Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 21 août 2009

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 14.

  5   [Le témoin vient à la barre]

  6   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour à toutes les personnes

  7   présentes. Bonjour à vous, Monsieur Byrnes. Nous sommes désolés d'avoir

  8   rencontré des problèmes techniques qui nous ont amené à commencer à 9

  9   heures 15. Et je voudrais vous rappeler seulement, Monsieur Byrnes, que le

 10   serment que vous avez prêté hier continue à s'appliquer.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Kravetz.

 13   Mme KRAVETZ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. LE TÉMOIN :

 14   SHAUN BYRNES [Reprise]

 15   [Le témoin répond par l'interprète]

 16   Interrogatoire principal par Mme Kravetz : [suite] 

 17   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Byrnes.

 18   Mme KRAVETZ : [interprétation] Pourrions-nous avoir à l'écran la pièce

 19   0538.

 20   Q.  Monsieur Byrnes, hier, avant de nous interrompre, nous avons abordé un

 21   incident qui s'était produit en décembre 1998 dans la zone de Podujevo. Je

 22   voudrais vous présenter deux documents supplémentaires qui ont trait à cet

 23   incident et je vous demanderais de commenter ces documents, s'il vous

 24   plaît.

 25   Mme KRAVETZ : [interprétation] C'est la pièce 05438.

 26   Je vois que le numéro de la pièce n'a pas été bien consigné. C'est la pièce

 27   05348. Voilà. C'est bien cela.

 28   Q.  Vous l'avez maintenant qui s'affiche devant vous, n'est-ce pas,

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  1   Monsieur Byrnes ?

  2   R.  Oui.

  3   Mme KRAVETZ : [interprétation] Pouvons-nous agrandir le premier paragraphe

  4   de la première page, s'il vous plaît.

  5   Q.  Nous voyons qu'il s'agit là d'un rapport quotidien, rapport journalier

  6   de la KDOM daté du 21 décembre 1998 et je voudrais attirer votre attention

  7   sur le premier paragraphe et vous demander de le commenter. Il y est dit

  8   que:

  9   "…les forces de la VJ ont violé le cessez-le-feu aujourd'hui…"

 10   R.  Il s'agit ici d'un rapport que nous avons adressé à notre ambassade à

 11   Belgrade en nous fondant sur des informations fournies par nos équipes sur

 12   le terrain, notre équipe, notamment, qui se trouvait près de l'aviation où

 13   le groupe de combat du MUP et de la VJ étaient basés.

 14   Q.  Et il s'agit du même groupe de combat au sujet duquel vous aviez été

 15   informé qu'il procédait à des exercices de Podujevo, n'est-ce pas ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Et que s'est-il passé exactement, si vous vous en souvenez, en cette

 18   date et dans cette zone ?

 19   R.  Je n'étais pas présent sur place. Et l'information que j'ai reçue a

 20   résulté de l'activité de nos personnels déployés sur place et des

 21   personnels de la MVK. C'est ce que l'on voit dans le document.

 22   Q.  Merci.

 23   Mme KRAVETZ : [interprétation] Pouvons-nous verser ce document. C'est donc

 24   la pièce 05348.

 25   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le document est versé.

 26   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document reçoit la cote P01248.

 27   Mme KRAVETZ : [interprétation] Pouvons-nous examiner un autre document

 28   concernant la même zone. C'est la pièce 05349. Pouvons-nous l'afficher à

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  1   l'écran, s'il vous plaît. Pouvons-nous, s'il vous plaît, agrandir la

  2   première page.

  3   Q.  Monsieur Byrnes, vous voyez qu'il s'agit là encore d'un rapport

  4   quotidien de la KDOM portant la date du 27 décembre 1998. Nous voyons qu'il

  5   commence en indiquant que les deux parties continuent à violer l'accord de

  6   cessez-le-feu qui se qualifiait de fragile. Je voudrais maintenant attirer

  7   votre attention sur le paragraphe 2 qui aborde une action conduite par les

  8   unités de la VJ et par la police serbe dans le village d'Obrandza, à

  9   l'ouest de Podujevo. Pouvez-vous, s'il vous plaît, commenter ce paragraphe.

 10   R.  Je voudrais, si vous le permettez, commencer par répéter ce que j'ai

 11   déjà dit précédemment. Je n'étais pas présent sur place. La connaissance

 12   que j'ai des événements est par conséquent fondée sur des rapports émanant

 13   de nos personnels sur place et ces rapports sont repris dans le résumé que

 14   l'on trouve dans ce paragraphe. Je voudrais dire ensuite que ce paragraphe

 15   décrit deux éléments importants. L'un d'eux est la façon dont les forces de

 16   sécurité serbes, et j'entends par là la police et l'armée, coopèrent,

 17   travaillent ensemble. De notre point de vue, il s'agirait d'une opération

 18   de combat conjointe. Ils sont intervenus ensemble à Podujevo contre l'UCK

 19   en s'efforçant de sécuriser leurs axes de communication stratégiques.

 20   La VJ procédait à des tirs de couverture y compris des tirs d'artillerie.

 21   Je pense qu'ils ont utilisé des chars et des armes lourdes. Quant à la

 22   police, elle lançait des assauts d'infanterie contre les positions de l'UCK

 23   que nous avons identifiées en tant que tel.

 24   Deuxièmement, je voudrais dire que dans ce paragraphe, nous avons souligné

 25   ce qui faisait l'objet de nos tentatives, nos tentatives à nous et celles

 26   de la MVK en vue de mettre un terme à cette situation, et comme vous pouvez

 27   le voir, nous avons échoué en cela.

 28   Q.  Lorsque hier nous avons commencé à parler de l'incident de Podujevo, je

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  1   vous ai montré le premier rapport qui y a trait, et vous avez dit que vos

  2   observateurs avaient noté le déplacement d'un convoi qui partait de la

  3   caserne du maréchal Tito et qui comprenait des membres de la police serbe.

  4   Avant le déploiement dans la zone de Podujevo, aviez-vous déjà observé ce

  5   genre de déploiement conjoint et des convois qui incluaient des unités à la

  6   fois de la VJ et de la police ?

  7   R.  Non, je n'arrive pas à me souvenir d'un tel cas.

  8   Q.  Et avant cette action qui est ici décrite et abordée dans ce document

  9   que nous sommes en train d'examiner, est-ce que vous étiez déjà conscient

 10   de l'existence de quelque forme d'actions conjointes que ce soit auxquelles

 11   la VJ et les unités blindées de la police auraient procédé de cette façon

 12   conjointe ?

 13   R.  Non, il n'y avait pas, à mon sens, d'action qui aurait fait l'objet

 14   d'une intégration aussi poussée que celle-ci.

 15   Q.  Qu'entendez-vous par intégré ?

 16   R.  Ce que j'entends par là c'est la chose suivante : ce paragraphe nous

 17   décrit la coopération manifeste entre la police et l'armée dans leur lutte

 18   contre ce qui est leur objectif commun, à savoir l'UCK. L'armée fournissait

 19   des tirs de couverture en provenance de blindés, alors que la police

 20   faisait intervenir des unités d'infanterie pour prendre des positions

 21   visées.

 22   Q.  Merci.

 23   Mme KRAVETZ : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais que

 24   ce document numéro 05349 puisse être versé au dossier.

 25   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il est versé.

 26   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document reçoit la cote P01249.

 27   Mme KRAVETZ : [interprétation] Je souhaiterais vous présenter la pièce

 28   05350 à présent, qui est datée du 26 janvier 1999.

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  1   Q.  Il s'agit d'un rapport. Est-ce que vous avez le document qui s'affiche

  2   devant vous ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Il s'agit --

  5   Mme KRAVETZ : [interprétation] Pouvons-nous agrandir la première page, s'il

  6   vous plaît. Merci.

  7   Q.  Il s'agit d'une mise à jour d'un rapport de la KDOM à la date du 26

  8   janvier 1999. Il est indiqué que :

  9   "Les membres américains de la KDOM ont observé des attaques de la police et

 10   de l'armée de la RFY visant la zone de Racak, Pettovo Malopoljce pendant

 11   toute la journée du 15 janvier."

 12   Vous rappelez-vous cet incident ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Est-ce que vous vous rappelez si cela était la première information que

 15   vous ayez reçue concernant une attaque dans la zone de Racak ?

 16   R.  Pour être tout à fait clair, j'étais revenu à notre base à Kosovo

 17   Polje. Et nous avons reçu des coups de téléphone à un certain moment précis

 18   de cette journée, mais je ne me rappelle pas exactement quand. J'ai reçu un

 19   appel du commandant Brad Scott, commandant de l'armée américaine, qui était

 20   à la tête d'une patrouille positionnée à l'extérieur de Racak. J'ai reçu un

 21   appel de lui et il m'a dit que la police et l'armée de la RFY procédaient à

 22   une attaque contre ce village. Alors au mieux que je puisse m'en souvenir

 23   je pense que c'était dans l'après-midi.

 24   Q.  Alors vous avez parlé d'une patrouille et vous avez parlé de ce

 25   commandant Brad Scott qui se trouvait dans le voisinage immédiat de Racak.

 26   Pourquoi cette patrouille avait-elle été envoyée là-bas ?

 27   R.  Au cours des jours précédents, il y avait une recrudescence de tension

 28   dans cette région. La MVK disposait d'un poste dans ce qui s'appelait à

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  1   l'époque la ville d'Urosevac qui a changé de nom aujourd'hui. La MVK

  2   procédait à une observation des bâtiments des forces de sécurité serbe.

  3   Apparemment, il s'agissait à la fois de la police et de l'armée et le

  4   général Drewienkiewicz qui était à la tête des opérations de la MVK m'a

  5   appelé plusieurs jours auparavant et m'a demandé si, avec les ressources

  6   dont nous disposions, nous pourrions renforcer les patrouilles de la MVK

  7   dans cette zone afin que la présence des personnels internationaux y soit

  8   plus importante et puisse contribuer ainsi à un apaisement de la situation

  9   entre les deux partis.

 10   Donc nous avons mis en place et maintenu cette patrouille sur une base

 11   quotidienne dans la zone et c'est pourquoi le commandant Scott était

 12   présent sur place.

 13   L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète : Ferizaj porte le nouveau nom de la

 14   localité Urosevac.

 15   Mme KRAVETZ : [interprétation]

 16   Q.  Vouliez-vous ajouter quelque chose encore ?

 17   R.  Oui, je voulais juste ajouter pour l'information de la Chambre une

 18   parenthèse. Les membres américains de la KDOM comportaient des

 19   représentants du service des Affaires étrangères du département d'Etat,

 20   donc à 50 %, et étaient complétés par des officiers de l'armée américaine,

 21   notamment des officiers de l'armée de l'air et des marines. C'était une

 22   mission qui était mixte, à la fois diplomatique et militaire. C'était une

 23   mission non armée, et il y avait eu toutes sortes de situations dans

 24   lesquelles nous nous sommes trouvés en conflit où j'avais une certaine vue,

 25   une certaine préférence quant à la politique à conduire. Je devais la

 26   présenter à l'officier qui était en charge, au militaire. Chaque équipe

 27   avait toujours aussi un diplomate dans ses rangs.

 28   Q.  Vous avez parlé du fait que vous avez reçu une information selon

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  1   laquelle il y avait eu une recrudescence des tensions dans la zone. Que se

  2   passait-il exactement dans cette zone avant le 15 janvier, lorsque cette

  3   attaque s'est produite ?

  4   R.  Je me rappelle qu'il y avait un conflit de faible intensité dans les

  5   villages autour de Urosevac et dans les villages qui se trouvaient le long

  6   de la route reliant Prishtina, Urosevac et Prizren, ainsi que sur la route

  7   permettant d'atteindre l'ouest du Kosovo, c'était l'une des routes les plus

  8   stratégiques pour les forces de sécurité yougoslave; et c'est sur cette

  9   route que l'armée serbe et la VJ s'étaient vu autoriser de mettre en place

 10   une petite base pour l'un de ces groupes de combat. Ce groupe de combat si

 11   je me rappelle bien était localisé à Dulje, probablement à une vingtaine de

 12   kilomètres à l'ouest de la zone de Racak.

 13   Il y avait une recrudescence des tensions entre la police et plusieurs

 14   villages albanais dans les jours précédents, et l'UCK tout à fait

 15   clairement avait également joué un rôle dans cela. A Nerodimlje, l'UCK

 16   avait procédé à des attaques de plus en plus agressives dans des villages

 17   où il y avait une population mixte et la police serbe avait répliqué.

 18   C'était une situation dans laquelle il était difficile de pointer du doigt

 19   qui que ce soit pour dire que telle ou telle partie avait commencé.

 20   Donc chaque violence entraînait de nouvelles violences et tout cela

 21   ne faisait que s'intensifier, si bien que nous étions dans une situation

 22   dans laquelle l'activité croissante de l'UCK représentait une préoccupation

 23   de plus en plus importante pour les représentants des forces de sécurité

 24   serbe. Ces derniers avaient un intérêt tout à fait légitime, maintenir,

 25   préserver ces axes de communication stratégique de ces routes.

 26   Q.  Alors vous avez indiqué que cette patrouille avait été envoyée

 27   dans cette zone afin d'essayer de réduire les tensions qui étaient en train

 28   de s'intensifier. Y avait-il quoi que ce soit de spécifique ou d'inhabituel

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  1   concernant cette situation dont il vous a été fait état par cette

  2   patrouille ?

  3   R.  Oui. A bien des égards, c'était un peu comme une douche froide,

  4   si vous voulez. Je me rappelle tout à fait clairement lorsque Brad nous a

  5   appelés pour faire état du lancement de cette attaque, il a dit que les

  6   unités de la police militaire serbe avaient attaqué le village et avaient

  7   avancé - je répète - avaient avancé malgré la présence de cette position de

  8   la KDOM pour atteindre l'autre côté du village.

  9   Je voudrais juste répéter qu'il était habituel aussi bien pour nous

 10   que pour la MVK dans des situations qui étaient très tendues comme celle-ci

 11   d'interposer nos personnels entre les parties au conflit, dans la mesure où

 12   cela nous était possible sans bien sûr mettre nos propres personnels

 13   sérieusement en danger. Les instructions qui étaient les nôtres étaient

 14   d'éviter de mettre sérieusement en danger nos personnels. Mais il était

 15   possible pour nous dans certaines situations de nous positionner à distance

 16   respectueuse aussi bien nos hommes que nos véhicules dans l'espoir que cela

 17   permettrait d'apaiser la situation et au moins empêcher que n'éclatent des

 18   combats.

 19   Ce qui était très important et significatif concernant cet incident

 20   particulier est la chose suivante, lorsque Brad nous a appelés, aussi bien

 21   moi-même que mon adjoint, qui était un colonel des marines, nous avons

 22   compris que depuis que nous étions présents au Kosovo, les forces de

 23   sécurité serbes et la police avaient tout simplement ignoré notre présence

 24   et avaient progressé en traversant nos lignes pour mener des attaques

 25   contre les villages. Tous les incidents précédents que ce soit dans l'ouest

 26   du Kosovo, dans la région de Lap ou dans la région de Podujevo qui était

 27   près de la frontière avec la Serbie au sens strict, la Serbie étroite, ou

 28   que ce soit près de Drenica ou dans la région de Podujevo, c'était toujours

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  1   dans cette même configuration. Lorsque cet incident s'est produit, j'ai

  2   compris que quelque chose d'important s'était produit, qu'il y avait eu un

  3   changement significatif. Nous avons indiqué cela à Washington et je suis

  4   sûr que Walker et la MVK ont signalé cela à Bruxelles et à l'OSCE à Vienne.

  5   Q.  Dans la seconde phrase du rapport, il est fait état des unités de

  6   mortier de la VJ qui procèdent à des tirs visant le village et à des chars

  7   qui procèdent à des tirs touchant des maisons de civils. Lorsque nous avons

  8   parlé de l'incident de Podujevo, vous avez indiqué qu'il y avait une action

  9   conjointe, une action intégrée et vous avez également indiqué que dans ce

 10   type d'action la VJ procédait à des tirs de couverture et que la police

 11   lançait des assauts d'infanterie sur ces positions. Est-ce que Racak

 12   pourrait être considéré encore comme un exemple supplémentaire de ce type

 13   d'action intégrée que vous avez invoquée précédemment ?

 14   R.  Oui, peut-être que la meilleure qualification est celle d'action

 15   coordonnée. La VJ procédait à des tirs de couverture visant la cible avant

 16   que l'attaque proprement dite ne commence. Mais il s'agit du même type de

 17   tactique que nous avons observée à Podujevo.

 18   Q.  Merci.

 19   Mme KRAVETZ : [interprétation] Je souhaiterais que cette pièce numéro 05350

 20   puisse être versée au dossier.

 21   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La pièce est versée au dossier.

 22   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La pièce reçoit la cote P01250.

 23   Mme KRAVETZ : [interprétation]

 24   Q.  Avant que nous passions au document suivant, je voudrais vous

 25   interroger concernant l'en-tête. Il est question d'une "mise à jour émanant

 26   de la KDOM," alors que précédemment nous avons vu plutôt des "rapports

 27   quotidiens de la KDOM," c'était l'intitulé des documents précédents. Y a-t-

 28   il une raison précise au changement d'intitulé du présent rapport, si vous

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  1   vous en souvenez toutefois ?

  2   R.  Je ne peux que me livrer à des spéculations sur ce sujet. Je ne me

  3   souviens pas de cela.

  4   Q.  Très bien. Pour revenir juste brièvement sur le déploiement de la

  5   compagnie de la VJ à Podujevo et sur les unités du MUP qui accompagnaient

  6   cette compagnie, après la fin décembre, tel que nous l'avons examiné, est-

  7   ce que ces unités ont été renvoyées dans leur caserne, les unités de la VJ,

  8   je veux dire; et est-ce que les unités de la police aussi ont été renvoyées

  9   dans leur garnison après décembre 1998 ?

 10   R.  Selon moi, ce groupe de combat est resté en place pendant toute la

 11   période s'étendant jusqu'à l'intervention de l'OTAN en mars.

 12   Q.  Dans votre souvenir, est-ce que ce type de déploiement d'un groupe de

 13   combat était autorisé aux termes des accords d'octobre ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Qu'en est-il des unités de la police qui accompagnaient ce groupe de

 16   combat, est-ce qu'elles aussi sont restées dans la zone de Podujevo ?

 17   R.  Je pense que oui.

 18   Q.  Est-ce que ce type de déploiement des unités de la police, était

 19   autorisé aux termes des accords d'octobre ?

 20   R.  Je ne crois pas.

 21   Q.  Et y avait-il des objections ou des plaintes soulevées auprès des

 22   représentants serbes de la VJ ou du MUP concernant ces déploiements dans la

 23   zone de Podujevo et le fait que ces unités sont restées dans cette zone ?

 24   R.  Oui. Là encore c'était une responsabilité qui incombait à l'ambassadeur

 25   Walker et à la MVK. Je sais, en me fondant sur le contact régulier que

 26   j'avais avec eux, que lui et le général Drewienkiewicz avaient émis des

 27   objections concernant cet incident en particulier et qu'ils l'avaient

 28   également fait de façon très régulière et très véhémente. Et je voudrais

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  1   indiquer tout à fait clairement pour le compte rendu d'audience que je

  2   n'étais pas présent lorsqu'ils ont soulevé ces objections.

  3   Q.  Lorsque vous parlez aujourd'hui de ces incidents particuliers, vous

  4   voulez parler de l'incident de Podujevo, n'est-ce pas, je vous ai vu

  5   indiquer l'écran, donc je n'étais pas sûr si vous vous référiez à ce

  6   rapport qui s'affiche à l'écran et qui concerne l'incident de Podujevo.

  7   R.  Non. Madame Kravetz, je me référais à l'incident de Podujevo.

  8   Q.  Merci. Jusqu'à quand êtes-vous resté au Kosovo, Monsieur Byrnes ?

  9   R.  Jusqu'à un jour après l'intervention de l'OTAN.

 10   Q.  Et êtes-vous revenu ultérieurement au Kosovo ?

 11   R.  Oui. Je suis revenu avec les unités de l'armée américaine qui se sont

 12   rendues au Kosovo. Je me rappelle que deux jours après que le général

 13   Jackson ait conduit les éléments britanniques de ce qui allait devenir la

 14   KFOR, je suis arrivé, il me semble que c'était le 16 juin.

 15   Q.  Et pendant la période s'étendant entre votre départ en mars et le mois

 16   de juin, où étiez-vous basé ?

