Page 10677
1 Le mercredi 3 février 2010
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 05.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour.
6 Maître Djurdjic, vous avez la parole.
7 M. DJURDJIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs
8 les Juges. Notre témoin suivant c'est le général Djordje Curcin.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
10 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Veuillez donner lecture du document
14 qui vient de vous être remis.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
16 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
17 LE TÉMOIN : DJORDJE CURCIN [Assermenté]
18 [Le témoin répond par l'interprète]
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Veuillez vous asseoir, s'il
20 vous plaît.
21 Me Djurdjic va vous poser un certain nombre de questions.
22 M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
23 Interrogatoire principal par M. Djurdjic :
24 Q. [interprétation] Bonjour, Général. Veuillez décliner votre nom et
25 prénom pour le compte rendu d'audience, s'il vous plaît.
26 R. Tout d'abord, bonjour à tous et à toutes. Je suis né le 19 juillet 1945
27 en Vojvodine, en Serbie.
28 Q. Merci. Je ne vous ai pas entendu décliner votre nom et votre prénom.
Page 10678
1 R. Je m'appelle Djordje Curcin.
2 Q. Merci. Général, vous avez fait une déclaration écrite qui a été
3 recueillie par l'équipe de la Défense du général Ojdanic le 24 août 2007.
4 Vous en tenez-vous aujourd'hui aux propos proférés dans cette déclaration
5 écrite du 24 août 2007 ?
6 R. Oui, entièrement.
7 M. DJURDJIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je souhaite demander le
8 versement au dossier du document D006-0405.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le document est amis.
10 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D00533. Merci, Messieurs
11 les Juges.
12 M. DJURDJIC : [interprétation]
13 Q. Général, le 5 et le 6 octobre 2007, vous avez déposé devant le TPIY
14 dans l'affaire Milutinovic et consorts. Lors du récolement vous avez relu
15 le compte rendu d'audience pour ces dates. Je souhaite vous poser la
16 question suivante : si les mêmes questions vous étaient posées aujourd'hui,
17 fourniriez-vous la même réponse ?
18 R. Oui.
19 M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,
20 je souhaite demander le versement au dossier du document D010-0885, le
21 document doit être versé au dossier sous pli scellé.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pardon, le compte rendu d'audience
23 consignant la déposition du témoin dans l'affaire Milutinovic sera admis au
24 dossier sous pli scellé.
25 M. LE GREFFIER : [interprétation] Messieurs les Juges, le document recevra
26 la cote D00556, et je souhaite me reprendre quant à la cote du document
27 précédent, il s'agit du document D006-0405, celui-ci recevra la cote
28 D00553, et non pas 533 comme je l'avais annoncé.
Page 10679
1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] 33.
2 M. LE GREFFIER : [interprétation] Si vous le permettez, je vais reprendre
3 les chiffres. Donc le document précédent recevra la cote D005553, quant au
4 document suivant, document D010-0885, il recevra la cote D00554 sous pli
5 scellé. Merci, Messieurs les Juges.
6 M. DJURDJIC : [interprétation] Messieurs les Juges, nous avons également
7 une version expurgée du compte rendu d'audience, il s'agit du document
8 D011-2017. Je souhaite demander le versement au dossier de ce document.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le document est admis au dossier
10 également.
11 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D00555, Messieurs les
12 Juges. Merci.
13 M. DJURDJIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je souhaite vous donner
14 lecture d'un résumé de la déposition faite par le général Curcin.
15 Le témoin a le grade de général de brigade dans l'armée yougoslave,
16 actuellement il est à la retraite. Par le truchement d'un billet émanant du
17 président de la RFY le 28 décembre 1998, il a été transféré au sein de
18 l'état-major général de l'armée yougoslave. Depuis le 8 jusqu'au 13 janvier
19 il a assumé les fonctions du chef de l'administration des affaires
20 opérationnelles dans le cadre de l'état-major général. Le témoin déposera
21 sur son expérience personnelle et sur les rapports opérationnels
22 journaliers. Le témoin a suivi la situation telle qu'elle prévalait le long
23 de la frontière étatique, et il partagera avec nous ses connaissances quant
24 aux infractions au régime frontalier. Il nous transmettra les informations
25 recueillies à base de rapports de combat tirés de groupes stratégiques, il
26 s'agit notamment de rapports émanant de la 3e Armée qu'il a étudiés au
27 quotidien.
28 Le témoin déclarera que la première partie, qui faisait partie du secteur
Page 10680
1 chargé des affaires opérationnelles, représentait un état-major au sein de
2 l'état-major général et un organe chargé des services. Le témoin expliquera
3 quels étaient les principes et les méthodes du fonctionnement de l'état-
4 major général, du secteur chargé des affaires opérationnelles et de la
5 première administration. Le témoin déposera sur les connaissances
6 recueillies lors des réunions de l'état-major général pendant la guerre et
7 lors des réunions du commandement Suprême. Le témoin a participé à
8 l'élaboration de plans, d'ordres et d'autres documents importants émanant
9 de l'état-major du premier commandement. Le témoin relatera quel a été le
10 niveau d'aptitude au combat au sein de l'armée yougoslave pendant l'année
11 1999. Il expliquera tout particulièrement quelle était la méthode
12 d'élaboration des rapports émanant du premier commandement et de groupes
13 stratégiques reçus par le premier commandement, il se concentrera dans sa
14 déposition surtout sur la 3e Armée.
15 Par ailleurs, le témoin dira quelques mots sur la réunion qui s'est tenue
16 au sein l'état-major général et lors de laquelle il a été question de
17 prévenir l'arrivée d'unités multinationales de l'OTAN sur le territoire de
18 la RFY et du Kosovo-Metohija. En tant que membre du commandement Suprême,
19 il a participé personnellement à l'élaboration des documents de guerre,
20 d'analyses, d'instructions, de projets, de télégrammes, et il nous dira
21 quelques mots à ce sujet. La déposition du témoin portera sur la manière
22 dont la documentation de combat et la documentation portant sur les
23 opérations étaient archivées, il nous parlera du fonctionnement et des
24 activités de l'état-major général de l'armée yougoslave, y compris la
25 coopération engagée avec des organisations internationales et des missions
26 d'observation. Le témoin expliquera que l'état-major général de l'armée
27 yougoslave ainsi que l'armée yougoslave elle-même n'avaient jamais élaboré
28 un plan, un ordre, ou tout autre document prévoyant, incitant, ordonnant,
Page 10681
1 aidant ou encourageant les crimes perpétrés à l'encontre de la population
2 albanaise sur le territoire du Kosovo-Metohija. De tels projets n'auraient
3 jamais pu exister sans que ce témoin en prenne connaissance. Le témoin nous
4 expliquera comment fonctionnait le système du commandement au sein de
5 l'armée yougoslave, quelle était la méthode sur laquelle on soumettait les
6 rapports le long de la chaîne hiérarchique, le témoin nous fera savoir
7 comment on a procédé à la mobilisation au mois de mars de 1999.
8 Le témoin partagera ses connaissances quant à la formation dans le domaine
9 du droit international humanitaire et qui était dispensée aux membres de la
10 VJ vers la fin de 1998 et au début de 1999 ainsi que pendant la durée de
11 l'agression. Le témoin expliquera que l'état-major général de l'armée
12 yougoslave et l'état-major du commandement Suprême appliquaient toutes les
13 normes régissant le respect, l'application et les connaissances portant sur
14 les conventions de Genève et le droit criminel international, des ateliers
15 avaient été organisés à cet effet par l'état-major général et l'état-major
16 du commandement Suprême. Le témoin expliquera que l'état-major général de
17 l'armée yougoslave s'est toujours engagé en faveur d'une solution pacifique
18 à trouver sur le territoire du Kosovo-Metohija.
19 Q. Général, pourriez-vous nous dire brièvement quels postes avez-vous
20 occupés pendant votre carrière militaire ?
21 R. Une fois terminé l'académie militaire dans les villes de Belgrade et de
22 Sarajevo, j'ai d'abord été commandant d'une section de recrues dans l'école
23 pour les officiers de réserve à Bileca, j'étais également instructeur dans
24 l'entraînement au tir. Puis j'ai été commandant d'une compagnie, l'adjoint
25 du commandant d'un bataillon, le commandant d'une section de recrues à
26 l'académie militaire, et instructeur tactique pour les cadets à l'académie
27 militaire. Puis j'ai été commandant du bataillon, officier chargé des
28 opérations au sein d'une brigade, officier chargé des opérations dans un
Page 10682
1 corps d'armée, officier chargé des opérations au niveau de l'armée, et au
2 niveau de l'état-major général. Par ailleurs, j'ai été commandant d'un
3 régiment de gardes motorisées, d'une Brigade motorisée, d'un groupe de
4 brigades, et je me suis également acquitté d'autres missions. Les plus
5 hauts postes que j'ai occupés étaient les deux suivants : j'ai été
6 l'officier chargé des opérations pendant plus de cinq ans au sein de la
7 1ere Armée, puis j'ai été chef de la première administration chargée des
8 opérations au sein de l'état-major général de l'armée yougoslave, c'est un
9 poste que j'ai occupé avant de prendre ma retraite. J'ai pris ma retraite
10 le 30 septembre 2001, j'avais le grade du général de brigade, en termes
11 occidentaux, il s'agissait d'un général trois étoiles.
12 Q. Merci. Au début de l'année 1999, nous l'avons entendu, vous avez
13 commencé à exercer des fonctions au sein de l'état-major général de l'armée
14 yougoslave. Pourriez-vous nous présenter brièvement l'organigramme de
15 l'état-major général au sein de l'armée yougoslave au moment de votre
16 arrivée. Dites-nous, quel était le rôle exercé par cette instance.
17 R. L'état-major général, la plus haute instance professionnelle au sein de
18 l'armée yougoslave. Cet organe est chargé d'effectuer les préparatifs pour
19 le temps de guerre. A l'époque, les unités organisationnelles au sein de
20 l'état-major général étaient les suivantes : section pour des affaires
21 opérationnelles et de l'état-major; secteur de la force terrestre; secteur
22 de la marine de guerre; secteur de forces aériennes; secteur chargé des
23 questions du personnel; secteur de logistique; et plusieurs administrations
24 indépendantes; l'administration du renseignement; l'administration de la
25 sécurité et l'administration chargée de la morale. Voilà, c'étaient les
26 unités les plus importantes qui existaient au sein de l'état-major général
27 à l'époque. Par ailleurs, il y avait aussi le cabinet du chef de l'état-
28 major et le département transformé en administration chargée de relations
Page 10683
1 avec les représentants militaires étrangers et la coopération avec les
2 organisations internationales. Voilà. C'était le schéma organisationnel de
3 l'état-major général à l'époque.
4 Q. Merci. Vous travailliez au sein du secteur chargé des opérations et des
5 affaires liées à l'état-major. Pouvez-vous nous expliquer quel était le
6 rôle exercé par ce secteur qui avait été la mission qui lui était confiée,
7 et dites-nous plus particulièrement que faisait la première administration
8 à la tête de laquelle vous vous trouviez ?
9 R. Le secteur chargé des affaires opérationnelles et des affaires liées à
10 l'état-major avait deux administrations distinctes : la première
11 administration était chargée des opérations, et la seconde était chargée
12 des affaires financières. Par ailleurs, il y avait un département chargé
13 des opérations et des affaires liées à l'état-major qui se trouvait avant
14 tout à la disposition du chef. Moi, je me trouvais à la tête de la première
15 administration, et j'ai été par ailleurs le chef adjoint chargé des
16 opérations et des affaires liées à l'état-major. Cette administration était
17 à la disposition de l'état-major général dans sa totalité ainsi que du chef
18 de l'état-major général; elle avait la tâche de pourvoir, de fournir tous
19 les documents, toutes les évaluations, propositions nécessaires.
20 Q. Vous souhaitez ajouter quelque chose qui concernerait la première
21 administration ?
22 R. Oui, oui, j'attends tout simplement que tout soit consigné dans le
23 compte rendu d'audience. Donc je poursuis ma réponse. La première
24 administration comprenait plusieurs branches militaires. Les représentants
25 de pratiquement toutes les branches et de toutes les armées si
26 retrouvaient. Cela était indispensable pour que l'administration puisse
27 s'acquitter des missions qui devaient servir à l'armée toute entière. Dans
28 le cadre de cette administration, plusieurs unités organisationnelles
Page 10684
1 pouvaient être distinguées. Une unité organisationnelle s'était dévouée
2 exclusivement à la planification du déploiement des forces armées. Sans
3 cette unité, il était impossible de faire quoi que ce soit; et cette unité
4 s'occupait également de l'archivage de toute la documentation. Puis une
5 autre unité organisationnelle était chargée de l'aptitude au combat; elle
6 s'occupait donc du niveau de l'aptitude au combat de l'armée yougoslave. Je
7 pense au système militaire tout entier, au système du commandement, et à
8 toutes les unités de l'armée.
9 Puis il y avait une unité organisationnelle qui était chargée des affaires
10 frontalières. A l'époque, c'était l'armée yougoslave qui assurait la
11 sécurité le long de la frontière, qui avait plus de
12 2 000 kilomètres de longueur. Ceci ne valait pas uniquement pour des villes
13 et pour les postes frontaliers. Une unité organisationnelle particulière au
14 sein du ministère de l'Intérieur se chargeait de surveiller ces postes-là.
15 Par ailleurs, la première administration comprenait plusieurs autres unités
16 opérationnelles, à savoir l'unité chargée des affaires opérationnelles et
17 les affaires liées à l'état-major, puis l'unité chargée de la géographie,
18 puisque cette unité était reliée à l'institut de géographie qui se
19 chargeait de dresser toutes les cartes élaborées en République fédérale de
20 Yougoslavie. Cette unité archivait également tous ces documents,
21 enregistrant tous les documents qui arrivaient et qui émanaient de l'état-
22 major général. Donc vous pouvez comprendre qu'il s'agissait d'une
23 structure, d'un organigramme assez complexe au sein duquel on pouvait
24 distinguer plusieurs unités distinctes.
25 Q. Merci. Merci. Vous avez expliqué quel était l'organigramme avant le
26 début de la guerre. Dites-moi, pendant la guerre, l'organigramme a-t-il été
27 changé ? Je parle de l'état-major général.
28 R. Oui, il y en a eu. Ce que je viens de décrire, c'était en temps de paix
Page 10685
1 comme structure. Dans le cas d'une guerre, il y avait une structure pour le
2 temps de guerre qui avait été planifiée beaucoup plus tôt. Et chaque
3 officier, dans une telle situation, c'est-à-dire en temps de guerre,
4 recevait une mission spéciale au commandement Suprême, à l'état-major
5 Suprême; il avait un ordre de mission spécial pour cela. Et c'est
6 probablement un cas unique dans lequel l'état-major général est plus étendu
7 en effectif en temps de paix que l'état-major général du commandement
8 Suprême en temps de guerre, ceci, pour des raisons précises, plus
9 particulièrement parce que la capacité des postes de commandement et la
10 durée nécessaire pour y rester sans allée et venue, parce qu'il y avait une
11 procédure spéciale pour cela. Donc les effectifs de toutes les unités
12 faisant partie de l'organisation et du commandement Suprême de l'état-major
13 étaient en fait réduits de façon à être plus efficace 24 heures sur 24,
14 pendant les 78 jours de la guerre.
15 Q. Je vous remercie. Pendant la guerre, le commandement Suprême de l'état-
16 major a également changé de nom. Est-ce que les unités organisationnelles
17 ont également changé de nom au cours de la guerre ?
18 R. Oui. C'est quelque chose qui est régi par les règlements applicables en
19 temps de guerre et les missions de temps de guerre, bien que ceci ne soit
20 pas fait dans un contexte juridique. Précédemment il y avait eu un état-
21 major de commandement Suprême et un commandement Suprême; toutefois après
22 certaines modifications et la dislocation de la Yougoslavie, toutes les
23 lois n'ont pas été adoptées au moment même. Donc on travaillait comme si
24 c'était le cas, parce que nous avions besoin de pouvoir fonctionner en
25 temps réel lorsque le pays était attaqué. Les unités organisationnelles
26 également ont changé de structures parce qu'elles étaient moins nombreuses,
27 elles étaient plus petites, de sorte que, par exemple, le secteur de
28 l'administration, et ainsi de suite; par exemple, le secteur de l'état-
Page 10686
1 major et des affaires chargées des opérations tandis que l'administration
2 pour les opérations est devenue une section. Et ceci, c'est ce qui s'est
3 passé dans l'ensemble de l'armée dans tous les autres secteurs.
4 Je voudrais également observer qu'il y a eu certaines modifications
5 apportées et que des administrations indépendantes sont devenues des
6 parties d'anciennes sections. Par exemple, la deuxième administration
7 chargée du renseignement, deuxième bureau, est devenue inspecteur spécial,
8 parce que l'administration chargée des opérations d'état-major était
9 étroitement liée à l'administration chargée des opérations ou à la section
10 opérations. Donc sur la base du fait qu'ils suivaient et observaient la
11 situation, nous rédigions nos ordres de façon à mieux adapter nos tâches.
12 C'était une des façons. Le chef de l'état-major général avait résolu ceci
13 en prenant les mesures voulues et en confiant les missions voulues en temps
14 de guerre.
15 Q. Je vous remercie. Je voudrais maintenant que l'on nous présente à
16 l'écran le D179.
17 M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que vous nous
18 autoriseriez à fournir au témoin un classeur contenant les copies papier de
19 tous les documents, de façon à ce que nous puissions les passer en revue de
20 façon plus efficace ?
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.
22 M. DJURDJIC : [interprétation]
23 Q. Vous pouvez ouvrir le classeur de façon à pouvoir vous repérer dans les
24 documents. Regardons l'intercalaire 1. Il s'agit là d'un document, le D179.
25 C'est une directive relative aux engagements de l'armée yougoslave de façon
26 à empêcher l'entrée de forces d'une brigade multinationale de l'OTAN au
27 Kosovo-Metohija. C'est daté du 16 janvier 1999. Pourriez-vous, s'il vous
28 plaît, nous dire si vous avez pris part à la rédaction de cette directive ?
Page 10687
1 R. Oui, j'ai personnellement participé à cela, et j'ai rédigé une partie -
2 - enfin, en l'occurrence, certains membres de l'administration qui
3 s'occupent des opérations; ce document était également gardé à ce moment-
4 là.
