Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Vendredi 1er novembre 2002.)

2 (L'audience est ouverte à 9 heures 09.)

3 (Audience publique.)

4 (Questions relatives à la procédure.)

5 M. le Président (interprétation): Madame la Greffière d'audience, je vous

6 prie de citer l'affaire.

7 Mme Philpott (interprétation): Affaire IT-98-29-T, le Procureur contre

8 Stanislav Galic.

9 M. le Président (interprétation): Merci, Madame la Greffière d'audience.

10 Il nous reste à nous occuper des pièces à conviction qui ont été versées

11 au cours de ces journées précédentes.

12 Madame la Greffière d'audience, je vous prie de nous les faire parcourir.

13 Mme Philpott (interprétation): Pièces D48.12B, D348.12B: il s'agit de la

14 bande vidéo.

15 M. le Président (interprétation): Oui.

16 M. Ierace (interprétation): Oui. Nous avons une objection au sujet de

17 cette bande vidéo. Nous estimons que cette bande n'est pas pertinente.

18 Nous avons déjà évoqué cela.

19 M. le Président (interprétation): Oui. Nous nous pencherons sur votre

20 objection.

21 Mme Philpott (interprétation): D1772 sous pli scellé: il s'agit de la

22 feuille avec le pseudonyme. D1773: plan. D1774: plan. D1776: plan. D1775:

23 plan.

24 M. le Président (interprétation): Puisqu'il n'y a pas d'objection à

25 l'encontre de ces pièces, elles sont versées au dossier.

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1 Par ailleurs, la Chambre décide que, s'agissant de la bande vidéo

2 mentionnée, Madame la Greffière d'audience, est-il exact que sa cote est

3 D348/12?

4 Mme Philpott (interprétation): Oui.

5 M. le Président (interprétation): Oui. C'est ce que nous voyons dans le

6 compte rendu d'audience. La Chambre rejette l'objection et verse la vidéo

7 au dossier.

8 Mme Philpott (interprétation): Nous avons une autre pièce à conviction

9 pendante, la pièce P3753. Il s'agit de photographies en noir et blanc, il

10 y en a cinq.

11 M. le Président (interprétation): Oui. La défense a soulevé une objection

12 contre l'utilisation de ces photographies et cette objection a été

13 rejetée. Les photographies de l'église, les différentes photographies sont

14 versées au dossier.

15 La défense a soulevé une objection se fondant sur le principe qu'il

16 s'agissait de pièces à décharge qui n'ont pas été communiquées en temps

17 utile à la défense. La Chambre estime, pour sa part, qu'à l'époque, au

18 moment où l'accusation a retrouvé ces photographies, elle n'a pas pris

19 connaissance sur-le-champ -du moins, c'est l'affirmation avancée par

20 l'accusation-, donc elle n'a pas pris conscience sur le moment du fait

21 qu'il s'agissait de matériels ou de documents à décharge.

22 Par conséquent, la Chambre accepte le fait que l'accusation n'a pas

23 nécessairement dû considérer sur le moment qu'il s'agissait de matériels

24 de nature à disculper. La défense a expliqué que les questions qui sont

25 posées au témoin auraient pu donner lieu à des éléments de preuve de

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1 nature à disculper. Ceci, en soit, ne permet pas de qualifier ces

2 documents comme étant des éléments à décharge.

3 Si l'accusation s'applique et fait son travail sérieusement, à savoir si

4 elle communique les éléments à décharge, cela devra devenir tout à fait

5 clair que les documents sont de nature à disculper.

6 A présent, la défense est-elle prête à citer son témoin?

7 Nous n'avons pas parcouru tous les documents. Il nous reste les documents

8 d'hier.

9 Maître Piletta-Zanin?

10 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, j'ai fait savoir à Mme la

11 Greffière hier, certes à une heure tardive, que je souhaiterais adresser

12 votre Chambre quelques minutes. Y suis-je autorisé?

13 M. le Président (interprétation): Oui, je vous en prie.

14 M. Piletta-Zanin: Merci. Il y a quelques points que nous devons soulever

15 impérativement.

16 Hier, nous avons pu constater une très grande nervosité. Hier, la défense

17 a été soumise à deux types d'intervention pour le moins singulières. On

18 lui a reproché publiquement de faire du bruit, alors que les conseils n'en

19 faisaient strictement aucun. On lui a reproché une attitude, semble-t-il,

20 non professionnelle, et à la fin de l'audience, le représentant de

21 l'accusation s'est levé, a affirmé qu'un témoin aurait salué le général

22 Galic et a entendu que ce soit porté au transcript. Première chose.

23 Je défie quiconque d'affirmer que ce témoin a salué le général Galic et

24 non pas les membres de la défense et si quiconque voulait y répondre, j'en

25 demanderai la preuve, mais la preuve sur place.

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1 Deuxième chose, à supposer même que ce témoin qui a vécu des atrocités et

2 qui a été victime de graves délations du droit humanitaire, et qui a été

3 un jeune soldat sous les ordres de son général, à supposer qu'il l'ait

4 salué, qu'y a-t-il d'étonnant?

5 Troisième chose, il y a des témoins de l'accusation -je parle de mémoire

6 maintenant uniquement, car je n'ai pas pu le vérifier sur les vidéos-, je

7 pense au Dr Nakas, militaire également, qui en quittant ce prétoire, a

8 salué relativement militairement, c'est-à-dire d'un signe de tête appuyé

9 le général Galic, comme cela se fait courtoisement. Et je ne vois pas que

10 l'accusation ait dit quoi que ce soit.

11 Quatrièmement, des témoins de l'accusation, après qu'ils aient déposé, ont

12 demandé à entrer en contact avec la défense sur une base purement

13 personnelle, l'accusation leur a donné mon numéro de téléphone, je vois

14 pas ce qu'il y a de condamnable ; d'autant que la défense, Monsieur le

15 Président, n'a émis aucun geste, quel qu'il soit, qui serait de nature à

16 permettre qu'on dise que tel ou tel comportement ne serait pas de nature

17 professionnelle.

18 Deuxième point qui est plus technique maintenant, c'est la question des

19 lignes. L'accusation a entendu que tout ce qui figurait au transcript

20 relativement aux lignes tracées, Monsieur le Président, par ce témoin,

21 soit écarté parce qu'on estime que ce n'est pas normal qu'un témoin trace

22 des lignes. Je rappelle que toutes les cartes, mais toutes les cartes,

23 données par l'accusation portent des lignes pré-tracées qui sont les

24 lignes mentionnant les angles ou plutôt les arcs de feu. Alors si la

25 défense n'a pas le droit, lorsqu'on lui donne des cartes pré-tracées, de

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1 faire tracer des choses qui sont évidentes, il y a là un déséquilibre dans

2 le rôle, ou plutôt dans les droits et dans les fonctions des parties qui

3 ne serait pas compréhensible, et ce, pour quelque juridiction que ce soit.

4 Troisième chose, Monsieur le Président. Troisième chose, c'est la question

5 du temps. Nous avons vu que, pour ce témoin, je crois que la défense -

6 c'est assez rare pour être souligné- a été très rapide dans le déroulement

7 de ses questions, à tel point que l'on m'a prié de parler moins

8 rapidement. Bon.

9 Malgré cela, beaucoup de temps a été perdu; ce n'est pas la faute,

10 certainement pas la faute de la défense et il convient, il convient que le

11 temps qui est à utiliser par l'accusation le soit dans ses marges, dans

12 ses limites et non pas autrement. Le système de calcul, disons de type

13 bancaire -je l'ai dit l'autre jour- a clairement été ici l'objet d'un

14 effondrement et il n'est pas normal que l'accusation prenne autant de

15 temps.

16 Tout dernier point, Monsieur le Président. Vous avez rendu une décision

17 cette semaine, relativement à un courrier du 30 octobre de l'accusation.

18 Vous l'avez rendue juste avant que nous vous ayons indiqué que nous avions

19 répondu ce même jour, immédiatement, le 30 octobre, et cette décision a

20 trait à la nécessité de répartir les pièces en fonction de chacun des

21 témoins. Ce que nous vous avions indiqué, c'est que l'accusation n'avait

22 pas fait cela elle-même dans son propre cas, elle ne l'avait fait que

23 semaine après semaine, c'est-à-dire sur un rythme hebdomadaire, et nous

24 avons compris votre décision comme tendant à faire en sorte que la défense

25 le fasse pour tout son procès.

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1 Il est évident que si tel est le cas, il nous paraît là qu'il y a une

2 inégalité de traitement et nous ne savons pas si votre décision est

3 confirmée après lecture de notre courrier, certes en langue française, du

4 30 octobre ou s'il nous faut préciser.

5 Donc nous réservons nos droits...

6 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, je ne me rappelle

7 pas avoir pris une décision. Vous avez attiré notre attention sur le fait

8 que vous avez répondu à la plainte et ceci par écrit, mais il ne me semble

9 pas que la Chambre ait pris une décision. Donc avant de nous demander de

10 revenir sur cette affaire, j'aimerais savoir précisément quel est le

11 contenu de cette décision. Où est-ce qu'on peut la trouver? Il se peut que

12 je m'abuse, mais…

13 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, de mémoire toujours -je ne veux

14 pas vérifier maintenant-, mais je crois que vous aviez indiqué ceci: "The

15 prosecution is right" lorsqu'elle exposait son interprétation selon le

16 courrier. Donc je vous cite vraiment de mémoire, mais je crois que c'est

17 ce que vous avez dit: "The prosecution is right, etc." et je considère que

18 si vous nous dites que l'accusation est juste dans sa façon d'interpréter

19 votre décision, cela vaut sinon décision, tout au moins para-décision.

20 Mais je peux retrouver vos propos et les citer proprement, Monsieur le

21 Président. Plus tard.

22 M. le Président (interprétation): Vous souhaitez que nous revenions sur ce

23 point? Oui?

24 M. Piletta-Zanin: S'il s'agit d'une décision, oui; s'il n'y a pas de

25 décision, tout est bien.

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1 M. le Président (interprétation): Nous nous pencherons sur cela.

2 Monsieur Ierace.

3 M. Ierace (interprétation): S'agissant de ce dernier point, Monsieur le

4 Président, lorsque vous avez dit cela l'autre jour, Me Piletta-Zanin vous

5 a interrompu et il a dit qu'il a répliqué et il souhaitait donner lecture

6 de cette réponse. Et c'est là que nous nous sommes arrêtés.

7 M. le Président (interprétation): Oui, tels sont mes souvenirs.

8 M. Ierace (interprétation): Maître Piletta-Zanin a soulevé toute une série

9 de points. Je ne souhaite pas répondre à tous ces points, mais je dois

10 dire que nous avons objecté hier au sujet des bruits que nous entendions

11 de l'autre côté du prétoire. Je dois dire que cela a été suffisamment fort

12 pour que nous puissions entendre une conversation en serbe et cela nous a

13 inquiétés. Nous pensions que ceci était inapproprié. C'est quelque chose

14 que nous avons fait remarquer une fois, mais il s'agit de quelque chose

15 qui se répète souvent.

16 M. le Président (interprétation): Je souhaite répondre sur ce point. Hier,

17 j'ai remarqué qu'il y avait des conversations entre le général Galic et

18 les conseils de la défense et que ces conversations parfois se passaient à

19 un niveau de volume relativement élevé. J'ai l'impression qu'ils en ont

20 pris connaissance et qu'ils ont baissé la voix à partir de ce moment-là.

21 Je me suis félicité de cela.

22 La défense est consciente du fait qu'aucune conversation ne devrait se

23 dérouler dans une langue que la Chambre ne peut pas suivre, et ce en la

24 présence du témoin. Je suis d'accord avec vous, il conviendrait d'éviter

25 cela. Mais en même temps, au moins pour ce qui est d'hier, lorsque cela a

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1 démarré d'une manière inappropriée, cela s'est terminé ou plutôt s'est

2 continué de manière convenable.

3 Vous pouvez reprendre la parole.

4 M. Ierace (interprétation): Premièrement, est-ce que nous pourrions, le

5 vendredi de chaque semaine, recevoir de la part de la défense la liste de

6 comparution des témoins qui seront prévus la semaine d'après et plus

7 précisément une mise à jour de ces listes.

8 Autrement dit, le mieux, ce serait d'avoir une liste des témoins pour deux

9 semaines et, chaque fois que nous recevons une liste, il faudrait qu'elle

10 reparte avec le témoin suivant.

11 Un deuxième point, Monsieur le Président, un point que j'ai déjà évoqué à

12 de nombreuses reprises, à savoir qu'il s'agit des éléments de preuve qui

13 sont présentés par les témoins de la défense et qui sont contraires aux

14 éléments de preuve présentés lors des dépositions des témoins de

15 l'accusation. Il s'agit de questions qui n'ont pas été posées par la

16 défense au moment de la comparution des témoins de l'accusation. Ceci nous

17 inquiète également.

18 Monsieur le Président, nous ne sommes pas prévenus donc de la nature de

19 ces dépositions. Il semblerait que la manière appropriée d'agir pour

20 l'accusation est de vous demander des lignes directrices. Je m'en remets à

21 vous. Je ne sais pas comment nous devrions réagir.

22 Nous avons la possibilité de vérifier cela chaque fois que cela se

23 produit. Nous soulevons des objections formelles et nous demandons qu'il y

24 ait expurgation de ces dépositions lorsqu'elles se produisent sans qu'il y

25 ait eu de préavis pour l'accusation.

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1 Il serait également approprié -je pense que nous pourrions présenter des

2 écritures à ce sujet- une requête, donc quelque chose par écrit, donc en

3 réponse à une décision éventuelle contre l'accusation. Donc nous estimons

4 que ceci nous mettrait dans une position difficile.

5 Je suis conscient du fait qu'il y a des limitations dans le temps compte

6 tenu des pressions de temps que nous subissons. J'ai réagi comme cela dans

7 le passé. Peut-être que nous avons une base suffisante à présent pour

8 présenter des écritures, ceci par exemple la semaine prochaine.

9 M. le Président (interprétation): Une manière pratique d'agir serait peut-

10 être que l'accusation présente par écrit les objections qu'elle a au sujet

11 de la manière dont la défense procède en cette matière. La défense

12 pourrait répondre et, à un moment opportun, lorsque l'accusation aura

13 trouvé un moment, elle pourra donc objecter ou demander expurgation et

14 c'est à ce moment-là que nous demanderons un échange d'arguments par

15 écrit. Mais il faudrait que les parties soient prêtes pour cet échange et

16 que nous ayons quelque chose par écrit. Ce n'est pas la première fois que

17 ce problème se pose.

18 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, je ne vais pas répondre sur le

19 fond maintenant, mais je veux dire ceci: afin d'être agréable à tout le

20 monde, la défense travaille parfois très tard, très, très tard la nuit.

21 Elle a une équipe extrêmement réduite. Alors que nous commençons à prouver

22 des choses maintenant, on nous demande simplement d'expurger le

23 transcript. Pourquoi? Parce que nous prouvons le contraire de

24 l'accusation. Rien d'autre.

25 Je tiens à souligner qu'en date du 29 octobre 2002, la défense a

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1 clairement indiqué, pour l'accusation, tout ce que les témoins pourraient

2 être amenés à dire. Tout se trouve là, c'est extrêmement précis, il n'y a

3 aucune espèce d'embuscade et je ne comprends pas, je ne comprends pas que,

4 lorsque des témoins viennent déposer, indiquent certaines choses,

5 procèdent de la même manière que tous les autres témoins ont procédé, on

6 dit: "Ah! Stop! Ce sont des témoins de la défense, il faut expurger les

7 passages". Sans doute d'ailleurs, les passages qui prouvent le plus la

8 thèse de la défense. Ce type d'attitude démontre, nous semble-t-il, un

9 irrespect total de la vérité. Merci.

10 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, je me permets

11 d'indiquer que les lignes directrices que vous nous avez données

12 concernant la procédure à respecter est tout à fait acceptable pour

13 l'accusation.

14 M. le Président (interprétation): La Chambre pourra décider à partir du

15 moment où la défense, elle aussi, aura répondu à cette requête.

16 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, Monsieur le Président, nous

17 n'avons absolument pas le temps. Et je vois que, d'ailleurs, on nous

18 reproche de parler en serbe, on me reproche, si j'ai bien compris, de

19 parler en serbe, on me reproche de parler en français et, lorsque je tiens

20 des réunions en anglais, c'est à peine si on me reproche de parler

21 l'anglais. Je veux dire: on nous reproche énormément de choses du côté de

22 la défense. Nous n'avons pas le temps, matériellement, de faire ce type de

23 travail. Nous le demander, c'est une stratégie de harcèlement,

24 d'épuisement de la défense, et si c'est le but parce qu'on estime que le

25 général Galic ne devrait pas avoir de défenseurs en mesure de faire leur

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1 travail, qu'on le dise clairement! Qu'on dise: "Nous allons vous faire

2 courir derrière des leurres, vous allez vous épuiser, vous serez

3 littéralement laminés en fin de procédure et vous ne pourrez rien faire".

4 Si c'est cela qu'on veut, très bien, mais qu'on me le dise. Je veux bien

5 être une victime expiatoire, mais j'aimerais le savoir.

6 M. le Président (interprétation): Pourriez-vous nous préciser ce que vous

7 entendez par le fait que l'on cherche à vous épuiser, que vous ne serez

8 plus en mesure de faire quoi que ce soit?

9 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, très volontiers. Actuellement, il

10 y a un travail de préparation dans le cas de la défense qui est

11 extrêmement délicat, minutieux, notamment pour moi. Pour être agréable à

12 l'accusation et à tout le monde, et c'est normal, je le fais, je

13 réinterroge chacun des témoins… Je vous réponds.

14 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, je vous ai posé

15 une question, je vous ai demandé ce que vous entendiez par les termes

16 qu'on allait vous épuiser et que vous n'alliez plus être en mesure de

17 faire quoi que ce soit. Pourriez-vous expliquer ces termes, s'il vous

18 plaît? C'est cela qui apparaît dans le compte rendu.

19 M. Piletta-Zanin: Volontiers.

20 M. le Président (interprétation): Très précisément, ce que j'aimerais

21 savoir, car j'étais en train d'écouter le canal anglais… Avez-vous dit que

22 cela allait vous épuiser, vous, ou bien c'est vous qui allez nous épuiser

23 nos forces, à nous! C'est cela que je voudrais préciser pour qu'il n'y ait

24 pas de malentendu.

25 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, je ne sais pas si je vais vous

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1 épuiser, mais je n'ai jamais dit que j'allais vous épuiser.

2 M. le Président (interprétation): C'est le seul point que je souhaitais

3 tirer au clair. Dans ce cas-là, ceci a été mal consigné dans le compte

4 rendu d'audience. Parfois… il faut que je fasse attention à changer de

5 canal et à vous écouter en français.

6 Donc la défense n'accepte pas cette proposition de manière de procéder sur

7 le point de la procédure. Puisque les parties se sont montrées d'accord,

8 la Chambre décidera quelle est la manière de procéder, s'agissant de ce

9 point. La défense pourra citer son témoin à la barre à présent.

10 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, avant cela, il y a

11 toujours le problème de la liste des témoins.

12 M. le Président (interprétation): Oui, tout à fait. Alors la dernière

13 liste qui a été fournie par la défense…

14 Maître Piletta-Zanin, quelle a été la dernière liste?

15 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, puis-je vous prier de vous

16 adresser directement à Me Pilipovic qui est parfaitement au courant de ce

17 genre…

18 M. le Président (interprétation): Oui?

19 M. Piletta-Zanin: … de problème puisque nous avons dû séparer nos tâches,

20 comme vous le savez, je pense.

21 M. le Président (interprétation): Oui.

22 La dernière liste est celle qui figure en annexe de la lettre du 29

23 octobre?

24 Mme Pilipovic (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

25 M. le Président (interprétation): Cette liste commence par...

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1 Mme Pilipovic (interprétation): C'est un nom de femme.

2 M. le Président (interprétation): Oui.

3 Mme Pilipovic (interprétation): Oui, Monsieur le Président. Ceci étant

4 dit, c'est aujourd'hui que la défense communiquera sa liste pour la

5 semaine à venir.

6 L'ordre de comparution reste, pour la majeure partie, le même mais nous

7 avons pu constater que, pour un certain nombre de raisons, un témoin ne

8 sera pas disponible la semaine prochaine. Et c'est aujourd'hui, au cours

9 de la journée, que je fournirai la liste mise à jour. Ce sont pratiquement

10 les mêmes témoins, mis à part le troisième témoin sur cette liste.