 17   R.  J'ai été d'abord basé à Skopje, en Macédoine, ensuite en Albanie.

 18   Q.  Et pendant cette période, est-ce que la KDOM a continué à émettre des

 19   rapports sur la situation au Kosovo ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Comment obtenaient-ils des informations quant à ce qui se produisait au

 22   Kosovo pendant cette période ?

 23   R.  Leurs informations émanaient essentiellement de réfugiés qui affluaient

 24   en traversant la frontière. Parmi ces réfugiés se trouvaient de nombreuses

 25   personnes avec lesquelles nous étions en contact. Il s'agissait, par

 26   exemple, de journalistes albanais de Pristina, de personnalités politiques,

 27   de personnalités du parti de Rugova, le LDK, ce type de personnes.

 28   Q.  Donc l'information contenue dans ces rapports aurait émané de ces

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  1   personnes qui étaient en train de quitter le Kosovo ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Etiez-vous personnellement en contact avec certains de ces réfugiés ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Quel type d'information vous ont-ils fournie concernant les raisons de

  6   leur départ et les événements qui se produisaient sur le terrain ?

  7   R.  Pour être bref, ils nous ont dit -- ils m'ont dit personnellement à de

  8   nombreuses reprises qu'ils étaient partis car ils craignaient pour leur vie

  9   ou qu'ils étaient partis sous la contrainte.

 10   Q.  Et quel était l'objet de leurs craintes ? Pourquoi pensaient-ils qu'ils

 11   devaient partir ?

 12   R.  Je souhaiterais décomposer cette question en distinguant au moins deux

 13   catégories. Les personnes qui étaient des personnalités politiques

 14   importantes et connues, par exemple, les membres du cercle le plus proche

 15   de Rugova au sein du LDK, la Ligue démocratique du Kosovo, sont partis

 16   parce qu'ils craignaient qu'on ne les recherche pour les tuer en raison du

 17   rôle politique qui avait été le leur et du programme qu'ils défendaient.

 18   A cette étape, Rugova et le LDK s'étaient quelque peu distancés de ce qui

 19   avait été leur ambition, leur objectif précédent, à savoir le fait de

 20   bénéficier à nouveau de l'autonomie qui avait été celle du Kosovo aux

 21   termes de la constitution de 1974 et qui avait été retirée, annulée par

 22   Slobodan Milosevic; ils souhaitaient que cette autonomie soit restaurée.

 23   Et tout cela, bien sûr, en vue de progresser vers l'indépendance, qui était

 24   également l'objectif de l'Armée de libération du Kosovo. Lorsque le conflit

 25   a éclaté, que la police serbe a investi les lieux et a fondu sur les

 26   institutions politiques, tous les habitants du Kosovo, je suppose,

 27   considéraient cette police comme une menace pour eux et les plus proches de

 28   Rugova ont commencé à s'inquiéter grandement. Et c'est la raison pour

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  1   laquelle certains départs se sont produits parmi eux.

  2   Mais ils ne sont pas tous partis. Ils ont été très nombreux à rester. Comme

  3   vous le savez, Rugova est resté et a même été reçu par Milosevic à Belgrade

  4   en certaines occasions. Mais enfin, quoi qu'il en soit, les gens ont tout

  5   de même commencé à partir.

  6   Et à présent, j'aimerais parler d'une deuxième catégorie de personnes. La

  7   deuxième catégorie en question, c'est ce que j'appellerais les habitants en

  8   général, notamment les habitants des villes, Pristina, Djakovica, Prizren,

  9   Urosevac, ces habitants des villes rendaient compte de la situation - je

 10   dis bien - rendaient compte de la situation en disant, parce que moi je ne

 11   me suis jamais trouvé sur place, je le dis bien et je le souligne, et je

 12   recevais également des renseignements des médias, éventuellement. Mais

 13   enfin, nous interrogions cette population. Il y avait aussi des habitants

 14   que nous avions rencontrés dans des camps de réfugiés ou à la frontière ou

 15   pendant leurs déplacements. Et systématiquement, ce que disaient ces

 16   habitants, c'est que lorsqu'ils traversaient des quartiers albanais de

 17   souche, donc les quartiers amis, ils voyaient la police expulser les

 18   habitants de leurs maisons ou accorder deux, trois heures de délai aux

 19   habitants pour quitter leurs maisons, en tout cas, un délai très court qui,

 20   à mon avis, n'est guère utile.

 21   Et les habitants disaient également que la police, lorsqu'elle leur

 22   laissait quelque temps pour rassembler leur famille et quelques biens

 23   personnels, la police arrivait ensuite et encerclait tous les membres de la

 24   famille qui s'étaient regroupés et ils étaient emmenés comme du bétail. Ce

 25   sont les mots utilisés par eux, emmenés comme du bétail par l'armée de

 26   Pristina à la gare ferroviaire de Kosovo Polje, où on les a entassés sur

 27   n'importe quel véhicule disponible, carriole, wagon de train, conteneur ou

 28   autre. Et le train s'ébranlait et les emmenait vers la frontière

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  1   macédonienne. Et ces gens-là c'étaient des gens de la population commune,

  2   de petites gens, des artisans, des petits commerçants.

  3   En tout cas, ils disaient tous, dans la grande majorité, qu'ils

  4   avaient été contraints de partir et qu'ils sont partis parce qu'ils y ont

  5   été forcés. 

  6   Q.  Merci. Encore quelques petites questions sur ce sujet. Est-ce que

  7   personnellement vous êtes allé à la frontière ?

  8   R.  A plusieurs reprises, oui.

  9   Q.  Et la frontière, si j'ai bien compris, dont vous parlez est celle de la

 10   Macédoine.

 11   R.  En effet. Personnellement, je suis allé à Blace, qui est le poste-

 12   frontière le plus important, le poste-frontière le plus proche de Skopje.

 13   Il se trouve au nord de Tetovo dans les montagnes, et ce sont les habitants

 14   de la partie occidentale du Kosovo qui ont franchi la frontière à ce

 15   moment-là. Je me suis trouvé à ce poste-frontière, et pour vous donner

 16   quelques détails supplémentaires, je vous dirais que souvent certains de

 17   mes collaborateurs m'appelaient pour me dire, Rencontrons-nous à la

 18   frontière, nous serons là pour apporter éventuellement une aide aux

 19   personnes qui en ont besoin.

 20   Les gens que l'on rencontrait à la frontière étaient en général des

 21   proches de Rugova et des gens qui par le passé avaient eu des contacts avec

 22   nous, avaient eu des contacts avec Washington et avaient annoncé leur

 23   départ prochain. Donc dans des circonstances de ce genre, on m'appelait

 24   pour me demander de me rendre à la frontière et d'aider à leur

 25   franchissement de la frontière.

 26   Q.  Bien. Il vous est arrivé d'avoir été informé par les habitants ou par

 27   les gens de leur départ prochain, mais dans ces cas-là, est-ce que les

 28   renseignements en question vous les receviez de première main de la bouche

Page 8211

  1   des personnes intéressées ou est-ce que vous étiez informé par les réfugiés

  2   que vous rencontriez pendant leur déplacement ?

  3   R.  Les deux. Il m'est arrivé d'être à la frontière et d'entendre en tête-

  4   à-tête les personnes intéressées. Il y avait d'autres membres de mon équipe

  5   qui faisaient le même travail. Par conséquent, je recevais également des

  6   renseignements me venant de mes collaborateurs. Et puis bien sûr il y avait

  7   les journalistes occidentaux, pas seulement américains d'ailleurs, mais

  8   représentant les plus grands journaux du monde occidental, et nous étions

  9   prêts à recueillir tout renseignement utile; donc nous en recevions de ces

 10   journalistes également. Les renseignements étaient donc assez aisés à

 11   recueillir, aussi bien de première main que de seconde main.

 12   Q.  Merci, Monsieur.

 13   Mme KRAVETZ : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

 14   je n'ai plus de question pour le témoin.

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Madame Kravetz.

 16   Maître Djordjevic.

 17   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Messieurs

 18   les Juges. Je vous demande quelques secondes pour que je prépare mon

 19   matériel pour le contre-interrogatoire.

 20   Contre-interrogatoire par M. Djordjevic : 

 21   Q.  [interprétation] Monsieur Byrnes, bonjour. Je suis le conseil de la

 22   Défense de l'accusé. Et en vertu du Règlement de procédure et de preuve de

 23   ce Tribunal, le moment est venu pour moi de vous adresser quelques

 24   questions qui porteront bien sûr sur l'état de faits qui fait l'objet de

 25   votre déposition aujourd'hui ainsi que certains points qui intéressent

 26   l'accusé.

 27   Monsieur Byrnes, vous nous avez dit hier que vous étiez à la retraite et

 28   que vous avez été employé du département d'Etat américain. Pourriez-vous

Page 8212

  1   rapidement nous décrire votre carrière diplomatique, je vous prie.

  2   Autrement dit, la carrière qui a été la vôtre, si j'ai bien compris, à la

  3   lecture de votre curriculum vitae, à partir des premiers jours de cette

  4   carrière où vous étiez secrétaire d'ambassade à Moscou; mais si je fais

  5   erreur dans le souvenir que j'ai de cette carrière, dites-le-moi. Donc je

  6   vous prie de me dépeindre en grands traits votre carrière diplomatique.

  7   R.  J'ai été recruté par les affaires étrangères américaines en 1975. Et

  8   après un stage de formation, j'ai été affecté en tant que deuxième

  9   secrétaire à notre ambassade de Moscou où j'ai travaillé pendant trois ans.

 10   Et pendant ces trois années, mes fonctions étaient principalement des

 11   fonctions administratives. J'étais responsable de l'arrivée et du départ

 12   des diplomates qui venaient à l'ambassade ou la quittaient, de

 13   l'organisation de leur hébergement et de l'arrivée et du départ de leurs

 14   effets personnels, ce genre de choses. C'est dans ces fonctions qu'on

 15   débute une carrière diplomatique.

 16   Ensuite je suis retourné à Washington en 1978 où j'ai passé deux ans au

 17   bureau des affaires soviétiques. Et en 1980, j'ai été transféré en tant que

 18   deuxième secrétaire à notre ambassade de Belgrade où j'ai travaillé en tant

 19   que responsable politique pendant quatre ans.

 20   En 1985, je suis retourné à Moscou en tant que premier secrétaire où je

 21   suis resté jusqu'à fin 1989. Je suis ensuite rentré à Washington et j'ai

 22   passé un an à suivre des études à l'Université de Georgetown. En 1990, j'ai

 23   repris mon service au département d'Etat et j'ai été vice-directeur des

 24   affaires de la partie orientale de l'Europe et de la Yougoslavie.

 25   En 1992, j'ai été transféré en Ukraine où j'ai fait partie de l'équipe qui

 26   a créé notre première ambassade dans ce pays nouvellement indépendant. J'y

 27   suis resté jusqu'en 1994, date de mon retour à Washington au département

 28   d'Etat. Puis en 1995, j'ai été envoyé à notre ambassade de Rome en tant que

Page 8213

  1   conseiller politique du ministre. Et comme vous le savez, en 1998, j'ai été

  2   affecté à notre ambassade de Belgrade en tant que chef de la KDOM

  3   américaine.

  4   Par la suite, en septembre 1999, j'ai été envoyé en tant que chef de la

  5   mission diplomatique des Etats-Unis en République du Monténégro. J'ai

  6   quitté ce poste en 2002 et je suis rentré à Washington où j'ai occupé le

  7   poste de conseiller spécial sur les affaires des Balkans jusqu'à ma

  8   retraire en décembre 2004.

  9   Q.  Je vous remercie. Vous venez de dire que vous avez suivi une année

 10   d'études à Georgetown. De quoi s'agissait-il exactement ?

 11   R.  Mon épouse travaille également au ministère des Affaires étrangères et

 12   il existait une bourse qui s'appelle bourse Rusk au ministère, Rusk étant

 13   le nom d'un ancien secrétaire d'Etat. Ce qui fait que la famille Rusk a

 14   créé cette bourse, c'était un couple dont les deux membres avaient un

 15   emploi diplomatique et ils ont consacré une année de leur existence à

 16   enseigner aux étudiants de l'Université de Georgetown. Donc j'ai passé

 17   cette année à Georgetown à l'université. Nous avons consacré notre temps à

 18   suivre les progrès des étudiants. Mais en fait, c'était une année de congé.

 19   Q.  Je vous remercie. Pourriez-vous maintenant nous dire quelques mots de

 20   votre vie lycéenne avant le début de votre carrière diplomatique, donc

 21   lycéenne et estudiantine ?

 22   R.  Je suis sorti de l'Université de Yale avec un diplôme en étude

 23   d'histoire spécialisée sur la Russie. Après quoi je suis entré dans la

 24   marine américaine où j'ai passé cinq ans en tant qu'officier de marine. Et

 25   en 1970, lorsque j'ai quitté la marine, je suis entré à l'Université de

 26   Stanford pour poursuivre mes études d'histoire centrée sur l'histoire

 27   russe; et de là, j'ai rejoint le ministère des Affaires étrangères à la mi-

 28   1975.

Page 8214

  1   Q.  J'ai lu dans votre curriculum vitae que vous parlez russe, et il me

  2   semble que dans une de vos déclarations préalables, j'ai lu quelque part

  3   que vous parliez aussi le serbo-croate; ceci est-il exact ?

  4   R.  Je pense qu'il serait plus juste de dire que je parlais assez bien le

  5   russe il y a pas mal d'années et que je parlais un petit peu le serbe, oui.

  6   Q.  Lorsque vous dites "un petit peu le serbe," pouvez-vous me dire comment

  7   vous avez appris la langue serbe ? L'avez-vous apprise grâce au fait que le

  8   russe est assez proche du serbe et que vous avez eu l'occasion de parler le

  9   serbe durant votre séjour sur le territoire du Kosovo-Metohija et de façon

 10   plus générale, sur le territoire de l'ex-Yougoslavie, ou est-ce que vous

 11   avez suivi des cours particuliers, des cours centrés sur la langue serbo-

 12   croate ?

 13   R.  Je vous répondrais en confirmant la première partie de votre

 14   supposition. Effectivement, le serbe est très proche de la langue russe, et

 15   étant donné que je me suis trouvé sur le terrain en Serbie depuis le début

 16   des années '80, j'ai pu l'apprendre.

 17   Q.  Je vous remercie. En répondant aux toutes dernières questions qui vous

 18   ont été posées par ma collègue de la partie adverse, Mme Kravetz, vous avez

 19   déclaré que vous aviez quitté le territoire du Kosovo-Metohija ou, plus

 20   précisément, de la République fédérale yougoslave à l'époque, au début des

 21   bombardements de l'OTAN. Et vous avez dit que vous avez séjourné à Skopje,

 22   en République de Macédoine. Est-ce que vous avez séjourné également à

 23   Ohrid, éventuellement ?

 24   R.  J'ai passé plusieurs week-ends à Ohrid. Nous avions transféré une

 25   partie de ce qui restait de notre équipe américaine de la KDOM à Ohrid où

 26   ces collaborateurs étaient chargés d'interviewer les réfugiés, où ils

 27   étaient transférés après leur passage de la frontière. En tout cas, c'était

 28   le cas de la plupart d'entre eux avant d'être installés dans un camp, non

Page 8215

  1   loin de Korca, dans le sud de l'Albanie. Pour notre part, nous avons donc

  2   transféré nos collaborateurs à Ohrid où il leur était aisé de franchir la

  3   frontière albanaise. Si je me souviens bien, il fallait une demi-heure de

  4   voiture pour arriver en Albanie et c'était donc pour eux un bon endroit où

  5   recueillir des renseignements sur les violations des droits humains, et

  6   cetera.

  7   J'ai rendu visite à notre équipe -- enfin, je me souviens être allé voir

  8   ces collaborateurs à plusieurs reprises à partir de Skopje, au moment où

  9   j'étais en poste à Tirana.

 10   Q.  Merci. Comme vous nous l'avez expliqué, vous avez eu des contacts avec

 11   les habitants qui quittaient le territoire du Kosovo-Metohija, ces

 12   habitants étant bien sûr, dans leur énorme majorité, d'origine ethnique

 13   albanaise. Mais je vous demanderais si vous avez également eu

 14   éventuellement des contacts avec des habitants d'une autre origine ethnique

 15   qui quittaient le Kosovo, puisque la population du Kosovo-Metohija était

 16   multiethnique, ou bien n'avez-vous vu que des Albanais de souche quitter le

 17   Kosovo ?

 18   R.  Je n'ai pas le souvenir d'avoir parlé à des Serbes kosovars à l'époque,

 19   pas plus qu'à des Rom ou à des Goranis ou des Turcs habitants du Kosovo. Et

 20   très franchement, je n'ai pas le souvenir que des membres de mon équipe

 21   aient vécu cela eux non plus. Donc dans mon souvenir, les gens, les

 22   habitants du Kosovo auxquels j'ai parlé soit au Kosovo, soit en Macédoine,

 23   soit en Albanie, étaient des Kosovars albanais de souche.  

 24   Q.  Donc vous dites n'avoir parlé qu'à des Albanais de souche. Ma question

 25   suivante --

 26   R.  Oui, Monsieur.

 27   Q.  Je vous remercie.

 28   Ma question suivante est celle-ci. Pendant la durée de votre mandat,

Page 8216

  1   si je puis m'exprimer ainsi, entre le début des bombardements de l'OTAN et

  2   l'entrée des forces de l'OTAN au Kosovo-Metohija, en dehors des contacts

  3   que vous avez eus, comme vous l'avez dit, avec des habitants ou avec des

  4   personnes qui s'occupaient de politique, à cette occasion vous avez évoqué

  5   M. Ibrahim Rugova, président de ce qu'il est convenu d'appeler la

  6   République du Kosovo, ainsi que son parti. Donc pendant la durée de votre

  7   mandat, avez-vous eu des contacts permanents avec l'Armée de libération du

  8   Kosovo à Skopje, Ohrid et Tirana ?

  9   R.  Pendant la période en question, j'ai eu des contacts avec des membres

 10   de l'Armée de libération du Kosovo. Et je me rappelle que cet UCK avait des

 11   représentants à Skopje. Nous les rencontrions régulièrement. Je ne me

 12   souviens pas si c'était tous les jours ou pas, mais en tout cas, nous les

 13   rencontrions régulièrement afin d'essayer, avant tout, d'obtenir des

 14   renseignements de leur part au sujet de ce qui se passait à l'intérieur du

 15   Kosovo.

 16   Je me rappelle avoir rencontré une fois un officier de l'UCK qui était

 17   relativement élevé dans la hiérarchie, je l'ai rencontré à Ohrid. Et il

 18   avait été blessé en action et évacué en Macédoine pour se remettre. J'ai

 19   parlé avec lui de ce qu'il avait vécu au Kosovo. Et à Tirana j'ai eu

 20   l'occasion d'avoir des contacts réguliers avec les dirigeants politiques de

 21   l'UCK, mais aussi avec les dirigeants politiques de la Ligue démocratique

 22   du Kosovo, la LDK.

 23   Il y avait pas mal de dirigeants de la LDK, le parti de Rugova, qui avaient

 24   fui le Kosovo et qui s'étaient finalement retrouvés à Tirana. Trois d'entre

 25   eux étaient très importants. Je ne me rappelle pas le nom de chacun d'entre

 26   eux, mais je sais qu'ils étaient trois et je les rencontrais régulièrement

 27   à l'ambassade. Il y avait celui que l'on considérait en général comme le

 28   ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Rugova, il y avait

Page 8217

  1   celui qui était chef de l'aile de la jeunesse de la LDK. Eux avaient réussi

  2   à fuir le Kosovo et représentaient la LDK sur place et ils étaient les

  3   points de contact officiels entre la LDK et Washington.

  4   S'agissant de l'UCK, leur porte-parole, Jakup Krasniqi qui avait été pour

  5   nous le premier point de contact lors de notre arrivée au Kosovo - mais je

  6   vais être très clair avec vous - nous n'étions pas les seuls à les

  7   rencontrer. C'était l'homme qui était le point de contact principal et le

  8   plus élevé dans la hiérarchie pour tous les responsables occidentaux sur

  9   place. Par exemple, si Holbrooke venait s'entretenir avec des représentants

 10   proches de Rugova, c'était toujours Krasniqi qu'il rencontrait. Si d'autres

 11   responsables américains venaient pendant la période des négociations, de

 12   Rambouillet en particulier, il y a eu des rencontres entre Krasniqi et

 13   d'autres hauts responsables américains. Wolfgang Petric qui était le

 14   représentant spécial de l'Union européenne au Kosovo est venu rencontrer

 15   Krasniqi, et cetera, et cetera.

 16   Krasniqi avait été muté à Tirana par l'UCK, à un certain moment après le

 17   début du conflit, en effet, mais il a continué à avoir des contacts avec

 18   les représentants occidentaux. Donc on m'a envoyé à Tirana pour le

 19   rencontrer. Notre ambassade était en sous effectifs donc l'ambassadeur n'y

 20   était plus présent et nous manquions de renseignements depuis la région.

