Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Vendredi 31 janvier 2003.)

2 (L'audience est ouverte à 9 heures 04.)

3 (Le témoin, M. Milenko Indjic, est déjà dans le prétoire.)

4 (Audience publique.)

5 M. le Président (interprétation): Bonjour, Mesdames, Messieurs.

6 Vous aussi, Monsieur Indjic, bonjour.

7 Madame la Greffière d'audience, je vous prie de citer l'affaire.

8 Mme Philpott (interprétation): Il s'agit de l'affaire IT-98-29-T, le

9 Procureur contre Stanislav Galic.

10 M. le Président (interprétation): Je vous remercie, Madame la Greffière.

11 Monsieur Ierace, l'accusation est-elle prête? Pouvez-vous reprendre votre

12 contre-interrogatoire de M. Indjic?

13 M. Ierace (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

14 M. le Président (interprétation): Je vous prie de poursuivre.

15 M. Ierace (interprétation): Un instant, s'il vous plaît.

16 M. le Président (interprétation): Oui, Maître?

17 M. Piletta-Zanin: Je ne sais pas où va reprendre M. Ierace, mais pour

18 assister tout le monde, est-ce que M. Ierace, outre les pages, pourrait-il

19 nous donner les jours, le cas échéant les dates des interventions qu'il a

20 citées hier en fin de séance? Ce sera plus facile pour les retrouver.

21 Merci.

22 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, je ne peux pas citer

23 les dates, mais je peux citer les pages. Il s'agit des pages du transcript

24 en Microsoft Word.

25 M. le Président (interprétation): Oui, Maître Piletta-Zanin.

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1 M. Piletta-Zanin: C'est aimable, mais nous avons eu les pages hier soir;

2 je l'en remercie. Je vais faire un peu de recherches hasardeuses. Merci.

3 M. le Président (interprétation): Oui, je vous en prie.

4 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Milenko Indjic, par M. Ierace.)

5 M. Ierace (interprétation): Bonjour, Monsieur Indjic.

6 M. Indjic (interprétation): Bonjour.

7 M. Ierace (interprétation): Hier, je vous ai présenté des éléments de

8 déposition émanant du général Mole. Je vous répéterai quelques aspects de

9 cette déposition.

10 Il a dit que le général Galic était quelqu'un qu'il a eu l'occasion de

11 rencontrer et qu'il a été assez souvent présent à ces réunions. Aussi que,

12 lors de ces réunions, le général Galic lui disait de manière plutôt

13 précise que Sarajevo allait être pilonnée si les demandes émanant de la

14 partie serbe n'étaient pas respectées. Il s'agit donc de menaces qui

15 auraient été proférées par le général Galic entre 5 et 10 fois.

16 Ce témoin a également déposé en disant qu'il y avait une menace émanant à

17 la fois de l'accusé et des officiers de liaison serbes. Et il a dit que

18 vous avez été présent à ces réunions avec le général Galic plutôt de

19 manière régulière; même si vous êtes devenu moins présent et votre

20 présence était moins régulière vers la fin de la mission du général Mole à

21 Sarajevo. Je vous rappelle que c'était entre septembre 1992 et fin

22 décembre 1994 que se situe la période.

23 Comment réagissez-vous à cette déposition?

24 M. Indjic (interprétation): Vous venez d'avancer plusieurs affirmations.

25 Il me faut procéder dans l'ordre pour les expliquer et pour vous présenter

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1 mon point de vue.

2 Premièrement, je répète ce que j'ai dit hier: le nom Mole m'est plutôt

3 connu, mais je n'arrive pas à me rappeler l'homme. De même et par

4 conséquent, je n'arrive pas à me rappeler si j'ai été présent aux réunions

5 que M. Mole a eu avec le général Galic. Je ne nie pas cette possibilité,

6 mais je précise que je ne m'en souviens pas.

7 Une deuxième affirmation laisse entendre que le général Galic a répété à

8 plusieurs reprises que Sarajevo serait pilonnée si les exigences de la

9 partie serbe n'était pas respectée. Jamais, lors d'aucune des réunions

10 auxquelles j'ai assisté avec le général Galic, je n'ai entendu cette

11 affirmation proférée par le général Galic.

12 La troisième affirmation laisse entendre que cette menace a été avancée à

13 la fois par des officiers de liaison serbes, des individus. Je peux

14 affirmer en toute responsabilité que, de mon côté, jamais cette

15 affirmation n'a été exprimée.

16 Enfin, pour ce qui est de la dernière déclaration, disons que j'étais de

17 moins en moins présent vers la fin de sa mission, puisque je ne sais

18 réellement pas combien de fois et avec quelle régularité j'ai été présent

19 à ces réunions.

20 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, afin que je puisse vérifier

21 -parce que, dans les pages que j'ai, je ne vois pas exactement cela-, est-

22 ce que M. Ierace pourrait nous donner précisément les pages et les

23 transcripts d'où il a tiré ces affirmations? Merci par avance.

24 M. le Président (interprétation): Monsieur Ierace?

25 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, il m'a semblé que je

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1 l'ai déjà fait hier. Je peux ajouter une référence de page pour ce qui est

2 de la régularité ou de la fréquence du témoin à ces réunions: 10955 est la

3 référence de la page concernée, ainsi que 10983, me semble-t-il.

4 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, avez-vous retrouvé

5 la date?

6 M. Piletta-Zanin: J'ai commencé par le début, Monsieur le Président, et

7 j'avais noté hier les pages 9857 et 9518. Et là, nous n'étions pas en

8 phase. Je vais maintenant continuer et retrouver cela. Mais M. Ierace peut

9 continuer dans l'intervalle. Merci.

10 M. le Président (interprétation): Je vois que vous ne vous opposeriez pas

11 à ce que M. Ierace continue.

12 M. Ierace (interprétation): Hier, vous avez déposé au sujet des réunions

13 quotidiennes qui se tenaient au niveau du commandement au quartier général

14 de Lukavica. Vous avez dit qu'il y avait deux types de réunions. Les

15 premières, c'était lorsqu'il y avait une activité intense et les deuxièmes

16 réunions se tenaient lorsque la situation était normale. Donc lorsqu'il y

17 avait ce genre de réunions, quelqu'un de votre groupe de liaison y était

18 présent. Vous-même, est-ce que vous y assistiez?

19 M. Indjic (interprétation): Lorsque le colonel Zarkovic n'était pas

20 présent ou plutôt lorsque j'étais chef de ce groupe, j'ai assisté à ces

21 réunions.

22 Question: Vous avez dit aussi, qu'il y avait un autre type de réunions,

23 des réunions d'analyse, d'examen qui se tenaient deux fois par an peut-

24 être.

25 Est-ce que vous étiez présent à ces réunions en l'absence du colonel

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1 Zarkovic?

2 Réponse: J'ai mentionné ces analyses lorsque j'ai répondu à la question me

3 demandant si les commandants des brigades étaient présents à ces réunions.

4 Ce que j'ai répondu, c'était que, pour autant que je le sache, ils étaient

5 présents lorsqu'on faisait des analyses annuelles ou semestrielles. Et je

6 précise que, lors de ces réunions, il n'y avait pas la présence des

7 personnes chargées de la coopération de la Forpronu.

8 M. Ierace (interprétation): Dans votre bureau au quartier général de

9 Lukavica, aviez-vous un poste de télévision?

10 M. Indjic (interprétation): Pendant une période, oui, pendant une période

11 non. Au début, non. Je ne me souviens pas exactement à quel moment on l'a

12 eu.

13 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président?

14 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin.

15 M. Piletta-Zanin: Je suis navré. Afin qu'on parle la même langue, j'aurais

16 voulu que M. Ierace puisse citer, en page 10955 -parce que, apparemment,

17 je n'ai pas ces références-là-, très exactement l'endroit où il est

18 mentionné ce que M. Ierace nous a indiqué.

19 M. le Président (interprétation): Pourriez-vous citer, s'il vous plaît,

20 encore une fois la page?

21 M. Piletta-Zanin: Le nombre qui nous était donné par M. Ierace est 10955

22 et, dans cette page, je n'ai pas vu cela. Est-ce que M. Ierace peut faire

23 référence précisément au paragraphe, etc.?

24 M. le Président (interprétation): Quelle est la date?

25 M. Piletta-Zanin: J'en ai ouvert, mais je crois qu'on doit se situer sur

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1 le 7 mars, pardonnez-moi, le 7 juillet. Le 3 juillet, Monsieur le

2 Président. C'est le jour 109.

3 M. le Président (interprétation): Et quelle est la référence que vous

4 n'auriez pas pu retrouver?

5 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, pardonnez-moi, mais je recherche

6 le jour; l'indication que je viens de vous donner n'est pas exacte. Mais

7 j'ai retrouvé tout à l'heure la page 10955 et, à l'intérieur, je n'ai pas

8 trouvé de références relatives aux questions qu'a posées tout à l'heure M.

9 Ierace.

10 M. le Président (interprétation): Au sujet de quoi, précisément?

11 M. Piletta-Zanin: Par rapport aux informations du colonel ou du

12 lieutenant-colonel Mole.

13 M. le Président (interprétation): J'aimerais savoir précisément quelle est

14 la partie de la question que vous contestez?

15 M. Piletta-Zanin: En relation à la présence du témoin aux affirmations de

16 M. Mole quant aux bombardements illicites de Sarajevo en représailles.

17 M. le Président (interprétation): Monsieur Ierace, une partie de votre

18 question consistait-elle à savoir à quel moment cela s'est produit, ces

19 réunions spéciales où le témoin était présent?

20 M. Ierace (interprétation): Je souhaite répondre en l'absence du témoin et

21 à huis clos partiel. Avec tous mes respects, je pense que nous devrions

22 établir un certain nombre de règles de base au sujet des questions que

23 l'on peut poser au témoin.

24 M. le Président (interprétation): Oui, je vous en prie, je demanderai à M.

25 Indjic de quitter le prétoire.

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1 (Le témoin, M. Milenko Indjic, est reconduit hors du prétoire.)

2 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, la référence, en fait, c'est le 2

3 février 2002, jour 108e, où je n'ai pas trouvé dans la page mentionnée

4 quoi que ce soit en relation à la question de M. Ierace.

5 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, j'ai quelque

6 difficulté à accepter que, le 2 février 2002, était bien le 108e jour de

7 notre procès au fond, puisque ces numéros correspondent bien à quelque

8 chose. Le 108e jour, c'était à peu près deux mois après le début.

9 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, il s'agit du 2 juillet.

10 Pardonnez-moi. Merci.

11 M. le Président (interprétation): Oui. Monsieur Ierace?

12 M. Ierace (interprétation): Oui, Monsieur le Président. Tout d'abord, je

13 souhaite répondre à la question que vous m'avez posée.

14 Hier, j'ai demandé au témoin ou plutôt j'ai avancé que M. Mole a tenu des

15 réunions régulières avec l'accusé et que le capitaine Indjic était assez

16 présent souvent lors de ces entretiens. Ceci a constitué un élément de la

17 déposition de M. Mole; il a dit que M. Indjic était le plus souvent

18 présent pendant la première période et que sa présence était devenue moins

19 régulière vers la fin. Le résultat de ses dépositions est que ce témoin a

20 été, mais aussi a pu ne pas être présent lorsque ces réunions ont eu lieu.

21 Ceci a été très clairement présenté à ce témoin.

22 Qui plus est, quel genre de menaces a été avancé par l'accusé 5 à 10 fois?

23 En d'autres mots, il semblerait que c'était un nombre assez élevé, qu'il y

24 a eu un nombre assez élevé de ces réunions. C'est la raison pour laquelle

25 j'ai posé la question au témoin. C'est ça le fondement. Et le témoin, en

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1 toute évidence, a compris le question.

2 M. le Président (interprétation): Oui, Maître Piletta-Zanin, tout d'abord

3 vous avez dit que vous aviez besoin d'une référence précise; et la règle

4 générale ici est que, s'il y a des raisons valables pour supposer que la

5 déposition du témoin a été présentée sous une lumière erronée, dans ce

6 cas-là, on peut demander une citation. Donc lorsqu'il y a contestation

7 sérieuse de ce qui a été dit.

8 J'aimerais donc savoir quelle est la partie de la question que vous

9 contestez, pour laquelle vous dites qu'elle ne répond pas d'une manière

10 fidèle à la déposition du témoin.

11 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, je ne conteste pas en général

12 qu'il y a eu de telles déclarations. Ce que j'aimerais, c'est pouvoir être

13 en mesure d'exercer un droit minimum, c'est de vérifier s'il s'est agi

14 d'au moins 10 fois, comme j'ai cru l'entendre, etc., et de savoir d'où ces

15 détails proviennent. Si l'accusation n'est pas en mesure de nous fournir

16 ces détails ou nous donne des détails qui sont erronés, que la règle qui

17 s'applique souvent à la défense s'applique aussi parfois à l'accusation.

18 Je demande simplement qu'on me confirme cela.

19 M. le Président (interprétation): Oui, oui. Permettez-moi…

20 M. Piletta-Zanin:...

21 M. le Président (interprétation): Non, Maître Piletta-Zanin. Il en est

22 autrement. Ce principe n'a pas été appliqué à la défense.

23 A chaque fois qu'il y a une question sérieuse au sujet de la manière dont

24 les éléments de dépositions antérieures ont été présentés, donc lorsqu'il

25 y a doute quant à la façon dont ils sont représentés, est-ce que c'est

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1 correct ou non, eh bien, à chaque fois que cela se produit, l'une ou

2 l'autre des parties est tout à fait en droit de demander la source

3 précise.

4 Puisque vous avez demandé des résumés des dépositions antérieures du

5 témoin, vous avez demandé la source, vous avez lu cela, et hier, je vous

6 ai demandé de prendre connaissance de l'ensemble de la déposition qui se

7 réfère au témoin que nous avons devant nous maintenant. A présent, vous

8 avez demandé une référence pour quelque chose qui n'a pas été vraiment

9 contesté en tant que reflet fidèle de la déposition du témoin.

10 Il va sans dire que vous pouvez vérifier si l'on cite de manière correcte

11 les dépositions. On vous a cité les numéros de pages, hier. Donc vous êtes

12 tout à fait en mesure de vérifier cela, mais vous ne pouvez pas demander

13 des références de pages pour chacune des questions qui est posée et sans

14 avoir des raisons valables pour le faire.

15 Je suis sûr qu'à chaque fois que M. Ierace est en mesure de vous permettre

16 de vous faciliter la recherche, il le fera; donc lorsqu'il s'agit de vous

17 donner les références des jours où les témoins ont déposé pour que vous

18 puissiez plus facilement retrouver les références. Si vous avez des

19 difficultés pour ce qui est de retrouver des dates, dates de déposition de

20 certains témoins, je serai tout à fait disposé à vous aider. Mais

21 l'accusation est en droit d'utiliser son temps d'une manière adéquate.

22 Telle est ma décision.

23 Oui, je vous en prie.

24 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, ce que je vous dis, c'est

25 l'exemple de la page 10955: on me donne une information et dedans il n'y a

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1 rien. C'est ce que je dis simplement. Je ne peux pas vérifier tous les

2 transcripts d'une année de débat, parce que je ne sais pas quelle question

3 va poser l'accusation, mais quand je demande une information, page 10955,

4 je la vérifie et, dedans, il n'y a rien. C'est tout ce que je dis; c'est

5 aussi simple que ça.

6 Par ailleurs, j'aurais voulu qu'un technicien puisse venir parce que, en

7 faisant mes recherches, à nouveau –j'en suis navré- j'ai bloqué mon

8 appareil. Merci.

9 M. le Président (interprétation): Un instant, s'il vous plaît.

10 Nous allons vérifier et nous verrons comment nous pouvons vous aider pour

11 la page 10955.

12 (Le témoin, M. Milenko Indjic, est introduit dans le prétoire.)

13 M. le Président (interprétation): Le LiveNote fonctionne? Non, il ne

14 fonctionne plus. Nous demanderons aux techniciens d'aider Me Piletta-Zanin

15 à rétablir son transcript.

16 Je vous prie de poursuivre, Monsieur Ierace.

17 M. Ierace (interprétation): Sommes-nous toujours à huis clos partiel,

18 Monsieur le Président?

19 M. le Président (interprétation): Non, nous n'étions pas à huis clos

20 partiel.

21 M. Ierace (interprétation): Il n'est peut-être pas nécessaire d'expurger.

22 M. le Président (interprétation): Vous pensez qu'il n'est pas nécessaire

23 d'expurger?

24 M. Ierace (interprétation): Je souhaite soulever un autre point et il

25 faudrait peut-être passer à huis clos partiel.

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1 (Audience à huis clos partiel à 9 heures 26.)

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15 (Audience publique à 9 heures 30.)

16 Pour ce qui est de la page 10955, c'est la déposition du témoin Y, d'après

17 ce que je vois, et c'est de là peut-être que vient la confusion. Ce témoin

18 est quelqu'un a qui on a posé des questions au sujet d'un document, un

19 document dont nous n'avions pas d'exemplaire à notre disposition hier, un

20 document au sujet des traversées de l'aéroport.

21 Je vous prie de poursuivre.

22 M. Ierace (interprétation): Je vous remercie, Monsieur le Président.

23 M. le Président (interprétation): Oui, Maître?

24 M. Piletta-Zanin: Nous voyons maintenant ce que j'avais vu: que la

25 référence est assez fantaisiste. J'aurais souhaité que, sur cette question

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1 des 10 interventions -ou des interventions plurielles-, M. Ierace me

2 donnât la bonne référence, ce qui, je crois, est son devoir sinon son

3 obligation.

4 M. le Président (interprétation): Non. Ceci ne constitue pas une

5 obligation de manière générale, en règle générale. A chaque fois qu'il y a

6 des raisons sérieuses de considérer, de croire que l'une ou l'autre des

7 parties présente au témoin des questions qui ne reflètent pas de manière

8 correcte la teneur de la déposition, à ces occasions-là donc, nous allons

9 vérifier la source. Donc, Maître Piletta-Zanin, vous pouvez nous dire ce

10 qui, à votre avis, n'est pas correctement représenté et vous ne l'avez pas

11 dit à M. Ierace au sujet de ces questions jusqu'à présent. Donc nous

12 devons utiliser notre temps de manière efficace.

13 Je vous prie de poursuivre.

14 Oui?

15 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, je crois l'avoir dit, c'est cette

16 dizaine d'interventions -ou plus- qui m'interpellent. Je crois l'avoir

17 dit. Que simplement M. Ierace puisse me dire où cette récurrence du nombre

18 a été formulée.

19 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, je vous ai

20 communiqué notre décision et maintenant, vous dites encore une fois que

21 vous voulez une référence pour chacun des mots que profère M. Ierace. Il

22 n'est pas tenu de vous fournir chacune de ces références de page. Si vous

23 avez des difficultés et si vous avez des raisons valables de demander des

24 vérifications ou de chercher à vérifier, nous vous aiderons. Vous vous

25 êtes préparé, vous êtes préparé pour cet interrogatoire. Vous connaissez

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1 la teneur de la déposition de ce témoin au sujet d'autres témoins, et

2 c'est la base sur laquelle nous allons poursuivre. Si cela est nécessaire,

3 nous le vérifierons. Vous pouvez le coucher par écrit. Pendant la pause

4 nous allons vérifier si ceci est exact ou non. Et sinon, nous allons le

5 reprocher à l'accusation et il faudra qu'elle soit confrontée à des

6 conséquences des citations erronées.

7 M. Nieto-Navia (interprétation): J'aimerais savoir si vous avez le numéro

8 de la page où figure cette affirmation du général M. Mole, dans le

9 transcript. L'avez-vous?

10 M. Ierace (interprétation): Au sujet du fait que le témoin a été plus

11 souvent présent pendant une période et/ou pendant la première période?

12 M. Nieto Navia (interprétation): Au sujet des cinq à dix fois.

13 M. Ierace (interprétation): Oui, les cinq à dix fois, excusez-moi. Ce type

14 de menaces a été proféré par l'accusé cinq à dix fois. Il n'est pas dit

15 ici que le témoin était présent. La page est 9837.

