Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 4395

  1   Le vendredi 6 juin 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à toutes et à tous. Monsieur le

  6   Greffier, veuillez annoncer l'affaire.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame et

  8   Monsieur les Juges. Bonjour à toutes les personnes présentes dans le

  9   prétoire. Il s'agit de l'affaire

 10   IT-06-90-T, le Procureur contre Ante Gotovina et consorts.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 12   Avant de commencer, Monsieur Forand, je tiens à dire que nous nous sommes

 13   penchés sur la question de votre retour, malheureusement nous ne pouvons

 14   pas faire droit à votre demande. J'en suis bien désolé. Au début de votre

 15   déposition, je vous ai demandé quelles étaient vos disponibilités. Nous

 16   n'étions pas informés de vos projets, si bien que nous sommes véritablement

 17   désolés de ne pas pouvoir vous accommoder. Nous aurons même peut-être

 18   besoin de siéger un peu plus longtemps aujourd'hui plutôt que de reprendre

 19   lundi, ainsi au moins votre déposition sera terminée d'ici la fin de la

 20   journée.

 21   Nous avons reçu une requête de la Défense de Gotovina aux fins de

 22   prorogation de délai; et après quelques hésitations, nous avons organisé

 23   une session supplémentaire cet après-midi. Je suis bien conscient du fait

 24   que cela peut poser des problèmes pour ce qui est de la répartition du

 25   temps entre les différentes équipes de la Défense. J'invite les équipes de

 26   la Défense à essayer de s'accommoder entre elles. Donc à vous de voir si

 27   nous allons avoir besoin de ce temps supplémentaire ou pas; s'il n'y a pas

 28   d'accord conclu entre les équipes de la Défense, je vous invite à essayer

Page 4396

  1   de vous mettre d'accord malgré tout. C'est possible mais j'imagine que

  2   peut-être d'autres équipes de la Défense souhaiteraient du temps

  3   supplémentaire.

  4   Alors pour le moment, j'invite les parties à se consulter entre

  5   elles. Si aucun accord n'est conclu, la Chambre souhaiterait en être

  6   informée et décidera en conséquence.

  7   M. KEHOE : [interprétation] Nous avons conclu un accord avec

  8   Me Kuzmanovic. Me Kuzmanovic avec l'autorisation de la Chambre va commencer

  9   aujourd'hui.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il est plus rapide de l'appeler Me

 11   Kuzmanic au lieu de Me Kuzmanovic.

 12   M. KEHOE : [interprétation] C'est que j'ai l'accent de Brooklyn, vous

 13   comprenez.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez.

 15   Monsieur Tieger, de combien de temps aurez-vous besoin pour les questions

 16   supplémentaires ?

 17   M. TIEGER : [interprétation] De 45 minutes environ.

 18   [La Chambre de première instance se concerte]

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] A priori, la Chambre n'aura pas besoin

 20   de plus de 10 à 15 minutes pour ses questions, donc à l'issue du contre-

 21   interrogatoire, nous aurons encore une heure pour les questions

 22   supplémentaires de M. Tieger et les questions des Juges de la Chambre.

 23   Maître Kuzmanovic, veuillez poursuivre.

 24   Monsieur Forand, je vous rappelle que vous êtes toujours tenu par la

 25   déclaration solennelle que vous avez prononcée au début de votre

 26   déposition.

 27   Vous avez la parole, Maître Kuzmanovic.

 28   LE TÉMOIN: ALAIN ROBERT FORAND [Reprise]

Page 4397

  1   [Le témoin répond par l'interprète]

  2   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je remercie mes collègues de m'avoir

  3   permis de commencer aujourd'hui. J'espère avoir terminé d'ici la première

  4   pause.

  5   Contre-interrogatoire par M. Kuzmanovic : 

  6   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Forand. Je m'appelle Thomas [comme

  7   interprété] Kuzmanovic et je représente M. Markac.

  8   Etes-vous au courant que la Résolution de 1957 [comme interprété] de l'ONU

  9   et la Résolution 367 [comme interprété] définissent votre mandat ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  En fait, je souhaiterais qu'on affiche la pièce P401. Il faudrait que

 12   l'on affiche la page 11, s'il vous plaît.

 13   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Le document est-il déjà affiché ? Merci.

 14   Q.  Au bas de la page du document P401, il s'agit de votre exposé de juin

 15   1996, vous dites au bas de la page 11 quelles étaient vos missions : vous

 16   deviez surveiller et faire rapport sur les violations commises dans la zone

 17   de séparation. Vous deviez surveiller les postes-frontières, protéger les

 18   Croates dans 13 villages et instaurer des mesures permettant le retour de

 19   la confiance entre les communautés.

 20   Alors, à l'époque où vous êtes arrivé dans votre secteur les Croates

 21   étaient minoritaires, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Ces Croates, pour la plupart, avaient été chassés par la force, par

 24   l'ARSK et la JNA entre 1991 et 1995, n'est-ce pas ?

 25   R.  Je ne sais pas, je n'y étais pas, mais les seuls Croates qui restaient

 26   étaient ceux qui se trouvaient dans ces 13 villages que nous surveillions.

 27   Q.  Et l'une de vos missions contribuait à protéger ces Croates qui se

 28   trouvaient dans votre zone de responsabilité, n'est-ce pas ?

Page 4398

  1   R.  Oui.

  2   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Peut-on voir la page 9 de ce document,

  3   s'il vous plaît, P401 toujours, au bas de cette page, il y a une phrase qui

  4   commence par les mots : "La présence," et ainsi de suite.

  5   Q.  A l'époque où vous avez fait cet exposé, Mon Général, lorsque vous êtes

  6   arrivé sur le terrain en juillet 1995, vous nous avez dit quel était votre

  7   statut, à la page 9 de P401, vous dites : "La présence des observateurs

  8   militaires des Nations Unies, de la police civile des Nations Unies et

  9   d'autres organisations, d'autres agences des Nations Unies ainsi que des

 10   ONG dans le secteur pose un problème particulier. Je n'exerçais aucun

 11   contrôle opérationnel sur l'une quelconque de ces organisations et je ne

 12   pouvais pas leur donner de directives même si j'avais la responsabilité

 13   exclusive pour ce qui est de leur sécurité et de la mise en œuvre des

 14   accords de cessez-le-feu. Ils rendaient compte et recevaient leurs

 15   directives et leurs ordres de leur QG de tutelle à Zagreb. Cette situation

 16   a créé des tensions énormes, une situation ambiguë et des problèmes de

 17   coordination."

 18   Donc c'était la situation dans le secteur sud avant le début de l'opération

 19   Tempête, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Et il est frappant de voir que c'est ce qui se passait du côté croate

 22   après l'opération Tempête, n'est-ce pas ?

 23   R.  Je ne comprends pas votre question.

 24   Q.  Il y avait différentes organisations qui ont pénétré dans le secteur

 25   après l'opération, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui, mais enfin il s'agissait des mêmes organisations sur lesquelles je

 27   n'exerçais aucun contrôle opérationnel. Je n'avais plus de mandat à ce

 28   moment-là. C'est dans un rapport de situation où nous avons indiqué quelle

Page 4399

  1   était notre tâche après l'opération Tempête, à savoir le démantèlement des

  2   postes d'observation et la récupération du matériel de l'ONU; mais en même

  3   temps, nous devions signaler tout ce qui allait à l'encontre du respect des

  4   droits de l'homme.

  5   Q.  Je le comprends, mais il est intéressant de voir que du côté croate les

  6   problèmes étaient les mêmes après l'opération

  7   Tempête ?

  8   R.  Vous parlez des organisations croates ?

  9   Q.  Oui.

 10   R.  Compte tenu de ce qui a été montré hier et avant-hier, apparemment il y

 11   avait des problèmes dans ces organisations.

 12   Q.  Je souhaiterais que l'on parle de ce qui se passait dans votre secteur

 13   en juillet avant l'opération Tempête. Je vous invite à examiner la page 18

 14   du document P401, dans le paragraphe qui commence par le terme

 15   "deuxièmement."

 16   Vous indiquez ce qui suit : "Choqué par la défaite rapide du secteur ouest,

 17   le gouvernement de Knin a réorganisé l'armée des Serbes de Krajina et a

 18   demandé de l'aide aux Serbes de Bosnie à la Serbie. Cette aide est arrivée

 19   en la personne de l'ancien général de l'armée yougoslave à la retraite Mile

 20   Mrksic, ancien commandant du Corps des forces spéciales. Il a amené avec

 21   lui des membres des forces spéciales ainsi que 4 000 volontaires vétérans

 22   d'anciennes unités yougoslaves."

 23   C'est ce qui se passait dans votre secteur, n'est-ce pas, Mon Général ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Cette réorganisation, ces formations, ces efforts d'armement, tout cela

 26   ça se passait dans votre zone de responsabilité, n'est-ce pas ?

 27   R.  Je ne sais pas si ces 4 000 volontaires ont été déployés dans le

 28   secteur sud ou ailleurs également comme dans le secteur nord, par exemple.

Page 4400

  1   Je n'ai pas constaté cela par moi-même lorsque j'ai obtenu des

  2   renseignements pour confiner mon exposé. Ces informations m'ont été

  3   transmises par mon état-major.

  4   Q.  Puis on peut lire que : "Mrksic devait organiser la réorganisation et

  5   la modernisation de l'armée des Serbes de Krajina," n'est-ce pas ?

  6   R.  C'est ce que l'on m'a dit en effet.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un moment, s'il vous plaît.

  8   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  9   Q.  Lorsque vous êtes arrivé au secteur sud au mois de juillet 1995, vous

 10   étiez au courant de ce qui s'était passé à Srebrenica, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui, en effet car j'avais vu les actualités au Canada avant mon

 12   arrivée.

 13   Q.  Srebrenica était une zone protégée par les Nations Unies ainsi que

 14   Bihac, n'est-ce pas ?

 15   R.  Je ne sais pas ce qu'il en est de Bihac. Je sais qu'il y avait des

 16   éléments des Nations Unies là-bas, mais je ne sais pas si c'était une zone

 17   protégée.

 18   Q.  Donc à votre arrivée dans le secteur sud, vous ne saviez pas que Bihac

 19   était une zone de sécurité de l'ONU ?

 20   R.  Je savais qu'il y avait des éléments de l'ONU, mais je ne sais plus si

 21   c'était une zone de sécurité.

 22   Q.  A la page 18 toujours du document P401, vous dites que : "Le soutien

 23   apporté par Mrksic à l'opération lancée contre la poche de Bihac pouvait

 24   indiquer qu'il cherchait à anticiper le prochain pas de Zagreb."

 25   Donc les forces de Mrksic ont voulu attaquer la poche de Bihac depuis votre

 26   zone protégée par l'ONU ?

 27   R.  Non. Compte tenu des renseignements communiqués par mon état-major, ils

 28   devaient déplacer une partie de leur personnel du secteur sud vers le

Page 4401

  1   secteur de Bihac.

  2   Q.  Mais ils sont allés là-bas avec des -- ils ne sont pas allés là-bas

  3   avec des bâtons, ils sont allés avec de l'artillerie et des canons ?

  4   R.  Je n'ai pas vu cela. Il s'agit d'informations qui m'ont été

  5   communiquées par mon état-major alors que je préparais mon exposé.

  6   Q.  Vous conviendrez avec moi que Bihac se trouve en Bosnie-Herzégovine,

  7   c'est un autre pays, ce n'est pas la Croatie, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Et dans le cadre du rôle que vous jouiez au secteur sud, vous deviez

 10   surveiller la frontière, frontière internationalement reconnue qui sépare

 11   la Croatie et la Bosnie, n'est-ce pas ?

 12   R.  Je n'avais que quatre postes-frontières et je ne pouvais pas surveiller

 13   ce qui se passait ailleurs.

 14   Q.  Je comprends, mais vous deviez, entre autres, surveiller les frontières

 15   internationales ?

 16   R.  Seulement au niveau de quatre postes-frontières.

 17   Q.  Conviendrez-vous avec moi, Mon Général, que les troupes de l'ARSK

 18   placées sous le commandement de Mrksic en coordination avec l'armée des

 19   Serbes de Bosnie et d'autres forces de la JNA se servaient, en partie, de

 20   votre zone de responsabilité pour attaquer la zone de sécurité de Bihac ?

 21   R.  Je ne peux pas faire de commentaires sur ce point.

 22   Q.  Vous l'ignorez ou vous ne pouvez pas faire de

 23   commentaires ?

 24   R.  Je ne sais pas.

 25   Q.  L'une de vos attributions consistait à surveiller les armes lourdes ?

 26   R.  Je ne me souviens pas de cette responsabilité.

 27   Q.  Il y a eu plusieurs rapports de situation qui ont précédé l'opération

 28   Tempête. Dans ces rapports vous évoquez l'incapacité du secteur sud à

Page 4402

  1   surveiller les lieux où sont déployées des armes lourdes appartenant aux

  2   Serbes de Bosnie, n'est-ce pas ?

  3   R.  Je me souviens que l'ARSK avait retiré ses armes lourdes, mais je ne

  4   sais plus si cela relevait de mes responsabilités ou de celles des

  5   observateurs militaires de l'ONU.

  6   Q.  D'accord.

  7   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Examinons la pièce P337, page 6 de la

  8   pièce P337.

  9   Q.  Il s'agit là de l'un de vos rapports de situation, Mon Général. Si l'on

 10   se penche sur le bas de la page --

 11   R.  Quelle est la date ?

 12   Q.  Le 1er août 1995.

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Soit quatre jours avant le début de l'opération Tempête. Les

 15   restriction imposées à la liberté de circulation sont mentionnées, au point

 16   6 : "On empêche toujours l'inspection de tous les lieux de stockage des

 17   armes."

 18   R.  Je le vois.

 19  Q.  Ce n'était pas uniquement le cas, le 1er août 1995, comme il est indiqué

 20   dans la pièce P337, mais on peut également examiner sur ce point le

 21   document 3122 dans la liste 65 ter --

 22   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Est-ce que l'on peut afficher ce document.

 23   En fait, je n'ai pas retrouvé la référence 65 ter de ce document sur la

 24   liste qui nous a été communiquée, peut-être qu'il s'agit d'une erreur ou

 25   d'une omission de ma part. Toujours est-il qu'il s'agit de l'annexe B, la

 26   page est la page 1 361. 0090-1361.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger.

 28   M. TIEGER : [interprétation] Il s'agit de la pièce D164.

Page 4403

  1   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur Tieger. Donc D164.

  2   Q.  La date est celle du 2 août 1995, nous voyons là un autre rapport de

  3   situation établi par votre secteur, Mon Général, on voit que : "L'on

  4   empêche toujours l'inspection de tous les lieux de stockage des armes."

  5   R.  Je souhaiterais voir quel était le mandant des observateurs militaires.

  6   Je pense que ce sont eux qui étaient chargés de surveiller les armes

  7   lourdes. Comme je l'ai dit lors de l'interrogatoire principal, étant donné

  8   que nous recevions des renseignements de la part des observateurs

  9   militaires, certains de ces renseignements ont été intégrés dans mes

 10   rapports de situation. Donc cela peut se trouver là, mais cela relevait de

 11   leur mandat.

 12   Q.  Peu importe, si cela relevait de votre responsabilité ou de la

 13   responsabilité des observateurs militaires, ça ne fait pas une grande

 14   différence. Toujours est-il que l'on vous empêchait d'accéder à ces sites ?

 15   R.  C'est exact.

 16   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait revoir P337 un

 17   instant, s'il vous plaît, c'est encore la page 6 qui m'intéresse.

 18   Est-ce que l'on pourrait voir au milieu de la page la rubrique consacrée à

 19   "Strmica."

 20   Q.  A droite on peut voir : "Trois fois S Galeb ont tiré trois roquettes

 21   sur la Bosnie-Herzégovine," c'était avant l'opération Tempête, n'est-ce pas

 22   ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Il s'agit d'avions serbes qui tirent des roquettes en Bosnie-

 25   Herzégovine, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui, ça doit être le cas.

 27   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait voir la pièce

 28   P339, s'il vous plaît, 0090-1592, c'est le numéro de la page qui

Page 4404

  1   m'intéresse.

  2   Q.  Il s'agit là encore d'un rapport de situation établi par le secteur

  3   sud, la date est celle du 3 août 1995, donc la veille de l'opération

  4   Tempête.

  5   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Et au point 2, on mentionne la situation

  6   générale. Est-ce que l'on pourrait agrandir ce passage, s'il vous plaît.

  7   Q.  Le texte se lit comme suit : "La situation dans le secteur sud demeure

  8   tendue. Les activités menées à Strmica se poursuivent. Deux superbes Galeb

  9   de l'ARSK ont survolé Knin à 17 heures 10 et ont largué des bombes dans le

 10   secteur de Budim."

 11   A la veille de l'opération Tempête, il y avait des avions serbes qui

 12   bombardent, que l'on suppose des positions croates, n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Est-ce que l'on pourrait pencher sur la page 5 de ce rapport. Au point

 15   D, pouvez-vous m'expliquer ce que l'on peut lire ici. On peut lire qu'il

 16   est fait référence au "Bataillon canadien numéro 1," c'est celui qui se

 17   trouve près de Benkovac, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  "Le Bataillon canadien numéro 1 a poursuivi la planification et la

 20   préparation de l'accueil des réfugiés dans la zone de responsabilité." Qui

 21   a informé le Bataillon canadien numéro 1 qu'il y aurait peut-être des

 22   réfugiés qui arriveraient dans sa zone de responsabilité la veille de

 23   l'opération Tempête ?

 24   R.  Je ne sais pas.

 25   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Page suivante, s'il vous plaît.

 26   Q.  Là encore au bas de la page, point 6, le texte se lit comme suit : "On

 27   empêche toujours l'inspection de tous les lieux de stockage d'armes."

 28   Nous n'avons pas tous les rapports de situation, je suis sûr qu'il y en a

Page 4405

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 4406

  1   eu avant la date du 1er août. Conviendrez-vous avec moi qu'au point 6 on

  2   répète toujours la même chose pour ce qui est d'empêcher l'accès au site de

  3   stockage d'armes, donc on empêche l'inspection de ces sites de stockage de

  4   l'ARSK ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Je souhaiterais que l'on parle davantage de Bihac. Il y avait environ

  7   70 000 ou 80 000 personnes, voire plus, dans cette poche, n'est-ce pas ?

  8   R.  Je ne sais pas. Je ne connais pas du tout Bihac.

  9   Q.  Conviendrez-vous avez moi, que si l'ARSK et l'armée des Serbes de

 10   Bosnie avaient réussi à s'emparer de la zone de sécurité de Bihac en se

 11   servant en partie de votre zone de responsabilité comme d'une base pour

 12   lancer ces opérations, une autre Srebrenica aurait pu se produire ?

 13   M. TIEGER : [interprétation] Je soulève une objection par rapport à la

 14   question qui vient d'être posée.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Excusez-moi, j'écoute l'interprétation

 16   en français. Est-ce que vous pourriez répéter ?

 17   M. TIEGER : [interprétation] Dans la question précédente on a demandé des

 18   informations au sujet de Bihac, le témoin a dit qu'il ne connaissait pas

 19   Bihac, donc je me demande quelle est l'incidence des actions menées à Bihac

 20   sur ce qui nous intéresse. Il n'y a pas de pertinence.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kuzmanovic, est-ce que vous avez

 22   des raisons de croire que le témoin a obtenu des informations

 23   supplémentaires concernant Bihac dans les cinq minutes qui viennent de

 24   s'écouler ?

 25   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Nous pouvons revoir la pièce P401.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Excusez-moi, mais n'oublions pas que

 27   nous parlons de l'exposé du témoin, donc il y a des informations qui s'y

 28   trouvent et des opinions, ce n'est pas la même chose qu'une déposition à

Page 4407

  1   l'audience du témoin.

  2   Mais bon, poursuivez.

  3   M. KUZMANOVIC : [interprétation]

  4   Q.  Vous avez critiqué Mrksic pour avoir déployé des ressources à Bihac ?

  5   R.  Je ne dis pas que j'ai été critique. C'est juste que je ne comprenais

  6   pourquoi il envoyait des troupes à Bihac et pourquoi il n'améliorait pas

  7   ses lignes ou ses positions défensives. C'est ce que j'ai indiqué dans mon

  8   exposé.

  9   Q.  Est-ce que vous pensez qu'en investissant le secteur de Bihac, les

 10   Serbes auraient pu avoir un territoire sous leur contrôle depuis la Serbie

 11   jusqu'à la Bosnie et jusqu'en Croatie, cela aurait pu améliorer la

 12   situation pour ce qui est de Bosansko Grahovo ?

 13   R.  Oui, ça leur aurait facilité le ravitaillement, c'est certain. 

 14   Q.  Vous avez dit dans votre rapport à la page 20, que vous pensiez que le

 15   résultat de l'opération ou que les résultats de l'opération Tempête

 16   auraient pu être différents suivant deux scénarios : premièrement, si le

 17   général Mrksic n'avait pas attaqué Bihac et au lieu de cela avait continué

 18   à utiliser votre zone de responsabilité comme une base pour installer ses

 19   opérations défensives; ou alors si la direction de la RSK n'avait pas

 20   intimé l'ordre ou n'avait pas l'ordre pour le retrait de la population

 21   civile du secteur sud.

 22   C'étaient les deux options que vous avez présentées, n'est-ce

 23   pas ? 

 24   R.  Oui, il s'agit d'une observation de ma part.

 25   Q.  Mais je dirais, en fait, qu'il y a eu retrait de la population civile,

 26   il y a eu un ordre qui a été donné pour que la population civile se retire

 27   du secteur sud ?

 28   R.  Oui, Maître.

Page 4408

  1   Q.  Vous avez expliqué que ce retrait avait été relayé aux civils par

  2   l'organisation de la défense civile de l'ARSK ?

  3   R.  Oui, c'est ce que j'ai cru comprendre d'après des conversations que

  4   j'avais eues avec ces personnes qui se trouvaient dans mon camp.

  5   Q.  Et l'organisation de la défense civile de l'ARSK était en quelque sorte

  6   un vestige, une relique de l'ancien système communiste, n'est-ce pas ?

  7   R.  C'est ce que je vous ai expliqué.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le témoin s'est déjà exprimé très

  9   clairement à ce sujet. C'est une répétition.

 10   Poursuivez.

 11   M. KUZMANOVIC : [interprétation]

 12   Q.  Général, en fait il y avait des problèmes de marché noir dans votre

 13   zone de responsabilité, n'est-ce pas ?

 14   R.  Oui, c'était l'un des problèmes.

 15   Q.  Le capitaine Hill, dans sa déclaration du mois de mai 1997, qui figure

 16   à la pièce P292, a indiqué que dans certains secteurs il y avait un million

 17   de litres de carburant par mois qui disparaissaient. Vous le saviez ?

 18   R.  Je savais que le carburant était justement l'un des produits de base

 19   qui était utilisé pour ce marché. Et dès que je l'ai appris, j'ai demandé à

 20   ce que l'on vérifie le kilométrage par rapport, par exemple, aux quantités

 21   de gaz qui étaient données ou quantités de pétrole, plutôt, qui étaient

 22   données, pour pouvoir restreindre la quantité d'essence pour une unité par

 23   rapport à son kilométrage.

 24   Q.  Vous avez découvert qui était responsable de ce marché

 25   noir ?

 26   R.  Je n'ai pas découvert la personne, mais je savais qu'il s'agissait

 27   d'une unité bien précise.

 28   Q.  Et c'est du carburant qui était vendu aux Serbes, n'est-ce pas ?

Page 4409

  1   R.  Oui, Maître.

  2   Q.  Dans votre zone de responsabilité ?

  3   R.  Oui, Maître.

  4   Q.  J'aimerais maintenant que nous parlions de l'opération Tempête,

  5   Général. Une fois de plus il s'agit de la page 20 de la pièce P401.

  6   Premier paragraphe --

  7   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je vais attendre que cela soit affiché à

  8   l'écran. Page 20 et il y a 45 pages dans ce document.

  9   Q.  Dans ce premier paragraphe, dans la dernière partie du premier

 10   paragraphe, vous indiquez : "Leur, leur utilisation," et il s'agit des

 11   Croates, "leur utilisation de l'artillerie était excellente ou la façon

 12   dont ils utilisaient l'artillerie était excellente." Vous le voyez ?

 13   R.  Oui, Maître.

 14   Q.  Dans cette phrase, il n'est absolument pas question de pilonnage

 15   arbitraire de population civile, n'est-ce pas, ou de cibles civiles ?

 16   R.  Non, Maître.

 17   Q.  Vous remarquez également, dans le paragraphe suivant, que vous devez

 18   reconnaître que : "Les Croates ont accumulé des succès stratégiques

 19   importants et que leurs petites unités de forces spéciales avaient accompli

 20   certaines missions qui avaient été couronnées de succès." En fait, vous

 21   aviez écrit au général Gotovina le 26 août 1995 en lui demandant justement

 22   précisément des questions à propos de ces unités de forces spéciales,

 23   n'est-ce pas ?

 24   R.  Je lui avais demandé s'il pourrait me fournir des renseignements, parce

 25   que j'étais en train de préparer mon exposé, c'est exact, Maître.

 26   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Est-ce que nous pourrions, je vous prie,

 27   prendre la pièce P375. En bas, il est indiqué "2/3 pour la pièce P375."

 28   C'est la dernière partie, le bas de la page qui m'intéresse, Monsieur le

Page 4410

  1   Greffier.

  2   Q.  Dans le tout dernier paragraphe, vous demandez une aide pour pouvoir

  3   comprendre la portée historique des actions militaires effectuées par la HV

  4   pendant l'opération Tempête.

  5   Et dans la toute dernière phrase du paragraphe, vous dites : "Un aspect

  6   important est la capture positive et spectaculaire du carrefour de Velebit

  7   depuis Obrovac jusqu'à Mali Alan vers Lovinac, la restauration de cette

  8   route, de la route parcourant ce secteur et les opérations ultérieures vers

  9   Medak et Gracac."

 10   Et dans le paragraphe suivant, voilà ce que vous dites : "Je vous

 11   saurais reconnaissant si mon officier qui prépare les séances d'information

 12   pourraient visiter ce champ de bataille en compagnie d'un officier

 13   anglophone qui pourrait lui expliquer la planification et l'exécution de ce

 14   qui semble être une partie audacieuse et essentielle du plan d'attaque de

 15   l'opération Tempête."

 16   Est-ce que vous avez jamais pu obtenir ces renseignements donnés sur

 17   le terrain pour cette opération ?

 18   R.  Non, Maître.

 19   Q.  Alors, Gracac est l'une des villes qui figure dans le document P375. Je

 20   souhaiterais que vous consultiez ou examiniez la lettre de protestation que

 21   vous avez envoyée au général Gotovina le

 22   4 août 1995.

 23   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Il s'agit de la pièce P83.

 24   Q.  Vous voyez la première phrase de cette lettre, il s'agit d'une lettre

 25   de protestation vigoureuse à propos de l'attaque d'artillerie menée sans

 26   provocation sur Knin et sur les villes de Drnis, Medak, Bunic, Benkovac,

 27   Kistanje."

 28   Gracac ne figurant pas dans cette énumération, n'est-ce pas ?

Page 4411

  1   R.  C'est exact, Maître.

  2   M. KUZMANOVIC : [interprétation] J'aimerais maintenant que l'on affiche la

  3   pièce P307 à l'écran. Est-ce que vous pourriez agrandir la carte, je vous

  4   prie.

  5   Q.  Vous avez dans le cercle du milieu Gracac; est-ce exact ?

  6   R.  Je ne vois rien sur mon écran.

  7   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Est-ce que nous pourrions agrandir un peu

  8   plus, Monsieur le Greffier.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je le vois maintenant.

 10   M. KUZMANOVIC : [interprétation]

 11   Q.  D'après ce que vous savez et à votre avis, il s'agissait d'un endroit

 12   qui avait une importance stratégique primordiale, parce que c'est à un

 13   endroit qui se trouvait à la croisée de plusieurs chemins, n'est-ce pas, ou

 14   de plusieurs routes ?

 15   R.  Oui, c'est exact.

 16   Q.  Et vous avez à la droite la ville d'Otric qui autour de laquelle un

 17   cercle a été fait et cela se trouve à l'ouest de Gospic. Ensuite vous avez

 18   cette route qui finalement débouche, aboutit plutôt à Knin ?

 19   R.  Je ne le vois pas ça sur la carte, oui, c'est exact ce que vous dites.

 20   Q.  Pourquoi est-ce que vous n'agrandissez pas un peu plus la carte ?

 21   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je vous prie de m'excuser.

 22   Q.  Vous voyez dans le coin supérieur gauche, la ville de Gospic ?

 23   R.  Oui, je vous crois sur parole, c'est beaucoup trop petit pour que j'y

 24   voie.

 25   Q.  Nous pouvons l'agrandir. Vous le voyez maintenant ?

 26   R.  Oui, je la vois.

 27   Q.  C'est sur la gauche, à la gauche de l'écran. Bien.

 28   Général, avant l'opération Tempête, la ville de Gospic était

Page 4412

  1   essentiellement placée sous contrôle croate, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui, Maître.

  3   M. KUZMANOVIC : [interprétation] J'aimerais maintenant que l'on diffuse la

  4   pièce 3D00-0857. Il s'agit d'une diffusion radio du 4 août 1995, il s'agit

  5   de CBC radio 1.

  6   Q.  Je vous demanderais d'interrompre la diffusion, parce que j'aurais

  7   quelques questions à vous poser, Mon Général.

  8   Je le répète, il s'agit d'une diffusion radio, 4 août.

  9   Je disais donc que je souhaiterais que cela soit interrompu à un moment

 10   donné.

 11   [Diffusion de la cassette audio]

 12   [Audio inaudible]

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez, il y a un écho, un effet Larsen

 14   et un retard de dix à 15 secondes.

 15   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je voulais juste vous prouver que

 17   j'avais raison. Est-ce que la régie pourrait peut-être intervenir ?

 18   Il semblerait que l'écho a disparu maintenant. Est-ce que nous pourrions

 19   essayer une fois de plus de lancer la cassette audio. Est-ce que vous avez

 20   fourni une copie du texte aux cabines ?

 21   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Oui, Maître.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons faire un autre essai.

 23   [Diffusion de la cassette audio]

 24   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 25   "Oui, bonjour, c'est Pamela Wallen qui remplace Michael Enright."

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Quelle est la durée de la partie que

 27   vous voulez que nous écoutions, Maître Kuzmanovic ?

 28   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Deux minutes, me semble-t-il.

Page 4413

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que nous allons survivre 30

  2   secondes avec cette qualité médiocre mais deux [comme interprété] minutes,

  3   je ne sais pas. La régie est en train d'essayer d'identifier le problème.

  4   Lorsqu'ils auront identifié le problème, je ne sais pas --

  5   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Bien, je vais passer à autre chose.

  6   Je ne comprends pas, nous l'avons écoutée, il n'y avait aucun problème, je

  7   ne comprends pas ce qui se passe. Ça s'est passé hier également d'ailleurs.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Moi non plus, je ne comprends pas,

  9   Maître.

 10   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Bien.

 11   Q.  Je vais passer à autre chose, Général. J'aimerais revenir sur votre

 12   déclaration, P330, page 10. Vous l'avez ?