11 M. le Président (interprétation): Cette liste commencera-t-elle par le

12 témoin qui sera entendu aujourd'hui. J'entends par là: y a-t-il un vide,

13 un décalage entre le dernier témoin que nous avons entendu et le premier

14 nom qui figure sur la liste? Ce que demande l'accusation, c'est une liste

15 où apparaîtra en première place le nom du prochain témoin cité par la

16 défense. Ceci nous permettrait d'éviter des malentendus.

17 Mme Pilipovic (interprétation): La liste pour la semaine prochaine

18 commencera par le témoin qui comparaît aujourd'hui si nous n'avons pas eu

19 le temps de terminer sa déposition aujourd'hui.

20 M. le Président (interprétation): Il me semble, Monsieur Ierace, que c'est

21 bien ce que vous avez demandé. Par conséquent, nous pouvons commencer.

22 Nous allons voir ce qu'il convient de faire des documents: faut-il les

23 répartir en fonction des témoins ou non, que la défense ait pu répondre

24 par écrit ou non. Nous allons nous pencher sur cette affaire et nous

25 allons prononcer notre décision.

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1 Maître Pilipovic, êtes-vous prête a citer votre témoin?

2 En ce cas, Monsieur l'Huissier, je vous prie de faire entrer le témoin

3 dans le prétoire.

4 (Le témoin, M. Izo Golic, est introduit dans le prétoire.)

5 M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, la Chambre n'a pas été

6 informée: est-ce que nous devons prendre une décision concernant des

7 mesures de protection? Non?

8 Mme Pilipovic (interprétation): Non, Monsieur le Président.

9 M. le Président (interprétation): Bonjour. Est-ce que vous m'entendez dans

10 une langue que vous comprenez?

11 M. Golic (interprétation): Oui, je vous entends.

12 M. le Président (interprétation): Oui, je vois que vous me comprenez même

13 dans la langue que, moi, j'emploie.

14 Avant de déposer dans ce prétoire, d'après notre procédure, vous êtes

15 censé prêté serment que vous direz la vérité, toute la vérité et rien que

16 la vérité. Cette déclaration solennelle vous sera remise par l'huissier.

17 Veuillez la lire, s'il vous plaît.

18 M. Golic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

19 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

20 M. le Président (interprétation): Merci beaucoup. Veuillez vous asseoir.

21 C'est tout d'abord le conseil de la défense qui va vous interroger.

22 (Interrogatoire principal du témoin, M. Izo Golic, par Me Pilipovic.)

23 Mme Pilipovic (interprétation): Bonjour, Monsieur le Témoin.

24 M. Golic (interprétation): Bonjour.

25 Question: Monsieur, veuillez vous présenter. Quel est votre nom, prénom et

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1 votre date de naissance?

2 réponse: Je suis Izo Golic, mon père s'appelait Velija. Je suis né le 5

3 janvier 1955 à Zakum dans la municipalité de Rogatica.

4 Question: Merci. Et quel est votre métier?

5 Réponse: Je suis ingénieur diplômé de la circulation.

6 Question: Dites-nous, s'il vous plaît, en 1992 -et nous allons parler de

7 la période 1992, 1993, 1994-, où avez-vous vécu et travaillé?

8 Réponse: J'ai vécu à Zakum près de Rogatica, là où je suis né, et pendant

9 toute cette période, j'ai travaillé à Rogatica, pendant une certaine

10 période dans l'entreprise d'Etat "Tehnotrans" de Rogatica qui transportait

11 des passagers et par la suite…

12 Mme Pilipovic (interprétation): Veuillez, s'il vous plaît, ralentir le

13 débit parce que tout ce que vous dites doit être interprété par les

14 interprètes et compte tenu du fait que nous parlons la même langue...

15 M. le Président (interprétation): Oui.

16 M. Stamp (interprétation): Avant de poursuivre, est-ce que le témoin

17 pourrait clarifier la date de sa naissance parce que d'après ce que je

18 vois sur le compte rendu d'audience, ce n'est pas tout à fait clair. Donc

19 peut-être, s'il pouvait nous aider avec sa date de naissance et le nom de

20 son père.

21 M. le Président (interprétation): Oui, le témoin a répondu à la question

22 mais peut-être que ceci prête à confusion. Est-ce que vous avez reçu une

23 information différente par rapport à ce que le témoin vient de dire?

24 M. Stamp (interprétation): Oui, par rapport au compte rendu d'audience.

25 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur Golic, Izo Golic, veuillez nous

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1 dire quelle est votre date de naissance?

2 M. Golic (interprétation): Le 5 janvier 1959 à Zakum, près de Rogatica et

3 j'ai fait mes études à Sarajevo, si ceci est important pour quelqu'un

4 d'autre.

5 Question: Et le nom du père?

6 Réponse: Velija.

7 Question: Velija?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Monsieur Golic, vous nous avez dit qu'en 1992, vous avez vécu et

10 travaillé à Rogatica. Est-ce que vous pouvez nous dire si vous avez fait

11 votre service militaire et si oui, où?

12 Réponse: J'ai fait mon service militaire au sein de la JNA, comme tous les

13 citoyens de la Yougoslavie. Après la fin de mes études à Sarajevo, en

14 1984, j'ai fait mon service militaire à Subotica.

15 Mme Pilipovic (interprétation): Merci. Est-ce que vous pourriez nous dire

16 quelle a été votre spécialité militaire?

17 M. Golic (interprétation): C'était 11206, c'est-à-dire que j'étais chargé

18 des obusiers, enfin j'étais membre de l'armée.

19 M. le Président (interprétation): Est-ce que vous pourriez répéter la

20 deuxième partie de votre phrase? Vous avez dit que vous avez travaillé

21 sur… et répétez la suite.

22 M. Golic (interprétation): J'ai fait mon service militaire en 1984, à

23 Subotica, et j'étais 11206 et j'ai travaillé avec les obusiers M74 et M75.

24 M. le Président (interprétation): Vous employez le mot "11206". En ce

25 moment, ceci ne me dit absolument rien. Est-ce que vous pourriez nous

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1 expliquer de quoi il s'agit?

2 M. Golic (interprétation): D'après le règlement du travail, au sein de la

3 JNA, en ex-Yougoslavie, il était prévu d'avoir un certain nombre de

4 spécialités. Il s'agit simplement d'un code de la JNA.

5 M. le Président (interprétation): Oui, merci.

6 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur Golic, en septembre 1992,

7 pourriez-vous nous dire où vous étiez?

8 M. Golic (interprétation): En septembre 1992, j'ai été sur le front de

9 Sarajevo et mon unité se trouvait dans la zone du village de Petrovici au-

10 dessus de Trebevic, à l'ouest de Trebevic, au-dessus de Sarajevo.

11 Question: Merci. Monsieur Golic, veuillez répondre aux questions lentement

12 et brièvement.

13 Monsieur Golic, lorsque vous nous avez dit où vous vous trouviez en 1992,

14 est-ce que vous pourriez nous dire également à quelle unité militaire, à

15 quelle formation militaire vous apparteniez?

16 Réponse: J'étais membre de la Compagnie d'obusiers de 122 millimètres au

17 sein du Bataillon de Rogatica qui faisait partie de la 1re Brigade de

18 Sarajevo, du Corps d'armée de Sarajevo Romanija.

19 Question: Monsieur Golic, lorsque vous dites que vous étiez membre du

20 Bataillon de Rogatica en 1992, est-ce que vous pourriez nous dire à quel

21 moment ce Bataillon de Rogatica a été formé?

22 Réponse: Le Bataillon de Rogatica a été formé en 1992, en mars, après le

23 démantèlement des unités existant sur ce territoire provoqué par le

24 retrait des membres de confession musulmane des unités de la JNA.

25 Mme Pilipovic (interprétation): Merci. Monsieur Golic, vous nous avez dit

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1 que le Bataillon de Rogatica a été créé en 1992. Est-ce que vous pourriez

2 nous dire quelle était la tâche, la mission de ce bataillon?

3 M. Golic (interprétation): Puis-je expliquer quelque chose? Donc ce

4 bataillon a été créé après les premières manifestations, barricades à

5 Sarajevo lorsque quelqu'un a été tué lors d'un mariage serbe à Bascarsija

6 et les Serbes se sont sentis menacés.

7 M. Piletta-Zanin: Je pense qu'il y a une erreur dans le transcript

8 anglais. Je lis: "First barracks". Je ne suis pas sûr que ce soit le terme

9 idoine. Je pense que le transcript mentionnait quelque chose d'autre. Je

10 le dis, je ne peux pas le répéter, mais je le dis clairement ici.

11 M. le Président (interprétation): Oui. Lorsque vous avez clarifié votre

12 réponse, vous avez dit: "a été créé après les premières manifestations",

13 c'est-à-dire les premières quoi? Je vois que vous lisez le compte rendu

14 d'audience.

15 M. Golic (interprétation): Les premières barricades, barrages à Sarajevo.

16 M. le Président (interprétation): Oui, d'accord. Maintenant, c'est clair.

17 Poursuivez.

18 Mme Pilipovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

19 Monsieur Golic, est-ce que vous avez reçu personnellement un appel pour

20 rejoindre les rangs de cette unité?

21 M. Golic (interprétation): Non, le 3 mars, j'ai simplement appris que tous

22 les Serbes se regroupaient de leur propre gré près de Rogatica et donc il

23 ne s'agissait pas d'un regroupement organisé,

24 mais spontané par la population serbe qui vivait dans la région dans

25 laquelle moi-même je vivais et travaillais.

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1 Question: Merci. Monsieur Golic, lorsque vous nous avez dit qu'en

2 septembre 1992, en tant que membre du bataillon de Rogatica, vous étiez

3 sur des positions, comme vous avez dit, à Petrovici au-dessous de

4 Trebevic.

5 Réponse: Oui, au-dessous.

6 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire quand, en tant que membre du

7 Bataillon de Rogatica, vous êtes arrivé aux positions appartenant à la

8 ville de Sarajevo?

9 Réponse: Nous y sommes arrivés le 3 mai, après les événements qui se sont

10 déroulés autour des casernes de l'ancienne JNA et du retrait de la JNA de

11 Sarajevo, de même que les évènements dans la rue Dobrovoljacka, donc le 3

12 mai 1992.

13 Question: Merci. Monsieur Golic, en tant que membre du Bataillon de

14 Rogatica, est-ce que vous pourriez nous dire combien de personnes en

15 faisaient partie?

16 Réponse: Au début, le bataillon contenait 450 membres, mais beaucoup de

17 personnes, en raison de leur peur ou pour d'autres raisons, ne sont pas

18 allées à Sarajevo, donc nous n'étions que 250 à aller à Sarajevo.

19 Question: Lorsque vous nous dites que vous êtes allés à Sarajevo, est-ce

20 que vous pourriez nous dire à la suite de l'appel lancé par qui vous y

21 êtes allés?

22 Réponse: Nous, en tant que bataillon, nous avons répondu à l'appel et nous

23 nous sommes regroupés à Gucevo, le 4 avril après le Bajram musulman et les

24 Musulmans, à ce moment-là, tiraient de toutes les armes disponibles pour

25 célébrer. Et puis ensuite, les barrages routiers ont été érigés à Sarajevo

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1 et nous, on nous a convoqués pour que l'on se regroupe à Gucevo le 4

2 avril. Donc il s'est passé ce regroupement le 4 avril.

3 Question: Merci. Lorsque vous êtes arrivés à Sarajevo, en mai, comme vous

4 le dites, est-ce que vous pourriez nous dire quelles étaient les positions

5 occupées par votre bataillon?

6 Réponse: Notre bataillon a occupé les positions sur lesquelles la

7 population serbe avait érigé ses barrages routiers, donc les unités serbes

8 se trouvaient sur le territoire à partir du cimetière juif jusqu'au pont,

9 donc vers le conseil exécutif, le pont de Verbanja et le long de la

10 rivière de Miljacka, au sud, près du pont de la fraternité de l'unité,

11 ensuite le pont de Verbanja et ensuite près de Vraca, le stade de Grbavica

12 du nom de Vraca, et puis un peu plus long vers Mojmilo.

13 Puis-je clarifier encore quelque chose? La batterie d'obusiers a été

14 déployée sur le terrain de jeux ancien appartenant au club de football de

15 Lukavica et, pendant la nuit, nous avons dû nous retirer jusqu'à un

16 endroit appelé Ivanici parce que nous subissions des tirs violents des

17 tireurs embusqués.

18 Question: Merci. Monsieur le Président, je vois, c'est-à-dire mon collègue

19 attire mon intention sur le fait que sur le compte rendu d'audience, le

20 nom "Ivanici" ne figure pas.

21 Réponse: Oui, c'est un endroit qui se trouve en face de la colline.

22 Question: Merci, Monsieur Golic.

23 Monsieur Golic, dites-nous encore une fois, pour le compte rendu

24 d'audience, vous vous êtes retirés de Lukavica où?

25 Réponse: Nous nous sommes retirés du terrain de football à Lukavica, un

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1 endroit qui se trouve en face à Ivanici.

2 Question: Merci. Monsieur Golic, en ce qui concerne le Bataillon de

3 Rogatica, vous dites qu'il s'agissait d'une batterie d'obusiers, est-ce

4 qu'il y avait également des compagnies?

5 Réponse: Il y avait deux compagnies et une batterie d'obusiers dans le

6 bataillon et les compagnies d'infanterie ont été déployées sur des

7 positions à partir du cimetière juif, à travers le pont de Vrbanja vers le

8 stade de Zeljin.

9 Question: Très bien. Et vous dites que c'était une batterie d'obusiers.

10 Est-ce que vous pouvez nous dire de combien d'armes elle disposait?

11 Réponse: Oui, il s'agissait de six pièces d'artillerie.

12 Question: Et combien de personnes?

13 Réponse: Il n'y avait pas tellement de personnes parce que tous les

14 Musulmans s'étaient déjà retirés auparavant, donc elle était constituée

15 par des personnes dont la plupart n'était pas qualifiée et il y avait

16 seulement 45 personnes. Alors que normalement le nombre aurait dû être de

17 65.

18 Question: Est-ce que vous pouvez nous dire où se trouvait le commandement

19 de votre bataillon?

20 Réponse: Le commandement du bataillon se trouvait à Vraca dans un

21 bâtiment, près du monument et, à l'époque, c'est-à-dire à partir du mois

22 d'août, c'était dans une maison d'hôtes, à côté de Trebevic, près des

23 terrains de tennis.

24 Question: Monsieur Golic, est-ce que votre batterie d'obusiers avait un

25 poste de commandement?

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1 Réponse: Le commandement se trouvait au sein de la batterie, sauf

2 lorsqu'il devait être dans une position de reconnaissance, c'est-à-dire

3 une position depuis laquelle il pouvait observer la situation pour nous

4 dire où diriger nos tirs.

5 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire si les deux compagnies qui

6 faisaient partie du bataillon avaient leur propre poste de commandement?

7 Réponse: Oui.

8 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire où ces compagnies avaient

9 leur poste de commandement?

10 Réponse: Immédiatement après les lignes de démarcation. La première

11 compagnie avait son poste de commandement près de la maison des

12 religieuses, au-dessus du transit. Et la deuxième, dans un café qui se

13 trouvait un peu plus loin vers la rue de Zagrebacka.

14 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur Golic, lorsque vous nous avez

15 décrit la constitution de l'unité à laquelle vous apparteniez, les armes

16 dont vous disposiez, est-ce que vous pourriez nous dire si vous, en tant

17 que membre de la batterie d'obusiers, receviez des cibles que votre

18 batterie devait viser?

19 M. Golic (interprétation): Oui. A l'époque, j'étais le commandant du 2e

20 Peloton des tirs et le commandement supérieur nous donnait des ordres,

21 surtout verbalement, et parfois le chef chargé de l'artillerie de la

22 brigade, M. Grajic venait nous voir personnellement.

23 En ce qui concerne les cibles, il s'agissait des cibles depuis lesquelles

24 on tirait sur nos unités. Là, je parle des cibles appartenant aux

25 positions musulmanes.

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1 M. le Président (interprétation): J'écoutais et je ne lisais pas. Et je

2 n'ai pas remarqué qu'il y avait un message écrit, envoyé par nos

3 sténotypistes, qui demandent de ralentir pour le compte rendu d'audience.

4 C'est la manière dont les sténotypistes nous communiquent les choses.

5 Donc, Monsieur, non pas seulement pour les interprètes mais aussi pour

6 ceux qui doivent établir le compte rendu d'audience sur la base de tout ce

7 qui est dit dans ce prétoire, veuillez ralentir, s'il vous plaît,

8 Monsieur.

9 Poursuivez.

10 Mme Pilipovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

11 Monsieur Golic, vous nous avez dit que vous avez reçu des cibles, que

12 votre batterie devait viser. Est-ce que vous pouvez nous dire, vous

13 personnellement, est-ce que vous saviez quelles étaient ces cibles?

14 M. Golic (interprétation): Compte tenu du fait que j'étais pratiquement la

15 seule personne au sein de la batterie qui était vraiment qualifiée pour ce

16 genre de chose, le commandant de la batterie était M. Orasanin, le feu

17 Orasanin. Ensuite, son adjoint était… (L'interprète n'a pas entendu le

18 nom.)

19 Mme Pilipovic (interprétation): Je vous ai demandé...

20 M. Golic (interprétation): Je dois clarifier, s'il vous plaît. On me

21 demandait… Je connaissais toujours ces cibles puisque j'étais qualifié

22 pour cela.

23 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, dans le transcript, une partie de

24 ce qu'a dit le témoin n'a pas été traduite, mais c'est quelque chose qui,

25 me semble-t-il, n'est pas essentiel. Je le souligne pour la cabine. Cela

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1 ne me paraît pas essentiel pour son témoignage. Merci.

2 M. le Président (interprétation): Oui. Une partie de la réponse n'apparaît

3 pas sur le compte rendu d'audience.

4 Mais, Maître Pilipovic, vous avez ensuite demandé au témoin de répondre à

5 la question ou bien est-ce qu'il s'agit d'autre chose? Est-ce que vous

6 pourriez nous expliquer de quelle page et de quelle ligne vous parlez?

7 M. Piletta-Zanin: Non, c'était juste avant. Mais cela n'a pas une très

8 grande importance, Monsieur le Président. Je ferai vérifier à l'écoute de

9 la cassette si besoin est. Que le témoin continue, je crois, cela ne

10 changera rien au sens même.

11 M. le Président (interprétation): La question était de savoir quelle page

12 et quelle ligne.

13 M. Piletta-Zanin: Bien. Cela se situait sans doute aux alentours de la

14 ligne 10 de la page précédente, la 21, selon mon écran. Merci.

15 M. le Président (interprétation): Oui. Ensuite, Maître Pilipovic, vous

16 avez demandé au témoin de répondre à votre question plutôt que de

17 poursuivre ce qu'il était en train de dire.

18 Veuillez poursuivre vous-même, s'il vous plaît.

19 Mme Pilipovic (interprétation): Merci.

20 Monsieur Golic, vous nous avez donc dit que, compte tenu de votre

21 spécialité, de vos qualifications, que vous étiez qualifié pour manier les

22 obusiers. Je vous ai demandé si vous receviez les cibles, le déploiement

23 des cibles?

24 Témoin Golic (interprétation): Oui.

25 Question: Est-ce que vous pourriez nous dire, en 1992, quelles étaient les

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1 cibles visées par votre batterie? Je parle des cibles de la partie

2 adverse.

3 Réponse: Je dois souligné qu'avant d'arriver à Petrovici, nous étions à

4 Ivanici et nos cibles étaient tout à fait différentes par rapport aux

5 cibles de Petrovici. Donc lorsque nous sommes arrivés à Petrovici…

6 Mme Pilipovic (interprétation): S'il vous plaît, Monsieur, dites-nous:

7 lorsque vous êtes arrivé à Ivanici, quelles étaient vos cibles?

8 M. Golic (interprétation): Nos cibles étaient les cibles, les positions

9 depuis lesquelles l'armée musulmane tirait surtout sur notre bataillon qui

10 se trouvait à Grbavica. Donc ces cible étaient Zetra, ensuite une partie

11 de la rue Rudjer Boskovic, le tunnel Kosevo à l'axe de communication prévu

12 pour les Jeux olympiques de 1984, ensuite au-dessus de la rue Rudjer

13 Boskovic où se trouvaient deux obusiers de l'armée musulmane. Ensuite,

14 j'énumère le long de la ligne de démarcation à Grbavica, donc le pont de

15 l'unité de la fraternité, là où les Musulmans essayaient souvent de percer

16 vers nos territoires.

17 M. Stamp (interprétation): Est-ce que le témoin pourrait ralentir? Le

18 compte rendu d'audience doit être clair par rapport à ce que le témoin a

19 dit.

