Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 4 septembre 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 12.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour.

  6   Monsieur le Greffier, veuillez appeler l'affaire, je vous prie.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Madame, Messieurs les Juges, et

  8   bonjour à toutes les personnes présentes dans le prétoire. Il s'agit de

  9   l'affaire IT-06-90-T, le Procureur contre Ante Gotovina et consorts.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Greffier.

 11   Madame Mahindaratne, est-ce que l'Accusation est prête à faire entrer son

 12   témoin suivant ?

 13   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et avant que nous ne poursuivions,

 15   j'aimerais vous poser une question : savez-vous si vous ou le témoin avez

 16   demandé des mesures de protection ?

 17   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 18   L'Accusation n'a pas demandé de mesures de protection pour le témoin.

 19   Toutefois, le témoin a indiqué qu'il pourrait peut-être demander des

 20   mesures de protection. Donc, je pense que nous devrons peut-être passer à

 21   huis clos partiel lorsqu'il entrera dans le prétoire.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais le huis clos partiel ne

 23   suffira pas, je suppose. Donc, nous verrons quel type de mesures de

 24   protection requiert ce témoin.

 25   Par conséquent, je pense que nous allons passer à huis clos, peut-être par

 26   excès de précaution, peut-être, mais c'est la situation qui prévaut. Nous

 27   avons été informés du fait que le témoin pourrait peut-être demander des

 28   mesures de protection. Donc, je pense que la procédure la plus sûre

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  1   consiste à passer à huis clos.

  2   Je n'entends pas d'objections; par conséquent, c'est ainsi que nous allons

  3   procéder. Nous allons passer à huis clos.

  4   [Audience à huis clos]

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 10   [Audience publique]

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Greffier.

 12   La Chambre souhaiterait prononcer une déclaration brève. Il s'agit de vous,

 13   Maître Mikulicic, vous qui êtes conseil de la Défense de M. Markac. Cette

 14   déclaration porte sur les relations que vous avez, si tant est que vous en

 15   ayez, avec le témoin, M. Celic.

 16   L'Accusation souhaite verser un entretien de suspect, entretien qui a

 17   eu lieu les 25 et 26 novembre 2002.

 18   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un moment, s'il vous plaît.

 20   [La Chambre de première instance se concerte]

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Comme je le disais, l'Accusation

 22   souhaite verser au dossier un entretien de suspect, il s'agit de

 23   l'entretien de ce témoin, entretien qui a eu lieu les 25 et 26 novembre

 24   2002, conformément à l'article 92 ter. Lors de cet entretien, Maître

 25   Mikulicic, vous représentiez le témoin.

 26   La Chambre a été informée du fait suivant, les parties ont déjà eu un

 27   premier échange par courrier électronique à ce sujet. Et d'après cette

 28   correspondance, Maître Mikulicic, vous avez fourni l'explication suivant

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  1   laquelle vous vous êtes contenté seulement de représenter ce témoin pendant

  2   cet entretien et que depuis, vous n'avez plus eu de contact avec lui et

  3   vous considérez, par conséquent, qu'il n'y a pas conflit d'intérêt.

  4   La Chambre exprime toutefois une certaine préoccupation vis-à-vis du point

  5   de vue que vous avez adopté, mais la Chambre est encore plus préoccupée par

  6   l'explication que vous avez fournie parce que, si nous retenons

  7   l'interprétation de vos obligations en tant que conseil de la Défense, et

  8   je fais référence essentiellement au Code de conduite professionnelle,

  9   article 14. Il ne s'agit pas seulement de savoir si vous avez eu des

 10   contacts avec le témoin jusqu'à aujourd'hui, mais il s'agit également de

 11   savoir si vous avez obtenu des renseignements lorsque vous aviez des

 12   contacts avec le témoin, renseignements qui seraient utiles à la Défense de

 13   M. Markac, du fait de vos obligations en matière de confidentialité vis-à-

 14   vis du témoin, vous ne devez pas révéler ces renseignements. Bien entendu,

 15   ça pose un dilemme car si vous aviez ces renseignements, vous êtes tenu de

 16   ne pas les divulguer et de ne pas utiliser dans la défense ou pour la

 17   défense de votre client, ce qui fait, par exemple, que vous n'êtes pas à

 18   même de partager lesdits renseignements avec Me Kuzmanovic, par exemple.

 19   La Chambre sait pertinemment que la question soulevée est une question à

 20   laquelle vous seul pouvez y répondre. J'aimerais attirer votre attention

 21   sur le fait que la Chambre a eu quelques préoccupations ou s'est interrogée

 22   lorsqu'elle a pris connaissance de votre explication. Vous nous avez

 23   expliqué pourquoi qu'il n'y avait pas conflit d'intérêt, parce qu'en fait

 24   la Chambre interprète vos obligations et pense que l'analyse qui en déduit

 25   devrait être légèrement différente. Nous pensons que tout renseignement

 26   fourni par le témoin ne peut pas être utilisé par vous parce qu'il y aurait

 27   conflit d'intérêt et non pas parce que vous n'avez pas eu de contact avec

 28   le témoin à une date ultérieure. Voilà ce qui pour la Chambre semble être

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  1   le critère juste qu'il faut retenir.

  2   Par ailleurs, vous êtes le seul à pouvoir répondre à cette question; et,

  3   par conséquent, nous attirons votre attention sur cet élément et nous vous

  4   exhortons vivement à agir de telle façon à préserver l'intégralité de cette

  5   affaire et de la procédure. Donc la question fondamentale consiste à savoir

  6   si vous avez obtenu ces informations, mais il y a dans votre explication

  7   l'élément qui a été fourni selon lequel, d'après vous, il n'y a absolument

  8   pas conflit d'intérêt.

  9   Donc, voilà la Chambre souhaitait s'adresser à vous à ce sujet.

 10   J'en ai terminé pour ce qui est de la déclaration de la Chambre à ce sujet.

 11   M. MIKULICIC : [interprétation] Monsieur le Président, souhaitez-vous que

 12   je réponde à la question ?

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, nous supposons que si ce type

 14   d'information avait été mis à votre disposition, vous agirez conformément à

 15   ce que vous êtes censé faire. Alors, est-ce que vous avez reçu ce type de

 16   renseignement, dans quelle mesure cela pourrait vous entraver, nous sommes

 17   déjà dans le domaine de l'atteinte à la confidentialité. Donc la Chambre ne

 18   vous demande pas ou ne recherche pas une réponse à cette question. La

 19   Chambre s'est contentée d'attirer votre attention sur cette situation et

 20   nous pensons qu'il ne s'agit pas d'une analyse complète et intégrale de la

 21   situation --

 22   M. MIKULICIC : [interprétation] Je vois.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- et la Chambre vous exhorte à inclure

 24   ce que nous avons indiqué dans vos considérations.

 25   M. MIKULICIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vous suis

 26   extrêmement reconnaissant de votre explication. Je peux tout simplement

 27   vous dire que pour le moment je me comporte comme un agent instrumentaire

 28   du Tribunal, et c'est quelque chose que je n'oublierai pas, si quelque

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  1   chose devait se passer, qui pourrait compromettre ma position dans ce

  2   procès, là je suis sûr que c'est une question que je poserais aux Juges.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Maître Mikulicic. Car

  4   il faut savoir que c'est une question extrêmement complexe car cela

  5   effectivement a trait à votre situation en tant que personne représentant

  6   ce Tribunal et représentée dans ce Tribunal et, bien entendu, vous devez

  7   également desservir au mieux les intérêts de vos clients.

  8   Je me suis permis de faire cette déclaration au nom de la Chambre, je

  9   souhaiterais que nous poursuivions. Je pensais qu'il valait mieux ne pas

 10   soulever cette question en présence du témoin.  Bien entendu, M. Markac

 11   quant à lui, avait tout à fait le droit d'être présent lors de cette

 12   déclaration.

 13   Madame Mahindaratne, êtes-vous prête à faire comparaître votre prochain

 14   témoin ?

 15   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, je souhaiterais que M. Celic

 17   revienne dans le prétoire.

 18   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à nouveau, Monsieur Celic.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Celic, avant que vous ne

 22   commenciez à déposer au sein de ce Tribunal, le Règlement de procédure et

 23   de preuve stipule que vous devez prononcer une déclaration solennelle en

 24   vertu de laquelle vous allez dire la vérité, toute la vérité et rien que la

 25   vérité.

 26   Je vous invite maintenant à prononcer cette déclaration solennelle dont le

 27   texte vous est remis par M. l'Huissier.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

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  1   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  2   LE TÉMOIN: JOSIP CELIC [Assermenté]

  3   [Le témoin répond par l'interprète]

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Celic.

  5   Veuillez prendre place.

  6   Monsieur Celic, c'est Mme Mahindaratne, membre du bureau du Procureur qui

  7   va vous poser des questions dans un premier temps.

  8   Madame Mahindaratne, je vous en prie.

  9   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le

 10   Président.

 11   Interrogatoire principal par Mme Mahindaratne : 

 12   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Celic.

 13   R.  Bonjour.

 14   Q.  Est-ce que vous pourriez nous décliner votre identité.

 15   R.  Je m'appelle Josip Celic.

 16   Q.  Quelle est votre profession à l'heure actuelle ?

 17   R.  Je travaille au sein de l'unité mobile de la police chargée de la

 18   circulation routière à la direction de la police.

 19   Q.  Est-ce que vous apparteniez au secteur de la police spéciale avant de

 20   travailler dans cette unité ?

 21   R.  Avant d'être muté dans cette unité, j'ai travaillé pendant 14 ans au

 22   sein de l'unité du contre-terrorisme, l'Unité Lucko, de la police spéciale.

 23   Q.  En 1995, quel était votre grade au sein de l'Unité Lucko ?

 24   R.  J'étais commandant adjoint de l'unité chargée du contre-terrorisme,

 25   l'Unité Lucko.

 26   Q.  En 2001, est-ce que vous avez été nommé commandant de l'Unité Lucko ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Et un peu plus tard, vous avez cessé cette fonction ?

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  1   R.  Oui, j'ai été muté à un autre poste de travail.

  2   Q.  Quand est-ce que cela s'est passé ?

  3   R.  Cela s'est passé en 2004.

  4   Q.  Monsieur Celic, le 25 et 26 novembre 2002, j'aimerais savoir si vous

  5   avez été interrogé par des membres du bureau du Procureur; est-ce que vous

  6   avez été interrogé en tant que suspect dans le cadre d'une enquête qui

  7   portait sur cette affaire ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Est-ce que cet interrogatoire a été effectué à l'antenne du TPIY à

 10   Zagreb ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Vous a-t-on informé à l'époque que vous aviez un certain nombre de

 13   droits, notamment celui d'être représenté lors de l'entretien par un avocat

 14   que vous auriez vous-même choisi ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Etiez-vous représenté par M. Goran Mikulicic, qui est présent

 17   aujourd'hui dans ce prétoire, représenté par M. Mikulicic lors de cet

 18   entretien ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Y avait-il un interprète présent lors de l'entretien ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Lorsque les représentants du bureau du Procureur vous ont posé des

 23   questions pendant cet entretien, y avez-vous répondu de manière véridique ?

 24   R.  Oui. Oui. J'ai fait de mon mieux pour me souvenir de toute la vérité.

 25   J'ai attiré plusieurs fois l'attention sur le fait que je ne pouvais pas

 26   préciser les dates exactes, mais j'ai fait de mon mieux pour dire toute la

 27   vérité.

 28   Q.  Cet entretien a-t-il été enregistré par vidéo ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  A la fin de l'entretien, est-ce que des copies de ces bandes de

  3   l'entretien vidéo ont été remises à votre avocat ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  En 2005, les 13 et 14 janvier, avez-vous eu un deuxième entretien avec

  6   des représentants du bureau du Procureur en tant que suspect dans cette

  7   affaire ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Cet entretien a-t-il également eu lieu à l'antenne du TPIY à Zagreb ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Pendant tout l'entretien, avez-vous été représenté par un avocat que

 12   vous aviez choisi ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  L'entretien a-t-il été effectué avec l'aide d'un interprète ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Lorsque les membres du bureau du Procureur vous ont posé des questions

 17   au cours de ce deuxième entretien, avez-vous donné des réponses véridiques

 18   ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Cet entretien a-t-il été enregistré par vidéo ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  A la fin de l'entretien, des copies de ces bandes vidéo ont-elles été

 23   remises à votre avocat ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Monsieur Celic, si l'on vous reposait aujourd'hui les mêmes questions

 26   qui vous ont été posées par les représentants du bureau du Procureur en

 27   janvier 2002, ou plutôt, en novembre 2002 et en janvier 2005, si l'on vous

 28   reposait ces questions aujourd'hui même dans ce prétoire, vos réponses

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  1   seraient-elles identiques ? Je n'entends pas par là les termes exacts

  2   utilisés, mais la teneur et le fond de vos réponses seraient-ils les mêmes

  3   que lors de ces entretiens ?

  4   R.  De manière générale, oui, évidemment. Cela dit, j'aimerais noter que

  5   beaucoup de temps s'était écoulé entre le premier entretien et le deuxième.

  6   Donc, je ne suis pas sûr d'avoir été absolument précis en ce qui concerne

  7   les dates lors du deuxième entretien. La période concernée était peut-être

  8   un petit peu différente par rapport au premier entretien. Cela dit, j'ai

  9   toujours fait de mon mieux pour dire la vérité, toute la vérité et tout ce

 10   dont je me souvenais.

 11   Q.  Merci, Monsieur Celic. Je vais simplement maintenant demander que nous

 12   visionnions les deux séquences vidéo afin que vous puissiez les identifier,

 13   identifier quelques secondes de chacune d'entre elles pour vérifier pour la

 14   Chambre qu'il s'agit bien des mêmes entretiens.

 15   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] La pièce 4124.

 16   Q.  Monsieur Celic, pourriez-vous visionner quelques secondes et nous dire

 17   s'il s'agit bien de l'entretien.

 18   [Diffusion de la cassette vidéo]

 19   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 20   Q.  [aucune interprétation]

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Pourrions-nous maintenant visionner la pièce P5274. [Diffusion de la

 23   cassette vidéo]

 24   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 25   Q.  Monsieur Celic, est-ce bien l'enregistrement vidéo du deuxième

 26   entretien qui a eu lieu en 2005 que nous venons de voir à l'écran ?

 27   R.  Oui.

 28   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais

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  1   demander le versement au dossier des enregistrements vidéo de ces deux

  2   entretiens avec les procès-verbaux correspondants. Il y a trois bandes pour

  3   2002 et trois bandes pour l'entretien de 2005.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez donné au greffier les cotes 65

  5   ter pertinentes ?

  6   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je vais

  7   encore en donner lecture aux fins du compte rendu. 65 ter 5384 pour

  8   l'entretien de 2002, qui comprend trois bandes, V000-4124, V000-5274, 275

  9   et 276, ainsi que les comptes rendus correspondants.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si je me souviens bien, les conseils de

 11   la Défense n'ont aucune objection ?

 12   M. MIKULICIC : [interprétation] C'est exact.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier, l'entretien de

 14   2002, 5384, aurait quelle cote ?

 15   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P761.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce P761, y compris la vidéo et le

 17   compte rendu, est versée au dossier.

 18   Qu'en est-il de l'entretien de 2005, Monsieur le Greffier ?

 19   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P762.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En l'absence de toute objection, la

 21   pièce P762 est versée au dossier.

 22   Madame Mahindaratne, j'aimerais saisir cette occasion pour parler du fait

 23   qu'une demande a été déposée visant à ajouter quelques documents à votre

 24   liste 65 ter. Les équipes de la Défense nous ont informés qu'elles ne

 25   formulent pas d'objection à cet égard ainsi nous faisons droit à votre

 26   requête.

 27   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

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  1   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je demanderais maintenant que l'on

  2   soumette au témoin les deux classeurs qui contiennent les comptes rendus

  3   avec l'assistance de l'huissier.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Monsieur l'Huissier, voudriez-vous

  5   remettre ces classeurs au témoin.

  6   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, en attendant,

  7   j'aimerais apporter trois corrections au compte rendu en anglais, il n'y a

  8   pas d'erreur en B/C/S.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donnez-moi une seconde, s'il vous plaît.

 10   Veuillez poursuivre, Madame Mahindaratne.

 11   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 12   Il y aurait une correction à apporter à la pièce P761, l'entretien de 2002,

 13   deuxième partie. C'est 4125 à la page 9. Le nom "Zdravko Janic" a été

 14   consigné comme "Ratko Mladic." La même erreur survient à la page 16. Cette

 15   erreur ne figure que dans la version en anglais du compte rendu.

 16   Deuxième correction, toujours la pièce P761, la troisième partie. 4126 à la

 17   page 21. Il est question de "HRT" et en fait, il devrait s'agir de "HTV" et

 18   non "HRT." Encore une fois, il n'y a pas d'erreur dans la version en B/C/S.

 19   Et la troisième correction concerne P762, l'entretien de 2005, la troisième

 20   partie, page 193. Un nom "Stakic"; et en fait, le nom correct est "Sacic."

 21   Voilà les corrections que je souhaitais faire, Monsieur le Président.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame Mahindaratne.

 23   M. MIKULICIC : [interprétation] Nous n'avons pas d'objections à cet égard.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je pense qu'il s'agissait de

 25   simples erreurs de typographie qui ne modifient en rien  l'original; raison

 26   pour laquelle je n'ai pas demandé s'il y avait ou non des objections.

 27   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, je vous

 28   demanderais de bien vouloir afficher le document P558.

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  1   Q.  Monsieur Celic, vous avez devant vous deux classeurs qui comportent

  2   d'une part les comptes rendus de l'entretien de 2002,  d'autre part, les

  3   comptes rendus de 2005. Dans chaque classeur, il y a trois parties, je vous

  4   demanderais de vous reporter à la partie à laquelle je me réfère à chaque

  5   fois.

  6   Vous avez témoigné que le 24 août 1995, le commandant de l'Unité Lucko, M.

  7   Turkalj, vous a appelé et il vous a donné un ordre concernant l'opération

  8   de nettoyage Oluja-Obruc. C'est exact, n'est-ce pas ? Vous l'avez déclaré ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Vous voyez un document à l'écran. Reconnaissez-vous ce document ? Est-

 11   ce bien l'ordre qui vous a été donné par M. Turkalj ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Conformément à cet ordre, vous avez commandé sur le terrain deux

 14   opérations; le 25, dans la vallée de Plavno et en deuxième lieu, sur la

 15   route reliant Knin à Drnis dans le secteur Promina collines.

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Dans le cadre de ces deux opérations, qui était votre supérieur

 18   hiérarchique, à qui faisiez-vous rapport oralement ?

 19   R.  M. Zdravko Janic, le directeur du service de lutte antiterroriste.

 20   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, le document P559,

 21   s'il vous plaît.

 22   Q.  Monsieur Celic, lors de l'entretien, vous avez identifié la carte

 23   utilisée lors de l'opération menée le 25, et je vous demanderais si vous

 24   voulez identifier cette carte à l'écran. Il nous faudra un moment. Vous

 25   avez identifié l'axe de l'Unité Lucko sur la carte.

 26   Est-ce la carte qui a été utilisée lors de l'opération menée le 25 ?

 27   R.  Oui, c'est bien le cas.

 28   Q.  Dans les comptes rendus, vous avez identifié l'axe de l'Unité Lucko par

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  1   la ligne qui commence par LATJ.

  2   R.  Ça communique avec la route principale dans la vallée.

  3   Q.  D'après cette carte, l'Unité Lucko était la seule unité qui devait

  4   traverser la zone qui englobe Grubori ?

  5   R.  Si nous parlons de la situation en profondeur, la réponse est

  6   affirmative.

  7   Q.  Pour être plus précis, dans l'entretien, on vous a demandé d'identifier

  8   la zone dénotée par P [phon], et d'après votre témoignage c'était la zone

  9   qui était désignée comme comportant une présence de terroristes plus

 10   vraisemblable.

 11   Pouvez-vous nous montrer où se trouve Grubori.

 12   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Avec l'aide de l'huissier.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et la couleur serait le bleu pour

 14   l'Accusation – pardon, le rouge pour l'Accusation.

 15   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Q.  Est-ce que vous pourriez annoter la carte, si nous pouvions faire un

 17   gros plan sur la carte et la zone que l'on voit --

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, il faudrait d'abord faire un gros

 19   plan avant que le témoin mette des annotations sur la carte.