 21   Q.  Monsieur Byrnes, ma collègue de la partie adverse, Mme Kravetz, vous a

 22   posé des questions et vous avez répondu à ces questions en disant que vous

 23   vous étiez trouvé dans les montagnes au poste-frontière de Tetovo et que

 24   vous vous y étiez rendu parce que vous aviez été informé, je ne sais plus

 25   exactement par quel moyen, est-ce que c'était à partir de Washington ou à

 26   partir du Kosovo, mais en tout cas parce qu'on vous avait informé que ces

 27   hauts représentants du Kosovo s'apprêtaient à franchir la frontière, et on

 28   vous a donc demandé de vous rendre au poste-frontière pour apporter votre

Page 8218

  1   aide à toutes ces personnes.

  2   Mais dans votre réponse, vous avez parlé de ces personnes en disant que sur

  3   le plan politique c'étaient des personnalités qui intéressaient les Etats-

  4   Unis d'Amérique. Alors je vous demanderais de m'apporter quelques

  5   explications. Vous venez de parler de la LDK et d'un certain nombre de

  6   personnes dont Krasniqi en particulier. Qu'est-ce que vous vouliez dire

  7   "intéressant sur le plan politique" ? Quel était finalement l'intérêt

  8   politique des Etats-Unis par rapport à la région ?

  9   R.  L'intérêt politique des Etats-Unis pendant toute la durée que j'ai

 10   passée au Kosovo consistait à éviter que n'éclate le conflit, à tenter de

 11   trouver une solution politique à ce problème très complexe. Je vais

 12   illustrer ma réponse si vous voulez bien en parlant précisément de ma

 13   présence au poste-frontière de Tetovo. Il y a eu un jour où on m'a demandé

 14   très précisément de me rendre à ce poste-frontière bien déterminé, celui de

 15   Tetovo, pour aider Mme Edita Tahiri, à franchir la frontière. Je l'avais

 16   déjà rencontrée, c'était une des collaboratrices les plus proches d'Ibrahim

 17   Rugova. Elle était en fait considérée comme son point de contact avec les

 18   étrangers. Elle parlait excellemment l'anglais, si je me souviens bien elle

 19   avait passé un certain temps à l'étranger. Elle était professeur à

 20   l'Université de Pristina, elle semblait très compétente. Nous avions eu des

 21   rapports avec elle depuis au moins 1991, 1992, au moment où la LDK a été

 22   créée.

 23   Donc elle était intéressante à nos yeux car elle était proche de Rugova,

 24   elle était en fait son conseiller aux affaires étrangères, et elle était

 25   l'une des personnes sur lesquelles nous comptions pour travailler de

 26   concert avec elle après la fin du conflit. Parce que voyez-vous, lorsqu'un

 27   conflit arrive à son terme, ce qui est le plus difficile c'est de franchir

 28   les ornières pour arriver à travailler au quotidien sur le plan politique

Page 8219

  1   avec des représentants d'une région éprouvée. Donc il faut trouver des

  2   représentants politiques qui chez eux sont crédibles et jouissent d'un

  3   certain pouvoir, d'une certaine autorité. Voilà donc quel était l'intérêt

  4   politique des Etats-Unis dans ce cas bien précis. J'espère avoir répondu à

  5   votre question.

  6   Q.  Oui, vous y avez répondu. Je vous remercie, Monsieur Byrnes.

  7   Revenons maintenant à la période qui a précédé votre départ de la région,

  8   c'est-à-dire la période antérieure au début des bombardements de l'OTAN,

  9   qui a précédé votre départ de la République fédérale yougoslave et votre

 10   retour au Kosovo. Revenons aux réunions que vous avez eues et dont vous

 11   avez dit qu'elles ont été nombreuses entre l'Armée de libération du Kosovo

 12   et les représentants de la KDOM à l'ambassade américaine, et cetera, et

 13   cetera. Mes questions sont liées bien entendu au raid de l'OTAN,

 14   bombardement de la République fédérale yougoslave. Vous avez déclaré

 15   qu'ensuite vous n'aviez plus de contacts avec les représentants politiques

 16   de la République fédérale yougoslave dès lors que les bombardements ont

 17   commencé. Vous avez dit que sur le plan politique, la situation avait

 18   totalement changé et que la politique est devenue une politique de guerre.

 19   Alors vous avez dit que vous aviez des contacts avec l'UCK au

 20   quotidien, dans les bureaux de Skopje. Suis-je en droit de dire que ces

 21   contacts avaient un lien avec les réponses que vous avez apportées au

 22   moment où on vous a interrogé sur la façon dont vous recueilliez les

 23   renseignements de la bouche des représentants de l'UCK au sujet des forces

 24   serbes quant au fait de savoir où elles se trouvaient, quels étaient leur

 25   déplacement, le genre de renseignement que vous échangiez au sujet des

 26   objectifs, des cibles, cela a précédé les bombardements du Kosovo par

 27   l'OTAN et vous discutiez de cela avec des représentants de l'UCK. Donc cela

 28   pouvait peut-être aider les civils qui étaient, si je puis m'exprimer

Page 8220

  1   ainsi, sous la garde de l'UCK. Est-ce que je suis en droit de m'exprimer

  2   ainsi ?

  3   R.  Non, vous n'êtes pas en droit de le faire. Permettez-moi de

  4   préciser les choses point par point. Je n'avais pas dit que j'avais des

  5   contacts quotidiens avec des représentants de l'UCK à Skopje. Et le compte

  6   rendu d'audience qui défilait à l'écran sous mes yeux pendant que je

  7   parlais, s'il a consigné cela, comporte une erreur. Pour autant que je le

  8   sache, l'UCK n'avait pas de bureau à Skopje, elle avait simplement des

  9   représentants à Skopje. Et puis, oui, nous rencontrions ces représentants,

 10   mais dans mon souvenir ce n'était pas tous les jours et je ne crois pas me

 11   tromper. Souvent c'étaient eux qui nous appelaient.

 12   Point suivant. S'agissant des renseignements militaires, et je crois que

 13   c'est l'objectif que vous poursuiviez dans votre question, nous nous

 14   intéressions bien sûr à ce qui se passait dans le pays. Nous étions

 15   effectivement au cœur d'une guerre, mais du point de vue des cibles, nous

 16   n'avons pas pris de cibles, c'est l'OTAN qui a déterminé les cibles. Nous

 17   n'avions aucun moyen de fournir des renseignements destinés à préciser les

 18   cibles. Autre chose qui nous intéressait, c'était d'utiliser toutes les

 19   sources disponibles pour obtenir des renseignements sur la situation

 20   humanitaire au Kosovo. Et oui, l'UCK disposait de tels renseignements parce

 21   qu'elle avait des hommes disséminés un peu partout dans les collines,

 22   bombardés dans les différents lieux où se menaient des actions, et si j'ai

 23   bien compris comment agissaient les forces de sécurité serbes, les Albanais

 24   de souche et d'autres représentants des minorités ethniques étaient soit

 25   chassés de leurs villages soit quittaient leurs villages de leur propre gré

 26   pour échapper aux combats, éviter d'être pris pour cible. Donc ces

 27   personnes quittaient leurs villages et s'enfuyaient vers des zones qu'elles

 28   considéraient plus sûres ou en tout cas moins dangereuses.

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  1   Je me souviens, voyez-vous, vous connaissez sans doute aussi bien que moi

  2   la géographie et le terrain du Kosovo, il y a toute une rangée, toute une

  3   ligne de collines et de montagnes qui vont plus ou moins du nord au sud en

  4   traversant tout le Kosovo. Donc les gens fuyaient vers ces collines. Ils

  5   fuyaient vers des zones situées au nord de Pristina et de Mitrovica, ils

  6   fuyaient vers les collines à l'est de Pristina. Et nous nous inquiétions

  7   grandement de leur bien-être. Il y avait parmi toutes ces personnes des

  8   femmes, des enfants et des personnes âgées.

  9   Oui, nous essayions de recueillir des renseignements. A cette époque-là,

 10   nous cherchions à interroger les flots de réfugiés qui se dirigeaient vers

 11   la frontière, nous cherchions à interroger des membres de l'UCK, nous

 12   cherchions à interroger des journalistes qui étaient restés au Kosovo,

 13   avant finalement de le quitter, oui en effet.

 14   Pour être honnête, je ne suis pas sûr d'avoir traité de tous les points de

 15   votre question, mais je n'ai plus le libellé de votre question sur l'écran

 16   devant moi.

 17   Q.  Je vous remercie, Monsieur Byrnes.

 18   Ma question suivante est celle-ci : Lorsque vous discutiez avec les

 19   représentants de l'UCK, est-ce que ceux-ci donnaient des consignes quant à

 20   la façon de ce que comporter et la politique à adopter une fois que les

 21   bombardements de l'OTAN commenceraient ? Est-ce qu'ils ont distribué ces

 22   consignes à la population ? Je vous pose cette question parce que j'ai été

 23   informé par la lecture d'un certain nombre de rapports internes que vous

 24   utilisiez à la KDOM et qui se sont retrouvés entre mes mains que tel a été

 25   le cas. Mais nous en discuterons plus tard.

 26   R.  Y avait-il une question dans ce que vous venez de dire ?

 27   Q.  Avez-vous fourni des conseils politiques à l'UCK quant à la façon de se

 28   comporter sur le terrain avant le début des bombardements de l'OTAN, quant

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  1   à la façon de se comporter et à la conduite à adopter vis-à-vis de la

  2   population locale ? Telle était ma question.

  3   R.  Est-ce que vous pourriez être un peu plus précis ? Est-ce que vous me

  4   demandez si j'ai donné des consignes à l'UCK quant la façon de se comporter

  5   après le début du conflit, ou est-ce que nous parlons de la période

  6   antérieure au conflit, est-ce que nous parlons d'octobre 1998 ou de janvier

  7   1999 ? J'aimerais que vous soyez un peu plus précis.

  8   Q.  Bien, je ne peux pas être plus spécifique que cela. Je pensais que ma

  9   question était suffisamment claire. Est-ce que vous avez donné des conseils

 10   politiques à l'UCK avant le bombardement de l'OTAN, les périodes où vous

 11   étiez au Kosovo-Metohija, c'est-à-dire de 1998 jusqu'au 24 mars 1999, je

 12   suppose. Est-ce que vous leur avez donné des conseils sur la façon de se

 13   comporter sauf pour ce qui est d'une trêve ou d'un cessez-le-feu ?

 14   R.  Je ne cherche pas à faire de l'humour, mais j'aurais aimé pouvoir leur

 15   donner des conseils sur la façon de se comporter. C'est l'un des aspects

 16   les plus frustrants de cette mission. L'UCK n'était pas honnêtement

 17   intéressée par nos conseils. Elle était intéressée par notre présence,

 18   notre engagement. Mais pour ce qui est de conseil direct, non.

 19   Deuxièmement, si vous pensez au conseil le fait d'aller les voir, soit de

 20   moi-même soit suite à des instructions pour protester contre des actions de

 21   l'UCK portant particulièrement sur le meurtre de civils serbes, du

 22   harcèlement de civils serbes, de l'enlèvement de Serbes civils et ce genre

 23   de choses, si c'est à ce type de conseil que vous pensez, je dois dire en

 24   guise de réponse à votre question que, oui, effectivement, je leur ai donné

 25   des conseils.

 26   Malheureusement, dans un trop grand nombre de circonstances les conseils

 27   que j'ai pu donner de moi-même ou partant d'instructions qui m'ont été

 28   données par Washington n'ont tout simplement pas été suivis.

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  1   Q.  Merci pour cette réponse. Etes-vous au courant de l'enlèvement du vice-

  2   président de la municipalité -- il s'agissait d'une municipalité serbe, son

  3   nom de famille était Bojanic ? Etes-vous au courant de cet enlèvement du

  4   vice-président à Kosovo Polje ? Il était vice-président de la municipalité.

  5   R.  Oui, Monsieur, je me souviens de cette affaire. Ce dont je me souviens,

  6   même si ma mémoire n'est pas tout à fait claire, mais je me souviens qu'il

  7   a été assassiné. Il a peut-être été d'abord enlevé puis assassiné, mais je

  8   me souviens que ce malheureux s'est fait assassiner.

  9   Q.  Oui, c'est exact. Les représentants de l'UCK ont dit ne rien avoir avec

 10   cette affaire. Ils n'ont pas accepté les blâmes, mais ils ont été

 11   conseillés par d'autre de se comporter ainsi. Est-ce que vous êtes au

 12   courant de cela ou pas du tout ?

 13   R.  Ce dont je me souviens, Monsieur, c'est que les représentants de l'UCK

 14   ont nié toute responsabilité dans le meurtre de M. Bojanic. Pour ce qui est

 15   des conseils qui leur auraient été donnés de nier cela, je ne suis pas du

 16   tout au courant. Nous n'étions certainement pas de ceux qui auraient donné

 17   ce genre de conseil.

 18   Q.  Pour parler de votre départ du Kosovo, en 1998 est-ce que vous-même et

 19   votre équipe avez quitté le Kosovo ?

 20   R.  Oui. Nous sommes partis juste avant que les négociations de Dick

 21   Holbrooke avec Belgrade n'aient abouti à ce qu'on a appelé l'accord

 22   d'octobre. Je me souviens que nous sommes partis le matin où ces

 23   négociations se sont déroulées.

 24   Q.  Quelle était la raison de votre départ ou le fait que vous ayez dû

 25   partir, comme vous l'avez dit ? 

 26   R.  La raison était la suivante, autant que je m'en souvienne, l'OTAN avait

 27   ordonné une opération qui était l'étape précédente à une attaque et un

 28   bombardement. Dick Holbrooke participait aux dernières étapes des

Page 8224

  1   négociations avec Milosevic sur cette question qui ont abouti à cet accord.

  2   Dick n'était pas tout à fait sûr qu'il obtiendrait cet accord. Ce par

  3   contre en quoi il croyait c'est que si nous n'obtenions pas cet accord,

  4   l'OTAN ne bluffait pas, et qu'il y aurait eu une attaque et un bombardement

  5   de certaines localités en Serbie. Ni Dick Holbrooke ni Washington ne

  6   souhaitait que les diplomates et le personnel américain se trouvent en

  7   Yougoslavie au moment où l'OTAN bombarderait. Donc nous avons été évacués

  8   le jour du délai, me semble-t-il, je ne me souviens pas exactement. Mais

  9   nous avons été évacués pour ne pas nous trouver sur place s'il devait y

 10   avoir un problème.

 11   Q.  Ai-je raison de dire qu'il s'agissait du mois d'octobre 1998 ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Ai-je raison de dire qu'il n'y a pas eu de bombardement, mais que l'on

 14   est arrivé à ce que l'on appelé l'accord d'octobre ? Et ai-je raison de

 15   dire que le bombardement a été suspendu ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Vous souvenez-vous des détails de l'accord, les détails les plus

 18   importants de cet accord d'octobre ?

 19   R.  Oui, mais dans la mesure où nous avons revu ensemble cet accord hier

 20   ici dans ce même prétoire.

 21   Q.  Merci. Pourquoi est-ce que cet ordre de lancer les bombardements n'a

 22   pas été réalisé, l'accord avait été signé; avait-il été conclu ?

 23   R.  Une réponse très simple à votre question est non.

 24   Q.  Est-ce que je pourrais avoir une réponse un peu plus élaborée et pas

 25   cette simple réponse ? Pourquoi est-ce qu'il n'y a pas eu de bombardement

 26   si cet accord n'a pas été conclu ?

 27   R.  Pour ce qui est d'une réponse un peu plus élaborée concernant

 28   l'exécution de cet accord qu'Holbrooke a signé, je pense, avec Milosevic,

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  1   et nous avons en toute bonne foi fait l'effort de voir s'il avait

  2   réellement été appliqué. Mais cette exécution ne dépendait pas entièrement

  3   de nous. Et en fin de compte, Racak a détruit cet accord.

  4   Q.  Bien. Nous viendrons à parler de Racak au moment voulu, même si cela ne

  5   figurait pas dans l'acte d'accusation tel qu'il était auparavant, mais en

  6   liaison avec cet accord, nous en discuterons point par point. Les points

  7   qui auraient dû être exécutés. Et j'espère pourvoir recevoir une réponse

  8   adéquate de votre part.

  9    M. DJORDJEVIC : [interprétation] Pour ce qui est des aspects techniques,

 10   nous avons commencé un quart d'heure plus tard que la normale. Est-ce que

 11   cela signifie que j'ai 15 minutes encore avant la pause ?

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je n'ai rien dit. Vous pourriez les

 13   avoir si vous préférez, mais si cela vous convient, nous pouvons également

 14   faire la pause maintenant. C'est à vous d'en décider.

 15   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je préférerais que la pause se fasse

 16   maintenant, Monsieur le Président, dans la mesure où nous allons entamer un

 17   point nouveau ou un ensemble de questions qui sont nouvelles.

 18   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous reprendrons donc à 11 heures.

 19   [Le témoin quitte la barre]

 20   --- L'audience est suspendue à 10 heures 32.

 21   --- L'audience est reprise à 11 heures 01.

 22    [Le témoin vient à la barre]

 23   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Djordjevic.

 24   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 25   Q.  Monsieur Byrnes, pourriez-vous me dire, s'il vous plaît, au mieux de

 26   vos souvenirs, quand est-ce que vous avez rencontré pour la dernière fois

 27   l'accusé Vlastimir Djordjevic ?

 28   R.  Au cours des négociations à Belgrade, les 24 et 25 octobre, autant que

Page 8226

  1   je m'en souvienne.

  2   Q.  Merci. Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, à cette occasion, à

  3   quoi ressemblait votre premier contact avec le général Djordjevic. Est-ce

  4   qu'il vous a été présenté, est-ce que vous l'avez rencontré directement ou

  5   est-ce que vous l'avez rencontré d'une autre façon ?

  6   R.  Je ne me souviens pas d'une présentation. Je me souviens simplement

  7   d'un large groupe de personnes qui étaient rassemblées pour négocier cet

  8   accord. Je pense qu'il a dû y avoir une sorte de présentation formelle.

  9   Mais pour en venir au reste de votre question, je n'ai jamais eu de contact

 10   individuel direct avec lui à cette occasion, en tous les cas, pas que je

 11   m'en souvienne.

 12   Q.  Et qui était à la tête de votre équipe, de votre groupe, le 25 octobre

 13   1998 ?

 14   R.  Le groupe qui s'occupait de l'accord concernant la police serbe au

 15   Kosovo avait à sa tête le général Naumann, un officier militaire allemand

 16   qui était à la tête du comité militaire de l'OTAN.

 17   Q.  Dites-moi, s'il vous plaît, à quoi ressemblait M. Djordjevic à l'époque

 18   lorsque vous l'avez rencontré pour la première fois ou plutôt que portait-

 19   il ? Est-ce qu'il portait un uniforme ou était-il vêtu autrement ?

 20   R.  Mes souvenirs quant aux vêtements que portait le général Djordjevic ne

 21   sont pas très précis. Je me souviens qu'il portait un uniforme tout comme

 22   ses collègues, le général Lukic, le général Stevanovic et le colonel

 23   Mijatovic. Mais là encore, mes souvenirs ne sont pas très clairs.

 24   Pour ce qui est de la première partie de votre question, je me souviens de

 25   lui comme étant un personnage très impressionnant, très imposant, un homme

 26   de haute stature avec ce que j'appellerais beaucoup de présence. C'était

 27   quelqu'un qui donnait l'impression d'être très responsable.

 28   Q.  Merci. Vous venez juste de me dire que dans vos souvenirs, il portait

Page 8227

  1   un uniforme. Néanmoins, en lisant vos notes et vos rapports et les notes

  2   lorsque vous avez discuté avec les enquêteurs, je suis arrivé à la

  3   conclusion que vous n'avez jamais vu le général Djordjevic en uniforme. Ai-

  4   je raison de dire cela ? Mais je dis cela simplement parce que je fais

  5   référence à un point sur lequel je vais revenir et qui concerne les 30 et

  6   31 octobre, qui se trouve à la page 32 du paragraphe du document D00 --

  7   Mme KRAVETZ : [interprétation] Je m'excuse d'interrompre mon éminent

  8   confrère, mais j'ai cru comprendre que toute référence à cet entretien doit

  9   se faire à huis clos partiel, et si mon éminent collègue s'apprête à citer

 10   des notes et des parties de cet entretien, il doit demander à ce que nous

 11   puissions passer à huis clos partiel.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que ces notes ce sont des notes

 13   d'entretien dont vous avez parlé, Maître Djordjevic ?