20 Et je souhaite dire pour le compte rendu d'audience qu'il s'agit là de

21 quelque chose dont nous n'avons pas été informés. Nous avons reçu trois

22 résumés concernant la déposition de ce témoin de la part de la défense.

23 Nous avons demandé plus de détails. Nous avons été informés que le témoin

24 allait parler des cibles, des obusiers ou bien des positions des obusiers

25 le long de la ligne de démarcation, mais nous n'étions pas informés du

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1 fait que la défense demandera des clarifications concernant ce genre de

2 moyens de preuve et je souhaite dire cela pour le compte rendu d'audience

3 pour que ce soit clairement consigné.

4 M. le Président (interprétation): Oui, je suppose que si vous êtes en

5 désaccord et si vous dites que vous avez informé le Procureur, je souhaite

6 voir moi-même le résumé.

7 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, vous l'avez vu l'autre jour. J'en

8 fais une lecture: "Au plan générique, c'est-à-dire pour chacun des

9 témoins, chacun des témoins déposera sur: confusion des objets militaires

10 et civils -militaires et civils- comme l'importance de leur nombre,

11 l'existence des moyens de protection, etc.".

12 Il est clairement indiqué, je ne fais que lire immédiatement cela, il est

13 clairement indiqué que les témoins déposeront, pour tous les militaires,

14 sur l'importance des objets militaires et leur nombre, ainsi, bien

15 évidemment, que leur lieu. Cela se trouve clairement dit et je l'ai même

16 dit, Monsieur le Président, dans les termes suivants: "de caractère

17 générique, toutes armes confondues ou non", c'est-à-dire petit feu, grand

18 feu, etc., etc.

19 Monsieur le Président, cette objection est destinée à nous faire perdre un

20 temps précieux dès lors que cette indication formelle était en main de M.

21 Stamp et je l'ai vue l'autre jour dans le classeur de M. Ierace, il s'agit

22 là d'une stratégie belliqueuse.

23 M. le Président (interprétation): Monsieur Stamp, Me Piletta-Zanin fait

24 référence à l'observation à caractère général.

25 M. Stamp (interprétation): Je ne sais pas s'il est approprié de recevoir

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1 des résumé des dépositions faites par les témoins. Nous avons reçu des

2 résumés contenant des précisions, or le témoin ne parle pas de ces

3 aspects-là. Il fait une déposition à propos de choses qui ne figurent pas

4 dans les résumés.

5 Nous avons reçu trois résumés de la part de la défense au sujet du témoin

6 qui est actuellement entendu, et pour l'heure, il est en train de faire un

7 témoignage au sujet d'aspects qui ne sont pas mentionnés dans les résumés.

8 M. le Président (interprétation): Vous aurez peut-être constaté que

9 certaines de ces questions, Monsieur Stamp, figurent ou font partie plutôt

10 de l'objet du témoignage déposé par l'ensemble des témoins, et qui par la

11 suite font l'objet de précisions. C'est-à-dire que les précisions sont

12 données par chacun des témoins qui est appelé à faire une déposition.

13 Monsieur Golic, je vous demande de bien vouloir ralentir de sorte que le

14 compte rendu consigne l'entièreté de vos propos.

15 Je vous prie de continuer.

16 Mme Pilipovic (interprétation): Je vous remercie. Monsieur Golic…

17 M. Golic (interprétation): Est-ce que je peux terminer ma dernière

18 déposition.

19 Mme Pilipovic (interprétation): Je vous prie de bien vouloir patienter.

20 Vous venez de nous dire que les premières cibles se trouvaient dans la

21 zone de Kosovo. Est-ce correct?

22 M. Golic (interprétation): Oui.

23 Question: Pouvez-vous nous dire à partir de quelle position et avec

24 quelles armes est-ce que Kosevo a été prise pour cible par la partie

25 adverse?

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1 Réponse: La partie adverse disposait d'un mortier ou un obusier de 120

2 millimètres, elle disposait de deux chars et des mortiers de 120

3 millimètres qui étaient installés sur une voiture de train, peut-être deux

4 qui sortaient du tunnel, ouvraient le feu pour ensuite se retirer dans le

5 tunnel.

6 Question: Je vous prie de bien vouloir ralentir.

7 Réponse: Ils avaient également deux mortiers qui étaient installés sur une

8 voiture de train, près de la gare. Il s'agissait du nouveau bâtiment de la

9 gare de Sarajevo.

10 Question: Merci. Vous avez également précisé qu'il disposait de deux

11 mortiers près du bâtiment de la gare. Pouvez-vous nous dire lequel?

12 Réponse: La nouvelle gare de Sarajevo, près de la nouvelle zone.

13 Question: Monsieur Golic, je vous prie d'être précis. Vous parlez de ces

14 endroits, de ces pièces d'artillerie qui appartenaient à l'armée de la

15 JNA. Vous faites allusion à des positions qui devaient être prises pour

16 cibles à partir d'où? Est-ce que c'est Ivanici ou Petrovici?

17 Réponse: Ivanici.

18 Question: Merci. Lorsque vous vous trouviez dans la région de Kosevo, est-

19 ce que vous pouvez nous dire au cours de quelle période l'armée de la BH

20 avait ouvert le feu?

21 Réponse: Il s'agissait de la période qui a coïncidé avec le début de notre

22 positionnement à Ivanici jusqu'à la fin de juillet 1992. Leurs opérations

23 se déroulaient de façon continue et nous tenons à préciser que, très

24 souvent, nous enregistrions les intervalles qui s'écoulaient entre les

25 salves et nous pouvions également préciser les pièces d'artillerie qui

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1 avaient été utilisées.

2 Question: Monsieur Golic, vous nous avez dit qu'en septembre, vous vous

3 trouviez à Petrovici?

4 Réponse: Oui. En septembre 1992.

5 Question: Pouvez-vous nous dire, en septembre 1992, quelles étaient les

6 cibles qui vous avaient été assignées, c'est-à-dire les cibles qui étaient

7 prises à l'égard des forces musulmanes?

8 Réponse: Il s'agissait d'une cible située à 6.300 mètres, donc notre cible

9 ne pouvait pas aller au-delà du cimetière juif. Ils avaient déployé

10 l'armée et ils ont très rarement ouvert le feu à partir du mois d'août.

11 Notre batterie ne fonctionnait pas parce que les observateurs de la SFOR

12 étaient déjà arrivés et ils visitaient régulièrement notre position; ils

13 savaient en quoi consistaient nos opérations qui étaient de plus en plus

14 rares.

15 Question: Merci. Monsieur Golic, en septembre 1992, vous vous trouviez à

16 Petrovici, c'est-à-dire que votre batterie était stationnée là-bas.

17 Pouvez-vous nous dire jusque quand vous êtes restés là-bas?

18 Réponse: Nous sommes restés là-bas jusqu'à la mi-octobre, jusque vers la

19 date du 20 octobre 1992.

20 Question: Pouvez-vous nous dire si, en octobre 1992, vous avez reçu une

21 autre mission? Qu'est-il advenu de votre Bataillon?

22 Réponse: Nous avons reçu des informations du représentant de la brigade de

23 Rogatica qui venait chercher une assistance parce qu'après le 15 octobre,

24 il y avait une offensive très violente menée par les forces musulmanes à

25 partir de Gorazde, à partir de Trnovo, au sud de Rogatica, et nous nous

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1 sommes retirés. Et lorsque nous sommes arrivés à Rogatica, le bataillon a

2 été démantelé et nous avons été rattachés à la Brigade de Rogatica.

3 Mme Pilipovic (interprétation): Merci.

4 M. Stamp (interprétation): Juste pour obtenir des précisions. Dans le

5 compte rendu, je vois y ici qu'il est fait allusion à l'armée "Turbish",

6 M. Golic (interprétation): Je vous prie de m'excuser. C'est là le terme

7 que nous utilisions pour les qualifier.

8 Mme Pilipovic (interprétation): Est-ce que vous avez dit qu'en octobre

9 1992, le Bataillon de Rogatica avait été démantelé?

10 M. Golic (interprétation): Il a été rattaché à la Brigade de Rogatica, a

11 reçu des nouvelles missions et il n'existait plus en tant que bataillon

12 distinct.

13 Question: Je vous remercie. J'aimerais obtenir une information au sujet de

14 la Brigade de Rogatica. A quel corps était rattachée la Brigade de

15 Rogatica? Est-ce que vous le savez?

16 Réponse: Je ne sais pas. Il s'agissait de la Brigade légère de Rogatica.

17 Je pense que nous étions rattachés à la brigade, au Corps de Zvornik.

18 Question: Monsieur Golic, vous nous avez parlé du déploiement de

19 l'artillerie de l'armée de la Bosnie-Herzégovine. Est-ce que vous savez si

20 cette armée disposait ou avait des armes d'artillerie, et si elle a

21 utilisé ces armes contre votre bataillon?

22 Réponse: A mon avis, non. Je sais que les forces musulmanes étaient armées

23 de façon plus adéquate que nous, disposaient d'armes légères et d'armes

24 d'infanterie. Elles disposaient de moins de pièces d'infanterie. Mais la

25 situation a évolué lorsque la caserne "Maréchal Tito" a été remise à

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1 Sarajevo. Et j'ai très souvent, personnellement été exposé au feu

2 d'artillerie.

3 Mme Pilipovic (interprétation): Je vous prie de bien vouloir ralentir.

4 Ma question était de savoir si vous aviez connaissance du fait que l'armée

5 de la BH disposait d'armes d'infanterie et de quel type?

6 M. Golic (interprétation): Oui. Ils disposaient de fusils automatiques, de

7 même que nous-mêmes, des M17, des mitrailleuses antiaériennes et des M84.

8 J'ai personnellement pu me convaincre de cela, étant donné que je devais

9 me rendre à Sarajevo et dans la rue Skenderija. Le 1er avril 1992, nous

10 sommes rentrés dans un appartement en tant que civils. Nous n'étions plus

11 membres de l'armée. Nous recherchions...

12 M. le Président (interprétation): Je vous prie de bien vouloir vous

13 interrompre. Il ne s'agit pas simplement de ralentir la cadence, mais je

14 tiens à vous rappeler que nous sommes également tenus de respecter les

15 horaires. Je vous prie de bien vouloir écouter avec soin les questions qui

16 vous sont posées et, si Me Pilipovic a besoin d'informations

17 supplémentaires, elle reposera des questions.

18 Donc la question qui vous a été posée était de savoir si vous êtes… s'il

19 était question d'armes d'infanterie et de quel type d'armes il s'agissait?

20 Vous avez commencé par donner ces informations, puis, vous avez commencé à

21 parler d'une opération que vous deviez faire, en date du 1er avril, dans

22 un appartement, etc. Si Me Pilipovic estime que cela est nécessaire, elle

23 vous posera cette question.

24 M. Golic (interprétation): J'ai trouvé un appartement rempli d'armes.

25 M. le Président (interprétation): Je comprends. Mais permettez-moi de vous

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1 donner un exemple. Si je vous demande de savoir si vous êtes venu à La

2 Haye par voiture et si vous êtes venu à La Haye par avion, dites

3 simplement:"Je ne suis pas venu par voiture". Et si Me Pilipovic souhaite

4 savoir quel est le mode de transport que vous avez utilisé, elle vous

5 posera la question. Et si vous n'êtes pas venu par voiture, vous pourrez à

6 ce moment-là préciser quel moyen de transport vous avez utilisé.

7 Je vous prie de continuer, Maître Pilipovic.

8 Mme Pilipovic (interprétation): Je vous remercie. Pouvez-vous répondre à

9 mes questions?

10 A partir de quelles positions l'armée de la BH a agi en utilisant des

11 armes d'infanterie?

12 M. Golic (interprétation): Oui.

13 Question: Pouvez-vous nous dire quelles étaient ces positions?

14 Réponse: Il s'agissait de positions près du cimetière juif, sur la partie

15 orientale du cimetière juif qu'ils utilisaient régulièrement pour essayer

16 de franchir nos lignes. Puis les positions sur la rive nord de la rivière

17 Miljacka vers Vraca. Donc du bâtiment de l'assemblée de l'hôtel Holiday

18 Inn, du conseil exécutif, des grands bâtiments de l'hôtel Bristol, de la

19 zone qui se situait près de l'institut du génie mécanique, près du pont de

20 la fraternité et de l'unité, le long des casernes de l'ancienne JNA qu'il

21 essayait de prendre, donc, essentiellement autour de la caserne de Viktor

22 Bubanj.

23 Question: Merci. Monsieur Golic, en septembre 1992, nous parlons donc de

24 la période comprise entre septembre et octobre 1992. Pouvez-vous nous dire

25 s'il y avait des combats dans la zone où vous vous situé?

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1 Réponse: Dans la zone de la batterie non, mais dans la zone du bataillon

2 il y avait des combats sur une base quotidienne et des tentatives étaient

3 faites par l'armée de la BH pour prendre nos positions et pour faire des

4 percées.

5 Question: Monsieur Golic, lorsque vous avez énuméré les caractéristiques,

6 les bâtiments qui étaient d'après vous les positions occupées par l'armée

7 de la BH, pouvez-vous nous dire, d'après vous les bâtiments par apport à

8 vos propres positions. Est-ce que leurs positions étaient prédominantes ou

9 est-ce que c'étaient les vôtres qui dominaient? Pouvez-vous expliquer?

10 Réponse: Jusqu'à la rivière Miljacka, les positions étaient similaires. En

11 ce qui concerne la zone près du cimetière juif nous étions dominants, mais

12 leurs positions près de l'institut du tabac et les autres positions à

13 partir desquelles ils tiraient à partir d'armes d'artillerie, ces

14 positions-là étaient dominantes pour eux. Je parle de leurs positions sur

15 le mont Kosevo.

16 Question: Monsieur Golic, lorsque vous avez énuméré ces cibles dont vous

17 aviez connaissance, il s'agissait des positions militaires occupées par

18 l'armée de la BH qu'il s'agissait d'artillerie ou d'armes qui avaient été

19 positionnées, vous avez également parlé du fait qu'il y avait des voitures

20 du train?

21 Réponse: Oui.

22 Mme Pilipovic (interprétation): Pouvez-vous nous dire ce que vous avez vu

23 et à partir de quand l'armée de la BH a fonctionné à partir de cette

24 voiture du train?

25 M. Stamp (interprétation): Je suis désolé, il se peut qu'il s'agisse d'un

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1 problème d'interprétation mais est-ce que nous disposons d'éléments de

2 preuve concernant ces voitures du train?

3 M. le Président (interprétation): Oui, nous avons quelque chose, oui.

4 M. Golic (interprétation): Il s'agissait de voitures du train.

5 M. le Président (interprétation): Je vous prie de bien vouloir poursuivre.

6 Je vais essayer de vous aider, Monsieur Stamp.

7 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur Golic, pouvez-vous répondre à ma

8 question. Lorsque vous dites qu'ils ont utilisé des voitures du voiture du

9 train?

10 M. Golic (interprétation): Nous disposions de deux mortiers, un de 120

11 millimètres et un de 82 au sein de notre compagnon d'infanterie. Il y a eu

12 certains problèmes et j'ai été invité à retirer la grenade du mortier, il

13 s'agissait du mois de juin et j'ai personnellement vu que cette voiture du

14 train se trouvait derrière la gare, à partir de la zone de Vraca on

15 pouvait le voir, derrière le bâtiment de la gare. Nous pouvions voir ces

16 déplacements, les différents axes qu'ils empruntaient et le feu était,

17 donc provenait de là-bas. Ils ne disposaient pas de nombreux obus, ils

18 utilisaient peut-être deux à quatre obus en même temps.

19 M. le Président (interprétation): Monsieur Stamp, il s'agissait de la page

20 25, ligne 18.

21 M. Stamp (interprétation): Oui, je viens de le trouver. Je vous remercie.

22 M. Golic (interprétation): J'ai vu deux personnes qui utilisaient ce

23 mortier de 82 millimètres.

24 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur Golic, pouvez-vous nous dire

25 lorsque vous avez fait allusion à la gare, vous avez vu ces voitures du

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1 train qui utilisaient ces mortiers pour les lancer à partir de mortiers de

2 120 et 82 millimètres. Où se trouvait cette gare?

3 M. Golic (interprétation): Elle se trouve près de Velisici, c'est-à-dire

4 au bout.

5 Question: Vous nous avez dit que vous pouviez voir cela à partir des

6 positions de la Vraca?

7 Réponse: Oui, cela se trouvait en dessous de notre commandement, à l'est

8 de notre caserne.

9 Question: Pouvez-vous nous dire quelle était la distance, c'est-à-dire la

10 position de ces voitures du train et la position que vous occupiez pour

11 les voir?

12 Réponse: A vol d'oiseau, au maximum 3 kilomètres. Mais je n'ai pas

13 consulté une carte depuis le longtemps. Donc je ne pense pas que cela

14 pourrait être plus de 3 kilomètres.

15 Question: Monsieur Golic, étant donné que vous avez indiqué l'endroit à

16 partir duquel l'armée de la Bosnie-Herzégovine a utilisé des mortiers pour

17 ouvrir le feu sur vous...

18 Réponse: Il s'agissait juste d'une position.

19 Question: Nous reviendrons sur la question des positions.

20 Est-ce que vous pouvez nous dire à quelle fréquence ils ouvraient le feu?

21 Réponse: Il y avait un certain rythme. Il s'agissait de tirs quotidiens,

22 mais nous savions plus ou moins quand ils allaient ouvrir le feu. Nous

23 essayions de les attraper lorsqu'ils étaient les plus sensibles. C'est-à-

24 dire en artillerie, le moment le plus sensible pour la partie adverse est

25 le moment lorsqu'ils commencent à ouvrir le feu.

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1 Question: Je vous remercie. Vous venez de nous répondre à une question

2 concernant la position de cette voiture du train.

3 Lorsque vous vous trouviez sur la ligne de front qui était tenue par votre

4 batterie, avez-vous vu, personnellement, l'armée de la Bosnie-Herzégovine

5 utiliser d'autres véhicules, en tant que positions mobiles?

6 Réponse: Oui. Il y avait des relèves au niveau de la batterie. Lorsqu'un

7 commandant s'absentait, quelqu'un d'autre devait le remplacer. Je me suis

8 personnellement rendu au poste d'observation et j'ai vu un camion -je

9 pense qu'il s'agissait d'un camion de 13 tonnes-, qui sortait du tunnel

10 près du croisement de Kosevo, comme cela était appelé. Il ouvrirait le feu

11 et puis retournerait rapidement dans le tunnel. Il s'agissait d'un camion

12 de la classe FAP13.

13 Question: Monsieur Golic, pouvez-vous nous dire, s'agissant de ce camion,

14 que vous avez appelé FAP13, quelles étaient les armes qui étaient

15 installées sur ce camion, s'il y en avait?

16 Réponse: Il y avait un lance-roquettes de 120 millimètres. Nous pouvions

17 observer cela à l'aide de lunettes.

18 Question: Monsieur Golic, dans la région de Kosevo, vous avez expliqué que

19 l'armée de la BH avait utilisé un mortier ou un obusier mobile à partir

20 duquel il ouvrait le feu. Vous avez également fait allusion aux chars?

21 Réponse: Je pense qu'ils avaient deux chars, mais je ne suis pas certain.

22 Ces chars étaient stationnés là-bas. On pouvait voir les canons qui

23 dépassaient sur la colline sud-est de Hum vers Ciglana. Il s'agit d'une

24 zone sur laquelle il n'y avait pas de constructions. Juste au-dessus de la

25 rue de Rudjer Boskovic, et sur la droite vers Velisici.

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1 Question: Merci. Monsieur Golic, avez-vous personnellement vu les chars

2 auxquels vous avez fait allusion près du tunnel de Kosevo? Est-ce que le

3 feu a été ouvert à partir de cet endroit?

4 Réponse: Je n'ai pas vu le feu qui avait été ouvert depuis ces chars parce

5 que je ne me trouvais pas systématiquement à ce poste d'observation. Mais

6 j'ai vu qu'il y avait des opérations qui se déroulaient dans cette région.

7 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur Golic, vous nous avez expliqué,

8 vous nous avez apporté des précisions concernant les positions occupées

9 par votre bataillon. Pouvez-vous nous dire quelle était la distance entre

10 les lignes de front?

11 M. Golic (interprétation): Depuis notre position, la ligne de front était

12 éloignée de 3.000 à 3.500 mètres. L'angle était de 53.00 à 7.00.

13 M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, si nous regardons

14 l'heure, peut-être qu'il serait bon de faire une pause.

15 Mme Pilipovic (interprétation): Oui, ce serait un bon moment.

16 M. le Président (interprétation): Nous allons ajourner jusqu'à 11 heures.

17 (L'audience, suspendue à 10 heures 32, est reprise à 11 heures 06.)