16 M. Nieto-Navia (interprétation): Vous avez la page à présent, Maître

17 Piletta-Zanin.

18 M. Ierace (interprétation): Merci.

19 Monsieur Indjic, aviez-vous des responsabilités, quelles qu'elles soient,

20 consistant à ce que vous informiez l'accusé ou le Corps de Sarajevo

21 Romanija, de manière générale, au sujet de ce que transmettaient les

22 médias au sujet du conflit? Donc, en d'autres mots, au sujet de la

23 couverture médiatique des événements?

24 M. Indjic (interprétation): Non. Le suivi des médias, de l'ensemble des

25 médias, eh bien, cela revenait aux commandants adjoints chargés du moral

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1 des troupes et des questions juridiques.

2 Question: Comment s'appelait cet officier, en septembre 1992?

3 Réponse: C'était le colonel Kosovac.

4 Question: Est-ce qu'il est resté à cette fonction jusqu'en août 1994?

5 Réponse: Je ne peux pas me rappeler à quel moment il a pris sa retraite.

6 Question: Y a-t-il eu quelqu'un d'autre qui a occupé cette fonction depuis

7 septembre 1992 à août 1994?

8 Réponse: Je ne m'en souviens pas.

9 Question: A-t-il été lui aussi posté au quartier général de Lukavica?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Et son bureau à lui, se trouvait il au rez-de-chaussée?

12 Réponse: Non.

13 Question: Peut-être au premier étage?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Lui aussi a-t-il eu dans son cabinet, dans son bureau, un poste

16 de télévision?

17 Réponse: Je ne sais pas.

18 Question: Sur le toit du poste du quartier général de commandement, il y

19 avait des antennes paraboliques, n'est-ce pas?

20 Réponse: Non.

21 Question: Moi je vous dis que, depuis septembre 1992 à août 1994, à un

22 moment donné, il y avait eu sur le toit du bâtiment des antennes

23 paraboliques. Etes-vous d'accord avec moi?

24 Réponse: C'est uniquement pendant la période où, à Lukavica, au poste du

25 quartier général, devaient s'installer des observateurs militaires; c'est

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1 ainsi qu'ils ont mis en place leur propre système de suivi, moyennant un

2 système d'antennes paraboliques.

3 Question: Quand est-ce qu'ils ont mis en place ce système?

4 Réponse: Je crois que c'était au début de septembre 1993.

5 Question: Dites-moi, le colonel Kosovac, parlait-il anglais?

6 Réponse: Je ne sais pas.

7 Question: Certainement vous auriez dû le savoir, Monsieur, étant donné que

8 vous vous trouviez au sein du même poste de commandement. Et pour autant

9 que je le sache, vous ne connaissiez pas d'autres gens qui parlaient

10 anglais. Autrement dit, n'auriez-vous pas dû savoir si celui-là parlait

11 anglais?

12 Réponse: Non. Je n'aurais pas dû le savoir.

13 Question: Vous a-t-il jamais demandé à venir dans son cabinet pour suivre

14 tel ou tel programme en anglais, programme télévisé?

15 Réponse: Non.

16 Question: Est-ce que vous avez pu vous dire qu'il était important pour les

17 dirigeants du Corps d'armée Sarajevo Romanija, d'être important (sic) ce

18 qui a été de suivre, ce qui a été dit dans les médias et par les médias

19 sur les évènements de Sarajevo?

20 Réponse: Je n'y ai jamais réfléchi.

21 Question: Moi, je vous dis que cette réponse n'est pas vraie, n'est pas

22 juste, et que ceci aurait dû se produire?

23 Réponse: Je ne sais pas ce qui aurait pu se produire.

24 Question: C'est-à-dire qu'il aurait été utile de suivre ce qui a été dit

25 par les médias sur et au sujet des événements de Sarajevo?

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1 Réponse: Probablement, il aurait été utile de tout suivre et de tout

2 savoir.

3 Question: Il s'agit de quelque chose que vous avez pu réaliser à ce

4 moment-là, vous-même?

5 Réponse: Non.

6 Question: Vous-même, personnellement, avez-vous eu des contacts avec des

7 journalistes?

8 Réponse: Oui, en ma qualité d'officier de liaison, j'ai dû avoir des

9 contacts pour leur permettre des contacts avec des personnes préposées à

10 la délivrance de cartes d'identité, d'accréditation, etc. , divers types

11 et modes d'enregistrement des journalistes.

12 Question: Avec quels journalistes de télévision, de chaînes américaine

13 avez-vous pu avoir des contacts au cours de cette période pertinente qui

14 nous intéresse?

15 Réponse: Je ne saurais rappeler avec précision; il y en avait plusieurs.

16 Question: Est-ce que vous vous rappelez des noms quelconques?

17 Réponse: Oui. Christiane Amanpour, Jacky Shumansky, etc.

18 Question: Y a-t-il eu des journalistes de chaîne de télévision d'autres

19 pays?

20 Réponse: Je suppose que oui.

21 Question: Et quant à vous, saviez-vous qu'eux, ils devaient circuler dans

22 le territoire se trouvant sous le contrôle du Corps d'armée Romanija

23 Sarajevo?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Et il s'agissait toujours des équipes de journalistes de

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1 télévision?

2 Réponse: Je ne sais pas qui se trouvait avec ces équipes-là. En tout cas,

3 il y avait des journalistes -je le savais- dans le territoire de la

4 Republika Srpska.

5 Question: Vous voulez dire que vous ne saviez pas qu'eux, en équipes de

6 journalistes de chaînes de télévision, ils circulaient dans ce territoire

7 pour tourner et interviewer, préparer des reportages?

8 Réponse: Je vous le dis une fois de plus, bon sang!, que si c'étaient des

9 journalistes, c'était tout à fait normal qu'ils en fassent autant, mais je

10 ne peux pas l'affirmer parce que je n'étais pas avec eux pendant leur

11 tournage.

12 Question: Mais il était important, en matière de sécurité, de savoir qui

13 étaient les gens qui étaient autorisés à se mouvoir dans votre territoire

14 pour tourner et pour travailler?

15 Réponse: Je comprends maintenant. Je crois que vous confondez là quelque

16 chose en matière de fonction: la mienne n'a pas été celle d'un officier de

17 sécurité, mais plutôt d'un officier de liaison.

18 Question: Et Christiane Amanpour, a-t-elle eu une interview avec le

19 général Galic?

20 Réponse: Je ne le sais pas.

21 Question: En qualité d'officier de liaison du Corps d'armée de Romanija de

22 Sarajevo, vous nous dites ne pas savoir si Christiane Amanpour a

23 interviewé le général Galic, n'est-ce pas?

24 Réponse: Exact.

25 Question: Même s'il s'agissait de votre responsabilité de vous occuper de

Page 18716

1 l'enregistrement de sa présence là-bas pour lui remettre une carte

2 d'identité de journaliste?

3 Réponse: Non, je n'étais pas préposé à la délivrance de cartes d'identité

4 de journalistes; c'était le centre de presse de Pale qui en était saisi et

5 responsable.

6 Question: Excusez-moi, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, une

7 seconde que je me concerte avec mes collègues pour consulter le

8 transcript.

9 Je suppose, Monsieur, que vous avez dû savoir que ces gens-là étaient

10 allés pour tourner de l'autre côté de la ligne de conflit?

11 Réponse: Je pouvais le présumer.

12 Question: L'avez-vous fait?

13 Réponse: Disons que oui.

14 Question: Monsieur, vous nous dites que vous n'avez pas eu la moindre idée

15 du fait qu'il fallait savoir ce que tournaient et prenaient en vue ces

16 gens-là, ce qu'ils faisaient de l'autre côté de la ligne de confrontation

17 et ce dont ils rapportaient. Moi, pour ma part, je vous dis qu'il s'agit

18 de quelque chose dont vous avez dû avoir connaissance. Il s'agit de suivi

19 de médias: ne s'agit-il pas de votre travail à vous?

20 Réponse: Je crois que ce n'est pas tout à fait sérieux d'affirmer

21 maintenant que je pensais ceci ou que je pensais cela, ni ce que je

22 pensais ou ce que je ne pensais pas.

23 Question: Est-ce que vous avez regardé les programmes de télévision? Est-

24 ce que vous suiviez par exemple le journal télévisé pendant que le poste

25 de télévision se trouvait dans votre cabinet?

Page 18717

1 Réponse: Oui, pendant que j'avais le temps pour le faire.

2 Question: Bien. Saviez-vous qu'il y avait quelqu'un, au Corps d'armée

3 Sarajevo Romanija, chargé de suivre ces programmes pour savoir s'il y

4 avait des allégations transmises par les médias selon lesquelles les

5 forces armées des Serbes de Bosnie étaient responsables de tirs à

6 l'aveugle à l'encontre de civils de la ville de Sarajevo, c'est-à-dire de

7 l'autre côté de la ligne de confrontation?

8 Réponse: Non.

9 Question: Avez-vous jamais appris l'existence d'enquêtes quelconques,

10 menées au sein et par le Corps d'armée Sarajevo Romanija, du fait que

11 l'existence de tels reportages des médias...?

12 Réponse: Je ne sais pas si des enquêtes ont été vraiment menées à cause et

13 sur la base des comptes rendus des médias ou de journalistes.

14 Question: S'il y a eu des enquêtes de ce genre-là, est-ce que vous avez dû

15 vous attendre à en avoir une connaissance?

16 Réponse: Non.

17 Question: Par conséquent, à part les protestations faites par l'ONU, vous

18 dites que, d'aucune façon, vous n'avez pas pris part à des enquêtes qui

19 auraient pu être menées à cause des comptes rendus des médias?

20 Réponse: Exact.

21 Question: Hier, une question vous a été posée pour savoir si l'ONU a fait

22 état d'une protestation à cause du fait qu'un certain nombre de civils ont

23 été pilonnés en date du 4 février 1994, à Dobrinja. Or vous avez dit...

24 peut-être seriez-vous à même de le répéter si jamais une telle

25 protestation a existé au sujet de cet incident?

Page 18718

1 Réponse: Je n'ai jamais vu une telle protestation.

2 Question: Est-ce que vous doutez de l'existence d'une telle protestation

3 mise en place par l'agent de l'ONU et adressée au Corps d'armée Sarajevo

4 Romanija?

5 Réponse: Je doute fort qu'une protestation ait jamais existé.

6 Question: A quel moment avez-vous appris l'incident du pilonnage?

7 Réponse: Pouvez-vous être plus précis pour me mettre au courant du

8 pilonnage auquel vous vous référez?

9 M. Ierace (interprétation): Je me réfère à... Une seconde, Monsieur le

10 Président, Messieurs les Juges.

11 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, je demande 30 secondes: je crois

12 que le général Galic souhaiterait conférer avec Mara Pilipovic. Et afin

13 qu'il y ait le moins de bruit possible…

14 M. le Président (interprétation): Oui, je vous en prie. Procédez.

15 M. Piletta-Zanin: J'indique à la Chambre qu'il n'y a strictement rien dans

16 la page 9837, que je viens de vérifier.

17 (Le général Galic se concerte avec Me Pilipovic.)

18 M. le Président (interprétation): Utilisez-vous le transcript en anglais

19 ou en français?

20 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, vous savez que nous n'avons

21 accès...

22 M. le Président (interprétation): Je demande seulement. Peut-être l'avez-

23 vous par écrit? Ceci devrait être en anglais puisque vous regardez votre

24 ordinateur. Merci.

25 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, pour ne pas perdre de temps, M.

Page 18719

1 Ierace peut continuer.

2 M. le Président (interprétation): Monsieur Ierace, si vous êtes prêt,

3 procédez, s'il vous plaît.

4 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président...

5 M. le Président (interprétation): Oui, on avait demandé des détails sur le

6 pilonnage en date du 4 février, à Dobrinja.

7 M. Ierace (interprétation): Oui, je voulais que l'on présente le document

8 P3778.

9 Mme Philpott (interprétation): S'agit-il d'un document que nous avons

10 déjà?

11 M. Ierace (interprétation): Non, il s'agit d'un élément de preuve nouveau.

12 (Intervention de l'huissier.)

13 Pour assister la Chambre de première instance et le conseil de défense, je

14 dirai qu'il s'agit d'une photocopie du rapport établi par la commission

15 d'experts, en date du 4 février 1994.

16 M. Piletta-Zanin: Dans la mesure où ce document vient d'être produit, est-

17 ce que l'accusation a songé à en faire une traduction en serbe pour le

18 général Galic? Parce qu'il est uniquement en anglais, sinon ce serait le

19 prendre un peu à défaut.

20 M. le Président (interprétation): Il serait bon que vous donniez lecture

21 des fragments de ce document auquel vous vous référez, pour qu'on puisse

22 le traduire.

23 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, vous dites "en vous

24 référant à Me Piletta-Zanin": c'est à moi que vous pensez?

25 M. le Président (interprétation): Bien entendu, c'était une erreur.

Page 18720

1 M. Ierace (interprétation): Certainement.

2 Monsieur, avez-vous, vous, sous vos yeux ce document sur lequel nous

3 pouvons lire "723" à l'angle gauche, et ensuite le "4 février 1994"? Et,

4 entre parenthèses, le jour de "vendredi"? Est-ce que vous le voyez, à la

5 première page?

6 M. Indjic (interprétation): Oui.

7 Question: Très bien. Je vais vous donner lecture de quelques fragments.

8 Vous voyez sous le point B: "Cible touchée: une queue dans laquelle se

9 trouvaient des gens attendant de la nourriture". Ensuite: "Description:

10 dommages importants causés, pertes de vies civiles. Sources: Agence France

11 Presse et Reuters"

12 Ensuite le point B: "Parmi les victimes, 9 personnes, entre autres 2

13 enfants, 18 autres blessés lorsque des obus ont percuté des gens qui

14 faisaient la queue pour attendre une distribution de farine à Dobrinja, à

15 11 heures du matin. Source de référence: Agence France Presse et Reuters".

16 Ensuite, page 2, deuxième fragment, nous lisons: "Selon la Forpronu,

17 l'obus qui a percuté les personnes étant à la queue, attendant la farine,

18 a été tiré par les forces serbes."

19 Ensuite, l'analyse du cratère faite par des observateurs militaires de

20 l'ONU a prouvé que la mine de mortier provenait du côté serbe, à une

21 distance d'environ 2.5000 par rapport à Lukavica. Le commandant Jose

22 Labandiera a dit aussi que "les personnes qui ont fait la queue ont été

23 touchées par trois projectiles de 120 millimètres de calibre." Labandiera

24 a ajouté que le commandant de la Forpronu de Bosnie-Herzégovine, Sir

25 Michael Rose a inspecté les lieux qui ont été entachés de sang au cours de

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1 l'après-midi, après quoi, une analyse du cratère a été faite.

2 Les Serbes de Bosnie ont dénigré et réfuté cette analyse. Les commandants

3 serbes de Bosnie ont affirmé qu'aucun mortier n'a tiré depuis les

4 positions des forces armées serbes de ce secteur à 11 heures, laquelle

5 heure est considérée comme l'heure de l'attaque.

6 Nikola Koljevic, vice-Président de la République -je cite-: "A fait part

7 d'une rigoureuse protestation contre ce qu'il a considéré avoir été monté

8 de toute pièce et qui aurait dû coûter la vie à des civils". Il a dit que

9 "la Forpronu est libre de vérifier elle-même le fait qu'à Vrajnes, les

10 forces serbes ne disposent pas de pièces d'artillerie." (Fin de citation.)

11 Or l'allégation est en fait que l'armée de Bosnie-Herzégovine disait que

12 c'est de là-bas qu'on avait tiré.

13 Dites-moi, Monsieur, est-ce que j'ai pu vous rafraîchir un petit peu votre

14 mémoire au sujet de cet incident au sujet duquel Me Piletta-Zanin vous a

15 posé des questions, hier? Je les repose aujourd'hui.

16 Réponse: Oui.

17 Question: Est-ce que, en l'état, vous pouvez-vous rappeler que la Forpronu

18 aurait fait état d'une protestation au sujet de ce pilonnage?

19 Réponse: Non.

20 M. Ierace (interprétation): Acceptez-vous que la protestation aurait pu

21 être envoyée encore? Vous ne vous en souveniez plus?

22 M. Piletta-Zanin: Objection, Monsieur le Président. La question est de

23 caractère hautement et terriblement hypothétique.

24 M. le Président (interprétation): Monsieur Ierace, si vous demandez à

25 quelqu'un si l'acte était quelque chose dont il ne se souvient pas,

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1 vraiment cela ne présente aucune utilité et n'aide en rien cette Chambre.

2 M. Ierace (interprétation): Je crois pour ma part que ceci pourrait être

3 utile à la Chambre. Mais si vous pensez autrement.

4 M. le Président (interprétation): Je vous en prie, procédez.

5 M. Ierace (interprétation): Eh bien, si on prend en considération la

6 déposition qui était la vôtre hier, lorsque vous parliez de procédure

7 suivant laquelle ces protestations parvenaient jusqu'à vous, si une telle

8 protestation a été mise en place, elle vous aurait atteint d'une certaine

9 manière?

10 M. Indjic (interprétation): Oui, mais au travers du groupe de coopération

11 avec la Forpronu.

12 Question: Vous vous référez au groupe de Pale?

13 Réponse: Non. A celui de Lukavica, là où je me trouvais moi-même.

14 Question: Or, à cette époque-là, c'était vous qui étiez à la tête de ce

15 groupe, n'est-ce pas?

16 Réponse: Je ne sais pas si c'était la période pendant laquelle le colonel

17 Zarkovic était déjà de retour du ministère de la Défense ou si c'était

18 moi.

19 Question: Lorsqu'on communiquait, c'est-à-dire lorsque l'officier de

20 liaison des Serbes de Bosnie communiquait avec les officiers de Sarajevo,

21 c'est-à-dire depuis le bâtiment des PTT au quartier général de Lukavica,

22 c'est-à-dire ces communications vous parvenaient?

23 Réponse: Oui, en tout cas cela parvenait au groupe, enfin pour la

24 coopération avec la Forpronu. Etait-ce moi ou quelqu'un d'autre qui devait

25 le recevoir? Cela n' a vraiment guère de pertinence.

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1 Question: Même si le colonel Zarkovic se trouvait à ce moment-là au Corps

2 d'armée Romanija Sarajevo, vous avez dû être le supérieur suivant après

3 lui au sein de ce groupe, n'est-ce pas?

4 Réponse: Non.

5 Question: Est-ce que vous vous rappelez avoir dit, hier, que les officiers

6 de liaison dans le bâtiment de PTT n'étaient pas des professionnels,

7 n'étaient pas des officiers de liaison de carrière? Est-ce que vous vous

8 rappelez?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Alors que vous, vous l'avez été, professionnel?

11 Réponse: Oui, moi et mon collègue Luledzija, âgé de six ans de plus que

12 moi; et d'ailleurs nous étions au même grade.

13 Question: Monsieur Indjic, pour ma part, je vous dis que, si une

14 protestation a été faite -et je dis que tel était le cas- vous avez dû le

15 savoir et que vous en saviez quelque chose. Etes-vous d'accord ou non avec

16 moi?

17 Réponse: Pour ce qui est des protestations que j'ai pu recevoir, j'ai eu

18 connaissance de celles-ci.

19 Question: Et vous ne saviez rien des protestations que vous n'avez pas pu

20 recevoir directement: c'est ce que vous voulez dire par là?

21 Réponse: Exact.

22 Question: Merci. Hier, vous nous avez dit qu'il y avait une série de

23 protestations faites au sujet d'activités de snipers, de tireurs

24 embusqués. Ceux qui ont proféré toutes ces protestations disaient qu'à

25 côté de fusils à lunette, on utilisait également des armes d'infanterie

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1 régulières et ordinaires.

2 A votre connaissance, le Corps d'armée Sarajevo Romanija avait-il en son

3 sein, parmi ses effectifs, des tireurs d'élite, des snipers, à cette

4 époque-là? Ont-ils été formés à cela?

