Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mardi 23 janvier 2007

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.

6 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Madame Isailovic, vous avez la

7 parole.

8 Mme ISAILOVIC : Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs de la Chambre.

9 LE TÉMOIN: TÉMOIN W-35 [Reprise]

10 [Le témoin répond par l'interprète]

11 Contre-interrogatoire par Mme Isailovic : [Suite]

12 Q. Bonjour, Madame le Témoin. On va continuer aujourd'hui quelques

13 questions que je vais vous poser concernant la déclaration que vous avez

14 donnée au Procureur. Il y a deux déclarations, l'une du 21 février 1996 et

15 l'autre du 19 avril 2006. Est-ce que vous vous souvenez bien de ce que vous

16 avez déclaré à ces deux occasions, Madame le Témoin, s'il vous plaît ?

17 R. Oui, je me souviens bien.

18 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Monsieur Docherty, vous êtes debout.

19 M. DOCHERTY : [interprétation] Monsieur le Juge Robinson, on va poser des

20 questions au témoin à propos de ces déclarations; il faudrait lui fournir

21 des exemplaires.

22 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Bien sûr. Il faudrait lui donner des

23 exemplaires de ces déclarations.

24 Mme ISAILOVIC : Je demanderais à mon assistante d'afficher la déclaration

25 du 25 février 1996.

26 (expurgé)

27 (expurgé)

28 (expurgé)

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1 (expurgé)

2 (expurgé)

3 (expurgé)

4 (expurgé)

5 (expurgé)

6 (expurgé)

7 (expurgé)

8 (expurgé)

9 (expurgé)

10 (expurgé)

11 (expurgé)

12 [en français] Est-ce que vous voyez cette partie de votre déclaration,

13 Madame le Témoin ?

14 R. Oui.

15 Q. Maintenant, je voudrais vous poser quelques questions. Est-ce que pour

16 vous il y avait à Sarajevo d'autres moyens de transport, peut-être ?

17 R. Les trams continuaient à marcher seulement quand il y avait le cessez-

18 le-feu, et il y avait aussi les trolleys, enfin ceux qui étaient encore

19 capables de rouler, bien sûr. Parfois, il y avait aussi des voitures de

20 passagers.

21 Q. [chevauchement] -- Sarajevo à cette époque ?

22 R. Oui, cela, je vous l'ai dit. L'entreprise qui s'appelait Gras, G-r-a-s,

23 à qui appartenaient les tramways, elle les faisait fonctionner. Mais il y

24 en avait quand même assez peu qui roulaient. Ceux qui roulaient roulaient

25 toujours très vite à cause des tirs.

26 Q. [chevauchement] -- que le 18 janvier 2007, qui nous a déclaré, et là je

27 vais citer ce qu'il a déclaré - c'est le "working version" de transcript et

28 c'est la page 14, lignes 7 à 12, c'est un passage très, très bref - je vais

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1 le lire en anglais parce que c'est en anglais, pour les interprètes :

2 [interprétation] "Oui, c'est parallèle, et je vais vous montrer parce

3 qu'évidemment, vous n'êtes pas allés à Sarajevo. C'était ce qu'on appelle

4 la route du salut, qui était parallèle à la route principale, mais qui

5 passait derrière la caserne du maréchal Tito et devant la gare. Comme je

6 l'ai dit hier, au carrefour il y avait de grands écrans qui avaient été

7 placés, qui étaient là pour essayer de protéger les gens des tireurs

8 embusqués."

9 [en français] Avez-vous entendu déjà la traduction ?

10 R. Je suis un petit peu désolée. De quelle traduction parlez-vous ?

11 Q. Il fallait que vous ayez en B/C/S la traduction.

12 R. [aucune interprétation]

13 Q. Je vais vous poser une question. Saviez-vous quelque chose sur ce

14 "chemin de salut", comme nous a déclaré le témoin qui était là le 18

15 janvier 2007 ?

16 R. Oui. A Sarajevo, on en avait tous entendu parler, mais je n'en avais

17 pas les détails.

18 Q. Je vais continuer, alors. Est-ce que cela veut dire que vous n'avez

19 jamais emprunté ce chemin de salut ?

20 R. L'itinéraire que j'ai emprunté ce jour-là, en tout cas, est la route

21 qu'empruntaient normalement les trams lors des cessez-le-feu. Elle ne

22 s'appelait pas la "route du salut". C'étaient les itinéraires réguliers,

23 avec les arrêts normaux. C'est toujours les mêmes noms. Il y avait

24 Pofalici, Marin Dvor, Socijalno, et cetera.

25 Q. Vous n'avez jamais emprunté un bus qui s'est déplacé. On va voir tout à

26 l'heure sur une carte à peu près cette route, si vous la connaissez, de

27 salut. C'est une route parallèle au boulevard de Vojvoda Putnik, maintenant

28 Zmaja od Bosne, et qui était protégée complètement de toute possibilité de

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1 tirs d'un côté ou de l'autre des lignes de confrontation entre l'ABiH et de

2 l'armée de Republika Srpska. Est-ce que vous êtes d'accord avec ce que

3 j'avance ?

4 R. Je ne peux pas être d'accord avec vous, parce que je n'ai jamais pris

5 le bus. J'aime bien le tramway. Mon père était conducteur de train. J'aime

6 bien les trams. Je les utilisais quand j'étais petite. Je m'en souviens

7 bien. La route dont vous m'avez parlé, Zmaja od Bosne, le carrefour où il y

8 avait le bâtiment de l'électricité avait brûlé parce qu'il avait été ciblé.

9 C'est là que se trouvait la ligne de confrontation. C'était de là que

10 venaient les tirs parce qu'il y avait une espèce de clairière.

11 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Madame Isailovic, souvenez-vous que

12 peu de temps vous est imparti. L'Accusation a eu besoin d'une demi-heure,

13 Madame Isailovic, donc vous n'avez pas énormément de temps pour votre

14 contre-interrogatoire.

15 Mme ISAILOVIC : Merci, Monsieur le Président. J'ai juste quelques points à

16 éclaircir. C'est un point parmi d'autres.

17 Q. Maintenant, je voudrais bien avoir sur l'écran une carte qu'on a vue

18 hier à la fin de notre session, s'il vous plaît. Cela va venir.

19 Là, on va voir une carte de Sarajevo qui représente - si on peut

20 l'agrandir, s'il vous plaît - sur laquelle on peut voir cette section de la

21 route que vous avez eu l'intention de faire ce jour du 8 octobre. Est-ce

22 que vous êtes d'accord ?

23 R. Oui. En effet, c'est la route qu'empruntait le tram. C'était à ma

24 gauche, et je devais passer de la gauche vers la droite. Si nécessaire, je

25 peux peut-être le souligner, mais cela passait en fait par la ligne bleue.

26 Q. Est-ce que vous êtes d'accord que la ligne bleue représente Miljacka ?

27 R. Oui, c'est ce qu'on m'a appris en géographie en tout cas, que le bleu,

28 ce sont les rivières. Le vert, ce sont les montagnes ou les champs, donc le

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1 bleu, je vois bien que c'est la rivière.

2 Q. Oui, mais comme il y a plusieurs rivières en Bosnie, est-ce que c'est

3 bien Miljacka ?

4 R. J'habite à côté de la Miljacka, mais je ne vois pas le nom écrit sur la

5 carte. Normalement, quand on regarde une carte en Bosnie-Herzégovine --

6 enfin, en tout cas, je me souviens que quand j'étais petite à l'école il y

7 avait toujours les noms des rivières qui étaient marqués sur les cartes. Je

8 pense que c'est encore la même chose, pourtant.

9 Q. Ma question : était-ce bien Miljacka comme rivière, d'après vos

10 connaissances, même si ce n'est pas écrit ?

11 R. Oui, ce n'est pas écrit, mais on voit la rivière du tram quand on est à

12 bord, quand on va vers Bascarsija ou au retour. Quand on est dans ce

13 tramway, on peut voir la rivière Miljacka. Bon, elle n'est pas très bleue

14 finalement, elle est plutôt boueuse.

15 Q. Hier, vous avez dit que les Serbes étaient partout sur la rive droite

16 de Miljacka. Est-ce que vous maintenez aujourd'hui cette déclaration ?

17 R. Je vous parle du quartier où j'habitais, dans lequel je me déplaçais,

18 où nous devions traverser des obstacles, des flaques de sang, des cadavres

19 pour aller chercher de l'eau, pour aller chercher du pain, pour aller

20 rendre visite à d'autres personnes. On se faisait tirer comme des lapins en

21 y allant.

22 Q. Est-ce qu'à votre connaissance, partout sur la rive droite était le

23 territoire contrôlé par l'armée de Republika Srpska, ou non ?

24 R. La rivière Miljacka, quand on voit le cours de la Miljacka à droite, il

25 y a une partie de Sarajevo de ce côté et il y a la rive gauche, donc la

26 rivière était sinueuse et les quartiers aussi étaient assez mélangés. Il y

27 avait des personnes qui habitaient à Hrasno, à Dolag Malta. C'est là qu'on

28 allait pour trouver de l'eau. Il fallait par contre que l'on traverse pour

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1 aller à Grbavica qui était sur la rive gauche, et là bien sûr c'était

2 évident, il y avait présence de l'armée de la Republika Srpska. Or, il

3 fallait qu'on s'y rende pour trouver de l'eau. C'est là, c'est depuis cet

4 endroit qu'on nous tirait dessus.

5 Q. Par exemple, est-ce que vous voyez sur la partie droite avant, par

6 exemple Bistrick ou Sirokaca ? On est d'accord que ce sont les parties de

7 Sarajevo qui se trouvent sur la rive droite ? Ou, par exemple, quand vous

8 avez dit tout à l'heure Hrasno ou Dolag Malta, sur le papier, est-ce que

9 c'était le territoire contrôlé par l'ABiH, s'il vous plaît ? Si vous pouvez

10 maintenant prendre le stylo et le montrer.

11 Mme ISAILOVIC : Je voudrais avoir cela marqué et conservé en tant que

12 preuve, s'il vous plaît.

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vois Hrasno, Dolac et Malta, mais je ne

14 vois pas les rues, j'aurais donc beaucoup de mal à faire ces annotations.

15 Mme ISAILOVIC :

16 Q. Je ne demande pas que vous, précisément, mais juste que vous montriez

17 le quartier de Hrasno, s'il vous plaît, que vous mettiez, je ne sais pas,

18 une croix sur Hrasno.

19 R. Madame, s'il vous plaît. Nous faisions très attention quand on

20 traversait pour aller dans les collines de Hrasno, Dolac et Malta. On

21 faisait très attention parce qu'on était en train de passer sous un tir

22 nourri. Je ne peux pas vous le montrer. Je ne connais pas très bien ce

23 quartier, je n'y habite pas.

24 Q. Vous parliez dans votre déclaration et hier aussi d'un quartier, des

25 bâtiments, et vous dites que -- peut-être là, on pourrait voir votre

26 déclaration du 19 avril que Metalka --

27 Mme ISAILOVIC : Excusez-moi, mon assistant m'indique un problème pour

28 l'affichage de la version B/C/S de ce document pourtant qui est un document

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1 65 ter. Je ne sais pas, je pense que M. le Greffier de la séance peut nous

2 aider pour afficher la version B/C/S; 2833.

3 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Le greffier est en train de faire ce

4 qu'il peut pour l'instant.

5 M. LE GREFFIER : [interprétation] Je n'ai pas la version B/C/S dans le

6 système e-court.

7 Mme ISAILOVIC : Monsieur le Président, parce qu'on a la version anglaise et

8 on a des techniques problèmes pour afficher la version, est-ce qu'on peut

9 être aidé par les interprètes, peut-être ? Peut-être M. Docherty --

10 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] M. Docherty peut vous aider.

11 M. DOCHERTY : [interprétation] Le document qui est à l'écran porte le nom

12 du témoin. Or, le témoin a un pseudonyme puisqu'il y a des mesures de

13 protection qui sont en cours. Il faudrait expurger le transcript, expurger

14 un petit peu ce qui va être mis à l'écran et passer surtout à huis clos

15 partiel.

16 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] En effet, cela doit être fait.

17 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

18 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Maître Docherty, je pense qu'il n'y a

19 pas besoin d'expurger quoi que ce soit.

20 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

21 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] De plus, on n'a pas besoin de passer

22 à huis clos partiel.

23 Maître Docherty, avez-vous quelque chose à nous soumettre à ce propos ?

24 M. DOCHERTY : [interprétation] Bien sûr, il faut rester en audience

25 publique si c'est nécessaire, mais je regarde et je vois que sur le

26 document que l'on met à l'écran, il y a le nom du témoin qui figure dessus,

27 donc je ne sais pas s'il convient de passer à huis clos partiel ou non.

28 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] De toute façon, ce n'est pas

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1 nécessaire.

2 M. DOCHERTY : [interprétation] Très bien.

3 Mme ISAILOVIC : On n'a pas toujours la version B/C/S, sur l'écran, de la

4 déclaration. Est-ce que je peux y aller quand même à l'aide des

5 interprètes ?

6 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Allez-y, parce que cela nous permet

7 de gagner du temps.

8 Mme ISAILOVIC : Il s'agit de la page 3. C'est le paragraphe 9. Je vais le

9 lire, donc je prie les interprètes de traduire.

10 Q. [Interprétation] "Je suis certaine que le tram à bord duquel nous

11 étions a été atteint depuis le bâtiment Metalka à Grbavica."

12 [en français] Après, il y a le paragraphe 10. Vous dites :

13 [Interprétation] "La ligne de confrontation là où nous avons été

14 atteints se trouvait au bâtiment Metalka Grbavica, et j'estime que ce

15 bâtiment était distant d'environ 200 mètres."

16 [en français] Je reviens au paragraphe 9. C'est la quatrième phrase :

17 [Interprétation] "Il n'y avait pas d'institutions militaires, de

18 véhicules militaires ou d'autre équipement militaire d'aucun type dans les

19 alentours de l'endroit où le tram a été atteint. L'institution militaire la

20 plus proche de l'endroit où le tram a été atteint était la caserne Tito qui

21 se trouvait à au moins deux arrêts de tram de là."

22 [en français] Vous avez vu, ce sont vos déclarations. Ma question : est-ce

23 qu'en effet, comme vous nous avez dit, vous connaissiez seulement votre

24 quartier où vous viviez, et vous, en fait, vous ne connaissiez pas

25 précisément la situation des installations militaires à Sarajevo; est-ce

26 vrai ?

27 Q. Chaque fois qu'il y avait une trêve pendant la guerre, j'utilisais

28 comme en temps de paix la ligne de tram dont je vous ai déjà parlé, celle

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1 qui passe par la sécurité sociale, par Pofalici, puis par le bâtiment de la

2 présidence; ceci pour une raison très simple, c'est que j'avais de la

3 famille qui habitait dans la rue qui se trouve en face de Skenderija, donc

4 je connaissais cette ligne de tram par cœur.

5 Q. [chevauchement] -- tramway ?

6 R. Oui.

7 Q. Mais ma question concernait les lignes de confrontation entre les deux

8 armées qui se battaient autour, donc à Sarajevo et aux alentours, en

9 Bosnie-Herzégovine. Est-ce que vous étiez au courant avec ce conflit ?

10 R. Je vous ai dit que pendant la guerre, quand il y avait des trêves, on

11 utilisait la même ligne de tram que celle qu'on utilise encore aujourd'hui,

12 donc nous connaissons tous ces bâtiments, ces lieux-dits qui se trouvent

13 aussi bien à gauche qu'à droite. On les connaît même aujourd'hui, même si

14 aujourd'hui la caserne Metalka a été détruite parce qu'on va y faire une

15 ambassade.

16 Q. Est-ce que vous savez quelque chose sur les lignes de confrontation

17 entre les deux parties belligérantes à Sarajevo ?

18 R. Vous parlez de bâtiments particuliers ? Est-ce que vous pouvez répéter,

19 s'il vous plaît ? Si un lieu particulier vous intéresse, dites-le

20 précisément.