 13   R.  Est-ce qu'il s'agit de la déclaration de 1996 ou de 1997 ?

 14   Q.  1996.

 15   R.  Oui, Maître.

 16   Q.  Je vous demanderais de bien vouloir prendre la page 10, je vous prie.

 17   Je vais attendre que cela soit affiché à l'écran.

 18   Il y a un paragraphe qui commence par, "En quelques semaines," plutôt vers

 19   la haut de la page.

 20   R.  Oui, Maître.

 21   Q.  Je suppose que c'est à quelques semaines de l'opération Tempête; c'est

 22   cela ?

 23   R.  Oui, Maître.

 24   Q.  Voilà ce que vous dites : "La HV et les Unités de la police spéciale

 25   repassaient par certaines villes pour la deuxième fois. Ils incendiaient

 26   des maisons qui avaient d'ailleurs déjà été quasiment complètement

 27   détruites."

 28   J'ai une question à vous poser à ce sujet, Général : premièrement, est-ce

Page 4414

  1   que vous avez vu vous-même cela se passer, à savoir, le HV et des Unités

  2   des forces spéciales ou de la police spéciale qui passaient par certaines

  3   villes une deuxième fois ?

  4   R.  Je ne l'ai pas vu moi-même personnellement.

  5   Q.  A quelles Unités de la police spéciale faites-vous référence ?

  6   R.  Je ne pense pas qu'elles aient été identifiées précisément. C'est une

  7   information qui m'a été relayée par mon personnel, par mes hommes, et cela

  8   a dû figurer dans un rapport de situation qui a été envoyé à l'ONURC. Mais

  9   je ne m'en souviens pas précisément.

 10   Q.  Donc vous, vous n'aviez pas de connaissance personnelle directe des

 11   Unités de police spéciale auxquelles il est fait référence ici ?

 12   R.  C'est cela.

 13   Q.  Je suppose, que vous ne connaissez pas la structure des Unités de la

 14   police spéciale ?

 15   R.  Non, je ne la connais pas.

 16   Q.  Vous ne savez pas comment était structurée la police civile, non plus,

 17   n'est-ce pas ?

 18   R.  Non, je ne le sais pas.

 19   Q.  Vous dites, "en quelques semaines," mais est-ce que vous pourriez nous

 20   donner une date précise, quand est-ce que cela s'est passé puisque vous y

 21   faites référence dans le document P330 ?

 22   R.  Ecoutez, je ne sais pas si je vais très précis, mais nos rapports de

 23   situation vont jusqu'à la fin du mois d'août et là il était question

 24   d'incendies de maisons encore.

 25   Q.  Bien. Ce qui m'intéresse surtout c'est l'identification de ces Unités

 26   de police spéciale, alors que vous dites que vous ne pouvez rien nous dire

 27   en la matière ?

 28   R.  Oui, c'est exact.

Page 4415

  1   Q.  Est-ce que vous savez quels étaient les uniformes portés par ces unités

  2   ?

  3   R.  Non, je ne suis pas en mesure de vous le dire.

  4   Q.  Puis un peu plus tard, enfin dans le paragraphe suivant, vous dites au

  5   milieu du paragraphe : "Parfois des périmètres de sécurité étaient

  6   installés par la police spéciale croate qui isolait ainsi un secteur."

  7   Vous l'avez vu cela personnellement ? Parce que j'aimerais vous poser

  8   quelques questions à ce sujet.

  9   R.  Non, Maître.

 10   Q.  Donc une fois de plus, vous n'êtes pas en mesure de nous dire de

 11   quelles unités il s'agissait, quels étaient les uniformes qu'ils portaient,

 12   s'il s'agissait de civils, de militaires, ou autres d'ailleurs; c'est exact

 13   ?

 14   R.  Oui, c'est exact.

 15   Q.  D'ailleurs il n'y a pas non plus de dates et il n'y a pas de lieux

 16   mentionnés, vous n'êtes pas en mesure de nous donner ces précisions ?

 17   R.  Il faudrait que je m'en réfère au rapport de situation.

 18   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Les autres questions que j'aimerais poser

 19   portent sur ces deux diffusions radio; il y a le premier que nous n'avons

 20   pas pu entendre, le deuxième est un peu plus long. Mais lorsque cela sera

 21   terminé j'en aurai fini avec mon contre-interrogatoire, donc j'espère que

 22   ce problème technique pourra être réglé.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. J'aimerais savoir ce qu'est en

 24   mesure de nous dire la régie. Dans un premier temps, est-ce que le problème

 25   a été identifié ?

 26   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que nous avons plusieurs

 28   possibilités qui s'offrent. L'une étant d'utiliser un matériel différent

Page 4416

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 4417

  1   pour diffuser la cassette audio si visiblement ce qui est en train de se

  2   passer maintenant, et si cela ne fonctionne pas, il y a encore une autre

  3   possibilité, parce que s'il y a un texte, le texte pourra être lu et

  4   consigné au compte rendu d'audience et lors d'une phase ultérieure les

  5   parties auront la possibilité de vérifier si le compte rendu d'audience est

  6   le fidèle reflet de l'original.

  7   Mais voyons ce que M. Tieger a à nous dire, premièrement.

  8   Monsieur Tieger.

  9   M. TIEGER : [interprétation] Ma commis aux audiences est en train d'essayer

 10   de régler le problème, mais elle vient juste de se brancher dans le

 11   système, donc il faut quand même une minute jusqu'à ce que la vidéo puisse

 12   être lancée.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Attendons une minute.

 14   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Moi, je sais exactement où je veux arrêter

 15   la cassette et où je veux poser des questions. Donc je ne sais pas si Alan

 16   n'y voit pas d'inconvénient, je pense qu'elle pourrait venir ici, ainsi

 17   nous ne perdrions pas de temps, parce qu'en fait il nous appartient

 18   véritablement de faire ce genre de travail.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je vois que dans des situations

 20   d'urgence, les parties se rapprochent. Bien entendu, la Chambre sait à qui,

 21   enfin qui assume quelle responsabilité.

 22   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Oui, je souhaiterais poser une ou deux

 23   questions jusqu'à ce que nous puissions avoir ce problème réglé.

 24   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 25   Q.  Général, je souhaiterais ou plutôt --

 26   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je m'adresse à M. le Greffier, est-ce que

 27   nous pourrions avoir la pièce P400.

 28   Q.  Général, troisième paragraphe, je vous prie. Au troisième paragraphe,

Page 4418

  1   il est indiqué le nombre de personnes qui est parti du secteur sud et ce

  2   chiffre est 85 000.

  3   Général, il y avait une première évaluation qui avait été faite tout

  4   de suite après l'opération Tempête et pour l'ensemble de votre secteur, il

  5   était question de 30 000 à 40 000 personnes, et ce, avant l'opération

  6   Tempête. Il s'agissait de civils serbes. J'aimerais savoir comment ce

  7   nombre a augmenté pour nous donner deux mois plus tard 85 000 personnes

  8   pour votre secteur, et, nous avons maintenant des estimations qui sont

  9   données par certains politiciens serbes qui font état de 285 000 personnes.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Tieger.

 11   M. TIEGER : [interprétation] Pour ce qui est de l'après-midi de la prémisse

 12   de départ de cette question, je pense que le témoin aurait besoin d'avoir

 13   quelques renseignements à propos de la source de l'évaluation.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous pourrez donner votre

 15   source, puisque vous avez dit, "au départ l'évaluation était donnée…"

 16   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Cela se trouve dans l'émission radio.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vois, c'est ça la source.

 18   M. KUZMANOVIC : [interprétation] C'est le général Forand lui-même qui

 19   évoque ce chiffre.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous en souvenez ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas de quel chiffre nous parlons.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous parlons de la première évaluation

 23   qui a été faite, à savoir un chiffre compris entre 30 000 et 40 000

 24   personnes. Il s'agit de civils serbes qui étaient présents avant

 25   l'opération Tempête. Je suppose que cela concerne toute la Krajina ?

 26   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Non, non, le secteur sud seulement.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Donc le secteur sud, est-ce que

 28   vous avez jamais donné cette évaluation initiale de 30 000 à 40 000 civils

Page 4419

  1   serbes qui se trouvaient dans le secteur sud ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Si cela figure dans le texte, manifestement je

  3   l'ai dit; mais il y a un rapport de situation qui fait état qu'à un poste

  4   frontalier, le chiffre était très proche de 77 000 ou 78 000 personnes qui

  5   étaient passées par là. Et le chiffre que j'ai utilisé à la fin était le

  6   chiffre pour le secteur sud, c'est un chiffre qui se rapprochait de 80 000

  7   personnes, donc il y avait

  8   78 000 personnes qui avaient quitté le secteur sud et il y avait entre 15

  9   000 à 20 000 personnes qui étaient restées.

 10   M. KUZMANOVIC : [interprétation]

 11   Q.  Est-ce que vous savez, Général, que pour ce qui est de ce poste

 12   frontalier, il y avait des gens qui quittaient le secteur sud ainsi que le

 13   secteur nord. Est-ce que vous le saviez ?

 14   R.  Non, je ne le savais pas.

 15   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je pense que maintenant nous pouvons

 16   essayer de voir ce que ça donne, la diffusion radio.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que le problème est  le même.

 18   [Diffusion de la cassette audio]

 19   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 20   "Bonjour, je m'appelle Pamela Wallen, je remplace Michael Enright.

 21   Bonsoir, Beth Gaines, remplaçant Barbara Budd. C'est l'émission comme cela

 22   s'est passé.

 23   Ce soir, le gouvernement croate a envoyé ses troupes pour réinvestir le

 24   territoire contesté aux Serbes; mais pour les forces de maintien de la paix

 25   des Nations Unies, c'est toujours le même danger dans un nouveau lieu.

 26   L'émission, et comme cela s'est passé : la radio qui veut passer à la

 27   vitesse supérieure.

 28   Le gouvernement croate appelle cela une action de police alors que tout le

Page 4420

  1   monde fait état d'une guerre. A 5 heures ce matin, les forces

  2   gouvernementales ont attaqué la région de la Krajina dans un effort pour

  3   essayer d'obtenir le contrôle de cette zone aux Serbes de Croatie rebelles.

  4   Les Serbes ont investi et capturé la région de la Krajina avec l'aide de

  5   l'armée yougoslave alors que la Croatie a déclaré son indépendance il y a

  6   quatre ans. La ville de Knin que les Serbes ont proclamé comme étant leur

  7   capitale, a véritablement essuyé beaucoup d'attaques. Le général de brigade

  8   canadien, le général Alain Forand et le commandant des Nations Unies de la

  9   zone, nous lui avons parlé à son QG de Knin.

 10   Général Forand, vous, ainsi que vos troupes des Nations Unies, les

 11   soldats canadiens, vous êtes en plein milieu du problème.

 12   Oui, malheureusement, comme vous le savez. Depuis une heure, les choses

 13   sont assez calmes, il n'y a plus d'explosion dans la ville de Knin. Mais

 14   aujourd'hui je pense qu'ils ont dû atterrir quelque part, enfin ils ont dû

 15   envoyer ou plutôt pilonner entre 700 et 800 obus sont tombés dans les

 16   villes, du côté canadien également. Parce qu'il y a un petit contingent qui

 17   est installé ici et c'est un contingent canadien. Nous avons trois postes

 18   d'observation qui ont été occupés par la force par les Croates, mais très

 19   heureusement on me dit que les Canadiens sont en sécurité et qu'ils sont à

 20   l'heure actuelle à Zadar, qui est une ville croate sur la côte de

 21   Dalmatie."

 22   M. KUZMANOVIC : [interprétation] J'aimerais m'interrompre ici.

 23   Q.  Général, en fait, nous allons reprendre la déclaration que vous avez

 24   faite le 4 août à propos de ce nombre d'obus qui sont tombés.

 25   Vous avez dit, "qu'entre 700 et 800 obus étaient tombés dans les

 26   villes…"

 27   Est-ce qu'il s'agit de la quantité totale d'obus qui sont tombés ce

 28   jour-là sur toutes les villes et non pas seulement Knin ?

Page 4421

  1   R.  Non, je parlais de Knin.

  2   Q.  Oui, mais j'ai l'impression, enfin - en tout cas c'est l'impression que

  3   j'ai - j'ai l'impression que vous faites référence à plus d'une ville dans

  4   cette discussion.

  5   R.  Je n'aurais pas pu dire 700 ou 800 dans les environs parce que je me

  6   trouvais à Knin.

  7   Q.  Mais vous avez obtenu des rapports d'autres ?

  8   R.  Oui, certes, mais à mon avis, lorsque je parlais de 700 à 800 obus, je

  9   me trouvais à Knin. Vous savez, l'anglais n'est pas ma langue maternelle.

 10   Si j'ai dit "ville" au pluriel, j'ai fait une erreur. Moi, je faisais

 11   référence à Knin.

 12   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Bien. Poursuivons.

 13   [Diffusion de la cassette audio]

 14   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 15   "Il n'y a pas de blessés pour le moment ?

 16   Non, pour le moment, il n'y a pas de blessés, mais la bataille

 17   continue à faire rage dans ce que nous appelons la zone de séparation. Il y

 18   a quelques acquis qui ont été obtenus par les Croates dans la partie nord

 19   de mon secteur ainsi qu'au milieu du secteur. Il y a également une zone de

 20   mon secteur à propos duquel, de laquelle plutôt je n'ai aucune nouvelle

 21   depuis environ midi, parce que la communication est très, très précaire. Et

 22   je suppose que certains de mes soldats ont été capturés par les Croates

 23   dans cette zone.

 24   Question de la journaliste : Mais qu'est-ce que vous avez fait pendant

 25   cette journée, que pouvez-vous véritablement faire, Général ? Est-ce que

 26   vous êtes limité à votre QG ? Est-ce qu'il y a quoi que ce soit qui se

 27   passe dans la rue ?

 28   Réponse du Général : Il y a une restriction de notre liberté de circulation

Page 4422

  1   ici, puis il y a le pilonnage qui tombe tout près de notre base. Nous avons

  2   reçu quelques salves au niveau de la base, mais personne n'a été blessé. Je

  3   reviens d'une réunion, nous avons parlé de l'évacuation de la population

  4   civile du secteur sud.

  5   Question : Qui s'en occupera, est-ce que ce sera vous ?

  6   Réponse : Bien, premièrement, je ne peux pas décider. Vous savez, il faut

  7   que les Nations Unies donnent leur accord à ce plan de retrait, parce que

  8   nous avons parlé de l'évacuation de la population civile dans mon secteur.

  9   Vous savez qui s'y trouvent entre 32 000 à 40 000 personnes."

 10   M. KUZMANOVIC : [interprétation]

 11   Q.  Général, il s'agit de la date du 4 août, et pour ce qui est de la

 12   population civile qui allait faire l'objet de retrait, vous parlez de la

 13   population civile dans votre secteur et vous nous donnez un chiffre de 32

 14   000 à 40 000 personnes; est-ce exact ?

 15   R.  Oui, c'est exact.

 16   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Nous allons poursuivre. 

 17    [Diffusion de la cassette audio]

 18   "Question de la journaliste : Est-ce que vous savez s'il y a eu des

 19   victimes parmi les civils; et le cas échéant, qu'est-ce que vous pouvez

 20   faire ?

 21   Réponse : Il y a eu quelques victimes. Nous avons dû en évacuer certaines,

 22   parce que nous avions une ambulance militaire et nous patrouillions les

 23   villes et lorsque nous voyions que des gens ont été touchés, vous savez,

 24   nous les mettions dans ces véhicules et nous les amenions à l'hôpital

 25   civil. Je l'ai déjà mentionné, c'est une grande zone et, malheureusement,

 26   les Serbes ne nous ont pas autorisés pour des raisons militaires à nous

 27   rendre partout et nous savons qu'il y a des personnes blessées et certaines

 28   personnes qui ont perdu la vie. Mais il est difficile d'évaluer le nombre

Page 4423

  1   de victimes à l'heure actuelle."

  2   M. KUZMANOVIC : [interprétation]

  3   Q.  J'aimerais vous poser une question à propos de ce passage bien

  4   particulier. Vous dites que les Serbes ne vous ont pas autorisés à vous

  5   rendre dans ces zones-là pour des raisons militaires. De quoi s'agit-il ?

  6   R.  Je ne m'en souviens pas.

  7   Q.  Mais vous avez dit, vous l'avez dit précisément que les Serbes ne vous

  8   avaient pas donné l'autorisation ?

  9   R.  Oui, c'est ce que j'ai entendu.

 10   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Poursuivons.

 11   [Diffusion de la cassette audio]

 12   "Question de la journaliste : Il est difficile de dire quel est le point de

 13   vue de la communauté internationale. Il y a eu certaines mises en garde de

 14   la part de personnes telles que le président Clinton cette semaine qui

 15   demande aux Croates de ne pas agir de la sorte. Mais je pense que ce sont

 16   des messages qui ne sont pas forcément toujours très clairs. Qu'en est-il

 17   de maintenant ?"

 18   Réponse : Je pense que du point de vue militaire, je dirais que les Serbes

 19   sont très affaiblis à l'heure actuelle. Même s'ils font preuve d'une

 20   retenue extrême, ils n'ont pas utilisé leur artillerie pour tirer sur les

 21   villes civiles comme les Croates ont fait, les Croates ont bombardé tout

 22   Knin, la capitale, les petites villes qui se trouvent à la périphérie de la

 23   zone de séparation."

 24   Question : Je vous remercie de nous avoir parlé aujourd'hui. Bonne

 25   chance.

 26   Réponse : Merci, Madame. Bonne nuit.

 27   Question : Il s'agit du général de Brigade canadien, le général Alain

 28   Forand qui nous parlait depuis Knin en Croatie. C'est le commandant des

Page 4424

  1   Nations Unies du secteur sud."

  2   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Est-ce que je pourrais avoir une cote, je

  3   vous prie.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur le Greffier.

  5   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce D328.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez des objections, Monsieur

  7   Tieger.

  8   M. TIEGER : [interprétation] Non, pas d'objections.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D328 est versée au dossier, il

 10   s'agit d'une diffusion audio ainsi que de son texte.

 11   M. KUZMANOVIC : [interprétation]

 12   Q.  J'ai quelques questions à vous poser, Général, à ce sujet, parce qu'à

 13   propos du dernier passage vous dites que les Serbes n'ont pas utilisé leur

 14   artillerie pour tirer sur les villes ce que les Croates ont fait.

 15   [Diffusion de la cassette audio]

 16   [Audio inaudible] 

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La petite chanson ainsi que le bonjour

 18   je ne vais pas l'oublier.

 19   Poursuivez.

 20   M. KUZMANOVIC : [interprétation] C'était au début du deuxième extrait.

 21   Est-ce que nous pourrions, je vous prie, afficher la pièce P343, page 2.

 22   En fait, j'aimerais que l'on examine d'abord la première page pour que le

 23   général puisse s'y retrouver.

 24   Q.  Il s'agit d'un rapport de situation du quartier général du secteur sud

 25   de Knin du 4 août 1995 établi à 23 heures, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui, c'est exact.

 27   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Passons à la deuxième page, s'il vous

 28   plaît.

Page 4425

  1   Ça c'est la troisième page. Il est possible que ce soit la pièce qui n'a

  2   pas été versée en respectant la pagination. Donc il me faut la deuxième

  3   page mais il se peut qu'elle soit affichée comme cinquième page. Voilà. En

  4   haut, on voit qu'il est indiqué que c'est la "deuxième page," mais en fait

  5   c'est la deuxième page de la pièce P343.

  6   Q.  J'aimerais que l'on examine maintenant le bas de cette page. Il s'agit

  7   de votre rapport de situation émanant de votre état-major.

  8   J'aimerais que l'on agrandisse la partie qui commence : "Les deux parties

  9   continuent à tirer de l'artillerie sur les zones de responsabilité du

 10   secteur sud."

 11   Il est indiqué également qu'il est indiqué que deux avions noirs ont

 12   apparemment bombardé Gospic. Gospic est une ville croate, n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  D'après ce rapport de situation, les Serbes n'avaient pas beaucoup de

 15   retenue étant donné que les deux parties ont continué à employer

 16   l'artillerie à pilonner, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui, d'après ce rapport de situation; c'est exact.

 18   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Passons à la page suivante et en bas de la

 19   page, on peut lire. En fait, ce n'est pas ce qui m'intéresse. Mais peu

 20   importe. Passons à la page 7 qui m'intéresse ce qui est indiqué en haut.

 21   Q.  L'intitulé "évaluation des informations militaires", il est dit dans

 22   l'avant-dernière phrase : "On pense que les forces de l'ARSK vont continuer

 23   à faire preuve de résistance dans de petites poches même si l'ARSK entière

 24   s'est rendue ou a été évacuée."

 25   C'était une évaluation militaire émanant de qui ?

 26   R.  Probablement du capitaine Berikoff.

 27   Q.  C'est-à-dire qu'au moment de l'émission qui est passée à la radio les

 28   Serbes avaient bel et bien employé l'artillerie et ont tiré, ont largué des

Page 4426

  1   bombes des avions sur des zones peuplées par les civils croates, n'est-ce

  2   pas ?

  3   R.  Je ne sais pas si cela a jamais été vérifié, s'agissant des

  4   bombardements des avions et des pilonnages; dans le rapport de situation,

  5   je n'ai pas dit que les Serbes ont pilonné les villes dans la zone croate

  6   et je ne sais pas à quel moment j'ai fait cette interview pour la CBC, mais

  7   ce rapport de situation émane de 23 heures, et à ce moment-là,

  8   probablement, je devais avoir plus d'information qu'au moment où j'ai parlé

  9   au journaliste.

 10   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Passons maintenant à la pièce D5, s'il

 11   vous plaît, paragraphe 7, s'il vous plaît.

 12   Q.  Mon Général, c'est un document émanant de la Mission d'observation des

 13   Nations Unies, émanant du quartier général de l'OMNU secteur sud en date du

 14   4 août 1995, établi à 16 heures 10, et il est dit qu'Otocac fait l'objet de

 15   pilonnage. Cette ville était entre les mains des Croates, n'est-ce pas ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Passons maintenant à la page suivante, le paragraphe numéro 8, les

 18   observateurs militaires de Gospic font état de choses suivantes. Il est dit

 19   que la fréquence des explosions a été réduite à une par minute ce qui veut

 20   dire qu'il y a des tirs d'artillerie vers Gospic; c'est exact ?

 21   R.  Oui, cela semble bien être le cas.

 22   Q.  Gospic est encore une ville qui était entre les mains des Croates,

 23   n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui.

 25   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Passons maintenant à la pièce 4695 de la

 26   liste 65 ter.

 27   Q.  Il s'agit d'un autre rapport de situation des observateurs militaire

 28   des Nations Unies en date du 5 août 1995, c'est-à-dire deux jours après

Page 4427

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 4428

  1   l'opération Tempête.

  2   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Et j'aimerais que l'on examine maintenant

  3   le bas de la page qui commence les mots "L'ARSK."

  4   Q.  "L'artillerie de l'ARSK a attaqué plusieurs villes croates telles que

  5   Gospic, Sibenik, Vodice, et Otocac. L'aviation serbe a également attaqué

  6   Otocac." Puis il est dit : "L'ARSK a tenté de toucher Zagreb en tirant une

  7   roquette Luna, mais la roquette n'a pas pu atteindre la ville."

  8   C'est-à-dire que les Serbes ont bel et bien attaqué les villes croates,

  9   n'est-ce pas, en tirant de leur artillerie ?

 10   R.  Oui, d'après cela, oui.

 11   Q.  Est-ce que vous savez quel type de roquette Luna est-ce, Mon Général ?

 12   R.  Je ne le sais pas.

 13   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je pense que cette pièce de la liste 65

 14   ter a été versée au dossier, mais je ne sais pas quel est son numéro, sous

 15   quelle cote.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] S'il n'a pas de cote, on va l'attribuer,

 17   Monsieur Tieger --

 18   M. TIEGER : [interprétation] Pour l'instant, malheureusement, je ne

 19   pourrais pas vous le dire parce que tous nos ordinateurs sont pris.

 20   M. KUZMANOVIC : [interprétation] J'ai essayé de le trouver mais je n'ai pas

 21   pu trouver quelle était la cote.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez, on va quand même la verser au

 23   dossier.

 24   Ça sera quelle pièce ?

 25   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D329.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il n'y a pas d'objection, Monsieur

 27   Tieger.

 28   M. TIEGER : [interprétation] Il n'y a pas d'objection. Je ne sais pas si

Page 4429

  1   quelqu'un a réussi à trouver quelle était la cote assignée précédemment.

  2   M. KUZMANOVIC : [interprétation] On m'a dit que c'était la pièce P104, et

  3   je remercie mon confrère de me l'avoir dit.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans ce cas-là, Monsieur le Greffier, la

  5   cote attribuée sera enlevée et nous allons vérifier si cette pièce est bel

  6   et bien la pièce P104 --

  7   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ça veut dire que la cote D329 peut être

  9   employée pour une autre pièce.

 10   Veuillez poursuivre. 

 11   M. KUZMANOVIC : [interprétation] J'aimerais maintenant que l'on écoute une

 12   autre émission radio. C'est la pièce 3D00-0840. L'original dure plus de 20

 13   minutes. Nous l'avons réduit à ce que nous considérons comme étant

 14   raisonnable, à savoir six à sept minutes, et nous avons fourni le

 15   transcript de cette émission.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous prie, de lancer l'émission.

 17   [Diffusion de la cassette audio]

 18   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 19   "Bonjour et bienvenue à Sound Like Canada, nous sommes le lundi 21

 20   juillet. Je m'appelle Sheila Cole, et je remplace pour une dernière semaine

 21   Sheila Rogers."

 22   [Problème technique]

 23   [Diffusion de la cassette audio]

 24   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 25   "Bonjour, bienvenue à l'émission de Sound Like Canada, nous sommes le

 26   lundi 21 juillet. Je m'appelle Sheila Cole, et je remplace pour une

 27   dernière semaine Sheila Rogers."

 28   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Nous sommes le 21 juillet 2003.

Page 4430

  1   [Diffusion de la cassette audio]

  2   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  3   "Lorsque nous pensons à la guerre en Yougoslavie, les images qui nous

  4   viennent à l'esprit pour la plupart d'entre nous sont les massacres serbes.

  5   Mais les nombreux soldats canadiens qui ont vécu cette guerre se

  6   souviennent surtout des atrocités commises par les Croates. Huit cents

  7   Canadiens ont été déployés en tant que soldats de maintien de la paix en

  8   Croatie en 1995. Ils ont été les témoins d'une orgie de meurtres et de

  9   pillages. Maintenant ils veulent témoigner au sujet de ces crimes à La

 10   Haye. Evan Dyer a parlé à certains de ces soldats, il nous rejoint

 11   maintenant depuis notre studio d'Ottawa.

 12   Bonjour, Evan.

 13   Revenons-en à 1995, est-ce que vous pourriez nous décrire la scène.

 14   Qu'est-ce qui se passait en Croatie à l'époque ?

 15   Réponse : Cette guerre civile terrible qui a opposé les Serbes et les

 16   Croates en était à sa dernière année. La guerre en Bosnie, bien entendu,

 17   faisait toujours rage, mais la guerre en Croatie de ce côté-là il ne se

 18   passait plus grand-chose depuis environ deux ans. Cela dit, les Croates

 19   n'ont jamais renoncé à l'idée de reconquérir les territoires croates tenus

 20   par les Serbes là où les Canadiens étaient stationnés. Ils voulaient

 21   surtout récupérer la Krajina qui était une bande de terre qui pendant des

 22   siècles avait été essentiellement peuplée de Serbes. Et l'armée canadienne

 23   était là depuis 1992, depuis plus de trois ans, et a essayé de défendre le

 24   peuple de Krajina, qu'il s'agisse des Serbes ou des Croates. Je me suis

 25   entretenu avec le général de division Alain Forand de l'armée croate [comme

 26   interprété]. Il commandait les forces de l'ONU dans le secteur, et il a dit

 27   que le monde n'avait pas beaucoup de sympathie pour les Serbes qu'il

 28   protégeait.

Page 4431

  1   Le Général Forand : Nous nous souvenons de ces jours-ci, à l'époque

  2   les mauvais gars c'étaient les Serbes. CNN n'était pas en Croatie. Il n'y

  3   avait pas d'actualité quasiment qui venait de Croatie, et tout ce qu'on

  4   pouvait obtenir comme information c'était ils ont eu ce qu'ils méritaient.

  5   Et tout d'un coup, ils ont perdu le peu qu'ils avaient, ils ont été envoyés

  6   dans un endroit perdu en Serbie, il ne leur restait plus rien, or qu'est-ce

  7   qu'ils pouvaient espérer de la vie, presque rien ? Mais on disait, 'Bien,

  8   ce sont les Serbes, ils le méritent, qu'ils aillent au diable.' Et tout le

  9   monde a oublié ça très rapidement.

 10   Vous savez, ce plan visant à expulser les Serbes a été appelé

 11   l'opération Tempête. Il s'agit de l'opération dont nous parlons. Il

 12   s'agissait d'une opération du genre blitzkrieg qui a été bien nommée et qui

 13   a commencé par des bombardements d'artillerie qui allaient bien au-delà que

 14   ce que l'on pensait les Croates capable de faire. Et ce barrage a dépassé

 15   la ligne de séparation tenue par l'ONU et les casemates tenues par les

 16   forces serbes.

 17   Alors maintenant les Canadiens parlent de crimes de guerre. Qu'ont-

 18   ils vu au juste ?

 19   Le premier crime de guerre c'étaient les pilonnages. J'en ai parlé

 20   avec le général de division Andrew Leslie. Il part la semaine prochaine en

 21   Afghanistan. Il va commander les forces canadiennes là-bas. Mais en 1995, à

 22   l'époque, il était colonel dans la capitale de la Krajina à Knin.

 23   Je suis officier d'artillerie, dit-il, un professionnel, donc je peux

 24   dire quelque chose à ce sujet. Il s'agissait de pilonnages délibérés à

 25   grande échelle dans des zones résidentielles. Pourquoi ? Parce qu'on

 26   voulait briser leur volonté de résister. De nombreux civils ont été tués,

 27   nous ne connaîtrons jamais le nombre exact. Mais les estimations vont de 10

 28   000 à 25 000 morts."

Page 4432

  1   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Un instant. Merci, Monsieur le

  2   Président.

  3   Q.  Mon Général, en 2003, huit ans après l'opération Tempête, faire une

  4   telle déclaration lors d'une émission diffusée partout dans le pays, et

  5   dire qu'entre 10 000 et 25 000 civils ont été tués suite au pilonnage sur

  6   Knin, c'est fabriqué, c'est inventé des choses, n'est-ce pas, ce n'est pas

  7   responsable de votre part ? Ce n'est pas responsable de dire une chose

  8   pareille ?

  9   R.  Pourquoi vous me le demandez ? Je ne suis pas le général Leslie. Ce

 10   n'est pas moi qui ai dit cela.

 11   Q.  Vous étiez son commandant, n'est-ce pas ?

 12   R.  A Knin.

 13   Q.  Vous étiez là-bas en même temps que lui, n'est-ce pas ?

 14   R.  Mais je n'étais pas en même temps que lui au moment où il a fait sa

 15   déclaration à la radio.