18 M. le Président (interprétation): Avant de reprendre nos travaux, Maître

19 Pilipovic, le chef de la section chargée d'interprétation a demandé des

20 exemplaires des résumés de dépositions des témoins pour des cabines,

21 puisque ces résumés contiennent un certain nombre d'informations qui

22 peuvent aider les interprètes.

23 Je vous prie, même si vous avez une mise à jour, je vous prie, de tenir

24 compte des interprètes et de leur fournir toujours ces résumés.

25 Mme Pilipovic (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

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1 M. Stamp (interprétation): Très brièvement, je souhaite aborder la

2 question des résumés. Puis-je le faire à présent?

3 M. le Président (interprétation): Pourriez-vous, s'il vous plaît, le faire

4 après la déposition de ce témoin. Mais si vous avez l'impression que ceci

5 pourrait influer sur le déroulement de la déposition, il serait mieux de

6 le faire en l'absence du témoin.

7 Si c'est en termes généraux que vous souhaitez aborder cette question,

8 dans ce cas-là, j'aimerais mener à son terme la déposition du témoin.

9 M. Stamp (interprétation): Je souhaiterais faire cela après

10 l'interrogatoire principal, puisqu'il y a des choses au sujet desquelles

11 je voudrais poser des questions à la Chambre pour qu'elle nous donne peut-

12 être quelques lignes directrices.

13 M. le Président (interprétation): Très bien. Dans ce cas-là, nous allons

14 poursuivre avec l'interrogatoire principal et, par la suite, nous allons

15 vous entendre.

16 Je vous prie de vous préparer pour que ce soit le plus bref et le plus

17 succinct possible, Maître Pilipovic.

18 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, c'est mon confrère

19 qui poursuivra avec l'interrogatoire afin d'être plus efficace.

20 M. le Président (interprétation): Je vous en prie, vous avez la parole.

21 (Interrogatoire principal du témoin, M. Izo Golic, par Me Piletta-Zanin.)

22 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Témoin, bonjour.

23 M. Golic (interprétation): Bonjour.

24 Question: Je vous sais gré, lorsque vous le pourrez, de me répondre par

25 oui ou par non, si cela vous est possible seulement. Le pourriez-vous?

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1 Réponse: Oui.

2 Question: Merci. Monsieur le Témoin, j'aimerais que vous m'indiquiez les

3 positions élevées dominantes que tenaient les positions musulmanes, les

4 forces musulmanes, à Sarajevo, à votre connaissance, et à l'époque où vous

5 étiez sur la zone de Sarajevo. Brièvement.

6 Réponse: Il y avait ces positions dans la zone du mont Kosevo vers Zetra,

7 en direction du stade de Kosevo et derrière notre partie du front, en

8 amont par rapport au cimetière juif, vers la tour à Zlatiste -lorsque nous

9 sommes arrivés là parce que, plus tard, nous avons réussi à débloquer

10 Zlatiste-, puis sur les pentes du mont Trebevic, à Colina Kapa aussi. Donc

11 c'était en amont par rapport à nos positions.

12 Question: Merci, vous venez d'indiquer ces positions en amont. Comment

13 s'appelait la montagne en question? Pouvez-vous dire le nom…

14 Réponse: Excusez-moi, je voudrais ajouter.

15 Question: Attendez. Vous ajouterez après, mais maintenant, chose par

16 chose, je vous prie. Pouvez-vous me dire le nom de la montagne qui se

17 trouvait en amont?

18 Réponse: Trebevic.

19 Question: Est-ce que le nom de Debelo Brdo vous dit quelque chose?

20 Réponse: Oui, mais…

21 Question: Répondez-moi simplement par oui ou non, si vous le pouvez,

22 Monsieur.

23 Réponse: Oui, oui.

24 Question: Est-ce que cette montagne était proche de vos positions, oui ou

25 non?

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1 Réponse: Oui.

2 Question: Merci beaucoup. Pouvez-vous dire à cette Chambre qui se trouvait

3 sur ces positions "Debelo Brdo"?

4 Réponse: Les Musulmans.

5 Question: Monsieur le Témoin, j'apprécie parfaitement vos réponses courtes

6 et nous pourrions continuer comme cela.

7 Vous avez mentionné le nom de Colina Kapa, vous en souvenez-vous, oui ou

8 non?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Y a-t-il une seule Colina Kapa ou y en-t-il plusieurs? Pourriez-

11 vous nous le dire?

12 Réponse: Il y a un observatoire placé à Colina Kapa, il y a une seule

13 Colina Kapa.

14 Question: Pardonnez-moi, est-ce que ce nom est distingué entre "petite" et

15 "grande", c'est-à-dire en serbe, je dois le dire, "velika i mala".

16 Réponse: Je ne suis pas au courant de cela.

17 Question: J'aimerais que vous me citiez maintenant, si vous le pouvez,

18 d'autres noms de positions autres que ceux que vous avez mentionnés à

19 Sarajevo où se situaient les troupes musulmanes.

20 Réponse: De notre côté, ce que je voulais ajouter, c'était le mont Mojmilo

21 dans toute sa longueur. Au nord, il n'y avait pas, enfin ce n'était pas

22 notre partie du territoire.

23 Question: Merci beaucoup. Témoin, connaissez-vous, la colline dite "Zuc"?

24 Réponse: Oui, elle est située au nord.

25 Question: Savez-vous qui s'y trouvait?

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1 Réponse: Eh bien, la colline de Zuc a changé de main. Il y avait des

2 Musulmans, enfin c'était en partie entre les mains des Musulmans, mais je

3 n'étais pas de ce côté-là des opérations. Ce n'était pas dans la portée

4 de…

5 Question: Merci. Je vous demande si vous la connaissez et si vous pouvez

6 me répondre par oui ou non. C'est bien. Comme ça, nous progresserons plus

7 vite.

8 Connaissez-vous la colline de Hum? Oui, non?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Pouvez-vous dire, à l'époque où vous étiez sur Sarajevo, qui se

11 trouvait, quelles forces se trouvaient sur Hum?

12 Réponse: Des Musulmans.

13 Question: Merci beaucoup.

14 Monsieur le Témoin, je passe à un autre sujet maintenant, celui des

15 instructions. Avez-vous jamais reçu, en tant que militaire, des

16 instructions émanant de votre hiérarchie concernant la question des

17 civils, oui ou non?

18 Réponse: Il nous a été dit de manière stricte qu'il ne fallait pas prendre

19 pour cible des objectifs qu'on aurait choisis de notre propre gré, et on

20 nous a dit que nous devions respecter les Conventions de Genève. Cela a

21 été lu à tous les soldats. On nous a menacés de cour martiale.

22 Question: Stop, je vous interromps. Pardonnez-moi, mais je dois le faire.

23 Vous dites que cela vous a été lu, pouvez-vous indiquer brièvement ce qui

24 vous a été lu?

25 Réponse: Généralement, ces textes contenaient deux éléments.

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1 Premièrement, il y avait une recommandation, nous enjoignant à adopter un

2 comportement en tant que soldat pour notre part.

3 Puis, dans la deuxième partie, il y avait des choses qui nous disaient

4 comment se comporter avec la partie musulmane. Bien entendu, nous ne

5 pouvions pas le vérifier, c'était donc ça les parties de ces injonctions

6 et qu'il ne fallait pas riposter par les mêmes moyens. Donc si eux

7 faisaient des choses qui n'étaient pas acceptables, il ne fallait pas

8 qu'on les adopte nous-mêmes.

9 Question: Monsieur le Témoin, vous avez parlé de sanctions. Mais très

10 brièvement, pouvez-vous nous indiquer ce qu'on vous disait à l'époque sur

11 les sanctions?

12 Réponse: Eh bien, on a constitué une cour martiale, dont le siège se

13 trouvait rue Zagrebacka. En tant que soldats, on a été un petit peu

14 embarrassés par ça, et j'ai eu des camarades qui ont protesté à ce sujet,

15 mais il a été dit que lorsqu'il y avait une infraction, eh bien, l'affaire

16 sera portée à la cour martiale. Il y avait un juge Sipcic de Sokolac qui

17 se trouvait là.

18 Question: Témoin, puisque vous indiquez qu'il y avait un juge -que vous

19 nommez- qui se trouvait là, voulez-vous me dire, je vous prie, si vous

20 savez ce qui a pu être fait s'il y a eu des violations? Je dis bien "s'il

21 y a eu". C'est hypothétique.

22 Réponse: Vraisemblablement, on aurait appliqué la loi régissant la guerre,

23 les lois qui étaient en vigueur dans l'armée de la Republika Srpska. Mais

24 je ne suis pas au courant de ce genre d'infraction de notre côté.

25 Question: Merci. Est-ce que, sur la question -je reviendrais sur un point

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1 après-, mais est-ce que, sur la question de la munition, vous aviez reçu

2 des instructions en termes d'emploi de munitions? Oui ou non? Oui ou non?

3 Réponse: Eh bien, les instructions, c'était… Oui, oui.

4 Question: Alors brièvement, Monsieur le Témoin, quelles étaient ces

5 instructions par rapport à l'utilisation de vos munitions ?

6 Réponse: Au début, il n'y avait pas ce genre d'instructions, mais à partir

7 du mois de juillet, il a été donné l'ordre d'économiser la munition, en

8 particulier pour ce qui est des obus, des obus de mortiers, que c'était

9 uniquement en cas d'attaque lancée par des Musulmans qu'il fallait

10 riposter et sinon pas du tout, parce qu'on en manquait. On n'avait pas

11 suffisamment d'obus de mortiers notamment.

12 Question: (inaudible) … Je vais juste faire une parenthèse et nous

13 reviendrons sur cette question. Vous avez dit "de notre côté". Puis-je

14 vous demander votre culture, votre appartenance ethnique, je vous prie?

15 Mais très brièvement, nous y reviendrons.

16 Réponse: Je suis athée.

17 Question: Très bien. Ça, c'est pour l'appartenance religieuse. Votre

18 culture?

19 Réponse: J'appartiens à la culture européenne.

20 M. Piletta-Zanin: Merci, pour la réponse. Elle est parfaite.

21 Je reviens sur la question des munitions, Monsieur le Témoin. Vous avez

22 parlé de tanks. Vos positions ont-elles jamais été bombardées par des tirs

23 de tanks? Oui ou non?

24 M. Stamp (interprétation): (Hors micro).

25 M. Golic (interprétation): Quant aux positions de la batterie d'obusiers,

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1 pas de chars. Mais pour ce qui est de l'infanterie, si.

2 M. Stamp (interprétation): Objection.

3 M. le Président (interprétation): Je ne vois qu'une partie de votre

4 objection dans le transcript. Et j'étais en train d'écouter sur le canal

5 français. Pourriez-vous, s'il vous plaît, répéter votre objection. Il me

6 semble qu'il s'agit d'un point de procédure, un point technique. Pourriez-

7 vous répéter votre objection en la présence du témoin.

8 M. Stamp (interprétation): Il s'agit d'une question directive.

9 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, de manière

10 générale, demander que le témoin vous réponde par un oui ou par un non,

11 très souvent vous entraîne à poser des questions directives.

12 Par ailleurs, Monsieur Stamp, si nous essayons de savoir si le témoin est

13 au courant de quelque chose, s'il a des connaissances au sujet d'un point,

14 il me semble qu'il est approprié de l'établir en lui posant ce genre de

15 questions, à savoir: "Etes-vous au courant du fait qu'il y a eu des

16 bombardements, oui ou non?". Il ne s'agit pas d'une question qui est

17 hautement directive. Donc si on n'avait pas posé ce genre de question, la

18 réponse aurait été peut-être moins appropriée. Ce que cherche Me Piletta-

19 Zanin, en réalité, c'est d'obtenir des réponses brèves. Et compte tenu du

20 contexte et des circonstances, ceci n'est pas un interdit.

21 Par conséquent, j'ai pu observer, Maître Piletta-Zanin, que, lorsque vous

22 abordez un thème ou une question par… une réponse par un oui ou un non, ne

23 serait pas une manière directive mais, en revanche, permettrait au témoin

24 de répondre brièvement, je vous l'accorderai. Mais je vous prie de ne pas

25 faire cela lorsqu'une réponse par un oui ou un non vous entraînerait à

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1 poser des questions directives.

2 Monsieur Stamp, vous avez la parole.

3 M. Stamp (interprétation): Je ne voudrais pas soulever d'objection lorsque

4 cela n'est pas absolument nécessaire, mais uniquement lorsqu'on invite le

5 témoin à répondre par un oui ou par un non, quand il s'agit là de coups de

6 feu ou de bombardements par chars.

7 M. le Président (interprétation): Si vous pouvez éviter question directive

8 à ce sujet, oui. Mais quant à savoir s'il y a eu des attaques, il me

9 semble que le témoin a déjà, à plusieurs reprises, dit que leurs positions

10 ont été attaquées.

11 M. Piletta-Zanin: Je vais simplement passer sur un autre sujet.

12 Témoin, vous nous avez parlé de ces véhicules mobiles appelés "FAP

13 PRESTON", FAP, montés en plate-formes de tir. Vous en souvenez-vous, oui

14 non?

15 M. Golic (interprétation): Oui.

16 Question: Témoin, avec quelle fréquence ces engins militaires ont-il été

17 amenés à tirer depuis les positions musulmanes, lorsque vous étiez, vous,

18 évidemment, stationné sur Sarajevo?

19 Réponse: Au début, c'était tous les jours, à des intervalles précis ou à

20 un moment précis durant la journée. J'ai dit qu'on essayait de relever

21 leurs activités à des moments précis. Et on savait à l'avance quel serait

22 l'intervalle entre les tirs. Donc c'était des moments très précis.

23 Question: Témoin, merci. Ces objets étaient-ils très mobiles? Oui non?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Témoin, avez-vous pu, vous-même, ou des hommes de votre

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1 compagnie, voir ces objets lorsque le feu était ouvert depuis les

2 positions adverses? Oui, non?

3 Réponse: Oui, à deux reprises.

4 Question: Oui, merci. A combien de reprises avez-vous pu voir cela?

5 Réponse: Personnellement, à deux reprises.

6 Question: Lorsque vous avez vu cela à deux reprises, à côté de quels

7 objets -par objets, j'entends bâtiments, autres choses- étaient stationnés

8 ces objets à partir desquels le feu est ouvert?

9 Réponse: A gauche du tunnel de Kosevo, à l'ouest du tunnel de Kosevo.

10 Question: Merci beaucoup. Etait-ce à côté de maisons? Etait-ce dans la

11 zone urbaine? Que sais-je.

12 Réponse: Oui.

13 Question: Merci beaucoup. Monsieur le Témoin, connaissez-vous

14 personnellement des personnes militaires ou civiles qui auraient été

15 blessées à la suite d'attaques conduites à partir de ces moyens mobiles?

16 Réponse: Non, pas dans ce cas-là.

17 Question: Merci. En général, connaissez-vous des personnes qui ont été

18 blessées à la suite d'attaques à la grenade? Oui ou non?

19 Réponse: Oui.

20 Question: S'agissait-il de militaires, de civils? Que pouvez-vous

21 brièvement nous en dire?

22 Réponse: Dans ce cas-là, il s'agit de soldats.

23 Question: Merci. Témoin, lorsque vous nous parlez des tirs émanant de la

24 partie adverse, et lorsque des attaques se produisaient, que pouvez-vous

25 nous dire du nombre des grenades qui tombaient sur vos positions?

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1 Réponse: Comme je l'ai déjà dit, ils n'ont pas tiré plus de deux à quatre

2 projectiles sur des positions différentes; généralement, un à deux

3 projectiles tombaient sur un point donné.

4 M. Piletta-Zanin: Témoin, merci.

5 M. le Président (interprétation): Vous nous avez dit qu'ils n'ont pas tiré

6 plus de deux ou… et qu'avez-vous dit par la suite?

7 M. Golic (interprétation): Deux à quatre, donc deux par pièce

8 d'artillerie. Mais permettez-moi une correction, c'est lorsqu'ils

9 n'attaquaient pas. Mais alors qu'ils préparaient une attaque, c'était

10 différent. C'est ce qui était constant.

11 M. le Président (interprétation): (Pas d'interprétation.)

12 M. Piletta-Zanin: Merci, Monsieur le Président.

13 Témoin, votre déposition est donc que lorsque la batterie ouvrait le feu,

14 il fallait s'attendre à quatre tirs successifs, dans un bref délai, de

15 grenades. Est-ce que c'est comme cela qu'on doit comprendre votre

16 déposition?

17 M. Golic (interprétation): Je n'ai pas compris votre question.

18 Question: Je repose la question. Vous parlez de trois, quatre coups. Est-

19 ce que vous parlez de salves, c'est-à-dire que lorsque la partie adverse

20 ouvrait le feu, elle ouvrait le feu en salves de trois ou quatre coups,

21 successivement dans le temps et rapprochées?

22 Réponse: Oui. Ils se dépêchaient.

23 Question: Merci. Pour quelle raison est-ce qu'ils se dépêchaient?

24 Réponse: Parce que nous ouvrions le feu sur leurs positions, sur eux.

25 Question: Merci. Témoin, êtes-vous en train de me dire que vous ouvriez le

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1 feu en réponse aux tirs ennemis?

2 Réponse: Oui.

3 Question: Merci. Témoin, selon ce qu'on vous avait enseigné,

4 militairement, est-il légitime de répondre à un tir qui vous est dirigé

5 alors même qu'il proviendrait de la ville?

6 Réponse: Pour moi, c'est normal.

7 Question: Merci beaucoup. Témoin, j'aimerais maintenant revenir sur un

8 autre champ de mes questions. Pourriez-vous me dire, je vous prie, si

9 votre bataillon a, à votre connaissance, jamais, puisque vous étiez en

10 charge de mortiers, jamais détruit des objets hautement culturels ou

11 symboliques, voire à caractère hautement religieux, etc.?

12 Réponse: Non.

13 Question: Merci beaucoup. J'aimerais revenir maintenant sur le quartier ou

14 la zone de Grbavica, je vous prie. Quel était le cheminement que vous

15 deviez faire si un civil était blessé, par hypothèse, pour l'amener dans

16 tel ou tel hôpital? Quelles étaient les routes ouvertes, je vous prie,

17 concernant le quartier que vous avez connu, Grbavica?

18 Réponse: Oui, et bien compte tenu du fait que pratiquement les positions

19 musulmanes se trouvaient à Debelo Brdo, l'ensemble de ce chemin était

20 couvert par les "snipers", par les tireurs embusqués. Nos soldats

21 n'étaient en sécurité que dans les tranchées ou plutôt dans les immeubles

22 qui se trouvaient sur la première ligne de front. C'est l'itinéraire qui

23 est aujourd'hui utilisé: on descend à Vraca. Donc s'il s'agit d'évacuer

24 nos blessés, alors on longe Vraca, puis on monte, on appelait cela après

25 le café "chez Stana", puis on passe vers le bas, il y a un passage. Puis,

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1 le chemin par Trebevic, lui aussi, a toujours été exposé aux feux de

2 snipers. Il nous a bien fallu utiliser des déviations, contourner par

3 Tvrdimici et par Jahorina, le mont "Jahorina". Donc, concrètement, notre

4 premier hôpital se trouvait à Pale.

5 Question: Merci beaucoup. Témoin, ce que vous indiquez là est-il également

6 valable pour les civils? Vous avez parlé des blessés militaires, mais

7 qu'en est-il des civils, je vous prie?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Merci beaucoup. Témoin, vous nous parlez de "snipers", comment

10 réagissiez-vous militairement à une attaque de snipers, si vous pouviez

11 réagir? Brièvement.

12 Réponse: On augmentait la vitesse du véhicule à bord duquel nous étions.

13 Question: Cela, c'est une stratégie de l'accélération, voire de la fuite.

14 Mais si vous avez des attaques menées contre vous, en général, comment

15 réagissiez-vous au danger que représentaient des nids de snipers?

16 Cherchiez-vous à les éliminer, etc.?

17 Réponse: Oui, il y a eu des tirs.

18 Question: Merci beaucoup. Savez-vous si des positions de snipers,

19 engageant qui que ce soit dans vos positions, existaient en d'autres lieux

20 que le mont que vous avez mentionné tout à l'heure?

21 Réponse: Oui.

22 Question: Bien. Voulez-vous nous dire précisément, si vous le savez, où

23 cela se trouvait, je vous prie? Je parle, bien sûr, du côté BH.