21 Q. Madame le Témoin, je ne peux pas discuter avec vous sur les locations

22 parce que vous nous avez dit tout à l'heure que vous ne connaissiez pas

23 Sarajevo assez pour pouvoir vous prononcer sur les quartiers. Alors, je

24 vous pose la question : est-ce que vous saviez qu'il existait des lignes de

25 confrontation, lignes de front entre les deux armées, en l'occurrence

26 l'armée de Bosnie-Herzégovine et l'armée de Republika Srpska ?

27 R. Mais je vous en prie, même les enfants savaient cela. Je vous parle

28 uniquement des trajets que je faisais. C'est cela que je disais. J'ai

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1 compris que c'était ce qu'on me demandait, sinon, si ce n'est pas le cas,

2 ne me fatiguez plus.

3 Q. Parce que là, je vous ai entendu me dire de vous demander de "ne pas me

4 tenir rigueur", et là j'ai l'interprétation, donc "ne pas me fatiguer".

5 Juste pour que ce soit clair.

6 R. Non, excusez-moi si cela a été mal compris. Je me concentrais sur cette

7 ligne de tram uniquement en regardant ce que je voyais en anglais à

8 l'écran. Vous, vous m'avez demandé ? Qu'est-ce que vous m'avez demandé, si

9 j'étais au courant de l'existence d'un front entre les deux parties ? Mais

10 nous le savions tous, qu'il y en avait un.

11 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Avançons dans le contre-

12 interrogatoire. Vous avez dépassé le temps qui vous était imparti, une

13 demi-heure.

14 Mme ISAILOVIC :

15 Q. Juste alors une dernière question. Parce que vous parlez là pourtant

16 des objectifs militaires, est-ce que vous saviez avec précision où se

17 situaient les installations militaires à Sarajevo et surtout par exemple

18 dans votre quartier qui est proche, il me semble, de Grbavica ?

19 R. Non, je n'étais pas au courant. Nous n'avions pas le temps de sortir

20 pour regarder où se trouvait quoi, parce que cela faisait déjà plusieurs

21 années que nous passions dans la cave.

22 Q. Je vous remercie, Madame le Témoin.

23 Mme ISAILOVIC : Là, je termine mon contre-interrogatoire. Merci.

24 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Maître Isailovic, vous avez bien posé

25 toutes les questions pertinentes que vous souhaitiez poser ?

26 Mme ISAILOVIC : Non, je n'ai pas terminé, mais je voudrais me conformer

27 avec votre décision.

28 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Vous avez encore combien de questions

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1 pertinentes à poser ?

2 Mme ISAILOVIC : Je crois toutes mes questions pertinentes, mais une peut-

3 être, la plus pertinente possible, mais pour cela j'ai besoin d'afficher

4 une carte.

5 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Je vous accorde encore cinq ou sept

6 minutes pour équilibrer la nécessité de rapidité d'une part et la nécessité

7 d'équité d'autre part, donc cinq à sept minutes.

8 Mme ISAILOVIC : Merci, Monsieur le Président.

9 Pour cela, j'ai besoin d'une carte. J'ai déjà demandé à mon assistant

10 de l'afficher. C'est la carte qu'on a vue, il me semble, hier. C'est la

11 photo numéro 5 de l'album de photos offert par l'Accusation à tout le monde

12 dans la salle, et cela va prendre un moment. On va voir justement sur

13 l'écran. Oui, si on peut agrandir un petit peu pour qu'on voie les rails.

14 Remontez un petit peu, peut-être, pour que l'on voie les rails. Oui, c'est

15 cela.

16 Q. Madame le Témoin, parce que j'ai encore cinq minutes; justement vous

17 parliez et vous avez bien décrit que cela s'est passé dans la section de la

18 ligne de tramway entre les musées et vers le centre-ville. Ai-je raison ?

19 R. Oui.

20 Q. Est-ce que maintenant, en regardant - parce qu'on le voit ici, un

21 cercle, vous avez décrit cela comme un S, peut-être que cela peut être un

22 commencement de S - est-ce que vous vous souvenez à peu près le moment, la

23 position du tramway au moment où il y avait l'impact de ce tir sur le

24 tramway, s'il vous plaît ? Si vous pouvez le montrer sur l'écran à l'aide

25 du stylo pour qu'on encercle cela.

26 R. Je vais vous dessiner la ligne telle qu'elle existait quand je suis

27 arrivée sur le lieu de mon malheur. J'étais là, à la porte du milieu. Là se

28 trouvaient la porte du milieu du tram et, ici, la porte avant, l'arrêt

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1 Sécurité sociale, et j'étais debout là. Je me tenais à un pilier.

2 Q. Au moment où vous étiez touchée, c'est là où vous avez un petit peu une

3 ligne un petit peu plus - comment dire - plus grasse; c'est cela ?

4 R. C'est le tramway parce que le tramway prenait le virage. L'avant du

5 tram était déjà engagé dans le virage. Vous savez, c'est un tram articulé,

6 donc la première partie du tram était déjà dans le virage.

7 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Est-ce que vous pouvez vous arrêter ?

8 Nous n'avons pas entendu l'interprétation en anglais.

9 Est-ce que vous pourriez répéter votre réponse, de façon à ce que ceux qui

10 écoutent l'anglais vous entendent ?

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis arrivée à bord du tramway à partir de

12 la station Sécurité sociale que j'ai indiquée sur cette photographie avec

13 la lettre S. J'ai dessiné une flèche qui indique la direction empruntée par

14 le tramway. La partie avant du tram était déjà passée par le virage,

15 autrement dit la porte avant, parce que tous les trams ont trois portes.

16 J'étais debout au milieu du tramway face au carrefour, au passage piétons,

17 donc à la rue, à Metalka, à tout ce quartier, et je me tenais à une barre

18 verticale dans le tramway parce que j'étais au niveau des marches près de

19 la porte. C'est là que j'ai été atteinte.

20 Mme ISAILOVIC :

21 Q. Merci beaucoup.

22 Mme ISAILOVIC : C'était ma dernière question. Avant de terminer, je demande

23 à M. le Greffier une cote pour qu'on conserve cette photo marquée en tant

24 que preuve, s'il vous plaît.

25 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui, que cela soit fait.

26 M. LE GREFFIER : [interprétation] Le document est admis au dossier et

27 constituera la pièce à conviction D21, Monsieur le Président.

28 Mme ISAILOVIC : Merci beaucoup, Madame le Témoin.

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1 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Monsieur Docherty, des questions

2 supplémentaires ?

3 M. DOCHERTY : [interprétation] Pas de questions supplémentaires, Monsieur

4 le Président.

5 Avant l'arrivée du témoin suivant, j'aimerais vous faire part de deux

6 choses, si vous me le permettez.

7 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui.

8 M. DOCHERTY : [interprétation] Je ne crois pas l'avoir fait hier. De façon

9 à ce qu'il y ait concordance entre la feuille de papier sur laquelle sont

10 inscrits le pseudonyme accordé au témoin et l'identité du témoin, je pense

11 qu'il faut qu'au compte rendu d'audience, il soit indiqué qu'il s'agit du

12 Témoin 35.

13 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui, en effet.

14 M. DOCHERTY : [interprétation] Merci.

15 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Témoin 35, vous êtes arrivée au terme

16 de votre déposition. Merci d'être venue témoigner, vous pouvez maintenant

17 vous retirer.

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie aussi.

19 [Le témoin se retire]

20 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Votre témoin suivant, Monsieur

21 Docherty.

22 M. DOCHERTY : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

23 l'Accusation cite à la barre Slavica Livnjak.

24 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] La proposition a été faite d'accepter

25 en tant que pièce à conviction le plan proposé par Me Isailovic, qui est

26 d'une meilleure qualité que celui de l'Accusation.

27 M. DOCHERTY : [interprétation] J'ai aussi un exemplaire du plan utilisé par

28 la Défense hier, un exemplaire tout à fait identique. Je pense, pour ma

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1 part, que le plan de l'Accusation est un peu plus grand et montre une plus

2 grande partie de la ville. Je devrais dire toutefois que nous avons reçu

3 ceci tard dans l'après-midi hier. Ce nouveau document n'a pas été introduit

4 dans le système e-court, mais demain il le sera. J'en ai un exemplaire

5 papier pour aujourd'hui.

6 [La Chambre de première instance se concerte]

7 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Est-ce que les Juges de la Chambre

8 pourraient avoir un exemplaire de votre plan, Maître Isailovic ? A moins

9 que l'Accusation n'ait pas soumis un autre plan.

10 Mme ISAILOVIC : Oui.

11 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] C'est possible, d'abord.

12 Faites entrer le témoin.

13 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

14 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Que le témoin prononce la déclaration

15 solennelle. Veuillez prononcer la déclaration solennelle, je vous prie.

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

17 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

18 LE TÉMOIN: SLAVICA LIVNJAK [Assermentée]

19 [Le témoin répond par l'interprète]

20 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Vous pouvez vous asseoir.

21 Je vois que l'interrogatoire complet de ce témoin est prévu pour

22 durer une heure.

23 M. DOCHERTY : [interprétation] Monsieur le Président, suite à la discussion

24 que nous avons eue hier, j'indique que Mme Livnjak va témoigner en

25 application de l'article 92 ter du Règlement. Mais j'irai un peu plus loin

26 que ce qui est prévu dans cet article, car je lui demanderai d'annoter des

27 photographies aériennes et des plans et cartes, comme vous avez l'habitude

28 que je le fasse avec les témoins qui parlent de tireurs embusqués. Je ne

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1 verse pas la déclaration en tant que telle, mais j'ai l'intention de

2 conclure mon interrogatoire en 20 à 30 minutes.

3 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Très bien, Monsieur Docherty.

4 Interrogatoire principal par M. Docherty :

5 Q. [interprétation] Madame, est-ce que vous pourriez, je vous prie, vous

6 présenter en déclinant vos nom et prénom ?

7 R. Slavica Livnjak.

8 Q. Madame Livnjak, le 20 novembre 1995, avez-vous fait une déclaration

9 devant un enquêteur de ce Tribunal ?

10 R. Oui.

11 Q. Depuis votre arrivée à La Haye il y a quelques jours, avez-vous relu

12 cette déclaration avec beaucoup de soin ?

13 R. Oui.

14 Q. Dans quelle langue était rédigée la déclaration que vous avez lue ?

15 R. En bosniaque.

16 Q. Est-ce que le récit fait dans la déclaration que vous avez relue

17 correspondait à la réalité ?

18 R. Oui.

19 Q. Si aujourd'hui nous devions vous poser une nouvelle fois toutes les

20 questions que l'enquêteur vous a déjà posées le 20 novembre 1995, est-ce

21 que nous obtiendrions les mêmes réponses que celles qu'il a obtenues

22 alors ?

23 R. Oui.

24 M. DOCHERTY : [interprétation] Monsieur le Président, je demande le

25 versement au dossier de cette déclaration.

26 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui.

27 M. DOCHERTY : [interprétation] Numéro 2849, en tant que document relevant

28 de l'alinéa ter de l'article.

Page 854

1 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P94, Monsieur le

2 Président.

3 M. DOCHERTY : [interprétation]

4 Q. Un peu plus tard, Madame Livnjak, les 24 et 25 avril 2006, est-ce que

5 vous avez fait une nouvelle déclaration devant un autre enquêteur également

6 de ce Tribunal ?

7 R. Oui.

8 Q. Depuis votre arrivée à La Haye il y a quelques jours, est-ce que vous

9 avez eu la possibilité de relire cette déclaration avec beaucoup de soin ?

10 R. Oui.

11 Q. En quelle langue était rédigée cette deuxième déclaration que vous avez

12 relue ?

13 R. En bosniaque.

14 Q. Quand vous l'avez relue, est-ce que vous avez estimé que le récit qu'on

15 trouve dans cette deuxième déclaration correspondait à la réalité ?

16 R. Oui.

17 Q. Si l'on devait aujourd'hui vous poser les mêmes questions que celles

18 qui vous ont été posées en avril de l'année dernière par l'enquêteur, est-

19 ce que l'on obtiendrait les mêmes réponses ?

20 R. Oui.

21 M. DOCHERTY : [interprétation] Monsieur le Président, je demande le

22 versement au dossier de la deuxième déclaration du témoin, faite les 24 et

23 25 avril 2006. Le numéro dans la liasse des documents 65 ter de ce document

24 est 2850.

25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

26 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce document est admis en tant que pièce

27 P95, Monsieur le Président.

28 M. DOCHERTY : [interprétation]

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1 Q. Madame Livnjak, en sus de ce qui figure dans vos déclarations

2 préalables écrites, je vais vous poser quelques questions portant sur

3 l'endroit où vous vous trouviez, l'endroit où se trouvait le tramway à bord

4 duquel vous étiez le jour où il a été touché par une balle. Je crois que

5 cela s'est passé le 8 mars 1995. D'abord, est-ce que c'est la bonne date ?

6 Excusez-moi, ce n'est pas le 8 mars, mais le 3 mars, si je ne m'abuse,

7 n'est-ce pas ?

8 R. Oui.

9 Q. Où est-ce que vous travaillez ? Quelle est votre profession ?

10 R. J'étais chauffeur de tramway.

11 Q. A Sarajevo ?

12 R. Oui, à Sarajevo.

13 Q. Pendant combien de temps avez-vous été chauffeur de tramway dans la

14 ville de Sarajevo ?

15 R. A peu près 30 ans.

16 Q. Combien de temps avez-vous vécu à Sarajevo ?

17 R. Je suis née à Sarajevo.

18 Q. Est-ce que vous connaissez très bien la ville de Sarajevo ?

19 R. Oui.

20 Q. Je vais maintenant vous demander d'examiner un plan.

21 M. DOCHERTY : [interprétation] Puisque nous n'avons pas l'exemplaire qui

22 peut être affiché électroniquement sur les écrans, je vais devoir faire

23 appel à M. l'Huissier, qui placera le plan que je lui tends sur le

24 rétroprojecteur.

25 Q. Est-ce que c'est bien le plan que vous avez examiné hier ?

26 R. Oui.

27 Q. Est-ce que c'est un plan qui représente exactement la réalité de la

28 ville de Sarajevo ?

Page 857

1 R. Oui.

2 M. DOCHERTY : [interprétation] Pour le compte rendu d'audience, Monsieur le

3 Président, Messieurs les Juges, j'indique que cet exemplaire papier est un

4 autre plan de Sarajevo qui constitue la pièce D21, déjà versée au dossier.

5 Q. Madame Livnjak, est-ce qu'il y a une ligne de tramway qui circule dans

6 la rue Zmaja ob Bosne ? Excusez-moi si je prononce mal.

7 R. Zmaja ob Bosne, oui.

8 Q. Est-ce que vous voyez Zmaja ob Bosne sur le plan que vous avez à côté

9 de vous ?

10 R. Oui.

11 Q. Pourriez-vous, à l'aide du pointeur -- ou plutôt, non. Orientons-nous

12 un petit peu, d'abord. Pourriez-vous nous montrer la rivière Miljacka ?

13 R. [Le témoin s'exécute]

14 Q. Est-ce que vous venez de montrer la ligne de couleur bleue qui circule

15 en sinuant un peu au centre du plan ?

16 R. Oui.

17 Q. Au-dessus, on voit une ligne de couleur jaune qui est plus droite. Que

18 représente cette ligne ?

19 R. C'est la route Zmaja ob Bosne.

20 Q. Est-ce qu'il y a un tramway qui circule parallèlement à cette route

21 Zmaja ob Bosne ?

22 R. Oui, oui.

23 Q. Je vais maintenant vous montrer quelques photographies aériennes du

24 même quartier.

25 M. DOCHERTY : [interprétation] Pour ce faire, je demanderais à M.

26 l'Huissier de faire apparaître à l'écran la photo aérienne numéro 1, qui

27 porte le numéro 2826 dans la liasse des documents 65 ter.

28 Q. Est-ce que la photographie que vous avez sous les yeux maintenant vous

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1 montre un lieu que vous connaissez bien ?

2 R. Oui.

3 Q. A droite de l'écran, vous trouverez un stylet de couleur argenté. En

4 appuyant sur l'écran à l'aide de ce stylet, vous pouvez annoter la

5 photographie.

