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1 (Vendredi 05 avril 2002.)
2 (Audience publique.)
3 (L'audience est ouverte à 9 heures 05.)
4 M. le Président (interprétation): Madame la Greffière, veuillez appeler
5 l'affaire, s'il vous plaît.
6 Mme Philpott (interprétation): Affaire IT-98-29-T, le Procureur contre
7 Stanislav Galic.
8 M. le Président (interprétation): Merci, Madame la Greffière.
9 Monsieur Ierace, vous êtes debout. Quelque chose devait être dit à la
10 Chambre de la part de l'accusation à la fin de la semaine; dites-nous ce
11 que vous avez à nous dire.
12 (Questions relatives à la procédure.)
13 M. Ierace (interprétation): Oui, je suis debout pour parler des ordres de
14 la BiH. J'avais anticipé qu'à la fin de la journée, aujourd'hui, je
15 pourrais communiquer à la défense des exemplaires des documents qui sont
16 le résultat de la recherche qui a été entreprise ces deux dernières
17 semaines. Ces documents devraient entrer en possession de l'équipe à 5
18 heures, à 17 heures. Il se peut que si nous ne les avons pas à cette
19 heure-là, ces documents ne seront pas donnés à la défense avant lundi.
20 Même si nous ne sommes pas obligés de donner des exemplaires des documents
21 à la défense, nous sommes heureux de le faire. Les Règles disent que…
22 parlent de consultation de ces documents.
23 En tout état de cause, Monsieur le Président, je vais pouvoir donner 30%
24 des documents de cette recherche. Il y a à peu près 50.000 documents que
25 la défense nous a dit qu'elle était désireuse d'avoir. La recherche de 30%
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1 de ces 50.000 documents a donné 226 documents; certains de ces 226
2 documents sont pertinents. Une recherche a été faite à travers des mots-
3 clefs ou des lettres, et les 226 documents, qui sont le résultat de ces
4 30% de ce corpus de documents, sont le résultat final.
5 Il y a l'index de ces 226 documents qui comprend 8 pages. Les documents
6 n'ont pas été traduits; ils se trouvent dans leur langue d'origine, le
7 bosnien, mais il y a néanmoins un résumé du contenu dans la langue
8 anglaise, souvent juste une phrase ou deux, qui est également compris dans
9 l'index.
10 Il est assez clair que certains de ces documents ne sont pas importants
11 par rapport au fait qu'ils font référence à une période de temps qui n'est
12 pas le temps en question. Ce sont des documents de nature administrative
13 ou sont liés au 1er Corps mais non pas aux unités qui sont déployées dans
14 la zone géographique de Sarajevo. Néanmoins, nous pensons qu'il est
15 approprié -étant donné l'état de la procédure- que tous ces documents
16 devraient être fournis à la défense.
17 Certains des documents ne sont pas fournis en entier. Par exemple, il peut
18 n'y avoir que certaines pages dans les documents qui sont reliés à
19 Sarajevo ou au 1er Corps, auquel cas ces pages-là sont données. D'autres
20 documents parlent du journal mais, bien évidemment, si la défense veut un
21 exemplaire entier de ce document, on pourra le leur communiquer.
22 L'accusation continuera bien évidemment à rechercher, à travers les
23 documents, au fur et à mesure que ce matériel entre en notre possession, à
24 travers son équipe de recherche qui entre dans notre obligation au titre
25 de l'Article 66B…
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1 M. le Président (interprétation): Merci.
2 Maître Piletta-Zanin, est-ce que vous avez une observation à faire, à ce
3 stade?
4 M. Piletta-Zanin: Oui. Tout d'abord, je tiens à remercier vivement mon
5 confrère pour la qualité de sa prestation et à ajouter, puisque nous
6 pouvons faire une observation ou un commentaire, ceci: en quelques jours,
7 Monsieur le Président, il a été possible à l'accusation d'élaborer une
8 recherche portant sur grosso modo le tiers de quelque 50.000 pages, c'est-
9 à-dire, je pense, quelque chose comme 17.000 documents, 17.000 pages
10 environ.
11 Je constate que cela a pu être fait dans un délai très rapide et je
12 constate que l'accusation aurait, par conséquent, pu le faire bien plus
13 tôt et nous permettre loyalement de disposer de ces informations pour
14 pouvoir interroger des témoins aussi importants que ceux qui ont déposé
15 devant votre Chambre, notamment en relation à certains des incidents les
16 plus importants, ce qui fait que les objections que nous avions formulées
17 à l'époque sont aujourd'hui, à la lumière de ce qu'on nous indique, encore
18 plus soutenues puisqu'il nous faudra beaucoup de temps pour examiner ces
19 documents et que le temps, comme je l'ai dit la dernière fois, se trouve
20 mais ne s'invente pas. Merci.
21 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Ierace?
22 M. Ierace (interprétation): Oui, Monsieur le Président, je voudrais peut-
23 être ajouter qu'en effet, ces documents avaient été recherchés par le
24 Bureau du Procureur par rapport au procès Galic, il y a quelques mois, et
25 la raison pour la production supplémentaire de ce document est que nous
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1 avons aujourd'hui un logiciel de recherche plus sophistiqué par rapport à
2 cette époque. Vous comprendrez, Monsieur le Président, que la recherche
3 pour le 1er Corps, parmi des milliers de documents, est difficile, car
4 lorsqu'on recherche le chiffre 1, romain ou arabe, il est difficile de
5 faire la recherche parmi un grand nombre de documents. Mais avec le
6 logiciel nouveau, nous pouvons le faire et nous sommes en possession de ce
7 logiciel que depuis quelques semaines, après le début de ce procès, ce qui
8 nous a permis de recueillir davantage de documents, certains qui sont
9 pertinents et certains qui seront peut-être d'une pertinence plus tard.
10 M. le Président (interprétation): Maître?
11 M. Piletta-Zanin: Oui, Monsieur le Président, la défense pense que la
12 Justice, avec une lettre majuscule, ne doit en rien être dépendante de
13 l'excitation des électrons.
14 M. le Président (interprétation): Oui, ce serait effectivement la
15 situation idéale mais, d'un autre côté, je pense qu'on peut regarder les
16 choses d'une façon différente et dire que le logiciel nous aide à faire
17 quelque chose qu'on ne pouvait pas faire avant. Le logiciel aide le cours
18 de la justice.
19 Je suppose que la défense regardera ce que l'accusation aura produit et
20 j'imagine également que, s'il y a des suggestions de la défense concernant
21 les clefs qui ont été utilisées pour faire ces recherches, que ceci
22 pourrait aider l'accusation. C'est un effort continu pour rechercher les
23 documents qui peuvent être matériels pour la défense.
24 Je ne pense pas que ce soit très sage de spéculer sur les résultats, mais
25 je m'attends à ce que les deux parties prennent une approche la plus
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1 constructive et la plus positive pour voir ce qui peut être fait et ce qui
2 peut être amélioré.
3 Monsieur Ierace, je pense que vous pouvez maintenant appeler votre
4 prochain témoin, M. Gavranovic.
5 M. Ierace (interprétation): Oui. C'est M. Stamp qui fera l'interrogatoire
6 principal.
7 (Mme Philpott distribue les déclarations aux Juges.)
8 Avec votre permission, Monsieur le Président, est-ce que je peux quitter
9 le prétoire?
10 (M. Ierace quitte le prétoire.)
11 (Le témoin, M. Nedim Gavranovic, est introduit dans le prétoire.)
12 M. le Président (interprétation): Bonjour, Monsieur Gavranovic.
13 M'entendez-vous dans une langue que vous comprenez?
14 M. Gavranovic (interprétation): Oui.
15 M. le Président (interprétation): Très bien, j'ai pu comprendre d'après
16 votre réponse que vous m'entendiez.
17 Monsieur Gavranovic, avant de déposer devant cette Mme Chambre, le
18 Règlement exige que vous fassiez une déclaration solennelle que vous allez
19 dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Le texte de cette
20 déclaration solennelle vous sera donné par l'huissier. Je vous prie de
21 lire cette déclaration.
22 M. Gavranovic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la
23 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
24 M. le Président (interprétation): Merci. Veuillez vous asseoir.
25 Monsieur Gavranovic, l'ordre de cette Chambre est que vous serez d'abord
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1 interrogé par l'accusation, ensuite par le conseil de la défense et, s'il
2 y a d'autres questions supplémentaires de notre part, vous nous entendrez
3 également. Veuillez poursuivre, Monsieur Stamp.
4 (Interrogatoire principal du témoin, M. Nedim Gavranovic, par M. Stamp.)
5 M. Stamp (interprétation): Est-ce que votre nom, c'est Nedim Gavranovic?
6 M. Gavranovic (interprétation): Oui.
7 Question: Est-ce que vous vivez à Sarajevo?
8 Réponse: Oui.
9 Question: En 1993, est-ce que vous viviez toujours à Sarajevo?
10 Réponse: Oui.
11 Question: J'aimerais maintenant qu'on parle de la période du début de
12 1993. Vous souvenez-vous dans quelle partie de Sarajevo vous viviez?
13 Réponse: Oui.
14 Question: Quelle partie de Sarajevo est-ce?
15 Réponse: A Dobrinja.
16 Question: Est-ce que c'était une partie bien particulière de Dobrinja?
17 Réponse: Dobrinja 3.
18 Question: A l'époque, il y avait un conflit en cours: est-ce exact?
19 Réponse: Oui.
20 Question: Il y avait des lignes de séparation entre les deux parties au
21 conflit, l'armée de la Bosnie-Herzégovine et l'armée de la Republika
22 Srpska?
23 Réponse: Oui.
24 Question: Pouvez-vous décrire pour nous où vous habitiez par rapport à
25 cette ligne de séparation?
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1 Réponse: Je vivais très près de cette ligne de séparation. C'était un
2 voisinage où, d'un côté des immeubles, vous aviez les membres de l'armée
3 serbe et de l'autre côté de la rue, dans les autres immeubles
4 d'appartement, vous aviez l'armée de Bosnie-Herzégovine.
5 Question: Et où viviez-vous?
6 Réponse: Je vivais dans l'immeuble à côté, derrière cette ligne de
7 séparation, non loin de là.
8 Question: Et je suppose que vous viviez du côté de l'armée de Bosnie-
9 Herzégovine?
10 Réponse: Oui.
11 Question: Vous rappelez-vous le matin du 1er juin 1993?
12 Réponse: Oui.
13 Question: Quelle journée était-ce, en termes de temps? Quel temps faisait-
14 il?
15 Réponse: C'était une journée ensoleillée, très belle.
16 Question: Et quel âge aviez-vous?
17 Réponse: J'avais 12 ans.
18 Question: Le matin de cette journée-là, est-ce que vous vous êtes rendu
19 quelque part?
20 Réponse: Je suis allé au match de football qui avait lieu non loin de là.
21 Question: Est-ce que vous pouvez nous dire où ce match de football devait
22 se tenir?
23 Réponse: Le match de football a eu lieu sur le terrain de parking, non
24 loin de mon immeuble.
25 Question: A quelle distance se trouvait ce terrain de parking de votre
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1 immeuble?
2 Réponse: 100 à 150 mètres.
3 Question: A l'époque, viviez-vous avec vos parents?
4 Réponse: Oui.
5 Question: Etaient-ils d'accord ou ne voulaient-ils pas vous laisser aller
6 assister à ce match de football?
7 Réponse: Ils ne m'ont pas permis d'y aller tout de suite mais j'ai
8 beaucoup insisté pour y aller et alors, ils m'ont laissé y aller par la
9 suite.
10 Question: Comment avez-vous appris qu'il y avait ce match de football?
11 Réponse: Je l'avais entendu de mes amis qui avaient reçu cette
12 information, qui avaient entendu parler de ce match.
13 Question: Est-ce que ça devait être un match ou un tournoi comprenant
14 plusieurs jeux? Qu'est-ce qui, à votre connaissance, devait avoir lieu?
15 Réponse: C'était un tournoi.
16 Question: Le lieu et l'heure du tournoi étaient-ils bien connus par la
17 communauté avant?
18 Réponse: Certains hommes étaient au courant. Ce n'était pas diffusé, si
19 vous voulez, mais les gens en parlaient, donc les gens ont pu entendre
20 parler de match de football.
21 Question: Vers quelle heure êtes-vous arrivé sur le parking?
22 Réponse: C'était le matin, peut-être à 9 heures 30, 10 heures, à peu près.
23 Question: Et lorsque vous êtes arrivé, est-ce que le match avait commencé?
24 Réponse: Oui.
25 Question: Où êtes-vous allé lorsque vous êtes arrivé sur le terrain de
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1 parking? Est-ce que vous vous êtes dirigé vers un endroit particulier?
2 Réponse: D'abord, j'étais debout sur les côtés, plus proche d'un immeuble
3 et par la suite, je suis allé me mettre derrière un but.
4 Question: Et lorsque vous regardiez le match, est-ce que quelque chose est
5 arrivé?
6 Réponse: Lorsque je regardais le match, un obus est tombé et, ensuite, un
7 deuxième obus est tombé également.
8 Question: Pouvez-vous nous dire où le premier obus est tombé?
9 Réponse: Le premier obus est tombé directement quelque part autour du
10 centre de ce terrain de parking où le match avait lieu.
11 Question: Puis-je clarifier cela? Le premier obus est tombé au centre du
12 parking ou au centre du terrain de football où le jeu de football avait
13 lieu?
14 Réponse: Au centre du terrain de football, là où le jeu avait lieu.
15 Question: Et combien de temps après le deuxième obus est-il tombé?
16 Réponse: Peut-être 5 à 10 secondes après le premier obus, pas beaucoup
17 plus longtemps que cela.
18 Question: Lorsque le premier obus est tombé, est-ce que vous avez entendu
19 quelque chose? Est-ce que vous avez vu quelque chose? Dites-nous ce qui
20 s'est passé après que ce premier obus soit tombé?
21 Réponse: Tout d'abord, je n'étais pas conscient de ce qui se passait. J'ai
22 entendu une détonation, une déflagration énorme et, par la suite, j'ai
23 senti l'onde de choc de cette déflagration car ça m'avait déplacé. Je me
24 suis retourné vers les voitures qui étaient toutes retournées dans mon
25 dos. Et par la suite, un deuxième obus est tombé et là, j'ai commencé à
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1 m'enfuir. Pendant que je m'en allais en courant, j'ai pu voir des gens qui
2 étaient blessés; certains avaient vraiment perdu conscience.
3 Question: Où est-ce que vous êtes parti en courant?
4 Réponse: Je courais vers la rue la plus proche et, pendant que je courais,
5 je sentais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas avec ma jambe. Et
6 lorsque je suis arrivé à cette rue, j'ai vu mon frère qui m'a ramené à la
7 voiture la plus proche et ils m'ont emmené à l'hôpital.
8 Question: Est-ce que vous étiez la seule personne blessée qui a été
9 emmenée à l'hôpital en voiture?
10 Réponse: Non.
11 Question: Y avait-il d'autres personnes qui étaient blessés par l'obus?
12 Réponse: Oui, il y en avait.
13 Question: A quel hôpital vous a-t-on emmené?
14 Réponse: J'étais emmené à l'hôpital à Dobrinja.
15 Question: Que s'est-il passé à l'hôpital? Est-ce que vous avez été traité
16 à l'hôpital?
17 Réponse: Oui, puisque j'étais encore conscient. D'abord, j'étais assis,
18 j'attendais les... On traitait d'abord ceux qui étaient plus blessés;
19 j'attendais mon tour.
20 Question: Est-ce que vous pouvez nous décrire ce qui se passait dans
21 l'hôpital pendant que vous attendiez?
22 Réponse: Ecoutez, ils ramenaient les blessés. Certains blessés étaient
23 transférés immédiatement dans l'hôpital de la ville à Kosevo, et ils en
24 ont tout de suite traités d'autres à l'hôpital. Je reconnaissais des
25 personnes que je connaissais par ailleurs. Certains étaient en train de
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1 pleurer, de demander de l'aide, d'autres avaient perdu conscience. Ils
2 étaient vraiment... Ils souffraient.
3 Question: Quelle était votre blessure?
4 Réponse: J'avais une blessure de part en part sur ma jambe droite en bas,
5 en dessous du genou.
6 Question: Est qu'est-ce qui avait causé cette blessure?
7 Réponse: Les éclats d'obus.
8 Question: Lorsque vous êtes arrivé sur le parking pour regarder le match
9 de football, combien de spectateurs y avait-il?
10 Réponse: 150 à 200 personnes.
11 Question: Quel type de spectateurs y avait-il? Y avait-il des hommes, des
12 femmes, des enfants?
13 Réponse: La plupart étaient des enfants et des hommes. Très peu, très peu
14 de femmes.
15 Question: Avez-vous vu des gens en uniforme parmi les spectateurs?
16 Réponse: Il y avait des gens qui portaient des uniformes mais je dirais
17 qu'ils étaient moins nombreux, par rapport à d'autres spectateurs
18 présents.
19 Question: Et quelle est la part de ces gens-là, enfin, compris dans la
20 foule de ces gens-là, qui portaient un uniforme?
21 Réponse: Je ne sais pas vous dire. Peut-être de 20 à 30% du total des
22 spectateurs, pas plus.
23 Question: Avez-vous vu une quelconque personne porter des armes, ce matin?
24 Réponse: Non.
25 Question: A proximité de ce parking, dans les appartements qui se
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1 trouvaient non loin du parking, avez-vous jamais pu observer une activité
2 militaire quelconque de mortier ou de soldats armés qui auraient opéré de
3 là-bas?
4 Réponse: Non.
5 Question: Avant d'être blessé, est-ce que vous fréquentiez une école?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Où alliez-vous à l'école à Dobrinja?
8 Réponse: C'étaient des locaux en sous-sol, transformés en salle de classe.
9 Question: Où se trouvait cela par rapport à votre lieu de résidence?
10 Réponse: Il s'agissait, enfin, d'immeubles d'habitation au sein du bloc
11 d'habitations où j'habitais, moi.
12 Question: Et si vous souhaitiez sortir de l'immeuble où vous habitiez pour
13 aller chercher des vivres, par exemple, ou de l'eau, comment avez-vous
14 fait? Comment vous fallait-il procéder?
15 Réponse: Il a fallu passer par pas mal d'endroits exposés à des tirs de
16 tireurs embusqués et par conséquent, c'était risqué.
17 Question: Et les tirs de tireurs embusqués, quelle était leur provenance?
18 Réponse: Depuis Dobrinja 4, c'est-à-dire depuis le site où se trouvaient
19 les armées serbes.
20 Question: Pouvez-vous nous dire qui se trouvait visé par ces snipers, par
21 ces tireurs embusqués?
22 Réponse: Tous les gens qui étaient de passage: hommes et femmes, adultes,
23 enfants. Enfin, il n'y avait pas de différence.
24 Question: Donc vous avez vécu dans de telles circonstances, vous avez
25 survécu à la guerre. Pouvez-vous nous dire si vous ressentez des
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1 séquelles, je dirais durables, dues, à un plan psychologique, à tous ces
2 tirs de sniper où les civils étaient visés?
3 Réponse: Oui, je pense que j'en ai, pour parler évidemment de troubles qui
4 seraient les miens. Par exemple, lorsque j'entends un bruit, une
5 déflagration, j'ai terriblement peur.
6 Question: Le 1er juin 1993, ce matin-là, vous vous êtes rendu sur le
7 parking où il y avait une foule de gens. Est-ce que vous vous rappelez si,
8 au cours de cette matinée, il y avait d'autres bombardements ou coups de
9 feu tirés avant que ces deux obus atterrissent notamment sur le site où le
10 match de football a été joué?
11 Réponse: Ce matin, on n'avait pas entendu de tirs du tout.
12 Question: Lorsque vous dites qu'il n'y avait pas de bombardements, pas de
13 tirs, évidemment exception faite de ces deux obus? C'est ce que vous
14 voulez dire?
15 Réponse: Oui.
16 Question: Et dites-vous qu'un premier obus a atterri au beau milieu de cet
17 endroit où le match de football était disputé?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Parlant généralement de tout cela, pour vous qui avez habité
20 Dobrinja au temps des conflits, vous êtes-vous jamais trouvé dans une
21 situation où, par exemple, des obus tombaient non loin de vous?
22 Réponse: Oui.
23 Question: Et lorsque, quelquefois, des obus tombent, peut-on entendre
24 quelque chose?
25 Réponse: Oui. Quelquefois, on peut entendre le son sifflant d'un obus.
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1 Question: Merci. Monsieur le Président, Messieurs les Juges, ainsi se
2 termine l'interrogatoire principal.
3 M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, je vous vois debout.
4 Le conseil de la défense est-il préparé à procéder au contre-
5 interrogatoire de ce témoin?