 20   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Bien, si on pourrait faire un gros plan

 21   sur le chiffre 25 en rouge. Voilà, c'est là, un peu plus haut, un peu vers

 22   l'est donc vers la droite. Voilà, ça devrait suffire.

 23   Q.  Monsieur Celic, pourriez-vous identifier où se trouve Grubori sur la

 24   carte ? Je pourrais vous aider, mais vous connaissez bien mieux que moi les

 25   lieux.

 26   R.  [Le témoin s'exécute]

 27   Q.  Je vous remercie.

 28   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, cette carte a

Page 7937

  1   déjà été versée au dossier. Cela dit, faut-il lui attribuer une nouvelle

  2   cote en raison des annotations ?

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La carte annotée recevra une nouvelle

  4   cote, mais je n'ai pas vu l'annotation, pourriez-vous m'aider ?

  5   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Vers l'ouest de la zone qui ressemble

  6   par sa forme à une cravate.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pourrions-nous demander au témoin de la

  8   noter de façon un petit peu plus claire, parce qu'il y a déjà de nombreuses

  9   marques rouges sur la carte, des annotations plus larges ou un cercle.

 10   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 11   Q.  Veuillez entourer d'un cercle l'endroit que vous venez de désigner.

 12   R.  [Le témoin s'exécute]

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est plus clair maintenant. Mme

 14   MAHINDARATNE : [interprétation] Nous n'allons pas demander d'autres

 15   annotations.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 17   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P763.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cette pièce est versée au dossier.

 19   Veuillez continuer.

 20   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 21   Q.  Monsieur Celic, je vais donner lecture de votre témoignage. Le compte

 22   rendu de 2005, la deuxième partie, à la page 55, vous avez dit sur cette

 23   page, la deuxième réponse --

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Quelle page, au juste ?

 25   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Pardon, la page 55.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Page 55. Oui, mais je vois que nous

 27   avons deux séries de pages. Tout d'abord, un document très volumineux de

 28   679 pages, où nous avons une annotation consécutive, alors que si vous vous

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  1   en référez au numéro que l'on trouve sur les bandes, évidemment la

  2   numérotation recommence à zéro sur chaque bande.

  3   Est-ce que vous avez l'obligeance d'indiquer clairement s'il s'agit de 4124

  4   ou 4125, et la page concernée afin que nous puissions bien nous y

  5   retrouver.

  6   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Très bien, Monsieur le Président. Je me

  7   réfère à l'entretien de 2005, P762, la deuxième partie; V000-5275, à la

  8   page 55.

  9   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

 10   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Puis-je poursuivre, Monsieur le

 11   Président ?

 12   M. MIKULICIC : [interprétation] Je pense qu'il s'agit de l'entretien de

 13   2002, et non 2005.

 14   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Non, il s'agit de 2005.

 15   M. MIKULICIC : [interprétation] D'accord. Je m'excuse.

 16   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] J'aimerais que nous nous reportions à

 17   l'entretien de 2005. La deuxième bande, V000-5275 - je pense que M. Celic

 18   l'a trouvé - même s'il se réfère aux écritures 92 ter. C'est à la page 55,

 19   et cela commence par une réponse en B/C/S -- pardon, l'interprétation en

 20   B/C/S.

 21   Monsieur le Président, avez-vous la page ?

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, je ne l'ai pas encore trouvée, mais

 23   il faut déjà que j'arrive à m'y retrouver parmi ces quelque 680 pages. Je

 24   préférerais en fait, puisque cela a déjà été versé au dossier en tant

 25   qu'annexe unique, annexé à votre demande à l'époque, que vous vous référiez

 26   à la pagination dans son ensemble, c'est-à-dire une page entre la page 1 et

 27   la page 679. Parce que sinon, nous allons chaque fois devoir identifier le

 28   passage exact qui correspond aux chiffres que vous utilisez. Parfois cela

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  1   se trouve au bas de la page, parfois en haut de la page. Nous devons

  2   trouver le passage concerné avant de pouvoir retrouver le numéro de page.

  3   Mais je suppose que vous ne vous êtes pas préparé à procéder ainsi.

  4   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Non, Monsieur le Président, parce qu'en

  5   fait je ne pense pas que nous avions des numéros de page allant de 1 à 600.

  6   Nous avions remis les comptes rendus en trois parties distinctes, mais sur

  7   le prétoire électronique, un numéro 65 ter a été attribué aux trois comptes

  8   rendus ou aux trois parties du compte rendu. Alors, à moins -- est-ce que

  9   vous suivez sur le prétoire électronique ou est-ce que vous avez

 10   l'exemplaire papier du compte rendu ?

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, cela n'a aucun sens  d'imprimer 700

 12   pages, multiplié par trois, 2 000 pages, alors qu'on peut voir tout ça à

 13   l'écran. Ce serait un gâchis pour ce qui est du papier et des arbres.

 14   Donc nous utilisons la version électronique.

 15   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Puis-je poursuivre, Monsieur le

 16   Président ?

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela dit, je vois que certains dans ce

 18   prétoire ont une version sur papier, mais j'ai l'habitude d'utiliser la

 19   version électronique.

 20   Veuillez poursuivre. Je pense qu'avec l'aide de mes collègues, je vais

 21   pouvoir m'en sortir.

 22   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] En fait, le conseils de la Défense

 23   disposent de ce document, parce que je leur ai envoyé le document par

 24   courriel électronique plus tôt, mais je leur ai demandé d'amener des

 25   versions sur papier à l'audience.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors peut-être pour la prochaine fois

 27   serait-il bon de faire de même pour les Juges de la Chambre.

 28   Veuillez poursuivre.

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  1   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

  2   Q.  Vous avez dit : "Tous les commandants des groupes, des unités étaient

  3   tenus de m'informer s'ils se heurtaient à une résistance armée. Personne ne

  4   m'a informé de quoi que ce soit."

  5   Vous parlez de l'opération menée dans la vallée de Plavno le 25. Puis vous

  6   dites en réponse à la question suivante : "Une fois qu'ils sont arrivés à

  7   leur destination finale, ils m'ont dit oralement, ils m'ont fait un rapport

  8   oral et m'ont dit que rien ne s'était passé."

  9   Puis, je vous demanderais de passer à la page 58. Votre première réponse

 10   sur cette page, les deux dernières lignes, vous dites : "Bien au contraire,

 11   lorsqu'ils sont arrivés à leur destination finale, ils m'ont tous rapporté

 12   que rien n'était survenu, qu'il n'y avait pas eu d'incidents."

 13   Plus loin encore, à la page 64, je vous prie de vous y reporter, vous

 14   dites, c'est votre première réponse, je cite : "Pendant que je les

 15   attendais, ils sont arrivés à destination. Je me souviens que j'avais déjà

 16   commencé à rédiger le rapport sur la base de la carte. Il ne me manquait

 17   que des informations concernant l'heure à laquelle ils étaient arrivés sur

 18   place et s'il y avait ou non eu des incidents au cours de l'opération."

 19   Quelques lignes plus loin, vous dites : "Comme ces gens me l'ont rapporté,

 20   il n'y avait pas eu d'incidents, tout s'est bien passé, donc j'avais déjà

 21   rédigé le rapport. J'ai simplement rajouté qu'au cours de l'opération,

 22   l'unité ne s'était heurtée à aucune forme de résistance; et lorsque je suis

 23   arrivé à Gracac, j'ai remis ce rapport."

 24   La question pourrait paraître évidente, mais puisque ce n'est pas dit

 25   explicitement ici, j'aimerais savoir quelle était la teneur exacte de ce

 26   rapport ? Nous n'avons pas ce rapport ici. Je me réfère au rapport initial.

 27   Vos commandants de groupe ou d'unité vous avaient  rapporté que rien

 28   n'était survenu, qu'il n'y avait pas eu d'incidents. Que disait au juste

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  1   votre rapport ? Est-ce qu'il reflétait ce que ces commandants vous avaient

  2   dit ou avez-vous écrit autre chose ?

  3   R.  Dans le rapport, j'ai dit que le 25 août, à telle heure, nous nous

  4   sommes confiés la tâche de fouiller le terrain, donc j'ai décrit les

  5   différents endroits concernés et le fait qu'aucun incident n'avait eu lieu,

  6   et c'est tout ce qu'il y avait dans le rapport.

  7   Sur le fond, le rapport disait que la tâche avait été menée à bien, sans

  8   incident.

  9   Q.  Lors de votre entretien en 2002, Monsieur Celic, vous avez indiqué que

 10   vous aviez peut-être encore une copie de ce rapport. Mais en 2005, vous

 11   n'en étiez plus certain et vous avez dit aux membres du bureau du Procureur

 12   que vous essayeriez de retrouver une copie du rapport et que vous nous

 13   remettriez ce rapport.

 14   Avez-vous une copie de ce rapport initial, ici même ou ailleurs ?

 15   R.  Le rapport était censé, ou plutôt, devrait se trouver dans les archives

 16   soit du commandement soit de l'unité. Alors je ne sais pas s'ils l'ont

 17   trouvé, je ne sais pas s'ils l'ont envoyé.

 18   Q.  Est-ce que vous avez un exemplaire de ce rapport avec vous ?

 19   R.  Non, non. Je n'en ai pas.

 20   Q.  Est-ce que vous avez consulté les archives de la police spéciale pour

 21   voir si le rapport s'y trouvait, soit pour vous préparer à votre déposition

 22   soit avant de venir ici ?

 23   R.  Je ne suis jamais allé consulter les archives.

 24   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je souhaiterais que le document P560

 25   soit affiché, Monsieur le Greffier.

 26   Q.  Monsieur Celic, vous nous dites que vous avez présenté ce rapport au QG

 27   des opérations, et vous pensez que vous l'avez remis, ce rapport, à M.

 28   Janic. Nous allons voir -- je comprends que vous aurez peut-être vu ou pas

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  1   vu d'ailleurs le rapport qui se trouve maintenant afficher sur votre écran.

  2   Est-ce que vous reconnaissez ce rapport ? Est-ce que vous l'avez déjà vu ?

  3   R.  Non.

  4   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Est-ce que la page numéro 2 pourra être

  5   affichée.

  6   Q.  Monsieur Celic --

  7   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je souhaiterais, Monsieur le Greffier,

  8   que la deuxième page de la version anglaise soit également affichée.

  9   Q.  Vous voyez qu'il est question des activités déployées par l'unité

 10   Lucko; c'est quelque chose que M. Janic présente.

 11   J'aimerais savoir si cela correspond au rapport original que vous avez

 12   présenté à M. Janic ?

 13   R.  Oui, c'est exact.

 14   Q.  Monsieur Celic, je vais vous poser quelques questions à propos de

 15   sujets qui vous sont familiers. Pour que nous ne perdions pas de temps, je

 16   vais vous indiquer quelles sont les parties pertinentes de votre

 17   déposition.

 18   Prenez l'entretien de l'année 2005.

 19   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Il s'agit de la pièce P762.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Mahindaratne, je vous serais

 21   reconnaissant de nous donner les cotes de dépôt des documents, puisqu'en

 22   général ils se suivent, et là je n'aurais aucun problème à retrouver la

 23   version électronique.

 24   Cela se trouve en haut de la page.

 25   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui, c'est ce que je vais faire. Il

 26   s'agit de la pièce 5276. C'est cette cote-là ?

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, non, non. Non, non. Moi, c'est

 28   plutôt un chiffre du style 13 680. Il s'agit du chiffre qui se trouve en

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  1   haut de la copie papier. Vous avez IT-06-90-T, puis vous avez un numéro de

  2   page et ce numéro de page est attribué en fonction du moment où le document

  3   a été déposé.

  4   Vous le voyez, cela, sur le document papier ?

  5   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Je n'ai pas

  6   cette cote.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vois que Me Cayley l'a, Me Mikulicic

  8   également, puisqu'il y a la version avant que le document ne soit déposé et

  9   la version après que le document est déposé. Donc qu'en est-il, Maître

 10   Cayley ?

 11   M. CAYLEY : [interprétation] En fait, j'ai les deux types de cotes. Donc si

 12   Mme Mahindaratne nous indique quel est le plus petit chiffre, le chiffre,

 13   par exemple, 112, je pourrais vous donner le chiffre le plus long.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 15   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je vous remercie, Maître Cayley. Je

 16   m'excuse. Après la pause, Monsieur le Président, je vous présenterai la

 17   cote qui correspond à la version qui a été déposée. Je sais que cela sera

 18   utile à la Chambre.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 20   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Il s'agit de la pièce P762. Il s'agit

 21   de l'entretien de 2005; la deuxième partie, 5275, page 70.

 22   M. CAYLEY : [interprétation] Ce qui correspond à la page 13 467; il s'agit

 23   de la page 70, alors que le total de pages est 112.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 25   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Puis-je poursuivre, Monsieur le

 26   Président ?

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui. Je vous en prie.

 28   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

Page 7945

  1   Q.  Monsieur Celic, une question vous a été posée : "Quand avez-vous

  2   entendu dire pour la première qu'il y a eu un problème dans le village de

  3   Grubori ?"

  4   Vous avez répondu ce qui suit : "Je l'ai déjà dit. Je n'en suis pas sûr,

  5   mais je pense que cela s'est passé le lendemain. Le lendemain, M. Sacic et

  6   M. Markac m'ont convoqué au QG, et c'est la première fois que j'ai appris

  7   que quelque chose s'était passé là-bas."

  8   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je vous demanderais d'avoir l'amabilité

  9   de passer à la page 72, deux pages par la suite.

 10   Q.  Voilà ce que vous dites : "Je pense que j'ai été convoqué plus

 11   personnellement par M. Janic ou par quelqu'un du QG qui m'a demandé d'aller

 12   me présenter auprès de M. Markac.

 13   "Question : Vous ne vous souvenez pas de qui vous a contacté ?

 14   "Réponse : Je n'en suis pas sûr. Je n'en suis pas véritablement sûr à 100

 15   %.

 16   "Question : Mais vous dites que vous avez été convoqué, que vous deviez

 17   vous présenter au rapport devant le général Markac et M. Sacic ?"

 18   Vous avez dit : "Ils m'ont appelé pour m'informer que quelque chose s'était

 19   passé. Ils avaient déjà mon rapport. C'est la première fois que j'ai appris

 20   que quelque chose s'était passé."

 21   Monsieur Celic, si vous prenez trois pages suivantes, ce qui nous amène à

 22   la page 75, une question vous est posée : "Est-ce que vous êtes allé à

 23   l'endroit où ils avaient établi leur commandement à Gracac ?"

 24   Vous répondez : "C'est exact."

 25   "Question : Est-ce que quelqu'un vous a accompagné pour voir M. Sacic et M.

 26   Markac ?"

 27   Vous répondez : "Pour autant que je m'en souvienne, non."Puis à la page

 28   suivante, une autre question vous est posée :

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  1   "Lorsque vous êtes arrivé là-bas, est-ce que vous les avez vus, tous les

  2   deux, M. Markac et M. Sacic ?"

  3   Vous répondez : "Oui, il y avait également une autre personne, un autre

  4   homme.

  5   "Question : De qui s'agissait-il ?"

  6   Vous répondez : "De M. Pavlovic. Il était responsable de la communication.

  7   Il se trouvait au QG, et au QG il était responsable de la communication."

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Mahindaratne, vous êtes en train

  9   de lire, alors je vous en prie.

 10   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je

 11   m'excuse.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous savez, lorsqu'on lit on a tendance

 13   à parler plus vite.

 14   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 15   Q.  Avant que je ne vous pose ma question, Monsieur Celic, j'aimerais

 16   également vous montrer votre entretien de l'année 2002, qui porte sur le

 17   même sujet.

 18   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Il s'agit de la pièce P761. Il s'agit

 19   de la deuxième partie, numéro 4125, page 40.

 20   Q.  Dans votre version, qui est la version en B/C/S --

 21   M. CAYLEY : [interprétation] Je m'excuse de vous interrompre, Madame

 22   Mahindaratne, mais cela correspond à la page 13 791.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Maître Cayley.

 24   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci, Monsieur Cayley.

 25   Q.  Monsieur Celic, pour la version B/C/S il s'agit de la page 37. Est-ce

 26   que vous l'avez trouvée ? Dans la version anglaise, cela commence au pas de

 27   la page 40.

 28   Je vais vous en donner lecture et vous comprendrez ce dont il est question,

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  1   Monsieur Celic. Vous dites : "Je pense qu'il s'agissait du lendemain. Je

  2   n'en suis pas sûr. Je ne sais plus à quelle heure. Le général Markac et M.

  3   Sacic m'ont appelé et m'ont dit que j'avais présenté un rapport dans lequel

  4   il était indiqué que rien ne s'était passé, mais il disposait

  5   d'informations suivant lesquelles quelque chose s'était passé. J'ai répondu

  6   à cela…" --

  7   Nous sommes maintenant à la page 41 : "J'ai répondu à cela, qu'il

  8   s'agissait du rapport que j'avais obtenu de mes chefs de groupe ou de mes

  9   commandants de groupe, et qu'ils m'avaient dit qu'il n'y avait rien; et

 10   qu'au cas où il y avait quelque chose, ils devraient les appeler et leur

 11   poser des questions. Alors, je ne peux pas vous dire exactement combien de

 12   temps a duré la conversation, mais à la suite de cette conversation, ils

 13   m'ont demandé de rédiger un nouveau rapport, un autre rapport."

 14   Alors vous nous avez dit : "Je ne sais à quelle heure ça s'est passé,

 15   mais je pense que cela s'est passé avant 9 heures."

 16   Si vous prenez la page suivante du texte anglais, on vous pose une

 17   question : "Est-ce que c'est M. Markac et M. Sacic qui vous ont dit qu'un

 18   incident s'était passé, lorsqu'ils vous l'ont dit, est-ce qu'ils vous ont

 19   dit ce qui s'était passé ?"

 20   Vous répondez : "Ils m'ont dit qu'il y avait un conflit armé. Je ne me

 21   souviens pas des termes exacts qu'ils ont utilisés, mais il y avait un

 22   conflit armé et quelque chose s'était passé là-bas, et j'avais rédigé dans

 23   mon rapport qu'il n'y avait rien eu."

 24   Puis ensuite - je suppose que vous vous souvenez de ce que vous avez dit,

 25   Monsieur Celic - mais vous indiquez qu'on vous a ensuite conduit dans une

 26   autre pièce et que M. Sacic vous a dicté le rapport.

 27   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Donc, Monsieur le Greffier, je

 28   souhaiterais que le document P563 soit affiché, je vous prie.

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  1   Q.  Monsieur Celic, vous dites que dans cette autre pièce, M. Sacic vous a

  2   dicté un deuxième rapport qu'il a fallu présenter à propos de cet incident;

  3   et une partie de ce que vous étiez censé rédiger a été rédigé par M. Sacic.

  4   Il s'agit d'une correction de votre rapport original, qui est d'ailleurs le

  5   rapport dont nous ne disposons pas; c'est bien exact ?

  6   R.  J'aimerais faire la différence entre deux éléments. Pour ce qui est de

  7   l'événement à proprement parler, je pense que M. Zdravko Janic m'a convoqué

  8   au QG; et au QG, se trouvaient le général Markac ainsi que M. Sacic. Et

  9   lors de ce premier entretien, ils m'ont demandé ce qui s'était passé parce

 10   qu'ils s'attendaient à ce que je sois informé.

 11   Mais à ce moment-là, tout ce que je savais c'est que rien ne s'était

 12   produit. A la suite de cela, vous avez d'ailleurs mentionné le fait qu'ils

 13   m'ont conduit dans une autre pièce. Ce n'est pas vrai. Je suis allé avec M.

 14   Sacic dans la partie opérationnelle de l'endroit, et j'ai rédigé le rapport

 15   avec lui. Donc non pas avec M. Markac et M. Sacic, mais seulement avec M.

 16   Sacic.

 17   Q.  Oui, mais jusqu'à présent, vous nous avez dit que M. Markac et M. Sacic

 18   vous ont parlé, vous ont demandé de rédiger un autre rapport. Ils vous ont

 19   emmené dans une autre pièce et ils vous ont dicté un nouveau rapport. C'est

 20   ce que vous avez indiqué lors de votre déposition.

 21   J'aimerais vous poser une question à ce sujet pour ce qui est de ce

 22   nouveau rapport qui vous a été dicté, il faut savoir que M. Sacic a

 23   également rédigé des parties du texte que vous étiez censé écrire et il l'a

 24   fait à l'arrière, au verso de votre rapport original.