6 Je vous demanderais de vous saisir de ce stylet pour dessiner sur la

7 photographie aérienne le trajet du tramway, ce qui permettra à chacun dans

8 ce prétoire d'en prendre connaissance.

9 R. [Le témoin s'exécute]

10 Q. Merci. Pouvez-vous nous dire, ce jour du mois de mars où le tramway à

11 bord duquel vous vous trouviez a essuyé des tirs, pouvez-vous nous dire

12 dans quelle direction se déplaçait le tramway ? Je vous demanderais de le

13 dessiner sur la photographie aérienne à l'aide d'une flèche.

14 R. [Le témoin s'exécute]

15 Q. Merci. En tant que chauffeur de tramway, vous aurez certainement

16 remarqué que les rails du tramway prennent un virage à l'endroit que vous

17 venez de dessiner, n'est-ce pas ?

18 R. Oui, un virage, comme on l'appelle.

19 Q. Au moment où le tramway négocie ce village en S, qu'advient-il du point

20 de vue de la vitesse du tramway ?

21 R. On a tiré sur le tramway.

22 Q. Excusez-moi si ma question n'était pas suffisamment claire. Je vous

23 demandais la chose suivante. Au moment où vous preniez ce virage en S, est-

24 ce que le tramway continuait à circuler à la même vitesse qu'avant le

25 virage ?

26 R. Non.

27 Q. Qu'est-ce qu'un tramway doit faire pour négocier en toute sécurité ce

28 virage en S ?

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1 R. Il doit diminuer sa vitesse.

2 Q. Pouvez-vous nous dire, je vous prie, et ce sera la dernière annotation

3 que je vous demanderai de faire sur la photographie aérienne que vous

4 regardez en ce moment, je vous demanderais donc d'inscrire un X, une grande

5 croix à l'endroit où se trouvait le tramway lorsqu'il a été touché par une

6 balle en mars 1995, ce jour-là.

7 R. [Le témoin s'exécute]

8 Q. Merci.

9 M. DOCHERTY : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

10 je demande que cette photographie aérienne avec les annotations qu'elle

11 comporte soit versée au dossier.

12 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui, que ce soit fait.

13 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction P96,

14 Monsieur le Président.

15 M. DOCHERTY : [interprétation] Je demanderais maintenant à M. l'Huissier de

16 faire afficher sur les écrans la photographie aérienne numéro 3 dont le

17 numéro dans les documents relevant de l'article 65 ter du Règlement est

18 2825.

19 Q. Si je ne me trompe, ce document constitue déjà la pièce à

20 conviction de l'Accusation P93.

21 Madame le Témoin, est-ce que vous reconnaissez ce que montre cette

22 photographie ?

23 R. Oui.

24 Q. Je vais maintenant vous demander d'apposer un certain nombre

25 d'annotations sur cette photographie aérienne.

26 L'INTERPRÈTE : Signe de la main du témoin dont l'image a disparu de

27 l'écran.

28 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Je suis au regret de constater

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1 que l'ordinateur, pour utiliser le terme qui vient d'être utilisé, s'est

2 "planté", selon les informations que j'ai reçues. Il faudra donc quelques

3 instants pour remédier à cela.

4 M. DOCHERTY : [interprétation] Je pourrais continuer, Monsieur le

5 Président, mais le reste de mon interrogatoire repose beaucoup sur ce qu'on

6 voit à l'écran.

7 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Je comprends très bien. Je suis au

8 regret de devoir dire également - en tout cas, c'est mon point de vue

9 personnel - que nous n'avons pas beaucoup profité jusqu'à présent du

10 système du prétoire électronique. Aucun doute que cela s'améliorera à

11 l'avenir, l'efficacité du système s'améliorant.

12 Mais M. le Juge Mindua a une question à poser, entre-temps.

13 M. LE JUGE MINDUA : Madame le Témoin, pendant que nous attendons la

14 technique, j'ai quelques petites questions. A quelle date exactement votre

15 tram a-t-il été touché ? Est-ce que vous vous rappelez la date ?

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je sais que c'était au mois de mars, le 3 mars

17 1995. En fait, il a été pris pour cible plusieurs fois.

18 M. LE JUGE MINDUA : A ce moment, est-ce qu'il y avait une sorte de trêve ou

19 une paix déclarée dans la ville et ses environs ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

21 M. LE JUGE MINDUA : Quelle autorité publique ou politique avait annoncé

22 cette trêve, de sorte que votre compagnie a décidé de faire circuler le

23 tram en sécurité ?

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Il y a eu un accord entre les représentants

25 politiques serbes et musulmans de Bosnie.

26 M. LE JUGE MINDUA : La dernière question : quelle force militaire

27 contrôlait la ville et ses alentours ?

28 LE TÉMOIN : [interprétation] Si on parle de la ville en tant que telle,

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1 c'était l'ABiH. Si on parle de la rive droite de la rivière Miljacka, cette

2 région-là était tenue par l'armée de la Republika Srpska.

3 M. LE JUGE MINDUA : C'est vraiment la toute dernière question. Parce que

4 vous étiez la conductrice de ce tram, pouvez-vous dire à peu près de quelle

5 direction provenaient les tirs qui ont touché votre engin ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Depuis la droite, de la droite.

7 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup, Madame.

8 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] On a la photographie sur les écrans,

9 maintenant, Monsieur Docherty.

10 M. DOCHERTY : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, je ne

11 faisais pas attention.

12 Q. Madame le Témoin, pour commencer je vous demanderais de montrer où se

13 trouve le carrefour qu'on voyait très bien sur la photographie précédente,

14 le carrefour où se trouvait le tramway lorsqu'il a été touché, et inscrire

15 une annotation sur la photographie pour le montrer.

16 R. [Le témoin s'exécute]

17 Q. Madame, puisque vous avez vécu toute votre vie à Sarajevo, est-ce que

18 vous connaissiez le bâtiment appelé Metalka ?

19 R. Je le connaissais parce que je passais devant.

20 Q. Est-ce que ce bâtiment Metalka figure sur la photographie que vous avez

21 actuellement devant vous sur l'écran ?

22 R. Oui.

23 Q. A l'aide du feutre, du stylo-feutre, je vous demanderais d'inscrire un

24 X, une croix au niveau de ce bâtiment Metalka.

25 R. [Le témoin s'exécute]

26 M. DOCHERTY : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais que

27 cette photographie aérienne annotée soit versée au dossier.

28 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui.

Page 862

1 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce document est admis en tant que pièce à

2 conviction de l'Accusation P96, Monsieur le Président.

3 Excusez-moi, Monsieur le Président, il y a eu erreur. Je corrige : il

4 s'agira de la pièce P97.

5 M. DOCHERTY : [interprétation]

6 Q. Madame le Témoin, répondant il y a quelques instants à une question qui

7 vous a été posée par M. le Juge Mindua, vous avez dit ne pas pouvoir vous

8 rappeler la date exacte de ce jour de mars 1995 où un tir a frappé le

9 tramway que vous conduisiez, n'est-ce pas ?

10 R. C'était le 3, le 5. Non, je ne sais pas, je ne me souviens pas.

11 Q. Est-ce que cela vous rafraîchirait la mémoire si vous relisiez l'une ou

12 l'autre des déclarations préalables que vous avez faites devant des

13 enquêteurs du Tribunal ?

14 R. Oui.

15 M. DOCHERTY : [interprétation] Je demanderais à M. le Greffier d'afficher

16 sur les écrans la page de couverture du document 2849 dans les documents 65

17 ter, en langue bosniaque.

18 Q. Madame, est-ce que vous pouvez lire ce qui figure à l'écran ?

19 R. Oui, je vois maintenant. Le 3 mars 1995, à midi 15.

20 M. DOCHERTY : [interprétation] Merci. Madame la Commis aux audiences,

21 j'aimerais maintenant que nous examinions la vidéo panoramique à 360 degrés

22 de l'incident numéro 14 dû à un tireur embusqué et que nous regardions

23 cette vidéo sur nos écrans.

24 Q. Madame, en regardant ce que vous avez devant vous à l'écran, je vous

25 demande si cette image correspond à la réalité, si elle montre bien, face

26 au bâtiment Metalka, l'endroit où votre tramway a été touché par balle le 3

27 mars 1995 ?

28 R. Oui.

Page 863

1 Q. Pouvez-vous, sur l'image, montrer d'où provenaient les tirs ?

2 R. Je ne sais pas très bien comment m'y prendre. Les tirs venaient de

3 l'endroit situé entre le musée et la fac de philosophie.

4 Q. Est-ce qu'il y a une rue entre ces deux bâtiments ?

5 R. Oui, une rue avec un passage clouté.

6 Q. Grâce à ce point de référence, pouvez-vous nous dire si les tirs

7 provenaient bien de cette rue ?

8 R. Oui.

9 M. DOCHERTY : [interprétation] Madame la Commis aux audiences, je

10 demanderais que l'on fasse tourner sur 360 degrés ce panoramique.

11 Q. Je vous demande, Madame, si ce que vous voyez maintenant sur

12 votre écran, correspond bien, très exactement et précisément, à la réalité

13 de l'endroit en question.

14 R. Oui.

15 M. DOCHERTY : [interprétation] Je demande un arrêt sur image.

16 Q. Madame, est-ce que vous voyez un bâtiment très haut sur l'écran, en ce

17 moment ?

18 R. Oui.

19 Q. Dans vos déclarations préalables, vous dites que vous avez trouvé

20 refuge dans un bâtiment dans lequel ont été placés les blessés qui se

21 trouvaient à bord du tramway. Est-ce que ce bâtiment derrière lequel vous

22 vous êtes arrêtée est bien celui qu'on voit maintenant à l'écran ?

23 R. Oui.

24 Q. C'est quel bâtiment exactement à l'image ?

25 R. Le bâtiment de grande taille, le haut bâtiment.

26 M. DOCHERTY : [interprétation] Poursuivons la rotation du panoramique.

27 Merci.

28 Q. Madame, j'ai encore trois questions et j'en aurai terminé. Le jour où

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1 votre tramway a été touché par balle, pouvez-vous nous dire quelle était la

2 visibilité ? Autrement dit, est-ce qu'il y avait du brouillard ? Est-ce

3 qu'il y avait des feuilles sur les arbres ? Est-ce qu'il y avait quoi que

4 ce soit qui obstruait le champ de vision à plus de quelques centaines de

5 mètres ?

6 R. La visibilité était bonne, car c'était une belle journée ensoleillée.

7 Q. Y avait-il des soldats de l'armée de Bosnie ou d'autres équipements de

8 l'armée de Bosnie-Herzégovine non loin du tramway quand celui-ci a été

9 touché par balle ?

10 R. Non.

11 Q. Y avait-il des combats en cours au voisinage du tramway au moment où il

12 a été touché par balle ?

13 R. Non.

14 M. DOCHERTY : [interprétation] Je n'ai plus de questions, Monsieur le

15 Président.

16 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Merci.

17 Maître Isailovic, c'est à vous.

18 Mme ISAILOVIC : Merci, Monsieur le Président.

19 Contre-interrogatoire par Mme Isailovic :

20 Q. Bonjour, Madame le Témoin. Je suis Me Branislava Isailovic, avocate au

21 barreau de Paris. Je représente les intérêts de M. le Général Milosevic,

22 qui est accusé devant cette Chambre.

23 Je vais vous poser quelques questions, comme d'habitude ici devant cette

24 Chambre, qui touchent à ce qui a été déclaré par vous lors de vos

25 déclarations données au Procureur, qui sont traitées ici comme preuve.

26 Vous avez dit que vous vous souveniez très bien de tout ce que vous avez

27 déclaré, à savoir le 20 novembre 1995 et le 24 et le 25 avril 1996. Est-ce

28 que vous, toujours, persistez dans cette réponse ?

Page 865

1 R. Oui.

2 Mme ISAILOVIC : J'aurais besoin de la carte qu'on a vue tout à l'heure qui

3 a été montrée par M. le Procureur. C'est la carte qui porte le numéro 65

4 ter 2826. Si on a de la chance, on va avoir l'aide de la technique et on va

5 le voir bientôt sur l'écran, ce qui m'intéresse.

6 Q. Avant de voir la photo, vous avez déclaré tout à l'heure, quand le

7 Procureur vous a posé la question, que tout cela s'est passé lors d'un

8 virage. L'impact a eu lieu quand vous avez négocié le virage à l'endroit,

9 et maintenant on a la carte, à l'endroit que vous avez montré tout à

10 l'heure; est-ce vrai ? Est-ce que je peux avoir votre réponse, s'il vous

11 plaît ?

12 R. Oui, à l'entrée du virage.

13 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire aujourd'hui, est-ce que votre tramway

14 se composait de deux parties liées par une sorte de - le mot m'échappe,

15 c'est très technique - mais disons une sorte d'articulation entre deux

16 parties ?

17 R. Oui. Les deux wagons étaient liés par ce qu'on appelle un accordéon.

18 Q. Le mot technique, c'est cela, l'accordéon. Cela lie les deux parties du

19 tramway; est-ce vrai ?

20 R. Oui.

21 Q. Vous, en tant que conductrice du tramway, vous étiez à l'avant, à votre

22 place ?

23 R. Oui.

24 Q. Est-ce que la première partie est plus longue que la deuxième ou c'est

25 l'inverse, du tramway, avant l'accordéon ?

26 R. La première est un peu plus longue que la deuxième.

27 Q. Les portes se situent, les deux portes, les premières portes dans la

28 première partie et une troisième porte se situe dans la deuxième partie,

Page 866

1 après l'accordéon; est-ce vrai ?

2 R. Non.

3 Q. Dites-nous : combien de portes y a-t-il dans la première partie avant

4 l'accordéon ?

5 R. La première voiture en compte deux et la deuxième voiture en compte

6 deux également.

7 Q. Merci. Le Procureur vous a posé une question tout à l'heure : que se

8 passe-t-il quand vous commencez à négocier le virage avec la vitesse ? Vous

9 souvenez-vous de cette question ?

10 R. Auriez-vous la gentillesse de répéter ?

11 Q. Tout à l'heure, M. le Procureur vous a posé la question : qu'est-ce qui

12 se passe au moment où vous commencez à négocier le virage avec la vitesse

13 du tramway ? Vous avez répondu que vous diminuiez la vitesse pour pouvoir

14 négocier ce virage; est-ce vrai ?

15 R. Oui, c'est vrai.

16 Q. De mon côté, je voudrais vous poser une autre question, parce que vous

17 conduisez le tramway depuis 30 ans. Qu'est-ce qui se passe physiquement,

18 parlant avec la position de cet accordéon et de la partie arrière du

19 tramway, au moment où vous commencez à négocier le virage ? Plus

20 précisément, est-ce que le tramway reste en ligne droite ou il change

21 d'aspect ?

22 R. Progressivement, cela fait un virage.

23 Q. Parce que sur la photo, on peut voir qu'en effet vous tournez deux

24 fois. Vous voyez cela sur l'écran ? Une fois à droite et une fois à gauche;

25 ai-je raison ?

26 R. Oui.

27 Q. A ce moment-là, quel est l'aspect du tramway ? Est-ce que vous pouvez

28 le décrire en tant que -- est-ce qu'il change d'aspect ? Est-ce qu'il vous

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1 ressemble à quelque chose, à un objet ou --

2 R. En entrant dans le virage, le tram fait un virage, ressemble un peu à

3 la lune.

4 Q. Vous pensez, la lune comme hier soir ? Comme elle était hier soir ?

5 R. Je ne l'ai pas vue.

6 Q. Parce que la lune, elle peut être pleine lune. C'est alors complètement

7 différent par rapport à la lune dans le croissant.

8 R. Pleine lune.

9 Q. Non, non. La traduction -- qu'est-ce que vous -- quel est l'aspect ?

10 Parce qu'on vous a traduite mal en deux langues. Vous avez dit "mladi

11 mesec"; ai-je raison ?