5 Q. Qui d'autre a participé à la rédaction de cette directive ?
6 R. Cette directive a été rédigée par l'administration chargée des
7 opérations, le bureau opérations, et l'administration chargée du
8 renseignement ou bureau renseignement chargé de la sécurité, et du secteur
9 du contre-renseignement, le bureau logistique, la section du suivi
10 électronique et de la contre surveillance. C'est intéressant de voir
11 comment l'idée même de cette directive a pris corps.
12 Q. Bien. Je vous remercie. Ceci est la question que nous poserons ensuite.
13 Pouvez-vous, s'il vous plaît, nous dire pourquoi cette directive a été
14 rédigée au début janvier 1999.
15 R. Le chef de l'administration chargée du renseignement, le général Krga,
16 quand il a pris ses fonctions, a décidé qu'il y avait une éventualité pour
17 laquelle nous ne serions peut-être pas préparés, et il en a informé le chef
18 de l'état-major général, le général Ojdanic. Le général Ojdanic a
19 immédiatement ordonné qu'une équipe se réunisse et commence à rédiger un
20 document de façon à pouvoir empêcher qu'une telle situation se réalise.
21 Pour l'essentiel, c'était le fait qu'il y avait des forces importantes de
22 l'OTAN en Bosnie et que les forces de l'OTAN avaient déjà commencé à se
23 regrouper en Grèce, en Macédoine et en Albanie. Nous avions un grand nombre
24 d'actions terroristes et de sabotage au Kosovo, et il existait un danger
25 réel car à un moment donné, si la rébellion au Kosovo-Metohija démarrait
26 vraiment, les forces de Bosnie, de Macédoine et d'Albanie commenceraient à
27 faire mouvement simultanément; et avec la rébellion au Kosovo-Metohija, si
28 elle se renforçait, ceci isolerait le secteur et créerait une situation
Page 10688
1 complètement différente sur le terrain. De cette manière, ils réaliseraient
2 plusieurs objectifs dont le principal serait d'installer des forces de
3 l'OTAN au Kosovo-Metohija pour une période prolongée. Comme on peut le voir
4 au cours des dernières années, ils ont effectivement réalisé cet objectif,
5 après dix ans et quelques, avec la séparation du Monténégro et la sécession
6 du Kosovo et l'emplacement de leurs forces pour leurs propres objectifs.
7 Donc nos estimations et appréciations de la question se sont réalisées
8 exactes, malheureusement.
9 Q. Je vous remercie beaucoup.
10 M. DJURDJIC : [interprétation] Nous regardons maintenant la page 8 de la
11 version anglaise et la page 5 de la version B/C/S. Au point 3.1.3. C'était
12 le numéro du paragraphe que nous devons examiner.
13 Q. Il s'agit de la page 4 dans votre classeur. Pourriez-vous nous dire
14 quels sont vos commentaires sur cette première phase.
15 R. Là, nous avons les tâches, puis nous avons 3.1, la 3e Armée, oui.
16 Q. Oui, bien sûr.
17 R. En prenant des mesures contre les attaques aériennes, parce que nous
18 nous attendions à des bombardements très lourds une fois que l'OTAN aurait
19 décidé de s'y engager, il était essentiel de fournir des forces adéquates
20 pour la protection des unités, et en coordination avec l'aviation et la
21 défense antiaérienne, d'empêcher l'arrivée d'une brigade multinationale
22 depuis l'Albanie au Kosovo-Metohija. Du point de vue militaire, la seule
23 façon correcte de procéder, et c'était essentiel également pour bloquer
24 l'axe par lequel des forces terroristes pourraient venir de Macédoine et
25 d'Albanie, et aussi pour faire en sorte que toutes les routes puissent être
26 utilisées. En plus de cela, il était également important de réaliser ou de
27 conserver un contrôle du point de vue combat dans le territoire. La notion
28 était justifiée du point de vue militaire et l'idée était de ne pas
Page 10689
1 permettre que les forces multinationales puissent établir une liaison avec
2 les foyers de rébellion et les forces terroristes siptar.
3 Q. Je vous remercie. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous dire quelle
4 était la nature de cette directive ?
5 R. C'est très clair pour tout militaire - et j'espère que c'est clair
6 aussi pour toute autre personne - elle est essentiellement défensive, et
7 elle a un caractère tout à fait défensif.
8 Q. Je vous remercie. Est-ce que nous pourrions revenir en arrière d'une
9 page, Général. Dans votre exemplaire papier, on reviendrait à la page 3.
10 Pour l'anglais, ce serait la page 7 pour votre texte. Pourriez-vous, s'il
11 vous plaît, nous faire part de vos observations concernant la préparation
12 au combat du point de vue de cette directive.
13 R. Pour commencer, nous avons précisé ce qu'était une directive. Une
14 directive est émise au niveau fédéral, au niveau de l'état-major général,
15 pour une période plus longue. Ce n'est pas une mission quotidienne ou
16 quelque chose qui pourrait même prendre de deux à sept jours. Il s'agit là
17 de tâches ou de missions à plus long terme dans le cas où une telle
18 situation se produirait. La situation peut ne jamais se produire, et la
19 directive peut ne jamais s'appliquer. C'est la raison pour laquelle nous ne
20 parlons pas de préparation au combat. Si nous faisons attention à la
21 dernière ligne, il n'y a pas de remarque explicite sur la préparation au
22 combat avec un délai, mais c'est quelque chose qui dépendrait de la
23 décision du commandant de la 3e Armée et du commandant de l'aviation et des
24 forces de défense antiaérienne.
25 Q. Je vous remercie. Pourrions-nous maintenant voir la dernière page du
26 document. Je crois qu'il s'agit de la page 12 pour la version en anglais.
27 C'est la page 6 pour votre exemplaire, Général. Ce qui m'intéresse, là,
28 c'est qu'il est question d'une "annexe" ou pièce jointe. Pourriez-vous,
Page 10690
1 s'il vous plaît, expliquer un peu ceci.
2 R. Oui, l'annexe c'est l'engagement par la force d'une brigade de l'OTAN
3 multinationale en Kosovo-Metohija. Ceci correspond à une carte au 1 : 200
4 000. Si nous devions utiliser une carte, là, tout le monde serait informé
5 de la nature des renseignements, à savoir de l'opération qui était
6 planifiée. Sans la carte, le texte est vraiment insuffisant. Peut-être que
7 si nous pouvions trouver la carte et la montrer, à ce moment-là, on verrait
8 les deux phases dont nous sommes en train de parler ici, qui sont discutées
9 à ce moment-là, parce que vous pourriez voir très exactement qui ferait
10 quoi et quand, de sorte qu'aucun soldat ne franchirait les frontières de la
11 Serbie de façon à mettre en œuvre l'émission énoncée dans cette directive.
12 Q. Je vous remercie. Je peux voir que vous avez rédigé ce document. Il est
13 dit ici, "rédigé par le lieutenant général Djordje Curcin." Nous avons
14 aussi la liste de distribution, et le document est distribué à tous les
15 groupes stratégiques et quelques autres groupes. Ce qui m'intéresse là-
16 dedans, c'est : est-ce que les armées avaient pour tâche de rédiger leurs
17 propres documents conformément à cette directive ?
18 R. Bien, la réponse à votre première question, c'est exact. Nous avons une
19 liste de distribution qui est là concernant le nombre d'exemplaires et
20 quels exemplaires ont été envoyés à quel commandement également. Ce
21 document, cette directive est un type de document assez spécial. Il s'agit
22 d'un document concernant l'utilisation planifiée et elle porte le timbre
23 secret d'Etat. Il y a également un nom de code, Grom 3, Thunderbolt 3, et
24 ainsi de suite. Donc ça n'est pas un ordre de type habituel. Il est rédigé
25 en fonction d'une procédure spéciale et il est conservé d'une manière
26 spéciale. Donc autrement que ce qui est la question de savoir qui l'a
27 rédigé, personne n'a accès à ce plan. Chaque fois qu'un plan est utilisé,
28 ceci est consigné par écrit. Donc sur la base de cette directive, tous les
Page 10691
1 commandements de groupes stratégiques qui recevaient un exemplaire de ce
2 plan étaient obligés de rédiger leurs propres ordres et certains documents
3 de façon à ce que si la nécessité s'en faisait sentir, ils puissent être en
4 mesure d'appliquer entièrement et intégralement cette directive. C'est
5 quelque chose qui est fait d'avance.
6 Un autre point important, c'est qu'à tous les niveaux inférieurs, il est
7 nécessaire de conserver le même niveau de secret. C'est classé comme étant
8 secret d'Etat. Donc cette classification doit également être maintenue,
9 Thunderbolt 3, le document qui a été rédigé au niveau de l'armée. Je sais
10 qu'il a été rédigé à la 3e Armée. J'ai eu la possibilité de le voir
11 lorsqu'il a été soumis pour être évalué fin janvier sur la base du plan de
12 la 3e Armée, le plan du Corps de Pristina a été développé, ensuite les
13 plans concernant tous les commandants de brigade après ça ont été informés
14 de cela. Oui, oui, juste une phrase de plus. Nous étions informés de cela
15 par le chef de l'état-major général, par le collège de l'état-major général
16 à la mi-février. Et j'ai informé le chef de l'état-major général du fait
17 que ce plan était exécuté.
18 Q. Je vous remercie.
19 M. DJURDJIC : [interprétation] Pouvons-nous voir maintenant le document
20 D343 comme pièce.
21 Q. Ceci serait à l'intercalaire 2, Général, dans votre classeur. C'est un
22 ordre qui est à l'usage de la 3e Armée, le commandement de la 3e Armée, qui
23 est donné le 27 janvier 1999. Vous pouvez voir -- enfin, regardez, s'il
24 vous plaît, la page 3 de la version anglaise et la version serbe.
25 Général, je voudrais vous demander de faire un commentaire sur le point 2
26 de cette page, à savoir les tâches de la 3e Armée.
27 R. Il s'agit là maintenant de mettre en œuvre, d'exécuter ce dont j'ai
28 parlé précédemment basé sur les règles dont j'ai précédemment parlé, des
Page 10692
1 directives dont j'ai précédemment parlé. Les exemplaires pour le
2 commandement de l'armée, littéralement la mission qui leur était confiée
3 par l'état-major général. Et vous pouvez voir facilement que comme cette
4 tâche était d'assurer les mesures de sécurité pour des forces adéquates et
5 en coopération conjointe avec la défense antiaérienne et l'aviation pour
6 empêcher l'arrivée des forces de l'OTAN du Kosovo et de la Macédoine au
7 Kosovo-Metohija et pour occuper des installations précises dans les
8 secteurs pertinents ou qui présentaient un intérêt. Puis tout aussi
9 important, nous voyons quelle était leur tâche qui était d'isoler, de
10 fermer les voies d'entrée qui auraient pu être utilisées par les forces
11 multinationales et leur matériel. Egalement, empêcher que la liaison se
12 fasse entre la brigade de l'OTAN et les forces terroristes de Siptar au
13 Kosovo en prenant des mesures et des actions contre les forces terroristes
14 des Siptar. C'était la tâche essentielle.
15 Q. Je vous remercie. Général, vous nous avez un petit peu parlé
16 précédemment sur la base des instructions de la 3e Armée, le Corps de
17 Pristina et des unités au sein du Corps de Pristina, qui avait mis au point
18 la directive Thunderbolt 3. Pourriez-vous juste me dire qui avait accès,
19 qui avait le droit d'avoir accès à ce plan qui était rédigé ? Je parle des
20 unités subalternes, des brigades. Je ne pense pas à l'état-major général,
21 ici.
22 R. Je pense que j'ai compris votre question. A tous les niveaux, l'accès -
23 - enfin, ce document est très restreint. Les personnes qui ont accès à ce
24 type de plan ou d'ordre, on sait que ça fait partie des secrets d'Etat
25 classés, donc ces gens sont très peu nombreux. Peut-être qu'en passant,
26 quelqu'un pourrait voir de loin quelque chose qui pourrait être considéré
27 comme un plan. Mais ce plan est rédigé d'une façon spéciale et doit être
28 conservé selon un régime spécial. Il est constamment gardé et il y a des
Page 10693
1 mesures de sécurité techniques qui sont également en place. Il est conservé
2 dans un coffre spécial qui ne peut pas être endommagé par le feu ou
3 d'autres types de dommages.
4 Q. Je vous remercie. L'officier de service chargé de la sécurité des
5 casernes, a-t-il accès à un tel plan ou a-t-il accès au plan de combat ?
6 R. Absolument pas.
7 Q. Je vous remercie.
8 M. DJURDJIC : [interprétation] Je voudrais qu'on voie maintenant le
9 document numéro D006-0440, s'il vous plaît.
10 Q. Ceci est à l'intercalaire 3 de votre classeur, Général. C'est un
11 document de l'état-major général daté du 21 janvier 1999. Il est signé par
12 le lieutenant général Svetozar Marjanovic, qui demande à la 3e Armée de se
13 déployer dans le village de Racak. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous
14 dire pourquoi ce document a été expédié.
15 R. Bien, je sais tout ce qui concerne ce document. Je l'ai signé. En bas
16 vous pouvez voir mes initiales. Au cours de cette période, dans les médias,
17 plus particulièrement les médias étrangers, il y a eu une tentative visant
18 à lancer l'idée comme moyen de propagande concernant un crime à Racak qui
19 était perpétré par les militaires et la police. C'était quelque chose que
20 nous avons discuté au collégium du chef d'état-major général à l'époque.
21 Nous avons examiné des rapports du commandant de la 3e Armée et du Corps de
22 Pristina pour ce qui est des 15, 16 et 17, et nous avons conclu qu'il n'y
23 avait pas d'engagement militaire à ces endroits-là dans le secteur de
24 Racak. Toutefois, de façon à être absolument certain, le chef de l'état-
25 major général a ordonné aux collègues [phon] de faire en sorte qu'un
26 document spécial soit adressé au commandement de la 3e Armée pour demander
27 un rapport spécial extraordinaire et qu'il faudrait lui demander un rapport
28 particulier qui serait écrit, demander au commandant du Corps de Pristina
Page 10694
1 de façon à répondre à des questions précises.
2 Q. Je vous remercie. Nous pouvons voir ce qui est demandé ici. Maintenant,
3 pourriez-vous, s'il vous plaît, expliquer ce document, quelle est sa forme
4 ? Quelle sorte de document est-ce ? Est-ce qu'il y a un code ?
5 R. C'est un télégramme.
6 Q. Bien. Je vous remercie. Prenons les choses lentement. Je vais
7 maintenant vous poser des questions. Peut-être qu'on peut voir cela plus
8 rapidement. Donc il s'agit d'un télégramme. Pourriez-vous nous dire quelle
9 était la forme habituelle requise pour un télégramme, comme une sorte de
10 modèle dans l'armée yougoslave ?
11 R. Juste comme vous voyez là, il y avait un tampon ou un timbre tout en
12 haut avec une date, puis du côté droit vous avez un code, et il est dit à
13 qui le document doit être remis ou expédié, soit au commandant ou au
14 commandement. Vous pouvez voir qu'il est uniquement envoyé au commandant de
15 la 3e Armée. Il y a un titre assez bref qui, ici, est rapport provisoire ou
16 rapport intérimaire. En dessous, la signature que vous voyez, la signature
17 du lieutenant général Svetozar Marjanovic, ensuite vous avez les initiales
18 de la personne qui l'a dactylographié.
19 Q. [aucune interprétation]
20 R. Et le commandement qui émet ce document doit être mentionné dans le
21 coin gauche supérieur, et il y a ceux qui ajoutent le tampon ou le timbre
22 et la date, au dateur, avec le numéro du document qui a été émis.
23 Q. Juste encore un point. Le document que nous voyons est une photocopie.
24 Ce n'est pas l'original. C'est un document signé, cependant. Est-ce que
25 c'est le fait qu'une copie a été conservée dans les archives de la personne
26 ou de l'organe qui a expédié le
27 document ?
28 R. Oui.
Page 10695
1 Q. Est-ce que vous pourriez me dire sur la base de cette copie, du point
2 de vue technique, comment ceci est traité ? C'est un télégramme. Le général
3 Marjanovic l'a signé, ensuite que se passe-t-il après ça ? Quelle est la
4 procédure ?
5 R. Je l'ai également reçu pour signature. Une fois qu'il l'avait signé et
6 je l'ai envoyé au bureau d'enregistrement. Vous pouvez voir que ce document
7 a été enregistré à la main, que ce n'est pas dactylographié. Ensuite le
8 chef du bureau l'a pris, apporté à la section du script, il a signé ceci.
9 Après ce télégramme a été chiffré et envoyé et reçu à l'adresse prévue, le
10 document est à ce moment-là renvoyé à la personne pour les archives.
11 Q. Donc, Général, la première copie originale serait revêtue de la
12 signature de l'auteur du télégramme ?
13 R. Oui.
14 Q. Maintenant, est-ce que vous pouvez me lire la copie qui est envoyée,
15 est-ce qu'elle contient quelque marque ou quelque chose à l'époque de
16 l'endroit ou rien ?
17 R. La copie est laissée pour être envoyée et elle doit comporter un tampon
18 rectangulaire au bas de la page, et ce tampon contient des cases dans
19 lesquelles on indique l'heure, quand ça a été reçu de façon de savoir quand
20 ça a été parvenu à destination ainsi que la date à laquelle il a été reçu.
21 Q. Merci, Général. Quelque chose que nous allons étudier dans le document
22 suivant.
23 M. DJURDJIC : [interprétation] Je souhaite demander le versement de ce
24 document au dossier.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.
26 M. LE GREFFIER : [interprétation] Messieurs les Juges, ce sera la pièce
27 D00556.
28 M. DJURDJIC : [interprétation] Peut-on afficher le document D006-0442.
Page 10696
1 C'est le document 41 ter sur la liste de la Défense.
2 Q. Il se trouve à l'intercalaire 4 dans votre classeur. Général, il s'agit
3 d'un document du 21 janvier 1999 émanant de la 3e Armée envoyé
4 personnellement au chef de l'état-major général de l'armée yougoslave.
5 Pouvez-vous nous dire de quoi il s'agit dans ce document et quel est ce
6 type de document.
7 R. Il s'agit d'un télégramme émanant du commandement de la 3e Armée, la 3e
8 Armée répond au document qui porte par ailleurs la même date, le 21
9 janvier, ce télégramme est adressé personnellement au chef de l'état-major
10 général de l'armée yougoslave, le général Marijanovic, ceci est normal
11 puisque c'était lui qui avait signé le document précédent. Dans ce
12 télégramme ils fournissent des réponses aux questions que nous avons
13 posées, et réitèrent encore une fois d'une manière tout à fait décidée que
14 l'armée n'avait pas été impliquée dans les événements que nous avons
15 évoqués.