5 Réponse: Je vais répondre à cette question en deux parties.

6 Primo, je n'ai pas déposé hier dans ce sens-là. Dans la première partie de

7 ma déposition, j'ai dit que, dans les protestations, tout ce qui était tir

8 d'infanterie a été considéré comme tir d'embusqué.

9 Secundo, je ne pouvais pas savoir si le Corps d'armée Sarajevo Romanija

10 pouvait avoir en son sein des tireurs d'élite formés spécialement pour

11 être des tireurs embusqués, mais je sais que le Corps d'armée disposait de

12 snipers.

13 Question: Pendant combien de temps au cours de cette période pertinente, à

14 savoir de septembre 1992 à août 1994, vous est-il arrivé de recevoir des

15 protestations dans lesquelles il y avait des allégations selon lesquelles

16 des civils auraient été touchés par des snipers? Donnez-nous un ordre de

17 grandeur de cas quelconques.

18 Réponse: Une fois de plus, vous voulez me faire dire que des civils

19 auraient été touchés par des snipers. Je ne me souviens pas de

20 protestations selon lesquelles des civils auraient été touchés par des

21 snipers, évidemment pour parler de feu fait par des tireurs embusqués,

22 alors, pour parler d'ordre de grandeur, dirions-nous, il y avait une

23 centaine de protestations de ce genre-là.

24 Question: Et en réponse que vous avez dû ensuite communiquer, qui était

25 celle pratiquement du général Galic, avez-vous affirmé que le Corps

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1 d'armée Sarajevo Romanija ne disposait pas de tireurs embusqués?

2 Réponse: En réponse à de telles protestations, après vérification, il a

3 été toujours dit qu'il s'agissait d'activités de combat, d'actions de

4 combat et d'échanges de tirs de fantassins, au moyen d'armes d'infanterie

5 (précise l'interprète).

6 Question: Je vais répéter la question. Je vous prie de me suivre avec

7 attention. Dans la réponse que vous avez dû ensuite acheminer en réponse à

8 ces protestations, qui étaient celles du général Galic, est-ce qu'il vous

9 est arrivé de dire que le Corps d'armée de Sarajevo Romanija ne disposait

10 pas de snipers?

11 Réponse: On n'en avait guère besoin parce que, dans les protestations,

12 personne ne nous a jamais demandé si nous avions des snipers ou pas dans

13 nos effectifs.

14 Question: Par conséquent, votre réponse est négative, n'est-ce pas,

15 puisque ceci n'a jamais été dit, n'est-ce pas?

16 Réponse: Correct. Exact.

17 Question: Maintenant, je voudrais vous donner lecture de quelques-unes des

18 dépositions que nous avons pu entendre hier. Par exemple, hier, on vous a

19 demandé si vous vous rappeliez le nom du commandant Patrick Henneberry qui

20 a été l'observateur militaire de l'ONU; vous avez dit que non.

21 Est-ce que je peux rafraîchir votre mémoire en vous disant qu'à un moment

22 donné, celui-ci était le commandant des observateurs militaires de l'ONU

23 du côté du quartier général Lima; il a dû être donc basé à Lukavica, en

24 face de vos bureaux à vous? Est-ce que vous vous rappelez maintenant cet

25 homme-là?

Page 18726

1 Réponse: Quant aux observateurs militaires de l'ONU de Lukavica, ils se

2 relayaient tous les quatre ou six mois, à ce rythme-là. Par conséquent, si

3 vous avez en vue ce fait-là, il m'est difficile de me rappeler. Si vous

4 avez une photographie à me soumettre, peut-être serait-ce utile.

5 Question: Vous dites donc que vous ne vous le rappelez pas, toujours pas?

6 Réponse: Non, en effet.

7 Question: Et je pense qu'hier vous avez dit que vous n'avez pas eu de

8 contact avec cette personne; en tout cas, vous ne vous en souvenez pas?

9 Réponse: Pourriez-vous être plus précis? A quoi faites-vous référence

10 quand vous parlez de contact?

11 Question: Hier, on vous a demandé s'il était un ami proche à vous, avec

12 qui vous seriez allé boire un verre, manger quelque chose, partager des

13 émotions, quelque chose dans ce genre. Et on vous a demandé de répondre

14 par oui ou non, vous avez répondu par non en disant: "Autrement, je m'en

15 serais souvenu".

16 Est-ce que vous maintenez ce que vous avez dit? Parce que si vous ne vous

17 souvenez pas de lui, il s'agit seulement de quelqu'un avec qui vous

18 n'aviez pas de contacts, que vous ne fréquentiez pas, avec qui vous ne

19 mangiez pas ensemble ou bien ne buviez pas un verre ensemble?

20 Réponse: Oui, je maintiens ce que j'ai dit.

21 Question: Monsieur le Président, peut-être pourrait-on me retourner les

22 documents?

23 Et maintenant, je voudrais que l'on montre au témoin une photographie,

24 P344A.

25 (Intervention de l'huissier.)

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1 Peut-on poser cette photographie sur le rétroprojecteur, s'il vous plaît?

2 Excusez-moi, Monsieur le Président.

3 Tout d'abord, vous reconnaissez-vous sur cette photographie?

4 Réponse: Oui, bien sûr.

5 Question: Est-ce que c'est bien vous la personne qui se trouve au milieu

6 de la photographie, avec vos mains placées sur les épaules des deux autres

7 personnes? Vous portiez une moustache?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Mais regardez... Ne faites pas attention à la date qui se trouve

10 sur la photographie, cette date n'a aucune importance.

11 Est-ce que vous reconnaissez qui que ce soit d'autre qui se trouve sur

12 cette photographie?

13 Réponse: Voulez-vous que je procède par ordre?

14 Donc je pars de la droite: le colonel Marcetic, le chef du quartier

15 général du Corps de Sarajevo Romanija. Ensuite, à côté de lui, je pense

16 que son nom était Tatjana, elle travaillait au centre de presse du Corps

17 de Sarajevo Romanija. A côté, un membre de la Forpronu, d'après les

18 insignes qui figurent sur son épaule. Ensuite, moi. Ensuite, Zoran Kos. Et

19 à côté de Zoran Kos, Vesna Matovic, elle travaillait aussi dans le centre

20 de presse.

21 Question: Qui était ce Zoran Kos?

22 Réponse: C'était un sous-officier. Il travaillait dans le service de

23 sécurité. Il est décédé.

24 Question: Est-ce qu'il est mort pendant la guerre?

25 Réponse: Il a perdu une jambe pendant la guerre, donc il est resté

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1 invalide; ensuite, il est mort après la guerre. Je ne sais pas quelle a

2 été la raison de son décès, mais probablement la maladie.

3 Question: Est-ce que vous reconnaissez la pièce que l'on voit sur la

4 photographie?

5 Réponse: Il est possible qu'il s'agisse du bureau des observateurs

6 militaires de Lukavica, mais je n'en suis pas sûr.

7 Question: Est-ce qu'on n'a pas l'impression que quelqu'un vient de manger

8 là-bas?

9 Réponse: Non, ceci ne ressemble pas à un déjeuner. Mais peut-être qu'il

10 s'agissait de l'anniversaire de quelqu'un ou bien d'une date qu'il

11 convenait de commémorer; donc on a mangé quelques morceaux, tout

12 simplement.

13 Question: Moi, j'ai l'impression que je vois de la viande, en fait un

14 steak sur la table.

15 Réponse: Non, je vois du salami, enfin de la saucisse, du saucisson et du

16 pain.

17 Question: On a l'impression que l'on a bu aussi, qu'il y a des restes de

18 boisson.

19 Réponse: Oui, en effet, je vois quelques verres. Je vois aussi une canette

20 de bière, une bouteille; je ne sais pas ce qu'il y a dans la bouteille:

21 peut-être du vin, peut-être autre chose.

22 Question: On a l'impression que les gens autour de la table ont mangé

23 ensemble et ont bu quelque chose. Et maintenant, ils se sont assis après

24 le repas et Zoran est en train de fumer une cigarette. C'est ce qu'on a

25 l'impression en regardant la photographie, n'est-ce pas?

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1 Réponse: Eh bien, quand on regarde Zoran, effectivement, c'est

2 l'impression qu'on a. Mais si vous regardez M. Marcetic, j'ai plutôt

3 l'impression qu'il est inquiet.

4 Question: Oui. Et vous ne savez pas du tout quel est le nom de l'officier,

5 alors que vous avez placé votre main gauche autour de son épaule?

6 Réponse: Vu tout ce que l'on s'est dit jusqu'à maintenant, j'imagine qu'il

7 s'agit de M. Henneberry. Sinon, vous ne me m'auriez pas montré sa

8 photographie. Sans ces informations introductoires, eh bien, je ne saurais

9 vous dire de qui il s'agissait.

10 Question: Est-ce que vous avez l'impression de le connaître? Est-ce que

11 vous reconnaissez quand même un peu ses traits?

12 Réponse: Oui, maintenant, en regardant sa photographie, je le reconnais.

13 Mais c'est vrai que si vous m'aviez montré la photographie directement, je

14 n'aurais pas été capable de faire le lien entre l'image, la photographie

15 et la personne.

16 Question: Et si je vous disais qu'il était Canadien, est-ce que ceci vous

17 aiderait?

18 Réponse: Eh bien, son uniforme l'indique à lui seul.

19 Question: Très bien. Monsieur Indjic, le commandant Henneberry a témoigné

20 et je voudrais vous poser quelques questions au sujet de quelques

21 informations qu'il nous a fournies. Il nous a dit qu'il était observateur

22 militaire de haut grade et, plus tard, commandant des observateurs de la

23 zone de Lima, à partir du 30 juillet 1992 -c'est à cette époque-là qu'il

24 était observateur militaire- et, à partir du mois de décembre 1992, il

25 était basé de façon permanente dans la caserne de Lukavica où il est resté

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1 jusqu'à mi-février 1993. Est-ce que ceci rafraîchit votre mémoire, oui ou

2 non?

3 Réponse: Non.

4 Question: Il nous a dit qu'avant de déménager de façon permanente dans la

5 caserne de Lukavica, il avait pour habitude de se rendre dans la caserne

6 une fois par semaine, et parfois même plusieurs fois par semaine, et il

7 s'adressait à vous lors de ces occasions.

8 Dites-nous, est-ce que vous avez à aucun moment visité les postes

9 d'observation de Lima au cours de la période pertinente, entre le mois de

10 septembre 1992 et le mois d'août 1994?

11 Réponse: Votre question n'est pas précise, car il y avait le quartier

12 général de Lima et sept autres postes d'observation de Lima. A quel poste

13 d'observation, à quel poste vous faites exactement référence?

14 M. Ierace (interprétation): Je ne vous ai pas posé de question au sujet du

15 QG. Je vous ai demandé si vous avez visité aucun des postes d'observation

16 de Lima?

17 M. Indjic (interprétation): Mais il y en avait sept.

18 M. le Président (interprétation): Monsieur Indjic, on vous a demandé si

19 vous n'en avez visité aucun, c'est-à-dire aucun de ces sept postes

20 d'observation. Essayez de répondre à la question.

21 M. Indjic (interprétation): J'en ai visité la plupart, la plupart des

22 postes d'observation de Lima.

23 M. Ierace (interprétation): Très bien. Le commandant Henneberry nous a dit

24 qu'au niveau du poste Lima7, à plusieurs reprises, à de nombreuses

25 reprises, il a pu voir des soldats tirer -il s'agissait d'armes

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1 d'artillerie-, sans viser vraiment et, parfois, ils avaient été intoxiqués

2 par des substances. Parfois, il a vu des soldats serbes à Lima7; tout

3 simplement, on tapait dans des armes et, ensuite, on tirait à l'aveugle là

4 où l'arme se serait arrêtée.

5 Est-ce que vous avez pu remarquer de tels comportements au niveau du poste

6 Lima7?

7 Réponse: Pourriez-vous être plus précis, s'il vous plaît? Je n'ai pas très

8 bien compris ce que vous avez dit à la fin de votre phrase.

9 Question: Monsieur Indjic, est-ce que vous ne vous êtes jamais rendu au

10 poste de Lima7?

11 Réponse: Justement, je vous ai demandé d'être plus précis: pourriez-vous

12 me dire exactement où se trouvait chaque Lima? Pourriez-vous me donner les

13 cotes du poste de Lima7 ou me dire exactement où ce poste se trouvait?

14 Question: Lima7 se trouve à l'est de Sarajevo; grosso modo, au nord de la

15 rivière Miljacka, donc au nord-est. Est-ce que ceci vous aide? Est-ce que

16 ceci rafraîchit votre mémoire?

17 Réponse: Blagovac peut-être? Vous souvenez-vous s'il s'agit de Blagovac,

18 de la région de Blagovac?

19 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, j'ai une photocopie de

20 la pièce P742. Je ne sais pas si nous pourrions faire une photocopie de

21 cette pièce rapidement?

22 M. le Président (interprétation): Je pense que l'on pourrait tout

23 simplement placer la carte sur le rétroprojecteur. Nous avons déjà

24 l'original.

25 M. Ierace (interprétation): Très bien. Je remercie Mme la Greffière de son

Page 18732

1 aide.

2 (Intervention de l'huissier.)

3 Est-ce que vous voyez sur la carte le poste d'observation L7?

4 M. Indjic (interprétation): Oui.

5 Question: Nous avons déjà entendu le témoin dire que cette cote correspond

6 à la position de Lima7. Est-ce que vous n'y êtes jamais allé?

7 Réponse: Non.

8 Question: Est-ce que vous êtes choqué d'entendre ce récit indiquant de

9 quelle façon on tirait parfois depuis le poste de Lima7?

10 Réponse: Que voulez-vous dire par "choqué"?

11 Question: Est-ce que vous êtes surpris?

12 Réponse: Eh bien, vous me posez-là une question bien hypothétique. Vous me

13 dites que si c'était le cas, est-ce que je serais surpris? Oui, en effet.

14 Si tel était le cas, je serais surpris, je suis surpris.

15 Question: Le commandant Henneberry a témoigné que les soldats se trouvant

16 sur le poste de Lima7, et se trouvant sur d'autres postes d'observation

17 Lima, lui ont dit de façon assez fréquente qu'ils tiraient tout simplement

18 parce qu'ils avaient envie de tirer, sans avoir de cible particulière. Et

19 que, parfois, ils tiraient depuis d'autres postes d'observation et

20 dépendant du temps, enfin de l'heure du jour et de la cible. Il a dit

21 qu'au niveau de Lima10 et 11, quand les Serbes de Bosnie avaient deux

22 postes d'observation, ils ouvraient souvent le feu à l'heure du dîner.

23 Est-ce que vous vous souvenez avoir entendu de telles allégations

24 concernant Lima7, Lima10, Lima11 ou un quelconque autre poste

25 d'observation dans la zone Lima appartenant aux Serbes de Bosnie?

Page 18733

1 Réponse: Non.

2 Question: Il a ensuite déposé en disant que les commandants des forces des

3 Serbes de Bosnie, à Lima3 et 7, ont avoué que les soldats tiraient à

4 l'aveugle. Il a dit: "Je retire et je recommence.".

5 Le commandant Henneberry a dit qu'à plusieurs reprises ils se trouvaient

6 en poste d'où l'on tirait et que les soldats rigolaient, les soldats

7 maniant les armes, en disant: "Nous ne sommes pas en train de tirer." Est-

8 ce que vous avez entendu cela par rapport aux soldats maniant les armes

9 dans le poste Lima?

10 Réponse: Non.

11 Le commandant Henneberry a dit qu'avant qu'il ne déménage dans la caserne

12 de Lukavica, quand il se rendait donc à peu près une fois par semaine à

13 Lukavica, et parfois même plusieurs fois par semaine, il se plaignait

14 auprès de vous, de temps en temps, en indiquant que les forces des Serbes

15 de Bosnie sont responsables des morts de civils. Est-ce que vous vous

16 souvenez de cela?

17 Réponse: Non seulement que ma réponse est "non", mais j'affirme que jamais

18 personne ne s'est plaint auprès de moi pour me dire que ce sont les forces

19 des Serbes de Bosnie qui sont responsables des morts des civils.

20 Question: Il nous a aussi dit qu'après avoir déménagé dans Lukavica, il

21 s'est plaint auprès de vous à cause de pilonnages des zones habitées par

22 les civils à Sarajevo. Et il aurait dit: "Des douzaines et douzaines de

23 fois, si ce n'est pas des centaines de fois." Que dites-vous à ce sujet?

24 Réponse: J'affirme qu'il s'agit-là d'un mensonge.

25 Question: Il a témoigné afin de dire que, parfois, il passait avec vous

Page 18734

1 jusqu'à six heures par jour et que, parfois, il vous rencontrait 20 ou 30

2 fois au cours de certaines journées. Est-ce que vous ne reconnaissez pas

3 toujours cette personne figurant sur la photographie autour… que vous

4 embrassez? Enfin, vous avez vu votre main autour de ses épaules?

5 Réponse: Ce n'est pas sûr que je ne me rappelle pas de la personne. Je

6 vous ai dit que je me souviens du visage de la personne figurant sur la

7 photographie. Et puisque vous m'avez donné le nom de la personne, eh bien,

8 j'ai fait le lien. Mais, sinon, je ne l'aurais pas fait spontanément.

9 Question: Je vais revenir sur cette réponse plus tard. En attendant, le

10 commandant a dit que vous avez répondu: "Et on peut discuter longuement

11 des raisons qui font que les Serbes pilonnent les civils musulmans et

12 militaires, car on peut aussi discuter de la façon dont les Serbes ont été

13 persécutés à travers les siècles."

14 Est-ce que vous vous souvenez avoir répondu de la sorte à une plainte

15 formulée par un officier des Nations Unies, qui s'est plaint pour dire que

16 les zones habitées par des civils ont été pilonnées? Et vous, en retour,

17 vous lui donnez une leçon, vous lui faites une leçon d'histoire depuis la

18 perspective des Serbes de Bosnie?

19 Est-ce que vous avez jamais fait cela?

20 Réponse: Je suis sûr que j'ai parlé de l'histoire de peuple serbe, mais je

21 n'ai jamais fait de lien entre cette histoire et les opérations de combat

22 éventuelles.

23 Question: Je vous dis que non seulement vous avez fait le lien entre cela

24 et les opérations de combat, mais vous avez fait le lien avec cette

25 allégation indiquant qu'on a visé, de façon délibérée et à l'aveugle, des

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1 civils. Qu'est-ce que vous dites?

2 Réponse: Je dis que ce n'est pas vrai.

3 M. Ierace (interprétation): Il a dit qu'au cours de la première période,

4 lorsqu'il vous a fait part de ces plaintes et quand il a fait part de ces

5 protestations, parfois, vous disiez que ceci ne se produisait tout

6 simplement pas. Ou bien vous disiez que les observateurs se trompaient

7 dans ce qu'ils voyaient ou bien qu'il s'agissait d'éléments non contrôlés.

8 Donc je vais aller pas à pas: est-ce qu'on vous a fait part des

9 protestations quant aux civils pris pour cibles, de façon délibérée et

10 sans aucune discrimination?

11 M. Indjic (interprétation): Non, je n'ai jamais reçu de telles

12 protestations.

13 M. le Président (interprétation): Je vous demande de ne pas chercher à

14 regarder la partie adverse pendant que vous êtes interrogé par M. Ierace.

15 Ce n'est pas la première fois que cela arrive: vous ne devez pas regarder

16 le conseil de la défense.

17 M. Ierace (interprétation): Je ne dis pas qu'on vous a fait une plainte

18 exactement en utilisant ces propos, mais je pense que vous me comprenez,

19 vous comprenez qu'on vous a dit qu'on a visé de façon délibérée à

20 l'aveugle des cibles civiles, des civils. Est-ce que vous niez cela? Est-

21 ce que vous dites que cela ne s'est jamais produit?