 14   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Oui, puisqu'il a dit l'avoir vu en

 15   uniforme, j'aimerais également que nous puissions passer à huis clos

 16   partiel. Ma réponse est donc positive.

 17   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous allez lire ces notes

 18   d'entretien ?

 19   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Oui.

 20   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous avez allez faire

 21   référence au contenu ou est-ce que vous allez simplement dire qu'il y a une

 22   référence à telle ou telle page ?

 23   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Juste la partie de la déclaration où le

 24   témoin -- bien, le témoin aujourd'hui dit qu'il ne l'a jamais vu en

 25   uniforme.

 26   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pouvons-nous maintenant passer à huis

 27   clos.

 28   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes

Page 8228

  1   maintenant à huis clos partiel.

  2 [Audience à huis clos partiel][Confidentialité levée par ordre de la Chambre]

  3   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Vous pouvez poursuivre, Maître

  4   Djordjevic.

  5   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.Comme je le

  6   disais, il s'agissait de la cote D004-3079. C'est donc la cote de ce

  7   document en date du 30 et 31 octobre 2001 à la page, ou plutôt, je dirais,

  8   il s'agit de la deuxième phrase de cette troisième page. Ceci figure sous

  9   le titre "Djordjevic."

 10   Q.  Il y est dit que vous n'avez jamais vu le général Djordjevic en

 11   uniforme. Maintenant que vous avez cela sous les yeux, pouvez-vous nous

 12   dire quel est votre point de vue ? Est-ce qu'il portait un uniforme comme

 13   vous l'avez dit aujourd'hui ou est-ce qu'il ne portait pas l'uniforme,

 14   comme vous l'avez dit à ce moment-là ?

 15   R.  Ce que j'ai dit dans ma réponse précédence, c'était que mes souvenirs

 16   n'étaient pas très clairs. Je ne me souviens pas s'il portait ou s'il ne

 17   portait pas d'uniforme. Et j'avoue que 11 ans plus tard, ma mémoire est

 18   encore moins claire. Je m'en tiendrai à ce que j'ai dit pendant

 19   l'entretien, je pense que c'était beaucoup plus proche des événements et

 20   que mes souvenirs étaient probablement beaucoup plus clairs à l'époque.

 21   Q.  Merci, Monsieur Byrnes.

 22   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je voulais simplement que cette partie du

 23   document soit versée et nous pouvons ensuite repasser en audience publique.

 24   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous voulez simplement que cette

 25   partie que l'on trouve sous l'intitulé "Djordjevic" soit versée au dossier;

 26   c'est exact ?

 27   M. DJORDJEVIC : [interprétation] C'est exact.

 28   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous en avez réellement

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  1   besoin puisque le témoin vous dit maintenant qu'il préférerait s'en tenir à

  2   ce qu'il a dit à l'époque. Et ce qu'il a dit à l'époque figure clairement

  3   sur le compte rendu et il a dit à l'époque ne jamais avoir vu l'accusé en

  4   uniforme. Et je pense que ce serait plus facile.

  5   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Oui, tout à fait. Merci, Monsieur le

  6   Président. Il n'est pas nécessaire de le verser au dossier. Est-ce que nous

  7   pourrions maintenant revenir en audience publique.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à nouveau en audience

  9   publique.

 10   [Audience publique]

 11   M. DJORDJEVIC : [interprétation]

 12   Q.  Monsieur Byrnes, pourriez-vous me dire, s'il vous plait, quand et

 13   comment vous avez appris les fonctions et le poste de M. Djordjevic au sein

 14   du ministère des Affaires étrangères, quel était son grade, et cetera ?

 15   R.  Je n'ai pas de souvenir précis du moment où j'ai entendu dire que M.

 16   Djordjevic était le vice-ministre des Affaires intérieures et qu'il était à

 17   la tête de la police de la section de l'ordre public de ce ministère. Ceci

 18   a pu m'être expliqué lorsque je suis arrivé en août et que j'ai passé une

 19   journée à l'ambassade à Belgrade. Et si ce n'est pas à ce moment-là, je

 20   suis sûr que cela m'a été expliqué par le général Lukic, qui à un moment

 21   donné après mon arrivée, lorsque je l'ai appelé à Pristina, a voulu me

 22   parler de tout l'organigramme du ministère de sorte que mon collègue de

 23   l'Union européenne de la KDOM comprenne toute la hiérarchie.

 24   Mais là encore, pour être très précis, j'avais cru comprendre à l'époque

 25   que le général Djordjevic était le ministre de l'Intérieur adjoint,

 26   responsable de toute la structure concernant l'ordre public au sein de ce

 27   ministère.

 28   Q.  Excellent. En répondant vous avez également répondu à une question que

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  1   j'allais vous poser, à savoir jusqu'où allait votre connaissance de la

  2   structure du ministère de l'Intérieur, de toute la chaîne de commandement,

  3   et cetera. Vous venez d'y répondre. Donc vous connaissiez plus ou moins

  4   l'organisation du ministère.

  5   Connaissez-vous la différence, et c'est important pour la Défense, la

  6   différence entre le ministre adjoint et l'assistant du ministre ? Quelle

  7   est la différence sur le plan des fonctions ?

  8   R.  Je comprends ces termes tels qu'ils sont utilisés dans notre système et

  9   je vais vous expliquer ce que je comprends, ceci pourrait vous aider. De

 10   façon très succincte, le ministre adjoint est supérieur à l'assistant du

 11   ministre. C'est ainsi que cela fonctionne dans notre système.

 12   Q.  Il en va de même dans notre système.

 13   Quand vous a-t-on dit et qui vous a dit que M. Djordjevic était le ministre

 14   adjoint de l'Intérieur et non pas l'assistant du ministre de l'Intérieur ?

 15   R.  Je ne peux pas vous donner de réponse précise. Je ne me souviens

 16   simplement pas. Mais permettez-moi d'ajouter que comme le général

 17   Djordjevic était à la tête du côté serbe du groupe de travail sur la

 18   police, j'avais compris qu'il le faisait en sa qualité de professionnel

 19   occupant un certain niveau et en tant que responsable non politique de la

 20   police serbe. Nous avions tous compris qu'il y avait eu des présentations

 21   formelles avant que la négociation ne commence et qu'il avait été présenté

 22   comme occupant cette fonction.

 23   Q.  Monsieur Byrnes, il y a une chose que je souhaiterais vous dire et nous

 24   avons également des documents sur ce point dans cette affaire. M.

 25   Djordjevic, l'accusé dans cette affaire, n'a jamais occupé le poste de

 26   ministre adjoint de l'Intérieur. Son poste le plus élevé dans sa carrière a

 27   été celui d'assistant du ministre. De façon générale et jusqu'ici, chaque

 28   fois que vous avez parlé de M. Djordjevic, vous avez pour la première fois

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  1   hier dit qu'il avait été ministre adjoint de l'Intérieur. Vous n'en avez

  2   pas parlé dans votre déclaration auprès des enquêteurs en 2001 ni dans

  3   votre déposition dans l'affaire Milutinovic. Dans votre témoignage dans

  4   cette affaire, vous avez utilisé le terme assistant du ministre, ce qui

  5   était exact. Est-ce que vous pourriez nous expliquer cela ?

  6   R.  Je vous remercie pour l'explication que vous venez de donner. Et dans

  7   la mesure où il y a des différences dans l'utilisation que je fais des

  8   termes, j'attribuerais cela simplement à une certaine confusion dans mon

  9   esprit, et avec le temps, les souvenirs s'estompent et sont moins clairs.

 10   Je crois qu'il faut répéter que ma compréhension à l'époque était la

 11   suivante, à savoir que le général Djordjevic était le représentant officiel

 12   le plus haut qui avait en charge les éléments de la police et qui suivait

 13   ces éléments de la police au sein du ministère des Affaires intérieures.

 14   Q.  Oui, c'est quelque chose qui n'est certainement pas controversé, je

 15   souhaitais simplement que l'on éclaircisse cela. Ensuite, avez-vous

 16   connaissance de l'identité de la personne qui a nommé le général Sreten

 17   Lukic en tant que directeur de l'état-major du MUP au Kosovo-Metohija ?

 18   Est-ce que vous savez cela ?

 19   R.  Non, je l'ignore. Je ne connais pas le nom de la personne qui a procédé

 20   à cette nomination.

 21   Q.  Merci. Est-ce que vous savez quand il a été nommé à la tête de cet

 22   état-major du MUP au Kosovo ?

 23   R.  Non, je ne suis pas au courant d'une date précise pour cette

 24   nomination.

 25   Q.  Ai-je raison de dire que vous êtes arrivé à Pristina le 12 août 1998 ?

 26   R.  Oui, en effet.

 27   Q.  Merci. Qui était alors à la tête de cet état-major à Pristina ? Est-ce

 28   que c'était Lukic ou bien s'agissait-il de quelqu'un d'autre ?

Page 8232

  1   R.  Dans le souvenir que j'ai de M. Djordjevic, c'était le général Lukic

  2   qui à l'époque m'avait dit que c'était le général Stefanovic qui était en

  3   charge de la police au Kosovo, mais que lui-même, le général Lukic,

  4   reprendrait à sa charge cette responsabilité. C'est du moins le souvenir

  5   que j'en ai.

  6   Q.  Est-ce que vous pensez que le vrai nom de famille pourrait être

  7   Stevanovic et non Stefanovic ?

  8   R.  Excusez-moi, Maître, mais votre serbe est meilleur que le mien, sans

  9   aucun doute.

 10   Q.  Il s'agit du nom de famille et la différence ne porte que sur une

 11   lettre, entre le F et le V. Donc Obrad Stevanovic, est-ce que c'était le

 12   nom de cette personne ? Vous avez également dit que cette personne, ce

 13   Obrad Stevanovic, était l'adjoint de l'accusé dans la présente affaire, du

 14   général Djordjevic. Etes-vous certain de cela ? Et d'où tenez-vous cette

 15   information ?

 16   R.  Dans mon souvenir, le général Stevanovic, m'a dit -- le général Lukic

 17   m'a dit qu'il était un officier supérieur de la police et je l'avais vu en

 18   uniforme. Et il semblait tout à fait logique qu'en sa qualité d'officier

 19   supérieur il serait subordonné à la personne qui assurait le commandement

 20   de l'ensemble des forces de la police serbes.

 21   Q.  Est-ce que cela change quelque chose à ce que nous avons déjà entendu

 22   si je vous dis que le général Obrad Stevanovic assurait exactement la même

 23   fonction -- ou plutôt qu'il avait les mêmes obligations --

 24   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Le canal 6, Monsieur le Président, a

 25   commencé à souffrir d'un bruit extrêmement important. Je n'entends plus

 26   rien. Merci.

 27   Q.  Est-ce que cela changera quelque chose à votre opinion si je vous dis

 28   que le général Obrad Stevanovic assurait exactement la même fonction, à

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  1   savoir assistant au ministre de l'Intérieur, que le général Djordjevic,

  2   nous avons des documents concernant les nominations et qui montrent qu'il

  3   assurait exactement la même fonction que le général Djordjevic, il avait

  4   exactement le même niveau de responsabilité et le même rang. Est-ce que

  5   cela modifie quelque chose dans le point de vue qui est le vôtre ?

  6   R.  Merci pour cette information que vous me donnez et qui éclaircit les

  7   choses, un aspect notamment dont je ne me souviens pas très bien et dont

  8   j'ai maintenant une compréhension plus claire.

  9   Q.  Merci. Hier vous nous avez dit que le général Lukic rendait compte au

 10   général Djordjevic. Est-ce que c'est quelque chose que vous supposez, est-

 11   ce que vous concluez cela à partir d'autres éléments ou est-ce que vous en

 12   êtes absolument certain ?

 13   R.  Ce dont je me souviens c'est que le général Lukic se rendait sur une

 14   base hebdomadaire à Belgrade et il rendait compte à ces occasions-là à la

 15   fois au général Stevanovic et au général Djordjevic. Au mieux de mes

 16   souvenirs, le général Lukic n'a pas été plus précis concernant sa relation

 17   avec eux.

 18   Q.  Merci, cela éclaircit les choses.

 19   Est-ce que vous vous souvenez qui était à ce moment-là le ministre de

 20   l'Intérieur de la République fédérale de Yougoslavie et en Serbie ?

 21   R.  Ce dont je me souviens c'est qu'il y avait un homme qui était un

 22   représentant officiel du MUP, mais qui n'intervenait pas selon la ligne

 23   politique, il me semble qu'il s'appelait Stojiljkovic.

 24   Q.  Vlajko Stojiljkovic. Est-ce que c'est cela le nom de la personne à qui

 25   vous pensez ?

 26   R.  Ce que je peux dire ou ce dont je me souviens c'est qu'il y avait cet

 27   homme nommé Stojiljkovic qui était ministre de l'Intérieur à l'époque.

 28   C'est ce dont je me souviens. Vous m'informez du prénom de cette personne,

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  1   mais je ne l'ai jamais rencontré. Je n'ai jamais eu affaire à lui.

  2   Q.  Pour ce qui concerne maintenant le rapport entre le général Lukic et

  3   l'accusé ici présent, c'est hier que vous avez fait mention pour la

  4   première fois du fait que la relation entre Lukic et Djordjevic était telle

  5   que Lukic selon vous était tout à fait clairement subordonnée à Djordjevic

  6   et qu'il lui rendait compte. Cependant, je dois ici vous rappeler une

  7   partie de la déposition que vous avez donnée dans l'affaire Milutinovic.

  8   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je voudrais que l'on affiche à l'écran la

  9   pièce P1214. A la page 12 145, en ligne 25. Et en page suivante, 12 146.

 10   Mais reportons-nous d'abord sur la ligne 25 de la première des deux pages.

 11   Si vous pouvez juste afficher le bas de la page. Donc ligne 25 et page

 12   suivante, page 12 146, les lignes numéro 1 à 4. Donc cela commence avec

 13   cette phrase. Consultez cela, s'il vous plaît, ligne 25 et puis les lignes

 14   1 à 4.

 15   Q.  Vous dites que vous avez alors rencontré pour la première fois le

 16   général Lukic et que ce dont vous vous souvenez c'est que lui ou quelqu'un

 17   d'autre vous aurait dit que lui, à savoir le général Lukic, remplaçait le

 18   général Stefanovic - c'est ici indiqué avec un F - en tant que chef de la

 19   police serbe au Kosovo. Et deuxièmement, aussi que le général Lukic rendait

 20   compte au général Stevanovic à Belgrade. Donc à ce moment-là, vous ne

 21   parlez pas du tout de Djordjevic ni du ministre de l'Intérieur, mais vous

 22   parlez de Stevanovic. Alors pour quelle raison avez-vous hier parlé pour la

 23   première fois du général Djordjevic dans ce même contexte ?

 24   Mme KRAVETZ : [interprétation] Monsieur le Président, il me semble que nous

 25   ne donnons pas ici une vision correcte de ce qui a été la déposition du

 26   témoin dans cette autre affaire, car plus bas, dans ces mêmes pages, il y a

 27   une réponse du témoin qui indique que mon estimé confrère ne cite pas de

 28   façon correcte les documents. Et j'attire votre attention aux lignes 7 à 9

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  1   de la même page.

  2   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il semblerait, Maître Djordjevic, que

  3   le témoin ait tout d'abord déposé concernant sa rencontre avec l'accusé et

  4   qu'ensuite il a été interrogé concernant Obrad Stevanovic, cela se trouve

  5   en ligne 19, et ensuite le témoin a continué à parler concernant le général

  6   Stevanovic ce qui l'a amené à parler également du général Lukic. Je pense

  7   que le contexte diffère quelque peu de ce que vous étiez en train d'avancer

  8   il y a quelques instants.

  9   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Soit, mais j'aimerais malgré tout entendre

 10   la réponse du témoin par rapport à notre situation d'aujourd'hui.

 11   Q.  Est-ce qu'il disposait d'élément clair lui indiquant que le général

 12   Lukic aurait rendu compte au général Djordjevic ou est-ce qu'il a tiré

 13   cette conclusion en se fondant sur l'organigramme de la police ? Parce que

 14   dans cette déposition, il indique clairement, il fait mention tout à fait

 15   clairement au général Stevanovic.

 16   R.  Maître Djordjevic, la réponse est la dernière possibilité que vous avez

 17   avancée. Pour être tout à fait franc et direct, je n'avais pas une

 18   connaissance ou un accès direct à ce que pouvaient être les relations

 19   spécifiques entre eux. Je vous ai déjà dit que le général Sreten Lukic

 20   m'avait dit lui-même rendre compte au général Stevanovic et au général

 21   Lukic. Mais mon impression est tout à fait claire et je me rappelle la

 22   conversation que j'ai eue avec le général Lukic, c'est qu'il m'a dit

 23   remplacer le général Stevanovic et rendre compte au général Stevanovic

 24   également. Une autre chose que je souhaiterais ajouter, c'est que du point

 25   de vue de la chaîne de commandement au sein de la police serbe et du

 26   ministère de l'Intérieur, il est tout à fait clair à partir du rôle

 27   qu'assumait le général Djordjevic lors des négociations des 24 et 25

 28   octobre 1998, il était tout à fait clair donc qu'aussi bien le général

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  1   Stevanovic que le général Lukic lui étaient subordonnés. Mais j'espère que

  2   cela apporte une réponse à votre question.

  3   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vois que dans le compte rendu en

  4   page 39, ligne 14, à peu près dans votre réponse, Monsieur Byrnes, vous

  5   avez une phrase, une formulation dans laquelle vous dites : "Le général

  6   Sreten Lukic m'a dit qu'il rendait compte au général Stevanovic et au

  7   général Lukic." Il me semble que c'est bien ce que vous avez dit. Mais cela

  8   semble ne pas refléter peut-être ce que vous aviez l'intention de dire.

  9   Voulez-vous dire qu'il rendait compte au général Stevanovic et au général

 10   Lukic ou à quelqu'un d'autre ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Au général Djordjevic.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, vous avez répété le nom de Lukic,

 13   c'est de cela qu'il s'agit.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, excusez-moi, 11 ans plus tard, les

 15   impressions qui subsistent dans mon esprit sont très claires pour ce qui

 16   concerne le général Lukic. A ces occasions, il se rendait à Belgrade sur

 17   une base hebdomadaire pour rendre compte au général Stevanovic. Le souvenir

 18   que j'en ai c'est qu'à cette occasion particulière, en tout cas, il m'a dit

 19   aller voir le général Djordjevic pour lui rendre compte. Mais pour être

 20   très clair et pour revenir à cette notion de chaîne de commandement, dans

 21   ma compréhension c'était que le général Stevanovic représentait l'échelon

 22   suivant en remontant la chaîne de commandement. J'espère que cela clarifie

 23   un peu ma réponse.  

 24   M. DJORDJEVIC : [interprétation]

 25   Q.  Merci. Est-ce que, Monsieur Byrnes, vous avez jamais eu l'occasion de

 26   faire la connaissance du général Lukic lors de vos entretiens ainsi que

 27   d'autres représentants de la police avec lesquels vous avez pu être en

 28   contact lors de votre séjour en 1998 ? Lorsque vous parlez de la chaîne de

Page 8237

  1   commandement, je voudrais savoir si vous avez eu également l'occasion de

  2   prendre connaissance des documents écrits portant nomination de ces hommes

  3   et précisant quelles étaient leurs responsabilités respectives ? Est-ce que

  4   vous aviez eu accès à cela ?

  5   R.  Pas pour autant que je m'en souvienne, en tout cas pas maintenant.

  6   Q.  Merci. Alors cette réunion à laquelle vous vous référez assez souvent

  7   dans votre déclaration, cette réunion du 24 octobre à Belgrade, c'est une

  8   occasion à laquelle vous étiez face au général Djordjevic qui, comme vous

  9   le dites vous-même, assumait le rôle le plus important dans ces

 10   négociations. Vous dites que votre impression était la suivante, à savoir

 11   que le général Djordjevic a fait preuve d'une connaissance très précise de

 12   la situation au Kosovo. Qu'est-ce que vous vouliez dire exactement par là

 13   lorsque vous avez déclaré que le général Djordjevic a fait preuve d'une

 14   connaissance très précise de la situation au Kosovo ?

 15   R.  Je voulais dire qu'il avait une compréhension très claire, une notion

 16   très claire des différentes localités, des questions de déploiement et

 17   d'autres aspects similaires concernant le déploiement de la police serbe

 18   dans cette province.