 25   La question que j'aimerais vous poser est comme suit : est-ce qu'il s'agit

 26   du rapport qui fait défaut, qui manque aujourd'hui, que nous n'avons pas

 27   ici, dont vous nous dites qu'il se peut qu'il se trouve dans les archives

 28   spéciales ? Vous comprenez ma question ?

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  1   R.  Le rapport est exact, mais ne vous méprenez pas et comprenez ce que je

  2   vous dis. Les interprètes utilisent le pluriel en disant : "ils" m'ont

  3   conduit dans une autre pièce, "ils" m'ont dicté. Je n'étais qu'avec M.

  4   Sacic. M. Markac n'était pas présent. Je n'étais pas avec M. Markac, mais

  5   il s'agit bien du rapport.

  6   Q.  Alors, lorsque vous avez été conduit à l'extérieur de cette pièce,

  7   pièce où vous vous étiez entretenu avec M. Markac et M. Sacic, vous avez

  8   été conduit vers une autre pièce par M. Sacic et c'est là que le rapport

  9   vous a été dicté; c'est bien exact ?

 10   Ou plutôt, j'aimerais vous donner lecture de ce que vous avez dit à ce

 11   sujet, pour qu'il n'y ait aucune confusion.

 12   R.  S'agissant du rapport, c'est exact.

 13   Q.  Ma question est la suivante : "Compte tenu de ce que vous avez dit,

 14   est-ce qu'ils vous ont dit qu'il fallait le consigner dans le rapport ?"

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous êtes en train de lire.

 16   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président. Il

 17   s'agit une fois encore de l'entretien de 2002. C'est la même partie, en

 18   fait l'année 2002; P761, section 2, 4125, page 43.

 19   Q.  C'est justement la partie dont je viens de donner lecture, Monsieur

 20   Celic. Je vous prie de suivre lorsque je lis ceci.

 21   La question a été posée : "Compte tenu de ce que vous avez dit, est-ce

 22   qu'ils vous ont néanmoins dit qu'il fallait rédiger le rapport ?

 23   "Réponse : Oui.

 24   "Question : Est-ce qu'ils vous ont dit qu'il fallait que vous le fassiez

 25   tout seul ?

 26   "Réponse : Cela m'a été dicté.

 27   "Question : Par qui ?

 28   "Réponse : Par Sacic.

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  1   "Question : OK. Est-ce que c'était après que vous avez parlé à vos quatre

  2   chefs de groupe ? Lorsqu'il vous l'a dicté, avez-vous pu parler à vos

  3   quatre chefs de groupe avant d'entendre ce que M. Sacic avait à dire ?

  4   "Réponse : Non.

  5   "Question : Donc, le rapport vous a été dicté par Sacic et en fait, vous

  6   n'aviez pas d'information au sujet de ce qu'il vous disait ?

  7   "Réponse : Non.

  8   "Question : Donc vous avez été placé dans une situation difficile. Et après

  9   vous avoir dicté ce rapport, vous a-t-il obligé à le signer ?

 10   "Réponse : Oui, je l'ai écrit et ensuite je l'ai signé."

 11   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Passons maintenant à la troisième

 12   partie. Il s'agit de la référence 4126. Il s'agit une fois encore de

 13   l'entretien de 2002, page 2.

 14   Maître Cayley, pourriez-vous peut-être -- c'est la troisième partie de

 15   l'entretien de 2002.

 16   M. CAYLEY : [interprétation] C'set la page 13 785.

 17   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 18   Q.  Monsieur Celic, on vous a posé la question suivante : "Lorsqu'on

 19   a mentionné que vous deviez rédiger un autre

 20   rapport, est-ce que M. Markac était présent à ce moment-là ?"

 21   Votre réponse est : "Oui.

 22   "Question : Qui est-ce qui vous a dit qu'il fallait faire un autre rapport

 23   ?

 24   "Réponse : Après cette conversation, je suis allé avec M. Sacic dans

 25   une autre pièce, et à ce moment-là, j'ai dû le faire."

 26   Et ensuite on vous a posé la dernière question : "Et votre rapport a été

 27   manuscrit ?

 28   "Réponse : Oui."

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  1   Donc c'est ce que je vous ai demandé. Je n'ai pas semé la confusion. Ma

  2   question est la suivante : donc vous avez clairement dit que vous avez

  3   parlé à Markac et à Sacic. On vous a demandé d'écrire un autre rapport.

  4   Sacic vous a emmené dans une autre pièce et vous avez rédigé un autre

  5   rapport.

  6   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Et plusieurs pages plus loin, c'est

  7   dans la même partie, page 93. Non, excusez-moi. Il s'agit de l'entretien de

  8   2005, troisième partie, c'est 5276.

  9   Q.  Monsieur Celic, je vous prie d'examiner l'entretien de 2005. Votre

 10   deuxième entretien et non pas le premier.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Cayley.

 12   M. CAYLEY : [interprétation] Oui, excusez-moi. C'est à la page 1 331,

 13   excusez-moi, non, 13 331.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 15   Veuillez poursuivre.

 16   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 17   Q.  Monsieur Celic, je vous prie d'examiner la troisième partie, passant à

 18   la page 94, vous dites la chose suivante : "Dans votre rapport que vous

 19   dites que M. Sacic vous a dicté, vous avez mentionné un prisonnier.

 20   "Réponse : Oui."

 21   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Juste un instant, s'il vous plaît,

 22   Monsieur le Président.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vois la référence au prisonnier à la

 24   ligne 21 de la page 94, Madame Mahindaratne.

 25   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. J'essayais

 26   en fait de passer à une autre partie.

 27   Pour ne pas perdre trop de temps.

 28   Q.  Lorsque M. Sacic vous a dicté ce rapport, est-ce qu'il a ou est-ce que

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  1   vous aviez eu copie de la version originale que vous aviez présentée où il

  2   n'était pas fait état de l'incident ? Est-ce que ce rapport était présent ?

  3   Vous vous souvenez, c'est le premier rapport où vous avez dit qu'il n'y

  4   avait pas d'intervention ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Et M. Sacic qu'a-t-il fait avec ce rapport ? Avez-vous appris ce qu'il

  7   avait fait ? Est-ce qu'il l'a laissé à quelqu'un d'autre ou il l'avait

  8   ramené, repris ? Que s'est-il passé avec la version originale ?

  9   R.  Ce rapport a été rendu la veille. Je ne sais pas s'il a été copié.

 10   J'imagine que oui. Il m'a montré ce rapport au moment de la rédaction du

 11   nouveau rapport. Donc je l'avais sous les yeux au moment de la rédaction

 12   parce que j'ai cité certaines informations portant sur les axes à partir de

 13   ce rapport.

 14   Q.  Oui, mais je vous ai demandé la chose suivante : qu'est-ce que M. Sacic

 15   a fait avec votre rapport précédent, donc celui que nous n'avons pas ici et

 16   vous dites qu'il se trouve peut-être dans les archives de la police

 17   spéciale ? Qu'est-ce qu'il a fait avec ce rapport, Monsieur Celic ?

 18   R.  Je l'ignore.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Mahindaratne, essayons de

 20   préciser les choses.

 21   Vous avez dit que M. Sacic vous avait montré le rapport, qu'il était

 22   sous vos yeux. Est-ce que vous avez cité certaines informations depuis ce

 23   rapport ? Et en dernier lieu, est-ce que vous l'avez pris ce rapport ou M.

 24   Sacic l'a pris ou quelqu'un d'autre l'a pris, une fois que votre nouveau

 25   rapport a été rédigé ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Je pense que ce rapport avec tous les autres

 27   rapports étaient dans le même classeur qui se trouve dans les archives.

 28   Maintenant, je suis sûr que c'était l'original que j'avais et je suis sûr

Page 7954

  1   qu'il existe également une copie, et je pense que ce rapport se trouve

  2   quelque part dans les archives.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais je vous ai demandé une chose

  4   différente. J'aimerais que l'on revienne à cette pièce où vous avez rédigé

  5   ce deuxième rapport et l'original, donc le rapport initial, était présent

  6   également. Qui est-ce qui a emporté ce premier rapport après, une fois que

  7   vous êtes parti de la pièce ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai laissé les documents là-bas. J'ignore qui

  9   les avait pris.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 11   Veuillez poursuivre.

 12   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 13   Q.  Monsieur Celic, est-ce que vous reconnaissez le document qui se trouve

 14   à l'écran ? Il s'agit du rapport que vous avez rédigé, n'est-ce pas ?

 15   R.  Oui, c'est mon deuxième rapport.

 16   Q.  Est-ce que c'est le rapport que M. Sacic vous a dicté ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  A l'époque, vous dites que M. Sacic vous a dicté ce rapport et qu'à ce

 19   moment-là, vous n'étiez pas au courant de cet incident, et vous ne

 20   connaissiez pas les détails de cet événement. Donc n'avez-vous jamais parlé

 21   avec lui ou est-ce que vous lui avez demandé pourquoi il vous avait ordonné

 22   de consigner ces détails alors que vous n'en aviez pas connaissance ?

 23   R.  Non. En fait, à l'époque, je savais que rien ne s'était passé. Etant

 24   donné qu'il était mon supérieur hiérarchique, je ne doutais absolument pas

 25   de la véracité de ses propos. Et en tant que mon supérieur, il avait toute

 26   l'autorité et j'ai suivi son ordre, donc je n'ai pas vérifié les

 27   informations données.

 28   Q.  Est-ce que vous lui avez demandé d'où provenait ces informations dont

Page 7955

  1   il disposait, compte tenu de l'incident qu'il vous avait dicté ?

  2   R.  Non.

  3   Q.  A l'époque, M. Markac était dans le même bâtiment, n'est-ce pas ? Vous

  4   l'avez rencontré peu de temps avant d'aller dans cette autre pièce avec M.

  5   Sacic, n'est-ce pas ?

  6   R.  Après être parti de la pièce où nous étions ensemble, je n'ai plus revu

  7   M. Markac. Il se peut qu'il ait été dans le bâtiment; ou qu'il soit parti,

  8   je l'ignore. Mais c'était le QG, il est possible qu'il était là, enfin

  9   qu'il était sorti. Mais une fois que je suis sorti de la pièce, je ne l'ai

 10   plus revu.

 11   Q.  Après avoir rédigé ce deuxième rapport, n'avez-vous jamais rencontré M.

 12   Markac et est-ce que vous lui avez demandé pourquoi l'on vous a ordonné

 13   d'écrire ce deuxième rapport alors que vous ignoriez les faits consignés ?

 14   R.  Oui, je l'ai rencontré à maintes reprises, mais nous n'en avons pas

 15   parlé. M. Sacic, qui était chargé du secteur, m'a présenté ces informations

 16   et à l'époque je n'avais aucune raison d'en douter.

 17   Q.  Revenons à cette partie que je voulais vous citer tout à l'heure. Vous

 18   étiez chef, commandant sur le terrain de cette opération. Et d'après votre

 19   expérience, est-ce qu'une unité peut rencontrer la résistance, comme

 20   c'était consigné dans ce rapport sans que vous en soyez informé ?

 21   R.  Cela ne devrait pas se passer, mais il est manifeste que cela s'était

 22   passé. Personne parmi les chefs, commandants sur le terrain ne m'en avait

 23   informé. Donc, au moment du combat, ils auraient dû m'informer de ce qui se

 24   passait, mais je n'ai jamais reçu cette information. Bien au contraire,

 25   tous les chefs de groupes m'ont informé que rien ne s'était passé.

 26   Q.  Lorsque M. Sacic vous a dicté ces propos, il vous a donné quelques

 27   détails au sujet de ce prisonnier qui avait été pris, et en fait il a cité

 28   son nom et il a dit qu'il s'agissait du commandant de l'opération, alors

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  1   que vous pensiez qu'il n'y avait pas de prisonniers pris lors de cet

  2   opération.

  3   Du moins, est-ce que cela ne vous a pas amené à penser qu'en fait on vous a

  4   forcé à écrire un rapport qui était faux ?

  5   R.  S'agissant des prisonniers, je n'en ai pas vus. Ils auraient dû me dire

  6   qu'il y avait des prisonniers, mais je ne disposais pas de cette

  7   information.

  8   Maintenant, est-ce qu'il y avait une autre unité qui était opérationnelle

  9   dans notre zone, je n'y ai pas pensé, mais je croyais sur parole M. Sacic.

 10   Le terrain était important. Il y avait un grand nombre d'unités. A ce

 11   moment-là, je pensais que ses propos étaient vrais. A aucun moment je n'ai

 12   douté de ce qu'il m'a dit.

 13   Q.  D'accord. Je vais poursuivre.

 14   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, peut-on faire la

 15   pause maintenant ?

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, le moment est propice pour faire la

 17   pause, Madame Mahindaratne.

 18   J'aimerais, néanmoins, vous demander la chose suivante : vous avez dit

 19   qu'il y avait un grand nombre d'unités là-bas.

 20   Quelles unités ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, bien, si l'on me présentait la carte, je

 22   pourrais vous dire quelles étaient les unités. Je me souviens qu'il y avait

 23   Osijek, Split. Je ne suis pas sûr pour Rijeka et d'autres unités, mais je

 24   pourrais, à l'aide de cette carte, vous dire quelles étaient les unités. En

 25   tout, il y en avait quatre. C'était environ 500 à 600 personnes. Mais on

 26   peut le lire dans le rapport du chef Janic. Je me souviens qu'il y avait

 27   Osijek et Split.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais dans le rapport, l'on parle d'une

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  1   unité, et j'ai compris qu'il s'agissait de votre unité.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc vous dites que peut-être une autre

  4   unité aurait-elle détenu quelqu'un, mais dans le rapport l'on fait état de

  5   votre unité qui a détenu des gens.

  6   Je vous demande, vous dites qu'il y avait peut-être d'autres unités, mais

  7   dans votre rapport on parle de l'unité, et vous dites qu'il s'agissait de

  8   votre propre unité.

  9   Conviendrez-vous ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis d'accord. J'ai dit que notre point de

 11   départ et notre point final étaient le même. Toutes les unités se sont

 12   rendues au même endroit à la fin. Je voulais dire que je ne savais pas si

 13   d'autres unités avaient des prisonniers, mais je maintiens que notre propre

 14   unité n'en avait pas. Ça, j'en suis sûr.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Même si dans le deuxième rapport il est

 16   dit qu'il y avait des prisonniers et qu'ils étaient pris par votre unité.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est exact. Mais il est manifeste que

 18   cette information est fausse.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Celic, nous allons faire la

 20   pause, et nous reprendrons nos travaux à 11 heures.

 21   --- L'audience est suspendue à 10 heures 35.

 22   --- L'audience est reprise à 11 heures 06.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Mahindaratne, vous pouvez

 24   poursuivre.

 25   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 26   J'aimerais qu'on affiche la pièce P566.

 27   Q.  Monsieur Celic, vous avez dit qu'après avoir rédigé le rapport le 26

 28   avec M. Sacic, une fois que vous êtes parti à Zagreb, M. Turkalj vous a

Page 7959

  1   ordonné, à vous et à d'autres quatre chefs de groupe, de présenter un

  2   rapport sur cet incident. Est-ce que vous reconnaissez le document qui est

  3   affiché à l'écran ? Est-ce que c'est l'ordre que M. Turkalj vous a donné ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Pour autant que vous le sachiez, jusqu'à ce moment-là, c'est-à-dire

  6   jusqu'au moment où M. Turkalj vous a ordonné, à vous et ces quatre chefs de

  7   groupe, de présenter un rapport, est-ce qu'il y avait d'autres rapports

  8   présentés par d'autres personnes qui avaient participé à l'opération le 25

  9   qui étayait la version présentée par M. Sacic à vous, le 26 ?

 10   M'avez-vous comprise ?

 11   R.  Oui, je vous comprends fort bien. Pour autant que je le sache, non.

 12   Personne ne m'a présenté un rapport quelconque. Une fois l'opération finie,

 13   je n'ai reçu qu'un rapport oral. J'ai rédigé les deux rapports et, à part

 14   moi, je pense que personne d'autre n'a rédigé un rapport. Il se peut que je

 15   l'ignore, mais pour autant que je le sache, moi, je n'ai rien reçu.

 16   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, j'aimerais que

 17   l'on affiche maintenant la pièce P564.

 18   Q.  Monsieur Celic, vous avez dit que suite à l'ordre de M. Turkalj, vous

 19   avez présenté la version dactylographiée de ce même rapport que vous avez

 20   rédigé à la main et que M. Sacic vous a dicté.

 21   Est-ce que c'est le rapport que vous avez présenté suite à l'ordre de M.

 22   Turkalj; plus précisément, est-ce que c'est la version dactylographiée de

 23   votre rapport manuscrit ?

 24   R.  Oui, c'est exact.

 25   Q.  Vous avez dit que vous l'avez présenté suite à l'ordre de M. Turkalj en

 26   date du 1er septembre, comme nous venons de le voir. Comment se fait-il que

 27   vous avez daté ce rapport le 25, et non pas la date ? Vous n'avez pas noté

 28   la date exacte, étant donné que vous avez présenté le rapport le 1er

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  1   septembre.

  2   R.  Je n'ai fait que recopier le rapport du 26 août. Le rapport du 26 août

  3   porte également la date du 25 août, et je pensais qu'il fallait le faire.

  4   J'ai noté la même date. Je ne voyais pas pourquoi ne pas dater le rapport

  5   ainsi.

  6   Q.  Est-ce que quelqu'un vous a dit qu'il fallait mettre cette date d'avant

  7   ?

  8   R.  Non.

  9   Q.  Dans sa teneur, ce rapport correspond parfaitement au rapport manuscrit

 10   que vous avez rédigé, à l'exception que dans votre rapport manuscrit, dans

 11   la dernière phrase il est dit que : "La mission était terminée à 16 heures

 12   et que personne n'était blessé."

 13   Cette ligne n'a pas été insérée dans ce deuxième rapport. Est-ce

 14   qu'il y a une raison qui explique pourquoi vous avez omis de citer l'heure

 15   à laquelle l'opération s'était terminée ?

 16   R.  Non, absolument pas. A part le rapport que vous avez ici, il existe

 17   encore un rapport qui diffère dans un paragraphe, parce que j'ai rédigé

 18   d'abord le rapport sur le terrain. Il n'y a pas de raison qui explique la

 19   différence entre les deux rapports. Mais sur la base de ce rapport qui a

 20   été dactylographié par la suite, les chefs de groupe, sur l'ordre de M.

 21   Turkalj, devaient présenter leurs propres rapports. Après ils ont ajouté un

 22   paragraphe qui était véridique, bien sûr, dans lequel mes propos étaient

 23   cités s'agissant de la manière dont il fallait traiter les civils. C'est ce

 24   que j'ai dit à ce moment-là au point de départ de Gracac.

 25   Mais par la suite, je n'ai pas inclus cela dans les rapports qui étaient

 26   rédigés par la suite. Il n'y avait pas de raison quelconque pourquoi cela

 27   n'était pas inséré, plus précisément l'heure.

 28   Q.  Donc, compte tenu de ce que vous venez de dire, après que vous avez

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  1   présenté un rapport, les chefs de groupe ont présenté leurs propres

  2   rapports sur cet incident et ces rapports étaient dactylographiés.

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Vous avez mentionné un autre rapport qui a un paragraphe

  5   supplémentaire.

  6   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche le document

  7   P565.

  8   Q.  En attendant que le document soit affiché, Monsieur Celic, j'aimerais

  9   que vous examiniez votre audition de 2005, deuxième partie. C'est 5275,

 10   page 102.

 11   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] C'est la page 13 435 de la version

 12   déposée.

 13   Q.  Vous y faites référence à cet autre rapport que nous avons à l'écran

 14   maintenant.

 15   Et vous dites : "D'accord. Avant la pause, je vous ai demandé de

 16   noter le document JC-6, et c'est le document qui a un paragraphe

 17   supplémentaire en date du 26 août 1995. Ce paragraphe est relatif au

 18   traitement des prisonniers, et ainsi de suite."

 19   Et votre réponse est : "C'est le même, si je ne m'abuse. En fait, je sais

 20   que c'est le même, le même qui a été rédigé ce jour même, à part cette

 21   différence. C'est celui où le secrétaire a ajouté un paragraphe. Cela n'a

 22   pas été rédigé par la suite. Cela a été le jour même, le jour où nous avons

 23   rédigé les rapports à Zagreb."

 24   Donc, ma première question est la suivante : vous avez présenté la version

 25   dactylographiée et les chefs de groupe étaient également à Zagreb à ce

 26   moment-là, à l'endroit dans le bureau où vous avez dactylographié et

 27   présenté les rapports, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui, c'est exact.