6 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Nedim Gavranovic, par Me Pilipovic.)
7 Mme Pilipovic (interprétation): Oui, Monsieur le Président, et je vous en
8 remercie.
9 Monsieur Gavranovic, bonjour.
10 M. Gavranovic (interprétation): Bonjour.
11 Question: Ce matin, dans le cadre de l'interrogatoire principal, vous nous
12 avez relaté l'incident survenu en date du 1er juin 1993, n'est-ce pas?
13 C'est exact?
14 Réponse: Oui.
15 Mme Pilipovic (interprétation): Pouvez-vous nous affirmer, nous confirmer
16 qu'en date du 13 août 2002 vous avez parlé avec les enquêteurs du Bureau
17 du Procureur du Tribunal et que vous avez fait une déclaration?
18 M. le Président (interprétation): Madame Pilipovic, l'interprétation nous
19 dit qu'il s'agit là du 13 août 2002, mais "vivre à l'avenir" semble tout
20 de même dépasser les pouvoirs d'un homme. Je ne sais pas s'il ne s'agit
21 pas d'une erreur.
22 Mme Pilipovic (interprétation): Il s'agissait bien du 30 août 2000.
23 M. le Président (interprétation): Bon, très bien. Alors nous avons repéré
24 deux erreurs.
25 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur Gavranovic, vous souvenez-vous
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1 avoir fait cette déclaration?
2 M. Gavranovic (interprétation): Oui, j'en ai fait, mais je ne me souviens
3 pas des dates.
4 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, le conseil de la
5 défense souhaite présenter pour examen à ce témoin la déclaration faite
6 par lui pour savoir s'il s'agit de sa signature à lui.
7 (Intervention de l'huissier.)
8 (Le témoin examine le document.)
9 M. Gavranovic (interprétation): Oui.
10 Question: Merci, Monsieur Gavranovic.
11 Monsieur, vous nous avez dit aujourd'hui que vous habitiez non loin, à
12 proximité même des lignes de séparation. Est-ce exact?
13 Réponse: Oui.
14 Question: Vous nous avez dit que dans un immeuble, par exemple, se
15 trouvaient des soldats de l'armée de la Republika Srpska et qu'en face de
16 celui-ci, dans un autre bâtiment, se trouvaient les militaires de l'armée
17 de Bosnie-Herzégovine?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Pouvez-vous nous dire si ces soldats habitaient respectivement
20 ces immeubles-là?
21 Réponse: Non, je ne pense pas. Ces gens-là devaient habiter les cités en
22 question et c'est de là-bas qu'ils se mettaient à défendre leur cité.
23 Question: Pouvez-vous nous dire s'il vous est arrivé de les voir, ces
24 soldats-là?
25 Réponse: Oui, de passage.
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1 Question: Dans ces immeubles-là, vers lesquels les soldats se dirigeaient
2 pour se trouver sur leurs positions, est-ce que, dans ces bâtiments-là, il
3 y avait d'autres gens qui y habitaient?
4 Réponse: Non. Ils ne pouvaient pas avoir droit à vivre près de la ligne de
5 séparation; ils habitaient ailleurs.
6 Question: Pouvez-vous nous dire quelle était leur tenue vestimentaire?
7 Réponse: Uniforme de camouflage.
8 Question: Lorsque je vous pose la question de leur tenue vestimentaire, je
9 me réfère à la période de 1992, 1993 et 1994. A cette époque-là, vous
10 étiez jeune mais, au mieux de vos souvenirs, êtes-vous capable de nous
11 dire qu'au cours de cette période-là, vous avez pu toujours voir des gens
12 en uniforme?
13 Réponse: Oui, en uniforme.
14 Question: Les avez-vous vus également, ces militaires, porter des armes?
15 Réponse: Oui.
16 Question: Vous nous avez dit tout à l'heure que dans le bâtiment dans
17 lequel vous habitiez, vous vous trouviez de 100 à 150 mètres loin de la
18 ligne de front. Pouvez-vous nous dire si, dans le bâtiment où vous
19 habitiez, il y avait des soldats également?
20 Réponse: Vous voulez dire des soldats qui y habitaient ou qui, à partir de
21 là, opéraient?
22 Question: Oui, qu'ils habitaient votre immeuble en question et que c'est
23 de là-bas qu'ils se mettaient à défendre la ligne?
24 Réponse: Pour autant que je le sache, il y avait évidemment des gens qui
25 habitaient mon bâtiment, mais je ne sais pas si c'est vraiment à partir de
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1 ce bâtiment-là qu'ils tiraient.
2 Question: Avez-vous eu connaissance de positions de tireurs embusqués des
3 sites qui se trouvaient du côté de la ligne sous contrôle des soldats
4 bosniens?
5 M. Gavranovic (interprétation): Non. Je ne m'y rendais pas, moi.
6 Mme Pilipovic (interprétation): Et si je vous soumettais pour consultation
7 une partie de votre déclaration faite par vous en date du 30 août?
8 Cela dit, Monsieur le Président, permettez-vous que je fasse lecture de
9 deux… ne serait-ce que de deux lignes d'un fragment de cette déclaration?
10 M. le Président (interprétation): Oui, procédez. Procédez, Maître
11 Pilipovic. Mais indiquez, à l'intention de l'accusation, la page et le
12 fragment de ce que vous voulez lire.
13 Mme Pilipovic (interprétation): Il s'agit de la déclaration que nous
14 pouvons lire à la page 2, cinquième fragment, dernière ligne. Avez-vous
15 dit comme suit: "Je suppose que, non loin du bâtiment où nous habitions,
16 des soldats bosniens avaient leurs positions, mais je ne savais pas où ils
17 se trouvaient.".
18 M. Gavranovic (interprétation): Il se peut que je l'aie dit ainsi, mais
19 tout cela ne devait pas être sûr, c'est-à-dire je ne peux pas être sûr de
20 savoir s'il y en avait ou s'il n'y en avait pas, enfin, de ces positions-
21 là.
22 Question: Donc vous venez de dire maintenant que vous n'êtes pas sûr de
23 savoir où se trouvaient leurs positions, s'il y en avait?
24 Réponse: Oui, s'il y en avait. En tout cas, je ne les ai jamais vues, moi.
25 Question: Au cours de la période de l'année 1992, 1993, 1994, avez-vous
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1 été en mesure de voir ou d'entendre tirer, dans cette partie de la ville
2 où vous habitiez?
3 Réponse: Oui, j'ai pu entendre.
4 Question: Quand je dis, pour ma part, "tirer", je veux dire tirer de part
5 et d'autre.
6 Réponse: Moi, j'ai entendu des coups de feu tirés.
7 Question: Pouvez-vous nous dire à quelle fréquence il vous est arrivé
8 d'entendre des coups de feu tirés ainsi?
9 Réponse: Presque quotidiennement.
10 Question: Pouvez-vous nous dire, étant donné l'âge qui était le vôtre à
11 cette époque-là, avec quelles armes on tirait, d'après vous, et, surtout,
12 le plus fréquemment?
13 Réponse: On tirait avec des fusils, mais il y avait aussi des armements
14 lourds, je dirais. Je ne veux pas le savoir.
15 Question: Vous nous avez dit que, le 1er juillet, vous vous êtes rendu à
16 ce match?
17 Réponse: Oui.
18 Question: Avant cet incident, incident survenu en date du 1er juin 1993,
19 de telles manifestations de groupes avaient-elles eu lieu?
20 Réponse: Pas pour autant que je m'en souvienne.
21 Question: Avant cette date du 1er juin 1993, avez-vous eu connaissance
22 d'obus qui auraient atterri juste sur ce parking-là?
23 Réponse: Je pense bien que oui.
24 Question: Pouvez-vous nous dire à quel moment? Quand?
25 Réponse: Je crois que presque durant toute la guerre, cela arrivait. Je ne
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1 peux pas vous dire que c'était quotidiennement ou… Enfin… Et je ne peux
2 pas dire quand, très exactement.
3 Question: Quelles en furent les suites ou les conséquences, si vous en
4 avez eu connaissance, enfin, de ces obus, de ces chutes d'obus?
5 Réponse: Non. Pour autant que je sache, il n'y a pas vraiment de gens…
6 Pour ainsi dire personne n'a été blessé sur ce parking-là.
7 Question: Et lorsque des obus tombaient sur cette partie du parking, comme
8 vous dites, est-ce que vous savez si, par exemple, des organes officiels
9 ou compétents se seraient rendus sur le site -par exemple, je me réfère à
10 la police- en vue d'enquête ou de recherche?
11 Réponse: Je ne le sais pas.
12 Question: Vous dites que le 1er juin vous avez été blessé et qu'on vous a
13 transporté à l'hôpital de Dobrinja. Pouvez-vous nous dire quel était le
14 nom de cet hôpital? Comment on l'appelait, cet hôpital de Dobrinja?
15 Réponse: Non, je ne le sais pas. On en parlait tous comme d'un hôpital,
16 mais ce n'en était pas un. Enfin, c'est quelque chose qui était transformé
17 en hôpital par des médecins, avec du matériel de bord plutôt.
18 Question: Pouvez-vous nous dire pendant combien de temps vous avez été
19 gardé à l'hôpital?
20 Réponse: Pendant 12 jours.
21 Question: Hospitalisé donc à l'hôpital même? Vous étiez là?
22 Réponse: Oui.
23 Question: Et on vous a remis un dossier médical lorsqu'on vous a renvoyé,
24 guéri, de l'hôpital?
25 Réponse: Oui.
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1 Question: En cette journée fatidique, pouvez-vous nous dire combien de
2 gens il y a eu parmi les personnes tuées?
3 Réponse: Je ne peux pas vous dire le chiffre exact, mais environ… Disons,
4 15 personnes ont péri.
5 Question: Savez-vous s'il y a eu des gens blessés?
6 Réponse: Je ne peux pas le dire non plus avec précision mais, disons,
7 entre 50 et 70 personnes ont été blessées, ou approximativement.
8 Question: Saviez-vous si, par exemple, l'hôpital de Dobrinja s'appelait
9 aussi l'hôpital militaire?
10 Réponse: Non.
11 Question: Ce jour-là, lorsque vous êtes venu regarder ce match, est-ce que
12 vous avez pu savoir que dans les bâtiments environnants dans les parages
13 -et nous savons très bien que ces immeubles sont disposés sous forme d'une
14 lettre P en cyrillique-, est-ce que vous saviez donc s'il y a eu des
15 soldats dans ces bâtiments environnants?
16 Réponse: Eh bien, ces gens-là, ils devaient y habiter peut-être, mais ils
17 ne faisaient qu'y habiter.
18 Question: Et si je vous dis que, toujours me référant à votre déclaration
19 sur la page 2, vous dites: "Je suppose qu'il y avait des soldats dans ces
20 bâtiments parce que c'était déjà habituel de voir des soldats se défendre
21 à partir de ces bâtiments"?
22 Réponse: Il ne s'agissait pas de ces bâtiments-là; il s'agissait plutôt
23 d'immeubles qui se trouvaient plutôt côté…, qui se trouvait plutôt du côté
24 de la première ligne de front, à environ 200 mètres de là-bas. Et peut-
25 être que dans ce bâtiment-là, il y avait des soldats.
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1 Question: Vous vous référez aux premières lignes pendant que vous
2 habitiez, bien sûr, là-bas?
3 Réponse: Non.
4 Question: Et est-ce que vous vous rendiez sur la ligne de front pendant
5 que vous habitiez dans cette partie de la ville?
6 Réponse: Non.
7 Question: Est-ce que vous avez eu connaissance du fait que, dans cette
8 cité de Dobrinja où vous résidiez, il y a eu des abris antiatomiques?
9 Réponse: Oui.
10 Question: Saviez-vous par qui ces abris antiatomiques ont été utilisés?
11 Réponse: Pendant la guerre, je crois que dans ces abris à l'épreuve de
12 l'attaque atomique, c'étaient des soldats qui y passaient la nuit.
13 Question: D'après vous, par rapport au parking où l'incident était
14 survenu, à quelle distance se trouvaient ces abris antiatomiques?
15 Réponse: Peut-être à une centaine de mètres.
16 Question: Interrogé aujourd'hui dans le cadre de l'interrogatoire
17 principal, vous nous avez dit que vous fréquentiez l'école et que vous
18 vous rendiez à des sous-sols d'immeubles environnants?
19 Réponse: Oui.
20 Question: Pouvez-vous nous dire qui se trouvait à l'école? Par qui l'école
21 a-t-elle été utilisée?
22 Réponse: L'école a été détruite, démolie. Elle se trouvait sur la ligne de
23 séparation, personne ne pouvait s'y rendre.
24 Question: Lorsque vous dites "détruite", "démolie", à quel moment l'a-t-
25 elle été?
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1 Réponse: Mais je crois qu'elle a servi de cible pendant toute la guerre,
2 parce qu'elle se trouvait sur la ligne de séparation.
3 Question: Etant donné que le bâtiment de l'école se trouvait sur la ligne
4 de séparation, pouvez-vous nous dire qu'éventuellement, dans l'école même,
5 auraient été les positions de l'armée de Bosnie-Herzégovine?
6 Réponse: Je ne le sais pas.
7 Question: Et quant à votre famille, pouvez-vous nous dire s'il y a eu des
8 membres de votre famille membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine?
9 Réponse: Vous me demandez pour des membres de famille les plus proches de
10 moi?
11 Question: Oui. Quelqu'un qui, par exemple, de votre famille, se serait
12 rendu sur les positions de Bosnie-Herzégovine.
13 Réponse: Non.
14 Question: Est-ce que vous avez pu avoir une idée du lieu où les soldats
15 pouvaient prendre leurs repas?
16 Réponse: Non. Probablement dans les cantines militaires.
17 Question: Lorsque vous dites "dans les cantines militaires", est-ce que
18 vous avez eu une occasion de voir où celles-ci pouvaient se trouver?
19 Réponse: Non.
20 Question: Aujourd'hui, répondant à l'une des questions de mon collègue, au
21 sujet du nombre qui portaient un uniforme, vous avez dit que de 20 à 30%
22 d'entre eux n'en portaient pas. Vous devez me corriger si évidemment je ne
23 suis pas dans le droit chemin.
24 Réponse: Non, non, non. Je voulais dire que 20 à 30% de l'ensemble de ces
25 gens-là portaient un uniforme. En tout cas, pas mal de temps s'est écoulé
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1 depuis, je ne peux pas préciser davantage.
2 Question: Quant à ces gens-là, parlant toujours du match, qui étaient
3 présent là et regardaient le match et qui portaient un uniforme, est-ce
4 que vous pouvez nous dire quel âge ils pouvaient avoir, si bien entendu
5 vous vous en souvenez?
6 Réponse: Je connaissais la majorité de ces gens-là qui regardaient le
7 match, mais ces gens-là qui devaient porter l'uniforme pouvaient avoir de
8 20 à 40 ans.
9 Question: Au moment où un premier obus est tombé, est-ce que vous vous en
10 êtes rendu compte, de ce moment-là? Et où vous trouviez-vous, vous-même?
11 Réponse: Oui, j'en avais vraiment une idée précise; et je me suis trouvé
12 derrière le but. Je ne sais plus comment expliquer.
13 Sur ce parking-là, une partie du parking a été utilisée comme un terrain
14 de jeux. Il y avait une partie du parking où se trouvaient des voitures
15 empilées, pour ainsi dire, pour ne pas permettre au ballon de s'égarer et
16 pour protéger également, pour ne pas que l'on se fasse repérer du côté du
17 territoire serbe.
18 Question: Lorsque vous dites, vous… En parlant de voitures ainsi empilées
19 qui devaient vous protéger de vue des sites tenus par les Serbes, à quels
20 sites vous vous référez?
21 Réponse: Non, il s'agit de parler évidemment de ce lieu où le match a été
22 disputé et qui aurait pu être vu depuis Dobrinja 3 ou 4.
23 Question: Cet espace qui se trouve devant ces trois bâtiments, quelle
24 était la partie du territoire qui se trouvait pour ainsi dire sur un
25 terrain vague à découvert et à partir de quel site on pouvait voir, par
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1 exemple, que le match était joué?
2 Réponse: Eh bien, cet espace est découvert, donc pouvait être vu depuis le
3 mont Mojmilo.
4 Question: Et quant à vous, est-ce que vous avez eu peut-être une idée, une
5 connaissance par exemple de l'armée qui se trouvait à Mojmilo?
6 Réponse: Je sais que dès le début même de la guerre, c'était la JNA qui
7 était l'armée populaire yougoslave. Et plus tard, je ne sais plus. Peut-
8 être qu'il n'y en avait plus du tout, de troupe ni d'armée.
9 Question: Et est-ce qu'à aucun moment vous avez entendu dire que c'était à
10 Mojmilo que se trouvaient aussi les soldats de l'armée de Bosnie-
11 Herzégovine?
12 Réponse: Non.
13 Question: Pouvez-vous nous dire quel âge pouvaient avoir les gens qui ont
14 joué ce match?
15 Réponse: Eh bien, disons, de 18 à 20, 25, 26, 30 ans.
16 Question: Aujourd'hui, répondant à l'une des questions de mon éminent
17 collègue, vous avez dit que vous avez été le témoin oculaire du fait que
18 les bombardements se faisaient fréquents?
19 Réponse: Oui.
20 Question: Lorsque vous dites "fréquents", à quelle fréquence était-ce?
21 Réponse: C'était presque quotidien.
22 Question: Et vous-même, pouvez-vous nous dire quels étaient les
23 bombardements auxquels vous avez pu assister et quelles en furent les
24 conséquences?
25 Réponse: J'ai pu voir à maintes reprises des obus tomber mais dans la
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1 plupart des cas, il n'y avait personne dans la rue pour se faire blesser.
2 Mais il y avait aussi des incidents où il y avait des blessés aussi, ou
3 même de deux à trois personnes tuées.
4 Question: Avez-vous appris peut-être que, dans cette partie concrète de la
5 cité de Dobrinja, des combats auraient été menés entre et par les deux
6 armées?
7 M. Gavranovic (interprétation): Oui.
8 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les
9 Juges, le conseil de la défense n'a plus de questions à poser à ce témoin.
10 M. le Président (interprétation): Merci, Maître.
11 Monsieur Stamp?
12 M. Stamp (interprétation): Je n'ai plus de questions, Monsieur le
13 Président.
14 Je demande l'autorisation à poser une ou deux questions au témoin.
15 M. le Président (interprétation): Est-ce une raison spécifique pour
16 laquelle vous avez attendu jusqu'à maintenant?
17 M. Stamp (interprétation): C'est par rapport à quelque chose qui a été
18 posé comme question lors du contre-interrogatoire. Je pense que les
19 informations que nous pourrions vous donner seraient utiles pour cette
20 Chambre.
21 M. le Président (interprétation): Veuillez procéder, Monsieur Stamp.
22 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. Nedim Gavranovic,
23 par M. Stamp.)
24 M. Stamp (interprétation): Vous avez dit qu'il y avait à peu près 200
25 spectateurs lors de ce match de football. Est-ce qu'il y avait beaucoup de
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1 bruit? C'était une foule bruyante?
2 M. Gavranovic (interprétation): Il y avait à peu près 200 spectateurs,
3 d'après ce que j'ai vu. Je ne sais pas. Ce jour-là, tout me paraissait
4 normal. Je ne sais pas quoi vous dire.
5 M. Stamp (interprétation): Est-ce que du côté serbe de Dobrinja, on aurait
6 pu entendre le bruit de la foule?
7 M. Gavranovic (interprétation): Je ne crois pas.
8 M. Stamp (interprétation): Merci beaucoup. Je n'ai plus de questions,
9 Monsieur le Président.
10 M. le Président (interprétation): Est-ce que cela provoque du côté de la
11 défense d'autres questions?
12 Mme Pilipovic (interprétation): Non.
13 M. le Président (interprétation): Monsieur, étant donné que les Juges
14 n'ont plus de questions supplémentaires à vous poser, vous avez ainsi
15 terminé votre déposition devant la Chambre. Nous sommes tout à fait
16 conscients du voyage, du trajet qu'il a fallu parcourir pour venir ici
17 pour déposer pendant moins d'une heure devant la Chambre, mais nous
18 voudrions que vous sachiez qu'il est important, pour la Chambre et les
19 parties, que toutes les questions posées à ceux qui ont été présents à des
20 moments pertinents, à des endroits pertinents sont importantes pour nous,
21 car cela nous donne des informations qui pourraient s'avérer très utiles
22 en ce qui concerne la préparation des décisions qu'il nous incombera de
23 prendre.
24 Donc je voudrais vous remercier beaucoup de vous être rendu à La Haye et
25 je vous souhaite un bon voyage de retour.