12 R. Oui.

13 Q. Mais "mladi mesec", ce n'est pas "full moon", ce n'est pas "pleine

14 lune"; c'est croissant. Ce n'est pas la lune qui ressemble à un cercle; ai-

15 je raison ? "Mladi mesec", ce n'est pas quand la lune ressemble à un

16 cercle.

17 R. Non.

18 Q. Merci, parce qu'on a éclairci cela. Vous êtes d'accord que quand le

19 tramway a cet aspect de croissant, les deux parties de tramway sont

20 exposées aux endroits différents ? Ai-je raison ?

21 R. Oui, mais cela dépend de sa position.

22 Q. Est-ce qu'on peut se mettre d'accord qu'au moment où le tramway prend

23 cet aspect de croissant, les deux parties de tramway sont tournées vers

24 deux parties différentes, sont exposées à deux parties différentes, disons,

25 deux endroits différents aux alentours ?

26 R. Oui, une fois --

27 Q. Le jour où votre tramway a été touché, il y avait une enquête

28 policière. Est-ce que vous vous souvenez de cela ? Est-ce que vous y étiez

Page 868

1 impliquée ?

2 R. Oui.

3 Mme ISAILOVIC : Monsieur le Président, là encore j'ai le document qui

4 n'était pas proposé par l'Accusation en tant que preuve, même si je l'ai

5 obtenu de la partie adverse. Il s'agit d'un document 65 ter, 739. C'est un

6 compte rendu de l'enquête policière, que j'ai. Je suppose que la traduction

7 en anglais existe, mais on n'a pas eu cette traduction. Comme j'ai voulu

8 utiliser juste le compte rendu sur l'examination des lieux, suite à cet

9 incident, je vous demande de m'autoriser à montrer ce compte rendu. C'est

10 65 ter 739. Juste pour avoir une confirmation de la part du témoin, on a

11 sur l'écran ce compte rendu. Si vous n'avez pas d'objection, est-ce que je

12 pourrais y aller ?

13 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui, mais peut-être que le fait qu'il

14 n'y ait pas de traduction va nous rendre la vie un peu difficile.

15 Est-ce que M. Docherty aurait une traduction en anglais de ce

16 document ?

17 M. DOCHERTY : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agit d'un

18 document de plusieurs pages en B/C/S. J'ai trouvé une page. Cela ne veut

19 pas dire que je n'ai pas les autres, mais il faudrait juste que je puisse

20 les retrouver. Nous pouvons continuer grâce aux interprètes aussi.

21 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Il est temps de faire la pause. Nous

22 allons faire une pause de 20 minutes.

23 --- L'audience est suspendue à 10 heures 29.

24 --- L'audience est reprise à 10 heures 55.

25 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Veuillez poursuivre, Madame.

26 Mme ISAILOVIC : On était sur le rapport, donc on a une page affichée déjà

27 sur l'écran.

28 Q. Madame le Témoin, vous vous souvenez, vous nous avez dit tout à l'heure

Page 869

1 que vous vous souveniez de cette enquête policière menée suite à cet

2 incident.

3 R. Oui.

4 Q. Les policiers se sont transportés sur les lieux. Ils ont fait un

5 constat. On peut lire dans la partie qui est plus dense du texte qu'entre

6 autres, le tramway numéro 268, qui bougeait dans la direction de

7 Bascarsija, il a été touché sur la deuxième partie, entre ce fameux

8 accordéon et la troisième porte, si on regarde à partir de la place du

9 conducteur.

10 Est-ce que vous pouvez voir sur l'écran ce que je viens de lire,

11 Madame le Témoin ?

12 R. Oui, je peux.

13 Q. Est-ce que par vous-même, vous avez pu constater la même chose ?

14 R. Oui.

15 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire - parce que tout à l'heure vous avez

16 dit qu'il y a deux portes dans la deuxième partie après l'accordéon, et

17 cette partie est plus courte que la première - où se situe la première

18 porte, donc la troisième porte, disons, qui est après l'accordéon ? A

19 quelle distance de cet accordéon ?

20 R. Environ 1 ou 2 mètres la sépare de l'accordéon, sépare la porte de

21 l'accordéon.

22 Q. Plutôt 1 mètre ou plutôt 2 mètres ? Est-ce que c'est plus proche ou --

23 R. N'ayant pas construit le tram, je ne peux pas vous le dire.

24 Q. Maintenant, oui, est-ce que vous vous souvenez des victimes qui étaient

25 dans le tramway ? Où elles étaient situées ? Dans la première partie ou

26 dans la deuxième partie du tramway, s'il vous plaît ? Merci.

27 R. Dans la deuxième partie.

28 Mme ISAILOVIC : On va passer. Je demande à mon assistante d'afficher la

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1 carte, une partie de la carte qu'on a vue aujourd'hui, que nous avons

2 proposée hier - je l'appelle notre carte - et qui représente la partie de

3 la ville où effectivement se trouvent la trace du tramway et l'endroit de

4 l'impact. La carte va prendre un certain moment pour -- oui, elle est

5 affichée. Si on peut maintenant la tourner dans la bonne direction et si on

6 peut l'agrandir un petit peu.

7 Q. Dans votre déclaration, Madame, vous avez parlé d'autres endroits

8 dangereux. Est-ce que vous vous souvenez de cela ? Est-ce que j'ai raison

9 de dire que vous avez déclaré que c'est notamment au Holiday Inn, l'endroit

10 où l'impact a eu lieu, et après, Pofalici et Bristol ?

11 R. [aucune interprétation]

12 Q. Est-ce que vous pourriez nous montrer maintenant sur cette carte ces

13 deux locations, ces deux endroits, à savoir tout d'abord Pofalici, où il

14 était dangereux pour le tramway, s'il vous plaît, donc l'endroit où passait

15 le tramway quand il était menacé, vers Pofalici ?

16 R. [Le témoin s'exécute]

17 Q. C'est cette intersection. C'est juste avant, avant l'endroit où

18 l'incident du 3 mars a eu lieu; ai-je raison ?

19 R. C'est là.

20 Q. Est-ce qu'on peut mettre là, par exemple, un P comme Pofalici, endroit

21 dangereux ?

22 R. [Le témoin s'exécute]

23 Q. Après, vous parlez de Bristol. Est-ce qu'on peut voir sur cette carte ?

24 Parce qu'elle est un petit peu plus diminuée.

25 R. Non. Cette carte est assez petite, donc je n'arrive pas à voir cela.

26 Mme ISAILOVIC : Monsieur le Président, là, parce que je n'ai plus de carte,

27 c'est-à-dire j'ai la carte qui est plus grande, est-ce qu'on pourrait

28 éventuellement la mettre sur le rétroprojecteur pour qu'on voie ? Parce que

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1 je pense que c'est aussi intéressant de voir où se situe Bristol.

2 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui, tout à fait. Voyons la plus

3 grande carte.

4 Mme ISAILOVIC : Est-ce que maintenant on peut bouger ? Oui.

5 Q. Est-ce que là, vous voyez ? Oui, c'est bon. Est-ce que là, vous

6 pouvez situer Bristol, s'il vous plaît ? C'est ici ?

7 R. Un instant, s'il vous plaît. A peu près par ici.

8 Q. Mais on voyait cela aussi sur l'autre carte. Peut-être qu'il vaut mieux

9 avoir les marques sur une seule carte. Vous êtes sûre que c'est dans ce

10 secteur-là, près de Hrasno ?

11 R. Oui, tout à fait, un petit peu plus loin que Hrasno.

12 Mme ISAILOVIC : Alors à ce moment -- oui. Parce qu'on peut voir cela sur la

13 partie qu'on a eue tout à l'heure, donc est-ce qu'on peut avoir à nouveau

14 la carte qu'on a vue tout à l'heure avec la marque ?

15 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Nous sommes en train de passer d'une

16 carte à une autre.

17 Mme ISAILOVIC : Le numéro D. On me dit qu'il faut que je dise le numéro,

18 alors c'est le numéro D00-0261.

19 Q. Là, est-ce que maintenant vous pouvez situer Bristol ? C'est le même

20 endroit que vous avez déjà marqué; c'est cela ?

21 R. Oui, oui, tout à fait.

22 Q. En effet, cet endroit, c'est un autre endroit très dangereux pour le

23 tramway. Est-ce que vous pouvez nous dire maintenant qu'est-ce qui se

24 trouve, c'est-à-dire on voit Pofalici qui se trouve au pied de Humsko Brdo;

25 est-ce que vous connaissez ce mont ?

26 R. Oui. Il y a Pofalici, mais c'est quand même assez loin de Hum. Enfin,

27 les rails du tram sont assez éloignés.

28 Q. De l'autre côté, sur la côte droite de Miljacka se trouve Hrasno, qui

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1 est beaucoup plus proche de cet endroit. Est-ce que vous êtes d'accord ?

2 R. Oui, mais Grbavica est aussi tout près.

3 Q. Hrasno, est-ce qu'il y a des tours, des bâtiments d'une hauteur

4 importante à Hrasno ?

5 R. Hrasno ? Oui.

6 Q. Ai-je raison d'avancer que Hrasno était sur le territoire contrôlé par

7 l'ABiH ?

8 R. Oui.

9 Q. Et que la ligne de confrontation se trouvait juste entre Hrasno et

10 Grbavica ?

11 R. Je ne saurais vous le dire parce que je n'ai pas participé à tout cela

12 afin d'avoir de telles connaissances.

13 Q. Vous dites, Madame, dans votre déclaration, que vous avez habité

14 pendant toute la guerre dans la rue Sulejman Filipovic; est-ce vrai ? Est-

15 ce que c'était très dangereux ?

16 R. Oui, en effet.

17 Q. Pourquoi c'était dangereux ?

18 R. En raison des attaques, du pilonnage, des tirs, des tirs isolés.

19 Q. Ai-je raison d'avancer que votre rue, parce que j'ai consulté un petit

20 peu la carte, se trouve à Dobrinja ?

21 R. Oui.

22 Q. Est-ce vrai que Dobrinja se trouve à Novo Sarajevo ?

23 R. Non.

24 Q. Non ? Est-ce qu'on peut avoir la carte sur notre projecteur ?

25 Mme ISAILOVIC : Auparavant, excusez-moi, je demande qu'on conserve la

26 carte. On va le faire après parce qu'on a déjà la carte. Est-ce qu'on peut

27 bouger à droite pour qu'on voie Dobrinja, la partie est, sud-ouest de la

28 ville ? Non, non, de l'autre côté. Oui. Vous montez un petit peu la carte.

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1 Il faut monter. Monter. Non, non, de l'autre, non, non, pas baisser,

2 monter. Encore un petit peu, oui.

3 Q. Est-ce que là, Madame le Témoin, vous voyez votre quartier de

4 Dobrinja ?

5 R. Oui, je vois.

6 Q. Je suppose que vous habitiez assez long --

7 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Est-ce que vous demanderiez au témoin

8 d'indiquer l'endroit sur la carte ?

9 Mme ISAILOVIC : Oui.

10 Q. Est-ce que vous pouvez montrer, s'il vous plaît, Dobrinja sur la

11 carte ?

12 R. [Le témoin s'exécute]

13 Q. Est-ce vrai que le territoire, c'est-à-dire ce quartier de Dobrinja,

14 était partagé entre les forces et les unités de l'ABiH et de l'armée de

15 Republika Srpska ?

16 R. Oui.

17 Q. Est-ce que vous pouvez nous montrer maintenant votre rue ? A peu près

18 dans quelle partie du quartier, à peu près ? Vous êtes plus proche de

19 Nedzarici ou de Lukavica ?

20 R. Plus près de Nedzarici.

21 Q. Vous savez que juste disons au-dessus se trouvait un mont qui s'appelle

22 le mont Mojmilo ? Est-ce que vous connaissez ce mont ?

23 R. Oui.

24 Q. Est-ce que vous pouvez montrer, à peu près, il se trouvait où par

25 rapport à votre quartier ?

26 R. Oui. Environ par là.

27 Q. Est-ce que vous savez que ce mont était complètement contrôlé par

28 l'ABiH ?

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1 R. Je ne me suis pas intéressée à ce genre de chose et je n'en sais rien.

2 Mme ISAILOVIC : Juste une objection par rapport au transcript, où est-ce

3 que Mme venait de dire : "Je ne m'intéresse pas aux choses militaires"; je

4 ne le vois pas dans le transcript.

5 Q. Est-ce vrai que vous avez dit que vous ne vous intéressez pas aux

6 choses militaires ?

7 R. Je ne connais rien à ces choses-là.

8 Q. Pourtant, Madame, dans votre déclaration vous avez dit que votre

9 tramway a été touché des lignes d'agresseurs; est-ce vrai ?

10 R. [aucune interprétation]

11 Q. Comment saviez-vous, si vous ne vous intéressez pas aux choses

12 militaires, où était l'agresseur et qui était l'agresseur ?

13 R. Je le savais en ce qui concerne ce quartier-là. Nous bénéficiions de la

14 protection de la FORPRONU afin que nous puissions faire notre travail.

15 Q. Oui, mais qui était pour vous l'agresseur ?

16 R. L'armée de la Republika Srpska.

17 Q. Il était agresseur par rapport à qui et à quel territoire ?

18 R. L'agression était dirigée contre la Bosnie-Herzégovine.

19 Q. Est-ce que vous pensez là à l'ABiH, qui était en conflit militaire avec

20 l'armée de la Republika Srpska ?

21 R. [aucune interprétation]

22 Q. Madame le Témoin, vous étiez conductrice du tramway depuis 30 ans; ai-

23 je raison ?

24 R. Oui.

25 Q. Vous connaissez bien la structure et le moyen de fonctionnement de

26 votre entreprise ?

27 R. Oui.

28 Q. Est-ce que vous pouvez me dire, est-ce qu'il y avait d'autres moyens de

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1 transport à Sarajevo à cette époque ?

2 R. Non.

3 Q. Est-ce que vous avez jamais entendu parler des bus qui empruntaient le

4 soi-disant "chemin de salut" ?

5 Q. Oui, il y avait des bus qui amenaient les gens au travail, les gens qui

6 avaient des obligations d'aller au travail.

7 Q. Est-ce que vous savez à l'époque que ces bus empruntaient le chemin

8 désigné comme "chemin de salut" ?

9 R. Non.

10 Q. Est-ce que vous connaissiez à l'époque quel chemin empruntaient ces

11 bus ? Est-ce qu'ils empruntaient les mêmes chemins que les tramways ?

12 R. Non.

13 Q. Est-ce que j'ai bien compris ? Ils n'empruntaient pas les mêmes chemins

14 que le tramway ?

15 R. Non.

16 Q. Je ne suis pas très sûre du sens de votre réponse. Je vais dire quelque

17 chose, et vous dites, je dis la vérité : ces bus n'ont pas emprunté les

18 mêmes chemins que les tramways; est-ce vrai ?

19 R. Oui, c'est vrai, ils n'empruntaient pas les mêmes chemins.

20 Q. Est-ce que vous connaissiez où passaient ces routes où passaient les

21 bus ?

22 R. Non.

23 Q. Ai-je raison de dire que ce n'étaient pas les bus de votre compagnie de

24 transport ?

25 R. Ils appartenaient à notre entreprise, mais amenaient les gens au

26 travail, aux hôpitaux, toutes les personnes qui avaient une obligation de

27 travail.

28 Q. Est-ce que vous avez, en tant que citoyenne, en tant qu'ouvrière de

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1 cette compagnie, n'avez-vous jamais entendu des impacts ou des tirs qui ont

2 eu lieu ou des victimes dans ces bus ?

3 R. Oui. C'est arrivé à Mojmilo à un de ces bus.

4 Q. Est-ce que vous avez entendu parler de quelque chose qui s'est passé à

5 ces bus à l'intersection dont on a parlé comme très dangereuse, entre

6 Hrasno et Holiday Inn ?

7 R. Hrasno n'est pas devant le Holiday Inn.

8 Q. Tout à l'heure, vous avez montré qu'à Hrasno, près de Bristol, se

9 situait un point dangereux pour le tramway; ai-je raison ?