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  1   Q.  C'est la secrétaire de qui, qui a inséré ce paragraphe supplémentaire ?

  2   R.  Tous les rapports qui étaient manuscrits étaient dactylographiés par la

  3   secrétaire du commandant. Etant donné que mon rapport était le premier,

  4   ensuite il y a eu les chefs de groupe qui ont écrit leurs rapports. Je

  5   pense qu'étant donné qu'elle avait dactylographié cela, les chefs de groupe

  6   ont rédigé leurs rapports; et ça c'est vrai. Ce paragraphe, il

  7   correspondait à la vérité. C'est la seule chose que j'ai ajoutée à mon

  8   rapport, et cela a été dactylographié par la secrétaire. En d'autres

  9   termes, elle a dactylographié les documents pour nous tous.

 10   Q.  Lorsque vous avez parlé de la "secrétaire du commandant," de quel

 11   commandant s'agit-il ? A qui faites-vous référence ?

 12   R.  Lorsque je parle du commandant, je parle "du commandant" de mon unité,

 13   M. Turkalj.

 14   L'INTERPRÈTE : Les interprètes n'ont pas entendu ce que le témoin avait dit

 15   juste auparavant, car ils n'ont pas pu entendre.

 16   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 17   Q.  Vous avez dit quelque chose. Est-ce que vous pourriez répéter votre

 18   réponse ?

 19   R.  Je parlais "du commandant." Je ne parle que du commandant de mon unité,

 20   M. Josip Turkalj.

 21   Q.  Donc c'est sa secrétaire qui a inséré ce paragraphe ?

 22   R.  C'est exact, et je pense l'avoir dit.

 23   Q.  Et qui lui a donné l'ordre d'insérer le paragraphe ? Je ne suis pas en

 24   train de contester la véracité du paragraphe, mais j'aimerais savoir qui

 25   lui a donné l'ordre d'insérer ledit paragraphe.

 26   R.  Je pense que c'est moi qui lui aie dit. Elle a rédigé ou elle a

 27   dactylographié tous les rapports. Elle savait qui avait rédigé quoi.

 28   Toujours est-il que lorsque tout a été dactylographié et qu'ils ont

Page 7963

  1   présenté le rapport, j'ai probablement dit que ce paragraphe devait être

  2   inséré dans mon rapport.

  3   Q.  Alors, il faut savoir que la teneur de ce rapport est identique au

  4   rapport manuscrit que vous aviez rédigé et qui vous avait été dicté par M.

  5   Sacic. Est-ce que la secrétaire disposait d'un exemplaire de ce rapport ?

  6   Est-ce que vous avez emmené une copie ? Comment se fait-il que la

  7   secrétaire a fini par dactylographier un rapport identique à votre rapport

  8   manuscrit ?

  9   R.  Elle l'a copié du rapport que j'avais rédigé et que j'avais amené. Je

 10   ne voudrais pas mal formuler ce que je veux dire. Il est possible que je

 11   l'avais amené avec moi et il est possible d'ailleurs qu'il nous a été

 12   rendu, parce que d'après la mission sur le terrain, ma mission consistait à

 13   présenter un rapport sur le terrain, mais je devais également présenter un

 14   rapport au commandant à propos de l'engagement de l'unité. Donc je pense

 15   que j'avais probablement un exemplaire de ce rapport moi-même.

 16   Q.  Donc la secrétaire fondamentalement elle a copié, d'abord elle a

 17   regardé et pris connaissance de votre rapport manuscrit, puis ensuite elle

 18   a dactylographié les deux versions, les deux versions dactylographiées,

 19   n'est-ce pas ?

 20   R.  Soit elle l'a lu, soit elle l'a regardé, mais de toute façon c'est la

 21   même teneur pour le même rapport.

 22   Q.  Alors, je souhaiterais maintenant que nous examinions votre audience de

 23   l'année 2005, Monsieur Celic. C'est la partie numéro 3 qui m'intéresse.

 24   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Il s'agit de la cote 5276, page 46;

 25   pour la version déposée, il s'agit de la cote 13377,

 26   Q.  Et vous dites que les chefs de groupe rédigeaient également des

 27   rapports, et nous allons voir votre réponse, qui est comme suit : "Bien

 28   sûr, que je les ai vus parce que la secrétaire a rédigé ou a tapé tous les

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  1   rapports; et lorsque j'ai lu ces rapports, j'ai vu qu'il y avait des

  2   personnes qui avaient rédigé ce paragraphe et cette version sans l'ajout en

  3   question avait d'ailleurs peut-être déjà été imprimé. Et après l'avoir vu,

  4   je ne peux pas confirmer que tous les membres avaient rédigé cela ou s'ils

  5   avaient seulement rédigé certains paragraphes; mais il faut savoir

  6   qu'après, j'ai ajouté ce paragraphe."

  7   Donc manifestement, il y a eu une comparaison des rapports, votre rapport

  8   par rapport aux rapports établis par les chefs de groupe pour s'assurer que

  9   tout était conforme et logique, n'est-ce pas ?

 10   R.  Oui. J'ai pu effectivement consulter tous les rapports.

 11   Q.  Et c'est à ce moment-là qu'il a été décidé d'insérer ce paragraphe

 12   supplémentaire dans les rapports, à savoir votre rapport et les rapports

 13   des trois chefs de groupe ?

 14   R.  En ce qui me concerne, oui, mais je pense qu'ils avaient déjà rédigé

 15   leurs rapports. Je suis sûr qu'il y avait certains chefs de groupe qui

 16   avaient déjà rédigé quelque chose parce que je ne pense pas, enfin, ils

 17   devraient l'avoir parce que je ne pense que je l'aurais ajouté si nous n'en

 18   disposions pas.

 19   Q.  Et au moment où les rapports ont été présentés, est-ce que vous avez eu

 20   une discussion vous et les chefs de groupe pour savoir pourquoi ils vous

 21   avaient informé à la fin de l'opération qu'il n'y avait pas eu

 22   d'interventions alors que maintenant vous aviez rédigé un rapport

 23   complètement différent. Il aurait été logique d'avoir une discussion à ce

 24   sujet, n'est-ce pas ?

 25   R.  C'est exact. D'ailleurs sur la base de cet ordre et même avant avec le

 26   commandant Turkalj, nous étions dans la zone de Grubori, nous avons vu

 27   nous-mêmes que quelque chose s'était passé. Le commandant a demandé, sur la

 28   base de ces rapports écrits, ce qui s'était passé. Je n'avais rien à dire

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  1   parce que je savais que rien ne s'était passé. Et les chefs de groupe ont

  2   présenté leur rapport, mais nous n'en avons pas parlé donc je n'avais rien

  3   à dire. Alors j'ai juste eu la possibilité de dire qu'ils m'avaient indiqué

  4   que rien ne s'était passé.

  5   A la suite de quoi, j'ai rédigé le rapport avec M. Sacic, dans ce rapport,

  6   j'ai établi tous les faits, les faits contenus dans le rapport et après

  7   cela, tous les chefs de groupe ont dû consigner par écrit ce qui s'était

  8   passé, comment est-ce que cela s'était passé et qui le savait. Mais

  9   j'aimerais vous dire que dans un premier temps, je ne savais pas que

 10   quelque chose s'était passée. Bien, au contraire.

 11   Q.  Oui, mais je ne conteste absolument pas cela, Monsieur Celic. Ce que

 12   j'aimerais savoir, premièrement, c'est si vous avez demandé aux chefs de

 13   groupe, à l'époque, parce que vous avez été le premier à rédiger le

 14   rapport, M. Sacic vous a dicté ce rapport. Est-ce que vous leur avez

 15   demandé si quelque chose s'était passé et s'ils en avaient parlé dans le

 16   cadre d'un rapport à M. Sacic ou est-ce que vous leur avez demandé s'ils

 17   avaient présenté le rapport à quelqu'un d'autre à part vous-même ? Est-ce

 18   qu'ils vous ont dit s'ils avaient parlé à M. Sacic avant que vous ne lui

 19   parliez le 26 ?

 20   R.  Personne ne me l'a dit, et je suis assez convaincu que personne ne leur

 21   avait parlé. C'est mon avis. Mais je pense qu'il vaudrait mieux que vous

 22   lui posiez la question parce que je ne peux pas véritablement y répondre.

 23   Je suis plutôt convaincu que personne ne lui en a parlé à ce moment-là.

 24   Q.  Donc, d'après ce que vous savez, lorsque M. Sacic vous avait dicté le

 25   rapport, les chefs de groupe n'avaient pas parlé à M. Sacic ou ne l'avaient

 26   pas informé de cet incident ?

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Mikulicic.

 28   M. MIKULICIC : [interprétation] C'est une question qui a déjà été posée.

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  1   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je ne pense pas.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais le témoin a déjà répondu. Vous

  3   n'avez pas posé la question. Mais en fait, vous avez demandé au témoin

  4   d'amorcer un débat avec vous pour savoir ce qui était logique au vu des

  5   circonstances. Donc outre le fait que vous avez posé une question

  6   directrice, d'ailleurs la Défense ne s'y est pas opposée, vous avez même

  7   ajouté ce qui pour vous représente une réponse logique, ce que je vous

  8   invite vivement à ne pas faire.

  9   Le témoin vous a dit qu'à son avis personne n'avait parlé à M. Sacic

 10   lorsque M. Sacic lui avait dicté le rapport, et nous devons comprendre que

 11   ce témoin n'était pas informé qu'ils avaient parlé à M. Sacic parce qu'il

 12   n'aurait pas pu dire que cela correspond à la vérité.

 13   Donc, Maître Mikulicic a, dans une certaine mesure, raison puisque le

 14   témoin a déjà, lorsqu'il a répondu, je pense à la réponse précédente,

 15   répondu à cette question partiellement.

 16   Poursuivez.

 17   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je vous remercie. Et je souhaiterais

 18   que le Greffier affiche la pièce P572.

 19   Q.  Monsieur Celic, en attendant que ce document ne soit affiché à l'écran,

 20   l'un des chefs de groupe, M. Balunovic, est un de vos amis proches ? Donc

 21   vous avez des liens d'amitié proche. Vous l'avez dit lors de votre

 22   témoignage.

 23   R.  Est-ce que vous pourriez répéter le nom de famille, je vous prie.

 24   Q.  Vous savez, Balunovic, c'est le chef de groupe Balunovic. Je vais vous

 25   donner son nom de famille exact.

 26   R.  Je suppose que vous entendez Balunovic.

 27   Q.  Oui, je m'excuse, je n'ai certainement pas bien prononcé son nom. C'est

 28   en tout cas la personne à laquelle je fais référence, c'est l'un des chefs

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  1   de groupe de l'Unité Lucko.

  2   Donc, est-ce qu'il s'agissait d'un de vos amis proches ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Et en tant que tel, est-ce que vous êtes en mesure de reconnaître sa

  5   signature ? C'est une question que je vous pose.

  6   R.  Bien sûr, c'était mon subordonné et je sais à quoi ressemble sa

  7   signature.

  8   Q.  Vous avez dit lors de votre déposition que vous avez vu les rapports

  9   des chefs de groupe. Est-ce que vous êtes en mesure de reconnaître le

 10   document qui se trouve à l'écran ? Est-ce que vous l'avez déjà vu ?

 11   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, est-ce que vous

 12   pourriez afficher la page suivante pour que M. Celic puisse voir ou

 13   constater qui est l'auteur du document.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Je pense qu'il s'agit bien de sa

 15   signature. Parfois il écrit intégralement son nom et son prénom; parfois,

 16   il ne le fait pas. Mais je pense que là c'est bien sa signature.

 17   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 18   Q.  Donc, vous avez vu ce rapport, est-ce que vous ne lui avez demandé

 19   pourquoi il avait rédigé ce genre de rapport alors que dans le rapport de

 20   départ il avait été indiqué que rien ne s'était produit; ou est-ce que vous

 21   lui avez demandé dans quelle circonstance il avait présenté ce rapport ?

 22   R.  Au moment où il a rédigé le rapport, je sais qu'il était sur le côté

 23   gauche; et étant donné qu'il était sur le côté gauche et puisque nous

 24   étions ensemble, là où s'est déroulé l'incident, j'étais convaincu qu'il ne

 25   savait rien lui non plus. Parce que deux ou trois jours après l'événement,

 26   nous avons dû tous les deux se rendre à Gracac et nous avons dû vraiment

 27   nous convaincre que quelque chose s'était passé. Donc en allant sur le

 28   terrain, il ne savait pas ce qu'il s'était passé.

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  1   Q.  Non. Je ne vous ai demandé s'il le savait ou non.

  2   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Mais je souhaiterais, Monsieur le

  3   Greffier, que vous affichiez à nouveau la première page.

  4   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

  5   Q.  Dans ce rapport, il s'agit d'un rapport à propos d'un affrontement

  6   armé. Ce que j'aimerais savoir, et c'est la question que je vous pose

  7   maintenant, ce que vous a dit M. Balunovic ? Il vous a dit qu'il n'y avait

  8   pas d'interventions, qu'il n'y avait pas eu de résistance. Toutefois, dans

  9   son rapport, il fait référence à un affrontement armé. Est-ce que vous ne

 10   lui avez pas demandé pourquoi préalablement il ne l'avait pas dit, s'il y

 11   avait véritablement eu affrontement, ou pourquoi est-ce qu'il présentait

 12   maintenant un rapport différent ? Est-ce que vous avez jamais eu cette

 13   conversation avec lui ?

 14   R.  C'est justement ce que je voulais vous dire. Avant de rédiger le

 15   rapport avec M. Balunovic, je devais me rendre à Gracac, sur les lieux

 16   mêmes, et lorsque je suis arrivé, personne ne savait ce qui s'était passé.

 17   A ce moment-là, il était, lui aussi, convaincu que rien ne s'était produit.

 18   Mais par la suite, lorsque nous sommes allés là-bas sur les lieux et que

 19   nous avons constaté que quelque chose s'était produit, nous avons rédigé

 20   nos rapports, et M. Balunovic a rédigé dans son rapport que quelque chose

 21   s'était produit, puisque quelque chose s'était véritablement produit.

 22   Donc je pense que ce qu'il a dit après l'action était véridique. En

 23   d'autres termes, il ne savais pas quand ça s'est passé, parce que c'est ce

 24   qu'il m'a dit.

 25   Q.  Lorsque vous dites que vous êtes allé là-bas et que vous avez vu et

 26   constaté que quelque chose s'était passé, vous faites référence à votre

 27   visite à Grubori, accompagné de M. Turkalj et de M. Balunovic, n'est-ce pas

 28   ? C'est à cela que vous faites référence. C'est là que vous avez vu trois

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  1   corps et vous avez vu qu'il y avait eu des maisons incendiées. C'est à cela

  2   que vous faites référence maintenant, n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui, oui, c'est exact. Mais c'est la réponse à votre question que vous

  4   m'avez posée lorsque vous m'avez demandé pourquoi est-ce que Branko

  5   Balunovic ne m'a rien dit que quelque chose s'était passé après l'action.

  6   En fait, nous sommes allés directement à Zagreb. Puis là, nous en avons

  7   parlé durant la conversation. Il m'a indiqué que rien ne s'était passé.

  8   Donc lui ne savait absolument rien jusqu'au moment où nous sommes arrivés

  9   sur les lieux. Voilà ce que je voulais vous dire.

 10   Q.  Vous nous dites qu'après vous vous êtes rendu à Grubori, vous avez vu

 11   trois corps - c'est ce que vous indiquez dans votre déclaration - vous avez

 12   vu les maisons incendiées, et c'est à ce moment-là que vous vous êtes rendu

 13   compte que quelque chose s'était passé et vous êtes revenu à Zagreb, et

 14   c'est là que ces rapports ont été rédigés.

 15   C'est ce que vous nous dites dans le cadre de votre déposition; c'est bien

 16   cela ?

 17   R.  Permettez-moi de préciser ce qu'il en est de ce rapport. J'étais le

 18   seul avoir rédigé ce rapport auparavant, le deuxième jour, le 22, à Gracac

 19   même, lorsque l'on parlait du fait que quelque chose était survenu; et je

 20   crois qu'en effet quelque chose était réellement survenu, car j'ai

 21   personnellement vu de mes yeux les cadavres. J'ai vu ce qui s'était passé,

 22   mais le rapport avait été rédigé avant que je ne voie cela.

 23   Q.  Monsieur Celic, on a consigné cela comme étant le 22 --

 24   M. MIKULICIC : [interprétation] Aux fins du compte rendu, l'on a noté "le

 25   22." Manifestement, ce n'est pas le cas. Le témoin avait parlé du "26".

 26   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] C'est justement ce que j'allais

 27   signaler.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, ce n'est pas contesté.

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  1   Madame, vous avez posé plusieurs fois la même question au témoin.

  2   Apparemment, il y a peut-être un problème de communication.

  3   Monsieur Celic, ce que Mme Mahindaratne aimerait vous entendre dire

  4   apparemment, c'est ce qui suit : L'on vous a signalé à l'origine que rien

  5   n'était survenu. Vous nous avez dit que M. Balunovic avait fait ce rapport

  6   et que vous étiez convaincu que c'est bien ce qu'il avait observé ce jour-

  7   là.

  8   Ce que Mme Mahindaratne souhaiterait savoir, autant que je puisse le

  9   comprendre, c'est si à un moment donné vous avez discuté avec M. Balunovic,

 10   qui était un bon ami, de ce qui s'est passé ultérieurement ? Il a rédigé et

 11   signé un rapport qui était très différent de ce qu'il vous avait rapporté

 12   et très différent de ce que vous croyiez être ce qu'il avait observé. Avez-

 13   vous parlé de ce nouveau rapport faisant état de nombreux éléments

 14   d'information qui ne cadraient pas avec le premier rapport, ainsi que moult

 15   détails, qu'il serait peut-être difficile de déduire des observations

 16   faites par M. Balunovic, de ce qu'il avait observé le jour même.

 17   En avez-vous discuté avec lui ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, j'en ai discuté avec lui. Je vais tenter

 19   de m'exprimer clairement.

 20   Nous en avons parlé le jour où nous avons reçu l'ordre de nous y rendre, de

 21   nous rendre sur place pour voir ce qui s'y était passé. En nous rendant à

 22   Grubori et Gracac, il était toujours convaincu que rien ne s'était passé.

 23   C'est le rapport qu'il m'a fait oralement, suite à l'action.

 24   A ce moment-là, il m'a dit que d'après lui rien ne s'était passé. C'est ce

 25   que j'essayais de dire.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais plus tard, il a rédigé un

 27   rapport d'après lequel il est dit non seulement qu'il s'était passé quelque

 28   chose, et vous êtes convaincu qu'il ne l'a pas observé lui-même, et il

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  1   donne de plus amples détails sur d'autres questions, des noms, enfin

  2   d'autres questions qui, d'après votre déposition, il n'avait pas pu voir de

  3   ses propre yeux.

  4   Par la suite, est-ce que vous lui avez demandé pourquoi il avait rédigé et

  5   signé un rapport qui, à votre avis, ne pouvait se fonder sur ce qu'il avait

  6   observé de ses propres yeux ce jour-là ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Vous me demandez si nous étions de bons amis.

  8   Nous sommes de bons amis, et je l'ai cru lorsqu'il m'a dit que rien ne

  9   s'était passé. Je pense que son rapport se fondait sur le mien, quant aux

 10   détails, car il ne connaissait pas les noms et les dates, moi non plus

 11   d'ailleurs. J'ai consigné ce qui m'avait été dicté.

 12   Je suis dès lors convaincu que son rapport se fonde du moins partiellement

 13   sur mon rapport, le rapport que j'étais censé rédiger. Je suis également

 14   convaincu qu'en dépit du rapport, il ne savait pas  ce qui s'était passé.