16 Q. Merci. Passons à la page 2, s'il vous plaît. Pouvez-vous nous expliquer
17 quel est le rôle de ces deux tampons qui figure au-dessous du texte.
18 R. Le tampon qui figure à gauche montre que ce télégramme a été traité le
19 21 janvier à 4 heures 30 du matin au sein de l'état-major général. Nous
20 voyons le tampon rond qui a été apposé par le centre des transmissions.
21 C'est le département qui a traité ce document. Alors comme il était très
22 tôt dans la matinée, le télégramme a été remis à la première
23 administration, centre des opérations, ce centre est ouvert 24 heures sur
24 24 pendant toute l'année. Le chef de permanence, je crois qu'il s'agit du
25 général Lukic, a reçu le document et l'a enregistré dans le registre. Nous
26 voyons la date de l'enregistrement, le 22 janvier. Mais par ailleurs, il a
27 photocopié ce document en quatre exemplaire et il l'a remis à quatre
28 personnes différentes : il l'a remis au chef adjoint de l'état-major, au
Page 10697
1 chef de l'état-major, au chef du secteur chargé des opérations et des
2 affaires reliées à l'état-major, et au chef de la première administration
3 de manière à ce qu'ils soient tous informés de la situation au Kosovo. En
4 fait, ce télégramme permet de se renseigner sur la question de savoir si
5 l'armée avait été impliquée dans les événements de Racak oui ou non.
6 Q. Merci. Etait-il habituel de faire parvenir ce document à plusieurs
7 personnes ou départements ? Etait-ce une procédure habituelle ?
8 R. Oui. Lorsqu'il était nécessaire de fournir des éléments d'information à
9 plusieurs administrations, le document était photocopié et on le faisait
10 parvenir à toutes les administrations concernées. Ceci permettait d'éviter
11 toutes sortes de complications. Je pense que ce système fonctionnait bien
12 qu'il était très commode, et l'archivage aussi était assuré de la sorte.
13 Q. Si j'ai bien compris, la première administration recevait tous les
14 télégrammes destinés à l'état-major général. Ai-je raison de l'affirmer ?
15 R. Non, non, je ne pense pas m'avoir exprimé ainsi.
16 Q. Expliquez-nous, s'il vous plaît.
17 R. C'est le destinataire indiqué dans l'adresse qui reçoit un télégramme,
18 quel qu'il soit. Mais là, évidemment, il s'agit d'un document qui a été
19 enregistré au sein de la première administration, et il concerne la
20 première administration. Mais il a été dirigé, il était destiné
21 personnellement au chef de l'état-major général, c'est la raison pour
22 laquelle un exemplaire a également été envoyé à cette personnalité, à
23 savoir le chef de l'état-major général.
24 Q. Si un document est envoyé au chef de l'état-major général, qui est-ce
25 qui reçoit cette documentation, avait-il son bureau à lui, où arrivaient
26 les télégrammes qui lui étaient envoyés ?
27 R. Tous les télégrammes étaient recueillis par le centre des opérations et
28 c'est de là qu'on les faisait parvenir au destinataire. Il existe une règle
Page 10698
1 spéciale qui prévoit que pendant les heures d'opération un télégramme est
2 envoyé directement à son destinataire; mais au cours de la nuit il n'y a
3 personne pour le recevoir. C'est pourquoi il est dirigé vers le centre des
4 opérations qui assure la tâche de contacter le destinataire pour lui
5 demander s'il souhaite qu'on lui fasse parvenir immédiatement le document
6 ou si cette personne préfère attendre jusqu'au matin.
7 Q. A qui était adressé ce document-là ?
8 R. A la première administration chargée des opérations.
9 M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur les Juges, je souhaite demander le
10 versement au dossier de ce document.
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.
12 M. LE GREFFIER : [interprétation] Le document sera admis au dossier, il
13 portera la cote D00557.
14 M. DJURDJIC : [interprétation] Peut-on afficher le document D523, s'il vous
15 plaît.
16 Q. Le document se trouve à l'intercalaire 5, Monsieur le Témoin. Il porte
17 le numéro 6 sur la liste de la Défense. Il s'agit d'une évaluation portant
18 sur la situation sécuritaire et les menaces adressées à la RFY élaborées
19 par la première administration au mois de février 1999. Le document se
20 trouve à l'intercalaire 5, Général.
21 Pourriez-vous nous expliquer pourquoi cette évaluation a été élaborée au
22 sein de votre administration. Quelle était sa finalité ?
23 R. Je crois avoir déjà indiqué que les terroristes s'étaient engagés dans
24 de nouvelles actions sur le territoire du Kosovo. Le chef de l'état-major a
25 ordonné de procéder à une évaluation détaillée dans la situation
26 sécuritaire et du renseignement sur le territoire du Kosovo-Metohija. Je
27 tiens à signaler que nous élaborions des évaluations au quotidien, mais de
28 temps en temps on rédigeait des élaborations qui concernaient une période
Page 10699
1 plus prolongée et étaient plus détaillées que de coutume. Ce document
2 faisait partie de ce type d'évaluation, donc l'évaluation était élaborée
3 sous un ordre du chef de l'état-major général lors d'une réunion. Toute une
4 équipe était chargée de sa rédaction.
5 Q. Je vous poserai quelques autres questions sur ce sujet, Général, un peu
6 plus tard.
7 M. DJURDJIC : [interprétation] Je souhaite que nous passions maintenant à
8 la page 23 en version anglaise qui correspond à la page 21 en version
9 B/C/S.
10 Q. C'est la page 17 dans votre exemplaire imprimé, Général. Nous avons des
11 mesures proposées dans le chapitre 5. Ce qui m'intéresse d'abord c'est le
12 paragraphe .1. Pouvez-vous nous livrer brièvement vos observations
13 concernant cette partie du document.
14 R. Tout à fait. L'objectif d'une évaluation aussi complexe et
15 interdisciplinaire consistait à évaluer d'une manière objective la
16 situation et les menaces à la sécurité de la RFY. Puis il s'agissait de
17 proposer des mesures à adopter en cas de succès ou de faillite des
18 négociations entamées à l'époque à Paris et à Rambouillet. Evidemment, nous
19 l'avons par ailleurs indiqué explicitement, la situation deviendrait plus
20 difficile pour nous si un accord n'était pas conclu avec les représentants
21 internationaux. Notre souhait le plus ardent c'était de trouver une
22 solution pacifique au problème du Kosovo-Metohija.
23 Q. Merci.
24 M. DJURDJIC : [interprétation] Passons à la page 24 en version anglaise,
25 page suivante en version B/C/S, donc mesures proposées, chapitre 5.2.
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, nous avons déjà indiqué quel aurait été
27 le scénario le plus néfaste pour nous. Puis dans le chapitre 5.2 nous
28 prévoyons des mesures à prendre au cas où une solution pacifique serait
Page 10700
1 trouvée, donc nous avançons un certain nombre de propositions. Si on
2 procède à une lecture attentive de ce texte il est inévitable de déduire
3 que toutes les mesures proposées sont des mesures de type défensif, donc
4 elles visent à assurer notre défense en cas d'agressions éventuelles.
5 M. DJURDJIC : [interprétation] Passons maintenant à la dernière page de ce
6 document.
7 Q. Dans le système du prétoire électronique ça devrait être la page 24. Je
8 parle de la version serbe -- ou plutôt de la version anglaise. Le texte
9 figure à la page 20 dans votre classeur, Général. Alors nous voyons que les
10 membres d'une équipe de travail sont répertoriés ici. De qui s'agit-il ?
11 R. Comme je l'ai déjà indiqué, il s'agissait d'une évaluation complexe
12 interdisciplinaire et c'est pourquoi le travail a été confié à une équipe
13 de travail. A la tête de cette équipe se trouvait le général Obradovic, qui
14 était le chef de l'administration du département chargé des affaires
15 opérationnelles; puis moi aussi j'ai participé à l'élaboration, j'étais le
16 chef de la première administration. Par ailleurs, parmi les membres de
17 l'équipe figurait le chef de l'administration chargée de la sécurité, le
18 général Dimitrijevic; le chef de l'état-major pour l'armée terrestre, le
19 général Panic; puis l'adjoint du chef de l'état-major chargé de la
20 logistique, le général Pantelic; le chef de l'administration du
21 renseignement, le général Krga; et le chef de l'administration chargée des
22 informations et du moral, le général Zivanovic.
23 Q. Merci.
24 M. DJURDJIC : [interprétation] Je souhaite demander l'affichage de la pièce
25 P1333.
26 Le document que nous avons sous les yeux c'est le procès-verbal d'une
27 séance extraordinaire de l'état-major général du 2 février 1999. J'aimerais
28 que l'on affiche la page 23 en anglais, qui correspond à la page 21 en
Page 10701
1 serbe.
2 Q. Dans votre classeur, le document se trouve à l'intercalaire 6 et c'est
3 la page 16 qu'il vous faut.
4 M. DJURDJIC : [interprétation] Donc page 19 en anglais, paragraphe 5 dans
5 le système du prétoire électronique; il nous faut la page 18 en serbe.
6 Q. Dans votre classeur, Général, c'est la page 16.
7 Alors c'est vous qui intervenez dans cette partie du document, Général.
8 J'aimerais que vous nous livriez vos observations sur la partie qui
9 commence par les mots : "Nous proposons d'ordonner aux commandants de
10 groupes stratégiques…" et cetera. Avez-vous trouvé ce paragraphe ?
11 R. Oui.
12 Q. J'aimerais que vous le commentiez.
13 R. Comme je l'ai déjà indiqué, j'ai participé régulièrement aux réunions
14 du collège et j'intervenais sur les sujets qui relevaient des compétences
15 de la première administration, voire de façon générale sur des sujets qui
16 touchaient les affaires opérationnelles. Ici je propose au chef de l'état-
17 major général de donner un ordre visant à obliger les commandants de
18 groupements stratégiques, les commandants des unités spéciales et d'autres
19 unités de procéder à une vérification de leur niveau d'aptitude en cas
20 d'une alerte aérienne. Nous nous attendions à une agression de l'OTAN qui
21 commencerait par une campagne de bombardements. Pour prévenir un effet de
22 surprise qui pourrait provoquer des pertes importantes, j'ai proposé de
23 faire un exercice qui permettrait d'établir quel était le niveau d'aptitude
24 des unités pour évacuer rapidement les lieux attaqués pour éviter les
25 pertes. J'avais proposé de ne pas faire cet exercice dans de vrais locaux
26 de l'armée, mais plutôt de le faire ailleurs pour ne pas découvrir à
27 l'ennemi où se trouvaient nos forces.
28 Q. Merci. J'aimerais maintenant que vous passiez à la fin de cette
Page 10702
1 intervention à la dernière page et que vous nous livriez vos observations
2 sur cette partie du texte. C'est la page 20 en anglais. Un instant, s'il
3 vous plaît. Ce qui m'intéresse c'est le dernier paragraphe dans cette
4 intervention du général.
5 Allez-y, Général.
6 R. Les propositions avancées étaient celles que j'estimais être les
7 meilleures pour l'état-major général. C'est la raison pour laquelle
8 j'encourageais tous les personnels de ne pas accepter passivement les
9 ordres mais d'avancer toujours son point de vue. Ce que je propose ici
10 c'est qu'une réunion des commandants d'unités stratégiques soit organisée,
11 ou plutôt, que les commandants d'unités stratégiques doivent assister à des
12 réunions du conseil Suprême de la Défense au moins pour une partie de la
13 séance, il nous semblait que les responsables de l'Etat devaient les
14 entendre intervenir. Parce que la situation nous semblait très grave, et
15 nous estimons que les responsables politiques devaient être au courant de
16 la vérité.
17 Q. Merci, Général. Une telle réunion a-t-elle été organisée ?
18 R. Oui, elle a été organisée 12 jours plus tard, le 12 février, et le
19 président Milosevic a assisté à cette réunion.
20 Q. Merci.
21 M. DJURDJIC : [interprétation] Je souhaite que l'on affiche le document de
22 la Défense D006-0466, s'il vous plaît.
23 Q. Ce que nous avons ici c'est un aide-mémoire pour une intervention
24 devant le président de la République fédérale de Yougoslavie, la date qui
25 figure sur le document c'est le 12 février 1999. A qui cet aide-mémoire
26 était-il destiné, qui l'a rédigé et pourquoi ?
27 R. Il s'agit d'un aide-mémoire à être utilisé lors d'un briefing devant le
28 président de la RFY qui devait avoir lieu lors de cette réunion du 12
Page 10703
1 février. Le cabinet du président et les représentants de la première et de
2 la cinquième administration ont assisté à cette réunion, la cinquième
3 administration y était représentée, parce que des questions financières ont
4 également été débattues lors de cette réunion.
5 Q. Merci. Passons à la page 2 en version B/C/S, c'est toujours la page 1
6 en version anglaise. Point 1, il concerne l'opération Eclair 1, Grom 1, et
7 il est indiqué que ce projet qui comprend Grom 1 et Grom 2 a déjà été
8 dépassé sous l'espace de quelques mois.
9 R. Permettez-moi de vous expliquer. Ces deux plans ont été élaborés au
10 mois de juillet 1999. Depuis ce moment, énormément de choses avaient
11 changé. L'OTAN avait commencé à amener ses forces et ils avaient déjà 9 à
12 10 000 membres sur le territoire de la Macédoine. Deuxième point, les
13 vérificateurs étaient arrivés sur notre territoire après le mois d'octobre,
14 une fois signé l'accord, et par ailleurs de façon générale la situation
15 dans la région était devenue plus compliquée. Dans la mer Adriatique se
16 trouvaient plusieurs bateaux porteurs d'avions, plus de 2 à 3 000 membres
17 de la marine, plus de dix bateaux différents se trouvaient face à la
18 Yougoslavie. La situation avait donc radicalement changé, puis par ailleurs
19 je signale aussi qu'une brigade internationale avait été déployée sur le
20 territoire de la Macédoine, et qu'elle était prête à se déplacer rapidement
21 en hélicoptère en direction de Yougoslavie. Donc c'était la situation qui
22 prévalait à l'époque.
23 Q. Merci.
24 M. DJURDJIC : [interprétation] Je demande le versement au dossier de ce
25 document.
26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le document est admis.
27 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D00558.
28 M. DJURDJIC : [interprétation] Je souhaite demander l'affichage du document
Page 10704
1 P1338, s'il vous plaît, ce qu'il nous faut c'est la page 12 en anglais qui
2 correspond à la page 12 en serbe.
3 Q. Dans votre classeur, Général, le document se trouve à l'intercalaire 8,
4 et ce qui nous intéresse c'est à la page 10. Alors c'est encore une
5 intervention que vous avez faite, dans la version anglaise les paragraphes
6 qui m'intéressent sont les paragraphes 8 et 9 qui commencent par les mots :
7 "Je propose d'exercer un contrôle et de poursuivre, d'organiser une
8 inspection…"
9 R. C'est la première administration qui s'acquittait des contrôles. Elle
10 était chargée d'organiser, d'émettre des ordres concernant des contrôles à
11 effectuer, et elle recevait des rapports concernant les contrôles
12 effectués. Alors des contrôles réguliers étaient effectués une fois par an,
13 une fois par mois, mais des contrôles et des inspections extraordinaires
14 étaient également nécessaires et organisés. Et dans ce cas de figure
15 particulier, je propose d'organiser une inspection sur la frontière du
16 Kosovo-Metohija. Les nouvelles forces, conformément à l'accord conclu, ne
17 devaient pas pénétrer sur le territoire du Kosovo-Metohija mais il ne leur
18 était pas interdit de déployer leurs unités dans la zone frontalière au
19 Kosovo-Metohija. Un certain nombre d'unités pouvait être déployées dans ces
20 zones en cas d'agression, et ce que nous proposons ici c'est d'organiser
21 une inspection de ces unités, puisqu'elles comprenaient un certain nombre
22 de réservistes.
23 En même temps, je proposais de repousser, de reporter l'inspection
24 des unités qui se trouvaient sur le territoire du Kosovo-Metohija. Pourquoi
25 j'ai avancé cette proposition ? Parce que c'était seulement sur quelques
26 jours qu'un certain nombre de soldats recrutés par la 3e Armée devaient
27 arriver sur le territoire de la province. Ces gens-là devaient être dirigés
28 sur un territoire du Kosovo, mais le commandant avait ordonné qu'ils ne
Page 10705
1 soient pas formés sur le Kosovo pour ne pas faire une cible facile pour les
2 terroristes. Qu'il s'agissait d'abord d'assurer pour une formation de deux
3 mois sur le territoire de la Serbie étroite, puis de les transférer sur le
4 territoire du Kosovo-Metohija.
5 Q. Merci.
6 M. DJURDJIC : [interprétation] Peut-on afficher le document P1335. Il
7 s'agit du procès-verbal d'une réunion du collège de l'état-major général du
8 mois de mai 1999. Ce qu'il nous faut c'est la page 14 en anglais qui
9 correspond à la page 13 en B/C/S dans le système du prétoire électronique.
10 Q. Dans votre classeur c'est la page 12, Général. Général, c'est encore
11 une de vos interventions qui est consignée ainsi. Puis nous voyons que vous
12 proposez un certain nombre de mesures. Pouvez-vous nous expliquer
13 brièvement quelles étaient ces mesures
14 proposées ?
15 R. Oui. Je l'ai déjà relevé en étudiant des extraits d'autres procès-
16 verbaux que l'objectif de toutes mes interventions était de proposer des
17 mesures à prendre, et ici j'avance un certain nombre de propositions.