 16   Q.  Je ne vous demandais pas s'il y avait entre 10 000 et

 17   25 000 civils tués suite au pilonnage sur Knin, Général, n'est-ce pas ?

 18   R.  D'après mes connaissances, non, je n'ai jamais cité ce chiffre.

 19   Q.  Général Leslie le pensait, n'est-ce pas ?

 20   R.  [aucune interprétation]

 21   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 22   M. KUZMANOVIC : [interprétation]

 23   Q.  [aucune interprétation]

 24   M. TIEGER : [aucune interprétation]

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation]  

 26   [Diffusion de la cassette audio]

 27   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 28   "25 000, de façon tout à fait indiscriminée, donc il s'agit d'enfants en

Page 4433

  1   bas âge et de personnes âgées également.

  2   Réponse : Les pilonnages visaient essentiellement les maisons, d'un bout à

  3   l'autre de la ville, un hôpital également, tout en ville. Mais pas

  4   seulement à Knin, dans toutes les villes de la Krajina."

  5   M. KUZMANOVIC : [interprétation]

  6   Q.  Mon Général, l'hôpital n'a pas fait l'objet de pilonnage, n'est-ce pas

  7   ?

  8   R.  On m'a dit que l'hôpital a été touché. Mais je ne l'ai jamais vérifié

  9   moi-même, c'est ce qu'on m'a dit.

 10   Q.  Conviendrez-vous que le pilonnage sur Knin n'avait pas pour objectif

 11   les maisons ?

 12   R.  Comme je l'ai dit l'autre jour, il me semble que les obus tombaient

 13   partout sur Knin. Alors je ne sais pas comment vous pourriez le qualifier.

 14   Q.  Vous conviendrez avec moi que les maisons n'ont pas été visées à Knin

 15   ni dans d'autres villes de la Krajina ?

 16   R.  A mon point de vue, à partir de la terrasse où je pouvais observer le

 17   pilonnage, les obus partaient partout, y compris sur les maisons civiles.

 18   M. KUZMANOVIC : [aucune interprétation]

 19   [Diffusion de la cassette audio]

 20   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 21   "Les Croates exerçaient un contrôle total de la Krajina, ont exercé un

 22   contrôle total en quatre jours. Mais comme l'a dit le général, les meurtres

 23   ne se sont pas arrêtés là, en réalité, ils venaient juste de commencer. Le

 24   général Leslie a dit qu'il avait vu des policiers aller de maison en maison

 25   tuer tous ceux qu'ils y trouvaient."

 26   Il y avait de nombreuses organisations qui se sont retrouvées en ex-

 27   Krajina serbe. Il y avait des équipes de la police spéciale qui portaient

 28   des uniformes de couleur bleue, très reconnaissables, qui ont participé aux

Page 4434

  1   meurtres dans les montagnes de civils serbes. J'ai vu des dizaines et des

  2   dizaines de fermes et même de villages entiers qui étaient la proie des

  3   flammes pendant de nombreux jours, plusieurs mois après le début de

  4   l'agression."

  5   M. KUZMANOVIC : [interprétation]

  6   Q.  Mon Général, le général Leslie a quitté Knin, le 7 août, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui.

  8   M. KUZMANOVIC : [aucune interprétation]

  9   [Diffusion de la cassette audio]

 10   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix] 

 11   "Donc ils ont réussi à obtenir des preuves. Bien entendu, ils ont vu

 12   certaines choses. Qu'est-ce qui s'est passé, que diront-ils à La Haye ?

 13   Réponse : Bien, pas grand-chose. Il ne se passait pas grand-chose. Il y a

 14   eu un acte d'accusation, mais il n'y a pas eu d'arrestation. Les Canadiens

 15   sont assez frustrés de cela. Voilà ce que nous dit le général Forand.

 16   Général Forand : Bien, c'est bien triste d'une certaine manière. J'ai fait

 17   une déposition au sujet de ce que j'avais vu. J'ai dit que des gens étaient

 18   morts, qu'il y avait des pillages, tout cela. Donc j'ai fait cette

 19   déposition, puis tout à coup, sept, huit mois plus tard, un autre groupe

 20   arrive du Tribunal et me dit qu'ils ont perdu ma déposition. Donc j'en ai

 21   fait une autre. En fait, ils sont revenus me voir, croyez-moi ou pas, une

 22   troisième fois, un autre groupe, car quelqu'un de cette organisation encore

 23   avait perdu tous mes documents. Donc j'ai fait une troisième déclaration et

 24   j'ai dit,  'Cette fois vous feriez mieux de bien la garder, parce que sinon

 25   vous ne me reverrez plus." Je n'ai jamais entendu parler de ces gens,

 26   j'attends toujours des nouvelles de leur part, je ne sais pas.

 27   Mais il doit y avoir un grand niveau de frustration.

 28   Au bout de huit ans, oui.

Page 4435

  1   Donc de quoi parlons-nous, qui sont ces criminels de guerre allégués

  2   ?

  3   Bien, deux d'entre eux sont morts, le président Franjo Tudjman, est

  4   l'un d'entre eux, il est mort dans son lit; ainsi que l'autre général

  5   mentionné dans l'acte d'accusation, mais il y a un qui est encore en vie et

  6   qui se cache, le général Ante Gotovina. Ce type il a une histoire peu

  7   courante. Le général Ante Gotovina est un ancien légionnaire de l'armée

  8   française, il commandait l'opération Tempête, l'un des seuls Croates de

  9   l'armée croate à jamais avoir été mis en accusation, mais le gouvernement

 10   croate était réticent à le livrer. En fait, ils ont recruté un avocat pour

 11   lui. Le fait que le général Gotovina n'a toujours pas été puni, continue à

 12   énerver de nombreux officiers canadiens, en tout comme le général Leslie.

 13   Le général Leslie : Bien, je ne vois pas comment quelqu'un aurait pu

 14   survivre aussi longtemps sur un petit lopin de terre, c'est la Croatie,

 15   après tout un petit lopin de terre, il y a des lacs qui sont plus grands

 16   que la Croatie, il a dû bénéficier de l'assistance de la population locale.

 17   Il y a de nombreux Croates qui pensent qu'il est un héros national."

 18   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Nous allons poursuivre.

 19   [Diffusion de la cassette audio]

 20   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 21   "Pourquoi l'occident n'a-t-il pas été plus agressif pour essayer de

 22   retrouver sa trace ?

 23   Réponse : C'est une bonne question, mais bien entendu l'occident a imposé

 24   des sanctions à la Serbie pour essayer de l'obliger à livrer ces criminels

 25   de guerre, et maintenant elle les recherche activement. Il y en a un qui a

 26   été envoyé il y a quelques semaines, mais la Croatie est sur le point de

 27   rejoindre l'Union européenne et l'OTAN, maintenant elle va en Irak, elle

 28   est proche des Etats-Unis. Je pense qu'en réalité, le monde n'exerce pas de

Page 4436

  1   pression sur la Croatie, en partie parce qu'en 1995 l'occident était du

  2   côté des Croates. Vous savez, tout le monde à l'époque pensait que les

  3   Serbes étaient le problème. Et vous savez, ils avaient commis des atrocités

  4   terribles juste avant l'opération Tempête en Bosnie. Srebrenica avait eu

  5   lieu quelques semaines auparavant à peine. Et lorsqu'on dit que les Serbes

  6   ce sont le problème, bien, pour certains pays, comme les Etats-Unis et

  7   l'Allemagne en particulier, il faut identifier les Croates comme étant une

  8   solution. L'ironie en Yougoslavie c'est que la paix, lorsqu'elle est

  9   finalement devenue possible, est devenue possible en partie parce que le

 10   nettoyage ethnique avait réussi. Les Croates n'allaient pas faire la paix

 11   tant que les Serbes contrôleraient la Krajina.

 12   Question : Donc vous parlez de l'aide fournie par l'occident ?

 13   Réponse : Bien, l'occident a aidé les Croates, c'est certain, au sens

 14   qu'ils ont obtenu des véhicules de l'Allemagne, de l'artillerie de

 15   l'Argentine, des formations des Etats-Unis. Et chaque officier à qui j'ai

 16   parlé, pense que l'armée croate a reçu de l'aide de l'étranger surtout

 17   directement dans le cadre de l'opération Tempête. Mais il pense que

 18   l'opération Tempête était réalisée de façon trop professionnelle pour une

 19   armée dirigée par des policiers croates. Voilà, le général Leslie.

 20   Le général Leslie : La coordination des tirs, la préparation psychologique

 21   sur les champs de bataille devait être réalisée par des gens qui savaient

 22   ce qu'ils faisaient. Je ne vois pas d'où ils auraient pu obtenir cette

 23   expertise."

 24   M. KUZMANOVIC : [interprétation]  

 25   Q.  [aucune interprétation]

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Laissons les interprètes respirent un

 27   petit peu ainsi que la sténotypiste et maintenant vous pouvez poursuivre.

 28   M. KUZMANOVIC : [interprétation] J'attendrais quelques instants.

Page 4437

  1   Q.  Mon Général, j'aimerais vous poser une question portant sur ce dernier

  2   commentaire du général Leslie. Vous-même, dans une certaine mesure, vous

  3   étiez d'avis que vous ne compreniez pas comment l'armée croate aurait pu

  4   avoir l'expertise pour réaliser cette opération ?

  5   R.  Oui, je ne l'ai pas dit de cette manière, mais c'est ce que j'avais à

  6   l'esprit, oui.

  7   Q.  Mais il me semble que vous voulez avoir les deux ? D'une part, vous

  8   dites qu'ils avaient trop d'expertise et d'autre part vous dites qu'ils

  9   n'avaient pas suffisamment d'expertise pour réaliser cette opération; et

 10   d'autre part, vous dites que c'était beaucoup de policiers, d'anciens

 11   policiers qui n'étaient pas professionnels. Quelle est la vérité ?

 12   R.  Je ne comprends pas votre question.

 13   Q.  C'était une opération militaire professionnelle réalisée par l'armée

 14   croate. C'était bien cela ou bien c'était une opération qui a été menée

 15   tant bien que mal mais ils ont eu beaucoup de

 16   chance ?

 17   R.  Si vous lisez ce que j'ai dit, vous pourrez comprendre qu'en fait

 18   c'étaient les deux. C'était une opération bien planifiée.

 19   M. KUZMANOVIC : [aucune interprétation]

 20   L'INTERPRÈTE : Poursuite de la diffusion.

 21   [Diffusion de la cassette audio]

 22   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 23   "Donc qui sont ces gens qui savaient ce qu'ils faisaient ?

 24   Réponse : Il y a une compagnie à Alexandria en Virginie appelée 

 25   'Military Professionnal Resources, MPRI' et elle n'a jamais caché le fait

 26   qu'elle a entraîné l'armée croate avant l'opération Tempête. Elle s'occupe

 27   de l'armée croate maintenant pour l'OTAN. MPRI est une société qui est

 28   très, très proche du Pentagone. Et le président de MPRI, Carl Vuono, n'est

Page 4438

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 4439

  1   nul autre que l'ancien chef de l'état-major de l'armée des Etats-Unis. Le

  2   général Vuono se trouvait en Croatie avec l'état-major général de l'armée

  3   croate dans les jours qui ont précédé l'opération Tempête. Deux jours

  4   auparavant, nous savons que MPRI à un moment donné instruisait l'armée

  5   croate. Je pense que beaucoup de soldats canadiens souhaiteraient savoir

  6   comment MPRI et les Etats-Unis ont directement aidé, apporté leur concours

  7   pour ce qui est de l'opération Tempête. Par exemple, est-ce qu'ils ont

  8   fourni leurs renseignements ? Est-ce qu'ils sont allés jusqu'à établir le

  9   plan d'attaque ? Vous savez, les Américains disposent d'images satellite et

 10   d'images aériennes du champ de bataille, est-ce que l'armée croate s'est

 11   servie de ces images pour prendre pour cibles les colonnes de réfugiés, par

 12   exemple. Je sais qu'il y a beaucoup d'officiers canadiens qui pensent que

 13   la réponse à ces questions est oui."

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Maître Kuzmanovic.

 15   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Q.  Après avoir entendu ce dernier passage, Mon Général, est-ce que vous

 17   faites partie de ces officiers canadiens qui pensent que la réponse à ces

 18   questions est oui ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Oui ?

 21   R.  Oui.

 22   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je n'ai plus de questions, Monsieur le

 23   Président, j'aimerais que ce transcript soit versé au dossier, y compris

 24   l'enregistrement audio.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger.

 26   M. TIEGER : [interprétation] Je n'ai pas d'objection, mais revenons à ce

 27   que j'ai dit hier, si j'ai bien compris Me Kuzmanovic, cela avait l'air

 28   d'être l'émission entière, mais j'ai cru comprendre tout à l'heure qu'il

Page 4440

  1   avait dit que c'était juste un extrait.

  2   M. KUZMANOVIC : [interprétation] C'était juste un extrait mais nous pouvons

  3   fournir l'émission toute entière.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

  5   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D329.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D329 sera versé au dossier y compris

  7   avec l'enregistrement audio.

  8   Maître Kuzmanovic, juste une question. Vous ne l'avez pas présentée à M.

  9   Leslie lorsqu'il a déposé, n'est-ce pas ?

 10   M. KUZMANOVIC : [interprétation] J'aurais bien aimé l'avoir fait, Monsieur

 11   le Président.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui, je vous ai compris. Je ne

 13   voulais pas commenter ce que vous venez de dire. Je voulais juste m'assurer

 14   que j'avais raison.

 15   A titre d'information, vous avez fini votre contre-interrogatoire, ce

 16   qui veut dire que maintenant ? Me Kehoe vous allez interroger après la

 17   pause.

 18   M. KEHOE : [interprétation] Oui.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pendant combien de temps ?

 20   M. KEHOE : [interprétation] Je vais finir dans une heure ou 45 minutes,

 21   mais je pense que la Chambre souhaite disposer de 15 minutes. J'ai beaucoup

 22   de questions que j'aimerais poser, j'ai beaucoup d'informations que

 23   j'aimerais présenter.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Est-ce que vous pourriez nous dire

 25   combien de temps, pendant combien de temps vous allez interroger ?

 26   M. KEHOE : [interprétation] Juste un instant, je vais me renseigner.

 27   [Le conseil de la Défense se concerte]

 28   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Oui, je voulais vous dire, Mon Général,

Page 4441

  1   merci.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

  3   M. KEHOE : [interprétation] Deux heures et demie, je dirais, Monsieur le

  4   Président.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce qu'il y a un accord avec la

  6   Défense de Cermak, parce qu'ils n'avaient pas beaucoup de temps; et j'ai

  7   dit que si l'on finissait par avoir un temps supplémentaire, dans ce cas-

  8   là, il serait juste de leur accorder encore un peu de temps, parce que

  9   cette Défense a respecté les limites imposées par la Chambre.

 10   M. KAY : [interprétation] J'ai suivi votre suggestion et j'ai essayé de me

 11   limiter en interrogant -- en me fondant sur des classeurs dont je vous

 12   avais parlé, mais nous avons préparé ces classeurs pour les communiquer ce

 13   matin. Nous avons leurs numéros 65 ter.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que je vous ai bien compris que

 15   vous disiez que vous n'aviez pas besoin d'un temps supplémentaire.

 16   M. KAY : [interprétation] Non, je n'en n'ai pas besoin parce que j'ai fait

 17   ce que j'avais à faire.

 18   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 19   [La Chambre de première instance se concerte]

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, vous aurez deux heures et

 21   demie mais pas deux heures et 31 minutes.

 22   M. KEHOE : [interprétation] Je comprends.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons faire une pause et nous

 24   reprendrons à 11 heures.

 25   --- L'audience est suspendue à 10 heures 35.

 26   --- L'audience est reprise à 11 heures 05.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, vous avez la parole.

 28   M. KEHOE : [interprétation] Merci.

Page 4442

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Forand, vous connaissez déjà Me

  2   Kehoe.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, nous avons eu le plaisir de nous

  4   rencontrer.

  5   Contre-interrogatoire par M. Kehoe : [Suite]

  6   Q.  [interprétation] Bonjour, Général.

  7   R.  Bonjour. 

  8   Q.  Général, je souhaiterais que l'on revienne sur la réunion que vous avez

  9   eu à 11 heures 30 environ, le 4 août 1995, au QG de l'ARSK.

 10   M. Strbac a dit aux représentants du bureau du Procureur que : "Seul le

 11   général Forand disposait de ces véhicules," il voulait parler des véhicules

 12   blindés de transport de troupes.

 13   Il a dit que : "Une équipe vidéo de Yougoslavie se trouvait à Knin au début

 14   de l'attaque. Ils ont recueilli des éléments concernant le pilonnage. Ils

 15   ont été aidés par les hommes de M. Forand qui leur ont mis à disposition un

 16   véhicule blindé et des chauffeurs."

 17   M. Strbac était un fonctionnaire de la RSK.

 18   Est-ce que vous avez donné à la RSK un véhicule blindé de transport de

 19   troupes ?

 20   R.  Je suis étonné. Je n'ai jamais donné de consigne en ce sens. Donc je

 21   suis très étonné d'entendre cela.

 22   Q.  Savez-vous si certains hommes du personnel de l'ONU qui circulaient à

 23   bord de ces véhicules ?

 24   R.  J'en serais très surpris, car j'avais donné des ordres stricts pour que

 25   nous nous servions de ces véhicules uniquement pour les personnes qui

 26   devaient regagner le camp. J'avais un problème avec un officier jordanien

 27   qui était allé récupérer ses affaires dans son appartement, j'ai vu cela et

 28   je n'étais pas très content. Donc j'ai fait le nécessaire pour qu'on essaie

Page 4443

  1   de récupérer simplement les gens pour le camp.

  2   Q.  Vous parlez des employés de l'ONU ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Est-ce que d'autres utilisations ont été autorisées ?

  5   R.  Seulement pour récupérer des blessés et les amener à l'hôpital.

  6   Q.  Maintenant, Général, --

  7   M. KEHOE : [interprétation] Il serait bon que nous ralentissions pour

  8   permettre aux interprètes de faire leur travail.

  9   Q.  Lorsque le colonel Kosta Novakovic a dit aux représentants du bureau du

 10   Procureur qu'il est allé à l'hôpital de Knin le 4 au matin à bord d'un

 11   véhicule blindé de transport de troupes de l'ONU, vous n'avez aucune

 12   information à ce sujet ?

 13   R.  Non.

 14   Q.  Pour ce qui est des contacts avec les soldats de l'ARSK, lorsque les

 15   réfugiés ou des personnes quelles qu'elles soient se sont présentées à

 16   votre portail le 4 au soir, le secteur sud a permis à des soldats de l'ARSK

 17   d'entrer dans le camp, n'est-ce pas ?

 18   R.  Pas à ma connaissance. Lorsque j'ai autorisé ces personnes à entrer

 19   dans le camp, nous avons effectué des fouilles et nous avons trouvé des

 20   armes. Mais je ne sais pas qui était un soldat de l'ARSK ou qui ne l'était

 21   pas. Il s'agissait de personnes déplacées, à mon sens.

 22   Q.  Qu'avez-vous trouvé ?

 23   R.  Je ne m'en souviens pas. Il faudrait qu'on me rafraîchisse la mémoire.

 24   Q.  Vous vous souvenez du commandant Bellerose, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, c'était mon officier chargé du génie.

 26   M. KEHOE : [interprétation] Je souhaiterais que l'on montre grâce au

 27   logiciel Sanction un entretien qu'il a accordé. Page suivante dans la

 28   colonne de droite on peut lire : "Oui. Il y avait des civils et des

Page 4444

  1   soldats."

  2   Q.  On peut lire : "Oui, il y avait des soldats, car nous avons permis

  3   l'accès au camp aux personnes déplacées pour assurer leur sécurité. Il y

  4   avait quelques soldats serbes qui ont essayé de trouver refuge dans notre

  5   camp. Donc nous leur avons dit : 'Si vous souhaitez entrer dans le camp,

  6   vous devez déposer les armes car si nous vous autorisons à entrer avec des

  7   armes, nous nous mettons en danger.'"

  8   Donc là, il s'agit de l'un de vos officiers qui parle du fait d'autoriser

  9   des soldats de l'ARSK à pénétrer dans le camp. Est-ce que vous étiez au

 10   courant de cela ?

 11   R.  Je savais que l'on a retrouvé des armes sur certains, après les avoir

 12   fouillés; mais je ne me souviens pas qu'il ait été dit expressément qu'il

 13   s'agissait de soldats de l'ARSK.

 14   Q.  Vous nous avez dit que le 5, des blessés de l'hôpital avaient été

 15   évacués ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Je souhaiterais vous montrer une séquence vidéo tournée au secteur sud

 18   dans votre base, 1D28-0035.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, en ce qui concerne le

 20   document précédent, --

 21   M. KEHOE : [interprétation] Je n'en demande pas le versement au dossier

 22   pour le moment.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Poursuivez.

 24   [Diffusion de la cassette vidéo]

 25   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que le son est bon ?

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si j'ai bien compris, on a un peu

 27   amélioré la qualité du son, on a trouvé une solution provisoire.

 28   M. KEHOE : [interprétation] Pour ce qui est de cette séquence vidéo, je ne

Page 4445

  1   crois pas qu'il y ait de bande-son.

  2   J'en demande la diffusion.

  3   [Diffusion de la cassette vidéo]

  4   M. KEHOE : [interprétation]

  5   Q.  Général, cette vidéo a été tournée dans votre camp, s'agissait-il d'un

  6   soldat de l'ARSK qui était évacué de l'hôpital ?

  7   R.  Je ne sais pas, je n'étais pas là. Je n'ai pas vu tous les gens qui

  8   entraient dans le camp. J'ai donné des consignes, "Laissez-les entrer,

  9   fouillez-les." J'ai dit au colonel Leslie que nous allions également

 10   procéder à l'évacuation des blessés de l'hôpital, mais je n'étais pas sur

 11   place pour vérifier qui entrait.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger.

 13   M. TIEGER : [interprétation] Je me demande quelles sont les bases de cette

 14   question, il faudrait que le témoin reconnaisse d'abord les lieux qui

 15   apparaissent sur cette vidéo. Alors comment peut-on savoir où ces images

 16   ont été tournées ?

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe.

 18   M. KEHOE : [interprétation] C'est le bureau du Procureur qui nous a

 19   communiqué cela. Cela fait partie d'une série d'images filmées dans le

 20   secteur sud au QG.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais M. Tieger a quand même raison

 22   de soulever ce point. D'après ce que j'ai compris, on fait entrer quelqu'un

 23   et il est allongé sur un lit et vous dites qu'il s'agit d'un soldat de

 24   l'ARSK. Le témoin répond : "Je ne sais pas." Soit on en reste là, soit vous

 25   enchaînez. Cet homme n'était pas en uniforme, il n'était pas armé, d'après

 26   ce que j'ai pu voir, donc il en faut un peu plus pour que cela soit

 27   constructif.

 28   Poursuivez.

Page 4446

  1   M. KEHOE : [interprétation]

  2   Q.  Général, est-ce qu'il s'agit de l'hôpital du secteur sud ?

  3   R.  Il s'agit du gymnase que nous avons transformé non pas en hôpital, mais

  4   en endroit où nous pourrions installer les blessés et les malades.

  5   Q.  Quand avez-vous fait venir ces blessés et ces malades et quand les

  6   avez-vous réinstallés dans cet endroit qui servait d'hôpital ?

  7   R.  Le 5.

  8   Q.  Donc, vous avez évacué les blessés et les malades de l'hôpital pour les

  9   installer là. Je souhaiterais maintenant vous montrer D277.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, qu'en est-il de la

 11   séquence vidéo ?

 12   M. KEHOE : [interprétation] Je n'en demande pas le versement au dossier

 13   pour le moment -- enfin, est-ce que l'on pourrait attribuer une cote.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je n'ai pas très bien compris ce que

 15   vous vouliez faire --

 16   M. KEHOE : [interprétation] 1D28-0035.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur Tieger ?

 18   M. TIEGER : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 20   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce D330.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D330 est versé au dossier.

 22   Veuillez poursuivre.

 23   M. KEHOE : [interprétation]

 24   Q.  Monsieur, vous saviez, n'est-ce pas, qu'aux mois de juillet et d'août

 25   1995, l'ARSK était pleinement mobilisée, tous les hommes étaient censés

 26   rejoindre les rangs de l'ARSK, n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  En examinant cette vidéo, est-ce que vous pouvez-vous dire s'il

Page 4447

  1   s'agissait d'un soldat ?

  2   R.  Je ne sais pas, il était en âge de porter les armes, c'est certain.

  3   M. KEHOE : [interprétation] D277, page 2.

  4   Q.  Deuxième paragraphe, le texte se lit comme suit : "L'hôpital de Knin

  5   fonctionne bien pour ce qui est de la structure, il n'y a pas de traces de

  6   dommages occasionnés par l'artillerie ou les mortiers…"

  7   C'était la situation ce matin-là, n'est-ce pas ?

  8   R.  L'hôpital n'a pas été pris pour cible.

  9   Q.  Mais lorsque vous êtes allé sur place, vous n'avez pas vu de dommages

 10   occasionnés à l'hôpital; c'est bien cela ?

 11   R.  Non, je ne suis pas allé autour de l'hôpital. Je suis allé directement

 12   là.

 13   Q.  "Lorsque le personnel médical croate est arrivé le 6 août 1995, le

 14   personnel a trouvé 20 patients âgés au sous-sol de l'hôpital."

 15   Est-ce exact, Général, ces patients âgés sont restés à l'hôpital ?

 16   R.  Je les ai laissés là, lorsque j'ai parlé au médecin, ils étaient là,

 17   ils avaient besoin de soins et le risque était qu'ils n'arrivent pas en vie

 18   à mon camp. Ils pouvaient mourir en chemin. Puis je n'avais pas les

 19   ressources nécessaires pour m'occuper d'eux au camp. Je ne sais pas combien

 20   ils étaient, mais je les ai laissés sur place.

 21   Q.  Mais pourquoi avez-vous déplacé les blessés ?

 22   R.  Parce que nous avons pu le faire, nous pouvions nous en occuper. A

 23   l'époque, dans mon exposé, en fait, on m'a dit que l'hôpital avait été

 24   touché et j'avais peur qu'il y ait d'autres problèmes. Donc j'ai décidé,

 25   sur la base des renseignements que je n'ai pas pu vérifier, de déplacer les

 26   blessés et les malades et les faire venir dans mon QG.

 27   Q.  Donc ces personnes qui étaient très malades, vous ne les avez pas

 28   déplacées; vous n'avez déplacé que les personnes que vous pouviez déplacer

Page 4448

  1   ?

  2   R.  [en français] -- parce que ça leur prend des soins palliatifs.

  3   Q.  Ceux que vous ne pouviez pas déplacer incluaient les personnes en âge

  4   de porter les armes ?

  5   R.  [en anglais] Like I said, we moved all of those --

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous avons un petit problème parce que

  7   si vous passez au français, alors il est question de ceux qui ne pouvaient

  8   pas être déplacés --

  9   [en français] Il n'y a pas de problème quand vous voulez parler

 10   français, mais c'est mieux que vous l'annoncez.

 11   [interprétation] Et si vous souhaitez écouter le français, par exemple, si

 12   je m'exprime en français, vous devez passer du canal 4 au canal 5, c'est là

 13   que vous entendrez l'original en français ou la traduction en français.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

 16   M. KEHOE : [interprétation]

 17   Q.  A la ligne 9, je vous ai demandé : est-ce que le groupe que vous avez

 18   déplacé incluait des hommes en âge de porter les armes ?

 19   R.  Comme vous l'avez vu sur la séquence vidéo, je n'étais pas là à

 20   l'accueil. Lorsque je suis allé à l'hôpital, ceux qui restaient là et qui

 21   devaient être déplacés encore, en fait, ceux qui restaient là étaient des

 22   gens qui risquaient de mourir, donc je ne les ai pas ramenés avec moi.

 23   Q.  Est-ce qu'il s'agissait d'une violation du mandat de l'ONU que de

 24   déplacer des soldats appartenant à l'une des parties belligérantes ?

 25   R.  S'ils étaient identifiés comme soldats, oui. S'il s'agit de blessés ou

 26   de malades, il s'agit d'une aide humanitaire.

 27   Q.  Donc, d'après vous, le fait de déplacer des soldats malades ou blessés

 28   relève de votre mandat ?

Page 4449

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 4450

  1   R.  Non, j'ai dit que c'était une aide humanitaire.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Plutôt que de poser la question suivante

  3   directement, Maître Kehoe, il est bon d'écouter les réponses du témoin, car

  4   qu'il s'agisse de soldats ou pas, il s'agit de votre conclusion. Le témoin

  5   a dit qu'il s'agissait d'hommes en âge de porter les armes, par conséquent,

  6   il aurait pu s'agir de soldats.

  7   Essayons d'être clairs.

  8   M. KEHOE : [interprétation] Bien.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez.

 10   M. KEHOE : [interprétation]

 11   Q.  Général, parlons un peu du 4 au matin, vous avez indiqué à la page 4

 12   115, ligne 1 ou 2, que : "Vous étiez resté dix minutes tout au plus à

 13   observer le barrage d'artillerie."

 14   M. KEHOE : [interprétation] Passons maintenant à D270.

 15   Q.  D270 est une lettre du général Mrksic adressée le 4 août 1995 à 6

 16   heures 30 au général Janvier à Zagreb. Il se plaint des bombardements et il

 17   est demandé : "Nous exigeons que vous preniez des mesures tout de suite

 18   pour mettre fin à l'agression."

 19   Etiez-vous au courant de cela ?

 20   R.  Non. Hier ou avant-hier c'est la première fois que j'ai vu cela.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Passons maintenant au document ou au document

 22   1D28-0021.

 23   Nous avons également la version en français de ce document.

 24   Q.  Il s'agit d'un message adressé par le général Mrksic au général

 25   Janvier, veuillez en prendre connaissance rapidement. Il est question des

 26   pilonnages. Sixième ligne, le texte se lit comme suit : "Ils," c'est-à-dire

 27   le HV, "a également pris pour cibles l'hôpital et d'autres bâtiments

 28   semblables en tirant à l'aveugle et sans ordre. Les officiers de la

Page 4451

  1   FORPRONU sur place peuvent confirmer ces allégations."

  2   Général, le 4 au matin, lorsque vous vous êtes rendu au QG de l'ARSK étiez-

  3   vous au courant de ces protestations ?

  4   R.  Non.

  5   Q.  Mais vous saviez, n'est-ce pas, que vers 6 heures 30 du matin, le camp

  6   avait été touché par des tirs de mortier ?

  7   R.  Dans mon camp ?

  8   Q.  Oui.

  9   R.  Non. Il n'y a pas eu de bombes ou autres engins qui soient tombés dans

 10   mon camp pendant toute cette période.

 11   Q.  On me rappelle que dans l'émission radio du 4 vous avez dit qu'il y

 12   avait des tirs sur le camp.

 13   R.  Non, j'ai dit à proximité du camp.

 14   Q.  Donc ces tirs près du camp, en fait c'était proche de votre camp le

 15   matin du 4 ?

 16   R.  J'ai parlé du matin du 4 ?

 17   Q.  C'est moi qui vous pose la question.

 18   R.  Il n'y a qu'un obus qui est tombé à 5 ou 10 mètres du coin nord-ouest

 19   de mon camp, et il y a six ou sept civils qui ont été tués.