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1 M. Gavranovic (interprétation): Merci.
2 (Le témoin, M. Nedim Gavranovic, est reconduit hors du prétoire.).
3 M. Stamp (interprétation): Le prochain témoin est...
4 (Questions relatives à la procédure.)
5 M. le Président (interprétation): Avant de poursuivre, j'aimerais savoir,
6 en ce qui concerne la question de savoir à partir d'où la photographie à
7 360 degrés a été prise, si cette question a été résolue depuis hier.
8 M. Stamp (interprétation): Nous n'avons pas trouvé la personne qui a pris
9 la photographie pour lui demander de nous donner les informations
10 précises. Nous aimerions savoir si vous nous autorisez à soumettre ces
11 informations à la semaine prochaine. Je pense que nous pourrions vous
12 donner les informations GPS, ainsi que l'endroit précis par rapport à
13 d'autres endroits qui ont été décrits par le témoin.
14 M. le Président (interprétation): Donc nous pouvons peut-être attendre et
15 voir si l'objection est maintenue.
16 M. Piletta-Zanin: Je m'étonne, je m'étonne qu'avec autant de technique
17 qu'il y a dans cette salle…
18 Non, j'aimerais donner l'étonnement du général Galic, j'aimerais le faire,
19 s'il vous plaît. Je m'étonne qu'on soit incapable de nous dire d'où est
20 prise une photographie afin que la défense puisse se déterminer. Je pense
21 que cela n'est pas admissible. Je pense qu'ou bien on donne…
22 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, je viens de vous
23 poser une question: vous avez objecté hier; je voudrais savoir si vous
24 êtes prêt à attendre que les informations que vous avez demandées
25 arrivent. Ou est-ce que vous voulez que nous prenions la décision dès
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1 maintenant, sans attendre?
2 M. Piletta-Zanin: Je voudrais que vous preniez une décision maintenant sur
3 une question de principe. Merci.
4 M. le Président (interprétation): Nous allons donc prendre notre décision
5 aujourd'hui, Maître Piletta-Zanin.
6 Monsieur Stamp?
7 M. Stamp (interprétation): Si une décision doit être prise maintenant,
8 avec tout le respect que je dois à la Chambre, je dirais qu'en ce qui
9 concerne la photographie qui a été montrée à la Chambre lors de la
10 déposition du témoin, qu'il s'agit d'une indication très précise de
11 l'endroit. Le témoin a pu décrire les appartements, les immeubles, les
12 collines, la tour, le château d'eau, enfin, tous les environs du parking.
13 Donc, sur la base de la déposition du témoin, je pense que cette
14 photographie est utile et décrit bien la zone en question, et cette
15 photographie a été identifiée par le témoin en tant que photographie
16 représentative précise. Donc si c'est quelque chose qui peut être utile
17 dans le contexte des questions devant cette Chambre, je pense que cela
18 doit être admissible. Je pense qu'une photographie de ce genre… et son
19 utilité devant la Chambre est peut-être une question à décider par la
20 suite, mais je crois que cela doit être admissible car cette photographie
21 décrit précisément les environs. Et je dirais que dans les circonstances,
22 dans les circonstances d'un bombardement avec deux obus, cela devrait
23 suffire.
24 M. le Président (interprétation): Donc l'accusation nous dit que si vous
25 n'aviez pas une précision à 20 ou 30 mètres en ce qui concerne
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1 l'emplacement précis de l'endroit d'où a été prise cette photographie, je
2 pense que vous dites que cela pourrait avoir néanmoins une valeur
3 probante?
4 M. Stamp (interprétation): Tout à fait, Monsieur le Président. Et je
5 souhaiterais rajouter quelque chose: nous allons pouvoir vous donner
6 l'endroit précis, de toute façon.
7 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin?
8 M. Piletta-Zanin: Merci, Monsieur le Président.
9 Il y a une raison pour laquelle nous soutenons cette position, c'est que
10 le témoin que nous avons entendu hier a déclaré qu'il se situait à
11 pratiquement 1,50 mètre du point d'impact, du point de chute de cet obus.
12 Il apparaît que, techniquement -et malheureusement- il est pratiquement
13 impossible de survivre à une telle explosion qui se produirait à 1,50
14 mètre de vous-même sur une surface dure telle que le revêtement
15 d'asphalte. Et donc, outre le fait -et ça, nous le ferons prouver et
16 établir plus tard- qu'il est hautement improbable que ce témoin ait été à
17 1,50 mètre d'une telle explosion, 82 millimètres pour le mortier; il est
18 absolument indispensable de savoir si ce qu'il a vu a été pris d'une
19 extrémité du terrain ou d'une autre extrémité du terrain.
20 Il en va de la crédibilité de ce témoin qui a déclaré -je crois que
21 c'était une expression, mais quand même- avoir reçu quelque 1.100 éclats
22 dans le corps, ce qui surprend un peu la défense. Merci.
23 M. le Président (interprétation): Je vous remercie de cette explication du
24 fondement de votre objection, Maître Piletta-Zanin.
25 Monsieur Stamp, veuillez citer votre témoin suivant. Qui sera-t-il?
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1 M. Stamp (interprétation): Monsieur Hadziabdic.
2 M. le Président (interprétation): Monsieur l'huissier, s'il vous plaît.
3 (Le témoin, M. Omer Hadziabdic, est introduit dans le prétoire.)
4 M. le Président (interprétation): Monsieur Hadziabdic, est-ce que vous
5 m'entendez dans une langue que vous comprenez?
6 M. Hadziabdic (interprétation): Oui.
7 M. le Président (interprétation): Monsieur Hadziabdic, avant de déposer
8 devant cette Chambre, le Règlement de procédure et de preuve exige que
9 vous fassiez une déclaration solennelle pour dire que vous allez dire la
10 vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Le texte de cette
11 déclaration vous sera donné maintenant par l'huissier et je vous invite à
12 faire cette déclaration solennelle.
13 M. Hadziabdic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la
14 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
15 M. le Président (interprétation): Merci beaucoup. Veuillez vous asseoir.
16 Monsieur Hadziabdic, le conseil de l'accusation va vous interroger. Par la
17 suite, vous serez interrogé par le conseil de la défense -c'est l'ordre
18 que nous suivons dans cette Chambre- et si nous avons également des
19 questions supplémentaires, nous allons vous les poser.
20 Veuillez procéder à votre interrogatoire, Monsieur Stamp.
21 (Interrogatoire principal du témoin, M. Omer Hadziabdic, par M. Stamp.)
22 M. Stamp (interprétation): Comment vous appelez-vous?
23 M. Hadziabdic (interprétation): Je m'appelle Omer Hadziabdic.
24 Question: (Inaudible.)
25 Réponse: Oui.
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1 M. Stamp (interprétation): Vous y habitez depuis combien de temps?
2 M. Hadziabdic (interprétation): Depuis ma naissance.
3 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin?
4 M. Piletta-Zanin: Oui, Monsieur le Président, je suis navré pour M. Stamp
5 que je dois interrompre mais je le fais pour la clarté des débats. J'ai
6 cru comprendre de la cabine française que les questions de M. Stamp
7 étaient littéralement inaudibles. Monsieur Stamp pourrait-il les répéter?
8 M. le Président (interprétation): Nous l'avons en anglais, mais en cabine
9 française les interprètes n'ont pas pu donner l'interprétation. Je pense
10 qu'il suffit de répéter ce qui figure au transcript. Je demande à la
11 cabine française de confirmer qu'il n'a pas été possible d'entendre M.
12 Stamp.
13 Interprète: Monsieur le Président, c'est l'interprétation française qui
14 vous parle. En fait, le problème était que nous n'avions pas entendu la
15 cabine anglaise pour que nous prenions en relais, pour l'une des
16 questions.
17 M. le Président (interprétation): Vous voulez bien répéter les questions
18 et les réponses? Nous n'avons pas besoin de reposer les questions au
19 témoin.
20 La première question était de donner le nom; "Je m'appelle Omer
21 Hadziabdic".
22 "Habitiez-vous à Sarajevo?" C'était cela, la question que la cabine
23 française n'a pas entendue. La réponse était "oui".
24 "-Question: Depuis combien de temps?
25 -Réponse: Depuis ma naissance."
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1 Veuillez poursuivre, Monsieur Stamp.
2 M. Stamp (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
3 Etiez-vous résident de la ville en 1993?
4 M. Hadziabdic (interprétation): Oui.
5 Question: Et dans quelle partie de Sarajevo habitiez-vous en 1993?
6 Réponse: En 1993, j'habitais à Dobrinja.
7 Question: Et pouvez-vous nous dire dans quelle partie de Dobrinja?
8 Réponse: Dobrinja 3. Dobrinja 3B.
9 Question: Est-ce que vous vous rappelez les années 1993 et 1994? Est-ce
10 que vous avez assisté à des tirs de snipers, des bombardements dans cette
11 communauté où vous habitiez?
12 Réponse: Oui.
13 Question: Pouvez-vous nous décrire la nature de ces tirs de snipers tout
14 d'abord?
15 Réponse: Pendant les années 1993 et 1992 et une grande partie de 1994,
16 nous avons subi des tirs de snipers, des bombardements. En ce qui concerne
17 les tirs d'embusqués, par rapport à l'immeuble où j'habitais, disons qu'il
18 y en avait… Enfin, l'immeuble était accessible des deux côtés, donc les
19 tirs arrivaient de tous les côtés et passaient la rue. Enfin, les tirs
20 divisaient la rue en deux; il était impossible de se rendre d'un immeuble
21 à l'autre.
22 Et la même chose s'est produite entre l'installation de chauffage et mon
23 immeuble; nous n'avons pas pu traverser cette zone à cause de ces tirs
24 d'embusqués. Il nous a fallu nous rendre dans les bois pour trouver du
25 bois; nous n'avions pas de bois, nous n'avions pas de chauffage car
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1 l'installation de chauffage était bombardée donc elle n'était plus en
2 exploitation, et c'est pour cela qu'il nous a fallu nous rendre dans les
3 bois pour trouver du bois. Et on a toujours essuyé des tirs d'embusqués. A
4 chaque fois qu'on a essayé de trouver de l'eau, du bois pour chauffer nos
5 immeubles, donc quelles que soient les raisons humanitaires de nous
6 déplacer, il y allait de notre survie. On a essayé de nous empêcher, et
7 notre vie a toujours été en danger.
8 Question: Merci. Pouvez-vous nous dire sur qui tiraient les tireurs
9 embusqués lorsque vous étiez à Dobrinja?
10 Réponse: Ils ne choisissaient pas leurs cibles, leurs objectifs. Ils
11 tiraient indépendamment de l'âge des gens. Et peu importe qu'il s'agisse
12 d'un civil ou d'un soldat, d'un adulte, d'un enfant. Ils ne regardaient
13 pas l'appartenance ethnique de leurs cibles. Ils ne choisissaient pas
14 leurs cibles, ils tiraient sur tout ce qui bougeait, même sur les animaux.
15 Ils ne faisaient pas de différence entre un animal et un être humain; ils
16 tiraient sur tout et n'importe quoi.
17 Question: Ces tireurs embusqués dont vous avez parlé, qui tiraient sur des
18 civils et des soldats, d'où tiraient-ils?
19 Réponse: Ils tiraient à partir des positions qui étaient entre les mains
20 des Serbes, de l'armée serbe.
21 Question: Pouvez-vous décrire votre expérience par rapport aux
22 bombardements dans cette période?
23 Réponse: Il y avait des bombardements quotidiennement. Ils bombardaient
24 des objectifs qu'ils choisissaient eux-même. Cela n'avait aucune
25 importance de savoir si c'était un objectif civil ou militaire. Ils
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1 tiraient, ils bombardaient des cibles, des objectifs; peu importe qu'il
2 s'agisse d'objectifs civils ou militaires. Et pour ma part, j'ai été moi-
3 même victime d'un obus; j'ai été blessé par des éclats d'obus.
4 Tout à l'heure, j'ai mentionné l'installation de chauffage qui a également
5 subi des bombardements, même si ce n'est pas un objectif militaire. Mon
6 immeuble a également été bombardé, et ce n'est pas un objectif militaire
7 non plus. Un obus est tombé sur notre immeuble. En ce qui concerne la rue,
8 la même chose se produisait au niveau de la rue. Et il y avait aussi le
9 parc où jouaient les enfants. Il y avait un parc, une aire de jeux où
10 jouaient les enfants et pour eux, c'était aussi un objectif: ils
11 bombardaient cette aire de jeux, ce parc. Ils bombardaient absolument
12 tout, sans discrimination.
13 Question: Merci. Vous avez dit que, même lorsqu'on était impliqué dans des
14 activités humanitaires, par exemple la collecte d'eau, que ces personnes
15 subissaient des tirs embusqués. Est-ce que vous vous rappelez où vous
16 alliez pour aller chercher de l'eau?
17 Réponse: Alors, en ce qui concerne l'eau, s'il s'agit de l'eau potable, il
18 a fallu se rendre à Dobrinja 5 pour en chercher. Et de mon immeuble, pour
19 aller chercher de l'eau, nous devions parcourir 500 mètres à peu près; je
20 n'en suis plus très sûr. Et ensuite, nous avons creusé un puits et la
21 capacité de ce puits n'était pas suffisante pour approvisionner absolument
22 tout le monde en eau; il a donc fallu attendre un jour ou deux pour que
23 l'eau vienne du puits, car les quantités étaient assez limitées.
24 Question: Voulez-vous bien ralentir, s'il vous plaît?
25 Réponse: Pas de problème.
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1 Question: Vous avez dit qu'il fallait attendre un ou deux jours pour que
2 l'eau vienne du puits. Où se trouvait le puits?
3 Réponse: Le puits se trouvait derrière l'immeuble, de l'autre côté de la
4 rue de mon immeuble; c'est là où il nous a fallu creuser un puits. Et
5 puis, il y avait une pompe manuelle qui a été installée; c'était une
6 vieille pompe manuelle telle que vous en voyez dans les villages, et c'est
7 là où nous cherchions de l'eau. Mais il y en avait tout juste assez pour
8 boire de l'eau; pas plus. Donc on faisait bouillir de l'eau, on buvait de
9 l'eau, mais en ce qui concerne l'eau qui était nécessaire pour nous laver,
10 pour faire les lessives, là, nous utilisions l'eau qui venait du ruisseau.
11 Mais pour arriver au ruisseau...
12 Question: Comment s'appelle ce ruisseau?
13 Réponse: Le ruisseau ou la rivière Dobrinja; c'est comme ça que nous
14 l'appelons.
15 Question: Et comment est-ce que vous vous y rendiez?
16 Réponse: Il y avait des endroits où l'on pouvait se cacher des tireurs
17 embusqués. Il a fallu d'abord traverser un espacement entre des immeubles.
18 Ma rue, si vous voulez, était coupée des activités de tireurs embusqués et
19 en s'approchant de ce ruisseau, de cette petite rivière, il a fallu
20 traverser ce "champ à tirs embusqués"; c'est comme cela que nous
21 l'appelions. Donc il a fallu traverser cet endroit où il y avait un tireur
22 embusqué qui tirait.
23 Nous avions également construit un barrage pour empêcher le tireur de nous
24 voir. Mais si le tireur essayait de tirer, ce barrage ne suffisait pas
25 pour vous protéger des coups de feu. Alors, il y avait donc cette
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1 possibilité et ensuite nous arrivions au ruisseau.
2 Question: C'était quel type de barrière?
3 Réponse: Je n'ai pas compris votre question.
4 Question: Vous avez parlé de la construction d'un barrage, d'un écran
5 visuel, d'un écran de protection. C'était comment, exactement?
6 Réponse: Alors là, il y avait des vieilles voitures, des épaves renversées
7 qui avaient été mises dans cet endroit pour que le tireur ne voie pas
8 quelqu'un en train de courir, au moins pas très clairement, pour que cette
9 personne ne puisse pas être prise comme une cible spécifique. Donc le
10 tireur pouvait peut-être voir s'il y avait du mouvement, si quelqu'un
11 courait, mais il ne pouvait pas identifier la position exacte, précise de
12 cette personne. Il ne pouvait donc pas cibler cette personne.
13 Et ensuite, nous nous approchions de la rivière et là aussi, il y avait un
14 risque de tirs de tireurs embusqués. Sous le pont… Enfin, en ce qui
15 concerne l'angle de tir, disons que si vous passez sous le pont, le tireur
16 ne vous voit pas très bien. Alors le pont nous protégeait, d'une certaine
17 façon, mais c'était assez difficile de se rendre au pont et lors de
18 l'arrivée au pont, il y avait une tranchée qui n'était pas très longue.
19 Nous traversions donc cette tranchée et ensuite, nous utilisions le pont
20 comme moyen de protection car le tireur embusqué tirait d'en haut, donc il
21 ne nous voyait pas très bien.
22 Question: Savez-vous si des personnes ont reçu des coups de feu, si on
23 leur a tiré dessus dans ces régions, dans cette zone?
24 Réponse: Je connais une personne, mais je ne sais pas comment s'appelle
25 cette personne. C'est un homme sur qui on a tiré lorsqu'il est allé
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1 chercher de l'eau à la rivière.
2 Question: Pouvez-vous nous dire à quel moment cela s'est produit?
3 M. Hadziabdic (interprétation): Je crois, je crois que c'était en 1993
4 mais je ne me rappelle pas précisément quelle date, si c'était 1993 ou
5 1994; il y a bien longtemps de cela, maintenant.
6 M. Stamp (interprétation): Monsieur le Président, je vais maintenant
7 aborder un domaine de questions différent.
8 M. le Président (interprétation): Oui, effectivement. Il est 10 heures 30.
9 C'est le moment opportun de faire une pause.
10 Monsieur, nous allons faire une pause de 30 minutes et, à la reprise, M.
11 Stamp va continuer ses questions, va continuer son interrogatoire.
12 Nous allons donc lever la séance jusqu'à 11 heures.
13 (L'audience, suspendue à 10 heures 30, est reprise à 11 heures 03.)
14 M. le Président (interprétation): Monsieur Stamp, veuillez poursuivre.
15 M. Stamp (interprétation): Monsieur le Président, avant de poursuivre,
16 permettez-moi de dire rapidement que je ne pense pas qu'il y aura
17 préjudice en quoi que ce soit, à quelque partie que ce soit sur la
18 décision de l'admission de la photographie de 360 degrés. Si on pouvait la
19 remettre, son acceptation au versement au dossier, par rapport à un
20 incident de bombardement… Il n'y a pas une ligne directe de mire; la
21 position précise n'est pas d'une grande importance.
22 Mais si le Président ne voit pas d'inconvénient, est-ce que on peut
23 remettre cette décision jusqu'à ce que nous ayons l'information
24 nécessaire?
25 M. le Président (interprétation): Oui, nous allons y réfléchir. Veuillez
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1 poursuivre, Monsieur Stamp.
2 M. Stamp (interprétation): Monsieur Hadziabdic, est-ce que je peux vous
3 emmener maintenant au 1er juin 1993, la première matinée? Quel temps
4 faisait-il?
5 M. Hadziabdic (interprétation): C'était une journée estivale typique: pas
6 de pluie, pas de nuages, et c'était donc un temps estival normal.
7 Question: Est-ce que vous avez quitté votre maison pour aller quelque
8 part?
9 Réponse: Ce matin-là, je ne suis pas sorti du tout, même si je devais
10 sortir. C'est la toute première fois que je ne suis pas sorti car c'était
11 le Bajram. Et nous observons le Bajram en allant aux mosquées, la première
12 chose… Le matin, à 7 heures ou 8 heures du matin, on va à la mosquée.
13 Mais ce matin-là, nous ne sommes pas allés à la mosquée car c'était trop
14 risqué, à cause des tirs d'embusqués entre autres. La mosquée était située
15 dans un immeuble à Dobrinja 2, qui était un magasin de textile avant la
16 guerre. C'est là où se trouvait la mosquée car l'ancienne mosquée avait
17 été endommagée. C'était sur les lignes de front et on n'osait pas y aller
18 à cause des tireurs embusqués. Et donc, ce matin là, je suis resté chez
19 moi. Je ne suis allé nulle part.
20 Question: Très bien. Et après, où êtes-vous allé?
21 M. Hadziabdic (interprétation): Plus tard, je suis allé dans le sous-sol.
22 Puisque je n'avais rien à faire, je ne pouvais me rendre qu'au sous-sol.
23 Parce que, lorsque c'est le Bajram, nous mangeons quelque chose de sucré
24 mais nous n'avions rien à manger; d'ailleurs, nous n'avions même pas de
25 sucre pour faire du thé. Ceci m'a contrarié quelque peu et je suis allé au
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1 sous-sol pour faire un peu de réparations sur ma bicyclette, pour
2 m'occuper, en d'autres termes.