 15   Du moins, c'est ce qu'il m'avait dit.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Savez-vous que votre rapport, le rapport

 17   qui vous a été dicté, ou savez-vous si ce rapport a été fourni à un moment

 18   donné à M. Balunovic ? Est-ce qu'il vous en a parlé, est-ce que vous l'avez

 19   observé ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Il l'a forcément vu. Je suis convaincu. Je

 21   suis sûr que j'avais ce rapport avec moi. Nous étions tous censé rédiger un

 22   rapport; moi-même, les quatre dirigeants de groupes. J'avais forcément le

 23   rapport sur moi. Il était manuscrit, mais par la suite, le rapport a été

 24   dactylographié. Je ne l'ai pas moi-même dactylographié à Gracac. Je l'ai

 25   écrit à la main, mais lorsque le secrétaire l'a transcrit, le rapport

 26   identique à Zagreb, sans aucun doute il a dû voir mon rapport, certainement

 27   vu.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc voilà la conclusion : Il l'a

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  1   certainement vu, car il n'avait pas lui-même connaissance des détails, mais

  2   est-ce que vous avez vu qu'on lui a remis ce rapport ? Vous avez tiré la

  3   conclusion qu'il l'avait forcément vu, mais est-ce que vous avez

  4   directement observé que ce rapport lui a été remis, qu'il l'a eu entre les

  5   mains ou quelque chose de ce genre ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne peux pas le dire précisément, mais je

  7   peux vous dire que nous avons tous été invités à la réunion avec le

  8   commandant Turkalj. Le commandant Turkalj, moi-même et M. Balunovic, nous

  9   nous sommes rendus sur les lieux de l'incident, conformément à un ordre

 10   écrit nous enjoignant d'écrire un rapport. A ce moment-là, M. Turkalj avait

 11   mon rapport. J'avais sans doute aussi le rapport sur moi. Branko Balunovic

 12   a pu le voir, il a pu en extraire certains détails. Je ne sais pas si

 13   quelqu'un le lui a remis, que je l'ai fait moi-même, ou Turkalj. Ce rapport

 14   était accessible, pouvait être consulté dans les archives. Donc je ne sais

 15   pas si quelqu'un lui a remis le rapport. Le secrétaire, le commandant,

 16   voire moi-même, je ne saurais le dire avec précision.

 17   Mais sans aucun doute, à ce moment-là, quiconque pouvait avoir accès à ce

 18   document. Nous ne cachions rien. Le rapport était accessible à tous.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ma dernière question serait la suivante

 20   : lorsque vous étiez à Zagreb, par la suite, vous avez dit que le

 21   secrétaire a transcrit ces rapports, les a dactylographiés. Pouvez-vous

 22   exclure avec certitude que ces rapports étaient déjà prêts et

 23   dactylographiés, ou êtes-vous certain que c'est le secrétaire qui a

 24   dactylographié ces rapports ?

 25   Ma question est la suivante : est-ce que les rapports étaient déjà

 26   disponibles ? Pouvez-vous exclure cela ou non ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois qu'ils n'avaient pas été rédigés et

 28   dactylographiés à l'avance. J'exclus cette possibilité avec une certitude

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  1   de 90 %, car les informations qui se trouvaient dans mon rapport, la

  2   secrétaire n'aurait pas pu en prendre connaissance avant d'avoir vu mon

  3   rapport. Je sais pas si le rapport a été envoyé par fax au commandant, ça

  4   je n'en suis pas certain.

  5   Mais je suis convaincu que personne ne disposait d'informations détaillées

  6   avant que mon rapport ne soit transmis à Zagreb.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

  8   Veuillez poursuivre, Madame Mahindaratne.

  9   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 10   Q.  Monsieur Celic, savez-vous lorsque vous avez rédigé ce rapport, est-ce

 11   que vous l'avez fait à Zagreb, et était-ce le même jour que M. Turkalj a

 12   donné l'ordre, c'est-à-dire le 1er sept, ou était-ce par la suite ?

 13   R.  Je ne voudrais pas vous induire en erreur. Mais si l'ordre était donné

 14 le 1er septembre, cela s'est peut-être passé le 1er septembre. Je ne sais pas

 15   si les gens se trouvaient sur le terrain ou ailleurs. Il est possible que

 16   tous les dirigeants des groupes n'aient pas assisté à la réunion ce jour-

 17   là. En tout cas, en recevant l'ordre, il nous a réunis. Mais cela s'est

 18   peut-être produit le deuxième jour, parce que tout le monde a assisté à la

 19   réunion. Mais le mieux serait de lui poser la question, parce que je ne

 20   veux pas dire des choses erronées.

 21   Q.  Savez-vous quel rapport a été dactylographié en premier ? Etait-ce

 22   votre rapport qui a été dactylographié en premier par la secrétaire ou ceux

 23   des commandants de groupes ?

 24   R.  Je suis convaincu que c'est mon rapport.

 25   Q.  Vous nous avez expliqué pourquoi vous avez inscrit sur votre rapport

 26   une date antérieure parce que, comme vous nous l'avez dit, vous avez

 27   simplement repris votre rapport manuscrit. Le rapport de M. Balunovic est

 28   également daté du 25 août, une date antérieure. Savez-vous si quelqu'un a

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  1   donné pour instruction aux commandants de groupes de procéder ainsi, de

  2   mettre sur le rapport une date antérieure ?

  3   Est-ce que vous avez entendu la question, Monsieur Celic ? La question a-t-

  4   elle été interprétée ? Vous ne répondez pas.

  5   R.  Oui. Oui, oui, j'écoute l'interprétation.

  6   Pour ce qui est de la date, personne ne nous a dit quelle date il fallait

  7   mettre sur le rapport. Je ne sais pas s'il s'est agi d'une erreur ou non.

  8   Mais l'incident a eu lieu le 25, et c'est la raison pour laquelle nous

  9   avons inscrit cette date. Si le rapport du commandant en fait était rédigé

 10   le 1er septembre, peut-être aurions-nous dû mettre cette date-là. Mais nous

 11   n'y avons prêté aucune attention. Cela dit, personne ne nous a donné pour

 12   instruction d'inscrire une date antérieure. Nous n'en avons pas discuté.

 13   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, pourrions-nous

 14   voir le document P573, s'il vous plaît.

 15   Q.  Monsieur Celic, vous voyez à l'écran un rapport identique à celui que

 16   nous venons de voir, celui de M. Balunovic, comportant un paragraphe

 17   supplémentaire, comme votre rapport, où il est dit que l'on a enjoint à

 18   l'unité de se conformer au droit international humanitaire. Je crois que

 19   l'on peut voir cela à l'avant-dernier paragraphe, juste avant la liste des

 20   noms.

 21   Il semblerait que M. Balunovic ait également présenté un deuxième rapport

 22   comportant ce paragraphe supplémentaire. Je ne vais pas passer en revue

 23   tous les rapports de tous les commandants de groupes. Nous avons déjà

 24   demandé le versement au dossier de deux rapports de chacun des trois

 25   commandants de groupes; un rapport ne comporte pas ce paragraphe, l'autre

 26   comporte ce paragraphe.

 27   Y avait-il un consensus à l'époque sur le fait que ce paragraphe devait

 28   être incorporé au rapport ?

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  1   R.  Lorsque les dirigeants de groupes ou commandants de groupes rédigeaient

  2   leurs rapports, chacun avait son propre bureau, chacun écrivait son rapport

  3   dans son bureau. Ensuite, nous donnions les rapports au secrétaire pour que

  4   les rapports soient dactylographiés. Vous voyez que ces rapports ont été

  5   harmonisés, pour ce qui est de ces passages spécifiques. Une personne avait

  6   écrit une chose, une autre avait écrit autre chose. Mais pour ce qui est de

  7   mon propre rapport, c'était une bonne chose d'inclure ce passage dans le

  8   rapport, parce que cela correspondait à la vérité. Cela avait été

  9   communiqué à tous les soldats dès le départ, le fait qu'il y avait des

 10   civils.

 11   Cela n'avait pas été mentionné dans le rapport, mais cela correspond à la

 12   vérité, et je crois qu'à l'époque la secrétaire assurait la coordination de

 13   ces rapports. Car si une personne avait écrit une chose et une autre avait

 14   écrit autre chose, les rapports ne se ressemblaient pas et, par conséquent,

 15   il fallait encore inclure ces passages.

 16   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Si l'on peut voir la deuxième page,

 17   maintenant.

 18   Q.  Ma première question serait : est-ce que vous avez vu ce deuxième

 19   rapport de M. Balunovic à Zagreb ?

 20   R.  Le premier et le deuxième rapport ont été écrits le même jour. Je suis

 21   convaincu que tout cela a été rédigé le même jour.

 22   Q.  Savez-vous si M. Balunovic utilisait ce type de signature ou est-ce que

 23   vous pensez que c'est quelqu'un d'autre qui a signé le document pour son

 24   compte ?

 25   R.  Je suis convaincu que c'est bien sa signature. Cela dit, il serait

 26   peut-être mieux de demander à un expert d'identifier l'écriture, mais je

 27   suis convaincu que c'est lui qui l'a signé.

 28   Q.  Je vous pose la question simplement parce que vous aviez identifié la

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  1   signature précédente qui n'est pas la même. Les deux signatures sont

  2   différentes, mais vous avez dit que cela ressemble à sa signature. C'est la

  3   raison pour laquelle je vous pose la question.

  4   R.  Etant donné qu'il était mon subordonné à l'époque, j'étais commandant

  5   adjoint, il était instructeur, responsable de l'entraînement spécialisé; et

  6   dans le cadre de chaque mission, il devait me faire un rapport et j'ai reçu

  7   bon nombre de rapports de sa part. Je sais que parfois il signait son nom

  8   et son prénom intégralement et parfois, sa signature ressemblait à celle

  9   que nous voyons ici. Je suis convaincu que ce rapport ainsi que le

 10   précédent sont bien signés par lui. Je le réitère. Mais encore une fois, la

 11   meilleure chose serait de demander à un expert de vérifier cela et de

 12   donner son opinion.

 13   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, pourrions-nous

 14   afficher le document P568, s'il vous plaît.

 15   Q.  En attendant, Monsieur Celic, avez-vous vu les rapports des deux autres

 16   commandants de groupe, M. Zinic et M. Krajina ?

 17   R.  Oui, j'ai vu tous les rapports.

 18   Q.  Et savez-vous que ces deux personnes ont également rendu un deuxième

 19   rapport comportant ce paragraphe supplémentaire ? Avez-vous vu la deuxième

 20   version de leurs rapports ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Avez-vous posé des questions à M. Zinic concernant la  véracité de ce

 23   rapport, pourquoi il présentait un rapport différent ?

 24   R.  Je vais réitérer encore une fois ce que j'ai déjà dit. Lors de la

 25   réunion que j'ai déjà mentionnée, lui-même et M. Balunovic ne savaient pas

 26   que quelque chose s'était passé. Mais ils ont rédigé le rapport sur la base

 27   de mon rapport. Chacun devait présenter son point de vue, il était

 28   manifeste que quelque chose s'était passé, mais je suis convaincu qu'à

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  1   l'époque il ne savait ce qui s'était passé.

  2   Q.  Est-ce qu'il en allait de même pour M. Krajina, également, le

  3   commandant de groupe ?

  4   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je demanderais au Greffier d'afficher

  5   également ce rapport --

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que le témoin pourrait répondre à

  7   la question.

  8   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je voulais

  9   juste lui montrer le document.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Quant à Branko Balunovic et Stjepan Licnik

 11   [phon], ils avaient mené l'opération sur le flanc gauche, conformément aux

 12   ordres que je leur avais donnés. Donc, je suis convaincu qu'étant donné que

 13   Grubori se trouve au milieu, ou plutôt, sur la droite, je pense que cela ne

 14   correspondait pas à leur position. C'est la raison pour laquelle je crois

 15   ce qu'ils ont dit; en effet, deux commandants étaient sur le flanc droit…

 16   Quant à savoir si Krajina a vu quelque chose ou non, je ne peux pas le dire

 17   parce qu'il m'avait également rapporté que rien ne s'était passé. Mais ce

 18   n'est pas ce qui est consigné dans son rapport.

 19   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, est-ce que nous

 20   pourrions le document 570, s'il vous plaît.

 21   Q.  Monsieur Celic, est-ce que vous avez discuté avec M. Krajina à Zagreb

 22   lorsque vous étiez en train de rédiger ces rapports ?

 23   R.  Lors de cette réunion, nous avons tous participé à la discussion et M.

 24   Krajina a également dit qu'il ne savait pas ce qui s'était passé.

 25   Q.  Pouvez-vous nous dire quel est dès lors, si vous le savez, quel est le

 26   fondement du rapport de M. Krajina qui apparaît à l'écran ?

 27   Ou plutôt, je vous demanderais d'abord, est-ce que vous avez vu ce rapport

 28   à Zagreb ?

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  1   R.  Oui. C'était le rapport de M. Krajina.

  2   Q.  Est-ce que vous lui avez demandé pourquoi il présentait cette version

  3   des faits; ou est-ce qu'il en allait également de même pour lui, c'est-à-

  4   dire qu'il s'inspirait de votre rapport ?

  5   R.  Je crois que le mieux serait de lui poser la question, mais je vais

  6   tenter de vous donner mon point de vue.

  7   Il se trouvait également du côté droit et l'incident est survenu là où il

  8   se trouvait. Or, il a également déclaré que rien ne s'était passé à

  9   l'origine, mais il est incontestable que l'incident s'est produit dans sa

 10   zone et il aurait dû consigner cela dans son rapport. Je ne saurais dire

 11   s'il a vu ce qui s'est passé ou non, et si les officiers concernés

 12   appartenaient à son groupe. Je ne le sais pas. Mais l'incident même s'est

 13   produit dans sa zone, et je pense que c'est pour cette raison qu'il a

 14   rédigé ce rapport.

 15   Q.  Et d'après votre expérience, si en effet il y avait eu une résistance

 16   armée dans cette zone, pourrait-il y avoir une raison pour laquelle ces

 17   commandants de groupe ne vous l'avaient rapportée ?

 18   R.  Bien au contraire, ils leur incombaient de faire un tel rapport, afin

 19   que nous puissions résoudre le problème de la meilleure manière possible.

 20   Ils avaient l'obligation de faire rapport sur tout ce qui se passait sur le

 21   terrain.

 22   Q.  En attendant ces unités, est-ce que vous avez entendu des bruits ou

 23   d'autres indications qui suggéraient qu'en effet il y avait une résistance

 24   armée ou une forme de conflit armé qui se produisait dans le secteur; des

 25   explosions, des rafales, et cetera ?

 26   R.  Si je pouvais situer cet incident dans le temps, je pourrais vous

 27   répondre avec plus de précision.

 28   Cela dit, comme je l'ai dit dans ma déclaration, je suis sorti puis j'ai

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  1   croisé des civils; et, avec le commandant Janic, je suis parti en voiture

  2   et nous nous sommes rendus à un endroit assez éloigné de cette position.

  3   Q.  Oui, mais en fait, ma question était différente. Est-ce que vous avez

  4   la moindre indication qui vous a amené à penser qu'il y avait un conflit

  5   armé qui se produisait dans le secteur ? Donc pendant que vous étiez en

  6   train d'attendre ? Je parle d'explosions, de tirs et de choses de ce type.

  7   R.  Pas d'explosions, mais on entendait de temps en temps des tirs.

  8   J'aimerais vous expliquer quelque chose, la colline était assez élevée et à

  9   ce moment-là j'étais peut-être de l'autre côté de la colline. Donc il se

 10   peut que je n'ai pas entendu d'explosions. En tout cas, alors que j'y

 11   étais, je n'ai pas entendu d'explosions. Cela dit, on attendait des tirs,

 12   mais cela n'avait rien à voir avec des combats ouverts.

 13   Il s'agissait de tirs occasionnels. Personnellement, j'ai également tiré

 14   une balle avec mon fusil, simplement pour que le chauffeur sache où je me

 15   trouvais. Donc on entendait de temps en temps des tirs, mais l'on

 16   n'entendait aucun indice d'un conflit généralisé ou d'explosions.

 17   Q.  Pour ce qui est des tirs occasionnels, le contexte était-il tel que

 18   cela ne vous a pas amené à penser qu'un conflit armé, une confrontation

 19   armée avait lieu ?

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cette question a déjà été posée et je

 21   pense que le témoin y a déjà répondu.

 22   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Très bien, Monsieur le Président. Je

 23   vais passer à autre chose.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez.

 25   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 26   Q.  Monsieur Celic, vous avez témoigné que parmi les quatre commandants de

 27   groupe, trois ont présenté des rapports, mais M. Drljo, le quatrième

 28   commandant, a refusé de présenter un rapport.

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  1   Si je m'en réfère à votre déclaration de 2002, la troisième partie de

  2   cette déclaration.

  3   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] A la page 11, pardon, page 13

  4   775.

  5   Q.  On vous a posé la question suivante : "J'aimerais préciser cela. Après

  6   que l'on a demandé à vos trois hommes de présenter leurs rapports, en fait,

  7   vos quatre commandants de groupe et Franjo Drljo ont refusé de le faire.

  8   Qui est-ce qui a rendu compte du fait qu'ils n'avaient pas présenté de

  9   rapports ?"

 10   Et votre réponse est : "Eux tous, et ceci à mon commandant. Je l'ai

 11   dit à mon commandant M. Turkalj, et il en a informé MM. Markac et Sacic.

 12   Donc ils en étaient au courant."

 13   Et puis la question suivante : "Mais est-ce que vous étiez présent au

 14   moment où il l'avait dit à Sacic et Markac ?"

 15   Votre réponse est : "Oui, je pense que oui. Je pense que le jour où j'ai

 16   rédigé le rapport, je pense qu'on l'a appelé. Je le pense, mais je ne suis

 17   pas sûr qui était présent lors de la réunion, mais je pense qu'ils le

 18   savaient. Ils ont appelé Franjo Drljo, ils lui ont parlé, parce qu'il

 19   devait rédiger le rapport ce jour même, et d'autres devaient le faire plus

 20   tard."

 21   Tout d'abord, vous dites que l'on a appelé Franjo Drljo le jour où vous

 22   avez rédigé le rapport. Mais de quel jour s'agit-il, étant donné que vous

 23   avez écrit les rapports deux jours, le 26, le jour où M. Sacic vous l'a

 24   dicté, puis plus tard, conformément à l'ordre de M. Turkalj. Quel jour M.

 25   Drljo a-t-il été appelé ?

 26   R.  Il a été appelé lorsque nous étions à Zagreb et mon premier rapport a

 27   été rédigé le 26. Il n'y avait que moi et M. Sacic qui étions présents. Il

 28   n'y avait personne d'autre. Je pense que l'unité était déjà sur le chemin

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  1   en route vers Zagreb, sur la base de l'ordre donné par M. Turkalj. Nous

  2   étions présents nous tous, moi et les quatre chefs de groupe. Et il a été

  3   dit que nous devions présenter un rapport à Zagreb. Je pense que cela s'est

  4   passé le 1er septembre, mais je n'aimerais pas avancer une date erronée.

  5   Q.  Et vous dites que vous pensiez que M. Turkalj en a informé M. Markac et

  6   M. Sacic. Donc, il leur dit que M. Drljo n'a pas présenté de rapport. Sur

  7   quoi vous basez-vous lorsque vous le dites ? Comment se fait-il que vous

  8   pensiez que M. Turkalj a bel et bien appelé M. Markac ? Est-ce que vous en

  9   êtes sur ? Est-ce que vous y étiez ? Est-ce que vous étiez présent à ce

 10   moment-là ou M. Turkalj vous l'a dit ?

 11   R.  Lors de cette réunion, M. Turkalj, commandant à l'époque, a lu l'ordre

 12   écrit qu'il avait reçu -- ou plutôt, c'était lui qui nous avait donné cet

 13   ordre écrit. Et sur la base de cet ordre, il devait présenter un rapport et

 14   une réponse. Donc je sais qu'il devait écrire quelque chose dans ce rapport

 15   qui, par la suite, est présenté au secteur. Donc il devait en informer le

 16   secteur, présenter au secteur tous nos rapports, et si quelqu'un ne l'avait

 17   pas fait il devait en informer le secteur et expliquer pourquoi. C'est

 18   pourquoi j'ai dit et je pense qu'il devait en informer le secteur.

 19   Q.  Lorsque vous dites que "eux les ont appelés," vous dites "eux," donc

 20   "ils" ont appelé Franjo Drljo." A qui pensez-vous ?

 21   R.  Je ne sais pas si on l'a appelé ou pas, mais si quelqu'un l'appelait,

 22   c'est probablement le commandant. Je n'en suis pas sûr. Je ne pourrais pas

 23   dire avec assurance si c'était M. Sacic ou M. Markac. Je ne pourrais pas

 24   l'avancer.

 25   Ce que je sais, c'est que ce jour même M. Turkalj l'a appelé, de même

 26   que nous tous, et maintenant de savoir si quelqu'un d'autre lui en avait

 27   parlé à part le commandant, je l'ignore. J'imagine que oui, mais je n'en

 28   suis pas sûr.

