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1 Le vendredi 13 mars 2009
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour.
6 Madame Kravetz, vous êtes prête à citer votre prochain témoin ?
7 Mme KRAVETZ : [interprétation] Effectivement, Monsieur le Président. Ce
8 sera Adnan Merovci. Je tiens simplement à vous informer du fait que ce
9 témoin a préparé un document manuscrit d'une page qu'il veut utiliser, où
10 se trouvent des dates concernant des événements dont il va parler. J'ai
11 fourni une copie à la Défense et je voulais vous demander si c'est possible
12 que ce témoin utilise ce document au cas où il en aurait besoin.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.
14 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur Merovci.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Monsieur.
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vais vous demander de lire la
18 déclaration solennelle qui se trouve sur ce carton qu'on est en train de
19 vous présenter.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
21 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
22 LE TÉMOIN : ADNAN MEROVCI [Assermenté]
23 [Le témoin répond par l'interprète]
24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur. Veuillez
25 vous asseoir.
26 Mme Kravetz va vous poser quelques questions, Monsieur le Témoin.
27 Mme KRAVETZ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
28 Interrogatoire principal par Mme Kravetz :
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1 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur. Je vais vous demander de déclarer
2 votre identité à l'intention du dossier.
3 R. Je m'appelle Adnan Merovci.
4 Q. Quelle est votre date et lieu de naissance ?
5 R. Je suis né le 18 mai 1956 à Vushtrri, au Kosovo.
6 Q. Quelle est votre profession ?
7 R. J'ai terminé la faculté d'électricien.
8 Q. Où étiez-vous employé en 1999 ?
9 R. Vous parlez de 1989 ou de 1999 ?
10 Q. De 1999.
11 R. En 1999, j'étais chef de cabinet du président Rugova.
12 Q. Quand avez-vous commencé à travailler pour lui ?
13 R. Dès 1989, à l'époque où la Ligue démocratique du Kosovo a été formée, à
14 l'époque où M. Rugova a été élu président de cette ligue.
15 Q. Merci. En mai 1999, en avril et mars 2000, est-ce que vous avez fourni
16 une déclaration aux représentants du bureau du Procureur de ce Tribunal ?
17 R. Exactement.
18 Q. Avez-vous eu l'occasion de revoir cette déclaration avant d'entrer dans
19 ce prétoire, ce matin ?
20 R. Oui.
21 Q. Etes-vous convaincu que les éléments que contient cette déclaration
22 sont exacts et reflètent fidèlement vos connaissances et vos souvenirs ?
23 R. Tout à fait.
24 Q. Est-ce que vous avez déjà témoigné dans ce Tribunal dans le procès
25 Milutinovic et consorts en janvier 2007 ?
26 R. Oui.
27 Q. Est-ce que récemment, vous avez eu l'occasion de lire le compte rendu
28 d'audience reprenant votre audition ?
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1 R. Oui.
2 Q. Si les mêmes questions vous étaient posées aujourd'hui, les mêmes que
3 celles qui vous ont été posées lorsque vous étiez témoin dans le procès
4 Milutinovic, y répondriez-vous de la même façon ?
5 R. Je pense qu'en substance je fournirais les mêmes réponses, tout au plus
6 j'utiliserais des mots différents éventuellement, mais au fond ce serait la
7 même chose.
8 Q. Merci.
9 Mme KRAVETZ : [interprétation] Messieurs les Juges, je demande le versement
10 de cette déclaration préalable et le compte rendu de l'audience de ce
11 témoin. Il s'agit du document de la liste 65 ter, 02588 et le compte rendu
12 de son audition étant le document 0518.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La déclaration deviendra une pièce du
14 dossier.
15 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P00406.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le compte rendu de sa précédente
17 audition est versé au dossier également.
18 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P00417.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
20 Mme KRAVETZ : [interprétation] Peut-on, Monsieur l'Huissier, fournir au
21 témoin une copie de sa déclaration préalable qui sera utilisée dans ce
22 prétoire. Dans l'intervalle, je vais lire le résumé de la déposition de ce
23 témoin.
24 Le témoin était secrétaire personnel du Dr Ibrahim Rugova, chef du parti
25 politique appelé LDK, Ligue démocratique du Kosovo. Il décrit le climat de
26 trouble qui régnait au Kosovo depuis le début des années 1980 et les
27 mesures légitives mises en place par Milosevic en 1989, dont certains
28 amendements de la constitution qui ont révoqué le statut autonome du
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1 Kosova.
2 Le témoin décrit la discrimination dont ont été en butte les Albanais
3 dans leur emploi. Il parle de la montée en puissance d'une pression
4 internationale visant à une solution pacifique de la crise du Kosovo.
5 En février et mars 1999, il a participé aux négociations de
6 Rambouillet et de Paris sur la crise du Kosovo, et il décrit ses
7 négociations. Lorsque le bombardement de l'OTAN a commencé, le 24 mars
8 1999, plusieurs personnalités albanaises de premier plan ont été enlevées
9 et tuées au Kosovo. Ibrahim Rugova a été mis à demeure. Le témoin a vu une
10 augmentation de la présence policière et militaire à Pristina. Le témoin
11 parle de plusieurs réunions auxquelles il a participé avec Rugova et les
12 dirigeants serbes à partir de mars 1999, notamment de réunions avec
13 Milosevic, Milutinovic, Sainovic, Ratko Markovic et Zoran Andjelkovic.
14 Q. Prenons maintenant votre déclaration préalable, car j'ai quelques
15 questions à vous poser à propos de ce que vous y déclarez. Paragraphe 13 de
16 votre déclaration, vous relatez des événements survenus au Kosovo en 1989,
17 et vous dites qu'une fois - je vois que Me Djurdjic s'est levé, Monsieur le
18 Président.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic.
20 M. DJURDJIC : [interprétation] Ce n'est pas une objection, je demande
21 simplement une explication. Je constate que ma consoeur fait référence à
22 des paragraphes, mais moi, j'ai une déclaration préalable qui n'est pas
23 numérotée, d'où la difficulté de suivre. Les paragraphes ne sont pas
24 numérotés. Est-ce qu'elle parle de la déclaration faite en mai 1999 ou en
25 mars et avril 2000 ?
26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous pourriez peut-être nous donner le
27 numéro de la page, Madame Kravetz.
28 Mme KRAVETZ : [interprétation] La version qu'on a dans le prétoire
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1 électronique est numérotée. Je pense que là, s'il s'en sert, il pourra me
2 suivre.
3 M. DJURDJIC : [interprétation] Très bien.
4 Mme KRAVETZ : [interprétation] Je peux vous donner aussi le numéro de la
5 page.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je suis sûr que Me Djurdjic serait
7 aidé s'il avait le numéro de la page.
8 Mme KRAVETZ : [interprétation] Nous allons essayer de vous fournir une
9 version sur papier numérotée également.
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
11 Mme KRAVETZ : [interprétation] Il s'agit de la page 4, troisième paragraphe
12 de cette page. Ce sera le paragraphe 13 : "Après m'être engagé dans la
13 LDK…" ce sont les premiers mots de ce paragraphe.
14 Q. Vous faites référence à ce paragraphe au fait qu'on a enlevé au Kosovo
15 son statut de province autonome, et vous dites qu'après cela des mesures
16 d'urgence ont été mises en place au Kosovo, et en fait c'était la loi
17 martiale qu'on avait imposée. Pourriez-vous en quelques mots expliquer
18 comment ces mesures d'urgence ont été introduites, celles dont vous parlez
19 dans votre déclaration, et quel fut leur effet sur la vie quotidienne des
20 Albanais du Kosovo ?
21 R. Avec cette imposition violente de l'amendement de la constitution sur
22 la population contre son gré, le régime a d'une certaine façon mis en place
23 ces mesures qui ont eu pour effet de détruire toutes les institutions, de
24 l'échelon le plus bas à l'échelon le plus élevé, l'enseignement, le système
25 sanitaire, la police, l'administration, toute la société au Kosova.
26 Ceci s'est particulièrement ressenti dans le système éducatif, dans le
27 système de santé, ainsi que dans les activités des institutions financières
28 du Kosova à l'époque. Aussi pour ce qui est de l'appareil législatif, au
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1 Kosovo ceci s'est manifesté par le fait qu'un nombre massif d'Albanais se
2 sont vus privés de leur emploi au titre tout à fait fallacieux qu'ils
3 étaient Albanais. On peut présenter plusieurs arguments à cet égard, mais
4 l'un des arguments principaux, c'est que lorsque les Albanais ont perdu
5 leur emploi à l'époque, ceci n'est arrivé à aucun Serbe. Les mesures ont
6 été appliquées dans l'institution dans laquelle je travaillais, dans la
7 banque unie de Kosovo. Dans cette seule banque, quelque 260 Albanais du
8 Kosovo ont perdu leur emploi alors qu'aucun Serbe n'a été licencié.
9 Le système éducatif a connu le même sort --
10 Q. Permettez-moi de vous arrêter car je voudrais apporter des précisions.
11 Vous dites qu'il y a eu licenciement d'Albanais. Par qui ces personnes ont-
12 elles été remplacées à ces postes ? Vous avez parlé du licenciement massif
13 d'Albanais du Kosovo.
14 R. Quand on parle de l'enseignement, ces personnes n'ont pas du tout été
15 remplacées. Il s'agissait d'enseignants et de professeurs albanais. Lorsque
16 nous disons que le système éducatif a été paralysé, ça veut dire que les
17 enseignants, les professeurs, mais aussi les étudiants, les élèves ont dû
18 quitter les écoles. Il n'a pas été nécessaire de remplacer les personnes
19 licenciées, car il n'y avait plus d'étudiants ni de professeurs dans les
20 établissements éducatifs. Dans cette institution où je travaillais, bien,
21 les postes-clés qu'occupaient les Albanais ont été supprimés et des Serbes
22 les ont remplacés.
23 Et du coup, à cause de ces mesures qui ont affecté l'économie du
24 Kosova, la banque en tant qu'institution qui suit le développement
25 d'économie et qui contribue à la croissance de l'économie, la banque a dû
26 déclarer faillite. On a réduit le nombre d'employés, et je parle là
27 d'employés qui étaient Albanais de souche qui était diminués.
28 Q. Vous parlez de l'emploi, de l'éducation. Est-ce que ces mesures ont eu
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1 un effet quelconque sur la possibilité d'avoir un logement ? On parle là de
2 logement d'Albanais du Kosovo ?
3 R. Compte tenu du fait que ces mesures furent appliquées à un moment où le
4 Kosova avait sa croissance, il y avait un système qui permettait de loger
5 les ouvriers, les employés. Mais une fois ces nouvelles mesures imposées,
6 on a mis tout à fait fin à ces activités qui bénéficiaient aux Albanais.
7 Mon cas personnel est concret, je suis ingénieur, je suis expert en
8 informatique bancaire. J'étais inscrit dans une liste, je pouvais espérer
9 un logement pour ma famille; mais une fois ces mesures mises en place, ce
10 droit m'a été ôté, et au contraire, l'appartement qui devait me revenir a
11 été donné à une Serbe, une dame serbe qui n'était pas résidente à l'époque,
12 mais qui était venue et qui s'était appropriée de mon appartement. Vous
13 trouverez des cas de ce genre dans d'autres institutions.
14 Q. Au paragraphe 16 de votre déclaration, page 5, deuxième paragraphe,
15 vous parlez des forces de police et des Albanais qui travaillaient. Vous
16 dites que ces Albanais ont commencé à quitter les rangs de la police en
17 grand nombre car ils subissaient des restrictions de collègues serbes et de
18 leurs supérieurs.
19 Dites-nous, quelles furent les restrictions imposées aux policiers
20 albanais qui les auraient forcés à quitter leurs postes ?
21 R. Lorsque ces mesures ont été imposées, ceci a un effet sur la police à
22 l'époque. La plupart des employés de la police étaient Albanais à l'époque.
23 Les policiers albanais ont dû signer un serment d'allégeance envers la
24 Serbie et son régime, et ces agents de police kosovar ont refusé de signer
25 ce serment, ce qui fait qu'ils ont été licenciés, au prétexte qu'ils
26 avaient refusé de signer cette déclaration de loyauté envers un régime que
27 rejetait la majorité de la population albanaise du Kosovo.
28 Q. Auparavant, vous avez parlé de l'enseignement, vous avez dit que des
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1 professeurs se sont vu interdit l'accès à leurs bâtiments scolaires. Je
2 vous demande si ces mesures ont un effet quelconque sur les étudiants
3 albanais et leur accès à l'enseignement ?
4 R. Sur tout le territoire du Kosovo, 99 % des écoles étaient occupées par
5 des Serbes. Etudiants, professeurs, élèves ont perdu les bâtiments, leurs
6 possessions. Les étudiants n'ont plus pu rester dans les cités
7 universitaires ou autre où ils habitaient. Les étudiants ont été aidés par
8 différentes institutions dont la LDK qui les a aidés à poursuivre leur
9 enseignement dans des établissements privés, dans des appartements, des
10 maisons, des garages, par exemple. De cette façon, les Albanais ont
11 continué à suivre des cours mais pas dans des écoles officielles, plutôt
12 dans des lieux privés où on a improvisé les salles de classe aménagées dans
13 des maisons particulières, dans des garages, et cetera.
14 Q. Ces mesures spéciales, combien de temps sont-elles restées en place, à
15 quel moment les a-t-on supprimées ?
16 R. Ces mesures spéciales trouvaient leur origine dans les modifications
17 apportées à la constitution. Elles sont restées en vigueur jusqu'au début
18 des bombardements de l'OTAN.
19 Q. Nous allons avancer dans le temps, paragraphe 27 de votre déclaration,
20 vous y parlez d'un accord signé par le Dr Rugova et le président Milosevic
21 et qui a été facilité par la communauté catholique italienne de Saint-
22 Egidio. Est-ce que vous savez quelle était la finalité de cet accord ?
23 R. C'était un signe de bonne volonté de la part d'une ONG, d'une
24 communauté religieuse de Rome représentée par Vincenzo Paglia, qui avait
25 une diplomatie de contact entre Belgrade et Pristina pour permettre à la
26 signature d'un accord qui permettrait aux enfants et aux enseignants de
27 réintégrer les écoles sans condition.
28 L'objectif de cet accord c'était de permettre le retour des étudiants et
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1 des enseignants dans les écoles. Cet accord a été signé par Milosevic et
2 par le président Rugova. Malheureusement, il n'a jamais été appliqué, il
3 n'a rien donné, car à l'époque le régime serbe n'a pas permis l'utilisation
4 par les Albanais de ces lieux, à l'exception d'un seul lieu, l'Institut
5 d'Albanologie à Pristina. Là, les clés de ce bâtiment ont été remises aux
6 travailleurs albanais qui travaillaient dans cet institut. Mis à part cette
7 installation, rien n'a été remis aux Albanais. Et c'est pour ça que je dis
8 que cet accord fut un échec.
9 Q. Est-ce que vous vous souvenez de la date à laquelle les clés de cet
10 Institut d'Albanologie ont été remises aux employés de l'institut ?
11 R. Je ne me souviens pas de la date exacte, mais je pense que c'était tout
12 juste après la signature de l'accord avec la communauté de Saint-Egidio,
13 mais je ne me souviens pas de la date exacte.
14 Q. Merci. Nous arrivons à la fin de 1998, paragraphe 31, vous parlez d'un
15 accord conclu entre Milosevic et Richard Holbrooke, qui était ambassadeur
16 américain à l'époque, et vous parlez de la MVK
17 création de cette Mission de vérification du Kosovo et de la police
18 militaire, et vous dites que M. Rugova s'est déplacé au Kosovo avec M.
19 Hill. Quel était l'objectif visé par ce déplacement ?
20 R. Ce tour d'inspection du terrain avec M. l'Ambassadeur Christopher Hill
21 visait à voir quels étaient l'effet et le résultat de l'accord Milsoevic-
22 Holbrooke. Ce dernier contenait deux éléments importants : premièrement, le
23 retrait des troupes déployées au Kosovo; deuxièmement, l'établissement de
24 la MVK qui avait à sa tête M. William Walker à l'époque. Et on voulait voir
25 si ces deux éléments étaient concrétisés sur le terrain, le retrait des
26 forces serbes en premier lieu. Nous nous sommes déplacés avec l'ambassadeur
27 Walker et M. Rugova pour aller à Peja. Nous sommes allés à Rahovec,
28 Malisheve, Suhareke, Lipjan, Shtime, et nous sommes rentrés à Pristina.
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1 C'est l'itinéraire que nous avons suivi ce jour-là. Permettez-moi de
2 signaler qu'à l'époque il y avait des offensives serbes sur ce terrain.
3 En route, nous avons vu beaucoup de maisons détruites par le feu, des
4 installations détruites. Nous avons vu des regards inquiets, des gens qui
5 s'inquiétaient de ce qui se passait, qui s'inquiétaient de ce qui leur
6 arrivait. Ceci nous a permis de conclure que l'accord Milosevic-Holbrooke
7 n'était pas matérialisé sur le terrain. En route, nous avons vu bon nombre
8 de chars, d'autres véhicules militaires dissimulés dans des zones qui
9 étaient convoitées. Sur les hauteurs, il y avait beaucoup de ce qu'on
10 appelait les postes de contrôle qui parsemaient la route. Et en route, ils
11 ont fait semblant de ne pas vraiment accomplir leur rôle réel. Ils se
12 comportaient de façon assez sophistiquée.
13 Q. Qu'est-ce que vous voulez dire quand vous dites qu'ils n'ont pas
14 vraiment fait ce qu'ils étaient censés faire, qu'ils étaient assez
15 sophistiqués ?
16 R. Comme nous avions constitué une délégation de hauts représentants et
17 que parmi nous il y avait l'ambassadeur Hill et le président Rugova, ces
18 postes de contrôle policiers, dans certaines situations, lorsque nous
19 passions par là, ont agi de façon passive ou on voulu laisser l'impression
20 qu'il s'agissait de postes de contrôle qui n'étaient là que pour le
21 contrôle des pièces d'identité et rien d'autre; mais ceux-là ont été des
22 postes de contrôle occupés par des forces combinées de la police et de
23 l'armée. Nous sommes passés à côté de 15 postes de contrôle de ce genre
24 lors de notre voyage.
25 Q. Alors, dans le paragraphe suivant, dans le paragraphe 32, vous vous
26 référez au déploiement de la Mission de vérification au Kosovo, et vous
27 dites que la violence s'est poursuivie. Vous le dites au bas du paragraphe
28 32, et vous indiquez : "Milosevic ne s'en est pas tenu aux accords pour ce
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1 qui est du retrait des troupes. En réalité, il y a été emmené plus de
2 troupes encore au Kosovo."
3 Quelle est la source de votre information ? Pourquoi le dites-vous ?
4 R. C'est absolument vrai. Il y a eu en dépit de l'accord signé concernant
5 le retrait et la réduction du nombre des effectifs de la police et de
6 l'armée, ce n'est pas ce qui s'est produit. En réalité, les nombres de
7 policiers et militaires ont été augmentés.
8 En notre qualité d'organisation politique, à savoir nous qui étions Ligue
9 démocratique du Kosovo, nous recevions des informations du Kosovo tout
10 entier de la part de nos militants membres de la ligue, qui sont intervenus
11 dans le contexte du centre d'information du Kosovo. Nous avions des
12 représentants dans chaque village, des gens qui nous informaient de tout ce
13 qui se passait, de chaque mouvement. En l'occurrence, ils ont également
14 compté le nombre exact de véhicules, de toutes sortes de chars et autres à
15 la frontière avec la Serbie. Et dans le courant d'une journée, cette
16 information parvenait au centre d'information où nous avions des
17 commissions spéciales qui recueillaient ces informations et qui ont établi
18 des données statistiques pour les publier dans le cadre d'un bulletin
19 publié tous les jours en albanais et en serbe.
