ensuite je l'aie appris, parce que j'ai appris qu'il était le fils de

  5   Jova et donc son nom de famille était Vujicic.

  6   Q.  Monsieur Gjogaj, dans cette citation que je viens de vous lire, vous

  7   avez parlé uniquement du fils de Jova et de Jova lui-même, indiquant que

  8   vous ne connaissiez pas son nom de famille.

  9   R.  J'ai entendu de la part de mes collègues que Jova portait le nom de

 10   famille de Vujicic.

 11   Q.  Je vous remercie. Quand l'avez-vous entendu ?

 12   R.  Après 2000.

 13   Q.  Merci.

 14   Je vais devoir revenir à votre déclaration que vous avez donnée le 28

 15   janvier 2001, c'est la première fois que vous faites état du fait que le

 16   nom de famille de votre directeur était Vujicic. C'est la première fois que

 17   vous en avez parlé devant ce Tribunal, ou plus exactement, devant les

 18   représentants de l'Accusation. Hier et aujourd'hui aussi vous avez redit ça

 19   devant la Chambre.

 20   R.  Quelle est votre question ?

 21   Q.  Monsieur Gjogaj, après la première déclaration que vous avez faite

 22   devant un enquêteur, vous en avez faite une autre le 24 juin 2000, et en

 23   2002, vous avez déposé dans l'affaire Slobodan Milosevic. Et en 2006, vous

 24   avez également déposé dans l'affaire Milutinovic et consorts, mais jamais

 25   n'avez-vous parlé du nom de famille de votre directeur. Vous l'avez fait

 26   pour la première fois le 28 janvier, lorsque vous avez parlé à

 27   l'Accusation, et vous avez répété ça hier et aujourd'hui devant la Chambre.

 28   R.  Mais ils ne m'ont sans doute pas demandé le nom de famille, donc je

Page 582

  1   n'en n'ai pas parlé, pourquoi aurais-je dû en parler ?

  2   Q.  Mais comment vous poser une question concernant le nom de famille alors

  3   que vous me dites que vous ne connaissiez pas ce nom de famille en 1999 ?

  4   R.  Bien sûr, en 1999 je ne connaissais pas le nom de famille de mon

  5   directeur.

  6   Q.  Monsieur Gjogaj, mis à part les déclarations que vous avez faites

  7   devant ce Tribunal, vous avez également déposé devant un tribunal de

  8   Belgrade, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Avant d'avoir témoigné dans ce procès, qui a procédé à votre récolement

 11   ?

 12   R.  Vous me demandez où ? Je n'ai parlé à personne. J'ai reçu trois

 13   convocations par le tribunal de Belgrade et la police est venu me chercher,

 14   je n'ai pas eu du tout le temps de me préparer. Donc j'ai fait la même

 15   déclaration que celle que j'ai faite ici. Je ne pourrais pas en dire plus

 16   que qu'est-ce que j'avais dit dans des déclarations antérieures.

 17   Q.  Merci.

 18   Monsieur Gjogaj, peut-on dire qu'à Pusto Selo tous les corps étaient

 19   enterrés dans des tombes individuelles ?

 20   R.  Oui, effectivement, il y avait un corps par tombe.

 21   Q.  Je vais faire un petit écart ici. Est-ce que vous savez que Mirko, le

 22   fils de Jova travaillait également comme technicien de scènes de crime au

 23   SUP de Prizren ? C'est une équipe de personnes qui se rend sur les scènes

 24   d'un crime en cas de meurtres ou d'accidents de la route graves. Etes-vous

 25   au courant de cela ?

 26   R.  Je ne savais pas quel était le travail de Mirko lorsqu'il était au SUP,

 27   mais chaque fois qu'il était avec nous, il prenait des photos des cadavres,

 28   il faisait avec nous. Quant à son travail précis au SUP, je ne sais pas.

Page 583

  1   Mais le jour où il était avec nous à Pastasele, il prenait des

  2   photographies de tous les cadavres, puis il mettait les cadavres dans des

  3   housses.

  4   Q.  Merci. Maintenant que nous en arrivons au sujet de son métier - et vous

  5   parlez de ça dans votre déclaration supplémentaire - vous vous rappellerez

  6   que vous avez également dit qu'il effectuait des tests sur les mains des

  7   cadavres exhumés; est-ce bien vrai ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Merci. Est-il vrai que tous les corps qui ont été exhumés étaient

 10   emballés dans des couvertures, une sorte de drap ?

 11   R.  Oui, ils étaient enterrés, emballés dans des draps et de couvertures.

 12   Lorsque nous avons enlevé les corps des tombes, ils étaient effectivement

 13   emballés dans des draps et des couvertures.

 14   Q.  Ensuite, c'est les corps qui étaient emballés dans des draps ou des

 15   couvertures, une fois que la police se soit livrée à l'enquête sur place,

 16   est-ce que les corps ont été marqués ou identifiés d'une sorte ou d'une

 17   autre ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Est-il vrai que ces corps une fois qu'ils ont été placés dans des

 20   housses mortuaires que ces housses mêmes aient été numérotées, donc un

 21   numéro a été apposé sur chacune des housses ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Est-il vrai que tous ces corps dans les housses ont été ensuite amenés

 24   à Prizren et ont été placés là-bas dans le garage ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Est-il vrai qu'au moment du retour de Pristina, après les post mortem,

 27   que vous avez placé tous ces corps dans un endroit différent de sorte qu'on

 28   ne les mélange pas avec les autres corps qui étaient placés dans ces

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  1   housses, corps qui n'avaient pas été autopsiés jusqu'à présent ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Merci. Est-il vrai qu'à Pusto Selo vous ne pouviez pas voir les corps,

  4   parce qu'ils étaient emballés dans ces draps et dans ces couvertures et

  5   donc vous ne pouviez pas dire aux enquêteurs comment se présentaient les

  6   cadavres ou quel était l'état des cadavres ?

  7   R.  Oui, effectivement. Nous ne pouvions pas les voir, parce qu'ils étaient

  8   emballés dans ces couvertures et ces draps.

  9   Q.  Merci, Monsieur Gjogaj.

 10   [aucune interprétation]

 11   R.  [aucune interprétation]

 12   Q.  [aucune interprétation]

 13   R.  [aucune interprétation]

 14   Q.  [aucune interprétation]

 15   R.  [aucune interprétation]

 16   Q.  [aucune interprétation]

 17   R.  [aucune interprétation]

 18   M. DJURDJIC : [aucune interprétation]

 19   M. LE JUGE PARKER : [aucune interprétation]

 20   --- L'audience est suspendue à 10 heures 27.

 21   --- L'audience est reprise à 11 heures 05.

 22   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic.

 23   M. DJURDJIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 24   Q.  Monsieur Gjogaj, puis-je avancer que vous n'avez pas été témoin de

 25   ceci, que par conséquent vous ne savez pas comment les personnes sont

 26   venues apporter le deuil des corps que vous avez déterrés et transportés à

 27   Pusto Selo ?

 28   R.  Il est tout à fait exact de dire que je ne le sais pas.

Page 585

  1   Q.  Alors, permettez-moi d'enchaîner sur cette idée.

  2   Vous ne savez pas comment ont été tuées les personnes dont les corps ont

  3   été trouvés à la décharge publique ainsi qu'au champ de tir, n'est-ce pas ?

  4   R.  C'est exact, je ne le sais pas. Je ne sais pas qui avait amené à ces

  5   endroits ces corps.

  6   Q.  Merci.

  7   Monsieur Gjogaj, vous avez dit que 30 corps ont été renvoyés à Prizren à la

  8   suite de l'autopsie, et qu'ensuite ils ont été emmenés à Orahovac. Est-ce

  9   que vous-même vous êtes allé à Orahovac, est-ce que vous étiez, en fait, à

 10   l'intérieur ou à bord du camion qui transportait les corps à Orahovac ?

 11   M. NEUNER : [interprétation] Je m'excuse d'interrompre mon estimé confrère,

 12   mais j'aimerais juste dire que vous venez de suggérer à ce témoin que 30

 13   corps avaient été renvoyés à Prizren. D'après ce que j'ai compris de la

 14   déposition du témoin, il avait mentionné un chiffre de 90, 90 corps avaient

 15   été déterrés, a-t-il dit, à Pusto Selo et il a également dit que tous les

 16   corps avaient été amenés à Prizren. Pourriez-vous préciser votre pensée,

 17   parce que là vous êtes en train de parler de 30 corps parmi ces 90. Vous

 18   dites que seulement 30 corps ont été amenés de Pusto Selo à Prizren.

 19   M. DJURDJIC : [interprétation] Ecoutez, je m'adresse à mon estimé confrère.

 20   Je pense que le compte rendu d'audience n'est pas exact. Parce que j'ai dit

 21   que les corps avaient été emmenés à Prizren et qu'ensuite 30 de ces corps

 22   avaient été conduits à Orahovac et inhumés là-bas. Alors je demande au

 23   témoin s'il se trouvait dans le camion qui conduisait ces corps à Orahovac.

 24   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Peut-être que je me trompe, Maître

 25   Djurdjic, mais il me semble que le témoin avait dit que certains avaient

 26   été amenés à Orahovac pour être enterrés. Je ne pense pas qu'il nous ait

 27   donné un chiffre exact, mais il se peut que ma mémoire me fasse défaut,

 28   bien entendu.

Page 586

  1   M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que c'est

  2   mon estimé confrère de l'Accusation qui avait posé la question, et la

  3   réponse a été apportée. J'en suis quasiment certain. Mais il ne s'agit pas

  4   seulement du chiffre. Ce que je voulais savoir - et c'est cela le fond de

  5   ma question - je voulais savoir si ce témoin se trouvait à Orahovac lorsque

  6   les corps y ont été emmenés. Est-ce qu'il était présent lors de

  7   l'enterrement ?

  8   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Là je pense qu'il s'agit de quelques

  9   corps, n'est-ce pas ?

 10   M. DJURDJIC : [interprétation]

 11   Q.  Oui, tout à fait.

 12   R.  Il est vrai de dire que je n'étais pas à Rahovec. J'ai été jusqu'à

 13   Xerxe dans un autre véhicule, parce qu'il y a certains corps qui ont été

 14   enterrés à Xerxe, mais moi, je ne suis pas allé à Rahovec.

 15   Q.  Merci.

 16   M. DJURDJIC : [interprétation] Est-ce que nous pourrions, je vous prie,

 17   afficher la pièce D001-3522. Est-ce que nous pourrions voir les

 18   photographies qui font partie de ce jeu de documents, je vous prie. Peut-

 19   être que mon assistant pourrait tout simplement vérifier les numéros des

 20   pages. Il s'agit de la page 21.

 21   Q.  Monsieur Gjogaj, est-ce que vous reconnaissez l'endroit qui figure sur

 22   cette photographie ?

 23   R.  C'est la première fois que j'ai travaillé à Pastasele. Je n'y étais

 24   jamais allé auparavant. Cela pourrait être le village où nous avons exhumé

 25   les corps. Mais comme je l'ai dit, c'était la première fois que j'allais à

 26   Pastasele. C'est un village que je ne connais pas. C'est un endroit que je

 27   ne connais pas non plus.

 28   Q.  Je sais cela, mais j'aimerais, je vous prie, que vous regardiez la

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  1   photographie numéro 3 et dites-nous si cela évoque quelque chose pour vous.

  2   R.  Non, je ne me souviens pas de cet endroit. Je m'en excuse, mais je ne

  3   m'en souviens pas. Même s'il s'agit de Pastasele, j'aimerais indiquer une

  4   fois de plus et répéter que ce jour-là c'est la première fois que je suis

  5   allé à Pastasele pour exhumer ces corps. Alors là, certes, nous voyons des

  6   tombes sur cette photographie, alors qu'à l'endroit où j'étais il n'y avait

  7   pas de tombes ou de fosses. Il s'agissait d'une prairie.

  8   Q.  J'ai l'impression que nous avons là plusieurs tombes individuelles,

  9   mais cela n'a pas de pertinence puisque vous n'êtes pas en mesure

 10   d'identifier le lieu en question. Je vous remercie, Monsieur.

 11   M. DJURDJIC : [interprétation] Je n'ai plus besoin de cette pièce.

 12   Q.  Monsieur Gjogaj, j'aimerais maintenant vous poser une série de

 13   questions à propos de ce champ de tir et de la décharge publique. Et pour

 14   accélérer un peu la cadence, je vais me référer à la déclaration que vous

 15   avez faite aux enquêteurs du Tribunal de La Haye, et ce en date du 24 juin

 16   2000. Vous vous souviendrez certainement de M. Arne Kristiansen, qui était

 17   l'enquêteur qui justement vous a posé des questions.

 18   Monsieur Gjogaj, est-il exact qu'en avril 1999, vers 20 heures, Budimir

 19   Spasic est venu chez vous dans votre appartement ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Est-il vrai qu'il était à cette occasion accompagné par Shefki Salihu,

 22   Xhevdet Mazreku ainsi que Isuf Krasniqi ?

 23   R.  Oui. Shefki Salihu, c'est exact. C'était mes collègues. Nous

 24   travaillions ensemble, et nous avions également cet uniforme de la défense

 25   civile. Donc Shefki Salihu, Xhevdet Mazreku ainsi que Isuf Krasniqi.

 26   Q.  Est-il exact que des hommes qui conduisaient une camionnette Volkswagen

 27   blanche sont venus vous chercher, et cette camionnette était conduite par

 28   Buda ?

Page 588

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Est-il vrai qu'ils vous ont conduit au siège de votre entreprise, et

  3   ce, avant d'emprunter la route principale qui aboutit à Suva Reka ?

  4   Est-il vrai qu'à Lubishte, près du poste de police, vous avez tourné vers

  5   la droite et que vous avez ensuite emprunté un chemin de terre ?

  6   R.  Oui. Là vous parlez du champ de tir; c'est ça ?

  7   Q.  Oui, tout à fait. Oui. Ensuite vous vous êtes arrêtés à un endroit qui

  8   s'appelait le champ de tir, n'est-ce pas ?

  9   M. NEUNER : [interprétation] La sténotypiste vient de me dire qu'elle n'a

 10   pas saisi la dernière réponse du témoin. Donc je demanderais au témoin de

 11   répéter sa dernière réponse.

