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1 (Mercredi 13 février 2002.)
2 (L'audience est ouverte à 9 heures 05.)
3 (Audience publique.)
4 M. le Président(interprétation): Bonjour, Madame la Greffière. Veuillez,
5 s'il vous plaît, appeler l'affaire.
6 Mme Thompson (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs
7 les Juges. Il s'agit de l'affaire IT-98-29-T, le Procureur contre
8 Stanislav Galic.
9 M. le Président (interprétation): Merci, Madame la Greffière.
10 Je crois que nous pouvons poursuivre l'interrogatoire principal du témoin
11 Sokolar. Je vois que l'huissier est déjà sorti pour aller chercher le
12 témoin.
13 Oui, Maître Piletta-Zanin?
14 M. Piletta-Zanin: Relativement à ce témoin, il se peut dès lors que la
15 défense a dû consacrer un certain temps, tard dans la nuit, pour régler
16 certains problèmes liés aux notes d'honoraires. Il se peut que je sois
17 amené, exceptionnellement, à poser après Me Pilipovic trois ou quatre
18 questions -pas plus-, à la fin de l'interrogatoire si, bien sûr, votre
19 Chambre devait m'y autoriser.
20 Merci auparavant.
21 M. le Président (interprétation): Oui, certainement, nous allons décider
22 de cela lorsque le moment sera venu.
23 (Le témoin, M. Refik Sokolar, est introduit dans le prétoire.)
24 Bonjour, Monsieur le Témoin. Bonjour, Monsieur Sokolar.
25 M. Sokolar (interprétation): Bonjour.
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1 M. le Président (interprétation): Cela n'est peut-être pas nécessaire de
2 vous le dire, mais je voulais simplement vous dire que vous êtes toujours
3 sous le même serment qu'hier.
4 (Signe affirmatif de la tête du témoin.)
5 Monsieur Mundis poursuivra l'interrogatoire principal.
6 Je vous prie de poursuivre, Monsieur Mundis.
7 (Interrogatoire principal du témoin, M. Sefik Sokolar, par M. Mundis.)
8 M. Mundis (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
9 Monsieur Sokolar, vous nous avez dit, hier, que la ville avait été divisée
10 sur la base de l'appartenance ethnique. Pourriez-vous relater à la Chambre
11 les événements qui ont fait en sorte, nous dire quels étaient les
12 quartiers qui avaient été serbes?
13 M. Sokolar (interprétation): C'étaient des quartiers qui étaient...
14 Rajlovac, Lukavica. Et plus tard, Ilija s'est joint à ces quartiers,
15 Vogosca, Hadzici. Donc c'étaient des quartiers qui étaient habités par les
16 Serbes, en prédominance.
17 Question: Lorsque la guerre a éclaté, de quelle façon est-ce que vos
18 tâches ont, en composition, changé?
19 Réponse: Etant donné que le chaos total régnait, concernant les magasins,
20 les bien publiques, les cafés, les voitures, ainsi de suite, il y avait
21 énormément de délits qui étaient commis. Alors nous avons essayé de
22 protéger le mieux que l'on pouvait les biens. Il m'arrivait de temps en
23 temps de faire des travaux que je n'avais pas à faire auparavant, avant le
24 conflit.
25 Question: Est-ce que, à un moment donné, tout de suite après le début du
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1 conflit, vous avez été mis au courant d'activités de tireurs embusqués?
2 Réponse: Etant donné que l'on parlait de la municipalité de Novi Grad et
3 que j'habitais dans le quartier de Dobrinja, il a fallu que j'aille
4 également travailler à Dobrinja. C'était absolument important qu'un
5 inspecteur en criminologie s'installe à Dobrinja, donc j'étais à Dobrinja.
6 J'étais tout à fait conscient qu'il y avait des activités de tireurs
7 embusqués.
8 Question: De quelle façon avez-vous appris cela, comment en avez-vous pris
9 connaissance?
10 Réponse: Il y avait des zones dans lesquelles nous ne pouvions absolument
11 pas circuler au début, c'étaient des carrefours. Alors que, plus tard, on
12 a commencé à placer des containers ou de vieilles voitures usagées, des
13 voitures qui ne servaient plus à rien. On les mettait pour ériger des
14 barricades de cette façon-là.
15 Question: A quel moment avez-vous commencé à ériger des barricades de la
16 sorte?
17 Réponse: Ce genre de barricades? Au début, c'étaient simplement des points
18 de contrôle auxquels travaillaient des points. Mais, plus tard, sur ces
19 points de contrôle, on avait également érigé physiquement des barricades.
20 Et là, on parle de la période, c'est-à-dire du début du mois d'avril. On
21 parle donc du mois d'avril et de la période allant jusqu'à la mi-mai.
22 Question: De nouveau, c'est en quelle année? Est-ce que c'était en 1992?
23 Réponse: Oui, c'était en 1992.
24 Question: A ce moment-là, au mois de mai 1992, où vous trouviez-vous
25 officiellement en tant que policier? Où travailliez-vous?
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1 Réponse: Au mois de mai 1992, je devais effectuer des travaux, travailler
2 au siège de la municipalité de Novi Grad. C'est la localité qui se trouve
3 tout près de la municipalité d'Alipasino Polje.
4 Question: Est-ce que vous avez changé de poste de travail peu de temps
5 après cela?
6 Réponse: Etant donné que j'habitais dans le quartier de Dobrinja, on ne
7 pouvait pas passer de Dobrinja jusqu'au quartier olympique, jusqu'aux
8 champs militaires tous près de Dobrinja 5, de sorte que Dobrinja était
9 coupée du reste de la ville. Il m'est arrivé de ne pas pouvoir aller
10 travailler pendant toute une semaine, une fois.
11 Question: Est-ce que, à ce moment-là, vous avez commencé à travailler dans
12 un poste de police qui se trouvait à Dobrinja?
13 Réponse: J'ai reçu un appel téléphonique ou j'ai plutôt contacté les
14 chefs, mes supérieurs, par téléphone. Je suis arrivé au siège du début du
15 mois de mai, vers le 10 mai. Plus tard, on m'a affecté à Dobrinja; c'est
16 là que j'habite, c'est là que j'avais mon appartement.
17 Interprète: Est-ce que l'on pourrait demander au témoin de se rapprocher
18 des micros, de rapprocher les micros du témoin, s'il vous plaît?
19 M. Mundis (interprétation): Est-ce que vous avez établi un tout petit
20 poste de police à Dobrinja?
21 M. Sokolar (interprétation): Eh bien, étant donné que les événements en
22 Slovénie, en Croatie, avaient lieu chez nous...
23 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin?
24 M. Piletta-Zanin: (Hors micro)... des cabines d'interprètes, que l'une des
25 cabines souhaite que le témoin se rapproche du micro. Merci.
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1 M. le Président (interprétation): Merci. Oui, je vous remercie, Maître
2 Piletta-Zanin, de votre aide.
3 Monsieur le Témoin, pourriez-vous vous rapprocher du micro, je vous prie.
4 M. Mundis (interprétation): Monsieur Sokolar, j'aimerais attirer votre
5 attention sur le poste de police à Dobrinja et le moment où vous avez
6 établi un poste de police à Dobrinja. Est-ce que, à un moment donné, vous
7 avez participé à cela?
8 M. Sokolar (interprétation): J'ai essayé d'expliquer, présentement, que
9 justement à cause des événements qui avaient lieu en Croatie et en
10 Slovénie, à la fin de l'année 1991, donc fin 1991 début 1992, on a formé
11 des réservistes de police. La structure était la même que le service de
12 police d'active, donc il était composé de trois nationalités. Mais, au
13 mois d'avril, lorsqu'on a commencé à former deux, et dans certains cas
14 trois MUP, après le départ des employés de nationalité serbe, on a procédé
15 à la formation de ces postes de police sur les quartiers. Il y avait déjà
16 une formation de réserve, et à Dobrinja il y avait également une unité de
17 police.
18 Question: Est-ce qu'il y avait aussi des policiers d'active?
19 Réponse: Oui, comme je l'ai déjà dit. Au mois de décembre 1991, il y avait
20 déjà une partie de réservistes. Mais j'ai dit que les Serbes avaient
21 quitté le siège. Ils avaient formé... par la suite, on a procédé à la
22 formation de nouveaux postes de sécurité publique.
23 Question: Donc, depuis la mi-1992 jusque plus tard, vous travailliez dans
24 un poste de police qui était situé à Dobrinja?
25 Réponse: Oui. A partir du mois de juin 1992, je travaillais à Dobrinja,
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1 c'est là où je travaillais.
2 Question: Est-ce que vous avez vécu à Dobrinja jusqu'à..., vous avez vécu
3 et travaillé à Dobrinja jusqu'à la fin de la guerre?
4 Réponse: Oui, jusqu'à la fin de la guerre j'ai travaillé et habité à
5 Dobrinja. Il m'arrivait de temps en temps de sortir et d'aller en ville,
6 mais c'était assez rare. Si le besoin se montrait j'allais au centre.
7 Question: Au cours de la guerre, pendant que vous étiez à Dobrinja, est-ce
8 qu'une partie de vos responsabilités, la majeur partie de votre travail
9 était consacrée à l'enquête des incidents des tireurs embusqués?
10 Réponse: Je dois apporter une clarification ici. Etant donné que Dobrinja
11 était encerclée pendant un temps assez long, nous étions coupés du reste
12 de la ville, il était impossible de communiquer avec le reste de la ville.
13 Il y avait également des moments où nous étions sans électricité, sans
14 eau, et donc nous n'avions pas de fax, nous n'avions pas accès au fax.
15 J'étais forcé de faire des travaux que je devais faire et que je ne
16 faisais pas avant.
17 Question: Pourriez-vous donner des exemples de ce genre de travail?
18 Réponse: Eh bien, cela consistait à me rendre à l'hôpital local. D'abord,
19 il s'agissait d'une infirmerie et d'un département de chirurgie. Et la
20 pratique était la suivante: ils nous appelaient, ils nous disaient qu'il y
21 avait des blessés, des personnes qui avaient été victimes. Nous nous
22 rendions à l'hôpital, nous vérifiions l'identité de la personne, le genre
23 de blessure que la personne avait. Et par la suite, si la situation nous
24 le permettait, nous nous rendions sur le lieu de l'incident ou non loin de
25 l'incident.
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1 Question: Ces personnes dont vous nous avez dit qu'on les amenait à
2 l'hôpital avec des blessures, quel genre de blessure avaient ces
3 personnes?
4 Réponse: Il y avait toutes sortes de blessures. Il y avait des blessures
5 causées par les obus, mais il y avait également des blessures par balle.
6 Lorsqu'il s'agissait d'obus ou de bombes, à ce moment-là, il y avait
7 également le besoin de procéder à l'amputation de certaines parties.
8 Question: Au cours des six derniers mois de l'année 1992, pourriez-vous
9 nous dire à combien de reprises est-ce qu'on vous a demandé de venir à
10 l'hôpital?
11 Réponse: Je voudrais mentionner qu'un grand nombre de personnes blessées
12 et de personnes qui avaient trouvé la mort au cours de l'année 1992
13 n'avaient pas non plus pu être enregistrées. Il y a peut-être certaines
14 données à l'hôpital de Dobrinja, mais nous n'avions pas d'instructions,
15 nous n'avions pas reçu d'ordre particulier jusqu'à la fin 1993. Nous
16 n'avions pas d'instructions, nous n'avions pas reçu d'ordres particuliers
17 jusqu'à la fin 1993; nous n'avions pas encore reçu des consignes quant à
18 procéder à l'identification des victimes et à la documentation, donc à
19 l'identification des victimes, et à essayer d'enquêter le pilonnage et les
20 tirs embusqués.
21 Question: Au cours de 1992, si vous vous rappelez, à combien de reprises
22 est-ce que vous avez dû vous rendre à l'hôpital?
23 Réponse: Il arrivait des journées où je devais me rendre deux à trois
24 fois, alors qu'il y avait d'autres jours où il n'y avait pas d'activités
25 de tirs, donc je n'y allais pas. Donc il arrivait que je m'y rende trois à
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1 quatre fois par jour, et il arrivait également que certaines journées
2 étaient calmes et je n'avais pas à y aller.
3 Question: Est-ce que vous savez combien de tirs, combien d'incidents
4 impliquant les tireurs embusqués est-ce que vous avez enquêtés au cours de
5 l'année 1993, à Dobrinja?
6 Réponse: Je voulais simplement mentionner que je n'étais pas seul à
7 enquêter. Lorsque la situation le permettait, je recevais de l'aide du
8 centre de la ville. Il y avait une équipe qui avait été formée justement
9 pour enquêter. Dans ce genre d'affaires il y avait le juge, le juge
10 d'instruction qui vivait ou également des personnes qui enquêtaient sur la
11 mort des victimes, et il s'agissait d'experts.
12 Question: Est-ce que la situation quant aux tirs embusqués s'est
13 poursuivie jusqu'à l'année 1994?
14 Réponse: Oui. Les activités de tirs embusqués ont également eu lieu au
15 cours de l'année 1994.
16 Question: Au cours de l'année 1994, est-ce que l'on vous a appelé à venir
17 à l'hôpital pour enquêter sur les événements entourant des personnes qui
18 avaient été victimes de tirs embusqués?
19 Réponse: Oui. Ce que l'on faisait, c'est qu'à chaque fois qu'une personne
20 blessée avait été emmenée à l'hôpital, le médecin ou les infirmières nous
21 informaient qu'il y avait eu des victimes, des blessés. Nous nous rendions
22 à l'hôpital, nous prenions les données nécessaires, nous sortions et nous
23 allions, nous nous rendions sur les lieux de l'incident si cela nous
24 permettait... si les événements nous le permettaient, ou nous allions dans
25 les environs.
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1 Question: Est-ce que vous savez à combien de reprises vous vous êtes rendu
2 à l'hôpital en 1994?
3 Réponse: Je ne pourrais pas vous donner de chiffre exact, un grand nombre
4 d'années s'est écoulé depuis, mais il y a eu plusieurs cas.
5 Question: Monsieur Sokolar, vous avez dit il y a quelques instants que
6 Dobrinja avait été encerclée. Est-ce que vous savez s'il y a eu des
7 parties de Dobrinja qui étaient tenues par l'armée serbe de Bosnie?
8 Réponse: Oui, il y avait deux parties de Dobrinja: il y avait Dobrinja 4,
9 une partie de Dobrinja 1. Il y avait également le quartier de l'aéroport
10 qui était sous le contrôle, sous leur contrôle, si vous incluez le
11 quartier de l'aéroport également.
12 Question: Dans le cadre de vos fonctions de prévention de crimes en 1993,
13 1994, est-ce qu'à ce moment-là vous deviez également attirer l'attention
14 du grand public, des habitants, sur les tireurs embusqués?
15 Réponse: Non, ce n'étaient pas mes tâches à moi. Il y avait des policiers
16 qui patrouillaient, qui informaient les citoyens quant aux endroits où il
17 était dangereux de traverser la rue et aux endroits où il ne fallait pas
18 aller, s'il s'agissait d'aires ouvertes.
19 Question: Suite aux enquêtes que vous avez menées à Dobrinja en 1993 et
20 1994, est-ce que vous avez pu tirer des conclusions quant à l'emplacement
21 des tireurs embusqués?
22 Réponse: Oui, étant donné... Si l'on prenait la configuration du terrain,
23 il était clair que cela provenait de Nedzarici, de Dobrinja 4, Dobrinja 1
24 et du quartier de l'aéroport, donc c'est de ces endroits que provenaient
25 les tirs.
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1 Question: Avez-vous mené une enquête qui vous a permis de conclure que
2 l'école de théologie aurait pu être un nid de tirs embusqués?
3 M. Sokolar (interprétation): Oui. Je ne me souviens pas combien d'enquêtes
4 ou combien de cas j'ai enquêtés, mais j'en ai fait. Je voulais également
5 dire qu'à chaque fois que je me rendais sur les lieux, donc à chaque fois
6 je prenais des notes et j'en informais les supérieurs.
7 M. Mundis (interprétation): Je demanderai que l'on montre au témoin le
8 document coté D2367.
9 Mme Thompson (interprétation): Pensez-vous au document 2637?
10 M. Mundis (interprétation): Oui, Madame la Greffière. Effectivement, je
11 parle de ce document-là.
12 (Intervention de l'huissier.)
13 Monsieur Sokolar, je vous demanderai de bien vouloir examiner le document
14 que l'on vous a remis, et de bien vouloir dire à la Chambre ce que
15 représente ce document.
16 M. Sokolar (interprétation): Je vois ici qu'il s'agit d'une note qui
17 décrit les événements. Je vois également ma note de service personnelle.
18 Je peux voir qu'il y a des registres émanant de l'hôpital, des dossiers
19 médicaux. Et voilà, je vais vous dire de quoi il s'agit. C'est de cela
20 qu'il s'agit.
21 Question: Est-ce que c'est un rapport que vous confectionnez suite à une
22 enquête de tirs embusqués?
23 Réponse: Oui. Justement, c'est une note de service qui avait été faite par
24 moi-même et qui parle de mon enquête à l'hôpital, qui parle du moment où
25 je suis allé enquêter sur les lieux.
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1 Question: Est-ce que vous vous souvenez des particularités de cet
2 incident-ci?
3 Réponse: Je vois qu'il s'agit d'une attaque sur l'autobus Gras qui était
4 bondé de personnes. Et lorsque l'autobus était stationné ou arrêté, deux
5 dames ont été blessées qui se trouvaient à l'intérieur de l'autobus. Je me
6 suis d'abord rendu à l'hôpital où j'ai parlé avec les personnes qui
7 travaillaient; j'ai vérifié de quel genre de blessures il s'agit. Et
8 ensuite, l'autobus s'est rendu jusqu'au garage; c'est là que mes collègues
9 sont allés pour examiner l'autobus en question et nous avons pu conclure,
10 à ce moment-là, que l'on a atteint le côté droit de l'autobus, non loin
11 des pneus.
12 Il s'agit des blessures... je crois que chez une dame, elle s'est fait
13 blesser à la jambe, à une des jambes; alors que pour l'autre dame, je
14 crois qu'elle a eu des blessures aux deux jambes. C'est exactement cela.
15 Question: Monsieur Sokolar, vous souvenez-vous de l'endroit, à Dobrinja,
16 où cet autobus était situé au moment où l'on a tiré dessus?
17 Réponse: Etant donné que j'habite à Dobrinja depuis 20 ans à peu près et
18 que je connais très bien Dobrinja, je peux vous dire que l'autobus était
19 stationné ou arrêté sur un carrefour qui était très, très large -c'est une
20 rue en fait assez large-, entre les bâtiments Omladinskih Radnih Brigada
21 et la rue Nikola Demonja.
22 Question: Et est-ce que vous avez pu tirer des conclusions quant à la
23 provenance des tirs, lorsque l'on parle de cet incident?
24 Réponse: L'autobus était arrêté devant le carrefour, donc juste avant
25 d'entrer dans Dobrinja, il s'agit d'un espace herbeux. Aujourd'hui, il y a
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1 des petits magasins; ce n'est plus un espace ouvert, on a construit des
2 magasins à cet endroit. Mais l'autobus était arrêté à cet endroit même et
3 il a été exposé aux activités de tirs.
4 Question: Est-ce que vous avez pu tirer des conclusions quant à la
5 provenance du tireur embusqué qui a tiré sur l'autobus?
6 Réponse: Etant donné que l'autobus s'était arrêté, quand je suis arrivé
7 enquêter sur les lieux et lorsque j'ai examiné la provenance ou l'endroit
8 par lequel la balle aurait pu arriver, je peux dire que la balle a suivi
9 le long de la rivière qui traverse Dobrinja; elle provenait probablement
10 de Nedzarici, donc un espace qui est situé entre les immeubles.
11 Question: Je demanderai que l'on montre au témoin la carte qui a été cotée
12 T3097.
13 (Intervention de l'huissier.)
14 Monsieur Sokolar, est-ce que vous vous rappelez avoir rencontré un
15 enquêteur de ce Tribunal en 1995?
16 Réponse: Tout à fait. Ils sont venus me voir à plusieurs reprises, ils
17 m'ont demandé de participer à un entretien. Il me semble que nous nous
18 sommes également rendus sur les lieux de l'incident. Je ne me rappelle pas
19 très bien. Nous sommes allés sur plusieurs scènes d'incidents où il y
20 avait eu des cas de tireurs embusqués. Je ne sais plus exactement si c'est
21 là que je me suis rendu avec eux, mais nous nous sommes rendus sur ces
22 différentes scènes de crimes et dans différentes zones.
23 Question: Au cours de l'entretien qui a eu lieu en 1995, est-ce que l'on
24 vous a remis une carte sur laquelle il vous a été demandé de placer
25 certaines annotations?