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  1   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, j'aimerais

  2   que l'on affiche maintenant le document P625.

  3   Q.  Monsieur Celic, j'aimerais que l'on examine maintenant votre audition

  4   de 2002, deuxième partie, pages 30 et 31. En B/C/S,  ce sont les pages 28

  5   et 29.

  6   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Dans la version déposée, c'est à la

  7   page 13 855 [comme interprété].

  8   Q.  Monsieur Celic, on vous a posé une question au sujet des armes dont

  9   disposait votre unité lors de l'opération Oluja-Obruc, qui s'est déroulée

 10   le 25 et le 26, et vous dites : "Les armes courtes que vous appelez les

 11   pistolets et les armes longues, c'est un autre type de fusils."

 12   M. MIKULICIC : [interprétation] Pardon.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Mikulicic.

 14   M. MIKULICIC : [interprétation] Pourrait-on nous expliquer plus en détail

 15   ce document. Qui est son auteur, quelle est la date de ce document. Nous

 16   n'avons pas d'indice au sujet de ce document.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un instant. Je pense que Mme

 18   Mahindaratne a tout simplement cité les propos du témoin, les propos faits

 19   dans sa déclaration. Maintenant, on s'attend à ce qu'elle pose la question.

 20   Veuillez poursuivre, Madame Mahindaratne.

 21   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci.

 22   Q.  Je suis en train de citer ce que vous avez dit lors de l'audition.

 23   Ensuite vous avez décrit les armes dont disposait votre unité, et vous avez

 24   dit : "Les fusils automatiques dans l'ancienne JNA."

 25   Ensuite on vous a demandé : "Est-ce que vous avez eu une sorte de soutien

 26   sous forme d'artillerie ou de quoi que ce soit de ce genre ?

 27   "Réponse : Non.

 28   "Question : Est-ce que vous aviez des armes qui vous auraient permis de

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  1   lancer des grenades ?

  2   "Réponse : Non, nous n'avions pas ce genre d'armes pour cette opération.

  3   "Question : Donc les seules armes dont vous aviez étaient les

  4   pistolets et des fusils, n'est-ce pas ?

  5   "Réponse : S'agissant de l'artillerie lourde telle que les mortiers, nous

  6   n'en avions pas, mais je ne suis pas sûr si quelqu'un, par exemple, avait

  7   des fusils à lunette ou tout simplement des pistolets."

  8   J'aimerais que l'on examine maintenant les notes prises lors de votre

  9   audition en 2005.

 10   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] C'est la deuxième partie de cette

 11   audition de 2005. C'est 5275, page 14 à 15. Dans la version déposée, c'est

 12   à la page 13 523.

 13   Q.  On vous a dit là : "Monsieur Celic, vous avez dit que vous aviez une

 14   Motorola comme moyen de communication. Et ce jour-là, est-ce qu'il fallait

 15   que les hommes disposent pour ces opérations, des armes pour des activités

 16   antichars ?"

 17   Vous avez dit que : "Personne n'avait ce genre d'arme ce jour-là."

 18   Ma question est la suivante : les armes dont disposaient les unités, est-ce

 19   qu'elles étaient consignées quelque part ? Quelles étaient les armes qui

 20   étaient distribuées aux membres de votre unité ?

 21   R.  S'agissant des armes dont disposaient les soldats dans l'unité, chaque

 22   membre reçoit les armes de base, telles que les fusils, les fusils à canon

 23   long et canon court.

 24   Vous m'avez demandé au sujet des armes automatiques. Il y en avait

 25   différents types, il y en avait du type de l'ancienne JNA, puis il y en

 26   avait d'autres types.

 27   Sur le terrain, le soldat, s'il disposait de trois fusils différents, il

 28   pouvait choisir lui-même quel type de fusil il pouvait emmener avec lui.

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  1   Ça, c'était pour ce qui était de l'armement basique. Mais il existe

  2   également des armes plus spécifiques. En fonction du groupe dans lequel se

  3   trouvaient les membres, par exemple dans une unité où il y avait 100 ou 120

  4   soldats, il y en avait dix, par exemple, qui étaient des tireurs embusqués.

  5   Le soldat pouvait, sur le terrain, disposer d'un fusil à lunette et non pas

  6   d'un fusil normal.

  7   S'agissant des armes antichars --

  8   Q.  Monsieur Celic, mais ma question était la suivante. Les armes qui

  9   étaient données aux membres de l'unité, est-ce que c'était consigné quelque

 10   part quelles étaient les armes qui étaient données à ces membres ?

 11   R.  Pour ce qui est des armes, oui.

 12   Q.  S'agissant des armes antichars ou des lance-grenades, ce genre d'arme,

 13   comment ces armes étaient-elles données, à des membres individuels ou à une

 14   unité, de manière générale ?

 15   R.  Cela était fait d'une manière individuelle. S'agissant des armes

 16   antichars, tout le monde ne pouvait pas en disposer.

 17   Mais je vais vous l'expliquer. Il existe des armes antichars, RPG. On

 18   savait précisément quel était le soldat qui en disposait, mais il existait

 19   également des armes telles que Zolja, antichars, qui ne sont utilisées que

 20   pour une seule utilisation. Là, on ne spécifiait pas quel était le soldat

 21   qui en disposait. Mais si, par exemple, on pensait qu'il y aurait des

 22   engagements avec des chars, dans ce cas-là, les soldats pouvaient prendre

 23   des Zolja, en prendre une ou deux, et les avoir sur le terrain. Mais ce

 24   genre d'arme antichar n'était pas consignée dans un registre où il était

 25   dit que tel soldat disposait de telles armes.

 26   Q.  S'agissant de l'opération qui s'est déroulée le 25 et le 26,

 27   l'opération Tempête, donc Oluja-Obruc, est-ce que vous avez reçu des

 28   informations selon lesquelles vous alliez vous engager dans des combats

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  1   antichars ? Est-ce que vous saviez à l'avance que vous alliez avoir ce

  2   genre de combat ?

  3   R.  Je ne pourrais pas vous dire, mais nous avons appris que dans cette

  4   zone, qu'il y aurait peut-être des unités terroristes et qu'à proximité de

  5   cette zone, il y avait des combats.

  6   Par conséquent, il était possible quelqu'un s'y trouve encore. Mais

  7   s'agissant de la force de ces unités terroristes, je ne pourrais pas vous

  8   le dire. Mais compte tenu de la position, de la configuration de cette

  9   zone, l'on ne pouvait pas s'attendre à des armes lourdes. On s'attendait à

 10   ce qu'il y ait de la résistance, tant que des hommes encore par là, mais

 11   pas à ce genre d'arme.

 12   Q.  S'agissant des armes telles que Zolja ou armes antiblindées, est-ce

 13   qu'il y avait des Zolja qui étaient employées lors de l'opération le 25 et

 14   le 26 ?

 15   R.  Chaque fois qu'on allait sur le terrain, les soldats recevaient la

 16   consigne quelles étaient les armes à être employées. Donc ils devaient

 17   savoir qu'ils devaient employer les armes légères et de quel type.

 18   Chaque soldat, compte tenu des opérations précédentes ou compte tenu de

 19   l'opération Tempête, pouvait encore disposer d'une Zolja. Personne ne

 20   l'empêchait de l'avoir et de l'emporter sur lui, mais il n'était pas

 21   précisé qu'il fallait avoir sur soi des armes antiblindées. Mais étant

 22   donné que les soldats étaient prêts d'ordre psychologique et physique, il

 23   n'y avait pas de problème pour qu'ils portent sur eux ce genre d'arme.

 24   Mais s'ils l'avaient fait, je l'ignore. Cela, je l'ignore. Mais il ne leur

 25   était pas dit qu'ils devaient le faire ou qu'il ne fallait pas le faire. Je

 26   pense que certains soldats disposaient de ces armes parce que, par exemple,

 27   lorsqu'on s'engage dans un combat, on peut employer ce genre de projectile,

 28   même si cela ne se fait pas pour s'engager contre des chars mais contre

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  1   simplement des forces plus importantes, ennemies.

  2   Q.  S'agissant du 25 et du 26, avez-vous vu des membres de l'unité portant

  3   des Zolja ?

  4   R.  Etant donné que la ligne était bien longue, et juste avant le départ

  5   sur le terrain, les soldats ne prenaient pas les armes et allaient me voir.

  6   Mais avant de partir sur le terrain, ils se rendaient auprès de leur

  7   véhicule, prenaient tous les équipements nécessaires et ensuite se

  8   lançaient sur le terrain. Moi, personnellement, je ne l'ai pas vu, mais

  9   c'est possible. Mais personnellement, je ne l'ai pas vu.

 10   Q.  Je ne sais pas si vous avez déjà répondu à cette question, Monsieur

 11   Celic, mais s'agissant des Zolja, est-ce que l'on donne ces armes

 12   individuellement aux soldats ou à l'unité tout entière ?

 13   R.  Non, cela ne se fait pas individuellement. Lors des opérations

 14   précédentes, n'importe qui pouvait prendre des Zolja.

 15   Q.  Mais si les Zolja étaient distribuées à l'unité, cela devait être

 16   consigné quelque part, n'est-ce pas ?

 17   R.  Je vais vous citer un exemple. En fait, prenons comme exemple

 18   l'opération Tempête. Lorsque nous nous sommes lancés dans l'opération

 19   Tempête, nous nous sommes rendus sur un axe de communication, et notre

 20   mission consistait à investir dans cet axe. Avant d'y arriver, nous ne

 21   pouvions pas savoir si nous allions devoir nous engager dans un combat et

 22   de quelle envergure. Donc les gens avaient sur eux autant d'armes que

 23   possible et de munitions.

 24   Sur cette position où nos véhicules pouvaient se déplacer, nous recevions

 25   au fur et à mesure la nourriture et les vivres, nous recevions les

 26   munitions et les armes, y compris les Zolja. Donc nous pourrions recevoir

 27   les munitions, mais également les Zolja. Si quelqu'un avait déjà utilisé

 28   les Zolja, il pouvait en prendre d'autres. Il n'y avait pas de registre où

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  1   il était écrit tant de Zolja avaient été prises.

  2   Q.  Monsieur Celic, est-ce que vous reconnaissez le document qui est

  3   affiché à l'écran maintenant ?

  4   R.  Non. Je reconnais ces données, mais le document, c'est la première fois

  5   que je le vois.

  6   Q.  Mais vous avez dû présenter une liste des armes dont disposait l'Unité

  7   Lucko le 24 [comme interprété], et le faire à M. Janic, n'est-ce pas,

  8   compte tenu des enquêtes qui étaient menées par la suite au sujet de

  9   l'événement qui s'était déroulé à Grubori ?

 10   R.  Je ne me souviens pas de ce document. Je ne pourrais pas vous dire avec

 11   certitude que je l'avais vu. Je pense que nous devions présenter ce genre

 12   de documents, mais je reconnais parfaitement toutes les données et les

 13   noms, mais je ne pourrais pas vous dire maintenant si Bego [phon] Stjepan

 14   avait bel et bien pris telle et telle chose, mais je reconnais les noms.

 15   Q.  Mais je ne vous ai pas demandé de me l'expliquer plus en détail.

 16   J'essayais tout simplement de comprendre si vous connaissiez de manière

 17   générale ce document.

 18   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Passons maintenant, Monsieur le

 19   Greffier, à une page suivante.

 20   Q.  Monsieur Celic, je vous prie de parcourir les pages qui sont affichées

 21   et de me dire si vous reconnaissez ce document.

 22   R.  S'agissant de moi-même là, tout ce qui est consigné est exact. Ce sont

 23   bel et bien des armes que j'avais prises, mais je ne pourrais pas vous dire

 24   avec certitude si c'était exact pour les autres soldats. Plus précisément,

 25   s'agissant de moi-même, mon nom y figure. Je confirme que toutes les

 26   informations consignées sont exactes.

 27   Q.  En 2004, 2003 ou 2005, est-ce que M. Janic vous a demandé de rédiger

 28   une liste d'armes et tous les détails des soldats qui avaient été impliqués

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  1   dans l'opération qui s'est déroulée le 26 août, dans la zone de Plavno ?

  2   Avez-vous présenté une liste à M. Janic ?

  3   R.  Je ne pourrais pas vous le dire. Je pense qu'au moment où l'enquête a

  4   été lancée, on a demandé ce genre d'information. Mais s'agissant des

  5   détails, je pense qu'on ne pouvait pas le savoir à l'époque. Nous ne

  6   pourrions pas savoir qui avait quoi sur lui. On a demandé quelles étaient

  7   les armes employées par l'unité tout entière, mais s'agissant de cette

  8   date-là, je ne pourrais pas vous dire si on avait demandé quel soldat

  9   disposait de quel fusil.

 10   Q.  Mais vous m'avez mal comprise, Monsieur Celic. En 2004 ou en 2005, est-

 11   ce que M. Janic vous a demandé de dresser une liste des soldats de l'Unité

 12   Lucko et préciser quelles étaient les armes qui leur avaient été données ?

 13   Est-ce que M. Janic vous a demandé en 2004 de dresser une liste des soldats

 14   qui étaient au sein de l'Unité Lucko et des armes dont ils disposaient ?

 15   C'est ça, ma question. Ma question ne portait pas sur le fait de

 16   savoir si vous le saviez ou pas ce qu'ils avaient le 25 août.

 17   R.  Oui, j'ai compris qu'il s'agissait de cette opération. Je pense

 18   que lorsque l'enquête a été lancée, je pense qu'on l'avait demandé, qu'il

 19   avait demandé cette liste, mais je n'en suis pas tout à fait sûr. Mais je

 20   pense qu'il voulait savoir ce que les soldats avaient reçu.

 21   Donc je pense que oui.

 22   Q.  D'accord. Je passe à un autre sujet.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Mahindaratne, l'heure est venue

 24   de faire la pause. Du moins, c'est l'heure à laquelle d'habitude nous

 25   faisons la pause.

 26   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui, nous pourrons faire la pause

 27   maintenant.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord. Nous allons faire la pause et

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  1   reprendre à 1 heure moins le quart.

  2   --- L'audience est suspendue à 12 heures 26.

  3   --- L'audience est reprise à 12 heures 48.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En attendant que le témoin n'entre dans

  5   le prétoire, je souhaiterais vous dire que je me suis déjà entretenu avec

  6   les parties à propos du calendrier, non pas que je souhaitais exercer des

  7   pressions, mais tout simplement je souhaitais savoir si le témoin suivant

  8   devait rester à disposition.

  9   Madame Mahindaratne, qu'en est-il ?

 10   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que je

 11   vais utiliser l'intégralité des quatre heures qui m'ont été imparties, mais

 12   pendant la pause, j'ai déjà procédé à des coupes sombres, donc il est

 13   possible que je termine avant la fin de l'audience. Si cela se passe --

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, le contre-interrogatoire

 15   commencera à partir de ce moment-là.

 16   Qu'en est-il des autres parties ?

 17   M. MIKULICIC : [interprétation] Bien entendu, cela dépend de la fin de

 18   l'interrogatoire principal de Mme Mahindaratne, mais je ne pense pas que

 19   j'aie besoin de plus de deux heures.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Qu'en est-il des autres membres de

 21   la Défense ?

 22   M. CAYLEY : [interprétation] Nous n'avons pas de questions pour le moment à

 23   poser.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic, qu'en est-il pour vous ?

 25   M. MISETIC : [interprétation] Non, nous n'aurons pas de questions à poser

 26   non plus.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce qui signifie qu'il est plus que

 28   probable que nous terminions demain pendant la deuxième séance. C'est une

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  1   information qui aura peut-être son utilité et sa pertinence pour le

  2   prochain témoin.

  3   Madame Mahindaratne, poursuivez.

  4   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le

  5   Président.

  6   Je souhaiterais demander l'affichage du document 1857.

  7   Q.  Vous nous avez dit, Monsieur Celic, que quelques jours après

  8   l'opération, M. Turkalj vous a donné l'ordre de vous rendre à Grubori en

  9   compagnie de M. Balunovic, et M. Turkalj vous a également accompagné. Vous

 10   avez dit que lorsque vous êtes allé à Grubori, justement vous avez vu trois

 11   cadavres et quelques maisons incendiées, et vous ne vous souveniez plus de

 12   la date exacte à laquelle vous vous êtes rendu à Grubori.

 13   Pendant l'audition, on vous a montré ce document-ci qui est affiché

 14   maintenant. Est-ce que vous reconnaissez ce document ?

 15   Il s'agit d'un rapport destiné à M. Cermak. C'est un rapport qui

 16   émane de M. Dondo, et je pense que c'est un document qui vous a été montré

 17   pendant votre audience. Il vous a certainement été demandé ce que vous

 18   pouviez dire à ce sujet.

 19   R.  Certes, on m'a montré ce document pendant l'audience.

 20   Q.  C'est exact, mais j'ai une question à vous poser à ce sujet : dans ce

 21   rapport, M. Dondo fait état du fait que sur 25 maisons, une vingtaine de

 22   maisons et de nombreuses dépendances de fermes ont été incendiés, et qu'il

 23   y avait cinq corps qui ont été récupérés. Cela en date du 26 août. Donc il

 24   est indiqué que les corps devaient être enlevés le 27 août.

 25   Donc, vous êtes allé à Grubori. Vous nous avez dit dans le cadre de votre

 26   déposition, que vous avez vu trois corps. J'essaie tout simplement de

 27   comprendre quand vous êtes allé à Grubori, Monsieur Celic, car s'il est

 28   exact que les corps ont été enlevés le 27, compte tenu du fait que vous

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  1   avez vu des corps, se peut-il que vous êtes allé à Grubori le 27 août ?

  2   Est-ce une possibilité ? Est-ce que vous seriez en mesure de confirmer cela

  3   ?

  4   R.  C'est une possibilité, certes, car le 25 août il y a eu donc une

  5   première recherche du terrain qui a été effectuée, puis ensuite le 26, nous

  6   avons opéré dans une deuxième zone, puis nous sommes allés à Zagreb. Donc,

  7   il est possible que cela se soit passé le 27. En fait, je pense que c'est

  8   ce qui s'est passé.

  9   Q.  Et ce que j'aimerais indiquer c'est que dans son rapport, M. Dondo

 10   indique à M. Cermak indique que sur 25 maisons, 20 maisons ont été

 11   incendiées. Vous nous avez parlé de quelques maisons seulement.

 12   Comment se fait-il que vous n'avez pas constaté l'état des autres maisons

 13   qui avaient été incendiées ?

 14   R.  Je n'ai pas dit qu'elles brûlaient, j'ai dit qu'on y avait mis le feu.

 15   Alors, la configuration du hameau est telle que vous n'avez pas une

 16   rue principale avec de part et d'autres des maisons. Il s'agit de maisons

 17   qui sont disséminées ici et là. Le terrain en plus est un terrain de

 18   collines, donc j'ai vu quelques maisons en route. Mais de là où je me

 19   trouvais, je n'ai pas pu voir toutes les maisons qui avaient brûlé. Mais si

 20   vous considérez l'itinéraire que j'ai emprunté, j'en ai vues quelques-unes.

 21   Je ne savais pas qu'il y avait eu 25 maisons qui avaient été incendiées. Si

 22   tel est le cas, je ne les ai pas vues parce que je n'ai pas parcouru tout

 23   le secteur.

 24   Q.  Lorsque vous parlez de "tout le secteur," j'aimerais savoir si vous

 25   vous êtes déplacé dans tout le village de Grubori. Lorsque vous parlez de

 26   "secteur," est-ce que vous faites référence au village de Grubori ?

 27   R.  Non, je ne fais pas référence au village. Je suis passé auprès de

 28   quelques maisons. Il s'agit d'un hameau. Il y avait quelques maisons d'un

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  1   côté, d'autres maisons de l'autre, et je ne sais pas exactement où commence

  2   le village. Mais sur la route que j'ai empruntée, il s'agissait

  3   probablement de Grubori, et je suis assez convaincu que je n'ai pas

  4   parcouru tout le village, seulement le secteur où cela s'est passé.

  5   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je souhaiterais demander le versement

  6   au dossier de cette pièce.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Des objections, Maître Mikulicic ?

  8   M. MIKULICIC : [interprétation] Pas d'objections.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur le Greffier.

 10   M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela deviendra la pièce P764.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce P764 est versée au dossier.

 12   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 13   Q.  Vous nous avez dit que lorsque vous êtes allé à Grubori, vous avez vu

 14   trois corps. Vous avez également vu M. Cermak à Grubori. Il était

 15   accompagné de certaines personnes de son bureau, et il y avait également

 16   une équipe de la télévision HTV. Vous avez vu que M. Cermak se faisait

 17   interviewé par cette équipe de télévision de HTV.