20 Donc la source principale de la totalité de nos informations pour ce
21 qui est des données relatives à l'augmentation du nombre des effectifs
22 serbes et de la quantité de matériel apporté, c'était des militants de la
23 Ligue démocratique qui ont été des témoins oculaires de tout déplacement ou
24 mouvement qui se produisait dans les villages ou le long des routes en
25 direction de Pristina, Mitrovica et d'autres localités le long de la
26 frontière avec la Serbie.
27 Q. Est-ce que vous êtes en train de vous référer à une période de
28 temps concrète lorsque vous évoquez l'augmentation des troupes en place ?
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1 R. Je parle en premier lieu d'une période, ou plutôt de deux
2 périodes : celle qui a suivi la signature de l'accord entre Holbrooke et
3 Milosevic, cela a été une période d'activités intenses; et une autre
4 période aussi qui a suivi les accords de Rambouillet et Paris sur une
5 période d'environ trois semaines. Avant la signature de cet accord de Paris
6 à Rambouillet, la partie albanaise a signé une espèce d'engagement disant
7 qu'elle -- ou s'engageant à signer l'accord dans un délai de trois
8 semaines, et pendant cette période intérimaire de trois semaines, lorsque
9 nous nous attendions à des frappes aériennes de l'OTAN, la Serbie a fait
10 venir un nombre plus grand d'effectifs et de matériels sur les lieux. Donc
11 c'est ce que je voulais dire au sujet de ces deux périodes.
12 Q. Mais d'après les sources de vos informations, l'augmentation des
13 troupes entre les deux périodes est la même que vous avez déjà décrite, à
14 savoir le réseau de militants de votre parti, si j'ai bien compris.
15 R. Oui, bien que sur le terrain il y ait également eu des reporters et des
16 représentants des médias internationaux qui se déplaçaient un peu partout
17 dans le territoire et qui transmettaient ce type d'information au centre
18 d'information. Il arrivait qu'ils puissent vérifier les informations tout
19 de suite sur le terrain, mais la majeure partie des informations, à savoir
20 plus de 90 % de celles-ci, parvenaient de la part de nos militants sur le
21 terrain.
22 Q. Bon. Vous vous êtes référé à la période de temps courant entre
23 Rambouillet et Paris, ou plutôt les deux accords. Si j'ai bien compris
24 votre déclaration, c'est de mars 1999 qu'il s'agit. C'est la période de
25 temps où il y a eu ces accords de Rambouillet et Paris, n'est-ce pas ?
26 R. Il s'agit de la période courant de fin février au 20 mars. C'est
27 pendant cette période de temps qu'il y a eu signature des accords de
28 Rambouillet, ou plutôt, lorsqu'il y a eu tenue de ces réunions à
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1 Rambouillet et à la fin, il y a eu signature de l'accord de Paris, chose
2 qui s'est produite à la date du 19 mars. C'est au 19 mars que l'accord à
3 Paris a été conclu, je veux donc parler de la fin février et début mars. Et
4 en tout pour tout, il s'agit d'une période de trois semaines.
5 Q. Pendant cette période de trois semaines, avez-vous, vous-même, eu
6 l'opportunité de vous rendre compte d'une augmentation des troupes à
7 laquelle vous vous êtes référé sur le terrain, ou est-ce que vous l'avez su
8 partant seulement des informations obtenues de la part des militaires de la
9 LDK ?
10 R. Pendant cette période de trois semaines, l'arrivée des effectifs serbes
11 de Serbie au Kosovo, c'était une chose notoirement connue. Tout le monde
12 pouvait le voir. Les Serbes ne pouvaient plus dissimuler leurs activités.
13 Ils trouvaient prétexte dans les frappes aériennes auxquelles on
14 s'attendait. Ils faisaient venir des troupes de jour même.
15 Il y a des informations qui nous sont parvenues de la part de nos
16 militants sur le terrain, mais j'ai également vu de mes yeux de telles
17 choses. Je suis allé sur le terrain peut-être deux ou trois fois au cours
18 de ces trois semaines, et j'ai eu l'occasion de m'en rendre compte, parce
19 que j'ai été très prudent du point de vue de mes déplacements. Je suis
20 sorti deux ou trois fois, mais même ces deux ou trois fois, j'ai eu
21 l'occasion de voir des déplacements, et il y a eu une augmentation du
22 nombre des effectifs.
23 Q. Je vais revenir maintenant à cette période de temps du paragraphe 44,
24 où vous décrivez votre retour de Paris à Pristina. Vous dites qu'il y a eu
25 de très grands nombres de paramilitaires serbes partout.
26 Alors, est-ce que vous pouvez expliquer à qui vous référez-vous lorsque
27 vous parlez de paramilitaires serbes, et en quoi se différenciaient-ils des
28 soldats des policiers?
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1 R. Lorsque je suis revenu de Paris, et c'était à la date du 20 mars.
2 C'était un dimanche. Lorsque nous sommes passés par le passage frontière de
3 Blace, nous avons vu un grand nombre de véhicules, des observateurs
4 internationaux, qui étaient en train de quitter le Kosova. Il s'agissait en
5 grande partie de la Mission de vérification de Kosovo et d'autres
6 organisations non gouvernementales qui s'en allaient. Nous les avons vues à
7 la frontière. Nous étions peut-être les seuls à entrer dans le Kosova, et
8 je suis en train de parler du moment où nous sommes revenus de Paris. Une
9 fois arrivés à Prishtina, nous avons pu constater que les choses avaient
10 grandement changé, à savoir que partout le long de la route, il y avait
11 beaucoup plus de police et de soldats. C'était une présence considérable.
12 Dans l'un des tunnels le long de la route allant vers la Macédoine, la
13 frontière de la Macédoine, de Blace à Prishtina, nous avons pu voir que
14 l'armée mettait des fils pour relier les explosifs dans les tunnels.
15 Cela était une preuve pour nous disant que les choses avaient
16 dramatiquement évolué entre-temps, pendant ces trois semaines. Une fois
17 arrivés à Prishtina, nous avons constaté que la situation était
18 complètement différente. Le jour d'après, je me suis déplacé dans la ville
19 et j'ai vu bon nombre de civils en arme, des véhicules sans plaques
20 d'immatriculation et des gens qui portaient des blousons d'une couleur
21 militaire, des blousons de camouflage. Nous avons également vu des
22 personnes vêtues de blousons en cuir noirs qui étaient armés et qui se
23 déplaçaient en groupes, petits ou grands. Au bout de quelques jours, ces
24 groupes ont commencé à être actifs et à déambuler dans les rues de
25 Prishtina, à malmener les gens, faire sortir des personnes de leurs
26 voitures, les battre, leur confisquant leurs voitures.
27 J'ai compris qu'il y a eu des paramilitaires qui s'étaient installés
28 au Grand hôtel. J'y suis allé en personne et je l'ai vu. Il y avait une
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1 inscription disant : "Entrée interdite aux Albanais et aux chiens," et
2 certaines personnes disaient que c'étaient des unités Arkan qui s'étaient
3 stationnées là.
4 Ces groupes de gens auxquels vous vous référez, ou plutôt, auxquels je me
5 réfère, c'est ce que nous avons qualifié de paramilitaires, parce qu'on ne
6 peut pas les appeler autrement. Ce n'était pas la même chose que l'armée
7 régulière ou la police régulière portant uniformes.
8 Q. Dans votre déclaration au paragraphe 45, vous indiquez que, "ces
9 paramilitaires ont commencé à détruire des commerces en propriété
10 d'Albanais."
11 Est-ce que c'est quelque chose que vous avez vu vous-même, quelque
12 chose auquel vous auriez assisté vous-même, à savoir des paramilitaires
13 détruisant des propriétés albanaises ?
14 R. Oui, je suis allé à deux endroits qui ont été détruits. Je suis allé
15 après. Je ne suis arrivé qu'au bout d'une demi-heure, peut-être, ou une
16 heure plus tard. Je me réfère notamment à une clinique au centre de
17 Prishtina, à Dedinje. Ça s'appelait Resonatsa [phon]. Des témoins oculaires
18 m'ont raconté que des véhicules sans plaques d'immatriculation étaient
19 arrivés et des gens vêtus pour la plupart du temps en uniforme, mais
20 d'autres étaient aussi en civil. Donc certains étaient en uniforme,
21 d'autres sans uniforme. Ils sont arrivés là-bas et ils ont mis des
22 explosifs et ils ont fait sauter la clinique. J'ai pu voir la chose de mes
23 yeux une heure ou une demi-heure après.
24 Un autre exemple, c'est après le début des frappes aériennes, à savoir le
25 25 mars. Je me trouvais dans le bureau du président Rugova et mon bureau à
26 moi a été complètement détruit, plastiqué. Je le dis partant de témoignages
27 de témoins oculaires, puisque notre bureau se trouvait au centre même d'un
28 quartier résidentiel. Il est arrivé là un groupe mixte. Quand je dis mixte,
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1 il y avait des personnes qui avaient des uniformes, d'autres qui portaient
2 des parties d'uniformes ou des personnes qui n'étaient vêtues que de
3 vêtements civils et des personnes qui portaient des masques, vêtues de
4 noir, sans insigne aucun, sans épaulette ou quoi que ce soit pour qu'on
5 puisse les identifier.
6 Q. Savez-vous nous dire s'il y a eu des magasins non-albanais ou des
7 entreprises non-albanaises à avoir été détruits pendant ces journées-là ?
8 R. Non, personne n'a eu vent de tels types d'événements, que quelqu'un ait
9 donc détruit ou incendié les commerces ou entreprises non-albanais.
10 Q. Revenant maintenant sur ce que vous avez dit au sujet des hommes Arkan
11 et de leur stationnement au Grand hôtel de Prishtina, l'avez-vous vu vous-
12 même ou est-ce que vous l'avez ouï-dire de la bouche de quelqu'un d'autre ?
13 Est-ce que vous l'avez peut-être vu ?
14 R. Je l'ai vu de loin. Comme vous le savez peut-être, l'hôtel Grand se
15 trouve au centre-ville, et autour il y a un espace dégagé. J'y suis allé,
16 j'ai vu de mes yeux cette inscription, mais de loin. De loin, j'ai vu des
17 groupes de gens vêtus de noir portant des cagoules. Certains autres
18 portaient des bandanas, des turbans autour de la tête, et j'ai pu voir cela
19 d'assez loin par moi-même.
20 Q. De quel type d'inscription s'agit-il, celui que vous venez de
21 mentionner et que vous avez vu de vos yeux ?
22 R. Mais je vous ai dit le type d'inscription que c'était. Il était écrit :
23 "Entrée interdite dans l'hôtel aux Albanais et aux chiens."
24 Q. Bien. Merci. Alors, au paragraphe suivant, vous vous référez au début
25 des frappes aériennes de l'OTAN, et vous parlez de meurtres de plusieurs
26 Albanais en vue. Vous citez notamment le nom de Bajram Kelmendi, Agim
27 Hajrizi et Latif Berisha. Ces trois [comme interprété] individus, Bajram
28 Kelmendi, Agim Hajrizi et Latif Berisha, où ont-ils été tués ?
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1 R. Latif Berisha et Agim Hajrizi ont été tués chez eux.
2 Latif Berisha était le président d'une filiale de la Ligue
3 démocratique du Kosovo à Mitrovica, et cet intellectuel était également
4 membre de la présidence de ladite ligue ainsi que proche collaborateur du
5 président Rugova.
6 M. Berisha a été tué chez lui, et d'après les membres de sa famille,
7 on l'a appelé à sortir. On l'a convié à sortir. Des personnes non
8 identifiées parlant le serbe l'ont appelé pour qu'il sorte. Des personnes
9 vêtues d'uniforme de camouflage étaient présentes. Lorsqu'il a répondu à
10 leur sommation, lorsqu'il est sorti au palier de sa porte, il a été abattu
11 sur place, sur le palier de sa porte à Mitrovica.
12 M. Agim Hajrizi était l'un des plus éminents de nos militants qui a
13 vaqué à des activités liées aux droits de l'homme. Il a été également tué
14 chez lui par un groupe d'hommes en armes qui est venu chez lui, qui l'a
15 interpellé par son nom et lui a demandé de sortir. Lorsqu'il s'est présenté
16 sur le palier de sa porte, il a été abattu. Ça s'est produit durant les
17 toutes premières journées des frappes aériennes.
18 Durant les journées qui ont suivi le début des frappes aériennes, je dirais
19 que M. Bajram Kelmendi, lui aussi qui était un activiste en matière de
20 droits de l'homme, la nuit même du début des frappes aériennes, on l'a fait
21 sortir de la maison avec ses fils. Comme l'a décrit son épouse, Mme
22 Kelmendi, il a été pris par des hommes en uniforme. Par la suite, on l'a
23 informée du fait d'avoir trouvé leurs corps dans la banlieue de Prishtina.
24 Q. Vous nous dites que :
25 "Ces meurtres ont constitué un clair message à l'attention de la
26 direction des Albanais, de la population albanaise, disant que ces leaders
27 albanais allaient être ciblés par les forces serbes…"
28 Est-ce que ces meurtres ont été évoqués par les médias ?
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1 R. Oui, cela a été évoqué et nous en avons entendu parler par les sources
2 d'information, les médias albanais, différentes stations radio, comme
3 Deutsche Welle, l'Europe libre, Voice of America, qui se sont référés à ces
4 événements-là. Mais je me dois de dire que la finalité ou l'objectif de
5 l'assassinat de ces gens c'était celui de semer la terreur, de désinformer
6 le public, et les gens qui ont été tués ont été tués dans l'objectif de
7 faire en sorte que les Albanais par peur viennent à quitter le Kosova. On
8 visait donc à les déporter, ce qui revient à dire que le principal objectif
9 serait divisé à un nettoyage ethnique des Albanais du Kosova.
10 Q. Au paragraphe 49 de votre déclaration, vous vous référez à la
11 mobilisation des Serbes et vous dites qu'ils ont tous été mobilisés dans
12 certains effectifs et vous indiquez que tout se produisait de façon
13 coordonnée.
14 Quelle est la source de cette information ? Comment l'avez-vous su ?
15 R. A l'époque à laquelle je me réfère, la communication entre les Albanais
16 et les Serbes s'était amenuisée et réduite au strict minimum, mais il y a
17 toutefois eu des cas où il y a eu communication directe ou indirecte.
18 Parfois, il y a eu des réunions de planifier. Nous avions résidé dans les
19 mêmes bâtiments, avec des voisins serbes. J'ai vu de mes yeux la porte de
20 l'immeuble où nous habitions ouverte et chez mon voisin j'ai pu voir des
21 armes.
22 J'ai une fois vu les deux fils de mon voisin dont l'un portait un
23 uniforme de l'armée et l'autre portait l'uniforme de la police. Ils ont
24 normalement dit qu'ils étaient mobilisés. Il y en a même un qui a dit qu'il
25 a été forcé de rejoindre les rangs de l'armée. Dans d'autres situations,
26 des amis ou des connaissances m'ont raconté ce genre de choses. Mais vous
27 savez, ce sont des choses dont nous nous entretenions entre nous, entre
28 membres de la communauté albanaise, et parmi les Serbes qui étaient aptes
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1 au combat il y a eu simplement mobilisation et armement.
2 Il n'y a pas eu une seule famille serbe au Kosova sans avoir
3 disposé d'au moins une arme. Cela est un fait pour nous. Ce sont des choses
4 qui sont prouvables. Ils n'ont d'ailleurs pas dissimulé ce fait d'avoir des
5 armes. Ils portaient les armes dans les restaurants, dans les cafètes. Vous
6 pouviez voir au même endroit des Albanais et des Serbes en train de prendre
7 un café, et les Serbes leur montraient ouvertement les armes qu'ils
8 avaient. C'était une chose que tout le monde savait. Tout Serbe apte à
9 servir dans les forces armées disposait d'une arme.
10 Q. Est-ce que vos voisins vous ont dit qui est-ce qui leur a fourni
11 lesdites armes ?
12 R. Même avant, ce que je viens de vous raconter c'est ce qui s'est produit
13 à une période ultérieure. Mais même avant la question relative aux armes et
14 à l'armement de la population civile serbe, c'était ce que l'on pouvait
15 qualifier de processus permanent. Nous avons vu cela se produire. Nous, en
16 notre qualité de parti politique et de ligue démocratique, nous avons
17 graduellement vu la population s'armer au fur et à mesure. Nous avons vu
18 des tracteurs et des camions arrivés dans les quartiers serbes pour
19 distribuer, de façon tout à fait ouverte, sans dissimulation aucune, des
20 armes.
21 Quand je parle de cela, je dirais que presque tout le monde était
22 armé, donc par la suite ce n'était plus indispensable puisque tout le monde
23 avait déjà des armes. Mais ce que je voulais dire c'est que le processus
24 avait été organisé. J'ai interrogé mon voisin au sujet de ces armes. Je ne
25 lui ai pas demandé qui est-ce qui lui a donné ces armes. Mais le fait est,
26 et c'est ce qu'ils m'ont dit eux-mêmes, qu'ils ont été entraînés, qu'ils
27 sont allés vers un site de tir pour s'exercer de façon organisée, et cela
28 était organisé par les institutions de l'Etat.
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1 Q. Bien. Pour être clair au sujet de la période de temps à laquelle vous
2 faites référence, en disant qu'il y a eu des tracteurs et des camions
3 arrivant dans le voisinage pour distribuer de façon non dissimulée des
4 armes, quand est-ce que ça s'est passé ?
5 R. Ça s'est passé en 1996, 1997. Je voulais par là illustrer le processus
6 de l'armement de la population serbe qui avait commencé même avant et qui
7 ne s'est qu'intensifié par la suite au cours des tous derniers mois de la
8 période dont nous sommes en train de parler. Alors, ce processus d'armement
9 de la population serbe a commencé bien avant.
10 A titre d'exemple concret, c'est un exemple qui s'est produit à
11 Lakrisht [phon]. C'est un quartier de Prishtina où je réside avec mon
12 frère. Donc j'ai vu de mes yeux qu'il y a eu distribution d'armes. La
13 période que nous sommes en train d'évoquer, pendant cette période-là
14 l'armement s'est fait de jour au vu et au su de tout un chacun. Ça se
15 produisait partout. Les gens échangeaient leurs armes dans la rue.
16 Q. Merci. Dans le paragraphe suivant, vous vous référez à ce qui suit :
17 "Entre le 24 mars, où les frappes aériennes ont commencé, et le 29
18 mars…" c'est ce paragraphe-là que j'évoque, et là vous dites que vous êtes
19 allé vers 11 heures en voiture tous les jours jusqu'à la maison de M.
20 Rugova. Est-ce que vous avez pu constater pendant cette période-là quoi que
21 ce soit dans les rues de Pristina ?
22 R. C'était la période du début des frappes aériennes au Kosova ainsi que
23 sur le territoire de la Serbie et de l'ex-Yougoslavie. Pendant ces
24 journées-là, je me rendais à la maison de M. Rugova puisque j'étais le
25 collaborateur proche de celui-ci. Lorsque nous parlons de Prishtina, cela
26 ne ressemblait pas du tout à une ville ordinaire parce qu'il y avait des
27 groupes de soldats, de policiers, de paramilitaires en armes, et de civils
28 qui, à bord de toutes sortes de véhicules circulaient, déambulaient un peu
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1 partout, et on conduisait essentiellement des véhicules sans plaques
2 d'immatriculation.