 12   M. DJURDJIC : [interprétation]

 13   Q.  Monsieur Gjogaj, est-il exact qu'ensuite vous êtes allés à un endroit

 14   qui s'appelle Streliste, il s'agissait du champ de tir ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Monsieur Gjogaj, ai-je raison d'avancer qu'il s'agit d'un vaste espace

 17   ouvert d'une grande prairie ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Merci.

 20   N'est-il pas exact que vous n'avez pas compté les corps que vous avez

 21   transportés dans le camion ?

 22   R.  Je n'ai pas compté les corps, mais comme je l'ai déjà indiqué dans ma

 23   déclaration ainsi qu'ici d'ailleurs, il y avait environ entre 80 et 90

 24   corps. Le camion était rempli. Mais pour ce qui est de compter, certes, je

 25   n'ai pas compté les corps. Et je n'étais pas le seul à mettre ces corps à

 26   bord du camion. Mes collègues faisaient exactement la même chose.

 27   Q.  Merci. Est-il exact que vous n'avez vu aucune blessure sur les corps et

 28   que vous n'avez reconnu personne, pas un seul corps ?

Page 589

  1   R.  Oui, c'est exact.

  2   Q.  Merci. N'est-il pas vrai que vous n'avez jamais vu les corps qui se

  3   trouvaient dans le camion ?

  4   R.  Qu'entendez-vous, que voulez-vous dire lorsque vous dites que je n'ai

  5   jamais vu les corps ? Ces corps ils ont été exhumés, puis nous les avons

  6   placés dans les camions. Bien sûr que je les ai vus. Je ne sais pas

  7   vraiment comment vous expliquer cela.

  8   Q.  Non, vous avez tout à fait raison. Ce que j'entendais, c'est ce qui

  9   suit. Vous nous avez dit qu'il y avait deux camions, et vous avez placé les

 10   corps dans l'un des camions. Mais vous, vous n'avez pas vu les corps qui se

 11   trouvaient dans l'autre camion, voilà ce que je voulais dire.

 12   R.  Non, je n'ai pas vu ces corps, parce que c'était la police serbe qui

 13   effectuait ce travail.

 14   Q.  N'est-il pas exact que la police a assuré votre sécurité pendant ce

 15   travail ?

 16   R.  Oui, c'est tout à fait exact.

 17   Q.  Merci. N'est-il pas vrai que vous êtes ensuite allé à cette décharge

 18   publique, en fait vous êtes monté à bord de la cabine du camion réfrigéré,

 19   ensuite vous avez conduit jusque là-bas, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui, c'est exact.

 21   Q.  N'est-il pas vrai que vous n'avez vu aucune blessure sur les corps que

 22   vous avez chargés à bord du camion qui se trouvait à la décharge publique,

 23   et vous n'avez pas non plus identifié un seul corps, n'est-ce pas, ou

 24   reconnu un seul corps ?

 25   R.  Oui, c'est également vrai.

 26   Q.  Est-ce qu'il n'en va pas de même pour le champ de tir, pas de

 27   blessures, en tout cas vous n'avez vu aucune blessure et vous n'avez pas

 28   été en mesure d'identifier un seul corps, n'est-ce pas ?

Page 590

  1   R.  Oui, c'est exact.

  2   Q.  Lorsque vous avez terminé votre travail à la décharge publique, Buda

  3   vous a ramenés à l'entreprise dans sa Volkswagen, ensuite vous êtes tous

  4   rentrés chez vous en voiture; c'est exact, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Merci.

  7   Monsieur Gjogaj, j'ai étudié toute la déclaration. Il n'y a pas une seule

  8   référence qui est faite à votre directeur Jova. Et je fais référence à la

  9   déclaration du 24 juin 1999. Hier et aujourd'hui, vous avez fait plusieurs

 10   références à Jova. Vous avez dit qu'il se trouvait avec vous et lorsque

 11   vous êtes allés au champ de tir et lorsque vous êtes allés à la décharge

 12   publique.

 13   R.  Il est vrai que Jova est venu à Strelishte au champ de tir, et là il

 14   est venu la première fois, puis il est venu également à la décharge

 15   publique. Mais il ne nous avait pas accompagnés au début. Seul Buda nous

 16   avait accompagnés lors d'occasions précédentes. Mais lui, c'est la première

 17   fois qu'il est venu avec nous cette nuit-là lorsque nous avons travaillé

 18   là-bas.

 19   Q.  Bien. Dans ce cas, Jova n'est pas allé avec vous au champ de tir, et

 20   ce, à partir de Prizren ?

 21   R.  Non, il n'est pas venu avec nous.

 22   Q.  Donc il n'y avait que Buda qui se trouvait dans la voiture avec vous

 23   lorsque vous alliez au champ de tir, n'est-ce pas ? Mais aujourd'hui,

 24   Monsieur --

 25   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] J'ai bien peur que vous posiez vos

 26   questions trop rapidement, Maître Djurdjic, parce que n'oubliez pas qu'il y

 27   a une interprétation à assurer vers plusieurs langues. Par conséquent, il

 28   faut que les interprètes aient fini la réponse avant que vous ne puissiez,

Page 591

  1   vous, commencer à poser votre question. Regardez l'écran devant vous, c'est

  2   ma suggestion. Je vous remercie.

  3   M. DJURDJIC : [interprétation] Je vais essayer de ne pas oublier cela. Mais

  4   je crois que le témoin a compris mes questions et qu'il a en fait fourni

  5   des réponses contradictoires, et ce, à deux occasions. Parce que je lui

  6   avais parlé de la déclaration de l'année 1999, et je lui ai dit qu'il n'y

  7   avait pas une seule référence qui était faite au directeur Jova dans cette

  8   déclaration, alors qu'hier et aujourd'hui, soudainement, il s'est souvenu

  9   de nous parler de sa déclaration supplémentaire qui porte la date du 28

 10   janvier où il est question de son départ et de sa présence au champ de tir

 11   justement. D'où ma question, qui est quand même fondamentale, et c'est là

 12   où nous nous étions arrêtés.

 13   Q.  Vous comprenez ma question, Monsieur Gjogaj ?

 14   R.  Oui, je vous comprends tout à fait. J'ai mentionné un peu plus tôt le

 15   fait que Jova se trouvait au champ de tir avec nous pendant cette nuit,

 16   mais il n'était pas avec nous à Pastasele. Seul Budimir était avec nous à

 17   Pastasele.

 18   Q.  Monsieur Gjogaj, je suis en train de vous redonner lecture de votre

 19   déclaration qui porte la date du 24 juin 2000, dans cette déclaration vous

 20   ne faites absolument aucune référence au fait que le directeur Jova se

 21   trouvait au champ de tir, qu'il est revenu avec vous à Prizren ou qu'il

 22   portait un uniforme ou qu'il avait eu une arme ou un uniforme. Vous n'avez

 23   jamais parlé de lui, de Jova. Alors en 1999, vous n'en avez jamais parlé,

 24   vous n'avez jamais fait référence à cette personne, alors qu'au cours des

 25   trois ou quatre dernières journées, maintenant, vous avez mentionné cela.

 26   C'est pour ça que je vous pose la question. Ni plus ni moins.

 27   R.  Peut-être qu'on ne m'a pas posé cette question lorsque j'ai fait ma

 28   déclaration. Je ne sais plus les dates auxquelles j'ai fait ces

Page 592

  1   déclarations, mais je vais réitérer ce que j'ai déjà dit : Jova se trouvait

  2   avec nous au champ de tirs lorsque nous avons exhumé ces corps. Il n'était

  3   pas avec nous à Pastasele. J'espère que vous m'avez bien compris

  4   maintenant. Peut-être les enquêteurs ne m'ont-ils pas du tout posé la

  5   question de savoir si Jova était là ou pas, mais ce fait-là évidemment

  6   figure dans certaines déclarations.

  7   M. NEUNER : [interprétation] Puis-je rappeler tout simplement qu'à

  8   plusieurs reprises avons-nous évoqué le nom de Pusto Selo, et cela figure

  9   sur différentes pages du compte rendu d'audience. A titre d'exemple, page

 10   38, ligne 15, il a été mal écrit, "Pastasele." Peut-être ceci devrait-il

 11   être clarifié aussi, est-ce que Pastesele ou Pusto Selo représentent une et

 12   même localité. Sinon, cela porte à confusion à mes yeux au moins.

 13   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je crois que vous regardez ici

 14   différentes localités dans deux différentes langues, Monsieur Neuner. Au

 15   moins c'est comme ça que je peux entendre et comprendre. Peut-être le

 16   témoin pourrait-il nous assister.

 17   Monsieur Djurdjic, voulez-vous vous occuper de cette question, s'il vous

 18   plaît ?

 19   M. DJURDJIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, je vais le

 20   faire.

 21   Q.   Monsieur Gjogaj, lorsque vous avez fait cette déclaration le 27

 22   février et le 1er mars 2000 à l'intention de l'enquêteur, l'objet de votre

 23   déclaration était d'ailleurs de témoigner sur la localité de Pusto Selo,

 24   s'agit-il d'un village ou d'une localité.

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Merci.

 27   R.  Comme je l'avais déjà dit préalablement, c'est à ce moment-là où je me

 28   suis pour la première fois rendu dans ce village, s'agissait-il de

Page 593

  1   l'appeler Pastasele ou Pusto Selo, je n'en suis pas certain pour autant.

  2   Peut-être que j'ai mal évoqué de façon incorrecte et erronée le nom de ce

  3   village parce que je ne connaissais pas ce nom-là.

  4   Q.  Mais maintenant est-ce que cette version qu'on entend nous est correcte

  5   pour parler de ce village ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Merci.

  8   Je ne voudrais plus m'occuper d'ailleurs de déclarations faites par vous

  9   aux enquêteurs du Tribunal pénal international. Je voudrais maintenant

 10   m'occuper de vos déclarations faites dans le cadre de l'affaire Milutinovic

 11   et consorts, laquelle affaire est pendante à ce Tribunal-ci.

 12   Monsieur Gjogaj, lorsque nous étions en train de parler de ces uniformes en

 13   treillis de camouflage, seriez-vous d'accord avec moi pour dire que dans

 14   chaque magasin où on peut acquérir telle ou telle affaire pour chasseur, on

 15   pouvait avant la guerre y acquérir également un uniforme en treillis de

 16   camouflage ? Habituellement, chasseurs ou pêcheurs l'utilisaient quand ils

 17   partaient à la chasse ou à la pêche.

 18   R.  Vous faites référence à ce jour-ci ou à l'époque d'avant la guerre ?

 19   Q.  Non, non, non, d'avant la guerre. Il s'agissait d'un magasin où

 20   pêcheurs et chasseurs pouvaient s'acheter de tels vêtements, qu'on les

 21   appelait dans le temps bigarrés, multicolores, vous savez il s'agit de

 22   treillis de camouflage.

 23   R.  Je ne sais pas. Je n'ai pas pu me rendre compte du fait qu'on pouvait

 24   s'acheter de tels uniformes dans ce magasin. Peut-être était-ce le cas,

 25   mais ceci était inconnu de moi.

 26   Q.  Merci. Dites-moi, les policiers qui étaient employés au SUP de Prizren,

 27   quel uniforme portaient-ils ? Je pense de quelle couleur étaient ces

 28   uniformes ?

Page 594

  1   R.  Les uniformes de la police étaient de cette même couleur que

  2   généralement la police porte, la couleur bleue. Je ne saurais vous parler

  3   évidemment de cette couleur de différentes nuances, mais immédiatement à

  4   les voir on pourrait reconnaître et identifier un uniforme de policier.

  5   Vous voyez ce que je veux dire par là.

  6   Q.  Oui, je vous comprends, mais est-ce que vous connaissez Milan Djuricic,

  7   qui lui était un policier de Prizren.

  8   R.  Non, je ne le connais pas.

  9   Q.  Lorsque dans la rue vous voyez un policier, un policier du SUP de

 10   Prizren, pouvez-vous nous faire la description de la couleur de son

 11   uniforme.

 12   R.  Voyez-vous, différentes étaient les couleurs de leurs vêtements de

 13   policier, mais les policiers du SUP portaient les uniformes habituels pour

 14   lesquels uniformes je sais qu'ils étaient de couleur bleue et de

 15   camouflage.

 16   Q.  Y a-t-il eu un autre uniforme d'une autre couleur sans parler de

 17   treillis de camouflage et qui devait être uni du point de vue couleur ?

 18   R.  Oui. Par exemple, le fils de Jova, lui, portait un tel uniforme. Uni de

 19   couleur. Lorsque nous sommes allés à Pastasele, le fils du directeur Mirko,

 20   comme je vous l'ai déjà dit, se trouvait avec nous. Lui aussi portait cet

 21   uniforme-là, uni de couleur. Même parmi d'autres membres de la police, il y

 22   en avait qui portaient des uniformes différents des uniformes des autres

 23   policiers.

 24   Q.  Merci.

 25   Vous rappelez-vous que lors de la déposition devant ce Tribunal en

 26   septembre 2006 vous avez déclaré que les officiers portaient un uniforme de

 27   couleur verte, mais avec différents dessins ?

 28   R.  Pouvez-vous peut-être reprendre la question, la répéter, je ne suis pas

Page 595

  1   sûr d'avoir bien compris.

  2   Q.  En témoignant devant ce Tribunal en septembre, du 21 septembre 2006,

  3   vous avez dit que les policiers de police qui se trouvaient sur le champ de

  4   tir portaient des uniformes de treillis de camouflage de couleur verte.

  5   R.  Si vous me posez la question de savoir de quelle couleur étaient les

  6   uniformes des gens qui étaient sur le champ de tir, il s'agissait de parler

  7   d'uniformes de membres de la police. Mais pour ce qui est de ceux qui nous

  8   avaient encerclés pour nous protéger, bien entendu, je n'ai pas pu me

  9   rendre compte de la couleur de leurs uniformes, ils étaient là pour assurer

 10   la garde, pour nous protéger. Ils nous ont escortés jusqu'à Prizren. Pour

 11   ce qui est de ces gens-là, je suis capable de décrire la couleur de leurs

 12   uniformes. C'était de couleur identique bleue tout comme l'uniforme porté

 13   par notre directeur. Pour ce qui est des autres qui se trouvaient à une

 14   distance de 50 à 60 mètres du lieu où nous travaillions, je parle cette

 15   fois-ci de ceux qui nous ont sécurisés, je ne saurais vous décrire la

 16   couleur de leur uniforme.