3 M. Stamp (interprétation): N'oubliez pas d'aller un peu plus lentement.
4 M. le Président (interprétation): Et n'oubliez pas qu'il y a la
5 traduction. Comme vous parlez assez vite, les interprètes doivent traduire
6 tout ce que vous dites en anglais et en français; donc c'est la raison
7 pour laquelle M. Stamp vous demande de parler un peu plus lentement, s'il
8 vous plaît. J'espère que vous comprenez.
9 M. Stamp (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
10 M. Hadziabdic (interprétation): Oui.
11 M. Stamp (interprétation): Le sous-sol où vous êtes rendu, c'est le sous-
12 sol de votre immeuble?
13 M. Hadziabdic (interprétation): Oui, dans ma propre cave.
14 Question: Vous avez travaillé sur votre bicyclette dans le sous-sol?
15 Réponse: Oui, je réparais ma bicyclette.
16 Question: Est-ce que vous l'avez réparée?
17 Réponse: Oui, autant que j'ai pu le faire à cette époque-là. Puisque la
18 fenêtre de ma cave fait face à Dobrinja 4 et Lukavica, c'est-à-dire la
19 direction… J'ai appris plus tard, lorsque le tournoi avait été organisé,
20 j'ai entendu un bruit et, à l'époque, lorsque dix personnes parlaient
21 c'était du bruit car il n'y avait pas de bruit de voiture, car il n'y
22 avait pas de voitures qui roulaient. Il n'y avait pas d'électricité et on
23 n'entendait presque pas de bruit.
24 Question: Ecoutez bien ce que je vous dis et parlez lentement, s'il vous
25 plaît.
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1 Ayant travaillé sur votre bicyclette, est-ce que vous vous êtes rendu
2 quelque part, par la suite?
3 Réponse: Oui. J'ai entendu qu'il y avait des gens et du bruit, et je suis
4 ressorti pour tester ma bicyclette.
5 Question: Où êtes-vous allé?
6 Réponse: Je suis allé derrière l'immeuble. Avant la guerre, il y avait un
7 terrain de jeux pour enfants et le parking, une zone qui n'était pas
8 couverte par les tireurs embusqués. Et pour ce qui est des tirs
9 d'embusqués, on pouvait bouger de façon assez sûre. C'était une journée
10 exceptionnellement calme.
11 Question: Vous avez parlé d'un tournoi. Est-ce que vous avez assisté à ce
12 tournoi? C'était un tournoi de football?
13 Réponse: Oui.
14 M. Stamp (interprétation): Où, par rapport à votre appartement, se
15 trouvait ce tournoi de football?
16 M. Hadziabdic (interprétation): Le tournoi avait lieu derrière mon
17 immeuble, dans le parking. J'ai donc essayé ma bicyclette sur une distance
18 de 100 mètres et ensuite, je suis allé voir ce qui se passait car je
19 n'étais pas au courant qu'il y avait ce tournoi. Lorsque je me suis
20 approché, j'ai reconnu de nombreux amis mais, pendant que j'étais sur ma
21 bicyclette ou… Pardon! Puisque j'étais sur ma bicyclette, je ne pouvais
22 pas approcher mes amis les plus proches, car je ne pouvais pas m'y rendre
23 à bicyclette. Donc, je me suis trouvé un coin...
24 M. le Président (interprétation): Puis-je vous dire que vous nous donnez
25 beaucoup d'informations? Certains éléments d'information sont plus
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1 pertinents que d'autres et, comme vous l'avez sûrement remarqué… Je vous
2 informe que ces procès prennent beaucoup, beaucoup de temps. Je vous
3 demanderai donc d'écouter avec beaucoup d'attention M. Stamp et de
4 répondre de façon très précise à ses questions.
5 S'il devait vous demander "Est-ce que vous êtes venu au Tribunal en
6 voiture?", vous pouvez répondre dire: "Oui, je suis venu en voiture", ou
7 "Non, je ne suis pas venu en voiture". Que la voiture soit rouge, bleue,
8 ou qu'il y ait 5 ou 7 passagers dans la voiture, si M. Stamp a besoin de
9 savoir cela il vous le demandera dans la question suivante. Il vous
10 demandera: "Est-ce que la voiture était rouge ou bleue?".
11 Donc, vous comprenez, vous nous donnez beaucoup d'informations alors que
12 nous essayons d'utiliser notre temps de façon très efficace et nous
13 voulons avoir des réponses très précises à des questions très précises. Je
14 vous demanderai donc de nous aider, de bien écouter, de répondre à la
15 question. Et si jamais il y a d'autres informations dont nous avons
16 besoin, je suis sûr que M. Stamp vous posera la question en la matière.
17 Ce n'est pas du tout une critique, c'est juste une explication de la façon
18 dont nous travaillons dans cette Chambre et la façon dont nous essayons
19 d'utiliser notre temps de la façon la plus efficace possible. D'accord?
20 M. Hadziabdic (interprétation): Oui.
21 M. Stamp (interprétation): Je vous remercie, Monsieur le Président.
22 Lorsque vous êtes arrivé au parking, là où le match de football… Est-ce
23 que le match de football était déjà en train d'être joué?
24 M. Hadziabdic (interprétation): Je ne sais pas quelle heure il était. 10
25 heures, 10 heures et demie.
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1 Question: Est-ce que le match était en cours?
2 Réponse: Oui. Oui, le match était en train d'être joué.
3 Question: Et où, par rapport à ce match, vous êtes-vous rendu?
4 Réponse: Nous, on devait se trouver au milieu du terrain face au but; je
5 vous parle du but près duquel l'obus est tombé, ça veut dire le coin à
6 droite.
7 Question: Donc le coin droit du terrain du jeu de football, lorsque vous
8 êtes face à l'endroit où est tombé l'obus? Et votre réponse serait "oui"?
9 Réponse: Oui. Si vous vous trouvez au milieu du terrain de football, je
10 vous parle du premier obus.
11 Question: Dites-nous, alors: l'obus est tombé sur le terrain de football,
12 est-ce exact?
13 Réponse: Exact. Sur le terrain même.
14 Question: Pouvez-vous nous dire ce qui s'est passé lorsque l'obus est
15 tombé?
16 Réponse: Le match était donc en cours. Je me trouvais là où je vous ai
17 indiqué. Lorsque l'obus est tombé, nous avons entendu une déflagration
18 terrible, il y avait de la fumée noire devant nos yeux. J'ai senti une
19 force dans mon thorax. L'explosion m'a jeté sur une voiture et je suis
20 tombé. Instinctivement, j'ai couvert ma tête en entendant un deuxième
21 obus, puisque je savais qu'un ne suffisait jamais.
22 Question: Lorsque vous étiez là-bas, est-ce que quelque chose d'autre est
23 arrivé?
24 Réponse: Oui, certaines personnes ont commencé à courir, à paniquer, ceux
25 qui pouvaient courir sans réfléchir à la possibilité d'un deuxième obus.
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1 Ensuite, quelques secondes plus tard, un deuxième obus est tombé à
2 quelques mètres du premier. Et ce deuxième obus a affecté plusieurs
3 personnes et blessé ceux qui étaient en train de courir. Donc c'était le
4 même genre d'explosion qui avait été entendue quelques secondes
5 auparavant. Et les cris de panique, les hurlements…
6 Question: Vous avez dit deux fois que le deuxième obus est tombé quelques
7 secondes après le premier. Qu'est-ce que vous voulez dire exactement?
8 Combien de temps après le premier obus exactement?
9 Réponse: Peut-être dix secondes plus tard, je ne sais pas exactement.
10 Question: Après le deuxième obus, est-ce que vous avez fait vous-même
11 quelque chose?
12 Réponse: Oui, je me suis levé; j'ai senti mon thorax où j'avais senti ce
13 souffle très fort et j'ai pensé que l'éclat d'obus m'avait affecté. Par la
14 suite, j'ai vu qu'un caillou m'avait heurté, mais j'ai vu qu'il n'y avait
15 pas de sang, qu'il n'y avait rien de mal. J'ai commencé à courir lorsque
16 j'ai vu les autres courir et moi-même, j'ai couru à l'entrée la plus
17 proche, à l'entrée de l'immeuble le plus proche qui s'y trouvait. Ce
18 n'était pas une entrée normale, mais une entrée plutôt improvisée, à cet
19 immeuble.
20 Question: Est-ce que vous êtes arrivé à cette entrée?
21 Réponse: Oui. Je suis entré, je me suis dirigé à l'intérieur.
22 Question: Et que s'est-il passé, par la suite?
23 Réponse: Lorsque je suis rentré, j'ai trouvé un jeune homme là-bas –j'ai
24 appris son nom plus tard, Ferid "Muzaci"-, qui était blessé à la paume de
25 la main; il saignait énormément. Sans savoir que moi-même j'avais été
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1 blessé et voyant qu'il saignait beaucoup, j'ai essayé de l'aider.
2 Il y avait beaucoup de panique. Les gens savaient que là où l'obus était
3 tombé, il y avait beaucoup de personne blessées; des femmes sont venues en
4 courant par l'escalier en recherchant des morceaux de tissu, quelque chose
5 pour arrêter le saignement. Puisqu'il n'y avait pas d'équipement médical,
6 des pansements, des bandages disponibles, des tissus ordinaires étaient
7 utilisés.
8 Moi-même, je me suis rendu compte que quelque chose de chaud parcourait ma
9 jambe gauche; j'ai vu un trou dans mon pantalon et mon pantalon était
10 plein de sang. Je me suis rendu compte que j'avais été blessé également.
11 La première chose qui m'est venue à l'esprit, c'est ma mère, ce qu'elle
12 pensait, car déjà les gens savaient qu'un obus avait percuté… J'ai laissé
13 ce jeune homme aux femmes et je suis allé chercher de l'aide moi-même. Je
14 voulais rentrer chez moi pour leur dire que j'étais vivant et j'ai vu ma
15 mère courir vers moi, paniquée, me cherchant. J'ai continué à dire: "Je
16 vais bien, je vais bien!", et elle a vu que je tenais ma jambe.
17 Question: Est-ce que vous avez été emmené à l'hôpital?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Lequel?
20 Réponse: J'ai été emmené à l'hôpital de Dobrinja qui était peut-être à
21 cinq minutes à pied, cinq à dix minutes à pied de l'endroit où l'obus est
22 tombé.
23 Question: Est-ce que vous avez été traité, là-bas?
24 Réponse: Oui, j'ai reçu les premiers soins. Ils ont arrêté le saignement,
25 car il y avait beaucoup de personnes avec des blessures beaucoup plus
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1 graves et l'hôpital était trop petit pour traiter tout le monde. Donc on
2 m'a donné les premiers soins et j'ai attendu que ceux qui étaient dans une
3 condition plus grave soient hospitalisés. Donc j'attendais mon tour pour
4 être traité.
5 Question: Est-ce qu'on vous a emmené à l'hôpital ou est-ce qu'on vous a
6 laissé partir, ce jour-là?
7 Réponse: Non, on m'a laissé partir pour être traité à la maison.
8 Question: Est-ce que vous deviez vous rendre à l'hôpital de temps en temps
9 pour le traitement?
10 M. Hadziabdic (interprétation): Oui, pour le pansement de mes pieds et
11 pour un examen régulier.
12 M. Stamp (interprétation): Monsieur le Président, avec votre permission,
13 j'aimerais montrer au témoin le document P2506B.
14 M. le Président (interprétation): Oui, très bien. Veuillez procéder.
15 (Intervention de l'huissier.).
16 Maître Piletta-Zanin?
17 M. Piletta-Zanin: Oui, Monsieur le Président. A nouveau, les usuels
18 problèmes de traduction.
19 Je vois ici que la traduction est à nouveau incomplète. Mais ce que je
20 suggère de faire, c'est d'attendre que M. Stamp pose ses questions, puis
21 nous y reviendrons tout à l'heure. D'ailleurs, nous aurons des requêtes à
22 formuler pour qu'enfin on nous présente des originaux. Merci.
23 M. le Président (interprétation): Je comprends votre suggestion.
24 Veuillez poursuivre, Monsieur Stamp.
25 M. Stamp (interprétation): Est-ce que vous voyez, Monsieur le Témoin, le
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1 document qui vous a été remis par l'huissier?
2 M. Hadziabdic (interprétation): Oui.
3 Question: Est-ce que c'est un exemplaire du rapport médical sur le
4 traitement de vos blessures à l'hôpital?
5 Réponse: Oui, c'est un exemplaire du rapport que j'ai reçu le jour même, à
6 l'hôpital, suite auquel j'ai été renvoyé chez moi pour être traité à la
7 maison.
8 Question: Tout d'abord, voyez-vous votre nom sur ce document?
9 Réponse: Oui, mon nom de famille et mon prénom, Hadziabdic Omer, et ma
10 date de naissance.
11 Question: Merci. Vous avez dit que vous avez reçu ce rapport le jour même;
12 nous reviendrons au document que vous avez devant vous plus tard.
13 Est-ce que vous voyez, écrites à la main, différentes dates allant
14 jusqu'au 16 juin 1993?
15 Réponse: Oui.
16 Question: Si vous l'avez reçu le 1er juin 1993, comment se fait-il que ces
17 différentes écritures à la main se trouvent sur ce rapport?
18 Réponse: J'ai reçu le rapport le 1er juin 1993, lorsque j'ai été admis à
19 l'hôpital et lorsque j'étais traité. Ensuite, vous savez, j'ai été renvoyé
20 chez moi pour traitement et il est marqué que je devais retourner à
21 l'hôpital dans deux jours, au service des pansements. Donc, il y a une
22 indication du jour où je me suis rendu à l'hôpital, c'est-à-dire où j'ai
23 reçu mon bandage et j'ai été traité. Ceci a continué jusqu'au 16 juin
24 1993.
25 Donc ce qui est écrit ici, ce sont les dates auxquelles j'ai reçu mes
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1 pansements et quand je devais retourner pour le traitement. Le 16 juin
2 1993, on a fait un bandage et on m'a demandé de revenir dans quatre jours.
3 Donc ça ne s'est pas terminé le 16 juin; j'y suis retourné quatre jours
4 plus tard.
5 Question: Vous avez pris de votre poche un document. Quel document avez-
6 vous sorti de votre poche? Est-ce que vous pouvez décrire ce document en
7 deux mots?
8 Réponse: C'est l'original de ce document. Voilà l'original de ce document.
9 (Le témoin montre l'original du document.)
10 Question: Merci.
11 Lorsque vous étiez sur le terrain de football, immédiatement après les
12 deux obus, est-ce que vous avez reconnu les gens qui étaient blessés?
13 Réponse: Oui, de nombreuses personnes.
14 Question: Pouvez-vous nous dire quelles étaient ces personnes blessées,
15 tuées? Est-ce que c'étaient des adultes, des enfants, des hommes, des
16 femmes?
17 Réponse: C'étaient principalement des hommes, la plupart civils, et des
18 enfants. Donc il y avait beaucoup d'amis de mon âge et moi-même, j'avais
19 15 ans.
20 (Le banc de l'accusation se concerte.).
21 Question: Vous avez, à l'intention de cette Chambre d'instance, parlé de
22 ce que vous avez vécu au moment des bombardements ou des tirs par tireurs
23 embusqués dans Dobrinja. Etant donné que vous avez vécu tout cela, pouvez-
24 vous nous dire si vous souffrez de séquelles durables d'ordre
25 psychologique, dues à tous ces traumatismes et en résultat de ce que les
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1 civils ont pu vivre?
2 Réponse: Bien entendu, quelque chose qu'on a vécu en homme jeune, on ne
3 peut jamais l'oublier. Surtout que l'on a perdu des gens, des camarades
4 qui vous ont été chers et qui n'ont fait autre chose que d'être nés à un
5 moment donné, dans un faux pays, dans un faux temps, ou du simple fait
6 qu'ils s'appelaient Adnan(?) ou peut-être qu'ils appartenaient à un groupe
7 ethnique autre qu'eux, et qu'ils ne souhaitaient pas avoir autre chose que
8 peut-être -enfants qu'ils étaient ou jeunes- sortir, voir quelque chose,
9 et qu'ils finissaient par se faire tuer.
10 J'ai été cible de pas mal de tireurs embusqués. Il m'est arrivé de me
11 mettre à plat-ventre, par terre, simplement parce qu'il a fallu se cacher.
12 Tout ceci, voyez-vous, on ne peut pas l'oublier si facilement.
13 Question: Et pendant le conflit même, avez-vous été en mesure d'identifier
14 un bruit quelconque qui serait celui d'un obus de mortier dans l'air?
15 Réponse: Oui. Mais une fois vous l'avez entendu, le bruit de cet obus-là,
16 l'obus était parti, était passé au-dessus de vous. Il en est de même pour
17 d'autres armes de petit calibre, même lorsqu'il s'agit de bombes larguées
18 à partir d'un avion dont le bruit était tel qu'il vous faisait geler le
19 sang dans vos veines. Voyez-vous, à mesure que le temps passe, on devient
20 expérimenté et on est capable de reconnaître vraiment le type de
21 projectile rien qu'à en entendre le son ou le bruit au passage.
22 Question: Quel était le bruit que faisait un projectile de mortier, que
23 vous avez pu entendre?
24 (Le témoin s'exécute.)
25 M. Hadziabdic (interprétation): Approximativement, c'est ça
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1 M. Stamp (interprétation): Je suis désolé de ne pas pouvoir, évidemment,
2 faire la description plus détaillée de ce que nous venons d'entendre.
3 M. le Président (interprétation): Oui, je crois que, si jamais besoin il y
4 a, plus tard...
5 M. Hadziabdic (interprétation) Je crois que le monsieur, là, qui est en
6 train de rire; je crois qu'il ne serait pas prêt à rire s'il était dans la
7 position qui était la mienne, notamment si l'on a un camarade qu'on a
8 perdu à ses côtés, notamment à entendre le bruit de cela. Je ne vois pas
9 ce qu'il y a de nature à vous faire rire.
10 M. le Président (interprétation): Ce que vous dites là, ce n'est pas
11 ridicule. Cela ne nous fait pas rire.
12 M. Hadziabdic (interprétation): Oui, mais c'est le monsieur à côté, là,
13 qui a souri, et c'est à lui que je parlais.
14 M. le Président (interprétation): Oui, je sais que, lorsqu'on revient à
15 des moments
16 tels que vous les avez vécus dans votre vie, ceci n'est pas sans être
17 douloureux. Mais je vous prie de vous abstenir de tout commentaire. Nous
18 sommes ici dans le prétoire d'un Tribunal. Quant à nous, nous devons
19 écouter et entendre tous. Et j'accepte votre excuse.
20 Monsieur Stamp, si jamais on demande de faire la description de tous ces
21 bruits, plus tard, si on le demande, on devra faire en sorte de demander
22 les cassettes audio pour savoir comment se présentait très exactement le
23 bruit produit par le témoin qui s'est exécuté.
24 M. Stamp (interprétation): Très bien, Monsieur le Président.
25 Dites-moi, Monsieur le Témoin, à quelle distance se trouvait votre maison
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1 par rapport au parking et par rapport au lieu où le match a été joué?
2 M. Hadziabdic (interprétation): De 30 à 50 mètres, je ne peux pas être
3 sûr.
4 Question: Pour ce qui est de cette localité, la même, est-ce qu'il y a eu
5 des positions militaires quelconques là où se trouvait votre bâtiment à
6 vous, où vous habitiez, et le parking?
7 Réponse: Non, pas au moment ni après le tournoi. Il n'y a pas eu de
8 position militaire. Il n'y avait que des bâtiments, immeubles
9 d'habitation.
10 M. Stamp (interprétation): Merci.
11 Monsieur le Président. J'en ai terminé avec l'interrogatoire principal.
12 M. le Président (interprétation): Merci, Monsieur Stamp.
13 Monsieur Hadziabdic, maintenant c'est le tour du conseil de la défense de
14 vous interroger.
15 Maître Piletta-Zanin, je vous en prie.
16 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Omer Hadziabdic, par Me Piletta-
17 Zanin.)
18 M. Piletta-Zanin: Merci, Monsieur le Président.
19 Monsieur le Témoin, bonjour.
20 M. Hadziabdic (interprétation): Bonjour.
21 Question: Vous avez été soigné, Monsieur le Témoin, si j'ai bien compris,
22 à l'hôpital de Dobrinja; est-ce que c'est bien exact?
23 Réponse: Exact.
24 M. Piletta-Zanin: Bien. Pourquoi avez-vous été soigné dans un hôpital
25 militaire?