3 Je parle de la période du 24 au 30,31, à peu près. En me déplaçant jusqu'à
4 la maison à Rugova, j'ai eu l'occasion de voir des gens et des voitures en
5 train d'être déportés en direction des banlieues de la ville. Suite à cela,
6 partant de témoignages de différents témoins oculaires, ces gens, de façon
7 organisée, ont été envoyés à bord d'autocars dans la direction de Fushe
8 Kosova, et ensuite vers la frontière. Ces convois et ces gens étaient
9 devancés très souvent par des hommes en uniforme et portant cagoule ainsi
10 que des personnes portant des uniformes de la police. J'ai eu l'occasion de
11 voir un convoi transportant à peu près 100 personnes qui se déplaçaient en
12 colonnes trois ou en colonnes par quatre, à pied, et à la tête desquelles
13 il y avait un groupe de gens du type de ce que je vous ai décrit tout à
14 l'heure.
15 Ces groupes les escortaient dans la direction que je viens de vous
16 donner. Pendant cette période, j'ai également vu de petits groupes, des
17 groupes constitués par une ou deux familles, que des personnes portant
18 cagoules escortaient. Et ces personnes étaient en compagnie de trois autres
19 civils armés. J'ai pu voir qu'ils les escortaient quelque part, mais je
20 n'ai pas pu savoir où, puisque je n'ai pas pu communiquer avec les gens,
21 mais j'ai vu ces gens en train d'être emmenés. Auparavant, on les pillait,
22 on pillait leurs maisons, on leur demandait leur argent, leurs objets
23 précieux.
24 Q. Vous nous avez dit que vous avez vu des colonnes ou des convois de gens
25 se déplaçant de façon organisée dans la direction de Fushe Kosovo ou de
26 Kosovo Polje ?
27 R. Sur la base des informations que nous avons reçues par la suite, des
28 groupes de centaines de milliers de personnes se sont rassemblés à Fushe
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1 Kosova, ont monté dans le train et ont été déportés en Macédoine. Le but
2 était d'amener la population à Fushe Kosova, ensuite de faire en sorte que
3 la population entre dans le train et aille en Macédoine. Donc comme je l'ai
4 déjà dit, le but était de nettoyer ethniquement le Kosovo.
5 Q. Qui vous a fourni ces informations, que ceci se déroulait à Fusha
6 Kosovo ?
7 R. Nous avons reçu ce type d'information d'une manière différente. Par
8 exemple, par le billet des conversations téléphoniques. Et juste quelques
9 jours après le début des frappes aériennes, les téléphones fonctionnaient
10 encore. Par la suite, ils ne fonctionnaient plus. Là où j'étais, les
11 téléphones fonctionnaient.
12 Donc j'ai été en communication avec des personnes qui étaient parties
13 pour la Macédoine et qui racontaient leurs histoires. Il y avait, par
14 exemple, des familles qui ont été forcées à aller à Fushe Kosova, ensuite
15 forcées à rentrer chez eux. Des tactiques différentes ont été employées,
16 des mouvements et des jeux avec la population différents se déroulaient.
17 Donc j'ai reçu ce type d'information dans des conversations directes avec
18 les personnes, ou parfois lorsque j'allais sur place et que je parlais avec
19 les gens simplement pour échanger des informations au sujet de ce qui se
20 passait.
21 Q. Nous allons maintenant parler de ce qui est contenu dans le paragraphe
22 51 de votre déclaration, où vous dites :
23 "Le 29 mars 1999," vous êtes "transféré dans la maison du Dr Rugova,"
24 et vous êtes resté avec lui jusqu'à son départ, jusqu'à votre départ du
25 Kosovo. Et dans le paragraphe suivant, vous parlez d'un événement qui s'est
26 déroulé le 31 mars lorsque le MUP est venu dans la maison du Dr Rugova et
27 lorsqu'ils sont entrés par la force.
28 Et vous dites dans ce paragraphe que vous les avez vus en train de
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1 s'approcher de la maison du Dr Rugova, qu'ils allaient de porte à porte, et
2 qu'ils expulsaient les gens. Qui étaient ces personnes que vous avez vues
3 qui faisaient membres des forces du MUP et qui procédaient aux expulsions ?
4 R. C'étaient des gens vêtus en uniforme. Je les ai vus depuis la
5 fenêtre, ils allaient de porte à porte dans ce quartier. La maison de
6 Rugova et dans une partie de Prishtina qui est sur une colline. Donc depuis
7 sa maison vous pouvez voir l'ensemble du quartier.
8 J'ai pu voir clairement que c'étaient des groupes organisés escortés
9 par deux véhicules. D'autres allaient de porte à porte à piller et
10 forçaient les habitants à sortir, à partir et à marcher vers le centre-
11 ville. J'ai réalisé vite que notre tour allait arriver. J'ai dit au Dr
12 Rugova que probablement nous devions subir le même processus. Nous sommes
13 allés à l'étage supérieur de la maison et nous regardions ce qui se passait
14 par la fenêtre. Peu de temps après, les véhicules pleins de police et des
15 membres de l'armée en uniforme se sont approchés de la maison.
16 Vous pouvez imaginer le portail de la maison de M. Rugova qui donne
17 sur le jardin, il est assez fort. Ensuite vous avez le jardin, ensuite vous
18 avez la porte de la maison. Et sans nous informer, sans frapper à la porte,
19 ils ont tout simplement écrasé le portail, ce portail fort que j'ai
20 mentionné. Ils ont fait irruption, ils ont forcé la porte de la maison au
21 rez-de-chaussée, et j'ai vu qu'ils voulaient entrer brutalement dans la
22 maison. J'ai couru vers le rez-de-chaussée en prenant les escaliers, car
23 j'avais peur qu'ils tuent quelqu'un de ma famille. Il y avait un grand
24 groupe de personnes là-bas.
25 Lorsque je suis arrivé en bas, j'ai levé mes mains instinctivement.
26 Ils ont sauté sur moi. Et je leur ai dit
27 simplement : "Mais pourquoi est-ce que vous forcez les portes ? Est-ce que
28 vous savez qui vit ici ?" Ils n'ont pas répondu, ils ont simplement sauté
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1 sur moi. Ils ont eu recours à la force, comme je l'ai décrit dans ma
2 déclaration, force physique. J'ai essayé de leur parler, de leur dire qui
3 était M. Rugova. Ensuite j'ai vu que l'un d'eux était en communication avec
4 quelqu'un en disant : Nous sommes là où nous sommes censés être. Nous
5 sommes dans la maison de M. Rugova, la première qui avait demandé la venue
6 de l'OTAN ici." Ils m'ont tabassé et retenu là-bas pendant une demi-heure
7 alors que mes mains étaient dans l'air et ma famille était à l'étage.
8 A ce moment-là, sept à huit personnes en uniforme sont entrées dans
9 la maison. D'après ce dont je me souviens, je les ai vues, ils portaient
10 des uniformes de police et de l'armée. Certains des uniformes étaient des
11 uniformes de camouflage, certains pas. C'était le chaos total. Ensuite, ils
12 ont décidé de demander à tous ceux qui étaient à l'extérieur pour qu'ils
13 descendent en bas. Ils ne m'ont pas permis de monter chercher ma famille,
14 mais ils m'ont poussé à les appeler. Donc plus de 20 personnes sont
15 descendues. Ils nous ont maintenus, retenus là-bas sans aucune explication
16 pendant quatre heures, et c'était au rez-de-chaussée. Donc ça c'était ma
17 première rencontre avec eux.
18 Q. Vous dites que plus de 20 personnes sont venues en bas. Qui étaient ces
19 20 personnes ?
20 R. Parmi ces 20 personnes il y avait M. Rugova avec sa famille, sa femme
21 et trois enfants. Il y avait les sœurs de la femme de Rugova; les trois
22 sœurs avec leurs familles, avec leurs maris; mon épouse. Car j'avais décidé
23 de rester là-bas avec le président. Puis il y avait aussi un journaliste
24 allemand qui était là simplement par hasard, qui était venu afin
25 d'interviewer M. Rugova.
26 Q. Pendant combien de temps est-ce que ces personnes en uniforme sont
27 restées dans la maison du Dr Rugova ?
28 R. Les personnes vêtues d'uniformes, à la fois les uniformes de police et
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1 de l'armée, ils ont resté pendant 24 heures --
2 L'INTERPRÈTE : Et les interprètes n'ont pas saisi la date.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] -- lorsque nous sommes partis pour Belgrade.
4 Donc ils y sont restés pendant toute la période.
5 Mme KRAVETZ : [interprétation]
6 Q. Vous avez parlé de quelle date, car les interprètes ne l'ont pas saisie
7 ?
8 R. Du 31 mars 1999 jusqu'au 4 mai 1999. Donc pendant que nous étions là,
9 pendant toute cette période, eux ils restaient avec nous 24 heures par
10 jour, 24 heures sur 24, et après cela, après notre départ, je ne sais pas
11 ce qui s'est passé.
12 Q. Au cours de ces semaines, lorsque ces personnes en uniforme étaient
13 dans la maison du Dr Rugova, est-ce que le Dr Rugova pouvait circuler
14 librement et quitter sa maison lorsqu'il souhaitait le
15 faire ?
16 R. Cet événement était connu du public. A partir de cette période lorsque
17 l'on examinait ce qui se passait, il était possible de conclure que nous
18 étions entièrement consignés à résidence, à la fois M. Rugova, sa famille,
19 moi-même, mon épouse. Car depuis la première rencontre avec eux, compte
20 rendu de leur comportement et au cours de toute cette période, c'est-à-dire
21 plus d'un mois, nous avons toujours voulu parler avec quelqu'un et être
22 autorisés à quitter le Kosova.
23 Il était clair pour nous que nous ne pouvions plus rester là-bas,
24 qu'il n'y avait rien à faire là-bas. C'est la raison pour laquelle nous
25 voulions partir du Kosova. Comme on ne nous a pas permis de partir et comme
26 ils nous ont limités dans nos déplacements, ils ne nous ont pas permis
27 d'utiliser le téléphone et de suivre ce qui se passait à la télévision ni
28 dans les médias ni d'ailleurs de se déplacer d'une pièce dans l'autre. Je
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1 ne sais pas comment décrire cela, si ce n'est le fait d'être consigné à
2 résidence.
3 Il y avait des réunions fantômes totalement inutiles organisées à
4 l'époque, à la fois avec Milosevic et Milutinovic, de même qu'avec
5 Sainovic.
6 Q. Monsieur Merovci, je vais interrompre. Je souhaite que l'on traite de
7 ces réunions brièvement maintenant, car ils ont déjà été décrits en détail
8 dans votre déclaration écrite et déposition précédente.
9 Au paragraphe 357 [comme interprété], vous faites référence à une
10 réunion qui a eu lieu le 1er avril avec Milosevic, et vous avez dit que vous
11 et le Dr Rugova y avaient assisté. Vous indiquez qu'au cours de ces
12 réunions, vous avez dit à M. Milosevic que les maisons étaient incendiées,
13 que l'on attaquait les Albanais et que l'on procédait aux expulsions. Est-
14 ce que vous avez dit à Milosevic qu'il était responsable de ces événements
15 que vous avez décrits au cours de cette réunion ?
16 R. Au cours de cette réunion à laquelle j'ai assisté pendant la deuxième
17 partie de la réunion, le sujet était le départ des Albanais du Kosova. Il
18 demandait qui provoquait ce départ en masse des Albanais, et j'ai répondu à
19 ses questions que c'était en raison des -- il a répondu que c'était en
20 raison des bombardements de l'OTAN, et j'ai réagi immédiatement. Je lui ai
21 dit que ce n'était pas en raison de l'OTAN, mais que les Albanais partaient
22 en raison des pressions exercées par les forces militaires et de la police,
23 et que les groupes qui quittaient le Kosova ne mentionnaient pas l'OTAN
24 comme la raison de leur départ du Kosova.
25 J'ai mentionné deux faits, d'un côté le fait que les Albanais
26 quittaient le Kosova et allaient au Monténégro, alors que le Monténégro
27 faisait l'objet des bombardements aussi. Alors, comment peut-on dire qu'ils
28 fuyaient les bombardements de l'OTAN ? Comment peuvent-ils fuir les
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1 bombardements de l'OTAN en allant dans un autre pays qui était en train
2 d'être bombardé aussi ? Et l'autre exemple que je lui ai donné est le
3 suivant : j'ai dit que la Vojvodine faisait l'objet des bombardements
4 aussi. Comment se faisait-il qu'aucun Serbe ni aucun Hongrois ne quittait
5 la Vojvodine, car il y avait les bombardements là-bas aussi et que les gens
6 étaient effrayés là-bas aussi. Donc je lui ai donné des exemples concrets.
7 Cet exemple que je lui ai donné, bien sûr, ça l'a profondément vexé.
8 Q. Vous avez dit que vous lui avez dit que presque 600 000 [comme
9 interprété] personnes avaient quitté le Kosovo. Quelle est la source de
10 cette information concernant le nombre de personnes qui avaient quitté le
11 Kosovo, ce nombre que vous avez donc présenté à Milosevic ?
12 R. Excusez-moi, je vois une erreur dans le compte rendu d'audience. Il est
13 dit dans le compte rendu d'audience "6 000," mais il faudrait écrire "600
14 000." J'ai reçu cette information lors des conférences de presse tenues par
15 l'OTAN à Bruxelles, et en suivant les développements par les médias.
16 J'écoutais parfois les nouvelles alors que j'étais caché, et parfois des
17 personnes vêtues d'uniformes nous en parlaient, car eux aussi ils
18 souhaitaient savoir ce que disaient les porte-parole de l'OTAN au sujet des
19 développements. Donc c'était ça la source principale d'information. L'autre
20 source était une petite radio que nous avions, et à la radio on écoutait ce
21 que les stations de radio au travers le monde disaient.
22 Q. Et brièvement, vous dites dans le paragraphe suivant, c'est-à-dire
23 paragraphe 58, que lors de cette réunion, une déclaration conjointe a été
24 signée, un communiqué de presse conjoint a été signé par M. Milosevic et le
25 Dr Rugova. Est-ce que vous vous souvenez du contenu de la déclaration ?
26 R. C'était une déclaration qui était prévue pour une conférence de presse,
27 donc un communiqué de presse de deux, trois lignes, et elle contenait les
28 propos portant sur le fait que cette réunion avait été organisée et que la
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1 prétendue issue de cette réunion, d'après ce qui était écrit, était que le
2 problème de Kosova devait être résolu de manière pacifique. Beaucoup a été
3 dit. Enfin, le titre était, Information pour la presse. Il a été dit dans
4 cette information pour la presse qu'une réunion avait eu lieu entre Rugova
5 et Milosevic. Et dans les deux lignes qui suivaient, les deux phrases qui
6 suivaient, il a été dit que la situation au Kosova a fait l'objet des
7 discussions lors de cette réunion et que le problème du Kosova devait être
8 résolu de façon démocratique et pacifique.
9 Q. Nous allons parler maintenant du mois d'avril. Vous faites référence
10 aux paragraphes 62 à 67 à des visites différentes de la part de Nikola
11 Sainovic dans la maison du Dr Rugova. Est-ce que vous pouvez nous dire qui
12 était Nikolas Sainovic ?
13 R. Si je ne me trompe, il était l'adjoint du premier ministre du
14 gouvernement fédéral à l'époque. Il était en charge des affaires concernant
15 le Kosova et il était l'un des principaux collaborateurs de Milosevic
16 s'agissant des questions du Kosova. Si je ne me trompe, son titre officiel
17 était adjoint du premier ministre du gouvernement fédérale, quelque chose
18 comme cela.
19 Q. Vous nous avez parlé des plaintes que vous aviez soulevées auprès de
20 Milosevic lors de la réunion. Est-ce que vous avez jamais fait part de
21 griefs semblables à Sainovic au cours de ces visites à la maison de Vukovar
22 ?
23 R. Oui, sans cesse. Lors de chacun des contacts, lors de chaque réunion,
24 nous avons discuté de deux sujets principaux, d'un côté notre préoccupation
25 au sujet de ce qui se passait au Kosova et du nettoyage ethnique au Kosova;
26 et puis deuxièmement, nos requêtes renouvelées de recevoir l'autorisation
27 de partir à l'étranger, de quitter le Kosova. C'étaient les deux sujets
28 principaux. Je vais les répéter de nouveau. D'un côté, nos préoccupations
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1 au sujet de ce qui se passait au Kosova et le nettoyage ethnique au Kosova,
2 et deuxièmement notre libération.
3 Q. Quelle était la réaction de M. Sainovic lorsque vous avez soulevé la
4 question de ce qui se déroulait au Kosovo et du nettoyage ethnique au
5 Kosovo ? Comment a-t-il réagi à ces griefs ?
6 R. Il a surtout essayé de blâmer les bombardements de l'OTAN, il disait
7 que les gens fuyaient en raison des frappes aériennes de l'OTAN. D'une
8 certaine manière, nous avons commencé à communiquer un peu plus "de façon
9 sociale," et nous lui avons dit comment se fait-il qu'aucune famille serbe
10 ne quitte le Kosova ? Il ne faisait que sourire et il ajoutait : Nous
11 essayons de trouver une solution à ce problème. C'était pendant cette
12 période-là que des massacres étaient déjà commis au Kosova et que des
13 centaines de milliers de personnes étaient en train d'être déportées. Son
14 but était de nous convaincre de nous organiser comme une vie politique au
15 Kosova, à laquelle participeraient seuls M. Rugova et moi-même en tant que
16 ses collaborateurs. Il ne devait n'y avoir d'autres collaborateurs que
17 M. Rugova, ni d'autres militants. Nous étions les seules deux personnes
18 confinées à résidence dans sa maison. Son but était de trouver une
19 solution, et il ne se souciait guère de nos préoccupations du fait que les
20 gens quittaient le Kosova et de ce qui se passait à l'époque.
21 Q. Lors de vos contacts avec lui, est-ce que vous avez eu l'impression
22 qu'il était bien informé de la situation sur le terrain ou pas ?
23 R. Il était absolument bien informé et, qui plus est, il était responsable
24 de ce qui se passait. Il a donné l'ordre pour bien des choses qui se
25 déroulaient sur place et qui étaient commises sur place à l'époque.
26 Q. Pourquoi vous dites qu'il était responsable de ce qui se déroulait ?
27 R. D'après les réunions que nous avons eues avec lui et les réunions
28 auxquelles avaient assisté Andjelkovic, Milutinovic et d'autres personnes
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1 de la police, il était possible de conclure qu'il exerçait l'autorité et
2 qu'il pointait son doigt dans la direction dans laquelle les choses
3 devaient aller. D'après l'ambiance qui l'entourait, il était possible de
4 voir qu'il était le pouvoir et l'autorité. Le président à l'époque de la
5 Serbie et à Belgrade c'était Milosevic, mais au Kosova c'était lui qui
6 orchestrait tout.
7 Même lors de la réunion avec Milosevic lorsque nous lui avons demandé :
8 Vous en tant que président, est-ce que vous pouvez nous libérer aujourd'hui
9 ? Milosevic se tournait simplement vers Sainovic. Il ressort de la
10 déclaration de M. Walker que Sainovic aurait été la personne derrière le
11 massacre commis à Racek.
12 Q. Oui, je crois que vous avez décrit cela aussi dans votre déclaration
13 écrite.
14 Mme KRAVETZ : [interprétation] Monsieur le Président, je vais passer à un
15 autre sujet. Je ne sais pas si vous souhaitez procéder à une pause
16 maintenant ?
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons reprendre à 11 heures
18 moins cinq.
19 Mme KRAVETZ : [interprétation] Merci.
20 --- L'audience est suspendue à 10 heures 26.