22 M. Indjic (interprétation): Non, je n'ai jamais reçu de plainte

23 m'indiquant qu'on vise, qu'on pilonne les civils à l'aveugle et sans

24 aucune discrimination, de façon délibérée.

25 Question: Donc, pour bien vous comprendre, vous dites qu'entre le mois de

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1 septembre 1992 et le mois d'août 1994, personne ne s'est plaint auprès de

2 vous concernant le fait que des civils soient pris pour cibles, de façon

3 délibérée et à l'aveugle?

4 Réponse: Oui. C'est ce que j'affirme.

5 Question: Et votre bureau se trouvait juste de l'autre côté du corridor

6 qui menait vers le quartier général des observateurs de l'ONU. Est-ce

7 exact?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Et on pouvait vous contacter, tout comme eux, 24 heures sur 24

10 quand vous étiez dans le QG?

11 Réponse: Oui, ce groupe de liaison, chargé de la coopération avec l'ONU,

12 était disponible 24 heures sur 24. C'est exact.

13 Question: Le commandant Henneberry a dit qu'il vous a très bien connu, que

14 vous aviez une vraie relation, de bons rapports. Est-ce que c'est vrai?

15 Est-ce qu'on peut décrire vos rapports comme cela?

16 Réponse: Je n'ai pas de doute que le commandant Henneberry ait pu dire

17 quelque chose dans ce genre. Mais je vous ai déjà dit hier que j'ai

18 rencontré plus de 1.000 officiers des Nations Unies et je ne sais pas

19 exactement à présent quelle était la nature de nos rapports. Je ne m'en

20 souviens pas.

21 M. Ierace (interprétation): Donc, Monsieur Indjic, vous dites que, peut-

22 être, vous aviez effectivement de bons rapports, des rapports privilégiés

23 avec le commandant Henneberry, mais, si tel était le cas, vous ne vous en

24 souvenez pas; est-ce bien cela que vous dites?

25 M. Indjic (interprétation): C'est sûr que si le commandant Henneberry

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1 était à la tête du QG de Lima à Lukavica, eh bien, il est fort probable

2 que nous ayons eu des contacts réguliers. Cependant, j'affirme que je n'ai

3 pas eu de rapports réels et profonds, plus proches avec qui que ce soit, y

4 compris le commandant Henneberry.

5 M. le Président (interprétation): Nous allons faire la pause à présent

6 jusqu'à 11 heures. J'en profite pour dire à Me Piletta-Zanin que, quand il

7 a des difficultés pour retrouver les sources, il devrait savoir qu'il y a

8 une petite différence entre les pages qui figurent dans le LiveNote et

9 celles que l'on cite en tant que sources.

10 Donc j'essaie de comprendre le geste que vous venez de faire, Maître

11 Piletta-Zanin.

12 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, si mon collègue utilise

13 le LiveNote, eh bien, on peut dire aussi que l'épellation des noms de

14 témoins ne sont pas les mêmes.

15 M. le Président (interprétation): Oui, je sais, car on peut aussi bien

16 trouver M. Indjic -I-N-D-I-C-, que d'autres façons d'orthographier ce nom.

17 Donc il faudrait peut-être utiliser les deux façons et, comme ça, vous

18 avez plus de chance de retrouver cette référence.

19 Par exemple, en ce qui concerne la page 9837, on voit une version et, à la

20 page 9833, une autre: celle qui figure dans le LiveNote.

21 Donc, si vous avez un quelconque problème avec cela, je suis sûr que M.

22 Ierace va pouvoir vous aider. La dernière référence à laquelle il a fait

23 référence est celle qui figure à la ligne 8574, dans la version LiveNote.

24 Nous levons la séance jusqu'à 11 heures. Merci.

25 (Le témoin, M. Milenko Indjic, est reconduit hors du prétoire.)

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1 (L'audience, suspendue à 10 heures 33, est reprise à 11 heures 03.)

2 (Questions relatives à la procédure.).

3 M. le Président (interprétation): Veuillez vous lever.

4 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, avant que le témoin

5 n'entre dans le prétoire...

6 M. le Président (interprétation): Oui?

7 M. Ierace (interprétation): J'aimerais préciser combien de temps il me

8 reste. Si vous m'accordez le droit de poursuivre pendant le temps que j'ai

9 demandé, ceci prendrait quelques heures, mais je pense qu'en fait il me

10 reste un peu moins de deux heures.

11 M. le Président (interprétation): Oui, c'est cela. Nous souhaitons

12 terminer la déposition aujourd'hui. La défense a demandé quatre heures.

13 Ceci a… Elle a pris plus de quatre heures en fin de compte. Je pense

14 qu'elle a en fait utilisé à peu près quatre heures et demie, mais il

15 faudra que je vérifie. Et, jusqu'à présent, il me semble que nous avons eu

16 une heure trente-sept à peu près, une heure dix-sept minutes aujourd'hui.

17 Donc ceci ferait deux heures cinquantes minutes, donc il vous reste à peu

18 près une heure et demie, une heure trois-quart à peu près.

19 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, dois-je respecter ce

20 laps de temps conformément aux règles normales avec ce témoin?

21 M. le Président (interprétation): Nous verrons comment cela avance

22 Monsieur Ierace. Parfois on entend des questions pour lesquelles la

23 Chambre estime qu'elles ne sont pas absolument nécessaires. Donc je vous

24 prie de tenir compte de cela et nous verrons comment la situation évolue.

25 Après la suspension suivante, il nous reste à peu près plus d'une heure,

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1 eh bien, j'aimerais respecter ces limites.

2 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, j'aimerais aussi

3 profiter de cette petite interruption pour préciser que nous n'avons

4 toujours pas reçu la mise à jour de la liste pour la semaine prochaine, et

5 nous sommes vendredi.

6 M. le Président (interprétation): Oui. Maître Pilipovic, pour quelle

7 raison?

8 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, pour autant que je

9 le sache, l'accusation a reçu une lettre avec l'ordre de comparution des

10 témoins pour la semaine prochaine.

11 M. le Président (interprétation): Oui.

12 Mme Pilipovic (interprétation): Je suis étonnée de voir mon collègue poser

13 cette question. Je suis étonnée de retrouver cela. Je vous en parlerai

14 après la pause suivante. Il me semble qu'on l'a communiquée.

15 M. le Président (interprétation): Oui, ne perdons pas de temps. De toute

16 façon, il semblerait qu'il y a un problème avec l'arrivée des témoins, et

17 l'unité des victimes et des témoins aimerait s'entretenir à ce sujet avec

18 vous. Mais je ne voudrais pas perdre de temps.

19 Mme Pilipovic (interprétation): Je viens d'en discuter avec eux et je

20 pense que nous nous sommes mis d'accord sur tous les points, pendant la

21 pause.

22 M. le Président (interprétation): Je ne sais pas s'il y a eu un accord sur

23 tous les points. Mais nous verrons cela plus tard. A présent, je souhaite

24 que l'on fasse entrer le témoin dans le prétoire.

25 (Le témoin, M. Milenko Indjic, est introduit dans le prétoire.)

Page 18740

1 M. le Président (interprétation): Je vous prie de poursuivre, Monsieur

2 Ierace.

3 (Suite du contre-interrogatoire du témoin, M. Milenko Indjic, par M.

4 Ierace.)

5 M. Ierace (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

6 Monsieur Indjic, le commandant Henneberry a déposé en disant que vos

7 explications étaient différentes, ont changé; à savoir vos explications en

8 réponse à ces protestations au sujet des tirs délibérés sur des civils.

9 Alors il a déposé qu'après avoir discuté du rapport avec lui, vous avez

10 reconnu au commandant Henneberry que vous saviez que des civils étaient en

11 train de se faire tuer par pilonnage et que vous croyiez que ceci n'était

12 pas bien mais que, simplement, cela allait continuer. Comment réagissez-

13 vous?

14 M. Indjic (interprétation): Je dis que ce que nous voyons figurer dans ces

15 deux dernières lignes est une déclaration que je n'ai jamais proférée.

16 Question: Monsieur, j'avance que vous êtes devenu très proche du

17 commandant Henneberry d'une manière inhabituelle, et que vous vous livriez

18 avec lui... vous êtes devenu très ouvert, très franc avec lui.

19 Réponse: Envers tous les membres de la Forpronu j'ai été franc, car je

20 n'avais aucune raison de faire autrement. Et quand au commandant

21 Henneberry, il ne fait aucun doute que je ne suis jamais devenu ami avec

22 lui.

23 Question: Nous avons entendu une déposition disant que vous avez dit au

24 commandant Henneberry que l'objectif ultime était soit de détruire la

25 ville, soit d'en évincer les Musulmans. Comment réagissez-vous à cela?

Page 18741

1 Réponse: Je dis que ceci est un pur mensonge.

2 Question: Vous avez laissé entendre au commandant Henneberry, même si vous

3 saviez que le RSK n'agissait pas correctement, que vous aviez l'intention

4 de rester à votre poste et que vous vous attendiez à être promu à des

5 postes plus importants au sein du Corps d'armée. En janvier ou en février

6 1993, vous attendiez-vous à être promu et à occuper des postes plus

7 importants au sein du Corps d'armée?

8 Réponse: Non.

9 Question: Diriez-vous que vous étiez un officier ambitieux, au début de

10 l'année 1993, pour ce qui est de votre propre carrière?

11 Réponse: Dès le début de ma carrière, j'étais un officier qui nourrissait

12 des ambitions réelles.

13 Question: A un moment donné, avez-vous été secrétaire particulier ou privé

14 du ministre de la Défense de la Republika Srpska?

15 Réponse: Non.

16 Question: Le général Milovanovic a-t-il exercé, à un moment quelconque,

17 les fonctions de ministre de la Défense?

18 Réponse: Pour autant que je m'en souvienne, non. Pendant la période

19 pertinente, non; à l'issue de la guerre, oui.

20 M. Ierace (interprétation): Oui. Et pendant qu'il était ministre de la

21 Défense, avez-vous travaillé avec lui?

22 M. Piletta-Zanin: Objection, Monsieur le Président. Nous parlons d'après

23 la guerre; nous ne sommes pas seulement après la période relevante, mais

24 nous sommes après tous les faits qui peuvent nous concerner.

25 M. le Président (interprétation): Je ne pense pas que M. Ierace cherche à

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1 établir un fait qui est directement contenu dans l'Acte d'accusation.

2 Je vous prie de poursuivre, Monsieur Ierace. L'objection est rejetée.

3 M. Ierace (interprétation): Pendant qu'il était ministre de la Défense,

4 avez-vous travaillé pour lui?

5 M. Indjic (interprétation): Pendant que le général Milovanovic était

6 ministre de la Défense, je faisais partie de l'administration chargée du

7 renseignement au sein de la Republika Srpska et je n'ai donc eu aucun

8 contact avec le général Milovanovic.

9 Question: A quel moment a-t-il cessé d'exercer les fonctions de ministre

10 de la Défense?

11 Réponse: A l'issue des élections précédentes, après la nomination de M.

12 Bilic à ce poste; je ne me souviens plus exactement à quel moment se sont

13 tenues les élections.

14 Question: Vous dites que vous vous ne rappelez pas l'année où il a cessé

15 d'être ministre de la Défense?

16 Réponse: Je ne me souviens pas l'année des élections où M. Bilic a été

17 nommé au poste de ministre de la Défense.

18 M. Ierace (interprétation): Vous référez-vous aux dernières élections

19 tenues en Republika Srpska?

20 M. Indjic (interprétation): Je parle des avant-dernières élections.

21 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, je ne vois plus sur la base de la

22 relevance où nous allons.

23 M. Ierace (interprétation): Pour l'instant, je n'ai pas l'intention de

24 poser davantage de questions à ce sujet.

25 M. le Président (interprétation): Je vous prie de poursuivre.

Page 18743

1 M. Ierace (interprétation): Le commandant Henneberry a déposé en disant

2 que vous lui aviez dit quelque chose signifiant que votre attitude à

3 l'égard des tirs délibérés sur des civils était qu'il s'agissait "d'un mal

4 inévitable". Est-ce que cela faisait partie du plan du Corps d'armée que

5 l'on prenne des civils délibérément pour cibles?

6 M. Indjic (interprétation): Je ne suis au courant d'aucun plan au sein du

7 Corps d'armée. Et en tant que résultat, aucun.

8 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, je suis navré, mais c'est un

9 problème de traduction. Je ne sais pas si M. Ierace utilise le mot "core"

10 ou "corps". Et je pense qu'il doit être clairement précisé dans le

11 transcript de quoi il s'agit.

12 M. le Président (interprétation): Nous avons peut-être quelque problème

13 avec le mot utilisé, qui peut être soit un corps d'armée, soit un plan

14 important ou essentiel. Donc j'aimerais savoir à quoi se réfère le témoin.

15 Il me faut changer de canal pour vérifier cela. J'ai du mal à trouver le

16 canal, mais j'entends la réponse de la cabine BCS.

17 (La cabine française n'entend pas la cabine BCS.)

18 (Le Président continue sa conversation avec la cabine BCS.)

19 M. le Président (interprétation): Et c'est ainsi que vous l'avez traduit?

20 C'est au sujet du Corps d'armée que vous avez posé votre question?

21 Monsieur Ierace, c'est ainsi que vous l'avez dit et ceci a été mal

22 transcrit dans le transcript.

23 Maître Piletta-Zanin, vous avez été le seul qui était au courant de la

24 manière dont cela a été traduit au témoin. Je pense que tout le monde l'a

25 compris d'une manière similaire. Vous auriez pu envoyer une petite note,

Page 18744

1 cela aurait suffi.

2 M. Piletta-Zanin: (Hors micro.) Monsieur le Président, j'écoutais l'autre

3 canal, français; je ne peux pas écouter le canal... je ne peux pas écouter

4 trois canaux, s'il vous plaît. J'écoutais le canal français et le canal

5 anglais. Je ne peux pas, sur la base…

6 M. le Président (interprétation): Vous auriez pu attirer notre attention

7 sur la traduction que vous avez entendue dans les deux langues: sur les

8 petits mots, vous pouvez le faire.

9 M. Piletta-Zanin: Merci beaucoup.

10 M. le Président (interprétation): Ceci ne vous empêche pas de nous

11 signaler ce qui se passe en deux langues.

12 Veuillez poursuivre, Monsieur Ierace.

13 Si j'ai bien compris, tout le monde en fait a entendu ce mot comme

14 signifiant "le Corps d'armée".

15 M. Ierace (interprétation): Vous est-il arrivé, Monsieur Indjic, de

16 prendre un verre avec les observateurs militaires des Nations Unies?

17 M. Indjic (interprétation): Nous avons l'habitude d'offrir un verre aux

18 invités; c'est une coutume chez nous. Donc naturellement, avec les

19 observateurs militaires, il a dû m'arriver de boire un verre de temps à

20 autre.

21 Question: Vous est-il jamais arrivé d'abuser de boissons alcoolisées en

22 compagnie des observateurs militaires des Nations Unies?

23 Réponse: Non.

24 Question: Vous est-il arrivé de vous saouler avec les observateurs

25 militaires des Nations Unies?

Page 18745

1 Réponse: Ni avec les observateurs militaires ni avec qui que ce soit

2 d'autre. Non.

3 Question: Vous avez dit que vous étiez de permanence ou en stand-by, 24

4 heures sur 24. Vous est-il arrivé d'être ivre pendant que vous vous

5 trouviez dans les locaux du QG à Lukavica, pendant la période pertinente?

6 Réponse: Jamais de ma vie ne me suis-je enivré, que ce soit au

7 commandement à Lukavica ou chez moi, dans ma vie privée.

8 Question: J'avance, Monsieur, que votre déclaration que vous auriez

9 donnée, si l'on en juge d'après la déposition du commandant Henneberry, eh

10 bien, que votre déclaration était que c'était mal de prendre des civils

11 pour cible, mais que cela arrivait, que cela faisait partie du plan

12 d'action du Corps d'armée; que vous avez déclaré quelque chose dans ce

13 sens-là lorsque vous buviez et, aussi, qu'il vous est arrivé de dire cela

14 lorsque vous ne preniez pas de boissons alcooliques.

15 Réponse: Je ne vous comprends pas.

16 Question: Je suis en train de vous dire que les mots que vous attribue le

17 commandant Henneberry, que ces mots-là, vous les auriez prononcés à

18 diverses occasions: parfois lorsque vous preniez un verre à lui et, à

19 d'autres moments, lorsque vous ne buviez pas avec lui.

20 Réponse: Je comprends. Mais, comme je l'ai déjà dit, je n'ai jamais fait

21 ce genre de déclarations devant le commandant Henneberry, qu'il y ait eu

22 ou non des boissons alcoolisées.

23 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, je souhaiterais que

24 l'on passe à huis clos partiel. Je pense que cela prendra à peu près une

25 quinzaine de minutes.

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1 (Audience à huis clos partiel à 11 heures 22.)

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12 Pages 18746 à 18754 –expurgées– audience à huis clos partiel.

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1 (expurgé)

2 (expurgé)

3 (Audience publique à 11 heures 44.)

4 M. Ierace (interprétation): Vous avez dit que vous avez reçu une

5 formation, vous avez suivi une formation en renseignement avant la guerre.

6 Et vous avez dit que, même après la guerre, vous avez travaillé dans les

7 renseignements. Mais pendant la guerre, avez-vous travaillé en tant

8 qu'officier de renseignement?

9 M. Indjic (interprétation): Non.

10 Question: A aucun moment, au cours de l'année 1992, vous êtes-vous rendu à

11 Belgrade? Et là, je pense à la période allant du mois de janvier 1992

12 jusqu'au mois de décembre 1992?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Etait-ce au début de 1992?

15 Réponse: Sans doute que oui.

16 Question: Et au début de l'année 1992, vous vous trouviez dans le cadre de

17 la JNA à Belgrade, n'est-ce pas? Vous étiez hébergé dans les locaux de la

18 JNA?

19 Réponse: Non.

20 Question: Où étiez-vous quand vous étiez à Belgrade, en 1991?

21 Réponse: Non, nous ne nous sommes pas très bien compris car, moi, je me

22 suis rendu à Belgrade pour des raisons privées. En ce qui concerne mon

23 activité, les postes qui étaient les miens au cours de l'année 1992, eh

24 bien, j'en ai déjà parlé. J'ai été à Rajlovac et à Sarajevo. En réalité,

25 j'ai été tout le temps à Sarajevo, à part, excepté cette période de

Page 18756

1 formation. Mais je n'ai jamais été en poste à Belgrade.

2 Question: Très bien.

3 Cette fonction d'officier de liaison avec la Forpronu, dans ces

4 différentes formes militaires et en ce qui concerne l'aide humanitaire,

5 vous aurait permis, aurait permis à un officier de renseignement de

6 recevoir des information connues par l'ONU. Vous êtes d'accord ou non?

7 Réponse: Je ne comprends pas votre question.

8 Question: Je vous demande s'il est vrai ou non que votre travail, votre

9 fonction était finalement un déguisement parfait pour un officier de

10 renseignement pendant la période pertinente?

11 Réponse: Non. Il y a des meilleures couvertures que cela.

12 Question: Mais, au cours de votre travail, vous étiez en contact avec des

13 douzaines ou des centaines d'officiers de l'ONU, n'est-ce pas?

14 Réponse: Oui, en effet.

15 Question: Rien que cela vous fournissait une couverture, une excuse

16 idéale, n'est-ce pas? Vous n'aviez pas besoin d'excuse pour parler aux

17 gens?

18 Réponse: La mission des Nations Unies était une mission absolument

19 ouverte; ils n'avaient aucun secret qui nécessitait un travail de

20 renseignement, pour que ceci soit clair.

21 M. Ierace (interprétation): Vous vous souvenez du commandant John Hamill,

22 qui était observateur à Lima5 et ensuite chef d'équipe à Lima8? Et ceci, à

23 Sarajevo, entre le mois de mai et le mois d'août 1993.

24 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, j'ai un problème de traduction:

25 je crois avoir entendu -car maintenant je la suis dans la cabine serbe-,

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1 LimaD7, ce n'est pas Lima8, que je vois dans le transcript. Cela a été

2 traduit, je crois LimaD7 -je vois qu'on opine du chef- quand la question

3 posée est Lima Osam.