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1 M. Hadziabdic (interprétation): Parce que je ne pouvais pas me rendre en
2 ville, car seuls des cas graves, les grands blessés, devaient aller en
3 ville pour passer outre les barrages routiers. Parce qu'il y en avait
4 partout, de ceux qui tiraient; ceux qui étaient d'ailleurs sous le
5 commandement de monsieur votre client.
6 M. Stamp (interprétation): Monsieur le Président, je n'ai peut-être pas
7 très bien compris mais je n'ai pas entendu dire le témoin qu'il se faisait
8 traiter dans un hôpital militaire. Peut-être que je ne suis pas dans mon
9 droit?
10 M. le Président (interprétation): Allez-y, Maître Piletta-Zanin.
11 M. Piletta-Zanin: (inaudible)… les ai donnés, Monsieur Stamp. Il suffit de
12 les lire.
13 M. Stamp (interprétation): Si je peux répondre?
14 M. le Président (interprétation): Oui, allez-y, Monsieur Stamp.
15 M. Stamp (interprétation): Ce que je voulais dire, c'est que ce n'était
16 pas tout à fait approprié d'imputer à ce témoin le fait qu'il s'est fait
17 traiter dans un hôpital militaire et, évidemment, surtout si on n'a pas de
18 preuve à l'appui. On peut demander au témoin s'il était dans un hôpital
19 militaire.
20 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, c'est très simple. Mais je vois
21 qu'il s'agit d'un document que l'accusation a donné, et elle fait semblant
22 de ne pas savoir ce qu'il veut dire.
23 Monsieur le Témoin, veuillez lire, je vous prie, ce qui est marqué sur le
24 timbre qui est frappé au milieu de la page. Pouvez-vous le lire?
25 Oui, Monsieur le Président?
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1 M. le Président (interprétation): Non, non, non. Maître Piletta-Zanin,
2 essayons de tirer tout cela au clair, et cela le plus possible.
3 Le fait même que les documents communiqués par l'accusation indiquent
4 qu'il s'agit d'un hôpital militaire ne signifie pas pour autant que
5 l'attitude de l'accusation est telle que le militaire (sic!) a été en
6 vérité un hôpital militaire.
7 D'autre part, d'ordinaire, nous acceptons, notamment dans le cadre du
8 contre-interrogatoire, des questions directives.
9 Monsieur Stamp, lorsque je regarde de plus près la question posée par Me
10 Piletta-Zanin, ne serait-ce que dans sa version anglaise, il n'est pas
11 dit, dans le cas de la question, que le témoin aurait dit qu'il s'agissait
12 d'un hôpital militaire. Si j'ai bien compris, je ne vois pas très bien où
13 ceci a été mentionné très exactement. Il a dit quelque chose qui ne
14 devrait pas être contestable.
15 Bien entendu, nous devons toujours demander à Me Piletta-Zanin de
16 reformuler sa question. Mais s'il n'y a vraiment rien de contestable pour
17 savoir si c'était un hôpital militaire, pour l'instant je ne peux pas
18 savoir s'il l'était ou pas mais en tout cas, on peut guider le témoin pour
19 lui dire par exemple que l'hôpital était militaire et pour quelle raison
20 il a dû se rendre notamment dans cet hôpital-là.
21 M. Stamp (interprétation): Mais justement, c'est ce que je voulais dire,
22 moi, précisément: pour quelle raison vous vous êtes fait traiter dans un
23 hôpital militaire?
24 M. le Président (interprétation): Oui. Monsieur Stamp. D'abord, il a fallu
25 accepter que le témoin a dit qu'il était dans un hôpital militaire.
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1 Je suis d'accord avec vous mais s'il n'y a pas eu de débat entre les deux
2 parties si l'hôpital de Dobrinja était un hôpital militaire ou pas, alors
3 Me Piletta-Zanin ne devrait pas simplement et uniquement supposer, sur la
4 base des documents qui lui ont été communiqués par l'accusation, qu'il
5 s'agissait d'un hôpital militaire.
6 Alors, Maître Piletta-Zanin, si vous avez déjà présenté à plusieurs
7 reprises des pièces jointes à des rapports de spécialistes et si, par
8 exemple, une commission d'experts présente toute une suite de rapports qui
9 peuvent être admis en tant qu'exacts, alors là, dans ce cas-là, on
10 risquerait d'avoir des problèmes. Par conséquent, nous ne faisons pas
11 d'hypothèse sur la base des faits que nous retrouvons dans tel ou tel
12 document communiqué par l'autre partie.
13 Ne considérons toujours pas, tout de même, que ces faits ne seraient pas
14 de nature à être discutables et contestables. Soyez un peu plus précis et
15 continuez.
16 M. Piletta-Zanin: Je vais être un peu plus précis, Monsieur le Président.
17 Comme souvent.
18 Monsieur le Témoin, veuillez lire, je vous prie, le timbre qui se situe au
19 centre du texte de la pièce que vous avez, à haute vois. Je vous sais gré
20 de prendre… Non, Monsieur le Témoin, prenez l'autre pièce car celle-là, je
21 ne l'ai pas vue. Prenez, je vous prie, l'autre pièce, que cela vous
22 déplaise ou non. Celle-là. Celle-là.
23 (Le témoin montre le document de l'accusation.)
24 (Le témoin indique que c'est l'original et qu'on le voit mieux.)
25 Ça n'est pas mon problème, je n'ai pas vu cette pièce. Et si on le voit
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1 mieux, je ne le sais pas. Prenez la pièce que je vous demande de prendre.
2 M. le Président (interprétation): Monsieur Hadziabdic, il existe un
3 document que vous avez apporté sur vous, un autre document vous a été
4 donné, soumis ici.
5 Maître Piletta-Zanin vous a demandé de montrer le document qu'on vous a
6 soumis ici dans le prétoire. Vous dites que c'est le même document, mais
7 je vous prie de regarder le document qui vous a été soumis dans prétoire.
8 Regardez le titre du document.
9 M. Piletta-Zanin: Veuillez lire seulement ce qu'on trouve sur le timbre
10 qui se trouve au centre de ce document.
11 M. Hadziabdic (interprétation): Je m'excuse. Voulez-vous que je vous donne
12 lecture de ce que je peux voir écrit ici ou de ce que je sais qui est
13 écrit ici?
14 Question: Je ne veux pas savoir ce que vous savez, je veux savoir ce que
15 vous pouvez lire.
16 Réponse: Il est écrit: "VJNA BO D", ensuite "OB"; ensuite, le reste est
17 fort illisible.
18 Question: Bien. Vous n'en avez lu que la moitié, Monsieur le Témoin. Je ne
19 vous ai pas entendu lire "Sarajevo", que moi-même je peux lire
20 parfaitement.
21 Réponse: Moi, j'ai lu ce que j'ai pu voir.
22 M. Piletta-Zanin: Et vous ne voyez pas "Sarajevo"? Vous le voyez!
23 M. Hadziabdic (interprétation): Excusez-moi, j'ai vu, j'ai vu Sarajevo!
24 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, je vous prie
25 d'emprunter un autre ton lorsque vous vous adressez au témoin. Procédez,
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1 s'il vous plaît.
2 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Témoin, les lettres que vous avez lues de la
3 façon qu'on a vue, pour le premier mot, ne doit-on pas considérer qu'il
4 s'agit du mot "vojna"?
5 M. Hadziabdic (interprétation): Cela peut être la JNA également, l'armée
6 populaire yougoslave.
7 Question: Vous êtes-vous fait soigner, Monsieur le Témoin, par l'armée
8 populaire yougoslave?
9 Réponse: Non.
10 Question: Monsieur le Témoin, si vous ne vous êtes pas fait soigner par
11 l'armée populaire yougoslave, est-ce que ce premier mot est "vojna",
12 militaire?
13 M. Hadziabdic (interprétation): Je ne le sais pas.
14 M. Piletta-Zanin: Vous ne le savez pas, ou vous ne voulez pas le dire?
15 M. le Président (interprétation): Monsieur Hadziabdic, l'hôpital de
16 Dobrinja dans lequel vous vous êtes fait soigner, dites-moi, était-ce un
17 hôpital militaire?
18 M. Hadziabdic (interprétation): Sur le cachet, on peut lire: "Hôpital
19 militaire Dobrinja" et, dans le titre, on lit: "Militaire de Dobrinja". Je
20 ne sais pas s'il s'agissait d'un hôpital militaire ou civil, mais je sais
21 que tous les blessés se sont faits traiter dans cet hôpital-là.
22 M. le Président (interprétation): Avez-vous remarqué un quelconque
23 personnel militaire -pour parler des médecins ou des aides soignantes ou
24 infirmières- dans cet hôpital?
25 M. Hadziabdic (interprétation): Tous les médecins étaient habillés de la
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1 même façon que les autres médecins, comme actuellement et dans tout autre
2 hôpital; tous étaient en blanc. Je n'ai pas vu d'uniforme. Ils étaient
3 tous en blanc, en tenue blanche typique, pour parler d'habit de médecin.
4 M. Piletta-Zanin: Est-ce que vous avez pu recevoir d'autres indications,
5 sauf évidemment les documents qui vous ont été établis et délivrés, pour
6 savoir qu'il s'agissait d'un hôpital militaire?
7 M. Hadziabdic (interprétation): Vraiment, je ne peux pas conclure sur quoi
8 que ce soit d'autre que ceci aurait pu être un hôpital militaire ou civil.
9 Je sais ce que j'ai vu et ce que je vois maintenant.
10 M. le Président (interprétation): Oui, procédez, Maître Piletta-Zanin.
11 M. Piletta-Zanin: Dans la traduction anglaise que nous avons reçue et qui
12 porte le n°B1, comme par hasard, la mention de ce timbre d'hôpital
13 militaire a disparu. C'est tout. Mais nous verrons cela plus tard, en
14 effet.
15 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, vous êtes en train
16 de contre-interroger le témoin. Bien sûr que nous avons vu que le tampon
17 n'a pas été traduit, le texte n'a pas été traduit: on s'en occupera peut-
18 être. Ne nous en occupons pas pour l'instant, de ce document. Contre-
19 interrogez le témoin et, par la suite, à la fin, on va voir quelles sont
20 vos autres objections.
21 M. Piletta-Zanin: Merci.
22 Monsieur le Témoin, vous avez déclaré -en page 11, ligne 12- que vous
23 n'aviez pas vu d'activité militaire quelconque dans les immeubles qui
24 étaient voisins du parking. Est-ce que vous confirmez cela, oui ou non?
25 M. Hadziabdic (interprétation): Ce jour-là, je n'ai remarqué aucune
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1 activité militaire ni dans l'immeuble où j'habitais, ni dans les deux
2 autres immeubles qui, en quelque sorte, sont autour du parking. Je n'ai
3 rien remarqué de la sorte.
4 Question: Bien. Monsieur le Témoin, durant d'autres jours, dans les autres
5 jours précédant cet incident, y avait-il des activités militaires,
6 notamment dans votre immeuble que vous venez de mentionner?
7 Réponse: Il n'y avait aucune activité militaire dans l'immeuble où
8 j'habitais.
9 Question: Monsieur le Témoin, y avait-il, à une proche distance du terrain
10 de football, une ligne de front comprenant des tranchées?
11 Réponse: Oui, mais de l'autre côté, en direction des monts, c'est-à-dire
12 il faut traverser la route.
13 Question: Monsieur le Témoin, à combien de mètres, je vous prie?
14 Réponse: Je ne peux pas être précis pour vous le dire. Peut-être
15 s'agirait-il d'une centaine de mètres ou de 200 mètres.
16 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Témoin, s'agissait-il là de ce qu'on appelle
17 la première ligne de défense?
18 M. Hadziabdic (interprétation): La première ligne de défense se trouvait à
19 300 mètres de là, dans le bâtiment de la Partizanska Olimpijada, c'est-à-
20 dire c'est le premier bâtiment qui fait partie de la cité Dobrinja 4.
21 M. le Président (interprétation): Avant que vous poursuiviez, Maître
22 Piletta-Zanin, dans le transcript anglais, page 53 ligne 7, il est écrit
23 "Dans mon bâtiment, les activités militaires, si j'ai bien compris,
24 n'existaient pas", si j'ai bien compris le témoin. Juste pour la concision
25 et à la clarté du compte rendu d'audience.
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1 Poursuivez, s'il vous plaît.
2 M. Piletta-Zanin: Oui. Je remercie Juge Nieto-Navia pour son observation.
3 Monsieur le Témoin, vous parlez de la première ligne de combat, à 300
4 mètres. Où était la seconde ligne de défense?
5 M. Hadziabdic (interprétation): Je ne sais pas. A cette époque-là, j'avais
6 15 ans et je ne suis pas un stratège militaire. Je ne me suis jamais rendu
7 ni sur la première ligne de défense, ni dans les tranchées, surtout pas
8 dans cette tranchée dont vous parlez, c'est-à-dire pour parler de la
9 première ligne qui se trouvait au niveau de la colline. Les enfants ne
10 pouvaient pas avoir droit d'accès à cette ligne.
11 Question: Vous parlez de la colline de Mojmilo?
12 Réponse: Exact.
13 Question: Bien. Monsieur le Témoin, merci de cette réponse.
14 Vous avez déclaré que vous n'étiez pas un expert militaire; toutefois,
15 tout à l'heure -et je fais référence à 31/6-, vous avez indiqué que "ils"
16 –on ne sait pas très bien qui, "ils"-, ils tiraient sur n'importe quelles
17 cibles, indépendamment de savoir s'il s'agissait d'objets de nature civile
18 ou de cibles militaires.
19 Qu'est-ce qui –puisque vous n'êtes pas un expert, Monsieur le Témoin- vous
20 permet de déterminer la différence entre une cible civile et une cible
21 militaire?
22 Réponse: C'est à vous de déterminer lorsque, par exemple, un enfant de 13
23 ou 14 ans devrait être un cible militaire ou pas.
24 Question: Vous avez affirmé qu'ils tiraient sur n'importe quoi, sans faire
25 différence entre une cible civile et une cible militaire. Savez-vous,
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1 Monsieur le Témoin, où se trouvaient les cibles militaires –ce sont vos
2 mots que vous avez utilisés- à Dobrinja?
3 Réponse: Qui dit cible militaire dit mortier, dit ligne de front, un
4 bunker militaire. Ne sont pas cibles militaires ni un terrain de football
5 ni enfants ou autres qui s'y trouvaient. Je vous ai dit, cible militaire
6 ne peut être que la première ligne de défense dont je parlais.
7 Question: Et moi, je vous ai demandé si vous saviez où se trouvaient les
8 objectifs militaires, puisque vous faites une différence. Par exemple,
9 savez-vous où se trouvait le commandement général de la 5e Brigade?
10 Réponse: Je ne peux pas savoir avec précision.
11 Question: Si vous le savez de manière non précise, pouvez-vous l'indiquer
12 de façon générale?
13 Réponse: A Dobrinja 2.
14 Question: Merci. Avez-vous le nom de la rue?
15 Réponse: Je ne peux pas le savoir avec précision.
16 Question: Etait-ce tout à côté de l'hôpital de Dobrinja?
17 Réponse: Non.
18 Question: N'était-ce pas à une distance de quelque 100 à 150 mètres de
19 l'hôpital?
20 Réponse: Je ne le sais pas avec précision.
21 Question: Vous dites que vous ne savez pas précision, mais est-ce que cela
22 pourrait être le cas?
23 Réponse: Peut-être oui, peut-être non.
24 Question: Je suis d'accord avec vous. Tout est possible, tout est possible
25 dans la vie.
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1 Savez-vous où se trouvent, Monsieur le Témoin, les abris antiatomiques des
2 immeubles de Dobrinja?
3 Réponse: Je sais.
4 Question: Savez-vous si, proche du terrain de football, il y avait un abri
5 antiatomique?
6 Réponse: Oui.
7 Question: A quelle distance, je vous prie?
8 Réponse: A une distance d'environ 100 mètres. Mais il y avait un immeuble
9 qui se dressait entre le terrain de football et l'abri antiatomique.
10 Question: Qui utilisait ces abris antiatomiques, à votre connaissance?
11 Réponse: Ce n'est pas que je suis certain de pouvoir dire que la mosquée
12 s'y trouvait également au temps de la guerre; je n'en suis pas certain.
13 Voilà, je ne peux pas vous donner de détails mais je sais que -était-ce au
14 temps de la guerre ou immédiatement après la guerre- qu'il y avait le
15 culte religieux qui s'y trouvait, là-bas, la mosquée. Mais encore
16 aujourd'hui, il y est.
17 Question: Savez-vous si, dans les abris, se trouvaient des militaires
18 également?
19 Réponse: Vous voulez dire "militaires" dans quels sens?
20 Question: Dans le sens "armée" du terme, Monsieur le Témoin. Un militaire
21 est un homme...
22 Réponse: Donc vous voulez dire des gens armés?
23 Question: Pas nécessairement en armes, puisque nous savons qu'il n'y avait
24 pas d'armes pour tout le monde. Des militaires sont des soldats; peu
25 importe si, à l'instant dont on parle, ils aient ou n'aient pas d'armes.
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1 Des soldats.
2 M. Hadziabdic (interprétation): Est-ce que vous vous référez à des soldats
3 qui sont en poste, en mission? Ou peut-être qu'ils ne le sont pas, peut-
4 être pour venir à la mosquée?
5 M. Piletta-Zanin: Je vois que vous vous comportez comme un expert; c'est
6 bien. J'entends: des soldats, quoi qu'ils fassent. Est-ce que vous saviez
7 si, oui ou non, des soldats…
8 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, je vous prie de
9 vous retenir de tout commentaire. Posez des questions.
10 M. Piletta-Zanin: Excusez-moi.
11 Voulez-vous, je vous prie, me dire si vous savez –par oui ou par non- si
12 des soldats occupaient ces locaux d'abri antiatomique? Oui ou non?
13 M. Hadziabdic (interprétation): Je ne sais pas.
14 Question: Monsieur le Témoin, vous ne savez pas ou vous ne voulez pas le
15 dire?
16 Réponse: Je ne sais pas pour quel temps, pour quelle période vous me
17 demandez. Je ne sais pas comment… Vous parlez de soldat, soldat qui vient
18 à la mosquée, ou est-ce que vous parlez de quartier général ou de la
19 défense, ou quoi?
20 Question: Je vais vous aider. Que pouvez-vous nous dire, sur quelque
21 période que ce soit durant la guerre, des soldats qui auraient fréquenté
22 les abris antiatomiques?
23 Réponse: Il se peut qu'il y ait eu des soldats, mais pas en mission. Pas
24 pour dire que c'était non plus une caserne, mais peut-être qu'ils étaient
25 venus là-bas pour se mettre à l'abri, etc.; cela était fort probable.
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1 Question: Bien. Monsieur le Témoin, vous dites qu'il ne s'agit pas de
2 caserne. Où se trouvaient les casernes à Dobrinja?
3 Réponse: Pour autant que je m'en souvienne, il n'y avait pas de caserne du
4 tout.
5 Question: (Inaudible)… où dormaient les soldats?
6 Réponse: Ils étaient sur la ligne de front. Je ne sais pas très exactement
7 comment s'articulait leur structure. Ceux qui étaient sur la ligne, ils
8 étaient là-bas; ceux qui n'y étaient pas se trouvaient à leur maison, chez
9 eux.
10 Question: Mais les soldats, où étaient-ils cantonnés? Où dormaient-ils?
11 Réponse: Probablement sur les lignes de front même, ceux qui étaient en
12 mission. Les uns étant engagés à monter la garde, d'autres devaient
13 évidemment, une fois relayés, dormir. Les autres qui ne l'étaient pas,
14 enfin ni sur la ligne ni sur la garde, étaient chez eux avec leur femme et
15 leurs enfants.
16 Question: Monsieur le Témoin, quels étaient leurs armements? Le savez-
17 vous?
18 Réponse: Armement de qui?
19 Question: Des soldats.
20 Réponse: Est-ce que vous vous référez à l'ensemble de l'armée, de notre
21 armée? Est-ce que vous… Enfin, est-ce que vous parlez des armements de
22 notre armée ou des soldats sur la ligne?
23 Question: Je parle de ce que vous avez vu. Si vous avez vu des soldats de
24 retour de la ligne, armés avec des mortiers, indiquez-le. Si vous avez vu
25 autre chose, indiquez-le, je vous prie.
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1 Réponse: Non, je n'ai pas vu de soldats armés de mortiers. Pour ce qui est
2 de l'armement général, pour parler de fusils et du reste, on pouvait en
3 voir rarement car la majeure partie de ces armements se trouvaient sur la
4 ligne de front même. Ce sont les gens qui se relayaient; les armes y
5 restaient.
6 Question: Monsieur le Témoin, savez-vous si les civils fabriquaient leurs
7 propres armes, par exemple avec d'anciens tuyaux d'eau ou d'autres moyens
8 de fortune?
