Page 3265
1 Le lundi 6 avril 2009
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.
5 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Bonjour.
6 Tout d'abord, je tiens à informer les parties que le Juge Parker ne va pas
7 siéger avec nous aujourd'hui. Il n'en demeure pas moins que la Chambre a
8 décidé en application de l'article 15 bis (A) du Règlement, que l'audience
9 se poursuivra en son absence.
10 Je vais demander que le témoin soit amené dans le prétoire.
11 [Le témoin vient à la barre]
12 LE TÉMOIN : DUSAN DUNJIC [Reprise]
13 [Le témoin répond par l'interprète]
14 M. LE JUGE FLUGGE : [hors micro]
15 L'INTERPRÈTE : Monsieur le Président, hors micro.
16 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Monsieur le Témoin, veuillez
17 vous asseoir.
18 Je vous rappelle que vous avez prononcé une déclaration solennelle au
19 début de votre audition et qu'elle est toujours de rigueur, elle est
20 toujours en vigueur. Maître Djordjevic, je suppose que vous n'oublierez pas
21 et je sais que vous avez sans doute encore quelques questions à l'attention
22 du témoin.
23 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
24 Contre-interrogatoire par M. Djordjevic : [Suite]
25 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur.
26 R. Bonjour.
27 Q. J'aurais encore quelques questions importantes à vous poser.
28 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Nous n'avons pas reçu l'interprétation
Page 3266
1 de ce que vous venez de dire.
2 Mais c'est bon, je crois, Maître Djordjevic.
3 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
4 Comme je le disais, je voudrais qu'on affiche, à l'écran dans le prétoire,
5 la pièce P455.
6 Q. Monsieur, ici nous avons un tableau qui a été réalisé par un
7 anthropologue, M. Jose-Pablo Baraybar, qui a établi ces données pour
8 refléter les données que vous, votre équipe et d'autres équipes ont
9 fournies. Vous avez en dessous Ba, D, et PS à la base de ce tableau. Ba
10 représente Batajnica; D, c'est un autre lieu; PS, c'est Petrovo Selo, un
11 autre lieu. Mais ce qui m'intéresse pour le moment c'est uniquement les
12 premières colonnes de ce tableau. La colonne en gris plus exactement qui
13 vous donne le nombre global de cas. Que sont tous les corps qu'on a
14 retrouvés à Batajnica. On voit bien c'est manifeste ça concerne les deux
15 lieux : Batajnica 1, et Batajnica 2. La colonne de couleur plus sombre nous
16 donne le nombre de décès, le nombre de morts établis, la traduction n'est
17 pas bonne. En fait, c'est le nombre de cas pour lesquels la cause du décès
18 a été établie, et enfin, nous avons le nombre de cas où l'origine du décès
19 n'a pas été établie.
20 D'après le rapport de vos équipes, les conclusions que vous associez et
21 vous surtout avez signées, vous nous l'avez déjà expliqué la cause des
22 décès conformément à la doctrine établie - et vous nous avez dit que ce
23 qu'on utilisait surtout comme grille de lecture celle établie par les
24 Allemands pour déterminer la cause du décès - dans ce cadre vous nous avez
25 dit qu'en fonction de l'état de décomposition des corps retrouvés il a été
26 impossible de déterminer la cause du décès. Comment dès lors expliquer un
27 nombre si important de cas pour lesquels la cause du décès a été établie.
28 Au regard ce qu'a fait votre équipe, vous verrez, vous en serez d'accord
Page 3267
1 avec moi la différence est énorme, n'est-ce pas ?
2 R. Mais c'est la première fois que je vois ce tableau. Je vais aborder
3 deux facettes de ce problématique. Tout d'abord, il y a le fait que les
4 experts en médecine légiste dont je fais partie qui ont procédé aux
5 analyses, aux autopsies nous avons appliqué des grands principes qui
6 s'appliquent dans le monde, à savoir que seuls les faits concrets, les
7 éléments vérifiés peuvent déboucher sur des conclusions permettant
8 d'établir la cause du décès. Je m'explique : il y a des conclusions
9 établissant la cause d'un décès et l'autopsie, et entre les deux, il faut
10 un lien cohérent, c'est cela qui compte.
11 On peut utiliser d'autres sources d'information, c'est ce que j'ai fait.
12 C'est ce qu'une Chambre de première instance fait aussi, ça c'est une autre
13 forme de savoir spécialisé qui peut expliquer la manière dont une blessure
14 a été causée et dont la mort peut avoir été provoquée. Mais, moi, en tant
15 que médecin légiste, en tant qu'expert en médecine légale, je dois
16 expliquer comment j'ai découvert tous ces phénomènes et je dois établir un
17 lien de causalité entre ces phénomènes et le décès. Il y a donc une
18 cohérence, et je vous l'ai déjà expliqué, le lien entre la conclusion et
19 les faits doit être logique. C'est ça qui a été expliqué à un tribunal, et
20 seul le tribunal dispose de tous les éléments nécessaires permettant de
21 dire, voilà, Monsieur, vous êtes médecin, c'est ce que vous avez constaté,
22 mais nous avons ici la déposition de témoins, de témoins oculaires, des
23 résultats d'instances d'instruction qui ont découvert des éléments sur les
24 lieux de l'infraction; et c'est en rassemblant tous ces faits avec nos
25 conclusions d'autopsie qu'un expert parviendra à tirer des conclusions ou
26 faire des prévisions plus ou moins sûres sur la cause éventuelle du décès.
27 Donc c'est déjà mieux qu'une probabilité, et c'est ce genre de chose qu'on
28 présente à un juge.
Page 3268
1 Quels sont les fait dont je disposais, à propos de Batajnica, non pas en
2 tant qu'expert mais en tant que légiste, médecin légiste ayant procédé aux
3 exhumations et aux autopsies, en 2001, à Batajnica mais aussi pour tous les
4 autres lieux. Par exemple au Lac Radonjic, au Kosovo, là, nous avons eu les
5 mêmes conclusions que celles que nous avons eues ici. Toutes les équipes du
6 territoire de la République de Serbie ont fourni les mêmes rapports, les
7 mêmes conclusions pour ce qui est des corps se trouvant en état de
8 putréfaction.
9 Alors quelles sont les conclusions que j'ai ? Moi, j'ai un fait, "fait" -
10 entre guillemets - que ces corps avaient été amenés d'ailleurs, d'un autre
11 lieu, que ces corps avaient été transportés à l'aide de plusieurs moyens de
12 transport divers. Certains de ces corps avaient déjà été enterrés
13 auparavant dans un autre lieu, et ces personnes ont été tuées lors de
14 divers affrontements entres le forces terroristes, les actions de l'UCK qui
15 ciblaient la police et l'armée régulière, autant de faits que j'avais en
16 tête. La probabilité, par conséquent, très élevée que des blessures ont été
17 causées de diverses façons en divers lieux.
18 Moi, en tant que médecin légiste, j'arrive sur un lieu où des corps ont été
19 amenés d'autres endroits, se trouvent dans des états divers de
20 décomposition, et je dois établir la cause du décès. Je n'ai pas de
21 paramètres me permettant de voir quelles sont les blessures intervenues
22 avant la mort et celles qui sont intervenues post mortem. Les blessures
23 ante mortem et post mortem ont pratiquement le même aspect. Vous avez les
24 tissus mous qui commencent à se décomposer, une fois qu'intervient, que
25 commence la putréfaction; il est très difficile de savoir si une blessure a
26 été causée avant ou après la mort. C'est pour cela qu'en médecin légale, on
27 utilise ces termes que je vous donne maintenant. On dit que le corps se
28 trouve dans un état avancé de putréfaction, il est alors impossible de
Page 3269
1 déterminer l'origine de la mort.
2 M. Baraybar a pu établir la cause pour 506 cas. Bon, là, je ne peux pas
3 contester ce qu'il a dit. Je ne sais pas comment il a étayé tout cela. Mais
4 c'est un anthropologue, ne l'oublions pas. Il aurait été impossible de
5 parvenir à ces conclusions sans avoir coopéré avec un pathologiste, sans
6 avoir utilisé d'autres sources d'information et sans avoir procédé à
7 d'autres analyses, analyses faites à partir d'éléments qu'il avait.
8 Je peux vous dire autre chose, j'en ai le devoir car j'ai fait le serment
9 en tant que témoin de tout vous dire. J'ai témoigné en qualité d'expert
10 dans ce qu'on appelle le procès Srebrenica 107 [phon] et j'ai eu l'occasion
11 dans ce cadre de consulter les rapports d'autopsie d'un grand nombre de
12 personnes, rapports établis par plusieurs équipes. Cet aspect de médecine
13 légale, c'est ce dont parlait M. John Clark, qui a été un des médecins
14 légistes de pointe pour Srebrenica. Il a dit pratiquement la même chose que
15 moi. Puis à un moment donné, il a dit ceci, le point de départ ça doit être
16 quelques postulats ou quelques suppositions sur les façons dont ces
17 personnes ont trouvé la mort. On parle donc de suppositions. Il a dit qu'il
18 était possible, que ces gens ont peut-être été tués dans le cadre des
19 événements de Srebrenica.
20 J'ai fait quelques commentaires sur ce point, mais c'est sans intérêt ici.
21 Pourtant j'ai déjà dans ce cadre trouvé un fait important, celui-ci, quand
22 on a commencé à travailler à Srebrenica, en 1996. Attendez que je regarde
23 mes notes, oui, je pense que c'était en 1996; San Antonio, c'était 1998. Il
24 y avait un Robert Kitchener, c'était un médecin qui faisait partie de
25 l'organisation, "Médecins pour les droits de l'homme," "Physicians For
26 Human Rights." C'était lui la personnalité principale qui supervisait tout
27 le travail d'exhumation qui se faisait à Srebrenica. Un substitut du
28 Procureur, M. Peter McCloskey, et lui ont parlé à des experts en médecine
Page 3270
1 légale comme moi et ils ont tout simplement modifié les conclusions.
2 William Haglund l'a dit dans plusieurs de ses rapports. Ces hommes
3 voulaient avoir des conclusions qui soient libellées pour ce qui est des
4 autopsies comme l'a fait Baraybar plus tard. Pour ce qui est de ces
5 conclusions qui sont à la fois d'anthropologie et de médecine légale, bien
6 entendu, de venir ici en tant que témoin; de cette façon, il y a pu aborder
7 tous les cas d'exhumation. Nous, entre experts, nous nous sommes entretenus
8 sur la question. On s'est dit : comment peuvent-ils dire cela sans
9 connaître tous les détails ?
10 C'est pour cela que j'ai parlé d'un homme qui avait essayé de se suicider
11 en se tirant une balle dans la tête. Si cette personne avait trouvé la mort
12 un an après cet incident, s'il s'était empoisonné en faisant une
13 utilisation exagérée de médicaments, si on l'enterrait cet homme et si un
14 anthropologue l'exhumait plus tard, l'examinait, et si on ne connaissait
15 pas d'autres circonstances, on pourrait tirer des conclusions tout à fait
16 erronées. C'est la même chose qui s'est passé au Kosovo. Au Kosovo, j'ai vu
17 des gens qui ont été tués entre le mois d'avril et le mois de septembre, et
18 j'ai trouvé des gens qui étaient morts pas seulement en un seul jour mais
19 durant une période assez longue dans ces circonstances, et dans d'autres
20 cas, nous avons pu déterminer la cause du décès en raison de l'état de
21 putréfaction. Maintenant affirmer que certains sont morts par balle et si
22 vous avez un corps où il y a un corps décapité ou la balle a été tirée dans
23 la région pelvienne, comment savoir si on a d'abord décapité la personne
24 puis si on a tiré une balle sur cette personne dans la région pelvienne ?
25 Bon et que ce serait la cause principale du décès ? C'est pour ça qu'on ne
26 présente pas ce genre d'information dans un tribunal parce qu'un tribunal
27 se prononce partant de ce que je dirais mais aussi d'autres éléments de
28 preuve ce qui permet d'aboutir à une conclusion logique, une supposition
Page 3271
1 logique à propos de la cause du décès. C'est la seule conclusion que je
2 peux tirer, mais je --
3 M. NEUNER : [interprétation] Je tiens à signaler qu'on pose maintenant,
4 pour la deuxième fois, à ce témoin une question concernant ce qu'a fait un
5 autre témoin, et on a demandé l'avis du témoin, notre témoin est censé être
6 un témoin factuel; on vient de lui soumettre un tableau qui a à certains
7 égards un graphique à tableau complexe pour lequel il faut avoir des
8 connaissances préalables. Or il vient de dire qu'il le voit pour la
9 première fois. Je ne pense pas que c'est là une bonne démarche. Nous avons
10 ici un produit scientifique présenté au témoin qui nécessite certaines
11 explications. Or nous avons un témoin des faits. Il ne convient pas à mon
12 avis par conséquent de demander ce genre d'information d'expert à ce
13 témoin.
14 M. LE JUGE FLUGGE : [aucune interprétation]
15 Maître Djordjevic.
16 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, votre collègue, M.
17 le Juge Parker, et vous en tant qu'organe collégial, vous êtes déjà
18 prononcé sur ce genre de choses, sur ce genre d'objections. Ce témoin parle
19 ici d'éléments qui sont en rapport direct avec son domaine d'activités.
20 Moi, je lui pose des questions qui permettront de nous aider tous à faire
21 se manifester la vérité et à établir les faits. J'en conviens nous pouvons
22 laisser de côté l'avis personnel du témoin mais n'oublions pas que nous
23 avons ici un témoin qui soit a été témoin à charge ou un expert cité par la
24 Défense, et a fourni des vis très précieux pour bon nombre de Chambres de
25 première instance, ce qui explique pourquoi je ne peux manifester d'accord
26 avec ce que je viens de dire M. Neuner.
27 [La Chambre de première instance se concerte]
28 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Nous avons écouté les propos du témoin
Page 3272
1 avec énormément d'attention; nous avons entendu les commentaires de M.
2 Neuner, nous vous demandons, Maître, de tenir compte de ces commentaires
3 mais de poursuivre.