 19   Q.  En consultant le procès-verbal, j'ai plutôt eu l'impression qu'il avait

 20   fait preuve d'une compréhension claire des faits au Kosovo. Est-ce que je

 21   me trompe en disant cela ? Et ce que j'ai cru comprendre c'est que cela

 22   vous avait surpris qu'il ait une compréhension claire des faits. Peut-être

 23   que je n'ai pas très bien compris, peut-être pourriez-vous m'aider à cet

 24   égard.

 25   R.  Maître, je ne me rappelle pas avoir été surpris par la connaissance ou

 26   la maîtrise que le général Djordjevic pouvait avoir concernant la

 27   connaissance de la situation au Kosovo.

 28   Q.  Donc il était à la tête de la mission qui conduisait ces négociations

Page 8238

  1   au nom de la RFY à l'époque, n'est-ce pas ? Ai-je raison de dire qu'il

  2   était à la tête de cette équipe, qu'il était assis au milieu autour de la

  3   table ?

  4   R.  Oui. Je suppose que c'était le cas et que c'était parfaitement normal.

  5   Q.  Et je suppose qu'il est parfaitement normal et logique également que

  6   les négociateurs, dans une telle situation, soient de haut rang, de haut

  7   niveau et qu'ils soient particulièrement bien informés, comme vous l'étiez

  8   vous-même, comme il l'était, lui, et comme l'était le général Naumann, par

  9   exemple ?

 10   R.  C'est exact et c'est aussi pourquoi je ne me rappelle pas avoir été

 11   surpris.

 12   Q.  Merci. Excusez-moi, c'est également pour cela que j'ai posé cette

 13   question, maintenant tout est clair.

 14   Je voudrais entendre encore votre réponse à une question qui est la

 15   suivante : est-ce que, Monsieur Byrnes, en cette date du 24 octobre 1998,

 16   vous avez reconnu une qualité de professionnel au général Djordjevic plutôt

 17   que vous n'auriez eu l'impression qu'il s'agissait d'un politicien, d'un

 18   homme politique ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Est-ce que pendant cette négociation vous étiez informé de toutes les

 21   positions et de toutes les localités où pouvaient se trouver ce que l'on

 22   appelait les postes de contrôle de la police serbe et de l'armée à ce

 23   moment-là ?

 24   R.  Il me semble que nous en étions informés et j'étais certainement au

 25   courant de ces différentes positions telles qu'elles se présentaient le

 26   jour précédant mon arrivée à Belgrade. J'étais arrivé directement de

 27   Pristina et au sein de la KDOM nous suivions l'évolution de cette situation

 28   et nous collections ces informations. Nous avions une vue assez précise de

Page 8239

  1   cette situation.

  2   Q.  Merci. Hier vous avez dit qu'en répondant à l'invitation du général

  3   Clark et de l'ambassadeur Holbrooke, vous avez participé à ces négociations

  4   à titre d'expert. Est-ce que vous pourriez nous préciser quel était le

  5   domaine de votre expertise à ce moment précis ?

  6   R.  Du point de vue du général Clark et de l'ambassadeur Holbrooke, je

  7   disposais d'une meilleure connaissance de la géographie du Kosovo ainsi que

  8   du déploiement de l'armée et de la police serbe et des opérations qu'elles

  9   conduisaient que tout autre membre de notre délégation. C'est en cela que

 10   consistait mon domaine d'expertise.

 11   Q.  Merci. J'ai compris que votre délégation était dirigée par le général

 12   Naumann. C'est ce que j'ai compris en me fondant sur vos réponses

 13   d'aujourd'hui. Mais je vois que c'est à vous qu'on a demandé d'être le

 14   signataire de cet accord. Comment faut-il comprendre cela ? C'est un peu

 15   inhabituel, tout de même, cela semble un peu illogique.

 16   R.  J'ai répondu à cela hier, mais je suis heureux de pouvoir y répondre à

 17   nouveau. Aussi bien le général Clark que le général Naumann ont décidé

 18   qu'il serait tout à fait pertinent que je sois le signataire plutôt que le

 19   général Naumann pour la raison suivante : je me trouvais sur le terrain au

 20   Kosovo alors que le général Naumann devait rejoindre le quartier général de

 21   l'OTAN en Belgique. Par conséquent, je me trouvais dans une meilleure

 22   position pour suivre la mise en œuvre de cet accord et faire état de toute

 23   difficulté ou problème qui pourrait se présenter, pour en faire état

 24   directement auprès de la police serbe et des forces de sécurité serbes au

 25   Kosovo. Donc c'était une décision assez logique que de faire de moi le

 26   signataire de l'accord.

 27   Q.  Merci. Ce sont des raisons tout à fait impérieuses, j'en conviendrai

 28   avec vous. Mais ma question suivante consiste à vous demander pourquoi vous

Page 8240

  1   n'étiez pas à la tête de cette équipe, compte tenu des capacités, des

  2   compétences qui étaient manifestement les vôtres ? Pourquoi ne l'avez-vous

  3   pas été depuis le début ? Pourquoi n'avez-vous pas dès le début été à la

  4   tête de cette délégation, plutôt que de confier cette responsabilité à ce

  5   général qui devait ensuite repartir en Belgique ?

  6   R.  Je ne peux que me livrer à des spéculations à ce sujet. Je pense que

  7   c'est le général Clark qui pourrait vous répondre bien mieux à ce sujet.

  8   Q.  Merci. Pendant la durée de ces négociations le 24 octobre à Belgrade,

  9   vous avez déclaré dans l'affaire Milutinovic, mais hier également que le

 10   général Djordjevic procédait fréquemment à des interruptions de ces

 11   négociations, qu'il se levait, qu'il quittait la salle et puis qu'il

 12   revenait. Vous nous fournissez des explications ou des suppositions à ce

 13   sujet, mais moi je voudrais vous interroger sur les faits. Vous souvenez-

 14   vous quelles étaient les raisons pour lesquelles le général Djordjevic

 15   interrompait ses négociations avec vous, comment il justifiait ces

 16   interruptions au moment où il se levait pour partir ? C'est ma première

 17   question.

 18   R.  Je n'ai pas directement le souvenir de ce genre de détail.

 19   Q.  Je ne pouvais pas vraiment m'attendre, à vrai dire, qu'après un délai

 20   aussi long, plus de dix ans, vous en ayez encore un souvenir très détaillé.

 21   Cependant, est-ce que vous vous souvenez si ce genre d'interruption

 22   intervenait au moment où il fallait donner une réponse à des questions

 23   extrêmement sensibles ? Est-ce que cela, peut-être, vous pouvez vous en

 24   souvenir ?

 25   R.  La logique voudrait que la réponse soit affirmative. Mais ce serait

 26   malhonnête de ma part que de dire que j'en ai un souvenir précis. Donc pour

 27   ce qui est de ce type de question, par exemple, le positionnement des

 28   postes d'observation, ma mémoire ne me permet tout simplement pas de

Page 8241

  1   retrouver ce genre de détail très précis. J'en suis désolé.

  2   Q.  Y a-t-il eu des moments où les membres de la délégation serbe ou plutôt

  3   yougoslave se sont consultés ou avez-vous remarqué dans cette pièce, dans

  4   cette salle où vous vous trouviez, que le général Djordjevic aurait

  5   consulté à un certain moment les personnes qui l'entouraient ?

  6   R.  Ce dont je me souviens c'est que pendant la durée des négociations, il

  7   n'y avait aucune consultation au sein de l'équipe des officiers de police

  8   serbes qui étaient présents. Je me rappelle aussi qu'ils se sont

  9   entretenus, qu'ils ont discuté entre eux pendant les pauses.

 10   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Peut-on afficher de nouveau la pièce P1214

 11   à l'écran, qui est votre déposition dans l'affaire Milutinovic. Plus

 12   précisément, la page 12 158. Lignes 4 et 5.

 13   Q.  Cela, vous vous en souvenez peut-être, il y a seulement huit ans et on

 14   vous a demandé si vous vous souveniez d'avoir vu le général Djordjevic

 15   quitter à plusieurs reprises la salle des négociations et vous avez répondu

 16   que votre compréhension de la chose était qu'il partait pour passer des

 17   appels téléphoniques. Votre réponse était différente, il allait consulter

 18   quelqu'un, selon vous, différente de ce que vous dites aujourd'hui. Vous

 19   dites aujourd'hui que vous ne pouvez pas vous prononcer du tout sur ce

 20   sujet.

 21   Alors comment avez-vous eu cette impression à l'époque que le général

 22   Djordjevic, à vrai dire, sortait pour consulter quelqu'un par téléphone,

 23   alors qu'aujourd'hui vous avez une explication un peu différente lorsque

 24   vous dites qu'il sortait effectivement, mais que vous ignorez les raisons

 25   pour lesquelles il faisait cela ? Si vous ne pouvez pas répondre, ce n'est

 26   pas grave.

 27   R.  Pour être tout à fait clair, dans une de mes réponses précédentes, j'ai

 28   dit que pendant les négociations, je ne me rappelle pas avoir vu les

Page 8242

  1   membres de l'équipe serbe discuter entre eux. Ce que je voulais dire

  2   exactement par là c'est que nous étions en train de négocier dans cette

  3   salle, le général Naumann conduisait les négociations pour notre partie et

  4   pour l'autre partie, c'était le général Djordjevic. Et pendant que nous

  5   étions présents dans cette pièce, je n'ai pas le souvenir qu'il y ait eu de

  6   discussions entre les représentants de la police serbe de l'autre côté de

  7   la table. Et pour être tout à fait clair, je n'en ai pas le souvenir, mais

  8   cela ne signifie pas que cela ne s'est jamais passé. C'est juste que je ne

  9   peux pas m'en souvenir.

 10   Deuxièmement, lorsque nous faisions des pauses, je me souviens que de temps

 11   à autre certaines personnes se levaient pour se dégourdir les jambes, que

 12   d'autres restaient debout par petits groupes dans la salle. Notre équipe

 13   faisait cela et l'équipe des représentants de la police serbe le faisait

 14   aussi. Il y avait des discussions. Et cela peut également s'être produit

 15   juste avant que nous ne partions pour dîner, et je n'ai pas participé à

 16   cela. En tout cas, il y a eu des discussions entre les représentants de la

 17   police serbe de l'autre côté de la table. Il y a eu aussi des pauses un peu

 18   plus longues au cours desquelles nous quittions la salle et au cours

 19   desquelles j'ai vu que les représentants de la police serbe étaient

 20   ensemble dans le couloir ou dans un coin et qu'ils discutaient. A quel

 21   sujet, je l'ignore.

 22   Enfin, troisièmement, je me rappelle qu'à plusieurs reprises le général

 23   Djordjevic a quitté la salle. Dans le souvenir que j'en ai, il disait qu'il

 24   quittait la salle pour passer un appel téléphonique ou alors c'était un de

 25   ses collègues qui disait cela. Et c'est le souvenir que j'ai d'un événement

 26   qui est véritablement lointain, du point de vue qui est le nôtre

 27   aujourd'hui. Mais je dis de façon tout à fait claire, et j'en suis tout à

 28   fait certain, qu'il a à plusieurs reprises quitté la salle.

Page 8243

  1   Q.  Merci, Monsieur Byrnes.

  2   Je vais maintenant vous interroger sur un autre sujet qui est la réunion

  3   que vous dites avoir eue avec le général Djordjevic à Pristina ou, pour

  4   être plus précis, votre rencontre avec lui. Vous avez dit hier que vous

  5   l'aviez revu, le général Djordjevic, après les négociations de Pristina et

  6   que pas mal de monde ont participé à cette réunion, à cette rencontre. Page

  7   8 186, ligne 921 du compte rendu d'audience d'hier, vous dites à cette page

  8   que lorsque vous avez rencontré le général Djordjevic après la signature de

  9   l'accord d'octobre, vous ne vous rappelez pas exactement -- enfin, vous

 10   dites qu'à cette réunion ont assisté pas mal de personnes mais vous ne vous

 11   rappelez pas exactement à quel moment elle a eu lieu.

 12   Et vous poursuivez en page suivante du compte rendu d'audience en

 13   disant que vous vous rappelez que de votre côté de la table se trouvaient

 14   Nicholas Turnbull de la KDOM américaine et son assistant Michael Phillips

 15   qui était l'adjoint du représentant britannique, ainsi que l'adjoint du

 16   président de l'OSCE, le général Drewienkiewicz. Donc voilà les noms des

 17   participants à cette réunion que vous vous rappelez, et par ailleurs vous

 18   dites qu'en face il y avait Nikola Sainovic, Veljko Dalovic, le chef de la

 19   municipalité de Pristina et le général Djordjevic. Vous dites ne pas

 20   pouvoir sincèrement vous rappeler si le général Lukic était présent mais

 21   que logiquement il aurait dû se trouver là.

 22   Alors vous rappelez-vous à peu près à quel moment cette rencontre a pu

 23   avoir lieu, cette rencontre avec de nombreux participants à Pristina, comme

 24   vous le dites vous-même ?

 25   R.  Je ne me rappelle pas exactement à quel moment elle a eu lieu, mais

 26   compte tenu des participants à cette réunion, elle n'aurait pu se dérouler

 27   qu'après la signature ou plutôt la conclusion des accords d'octobre.

 28   Q.  Sans aucun doute, c'est effectivement le cas. Je pensais que vous

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  1   pourriez être plus précis, mais cela ne m'empêchera pas de vous poser mes

  2   questions suivantes.

  3   Puisque vous étiez à Pristina et que vous y êtes resté un certain temps,

  4   comme vous l'avez déjà dit, vous connaissez les institutions et les

  5   bâtiments les plus importants de la ville. Pourriez-vous nous dire en quel

  6   lieu s'est déroulée la réunion dont nous venons de parler ? Est-ce que

  7   c'est à Pristina ?

  8   R.  Dans mon souvenir, Monsieur, cette réunion s'est déroulée à l'hôtel

  9   Grand.

 10   Q.  Ah, je vois, l'hôtel Grand. Pouvez-vous nous dire, puisque

 11   manifestement c'était une réunion importante, compte tenu des qualités des

 12   hommes dont vous venez de citer les noms et qui assistaient à cette

 13   réunion, notamment du côté de la communauté internationale, quels ont été

 14   les sujets abordés durant cette réunion ? Quel a été le sujet principal en

 15   particulier, le motif de la convocation de cette réunion, tout d'abord ?

 16   R.  Je ne me rappelle pas l'ordre du jour exact, Monsieur, mais compte tenu

 17   de la qualité et de la représentativité des participants, cette réunion a

 18   sans doute dû porter sur l'arrivée, la mise en place et le fonctionnement

 19   de la nouvelle Mission de vérification de l'OSCE sur laquelle les partis en

 20   présence s'étaient entendus. D'ailleurs, les chefs de cette mission

 21   assistaient à la réunion.

 22   Q.  Bien. Est-ce que vous avez eu un contact personnel avec le général

 23   Djordjevic au moment de cette réunion ?

 24   R.  Non.

 25   Q.  Il va me falloir maintenant vous demander encore d'autres précisions au

 26   sujet d'un sujet dont vous avez parlé dans votre déposition dans l'affaire

 27   Milutinovic. Je redemande donc l'affichage de la pièce P1214.

 28   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Et c'est la page 12 145, lignes 10 à 14,

Page 8245

  1   qui m'intéresse.

  2   Q.  Sur le fond, qu'est-ce qui se passe dans ce passage du compte rendu

  3   d'audience : c'est mon collègue de la partie adverse, M. Hannis, qui vous

  4   interroge et qui vous demande si vous vous rappelez quel a été le deuxième

  5   moment où vous avez rencontré le général Djordjevic. Et à ce moment-là,

  6   vous répondez :

  7   "J'ai rencontré le général Djordjevic au moins à deux reprises et une autre

  8   fois à Pristina. La rencontre a été très brève, et très franchement, je ne

  9   me rappelle pas sur quoi a porté la discussion."

 10   Alors vous ne parlez pas dans le détail d'une réunion ou de participants

 11   importants à une réunion particulière ou quoi que ce soit de ce genre. Je

 12   vous demande si vous pourriez nous dire pourquoi dans l'affaire Milutinovic

 13   vous n'avez fait aucune mention des participants de haut rang qui

 14   assistaient à cette réunion à Pristina, qui était une réunion très

 15   importante ? Vous n'en avez rien dit.

 16   R.  J'ai évoqué la réunion dont nous venons de parler ici il y a un instant

 17   et je n'ai pas donné les détails que vous venez d'évoquer en raison du

 18   contexte dans lequel la question a été posée.

 19   Q.  Très bien. Voyez-vous, l'ensemble d'entre nous qui travaillons à la

 20   présente affaire avons dû lire des masses de rapports, et notamment des

 21   rapports de Drewienkiewicz, vous avez évoqué son nom il y a un instant,

 22   mais aussi nous avons dû lire des notes consignées par écrit suite à de

 23   nombreuses réunions ou rencontres, qu'elles soient importantes ou moins

 24   importantes. Alors le genre de réunion telle que celle de Pristina n'est

 25   enregistré nulle part dans les notes que nous avons examinées. Est-ce que

 26   c'était un événement extraordinaire d'une sorte ou d'une autre ? Et que

 27   vous ne vous rappeliez pas les raisons de la convocation de cette réunion

 28   ou son ordre du jour ? Est-ce que c'est pour cela parce qu'elle était

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  1   extraordinaire ?

  2   R.  Comme je l'ai déjà dit, je n'ai qu'un vague souvenir de cette réunion.

  3   Je me rappelle que c'est une de ces réunions à laquelle assistait un grand

  4   nombre de participants qui s'est tenue à l'hôtel Grand. Et compte tenu du

  5   lieu où se tenait cette réunion, j'ai le souvenir d'une rencontre qui

  6   devait être d'une nature assez protocolaire à laquelle ont assisté les

  7   nouveaux arrivants de la nouvelle Mission de vérification de l'OSCE face à

  8   aux responsables serbes qui agissaient au Kosovo. Dans mon souvenir,

  9   c'était plutôt une réunion de prise de contact, destinée à faire

 10   connaissance. Mais je n'en suis pas totalement sûr. Excusez-moi, mes

 11   souvenirs ne sont pas très précis. Mais je me rappelle une réunion à

 12   laquelle ont participé de nombreux dirigeants et qui s'est déroulée à

 13   l'hôtel Grand.

 14   Q.  Je vous remercie de cette réponse. Ceci met un terme à la série de

 15   questions que je voulais vous poser au sujet de cette rencontre et de vos

 16   rencontres avec le général Djordjevic. Mais avez-vous rencontré le général

 17   Djordjevic à quelque moment que ce soit par la suite, soit au Kosovo soit à

 18   Belgrade ou ailleurs à quelque moment que soit par la suite ?

 19   R.  Je n'ai pas le souvenir d'avoir rencontré le général Djordjevic après

 20   ce moment-là.

 21   Q.  Dites-moi, je vous prie, est-ce que vous avez participé à une rencontre

 22   en présence du ministre de la police, Vlajko Stojiljkovic, l'homme dont

 23   nous avons parlé il y a quelques instants ?

 24   R.  Je n'ai pas de souvenir d'avoir jamais rencontré le général

 25   Stojiljkovic.

 26   Q.  Merci. Je vais maintenant aborder un autre sujet qui concernera

 27   Podujevo. Suis-je en droit de dire que la grande route allant de Pristina à

 28   Nis en passant par Podujevo, durant l'automne 1998 n'a été coupée à aucun

Page 8247

  1   moment, que cette route n'a été ni bloquée ni coupée, la circulation a pu

  2   s'y faire normalement, les habitants n'avaient aucun obstacle à utiliser

  3   cette route pendant l'automne 1998 ?

  4   R.  Mon souvenir est légèrement différent de ce que vous dites. Je

  5   conviendrais avec vous sur le fait de dire que cette route n'a jamais été

  6   coupée. La police et l'armée serbe ont maintenu cette route en état de

  7   fonctionnement. Mais j'ai également le souvenir de quelques incidents

  8   impliquant des véhicules. Je n'ai pas un souvenir très précis, mais il me

  9   semble qu'il s'agissait de véhicules civils -- enfin, c'était des véhicules

 10   de l'armée, ce n'était pas nos véhicules. C'était donc des véhicules de

 11   l'armée mais conduits par des civils. C'est cela que je veux dire. Donc

 12   j'ai le souvenir de quelques incidents pendant lesquels on a tiré sur des

 13   véhicules de ce genre conduits par des civils, à partir d'endroits qui

 14   étaient proches de la route, ce qui, bien sûr, a entraîné une réplique des

 15   responsables de la sécurité serbe; et la route est restée ouverte. Mais

 16   dans mon souvenir, et en particulier en ce qui concerne la partie de la

 17   route la plus proche de Podujevo, ce secteur, cette partie de la route est

 18   devenue de plus en plus dangereuse pour les civils serbes qui auraient

 19   voulu l'utiliser.