18 Première proposition, mettre en œuvre notamment l'ordre concernant la
19 formation des soldats et qui avait émis au mois de décembre de l'année
20 précédente. Comme je viens de l'expliquer, ces soldats recevaient leur
21 formation au sein de la 3e Armée, mais ne se trouvaient pas la zone de
22 responsabilité de cette armée au cours de la formation. Ils étaient censés
23 être transférés par train le 3 ou 4 mars. Mais parfois, ces ordres
24 n'étaient pas appliqués dans leur totalité. Pour une raison ou pour une
25 autre, un certain nombre de soldats étaient gardés par l'unité au sein de
26 laquelle ils avaient reçu leur formation. C'est la raison pour laquelle on
27 ne remplissait pas les rangs des unités au Kosovo comme il le fallait. Donc
28 si simplement quelques soldats spécialisés n'arrivaient pas sur place, à
Page 10706
1 savoir un moniteur ou un pilote de char ou une personne chargée du tir,
2 cela pouvait représenter un immense problème. Puis il y avait un autre
3 problème. Les forces de la FORPRONU et les forces internationales basées en
4 Macédoine suivaient ce qui se passait en région, or ils s'étaient repliés.
5 Et dès que ces forces se sont repliées, leurs postes avaient été repris par
6 les forces de l'OTAN. Et pour nous, c'était un signe sûr qu'une agression
7 s'annonçait. Et ceci représentait un grave problème, parce qu'il fallait
8 faire face aux forces terroristes dans les zones limitrophes. Deuxièmement,
9 il était également impossible d'exclure la possibilité d'une invasion
10 terrestre.
11 Troisièmement, nous nous efforcions toujours de ne pas gaspiller
12 notre équipement matériel et technique. C'est la raison pour laquelle j'ai
13 demandé que l'on prescrive avec précision l'équipement -- ou plutôt, les
14 réservistes prévus.
15 M. DJURDJIC : [interprétation] Passons à la page suivante en anglais.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Chaque groupement stratégique avait un certain
17 nombre de membres prescrits qui étaient recrutés parmi les réservistes.
18 Pourquoi nous servions-nous de réservistes ? Parce que nous n'avions pas
19 suffisamment de personnel. Si jamais, une fois les réservistes recrutés,
20 une unité dépassait le nombre d'effectifs prévus, nous étions tenus de
21 réagir. Il fallait licencier ce personnel superflu, surtout parce que nous
22 n'avions pas suffisamment de moyens techniques et financiers à notre
23 disposition.
24 Q. Merci.
25 M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que le
26 moment est venu de faire la pause.
27 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Absolument, Maître Djurdjic. Nous
28 allons suspendre le débat et reprendre nos travaux à 11 heures.
Page 10707
1 [Le témoin quitte la barre]
2 --- L'audience est suspendue à 10 heures 31.
3 --- L'audience est reprise à 11 heures 02.
4 [Le témoin vient à la barre]
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic, vous avez la parole.
6 M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
7 Q. Général, pouvez-vous nous expliquer brièvement ce qu'on entend par
8 l'expression mesures d'aptitude au combat ?
9 R. Par les mesures d'aptitude au combat, il faut attendre la capacité de
10 l'armée dans son ensemble ou d'un certain élément au sein de l'armée.
11 L'armée doit être prête à réagir en cas de besoin.
12 Q. Merci. Existe-t-il de différents degrés d'aptitude et si oui, en quoi
13 consistent-ils ?
14 R. Oui. Il existe plusieurs degrés qui se distinguent mutuellement. Il y a
15 le niveau d'aptitude au combat total. Ceci implique une unité prête à
16 s'engager dans un combat immédiatement. Puis nous avons les niveaux
17 d'aptitude de réagir. Sous 3 heures, sous 6 heures, sous 12 heures, 24
18 heures, tout dépend du niveau de danger et des mesures qui seraient
19 nécessaires à prendre en vue de prévenir toute surprise éventuelle.
20 Q. Merci.
21 M. DJURDJIC : [interprétation] Peut-on afficher à présent le document P965.
22 Il s'agit du procès-verbal d'une réunion du collège au sein de l'état-major
23 général du 11 mars 1999. Ce qu'il nous faut c'est la page 12 en anglais qui
24 correspond à la page 11 en serbe.
25 Q. Dans votre classeur, Général, le document se trouve à la page 10. En
26 haut de la page nous trouvons les paragraphes 1 et 3 qui m'intéressent tout
27 particulièrement. C'est le paragraphe 3 à la page 11 de la version
28 anglaise. Pouvez-vous nous livrer vos observations sur ce texte ?
Page 10708
1 R. Bien évidemment. J'ai gardé un souvenir précis de la situation évoquée
2 ici. Je me souviens de l'intervention que j'avais faite lors de la réunion
3 du collège. La situation prévalant à la frontière séparant la Macédoine, la
4 Serbie d'une part, et l'Albanie et la Serbie d'autre part, le long du
5 Kosovo était devenue plus complexe. Un risque existait, celui d'une action
6 inattendue, une fois que l'OTAN a commencé à contrôler la frontière entre
7 la RFY et la Macédoine. C'est la raison pour laquelle, à la demande de la
8 3e Armée, le chef de l'état-major a autorisé et ordonné que la composante
9 pacifique de la 37e Brigade, 2e Armée, Garnison de Raska soit postée à
10 Kosovka Mitrovica. Cette unité comprenait quelque 325 personnes. Il
11 s'agissait d'officiers, de sous-officiers, et de soldats. Le 21e Groupe de
12 combat posté à Nis devait également être transféré sur le territoire du
13 Kosovo-Metohija pour être resubordonné à la 34e Brigade motorisée du Corps
14 de Pristina. Ce groupe comprenait 70 à 80 hommes, et il va être transféré
15 dans ce secteur particulièrement sensible et vulnérable.
16 Il s'agissait donc de prévenir une action surprise, une attaque surprise.
17 Et à cette fin, le chef de l'état-major a ordonné que cet ordre soit
18 accompli.
19 Q. Merci. Et cet ordre était-il confidentiel ?
20 R. Non, il a été annoncé aux autorités de la Mission de vérification.
21 Q. Merci. J'aimerais que vous nous expliquiez le paragraphe suivant, qui
22 concerne la resubordination des soldats de la 1ère et de la 2e Armée et
23 leur transfert au Corps de Pristina. Ceci avait-il quelque chose à voir
24 avec l'envoi de conscrits sur le terrain ?
25 R. Oui. Lors de la séance précédente, j'ai expliqué que le chef de l'état-
26 major avait ordonné que les jeunes recrues ne soient pas formées sur le
27 territoire du Kosovo-Metohija. C'est la raison pour laquelle au sein de la
28 1ère et de la 2e Armée, ainsi qu'au sein de la marine de guerre, on a
Page 10709
1 organisé la formation des conscrits. Suite à un ordre émis par l'état-major
2 général et suite à une annonce faite auprès de l'OSCE, ces conscrits ont
3 été transférés sur le terrain du Kosovo-Metohija. D'après le texte, il est
4 possible de conclure que nous avons dû faire face à un certain nombre de
5 difficultés, tous les effectifs n'ont pas été transférés, 176 soldats de
6 moins ont été envoyés que prévu. Une partie de ces soldats n'était pas
7 capable de servir au sein de l'armée, une partie avait des problèmes de
8 santé et s'était par conséquent retrouvée à l'hôpital, et cetera.
9 Q. J'aimerais maintenant que vous nous disiez quelques mots sur
10 l'élargissement de la zone frontalière.
11 R. J'ai déjà expliqué que la section chargée de la zone frontalière se
12 trouvait au sein de la première administration. Cette administration avait
13 élaboré une évaluation qui a servi de base à une analyse rédigée par
14 l'état-major général. Le chef de l'état-major a adressé par le biais du
15 ministère fédéral de la Défense une requête au gouvernement fédéral pour
16 élargir la zone frontalière en profondeur; ceci était nécessaire au moment
17 où les recherches étaient entamées pour repérer les personnes qui
18 traversaient la frontière illégalement. Il faut préciser que les officiers
19 frontaliers ne pouvaient réagir que dans l'enceinte de la zone frontalière.
20 Donc du moment où les personnes qui avaient traversé la frontière
21 illégalement pénétraient dans le premier village, les soldats frontaliers
22 ne pouvaient plus réagir. Et c'est la raison pour laquelle nous avons
23 avancé ces propositions qui avaient été approuvées par le gouvernement
24 fédéral. L'expression qui est utilisée ici est un peu familière, on parle
25 ici de l'élargissement de la zone frontalière. En fait, il s'agit d'une
26 zone frontalière déterminée par le gouvernement fédéral, et la décision du
27 gouvernement a été publiée dans le journal officiel. Puis cet ordre a été
28 transféré à des échelons plus bas et la population en a été informée, puis
Page 10710
1 des postes frontaliers ont été établis.
2 Q. Merci, Général. C'est avec le témoin suivant que nous allons étudier
3 cette question à profondeur.
4 M. DJURDJIC : [interprétation] J'aimerais que nous nous penchions
5 maintenant sur la page 21 en anglais, qui correspond à la page 18 dans le
6 document imprimé que vous avez. C'est la page 19 en serbe dans le système
7 du prétoire électronique.
8 Q. Ici vers le bas de la page nous voyons l'intervention du chef de
9 l'état-major général, M. Ojdanic. J'aimerais que vous nous livriez quelques
10 observations qui porteraient sur son intervention. Il aborde ici la
11 conversation qu'il a eue avec le général Clark.
12 R. A un moment donné, lors de cette réunion du collège, le chef de l'état-
13 major nous a relaté les détails de cette conversation qui a eu lieu par
14 téléphone depuis son bureau. De quoi s'agissait-il au juste ? Le général
15 Clark a téléphoné au général Ojdanic, il était fâché contre lui et
16 souhaitait lui parler. En fait, à mon avis - et c'était également l'avis
17 avancé par le général Ojdanic - le général Clark souhaitait surtout nous
18 menacer et souhaitait exercer une pression sur le général Ojdanic pour que
19 celui-ci persuade les responsables de l'Etat d'agir en conformité avec le
20 souhait du général Clark. C'est ainsi que cette conversation s'est
21 déroulée. Lors de la conversation le général Clark n'a évoqué à aucun
22 moment les réfugiés ou une éventuelle catastrophe humanitaire. Ce qui le
23 préoccupait, soi-disant, c'est qu'une brigade comptant 125 hommes se
24 trouvait à la frontière du Kosovo-Metohija. Et je me souviens d'avoir
25 observé que nous n'avons jamais eu une brigade qui compterait 25 000 hommes
26 dans cette brigade. La brigade comptait 2 500 personnes au maximum. Et par
27 ailleurs, aucun accord en vigueur ne nous forçait à limiter nos effectifs
28 dans les zones limitrophes du Kosovo-Metohija. A l'époque, le général Clark
Page 10711
1 avait reçu un rapport selon lequel nous avions emmené une partie de la 37e
2 Brigade motorisée depuis la Garnison de Raska ainsi que les 20 premiers
3 groupes du combat. Tous ces effectifs étaient transférés sur le territoire
4 du Kosovo-Metohija, alléguait-il. Et je me rappelle que lors de cette
5 conversation, le général Ojdanic avait souligné très sérieusement que nous
6 ne pouvions pas rester les bras croisés à Belgrade et attendre patiemment
7 une attaque alors que l'OTAN, à ce moment même, avait une force
8 considérable dépassant 9 500 hommes sur le territoire de la Macédoine. Ces
9 hommes étaient prêts à être engagés et à effectuer des missions sur le
10 territoire du Kosovo-Metohija à n'importe quel moment.
11 Q. Merci. Et conformément aux règlements en vigueur au sein de l'armée
12 yougoslave, combien d'effectifs comptait au maximum une brigade militaire ?
13 R. Cela dépend de la nature de cette brigade. Il faut savoir s'il s'agit
14 d'une brigade d'infanterie, d'une brigade antiaérienne, d'une brigade qui
15 compte tous ces effectifs. Mais en tout cas, une brigade peut compter entre
16 2 000 et 4 000 hommes. Les brigades d'infanterie et les brigades motorisées
17 comptent les effectifs des plus larges, tandis que les brigades blindées
18 sont les plus petites, parce qu'elles disposent d'un petit nombre d'hommes
19 et d'équipes, en fonction du nombre de chars. Mais elles peuvent compter
20 également
21 2 500 hommes au maximum.
22 Q. Merci.
23 M. DJURDJIC : [interprétation] Passons maintenant au document D006-0392.
24 Q. Il s'agit d'un ordre du chef de l'état-major général de l'armée
25 yougoslave. Le document se trouve à l'intercalaire 11 dans votre classeur
26 et c'est le document 3 sur la liste de la Défense du 16 mars 1999.
27 Pourriez-vous brièvement expliciter cet ordre et nous préciser quelle était
28 la mission principale confiée à la 3e Armée ?
Page 10712
1 R. Suite à une visite de contrôle rendue à la 3e Armée et au Corps de
2 Pristina plus particulièrement, visite qui s'est déroulée le 3 mars, il
3 fallait remédier aux manquements relevés alors dans un ordre oral émanant
4 du chef de l'état-major général de la VJ. La finalité de cet ordre est de
5 prendre des mesures pour prévenir une éventuelle surprise. Dans les deux
6 premiers paragraphes, ce sont les tâches qui concernent la sécurité de la
7 frontière qui sont décrites. Il est écrit :
8 "La tâche principale de la 3e Armée, notamment du Corps de Pristina,
9 consiste à insister sur la sécurité de la frontière dans la RSFY par
10 rapport aux républiques d'Albanie et de Macédoine."
11 Ceci permet de constater quelle était la tâche, la mission principale
12 confiée à l'armée pendant une période prolongée.
13 Deuxième point. Au vu du fait que des forces de l'OTAN avaient été
14 transférées dans la zone limitrophe, il était nécessaire de procéder à une
15 réévaluation des forces nécessaires pour assurer la sécurité de la
16 frontière étatique. Par ailleurs, il était indispensable d'élaborer une
17 évaluation détaillée des munitions nécessaires, du carburant nécessaire, du
18 matériel médical indispensable pour assurer l'indépendance des officiers
19 frontaliers qui se trouvaient affectés aux postes frontaliers, parce qu'à
20 ces postes ils étaient éloignés de toute agglomération, et ils devaient
21 être capables de se nourrir eux-mêmes, de subvenir à leurs besoins, de
22 fonctionner indépendamment. Et c'est la raison pour laquelle nous voyons
23 les précisions qui figurent dans cet ordre. Ils avaient également la tâche
24 d'ériger des barricades en cas d'attaque --
25 Q. Merci, Général. Nous pouvons lire nous-mêmes ce qui est indiqué dans ce
26 document.
27 M. DJURDJIC : [interprétation] Je souhaite demander le versement au dossier
28 de ce document, s'il vous plaît.
Page 10713
1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.
2 M. LE GREFFIER : [interprétation] Le document recevra la cote D00559.
3 Merci, Messieurs les Juges.
4 M. DJURDJIC : [interprétation] Je souhaite que l'on affiche le document
5 D006-0447.
6 Q. Il se trouve à l'intercalaire 12 dans votre classeur, Général, et il
7 porte la cote 42 sur la liste 65 ter de la Défense. Il s'agit d'un
8 avertissement émanant de la première administration de l'état-major général
9 de l'armée yougoslave du 20 mars 1999. Nous voyons ici le mot "j'avertis."
10 Pouvez-vous nous indiquer qui a rédigé ce document et à qui ce document est
11 destiné ?
12 R. Conformément à un ordre émis par le chef de l'état-major général, c'est
13 moi qui ai rédigé personnellement cet ordre pour le compte de la première
14 administration. Cet avertissement a été adressé à la 3e Armée et il a été
15 remis pour information à d'autres armées également. Je tiens à signaler
16 quelle est la date portée par ce document. Il s'agit du 20 mars. Donc il a
17 été rédigé quelques jours seulement avant l'agression de l'OTAN. Le chef de
18 l'état-major général se rendait bien compte que l'agression, l'attaque
19 pouvait être anticipée, soit une attaque qui serait lancée par les
20 terroristes albanais, soit une attaque qui serait lancée par les forces de
21 l'OTAN, ou encore par nos soldats à l'encontre des soldats de l'OTAN. Le
22 chef de l'état-major général ne souhaitait pas qu'un incident isolé serve
23 de prétexte à l'action de l'OTAN, que l'incident soit interprété comme une
24 provocation. Et c'est la raison pour laquelle j'ai rédigé cet ordre
25 détaillé avertissant les militaires comment ils doivent agir pour éviter
26 toute provocation. Nous voyons que le document a été chiffré et c'était la
27 tâche de l'opérateur de noter le moment exact où le document a été envoyé
28 aux différentes unités. Par exemple, il a été envoyé à 15 heures 10 au
Page 10714
1 commandement de la 2e Armée, à 15 heures au commandement de la 3e Armée, 15
2 heures 45 aux forces aériennes, et cetera. Le document comporte la
3 signature du chef de l'état-major et les initiales de la personne qui l'a
4 adressé ainsi que le tampon du chef de l'état-major général. Par ailleurs,
5 nous avons un tampon où il est indiqué à quel moment le document chiffré a
6 été reçu dans les locaux des unités pertinentes, puis le moment où le
7 document a été traité, et finalement la date où il a été reçu pour que le
8 document ne puisse pas être forgé par la suite. Voilà. C'est tout ce que je
9 peux vous en dire brièvement.
10 Q. Merci.
11 M. DJURDJIC : [interprétation] Je souhaite demander le versement au dossier
12 de ce document.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.
14 M. LE GREFFIER : [interprétation] Le document recevra la cote D00560.
15 Merci, Messieurs les Juges.
16 M. DJURDJIC : [interprétation] Peut-on afficher le document D006-0385,
17 s'il vous plaît. Il s'agit d'un avertissement lancé par l'administration
18 des opérations au sein de l'état-major du commandement Suprême, le document
19 porte la date du 25 mars 1999 -- mais je vous demande pardon. Je ne me suis
20 pas aperçu d'un point important. Non, non, tout va bien.
21 Q. Monsieur. Général, veuillez nous indiquer de quoi il s'agit dans
22 cet avertissement, qui est la personne qui l'a rédigé. Le document se
23 trouve à l'intercalaire 14 dans votre classeur. Il porte la cote 3565 sur
24 la liste 65 ter de la Défense.