 17   Q.  Monsieur Gjogaj, écoutez-moi bien, comment se présentent mes questions.

 18   Je lis votre déclaration dans le cadre de l'affaire Milutinovic et consorts

 19   en date du 21 septembre 2006, vous avez dit que les policiers portaient cet

 20   uniforme vert avec des dessins. C'est ce que vous avez dit. Est-ce que vous

 21   l'avez dit ainsi ?

 22   R.  Peut-être l'ai-je dit comme ça. Je ne dis pas que je ne l'ai pas dit.

 23   Si vous me le dites que c'est comme ça et si c'est écrit comme cela, vous

 24   m'en donnez lecture, peut-être que c'est vrai. Peut-être l'ai-je enfin

 25   oublié peut-être, parce que le travail qui était le mien était un travail

 26   très pénible, nous nous en sommes occupés de cela sous pression. Peut-être

 27   que je n'ai pas été très, très consciencieux et peut-être que ceci m'a

 28   échappé et ainsi l'ai-je oublié.

Page 596

  1   Q.  Merci, Monsieur Gjogaj.

  2   M. DJURDJIC : [interprétation] Je me dois de vous donner une référence qui

  3   m'a permis de poser cette question. Il s'agit de la pièce à conviction

  4   D001-0883. Il s'agit de la page 3 729 et les lignes 20 jusqu'à 25, et la

  5   page 30, lignes 1, 2, 3, 5 et 7. Il s'agit évidemment de ce compte rendu

  6   d'audience de cette affaire en date du 21 septembre 2006.

  7   Q.  Monsieur Gjogaj, de même devrais-je vous soumettre une partie du compte

  8   rendu d'audience de l'affaire Milutinovic et consorts de la date du 21

  9   septembre 2006. Il s'agit notamment de la partie de votre déposition où,

 10   répondant à la question qui vous a été posée par le Président Juge Bonomy,

 11   que pour ce qui est de parler de la seconde fosse sur le champ de tir,

 12   peut-être il y avait des cadavres, mais vous avez dit que vous ne deviez

 13   pas vous occuper de cette affaire-là. Vous n'aviez qu'à faire ce qu'il vous

 14   convenait de faire, d'autres ont eu à faire leur travail à eux.

 15   R.  Cela est exact, cela est vrai. C'est ce qu'il nous a été dit : Vous

 16   n'avez qu'à vous occuper de votre besogne, et nous on s'occupe de la nôtre.

 17   Q.  Merci. Merci, Monsieur Gjogaj.

 18   M. DJURDJIC : [interprétation] Je n'ai plus de questions à poser, Monsieur

 19   le Président.

 20   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

 21   Monsieur Neuner.

 22   M. NEUNER : [interprétation] J'aurais quelques questions à poser pour

 23   essayer de clarifier certaines choses contestées.

 24   Je voudrais que l'on affiche à l'écran la pièce à conviction P277.

 25   Nouvel interrogatoire par M. Neuner : 

 26   Q.  [interprétation] En attendant l'affichage de ce document, je voudrais

 27   dire comme suit, il s'agira de cette première fosse dont on a parlé hier et

 28   aujourd'hui.

Page 597

  1   M. NEUNER : [interprétation] Je voudrais obtenir un agrandissement de la

  2   partie de cette pièce où il s'agit de ce cercle annoté par le chiffre 1.

  3   Q.  Je pose cette question, parce qu'hier et aujourd'hui j'ai pu me rendre

  4   compte du fait qu'il y avait plusieurs descriptions de ce site-là, peut-

  5   être pourriez-vous nous aider. J'ai pu observer qu'il s'agissait du terme

  6   "Streliste," champ de tir. Ensuite on utilise aussi le terme de "Korishe"

  7   pour traiter toujours du même site. Ensuite on parle d'un champ de tir, un

  8   "firing range," et de "shooting range" encore en anglais pour intituler le

  9   même site.

 10   Etant donné que nous avons pu entendre ces quatre termes différents,

 11   pouvez-vous nous dire très exactement où se trouvaient ces deux fosses ?

 12   R.  Les fosses se trouvaient à Korishe, encore que ce n'est pas à Korishe

 13   que se trouvait le champ de tir, mais plutôt près du point de contrôle

 14   dressé par la police à une distance de 10, 15 ou 20 mètres. La police

 15   travaillait avec nous, eux ils travaillaient ailleurs. Je n'ai fait une

 16   intervention qu'au sujet du site où j'ai travaillé, moi.

 17   Q.  Je n'ai pas très bien compris l'explication donnée par vous, mais est-

 18   ce que lorsque nous utilisons ces quatre termes nous parlons toujours du

 19   même site où se trouvaient les deux fosses ?

 20   R.  De quoi êtes-vous en train de parler maintenant en me posant la

 21   question ?

 22   Q.  Je ne voudrais pas évidemment étiqueter ça comme étant intitulé "firing

 23   range," "shooting range," "champ de tir," est-ce qu'il s'agit toujours d'un

 24   seul et même site où se trouvent les deux dites fosses ?

 25   R.  Oui, il s'agit d'un seul site et du même site. A côté de Streliste,

 26   champ de tir, se trouve le site de la décharge, l'autre site se trouvant un

 27   peu plus loin de Suhareka, à 300 à 400 mètres avant de vous rendre sur le

 28   site de la décharge.

Page 598

  1   Q.  Bien. Mais les deux fosses se trouvaient localisées au même endroit.

  2   Vous êtes d'accord là-dessus ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Après toutes ces années écoulées, quel serait l'intitulé, d'après vous,

  5   pour situer ces deux fosses ? Parce que comme je l'ai déjà dit, lors de la

  6   déposition faite par vous, il y avait plusieurs termes utilisés pour parler

  7   de ce site, pour les intituler. Comment, d'après vous, faudrait-il les

  8   décrire, ces sites ? Comment vous l'appelleriez-vous aujourd'hui ?

  9   R.  Ce site-là se trouve à Lubishte, en contrebas par rapport au point de

 10   contrôle dressé par la police. Les deux villages ont deux intitulés

 11   différents. Je ne peux pas changer les maintenant, y apporter des

 12   changements.

 13   Q.  Très bien. Mais pouvez-vous nous dire lesquels de ces intitulés dont je

 14   vous donne la lecture seraient ceux ou celui de chacun de ces villages.

 15   R.  Ljubishte est un nom de site, l'autre serait Korishe. Or, la décharge

 16   se trouve non loin de Shpinadjinadi.

 17   Q.  Je ne vous ai pas posé de question au sujet de la décharge. Mais sur la

 18   base de ce que vous venez de dire, est-ce exact de dire que les fosses se

 19   trouvaient situés entre les villages de Ljubishte et de Korishe

 20   respectivement ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Il s'agit de l'endroit que vous marquez moyennant un cercle dans le

 23   cadre de la pièce à conviction P277 en l'annotant par le chiffre 1 ?

 24   R.  Oui, oui, approximativement, parce que voyez-vous, la carte est plutôt

 25   grande.

 26   Q.  Maintenant je voudrais m'occuper de quelques questions qui vous ont été

 27   posées par mon éminent confrère au sujet de Pusto Selo. Lui a fait mention

 28   où il vous a dit en suggérant que c'est dans Pusto Selo des examens ont été

Page 599

  1   faits au niveau de ces cadavres, notamment des bras ou de mains. Il a dit

  2   que tous ces cadavres ont été enveloppés dans des couvertures - je parle

  3   évidemment de Pusto Selo - et qu'il y avait comme des indications pour

  4   chacun de ces cadavres. Il vous a dit aussi qu'après exhumation les

  5   cadavres ont été placés dans des sacs. Est-ce que vous vous en souvenez que

  6   des questions vous ont été posées dans ces termes-là là-dessus ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Maintenant, ma question est la suivante; si, par exemple, nous essayons

  9   de nous situer momentanément et simultanément sur le champ de tir et sur la

 10   décharge, pouvez-vous répondre à la question suivante : cette nuit-là,

 11   lorsqu'il y a eu exhumation des corps à ces deux endroits, a-t-on procédé à

 12   des examens quelconque des mains ou des bras des cadavres exhumés ?

 13   R.  Non.

 14   Q.  Avant de les charger dans les camions, ces cadavres ont-ils été

 15   enveloppés dans des couvertures ou des draps ?

 16   R.  Non, tout simplement il s'agissait de parler de vêtements de civils,

 17   lesquels vêtements ils portaient dans les circonstances lorsque les gens

 18   ont été tués.

 19   Q.  Vous ne les avez pas enveloppés de couvertures ou de quoi que ce soit

 20   en les chargeant dans les camions ?

 21   R.  Non.

 22   Q.  Est-ce qu'il y a eu vous ou quelqu'un d'autre qui aurait marqué

 23   moyennant quelque indication que ce soit les corps avant de les charger, de

 24   les transporter vers le camion réfrigéré ?

 25   R.  Non.

 26   Q.  Les corps qui ont été placés dans des sacs ont été ensuite déposés

 27   quelque part soit sur le champ de tir ou la décharge ?

 28   R.  Non.

Page 600

  1   Q.  Et avant de les charger dans le camion frigorifié ?

  2   R.  Non.

  3   Q.  Je voudrais à la fin m'occuper d'une question de moindre importance et

  4   qui concerne une série de photos dont parlait mon éminent collègue, page

  5   18, lignes 18 à 22 du compte rendu d'audience d'aujourd'hui. On vous a posé

  6   des questions sur le récolement que nous avions eu ensemble il y a deux

  7   jours. On vous a posé des questions au sujet de cette galerie de photos

  8   portant sur les uniformes. La question était simple. Est-ce ce que je vous

  9   ai demandé si ces photos d'uniformes étaient en noir et blanc ou en

 10   couleurs ?

 11   R.  Oui, en couleurs.

 12   Q.  Fort bien.

 13   M. NEUNER : [interprétation] Je voudrais qu'on présente cette fois-ci la

 14   pièce à conviction 2375 au titre de l'article 65 ter.

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Allez-y, Maître Djurdjic.

 16   M. DJURDJIC : [interprétation] Je voudrais réagir en temps opportun,

 17   Monsieur le Président. On avait remplacé cette pièce à conviction. Ceci

 18   nous a été notifié, s'il s'agit bien de la pièce à conviction 2375, ceci

 19   nous a été communiqué à 17 heures 05 minutes, le 3 février 2007, alors j'ai

 20   dit que, pour parler de la première déclaration, on avait présenté 5062,

 21   alors ce n'est pas le numéro de la pièce à conviction qui précède le procès

 22   d'après le mémoire. Mais il s'agit plutôt d'une pièce à conviction, je le

 23   pense du moins, qui traite de la présentation des uniformes. Or, il s'agit

 24   de ce qu'il a été montré par le bureau du Procureur au témoin - je ne veux

 25   pas m'abuser maintenant, s'agissait-il de février ou de juin l'an 2000 - où

 26   il avait été déjà fait des annotations pour savoir de quel uniforme il

 27   s'agissait.

 28   Mon honorable collègue a raison de dire que ceci était en noir et

Page 601

  1   blanc et les autres étaient en couleurs, mais partout il y avait des

  2   annotations par la lettre X lorsqu'il a fallu identifier ces uniformes en

  3   noir et blanc ou couleurs, peu importe, mais la disposition, je dirais par

  4   ordre, de ces photos était la même.

  5   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

  6   Monsieur Neuner, avez-vous quelque chose à ajouter ?

  7   M. NEUNER : [interprétation] Très brièvement. Je crois que nous l'avons

  8   déjà dit, jamais il n'a été soumis à ce témoin-ci de photos ou une galerie

  9   de photos en noir et blanc. Toujours est-il de parler de photos en

 10   couleurs, c'est ce que je voulais dire très succinctement.

 11   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Djurdjic.

 12   M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je fais cas de ce que

 13   vient de dire mon honorable collègue de l'Accusation, mais je ne comprends

 14   pas maintenant pour quelle raison a-t-on apporté des changements au niveau

 15   de la pièce à conviction qui était 5162 pour recevoir maintenant la cote

 16   d'aujourd'hui, à laquelle cote fait référence mon honorable collègue.

 17   M. NEUNER : [interprétation] Je peux vous donner l'explication de ce

 18   changement intervenu, même je peux le faire par le truchement du témoin, si

 19   vous le voulez bien. Pour ce qui est de la cote 5162 au titre du 65 ter

 20   ceci a été soumis au témoin, lorsqu'il s'agit de photos en couleurs. Et

 21   nous en avons informé mon honorable collègue il y a deux jours par un

 22   courrier électronique, pour dire que c'était une mauvaise qualité technique

 23   de cette photo. En d'autres termes, ces dessins qu'on a dû observer au

 24   niveau des uniformes en treillis de camouflage semblent être mieux faits,

 25   par conséquent, on peut mieux identifier les dessins.

 26   Dans la pièce à conviction préalable, dont le numéro était 5162 au titre du

 27   65 ter, lorsque nous avons dû tirer une copie de la version en couleurs

 28   pour la soumettre au témoin, nous nous sommes rendu compte du fait que la

Page 602

  1   qualité de la photo était très mauvaise et pratiquement les dessins étaient

  2   invisibles. Ayant constaté cela et ayant imprimé une première version

  3   imprimée au témoin, nous avons dû préparer une photo de bonne qualité

  4   valable, ce que vous voyez sous vos yeux. Et c'est ainsi que nous avons

  5   tout simplement procédé à des questions posées au témoin.

  6   Ayant fait cela il y a quelques jours, nous avons immédiatement

  7   informé le conseil de la Défense de tout cela, à savoir qu'il était de

  8   notre intention de remplacer ces photos en couleurs, étant donné que la

  9   qualité laissait à désirer, nous avons voulu offrir pour autant des photos

 10   en couleurs de meilleure qualité pour mieux permettre la description des

 11   uniformes.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.