 18   Vous avez également dit qu'avant de vous rendre à Grubori, vous avez été

 19   informé du fait que M. Cermak se trouverait justement à Grubori le jour où

 20   vous allez y aller vous-même. Alors, j'aimerais savoir qui vous a transmis

 21   cette information.

 22   R.  Il me semble qu'il s'agit de M. Turkalj.

 23   Q.  Est-ce que vous avez entendu ce que disait M. Cermak à l'équipe de

 24   télévision ? Est-ce que vous avez pu entendre les propos qu'il tenait à

 25   leur intention ?

 26   R.  Non, je n'ai pas entendu. Je connaissais M. Cermak. Je le connaissais

 27   personnellement avant cela. Je suis allé le voir, je l'ai salué, mais je

 28   n'ai pas véritablement pu entendre ce qu'il disait, parce que je n'étais

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  1   pas près de lui lors de l'interview.

  2   Q.  Est-ce que vous avez vu M. Cermak se déplacer dans le village et passer

  3   dans la zone où il y avait les corps et les maisons qui avaient été

  4   incendiés ?

  5   R.  Il y avait un groupe de personnes et nous nous sommes tous déplacés

  6   ensemble. Je ne peux pas vous dire maintenant combien nous étions. C'était

  7   un groupe. Il y avait M. Cermak, j'y étais. Il y avait le commandant

  8   Turkalj et il y avait également des personnes qui assuraient la sécurité de

  9   M. Cermak. Nous étions tous ensemble et nous avons vu ce qui s'est passé.

 10   J'étais dans le groupe avec mon commandant.

 11   Q.  Lorsque vous avez justement déambulé, est-ce que vous avez entendu M.

 12   Cermak parler de l'incident de Grubori à M. Turkalj, ou à d'autres

 13   personnes de son groupe, ou peut-être est-ce qu'il en aurait parlé avec

 14   vous ?

 15   R.  Alors, il y a un petit chemin dans le sentier, alors nous ne nous

 16   tenions pas tous ensemble, et nous avons formé une colonne, puisqu'il

 17   s'agit d'un chemin qui est étroit. C'était une colonne de sept à dix

 18   mètres. Nous étions l'un à la suite de l'autre.

 19   Je me souviens que j'étais avec le commandant Turkalj. Nous avons constaté

 20   ce qui s'était passé. Nous sommes passés près des maisons. Nous avons vu

 21   des corps et nous avons vu où se trouvaient ces maisons.

 22   Q.  Vous avez dit que vous avez vu des civils parler à l'équipe de

 23   télévision et avec M. Cermak, vous semble-t-il. J'aimerais vous poser une

 24   question : est-ce que vous avez vu les civils lui parler ou vous n'en êtes

 25   pas certain ? Parce que vous avez dit : "Il me semble qu'ils ont parlé avec

 26   M. Cermak."

 27   R.  Je vais essayer de décrire les faits tels que je les connais.

 28   Il s'agissait d'un petit village, d'un hameau; vous pouviez voir le

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  1   chemin; il y avait des civils. Je ne peux pas vous dire combien ils

  2   étaient. Il y avait des femmes âgées, et en fait, ce sont ces femmes qui

  3   sont ont indiqué où cela s'était passé. Etant donné que nous nous

  4   déplacions en file indienne, je ne peux pas vraiment vous dire de quoi ils

  5   ont parlé avec l'équipe de télévision et avec M. Cermak. Mais je sais

  6   qu'ils nous ont montré les corps et l'endroit où se trouvaient les maisons,

  7   et cetera, et cetera.

  8   Q.  Vous nous dites qu'après cette visite vous êtes allé à Knin dans le

  9   bureau de M. Cermak, où vous avez déjeuné. Vous avez également dit que M.

 10   Sacic était présent. Est-ce que vous avez vu M. Sacic et M. Cermak se

 11   parler ?

 12   R.  Pendant l'enquête à proprement parler, je n'ai pas pu véritablement

 13   établir l'horaire. Je ne sais pas si nous sommes allés à Knin avant ou

 14   après. Toujours est-il, je suppose que cela s'est passé après. Mais j'étais

 15   présent, il y avait M. Turkalj, il y avait M. Cermak, il y avait M. Sacic,

 16   et nous en avons tous parlé ensemble. Nous avons parlé de ce qui s'était

 17   passé. Nous nous trouvions dans la même pièce.

 18   Q.  Lorsque vous dites qu'il s'agissait du bureau de M. Cermak, comment

 19   saviez-vous qu'il s'agissait du bureau de M. Cermak ?

 20   R.  Il y avait des soldats qui étaient présents là-bas. Le QG était à

 21   Gracac et non pas à Knin, mais Knin était plus proche de cet endroit que

 22   Gracac ne l'était. Donc c'est là que nous sommes allés et ce n'était pas la

 23   police qui était présente; c'était l'armée. C'est pour cela que j'étais

 24   convaincu qu'il s'agissait du bureau de M. Cermak, et j'espère que cela

 25   correspond à la réalité.

 26   Q.  Vous nous dites que vous avez eu une discussion, vous avez dit

 27   qu'étaient présents M.Turkalj, M. Cermak, M. Sacic et vous-même, et vous

 28   avez parlé de l'incident. Pendant cette réunion, est-ce que vous avez

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  1   jamais évoqué le fait qu'après l'incident aucun des chefs de groupe ne vous

  2   avait parlé de quoi que ce soit ? Est-ce que pendant cette réunion vous

  3   avez parlé de ce dont vous nous avez parlé ?

  4   R.  Justement. Je pense que c'est ainsi que les choses se sont passées. Je

  5   n'avais rien à dire à propos de cet incident. M. Balunovic le savait, puis

  6   je n'avais rien à dire. M. Turkalj le savait. M. Cermak ne pouvait pas le

  7   savoir. Mais lors de cette discussion, j'ai tout simplement dit que je ne

  8   savais pas ce qui s'était passé. En fait, non, je savais que rien ne

  9   s'était passé, donc je ne pouvais pas véritablement en parler.

 10   On m'a demandé de relater ce qui s'était passé, mais j'ai dit que d'après

 11   ce que je savais, rien ne s'était passé, alors que M. Sacic était informé

 12   de certaines choses, à en juger ses propos à ce moment-là et d'après ce

 13   qu'il a dit. C'est à ce moment-là d'ailleurs que j'ai rédigé le fait que je

 14   n'étais pas informé de cet événement.

 15   Q.  Mais M. Balunovic, il était présent lors de cette réunion ?

 16   R.  Oui, je le pense. Nous étions tous ensemble à ce moment-là. Je pense

 17   qu'il était présent. M. Turkalj était présent, de cela j'en suis sûr, M.

 18   Sacic était présent également.

 19   Q.  M. Cermak, est-ce qu'il était présent ? Puisqu'il s'agit d'une réunion

 20   dans le bureau de M. Cermak, vous nous avez dit que vous aviez déjeuné là-

 21   bas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Est-ce que soit M. Cermak, soit M. Sacic, soit M. Turkalj, est-ce que

 24   l'une ou l'autre de ces personnes a parlé à M. Balunovic, étant donné qu'il

 25   était chef de groupe et le chef de groupe qui aurait dû se trouver dans ce

 26   secteur ? Est-ce que M. Balunovic leur a dit ou leur a donné certaines

 27   indications à propos de l'incident lors de la réunion ?

 28   R.  Je pense que nous en avons tous parlé, nous en avons parlé avec lui

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  1   également. Mais j'aimerais réitérer ce que j'ai déjà dit, je ne pense pas

  2   qu'à ce moment-là il savait que quelque chose s'était passée. Il était dans

  3   la même situation que moi. Je ne savais rien, je ne pouvais pas décrire

  4   l'événement. Tout ce que je pouvais dire c'était que les chefs de groupe

  5   m'avaient dit que rien ne s'était passé. C'est tout, et c'était la même

  6   chose pour lui.

  7   Alors je ne sais pas s'il a dit plus que cela, je n'en sais rien.

  8   Peut-être que vous devriez consulter sa déclaration et en juger par vous-

  9   même.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Mahindaratne, cette expression

 11   "rien ne s'était passé," est une expression que nous avons entendue à

 12   plusieurs reprises.

 13   Je comprends qu'il s'agit maintenant d'un déjeuner, déjeuner qui fut

 14   pris après une visite où toutes ces personnes se sont rendues à Grubori.

 15   Alors lorsque vous posez vos questions, est-ce que vous pourriez, je vous

 16   prie, inclure plusieurs événements possibles : d'abord, y a-t-il eu des

 17   combats ou des activités ressemblant à des combats. Bien entendu, le témoin

 18   a déjà indiqué ce qu'il savait à ce sujet; deuxièmement, est-ce que vous

 19   pourriez inclure la question des maisons incendiées à Grubori; et

 20   troisièmement, est-ce que vous pourriez également inclure le fait que des

 21   civils ont été trouvés morts à Grubori.

 22   Parce que si je lis une réponse qui est comme : "Tout ce que je peux dire

 23   c'est que les chefs de groupe m'avaient dit que rien ne s'était passé,"

 24   alors là il est question de présentation de rapport, mais il ne s'agit pas

 25   de ce que le témoin savait après s'être rendu sur les lieux à Grubori.

 26   Donc est-ce que vous pourriez essayer de faire la part des choses entre ces

 27   différents éléments, et peut-être pourriez-vous également nous permettre de

 28   comprendre à quelle heure telle chose a été dite, ce qui a été dit, et ce

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  1   que nous devons également supposer sur la base des éléments de preuve

  2   présentés par ce témoin et d'après ce qu'il savait à l'époque, à ce moment-

  3   là.

  4   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

  5   Q.  Monsieur Celic, ce déjeuner qui a eu lieu dans le bureau de M. Cermak a

  6   eu lieu après que vous-même, M. Turkalj et M. Balunovic, vous vous étiez

  7   déjà rendus à Grubori et aviez vu ces cadavres, n'est-ce pas ?

  8   R.  Je pense que c'est exact. Je n'ai pas pu être très précis quant à

  9   l'heure dans ma déclaration. Quant au moment d'ailleurs, j'avais quelques

 10   doutes quant à savoir si c'était avant ou après notre visite à Grubori,

 11   mais je crois que cela a eu lieu après, c'est-à-dire que nous avions

 12   d'abord effectué la visite. Je crois que cela s'est passé ainsi.

 13   Q.  Est-ce que vous vous souvenez, êtes-vous allés à Grubori dans la

 14   matinée ou la soirée ? Lorsque vous avez vu ces cadavres, était-ce dans la

 15   matinée ?

 16   R.  Cela se passait dans le courant de la journée, parce que suite aux

 17   ordres que nous avons reçus ce jour-là, le 27, nous devions être à Gracac à

 18   7 heures du matin. Donc nous sommes arrivés à 7 heures du matin à Gracac,

 19   M. Balunovic et moi-même. Je suppose que nous nous sommes rendus sans

 20   tarder à Grubori, et ensuite, à Knin. Je crois que cela s'est passé ainsi.

 21   En tout cas, il faisait jour quand nous avons été à Gracac et à Grubori.

 22   Q.  Combien de temps faut-il pour aller de Grubori à Gracac ?

 23   R.  Je n'en sais rien, peut-être une heure, une heure et demie. Cela dépend

 24   si vous n'êtes pas sur la route principale. Il faut conduire assez

 25   lentement. Donc cela peut prendre entre une heure et une heure et demie.

 26   Q.  Lorsque vous êtes retrouvé pour déjeuner dans le bureau de M. Cermak,

 27   est-il vrai que vous aviez déjà vu les cadavres et les maisons incendiées ?

 28   R.  Lorsque j'étais à Grubori, j'ai vu les cadavres et les maisons. Mais

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  1   pour être tout à fait précis, si vous lisez d'autres rapports, vous verrez

  2   si c'était avant ou après la réunion. Je crois que nous nous sommes d'abord

  3   rendus à Grubori. Bien entendu, nous y avions vu les maisons et les

  4   cadavres et que nous nous sommes rendus après à Knin. Je crois que c'est

  5   ainsi que les choses se sont déroulées, mais je n'exclus pas que nous

  6   soyons peut-être allés à Knin d'abord. Je n'en suis plus certain.

  7   Q.  Vous avez dit à plusieurs reprises, en réponse à des questions : "Je

  8   n'ai pu dire que ce dont j'avais connaissance, ce qui s'était passé à ma

  9   connaissance."

 10   Lorsque vous avez dit que rien ne s'était passé, est-ce que vous vous

 11   référez à ce qui vous avait été rapporté à la fin de l'opération le 25 ?

 12   Parce qu'à un moment donné, vous avez eu connaissance du fait que des

 13   civils avaient été tués et que des maisons incendiées, donc que voulez-vous

 14   dire lorsque vous dites "rien ne s'est passé" ?

 15   R.  On m'a demandé de dire ce que nous avions vu, ce que je savais, et ce

 16   que j'ai dit, c'est que les chefs de groupe avaient l'obligation de me

 17   rapporter tout ce qui s'était passé sur le terrain, par exemple, s'il y

 18   avait eu des tirs. Il leur incombait de m'informer dans les plus brefs

 19   délais.

 20   D'après les informations dont je disposais à l'époque, tout s'était

 21   bien passé. Il n'y avait pas eu de combats ou de tirs. Rien ne s'était

 22   passé. Mais après la visite, notre déplacement à Grubori, on m'a demandé de

 23   dire ce que je savais, et à l'époque je ne savais rien.

 24   Q.  Lorsque vous dites que "rien ne s'est passé," vous faites allusion aux

 25   rapports que vous aviez reçus des chefs de groupe suite à l'opération; est-

 26   ce exact ?

 27   R.  Oui. Il s'agissait de rapports oraux et non écrits. Les chefs de groupe

 28   m'ont fait des rapports oralement uniquement.

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  1   Q.  Lors de ce déjeuner, est-ce que M. Cermak vous a demandé --

  2   M. CAYLEY : [interprétation] Je formule une objection à ce stade, parce que

  3   de nombreuses questions directrices ont été posées, et je crois qu'il

  4   serait plus opportun que Mme Mahindaratne demande au témoin ce que M.

  5   Cermak lui a dit et ne prête pas des propos à M. Cermak.

  6   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Très bien, Monsieur le Président. Je

  7   vais reformuler la question.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, s'il vous plaît.

  9   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 10   Q.  Est-ce que vous vous souvenez si M. Cermak vous a demandé quoi que ce

 11   soit au sujet de cet incident ?

 12   R.  Cela s'est passé comme suit : M. Sacic est celui qui a le plus parlé,

 13   il était le plus haut gradé à cette réunion. Je ne me souviens pas

 14   exactement si M. Cermak m'a demandé si telle ou telle chose s'était passée,

 15   si je savais que tel ou tel incident s'était produit. C'est surtout M.

 16   Sacic qui s'exprimait.

 17   Q.  Est-ce que vous vous souvenez si M. Cermak a posé des questions à M.

 18   Sacic ?

 19   R.  Je ne voudrais pas vous donner des informations erronées. L'on a parlé

 20   de l'incident, on a parlé de tout. Nous étions nombreux dans cette pièce,

 21   et je suis sûr que vous avez des informations détaillées au sujet de cet

 22   entretien. Si j'essaie de vous le dire maintenant, je pourrais me tromper.

 23   Mais de façon générale, nous avons parlé de l'incident, quand cela s'était

 24   produit, ce qui s'était passé, quelle unité passait par là. Je ne pouvais

 25   rien dire de précis, puisque d'après les informations que j'avais reçues,

 26   rien ne s'était passé, donc je ne pouvais pas contribuer grand-chose à la

 27   discussion.

 28   Q.  Permettez-moi de passer maintenant à l'opération --

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Mahindaratne, j'aimerais demander

  2   au témoin de nous rapporter ce que M. Sacic, qui, d'après vous, s'exprimait

  3   le plus, puisqu'il était le plus haut gradé, de nous dire ce que M. Sacic

  4   vous a expliqué, ce qu'il vous a raconté au sujet de ce qui s'était produit

  5   ? Est-ce qu'il a parlé de combats qui auraient eu lieu le 25, vous a-t-il

  6   parlé des maisons qui auraient été incendiées, des civils qui étaient morts

  7   ?

  8   Que vous a-t-il dit lors de cette réunion au sujet de ces trois aspects ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Compte tenu du temps qui s'est écoulé depuis,

 10   je ne saurais le citer précisément, mais je crois qu'il s'exprimait dans le

 11   contexte du rapport que j'avais écrit -- ou plutôt, qu'il m'avait dicté. Je

 12   crois qu'il expliquait ce qui s'était passé dans ce cadre-là, mais je ne

 13   peux pas vous dire précisément aujourd'hui ce qu'il a dit au juste. J'en

 14   suis bien incapable.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dès lors, ce qu'il vous a expliqué,

 16   c'était peu ou prou conforme à ce qu'il vous avait dicté, ce qu'il vous a

 17   demandé de rédiger dans votre rapport ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois que c'est tout à fait le cas.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En déjeunant, est-ce que vous étiez tous

 20   assis autour d'une même table ? Comment étiez-vous placés ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne peux pas vous dire avec certitude si

 22   nous avons déjeuné avant ou après cette réunion. Je crois, après. La salle

 23   était assez grande, et il y avait plusieurs tables. Je crois que nous

 24   étions tous dans la même salle, mais je ne sais plus exactement comment

 25   nous étions placés. Je ne m'en souviens pas.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous distinguez entre la réunion et le

 27   déjeuner. Mais lors de la réunion, comment étiez-vous placés, comment la

 28   réunion était-elle organisée ? Est-ce que vous étiez tous assis autour

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  1   d'une table, est-ce que vous vous teniez debout, est-ce qu'il y avait une

  2   personne qui était placée devant les autres qui donnait des explications ?

  3   Comment la réunion était-elle organisée ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je fais cette distinction parce que nous

  5   nous sommes réunis avant le déjeuner et non pas pendant le déjeuner. Il y

  6   avait cette salle, et outre les membres de la police spéciale que j'ai déjà

  7   mentionnés, il y avait aussi des membres de la police, de l'armée. Je ne me

  8   souviens pas exactement du nombre, mais il y avait bon nombre de personnes

  9   présentes. Nous étions dans une salle. Je ne sais plus si la table était

 10   une table ronde. En tout cas, nous pouvions tous nous voir, les uns les

 11   autres, et nous avons discuté, comme je vous l'ai dit.

 12   Mais je ne peux pas vous dire exactement comment nous étions placés ni

 13   exactement l'aspect qu'avait la salle. Mais en tout cas, nous ne nous

 14   sommes pas réunis pendant le déjeuner. Nous nous sommes réunis, puis je

 15   crois que nous sommes allés déjeuner.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais pendant la réunion, est-ce qu'une

 17   personne prenait la parole, les autres l'écoutaient, ensuite une autre

 18   personne prenait la parole, puis les autres l'écoutaient ? Est-ce que la

 19   discussion était structurée, en quelque sorte ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Voilà ce que je peux dire : Puisque cela nous

 21   concernait - c'est-à-dire notre unité, mon unité - on nous a demandé de

 22   décrire ce qui s'était effectivement passé. Je crois que M. Sacic a parlé,

 23   pour l'essentiel, puisque c'est lui qui avait le plus d'informations à ce

 24   sujet.

 25   Je ne sais pas très bien ce que vous voulez dire quand vous parlez de la

 26   structure. Simplement, l'on voulait savoir ce qui s'était passé, et c'est

 27   M. Sacic qui avait le plus à dire.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dois-je comprendre qu'il s'est adressé à

Page 8007

  1   toutes les autres personnes présentes afin que chacun puisse l'entendre ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis convaincu que la réponse est oui,

  3   puisque nous étions dans une seule pièce, à moins qu'il n'ait parlé à une

  4   personne qui était assise à côté de lui à un moment donné; mais sinon, tout

  5   à fait, nous pouvions tous l'entendre et entendre tout ce qu'il disait.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Etiez-vous assis près de lui ou à une

  7   certaine distance ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Nous étions tous dans la même pièce. Je

  9   n'étais pas assis directement à côté de lui. A quelques mètres, peut-être.

 10   Ce n'était pas une grande distance.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 12   Veuillez poursuivre, Madame Mahindaratne.

 13   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 14   Q.  Monsieur Celic, j'aimerais passer à l'opération menée le lendemain, le

 15   26. Mais avant cela, j'aimerais vous montrer un document.