4 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci. Je comprends parfaitement ce que
5 veut dire M. Neuner, sauf le respect que je lui dois je vais poursuivre le
6 contre-interrogatoire du témoin --
7 M. LE JUGE FLUGGE : [aucune interprétation]
8 M. DJORDJEVIC : [interprétation] -- de la façon qui si prête le mieux.
9 Q. Pour ne pas perdre de temps et afin qu'il y ait du temps pour les
10 questions supplémentaires, c'est Pablo Baraybar. Il avait dans son équipe
11 des experts en médecine légale, nous le savons tous; cependant, nous
12 l'avons vu, dans ce document -- vos documents que vous avez fournis, que
13 vous avez signé, dans votre équipe, vous aussi, vous aviez un anthropologue
14 ou des anthropologues spécialisées en médecine légale ou simplement des
15 anthropologues. Est-ce que ceci modifie votre avis ?
16 R. Je dois tout d'abord vous dire que les -- Mme Marija Dujuric, qui était
17 l'anthropologue que nous avons utilisée en avance de M. Jose-Pablo
18 Baraybar, -lui aussi anthropologue - elle, Mme Djuric c'est un docteur en
19 médecine; elle enseigne l'anatomie et elle a comme spécialité l'anatomie
20 légiste, la formation est différente. Ce n'est pas la formation qu'a tout
21 anthropologue. Elle enseigne l'anatomie à la faculté de Médecine, ceci en
22 dit l'explication. Autre chose, lorsqu'on a essayé d'établir la cause du
23 décès, pour se faire, il faut aussi avoir -- il faut encourir à des
24 anthropologues -- des pathologistes spécialisés en médecine légale, comme
25 je le suis. A ce moment-là, notre probabilité sera sans doute moindre si on
26 ne se base que sur des rapports d'autopsie. Je vous ai longuement expliqué
27 cela. Je vous ai dit qui avait trouvé cette solution en 1996 en ce qui
28 concerne Srebrenica et qui avait suivi la même voie après 1996.
Page 3273
1 Pour que tout soit clair, dans une procédure pénale dans notre pays, si on
2 détermine qu'une personne a été tuée dans telle ou telle circonstance, si
3 un juge ordonne une exhumation, nous -- autopsie, nous exhumons le corps et
4 nous procédons à une autopsie et puis nous concluons comme ici qu'il est
5 impossible d'établir la cause du décès comme c'est fait ici. Cependant,
6 étant donnée que le Juge d'instruction, que l'Accusation nous a donné
7 certains faits, par exemple, qu'il y a eu un accident de la circulation, et
8 nous avons le dossier médical de quelqu'un mais en raison de certaines
9 circonstances il n'a pas été possible d'établir la cause du décès, mais si
10 j'ai à ma disposition les mêmes faits que le tribunal, je peux lui donner
11 mon avis seulement, pas des conclusions. Je peux dire que voilà, partant de
12 tous ces faits après l'autopsie qu'il ne m'a pas donné une cause précise,
13 je peux donner mon avis personnel sur le fait de savoir si la blessure est
14 en rapport avec l'accident de circulation ou pas. Je peux expliquer si
15 certaines des blessures que j'ai constatées auraient pu ou pas être
16 provoquées par l'accident de la circulation. C'est ce qui a été fait ici,
17 c'est-à-dire que l'opinion fournie -- l'avis fourni se fonde uniquement sur
18 le rapport d'autopsie.
19 Mettons que vous avez un cas qui vient de Batajnica et on voit qu'il
20 y a balle tirée dans la tête ce qu'on a établi pendant l'autopsie nous,
21 nous avons dit que le corps se trouvait dans un stade avancé de la
22 putréfaction, la décomposition qu'il était impossible de déterminer
23 l'origine du décès. Mais si vous dites que cette personne ou sa mort est
24 liée au fait qu'il y a eu tir par balle et qu'il y a eu une -- on voit
25 l'entrée du projectile et la sortie, oui, à ce moment-là, je peux avoir une
26 autre théorie que je peux énoncer. Mais si l'on voit qu'il y a aussi des
27 blessures à l'arme blanche dans la région abdominale et si cette personne
28 était égorgée ce qui explique la décomposition assez rapide des tissus mous
Page 3274
1 puisqu'ils étaient déjà endommagés, cette personne a rapidement perdu son
2 sans, mais pour être sûr que cette personne était vraiment morte, on lui
3 aurait aussi tiré une balle dans la tête; à ce moment-là, on a une
4 supposition valable qui se fonde sur les mêmes conclusions, les mêmes faits
5 venant de l'autopsie.
6 Mais je sais en tant qu'expert en médecine légale que ceci s'est
7 passé. On a profané des corps au Kosovo. Après tous ces événements, ils ont
8 été profanés, ils ont été déterrés et enterrés ailleurs. On a jeté des
9 grenades sur des gens qui étaient déjà morts, ce qui a provoqué des
10 blessures, des lésions supplémentaires. Il était important dès lors de dire
11 qu'ici c'était une blessure causée avant la mort. Mais ce sont des
12 suppositions dangereuses, périlleuses qui ne sont pas nécessairement
13 fondées.
14 C'est ce que je voulais dire.
15 Q. Merci bien. Je vais maintenant vous poser la question suivante : avez-
16 vous des informations ou des expériences personnelles sur le territoire de
17 l'ex-Yougoslavie relatives à la manière dont des blessures ont été causées
18 à des personnes ? Je parle ici, par exemple, aux blessures ou lésions
19 causées par des balles ou par des éclats d'obus. Si vous avez pu établir un
20 lien entre ces lésions, ces blessures et le fait ou la participation de ces
21 personnes aux activités de combat, si ces personnes-là étaient armées ou
22 pas, et cetera.
23 R. Oui, j'ai eu un très grand nombre de cas de mon expérience, dans ma
24 carrière de cette sorte, malheureusement. J'ai eu quelques cas relatifs au
25 lac de Radonjic où en général les pistolets ou des fusils -- donc des armes
26 légères à feu ont été utilisées, avant quoi les victimes étaient
27 probablement battues. Egalement en 1994, 1995, je me suis occupé d'une
28 affaire à Derventa, où environ une vingtaine de corps a été retrouvée, des
Page 3275
1 personnes tuées d'une manière qui était connue déjà à l'époque de la
2 Deuxième Guerre mondiale.
3 Où la mort a été infligée par un coup de massue de même à Srebrenica,
4 il y a évidemment pour toutes ces lésions. Là, on ne parle pas des
5 personnes qui ont décidé suite à de ces blessures, on ne parle pas de la
6 cause de décès mais on parle des lésions, donc tout ça c'est très
7 caractéristique. Il y a, par exemple, des manières pour établir si la
8 lésion représente l'entrée d'une balle ou sa sortie, si la personne était
9 blessée par un éclat d'obus, si elle a été exécutée, ou si elle a été tuée
10 tout simplement au cours de combat. Tout ça, évidemment, est très, très
11 difficile d'établir si on ne dispose pas d'information supplémentaire.
12 S'agissant de cette localité au lac de Radonjic en 1998, il y avait
13 là-bas plusieurs personnes âgées et quelques personnes plus jeunes --
14 Q. Juste un instant, je vous interromps, mais puisque vous mentionnez le
15 lac de Radonjic, c'est le bon moment pour poser la question : pourquoi vous
16 vous êtes occupé de cette localité et qui était les victimes ?
17 R. C'était en 1998, en juillet et en août; il y avait là-bas des corps des
18 Albanais et des Serbes des personnes tuées par l'organisation terroriste
19 l'UCK. Ces personnes-là ont été arrêtées, capturées sur des localités
20 différentes pendant plusieurs mois, tuées, et ensuite leurs corps ont été
21 jetés dans ce canal en béton. Mais je voulais vous dire tout simplement
22 qu'il ne suffit pas d'examiner les blessures sur les corps, qu'il faut
23 également qu'on ait d'autres éléments, tels que chemise de balles, ou
24 quelque chose de tel parce qu'autrement on ne peut pas vraiment être tout à
25 fait sûr, mais évidemment si vous voyez une lésion provoquée par une balle,
26 l'entrée de la balle ou la sortie de la balle au niveau de la cavité
27 pulmonaire ou de l'abdomen, évidemment, vous pouvez arriver à une hypothèse
28 concernant les circonstances de décès. Donc, malheureusement, je dois dire
Page 3276
1 que mon expérience dans ce domaine est très, très importante.
2 Q. Bien. Logiquement je dois vous poser des questions relatives à ce que
3 vous avez fait à Batajnica, sur la localité Batajnica 1 et Batajnica 2,
4 est-ce que vous pourriez nous dire ce que vous avez fait exactement là-bas
5 ?
6 R. Je ne comprends pas tout à fait votre question.
7 Q. S'agissant des personnes, des cadavres retrouvés, le type de blessures
8 causées par quoi, vous avez dit que les corps étaient entièrement
9 décomposés que si vous avez pu trouver les traces c'était surtout sur les
10 ossements et pas sur les tissus. Alors est-ce que vous avez pu établir des
11 conclusions relatives à la cause de décès de ces personnes ?
12 R. Ecoutez, je n'ai pas pu le faire et je ne suis même pas en mesure de
13 vous dire quel est le pourcentage de personnes qui, des cadavres qui
14 portent des traces de blessures causées par une arme à feu. Evidemment cela
15 peut se faire, on peut faire une analyse pour arriver à ces informations,
16 donc des personnes tuées à l'arme de feu ou à cause d'un éclat d'obus, et
17 cetera, et cetera. Vous savez, c'est une autre sorte d'analyse, qui peut se
18 faire grâce aux vêtements, à tout le reste. Ces personnes ont été
19 identifiées. Nous avons bien que ces personnes venues de Kosovo.
20 Mais ma consoeur, qui avait témoigné dans l'affaire Milutinovic -
21 c'était une de mes élèves, j'étais son mentor lors de sa spécialisation -
22 donc elle a témoigné dans cette affaire. Nous en avons discuté de ce
23 qu'elle faisait. Par exemple, elle m'a dit que, par exemple, elle faisait
24 deux, trois autopsies sur une localité, et tout cela se passait en mars,
25 juin 1999, durant les bombardements. Donc ils commencent à entamer
26 l'autopsie des corps, ensuite on tirait sur eux, et l'équipe d'autopsie se
27 retirait parce qu'ils ne voulaient pas s'exposer au danger mortel. Puis
28 quelques jours ou le lendemain, ils revenaient et puis il n'y avait plus de
Page 3277
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14 Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des
15 versions anglaise et française
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 3278
1 corps. Alors où étaient les corps ? Tout simplement, les Albanais les
2 transféraient, ils les transféraient, ils faisaient des tombeaux plus
3 grands, plus importants. Pourquoi ils le faisaient ? Tout simplement, quand
4 on réunit ces cinq ou six cadavres pour l'autopsie, par exemple, on finit
5 l'examen externe des cadavres, et cetera, et cetera, puis on retrouve
6 encore cinq ou six cadavres ailleurs. En fait, ils ramassaient tous ces
7 cadavres ensemble avec l'objectif de réunir les corps avant de donner
8 l'impression qu'il y avait des tombeaux de masse, des fosses communes avec
9 un très grand nombre de corps. C'était ça l'objectif.
10 Donc vous savez dans ces conditions-là, il n'y a pas d'anthropologiste qui
11 puisse établir si une blessure est survenue ante mortem ou post mortem sur
12 un cadavre squelettisé [phon]. Si quelqu'un parvient, alors il peut obtenir
13 un prix Nobel sans aucun problème.
14 Donc je vous dis que c'est impossible à établir, dans ces conditions-là, la
15 cause du décès. Je suis que le Tribunal dispose des informations relatives
16 à ce qui se passait sur les lieux de crime et que ces informations-là
17 pourront être étudiées ensemble avec les résultats, les conclusions des
18 rapports d'autopsie. Par exemple, sur des cadavres, il y avait beaucoup de
19 fractures. Il n'y a pas un cadavre sans fracture, une ou plusieurs, mais
20 comment ont-elles pu être causées par exemple. Elles ont pu être causées
21 par un passage à tabac, mais également par pendant le transfert, pendant
22 que les corps étaient chargés à bord des camions ou déchargés, ou pendant
23 qu'ils étaient enterrés une première fois ou déterrés ou enterrés encore un
24 deuxième fois.
25 Vous savez, il y a eu des personnes qui avaient été enterrées, qui
26 avaient été déterrées, de nouveau enterrées, mais vous savez quand on
27 fermait, on ferme une fosse commune ensuite il y a un engin, le bulldozer,
28 terrasseur [phon] qui passe par-dessus et des fractures ont pu être causées
Page 3279
1 de cette manière-là également. Donc comment voulez-vous que j'arrive à
2 établir si une telle fracture a été survenue ante mortem ou post mortem ?
3 Q. Bien. Je comprends bien ce que vous dites mais quand même, ne pensez-
4 vous pas qu'il est possible d'établir que quelques-unes de ces fractures
5 ont été causées post mortem par le terrasseur, par exemple ?
6 R. Vous savez il y a quelques caractéristiques qui permettent d'établir
7 s'il s'agit d'une fracture ante mortem ou une fracture post mortem. Mais
8 vous savez ces deux fractures sont très similaires, afin qu'on puisse
9 trouver qu'une fracture est survenue ante mortem il faut qu'on ait des
10 traces sur l'os mais également sur les tissus mous. Mais s'agissant des
11 cadavres déterrés, qui étaient dans une phase de squelettonisation [phon]
12 avancée, où il n'y avait que très peu de tissus ou pas du tout, nous ne
13 pouvions pas tout simplement établir si cela était arrivé pendant la vie ou
14 après la mort. La seule chose que nous ayons pu établir c'était que les
15 fractures avaient été causées par un objet contendant, c'est tout.
16 Q. Bien. Puisqu'on parle de ceci, j'aimerais bien vous demander la chose
17 suivante, ces localités Batajnica 1 et 2, où vous avez travaillé; avez-vous
18 retrouvé des traces indiquant qu'il y avait eu des tentatives de détruire
19 entièrement les restes des victimes ?
20 R. Oui, à Batajnica 1, nous avons retrouvé des traces que des cadavres ont
21 été en partie "détruits" - entre guillemets. Je dis "détruit," parce qu'ils
22 ont retrouvé des traces d'incendie, de feu. Je pense que cela signifie
23 qu'il y a eu une tentative de brûler les corps. En fait, pour être plus
24 précis, sur une très grande partie de ces restes, de ces corps, nous avons
25 trouvé des traces de feu.