25 R. C'est le document du 25 mars ?
26 Q. Oui, en effet.
27 R. Il est clair qu'il s'agit ici d'un télégramme chiffré envoyé à tous les
28 commandants des groupements stratégiques et à toutes les unités rattachées
Page 10715
1 à l'état-major général qui se voyaient dans l'obligation de remettre des
2 rapports journaliers opératifs en temps de paix. A partir du 24 mars, ces
3 rapports étaient appelés rapports de combat, puisque c'était au cours des
4 combats qu'ils étaient rédigés. Cet avertissement visait le but suivant :
5 il s'agit de demander la remise de rapports exacts et vérifiés, il faut
6 dire que nous n'avions pas une grande expérience en matière de guerre,
7 comme c'est le cas avec d'autres pays plus importants que le nôtre. C'est
8 la raison pour laquelle le début de la guerre, le 24 mars, représentait
9 pour nous un grand événement, et une surprise. Un certain nombre
10 d'individus ne se sont pas très bien débrouillés dans ces nouvelles
11 circonstances, c'est pourquoi nous les avertissons qu'il faut remettre des
12 éléments d'information exacts et précis concernant la situation sur le
13 terrain, notamment concernant les conséquences entraînées par les
14 bombardements de l'OTAN, il aurait été dangereux pour nous de disposer
15 d'éléments d'information erronés concernant les mesures prises par l'OTAN.
16 C'est pourquoi les commandants sont avertis qu'ils doivent veiller à
17 remettre des rapports contenant des éléments d'information exacts et
18 méticuleusement vérifiés.
19 Q. Merci.
20 M. DJURDJIC : [interprétation] Je demande le versement au dossier de ce
21 document.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.
23 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D00561. Merci, Messieurs
24 les Juges.
25 M. DJURDJIC : [interprétation] Je souhaite que l'on affiche le document
26 D006-2663.
27 Q. C'est le document 491 sur la liste 65 ter de la Défense, il se trouve à
28 l'intercalaire 15 dans votre classeur, Général. C'est un document qui a été
Page 10716
1 versé au dossier. Peut-on présenter maintenant D008-2663. Pardon, il s'agit
2 du document 491 de la Défense. Il s'agit de l'intercalaire 15 chez vous.
3 C'est un document qui a été versé au dossier. Peut-on présenter maintenant
4 D008-2663. Pardon, je m'excuse si je me suis trompé. C'est un rapport de
5 combat du 3 avril 1999.
6 R. Le rapport de combat --
7 Q. Attendez que la pièce s'affiche. Oui, c'est le bon document. C'est le
8 rapport de combat. C'est un rapport de combat, Général, et je souhaite que
9 l'on clarifie plusieurs points. Tout d'abord, dites-nous ce qu'un rapport
10 de combat représente ?
11 R. Un rapport de combat représente la synthèse de toutes les informations
12 reçues de manière régulière par écrit de la part des unités subordonnées et
13 qui sont arrivées jusqu'à l'état-major du commandement Suprême, et
14 représentent tout ce qui est important et intéressant pour le collège, donc
15 pour l'état-major du commandement Suprême et pour le commandement Suprême.
16 Il est écrit une fois par jour et tous les jours. Nous voyons le numéro 10
17 ici, autrement dit cela veut dire qu'avant ce jour-là neuf rapports avaient
18 été rédigés et envoyés.
19 Q. Merci. Si je vous ai bien compris, est-ce que vous pouvez nous dire qui
20 envoie les informations sur la base desquelles le rapport de synthèse est
21 écrit ?
22 R. Un rapport de combat envoyé à l'état-major du commandement Suprême est
23 écrit sur la base de tels rapports de combat reçus de la part des
24 commandements des groupes stratégiques et des unités indépendantes qui sont
25 responsables directement devant le quartier général, autrement dit chaque
26 armée envoie un rapport de combat avant une date butoir et reçoit de tels
27 rapports de la part des corps ou des brigades.
28 Q. Merci. Comment rédigiez-vous le rapport de l'état-major du commandement
Page 10717
1 Suprême ?
2 R. Le rapport de combat a été rédigé par l'équipe opérationnelle de
3 permanence à la tête de laquelle se trouvait un général. L'équipe était
4 constituée de plusieurs personnes, des colonels venant de toutes les unités
5 organisationnelles. Pour la plupart, c'étaient des personnes de
6 l'administration, car leur travail était de traiter de ces informations.
7 Mais il y avait aussi des représentants de la marine, des forces aériennes,
8 de la logistique, de la sécurité, des questions de morale, de toutes les
9 organisations unitaires organisationnelles en raison du fait qu'elles
10 devaient fournir leur contribution aux rapports de combat après avoir
11 étudié tous les rapports émanant des groupes stratégiques reçus jusqu'à ce
12 moment-là.
13 Q. Merci. Est-ce que vous pouvez nous dire de quelle manière les rapports
14 de la 3e Armée ont été traités ?
15 R. Les rapports de la 3e Armée, comme les rapports émanant d'autres
16 groupes stratégiques, étaient traités de la même manière. Cependant, une
17 attention toute particulière y était prêtée en raison du fait que c'est là
18 qu'il y avait le plus de problèmes, et que la situation était la plus
19 complexe concernant le pays dans son ensemble. Le rapport émanant de la 3e
20 Armée était étudié dans tous les détails. A commencer par les assistants
21 chargés de la 3e Armée jusqu'à tous les membres de l'équipe chargée de
22 cela. Tous les éléments importants reçus dans ce rapport de combat, tout
23 comme c'était le cas de tous les autres rapports de combat, nous avons dû
24 les reprendre et intégrer dans le rapport que nous soumettions au
25 commandement Suprême.
26 Q. Merci.
27 M. DJURDJIC : [interprétation] Je souhaite que l'on se penche maintenant
28 sur la page 3 à la fois en anglais et en B/C/S.
Page 10718
1 Q. Point 2.3. La 3e Armée, aperçu de la situation et des activités de la
2 3e Armée conformément à l'annexe numéro 1. Vous
3 voyez ?
4 R. Oui. Ici nous avons une situation où tous les commandements des groupes
5 stratégiques avaient remis leurs rapports à temps, mais pour une raison
6 technique en raison d'une interruption des communications ou quelque chose
7 de semblable il y a eu un retard important dans la réception du rapport de
8 la 3e Armée. Dans ce cas-là, celui qui élaborait et signait le rapport
9 avait choisi de faire en sorte qu'au bout de quelques heures, lorsque le
10 rapport en question allait être reçu, de le mettre en annexe pour que ceci
11 soit intégré dans le rapport soumis au commandement Suprême à l'heure
12 prévue, c'est-à-dire à 6 heures.
13 Q. Dites-nous, s'agissant de ces rapports émanant de groupes stratégiques,
14 quelles étaient les parties les plus importantes de ces rapports ?
15 R. C'était la situation sur le territoire, la situation au sein des
16 unités, les pertes subies en raison des bombardements de l'OTAN, et les
17 changements dans l'environnement, à savoir la question de savoir si
18 certaines unités de l'agresseur s'étaient rapprochées, si le transporteur
19 des hélicoptères avait été changé, si de nouveaux avions étaient arrivés. A
20 un moment donné nous avons reçu un rapport indiquant que 200 missiles de
21 croisière supplémentaires ont été livrés, donc ce genre de choses était
22 pertinent pour le commandement.
23 Q. Merci. Dites-nous, est-ce que ces rapports émanant de groupes
24 stratégiques, notamment de la 3e Armée, devaient également refléter les
25 problèmes qui étaient survenus au sein du commandement et des rapports sur
26 les crimes commis sur la zone de responsabilité de l'armée en question ?
27 R. Oui, absolument. Plusieurs points de ce rapport de combat devaient
28 traiter de cela, par exemple, s'agissant de la partie portant sur la
Page 10719
1 situation et les activités des unités, ensuite la sécurité en raison du
2 fait que les organes chargés de la sécurité y participent et écrivent cette
3 partie, en plus les parties liées au commandement, et à l'état de la morale
4 des troupes, et dans les conclusions. Comme je l'ai déjà dit, les
5 informations les plus importantes, les événements et les problèmes les plus
6 importants devaient trouver leur place dans le rapport. Si quelqu'un ne
7 pouvait pas intégrer cela dans un quelconque point, la personne pouvait
8 ajouter un point à la fin et expliquer la question.
9 Q. Merci.
10 M. DJURDJIC : [interprétation] Je souhaite que l'on passe à la page 6, s'il
11 vous plaît, dans les deux versions.
12 Q. Général, je vois que vous avez signé ce rapport ce jour-là. Est-ce que
13 c'était une chose habituelle, est-ce que vous, en tant que chef du
14 département à l'époque, vous signiez le rapport ?
15 R. Non. Chaque jour l'équipe opérationnelle de permanence changeait,
16 c'était l'équipe qui suivait la situation et rédigeait le rapport. Le
17 concours des circonstances a voulu que c'était moi ce jour-là qui étais le
18 chef de l'équipe opérationnelle de personnel, et j'ai signé pour indiquer
19 que tout ce qui est contenu dans les rapports de groupes opérationnels est
20 reflété de manière exacte. Ici je vois que la personne qui a rédigé cela
21 était Milivoj Gutovic, un colonel, puis nous pouvons voir aussi les noms
22 des destinataires.
23 Q. C'est ce qui m'intéresse. Je vois que ceci a été fait en sept
24 exemplaires, ceci a été soumis à qui ?
25 R. Nous étions des professionnels compétents, nous respections entièrement
26 la procédure. Sur chaque original nous voyons les indications concernant la
27 question de savoir à qui chaque exemplaire a été destiné, adressé. Bien
28 sûr, il y avait un exemplaire qui était archivé. Un autre exemplaire allait
Page 10720
1 au commandant suprême. Tous les matins à 6 heures du matin le chef de
2 l'équipe opérationnelle de permanence s'assurait que le bureau militaire du
3 commandant suprême recevait ce rapport par coursier dans une enveloppe.
4 Vous pouvez voir que cet exemplaire, l'exemplaire numéro 3, a été envoyé au
5 chef de l'Etat du commandement Suprême; le numéro 4 au ministre de la
6 Défense fédérale; le 5 au président de la République de Serbie, en tant que
7 membre du conseil suprême de la Défense; le numéro 6 à l'adjoint du chef de
8 l'état-major principal, car il n'était pas toujours à la même localité pour
9 des raisons de sécurité; et le numéro 5 restait auprès de nous et était
10 archivé par le chef de l'équipe, pour qu'il puisse l'utiliser si
11 nécessaire.
12 Q. Merci.
13 M. DJURDJIC : [interprétation] Peut-on verser au dossier ce document.
14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.
15 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce D00562. Merci,
16 Monsieur le Président, Messieurs les Juges.
17 M. DJURDJIC : [interprétation]
18 Q. Voici ce que je souhaitais vous demander pour comprendre le but de ces
19 rapports de combat qui sont reçus par l'état-major du commandement Suprême
20 et qui émanent de celui-ci. Donc visiblement ceci est envoyé du bas vers le
21 haut, ensuite vous renvoyez les informations du haut vers le bas aux
22 destinataires mentionnés. Mais voici ce qui m'intéresse : si certains
23 problèmes ont été soulignés dans le rapport émanant des unités subordonnées
24 au sein d'un groupe stratégique, quelle était la réaction de l'état-major
25 du commandement Suprême ?
26 R. Ça dépendait des problèmes, de l'importance des problèmes, de
27 l'urgence. Il y avait plusieurs réactions possibles. Il n'est même pas
28 nécessaire d'attendre que le rapport régulier de combat soit écrit. Si des
Page 10721
1 problèmes surgissent, des problèmes qui surgissent et dont le chef de
2 l'équipe opérationnelle de permanence prend conscience, il réagit
3 immédiatement, il en informe le chef de l'état-major principal ou le
4 commandant suprême lui-même. Si le problème est quelque peu différent, dans
5 ce cas-là il est distribué, pour ainsi dire, à celui qui en est chargé. Si
6 c'est une question logistique, par exemple, ceci est renvoyé à l'assistant
7 chargé de la logistique et son service; si c'est une question de morale, au
8 service chargé des questions de morale; si c'est une question de sécurité,
9 à l'assistant chargé de la sécurité. Si c'est une question opérationnelle,
10 ceci est envoyé certainement au secteur de renseignements opérationnels
11 pour qu'ils étudient la question et trouvent une réponse éventuelle et
12 renvoient la question au commandant suprême, si nécessaire.
13 Q. Merci
14 M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, pour le moment,
15 s'agissant de ce document, ce rapport de combat émanant de l'état-major du
16 commandement Suprême, je ne souhaite pas encore le verser. Avec l'aide de
17 M. Stamp, nous avons fait une liste des rapports de l'état-major du
18 commandement Suprême et de certains rapports émanant du commandement de la
19 3e Armée; avec l'approbation de M. Stamp, nous souhaitons soumettre cette
20 liste à la Chambre de première instance pour un versement au dossier
21 ultérieur.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Autrement dit, vous prenez en
23 considération la possibilité de verser au dossier ces rapports à un moment
24 ultérieur avec le consentement de la partie adverse ? Très bien.
25 M. DJURDJIC : [interprétation] Oui, je pense que c'est bien plus efficace
26 que de procéder en versant au dossier les documents individuellement, on
27 perdrait plus de temps ainsi.
28 Peut-on maintenant examiner le document D00-0451.
Page 10722
1 Q. Général, nous avons ici la date du 30 mai 1999, l'état-major du
2 commandement Suprême, les instructions portant sur la rédaction des
3 rapports de combat. Quelles étaient les raisons pour lesquelles le 30 mai
4 ces instructions aient été rédigées ?
5 R. La guerre c'est la guerre. Toutes sortes de choses se passent pendant
6 la guerre. Il y a l'interruption des lignes, les lignes trop encombrées,
7 les postes déplacés pour des raisons de sécurité. A un moment donné, le
8 chef de l'état-major du commandement Suprême n'était pas tout à fait
9 content de l'étendue, de la profondeur et de la précision de certains des
10 éléments d'information. Mis à part cela, à certains niveaux, certains chefs
11 de commandement ne respectaient pas les instructions déjà émises concernant
12 la rédaction des rapports de combat. Et à ce moment-là, il a donné l'ordre
13 de rédiger de nouvelles instructions afin de compléter de manière adéquate
14 les instructions existantes afin de permettre à l'état-major du
15 commandement Suprême de connaître entièrement la situation et de pouvoir
16 ainsi soumettre des rapports de combat de qualité au commandement Suprême.
17 C'est ce qui est d'ailleurs écrit.
18 Q. Merci.
19 M. DJURDJIC : [interprétation] Je souhaite que l'on passe à la page 5 dans
20 les deux versions.
21 Q. Veuillez, s'il vous plaît, faire un commentaire sur la case
22 correspondant au 2.8, la situation sur le territoire. Il s'agit chez vous
23 de l'annexe numéro 1.
24 R. Comme on peut le voir en examinant rapidement le contenu de cette page,
25 ici, nous voyons la présentation du contenu d'un rapport de combat. On voit
26 quels doivent être les auteurs, les commandements différents, le temps de
27 la rédaction, puis finalement les thèses pour la rédaction du rapport. Au
28 point 2.8, nous pouvoir voir que l'administration opérationnelle, notamment
Page 10723
1 l'équipe de permanence, doit traiter de ce point avant une heure et
2 l'écrire. Et ici, nous voyons en détail qu'il faut faire un aperçu sommaire
3 des actions de l'OTAN sur les structures et installations, ensuite les
4 rassemblements de protestation, les épidémies, les inondations, les
5 éléments importants pour la VJ et la conclusion.
6 Q. Merci.
7 M. DJURDJIC : [interprétation] Peut-on voir maintenant le point 3.3. Il
8 s'agit de la page suivante, à la fois en B/C/S et en anglais.
9 Q. Il s'agit de la page suivante dans votre classeur aussi.
10 R. Oui. Le point 3 relevait du secteur de recomplètement [phon], la
11 mobilisation et les questions de système, car le chef de l'état-major avait
12 donné l'ordre de recevoir dans les rapports de combat au quotidien des
13 informations concernant le travail du domaine judiciaire. Le domaine
14 judiciaire ne relevait pas du chef de l'état-major principal en raison du
15 fait que les juges étaient indépendants, mais il a demandé cela pour
16 connaître le nombre de plaintes au pénal déposées et le nombre
17 d'accusations et d'accusés, de même que le nombre de sanctions prononcées
18 tous les jours.
19 Q. Et au point 4 ?
20 R. Ceci relevait du département chargé de la morale, et nous pouvons voir
21 plusieurs points particulièrement importants, l'attitude vis-à-vis de la
22 défense --
23 Q. Nous pouvons lire nous-mêmes. Et le point 5 ?
24 R. Le point 5 était écrit à notre niveau par l'administration de la
25 sécurité au niveau inférieur par les organes de sécurité. Ici, encore une
26 fois, il est écrit de manière précise quels sont les éléments qui doivent
27 être intégrés tous les jours dans ce rapport de combat.
28 Q. Maintenant dites-nous, s'il vous plaît, la situation de sécurité devait
Page 10724
1 être trouvée dans quel coin de vos rapports de
2 combat ?
3 R. Ici, c'est écrit au point 5, mais je dois vérifier dans le rapport car
4 c'était parfois différent. Il y avait des modifications --
5 Q. Non, je parle de la période précédente, car ici, ceci s'appliquait à
6 partir du 30 mai. Mais avant le 30 mai, est-ce que vous vous souvenez
7 auquel point cette question de la situation de la sécurité devait être
8 intégrée ?
9 R. Peu importait quel était le nombre de points, mais il y avait un point
10 particulier dans lequel toutes les informations importantes reçues par
11 l'administration de la sécurité et les organes de la sécurité étaient
12 rédigées. Maintenant, si vous voulez, nous pouvons revenir à un certain
13 nombre de rapports de combat --
14 Q. Intercalaire 15.
15 R. -- et nous pouvons examiner cela sur la base de cet exemple. Le point
16 5, donc ça veut dire la numérotation était la même dans les deux cas. Cela
17 dit, l'on a précisé avec plus de détails quels sont exactement les éléments
18 qui doivent être intégrés pour que quelque chose important n'échappe pas.
19 Q. Et pour ce qui est des problèmes de commandement, ils devaient être
20 traités dans le cadre de quel point ?
21 R. Un point particulier existe ici. Il s'agit du point 8, le commandement
22 et la situation des communications. Ça pourrait être là car nous pouvons
23 voir la sécurité, le caractère continu du commandement --
24 Q. Non, non, n'examinez pas cela. Veuillez examiner la nouvelle
25 instruction du 30 mai, intercalaire 15.
26 R. Il existe un point particulier. Ici c'est le point 7. Dans chaque
27 rapport, nous avons un point particulier portant sur le commandement suivi
28 par une conclusion. Donc ça doit être en partie décrit dans la partie
Page 10725
1 commandement, mais certainement ceci fera partie aussi de la conclusion.