 20   Q.  C'était le 5.

 21   R.  Oui, le 5. Mais le 4, il n'y a pas eu de dégâts matériels. J'ai dit que

 22   c'était tombé à 350 ou 400 mètres, pas plus près.

 23   Q.  Je vous rappelle que dans l'interview que vous avez accordée à la

 24   radio, vous avez dit que c'était le matin du 4. Vous ne vous en souvenez

 25   pas ?

 26   R.  Non, je ne me souviens pas que cela se trouvait sur l'enregistrement.

 27   Q.  Vous avez assisté à une réunion au QG de l'ARSK à

 28   11 heures 30.

Page 4452

  1   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait se pencher sur la

  2   pièce 341, s'il vous plaît.

  3   Avant de poursuivre, nous demandons le versement au dossier du document

  4   1D28-0021.

  5   M. TIEGER : [interprétation] Je m'y attendais, mais pour le moment je n'ai

  6   qu'une version en anglais dactylographiée de ce document, il n'y a pas

  7   d'en-tête, on ne sait pas d'où ça vient, donc il me faut des informations

  8   supplémentaires avant d'indiquer ma position.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger, ce document a été

 10   inséré dans le système de prétoire électronique, et je vois qu'il y a

 11   l'original dans le système de prétoire électronique.

 12   M. KEHOE : [interprétation] Je vais en parler avec l'Accusation pour tirer

 13   cela au clair. Il s'agit d'un document venant de M. Akashi qui a été envoyé

 14   à l'ONU, qui fait partie du jeu de documents qui a été communiqué, donc je

 15   peux préciser la source en m'entretenant avec le conseil.

 16   [Le conseil de la Défense se concerte]

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais ce jeu de documents n'a-t-il pas

 18   déjà été versé au dossier ?

 19   M. KEHOE : [interprétation] Non. L'original était en français, R09095.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous parlons toujours d'une lettre

 21   envoyée au général Bertrand Janvier. Est-ce qu'il s'agit de plaintes

 22   exprimées par la Republika Srpska ?

 23   M. KEHOE : [interprétation] Non, il s'agit d'un message adressé par le

 24   général Mrksic au général Janvier et ça été envoyé, enfin transmis par

 25   téléphone par le truchement du colonel Kosta Novakovic.

 26   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 27   M. TIEGER : [interprétation] Si je comprends bien, il y a deux documents

 28   distincts. L'un, je pense - en fait, je n'ai pas la version devant moi,

Page 4453

  1   mais l'un d'entre eux, me semble-t-il, est un message de protestation, une

  2   lettre de protestation adressée par le général Mrksic au général Janvier.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, il s'agit du 4 août 1995, 6 heures

  4   30, lettre de protestation portant sur le pilonnage d'objectifs civils.

  5   M. TIEGER : [interprétation] D'après l'anglais, il s'agit d'un message

  6   transmis par le colonel Novakovic au téléphone. Et comme vient de le dire,

  7   Me Kehoe, je pense que l'original est en français, enfin ce document c'est

  8   autre chose, enfin je n'ai pas vu le français en tout cas.

  9   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, mes collègues me

 10   disent, ou mes confrères me disent que le français se trouve à la pièce 411

 11   de la liste 65 ter.

 12   M. TIEGER : [interprétation] Je ne pense pas qu'il va y avoir un problème

 13   mais je ne suis pas pour le moment en mesure de réagir au vu des

 14   circonstances.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons lui attribuer une cote et je

 16   suppose que vous ferez vos recherches pour voir ce qu'il en est de

 17   l'original et de quoi il en retourne exactement.

 18   Monsieur le Greffier d'audience, nous avons le document sur nos écrans,

 19   c'est un message du général Mrksic destiné au général Janvier, quelle en

 20   sera la cote ?

 21   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la code D331, Monsieur le

 22   Président.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger, s'il n'y a pas de

 24   problème pour ce qui est de la teneur, est-ce que vous aurez des

 25   objections, Monsieur Tieger ?

 26   M. TIEGER : [interprétation] Non, non, c'est une question de provenance, de

 27   source. 

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Alors la pièce D331 est versée au

Page 4454

  1   dossier, l'Accusation a une semaine et pas un jour de plus pour en

  2   identifier la provenance.

  3   M. KEHOE : [interprétation]

  4   Q.  Général, nous allons passer à la pièce D341. Il s'agit d'un rapport de

  5   situation, 4 août à 14 heures. Ça s'est passé après votre réunion au QG de

  6   l'ARSK, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Avant votre réunion, avant ce rapport de situation, si vous aviez des

  9   documents écrits, si vous aviez des documents écrits et des rapports

 10   émanant de vos bataillons sur le terrain suivant lesquels il y avait des

 11   pilonnages tout à fait arbitraires dans les zones civiles -- ou est-ce que

 12   vous aviez obtenu ces rapports à propos de ces pilonnages arbitraires des

 13   zones civiles qui avaient eu lieu en Krajina ?

 14   R.  Pour autant que je m'en souvienne oui, parce qu'il y avait ce que

 15   j'avais vu à Knin, les rapports qui émanaient de mon unité. C'était en fait

 16   l'essence même de la lettre que j'ai envoyée au général Gotovina le 4.

 17   Q.  Donc, pour autant que vous en souveniez, est-ce qu'il y avait des

 18   documents écrits émanant de vos bataillons portant sur des pilonnages de

 19   civils, de zones civiles; c'est cela ?

 20   R.  Je n'en suis sûr, je ne sais pas si cela était rédigé, consigné par

 21   écrit. Vous savez, c'est mon officier opérationnel qui me passait, qui me

 22   transmettait ces renseignements.

 23   Q.  Page 2 de ce document, troisième paragraphe ou deuxième paragraphe,

 24   donc c'est toujours le haut de la page. Il est question "de pilonnage de

 25   Knin et d'autres villes, pilonnage arbitraire qui continue de façon

 26   sporadique." C'est le premier document écrit dans le secteur sud des

 27   Nations Unies qui fait état de pilonnage arbitraire, n'est-ce pas ?

 28   R.  Je n'en sais rien, Maître.

Page 4455

  1   Q.  Mais lorsque vous vous êtes préparé à cette déposition, est-ce qu'on

  2   vous a montré, par exemple, d'autres documents, d'autres documents qui

  3   précèdent ce rapport de situation et qui décrivent les pilonnages comme

  4   étant des pilonnages aléatoires et arbitraires ?

  5   R.  Je ne m'en souviens pas.

  6   Q.  [aucune interprétation] 

  7   M. KEHOE : [interprétation]   Nous allons maintenant examiner la pièce P83. 

  8   Q.  Général, il s'agit de votre lettre de protestation. Est-ce que vous

  9   l'avez, vous l'avez rédigée, est-ce que vous l'avez envoyée l'après-midi du

 10   4 août ?

 11   R.  Pardon ?

 12   Q.  Est-ce que cette lettre -- cette lettre, est-ce que vous l'avez envoyée

 13   l'après-midi du 4 août ?

 14   R.  Oui, je le pense.

 15   Q.  Bien. Alors c'est une lettre qui a été envoyée après votre réunion avec

 16   l'ARSK ?

 17   R.  Oui, si cela a été envoyé l'après-midi, oui, puisque d'après le rapport

 18   de situation la réunion a eu lieu à 11 heures 30.

 19   Q.  Bien. Nous allons voir de quelle ville il s'agit.

 20   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que vous pourriez peut-être agrandir le

 21   premier paragraphe où sont mentionnés les villes en question.

 22   Q.  Je vais en choisir quelques-unes : Medak, par exemple. Vous savez qu'il

 23   y avait des tirs d'artillerie contre les villes de Drnis, Medak, Drnis et

 24   d'autres, qui ont provoqué de nombreuses victimes parmi les civils.

 25   Pour ce qui est de Medak à proprement parler, est-ce qu'il y avait des

 26   positions militaires de l'ARSK à Medak qui ont essuyé des tirs ?

 27   R.  Je ne peux absolument pas vous le dire.

 28   Q.  Général, je vais vous demander de vous référer à votre exposé, page 29.

Page 4456

  1   M. KEHOE : [interprétation] Il s'agit de la pièce P401.

  2   Q.  Bien, c'est parfait parce qu'il est question du 5 août, nous parlons du

  3   5 août.

  4   M. KEHOE : [interprétation] Si vous prenez la page suivante, le quatrième

  5   paragraphe à partir de la fin, et non pas le troisième, comme je l'avais

  6   dit.

  7   Q.  "Entre-temps dans la vallée de Medak," ça s'est passé le 5, "le HV a

  8   percé la défense serbe à Medak vers le milieu de l'après-midi le 5."

  9   Général, le 4 et l'après-midi du 5, il y avait quand même des tirs assez

 10   importants dans la zone de Medak, n'est-ce pas ?

 11   R.  Apparemment, oui.

 12   Q.  Quelles étaient les structures civiles de Medak qui ont été touchées

 13   par les tirs d'artillerie ?

 14   R.  Je ne peux pas vous le dire. Comme je vous l'ai déjà dit, c'est un

 15   rapport que j'ai obtenu de mon unité. Vous verrez dans l'un des rapports de

 16   situation que nous indiquons que nous souhaiterions vérifier cela. Parce

 17   que lorsque nous recevons un rapport en règle générale, nous leur demandons

 18   d'aller vérifier si ce qu'ils font figurer dans le rapport de situation est

 19   exact.

 20   Mais vous devrez quand même comprendre que pendant cette période, il

 21   y avait des rapports qui provenaient de toutes les unités et,

 22   malheureusement, nous n'avions pas la capacité nous permettant d'aller

 23   vérifier. Donc tout cela a été indiqué de façon très, très claire dans un

 24   de mes premiers rapports de situation, que nous n'avons pas pu aller

 25   vérifier l'exactitude des faits.

 26   Mais ce que j'ai vu, lorsque je me trouvais sur le balcon - et je le

 27   répète - parce qu'il me semblait qu'il s'agissait de tirs tout à fait

 28   arbitraires, la fumée venait de toute la zone de Knin et dans le rapport

Page 4457

  1   que j'ai reçu de mon unité pour cette ville, il est mentionné exactement la

  2   même chose.

  3   M. KEHOE : [interprétation] Très bien. Nous allons reprendre la

  4   lecture du document P83. Est-ce que vous pouvez agrandir cette pièce à

  5   nouveau.

  6   Q.  Dans cette lettre, vous énumérez des villes et il y a des

  7   allégations qui se trouvent dans cette lettre, cela après la fin de la

  8   guerre.

  9   Commençons par Medak. Est-ce que vous êtes parti là-bas pour vérifier

 10   ?

 11   R.  Non.

 12   Q.  Est-ce que vous avez donné l'ordre à quelqu'un d'y retourner de

 13   vérifier ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Cette lettre, Général, elle a été envoyée à Zagreb pour ensuite être

 16   diffusée à l'intention de la communauté internationale, n'est-ce pas ?

 17   R.  Non. Elle a été envoyée à un observateur militaire, à notre observateur

 18   militaire pour que lui, transmettre les informations à l'officier de

 19   liaison qui transmettait l'information au général Gotovina. Cela n'a pas

 20   été envoyé au monde entier.

 21   Q.  Mais vous voyez en copie, vous voyez --

 22   R.  C'est le commandant, le commandant de l'ONURC, mon chef.

 23   Q.  Al Rodin ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Et est-ce que vous vous attendiez à ce que cela soit diffusé au monde

 26   entier ?

 27   R.  Je ne m'attendais à rien du tout. J'ai envoyé cela à mon chef, ce qu'il

 28   faisait après, ce n'était absolument pas de mon contrôle. Mais pour

Page 4458

  1   répondre à ce que vous avanciez, vous m'avez dit nous ne sommes pas allés

  2   vérifier à Medak, je dirais, que personne parmi les Croates, ils étaient au

  3   courant de cette lettre, personne ne m'a demandé de me rendre là-bas et de

  4   mener une enquête après, après à la fin des problèmes.

  5   Q.  Est-ce qu'ils vous l'ont demandé ?

  6   R.  Est-ce qu'ils me l'ont demandé, non.

  7   Q.  Non, c'est vous qui portez des allégations. Est-ce que vous avez

  8   demandé à y aller ?

  9   R.  Non, je n'ai pas demandé à y aller, ils ne me l'ont pas demandé non

 10   plus.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je suppose que vous souhaitez remettre

 12   en question l'exactitude des observations factuelles de cette lettre,

 13   lettre rédigée dans une situation plutôt chaotique, alors nous avons

 14   compris ce à quoi vous vouliez en venir très clairement.

 15   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, pour en venir à Bunic,

 16   rapidement, je souhaiterais que l'on examine le rapport de situation, pièce

 17   340; P340, devrais-je préciser.

 18   Q.  Il s'agit d'un rapport de situation du 4 août, à

 19   10 heures 20. Est-ce que nous pourrions avoir la page suivante. Il est

 20   question de Bunic au milieu de la page : Bunic se trouve dans une situation

 21   critique. L'armée de la RSK a eu de nombreuses victimes à Bunic.

 22   Le colonel Cevo -- vous connaissez le colonel Cevo, Général ?

 23   R.  Oui, je l'ai rencontré une fois.

 24   Q.  "Le colonel Cevo a donné l'ordre pour que des moyens de transport

 25   soient pris et les soldats tchèques n'ont pas voulu le faire."

 26   Général, vous vous souvenez qu'il y avait à Bunic un poste de

 27   commandement avancé pour Lika et pour l'armée de la RSK, n'est-ce

 28   pas ?

Page 4459

  1   R.  Non, Maître.

  2   Q.  Nous allons toujours continuer l'examen de ce document P83 -- ou plutôt

  3   non, je reformule ma question.

  4   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que nous pourrions reprendre le document

  5   P83. Est-ce que nous pourrions voir le bas de la page.

  6   Q.  Le bas, là où vous avez la ligne qui correspond à la télécopie. Vous

  7   voyez ? Il est question du 12 août, vous avez la date. Général, est-ce que

  8   vous avez un document qui vous permet de savoir que cela a été transmis au

  9   général Gotovina ou à son officier de liaison ?

 10   R.  Comme je l'ai déjà mentionné, lorsque j'ai signé cette lettre et que je

 11   l'ai transmise à mon officier responsable des opérations, c'était soit le

 12   colonel Tymchuk, soit le commandant Balfour, j'ai précisé que je voulais

 13   absolument que cette lettre arrive à son destinataire. Et un peu plus tard,

 14   l'information m'a été relayée, on m'a dit : Cela a été transmis à

 15   l'observateur militaire qui se trouve à Zadar et que cette personne l'a

 16   transmise au capitaine Lukovic qui allait lui-même transmettre cette lettre

 17   au général Gotovina.

 18   Q.  Vous ne savez pas si Tymchuk ou Balfour vous ont dit que cela a été

 19   fait ?

 20   R.  Non, mais s'ils viennent ici, vous pourrez toujours reposer la

 21   question.

 22   Q.  Est-ce que vous avez obtenu une confirmation écrite suivant laquelle

 23   cela avait été envoyé ?

 24   R.  [aucune interprétation]

 25   Q.  Est-ce que vous savez si la personne qui se trouvait à Zadar, qui était

 26   l'observateur militaire de Zadar, l'a obtenue ?

 27   R.  [aucune interprétation]

 28   R.  Vous m'avez posé la même question l'autre fois et je vous avais déjà

Page 4460

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 4461

  1   répondu par la négative : non, je ne m'en souviens pas.

  2   Q.  J'aimerais vous montrer une vidéo que vous n'avez pas vue.

  3   M. KEHOE : [interprétation] 1D28-0028. Je pense qu'il n'y a pas de

  4   problème, nous avions eu quelques problèmes de transmission, mais là c'est

  5   une vidéo de la télévision HTV.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez un texte ?

  7   M. KEHOE : [interprétation] Oui, nous avons transmis le texte aux cabines.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

  9   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que nous pourrions, je vous prie,

 10   commencer par le début.

 11   [Diffusion de la cassette vidéo]

 12   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 13   "Le général de brigade Forand, commandant du secteur sud, a envoyé

 14   une lettre au commandant de la région militaire de Gospic. Le général de

 15   brigade, Mirko Norac proteste de façon véhémente contre les attaques

 16   d'artillerie menées contre Knin, Drnis et Bukovac, au cours desquelles des

 17   civils ont été tués et les postes d'observation du Bataillon tchèque ont

 18   été touchés dans la zone de Gospic et d'Otocac."

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je m'excuse. J'ai remarqué la

 20   différence. Je ne sais pas ce que vous avez donné aux cabines, il se peut

 21   qu'il y ait une erreur. Après tout, nous sommes tous des êtres humains.

 22   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons recommencer la vidéo dès le

 24   début.

 25   M. KEHOE : [interprétation] Je pense que les cabines ont obtenu le texte en

 26   anglais.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Alors recommençons.

 28   [Diffusion de la cassette vidéo]

Page 4462

  1   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  2   "Le général de brigade Forand, le commandant du secteur sud, a envoyé

  3   une lettre au commandant de la région militaire Gospic, le général de

  4   brigade Mirko Norac, dans laquelle il proteste véhément contre les attaques

  5   d'artillerie sur Knin, Drnis et Bukovac au cours desquelles des civils ont

  6   été tués et les postes d'observation du Bataillon thèque ont été touchés

  7   dans la zone de Gospic et d'Otocac. Ils demandent que l'armée croate se

  8   retire de la zone de séparation puisqu'il n'y a aucune raison pour cette

  9   attaque et aucune provocation de la part des Serbes. Les casernes de Knin

 10   et de Petrinja, les postes de commandement des corps et des brigades ainsi

 11   que le transmetteur de relais de radio à Celavac sont des lieux qui ont été

 12   ciblés par l'artillerie de l'armée croate, ce qui signifie qu'il n'y a pas

 13   de bâtiments civils avec des civils serbes non armés qui se trouvaient à

 14   l'intérieur de ces bâtiments."

 15   [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

 16   M. KEHOE : [interprétation]

 17   Q.  Général, j'aimerais vous montrer un autre document, le document P84 -

 18   avant que je ne vous pose quelques questions à propos de cette vidéo ainsi

 19   qu'à propos de ce document.

 20   La pièce P84 est un document du colonel Leslie. Document du 12 août rédigé

 21   par le colonel Leslie et il fait référence au paragraphe 5 à votre lettre

 22   de protestation, donc il faut passer à la page suivante ou même à troisième

 23   page.

 24   Vous voyez cette phrase : "Vous avez en annexe une lettre officielle de

 25   protestation envoyée par le général de brigade Forand, commandant du

 26   secteur sud, au général Gotovina à laquelle vous avez fait référence au

 27   paragraphe 4, cette lettre… "

 28   Nous allons reprendre maintenant le document P83.

Page 4463

  1   Alors vous voyez au bas de la page là vous avez les indications de la

  2   télécopie, nous voyons que cela a été envoyé par votre bureau le 12 août.

  3   Nous voyons également que dans la note de service du colonel Leslie, cela

  4   est mentionné.

  5   Est-ce que vous savez si le colonel Leslie a rappelé le QG du secteur sud

  6   pour obtenir un exemplaire ?

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Tieger.

  8   M. TIEGER : [interprétation] Je ne suis pas un expert en télécopies, mais

  9   je ne sais pas s'il s'agit de la provenance du fax ou de sa destination.

 10   M. KEHOE : [interprétation] Je voulais poser une question au général.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une seconde, une seconde, une seconde.

 12   Vous dites, Maître Kehoe : "Et nous remarquons également que cela est

 13   mentionné dans la note de service du colonel Leslie."

 14   M. KEHOE : [interprétation] Il s'agit de cette lettre.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La lettre.

 16   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La lettre est mentionnée dans la note de

 18   service du colonel Leslie. Mais vous posez des questions à subordonnées

 19   multiples et vous attirez notre attention sur cette ligne de la télécopie,

 20   du fax. Vous nous dites : "Cela a été envoyé le 12," et vous dites : "Et

 21   nous remarquons également que cela est mentionné." Et là, lorsque vous

 22   dites cela, vous ne parlez plus des coordonnées et des détails du fax, mais

 23   vous parlez de la lettre.

 24   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il faudrait quand même que vous essayiez

 26   d'éviter que le témoin ne comprenne pas la teneur même de votre question.

 27   Reformulez votre question et - laissez-moi voir un peu - oui, cela est

 28   mentionné dans la note de service du colonel Leslie, donc cette lettre est

Page 4464

  1   mentionnée.

  2   Est-ce que vous pourriez poser la question, Maître Kehoe ?

  3   M. KEHOE : [interprétation]

  4   Q.  Général, vous avez travaillé au sein du secteur sud. Cette ligne au bas

  5   signifie que cela a été envoyé à partir du secteur sud, n'est-ce pas ?

  6   R.  Je n'en sais rien. Cela n'a aucun sens, c'est pas logique. Cela a été

  7   rédigé le 4. J'ai demandé précisément que cela soit envoyé à l'observateur

  8   militaire alors que cela soit envoyé maintenant par fax le 12 n'a aucun

  9   sens.   

 10   Q.  Est-ce que le colonel Leslie vous a rappelé pour demander un exemplaire

 11   de cette lettre ?

 12   R.  Il avait déjà eu un exemplaire, parce que j'en ai envoyé un le 5 par

 13   l'ONURC, et ce jour-là, c'était le chef d'état-major au QG de l'ONURC.

 14   Q.  Donc vous ne savez pas s'il est venu ou s'il l'a appelé pour avoir

 15   cette lettre ?

 16   R.  Non, je ne le sais pas.

 17   M. KEHOE : [interprétation] Vous avez la pièce 1D28-0028 et je souhaiterais

 18   le versement au dossier de cet extrait vidéo.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger.

 20   M. TIEGER : [interprétation] Pas d'objection.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 22   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D332.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie. La pièce D332 est

 24   versée au dossier.

 25   Poursuivez.

 26   M. KEHOE : [interprétation]

 27   Q.  Général, vous avez indiqué hier, lorsque nous parlions de la défense

 28   des forces de l'ARSK, vous nous avez dit que vous pensiez qu'ils pouvaient,

Page 4465

  1   en quelque sorte, gagner du temps, et ce faisant, obtenir une intervention

  2   des Nations Unies. Vous vous souvenez d'avoir dit cela ?

  3   R.  Je ne me souviens pas avoir parlé d'intervention des Nations Unies. Ce

  4   que j'ai dit c'est qu'ils pouvaient ajouter des positions de défense

  5   secondaires ou tertiaires, et si tel avait été le cas, ils auraient pu

  6   juguler l'avance croate, et à ce moment-là les Nations Unies auraient pu

  7   intervenir pour essayer de rétablir la paix.

  8   Q.  Dans le cadre de cette intervention des Nations Unies, ce qui était

  9   important pour vous et pour le personnel des Nations Unies du secteur sud,

 10   c'était de donner des informations au reste du monde à propos de ce qui se

 11   passait ?

 12   R.  Non, ce n'était pas important. Notre travail consistait à établir des

 13   rapports et ce que nous faisions.

 14   Q.  Général, lorsque vous avez écrit cette lettre, est-ce que vous avez

 15   exagéré les faits pour que cela attire, non seulement l'attention des

 16   Nations Unies à Zagreb, mais également de la communauté des diplomates ?

 17   R.  Non, Maître. Nous établissions des rapports. Ce qui se trouve dans

 18   cette lettre c'est ce que j'ai vu et cela correspond aux éléments

 19   d'information transmis par mes unités. Ce n'était pas une exagération. Cela

 20   représentait la situation telle que je la voyais.

 21   Q.  Pendant votre mission là-bas, est-ce que vous ou l'un de vos officiers

 22   aurait peut-être un peu exagéré la situation pour que cela ait des

 23   retombées diplomatiques ?

 24   R.  Non, Maître.

 25   Q.  J'aimerais attirer votre attention sur la pièce 1D28-0022.

 26   Vous aviez mentionné un peu plus tôt que les deux personnes à qui

 27   vous avez remis cette lettre pour qu'elle soit transmise était soit le

 28   colonel Tymchuk soit le commandant Balfour. Je parle de la lettre du 4

Page 4466

  1   août, et je vois que pour ce qui est de ce rapport de situation du 9 août

  2   1995, la personne qui a rédigé ce rapport c'est le commandant Balfour.

  3   C'est le deuxième paragraphe qui m'intéresse, cela est adressé au QG

  4   de la Défense nationale au Canada de la part du QG du secteur sud. L'objet

  5   c'est "Mise à jour des rapports de situation du secteur sud."

  6   Je remarque qu'il est indiqué 18 heures : "Je suppose que les

  7   rapports de situation exagèrent peut-être la situation pour les retombées

  8   politiques et diplomatiques. Il n'y a pas de véritable problème ici pour ce

  9   qui est de donner de l'eau ou des vivres, et même de la nourriture à 700

 10   réfugiés environ."

 11   Général, il s'agit d'un officier qui est placé sous votre commandement

 12   direct qui dit à vos autorités, aux autorités de la Défense nationale que

 13   les rapports de situation des soldats de maintien de la paix exagèrent la

 14   situation pour ce qui est de l'eau, des vivres, des questions, pour ce qui

 15   est de ce qui se passait au secteur sud.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous pourriez citer, parce

 17   qu'il a dit "qu'il soupçonnait."

 18   M. KEHOE : [interprétation] Oui, "je soupçonne."

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'était pas la même chose --

 20   M. KEHOE : [interprétation] Je comprends, Monsieur le Président.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez.

 22   M. KEHOE : [interprétation]

 23   Q.  Il dit qu'il soupçonnait que les rapports de situation des forces de

 24   maintien de la paix des Nations Unies exagéraient la situation à des fins

 25   politiques et diplomatiques.

 26   Alors, est-ce que vous pourriez nous dire ce qu'il en est de cette

 27   exagération ? Que soupçonne le commandant Balfour pour ce qui aurait été

 28   fait sur l'arène diplomatique ou politique ?

Page 4467

  1   R.  Je n'en sais rien. Posez-lui la question. Je ne connais pas -- je n'ai

  2   jamais vu ce rapport de situation. Manifestement, il y avait des éléments

  3   d'information qui étaient transmis par lui à une personne au QG de la

  4   Défense nationale à Ottawa, mais je n'ai jamais vu ce rapport de situation.

  5   Q.  Bien, Général. Le commandant Balfour a été le rédacteur de nombreux

  6   rapports de situation qui étaient envoyés au QG de Zagreb, n'est-ce pas ?

  7   R.  Pour ceux que j'ai signés, oui.

  8   Q.  Vous n'êtes pas au courant de celui-ci ?

  9   R.  Je ne vois pas mon nom sur ce rapport de situation. Je ne me souviens

 10   pas avoir jamais obtenu d'éléments d'information à ce sujet.

 11   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que le moment

 12   est venu de verser au dossier la pièce 1D28-0022.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger.

 14   M. TIEGER : [interprétation] Pas d'objection.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 16   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D333.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D333 est versée au dossier.

 18   Poursuivez.

 19   M. KEHOE : [interprétation]

 20   Q.  Nous allons en rester à cela. Hier nous avons parlé de gagner du temps

 21   et de la publicité. Alors vous vous souvenez, vous avez dit à la page ou 4

 22   356, que : "A votre avis, si l'ARSK avait eu une capacité suffisante de

 23   défense, potentiellement les Nations Unies auraient exercé des pressions

 24   sur les deux camps pour essayer de faire en sorte que la paix reprenne."

 25   Je vais attendre la fin de l'interprétation.

 26   Il y avait un programme qui était intitulé : "Présence active," à l'époque,

 27   n'est-ce pas ?

 28   R.  De quoi s'agit-il ?

Page 4468

  1   Q.  Je vais vous montrer la pièce D288.

  2   M. KEHOE : [interprétation] C'est la page suivante qui m'intéresse.

  3   Q.  Cela est intitulé "Présence active," la date est la date du 24 juillet

  4   à 14 heures. Ce que j'avance c'est que cela a été signé par le général de

  5   division Al Rodin.

  6   M. KEHOE : [interprétation] Si nous prenons la deuxième page, vous avez un

  7   paragraphe intitulé "Mission."

  8   Q. La mission de l'ONURC, à la suite de cet ordre était "d'apporter son

  9   soutien au processus politique en essayant de faire en sorte qu'il n'y ait

 10   pas de renouvellement des hostilités," n'est-ce pas ?

 11   R.  Je ne m'en souviens pas. Il faudrait que je lise tout le document et

 12   puis ensuite je pourrais vous répondre.

 13   Q.  Vous pouvez revenir là-dessus ?

 14   R.  Oui, si vous me donnez un exemplaire, je le lirai pendant le déjeuner,

 15   mais pour le moment ça n'évoque rien pour moi.

 16   Q.  Pour ce qui est de votre mission, en fait, nous allons parler de vos

 17   actions. Lorsque vous êtes arrivé en juillet, vous avez commencé à envoyer

 18   davantage de soldats ou d'hommes au niveau des postes d'observation ?

 19   R.  Non. Mon plan était d'augmenter le nombre de postes d'observation dans

 20   certains secteurs, mais nous avons commencé, me semble-t-il, le 1er août à

 21   déplacer certains éléments des bataillons tchèque, jordanien et canadien,

 22   parce qu'il était envisagé de créer davantage de postes d'observation dans

 23   la Dinara là où se trouvaient les Kényans.

 24   Q.  Vous l'avez fait cela dès votre arrivée ?

 25   R.  Dès que je suis arrivé sur le théâtre des opérations ?

 26   Q.  Oui, lorsque vous avez fait le point de la situation.

 27   R.  Oui, j'ai commencé à planifier cela.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe et Monsieur Forand, une

Page 4469

  1   légère pause serait certainement très utile.

  2   M. KEHOE : [interprétation] -- pardon.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

  4   M. KEHOE : [interprétation]

  5   Q.  Vous ne leur avez pas donné l'ordre - en fait, vous leur avez donné

  6   l'ordre, n'est-ce pas, qu'il ne fallait pas qu'il se retire de leurs

  7   positions au cas où il y aurait un conflit sans que vous leur donniez

  8   l'autorisation de le faire, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui.

 10   M. KEHOE : [interprétation] Passons maintenant à la page 6 de ce document

 11   et à la page suivante.

 12   Q.  Dans le paragraphe A, au point 4, il est dit : "Action au cas où il y

 13   aurait des hostilités de nouveau," il est dit : "Les forces de l'ONURC vont

 14   rester sur leurs positions s'il y a de nouvelles hostilités, et toutes les

 15   actions nécessaires pour l'autodéfense seront entreprises. Les forces de

 16   l'ONURC ne vont pas se retirer et ne vont pas abandonner leurs positions

 17   sans l'autorisation préalable. Les parties au conflit doivent être

 18   informées de nos intentions à cet égard."

 19   Mon Général, cela est conforme à ce que vous faisiez, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  L'avez-vous fait après en avoir consulté le général Rodin ?

 22   R.  Oui, je l'ai commencé même avant de l'avoir reçu. Je voulais augmenter

 23   la sécurité de mes postes d'observation.

 24   Q.  Et de même après, étiez-vous en communication avec le général Rodin au

 25   sujet de ce que vous deviez faire ?