21 --- L'audience est reprise à 10 heures 59.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Kravetz, vous avez la parole.
23 Mme KRAVETZ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
24 Q. Monsieur Merovci, parlons d'une réunion qui a eu lieu le 16 avril 1999
25 à Belgrade, à laquelle ont assisté Milutinovic, Sainovic, le Dr Rugova, et
26 vous-même. Vous en parlez dans votre déclaration au paragraphe 68. Vous
27 donnez aussi beaucoup de détails dans cette déclaration, ne parlons pas des
28 détails de cette réunion. Une simple question : votre présence et celle de
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1 M. Rugova à cette réunion était-elle volontaire ? Est-ce que vous avez eu
2 l'impression que vous aviez la possibilité de choisir d'aller ou pas à
3 cette réunion tenue le 16 avril 1999 ?
4 R. Je vous l'ai décrit dans ma déclaration préalable, et j'en ai parlé
5 dans ma déposition précédente. Après la première réunion avec M. Milosevic,
6 nous sommes devenus en quelque sorte des otages; nous étions assignés en
7 résidence surveillée et ces gens ont tenté d'organiser une réunion qu'ils
8 ont présentée comme étant une réunion politique, mais elle était contraire
9 à notre volonté. Chaque fois, nous avons dit que nous ne faisions pas
10 partie de la décision qui avait abouti à cette réunion. Chaque fois qu'ils
11 nous ont demandé de les rencontrer, nous avons dit que : Nous n'avons pas
12 participé à la prise de décisions car il faut que deux partenaires soient
13 d'accord pour qu'il se passe quelque chose. La situation étant ce qu'elle
14 était, nous avons été quelque part soumis à toutes sortes de situations,
15 c'était un fait accompli. Une voiture nous attendait en bas, et nous étions
16 emmenés à ces réunions comme à celle-ci. Toutes ces réunions n'ont pas été
17 volontaires. Nous avons quelque part été forcés et contraints d'y assister.
18 Q. Dans votre déclaration, vous parlez de la présence de journalistes qui
19 ont filmé, tout photographié. Pour ce qui est de cette première réunion du
20 1er avril et de cette deuxième du 16 avril à Belgrade, est-ce que vous avez
21 eu l'impression que les dirigeants serbes voulaient véritablement et
22 sérieusement aboutir à une solution pacifique à la crise au Kosovo ?
23 R. Je pense que c'était simplement un effet d'affichage médiatique qui
24 visait à dissimuler la situation telle qu'elle était dans les faits. Je
25 pense que les protagonistes se sont rendu compte de ce que le problème se
26 posait entre le régime serbe et les conditions imposées par l'OTAN. Nous
27 l'avions déjà dit à plusieurs réunions, la seule solution c'était que
28 soient respectés les cinq points imposés par l'OTAN, ce qui a souvent été
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1 répété lors de conférences de presse organisées par le quartier général de
2 l'OTAN. Ils savaient parfaitement que rien ne résulterait de ces réunions.
3 Ils voulaient simplement deux choses :
4 L'une de ces choses, c'était gagner du temps dans l'espoir que l'OTAN
5 pourrait arrêter ses frappes aériennes; deuxièmement, ils voulaient aussi
6 discréditer le Dr Rugova, le présenter comme un homme qui était manipulé,
7 comme un homme qui n'était pas digne de représenter leurs revendications.
8 Disons que c'était vraiment un miroir à deux faces; on voulait d'un côté
9 gagner du temps face à la communauté internationale, et puis si cela ne
10 marchait pas, il fallait discréditer M. Rugova comme étant un homme qui se
11 laissait manipuler.
12 Q. Au paragraphe 72, vous parlez d'une autre réunion qui s'est tenue elle
13 aussi en avril 1999. Vous y étiez, vous et le Dr Rugova, mais c'était le 28
14 avril. S'y trouvaient aussi Sainovic, Markovic, Andjelkovic et Milutinovic.
15 Vous dites que des gens ont été chassés de chez eux, que votre propre
16 appartement avait été détruit par le MUP. Comment savez-vous que c'est le
17 MUP qui avait détruit votre appartement ?
18 R. Cette réunion a eu lieu là où elle s'est tenue avec les personnes que
19 vous venez de citer. Mais nous avons dit parmi beaucoup d'autres choses que
20 nous avions des inquiétudes devant ce qui se passait au Kosova, les
21 évictions, ce genre de choses en donnant plusieurs exemples.
22 Vers la même époque, la police a commencé à me faire sortir en ville pour
23 que les gens voient que tout marchait bien pour moi, pour faire croire
24 qu'il n'y avait pas de problèmes. J'ai comme source d'information mon vécu
25 personnel. Je suis aussi allé dans mon appartement. Je l'avais déjà fermé,
26 et on m'avait dit que rien de mauvais ne s'y passerait. Je suis allé voir
27 mon appartement, escorté par la police, et j'ai vu qu'il avait été détruit.
28 La police l'a vu aussi. J'ai ainsi compris qu'il avait été démoli, puis
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1 pillé par d'autres groupes. C'est une voisine qui me l'a dit. Quand elle
2 m'a vu, elle est sortie dans la rue. C'était une dame âgée qui m'a dit
3 ceci, des policiers masqués étaient venus avec des chiens dont ils se
4 servent dans le cadre de leur travail. J'ai demandé à cette dame si elle
5 les connaissait. Elle a répété deux fois que c'étaient des policiers
6 masqués avec des chiens.
7 Q. Vous dites que la police vous avait fait sortir, faire un tour en
8 ville. Est-ce que cela ça s'est passé avant la réunion du 28 avril 1999 ?
9 Quand est-ce que ça s'est passé, approximativement, quand est-ce que vous
10 êtes allé dans votre appartement ?
11 R. Ça s'est passé après le 1er mai, peut-être une semaine après le 1er mai,
12 c'était peut-être le 7 ou le 8 -- excusez-moi, j'ai dit mai, je devais dire
13 avril. Ça devait être du côté du 7 ou 8 avril, alors que la réunion elle,
14 elle a eu lieu trois semaines plus tard. Au cours de cette période, escorté
15 par la police, j'ai été emmené à plusieurs endroits de Prishtina.
16 Q. Est-ce qu'au cours de cette réunion du Dr Rugova avec le président
17 Milutinovic, cette réunion du 28 avril, on a signé un document ?
18 R. A ma connaissance, durant ma présence, rien n'a été signé. A l'issue de
19 la réunion je suis parti, j'ai quitté le bureau et dans le couloir il y
20 avait des journalistes. Et d'après ce que j'ai compris plus tard, et aussi
21 après avoir entendu ce qu'a dit feu le Dr Rugova, j'ai compris qu'ils
22 avaient signé, lui et Milosevic, une espèce de document, un espèce de
23 communiqué de presse. Mais ça s'est passé après que moi, j'ai quitté le
24 lieu de la réunion. Quand j'ai parlé aux journalistes, quand j'ai entendu
25 MM. Milutinovic, Sainovic et le Dr Rugova, c'est sans doute pendant la
26 période où je suis sorti qu'ils ont signé ce document.
27 Mme KRAVETZ : [interprétation] Peut-on montrer la pièce 00416.
28 Q. Je voudrais simplement vous demander ceci, pendant qu'on affiche le
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1 document, est-ce que vous avez eu l'occasion de voir ce document qui a été
2 signé ?
3 R. [aucune interprétation]
4 Q. Un instant, s'il vous plaît.
5 Mme KRAVETZ : [interprétation] Il s'agit du document de la liste 65 ter
6 00416. Je demande à M. le Greffier de l'afficher à l'écran.
7 Q. Je vous avais demandé si vous aviez eu l'occasion ce document depuis
8 1999.
9 R. J'ai vu ce document quand a témoigné feu le Dr le président Rugova, ça
10 avait été transmis en direct. C'est ainsi que j'ai vu le document. Je pense
11 qu'il a témoigné ici en 2001, c'est alors que j'ai vu ce document et j'ai
12 compris que ce document avait été signé au moment où j'ai quitté le bureau.
13 Il n'a pas été signé en ma présence, quand j'étais présent à la réunion, et
14 à ce moment-là je n'en avais aucunement connaissance.
15 Q. Est-ce que vous reconnaissez la signature du Dr Rugova sur ce document
16 ?
17 R. Oui, ça ressemble à sa signature mais je ne peux vous garantir
18 absolument que c'est bien là sa signature.
19 Q. Vous avez dit que vous n'aviez pas assisté personnellement à la
20 signature du document mais que vous aviez compris plus tard que Milutinovic
21 et Rugova avaient signé ce document. Pourquoi signaient-ils ce document,
22 d'après ce que vous avez compris, cette déclaration conjointe ?
23 R. Moi, voici comment je vois les choses : cette déclaration conjointe
24 avait été préparée pour donner l'impression que c'était une façon de
25 maîtriser la situation d'urgence pour montrer la bonne coopération du
26 régime serbe avec une personne qui représente la majorité au Kosovo. Mais
27 je vous l'ai déjà dit, ce genre de document a été signé, parce qu'on
28 essayait de convaincre la communauté internationale que quelque chose se
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1 passait, bougeait au Kosovo, quelque chose qu'on peut qualifier de
2 coopération politique et que la politique peut jouer un certain rôle pour
3 ainsi dire; le seul objectif étant de mettre un terme aux frappes
4 aériennes.
5 Mme KRAVETZ : [interprétation] Je demande le versement de ce document de la
6 liste 65 ter 00416.
7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce document est versé au dossier.
8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P00418, Monsieur le
9 Président.
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
11 Mme KRAVETZ : [interprétation]
12 Q. Je n'ai plus que quelques questions à vous poser sur votre déclaration
13 préalable. Prenons le paragraphe 76, vous parlez de tactiques diverses
14 utilisées par le MUP en matière de propagande pour que les Albanais du
15 Kosovo quittent le Kosovo. Vous dites que :
16 "Ils ont distribué des tracts avec l'insigne de l'UCK et apparemment
17 signés par le Dr Rugova qui donnait ces instructions aux Albanais du
18 Kosovo."
19 Est-ce que vous, vous avez eu l'occasion de voir ces tracts qu'on
20 distribuait à l'époque ?
21 R. Je n'ai pas vu ces tracts au moment où ils étaient distribués, mais je
22 les ai vus dans l'entrée du bâtiment où j'habitais. J'en ai pris un. Et
23 j'ai vu que ce n'était que de la propagande, que ce soit au niveau du
24 contenu qu'au niveau de sa formulation; la présentation générale le montre.
25 Il y avait beaucoup d'erreurs, et il y avait une discordance, une
26 différence entre ce que ce tract disait et le signataire. A l'en-tête du
27 document, il y avait l'insigne de l'UCK et en bas de document, il y avait
28 la signature du Dr Rugova. Or M. Rugova, vous le savez fort bien, était à
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1 la tête de la LDK alors que l'UCK avait à sa tête d'autres personnes. Et
2 ceci montrait qu'on essayait ainsi de semer la peur et la panique parmi la
3 population, car le texte était truffé d'erreurs en albanais, ce qui montre
4 que ce n'était pas l'œuvre de professionnels. Et l'objectif c'était, je
5 vous le répète, de semer la panique dans la population pour que soit
6 réalisé leur objectif de nettoyage ethnique.
7 Q. Et à l'époque, est-ce que M. Rugova a eu des contacts quels qu'ils
8 soient avec l'UCK ?
9 R. Non.
10 Mme KRAVETZ : [interprétation] Peut-on montrer à l'écran le document de la
11 liste 65 ter 00839.
12 Q. Est-ce que vous reconnaissez ce document ?
13 R. Oui. C'est de ce document-ci que nous parlions; c'est ce tract que j'ai
14 vu à l'époque et qu'on avait jeté sur le pas de ma porte, on voit l'insigne
15 de l'UCK --
16 Q. [aucune interprétation]
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Djurdjic.
18 M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas ce
19 document à l'écran en serbe. J'ai l'impression - et je demanderais à mon
20 assistante de m'aider --
21 M. LE JUGE PARKER : [aucune interprétation]
22 Mme KRAVETZ : [interprétation] La deuxième page est en serbe. Tout ceci a
23 été saisi sous la forme d'une seule pièce.
24 M. DJURDJIC : [interprétation] Je vois maintenant. Merci.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Poursuivez. Poursuivez, Madame
26 Kravetz.
27 Mme KRAVETZ : [interprétation] Est-ce qu'on peut montrer l'original au
28 témoin.
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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic.
2 M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous voyons -- est-ce
3 qu'on peut retrouver l'original. Il est décrit en caractères latins sous ce
4 document rouge, mais ce n'est pas là, le problème.
5 C'est un document manuscrit écrit en cyrillique, et je ne sais pas,
6 je ne sais pas qui l'a écrit de cette façon, parce que ce n'est pas
7 l'original. Moi, je ne sais pas où est l'original dans tous ces documents.
8 Si c'est ça l'original -- je ne peux pas lire -- ce n'est pas possible que
9 je sois en train de lire l'original en cyrillique, en serbe. Et là, vous
10 voyez l'insigne de l'UCK. Est-ce que les Juges pourraient regarder ce que
11 moi je vois en tant que document traduit.
12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ici, nous avons trois documents, trois
13 types de documents.
14 Madame Kravetz, est-ce que vous pourriez nous éclairer ?
15 Mme KRAVETZ : [interprétation] Tout à fait. Je peux aussi vous proposer
16 autre chose. Nous avons saisi ce document. Nous avons le cyrillique. Le
17 document rouge sous la forme d'un seul et même document, l'original, c'est
18 le document rouge. Je peux montrer l'autre document, mais moi, ce qui
19 m'intéresse comme pièce future, ce serait le document rouge. On peut
20 simplement se débarrasser du document manuscrit, si ceci satisfait mon
21 confrère. Il s'agit du même document, mais en trois versions.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Peut-être que la teneur est la même,
23 mais nous avons ici deux documents d'aspects tout à fait différents.
24 Mme KRAVETZ : [interprétation] Oui, dont l'un est la traduction en anglais.
25 Mais si vous voulez, je vais poser la question au témoin.
26 Q. Monsieur le Témoin, regardez, s'il vous plaît, le document que vous
27 avez à l'écran. Je ne sais pas comment ça apparaît sur votre écran. Moi, je
28 parle d'un document rouge. Est-ce que vous avez vu ce document auparavant ?
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1 Dans l'affirmative, pourriez-vous nous dire ce que c'est ?
2 R. Oui. La teneur, c'est la même pour les documents. C'est écrit en
3 cyrillique, et le document que vous avez à gauche, c'est en albanais avec
4 l'insigne de l'UCK, mais on y trouve beaucoup de fautes. Le tract que j'ai
5 vu, et ce document, je l'ai ici, c'est le document avec l'insigne de l'UCK.
6 A droite, vous avez la traduction en anglais, qui reprend mot à mot le
7 contenu de la version en albanais, et la teneur du document en albanais est
8 identique à la teneur du document en cyrillique. Mais je répète, il y a des
9 erreurs, donc c'est un document destiné à des fins de propagande
10 uniquement, pas à des fins professionnelles.
11 Mme KRAVETZ : [interprétation] Je ne sais pas si ceci répond à la question
12 soulevée par Me Djurdjic.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le témoin semble dire qu'à l'époque il
14 n'a vu aucun de ces trois documents. Ai-je bien compris ?
15 Mme KRAVETZ : [interprétation] Je vais lui reposer la question. Ce n'est
16 pas comme ça que j'ai compris.
17 Q. Dans ces documents, nous avons le document en rouge en albanais et les
18 deux autres. Est-ce que l'un de ces trois documents ressemble au document
19 que vous avez trouvé lorsque vous êtes rendu dans votre appartement à
20 l'époque ?
21 R. Je répète ce que j'ai déjà dit. Le document que j'ai vu à l'époque sur
22 le pas de la porte d'entrée, c'est le document rouge qui porte l'emblème de
23 l'UCK. Au milieu de l'écran, vous avez un document en cyrillique qui a le
24 même teneur. Je l'ai vu aussi, ce feuillet, mais il n'a pas été distribué
25 dans les rues. Ce que j'ai vu, moi, et j'ai entendu d'autres personnes dire
26 qu'elles l'avaient vu, c'est le document qui se trouve à gauche, écrit en
27 albanais avec l'emblème de l'UCK et avec apparemment la signature, en tout
28 cas le nom, du président Rugova.
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1 Q. Est-ce que --
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que ceci nous montre que le
3 document rouge en albanais a été identifié par le témoin.
4 Mme KRAVETZ : [interprétation] Et j'en demande le versement, Monsieur le
5 Président.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Djurdjic.
7 M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je suis d'accord pour
8 que soient versés le premier document et la version en anglais, mais je
9 m'oppose au versement de la version en serbe. Je voudrais que le document
10 en serbe soit traduit comme il a été traduit en anglais, dans la même
11 forme. Je ne sais pas qui a fait la traduction manuscrite en cyrillique, en
12 serbe. Impossible d'identifier. Je vois quelques annotations de ce
13 Tribunal, mais je ne pense pas qu'il faut verser la version en serbe. Nous
14 voulons avoir une traduction en bonne et due forme, mais nous sommes tout à
15 fait d'accord pour que soient versées les versions albanaises et anglaises.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le document en rouge, avec l'emblème
17 de l'UCK et sa traduction en anglais sont versés au dossier.
18 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P00419, Monsieur le
19 Président.
20 Mme KRAVETZ : [interprétation] Aucun problème. Nous obtiendrons une
21 traduction en serbe de ce document du service de traduction CLSS.
22 Q. Une dernière question, Monsieur Merovci, qui concerne le paragraphe 75.
23 Vous parlez de la période consécutive au début des bombardements de l'OTAN,
24 et vous dites que le MUP est allé dans les maisons albanaises qui avaient
25 été vidées de leurs habitants, et ils ont mis des signes sur les portes
26 disant, "ceci est un appartement du MUP." Qu'est-ce que vous avez observé ?
27 R. Oui, des incidents de ce genre se sont produits. C'était manifeste,
28 visible. Dans certains appartements, on avait ce signe qui disait, voilà,
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1 ce lieu est protégé ou se trouve sous la protection de la police, du MUP.
2 Ça empêchait les gens qui, en général, pillaient des maisons qui avaient
3 été laissées vides par leurs habitants de le faire; et quelquefois les
4 Albanais ont utilisé ce stratagème. Ils ont mis eux-mêmes les signes ou ces
5 pancartes sur leurs appartements pour écarter de ces lieux des pilleurs
6 éventuels. Parfois donc, ça était utilisé comme moyen par le MUP, mais
7 parfois c'était utilisé par les gens pour protéger leurs appartements.
8 Q. Comment le savez-vous ?
9 R. Je l'ai vu de mes propres yeux quand je sortais dans la ville sous
10 l'escorte policière, ce dont je vous ai parlé précédemment. Quand je suis
11 allé dans mon propre appartement, dans le couloir j'ai vu : Ce lieu est
12 sous protection du MUP. J'ai moi-même vu ce panneau. Parfois, il y avait
13 une croix et l'emblème de l'Etat. Je l'ai vu de mes propres yeux dans
14 l'entrée de mon immeuble.
15 Q. Merci beaucoup.
16 Mme KRAVETZ : [interprétation] Monsieur le Président, plus de questions à
17 ce stade.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
19 Maître Djurdjic, est-ce que vous voulez procéder au contre-interrogatoire
20 du témoin ?