26 Q. Mais vous avez bien retrouvé les restes des victimes ?
27 R. Oui.
28 Q. Il y avait environ 39 cadavres dans cette fosse, dans ce charnier ?
Page 3280
1 R. Oui.
2 Q. Puis-je dire que s'agissant des circonstances dans lesquelles ces
3 personnes ont été tuées et relativement à la cause probable de leur décès,
4 que les conclusions auxquelles vous pouvez arriver, vous ne pouvez pas
5 dépasser le degré de probabilité. Vous ne pouvez vous déclarer que sur une
6 cause probable de décès, pas plus que ça ?
7 R. Oui, mais avec un certain degré de probabilité, mon indice de
8 probabilité.
9 Q. Merci. Ma question suivante porte sur quelque chose que moi, en tant
10 qu'amateur, je ne suis pas vraiment spécialiste de ça, et je trouve que
11 maintenant c'est une action d'occasion de m'adresser à un expert, à
12 quelqu'un qui connaît cette matière et qui a vécu toute sa vie sur le
13 territoire de l'ex-Yougoslavie, donc pourriez-vous nous dire, s'il vous
14 plaît, s'il existe de normes ou de standard ou des indices, quelque qui
15 permette d'établir l'âge d'un cadavre ou d'une dépouille. Nous avons
16 entendu dire ici que pour déterminer l'âge des victimes, des standards de
17 normes américaines avaient été utilisées, et que finalement des restes de
18 centaines de personnes ont été transférées à Tennessee et que c'est ensuite
19 l'Association des médecins légistes américaine, après l'étude menée à
20 Tennessee, donc cette équipe a conclu qu'il devait y avoir des standards
21 spécifiques pour les populations des Balkans.
22 Alors dites-nous avant ceci, y a-t-il eu des standards spécifiques
23 permettant de déterminer l'âge d'une personne tempore exitus ?
24 R. Oui, cela existe.
25 Q. Mais ils datent de Moyen-Âge, n'est-ce pas ?
26 R. Non, non, ils ne datent pas de Moyen-Âge, ces standards, ces normes
27 sont des normes largement acceptées ou adoptées datant de la fin du XXe
28 siècle -- datant de la fin du XIXe siècle et du XXe siècle. Donc nous
Page 3281
1 connaissons certaines caractéristiques qui permettent de déterminer les
2 sexes, l'âge, et alors il y a quelques indices numériques ou des paramètres
3 qui sont utilisés comme des normes pour établir tout cela pour ce qui est
4 d'une population sur un terrain ou un territoire donné. Alors les
5 Américains ils utilisaient, par exemple, ces standards-là, leurs normes
6 auxquelles ils sont parvenus en étudiant les valeurs numériques relatifs
7 aux soldats américains tués au Vietnam, et donc ça, par exemple, était
8 valable pour la population noire aux Etats-Unis.
9 S'agissant des Balkans, nous avons dû utiliser des normes
10 anthropologues qui existaient bien avant que tout cela arrive en ex-
11 Yougoslavie, Batajnica et le reste. Donc ces moelles étaient également
12 utilisées en Europe et en Russie. Nous savions qu'il y avait des
13 différences, s'agissant d'une population précise, mais, vous savez, les
14 populations des Balkans ne sont pas très différentes des populations du
15 reste de l'Europe. Peut-être qu'il y avait quelques différences entre les
16 populations du nord où les gens sont un peu plus grand que ceux qui sont au
17 sud, mais, nous, du fait que nous nous trouvions sur les Balkans, nous
18 utilisions les standards qui étaient plus précisément liés à l'Europe
19 centrale.
20 J'ai publié d'ailleurs un article en coopération avec mes consœurs
21 dans une revue de la médecine légale, "Journal of Forensic Sciences."
22 Q. Bien. Donc vous avez informé les cercles scientifiques de vos
23 trouvailles ?
24 R. Oui.
25 Q. Bien. Alors vous avez parlé de la visite de Baraybar, anthropologue,
26 vous avez dit qu'il a rendu à votre institut. J'avance qu'il y avait une
27 sorte de coopération établie entre votre institut et le OMPF, ou une sorte
28 d'accord d'échange d'information et d'expériences à ce sujet-là. Mais vous
Page 3282
1 dites que vous n'étiez -- vous avez dit que vous n'étiez pas au courant de
2 cela et que vous ne savez pas si cette coopération a jamais existé. Alors,
3 Monsieur Jose-Pablo Baraybar vous a-t-il posé des questions relatives à ces
4 normes permettant de déterminer l'âge des cadavres ou le nombre de décès ?
5 R. Ecoutez, il y avait là une équipe d'une vingtaine de personnes et
6 énormément de monde de notre institut de médecine légale; il y avait là Mme
7 Djuric et d'autres personnes qui parlaient avec cet homme et avec d'autres
8 personnes. Nous avons parlé de beaucoup de choses et je ne suis vraiment
9 pas en mesure de vous dire avec précision si nous avons parlé de ces normes
10 ou pas. Vous savez, les informations que vous recevez sur le terrain de la
11 part des instances qui mènent une enquête ou l'instruction, le juge
12 d'instruction, la police, les membres de la famille, et cetera. Ces
13 informations-là sont très importantes parce qu'elles vous permettent
14 d'effectuer une comparaison avec les changements sur les restes ou la
15 dépouille mortelle, donc cela vous permet évidemment d'établir des
16 changements sur la dépouille. Mais, vous savez, les changements peuvent
17 être causés par toute une série de facteurs, par exemple, l'endroit
18 d'enterrement, s'ils ont été enterrés une seule fois, s'ils ont ou pas
19 combien de temps les cadavres sont restés à ciel ouvert avant le transfert,
20 des conditions d'exhumation, et cetera, et cetera.
21 Donc je ne sais vraiment pas si nous avons parlé de ceci lors de cette
22 réunion.
23 Q. Bien.
24 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Peut-on maintenant afficher le rapport 189
25 de la liste 65 ter, page 4 en anglais et 5 en B/C/S -- ou B/C/S -- 179 de
26 la liste 65 ter. C'est le rapport, 179 et non pas 189, s'il vous plaît.
27 Q. Je vous demanderais maintenant d'examiner la version B/C/S de ce
28 document. Connaissez-vous ce document, s'il vous plaît ?
Page 3283
1 R. Oui.
2 Q. Je demanderais maintenant de regarder ce que vous avez écrit dans ce
3 document.
4 M. DJORDJEVIC : [interprétation] J'aimerais qu'on affiche également la
5 conclusion en B/C/S pour que le témoin puisse la voir.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois qu'il y a un certain nombre d'autres
7 éléments dans cette conclusion.
8 M. DJORDJEVIC : [interprétation]
9 Q. Ces autres éléments apparaissent probablement sur la page suivante.
10 Savez-vous ou vous souvenez-vous des résultats ? Est-ce qu'ils étaient
11 nombreux ? Vous les connaissez ? Je souhaiterais en fait vous montrer la
12 première page du document.
13 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Peut-on la montrer au témoin en version
14 B/C/S ?
15 Q. Je vous invite à l'examiner.
16 R. Très bien.
17 Q. Vous savez qu'il s'agit de Ba-12, en fait un rapport de l'OMPF portant
18 le -- et dictant les résultats de la même façon que vous l'aviez fait vous-
19 même ?
20 R. Oui.
21 Q. Je vous propose d'examiner à présent le document 5454, P5454, page 22.
22 Q. Monsieur le Professeur, parlez-vous l'anglais et comprenez-vous
23 l'anglais ?
24 R. Oui, je comprends l'anglais.
25 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Page 22, n'est-ce pas ? Très bien.
26 Q. Donc même chose, en fait il s'agit des activités que vous avez menées.
27 Vous voyez la cause de la mort : blessure par balle au niveau du crâne.
28 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je vous propose maintenant de passer à la
Page 3284
1 page 12. Vous voyez qu'il y a un diagramme au début de la page, et ensuite
2 on passe au paragraphe 33 avec un certain nombre d'exemples. Puis ce que je
3 souhaiterais vous montrer à présent c'est la partie qui commence par des
4 exemples, et ensuite on voit effectivement des clichés, photographies du
5 crâne. Donc je propose qu'on fasse un gros plan sur la partie inférieure du
6 paragraphe 3.3.
7 Q. Pourriez-vous examiner ces clichés, s'il vous plaît ?
8 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je souhaiterais à présent vous montrer la
9 page suivante, il s'agit de la page 13. Peut-on faire un gros plan ? Oui.
10 Merci beaucoup. C'est très exactement ce dont je souhaitais voir un gros
11 plan. Vous pouvez même élargir un petit peu plus les clichés
12 photographiques parce qu'on aimerait examiner ces photos du crâne.
13 Q. Monsieur le Professeur, cette lésion au niveau de l'os occipital,
14 excusez-moi, je suis néophyte, désolé, si je prononce mal les termes
15 techniques, donc il s'agit d'une lésion évidente, une blessure évident au
16 niveau de l'occiput. En tant qu'anthropologue, Baraybar parle de blessure
17 en trou de serrure. En fait, il s'agit d'une blessure provoquée par impact
18 de balle, on voit la lésion d'entrée et de sortie de la balle, à partir de
19 la vision étant une vue du haut vers le bas, ou le parcours de la balle
20 étant du haut vers le bas. Pourriez-vous nous faire part de vous
21 commentaires sur cette blessure dans la mesure du possible ?
22 R. Oui, j'ai bien lu le texte, et j'ai vu ces photos. L'on a dit qu'il
23 s'agit en fait d'un défaut d'un traumatisme lié à l'utilisation faite d'un
24 objet contendant.
25 Q. C'est ce que vous avez écrit ?
26 R. Oui, c'est une lésion dont certaines caractéristiques pourraient être
27 liées à une blessure provoquée par une arme à feu, ceci étant dit, je ne
28 pourrais difficilement vous faire part de mes commentaires sur les
Page 3285
1 remarques de M. Baraybar, tout simplement, parce que je suis simplement un
2 témoin de fait ici et je ne peux déposer que sur les faits et je ne peux
3 vous parler que de ce que nous avons écrit, effectivement, je confirme ce
4 que j'ai écrit. Par conséquent, je ne peux pas vous faire part de mes
5 commentaires sur ceci.
6 Maintenant pour ce qui est de cette blessure dite en trou de serrure, il
7 faut savoir que, pour ces types de blessures, elles sont causées par un
8 angle d'entrée de la balle étroite et un angle de sortie de la balle réduit
9 également, cela laisse un certain nombre de traces tant qu'à l'entrée qu'à
10 la sortie de la balle, et je ne peux en voir que certaines. On peut
11 difficilement utiliser tout cela pour une analyse, parce qu'il ne s'agit
12 jamais que de clichés photographiques, les photos qui ont été prises. Mais
13 la fracture -- les fractures qui ont été provoquées et que l'on a observées
14 précédemment indiquent l'éventualité de l'utilisation d'un objet
15 contendant, et c'est là la conclusion la plus avérée.
16 Maintenant, si cette blessure avait été exclusivement causée par un
17 projectile qui aurait pénétré dans le crâne à un angle très étroit depuis
18 le haut et en allant vers le bas, en tant qu'expert médico-légal, là, il
19 faudrait vraiment que j'amène une réflexion très aboutie quant à la
20 question de savoir si c'est véritablement la cause du décès et si
21 éventuellement c'est vraiment la blessure par balle qui a causé le décès,
22 ou au contraire un autre instrument qui aurait été utilisé sur d'autres
23 parties du corps qui à leur tour auraient provoquées la mort. En d'autres
24 termes, afin de pouvoir indiquer au Tribunal quelle est la cause de la mort
25 de la personne en question il me faudrait une certaine certitude.
26 Or dans le rapport d'autopsie je n'ai aucun élément de preuve faible
27 me permettant de conclure que la cause de la mort est l'utilisation d'une
28 arme à feu. Je vois qu'il y a une blessure causée par un objet contendant
Page 3286
1 et je vois également qu'il y a des traces liées à l'utilisation d'une arme
2 à feu sur le corps, et puis je peux dire également qu'il y a un certain
3 degré de décomposition du corps. Maintenant tout cela doit être en
4 conformité avec les résultats de l'analyse portant sur la cause de la mort.
5 Maintenant pour pouvoir affirmer que c'est effectivement l'utilisation d'un
6 projectile qui a conduit à la mort parce que nous avons cette blessure en
7 forme de trou de serrure au bas du crâne, alors il faudrait que je -- pour
8 répondre à certaines de mes questions que je procède à une analyse en tant
9 qu'expert afin d'apporter une réponse à ces éventuelles questions.
10 Donc en conclusion, qu'avons-nous écrit, et bien, je persiste et
11 signe, je confirme mes conclusions dans leur intégralité parce que nous
12 avons procédé à une analyse des lésions et des lésions précédentes. Nous
13 avons vu les photographies indiquant quel est le traumatisme crânien
14 provoqué par l'utilisation d'un instrument, puis ensuite par les
15 températures élevées, et je peux vous dire que je persiste et je confirme
16 tout ce que j'ai écrit, c'est tout ce que je peux confirmer.
17 Maintenant pour ce qui est des éléments anthropologiques liés à la
18 cause de la mort qui serait l'entrée du projectile à tel ou tel ange, tout
19 cela est un peu curieux et peu probable. Je pourrais aussi vous dire que ce
20 type de lésion aurait pu être causé par un -- vous savez une pioche, vous
21 savez il y a une partie plus plate et une partie plus tranchante. Donc ça
22 aurait pu être fait au cours de l'exhumation, et l'on aurait les mêmes
23 fractures qui apparaîtraient comme on le voit ici, mais je ne peux pas
24 l'affirmer d'ailleurs, je ne peux faire ce type d'analyse parce que je ne
25 suis qu'un témoin de fait ici.
26 Q. Oui, mais vous êtes également un expert, alors pourquoi n'avez-vous
27 pas, comme l'a fait M. Baraybar indiquer, blessure par balle au niveau du
28 crâne ? C'est la question que je vous pose. Vous avez fait l'analyse et
Page 3287
1 vous l'avez signée. Voilà la question que je vous pose.