24 Réponse: Près de Colina Kapa, Debelo Brdo, comme vous l'avez dit vous-

25 même. Les tireurs embusqués se trouvaient en face, de l'autre côté de la

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1 rivière de Miljacka, au conseil exécutif, l'assemblée de l'ancienne

2 Bosnie-Herzégovine, à l'hôtel Holiday Inn.

3 Question: Répétez lentement pour le transcript. Répétez lentement, s'il

4 vous plaît.

5 Réponse: Donc au bâtiment du conseil exécutif, l'assemblée de l'ancienne

6 Bosnie-Herzégovine, l'hôtel Holiday Inn, l'hôtel Bristol, les positions en

7 face sur des bâtiments élevés de l'autre côté de la Miljacka, et ils

8 étaient directement tournés vers nos positions. Par conséquent, il était

9 très dangereux de passer à travers Vraca et d'utiliser notre axe de

10 communication qui était pratiquement la seule issue. C'était une rue qui

11 longeait Vraca.

12 Question: Témoin, merci beaucoup. Vous venez de nous parler d'immeubles

13 élevés, c'est ce que je vois au transcript. Ces immeubles élevés, que

14 pouvez-vous nous en dire? S'agissait-il d'immeubles à caractère militaire,

15 à caractère civil et des immeubles officiels, des immeubles d'habitations,

16 que sais-je?

17 Réponse: Il y n'a pas d'installation militaire là-dedans. Donc c'était

18 surtout des tours et puis des bâtiments résidentiels tout comme l'hôtel ou

19 bien l'assemblée et le conseil exécutif. Donc c'étaient les bâtiments qui

20 appartenaient à des organisations politiques avant la guerre.

21 M. Piletta-Zanin: Témoin, merci. A quelle fréquence ces nids étaient-ils

22 utilisés, pouvez-vous nous le dire, durant, bien sûr, votre période à

23 Sarajevo?

24 M. Golic (interprétation): Sans cesse.

25 M. Stamp (interprétation): Je pense qu'il faudrait jeter les bases tout

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1 d'abord, parce que le témoin se trouvait sur des positions à Sarajevo. Il

2 parlait des mortiers de 120 millimètres et de la portée de 6.000 mètres.

3 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, j'aimerais que cette objection

4 soit formellement rejetée. Pour la raison suivante: c'est que ce témoin a

5 dit et connu qu'il ne pouvait pas utiliser telle ou telle route, car il

6 était sous le feu et il a dit: "Lorsqu'on était sous le feu, on

7 accélérait." On peut partir du principe qu'il a une connaissance assez

8 rapprochée du phénomène et je crois que c'est assez factuel.

9 M. le Président (interprétation): Oui, au moins quand il passait en

10 voiture et si l'on parle de la fréquence, bien sûr. Non, l'objection, vous

11 avez fourni l'explication de la raison pour laquelle le témoin le sait

12 d'après ses explications. L'explication, elle peut être la bonne et ceci

13 explique peut-être une partie de l'objection, mais peut-être pas

14 l'ensemble de l'objection.

15 Monsieur, dites-nous, s'il vous plaît, lorsque vous avez répondu à la

16 question concernant l'emploi des nids de tireurs embusqués "sans cesse",

17 est-ce que vous pourriez nous dire sur la base de quoi vous avez affirmé

18 que ceci était utilisé sans cesse?

19 M. Golic (interprétation): Sur la base de mon expérience personnelle,

20 parce qu'ils tiraient sur tout ce qui bougeait. Et moi, j'avais l'habitude

21 en ce qui concerne les position de nos forces, de m'y rendre moi-même en

22 tant qu'observateur. Et les nôtres m'ont averti qu'il y avait des endroits

23 particuliers où nous pouvions passer entre deux tranchées qui nous

24 appartenaient, où il fallait contourner pour pouvoir voir les cibles et

25 les positions depuis lesquelles notre armée était attaquée.

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1 M. le Président (interprétation): Oui, je comprends qu'à chaque fois que

2 vous vous déplaciez dans cette zone, d'une position à une autre position,

3 les tireurs embusqués étaient toujours actifs. Ou bien au moins vous

4 preniez compte du fait et vous attendiez à ce qu'ils soient actifs sans

5 cesse. Ai-je bien compris?

6 M. Golic (interprétation): Oui.

7 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Témoin, vous avez parlé tout à l'heure des

8 bâtiments officiels de la présidence. Pouvez-vous décrire ce bâtiment?

9 J'entends très rapidement. Etait-ce un bâtiment ras de sol, s'agissait-il

10 d'autres choses, que sais-je?

11 M. Golic (interprétation): J'ai parlé du conseil exécutif et non pas de la

12 présidence.

13 Question: Pardonnez-moi, nous parlons du conseil exécutif. Vous avez

14 parfaitement raison.

15 Réponse: Il s'agit d'un bâtiment qui domine la partie de Sarajevo qui

16 s'appelle Marin Dvor, derrière le pont de Vrbanja. Je pense qu'il y a 13

17 étages, je ne suis pas tout à fait sûr, mais je pense que le bâtiment a 13

18 étages et ce bâtiment est dominant par rapport à nos positions à Miljacka

19 et à Vraca.

20 Question: Merci. Voulez-vous indiquer, si vous le savez personnellement,

21 comment ce bâtiment était utilisé durant la période de votre séjour,

22 c'est-à-dire de manière strictement civile ou, au contraire, de manière

23 militaire?

24 Réponse: Ce bâtiment n'était pas du tout employé pour des raisons civiles,

25 il n'y avait que des tireurs embusqués là-bas.

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1 Question: Merci beaucoup. Bien. Comment le savez-vous?

2 Réponse: Eh bien, j'ai dit, lorsque je me rendais sur nos positions en

3 bas, que le premier avertissement était qu'il fallait que j'évite tous les

4 endroits exposés à ce bâtiment du conseil exécutif. Et personnellement, à

5 deux reprises, lorsque je me trouvais près de l'école Radojka Lakic, on

6 entend la balle. Ce n'est pas vraiment un sifflement, la balle passe très

7 près, mais on sent que ça passe.

8 M. Piletta-Zanin: Merci. Témoin, puisque vous nous parlez de ces tireurs,

9 que pouvez-vous nous dire, en relation à ce problème, des craintes, des

10 peurs, que sais-je, des populations civiles vivant à Grbavica? Si vous le

11 savez. Mais très brièvement.

12 M. Stamp (interprétation): Objection.

13 M. Piletta-Zanin: Je reformule ma question. Merci. Témoin, vous avez parlé

14 de vos déplacements tout à l'heure. Savez-vous si votre armée avait dû

15 prévoir des structures particulières pour vous permettre des déplacements

16 moins dangereux, oui ou non?

17 M. Golic (interprétation): Oui.

18 Question: Merci. Témoin, très brièvement, ces structures de protection

19 pour votre armée, en quoi consistaient-elles?

20 Réponse: C'était une escorte, un chauffeur qui connaissait le chemin et

21 qui pouvait nous faire passer, exactement.

22 Question: Merci. Y avait-il des moyens de protection fixes et non pas

23 mobiles?

24 Réponse: Oui, on plaçait des écrans pour bloquer la vue. Donc il ne

25 s'agissait pas d'obstacles qui bloqueraient la balle, mais c'était des

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1 écrans qui bloquaient la vue. Par exemple, à Vraca et à Zlatiste, cela se

2 trouvait.

3 M. Piletta-Zanin: Ce type de protection que vous évoquez maintenant et que

4 vous mentionnez localement, était-il également utilisé pour la protection

5 des populations civiles? Je dis bien "ce type de protection".

6 M. le Président (interprétation): Avant de continuer dans ce sens, nous

7 avons entendu beaucoup de dépositions au sujet de cela. Est-ce que le

8 Procureur conteste cela, le fait que ce genre d'écran ou d'autres

9 structures de protection civile ou militaire existait du côté contrôlé par

10 les Serbes?

11 M. Stamp (interprétation): Non, nous ne le contestons pas.

12 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, surtout quand

13 quelque chose n'est pas contesté -et c'est l'une des dernières journées

14 consacrées à cela-, veuillez poursuivre sans insister sur ce genre de

15 point.

16 M. Piletta-Zanin: Merci beaucoup.

17 Monsieur le Témoin, vous nous avez parlé tout à l'heure des lieux

18 culturels ou d'importance stratégique à Sarajevo. Est-ce que vous y

19 incluez, par exemple, les musées, oui ou non?

20 M. Golic (interprétation): Oui.

21 Question: Merci. Monsieur le Témoin, selon votre expérience personnelle et

22 concernant les faits qui sont intervenus chez les adversaires, que pouvez-

23 vous nous dire à propos de musées, si telle est votre expérience

24 personnelle? Merci.

25 Réponse: Nous ne tirions pas sur ces objet-là. Mais je peux vous citer un

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1 exemple, après la prise du contrôle de la caserne "Maréchal Tito" lorsque

2 le camp musulman -je pense que c'était au mois de juin- a pris le contrôle

3 de cette caserne, je pense qu'au cours de cette période, dans la cour même

4 de ce musée, le Musée de la Terre -il y a plusieurs bâtiments autour et

5 puis, à l'intérieur, se trouve un jardin avec des stèles, etc.-, nous

6 avons essuyé des tirs dans l'opposition et nos observateurs ne pouvaient

7 pas constater de quoi il s'agissait. Donc ils ont fait appel à nous et

8 nous avons pu constater, estimer que, dans ce jardin du musée que nous ne

9 pouvions pas voir depuis nos positions, un mortier de 120 millimètres y

10 était placé et tirait sur nos positions à Vraca. Et un obus est tombé sur

11 nos positions à Ivanici même. Nous n'avons pas voulu riposter, mais le

12 commandement nous a… C'est-à-dire nous voulions riposter, mais le

13 commandement nous a envoyé des instructions selon lesquelles il ne fallait

14 pas agir. Et par la suite, ils ont arrêté.

15 M. Piletta-Zanin: Je vous arrête ici, Témoin. Nous avons un problème

16 purement procédural. Je vous sais gré de bien vouloir retirer vos

17 écouteurs, de bien vouloir retirer vos écouteurs, les poser devant vous et

18 ne pas regarder l'écran.

19 M. le Président (interprétation): Puis-je demander si le témoin pourrait

20 encore une fois remettre ses écouteurs?

21 (Le témoin ôte ses écouteurs.)

22 M. le Président (sans interprétation) Est-ce que vous comprenez la langue

23 française?

24 M. Golic (interprétation): (Pas d'interprétation.)

25 M. le Président (interprétation): (Pas d'interprétation.)

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1 M. Golic (interprétation): J'ai du mal à entendre.

2 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, si je fais cette objection, c'est

3 parce que je crois avoir entendu dans une des deux langues que j'écoute,

4 qui n'est pas l'anglais -et je dois le dire ici- le mot de "stèle" qui

5 correspond à des pierres tombales, quand on sait l'importance -je crois

6 que vous l'avez entendu-, l'importance que l'accusation accorde à des

7 bombardements de cimetières ou de funérailles ou de choses symboliques, je

8 dois dire maintenant que je ne vois pas que, dans le transcript anglais,

9 nous ayons mentionné ce terme. Nous parlons du jardin mais, dans le

10 jardin, ...

11 M. le Président (interprétation): Puis-je demander aux interprètes s'ils

12 ont entendu le mot qui vient d'être prononcé? Je vois qu'on fait des

13 signes affirmatifs. C'est exact? Dans ce cas-là, peut-on conclure que

14 c'est ce que le témoin a dit lorsqu'il décrivait le jardin? Et il a donc

15 mentionné ce mot. D'accord, merci beaucoup.

16 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président…

17 M. le Président (interprétation): Veuillez remettre vos écouteurs.

18 M. Piletta-Zanin: Il m'est extrêmement difficile de suivre. Ce que je dois

19 faire, c'est de l'équilibre. Donc je sais vraiment gré aux traducteurs, je

20 leur sais gré infiniment, d'être précis sur l'ensemble des mots utilisés

21 et que l'ensemble des mots se retrouve dans le transcript, que ce soit

22 dans l'anglais, le français ou autre chose. Merci infiniment.

23 Interprète: Peut-on ralentir le témoin?

24 M. le Président (interprétation): Dans la réponse des interprètes, ils ont

25 dit également que c'était très, très rapide. Donc je suppose que les

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1 interprètes font de leur mieux afin d'interpréter absolument chaque mot

2 qu'ils entendent. Et en même temps, ils ont une tâche extrêmement

3 difficile si quelqu'un parle trop rapidement.

4 Est-ce que vous pourriez remettre vos écouteurs?

5 (Le témoin remet ses écouteurs.)

6 M. le Président (interprétation): Nous avons eu un petit problème. Les

7 interprètes n'ont pas entendu le mot "stèle", que vous avez mentionnée

8 comme placée dans le jardin du musée. Ceci est provoqué également par la

9 rapidité de votre débit, ainsi que celui de Me Piletta-Zanin. Donc

10 veuillez ralentir, s'il vous plaît!

11 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Témoin, vous nous avez parlé d'instructions

12 qui vous ont été données de ne pas répondre à ces tirs de provocation.

13 Quelles sont la ou les personnes qui vous ont donné ces instructions?

14 Pouvez-vous le dire à cette Chambre?

15 M. Golic (interprétation): Directement le chef chargé de l'artillerie,

16 Grajic.

17 Question: Merci beaucoup. Monsieur le Témoin, vous avez respecté cette

18 instruction? Oui ou non?

19 Réponse: Oui.

20 Question: Merci beaucoup. Monsieur le Témoin, vous nous avez mentionné

21 tout à l'heure la colline de Kosevo. Est-ce que c'est le même nom que ce

22 qu'on appelle l'hôpital de Kosevo? Oui ou non?

23 Réponse: Oui, mais c'est de l'autre côté de la route.

24 Question: Merci. Pour parler, par conséquent, de l'hôpital Kosevo et au

25 plan des problèmes liés à l'artillerie, pouvez-vous nous en dire quelque

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1 chose, selon votre expérience personnelle, je vous prie? J'entends

2 l'ensemble du parc Kosevo?

3 Réponse: Donc la colline de Kosevo se trouve à gauche de la route, à

4 Vogoca. Ensuite, il y a le stade de football, les terrains de sport du

5 Kosevo. Et puis, à droite, il y a le centre hospitalier vers l'est.

6 Question: Merci. Témoin, ma question est la suivante: savez-vous si le feu

7 a jamais été ouvert à partir de la zone dite "ensemble Kosevo hôpital"?

8 Réponse: Oui.

9 M. Piletta-Zanin: Merci beaucoup. D'abord, voulez-vous nous dire, je vous

10 prie…

11 M. Stamp (interprétation): (Hors micro.)… directive.

12 M. le Président (interprétation): Me Piletta-Zanin, tout d'abord votre

13 question au témoin n'était pas de savoir s'ils ont jamais essuyé les tirs

14 émanant de l'hôpital de Kosevo, mais si, sur la base de son expérience

15 personnelle, il savait quelque chose concernant toute la région de Kosevo.

16 Et votre question suivante était une question directive. Donc veuillez

17 éviter cela, s'il vous plaît.

18 M. Piletta-Zanin: Merci beaucoup. J'en suis navré. Témoin, savez-vous où

19 se trouve l'hôpital Kosevo, oui ou non?

20 M. Golic (interprétation): Oui, c'est un complexe hospitalier.

21 Question: Merci, beaucoup. Témoin, pouvez-vous nous décrire en termes

22 d'étendue, mais très brièvement, ce complexe?

23 Réponse: Eh bien, ce complexe commence par la chirurgie maxillo-faciale,

24 ensuite la faculté de la médecine, la traumatologie. Ensuite, il s'agit

25 d'un complexe qui va jusqu'à Bjelava.

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1 Question: Pouvez-vous, en termes de centaines de mètres, peut-être de

2 kilomètres, nous dire quelle est son étendue dans la ville?

3 Réponse: Ceci longe la rue. Je dirais que la longueur est de 800 mètres et

4 la largeur d'environ 100 mètres.

5 Question: Merci. Témoin, que pouvez-vous nous dire concernant cette zone

6 dont nous parlons et concernant, finalement la guerre, ce que vous vous

7 avez connu?

8 Réponse: En ce qui concerne que ce complexe, ils l'utilisaient pour agir

9 contre nos positions. Pas vraiment toujours, mais d'habitude, lorsqu'il y

10 avait un cessez-le-feu, ils essayaient de nous provoquer, de provoquer nos

11 réactions et nous, il nous était strictement interdit de riposter. Mais

12 eux, ils provoquaient par des tirs, surtout à des moments après des

13 signatures de cessez-le-feu.

14 Question: Merci. Voulez-vous indiquer quelques-uns des types d'objectifs

15 que vous aviez visés, des objectif militaires que vous aviez visés à

16 Sarajevo, quelle que soit leur situation à Sarajevo?

17 (Les interprètes demande à Me Piletta-Zanin d'attendre la fin de la

18 réponse.)

19 Réponse: Sur la base de tout ce qu'on disait, leurs positions

20 d'artillerie, nous visions les centres également où ils regroupaient leurs

21 forces d'infanterie d'où ils attaquaient nos positions. Donc, il

22 s'agissait surtout du cimetière juif. Ensuite, leurs positions sur l'autre

23 rive de la Miljacka, donc autour du pont de la Fraternité et de l'unité où

24 souvent ils essayaient de percer nos lignes. Ensuite, leurs forces se

25 concentraient dans une école. Il y avait une école, et nous avons reçu

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1 l'information selon laquelle c'était à Buca Potok. Ensuite, autour de la

2 place Pero Kosoric et autour de la caserne "Viktor Bubanj". Surtout au

3 début, ils essayaient sans cesse de prendre le contrôle de cette caserne.

4 Sur la carte, je pense qu'on peut voir que c'est dans le hameau de Hrasno.

5 Si j'avais une carte, j'aurais pu vous indiquer cela mieux. Donc c'est le

6 hameau Pavle Goran et puis le mont de Mojmilo, mis à part tout ce que j'ai

7 déjà dit, donc: Zlatiste, Debelo Brdo, Colina Kapa et le complexe de

8 Kosevo.

9 M. Piletta-Zanin: Merci infiniment, Monsieur le Témoin. Vous avez parlé

10 d'une école…

11 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, est-ce que je puis

12 vous demander combien de temps il vous reste approximativement, parce que,

13 si possible, je voulais voir si nous pouvions terminer la déposition de ce

14 témoin aujourd'hui, juste avant le week-end? Combien de temps vous faut-il

15 encore?

16 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, à ce rythme-là et sans

17 interruption, 3 minutes.

18 M. le Président (interprétation): Donc, je suppose que vous allez terminer

19 d'ici midi.

20 M. Piletta-Zanin: Très rapidement, oui ou non, je vous prie, vous avez

21 parlé d'une école tout à l'heure. Saviez-vous si cette école avait été

22 vidée de ses occupants civils, oui ou non?

23 M. Golic (interprétation): Oui.

24 Question: Merci beaucoup. Témoin, relativement à ce qu'on appelle le

25 cimetière dit "juif", ce cimetière lui-même -je n'entends pas la zone,

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1 mais j'entends le cimetière lui-même, clos dans ses murs-, à quelle partie

2 appartenait-il à l'époque où vous étiez sur les lieux?

3 Réponse: C'est une zone entre les deux. Nous étions à l'ouest et les

4 positions musulmanes étaient à l'est, et c'est ce qui nous séparerait. Il

5 y avait une distance d'environ 15 à 50 mètres. Ca dépendait.

6 Question: Vous êtes en train de me dire, Monsieur le Témoin, que le

7 cimetière lui-même -puisque vous avez utilisé un certain terme- était une

8 zone tampon entre les deux armées. Etait-ce votre témoignage?

9 Réponse: Oui, mais il faut que j'explique ça. Nous n'allions pas du tout

10 dans le cimetière juif, mais les Musulmans l'utilisaient pour tirer sur

11 nos positions, donc ils se protégeaient par ce cimetière.

12 Question: Merci.

13 Et toute dernière question articulée en deux volets. Y avait-il une

14 synagogue au bas du cimetière dit "juif", Kapela?

15 Réponse: Kapela, oui.

16 Question: Merci. Ce bâtiment, que vous appelez la Kapela, par quelle force

17 était-il concrètement occupé? S'il était occupé par une force.

18 Réponse: Personne. C'était plus proche de nos positions.

19 M. Piletta-Zanin: Merci beaucoup.

20 Pas d'autre question, Monsieur le Président.

21 Merci, Monsieur le Témoin.

22 M. le Président (interprétation): Oui. Monsieur Stamp, j'ai dit que vous

23 pouviez vous adresser à la Chambre peut-être sans la présence du témoin.

24 Monsieur l'Huissier, veuillez escorter le témoin à l'extérieur du prétoire

25 brièvement.