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1 Réponse: C'est exact, on m'a montré une carte de Dobrinja.
2 Question: La carte qui se trouve sur votre droite est-elle la carte qui
3 vous a été soumise? Est-ce bien la carte sur laquelle vous avez fait
4 certaines indications au cours de l'entretien qui a eu lieu en 1995?
5 Réponse: Oui, c'est bien cette même carte. Je reconnais même mon écriture,
6 et j'ai utilisé un feutre rouge pour faire les différentes indications qui
7 y apparaissent.
8 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire où vous avez tracé la ligne
9 de démarcation sur cette carte? Merci de nous l'indiquer.
10 M. Sokolar (interprétation): Voilà, c'est ici que se trouve la ligne vers
11 Dobrinja et Dobrinja 4. Et, en fait, il n'y a pas d'indication de la ligne
12 en direction de Nedzarici.
13 M. Mundis (interprétation): A côté de cette ligne de démarcation qui
14 apparaît sur la carte, est-ce que vous avez placé certains termes en
15 langue BCS?
16 M. le Président (interprétation): Est-ce qu'il serait possible d'orienter
17 la carte vers le Nord? De mettre le Nord en haut de l'écran, si vous
18 voulez? C'est plus simple pour nous, plus facile pour les différentes
19 parties de s'orienter. Ensuite, on pourrait peut-être faire un gros plan
20 sur Dobrinja.
21 Est-ce qu'on peut remonter un tout petit peu la carte, Monsieur
22 l'huissier, s'il vous plaît? Voilà, je crois que comme cela c'est plus
23 clair.
24 Poursuivez, Monsieur Mundis.
25 M. Mundis (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
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1 Monsieur Sokolar, à côté de la ligne de démarcation, est-ce que vous
2 n'avez pas également écrit certains termes en langue BCS.
3 M. Nieto-Navia (interprétation): Est-ce que vous pourriez nous indiquer,
4 une fois encore, la ligne de démarcation, s'il vous plaît?
5 M. Sokolar (interprétation): La ligne de démarcation se trouvait entre
6 Dobrinja 1 et Dobrinja 4. Elle passait entre Dobrinja 1 et Dobrinja 4,
7 c'est là que j'ai tracé la ligne à la main. Ensuite, il y a d'autres
8 indications qui apparaissent en vert, mais cela c'est simplement des
9 indications qui portent sur la localité de Nedzarici.
10 M. Mundis (interprétation): Nous revenons sur la ligne de démarcation que
11 vous avez tracée à droite de la carte. Cette ligne, est-ce qu'elle est à
12 côté de deux mots qui sont écrits en BCS?
13 M. Sokolar (interprétation): Je ne vois que ce que j'ai pu écrire moi-
14 même, à savoir la ligne de démarcation. J'ai écrit ce terme en BCS. C'est
15 la seule chose que je peux voir. Et puis, j'ai également inscrit les
16 chiffres 1, 2, 3. Je vois aussi 6, 7, puis le chiffre 6. Mais je ne vois
17 rien d'autre. Et en haut, dans le coin, j'ai également écrit "8 novembre
18 1995".
19 Question: Je vous remercie. Est-ce que vous pourriez, maintenant, nous
20 dire ce qu'indiquent justement ces différents chiffres? Nous allons
21 commencer par le chiffre "1". Merci d'utiliser le pointeur pour nous
22 permettre de nous situer sur le plan.
23 Réponse: Le chiffre "1" indique, je crois, la localité de Dobrinja 1 et
24 puis la rue Miroslava Krleze.
25 La flèche indique la rue qui s'appelle je crois Janka Julovica. Je crois
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1 que c'est Janka Julovica.
2 Question: Est-ce que vous savez ce qu'indique le cercle qui est placé à
3 côté du chiffre "2"?
4 Réponse: Ca, c'est un espace découvert qui sépare Dobrinja 1 et Dobrinja
5 5. Il y avait -d'ailleurs il y a toujours-, une église qui était à
6 l'époque en cours de construction, une église orthodoxe.
7 Question: Est-ce que les enquêtes que vous avez menées sur ces incidents
8 de tirs embusqués vous ont permis d'établir que cette l'église était
9 l'endroit d'où provenaient les tirs?
10 Réponse: Oui, tout à fait. Sur le pont, il y a eu un certain nombre
11 d'incidents. Je ne sais pas quelles sont les données dont nous disposons
12 sur ces incidents. Il y a eu une certitude, c'est qu'il y avait des
13 activités sur le pont. Donc, nous sommes dans la localité de Dobrinja,
14 alors qu'on arrive de Dobrinja 2 et qu'on arrive dans Dobrinja 3.
15 Question: La flèche qui indique le cercle qui est placé à côté du numéro
16 2, indique-t-elle l'emplacement de ce pont? Cette flèche est orientée vers
17 le haut et vers la gauche.
18 Réponse: La flèche n°2 indique effectivement l'emplacement du pont qui
19 sépare les deux localités dont j'ai parlé tout à l'heure.
20 Question: Est-ce que vous avez enquêté sur des incidents de tirs embusqués
21 qui auraient atteint des personnes alors qu'elles traversaient ce pont?
22 Réponse: Oui, tout à fait.
23 Question: Combien d'incidents de ce type se sont produits, est-ce que vous
24 vous en souvenez? Des incidents, donc, qui auraient eu lieu sur le pont?
25 Réponse: Il y a eu plusieurs incidents, à la fois sur le pont et dans
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1 l'espace découvert qui sépare la rue Grada Bakua et les autres bâtiments
2 qui se trouvent là. Il y a eu également des incidents au coin de la rue
3 Grada Bakua. Je suis désolé, j'utilise les anciens noms des rues qui ont,
4 depuis, été rebaptisées. Je ne peux pas vous donner leurs nouveaux noms.
5 Question: Monsieur Sokolar, est-ce que l'on voit, sur cette carte, un
6 cercle dans lequel apparaît le chiffre "3"?
7 Réponse: Ici, sur le côté gauche de la carte.
8 Question: Et le bâtiment qui est à côté du n°3, quel est-il?
9 Réponse: Je crois que c'est l'université de théologie. On est à proximité
10 de la caserne.
11 Question: Monsieur Sokolar, est-ce que vous pourriez nous dire ce que
12 représente le cercle dans lequel apparaît le chiffre "4"?
13 Réponse: Voici le n°4, ça y est, je l'ai repéré. Cela représente sûrement
14 la localité de l'aérodrome. On y voit un certain nombre d'immeubles.
15 Question: Est-ce que c'est l'endroit auquel vous avez, plus tôt, fait
16 référence comme étant l'aéroport?
17 Réponse: Oui, tout à fait. Cela se trouve immédiatement à proximité de
18 l'aéroport, et c'est pour cela qu'on appelle ce quartier aérodrome,
19 aéroport.
20 Question: Est-ce que vos enquêtes vous ont permis de conclure que le
21 quartier qui se trouve à côté du n°4 était également un quartier d'où
22 provenaient des tirs?
23 Réponse: Oui. Il y a l'aérodrome, il y a ensuite le bâtiment de Danko
24 Midros, et puis, vers l'endroit que j'indique, il y avait un parking. Et
25 depuis cette direction, on pouvait également, en fait, atteindre ou
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1 prendre pour cible l'hôpital.
2 Question: Que représente le cercle où apparaît le chiffre "5"? Quel
3 emplacement est indiqué par ce chiffre "5"?
4 Réponse: Eh bien, je viens d'expliquer qu'il s'agit d'un parking. Et puis,
5 à côté, il y a un espace vert, si vous voulez, entre ces différents
6 immeubles que j'indique. Et c'est pour cela que, depuis la zone de
7 l'aérodrome, les tireurs embusqués pouvaient cibler cette zone qui se
8 trouve entre les immeubles, et donc pouvaient atteindre l'hôpital. C'est
9 cela qu'indique le n°5.
10 Question: Pourriez-vous maintenant nous dire ce qu'indique le n°6 qui se
11 trouve juste au-dessus du n°5? Que représente ce chiffre?
12 Réponse: Là, c'est absolument illisible, mais le n°6 se trouve à la sortie
13 de Dobrinja. Là, il y a vraiment quelque chose d'illisible. Je vois bien
14 que ça, c'est le chiffre 5... Ah, le chiffre 6, je viens de le trouver!
15 Question: Est-ce que le chiffre 6 est le chiffre qui indique la sortie de
16 Dobrinja?
17 Réponse: Oui, c'est cela, la sortie de Dobrinja.
18 Question: Est-ce que vous voyez un cercle dans lequel apparaît le chiffre
19 "7"?
20 Réponse: Cela se trouve dans Dobrinja 3. Mais il y a deux endroits qui
21 sont indiqués dans Dobrinja 3 et en fait, je vois un numéro 7 apparaître à
22 trois endroits différents sur cette carte.
23 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire ce que représentent ces
24 différentes zones indiquées par le chiffre "7"?
25 Réponse: Eh bien, en fait, les numéros 7 représentent des places qui se
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1 trouvaient au centre d'ensembles résidentiels. Et c'est là également qu'il
2 y avait des abris atomiques; c'est ainsi qu'on appelait ces abris.
3 C'étaient des abris souterrains qui avaient été installés.
4 Question: Des abris souterrains? C'étaient des abris qui étaient destinés
5 à la défense civile, qui étaient destinés à protéger les civils?
6 Réponse: Oui, c'est effectivement l'objectif de ces installations. Mais
7 avant la guerre, certaines de ces installations étaient utilisées comme
8 boutiques ou comme lieux de rassemblement pour des réunions d'affaires.
9 Ils n'avaient jamais été utilisés, ces abris, à des fins de protection.
10 Par la suite, ils ont souffert certains dégâts, enfin il n'y avait plus
11 d'électricité. Je ne crois pas qu'ils aient jamais vraiment servi.
12 Question: Monsieur Sokolar, vous avez mené un certain nombre d'enquêtes
13 sur ces incidents de tirs embusqués. Est-ce que ces enquêtes portaient sur
14 des victimes civiles, sur des victimes militaires ou sur ces deux
15 catégories de victimes?
16 Réponse: Il y a une chose que je voudrais dire. Etant donné que je
17 travaillais dans les forces de la police, je n'ai pas mené d'enquête à
18 l'extérieur ou le long de la ligne de démarcation où se trouvaient les
19 conscrits, les membres de la BiH. Toutes les enquêtes que j'ai menées, je
20 les ai menées, je les ai menées dans les localités où se trouvaient les
21 civils.
22 Pour ce qui est des membres des forces armées qui ont été victimes de
23 pilonnages, je n'ai pas mené d'enquête sur eux. Les seuls cas où j'ai pu,
24 peut-être, me pencher sur les cas de militaires, c'est lorsque ces
25 derniers se trouvaient chez eux dans le cadre d'une permission. S'il y
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1 avait des pilonnages et qu'il y avait des membres de l'armée de Bosnie-
2 Herzégovine parmi les civils atteints, il m'arrivait de mener des enquêtes
3 sur ces personnes. Mais, le plus souvent, ce type d'enquête était menée
4 par une autre commission.
5 Question: Est-ce que les enquêtes que vous meniez sur ces incidents de
6 pilonnage suivaient une méthodologie particulière?
7 Réponse: Je ne comprends pas votre question.
8 Question: Est-ce que des choses se produisaient, la chose suivante: vous
9 receviez un appel de l'hôpital, vous vous rendiez sur place pour vous
10 entretenir avec les victimes ou leurs proches par exemple?
11 Réponse: C'est exact. La méthodologie était celle-là.
12 Question: Est-ce que vous essayiez de comprendre d'où provenaient les
13 tirs? C'est un peu ainsi que vous procédiez, n'est-ce pas?
14 Réponse: Effectivement. Notre méthode de travail était toujours la même
15 lorsqu'il s'agissait de transmettre l'information. D'abord, c'était
16 l'hôpital qui servait de point de départ. Ensuite, on essayait de
17 rassembler les éléments d'information qui pouvaient être rassemblés.
18 Ensuite, on se rendait sur les lieux. S'il y avait plusieurs lieux ou
19 plusieurs scènes, si vous voulez, on essayait de voir si les quartiers
20 généraux pouvaient nous envoyer des équipes pour se rendre sur les
21 différents lieux d'incidents.
22 Question: Au cours de 1993, à quelle fréquence le quartier de Dobrinja a-
23 t-il été pilonné?
24 Réponse: Dobrinja a été pilonnée à plusieurs reprises en 1993, mais cela
25 dépendait un peu de la situation. Parfois, les incidents de pilonnages
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1 étaient extrêmement fréquents, alors que pendant d'autres périodes de
2 temps, les choses étaient plus calmes.
3 Question: Qu'en était-il en 1994? Est-ce que la situation était la même
4 pour ce qui est de la fréquence des pilonnages?
5 M. Sokolar (interprétation): Oui, tout à fait comparable. En 1994, il y a
6 eu des incidents au cours desquels il y a eu de nombreuses victimes à
7 cause des pilonnages.
8 M. Mundis (interprétation): Monsieur Sokolar, je vous remercie. Nous
9 n'avons plus de questions.
10 M. le Président (interprétation): Monsieur Mundis, je vous remercie.
11 Maître Pilipovic, est-ce que la défense est prête à commencer le contre-
12 interrogatoire de ce Témoin?
13 Mme Pilipovic (interprétation): Oui, Monsieur le Président.
14 M. le Président (interprétation): Monsieur Sokolar, c'est maintenant Me
15 Pilipovic, conseil de la défense, qui va vous poser certaines questions.
16 Vous avez la parole, Maître.
17 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Refik Sokolar, par Me Pilipovic.)
18 Mme Pilipovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
19 Bonjour, Monsieur Sokolar.
20 M. Sokolar (interprétation): Bonjour.
21 Question: Entre le mois de septembre 2000 et le 8 novembre 1995, vous avez
22 fait deux déclarations auprès des enquêteurs du Tribunal. N'est-ce pas
23 exact?
24 Réponse: Est-ce que vous pourriez redonner ces dates?
25 Question: Vous avez donné votre première déclaration le 8 novembre 1995.
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1 Cette déclaration, vous l'avez signée, n'est-ce pas?
2 Réponse: Oui, j'ai fait une déclaration.
3 Mme Pilipovic (interprétation): Merci.
4 La deuxième déclaration date du 4 septembre 2000. Vous avez signé
5 également cette dernière déclaration?
6 M. Sokolar (interprétation): C'est exact.
7 (Les interprètes demandent au conseil de la défense et au Témoin de
8 ménager des pauses entre les questions et les réponse.)
9 M. le Président (interprétation): Monsieur Sokolar, un petit problème
10 technique se pose. Vous parlez, vous et Me Pilipovic, la même langue, ce
11 qui veut dire que vous répondez sans attendre aux questions qui vous sont
12 posées. C'est très bien, mais les interprètes ont un peu de mal à suivre
13 ces échanges.
14 Je vais vous demander de bien vouloir observer ce qui se passe sur l'écran
15 placé devant vous. Il y a un curseur qui se déplace. Attendez que le
16 curseur s'arrête pour répondre. C'est ainsi que tout pourra apparaître sur
17 le compte-rendu. Je suis sûr que vous allez oublier cela de temps à autre,
18 je me permettrai donc de vous rappeler à l'ordre. Cela arrive avec tout le
19 monde. Merci.
20 Mme Pilipovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
21 Monsieur Sokolar, vous nous avez expliqué que vous étiez sorti de l'école
22 de police, enfin de l'académie de police de Vraca. C'est bien exact?
23 M. Sokolar (interprétation): Oui, c'est exact. J'ai reçu mon diplôme en
24 1983, au mois de juin 1983. Pardon, 1973.
25 Question: Est-ce que c'était bien l'académie de police de Vraca?
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1 Réponse: Oui, mais c'est bien 1973 qui est l'année de ma sortie de
2 l'académie. Cette académie se trouve bien dans la localité de Vraca.
3 Question: Merci.
4 Hier, en réponse à une question posée par mon éminent collègue de
5 l'accusation, vous avez déclaré que, le 1er mars 1992, suite au
6 référendum, suite au meurtre d'un Serbe qui prenait part à un mariage,
7 vous avez donc indiqué que des barricades avaient été dressées dans
8 certains quartiers de la ville de Sarajevo, est-ce exact?
9 Réponse: Oui, c'est exact. Le référendum a été organisé le 1er mars 1992,
10 et ce jour là je me trouvais à Dobrinja. Mais, dans le courant de la
11 soirée, j'ai appris qu'un Serbe qui prenait part à un mariage avait été
12 abattu dans les vieux quartiers de la ville. Et je crois que ce même soir
13 des points de contrôle -je ne dirai pas des barricades-, mais des points
14 de contrôle ont été établis et des hommes ont été chargés de les
15 surveiller. Ces points de contrôle ont été dressés aux carrefours, sur des
16 différents carrefours de la ville. Ces hommes étaient armés de fusils
17 automatiques.
18 Question: Savez-vous qui étaient ces hommes dont vous avez dit qu'ils
19 portaient des casquettes?
20 Réponse: Moi, je ne me suis pas rendu à ces points de contrôle, je ne suis
21 pas passé à proximité, je n'ai donc pas eu la possibilité d'observer ces
22 hommes. Mais ils étaient installés à proximité des quartiers à majorité
23 serbe. Je pense donc que ces hommes étaient eux-mêmes serbes.
24 Question: Vous nous avez dit que vous pensiez que ces points de contrôle
25 étaient installés à proximité des quartiers à majorité serbe. Vous nous
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1 avez dit que vous pensiez que les hommes qui surveillaient ces points de
2 contrôle étaient des Serbes. Mais qu'en est-il des parties de la ville où
3 la majorité de la population était musulmane? Est-ce qu'il n'y avait pas
4 là, également, des points de contrôle ou des barricades?
5 Réponse: Dans les parties de la ville où je me déplaçais, même si je me
6 déplaçais aussi peu que possible du fait des dangers que cela supposait,
7 il y avait également des points de contrôle qui avaient été installés. Ces
8 points de contrôle étaient tenus par des hommes qui portaient des masques,
9 des hommes dont on ne voyait pas le visage.
10 Moi, je ne me déplaçais pas dans ces quartiers. Mais, dans différents
11 points de la ville, à différents carrefours, notamment près de l'autoroute
12 de Stup, et puis également lorsqu'on va de Dobrinja à Mojmilo, il y avait
13 de telles installations. Mais jamais je ne me suis dirigé vers un autre
14 point de la ville qui se trouvait à côté de la station d'essence vers
15 Rajlovac. Moi, je vous le répète, je ne me déplaçais pas beaucoup parce
16 que c'était assez dangereux de se déplacer à pied.
17 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire où se trouvaient les points
18 de contrôle élevés par les Musulmans? Où se trouvaient ces points de
19 contrôle dans la ville?
20 Réponse: Il y avait de tels points de contrôle, mais ces points de
21 contrôle visaient à empêcher les déplacements des civils d'un côté et de
22 l'autre.
23 Question: Merci.
24 Vous travailliez pour l'agence qui était chargée de faire respecter la loi
25 et l'ordre dans la ville. Alors, est-ce que vous pourriez nous dire de
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1 quelle façon la police de la ville de Sarajevo a réagi face à la situation
2 qui prévalait? Est-ce que vous pouvez nous dire quoi que ce soit à ce
3 sujet?
4 M. Sokolar (interprétation): Jusqu'au 5 mai nous travaillions côte à côte;
5 les policiers bosniens, croates, serbes travaillaient côte à côte. Et nous
6 recevions des citoyens des informations selon lesquelles des armes étaient
7 confisquées ou des voitures étaient confisquées. Nous recevions de tels
8 rapports d'information, mais nous ne pouvions pas vraiment nous impliquer
9 dans les enquêtes qui portaient sur ces incidents parce que se rendre sur
10 les lieux, c'était assez dangereux.
11 Mme Pilipovic (interprétation): En fait, si je vous comprends bien, vous
12 nous dites...
13 M. Piletta-Zanin: Pour le transcript, le témoin a indiqué le "5 avril"
14 tout à l'heure. Ce que je lis dans le transcript, c'est le "5 mai". On
15 peut peut-être reposer la question pour clarification de transcript.
16 Merci.
17 M. le Président (interprétation): Oui.
18 Mme Pilipovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
19 Monsieur, est-ce que vous pourriez nous dire jusqu'à quelle date les
20 différents membres de la police de Sarajevo ont travaillé ensemble? Je
21 veux dire les Bosniens, les Croates, les Serbes.
22 M. Sokolar (interprétation): Je crois que c'était jusqu'au 5 avril 1992.
23 Le matin de ce jour-là, les collègues ne se sont pas présentés au travail;
24 un certain nombre ne sont pas venus au travail.