10 R. Oui.

11 Q. Après, il y avait toute une partie de la route entre ce point et

12 Holiday Inn. J'ai posé question concernant cette intersection, entre

13 Hrasno, un point dangereux et l'autre point dangereux qui était Holiday

14 Inn.

15 Q. Est-ce que vous avez déjà entendu des incidents qui se sont passés aux

16 bus dans cette intersection ?

17 R. Non.

18 Q. A la fin, vous avez dit tout à l'heure que vous ne vous êtes pas

19 occupée des choses militaires. Vous parlez pourtant dans votre déclaration

20 et vous dites qu'il n'y avait pas d'objectifs militaires dans

21 l'environnement du Holiday Inn où vous avez eu cet accident avec le

22 tramway. Est-ce que vous savez quand même alors sur l'existence des

23 objectifs militaires ?

24 R. Non.

25 Q. Est-ce que vous ne vous occupiez pas des choses militaires, ou parce

26 qu'elles n'existaient pas ?

27 R. Il n'y avait pas de telles installations, car la FORPRONU était là pour

28 nous protéger et garantir que rien n'adviendrait.

Page 878

1 Q. Est-ce que vous pouvez juste me répondre ? Cela sera ma dernière

2 question. Pour vous, qu'est-ce que c'est, un objectif militaire ?

3 R. Je ne le sais pas.

4 Q. Merci, Madame le Témoin.

5 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Merci.

6 Monsieur Docherty, des questions supplémentaires ?

7 M. DOCHERTY : [interprétation] Oui, juste sur un point, s'il vous plaît, si

8 vous me le permettez.

9 Nouvel interrogatoire par M. Docherty :

10 Q. [interprétation] Madame, Mme Isailovic vous a posé des questions

11 concernant les cibles militaires. Le jour où votre tram a essuyé des tirs

12 et à l'endroit où ce tram a essuyé ces tirs, avez-vous, de vos yeux, vu le

13 moindre soldat en uniforme autre que les soldats de la FORPRONU ?

14 R. Non, aucun.

15 Q. Des chars ?

16 R. Non.

17 Q. Des mortiers, des pièces d'artillerie ?

18 R. Non.

19 Q. Autre que la FORPRONU, avez-vous vu quoi que ce soit de nature

20 militaire à l'endroit où votre tram a été touché et le jour où il a été

21 touché ?

22 R. Non.

23 M. DOCHERTY : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions.

24 [La Chambre de première instance se concerte]

25 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui, Madame Isailovic.

26 Mme ISAILOVIC : Je m'excuse, j'ai oublié de demander qu'on assigne une cote

27 tout d'abord à cette carte marquée par le témoin.

28 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui, que cela soit fait.

Page 879

1 Avant de passer à cela, le Juge Harhoff aurait une question.

2 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Madame le Témoin, j'aimerais que vous

3 indiquiez sur la carte qui est sur le rétroprojecteur, avec votre crayon,

4 où exactement le tram a été touché ce 3 mars 1995, si vous le pouvez.

5 Madame le Témoin, si vous ne retrouvez pas cet endroit sur la carte étant

6 donné que la carte est minuscule, est-ce que vous pourriez peut-être nous

7 montrer cet endroit sur l'autre carte qui est sur le rétroprojecteur ?

8 LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

9 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Ce serait là, l'endroit ?

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

11 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Merci beaucoup.

12 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Madame Isailovic, quelle est la carte

13 dont vous aimeriez demander le versement ?

14 Mme ISAILOVIC : C'est la carte qui est sur l'écran, DD00-0261, avec marques

15 faites par le témoin, l'endroit dangereux.

16 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui, que cela soit fait.

17 Mme ISAILOVIC : Pour le rapport policier qui est un document 65 ter, 739,

18 je voudrais aussi -- je ne sais pas, je peux le proposer pour la

19 traduction, donc avoir une cote en tant que -- parce qu'on n'a que la

20 version B/C/S. On me dit qu'il existe aussi la version en anglais, alors

21 aussi une cote pour ce document, s'il vous plaît.

22 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui, tout à fait. Veuillez veiller à

23 ce que nous ayons la traduction en anglais.

24 M. LE GREFFIER : [interprétation] Cette carte annotée par le témoin sera la

25 pièce D22, et le document 65 ter 00739 deviendra la pièce D23.

26 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Madame le Témoin, cela conclut votre

27 témoignage. Nous vous en remercions. Vous pouvez quitter la salle.

28 [Le témoin se retire]

Page 880

1 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Je demande que l'on annonce le témoin

2 suivant. Madame Marcus, si je ne m'abuse ?

3 Mme MARCUS : [interprétation] L'Accusation demande l'entrée dans la salle

4 du Témoin 62.

5 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

6 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Que le témoin prononce la

7 déclaration solennelle.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

9 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

10 LE TÉMOIN: TÉMOIN W-62 [Assermenté]

11 [Le témoin répond par l'interprète]

12 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Vous pouvez vous asseoir. Madame

13 Marcus, vous pouvez commencer.

14 Mme MARCUS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Messieurs les

15 Juges.

16 Je demanderais à M. l'Huissier de bien vouloir soumettre au témoin la

17 feuille de papier sur laquelle est inscrit son pseudonyme, puisqu'il fait

18 l'objet de mesures de protection.

19 L'INTERPRÈTE : Le témoin : signe affirmatif de la tête.

20 Interrogatoire principal par Mme Marcus :

21 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin, pouvez-vous confirmer oralement

22 que c'est bien votre nom qui est inscrit sur cette feuille de papier ?

23 R. Oui.

24 Mme MARCUS : [interprétation] Merci. Peut-on montrer cette feuille de

25 papier aux représentants de la Défense ainsi qu'aux Juges de la Chambre ?

26 L'INTERPRÈTE : L'huissier s'exécute.

27 Mme MARCUS : [interprétation] Je demande que la feuille sur laquelle figure

28 le pseudonyme octroyé à ce témoin soit versée au dossier et conservée sous

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1 pli scellé.

2 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui, que cela soit fait.

3 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction P98,

4 Monsieur le Président.

5 Mme MARCUS : [interprétation] Merci.

6 Q. Bonjour, Monsieur le Témoin.

7 R. Bonjour.

8 Q. Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre quelle est votre date de

9 naissance ?

10 (expurgé)

11 (expurgé)

12 (expurgé)

13 Q. Combien de temps avez-vous vécu à Sarajevo ?

14 R. Toute ma vie.

15 Q. Quel a été votre parcours scolaire et universitaire, éventuellement ?

16 R. J'ai terminé des études secondaires, le lycée, préparant un travail

17 dans l'univers de la circulation urbaine.

18 (expurgé)

19 R. Je travaille pour une entreprise italienne.

20 Q. Monsieur le Témoin, quel âge aviez-vous au début de la guerre ?

21 R. Quatorze ans.

22 Q. Où habitiez-vous du mois d'août 1994 au mois de novembre 1995 ?

23 R. A Sarajevo.

24 Q. Dans quelle --

25 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Le témoin peut-il dire quelle est la

26 nature du travail qu'il fait pour cette entreprise italienne ?

27 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis distributeur de café "espresso".

28 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Merci.

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1 Mme MARCUS : [interprétation]

2 Q. Dans quelle ville habitiez-vous dans la période allant d'août 1994 à

3 novembre 1995 ?

4 R. A Novi Grad.

5 Q. Dans la même période, août 1994 à novembre 1995, avec qui habitiez-

6 vous ?

7 R. Avec ma mère et ma sœur.

8 Q. Comment est-ce que vous vous procuriez des vivres ?

9 R. C'était très difficile.

10 Q. Pourriez-vous vous expliquer plus en détail ?

11 R. C'était la guerre, la ville était assiégée, donc il était difficile de

12 se procurer de quoi manger en dehors de l'aide humanitaire.

13 Q. Qui était responsable de votre famille sur le plan de la nourriture ?

14 R. Principalement moi.

15 Q. Comment obteniez-vous de l'eau ?

16 R. Il était très difficile aussi de se procurer de l'eau.

17 Q. Est-ce que vous sortiez de la maison, de chez vous pour vous procurer

18 des vivres et de l'eau ?

19 R. Oui.

20 Q. Comment cela se passait-il ?

21 R. Il y avait un camion-citerne qui arrivait et qui apportait de l'eau.

22 Quant aux vivres, il y avait des livraisons d'aide humanitaire, et on

23 obtenait des vivres quand il y avait des distributions.

24 Q. Est-ce qu'il était facile de sortir de chez soi pour se procurer des

25 vivres et de l'eau ?

26 R. Pas vraiment.

27 Q. Pouvez-vous donner plus de détails ?

28 R. Il y avait souvent des pilonnages, il y avait souvent des tireurs

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1 embusqués, donc ce n'était pas toujours particulièrement facile.

2 Q. Du mois d'août 1994 au mois de novembre 1995, qu'avez-vous fait vous-

3 même ainsi que les autres civils pour échapper aux tirs de tireurs

4 embusqués ?

5 R. Notre moyen principal, c'était de courir.

6 Mme MARCUS : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

7 je vais maintenant interroger le témoin au sujet de l'incident numéro 2 lié

8 aux tireurs embusqués.

9 Q. Monsieur le Témoin, le matin du 24 octobre 1994, comment cette matinée

10 a-t-elle commencé pour vous ?

11 R. De façon très triste.

12 Q. Commençons par le commencement. Quelle est la première chose qui a eu

13 lieu ce matin-là, je vous prie ?

14 R. Ce matin-là, mon meilleur ami a trouvé la mort.

15 Q. Pouvez-vous nous ramener au début de cette matinée et nous décrire pas

16 à pas ce qui s'est passé ?

17 R. Ce jour-là, c'était son anniversaire, et il était prévu que nous

18 fêtions son anniversaire. Mais il devait aller chez un membre de sa famille

19 accompagné de sa mère, donc nous nous sommes mis d'accord lui et moi pour

20 fêter ensemble son anniversaire la veille, donc pendant la soirée du 23.

21 Nous étions chez lui, dans son appartement, nous nous amusions; nous

22 écoutions la radio; la nuit, nous avons dormi; le lendemain matin, nous

23 sommes sortis devant le bâtiment et nous sommes allés dans le magasin

24 Vemeks, un grand magasin qui se trouve juste à côté de notre bâtiment, qui

25 fait partie de notre bâtiment.

26 Q. Je vous interromps, Monsieur le Témoin, en vous demandant de ralentir

27 un petit peu. Nous allons avancer pas à pas. Revenons un peu sur ce que

28 vous venez de nous dire.

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1 D'abord, pouvez-vous dire le prénom de votre ami aux Juges de la

2 Chambre, cet ami avec lequel vous avez fêté son anniversaire la veille de

3 l'incident ?

4 R. Il se prénomme Adnan.

5 Q. D'accord. Vous avez déclaré que vous avez fêté son anniversaire toute

6 la nuit et qu'à six heures du matin le lendemain, vous êtes sortis; c'est

7 bien cela ?

8 R. Oui.

9 Q. Lorsque vous êtes sortis à six heures du matin, où êtes-vous allés ?

10 R. Comme je l'ai déjà dit, il y avait une petite supérette qui faisait

11 partie de notre bâtiment et qui s'appelait Vemeks.

12 Q. A quelle distance de votre domicile se trouvait le magasin Vemeks ?

13 R. Dans des circonstances normales, la distance était d'environ 40 mètres,

14 mais comme il y avait la guerre, nous devions passer par des endroits

15 détournés pour des raisons de sécurité, en passant par derrière le

16 bâtiment, donc il nous fallait cinq minutes à peu près.

17 Q. Combien de temps êtes-vous restés dehors, je vous prie ?

18 R. Dix à 15 minutes au maximum, pas très longtemps.

19 Q. Pourquoi est-ce que votre destination était le grand magasin Vemeks ?

20 R. C'est là que nous allions quand nous sortions; pas seulement moi, mais

21 tous les habitants de l'immeuble, parce que le chemin qui menait à Vemeks

22 était un chemin sûr qui nous permettait de sortir en sécurité.

23 Q. Une fois que vous êtes restés dehors 10 à 15 minutes, qu'avez-vous

24 fait ?

25 R. Nous sommes rentrés dans mon appartement.

26 Q. A ce moment-là, combien de temps êtes-vous restés dans votre

27 appartement ?

28 R. Nous y sommes restés un certain temps. Je crois même me rappeler que

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1 nous avons pris un petit déjeuner avant de ressortir.

2 Q. Quand vous êtes ressortis, vous êtes allés où ?

3 R. Nous sommes allés dans le magasin Vemeks de nouveau et ensuite dans

4 l'appartement.

5 Q. Quand vous avez quitté votre appartement la deuxième fois, vous êtes

6 allés dans la direction du magasin Vemeks, mais est-ce que vous êtes entrés

7 dans le magasin Vemeks ?

8 R. Oui.

9 Q. Est-ce que vous vous êtes arrêtés pour bavarder avec quelqu'un alors

10 que vous vous dirigiez vers le magasin ?

11 R. Quand nous sommes arrivés dans magasin Vemeks, nous avons vu là-bas une

12 de nos amies dont c'était aussi l'anniversaire ce jour-là, donc nous nous

13 sommes dirigés vers elle pour lui souhaiter bon anniversaire.

14 Q. A ce moment-là, quand vous parliez avec votre amie, vous étiez

15 combien ?

16 R. Quatre.

17 Q. Pouvez-vous nous donner les noms de ces quatre personnes ?

18 R. Adnan, la jeune fille qui s'appelait Natasa, Ermin et moi.

19 Q. Qui était Ermin ?

20 R. Ermin, c'était un ami commun, un ami à moi et un ami des deux autres.

21 Q. Combien de temps ce groupe de quatre que vous composiez est-il resté à

22 bavarder avec Natasa ?

23 R. Deux ou trois minutes, le temps qu'il faut pour dire "bon

24 anniversaire".

25 Q. Ensuite, que s'est-il passé ?

26 R. Ensuite, Ermin, Adnan et moi avons continué notre chemin vers le

27 magasin Vemeks.

28 Q. Pouvez-vous, si c'est possible, décrire à l'intention des Juges le

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1 magasin Vemeks, ce qu'il y a à gauche, ce qu'il y a à droite du magasin ?

2 Quel est son aspect ?

3 R. Si on se place face au grand magasin, on a à gauche la rue principale

4 et à droite un passage qui traverse l'immeuble et qui fait partie de

5 l'immeuble.

6 Q. Les trois jeunes gens qui composaient votre groupe se sont écartés de

7 la maison de Natasa pour se diriger vers le magasin Vemeks; est-ce que

8 c'est bien cela ?

9 R. Exact.

10 Q. Dans quel ordre est-ce que vous avanciez ?

11 R. Ermin marchait en tête, suivi d'Adnan, et je fermais la marche.

12 Q. Vous êtes arrivés jusqu'où ?

13 R. Jusqu'au passage.

14 Q. Que s'est-il passé à ce moment-là ?

15 R. Ermin est arrivé jusqu'au muret, il a enjambé le muret, parce que là il

16 y a un petit muret qu'il faut enjamber. Ermin l'a enjambé, Adnan

17 s'apprêtait à enjamber le muret derrière Ermin, quand j'ai soudain entendu

18 des coups de feu.

19 Q. Vous étiez à quelle distance approximative du passage quand vous avez

20 entendu ces coups de feu ?

21 R. A une dizaine de mètres au maximum.

22 Q. Qu'avez-vous fait quand vous avez entendu les coups de feu ?

23 R. Nous avons commencé, Ermin et moi, à courir, totalement paniqués, car

24 nous ne savions pas ce qui se passait. A ce moment-là, j'ai entendu un cri,

25 comme si quelqu'un m'appelait, et je me suis retourné et j'ai vu qu'Ermin

26 était debout, complètement blême.

27 Q. Qu'avez-vous fait ?

28 R. Je me suis tourné vers lui. Je l'ai attrapé sans savoir ce qui se

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1 passait à ce moment-là. Je l'ai tiré dans ma direction, dans la direction

2 du magasin Vemeks, et c'est seulement à ce moment-là que je me suis rendu

3 compte qu'Adnan avait été blessé.