 13   M. NEUNER : [interprétation]

 14   Q.  Monsieur le Témoin, j'ai une dernière question pour vous. Au temps où

 15   nous vous avons montré les photos en couleurs, y a-t-il eu des annotations

 16   quelconques pour chacun de ces dessins, c'est-à-dire de ces uniformes

 17   treillis de camouflage que nous vous avons montrés ?

 18   R.  Non.

 19   Q.  Donc quand vous nous avez dit, c'est l'uniforme de Jova, celui-là de

 20   ces uniformes est de Budimir Spasic, on vous a permis de faire une

 21   annotation en marquant les modèles pour lesquels vous avez cru appartenir

 22   respectivement à chacune de ces deux personnes ?

 23   R.  Oui.

 24   M. NEUNER : [interprétation] Nous n'avons plus de questions à poser à ce

 25   témoin.

 26   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

 27   [La Chambre de première instance se concerte]

 28   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur Neuner.

Page 603

  1   Monsieur le Témoin, c'est pour moi un plaisir de vous dire que ceci

  2   conclut le contre-interrogatoire dont vous avez fait l'objet. La Chambre de

  3   première instance vous remercie d'être venu à La Haye. Merci de

  4   l'assistance que vous nous avez fournie. Maintenant vous pouvez disposer.

  5   L'huissier est là pour vous raccompagner. Je vous remercie une fois de

  6   plus.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est moi qui vous remercie.

  8   [Le témoin se retire]

  9   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Kravetz.

 10   Mme KRAVETZ : [interprétation] Oui. Bonjour, Monsieur le Président. Nous

 11   avons ici M. Mustafe Dragaj.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

 13   Mme KRAVETZ : [interprétation] Ce témoin va déposer concernant les

 14   allégations des paragraphes 72(C), 75(F), les annexes F, et le paragraphe

 15   77.

 16   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 17   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 19   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pouvez-vous déclarer solennellement

 20   que la déposition que vous ferez devant cette Cour constituera la vérité,

 21   toute la vérité et rien que la vérité.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 23   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 24   LE TÉMOIN : MUSTAFA DRAGAJ  [Assermenté]

 25   [Le témoin répond par l'interprète]

 26   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez prendre

 27   place.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

Page 604

  1   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est Mme Kravetz qui va vous poser

  2   des questions.

  3   Madame Kravetz.

  4   Mme KRAVETZ : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

  5   Interrogatoire principal par Mme Kravetz : 

  6   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Pourriez-vous décliner

  7   votre nom pour le compte rendu d'audience.

  8   R.  Je m'appelle Mustafa Dragaj.

  9   Q.  Vous êtes un Albanais du Kosovo, du village de Leocina [comme

 10   interprété] de --

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Quel âge avez-vous, Monsieur ?

 13   R.  J'ai entre 62 et 63 ans.

 14   Q.  En mars 1999, où habitiez-vous ?

 15   R.  En 1999, j'habitais à Leqina, jusqu'au début de la guerre.

 16   Q.  Est-ce que la plupart des personnes à Leocina étaient des Albanais du

 17   Kosovo comme vous-même, ou bien est-ce qu'il s'agissait d'un village mixte

 18   ?

 19   R.  La plupart d'entre nous étaient des Albanais. Il y avait quelques

 20   Serbes aussi.

 21   Q.  Quelle était la taille du village de Leocina ? Combien de maisons y

 22   avait-il ?

 23   R.  Une centaine de maisons environ.

 24   Q.  Monsieur, je voudrais vous poser quelques questions concernant les

 25   événements qui se sont déroulés à Leocina le 25 mars 1999. Vous souvenez-

 26   vous si quelque chose d'extraordinaire s'est produit ?

 27   R.  Oui. Je m'en souviens. Je me souviens, ils ont commencé à mettre Leqina

 28   à feu le 25 mars 1999.

Page 605

  1   Q.  J'allais vous poser la question concernant des événements qui se sont

  2   produits le 25 mars à Leocina. Est-ce que vous vous souvenez ce qui s'est

  3   produit d'extraordinaire à ce moment-là ? Et Monsieur, je vous prie, s'il

  4   vous plaît, d'attendre que j'aie fini de poser ma question avant de

  5   commencer votre réponse de sorte que les interprètes aient l'occasion de

  6   pouvoir interpréter votre réponse en anglais.

  7   R.  Le 25 mars, ils ont bombardé notre village de Bellanica. Ils ont

  8   également bombardé ma maison le 25.

  9   Q.  Quand vous dites "ils ont bombardé," de qui parlez-vous ?

 10   R.  La police et l'armée serbe.

 11   Q.  Quand vous dites qu'ils ont bombardé votre village, est-ce que c'est

 12   quelque chose que vous avez pu observer vous-même depuis chez vous ?

 13   R.  Je ne l'ai pas vu, mais depuis chez moi on peut voir que cela provenait

 14   de Bellanica puisque personne n'osait s'y rendre pour aller voir.

 15   Q.  Quand vous dites que c'était dans la direction de Bellanica, vous

 16   parlez de la direction d'où provenait les obus ?

 17   R.  Oui. Ils venaient de Bellanica le 25.

 18   Q.  Vous souvenez-vous pendant combien de temps le village de Bellanica a

 19   été bombardé le 25 mars ?

 20   R.  Ça a duré quelque deux heures. Je n'avais pas de montre.

 21   Q.  Oui, je comprends bien. A l'époque, où vous trouviez-vous dans le

 22   village au moment du début du pilonnage ?

 23   R.  Le 25, j'étais à Leqina. Et le 26, j'ai quitté Leqina vers 5 heures de

 24   l'après-midi. Et les autres sont partis le matin.

 25   Q.  Pourquoi avez-vous décidé de quitter Leqina le 26 mars ?

 26   R.  Parce qu'ils étaient en train de brûler nos maisons, ils les

 27   bombardaient, et tout le monde est allé à Izbica, parce que tout le monde

 28   pensait qu'on y serait en sécurité.

Page 606

  1   Q.  Quand vous dites qu'ils brûlaient vos maisons, de qui parlez-vous, si

  2   vous pouvez préciser ?

  3   R.  Qui d'autre que la police et l'armée serbe.

  4   Q.  Pourquoi avez-vous décidé de vous rendre à Izbic ?

  5   R.  Parce que nous nous y sentions davantage en sécurité, car à Izbica il

  6   n'y avait pas de Serbes, c'était un village habité par des Albanais. Et la

  7   montagne était proche.

  8   Q.  Lorsque vous êtes parti le 26, ce n'était que vous et votre famille qui

  9   êtes partis ou est-ce que d'autres personnes qui habitaient votre village

 10   ont également quitté Leqina ?

 11   R.  J'étais avec ma famille, mes fils et leurs épouses étaient partis plus

 12   tôt. Moi-même et mon épouse nous sommes partis l'après-midi vers 5 heures.

 13   Mais les voisins sont partis aussi. Tout le village est parti.

 14   Q.  Est-ce que tout le village se dirigeait dans la même direction que

 15   vous, c'est-à-dire vers Izbica.

 16   R.  Oui, ils se sont rendus à Izbica, tous. La plupart étaient partis plus

 17   tôt.

 18   Q.  Vous nous avez indiqué que vous êtes entrés à Izbica le 26 mars. Quand

 19   vous y êtes arrivés, où avez-vous été logés ?

 20   R.  Dans une prairie.

 21   Q.  Y avait-il d'autres personnes dans ce champ ou cette prairie que vous-

 22   même et votre famille ?

 23   R.  Oui, il y avait des gens de Leqina ou d'autres villages. Je ne sais pas

 24   combien de personnes s'y trouvaient et de combien de villages.

 25   Q.  Vous rappelez-vous de la taille de ce champ où vous vous êtes trouvés ?

 26   A peu près ?

 27   R.  C'était assez grand.

 28   Q.  Vous savez à peu près quelle taille ?

Page 607

  1   R.  Environ 2 hectares, je pense.

  2   Q.  Vous avez dit qu'il y avait des gens d'autres villages. Est-ce que tout

  3   le monde se trouvait sur ce champ de 2 hectares avec vous ?

  4   R.  Oui, en effet. Nous sommes tous restés là, mais les gens qui avaient

  5   des maisons là-bas sont restés dans leurs maisons. Le 28, ils sont venus

  6   également dans le champ.

  7   Q.  Mais qui est venu dans le champ le 28 ?

  8   R.  La police et l'armée serbe.

  9   Q.  Entre le 26 et le 28 mars, vous êtes resté dans ce champ -- dans cette

 10   prairie ?

 11   R.  Le 26 dans la soirée, je m'y suis rendu. Alors le 27 nous sommes restés

 12   là toute la journée. Le 28, la police et l'armée serbe sont arrivées le 28

 13   mars.

 14   Q.  Quelles étaient les conditions de vie dans cette prairie pendant les

 15   deux journées où vous êtes restés là ?

 16   R.  Le 27 dans la journée, ça allait, mais le soir il a commencé à

 17   pleuvoir. Il a plu toute la nuit.

 18   Q.  Vous étiez à l'extérieur en plein air ou bien est-ce qu'il y avait un

 19   abri ou des médicaments ?

 20   R.  Non, nous étions dehors en plein air sous la pluie. Nous ne pouvions

 21   nous rendre nulle part.

 22   Q.  Vous nous dites que le 28 mars la police serbe et l'armée sont

 23   arrivées. Vous souvenez-vous d'où ils venaient ?

 24   R.  Ils venaient de Leqina.

 25   Q.  Pouvez-vous nous dire environ combien de policiers ou de militaires

 26   serbes sont arrivés dans ce groupe qui provenait de

 27   Lecina ?

 28   R.  Je ne sais pas. Il y en avait beaucoup, je ne peux pas vous donner de

Page 608

  1   chiffres précis.

  2   Q.  Plus de dix, moins de dix ? Un grand groupe ?

  3   R.  Peut-être 2 à 300.

  4   Q.  Est-ce que ce groupe de policiers serbes et de militaires serbes ont

  5   approché le groupe dans lequel vous étiez dans cette prairie ?

  6   R.  Oui, oui. Ils sont arrivés près de chez nous où nous étions assis, où

  7   il y avait des hommes, des femmes, des enfants. Ils ont commencé à séparer

  8   les hommes des autres et les jeunes des plus âgés, puis pour les plus

  9   jeunes. Ils nous ont demandé de nous mettre en file dans cette prairie. Ils

 10   nous ont demandé de leur donner de l'argent. Ils nous ont insultés, ils

 11   nous ont arraché nos couvre-chefs, puis les ont rendus. Ceux qui avaient de

 12   l'argent sur eux leur en ont donné. Moi je n'en n'avais pas, donc je n'ai

 13   pas pu leur en donner. Ils ont commencé à me frapper à l'œil gauche. Ils

 14   ont dit : Aujourd'hui c'est la fête de Bajram, et selon la coutume on doit

 15   sacrifier un mouton. Ils ont dit : Bien, c'est vous qu'on va sacrifier

 16   aujourd'hui.

 17   Q.  Je vais vous arrêter là. Vous disiez que vous étiez assis avec des

 18   hommes, des femmes et des enfants. Y avait-il des hommes en âge de porter

 19   les armes dans la prairie avec vous ?

 20   R.  Pas véritablement en âge de porter des armes. Peut-être qu'il y en

 21   avait deux ou trois. Il y en avait un qui avait à peu près 40 ans. Il y en

 22   avait un autre dans notre village d'à peu près du même âge. Je ne sais plus

 23   son âge. Mais les autres étaient des jeunes qui avaient 12, 13 ans et

 24   moins.

 25   Q.  Mais les hommes qui étaient en âge de porter les armes, où se

 26   trouvaient-ils ?

 27   R.  Les hommes plus jeunes eux se cachaient dans la montagne, dans les

 28   bois.

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  1   Q.  Pourquoi se trouvaient-ils là-bas ?

  2   R.  Afin de ne pas être tués par l'armée et la police serbe.

  3   Q.  Pourquoi êtes-vous resté dans cette prairie et pourquoi n'êtes-vous pas

  4   allé dans les bois, dans la montagne avec les hommes plus jeunes ?

  5   R.  Parce que je pensais qu'ils n'allaient pas nous tuer. Si j'avais su que

  6   c'était leur intention, j'aurais rejoint les autres dans la forêt

  7   également.

  8   Q.  Vous nous disiez qu'ils vous ont approché et qu'ils vous ont demandé de

  9   l'argent. Est-ce que --

 10   R.  C'est vrai.

 11   Q.  Vous avez dit que vous n'aviez pas d'argent mais que d'autres personnes

 12   dans votre groupe ont donné de l'argent à la police et aux soldats serbes ?

 13   R.  Oui, oui, il y en avait. Ils étaient un peu plus loin de moi. Certains

 14   ont donné de l'argent, certains ont été tués. Sadik Hoti, qui a donné 500

 15   DM, a été tué.

 16   Q.  Vous avez dit qu'ils vous ont injuriés et qu'ils vous ont arraché vos

 17   couvre-chefs. Que vous disaient-ils ?

 18   R.  Ils nous injuriaient. Il s'appelait Thaci. Je ne comprenais pas très

 19   bien parce qu'ils juraient en serbe. En fin de compte ils ont commencé à

 20   compter les membres du groupe depuis la droite et ils ont dirigé une partie

 21   du groupe vers l'ouest, l'autre partie du groupe vers l'est. Le groupe qui

 22   devait partir vers l'ouest s'est avancé, et nous qui étions dans le groupe

 23   vers l'est on nous a dirigés vers des bois.

 24   Ils nous ont dit : Allez dans cette direction. Et dès qu'on a tourné dans

 25   cette direction, ils ont commencé à ouvrir le feu. Hajriz Draga a été

 26   touché par une balle. Il est tombé sur moi. Je suis resté là pendant une

 27   vingtaine ou une trentaine de minutes. Si j'avais pu arriver jusqu'aux

 28   bois, j'ai rampé vers le bois. Une fois que je me suis trouvé là j'ai

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  1   regardé en arrière et j'ai vu que tout le monde était couché par terre.