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1 (Le témoin, M. Izo Golic, est reconduit hors du prétoire.)

2 (Questions relatives à la procédure.)

3 Poursuivez, Monsieur Stamp.

4 M. Stamp (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

5 Nous avons reçu au mois de septembre un résumé de la déposition de ce

6 témoin. C'était très bref. Et avec votre permission, Monsieur le

7 Président, je pense qu'il faut consigner cela au compte rendu d'audience,

8 parce que nous demanderons à remettre. On lit:

9 "Il était membre des forces de la JNA et, en tant que membre du Bataillon

10 de Rogatica, il a participé à la protection de la caserne de Velatici, qui

11 se trouve -je le précise- de 5 à 6 kilomètres de Sarajevo. C'était lorsque

12 la JNA, en avril et début mai, a essayé de protéger les soldats qui

13 faisaient leur service militaire."

14 M. le Président (interprétation): S'il vous plaît, Monsieur Stamp,

15 ralentissez. Les interprètes vous le demandent.

16 M. Stamp (interprétation): Donc Velatici. Et ensuite: "Lorsque la JNA, en

17 avril et début mai, a essayé de protéger les soldats qui faisaient leur

18 service militaire et les biens matériels dans les casernes environnantes

19 par rapport aux forces musulmanes, au début mai, cette unité a été

20 déployée dans la zone de Lukavica et Vraca où il a été témoin des attaques

21 d'infanterie musulmane et de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui lançaient

22 des attaques par le biais des tireurs embusqués depuis le bâtiment du

23 conseil exécutif, du conseil Bristol, Holiday Inn."

24 M. le Président (interprétation): Veuillez ralentir, s'il vous plaît.

25 M. Stamp (interprétation): Je vais essayer. "Au début du mois de mai, son

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1 unité a été déployée dans la zone de Lukavica et Vraca où il a été témoin

2 des attaques musulmanes avec des armes d'infanterie et des attaques de

3 tireurs embusqués de l'armée de Bosnie-Herzégovine provenant des bâtiments

4 du conseil exécutif, l'hôtel Bristol, l'hôtel Holiday Inn contre les

5 positions de son unité sur la ligne de démarcation, Vrbanja pont

6 Zlatiste."

7 On n'y fait pas référence à la plus grande partie de sa déposition qui

8 concerne les tirs de mortiers et l'observation des positions des mortiers.

9 Ensuite, ceci indique que la position de son unité était près du pont de

10 Vrbanja, Zlatiste qui était le long de la rivière de Miljacka. Mais

11 aujourd'hui, nous apprenons que son unité se trouvait à Ivanici et à

12 Petrovici, ce qui est à plusieurs kilomètres de Sarajevo.

13 Mon éminent collègue a dit qu'il nous avait dit que le témoin allait

14 déposer de manière générale d'un grand nombre de questions. La lettre que

15 j'ai vue -qui est une longue lettre- indique simplement et non pas en ce

16 qui concerne ce témoin, concrètement parlant, mais en ce qui concerne

17 d'autres témoins, que les témoins peuvent parler éventuellement de toute

18 une série de questions énumérées sur plus d'une page.

19 Monsieur le Président, il nous est complètement impossible de nous

20 préparer pour quelque déposition que ce soit avec ce genre de résumé. Et

21 je soulève ce point parce que, la semaine prochaine, nous aurons un autre

22 témoin. Bien sûr que le remède ne peut pas être le fait d'empêcher la

23 poursuite de la déposition de ce témoin, mais je demande que l'on donne

24 des précisions directes à la défense concernant les résumés.

25 Nous sommes préoccupés. Je suis sûr que la défense ne l'a pas fait

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1 intentionnellement, mais j'ai l'impression qu'ils ont mal décrit les

2 choses, ce qui nous a induits en erreur, puisque nous pensions que l'unité

3 était déployée le long de la rivière de Miljacka, alors que c'était à bien

4 des kilomètres plus loin.

5 Donc c'est pour cela que je demande des instructions de la part de la

6 Chambre. Ce qui est encore pire, c'est que nous ne pouvions pas voir

7 quelle est la pertinence de cette déposition. Et par la suite, nous avons

8 envoyé une lettre demandant cela à la défense. Nous avons reçu un autre

9 résumé, mais était tout aussi inutile que le premier.

10 M. le Président (interprétation): Ce n'est pas la première fois que nous

11 entendons cette objection.

12 Si vous me le permettez.

13 En premier lieu, j'aimerais mettre un terme à l'interrogatoire de ce

14 témoin. Je ne sais pas de combien de temps vous nécessiterez, Monsieur

15 Stamp, pour achever cet interrogatoire. Je m'adresse à vous et je tiens à

16 éviter, dans toute la mesure du possible, des conflits au sujet de la

17 procédure. De combien de temps pensez-vous avoir besoin?

18 M. Stamp (interprétation): Je vais essayer de terminer aujourd'hui dans

19 toute la mesure du possible.

20 M. le Président (interprétation): Si vous pensez qu'il sera possible de

21 terminer aujourd'hui, j'offrirai la possibilité à Me Piletta-Zanin de

22 terminer et de répondre.

23 Mais voyons voir où nous allons en arriver.

24 M. Piletta-Zanin: Je dois signaler simplement: j'ai dit à deux reprises

25 -une fois, je crois, dans votre bureau, mais je l'ai dit tout à l'heure à

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1 des représentants de l'accusation- que notre courrier était générique -je

2 dis bien générique- et que, pour tous les soldats, nous poserions cela. Je

3 l'ai dit juste avant, juste avant l'intervention de M. Stamp, en disant:

4 "Sachons-le bien!" Et maintenant, on fait comme si on n'avait pas entendu

5 mon intervention, pourtant effectuée dans un anglais ânonné. Merci.

6 M. le Président (interprétation): Veuillez introduire le témoin dans le

7 prétoire.

8 (Le témoin, M. Izo Golic, est introduit dans le prétoire.)

9 Maître Piletta-Zanin, vous avez indiqué que vous vous soumettriez à nos

10 desiderata. Je pense qu'il est nécessaire que la Chambre de première

11 instance reçoive des lignes directrices quant à ce que les parties doivent

12 faire. Nous allons examiner cette question à un stade ultérieur, avec tout

13 le soin voulu, et nous allons ensuite comparer cela avec les résumés, tels

14 qu'ils ont été remis, au sujet de ce témoin en particulier. Et nous

15 verrons à ce moment-là quelles sont les mesures qu'il y a lieu de prendre.

16 Je vous prie, Monsieur Stamp, vous avez la parole. Vous pouvez interroger

17 votre témoin.

18 M. Golic (interprétation): Est-ce qu'il serait possible, pour moi, de

19 faire apparaître le compte rendu sur l'écran en langue anglaise, je vous

20 prie?

21 M. le Président (interprétation): Je pense qu'il peut être fait droit à

22 votre requête.

23 (Les Juges se concertent sur le siège.)

24 L'élément le plus important pour vous, en ce qui concerne la consultation

25 du compte rendu, est que vous devez vous arrêter de parler lorsque le

Page 14894

1 texte continue de s'afficher. N'essayez pas de trop lire, essayez de vous

2 concentrer sur les questions et sur vos réponses, plutôt que de vérifier

3 la traduction dans le compte rendu.

4 Monsieur Stamp, je vous en prie.

5 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Izo Golic, par M. Stamp.)

6 M. Stamp (interprétation): Je vous remercie, Monsieur le Président.

7 Bonjour, Monsieur le Témoin.

8 M. Golic (interprétation): Bonjour.

9 Question: Quand est-ce que c'est la première fois que vous avez parlé avec

10 un membre quelconque de la défense au sujet de votre déposition en

11 l'espèce?

12 Réponse: Au milieu du mois de mai 2002, Mme Prodanovic de Srbinje. Et

13 avant cela, nous avons eu un contact au sein de la compagnie dans laquelle

14 je travaillais et elle m'a fait savoir qu'elle souhaitait me rencontrer.

15 Question: Vous l'avez rencontrée pour la première fois en mai de cette

16 année. Est-ce bien cela?

17 Réponse: Je ne l'ai pas rencontrée pour la première fois en mai. Nous nous

18 étions rencontrés auparavant à Rogatica dans le contexte d'un tribunal,

19 d'une affaire entre la poste et une société de transport.

20 Question: Je vais vous poser des questions très précises. Je vous demande

21 de bien écouter et simplement d'y répondre.

22 Quand était-ce la première fois que vous avez rencontré cette personne?

23 Réponse: En mai, en ce qui concerne l'affaire en l'espèce.

24 M. Stamp (interprétation): Est-ce que vous l'avez rencontrée en mai, dans

25 un autre contexte?

Page 14895

1 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, il y a une erreur dans le

2 transcript et je tiens à l'indiquer. Je crois qu'on a mis dans la réponse

3 du témoin le segment qui précédait la question que je lis actuellement en

4 page 6314. Je crois que la question de M. Stamp était: "In relation to

5 this, when was the first time?", etc. Or nous avons l'inverse. Le témoin,

6 je crois, n'a pas répondu comme cela.

7 M. le Président (interprétation): Il s'agissait d'une réponse à une

8 question.

9 Permettez-moi de vous poser une question. Quand avez-vous rencontré cette

10 dame pour la première fois de votre vie?

11 M. Golic (interprétation): En 2001, en juin.

12 M. le Président (interprétation): C'est la première fois que vous l'aviez

13 rencontrée de votre vie?

14 M. Golic (interprétation): Oui. Il s'agissait… dans le Tribunal, elle

15 était avocate.

16 M. le Président (interprétation): Avez-vous, à ce moment-là, discuté de la

17 question du témoignage que vous alliez rendre à La Haye?

18 M. Golic (interprétation): Non. Nous nous sommes simplement entretenus.

19 M. le Président (interprétation): Quand avez-vous parlé pour la première

20 fois avec Mme Prodanovic d'un témoignage éventuel?

21 M. Golic (interprétation): En mai 2002.

22 M. le Président (interprétation): Pouvez-vous répondre en écoutant

23 attentivement la question et simplement en répondant à cette question. Si

24 l'on vous demande autre chose, vous pouvez y répondre.

25 M. Stamp (interprétation): Lorsque vous avez dit que vous l'avez

Page 14896

1 rencontrée en mai 2002 au sujet de cette déposition, est-ce que vous lui

2 avez fourni une déclaration?

3 M. Golic (interprétation): Il semble qu'il y ait des interférences, je

4 n'ai pas entendu la question.

5 M. le Président (interprétation): Monsieur l'Huissier, puis-je vous

6 inviter à vous diriger vers le témoin et voir quelle est l'origine du

7 problème?

8 (Intervention de l'huissier.)

9 S'il y a de nouveau des interférences, veuillez-nous le signaler.

10 Est-ce que vous entendez clairement maintenant?

11 Monsieur Samp, je vous en prie.

12 M. Stamp (interprétation): Lorsque vous l'avez rencontrée en mai 2002, lui

13 avez-vous remis une déclaration écrite?

14 M. Golic (interprétation): Non.

15 Question: Avez-vous remis une déclaration écrite à un membre quelconque de

16 la défense avant la date d'aujourd'hui?

17 Réponse: Oui.

18 Question: A quelle date?

19 Réponse: Le 11 ou le 12 septembre à Rogatica, en 2002, bien sûr.

20 Question: Lorsque vous avez remis cette déclaration écrite, avez-vous dit

21 à la défense quelle était la nature de vos occupations à Sarajevo en 1992?

22 Réponse: Oui.

23 Question: Leur avez-vous dit votre expérience en ce qui concerne un

24 spécialiste des mortiers?

25 Réponse: Oui.

Page 14897

1 Question: Leur avez-vous parlé de votre expérience en tant qu'homme

2 spécialiste des mortiers à Petrovici?

3 Réponse: Oui.

4 M. Stamp (interprétation): J'aimerais à présent parler de votre expérience

5 à Sarajevo. En premier lieu, vous nous avez dit que vous avez essuyé des

6 tirs isolés lorsque vous étiez en déplacement vers Miljacka. Vers où vous

7 dirigiez-vous?

8 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, ce n'est pas la déposition de ce

9 témoin qu'il ait été tiré proche...

10 M. le Président (interprétation): Cela ne reproduit pas les propos du

11 témoin.

12 M. Piletta-Zanin: Tout à fait. Merci.

13 M. Stamp (interprétation): Bien, Monsieur le Président.

14 Où vous trouviez-vous lorsque vous avez essuyé des tirs isolés dans la

15 région de Grbavica?

16 M. Golic (interprétation): Dans la plupart des cas, je me trouvais à

17 proximité des positions où un véhicule se rendait pour nous apporter des

18 rations alimentaires, le long de la ligne de front. Le chauffeur de ce

19 véhicule était Mico Obradovic et il venait de Rogatica.

20 Question: Je vais vous demander une fois de plus d'écouter la question.

21 Par conséquent, vous vous êtes déplacé à bord d'un véhicule vers Rogatica

22 qui transportait des rations alimentaires vers Grbavica. Est-ce bien là ce

23 que vous nous dites?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Est-ce que vous vous déplaciez de l'endroit où se trouvaient les

Page 14898

1 positions de mortiers?

2 Réponse: De temps à autre, pas toujours.

3 Question: Quel était votre rôle lorsque vous vous trouviez à bord de ce

4 véhicule?

5 Réponse: Je visitais et je me renseignais au sujet de nos positions en ce

6 qui concerne l'infanterie. Et nous essayions d'établir les positions à

7 partir desquelles les Musulmans ouvraient le feu. Il s'agissait donc

8 d'activités de reconnaissance.

9 M. Stamp (interprétation): A proximité de la rivière Miljacka, étiez-vous

10 en mesure de voir les positions à partir desquelles les Musulmans

11 ouvraient le feu?

12 M. Piletta-Zanin: La question n'est pas très claire, Monsieur le

13 Président.

14 M. le Président (interprétation): Puis-je d'abord entendre votre réponse?

15 Vous avez répondu à cette question, pouvez-vous répéter la réponse?

16 M. Golic (interprétation): Oui, depuis la position de front, le long de la

17 Miljacka. Oui. Bien évidemment, il n'était pas possible de voir toute la

18 position.

19 M. le Président (interprétation): Veuillez continuer votre interrogatoire.

20 M. Stamp (interprétation): Est-ce que votre unité d'obusiers avait un

21 commandant?

22 M. Golic (interprétation): Ils ne choisissaient pas des cibles, ils

23 recevaient des ordres et les transmettaient. Par conséquent, il s'agissait

24 du commandant de la batterie, ce n'était pas lui qui décidait des cibles.

25 Question: Vous avez répondu à la question: de qui recevaient-ils des

Page 14899

1 ordres?

2 Réponse: La plupart du temps, du chef de l'artillerie et parfois également

3 du commandant du bataillon, dans les cas de circonstances d'urgence.

4 Question: Est-ce que le chef de l'artillerie et le commandant du bataillon

5 avaient des unités qui étaient responsables de missions d'observation et

6 de détermination des cibles?

7 Réponse: Oui.

8 Question: Est-ce que votre batterie utilisait des coordonnées de cartes

9 pour viser ces cibles?

10 Réponse: Oui. Dans la plupart des cas, sur une carte, on ne peut pas voir

11 l'altitude, la hauteur d'un bâtiment ou d'où provient le tir.

12 Question: Outre le fait que vous vous soyez rendu à Rogatica au cours de

13 ce conflit pour apporter de la nourriture, est-ce que vous vous êtes rendu

14 là-bas avec d'autres personnes?

15 Réponse: Oui.

16 (Le Banc de l'accusation se concerte.)

17 Question: Connaissez-vous le nom Vlasko Aleksic en ce qui concerne le

18 cimetière juif?

19 Réponse: Oui.

20 Question: L'avez-vous rencontré?

21 Réponse: A deux reprises.

22 Question: Est-ce que votre unité, lorsqu'elle était placée à Grbavica, a

23 coopéré avec lui et les unités qui relevaient de la défense?

24 Réponse: Oui. Il se situait plus au sud de notre position.

25 Question: Est-ce que vous avez coordonné vos activités avec Aleksic en ce

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1 qui concerne les cibles que vous visiez, les cibles musulmanes?

2 Réponse: Non. Pas personnellement. Peut-être qu'il a donné des cibles qui

3 avaient été déterminées par le chef de l'artillerie.

4 Question: Savez-vous d'où provenaient les munitions d'Aleksic?

5 Réponse: Non.

6 Question: Qui était son commandant, pour autant qu'il y en ai eu un dans

7 l'armée serbe de Bosnie?

8 Réponse: Je ne sais pas. Je pense qu'il y avait simplement une unité

9 chetnik qui était indépendante.

10 Question: Mais vous venez de dire que vous ne le saviez pas?

11 Réponse: Non.

12 (Le Banc de l'accusation se concerte.)

13 Question: De quelle façon avez-vous coopéré avec Aleksic en ce qui

14 concerne la défense de la cause serbe? Pouvez-vous nous dire quelque chose

15 à cet égard?

16 Réponse: Nous nous trouvions du même côté. Il n'y avait pas de

17 coopération.

18 M. Stamp (interprétation): Le commandant du bataillon de Rogatica,

19 s'agissait-il de Rajko Kusic?

20 M. Golic (interprétation): Non. Il s'agissait de Radomir Furtula, l'ancien

21 capitaine de la JNA.

22 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin.

23 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, éventuellement, en contre-examen,

24 il serait bon qu'ils soient correctement inscrits dans le transcript. Le

25 premier n'était pas mentionné, le deuxième a l'air d'être faux. Merci.

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1 M. Golic (interprétation): Le deuxième est Radomir Furtula.

2 M. Stamp (interprétation): Est-ce que Rajko Kusic était le commandant

3 d'une unité quelconque dont vous avez eu connaissance?

4 M. Golic (interprétation): En mai, il y avait un conflit à Rogatica et

5 Kusic est devenu le commandant de cette brigade légère, mais il n'y avait

6 aucun lien avec nous. Rajko appartenait à un corps différent. Il

7 s'agissait du mois d'octobre.

8 Question: Votre bataillon faisait auparavant partie du Corps Romanija de

9 Sarajevo jusqu'en octobre. Est-ce exact? Faisait officiellement partie?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Après octobre, vous aviez été rattaché à un autre corps?

12 Réponse: Oui.

13 Question: S'agissait-il d'un corps ou d'une brigade dont vous releviez?

14 Réponse: Je faisais partie de la Brigade de Rogatica.

15 Question: Est-ce que Rajko Kusic était le commandant de la Brigade de

16 Rogatica?

17 Réponse: Oui.

18 Question: Avez-vous reçu l'instruction de viser des chars?

19 Réponse: A une occasion peut-être.

20 Question: J'aimerais obtenir une certitude à ce sujet. Avez-vous ou non

21 reçu une instruction quelconque qui consistait à prendre pour cible un

22 char?

23 Réponse: Nous avions reçu l'ordre à ce moment-là.

24 Question: Puis-je en déduire que vous avez reçu l'instruction de prendre

25 pour cible un char à une reprise au moins?

Page 14902

1 Réponse: Oui. Mais il est manifeste que les obus de mortiers ne peuvent

2 pas faire grand-chose, parce que, ce qu'il fallait utiliser, c'étaient des

3 explosifs continus et non pas un seul explosif.

4 M. Stamp (interprétation): Puis-je en déduire, par conséquent, qu'il n'est

5 pas utile, du point de vue militaire, de lancer un mortier à un char et

6 que vous ne parviendrez pas à votre objectif?

7 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, j'objecte à cette question.

8 M. le Président (interprétation): Pouvez-vous retirer votre casque?

9 (Le témoin ôte son casque.)

10 Et Monsieur l'Huissier, puis-je vous demander de bien vouloir éteindre le

11 transcript. Je vous remercie.

12 M. Piletta-Zanin: J'objecte à cette question pour la simple raison qu'il

13 peut y avoir des tas de façons d'utiliser un tank, tourelle ouverte.

14 M. Stamp (interprétation): Est-ce que cette objection pourrait être

15 formulée de telle sorte qu'elle ne contienne pas la réponse.

16 M. le Président (interprétation): Je vous en prie.

17 M. Piletta-Zanin: Il y a des tas de façons d'utiliser tel ou tel moyen. Un

18 moyen peut être théoriquement protégé mais il peut aussi être

19 pratiquement…

20 J'aimerais continuer, Monsieur le Président.

21 M. le Président (interprétation): Au début de votre objection, vous aviez

22 fait valoir que la question n'était peut-être pas claire ou qu'il était

23 possible de répondre différemment à cette question. Si vous vous opposez à

24 une question, vous devriez utiliser les termes suivants, à savoir: "La

25 question n'est pas claire ou différentes réponses peuvent être apportées".