4 Q. Que s'est-il passé ensuite ?

5 R. J'ai vu que passait par là un copain qui s'appelait Fahrudin et je l'ai

6 appelé pour qu'il m'aide, parce que je me suis rendu compte qu'Adnan avait

7 été touché. Fahrudin est arrivé. Il avait des pansements. Nous avons retiré

8 le haut du jogging que portait Adnan et nous nous sommes aperçus qu'il y

9 avait un orifice sur le haut de son jogging.

10 Q. Monsieur le Témoin, Est-ce que vous avez entendu un coup ou deux coups

11 de feu ?

12 R. J'ai entendu un coup de feu au moment où Adnan a été touché, mais quand

13 j'ai commencé à tirer Adnan vers le magasin Vemeks, j'en ai entendu un

14 deuxième.

15 Q. Merci. Vous étiez en compagnie de votre copain Fahrudin quand vous avez

16 enlevé le haut du jogging d'Adnan; c'est bien cela ?

17 R. Oui.

18 Q. Qu'avez-vous remarqué à ce moment-là sur le corps d'Adnan ?

19 R. Nous nous sommes rendu compte qu'il avait un trou dans la poitrine,

20 dans la partie supérieure droite de la poitrine. Nous nous sommes rendu

21 compte qu'il avait été touché. Nous lui avons enlevé son maillot de corps.

22 A ce moment-là, il était torse nu jusqu'à la taille. Fahrudin l'a retourné

23 et nous nous sommes aperçus à ce moment-là que dans la partie supérieure

24 gauche de son thorax, il y avait un orifice de sortie.

25 Q. Pourriez-vous, je vous prie, montrer aux Juges de la Chambre sur votre

26 corps où se trouvait l'orifice d'entrée de la balle qui a touché Adnan ?

27 R. Ici.

28 Q. Où se trouvait l'orifice de sortie ?

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1 R. De l'autre côté de l'omoplate.

2 Mme MARCUS : [interprétation] Est-ce que le compte rendu d'audience

3 pourrait indiquer que le témoin a montré comme orifice d'entrée la partie

4 avant droite au niveau de l'épaule droite, et comme orifice de sortie

5 l'épaule gauche dans le dos ?

6 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui.

7 Mme MARCUS : [interprétation]

8 Q. Est-ce qu'Adnan a fait le moindre bruit ?

9 R. Il essayait de respirer, mais on entendait comme un gargouillis. Il

10 avait le plus grand mal à respirer.

11 Q. Quel était son aspect physique ?

12 R. Terrible, il était blême. C'était terrible.

13 Q. Qu'avez-vous fait ensuite ?

14 R. Nous lui avons appliqué le pansement qu'avait apporté Fahrudin. Entre-

15 temps, un véhicule était venu de quelque part, une espèce de véhicule de

16 fortune, pour l'emporter. Pas mal de gens se sont regroupés. On a mis Adnan

17 à bord de ce véhicule, et le véhicule est parti vers l'hôpital de Dobrinja.

18 Q. Pourriez-vous décrire ce véhicule à notre intention ? Est-ce que

19 c'était une ambulance ? Est-ce que c'était une automobile appartenant à un

20 particulier ? Quel était exactement ce véhicule ?

21 R. Ce n'était pas une ambulance. C'était un véhicule civil, comme une

22 espèce de voiture de livraison privée.

23 Q. Est-ce que vous pouviez utiliser les véhicules d'urgence officiels ?

24 R. Pas vraiment.

25 Q. Pourriez-vous expliquer pourquoi ?

26 R. Dans le quartier où j'habitais, dans ces alentours il y avait beaucoup

27 de tireurs embusqués qui tiraient. Il était pratiquement impossible de

28 faire venir une ambulance. L'hôpital de Dobrinja n'était pas loin. En

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1 général, quand il le fallait, c'étaient les gens qui amenaient quelqu'un à

2 l'hôpital eux-mêmes.

3 Q. Est-ce que vous êtes entré avec Adnan dans ce véhicule que vous avez

4 utilisé comme si c'était une ambulance ?

5 R. Non. C'est Fahrudin qui est allé avec lui.

6 Q. Où se trouvait Ermin à ce moment-là ?

7 R. Croyez-moi, je n'en sais rien. J'étais en état de choc. Je ne me

8 souviens pas. Je n'ai pas remarqué.

9 Q. Quand le véhicule à bord duquel Adnan se trouvait est parti, vous êtes

10 allé où ?

11 R. Je suis resté dans le magasin Vemeks.

12 Q. Monsieur le Témoin, est-ce qu'Adnan a survécu à ce tir de tireurs

13 embusqués ?

14 R. Non.

15 Q. Quand avez-vous appris la mort d'Adnan ?

16 R. Une demi-heure plus tard à peu près, au retour de Fahrudin.

17 Q. Que vous a dit Fahrudin exactement ?

18 R. Qu'Adnan était décédé dans la voiture avant l'arrivée à l'hôpital.

19 Q. Quel âge avait Adnan ce jour-là, le 24 octobre 1994 ?

20 R. Quatorze ans.

21 Q. C'était son anniversaire, n'est-ce pas ?

22 R. Oui.

23 Q. Monsieur le Témoin, y avait-il des installations peu ou prou liées à

24 l'armée dans ce secteur où l'incident a eu lieu ?

25 R. A 50 mètres du lieu de l'incident à peu près, il y avait un dortoir.

26 Q. Est-ce que vous pourriez décrire ce dortoir ou ce foyer ? Est-ce que

27 c'était une installation militaire officielle ? Ou, dans le cas contraire,

28 quelle était la nature de cette installation ?

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1 R. Ce n'était pas une installation militaire officielle. C'était comme un

2 appartement privé dans lequel logeaient des soldats pendant la guerre.

3 Q. Est-ce que les soldats utilisaient ce passage qui passait à côté du

4 magasin Vemeks pour entrer et sortir de ce lieu où ils dormaient ?

5 R. Non.

6 Q. Y avait-il dans ce secteur la moindre activité militaire de quelque

7 nature que ce soit, le 24 avril 1994 ?

8 R. Non.

9 Q. Est-ce que vous avez ce jour-là vu un quelconque soldat de l'ABiH en ce

10 lieu ?

11 R. Non.

12 Q. Pourriez-vous, à l'intention des Juges, décrire les vêtements que vous

13 portiez ce jour-là ?

14 R. Je portais un jogging, un vêtement de sport.

15 Q. Ermin, quels étaient les vêtements qu'il portait ce jour-là ?

16 R. Ermin portait un jean et un tee-shirt.

17 Q. Adnan, quels étaient les vêtements qu'il portait ce jour-là ?

18 R. Un jogging comme moi.

19 Q. Quelles étaient les conditions météorologiques ce jour-là ?

20 R. C'était une assez belle journée.

21 Q. Avant le 24 octobre 1994, est-ce que ce passage qui se trouvait à côté

22 du magasin Vemeks était connu comme un endroit très dangereux ?

23 R. Oui.

24 Q. Qu'en est-il de la période qui a suivi la mort d'Adnan ?

25 R. Oui, oui.

26 Q. Vous-même et les autres résidents de cet immeuble, faisiez-vous quelque

27 chose de particulier pour éviter d'être blessé par balle quand vous

28 traversiez ce passage ?

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1 R. Oui. On avait installé une couverture qu'on avait suspendue à cet

2 endroit-là.

3 Q. Est-ce que cette couverture a permis de vous protéger contre les tirs ?

4 R. Quelques jours à peine.

5 Q. Et ensuite ?

6 R. Comme les tirs étaient très fréquents. La couverture a fini par être

7 lacérée complètement. Il ne restait que des espèces de ruban.

8 Q. Monsieur le Témoin, revenons un instant sur les vêtements que vous

9 portiez ce jour-là. Si vous vous en souvenez, je vous demande de quelle

10 couleur était le jogging que vous portiez ce jour-là ?

11 R. Je crois qu'il était bleu.

12 Q. Vous rappelez-vous la couleur des vêtements que portait Ermin ce jour-

13 là ?

14 R. Je crois me rappeler qu'Ermin portait un tee-shirt noir.

15 Q. Quelle était la couleur des vêtements que portait Adnan ?

16 R. Gris-noir, un jogging gris-noir avec un imprimé noir. Je m'en souviens

17 très bien.

18 Q. Merci, Monsieur le Témoin. Est-ce que vous avez rencontré des

19 enquêteurs de l'Accusation, du TPIY, au cours de l'été 2006 ?

20 R. Oui.

21 Q. Le jour de votre rencontre avec eux, est-ce que vous avez indiqué et

22 est-ce que cela a été filmé, d'où provenait le tir qui a tué Adnan ?

23 R. Oui.

24 Mme MARCUS : [interprétation]Monsieur le Président, Messieurs les

25 Juges, ce témoin étant un témoin protégé, je demande que nous passions à

26 huis clos partiel pour lui soumettre les images de la vidéo où on le voit à

27 l'écran.

28 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui.

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1 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur

2 le Président.

3 [Audience à huis clos partiel]

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21 [Audience publique]

22 Mme MARCUS : [interprétation] Merci.

23 Q. Monsieur le Témoin, est-ce qu'aujourd'hui vous confirmez tous les

24 éléments d'information que vous avez fournis à l'enquêteur du TPIY et que

25 nous avons vus sur les images de cette séquence vidéo ?

26 R. Oui.

27 Q. Est-ce que vous avez fourni de votre propre gré ces éléments

28 d'information à l'enquêteur ?

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1 R. Oui.

2 Q. Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre s'il y a la moindre

3 différence entre l'aspect que présentait l'endroit le jour de l'incident et

4 l'aspect que présente cet endroit sur la vidéo ?

5 R. Oui. La seule différence se situe au niveau des arbres, car les arbres

6 ont poussé. Sur la séquence vidéo, ils ont des feuilles.

7 Q. La couverture dont vous avez déjà parlé, cette couverture suspendue

8 pour obstruer le passage a-t-elle été placée dans le passage avant la mort

9 d'Adnan ou après la mort d'Adnan ?

10 R. Elle a été placée là après.

11 Q. A la fin de la séquence vidéo que nous venons de visionner, on voit un

12 bâtiment qui est montré en gros plan. Est-ce que vous pouvez dire quel est

13 ce bâtiment à l'intention des Juges ?

14 R. C'est un centre destiné aux enfants malvoyants et non-voyants.

15 Q. Quel est le quartier de la ville où se trouve ce centre destiné aux

16 malvoyants et non-voyants ?

17 R. Nedzarici.

18 Q. A votre connaissance, ce quartier de Nedzarici était sous le contrôle

19 de qui ?

20 R. De l'armée de la Republika Srpska.

21 Q. Est-ce qu'il y avait quoi que ce soit qui faisait obstacle au champ de

22 vision entre Nedzarici, d'où vous dites que provenaient les tirs, et

23 l'endroit où vous et votre ami étiez debout ?

24 R. Non.

25 Mme MARCUS : [interprétation]Je demanderais maintenant à M. le

26 Greffier d'afficher sur les écrans une photographie du lieu où Adnan a été

27 tué. Document 2862 dans la liasse des documents 65 ter.

28 M. LE GREFFIER : [interprétation] Malheureusement, je ne dispose pas de

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1 cette photographie dans le système du prétoire électronique.

2 Mme MARCUS : [interprétation] Je vous demande un instant pour consulter ma

3 commis aux audiences, Monsieur le Président.

4 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui.

5 Mme MARCUS : [interprétation] Mon assistante me dit que le document se

6 trouve bien dans le e-court. Vous ne l'avez pas ?

7 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, la raison pour laquelle nous

8 voulions montrer ce document sur le e-court au témoin, ce serait pour qu'il

9 puisse l'annoter. Nous avons également cette photo sur le DVD avec une

10 image à 360 degrés, mais il ne pourra pas l'annoter.

11 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Montrons-la-lui tout de même.

12 Mme MARCUS : [interprétation] Je demande à la commis aux affaires de bien

13 vouloir nous montrer cette image-là.

14 Q. Témoin, est-ce que vous voyez ici une vue aérienne de l'emplacement où

15 cet incident a eu lieu le 24 octobre 1994 ?

16 R. Oui.

17 Q. Pourriez-vous nous dire à quoi correspondent les trois cercles

18 concentriques que l'on voit sur la photo ?

19 R. C'est le passage dont on parle.

20 Q. Pourriez-vous nous dire quel est le côté du passage qui est identifié

21 avec ces cercles concentriques ? S'agit-il de la sortie du passage d'où les

22 tirs venaient ou de l'entrée du passage où vous vous teniez avec Adnan ?

23 R. C'est la sortie d'où venait la balle.

24 Q. Pourriez-vous --

25 Mme MARCUS : [interprétation] Je m'excuse, Monsieur l'Huissier,

26 pourriez-vous donner au témoin quelque chose pour qu'il indique -- je vois

27 que ce n'est pas possible.

28 Q. Monsieur le Témoin, pourriez-vous plutôt nous décrire où se

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1 trouve le centre pour jeunes aveugles ?

2 R. Il y a deux grands bâtiments qui se trouvent là, et deux plus petits.

3 L'un a un toit rouge foncé, l'autre a un toit gris. C'est en bas de la

4 photo à gauche. Il s'agit du centre pour jeunes aveugles.

5 Q. Est-ce que vous diriez que dans cette photographie, ici, il y a une

6 représentation tout à fait précise de l'endroit d'où le tir est venu, donc

7 de l'endroit où le tireur a tiré ?

8 R. Oui.

9 Q. Très bien.

10 Mme MARCUS : [interprétation] Si je peux maintenant demander au commis aux

11 affaires de mettre à l'écran le fameux DVD dont nous avons le panoramique à

12 360 degrés de cet endroit.

13 Q. Monsieur le Témoin, je vais demander au commis aux affaires de faire

14 pivoter la photographie lentement, et pourriez-vous nous arrêter quand nous

15 aurons en vue le magasin Vemeks ?

16 Mme MARCUS : [interprétation] Nous pouvons commencer à faire pivoter

17 l'image autour du panoramique à 360 degrés.

18 R. Vous pouvez vous arrêtez ici.

19 Q. S'agit-il du magasin Vemeks ?

20 R. Oui.

21 Q. Je vais maintenant demander au commis aux affaires de poursuivre le

22 panoramique, et il faudra que le témoin nous arrête quand nous arriverons à

23 une vue du passage.

24 R. Vous pouvez vous arrêter ici.

25 Q. Si on pouvait poursuivre maintenant la rotation afin d'avoir la vue à

26 360 degrés. Merci.

27 Monsieur le Témoin, ce panoramique à 360 degrés est-il une représentation

28 absolument fidèle de l'endroit où Adnan a été atteint le 24 octobre 1994 ?

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1 R. Oui.

2 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Je vais vous arrêter, car Mme

3 Isailovic est debout.

4 Mme ISAILOVIC : Monsieur le Président, la Défense a du mal à comprendre où

5 se situe. Je suis très d'accord avec ces, disons, miracles techniques,

6 qu'on tourne 360 degrés, mais est-ce qu'on aura la possibilité de situer le

7 point autour duquel on tourne ? Lors de mon contre-interrogatoire, peut-

8 être on peut, mais peut-être que c'est plus pratique de voir tout de suite

9 quel est le point, parce qu'on a vu tout à l'heure l'enregistrement, la

10 prise vidéo aérienne. On le voyait, mais vraiment, réellement, je ne peux

11 pas me situer, si c'est de l'un ou de l'autre côté du bâtiment.

12 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Madame Marcus, est-ce que nous sommes

13 capables d'identifier exactement le point central ?

14 Mme MARCUS : [interprétation] Clarification, Madame : quand vous parlez de

15 point central, vous êtes en train de parler de l'endroit où le tir a eu

16 lieu; c'est cela ?

17 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Pouvez-vous nous dire exactement ce

18 que vous voulez dire par point central ?

19 Mme ISAILOVIC : Là, cet enregistrement nous aide à imaginer qu'on est sur

20 les lieux, donc on peut se tourner autour de soi-même et voir tout cela.