9 Réponse: C'étaient des armes de fortune. Je ne sais pas si des civils
10 fabriquaient des armes avec des tuyaux ou des conduites d'eau; je n'ai
11 jamais rien vu de ce genre. Et ce que je n'ai pas vu, je ne peux pas vous
12 en parler.
13 Question: Oui, cela vaut mieux.
14 Monsieur le Témoin, pour revenir à ce que vous avez vu, je vous prie,
15 relativement aux immeubles d'habitation: les immeubles qui se trouvaient
16 proches de la ligne, proches de la ligne de front, avaient-ils été
17 utilisés par des forces de l'armée BiH?
18 Réponse: Oui, oui. Lorsqu'ils rentraient chez eux pour dormir avec leur
19 famille, leur femme, leurs enfants.
20 Question: Certains immeubles avaient-ils été utilisés comme lieux de
21 défense, comme lieux d'où des tirs pouvaient émaner?
22 Réponse: L'immeuble près de la première ligne, enfin, cet immeuble a été
23 abandonné par les civils et sur les premières lignes, il y avait les
24 positions militaires. Et c'est la première ligne près de Dobrinja 4, c'est
25 là où se trouvaient les militaires.
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1 Question: C'est-à-dire, Monsieur le Témoin, dans un immeuble qui était un
2 immeuble d'habitation, c'est bien cela?
3 Réponse: Ça l'était avant, mais ça a été abandonné par les civils et
4 utilisé par l'armée. C'était la première ligne. Cette ligne aurait pu être
5 détruite et des tranchées creusées mais, en fait, l'immeuble a été
6 utilisée tel quel.
7 Question: Bien. Où se trouvait la seconde ligne, à votre connaissance?
8 Réponse: Je n'en sais pas grand-chose.
9 Question: Pourriez-vous la localiser de façon grossière?
10 Réponse: Probablement aux tranchées, là-haut, à Mojmilo. Je n'en suis pas
11 sûr, mais étant donné que c'était un immeuble où il y avait des
12 appartements, ce n'était pas un espace ouvert et il n'y avait pas besoin
13 de marquer la deuxième ligne. Et la deuxième ligne, c'était là où il
14 fallait se retirer et prendre des positions en cas de besoin.
15 Question: Bien. Monsieur le Témoin, savez-vous où se trouvaient les
16 différents quartiers-généraux des différents bataillons?
17 Réponse: Alors, vous imaginez que si les enfants savaient ce genre de
18 chose, à quoi ça sert d'avoir des secrets militaires?
19 M. Piletta-Zanin: Oui, mais on sait que les enfants intelligents savent
20 beaucoup de choses. En général, ils les entendent, etc. Avez-vous jamais
21 entendu...?
22 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, c'est le dernier
23 avertissement en ce qui concerne vos commentaires. Vous devez vous en
24 abstenir, et j'insiste là-dessus. Veuillez poursuivre.
25 M. Piletta-Zanin: Merci.
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1 M. le Président (interprétation): Je vais commencer par la question.
2 Monsieur Hadziabdic, une question vous a été posée pour savoir si vous
3 étiez au courant de l'emplacement des quartiers-généraux. Vous n'avez pas
4 donné une réponse directe, vous avez dit que si les enfants étaient au
5 courant, etc. Donc, est-ce que vous savez où se trouvaient les quartiers-
6 généraux des différents bataillons?
7 M. Hadziabdic (interprétation): Je ne puis que spéculer; ce serait une
8 estimation, je ne sais pas exactement.
9 M. le Président (interprétation): Veuillez poursuivre, Maître Piletta-
10 Zanin.
11 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Témoin, merci de cette réponse. Si vous
12 pensez savoir, même approximativement, où se trouvaient les bataillons,
13 pourriez-vous l'indiquer à cette Chambre afin qu'un jour la vérité se
14 fasse, s'il vous plaît? Pouvez-vous le faire?
15 M. Hadziabdic (interprétation): Je présume, à Dobrinja 2.
16 Question: Monsieur le Témoin, je vais essayer d'être un peu plus précis.
17 Nous savons qu'une brigade se divise en bataillons. Voulez-vous me dire
18 que tous les bataillons avaient leurs différents quartiers-généraux à
19 Dobrinja 2, ou y avait-il des bataillons qui avaient leur quartier général
20 dans d'autres cités, ou plutôt quartiers de Dobrinja, à votre
21 connaissance?
22 Réponse: Je ne sais pas où se trouvaient les zones de responsabilité des
23 différents bataillons et donc, où se trouvaient les commandements. Je vous
24 ai déjà dit que je ne puis que deviner, et je devine que c'était à
25 Dobrinja 2. Je devine.
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1 Question: Merci de cette réponse. Monsieur le Témoin, êtes-vous en
2 connaissance de l'existence d'un tunnel qui avait été creusé en direction,
3 puis sous la piste de l'aérodrome de Dobrinja?
4 Réponse: Oui.
5 Question: Merci. Monsieur le Témoin, voulez-vous nous dire, je vous prie,
6 si vous le savez, quelle était la localisation de l'entrée de ce tunnel,
7 côté Dobrinja?
8 Réponse: L'entrée se trouvait à C5.
9 Question: Monsieur le Témoin, par C5, qu'est-ce que vous désignez
10 exactement?
11 Réponse: C'est une partie du quartier. Que ce soit à l'aéroport ou
12 Dobrinja, je ne sais pas mais parmi nous, la population le connaissait
13 sous le nom de C5.
14 Question: Monsieur le Témoin, avez-vous vu vous-même l'entrée de ce
15 tunnel?
16 Réponse: Je ne suis jamais entré dans ce tunnel.
17 Question: Savez-vous si ce tunnel était gardé par des forces militaires?
18 Réponse: Probablement, oui: soit la police militaire, soit la police
19 civile. Je ne suis pas sûr, mais il y avait sûrement des gardes pour
20 empêcher que n'importe qui entre dedans de façon aléatoire.
21 Question: Vous parlez de gardes militaires. Savez-vous où se trouvait la
22 police militaire à Dobrinja?
23 Réponse: Probablement à Dobrinja 2.
24 Question: Merci de cette réponse. Connaissez-vous, Monsieur le Témoin, le
25 nom d'une personne qui s'appelait, je crois, Lucavic, qui était le
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1 responsable de la police militaire?
2 Réponse: Je connais un directeur d'Energopetrol qui s'appelle Kerim
3 Loncarevic, mais il était PDG d'Energopetrol et je le connais en tant que
4 tel.
5 Question: Je vous remercie de cette précision, Monsieur le Témoin. Cette
6 personne -Loncarevic et non Lucavic-, a-t-elle été responsable de la
7 police militaire à l'époque, à Dobrinja?
8 Réponse: A quelle période?
9 Question: Jusqu'en 1993, je crois. 1992,1993, voire début 1994.
10 Réponse: Possible, je ne sais pas. Je ne sais rien, officiellement.
11 Question: Savez-vous, Monsieur le Témoin, s'il y a eu des rivalités entre
12 l'armée, d'un côté, et la police militaire, d'un autre côté?
13 Réponse: Je n'en sais rien.
14 Question: Merci de cette réponse, Monsieur le Témoin.
15 Savez-vous, Monsieur le Témoin, si la Défense territoriale a été
16 constituée à Dobrinja au début de la guerre, c'est-à-dire disons dans les
17 mois d'avril, de mai, peut-être même juin 1992? Le savez-vous?
18 Réponse: Eh bien, c'était normal que quelque chose soit organisé, car s'il
19 n'y avait pas une quelconque défense, je ne serais pas ici devant cette
20 Chambre pour déposer.
21 Question: Bien. Monsieur le Témoin, cette Défense territoriale était-elle
22 munie d'uniformes?
23 Réponse: Au début, ça dépendait de ce que faisait chaque individu. Mais il
24 y a une chose qui est sûre et certaine, c'est que chacun avait des
25 insignes. Tout le monde savait que c'étaient des soldats.
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1 Question: Vous me dites que les gens de la Défense territoriale étaient
2 reconnaissables comme soldats, c'est cela?
3 Réponse: On peut le dire de cette façon-là, c'est-à-dire qu'on pouvait les
4 reconnaître en tant que soldats, étant donné qu'ils portaient des insignes
5 et on savait que c'étaient des soldats.
6 Question: Ils portaient des armes également? Portaient-ils des armes
7 également? Portaient-ils des armes également?
8 Réponse: Si quelqu'un avait des armes, il les portait.
9 Question: Bien. Merci de cette réponse. Vous parliez d'insignes; pouvez-
10 vous nous indiquer de quel signe il s'agissait, ce signe de
11 reconnaissance?
12 Réponse: TO. TO, et il y avait aussi les armoiries de Bosnie. Ils avaient
13 aussi des bérets. Ils portaient des bérets et, sur le béret, il y avait
14 les armoiries et le signe TO.
15 Question: Monsieur le Témoin, étiez-vous en connaissance d'unités de
16 snipers qui auraient opéré du côté de l'armée BiH?
17 Réponse: Non.
18 Question: Monsieur le Témoin, les bérets dont vous me parliez tout à
19 l'heure étaient-ils des bérets verts, de couleur verte?
20 Réponse: Il y avait plusieurs couleurs. On était peu nombreux avec des
21 armes, donc quelquefois ils portaient des bérets verts, rouges, le
22 lendemain. Enfin, plutôt pas verts mais rouges et, ensuite, jaunes. Et il
23 fallait donner l'impression qu'on était plus nombreux pour qu'ils ne nous
24 attaquent pas, c'était la tactique.
25 Question: Monsieur le Témoin, relativement à cette partie de football,
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1 nous croyons savoir que les gens qui jouaient avaient 18 à 26 ans à peu
2 près. A partir de quel âge l'ordre de mobilisation faisait-il obligation
3 aux hommes de s'inscrire dans l'armée?
4 Réponse: Je vais tout d'abord vous corriger. Ce n'était pas nécessairement
5 entre 18 et 26. Si on savait jouer, on jouait. Lorsque vous faites la
6 sélection d'une équipe, vous choisissez ceux qui savent jouer. En ce qui
7 concerne ceux qui devaient répondre en ce qui concerne la mobilisation,
8 disons qu'entre 18-19, il fallait procéder à une formation.
9 Je ne me rappelle pas quelle était la situation cette année-là. Tout
10 d'abord, c'étaient seulement ceux qui avaient servi dans les rangs de la
11 JNA qui y sont allés. Il y avait des armes. Et puis, au fur et à mesure
12 qu'il y avait des besoins pour avoir plus d'hommes, il y a eu une
13 mobilisation. Je ne sais pas si justement, à ce moment-là, on a mobilisé
14 les jeunes de 18 ans. Donc je parle de la période du mois de juin 1993.
15 Question: Monsieur le Témoin, avez-vous vous-même, puisqu'à la fin de la
16 guerre… Vous entendez? Merci. Merci.
17 Réponse: Je vous entends.
18 Question: Monsieur le Témoin, avez-vous vous-même jamais porté d'arme à
19 Sarajevo, c'est-à-dire Dobrinja?
20 Réponse: Non.
21 Question: Monsieur le Témoin, avez-vous vous-même jamais participé à une
22 assistance, offert une assistance quelconque aux défenseurs, ceux qu'on
23 appelle parfois "les défenseurs de Dobrinja"?
24 Réponse: Pouvez-vous répéter votre question? Je ne l'ai pas tout à fait
25 comprise.
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1 Question: Avez-vous, de quelque manière que ce soit, apporté, durant la
2 période qui nous intéresse, une quelconque assistance à ceux qu'on
3 appelait "les défenseurs de Sarajevo"? J'entends, à Dobrinja.
4 Réponse: Pas d'assistance militaire ou… Enfin, aucune assistance. Sauf ce
5 que j'appellerai une aide humanitaire normale que chaque être humain offre
6 à l'autre. Mais, de toute façon, on ne m'a pas demandé de le faire.
7 Question: Est-ce que vous voulez me dire que chacun, dans cette situation,
8 apportait aide et assistance aux défenseurs de la ville?
9 Réponse: Cela dépend de ce que vous voulez dire par "assistance". Si mon
10 voisin qui n'est pas sur la ligne de front, est là, que j'ai du sel et
11 qu'il a besoin de sel pour faire du pain, bien sûr que je vais lui donner
12 du sel. C'est de cela que vous parlez quand vous parlez d'assistance? S'il
13 a soif et que j'ai de l'eau, je lui donne de l'eau. S'agit-il de cette
14 assistance? Il y avait beaucoup de ces exemples d'assistance. Mais si vous
15 parlez, par exemple, de l'aider à nettoyer son fusil, je n'ai jamais
16 apporté ce genre d'assistance.
17 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, j'aimerais qu'on puisse soumettre
18 au témoin une pièce qui est une pièce que nous avons reçue de
19 l'accusation, qui n'est pas traduite, mais qui n'a pas besoin d'être
20 traduite, je pense. Il s'agit pour l'accusation de la 00380015 et il
21 s'agit simplement d'une liste de noms. Suis-je autorisé à le faire?
22 M. le Président (interprétation): Vous dites qu'il n'y a pas besoin de
23 traduire ce document. Je préfère voir si la Chambre est d'accord avec
24 vous.
25 Est-ce que vous pouvez dire devant le témoin de quoi il s'agit avec ce
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1 document?
2 M. Piletta-Zanin: Il s'agit d'une liste de noms de patients qui ont été
3 admis à Dobrinja et on y voit la date du 1er juin 1993 qui n'a pas besoin
4 d'être traduite. Puis des noms qui n'ont pas besoin d'être traduits. Puis
5 une initiale "D" qui vaut pour Dobrinja, je pense, qui ne nécessite aucune
6 traduction difficile. Puis un certain nombre de numéros; c'est sur les
7 numéros, qui ne doivent pas être traduits, que ma question porterait.
8 M. le Président (interprétation): Oui, poursuivez.
9 Mme Philpott (interprétation): D86.
10 M. Piletta-Zanin: Oui, D86.
11 (Intervention de l'huissier.)
12 Je ne sais pas si M. le Témoin a reçu ce document. Je pense que oui.
13 Monsieur le Témoin, avez-vous ce document devant vous?
14 M. Hadziabdic (interprétation): Je le vois.
15 M. Piletta-Zanin: Merci. Monsieur le Témoin, pouvez-vous retrouver votre
16 nom?
17 J'indique pour les autres parties que ça se trouve au commencement du
18 dernier tiers de la page.
19 M. le Président (interprétation): Vous l'avez trouvé, Monsieur Hadziabdic?
20 M. Hadziabdic (interprétation): Oui.
21 M. Piletta-Zanin: Merci, Monsieur le Président.
22 Merci, Monsieur le Témoin. Monsieur le Témoin, est-ce qu'en face de votre
23 nom, si je regarde sur la gauche, je lis bien l'existence d'une date qui
24 est celle du 1er juin 1993? Est-ce que c'est exact?
25 M. Hadziabdic (interprétation): Oui.
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1 Question: Merci. Monsieur le Témoin, déplaçons-nous sur la droite de ce
2 document. Oublions la lettre D qui n'est pas utile, maintenant, et passons
3 à la colonne suivante qui sera la dernière colonne, sur la droite. Dans la
4 ligne en regard de votre nom, que lisez-vous, je vous prie?
5 Réponse: "1655-0".
6 M. Piletta-Zanin: Merci. Monsieur le Témoin, voulez-vous prendre, je vous
7 prie, le document que nous avons lu tout à l'heure et qui vous a été
8 soumis par l'accusation? J'indique qu'il s'agit du n°P2506B dans sa
9 version serbe, je vous prie.
10 Avez-vous ce document devant vous, Monsieur le Témoin?
11 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, vous posez des
12 questions au témoin au sujet d'un document et vous nous aviez dit que vous
13 alliez soulever des objections en ce qui concerne ce document?
14 M. Piletta-Zanin: Oui, c'est exact.
15 M. le Président (interprétation): Bien sûr, cela apporte une certaine
16 confusion parce que si vous objectez à ce que ce soit versé au dossier, ce
17 sera peut-être difficile ensuite de demander au témoin de l'utiliser lors
18 de sa déposition. Voulez-vous bien préciser votre position?
19 M. Piletta-Zanin: Le problème est le suivant, Monsieur le Président. Je
20 peux le dire devant le témoin. Ces numéros que nous avons à droite sont en
21 fait des numéros…
22 M. le Président (interprétation): Oui, mais c'est une explication
23 pratique. Pourquoi vous posez la question au témoin?
24 M. Piletta-Zanin: J'y viens. Puisque nous avons à droite des numéros de
25 protocole et nous voyons que, sur le document qui a été soumis par
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1 l'accusation, apparemment, il n'y a pas de numéro de protocole...
2 Je voulais demander au témoin si lui-même pouvait trouver un quelconque
3 numéro de protocole sur ce document. Parce que nous trouvons très étonnant
4 qu'on nous donne à la fois des documents avec numéro de protocole et des
5 documents sans numéro de protocole.
6 M. le Président (interprétation): Oui, oui. J'imagine bien mais si vous
7 demandez au témoin de déposer par rapport à l'autre document et, en même
8 temps, vous objectez à ce que ce document soit versé au dossier, à votre
9 avis, quelle est la façon de procéder par rapport à ce document?
10 M. Piletta-Zanin: La façon est la suivante: je voulais que ce témoin
11 regarde ce document et que, puisqu'il nous dit qu'il a l'original, suite à
12 une question posée par M. Stamp, que ce témoin nous dise simplement si,
13 sur l'original, il y a ou non la présence de ce fameux numéro de
14 protocole. Je pense qu'il est utile pour tout un chacun qu'on sache si ce
15 document...
16 M. le Président (interprétation): Oui, je comprends que vous aimeriez que
17 l'original soit présenté à cette Chambre également car sinon, nous ne
18 pouvons pas vérifier. Et en fin de compte, et la copie et l'original
19 feraient partie de la procédure, à ce moment-là.
20 Est-ce que je vous ai bien compris? Je me demande tout simplement s'il y
21 avait jamais une affaire en appel -et nous en avons déjà parlé: il y a
22 beaucoup de documents qui ne sont pas inclus en fin de compte et qui ne
23 seront donc pas présentés devant la Chambre d'appel-; comment est-ce
24 qu'une Chambre d'appel peut maintenant comprendre ce qui s'est passé dans
25 cette Chambre? C'est cela, ma question.
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1 M. Piletta-Zanin: Oui, je comprends, Monsieur le Président.
2 M. le Président (interprétation): C'est une question de droit, de
3 procédure plutôt, que de savoir s'il y a de bonnes raisons pour poser
4 certaines questions.
5 Donc j'aimerais savoir ce qui sera versé au dossier en tant que documents,
6 de preuves, surtout en ce qui concerne ces documents médicaux.
7 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, ce que je pensais faire, c'était
8 cela, c'était simplement -et je peux le dire devant le témoin, puisqu'il a
9 l'original devant lui et sans qu'il soit nécessaire de le verser- que ce
10 témoin regarde sur son original et qu'il nous lise le numéro de protocole
11 qu'il peut y voir. Et s'il ne voit pas de numéro de protocole, qu'il
12 déclare simplement: "Je ne trouve pas de numéro de protocole". Et je crois
13 que c'est la façon la plus claire de le faire, et nous verrons par la
14 suite comment procéder.
15 Suis-je autorisé à demander à ce témoin de lire sur son original le numéro
16 de protocole qui s'y trouverait?
17 M. le Président (interprétation): Je me tourne vers M. Stamp. Quelle est
18 la position de l'accusation à cet égard?
19 Jusqu'à maintenant, lorsqu'un document n'a pas été présenté en tant que
20 preuve et admis en tant que preuve, c'est parce qu'il y avait un problème
21 d'accord entre les deux parties par rapport à un texte. Et lors de
22 l'admission, s'il y a eu un accord, on peut lire un texte à haute voix.
23 L'important, en l'occurrence, c'est qu'il s'agit d'un texte; ici, je crois
24 qu'il s'agit plutôt du contenu d'un document en tant que tel.
25 Je voudrais savoir, Monsieur Stamp, quelle est la position de l'accusation
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1 à cet égard?
2 M. Stamp (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Je dirai que ce
3 document, qui ne sera pas versé au dossier, ne devrait pas être utilisé de
4 cette façon en ce qui concerne l'aspect entier du document.
5 Notre collègue de la défense pourrait peut-être poser une question au
6 témoin pour savoir si la copie qui devrait être versée au dossier est
7 identique à l'original qu'il a sur lui. Je pense qu'ainsi, on atteindrait
8 l'objectif que recherche notre collègue.
9 M. le Président (interprétation): Je vais conférer.
10 (Les Juges se concertent sur le siège.)