21 M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
22 M. DJURDJIC : [interprétation] Oui, j'en ai, en effet.
23 Contre-interrogatoire par M. Djurdjic :
24 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Merovci. Je m'appelle Veljko
25 Djurdjic, et je suis membre de l'équipe de Défense de l'accusé Vlastimir
26 Djordjevic. A mes côtés, il y a une dame qui est membre de notre équipe,
27 Mme Marie O'Leary, et M. Dragoljub Djordjevic, le conseil principal de la
28 Défense est absent pour des raisons de préparatifs.
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1 Monsieur Merovci, j'ai prêté attention à une réponse que vous avez apportée
2 à l'une des questions posées au sujet du document qui est versé au dossier
3 au P418, à savoir que lorsque vous avez regardé le témoignage de M. Rugova
4 ici devant ce Tribunal, vous avez pour la première fois vu ce document-là
5 portant sa signature à lui. J'aimerais que vous nous disiez, c'était en
6 2002, je pense, mais je ne voudrais pas me tromper. Toujours est-il que ça
7 s'est passé dans le procès Milosevic. Est-ce que jusque-là vous ne vous
8 êtes pas entretenu avec M. Rugova pour lui poser la question, puisque vous
9 êtes sorti le 28 avril 1999, que s'est-il passé ? Comment ça s'est passé ?
10 N'avez-vous pas ouï-dire qu'il y a eu signature de ce document, et ce, de
11 la part de différents médias ?
12 R. Mais quelle a été votre question, Monsieur ?
13 Q. Alors, je vais le couper en plusieurs parties. Avez-vous eu l'occasion
14 de voir M. Rugova depuis le 28 avril 1999, jusqu'à son témoignage ici à La
15 Haye dans ce procès intenté à M. Milosevic ?
16 R. J'avais terminé mes activités liées à M. Rugova en début de l'an 2000.
17 J'étais retourné à mes activités au quotidien et à ma famille et, depuis ce
18 moment-là, je n'ai plus eu de rencontres avec M. Rugova portant sur des
19 informations de ce type. Pour autant que je m'en souvienne, il me semble
20 que M. Rugova a témoigné ici en l'an 2001, il s'agit donc d'un moment où
21 j'en avais terminé avec mon intervention au cabinet de M. Rugova, et je
22 n'ai plus eu à communiquer avec lui sur des questions de ce genre.
23 Q. Merci. Mais en quels termes êtes-vous resté avec M. Rugova lorsque vous
24 avez quitté son cabinet ?
25 R. En excellente relation.
26 M. DJURDJIC : [interprétation] Je reçois tardivement l'interprétation en
27 serbe, et je m'excuse aux Juges de la Chambre parce que j'attends l'arrivée
28 de l'interprétation dans mes écouteurs.
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1 Q. Dites-moi, auriez-vous publié des renseignements au sujet de la
2 coopération que vous aviez entretenue avec M. Rugova après la guerre de
3 1999 ?
4 R. Un livre a été publié comportant des questions et des réponses, des
5 questions de journaliste et des réponses apportées à celles-ci. C'est un
6 livre qui a été publié sans protocole. Un journaliste a rédigé 100
7 questions à mon attention, et je lui ai apporté 100 réponses. Parmi ces
8 questions-là, il y a eu des questions portant sur mes activités s'étendant
9 sur une période de dix ans et sur mon travail aux côtés de M. Rugova.
10 Q. Cette interview a-t-elle porté préjudice à vos relations et à la
11 coopération que vous avez eues avec M. Rugova ?
12 R. Non, car je m'étais retiré de ces activités-là en fin 1999, à savoir au
13 début de l'an 2000, ce qui fait que j'en avais terminé avec mon travail là-
14 bas en février ou mars 2000. Le livre, lui, a été publié par la suite.
15 Donc, ça n'a rien à voir avec mon retrait ou ma cessation d'activités dans
16 son cabinet. Ça s'est passé une fois que j'avais terminé de travailler avec
17 lui.
18 Q. Oui, mais ce n'est pas pour cela que vous avez quitté le cabinet. Mais
19 vos relations avec M. Rugova, suite à la publication de cet article-là,
20 est-ce que les contacts ont été interrompus de ce fait ou pas ?
21 R. Je n'ai eu aucune sorte d'ambition en matière de politique. Après ces
22 activités s'étendant sur une dizaine d'années, je me suis décidé à me
23 retirer vers une vie privée et des activités privées. Ça n'a rien à voir
24 avec nos relations. M. Rugova a poursuivi ses activités, et moi, j'ai
25 poursuivi les miennes.
26 Q. Monsieur Merovci, je vous prie de répondre à mes questions, de répondre
27 aux questions que je vous pose aux fins de gagner du temps et pour ne pas
28 en perdre. Je n'ai pas du tout posé de questions au sujet d'activités
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1 politiques de votre part. Je vous ai demandé si vous aviez interrompu vos
2 relations amicales avec Rugova ou si vous aviez interrompu tout contact
3 avec lui suite à la publication de cet article ? Ça n'a rien à voir avec la
4 politique, et ça fait cinq minutes que je ne peux pas obtenir de réponse à
5 ce sujet.
6 R. J'attends votre question. Quelle est votre question ? Si je vous ai
7 bien compris - et ce que j'ai cru comprendre, Messieurs les Juges, c'est de
8 savoir si le livre qui a été publié a influé sur nos relations - j'ai
9 répondu que le livre a été publié après, une fois que j'ai quitté le
10 cabinet. Je l'ai expliqué dans ma réponse afin que vous puissiez comprendre
11 la substance. Alors, si vous me posiez des questions adéquates et
12 concrètes, je pourrais vous apporter des réponses concrètes.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Puis-je vous poser, moi, une question,
14 Monsieur Merovci, au sujet de cette déclaration conjointe, signée par le Dr
15 Rugova et Milan Milutinovic à la date du 28 avril 1999. Quand avez-vous,
16 pour la première fois, appris l'existence de ce document ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] La première fois j'ai appris de l'existence de
18 ce document et de la signature dudit document, c'était pendant le
19 témoignage de M. Rugova. Dans son témoignage, le document en question a
20 également été évoqué. J'ai suivi son témoignage en direct à la télévision,
21 et c'est là que j'ai appris qu'il y a eu signature d'un tel document
22 pendant la période intérimaire, suite à mon départ du bureau pour voir un
23 journaliste.
24 Ça s'est passé en l'espace de ces quelques minutes. Parce que j'ai eu
25 à m'occuper de questions protocolaires, j'ai dû quitter les bureaux avant
26 que le président ne voit les journalistes et les informe de cela. Donc il
27 s'agissait d'une question de minutes. C'est pendant ces minutes-là avant
28 que MM. Milutinovic, Rugova et Sainovic sortent rencontrer les
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1 journalistes. C'est pendant ce moment-là que le document en question a été
2 signé, et je l'ai compris partant du témoignage du président Rugova.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il me semblerait, donc, que le Dr
4 Rugova ne vous a pas parlé de l'existence de ce document en 1999 ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Nous n'avons pas commenté l'événement. Le
6 document dont nous sommes en train de parler est un document dont il a été
7 question à la conférence de presse. Le public en a été informé. C'est
8 pourquoi je dis que je n'ai pas eu connaissance de la signature de ce
9 document, parce que nous n'en avons pas débattu. Nous n'avons pas discuté
10 de ces questions-là avec M. Rugova parce que, comme je l'ai déjà dit
11 auparavant, à nos yeux nous avions estimé que cela était fait de façon plus
12 ou moins formelle, comme une espèce de façon de couvrir certains éléments.
13 C'était un combat pour la vie ou la mort; nous avons choisi de vivre. C'est
14 pour ne pas irriter les gens à l'époque que M. Rugova a signé ce document.
15 Nous n'en avons pas débattu et cela n'avait eu aucune espèce de valeur, car
16 c'était des propos vides de sens. Nous n'avons jamais discuté de ces
17 activités avec M. Rugova, parce que dans un certain sens cela, à nos yeux,
18 était inexistant.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Avez-vous eu connaissance de la teneur
20 de ce document du fait de la conférence de presse qui s'est tenue ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Pour ce qui est des sujets évoqués à
22 l'occasion de la réunion et au sujet de ce qui s'était dit à cette
23 conférence de presse, j'ai compris que cela faisait partie d'un processus
24 où ils avaient souhaité créer une instance d'urgence qui inclurait la
25 présence d'Albanais.
26 Sachant cela, je n'ai pas été surpris par ce que j'ai entendu dire à la
27 conférence de presse, mais je vais répéter une fois de plus. Je n'ai pas eu
28 connaissance du fait que le document avait été signé. J'étais au courant
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1 des choses qui étaient débattues lors de cette réunion, mais je n'ai eu
2 connaissance du fait que le document avait été signé. Je puis déclarer de
3 façon ouverte ici au sujet des raisons pour lesquelles le document n'a pas
4 été signé lorsque j'étais encore présent à la réunion. C'était parce qu'ils
5 savaient que je refuserais la signature de ce document. Je me serais opposé
6 à la signature d'un tel document, comme je l'avais fait de par le passé
7 lorsqu'il s'était agi de communiqués de presse suite à des rencontres avec
8 Milosevic.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
10 Monsieur Djurdjic, est-ce que ceci vous a aidé ?
11 M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je crois que
12 nous avons gagné beaucoup de temps, mais j'ai encore quelques questions à
13 ce sujet.
14 Q. Pour ce qui concerne vos propos tenus juste tout à l'heure, qui est-ce
15 qui pouvait savoir que vous alliez quitter cette conférence juste avant sa
16 fin ?
17 R. La rencontre avait pris fin. On s'était levé. Le couloir où se
18 trouvaient les journalistes comportait deux portes conduisant vers ces
19 journalistes. En ma qualité de personne chargée des questions liées au
20 protocole, on m'a dit qu'il fallait organiser un récolement, un briefing.
21 Je suis donc sorti du bureau pour aller voir quelle était l'ambiance
22 prévalant parmi les journalises. Entre-temps, la réunion avait pris fin, et
23 c'est pendant la période où j'ai été absent que le document a été signé.
24 Q. Merci. Alors lorsque vous avez appris à la conférence de presse quelle
25 était la teneur de vos entretiens et de ce document, vous n'avez pas trouvé
26 nécessaire de poser la question à M. Rugova sur le fait de savoir comment
27 ce document a été signé et pourquoi ?
28 R. Non, je ne lui ai pas posé la question.
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1 Q. Merci. Veuillez me répondre à cette question-ci. Lorsqu'on a publié
2 cette interview avec les réponses que vous avez apportées aux journalistes,
3 y a-t-il eu interruption de vos relations avec M. Rugova ?
4 R. Non.
5 Q. Merci. Monsieur Merovci, votre première déclaration a été recueillie il
6 y a très longtemps par les enquêteurs de ce Tribunal, et ce, à la date des
7 11 et 12 mai 1999. Dites-moi, d'abord, où ces entretiens ont-ils eu lieu ?
8 R. A Rome, à la villa.
9 Q. Je m'excuse, mais j'ai entendu villa Palfim --
10 R. C'est à Rome. Ça s'est passé dans la capitale de l'Italie. La villa
11 Palfim, c'est une villa notoirement connue dans cette partie-là de la
12 ville.
13 Mme KRAVETZ : [interprétation] Monsieur le Président, pour le besoin du
14 compte rendu d'audience, je tiens à constater que la réponse apportée par
15 le témoin à la ligne 18 de la page précédente n'a pas été consignée de
16 façon appropriée. Je ne sais pas si l'on pourrait lui demander de répondre
17 à nouveau.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je crois que nous avons compris la
19 substance de sa réponse suite à ce qui s'est dit par la suite, mais si M.
20 Djurdjic souhaite le faire à nouveau il peut le faire.
21 M. DJURDJIC : [interprétation] Je crois qu'il a répondu. L'interprète n'a
22 pas entendu M. Merovci, mais comme celui-ci a par la suite expliqué la
23 chose, il n'y ait aucunement nécessaire de le répéter.
24 Q. Puisqu'on y est, je crois que le nom de la villa a été consigné de
25 façon erronée. Monsieur Merovci, comment avez-vous dit qu'elle s'appelait ?
26 R. Oui, c'est bien en serbe, bien écrit, Palfim.
27 Q. Alors dites-nous à qui appartenait cette villa ? Est-ce que vous y avez
28 séjourné ?
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1 R. Il s'agit d'une villa appartenant au gouvernement italien. Comme vous
2 pourriez peut-être le savoir, il y a eu un rôle de médiateur de jouer pour
3 ce qui est de notre départ du Kosova en passant par Belgrade, et ce rôle a
4 été joué par le gouvernement italien. Donc nous étions, en termes
5 pratiques, les invités du gouvernement italien.
6 Q. Merci. Dites-moi, je vous prie, qui est-ce qui est venu s'entretenir
7 avec vous ? Qui est-ce qui a conduit les entretiens qui se sont tenus aux
8 dates du 11 et 12 mai 1999 ?
9 R. Des enquêteurs du Tribunal international de La Haye. Voulez-vous que je
10 mentionne leurs noms ? Je connais leurs noms. Mais j'aimerais qu'on me
11 donne des instructions pour ce qui est de pouvoir donner leurs noms.
12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous voulez ces noms,
13 Monsieur Djurdjic, pour une raison quelconque ?
14 M. DJURDJIC : [interprétation]
15 Q. Si vous les connaissez vous pouvez les donner, Monsieur le Témoin. Si
16 vous les avez oubliés, tant pis.
17 R. Si je ne me trompe pas, il y avait un enquêteur qui s'appelait Kevin
18 Curtis, et l'autre s'appelait Clint Williamson.
19 Q. Merci. Dans quelle langue vous êtes-vous entretenus ?
20 R. En anglais.
21 Q. Vous vous êtes entretenus en anglais. Il n'y a pas eu d'interprétation
22 ?
23 R. Non. Il n'y a pas eu besoin d'interpréter, je parlais l'anglais. Pour
24 les besoins de clarification, ils sont venus s'entretenir avec moi et M.
25 Rugova. Je parlais l'anglais, je n'avais pas besoin d'interprète. Tout ceci
26 s'est produit à Rome.
27 Q. Merci. Vous ai-je bien compris ? M. Rugova lui aussi était présent à
28 cet entretien ?
Page 2246
1 R. Non. J'étais présent lorsque lui s'est entretenu avec eux. Lorsque eux
2 se sont entretenus avec moi, c'était un entretien à part, car étant donné
3 qu'ils avaient souhaité s'entretenir avec moi et comme je parle l'anglais,
4 nous nous sommes entretenus séparément. Ils se sont comportés à notre égard
5 en notre qualité de deux individus distincts.
6 Q. Merci. Vous ai-je bien compris ? C'est vous qui avez servi d'interprète
7 à M. Rugova lorsqu'il s'est entretenu avec ces messieurs venus du Tribunal
8 ?
9 R. Au début, la conversation était des plus simples. C'était bref. Pendant
10 cette conversation je suis intervenu comme interprète de M. Rugova. Par la
11 suite, comme ils s'étaient entretenus avec moi en me posant des questions
12 au sujet de bon nombre de choses pour rédiger une déclaration, il en avait
13 de même dans le cas de M. Rugova et là l'interview s'est fait de façon
14 distincte. Dans ce cas de figure, il y a eu un interprète et je n'étais
15 plus présent. Mais ça ne s'est pas passé en Italie. En Italie, nous ne nous
16 sommes rencontrés qu'une fois. Nous avons parlé, et je suis intervenu en
17 tant qu'interprète, puis ils ont eu un entretien avec moi et c'était fini.
18 Par la suite, nous avons eu d'autres contacts encore.
19 Q. Merci. Veuillez m'indiquer si vous avez signé quelque chose lorsque
20 vous vous trouviez à Rome vous-même au sujet de ces entretiens ?
21 R. Non, rien.
22 Q. Et M. Rugova, lui ?
23 R. Non, rien non plus.
24 Q. Merci. D'après ce qui est dit ici, cette conversation avec vous en 1999
25 à Rome a duré pendant deux jours du mois de mai.
26 R. La première rencontre - nous sommes en train de parler de quelque chose
27 qui s'est passé il y a dix ans - la première rencontre était une rencontre
28 de courtoisie. Ce premier jour, ils sont venus se présenter et le jour
Page 2247
1 d'après, ils sont venus s'entretenir avec les deux. Ce n'est que ce
2 deuxième jour, lorsqu'ils sont revenus, que ces interviews ont eu lieu.
3 Q. Merci. Vous souvenez-vous du moment où cette deuxième interview a été
4 effectuée ?
5 R. Vous parlez toujours de Rome ?
6 Q. Si ça s'est passé à Rome, dites-nous quand.
7 R. Le jour d'après. C'est tout ce qui pourrait être dit au sujet de Rome.
8 Q. Bien. Nous ne nous étions pas bien compris. On a parlé de deux
9 journées, et vous avez confirmé qu'il y a eu deux journées. Je vous ai
10 demandé si vous vous souveniez de l'interview d'après.
11 R. Oui. Cette deuxième interview, comme je l'ai précisé dans ma
12 déclaration, ça a eu lieu en l'an 2000 à Pristina. Ensuite à La Haye, ici,
13 celle-là a duré plus longtemps. Cette interview a été plus longue. C'est à
14 ce moment-là que j'ai signé une déclaration, et tout ceci s'est produit en
15 l'an 2000.
16 Q. Veuillez m'indiquer pendant combien de journées vous vous êtes
17 entretenu ici à La Haye avec ces enquêteurs ?
18 R. Je ne m'en souviens pas exactement. Il me semble que ça s'est étendu
19 sur deux journées.
20 Q. Merci. Vous venez de dire que vous avez répondu longuement ici, à La
21 Haye. Et je vous ai posé la question, parce que la première fois ça avait
22 duré deux jours aussi, mais là vous n'avez pas précisé que c'était long. Là
23 maintenant vous venez de dire que c'était long.
24 R. Je pense que vous me demandez de faire un commentaire, mais vous ne
25 m'avez pas posé de question. Je ne suis pas ici pour répondre à des
26 commentaires de votre part, mais à vos questions.
27 Q. Ma question était celle de demander qu'à chaque fois ça avait duré deux
28 jours. Or, quand vous avez parlé de La Haye, vous aviez encore rajouté que
Page 2248
1 c'était long. Mais ça n'a pas été plus long que la fois précédente.
2 R. Je ne m'en souviens pas exactement. Il me semble que cette fois-là, ça
3 avait duré deux journées entières.
4 Q. Merci. Est-ce que vous pouvez me dire si à ce moment-là ces interviews
5 étaient effectuées également en anglais, et si c'est les mêmes personnes
6 qui étaient présentes ?
7 R. Il y avait les mêmes personnes de présentes. La conversation s'est
8 passée en anglais, mais il y a eu aussi un interprète présent dont les
9 services ont été utilisés de façon plutôt rare, je dirais une ou deux fois.
10 Mais l'interprète était présent. Je suis maintenant en train de parler de
11 cette interview à La Haye, parce qu'avant l'interview de La Haye, il y a eu
12 une interview à Prishtina aussi.
13 Q. Merci. A Pristina, avez-vous un interprète ?
14 R. Oui. Il y avait un interprète de présent, mais nous nous sommes servis
15 rarement de ses services. Mais oui, un interprète a été présent tout le
16 temps.
17 Q. Merci. Est-ce qu'il s'agit de M. Muhamet Hamiti, si tant est que vous
18 le connaissez ?
19 R. Oui. C'est de lui qu'il s'agissait à Prishtina.
20 Q. Merci. Veuillez m'indiquer si vous connaissez Lulzim
21 Basha ?
22 R. Oui, je le connais.
23 Q. En quelle fonction a-t-il assisté à l'interview ?
24 R. Il se trouvait à La Haye. Il a été présent lors de notre interview à La
25 Haye.
26 Q. Excusez-moi. Il était votre escorte et en tant que tel a assisté à la
27 réunion, ou bien est-ce que vous pouvez me dire quelle était sa capacité ?