  2   Sadik Tahiri, qui était encore vivant après ces coups de feu mais il est

  3   mort deux heures plus tard, il m'a dit qu'il leur avait donné 200 deutsche

  4   marks pour sa vie, mais qu'ils l'avaient tout de même abattu.

  5   Q.  Je vais vous arrêter là, je voudrais qu'on revienne en arrière. Vous

  6   avez dit qu'ils avaient séparé les hommes des femmes et des enfants. Mais

  7   qu'est=il advenu des femmes et des enfants ? Où sont-ils partis ?

  8   R.  Les femmes ont été dirigées vers Vuniq et Turicevce. Elles ont été

  9   séparées de nous. Après que les femmes sont parties, ils nous ont exécutés.

 10   Q.  Vous nous avez dit que les hommes ont été divisés en deux groupes. Un

 11   devait partir vers l'est, et l'autre était envoyé vers l'ouest.

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Combien d'hommes y avait-il dans votre groupe ?

 14   R.  Je ne les ai pas comptés, mais un grand nombre. Comme je l'ai dit,

 15   personne n'osait regarder en arrière ou regarder sur les côtés.

 16   Q.  Quand vous dites "nombreux," plus de dix, moins de dix,

 17   15 ? A peu près combien ? 

 18   R.  Non, non, au moins 60, 70, voire plus.

 19   Q.  Vous nous avez dit que votre groupe devait se diriger vers l'est, vers

 20   les bois. Mais qui vous a demandé de vous diriger vers l'est et vers ces

 21   bois ?

 22   R.  La personne qui avait divisé le grand groupe en deux groupes, il a dit

 23   aux autres de prendre un groupe dans telle direction et l'autre groupe dans

 24   telle autre direction. Donc ces personnes, après avoir exécuté les

 25   personnes, elles sont reparties.

 26   Q.  Pouvez-vous décrire cette personne qui a donné les instructions aux

 27   autres de diviser le groupe ? Quelle était son apparence physique, si vous

 28   vous en souvenez ?

Page 611

  1   R.  Dix ans se sont écoulés. Je suis vieux, ma mémoire me fait parfois

  2   défaut. Mais il était de constitution assez forte, cheveux foncés.

  3   Q.  Est-ce qu'il portait un uniforme ?

  4   R.  Oui, oui, ils portaient tous des uniformes.

  5   Q.  Vous souvenez-vous de la couleur de l'uniforme qu'il portait ?

  6   R.  J'ai oublié la couleur. Les couleurs de la police et des militaires.

  7   Q.  Très bien. Lorsqu'on vous a envoyé vers les bois, est-ce que quelqu'un

  8   escortait votre groupe ?

  9   R.  Ils nous ont escortés. Personne d'autre. C'était la raison pour

 10   laquelle ils nous emmenaient dans cette direction, c'était afin de nous

 11   exécuter, ce n'était pas pour une partie de plaisir.

 12   Q.  Quand vous dites ils nous escortaient, de qui s'agit-il quand vous

 13   dites "ils" ?

 14   R.  La police et l'armée serbe. Personne d'autre.

 15   Q.  Que s'est-il produit quand vous êtes arrivés dans ces bois vers

 16   lesquels vous étiez escortés ?

 17   R.  L'exécution a commencé avant que nous n'arrivions même dans les bois.

 18   Lorsque nous nous trouvions proches des bois, ils ont commencé à nous

 19   exécuter. Ceux qui étaient à l'arrière du groupe étaient déjà exécutés dans

 20   le champ, dans la prairie.

 21   Q.  A part vous-même, est-ce que quelqu'un d'autre a survécu à cette

 22   exécution ?

 23   R.  Draga et Rrustem Hoti et Krasniqi.

 24   Q.  Ce Hajriz Draga et une personne différente de celle dont vous avez

 25   parlé qui a tombé sur vous ?

 26   R.  Hajriz est la personne qui est tombée sur moi-même, mais ici il s'agit

 27   de Hajriz, c'est une autre personne, Hajzer, correction. Hajzer.

 28   Q.  Qu'est-il advenu de cette personne qui est tombée sur vous, ce Hajriz ?

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  1   Est-ce qu'il a survécu également ?

  2   R.  Pendant un certains temps, oui. Mais après il est décédé parce que

  3   personne n'a pu lui porter secours. Il m'a demandé de l'eau, mais je ne

  4   pouvais pas trouver de l'eau. Je n'étais pas en très bon état moi-même.

  5   Q.  Avez-vous été blessé dans cet échange de coups de feu ?

  6   R.  Non, non.

  7   Q.  Connaissiez-vous certaines des personnes qui ont été tuées au cours de

  8   cette exécution ?

  9   R.  Je connaissais la plupart de ces gens. Il y avait aussi des gens que je

 10   ne connaissais pas. Il y avait des gens de Puzine, de Kline e Ulet, de

 11   Gllareva, enfin d'un petit peu partout, et de certains villages dont je

 12   n'avais même jamais entendu parler.

 13   Q.  Ceux que vous connaissiez, ils venaient d'où ?

 14   R.  De Leqina, certains de Puzine, de Kline, de Gllareva, de Kernica.

 15   Q.  Vous souvenez-vous des noms de certaines de ces personnes qui ont été

 16   tuées dans votre groupe ? Ceux dont vous pouvez vous souvenir uniquement.

 17   R.  Je me souviens de certains. D'autres je les ai oubliés. Je me souviens

 18   de moins de la moitié.

 19   Q.  Pouvez-vous nous donner les noms de ceux dont vous vous souvenez encore

 20   ?

 21   R.  Ceux que je n'ai pas oubliés, oui, je pourrais vous en donner les noms.

 22   Halim Shala, Ren Shala, Idriz Shala, Sali Shala, Kujtim Shala, Rexh Qelaj,

 23   Metush Qelaj, Smajl Qelaj, Murat Draga, Ali Draga, Ismet Draga, Hajris

 24   Draga, Rrustem Draga, Cen Draga, Iljaz Dervisi, Sali Dervisi, Iljaz Bajra,

 25   Bajram Bajra, Kajtaz Islami, et d'autres que j'ai oubliés.

 26   Il y avait également des femmes qui ont été tuées, mais elles ont été

 27   tuées en route, pas sur le site même du massacre.

 28   Mme KRAVETZ : [interprétation] Monsieur le Président, je ne sais pas si

Page 613

  1   c'est peut-être le bon moment de marquer une pause.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  3   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Fort bien. Nous allons suspendre et

  4   reprendre à 13 heures. Nous allons prendre une pause d'une demi-heure afin

  5   de vous permettre de prendre un petit peu de repos, et nous reprendrons à

  6   13 heures.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Comme vous voulez, Monsieur le Président.

  8   --- L'audience est suspendue à 12 heures 27.

  9   --- L'audience est reprise à 13 heures 00.

 10   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Kravetz.

 11   Mme KRAVETZ : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 12   Q.  Monsieur Draga [comme interprété], vous nous avez donné une liste de

 13   noms de personnes avant la pause, il s'agit des personnes qui ont été tuées

 14   lors de cet incident que vous avez décrit. J'aimerais savoir si certaines

 15   ou si les personnes qui ont été tuées qui faisaient partie de votre groupe

 16   étaient habillées en uniforme militaire ?

 17   R.  Non. Ils étaient en habit civil.

 18   Q.  Au moment où ce massacre s'est déroulé, vous aviez environ 60 ans; est-

 19   ce exact ?

 20   R.  Oui, c'est exact. J'avais la soixantaine, c'est exact.

 21   Q.  Est-ce qu'il y avait d'autres hommes du même âge que vous dans votre

 22   groupe ?

 23   R.  Oui. Oui, il y en avait qui avait mon âge, il y en avait qui était plus

 24   âgé.

 25   Q.  Vous nous avez dit qu'un homme qui faisait partie de votre groupe est

 26   tombé sur vous et que c'est ainsi que vous avez survécu. Qu'avez-vous fait

 27   lorsque les tirs se sont arrêtés ?

 28   R.  Je suis resté là pendant une vingtaine de minutes, je gisais par terre.

Page 614

  1   Puis Hajriz était toujours sur moi. Après une vingtaine de minutes, j'ai

  2   regardé vers le haut et j'ai vu que Hajriz était dans les bois, qu'il avait

  3   survécu. Musli Hajra, il m'a appelé, il m'a dit : Viens, viens, viens dans

  4   les bois, parce qu'ils sont en train de mettre le feu aux maisons et ils

  5   sont en train d'incendier tout ce qu'ils trouvent là-bas. Donc j'ai rampé

  6   jusqu'au bois, et lorsque j'ai regardé en direction de la prairie, j'ai vu

  7   ceux qui avaient été tués, gisaient par terre.

  8   Q.  Combien de temps êtes-vous restés dans les bois ?

  9   R.  Le 28 mars, puisque c'est le jour de la date de l'exécution, nous y

 10   sommes restés dans les bois du 28 mars jusqu'au 31 mars. C'est le jour où

 11   les personnes qui avaient été tuées ont été inhumées.

 12   Q.  Vous nous avez dit que le groupe qui était arrivé à Izbica était un

 13   groupe composé d'environ 200, 300 policiers et soldats. Combien de temps

 14   sont-ils restés à Izbica ?

 15   R.  Ils y sont restés du 28 au 30. Ils sont partis le 30 pendant la soirée

 16   du 30 et là ils sont allés à Vojnika, Broja. C'est là, en fait, que se

 17   trouvait leur base.

 18   Q.  Vous venez de nous dire que vous êtes revenu le 31 mars, et que vous

 19   êtes revenu à Izbica, le 31 mars, et que c'est le jour où les gens qui

 20   avaient été tués ont été inhumés. Est-ce que vous avez participé à

 21   l'enterrement des personnes tuées ?

 22   R.  Oui. Jusqu'au 31 mars, je me trouvais dans les bois avoisinants Izbica,

 23   puis j'y étais tout le temps. Puis le 31 mars, toutes personnes qui

 24   pouvaient participer à l'enterrement, y ont participé, moi-même, mes fils.

 25   Q.  Vous nous avez dit un peu plus tôt que le groupe d'hommes avait été

 26   scindé en deux groupes et vous nous avez expliqué ce qui était advenu de

 27   votre groupe. Mais savez-vous ce qu'il est advenu de l'autre groupe, celui

 28   qui a été amené vers l'ouest du village ?

Page 615

  1   R.  Toutes les personnes de l'autre groupe ont été tuées. Il me semble que

  2   trois personnes ont survécu seulement.

  3   Q.  Comment savez-vous que ces personnes de l'autre groupe ont été tuées ?

  4   R.  Lorsque nous avons transporté les corps, nous avons constaté qu'ils

  5   étaient tous morts et qu'ils étaient toujours par terre le 31 mars.

  6   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de quelque chose de particulier à propos

  7   des corps que vous avez - et je pense aux corps que vous avez trouvés à

  8   l'ouest du village - est-ce qu'il y a quelque chose qui vous a frappé ou

  9   que vous avez remarqué - et je pense aux personnes qui ont été tuées dans

 10   l'ouest du village ?

 11   R.  Ils ont tous été tués. Il était difficile de transporter ces corps du

 12   fait de l'état dans lequel ils étaient.

 13   Q.  Et dans quel état se trouvaient ces corps ?

 14   R.  Il y en avait certains qui ne pouvaient même pas reconnaître les

 15   membres de leurs familles, qui ne pouvaient même pas reconnaître leurs

 16   propres pères ou fils. Nous les avons identifiés grâce à leurs vêtements.

 17   Q.  Pourquoi est-ce qu'ils ne pouvaient pas les reconnaître ? Que leur

 18   était-il arrivé ?

 19   R.  La plupart, on leur avait tiré dessus au niveau de la tête. Puis

 20   deuxièmement, ils n'avaient pas été enterrés pendant un certain temps, donc

 21   ils étaient déjà dans un certain état de décomposition. C'est pour cela

 22   qu'il était difficile de reconnaître les propres membres de votre famille.

 23   Q.  J'aimerais savoir, parmi ce deuxième groupe il y avait des hommes qui

 24   portaient un habit militaire ou un uniforme ?

 25   R.  Non, il n'y avait pas de soldats, il n'y avait pas de personnes qui

 26   portaient l'uniforme ce jour-là ou les jours précédents. Il s'agissait

 27   exclusivement de civils.

 28   Q.  Vous nous avez dit que dans votre groupe il y avait d'autres hommes qui

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  1   avaient votre âge ou voire, qui étaient plus âgés. J'aimerais savoir si

  2   cela a été le cas des hommes qui faisaient partie du deuxième groupe qui

  3   ont dû suivre une autre direction et qui ont été amenés vers l'ouest et qui

  4   ont été tués.

  5   R.  Il y avait des gens qui avaient mon âge, d'autres étaient plus âgés. Il

  6   y avait une personne handicapée qui s'appelait Hetem. En fait, il n'avait

  7   qu'une jambe, il se trouvait dans ce groupe.

  8   Q.  Est-ce que vous connaissez le nom complet de cette personne handicapée

  9   qui faisait partie du deuxième groupe ?

 10   R.  Hetem Osmanaj.

 11   Q.  Vous avez mentionné le fait qu'il y a eu des femmes qui ont été tuées

 12   également.

 13   R.  Elles ont été tuées en chemin alors qu'elles se déplaçaient, elles

 14   n'ont pas été tuées à l'endroit où les hommes ont été tués. Il y avait, par

 15   exemple, Zada Dragaj qui avait 105 ans, elle a été tuée. Il y avait une

 16   autre femme qui avait 90 ans qui a été tuée. Il y a eu également Zoje

 17   Osmana qui a été tuée. Musliu Saban a été brûlée. En fait, elles ont toutes

 18   été brûlées avec leurs effets personnels dans les tracteurs.

 19   Q.  Mais où est-ce qu'elles ont été brûlées ? Est-ce que cela s'est passé

 20   dans le village ou à l'extérieur du village ?

 21   R.  Elles ont été brûlées dans leurs tracteurs, non pas chez elles, mais

 22   dans leurs tracteurs dans la prairie.

 23   Q.  Est-ce que vous pourriez me dire combien de personnes en tout ont été

 24   tuées ce jour-là, le 28 mars à Izbica ?

 25   R.  D'après le nombre de corps que nous avons inhumés, je dirais, nous

 26   avons inhumé 147 personnes.