21 Mais il faut savoir où nous, on se trouve, autour de quel point, où se

22 trouve le point, où par exemple si j'étais là-bas, je me poserais pour

23 tourner autour de moi et voir tout ce qu'on voit sur l'écran, si je suis

24 claire. On voit où se trouve ce point par rapport aux autres. On a la

25 carte, par exemple, de Nedzarici qu'on nous montre, donc on se trouve ici,

26 et on peut voir tout cela en tournant autour de nous, autour de l'axe de

27 celui qui regarde.

28 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui, la personne qui prend la

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1 photographie à 360 degrés, c'est ce qu'on veut savoir. Peut-on identifier

2 ce point ?

3 Mme MARCUS : [interprétation] Oui, tout à fait.

4 Q. Monsieur le Témoin, quand vous avez vu cette photographie, ce

5 panoramique à 360 degrés, pourriez-vous nous dire exactement d'où cette

6 photographie à 360 degrés a été prise ?

7 R. La personne qui a pris ce panoramique était à peu près 2 mètres, 2

8 mètres 50 de l'endroit où Adnan a été tué.

9 Q. Mais il s'agit de 2 mètres à 2 mètres 50 qui nous rapprochent de

10 l'allée ou qui nous en écartent ?

11 R. C'est vers le mur, 2 mètres à 2 mètres et demi vers le mur.

12 Mme MARCUS : [interprétation] Est-ce que cela répond à votre problème ?

13 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Si elle a d'autres soucis, de toute

14 façon elle pourra les soulever lors de son contre-interrogatoire.

15 Mme MARCUS : [interprétation] Je vous remercie, dans ce cas-là. Ce passage

16 du DVD avec le panoramique pourrait-il être versé au dossier, s'il vous

17 plaît ?

18 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Bien sûr.

19 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P99, Monsieur le

20 Président.

21 Mme MARCUS : [interprétation] Merci.

22 Q. Encore quelques questions, Monsieur le Témoin. Pourriez-vous nous

23 parler un petit peu de votre relation avec Adnan ? C'était votre ami ?

24 R. Nous étions très, très proches, comme des frères. On allait chez l'un,

25 chez l'autre, sa mère était comme ma mère et vice versa. On a grandi

26 ensemble.

27 Q. Vous êtes-vous rendu aux funérailles d'Adnan ?

28 R. Oui.

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1 Q. Pourriez-vous nous dire quelles ont été les conséquences de la mort sur

2 votre propre vie ?

3 R. C'était horrible, horrible.

4 Q. Je n'ai plus de questions à poser.

5 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Merci.

6 M. LE JUGE MINDUA : Témoin W-62, vous étiez jeune au moment de cet

7 incident. Vous avez vécu l'expérience et c'est un moment très, très

8 pénible. Mais évidemment, la Chambre est compatissante, mais le souci,

9 c'est aussi d'établir la vérité; d'abord, la vérité de l'incident, la

10 véracité des faits, et ensuite la responsabilité, c'est-à-dire identifier

11 les auteurs ou l'auteur afin d'établir sa responsabilité. Alors, c'est pour

12 cela que je vais vous poser juste deux ou trois petites questions.

13 On a parlé d'un dortoir de militaires ou de soldats qui étaient dans les

14 environs. Est-ce que -- malheureusement je ne vois plus l'image sur le

15 système, peut-être que plus tard on reviendra sur cela pour montrer où

16 était le dortoir des soldats qui habitaient dans les environs. Il n'y a

17 plus d'image. Cela ne fait rien, peut-être plus tard.

18 La deuxième question, la plus importante pour moi. Parce que vous avez dit

19 que le tir provenait du passage, provenait de l'immeuble situé au fond du

20 passage, et cet immeuble abritait l'école des malvoyants, et l'endroit

21 était contrôlé par les forces de Republika Srpska. Comment pouvez-vous

22 savoir que le tir provenait de là ? Est-ce que vous avez des moyens,

23 pragmatiques, n'importe lesquels ? Vous n'êtes pas spécialiste, mais juste

24 pour nous dire, comment vous pouvez savoir que le tir provenait de ce côté-

25 là ?

26 La deuxième question serait : à l'opposé de cette école de malvoyants, est-

27 ce qu'il n'y avait pas d'autres immeubles d'où pouvait provenir le même

28 tir, et sous le contrôle de quelles forces ces immeubles éventuels se

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1 trouvaient ?

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais vous dire comment c'était. Quand on

3 passe devant ce passage, au travers du passage, on voit le centre pour les

4 jeunes aveugles, où il y avait des trous qui avaient été faits pour qu'on

5 puisse tirer au travers de ces trous. Tout le monde qui vivait dans ce

6 quartier pouvait le voir.

7 Ensuite, pour ce qui est du fait de savoir qu'il y avait des

8 bâtiments entre l'allée et l'endroit où l'incident a eu lieu, il y avait

9 des garages, certes, mais ils n'étaient pas assez hauts pour obstruer la

10 ligne de vision.

11 Il me semble que vous avez aussi posé une question à propos des

12 forces qui auraient contrôlé cette zone. Les garages, eux, étaient sous le

13 contrôle de l'ABiH.

14 M. LE JUGE MINDUA : Le garage qui était en bas de l'immeuble de

15 l'école des malvoyants; c'est bien cela ?

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Ils étaient entre le passage. Si on

17 pouvait afficher à nouveau la photographie, vous verriez bien qu'on voit

18 deux espèces de carrés gris.

19 Mme MARCUS : [interprétation] J'ai une copie papier de la photo,

20 alors je pourrais peut-être la mettre sur le rétroprojecteur, et ainsi le

21 témoin pourrait nous montrer exactement de quoi il s'agit.

22 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Allez-y.

23 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous ai parlé des garages. Il y en a

24 un ici et l'autre qui est là.

25 L'INTERPRÈTE : Le témoin montrant à l'aide d'un pointeur sur le

26 rétroprojecteur.

27 M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]

28 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Mais où étaient donc ces orifices qui

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1 auraient été percés dans l'école ? Pourriez-vous nous dire exactement où

2 ils se trouvaient ?

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, malheureusement je ne peux pas vous les

4 montrer, parce que c'était sur la façade du bâtiment et plutôt aux étages

5 supérieurs.

6 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Cet immeuble avait combien d'étages ?

7 Avez-vous la moindre idée ?

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois qu'il y avait trois étages.

9 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Les orifices avaient été percés à

10 l'étage supérieur ?

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Entre le dernier étage et le toit, tout en

12 haut du bâtiment.

13 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Très bien. Merci.

14 Nous devons maintenant faire une pause.

15 --- L'audience est suspendue à 12 heures 22.

16 --- L'audience est reprise à 12 heures 48.

17 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Madame Isailovic.

18 Vous pouvez y aller, Madame Marcus.

19 Mme MARCUS : [interprétation] Je désolée parce qu'on vient de me dire que

20 la photographie qui ne pouvait pas être annotée auparavant maintenant est à

21 l'écran. Il pourrait donc l'annoter.

22 Je vais lui demander, si vous me le permettez, de marquer trois

23 emplacements sur la photographie, et ensuite j'en aurai terminé.

24 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui.

25 Mme MARCUS : [interprétation] Pourriez-vous, s'il vous plaît,

26 afficher la photographie sur l'écran ? Merci.

27 Q. Témoin, pouvez-vous m'entendre ?

28 R. Oui.

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1 Q. Vous avez un stylet entre les mains. Pourriez-vous l'utiliser pour

2 marquer sur cette photographie l'emplacement des garages auxquels vous avez

3 fait référence ? Pourriez-vous placer la lettre G à l'écran à l'emplacement

4 où se trouvent les garages ?

5 R. [Le témoin s'exécute]

6 Q. Merci. Pourriez-vous maintenant aussi nous marquer le quartier que vous

7 avez appelé Nedzarici ?

8 R. [Le témoin s'exécute]

9 Q. Merci. Pourriez-vous mettre un S à l'emplacement de ce centre pour

10 jeunes aveugles ?

11 R. [Le témoin s'exécute]

12 Q. Je vous remercie.

13 R. Pas de problème.

14 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] J'ai encore une question à poser au

15 témoin qui fait suite à la vidéo qui a été versée au dossier par

16 l'Accusation. Je n'ai pas parfaitement compris ce que nous avons vu sur

17 cette vidéo.

18 Monsieur le Témoin, vous semblez dire que les tirs venaient de ce centre

19 pour jeunes aveugles. Voici ma question : sur la vidéo, on avait

20 l'impression que les balles étaient passées au travers du passage pour

21 atteindre quelqu'un qui était de l'autre côté des bâtiments. Si les tirs

22 viennent bien de l'emplacement qui est marqué d'un S sur cette photo que

23 nous avons à l'écran, vers la direction où se trouvent ces trois points

24 rouges, j'aimerais savoir si ces trois points rouges montrent bien l'entrée

25 du passage et si la personne atteinte aurait été atteinte de l'autre côté

26 du bâtiment. Est-ce que vous comprenez un petit peu ce que je veux dire ?

27 Je suis désolé, ma question n'est peut-être pas très claire, mais j'espère

28 que vous comprenez à peu près le problème auquel je suis confronté.

Page 903

1 LE TÉMOIN : [interprétation] Je comprends très bien votre question. Vous

2 avez ici l'entrée de ce passage, et l'incident a eu lieu de l'autre côté, à

3 la sortie du passage.

4 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] De l'autre côté du bâtiment, c'est

5 cela que l'on voit, ce bâtiment blanc assez haut ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, tout à fait, de l'autre côté du passage.

7 [La Chambre de première instance se concerte]

8 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Juste pour que nous soyons vraiment

9 clairs, Monsieur le Témoin, les trois cercles concentriques que l'on voit

10 au milieu de l'image, cela correspond à l'entrée du passage, n'est-ce pas ?

11 Ce que vous êtes en train de nous dire, c'est que vous pensez que les tirs

12 venaient de l'école des jeunes aveugles, vers l'entrée du passage, passant

13 dans le passage pour atteindre Adnan, qui se trouvait de l'autre côté du

14 passage, ce qui est un endroit que nous ne pouvons pas voir puisque la vue

15 est obstruée par les bâtiments blancs ?

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

17 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Témoin.

18 Mme MARCUS : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

19 pourrions-nous maintenant verser cette photo au dossier ?

20 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Allez-y.

21 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P100.

22 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Madame Isailovic, vous avez la

23 parole.

24 Mme ISAILOVIC : Merci, Monsieur le Président.

25 Contre-interrogatoire par Mme Isailovic :

26 Q. Bonjour, Monsieur le Témoin. Je suis Me Branislava Isailovic, avocate

27 au barreau de Paris, et je représente les intérêts de M. le Général

28 Dragomir Milosevic, qui est accusé devant cette Chambre.

Page 904

1 Je vais vous poser quelques questions concernant vos déclarations

2 devant le Procureur et devant cette Chambre aujourd'hui.

3 Mme ISAILOVIC : Monsieur le Président, j'aurais aimé utiliser pour le début

4 de mon contre-interrogatoire la même photo, et comme c'est la photo

5 utilisée par le Procureur, j'aimerais bien avoir une photo vierge, sans

6 marques, sur l'écran. On m'a expliqué que c'est le numéro, il me semble,

7 c'est la même photo qu'on a sur l'écran. Peut-être mes confrères auraient

8 pu m'aider pour le numéro 65 ter parce que je ne l'ai pas sous les yeux.

9 Mme MARCUS : [interprétation] C'est le numéro 238 [comme interprété], si je

10 ne m'abuse.

11 Mme ISAILOVIC : Oui, la voilà.

12 Q. Monsieur le Témoin, on a la même carte que tout à l'heure, et justement

13 ce qui m'intéresse, parce que tout à l'heure moi aussi j'étais intéressée

14 par l'emplacement de ces garages, mais on l'a vu tout à l'heure, ce qui

15 m'intéresse, c'est : est-ce que vous savez la nature de ces objets, tous

16 ces objets qui se trouvent entre eux quand on regarde entre ce que vous

17 avez montré comme école pour les malvoyants et l'entrée présumée, prétendue

18 de la balle, de l'entrée à votre passage ? Il y a un tas de constructions.

19 Est-ce que peut-être vous seriez à même de nous dire de quoi il s'agit et

20 de faire des annotations comme tout à l'heure ? Par exemple, il y a un

21 bâtiment qui est le plus proche de la maison pour les malvoyants, et comme

22 cela, de suite.

23 R. Je tiens tout d'abord à dire une chose. Cette photo a été prise il y a

24 environ un an, sans doute. Certains des bâtiments qui sont sur cette photo

25 ont été ajoutés. Quand l'incident a eu lieu, la plupart de ces bâtiments

26 n'existaient pas encore.

27 L'INTERPRÈTE : Micro, s'il vous plaît.

28 Mme ISAILOVIC :

Page 905

1 Q. Ma question est la suivante : lequel des objets qui se trouvent sur la

2 ligne droite entre l'école des malvoyants et l'entrée à ce passage était

3 sur place, existait à l'époque des faits ?

4 R. Voulez-vous que je les marque ?

5 Q. [hors micro]

6 R. [Le témoin s'exécute]

7 Q. Est-ce que peut-être maintenant vous pouvez me dire, le premier objet

8 qui est le plus proche de l'école des malvoyants, c'était quoi ?

9 R. C'était la place, le marché.

10 Q. Est-ce que c'est un objet qui avait une hauteur ? C'était plutôt élevé

11 ou pas ?

12 R. Non. C'était un bâtiment plutôt bas. C'étaient des box.

13 Q. L'objet qui se trouve le deuxième quand on se rapproche vers votre

14 passage ?

15 R. Voulez-vous dire ce qui est marqué d'un X, au milieu ?

16 Q. [hors micro]

17 R. Il s'agit d'un garage.

18 Q. Est-ce que ce sont les garages du même type que ceux qui sont les plus

19 proches de votre bâtiment, c'est-à-dire du passage ?

20 R. Oui.

21 Q. Merci.

22 Mme ISAILOVIC : Je vais demander une cote pour la photo marquée par le

23 témoin, s'il vous plaît.

24 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Il faudrait lui donner une cote.

25 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D24.

26 Mme ISAILOVIC : On m'a expliqué que la procédure est la suivante : si

27 je veux explorer un petit peu un document vidéo ou les photos de 360 degrés

28 offertes par l'Accusation, il faut que je demande leur assistance pour les

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1 voir affichées sur l'écran. Je vous demande, s'il vous plaît, de mettre la

2 vidéo. Après, j'aurais aimé en discuter avec le témoin.

3 Ce n'est pas la vidéo. C'est la vidéo, votre numéro 65 ter,

4 27117 avec M. l'Investigateur.

5 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Madame Marcus.

6 Mme MARCUS : [interprétation] Pouvons-nous passer à huis clos partiel dans

7 ce cas-là, pour protéger l'identité du témoin ?

8 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui, il faudrait passer à huis clos

9 partiel.

10 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

11 [Audience à huis clos partiel]

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16 [Audience publique]

17 Mme ISAILOVIC :

18 Q. Est-ce que vous savez, parce que vous habitiez dans le coin, peut-être

19 que vous aviez des amis même qui y habitaient, au-dessus de ce passage, il

20 y avait un appartement de quel -- disons, quel espace cela tenait à peu

21 près ?

22 R. Oui.

23 Q. Peut-être il y a un malentendu avec la traduction, parce que je vous ai

24 demandé un appartement, mais de quelle taille à peu près, donc un petit ou

25 deux appartements, ou un grand ?

26 R. Oui, c'est à peu près la taille d'un appartement. Le passage, c'est la

27 même longueur que la largeur du bâtiment puisque le bâtiment a des

28 appartements de chaque côté, si vous me comprenez. Pour ce qui est de la

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1 superficie, là je ne peux pas vous donner la superficie de l'appartement

2 qui était au-dessus de la superficie du passage; c'est impossible.

3 Q. Juste un détail, parce que là tout à l'heure vous dites de l'un et de

4 l'autre côté. Est-ce que je comprends bien qu'il y avait, comme nous on

5 appelle cela "urezi", des deux côtés ?