4 M. le Président (interprétation): Oui. La question portait sur Lima8,

5 Monsieur Ierace.

6 Monsieur Indjic, la question que l'on vous a posée portait sur Lima5 et,

7 ensuite, sur le poste de chef d'équipe au niveau de Lima8.

8 Monsieur Ierace, vous pouvez continuer. Monsieur le Témoin, vous pouvez

9 répondre.

10 M. Indjic (interprétation): Je pense qu'il s'agit d'un officier irlandais,

11 mais je ne suis pas sûr de le reconnaître si je le rencontrais dans la rue

12 aujourd'hui.

13 M. Ierace (interprétation): Après ces postes au niveau du Lima5 et Lima8,

14 il a travaillé dans le quartier général de Lukavica ou bien dans la

15 caserne de Lukavica? Est-ce que vous vous souvenez de lui en tant que

16 personne qui a travaillé dans un bureau en face du vôtre, au sein du

17 quartier général?

18 M. Indjic (interprétation): Je n'exclus pas cette possibilité, mais je ne

19 saurais l'affirmer. Pour moi, c'était un observateur parmi d'autres.

20 Question: Nous avons entendu le témoin dire que le commandant Hamill

21 s'entretenait avec un officier de liaison concernant le cessez-le-feu ou

22 bien la demande portant sur l'arrêt des pilonnages. Et il le faisait après

23 avoir reçu des informations de la part du quartier général des

24 observateurs de l'ONU se trouvant à l'intérieur de la ville, lui indiquant

25 qu'un quartier particulier a fait l'objet de pilonnages ou bien de tirs de

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1 tireurs embusqués. Et ensuite, il se mettait en contact avec l'officier de

2 liaison qui se trouvait juste en face de son bureau.

3 Est-ce que vous vous souvenez avoir eu de tels entretiens avec le

4 commandant Hamill, donc des entretiens à ce sujet, et ceci entre le mois

5 de mai et le mois d'août 1993?

6 Réponse: Il s'agissait d'une façon habituelle de faire part de

7 protestations. Cela dit, je ne pourrais affirmer qu'il s'agissait bien de

8 l'entretien que j'aurais eu avec M. Hamill.

9 En ce qui concerne la période, pour mieux comprendre, on évoque la période

10 entre le mois de mai 1993 et le mois d'août 1993. Pour moi, il s'agissait

11 d'une période extrêmement difficile: ma mère était à l'article de la mort,

12 je l'ai recueillie quand elle est rentrée de Belgrade et elle est décédée;

13 je l'ai enterrée vers la fin du mois de juillet. Donc, du point de vue

14 personnel, il s'agissait d'une période extrêmement difficile.

15 Question: En réalité, le commandant Hamill nous a bien dit que, quand il

16 ne pouvait pas vous parler directement, il s'adressait au capitaine

17 Luledzija. Et je pense que vous nous avez dit que c'était un autre

18 officier de liaison qui parlait anglais, faisant partie de votre groupe.

19 Est-ce exact?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Nous avons entendu dire par des témoins que, quand il formulait

22 ses complaintes auprès d'un officier de liaison, eh bien, cet officier

23 passait un coup de fil à la brigade en question pour leur demander

24 d'arrêter de tirer. Est-ce que vous n'avez jamais fait cela?

25 Réponse: Non, puisque nous ne jouissions d'aucune autorité par rapport aux

Page 18759

1 commandements de brigade. Ce que nous pouvions éventuellement obtenir par

2 un coup de fil adressé à la brigade était d'apprendre si, effectivement,

3 il y avait des combats en ce moment précis au niveau de la brigade, des

4 activités de combat.

5 Question: Vous est-il arrivé donc d'appeler une brigade pour apprendre

6 s'il y avait des activités de combat dans un quartier donné?

7 Réponse: Non, moi, je ne l'ai jamais fait, car je n'ai pas voulu me mêler

8 des questions de commandement et de management.

9 Question: Et si vous aviez fait cela, cela aurait été contraire à la

10 procédure habituelle que vous nous avez décrite hier?

11 Réponse: Oui, ceci constituerait une entrave au système de commandement et

12 de contrôle.

13 Question: Monsieur, pourtant je vous dis que vous avez précisément fait

14 cela.

15 Réponse: Et moi, j'affirme que je ne l'ai pas fait.

16 Question: Je pense que vous êtes un peu modeste quant à vos réels

17 pouvoirs; je pense que vos pouvoirs étaient plus importants que ce que

18 vous ne voulez bien admettre et ce que vous nous avez décrit. Je pense que

19 vous aviez le pouvoir et l'autorité de contacter directement les brigades

20 plutôt que de passer par l'officier de garde, l'officier en charge des

21 opérations.

22 Que me répondez-vous à cela?

23 Réponse: C'est ce que vous pensez, mais ce n'est pas vrai.

24 Question: Le commandant Hamill a déposé pour dire que l'officier de

25 liaison, de temps en temps, appelait la brigade en sa présence. En

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1 réalité, il passait un coup de fil devant lui, adressé à la brigade, ou

2 bien, il demandait à quelqu'un travaillant au niveau du standard d'appeler

3 quelqu'un au sein de la brigade. Est-ce que c'était vous?

4 Réponse: Eh bien, ceci confirme l'inexactitude de ces témoignages, car il

5 n'était pas du tout possible de se mettre en contact avec un standard

6 quelconque depuis notre bureau.

7 Question: Donc, s'il vous est arrivé d'appeler la brigade directement de

8 votre bureau, eh bien, vous appeliez directement de votre téléphone

9 personnel?

10 Réponse: Si cela était arrivé, je l'aurais fait directement.

11 Effectivement.

12 Question: Est-ce qu'il y avait un standard quelque part au sein du

13 quartier général pendant la période pertinente?

14 Réponse: Oui, dans la salle des opérations.

15 Question: Pouviez-vous vous mettre en contact directement avec le standard

16 depuis votre téléphone?

17 Réponse: Non.

18 Question: Et si les observateurs de l'ONU voulaient bien le faire, est-ce

19 qu'ils étaient en mesure d'appeler directement le standard depuis leurs

20 bureaux?

21 Réponse: Non.

22 Question: Le commandant Hamill a dit, comme je l'ai dit, que si vous étiez

23 là, eh bien, il vous parlait; si vous étiez absent, eh bien, il

24 s'adressait au capitaine Luledzija; et que, s'il recevait des informations

25 leur indiquant qu'il y avait des pilonnages en cours dans un quartier

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1 particulier, par exemple d'un quartier vu à partir d'un poste

2 d'observation PAPA, eh bien, il se rendait directement dans votre bureau

3 pour vous dire qu'il y avait un pilonnage en cours dans un quartier donné.

4 Et ensuite, il vous demandait de l'arrêter. Il vous demandait de vérifier

5 ce qui se passait et d'arrêter.

6 Et ensuite, à ce moment-là, normalement, il savait déjà ce qui s'était

7 passé puisqu'il se trouvait au quartier général du Corps d'armée. Et si au

8 Corps d'armée, on n'était pas au courant, eh bien, vous auriez pu dire par

9 exemple qu'il s'agissait d'une activité indépendante. Mais, en général, il

10 disait que vous saviez ce qui se passait et que vous aviez une réponse

11 toute prête. Et que vous pouviez, si vous le vouliez, arrêter le

12 pilonnage.

13 Est-ce que vous êtes d'accord avec cette explication ou cette réponse que

14 vous auriez donnée aux officiers de liaison -vous ou les autres officiers

15 de liaison-, que vous auriez donnée donc aux observateurs concernant ces

16 protestations?

17 Réponse: Eh bien, cette déposition de M. Hamill n'est pas exacte. Et il

18 n'est pas professionnel, il ne s'agit pas là d'une attitude

19 professionnelle.

20 En ce qui concerne ces questions posées par les observateurs militaires,

21 eh bien, il fallait avoir des dons de devin pour avoir des réponses toutes

22 prêtes à l'avance. Si, évidemment, il y avait des activités de combat, eh

23 bien, nous utilisions nos canaux de communication pour nous informer au

24 sujet des activités de combat avant de recevoir cette information de la

25 part des observateurs militaires.

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1 Question: Monsieur Indjic, par exemple, si vous receviez une information

2 qu'il y avait un pilonnage dans la ville, eh bien, puisque le quartier

3 général de Lukavica était au courant à l'avance ou bien avait ordonné ces

4 activités, vous aviez une réponse toute prête pour répondre à une

5 protestation éventuelle, n'est-ce pas?

6 Réponse: Non. Car nous, au niveau de la SRK, nous ne faisions que des

7 activités, des opérations de défense, et nous ne faisions que riposter à

8 partir du moment où l'on nous tirait dessus, et on ne pouvait pas savoir à

9 quel moment on allait nous tirer dessus.

10 Question: D'après votre explication, pourriez-vous nous dire, d'après

11 vous, si vous pensez que ce que le commandant Hamill a décrit n'a pas pu

12 arriver?

13 Réponse: Pourriez-vous me dire de quoi vous parlez exactement?

14 Question: Eh bien, je parle de cette indication, de cette allégation comme

15 quoi les officiers de liaison avaient des réponses toutes faites. Et comme

16 leurs bureaux se trouvaient juste en face des bureaux des observateurs, eh

17 bien, vous saviez qu'ils allaient venir vous voir et vous aviez une

18 réponse toute faite concernant les pilonnages ou des tirs. Je parle de

19 cela. Donc, d'après vous, ceci n'a jamais pu arriver?

20 Réponse: Oui, exactement: ceci n'a pas pu arriver.

21 Question: Vous vous souvenez du commandant Jacques Kolp? Il était officier

22 de liaison de la Forpronu entre le mois de mars 1993 et le mois de

23 novembre 1994?

24 Réponse: Je pense qu'il s'agit d'un officier belge, si mes souvenirs sont

25 bons, mais je ne suis pas sûr de pouvoir le reconnaître à présent.

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1 Question: Nous avons entendu dire qu'il vous voyait pratiquement de façon

2 quotidienne. La question qui se posait lors de ces entretiens concernait

3 principalement le passage des différents convois?

4 Réponse: C'est tout à fait possible, car toutes les demandes portant sur

5 le passage de convois passaient par le groupe chargé de la coopération

6 avec la Forpronu. Et ceci a duré jusqu'au moment où un bureau spécial a

7 été créé à Pale.

8 Question: Vous vous souvenez du mois où cela s'est produit? Est-ce que

9 vous vous souvenez du mois quand cela s'est produit?

10 Réponse: Je vous ai dit que cela s'est passé au début de 1993, mais pour

11 ce qui est de leurs communications envoyées à Lukavica, toutes leurs

12 demandes devaient passer par Pale pour obtenir une approbation, une

13 licence de passage. Mais c'est au niveau du Corps d'armée que l'ordre

14 devait être donné aux points de contrôle, suivant lequel ordre un laissez-

15 passer aurait dû être délivré à des convois.

16 Question: Bien. Puis-je vous assister? Puis-je rafraîchir votre mémoire?

17 Cet officier était un Belge, et c'est lui notamment qui a pu avoir une

18 idée du fait que vous avez été associé direct du commandant du Corps

19 d'armée serbe, c'est-à-dire du général Mladic. Est-ce que vous avez pu

20 faire croire quoi que ce soit, d'après vous, qui aurait pu lui faire

21 naître une telle impression de vous?

22 Réponse: Probablement, il lui en imposait ainsi de dire que tel ou tel

23 homme pouvait avoir un rôle à jouer au sommet… Je ne sais pas ce qui

24 aurait pu vraiment lui souffler de telles présomptions, assez saugrenues.

25 Question: Vous avez dit que son premier contact avec le bureau de liaison

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1 était celui des gens des PTT, mais il a dit qu'il ne pouvait jamais

2 obtenir de réponse, car ces officiers serbes de Bosnie, là-bas, vous

3 disaient toujours qu'ils devaient vous contacter d'abord, vous, à

4 Lukavica.

5 Est-ce que vous vous attendiez à une situation pareille?

6 Réponse: Bien entendu. Et il n'aurait jamais pu obtenir une réponse à

7 Lukavica non plus sans obtenir préalablement et sans qu'il y ait

8 préalablement une réponse de l'état-major général.

9 Question: Mais voyez-vous, ne s'agit-il pas de dire qu'il ne pouvait pas

10 avoir de contact avec le colonel Zarkovic, mais avec vous?

11 Réponse: Nous nous sommes déjà mis d'accord tout à l'heure pour dire que,

12 au début de 1993, le colonel Zarkovic était muté au ministère de la

13 Défense. Ce qui est tout à fait naturel, parce que, à cette époque-là, je

14 n'ai pas nié le fait que j'ai fait fonction de chef en cette période-là.

15 Question: Excusez-moi, je crois avoir dit que c'était vers le milieu de

16 l'année 1993, pas au début de 1993.

17 A quel moment le colonel Zarkovic a-t-il quitté le QG du commandement pour

18 passer au ministère de la Défense?

19 Réponse: Lors de la première moitié de l'année 1993.

20 Question: Moi, je vous dis pour ma part que c'était au mois de mai.

21 Qu'est-ce que vous en pensez?

22 Réponse: Je ne peux ni le confirmer ni l'infirmer. Cela est probable.

23 Question: Quoi qu'il en soit, le commandant Kolp a été tout à fait clair

24 en disant qu'il recevait de telles réponses du poste des PTT avant de

25 venir en poste. Lui, il était venu en poste au mois de mars et après cette

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1 période-là, il n'y allait plus et il passait plutôt par Lukavica.

2 Or, Monsieur le Témoin, si le colonel Zarkovic était toujours votre

3 supérieur au temps où les officiers dans les bureaux de PTT disaient,

4 quant à eux, au commandant Kolp, que celui-ci devait s'adresser à vous,

5 est-ce que vous acceptez le fait que cela suggère une autre idée, à

6 savoir: d'après les officiers de liaison du bureau des PTT, c'était vous,

7 cette personne-là et non pas le colonel Zarkovic, laquelle personne,

8 d'après eux, était préposée à la prise de décision.

9 Réponse: Je ne peux pas accepter cela. Ils auraient pu l'envoyer, ils

10 auraient pu l'envoyer vers moi sachant que le colonel Zarkovic ne parlait

11 pas anglais.

12 Question: Le commandant Kolp… Je voulais dire au sujet de cette réponse,

13 la déposition du commandant Kolp précisait qu'il ne devait pas avoir un

14 contact avec ces gens-là, mais que lui devait vous contacter vous, pour

15 avoir une réponse. Il ne s'agissait pas de savoir qui parlait anglais/

16 Réponse: Je ne saurais vous répondre à la question: quels étaient les

17 rapports du commandant Kolp avec les officiers qui se trouvaient dans les

18 bureaux de PTT, là où je n'étais pas présent quant à moi.

19 Question: Bien. Celui-ci a dit comme suit: après avoir pris décision

20 d'aller directement à Lukavica pour ne pas perdre trop de temps aux PTT

21 -pour avoir un contact avec vous-, il a dit, comme nous l'avons dit

22 précédemment, qu'il a pu vous rencontrer pratiquement tous les jours,

23 chaque jour. Or, dans votre bureau, il avait rencontré force gens qui

24 avaient tant de problèmes; les gens des observateurs de l'ONU, des membres

25 d'organismes internationaux, etc.

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1 Primo, dites-moi: est-ce possible d'être d'accord pour dire que des gens,

2 qui étaient les observateurs militaires de l'ONU, venaient dans votre

3 bureau?

4 Et puis, après, dites-nous ce qui se passait avec des représentants

5 d'organismes internationaux.

6 Réponse: Cela est exact. Je vous ai déjà dit en déposant que j'étais en

7 contact avec plus d'un millier de membres de Nations Unies. Cela dit, je

8 me réfère à l'UNHCR, aux observateurs militaires, au comité international

9 du Salut. Ensuite je pense à des oeuvres de charité telles Caritas et

10 d'autres organismes caritatifs, Croix-Rouge, etc.

11 Question: Bien. Est-ce que cela comprend également des organisations qui

12 devaient prodiguer des soins médicaux à des civils serbes, c'est-à-dire

13 bosniaques, civils bosniaques?

14 Réponse: Probablement que oui.

15 Question: Est-ce que vous vous rappelez l'agence qui était intitulée comme

16 "Réaction médicale d'urgence, assistance médicale d'urgence", représentée

17 par John Ashton?

18 Réponse: Oui. Je me rappelle cette agence. Je crois qu'elle avait son

19 siège à Berlin, et je crois que cette agence n'existait jamais et que ce

20 n'était pratiquement qu'une couverture pour John Ashton qui, lui, était un

21 des agents de la CIA.

22 Question: Nous en parlerons un peu plus tard. Entre-temps le commandant

23 Kolp a dit avoir vu dans vos bureaux des représentants d'unités

24 paramilitaires serbes. Qu'est-ce que vous en pensez?

25 Réponse: Je voudrais que vous m'en citiez un. A qui pensait-il

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1 concrètement?

2 Question: Malheureusement je ne pourrais pas vous donner de nom. Mais il a

3 déposé qu'il y avait là-bas des représentants paramilitaires serbes qui

4 étaient en partie en vêtements de civils, qu'ils avaient des pantalons et

5 couvre-chefs militaires, surtout un couvre-chef où il y avait une tête de

6 mort, et qu'ils avaient une barbe et de longs cheveux.

7 Réponse: S'il s'agit de caractéristiques concernant ces gens-là, qui

8 devaient être membres d'unités paramilitaires, ceci ne me suffit pas.

9 C'est-à-dire le détachement de Chetniks à Grbavica était une unité légale,

10 faisant partie de la 1ère Brigade du Corps d'armée Sarajevo Romanija.

11 Question: Je crois que la description que je viens faire de ces gens-là

12 correspond tout à fait aux membres de cette unité-là, c'est-à-dire du

13 détachement de Chetniks. C'est le terme que vous avez utilisé, n'est-ce

14 pas?

15 Réponse: Oui. Mais il ne s'agissait pas d'une unité paramilitaire.

16 Question: Bien. Une seconde, s'il vous plaît.

17 Il a dit les avoir vu à trois ou quatre reprises dans votre bureau au

18 cours de la période courant avril, mai 1992, jusqu'au début 1994. Est-ce

19 que cela correspond en termes de temps?

20 Réponse: Je crois ce que ceci n'est pas correct. Il aurait dû les voir

21 beaucoup plus fréquemment.

22 Question: Très bien. Mais disons qu'il a dit aussi que certains de ces

23 gens-là, il a pu les voir plus d'une fois et que c'est dans la région,

24 dans le secteur de Hadzici, c'est-à-dire sur la route Sarajevo-Pale qu'il

25 a pu voir des gens qui auraient pu être des Chetniks, du détachement des

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1 Chetniks. Enfin, chemin faisant, seriez-vous d'accord avec moi pour dire

2 qu'il n'aurait pas été surprenant de voir ces gens-là sur la route Pale-

3 Sarajevo?

4 Réponse: Je ne vois pas en quoi cela pourrait être surprenant. Ceci ne

5 devrait pas être surprenant.

6 Question: Je suis d'accord avec vous.

7 Pourquoi étaient-ils dans votre bureau, ces gens-là, vous qui étiez

8 officier de liaison avec la Forpronu et l'ONU?

9 Réponse: Dans mon bureau, des milliers de civils et de soldats sont

10 passés, qui cherchaient toujours une possibilité pour que des coups de fil

11 soient passés à des membres de famille qui étaient les leurs, dans le

12 secteur sous contrôle de Musulmans. Car c'est cette ligne-là, Sarajevo-

13 Pale, qui d'ailleurs avait la seule possibilité pour des gens de

14 téléphoner à quelqu'un en direction du territoire qui se trouvait sous

15 contrôle de Musulmans. Eh bien, il s'agit de cette ligne-là qui se

16 trouvait dans mon bureau.