Page 14903

1 Donc vous devriez la formuler de façon abstraite.

2 M. Piletta-Zanin: Je n'ai jamais dit que j'objectais parce que la question

3 n'était pas claire. D'accord.

4 La formulation de la question n'est pas normale. On demandait "dans quelle

5 situation?", car nous pouvons avoir des tas de situations ou l'emploi de

6 tel armement est parfaitement légitime. "Y aurait-il tel ou tel moyen

7 belliqueux en face?" Donc la poser de façon générale, cette question, ça

8 n'est pas possible parce qu'elle peut impliquer beaucoup, beaucoup,

9 beaucoup de réponses. Merci.

10 M. le Président (interprétation): D'une façon générale, les questions

11 peuvent entraîner des réponses différentes. Je voudrais à présent revenir

12 sur la question qui avait été posée. (Sans interprétation) Le témoin

13 introduit par soi-même le sujet qui est dans la question à ce moment.

14 (Avec interprétation) Vous pouvez procéder, Monsieur Stamp.

15 L'objection est rejetée.

16 Peut-être, devrions-nous attendre une quinzaine de secondes, le temps que

17 cette partie du texte disparaisse.

18 Je vous prie de poursuivre.

19 M. Stamp (interprétation): J'étais en train de demander à M. Golic si l'on

20 pouvait déduire de ses précédentes réponses qu'il n'y avait pas de raison

21 militaire lorsqu'on essayait de neutraliser un char en se servant d'obus

22 de mortier. Est-ce une manière correcte de comprendre votre réponse?

23 M. Golic (interprétation): Mes connaissances ne sont pas suffisamment

24 poussées sur le plan militaire. Mais ces chars étaient placés dans des

25 tranchées et protégés. On ne pouvait tirer dessus qu'avec des obus qui

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1 n'étaient pas à détonation immédiate, mais à temps! Mais pour la plupart,

2 nous ne recevions pas ce genre de d'ordre.

3 Question: Vous avez dit que, de votre côté de la ligne de front, les

4 hommes ainsi que vous-même… Je retire la question.

5 Etes-vous en train d'affirmer, en déposant, que les personnes qui se

6 trouvaient de votre côté de la ligne de front, y compris vous-même,

7 étaient en mesure de voir les déplacements de ces mortiers de 120

8 millimètres à proximité des rails du chemin de fer?

9 Réponse: Oui.

10 Question: A Kosevo, on pouvait les voir?

11 Réponse: Encore mieux, encore mieux.

12 Question: Etiez-vous en communication par la voie du téléphone mobile dans

13 la zone de votre batterie de mortiers? Etiez-vous en mesure d'utiliser des

14 téléphones de campagne afin de communiquer entre votre batterie et les

15 observateurs?

16 Réponse: Pour des situations urgentes, en cas d'attaque musulmane, nous

17 étions en communication avec ceux qui se trouvaient au niveau du cimetière

18 juif. Mais cela a été utilisé rarement. C'était uniquement dans la

19 batterie que nous avions cela.

20 Question: Vos batteries de mortiers pouvaient ouvrir le feu sur ces pièces

21 d'artillerie à Sarajevo pendant qu'on les installait?

22 Réponse: Oui.

23 Question: Je ne comprends pas. Pendant qu'on les ajustait?

24 Réponse: Pendant qu'ils agissaient. Pendant qu'ils ouvraient le feu.

25 M. Stamp (interprétation): Ai-je bien compris votre déposition? Vous êtes

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1 en train d'affirmer que vous étiez en mesure de les voir pendant qu'ils se

2 déplaçaient et avant qu'ils n'ouvrent le feu. C'est cela que vous êtes en

3 train de dire?

4 M. Golic (interprétation): Oui.

5 M. le Président (interprétation): Monsieur Stamp, je consulte l'heure.

6 Avant d'aborder un autre sujet, pourriez-vous nous l'annoncer pour que

7 nous puissions interrompre nos travaux?

8 M. Stamp (interprétation): Je pourrais peut-être très brièvement passer à

9 un autre sujet. Nous avons besoin de procéder à des vérifications.

10 M. le Président (interprétation): Oui, il y a un certain nombre de limites

11 pour ce qui est des bandes. Donc je vous prie d'essayer de vérifier cela

12 et de poursuivre à présent.

13 M. Stamp (interprétation): Lorsque vous vous êtes déplacé à Petrovici,

14 quelles ont été vos cibles?

15 M. Golic (interprétation): Debelo Brdo, Colina Kapa et Zlatiste en

16 contrebas, donc il y avait diverses cibles. De toute façon, on ouvrait le

17 feu très rarement, le reste n'était pas dans notre portée. Et puis la SFOR

18 était déjà sur place.

19 Question: Oui, précisément, je voulais poser une question à ce sujet. Vous

20 faites référence à la SFOR ou la Forpronu?

21 Réponse: A la Forpronu, à ce moment-là.

22 Question: C'étaient les observateurs militaires de la Forpronu?

23 Réponse: Oui, ils sont déjà arrivés sur les lignes de séparation et ils

24 venaient vérifier régulièrement sur nos positions pour voir s'il y avait

25 eu des tirs, s'il y avait eu des coups qui avaient été tirés le jour

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1 précédent, donc de Petrovici.

2 Question: Il n'empêche donc que le fait que la Forpronu était présente,

3 vous avez tiré plus ou moins fréquemment?

4 Réponse: J'ai dit "très rarement".

5 Question: Et c'était à cause de la présence des observateurs militaires de

6 la Forpronu?

7 Réponse: Eh bien, non. Nos lignes étaient déjà stabilisées. Quant aux

8 effectifs, c'était vraisemblablement une autre batterie qui a ouvert le

9 feu devant le cimetière juif. Cela, je ne le sais pas. Quoi qu'il en soit,

10 c'est uniquement au cas où le feu a été ouvert de Debelo Brdo.

11 M. Stamp (interprétation): Je viens de vous demander si c'est très

12 rarement que vous ouvriez le feu à cause de la présence des observateurs

13 militaires de la Forpronu? Vous m'avez répondu par la négative.

14 Je vous pose maintenant cette dernière question. En répondant à ma

15 question, avez-vous dit: "Notre batterie n'a pas vraiment agi puisque les

16 observateurs de la SFOR étaient déjà arrivés sur place". Avez-vous dit ça?

17 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, j'objecte. Je prends note que

18 c'est la dernière question de l'accusation, mais ce n'est absolument pas

19 ce qu'a dit le témoin.

20 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, c'est une question

21 qui vient d'être posée. Vous ne pouvez pas répondre à la place du témoin.

22 Si vous avez une objection à soulever au sujet de la question, vous êtes

23 absolument autorisé à le faire, mais vous n'avez pas le droit d'indiquer

24 la substance de la réponse, ce que la réponse devrait être. Je vais

25 vérifier cela pendant la pause.

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1 S'il y a une raison, quelle qu'elle soit, pour laquelle vous n'êtes pas

2 d'accord avec ce que le témoin a dit ou n'a pas dit, tout d'abord, nous

3 pouvons vérifier les enregistrements. Donc, si vous souhaitez vérifier

4 cela, je vous en prie, faites-le, s'il y a lieu de le faire; même la

5 Chambre pourrait faire cela. Il n'empêche que ceci n'est pas une manière

6 d'intervenir et d'intervenir pendant le déroulement de l'interrogatoire

7 Monsieur Stamp, je vous prie de répéter votre question et je vous prie en

8 même temps de ne pas vous référer au conseil de la défense en utilisant

9 les termes "votre conseil" quand vous vous adressez au témoin.

10 M. Stamp (interprétation): Je vous prie de m'excuser.

11 Pouvez-vous répondre par oui ou un non? Avez-vous dit la chose suivante :

12 "Notre batterie n'a pas vraiment agi puisque les observateurs de la SFOR

13 étaient déjà arrivés et ils se sont rendus régulièrement en visite à notre

14 position. Ils connaissaient la situation. Donc nos activités étaient bien

15 plus rares et il y avait de longs intervalles entre ces moments où on

16 ouvrait le feu, où on agissait." (Fin de citation.)

17 M. Golic (interprétation): Pas vraiment. Ce n'est pas uniquement parce

18 qu'il y avait la présence de la Forpronu qu'on n'a pas agi. Il y avait la

19 ligne de séparation. Ce n'est pas uniquement à cause de la Forpronu. Même

20 s'il y avait eu l'aviation britannique, la RAF, on aurait agi si nos

21 lignes avaient été mises en danger.

22 M. le Président (interprétation): Y a-t-il d'autres questions?

23 M. Stamp (interprétation): On pourrait peut-être interrompre l'audience

24 maintenant, mais j'ai d'autres questions.

25 M. le Président (interprétation): Nous allons faire une pause jusqu'à 13

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1 heures.

2 (Le témoin, M. Izo Golic, est reconduit hors du prétoire.)

3 (L'audience, suspendue à 12 heures 42, est reprise à 13 heures 07.)

4 M. le Président (interprétation): J'aimerais que l'on poursuive avec

5 l'interrogatoire, quels que soient les problèmes techniques qu'on ait pu

6 avoir. J'espère que l'on pourra les aborder plus tard. Avançons à présent.

7 Je vous prie, Monsieur l'Huissier, de faire entrer le témoin.

8 (Le témoin, M. Izo Golic, est introduit dans le prétoire.)

9 Veuillez poursuivre, Monsieur Stamp.

10 M. Stamp (interprétation): Je vous remercie, Monsieur le Président.

11 Monsieur Golic, je souhaiterais tirer au clair la question de votre

12 situation à Sarajevo. Vous vous rappelez le moment où votre unité a quitté

13 le théâtre des opérations de Sarajevo?

14 M. Golic (interprétation): Entre le 15 et le 20 octobre. Ceci étant dit,

15 une compagnie était partie au préalable vers le 10 octobre.

16 Question: Très bien. Après le 15 ou le 20 octobre, votre unité est-elle

17 revenue pour agir sur le théâtre des opérations de Sarajevo, à un moment

18 quelconque après cette date-là?

19 Réponse: Non.

20 Question: A quel moment votre unité a-t-elle été transférée d'Ivanici à

21 Petrovici?

22 Réponse: Vers le mois de juillet.

23 Question: En 1992?

24 Réponse: Le mois de juillet. Pas juin. Juillet.

25 Question: Oui. En 1992, n'est-ce pas?

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1 Réponse: Oui, 1992.

2 Question: S'agissant d'Aleksic à présent, vous avez dit qu'il a peut-être

3 désigné des cibles au sujet desquelles la décision était prise par le chef

4 de l'artillerie. A peu près à quel moment était-ce?

5 Réponse: Vraisemblablement lorsqu'il a été attaqué. Il avait, lui, ces

6 mortiers de 82 millimètres, je le sais. Donc s'il fallait que l'artillerie

7 soit utilisée au moment où il a été attaqué, s'il l'a demandée, lui.

8 Question: Etait-ce avant ou après que vous ayez été déplacé d'Ivanici à

9 Petrovici?

10 Réponse: A ces deux périodes, il était là et puis il est resté là. Et il

11 était là aussi quand nous sommes arrivés.

12 Question: Ces cibles qu'il aurait données, se trouvaient-elle à proximité

13 du cimetière juif?

14 Réponse: Cela, je ne le sais pas. Il était là. Eh bien, je suppose… Je ne

15 pourrai pas répondre.

16 Question: Pour autant que vous le sachiez, votre unité ou votre batterie

17 a-t-elle jamais ouvert le feu, a-t-elle jamais tiré des obus qui auraient

18 touché des civils?

19 Réponse: Non. Non pas intentionnellement, certainement. On n'a pris pour

20 cible que des objectifs militaires. Je n'exclus pas une erreur.

21 Question: Votre batterie avait-elle un observateur qui était en mesure de

22 vous dire quel est l'endroit qu'avaient touché vos projectiles?

23 Réponse: Pas toujours. A des moments d'urgence, on n'avait pas le temps de

24 sortir pour aller au poste d'observation, donc quand ils attaquaient, on

25 ouvrait le feu. Et ces cibles avaient été déterminées au préalable. Nos

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1 hommes, on savait d'où ils tiraient, donc la distance approximative, l'axe

2 principal et, après, on procédait à des ajustements, des corrections.

3 Question: Vous avez dit que c'était normal pour vous de riposter au feu

4 qui a été ouvert depuis la ville; est-ce exact?

5 Réponse: Oui.

6 Question: Saviez-vous que des civils vivaient dans la ville?

7 Réponse: On savait qu'il y avait une ville là-bas. Quant à savoir combien

8 de gens étaient partis, combien étaient restés, ça...

9 Question: Pouvez-vous nous dire quelle était la précision des tirs de vos

10 mortiers lorsque vous tiriez sur la ville?

11 Réponse: Nous conduisions des préparatifs très approfondis. En mars 1992,

12 la batterie de mortiers s'est retrouvée sans équipage, car avant la guerre

13 70% des hommes étaient des Musulmans, donc des personnes de confession

14 musulmane.

15 Question: J'aimerais savoir quelle était la précision...

16 Réponse: Permettez-moi de terminer, on a fait des tirs d'essai le 26 mars

17 à Kalinovic, et lors de ces tirs d'essai, après une formation de 15 jours

18 dans ces conditions-là, la précision s'est montrée exceptionnelle.

19 Mais après l'arrivée à Sarajevo, et notamment pendant une période

20 ultérieure, il n'y avait plus en particulier d'obus hautement explosifs de

21 13 kilos. Et c'est là que des obus de mortiers ont commencé à arriver, à

22 être fournis, qui étaient en fait destinés aux M48, des mortiers plus

23 anciens, de type plus ancien. Puis c'était des mines de Pretis, de Vogosca

24 qui n'ont pas été peintes, qui arrivaient directement des usines, des obus

25 adaptés, il y avait des détenteurs qui étaient différents et donc là, on

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1 ne pouvait pas garantir à cent pour cent. En fait, il y avait des charges

2 d'explosifs différentes, de fabrication plus ancienne, qui sont restées

3 dans des entrepôts pendant longtemps et qui se fissuraient. Donc c'est ce

4 que je peux dire pour ce qui est de la précision.

5 Quant aux équipages, il me semble pouvoir dire que, compte tenu de la

6 période très brève, eh bien, ces équipages ont été très bien formés, mais

7 donc les autres facteurs que j'ai énoncés, eh bien, ils ont certainement

8 eu une influence sur la précision, donc les éléments techniques.

9 Question: S'agissant de l'équipage, puis-je vous poser la question

10 suivante: vous est-il arrivé de vous vanter devant qui que ce soit ou

11 avez-vous dit à qui que ce soit, que vous pouviez tirer avec une précision

12 aussi grande de toucher la bouche d'une cheminée avec votre obus? Avez-

13 vous jamais dit cela à qui que ce soit?

14 Réponse: Non. Mais je souhaite clarifier cela, si possible. Je pense que

15 j'ai le droit. Je demanderai aux Juges de me le permettre, pour le peuple

16 serbe surtout. Pendant ces temps difficiles, nous avons toujours ou bien

17 souvent des légendes qui circulent. Souvent 90% de ceci n'est pas la

18 vérité. Moi, en tout cas, je ne l'ai jamais dit.

19 Question: Est-ce que vous avez fait l'objet d'une légende?

20 Réponse: Non. Il s'agissait plutôt de la propagande, de l'intimidation

21 lancée par la partie adverse.

22 M. Stamp (interprétation): Nous allons parler de cela tout à l'heure.

23 Vous-même, est-ce que vous pouviez tirer? Est-ce que vous auriez pu tirer

24 un obus depuis une cheminée… sur une cheminée et l'atteindre.

25 M. Piletta-Zanin: Ici, je fais objection pour la précision, d'autant que

Page 14912

1 nous savons qu'à Sarajevo, il y a plusieurs types de cheminées et le mot

2 utilisé peut signifier plusieurs choses. Et là, il faut être très précis.

3 Merci.

4 M. le Président (interprétation): J'ai reçu la réponse à cette question.

5 Donc je rejette votre objection.

6 Poursuivez, Monsieur Stamp.

7 M. Stamp (interprétation): Si vous tiriez sur une cible dans la ville,

8 vous avec votre équipage, avec une arme fiable de 120 millimètres...

9 M. Nieto-Navia (interprétation): Un instant, Monsieur Stamp. Le problème,

10 c'est que la réponse n'apparaît pas dans le compte rendu d'audience.

11 M. Stamp (interprétation): Je peux répéter la question. Je m'en souviens.

12 M. le Président (interprétation): Je pense que tout le monde a entendu sa

13 réponse, je suppose. Je suppose que la réponse était non; apparemment, il

14 n'y a pas de doute au sujet de cela. Donc, poursuivons.

15 M. Stamp (interprétation): Si vous aviez une arme de 120 millimètres

16 fiable, est-ce que vous auriez pu tirer sur la cible en utilisant cette

17 arme et atteindre cette cible?

18 M. Golic (interprétation): En ce qui concerne l'obusier de 120

19 millimètres, à chaque fois que l'on atteint la zone de 50 mètres, c'est

20 considéré comme si on a atteint la cible. Ça peut être une cheminée, ça

21 peut être quelque chose d'autre. Mais la cible peut être atteinte.

22 Question: D'accord. Est-ce que ça veut dire que vous pouviez atteindre la

23 cible dans une zone de 50 mètres?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Vous étiez en train de tirer sur la ville et vous saviez que des

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1 civils y résidaient, et vous saviez également que vos tirs n'étaient pas

2 précis, n'est-ce pas?

3 Réponse: En principe, oui. Mais nous pensions que c'était fiable. Je

4 suppose que si je ne m'étais pas comporté de telle manière, je n'aurais

5 pas été ici en train de déposer aujourd'hui.

6 Question: Vous avez dit que vous avez vu des mortiers qui se déplaçaient

7 près du chemin de fer et de Kosevo. Commençons par les rails du chemin de

8 fer. Vous dites que c'était à Velisici? Est-ce bien cela?

9 Réponse: Velesici, derrière la gare, les rails derrière.

10 Question: Lorsque vous avez vu ce mortier qui se déplaçait le long de ces

11 rails, où vous trouviez-vous?

12 Réponse: Un peu plus à l'est, à Vraca, près du mémorial, un endroit assez

13 important.

14 Question: Vous voulez dire que c'était un endroit élevé qui vous

15 permettait de bien observer vos alentours?

16 Réponse: Oui, oui.

17 Question: Quelle était la distance depuis laquelle vous avez vu le

18 déplacement de ce mortier? Autrement dit, entre l'endroit où il a commencé

19 à se déplacer et là où il s'est arrêté, quelle a été la distance?

20 Réponse: Très brève, peut-être 50 mètres. Il sortait derrière la gare, il

21 tirait et ensuite il rentrait immédiatement.

22 Question: Quel type d'énergie était-il employé pour déplacer cet engin?

23 Est-ce qu'il s'agissait d'une locomotive, d'un engin? Est-ce que c'étaient

24 des hommes ou des animaux? Quelle était la force qui permettait ce

25 déplacement?

Page 14914

1 Réponse: Eh bien, c'était monté sur un wagon, mais nous ne pouvions pas

2 voir comment ça se déplaçait. Nous ne pouvions pas être sûrs de ce qui

3 déplaçait, s'il y avait un engin ou autre chose. Mais de toute façon il

4 s'agissait d'une distance courte, et moi, à l'époque j'ai vu un seul tir.

5 Question: Vous dites qu'on vous a dit un mortier de 120 millimètres qui se

6 déplaçait dans la zone de Kosevo?

7 Réponse: Devant le tunnel de Kosevo. C'était un véhicule lourd FAP13.

8 Question: Où avez-vous vu ce déplacement, depuis quel endroit?

9 Réponse: Depuis le tunnel. Il sortait du tunnel, tirait brièvement et

10 rentrait.

11 Question: Très bien. Et depuis quel endroit tirait-il?

12 Réponse: Eh bien, la distance était très courte. Il suffisait qu'il sorte

13 du tunnel 20, 30 mètres et immédiatement il rentrait. Tous ces véhicules

14 étaient montés sur, non pas une caisse de transportation, mais le châssis

15 qui avait certainement appartenu à un véhicule qui comportait une caisse

16 de transportation.

17 (Le Banc de l'accusation se concerte.)

18 M. Stamp (interprétation): D'après la manière dont vous comprenez les

19 choses, si j'ai bien compris, vous tiriez sur ces véhicules que vous avez

20 vus? Est-ce que vous diriez que vous avez reçu des ordres pour tirer sur

21 des véhicules que vous avez vus en déplacement?

22 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, je suis navré, mais j'aimerais

23 qu'on puisse baisser le ton. Ça me paraît très surprenant.