2 R. Vous savez, nous ne pouvons coucher sur le papier que les faits dont
3 nous sommes certain. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas écrit
4 blessure par balle, mais lésion causée par un objet contendant.
5 Q. Très bien. Monsieur le Professeur, permettez-moi de vous remercier,
6 merci de nous avoir fait par de ces informations, informations qui seront
7 très utiles dès lors qu'il s'agira d'établir la vérité dans le cadre de ce
8 procès, c'est là finalement l'élément le plus important pour nous tous.
9 C'est la raison pour laquelle je tiens une fois de plus à vous remercier en
10 mon nom personnel merci d'être venu déposer et d'être venu nous dire tout
11 ce que vous savez quant à ce dossier.
12 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Voilà qui conclut, Monsieur le Président,
13 Monsieur le Juge, mon contre-interrogatoire.
14 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Merci, Monsieur Djordjevic.
15 Monsieur Neuner, avez-vous des questions à poser en questions
16 supplémentaires ?
17 M. NEUNER : [interprétation] Juste quelques questions, Monsieur le
18 Président.
19 Nouvel interrogatoire par M. Neuner :
20 Q. [interprétation] Monsieur, est-il possible qu'au cours de l'exhumation,
21 le crâne d'une dépouille subisse des lésions donc le corps qui est dans une
22 -- qui est en terre ? Est-ce que vous pourriez nous expliquer dans quelle
23 mesure cela est possible ?
24 R. Vous savez -- peut-on y passer, et je dois dire qu'au premier abord, ça
25 parait un peu curieux. Mais lorsque l'on accomplit les tâches que
26 j'accomplis sur le terrain, vous êtes amené à un engager de nombreuses
27 personnes et toutes ne sont pas médecins. Vous avez des experts médico-
28 légaux, des archéologues, mais il y a également du personnel technique
Page 3288
1 comme pour n'importe quelle équipe et il est difficile de surveiller chacun
2 des membres de votre équipe 24 heures sur 24, il vous est difficile de voir
3 exactement ce qu'ils font et comment ils le font. Par conséquent, je vous
4 répondrais qu'il est possible qu'au cours de l'exhumation de telles lésions
5 soient provoquées. Ceci étant dit, je ne sais pas où étaient arrivés
6 certains des corps, d'où pardon provenaient certains des corps. Je ne
7 savais pas où ils avaient été enterrés, dans quelles conditions, ils ont
8 été exhumés, je ne sais pas comment ils ont été transportés vers Batajnica,
9 par conséquent cela ouvre des possibilités.
10 Q. Il y a d'autres possibilités. J'aurais souhaité savoir comment des
11 membres de votre équipe auraient pu causer de telles lésions puisque vous
12 venez de nous dire que c'était tout à fait possible.
13 R. Oui, j'ai dit mais uniquement que c'était possible. Je n'ai pas dit que
14 c'était le cas et qu'ils l'avaient fait. Je vous dis simplement que la
15 possibilité existe.
16 Q. Avant de procéder à l'exhumation, est-ce que vous fournissez des
17 conseils aux membres de votre équipe quant au comportement qu'ils doivent
18 adopter lors de l'exploration du charnier de manier à ce que de telles
19 blessures au niveau du crâne puissent être évitées ?
20 R. Tout à fait, tout à fait. Tout à fait. Mais voyez-vous, il faut savoir
21 que c'était la première exhumation d'une telle ampleur sur un site unique,
22 jamais en Serbie on avait procédé à une telle exhumation.
23 Q. Est-ce que vous avez conseillé les membres de votre équipe avant de
24 commencer l'exhumation ? Est-ce que vous leur avez conseillé d'éviter de
25 provoquer de telles lésions ?
26 R. Pour la plupart de ces exhumations, c'était nous - les experts médico-
27 légaux, les médecins et anthropologues - qui étions responsables de
28 l'exhumation. Par conséquent, nous mettions tout en œuvre afin que tout
Page 3289
1 reste parfaitement intact. En revanche ce que je vous ai dit c'est qu'il
2 n'était pas impossible à en juger par les lésions que cela se soit produit.
3 Q. Je vous demandais simplement si vous fournissiez des conseils précis
4 aux membres de votre équipe avant de procéder à l'exhumation, est-ce que
5 vous leur conseillez d'éviter tout acte pouvant avoir pour conséquence une
6 lésion au niveau du crâne ?
7 R. Oui, oui, tout à fait.
8 Q. [aucune interprétation]
9 Q. De façon parfaitement explicite, je leur ai dit d'éviter cela et j'ai
10 particulièrement insisté sur l'importance des crânes qui évidemment
11 constituent l'élément crucial, pas simplement dans cette affaire-ci, c'est
12 le cas, c'était le cas pour toutes les affaires précédentes et suivantes.
13 Il faut être très précis.
14 Q. A Batajnica 1 et Batajnica 2, pendant que vous travaillez sur les
15 charniers, est-ce qu'à quelque moment que ce soit un membre de votre équipe
16 vous a-t-il à quelque moment que ce soit indiqué qu'il avait mené, qu'il
17 avait provoqué d'une manière ou d'une autre des lésions au niveau d'un
18 crâne ?
19 R. Non.
20 Q. J'ai quelques questions à vous poser portant sur les propos que vous
21 avez tenus ce matin, page 4 du compte rendu d'audience. Vous avez indiqué
22 en effet qu'au cours de l'examen médico-légal de Batajnica, vous disposiez
23 d'un certain nombre de faits, et vous avez énuméré trois faits : un fait
24 étant que les dépouilles avaient été ensevelies ailleurs précédemment mais
25 il me semblait avoir compris, à ce moment-là, qu'avant l'arrivée des corps
26 à Batajnica, ils avaient déjà été enterrés ailleurs. Pourriez-vous nous
27 expliquer, Monsieur, pourquoi vous avez estimé qu'il s'agissait là d'un
28 fait ?
Page 3290
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14 Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des
15 versions anglaise et française
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 3291
1 R. Non, ne n'ai pas estimé que c'était le cas; en fait,j'ai tenu compte de
2 ce fait dans mon étude d'expert et j'ai souhaité essayer d'identifier les
3 traces et c'est à cela que j'ai accordé mon attention, traces indiquant ce
4 fait qui pourraient m'amener à soupçonner le fait qu'éventuellement les
5 corps avaient été déplacés et il aurait fallu que j'envisage différentes
6 types de blessures ou lésions et ce sont là les faits que les responsables
7 en position d'autorité indiquaient dans -- y compris le tribunal, et après
8 tout, ces individus avaient été transférés de quelque part vers Batajnica.
9 Il fallait qu'en tienne compte comme un fait à savoir qu'il s'était passé
10 quelque part quelque chose quelque part ailleurs et moi je procédais à un
11 examen ici. Dans l'intervalle entre le moment du départ et le moment de
12 l'arrivée, il aurait pu se passer toute une série de chose qui auraient pu
13 avoir un impact sur les résultats de l'autopsie ou de l'examen post-mortem.
14 Voilà de quoi je tenais compte.
15 Q. Vous nous avez dit les responsables ne position d'autorité avaient
16 mentionné cette possibilité ou ce fait, et vous en avez parlé. Vous parlez
17 de personnes en position d'autorité, à qui faites-vous référence, Monsieur
18 ?
19 R. Lorsque je parle "des autorités," la seule autorité avec laquelle j'ai
20 des rapports constants c'est le tribunal d'enquête et les instances
21 chargées de l'instruction qui nous assistent.
22 Q. Ces organes chargés de l'Instruction, que vous ont-ils dit quant à
23 l'éventualité d'un enterrement ou ensevelissement précédent ?
24 R. Le bruit courant que les corps avaient été ensevelis au Kosovo avant
25 cela; personnellement, c'est ma collègue qui avait travaillé sur un de ces
26 sites qui me l'a dit et à un endroit de Batajnica - je ne sais plus lequel
27 exactement - l'on a effectivement trouvé des corps dans des sacs mortuaires
28 à moins que je ne m'abuse.
Page 3292
1 Q. Batajnica 1, Batajnica 2, c'est deux charniers ?
2 R. Non.
3 Q. Quel est le nom de cette collègue ? Vous en avez parlé la collègue qui
4 vous a parlé de cet ensevelissement précédent des corps ?
5 R. Dr Gordona Tomasevic, qui a déposé devant ce Tribunal.
6 Q. En tant qu'expert des exhumations, et ce, depuis de nombreuses années,
7 pouvez-vous nous dire la chose suivante : si un corps a été enterré
8 ailleurs dans un autre charnier, ou une autre tombe, et a été transporté
9 vers un site que j'appellerais tombe ou site d'ensevelissement secondaire,
10 si c'est le cas, est-ce qu'il y a des traces telles que de la terre ou
11 d'autres éléments qui permettent d'indiquer que ces corps ont effectivement
12 été ensevelis ailleurs ?
13 R. Oui, oui.
14 Q. Quels sont ces éléments qui permettent de l'indiquer ?
15 R. Ce sont les éléments qui indiquent la composition du sol si vous
16 trouvez des objets ou des éléments du sol sur les vêtements du corps ou sur
17 le corps lui-même ces éléments peuvent fournir une explication portant sur
18 les écarts et les différentes entre les deux emplacements, notamment la
19 différence entre le site d'où ont été transférés les corps et les nouveaux
20 sites.
21 Q. Est-ce que des membres de votre équipe au cours de l'exhumation
22 essayaient d'identifier de telles traces ? Je fais référence à Batajnica 1
23 et Batajnica 2.
24 R. Tout ce que nous parvenions à épingler et à observer, tout ce que nous
25 estimions avoir trouvé nous le décrivions. Ce qui nous intéressait au
26 premier chef, c'était de décrire les changements intervenus au niveau des
27 structures osseuses, des tissus mous, des vêtements, éléments qui auraient
28 pu indiquer une différence par rapport au site où ils étaient enterrés.
Page 3293
1 Q. Est-ce qu'à un moment donné au cours de l'exhumation à Batajnica 1 et
2 Batajnica 2, des échantillons de sol ont été prélevé afin de les comparer
3 la nature du sol sur le site d'ensevelissement et la nature du sol d'un
4 éventuel autre site, échantillon prélevé sur les corps ?
5 R. Nous avions une équipe d'archéologues qui travaillait à nos côtés et
6 qui procédait à des analyses du sol à Batajnica 1 et à Batajnica 2. Ces
7 examens ont effectivement eu lieu.
8 Q. Et qu'ont donné ces examens, des archéologues, le savons-nous ?
9 R. Je ne peux rien vous dire avec certitude. Tout ce que je peux vous dire
10 c'est que la nature du sol à Batajnica 2 était un sol très sablonneux. Mais
11 à Batajnica 1, tous les changements des tissus mous liés à la décomposition
12 et les échantillons de vêtement ont trait à une matière autour du corps et
13 la modification des tissus était telle qu'il était impossible de savoir si
14 cela était dû à la décomposition ou à la présence de sol émanant d'un autre
15 site. Il nous était impossible de le dire avec certitude. J'estime, pour ma
16 part, que Batajnica 1 et Batajnica 2 étaient en fait des sites primaires
17 d'ensevelissement pour la majorité des corps. Mais je disposais de
18 certaines informations m'indiquant que les corps avaient été exhumés. J'y
19 ai réfléchi assez longuement.
20 Q. De quelle information disposiez-vous vous permettant d'affirmer que les
21 corps avaient été exhumés avant d'être enterrés à Batajnica ?
22 R. Mais c'est très exactement ce que je viens de vous dire, des
23 informations émanant du Tribunal, indiquant que certains des corps avaient
24 été enterrés et qu'ils avaient ensuite été exhumés, transportés de ce
25 premier site vers le deuxième site. Je ne prétends pas que c'est le Juge
26 lui-même qui l'a dit, ça a été corroboré par mon collègue, mais à présent
27 je dépose ici même, et par conséquent, je ne peux que vous dire ce que nous
28 faisions. Ceci étant dit, nous avions le sentiment que les corps de
Page 3294
1 Batajnica 1 et Batajnica 2 étaient dans le site d'ensevelissement primaire.
2 Je ne dis pas que tous étaient ensevelis pour la première fois là. En fait,
3 ils ne présentaient pas les changements que j'ai décrits, s'agissant des
4 instruments, de la nature du sol, ce que j'ai indiqué précédemment, parce
5 que je n'avais pas la moindre idée de l'endroit d'où ils provenaient. Par
6 conséquent, il m'était impossible de procéder à des prélèvements d'indice
7 tels que des objets me permettant d'établir les faits. Je n'ai aucune
8 preuve irréfutable.
9 Q. Vous avez également affirmé en page 4 du compte rendu d'aujourd'hui que
10 des corps avaient été transférés en provenance d'ailleurs. Fait ou
11 supposition, pourquoi le pensez-vous ?
12 R. Il y a une autre possibilité, à savoir qu'ils auraient pu être tués sur
13 place, là-bas. Ceci étant dit, nous disposions de tous les éléments
14 permettant d'indiquer qu'un grand nombre de personnes avaient été
15 ensevelies exactement au même moment. Maintenant je vous parle en ma
16 qualité d'expert médico-légal. Les informations dont disposait le Tribunal
17 ainsi que le Juge d'instruction notamment, étaient des informations fiables
18 qui confirmaient qu'effectivement ces corps avaient été transférés depuis
19 le Kosovo vers cet endroit-là. Mais ce sont des éléments différents même si
20 effectivement on pense toujours qu'il n'était pas impossible que ces
21 personnes aient été tuées et enterrées sur place. Ceci étant dit, à en
22 juger par leur aspect, il me semblait évident qu'il s'agissait de morceaux
23 de corps qui avaient été conservés à un endroit, qui ensuite ont été
24 exhumés au moyen d'engin de terrassement et qui ensuite ont été transportés
25 depuis le Kosovo vers cet endroit. C'est tout ce que je savais.
26 Mais c'est la raison précise pour laquelle l'identification des blessés
27 mais aussi des individus est cruciale, parce que cela permet d'établir un
28 lien entre différentes zones géographiques d'une part et les individus dont
Page 3295
1 on a trouvé les corps de l'autre.
2 Q. Vous avez indiqué que le Tribunal disposait d'information fiable quant
3 au déplacement et au transfert des corps; est-ce que ces informations que
4 le Tribunal avait en sa possession, vous avez eu l'occasion de les voir ou
5 pas ?