25 Pendant toute la guerre, nous avions à nos côtés un petit nombre d'hommes,
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1 mais c'étaient des hommes d'ethnicité croate, serbe. Et puis il y avait
2 également une force de réserve composée de Serbes et Croates, mais c'était
3 un petit nombre d'hommes.
4 Question: Pourriez-vous nous expliquer pourquoi la police s'est subitement
5 scindée en groupes ethniques? Est-ce qu'il y a eu des événements qui ont
6 déclenché cela? Est-ce qu'il y a d'abord eu un conflit? Est-ce qu'il y a
7 eu des difficultés à Vrace, à l'école, par exemple?
8 Réponse: Je ne dispose pas d'éléments d'information précis. Je ne sais pas
9 exactement ce qui s'est passé à l'école de Vrace; je crois qu'il y a eu
10 effectivement un certain nombre d'accrochages. Il y avait une force de
11 police spéciale sur place.
12 Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé, mais je sais
13 qu'effectivement les compagnies se sont scindées. A Krtelj, près de
14 l'aéroport, il y a eu saisie de biens personnels de tout genre.
15 Question: Vous nous avez dit qu'il y avait eu un conflit au sein d'une
16 unité spéciale. Est-ce que je dois comprendre qu'au sein de la force de
17 police de Sarajevo -ou peut-être était-ce au niveau de la République, donc
18 au niveau du MUP-, est-ce que je dois comprendre qu'il y avait donc des
19 unités spéciales?
20 Réponse: Oui, il y avait des unités de police spéciales.
21 Question: Est-ce que vous savez si c'était également le cas pendant le
22 conflit à Sarajevo? Et l'époque dont je parle est d'avril 1992 à mars
23 1992, jusqu'à septembre 1994 pour ce qui nous concerne. Est-ce que vous
24 savez s'il y a eu des activités d'unités spéciales dans la ville de
25 Sarajevo?
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1 Réponse: Non. Non, parce que j'étais à Dobrinja. Je sais que le 5 avril,
2 l'unité spéciale s'est disloquée. Certaines parties sont restées dans la
3 ville et d'autres sont parties.
4 Question: Est-ce que vous savez si une partie de l'unité spéciale qui est
5 restée dans la ville... Sous le contrôle de qui cette unité est restée: du
6 MUP ou d'individus? Est-ce que vous savez quelque chose à ce sujet?
7 Réponse: Je crois que c'était sous le contrôle du MUP, et puis le MUP
8 était sous le contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
9 Question: Lorsque vous dites que le MUP a été ensuite sous... plus tard,
10 sous le contrôle de la Bosnie-Herzégovine, pouvez-vous nous dire dans
11 quelle période ceci s'est passé? Je vous rappelle qu'on parle d'avril 1992
12 jusqu'à septembre 1994.
13 Réponse: Je ne sais pas, je ne peux pas vous dire exactement.
14 Question: Pourriez-vous nous dire si cette unité spéciale avait un
15 objectif particulier, lorsque nous parlons d'activités de tireurs
16 embusqués? Est-ce que c'est une unité de tireurs embusqués, dans le MUP,
17 qui avait le surnom de "Seve", à Sarajevo?
18 Réponse: Plus tard, après la guerre, j'en ai entendu parler, peut-être,
19 mais pendant la guerre je n'en ai pas entendu parler. Je peux lire
20 maintenant dans la presse, dans les médias, qu'ils parlent de cette unité,
21 mais pendant la guerre je n'avais aucune idée de l'existence de telles
22 unités.
23 Question: Merci.
24 Monsieur, vous avez dit qu'en mai 1992, votre poste était le commissariat
25 de police de Dobrinja, à partir du 10 mai; je crois que c'est ce que j'ai
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1 compris. Est-ce exact?
2 Réponse: Pas à partir du 10 mai. Je crois que c'était le mois suivant,
3 juin, juillet.
4 Question: Merci. Quand vous êtes venu à ce poste, quand vous avez pris ce
5 poste, où se trouvait-il exactement? Et pourriez-vous nous dire combien de
6 personnes étaient employées dans ce commissariat?
7 Réponse: Le PC ce trouvait dans un ancien magasin qui était un lieu
8 commercial et qui était devenu des bureaux, et le nombre de personnes
9 variait. Il y avait des douzaines de personnes qui entraient et sortaient;
10 ce n'était pas un personnel permanent.
11 Question: Pourriez-vous nous dire quelque chose concernant ce
12 commissariat? Dans quelle rue de Dobrinja se trouvait ce magasin
13 commercial, comme vous le disiez? Où se trouvait-il?
14 Réponse: Il était dans la rue Nehruova, au rez-de-chaussée, où il y avait
15 des vitrines présentant des meubles.
16 Question: Puisque nous trouvons plus facile de voir dans quelle partie de
17 Dobrinja...
18 Réponse: C'était Dobrinja 2.
19 Question: Est-ce qu'il y avait également un hôpital à Dobrinja 2?
20 M. Sokolar (interprétation): Oui. Un peu plus en contrebas, après le
21 croisement, après l'immeuble d'appartements.
22 Mme Pilipovic (interprétation): Savez-vous si, dans cette partie de
23 Dobrinja, il y avait aussi un PC d'une brigade qui se serait trouvée à
24 Dobrinja?
25 M. Piletta-Zanin: Oui. Juste pour préciser le compte rendu, ceci concerne
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1 Dobrinja 2. Je crois que ceci n'a pas été compris dans le compte rendu, en
2 ce qui concerne la réponse du témoin.
3 Je fais référence à la ligne 17 de la page 23, Monsieur le Président, où
4 le chiffre est absent. Mais nous avons tous entendu Dobrinja 2, y compris
5 les interprètes.
6 M. le Président (interprétation): Oui, je comprends bien que le magasin de
7 meubles était à Dobrinja 2, Monsieur Sokolar. Est-ce exact, Monsieur
8 Sokolar?
9 M. Sokolar (interprétation): Oui, Monsieur le Président.
10 M. le Président (interprétation): Je vous remercie. Veuillez poursuivre.
11 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Témoin, vous nous avez parlé
12 de l'endroit où se trouvait le commissariat de police où vous travailliez.
13 Savez-vous si, dans cette partie de Dobrinja, il y avait aussi un quartier
14 général de la 5e Brigade motorisée à Dobrinja?
15 M. Sokolar (interprétation): Ils avaient des unités dans tous les secteurs
16 au bord de Dobrinja, mais je ne sais pas où se trouvait leur PC.
17 Question: Merci.
18 Réponse: Il y avait 50 personnes qui travaillaient comme agents de police
19 à Dobrinja.
20 Question: Pourriez-vous nous dire quel type de matériel ils avaient? Vous
21 nous avez dit que vous étiez en civil. Est-ce qu'il y avait certains de
22 vos collègues qui portaient des uniformes?
23 Réponse: Oui, nous étions vraiment très mélangés. Il y avait divers types
24 d'uniformes, également en ce qui concerne les uniformes.
25 J'ai dit que la force de réserve de la police avait été mobilisée. Donc,
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1 un certain nombre de policiers, depuis novembre ou le début de l'année,
2 début de 1992, certains policiers avaient des uniformes bleus qui étaient
3 d'un drap plus épais. Ils les ont portés pendant un certain temps. Puis,
4 certains sont venus en civil, certains même en blue-jean ou ce qu'ils
5 avaient, des parties d'uniforme parfois. Mais, c'était un très petit
6 nombre d'agents qui portaient véritablement un uniforme. La plupart du
7 temps ils étaient en civil.
8 Question: Pourriez-vous nous dire si on leur avait remis des armes?
9 Réponse: Je crois que, pendant une brève période, on leur avait donné des
10 fusils automatiques, parce que c'est ce qui restait d'avant la guerre. En
11 fait, par la suite, ils ne portaient pas ces armes. Peut-être que, pendant
12 une brève période en 1992, ils ont porté des armes, et c'était ensuite
13 avec des pistolets automatiques.
14 Question: Lorsque vous dites une "brève période en 1992", pouvez-vous nous
15 dire exactement quelle période, au moment où on a remis des fusils
16 automatiques à vos collègues?
17 M. Sokolar (interprétation): Je crois que c'est seulement jusqu'au mois
18 d'août, je ne crois pas que ça soit poursuivi jusqu'en septembre 1992. Ce
19 sont les deux premiers mois seulement au début des affrontements de la
20 guerre. Par la suite, ils portaient des armes parce qu'ils faisaient des
21 patrouilles avec d'autres organes. Ensuite, ils ont eu des pistolets.
22 Mme Pilipovic (interprétation): Hier, vous nous avez parlé de la police de
23 réserve à Dobrinja?
24 M. le Président (interprétation): Voulez-vous arrêter. Attendons que le
25 curseur s'arrête sur l'écran, s'il vous plaît, parce qu'il y a des
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1 entorses faites par les deux.
2 Mme Pilipovic (interprétation): Je vous remercie, Monsieur le Président.
3 Nous allons faire de notre mieux.
4 Pourriez-vous nous dire... Hier, vous nous avez parlé de la force de
5 police de réserve. Pourriez-vous nous donner quelques détails de plus
6 concernant les types d'unité dont il s'agissait, et sous le commandement
7 de qui elles étaient placées?
8 M. Sokolar (interprétation): Je vous ai dit que le nombre de personnes
9 variait. Je crois qu'il y avait environ 50 agents. Nous avions notre
10 supérieur qui était à Novi Grad, dans la rue Gomeska(?) où il y avait eu
11 un commissariat de police avant la guerre. Je crois... non, je ne crois
12 pas, je sais que notre supérieur était Zuban Milos, et par la suite ce fut
13 M. Krivic.
14 Question: Pourriez-vous nous parler de la police de réserve, et si cette
15 force avait reçu du matériel et des armes?
16 Réponse: Oui, on nous avait remis cela.
17 Question: Pourriez-vous nous donner une réponse sur le nombre de personnes
18 qui constituaient la force de police de réserve et ce qu'on leur avait
19 remis, pour ce qui est du matériel et d'armes?
20 Réponse: Pourtant du matériel... il n'y avait pas de matériel particulier,
21 ils étaient en civil. Pour ce qui est des armes, je vous ai déjà dit
22 qu'ils avaient des fusils automatiques pendant les deux premiers mois. Par
23 la suite, ils ont seulement eu des pistolets.
24 Question: Au cours de cette période en 1992 dont nous parlons maintenant,
25 1992, est-ce que vous savez si les membres de la police de réserve ont
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1 pris part à des affrontements, des combats sur le champ de bataille?
2 M. Sokolar (interprétation): Je suis arrivé à Dobrinja en juillet, et je
3 pense qu'il y avait une ligne de front qui était déjà établie. Et il y
4 avait... Quant à savoir s'il y avait eu des membres de la force de police
5 de réserve, je ne sais pas. C'est possible, parce que nous ne pouvions pas
6 quitter Dobrinja.
7 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, vu la réponse du
8 témoin sur cette question, la défense souhaiterait montrer au témoin une
9 ou deux lignes de sa déclaration que la défense a, à la fois en serbe et
10 en anglais. Sa déclaration du 4 septembre 2000, il y a également une
11 version en anglais, je crois que nous pouvons également la remettre aux
12 interprètes.
13 Le numéro de la pièce est 01056539; il s'agit d'une déclaration du 4
14 septembre 2000. Ceci fait partie de la déclaration que la défense souhaite
15 montrer au témoin. Cela a trait à la réponse du témoin, à la page 4 de la
16 version anglaise, au paragraphe 6, les trois dernières lignes.
17 M. le Président (interprétation): Est-ce que l'huissier pourrait remettre
18 le document aux interprètes?
19 M. Mundis (interprétation): Ceci a déjà été remis aux interprètes. Lorsque
20 nous citons un témoin, nous fournissons les cabines de ces documents.
21 M. le Président (interprétation): Oui. Vous vous assistez très bien.
22 Parfois, il y a des doubles exemplaires, ce qui est une grande joie pour
23 moi.
24 Veuillez poursuivre, Maître Pilipovic.
25 Mme Pilipovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
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1 Monsieur le Témoin…
2 M. le Président (interprétation): Voudriez-vous d'abord montrer… On ne
3 dépose pas ce document, on ne le verse pas encore au dossier. Il faudrait
4 d'abord vérifier que c'est bien la déclaration que le témoin a signée. Si
5 vous voulez, s'il vous plaît, vérifier, montrer cela au témoin, pas pour
6 qu'il le lise, mais simplement qu'il reconnaisse si c'est bien le document
7 qui contient sa déclaration et qu'il a signé.
8 Monsieur Sokolar, est-ce que vous reconnaissez votre signature?
9 M. Sokolar (interprétation): Oui.
10 M. le Président (interprétation): Rendez le document à Me Pilipovic.
11 Maître Pilipovic, vous allez donc citer les lignes que vous voulez
12 soumettre au témoin. Veuillez poursuivre.
13 Mme Pilipovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
14 Monsieur le Témoin, dans cette partie de la déclaration que je vais vous
15 citer, qui se trouve dans le dernier paragraphe, vous dites qu'il y avait
16 environ 50 à 60 réserves: "Au début, probablement entre avril et septembre
17 1992, les réserves de la police ont été envoyées sur les lignes de front.
18 Je ne me suis pas rendu sur la ligne de front parce que nous n'avions pas
19 assez d'armes. Environ quatre ou cinq policiers ont été tués en défendant
20 Dobrinja".
21 Vous avez répondu à ma question, vous m'avez dit que vous ne saviez pas.
22 En septembre 2000, vous avez dit que la force de police de réserve d'avril
23 à septembre avait été envoyée sur la ligne de front.
24 Pourriez-vous nous dire ce qui est, selon vous, la vérité?
25 M. Sokolar (interprétation): Lorsque vous avez dit "champ de bataille",
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1 "front", moi je voulais dire: en dehors de Sarajevo. Mais tout ceci
2 c'était passé avant mon arrivée à Dobrinja. Les policiers de réserve
3 faisaient des patrouilles sur les bords de la Dobrinja et, dans ces
4 circonstances, ils défendaient leurs propres maisons, leurs propres
5 domiciles. En ce sens, ils participaient à la guerre. Ils défendaient
6 leurs domiciles. Si vous voulez appeler cela un champ de bataille, un
7 front, alors c'est cela qu'il faut comprendre.
8 Question: Monsieur le Témoin, je n'ai fait que lire ce que vous aviez
9 déclaré. Je vous remercie.
10 Maintenant, nous sommes d'accord qu'il y avait environ 50 ou 60 policiers
11 de réserve en civil -c'était de la réserve- et qui ont pris part, en
12 avril, mai, aux combats autour de Dobrinja. Est-ce exact?
13 Réponse: Jusqu'à ce que j'arrive, il y avait déjà sur les bords… Il y
14 avait certainement, sur les bords de Dobrinja, leur présence. C'est comme
15 cela que la ligne de démarcation s'était établie.
16 D'un côté, il y avait une force de police et de l'autre côté, il y avait
17 l'autre police. C'est comme cela que la ligne de démarcation a été
18 établie.
19 Question: Donc, d'après votre réponse, je peux conclure qu'en avril et en
20 mai, puisque vous dites que vous êtes arrivé en juin à Dobrinja, que c'est
21 dans cette partie de Dobrinja que la ligne de démarcation a été établie et
22 que ces lignes ont partagé Dobrinja, comme vous vous venez de l'expliquer.
23 Vous avez une force de police d'un côté, et une autre force de police de
24 l'autre côté. Est-ce que j'ai bien compris?
25 Réponse: Pas seulement la police. Il y avait aussi des citoyens qui, par
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1 la suite, sont devenus des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Les
2 gens s'organisaient eux-mêmes. Peut-être qu'il n'y avait que 10 à 15
3 réservistes.
4 Il y a eu une division entre Dobrinja 4 et Dobrinja 3 et Dobrinja 1, et
5 puis notre partie de la Dobrinja 1, pour ainsi dire. De l'autre côté, la
6 division s'est faite de cette façon. De l'autre côté de Nedzarici, la
7 police faisait des patrouilles. C'est comme ça que cette division s'est
8 faite.
9 Question: Pourriez-vous parler des lignes de démarcation qui se sont
10 créées en avril, mai 1992?
11 Au cours de 1992, 1993, jusqu'à septembre 1994, y a-t-il eu changement ou
12 est-ce qu'elles sont restées telles qu'elles étaient qu'établies? Avez-
13 vous connaissance… Est-ce qu'il y avait eu des combats, des affrontements?
14 Réponse: Seulement une petite partie, derrière Dobrinja 5. Je crois que
15 les lignes bougeaient un peu. Mais c'était plutôt armée contre armée.
16 Peut-être entre Dovice(?) et Dobrinja 5, mais c'était des immeubles
17 d'appartement. Non, les lignes ne bougeaient guère, il n'y avait pas de
18 mouvement important des lignes.
19 Question: Je vous remercie.
20 Dans la période allant jusqu'à 1994 -je veux dire: à partir du moment où
21 vous êtes arrivé à Dobrinja, au commissariat de police-, pourriez-vous
22 nous dire si, indépendamment de la police qui avait des armes, si d'autres
23 personnes ou peut-être des unités qui se déplaçaient aussi dans cette
24 partie de la ville étaient aussi armées?
25 Vous êtes un agent de police, donc vous êtes probablement très bien
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1 informé. Je me demande si vous pourriez nous donner une réponse.
2 Réponse: Etant donné qu'il y avait peu d'armes, la plupart des armes
3 étaient probablement sur la ligne de front. Dans ces immeubles, dans
4 Dobrinja même, je n'ai jamais vu de personnes, de groupe important de
5 personnes dotées d'armes.
6 Question: Lorsque vous dites que vous n'avez pas vu de nombre important de
7 personnes, que voulez-vous dire par "groupe important de personnes"?
8 Réponse: Une unité, d'une partie de Dobrinja à l'autre. Je parle
9 maintenant de deux ou trois personnes, des agents de police. A l'intérieur
10 de Dobrinja, je n'ai pas vu de groupe de personnes de ce genre.
11 Question: Lorsque vous dites "un groupe important", "une unité
12 importante", que voulez-vous dire? Est-ce qu'il y avait des groupes plus
13 petits de personnes armées qui étaient présents dans Dobrinja? Est-ce que
14 vous avez entendu que de tels groupes auraient maltraité des habitants ou
15 auraient cambriolé des appartements? Avez-vous eu des renseignements de ce
16 genre?
17 Je voudrais vous rappeler: y avait-il un groupe qui était sous le contrôle
18 de Juka Prazina, Caco, de Juka Prazina, Doktar? Avez-vous des
19 renseignements sur ce genre?
20 Réponse: J'ai travaillé à la prévention de crimes et je me suis occupé de
21 cambriolages et de vols, mais au cours de cette période je n'ai pu que
22 parler aux gens et interviewer des habitants qui n'étaient pas des membres
23 des forces armées. En fait, j'ai parlé avec des femmes et avec des mineurs
24 qui n'étaient pas en âge d'être appelés.
25 Question: Pourriez-vous nous dire sous le contrôle de qui la police de
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1 réserve se trouvait, dans la zone de Dobrinja, au cours de la période
2 allant d'avril, mai 1992? Je veux dire: les policiers de réserve qui, nous
3 l'avons dit, avaient pris part aux affrontements. Sous le contrôle de qui
4 se trouvait-elle?
5 Réponse: Jusqu'à mon arrivée, la personne principalement responsable était
6 M. Krivic, Malik Krivic. Et puis, les gens ont changé, certaines personnes
7 ont été mutées pour toutes sortes de raisons, et donc dans ces unités, ces
8 petites unités, je ne sais pas, jusqu'à mon arrivée. Mais par la suite, au
9 cours de la guerre, après mon arrivée, j'ai vu Mirko Lovric, qui est
10 d'ethnie croate; il a été à Dobrinja pendant les deux ou trois années qui
11 ont suivi.
12 Question: Lorsque vous nous parlez de ces unités plus petites qui étaient
13 dans le voisinage, combien de personnes composaient ces unités et comment
14 se fait-il qu'elles aient été basées dans le voisinage?
15 Réponse: Je crois que c'était dans le secteur de Buca Potok. A Alipasino
16 Polje, je ne peux pas me souvenir. C'étaient de plus petites unités.
17 Question: Est-ce que vous avez des renseignements sur les locaux dans
18 lesquels se trouvaient ces unités? Est-ce que c'étaient des locaux
19 commerciaux, est-ce que c'étaient des appartements, des immeubles?
20 Réponse: Je crois que c'était seulement dans Alipasino Polje que se
21 trouvait une base dans un immeuble d'appartements, mais je ne sais pas
22 vraiment où était leur quartier général. J'étais à Dobrinja.