2 Q. Merci.
3 M. DJURDJIC : [interprétation] Je souhaite que le document soit versé au
4 dossier.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.
6 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce numéro D00563.
7 Merci, Monsieur le Président.
8 M. DJURDJIC : [interprétation] Je souhaite à présent que l'on affiche la
9 pièce D182.
10 Q. Il s'agit de l'intercalaire 17 chez vous, Général. La question porte
11 sur l'état-major du commandement Suprême qui rédige, enfin, qui prépare un
12 ordre le 9 avril 1999. Qui a élaboré cet
13 ordre ?
14 R. Visiblement, c'est un document qui a été rédigé par l'administration
15 opérationnelle. Autrement dit, c'est moi personnellement qui l'ai rédigé
16 sur la base des instructions que j'ai reçues de la part du chef de l'état-
17 major du commandement Suprême. C'est une espèce d'ordre de préparation.
18 Donc l'on envoie un ordre de préparation à certaines personnes. Ici, c'est
19 le commandant ou le chef de la 3e Armée pour qu'il procède à certains
20 préparatifs et attend la mission suivante alors qu'il est prêt à cela,
21 compte tenu du fait que le délai était particulièrement bref entre les deux
22 ordres.
23 Q. Quel est le but d'un tel ordre ?
24 R. Le but d'un tel ordre est de préparer et introduire dans la situation
25 le commandant du groupe stratégique face à une mission imminente, car il
26 allait faire face à certaines nouvelles circonstances que peut-être il
27 n'attend pas.
28 Q. Merci. Est-ce que vous pourriez nous faire un commentaire notamment au
Page 10726
1 sujet de ces deux options, variantes A et B ?
2 R. Oui. Par le biais de cet ordre préparatif, l'on donne les instructions
3 ou la mission au commandant de la 3e Armée en indiquant les deux options
4 possibles qu'il doit étudier en détail pour se préparer. La première option
5 A concerne une possible agression des forces siptar terroristes qui se
6 trouvent actuellement dans des pays limitrophes, autrement dit la Macédoine
7 et l'Albanie, en utilisant les réfugiés qui se trouvent dans ces pays-là et
8 avec le soutien des forces de l'OTAN dans une action concertée avec les
9 forces terroristes déjà présentes sur le territoire du Kosovo-Metohija.
10 Nous avons considéré que c'était la première option réaliste, c'est pour
11 cela que l'on donne pour première tâche de faire une évaluation détaillée
12 et de se préparer pour réagir de manière rapide, de planifier les activités
13 de combat dès que possible, le moment où il aura reçu l'ordre. Ça c'est
14 l'option A.
15 L'option B concerne l'agression des forces de l'OTAN avec l'activation
16 d'une rébellion armée de ce qui reste des forces terroristes siptar et des
17 forces infiltrées et avec l'utilisation des réfugiés. Donc c'est la
18 deuxième option moins probable. Donc il avait pour tâche de se préparer et
19 de venir à Belgrade pour soumettre un rapport là-dessus.
20 Q. Ici lorsqu'il est question d'une agression de la part des forces
21 terroristes siptar dans les pays limitrophes avec l'utilisation des
22 réfugiés, vous parliez de quels réfugiés ?
23 R. Tout d'abord, je souhaite dire que parlant de l'agression, l'on veut
24 dire que l'on pensait que par voie terrestre, surtout de l'Albanie mais
25 aussi de la Macédoine, ces forces terroristes qui s'y étaient entraînées
26 allaient pouvoir entamer cette agression en utilisant les réfugiés albanais
27 qui étaient déjà sur ce territoire dans un certain nombre de camps afin de
28 les utiliser comme boucliers humains. Il existait un danger réel selon
Page 10727
1 lequel à un tel moment un certain nombre de terroristes revêtent des
2 vêtements civils pour entrer sur notre territoire pour créer une espèce de
3 bouclier et permettre à l'OTAN d'entrer par voie terrestre.
4 Q. Merci. Au sein de quartier général, est-ce que vous aviez des
5 informations concernant les abus de civils pendant la guerre perpétrés par
6 l'UCK ?
7 R. Oui. Nous avons eu de telles informations concernant des manipulations
8 différentes avec la population. Par exemple, on leur donnait les ordres et
9 l'on les forçait à quitter un certain nombre de villages. Ensuite, on les
10 forçait à prendre l'exode et lorsque ceci était nécessaire, ils les
11 faisaient revenir dans la même zone, ou bien ils les faisaient tourner en
12 rond pour créer l'impression d'une catastrophe humanitaire; et l'UCK avait
13 plutôt une bonne organisation de tout cela.
14 Q. Merci. Lorsque cet ordre préparatif avait été élaboré, est-ce que l'on
15 tenait compte aussi de l'utilisation des réfugiés, ou plutôt, des personnes
16 qui se trouvaient sur le Kosovo-Metohija, des personnes déplacées de
17 manière interne et des personnes qui se trouvaient sur les routes ?
18 R. Oui, mais dans une moindre mesure. Je pense que dans ce paragraphe,
19 dans ce modèle qu'on avait prévu, nous voulions essentiellement parler des
20 forces avancées qui devaient entrer ensemble avec les terroristes depuis la
21 Macédoine et l'Albanie. Bien sûr, il y avait toujours la possibilité
22 qu'elles utiliseraient les personnes déplacées de façon interne en Kosovo-
23 Metohija.
24 Q. Général, un très grand nombre de personnes sur les routes, est-ce que
25 cela aurait rendu les actions opérationnelles et militaires en guerre --
26 est-ce que ça aurait fait que les circonstances étaient plus compliquées ?
27 R. Oui, elles auraient été beaucoup plus compliquées. Ça aurait réduit
28 leur sécurité et ça aurait restreint les mouvements et les possibilités de
Page 10728
1 manœuvre de nos forces qui devaient très fréquemment changer leurs
2 positions de tir de façon à éviter les tirs de roquettes de l'OTAN, et
3 pouvaient tirer. Nos unités, très souvent, changeaient de positions de
4 façon à éviter d'être prises par surprise, parce que l'UCK constamment
5 aussi observait et fournissait les données en utilisant les téléphones
6 qu'ils avaient reçus de la mission de l'OSCE lorsqu'ils s'étaient retirés
7 pour les informer de l'endroit où se trouvaient nos positions. Nous
8 vérifiions ça. Nous avons pu vérifier cela, parce que quelques minutes plus
9 tard des avions qui étaient près et qui tournoyaient au-dessus de notre
10 pays commençaient à tirer sur ces objectifs. C'est pourquoi nous avions
11 placé un grand nombre de leurres et de faux objectifs, parce que comme ça
12 on pouvait voir que l'OTAN réussissait à toucher ces objectifs tel qu'il
13 leur était indiqué par l'UCK.
14 Q. Nous pouvons voir que le rapport sur la proposition pour une décision
15 serait soumis au 11 avril 1999 pour le commandement Suprême. Est-ce que cet
16 ordre a été exécuté ? Est-ce que les propositions ont été soumises ? Est-ce
17 qu'il y a eu un rapport à la suite de cet ordre opératoire ?
18 R. Oui. Cet ordre devait être présenté pour 20 heures. Pourquoi ? De façon
19 à ce que nous, les opérationnels, et tous les autres organes soyons en
20 mesure de suivre l'exécution de la proposition de façon détaillée, parce
21 que le lendemain matin il était nécessaire pour nous de rendre compte de
22 notre décision au commandement Suprême. Il fallait donc suivre l'opération
23 en détail pour voir quelles seraient les carences de la proposition, de
24 façon à pallier ou à régler ces points faibles d'ici la matinée. Et le
25 lendemain matin on rendait compte au commandant. Ce rapport était présenté.
26 Je n'étais pas présent. Nous rédigions pour notre commandement et nous
27 devions voir plus tard d'après la date et la situation antérieure. Je sais
28 avec certitude que le commandement de la 3e Armée a rendu compte et que cet
Page 10729
1 ordre a été accepté.
2 Q. Qui était présent à ce briefing ?
3 R. En plus du commandant suprême, je pense, autant que je le sache - parce
4 que je n'y étais pas - qu'assistaient à cette réunion le chef de l'état-
5 major général, son adjoint, mon chef, l'assistant pour les questions
6 d'état-major, et d'autres chefs de service ou de sections, et d'autres
7 commandements qui devaient se familiariser avec ces propositions. Et dans
8 la soirée il y avait le commandement de l'état-major, parce que cette
9 proposition était soumise dans la soirée.
10 M. DJURDJIC : [interprétation] Est-ce que nous pourrions voir maintenant le
11 D183.
12 Q. Ce serait à l'intercalaire 18 de votre classeur. Nous sommes en train
13 de regarder la directive concernant l'engagement de l'armée de Yougoslavie
14 en défense contre l'agression de l'OTAN, datée du 9 avril 1999, Général. Et
15 je voudrais vous demander, pourquoi cette directive a été adoptée et quel
16 était le but ?
17 R. Un observateur attentif saurait qu'il s'agissait là du seizième jour de
18 guerre, et que depuis le début de la guerre jusqu'au moment où cette
19 directive a été émise, le commandant suprême, l'état-major n'avait pas émis
20 d'autres directives. Les directives antérieures étaient la Thunderbolt 3,
21 directive du 16 janvier. Nous avions des renseignements fiables selon
22 lesquels l'une de ces possibilités, probablement la première avec l'aide
23 des réfugiés, des terroristes siptar venant d'Albanie, puis de Macédoine,
24 allaient entrer dans notre territoire, et nous devions nous préparer à
25 cette éventualité. Malheureusement, déjà le 9 et le 10 nous avions entendu
26 qu'une offensive avait commencé par les forces terrestres d'effectifs
27 considérables à partir du territoire de la République d'Albanie, avec
28 l'infiltration de groupes de combat, de terroristes, et l'appui de l'armée
Page 10730
1 régulière de l'Albanie, essentiellement la 2e Division d'infanterie. Mais
2 je souligne que c'était avec l'appui de l'aviation de l'OTAN qui opérait
3 directement sur cet axe avec une tentative de passer les postes frontières
4 L'INTERPRÈTE : Je vais demander que le conseil répète la référence.
5 M. DJURDJIC : [interprétation]
6 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, commenter ce document. Il s'agit du
7 paragraphe III romain, deuxième phase. Un instant, s'il vous plaît. Là
8 encore, il s'agit de la page 5 pour la version anglaise et 5 pour la
9 version B/C/S, la version serbe.
10 Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous commenter la deuxième phase du stade
11 1.
12 M. DJURDJIC : [interprétation] Regardons la page 5 dans le texte anglais.
13 Voilà, c'est bien cela.
14 Q. Deuxième stade de la phase 1. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous
15 expliquer cela.
16 R. Bien sûr. C'est le résultat de notre évaluation ou notre appréciation
17 pour l'hypothèse A, selon laquelle il pourrait arriver que les forces
18 terroristes siptar se préparaient, s'organisaient et s'armaient, et
19 entreraient depuis l'Albanie avec l'aide et en utilisant des réfugiés de
20 différentes manières. Donc avec cette hypothèse nous avons émis un ordre de
21 mission selon lequel nos officiers le long de la frontière avec l'Albanie
22 recevraient les réfugiés, leur feraient traverser les champs de mines, et
23 offriraient de l'aide aux autorités pour s'occuper de ces réfugiés. Il
24 était évident que dans une telle situation un certain nombre de membres de
25 l'UCK portant des vêtements civils seraient infiltrés, et c'est la raison
26 pour laquelle nous avions donné mission à la 3e Armée, au Corps de
27 Pristina, d'empêcher que ceci n'ait lieu.
28 Q. Merci.
Page 10731
1 R. Si vous le permettez, encore un mot. Puisque je suis un de ces auteurs
2 de ce document, je voudrais vous demander de faire plus particulièrement
3 attention au paragraphe 2. Tout en haut de la page. Probablement au même
4 endroit dans la version anglaise. Je voudrais souligner que c'est un
5 exemple unique en son genre dans lequel quelqu'un a rédigé un tel point ou
6 aspect du commandement, où il est dit que :
7 "L'armée yougoslave sera engagée et utilisée pour la défense contre
8 les forces de l'OTAN, ceci en deux stades…" et je lis la suite maintenant :
9 "…appliquant l'ensemble des dispositions des conventions de Genève
10 concernant le droit international et le droit humanitaire."
11 Donc il est dit très clairement et très strictement par le chef d'état-
12 major général que les conventions de Genève devaient être respectées et
13 qu'il fallait y adhérer dans ces conditions très difficiles.
14 Q. Je vous remercie beaucoup. Maintenant que nous avons entamé cette
15 question, voyons à quoi cela nous conduit. En tant qu'état-major du
16 commandement Suprême en temps de guerre, quelles mesures par rapport aux
17 conventions de Genève est-ce que vous avez appliquées pendant la guerre ?
18 R. De nombreuses mesures ont été prises, toute une série de mesures, avant
19 que l'agression ne commence et pendant l'agression. Avant l'agression, les
20 officiers supérieurs de tous niveaux recevaient une formation, ceci depuis
21 le niveau du corps d'armée jusqu'au ministère de la Défense par
22 l'intermédiaire de l'état-major général. Le dernier séminaire a été tenu en
23 novembre 1998 pour les officiers de haut grade. Des instructions ont
24 également été rédigées pour les officiers les plus gradés et les plus
25 anciens de façon à appliquer les lois, les lois humanitaires et les lois de
26 la guerre, et il y avait d'ailleurs un guide de poche que chaque soldat
27 devait avoir dans sa poche à main droite de façon à ce qu'il puisse
28 toujours en disposer de façon à pouvoir prendre les mesures qui ne
Page 10732
1 constitueraient pas une violation du droit international humanitaire. Ce
2 qui fait qu'aucun des soldats ne pourrait dire aujourd'hui qu'il ne savait
3 pas ce qu'il n'était pas autorisé à faire.
4 Q. Je vous remercie beaucoup.
5 M. DJURDJIC : [interprétation] Je voudrais que l'on regarde maintenant le
6 P44.
7 Q. Ceci serait à l'intercalaire 19 de votre classeur, Général. Mais il
8 faut que nous commencions à l'intercalaire 19 de votre classeur, Général.
9 Nous pouvons commencer par le commencement. Il n'est pas nécessaire de
10 tourner les pages, donc commençons au début. Regardons ceci, et pouvez-vous
11 nous dire s'il y a quelque chose dans cet article 2 de cette Loi sur la
12 défense que nous avons devant nous. Qu'est-ce qui est régi plus
13 particulièrement par cet article, qu'est-ce que ça représente ?
14 R. Cet article 2 très nettement donne une liste de ceux qui sont
15 responsables du système de défense. Il y a donc les systèmes, les organes
16 fédéraux, les organisations de membres des républiques, les unités
17 autonomes et organisations qui sont censés remplir les services publics,
18 les sociétés et autres personnalités juridiques.
19 Q. Est-ce que ceci veut dire qu'ils sont tous soumis aux questions de
20 défense ?
21 R. Oui, c'est exact.
22 M. DJURDJIC : [interprétation] Pourrait-on voir maintenant la page 2 de la
23 version anglaise.
24 Q. Voyons maintenant l'article 8, Général.
25 R. Oui, on le voit ici clairement, on dit qui a le droit dans le cas d'une
26 menace imminente de guerre ou d'état de guerre ou dans un état d'urgence
27 pour l'Etat de prendre le commandement, c'est-à-dire le président de la
28 république, le président de la république fédérale, et conformément aux
Page 10733
1 dispositions du conseil de Défense suprême, celui-ci peut prévoir la prise
2 de mesures qui devraient être prises par les forces armées de façon à
3 régler la situation. De sorte que le président de la République fédérale de
4 Yougoslavie pouvait prendre ces décisions en vertu de la décision du
5 conseil de Défense suprême.
6 M. DJURDJIC : [interprétation] Pourrait-on maintenant voir l'article 17, de
7 façon à ce qu'on le voie également sur la page suivante la version
8 anglaise.
9 Q. Mon Général, qu'est-ce que cet article-ci de la loi régit ?
10 R. L'article 17 de la loi dit que :
11 "Dans le cas d'un danger imminent de guerre ou dans un état de guerre
12 ou d'état d'urgence, les unités des organes des affaires intérieures
13 peuvent être utilisées pour remplir des missions de combat, c'est-à-dire ou
14 bien s'engager dans les combats ou offrir une résistance. Lorsqu'elles
15 effectuent leurs missions de combat, ces unités et ces organes sont soumis
16 au bureau des forces armées de la Yougoslavie qui exerce le commandement
17 dans les opérations de combat."
18 Q. Il est dit ici "peuvent être utilisées," ceci pour les unités et les
19 organes des affaires intérieures. Mais qui décide qu'elles peuvent être
20 employées pour l'exécution d'actions de
21 combat ?
22 R. La personne qui exerce le commandement de l'armée yougoslave, donc le
23 commandant suprême, le président de la République fédérale de Yougoslavie,
24 est habilité ou autorisé à le faire, c'est lui qui est habilité; il est dit
25 "peuvent être," donc il peut le faire. C'est la raison pour laquelle nous
26 ne comprenons pas que cette déclaration de l'état de guerre dans cet
27 article il est rentré automatiquement en vigueur jusqu'à ce qu'un ordre
28 spécial et particulier ait été rédigé pour le rendre effectif.
Page 10734
1 Q. Il est dit que ces unités et organes se subordonneront à l'officier des
2 forces armées yougoslaves qui commande les opérations de combat. Qui serait
3 donc cet officier supérieur qui commande les opérations de combat ?
4 R. Ce serait au niveau du commandant de la brigade.
5 Q. Je vous remercie. Maintenant je voudrais vous demander -- je ne veux
6 pas vous demander qui effectue les opérations de combat, tout le monde le
7 sait. Mais indépendamment de ça, qu'est-ce qui se passe pour les unités et
8 les organes des affaires intérieures ?
9 R. Lorsqu'un combat a pris fin dans un secteur particulier et que cette
10 tâche particulière est achevée pour un moment particulier, ces unités et
11 ces organes ne font plus partie de cette unité, elles continuent de remplir
12 leurs missions régulières.
13 Q. Merci. Et les organes du MUP, puisque cette loi fait effectivement
14 référence à des organes et que nous utilisons ce texte, en dehors des
15 actions de combat et des tâches habituelles et missions habituelles telles
16 que prévues par la loi, et que se passe-t-il lorsqu'un ordre de
17 resubordination est donné ?