28 R. Il était dans la capacité d'interprète, simplement comme
Page 2249
1 interprète.
2 Q. Merci. Mais dans la déclaration, il n'est pas cité comme interprète.
3 Monsieur Merovci, ai-je raison de dire et c'est ce que vous avez confirmé
4 que c'était seulement le 12 avril 2000 que vous aviez signé la déclaration
5 ?
6 R. Oui.
7 Q. C'était une déclaration en anglais, celle que vous avez signée ?
8 R. Oui. C'était en anglais. Je l'ai lue, je l'ai comprise, ensuite je l'ai
9 signée.
10 Q. Merci. Est-ce que l'on a interprété cela en albanais ?
11 R. Ils m'ont offert cette possibilité, mais j'ai dit que je n'y voyais pas
12 l'utilité car je n'en avais pas besoin. Ensuite, ceci a été traduit en
13 serbe, mais je ne leur ai pas demandé de traduire cela en albanais même
14 s'ils me l'avaient demandé. J'ai indiqué que j'étais en mesure de la signer
15 en anglais car je la comprenais tout à fait bien.
16 Q. Merci. Est-ce que vous avez reçu un exemplaire de la déclaration ?
17 R. Oui.
18 Q. Merci. Est-ce que vous êtes d'accord avec moi pour dire que cette
19 déclaration contient vos souvenirs complets concernant la période au sujet
20 de laquelle vous avez déposé ?
21 R. Oui.
22 Q. Merci. Excusez-moi de la question que je vais vous poser. Je sais que
23 vous êtes marié. Est-ce que vous avez des enfants ?
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je dois répondre à cette question,
25 Monsieur le Président ?
26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce qu'il y a une raison
27 particulière quelconque, Maître Djurdjic, de cette question ?
28 M. DJURDJIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, sinon je
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1 n'aurais pas posé cette question.
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pour le moment, je ne vois aucune
3 raison. Est-ce que ceci concerne de quelque manière que ce soit cette
4 affaire ?
5 M. DJURDJIC : [interprétation] Oui.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] S'il vous plaît, est-ce que vous
7 pourriez répondre, s'il vous plaît.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Si je ne me trompe, c'est dans ma déclaration
9 aussi. Oui, j'ai deux filles et deux garçons.
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
11 M. DJURDJIC : [interprétation] Merci.
12 Q. Excusez-moi. J'ai omis quelque chose. Voici ce que je veux vous
13 demander : où se trouvaient vos enfants le 24 mars 1999 ?
14 R. Ils étaient avec moi dans mon appartement à Prishtina, le 24 mars.
15 Q. Merci. Est-ce que pendant toute cette période, ils étaient avec vous
16 pendant votre séjour en Serbie et jusqu'au départ à Rome ?
17 R. Non. Ils n'étaient pas avec moi. Pas tout le temps. Ils sont allés à
18 Skopje par la suite.
19 Q. Est-ce que vous pourriez me dire à quel moment ils sont allés à Skopje
20 et comment ?
21 R. Le jour où la police et l'armée ont fait irruption dans la maison de M.
22 Rugova le 31 mars, il n'y avait que moi et mon épouse. Je leur ai dit que
23 mes enfants n'étaient pas là et je suis allé sous escorte chez mon frère
24 pour chercher mes enfants car c'est là qu'ils étaient. Encore une fois,
25 escortés par la police, nous sommes entrés dans la maison de Rugova et nous
26 y avons passé la nuit. Le jour où avec M. Rugova nous sommes allés à
27 Belgrade pour rencontrer M. Milosevic, mes enfants et ma femme, avec mon
28 frère et sa famille, sont partis vers la frontière et ils ont mis trois
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1 jours pour arriver à Skopje. A partir de ce moment-là, je ne les ai plus
2 revus avant que ceci ne nous ait été permis à Rome. C'est à Rome que ma
3 femme et mes enfants se sont joints à moi.
4 Q. Merci. Monsieur Merovci, en 1981, est-ce que vous avez fini vos études
5 de la faculté d'électrotechnique, ou bien est-ce que vous étiez encore
6 étudiant ?
7 R. Oui. J'ai eu mon diplôme en 1981, à l'université électrotechnique.
8 Q. Avez-vous eu votre diplôme avant ou après les manifestations des
9 étudiants ?
10 R. J'ai eu mon diplôme en octobre 1981, c'est-à-dire au cours de la
11 période qui a suivi les manifestations.
12 Q. Merci. Est-ce qu'en tant qu'étudiant, vous aviez pris part aux
13 manifestations en 1981 ?
14 R. Je n'étais pas manifestant actif, mais je les soutenais.
15 Q. Merci. Quelles étaient les activités concernées par ces manifestations
16 auxquelles vous n'aviez pas pris part ?
17 R. Pour la plupart, les manifestations ont d'abord été organisées afin de
18 protester contre les mauvaises conditions d'hébergement et de nourriture.
19 Ensuite, elles sont devenues des manifestations politiquement motivées qui
20 demandaient un statut politique de Kosova qui ferait du Kosova une
21 république de l'ex-Yougoslavie.
22 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire, s'il vous plaît, en quel mois les
23 manifestations de 1981 se sont déroulées ?
24 R. Elles ont eu lieu en mars.
25 Q. Merci. Est-ce que vous pourriez nous dire comment se fait-il que les
26 manifestations qui commençaient par des manifestations visant à changer les
27 conditions de la vie des étudiants changent pour devenir des manifestations
28 politiquement motivées ?
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1 R. C'était un prétexte, la question concernant les conditions de vie. La
2 façon dont les manifestations ont été organisées s'est confirmée par la
3 suite aussi. Les manifestations d'étudiants peuvent être décrites comme le
4 premier mouvement démocratique, car d'abord elles ont exprimé leurs
5 souhaits de manière démocratique, ensuite ils ont articulé leurs demandes
6 politiques, qui ont été soutenues par une majorité absolue de la
7 population.
8 Q. Merci. Pourriez-vous me dire qui, à l'époque, était le président du
9 conseil exécutif de la province autonome du Kosovo ?
10 R. Je ne me souviens pas avec exactitude. Je me souviens qui était le
11 président du comité. C'était feu Mahmut Bakalli. Mais à vrai dire, je ne me
12 souviens pas qui était le président du conseil exécutif, comme cet organe
13 s'appelait à l'époque.
14 Q. Merci. Afin de clarifier les choses, dites-moi, est-ce que vous êtes
15 d'accord pour dire que M. Bakalli était le président du comité provincial
16 de la Ligue des communistes pour la province du Kosovo-Metohija ?
17 R. Le président du comité du parti communiste de Kosovo, car le Kosovo
18 avait un comité du parti séparé.
19 Q. Merci. Mais le parti s'appelait la Ligue des communistes de la Serbie,
20 et dans les provinces autonomes il y avait aussi les comités provinciaux.
21 Donc en Vojvodina aussi, il y avait la Ligue des communistes de la province
22 de Vojvodina et de la province de Kosovo. Et ils étaient membres de la
23 Ligue des communistes de la Serbie qui, de sa part, était membre de la
24 Ligue des communistes de la Yougoslavie. Ai-je raison de dire cela ?
25 R. Non, ce n'est pas exact. Il y avait les comités du parti communiste
26 pour les six républiques et les deux provinces autonomes. Donc ces six plus
27 deux étaient des composantes égales du comité du Parti communiste de
28 l'ancienne Yougoslavie. Et leur fonctionnement se déroulait de façon
Page 2253
1 consensuelle, donc ils étaient tous égaux.
2 Q. Merci. Vous voulez dire que Mahmut Bakalli et plus tard - le nom me
3 reviendra - le président du comité provincial, Azem Vllasi, qui n'était pas
4 membre du comité central de la Ligue des communistes de la Serbie, ex
5 officio?
6 R. Ex officio, si, mais aussi ils représentaient directement au sein du
7 comité central du Parti communiste de l'ex-Yougoslavie. Le principe de leur
8 fonctionnement reposait sur le droit de veto. Aucune décision du comité
9 central du Parti communiste de l'ex-Yougoslavie ne pouvait être prise sans
10 les votes du représentant du Kosovo.
11 Q. Monsieur Merovci, étiez-vous membre de la Ligue des communistes ?
12 R. Non, je ne l'étais pas.
13 Q. Merci. Et lorsque vous avez commencé à travailler, est-ce qu'à ce
14 moment-là il n'était pas nécessaire que vous soyez membre de la Ligue des
15 communistes ? Ai-je raison de dire cela ?
16 R. Ce n'était pas une condition indispensable, mais au moment où j'ai été
17 embauché, j'ai été informé que j'ai été accepté, mais mon emploi a duré
18 seulement deux mois en raison du critère selon lequel il fallait être
19 conforme, sur le plan moral et politique pour avoir l'emploi. Donc le
20 caractère approprié sur le plan moral et politique était un critère. Et
21 c'était le comité et le service de la police qui attestaient de cela par
22 écrit.
23 Q. Est-ce que je dois conclure alors que pendant que vous travailliez pour
24 les services sociaux, vous n'étiez jamais membre de la Ligue des
25 communistes ?
26 R. Je n'ai jamais été membre de la Ligue des communistes.
27 Q. Merci. Et de quelle façon avez-vous contribué aux manifestions des
28 étudiants en 1981 et de quelle façon les avez-vous soutenus ?
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1 R. Lorsque les manifestations de masse ont été organisées, je faisais
2 partie de ce groupe, mais je n'étais pas un participant actif dans le sens
3 de l'organisation ou de la direction des manifestations. Et deuxièmement,
4 soutenir les manifestations à l'époque voulait dire être loyal à leurs
5 demandes. Et c'est pour cela que j'ai dit que je les ai soutenus.
6 Q. Merci. Ce qui m'intéresse simplement c'est de savoir si vous étiez
7 participant aux manifestations de la rue ou pas ?
8 R. Oui. J'étais l'un des 20 000 autres participants.
9 Q. Merci. Dites-moi, s'il vous plaît, qui était à la tête, qui faisait
10 partie de la direction de ceux qui dirigeaient les manifestations, surtout
11 au moment où les demandes sont devenues politiques ? Est-ce que vous
12 connaissez le nom ?
13 R. Il y avait un groupe de personnes et les noms sont connus. Ils ont été
14 poursuivis et emprisonnés, mais on connaît leurs noms. Hidajet Hysini, Ali
15 Lajci, Bajram Kosuni, Skender Kastrati et bien d'autres noms qui sont très
16 connus.
17 Q. Pourriez-vous me dire parmi ces principaux leaders, est-ce que
18 quelqu'un parmi eux est devenu par la suite membre de la Ligue démocratique
19 du Kosovo ?
20 R. Au moment de la création du parti, certains d'entre eux étaient en
21 prison, et ils ont été libérés. Une fois libérés, ils ont tous rejoint les
22 rangs de la LDK.
23 Q. Merci. Dites-moi, s'il vous plaît, est-ce que les manifestations sont
24 devenues violentes au bout d'un certain temps ?
25 R. Les manifestations ont commencé de manière pacifique. Ils avaient leurs
26 propres demandes et leurs pamphlets, mais les manifestations ont été
27 brutalement arrêtées par la police et, bien sûr, il y a eu quelques
28 réponses de la part des organisateurs, mais non pas des réponses qui
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1 échappaient au contrôle. Mais ils ont été supprimés par la violence.
2 Certains ont été tués, certains ont été arrêtés, d'autres passés à tabac.
3 Q. Merci. Est-ce que vous pourriez me dire, s'il vous plaît, qui, à cette
4 époque-là, était à la tête du MUP de la province, si vous le savez, de la
5 province de Kosovo-Metohija ?
6 R. Je ne suis pas sûr. Si je ne me trompe, c'était peut-être Mehmet Malihi
7 [phon], mais je ne suis pas sûr.
8 Q. Merci. Est-ce que vous savez qui était à la tête du SUP
9 l'époque ?
10 R. Non, je ne me souviens pas, car il s'agissait là des structures et des
11 personnes que nous ne connaissions pas. Le système était assez compliqué,
12 je dirais. En ce moment, je ne saurais vous répondre à cela. Donc ma
13 réponse serait, non, je ne sais pas.
14 Q. Merci, Monsieur Merovci. Lorsque vous ne savez pas quelque chose,
15 dites-le-moi. Ai-je raison de dire - et je pense c'est ce que vous avez dit
16 vous-même - qu'une demande politique Kosovo République a été posée et que
17 tout le reste, s'agissant de ces manifestations-là ne serait que de
18 prétexte ?
19 R. Oui.
20 Q. Merci. Ai-je raison aussi de dire qu'à cette époque-là la constitution
21 de 1974 était en vigueur ?
22 R. Oui.
23 Q. Merci. En mars 1981, je pense que Josip Broz Tito était encore en vie ?
24 R. Oui, c'est exact.
25 Q. Merci. Alors, quel était l'objet du mécontentement exprimé par les
26 étudiants par rapport à la constitution de 1974 ? Est-ce que vous le savez
27 ?
28 R. En raison du fait que le Kosovo était le territoire le moins développé,
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1 le Kosovo ne bénéficiait pas du 100 % des droits que prévoyait la
2 constitution de 1974, et aussi en raison du fait que la seule garantie pour
3 l'accomplissement ou pour la réalisation de leurs droits naturels et
4 juridiques dépendait de leur participation à la fédération yougoslave et du
5 traitement égal et aussi en raison du fait que les Albanais étaient le
6 troisième groupe le plus nombreux au sein de la fédération yougoslave.
7 Compte tenu de tout cela, ils ne recevaient pas un traitement égal au sein
8 de cette fédération.
9 Q. Merci. Est-ce que vous pensez que le nombre de membres d'un groupe
10 ethnique influence leur statut politique au sein d'un Etat ?
11 R. Je sais une autre chose, que 5 % ne peuvent pas dominer
12 95 % et je ne sais pas pour les autres, car je ne suis pas un spécialiste
13 en la matière.
14 Q. Monsieur Merovci, vous êtes membre d'un parti politique et vous déposez
15 ici au sujet des questions politiques. Afin d'être actif politiquement -
16 peu importe quel est le métier, car il y a un bon nombre de docteurs,
17 d'enseignants, parmi les hommes politiques - j'ai vu qu'au cours de votre
18 déposition, vous avez exprimé des opinions politiques et c'est la raison
19 pour laquelle je vous ai posé la question, à savoir si le pourcentage d'un
20 groupe ethnique affecte le statut politique de ce groupe sur un certain
21 territoire et peut aboutir aux demandes, car c'est vous-même qui m'avez
22 parlé du pourcentage de 95 contre 5 %. Je ne l'ai pas inventé. Je ne l'ai
23 pas mentionné en premier.
24 R. Voici ma réponse : Je ne suis pas un spécialiste pour m'étendre là-
25 dessus, mais ce que je sais, c'est que 5 % ne peuvent pas diriger les
26 autres 90%. Et je veux dire par là que la question de la population
27 ethnique dans un certain territoire détermine le statut et l'avenir de
28 cette population et les arrangements institutionnels. Et je parle de la
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1 population ethnique.
2 Q. Merci. Vous voulez me dire qu'il s'agit là d'un principe qui a été
3 adopté dans les relations politiques et d'Etat international ?
4 R. Je dis ce que je dis. Je ne dis pas ce que vous êtes en train de
5 paraphraser. Ce n'était pas la question.
6 Monsieur le Président, ces questions me déstabilisent. Il ne s'agit pas là
7 des questions qui me sont posées de façon directe. Si ce conseil de la
8 Défense me soumet ceci ou cela, je perds mes repères.
9 Donc qu'on me pose, s'il vous plaît, des questions directes et je
10 vais donner des réponses directes.
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est un commentaire exact. Maître
12 Djurdjic, un bon nombre de vos questions ne sont pas claires et vous avez
13 tendance à changer de contenu entre votre question et le commentaire que
14 vous souhaitez faire à son sujet après la tentative de réponse. Donc je
15 pense qu'il est approprié que l'on vous demande de poser vos questions de
16 manière plus directe et claire.
17 Et la Chambre souhaite ajouter aussi, Maître Djurdjic, qu'en raison
18 du paragraphe 4 de la déclaration du témoin, nous avons gardé le silence et
19 nous vous avons permis de passer beaucoup de temps à traiter des
20 circonstances en 1981. Mais je suis sûr que vous réalisez que ceci n'aura
21 aucun impact sur la décision de cette Chambre au sujet des chefs
22 d'accusation portés à l'égard de ce qui s'est passé en 1999. Donc je vous
23 demande de tenir compte du fait que c'est l'acte d'accusation qui va avoir
24 l'impact le plus important au moment de la décision.
25 Nous allons prendre notre deuxième pause et vous aurez l'occasion de
26 réfléchir. Le témoin doit terminer aujourd'hui et nous vous demanderons de
27 poser des questions claires et directes; et si vous traitez d'une question
28 qui est une question qui, à votre avis, est importante pour votre thèse au
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1 sujet de l'acte d'accusation.
2 Nous allons reprendre notre travail à 13 heures moins 05.
3 --- L'audience est suspendue à 12 heures 28.
4 [Le témoin quitte la barre]
5 --- L'audience est reprise à 12 heures 57.
6 M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que je peux
7 m'adresser à vous avant l'arrivée du témoin dans le prétoire ?
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous en prie.
9 M. DJURDJIC : [interprétation] Vous m'avez réprimandé en raison de la façon
10 dont je posais des questions au témoin sur des sujets politiques, mais je
11 suis bien forcé de le faire, si je ne m'abuse. Le bureau du Procureur a dit
12 que ce témoin allait témoigner sur --L'INTERPRÈTE : Tels ou tels numéros de
13 paragraphe n'ont pas été saisis par les interprètes.
14 M. DJURDJIC : [interprétation] C'est à propos du contexte politique de
15 l'acte d'accusation. Il n'y a que le paragraphe 72(G) qui parle des
16 persécutions et expulsions de Pristina pendant la guerre. Sa déclaration,
17 ou deux tiers de sa déclaration porte sur un contexte historique et
18 politique. Comment voulez-vous que je lui pose d'autres questions que sur
19 la politique, ou quelles étaient leurs revendications politiques, leur
20 teneur ? Vous voyez à quel problème je suis confronté. Il ne veut pas
21 répondre à mes questions, sinon j'avancerais bien plus vite. Mais vous
22 l'avez vu, Messieurs les Juges, aujourd'hui. Vous avez vu la longueur des
23 réponses du témoin à vos questions à vous. Or, ça aurait pu être des
24 réponses très courtes. Si vous pensez que ce n'est pas un témoin qui peut
25 parler du contexte historique et politique, on en aura vite terminé. Je
26 n'ai que quelques questions à propos du paragraphe 72(G).
27 Aujourd'hui, pendant deux heures en tout, le Procureur a posé des
28 questions à ce témoin, un témoin qui a fourni à des enquêteurs de très
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1 longues déclarations qui ont été versées au dossier. Merci.
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic, c'est le paragraphe 4
3 de la déclaration préalable du témoin, la pièce 416, qui pouvait donner
4 l'éventuelle pertinence à des événements survenus lors de manifestations
5 estudiantines en 1991. C'est pour ça que vous avez été autorisé à poser des
6 questions, mais ces questions sont interminables, et vous avez abordé dans
7 ces questions beaucoup de facettes de cette problématique. Je pense que ça
8 a pris quelque chose comme 25 ou 30 minutes, ce seul sujet. Si ceci avait
9 une quelconque pertinence en tant qu'élément de contexte, vous auriez dû y
10 consacrer au maximum cinq minutes de votre temps et du nôtre. C'est vrai
11 que le témoin fournit des réponses assez longues; nous en sommes tous les
12 deux conscients, vous et moi. Pour avoir des réponses précises, il vous
13 faut poser des questions claires et brèves, et nous verrons comment il
14 répond à ce genre de questions.