23 Question: Aujourd'hui -ou hier, peut-être-, vous avez dit, sur une
24 question, que la police à Dobrinja, votre unité en l'occurrence, rendait
25 compte au commissariat de Novi Grad. Est-ce que je vous ai bien compris?
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1 Vous aviez dit que c'était le service de sécurité, est-ce exact?
2 Réponse: Oui, nous devions rendre compte à ce centre. Mais ce n'est pas un
3 centre de sécurité publique; c'était, en fait, la station de sécurité
4 publique de Novi Grad.
5 Question: Donc vous envoyiez vos rapports à ce centre de sécurité publique
6 à Novi Grad. Savez-vous à qui ce centre faisait rapport, rendait compte?
7 Est-ce que vous savez qui était leur supérieur immédiat?
8 Réponse: Probablement une instance plus élevée; peut-être la CSB, le
9 centre de sécurité. CSB, centre des services de sécurité.
10 Question: Lorsque vous envoyiez vos rapports au centre de Novi Grad, en
11 quoi consistaient vos rapports? Et quand les envoyiez-vous? Quelle était
12 la fréquence? Est-ce que c'était un rapport quotidien, un rapport
13 hebdomadaire ou mensuel? Et en quoi vos rapports consistaient-ils
14 exactement?
15 Réponse: Je voudrais que vous me disiez exactement quel type de rapport.
16 J'ai envoyé ces rapports officiels, notamment par exemple si je trouvais
17 l'auteur d'un délit. Ce rapport était ensuite... on le faisait suivre.
18 C'étaient des notes officielles.
19 Question: A qui adressiez-vous ces notes officielles et à quelle
20 fréquence?
21 Réponse: Les notes officielles... Si un incident s'était produit, par
22 exemple de bombardement, de pilonnage ou des blessures infligées, par
23 exemple au cours de la journée, dans l'après-midi, si j'avais la
24 possibilité -ou le jour suivant-, si c'était techniquement possible, si on
25 avait de l'électricité ou le fax ne fonctionnait pas, il fallait que
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1 j'attende le lendemain. Je n'envoyais pas de rapports hebdomadaires mais
2 seulement mensuels.
3 Question: Donc, vous envoyiez des notes officielles dont vous vous avez
4 parlé -vous nous avez dit quelle était leur teneur-, vous les envoyiez à
5 la station de Novi Grad. Savez-vous à qui la station de Novi Grad faisait
6 suivre ces rapports ou ces notes officielles que vous aviez rédigées?
7 M. Sokolar (interprétation): Je répète: je les envoyais à mon supérieur.
8 Je suppose qu'il les faisait suivre ensuite au centre de service de
9 sécurité. Mais ce n'était pas dans ma compétence de savoir à qui, ensuite,
10 ce serait envoyé. Je rédigeais ma note officielle, je l'envoyais à mon
11 centre. Savoir ensuite quelle partie serait envoyée à la CSB ou resterait
12 là où je l'avais envoyée, je n'en sais rien.
13 Mme Pilipovic (interprétation): Je vous remercie.
14 Monsieur le Président, je vois que c'est le moment de la suspension.
15 M. le Président (interprétation): Je vous remercie. Maître Pilipovic, nous
16 allons suspendre jusqu'à 11 heures.
17 Mais avant de quitter le prétoire, je voudrais vous lire quelques notes
18 que j'ai prises. Je crois qu'il y a eu une heure 50 minutes
19 d'interrogatoire principal. Je crois que vous avez maintenant fait un
20 contre-interrogatoire de 40 minutes. Je voudrais simplement rappeler,
21 justement, les temps, pour que l'on reste au temps alloué.
22 L'audience est suspendue jusqu'à 11 heures.
23 (L'audience, suspendue à 10 heures 33, est reprise à 11 heures 03.)
24 Oui, Monsieur l'huissier, je vous prie de faire entrer le Témoin. Lorsque
25 l'on introduira le Témoin dans le prétoire, vous pourrez continuer avec le
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1 contre-interrogatoire, Maître Pilipovic.
2 (Le témoin, M. Refik Sokolar, est introduit dans le prétoire.)
3 Mme Pilipovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
4 Monsieur le Témoin, avant la pause, nous parlions de vos notes de service
5 que vous confectionniez. Vous avez dit que vous les remettiez au poste de
6 police de Novi Grad et vous présumez que, plus tard, ces derniers
7 faisaient suivre ces notes de service à quelqu'un, mais vous ne savez pas
8 trop où. Est-ce que c'est exact?
9 M. Sokolar (interprétation): Oui, c'est exact.
10 Question: Pourriez-vous nous dire -si vous le savez bien sûr- si, au mois
11 d'avril, de mai, de juin 1992, la guerre a été proclamée à Sarajevo? Y
12 avait-il un état de guerre, un état de danger de proclamé à Sarajevo, si
13 vous le savez?
14 Réponse: Il y a eu un référendum qui s'est déroulé le 1er mars, pour
15 l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine. Et le 5 ou le 6 avril, la Bosnie-
16 Herzégovine a été reconnue par les Nations Unies en tant qu'indépendant,
17 Etat indépendant. Et je crois que oui, quelque part au mois d'avril,
18 effectivement, on a proclamé un état de guerre.
19 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire à quel moment?
20 Réponse: Eh bien, je crois qu'au mois d'avril, les Nations Unies ont
21 accepté l'indépendance mais je ne sais pas, je ne connais pas la date
22 exacte.
23 Question: Au cours de votre travail au poste de police de Dobrinja, est-ce
24 que vous saviez que l'on avait procédé à la formation d'un corps
25 particulier à Dobrinja -étant donné qu'il y avait la proclamation d'un
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1 état de guerre-, et qui était constitué des membres de la défense civile
2 et des membres de la police, afin d'organiser la défense? Ou est-ce que ce
3 corps... y a-t-il eu formation d'un certain corps pour procéder à la
4 défense? Est-ce que vous le savez?
5 Réponse: Au début, le peuple s'est auto-organisé avec l'aide de la police.
6 Cela ne s'est pas seulement passé à Dobrinja, ceux qui étaient à Dobrinja
7 sont restés à Dobrinja. Mais je ne vous ai pas très bien compris: de quel
8 genre d'organisation parlez-vous?
9 Question: Je vous ai demandé s'il y avait un corps qui dirigeait cette
10 organisation; un organisme, une organisation? Est-ce que c'était dans le
11 cadre de la défense civile?
12 Réponse: Oui, il y avait un quartier général de la défense civile.
13 Question: Et est-ce que, à l'époque, si vous le savez bien sûr, les
14 organes municipaux fonctionnaient?
15 Réponse: Le siège des organes municipaux se trouvait dans l'autre partie
16 de la municipalité de Novi Grad, et il y avait une fonction au sein de la
17 municipalité, il y avait plusieurs corps qui fonctionnaient au sein de la
18 municipalité. Mais j'y allais assez rarement comme je vous l'ai déjà dit.
19 Je sortais de mon quartier assez rarement.
20 Question: Donc vous étiez chargé de travailler dans votre quartier.
21 Pourriez-vous nous dire, étant donné que vous étiez membre de la police,
22 pouvez-vous nous dire si vous aviez une arme de service pendant que vous
23 étiez de service. Etes-vous un policier ou un civil? Comment êtes-vous
24 reconnu au sein des organes policiers, indépendamment de la façon dont
25 vous étiez vêtu?
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1 Réponse: J'avais une arme de service, c'était un pistolet; je le portais
2 assez rarement. Et si je le portais, je le portais sous mes vêtements,
3 dans un étui. Quant à la façon dont je me sentais, je me sentais comme un
4 civil étant donné que je ne portais pas d'uniforme et que je travaillais
5 dans un bureau.)
6 Question: Vous nous avez dit que vous ne saviez pas où était le siège
7 précis de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Dobrinja. Pourriez-vous nous
8 dire si, au cours de votre travail, au cours de vos déplacements dans
9 Dobrinja, il vous est arrivé de rencontrer des soldats de l'armée de
10 Bosnie-Herzégovine?
11 Réponse: Les premiers deux à trois ans, c'étaient des groupuscules de
12 personnes habillées en civil. Donc jusqu'à la fin de la guerre, je peux
13 vous dire que j'en voyais deux, trois ou quatre. Quant aux personnes en
14 uniforme, à savoir si elles se déplaçaient dans le quartier de Dobrinja,
15 eh bien, je ne peux pas vous le dire.
16 Question: Ces groupuscules d'hommes armés que vous voyiez à Dobrinja,
17 quelle était leur façon de se comporter envers vous? Quels étaient les
18 liens que vous aviez, vous, en tant qu'enquêteur, et eux? Est-ce que vous
19 aviez des problèmes avec ces derniers? Quel était le rapport que vous
20 mainteniez avec eux? Est-ce que vous appuyiez leurs agissements ou non?
21 Réponse: Je répète à nouveau que je n'avais pas la compétence d'un
22 policier en uniforme. L'armée militaire avait des membres de la sécurité
23 militaire et donc je n'avais pas la compétence nécessaire quant à l'armée.
24 Nous n'avons jamais mené d'enquête sur la ligne de front.
25 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire s'il y avait une sécurité
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1 militaire en place à Dobrinja?
2 Réponse: Oui, je présume que oui.
3 Question: Pourriez-vous nous dire qui était le commandant de cette unité
4 militaire à Dobrinja?
5 Réponse: Non.
6 Question: Est-ce que vous savez si, au cours de l'année 1992, 1993 et
7 1994, il y avait une unité à Dobrinja qui était sous le commandement d'un
8 certain Deda, et que cette unité était sous le contrôle de l'armée de la
9 BiH? Est-ce que vous savez, est-ce que vous connaissez ces faits? Est-ce
10 que ces faits vous sont connus?
11 M. Sokolar (interprétation): (Inaudible et signe de la tête.)
12 Mme Pilipovic (interprétation): En tant que policier, est-ce que vous
13 pourriez nous dire, pendant que les incidents se déroulaient, est-ce que
14 vous vous rendiez sur les lieux pour enquêter sur les événements de tirs
15 embusqués? Vous nous avez dit que vous vous rendiez…
16 M. le Président (interprétation): Nous demandons au témoin de répondre de
17 façon audible.
18 Maître Pilipovic, pourriez-vous répéter la question, car le témoin n'a pas
19 répondu verbalement. Soit répétez votre question, je vous prierai, ou
20 demandez au témoin de répondre de façon audible.
21 Mme Pilipovic (interprétation): Je vais vous donner lecture de la
22 question: "Vous, en tant que policier, pourriez-vous nous dire si, lorsque
23 les incidents de tirs embusqués ou de bombardement se sont déroulés -comme
24 l'a indiqué mon éminent confrère-, est-ce que vous vous rendiez sur place
25 à chaque fois qu'il y avait un tel incident pour mener une enquête?"
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1 Telle était la question qui vous a été posée. Pourriez-vous répondre de
2 façon audible, je vous prie, Monsieur le Témoin? Est-ce que vous vous
3 rendiez sur les lieux pour enquêter?
4 M. Sokolar (interprétation): Lorsque la situation le permettait, je me
5 rendais sur les lieux. Quand il y avait des bombardements, je pouvais m'y
6 rendre si la position des bâtiments était telle qu'elle me permettait
7 assez de sûreté. Mais en revanche, s'il y avait des tirs, il y avait des
8 tireurs embusqués non loin de l'endroit où se trouvait l'incident, je ne
9 pouvais pas me rendre sur place. Je ne voulais pas m'exposer aux tirs de
10 tireurs embusqués, donc ne me rendais pas directement sur les lieux quand
11 la situation ne le permettait pas, mais je me rendais tout près.
12 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire si vous avez une archive pour
13 la période de 1992, 1993 et 1994?
14 Réponse: Vous voulez dire: personnellement, si j'ai tenu, si j'ai pris des
15 notes personnelles?
16 Question: Oui, je parle de notes de service.
17 Réponse: Je n'ai pas gardé les notes de service que je confectionnais.
18 Etant donné que j'ai pris ma retraite, je ne possède aucun document de la
19 sorte.
20 Question: Pourriez-vous nous dire quelles étaient vos tâches, vos
21 responsabilités lorsque vous meniez les enquêtes?
22 Réponse: Mes tâches, mes responsabilités lors des enquête étaient les
23 suivantes: je devais d'abord établir la direction dans laquelle se
24 déplaçait la victime; ensuite, la provenance de la balle, donc établir la
25 direction de laquelle est provenu le tir, donc d'établir également la
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1 position des immeubles et d'enquêter toutes les circonstances, de voir,
2 d'enquêter sur les circonstances entourant l'événement sur les lieux.
3 Question: Pourriez-vous nous dire si, au cours de l'année 1992, 1993 et
4 1994, pendant que vous étiez affecté à ce genre de tâches, pourriez-vous
5 nous dire quel est le nombre d'enquêtes que vous avez menées au cours de
6 cette période?
7 Réponse: Au cours de l'année 1992, je n'ai pas mené d'enquête de ce genre,
8 ni au début de 1993, mais c'est seulement après la mi-1993 que j'ai
9 commencé à enquêter sur les incidents. J'ai déjà déclaré préalablement,
10 dans ma déclaration fournie aux membres du Bureau du Procureur, qu'il
11 pouvait arriver de 4 à 5 jours où je ne me rendais pas sur les lieux. Il y
12 avait également des moments de trêve où les périodes étaient plus
13 prolongées.
14 Question: Monsieur le Témoin, j'aimerais attirer votre attention et
15 rafraîchir votre mémoire sur la déclaration qui a eu lieu le 4 septembre
16 2000, à la page 4 de la version BCS. Et en version anglaise, il s'agit du
17 paragraphe 6, de la page 6.
18 Je vais vous donner lecture: "Au cours de la guerre, j'ai mené plus de 200
19 enquêtes médico-légales. C'étaient des incidents de tirs embusqués et de
20 bombardements qui se sont déroulés dans la région de Dobrinja".
21 Est-ce que ce que vous avez déclaré dans cette déclaration est la vérité?
22 Réponse: Je crois que, lors de la traduction, il y a peut-être eu une
23 erreur. J'ai assisté à environ 200 enquêtes médico-légales, mais je
24 n'étais pas seul. Comme j'ai dit, lorsqu'il y avait plusieurs personnes
25 qui avaient été victimes de tels incidents, on avait procédé à la
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1 formation d'une équipe. Dons je crois qu'il y avait plusieurs personnes
2 sur place, je n'étais pas le seul.
3 Question: Pourriez-vous nous dire, selon vous, en tant qu'homme ayant
4 travaillé dans ce genre d'enquêtes, que représentent donc, d'après vous,
5 les termes "enquêtes médico-légales"?
6 Réponse: Je ne connais pas la langue anglaise, je ne la parle pas, mais je
7 crois qu'en traduction cela veut dire la "présence d'une expertise". Nous
8 appelons cela, en Bosnie, des "enquêtes médico-légales en criminologie".
9 Je n'ai pas mené ce genre d'enquête d'expertise, j'ai simplement établi,
10 donc, la position des immeubles; j'établissais la provenance des tirs et
11 je procédais également à la vérification de toutes ces données. Je n'ai
12 pas personnellement fait des enquêtes médico-légales.
13 Question: Est-ce que, lors de ces enquêtes médico-légales, un expert en
14 balistique est présent, un juge d'instruction y est présent, et il y a
15 d'autres... il y a des pathologistes également? Est-ce que vous pourriez
16 nous dire si, au cours de cette période-là, on a procédé à ce genre
17 d'enquête avec la présence de toutes ces personnes compétentes?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Vous nous avez dit que vous vous rendiez sur place, vous étiez
20 en équipe. Est-ce que vous faisiez un croquis des lieux? Est-ce que vous
21 preniez des photographies des lieux?
22 Réponse: Je n'ai pas pris de croquis des lieux, je n'ai pas procédé non
23 plus à la prise de photographies; c'étaient les responsabilités des
24 techniciens de sein de crime. Ce que je faisais, c'est simplement établir
25 visuellement ce qui s'est passé et le transcrire sur papier. Mais on
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1 faisait cela seulement quand il y avait des... lorsque plusieurs personnes
2 étaient blessées ou lorsque des cas étaient beaucoup plus graves; c'est à
3 ce moment-là que les équipes complètes venaient.
4 Quant à la prise de photographies, nous ne disposions même pas d'un
5 appareil photographique. Nous n'avions pas le matériel nécessaire à
6 Dobrinja alors qu'en ville, oui, ils avaient de tels équipements.
7 Question: Donc vous ne preniez pas non plus des mesures de la distance...
8 pour établir la distance de l'endroit où on avait tiré?
9 Réponse: Non, je ne procédais pas à cela. Je n'ai pas mesuré la distance,
10 mais j'établissais la direction du déplacement de la victime, la position
11 des bâtiments entourant l'incident, et ainsi de suite.
12 Question: D'après ce que j'ai compris, votre rôle était le suivant:
13 pendant que vous preniez ces notes de service, vous n'étiez pas témoin
14 oculaire de ces événements?
15 Réponse: Non, je n'étais pas un témoin oculaire. Lorsque la victime avait
16 été atteinte, lorsque la victime se trouvait, par exemple, à l'hôpital...
17 Elle était déjà à l'hôpital lorsque les événements nous étaient rapportés.
18 Donc j'allais simplement sur les lieux pour enquêter après l'incident.
19 Question: Lorsqu'on vous disait qu'un incident s'était déroulé, avant de
20 vous rendre sur les lieux, est-ce que vous meniez... est-ce que vous aviez
21 des conversations, est-ce que vous aviez des rencontres avec les personnes
22 qui se trouvaient à l'hôpital, les victimes, donc, avant de vous rendre
23 sur place? Est-ce que vous parliez aux victimes?
24 Réponse: Dans certains cas, si les victimes étaient en état, je pouvais
25 échanger quelques phrases assez brèves avec eux à l'hôpital de Dobrinja,
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1 simplement pour établir la provenance ou l'endroit duquel la victime
2 s'était déplacée et la direction dans laquelle elle se dirigeait; c'est
3 seulement quand les victimes étaient en état de parler. Si, par contre,
4 une personne avait été transportée à l'hôpital de Kosevo, il m'arrivait
5 d'aller sur place pour procéder à une compilation de données.
6 Question: De votre réponse, j'ai pu comprendre que l'information quant à
7 l'endroit où l'incident est survenu et la provenance, pour ainsi dire, des
8 tirs, vous receviez ces informations-là des victimes mêmes?
9 Réponse: J'ai déjà dit que, dans un certain nombre de cas, il m'arrivait
10 de m'entretenir avec les victimes qui se trouvaient à l'hôpital de
11 Dobrinja alors que dans d'autres cas, non.
12 Question: En tant que personne affectée à ce genre de tâche, pourriez-vous
13 nous dire si ce genre de note de service, que vous confectionniez, était
14 envoyée aux personnes compétentes? Est-ce qu'elles étaient faites
15 conformément aux règles?
16 Etant donné que vous nous avez dit que vous ne preniez pas de
17 photographies, vous ne preniez pas de mesures non plus, est-ce que vous
18 croyez que ce genre de notes de service étaient... est-ce qu'elles
19 reflétaient correctement la scène du crime si vous ne vous rendiez pas sur
20 la scène du crime?
21 Réponse: Eh bien, ce n'était pas fait de façon classique. Si vous voulez,
22 c'était une description des événements et c'est cela que je consignais.
23 Nous ne procédions pas à la mesure, nous ne mesurions pas les distances
24 car, dans la plupart des cas, il était impossible non plus de se rendre
25 sur les lieux. Nous nous rendions parfois sur les lieux pour y rester
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1 assez brièvement car on pouvait, à ce moment-là, être exposés nous-mêmes
2 aux tirs de tireurs embusqués et, lorsque je retournais au bureau, je
3 consignais le tout sur papier. Je transposais sur papier ce que j'avais
4 vu, enregistré moi-même.
5 Question: Vous nous avez dit, aujourd'hui, que vous aviez reçu un rapport
6 concernant un incident qui s'est déroulé au mois de mai. On vous a fourni
7 une note de service en date du 25 mai 1994. Dans cette note de service,
8 vous avez constaté qu'un autobus avait fait l'objet de tirs. Est-ce que
9 vous avez vu personnellement cet autobus pour lequel vous dites qu'il se
10 trouvait à l'arrêt d'autobus, dans la rue Nikola Demonja?
11 Réponse: J'ai déjà déclaré que, sur les lieux, je n'ai pas vu d'autobus
12 car l'autobus en question avait quitté les lieux. Je ne sais pas si
13 l'autobus avait transporté des victimes. Je ne sais pas, mais je sais que
14 l'autobus s'était dirigé en direction du stationnement de la gare routière
15 de la ville.