 20   Q.  Je vérifie l'interprétation parce qu'il y a quelque chose qui ne me

 21   semble pas logique dans ce que vous venez de dire. C'est peut-être

 22   comparable à ce qui s'est passé lorsque vous aviez dit que le général Lukic

 23   avait informé le général Lukic. Vous dites que c'est à partir de positions

 24   de l'armée que l'on a tiré sur des véhicules conduits par des civils

 25   serbes. Est-ce que vous avez à l'esprit des positions de l'UCK, Armée de

 26   libération du Kosovo, ou est-ce que vous dites que c'est l'armée yougoslave

 27   qui aurait tiré sur des civils serbes ?

 28   R.  Je pensais à l'UCK. J'ajouterais par ailleurs qu'en raison de

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  1   l'importance de cette route, la police serbe a renforcé ses patrouilles

  2   armées sur cette route de façon à veiller à ce qu'elle ne soit pas coupée.

  3   Et en rapport avec cela, je dirais que cette façon d'agir était tout à fait

  4   conforme à la teneur des Accords d'Octobre.

  5   Q.  Je vous remercie. Effectivement, c'était une voie de communication

  6   importante. Vous rappelez-vous quelle était la voie ferrée la plus

  7   importante reliant la Serbie et le Kosovo, ou pour être plus précis, la

  8   Serbie et Pristina ?

  9   R.  La principale voie ferroviaire était parallèle à la route dont nous

 10   venons de parler.

 11   Q.  Conviendriez-vous avec moi que vous faites erreur, que la voie ferrée

 12   la plus importante reliant la Serbie à Pristina passait par Kosovska

 13   Mitrovica et partait de Kraljevo et que la voie ferrée qui passait par Nis

 14   pour aller vers Podujevo en partant de Pristina, donc en allant vers le

 15   nord, que cette voie ferrée avait été interrompue, que la voie ferroviaire

 16   principale passait par Kosovska Mitrovica pour aller vers Kosovo Polje et

 17   Pristina, et plus tard vers la Macédoine, la Grèce, et cetera ?

 18   R.  Monsieur, personne n'a grand plaisir à admettre qu'il s'est trompé.

 19   Mais vous avez certainement raison, il y avait et il y a toujours une voie

 20   ferroviaire qui relie Kosovo Polje à Mitrovica. Et au nord, il y a une

 21   autre voie ferrée importante, qui était particulièrement importante dans

 22   les années 1990, au moment où fonctionnaient les mines de Trepca, ces voies

 23   ferroviaires étaient utilisées pour transporter de l'or ou quelque minerais

 24   que ce soit que l'on extrayait de ces mines. Donc mon souvenir, je concède

 25   que j'ai peut-être pu faire une légère erreur, mais mon souvenir continue à

 26   me faire penser que la voie ferroviaire qui partait vers le nord à partir

 27   de Pristina était parallèle à la route reliant Podujevo, Kosumlje [phon] et

 28   se terminant à Nis, et que cette voie ferrée était toujours en bon état de

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  1   fonctionnement. Mais j'admets que je pourrais peut-être avoir fait une

  2   petite erreur en disant que c'était sur l'autre voie ferrée.

  3   Le point important ici c'est que ces voies de communication étaient d'une

  4   importance extrême car elles auraient été l'itinéraire suivi sans aucun

  5   doute par des renforts militaires provenant éventuellement de la garnison

  6   de Nis et bien entendu elles auraient pu servir également pour se diriger

  7   vers l'ouest, vers Raska et plus loin, même si ça leur aurait pris

  8   davantage de temps.

  9   Q.  J'ai posé cette question en raison d'autres questions que j'ai

 10   l'intention de vous poser par la suite. Je ne voulais pas vous discréditer

 11   d'une quelconque façon ou discréditer la qualité de votre mémoire. En fait,

 12   la principale voie ferroviaire était bien celle que vous avez dite qui se

 13   dirige vers Kosovo Polje et Pristina. Mais quoi qu'il en soit, merci de

 14   votre réponse.

 15   Ma question suivante est celle-ci : suis-je droit de dire qu'après la

 16   conclusion des accords d'octobre et après que la police et l'armée se

 17   soient retirées, l'UCK a pris le contrôle de ces lieux, des zones qui leur

 18   auraient été désormais ouvertes, et que grâce à leurs actions de novembre

 19   et décembre 1998, l'UCK a interrompu la circulation tant ferroviaire que

 20   routière; est-ce que j'ai le droit de dire cela ?

 21   R.  Je serai d'accord avec vous de façon générale. Mais un peu plus précis

 22   peut-être, Maître. L'UCK dans mon souvenir, et je me rappelle une série de

 23   bunkers de l'armée yougoslave et de tranchées de l'armée yougoslave qui se

 24   situaient à l'ouest de la route Podujevo-Pristina qui ont effectivement été

 25   abandonnées ou en tout cas délaissées par l'armée. Mais il y avait des

 26   endroits qui étaient tenus par l'armée et qui se trouvaient à 200 mètres à

 27   peine de la route. Nous n'avons jamais vu l'UCK s'emparer de ces positions

 28   et les investir. En fait, tant la KDOM américaine que la MVK de l'OSCE ont

Page 8250

  1   à de nombreuses reprises et fermement donné consigne à leurs responsables

  2   de ne pas investir ces lieux et de maintenir une zone intermédiaire. La

  3   raison de cela était tout à fait évidente. L'UCK dans cette zone effectuait

  4   des déplacements et les positions de l'armée et de la police yougoslave

  5   étaient proches de la route, mais un peu plus loin sur les hauteurs. Mais

  6   tout cela était manifestement une violation des accords.

  7   Alors je répète, l'UCK n'était pas partie signataire de ces accords.

  8   Q.  Tout à fait clair. Mais continuons de parler de l'UCK, suis-je en droit

  9   de dire qu'au mois de mars 1999, l'UCK a pénétré dans Podujevo ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Je vous remercie.

 12   R.  Enfin, ce sont des patrouilles de l'UCK qui ont pénétré dans Podujevo,

 13   l'UCK n'a pas occupé Podujevo.

 14   Q.  Des patrouilles sont entrées mais l'UCK n'a pas occupé, je ne comprends

 15   pas très bien. Comment est-ce que des patrouilles peuvent entrer si l'UCK

 16   ne prend pas le contrôle de Podujevo. Est-ce que vous pourriez préciser les

 17   choses à mon intention ?

 18   R.  Podujevo n'était pas sous le contrôle de l'UCK, pas sous le contrôle

 19   des unités opérationnelles de l'UCK. Ces unités ont commencé à investir

 20   Podujevo à partir de ces faubourgs pour y mener des actions subversives et

 21   pour en particulier menacer les habitants civils serbes. J'ai un souvenir

 22   d'une occasion, peut-être qu'il y en a eu plusieurs, mais moi j'ai un

 23   souvenir précis d'une occasion où ces unités ont kidnappé au moins un

 24   policier serbe. Mais l'UCK n'avait pas la puissance nécessaire en armes

 25   pour prendre le contrôle de toute la ville de Podujevo.

 26   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je demande l'affichage sur les écrans de

 27   la pièce D157. C'est un rapport de la Mission de vérification au Kosovo qui

 28   couvre la période allant du 26 février au 4 mars 1999. Affichons ce

Page 8251

  1   document sur l'écran.

  2   Q.  Quant à vous, Mon Général, je vais vous demander quelle était la

  3   situation aux mois de novembre et décembre 1998 à Podujevo sur le plan de

  4   la sécurité, à Podujevo et dans ses environs ? Est-ce que vous êtes au

  5   courant de cela ?

  6   R.  Ce rapport couvre la période allant du 26 février au 4 mars ? Nous

  7   recevions les rapports de la MVK parce que nous faisions partie de la

  8   communauté internationale. Donc je suis certain que nous avons reçu ce

  9   rapport, que nous en avons pris connaissance, mais cela fait longtemps que

 10   je n'ai pas eu ce rapport sous les yeux. Cela dit, je suis certain de

 11   l'avoir lu en 1999.

 12   Y avait-il une question ?

 13   Q.  Merci, c'est tout à fait ça. Oui, j'ai une question en rapport avec

 14   cela parce que vous m'avez un peu surpris. C'est en préparant mon contre-

 15   interrogatoire que j'ai mis la main sur ce document, ce rapport, mais il y

 16   a des éléments qui sont assez surprenants dans ce document, vers la fin du

 17   document on trouve un passage intitulé "autres lieux" et un peu plus loin :

 18   "Forces de l'UCK. Les forces de l'UCK sont parvenues à mener à bien avec

 19   succès une attaque contre la ville en remportant la victoire sur les

 20   Serbes."

 21   Donc il n'est pas question uniquement de patrouilles ici, il est bel et

 22   bien question d'une occupation de la ville de Podujevo par l'UCK.

 23   M. DJORDJEVIC : [interprétation] J'aimerais que nous passions à la page 2

 24   de ce document sur les écrans, page suivante. Je ne vois pas cette partie

 25   dans la version serbe ni la version anglaise. Merci. En fait, ce sous-titre

 26   se trouve "Ailleurs".

 27   Q.  Pouvons-nous dire qu'après tout l'UCK a attaqué les forces serbes et a

 28   réussi à occuper la ville ?

Page 8252

  1   R.  Non, Monsieur, nous ne pouvons pas. Je pense que nous allons revenir

  2   sur ce que le terme "occupé" signifie. Je n'ai jamais compris que l'UCK à

  3   quelque moment que ce soit avant l'intervention de l'OTAN en mars 1999 ait

  4   pris physiquement contrôle de Podujevo, et cela signifiait qu'ils avaient

  5   fait sortir les forces de sécurité serbe.

  6   Si vous souhaitez une réponse détaillée à cela, il faudrait que vous vous

  7   tourniez vers la MVK de l'OSCE qui possédait un petit bureau à Podujevo. Je

  8   n'étais pas à Podujevo lorsque cette attaque s'est produite. Je me souviens

  9   que le commandant de zone a agressivement attaqué des civils serbes et les

 10   forces de sécurité serbes dans la région de Podujevo, et lorsque nous

 11   sommes entrés dans l'année 1999, nous nous sommes rapprochés de

 12   l'intervention de l'OTAN. Mais comme je l'ai dit au préalable, si l'UCK

 13   avait réussi à occuper et à tenir le siège de Podujevo, j'avoue que c'est

 14   la première fois que j'en entends parler aujourd'hui.

 15   Je pense que ce petit paragraphe fait référence au fait que l'unité de

 16   l'UCK est entrée dans la ville en venant des faubourgs, a lancé une attaque

 17   sur, je suppose, les forces de sécurité serbes, et qu'ensuite a

 18   probablement tué quelques personnes, a réussi à se saisir de quelques

 19   armes, ce n'est pas très clair. Mais en tout état de cause, on ne peut pas

 20   considérer cela comme une défaite des forces serbes et se sont ensuite

 21   retirées. Mais là encore, comme je l'ai dit, je n'étais pas présent, et si

 22   l'UCK a perdu le contrôle de Podujevo et avait préalablement le contrôle de

 23   Podujevo avant l'intervention de l'OTAN, je dois dire que cela est une

 24   chose que j'entends pour la première fois aujourd'hui.

 25   Q.  Très bien. Concernant les méthodes de l'UCK, vous avez dit que vous ne

 26   connaissiez pas bien ces rapports de la MVK sur la situation au Kosovo. Il

 27   s'agit simplement d'un détail dont j'ai parlé. Néanmoins, dans le même

 28   rapport vers la fin il figure une conclusion dans laquelle il est dit que

Page 8253

  1   les documents annexés au rapport portent sur le déploiement de la VJ au

  2   Kosovo, sur les activités de la VJ à l'extérieur du Kosovo - et je n'ai pas

  3   compris cette partie du rapport - et les forces de la VJ à l'extérieur du

  4   Kosovo. Il s'agit là d'une évaluation. Il s'agit de la page 7 des neuf

  5   pages en version B/C/S, je ne peux pas vous dire quelle est la référence

  6   pour la version anglaise, mais il s'agit du paragraphe portant le titre

  7   "Conclusion".

  8   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Pourrions-nous afficher cette page, s'il

  9   vous plaît. C'est peut-être la page 7 ou la page 8 dans la version

 10   anglaise.

 11   Q.  Il y a également une évaluation. Vous dites avoir été un des

 12   destinataires de ce rapport. Pourriez-vous lire ce premier paragraphe ou je

 13   vais plutôt le lire :

 14   "Reconnaissant le pouvoir des médias, les personnes d'origine albanaise ont

 15   continué à travailler bénéficiant de la sympathie internationale. Les

 16   personnes déplacées restaient leur arme la plus puissante et c'est la

 17   raison pour laquelle d'autres incidents impliquant le mouvement et le

 18   déplacement d'un groupe nombre de personnes était quelque chose que l'on

 19   attendait. Un examen détaillé de chaque scénario doit être fait et l'on ne

 20   peut plus supposer que le fait qu'il y ait des personnes déplacées indique

 21   qu'il y a une attaque serbe. Il ne faut pas oublier que les personnes

 22   d'origine albanaise contrôlent la télévision albanaise et qu'un tel moyen

 23   pourrait être utilisé ainsi que d'autres méthodes pour multiplier les

 24   efforts de propagande.

 25   "Les réactions excessives des forces serbes et c'était également

 26   l'intention de l'UCK - en utilisant là encore le pouvoir de la couverture

 27   par les médias, de la télévision montrant les chars serbes alignés, ce qui

 28   donne une image très puissante contre les braves combattants de l'UCK lors

Page 8254

  1   des tirs qui ont suivi. Il est peu probable que l'UCK souhaitait provoquer

  2   un autre Racak, de ce fait les provocations se faisaient dans des régions

  3   qu'ils connaissaient bien pour les avoir défendues."

  4   Pourriez-vous commenter ce passage ? Vous dites avoir reçu ce rapport à ce

  5   moment-là et je suppose que vous le connaissez bien.

  6   R.  Je pense que c'est une évaluation précise de la stratégie de l'UCK à

  7   l'époque, et cette période post-Racak, je pense qu'il s'agit de la fin du

  8   mois de février, du début de mars. Et je pense que c'est une bonne

  9   évaluation de leur stratégie et de leurs objectifs.

 10   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je pense que le moment est venu de faire

 11   une pause, Monsieur le Président.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Parfait. Nous sommes arrivés à l'heure

 13   de la pause, et nous reprendrons à 13 heures.

 14   [Le témoin quitte la barre]

 15   --- L'audience est suspendue à 12 heures 30.

 16   --- L'audience est reprise à 13 heures 00.

 17    [Le témoin vient à la barre]

 18   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Djordjevic.

 19   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 20   Est-ce qu'on pourrait avoir le document du 65 ter qui porte la cote 414,

 21   affiché à l'écran, s'il vous plaît.

 22   Q.  Monsieur Byrnes, connaissez-vous le document que nous voyons affiché à

 23   l'écran ?

 24   R.  Je ne pense pas, Monsieur.

 25   Q.  Bien. Je dois vous rappeler que dans l'affaire Milutinovic vous avez

 26   fait l'objet d'un interrogatoire détaillé par la Défense sur ce qui figure

 27   dans ce document. Le point important étant, ou plutôt, l'objet de ce

 28   document est qu'il émane du président de la municipalité de Decani, il

Page 8255

  1   s'adresse au gouvernement et ce document porte sur la situation de la

  2   sécurité dans la municipalité de Podujevo. Ce document est en date du 11

  3   décembre 1998, comme vous pouvez le voir sur la version en B/C/S, dans la

  4   partie supérieure gauche. Je vais vous dire de quoi il s'agit, comme vous

  5   étiez déjà au Kosovo, que votre mission et vous-même étiez déjà à Kosovo à

  6   l'époque, je vais vous demander si vous êtes au courant des événements

  7   auxquels il est fait référence dans ce document.

  8   Dans cette lettre, au deuxième paragraphe, l'auteur de la lettre et il

  9   s'agit du président de la municipalité de Podujevo, dit la chose suivante :

 10   "Au cours de ces deux derniers mois…", s'il s'agissait de décembre,

 11   donc cela veut dire qu'il fait référence aux mois d'octobre et novembre

 12   1998 à Podujevo, "…la situation de la sécurité dans la municipalité de

 13   Podujevo s'est détériorée de façon importante avec une tendance à empirer.

 14   L'objectif de tout ce qui s'est produit aujourd'hui est une exode totale et

 15   la destruction de la population serbe de la municipalité de Podujevo et la

 16   formation d'une frontière ethnique dans le cadre de la Grande Albanie…"

 17   Dites-moi, s'il vous plaît, est-ce que l'on peut considérer qu'une

 18   partie de ces allégations sont exactes, est-ce que ce qui est dit ici est

 19   totalement exact ou exact en partie ?

 20   R.  Il est exact que la situation et la sécurité dans la municipalité

 21   de Podujevo s'étaient considérablement détériorées et continuaient à se

 22   détériorer. Ceci est sans nul doute exact. Pour ce qui est de l'affirmation

 23   concernant la population serbe, je ne sais pas, mais j'aurais tendance à

 24   dire, étant donné ce que je sais des dirigeants de l'UCK dans cette partie,

 25   dans la région Lap du Kosovo, était, me semble-t-il, de faire partir le

 26   reste des Serbes.

 27   Pour ce qui est de la création d'une Grande Albanie, je dirais que

 28   c'est un jugement tout à fait suggestif. Je ne sais pas si c'est exact, si

Page 8256

  1   c'est une description exacte de la façon dont les dirigeants de l'UCK

  2   pensaient et se comportaient dans cette partie du pays. Je veux dire pour

  3   ce qui est de la situation de la sécurité, effectivement ce qui est dit ici

  4   est exact.

  5   Q.  Merci.

  6   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Pourrions-nous maintenant passer à la

  7   deuxième page de ce même document, s'il vous plaît.

  8   Q.  Entre autres, il est dit ici à la ligne 13 ou 14 de ce paragraphe,

  9   qu'après le départ de l'armée yougoslave de ses positions, que des groupes

 10   de terroristes, et cela fait référence à l'UCK, ont bloqué près de la

 11   moitié du territoire de notre municipalité commençant par les villages de

 12   Donja Ljuta, Sakovica, Sibovac, Glavnik, Sekiraca, Gornja, Donja Lapastica,

 13   Velika Rijeka, Brodos, Bajicina, Dobratin, et cetera, et cetera. Êtes-vous

 14   au courant de cela, est-ce exact ? Il s'agit du mois de décembre et cela

 15   concerne les quelques mois précédents.

 16   R.  Cela est tout à fait conforme à ce dont je me souviens concernant ce

 17   qui s'est passé dans cette région à l'époque.

 18   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Pourrions-nous maintenant afficher la page

 19   3, s'il vous plaît.

 20   Q.  Il est dit :

 21   "Au cours de ces dernières semaines, cette région a connu le type de

 22   mobilisation forcée de la population qui était en état de faire son service

 23   militaire dans l'UCK. Tous ceux qui refusaient de répondre à cet appel

 24   étaient enlevés et emmenés en prison, torturés et battus."

 25   Est-ce que vous avez connaissance de cela ?

 26   R.  Je n'ai aucune connaissance directe de cela. Ce dont je me souviens

 27   concernant cette époque c'est qu'il y a eu des tentatives de recrutement

 28   plus important de soldats dans les rangs de l'UCK. Les allégations

Page 8257

  1   concernant l'appel dans les maisons, les enlèvements, et cetera, tout ce

  2   que je peux vous dire c'est que nous avons entendu des rumeurs à cet égard.

  3   Mais je ne suis pas à même de vous confirmer ces rumeurs.

  4   Q.  Pourriez-vous me dire, s'il vous plaît, vous nous avez parlé

  5   d'enlèvements, mais dites-moi si la KDOM est intervenue pour que des Serbes

  6   enlevés soient libérés et s'ils avaient connaissance du fait qu'ils avaient

  7   été enlevés par l'UCK ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Est-ce que vous pourriez élaborer un petit peu ?

 10   R.  Je ne suis pas sûr d'avoir compris votre question, Monsieur.

 11   Q.  Ma question était la suivante : vous avez parlé d'enlèvements. Est-ce

 12   que la KDOM a jamais ou était à même d'intervenir si cela était possible

 13   pour faire libérer des citoyens, s'il y avait eu des citoyens serbes

 14   d'enlevés ? Est-ce que vous êtes au courant de cela ?