15 Peut-être qu'avec ces paroles d'encouragement, vous serez animé à
16 aborder d'autres sujets.
17 Faites entrer le témoin.
18 [Le témoin vient à la barre]
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Poursuivez, Maître Djurdjic.
20 M. DJURDJIC : [interprétation] Merci.
21 Q. Monsieur le Témoin, qu'est-ce que signifient les revendications
22 politiques République du Kosovo ?
23 R. C'était que l'Etat du Kosovo, en vertu de la constitution de 1974, ou
24 que ce statut, plus exactement, définisse cette république comme étant un
25 élément constitutif de la Fédération de Yougoslavie. Et partant de cette
26 demande politique, on demandait une égalité de statut avec les six autres
27 républiques de l'ex-Yougoslavie.
28 Q. Merci. En vertu de la constitution, quelle était la différence entre
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1 une république et une province autonome ? Nous parlons de la constitution
2 de 1974.
3 R. A ma connaissance et d'après mes souvenirs, même si je ne suis pas
4 expert en la matière, la constitution de 1974 définit les deux provinces
5 autonomes comme faisant partie de la Serbie et faisant partie de l'ex-
6 fédération yougoslave.
7 Je ne le dis pas ici en connaissance d'expert. Je suis ni homme de
8 loi ni expert constitutionnel, mais d'après ce que je sais, d'après ce dont
9 je me souviens, en vertu de la constitution, ces deux provinces faisaient
10 partie de la Serbie et étaient des éléments constitutifs de l'ancienne
11 Fédération de Yougoslavie. Ceci englobait toutes les institutions : la
12 police, tous les organes qui étaient représentés au niveau de la
13 fédération.
14 Q. Monsieur le Témoin, êtes-vous d'accord avec moi pour dire que d'après
15 la constitution de 1974, les républiques étaient des Etats, les provinces
16 autonomes ne l'étaient pas, et que c'est là la raison de la revendication
17 qui demandait que le Kosovo devienne une république, pour avoir un statut
18 d'Etat ? Je parle du Kosovo-Metohija.
19 R. Non, ça je ne sais pas.
20 Q. Mais alors, pourquoi est-ce que vous avez formulé cette revendication :
21 République du Kosovo ?
22 R. Je l'ai déjà dit. Avoir un statut de république, c'était garantir la
23 réalisation de nos droits majoritaires ou collectifs. Je vous l'ai dit,
24 s'agissant de la représentation démocratique, nous étions en troisième
25 place. Il y avait la République du Monténégro, la République de Macédoine,
26 qui avaient toutes le statut de république, ce qui n'était pas le cas pour
27 le Kosova, alors qu'on était en troisième place pour ce qui est de, comment
28 dirais-je, la quantité démographique.
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1 Q. Mais cette revendication, n'était-elle pas le premier acte de
2 séparatisme au Kosovo-Metohija ?
3 R. Non, je ne suis pas d'accord du tout avec vous. Pour moi, le
4 séparatisme, c'est une séparation d'un Etat. Nous ne voulions pas nous
5 séparer de la Yougoslavie. Nous voulions simplement avoir une égalité de
6 statut avec les républiques.
7 Q. Merci. Pour vous, la République socialiste de Serbie n'était pas un
8 Etat à l'époque?
9 R. Ce n'est pas ce que j'ai dit.
10 Q. Si c'était un Etat avec deux provinces autonomes, cet Etat était un
11 Etat souverain, et la revendication visant à faire du Kosovo une
12 république, ça revenait à faire sécession avec la République de Serbie, et
13 le Kosovo deviendrait un Etat individuel, séparé.
14 R. Je ne voudrais pas poursuivre par une explication détaillée, mais
15 je ferai de mon mieux pour répondre à la question.
16 La question de la revendication de la population, c'est un droit
17 légitime qu'a une nation, un peuple. Mon peuple a requis un droit légitime,
18 celui de faire valoir ses droits. Les manifestations que nous avons
19 décrites ont été réprimées par la violence, or c'était une revendication
20 légitime. C'était lancé par les étudiants, mais ceci a englobé le peuple
21 tout entier. Tous ceux qui vivaient au Kosova ont repris les revendications
22 de ceux qui voulaient un même statut que celui des autres républiques de
23 l'ex-Yougoslavie.
24 Législativement, le Kosovo faisait partie de la Serbie mais était aussi un
25 élément constitutif de la Yougoslavie. C'est partant de ce principe que
26 nous avons revendiqué cette chose qui était légitime. C'est un droit
27 légitime qu'a tout peuple du monde que de revendiquer ces droits de façon
28 pacifique.
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1 Q. Comment avez-vous formulé ces revendications, ces
2 activités ? Par quelle structure politique ?
3 R. Au départ, ce fut une revendication des étudiants, de la population,
4 mais plus tard il y a eu une période de répression, de violence dirigée
5 contre les Albanais qui s'est poursuivie de façon systématique jusqu'à ce
6 que la constitution soit modifiée. Puis, nous avons eu des partis
7 politiques qui ont été créés qui ont énoncé et formulé de façon légitime
8 ces revendications. Même avant ça il y avait une instance clandestine qui a
9 œuvré à l'énonciation, à l'élaboration de ces revendications. Parce qu'à
10 l'époque, c'était un système monopartite qui refusait le système
11 pluripartite.
12 Q. En 1981, à qui furent adressées ces revendications formulées par les
13 étudiants et selon quelles modalités ?
14 R. Je pensais que vous parliez de 1981, mais vous dites 1971. Mais à
15 l'écran, je vois qu'il est question de 1981. Alors, vous parlez de quoi,
16 1981 ou 1971 ? Parce que vous ne cessez de dire 1971.
17 Q. Excusez-moi, il y a peut-être une erreur mais je voulais parler de
18 1981.
19 R. Ces revendications étaient adressées au système en place à l'époque, à
20 l'opinion publique en passant par les médias à la communauté
21 internationale. Dans ce système monopartite on voulait faire savoir qu'il y
22 avait un peuple qui revendiquait un statut différent. C'est la raison pour
23 laquelle on a réprimé violemment ces manifestations.
24 Q. Merci. A l'assemblée provinciale du Kosovo-Metojiha, est-ce qu'il n'y
25 avait pas plus de 80 % d'Albanais en 1981 ?
26 R. Je ne connais pas le pourcentage exact. Oui, c'était peut-être à peu
27 près ça, celui que vous dites. Mais ce n'est pas le pourcentage exact.
28 Q. Oui, je ne demandais pas de pourcentage précis de toute façon. Mais il
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1 y avait une majorité albanaise dans toutes les structures en 1981 ?
2 R. Oui, en gros, c'est vrai.
3 Q. Merci. Après ces manifestations, est-ce que la présidence de la RSFY a
4 décidé d'appliquer certaines mesures au Kosovo-Metojiha ?
5 R. Ces décisions ont été prises plus haut au niveau de la Serbie et aussi
6 au niveau de la Fédération de Yougoslavie.
7 Q. La présidence de la RSFY à l'époque et son président était Raif
8 Dizdarevic à l'époque, n'est-ce pas, est-ce que là on n'essayait pas de
9 décider d'envoyer des unités pour le maintien de la paix ?
10 R. On a déclaré un état d'urgence au Kosova à l'époque.
11 Q. Oui, partant d'une décision prise par la présidence de la RSFY qui
12 était dirigée à l'époque par Raif Dizdarevic ?
13 R. Oui, mais la Yougoslavie n'était pas une monarchie où une seule
14 personne pouvait prendre une décision. C'était une décision prise
15 collégialement par la présidence qui avait décidé d'instaurer un état
16 d'urgence au Kosova.
17 Q. Mais c'est ce que j'ai dit. J'ai dit que c'était la présidence qui
18 avait à sa tête le monsieur que j'ai nommé et c'était un organe collégial.
19 Partant de cette décision, est-ce que le secrétaire fédéral à l'intérieur a
20 créé un état-major ou un quartier général à Pristina ?
21 R. Ça je ne sais pas. Mais ce que je sais c'est que tout s'est fait contre
22 la volonté de la majorité albanaise au Kosova. Je n'ai pas de connaissance
23 sur le sujet de votre question de la création d'un état-major ou d'un QG.
24 Q. Merci. Est-ce qu'il y avait à la présidence de la RSFY quelqu'un qui
25 représentait le Kosovo-Metojiha ?
26 R. Oui.
27 Q. Est-ce que vous connaissez le nom de celui qui représentait le Kosovo ?
28 R. Si je ne m'abuse, c'était Riza Sapundxhiu.
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1 Q. Est-ce que M. Sapundxhiu était Albanais de souche ?
2 R. Oui.
3 Q. Merci. Dites-moi, je vous prie, ces droits en application de la
4 constitution de 1974, ces droits politiques existaient-ils en application
5 de la constitution datant de 1963 également ?
6 R. Non.
7 Q. Merci. Est-ce que la constitution s'est modifiée en général dans
8 quelque Etat que ce soit, par la volonté d'une majorité politique où que ce
9 soit au monde ?
10 R. Vous pouvez poser ce genre de question portant sur les institutions
11 législatives à qui de droit. Ce sont des questions qui requièrent des
12 connaissances scientifiques en la matière. Je ne sais pas vous répondre.
13 Q. Monsieur le Témoin, je ne vous aurais jamais posé ces questions si dans
14 vos déclarations vous n'aviez pas parlé de questions politiques. Entre
15 autres, vous avez parlé d'appréciations qui étaient les vôtres pour ce qui
16 est des modifications à la constitution et des relations en matière
17 politique. Je vous posais la question au sujet de ce que vous avez déclaré
18 dans votre déclaration. Si ce n'est pas le cas, si vous estimez ne pas être
19 un expert en la matière, dites-le, et je ne vous poserai pas de question.
20 Mais j'insiste sur ces questions, ces questions sont des thèmes en matière
21 juridique et politique. Vous avez parlé de la modification violente de la
22 constitution en 1989, je vous pose cette question. Je vous demanderais de
23 ne pas vous fâcher contre moi à cet effet. J'aimerais que compte tenu du
24 temps qui m'est imparti vous m'apportiez des réponses brèves et précises
25 afin que nous puissions en terminer. Si vous ne voulez pas me répondre, je
26 veux bien être d'accord avec aussi.
27 Je vais maintenant vous poser ma question. Est-ce que dans votre
28 déclaration les parties qui se rapportent aux positions politiques et aux
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1 arguments politiques sont exacts et sont-ils le résultat de vos
2 connaissances politiques ou pas ?
3 R. Quoi que j'ai pu déclarer dans cette déclaration préalable est exact,
4 mais votre question était la suivante : est-ce que la constitution d'un
5 pays peut être amendée suite à la volonté de la majorité de la population
6 de ce pays ? Cela est une question concrète. Je peux faire un commentaire,
7 certes, mais je ne peux pas apporter une réponse de spécialiste en matière
8 juridique, car comme je vous l'ai déjà dit, la question est très concrète.
9 Or, j'ai donné des déclarations sur des thèmes de nature générale au sujet
10 du mouvement qu'ont généré ces amendements à la constitution. Si vous
11 voulez mon opinion générale, en ma qualité de profane je peux vous répondre
12 mais votre question placerait même des professionnels en position
13 difficile. Je ne peux pas vous répondre par un oui ou par un non pour ce
14 qui est de savoir si la constitution est susceptible d'être changée, suite
15 à la volonté d'une majorité politique. Qu'est-ce que c'est qu'une majorité
16 politique me demanderiez-vous ? C'est ainsi que je vois. Aux fins d'amender
17 une constitution de façon pacifique, on peut le faire suite à une
18 initiative émanant d'une majorité absolue, comme cela a été le cas des
19 Albanais au Kosovo. C'est sur cela qu'ils ont fondé leurs revendications,
20 sur leur droit de majorité.
21 Q. Monsieur le Témoin, vous m'avez dit tout à l'heure qu'en application de
22 la constitution de 1963, les Albanais n'avaient pas les droits qui leur ont
23 été octroyés avec la constitution de 1974. Seriez-vous d'accord avec moi
24 pour dire que la volonté politique en 1974 a décidé d'adopter une nouvelle
25 constitution et de vous accorder les droits qui vous ont été octroyés en
26 application de cette constitution ?
27 R. Vous devez d'abord expliquer ce que vous entendez par majorité
28 politique. La constitution qui a été en vigueur a connu des amendements en
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1 1974. Nous ne devons pas oublier non plus les manifestations qui se sont
2 produites en 1968, et qui n'ont pas été au centre de mon témoignage.
3 Vous m'avez posé une question au sujet de 1963, mais même en 1963 les
4 étudiants avaient organisé des manifestations suite à quoi il y a eu des
5 amendements constitutionnels adoptés, et on nous a accordé une université
6 en langue albanaise. Nous avons eu le droit de nous servir du drapeau
7 albanais. Après 1974, en 1981, la majorité de la population s'est levée
8 pour demander une république. Ma réponse brève est celle de dire que la
9 majorité a le droit de demander des amendements à la constitution.
10 Q. Merci. Vous venez de me dire que c'est d'abord par des voies politiques
11 qu'il y a eu modification de la constitution en 1963. Ce n'était pas en
12 1997 et pas 1993 qu'il y a eu des manifestations. Suite à cela, de façon
13 prévue par la constitution et par la législation en vigueur, il a été
14 procédé à l'adoption de cette constitution de 1974; est-ce exact ou pas ?
15 R. Est-ce que vous êtes en train de me poser des questions au sujet de la
16 constitution de 1998 ?
17 Q. Non, je vous parle de la constitution de 1974. Nous avons eu une
18 constitution en 1963, puis des amendements adoptés en 1968 et en 1972 au
19 sujet du Kosovo, et en 1974 il y a adoption d'une nouvelle constitution qui
20 accorde au Kosovo-Metohija des droits qui n'étaient pas les siens en 1963.
21 R. C'est exact.
22 Q. Cette technologie de modification de la constitution par amendement,
23 appliquée en 1979, c'était quelque chose de prévu par la constitution. Est-
24 ce que c'était bien la façon correcte de procéder aux fins de modifier la
25 constitution ?
26 R. Je pense que vous êtes en train de faire une confusion au niveau des
27 années. Vous venez de dire 1979. De quelle constitution êtes-vous en train
28 de parler ? Vous parlez de celle de 1974 ou si vous vous référez à celle de
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1 1989 ? Je ne vous comprends pas.
2 Q. Je m'excuse, j'ai eu à l'esprit les amendements à la constitution de
3 1989. On en a fini avec 1974, on peut aller de l'avant.
4 R. C'est bon. Les amendements de 1989 ont été plus concrets. Il y a eu un
5 état d'urgence, et il s'est ensuivi des amendements constitutionnels du
6 fait de la présence de la police et de l'armée au Kosova, et comme vous
7 devez probablement bien le savoir, avant ces amendements constitutionnels
8 il y a eu un débat public organisé au sujet de la constitution. Ce débat
9 politique portant sur les amendements politiques a été organisé au sein
10 d'organisations, entreprises, et associations, là où j'ai travaillé aussi
11 il en a été débattu, car la ligue socialiste a organisé la discussion, en
12 fait, c'était le parti communiste et ses structures.
13 En guise de résultantes de tous ces débats, la population, la société a
14 réalisé qu'elle ne pouvait pas approuver les amendements qui étaient
15 proposés par la Serbie. Aussi ont-ils demandé à ce que cela soit modifié.
16 C'est au parlement que les amendements ont été approuvés, mais ils n'ont
17 jamais compté les votes des députés au parlement, parce que certaines
18 personnes qui n'avaient pas le droit de voter ont quand même voté aux fins
19 de faire passer lesdits amendements.
20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Djurdjic, j'aimerais vous
21 signaler que c'est dans à peu près dix minutes que nous devrons mettre un
22 terme à votre contre-interrogatoire afin que Mme Kravetz puisse poser ses
23 questions complémentaires. Je vous demande d'être conscient du temps qui
24 passe.
25 M. DJURDJIC : [interprétation] Mais dans ce cas-là, Monsieur le Président,
26 cela donnerait beaucoup moins de temps pour moi que dans le cas de
27 l'interrogatoire principal effectué par Mme Kravetz. Elle a eu deux heures
28 pour l'interrogatoire principal de ce témoin. Si on est si pressé que cela,
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1 je veux en terminer tout de suite, si vous tenez à toutes ces questions
2 complémentaires.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous êtes en train de prendre en
4 considération des questions ou des domaines que vous estimez être
5 importants pour votre défense. Nous souhaitons que vous fassiez, mais
6 j'attire votre attention sur la nécessité de ne pas perde de vue le temps
7 qui vous est imparti.
8 M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vous remercie,
9 mais le témoin a élargi tout ce qu'il a dit dans l'affaire Milutinovic et
10 dans sa déclaration dans cette affaire-ci, et je pense que dans aucune de
11 ces déclarations préalables, pas même dans l'affaire Milutinovic on a
12 débattu certaines questions de façon appropriée, mais moi je veux bien.
13 Q. Monsieur le Témoin, êtes-vous d'accord pour dire qu'il y ait eu respect
14 de la procédure constitutionnelle, et qu'il y a eu adoption d'amendements
15 en 1989, le 23 mars, il y a eu prise de décision appropriée aux fins de la
16 modification de la constitution de la République de Serbie à ce moment-là ?
17 R. Non. J'ai déjà expliqué les raisons pour lesquelles cela est ainsi. Le
18 peuple a dit non. La société a dit non. Cela a été prouvé par les
19 événements qui ont suivi, à savoir par les protestations à grande échelle
20 qui ont suivi l'adoption de ces amendements. Ma réponse est non.
21 Q. Vous estimez qu'intervenir en dehors des institutions est suffisant et
22 que c'est la bonne façon de procéder, sans pour autant suivre les activités
23 politiques normales qui sont prescrites par la constitution et la loi ?
24 R. Je n'ai pas de commentaires à faire à ce sujet. Vous êtes en train de
25 me dire : est-ce que vous pensez qu'il en est ainsi et ainsi ? C'est la
26 quatrième fois que je témoigne ici, et je suis conscient de la procédure
27 qui est utilisée ici. J'ai déjà eu des expériences, mais je n'ai jamais eu
28 de questions posées à mon égard de ce type. Je n'entends pas les questions
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1 que vous me posez.
2 Q. Monsieur le Témoin, moi je vous pose des questions au sujet des
3 déclarations politiques que vous avez faites ici et au sujet des domaines
4 politiques qui sont avancés par vous. Je ne peux pas vous poser de
5 questions si je ne touche pas à la politique et à vos activités en la
6 matière, vous qui étiez secrétaire du cabinet du président Rugova, qui
7 était à la tête du parti le plus important au Kosovo-Metohija depuis 1989,
8 et ce, depuis la date de sa création. Si vous dites que vous n'êtes pas un
9 homme politique et que vous ne pouvez pas apporter de témoignages à ce
10 sujet, je vais demander aux Juges de la Chambre d'attribuer le poids qu'il
11 faut à ces parties politiques de votre déclaration. Il n'y a rien dans
12 votre déclaration au sujet de ces maisons détruites ayant appartenu à des
13 Albanais. Je n'ai pas vu cela, il s'agit du paragraphe 75. J'aimerais que
14 vous nous apportiez des explications -- je m'excuse. Je vous ai donné le
15 mauvais paragraphe. Vous avez dit que le 24 mars qu'il y a eu des maisons
16 albanaises abandonnées à Pristina.
17 Ai-je raison de dire que les habitants de ces maisons ont été partis même
18 avant le 24 mars ?