16 Question: Après avoir reçu l'information concernant cet incident, vous
17 nous avez dit que l'autobus s'est rendu à la gare routière, donc en ville.
18 Est-ce que vous pourriez nous dire si, ce jour-là ou le lendemain, vous
19 vous êtes rendu effectivement à la gare routière pour voir cet autobus et
20 pour constater l'endroit où l'on avait tiré sur cet autobus?
21 Réponse: Je ne me suis pas rendu à la gare routière ou à la base des
22 autobus, qui se trouve dans l'autre partie de Novi Grad, mais je crois que
23 mes collègues qui travaillaient sur cette affaire s'étaient rendus tout
24 près de la gare routière. Je ne sais pas s'ils ont fait de rapports ou
25 non, je ne sais pas s'ils ont emmené également des experts médico-légaux
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1 sur les lieux. Je ne le sais pas, mais étant donné que l'autobus était de
2 Dobrinja, j'avais simplement fait une note de service. J'ai informé les
3 organes compétents et eux ont pris l'enquête pour enquêter plus loin.
4 Question: Une question: je vais vous montrer la note de service que vous
5 avez eue le temps de regarder. Vous avez dit que l'autobus avait été
6 atteint tout près du pneu avant, du côté droit. Selon quelles données est-
7 ce que vous pouvez dire cela, étant donné que vous nous avez dit ne pas
8 avoir vu l'autobus en question; alors comment se fait-il que vous avez pu
9 consigner ces détails dans votre rapport? Et quelles sont les raisons pour
10 lesquelles vous parlez du pneu avant droit?
11 M. Sokolar (interprétation): Après m'être entretenu avec mes collègues,
12 ils m'ont informé par téléphone. Ces derniers m'ont donc informé de ces
13 détails, mais je n'ai pas constaté le tout moi-même.
14 Mme Pilipovic (interprétation): Pourriez-vous...
15 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin?
16 M. Piletta-Zanin: Merci, Monsieur le Président.
17 Compte tenu de l'importance légale que peut avoir ce fait par rapport à
18 cette audition, j'entends signaler à la Chambre -puisqu'il y a des
19 déclarations très contradictoires-, que ce témoin a indiqué cela tout à
20 l'heure, en page 9, ligne 5. C'est à peu près cet endroit où le témoin
21 -ligne 7 même pour être précis-, le témoin a parlé de ce coup reçu près du
22 pneu. Merci.
23 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, vous êtes en train
24 de faire un commentaire sur le rapport du témoin. Ce n'est pas ce que vous
25 devez faire au cours du contre-interrogatoire. Si vous désirez poser des
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1 questions, vous pouvez demander à votre collègue de le faire, pour les
2 poser au témoin. Mais ce n'est pas au conseil qui assiste le conseil qui
3 pose des questions, qui procède au contre-interrogatoire, ce n'est pas
4 l'endroit pour nous apporter des observations. Je vous prie de tenir
5 compte de cela. Vous pouvez coopérer, bien sûr, avec votre collègue comme
6 vous le désirez mais ce n'est pas ce que l'on fait lors du contre-
7 interrogatoire.
8 M. Piletta-Zanin: Mille excuses, Monsieur le Président. C'était pour...
9 M. le Président (interprétation): Vos excuses sont acceptées, Maître
10 Piletta-Zanin.
11 Veuillez reprendre, Maître Pilipovic.
12 Mme Pilipovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
13 Donc, Monsieur le Témoin, vous nous avez dit, il y a quelques instants,
14 que, dans la note de service, vous avez fait une note indiquant que le
15 pneu avant avait été atteint; et vous avez obtenu cette information de vos
16 collègues.
17 M. Sokolar (interprétation): Oui, après m'être entretenu avec mes
18 collègues, j'ai consigné cela sur papier. J'ai fait une note de service.
19 Il me semble que la balle a atteint le pneu et est allée par ricochet
20 toucher la tôle. Mais je n'ai pas non plus, comme je vous l'ai déjà dit,
21 examiné l'autobus.
22 Mme Pilipovic (interprétation): Est-ce que vous pourriez nous dire à quel
23 moment vous avez reçu ces informations de vos collègues?
24 M. Sokolar (interprétation): Je crois que c'était le lendemain. Je crois
25 que c'était le lendemain, je ne le sais pas.
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1 M. le Président (interprétation): Les interprètes ont du mal à vous
2 entendre, Monsieur le Témoin. Monsieur Sokolar, il serait peut-être bon de
3 ne pas trop vous éloigner des micros, je vous prie. Les interprètes
4 pourront vous entendre ainsi. Je vous prie de poursuivre.
5 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Témoin, pourriez-vous nous
6 répondre à cette question: sur la base de quoi, sur la base de quelles
7 données vous avez pu établir, étant donné que vous nous avez dit que vous
8 n'aviez pas pris les mesures, vous n'avez pas procédé à la prise de
9 photographies, vous n'avez pas fait de croquis non plus, sur la base de
10 quoi vous avez pu constater, dans votre note de service, que l'autobus
11 avait été atteint et que l'on a tiré sur l'autobus en provenance du
12 quartier de Nedzarici?
13 M. Sokolar (interprétation): Après m'être rendu à l'hôpital et, après
14 avoir obtenu ces détails quant aux victimes et quant à la manière dont ils
15 ont été blessés, je me suis rendu sur les lieux où l'autobus s'était
16 arrêté. En arrivant à l'entrée du quartier de Dobrinja, j'ai donc constaté
17 le tout. Visuellement, j'ai examiné les lieux. J'ai examiné également
18 l'emplacement des immeubles, la position de ces derniers. J'ai donc pu
19 établir que la balle provenait du côté droit et ce, depuis le quartier de
20 Nedzarici car, par téléphone, mes collègues m'ont avisé que l'autobus
21 avait été atteint tout près du pneu avant droit. En fait, c'était peut-
22 être tout près du pneu. J'ai peut-être fait une erreur en indiquant que
23 c'était le pneu qui avait été atteint directement.
24 Question: Comment vous pouvez expliquer le fait que la note de service est
25 confectionnée le 25 mai et que l'on constate, dans cette note de service,
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1 qu'elle a été écrite le même jour, alors que maintenant vous nous dites
2 que les données, les informations reçues quant à cet incident, s'agissant
3 de l'endroit où l'autobus en question a été atteint, donc, vous avez reçu
4 ces informations le lendemain? Est-ce que vous êtes d'accord avec moi pour
5 dire qu'il est possible que vous ayez pu confectionner cette note de
6 service un peu plus tard?
7 Réponse: Cette note de service a été rédigée soit ce jour-là ou le jour
8 suivant mais elle porte la date du jour que nous évoquions. Donc, en fait,
9 l'idée, c'était que nous puissions plus aisément traiter ces notes du
10 point de vue administratif.
11 Question: Vous admettez donc que ces rapports de service ou notes de
12 services, rédigés par vous-même et par vos collègues, pouvaient être
13 rédigés en fait plus tard, après qu'il y ait eu rapport fait sur
14 l'incident, après réception des premières informations?
15 Réponse: Je ne me rappelle pas exactement à quel moment de la journée cela
16 s'est passé. Peut-être que j'ai été informé par mes collègues du moment où
17 le bus avait été atteint; peut-être qu'ils m'ont dit que cela s'était
18 passé le matin et peut-être que je n'en ai été averti que l'après-midi. Et
19 peut-être que ce n'est que l'après-midi que j'ai rédigé cette note de
20 service, je ne m'en souviens plus.
21 Question: Je crois ne pas me tromper en disant que vous vous êtes
22 entretenu avec les victimes, qui se trouvaient à bord du bus, le jour
23 même. Est-ce que vous pouvez nous dire à quels endroits du corps les
24 victimes avaient été atteintes? Où se situaient la plupart des blessures
25 dont souffraient les victimes? Est-ce que vous disposez de ces éléments
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1 d'information?
2 Réponse: Je ne comprends pas ce que vous voulez dire. A quelle hauteur se
3 trouvaient les blessures?
4 Question: Oui. Où se trouvaient ces blessures: se trouvaient-elles plutôt
5 sur le haut du corps, et à quel niveau?
6 Réponse: Je me suis d'abord entretenu avec les victimes et je crois
7 qu'après avoir parlé avec elles, j'en suis arrivé à la conclusion qu'elles
8 étaient déjà assises à bord du bus et qu'elles avaient été, pour la
9 plupart, touchées dans la partie supérieure des jambes. Je crois que l'une
10 des victimes avait une blessure à une jambe, tandis que l'autre victime
11 était blessée aux deux jambes. C'est ce dont je me souviens.
12 Question: Lorsque vous parlez avec elles, est-ce que vous avez pu établir
13 si ces personnes étaient debout ou assises au moment des faits?
14 Réponse: Je suis désolé mais, vous savez, il y avait vraiment beaucoup de
15 cas de ce genre et je ne me souviens pas de tout. Cela s'est passé il y a
16 si longtemps. Je n'ai pas la capacité de me souvenir de toutes les dates
17 et de toutes les victimes. Trop de choses se sont passées, je ne peux
18 sincèrement pas répondre à cette question.
19 Question: Voyons si vous pouvez répondre à celle-ci: pendant la période de
20 temps au cours de laquelle vous effectuiez votre travail, est-ce que,
21 pendant cette période, vous savez si certaines parties de Dobrinja -et je
22 crois que nous avons bien établi maintenant de quelle façon Dobrinja avait
23 été divisée en Dobrinja 1, 2 ,3, 4, et nous savons que Dobrinja 4 était
24 sous le contrôle de la Republika Srpska; nous savons par ailleurs que
25 Dobrinja 2, 3 et 5 et une partie de Dobrinja 1 étaient sous le contrôle de
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1 l'armée de l'armée de la BiH.
2 Donc je reprends ma question: est-ce que vous savez si, dans ces parties
3 de Dobrinja, il y avait des tirs de tireurs embusqués qui étaient orientés
4 vers Nedzarici, vers Dobrinja 1 et vers Dobrinja 4? Est-ce que vous pouvez
5 nous dire quoi que ce soit à ce sujet?
6 Réponse: Depuis Dobrinja 4... Pardon, en fait, votre question a semé la
7 confusion dans mon esprit.
8 Question: Est-ce que, depuis Dobrinja 1, 2, 3 et 4, est-ce que depuis au
9 moins une partie de Dobrinja 1, de Dobrinja 2, 3, 5, il y avait des
10 activités de tirs, que ce soit de tireurs embusqués ou d'obus? Est-ce
11 qu'il y avait ce type d'activité dirigée vers Dobrinja 4 et vers Dobrinja
12 1, en direction également de Nedzarici? Je viens de dire que nous étions
13 d'accord pour dire que ces quartiers de la ville étaient placés sous le
14 contrôle de l'armée de la Republika Srpska. Est-ce que, depuis les
15 quartiers que j'ai évoqués, on tirait vers Nedzarici, vers Dobrinja 4, et
16 vers certaines parties de Dobrinja 1en 1992, 1993 et 1994?
17 Réponse: Oui, lorsqu'il y avait des opérations de combat mais, c'était
18 surtout sur le niveau de la ligne de démarcation. Et on savait fort bien
19 dans quels appartements il y avait des membres de l'armée de Bosnie-
20 Herzégovine et, dans quels appartements, il y avait des membres de la
21 Republika Srpska. Oui, il y avait des échanges de feu mais sur les limites
22 ou aux limites de la ligne de démarcation, pas au centre.
23 Question: Si nous prenons la ligne de démarcation qui va vers Nedzarici,
24 est-ce que vous pourriez nous dire quel segment de cette ligne de
25 démarcation était placé sous le contrôle de la BiH?
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1 Réponse: Il s'agissait d'immeubles situés sur deux rues qui étaient au
2 bord de la ligne. Mais vers Nedzarici, il y avait également des maisons
3 plus petites, de deux ou trois étages, où se trouvaient des citoyens
4 bosniens. Et puis, un petit peu plus bas, il y avait la ligne de
5 démarcation. Donc il n'y avait pas d'immeubles d'appartements, si vous
6 voulez. On se trouvait plus au cœur de la zone habitée, si vous voulez.
7 Question: Quelle était la distance qui séparait les deux parties au
8 combat, au niveau de la ligne de démarcation?
9 Réponse: Vous savez, moi, je ne m'y trouvais pas. A l'intérieur de la zone
10 d'habitation, je ne sais pas exactement ce qu'il en était. Après, je ne
11 pouvais pas vraiment me rendre sur la ligne de démarcation pour essayer
12 d'établir clairement les choses; il y avait des opérations de combat.
13 Question: Après la signature des accords de Dayton, est-ce que vous avez
14 eu la possibilité de vous rendre à Nedzarici?
15 Réponse: Dans quelle partie de Nedzarici? La partie qui était placée sous
16 le contrôle de la BiH, ou dans les deux parties?
17 Question: Dans ces deux parties.
18 Réponse: Oui, je m'y suis rendu.
19 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire quel était l'état dans lequel
20 se trouvaient les bâtiments?
21 Réponse: Certains bâtiments étaient très endommagés, d'autres étaient
22 totalement endommagés.
23 Question: Est-ce que vous pourriez dire qu'en fait, dans les deux parties
24 de la ville, donc à la fois la partie qui était sous le contrôle de la BiH
25 et celle qui était placée sous le contrôle de la Republika Srpska, est-ce
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1 qu'on peut dire que le niveau d'endommagement des bâtiments était le même
2 dans les deux parties de la ville?
3 Réponse: Oui. Mais là où c'était l'armée de Bosnie-Herzégovine qui avait
4 le contrôle, la destruction était plus importante. Les dégâts étaient plus
5 importants, je le répète, dans la partie de la ville qui était placée sous
6 le contrôle de la BiH.
7 Question: Est-ce que l'on peut déduire de ce que vous venez de dire que,
8 dans cette partie de la ville, il y avait des combats très fréquents?
9 Réponse: Oui, il y avait des combats.
10 Question: Vous nous avez dit que l'église était en cours de construction,
11 que les travaux n'étaient pas achevés. Est-ce que vous pourriez nous en
12 dire un petit peu plus? Pourriez-vous décrire précisément ce qu'il en
13 était de l'état de l'église en 1992, 1993 et 1994?
14 Réponse: L'église a été bâtie, mais il y avait encore des échafaudages
15 tout autour. En fait, elle était construite, il y avait juste des
16 échafaudages que l'on apercevait depuis Dobrinja. En tout cas, la partie
17 de Dobrinja qui était placée sous le contrôle des forces bosniennes.
18 Question: Est-ce que vous étiez à même, depuis la partie de Dobrinja qui
19 était placée sous le contrôle des Bosniens, de voir cette église?
20 Réponse: Cette église est visible depuis Dobrinja. Lorsque l'on passe de
21 Dobrinja 2 à Dobrinja 3, il y a trois ponts: un pont plus important
22 réservé aux véhicules, et deux ponts réservés aux piétons. Et puis un
23 petit peu plus bas, je ne m'en souviens pas très bien mais il me semble
24 qu'il y a un point d'où l'on peut voir l'église. Et on peut l'observer
25 également, cette église, depuis un autre pont qui n'était pas utilisé, qui
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1 était réservé à la circulation.
2 Question: Etant donné que la rivière Dobrinja traverse Dobrinja, est-ce
3 que vous pouvez nous dire combien de ponts se trouvent dans la zone? Vous
4 avez vécu là-bas pendant un certain temps, vous vous déplaciez beaucoup;
5 est-ce que vous seriez à même de nous dire combien de ponts enjambaient la
6 rivière?
7 Réponse: Est-ce qu'il est nécessaire d'établir la liste de tous les ponts
8 qui se trouvaient dans Dobrinja?
9 Il y avait un pont important sur sa ligne de confrontation, et puis il y
10 avait également un pont également sur la ligne de confrontation où
11 personne ne se déplaçait, et puis il y avait un troisième pont qui passait
12 près de la place, et puis il y avait également un pont réservé à la
13 circulation des bus lorsque ceux-ci étaient autorisés à se déplacer, et
14 puis il y avait un autre pont piétonnier entre Dobrinja 2 et Dobrinja 3.
15 Et puis il y avait un autre pont qui n'était pas opérationnel, qui était
16 destiné exclusivement aux véhicules; ce pont allait vers Nedzarici. Et
17 puis, à Nedzarici même, il y avait un pont récemment construit qui était
18 placé sous le contrôle de l'armée de la Republika Srpska; c'était un peu
19 en contrebas.
20 Donc je viens de vous dire quels étaient les ponts qui se trouvaient à
21 Dobrinja.
22 Question: Je vous remercie.
23 Pourriez-vous nous dire si ces ponts étaient protégés et, le cas échéant,
24 de quelle façon leur protection était assurée, pour autant que vous vous
25 en souveniez?
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1 Réponse: Lorsque ces victimes ont été blessées, je crois que les ponts
2 n'étaient pas protégés, mais par la suite, une certaine protection a été
3 assurée, notamment sur le pont plus important destiné à la circulation. Et
4 puis le pont plus important qui partait de la rue Emile Zola était
5 également protégé; il en allait de même du pont qui allait de l'hôpital
6 vers Dobrinja 3. Donc ce troisième pont, plus près de Nedzarici, était en
7 partie protégé; ces protections ont été installées pendant la guerre. A
8 quel moment exactement, je ne pourrais pas vous le dire.
9 Mme Pilipovic (interprétation): Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous
10 décrire de quel type de protection il s'agissait? En fait, ma question
11 porte surtout sur le pont Emile Zola, et également sur le pont allant de
12 Dobrinja 2 à Dobrinja 3.
13 M. Sokolar (interprétation): Le pont Emile Zola n'était pas protégé parce
14 qu'il était plus près de la ligne de confrontation. Celui qui était en
15 contrebas, en revanche, était protégé par de grandes dalles de béton, par
16 des containers de grande taille. Je ne me souviens plus très bien de ce
17 qui a été utilisé pour assurer la protection du pont mais il y avait, oui,
18 ces grandes dalles de béton. Certaines faisaient 2 mètres sur 5; elles
19 avaient 5 mètres de hauteur, ces dalles. Ça, c'était le grand pont. Mais
20 pour ce qui est du pont Emile Zola, je répète qu'il n'était pas protégé.
21 M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, comme je l'ai dit
22 avant la pause, vous devez respecter le temps qui vous est imparti. Vous
23 n'aviez pas dépassé votre temps de parole avant la pause, mais vous avez
24 désormais outrepassé vos limites. Alors, est-ce que vous pourriez nous
25 dire de combien de temps vous pensez devoir encore disposer?
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1 Mme Pilipovic (interprétation): Je vais poser encore deux questions,
2 Monsieur le Président. Et, si vous nous en donnez l'autorisation, mon
3 collègue posera lui aussi deux questions. Nous serons en tout état de
4 cause très brefs.
5 Monsieur, est-ce que vous pourriez nous dire, si vous le savez, combien de
6 personnes travaillaient au centre de sécurité à Sarajevo? Est-ce que vous
7 êtes à même de nous le dire?
8 M. Sokolar (interprétation): Le nombre de personnes qui y travaillaient
9 variait. Je sais qu'à Dobrinja, il y avait environ 50. Combien de
10 personnes travaillaient au centre de la ville? Je ne le sais pas.
11 Question: Seriez-vous d'accord avec moi pour dire que ces notes
12 officielles que vous avez rédigées, lorsque vous vous êtes rendu sur les
13 lieux où les incidents s'étaient produits, étaient des notes que vous
14 rédigiez conformément à vos propres observations?
15 Réponse: Oui, dans certains cas. Mais l'objectif, c'était surtout de
16 garder une trace de tous ces incidents, de les consigner. Il n'était pas
17 techniquement possible de le faire si on s'attachait à chaque petit
18 détail. Comme vous l'avez dit vous-même, il y avait toute sorte de détails
19 d'ordre technique qu'il aurait fallu recueillir, d'ordre médico-légal. Là,
20 il s'agissait simplement de se rendre sur les lieux, de faire une
21 observation assez générale, d'observer ce qui se passait. Je n'ai pas
22 mesuré la distance en termes de mètres séparant un point d'un autre.
23 Question: Vous êtes donc d'accord avec moi pour dire qu'une équipe se
24 rendant sur les lieux aurait dû comprendre un expert en balistique,
25 notamment s'il s'agissait de pilonnages, afin de pouvoir enregistrer des
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1 éléments d'information plus précis?
2 Réponse: Bien sûr, il y avait des équipes d'experts qui se rendaient sur
3 les lieux. Il y avait des experts en balistique, des experts médico-
4 légaux. Il y avait des membres qui étaient plus chargés des aspects
5 techniques. C'était quelque chose qui devait être fait.