17 Question: Est-ce que la ligne téléphonique qui était la vôtre passait par

18 le central téléphonique? Est-ce que vous y avez été branché?

19 Réponse: J'ai dit que je ne passais pas par là; ma ligne passait par

20 l'aéroport de Sarajevo jusqu'au bâtiment des PTT et se trouvait branchée

21 sur les lignes de PTT civiles régulières.

22 Question: Je m'excuse si je vous ai, peut-être de façon erronée, confronté

23 à la déposition qui était la vôtre de tout à l'heure.

24 Donc vous dites, Monsieur, que divers gens étaient passés dans votre

25 bureau pour entrer en contact avec les leurs qui se trouvaient dans

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1 Sarajevo, y compris avec des soldats qui combattaient sur la ligne de

2 front. S'agit-il de faire un commentaire juste?

3 Réponse: Oui. Oui.

4 Question: Donc ce n'est que pour cette raison-là que vous avez pu avoir

5 des contacts avec des soldats qui venaient de la ligne de front, n'est-ce

6 pas?

7 Réponse: Non.

8 M. Ierace (interprétation): Ces individus-là n'étaient-ils pas libres de

9 circuler au sein du commandement de Lukavica, sans être escortés et tout

10 en portant leurs armes sur eux?

11 M. Indjic (interprétation): Ces gens-là étaient des membres de l'armée de

12 la Republika Srpska. Je ne vois pas de raison pour laquelle ils n'auraient

13 pas la liberté de circuler au sein du siège de commandement de Lukavica.

14 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, j'objecte cette question parce

15 que le témoin a répondu en mentionnant et en incluant à la fois des civils

16 et des militaires. Et telle qu'elle est posée, la question de M. Ierace

17 crée la confusion.

18 M. le Président (interprétation): Le témoin vient de répondre à la

19 question, et la réponse du témoin ne nous permet pas de constater qu'une

20 quelconque confusion ait été semée.

21 M. Ierace (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

22 Monsieur Kolp, dans sa déposition, a dit que la police aux points de

23 contrôle était obligée de vous faire rapport à vous, de temps en temps, au

24 sujet de convois. Il a été précis en nommant le colonel Zdravko Zgonjanin.

25 Je retire.

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1 Mais est-ce exact que c'est vous qu'on devait contacter au sujet de

2 passages de convoi?

3 M. Indjic (interprétation): Cela est exact parce que les points de

4 contrôle recevaient toutes les approbations et ordres via le Corps

5 d'armée. Par conséquent, on devait savoir ce qui était approuvé et ce qui

6 ne l'a pas été, et dans les contacts avec la Forpronu. Car, au cas où il y

7 aurait un convoi qui n'était pas autorisé de passage, on devait procéder à

8 un contrôle, une inspection pour voir si un accord a été préalablement

9 donné ou pas.

10 M. Ierace (interprétation): Très bien. Le commandant Kolp a dit que,

11 lorsqu'il s'agissait de plaintes et de protestations au sujet d'incidents

12 de Nedzarici et de Grbavica, lui, il y faisait entrer aussi des

13 protestations concernant le cimetière juif.

14 D'abord, dites-nous: s'agissait-il de parler de protestations ou

15 d'incidents où des civils auraient été impliqués en tant que cibles?

16 Réponse: Je ne sais plus à combien de reprises je dois répéter que vous

17 voulez me demander des questions au sujet de protestations où l'objet de

18 protestation aurait été des civils cibles.

19 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, par rapport à la question

20 précédente, en fait deux questions précédentes, relativement au problème

21 des convois, M. Ierace a retiré quelque chose, il a reformulé sa question.

22 Mais je ne vois pas dans le transcript quel est précisément le mot qu'il

23 aurait voulu indiquer. C'est important vis-à-vis de notre éventuel contre-

24 examen.

25 Nous avons dans le transcript "in the", un signe mentionnant l'absence,

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1 puis "of convoys".

2 M. le Président (interprétation): J'essaie de retrouver. Il s'agit de la

3 page 63, ligne 12?

4 M. Piletta-Zanin: Il semble que nous ayons comme information page 63,

5 lignes 11, 12. Mon propre transcript n'est plus en phase.

6 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Ierace?

7 M. Ierace (interprétation): Oui, Monsieur le Président. Il s'agit de

8 "convois". J'apprécie fort bien ce que veut dire mon estimé collègue: il

9 s'agit évidemment d'un point de vue au sujet d'un interrogatoire

10 supplémentaire. Parce que je crois que le témoin a fort bien compris la

11 question.

12 M. le Président (interprétation): Oui. Ceci étant expliqué, procédez, s'il

13 vous plaît.

14 M. Ierace (interprétation): Or, au sujet du cimetière juif, saviez-vous

15 que le général Rose s'était rendu en inspection une fois là-bas, sur le

16 cimetière juif?

17 M. Indjic (interprétation): Je crois que je m'en souviens. Je m'en

18 souviens du simple fait qu'à cette occasion il ne voulait pas mettre un

19 gilet pare-balle.

20 Question: Approximativement, quand était-ce? Etait-ce peut-être en mars

21 1994?

22 Réponse: Si ma mémoire me le dit avec précision, c'est qu'il n'y avait pas

23 de neige. C'est tout.

24 Question: Très bien. Et est-ce que vous reconnaissez que la raison pour

25 laquelle il s'est efforcé de faire était due au fait qu'il s'agissait d'un

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1 secteur qui était déjà connu pour avoir été objet de protestation, c'est-

2 à-dire c'est là, dans ce secteur-là, que des civils de Sarajevo se

3 trouvaient objets de tireurs embusqués?

4 Réponse: Non. C'est absolument faux. Il s'agissait de la ligne de

5 séparation qui était peut-être la moins courte, c'est-à-dire où les gens

6 étaient le plus rapprochés de part et d'autre, les gens de deux parties

7 belligérantes. Le général Rose s'y rendant voulait notamment faire un

8 effort pour qu'il y ait les tous premiers pas à entreprendre en vue de la

9 paix, dans ce secteur qui semble être l'un des plus difficiles.

10 Question: Très bien.

11 Réponse: Telle est mon opinion là-dessus.

12 Question: Le commandant Kolp a dit qu'une fois qu'il se trouvait dans

13 votre bureau, il vous a entendu émettre un ordre portant cessation de feu.

14 Qu'est-ce que vous en pensez?

15 Réponse: Je crois que c'est une bêtise, un mensonge pur et simple. Je n'ai

16 jamais émis de tels ordres et, secundo, je ne savais pas que le commandant

17 Kolp parlait le serbe.

18 M. Ierace (interprétation): Oui, nous l'avons entendu comme quoi ceci lui

19 a été traduit par son interprète.

20 Vous comprenez qu'il y avait plusieurs observateurs militaires qui, eux,

21 disaient que vous aviez eu des contacts avec les forces armées des

22 troupes, alors que vous le niez toujours. Or nous parlons de protestations

23 et de réactions, de réponses à de telles protestations?

24 M. Indjic (interprétation): Pour ma part, je réaffirme que je n'ai pas eu

25 de contact avec des unités subordonnées suivant le mode de direction et de

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1 commandement. Par conséquent, je n'ai jamais été préposé à émettre des

2 ordres quelconques à des unités subordonnées.

3 M. le Président (interprétation): Monsieur Ierace, il me semble que le

4 témoin demeure assez conséquent pour nier les allégations auxquelles vous

5 le confrontez. Je me demande, étant donné que nous sommes limités dans le

6 temps, s'il est vraiment nécessaire de répéter trois, quatre, cinq ou six

7 fois la même chose.

8 Procédez, s'il vous plaît.

9 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, cela étant ainsi, et si

10 vous me demandez de ne plus procéder ainsi, je ne me propose plus de

11 traiter avec ce témoin des dépositions faites par d'autres témoins.

12 M. le Président (interprétation): Peut-être vous pourriez poser des

13 questions comme suit: il me semble qu'au sujet de M. Hamill, M. Kolp, M.

14 Henneberry, le témoin a été précis pour déclarer qu'il n'avait jamais de

15 contact direct avec les brigades, il n'a jamais pu émettre des ordres. Il

16 a expliqué la position qui était la sienne. Je ne m'attends pas à ce que

17 le témoin vous donne d'autres réponses, notamment lorsque vous le

18 confrontez à des données qui vous ont été révélées par d'autres témoins à

19 charge.

20 Par conséquent, Monsieur Indjic, si cela n'est pas exact, dites-nous, s'il

21 vous plaît, comme suit: je suppose que toutes les questions qui vous ont

22 été posées concernant vos fonctions, les pouvoirs dont vous avez été

23 investi, la façon dont procédait votre groupe pour recevoir des

24 protestations, s'il les a reçues ou s'il ne les a pas reçues, si vous en

25 savez quelque chose et si on vous posait des questions concernant d'autres

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1 témoins qui eux, en déposant, ont donné des information similaires, encore

2 que pas tout à fait exactement adéquates, est-ce que vous pourriez

3 répondre à de telles questions, si je peux interpréter la situation?

4 M. Indjic (interprétation): Toutes mes réponses concernant la compétence

5 qui était la mienne dans mes contacts avec des responsables et moi, en

6 tant que membre d'un groupe de liaison avec d'autres membres, que ce soit

7 la Forpronu ou d'autres membres avec lesquels nous coopérions, auraient

8 été les mêmes.

9 M. le Président (interprétation): Procédez, Monsieur Ierace.

10 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, cela étant dit, je me

11 réfère à la première partie de votre énoncé de tout à l'heure. Je ne me

12 propose plus de confronter le témoin à des dépositions qui sont

13 susceptibles de corroborer les thèses de l'accusation en relation de ce

14 témoin.

15 M. le Président (interprétation): Au moins, pour parler des dépositions

16 dont nous traitions tout à l'heure. Mais jusqu'à maintenant, vos questions

17 étaient concentrées sur le fait de savoir la procédure selon laquelle les

18 réclamations ou protestations étaient envoyées ou reçues, etc. Je crois

19 que l'ensemble de cette série de questions, nous l'avons déjà entendue.

20 Nous en avons traité pour savoir vraiment quelle serait l'utilité d'une

21 telle confrontation au témoin, de données les concernant, concernant ces

22 autres témoins. Croyez-moi, ceci ne pourrait être d'une grane utilité.

23 M. Ierace (interprétation): Très bien. Monsieur le Témoin, est-ce que vous

24 vous rappelez le général Van Baal qui était à son poste depuis février en

25 septembre 1994?

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1 M. Indjic (interprétation): Je me rappelle le général, M. Van Baal.

2 M. Ierace (interprétation): Vous rappelez-vous que celui-ci vous envoyait

3 des protestations concernant les civils de Sarajevo qui avaient été la

4 cible de tireurs embusqués?

5 M. Indjic (interprétation): Non. Je ne me rappelle pas.

6 M. le Président (interprétation): Monsieur Ierace, soyons sûrs du fait que

7 le témoin a, au moins à cinq ou six reprises, dit qu'il n'a jamais reçu

8 aucune protestation concernant les tirs délibérés -ou à l'aveugle- où les

9 civils auraient été ciblés. A mon sens, il s'agirait d'une question certes

10 pas nécessaire. Mais le témoin vient de confirmer que, une fois de plus,

11 lorsque nous sommes en train de parler du général Van Baal, de telles

12 protestations, il ne les a jamais reçues.

13 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, la question suivante

14 que je vais poser à ce témoin procède notamment de l'une de ces questions

15 que j'avais posée tout à l'heure. Je vous serais redevable d'entendre des

16 instructions qui sont les vôtres lorsque vous aurez entendu la question,

17 et la voilà.

18 Monsieur le Témoin, avez-vous, en réponse, dit au général Van Baal: "Nous

19 n'avons pas sous notre contrôle les tireurs embusqués." Or, pris en

20 considération tout ce que vous venez de dire en réponse, est-ce que vous

21 avez pu répondre au général Van Baal que vous n'aviez pas sous votre

22 contrôle les tireurs embusqués?

23 M. Indjic (interprétation): Non, je n'aurais jamais pu donner une telle

24 réponse.

25 Question: Très bien. Tout à l'heure, lorsque nous avons évoqué John

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1 Ashton, vous avez parlé de certaines données d'après lesquelles celui-ci

2 aurait été impliqué dans la CIA. Qu'est-ce que vous pouvez nous dire là-

3 dessus?

4 Réponse: A mon sens, John Ashton était un agent de renseignements de la

5 CIA.

6 Question: Sur quelle base fondez-vous cette opinion-là?

7 Réponse: Sur mes impressions personnelles à moi, et sur ce que j'ai pu

8 faire en tant qu'officier de renseignement.

9 Question: Quand est-ce que vous avez pu avoir cette impression de lui et

10 cette opinion de lui?

11 Réponse: Peut-être après la seconde ou troisième rencontre avec lui.

12 Question: En quel mois ou quelle année était-ce?

13 Réponse: Je ne saurais préciser le mois. Je crois que c'était en été 1992.

14 Question: En été 1992 vous dites. Vous nous avez dit n'avoir pas eu de

15 fonction en matière de renseignement au cours de cette période-là. Est-ce

16 que vous avez communiqué avec le bureau de renseignement du Corps d'armée

17 Romanija Sarajevo de tout cela?

18 Réponse: Oui.

19 Question: Je suppose que vous l'avez dit également au général Galic?

20 Réponse: Non.

21 Question: Et pourquoi pas?

22 Réponse: Le général Galic, pour autant que je sache, n'a jamais eu de

23 contact avec John Ashton. Et cela n'a jamais été réclamé non plus.

24 Question: Très bien. Est-ce que vous avez reçu instruction quelconque pour

25 savoir comment il a fallu vous conduire avec John Ashton? Etant donné

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1 cette opinion qui est la vôtre, selon laquelle celui-ci aurait été

2 impliqué dans les réseaux CIA?

3 Réponse: Non.

4 Question: Je suppose que vous auriez pris toute mesure nécessaire pour

5 faire en sorte que, en matière de sécurité, celui-ci ne puisse pas

6 circuler dans le territoire se trouvant sous contrôle du Corps d'armée?

7 Réponse: Non.

8 Question: Pourquoi pas?

9 Réponse: Parce qu'il n'était pas le seul agent de renseignement dans

10 Sarajevo. Et secundo, ce serait absurde évidemment d'interdire à qui que

11 ce soit de circuler librement pour la simple et bonne raison qu'il aurait

12 appartenu à des réseaux de renseignements.

13 Question: Et est-ce que vous croyez que celui-ci, ayant été employé par la

14 CIA, a pu -d'après vous, d'après votre opinion- être quelqu'un qui n'était

15 pas contre les intérêts des Serbes de Bosnie?

16 Réponse: Pour autant que je sache, nous n'étions pas en guerre avec

17 l'Amérique. Par conséquent, celui-là, pour une raison quelconque, ne

18 pouvait être un officier de renseignement de la CIA, non plus qu'ennemi

19 des Serbes de Bosnie, non plus qu'un agent de renseignement de l'AID.

20 Question: Qu'est-ce qui vous a fait penser concrètement que cet homme-là

21 aurait pu être un agent de renseignement de la CIA?

22 Réponse: La façon dont il se comportait. Cette auréole dont il se trouvait

23 entouré en quelque sorte, sa façon de couvrir les différents secteurs et

24 les pouvoirs dont il était définitivement investi, alors qu'il disait

25 entre autres qu'il était photographe, etc.

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1 Question: Non. Monsieur Indjic, seriez-vous plus aimable d'être plus

2 concret pour nous en parler, Lorsque nous parlons de ces différentes

3 époques, différentes périodes de temps, que voulez-vous dire de lui,

4 lorsque vous parlez de ses travaux à lui?

5 Réponse: Il était venu à Sarajevo, se disant photographe, comme

6 appartenant à une profession libérale, et se disant free-lance qu'il

7 était. Il a pu se présenter comme étant un photographe qui n'a pas été

8 sans connaître différents champs de bataille, qui était entre-deux guerres

9 dans le monde.

10 Question: Je crois qu'il y a eu beaucoup de photographes free-lance qui

11 étaient venus à Sarajevo et qui avaient travaillé dans d'autres conflits.

12 Pourquoi l'avez-vous traité un petit peu séparément par rapport à

13 d'autres?

14 Réponse: Je vous ai dit dès le début qu'à mon sens il était impliqué dans

15 les réseaux de la CIA, et je ne pourrai pas vraiment avoir de documents

16 là-dessus. Mais il s'agit d'une opinion personnelle, une impression

17 personnelle concernant John Ashton.

18 M. Ierace (interprétation): Un autre facteur évoqué par vous, c'était

19 quand vous avez dit "la façon dont il a procédé sur le terrain." Avez-vous

20 une explication spécifique en relation avec cela?

21 M. Indjic (interprétation): La façon dont il abordait les gens, l'intérêt

22 qu'il portait à des thèmes spécifiques et concrets, tout cela m'a permis

23 de créer cette impression et, définitivement, d'émettre cette opinion que

24 je considère parfaitement personnelle sur John Ashton.

25 M. le Président (interprétation): Monsieur Ierace, il est maintenant une

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1 heure moins vingt-cinq. Le temps qui vous est imparti pour le contre-

2 interrogatoire semble expiré presque. Nous allons faire maintenant une

3 pause jusqu'à une heure moins cinq, après quoi, je vous prie de conclure

4 le contre-interrogatoire de ce témoin dans un laps de temps de 5 minutes.

5 Je reprends: maintenant, il est une heure moins vingt-cinq. Le temps prévu

6 pour le contre-interrogatoire de ce témoin semble expiré. Nous allons

7 suspendre l'audience jusqu'à une heure moins cinq et je vous prie de

8 conclure le contre-interrogatoire du témoin dans un laps de temps de 10

9 minutes.

10 (Le témoin, Milenko Indjic, est reconduit hors du prétoire.)

11 (L'audience, suspendue à 12 heures 35, est reprise à 12 heures 59.)

12 M. le Président (interprétation): Monsieur Ierace, nous attendons que le

13 témoin entre.

14 M. Ierace (interprétation): Un instant, s'il vous plaît.

15 (Le témoin, Milenko Indjic, est introduit dans le prétoire.)

16 M. le Président (interprétation): Oui. Monsieur Ierace.

17 M. Ierace (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

18 Monsieur Indjic, nous avons entendu des dépositions disant que

19 généralement vous n'étiez pas en uniforme, vous ne portiez pas un uniforme

20 militaire pendant l'exercice de vos fonctions au quartier général à

21 Lukavica. Et, assez souvent, vous portiez des vêtements civils, voire un

22 anorak en cuir, une veste de cuir. Etes-vous d'accord avec cela?

23 M. Indjic (interprétation): Le plus souvent j'étais en civil. Quant à

24 cette veste en cuir, c'était le seul élément vestimentaire que j'avais et

25 que je pouvais mettre par-dessus ma chemise.

Page 18780

1 Question: Vos vêtements civils frappaient par leur différence par rapport

2 au fait que vos autres camarades, collègues, officiers au quartier

3 général, n'étaient pas vêtus comme vous. Etes-vous d'accord avec le fait

4 que les autres officiers de Lukavica ne portaient pas de vêtements civils?

5 Réponse: Mis à part le colonel Zarkovic, il est arrivé à tous les autres

6 membres du groupe de coopération d'être en civil.

7 Question: Pour quelle raison?

8 Réponse: L'on n'a jamais exigé de notre part de travailler en uniforme.

9 Probablement parce qu'on considérait que des contacts se faisaient mieux,

10 étaient plus proches en civil. Je ne vois pas de raisons particulières qui

11 pourraient expliquer les vêtements civils ou leur absence. La raison la

12 plus juste serait peut-être le fait qu'aucun de nous ne portait d'armes

13 officiellement.