 26   R.  Bien, il savait que nous étions en train d'améliorer notre sécurité.

 27   Q.  En plus de cela, Mon Général, vous aviez un officier chargé des

 28   informations publiques qui s'appelait M. Roberts ?

Page 4470

  1   R.  Il ne relevait pas de mon commandement, mais il faisait partie de

  2   l'ONURC.

  3   Q.  Est-ce que vous lui donniez des informations qu'il fallait diffuser ?

  4   R.  Bien, il recevait des rapports comme tous les autres.

  5   Q.  Le général Leslie a émis des commentaires aux médias s'agissant de ce

  6   qui s'est passé avant et pendant l'opération Tempête. Est-ce qu'il l'a fait

  7   avec votre autorisation ?

  8   R.  Je ne savais pas qu'il l'a fait, qu'il l'avait fait avant le 4. Pour ce

  9   qui est du 4 et 5, je n'ai eu que deux entretiens, et c'était soit M.

 10   Roberts ou le colonel Leslie qui les ont menés.

 11   Q.  Passons maintenant à la page précédente. Il s'agit d'un programme en

 12   différentes phases pour le secteur sud. Vous aurez l'occasion de lire ce

 13   document un peu plus tard.

 14   Il est dit : "Phase 1, développer et mise en œuvre une campagne

 15   d'information du public," puis on dit qu'il faut prendre des décisions

 16   s'agissant du déploiement des forces.

 17   Puis, "Phase 2, continuer la campagne d'informer d'une manière active le

 18   public," puis on parle également du redéploiement des forces.

 19   C'est-à-dire que vous aviez une campagne ou plutôt un programme pour

 20   informer le public à partir du secteur sud par le truchement du colonel

 21   Leslie et M. Roberts, n'est-ce pas ?

 22   R.  Je ne m'en souviens pas. Il faudrait que j'examine tout le document

 23   pour voir à quoi il se réfère. Ici on fait état d'une annexe et je ne sais

 24   pas s'il s'agissait d'une information, des renseignements adressés au

 25   public ou bien d'une campagne.

 26   Q.  Bien, passons à la phase numéro 3, paragraphe (ii), il est dit :

 27   "Lorsque cela est possible, il faut s'interposer entre les parties au

 28   conflit au mont Dinara."

Page 4471

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 4472

  1   C'est ce que vous avez dit à vos soldats de faire, n'est-ce

  2   pas ?

  3   R.  Oui, c'est ce qu'envisageais de faire.

  4   Q.  Mon Général, nous en avons déjà parlé, vous le faisiez - et là je parle

  5   de vous interposer entre les parties au conflit - afin de gagner du temps

  6   pour les Nations Unies pour pouvoir intervenir, n'est-ce pas ?

  7   R.  Non, ce n'était pas pour gagner du temps. La seule raison était que je

  8   voulais avoir une meilleure idée dans cette zone de séparation, parce que

  9   la distance entre certains postes d'observation était de 3 ou 4 kilomètres

 10   et dû aux activités sur places, je voulais avoir de meilleurs

 11   renseignements. Ce n'était pas pour gagner du temps, c'était pour avoir de

 12   meilleurs renseignements.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger.

 14   M. TIEGER : [interprétation] Le document dont nous parlons est en date du

 15   1er août.

 16   M. KEHOE : [interprétation] Non, c'est du 24 juillet.

 17   M. TIEGER : [interprétation] Excusez-moi. Oui. Vous avez raison. Mais de

 18   toute façon c'était avant l'opération Tempête.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] N'essayez pas maintenant de faire des

 20   commentaires sur le document.

 21   M. TIEGER : [interprétation] Mais on est en train de confronter le témoin

 22   avec une déposition précédente qui se réfère à une autre période et à un

 23   autre sujet.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le témoin est en train de répondre aux

 25   questions que Me Kehoe lui a posées relatives au document émanant du

 26   général Janvier envoyé à Kofi Annan, et je vois qu'il n'est pas dit

 27   précisément qui a reçu quels ordres, quelles missions et ce qu'il faut

 28   faire.

Page 4473

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Excusez-moi. Mais le document que je vois à

  2   l'écran n'est pas le document adressé à Kofi Annan, mais il s'agit d'une

  3   directive adressée du général Rodin à son commandant du secteur.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Vous voyez, là il s'agit d'un

  5   document envoyé par M. Janvier à M. Annan, d'après ce que je vois à la

  6   première page.

  7   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Et il s'y trouve

  8   également, il est dit que c'est une copie de QG de l'ONURC, l'ordre en date

  9   du 24 juillet 1995 est attaché à cette lettre.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord.

 11   Veuillez poursuivre, Maître Kehoe.

 12   M. KEHOE : [interprétation]

 13   Q.  Mon Général, vous aurez l'occasion de voir cela. Passons maintenant à

 14   la deuxième page, s'il vous plaît.

 15   En haut de la page, il est dit : "S'agissant des forces amies," il est dit

 16   que : "Les forces de maintien de la paix à Zagreb vont prêter secours à

 17   l'opération présence active et qu'une campagne de presse est créée afin de

 18   montrer que l'ONURC fait tout son possible pour mettre en œuvre la

 19   résolution du Conseil de sécurité 981 et que le retrait de l'ONURC aurait

 20   pour conséquence l'intensification du conflit."

 21   Mon Général, procédons par étape. Avant l'opération Tempête, vous avez

 22   ajouté des postes d'observation supplémentaires dans la zone de séparation

 23   ?

 24   R.  J'envisageais de le faire et je pense que je pouvais le faire et qu'il

 25   y aurait deux postes d'observation supplémentaires dans les zones du

 26   Bataillon canadien et tchèque, c'est tout.

 27   Q.  Et vous avez dit au commandant et aux côtés de l'ARSK et au général

 28   Gotovina que vous alliez le faire, que cela leur plaise ou pas ?

Page 4474

  1   R.  J'étais là pour les informer là-dessus pour leur dire que c'était mon

  2   intention et pour voir que si cela a créé des problèmes importants, que

  3   dans ce cas-là il fallait qu'ils acceptent la situation parce que je

  4   n'allais pas demander leur permission de le faire.

  5   Q.  Pendant l'opération Tempête, le secteur sud de l'ONU a reçu ou envoyé

  6   une série de transmissions que vous avez commencé à envoyer vers la mi-

  7   journée, vous les avez envoyées à Zagreb et vous avez dit que les tirs des

  8   forces croates sont faits d'une manière arbitraire, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  De plus, M. Roberts et le colonel Leslie ont parlé aux médias et ils

 11   leur décrivaient ce qui s'est passé sur la ligne de front, n'est-ce pas ?

 12   R.  Je sais que je devais demander au colonel Leslie de répondre à cette

 13   demande parce que moi, je n'avais pas le temps de le faire.

 14   Q.  Et c'est le même colonel Leslie qui ce matin a décrit le pilonnage

 15   pendant l'opération Tempête et qu'il y aurait entre 10 000 et 25 000

 16   personnes tuées lors de cette opération ?

 17   R.  Bien, il n'y avait qu'un seul colonel Leslie dans mon QG.

 18   Q.  Etait-ce l'opération dans le secteur sud de l'ONU, Mon Général, et que

 19   là il y aurait toute une série d'exagérations lors de cette tempête et que

 20   ces exagérations ont eu lieu pour que vous puissiez gagner du temps afin

 21   que l'intervention des Nations Unies ait lieu ?

 22   R.  C'est la troisième fois que vous me posez la même question et je vous

 23   dis non.

 24   M. KEHOE : [aucune interprétation]

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le témoin a raison d'attirer votre

 26   attention sur le fait que vous posez les mêmes questions plusieurs fois.

 27   M. KEHOE : [interprétation]

 28   Q.  Passons maintenant à la situation s'agissant du personnel de l'ONU qui

Page 4475

  1   ont été pris par les forces de l'armée croate - et maintenant j'essaie de

  2   trouver dans quel document l'on fait état de cette situation - c'est la

  3   pièce P343. J'aimerais que la pièce soit affichée à l'écran. Passons à la

  4   cinquième page, s'il vous plaît. Cinquième page en haut, encore trois

  5   pages, s'il vous plaît.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, vous devez vous référer au

  7   numéro de la page tel qu'il est indiqué dans le système du prétoire

  8   électronique. Parce que tout à l'heure vous avez dit qu'il s'agissait de la

  9   page 2, en fait c'était en haut de la page 3. Chaque fois que vous indiquez

 10   le numéro de la page, il faut indiquer le numéro tel qu'il est indiqué dans

 11   le document, inséré dans le système du prétoire électronique.

 12   Veuillez poursuivre. Est-ce que nous voyons la page correcte ?

 13   M. KEHOE : [interprétation] Oui.

 14   Q.  En bas de la page, il est dit qu'il s'agissait des actes contre la

 15   FORPRONU. "Les attaques délibérées, les troupes de l'armée croate ont

 16   encerclé et ont désarmé un grand nombre d'observateurs dans le secteur.

 17   Certains des soldats de l'ONU qui se trouvaient dans ces postes

 18   d'observation ont été emmenés par le côté croate dans la zone de

 19   séparation. En tout, les troupes croates ont emmené un total de 40 soldats

 20   du Bataillon kényan, ils les ont pris comme otages…"

 21   Est-ce que vous avez dit dans votre correspondance qu'ils étaient des

 22   prisonniers ?

 23   R.  Il faudra me montrer une lettre de la sorte.

 24   Q.  Mais avant de passer à d'autres lettres, s'agissant de ces soldats

 25   kényans, à un moment vous avez demandé de l'aide aérienne pour les

 26   Canadiens afin d'empêcher les soldats croates d'avancer dans ces zones.

 27   R.  A un moment donné, nous avons demandé du QG de l'ONURC l'aide aérienne

 28   pour le Bataillon canadien, et à un moment donné cela a été demandé pour le

Page 4476

  1   Bataillon tchèque qui avait certains problèmes avec une organisation

  2   musulmane provenant de la zone de Bihac.

  3   Q.  S'agissant de cette aide aérienne, vous l'avez demandée de Zagreb ?

  4   R.  Oui, parce que je n'avais pas d'autorité de commandement sur ces

  5   soldats.

  6   Q.  S'agissant de ce cas particulier, lorsque vous avez demandé cette aide

  7   aérienne rapprochée, c'était pour menacer que vous alliez bombarder ces

  8   gens, n'est-ce pas ?

  9   R.  C'était utilisé comme menace pour les Croates afin de ne pas expulser

 10   les Canadiens à ces postes d'observation.

 11   Q.  Mais ma question était de savoir si c'était une menace et que vous

 12   alliez bombarder ces gens et ces troupes, n'est-ce pas ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Puis-je --

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Arrêtez un instant. Nous devons attendre

 15   la fin de l'interprétation en français.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne vois plus à l'écran la question posée.

 17   Pourrais-je la voir ?

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que vous pouvez lire le

 19   transcript et tant que le texte avance à l'écran, je vous prie d'attendre

 20   avant de donner la réponse.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne le voyais pas à l'écran, je ne voyais

 22   pas le transcript à l'écran, c'est pour cela.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord.

 24   Maître Kehoe, pourriez-vous répéter votre question, s'il vous plaît.

 25   M. KEHOE : [interprétation]

 26   Q.  Mon Général, je sais que vous vouliez dissuader la HV d'avancer dans

 27   cette zone, mais cela s'est passé avec la menace que vous alliez bombarder

 28   leurs unités, n'est-ce pas ?

Page 4477

  1   R.  Oui, c'était ça l'objectif, parce que sinon il n'aurait pas de menace.

  2   Q.  Et de même, vous nous avez dit que lorsque vous vous êtes rendus à

  3   Zagreb, c'était quelque chose que vous envisagiez s'agissant du cas lorsque

  4   les Kényans ont été pris comme otages ?

  5   R.  Non, parce que nous avions de bonnes communications avec les Canadiens,

  6   mais s'agissant des Kényans, c'était trop tard parce qu'ils étaient déjà

  7   pris par les Croates.

  8   Q.  Vous avez demandé ou ordonné cette aide aérienne rapprochée dans la

  9   zone du Bataillon canadien lorsque vous avez appris qu'il y avait des

 10   problèmes s'agissant des forces de l'ARSK qui se trouvaient près des postes

 11   d'observation, n'est-ce pas ?

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, je pense que vous voulez

 13   dire, vous avez demandé cette aide.

 14   M. KEHOE : [interprétation] Oui, demandé.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, donc c'était bien cela votre

 16   question.

 17   M. KEHOE : [interprétation]

 18   Q.  C'est-à-dire que vous avez demandé l'aide aérienne rapprochée lorsque

 19   vous vous êtes rendu compte qu'il y avait un problème s'agissant des forces

 20   de l'ARSK qui se trouvaient près des postes d'observation ?

 21   R.  A ma connaissance il n'y avait pas de forces de l'ARSK près des postes

 22   d'observation.

 23   Q.  A votre connaissance ?

 24   R.  Oui, à ma connaissance.

 25   Q.  Et vous n'avez pas reçu des rapports de situation, où l'on disait qu'il

 26   y avait des forces de l'ARSK qui se trouvaient près de votre poste

 27   d'observation ?

 28   R.  Pas dans la zone du Bataillon canadien, non.

Page 4478

  1   Q.  Bon. Passons maintenant à 1D28-0017. En bas de la page c'est le

  2   troisième paragraphe, c'est le général Janvier qui l'a envoyé à Kofi Annan

  3   le 5 août. "Je regrette, parce qu'il y a une confusion suite à l'emploi du

  4   terme de prisonniers dans la référence C. Cela dit, les forces croates

  5   avancent et les postes d'observation des Nations Unies sont chassés d'une

  6   manière systématique suite à quoi il y a une confusion considérable qui

  7   s'est instaurée. C'est pourquoi il a été supposé que les soldats des

  8   Nations Unies qui avaient été pris par les forces croates étaient en fait

  9   prisonniers. Certains de ces soldats sont rentrés récemment et ils ont dit

 10   que les forces croates ont escorté par la force les soldats des Nations

 11   Unies à d'autres endroits, mais ne les ont pas traités en tant que

 12   prisonniers."

 13   Mon Général, dans votre correspondance initiale avec Zagreb, vous

 14   avez dit que ces gens étaient prisonniers ?

 15   R.  Bien, ils étaient pris comme otages, mais je pense que la conclusion

 16   pourrait être la même. Lorsque que M. Akashi a écrit cette lettre, c'était

 17   ça ce que nous pensions, mais après nous avons appris que les Croates les

 18   ont traités d'une autre manière. A l'époque je ne disposais pas de cette

 19   information et l'information a été que ces gens ont été chassés par la

 20   force. A mon avis, il s'agissait qu'ils étaient traités comme otages.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Forand, j'ai une question très

 22   générale pour vous. Dans vos rapports, avez-vous, soit pour les besoins des

 23   médias ou pour des besoins politiques, avez-vous exagéré les renseignements

 24   dont vous disposiez ou bien vous avez envoyé des rapports les plus précis

 25   possible au moment où vous pensiez que ce que vous écriviez correspondait

 26   vraiment à la

 27   réalité ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] A mon avis, je n'ai jamais exagéré quoi que ce

Page 4479

  1   soit. Je me basais sur des informations que nous recevions et je les

  2   transmettais. C'est tout.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, c'est une question plutôt

  4   générale et nous avons entendu beaucoup de questions et beaucoup de

  5   réponses dans ce même contexte, et je pense que vous pourriez maintenant

  6   passer à un autre sujet.

  7   Veuillez poursuivre.

  8   M. KEHOE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  9   Q.  Mon Général, j'aimerais maintenant attirer votre attention sur 1D28-

 10   0001. Cinquième paragraphe. Il s'agit d'une transmission envoyée du

 11   ministère de la Défense des Nations Unies en date du 6 août, le cinquième

 12   paragraphe. 

 13   Il est dit dans la première phrase : "Il y a des rapports selon

 14   lesquels les postes d'observation des Nations Unies sont pris pour cibles

 15   délibérément et cela n'est pas exact." C'est vrai, n'est-ce pas, que les

 16   postes d'observation n'étaient pas pris pour cibles d'une manière délibérée

 17   ?

 18   R.  Il y en avait certains qui avaient été pris pour cibles.

 19   Q.  J'aimerais maintenant que l'on examine la pièce D29. Vous avez parlé du

 20   pilonnage de Knin lors de votre déposition et dans vos déclarations. Dans

 21   le deuxième paragraphe c'est M. Akashi qui a envoyé cette lettre à M.

 22   Annan. 

 23   "Mon impression globale s'agissant de la ville de Knin est que cette

 24   ville a subi des dégâts considérables émanant des tirs d'artillerie. C'est

 25   évident dans les rues où j'ai pu voir que bien des magasins et des fenêtres

 26   ont été brisés et que les voitures ont été endommagées, et qu'il y avait

 27   des traces de projectiles tombés. Cela dit, s'agissant des structures de la

 28   ville, les dégâts sont faciles à observer mais il y en a moins que je ne le

Page 4480

  1   pensais."

  2   Saviez-vous, Mon Général, quels étaient les dégâts et que les gens tels que

  3   M. Akashi s'attendaient à voir certains dégâts et qu'en fait il y en avait

  4   moins qu'ils ne le pensaient ?

  5   R.  M. Akashi ne m'a pas dit qu'il avait vu ça.

  6   Q.  Mon Général, l'information que vous avez reçue par vos subordonnés tels

  7   que le colonel Leslie s'agissant de ces choses, à savoir le pilonnage de

  8   Knin, ces informations ont été grossièrement exagérées de même que son

  9   estimation du nombre de personnes tuées lors du pilonnage ?

 10   R.  Je ne pensais pas que c'était exagéré. J'avais entièrement confiance

 11   dans sa capacité d'évaluer en tant qu'officier d'artillerie ce qui se

 12   passait et de commenter sur le pilonnage.

 13   Q.  Vous vous êtes fondé sur ce que le général Leslie vous a dit lorsque

 14   vous preniez vos décisions ?

 15   R.  Bien, il était mon chef d'état-major.

 16   Q.  Passons maintenant --

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, lorsque vous parlez des

 18   évaluations, quelles sont les évaluations auxquelles vous vous référez ?

 19   S'agit-il des évaluations dont on a parlé dans cette émission de radio ou

 20   bien de celles consignées dans les rapports ? Parce que je pense que nous

 21   avons parlé de 10 000 à 25 000 personnes et le témoin vous a répondu à ce

 22   sujet. 

 23   Maintenant je ne comprends plus, quelle est l'évaluation à laquelle

 24   vous vous référez ? 

 25   M. KEHOE : [interprétation] Je vais revenir pour l'illustrer. J'essayais

 26   d'avancer un peu plus vite.

 27   Q.  Mon Général, j'aimerais revenir à ce que vous avez dit à la page du

 28   compte rendu d'audience 4115, lorsque vous avez dit que vous observiez le

Page 4481

  1   pilonnage pendant une dizaine de minutes, et à la ligne 8, vous parliez

  2   d'autres personnes qui y étaient, et vous dites : "Il semblait que ceux qui

  3   observaient le pilonnage considéraient qu'il s'agissait d'un pilonnage

  4   arbitraire et qu'il n'y avait pas de cible militaire là-bas." Et je pense

  5   que vous l'avez dit avant-hier. 

  6   La personne dont vous parliez était le colonel Leslie, n'est-ce pas ?

  7   R.  Le colonel Leslie n'y était pas. Mais il y avait cinq ou six autres

  8   officiers de mon QG, mais je ne me souviens pas que le colonel Leslie y

  9   était à l'époque.

 10   Q.  Est-ce que le colonel Leslie vous a parlé pendant cette journée-là

 11   qu'il était arrivé à la conclusion qu'il s'agissait d'un pilonnage

 12   arbitraire et qu'il n'y avait pas de cible militaire

 13   là-bas ?

 14   R.  Bien, il aurait dû m'en parler ce jour-là, oui, avant que je n'aie

 15   rédigé cette lettre.

 16   Q.  Vous vous êtes basé sur ces informations lorsque vous avez rédigé cette

 17   lettre ?

 18   R.  Oui, je me suis fondé sur ce qu'il m'a dit et sur ce que m'ont dit

 19   d'autres personnes.

 20   Q.  Mon Général, j'aimerais maintenant vous montrer --

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, je vois l'heure qu'il est.

 22   M. KEHOE : [interprétation] Je vais bientôt finir. Juste encore un sujet et

 23   je finirai dans quelques instants.

 24   C'est 1D17-0106.

 25   Q.  Mon Général, il s'agit d'une recommandation. Est-ce qu'on pourrait

 26   passer à la page suivante, s'il vous plaît. Encore une page. Il s'agit

 27   d'une recommandation que vous avez signée vous-même, vous proposez que l'on

 28   remette une récompense au colonel Leslie. Est-ce que l'on pourrait passer à

Page 4482

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 4483

  1   la page suivante ?

  2   R.  Est-ce que je peux lire cela ? Oui, c'est bon.

  3   Q.  Page suivante. Il s'agit d'une recommandation pour bon état de service.

  4   Vous recommandez qu'on lui remette la croix militaire. Paragraphe 2 :

  5   "Pendant les barrages d'artillerie intenses sur Knin le 4 août 1995, le

  6   colonel Leslie s'est rendu compte qu'une quarantaine d'employés de l'ONU

  7   étaient piégés dans la résidence dans le centre-ville. Oubliant sa propre

  8   sécurité il a organisé et participé à plusieurs missions de sauvetage afin

  9   de les récupérer et de les conduire au camp de l'ONU où ils seraient

 10   relativement plus en sécurité en se servant de transport de troupes blindé.

 11   Son intervention déterminante a presque certainement sauvé de nombreux

 12   employés de l'ONU qui auraient pu être gravement blessés ou tués."

 13   R.  Est-ce joint en annexe à ce que vous m'avez montré plus

 14   tôt ? Qu'est-ce qui se trouve en haut de la page ?

 15   Q.  Il s'agit d'un numéro de page.

 16   R.  Mais c'est lié au document précédent ?

 17   Q.  Oui, il s'agit d'un seul et même document qui comporte plusieurs pages.

 18   R.  Non, je pensais juste qu'il y avait quelque chose qui avait été rédigé

 19   en haut de la page. Je vois la date, il s'agit du mois de novembre.

 20   Q.  C'est à cette date que le document a été communiqué, apparemment il

 21   s'agit du département de la justice. Vous avez signé ce document le 10

 22   octobre 1995.

 23   R.  Oui, mais là on dirait qu'il est question du mois de novembre, alors

 24   j'essaie de me souvenir si j'ai signé seulement la première partie. Je ne

 25   me souviens pas de cela. Est-ce que vous savez comment ça se passe au

 26   Canada pour ce qui est de la délivrance de médaille ?

 27   Q.  Non, pas vraiment. Mais cela a été communiqué par la Défense nationale,

 28   et il s'agit d'une proposition pour le général Leslie.

Page 4484

  1   R.  En fait, j'ai fait une recommandation mais comme j'étais commandant du

  2   secteur, je n'étais pas considéré par les Canadiens comme un Canadien mais

  3   comme un membre de l'ONU. J'ai dû cette recommandation au commandant du

  4   contingent, le colonel Daigle, dont le nom apparaît sur la première page.

  5   Puis il a fallu envoyer le document au QG de la Défense nationale, il y a

  6   un comité qui se réunit alors et si on parvient à un accord on recommande

  7   qu'une médaille soit délivrée à la personne en question. L'intéressé n'est

  8   pas au courant jusqu'au dernier moment qu'il va recevoir une médaille, il

  9   ne contient pas la teneur de la recommandation, donc c'est au dernier

 10   moment que l'on lui lit le texte.

 11   Q.  Est-ce que l'on pourrait voir la page 2, on voit votre signature ?

 12   R.  Bien.

 13   Q.  Page suivante de ce document, s'il vous plaît. C'est bien votre

 14   signature qui apparaît au bas de cette page ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Peut-on revoir la page précédente, s'il vous plaît, rapport 2. Il est

 17   question des activités du colonel Leslie. Vous dites qu'il a sauvé 40

 18   employés de l'ONU et que son intervention a été déterminante pour sauver de

 19   nombreux employés qui risquaient d'être gravement blessés ou tués. Vous

 20   avez un peu exagéré, n'est-ce pas ?

 21   R.  Comment cela ?

 22   Q.  Il n'a pas fait, n'est-ce pas ?

 23   R.  Il ne l'a pas fait personnellement, mais il a organisé l'opération, il

 24   y a participé, je me souviens qu'il a participé au moins à deux

 25   récupérations. Mais le fait est qu'il a organisé ces missions qui avaient

 26   pour but de récupérer ces personnes.

 27   Q.  Il est indiqué ici qu'il a pris part à plusieurs missions de sauvetage.

 28   Il ne l'a pas fait, n'est-ce pas ?

Page 4485

  1   R.  Moi je sais qu'il a participé au moins à deux opérations.

  2   Q.  Savez-vous, Général, que M. Leslie a dit devant ce Tribunal, page 2

  3   117, la chose suivante : "La première fois que j'ai appris cette

  4   recommandation, je n'étais pas au courant avant cela, c'est lorsque je suis

  5   allé au siège du gouvernement, je me suis entretenu avec le vice-chef

  6   d'état-major chargé de la défense et il a dit : 'Je pense que vous vous

  7   êtes trompé, enfin je pense que vous parlez de 30 ou 40 civils qui ont été

  8   déplacés et qui se trouvaient à l'hôpital auparavant.' Donc après une

  9   petite conversation il m'a

 10   dit : 'Mais ça suffit. Vous allez la recevoir pour avoir effectué ces

 11   missions.'"

 12   Général, où avez-vous appris que le colonel Leslie avait participé à ces

 13   missions de sauvetage ?

 14   R.  Je le savais personnellement, parce que l'histoire des 40 employés, ce

 15   n'est peut-être pas le cas, mais je me souviens qu'il est allé sur place,

 16   qu'il a récupéré des gens en ville, le 4 au matin, très tôt.

 17   Q.  Qui vous l'a dit ?

 18   R.  On me l'a rapporté. C'était soit le colonel Tymchuk soit le commandant

 19   Balfour.

 20   Q.  Tymchuk ou Balfour ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Est-ce que ça vous surprendrait d'apprendre que le colonel Leslie

 23   maintient qu'il n'a fait qu'un seul voyage, c'était pour récupérer

 24   plusieurs employés de l'ONU et c'est tout ?

 25   R.  Bien, si vous le dites.

 26   M. KEHOE : [interprétation] L'heure est venue, je pense, de faire la pause.

 27   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons suspendre l'audience, nous

Page 4486

  1   reprendrons à 12 heures 55.

  2   --- L'audience est suspendue à 12 heures 36.

  3   --- L'audience est reprise à 12 heures 57.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, la Chambre vous a accordé

  5   du temps supplémentaire pour le contre-interrogatoire. Pendant la pause, la

  6   Chambre a examiné la situation et à l'unanimité conclut que si nous avions

  7   été au courant de la manière dont vous alliez vous servir de ce temps

  8   supplémentaire, nous ne vous l'aurions pas accordé.

  9   Peut-être que ce n'est pas utile pour vous de le savoir maintenant,

 10   mais à l'avenir soyez en conscient.

 11   Nous n'annulerons pas toutefois notre décision. 

 12   Monsieur Forand, même si nous n'avions pas accordé ce temps supplémentaire,

 13   de toute façon, ça n'aurait rien changé pour vous.

 14   Veuillez poursuivre, Maître Kehoe, il vous reste 59 minutes. Il serait bon

 15   que vous en terminiez en 46 minutes, nous vous en serions reconnaissants.

 16   Nous vous encourageons à le faire, mais bon, le temps qui vous a été

 17   accordé le reste.

 18   Poursuivez.

 19   M. KEHOE : [interprétation] Très bien. Je passe à la vitesse supérieure.

 20   Q.  Le général Gotovina a menacé Alun Roberts qu'il a qualifié d'espion et

 21   de provocateur, me semble-t-il ?

 22   R.  Je ne me souviens pas des termes exacts qu'il a utilisés mais cela a

 23   été consigné dans mon rapport de situation.

 24   Q.  Vous étiez au courant de l'animosité entre M. Roberts et le général

 25   Gotovina, cela datait d'avant l'opération Tempête, n'est-ce pas ?

 26   R.  J'ai vu quelque chose qui m'a été présenté et apparemment c'était le

 27   cas.

 28   Q.  Est-ce que vous avez discuté de cette animosité entre les deux hommes ?

Page 4487

  1   R.  Est-ce qu'ils m'en ont parlé ?

  2   Q.  Oui.

  3   R.  L'un ou l'autre ?

  4   Q.  Oui, l'un ou l'autre.

  5   R.  Je ne m'en souviens pas.

  6   Q.  Le général Gotovina a accusé M. Roberts d'être un espion. L'était-il ?

  7   R.  M. Roberts, un espion, non, pas à ma connaissance. Il aurait espionné

  8   pour qui ?

  9   Q.  Est-ce qu'il communiquait directement ou indirectement des informations

 10   aux autorités serbes ?

 11   R.  Pas à ma connaissance, Maître.

 12   M. KEHOE : [interprétation] Nous reviendrons là-dessus avec d'autres

 13   témoins, Monsieur le Président.

 14   Q.  Revenons maintenant sur d'autres questions abordées dans le cadre de

 15   votre témoignage. A la page 4 143, ligne 19 de votre déposition, à

 16   l'audience, vous avez dit : "Oui, parce que les pillages que j'ai observés

 17   ont eu lieu le 5 lorsque je rentrais de l'hôpital, et ces pillages ont eu

 18   lieu également devant le QG lorsque nous étions encerclés. Certaines des

 19   personnes déplacées à l'intérieur des frontières avaient abandonné leurs

 20   véhicules devant le portail et il n'y avait manifestement pas de place dans

 21   mon camp. Nous avons vu des soldats de la HV qui pillaient le contenu de

 22   ces véhicules."

 23   Lorsque vous êtes rentré de l'hôpital le 5, vous avez dit : "Les pillages

 24   que j'ai observés ont eu lieu le 5 lorsque je suis rentré de l'hôpital."

 25   Alors à cet égard, je souhaiterais vous montrer tout d'abord 1D28-0150. En

 26   attendant que ce document soit affiché à l'écran, Général, vous avez

 27   indiqué que vous aviez récupéré des membres de la MOCE et que vous les

 28   aviez ramenés au camp.

Page 4488

  1   R.  Oui, c'est exact.

  2   Q.  C'est un rapport de la MOCE concernant le 5 août 1995 à 12 heures 45.

  3   Au paragraphe 3, il est question des cinq transports de troupes qui sont

  4   allés à l'hôpital et qui sont retournés au camp en passant par la ville. Au

  5   paragraphe 4, il est dit que : "Sur le chemin du retour en passant par la

  6   ville, le véhicule a été intercepté par cinq chars de la HV." C'est ce que

  7   vous avez vu en traversant la ville ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Au paragraphe 6, il est dit que : "Ces soldats semblent être des

 10   soldats de carrière et qu'ils traitent la population civile en toute

 11   équité." Il est dit dans ce texte : "Je ne suis pas très certain des

 12   soldats qu'ils rencontrent. Je ne sais pas ce qu'il en est."

 13   Donc, ceci contredit ce que vous avez pu observer pendant le trajet, n'est-

 14   ce pas ?