18 R. Cet article ne couvre pas les autres organes qui n'effectuent pas des
19 actions de combat. Par exemple, nous parlons de la circulation de la
20 police, des pompiers, ou autres choses de ce genre. Ce que cet article
21 couvre ce sont uniquement ces unités de combat qui sont capables
22 d'effectuer des actions de combat et qui, pour un moment précis et pour une
23 mission précise, sont resubordonnées à l'armée de Yougoslavie; les autres
24 continuent d'accomplir leurs tâches régulières et leurs missions
25 régulières.
26 Q. Bien. Une explication de plus. Nous avons ce terme qui est à la fois
27 juridique et technique. Du point de vue militaire, qu'est-ce que cette
28 resubordination veut dire plus particulièrement dans une situation, qu'est-
Page 10735
1 ce que ça veut dire, d'être resubordonné pendant des actions de combat ?
2 R. Je vais essayer de vous simplifier les choses. Ceci veut dire que si
3 une section de défense d'une brigade de l'armée de Yougoslavie, nous avons
4 là une unité spécifique, par exemple, un détachement ou une compagnie de la
5 police, l'officier supérieur rendra compte au commandant de la brigade et à
6 ce moment-là sera diffusée la mission. Il soumettra un rapport et il
7 recevra tout ce dont il a besoin de lui. Ils maintiendront la
8 communication. Lorsque ces tâches seront remplies et achevées, il
9 présentera le rapport et il ne fera plus partie de cette unité. Il pourrait
10 même rester dans le même territoire, mais il aurait à rendre compte à son
11 commandant au MUP et procéderait conformément à d'autres instructions ou
12 d'autres ordres reçus du MUP.
13 Q. Je vous remercie.
14 M. DJURDJIC : [interprétation] Pouvons-nous voir le P43.
15 Q. C'est à l'intercalaire 20 de votre timbre. L'article 4. Ce qui
16 m'intéresse dans l'article 4, c'est le point 2.
17 R. Ce sont là les devoirs et missions de ceux qui commandent l'armée, et
18 il s'agit donc du président de la république conformément aux décisions du
19 conseil de Défense suprême. Au point 2, il est dit qu'en plus d'autres
20 devoirs et fonctions, le commandant suprême ou le président de la
21 république dans ses fonctions relatives à la défense déterminera quel est
22 le système de commandement de l'armée et surveillera et suivra la mise en
23 œuvre de ce système.
24 Q. Est-ce que vous pourriez regarder maintenant le point 6, s'il vous
25 plaît.
26 R. Le point 6 indique que le président de la république de Yougoslavie
27 adopte des règlements ou des règles qui régissent l'ordre interne et les
28 règlements concernant l'accomplissement du service militaire.
Page 10736
1 Q. Je vous remercie.
2 M. DJURDJIC : [interprétation] Pouvons-nous voir maintenant le D203, s'il
3 vous plaît.
4 Q. Il s'agit de l'intercalaire 21 de votre classeur, Monsieur. Général,
5 nous avons un ordre là du président Slobodan Milosevic donné le 18 avril
6 1997, ordonnant que les militaires et les organes des affaires intérieures
7 sur le territoire de Yougoslavie conformément aux dispositions de l'article
8 17 sur la Loi sur la défense soient subordonnés aux officiers de l'armée
9 yougoslave, ces officiers organisant et commandant dans les actions de
10 combat. Je voudrais savoir si vous aviez reçu cet ordre à l'état-major du
11 commandement Suprême ?
12 R. Oui, nous l'avons reçu cet ordre et c'est sur cette base que nous avons
13 rédigé nos propres ordres à notre tour, sur la base de ce qui est dit au
14 point 2.
15 Q. Dans cet ordre je ne vois pas cela, tout au moins pas sur cet
16 exemplaire, que ça vous a été envoyé ou que ça vous a été soumis. Est-ce
17 que vous avez cet ordre ?
18 R. Je n'ai pas tous les destinataires sur mon exemplaire.
19 Q. Bien, mais maintenant vous allez voir les choses de façon un peu plus
20 détaillée. Nous avons parlé du paragraphe 2.
21 M. DJURDJIC : [interprétation] Pourrait-on voir maintenant le paragraphe 3
22 de l'ordre.
23 Q. Comment avez-vous mis en œuvre le paragraphe 3 du commandement Suprême
24 de l'état-major ?
25 R. Oui, je me souviens, nous étions un peu surpris. Probablement l'auteur
26 de l'ordre était le chef ou le président du cabinet de guerre, peut-être
27 qu'il y avait quelque chose à ce moment-là qui ne semblait pas se rattacher
28 à l'idée énoncée par le président que l'on trouve au paragraphe 3. Le chef
Page 10737
1 du commandement Suprême de l'état-major suprême s'est vu confier une
2 mission qui était d'envoyer ses requêtes aux organes du gouvernement civil.
3 Ensuite dans cet ordre, on voit qu'en fonction des lois en vigueur et des
4 décrets, il contribuait au renforcement général du système de défense du
5 pays et les moyens de lutter avec davantage de succès contre les forces de
6 l'agresseur. Un peu plus tôt, nous avons eu la possibilité de voir que tous
7 ces sujets qui ont un rapport avec les actions de la défense, d'après ce
8 que je peux dire à ce sujet, je pense que nous avions un certain nombre de
9 demandes adressées à différents ministères fédéraux et au premier chef, au
10 ministère de la Défense, au ministère des Finances, au ministère de
11 l'Energie, et ainsi de suite, concernant ce dont nous avions besoin pour
12 être en mesure de continuer nos opérations de combat avec succès.
13 M. DJURDJIC : [interprétation] Pourrait-on maintenant regarder le 006-0530.
14 C'est un document D.
15 Q. Il s'agit là d'un ordre donné par l'état-major du commandement Suprême,
16 à la date du 18 avril 1999. Il s'agit également de la subordination.
17 Pourrait-on voir le paragraphe 1, s'il vous plaît. Dans votre classeur,
18 c'est à l'intercalaire 22. Regardons le paragraphe numéro 1.
19 R. Sur la base de l'ordre qui précède donné par le président de la
20 République de Yougoslavie, il a été donc recopié et dit que les unités et
21 organes des affaires internes dans votre zone de responsabilité sont, par
22 le présent, subordonnés à vous-même, qu'ils doivent admettre que la
23 formulation n'est pas la meilleure possible. C'était clair pour certains et
24 peu clair pour d'autres. Ceux qui ne comprenaient pas vraiment ce texte
25 vont appeler au téléphone pour demander des éclaircissements.
26 Q. Regardons donc le manque de compréhension dont on a parlé. Est-ce que
27 vous êtes au courant du fait que certains commandants qui ont effectivement
28 reçu cet ordre à des niveaux subalternes considéraient qu'ils commandaient
Page 10738
1 désormais, enfin, qu'ils exerçaient un commandement relatif à la vie et aux
2 devoirs dans leur secteur de responsabilité où se trouvaient ces unités ?
3 R. J'ai su que certains commandants, en particulier ceux de la 3e Armée au
4 Corps de Pristina pensaient que d'autres lois ne s'appliquaient plus autre
5 que celles qui se trouvent sous leur commandement, de sorte que ceci a eu
6 lieu et s'est poursuivi pendant un certain nombre de jours avant que nous
7 n'ayons appris qu'il y a eu une intervention par la force, clarifiant ce
8 qui n'était pas en fait la lettre et l'intention de cet ordre donné par le
9 président.
10 Q. Nous voyons que ceci émane de l'état-major du commandement Suprême.
11 Est-ce que vous avez rédigé cet ordre ?
12 R. Je ne me souviens pas qui l'a fait. Je ne vois pas les initiales au bas
13 à gauche, donc je peux même penser que ça a été fait par quelqu'un d'autre.
14 Par exemple, le chef d'état-major chargé des opérations et les affaires
15 d'état-major, parce que si je l'avais rédigé, ce document, moi-même, il
16 aurait contenu tout ce qui est nécessaire, y compris les initiales de la
17 personne qui l'a rédigé ou dactylographié.
18 Q. Qu'en est-il du paragraphe 1 ?
19 R. C'est une question hypothétique, si vous permettez que je le dise, et
20 je peux vous donner une réponse hypothétique. Peut-être que la même chose
21 pourrait être dite ou peut-être je pourrais essayer mieux de comprendre
22 l'intention du commandement Suprême et essayer de clarifier ceci, mieux
23 clarifier au paragraphe 1. Excusez-moi, ceci a peut-être causé certains
24 malentendus à certains niveaux, et donc ça a eu certainement des
25 conséquences dans le tout.
26 Q. Et c'est cela que je vais vous demander. Pendant que les actions de
27 combat avaient lieu au cours de l'agression, est-ce qu'elles étaient
28 effectuées avec succès par l'armée yougoslave ?
Page 10739
1 R. Je n'ai pas très bien compris. Qu'est-ce qui avait été effectué avec
2 succès ?
3 Q. Les actions de combat au cours de l'agression que l'armée yougoslave
4 aurait effectué avec succès.
5 R. Les évaluations varient. Nous, soldats de métier, nous pensons que nous
6 avons rempli notre mission avec succès. Je ne connais pas quels étaient les
7 points de vue des étrangers et ceux qui nous ont attaqués.
8 Q. Merci. Veuillez examiner l'intercalaire 24.
9 R. Excusez-moi, j'aimerais bien faire un commentaire concernant les
10 destinataires, si possible.
11 Q. Allez-y.
12 R. Il ressort clairement de ce document qu'il a été soumis au cabinet du
13 chef de l'état-major du commandement Suprême, au commandant de la 1re, 2e et
14 3e Armée et la marine de guerre. Et même nous, au sein de l'administration
15 opérationnelle, nous n'avons reçu aucun exemplaire. Un exemplaire a été
16 retenu dans le secteur de l'état-major opérationnel que nous avons utilisé.
17 Q. Merci.
18 M. DJURDJIC : [interprétation] Je souhaite proposer le versement au dossier
19 de ce document.
20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. Est-ce déjà un document qui a été
21 versé au dossier ?
22 M. DJURDJIC : [interprétation] A mon avis --
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je me suis trompé. J'ai pris ça pour
24 la pièce D203, n'est-ce pas ?
25 M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, peut-être que ce
26 n'est pas vous qui vous êtes trompé. J'ai du mal à croire que ce document
27 n'a pas encore été versé au dossier. Mais d'après mes indices, tel n'était
28 pas le cas. Si vous voulez, nous pouvons procéder à un contrôle et vous en
Page 10740
1 informer après la pause car l'heure de la pause est arrivée.
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] D'habitude je me trompe, d'habitude
3 c'est qui vous qui avez raison dans de telles questions, Maître Djurdjic.
4 Nous allons prendre une pause, et nous allons le verser au dossier.
5 M. LE GREFFIER : [interprétation] Le document sera admis en tant que
6 D00564. Merci, Monsieur le Président.
7 [La Chambre de première instance se concerte]
8 M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que l'heure
9 est venue pour la pause.
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] D'après votre position, j'avais
11 l'impression que vous vous apprêtiez à poser une question particulière et
12 finale, donc j'attendais.
13 Nous allons donc prendre notre pause et reprendre le travail à quelques
14 minutes après une heure.
15 [Le témoin quitte la barre]
16 --- L'audience est suspendue à 12 heures 34.
17 --- L'audience est reprise à 13 heures 04.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En attendant le témoin, la Chambre de
19 première instance s'est rendue compte du fait que dans le compte rendu
20 d'audience, la date de la dernière pièce à conviction a été présentée au
21 moins à un endroit comme le 18 avril 1997, alors que clairement il s'agit
22 de 1999.
23 [Le témoin vient à la barre]
24 M. DJURDJIC : [interprétation] Vous avez tout à fait raison, Monsieur le
25 Président.
26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Djurdjic.
27 M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Pour le compte
28 rendu d'audience, j'indique simplement que la pièce à conviction qui a été
Page 10741
1 versée au dossier, D -- la pièce à conviction 564, dont la date est le 18
2 avril 1999. Enfin, je souhaitais corriger mon erreur.
3 Q. Général, veuillez vous pencher sur l'intercalaire 24. Il s'agit de
4 l'ordre du commandement du Corps de Pristina du 20 avril 1999 par le biais
5 duquel on met en œuvre l'ordre du commandement Suprême et du commandement
6 de la 3e Armée concernant la resubordination. Est-ce que vous pouvez faire
7 un commentaire concernant le point 1.
8 R. Il s'agit ici d'une interprétation correcte de la mission confiée par
9 le commandant du Corps de Pristina. Donc les unités, les organes du MUP de
10 Pristina, dans les zones de responsabilité des brigades, doivent être
11 resubordonnés au commandement des brigades pour accomplir les actions de
12 combat.
13 Q. Merci. Et est-ce que vous pourriez nous faire un commentaire sur le
14 point 2.
15 R. C'est un très bon ordre. Je m'en souviens, d'ailleurs. Au point 4, le
16 commandant du Corps de Pristina donne l'ordre que par le biais des plans et
17 des ordres afin de préciser les responsabilités et les devoirs des organes
18 du MUP suivant les zones et les axes, et ce, au moment où les actions de
19 combat sont en train d'être effectuées. Donc les unités du MUP sont
20 engagées afin d'accomplir certaines tâches sous les ordres de l'état-major
21 du MUP, le Kosovo-Metohija. Autrement dit, pendant la période pendant
22 laquelle il n'y a pas d'activités de combat, les forces du MUP continuent à
23 s'acquitter de leur travail normal de police.
24 Q. Merci. Et le point --
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous souhaitez que l'on
26 verse au dossier ce document ?
27 M. DJURDJIC : [interprétation] J'ai dit -- pardon, je ne l'ai pas dit.
28 J'allais dire la pièce P1238. Excusez-moi, j'avais juste donné
Page 10742
1 l'intercalaire du classeur du témoin.
2 Mais je suis étonné de voir que M. Stamp n'avait pas réagi
3 immédiatement lorsque je n'ai pas donné la référence.
4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il essaye de vivre en paix, Maître
5 Djurdjic.
6 M. DJURDJIC : [interprétation] Nous venons de recevoir maintenant le texte.
7 Q. Ma question portait donc sur les points 1 et 4. Maintenant, Général,
8 s'il vous plaît, veuillez faire un commentaire sur le point 6.
9 R. Comme je l'ai déjà souligné, il s'agit d'un très bon ordre. Au point 6,
10 le commandant du corps d'armée donne l'ordre de faire connaître cet ordre à
11 tous les organes et toutes les unités du MUP dans le cadre des zones de
12 responsabilité des brigades. Comme je l'avais déjà dit précédemment, c'est
13 eux qui sont chargés de l'exécution des activités de combat.
14 Q. Merci. Peut-on maintenant afficher le document P1239, ce qui correspond
15 à l'intercalaire 25 chez vous, Général. Nous avons ici un ordre de la 3e
16 Armée en date du 8 mai 1999 concernant l'engagement de la VJ et du MUP sur
17 le territoire -- dans le cadre du contrôle de combats du territoire. Et
18 c'est le paragraphe 4 qui m'intéresse.
19 R. Je l'ai trouvé, mais je n'ai que la première page.
20 Q. C'est bon.
21 R. Je préfère d'habitude voir l'ensemble du document. Mais sur la base de
22 ce que je vois sous les yeux, je peux déjà me prononcer et dire ce que j'en
23 pense, à moins qu'il y ait quelque chose d'important dans la suite du
24 texte.
25 M. DJURDJIC : [interprétation] Veuillez afficher également la page 2 du
26 document, car par erreur ceci ne figure pas à l'intercalaire du classeur du
27 témoin. Donc vous pouvez voir maintenant la fin de la deuxième page.
28 Q. Mais c'est la page 1 qui m'intéresse, Général, point 4. Je souhaite
Page 10743
1 entendre votre commentaire là-dessus.
2 R. Il s'agit là d'un ordre donné par le commandant de la 3e Armée du point
3 de commandement avancé sous forme de télégramme, télégramme qu'il a envoyé
4 à ses subordonnées. Ici, il donne l'ordre de faire en sorte que les unités
5 de manœuvre du MUP - et il les énumère entre parenthèses, la 22e, 23e, 35e,
6 36e et 37e unités spéciales de la police - en cas de besoin soient engagées
7 entièrement ou en partie afin de détruire les forces terroristes siptar
8 dans la zone de responsabilité du Corps de Pristina avec l'obligation
9 d'occuper les positions des forces engagées avec des parties des unités
10 militaires et unités territoriales du MUP ou certaines parties des unités
11 de la VJ.
12 Q. Je vous remercie, Général. Maintenant, je souhaite que vous vous
13 penchiez sur l'intercalaire 36 chez vous, puis nous allons revenir en
14 arrière -- pardon, je me suis trompé de numéro. Il s'agit de l'intercalaire
15 30. C'est D006-0509, et c'est le document 45 sur la liste 65 ter de la
16 Défense -- 48, et non pas 45.
17 Q. Général, c'est l'état-major du commandement Suprême. La date est le 6
18 juin 1999. C'est l'analyse des requêtes de la 3e Armée envoyée à l'état-
19 major du commandement Suprême. Est-ce que vous avez participé à
20 l'élaboration de ce document ?
21 R. Oui.
22 Q. Est-ce que vous avez procédé à l'analyse vous-même ?
23 R. Oui.
24 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire quels sont les résultats de cette
25 analyse et sur la base de quoi a-t-elle été effectuée ?
26 R. Tout d'abord, je souhaite indiquer que le général Ojdanic, lors d'une
27 des réunions qui se sont tenues au poste de commandement le soir, avait
28 donné l'ordre que l'on procède dès que possible à l'analyse des requêtes du
Page 10744
1 commandant de l'état-major de la 3e Armée, car celui-ci s'était plaint lors
2 d'une conversation téléphonique en disant que nous ne résoudrions pas ses
3 requêtes. J'ajouterais que la requête est un mécanisme tout à fait légitime
4 qui peut être intégré dans un rapport de combat ou envoyé directement à un
5 organe particulier. Donc nous avons reçu notre tâche, une équipe de travail
6 a été constituée, surtout constituée des représentants de l'administration
7 chargée des questions opérationnelles, de la première administration
8 opérationnelle et des affaires du personnel. Et nous avons analysé toutes
9 les requêtes reçues par l'état-major du commandement Suprême depuis le
10 début de la guerre jusqu'au 5 ou 6 juin lorsque ce document a été envoyé.