14 Question: Nous avons entendu des dépositions disant que lors des réunions,

15 à haut niveau, entre ces gens-là et le général Galic, les réunions à haut

16 niveau avec les Nations Unies, donc auxquelles vous assistiez en civil,

17 que cela semblait tout à fait mal placé. Comment réagiriez-vous à cela? Et

18 est-ce que je peux aussi préciser que vous aviez des pouvoirs assez

19 importants, et que cela nous permet de comprendre pour quelle raison vous

20 ne deviez pas être en uniforme?

21 Réponse: Vraiment, je ne vois pas quels sont les pouvoirs que vous mettez

22 en relation avec les vêtements. Et s'agissant des réunions à l'aéroport,

23 les réunions des groupes mixtes, eh bien, j'y ai toujours été en uniforme.

24 Question: Très bien. Monsieur le Président, je souhaite présenter le

25 document P3777, que je souhaite présenter au témoin.

Page 18781

1 (Intervention de l'huissier.)

2 C'est un document qui figure sur la liste des pièces à conviction de la

3 défense pour ce témoin. Et je souhaite placer la version en BCS sur le

4 rétroprojecteur.

5 Monsieur Indjic, lorsqu'on vous a remis le document, je vous prie de vous

6 reporter à la premier page de BCS; il n'est pas utile de regarder les

7 autres pages à présent. Après que le témoin aura eu l'occasion d'examiner

8 le document, j'aimerais qu'il soit placé sur le rétroprojecteur.

9 Reconnaissez-vous ce document? Autrement dit, l'avez-vous déjà vu?

10 Réponse: Je reconnais la forme du document, mais je n'ai jamais vu

11 auparavant ce document en particulier.

12 M. Ierace (interprétation): D'après vous,...

13 Non, ma collègue est debout.

14 Mme Pilipovic (interprétation): Peut-on placer sur le rétroprojecteur ce

15 document?

16 M. le Président (interprétation): Oui, pour que le général Galic puisse

17 aussi le voir. J'aimerais qu'on nous montre notamment les parties du

18 document sur lesquelles on attire notre attention.

19 M. Ierace (interprétation): Reconnaissez-vous la forme de ce document? Il

20 semblerait que c'est un ordre émanant du général Galic; est-ce exact?

21 M. Indjic (interprétation): C'est un ordre et le signataire de ce document

22 est le chef d'état-major -à l'époque le colonel Marcetic-, et il signe au

23 nom du général Galic.

24 Question: Doucement, pourriez-vous donner lecture en BCS du contenu du

25 deuxième paragraphe?

Page 18782

1 Réponse: "En dépit de nombreuses mises en garde, le 29 janvier 1993, dans

2 le secteur plus large de la côte 906, un événement s'est produit qui

3 ressemble à l'événement s'étant produits à Lapisnica, au moment où les

4 gens de religion musulmane se sont emparés de Mala Kula, la petite

5 forteresse. C'est ainsi que les conditions ont été réunies pour que,

6 depuis la côte 703 de Poljine, on mette en danger un axe de communication

7 d'importance cruciale. Hresa, Radava, Vogosca" ((Fin de citation.)

8 Question: Ce texte est-il adressé directement à l'attention du commandant

9 de la 1re Brigade de Romanija?

10 Réponse: Oui. C'est exact. C'est adressé directement au commandant de

11 cette 1re Brigade de Romanija.

12 Question: Le jour en question, ainsi que le lendemain, cet ordre demande-

13 t-il qu'il y ait une attaque afin de s'emparer de Mala Kula, dans la

14 région de la côte 906, de reprendre cet endroit aux forces ennemies?

15 Réponse: Oui, on donne l'ordre de lancer une attaque afin de récupérer

16 Mala Kula et afin de pouvoir rétablir les lignes initiales.

17 Question: Très bien. Cette attaque a-t-elle été couronnée de succès?

18 Réponse: Je ne le sais pas.

19 Question: Je vous prie de revenir à présent au premier paragraphe.

20 Vous avez lu à haute voix le mot "poturice" P-O-T-U-R-I-C-E. Pouvez-vous

21 nous donner une traduction littérale de ce mot?

22 Réponse: Ce sont des convertis.

23 M. Ierace (interprétation): Des convertis. D'après vous, cela se réfère

24 aux Bosniaques?

25 M. Indjic (interprétation): Cela concerne les Musulmans de Bosnie.

Page 18783

1 M. le Président (interprétation): Monsieur Ierace, je vous rappelle le

2 temps que je vous ai accordé.

3 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, il ne me reste que

4 quelques questions à poser. Est-ce que je peux le faire?

5 M. le Président (interprétation): Je ne suis pas sûr que ceci soit tout à

6 fait acceptable; je vous ai accordé pas plus que 10 minutes. Si, à

7 présent, vous continuez, si vous avez encore des questions à poser, il ne

8 restera plus beaucoup de temps pour la défense pour poser ses questions

9 supplémentaires et il ne restera pas de temps pour les Juges.

10 M. Ierace (interprétation): Je vous remercie, Monsieur le Président.

11 Monsieur, j'avance qu'il s'agit d'un terme injurieux. Vous êtes d'accord

12 ou non avec moi?

13 M. Indjic (interprétation): Oui, ce terme comporte une certaine dose de

14 mépris. C'est un terme habituel, je dois dire.

15 M. Nieto-Navia (interprétation): J'ai une question pour vous, Monsieur

16 Ierace. Dans la traduction, nous avons ici, dans le transcript: "Il s'agit

17 d'un terme injurieux pour des convertis musulmans. Et une petite tour."

18 Je suppose que ces mots ne figurent pas dans l'original?

19 M. Ierace (interprétation): C'est exact, Monsieur le Juge.

20 M. Nieto-Navia (interprétation): Je vous remercie.

21 M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, je pense qu'une

22 vingtaine de minutes pour les questions supplémentaires devraient suffire.

23 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. Milenko Indjic, par

24 Me Piletta-Zanin.)

25 M. Piletta-Zanin: Merci. Témoin, re-bonjour. Aux fins d'économiser le

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1 temps, dans la mesure du possible, réponses par oui ou par non; nous

2 l'apprécierons.

3 On vous a parlé tout à l'heure du fait que des troupes auraient tapé au

4 hasard dans les pièces avant que de les mettre en position de tir. Pouvez-

5 vous nous dire ce que pèse à peu près un mortier de 120?

6 M. Indjic (interprétation): Je ne connais pas ce genre d'information de

7 manière précise. Je suis quelqu'un qui travaille dans les transmissions,

8 et pas dans l'artillerie.

9 M. Piletta-Zanin: Mais est-ce plus de 10 kilos, plus de 50 kilos, encore

10 plus de 50 kilos, selon votre...

11 M. Indjic (interprétation): Plus de 50 kilos, dans tous les cas.

12 M. le Président (interprétation): Les interprètes n'ont pas pu entendre

13 les derniers mots prononcés par le témoin, puisque vous avez commencé à

14 parler plus vite. Je vous prie donc de tenir compte de cela.

15 S'il vous plaît, pourriez-vous compléter votre réponse? Du moins, d'après

16 ce que les interprètes ont entendu, vous avez dit: "Je ne connais pas cela

17 de par ma profession".

18 M. Indjic (interprétation): Ma formation est celle de quelqu'un qui

19 travaille dans les transmissions, les communications par radio.

20 M. Piletta-Zanin: Merci. Selon vous, serait-il possible de frapper une

21 telle arme pour la faire bouger si elle est relativement lourde?

22 M. Ierace (interprétation): Objection! Ceci ne découle pas du contre-

23 interrogatoire.

24 M. Piletta-Zanin: Je passe à un autre… Si, cela déroule tout à fait du

25 contre-interrogatoire où M. Ierace a longuement interrogé sur la

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1 déclaration d'un officier; il s'agissait de Patrick Henneberry. Cela va

2 directement du contre-interrogatoire.

3 Mais passons à autre chose pour gagner du temps.

4 Savez-vous, Monsieur le Témoin, s'il y avait une obligation... des

5 obligations des forces UN de se trouver très proches des pièces qu'ils

6 devaient surveiller?

7 M. Indjic (interprétation): Après la signature de l'accord consistant à

8 placer ces pièces d'artillerie à des points de regroupement et sous la

9 surveillance des Nations Unies, eh bien, les Nations Unies étaient tenues

10 de contrôler ces armes.

11 M. Piletta-Zanin: Merci. Bon. Je change de sujet et j'aimerais que l'on

12 mette maintenant la pièce qui vient d'être soumise, la P3777.1 sur

13 l'écran. Nous allons travailler sur la traduction anglaise.

14 (Intervention de l'huissier.)

15 J'aimerais que vous puissiez nous lire, s'il vous plaît, dans la langue

16 que vous voudrez.

17 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, une question. Vous

18 avez peut-être déduit de la question posée par le Juge Nieto-Navia que la

19 Chambre n'apprécie pas les versions commentées de documents traduits.

20 Donc, si vous travaillez avec le texte anglais, très bien, mais nous ne

21 pouvons plus demander à l'accusation de nous fournir des traductions

22 originales.

23 Oui, je vous en prie, poursuivez.

24 Mme Philpott (interprétation): Souhaitez-vous avoir la version en BCS

25 aussi?

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1 M. Piletta-Zanin: Tout à fait. Sur le texte BCS aussi, mais qui me

2 paraissait peu lisible. Mais enfin, il le sera peut-être mieux pour le

3 témoin.

4 Pouvez-vous lire, Monsieur le Témoin, ce qui suit immédiatement après

5 Vogosca?

6 M. Indjic (interprétation): "D'après un système déjà établi, nous n'avons

7 absolument pas été informés de votre part à ce sujet. Et quant à votre

8 rapport du soir, nous ne l'avons pas encore reçu à 21 heures 15." (Fin de

9 citation.)

10 Question: Merci beaucoup. Témoin, seriez-vous d'accord avec moi pour… Je

11 retire cela.

12 Y avait-il de nombreux autres cas, à votre connaissance, où l'information

13 à partir de la brigade n'arrivait pas au niveau du Corps? Ainsi que cela

14 résulte de cette pièce.

15 Réponse: Je ne peux pas répondre à cette question. Je ne possède pas ces

16 informations puisque je ne faisais pas partie de la voie hiérarchique qui

17 concernait la réception des rapports.

18 Question: Merci beaucoup. Témoin, vous avez tout à l'heure, ou plutôt

19 hier, indiqué que "80% des protestations présentaient un caractère oral".

20 Vous en souvenez-vous?

21 Réponse: Ce n'est pas ce que j'ai dit; j'ai dit qu'environ 95% des

22 protestations ont été formulées de façon verbale.

23 M. Piletta-Zanin: Bien. Merci de l'appréciation.

24 M. le Président (interprétation): Oui, je vous en prie.

25 M. Ierace (interprétation): Il me semble que ceci a été dit pendant

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1 l'interrogatoire principal et qu'il y a eu des problèmes d'interprétation.

2 En substance, d'après mon souvenir, c'était pendant l'interrogatoire

3 principal.

4 M. le Président (interprétation): Peu importe. La réponse a été donnée à

5 cette question.

6 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, oui, mais là n'est pas ma

7 question. J'ai d'abord posé le cadre et ma question va venir. Ma question

8 est la suivante...

9 M. le Président (interprétation): Oui, je vous en prie, posez la question.

10 M. Piletta-Zanin: Merci.

11 Tout à l'heure, on vous avait demandé si vraiment, vraiment et vraiment,

12 vous vous ne souveniez pas avoir reçu des protestations précises

13 concernant des cas de tirs sur civils, et vous avez répondu "je ne me

14 souviens pas".

15 Je vous pose maintenant la question suivante: compte tenu du traitement

16 des 95% de demandes à caractère oral, et compte tenu du fait que vous nous

17 avez indiqué qu'il n'en était pas...

18 M. le Président (interprétation): (Hors micro.) J'ai oublié d'allumer mon

19 micro.

20 Maître Piletta-Zanin, vous devriez d'abord terminer votre question et je

21 demande au témoin d'attendre.

22 M. Piletta-Zanin: Merci beaucoup.

23 Compte tenu, Monsieur le Témoin, de la proportion de ces demandes orales

24 et compte tenu du fait que vous avez déclaré qu'aucun dossier écrit n'en

25 était retenu, si cette protestation, quelle qu'elle soit, arrivait à

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1 quelqu'un d'autre que vous, à l'un de vos confrères, était-il

2 techniquement possible que vous ayez pu en savoir quelque chose vu,

3 justement, son caractère d'oralité?

4 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Ierace?

5 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, il est difficile de

6 formuler cette objection en la présence du témoin. J'avance que mon

7 collègue a présenté sous une lumière différente la déposition du témoin.

8 M. le Président (interprétation): Oui, nous examinerons cela pour éviter

9 de raccompagner le témoin et de le faire rentrer. Je vous prie de passer à

10 votre question suivante.

11 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, je passe à un autre sujet très

12 volontiers.

13 Vous nous avez parlé de la fermeture, ou plutôt du peu d'utilité ou

14 d'intérêt que représentait le bureau des PTT à la suite de l'enlèvement

15 d'un officier de liaison croate, je crois. Pouvez-vous être plus détaillé

16 dans cette réponse?

17 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, je ne me souviens pas

18 qu'il y ait eu question d'un officier de liaison croate qui aurait été

19 kidnappé.

20 M. le Président (interprétation): Je vous prie de poursuivre. Pour autant

21 que j'ai compris, M. Ierace a retiré son objection. Veuillez poursuivre.

22 M. Piletta-Zanin: Merci beaucoup.

23 Répondez.

24 M. Indjic (interprétation): Les forces musulmanes ont arrêté et ont

25 interpellé, ont mis en détention l'officier de liaison officielle du HVO.

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1 Cet officier a été relâché après intervention et le bureau du HVO, au

2 bâtiment des PTT, a été fermé par la suite, n'a plus fonctionné. Donc

3 seules deux parties belligérantes étaient représentées par la suite, et

4 non plus les trois.

5 Question: Merci. Témoin, il s'agit d'une question de principe: savez-vous

6 de qui, au niveau d'une brigade, un commandant de brigade, responsable de

7 batteries d'artillerie, doit-il recevoir ses ordres? Sur le principe.

8 Réponse: Tous les ordres au niveau de la brigade émanent du commandant de

9 la brigade.

10 Question: Bien. Maintenant, si un ordre de feu est donné à ce commandant

11 de brigade, par qui est-il donné en principe?

12 Réponse: Cette fois-ci, c'est le commandement supérieur qui lui donne

13 l'ordre, donc c'est le commandement du corps d'armée; soit le commandant

14 du corps d'armée; soit en son absence le chef d'état-major; soit en

15 l'absence de celui-ci l'officier de permanence.

16 Question: Merci. Même question pour un ordre d'avoir stoppé un feu au cas

17 où le feu serait en cours?

18 Réponse: C'est la même réponse, donc il s'agit des mêmes structures et des

19 mêmes personnes.

20 Question: Merci. Et voici la dernière question pour cette ligne: y aurait-

21 il une quelconque raison pour qu'un tel commandant de batterie reçoive un

22 ordre ou d'arrêter, voire de lancer le feu émanant d'un -pardonnez-moi-

23 mais de la part d'un simple officier de liaison?

24 Réponse: Même si un tel ordre parvenait à l'officier de liaison, il

25 n'aurait pas le droit d'exécuter cet ordre.

Page 18790

1 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, Me Pilipovic va poser encore deux

2 questions et nous en aurons terminé, avec votre autorisation.

3 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. Milenko Indjic, par

4 Me Pilipovic.)

5 Mme Pilipovic (interprétation): Un seul document que je souhaite présenter

6 à M. Indjic, le document 1840.

7 M. le Président (interprétation): L'huissier peut-il aider Me Pilipovic?

8 Mme Pilipovic (interprétation): Donc document D1840, excusez-moi.

9 M. le Président (interprétation): Vous pouvez nous fournir le document.

10 Mme Pilipovic (interprétation): Il sera peut-être plus simple de le placer

11 sur le rétroprojecteur.

12 M. le Président (interprétation): Est-ce qu'il a été versé?

13 Mme Pilipovic (interprétation): Oui.

14 Monsieur Indjic, vous avez répondu à M. Ierace et vous avez donné lecture

15 de certains paragraphes. Je vous prie de nous donner lecture du paragraphe

16 2.

17 M. Indjic (interprétation): Les exemples les plus caractéristiques de

18 violation brutale ou flagrante du cessez-le-feu sont les suivants: durant

19 toute la journée, un feu d'infanterie intense dirigé vers les positions

20 dans le secteur de Okruglica". (Fin de citation.)

21 Mme Pilipovic (interprétation): Je vous remercie. Monsieur Indjic, s'agit-

22 il d'une forme de protestation écrite, une protestation concernant une

23 violation de cessez-le-feu?

24 M. Indjic (interprétation): Oui.

25 M. le Président (interprétation): Je vous remercie, Maître Pilipovic.

Page 18791

1 Monsieur le Juge Nieto-Navia a des questions à poser.

2 (Questions au témoin, M. Milenko Indjic, par le Juge Nieto-Navia.)

3 M. Nieto-Navia (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

4 Vous avez dit pendant votre déposition la chose suivante... En fait, je ne

5 citerai pas votre déposition en citant chacun des mots fidèlement, mais

6 vous avez dit qu'il y avait un certain nombre d'observateurs militaires

7 des Nations Unies, et que leur mandat était conçu de telle sorte qu'il

8 avait une influence négative sur leur possibilité de s'apercevoir de la

9 situation et de la comprendre. Pourriez-vous vous expliquer un petit peu?

10 M. Indjic (interprétation): Le mieux serait peut-être de commencer par la

11 fin. Le mandat des observateurs militaires était très limité. Pour

12 l'essentiel, ils étaient envoyés en mission pour une période de six mois.

13 Ils venaient de toutes les régions, y compris du Bangladesh, du Kenya, de

14 la Nouvelle-Zélande, d'Australie… Ainsi donc, pendant une période de six

15 mois, il leur a été très difficile de prendre connaissance de la situation

16 qui prévalait réellement sur le terrain, de connaître les unités, les

17 hommes.

18 Et pour ce qui est de leur nombre aussi, eh bien, ils n'étaient pas en

19 nombre suffisant pour couvrir le secteur large du théâtre d'opération de

20 Sarajevo Romanija, de le couvrir de manière adéquate afin de pouvoir

21 observer la situation et pouvoir faire rapport sur l'ensemble des activité

22 se déroulant dans cette zone.

23 C'est la raison pour laquelle on a procédé à la constitution d'un petit

24 nombre de postes d'observation, juste quelques-uns; et depuis ces postes

25 d'observation, on n'observait pas directement l'activité sur le terrain.

Page 18792

1 Cependant, ce qu'on faisait, c'était d'envoyer des informations au bureau

2 et ces informations provenaient de sources diverses. Souvent, les

3 observateurs militaires, vu ces défaillances, ces insuffisances, eh bien,

4 sans vérification aucune, se trouvaient limités à transmettre tout

5 simplement des informations provenant d'une partie belligérante. Et donc

6 ils les transmettaient à l'autre partie.

7 Je ne sais pas si ma réponse vous suffit.

8 M. Nieto-Navia (interprétation): Je vous remercie. C'est suffisant.

9 M. le Président (interprétation): Monsieur le Juge El Mahdi a aussi des

10 questions à vous poser.

11 (Questions au témoin, M. Milenko Indjic, par le Juge El Mahdi.)

12 M. El Mahdi: Merci, Monsieur le Président.

13 S'il vous plaît, ce sont deux clarifications, et je voudrais que vous

14 répondiez aussi brièvement que possible.

15 Dans votre témoignage, une question vous a été posée concernant des tirs

16 survenus à Dobrinja en juin 1993, et qui visaient un match de football. Je

17 ne sais pas si vous vous souvenez de la question qui vous a été posée?

18 M. Indjic (interprétation): Je pense que la question portait sur

19 l'incident concernant la queue que les habitants faisaient pour recevoir

20 de l'aide humanitaire. Je me rappelle cette question.