 27   Q.  Où est-ce que ces corps ont été enterrés ?

 28   R.  Ils ont été enterrés à Izbica. Il y a un homme qui a prêté l'un de ses

Page 617

  1   champs. Ils n'ont pas été enterrés dans le cimetière, ils ont été enterrés

  2   dans la prairie.

  3   Q.  Où est-ce que -- ou plutôt, quand est-ce que cet enterrement a eu lieu

  4   ?

  5   R.  Le 31 mars. C'était un mercredi.

  6   Q.  Est-ce qu'il y a eu une présence de la part des membres de l'UCK

  7   pendant l'enterrement de victimes de ce massacre ?

  8   R.  Je dirais qu'il y avait deux ou trois membres de l'UCK, parce que la

  9   plupart avaient leurs pères, enfin, pour la plupart leurs pères faisaient

 10   partie des gens qui avaient été tués.

 11   Q.  Est-ce que vous savez comment se fait-il que les membres de l'UCK sont

 12   venus pour participer à l'enterrement des victimes ?

 13   R.  A mon avis, ils sont venus, parce qu'ils devaient enterrer des membres

 14   de leur famille, un oncle, un frère ou un père. Il était très, très

 15   dangereux d'enterrer ces victimes. Je veux dire qu'il y avait beaucoup

 16   d'agitation à Broja et à Vojnika, ils n'ont pas été enterrés en bonne et

 17   due forme comme les êtres humains doivent l'être. Ils ont été enterrés

 18   comme des animaux.

 19   Q.  Mais est-ce qu'il y a eu des repères qui ont été faits sur le lieu de

 20   l'enterrement de ces victimes, des repères permettant d'identifier les

 21   personnes qui étaient enterrées ?

 22   R.  Un morceau de bois a été placé à chaque endroit où une victime a été

 23   enterrée. Puis, sur ces morceaux de bois, on a fait une numérotation, 1, 2,

 24   3.

 25   Q.  Est-ce que les noms des victimes se trouvaient également sur ces bouts

 26   de bois ?

 27   R.  Oui, les noms ont été  écrits également.

 28   Q.  Comment est-ce que les différentes victimes ont été identifiées ?

Page 618

  1   Comment est-ce que vous saviez quel nom mettre sur quelle tombe ?

  2   R.  Par exemple, nous l'avons fait de sorte qu'on devait pouvoir établir

  3   l'identité de chacune de ces personnes. Ainsi sur chaque tombe, il y avait

  4   le bout de bois avec le nom de la personne qui est inhumée.

  5   Q.  Qui vous a aidé à identifier les victimes ?

  6   R.  Des membres de famille de ces gens-là péris se sont occupés, par

  7   exemple, voilà comment s'appelle la personne inhumée dans la tombe numéro

  8   1, ensuite numéro 2, et cetera. Et nous avons procédé de la même façon tant

  9   qu'on n'a pas terminé l'inhumation de ces personnes.

 10   Q.  Y a-t-il eu en particulier quelqu'un chargé de rédiger une liste de

 11   noms de ces victimes dans le cas de ce massacre ?

 12   R.  Sadik Xhemajli semblait être quelqu'un qui était préposé à cette

 13   opération, qui était la personne qui a pris en charge tout cela.

 14   Q.  Qui était cette personne, Sadik Xhamajli ?

 15   R.  Sadik Xhamajli était d'Izbica, il était membre de l'UCK. Je crois qu'il

 16   était déjà venu déposer devant ce Tribunal-ci.

 17   Q.  Monsieur, une fois que l'enterrement a eu lieu, qu'avez-vous fait ?

 18   Etes-vous resté à Izbica ?

 19   R.  Après l'enterrement et une fois que les forces serbes s'étaient

 20   retirées, je suis resté dans les montagnes ou dans les forêts d'Izbica,

 21   c'est là que je me suis trouvé jusqu'au retrait des forces serbes.

 22   Q.  Juste pour tirer au clair la toute dernière réponse que vous venez de

 23   donner. Pendant combien de temps êtes-vous resté dans les montagnes et dans

 24   les forêts d'Izbica après que cet enterrement a eu lieu ?

 25   R.  Je ne me souviens pas de la date du retrait de ces forces, mais une

 26   fois que les forces se sont retirées de la région de Vojnika et Broja, je

 27   me suis rendu à Leqina.

 28   Q.  Lorsque vous dites que "les forces se sont retirées," à quelles forces

Page 619

  1   faites-vous référence ? Les forces de qui ?

  2   R.  Je fais référence aux forces serbes, à la police serbe et à l'armée

  3   serbe. Il n'y avait pas d'autres forces là-bas.

  4   Q.  Monsieur, vous nous avez dit où étaient inhumés les corps des victimes.

  5   Ces corps se trouvent-ils toujours au même endroit dans les prés, sur cette

  6   prairie où ces corps ont été enterrés à Izbica ?

  7   R.  Non. Les corps ont été exhumés à partir du 28 mai pendant les jours qui

  8   ont suivi. Pendant cinq ou six jours, on les a retirés de ces tombes et pas

  9   un seul cadavre n'y est resté.

 10   Q.  Qui est-ce qui s'est chargé de l'exhumation de ces victimes, de ces

 11   corps de ces victimes de ces tombes ?

 12   R.  La police et l'armée serbe.

 13   Q.  D'où et comment savez-vous que ces corps ont été exhumés ?

 14   R.  Cela est connu de moi, parce que le 31 mars j'ai pris part à

 15   l'enterrement de ces victimes. Et le 28 mai, on avait entamé le déplacement

 16   de ces corps, de ces tombes et plus personne n'y est restée.

 17   Q.  Je vais reprendre ma question : est-ce que vous l'avez vu vous de vos

 18   propres yeux lorsqu'on avait exhumé et retiré les corps de ces victimes ?

 19   R.  Je me trouvais quotidiennement dans les bois et les forêts d'Izbica. Au

 20   cours de la journée il y avait des pilonnages après quoi avec leur

 21   infanterie ils se rendaient dans les villages. Le jour où ils ont déplacé

 22   les corps, ils avaient commencé ensuite les pilonnages. Dans les environs,

 23   il y a eu des collines qui vous permettaient de voir clairement ce qui se

 24   passait autour des tombes.

 25   Q.  Qui c'est que vous avez pu voir s'affairer auprès de ces tombes, à

 26   partir où vous vous trouviez, vous ?

 27   R.  J'ai pu voir qu'il s'agissait de la police et de l'armée serbes.

 28   Personne d'autre.

Page 620

  1   Q.  Savez-vous où ont été transportés les corps de ces victimes exhumés à

  2   Izbica ?

  3   R.  Non, je ne le sais pas par qui, mais je sais que certaines de ces

  4   victimes du massacre d'Izbica ont été retrouvées à Batajnica.

  5   L'INTERPRÈTE : L'interprète depuis l'albanais n'a pas entendu les autres

  6   localités mentionnées par le témoin.

  7   Mme KRAVETZ : [interprétation]

  8   Q.  L'interprète se plaint de ne pas avoir compris votre réponse, c'est-à-

  9   dire il n'a pas repéré toutes les localités auxquelles vous faites

 10   référence maintenant.

 11   R.  Je ne sais pas à ce moment-là où ont été déplacés et transportés les

 12   corps des personnes tuées. Mais plus tard certains corps ont été retrouvés

 13   à Mitrovic, à Suhadoll, d'autres non loin de Vushtrri et quelques corps ont

 14   été retrouvés à Batajnica.

 15   Q.  Comment savez-vous que ces corps ont été retrouvés dans ces différentes

 16   localités ? Comment avez-vous obtenu cette information ?

 17   R.  Le corps du frère de ma bru a été retrouvé à Batajnica. Il a été

 18   enterré à Izbica dans la tombe numéro 5. Pour chaque corps retrouvé, plus

 19   tard on avait dit aux gens où le corps a été retrouvé,  Batajnica, par

 20   exemple.

 21   Q.  Pouvez-vous nous dire le nom du frère de votre bru qui a été retrouvé à

 22   Batajnica ?

 23   R.  Fatmir Osmani.

 24   Q.  Monsieur, lorsque les forces serbes se sont retirées du Kosovo, avez-

 25   vous regagné votre village de Lecina ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Dans quel état avez-vous retrouvé votre maison au village ?

 28   R.  Elle était rasée, ma maison. Incendiée et rasée, détruite complètement.

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  1   Q.  Qu'est-il advenu des autres maisons dans ce village ? Dans quel état se

  2   trouvaient ces maisons ?

  3   R.  Pris dans son ensemble, ce village a été incendié et détruit.

  4   Q.  Merci, Monsieur.

  5   Mme KRAVETZ : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai plus de

  6   questions à poser à ce témoin.

  7   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

  8   Monsieur Djurdjic, souhaitez-vous contre-interroger ce témoin ?

  9   M. DJURDJIC : [interprétation] Oui, je vous remercie, Monsieur le

 10   Président, Messieurs les Juges.

 11   Contre-interrogatoire par M. Djurdjic : 

 12   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Draga. Je suis Veljko Djurdjic,

 13   membre de l'équipe du conseil de la Défense de l'accusé M. Djordjevic; nous

 14   avons à mes côtés aujourd'hui Marie O'Leary, commis à l'affaire. Je

 15   voudrais vous poser quelques questions au sujet de la déposition que vous

 16   faites aujourd'hui.

 17   Q.  Monsieur Mustafa, pouvez-vous épeler votre nom de famille.

 18   R.  Oui, oui, je peux le faire. M-u-s-t-a-f-a, Mustafa.

 19   Q.  Merci. Mais ça c'était votre prénom. Mais votre nom de famille ?

 20   R.  D-r-a-g-a-j.

 21   Q.  Merci. Par conséquent, votre nom de famille se lit comme Dragaj, et non

 22   pas Draga; suis-je dans le droit de le dire ainsi ?

 23   R.  Oui, oui, oui. Il y a un "J" qu'on prononce "I," "J" à la fin.

 24   Q.  Merci.

 25   Monsieur Dragaj, vous rappelez-vous avoir fait une déclaration les 11 et 13

 26   novembre 1999 à l'intention d'un enquêteur du Tribunal international pénal

 27   ?

 28   R.  Oui, j'ai fait cette déclaration, oui.

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  1   Q.  Est-il vrai de dire qu'on vous a donné lecture à haute et intelligible

  2   voix en albanais du texte de votre déclaration ?

  3   R.  Oui. Oui, on me l'a lu cette déclaration en albanais.

  4   Q.  Est-il vrai aussi que chacune de ces pages, ainsi que le certificat de

  5   votre déclaration, vous les avez signés respectivement en bas de page le 13

  6   novembre 1999 ?

  7   R.  Oui, je m'en souviens de l'avoir fait ainsi, je l'ai signé.

  8   Q.  Est-ce exact que le 8 mars 2002 vous avez signé une déclaration faite

  9   par vous où il a été dit que cette déclaration reflète exactement le

 10   contenu de votre déclaration et qu'elle était exacte, et qu'au mieux de vos

 11   connaissances et intentions, cette déclaration a été faite dans cet esprit-

 12   là, et que cette déclaration a été certifiée par un employé du greffe du

 13   Tribunal international ?

 14   R.  Je ne m'en souviens pas. Je ne sais pas que dire là-dessus.

 15   Q.  Bien. Est-ce que vous vous rappelez qu'au cas où vous feriez une fausse

 16   déposition, vous risquiez d'être objet d'une poursuite au pénal, après quoi

 17   vous avez signé la déclaration qui était la vôtre ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Merci.

 20   Monsieur Dragaj, dans cette déclaration que j'ai sous les yeux, qui est la

 21   vôtre faite en date du 13 novembre 1999, je peux lire que c'est à Karlovac,

 22   Modrica et Zenica que vous avez fait votre service militaire au sein de la

 23   JNA; est-ce exact ?

 24   R.  Oui, cela est exact.

 25   Q.  Monsieur Dragaj, si telle est votre souvenance, pouvez-vous nous dire

 26   en quelle année vous avez accompli votre service militaire et de quelle

 27   ville êtes-vous parti pratiquement en l'accomplissant ?

 28   R.  Oui, je m'en souviens. En février 1958, je suis parti faire mon service

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  1   militaire. En 1960, le 2 juin, je l'ai accompli ce service militaire.

  2   Q.  Est-ce que vous vous rappelez la couleur de l'uniforme que vous portiez

  3   lorsque vous étiez sous les drapeaux ?

  4   R.  Je ne me souviens pas de cela. C'était plutôt de couleur verte, verte

  5   comme l'herbe, mais tant d'années se sont écoulées depuis que je n'en avais

  6   plus souvenance.

  7   Q.  Merci. Vous avez une excellente mémoire. Est-ce que vous pouvez nous

  8   dire maintenant pour ce qui est des uniformes que vous avez eu la

  9   possibilité de voir au cours de la période pertinente et ce dont vous

 10   témoignez aujourd'hui, est-ce que vous pouvez me dire de quelle couleur

 11   étaient ces uniformes-là ?

 12   R.  J'ai oublié tout ce qui concerne les couleurs. Je n'y ai pas prêté

 13   attention. D'abord, ça n'a pas intéressé; secundo, c'était la frayeur. Je

 14   n'osais pas lever les yeux pour les regarder.

 15   Q.  Puis-je conclure qu'ayant eu peur vous n'avez pas pu voir et observer

 16   ces forces qui sont venues dans votre village, comme vous le dites, vous ?

 17   R.  Dans mon village ? Je ne comprends pas très bien ce que vous voulez

 18   dire par mon village. Est-ce que vous pensez à Izbica ?

 19   Q.  Oui, oui. Je pense à Izbica.

 20   R.  A Izbica je n'ai même pas osé les regarder, c'est ce que je vous ai

 21   dit, lorsque vous voyez que les gens vous tirent dessus, qu'ils veulent

 22   vous liquider, alors là je crois que personne n'aurait osé observer les

 23   exécuteurs, les perpétreurs.

 24   Q.  Merci. Mais est-ce que pris de frayeur une fois de plus préalablement

 25   vous n'avez pas osé les regarder ?