 15   R.  Oui, en effet.

 16   Q.  Lors de votre déposition, vous avez indiqué avoir vu 22 cadavres ?

 17   R.  Effectivement.

 18   Q.  Là il est dit que trois cadavres n'étaient pas là lors du chemin aller.

 19   Il s'agissait tous de soldats de l'ARSK.

 20   Donc, ces personnes qui voyageaient avec vous ont vu trois corps

 21   également, mais vous dites 22 corps.

 22   R.  Il dit qu'il y a trois corps qui n'étaient pas là auparavant. Il ne dit

 23   pas qu'il n'a pas vu d'autres cadavres auparavant.

 24   Q.  Est-ce que l'équipe était différente à l'aller-retour ?

 25   R.  Non, c'était la même. J'ai dit que j'en avais compté 22, que puis-je

 26   dire d'autre ?

 27   M. KEHOE : [interprétation] Je demande le versement au dossier de ce

 28   document, 1D28-0150.

Page 4489

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger.

  2   M. TIEGER : [interprétation] Pas d'objection.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

  4   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce D334.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D334 est versé au dossier de l'espèce.

  6   M. KEHOE : [interprétation] Excusez-moi.

  7   Q.  Passons maintenant au document P345.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, vous avez lu le rapport

  9   d'une certaine manière. Il semblerait que cela ne montre pas d'ambiguïté --

 10   c'est assez ambigu, en fait, on pourrait dire : j'ai vu trois cadavres qui

 11   n'étaient pas là sur le chemin aller ou j'ai vu trois cadavres, enfin, on

 12   peut l'interpréter de deux manières différentes, n'est-ce pas ?

 13   M. KEHOE : [interprétation] Oui, nous sommes d'accord.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, enfin, je vois deux

 15   interprétations.

 16   M. KEHOE : [interprétation] Deux interprétations, effectivement, mais il

 17   n'est pas fait mention de 22 cadavres.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, effectivement, c'est clair.

 19   Poursuivez.

 20   M. KEHOE : [interprétation]

 21   Q.  Il s'agit d'un rapport de situation daté du 5 août à

 22   12 heures, et je souhaiterais que l'on affiche la deuxième page de ce

 23   document, page suivante. Cela fait partie des évaluations du commandant. On

 24   peut lire : "Les soldats de la HV [comme interprété] se trouvent maintenant

 25   au portail du QG du secteur sud. La ville de Knin est à présent entièrement

 26   entre les mains de la HV. Ils sont entrés vers 10 heures du matin. Nous

 27   avons pu rassembler plusieurs réfugiés dans le camp et avec l'accord de la

 28   HV, nous avons pu déplacer 60 malades et blessés de l'hôpital de Knin. A

Page 4490

  1   Knin, le commandant du secteur rencontrait des Croates. Knin est plein de

  2   chars et de transports de troupes. On n'a pas pu constater que les soldats

  3   de la HV maltraitaient les civils ou les militaires. Ils sont assez

  4   amicaux."

  5   C'était votre appréciation à l'époque ?

  6   R.  C'est ce qui est indiqué ici.

  7   Q.  Mais il n'est pas question de pillage ?

  8   R.  Il y avait des pillages.

  9   Q.  Document suivant, P351. C'est le rapport de situation du 6 août, 13

 10   heures. Est-ce que l'on pourrait aller deux pages plus loin, voir la

 11   rubrique consacrée à l'évaluation de la situation générale par le

 12   commandant. Deux phrases plus bas on peut lire : "Une patrouille de la

 13   police militaire a pénétré dans des bâtiments recherchant des traces de

 14   pillage, de destruction et n'a trouvé que peu d'éléments indiquant que la

 15   ville aurait été saccagée ou détruite sans motif. Alors les pillages en

 16   l'occurrence se limitent à des bières, à des radios portables. Entre 20 et

 17   25 civils ou remorques civiles ont transporté ce qu'elles pouvaient sans

 18   intervention de la HV."

 19   Alors, ici il s'agit d'une appréciation, n'est-ce pas ?

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un instant.

 21   M. KEHOE : [interprétation]

 22   Q.  Il s'agit d'une appréciation du capitaine Hill. Vous conviendrez que si

 23   pillages il y a eu, ils étaient mineurs ?

 24   R.  Oui, d'après lui, mais je sais bien ce que j'ai vu. Il y a eu des

 25   soldats qui entraient et qui sortaient des commerces sur la rue principale.

 26   Q.  D29. Deuxième paragraphe vers le milieu, il dit : "Il y a une présence

 27   importante de la HV…" c'est le 7. Il est dit : "Il y avait une présence

 28   importante de la HV en ville, mais les soldats ne paraissaient pas

Page 4491

  1   exagérément négligés, même si plusieurs buvaient de la bière ou des alcools

  2   forts vers midi." P52. S'il vous plaît, il s'agit d'un autre rapport de

  3   situation établi le 6 à 20 heures 30.

  4   Peut-on voir la dernière page de ce document, s'il vous plaît. Excusez-moi,

  5   est-ce que l'on peut revenir à une page en arrière. Il s'agit là encore

  6   d'un rapport de situation établi à 20 heures 30, le 6 août. Au dernier

  7   paragraphe, nous constatons que cela fait partie de la synthèse établie par

  8   le commandant du secteur.

  9   Dernier point, lettre F, "Davantage de civils, également des voitures

 10   portant des plaques d'immatriculation de Split, sont observés à Knin et on

 11   a l'impression que la vie a retrouvé son cours normal. Des chars et des

 12   transports de troupes ont disparu pour être remplacés par l'infanterie."

 13   D'après votre évaluation, le 6 août au soir, Général, est-ce qu'on avait

 14   l'impression que Knin avait retrouvé le fil normal de ses activités, comme

 15   vous dites dans le rapport de situation ?

 16   R.  C'est à moi que vous posez la question ?

 17   Q.  Oui.

 18   R.  Oui, d'après ce que nous avons pu voir depuis notre camp, car nous ne

 19   pouvions pas sortir. Nous n'y étions pas autorisés.

 20   Q.  Mais le capitaine Hill s'est déplacé en ville ?

 21   R.  Une fois. Je ne sais pas s'il a été autorisé après cela à le faire.

 22   Q.  Il vous a communiqué des informations au sujet de ce qu'il a vu et

 23   observé, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui, oui, dans les rapports de situation montrés.

 25   Q.  Sur la base des informations que vous aviez reçues, vous avez conclu

 26   que la situation était de nouveau normale ?

 27   R.  A l'époque, oui.

 28   Q.  Dans le cadre de votre déposition, s'agissant de pillages, vous avez

Page 4492

  1   dit qu'un véhicule avait été pillé à l'extérieur de votre QG. Là encore, je

  2   vous renvois à la page 4 143, lignes 23 et 24.

  3   M. KEHOE : [interprétation] Peut-on voir maintenant 1D28-0040. Il s'agit

  4   d'une séquence vidéo. Nous n'avons pas besoin de l'interprétation pour

  5   cette séquence. C'est ce qu'on me signale.

  6   [Diffusion de la cassette vidéo]

  7   M. KEHOE : [interprétation]

  8   Q.  Général, s'agit-il de l'incident que vous avez mentionné ?

  9   R.  Je ne m'en souviens pas. Je ne me souviens pas de cette voiture. Il y

 10   avait deux voitures devant, je ne sais pas si c'était cette voiture-ci.

 11   Q.  Général, l'automobile dont vous parliez, c'est celle qui se trouvait

 12   devant le QG ?

 13   R.  C'est vous qui me le dites.

 14   Q.  Non, c'est vous qui devez me le dire.

 15   R.  Je ne sais plus. Il y avait plusieurs voitures devant le QG. Celle-ci,

 16   je ne m'en souviens pas.

 17   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, je demande le versement

 18   au dossier de cette séquence vidéo.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je souhaiterais tirer quelque chose au

 20   clair. Vous avez dit qu'il y avait plusieurs voitures devant le QG. Avez-

 21   vous vu lorsque vous avez observé ces pillages que plusieurs véhicules se

 22   trouvaient là ou s'agissait-il d'une seule voiture isolée ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Il y en avait trois ou quatre, mais j'ai vu

 24   qu'une voiture était pillée, enfin ils déplaçaient des objets autour du

 25   véhicule.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous avez vu quelqu'un qui a

 27   forcé la serrure en tirant dessus par exemple ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

Page 4493

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 4494

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'est pas ce qui s'est passé ou vous

  2   ne vous souvenez pas si cela s'est passé ainsi ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne me souviens pas comment ils ont ouvert

  4   le coffre.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez. Monsieur Tieger.

  6   M. TIEGER : [interprétation] Pas d'objection.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

  8   Monsieur le Greffier.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D335.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie. Cette pièce sera

 11   versée au dossier. Il s'agit de la pièce D335 qui est versée au dossier.

 12   M. KEHOE : [interprétation]

 13   Q.  J'aimerais vous donner lecture d'un extrait de la déclaration du

 14   colonel Leslie, page 2 191, ligne 2 jusqu'à la ligne 11. Question : "Est-ce

 15   que vous avez pu observer vous-même des pillages ou des incendies, soit

 16   dans Knin ou à l'extérieur de la ville de Knin ? Réponse : "Oui, Monsieur,

 17   il y avait un ou deux véhicules qui avaient été abandonnés par des Serbes

 18   près du QG. On pouvait voir des soldats croates farfouillés dans les

 19   voitures. Je n'ai pas vu de pillages à l'intérieur de Knin, à une exception

 20   près, exception qui n'est pas très importante, et pour être tout à fait

 21   équitable, je dirais que cet incident que j'ai vu, on pourrait dire à ce

 22   sujet qu'il s'agissait peut-être de quelqu'un qui fouillait la voiture pour

 23   voir s'il n'y avait pas des explosifs dans cette voiture." 

 24   Donc le véhicule que vous avez vu, est-ce qu'il s'agit du véhicule

 25   qui a été observé par le général Leslie ?

 26   R.  Je ne sais pas où il se trouvait à ce moment-là. Mais si vous craignez

 27   qu'il y ait des explosifs à l'intérieur d'un véhicule, en général vous

 28   utilisez un fusil pour tirer sur l'explosif.

Page 4495

  1   Q.  Je ne dirais pas que ce soit la bonne chose à faire. Ce serait

  2   judicieux, mais est-ce qu'il s'agit du même véhicule qui a été observé par

  3   le colonel Leslie ?

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le témoin a déjà répondu à cette

  5   question. Passez à autre chose.

  6   M. KEHOE : [interprétation] Bien.

  7   Q.  Alors vous avez remarqué qu'il y avait des pillages, mais il y a une

  8   différence entre saccagé un endroit et le pillé, prendre des choses, partir

  9   avec des choses. Non, ne le pensez-vous pas ?

 10   R.  Je ne suis pas sûr de connaître la différence entre lorsqu'on saccage

 11   quelque chose et lorsque l'on pille; pour moi, c'est exactement la même

 12   chose.

 13   Q.  Je vais vous montrer une autre vidéo. C'est une vidéo qui a été prise

 14   dans votre camp et il s'agit d'une compilation qui a été reçue par le

 15   Procureur. Il s'agit de la pièce 1D28-0034

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, vous avez demandé au

 17   témoin s'il connaît la différence entre saccager un endroit et le piller.

 18   Vous, vous considérez qu'il y a une différence. Visiblement ce n'est pas le

 19   cas du témoin qui nous dit : "Non, pour moi c'était la même chose."

 20   Donc je vous dirais que moi non plus l'anglais n'est pas ma langue

 21   maternelle. 

 22   M. KEHOE : [interprétation] Je vais vous expliquer quelle est la différence

 23   subtile entre les deux activités.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, voyons ce qui va se passer.

 25   M. KEHOE : [interprétation] Je pense que les interprètes ont reçu le texte.

 26   [Diffusion de la cassette vidéo]

 27   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 28   "Cette femme elle veut aller à Knin.

Page 4496

  1   Oui, elle veut aller à Knin.

  2   Et quand est-ce qu'elle veut partir ?

  3   Quand est-ce que vous voulez aller à Knin ?

  4   Maintenant.

  5   Est-ce qu'elle est Serbe ou elle est Croate.

  6   Est-ce que vous êtes Serbe ou Croate ?

  7   Serbe.

  8   C'est une Serbe.

  9   Est-ce que vous comprenez qu'il n'y a pas d'eau, d'électricité, de

 10   téléphone.

 11   Est-ce que vous savez qu'il n'y a pas d'eau, d'électricité, de téléphone

 12   dans la ville.

 13   Oui, je le sais.

 14   Et que quasiment toutes les maisons ont été saccagées, que tout a été jeté

 15   partout.

 16   Et que tout a été pillé.

 17   Non, non, pas pillé, saccagé.

 18   Non, non, pas pillé, mais saccagé.

 19   Donc tout doit être pris.

 20   Non, non, pas pris, rien n'a été pris de la maison, du bâtiment où

 21   j'habitais, tout a été jeté partout.

 22   Donc elle est au courant.

 23   Elle vit seule ?

 24   Est-ce que vous vivez seule ?

 25   J'ai des voisins, mais je vis seule. Ma fille va venir me chercher; elle

 26   habite à Zadar."

 27   [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

 28   M. KEHOE : [interprétation]

Page 4497

  1   Q.  Général, vous reconnaissez Normand Boucher.

  2   R.  Non, Maître. Il est Canadien ?

  3   Q.  Oui, oui, il fait partie de la police civile.

  4   R.  Je ne me souviens pas de lui.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La traduction française de l'extrait

  6   vidéo est terminée. Poursuivez.

  7   M. KEHOE : [interprétation]

  8   Q.  Général, cette femme --

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous savez, Maître Kehoe, si vous

 10   n'attendez pas, voilà ce qui se passe : on peut lire assez facilement

 11   l'extrait et je pense que tout n'a pas été traduit en français.

 12   M. KEHOE : [interprétation] Mais nous pouvons le rediffuser.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, non, je parle de vos questions,

 14   nous pouvons les voir sur l'écran : "Général, est-ce que vous

 15   reconnaissez…" en ce qui me concerne, cela n'a pas été traduit par la

 16   cabine française.

 17   M. KEHOE : [interprétation]

 18   Q.  Je vous avais posé la question, Général, est-ce que vous reconnaissez

 19   Normand Boucher ?

 20   R.  Non, Maître. Et je vous avais demandé s'il était Canadien. Q.  Je vous

 21   avais dit qu'il faisait partie de la police civile. R.  Je ne m'en souviens

 22   pas.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maintenant tout a été consigné au compte

 24   rendu d'audience.

 25   Poursuivez.

 26   M. KEHOE : [interprétation]

 27   Q.  Général, pour ce qui est de Knin, est-ce qu'il y a eu un décret de la

 28   police, est-ce que les soldats se sont rendus de maison en maison,

Page 4498

  1   d'appartement en appartement pour faire des perquisitions de sécurité, et

  2   ce faisant, est-ce qu'ils ont jeté des choses ?

  3   R.  Je ne m'en souviens pas, j'étais dans la rue principale, je ne pense

  4   pas qu'il y ait beaucoup d'appartements dans cette rue.

  5   Q.  Compte tenu de l'information que vous avez reçue, est-ce qu'il y a eu

  6   de la part des autorités de la HV une procédure de recherches d'armes ou de

  7   pièges ou d'explosifs, ou de ce genre de choses ?

  8   R.  Je suppose. Ils sont entrés dans Knin, et je suppose que c'est la

  9   première chose qu'ils auraient dû faire d'ailleurs.

 10   Q.  Je suppose que compte tenu de votre expérience militaire, c'est la

 11   procédure normale pour un militaire ou pour un département de la police,

 12   vous passez en quelque sorte la ville au peigne fin pour en assurer la

 13   sécurité, n'est-ce pas ?

 14   R.  C'est ce qu'ils ont de mieux à faire, en effet.

 15   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que nous pouvons demander le versement

 16   au dossier de cette pièce ?

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger.

 18   M. TIEGER : [interprétation] Pas d'objection.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 20   M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce D336.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D336 est versée au dossier.

 22   M. KEHOE : [interprétation]

 23   Q.  Je souhaiterais que nous passions maintenant à la pièce P401, c'est une

 24   question que nous avons abordée hier. C'est un sujet que nous avons déjà

 25   abordé hier et nous passons d'un sujet à l'autre.

 26   Vous avez le document. Vous remarquez le deuxième paragraphe. Il

 27   s'agit de votre exposé P401, page 20, paragraphe 2. Est-ce que vous le

 28   voyez, Général ?

Page 4499

  1   R.  C'est le texte qui commence par "Toutefois, nous devons reconnaître… ?

  2   Q.  Oui. La deuxième phrase est comme suit : "En règle générale, je pense

  3   que les Croates n'ont pas à leur disposition d'armées de métier." 

  4   Hier à la page 4 350, ligne 21, on vous a posé une question :

  5   "Général, vous savez que c'était une armée qui venait d'être créée, n'est-

  6   ce pas ?"

  7   Réponse : "Oui."

  8   Question : "Elle avait été mise sur pied environ une année auparavant juste

  9   avant l'opération Tempête ?"

 10   Réponse : "Oui, Maître."

 11   Alors, Général au vu de votre expérience militaire, combien de temps est-ce

 12   qu'il faut compter pour pouvoir former un commandant de brigade ?

 13   R.  D'abord il faut que vous ayez la brigade, et puis cela dépend de quel

 14   type de brigade. Est-ce qu'il s'agit de toutes les forces réunies, ou est-

 15   ce qu'il s'agit -- ? Moi je suis devenu général après 25 ans, par exemple,

 16   parce qu'il faut un certain temps pour arriver à ce niveau-là. Il y a des

 17   gens qui apprennent peut-être plus vite que d'autres. Mais je dirais qu'il

 18   faut un certain temps quand même.

 19   Q.  Si nous parlons du niveau de la brigade qui fait partie d'un corps

 20   d'infanterie, lorsque vous dites un certain temps, qu'est-ce que c'est pour

 21   vous ?

 22   R.  Je vous l'ai dit, il faut qu'il y ait une formation qui soit assurée,

 23   il faut que vous accomplissiez une formation sur le terrain de trois ans au

 24   moins, pour avoir un certain degré de professionnalisme.

 25   Q.  Pour arriver au niveau de commandant de la brigade ?

 26   R.  Oui, Maître.

 27   Q.  Pour ce qui est du bataillon, combien de temps il faut avant qu'il ne

 28   soit efficace ?

Page 4500

  1   R.  Ça dépend, une ou deux années. Ça dépend de la personne, de son vécu,

  2   de son passé, de son expérience. Il y a beaucoup de paramètres qu'il faut

  3   prendre en considération. Les cours qu'il a suivis, par exemple. Vous

  4   savez, vous ne devenez pas commandant de bataillon dès que vous vous

  5   engagez dans l'armée. Il faut attendre un certain temps avant d'arriver à

  6   ce niveau.

  7   Q.  Dans l'armée canadienne, combien de temps est-ce qu'il faut pour

  8   devenir commandant de bataillon à partir du moment où vous rejoignez le

  9   corps des officiers des forces armées canadiennes ?

 10   R.  Je n'en sais rien. Mais moi ça m'a pris 15 ans.

 11   Q.  Pour ce qui est du niveau de la brigade, combien de temps est-ce qu'il

 12   faut pour que quelqu'un puisse devenir commandant de brigade ?

 13   R.  Cela dépend de la personne en question, une fois de plus, moi je le

 14   suis devenu en 1993, je suis né en 1944, donc 49 ans.

 15   Q.  49 ans ?

 16   R.  Non, j'avais 49 ans. De 1967 à 1993, qu'est-ce que ça nous donne ?

 17   Vingt huit ans ?

 18   Q.  Vingt huit ans alors ?

 19   R.  Mais une fois de plus, vous savez, il ne faut pas oublier que vous êtes

 20   en concurrence avec vos confrères. Il n'y a que trois brigades au Canada,

 21   donc le processus de sélection prend un peu plus de temps parce qu'il n'y a

 22   que trois brigades, qui normalement changent tous les deux ans.

 23   Q.  Mais de toute façon cela prend un certain temps ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Pour ce qui est du niveau de la compagnie, c'est inférieur à la brigade

 26   et au bataillon ?

 27   M. KEHOE : [interprétation] Je m'excuse auprès des interprètes.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous pourriez en venir au

Page 4501

  1   fait, Maître Kehoe, je vous prie ?

  2   M. KEHOE : [interprétation]

  3   Q.  Oui. Au niveau de la compagnie cela demande un certain temps également

  4   ?

  5   R.  Moi ça m'a pris neuf ans.

  6   Q.  Il faudrait compter sur une durée plus longue pour pouvoir

  7   véritablement former ces officiers supérieurs et commandants pendant la

  8   guerre ?

  9   R.  Non, le processus est accéléré. En général, c'est plus rapide parce

 10   qu'il y a toute la procédure administrative qui court-circuitait et là vous

 11   vous concentrez vraiment sur l'aspect commandement.

 12   Q.  Quoi qu'il en soit, pour faire ce travail de façon professionnelle il

 13   faut quand même compter sur une certaine durée ?

 14   R.  Oui, je suis d'accord.

 15   Q.  Vous savez que le général Gotovina était un commandant opérationnel

 16   pendant cette période, période où vous vous trouviez dans le secteur sud ?

 17   R.  Oui, Maître.

 18   Q.  Je pense que vous nous avez parlé -- je m'excuse.

 19   Je vous disais donc que vous nous avez parlé de l'opération à

 20   Bosanski Grahovo ainsi que de l'opération Tempête. Vous avez remarqué à la

 21   page 18 de votre exposé, vous avez indiqué à cette page, en haut de la page

 22   si vous la retrouvez, que l'opération Tempête, "Alors maintenant je vais

 23   aborder l'offensive croate intitulé opération Tempête. Cette opération a

 24   marqué l'apogée de mois de planification et de mouvements préliminaires."

 25   Général, dans ce genre d'opérations, compte tenu de votre expérience, ça

 26   prend des mois de planification pour qu'un commandant opérationnel puisse

 27   planifier tout cela ?

 28   R.  Oui. Cela prend au moins quelques mois ou deux mois.

Page 4502

  1   Q.  Etant donné que la HV se déplaçait le long de la Dinara en visant

  2   l'opération Tempête et qu'il y avait des activités qui se sont poursuivies

  3   en Bosnie après l'opération Tempête, le général Gotovina a planifié, a

  4   prévu toute une série de réactions offensives qui se sont déroulées pendant

  5   un certain temps ?

  6   R.  Ecoutez, je n'en sais rien. Il ne m'a pas parlé de ses plans, vous

  7   savez.

  8   Q.  Mais au vu de ce que vous saviez, au vu de ce que vous avez appris dans

  9   le secteur sud, vous savez qu'il y avait quand même des offensives

 10   importantes qui se déroulaient juste au moment où vous êtes parti en

 11   septembre ?

 12   R.  Je savais que cela était en cours mais je ne dirais pas que j'y ai

 13   accordé une attention particulière.

 14   Q.  Mais au vu de votre expérience, vous diriez qu'un commandant

 15   opérationnel par le fait qu'il soit un commandant opérationnel, cela veut

 16   dire qu'il procède à des activités de planification avant de poursuivre une

 17   offensive ?

 18   R.  Oui, s'il est commandant il vaut mieux qu'il se prête à ce genre de

 19   préparation.

 20   Q.  Mon Général, lors de votre déposition, lors de l'interrogatoire

 21   principal vous avez dit que votre dernière rencontre avec le général

 22   Gotovina a eu lieu le 5 septembre, n'est-ce pas ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Après l'opération Tempête, il y a eu une rencontre le 8, puis après le

 25   5 septembre. Ce sont les seules occasions où vous vous êtes rencontrés ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Pendant cette deuxième période, saviez-vous qu'il s'était engagé dans

 28   d'autres activités militaires contre les Serbes de Bosnie et les Serbes de

Page 4503

  1   Krajina ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Dans votre déclaration, je me réfère à votre déclaration de 1997, à

  4   savoir la pièce P331. Dans la première ligne, vous dites que : "Si vous

  5   avez une bonne organisation militaire, il n'y a pas de raison pourquoi vous

  6   ne pourriez pas contrôler vos soldats."

  7   R.  C'est quelle page ?

  8   Q.  C'est à la page 15 de votre exposé, non.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, c'est la pièce P331, page 15, ligne

 10   une.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'ai.

 12   M. KEHOE : [interprétation]

 13   Q.  Vous dites : "Si vous avez une bonne organisation militaire, il n'y a

 14   pas de raison pourquoi vous ne pourriez pas contrôler vos soldats."

 15   Ce n'est pas ce que vous avez pu constater sur le terrain, n'est-ce

 16   pas ?

 17   R.  Qu'est-ce que vous voulez dire par là.

 18   Q.  Vous n'avez pas remarqué que les gens en uniforme avaient l'apparence

 19   d'être sous le contrôle.

 20   R.  Il faut aller un peu plus loin, ligne un peu plus loin à ce que j'ai

 21   écrit, parce que j'ai eu l'impression qu'il y avait du pillage et des cas

 22   d'incendie et cela indiquait qu'il y avait un manque de contrôle.

 23   Q.  C'est justement ce que je suis en train de dire. Les hommes en uniforme

 24   que vous avez pu voir ne semblaient pas être sous un contrôle quelconque ?

 25   R.  C'est exact.

 26   M. KEHOE : [interprétation] Revenons à 1D28-0151. C'est le document de

 27   comparaison. Passons à la page 16 de ce document.

 28   Q.  En bas de ce premier paragraphe vous parlez des actes de pillage et

Page 4504

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24   

25  

26  

27  

28  

Page 4505

  1   d'incendie.

  2   Vous dites : "Néanmoins…"

  3   R.  Oui, je vois.

  4   Q.  "Néanmoins, dans ces villes, certaines maisons et bâtiments précis ont

  5   été mis à feu. Il n'y avait pas de méthode apparente dans la destruction,"

  6   comme vous l'avez écrit dans votre déclaration.

  7   Vous n'avez pas vu qu'il y avait une sorte de méthode derrière ces actes ?

  8   R.  Qu'est-ce que vous voulez dire ?

  9   Q.  Une méthode qui pourrait expliquer pourquoi il y avait ce type de

 10   destruction ?

 11   Je vais vous aider un peu.

 12   M. KEHOE : [interprétation] Passons à 1D28-0007.

 13   Il s'agit d'un document qui fait état d'une interview que vous donnée

 14   pour le journal Globus, passons à la dernière page. Cet article est en date

 15   du 12 mars 2004.

 16   Dans la question posée sous le titre, "Il n'y avait pas de plan

 17   criminel", il est dit : "Dans l'acte d'accusation dressé contre les

 18   généraux croates accusés de responsabilité individuelle en tant que

 19   commandant lors de l'opération Tempête, il est dit qu'ils faisaient partie

 20   d'une entreprise criminelle commune et que cette entreprise avait pour

 21   objectif de tuer des gens. Etes-vous d'accord avec ces théories ?

 22   "Je ne dirais jamais qu'il y avait une sorte d'ordre qui sous-tendait ce

 23   plan criminel ou bien une idée dont l'objectif était de tuer les civils.

 24   Certainement pas. Comme je l'ai déjà dit, environ 2 000 personnes sont

 25   restées dans ce secteur à l'époque où j'ai quitté la Croatie. A mon avis,

 26   c'étaient des cas isolés parce qu'il n'y avait pas d'ordre établi et les

 27   personnes qui avaient commis ces crimes n'étaient pas rapidement punies

 28   pour ces actes. Il est coutume dans mon pays que les commandants sont

Page 4506

  1   responsables pour leurs subalternes."

  2   Mon Général, conformément à cet article, les crimes que vous avez vus ou

  3   observés ou dont vous avez reçu des informations, le fait est qu'il n'y

  4   avait pas de forme, ni d'ordre qui sous-tendait ces actes ?

  5   M. TIEGER : [interprétation] Excusez-moi. Je pense que plusieurs choses

  6   sont mises sur le même plan. Ici l'on parle de meurtre de civils, puis

  7   maintenant on élargit le sujet et on incorpore tout.

  8   M. KEHOE : [interprétation] Justement. C'est ce que je suis en train de

  9   faire.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, en lisant les dernières

 11   lignes du contre-interrogatoire, vous demandez si en fait on pourrait

 12   inculper ces personnes plutôt en vertu de l'article 7(3) et non pas 7(1)

 13   pour l'entreprise criminelle commune.

 14   Je ne sais pas si le témoin comprend tout à fait ce que cela veut

 15   dire en termes légaux, à savoir ce que c'est l'entreprise criminelle

 16   commune. Vous n'avez pas lu les deux dernières lignes qui concernent M.

 17   Cermak, où l'on parle de sa responsabilité en tant que supérieur

 18   hiérarchique. Je ne sais pas dans quelle mesure ceci pourrait être

 19   d'utilité pour nous.

 20   Ce n'est pas que je m'oppose à ce que vous posiez des questions au

 21   sujet de cet article et de son interview, mais je me demande quelle en est

 22   l'utilité ?

 23   M. KEHOE : [interprétation] Il y a des accusations pour crimes contre

 24   l'humanité et que ces crimes ont été commis d'une manière généralisée et

 25   systématique avec l'approbation de l'Etat. La question qui est posée est

 26   que le général n'avait pas l'impression qu'il s'agissait d'un plan criminel

 27   qui existait, mais que plutôt il s'agissait d'un problème de manquement à

 28   la discipline et que les responsables n'ont pas été tenus responsables de

Page 4507

  1   leurs actes. Donc il s'agit plutôt de l'application de l'article 7(3), et

  2   je pensais qu'il était pertinent que la Chambre en prenne connaissance.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il faudrait être vraiment expert en

  4   droit pour pouvoir tirer une telle conclusion. Si vous pensez que c'est

  5   important pour votre contre-interrogatoire, alors allez-y.

  6   M. KEHOE : [interprétation] Je voulais juste dire que dans les rapports de

  7   situation l'on parle "des actions généralisées et systématiques" qui sont

  8   dans le sens de l'article 7(1) et que c'est qu'il essayait d'en parler avec

  9   le général Forand qui était le commandant du secteur.

 10   Q.  Passons maintenant à une question différente. A l'époque où vous étiez

 11   dans le secteur sud, saviez-vous que le général Gotovina avait des soldats

 12   professionnels sous son commandement et également des conscrits ?

 13   R.  Oui, je le sais très bien. Quelqu'un aurait dû me le dire qu'il ne

 14   s'agissait pas d'une armée de métier.

 15   Q.  Vous saviez qu'il avait des unités précises qui relevaient de son

 16   commandement ?

 17   R.  Non, je ne le savais pas. Je ne m'en souviens pas. Mais dans mon exposé

 18   il y a un certain nombre d'unités qui ont été mentionnées dans mon exposé,

 19   mais je ne sais pas quelles étaient les unités qui relevaient de son

 20   commandement.

 21   Q.  Vous ne connaissiez pas la structure de commandement de l'armée croate

 22   ?

 23   R.  Non.

 24   Q.  S'agissant des personnes qui portaient l'uniforme, certains d'entre eux

 25   étaient de garde et d'autres ne l'étaient pas, n'est-ce pas ?