6 R. Non, je ne disposais que d'information orale.
7 Q. En page 14 du compte rendu d'audience d'aujourd'hui, vous indiquez que,
8 si l'on déplace une dépouille mortelle à des fins spécifiques, on peut
9 partir du principe que quelqu'un aurait pu tirer sur le cadavre afin de
10 semer le doute dans l'esprit des anthropologues ou des experts médico-
11 légaux qui ensuite ne seront pas à mêmes de dire si la blessure a été
12 causée sur le corps squelettisé ou pas. Puis ensuite vous poursuivez et
13 vous indiquez que ce genre de chose, ça se produit, d'ailleurs j'ai des
14 rapports qui l'indiquent.
15 Pourriez-vous nous dire de quels rapports il s'agit ?
16 R. Il s'agit d'information portant sur la profanation de corps commis,
17 acte de profanation commis par certains groupes. En fait, il faut savoir
18 que l'UCK avait tendance à tuer tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec
19 eux ou avait tendance à causer ces blessures par la suite. J'ai entendu
20 dire et ce sont de nombreux policiers responsables de la sécurité qui me
21 l'ont dit, qu'en 1998, ça se faisait au Kosovo. Je tenais à attirer votre
22 attention sur le fait qu'il n'était pas impossible que l'on ait manipulé en
23 quelque sorte ces cadavres. Ensuite il est très difficile de procéder à une
24 analyse médico-légale parce que, dans un premier temps, vous déplacez le
25 corps, ensuite vous tirez sur le corps. Ensuite vous le mettez parmi toute
26 une série d'autres cadavres, et tout cela peut être ensuite présenté comme
27 s'il s'agissait d'un massacre.
28 Q. Si on déplace ces corps disons de quelques centaines de kilomètres, si
Page 3296
1 on les amène à quelques centaines de kilomètres du premier lieu; est-ce que
2 ceci a un effet sur votre travail d'expert médico-légal lorsque vous voulez
3 déterminer la cause du décès ?
4 R. L'effet pourrait être celui-ci, lorsqu'on déplace un corps d'un lieu
5 vers un autre, il faut un certain temps pour se faire. De cette façon, la
6 possibilité d'avoir des liaisons post mortem s'accroît, et il peut avoir
7 accélération du processus de putréfaction. Ceci peut dissimuler ce qui
8 s'est passé avant la mort.
9 Q. Si vous avez des camions qui passent jusqu'à deux semaines devant le
10 lieu où les corps ont finalement être enterrés, est-ce que ceci a un effet
11 sur les cadavres pour vous, vous qui essayez en tant que spécialiste de
12 médico-légal de déterminer la cause de la mort ?
13 R. Vous pensez à quel camion ?
14 Q. Je parle des camions dans lesquels ont été transférés les corps,
15 camions qui sont restés à peu près deux semaines sur un certain lieu avant
16 que les tombes ne soient creusées.
17 M. LE JUGE FLUGGE : [aucune interprétation]
18 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Objection de la Défense. On pose
19 maintenant au témoin des questions sur les circonstances ou des
20 circonstances dont il ne serait parlé. Maintenant on parle de camions entre
21 autres. Tout ce que M. Neuner peut faire c'est de demander au témoin s'il
22 savait comment ces corps ont été transportés. C'est une question
23 directrice.
24 M. LE JUGE FLUGGE : [aucune interprétation]
25 M. NEUNER : [interprétation] Je suis conscient que j'ai déjà utilisé.
26 C'était ma dernière question. Je voulais seulement avoir l'avis d'un expert
27 médico-légal car ce témoin a dit que pendant le transport des corps leur
28 décomposition se poursuit, et je voulais simplement lui demander ce qu'il
Page 3297
1 pensait du fait de ce qu'il en ait de l'effet possible que peut avoir le
2 fait que des corps restent pendant deux semaines dans un lieu avant d'être
3 enterrés.
4 [La Chambre de première instance se concerte]
5 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Pourriez-vous répondre à cette
6 question, Monsieur le Témoin ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui. Je réponds à votre dernière question
8 et j'y réponds de la façon plus brève possible en vous disant : oui.
9 M. NEUNER : [interprétation] Oui, pour ne pas perdre davantage de temps,
10 Monsieur le Président, nous ne poserons pas d'autres questions à ce témoin.
11 [La Chambre de première instance se concerte]
12 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Merci d'être revenu à La Haye,
13 Monsieur Dunjic. Ceci met fin à votre audition. Merci. Vous pouvez disposer
14 et reprendre vos activités habituelles.
15 Nous allons maintenant faire une pause et nous reprendrons l'audience à 11
16 heures 05.
17 [Le témoin se retire]
18 --- L'audience est suspendue à 10 heures 34.
19 --- L'audience est reprise à 11 heures 07.
20 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Stamp, qui sera
21 votre prochain témoin, est-il prêt ?
22 M. STAMP : [interprétation] Oui. Il s'appelle Milos Deretic. Je pense qu'on
23 est en train d'aller le chercher. Merci beaucoup.
24 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Fort bien.
25 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
26 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Deretic. Je vais
27 vous demander de prononcer la déclaration solennelle dont on vous remet le
28 libellé à l'instant.
Page 3298
1 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour,
2 Monsieur le Juge.
3 Je déclare solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et
4 rien que la vérité.
5 LE TÉMOIN : MILOS DERETIC [Assermenté]
6 [Le témoin répond par l'interprète]
7 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur. Veuillez
8 vous asseoir.
9 Je pense que M. Stamp a quelques questions à vous poser.
10 M. STAMP : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président. J'ai
11 effectivement quelques questions.
12 Interrogatoire principal par M. Stamp :
13 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur. Bonjour, Monsieur Deretic.
14 R. Bonjour.
15 Q. Monsieur, veuillez vous présenter tout d'abord à la Chambre. Donnez-
16 nous votre lieu de naissance, votre date de naissance et votre profession
17 actuelle ?
18 R. Je m'appelle Milos Deretic. Je suis né le 18 juillet 1954 au Kosovo, à
19 Podujevo. A partir de 1955, j'ai habité Pristina où j'ai terminé l'école
20 primaire, l'école secondaire et la faculté du Génie électrique. J'ai obtenu
21 un diplôme, mon cours principal étant en électronique et communications.
22 Q. Quel est votre métier, ou quel fut votre métier en 1998 ? Quel était
23 votre métier en 1998 et 1999 ?
24 R. A partir du 1er février 1992, j'ai travaillé au secrétariat de
25 l'Intérieur au SUP provincial de Pristina. En 1993, j'ai été nommé chef du
26 service des Communications aux transmissions au SUP
27 et en 1999, j'occupais toujours ce poste.
28 Q. En qualité du chef du secteur des transmissions à Pristina, quelles
Page 3299
1 étaient vos attributions, en quoi consistait ce travail qui était le vôtre
2 ?
3 R. Le service chargé des Transmissions au SUP
4 planification, du développement, de l'entretien du système de transmissions
5 dans la zone de compétence du SUP de Pristina. En application 45 de loi
6 régissant le fonctionnement du ministère de l'Intérieur, le MUP, notre
7 secteur, notre service chargé des Transmissions avait des attributions dont
8 il devait s'acquitter pour d'autres secteurs du Kosovo-Metojiha. Nous
9 étions en somme responsables aussi de l'entretien des systèmes de
10 communication et transmission de d'autres districts du Kosovo-Metojiha.
11 C'était des activités régulières du SUP de Pristina.
12 M. STAMP : [interprétation] Si vous le voulez bien, nous allons examiner
13 quelques documents, dont l'un qui porte ou se termine dont le numéro ERN se
14 termine par 01072.
15 Q. Est-ce qu'il s'agit ici du règlement interne régissant le
16 fonctionnement du ministère de l'Intérieur ?
17 M. STAMP : [interprétation] Nous allons consulter la page 45 -- nous ne
18 voulons pas la page 45 mais l'article 45, excusez-moi. Je ne connais pas
19 exactement le numéro de la page où cet article se trouve. Prenons la
20 dernière partie de la page suivante.
21 Q. Est-ce que vous avez pris connaissance du contenu de ces quelques
22 lignes ? Est-ce que vous parliez de cette disposition-ci ?
23 R. Vous avez déplacé le texte. Ici vous voyez secteur de l'analyse et de
24 l'informatique. Nous avons besoin du système -- ou du service de
25 Transmissions et d'encodage ou de cryptage.
26 M. STAMP : [interprétation] Je pense que ce sera la page 51 en anglais.
27 Q. Vous parliez de l'article 45, n'est-ce pas ? C'est que je vous ai
28 mentionné, en tout cas, c'est pour ça que je vous ai montré cet article.
Page 3300
1 Mais vous vouliez en fait voir l'article 46; est-ce bien cela ?
2 R. Oui, sans doute ceci se trouve dans la page 52 en serbe. Est-ce que je
3 peux voir cette page-là ?
4 M. STAMP : [interprétation]
5 Q. Nous voyons en anglais on parle du fait que ce secrétariat de Pristina
6 va assurer des prestations en matière de transmissions pour le territoire
7 du Kosovo-Metojiha. Est-ce que c'est à cette disposition-là que vous
8 pensiez lorsque vous nous avez dit que vous étiez aussi responsable des
9 transmissions dans tout le kilomètre ?
10 M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Nous n'avons pas ce texte à l'écran.
11 M. STAMP : [interprétation] Excusez-moi. Il nous faut voir la page 51,
12 c'est la dernière partie de l'article 46 qui m'intéresse. Excusez-moi,
13 Monsieur le Juge.
14 Mais il faut voir aussi la page suivante en B/C/S, me semble-t-il.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Oui, c'est cela, mais, moi, j'étais
16 convaincu qu'il s'agissait de l'article 45 mais c'est l'article 46. Le
17 libellé est très clair il est dit ici que le service de la Cryptographie du
18 chiffrement de Pristina, mais aussi de Novi Sad, Nis, s'acquitte des tâches
19 prévues ci-dessous notamment pour le secrétaire de Novi Sad, et Pristina --
20 L'INTERPRÈTE : On demande au témoin de ralentir lorsqu'il lit.
21 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Ralentissez, Monsieur, lorsque vous
22 lisez, car les interprètes doivent quand même vous traduire.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais faire un effort. Dans ce paragraphe de
24 l'article 46, nous avons la définition des attributions des obligations
25 incombant à notre service s'agissant des activités à fournir à d'autres
26 services, à d'autres secrétariats du Kosovo-Metojiha.
27 M. STAMP : [interprétation]
28 Q. [aucune interprétation]
Page 3301
1 M. STAMP : [interprétation] Je demande le versement de ce document car il
2 nous montre comment, quel est le règlement régissant le fonctionnement
3 interne du MUP.
4 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Ce document est versé au dossier.
5 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
6 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Vous voulez la totalité du document ?
7 M. STAMP : [interprétation] Oui, de toute façon, je vais y revenir pendant
8 la déposition du témoin, je vais aborder d'autres parties.
9 M. LE JUGE FLUGGE : [aucune interprétation]
10 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P584.
11 M. STAMP : [interprétation]
12 Q. En 1998 et en 1998 [comme interprété], est-ce qu'il existait une
13 institution -- un organe qui s'appelait l'état-major du MUP pour le Kosovo-
14 Metojiha ?
15 R. Je sais que l'état-major existait, pas seulement ces années-là, mais
16 dès 1993 lorsque je suis devenu chef du service des Transmissions. Je sais
17 que l'état-major du MUP existait déjà au Kosovo-Metojiha.
18 Q. Est-ce que vous aviez été chargé de certaines attributions en matière
19 de transmissions au sein de cet état-major ?
20 R. Effectivement, à partir de 1993, lorsque je suis devenu chef du service
21 des Transmissions au SUP de Pristina, en application de l'article 46, nous
22 avons poursuivi l'appui technique que nous donnions à l'état-major du MUP
23 de Pristina, donc comme nous veillons à ce que tous les systèmes de
24 transmissions fonctionnent sur le territoire du Kosovo-Metohija. C'était
25 nos obligations de routine. C'était un mandat qui nous avait été conféré,
26 nous devions assurer l'appui technique à l'état-major du MUP.
27 Q. N'oubliez pas de ne pas vous emballer. Qui était chef de l'état-major
28 du MUP en 1998 et en 1999 ?
Page 3302
1 R. En 1998, ça je le sais, c'était le général Sreten Lukic. Il était chef
2 de l'état-major du MUP à Pristina. A partir du milieu de l'année 1998
3 jusqu'en juin 1999.
4 Q. Ce service des transmissions vous étiez à la tête, dont vous étiez le
5 chef, ça s'insérait dans quelle structure dans l'organigramme du SUP
6 R. Il y avait le département de la Sécurité publique, au ministre de
7 l'Intérieur, et à l'intérieur de ce département, il y avait une
8 organisation, une unité territoriale qui était l'administration des
9 transmissions, et c'est là que nous avions notre place dans cette voie
10 hiérarchique, dans cette chaîne de commandement. Nous avions le service du
11 Chiffre, la protection des transmissions, nous avions donc le QG. L'état-
12 major du MUP avait pour obligation d'assurer ce soutien technique et
13 d'organiser toutes les transmissions aussi en République de Serbie.
14 Le mandat c'était planifier, développer moderniser et entretenir tous les
15 systèmes de transmission en République de Serbie. L'administration chargée
16 des Transmissions au QG du MUP avait pour aussi dans ses attributions la
17 formation du personnel. La rédaction des documents requis pour avoir
18 l'utilisation de ces structures. En tant que unité organique sur le plan
19 territorial, notre secteur des Transmissions devait appliquer la politique
20 déterminée par l'administration, pour ce qui est des transmissions dans
21 notre domaine du secrétariat de Pristina. Ces unités organiques en matière
22 de transmission étaient les mêmes, en tout cas, elles avaient la même
23 description, la même définition dans toute la Serbie.
24 Q. Nous avions il y a un instant parlé de l'état-major du MUP pour le
25 Kosovo-Metojiha; est-ce que vous, il vous est arrivé d'être membre de cet
26 état-major ?
27 R. Oui, j'en ai été membre à partir du 1er juin 1999, et pendant 15 ou 20
28 jours, c'était très court.