 26   R.  Depuis 1997 je n'osais pas les regarder. Je faisais tout ce que je

 27   pouvais pour les éviter.

 28   Q.  Merci. Pourriez-vous nous indiquer pourquoi, à partir de 1997, vous ne

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  1   les regardiez pas ? Est-ce qu'il y a quelque chose qui s'est produit; et

  2   dans ce cas, de quoi s'agit-il ?

  3   R.  Oui. Ils sont venus en 1997 et ils m'ont emmené de mon jardin vers le

  4   commissariat de police, et ils m'ont passé à tabac. Ils m'ont demandé des

  5   armes, mais je n'en n'avais pas. Même les membres de ma famille ne savaient

  6   pas qu'on m'avait emmené.

  7   Q.  Je ne vous suis pas tout à fait. Ils vous ont emmené, parce que vous

  8   aviez des armes ou parce que vous n'aviez pas d'armes ?

  9   R.  Ils m'ont emmené pour me demander de remettre des armes, imaginant que

 10   je possédais une arme. Ils m'ont emmené au commissariat et ils m'ont passé

 11   à tabac.

 12   Q.  Est-ce que vous aviez des armes ou pas ? Pourriez-vous nous préciser.

 13   R.  Si j'avais eu une arme, je la leur aurais remise tout de suite dans mon

 14   jardin. Pourquoi les aurais-je accompagnés au poste de police ?

 15   Q.  Merci.

 16   Est-il vrai, comme on le lit dans votre déclaration, que vous avez dix

 17   enfants; huit garçons et deux filles ?

 18   R.  Oui, c'est exact.

 19   Q.  Et que quatre de vos fils à l'époque qui nous intéresse en 1999, donc

 20   de mars jusqu'au moment où les forces serbes se sont retirées, que quatre

 21   de vos fils habitaient en Allemagne ?

 22   R.  Oui, c'est vrai.

 23   Q.  Depuis quand habitaient-ils en Allemagne ?

 24   R.  Il y en a un qui est parti là-bas il y a 15 ans à peu près. Les autres

 25   sont partis avant la guerre.

 26   Q.  Merci. Est-il vrai que vos fils Sheqir, Bedri, Fahria et Elmi sont

 27   restés avec vous ?

 28   R.  Ils habitaient chez moi pendant un certain temps, mais Bedri et Elmi

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  1   sont partis au Monténégro; Sheqir et Fahria en Albanie. Les forces serbes

  2   sont arrivées.

  3   Q.  Monsieur Dragaj, je parlais plutôt de la période avant le début des

  4   frappes aériennes. Est-ce qu'ils habitaient sous votre toit à l'époque, ou

  5   bien est-ce qu'ils avaient leurs propres maisons ?

  6   R.  Non, nous habitions sous le même toit.

  7   Q.  Bien. Est-ce qu'ils étaient mariés ?

  8   R.  Bedri et Sheqir, oui. Les deux autres se sont mariés après la guerre,

  9   Elmi et Fahria.

 10   Q.  Merci. Pouvez-vous nous dire si vous habitiez dans une seule maison ou

 11   dans plusieurs maisons ?

 12   R.  J'habitais dans une seule maison.

 13   Q.  Et les fils qui étaient mariés et les fils qui ne l'étaient pas ainsi

 14   que votre fille ?

 15   R.  Oui également, ils habitaient tous avec moi. Mon autre fille est en

 16   Allemagne depuis 12 à 13 ans.

 17   Q.  Merci. Pouvez-vous me dire, ceci ça signifie qu'il n'y avait qu'une

 18   seule maison où vous habitiez tous ensemble ?

 19   R.  Oui, oui, oui. C'était une maison et c'est toujours le cas aujourd'hui.

 20   Q.  Pourriez-vous nous dire s'il existait un mur autour de cette maison ?

 21   R.  Oui. Il y avait un mur de blocs de béton.

 22   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire quelle était la hauteur de ce mur ?

 23   R.  Je ne l'ai pas mesuré, mais la maison elle fait trois étages.

 24   Q.  Si quelqu'un passait devant votre maison, est-ce qu'il pouvait voir ce

 25   qui se passait dans votre jardin, dans votre maison à cause du mur ?

 26   R.  Vous pouvez voir le jardin parce qu'il y a des fenêtres. Certaines

 27   pièces ont des fenêtres, d'autres pas.

 28   Q.  Monsieur Dragaj, non je vous posais la question concernant des

Page 626

  1   personnes qui étaient à l'extérieur du mur. Est-ce que ces personnes

  2   pouvaient jeter un coup d'œil sur ce qui se passait dans votre maison et le

  3   jardin de l'extérieur, par-dessus le mur ?

  4   R.  Je ne comprends pas ce que vous me demandez.

  5   Q.  Est-ce que quelqu'un pouvait facilement enjamber ce mur et entrer dans

  6   votre jardin ?

  7   R.  Il n'y a pas de mur ni de clôture autour de mon jardin.

  8   M. DJURDJIC : [interprétation] Il nous reste cinq minutes, Monsieur le

  9   Président. J'aimerais que nous puissions suspendre le contre-interrogatoire

 10   maintenant, parce que j'ai une question d'intendance très importante à

 11   soulever, très importante pour la Défense.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Nous allons suspendre notre

 13   audience.

 14   Monsieur Dragaj, il va falloir que nous terminions d'entendre votre

 15   déposition pour le moment, nous allons reprendre demain matin à 9 heures

 16   avec vous. L'huissier va vous accompagner, et nous vous entendrons dans la

 17   suite de la déposition demain, si vous le voulez bien.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien. Comme vous voulez.

 19   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.

 20   [Le témoin quitte la barre]

 21   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic, je vous en prie.

 22   M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je suis désolé

 23   d'interrompre le témoin avant la fin de notre audience aujourd'hui, mais à

 24   midi 02, aujourd'hui, la Défense a été avertie d'un changement dans l'ordre

 25   des témoins qui seront appelés. Et ces changements sont tels que le témoin

 26   qui était censé être interrogé aujourd'hui ou demain, va être appelé une

 27   autre semaine, et le témoin qui, quant à lui, devait être entendu dans le

 28   courant de la semaine après le 9 février est censé être appelé demain.

Page 627

  1   Je dois vous donner une petite idée des problèmes de calendrier.

  2   Conformément à la décision de la Chambre de première instance, la Défense

  3   doit recevoir la liste des témoins deux semaines avant la semaine où ces

  4   témoins sont appelés. Nous avons reçu cette liste le 30 janvier de

  5   l'Accusation. Le premier sur la liste est Veton Surroi, K90, et M. Gjogaj,

  6   puis M. Dragaj. Puis le 19 janvier nous avons reçu la liste suivante, Mme

  7   Shyhrete Berisha, Nick Peraj, Loshi Liri, et Lizane Malaj, le dernier

  8   témoin.

  9   Le 26 janvier, on nous a indiqué que la semaine du 9 février nous

 10   allions entendre Avdyli Mehmet, Mehmet, Lufti et Jean-Paul Sweeney. Et le 2

 11   février, nous avons reçu une autre notification que Avdyli Mehmet,

 12   Krasniqi, Ramadani Lufti et Paul Sweeney seront entendus la semaine après

 13   le 16 février.

 14   Vous savez que la Défense a accepté les modifications et a accepté

 15   d'entendre Mme Berisha après Veton Surroi. Ça nous cause d'énormes

 16   difficultés, parce que nous avons une équipe d'une certaine taille, et nous

 17   ne pouvons pas accepter de tels remaniements. Nous ne pouvons pas faire

 18   notre travail de manière à assurer une défense efficace pour M. Djordjevic.

 19   Donc le témoin qui avait été prévu pour la semaine après le 16, d'un seul

 20   coup, va être appelé demain après Mustafa Dragaj. Nous ne pouvons pas

 21   procéder ainsi, et je pense - et là je fais appel à la Chambre - qu'il

 22   conviendrait de rejeter cette idée et de reconnaître que nous ne sommes

 23   tout simplement pas en mesure de nous préparer. Loshi Liri devait déposer

 24   demain, maintenant ce sera dans 15 jours, et le témoin qui devait déposer

 25   dans 15 jours est appelé demain.

 26   Encore autre chose, indépendamment de savoir si, au final, nous pourrions

 27   tout de même entendre ce témoin, le témoin Sweeney, il est impossible de

 28   nous préparer pour ce témoin dans un délai aussi court. Il nous reste cinq

Page 628

  1   jours ouvrables la semaine prochaine, et nous avons préparé pour les

  2   témoins qui étaient prévus la semaine prochaine.

  3   Je pense avoir pu vous expliquer la nature de notre problème. Je vous

  4   remercie.

  5   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Stamp.

  6   M. STAMP : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  7   J'aimerais, dans un premier temps, vous indiquer que nous avons présenté

  8   cette demande de modification d'ordre de comparution des témoins du fait de

  9   problèmes de logistique - et je pense à l'octroi de visas pour certains des

 10   témoins, je pense à un témoin en particulier, un témoin important, dont le

 11   visa était arrivé à expiration. Et nous avons dû passer un certain temps

 12   pour essayer de lui obtenir un autre visa.

 13   Ceci étant dit, le témoin suivant, Liri Loshi, est un témoin qui devait

 14   comparaître - je ne sais plus quand, je recherche l'information - mais

 15   l'ordre de comparution de ce témoin a été donné à la Défense il y a

 16   longtemps de cela, enfin, plusieurs jours. Nous avions indiqué que nous

 17   voulions que Liri Loshi témoigne avant plus tôt que prévu.

 18   Et pour ce qui est de cet ordre de comparution des témoins, j'en ai parlé à

 19   mon confrère, je lui en ai parlé hier, je lui ai montré l'ordre préconisé,

 20   il n'a manifesté aucune objection. Je lui ai expliqué l'ordre que nous

 21   prévoyions, du fait des difficultés que nous avons rencontrées, et je lui

 22   ai dit que de ce fait il fallait que certains témoins témoignent plus tôt

 23   que prévu. J'ai dit qu'il fallait que pour certains témoins nous obtenions

 24   les visas. Je n'ai pas confirmé toutes ces dispositions sans avoir pris

 25   contact à ce sujet avec la Défense.

 26   Nous avons appris pour ce qui est de Liri Loshi - et d'ailleurs cela a été

 27   communiqué à la Défense - nous avons appris le 19 janvier, disais-je, qu'il

 28   comparaîtrait cette semaine. Donc la Défense -- nous avons justement ce qui

Page 629

  1   a été déposé le 19 janvier, c'est une information suivant laquelle Liri

  2   Loshi serait disponible cette semaine.

  3   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Mais ça c'était une information qui a

  4   été donnée au tout début, est-ce qu'il n'y a pas eu une autre information

  5   qui a été transmise par la suite et qui indiquait que le témoin Loshi ne

  6   viendrait pas cette semaine-ci ?

  7   M. STAMP : [interprétation] Non. Les autres informations visaient les

  8   témoins qui étaient censés venir déposer après Loshi, donc il n'y a eu

  9   aucune répercussion sur ce que nous avions dit à propos de Loshi.

 10   Comprenez-vous, la Défense se plaint parce que l'ordre de comparution a

 11   changé.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le grief essentiel de la Défense c'est

 13   qu'ils ont besoin d'un certains temps pour se préparer au contre-

 14   interrogatoire de certains témoins. Et maintenant, vous ne vous proposez

 15   pas de convoquer ces témoins, mais vous allez convoquer d'autres témoins

 16   qui ne faisaient pas partie de la liste à l'époque.

 17   M. STAMP : [interprétation] Si --

 18   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que c'est exact ou non ?

 19   M. STAMP : [interprétation] Oui, c'est exact, et je vais vous expliquer les

 20   raisons. Il est difficile de jongler avec tous les documents et de les

 21   parcourir. Mais le véritable changement consiste à faire venir plus tôt

 22   Sweeney, Krasniqi et Ramadani. Donc ces trois-là viendraient déposer avant

 23   le Témoin K90, et avant Malaj et Peraj. Donc K90, Malaj et Peraj sont des

 24   témoins qui vont témoigner à propos d'un lieu de crime. Il y en a un parmi

 25   ces trois-là qui ne sera pas en mesure de venir comme cela était prévu du

 26   fait des problèmes de visa; il y en a un autre qui a des problèmes d'ordre

 27   personnel et qui ne pourra pas venir cette semaine non plus. Donc nous nous

 28   retrouvons avec juste un témoin pour cette semaine-là.

Page 630

  1   Comme je l'ai indiqué, il avait été indiqué à la Défense, et ce, le

  2   19 janvier, dans quel ordre de comparution allait venir Loshi. Donc le

  3   véritable problème pour la Défense, c'est que nous prévoyons de faire venir

  4   beaucoup plus tôt que prévu les témoins Sweeney, Ramadani et Krasniqi.

  5   Parce que si nous ne les faisons pas venir plus tôt, après avoir entendu

  6   Loshi, la semaine prochaine il n'y aura plus d'autres témoins.

  7   Nous comprenons fort bien les difficultés de la Défense, lorsqu'il y a des

  8   changements de comparution de témoins. Toutefois, il y a des problèmes

  9   logistiques, et face à ces problèmes logistiques nous devons trouver les

 10   meilleures solutions possibles. J'ai pris langue avec la Défense à ce

 11   sujet, comme je vous l'ai indiqué, je leur ai montré l'ordre hier, et c'est

 12   pour cela que je suis un tant soit peu surpris de voir qu'ils réagissent

 13   comme si cela leur avait été officiellement présenté aujourd'hui, d'où leur

 14   grief.

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Stamp, voilà ce que vous

 16   proposez, je vais essayer de replacer tout cela dans le bon ordre. Le 13

 17   janvier, vous aviez envoyé une notification dans laquelle vous énumériez

 18   l'ordre de comparution des témoins qui devaient être entendus, il

 19   s'agissait de quatre témoins, et il y a un témoin supplémentaire qui a été

 20   ajouté à la liste, il s'agit de Mme Berisha. Mme Berisha est venue avant

 21   les deux derniers témoins que nous venons d'entendre. Mais c'est le 19

 22   janvier que vous avez notifié ce changement de comparution pour Mme

 23   Berisha.

 24   Puis nous en arrivons au 26 janvier. Le 26 janvier, vous nous avez notifié

 25   que vous alliez convoquer pendant la semaine du 9 février Krasniqi,

 26   Ramadani, ainsi que Sweeney, il s'agit de trois témoins dont vous voulez

 27   avancer la comparution à la semaine prochaine. De surcroît, vous avez

 28   également ajouté à cette toute dernière notification le nom de Loshi; Loshi

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  1   était un témoin qui aurait dû être convoqué lors de la semaine du 2

  2   février, mais cela n'a pas été possible, ce qui fait que ce témoin, vous

  3   vous proposez de le convoquer la semaine prochaine.