21 M. El Mahdi: Oui. Enfin, bref, passons. Mais vous avez aussi également

22 répondu -je vous cite en anglais-: (interprétation) "Tous les quartiers de

23 Sarajevo contrôlés par les Musulmans étaient des zones habitées par des

24 civils. Toutes les protestations concernant les activités militaires

25 contre Sarajevo étaient des protestations concernant la population

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1 civile".

2 Est-ce que vous voulez bien clarifier votre réponse, dans la mesure où

3 vous considérez le tout Sarajevo comme zone civile? Donc cela veut dire

4 que, si vous bombardiez n'importe quelle partie, vous bombardiez des

5 civils? Enfin, je voudrais quand même m'assurer du sens, du vrai sens de

6 votre réponse, s'il vous plaît.

7 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président… Je suis désolé de vous

8 interrompre, Monsieur le Juge, mais nous n'avons pas reçu de traduction en

9 anglais des propos tenus par M. le Juge, au-delà de la citation en

10 anglais.

11 M. El Mahdi: Vous permettez, Monsieur le Président?

12 M. le Président (interprétation): Naturellement.

13 M. El Mahdi: C'est à la page 49, ligne 6.

14 M. le Président: Le problème est que nous n'avons pas reçu une traduction

15 après votre citation.

16 M. El Mahdi: Je répète.

17 M. le Président: Oui, si vous voulez.

18 M. El Mahdi: Bon. J'ai cité le témoin qui a dit (interprétation): "Tous

19 les quartiers de Sarajevo contrôlés par les Musulmans étaient des zones

20 habitées par des civils, et toutes protestations concernant des activités

21 militaires à Sarajevo ou contre la ville de Sarajevo étaient des

22 protestations concernant des civils." Et j'ai dit que c'était page 49,

23 ligne 6.

24 J'aurais voulu m'assurer du sens vrai que le témoin voulait dire par sa

25 phrase, dans le sens que Sarajevo était une zone civile.

Page 18794

1 Je ne sais pas… Allez-y, s'il vous plaît.

2 M. Indjic (interprétation): Quand j'ai dit cela, eh bien, justement j'ai

3 parlé de la spécificité de Sarajevo, car toute la ville de Sarajevo est

4 une ville habitée par des civils; et de l'autre côté, toute la ville de

5 Sarajevo est une zone militaire. C'est cela que j'ai voulu dire. Cela

6 dépendait de la perspective.

7 Question: Donc, n'importe quel bombardement sur la ville est, d'après

8 vous, un bombardement sur une zone civile?

9 Réponse: Je répète: à cause de la spécificité de terrain de guerre de

10 Sarajevo, la ville toute entière était à la fois un terrain militaire et

11 civil. Donc toute opération ciblant la ville de Sarajevo, ciblant une

12 cible militaire à Sarajevo, vise à la fois aussi une cible civile.

13 Question: Vise une cible civile? C'est bien la traduction de votre

14 réponse?

15 Réponse: Non. Je veux dire comme suit: chaque action militaire visant une

16 installation militaire dans la ville de Sarajevo l'est également pour

17 parler d'une installation civile, car tout est enchevêtré. Il y a une

18 spécificité de ce théâtre d'opération où l'ensemble de Sarajevo représente

19 à la fois un espace militaire et un espace civil.

20 Question: Bon, merci beaucoup. Ma dernière question se rapporte à la

21 lettre adressée par le commandement du Corps Romanija, au général Rose et

22 Soubirou. Je ne sais pas si vous vous rappelez de cette protestation?

23 Madame la Greffière, est-ce que vous pouvez m'aider, s'il vous plaît?

24 C'est D1840.

25 (Intervention de l'huissier.)

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1 Vous vous rappelez dudit commandant?

2 Réponse: Oui, pour parler de la forme du document, je ne me suis pas

3 familiarisé avec. Mais je ne peux pas me souvenir très directement,

4 concrètement de ce document-là.

5 Question: Mais justement, vous avez expliqué que cette protestation ne

6 satisfaisait pas vos normes d'une protestation adéquate, c'est-à-dire ne

7 comprenant pas toute information nécessaire. Oui, vous confirmez?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Je me demande pourquoi donc, cette protestation?

10 Réponse: Lorsque vous regardez de plus près la teneur même de cette

11 protestation, en l'occurrence vous vous rendrez compte du fait que cela

12 concerne généralement la violation du cessez-le-feu. La fin de cette

13 lettre était -étant donné la violation du cessez-le-feu- à faire en sorte

14 que, par le truchement de l'ONU, on fasse respecter la partie adverse du

15 cessez-le-feu en question.

16 Question: Oui, mais dans la mesure où c'est là que je ne comprends pas, je

17 ne vous suis pas. Vous dites à la fois que c'est une protestation et à la

18 fois, en même temps, que ça ne satisfait pas aux normes que vous-même

19 imposiez pour considérer une protestation valable, valide.

20 Réponse: Si certaines parties de la teneur de cette protestation devaient

21 être considérées à part, ceci pourrait désigner des protestations

22 adéquates, suite auxquelles on pourrait prendre des mesures nécessaires en

23 vue de telle ou telle activité. Mais cette fois-ci, des incidents concrets

24 n'ont pas été repérés, n'ont pas été taxés en quelque sorte de présence in

25 situ pour que l'on traite de ces exemples-là. Tout simplement, il a été

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1 fait une violation du cessez-le-feu.

2 M. El Mahdi (interprétation): Merci.

3 (Questions au témoin, M. Milenko Indjic, par M. le Président.)

4 M. le Président (interprétation): Moi aussi j'ai quelques questions pour

5 vous, Monsieur Indjic. Ma première question est la suivante: lorsque des

6 protestations verbales vous auraient été adressées, s'agit-il de dire que,

7 d'une manière spontanée, il vous est arrivé de les commenter, ces

8 protestations-là, avant de procéder à la recherche d'informations venues

9 du terrain? Avez-vous spontanément réagi, répondu à de telles

10 protestations?

11 M. Indjic (interprétation): Jamais je n'ai procédé spontanément pour

12 fournir une réponse quelconque à ceux qui m'ont remis des protestations.

13 Mais il est sûr et certain que, pour mon propre compte, j'ai pu être en

14 situation de faire des commentaires de façon parfaitement spontanée.

15 Question: A l'adresse de qui?

16 Réponse: Des commentaires qui ne concernaient que moi-même.

17 Question: Par conséquent, la personne qui vous aurait remis une

18 protestation n'aurait pas été en mesure de vous entendre?

19 Réponse: Non, ceci ne devait pas être le cas.

20 Question: Maintenant, je vais vous poser une question concernant les

21 uniformes. Y a-t-il eu un uniforme standard, régulier, formalisé? Vous

22 nous avez dit, en déposant, qu'il y avait des soldats qui portaient des

23 couvre-chefs de couleur noire, avec des insignes de tête de mort. D'où

24 vient tout cela? S'agit-il de parler, par exemple, d'un élément de

25 l'uniforme ainsi réglementé, etc.?

Page 18797

1 Réponse: Cette partie, cet article de vêtement ne représentait pas un

2 élément d'uniforme qui aurait été réglementé. Ce problème se faisait

3 sentir au début de la guerre. Par conséquent, avec de tels couvre-chefs,

4 on pouvait voir des soldats qui portaient d'autres éléments vestimentaires

5 également. Qui parle de couvre-chef noir parle d'une attitude, parle d'une

6 appartenance idéologique des gens. Dans les conditions qui étaient celles

7 des hostilités, on a voulu faire en sorte qu'il n'y ait pas de conflit sur

8 des bases idéologiques entre les Serbes eux-mêmes. Par conséquent, il n'a

9 pas été requis quoi que ce soit pour éliminer de tels symboles de type

10 idéologique.

11 Question: Ma question suivante est celle-ci: vous avez dit en déposant que

12 M. Ashton semblait être investi de beaucoup plus de pouvoir qu'un simple

13 photographe. Dites-nous, qu'est-ce qui vous a fait penser à cela pour dire

14 que ses pouvoirs étaient beaucoup plus importants?

15 Réponse: Si je me souviens bien, l'un des coordinateurs de l'UNHCR était

16 M. Peter Deck; je ne sais plus par quel biais, mais John Ashton pouvait

17 influer celui-ci dans tel ou tel domaine de l'activité de l'UNHCR. Je ne

18 sais plus par quel moyen également. De même, les portes du commandement du

19 secteur Sarajevo leur étaient grandes ouvertes; par conséquent, il était

20 en mesure de circuler librement pour parvenir jusqu'à telle ou telle

21 personne importante du domaine de la chaîne des agences UN.

22 Question: Et comment avez-vous appris tout cela?

23 Réponse: Grâce à des informations que j'ai pu recueillir personnellement,

24 mais aussi par le truchement d'autres personnes.

25 M. le Président (interprétation): Je n'ai plus de question pour vous.

Page 18798

1 Y a-t-il un quelconque besoin de poser des questions supplémentaires, de

2 part et d'autre, notamment au sujet de ce qui aurait pu être considéré

3 comme découlant des questions posées par la Chambre de première instance?

4 Si tel n'est pas le cas, eh bien, j'ai entendu dire que vous avez voulu

5 prendre la parole à l'adresse de la Chambre de première instance pour

6 d'autres raisons. Voulez-vous nous dire de quoi il s'agit?

7 M. Indjic (interprétation): Non, non, Monsieur le Président. Il s'agit

8 simplement de l'instruction qui m'a été donnée hier par vous, portant la

9 nécessité de vous donner le nom de l'interprète; c'est ce que j'ai fait.

10 Et ensuite, excusez-moi, mais lorsque vous m'avez donné des instructions

11 ou lorsque vous avez réagi pour me faire savoir que je devais me tourner

12 vers le conseil de la défense, je voulais vous faire savoir qu'il n'y

13 avait rien de délibéré fait de mon côté, il n'y avait rien de secret ni de

14 clandestin à entreprendre de mon côté.

15 M. le Président (interprétation): La Chambre de première instance s'est

16 rendu compte du fait que vous avez fait ce geste à plusieurs reprises.

17 Pour ce qui est de ce nom-là, Madame la Greffière d'audience, serait-il

18 bon de vous entendre lire peut-être ou nous le montrer? Parce qu'au moment

19 où il faudra rédiger tous ces documents pour le compte rendu, évidemment,

20 sachant que cela est très simple: il s'agit de Jadranka Milanovic, je

21 crois que ceci a été correctement consigné dans le compte rendu

22 d'audience.

23 Monsieur Indjic, je tiens à vous remercier très chaleureusement d'avoir

24 répondu aux questions qui vous ont été posées par les deux parties en

25 cette procédure, et aux questions posées par les Juges. Cela a duré

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1 pendant deux jours. Nous avons voulu faire de notre mieux pour que vous

2 puissiez rentrer chez vous le plus tôt possible. Je vous souhaite un bon

3 retour.

4 M. Indjic (interprétation): Merci. Merci de votre attitude correcte à mon

5 égard, qui suis le témoin ici. Et avec votre permission, je voudrais

6 saluer mon commandant.

7 M. le Président (interprétation): Oui. Je sais que vous vous connaissez.

8 Par conséquent, ceci peut être fait.

9 (Le témoin salue son commandant, l'accusé.)

10 Monsieur l'Huissier, vous pouvez raccompagner le témoin.

11 (Le témoin, M. Milenko Indjic, est reconduit hors du prétoire.)

12 (Questions relatives à la procédure.)

13 M. le Président (interprétation): J'ai été informé que Me Piletta-Zanin

14 souhaitait s'adresser à la Chambre de première instance. Monsieur Ierace

15 aussi.

16 Maître Piletta-Zanin?

17 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, très rapidement.

18 Tout d'abord, à l'intention de la cabine française -mais ce n'est pas la

19 raison pour laquelle je voulais intervenir-, je suggère que sa curiosité

20 se porte sur les pages 25, 60, 65, 70 et 89. Je pars du principe que la

21 cabine française est suffisamment illuminée pour trouver là-dedans ce

22 qu'il faudra qu'elle retrouve.

23 Cela précisé, Monsieur le Président, il se peut que la semaine prochaine

24 je ne sois pas avec vous, pas dès le début. Mais au milieu de la semaine

25 prochaine, il se peut que je décide de m'auto-suspendre pour une raison

Page 18800

1 toute simple, mais on peut peut-être passer très brièvement en session

2 privée pour l'indiquer. Ou je peux le faire en public, ça m'est égal.

3 M. le Président (interprétation): Oui, si vous pouvez le faire, allez-y.

4 (Audience à huis clos partiel à 13 heures 43.)

5 (expurgé)

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4 (Audience publique à 13 heures à 48.)

5 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, au cours de la semaine

6 prochaine, trois témoins de fait seront cités à la barre. Mais nous devons

7 savoir quel serait l'ordre dans lequel ces trois témoins seront cités à la

8 barre.

9 M. le Président (interprétation): Si je comprends bien, on commence par le

10 témoin DP2.

11 Maître Pilipovic, pouvez-vous nous dire comment se présente votre liste?

12 Mme Pilipovic (interprétation): Il s'agit de Krsman Sinisa et de Sasa

13 Knezevic, d'après la liste du 24 janvier dernier. Je ne m'attendais pas à

14 un tel rythme auquel nous avons travaillé. J'avais programmé la liste des

15 témoins ainsi que planifiée et j'ai déjà informé le conseil de

16 l'accusation et le Greffe que je dresserai la liste des témoins.

17 D'abord, nous avons le témoin DP2; après quoi, Sasa Knezevic et Sinisa

18 Krsman.

19 M. le Président (interprétation): Merci.

20 M. Ierace (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Il serait bon

21 également d'expliquer en quoi consiste l'obligation du conseil de la

22 défense de faire part au conseil de l'accusation de tous les documents que

23 le conseil de la défense se propose de soumettre pour versement au

24 dossier, si tel ou tel témoin est cité à la barre.

25 M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, certes, il s'agit

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1 d'une obligation qui vous incombe. Si vous voulez convoquer tel ou tel

2 témoin, comme nous venons le dire, le conseil de la défense doit être

3 préparé de façon adéquate à contre-interroger le témoin.

4 Il est un autre élément: dans nos conversations avec la Section d'aide aux

5 témoins et victimes, il me semble que votre programmation prévue jusqu'à

6 maintenant semble être basée sur l'hypothèse de voir les témoins experts

7 interrogés à partir de mercredi ou de jeudi prochain.

8 Si vous prenez la décision également selon laquelle l'accusé serait cité à

9 la barre pour témoigner, cela serait une façon inadéquate d'exploiter les

10 moyens du Tribunal international, lorsque vous faites venir des experts

11 pour les faire entendre pendant trois ou quatre jours.

12 Si vous vous en tenez à ce droit qui est le vôtre de citer à la barre

13 l'accusé Galic, alors, faites attention également à ce que je viens de

14 dire au sujet de toutes ces dépenses qui ne devraient pas être

15 acceptables. Il n'est pas bon de voir les experts passer beaucoup trop de

16 temps à La Haye, alors qu'on devrait savoir qu'ils devront attendre

17 pendant plusieurs jours avant de commencer à déposer.

18 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, j'attire l'attention de la

19 Chambre sur le fait qu'il y a deux témoins appartenant à la famille UN

20 -dont je ne pense pas utile de citer les noms, mais on les a à l'esprit-

21 dont la comparution dans cette Chambre est encore en suspens. Là aussi,

22 cela peut poser un problème chronologique: je viens de recevoir une lettre

23 en interne du service concerné; la défense essaie, autant que faire se

24 peut, d'accélérer ce processus, mais les choses lui échappent ici dans une

25 grande mesure.

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1 M. le Président (interprétation): Oui. Je crois qu'ils ont été prévus pour

2 être cités à la barre un peu plus tard. Comme vous avez pu le noter,

3 Maître Pilipovic, Maître Piletta-Zanin, la Chambre de première instance

4 n'arrête pas de dire que l'accusé devrait être cité à la barre avant d'y

5 convoquer les témoins experts. Et nous avons concrètement évoqué cette

6 possibilité concernant les témoins pour lesquels, trop tardivement, vous

7 avez demandé à la Chambre de première instance, à la Section d'aide aux

8 victimes et témoins de les convoquer.

9 Nous faisons tout pour qu'il en soit ainsi, évidemment, mais si on ne peut

10 pas citer à la barre ces gens-là avant, alors là, peut-être qu'une

11 exception pourrait être faite. En effet, nous n'arrêtons pas de dire que

12 l'accusé ne serait pas un dernier témoin de fait et qu'on ne saurait

13 l'interroger une fois avoir entamé l'interrogatoire des témoins experts.

14 Pour ce qui est des autres témoins, la situation se présente autrement. La

15 question est de savoir de quelle situation ils sont, comment et quand ils

16 peuvent parvenir à La Haye. Il s'agit de questions techniques et non pas

17 de points de procédure. Ce que nous avons en considération est, si on cite

18 à la barre l'accusé une fois que nous aurons entendu les experts, de même

19 en est-il pour les gens des organismes internationaux, alors là, dans ce

20 cas-là, la Chambre de première instance prendra note de tout cela et

21 considéra ce qui lui faudra faire pour ordonner et fournir une décision.

22 Si tout cela donne lieu à une quelconque confusion, il y a évidemment une

23 différence à faire entre le dernier témoin de fait et le commencement des

24 dépositions des experts. Car la Chambre de première instance considère

25 que, si ces témoins -qui viennent de l'étranger- ne peuvent pas venir en

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1 temps opportun à La Haye, alors ils pourraient être peut-être interrogés

2 au même moment que les experts, et cela tout simplement pour des raisons

3 techniques, notamment étant donné que la demande de toute assistance

4 n'était faite que tardivement pour faire venir ces gens à La Haye.

5 Monsieur Ierace?

6 M. Ierace (interprétation): Je m'excuse, mais peut-être que si au cours de

7 la semaine qui vient l'accusé -comme tout semble croire qu'il en sera

8 ainsi- ne sera pas cité à la barre, peut-on savoir quel sera la nom du

9 témoin expert cité à la barre, de sorte que nous puissions nous préparer?

10 M. le Président (interprétation): Je crois que ces données-là ont été

11 communiquées. Voilà la liste.

12 Nous commençons par Cavoski, par Kunjadic.

13 Ensuite, nous avons une lettre qui a été adressée à vous, Monsieur Ierace.

14 Il s'agit de la lettre du 22 janvier, voyons, là où l'ordre de comparution

15 des experts a été donné.

16 Et une dernière question: pour que la Chambre de première instance puisse

17 émettre une ordonnance pour savoir, par exemple, comment se présentent les

18 rapports, tel le rapport d'Ewa Tabeau, et si ces rapports peuvent être

19 considérés comme un élément de preuve document, eh bien, nous voulons que

20 ces documents soient donnés en annexe à la déposition d'expert. Mais nous

21 aimerions savoir d'abord de quoi il s'agit.

22 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les

23 Juges, l'expertise de Mme Svetlana Radovanovic était celle d'un expert en

24 démographie. Il s'agit d'une réponse, riposte plutôt, à l'expertise faite

25 par Mme Ewa Tabeau.

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1 M. le Président (interprétation): Oui, oui, oui. Je le sais, mais nous

2 n'avons pas vu ce rapport-là, cette expertise-là.

3 Mme Pilipovic (interprétation): Messieurs les Juges, je crois que nous ne

4 tarderons pas à remettre cette expertise en traduction aujourd'hui, au

5 cours de cette journée-là.

6 M. le Président (interprétation): Je crois qu'il a été dit qu'on devait la

7 recevoir au cours de la semaine qui vient de s'écouler. Mais enfin, merci

8 de toute façon.

9 Une fois de plus, je remercie les interprètes, la régie technique de

10 l'excellente façon dont ils se sont acquittés de leurs tâches. Au cours de

11 cette semaine-là, je leur suis redevable de la souplesse dont ils ont fait

12 preuve ici en acceptant de travailler comme ils l'ont fait.

13 Donc, au cours de la semaine prochaine, nous travaillerons dans la même

14 salle d'audience, mais à partir de 14 heures 15.

15 (L'audience est levée à 13 heures 57.)

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