19 R. Les violences systématiques au Kosovo ne se sont jamais arrêtées, ça a
20 commencé en 1981, et ça a duré pendant les frappes aériennes. Mais en ce
21 qui concerne cette période, la violence n'a fait que s'intensifier suite à
22 la conférence de Rambouillet contre la population civile. Le seul but était
23 d'assurer le nettoyage ethnique. Et comme je l'ai dit, la violence était en
24 cours même avant les frappes aériennes du 24 mars 1999. J'ai vu des
25 familles qui ont été obligées de quitter leurs maisons et aller en
26 Macédoine ou en Albanie.
27 Q. Au paragraphe 76, aujourd'hui, vous dites, vous parlez de ces pamphlets
28 que vous avez vus ou tracts. Dites-moi, s'il vous plaît, lorsque vous avez
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1 reçu ce tract, est-ce que vous en avez informé M. Rugova ?
2 R. Oui, je l'ai fait. Je lui ai dit qu'il y avait beaucoup d'activités de
3 propagande en cours et que ceux-ci concernaient plusieurs aspects d'un
4 côté. Tuer les intellectuels, puis l'autre but de cela était d'expulser les
5 personnes, puis troisièmement, de mener la propagande par le biais des
6 tracts. Nous avons fait un commentaire ou nous avons fait des commentaires
7 au sujet de ce tract avec M. Rugova avant le 31 mars, lorsque la police et
8 l'armée ont fait irruption dans sa maison.
9 Q. Merci. Est-ce qu'à cette époque-là, M. Rugova craignait les membres de
10 l'UCK ?
11 R. Non. Il n'avait aucune raison de les craindre.
12 Q. Merci. Vous avez dit que vous n'aviez pas de télévision lorsque vous
13 étiez chez M. Rugova, que les téléphones ne fonctionnaient pas non plus et
14 que vous ne pouviez pas établir de contacts avec les gens; ai-je bien
15 compris ?
16 R. A l'époque où la police était présente, souvent il y avait des coupures
17 d'électricité ou les lignes téléphoniques étaient interrompues. Mais lors
18 de la réunion avec M. Milosevic, nous avons demandé d'avoir une ligne
19 téléphonique régulière. Cependant, les interruptions se sont poursuivies.
20 Q. Bien. Dites-moi alors comment vous avez pu entendre Jamie Shea au
21 moment où il rendait public son communiqué de Bruxelles, et aussi comment
22 avez-vous pu entendre la radio "Free Europe" et "Voice of America" dont
23 vous avez parlé ?
24 R. Nous avons eu un petit transistor que nous écoutions pendant la nuit.
25 Il ne faut pas oublier que nous avons eu le droit de rester dans une seule
26 pièce. Nous étions plus de 20 dans cette pièce et parfois, pendant la nuit,
27 nous pouvions écouter la radio.
28 En ce qui concerne la télévision, j'ai pu la voir une seule fois lorsque la
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1 police serbe était là. J'ai relié le câble en présence de la police et j'ai
2 écouté une de ces conférences de presse. La police a été présente lorsque
3 j'ai entendu cela.
4 Q. Monsieur Merovci, ces relais ont été détruits lors des premières
5 frappes de l'OTAN et il n'y a pas eu de signal radio ni de télévision ni de
6 communication, et même la police ne pouvait pas établir une communication à
7 l'intérieur de leurs services. Mais vous avez dit que vous avez entendu
8 dire que Jamie Shea avait dit que
9 600 000 Albanais avaient quitté le Kosovo et vous l'avez dit à Milosevic.
10 Est-ce que vous savez que 300 000 personnes avaient quitté la Serbie en
11 dehors du Kosovo-Metohija ?
12 R. Maintenant, vous vous écartez du sujet principal. Les répétiteurs, les
13 relais ne pouvaient pas bloquer tous les signaux. J'ai dit que nous avions
14 une antenne satellite dans la maison de Rugova et j'ai entendu cela une
15 seule fois lorsque j'ai relié le câble qui avait été coupé par eux, et eux
16 aussi souhaitaient savoir ce qui se passait. Donc ils ont écouté avec moi.
17 Q. Vous n'avez pas répondu à la question que je vous ai posée et qui
18 concerne le fait que pendant les bombardements 300 000 personnes avaient
19 quitté la Serbie en raison de peur des bombardements.
20 R. Je n'ai pas entendu parler de cela. Ceci concerne un sujet que j'ignore
21 complètement.
22 Q. Merci. Est-ce que vous avez entendu dire aussi que le Monténégro a été
23 bombardé seulement deux fois pendant la guerre, et ce, une fois à
24 l'aéroport de Golobovci, près de Podgorica et la deuxième fois, c'était le
25 pont près de Berane.
26 R. Je n'ai pas d'information précise à ce sujet.
27 Q. Merci. Est-ce que les gens, s'ils quittent une région où ils ne sont
28 pas en sécurité, est-ce qu'ils le font pour aller dans une autre région où
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1 ils ne sont pas en sécurité ?
2 R. C'était le cas des Albanais qui sont allés au Monténégro uniquement
3 afin de fuir la répression.
4 Q. Monsieur Merovci, dans l'ensemble de votre déclaration, je n'ai vu
5 nulle part que vous auriez mentionné la déportation du 24 mars à Pristina.
6 Comment se fait-il qu'aujourd'hui vous en parlez en détail et vous
7 fournissez beaucoup de détails au sujet de cette déportation ?
8 R. Le 24 mars, c'est le jour du début des frappes aériennes, et si je ne
9 me trompe, c'était au soir. Donc la déportation des personnes avait
10 commencé même avant les frappes aériennes. La déportation des personnes et
11 les convois de la population, j'ai dit que lorsque nous sommes rentrés de
12 Paris, nous avons vu cela. Nos véhicules étaient les seuls qui rentraient à
13 Prishtina et nous avons vu de longs convois de véhicules et de voitures
14 différentes qui se dirigeaient vers la frontière avec la Macédoine. Je les
15 ai vus au cours de la période allant du 24 au 31 et c'est pendant cette
16 période que je suis sorti et j'ai regardé à Prishtina autour de moi et j'ai
17 été escorté par la police.
18 R. Non, Monsieur Merovci, vous avez dit simplement dans votre déclaration
19 que suite à votre retour de Paris, à la frontière macédonienne, vous avez
20 vu la Mission de vérification du Kosovo et des civils albanais qui étaient
21 en train de quitter le Kosovo. Mais vous n'avez parlé d'aucune déportation
22 ou transfert forcé. Vous ne l'avez pas mentionné.
23 Q. Nous parlons maintenant du 20 mars, lorsque l'on parle de longs convois
24 de voitures et de véhicules. Nous nous sommes arrêtés. Nous avons demandé
25 aux gens : "Où partez-vous ? Pourquoi
26 partez-vous ? Ils ont dit : "Nous avons été expulsés de chez nous. Là je
27 parle de la période de notre retour à Prishtina et ce que nous avons vu sur
28 la route. Et par la suite, nous avons pu voir nous-mêmes que la répression
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1 qui se déroulait, qui avait commencé déjà avant se poursuivait. Et c'est
2 une question que le monde entier connaît, que c'était une crise humanitaire
3 sans égal dans l'ensemble du XIXe siècle.
4 Q. Merci. Mais ceci n'est pas du tout mentionné dans votre déclaration.
5 Vous avez dit simplement que vous les avez vus en train de partir, mais non
6 pas tout ce que vous ajoutez maintenant, les déportations ne sont pas
7 mentionnées du tout.
8 Voici ma question alors : le 23 mars, je suis parti du Kosovo-Metojiha, il
9 y avait un convoi de véhicules et voitures qui allaient vers Gnjilane et
10 vers la Serbie. Il y avait un grand nombre de personnes mais personne ne
11 nous a poussés à cela.
12 Q. Merci. Je vais terminer pour ce qui est de sujet car je n'ai plus
13 beaucoup de temps. Vous affirmez encore aujourd'hui que vous parlez, que
14 vous avez parlé des déportations dans votre déclaration fournie au bureau
15 du Procureur. Vous dites maintenant que ceci a été mentionné ?
16 R. La question des déportations est quelque chose que nous avons vu mais
17 je ne sais pas dans quelle partie de ma déclaration je l'ai mentionné. J'ai
18 déjà déclaré que j'ai vu des convois de personnes et je parle de la période
19 allant du 24 au 31 mai. Même le jour où nous sommes entrés au Kosovo, nous
20 avons vu des personnes dans ce même état. Nous avons vu des civils qui
21 harcelaient des gens dans les rues, qui les chassaient de chez eux. Pour
22 votre information, ma déclaration contient 20 pages. Si vous me demandez
23 maintenant de parler de la même manière que je l'ai fait dans ma
24 déclaration de façon mot à mot, je ne vois pas pourquoi vous me posez vos
25 questions, car vous avez la déclaration. Quoi vous voulez que je fournisse,
26 des arguments supplémentaires, mais tout est contenu dans ma déclaration et
27 tout est conforme à ma déclaration.
28 Q. Monsieur le Témoin, seulement dans le paragraphe concernant le matin où
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1 la police était venue et où vous avez regardé par la fenêtre, c'est
2 seulement à ce moment-là que vous mentionnez le passage des forces serbes
3 dans cette rue. Mais peu importe, maintenant nous avons précisé de quoi il
4 s'agissait. Une autre question m'intéresse. Vous dites que vous êtes parti
5 avec M. Hill à Orahovac. Dans votre déclaration il est écrit que vous avez
6 pris la route Pristina-Stimlje, Suva Reka-Orahovac. Alors aujourd'hui vous
7 avez mentionné Pec.
8 R. D'après ce que je vois, vous connaissez certainement très bien les
9 routes de Kosovo. Nous sommes partis en prenant la route Prishtina-Pec, et
10 nous avons tourné vers Orahovac. Nous sommes allés à Milisheve, Suhareke,
11 Lijpan et Shitme, à Pec. Je n'ai pas dit à Pec, j'ai dit la route de Pec.
12 Q. Monsieur Merovci, vous avez dit Stimplje-Suva Reka-Orahovac, or Pec
13 n'est pas du tout mentionné dans la déclaration. Mais passons à autre
14 chose. Je souhaite savoir comment vous avez pu voir des soldats qui se
15 cachaient et qui représentaient de manière erronée leurs activités depuis
16 le véhicule dans lequel vous étiez ? C'est ce que vous nous avez dit
17 aujourd'hui.
18 R. Je vais essayer d'être plus explicite. Nous étions dans une voiture de
19 l'ambassade des Etats-Unis. Nous nous sommes arrêtés. Je peux même
20 mentionner les endroits où nous nous sommes arrêtés. C'était à Cafa Dulje.
21 Ensuite, nous avons arrêté la voiture nous sommes sortis, et à ce moment-là
22 nous avons vu les canons de fusil qui étaient cachés.
23 Q. Merci. Mais à Cafa Dulje probablement les canons avaient déjà été
24 positionnés six mois auparavant au moment de l'arrivée de la Mission de
25 vérification de Kosovo.
26 R. Ce n'est pas une question mais une déclaration. Quelle est votre
27 question ?
28 Q. Je vous demande si vous êtes d'accord avec moi pour dire que tous ces
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1 soldats étaient déjà stationnés --
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Deux choses. Si vous répondez à une
3 question avant la fin de l'interprétation, nous n'allons pas tout entendre.
4 Deuxièmement, s'agissant du temps, Maître Djurdjic, maintenant nous
5 traitons des questions qui sont beaucoup plus proches de l'acte
6 d'accusation. Est-ce que vous avez besoin de plus de temps pour traiter de
7 ces questions-là, ou bien est-ce que vous avez terminé ou presque terminé
8 de votre contre-interrogatoire ?
9 M. DJURDJIC : [interprétation] J'ai été induit en erreur par ce supplément
10 apporté par l'Accusation à propos des paragraphes sur lesquels allait
11 déposer le présent témoin. On m'avait dit qu'il allait parler du 72(G) et
12 si c'était ce qu'il avait fait, j'aurais pu aborder toutes les questions
13 portant sur ce paragraphe 72(G) et rien que sur cela pour essayer
14 d'apporter des éléments contradictoires à ce qu'il avait dit. Mais ceci est
15 élargi aujourd'hui et je ne sais pas si je parviendrai à tout aborder
16 aujourd'hui. J'ai dû commencer par l'examen des 20 paragraphes qui sont
17 énumérés. Si d'emblée j'avais su que seul ce paragraphe avait de
18 l'importance, j'aurais pu en terminer en l'espace d'une demi-heure.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Alors vous dites, oui, ou vous dites,
20 non, à ma question, Maître Djurdjic ?
21 M. DJURDJIC : [interprétation] Je suis loin d'avoir fini. Lorsque j'aurai
22 affiné mes questions, les questions seront plus brèves pour autant que le
23 témoin fournisse des réponses brèves, parce que vous voyez qu'il répond
24 très longuement.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous pensez, est-ce que
26 j'ai raison de penser que vous n'avez pas terminé l'examen des faits ?
27 M. DJURDJIC : [interprétation] C'est exact.
28 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Merovci, je le crains fort
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1 par souci d'équité pour respecter l'équité de la procédure, il vous faudra
2 revenir lundi.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, sauf le respect que je
4 vous dois - et je suis tout à fait prêt à coopérer, même si ça fait la
5 quatrième fois que je viens témoigner ici - mais j'ai toujours fait preuve
6 de loyauté, j'ai toujours voulu coopérer. Ça fait une semaine que je suis
7 ici. J'ai mes occupations personnelles. J'ai ma famille, ma femme. Mais
8 j'ai pris des jours de congé pour venir ici, mais je ne pense pas que je
9 puisse rester plus longtemps parce que je pensais en avoir terminé
10 aujourd'hui. Mais ce n'est pas à moi de décider. Mais j'aimerais que vous
11 preniez en compte ma demande car je voudrais insister pour terminer
12 aujourd'hui.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous aimerions, bien entendu, à tout
14 prix, répondre à votre demande. Nous avons essayé d'exhorter à la rapidité.
15 Mais pratiquement, nous avons maintenant terminé le temps qui nous était
16 réservé en ce prétoire. Peut-être que nous pourrions prolonger d'une
17 dizaine de minutes, mais pas beaucoup plus longtemps que cela aujourd'hui.
18 [La Chambre de première instance se concerte]
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic, si on vous donne sept
20 minutes de plus, essayez de bien les utiliser, il faudra à ce moment-là
21 terminer.
22 M. DJURDJIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. J'en suis
23 capable. Une seule question, puis je suis sûr que vous accorderez la valeur
24 probante qu'il faut à tout ceci.
25 Q. Ce qui n'a pas été dit dans cette déclaration, et que je vous soumets
26 maintenant, Monsieur le Témoin, pourquoi est-ce que vous le dites
27 aujourd'hui ? Pourquoi est-ce que vous modifiez -- vous avez modifié votre
28 déclaration, mais vous n'en avez pas parlé du tout, alors que le recueil de
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1 cette déclaration a duré très longtemps ?
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous avez bien compris
3 cette question, Monsieur Merovci ? Ce que le conseil de la Défense fait
4 valoir, c'est que cette fois-ci vous avez apporté plusieurs modifications à
5 votre déclaration préalable. Il vous demande comment il se fait
6 qu'auparavant vous n'ayez pas parlé de ces modifications, d'autant que pas
7 mal de temps s'est écoulé depuis le moment où vous avez donné cette
8 première déclaration. Pourriez-vous nous aider là-dessus ?
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous le savez peut-être bien. Ma déclaration
10 préalable écrite porte sur la période allant de 1981 à la fin des frappes
11 aériennes après la conférence de Rambouillet. Je suis souvent venu parler
12 ici des événements, où j'ai parlé longuement des événements de 1981,
13 antérieurs à 1981, à propos de 1963 et 1968. Puisqu'on m'a posé des
14 questions, je les ai répondu. Si on m'avait posé des questions portant sur
15 ma déclaration préalable, j'y aurais répondu. C'est ce que j'ai fait
16 d'ailleurs. J'ai simplement ajouté quelques éléments. Je n'ai pas modifié
17 ma déclaration, mais je me suis dit qu'en venant ici, en venant témoigner à
18 l'audience, j'avais le droit de mieux expliquer certaines choses et
19 d'ajouter ce qu'il me semblait nécessaire. Je ne pense pas m'être écarté du
20 tout de ma déclaration préalable. Si j'ajoutais quelque chose, je l'ai fait
21 parce qu'on m'a posé des questions. Regardez le compte rendu d'audience.
22 Vous verrez que l'avocat de la Défense a plutôt fait des commentaires que
23 poser de questions. Merci.
24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Merovci, la question qui vous
25 avait été posée portait surtout sur les modifications que vous avez
26 apportées à la teneur de votre déclaration préalable. Si j'ai bien compris
27 votre réponse, vous dites que vous n'avez pas modifié cette déclaration.
28 Vous avez plutôt ajouté des détails ou des sujets qui ne se trouvaient pas
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1 au départ dans votre première déclaration. Nous ne parlons pas de 1963, de
2 1968, de 1981. Nous parlons des sujets qui sont mentionnés dans votre
3 déclaration préalable. Est-ce que ce sont des questions portant surtout sur
4 les événements de 1999 ? Est-ce que vous auriez changé d'avis sur ces
5 événements depuis le moment où vous avez fourni votre première déclaration,
6 ou est-ce que vous avez simplement ajouté des détails ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas du tout changé d'avis sur quoi que
8 ce soit. Je n'ai pas modifié la teneur de ma déclaration. Vous le savez,
9 des questions m'ont été posées sur la déclaration et je me suis contenté
10 d'apporter des précisions. Un exemple : On m'a demandé où j'avais vu ces
11 canons de fusil. Je l'ai précisé. On m'a posé la question deux ou trois
12 fois, et maintenant je ne me souviens plus exactement des autres questions
13 possibles. Là, je ne pense pas que je me sois écarté du fond de ma
14 déclaration préalable. J'ai dit qu'il y avait eu des déplacements de
15 personnes allant dans un sens précis. On m'a demandé où ils allaient, et je
16 l'ai indiqué. Voilà comment je vois les choses.
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
18 Monsieur Djurdjic, vous avez entendu la réponse du témoin. Voulez-vous
19 ajouter quelque chose ?
20 M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je suis sûr
21 que vous accorderez le poids qu'il convient à tous les éléments de preuve
22 qui vous sont soumis. Je n'ai pas d'autres questions.
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci beaucoup.
24 Chaque minute compte, Madame Kravetz. Avez-vous des questions
25 supplémentaires ?
26 Mme KRAVETZ : [interprétation] Je n'en ai pas.
27 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La réponse est formidable.
28 Vous allez être ravi, Monsieur le Témoin, d'apprendre que ces dernières
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1 questions mettaient terme à votre audition. Vous pouvez maintenant rentrer
2 chez vous et vaquer à vos occupations. Merci d'être venu une fois de plus
3 témoigner. Désolé que vous avez dû attendre si longtemps, mais les
4 questions qui sont abordées ici sont importantes, et vous comprenez que la
5 Chambre essaie de faire preuve d'une grande équité et de soupeser chacun
6 des éléments portant sur ces événements. Vous comprendrez que si l'on veut
7 saisir toutes les facettes d'une problématique, il faut un certain temps
8 pour le faire.
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Je comprends.
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Madame Kravetz. Merci, Maître
11 Djurdjic, de votre aide apportée cette semaine. Nous reprendrons l'audience
12 lundi.
13 [Le témoin se retire]
14 --- L'audience est levée à 13 heures 56 et reprendra le lundi 16 mars
15 2009, à 9 heures 00.
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