 26   R.  Les seuls que j'ai pu observer et qui se sont sortis du camp étaient

 27   ceux que j'avais pu rencontrer dans la ville sur la route, et ils étaient

 28   tous très bien armés. Je ne me souviens pas avoir vu des soldats qui

Page 4508

  1   n'étaient pas armés.

  2   Q.  Mais s'ils avaient des armes, néanmoins vous ne saviez pas s'ils

  3   étaient de garde ou pas ?

  4   R.  Non.

  5   Q.  Et vous ne saviez pas s'ils s'étaient déjà démobilisés ou pas ?

  6   R.  Non.

  7   Q.  Et vous ne saviez pas si ces personnes que vous avez pu voir étaient

  8   tout simplement des civils qui portaient des uniformes de camouflage ?

  9   R.  Je ne le sais pas.

 10   Q.  Dans votre déclaration de 1997, vous avez dit que vous avez rencontré

 11   certains problèmes - et je parle de la page 20 de la pièce 331 - et

 12   maintenant nous ne parlons que de différents types d'activités, de crimes.

 13   Mon Général. Vous dites : "J'ai fait venir dans mon bureau quelle que

 14   soit la personne qui relève de mes ordres, mon chef d'Etat, ou le

 15   commandant d'unité, qui est responsable dans cette zone particulière. Je

 16   lui ai dit d'enquêter et de m'émettre un rapport le vite possible et de

 17   venir m'expliquer ce qui s'est passé précisément."

 18   S'agissant des soldats qui relevaient de votre commandement, vous leur

 19   donniez des ordres, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Et vous leur criiez dessus pour respecter vos ordres, pour respecter la

 22   mission confiée, n'est-ce pas ?

 23   R.  Je ne criais pas pour leur donner des ordres.

 24   Q.  Vous leur donniez vos ordres d'une manière ferme, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Et s'il y avait des problèmes, par exemple, avec certains soldats, vous

 27   essaieriez de les démobiliser, n'est-ce pas ?

 28   R.  S'ils créaient des problèmes, oui, ça serait une manière de procéder.

Page 4509

  1   Je pense que je n'avais pas l'autorité de les démobiliser, mais j'aurais

  2   certainement essayé de les envoyer dans une zone où ils ne poseraient pas

  3   de problème.

  4   Q.  Vous auriez certainement fait une suggestion de la sorte --

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, il est l'heure.

  6   M. KEHOE : [interprétation] Oui. Merci, Monsieur le Président.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, est-ce que j'ai eu du

  8   succès lorsque je vous ai encouragé à --

  9   M. KEHOE : [interprétation] Oui.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais ça veut dire que je n'ai pas eu

 11   beaucoup de succès.

 12   M. KEHOE : [interprétation] Je pense justement le contraire.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons maintenant faire une pause

 14   et reprendre nos travaux - j'ai reçu un message tout à l'heure - ça sera à

 15   3 heures dans le même prétoire.

 16   Nous allons suspendre l'audience et reprendre nos travaux à 3 heures dans

 17   la même salle d'audience.

 18   --- L'audience est levée pour le déjeuner à 13 heures 47.

 19   --- L'audience est reprise à 15 heures 03.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier, je suppose que

 21   point n'ait besoin d'appeler l'affaire une fois de plus puisque nous

 22   reprenons après la pause déjeuner.

 23   Maître Kehoe, vous pouvez poursuivre.

 24   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 25   Q.  Général, nous étions en train de parler de démobilisation et vous nous

 26   avez dit que vous ne saviez pas quel était l'autorité mais vous avez dit :

 27   "J'aurais essayé de les mettre dans un secteur où cela n'aurait pas créé de

 28   problèmes." 

Page 4510

  1   Donc j'enchaîne à la suite, et je suppose que vous exhortiez par

  2   exemple vivement la police militaire à bien accomplir son travail

  3   également, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Est-ce que vous pourriez le répéter ?

  6   R.  Vous savez, la police militaire a un certain rôle à jouer, mais il faut

  7   savoir que le commandant à tous les niveaux a également une responsabilité

  8   au sein de sa zone de responsabilité.

  9   Q.  Comme je vous l'ai demandé pendant ma question, vous les exhortiez,

 10   vous les auriez exhortés, la police militaire, à bien effectuer leur

 11   travail ?

 12   R.  Oui. C'était à l'une des organisations à qui je demandais de bien faire

 13   son travail.

 14   Q.  Général, d'après les réponses que vous avez fournies à Me Kay, mon

 15   confrère, vous ne connaissiez pas les mesures qui ont été prises par le

 16   général Gotovina pendant cette période ?

 17   R.  Non, Maître.

 18   Q.  Général, je vous remercie. Je vous remercie, vous avez répondu à mes

 19   questions. Je m'excuse d'avoir été si long en la matière.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Maître Kehoe.

 21   M. KEHOE : [interprétation] J'ai quelques pièces à conviction. Est-ce que

 22   je pourrais demander leur versement au dossier maintenant.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, au moins on saura ce qui est versé

 24   au dossier. Mais j'ai déjà peut-être ou je souhaiterais faire une

 25   observation. Ce matin, et c'est à vous que je m'adresse, Maître Mikulicic,

 26   car il s'agissait d'une pièce présentée par Me Kuzmanovic qui a été aidée

 27   par l'Accusation. Alors il s'agit de la pièce P104. La pièce P104 me semble

 28   être un document de deux pages alors qu'il était question d'un document de

Page 4511

  1   sept pages. Donc je m'interroge, je ne sais pas, peut-être que ça fait

  2   partie du document P104, peut-être. Non, ça ne peut pas être le cas parce

  3   que, enfin bon, toujours est-il que j'espère que vous vous souvenez encore

  4   de ce dont il s'agit.

  5   M. MIKULICIC : [interprétation] Nous allons essayer d'aborder cette

  6   question pendant la pause.

  7   [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le juriste me dit au pied levé qu'il

  9   pense qu'il s'agit de la pièce 411 de la liste 65 ter. Je n'en sais rien.

 10   Mais je ne sais pas, regardez le compte rendu d'audience, regardez la pièce

 11   P104, vous verrez qu'elle est présentée juste avant qu'elle ne soit

 12   mentionnée.

 13   Maître Kehoe, nous avons un certain nombre de documents, est-ce que vous

 14   pourriez nous en donner les cotes. Et peut-être que vous pourriez nous

 15   donner une description brève parce que je les ai peut-être un peu oubliées.

 16   M. KEHOE : [interprétation] Le premier c'est le 1D25-0098. Il s'agit d'un

 17   télégramme de M. Akashi destiné à M. Annan en date du 4 août 1995, intitulé

 18   "Mise à jour de la situation en Croatie."

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais il n'a pas déjà été versé au

 20   dossier ?

 21   M. KEHOE : [interprétation] D'après nous, non.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, un télégramme du 4 août.

 23   Monsieur Tieger, avez-vous des objections ?

 24   M. TIEGER : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 26   M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela deviendra la pièce D337.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D337 est versée au dossier;

 28   toutefois, les parties sont invitées à vérifier parce que ce document me

Page 4512

  1   semble assez familier.

  2   Quel est le document suivant, Maître Kehoe.

  3   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, il s'agit d'un

  4   extrait du carnet de bord de Berikoff, il s'agit des dates du 30 juillet au

  5   3 août 1995, pièce 1D28-0019.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger.

  7   M. TIEGER : [interprétation] C'est une situation un tant soit peu saugrenue

  8   parce que les circonstances étaient quasiment les mêmes; toutefois, M.

  9   Berikoff va venir déposer.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, nous en avons déjà entendu parler,

 11   mais il ne s'agit pas d'une déclaration.

 12   M. TIEGER : [interprétation] Bien.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que nous pouvons accepter le

 14   versement au dossier. Cela sera retenu comme élément de preuve, mais

 15   toutefois présenté à M. Berikoff s'il comparaît en tant que témoin. 

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 17   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D338.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. La pièce D338 est versée au

 19   dossier.

 20   Maître Kehoe, si vous commencez par nous donner le chiffre au moins je

 21   saurais où les écrire.

 22   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Le prochain est le

 23   document 1D28-0151.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.

 25   M. KEHOE : [interprétation] Oui, il s'agit de la comparaison surlignée en

 26   rouge.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Ce document de comparaison je ne

 28   peux pas imaginer qu'il y ait une objection à ce sujet. Monsieur le

Page 4513

  1   Greffier.

  2   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D339.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D339 est versée au dossier.

  4   Document suivant.

  5   M. KEHOE : [interprétation] Il s'agit de la pièce 1D28-0113. Il s'agit d'un

  6   extrait du livre de M. Sekulic, page 172, 1873 [comme interprété].

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger.

  8   M. TIEGER : [interprétation] Pas d'objection.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce D340.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. La pièce D340 est versée au

 11   dossier.

 12   M. KEHOE : [interprétation] Ensuite nous avons le document 1D28-0174, la

 13   carte du général Forand qui correspond à son exposé du 24 juin 1996.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger.

 15   M. TIEGER : [interprétation] Il n'y a pas d'objection.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 17   M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce D341.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D341 est versée au dossier.

 19   M. KEHOE : [interprétation] Je m'excuse. 

 20   Nous avons ensuite le document 1D28-0173, il s'agit d'une carte, la

 21   carte de Vrlika et Maljkovo.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas d'objection, je suppose, Monsieur

 23   Tieger ? 

 24   Monsieur le Greffier.

 25   M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce D342.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D342 est versée au dossier.

 27   M. KEHOE : [interprétation] Puis nous avons le document 1D28-0017. Il

 28   s'agit d'un télégramme du général Janvier destiné à Kofi Annan en date du 5

Page 4514

  1   août 1995. L'objet étant "Les prisonniers des Nations Unies et autres

  2   questions."

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Pas d'objection ?

  4   Monsieur le Greffier.

  5   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D343, Monsieur le

  6   Président.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D343 est versée au dossier.

  8   M. KEHOE : [interprétation] Ensuite, nous avons la pièce 1D28-0001. Il

  9   s'agit d'un télégramme encodé qui émane des Etats-Unis et qui porte sur

 10   "Les opérations d'offensive croates et de la crise des Balkans", et cela en

 11   date du 5 août 1995.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas d'objections.

 13   Monsieur le Greffier.

 14   M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce D344.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D344 est maintenant versé au dossier. Il

 16   reste un document, Maître Kehoe.

 17   M. KEHOE : [interprétation] Non, deux.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Deux. Avant de choisir de nouvelles

 19   cotes, vous nous avez dit que le 24 juin 1996, l'exposé, il s'agit de

 20   l'exposé de M. Forand, vous avez demandé à ce que cela soit versé au

 21   dossier ?

 22   M. KEHOE : [interprétation] Oui, il y avait une carte. En fait l'exposé a

 23   déjà été versé au dossier.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 25   M. KEHOE : [interprétation] Je pense que c'est la pièce P401.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] P401, c'est ce que je me disais. Donc il

 27   s'agit d'une carte, vous nous dites.

 28   M. KEHOE : [interprétation] Il s'agit d'une carte --

Page 4515

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 4516

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je me souviens qu'il y avait

  2   beaucoup de clichés donc c'est justement l'un de ces clichés.

  3   M. KEHOE : [interprétation] 1D17-0106.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.

  5   M. KEHOE : [interprétation] Il s'agit de la recommandation destinée au

  6   colonel Leslie pour service rendu.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela n'a pas été versé au dossier parce

  8   que nous en avons parlé lors de la déposition de M. Leslie. Mais

  9   apparemment il n'y avait pas été --

 10   M. KEHOE : [interprétation] Cela n'avait pas été versé au dossier.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela n'avait pas été versé au dossier,

 12   ce qui a maintenant été fait. Bien. Il dit qu'il l'a seulement vu le jour

 13   de la cérémonie, mais enfin.

 14   Monsieur Tieger, vous avez des objections ? 

 15   M. TIEGER : [interprétation] Non.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 17   M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela devient la pièce D345.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et le dernier.

 19   M. KEHOE : [interprétation] Le dernier est la pièce 1D28-0007, article

 20   Globus.

 21   M. TIEGER : [interprétation] Pas d'objection.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas d'objection.

 23   Monsieur le Greffier.

 24   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D346.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D346 est versée au dossier.

 26   Monsieur Forand, nous devons de temps en temps procéder à cette intendance.

 27   M. KAY : [interprétation] Monsieur le Président, je m'excuse,

 28   malheureusement j'avais prévu quelque chose pour cet après-midi, je ne peux

Page 4517

  1   pas rester pour l'ensemble de l'audience. Je devrais partir à 15 heures 30,

  2   mais il y avait un certain nombre de questions relatives aux pièces à

  3   conviction présentées par la Défense de Cermak. Vous vous souviendrez qu'il

  4   y avait un jeu de lettres qui ont été insérées dans le système électronique

  5   et nous suggérons -- alors je sais qu'il y a des doublons et que l'on

  6   retrouve ces pièces ailleurs dans le système. Mais je pense qu'il serait

  7   beaucoup plus efficace d'avoir ces documents réunis sous une seule et même

  8   cote avec l'aval de la Chambre.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez, nous étudions la question avec

 10   M. le Greffier, parce qu'il y a beaucoup d'éléments techniques qu'il faut

 11   prendre en considération. Mais premièrement, même si cela a été inséré dans

 12   le système électronique auparavant, avant que la Chambre ne prenne une

 13   décision à ce sujet, elle aimerait bien pouvoir voir ces documents et se

 14   pencher là-dessus.

 15   M. KAY : [interprétation] Oui.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'ailleurs cela doit être une

 17   orientation pour l'avenir et pour les parties. Si nous avons pendant le

 18   contre-interrogatoire un jeu de documents, ce que nous encourageons

 19   vivement, d'ailleurs on ne peut pointer un doigt accusateur vers personne,

 20   mais il est utile de les recevoir ces pièces aussi rapidement que possible,

 21   surtout s'il s'agit d'éléments de preuve pertinents par rapport à la

 22   déposition du témoin. Si la Chambre a des questions à poser audit témoin,

 23   bien entendu, cela est valable pour l'Accusation également, il est

 24   judicieux de les avoir aussi rapidement que possible.

 25   Donc si ces documents sont présentés directement, il serait utile d'avoir

 26   le jeu complet au début du contre-interrogatoire du témoin.

 27   M. KAY : [interprétation] Oui. Il y a également les documents, les jeux de

 28   documents émanant de mon contre-interrogatoire du témoin. Ils ont été

Page 4518

  1   insérés dans le système électronique, comme vous le savez des documents

  2   papier ont été distribués et il y a également des tableaux qui permettent

  3   d'identifier les documents dans une annexe afin d'aider la Chambre et cela

  4   a été présenté directement.

  5   Mais vous savez qu'il y a un grand nombre de documents, cela

  6   représente un grand nombre de documents et voilà quelle est la suggestion

  7   que nous présentons à la Chambre. C'est  un peu la même solution que celle

  8   qui avait été retenue par la Chambre pour le grand nombre de pièces à

  9   conviction présentées par l'Accusation. M. Monkhouse a par la suite publié

 10   une annexe dans laquelle il identifiait les cotes pour la Chambre et c'est

 11   une procédure que nous souhaiterions utiliser et cela permettra

 12   d'identifier dans les différents jeux de documents d'après le sujet ou la

 13   rubrique concernée.

 14   Vous vous souviendrez que j'avais identifié chaque rubrique, et ce,

 15   justement en guise d'avertissement à l'intention de la Chambre.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez, nous allons assimiler

 17   cela lentement. On ne peut pas le faire au pied levé.

 18   M. KAY : [interprétation] Oui, mais je soulève cette question maintenant

 19   parce que malheureusement je dois partir.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je comprends tout à fait. Je vous

 21   en remercie.

 22   Monsieur Tieger, êtes-vous prêt à poser des questions supplémentaires au

 23   témoin ?

 24   M. TIEGER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 25   Nouvel interrogatoire par M. Tieger :

 26   Q.  [interprétation] Bonjour, Général Forand.

 27   R.  Bonjour.

 28   Q.  J'ai maintenant la possibilité de soulever auprès de vous certaines

Page 4519

  1   questions qui ont été abordées pendant le contre-interrogatoire. Alors la

  2   première de ces questions est une question qui a été soulevée par Me Kay,

  3   il s'agit de votre première réunion avec le général Gotovina, le 8 août.

  4   On vous a posé une question et je l'indique à l'intention de mes

  5   confrères, et peut-être que vous souhaiterez également revoir cette partie

  6   du compte rendu d'audience. Il s'agit de la page 4 199.

  7   Non, je m'excuse. Je pense que la question commence un peu plus tôt

  8   qu'à la page 4 199. Mais à la page 4 199, il vous a été suggéré que lorsque

  9   vous avez été interrogé en 1996, 1997, 1998, 1999, vous n'avez jamais

 10   mentionné le fait que vous vous êtes rendu auprès du général Gotovina le 8

 11   août et que vous avez discuté des crimes qui auraient été commis à cette

 12   réunion.

 13   Par la suite, il y a eu une discussion à propos -- cette discussion se

 14   trouve dans votre déclaration en 2008, pièce P333.

 15   Me Kay vous a demandé à la page 4 203 : "Comment se fait-il qu'en

 16   2008, à savoir 12 ans après vous vous en souvenez, alors que plus tôt vous

 17   ne vous en étiez pas souvenu ?"

 18   Il a suggéré à votre intention que la discussion qui avait eu lieu

 19   lors de cette réunion aurait peut-être été quelque chose qui vous aurait

 20   été suggéré par quelqu'un et vous avez répondu de façon négative à cela.

 21   J'aimerais que nous reprenions vos déclarations précédentes pour voir quand

 22   est-ce que vous avez pour la première fois parlé de votre première réunion

 23   avec le général Gotovina après l'opération Tempête.

 24   M. TIEGER : [interprétation] A ce sujet, je souhaiterais que l'on examine

 25   le document P331, déclaration de l'année 1997, page 18.

 26   Q.  Alors vous voyez, Général ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  A la page 18, vous indiquez que vous avez eu deux réunions officielles

Page 4520

  1   après la guerre avec le général Gotovina et vous dites à la première page :

  2   "Il s'est vanté des succès militaires croates. Lors de la première réunion,

  3   visiblement, il était transporté de bonheur. Je lui ai expliqué que je ne

  4   pouvais pas me déplacer librement. Il a mentionné qu'il étudierait la

  5   question. Je me suis aussi plaint du manque de discipline de ses soldats,

  6   du pillage, des incendies qui avaient lieu, des tirs aveugles d'armes à

  7   tout moment de la journée."

  8   Puis vous parlez de la deuxième réunion, il s'agissait de votre déclaration

  9   en juin 1997; c'est exact ?

 10   R.  Oui, Maître. Oui, Monsieur.

 11   Q.  Est-il exact que plus tard en 2008, au paragraphe 7, vous avez corrigé

 12   la date qui correspond à cette réunion et vous indiquez que dans la

 13   déclaration de 1997, vous aviez fait référence à cette réunion en indiquant

 14   qu'elle avait eu lieu le 12 ou le 13 août 1995, et qu'après avoir étudié

 15   les rapports de situation de l'ONURC, vous vouliez apporter une

 16   rectification, elle avait en fait eu lieu le 8 août 1995 ?  

 17   R.  Oui, Monsieur.

 18   Q.  J'aimerais maintenant, Général, que nous parlions d'une question qui a

 19   été soulevée par Me Kay également. Il s'agit de cette réunion du 24 août

 20   1995, réunion où vous avez participé ainsi que le général Cermak et M. Al-

 21   Alfi. Il y a eu une mention qui est faite aux pages 4 227 et 4 228, et il

 22   s'agit de la discussion qui porte sur la zone ou la zone de responsabilité.

 23   Vous vous souvenez de la question ou des questions qui vous ont été posées

 24   par Me Kay.

 25   Si vous me le permettez, Me Kay vous a indiqué dans un document lors

 26   du contre-interrogatoire qu'il y avait un document pour le général Cermak

 27   dans lequel il est indiqué que sa zone de responsabilité était très vaste.

 28   Puis ensuite, Me Kay vous a demandé de porter votre attention sur le

Page 4521

  1   rapport de M. Al-Alfi, rapport de la même réunion, et M. Al-Alfi indique

  2   que, et je cite : "A son avis, la zone est extrêmement vaste et qu'il

  3   mentirait s'il," "il" étant le général Cermak, "s'il avançait que rien de

  4   la sorte ne pourrait continuer à se passer."

  5   Puis ensuite, il fait référence au fait qu'il a émis des ordres. Puis

  6   on vous a demandé de faire la différence potentielle entre une zone et une

  7   zone de responsabilité.

  8   Justement à propos de l'utilisation du terme "zone de

  9   responsabilité," Général, est-ce que vous avez essayé de faire comprendre

 10   quelles étaient les frontières géographiques dont était responsable,

 11   d'après vous, le général Cermak, et pour ce qui était des événements qui

 12   s'y produisaient ?

 13   R.  A mon avis, vu de mon point de vue, cela comprend tous les secteurs.

 14   Q.  Vous avez compris que cela était sa zone de responsabilité, et de ce

 15   fait est-ce que vous avez attiré son attention sur des crimes qui se sont

 16   déroulés afin justement qu'il essaie de faire quelque chose à propos des

 17   crimes ?

 18   R.  C'était la seule personne qui m'avait été indiquée comme étant la

 19   personne responsable dans ma zone de responsabilité.

 20   M. TIEGER : [interprétation] Est-ce que nous pourrions examiner la pièce

 21   D151, je vous prie. Est-ce que nous pouvons passer à la page suivante.

 22   Q.  Paragraphe 5, c'est le paragraphe qui se trouve à la fin de la page.

 23   Là, il s'agit du rapport de M. Al-Alfi et nous voyons qu'il y a une

 24   référence. C'est la référence que j'ai mentionnée il y a quelques instants,

 25   à savoir "le général Cermak qui indique, à son avis, la zone est

 26   extrêmement vaste," et cetera.

 27   J'aimerais vous demander de bien vouloir examiner la première phrase

 28   de ce paragraphe qui est comme suit, je cite : "Nous avons attiré

Page 4522

  1   l'attention du général Cermak sur le fait que l'on continue à incendier des

  2   maisons et à piller dans la zone et nous lui avons demandé de mettre un

  3   terme à ces actes. Il a accepté ce fait, et le fait que ces incidents

  4   continuaient à se dérouler, il les a attribués à 'des personnes qui étaient

  5   entrées dans la zone en portant des uniformes de la HV et à des civils qui

  6   voulaient essayer de se venger.'"

  7   Général, cette référence de M. Al-Alfi qui demande au général Cermak de

  8   mettre un terme à ces actes, à savoir incendie des maisons, pillage, est-ce

  9   que cela est conforme à votre -- est-ce que vous aviez compris de la

 10   situation - cela fait l'objet d'ailleurs de votre rapport de situation - à

 11   savoir que cela se produisait dans sa zone de responsabilité ?

 12   R.  Oui, Monsieur.

 13   Q.  Général, j'aimerais maintenant que nous abordions deux autres sujets

 14   qui ont été soulevés par Me Kay. J'essaie d'en terminer avec ces questions

 15   avant qu'il ne quitte la salle d'audience. Il s'agit des restrictions

 16   imposées à la liberté de circulation, et il y a les documents qui ont été

 17   préparés par le général Plestina à ce sujet.

 18   Me Kay vous a demandé, à la page 4 322, et vous a dit que le général

 19   Plestina s'occupait du contrôle de la liberté de circulation entre l'ONURC

 20   et l'armée croate, et vous avez dit que vous n'étiez pas au courant de

 21   cela. Puis ensuite, la discussion s'est poursuivie. Une ou deux lignes, ou

 22   deux ou trois lignes plus tard, vous avez indiqué que vous ne vous

 23   souveniez pas s'il lui revenait de contrôler cette situation. Puis ensuite

 24   il y a eu une autre discussion qui a porté sur des rapports du général

 25   Plestina. Nous allons les étudier très, très rapidement, ces rapports.

 26   M. TIEGER : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche la pièce D319.

 27   Q.  Ce document vous a été montré lors de cet échange. Il s'agit d'un

 28   rapport journalier qui couvre la période allant du 6 août 1995 au 7 août

Page 4523

  1   1995, à 8 heures.

  2   Il y est dit, entre autres, que : "Notre officier de liaison," il

  3   s'agit des termes utilisés par le général Plestina, "nous a expliqué que

  4   l'ONURC pouvait circuler librement pour ravitailler ses unités sur le

  5   terrain, mais qu'il était inutile que l'ONURC effectue des patrouilles ou

  6   observe depuis les postes d'observation et fasse rapport sur les violations

  7   de l'accord de Zagreb, étant donné que la situation pour le moment était

  8   telle que les autorités décident de créer de la nouvelle mission

  9   éventuellement de l'ONURC."

 10   Est-il exact de dire que le 7 août 1995, que l'accord conclu entre M.

 11   Sarinic et M. Akashi avait été conclu ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Aux paragraphes 4 et 5, il est question du fait que l'ONURC peut

 14   accéder à la population civile pour assurer ces besoins et fournir une aide

 15   humanitaire et l'ONURC pouvait accéder à toutes les zones pour se livrer à

 16   des activités de surveillance, à l'exception des cas où les commandants

 17   militaires de l'ONURC déployés localement, après avoir consulté les

 18   commandants de l'armée croate, ont décidé que la situation en matière de

 19   sécurité ne permettait pas ces activités de surveillance; est-ce exact ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Je suppose que dans ce rapport du 6 au 7 août, vous avez constaté qu'il

 22   n'était pas fait référence à l'accord Sarinic-Akashi ?

 23   R.  La première fois que je l'ai vu c'était hier ou avant-hier.

 24   Q.  On vous a également montré un rapport portant sur une autre date, à

 25   savoir le lendemain. Il s'agit de la pièce D320. Il s'agissait d'un rapport

 26   journalier couvrant la période du 7 au 8 août. Là encore, le 8 août, comme

 27   vous l'avez dit -- enfin, je m'arrête un instant.

 28   Je vais vous montrer ce document. Enfin je peux vous le montrer avec

Page 4524

  1   l'autorisation de mes confrères, et je suppose que vous ne vous souvenez

  2   pas de référence faite à l'accord conclu entre Sarinic et Akashi ?

  3   R.  Non.

  4   Q.  Vous souvenez-vous que le 8 août vous avez reçu la première lettre

  5   portant sur la liberté de circulation utilisée comme laissez-passer et qui

  6   provenait du général Cermak ?

  7   R.  Oui, cela concernait tout le monde et le secteur de Drnis.

  8   Q.  Vous souvenez-vous que ce document a été également envoyé à deux autres

  9   personnes : le général Gotovina et M. Koralic [comme interprété] ?

 10   R.  Oui, c'était indiqué au bas de la lettre.

 11   Q.  Vous vous souvenez également que le général Plestina n'a pas reçu une

 12   copie ?

 13   R.  Ce n'était pas indiqué sur la feuille de papier.

 14   Q.  Vous avez déclaré, vous avez parlé longuement dans votre interrogatoire

 15   principal des restrictions imposées en matière de liberté de la circulation

 16   pendant le mois d'août et le mois de septembre, et vous avez parlé de vos

 17   contacts avec le général Cermak en rapport avec ces restrictions à la

 18   liberté de circulation.

 19   Le général Cermak vous a-t-il jamais dit qu'il consultait ou attendait des

 20   consignes du général Plestina en rapport avec les protestations que vous

 21   avez exprimées pour ce qui est des restrictions à la liberté de circulation

 22   ?

 23   R.  Pas à mon souvenir.

 24   Q.  Est-ce que le général Cermak vous a indiqué qu'il dépendait en quelque

 25   sorte du général Plestina ?

 26   R.  Du général Plestina, non.

 27   Q.  Je souhaiterais revenir sur un point qui a été abordé un peu plus tôt

 28   aujourd'hui. Je pense que c'était à la page 92 du compte rendu d'audience

Page 4525

  1   actuel. Cela concernait des informations consignées dans un rapport de

  2   situation provenant du chef de la police militaire. La date, je pense,

  3   était celle du 6 août, et la personne concernée, M. Hill. Il s'agit du

  4   document P351.

  5   Vous avez déclaré dans le cadre de l'interrogatoire principal, à la

  6   page 4 129 du compte rendu d'audience, que le capitaine Hill avait été

  7   autorisé à sortir du camp.

  8   On vous a posé la question suivante : "Qu'avez-vous appris de la part

  9   du capitaine Hill lorsqu'il est sorti ?"

 10   Réponse : "Il est sorti et je lui ai demandé de voir l'étendue des

 11   dommages à Knin. Il est rentré, il m'a fait rapport dans l'après-midi, je

 12   pense vers 4 heures. Il m'a dit qu'il avait vu des dégâts importants et

 13   qu'il avait été témoin d'actes de pillage. Il s'est rendu dans

 14   l'appartement que j'avais occupé…" --

 15   M. KEHOE : [interprétation] Non, il ne s'agit pas de questions

 16   supplémentaires. Ce que je lui ai présenté c'était un rapport de situation

 17   que l'Accusation a fait verser au dossier, mais ce n'était pas là. Il ne

 18   s'agit pas de questions supplémentaires. On ne va pas revoir la déclaration

 19   faite par le témoin il y a deux jours.

 20   M. TIEGER : [interprétation] J'y viens. J'allais parler du rapport de

 21   situation.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Permettez-moi --

 23   M. TIEGER : [aucune interprétation]

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'attends la question. Je n'ai pas

 25   entendu de question. M. Tieger, pour une raison qui ne concerne que lui,

 26   ramène, demande au témoin de revenir sur sa déposition faite dans le cadre

 27   d'interrogatoire principal. Je ne sais pas si c'est nécessaire.

 28   Monsieur Kay, est-ce que vous avez une seconde, s'il vous plaît. Maître

Page 4526

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 4527

  1   Kay, veuillez attendre un instant. Je vais d'abord trancher ce point.

  2   Il arrive parfois que ce soit nécessaire. Parfois, en revanche, il

  3   est simplement habituel de rafraîchir la mémoire d'un témoin en lui

  4   rappelant ce qu'il a dit plus tôt. Mais il vaut mieux ne pas faire cela.

  5   Peut-être que le témoin a déjà oublié ce qu'on était en train de dire.

  6   Mais apparemment Me Kay a des engagements ailleurs. Il doit quitter

  7   la salle d'audience.

  8   Maître Kay, à la fin je demanderai au témoin une question. C'est une

  9   question qui peut revêtir une certaine importance pour vous. Je souhaitais

 10   l'interroger au sujet de la zone. Vous souvenez qu'il a été question de

 11   zone de responsabilité, ou de zone simplement, comme il est dit dans le

 12   rapport de M. Al-Alfi. On peut lire qu'il est écrit zone avec un Z

 13   majuscule, alors que plus tôt dans ce même rapport il est fait référence à

 14   la zone de Knin. Je  voulais savoir si cela veut dire quelque chose pour

 15   vous ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Donc une lettre majuscule ?

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Moi je parle toujours de "zone de

 19   responsabilité."

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je comprends. Mais zone avec un Z

 21   majuscule plutôt qu'un Z minuscule, est-ce que ça veut dire quelque chose

 22   pour vous ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne m'en souviens pas.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

 25   Maître Kay, comme c'est vous qui en aviez parlé, je voulais revenir

 26   là-dessus.

 27   M. KAY : [interprétation] Merci. Maintenant je m'excuse, mais je dois

 28   quitter la salle d'audience.