  4   M. STAMP : [interprétation] Si nous en terminons avec ce témoin demain,

  5   nous nous attendons à faire comparaître Loshi, et c'est justement ce que je

  6   dis. Donc il n'y a pas véritablement de changement --

  7   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Non, ce que je dis, c'est qu'en fait

  8   il devait être convoqué cette semaine, d'après votre notification du 19

  9   janvier.

 10   M. STAMP : [interprétation] Tout à fait.

 11   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il s'agissait de votre notification du

 12   26 janvier, d'abord vous avez Krasniqi, Ramadani et Sweeney qui sont

 13   mentionnés, parce qu'en fait vous espérez pouvoir les entendre au cours de

 14   la semaine prochaine qui commence le 9 février. Ce qui nous laisse avec le

 15   sort du Témoin K90, qui est un témoin dont le nom figurait sur votre

 16   notification du 19 janvier et dont la comparution était prévue pour cette

 17   semaine, mais vous n'avez pas pu le faire venir. Cela inclut également le

 18   témoin Malaj. Malaj était un nom qui figurait dans la notification du 19

 19   janvier pour cette semaine-ci, la semaine actuelle, et il y a également le

 20   témoin Peraj dont le nom figure également sur votre notification du 19

 21   janvier.

 22   Alors, il semblerait que les noms des témoins aient fait l'objet de

 23   notification, soit le 19 janvier, soit le 26 janvier. Ce qui s'est passé,

 24   c'est qu'il y a eu un changement dans l'ordre de comparution.

 25   M. STAMP : [interprétation] C'est tout à fait cela. Donc on ne peut

 26   pas véritablement exposer de griefs légitimes par rapport à la notification

 27   et par rapport au moment de leur comparution. Parce que ce qui s'est passé,

 28   c'est qu'il y a certains témoins qui se sont heurtés à certains problèmes,

Page 632

  1   et de ce fait nous avons dû procéder à ces changements de comparution.

  2   Voilà.

  3   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous nous avez dit qu'il y avait un

  4   témoin qui n'avait pas obtenu de visa ?

  5   M. STAMP : [interprétation] Son visa était arrivé à échéance.

  6   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce qu'il s'agit d'un témoin dont

  7   le nom figure sur la liste de la semaine prochaine ?

  8   M. STAMP : [interprétation] Je pense que c'est un témoin dont le nom

  9   figurait sur la liste de cette semaine-ci, de la semaine présente. Et nous

 10   nous attendons à ce que la déposition de ce témoin dure deux jours.

 11   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce qu'il s'agit du Témoin K90 ?

 12   M. STAMP : [interprétation] Non, Monsieur le Président, je préfère pas

 13   donner le nom du témoin à cause des problèmes de visa, mais il ne s'agit

 14   pas du K90. Il avait un visa qui durait une semaine. Etant donné que nous

 15   n'avons pas pu entrer en contact avec lui, le visa est sur le point

 16   d'arriver à échéance.

 17   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. Je suis tout à fait au courant

 18   des problèmes vécus par les administrations gouvernementales du pays dont

 19   viennent ces personnes. Les visas sont émis pour une semaine, et si l'on ne

 20   parvient pas à prendre contact avec les témoins en question, il n'y a plus

 21   de visa et, suivant mon expérience, il faut attendre deux ou trois semaines

 22   pour obtenir un autre visa. Je suis parfaitement informé de ce problème.

 23   C'est un problème que nous connaissons bien.

 24   Vous avez dit un peu plus tôt que vous ne pensiez pas que le grief

 25   était légitime. Mais je pense, Monsieur Stamp, que vous devez accepter

 26   qu'ils peuvent tout à fait se plaindre -- je disais donc, Monsieur Stamp,

 27   que vous devez accepter qu'il y a justement légitimité par rapport aux

 28   griefs présentés, en ce sens que le conseil s'est préparé pour certains

Page 633

  1   témoins, quelle que soit la raison du changement de comparution.

  2   M. STAMP : [interprétation] Oui.

  3   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela peut être particulièrement

  4   perturbateur. Je pense, par exemple, à des raisons pratiques, parce que la

  5   Défense s'est préparée à un contre-interrogatoire. Je vais vous donner un

  6   exemple classique, s'il en fût, disons qu'un conseil a décidé qu'il allait

  7   procéder au contre-interrogatoire des témoins X, Y, Zagreb, vous, vous

  8   changez l'ordre de comparution, et il se trouve que le conseil en question,

  9   l'autre conseil, n'est pas là, ou alors le conseil ne sera pas là quand ces

 10   témoins X, Y, Z comparaîtront, c'est à ce genre de problème que je pense.

 11   La Chambre est parfaitement consciente du fait que vous avez des problèmes

 12   logistiques, mais vous devez également, vous, comprendre que vos problèmes

 13   logistiques peuvent engendrer des problèmes logistiques pour la Défense, et

 14   cela aboutit à la création de problèmes logistiques pour la Chambre de

 15   première instance. Donc je pense qu'il va falloir que vous accordiez une

 16   attention toute particulière à ce genre de chose et lorsqu'il vous semblera

 17   qu'il se peut qu'il y ait changement, il faut que vous en notifiiez

 18   immédiatement la Défense dans l'espoir que cette même Défense sera à même

 19   de prendre des mesures pour tenir compte de votre difficulté.

 20   Est-ce que vous souhaitez dire autre chose maintenant ?

 21   M. STAMP : [interprétation] Non, non, j'accepte tout à fait ce que vous

 22   avez dit.

 23   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien.

 24   Maintenant je vais me tourner vers Me Djurdjic, si vous m'y autorisez,

 25   Maître Djurdjic.

 26   Parce que, Maître Djurdjic, voyez-vous, aucun des témoins qui devaient être

 27   convoqués la semaine prochaine, d'après cette toute dernière information,

 28   ne sont des nouveaux témoins, ce ne sont pas des nouveaux témoins qui vous

Page 634

  1   sont présentés, Maître Djurdjic. Ces témoins ont déjà fait l'objet de

  2   notifications soit le 19 janvier, soit le 26 janvier. Alors ce que nous

  3   avons c'est un changement de l'ordre de comparution des témoins. Est-ce que

  4   j'ai bien compris ce qui a été dit jusqu'à présent ?

  5   M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

  6   permettez-moi de dire quelque chose au sujet du commentaire fait par

  7   l'Accusation. Il est vrai que nous nous étions entendus sur l'ordre de

  8   comparution, on avait parlé, Mustafa Dragaj, Loshi. Je me demande si Nike

  9   Peraj sera le prochain, ensuite étant donné les préparatifs, je me demande

 10   si le Témoin K90 comparaîtra. On n'a pas parlé d'autres témoins du tout,

 11   non plus que de changement de l'ordre dans lequel ils comparaîtront.

 12   Ceux dont nous sommes préoccupés, vous n'êtes pas sans le savoir, c'est le

 13   problème de la traduction qui est le nôtre. Sept jours avant de procéder à

 14   un contre-interrogatoire, nous devons offrir nos documents en vue de leur

 15   traduction pour pouvoir évidemment les recevoir lors et pour le contre-

 16   interrogatoire. Il est vrai que l'ordre nous a été notifié lundi, mais

 17   maintenant Jean-Paul Sweeney, qui lui, devait comparaître au cours de la

 18   semaine du 9, nous semble comparaître ici le premier lundi suivant,

 19   maintenant on nous a parlé également du Témoin K25.

 20   Notre commis à l'affaire vient de nous en parler. Par conséquent, nous ne

 21   pouvons pas nous préparer pour ces quelques jours qui viennent. Si on

 22   modifie de cette façon-là l'ordre de comparution des témoins prévus pour

 23   une semaine qui ne comparaîtront que dans une autre semaine, nous ne

 24   pouvons pas nous préparer pour contre-interroger.

 25   Pour ce qui est de Loshi Liri, nous nous y attendions, mais John Sweeney

 26   n'a pas été prévu. L'ordre a été chamboulé. Le témoin qui était le

 27   quatrième devient le premier, et le deuxième devient le quatrième. Cela

 28   n'est pas sans entraîner de problèmes, parce que nous nous organisons

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  1   compte tenu de ce qui nous a été notifié par l'Accusation. Il ne s'agit pas

  2   seulement de reporter les témoins pour plus tard, mais plutôt ce sont les

  3   témoins qui seront prévus pour plus tard qui sont maintenant prévus et

  4   programmés.

  5   Par conséquent, le conseil de la Défense n'est pas en mesure de préparer le

  6   contre-interrogatoire de John Sweeney si ceci devait être fait lundi, parce

  7   que nous avons prévu cinq journées de travail au cours de la semaine qui

  8   vient.

  9   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] J'ai ici quatre noms, quatre témoins.

 10   Il y a aussi une possibilité de travailler après-midi en audience le

 11   mercredi du 11.

 12   M. STAMP : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je

 13   voudrais suggérer quelque chose. Avec votre permission, nous pourrions

 14   programmer la déposition de Sweeney non pas lundi, mais peut-être mardi.

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Monsieur Stamp, mais je pense

 16   que nous devrions tout de même, à tout prendre en considération, résoudre

 17   tous les problèmes intervenus. Une partie de ces problèmes ne sont pas vos

 18   problèmes à vous, mais les problèmes du conseil de la Défense, qui eux,

 19   doivent tout faire pour assurer la traduction de documents qu'ils se

 20   proposent d'utiliser lors du contre-interrogatoire, si j'ai bien compris M.

 21   Djurdjic. En cet état de chose, je crois que la priorité doit être donnée

 22   aux documents concernant les témoins que vous avez prévus sur votre liste.

 23   Une fois que vous avez fait des interventions de l'ordre de comparution, M.

 24   Djurdjic et le principal conseil de la Défense doivent évidemment avoir

 25   accès à des documents qui leur est indispensable pour le contre-

 26   interrogatoire des témoins, parce que la traduction des documents doit être

 27   préparée compte tenu de ce qui a été préalablement notifié.

 28   Je ne comprends pas très bien la raison pour laquelle vous avez des

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  1   problèmes importants, Monsieur Djurdjic. Est-ce que lorsqu'il s'agit du

  2   Témoin Loshi vous avez des problèmes particuliers ?

  3   M. DJURDJIC : [interprétation] Excusez-moi. Nous sommes prêts à contre-

  4   interroger le Témoin Loshi. Il était prévu pour la semaine qui vient. Notre

  5   problème est celui de préparer le contre-interrogatoire de Sweeney et de

  6   l'autre témoin dont l'ordre de comparution a été changé. Pour ce qui est de

  7   Loshi --

  8   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, d'accord, je vous suis.

  9   M. DJURDJIC : [interprétation] Pour ce qui est de Liri Loshi, tout va bien,

 10   M. Stamp a raison. Mais pour ce qui est de Sweeney, puis après le Témoin

 11   K25 n'a jamais été prévu nulle part, et surtout après la comparution de

 12   Mustafa Dragaj.

 13   [La Chambre de première instance se concerte]

 14   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] De l'avis de la Chambre, c'est un

 15   problème de débutant en quelque sorte, un problème de début de procès

 16   beaucoup plus important que d'habitude, beaucoup plus considérable que

 17   d'habitude. Mais je pense que c'est un problème que nous allons pouvoir

 18   solutionner avec quelques modifications.

 19   Voilà ce que nous proposons : demain, à la fin de la déposition du témoin

 20   actuel, le témoin suivant qui devra être convoqué devrait être Loshi. Mais

 21   cet après-midi et si cela est nécessaire, demain après-midi, nous voulons

 22   que les conseils prennent contact et nous voulons en fait qu'une nouvelle

 23   liste d'ordre de comparution des témoins nous soit donnée, une liste qui

 24   siéra à la fois l'Accusation et la Défense pour la semaine prochaine. Si

 25   une solution ne peut pas être trouvée, la Chambre devra à ce moment-là voir

 26   quelle sera cette liste, et là il se peut que cela pose des problèmes aux

 27   deux, à l'Accusation et à la Défense. Mais pour le moment il semble,

 28   d'après ce que nous avons entendu, qu'il serait possible que les problèmes,

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  1   de part et d'autre, puissent trouver une solution raisonnable de telle sort

  2   que nous puissions mettre au point un ordre de comparution des témoins pour

  3   la semaine prochaine, ordre de comparution des témoins qui pourra être géré

  4   par tout le monde. Une fois que cela aura été fait, je pense qu'il faudra

  5   voir ce qu'il en sera de la semaine d'après, parce que je pense qu'il va

  6   falloir envisager deux semaines pour sortir de cette difficulté présente.

  7   J'aimerais que les conseils se réunissent cet après-midi, puisque

  8   maintenant vous avez été informés des problèmes de tout un chacun, et

  9   j'espère que nous pourrons nous retrouver avec une liste qui sera gérable

 10   au cours de la semaine prochaine, puis je pense à la semaine d'après qui,

 11   bien entendu, est une semaine de trois jours seulement, de trois jours

 12   d'audience, j'entends.

 13   Si les problèmes se poursuivent demain - et j'en entendrai parler - dans ce

 14   cas d'espèce il se peut que nous devions présenter une solution qui ne

 15   siéra peut-être ni à l'Accusation ni à la Défense. Donc je pense qu'il va

 16   dans l'intérêt de tout le monde de voir si vous pouvez prendre en

 17   considération vos problèmes respectifs.

 18   Nous allons maintenant lever l'audience et reprendre demain à

 19   9 heures.

 20   --- L'audience est levée à 14 heures 10 et reprendra le vendredi 6 février

 21   2009, à 9 heures 00.

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