 15   R.  Oui. En fait, notre politique était la suivante : chaque fois que nous

 16   entendions parler d'enlèvements, nous essayions d'abord de vérifier les

 17   faits et nous intervenions. Nous l'avons fait un certain nombre de fois. Et

 18   je me souviens personnellement, à un moment donné, je pense que c'était

 19   vers la fin de 1998, j'étais à Likovac et à Drenica, j'y étais pour voir le

 20   commandant de la zone de Drenica. Et je me souviens qu'alors que nous nous

 21   préparions à partir, avoir vu l'UCK emmener cinq personnes, je me souviens

 22   de cinq personnes qui étaient de toute évidence des paysans serbes. J'ai

 23   quitté la région deux ou trois heures plus tard avec cinq paysans serbes

 24   qui avaient été enlevés près de Vucitrn et nous les avons ramenés chez eux.

 25   Donc nous y sommes arrivés quelque fois.

 26   Je voudrais ajouter un autre point concernant cela puisque nous parlons de

 27   Podujevo, je me souviens qu'il y avait un officier de police serbe qui

 28   avait été enlevé au mois de décembre, début décembre devant sa maison ou

Page 8258

  1   dans la ville. Le général Lukic a demandé à la KDOM et à la MVK de voir si

  2   nous pouvions intercéder en sa faveur pour le faire libérer et nous avons

  3   cette fois réussi et l'UCK nous a remis cette personne.

  4   Q.  Merci. Dites-moi maintenant, s'il vous plaît, étiez-vous au courant de

  5   l'existence d'un camp pour civils qui aurait été mis en place par l'UCK sur

  6   le territoire du Kosovo-Metohija ?

  7   R.  Je n'ai pas eu connaissance directement de ces choses. Et pour être

  8   tout à fait franc, la seule connaissance crédible que j'ai eue sur ce point

  9   c'est quelque chose qui découle d'un procès dans cette Cour, le procès de

 10   Fatmir Limaj qui était un officier supérieur de l'UCK à Drenica. Et d'après

 11   une des allégations, et il me semble que cela a été confirmé par la suite,

 12   il y avait une sorte de camp géré par l'UCK près de Lapusnik à l'ouest de

 13   Pristina. Et c'est là, Monsieur, le seul camp dont j'avais connaissance.

 14   Q.  Merci. Monsieur, vous serez d'accord avec moi que pendant que vous

 15   faisiez votre tour et pendant que les missions de la KDOM et de la MVK

 16   existaient au Kosovo en 1998 et en 1999, vous n'avez jamais personnellement

 17   entendu parler de l'existence de camps de civils; est-ce exact ?

 18   R.  Oui, Monsieur.

 19   Q.  Merci. Maintenant, pouvez-vous me dire, est-ce que dans votre mission,

 20   ou plutôt, la MVK et la KDOM, avez-vous jamais été témoin d'exécutions de

 21   civils par l'UCK dans la localité, qu'il s'agisse de personnes d'origine

 22   albanaise qui auraient été déloyales ou de Serbes ou d'autres groupes

 23   ethniques, et avez-vous entendu parler de lieux d'exécution ? Est-ce que

 24   vous aviez des informations sur ce plan et sur le fait qu'un grand nombre

 25   de civils aient été tués dans des localités ou des lieux comme celui-ci ?

 26   R.  Je n'ai jamais été personnellement témoin de cela, nous avons entendu

 27   parler de rapports, dans certains cas il y a eu des allégations de faites

 28   et nous étions au courant du fait que ce genre de chose pouvait se

Page 8259

  1   produire. Par exemple, je me souviens qu'il y avait un rapport et il y a eu

  2   une enquête par une organisation internationale, il s'agissait d'un rapport

  3   concernant l'exécution de civils par l'UCK dans un lieu du nom de Klecka

  4   qui se trouve à l'ouest de Pristina.

  5   Je ne me suis jamais rendu dans cet endroit, je pense que c'était à un

  6   moment donné en septembre 1998, M. Odalovic m'a demandé d'accompagner, je

  7   pense qu'il s'agissait de M. Odalovic, d'accompagner une équipe d'experts

  8   en médecine légale avec mon collègue de la KDOM de l'Union européenne Nick

  9   Turnbull, donc de nous rendre dans cette partie à l'ouest du Kosovo. Nous

 10   sommes d'abord allés à Djakovica et nous avons rencontré le maire, il s'est

 11   joint à nous, on nous a emmenés à côté d'un petit réservoir près de

 12   Glodjane où se trouvaient les restes d'un certain nombre de civils

 13   albanais, je ne me souviens pas exactement du nombre, mais il y en avait

 14   environ une dizaine, et je pense qu'il y avait également quelques Albanais

 15   catholiques, et les restes des corps se trouvaient le long du lit de la

 16   rivière ou sur les rives de la rivière qui alimentait le réservoir. Il

 17   avait été dit que c'est l'UCK local qui avait exécuté ces personnes en les

 18   accusant d'avoir collaboré avec la Serbie et les forces de sécurité serbes.

 19   Et on nous a emmenés vers ce qui était une morgue improvisé et on y

 20   trouvait les restes de corps et des vêtements et ce genre de choses. Mais

 21   quant à ce qui s'est réellement passé, je ne sais pas.

 22   On n'a jamais pu savoir exactement qui a réellement exécuté ces personnes,

 23   et c'est tout ce que je peux vous dire, autant que je m'en souvienne.

 24   Q.  Merci.

 25   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je voudrais que l'on passe à la page 4

 26   maintenant du texte qui est affiché à l'écran, s'il vous plaît.

 27   Q.  Dans la suite on parle de la majorité des familles serbes et des

 28   villages de Gornja et Donja Lapastica, on dit que :

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  1   "Dès le début du mois d'octobre, notamment les familles plus jeunes

  2   qui ont de jeunes enfants ont eu à quitter leurs maisons car ils ont été la

  3   cible de menaces et de la terreur exercée contre eux et que la municipalité

  4   de Podujevo leur a fourni un hébergement temporaire." Et ainsi de suite.

  5   Alors savez-vous s'il s'agissait de persécution à l'encontre de

  6   familles serbes dans les villages de la municipalité de Podujevo ?

  7   R.  Oui.

  8       Q.  Pouvez-vous nous en dire un peu plus quant au nombre de personne

  9   concernées et la façon dont elles ont été chassées, expulsées ?

 10      R.  Franchement, Maître, je ne me rappelle pas les chiffres. Ce qui est

 11   important pour moi et ce dont je me souviens c'est qu'il y a eu dans

 12   certaines localités du Kosovo une pression considérable exercée par l'UCK

 13   contre les Serbes afin que ces derniers partent. Du harcèlement, des

 14   pressions, qui dans certains cas conduisaient à des meurtres, et des

 15   enlèvements, donc une pression très importante. Et en aucun cas Podujevo ne

 16   représentait un cas isolé. C'était des événements qui se produisaient

 17   également ailleurs au Kosovo.

 18   Q.  Merci.

 19   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je voudrais maintenant que l'on puisse

 20   verser au dossier ce document aux fins d'une meilleure compréhension du

 21   compte rendu d'audience.

 22   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le document est versé.

 23   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document reçoit la cote D00351.

 24   M. LE JUGE PARKER : [aucune interprétation]

 25   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] En effet, la cote exacte est D00351.

 26   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je voudrais que l'on affiche maintenant le

 27   document P835. Il s'agit de l'accord sur la Mission de vérification au

 28   Kosovo de l'OSCE. Voilà, nous l'avons.

Page 8261

  1   Q.  Monsieur Byrnes, je suppose que vous êtes familier du contenu de cet

  2   accord; ai-je raison de dire cela ?

  3   R.  J'étais familier de cela, mais je ne l'ai plus revu depuis bien des

  4   années, mais oui, en effet, ça a été quelque chose dont j'étais au courant.

  5   Q.  Vous voyez la partie du texte qui commence avec cet intitulé "Accord"

  6   puis vous avez les points, 1, 2, et cetera jusqu'à 6, et ainsi de suite.

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Je voudrais attirer tout simplement votre attention sur le point numéro

  9   5. Il est indiqué : 

 10   "La Mission diplomatique d'observation pour le Kosovo, la KDOM,

 11   interviendra au nom de la Mission de vérification de l'OSCE jusqu'à

 12   l'établissement de cette dernière. Dès que l'OSCE commencera avec ses

 13   travaux, la Mission de vérification reprendra entièrement à sa charge la

 14   mission d'observation de la KDOM."

 15   Est-ce que vous avez appliqué cela ?

 16   R.  En principe, oui.

 17   Q.  Qu'est-ce qui n'a pas été appliqué, si vous entendez que quelque chose

 18   n'a pas peut-être été mis en œuvre. Est-ce que la KDOM est restée sur place

 19   et a continué à fonctionner en dépit du fait que la Mission de vérification

 20   de l'OSCE avait été mise en place ou plutôt la MVK, pour être plus précis ?

 21   R.  La réponse est la suivante, la grande majorité des membres américains

 22   de la KDOM et des membres européens de la KDOM ainsi que de leurs

 23   ressources ont été transférés au profit de la MVK de l'OSCE. Dans mon

 24   souvenir, le transfert de ses ressources a été achevé au début de janvier

 25   1999, moment auquel la MVK était pleinement opérationnelle.

 26   Pour vous donner un exemple, au début du mois de décembre, la KDOM, pour la

 27   partie américaine, disposait d'environ 300 représentants qui consistaient

 28   en gros en officiers de l'armée d'une part et en fonctionnaires des

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  1   affaires étrangères, d'autre part. Nous avions d'autre part entre 700 et

  2   800 employés qui étaient des gens du cru, comme les interprètes, les

  3   chauffeurs, et cetera. La plupart d'entre eux étaient membres du groupe

  4   ethnique albanais, mais nous avions également une large part de Serbes.

  5   Vers la mi-janvier, la partie américaine de la KDOM ne comptait plus 15

  6   représentants, peut-être une trentaine d'employés du cru, et tout le reste

  7   de notre personnel et de nos ressources avait été transféré au profit de la

  8   MVK de l'OSCE, à l'exception de quatre ou cinq véhicules qui n'avaient pas

  9   été transférés. Cependant, la question de savoir pourquoi Nick Turnbull

 10   était resté à la tête d'une mission séparée de la KDOM au titre de l'Union

 11   européenne, pourquoi cela se trouvait en dehors du champ de la MVK de

 12   l'OSCE, pour vous répondre, je dirais que les Etats-Unis et l'Union

 13   européenne ont intensifié le rythme des négociations d'une part avec

 14   Belgrade, d'autre part avec la partie albanaise au Kosovo, dans l'espoir de

 15   parvenir à une solution, une décision.

 16   Dans le cours des événements tels qu'ils se sont développés, cela a

 17   commencé probablement au début du mois de mars 1998. L'UCK s'était

 18   développée à la fois en effectif et s'était renforcée. Donc peut-être

 19   l'élément le plus important est-il que l'UCK avait reçu un soutien plus

 20   important entre-temps de la part de la population d'origine albanaise. En

 21   d'autres termes, cela s'était fait aux dépends du LDK d'Ibrahim Rugova.

 22   Compte tenu de cela, l'UCK a été perçue comme l'interlocuteur politique

 23   privilégié qui devait être parti à tout accord, quel qu'il soit, que nous

 24   serions en mesure d'atteindre avec Belgrade. Si l'UCK n'était pas parti à

 25   un accord, ces accords auraient été condamnés à ne pas être mis en œuvre

 26   compte tenu de l'expérience qui était la nôtre avec l'accord d'octobre.

 27   L'UCK n'avait pas été parti à cet accord, et Bill Walker ainsi que Nick,

 28   moi-même et nos collègues avions travaillé très dur pour essayer d'obtenir

Page 8263

  1   de l'UCK qu'elle accepte les conditions de cet accord et qu'elle les

  2   respecte. Rétrospectivement, je pourrais dire que nous n'avons rencontré

  3   qu'un succès très limité à cet égard.

  4   Donc pour revenir à l'essentiel, aussi bien Washington que Bruxelles

  5   avaient décidé qu'il était nécessaire de maintenir des missions

  6   diplomatiques réduites au Kosovo en dehors du cadre de l'OSCE, et ceci afin

  7   de soutenir le processus de négociation. Donc Nick Turnbull soutenait cela

  8   également, Il rendait compte à Wolfgang Petric, qui représentait l'Union

  9   européenne et qui est également l'ambassadeur autrichien en Yougoslavie. Ma

 10   mission principale était d'apporter mon soutien à Chris qui était notre

 11   ambassadeur et notre envoyé spécial.

 12   Ça a été particulièrement important parce qu'aussi bien NiCk que moi-

 13   même et nos équipes étions en contact avec l'UCK sur le terrain et nous

 14   avions établi ce contact depuis l'été précédent.

 15   Notre mission ainsi que notre mission diplomatique en Macédoine et à

 16   Belgrade ne disposait pas de cet atout, donc pour continuer à dialoguer

 17   avec l'UCK et à les faire participer au processus politique, il fallait

 18   disposer de personnes sur le terrain. C'est la raison pour laquelle nous

 19   nous sommes maintenus.

 20   Je voudrais aborder une autre question maintenant, si vous le

 21   permettez. A Washington et probablement à Bruxelles également, il a été

 22   décidé, je ne suis pas tout à fait sûr pour Bruxelles mais c'est probable,

 23   décidé qu'il aurait été tout à fait inapproprié dans le cadre de cette

 24   mission diplomatique qu'elle soit conduite par la MVK de l'OSCE ou par son

 25   intermédiaire. La MVK de l'OSCE a été mise en place en vertu d'un accord

 26   séparé et était dotée d'une mission tout à fait différente. C'est la raison

 27   pour laquelle ils ont décidé qu'il y avait une deuxième raison de nous

 28   maintenir nous en tant qu'entité séparée. C'était une question diplomatique

Page 8264

  1   purement bilatérale.

  2   Q.  Merci, Monsieur Byrnes, vous avez répondu à environ quatre

  3   questions que j'avais l'intention de vous poser ultérieurement, donc nous

  4   avons gagné du temps.

  5   Ma question suivante est une question que je vous pose parce que vous

  6   êtes très familier de cette question de l'UCK. A quel moment, je vous

  7   demande ici de faire une estimation qui n'a pas besoin d'être une

  8   estimation d'expert, mais je voudrais néanmoins l'entendre. A quel moment

  9   l'UCK devient-elle, comme vous le dites vous-même, une force politique dans

 10   cette situation ?

 11   R.  Donc votre question consiste à me demander à quel moment l'UCK est

 12   devenue une force politique ?

 13   Q.  C'est tout à fait ça. Quand est-ce que vous estimez que l'UCK est

 14   devenu une puissance politique ? A quel moment ? A quel moment les membres

 15   de l'UCK ont-ils pris conscience de cela, à moins qu'il y ait eu des

 16   consignes venues de l'extérieur, je ne sais pas, vous nous le direz. A quel

 17   moment ont-ils pris conscience du fait qu'il était indispensable pour eux

 18   d'agir également sur la scène politique et pas seulement sur la scène

 19   militaire ?

 20   R.  Maître, je pense que d'un point de vue assez général, l'UCK est devenue

 21   une puissance politique aux yeux de l'opinion du Kosovo au moment où deux

 22   ou trois soldats de l'UCK sont allés assister à l'enterrement d'un Kosovar

 23   albanais de souche, qui je crois était instituteur, et qui était mort, je

 24   ne me rappelle plus exactement dans quelle circonstance, mais en tout cas,

 25   qui avait été victime d'un incident impliquant la police serbe. Je crois me

 26   rappeler que cela se passait en novembre 1997. Je n'ai pas assisté à cet

 27   enterrement, mais j'ai lu ce qui a été écrit à ce sujet. En tout cas, cet

 28   enterrement a attiré un très grand nombre de personnes. Et à un certain

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  1   moment pendant la cérémonie, deux ou trois hommes dont le visage était

  2   dissimulé on fait leur apparition en uniforme de l'UCK. Si j'ai bien

  3   compris ce qui a été dit à ce sujet, alors que jusque-là n'existaient que

  4   des rumeurs relatives à la présence de l'UCK, rumeurs répandues dans leurs

  5   tracts et autres documents, c'était la première fois que les habitants, que

  6   l'opinion publique voyait face à elle les soldats de l'UCK. Et apparemment

  7   cela a beaucoup ému l'imagination de la population. Les jeunes, notamment

  8   les étudiants qui faisaient partie du mouvement estudiantin de l'Université

  9   de Pristina ont commencé à revenir en masse dans les campagnes pour adhérer

 10   à l'UCK et entrer dans la résistance à ce qu'ils considéraient être une

 11   oppression de la part des Serbes.

 12   Et je pense qu'à partir de ce moment-là, l'importance et la signification

 13   politique de l'UCK au Kosovo a commencé à croître, notamment dans la

 14   jeunesse, parce que les jeunes voyaient en l'UCK désormais une organisation

 15   qui, si vous me permettez l'expression, rendait les coups aux oppresseurs

 16   serbes, si vous me permettez encore une fois cette expression. Entre-temps,

 17   le président Rugova et son entourage continuaient à prêcher ce qui

 18   finalement revenait à de la résistance passive. Et dans l'esprit de la

 19   population du Kosovo, la situation sur le terrain et la qualité de vie de

 20   cette population étaient en train de se dégrader.

 21   Donc l'action de l'UCK a commencé à se développer suite à cela. l'UCK est

 22   devenu de plus en plus populaire. Et vous le savez certainement, à

 23   l'automne 1998, si je ne m'abuse, donc peu de temps après mon arrivée sur

 24   place, il n'y avait plus aucun doute dans l'esprit de la population quant

 25   au fait que la réalité de l'UCK était là, et il m'apparaissait tout à fait

 26   clair, grâce à mes contacts avec l'élite politique de Pristina d'origine

 27   ethnique albanaise, ainsi qu'avec des journalistes, des juristes, en

 28   particulier des jeunes, donc il n'avait aucun doute dans mon esprit quant

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  1   au fait que l'UCK avait mobilisé la population de toutes ces personnes et

  2   était devenue très populaire. Chacun voyait désormais de plus en plus dans

  3   l'UCK une solution.

  4   Mais pour répondre à l'autre partie de votre question qui concernait, je

  5   crois, le processus d'accompagnement de la direction de l'UCK sur la scène

  6   politique, croyez-moi, la chose n'a pas été aisée. Chris Hill et Petric ont

  7   consacré d'innombrables heures de travail et une très grande énergie à

  8   tenter de persuader la direction de l'UCK d'entrer dans le processus

  9   politique en vue de respecter les principes mis noir sur blanc dans

 10   l'accord qui est en ce moment sur les écrans. Et finalement de se rendre à

 11   Rambouillet.

 12   Comme vous le savez certainement, j'ai escorté la délégation de l'UCK à

 13   Rambouillet. Je suis allé chercher ces représentants et je les ai

 14   raccompagnés à l'aéroport. Je n'étais pas totalement certain que les

 15   membres de cette délégation arriveraient et que nous arriverions

 16   effectivement au lieu des négociations tant que cela n'a pas été réellement

 17   le cas. J'espère avoir répondu à votre question.

 18   Q.  Merci. Encore une précision. Quand exactement l'UCK est-elle entrée sur

 19   la scène politique internationale ? A quel moment a-t-elle été intégrée à

 20   la communauté internationale d'après vous, d'après votre évaluation ?

 21   D'après votre dernière réponse, nous comprenons que M. l'ambassadeur Petric

 22   a développé pas mal d'efforts à cette fin ainsi que Christopher Hill. Mais

 23   à quel moment précisément à votre avis ?

 24   R.  Monsieur, je ne sais pas si c'est un problème d'interprétation, mais je

 25   ne comprends tout à fait ce que vous voulez dire par les mots : "A quel

 26   moment pensez-vous que l'UCK a commencé à être intégrée à…" Parlez-vous

 27   d'une rencontre avec un haut responsable ou d'autre chose ? J'essaie de

 28   définir votre question pour mieux y répondre.

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  1   Q.  Je vous remercie. Ma question consiste à vous demander à quel moment

  2   l'UCK a mis en place sa propre direction politique qui a commencé à agir

  3   dans le cadre des relations avec la communauté internationale, donc pas

  4   seulement au niveau intérieur, pas seulement au niveau du pays ?

  5   R.  Je souris un petit peu à l'exposé de cette question parce que je

  6   pourrais faire tout un cours sur la question. C'est un sujet qui a toujours

  7   suscité ma curiosité. Je pourrais donc vous faire un cours sur ce sujet, un

  8   cours de plusieurs heures, mais je sais que ce n'est pas ce que vous

  9   souhaitez, notamment un vendredi après-midi.