Page 4528

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Je voulais simplement revenir

  2   là-dessus.

  3   M. KAY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger, vous avez la parole.

  5   M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  6   Q.  Général, vous avez à l'écran P351. Nous voyons la première page. Si

  7   nécessaire, nous pourrons revenir sur le passage qui a été débattu plus

  8   tôt. C'est un peu plus loin dans le rapport de situation, mais je me

  9   demandais si vous pouviez me dire à quelle heure ce rapport de situation

 10   avait été préparé ?

 11   R.  Il a été envoyé à 13 heures, donc il a dû être préparé peut-être à 45

 12   minutes ou une heure avant cela.

 13   Q.  Donc ce rapport de situation était préparé avant que vous ne vous soyez

 14   entretenu avec le capitaine Hill ce jour-là donc, à son retour du voyage à

 15   Knin ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Je souhaiterais parler brièvement de votre déclaration de 1996. Il

 18   s'agit de la pièce P330, me semble-t-il. Je souhaiterais que l'on revienne

 19   sur votre exposé. Je n'aurais que quelques questions à vous poser à ce

 20   sujet, Général.

 21   M. TIEGER : [interprétation] Peut-être vaudrait-il mieux regarder d'abord

 22   le document P401. Je m'excuse, Monsieur le Greffier.

 23   Q.  Nous allons examiner deux passages brièvement à titre d'exemples.

 24   Première page, page 23. 

 25   Page 23, dernier paragraphe, troisième phrase : "Le général Mrksic

 26   n'était pas présent, mais j'ai rencontré son chef d'état-major et cinq

 27   ministres de l'ARSK. Ils semblaient totalement confus et incohérents dans

 28   leurs discussions ou commentaires."

Page 4529

  1   Maintenant nous pourrions peut-être examiner rapidement la page 34.

  2   Apparemment on est passé de 33 à 35. Merci.

  3   Q.  Dans la deuxième phrase, vous dites : "Je dois féliciter l'initiative

  4   de mon secteur…" --

  5   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce qu'il s'agit de 33 ou 35 ?

  6   M. TIEGER : [interprétation] 34.

  7   Q.  Vous dites : "Je dois féliciter mon officier de l'administration du

  8   secteur civil pour son initiative, à savoir

  9   M. Harry Hoey, mon état-major, mes soldats qui ont réussi à loger ces

 10   réfugiés pendant une longue période."

 11   M. TIEGER : [interprétation] Peut-on maintenant voir la pièce P330, s'il

 12   vous plaît. Tout d'abord, peut-on voir la page 5.

 13   Q.  Là encore il est fait référence au général Mrksic, au chef d'état-major

 14   et à cinq ministres de l'ARSK et ils semblaient totalement confus et

 15   paniqués. 

 16   Et là, contrairement à ce que vous dites dans votre exposé, on voit

 17   que vous dites : "Je ne connais pas leurs noms."

 18   M. TIEGER : [interprétation] Peut-on maintenant revoir rapidement la page

 19   11.

 20   M. KEHOE : [interprétation] Il s'agit toujours de la

 21   pièce P330 ?

 22   M. TIEGER : [interprétation] Oui.

 23   Q.  Il est fait référence en haut de la page à M. Harry Hoey. Il y est fait

 24   référence également dans l'exposé. Il est dit que :

 25   "M. Hoey est un employé civil britannique de l'ONU. Je pense qu'il se

 26   trouve maintenant dans le secteur est."

 27   Général, je suppose que c'est vous qui avez communiqué ces informations aux

 28   enquêteurs. C'est vous qui avez dit que vous ne connaissiez pas le nom du

Page 4530

  1   chef d'état-major de M. Mrksic et des cinq ministres de l'ARSK et c'est

  2   vous qui avez indiqué que M. Hoey était un employé civil britannique de

  3   l'ONU et qu'il se trouvait à l'époque dans le secteur est ?

  4   R.  Lorsque j'ai répondu par la négative à l'époque c'est lorsque j'étais

  5   en contact avec ces gens, lorsque je suis parti il est parti pour aller

  6   dans le secteur est. Je ne me souviens plus. Je ne connaissais pas le chef

  7   d'état-major ou les ministres. Je ne les avais jamais rencontrés.

  8   Q.  Il s'agit d'informations que vous avez communiquées aux enquêteurs; qui

  9   était M. Hoey, où il se trouvait --

 10   M. KEHOE : [interprétation] Objection. Avant cela M. Robertsson se trouvait

 11   au QG de l'ONURC à Zagreb. Il sait très bien où se trouvaient ces gens.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît.

 13   J'essaie de comprendre précisément quelle est la nature de votre problème.

 14   M. KEHOE : [interprétation] Voilà mon problème : cela concerne la source de

 15   cette information, s'agissant de la conclusion selon laquelle le général a

 16   estimé, enfin ce qu'il a dit à propos de

 17   M. Hoey n'est pas tout à fait exact étant donné que la personne qui était

 18   l'enquêteur indiqué dans la pièce P330 c'est Joakim Robertsson. A l'époque,

 19   il travaillait au QG de l'ONURC à Zagreb.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le témoin peut répondre à cette

 21   question.

 22   Monsieur Tieger, peut-être que vous pourriez lui reposer la question. 

 23   L'objection est rejetée.

 24   M. TIEGER : [interprétation]

 25   Q.  Général, les informations que vous avez communiquées à

 26   M. Robertsson, le fait que vous ignoriez le nom du chef d'état-major, du

 27   général Mrksic, et des cinq ministres de l'ARSK que vous avez rencontrés à

 28   cette réunion, les fonctions occupées par M. Hoey, toutes ces informations,

Page 4531

  1   comment les avez-vous obtenues ? En fait, vous avez répondu aux questions

  2   posées par M. Robertsson, il a posé des questions, et vous, vous avez fait

  3   des réponses.

  4   M. KEHOE : [interprétation] Objection. La question est directrice.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger, pourriez-vous poser une

  6   question qui ne soit pas directrice ?

  7   M. TIEGER : [interprétation] Je ne savais pas comment la formuler.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Il me posait des questions et j'y répondais.

  9   M. TIEGER : [interprétation]

 10   Q.  En définitive, vous a-t-on communiqué votre déclaration que vous avez

 11   relue et signée ensuite ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Général, hier me semble-t-il, Me Kehoe vous a posé quelques questions

 14   au sujet du pilonnage, et cela se trouve aux pages 4 345 et 4 346. Il vous

 15   a interrogé au sujet du pilonnage de Strmica par les forces de la HV. Il

 16   est question des civils dans le secteur et on vous a renvoyé à un extrait

 17   du livre du colonel Tymchuk où il parle d'un voyage à Strmica fin juillet,

 18   où il a indiqué qu'il n'y avait pas apparemment de civils à Strmica. 

 19   Me Kehoe vous a demandé à la page 4 346, si vous saviez quand les

 20   civils qui s'étaient trouvés à Strmica avaient quitté le secteur et vous

 21   avez répondu : "Non, je ne sais pas."

 22   Alors moi je souhaiterais savoir pourquoi d'après vous les civils de

 23   Strmica sont partis fin juillet ?

 24   R.  Je l'ignore.

 25   Q.  Général, vous avez indiqué que lorsque vous êtes arrivé, il y a eu un

 26   échange à ce sujet, à la page 4 348 du compte rendu d'audience vous avez

 27   indiqué que vous aviez été informé du fait qu'il y avait certaines

 28   positions défensives qui avaient été mises sur pied et ce sont vos hommes

Page 4532

  1   qui se sont déplacés dans le secteur qui vous en ont informé, je vais

  2   parler des positions défensives de l'ARSK, mais vous avez dit que vous

  3   n'avez observé vous-même la présence de ces positions défensives. 

  4   Est-ce que l'une quelconque de ces positions défensives se trouvait à

  5   Knin même, ou bien se trouvaient-elles ailleurs dans le secteur, d'après

  6   les gens qui vous en ont informé ?

  7   R.  Si je me souviens bien, on m'a dit qu'il n'y avait pas de position

  8   défensive à Knin, et je n'en ai vu aucune pour ma part.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous parlons de Knin, je suppose qu'il

 10   s'agit de la ville de Knin et non pas de la municipalité.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] De la ville.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 13   Veuillez poursuivre, Monsieur Tieger.

 14   M. TIEGER : [interprétation]

 15   Q.  Aujourd'hui et hier, on vous a interrogé au sujet d'ordres donnés en

 16   rapport avec les crimes commis. On vous a demandé si vous étiez au courant

 17   de l'existence de certains ordres qui auraient été reflétés dans un

 18   document qu'on vous a montré. Vous en

 19   souvenez-vous ?

 20   R.  Les documents venaient d'où ?

 21   Q.  Me Kay, hier vous a présenté de tels documents.

 22   R.  Oui, je m'en souviens.

 23   Q.  Sur le terrain, avez-vous vu quoi que ce soit qui vous aurait donné à

 24   penser que l'on avait donné des ordres demandant de mettre un terme à ces

 25   crimes ? Avez-vous vu que ces crimes n'avaient plus lieu en août ou au

 26   début du mois de septembre ?

 27   R.  Non. Et cela ressort de la lettre que j'ai envoyée au général Cermak où

 28   il est dit que ces crimes se poursuivaient.

Page 4533

  1   Q.  Me Kehoe, à la fin de l'audience on vous a demandé si vous étiez au

  2   courant des ordres qui ont pu être donnés par le général Gotovina. Hier, on

  3   vous a également interrogé au sujet des ordres.

  4   On vous a interrogé également au sujet de ce qu'un commandant pouvait

  5   faire ou ne pas faire. Alors voilà la question que je souhaite vous poser à

  6   cet égard : si des ordres semblables à ceux que vous avez vus avaient été

  7   donnés, et si les crimes s'étaient poursuivis, est-ce qu'on peut estimer

  8   que le commandant a pris des mesures suffisantes ?

  9   M. KEHOE : [interprétation] Objection.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous demandez au témoin de donner un

 11   avis juridique sur la question, vu la manière dont je comprends cette

 12   question. Vous pouvez lui demander ce qu'il a appris, par exemple, à

 13   l'académie militaire, c'est autre chose; mais quant à savoir si c'est

 14   correct ou pas, ça reste à voir. Mais --

 15   M. TIEGER : [interprétation] Bien. Me Kehoe a soulevé une objection tout à

 16   fait justifiée.

 17   Q.  Il vous a posé quelques questions au sujet de votre expérience

 18   militaire et de vos fonctions de commandant.

 19   Alors si vous, en tant que commandant, donniez un ordre pour mettre

 20   fin aux crimes commis par vos soldats, que devriez-vous faire sur la base

 21   de votre expérience militaire ? 

 22   R.  Je m'attendrais à ce que mon ordre soit exécuté, et si tel n'était pas

 23   le cas, je veillerais à ce que les intéressés soient démis de leur fonction

 24   et que l'ordre soit exécuté. Je ferais le nécessaire pour que les activités

 25   répréhensibles cessent immédiatement.

 26   M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. C'est toute la

 27   question que je souhaitais poser.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que certaines des questions

Page 4534

  1   posées lors des questions supplémentaires nécessitent d'autres questions de

  2   la part de la Défense ?

  3   M. KEHOE : [interprétation] Très brièvement, Monsieur le Président.

  4   Contre-interrogatoire supplémentaire par M. Kehoe : 

  5   Q.  [interprétation] On vous a posé une question au sujet de P351, inutile

  6   de l'afficher à l'écran. Il s'agit du rapport de situation établi à 13

  7   heures. Il y était fait référence au voyage de M. Hill. Il est dit que les

  8   actes de pillage se limitaient apparemment aux bières et aux radios

  9   portables.

 10   C'était dans l'après-midi, le capitaine Hill vous a donné des

 11   informations supplémentaires ensuite ?

 12   R.  Je ne sais pas si ces informations se trouvaient dans le rapport

 13   de situation. Ce rapport a été préparé vers 11 heures 15 ou 11 heures 00,

 14   et je me suis entretenu avec le capitaine Hill seulement dans l'après-midi.

 15   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait rapidement voir la

 16   pièce P351, s'il vous plaît.

 17   Q.  Il s'agit d'un rapport de situation établi le 6 août à

 18   13 heures. Il y a une rubrique intitulée "Evaluation du commandant."

 19   J'essaie de m'y retrouver dans la pagination.

 20   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait aller deux pages plus

 21   loin dans ce texte.

 22   Q.  Les policiers militaires indiquent qu'à 9 heures, les policiers

 23   militaires ont fait pendant deux heures le tour de la ville de Knin. C'est

 24   la police militaire de la HV qui leur ont fait faire ce tour à la police

 25   militaire et la police civile de Split était présente en grand nombre et

 26   prenait le contrôle de Knin. Des soldats se trouvaient dans la rue,

 27   certains tiraient en l'air, apparemment il n'y avait pas de combat. Les

 28   policiers militaires sont entrés dans des bâtiments pour essayer de voir

Page 4535

  1   des traces de piège de destruction et ont trouvé peu de traces de saccage

  2   ou de destruction sans motif.

  3   C'est ce que le capitaine Hill vous a dit avant 13 heures ?

  4   R.  Il ne m'a pas parlé à son retour. Je lui ai parlé dans l'après-midi, ça

  5   ne fait pas partie de l'évaluation du commandant. Il s'agit d'une rubrique

  6   préparée par les officiers des postes d'observation.

  7   Q.  Pièce 352, un peu plus tard, le 6 toujours à 20 heures 30.

  8   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce qu'on l'on pourrait voir la dernière

  9   page, chapitre F. Il s'agit de la synthèse du commandant du secteur

 10   Q.  Donc à 20 heures 30, vous aviez déjà parlé à Hill, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Au paragraphe F, vous relevez que davantage de civils, y compris des

 13   voitures avec des plaques minéralogiques de Split sont vus à Knin, dans le

 14   sens que les choses sont revenues à la normale.

 15   Maintenant on a l'impression que les choses sont normales. Il n'y a pas de

 16   discussion concernant du pillage ou d'incendie au cours de cette

 17   description, cette impression de normalité de retour à Knin, n'est-ce pas ?

 18   R.  Non, du tout.

 19   M. KEHOE : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît.

 20   [Le conseil de la Défense se concerte]

 21   M. KEHOE : [interprétation] Je vous remercie beaucoup, Monsieur le

 22   Président.

 23   Monsieur le Général, merci beaucoup.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le Juge Gwaunza a une question à vous

 25   poser.

 26   Questions de la Cour : 

 27   Mme LE JUGE GWAUNZA : [interprétation] Général, je voudrais que vous

 28   regardiez votre déclaration de 1996, à la page 10, le deuxième paragraphe.

Page 4536

  1   R.  Oui, Madame le Juge.

  2   Mme LE JUGE GWAUNZA : [interprétation] Vous parlez là de l'incendie de

  3   bâtiment et de récoltes. Est-ce que ces récoltes, est-ce que c'était sur

  4   pied ou est-ce qu'on avait déjà récolté, est-ce que c'étaient des moissons

  5   ?

  6   R.  Il s'agit de moissons qui étaient sur pied dans les champs et les

  7   champs avaient été brûlés. 

  8   Mme LE JUGE GWAUNZA : [interprétation] Donc ceci est relié -- enfin vous

  9   parlez sur la même page, au troisième paragraphe en partant du bas, vous

 10   parlez du fait qu'un des villages plus lointain et des fermes de paysans

 11   ont été méthodiquement détruits en éliminant tous les moyens de subsistance

 12   sur le terrain et ainsi de suite.

 13   R.  Oui, Madame le Juge, c'est la même chose.

 14   Mme LE JUGE GWAUNZA : [interprétation] Maintenant, regardons le paragraphe

 15   8 de votre déclaration de 2008.

 16   R.  Madame le Juge, je ne l'ai pas ici.

 17   Mme LE JUGE GWAUNZA : [interprétation] Il s'agit du

 18   document P --

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois qu'il s'agit du document P333

 20   ou 330, si je ne me trompe.

 21   Mme LE JUGE GWAUNZA : [interprétation] Oui. Donc le paragraphe 8, vous

 22   parlez là du général Gotovina en reconnaissant que les incendies et les

 23   pillages avaient lieu mais indiquant qu'il disait qu'il s'agissait de

 24   quelque chose qu'il ne pouvait pas contrôler.

 25   Vous rappelez-vous s'il vous a dit pourquoi il ne pouvait pas empêcher cela

 26   ?

 27   R.  Non, Madame le Juge.

 28   Mme LE JUGE GWAUNZA : [interprétation] Très bien. Je vous remercie.

Page 4537

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  

Page 4538

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le Juge Kinis a des questions à vous

  2   poser aussi.

  3   M. LE JUGE KINIS : [interprétation] Général Forand, je voudrais me référer

  4   à votre déclaration que l'on trouve dans la pièce P331. A la page 13, ligne

  5   22.

  6   Vous dites : "Il semble que les tâches du général Cermak était

  7   essentiellement des tâches administratives." Vous étiez une personne qui

  8   vous trouviez directement sur place, donc cette véritable situation.

  9   Quelles étaient vos impressions concernant l'autorité de M. Cermak, à

 10   savoir si ses ordres étaient d'arrêter de commettre des activités

 11   criminelles ou est-ce que c'était efficace ou il n'en n'était pas tenu

 12   compte ?

 13   R.  A l'évidence, ce n'était pas efficace. Chaque fois que nous avons

 14   rencontré le général Cermak, comme je l'ai mentionné plus tôt, il était

 15   très cordial. Les problèmes que nous lui exposions, vous savez, tels que

 16   les incendies, les pillages, il disait : Oui, je vais faire quelque chose

 17   pour cela. Je vais m'en occuper. Mais en ce qui me concerne rien n'a jamais

 18   été fait parce que ça a continué.

 19   Quand j'ai dit qu'il était comme une sorte - pour moi en tous les cas

 20   - comme une sorte d'administrateur, lorsque j'ai fait cette déclaration, je

 21   faisais une comparaison avec le général Gotovina, qui pour moi était le

 22   prototype d'un militaire. Le général Cermak, pour moi, était davantage un

 23   administrateur si vous le comparez à un combattant à un administrateur. Et

 24   c'est la raison pour laquelle j'avais employé ce terme d'administrateur.

 25   M. LE JUGE KINIS : [interprétation] En fait, votre opinion c'était que ses

 26   ordres n'étaient pas efficaces à l'époque et que la raison c'était que s'il

 27   avait autorité sur la possibilité de surveiller la police et le reste des

 28   forces militaires dans le secteur, bien, son autorité était très limité ?

Page 4539

  1   R.  Monsieur le Juge, tout au moins c'est l'impression que j'ai retiré

  2   lorsque nous lui parlions, c'est-à-dire qu'il disait qu'il ferait quelque

  3   chose mais que jamais rien ne se faisait. Donc quant à savoir s'il avait

  4   l'autorité ou le pouvoir ou non, ça je ne peux pas le dire, mais pour la

  5   personne, la seule personne avec qui j'étais

  6   M. Al-Alfi, qui traitait cette question avec M. Cermak.

  7   Nous lui présentions la situation et nous rendions compte de ce que

  8   disait le "Humanity Right Action Team" à Knin, ceux qui voyaient avec leur

  9   patrouille, bien, ils rendaient compte.

 10   M. LE JUGE KINIS : [interprétation] Je vous remercie beaucoup de vos

 11   réponses.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Forand, j'ai une question à

 13   vous poser.

 14   Vous avez parlé de l'un des réfugiés dans le camp qui pour vous vous avait

 15   permis de savoir comment l'ordre d'évacuation avait été communiqué, c'est-

 16   à-dire par le système de la défense civile qui existait déjà, était déjà en

 17   place.

 18   Est-ce que vous vous rappelez s'il s'agissait de quelqu'un qui a entendu

 19   parler de l'évacuation ou de l'ordre d'évacuation ? 

 20   M. KEHOE : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président. Mais quand

 21   vous avez posé la question tout à l'heure, je croyais que vous aviez dit

 22   "pluriel"; et au compte rendu il y a un singulier lorsque vous avez posé la

 23   question.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je n'avais pas l'intention d'utiliser le

 25   pluriel en l'occurrence.

 26   M. TIEGER : [interprétation] Je pense que Me Kehoe, enfin d'après mes

 27   souvenirs là aussi, peut-être que l'on peut préciser les choses pour le

 28   témoin.

Page 4540

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce qu'il y avait plusieurs personnes

  2   qui vous en ont parlé ?

  3   R.  Oui, Monsieur le Président.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous vous rappelez s'il

  5   s'agissait de personnes du village avoisinant de Knin ou de Knin ou

  6   d'autres villes précises ?

  7   R.  Je ne pourrais pas vous dire exactement, Monsieur le Président, s'ils

  8   étaient de Knin ou d'une autre ville, mais il s'agissait de personnes qui

  9   se trouvaient être dans le camp et qui étaient libres. Nous avions quatre

 10   ou cinq traducteurs ou interprètes qui étaient d'origine serbe ou croate,

 11   de sorte que c'était l'une des sources. Ces traducteurs parlaient également

 12   de quelques semaines après le 6 de personnes qui étaient déjà arrivées en

 13   Serbie. Vous savez, ils n'étaient pas restés dans la Krajina et ça été

 14   confirmé également par ces personnes. Je ne peux pas vous dire exactement

 15   d'où ils venaient.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie de cette réponse.

 17   Le Juge Kinis vous a posé une question concernant l'efficacité des ordres

 18   donnés par M. Cermak.

 19   Vous avez parlé de ces questions avec lui et vous dites que vous

 20   n'avez "jamais vu que les choses aient été suivies des faits."

 21   R.  [inaudible]

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc il y a eu un grand nombre de stades

 23   entre lesquels il y avait discussions et des ordres pour qu'il puisse être

 24   efficace sur le terrain. Donc je voudrais maintenant passer en revue les

 25   différents stades et voir comment vous pourriez nous commenter cela.

 26   La première c'est : est-ce que vous savez ce que M. Cermak a dit qu'il

 27   ferait a été mis en pratique ?

 28   R.  Si je le sais ?

Page 4541

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Si quelqu'un dit : Je vais m'en

  2   occuper, je vais faire quelque chose à ce sujet, on peut le dire. Mais est-

  3   ce que vous avez jamais appris de qui que ce soit, indépendamment d'ici

  4   aujourd'hui dans cette salle d'audience, vous avez vu de la correspondance

  5   et certains ordres, avez-vous jamais appris d'autres personnes par exemple,

  6   Cermak est venu me trouver ou Cermak a donné cet ordre ou quoi que ce soit

  7   de ce genre, de sorte qu'il y avait en quelque sorte des rapports et vous

  8   vous étiez rendu compte pour voir ce que disait M. Cermak allait être fait

  9   vraiment par lui ou non.

 10   R.  Non, Monsieur le Président.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avez-vous jamais entendu de qui que ce

 12   soit - et là maintenant je passe à une deuxième étape - s'il avait jamais

 13   reçu quoi que ce soit par écrit en ce qui concerne les questions dont vous

 14   avez discuté avec lui et s'il a dit qu'il ferait quelque chose à ce sujet ?

 15   R.  Non, Monsieur le Président.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avez-vous jamais eu une forme quelconque

 17   de rapport ou de relation de personnes qui

 18   disaient : Nous avons reçu pour instructions de faire ceci, on nous a

 19   demandé de faire ceci, mais nous allons faire les choses qui ne seront pas

 20   conformes aux instructions reçues ?

 21   R.  Non, Monsieur le Président.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Y a-t-il quoi que ce soit d'autre que

 23   vous puissiez nous dire sur ce que vous avez appris concernant la mise en

 24   œuvre de façon soit positive, soit négative, la mise en œuvre de ce qu'a

 25   dit M. Cermak qu'il ferait, indépendamment des documents que nous avons vus

 26   ici en salle d'audience et il y en a un grand nombre de ces documents ?

 27   R.  Je n'ai rien à ajouter à ce qui vous a déjà été montré, Monsieur le

 28   Président.

Page 4542

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie de ces réponses.

  2   Est-ce que les questions des Juges soulèvent des questions, des précisions

  3   supplémentaires de la Défense ?

  4   M. KEHOE : [interprétation] Juste un point, très brièvement, Monsieur le

  5   Président.

  6   Contre-interrogatoire supplémentaire par M. Kehoe : 

  7   Q.  [interprétation] Général, il y avait une question posée par le Juge

  8   Gwaunza concernant les moissons qui avaient brûlé dans les champs.

  9   Alors, le fait de brûler les champs parfois, ça peut être une façon de

 10   déminer le terrain, n'est-ce pas ?

 11   R.  Ça pourrait le cas, oui.

 12   Q.  Quand ils brûlaient ces champs, savez-vous s'ils recherchaient des

 13   mines ou non ?

 14   R.  Je ne le sais pas, Maître.

 15   Q.  Je vous remercie.

 16   Questions de la Cour : [Suite]

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Par rapport à cette dernière question,

 18   ce qu'ils avaient l'intention de faire à l'époque vous ne le savez pas.

 19   Mais est-ce que vous avez su si des mines avaient été placées dans des

 20   champs, dans des terrains agricoles ?

 21   R.  Je ne peux pas répondre à cette question, je ne le sais pas, Monsieur

 22   le Président.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous ne savez pas.

 24   R.  Non, Monsieur le Président.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il n'y a jamais eu, par exemple, de

 26   rapports selon lesquels une mine aurait explosé dans une telle situation ?

 27   R.  La seule mine dont j'ai entendu dire qu'elle avait explosé c'était dans

 28   la zone de séparation où nous procédions à une patrouille, et ceci a eu

Page 4543

  1   lieu en juillet, Monsieur le Président.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je vous remercie, de vous réponses.

  3   Monsieur Forand, bien que ce soit assez tard, ceci conclut votre déposition

  4   devant notre Chambre et je vais passer au français maintenant, qui est

  5   votre langue maternelle.

  6   [en français] A vous -- quand vous changez au canal 5, vous recevrez

  7   mes mots en français.

  8   Monsieur Forand, j'aimerais bien vous remercier pour être venu à La Haye et

  9   pour avoir répondu à toutes les questions posées par les parties et par les

 10   Juges, et je vous souhaite malgré un peu tard un bon retour chez vous.

 11   LE TÉMOIN : Merci, votre Honneur.

 12   [Le témoin se retire]

 13   M. MIKULICIC : [interprétation] Monsieur le Président.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Mikulicic.

 15   M. MIKULICIC : [interprétation] Peut-être que nous pourrions éclaircir la

 16   question que vous avez posée au début de la séance d'après-midi concernant

 17   les numéros d'une pièce.

 18   Vous avez parlé d'un document qui en fait a sept pages.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 20   M. MIKULICIC : [interprétation] Nous parlons d'un document de deux pages.

 21   En fait, il y a là un document de sept pages dans la version électronique

 22   et il s'agit du P343.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] 343.

 24   M. MIKULICIC : [interprétation] Bien. L'autre document qui a deux pages

 25   seulement c'est le P104. Donc je crois que nous nous référons au document

 26   qui a plusieurs pages, à savoir le 343.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Nous vérifierons cela pour voir si

 28   ça figure bien au compte rendu, si on l'a bien noté au compte rendu qu'il

Page 4544

  1   s'agissait de ce document qui n'a pas été présenté pour dépôt au dossier à

  2   ce moment-là, il n'a pas été admis parce qu'on soupçonnait qu'il était déjà

  3   déposé au dossier. Mais si c'est le cas donc il n'aura pas la cote P104

  4   mais la cote P343.

  5   M. MIKULICIC : [interprétation] Non, non, non. Ça c'est l'autre question.

  6   M. Kuzmanovic a donné un document qui avait déjà été présenté, le 329. En

  7   fait, il s'agissait du P104, donc c'est un des points. L'autre point c'est

  8   un document qui a plusieurs pages et c'est le P343. Je crois que ça a causé

  9   un petit peu de confusion.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. C'est vendredi après-midi,

 11   effectivement les choses commencent à devenir un peu confuse. Est-ce que la

 12   meilleure façon de procéder : est-ce que nous essayons de faire pour le

 13   moment ce ne serait pas de voir si le document que nous avons discuté à ce

 14   moment-là ou s'il était toujours nécessaire de l'admettre comme élément de

 15   preuve, oui ou non ? Ensuite nous avons pensé que peut-être qu'il se

 16   trouvait déjà versé au dossier sous la cote P104. Maintenant il semble que

 17   ça ne soit pas absolument vrai. Les parties sont invitées ou vous êtes

 18   invité vous-même, Maître Mikulicic, à communiquer de la façon habituelle

 19   avec copie transmise au juriste de la Chambre, M. Nilsson, pour expliquer

 20   exactement ce qu'est le document dont nous parlons, et si c'est un document

 21   qui fait partie des pièces déposées et s'il est déposé effectivement, si

 22   c'est devenu une pièce à conviction ou si ça fait partie d'une pièce à

 23   conviction plus volumineuse. A ce moment-là, lundi, nous verrons s'il y a

 24   quoi que ce soit qu'il y ait lieu de le faire.

 25   Monsieur Tieger.

 26   M. TIEGER : [interprétation] Excusez-moi, je ne voulais pas poser de

 27   problème.

 28   Très rapidement Monsieur le Président. A la lumière des commentaires

Page 4545

  1   précédents faits par M. Kay, la suggestion faite par les membres de la

  2   Chambre selon laquelle les parties devraient aussi rapidement que possible

  3   prévenir les membres de la Chambre en ce qui concerne les documents qui

  4   doivent être présentés directement à l'audience par rapport à un témoin ou

  5   une déposition.

  6   J'ai parlé à mes confrères de la Défense à ce sujet, j'étais au

  7   courant du fait que nous ayons reçu des documents de M. Kay et j'ai indiqué

  8   que nous allions présenter un certain nombre de documents directement à

  9   l'audience, donc le processus était en cours. Je voudrais simplement

 10   indiquer ceci aux membres de la Chambre de façon à ce que nous puissions

 11   parfaire ceci aussi rapidement que possible.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Il est toujours préférable s'il

 13   s'agit de quelque chose, de documents qui sont présentés directement à

 14   l'audience, même si ça n'a pas été présenté au témoin, mais s'il y a un

 15   rapport avec la teneur de la déposition du témoin, à ce moment-là il faut

 16   les présenter le plus tôt possible, tout au moins dès qu'il y a une

 17   possibilité de vérifier si ces documents risqueraient de déclencher la

 18   nécessité de questions soit par la partie adverse soit par les membres de

 19   la Chambre soit par le témoin.

 20   Donc ceci conclut cette audience. Nous allons lever la séance jusqu'à

 21   lundi, si je me trompe, ce serait donc le 11 -- non le 10 juin. Je vais

 22   vérifier. Oui, je suis en train d'essayer d'aller un peu plus rapidement,

 23   apparemment.

 24   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous levons la séance jusqu'à lundi, 9

 26   juin, 9 heures du matin dans la salle d'audience numéro II.

 27   L'audience est levée.

 28   --- L'audience est levée à 16 heures 19 et reprendra le lundi 9 juin 2008,

Page 4546

  1   à 9 heures 00.

  2  

  3  

  4  

  5  

  6  

  7  

  8  

  9  

 10  

 11   

 12  

 13  

 14  

 15  

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  

 26  

 27  

 28