11 Cette Chambre aimerait tout d'abord savoir, de la part de Me Piletta-
12 Zanin, quelle est l'objection précisément en ce qui concerne le document
13 que propose de verser au dossier l'accusation, 2506B.
14 Maître Piletta-Zanin, vous avez dit que vous alliez faire une déclaration
15 par la suite. Donc je vous invite à la faire maintenant et à nous dire si
16 la défense souhaite toujours que l'original soit également disponible.
17 C'est ce qui a été dit avant que le témoin nous montre qu'il avait sur lui
18 un document.
19 Maître Piletta-Zanin, voulez-vous bien nous répondre?
20 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, je ne peux pas le faire en face
21 du témoin. Je pense que nous pourrions le faire plus tard, pour des
22 raisons purement pratiques...
23 M. le Président (interprétation): Je propose donc, puisque nous allions de
24 toute façon faire une pause, je propose que le témoin démarre dès
25 maintenant sa pause.
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1 Monsieur Hadziabdic, nous avons une question de droit, une question
2 technique à débattre. Nous souhaiterions le faire en votre absence pour
3 éviter qu'il y ait la moindre influence. Donc je vous invite à accompagner
4 l'huissier qui vous sortira de cette Chambre.
5 Ceci dit, j'aimerais vous poser une question. Vous avez dit que vous aviez
6 sur vous l'original de ce document. Seriez-vous d'accord pour donner
7 l'original à la Chambre? Pas tout de suite, pas immédiatement, mais
8 seriez-vous d'accord pour le faire? Ce serait une aide pour la Chambre
9 d'avoir en sa possession cet original. Merci
10 beaucoup. Et après la pause, nous allons vous dire si nous en avons
11 besoin.
12 Monsieur l'huissier, voulez-vous bien accompagner M. Hadziabdic pour
13 quitter ce prétoire?
14 Nous allons reprendre l'audience aux alentours de 13 heures; peut-être
15 cinq minutes après.
16 (Le témoin fait un signe affirmatif de la tête.)
17 (Le témoin, M. Omer Hadziabdic, est reconduit hors du prétoire.)
18 (Questions relatives à la procédure.)
19 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, poursuivez, s'il
20 vous plaît.
21 M. Piletta-Zanin: Merci, Monsieur le Président.
22 En fait, ce que je comptais faire pour vous exposer ces difficultés,
23 c'était soumettre certaines pièces au témoin. Mais comme je les soumettrai
24 de toute façon tout à l'heure et que vous avez voulu que je m'exprime
25 maintenant, ces pièces devons être soumises maintenant. Donc je me propose
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1 de les soumettre à la Chambre pour que vous puissiez en avoir un extrait.
2 Elles se réfèrent toutes à l'hôpital de Dobrinja et à ces questions
3 d'authenticité des documents.
4 Mon intention était de les soumettre au témoin, mais je vais peut-être les
5 donner maintenant, avec votre autorisation, à votre Chambre pour que nous
6 voyons exactement de quoi nous parlons. Y suis-je autorisé? Quitte à ce
7 que ces pièces ne soient pas admises par la suite.
8 M. le Président (interprétation): Oui. Ces documents-là sont ils connus de
9 l'accusation?
10 M. Piletta-Zanin: Ce sont des documents que nous pensions remettre. Nous
11 avons assez pour tout un chacun. Et ils proviennent de l'accusation.
12 M. le Président (interprétation): Mais comme je vous l'ai demandé hier,
13 avez-vous indiqué, à l'intention de l'accusation, que vous alliez vous en
14 servir?
15 M. Piletta-Zanin: Pas encore.
16 M. le Président (interprétation): C'est justement ce que l'accusation a
17 demandé; c'est-à-dire que la défense a demandé hier quels seraient les
18 documents utilisés.
19 Ce n'est pas que nous allons les examiner maintenant, nous allons le faire
20 peut-être après la suspension d'audience. Vous devrez d'abord les montrer
21 aux conseils de l'accusation en leur indiquant quels sont les documents et
22 comment vous allez les utiliser.
23 Ma question était tout à fait autre, à savoir qu'elle concernait
24 l'objection soulevée au sujet du document utilisé; il s'agit du document
25 P2506B. Ce que nous avons pu remarquer jusqu'à présent, c'est que le texte
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1 du tampon n'a pas été traduit. Ensuite, nous avons pu remarquer aussi, là
2 où il y a imprimé des adresses, les numéros ERN, etc., tout ceci n'a pas
3 été traduit. Et nous pouvons voir que, pour parler de la date, il s'agit
4 de 1693, ce qui a été traduit comme le 1er juin 1993.
5 Je peux donc repérer quelques différences. Donc excepté la traduction,
6 même au niveau de la traduction, nous n'avons pas pu voir évidemment
7 d'autres objections concernant l'admission de cet élément.
8 M. Piletta-Zanin: Mes objections ne relèvent pas de la date puisque même
9 s'il y a une erreur qui est visiblement topographique puisqu'il est écrit
10 1693, tout le monde a compris qu'il s'agit du 1er juin. Et bien sûr, la
11 défense ne se base pas là-dessus.
12 Le problème est celui-ci: il y a un timbre qui n'a pas été traduit. Ce
13 timbre, vous avez vu que je me suis peut-être emporté, mais ce timbre
14 signifie clairement "hôpital militaire de Dobrinja". Or, nous avons, sur
15 d'autres documents que je voulais soumettre au témoin, qui émanent de cet
16 hôpital et qui sont en relation à des problèmes de même nature, des
17 timbres qui ne mentionnent pas "hôpital militaire". Donc nous soupçonnons
18 qu'il ne s'agit pas nécessairement du même hôpital ou de celui dont nous
19 parlons, ou dont nous pensons parler.
20 Puis, il y a une autre chose qui est extrêmement importante, c'est qu'on
21 nous a toujours dit qu'il y avait des numéros de protocole qui étaient
22 donnés.
23 Vous verrez, Monsieur le Président, que dans un document que je vous
24 montre comme cela dans la distance -puisque c'est un document que nous
25 allons soumettre à l'accusation tout à l'heure-, nous avons des numéros de
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1 protocole qui apparaissent et qui sont tous par ordre chronologique, qui
2 sont tous par ordre chronologique.
3 Je lis "5, 6, 7, etc.". Or, dans les listes -que l'accusation nous a
4 remises- des blessés de cet incident, les protocoles ne se suivent plus du
5 tout par ordre chronologique. Et la défense ne comprend pas comment
6 certains documents, qui peuvent être relatifs à cet incident, sont
7 présentés avec une succession chronologique dans le nombre des protocoles,
8 puis dans d'autres ne le sont plus puis enfin, dans les documents médicaux
9 qui sont les seuls versés par l'accusation, disparaissent totalement.
10 Nous n'utilisons pas les termes de "manipulation" en l'état, mais nous
11 sommes forcés de constater qu'il n'y a pas identité sur le plan de ces
12 informations entre, d'une part, certains des éléments qui paraissent être
13 eux-mêmes des originaux puisqu'ils ont été écrits à la main -et on imagine
14 volontiers que cela est le résultat de ce qui s'est passé au moment même
15 de la prise en examen de ces différents patients- et ceux qu'on a examinés
16 plus tard.
17 Et mieux, Monsieur le Président, dans les listes que nous avons, nous
18 avons les âges. Et, tout d'un coup, les âges ont disparu. Dans les listes
19 qu'on nous donne, en définitive, les âges ont disparu, alors qu'on voit
20 qu'une grande partie de ces gens étaient des gens qui étaient sinon
21 mobilisés, tout au moins mobilisables. Et ça, c'est un point extrêmement
22 important pour la défense.
23 Et c'est la raison pour laquelle, Monsieur le Président -et j'en aurais
24 terminé avec cela-, la défense sollicite une nouvelle fois que
25 l'accusation verse l'ensemble des originaux de ces documents médicaux afin
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1 que tout le monde, dans ce prétoire et autour du prétoire, puisse être
2 certain de l'origine, d'une part, et de l'authenticité, d'autre part, des
3 protocoles.
4 Donc c'est cette requête que nous formulons. J'aurais voulu l'appuyer de
5 pièces, mais ces pièces seront distribuées tout à l'heure. Elles auront
6 peut-être un impact non immédiat sur le témoin mais vous savez pourquoi;
7 il s'agit d'une question globale. Par conséquent, la défense sollicite de
8 votre Chambre une décision qui tende à faire en sorte que l'accusation
9 soit amenée à verser non pas des copies -si nombreuses soient-elles-, mais
10 bien les originaux des protocoles, les originaux de ces protocoles
11 médicaux dont nous parlons maintenant.
12 Nous vous en remercions par avance.
13 M. le Président (interprétation): Oui, je comprends que, excepté ce que
14 vous venez de procéder comme étant la base de votre objection, vous avez
15 également fourni une requête à l'intention de M. Stamp, de l'accusation.
16 Mais étant donné que nous devons avoir une suspension jusqu'à une heure,
17 Monsieur Stamp, vous pouvez peut-être répondre? Je vous donne cette
18 opportunité.
19 Vous préféreriez ne pas le faire à ce moment-ci? D'accord. Alors nous
20 allons faire une suspension d'audience d'ici 13 heures 05.
21 Maître Piletta-Zanin, je dois vous rappeler que le temps de parole pour le
22 contre-interrogatoire égale à peu près celui qui a été déjà exploité dans
23 le cadre de l'interrogatoire principal. Cela ne veut pas dire pour autant
24 que je me prépare à vous interrompre, à vous arrêter, mais l'expérience
25 m'a appris que je ne peux pas évidemment tout laisser entre vos mains et
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1 entièrement entre vos mains. Par conséquent, soyez aimable et sachez qu'à
2 un moment donné, je vous dirai que votre temps de parole vient d'expirer,
3 après consultation faite avec les membres de cette Chambre d'instance.
4 Et puis après, une autre question à l'adresse des deux parties: cette
5 Chambre est en train d'examiner, de prendre en considération s'il est bon
6 et utile de demander au témoin de nous procurer l'original de ce document.
7 En effet, s'il est un autre document, toujours meilleur évidemment,
8 pourquoi ne pas en tirer quelque profit? Evidemment, ce n'est pas toujours
9 une règle générale qui dit que nous devons toujours nous tenir à
10 l'original, mais étant donné que le document est déjà dans le prétoire et
11 étant donné que le témoin y consent, je ne vois pas de raison pour ne pas
12 nous servir de cela.
13 Cela dit, je lève l'audience. L'audience est suspendue jusqu'à 13 heures
14 05.
15 (L'audience, suspendue à 12 heures 45, est reprise à 13 heures 07.)
16 M. le Président (interprétation): Monsieur Stamp, je vais d'abord vous
17 donner la possibilité de répondre.
18 M. Stamp (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
19 J'ai profité de cette pause, Monsieur le Président, pour m'occuper des
20 questions soulevées par la Chambre d'instance et de réfléchir au sujet de
21 ce que mon éminent collègue vient de soulever comme question tout à
22 l'heure. Je dois avouer que je ne comprends pas la pertinence de tout
23 cela.
24 En ce qui concerne d'abord l'admissibilité de ce document -je crois que la
25 Chambre d'instance a soulevé la question dans ce sens-là-, évidemment,
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1 dans le sens de l'admissibilité de ce document, on considère qu'il y a au
2 moins deux parties, deux endroits dans le texte qui n'ont pas été
3 traduits, ce sur quoi se base le conseil de la défense pour pouvoir se
4 préparer au contre-interrogatoire, qui insiste pour pouvoir lire les
5 paroles qui n'ont pas été les mots du compte rendu, du rapport qui n'ont
6 pas été traduits. Même si nous disons que le tampon devait être traduit
7 dans son texte, évidemment ceci ne présente pas trop d'écart par rapport à
8 ce que le document doit vouloir dire.
9 Je voudrais dire que le contre-interrogatoire n'a pas encore été achevé et
10 s'il y a encore des parties du document pour lesquelles le conseil de la
11 défense considère qu'elles devraient être traduites, évidemment on peut
12 poser des questions pour que tout cela soit lu et consigné dans le compte
13 rendu d'audience.
14 Je ne peux pas maintenant m'adresser à la Chambre d'instance pour parler
15 de l'autre document au sujet duquel mon éminent collègue voulait soulever
16 une question. Nous parlons de la pièce à conviction P2506B. Ces documents
17 ont été communiqués aux conseils de la défense et nous nous proposons
18 d'appeler à la barre les témoins qui parleraient certainement de choses
19 qui pourraient préoccuper le conseil de la défense. Comme mon éminent
20 collègue vient de le rappeler, toujours est-il que tout ce matériel-là,
21 tout ce qui aura été dit ne suffit toujours pas pour répondre à
22 l'attention du conseil de la défense.
23 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, est-ce que cela
24 donne lieu à d'autres observations de votre part?
25 M. Piletta-Zanin: Oui, Monsieur le Président.
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1 La première est que je ne comprends pas que mon confrère n'ait pas compris
2 ce que j'ai indiqué. Je pense qu'il ne s'agit pas que d'un problème de
3 traduction -et cela, nous l'avons bien compris-, mais qu'il s'agit d'un
4 problème plus général. C'est ce que je vais devoir peut-être vous
5 remontrer à la fin de cette audience, lorsque j'aurai pu contre-interroger
6 le témoin et lui poser certaines questions sur certaines des pièces qui
7 sont maintenant communiquées à l'accusation et que nous pourrions
8 soumettre tout à l'heure à ce témoin. Merci.
9 M. le Président (interprétation): Oui, Maître Piletta-Zanin.
10 (Les Juges se concertent sur le siège.).
11 Une décision finale concernant l'admission de ce document sera prise à la
12 fin du contre-interrogatoire de ce témoin. Pour l'instant, cette Chambre
13 d'instance ne voit pas de nécessité de prendre une décision négative
14 concernant ce document.
15 Avant de continuer à interroger le témoin, j'ai d'abord quelque chose à
16 demander aux deux parties.
17 Maître Piletta-Zanin, j'ai pu remarquer que quelquefois, quand vous
18 demandez au témoin de donner lecture de tel ou tel document, il faudrait
19 pouvoir communiquer le numéro de ce document.
20 Les deux parties devraient se mettre d'accord là-dessus: si l'on dit qu'il
21 n'y a pas de numéro qui apparaît dans le document, nous ne devons pas pour
22 autant poser de questions au témoin pour lui demander de vérifier pour sa
23 part, en regardant au verso sur le document, si de tels chiffres existent.
24 Il s'agit évidemment de dire que c'est quelque chose qui ne saurait être
25 mieux fait par le témoin que par les deux parties en présence ou par la
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1 Chambre d'instance. Ceci pourrait nous permettre de faire une économie de
2 temps et, deuxièmement, nous ne demanderons pas au témoin d'établir ce qui
3 semble évident à tout un chacun et que les deux parties en présence
4 pourraient établir elles-mêmes.
5 Avant de poursuivre, j'ai également pris en considération, Monsieur Stamp,
6 ce que vous avez dit, à savoir que la décision concernant l'admission de
7 la photographie panoramique à 360 degrés pourrait être reportée. Nous
8 comprenons que vous êtes toujours prêt à aider Me Piletta-Zanin, étant
9 donné que ce qui le préoccupe, lui, c'est la précision proprement dite de
10 cette photographie à 360 degrés et que vous devez la citer en cela. En
11 même temps, la Chambre d'instance considère que la décision pourrait être
12 prise au sujet de l'admissibilité de la photographie panoramique à 360
13 degrés.
14 Les raisons fournies par Me Piletta-Zanin, non pas à titre additionnel
15 mais en tant que normes, sont de telle nature que pour lui, il était
16 problématique déjà d'admettre ou d'accepter les réponses fournies par le
17 témoin, qui dit notamment avoir été touché par 1.500 shrapnells.
18 (M. Nieto-Navia s'entretient avec le Président.)
19 Une autre objection: permettez-moi d'y voir d'un peu de plus près. Ah oui,
20 c'est qu'il se trouvait à 1,5 mètre du lieu d'impact du projectile. Nous
21 avons voulu localiser très exactement où de telles réponses ont été
22 fournies, mais, pour ce qui est des shrapnells, des éclats d'obus, le
23 témoin a dit qu'il pouvait y avoir un millier de shrapnells. Il n'a pas
24 dit qu'il a été touché par chacun de ces 1000 éclats d'obus.
25 Maître Piletta-Zanin, je crois que vous avez mal interprété le témoignage
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1 du témoin. Je crois que ceci se passait au début même de son contre-
2 interrogatoire.
3 A part cela, je crois, toujours à la lumière de ce qu'il a dit, à savoir
4 qu'il était à 1,5 mètre du lieu d'impact. Dans le transcript, nous lisons
5 qu'il s'était trouvé à une distance de trois mètres. Mais, en tout cas,
6 tout cela est à confirmer.
7 Tout ceci n'est pas pertinent parce que la photographie panoramique, la
8 photographie à 360 degrés ne présente pas seulement sa valeur probante
9 pour que l'on puisse évidemment donner des réponses à tous les doutes émis
10 par l'accusation, pour ce qui est de la véracité ou de la précision des
11 réponses concernées. Cette photographie présente une vue statique et, par
12 rapport bien sûr à la vidéo, la photographie nous permet une idée
13 générale, une impression générale pour savoir où se trouvaient les
14 immeubles environnants, par rapport au terrain de football. Par
15 conséquent, on ne pourrait pas dire pour autant que la photographie à 360
16 degrés ne serait pas pertinente, pas plus qu'elle n'aurait pas de valeur
17 probante.
18 Par conséquent, en application de la Règle 89C), la photographie pourrait
19 être admise et versée au dossier, à titre de moyen de preuve.
20 La Chambre a ensuite remarqué, dans la mesure évidemment où on peut s'en
21 souvenir, que ce thème concernant la distance, d'1,5 ou de 3, qui séparait
22 le témoin du lieu d'impact n'a pas été mentionné au cours du contre-
23 interrogatoire. Tout simplement, si vous n'êtes pas satisfait par la
24 réponse du témoin -la Chambre le considère ainsi, au moins-, la première
25 chose à faire –et ce que vous avez dû faire- c'est de contre-interroger le
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1 témoin sur la base de ses réponses concrètement données.
2 Or cette photographie à 360 degrés a été soumise pour examen à M. Fazlic;
3 par conséquent, elle est admise en tant que moyen de preuve.
4 Maître Piletta-Zanin, je pense que nous serons en mesure de poursuivre le
5 contre-interrogatoire de ce témoin. Puis-je et dois-je vous rappeler que,
6 lorsque nous avons affaire à un témoin qui, à l'époque où l'incident était
7 survenu, n'avait que 12 ans, je ne permettrai pas de ton ni d'approche
8 cynique ou arrogante ou agressive.
9 Monsieur l'Huissier, veuillez faire entrer le témoin.
10 Allez-y, Maître Piletta-Zanin.
11 M. Piletta-Zanin: (Hors micro.) Monsieur le Président, vous savez que
12 (inaudible) … toujours les bienvenus.
13 (Le témoin, M. Omer Hadziabdic, est introduit dans le prétoire.)
14 (Suite du contre-interrogatoire du témoin, M. Omer Hadziabdic, par Me
15 Piletta-Zanin.)
16 M. le Président (interprétation): Monsieur Hadziabdic, je suis désolé de
17 vous voir attendre un peu plus longtemps que prévu. Maintenant, c'est Me
18 Piletta-Zanin qui va poursuivre le contre-interrogatoire.
19 Maître Piletta-Zanin, c'est à vous.
20 M. Piletta-Zanin: M'entendez-vous à nouveau?
21 M. Hadziabdic (interprétation): Oui.
22 Question: Voulez-vous nous dire, à votre souvenance, combien il y avait de
23 soldats lors de cette partie de football?
24 Réponse: Soldats? A quel titre?
25 Question: Soldats.
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1 Réponse: Donc il s'agit de soldats qui ont été enregistrés en tant que
2 membres de l'armée ou en tant que soldats en mission?
3 M. Piletta-Zanin: Soldats.
4 M. le Président (interprétation): Monsieur le Témoin, pouvez-vous nous
5 dire si, au cours de ce match de football, vous avez pu voir des gens qui
6 portaient un uniforme militaire? Et si oui, combien d'entre eux y en
7 avait-il?
8 M. Hadziabdic (interprétation): Une partie d'entre eux portaient un
9 uniforme, enfin, on pourrait dire ainsi, bien sûr de façon conditionnelle.
10 Uniforme pour parler de soldats, bien sûr. Il y en avait d'autres qui ne
11 portaient pas d'uniforme, mais à ma connaissance ou à notre connaissance,
12 ils étaient membres de l'armée.