6 R. Vous parlez d'entrée, mais quel type d'entrée ? Des entrées qui iraient

7 où ?

8 Q. J'ai passé à "haustor".

9 R. Non, il n'a qu'une entrée, d'un côté seulement.

10 Q. J'ai compris que seulement du côté où vous étiez lors de cet incident,

11 il y a des entrées au bâtiment.

12 R. Oui.

13 Q. Maintenant, sur la vidéo, vous vous êtes posé un instant, vous vous

14 êtes mis un instant dans la position où se trouvait votre malheureux ami au

15 moment où cette balle l'avait touché mortellement. Est-ce que je dois --

16 quand je dis qu'il était tourné par son épaule droite, vers le passage ?

17 R. Oui.

18 Q. Vous vous êtes dirigé, le passage se trouvait de votre côté droit ?

19 R. Oui.

20 Q. Quand Mme le Procureur vous a posé la question tout à l'heure sur les

21 blessures, donc le point d'entrée et de sortie de cette balle, vous avez

22 indiqué, il me semble, que la balle est entrée de droite, du côté droit,

23 mais pas du côté droit. Est-ce que j'ai raison ?

24 R. La blessure était à sa droite, le point d'entrée était à droite.

25 C'était pratiquement au même endroit.

26 Q. Là, la question, vraiment cela peut vous paraître malsain, mais on est

27 là vraiment pour décider de la culpabilité de quelqu'un, et c'est pour cela

28 que j'insiste. Est-ce que la balle est entrée devant ou de côté ?

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1 R. Ces questions sont en effet assez perturbantes, c'est vrai. La balle

2 est entrée sur le devant, mais côté droit, si on se regarde la direction

3 dans laquelle on se dirigeait.

4 Q. Enfin, Monsieur le Témoin, je voudrais vous poser quelques questions

5 qui sont contenues dans votre déclaration aujourd'hui et vos déclarations

6 respectives du 15 novembre 1995 et du 22 mai 2006.

7 Tout d'abord, vous dites qu'à l'époque, vous avez eu 16 ans, pas

8 plus.

9 R. Oui.

10 Q. A cet âge-là, je suppose vous étiez traité plutôt comme un jeune garçon

11 adolescent plus qu'un adulte ?

12 R. Très franchement, je ne sais pas du tout quoi vous répondre. C'est vrai

13 que j'étais quand même l'homme de la maison, parce qu'il fallait que je

14 m'occupe de ma mère et de ma soeur. J'étais l'homme de la famille. C'était

15 à moi de m'en occuper. Très franchement, je n'aimais pas tellement que l'on

16 me prenne pour un garçonnet.

17 Q. Je comprends tout à fait. C'est l'impression que vous avez eue de vous

18 et c'est compréhensible, mais ma question allait dans le sens -- c'est-à-

19 dire je vais m'expliquer un petit peu plus.

20 Je pense que j'ai raison de dire qu'on ne vous a pas rendu compte trop de

21 ce qui se passait dans votre quartier, donc les soldats par exemple dont

22 vous avez parlé tout à l'heure ne vous ont pas rendu compte de ce qu'ils

23 faisaient à cette époque-là, et vous ne participiez pas à ce qu'ils ont

24 fait eux.

25 R. Oui, bien sûr. J'étais beaucoup trop jeune pour être impliqué dans

26 quelque activité militaire que ce soit. Mais on savait quand même très,

27 très bien ce qui se passait.

28 Q. Ce qui s'est passé, c'est qu'il y avait beaucoup de soldats à cet

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1 endroit où se trouvait votre bâtiment; est-ce vrai ?

2 R. Les soldats étaient un peu plus bas.

3 Q. Vous savez pourtant qu'à cet endroit, très proches étaient les lignes

4 de confrontation entre les deux parties belligérantes.

5 R. A quoi faites-vous allusion exactement ? Oui, il y avait en effet une

6 ligne de confrontation qui passait près du bâtiment.

7 Mme ISAILOVIC : Maintenant, j'aurais aimé voir sur l'écran une autre carte

8 qu'on a vue déjà, qui se trouve dans notre atlas. C'est le numéro 65 ter

9 002829, et si je peux demander à M. le Greffier qu'on affiche cela, parce

10 que nous, on ne l'a pas dans nos documents.

11 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Le greffier va la trouver, j'en suis

12 sûr.

13 Mme ISAILOVIC : Merci beaucoup. Maintenant, est-ce qu'on peut la tourner un

14 petit peu ? Qu'on agrandisse un petit peu, s'il est possible, la partie

15 donc -- oui.

16 Q. Monsieur le Témoin, est-ce que vous voyez maintenant Nedzarici sur

17 cette carte, s'il vous plaît ?

18 R. Oui.

19 Q. C'est une carte qui est faite par la FORPRONU, qui reflète les lignes

20 de confrontation entre les parties au conflit, donc l'ABiH et l'armée de

21 Republika Srpska. Est-ce que vous pouvez voir ici cette ligne qui est

22 autour -- ces deux lignes qui sont autour de Nedzarici, s'il vous plaît ?

23 R. Oui.

24 Q. D'après la FORPRONU, une partie de Nedzarici -- vous habitiez à

25 Nedzarici aussi, mais une partie de Nedzarici était sous le contrôle de

26 l'armée de la Republika Srpska, mais entourée partout par les unités de

27 l'ABiH. C'est la ligne jaune.

28 Ma question est : d'après la FORPRONU, qui avait des lignes, des

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1 installations militaires autour et à l'intérieur de cette ligne jaune, près

2 de cette ligne jaune, parce que c'était la ligne de confrontation, est-ce

3 que vous êtes d'accord de dire que le quartier où vous habitiez se trouvait

4 très proche de ces deux lignes ?

5 R. Je n'habitais pas à Nedzarici. Pour moi, c'était moins important.

6 D'ailleurs, cette carte est assez mal faite. Je peux déterminer à peu près

7 où se trouve mon immeuble, mais je ne saurais le dire avec une certitude de

8 100 %.

9 Q. Alors, est-ce que vous pouvez nous dire avec une certitude de moins de

10 100 % à peu près où se situait votre bâtiment ?

11 Mme ISAILOVIC : Est-ce qu'on peut donner le stylo à M. le Témoin pour qu'il

12 montre cela ?

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Le bâtiment devrait se trouver à peu près

14 devant cette ligne jaune, ici.

15 Mme ISAILOVIC :

16 Q. Est-ce que c'est le même bâtiment où se trouvait le passage, c'est-à-

17 dire --

18 R. Oui, oui.

19 Q. Est-ce que cette carte vous permet d'indiquer la position de l'école

20 des malvoyants ?

21 R. Difficile.

22 Q. Mais ai-je raison de dire que cela devrait être assez proche ?

23 R. C'était tout près, oui.

24 Q. Vous avez parlé tout à l'heure des orifices qui existaient sur cette

25 fameuse maison pour les malvoyants. Vous vous souvenez de cela ?

26 R. Oui.

27 Q. Avez-vous vu par vous-même ces orifices ? Et quand ?

28 R. Oui.

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1 Q. Quand les avez-vous vus ?

2 R. Ils étaient là pendant toute la guerre.

3 Q. Est-ce que vous les avez vus par vos propres yeux ou c'étaient plutôt

4 des histoires qu'on racontait, que vous avez entendues des soldats ?

5 R. Je les ai vus de mes yeux.

6 Q. Est-ce que vous pouvez nous indiquer à quel niveau à peu près se

7 situaient ces orifices sur ce bâtiment ?

8 R. Sur l'écran ?

9 Q. Non, non, mais juste parce qu'on a parlé, quand vous êtes le témoin

10 oculaire de cela, nous décrire, parce que nous, on a entendu beaucoup

11 parler de cette maison aujourd'hui, peut-être la décrire et dire où ils se

12 situaient à l'époque des faits, pendant la guerre, ces orifices que vous

13 avez vus par vous-même ?

14 R. Le mur où se trouvaient ces orifices se voit très bien sur la séquence

15 vidéo qui a été diffusée, où on me voyait dans la séquence vidéo. On voit

16 dans cette séquence vidéo, le mur et les orifices se trouvaient sous le

17 toit.

18 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] J'aimerais revoir ces images et j'en

19 tiendrai compte dans le calcul du temps, Maître. Est-ce qu'on pourrait

20 rediffuser cette séquence vidéo de façon à ce que nous puissions voir ces

21 orifices ?

22 Mme ISAILOVIC : J'ai voulu le proposer aussi, mais avant peut-être il faut,

23 parce que M. le Témoin a marqué son bâtiment, peut-être qu'on peut garder

24 en tant que preuve cette image marquée et avoir une cote pour cette image.

25 Q. Peut-être marquer un petit plus, mettre une croix ou quelque chose

26 parce qu'on voit une ligne, une ligne droite, et là, mettre peut-être une

27 étoile ou quelque chose comme cela.

28 R. Sur mon bâtiment; c'est bien cela ?

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1 [Le témoin s'exécute]

2 Q. [hors micro]

3 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce à conviction de la

4 Défense D25, Monsieur le Président.

5 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui.

6 Est-ce que nous pouvons voir les images de la séquence vidéo,

7 maintenant ?

8 Mme MARCUS : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

9 je demande encore un huis clos partiel.

10 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Oui, passons à huis clos partiel.

11 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur

12 le Président, Messieurs les Juges.

13 [Audience à huis clos partiel]

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11 [Audience publique]

12 LE TÉMOIN : [interprétation] C'était un appartement privé dans lequel les

13 soldats passaient la nuit, dormaient.

14 Mme ISAILOVIC :

15 Q. Comment vous le saviez alors, si c'est un appartement privé ?

16 R. On le savait.

17 Q. Est-ce que c'est peut-être parce que vous voyiez les soldats se

18 déplaçant, rentrant et sortant de cet appartement, que cela se savait ?

19 R. Cela se savait, et ce n'est pas que je ne les ai pas vus. J'en ai vu

20 quelques-uns, mais tout le monde savait que c'est là qu'ils dormaient.

21 Q. Monsieur le Témoin, dans votre déclaration, la deuxième que vous avez

22 donnée le 22 mai 2006 au Procureur - je ne sais pas si c'est nécessaire de

23 la voir sur l'écran, peut-être si vous vous souvenez de cela, on peut y

24 aller - vous avez fait mention d'un certain Fahrudin qui était votre ami,

25 et après, des soldats -- dans cette déclaration, peut-être qu'on pourra la

26 voir sur l'écran pour vous faciliter, rafraîchir votre mémoire.

27 Mon assistante va la faire afficher. On a deux versions, donc cela va

28 prendre un petit peu de temps. C'est en effet la quatrième page, paragraphe

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1 17. C'est là. On l'a aussi en anglais.

2 Mme ISAILOVIC : Pour nous, c'est affiché, mais on ne le voit pas sur

3 l'écran. Est-ce que quelqu'un le voit ?

4 Q. Monsieur le Témoin, est-ce que vous voyez ce paragraphe 17 ?

5 R. Oui.

6 Q. Pour les interprètes, c'est le paragraphe 17. Je vais le lire en B/C/S

7 :

8 [interprétation] "Alors que je pensais Adnan avec Fahrudin dans le grand

9 magasin, je me souviens que des soldats sont arrivés avec une civière et

10 qu'ils ont aussi bandé son épaule. Adnan essayait de respirer, mais il n'y

11 parvenait pas. Les soldats ont placé de nombreux bandages sur ses plaies

12 pour essayer de les fermer. Je sais que ces hommes étaient des soldats, car

13 ils portaient des fusils et ils portaient tous un uniforme."

14 [en français] Ma question --

15 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Il y a un problème, là, parce

16 que dans la version anglaise, on lit : "Ils ne portaient pas d'uniformes."

17 Est-ce que vous pourriez relire la version B/C/S pour qu'elle soit

18 interprétée ? Cette phrase uniquement.

19 Mme ISAILOVIC : La déclaration que j'ai, c'est :

20 [interprétation] "Je sais que ces hommes étaient des soldats, car ils

21 portaient des fusils. Tous portaient un uniforme."

22 M. LE JUGE ROBINSON: [aucune interprétation]

23 Mme ISAILOVIC : Après, cela continue :

24 [interprétation] "Un certain nombre de personnes qui vivaient dans ce

25 secteur, je savais qu'ils étaient des soldats, mais eux ne portaient pas" -

26 -

27 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Ce qui signifie qu'il y a une erreur

28 dans la traduction anglaise, où nous lisons : "Ils ne portaient pas

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1 d'uniformes."

2 Mme MARCUS : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

3 excusez-moi. Je voudrais simplement indiquer que la procédure de recueil

4 des déclarations consiste à rédiger d'abord les propos du témoin en langue

5 anglaise, après quoi ils sont traduits en B/C/S, donc s'il y a une erreur,

6 c'est au niveau de la traduction en B/C/S.

7 Mme ISAILOVIC :

8 Q. Témoin, est-ce que vous parlez couramment l'anglais ?

9 R. Un peu.

10 Q. Est-ce que vous avez donné votre déclaration en anglais ?

11 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas pu entendre si c'était un oui ou un

12 non, et comme elle ne voit que le dos du témoin, il est difficile --

13 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Peut-être que ceci peut être tiré au

14 clair, car si vous lisez les lignes suivantes, paragraphe 17, vous

15 constaterez que dans le texte anglais, il est indiqué ce qui suit. Je cite

16 : "Il y avait un certain nombre de personnes résidant dans le secteur que

17 je connaissais comme étant des soldats, mais ces derniers ne portaient pas

18 d'uniformes." La même indication est fournie deux fois dans ce paragraphe,

19 à savoir que ces personnes ne portaient pas d'uniformes. Peut-être y a-t-il

20 donc une erreur dans la traduction en B/C/S de la déclaration préalable.

21 M. LE JUGE MINDUA : Est-ce qu'il y a un uniforme spécial pour la Défense

22 territoriale ? Parce que la dernière phrase du paragraphe 17 en anglais dit

23 :

24 [interprétation] "Ils ressemblaient à des hommes de la Défense

25 territoriale. Il n'y avait pas d'uniformes particuliers. Ces hommes

26 s'habillaient comme ils le pouvaient. Certains avaient un haut d'uniforme,

27 d'autres avaient une chemise de camouflage, enfin, ce sur quoi ils

28 tombaient. C'était comme cela, à l'époque."

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1 Mme ISAILOVIC : Alors, à ce moment-là, je vais vous reposer la question peu

2 importe ce qui est inscrit, même si cela me paraît très bizarre que vous

3 donniez la déclaration en anglais alors que vous parlez B/C/S. Je vais

4 revenir aux faits. A ce moment-là, ces gens qui sont venus en aide, est-ce

5 qu'ils étaient habillés de la sorte que vous avez expliquée au Juge

6 Mindua ?

7 L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète à l'attention de Me Isailovic : la

8 réponse du témoin, lorsqu'il lui a été demandé s'il avait fait sa

9 déclaration en anglais, n'a pas été interprétée, car il n'a été entendu par

10 aucun interprète.

11 R. Pour autant que je m'en souvienne, certains portaient des vêtements

12 civils, d'autres portaient une vareuse militaire. J'étais en état de choc

13 et je n'ai pas eu le temps ou la capacité de regarder de plus près comment

14 les gens étaient habillés.

15 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Maître Isailovic, combien de temps

16 vous faut-il encore ? Car nous avons dépassé l'heure de la fin de

17 l'audience et nous empiétons maintenant sur l'horaire réservé à la Chambre

18 qui siège ici l'après-midi.

19 Madame Marcus, vous aurez des questions supplémentaires ?

20 Mme MARCUS : [interprétation] Oui, quelques-unes, pas beaucoup, Monsieur le

21 Président.

22 M. LE JUGE ROBINSON: [interprétation] Puisque nous avons dépassé l'heure de

23 suspension, je crois qu'il faut que nous suspendions maintenant, Maître.

24 Nous allons suspendre, et malheureusement, Monsieur, il va falloir revenir

25 demain à 9 heures dans cette même salle.

26 --- L'audience est levée à 13 heures 49 et reprendra le mercredi 24 janvier

27 2007, à 9 heures 00.

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