Page 3303
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14 Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des
15 versions anglaise et française
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 3304
1 Q. Vous avez assistez à des réunions à des réunions de l'état-major du MUP
2 ?
3 R. Non.
4 M. STAMP : [interprétation] Peut-on afficher la pièce P67.
5 Q. Ce document porte la date du 31 mai 1999, décision portant
6 établissement ou création de l'état-major du ministère. Nous allons bientôt
7 voir la page suivante. Nous voyons le nom des personnes nommées à cette
8 instance et celui chargé des transmissions, le chef. On y voit votre nom.
9 Vous voyez votre nom ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, en serbe, je ne vois pas mon nom.
11 M. STAMP : [interprétation] C'est parce que ça se trouve à la page après.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Maintenant je vois.
13 M. STAMP : [interprétation] Nous allons passer à la fin du document.
14 Q. Il s'agit nous le voyons d'un ordre donné par le ministre, M.
15 Stojiljkovic.
16 R. Exact.
17 Q. Vous étiez au courant de l'existence de cette décision qui vous nommait
18 membre ?
19 R. Oui, je l'ai reçue. C'était une décision et à partir du 1er juin 1999,
20 c'est ce travail que je faisais tout, en étant chef du service des
21 Transmissions et le préposé principal aux transmissions à l'état-major. Ce
22 fut une période courte mais pendant laquelle j'avais pour mission de
23 recueillir et d'évacuer tout le matériel de transmission de Kosovo-
24 Metojiha.
25 Q. Avant l'intervention de l'OTAN, le 24 mars 1999, pourriez-vous en
26 quelques mots nous dire comment se présentait le système des transmissions
27 au Kosovo-Metojiha, qu'est-ce qu'on trouvait en matière de transmission au
28 Kosovo-Metojiha ?
Page 3305
1 R. Conformément au principe de développement défini par l'administration
2 des transmissions au ministère, il y avait au Kosovo des éléments du
3 système qui faisaient partie intégrante d'un système unique, unifié. Au
4 Kosovo-Metojiha, nous avons le réseau téléphonique mais c'était un réseau
5 personnalisé qui n'était pas public, il était dédié ce système, il pouvait
6 uniquement être utilisé par le MUP. Il y avait aussi un système de
7 transfert de messages non vocaux, donc de communication de transmission
8 télégraphique. Il y avait un système de communication radio avec les
9 fréquences UHF et VHF, utilisées par le ministère de l'Intérieur et son
10 personnel. Il y avait également un système de transmission par ondes
11 courtes. Normalement ce n'était pas un système qu'on utilisait, il était
12 utilisé ce système que pour vérifier si le système de transmission
13 fonctionnait bien.
14 Q. Parlez-nous davantage du système téléphonique, de téléphonie. Vous avez
15 dit qu'il y avait au moins deux systèmes de téléphonie au Kosovo, un
16 système public utilisé par la population de façon générale, et un autre que
17 vous avez qualifié de système dédié à usage non public; parlez-nous d'abord
18 du système qui était public, quel était le degré de sécurité ?
19 R. Vous parlez de ce système spécial, il a existé sur toute la République
20 de Serbie, pour tout le ministère et il était configuré, établi de telle
21 sorte que les conversations ou les standards téléphoniques se trouvaient
22 dans les bâtiments de tous les secrétariats. Ces standards ou centrales
23 téléphoniques étaient reliés de façon à former un réseau de téléphonie et
24 ces centrales téléphoniques étaient utilisées pour transmettre des messages
25 secrets ou qui étaient qualifiés des très confidentiels de secrets d'État -
26 - ou secrets de sécurité. Ce que vous trouviez au Kosovo-Metojiha c'était
27 une partie simplement de tout ce système en fonction de la République de
28 Serbie. On dit ce contrôle au Kosovo existait partout en Serbie et le
Page 3306
1 système était établie de façon à relier les transmissions en passant par le
2 système de télécommunications. L'infrastructure était tel que la liaison en
3 général était à l'aide des systèmes de transmissions et des communications
4 donc le MUP n'avait pas son propre système de transmissions.
5 Il pouvait utiliser le réseau, c'est important parce que, par
6 exemple, ce système était un système en étoile et lorsqu'il a fait l'objet
7 de destruction intentionnelle bon il pouvait y avoir des pannes et le
8 centre se trouvait à Pristina.
9 Q. Vous avez dit qu'il y avait un système utilisant des fréquences UHF et
10 VHF et c'était un système utilisé par le personnel. Pourriez-vous étoffer
11 votre propos ? Est-ce que c'était un système radio utilisé ou qui
12 permettrait les transmissions, les communications entre différentes Unités
13 du MUP ?
14 R. Conformément à l'organisation territoriale et au mandat du ministère,
15 ce ministère a établi des réseaux radio fondés sur le principe dit de
16 territorialité ce qui veut dire que pour chaque secrétariat on avait un
17 réseau, un réseau, UHF 157, à 165 mégahertz, et ceci est précisé dans un
18 document qui s'appelle manuel de distribution et d'utilisation des
19 fréquences quelque chose qui est adopté au niveau de l'Etat par le
20 ministère des Communications.
21 Il est possible à ce moment-là --
22 [aucune interprétation]
23 Q. [aucune interprétation]
24 R. [aucune interprétation]
25 Q. [aucune interprétation]
26 R. [aucune interprétation]
27 Q. [aucune interprétation]
28 R. [aucune interprétation]
Page 3307
1 M. STAMP : [aucune interprétation]
2 Q. [aucune interprétation]
3 L'INTERPRÈTE : [aucune interprétation]
4 M. STAMP : [interprétation]
5 Q. Monsieur Deretic, veuillez ne pas oublier de ralentir parce que vous
6 posez des problèmes aux interprètes. Je crois que vous avez déjà vu ce
7 document, peut-on montrer l'intégralité du document très rapidement.
8 R. Oui, oui, ce document m'a déjà été présenté lors d'un procès précédent.
9 Je vois ici que la première page du document en B/C/S.
10 M. STAMP : [interprétation] Peut-on passer à la page suivante, s'il vous
11 plaît ?
12 Q. Dites-nous, s'il vous plaît, très rapidement, très brièvement : de quoi
13 il s'agit dans ce document ? Quelle est sa fonction ?
14 R. Ce type de document est utilisé lors des activités de sécurisation,
15 alors s'agissant de ce document-ci, je ne sais pas exactement avec -- quel
16 était son objectif, pourquoi il a été élaboré, mais bon c'est un document
17 type. On voit ici les fréquences et les codes, le répertoire pour le MUP.
18 Donc tous les centraux avaient un indicatif, tous les secrétariats du MUP
19 avaient leurs indicatifs donc voilà c'est normal tout ça, tout ce que vous
20 voyez là. Il s'agit là des canaux de communication réguliers.
21 Q. Bien. Vous nous avez montré ici le titre : "Les canaux réguliers."
22 R. Oui.
23 Q. Bien. Peut-on passer à autre chose maintenant ? C'est quoi les
24 indicatifs radio ? Pourriez-vous nous expliquer ça très rapidement ?
25 R. Dans cet annuaire du système téléphonique, tous les indicatifs pour le
26 secrétariat y sont énumérés, donc là, on voit Sitnica, Ibar, Bistrica,
27 Drim, Sara, Breza et Cer, ce sont les indicatifs pour les secrétariats qui
28 sont énumérés dans ce tableau.
Page 3308
1 Q. Bien.
2 M. STAMP : [interprétation] Je pense que le témoin fait référence
3 maintenant à ce qu'on voit sur la première page de la traduction anglaise;
4 peut-on revenir à cette page-là, s'il vous plaît ?
5 Q. Le personnel de chaque secrétariat de l'Intérieur utilisait, tout, le
6 même indicatif ?
7 R. L'indicatif est composé d'un indicatif d'un élément commun, par
8 exemple, Sitnica, et ensuite il y a un chiffre : 1, ou 2, ou 3, ou jusqu'à
9 5, qui est attribué à une personne donnée; par exemple, moi, mon indicatif
10 était Sitnica 601, en tant que quelqu'un qui travaillait au sein du
11 secrétariat de l'Intérieur de Pristina.
12 Q. Bien. Les Unités spéciales de la Police, la JSO, et la PJP, et cetera,
13 ces Unités spéciales disposaient-elles d'un indicatif propre ?
14 R. C'est normal que chacun, qui participe dans ce système de
15 transmissions, disposait d'un indicatif, afin qu'il puisse s'identifier et
16 se présenter en donnant son indicatif.
17 Q. Vous souvenez-vous des indicatifs attribués à ces unités que je viens
18 de mentionner ?
19 R. Ecoutez, je ne me souviens pas spécifiquement des indicatifs pour les
20 SAJ et le JSO. Il y avait Sigma, Delta, Cegar, Koseva, et d'autres, Soko,
21 mais je ne sais à qui exactement ces indicatifs étaient attribués.
22 Q. Bien.
23 M. STAMP : [interprétation] Peut-on passer à la dernière page de ce
24 document, s'il vous plaît, on voit ici un tableau intitulé : "Le tableau
25 des chiffres" ou "des codes."
26 Q. Qu'est-ce que c'est ?
27 R. Il s'agit des conversations des phrases codées que les membres de la
28 police utilisaient dans leur conversation puisqu'ils savaient que les
Page 3309
1 conversations du ministère étaient sous écoute par les séparatistes
2 albanais. Toutes les communications radio fonctionnaient grâce à la
3 technologie analogique ce qui permettait des interférences et les écoutes
4 très facilement. Donc afin que les conversations, les communications de la
5 police puissent se faire sans que les écoutes permettent aux parties
6 adverses de comprendre sa teneur on utilisait ces codes-là. Donc une
7 conversation codée était d'habitude une combinaison d'une couleur et d'un
8 numéro indiquant donc la situation dont laquelle se trouvait une unité ou
9 une personne. Par exemple, gris 1, cela signifiait j'ai un blessé; gris 5
10 voulait dire : j'ai des tués dans mes rangs; rouge 2 : nous nous attendons
11 à une attaque.
12 Q. Bien. Merci.
13 M. STAMP : [interprétation] Je demande le versement de ce document. C'est
14 le document 01071 de la liste 65 ter.
15 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Bien.
16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera P00585.
17 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Que fait-on du document que nous avons
18 vu juste avant ?
19 M. STAMP : [interprétation] C'est déjà une pièce à conviction. Ce document
20 a déjà été versé. C'est P65 [comme interprété].
21 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Très bien. Très bien. Poursuivez
22 alors.
23 M. STAMP : [interprétation] Bien.
24 Q. Vous avez fait référence à encore une méthode de communication que vous
25 avez utilisée avant l'intervention de l'OTAN et vous avez parlé du
26 télégraphe. Pourriez-vous nous dire de quelle manière fonctionnait le
27 système de télégraphe au Kosovo ?
28 R. Ce système utilisé pour la transmission des messages écrits, des
Page 3310
1 messages officiels écrits, on appelait ces messages écrits des dépêches
2 également, alors ce système est organisé d'une manière qui ressemble
3 beaucoup à l'organisation du réseau téléphonique, il y a des centres
4 télégraphiques qui sont mis en réseau, et en utilisant les indicatifs et le
5 chiffre télégraphique, on transmet les messages entre le secrétariat de
6 l'Intérieur et le ministère de l'Intérieur. Donc ceux qui existaient au
7 Kosovo étaient seulement une partie du système de télégraphe existant
8 couvrant l'intégralité du territoire de la Serbie.
9 Q. Donc le système de télégraphe permettait la communication par le biais
10 des messages écrits sur le territoire du Kosovo mais également en dehors du
11 Kosovo, le secrétariat se situant au Kosovo pouvait communiquer avec le
12 siège du ministère à Belgrade ?
13 R. Oui, bien sûr. Le secrétariat pouvait communiquer entre eux, et
14 également avec le QG à Belgrade jusqu'au début des bombardements bien
15 évidemment.
16 Q. Vous avez fait référence aux dépêches. Existait-il un format concernant
17 un format obligatoire à utiliser pour ces dépêches ?
18 R. Ecoutez, je ne peux que définir ce que c'est une dépêche pour répondre
19 à votre question. Une dépêche est un message de nature officielle préparée
20 être envoyée par des moyens de transmission, et nous -- s'agissant de sa
21 forme ce message devait avoir un en-tête, l'adresse du destinataire,
22 ensuite le corps de message, et la signature de celui qui envoie la
23 dépêche. Donc on ne peut pas parler d'une forme spécifique dédiée à ce
24 genre de message, de ce genre de dépêche.
25 Q. Bien. Compte tenu de votre rôle au sein du MUP, êtes-vous en mesure de
26 reconnaître une dépêche en la voyant ?
27 R. Dans le système de communication quand on envoie les dépêches, quand on
28 transmet les dépêches, il n'y a que l'expéditeur et le destinataire qui
Page 3311
1 voient les dépêches. Moi, en tant que chef du service des Transmissions, je
2 n'avais pas le droit de regarder, d'examiner, de lire une dépêche qui
3 devait être envoyée en passant par mon système de transmissions.
4 Q. Bien. Mais votre section, votre service n'a-t-il jamais eu l'occasion
5 de dépêches ?
6 R. Bien sûr. Bien sûr, on le faisait. On envoyait des dépêches à des
7 différentes unités organisationnelles au sien du ministère.
8 Q. Ces dépêches devaient être rédigées conformément aux instructions ou
9 des -- elles devaient contenir tous les éléments que vous nous avez décrits
10 tout à l'heure, n'est-ce pas ?
11 R. Oui, bien sûr.
12 Q. Bien. Nous allons y revenir un peu plus tard.
13 Nous allons parler maintenant de l'intervention de l'OTAN. Le système de
14 transmission qui existait de communications téléphoniques qui existait au
15 Kosovo avant l'intervention de l'OTAN, a-t-il été endommagé pendant
16 l'intervention de l'OTAN ?
17 R. Ecoutez, fin mars ou plutôt le 29 mars plus précisément, le bâtiment du
18 SUP de Pristina a été détruit alors que le central téléphonique principal
19 s'y trouvait, et par ce fait même, les communications téléphoniques au sein
20 du réseau spécial, dédié à la communication entre le secrétariat au Kosovo
21 et le MUP à Belgrade, n'était plus utilisable. Donc il nous restait que le
22 réseau du téléphone public avec les numéros du téléphone ordinaire.