 10   Très rapidement et de façon assez générale, je vous dirais que j'ai appris

 11   par la suite que la direction politique de l'UCK a effectivement été créée

 12   en décembre 1993 suite à un certain nombre de conflits internes. Il y avait

 13   effectivement en particulier des pressions qui s'exerçaient en provenance

 14   de la diaspora kosovare albanaise de Suisse, mais finalement un consensus a

 15   été obtenu à la fin de l'été 1998, consensus consistant à mettre en place

 16   une direction politique centrée sur Hashim Thaqi actuellement premier

 17   ministre du Kosovo. Voilà rapidement ma réponse à votre question.

 18   Q.  Je vous remercie. En dehors de Hashim Thaqi, est-ce que vous avez à

 19   l'esprit le nom d'autres représentants politiques de l'UCK ? Je ne voudrais

 20   pas vous soumettre des noms moi-même.

 21   R.  Dans les relations avec les Américains ?

 22   Q.  Non, manifestement, il y a peut-être eu un petit problème

 23   d'interprétation. Ma question est la suivante : est-ce que vous pourriez

 24   citer le nom d'autres Kosovars albanais de souche en dehors de Hashim Thaqi

 25   et qui étaient comme lui représentants politique de l'UCK ? Pas seulement à

 26   l'intérieur du Kosovo mais également hors du Kosovo dans la diaspora.

 27   R.  Oui, c'est Adem Dimaqi, un ancien prisonnier politique, qui a été le

 28   premier représentant de l'UCK à porter un titre sur le plan politique au

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  1   Kosovo. Donc il n'agissait pas sur le terrain, il faisait ce qu'implique

  2   son titre, c'est-à-dire qu'il représentait politiquement l'UCK.

  3   Quant aux personnalités les plus importantes de la direction politique que

  4   nous avons eues face à nous sur le terrain, je citerai les noms de Jakup

  5   Krasniqi, Rame Buja et Sokol Bashota. Donc il s'agit des trois hommes

  6   auxquels nous avions affaire sur le terrain. Chaque fois qu'un haut

  7   représentant occidental arrivait, notamment Chris Hill ou Wolfgang Petric

  8   pour négocier ou essayer de négocier des accords, c'étaient les trois

  9   hommes qu'ils avaient face à eux. Ce sont les trois hommes que nous avons

 10   emmenés rendre visite à un certain nombre de sénateurs américains. Je me

 11   rappelle du sénateur Warner et du sénateur Robert Dole qui a été candidat à

 12   la présidence, candidat battu et qui souhaitait rencontrer les dirigeants

 13   politiques de l'UCK. Donc voilà, ce sont ces trois hommes, Krasniqi, Buja

 14   et Bashota qui étaient leurs interlocuteurs et qui ont discuté des

 15   questions très sérieuses qui se posaient à l'époque avec ces hauts

 16   responsables.

 17   Et en sus à ce que je viens de dire, j'ajouterais que Thaqi n'était pas au

 18   Kosovo, pour autant que je le sache. Ce sont des personnes que j'ai

 19   rencontrées qui m'ont dit qu'il avait quitté le Kosovo en octobre 1998 et

 20   qu'il était en Europe occidentale. Je l'ai vu la dernière fois je pense au

 21   début du mois d'octobre. Et je ne l'ai pas revu jusqu'à son apparition à la

 22   conférence de Rambouillet dans la région de Paris en février 1999.

 23   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djordjevic, il va très

 24   rapidement falloir que nous suspendions l'audience.

 25   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, l'interrogatoire

 26   principal de l'Accusation a duré beaucoup plus de temps que ce qui avait

 27   été annoncé au départ. Et je ne peux pas raccourcir mon contre-

 28   interrogatoire en dépit de tous mes efforts. J'ai encore deux sujets très

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  1   importants à évoquer et il me faudra, pour ce faire, une heure et demie

  2   environ, donc la première partie d'une audience, avec votre autorisation.

  3   C'est regrettable mais c'est comme ça.

  4   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela semble incroyablement long,

  5   Maître Djordjevic. Normalement, l'audience d'aujourd'hui s'achève dans cinq

  6   minutes. Je conviens que l'Accusation a utilisé plus de temps que prévu au

  7   départ pour son interrogatoire principal, mais depuis la fin de cet

  8   interrogatoire principal, vous avez disposé d'un temps important. Aimeriez-

  9   vous traiter en un quart d'heure aujourd'hui des deux sujets que vous aviez

 10   en tête très synthétisés, bien sûr ?

 11   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je suis prêt à faire cet effort, mais je

 12   ne suis pas sûr d'y parvenir. Mais je suis prêt à essayer.

 13   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il est probable que vous soyez dans

 14   l'obligation de réussir, Maître Djordjevic.

 15   M. DJORDJEVIC : [interprétation] C'est ce que je crois comprendre

 16   également, Monsieur le Président.

 17   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous avons pleine confiance en vous.

 18   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 19   Q.  Monsieur Byrnes, essayons de travailler sur base de réponses courtes,

 20   bien que vous soyez professeur d'université, je le sais bien.

 21   Votre mission au sein de la MVK, vous avez expliqué pour quelle raison elle

 22   s'est poursuivie. Vos efforts visaient à établir des contacts politiques

 23   avec les dirigeants de l'UCK, et par ailleurs la MVK travaillait également

 24   avec les autorités serbes. Mais dites-moi simplement, y a-t-il eu

 25   coordination entre la MVK et la KDOM dans ce sens, des efforts coordonnés

 26   de la part des uns et des autres ?

 27   R.  Oui, nous avons coordonné notre travail avec la MVK sur toutes les

 28   questions opérationnelles fondamentalement. Par exemple, les efforts

Page 8270

  1   déployés pour obtenir la libération des huit soldats de l'armée yougoslave

  2   qui avaient été capturés par l'UCK au nord de Mitrovica en juillet 1999 se

  3   situent dans cet ordre d'idée. Nous avons travaillé ensemble à leur

  4   libération. Nous avons également travaillé ensemble à Podujevo à la fin du

  5   mois de décembre au moment des problèmes qui se sont posés dans ce secteur

  6   pour essayer d'apaiser la situation.

  7   Quant aux négociations, les efforts développés au niveau national, nous en

  8   avons toujours informé Petric et Hill, mais c'est tout.

  9   Q.  Je vous remercie.

 10   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je demande l'affichage sur les écrans de

 11   la pièce D004-3308. C'est la traduction de l'entretien avec M. Limaj,

 12   traduction du compte rendu d'audience d'une déposition.

 13   Q.  Est-ce que vous connaissez cette déclaration préalable de M. Limaj,

 14   Monsieur Byrnes ?

 15   R.  Je ne crois pas.

 16   Q.  Bien. Je vais vous donner lecture de brefs passages tirés de cette

 17   pièce. M. Limaj répond :

 18   "Savez-vous que nous avons établi des contacts avec les Américains par

 19   l'intermédiaire de Hill, à moins que ce ne soit par l'intermédiaire de

 20   Holbrooke, mais en tout cas, je pense que le véritable intermédiaire de ces

 21   contacts était la KDOM américaine sous la direction de Shaun Byrnes qui

 22   mérite tout le crédit de cette action car il voyait ce qui se passait. Il

 23   était à nos côtés au quotidien, il comprenait parfaitement bien la

 24   politique militaire de l'UCK. Je pense que c'est l'une des personnalités

 25   les plus importantes parmi celles qui ont fait connaître leur appréciation

 26   de l'UCK. Je pense que la vraie raison de tout cela est liée à M. Shaun

 27   Byrnes."

 28   Est-ce que vous pourriez commenter brièvement cette déclaration de Fatmir

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  1   Limaj ?

  2   L'INTERPRÈTE : Le témoin semble avoir un problème technique.

  3   M. DJORDJEVIC : [interprétation]

  4   Q.  M. Limaj déclare que vous avez joué un rôle capital dans la

  5   reconnaissance du rôle et des objectifs poursuivis par l'UCK à tous les

  6   niveaux possibles y compris au niveau international. Pourriez-vous

  7   commenter le propos de M. Limaj ?

  8   R.  Oui. A la fin de 1998, en tout cas, ça c'est certain, j'ai constaté que

  9   l'UCK bénéficiait d'un appui très important de la part de la population

 10   albanaise de souche. L'UCK s'était emparé de pas mal de territoires, en

 11   bref, elle jouissait d'une très grande influence. Et moi, ce que je disais,

 12   ce que j'affirmais c'était que nous ne pourrions plus nous contenter de

 13   traiter avec Ibrahim Rugova comme représentant de tous les Kosovars

 14   albanais alors que nous nous efforcions de nous diriger vers la conclusion

 15   d'un accord politique susceptible de résoudre la crise.

 16   Je défendais l'idée que l'UCK n'était pas la seule véritable

 17   puissance militaire, mais qu'elle avait un énorme appui politique et

 18   qu'elle devait être partie prenante à la conclusion d'un accord.

 19   J'affirmais également que si l'UCK n'était pas partie prenante à la

 20   conclusion d'un accord, cet accord risquait d'échouer.

 21   Q.  Je vous remercie. A la question de savoir si c'est Shaun, c'est-

 22   à-dire vous, qui avez donné la possibilité à l'UCK d'aller à Rambouillet,

 23   Fatmir Limaj répond ce qui suit :

 24   "Je pense qu'il mérite un crédit tout particulier pour cela, parce

 25   que c'est lui qui nous a créé et il a représenté de façon réaliste ce qu'il

 26   fait et la façon dont nous réagissions à cela. Shaun Byrnes a passé

 27   beaucoup de temps au Kosovo et était toujours prêt à nous rencontrer, à

 28   quelque moment que ce soit, et nous étions très ouverts et très francs avec

Page 8272

  1   lui."

  2   Donc ma question restera brève : êtes-vous la personne responsable du fait

  3   que l'UCK était représentée à Rambouillet ?

  4   R.  Pour être franc, je crois que Limaj m'accorde un crédit bien supérieur

  5   à celui que je mérite. Je crois que Chris Hill -- et puis j'ajouterais qu'à

  6   mon avis, Wolfgang Petric ne bénéficie pas d'un crédit suffisant pour ce

  7   qu'il a dit et pour tout l'apport qui était le sien au Kosovo. Et puis je

  8   dirais en aparté que je sais aussi que l'UCK m'a dit qu'elle n'irait pas à

  9   Paris à moins que je prenne l'avion avec ces représentants. Ça a l'air

 10   bête, mais apparemment les représentants de l'UCK semblaient très

 11   franchement penser que l'avion risquait de se faire descendre par les

 12   Serbes si je n'étais pas à son bord. Donc j'y suis allé. J'espère que j'ai

 13   répondu à votre question.

 14   Q.  Merci. Une question brève : est-ce qu'à ce moment-là, au moment où

 15   l'UCK a entamé son voyage pour se rendre aux négociations de Rambouillet,

 16   il a été promis à l'UCK que si elle acceptait le déploiement des troupes de

 17   l'OTAN au Kosovo-Metohija, elle obtiendrait l'organisation d'un référendum

 18   en vue de son indépendance dans les trois années suivantes ?

 19   R.  Je ne suis pas au courant de cela.

 20   Q.  Est-ce que l'interruption des pourparlers de Paris a donné lieu à

 21   l'organisation ultérieure de ce référendum sur l'indépendance sans l'accord

 22   préalable du commandant Mayorski ?

 23   L'INTERPRÈTE : L'interprète n'est pas sûre du nom.

 24   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Ma question concernait l'ambassadeur de

 25   Russie, Mayorski.

 26   Q.  Ma question était la suivante : est-ce que, puisqu'à l'intérieur des

 27   accords de Rambouillet une clause a été incluse qui impliquait qu'un

 28   référendum serait organisé ? Est-ce que cette clause a été introduite dans

Page 8273

  1   les accords de Rambouillet pour la raison que j'ai indiquée et est-ce que

  2   Mayorski, l'ambassadeur russe, n'en a pas été informé ?

  3   R.  Excusez-moi, mais j'ai du mal à vous aider sur ce point. Je ne connais

  4   pas la réponse à cette question. J'ai accompagné la délégation de l'UCK à

  5   Rambouillet. J'y suis resté un jour ou deux pour rencontrer ma femme qui

  6   venait de Rome, après quoi je suis retourné directement au Kosovo. Je n'ai

  7   pas participé aux négociations, aux pourparlers de Rambouillet.

  8   Q.  Merci. Une question qui porte sur Racak maintenant, je me presse un peu

  9   : savez-vous quelle a été l'importance des pressions exercées sur Helena

 10   Ranta, une pathologiste finlandaise, par M. l'ambassadeur Walker; Helena

 11   Ranta a été entendue par ce Tribunal ?

 12   R.  Non, je ne sais pas.

 13   Q.  Etes-vous au courant du fait que tous les hommes tués à Racak étaient

 14   des hommes en âge de porter les armes ?

 15   R.  Je n'étais pas à Racak. Je n'ai jamais vu les cadavres. Je n'ai pas été

 16   informé de ce que vous venez de dire. Ce que j'ai appris à la lecture des

 17   rapports, c'est qu'il y avait en tout cas quelques enfants parmi les

 18   victimes. Mais encore une fois, je n'étais pas sur les lieux, et je n'ai

 19   pas vu tout cela de mes propres yeux.

 20   Q.  Savez-vous que pas une seule victime de Racak n'a été tuée par un coup

 21   de feu à bout portant ? Est-ce que vous êtes au courant de cela ?

 22   R.  Non.

 23   Q.  Le MUP a-t-il informé la MVK et la KDOM de son intention d'entreprendre

 24   des actions dans le cadre de ce qu'ils appelaient la lutte antiterroriste

 25   au voisinage de Racak ? Est-ce que vous seriez au courant de cela ? Je

 26   parle du MUP de Serbie.

 27   R.  Franchement, je n'ai pas le souvenir de cela. L'interlocuteur du

 28   ministère de l'Intérieur pour une information de ce genre aurait été la MVK

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  1   et pas la KDOM, mais --

  2   Q.  Vous ne savez pas qu'il existe une trace écrite démontrant que le MUP a

  3   informé les internationaux de son intention de mener à bien cette action,

  4   l'état-major du MUP de Pristina et le ministère de l'Intérieur de Serbie ?

  5   R.  Maître, je n'ai pas le souvenir de cela.

  6   Q.  Je vous remercie. Nous avons parlé des rapports d'information

  7   quotidiens qui étaient adressés dans certains cas à la MVK et dans d'autres

  8   cas à la KDOM selon la nature des activités évoquées dans ces rapports. Le

  9   rapport relatif à Racak a été rédigé le 26, donc pratiquement 11 jours

 10   après l'incident de Racak. Ma collègue de la partie adverse, Mme Kravetz,

 11   vous a interrogé à ce sujet. Et le rapport qu'elle vous a soumis n'était

 12   pas un rapport journalier. Pouvez-vous nous expliquer comment il se fait

 13   que ce rapport ait été rédigé si tard, puisqu'il porte la date du 26 ?

 14   R.  Maître, selon mon souvenir, nous avons soumis un rapport plus tôt que

 15   cela. Je pense que la date du 26 janvier c'est la date apposée sur le

 16   rapport par le département d'Etat au moment où il a rendu public ce

 17   rapport.

 18   Q.  Je vous remercie. Savez-vous que le général Maisonneuve, lorsqu'il a

 19   parlé à Drini le 17 janvier, a également discuté du fait qu'il y avait des

 20   soldats blessés qui se trouvaient à l'hôpital et qui avaient été blessés à

 21   Racak ? Est-ce que vous connaissez cette déclaration de la bouche du

 22   général Maisonneuve ?

 23   R.  Monsieur, je ne m'en souviens pas.

 24   Q.  Merci.

 25   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, il resterait encore

 26   de très nombreux détails qui pourraient faire l'objet de questions de ma

 27   part à l'adresse du témoin qui, quoi qu'il en soit, en a déjà parlé, mais

 28   je comprends qu'il est indispensable que son contre-interrogatoire s'achève

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  1   aujourd'hui. Donc c'est en ce moment même que je mets fin à mon contre-

  2   interrogatoire.

  3   Quant à vous, Monsieur Byrnes, je tiens à vous remercier pour toutes les

  4   réponses que vous avez faites à nos questions.

  5   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Maître Djordjevic,

  6   pour votre réaction.

  7   Je regarde de votre côté, Madame Kravetz, mais mon regard ne comporte aucun

  8   encouragement.

  9   Mme KRAVETZ : [interprétation] Je tâcherais de m'en tenir à cinq minutes,

 10   pas plus, Monsieur le Président.

 11   Nouvel interrogatoire par Mme Kravetz : 

 12   Q.  [interprétation] Monsieur Byrnes, très rapidement, j'ai quelques

 13   petites questions à vous poser en complément de celles que je vous ai déjà

 14   adressées.

 15   D'abord, quand on vous a interrogé au sujet de la période qui a fait suite

 16   à votre départ du Kosovo, c'est-à-dire ultérieure à mars 1999 et au moment

 17   que vous avez passé à la frontière, vous avez dit que vous accompagniez des

 18   représentants de la KDOM américaine qui se rendaient dans les camps de

 19   réfugiés pour recueillir des informations au sujet de violations alléguées

 20   des droits humains. Est-ce que les renseignements recueillis pendant ces

 21   entretiens avec les personnes dans les camps de réfugiés ont ensuite été

 22   consignés dans vos rapports journaliers envoyés à Washington, si vous en

 23   avez le souvenir ?

 24   R.  Je me souviens que nous les avons consignés, mais je crois que ces

 25   rapports étaient envoyés sur base hebdomadaire ou bimensuelle. 

 26   Q.  Pourquoi considériez-vous nécessaire de procéder à ces entretiens dans

 27   les camps de réfugiés pour recueillir ces renseignements ?

 28   R.  Nous l'avons fait après en avoir reçu consigne du département d'Etat.

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  1   Q.  Je vous remercie. Passons maintenant à un autre sujet. Mon collègue de

  2   la Défense vous a interrogé au sujet de l'ordre de l'OTAN et des raisons

  3   pour lesquelles il n'a pas été suivi d'implication. Il vous a demandé si

  4   les accords d'octobre avaient été exécutés, menés à bien. Et dans votre

  5   réponse, qui se trouve en page 28, lignes 23 à 24 du compte rendu

  6   d'audience de la journée d'aujourd'hui, vous avez dit que :

  7   "Finalement, Racak a mis un terme à l'application de l'accord."

  8   Je voulais simplement vous demander de détailler un peu cette affirmation

  9   en nous disant ce que vous aviez à l'esprit en prononçant ces mots.

 10   R.  Il y a eu augmentation de la violence en décembre et augmentation de ce

 11   que la communauté internationale considérait comme des violations de

 12   l'accord du côté serbe. Il y a eu les massacres de Racak, il y a eu des

 13   accrocs qui étaient considérés comme des accrocs très graves à l'accord. Et

 14   cela a suscité d'une part la colère à Washington, Bruxelles et ailleurs

 15   puisque dans tous ces lieux on considérait que l'on était face à des

 16   violations manifestes de l'accord d'octobre par la partie serbe.

 17   Et deuxièmement, cela a provoqué également une profonde préoccupation vis-

 18   à-vis du risque qu'un conflit généralisé soit imminent dans la province du

 19   Kosovo. Autrement dit, qu'une guerre ouverte n'éclate entre les deux

 20   parties. Ceci a accéléré la décision de convoquer la conférence, de mettre

 21   les parties l'une face à l'autre, de faire asseoir l'UCK autour d'une table

 22   de négociations et d'essayer de trouver une solution pour éviter

 23   l'élargissement et la généralisation du conflit et sauver des vies

 24   humaines.

 25   Q.  Je vous remercie de cette réponse.

 26   Mme KRAVETZ : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai plus de

 27   questions à poser au témoin.

 28   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.

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  1   [La Chambre de première instance se concerte]

  2   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous aurez plaisir à entendre,

  3   Monsieur Byrnes, que ceci met un point final aux interrogatoires dont vous

  4   faites l'objet. La Chambre vous remercie d'être venu au Tribunal et de lui

  5   avoir apporté votre concours dans la mesure de vos possibilités. Nous vous

  6   en remercions et nous remercions Mme Johnson de son assistance. Nous levons

  7   maintenant l'audience.

  8   [Le témoin se retire]

  9   --- L'audience est levée à 14 heures 05 et reprendra le lundi 24 août 2009,

 10   à 14 heures 15.

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