13 M. le Président (interprétation): Pouvez-vous nous dire approximativement
14 combien il y avait de gens qui portaient un uniforme complet et combien
15 d'entre eux n'en avaient que quelques articles partiels? Et pour combien
16 de gens pensiez-vous qu'ils étaient des soldats et qu'on ne pouvait pas
17 reconnaître comme tels à ce moment-là?
18 M. Hadziabdic (interprétation): Peut-être, disons, approximativement un
19 tiers d'entre eux ou peut-être la moitié d'entre eux… Moins que la moitié
20 d'entre eux en avaient. Je n'arrive pas à me rappeler avec précision le
21 nombre de gens qui avaient un uniforme et quel uniforme, tel ou tel. Mais
22 en tout cas, maintenant, je m'exprime pour dire un chiffre quelconque
23 concernant le nombre de ces gens-là.
24 M. le Président (interprétation): Donc, et cela inclut évidemment les deux
25 catégories, ceux qui en portaient ou d'autres?
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1 M. Hadziabdic (interprétation): Oui.
2 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, vous pouvez
3 poursuivre. Et si le témoin n'arrive pas à comprendre correctement votre
4 question et s'il demande des éclaircissements, je vous prie de le faire.
5 M. Piletta-Zanin: Ce sera très volontiers, Monsieur le Président.
6 Monsieur le Témoin, combien y avait-il, à l'époque de l'incident, de
7 joueurs sur le terrain qui étaient des militaires enrôlés?
8 M. Hadziabdic (interprétation): Je ne sais pas combien de joueurs il y
9 avait en totalité.
10 Question: Bien. Merci de cette réponse. Monsieur le Témoin, connaissiez-
11 vous l'existence d'un restaurant qui s'appelle le "Sunce", à Dobrinja?
12 Réponse: Je sais qu'il y avait une espèce de petit marché, un mini
13 "market" -avant la guerre; c'était Granap- et qui portait le nom de
14 "Sunce". Je ne connais pas de restaurant qui aurait ce nom-là.
15 Question: Savez-vous, Monsieur le Témoin, si en cet endroit, se trouvait,
16 à l'époque de la guerre, une prison ou un camp spécial?
17 Réponse: Je ne sais pas.
18 Question: Merci de cette réponse.
19 Monsieur le Témoin, je vais vous soumettre certains documents. Je vais
20 commencer par un document portant le n°D87; je crois que c'est l'ordre
21 logique. D87, Monsieur l'Huissier, s'il vous plaît. Je précise que
22 l'accusation a déjà reçu ce document.
23 (Intervention de l'huissier.)
24 Monsieur le Président, je le donne dans l'état où nous l'avons reçu; je ne
25 fais aucun commentaire sur les difficultés d'accès de ce document.
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1 Monsieur le Témoin, avez-vous ce document devant vous?
2 Réponse: Oui, ce n'est pas très lisible.
3 Question: Oui, je ne fais aucun commentaire. Monsieur le Témoin,
4 reconnaissez-vous dans la liste de noms qui figurent à gauche, des
5 personnes que vous connaîtriez?
6 Réponse: Rusmir Aganspahic, oui, je le connais.
7 Question: Pouvez-vous nous indiquer à quelle ligne se trouve cette
8 personne, que nous la trouvions tous?
9 Réponse: A regarder par rapport au ERN00267853, le premier nom qui suit.
10 Est-ce que vous le voyez?
11 Question: Oui, tout à fait, mais je ne sais pas si tout le monde l'a vu.
12 Donc je pense que c'est bien. Voulez-vous, Monsieur le Témoin, en face de
13 ce nom, lire ce qui se trouve en face du chiffre 17?
14 Réponse: "Sexe masculin".
15 Question: Bien. Ce que je cherchais, c'était ce qui se trouve avant: les
16 trois lettres GOD. Que signifient-elles?
17 Réponse: "Année: 17".
18 Question: D'accord. Cela signifie donc que cette personne avait 17 ans, ce
19 que vous confirmez, lorsqu'elle a été blessée?
20 Réponse: Exact.
21 Question: Merci beaucoup. Je vais vous soumettre, Monsieur le Témoin, une
22 deuxième liste; on y viendra tout à l'heure. Simplement, restons sur ce
23 même document.
24 Nous avons encore plus avant, c'est-à-dire dans la ligne du milieu, un
25 chiffre. Pouvez-vous lire ce chiffre, je vous prie? Ce nombre, plus
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1 exactement.
2 Est-ce que, si je lis, Monsieur le Témoin, 1633, c'est conforme à ce que
3 vous voyez? Ou peut-être 1638?
4 Réponse: Vous voulez que je vous lise le nom que l'on voit au-dessus de ce
5 numéro ou quoi? 16...
6 Question: Pardonnez-moi, vous avez un chiffre que je lis, qui doit être
7 1639: est-ce que cela est exact?
8 Réponse: Est-ce que c'est ce que je suis en train de montrer avec le
9 pointeur?
10 Question: C'est ça. Que lisez-vous comme chiffre?
11 Bien. Alors procédons différemment.
12 Monsieur le Témoin, est-ce que les initiales BR…
13 Réponse: Très illisible. Ce n'est pas clair du tout.
14 Question: Je sais. Monsieur le Témoin, est-ce que les initiales BR que
15 nous voyons signifient "broj", c'est-à-dire nombre ou chiffre?
16 Réponse: Numéro.
17 Question: Numéro; encore mieux.
18 Réponse: Oui, probablement que ça doit être ça: numéro.
19 Question: Merci beaucoup. Passons maintenant à la pièce 88 que je vais
20 vous faire passer. Monsieur l'Huissier, s'il vous plaît?
21 (Intervention de l'huissier.)
22 Je précise que l'accusation a toujours reçu ces documents, qui émanent
23 d'elle, d'ailleurs.
24 Voilà.
25 Monsieur le Témoin, connaissiez-vous la personne figurant sur ce document
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1 dont le nom, semble-t-il, a été biffé? En haut, à gauche?
2 Réponse: Il m'est vraiment très difficile de lire cela. Il me semble que
3 je ne comprends que le prénom et le nom du père.
4 Question: Bien. Monsieur le Témoin, pouvez-vous lire la date ou l'une des
5 deux dates que l'on voit et me dire si cela est exact: 12 juillet 1993 -
6 17 juillet 1993?
7 Réponse: "Le 17-7-1993". Cela m'est clair. Probablement qu'il s'agit en
8 haut, au-dessus, du 12 juillet, 12-7-1993.
9 Question: Bien, je vous remercie. Voulez-vous maintenant lire ce que l'on
10 voit très nettement sur le timbre qui se trouve situé à gauche de
11 l'indication du médecin qui est, je crois, Dajir, le Dr Dajir? Voulez-vous
12 lire ce que vous voyez sur ce timbre?
13 Réponse: "Hôpital général - Sarajevo" et, au milieu, texte du cachet:
14 "Dobrinja", avec "P.O". C'est ce que je peux voir.
15 Question: Merci beaucoup, Monsieur le Témoin. Je vais vous faire passer un
16 autre document et nous arriverons prochainement à la fin de cet exercice.
17 C'est le n°89 et nous passerons tout de suite après au numéro 90. Je peux
18 peut-être déjà le donner à M. l'huissier.
19 (Intervention de l'huissier.)
20 Monsieur le Témoin, vous avez devant vous une feuille, pour partie
21 largement manuscrite, qui porte en son centre la mention, semble-t-il, si
22 je le lis comme ça, "mortuus ad latus", si je parviens à le lire. Avez-
23 vous ce document sous les yeux?
24 Réponse: Oui.
25 Question: Merci. Pouvez-vous lire, Monsieur le Témoin, à la cinquième
Page 6797
1 ligne, sur le centre de la partie gauche du document, le nom de M. Damir
2 Trebo?
3 Réponse: Oui.
4 Question: Bien. Monsieur le Témoin, voyez-vous sur ce document un numéro
5 qui est sur la gauche, qui est le numéro 1739, en face de M. Trebo Damir?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Connaissiez-vous ce M. Trebo Damir?
8 Réponse: Oui.
9 Question: Monsieur l'huissier, j'aimerais qu'on soumette une autre pièce
10 au témoin.
11 Réponse: Mais pas vraiment de prénom, parce que celui-là, au-dessus de
12 lui, c'est un ami à moi.
13 Question: Merci de cette réponse, Monsieur le Témoin.
14 (Intervention de l'huissier.)
15 Mme Philpott (interprétation): D90?
16 M. Piletta-Zanin: Oui. Excusez-moi.
17 Monsieur le Témoin, avez-vous devant vous ce document?
18 M. Hadziabdic (interprétation): Oui, je le vois.
19 Question: Voyez-vous, depuis le bas du document, le quatrième nom depuis
20 le bas de ce document, porte-t-il également les mêmes références?
21 Réponse: Vous voulez dire: à commencer par le bas de page?
22 Question: Tout à fait, depuis le bas de la page. Retrouvez-vous ici les
23 coordonnées de ce M. Damir Trebo?
24 Réponse: Une seconde, s'il vous plaît.
25 Question: Je vous en prie, prenez votre temps.
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1 Réponse: Oui, je vois ces deux documents. C'est tout à fait clair.
2 Question: Je ne parle que du deuxième document. Concentrez-vous sur le
3 deuxième, celui que vous venez de recevoir. Voulez-vous lire ce que vous
4 trouvez en face de l'abréviation n°, c'est-à-dire, en serbe, "BR"?
5 M. Hadziabdic (interprétation): 1699-1.
6 M. Piletta-Zanin: Je vais conférer, Monsieur le Président.
7 La défense n'a plus d'autres questions. Merci, Monsieur le Président.
8 M. le Président (interprétation): Merci, Maître Piletta-Zanin.
9 Monsieur Stamp, avez-vous besoin d'interroger de nouveau le témoin?
10 M. Stamp (interprétation): Non, je n'en ai pas besoin. Ah, peut-être que
11 oui, peut-être qu'une question.
12 M. le Président (interprétation): Allez-y.
13 M. Stamp (interprétation): Maintenant que j'y ai réfléchi, je n'ai plus de
14 question. En fait, j'allais lui demander s'il était l'auteur de ces
15 documents, mais je pense pas que ce soit nécessaire. Donc je n'ai plus de
16 question.
17 M. le Président (interprétation): Monsieur Hadziabdic, nous avons vu que
18 vous avez apporté un document ici. Et entre-temps, vous nous aviez dit
19 qu'il s'agissait de l'original du document qui vous a été montré et qui
20 porte la référence P2506B. Avez-vous pu comparer les deux documents,
21 c'est-à-dire celui que vous avez apporté et celui qui vous a été présenté?
22 M. Hadziabdic (interprétation): Je l'ai fait rapidement,
23 superficiellement.
24 M. le Président (interprétation): Est-ce que vous y avez constaté des
25 différences?
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1 M. Hadziabdic (interprétation): Non.
2 M. le Président (interprétation): Madame la Greffière, est-ce que le
3 document P2506 est encore disponible? Si oui, pouvons-nous le montrer de
4 nouveau au témoin?
5 (Intervention de l'huissier.)
6 (Le témoin compare l'original et le document fourni par l'accusation.)
7 M. Hadziabdic (interprétation): Non, rien. Sauf ce numéro-ici, 0067887, et
8 là où se trouve le cachet, c'est pas clair. Vous ne voyez pas le nom du
9 chirurgien.
10 M. le Président (interprétation): Est-ce que l'original est plus clair?
11 M. Hadziabdic (interprétation): Oui, beaucoup plus clair.
12 (Les Juges se concertent sur le siège.).
13 M. le Président (interprétation): Je voudrais vous demander quelque chose.
14 Je vous l'ai déjà demandé mais je vais le refaire, car vous avez bien dit
15 que sur l'original le cachet est beaucoup plus clair.
16 La Chambre souhaite garder le document, l'exemplaire que vous avez apporté
17 avec vous pour les besoins, pour le registre de cette Chambre. Je ne sais
18 pas si vous avez besoin d'un reçu pour cela ou si vous souhaitez qu'une
19 copie soit faite de ce document pour indiquer clairement qu'il s'agit là
20 d'une copie authentique de l'original que vous nous avez donné. Si vous en
21 avez besoin, faites-le nous savoir, à nous ou à l'Unité de la protection
22 des témoins, ce qui vous permettra de garder un exemplaire.
23 Monsieur l'huissier…
24 Mais tout d'abord, est-ce que je peux vous demander si vous avez besoin
25 d'emporter avec vous un exemplaire de ce document?
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1 M. Hadziabdic (interprétation): J'en aurai peut-être besoin plus tard dans
2 ma vie. Je suis tout à fait d'accord pour donner l'original à la Chambre,
3 mais j'aimerais effectivement recevoir de votre part une copie certifiée.
4 M. le Président (interprétation): Nous allons vous donner une copie
5 certifiée.
6 Voulez-vous bien, s'il vous plaît, donner l'original et la copie qui vous
7 a été donnée de ce document P2506B à l'huissier?
8 (Intervention de l'huissier.)
9 (La Greffière s'entretient avec le Président.)
10 M. le Président (interprétation): Pourrais-je voir le document qui a été
11 apporté par le témoin?
12 (Les Juges se concertent sur le siège à propos de l'original et du
13 document P2506B.)
14 Les parties souhaitent-elles examiner le document que le témoin vient de
15 nous donner?
16 Maître Piletta-Zanin?
17 (L'huissier apporte les deux documents à la défense.)
18 M. Piletta-Zanin: Merci beaucoup, Monsieur le Président.
19 (L'huissier apporte les deux documents à l'accusation.)
20 M. Stamp (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
21 M. le Président (interprétation): Bien sûr, nous n'avons pas décidé de la
22 numérotation des pièces à conviction et la Chambre ne sait pas ce qu'il
23 faudrait donner comme référence à ce document.
24 En ce qui concerne l'exemplaire apporté par le témoin, qui semble être
25 identique à la pièce P2506B, sur ordre de la Chambre, sera versé au
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1 dossier et son numéro sera notifié aux parties par la suite.
2 Je vais demander aux interprètes si nous pouvons rester encore quelques
3 minutes pour traiter les documents, une fois que le témoin aura quitté le
4 prétoire? Merci de votre coopération.
5 Je demande à l'huissier d'accompagner le témoin.
6 Mais tout d'abord, je souhaite vous remercier, Monsieur Hadziabdic. Vous
7 avez fait un long voyage, j'en suis pleinement conscient. Nous savons
8 aussi que les événements concernés par votre déposition se sont produits
9 lorsque vous étiez très jeune et je m'imagine très bien que les
10 circonstances de votre vie, à partir de votre jeunesse, ont sûrement
11 influencé l'évolution de votre vie. Nous en sommes tout à fait conscients.
12 J'espère aussi que vous comprenez bien que les réponses que vous avez
13 données aux questions posées par les deux parties et par les Juges sont
14 importantes pour nous, car il nous faut prendre des décisions, et les
15 informations données par ceux qui étaient présents sur place à l'époque
16 sont extrêmement importantes.
17 Donc, encore une fois, merci beaucoup. Je vous souhaite un bon voyage de
18 retour.
19 M. Hadziabdic (interprétation): Merci.
20 M. le Président (interprétation): Je ferai en sorte que vous receviez une
21 copie certifiée le plus vite possible.
22 Madame la Greffière, je pense que le témoin va quitter les Pays-Bas
23 rapidement, donc j'aimerais que vous fassiez en sorte qu'il reçoive
24 rapidement le plus vite possible, voire même immédiatement, un exemplaire,
25 enfin une copie certifiée, si possible en couleurs, car il y a des
Page 6802
1 couleurs différentes sur l'original.
2 (Le témoin, M. Omer Hadziabdic, est reconduit hors du prétoire.)
3 (Questions relatives à la procédure. Matières relatives aux éléments de
4 preuve.)
5 M. le Président (interprétation): Nous allons maintenant traiter la
6 question des autres documents.
7 Madame la Greffière, voulez-vous bien nous aider?
8 Mme Philpott (interprétation): Pièce 2506B: rapport du spécialiste,
9 diagnostic de l'hôpital de Dobrinja. P2506B.1: traduction anglaise.
10 M. le Président (interprétation): Nous allons peut-être nous arrêter là
11 pour l'instant.
12 Monsieur Stamp, le document n'est pas entièrement traduit, c'est-à-dire
13 que le cachet n'a pas été traduit, et il semblerait qu'il s'agisse là
14 d'une partie pertinente du document.
15 Comme d'habitude, la Chambre demande à l'accusation de fournir une
16 traduction complète, surtout étant donné l'importance du cachet du point
17 de vue de la défense.
18 Nous pouvons peut-être verser le document au dossier de façon provisoire à
19 la condition que rapidement une traduction complète soit fournie. Et si la
20 traduction est fournie, bien sûr la défense aura ensuite la possibilité de
21 poser des questions ou de faire des remarques éventuelles par rapport au
22 document avant que ce dernier ne soit versé au dossier.
23 Madame la Greffière, il y a encore quelques documents supplémentaires.
24 Mme Philpott (interprétation): D86, avec le numéro 00380015, une liste de
25 noms.
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1 D87, avec deux numéros d'enregistrement 00380026; le deuxième 00267853.
2 D88, avec un numéro d'enregistrement 02156335.
3 Pièce D89, avec un numéro d'enregistrement 02155961.
4 D90, un document portant le numéro d'enregistrement 02156203.
5 M. le Président (interprétation): Il n'y a pas d'objections. Nous avons
6 entendu une explication succincte de la pertinence de ces documents. J'ai
7 constaté que le seul témoignage qu'on a concernant ces documents… Enfin,
8 disons que le témoin a lu des parties de ces documents, ce qui -comment
9 dirais-je?- n'est peut-être pas nécessaire. Vous pourriez demander à
10 n'importe quel témoin de lire à haute voix ce qui figure sur un document.
11 J'aimerais mieux que, si ces documents sont estimés comme étant pertinents
12 du point de vue d'une des deux parties -et je pars du principe que c'est
13 le cas pour le la défense-, qu'à ce moment-là les parties se mettent
14 d'accord sur, par exemple, le fait que la ligne 7 contient tel ou tel
15 libellé.
16 Je pense que c'est une perte de temps de demander cela au témoin. Vous
17 auriez pu demander à un journaliste quelconque ou à un expert militaire
18 d'en faire autant. Et je vous dirai même que cette Chambre est même, dans
19 une certaine mesure, capable de faire sa propre lecture.
20 Donc j'aimerais demander aux parties de résoudre ce genre de problème en
21 dehors du prétoire. Bien sûr, il faut trouver le moyen de présenter des
22 documents pertinents à la Chambre, mais ce n'est pas forcément nécessaire
23 de lire à haute voix ou de faire lire à haute voix certaine ligne et de
24 remercier la personne de l'avoir lue. Ainsi nous arrivons à la fin de
25 l'audience d'aujourd'hui, sauf s'il y a d'autres observations, par exemple
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1 par rapport à la semaine prochaine.
2 Y a-t-il des observations à ce stade?
3 Allez y, Monsieur Stamp.
4 M. Stamp (interprétation): Je souhaite dire que le témoin, Edin Suljic,
5 qui sera le prochain qui sera cité à la barre… Disons que pour ce témoin,
6 il y a quatre documents qui seront présentés.
7 M. le Président (interprétation): J'en vois cinq sur la liste, mais je ne
8 sais pas si c'est une liste mise à jour. J'ai 2286, 2365, 2366, 3061 et
9 2264. Et c'est la liste datée du 2 avril, mais peut-être que...
10 Ah non, j'ai une liste qui porte la date du 4 avril. Sur la prochaine
11 liste… Il n'y en a que trois sur la liste du 4 avril nous avons...
12 M. Stamp (interprétation): Il n'y a que trois numéros. La liste fait
13 référence à trois documents.
14 M. le Président (interprétation): Oui, l'ancienne version portant la date
15 du 2 en indiquait cinq, mais effectivement la liste du 4 en donne trois.
16 M. Stamp (interprétation): Merci beaucoup. J'étais bien sûr conscient de
17 l'efficacité, du niveau d'efficacité de la Chambre. Je n'ai plus rien à
18 ajouter.
19 M. Piletta-Zanin: Nous n'avons absolument rien à ajouter à cela, Monsieur
20 le Président. Merci.
21 M. le Président (interprétation): Eh bien, je souhaite à tout le monde une
22 très bonne fin de semaine. Je souhaite remercier les interprètes et ceux
23 qui nous aident du côté technique de nous avoir permis d'arriver à la fin
24 de cette semaine. Ayant pris un tout petit peut plus de temps que prévu,
25 nous allons donc suspendre l'audience jusqu'à lundi prochain, à 9 heures,
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1 dans cette même Chambre.
2 (L'audience est levée à 13 heures 56.)
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