6 Question: Autre chose: après l'incident qui a eu lieu à Dobrinja, le 4
7 février 1994, lorsqu'il y a eu pilonnage de la file d'attente des
8 personnes qui voulaient obtenir de l'eau, est-ce que cet incident a été le
9 seul de ce genre? Est-ce qu'il y a eu d'autres incidents de pilonnage à
10 Dobrinja en 1994?
11 Réponse: Le 4 février, j'ai été blessé. Ce n'était pas une file d'attente
12 pour obtenir de l'eau. Je crois, qu'en fait, c'était un point de
13 distribution d'aide humanitaire. C'était de l'autre côté de Dobrinja. Il y
14 avait trois ou quatre obus qui sont tombés sur les lieux. J'ai été blessé
15 et, après le 4 février, oui, il y a eu des cas de pilonnages en 1994,
16 absolument. A quoi pensez-vous exactement?
17 Question: A Dobrinja, où vous viviez, est-ce qu'il y a eu des cas de
18 pilonnages?
19 Réponse: Oui, même après le 4 février 1994 il y a eu pilonnage.
20 Question: Selon vous, est-ce que ces pilonnages ciblaient des endroits
21 particuliers, pourriez-vous nous le dire?
22 M. Sokolar (interprétation): Il y a eu le bloc C5 qui a été touché le 15
23 juillet. Il y a eu un incident le 1er juin à Dobrinja 3. C'est vraiment
24 difficile de me souvenir de tout cela dans le détail. Après cette date,
25 s'il y a eu des incidents importants où de nombreuses victimes ont été
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1 blessées, eh bien, sans doute des équipes se sont-elles rendues sur place,
2 mais je ne peux pas vraiment me souvenir de ce qui s'est passé après cette
3 date. Je ne peux pas me prononcer sur toute la période de temps qui a
4 abouti à la signature des accords de Dayton.
5 Mme Pilipovic (interprétation): J'en ai terminé, Monsieur le Président.
6 M. le Président (interprétation): Merci.
7 Maître Piletta-Zanin, je crois que vous avez des questions supplémentaires
8 à poser.
9 M. Piletta-Zanin: Si la Cour m'y autorise, très volontiers, elles seront
10 brèves et peu nombreuses.
11 M. le Président (interprétation): (Non traduit.)
12 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Refik Sokolar, par Me Piletta-
13 Zanin.)
14 M. Piletta-Zanin: J'essaierai même de faire mieux, si c'est possible.
15 Monsieur le Témoin, bonjour. Merci d'être ici. Vous avez établi dans l'une
16 de vos déclarations écrites que vous saviez que l'armée bosnienne avait
17 des quartiers généraux dans Dobrinja. Est-ce bien exact?
18 M. Sokolar (interprétation): Oui.
19 Question: Merci. Vous avez indiqué par contre que vous ne saviez pas où
20 étaient localisés, à Dobrinja, ces quartiers généraux. Est-ce bien exact?
21 Réponse: J'ai dit que tout cela était fait par unité, par compagnie, à
22 Dobrinja 1, à Dobrinja 2, à C5, à l'aéroport. Il y avait des unités de
23 moindre taille, des unités plus petites. Il n'y avait pas de caserne. Il
24 n'y avait pas d'endroits où ces unités se regroupaient.
25 Question: Bien, Monsieur le Témoin. Je comprends qu'il y avait donc des
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1 détachements dans chacune des diverses Dobrinja que nous connaissons;
2 c'est bien exact?
3 Réponse: Oui, des compagnies de plus petite taille.
4 Question: Merci. Vous venez de nous dire qu'il n'y avait pas de caserne,
5 je l'ai bien entendu. C'est bien exact: il n'y avait pas de caserne dans
6 aucune des 4 ou 5 Dobrinja que nous connaissons?
7 Réponse: S'il y avait quoi que ce soit près de la ligne de démarcation, je
8 ne le sais pas. Est-ce qu'il y avait des casernes? Là, je ne le sais pas.
9 Mais à l'intérieur de Dobrinja, à l'intérieur, il n'y en avait pas. Ce qui
10 se passait, c'est lorsqu'il y avait fin d'équipe, les personnes
11 retournaient chez elles.
12 Question: Très bien. Merci, Monsieur le Témoin.
13 Où dormaient ces soldats? Ou dormaient ces soldats?
14 Réponse: Eh bien, ils rentraient, ces soldats rentraient chez eux, pardon.
15 Question: Merci de cette réponse, Monsieur le Témoin.
16 Vous nous avez parlé de l'hôpital de Dobrinja. Pour localiser précisément
17 où se trouvait cet hôpital, pouvez-vous nous le rappeler, je vous prie?
18 Réponse: L'hôpital se trouvait au rez-de-chaussée du bâtiment de la rue
19 Omladinskih Radnih Brigada. Au coin, il y avait un restaurant et je crois
20 qu'il y avait une salle où il y avait des équipements médicaux. C'était au
21 rez-de-chaussée d'un immeuble.
22 Question: (hors micro)... ou un numéro, peut-être? Nous avons la rue.
23 Maintenant, avez-vous un numéro dans la rue?
24 Réponse: Je ne sais pas comment les numéros étaient attribués aux
25 immeubles, mais c'était au coin de la rue Omladinskih Radnih Brigada,
Page 3630
1 c'était au rez-de-chaussée.
2 Question: (hors micro)... y avait-il, Monsieur, sur cet hôpital, un signe
3 quelconque le distinguant en tant que tel?
4 Réponse: Je crois qu'il y avait un signe; enfin, il n'y avait rien d'écrit
5 sur le bâtiment mais je ne sais pas s'il y avait une croix rouge ou un
6 autre signe distinctif de ce type. Je savais que c'était un hôpital, je
7 passais à côté tous les jours. Je n'ai rien remarqué de visible.
8 Question: Monsieur le Témoin, vous avez dit que vous avez visité sur place
9 des victimes. Avez-vous, vous, de propres yeux, observé un signe
10 suffisamment visible manifestant qu'il s'agissait là d'un hôpital? Oui ou
11 non?
12 Réponse: A l'intérieur de Dobrinja, si l'on s'approchait de l'immeuble, on
13 pouvait le voir. Mais est-ce qu'on pouvait le voir depuis une certaine
14 distance? Est-ce qu'il y avait un signe que l'on pouvait distinguer depuis
15 une certaine distance? Est-ce qu'on pouvait savoir qu'au rez-de-chaussée
16 il y avait un hôpital? Je n'en sais rien. Je ne suis pas sûr de tout ce
17 que l'on peut dire à propos du signe.
18 Question: Je prends note de toutes vos réponses, Monsieur, je vous
19 remercie.
20 Savez-vous s'il se trouvait une prison à proximité de l'hôpital ou dans
21 ses environs? Je vous vois sourire...
22 Réponse: Je souris parce que j'étais policier. Je n'avais pas la
23 possibilité de garder en détention les personnes avec qui je... dont
24 j'aurais souhaité qu'elles restent en détention. Je travaillais avec des
25 personnes mineures, je n'avais pas la possibilité de les garder. Il n'y
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1 avait donc pas de prison.
2 Est-ce que les institutions de la sécurité militaire avaient des
3 installations permettant de garder des prisonniers de guerre? Peut-être,
4 mais je ne le sais pas.
5 Question: Monsieur, quand vous dites "peut-être", vous avez entendu dire
6 ou vous ne le savez pas? Pouvez-vous être plus précis sur cette dernière
7 observation que vous venez de faire, des installations militaires?
8 Réponse: Je vous dis que je n'avais absolument pas accès à tout cela. Je
9 n'étais pas compétent pendant une certaine période parce qu'il n'y avait
10 pas de bons rapports entre les deux entités.
11 Question: Est-ce que le nom du café Borsalino vous dit quelque chose?
12 Réponse: Borsalino, c'est dans la municipalité de Novi Grad. Cela se
13 trouve à Alipasino Polje. Pour ce qui est de Sunce, je ne sais pas. Il y
14 avait une boutique appelée Sunce, mais un café appelé Sunce, je n'en ai
15 pas connaissance. Borsalino, c'est du côté d'Alipasino Polje.
16 M. Piletta-Zanin: Ce café correspond-il à un lieu de détention? J'entends
17 Borsalino.
18 M. Sokolar (interprétation): Non. S'ils voulaient garder les personnes en
19 détention, ils pouvaient sans doute le faire dans leur centre; sans doute
20 y avait-il une pièce pour garder ces personnes en détention. Maintenant,
21 est-ce qu'il y en avait effectivement une? Je ne le sais pas.
22 M. Mundis (interprétation): Monsieur le Président, nous faisons objection
23 à toute cette série de questions, nous ne pensons pas qu'elle soit
24 pertinente. Et je remarque que nous sommes bien au-delà du temps imparti à
25 la défense.
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1 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, est-ce que vous
2 pourriez répondre à l'objection qui vient d'être soulevée par l'accusation
3 quant à la pertinence de ces questions?
4 M. Piletta-Zanin: Oui, Monsieur le Président, parce que nous cherchons à
5 déterminer quels étaient les emplacements de caractère militaire
6 impliquant des concentrations de troupes militaires en civil ou en
7 uniforme, et il semble qu'il y a eu de tels établissements dans Dobrinja.
8 Je pense qu'il est légitime que nous sachions où se soient trouvées ces
9 diverses cibles légitimes, d'où cette série de questions.
10 Si nous devons découvrir que tel ou tel endroit est à l'extérieur de
11 Dobrinja, eh bien, tant pis. Mais la question devait être posée.
12 M. le Président (interprétation): Alors je vous pose la question suivante:
13 est-ce que vous pensez que des prisonniers sont des cibles légitimes? Vous
14 posez beaucoup de questions relatives aux prisons... Enfin, depuis un
15 certain temps c'est le cas.
16 M. Piletta-Zanin: Je répondrai différemment, Monsieur le Président. C'est
17 une question de droit que je pourrais évoquer plus tard, mais il est
18 certain que qui dit prison dit gardes et dit soldats en armes; c'est de
19 cela que découle le fait...
20 M. le Président (interprétation): Oui?
21 M. Piletta-Zanin: S'il y a une prison.
22 M. le Président (interprétation): Je vous comprends, Maître. Votre
23 argument est le suivant: s'il y a une prison, il y a immanquablement des
24 gardes en uniforme qui la gardent et donc c'est une cible légitime?
25 M. Piletta-Zanin: Si nous avons des gardes militaires -c'est bien ce j'ai
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1 cru comprendre- en exercice, eh bien, il se peut que ces gardes deviennent
2 des cibles légitimes, tout à fait.
3 M. le Président (interprétation): Je n'ai rien entendu dire de ceux qui
4 étaient de service, mais est-ce que votre position... Je comprends que
5 c'est une partie des thèses de la défense qui pourrait faire que ce serait
6 pertinent que si des personnes en uniforme gardaient des prisons, ce
7 seraient des objectifs légitimes? Est-ce que j'ai bien compris ce que vous
8 avez dit?
9 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, oui, dans la mesure où forcément,
10 s'il y a un établissement militaire, il y a des gardes normalement en
11 uniforme. Et s'il s'agit d'un conflit, il est évident que l'adversaire ne
12 peut pas, en plus, savoir ce que font ces gardes à ce moment-là, mais s'il
13 constate qu'ils sont là, par conséquent il se peut qu'ils deviennent une
14 cible légitime. D'où la série de questions.
15 M. le Président (interprétation): Je comprends votre position. Vous avez
16 dit, Maître Piletta-Zanin... Je ne vais pas vous arrêter sur cette
17 question -bien que ce pourrait être une question juridique complexe, je ne
18 vais pas vous arrêter là-dessus-, mais je voudrais vous rappeler que vous
19 avez dit vous n'aviez que deux ou trois questions à poser, et je vois
20 qu'on peut en compter au moins dix. Donc vous savez où vous en êtes avec
21 le nombre de questions posées au témoin.
22 Je vous donne l'occasion de terminer brièvement et d'essayer d'être aussi
23 efficace que l'était Me Pilipovic.
24 M. Piletta-Zanin: Oui, Monsieur le Président, la vie est pleine de
25 surprises, nous le savons, nous découvrons des choses. Mais cela pour dire
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1 que nous terminons ici. Nous n'avons plus d'autres questions. Merci.
2 M. le Président (interprétation): Je vous remercie beaucoup, Maître
3 Piletta-Zanin.
4 Est-il nécessaire de poser des questions supplémentaires? Monsieur Mundis?
5 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. Refik Sokolar, par
6 M. Mundis.)
7 M. Mundis (interprétation): Très brièvement, une question.
8 Monsieur Sokolar, en réponse à une question de mon collègue vous avez dit,
9 sur la base de ce que vous aviez dit dans votre déclaration de témoins,
10 que vous et vos collègues avez procédé au moins à 200 enquêtes concernant
11 des incidents de tirs isolés. Est-ce exact?
12 M. Sokolar (interprétation): Dans l'automne 1992, lorsque les opérations
13 de combat ont commencé, c'est seulement dans la deuxième partie de 1993
14 que les investigations ont commencé. J'ai dit 200, je ne pouvais guère
15 compter. Il y avait les jours où il n'y avait aucun incident, d'autres
16 jours où il y avait plusieurs incidents. En tout cas, le nombre était très
17 élevé.
18 Question: Est-ce que vous ou vos collègues avez fait enquête sur tous les
19 événements de tireurs isolés entre la mi-1993 jusqu'à 1994?
20 Réponse: Je crois que presque tous, depuis la mi-1993 jusqu'au cessez-le-
21 feu qui a été signé en 1994, je veux dire mes collègues, ce n'était pas
22 que moi.
23 Question: Est-ce qu'il y avait donc eu des événements de tirs avant que
24 vous ne commenciez à faire des enquêtes, des événements de tireurs isolés
25 et de pilonnages?
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1 M. Sokolar (interprétation): Oui.
2 M. Mundis (interprétation): Je vous remercie, Monsieur Sokolar, je n'ai
3 pas d'autres questions.
4 M. le Président (interprétation): Merci, Monsieur Mundis. Le Juge Nieto-
5 Navia a des questions a poser.
6 (Questions au témoin, M. Refik Sokolar, par M. le Juge Nieto-Navia.)
7 M. Nieto-Navia (interprétation): Je vais lire la réponse que vous avez
8 faite en ce qui concerne l'incident de l'autobus. La page 9, ligne 5, vous
9 avez dit: "Je suis d'abord allé à l'hôpital où j'ai parlé à cette personne
10 et je me suis renseigné sur leurs blessures. L'autobus était retourné à
11 son garage et c'est là qu'il se trouve. Mes collègues sont allés au garage
12 et ont regardé l'autobus, examiné l'autobus."
13 Pourriez-vous confirmer ceci, Monsieur le Témoin, est-ce que c'est exact?
14 M. Sokolar (interprétation): Mes collègues ont été informés de l'incident
15 et ils sont allés sur les lieux. Ils m'ont dit par téléphone qu'ils
16 avaient examiné l'autobus et qu'il avait été touché quelque part dans la
17 zone près de la roue. Quant à savoir s'ils ont fait d'autres examens, s'il
18 y a eu un rapport médico-légal, je ne le sais pas.
19 (Questions au témoin, M. Refik Sokolar, par M. le Président.)
20 M. le Président (interprétation): J'ai aussi quelques questions à vous
21 poser.
22 Au cours du contre-interrogatoire, on vous a demandé si vous saviez
23 quelque chose au sujet de tireurs isolés, d'unités de tireurs isolés, de
24 la partie sous le contrôle des forces armées de Bosnie-Herzégovine. Vous
25 avez répondu: "Je n'ai rien su de cela pendant la guerre".
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1 Mais vous auriez pu en entendre parler après la guerre. Pourriez-vous nous
2 dire ce que vous avez entendu à ce sujet après la guerre, en ce qui
3 concerne des tirs isolés ou des unités de tireurs?
4 Peut-être, pour commencer, de qui vous avez entendu des informations à ce
5 sujet et ce que vous avez entendu dire à ce sujet?
6 M. Sokolar (interprétation): Je ne me rappelle pas maintenant avoir dit
7 qu'il y avait des tireurs du côté de l'armée de Bosnie-Herzégovine, mais
8 il y avait des tirs le long de la ligne de démarcation, et des deux côtés.
9 Mais quant à leur nom et à leur identité, ils n'étaient pas révélés. S'il
10 y avait eu des tireurs isolés du côté de l'armée de Bosnie-Herzégovine,
11 cela a dû être constaté. Nous avons pris note du côté qui avait également
12 eu... Il y avait eu des victimes de tirs.
13 Question: J'essaie de situer exactement l'endroit dans votre déposition.
14 (Monsieur le Président lit son ordinateur.)
15 J'ai du mal à retrouver l'endroit, excusez-moi. Je verrai si je réussis à
16 retrouver plus tard.
17 Je vous pose la question suivante: vous nous avez parlé des armes que vous
18 aviez en tant qu'agent de police. Vous avez dit qu'au début du conflit,
19 dans les premiers mois, vous aviez aussi des fusils. Puis, à un moment
20 donné, vous n'aviez plus besoin de fusils, vous n'aviez plus que des
21 pistolets parce-que vous faisiez des patrouilles avec d'autres organes.
22 Pourriez-vous nous dire avec quels autres organes vous faisiez des
23 patrouilles?
24 Réponse: Je ne comprends pas. Quels organes avez-vous à l'esprit, Monsieur
25 le Président? Il y avait d'autres armes au commissariat, ça c'est vrai.
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1 Question: Je me réfère à votre déposition à cet égard, à ce sujet.
2 On vous a demandé: "Pouvez-vous nous dire exactement pendant quelle
3 période vos collègues avaient reçu des fusils?", c'était la question. Et
4 je lis votre réponse: "Je crois que ce fut seulement jusqu'au mois d'août,
5 je ne crois pas que ça se soit poursuivi jusqu'en septembre 1992, ce
6 n'était que pendant les deux premiers mois, les premiers affrontements de
7 la guerre. Par la suite, ils portaient, ils avaient des armes parce qu'ils
8 effectuaient des patrouilles avec d'autres organes. Alors ils avaient
9 seulement des pistolets."
10 Donc, vous vous référez à des patrouilles mixtes qui faisaient que vous
11 n'aviez que des pistolets et que vous n'aviez plus de fusils.
12 Pourriez-vous nous dire de quel type de patrouille combinée il s'agissait
13 et avec qui? Je lisais simplement ce que vous aviez répondu à partir du
14 compte rendu.
15 Réponse: Peut-être que c'est une erreur de traduction. Il n'y avait pas de
16 patrouille avec d'autres organes. Une patrouille était de deux ou trois
17 hommes peut-être, mais pendant les deux premiers mois ils avaient des
18 armes automatiques, et après cela, ils n'avaient que des armes de poing,
19 des pistolets. Et je n'ai reçu qu'un seul pistolet: et je le portais
20 parfois, parfois je ne le portais pas en le laissant là où il doit être.
21 Question: Que se soit traduit ou non correctement, il est bon que vous
22 ayez dit que vous n'êtes pas conscient d'avoir parlé de patrouilles
23 combinées avec d'autres organes. Je ne peux pas le vérifier tout de suite
24 parce que je n'ai pas ce que vous avez dit dans votre langue, à l'instant
25 même.
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1 L'une des questions qui vous a été posée était de savoir s'il y avait des
2 unités ou des groupes contrôlés par Juka Prazina. La question était: "Si
3 vous aviez fait des investigations concernant des activités de ce
4 groupe?", et vous avez répondu que vos investigations étaient limitées
5 dans la mesure où ils ne couvriraient pas des membres des forces armées.
6 Est-ce que vous considériez des groupes sous le contrôle de Juka Prazina
7 comme étant des membres des forces armées?
8 Réponse: Dans les premiers temps, c'étaient les groupes qui s'organisaient
9 eux-mêmes dans différentes parties de la ville. Et par la suite, après un
10 grand effort, sous le contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine, mais il
11 fallait beaucoup de temps pour réguler l'ensemble et pouvoir contrôler
12 l'ensemble. Dans les premiers temps, c'étaient des groupes qui
13 s'organisaient eux-mêmes. Il était très difficile de faire des
14 investigations quelles qu'elles fussent ou de faire quoi que ce soit. Et
15 j'ai déjà dit que notre ressort ne s'étendait pas sur les membres ou les
16 personnes qui étaient membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
17 Question: Merci.
18 J'ai maintenant trouvé l'endroit exact, et j'espère que Me Piletta-Zanin
19 pourra m'aider.
20 Vous avez répondu aux questions posées concernant l'incident de tir et les
21 unités de tirs isolés. Je vais lire pour vous les lignes correspondantes.