23 Pendant les bombardements, une des cibles était les transmetteurs
24 situés sur le Kosovo-Metojiha où se trouvaient les équipements radio du
25 ministère et de l'Intérieur et de l'armée. Cela faisait partie également
26 des infrastructures du Telekom de Serbie et quand ces centres étaient
27 détruits.
28 Par exemple, Goles il a été détruit début mars. Goles est situé à une
Page 3312
1 vingtaine de kilomètres de Pristina, donc avec la destruction de Goles, le
2 système de transmissions de l'entreprise publique de la téléphonie, leurs
3 équipements ont été détruits et à partir de ce moment-là on ne pouvait plus
4 utiliser le système téléphonique public qui reliait Pec, Gnjilane,
5 Djakovica et Prizren. Donc ces régions-là étaient coupées à partir du
6 moment où Goles a été détruit. Elle ne pouvait plus, par exemple, utilisée
7 ses infrastructures pour envoyer des dépêches vers ces lieux-là. On ne
8 pouvait pas non plus téléphoner. Après la destruction de Goles, on pouvait
9 téléphoner encore à Urosevac et à Mitrovica parce que les transmetteurs qui
10 desservaient ces villes étaient faits autrement avec l'utilisation des
11 câbles.
12 Ensuite le 6 avril 1999, le bâtiment de l'entreprise des
13 télécommunications à Pristina a été touché. On l'appelait le centre de
14 télécommunications numéro 2. C'est là que se trouvaient les systèmes de
15 transmissions téléphoniques publics après ce moment. Après ceci il n'y
16 avait pas plus de réseaux de communications téléphoniques publics au
17 Kosovo-Metojiha. La seule ligne qui fonctionnait de transmission
18 téléphonique c'était celle allant de Pristina vers Nis et Belgrade parce
19 que ce système était construit avec une fibre optique qui est resté intact.
20 Q. Bien. Cette fibre optique qui permettait la communication entre
21 Pristina et Nis et Belgrade, est-ce que ce système faisait partie du
22 système de réseau de la police ou du réseau de téléphonie public ?
23 R. Je vous ai déjà dit que nous n'avions pas d'infrastructures propres
24 donc nous payons la compagnie ou l'entreprise de Telekom de Serbie. Nous
25 lions -- nous payons pour l'usage de leurs infrastructures et tout ça leur
26 appartenait. Nous n'avions rien du tout.
27 Q. Bien. Ce système construit sur la fibre optique, la police a-t-elle pu
28 l'utiliser pendant toute la durée de l'intervention ?
Page 3313
1 R. Ce n'était pas que la police qui l'utilisait. En fait ce système a été
2 utilisé par le public et nous avons également utilisé ces infrastructures
3 pour établir les communications avec Nis et Belgrade. Ce système
4 fonctionnait pendant la guerre quasiment tout le temps avec quelques
5 interruptions assez brèves. Une fois le câble a été endommagé près de
6 Luzane lors de bombardements des autocars où se trouvaient les civils à
7 proximité de Podujevo et à ce moment-là les transmissions, les
8 communications par le biais de ce câble -- en fibre optique étaient
9 interrompues pendant quelques jours.
10 Q. Vous souvenez-vous combien de temps a duré cette interruption ?
11 R. Quelques jours je ne m'en souviens pas exactement.
12 Q. Y avait-il des téléphones portables qui pouvaient fonctionner sur le
13 Kosovo pendant l'intervention de l'OTAN ?
14 R. On ne pouvait pas les utiliser vraiment à grande échelle. Je sais qu'il
15 y avait un transmetteur de MUP tel à Pristina mais la portée était vraiment
16 limitée, la couverture était limitée à la ville, centre-ville et la ville
17 elle-même n'est pas au-delà. On ne pouvait rien faire pour améliorer cela
18 parce que toutes les infrastructures étaient détruites.
19 Q. Bien. Donc s'agissant des moyens de communication téléphonique
20 disponibles au MUP pendant la guerre, des téléphones on pouvait téléphoner
21 en fait seulement dans la ville elle-même et en utilisant cette ligne qui
22 permettait la communication avec Nis et Belgrade. Et y avait-il un autre
23 système téléphonique disponible ou pas ?
24 R. Je vous ai dit que le téléphone mobile pouvait fonctionner seulement
25 quand on se trouvait au centre de Pristina. Il y avait également un central
26 régional qui fonctionnait. On l'appelait la nouvelle poste grâce auquel on
27 pouvait téléphoner à d'autres parties de la Serbie mais seulement depuis
28 Pristina.
Page 3314
1 Q. Bien. Alors il y avait encore six secrétariats de l'Intérieur au
2 Kosovo-Metojiha en plus de celui se situant à Pristina. Ce secrétariat
3 avait-il accès ou la possibilité de téléphoner à Belgrade pendant
4 l'intervention de l'OTAN ?
5 R. Non. Je vous ai dit déjà tout à l'heure tous les systèmes de
6 transmission et je ne sais pas si vous me comprenez suffisamment bien
7 quand je dis le système de transmissions. En fait quand vous avez des
8 voitures, si vous voulez que les voitures roulent, il faut qu'il y ait des
9 routes. Alors pour communiquer, il faut qu'il y ait aussi des voies
10 permettant la transmission des messages qu'ils soient des messages écrits
11 ou pas, voire -- ou autre chose. A partir du moment où le bâtiment des
12 télécommunications à Pristina a été détruit, toutes les voies de
13 transmission des communications ont été détruites d'une manière
14 irréversible, et à ce moment-là, les communications, les transmissions ont
15 été interrompues. On ne pourrait plus communiquer entre le secrétariat de
16 Pristina vers le secrétariat qui se trouvait ailleurs au Kosovo. Les seules
17 voies qui étaient encore utilisables étaient celles entre le secrétariat de
18 Pristina et Belgrade en Serbie.
19 Q. La situation était-elle différente de celle-ci s'agissant de la
20 situation relative aux communications radio et télégraphe, était-elle
21 différente de celle-ci ?
22 R. Les transmissions radio utilisées par le ministère étaient quasiment
23 inexistantes à partir de ce moment-là, parce que les transmetteurs ou les
24 antennes relais étaient détruites également. Butovacki Breg, à proximité de
25 Pristina; Goles; Stari Trg, à côté de Mitrovica; Mokra Gora à côté de Zubin
26 Potok; Cabrat à proximité de Djakovica; Cviljan à proximité de Prizren;
27 ensuite Zeleni Vrh à proximité de Gnjilane; puis Prepolac à proximité de
28 Podujevo.
Page 3315
1 Ce sont les endroits où le MUP avait ses équipements de transmission. Mais
2 à partir du moment où ces localités-là ont été touchées, il n'était plus
3 possible d'effectuer des transmissions de la manière qu'on utilisait avant
4 le bombardement.
5 Q. Bien. Ces antennes relais à quel moment à peu près ont-elles été
6 détruites, celles qui servaient du support pour les transmissions radio ?
7 R. Ecoutez, je ne dispose pas des informations précises pour chacune de
8 ces antennes relais, parce que ces endroits-là ont été cible de
9 bombardement. Chacun à plusieurs reprises, par exemple, Goles qui était un
10 point nodal pour toute une région a été détruit, je crois déjà en mars.
11 Vers la mi-avril, je crois que toutes ces infrastructures, toutes ces
12 antennes relais ont été détruites.
13 Q. Bien. Alors les secrétariats se situant en dehors de Pristina ainsi que
14 les unités sur le terrain au Kosovo-Metojiha, de quelle manière pouvaient-
15 ils alors communiquer avec l'état-major du MUP et le secrétariat situé à
16 Pristina ?
17 R. La police et nos services faisaient tout ce qu'elles pouvaient pour
18 établir une sorte de réseau à Pristina. Mais nous n'avons pas pu établir un
19 réseau qui couvrait une région un peu plus importante. Ces réseaux que nous
20 avons réussi à établir permettaient tout simplement de couvrir des parties
21 de la ville, ce qui ne permettait pas la communication directe par les
22 transmissions radio entre le secrétariat de Pristina et ceux situant
23 ailleurs au Kosovo.
24 Q. Bien. Les unités déployées sur le terrain, disposaient-elles des
25 systèmes radio fonctionnant sur des ondes courtes, sur onde courte pour
26 communiquer ?
27 R. Le système de transmission sur onde courte se trouvait d'une manière
28 générale dans les sièges de secrétariat. Pendant les bombardements, on ne
Page 3316
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14 Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des
15 versions anglaise et française
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 3317
1 les utilisait pratiquement pas pour des raisons simples. Tous avaient peur
2 qu'au moment de lancement d'un transmetteur qui émettait les fréquences
3 très facilement localisables, que cela permettrait une détection plus
4 rapide et qui deviendront la cible des bombardements. Donc des personnes,
5 qui pouvaient utiliser ces équipements, les opérateurs, n'osaient pas tout
6 simplement le faire. Donc je ne sais pas si ces systèmes ont été vraiment
7 utilisés et combien de messages ont pu être envoyés ou transmis par les
8 moyens de ces systèmes-là.
9 Q. Il y avait-il également des radios portatives, par exemple des
10 Motorolas sur le terrain ?
11 R. Oui, les radios portatives étaient utilisées tout le temps, mais ces
12 radios fonctionnaient en simplex avec la portée limitée, en fonction
13 évidemment de la configuration du terrain. Quand on utilise dans les
14 méthodes de communication en semi interne, un relais doit être installé sur
15 des cotes, sur des éminences pour qu'ils puissent transmettre la voie et
16 les messages radio entre les utilisateurs. Mais à partir du moment où des
17 relais ont été détruits, alors la portée de ces radios portatives était
18 limitée à la portée des ondes radio sans obstacle physique, c'est-à-dire là
19 où il y avait la visibilité optique, il pouvait y avoir aussi la
20 transmission des ondes; autrement, ce n'était pas possible à cause de
21 l'absence des relais. Donc c'est pour cela que j'appelle ce mode de
22 transmission le mode simplex.
23 Q. Bien. Est-ce que vous savez si ces radios portatives pouvaient
24 fonctionner en alternant pendant l'intervention de l'OTAN ?
25 R. C'était possible, c'était faisable. Je pense qu'on le faisait grâce au
26 relais, mais à partir de ce moment-là, on ne pouvait pas garantir la
27 couverture. Si le relais ne se trouvait pas suffisamment haut, alors la
28 couverture était très limitée, localisée et ça ne permettait pas vraiment
Page 3318
1 d'établir la communication entre Pristina et l'unité sur le terrain. S'il
2 n'y avait pas de montagne, pas d'éminence quelconque entre Pristina et
3 l'unité sur le terrain, c'était faisable, mais autrement non. Je vous ai
4 dit déjà Goles et les autres antennes relais ont été détruites. Donc on ne
5 pouvait pas avoir une couverture fiable en recourrant à ce système de radio
6 à Cviljan.
7 Q. Bien. Alors, en dehors de ces limitations au niveau des équipements et
8 des moyens de communication, pourriez-vous nous dire autre chose sur les
9 moyens de communication entre le secrétariat et les Unités de Police sur le
10 terrain au Kosovo ?
11 R. Je ne peux que supposer qu'ils utilisaient des coursiers pour
12 transporter les messages, mais je ne peux pas vous le confirmer en tout cas
13 mais pas en étant certain parce que les services de courtiers ça ne
14 relevaient pas de mon mandat ou du mandat de mon secteur puisque ça
15 relevait d'une autre unité organisationnelle.
16 Q. Quelle était l'unité organisationnelle qui était chargée justement des
17 Coursiers ?
18 R. Pour autant que je le sache, ils faisaient partie du secteur affaires
19 générales de chacun des secrétariats. Il y avait un groupe de personnes qui
20 constituaient le secteur et puis il y avait également un groupe de
21 véhicules qui faisaient partie de ce secteur et ils étaient chargés du
22 transport du courrier vers Belgrade notamment. Je crois qu'ils relevaient
23 de la compétence du secteur des affaires générales ou des affaires
24 conjointes qui étaient responsables justement et également des coursiers.
25 Q. A quel intervalle le transport du courrier de et à Belgrade se faisait-
26 il approximativement ?
27 R. Bien, je ne pourrais pas vous le dire de façon précise ou fiable. Je ne
28 sais pas. Peut-être que tout cela dépendait des circonstances, ça dépendait
Page 3319
1 des besoins mais je dirais que grosso modo ça se faisait plusieurs fois par
2 semaine mais je ne peux pas vous le dire avec certitude.
3 Q. Merci. Savez-vous si, sur les lignes qui existaient Nis Belgrade, ligne
4 téléphonique, on s'entend, et en fibre optique, savez-vous donc s'il y
5 avait des numéros de téléphone qui étaient réservés strictement dédié à
6 l'utilisation par les forces de police ou responsables du MUP ?
7 R. Je ne comprends pas très bien la question. Nous avons effectivement
8 utilisé des numéros de téléphone qui faisaient partie du système de
9 télécommunication publique partout. Maintenant quant à savoir si ces
10 numéros étaient dédiés, je vous dirais que je ne vois pas très bien
11 pourquoi parce que les Telekom disposent d'un grand nombre de numéros et
12 bien évidemment ça les intéresse au premier chef de vendre le plus grand
13 nombre possible de numéros de téléphone afin de pouvoir dégager des
14 bénéfices grâce justement aux télécommunications.
15 Q. Oui, mais compte tenu des circonstances telles qu'elles se présentaient
16 au cours d'une intervention de l'OTAN, savez-vous si certains de ces
17 numéros étaient réservés spécifiquement aux membres ou collaborateurs du
18 MUP ?
19 R. Je dirais que, s'agissant du secrétariat de Pristina, par l'alliance
20 d'un système qui existait dans le cadre des activités au quotidien, un
21 certain nombre de numéros était utilisé, les numéros de centrale
22 téléphonie. On les utilisait en permanence au niveau du secrétariat,
23 c'était des collaborateurs de secrétariat qui les utilisaient et qui ont
24 continué à les utiliser au cours de la période qui a suivi. Ce n'est que
25 parce qu'il y avait un central téléphonique dans le bâtiment qui avait été
26 détruit, et que ce central avait été détruit ou en tout cas endommagé c'est
27 pour cette raison que l'on a fait passer les numéros vers un autre central
28 téléphonique. Donc à chaque fois qu'on utilisait le système de téléphonie
Page 3320
1 public à Pristina, on pouvait l'utiliser et c'était le cas également au
2 cours des frappes aériennes, exceptions faites de certains quartiers de la
3 ville où le réseau téléphonique ou des câbles avaient été détruits.