11 Qu'avons-nous constaté ? Que 80 % des requêtes ont été accomplies
12 entièrement, puis qu'environ 3 % des requêtes étaient réalisées
13 partiellement pour des raisons que nous avons énoncées, par la suite que 5
14 % des requêtes étaient en cours de traitement en raison du fait que leur
15 réalisation demandait plus de temps, puis que seulement 2 % n'avaient pas
16 été réalisées. Nous pouvons voir d'après ce document à quel point nous
17 étions efficaces et nous pouvons constater que le commandant de la 3e Armée
18 se trompait probablement, car il n'avait pas l'aperçu de l'ensemble des
19 données.
20 Q. Merci. Nous allons nous pencher sur les conclusions, là où vous
21 indiquez justement tout ceci. Il s'agit de la page 6 en anglais et 5 en
22 serbe. Voyons d'abord les trois premières conclusions.
23 R. Comme j'avais déjà commencé, je vais dire quelque chose au sujet du
24 troisième point, à savoir qu'une partie des requêtes, pour des raisons
25 objectives, ne pouvaient pas être réalisées en raison du fait que les
26 moyens requis n'existaient pas au sein de la VJ, mais que l'état-major du
27 commandement Suprême avait pris des mesures afin de trouver les moyens
28 requis afin de les livrer suite à la réception. C'est lorsque le chef de
Page 10745
1 l'état-major du commandement Suprême, avec ses assistants, s'adressait aux
2 organes d'Etat et autres afin que certaines requêtes soient réalisées, et
3 sans aucun doute l'état-major du commandement Suprême était tout
4 particulièrement intéressé par les requêtes émanant de la 3e Armée,
5 autrement dit par le Corps de Pristina aussi.
6 Q. Je vous remercie. Je souhaite que vous vous penchiez sur l'intercalaire
7 32 maintenant, il s'agit de la pièce P888.
8 M. DJURDJIC : [interprétation] Et je souhaite demander que le document
9 précédent soit versé au dossier.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous avez dit 32 ?
11 M. DJURDJIC : [interprétation]
12 Q. Oui.
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.
14 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction
15 numéro D00565. Merci, Monsieur le Président.
16 M. DJURDJIC : [interprétation]
17 Q. Général, nous avons maintenant sous les yeux le rapport du commandement
18 de l'armée à la date du mois de mai 1999. Veuillez examiner le paragraphe 4
19 à la page 2. La date est le 25 mai 1999. Ce qui m'intéresse c'est de savoir
20 si pendant la guerre vous n'avez jamais pris connaissance du point 4 de
21 cette requête contenue dans le rapport du 25 mai 1999.
22 R. Je peux vous dire en toute responsabilité que pendant la guerre je n'ai
23 pas vu ce rapport, par conséquent, je ne pouvais pas connaître le point 4
24 contenu dans ce rapport non plus.
25 Q. Merci. Je souhaitais vous demander, au sujet de la proposition des
26 mesures qui suit les points, quelle est la situation à ce sujet-là ?
27 R. La situation est la même. Etant donné que je n'ai jamais lu ce prétendu
28 télégramme, je n'ai pas pu non plus étudier ce document.
Page 10746
1 Q. Merci. C'est un télégramme ou une lettre, une communication, car il est
2 dit "à l'état-major du commandement Suprême à l'attention de," c'est ce
3 qu'on voit à la page 1.
4 M. DJURDJIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut montrer la page 1 en
5 anglais, s'il vous plaît. En anglais.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce que je vois sur les deux feuilles n'est pas
7 un télégramme, n'a pas les éléments d'un télégramme.
8 M. DJURDJIC : [interprétation]
9 Q. Général, voici ce qui m'intéresse. Il est écrit ici que c'est envoyé à
10 l'état-major du commandement Suprême, personnellement à l'attention du chef
11 de l'état-major. Ce qui m'intéresse techniquement parlant est comment ceci
12 a pu lui être adressé.
13 R. Compte tenu du fait que ce n'était pas un télégramme, donc ceci n'a pas
14 été envoyé de manière codée, la seule explication raisonnable serait de
15 conclure que ceci a été envoyé d'une autre manière, par exemple, par le
16 biais d'un coursier. Cependant, je ne vois pas d'éléments nécessaires à la
17 page 2 indiquant que ceci était envoyé et reçu par le chef de l'état-major
18 du commandement Suprême.
19 Q. Voici ma question suivante, Général. Lorsque de tels télégrammes sont
20 envoyés par coursier au chef de l'état-major du commandement Suprême,
21 quelle est la procédure pour ce qui est de la réception ?
22 R. Lorsqu'un tel document est envoyé à l'attention personnellement du chef
23 de l'état-major du commandement Suprême, il est apporté au cabinet du chef
24 de l'état-major sous pli scellé, le chef de cabinet le reçoit et il place
25 un cachet et en bas indique qui l'a reçu, qui l'avait envoyé, et cetera.
26 Or, ce document ne comporte pas de tel cachet indiquant qu'il avait été
27 reçu par le bureau du chef de l'état-major du commandement Suprême.
28 Q. Lorsqu'un tel rapport est envoyé au chef du quartier général, quelle
Page 10747
1 est la procédure qui suit ? Que fait le chef de l'état-major principal avec
2 cela ?
3 R. Lorsqu'un tel rapport est reçu même entre les mains du chef de l'état-
4 major du commandement Suprême, une certaine procédure est appliquée. Il
5 invite ses collaborateurs les plus proches, et d'après la bonne éthique
6 qu'il a installée, chaque soir des réunions d'information se sont tenues
7 concernant l'état de préparation au combat. Et nécessairement, lors de
8 telles réunions, nous nous penchions sur de tels documents pour les
9 étudier, même s'agissant des informations bien moins importantes. Nous
10 devions les analyser par secteur et fournir nos propositions oralement et
11 par écrit, et je suis sûr que nous n'avons pas traité de cela.
12 Q. Merci, Général. Est-ce qu'un tel document aurait été envoyé aussi à une
13 unité qui aurait été chargée de vérifier ces propos et agir de manière
14 supplémentaire suite à cela ?
15 R. Oui, ceci aurait été envoyé à tous ceux qui peuvent aider,
16 l'administration opérationnelle, l'administration chargée de la sécurité,
17 celle chargée des questions de morale. Plusieurs requêtes y sont contenues,
18 donc plusieurs organes auraient dû participer à la recherche des solutions.
19 Q. Deux problèmes m'intéressent ici particulièrement. Qui aurait dû être
20 informé du fait qu'un acte portant sur la resubordination avait été envoyé,
21 puis deuxièmement, l'information concernant les crimes perpétrés d'après ce
22 qui est écrit ici, à qui est-ce que ceci aurait dû être envoyé, quels
23 organes, pendant la guerre ?
24 R. Certainement, mis à part celui qui est indiqué ici, ça aurait été le
25 secteur opérationnel et du personnel, autrement dit la première
26 administration, car c'était nous qui écrivions les ordres portant sur la
27 resubordination; et deuxièmement, à l'administration chargée de la sécurité
28 pour qu'ils vérifient cela.
Page 10748
1 Q. Deuxièmement, compte tenu de l'importance du contenu de ce rapport,
2 est-ce que vous, en tant que chef de ce service pendant la guerre, vous
3 avez pris connaissance d'un tel document ?
4 R. Oui, certainement et immanquablement.
5 Q. Voici ma question suivante. Nous ne savons pas si ce document est
6 jamais arrivé au quartier général. Lorsque vous avez effectué cette analyse
7 le 6 juin 1999, est-ce qu'un document de cette nature aurait dû être inclus
8 dans votre analyse ?
9 R. Chaque requête adressée par le commandement de la 3e Armée, et
10 particulièrement une requête telle que celle-ci, aurait dû être incluse
11 dans l'analyse. Nous aurions dû le faire et le garder dans nos archives.
12 Or, ce document n'a même pas été mentionné dans l'analyse, car nous ne
13 l'avions jamais étudié ni analysé, car tout simplement ce document n'a
14 jamais existé au sein du quartier général.
15 Q. Merci, Général.
16 M. DJURDJIC : [interprétation] Maintenant, je souhaite demander que l'on
17 montre la pièce à conviction P1505.
18 Q. Intercalaire 31. Donc vous allez revenir en arrière, il s'agit de
19 l'intercalaire 31. Il s'agit là d'une requête du commandement de la 3e
20 Armée du 4 juin 1999. Tout d'abord, Général, je souhaite vous demander
21 quelle est la forme de ce document ?
22 R. En comparaison des autres documents, ceci est une tentative pour
23 essayer d'envoyer une formule de télégramme, mais elle n'est pas tout à
24 fait comme elle devrait être. Je sais comment elle devrait être, et je n'ai
25 pas besoin d'expliquer exactement pourquoi elle n'a pas l'apparence
26 correcte.
27 Q. Bien. Je vous remercie.
28 M. DJURDJIC : [interprétation] Regardez, s'il vous plaît, la page 2 pour
Page 10749
1 commencer.
2 Q. Vous dites que c'est un télégramme. Est-ce qu'un télégramme est signé à
3 la fin ?
4 R. Non, il n'y a pas de signature, et aucun des deux noms des personnes
5 qui sont là. Il n'y a pas d'initiales de la personne qui a rédigé et nous
6 n'avons pas de preuve que le télégramme ait été envoyé ou qu'il ait été
7 reçu par le commandement Suprême de l'état-major.
8 Q. Allons-y lentement, Général. Si ceci est une copie de télégramme
9 émanant de la 3e Armée et qu'elle est parvenue à l'Accusation, il faut bien
10 qu'elle ait été envoyée et il faudrait qu'il y ait une sorte de marque sur
11 la deuxième page ?
12 R. Oui. Indépendamment des signatures et du tampon, d'un côté de la
13 signature, il faudrait également avoir un timbre rectangulaire qui, tel que
14 j'ai expliqué, se trouve sur quelques exemplaires que nous avions avant,
15 quand il a été envoyé et quand il a été traité par la personne, quelle
16 qu'elle soit, qui l'a reçu.
17 Q. Bien. Donc si ceci est l'exemplaire qui a été reçu par l'état-major
18 général, s'il est arrivé à l'état-major général, qu'est-ce qu'il devrait
19 comporter sur cette deuxième page ?
20 R. Bien, si nous ne tenons pas compte des autres erreurs de forme
21 concernant le télégramme, tout au moins il faudrait un tampon ou un timbre
22 sur les opérations de l'administration, le numéro qui est enregistré dans
23 le registre de l'état-major du commandement Suprême et la date.
24 Q. Je vous remercie. Maintenant, je souhaiterais qu'on revienne un peu sur
25 la première page, tant dans votre classeur que pour l'image qui va sur l'e-
26 court. Pourriez-vous, s'il vous plaît, maintenant jeter un coup d'œil à
27 cette référence. Qu'est-ce qu'elle indique, cette référence ? A quoi ce
28 télégramme se réfère-t-il ?
Page 10750
1 R. Oui. Ceci c'est en référence à un document de l'armée de l'air, parce
2 que je sais que leur chiffre est bien le 03. Les forces terrestres ont le
3 numéro 02. Mais il y a quelque chose d'illogique là-dedans. Le titre, il
4 dit, Au commandement Suprême des forces terrestres.S'il y avait une
5 tentative pour l'envoyer au secteur des forces terrestres, il devrait
6 porter un numéro différent, 02 ou 01, mais pas 03.
7 Q. Merci. Maintenant, je voudrais vous demander ceci : le secteur des
8 forces terrestres de l'état-major du commandement Suprême, à l'époque,
9 comment recevait-il les télégrammes suivant cette procédure ?
10 R. Tous les secteurs et les administrations ou bureaux du commandement
11 Suprême au quartier général recevaient les télégrammes et le courrier par
12 le bureau compétent, de sorte que c'était la première administration qui
13 s'occupait du courrier de tout un chacun. Et il serait nécessaire qu'ils
14 comportent le numéro d'immatriculation ou les marques de ce bureau.
15 Q. Général, compte tenu de l'importance de cette demande, si elle était
16 arrivée sous cette forme, à qui est-ce que ce télégramme aurait été remis ?
17 R. Bien, disons qu'il soit parvenu à la section des forces terrestres et
18 qu'il ait été recopié et envoyé au chef d'état-major du commandement
19 général de sorte que la première administration, chargée de la sécurité,
20 des communications et transmissions et le centre logistique, parce qu'il
21 s'agissait là de manque de munitions. Il y a toute une série de personnes
22 qui auraient dû recevoir une copie de ce télégramme, de sorte qu'ils
23 auraient pu, à ce moment-là, préparer et rendre compte de la situation au
24 commandement Suprême, au commandant, au cours du briefing du soir.
25 Q. Merci. Ça allait être ma question suivante. Encore une question :
26 puisque la date ici est le 4 juin 1999, est-ce que cette demande ferait
27 partie d'une analyse que vous avez effectuée le 6 juin 1999 ?
28 R. Non. Ce document n'était pas compris dans cela, non plus que le
Page 10751
1 document précédent.
2 Q. S'il était arrivé, est-ce qu'il aurait été analysé ?
3 R. Oui, bien sûr.
4 Q. Merci. Je voudrais vous demander maintenant de regarder à
5 l'intercalaire 33 de votre classeur. Il s'agit du document D167. Il s'agit
6 du règlement de service dans l'armée yougoslave. Ce qui m'intéresse, c'est
7 la page 2 de ce document pour l'anglais, ensuite la page 3. Je voudrais que
8 nous parlions d'une partie qui traite de l'emploi d'unités de l'armée et
9 des institutions en temps de paix. Qui décide d'employer l'armée lorsque
10 nous parlons de sabotage effectué par les terroristes ?
11 R. Il faut faire très attention et être très subtil ici de façon à
12 comprendre et répondre à cet ordre. Si une unité était attaquée, quel que
13 ce soit son niveau, le commandant ou le chef de l'unité en question
14 déciderait d'engager ces forces qui l'attaquent, ces terroristes ou
15 quiconque se trouvait dans cette opération. En d'autres circonstances, le
16 chef de l'état-major général prendrait la décision d'engager des unités
17 pour une mission particulière. En cas de nécessité pour qu'il y ait un
18 engagement plus large, la décision serait faite par le conseil de Défense
19 suprême ou par le commandement Suprême.
20 Q. Je vous remercie. Regardons maintenant le P883, s'il vous plaît. Là, il
21 s'agit de l'intercalaire 34 de votre classeur. Nous avons ici un diagramme
22 ou un croquis qui, en fait, montre l'organigramme des forces militaires de
23 la République fédérale yougoslave en ce qui concerne le Kosovo, c'est
24 associé au Kosovo. Voilà ce que ça dit. C'est fait par un expert, sans
25 doute. Est-ce que ce tableau correspond bien à l'organigramme des forces de
26 la République fédérale yougoslave en 1999 ?
27 R. Non, ça ne correspond pas à ce que nous avions à l'époque dans l'armée
28 yougoslave.
Page 10752
1 Q. Pourriez-vous dans ce cas-là me dire ce qui n'est pas exact dans ce
2 tableau ?
3 R. Les premier et deuxième niveaux, par le conditionnel, sont représentés
4 de façon inexacte ici, de sorte qu'il faudrait que le tableau soit modifié
5 de façon à traduire la véritable situation.
6 Q. Qu'est-ce qui est exactement inexact à ce sujet, et de quoi est-ce que
7 ça devrait avoir l'air si c'était exact ?
8 R. Je vais essayer de vous expliquer. La première case en commençant tout
9 en haut devrait contenir les mots "conseil de Défense suprême -
10 commandement Suprême." En dessous de cela, ça devrait être "commandement
11 Suprême - le président de la République fédérale de Yougoslavie." Ça
12 devrait être différent, et c'est l'essentiel pour cette première case.
13 Q. Je vais vous demander. Si vous preniez un morceau de papier, est-ce que
14 vous pourriez illustrer ce que vous venez de dire?
15 R. Bien, si j'avais un morceau de papier, je le ferais avec précision, pas
16 de façon approximative.
17 M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, pourrais-je demander
18 que le témoin établisse ce diagramme, ce croquis. Je ne pense pas que ça ne
19 va pas prendre tant de temps.
20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je pourrais avoir de quoi écrire,
22 s'il vous plaît, une plume.
23 M. LE GREFFIER : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Témoin, excusez-
24 moi. Pourriez-vous, s'il vous plaît, attendre un instant. Nous essayons
25 d'allumer le rétroprojecteur.
26 M. DJURDJIC : [interprétation]
27 Q. Général, l'huissière va vous dire quand vous pourrez commencer à faire
28 votre croquis.
Page 10753
1 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il semble apparemment qu'il y ait un
3 problème technique, Maître Djurdjic. Ce que le témoin pourrait peut-être
4 faire c'est achevé son dessin, son amendement. Et si le problème n'a pas
5 été corrigé, nous pourrons, à ce moment-là, le regarder matériellement et
6 il pourrait être inclus, si nécessaire, en tant que pièce à conviction
7 demain.
8 M. DJURDJIC : [interprétation] Certainement, Monsieur le Président.
9 Q. Général, vous pouvez tracer sur un morceau de papier, vous pourrez le
10 mettre devant vous, nous montrer comment la structure et l'organisation de
11 l'armée de Yougoslavie étaient configurées, et on pourra à ce moment-là le
12 mettre sur le rétroprojecteur.
13 R. [Le témoin s'exécute]
14 M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que je devrais
15 dès maintenant régler la question des abréviations ou est-ce qu'on verra ça
16 demain matin, parce qu'à ce moment-là le témoin pourra nous expliquer ce
17 qu'il a dessiné ?
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que c'est pour demain matin,
19 car maintenant nous n'avons plus le temps. Si ce document pourrait rester
20 entre les mains du Juriste de la Chambre d'ici à demain, et peut-être qu'il
21 serait utile lors de la suspension que M. Stamp puisse y jeter un coup
22 d'œil pendant un moment. Ensuite demain matin vous pourrez à ce moment-là
23 le présenter, ce document.
24 Je voudrais également mentionner que demain matin nous siégerons dans
25 la salle d'audience numéro I et pas dans ce prétoire-ci.
26 Nous devons maintenant lever la séance --
27 M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
28 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] -- parce qu'un autre procès doit
Page 10754
1 commencer ici. Je lève donc la séance jusqu'à demain matin 9 heures.
2 --- L'audience est levée à 13 heures 48 et reprendra le jeudi 4 février
3 2010, à 9 heures 00.
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28