22 Je crains que... Un instant, s'il vous plaît.
23 Oui, voilà ce que je vais vous lire à la page 22, ligne 17. Une question
24 vous a été posée: "Pourriez-vous nous dire si les unités spéciales avaient
25 un objectif particulier lorsque nous parlions d'activité de tirs isolés?
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1 Est-ce que c'était une unité de tir au sein de la MUP qui agissait à
2 Sarajevo sous le surnom de "Seve"?".
3 Vous avez répondu: "Après la guerre j'en ai peut-être entendu parler, mais
4 pendant la guerre je n'en ai pas entendu parler. J'en ai entendu parler
5 maintenant dans la presse, dans les médias, ils parlent de ces unités.
6 Mais pendant la guerre, je n'avais aucune idée de l'existence de telles
7 unités.".
8 Peut-être pourrais-je vous poser la question de façon plus précise: y a-t-
9 il une source quelconque, indépendamment des médias, à partir de laquelle
10 vous auriez entendu parler de telles unités avec le surnom de "Seve"?
11 M. Sokolar (interprétation): Sans aucun doute non. Pendant la guerre, je
12 ne savais rien à ce sujet. Plus tard, dans la presse, il y a eu un
13 scandale qui avait trait à ce groupe -et c'est comme cela que j'en ai
14 entendu parler-, qui s'appelait "Seve" où, là, je ne sais plus c'était une
15 unité spéciale.
16 (Signe affirmatif du témoin.)
17 M. le Président (interprétation): C'étaient donc les questions que je
18 voulais vous poser.
19 Ceci veut dire que nous sommes ici, maintenant, à la fin de votre
20 déposition au Tribunal. Je voudrais vous remercier beaucoup d'être venu de
21 si loin, depuis Sarajevo jusqu'à La Haye, pour répondre à toutes les
22 questions qui vous ont été posées par les deux parties et par les Juges.
23 Vous comprenez que c'est très important pour le Tribunal de disposer des
24 renseignements disponibles qui sont donnés par les témoins dans ce
25 prétoire, répondant à des questions qui sont posées par les parties et par
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1 les Juges. C'est important pour le Tribunal pour pouvoir parvenir à sa
2 décision.
3 Une fois encore je vous remercie beaucoup et je vous souhaite un bon
4 voyage de retour chez vous.
5 On peut escorter le témoin hors du prétoire. Je vous remercie.
6 M. Sokolar (interprétation): Je vous remercie, Monsieur le Président.
7 (Le témoin, M. Refik Sokolar, est reconduit hors du prétoire.)
8 (Questions relatives à la procédure. Matières relatives aux éléments de
9 preuve.)
10 M. le Président (interprétation): Madame la Greffière, pourriez-vous nous
11 aider en ce qui concerne les décisions que nous devons prendre pour ce qui
12 est du versement au dossier? Je crois qu'il n'y a pas de vidéo ni de
13 photographie de 360 degrés. Je crois que nous avons des pièces P3097. Je
14 ne sais pas si c'est la première ou si ce sont les rapports qui viennent
15 d'abord. Merci.
16 Le premier, s'agit-il du rapport ou de la carte? Je ne me souviens pas?
17 Mme Thompson (interprétation): Monsieur le Président, le rapport est la
18 première pièce P2637.1 pour la traduction anglaise, pour le même document
19 qui est donc versé au dossier.
20 M. le Président (interprétation): Puis nous avons la carte marquée avec
21 des marques en couleur, P3097, qui est également versée au dossier. Et je
22 crois qu'il n'y a pas d'autres documents dont on demande le versement.
23 Monsieur Mundis, votre prochain témoin doit être...?
24 M. Mundis (interprétation): Ramiz Grabovica.
25 M. le Président (interprétation): Oui. Monsieur l'huissier, voudriez-vous
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1 faire entrer, s'il vous plaît, le nouveau témoin?
2 (Le témoin, M. Ramiz Grabovica, est introduit dans le prétoire.)
3 Le Juge Nieto-Navia me dit que nous sommes à 7 minutes de notre suspension
4 d'audience. Nous nous demandons s'il serait sage de commencer. Enfin, je
5 vais expliquer les choses au témoin.
6 Monsieur Grabovica, est-ce que vous m'entendez dans une langue que vous
7 comprenez?
8 M. Grabovica (interprétation): Oui.
9 M. le Président (interprétation): On vient juste d'appeler mon attention
10 sur le fait que nous sommes très près de l'heure à laquelle nous
11 suspendons normalement la séance. Et comme il ne serait peut-être pas très
12 bon de commencer dès maintenant pour nous interrompre au bout de trois,
13 quatre ou cinq minutes, je suggère que nous prenions d'abord notre
14 suspension d'audience. Et après cette suspension, nous commencerons à
15 entendre votre témoignage. Ce qui veut dire en fait que nous allons
16 interrompre maintenant. Donc vous pouvez retirer votre casque, vos
17 écouteurs.
18 (Le témoin, M. Ramiz Grabovica, est reconduit hors du prétoire.)
19 Nous suspendons la séance, nous reprendrons à 12 heures 45.
20 (La séance, suspendue à 12 heures 24, est reprise à 12 heures 55.)
21 La Chambre s'excuse d'avoir repris tard. L'un des Juges a été obligé de
22 s'occuper de questions importantes par ailleurs.
23 Monsieur l'huissier, pourriez-vous, s'il vous plaît, faire entrer le
24 témoin suivant.
25 Maître Piletta-Zanin?
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1 M. Piletta-Zanin: Simplement, par rapport au temps qu'a pris la défense
2 pour contre-examiner son témoin, elle s'en excuse Nous avions un oeil sur
3 l'horloge, mais nous avions vu que, semble-t-il, selon le transcript,
4 l'accusation avait pris une heure 50 -selon vos propres déclarations.
5 Selon nos calculs, nous étions à une heure 30.
6 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, si vous aviez
7 regardé l'horloge et vu le compte rendu, vous verriez une heure 50. Cela
8 doit encore être vérifié. Ceux qui préparent le compte rendu étaient
9 conscients du fait que j'avais peut-être dit -ce que j'ai fait
10 effectivement-, une heure 15. Je ne crois pas qu'il y ait une raison
11 quelconque, pour le moment, de faire des commentaires sur une base qui est
12 tout à fait fausse. Je vous remercie.
13 Veuillez faire entrer le témoin.
14 (Le témoin, M. Ramiz Grabovica, est introduit dans le prétoire.)
15 Monsieur Grabovica, pouvez-vous m'entendre dans une langue que vous
16 comprenez?
17 M. Grabovica (interprétation): Oui, Monsieur le Président.
18 M. le Président (interprétation): Avant de déposer dans ce prétoire, le
19 Règlement exige que vous fassiez une déclaration solennelle. Et le texte
20 va vous être présenté par l'huissier. Je vous invite à faire cette
21 déclaration solennelle.
22 M. Grabovica (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la
23 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
24 M. le Président (interprétation): Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
25 Monsieur, maintenant que vous avez été cité à comparaître par
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1 l'accusation, vous serez d'abord examiné par l'accusation et puis ensuite,
2 par la défense. Et si cela est nécessaire, les Juges vous poseront des
3 questions.
4 Monsieur Mundis, vous pouvez commencer.
5 (Interrogatoire principal du témoin, M. Ramiz Grabovica, par M. Mundis.)
6 M. Mundis (interprétation): Je vous remercie, Monsieur le Président.
7 Monsieur Grabovica, pouvez-vous décliner votre identité complète et donner
8 l'orthographe de votre nom de famille?
9 M. Grabovica (interprétation): Ramiz Grabovica.
10 Question: Et votre date de naissance, s'il vous plait?
11 Réponse: Je suis né en 1959.
12 Question: Au moment où la guerre a commencé en Bosnie, est-ce que vous
13 viviez à Sarajevo?
14 Réponse: Oui.
15 Question: Est-ce que vous travailliez, à l'époque?
16 Réponse: Oui.
17 Question: Quel était votre employeur, et quelles étaient vos
18 responsabilités, quelles étaient vos tâches?
19 Réponse: J'étais chauffeur de transport public. La société de transport,
20 ma société comportait des tramways, des autobus, des minibus, et des
21 transports publics en général. Et également un funiculaire.
22 Question: Quel type de véhicule est-ce que vous utilisiez? Est-ce que vous
23 conduisiez pour les transports publics?
24 Réponse: A l'époque, je conduisais un trolleybus.
25 Question: Est-ce que vous avez continué à conduire un trolleybus lorsque
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1 la guerre a commencé, une fois que la guerre a commencé?
2 Réponse: Tant qu'il y a eu de l'électricité et que le réseau fonctionnait,
3 j'ai conduit un trolleybus.
4 Question: Est-ce que l'électricité a fonctionné pendant la plus grande
5 période de la guerre, ou au contraire, il n'y a pas eu d'électricité
6 pendant la majeure partie de la guerre?
7 Réponse: Pour les trolleybus, l'électricité, je ne suis pas très sûr, mais
8 il n'y avait plus d'électricité à partir du 15 avril. Jusqu'à cette date,
9 j'ai pu travailler.
10 M. Mundis (interprétation): Savez-vous quand le système électrique pour le
11 trolleybus a repris, a pu fonctionner à nouveau?
12 M. Grabovica (interprétation): Le réseau pour les trolleybus a été rétabli
13 vers la fin de la guerre.
14 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, peut-être que les
15 questions de mon collègue pourraient être plus précises? Nous parlons du
16 15 avril, je n'ai pas compris de quelle année il s'agissait.
17 M. Mundis (interprétation): 1992.
18 M. le Président (interprétation): Je vois que cela était déjà précisé.
19 Je vous remercie, Maître Pilipovic
20 Monsieur Mundis, vous pouvez continuer.
21 M. Mundis (interprétation): Est-ce que vous savez à quel moment le réseau
22 a été rétabli et que les trolleybus pouvaient de nouveau circuler dans
23 Sarajevo?
24 M. Grabovica (interprétation): Vers le début de 1996, donc à la fin de la
25 guerre, le réseau a été rétabli.
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1 Et, même à ce jour, il y a des parties de la ville dont le service n'est
2 pas... pour lequel le service de trolleybus n'existe pas, même à ce jour.
3 On n'a pas été encore rétabli.
4 Question: Lorsque le trolleybus n'était pas opérationnel, que faisiez-
5 vous? Vous étiez encore employé par la compagnie?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Que faisiez-vous quand le service n'était pas opérationnel?
8 Réponse: Parfois j'attendais de recevoir les consignes sinon, je
9 retournais à la maison.
10 Question: Et est-ce que vous conduisiez également un autobus qui
11 fonctionnait, un autobus diesel en réalité pendant cette période?
12 Réponse: Pendant cette période de temps-là, non.
13 Question: Pendant la guerre, est-ce que, à un moment donné, vous vous
14 êtes mis à conduire un autobus qui fonctionnait au diesel, pour cette même
15 entreprise?
16 Réponse: En 1994, j'ai commencé à conduire un autobus public.
17 Question: Et c'était un autobus au diesel?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Peu de temps avant que la guerre n'éclate à Sarajevo, est-ce
20 que vous avez eu connaissance d'incidents de tireurs embusqués?
21 Réponse: Oui.
22 Question: Et au cours de l'année 1994, est-ce que l'autobus que vous
23 conduisiez pour l'entreprise de transport public a fait l'objet de tirs
24 par un tireur embusqué?
25 Réponse: Il pouvait apercevoir l'autobus depuis plusieurs endroits.
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1 Question: L'autobus que vous conduisiez en 1994, qui a fait l'objet de
2 tirs, à quel moment est-ce que cela est arrivé?
3 Réponse: Je crois que c'était le 25 mai. Je suis certain de la date.
4 Question: Vous souvenez-vous de vous être rendu au travail ce jour-là?
5 Réponse: Je me souviens bien. Il n'y avait pas de coups de feu, il
6 faisait soleil; c'était une journée ensoleillée et claire. Je me suis
7 rendu au travail soit à pied ou en bicyclette.
8 Question: Est-ce que l'entreprise de transport public faisait fonctionner
9 les véhicules même quand il n'y avait pas de cessez-le-feu?
10 Réponse: Non. Ce n'est que les autobus bosnale(?) pour les employés de
11 l'hôpital qui circulaient ce jour-là.
12 Question: Le système de transports publics ne fonctionnait que lorsqu'il
13 y avait des cessez-le-feu. Est-ce exact?
14 Réponse: Oui.
15 Question: Le 25 mai 1994, quelles étaient vos tâches et responsabilités?
16 Que deviez-vous faire pour l'entreprise de transports publics?
17 Réponse: Nous travaillions en deux équipes de travail. La première équipe
18 de travail travaillait de 8 heures à 12 heures, alors que l'autre
19 travaillait de 12 heures à 5 heures de l'après-midi; ce n'étaient pas des
20 heures de travail plein.
21 Ce jour là, je travaillais dans la première équipe et je devais
22 transporter les gens, les employés en fait qui étaient employés au sein de
23 l'entreprise de transports publics, à Velika Drveta, donc depuis la rue
24 Velika Drveta jusqu'à la rue Dobrinja.
25 Question: Où était située l'entreprise de transports publics, dans la
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1 ville de Sarajevo?
2 Réponse: C'était à Alipasino Polje.
3 Question: Est-ce que l'on pourrait dire que vous aviez une route pré-
4 établie qui allait d'Alipasino Polje à Dobrinja, ce jour-là?
5 Réponse: Il est vrai que j'ai conduit l'autobus, mais il y a une erreur
6 ici au compte rendu: c'est le pont d'Alipasin et non pas Alipasino Polje.
7 Question: Donc, ce jour là, vous aviez un trajet qui était pré-établi,
8 c'est-à-dire de vous rendre d'Alipasin Pont à Dobrinja?
9 Réponse: Oui.
10 Question: Quelle était la distance entre ces deux points?
11 Réponse: Environs 10 kilomètres.
12 Question: En parlant de ce jour-là, et dans le cadre de votre travail,
13 deviez-vous vous rendre plus d'une fois, ou faire l'aller et le retour
14 plus d'une fois entre le point A et le point B?
15 Réponse: L'autobus partait aux 15 minutes.
16 Question: Combien de temps est-ce que cela prenait pour aller du point A
17 au point B?
18 Réponse: Etant donné qu'il y avait un grand nombre de passagers, il
19 arrivait qu'on avait besoin de 12 à 15 minutes même.
20 Question: Et lorsque vous arriviez à Dobrinja, vous reveniez sur vos pas
21 pour retourner au centre-ville; est-ce que c'est exact?
22 Réponse: Oui, c'est exact. Je faisais monter les passagers et je revenais
23 au point de départ.
24 Question: Vous souvenez-vous quelles étaient les conditions
25 météorologiques le 25 mai 1994?
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1 Réponse: Oui, je me souviens très bien. Le temps était ensoleillé et
2 clair.
3 Question: Vous souvenez-vous à quelle heure de la journée votre autobus a
4 fait l'objet de tirs?
5 Réponse: Oui, il était 11 heures 40.
6 Question: Dans quelle partie de la ville de Sarajevo se trouvait l'autobus
7 au moment où il a fait l'objet de tirs?
8 Réponse: L'autobus que je conduisais, à ce moment-là, se trouvait au
9 centre-ville de Dobrinja.
10 Question: Vous souvenez-vous du nom de la rue -ou des rues- sur laquelle
11 se trouvait l'autobus lorsqu'il a fait l'objet de tirs?
12 Réponse: J'étais sur un carrefour; j'étais arrêté, donc sur ce carrefour.
13 Jadis, on l'appelait "l'allée". Je ne connais pas le nom... d'autre nom.
14 D'une part, il y avait la rue Omladinskih Radnih Brigada, et d'autre part
15 il y avait la rue...
16 (L'interprète n'a pas saisi.)
17 Question: Au moment où l'autobus a été ciblé, est-ce qu'il était
18 immobilisé ou bien était-il en mouvement?
19 Réponse: Il était immobilisé.
20 Question: Est-ce que vous étiez immobilisé sur un carrefour ou est-ce que
21 c'était un arrêt d'autobus? Etait-ce la fin du trajet de l'autobus?
22 Pourriez-vous nous dire la raison pour laquelle l'autobus était arrêté?
23 Réponse: C'était, en réalité, l'arrêt final et l'arrêt de départ, si vous
24 voulez. Il se trouvait sur le carrefour.
25 Question: Vous attendiez que les passagers montent à bord de l'autobus
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1 pour les emmener au centre-ville; est-ce que c'est exact?
2 Réponse: Oui.
3 Question: De combien de portes était muni l'autobus? Je parle des portes
4 d'entrée et des portes de sortie.
5 Réponse: Il y avait trois portes.
6 Question: Lorsque l'autobus s'était arrêté de la sorte, est-ce que les
7 portes étaient ouvertes ou fermées?
8 Réponse: Les portes étaient ouvertes. Les trois portes étaient ouvertes.
9 Question: Est-ce que l'engin était en fonction, à ce moment-là?
10 Réponse: Le moteur était éteint.
11 Question: Pourquoi est-ce que vous aviez éteint le moteur?
12 Réponse: Nous n'avions pas assez de diesel, vous savez; c'est la raison
13 pour laquelle, à chaque fois qu'on arrivait à l'arrêt, nous éteignions le
14 moteur.
15 Question: Pourriez-vous décrire à la Chambre ce que vous avez vu et
16 entendu au moment où l'autobus a été ciblé et au moment où l'autobus a
17 reçu les tirs?
18 Réponse: J'étais assis à la place du conducteur. Les portes étaient
19 ouvertes, il n'y avait pas beaucoup de bruit à l'extérieur, et j'ai
20 entendu un coup de feu provenir de la direction de Nedzarici.
21 Question: Et est-ce que vous avez entendu des bruits? Est-ce que les
22 passagers à bord de l'autobus ont fait du bruit?
23 Réponse: Après le coup de feu, j'ai entendu des cris. Il y avait une
24 panique qui s'était installée; les gens demandaient à l'aide.
25 Question: A ce moment-là, est-ce que vous avez regardé pour voir d'où
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1 provenaient ces bruits et pourquoi il y avait une telle panique?
2 Réponse: Je me suis retourné: il y avait une panique extrême dans
3 l'autobus.
4 Question: Est-ce que vous avez vu si quelqu'un, à bord de l'autobus, avait
5 été blessé?
6 Réponse: J'ai vu une femme tenir son genou; elle était à droite.
7 Question: Qu'est-ce que vous avez fait, à ce moment-là?
8 Réponse: A gauche, par contre, j'ai vu une femme qui demandait de l'aide;
9 elle était couverte de sang, elle gémissait.
10 Question: Donc vous avez vu deux femmes; les deux étaient blessées et
11 c'était à bord de l'autobus. Est-ce que c'est exact?
12 Réponse: Oui.
13 Question: Où étaient ces deux femmes par rapport... l'une par rapport à
14 l'autre, lorsque vous les avez vues de la sorte dans l'autobus?
15 Réponse: L'une en face de l'autre, puisque l'autobus est muni de deux
16 sièges, des sièges en deux rangs, deux rangées. Donc elles étaient l'une
17 en face de l'autre.
18 Question: Qu'est-ce que vous avez fait lorsque vous avez compris que les
19 deux passagers qui étaient à bord de votre autobus étaient blessés?
20 Réponse: Je n'ai pas, je ne suis pas venu en aide à la femme qui se tenait
21 par le genou, mais plutôt je suis venu à l'aide de l'autre victime qui
22 avait été atteinte à l'artère, elle avait une hémorragie. J'étais paniqué
23 moi-même, mais j'ai cru que la meilleure chose à faire c'était d'emmener
24 cette femme à l'hôpital.
25 Question: Qu'est-ce que vous avez fait à ce moment-là?
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1 Réponse: A ce moment-là, j'ai fermé les portes de l'autobus, j'ai allumé
2 le moteur, alors que les autres passagers disaient: "Ouvre la porte, nous
3 faisons l'objet de tirs par un tireur embusqué.".
4 Question: Est-ce que vous avez permis à des passagers de sortir de
5 l'autobus, de descendre?
6 Réponse: Non. Je n'ai laissé personne sortir, j'ai fermé la porte. Et
7 comme l'hôpital se trouvait à 100 mètres de là, il fallait, enfin je suis
8 passé par un pré et je suis arrivé à l'hôpital. Je suis passé par un pré
9 et par le trottoir.
10 Question: Monsieur, est-ce que vous connaissez l'identité des femmes qui
11 ont essuyé ces tirs ce jour-là, dans votre autobus?
12 Réponse: Je ne connaissais absolument aucun des passagers, ni ces deux
13 femmes.
14 Question: Est-ce que vous avez revu, à un moment donné, ces deux femmes
15 après le jour de l'incident?