24 M. Stamp (interprétation): Excusez-moi, je ne souhaitais pas produire un

25 effet intimidant, mais c'est à cause de la rapidité de la procédure.

Page 14915

1 M. le Président (interprétation): Vous savez, Monsieur le Témoin, il a

2 élevé le ton, mais parfois ça peut arriver par hasard.

3 Est-ce que vous pourriez expliquer ce qu'il lui demande dans sa question?

4 M. Golic (interprétation): Nous ne pouvions pas répondre pendant que j'y

5 étais. Nous avons pris les cotes, nous attendions les instructions de nos

6 observateurs le lendemain ou au cours des journées qui ont suivi. Il y

7 avait toujours un intervalle et nous attendions, nous recevions les cotes

8 et quand le véhicule surgissait, on ripostait. Mais le jour où j'ai vu

9 cela, je n'étais pas sur les positions de la batterie donc je n'ai pas pu

10 faire quoi que ce soit. Et j'ai dit que les moyens de communication avec

11 les positions de la batterie, les RUP, nous les utilisions très rarement

12 parce que ceci n'était pas chiffré donc ce n'était pas sécurisé donc ils

13 pouvaient facilement interrompre nos discussions, les écouter. Donc nous

14 évitions ce moyen de communication puisque les Musulmans disposaient de

15 tous les moyens leur permettant de procéder à des écoutes et de déchiffrer

16 nos conversations.

17 Question: Est-ce que cette explication nous permet de comprendre que ces

18 communications RUP n'étaient pas utilisées, ne seraient pas utilisées pour

19 vous dire qu'un mortier sortait et se trouvait sur les rails du chemin de

20 fer parce que ceci risquait d'être enregistré et déchiffré? C'est ce que

21 vous dites?

22 Réponse: Oui.

23 Question: Très bien. Donc je suppose ou plutôt je vais vous poser la

24 question suivante: n'était-il pas possible de tirer sur ces mortiers qui

25 se déplaçaient sur des distances de 30 à 50 mètres avant qu'eux ne tirent

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1 sur vous, plutôt que de riposter à leurs tirs? Est-ce que c'était

2 possible, puisque vous avez dit qu'il s'agissait de quelque chose qui est

3 devenu une routine?

4 Réponse: C'est ce que j'ai dit. Et par la suite, nous avons établi les

5 cibles. Et dans une certaine période, nous avons pu savoir à peu près

6 quand ils sortaient, donc on tirait de manière préventive. Je ne nie pas

7 le fait que nous avions nos observateurs et que ce genre de choses se

8 passait par la suite.

9 Question: Donc vous dites que vous tiriez de manière préventive après

10 avoir observé leurs déplacements?

11 Réponse: Oui.

12 Question: Autrement dit, jusqu'au moment où vous avez quitté Sarajevo, vos

13 unités, ou les positions depuis lesquelles vous avez tiré, pouvaient

14 contenir les tirs de ces mortiers et n'étaient pas en train de riposter

15 aux tirs lancés depuis ce mortier?

16 Réponse: Non. Je dis qu'ils étaient hors de notre portée dès que nous nous

17 sommes déplacés à Petrovici. Donc ce n'est pas cela que je dis.

18 Question: Très bien. Les mortiers d'Ivanici pouvaient-ils tirer sur ces

19 cibles, d'après vous, qui se déplaçaient près des rails du chemin de fer,

20 n'est-ce pas?

21 Réponse: Oui.

22 Question: Et sur ceux qui se déplaçaient près du tunnel à Kosevo, est-ce

23 exact? Compte tenu de l'ensemble de votre déposition, est-ce que je peux

24 conclure qu'au moment où vous avez quitté Sarajevo, les mortiers, depuis

25 Ivanici, seraient dans une position leur permettant de tirer sur ces

Page 14917

1 cibles dès que celles-ci commençaient à apparaître?

2 Réponse: A Ivanici, nous avons été remplacés par la 2e Batterie constituée

3 par des gens de Sarajevo.

4 Question: Excusez-moi, Monsieur le Témoin, nous avons des limites au

5 niveau du temps. Tout ce que je veux savoir, c'est si à Ivanici, il était

6 possible, pour les batteries et pour les batteries qui se trouvaient à la

7 portée de la région de Kosevo, de tirer sur ces cibles qui se déplaçaient

8 afin de les empêcher d'agir, au moment où ces cibles apparaissaient? Est-

9 ce que c'était possible?

10 Réponse: C'était possible.

11 Question: Vous avez dit que, pour autant que vous le sachiez, il y avait

12 des tirs depuis le complexe hospitalier de Kosevo.

13 Réponse: Oui, c'est ce que j'ai vu de mes propres yeux.

14 Question: Vous avez dit également que vous avez reçu les ordres de ne pas

15 riposter? Est-ce exact, oui ou non?

16 Réponse: Oui, c'était pendant le cessez-le-feu.

17 Question: Oui, il va falloir clarifier cela. A votre avis, combien de fois

18 pendant votre séjour à Sarajevo, a-t-on tiré depuis le complexe

19 hospitalier de Kosevo?

20 Réponse: Pour autant que je le sache, au moins dix fois, peut-être quinze.

21 Mais vous savez, c'était un très grand complexe depuis la rue Kralja

22 Tomislava jusqu'à Bjelave.

23 Question: Excusez-moi encore une fois, Monsieur le Témoin. Vous devez

24 comprendre que nous avons un problème au niveau du temps. Vous avez

25 répondu à ma question. J'essaye de procéder de manière accélérée.

Page 14918

1 Est-ce que ces dix à quinze fois, c'était toujours au moment du cessez-le-

2 feu, pendant le cessez-le-feu?

3 Réponse: Pour autant que je le sache, oui. Et une fois, j'ai assisté à

4 cela personnellement, j'ai vu cela de mes propres yeux.

5 Question: Je suppose que vous déclarez donc que vous n'êtes au courant

6 d'aucune occasion parmi les dix, quinze situations que vous avez

7 mentionnées lorsqu'on a tiré depuis le complexe hospitalier de Kosevo,

8 sans que ce soit en période de cessez-le-feu?

9 Réponse: Je ne sais pas si, même pendant la période pendant laquelle il

10 n'y avait pas de cessez-le-feu, ça se passait. Je ne le sais pas.

11 Question: Lorsque vous avez reçu les ordres de ne pas riposter, est-ce que

12 vous les avez reçus seulement pendant ces périodes de trêve de cessez-le-

13 feu?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Est-ce que vous avez reçu les ordres de riposter en tirant sur

16 le complexe hospitalier, lorsqu'il n'y avait pas de cessez-le-feu?

17 Réponse: Nous n'avons pas reçu ce genre d'ordre, non! Nous n'avons pas

18 reçu d'ordre de riposter, et puis comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas

19 au courant des situations où on aurait tiré depuis le centre, sans que ce

20 soit une période de cessez-le-feu.

21 Question: Pour clarifier votre déposition, vous n'avez pas reçu l'ordre

22 afin de riposter. Est-ce que ça veut dire que vous n'avez jamais reçu

23 l'ordre de riposter en tirant sur le complexe hospitalier de Kosevo?

24 Réponse: Oui, c'est exact.

25 Question: Est-ce que vous êtes au courant d'un quelconque autre équipage

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1 d'artillerie ou de mortier au sud de la ville de Sarajevo qui a reçu les

2 ordres visant à tirer contre le complexe hospitalier de Kosevo?

3 Réponse: Je ne suis pas au courant de cela.

4 Question: Est-ce que vous êtes au courant d'un quelconque équipage

5 d'artillerie ou de mortier qui se trouvait au sud de Sarajevo et qui

6 tirait sur le centre hospitalier à quelque moment que ce soit pendant

7 votre séjour dans la zone de Sarajevo?

8 Réponse: Non, mais je l'ai déjà dit, j'ai déjà répondu à cette question.

9 Question: Non, non, excusez-moi encore une fois. Est-ce que vous êtes au

10 courant d'un quelconque équipage de mortier ou d'artillerie positionné au

11 sud de la ville de Sarajevo qui a tiré sur le complexe hospitalier de

12 Kosevo?

13 Réponse: Non. Je ne suis pas au courant de cela.

14 Question: Est-ce que vous avez fini par devenir commandant de la batterie

15 de mortier?

16 Réponse: Non, seulement commandant du peloton et ce, en deuxième position.

17 Question: A quel moment est-ce que ceci s'est passé? Quelle année, quel

18 mois?

19 Réponse: Eh bien, j'étais déjà commandant du 2e peloton, à Sarajevo en mai

20 1992.

21 Question: Pendant que vous étiez à Sarajevo, est-ce que vous savez si un

22 quelconque membre de l'armée de la Republika Srpska sur ce front a été

23 sanctionné à cause des infractions liées à quelque délit que ce soit?

24 Réponse: Je ne suis pas au courant de cela.

25 Question: Permettez-moi, s'il vous plaît. Vous dites qu'il y avait une

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1 cour martiale dans la rue Zagrebacka.

2 Réponse: C'était une cour militaire, non pas martiale.

3 Question: Une cour militaire. Est-ce que vous avez entendu parler d'un

4 quelconque soldat qui était membre de votre armée et qui a été sanctionné

5 par ce Tribunal?

6 Réponse: Je ne suis pas au courant de cela.

7 M. Stamp (interprétation): Vous avez dit que si vous aviez des munitions

8 fiables de 120 millimètres, vous pouviez atteindre les cibles à 50 mètres.

9 Si vous aviez déjà les cotes de la cible, est-ce que vous étiez à même de

10 l'atteindre?

11 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, j'aimerais qu'on précise, que

12 l'on dise où cela se trouve, en citant, en m'indiquant exactement où le

13 témoin a dit cela, je vous prie.

14 J'en profite d'ajouter que j'aurai besoin de deux minutes -je sais qu'on

15 s'intéresse beaucoup au transcript et aux bandes-, j'aurai besoin d'une

16 minute pour deux ou trois rectifications Merci. A la fin.

17 M. le Président (interprétation): Oui.

18 M. Stamp (interprétation): Je suis prêt à poursuivre, mais je pense que je

19 ne pourrai pas terminer.

20 M. le Président (interprétation): Oui, apparemment, nous n'allons pas être

21 à même.

22 M. Stamp (interprétation): Mais peut-être que je peux poursuivre d'ici là?

23 M. Golic (interprétation): Monsieur le Président, est-ce que je peux

24 répondre à la question?

25 M. le Président (interprétation): Non, puisqu'il y a eu une objection

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1 contre cette question, Maître Piletta-Zanin.

2 M. Stamp (interprétation): Il s'agit de la ligne A, page 89 du compte

3 rendu en anglais.

4 M. le Président (interprétation): Oui, c'est là que cela se trouve, "50

5 mètres".

6 Peut-être que la Chambre doit décider maintenant de quelle manière nous

7 allons poursuivre parce que je suppose que vous, Maître Piletta-Zanin,

8 vous n'allez pas pouvoir poser des questions supplémentaires, si

9 nécessaire, et je suppose que ça l'est.

10 Donc Monsieur Stamp, nous ne pouvons pas terminer aujourd'hui, je suppose?

11 (Les Juges se concertent sur le siège.)

12 M. Stamp (interprétation): Avant cela, Monsieur le Président, peut-être

13 que je peux demander la réponse à la dernière question? Avant

14 d'interrompre.

15 M. le Président (interprétation): Oui, peut-être la dernière question,

16 Monsieur Stamp.

17 M. Stamp (interprétation): C'est page 88, je vais répéter peut-être.

18 M. le Président (interprétation): Oui, répétez la question et demandez au

19 témoin de répondre.

20 M. Stamp (interprétation): Si vous aviez déjà les cotes de la cible, et si

21 vous aviez tiré déjà auparavant près de cette cible, est-ce que par la

22 suite, vous auriez été à même d'atteindre cette cible à une distance de 50

23 mètres dès le premier tir?

24 M. Golic (interprétation): Seulement aux conditions idéales. Et il faut

25 tenir compte d'autres facteurs: l'air, la température de l'air, l'humidité

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1 de l'air, la température des armes qui est prise en compte rarement,

2 malheureusement. Je ne sais pas si vraiment, dans la vie, des conditions

3 idéales existent, parce que dans ce cas-là, effectivement, on pourrait

4 tirer directement sur la cible. Mais j'affirme qu'il est possible

5 d'atteindre une cible à une distance de 50 mètres par la suite par des

6 tirs ultérieurs, suite aux corrections sur la base aussi de la température

7 de l'air, de l'humidité, de la température de l'arme, de la pression, etc.

8 M. le Président (interprétation): Oui, vous avez expliqué cela. Je suppose

9 que, maintenant, vous avez encore une fois dit "50 mètres" parce que, dans

10 le compte rendu d'audience, la seconde fois, c'est écrit "15". Mais est-ce

11 que vous vouliez changer ce que vous avez dit ou bien…?

12 M. Golic (interprétation): Il s'agit du règlement, des règles de

13 l'ancienne JNA. Je dois clarifier. Nous utilisions…

14 M. le Président (interprétation): Non, non, non. Simplement, dites-moi:

15 c'est 50?

16 M. Golic (interprétation): 50.

17 M. le Président (interprétation): Oui, c'est ce que je demandais.

18 M. Stamp (interprétation): Nous devons voir cela dans le compte rendu

19 d'audience. Il a dit pour le premier tir et non pas pour le tir bref.

20 M. le Président (interprétation): Oui, c'est ce que j'ai entendu. Cela

21 ressort clairement de la suite de la réponse. Nous ne pouvons pas terminer

22 votre déposition aujourd'hui, malheureusement, parce des questions

23 supplémentaires vous seront posées tout d'abord par le Procureur.

24 Vous aurez besoin d'encore combien de temps, Monsieur Stamp,

25 approximativement?

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1 M. Stamp (interprétation): Je propose d'essayer de terminer dans un délai

2 de 30 minutes.

3 M. le Président (interprétation): D'accord, donc vous demandez 30 minutes

4 de plus.

5 Est-ce que vous êtes toujours disponible lundi prochain, parce que

6 maintenant c'est le week-end qui arrive? Est-ce que vous serez disponible

7 lundi prochain, Monsieur le Témoin?

8 (Signe affirmatif du témoin.)

9 Je vois que vous me faites signe que oui.

10 M. Golic (interprétation): Oui, mais moi, je pensais que nous allions

11 rester une demi-heure de plus maintenant. Ce n'est pas ça?

12 M. le Président (interprétation): Non. Nous avons essayé de terminer, mais

13 nous devons quitter ce prétoire, à moins que l'on puisse faire la même

14 chose qu'hier. Mais je ne sais pas si c'est possible. Est-ce que vous avez

15 déjà prévu de quitter La Haye à un certain moment? Est-ce qu'il y a déjà

16 un plan?

17 M. Golic (interprétation): Non.

18 M. le Président (interprétation): Je pense que la Chambre de première

19 instance voudrait d'abord voir s'il serait utile de poursuivre les débats

20 cet après-midi. Je voudrais d'abord demander aux parties si cela serait

21 possible. Je ne m'engage nullement.

22 M. Piletta-Zanin: Je vous remercie beaucoup. Cela a très bien fonctionné

23 hier, grâce à la Chambre, et nous en sommes reconnaissants. Aujourd'hui,

24 on m'attend à Genève, j'ai une réunion. J'ai un avion qui m'attend à 4

25 heures et quelque chose à l'aéroport et je ne vois pas que je puisse faire

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1 autrement que d'être à cette réunion, ce soir. Merci.

2 M. le Président (interprétation): J'ai bien compris votre position, Maître

3 Piletta-Zanin.

4 Qu'en est-il de vous, Maître Pilipovic?

5 Mme Pilipovic (interprétation): Je dois vous dire que j'ai une réunion au

6 quartier pénitentiaire à 15 heures 30, il s'agit d'un entretien. Et

7 pendant plus d'une semaine, je n'ai pas pu m'entretenir avec le général et

8 compte tenu de sa situation, compte tenu de sa santé, je ne sais pas

9 comment il se sent aujourd'hui.

10 M. le Président (interprétation): Je vous remercie. On ne va pas

11 travailler cet après-midi.

12 (Les Juges se concertent sur le siège.)

13 Les efforts que nous avons déployés hier constituent une exception plutôt

14 qu'une règle.

15 Par conséquent, la Chambre a décidé que nous reprendrons cet

16 interrogatoire lundi. Les témoins sont disponibles, par conséquent les

17 parties se réuniront l'après-midi.

18 Si, d'ici là, les parties souhaitent communiquer des données à la Chambre

19 de première instance, je prierai les parties de le faire dans les cinq

20 minutes qui suivent.

21 Je voudrais à présent inviter l'huissier à accompagner le témoin hors du

22 prétoire.

23 Je voudrais simplement dire quelques mots au témoin. Sachez que vous ne

24 pouvez pas parler avec quiconque au sujet de votre déposition. Nous allons

25 reprendre nos travaux mardi prochain, lundi prochain donc vous ne pouvez

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1 parler à personne, ni avec l'accusation ni avec la défense, au sujet de

2 votre témoignage.

3 Monsieur l'Huissier, je vous prie, de bien vouloir accompagner le témoin

4 hors du prétoire.

5 (Le témoin, M. Izo Golic, est reconduit hors du prétoire.)

6 (Questions relatives à la procédure.)

7 M. le Président (interprétation): Monsieur Stamp, est-ce que vous avez des

8 remarques à formuler?

9 M. Stamp (interprétation): J'avais fait remarquer, préalablement, que,

10 pour nous permettre de mieux nous préparer, nous aimerions disposer, et

11 peut-être obtenir des lignes directrices en ce qui concerne un article

12 particulier dont je ne peux pas me rappeler du nom ou du numéro à l'heure

13 actuelle. Mais je tiens simplement à dire que nous devons disposer de

14 résumés plutôt que de faits génériques.

15 A l'heure actuelle, les données dont nous disposons sont trop générales,

16 il s'agit de corriger le tir. La seule chose que nous pouvons faire est de

17 veiller à ce que la défense soit informée de notre souhait.

18 M. le Président (interprétation): Bien. Nous allons examiner cette

19 question et, si nous pouvons effectivement émettre un avis, un conseil,

20 nous allons devoir réfléchir à cette question, en débattre, et je pense

21 que si nous décidons qu'une ligne directrice doit être adoptée à ce

22 moment-là, on vous en informera.

23 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, rapidement, de manière privée au

24 représentant de la défense, et qui, apparemment, n'a pas passé très bien,

25 mais toutes les indications que nous avons dans le courrier du 29 octobre

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1 pour la partie vaudront mutatis mutandis pour tous les soldats ou les

2 personnes militaires. C'est un chablon que nous voulons imposer à chacun,

3 ligne par ligne, situation par situation, arme par arme. Cela, on le

4 reprend, on le copie, on met le nom. Là, je crois que c'est clair.

5 Deuxième chose -et c'est tout ce je dirai-, c'est que, Monsieur le

6 Président, concernant les traductions, je dois le dire, je crois, je dis

7 bien "je crois et je ne peux jamais être sûr" -et ma réaction tout à

8 l'heure était peut-être trop rapide parce que je croyais avoir entendu

9 quelque chose en serbe, mais je n'en étais pas sûr-, mais je crois aussi

10 que sur une autre question, ce témoin a dit qu'il a vu deux personnes en

11 train de manoeuvrer ce mortier de 82. C'est dans la page 32 du transcript

12 que cela se passe. Cela, c'est pour le serbe vers le transcript anglais.

13 Dernière chose, simplement en page 88, par rapport au transcript français,

14 ce n'est pas le "commandement en second", mais le "2e Peloton". Et je

15 crois que par rapport au transcript français, pour conclure, on ne parle

16 pas d'un tir "à une distance de 50 mètres" -un tir à une distance de 50

17 mètres serait très dangereux-, je crois qu'on parlait d'une zone de 50

18 mètres. Donc, il faut être précis là également.

19 Le reste, ce sont des questions de détail. Hier, j'aurais voulu le faire,

20 mais je n'ai pas eu le temps de le faire et je m'en excuse: l'expression

21 "high risk", que le témoin avait utilisé, ne peut pas être traduite comme

22 étant "haute responsabilité". Merci.

23 M. le Président (interprétation): Je vous remercie de cette observation,

24 Monsieur M. Piletta-Zanin. Je tiens à remercier toutes les personnes

25 présentes dans le prétoire pour la patience dont elles ont fait preuve. Je

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1 regrette que nous ayons débordé de dix minutes. Je souhaite un bon week-

2 end à tout le monde et nous nous retrouverons lundi prochain à 14 heures

3 15. Merci.

4 (L'audience est levée à 13 heures 55.)

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