4 Q. Merci. Permettez-moi maintenant de vous montrer un certain nombre de
5 documents et j'aimerais que vous nous disiez, Monsieur, si ces documents
6 sous forme de dépêches du service de la sécurité publique du ministère --
7 M. STAMP : [interprétation] Document 04093, s'il vous plaît. En page -- à
8 vrai dire, il faut que je signale aux fins de compte rendu que le document
9 a été versé au dossier et porte la cote P131.
10 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous faire une petite description du
11 document pour autant que vous avez connaissance de ce à quoi devrait
12 ressembler une dépêche du MUP ?
13 R. C'est un format qui est le format d'un document qui pourrait être
14 envoyé en utilisant les équipements de transmission technique sous forme
15 d'une dépêche; en d'autres termes, vous avez l'intitulé, puis vous avez
16 l'adresse du destinataire. Si je pouvais examiner la page numéro, la fin de
17 la dépêche, j'aimerais voir la signature --
18 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Monsieur Djordjevic.
19 M. STAMP : [aucune interprétation]
20 M. DJORDJEVIC : [interprétation] A vrai dire, je pense que le témoin ne
21 peut pas déposer sur le contenu de ce document; il ne l'a jamais vu ce
22 document précédemment, et c'est la raison pour laquelle je formule une
23 objection contre ces questions à moins que le témoin n'ait été associé
24 directement à la rédaction et au contenu du document en question. Voilà la
25 teneur de mon objection, Monsieur le Président.
26 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Monsieur Stamp.
27 M. STAMP : [interprétation] Monsieur le Président, en fait, il s'agit là
28 d'un élément que l'on -- qui peut nous intéresser pour le versement au
Page 3321
1 dossier. Ceci étant dit, si le témoin, sur la base de son expérience en
2 tant que chargé des transmissions, peut nous fournir des informations dans
3 le cadre de sa déposition quant au format du document, à savoir une dépêche
4 du MUP, alors je crois qu'on pourrait en demander le versement au dossier
5 sur ce fondement-là. Voyez-vous.
6 [La Chambre de première instance se concerte]
7 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Monsieur le Président.
8 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Monsieur Djordjevic.
9 M. DJORDJEVIC : [interprétation] A vrai dire, ce n'est pas l'admis -- le
10 versement du document au dossier qui me pose problème, comme vient de le
11 dire mon éminent confrère, cela a été déjà versé au dossier. En fait, le
12 problème est le fait de poser des questions à un témoin, des questions qui
13 portent sur des éléments à propos desquels il ne peut pas répondre
14 puisqu'il s'agit d'un document, à propos duquel il ne peut parler que du
15 contenu -- que du format et non pas du contenu. C'est la raison pour
16 laquelle je formule cette objection; bien entendu, c'est à vous qu'il
17 appartient d'en décider.
18 M. STAMP : [interprétation] Comme vient de dire mon éminent collègue, le
19 document a déjà été versé au dossier. La question porte sur le format :
20 est-ce qu'il est vraiment dans le format d'une dépêche du MUP ?
21 [La Chambre de première instance se concerte]
22 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] La Chambre estime que vous devez
23 poursuivre vos questions en suivant cette voie.
24 M. STAMP : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président.
25 Peut-être pourrait-on remettre au témoin une copie papier du document afin
26 qu'il puisse examiner le recto comme le verso, si la Chambre le permet.
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien. A ceci près que, bien entendu, je
28 vous signale que je n'ai jamais vu ce document; c'est la première fois que
Page 3322
1 je le vois, donc je me contenterais de dire qu'il s'agit effectivement d'un
2 document qui peut être transmis sous forme d'une dépêche. Ça, je peux le
3 confirmer. Maintenant il s'agit d'un document qui ne contient pas les
4 détails que contient normalement une dépêche, c'est-à-dire qu'il s'agit
5 d'une confirmation indiquant que cela a été transmis en utilisant les
6 équipements de transmission. Une fois que cela est fait, il devrait y avoir
7 la signature du responsable qui s'est chargé de la transmission proprement
8 dite au niveau technique.
9 M. STAMP : [interprétation]
10 Q. Vous nous avez dit qu'il s'agit d'un document qui peut être transmis
11 sous forme d'une dépêche; pourriez-vous nous expliquer ce que vous entendez
12 par là, s'agissant du système mis en place ?
13 R. Je vous ai dit que c'était une dépêche. Une dépêche c'est un message
14 officiel et tout message officiel écrit peut être transmis en utilisant des
15 équipements de transmission, et c'est de la façon suivante : l'opérateur
16 utilise le système de télégraphie, dactylographie le message qui lui est
17 remis par la personne qui est l'expéditeur du message, et ensuite il le
18 transmet vers la destination qui est la sienne. La dépêche ne doit par
19 conséquent pas présenter un format spécifique. Chaque message officiel qui
20 parvient à un opérateur des transmissions afin qu'il le transmette en
21 utilisant les équipements de transmission est une dépêche.
22 Q. Lorsqu'un document est préparé par exemple celui que vous avez sous les
23 yeux, lorsqu'il est envoyé sous forme de dépêche, une fois que la dépêche a
24 été envoyée; est-ce que c'est remis dans un dossier ou dans une archive ou
25 stockée dans des archives ?
26 R. Non, on ne les archive pas dans notre secteur. En fait, toute dépêche
27 qui a été transmise est envoyée avec une copie et l'original est rendu à
28 l'expéditeur. Dans le secteur des transmissions, nous ne disposions pas
Page 3323
1 d'archive. Nous renvoyons systématiquement la dépêche à l'expéditeur. Nous
2 rendions la dépêche à l'expéditeur.
3 M. STAMP : [interprétation] Monsieur le Président, Monsieur le Juge, je
4 souhaitais passer à un deuxième document. J'aurais souhaité savoir s'il
5 serait possible de faire la pause cinq minutes plus tôt de manière à ce que
6 je puisse m'organiser un petit peu mieux pour ces documents.
7 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Très bien. Nous allons faire la pause
8 maintenant et je vous propose de reprendre l'audience à 12 heures 55.
9 M. STAMP : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Monsieur le Juge.
10 --- L'audience est suspendue à 12 heures 27.
11 --- L'audience est reprise à 12 heures 56.
12 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Poursuivez, Monsieur Stamp.
13 M. STAMP : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
14 Q. Votre secteur, votre unité, cette unité, comment communiquait-elle avec
15 le quartier général du MUP à Belgrade pendant les interventions de l'OTAN ?
16 R. Etant donné que le bâtiment du ministère a été bombardé et détruit, au
17 début du mois d'avril, la salle, réservée aux télécommunications où se
18 trouvait l'essentiel du matériel, a subi un incendie. Par conséquent, le
19 problème était de savoir comment organiser ce système de transmission. La
20 plupart du temps, je communiquais avec les ministères en utilisant le
21 réseau de téléphonie publique parce qu'il n'y avait plus de lignes
22 réservées. En effet, ce standard spécial avait aussi été détruit par
23 l'incendie dans cette salle utilisée avant où se trouvaient toutes les
24 lignes dédiées du ministère.
25 Q. Vous dites la plupart du temps que vous avez utilisé les lignes
26 publiques de téléphone. En d'autres occasions, quels sont les moyens que
27 vous avez utilisés pour communiquer avec Belgrade, mis à part les lignes
28 téléphoniques ?
Page 3324
1 R. Au cours de la période qui a précédé les bombardements, vous pouvez
2 utiliser le télégraphe pour envoyer des dépêches. Nous avions ce réseau de
3 lignes dédiées, ce qui fait qu'il était possible d'utiliser ce réseau dédié
4 pour avoir des conversations téléphoniques.
5 Q. Mais je parle de la période des bombardements, si vous vouliez, vous
6 deviez envoyer des documents à Belgrade, de quelle façon vous y preniez-
7 vous ?
8 R. La plupart de temps, nous avons utilisé le matériel de téléfax des
9 télécopies qui étaient reliées à des lignes téléphoniques publiques.
10 Q. S'il y avait des problèmes du réseau téléphonique au Kosovo-Metojiha,
11 de quelle façon communiquiez-vous avec les personnes qui avaient utilisé
12 leur propre système dans d'autres régions ou dans d'autres secrétariats de
13 l'Intérieur ?
14 R. Tout ce que je peux vous dire c'est comment moi et mon service des
15 transmissions, nous avons communiqué avec d'autres services de transmission
16 dans d'autres SUP. On venait chercher chez nous du matériel ou on venait
17 nous demander des conseils. Il y a des gens qui sont venus eux-mêmes, donc
18 disons service, si vous voulez, des estafettes. Ils ont pris ce dont ils
19 avaient besoins, et donc, moi, je n'ai pas vraiment communiqué avec eux en
20 passant par le téléphone ou la radio.
21 Q. Vous parlez de ce système d'estafette ou de personnes transportant des
22 messages; combien y avait-il de véhicules à Pristina qui avaient ce genre
23 de transport de documents entre le Kosovo et Belgrade ?
24 R. Franchement, je ne sais pas.
25 M. STAMP : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions à poser. J'avais
26 prévu de présenter au témoin certains documents mais je pense qu'il n'est
27 peut-être pas nécessaire de les présenter. Je vous remercie.
28 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Fort bien. Merci beaucoup.
Page 3325
1 Maître Djordjevic, est-ce que vous, vous avez des questions à poser dans le
2 cadre d'un éventuel contre-interrogatoire ?
3 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Oui, c'est certain. J'aurais quelques
4 questions à poser. Mais je m'interroge, ne serait-il pas préférable que je
5 commence demain matin ? En effet, je me suis entretenu avec mon client, et
6 j'ai compris qu'il me faudrait obtenir des documents. J'espère les obtenir
7 cet après-midi. Pour que mon contre-interrogatoire soit plus cohérent, je
8 pense qu'à ce stade, il serait plus sage de lever l'audience. Demain, je
9 pourrais procéder à un contre-interrogatoire très rapide. Le temps, je vous
10 le dis qu'il me faut obtenir ces documents en particulier, c'est pourquoi
11 j'ai l'accord de mon client.
12 [La Chambre de première instance se concerte]
13 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Il me faudra très peu de temps pour ce
14 contre-interrogatoire, je tiens à le souligner, une demi-heure tout au
15 plus, peut-être moins.
16 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Le problème c'est que nous allons
17 perdre beaucoup ce temps, 40 minutes, vous le savez et nous devons, nous
18 essayons tous d'accélérer la tenue des procès. Pourriez-vous commencer
19 aujourd'hui et poursuivre demain ?
20 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Mais tout à fait.
21 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Vous aurez sans doute suffisamment de
22 temps d'ici à demain d'obtenir ces nouveaux documents dont vous avez
23 besoin.
24 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, Monsieur le Juge,
25 mais je n'aurai pas d'autres questions à ce témoin. Les seules questions
26 concernent le document que je dois obtenir. Pour autant que je sois en
27 mesure de trouver ce document, j'aurais des questions. J'ai essayé de
28 l'obtenir pendant la pause, mais je n'y suis pas parvenu. Ce qui veut dire
Page 3326
1 que les seules questions que j'aurais, concernent ce document, ou en fait,
2 c'est une dépêche que je vais essayer de trouver; si j'échoue, je n'aurais
3 pas de questions à poser au témoin. J'espère vraiment pouvoir trouver ce
4 document d'ici à demain, c'est tout.
5 [La Chambre de première instance se concerte]
6 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Maître, la Chambre pense qu'il ne
7 serait peut-être pas juste de ne pas suspendre l'audience maintenant
8 puisque vous devez obtenir ce document. Mais, par ailleurs, pourriez-vous
9 nous dire pourquoi il vous a été impossible d'obtenir aujourd'hui ce
10 document ? En effet, si ceci se répète, ça va poser problème à l'avenir.
11 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous travaillons
12 ensemble, vous et moi, depuis le début du procès, et ici, c'est la première
13 fois que ceci se produit. Le problème découle de l'interrogatoire
14 principal. Mon client se souvient d'une dépêche de 1997 qui précise les
15 activités et nous pensons que c'est quelque chose de capital pour notre
16 Défense.
17 Au départ, nous n'avions pas envisagé de soulever cette question, de vous
18 la soumettre. Mais maintenant mon client a un souvenir très précis de cette
19 dépêche. Deux ou trois questions assorties à ce document permettront de
20 résoudre les questions importantes. Ceci vous êtes explique la situation.
21 Je vous rassure, nous n'essayons pas ici de perdre du temps, au contraire
22 nous sommes animés de la même volonté que vous. Nous voulons travailler de
23 façon efficace, mais il nous faut garantir les intérêts supérieurs de la
24 justice, et je pense que d'ici à demain, nous obtiendrons ce document. Si
25 je n'avais pas cette certitude, je ne m'engagerais pas de la sorte. Mais ce
26 serait dommage que ce témoin parte et qu'on doive le rappeler à la barre
27 dans six mois. Je suis sûr que j'aurai ce document d'ici demain.
28 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Merci, Maître Djordjevic.
Page 3327
1 Monsieur Stamp, vous avez quelque chose à dire à ce propos ?
2 M. STAMP : [interprétation] Non, à vous de juger, Messieurs les Juges.
3 [La Chambre de première instance se concerte]
4 M. LE JUGE FLUGGE : [interprétation] Vous serez ravi d'apprendre que vous
5 aurez plus de temps encore pour vous préparer puisque demain nous allons
6 siéger l'après-midi et pas le matin. La Chambre considère utile de
7 suspendre l'audience dès maintenant, audience qui reprendra demain après-
8 midi.
9 Je suis désolé, Monsieur le Témoin, il nous faut maintenant interrompre la
10 procédure. Elle reprendra demain. Merci.
11 L'audience est levée.
12 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
13 --- L'audience est levée à 13 heures 10 et reprendra le mardi 7 avril 2009,
14 à 14 heures 15.
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28