16 Réponse: Non, jamais.
17 Question: Est-ce que vous avez vu s'il y avait des passagers à bord de
18 votre autobus qui portaient des uniformes militaires en ce 25 mai 1994, à
19 11 heures 40 du matin?
20 Réponse: Je n'ai vu personne dans l'autobus autre que des femmes.
21 Question: Est-ce que vous connaissez l'âge approximatif des deux femmes,
22 des deux victimes qui ont essuyé ces tirs?
23 Réponse: Je ne sais pas, je ne le sais pas. C'étaient des femmes d'âge
24 moyen, 45 ans environ. Je ne suis pas sûr.
25 Question: Est-ce que les deux femmes avaient environ le même âge?
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1 Réponse: Je ne me souviens pas exactement si elles avaient le même âge, si
2 l'une était peut-être plus âgée que l'autre. Je ne me souviens pas.
3 Question: Est-ce que vous savez si l'un quelconque des passagers à bord de
4 l'autobus portait des armes militaires?
5 Réponse: Dans l'autobus, il n'y avait personne qui portait des armes
6 militaires, je le répète de nouveau.
7 Question: Au moment où votre autobus a été ciblé, vous-même est-ce que
8 vous portiez un uniforme militaire?
9 Réponse: Non.
10 Question: Est-ce que vous portiez sur vous une arme quelconque?
11 Réponse: Non.
12 Question: Vous souvenez-vous si, à l'extérieur de l'autobus, dans les
13 environs de l'autobus, là où l'autobus s'était arrêté, vous souvenez-vous
14 d'avoir vu des installations militaires, de l'équipement militaire lourd?
15 Réponse: Non. Je n'ai rien vu. Je n'ai pas vu d'équipement militaire. Je
16 n'ai pas vu de soldats non plus. Mais je dois dire qu'à proximité il y
17 avait la police militaire, il y avait un bureau de la police militaire.
18 Question: Est-ce que vous savez à quelle distance de cet endroit se
19 trouvait le bureau de la police militaire?
20 Réponse: Je ne sais pas dans quelle installation exactement était établie
21 cette police militaire, mais je sais qu'ils étaient non loin de là.
22 Question: Au moment où votre autobus a été ciblé, est-ce que vous avez vu
23 des membres de la police militaire?
24 Réponse: Non, ce n'était pas la police militaire. En fait, c'était la
25 police civile locale; c'était un poste de police en réalité, comme il en
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1 existe en temps de paix normalement.
2 Question: Je demanderai à ce que l'on montre au témoin la séquence vidéo
3 qui porte la cote P3280M.
4 (Diffusion de la vidéo.)
5 Monsieur, est-ce que vous vous êtes reconnu sur cette séquence vidéo?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Effectivement, est-ce que vous avez répondu aux questions posées
8 par l'enquêteur du meilleur de votre connaissance, et de la meilleure
9 façon dont vous pouviez vous souvenir, du meilleur de votre souvenir?
10 Réponse: Oui, j'ai dit tout ce dont je me souvenais.
11 Question: Je demanderai à ce que l'on montre au témoin la photo
12 panoramique à 360° P3279M. Monsieur, est-ce que vous reconnaissez cette
13 image qui se trouve sur l'écran, devant vous?
14 Réponse: Oui.
15 Question: Que représente cette photographie?
16 Réponse: C'est la provenance de la balle qui provenait de Nedzarici, le
17 long de Dobrinja.
18 Question: Pourriez-vous, s'il vous plaît, déplacer la photographie
19 légèrement vers la droite?
20 (Intervention du technicien.)
21 Vous vous arrêtez ici. Monsieur, est-ce bien cette direction que le bus
22 avait empruntée avant d'arriver à Dobrinja?
23 Réponse: Oui.
24 Question: Est-ce que l'on peut continuer à faire apparaître ce qui se
25 trouve à la droite de la photographie?
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1 (Intervention du technicien.)
2 Nous pouvons nous arrêter ici.
3 Monsieur Grabovica, est-ce là la direction vers laquelle l'autobus était
4 tourné lorsqu'il a été atteint par les balles?
5 Réponse: Oui, c'est effectivement dans cette direction qu'il était tourné.
6 C'est le trajet qui mène à l'aéroport.
7 Question: Je vais demander à ce que l'on se déplace vers la droite pour
8 que nous retrouvions le point de départ.
9 (Intervention du technicien.)
10 Merci. Je vais demander à ce que 3 photographies soient remises au témoin:
11 P3274. Est-ce que la photographie, sur laquelle la lettre "A" apparaît en
12 haut et à droite, peut être placée sur le rétroprojecteur? Merci.
13 Monsieur Grabovica, est-ce que vous avez eu l'occasion de rencontrer un
14 enquêteur du Tribunal qui vous a, au cours d'une rencontre, soumis cette
15 photographie?
16 Réponse: Oui.
17 Question: En bas de la photographie, il y a un bâtiment qui a été entouré
18 et c'est une zone qui est également hachurée. Est-ce que vous voyez cette
19 partie de la photographie à laquelle je fais référence?
20 Réponse: Oui.
21 Question: Est-ce vous-même qui avez porté ces indications sur la
22 photographie?
23 Réponse: Oui.
24 Question: Pourquoi avez-vous entouré et ainsi distingué ce bâtiment?
25 Réponse: Parce que ce bâtiment n'existait pas à l'époque où l'incident
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1 s'est produit.
2 Question: A l'époque, donc le 25 mai 1993, que pouvait-on voir à
3 l'emplacement de ce bâtiment?
4 Réponse: Je ne me souviens pas exactement de ce qui s'y trouvait. Les deux
5 bâtiments que l'on voit étaient en cours de construction, les fondations
6 avaient au moins été installées. Mais je ne sais pas exactement ce qu'il y
7 avait là. Mais ce que je sais, c'est que les deux bâtiments qu'on aperçoit
8 maintenant n'étaient pas à ce stade de leur construction.
9 Question: Je vais maintenant demander à ce que la photographie qui porte
10 la lettre "B", en haut et à droite, soit placée sur le rétroprojecteur.
11 (Intervention de l'huissier.)
12 Monsieur Grabovica, est-ce que nous voyons ici la direction depuis
13 laquelle la balle qui a atteint l'autobus est arrivée?
14 Réponse: Oui.
15 Question: Est-ce vous qui avez tracé la flèche qui apparaît au centre,
16 dans la partie inférieure de la photographie?
17 Réponse: J'ai tracé cette flèche. Est-ce qu'elle est tracée de façon
18 précise? Je ne sais pas, mais c'est bien la direction de Nedzarici qu'elle
19 indique.
20 Question: Je demande à ce que la photographie qui porte la lettre "C", en
21 haut et à droite, soit placée sur le rétroprojecteur.
22 (Intervention de l'huissier.)
23 La photographie C a-t-elle été prise du même angle que la photographie B,
24 mais avec une lentille différente, une lentille photographique?
25 Monsieur Grabovica, est-ce que vous m'avez entendu?
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1 Monsieur Grabovica, est-ce que vous avez entendu ma question?
2 Réponse: Oui.
3 Question: La photographie C a-t-elle été prise du même endroit que la
4 photographie B? Est-ce que, en revanche, elle a été prise grâce à une
5 lentille phototélégraphique?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Il y a des indications au feutre rouge et au feutre noir au
8 centre de la photographie. Est-ce que c'est vous qui les avez faites?
9 Réponse: Oui.
10 Question: Que nous montrent ces cercles noirs, par exemple?
11 Réponse: C'est l'endroit où se trouvait une barricade anti-tireurs
12 embusqués, enfin une espèce de barricade.
13 Question: Qu'indiquent la ligne rouge et les hachures en rouge?
14 Réponse: La ligne rouge montre l'endroit où se trouvait la barricade anti-
15 tireurs embusqués. Et puis il y a, sur la photographie, deux objets de
16 moindre taille qui ne se trouvaient pas là à l'époque.
17 Question: A quels objets faites-vous référence? Quels objets ne se
18 trouvaient pas là à l'époque?
19 Réponse: Eh bien, ces maisons privées. Enfin, peut-être se trouvaient-
20 elles là mais elles étaient de taille beaucoup plus réduite.
21 Question: Vous faites référence aux maisons qui se trouvent à l'intérieur
22 du cercle noir au centre de la photographie?
23 Réponse: Oui.
24 Question: Monsieur Grabovica, est-ce que vous vous rappelez combien de
25 coups de feu vous avez entendu éclater au moment où votre bus a été
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1 atteint?
2 M. Grabovica (interprétation): A ce moment-là, je n'ai entendu qu'un coup
3 être tiré.
4 M. Mundis (interprétation): Je vous remercie, Monsieur Grabovica.
5 L'accusation n'a plus de questions pour le témoin, Monsieur le Président.
6 M. le Président (interprétation): Merci, Monsieur Mundis.
7 Monsieur Grabovica, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, c'est
8 maintenant la défense qui va vous poser des questions dans le cadre du
9 contre-interrogatoire.
10 Est-ce que c'est Me Pilipovic qui va s'exprimer? Oui?
11 Si vous êtes prête, Maître, vous avez la parole.
12 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Ramiz Grabovica, par Me Pilipovic.)
13 Mme Pilipovic (interprétation): Oui, je suis prête.
14 Monsieur Grabovica, Bonjour.
15 M. Grabovica (interprétation): Bonjour.
16 Question: Avant de commencer à poser mes questions, je voudrais vous
17 demander si vous avez fait des déclarations auprès des enquêteurs du
18 Bureau du Procureur?
19 Réponse: Oui.
20 Question: Pourriez-vous nous dire quand vous avez fait ces déclarations?
21 Réponse: Je ne peux pas le dire de façon très précise. Est-ce que c'était
22 en 2001? Je crois que oui. Mais pour ce qui est du mois, je ne sais pas
23 exactement.
24 Question: Et si je vous suggère que c'est le 18 septembre que vous avez
25 fait cette déclaration, et que vous avez également fait une déclaration le
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1 26 septembre 2001, est-ce que vous seriez à même de nous confirmer que ce
2 sont bien là les dates de vos déclarations?
3 Réponse: Oui.
4 Question: Pourriez-vous également confirmer que ce qui apparaît dans cette
5 déclaration préalable qui est signée de votre main est la vérité?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Nous voudrions également que vous nous confirmiez ce qui s'est
8 passé au mois de mai 1994.
9 Vous avez fait une déclaration aux enquêteurs. Est-ce que vous avez dit,
10 lors de cette déclaration, quand l'incident s'était produit?
11 Réponse: J'ai dit que c'était le 17, or je n'étais pas très sûr de la
12 date, je ne savais pas si c'était le 17 ou le 27, mais je crois que
13 c'était le 25 mai.
14 Question: Pourquoi pensez-vous que c'était le 25 mai?
15 Réponse: En fait, c'est quelque chose qui m'est revenu à l'esprit après la
16 déclaration. Je ne sais pas pourquoi cela m'est revenu, je ne sais pas
17 pourquoi je n'étais pas sûr de la date, c'est ce que je leur ai dit. Mais
18 je suis sûr que c'était dans la deuxième moitié du mois de mai 1994.
19 Question: Monsieur le Président, Messieurs les Juges, pour trancher la
20 date de l'incident, nous disposons de déclarations préalables du témoin.
21 J'aimerais d'abord demander au dit témoin s'il sait à quelle date cela
22 s'est produit?
23 Réponse: Je ne le sais pas exactement.
24 Question: Est-ce que c'était un jour ouvrable, un jour férié?
25 Réponse: Un jour ouvrable.
Page 3659
1 Question: Un jour ouvrable.
2 Si je me souviens bien, vous nous avez dit que vous aviez emmené des
3 ouvriers, des travailleurs?
4 Réponse: Oui, il m'arrivait de transporter des travailleurs.
5 Question: Est-ce que, ce jour-là, vous transportiez des travailleurs, des
6 ouvriers?
7 Réponse: Non, ce jour-là je devais ne conduire que des civils.
8 Question: Je vous rappelle que vous avez fait une déclaration préalable le
9 18 septembre 2001?
10 Réponse: C'est exact.
11 Question: Est-ce que vous vous rappelez si, à cette date, vous avez dit à
12 quelle date tout ceci s'était produit?
13 Réponse: Je ne sais pas exactement. J'ai dit le 17. J'ai dit que cela
14 s'était produit le 17, mais j'ai également dit que je n'étais pas
15 absolument catégorique quant à la date de l'incident. J'ai dit que cela
16 pouvait être soit le 17 soit le 25.
17 Question: Après cette déclaration que vous avez faite le 18 septembre,
18 est-ce que les enquêteurs, lors de votre deuxième déclaration, le 26, vous
19 ont posé une seconde fois la question de savoir quand s'était produit cet
20 incident?
21 Réponse: Oui, ils me l'ont posée à nouveau, et j'ai dit une nouvelle fois
22 que je n'étais pas certain de la date à laquelle l'incident s'était
23 produit.
24 Question: Avez-vous répété la date que vous aviez donnée, le 18 septembre,
25 ou avez-vous dit que vous ne saviez pas?
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1 M. Grabovica (interprétation): Oui, ils ont dit: "Ecoutez, dites-nous
2 quelle est la date dont vous vous souvenez".
3 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, à ce stade, la
4 défense ne dispose pas de la déclaration du témoin en anglais. Je parle de
5 la déclaration faite le 26 septembre. Je n'ai pas non plus la cote exacte
6 du document. En revanche, j'ai entre les mains la version BCS, la
7 déclaration. Si l'accusation en est d'accord, nous pouvons peut-être nous
8 pencher sur la page 2 du document. C'est un passage que je souhaite
9 soumettre à l'attention du témoin.
10 M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, pouvez-vous me dire
11 d'abord si les interprètes disposent d'une copie de ce document en BCS?
12 Mme Pilipovic (interprétation): Non, Monsieur le Président. Nous n'avons
13 qu'un exemplaire de cela, mais j'ai un document en anglais qui peut peut-
14 être aider. Mais ce n'est pas la déclaration du 26, c'est la déclaration
15 du 18 septembre dont nous disposons. La déclaration du 26 septembre, je
16 n'en ai pas la version en anglais. C'est quelque chose de très court que
17 je souhaite lire, deux lignes, c'est tout.
18 M. le Président (interprétation): Oui, Maître, mais vous devez toujours
19 fournir ces documents en nombre d'exemplaires suffisants. Vous devez
20 savoir que ces documents doivent être fournis aux interprètes. Peut-être
21 que ce qui a été dit ce matin quant à une autre déclaration vous a induit
22 en erreur mais, tout de même, n'oubliez pas de le faire à l'avenir. Lisez
23 le passage lentement afin que les interprètes puissent travailler dans de
24 bonnes conditions.
25 Vous lisez un passage tiré de la déclaration préalable du témoin du 26
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1 septembre, c'est cela?
2 Mme Pilipovic (interprétation): Oui.
3 M. le Président (interprétation): Vous pouvez continuer.
4 Mme Pilipovic (interprétation): Je lis l'avant-dernier paragraphe de cette
5 déclaration: "Je ne connaissais pas bien Dobrinja, donc je ne sais pas où
6 se trouvaient les installations militaires. Je ne me souviens pas la date
7 exacte à laquelle l'incident s'est produit. Ce dont je me souviens, c'est
8 que cela s'est produit au mois de mai 1994. Il se peut que, dans ma
9 deuxième déclaration, j'ai évoqué la date exacte mais je ne suis
10 absolument pas catégorique sur la date exacte de l'incident".
11 Est-ce bien ce que vous avez dit, Monsieur Grabovica.
12 M. Grabovica (interprétation): Oui.
13 Question: Est-ce bien là la teneur de votre déclaration?
14 Réponse: Oui.
15 Question: En ce cas, je vous demande de répondre à la question suivante:
16 sur la base de quoi avez-vous pu, aujourd'hui, affirmer que c'était un
17 accident qui s'était produit le 25 mai?
18 Réponse: Parce que l'on m'a posé des questions sur les plaques
19 d'immatriculation de l'autobus. J'ai dit qu'il y avait des plaques que
20 nous avions avant la guerre. Et par ailleurs, dans mon entreprise, on a
21 dit que cela s'était produit le 25 mai.
22 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire de quelle couleur était votre
23 autobus?
24 Réponse: Il était rouge et blanc.
25 Question: Vous avez indiqué que l'incident s'était produit à 11 heures 30
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1 ou 11 heures 40?
2 Réponse: Oui, à peu près, peut-être était-il 11 heures 30 ou 11 heures 40.
3 En tout cas, c'était avant midi.
4 Question: Et ce jour-là, avant l'heure que nous avons évoquée, est-ce que
5 vous avez conduit le bus le long de ce trajet. Est-ce que vous l'aviez
6 déjà emprunté ce trajet?
7 Réponse: Oui, je crois que c'était la dixième fois que je repassais par
8 là.
9 Question: Ce jour-là?
10 Réponse: Oui.
11 Question: Pourriez-vous nous dire quand et à quelle fréquence vous
12 empruntiez ce trajet, en 1992?
13 Réponse: Je travaille dans le cadre des transports publics depuis 1994.
14 J'ai d'abord conduit un bus.
15 Question: Non, non, je pense à cet incident. Combien de jours avant cet
16 incident avez-vous commencé à emprunter cet itinéraire précis?
17 Réponse: Peut-être 10 jours auparavant.
18 Question: Aujourd'hui, en réponse à une question posée par la partie
19 adverse, vous avez déclaré que le 15 avril 1992, les trolleybus avaient
20 cessé d'être utilisés à Sarajevo. Est-ce que vous pourriez nous expliquer
21 pourquoi les trolleybus ne fonctionnaient plus? Etait-ce à cause des
22 coupures de courant?
23 Réponse: En effet, il n'y avait pas d'électricité, donc on ne pouvions pas
24 nous servir de ces bus.
25 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire si d'autres moyens de
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1 transport ont alors été mis en service. Est-ce que d'autres moyens de
2 transports utilisant l'électricité étaient utilisés à Sarajevo?
3 Réponse: Je ne sais pas ce qu'il en était des tramway, mais je sais que
4 les trolleybus ne fonctionnaient plus.
5 Question: Vous dites que vous ne vous souvenez pas de ce qu'il en était et
6 des tramways; est-ce que vous voulez dire par là que les tramways ne
7 fonctionnaient plus du tout ou bien, qu'ils fonctionnaient mais que vous
8 n'en aviez pas connaissance?
9 Réponse: Les tramways fonctionnaient à l'époque.
10 Question: Voyons si je vous ai bien compris. En mai 1994, les tramways
11 circulaient?
12 Réponse: En 1994, les tramways allaient jusqu'à Cengic Vila ou jusqu'au
13 village.
14 C'était le terminus. Et c'est de là que les tramways faisaient demi-tour.
15 Question: Quand vous parlez du garage, pouvez-vous nous dire où cela se
16 trouvait?
17 Réponse: C'est vers Alipasin Most, c'est-à-dire le dépôt.
18 Question: Vous nous dites que les tramways circulaient entre le garage qui
19 se trouve près du pont Alipasin jusqu'à Cengic Vila, c'est cela?
20 Réponse: Non. Il allait d'un point à Cengic Vila, et ensuite, il allait au
21 garage, et ensuite, au pont Alipasin.
22 Question: Monsieur le Témoin, le jour où cet incident s'est produit,
23 combien de passagers se trouvaient à bord de votre bus? Je parle au moment
24 où vous vous êtes trouvé au terminus?
25 M. Grabovica (interprétation): J'ai déjà répondu, j'ai dit qu'il y avait
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1 environ 15 passagers.
2 Mme Pilipovic (interprétation): Mon collègue m'indique que le moment est
3 venu de nous interrompre, Monsieur le Président.
4 M. le Président (interprétation): Je vais juste demander quelque chose à
5 la Greffière d'audience. Nous avons commencé avec un peu de retard. Je
6 voudrais poursuivre encore pendant 10 minutes. Je ne sais pas si c'est
7 possible.
8 Est-ce que la salle doit être préparée pour un autre procès, cet après-
9 midi?
10 Mme Thompson (interprétation): Oui, il y a un autre procès dans cette même
11 salle cet après-midi.
12 M. le Président (interprétation): Malheureusement, nous ne pourrons donc
13 pas poursuivre nos travaux. Nous allons devoir nous interrompre.
14 Maître Pilipovic, est-ce que je vous ai interrompu? Le moment était-il
15 bien choisi pour nous interrompre?
16 Mme Pilipovic (interprétation): Nous pouvons nous interrompre.
17 M. le Président (interprétation): Nous levons l'audience jusqu'à demain
18 matin, 9 heures, nous nous retrouverons dans ce même prétoire.
19 (L'audience est levée à 13 heures 48.)
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