 16   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, est-ce que vous

 17   voudriez bien afficher la pièce 65 ter 5398.

 18   Q.  Monsieur Celic, dans votre déposition vous avez dit qu'avant de lancer

 19   l'opération le 25, l'on vous a dit que des civils se trouvaient dans le

 20   secteur. Est-ce que vous reconnaissez à tout hasard ce document, savez-vous

 21   qui l'a rédigé ?

 22   R.  Non. Je ne connais pas ce document, je ne sais pas qui l'a rédigé.

 23   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, je demande le

 24   versement au dossier de ce document.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mikulicic.

 26   M. MIKULICIC : [interprétation] Avez-vous quelque information que ce soit

 27   concernant ce document ?

 28   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Non, Monsieur le Président, je pourrais

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  1   inclure cela dans un tableau. C'est un document que nous avons reçu du

  2   gouvernement croate, un des documents rassemblés dans le cadre de l'enquête

  3   concernant Grubori, que nous avons reçu en réponse à une demande d'entraide

  4   adressée au gouvernement croate.

  5   M. MIKULICIC : [interprétation] Savons-vous lorsque ce document a été

  6   rédigé, qui en est l'auteur ?

  7   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Non. C'est ce j'essayais de savoir en

  8   posant la question au témoin. Nous pouvons l'ajouter à une autre liste déjà

  9   versée au dossier, une liste de civils retrouvés auprès de Plavno. C'est

 10   une liste bien plus longue, et cela fait partie intégrante de cette liste.

 11   En tout cas, les noms figurent dans cette autre liste déjà versée au

 12   dossier. C'est pertinent parce que c'est une question soulevée par la

 13   Défense Cermak.

 14   M. MIKULICIC : [interprétation] Très bien. Puisque nous ne savons pas qui

 15   est l'auteur du document, nous ne savons pas quand le document a été

 16   produit, je m'oppose à la recevabilité du document.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et l'autre liste, Madame Mahindaratne,

 18   de quoi s'agit-il ?

 19   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, à ce stade, je

 20   n'ai pas cette liste.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous en avez parlé, vous dites que cette

 22   liste est en fait un extrait, apparemment un extrait manuscrit de l'autre

 23   liste; donc afin de bien comprendre ce que vous nous dites, j'aimerais bien

 24   jeter un coup d'œil sur cette autre liste, voir comment cette liste a été

 25   présenté à la Chambre, savoir dans quel contexte cela s'inscrit, comparer

 26   cette liste à l'autre pour savoir s'il s'agit bien d'un extrait, si l'autre

 27   liste est manuscrite également.

 28   Donc, nous avons toute une série de questions.

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  1   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] J'aurais besoin de quelques minutes.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons enregistrer ceci aux fins

  3   d'identification et ne pas prendre une décision tout de suite.

  4   Monsieur le Greffier, une cote, s'il vous plaît.

  5   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P765, enregistrée

  6   aux fins d'identification.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier. Je pars du

  8   principe que vous nous donnerez les informations souhaitées et pertinentes

  9   dans les meilleurs délais.

 10   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui, certainement.

 11    M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

 12   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, le document P580,

 13   s'il vous plaît.

 14   Q.  Monsieur Celic, j'aimerais vous demander de vous reporter à votre

 15   déclaration de 2002. P761, troisième partie, page 39.

 16   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] En B/C/S, c'est la page 38, et dans le

 17   dossier, il s'agit de 13747.

 18   Q.  On y fait état de l'opération qui s'est déroulée le 26 août; et à la

 19   page 39, c'est tout en bas dans la version en anglais, vous dites,

 20   s'agissant de l'opération : "Le groupe a traversé le village. Je ne sais

 21   pas comment, ni de quelle manière parce que j'étais dans la partie

 22   inférieure par rapport au village, mais nous avons pu voir que les maisons

 23   étaient incendiées."

 24   Et à la page 40, vous dites : "A ce moment-là, le général Markac m'a

 25   appelé et après la recherche, une fois encore, je l'attendais."

 26   Et vous dites : "Une fois encore, les chefs de groupe ou les

 27   commandants de groupe m'ont dit qu'ils n'y avait pas de contact avec qui

 28   que ce soit."

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  1   Donc là, l'on fait état de l'opération qui s'est déroulée le 26 dans

  2   la région de Promina.

  3   R.  [aucune interprétation]

  4   Q.  Cette opération, est-ce qu'il s'agit de l'opération dont M. Markac a

  5   informé le district de Split et Knin -- plutôt, le poste de commandement

  6   avancé. Il s'agit bien de cette opération dont vous avez parlé lors de

  7   l'audition ?

  8   R.  C'est la première fois que je vois ce rapport, ou plutôt cette

  9   information, mais il est dit que dans la zone où nous avons été déployés le

 10   26, compte tenu de mon rapport on peut voir quelles  étaient les positions

 11   prises.

 12   Q.  Justement, c'est ce que je veux mettre en exergue.  Dans ce rapport de

 13   M. Markac, l'on fait état d'un village appelé Ramljane.

 14   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] R-a-m-l-j-a-n-e, je le dis pour les

 15   besoins du compte rendu d'audience.

 16   Q.  Lors de l'entretien, vous avez mentionné que les maisons avaient été

 17   mises à feu dans un certain village. Est-ce que vous parliez de ce village-

 18   là, Ramljane ?

 19   R.  Je pense que oui. Mais si vous disposez de mon entretien, vous pourriez

 20   y lire, mais d'après mes souvenirs, oui, je dirais que oui. Mais vous avez

 21   un rapport que j'ai établi où tous les noms et tous les endroits sont

 22   clairement indiqués, et là vous pouvez trouver cette information; mais je

 23   pense qu'il s'agissait bel et bien de ce village.

 24   Q.  Est-ce que les chefs de groupe lors de cette opération étaient les

 25   mêmes quatre chefs de groupe qui avaient été engagés le 25 août ?

 26   R.  Je pense que oui, ou peut-être, j'avais divisé l'unité en deux parties

 27   compte tenu du terrain, mais oui, je pense que oui, il s'agissait d'eux.

 28   Q.  Et vous avez dit que vous étiez dans la partie inférieure par rapport

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  1   au village et que néanmoins vous pouviez observer les maisons qui

  2   brûlaient. 

  3   Est-ce que cela veut dire que, de même que le 25, vous n'avez pas

  4   accompagné l'unité sur cet axe; ou pourriez-vous nous dire que s'était-il

  5   passé au juste s'agissant de vous-même ?

  6   R.  Lors de l'exécution de telles opérations, ma mission ne consistait pas

  7   à aller sur le terrain avec mes hommes, mais plutôt d'être coordinateur

  8   entre l'unité et d'autres unités; donc, je m'occupais de ma propre unité.

  9   Mes chefs de groupe étaient à ma disposition et ils pouvaient rendre compte

 10   s'il y avait un combat armé et transmettais l'information par la suite.

 11   Mais à l'époque, je n'ai pas l'obligation d'aller sur le terrain. Je

 12   l'avais fait le 25, mais par la suite, non. Et j'ai donné la consigne à mes

 13   chefs de groupe au point de départ, et ensuite je me suis retiré au point

 14   final. 

 15   Donc, ma mission ne consistait pas à aller sur le terrain avec mes

 16   hommes mais plutôt un coordinateur pour ma propre unité. Et donc, je suis

 17   resté au point final après les avoir envoyés, et je me suis rendu au point

 18   final où eux devaient se rendre une fois la mission exécutée.

 19   Q.  Qu'est-ce que vous voulez dire lorsque vous avez dit que vous y êtes

 20   allé "le premier jour" ? Parliez-vous du 25 août et de l'opération qui

 21   s'est déroulée ce jour-là ?

 22   R.  Oui, précisément. Vous pouvez lire dans le rapport qu'avec mon unité,

 23   je m'étais rendu sur le terrain, et je suis rentré. Etant donné que j'avais

 24   rencontré des civils, on peut voir que je m'étais déplacé avec mon unité.

 25   Le deuxième jour, je ne suis pas allé avec mon unité, mais je vous ai

 26   expliqué que dans le cadre de mes fonctions, je n'avais même pas

 27   l'obligation ou la tâche d'aller sur le terrain avec mon unité.

 28   Q.  Ce jour même, est-ce que le commandant général de l'opération était M.

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  1   Janic ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Lorsque vous dites que vous étiez à un point inférieur par rapport au

  4   village mais on pouvait voir que la maison brûlait, était-ce au tout début

  5   de l'opération ou au bout d'un certain temps, une fois que l'unité s'était

  6   déjà déplacée ? C'est-à-dire, combien de temps s'était écoulé depuis le

  7   début de l'opération par rapport au moment où vous avez pu observer les

  8   maisons en train de brûler ?

  9   R.  Je ne pourrais pas vous le dire avec exactitude. Sur l'axe Knin-Drnis,

 10   il faut bifurquer à droite pour se rendre aux endroits dont nous parlons

 11   maintenant, et monter le long de la colline. Puis une fois de retour sur la

 12   route principale, vous nous pouvez plus voir les maisons.

 13   Mais on pouvait quand même apercevoir au loin la fumée. Donc en arrivant

 14   sur la position, je n'ai rien vu, quoi que ce soit, en train de brûler.

 15   Mais une fois que je m'étais éloigné, que j'étais parti de la position,

 16   j'ai pu observer les maisons en train de brûler. Je ne pourrais pas vous

 17   dire à quel moment c'était; c'était certainement au bout d'un certain

 18   temps, une fois que les soldats étaient partis exécuter la mission qui leur

 19   avait été confiée.

 20   Q.  Entre le moment où les soldats sont partis et le moment où vous avez vu

 21   la fumée, avez-vous entendu des tirs ou des explosions ?

 22   R.  Oui.

 23   M. MIKULICIC : [interprétation] Excusez-moi d'interrompre. Je voulais

 24   corriger la traduction. Je vois dans le compte rendu d'audience qu'on a

 25   employé le terme que le témoin a employé en tant que "soldats"; et par la

 26   suite, Mme Mahindaratne l'a répété, mais ce n'est pas ce que le témoin a

 27   dit.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Peut-être que le témoin pourrait répéter

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  1   ses propos.

  2   M. MIKULICIC : [interprétation] Oui, exactement.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous prie de répéter votre réponse,

  4   en fait, qui commence comme suit : "Je ne pourrais personnes dire

  5   exactement à quelle heure c'était, mais certainement, au bout d'un certain

  6   temps, après que…" et ensuite cette partie manque.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Les membres de l'unité.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  9   Est-ce ce que vous vouliez obtenir, Maître Mikulicic.

 10   M. MIKULICIC : [interprétation] Oui.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous prie de parler plutôt "des

 12   membres de l'unité."

 13   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Excusez-moi.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'est pas de votre faute. Vous vous

 15   êtes référée au compte rendu d'audience.

 16   Donc, je vous prie de répéter la question qui commence à la page 88, ligne

 17   1, en la formulant de manière appropriée.

 18   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 19   Q.  Monsieur Celic, je vais répéter ma question. Depuis le moment où les

 20   membres de l'Unité Lucko se sont engagés dans l'opération et jusqu'au

 21   moment où vous avez commencé à apercevoir la fumée qui s'élevait, avez-vous

 22   entendu des tirs ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Vous avez dit que le 25 vous avez entendu des tirs sporadiques, mais

 25   s'agissait-il de tirs sporadiques ou de tirs continus qui nous auraient

 26   indiqué qu'il s'agissait en fait des activités de combat ?

 27   R.  Vous venez de mentionner le 25. Je ne sais pas à quoi vous vous

 28   référez. Cette action s'est déroulée le 26.

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  1   Q.  J'ai dit s'agissant de l'opération du 25, vous avez dit que les tirs

  2   étaient sporadiques. Mais s'agissant du 26, est-ce que les tirs étaient

  3   sporadiques ou il s'agissait de tirs continus qui pourraient indiquer ou

  4   qui auraient pu vous indiquer qu'il s'agissait des activités de combat ?

  5   R.  D'après ce que nous avons pu entendre, oui, j'ai tiré la conclusion

  6   qu'il y avait un contact. J'ai entendu un échange de tirs et on pouvait

  7   conclure qu'il y avait un contact.

  8   Q.  Avez-vous entendu des explosions ?

  9   R.  Je ne voudrais pas vous induire en erreur; mais oui, on en a entendu.

 10   Je pense qu'il y avait des explosions également.

 11   Q.  Depuis l'endroit où vous étiez, est-ce que vous pouviez conclure si

 12   c'étaient des Zolja qui étaient tirés ?

 13   R.  Je ne pourrais pas vous le dire.

 14   Q.  Monsieur Celic, lors d'un entretien, vous avez dit qu'à la fin de

 15   l'opération les chefs de groupe vous ont dit qu'il n'y avait pas de contact

 16   avec qui que ce soit. Vous avez dit : "Mes chefs de groupe ou mes

 17   commandants de groupe m'ont également dit qu'il n'y avait pas de contact

 18   quel que ce soit avec qui que ce soit."

 19   Mais est-ce que vous leur avez demandé : Mais j'ai entendu des tirs, alors

 20   qu'est-ce que c'était ? Est-ce que vous avez cherché à apprendre quels

 21   étaient les bruits que vous aviez entendus ?

 22   R.  Lorsqu'on parle de contact, on parle de contact de combat. Etant donné

 23   qu'il y avait des maisons qui brûlaient et compte tenu de ce que j'ai

 24   entendu, il était évident qu'il y avait un contact de combat. Et Janic en a

 25   informé également, et il a dit que lui allait s'y rendre ainsi que le

 26   général Markac, et nous les attendions sur le point final où nous devions

 27   rendre compte de ce contact de combat, parce que cela se déroulait à

 28   proximité de…

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  1   Q.  Ma question ne portait pas sur ce que vous avez vu au sujet de ces

  2   maisons qui brûlaient. Mais vos chefs de groupe, vous nous avez dit, vous

  3   ont dit que rien ne s'était passé. Et vous avez dit que vous avez entendu

  4   un bruit, que vous avez entendu des tirs, qui auraient pu vous indiquer

  5   qu'il y avait un combat.

  6   Alors, est-ce que vous leur avez demandé : Est-ce que quelque chose s'était

  7   passé, quel était ce bruit ?

  8   R.  Etant donné que j'ai pris un autre chemin, et non pas le même que mes

  9   soldats, pour se rendre à ce point final, et le commandant Janic et le

 10   général Markac et mes unités, M. Sacic, tous, nous nous sommes tous rendus

 11   à ce point final.

 12   Et une fois là-bas, nous avons parlé de ce qui s'était passé. J'ai

 13   présenté au général quelle était notre mission et ce qui s'était passé.

 14   Dans ce rapport, j'ai expliqué quel groupe s'était engage sur quel axe,

 15   quelle était la mission confiée, donc j'ai précisé les axes et un des chefs

 16   de groupe avaient traversé l'axe le long duquel se trouvait les maisons qui

 17   brûlaient.

 18   Et lorsque j'ai dit que ce chef de groupe avait emprunté cet axe, le

 19   général Markac a parlé à ce chef de groupe pour que celui-ci lui raconte ce

 20   qui s'était passé.

 21   Q.  Et ce chef de groupe était M. Drljo, n'est-ce pas ?

 22   R.  C'est exact.

 23   Q.  J'aimerais que vous examiniez maintenant votre audition de 2002,

 24   troisième partie, page 14 en anglais et B/C/S, c'est 39.

 25   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] C'est la version déposée 13746.

 26   Q.  C'est justement la page que nous avons examinée tout à l'heure. Vous y

 27   dites : "Nous sommes retournés au point où nous avons rencontré le général

 28   Markac, qui nous a dit de l'attendre là-bas. A ce moment-là, je lui ai

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  1   rendu compte où la recherche avait eu lieu, et lui a demandé

  2   personnellement qu'on lui dise qui se trouvait où, et je lui ai dit que

  3   dans la zone concernée où les maisons brûlaient ou avaient été brûlées se

  4   trouvait le groupe de Franjo Drljo; il lui a parlé et lui a demandé quel

  5   était son axe de déplacement.

  6   "Néanmoins, il a dit qu'il a contourné le village. Il semble que le général

  7   Markac a insisté et il a fait pression sur lui. Il voulait connaître les

  8   détails précis, savoir quel était son axe de déplacement, quel était l'axe

  9   de déplacement de son groupe. Et à la fin, lui a dit oui, ce groupe a

 10   traversé le village dans lequel les maisons brûlaient. Et Drljo, à ce

 11   moment-là, a également prononcé quelques mots bien méchants à l'égard du

 12   général Markac."

 13   Puis, plus loin, vous dites : "A partir de ce point de départ, et puis une

 14   fois que nous étions au point final, il était évident que les maisons

 15   avaient été brûlées, et que c'était notre unité qui était passée par là. Et

 16   le général Markac lui avait demandé ce qui s'était passé et comment se

 17   faisait-il que les maisons avaient été brûlées. Ensuite, il a eu une

 18   altercation et la conversation s'est terminée, et nous sommes partis à

 19   Zagreb."

 20   Donc vous avez réitéré tout cela plus en détail dans votre audition de

 21   2005. Mais l'on n'y fait pas état d'activités de combat, nullement, n'est-

 22   ce pas ?

 23   R.  Lors de cette conversation avec le général, je lui ai expliqué quelles

 24   étaient nos missions, il a continué la conversation avec l'autre. Et le

 25   chef de groupe n'avait pas précisé son axe de déplacement, mais il l'a

 26   expliqué d'une autre manière. Mais étant donné que le général a insisté --

 27   Q.  Monsieur Celic, s'il vous plaît, je vous interromps parce que nous

 28   n'avons pas beaucoup de temps.

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  1   Ma question est la suivante : vous avez décrit la conversation qui s'est

  2   déroulée entre M. Markac et M. Drljo; et vous dites que l'unité est allée

  3   dans le village et que les maisons eut été brûlées.

  4   Mais tout d'abord, est-ce que M. Drljo a dit ou est-ce que vous l'avez

  5   entendu dire à M. Markac qu'ils avaient rencontré une résistance dans ce

  6   village ?

  7   R.  Je ne pourrais pas vous le dire avec exactitude, avec certitude. Je

  8   dirais que oui parce que le général lui-même voulait connaître les détails

  9   précis. Et lors de la conversation; lorsque le chef de groupe s'est rendu

 10   compte que le général insistait là-dessus, il a dit qu'il l'avait traversé

 11   et qu'il y avait un combat. Il était très fâché en répondant, je pense

 12   qu'il avait tout décrit. Et je sais que ce jour-là, nous devions établir

 13   les faits précis, exacts parce qu'effectivement, il y avait eu un contact.

 14   Ensuite, le commandant Janic voulait me parler à moi puis aux chefs de

 15   groupe et aux soldats, et je pense que personne n'a nié qu'il y avait eu

 16   bel et bien un contact et que deux soldats ennemis avaient été remarqués et

 17   qui avait eu un échange de tirs. Je pense qu'il a été établi que c'était

 18   vrai.

 19   Q.  Qu'avez-vous vu à cet endroit ? Suite à quoi, il était évident que le

 20   contact avait eu lieu ? Est-ce que vous avez vu des cartouches ou quoi que

 21   ce soit qui aurait pu indiquer qu'il y avait eu un combat ou il n'y avait

 22   que des maisons qui brûlaient, qui vous l'ont indiqué ?

 23   R.  Uniquement sur la base des déclarations de soldats qui étaient dans

 24   cette unité.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Mahindaratne, il est l'heure.

 26   Combien de temps vous faut-il encore ?

 27   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Une demi-heure environ, je reprendrai

 28   demain matin.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, bien sûr. Il est hors de question

  2   que vous continuiez pendant encore une demi-heure maintenant.

  3   Nous allons voir combien de temps vous allez encore avoir à votre

  4   disposition. Monsieur Waespi, je ne sais pas quels sont vos projets pour le

  5   témoin suivant. Est-ce qu'il est à votre disposition pour demain ?

  6   M. WAESPI : [interprétation] Oui, oui. Elle est ici, elle est prête.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Mahindaratne, préparez-vous,

  8   soyez concernée sur les choses importantes, et la Chambre va considérer

  9   combien de temps vous aurez encore.

 10   Monsieur Cayley.

 11   M. CAYLEY : [interprétation] Oui. Il nous faudra une demi-heure ou voire

 12   une heure pour l'interrogatoire.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 14   Nous allons considérer tout cela. Nous allons demander au Greffier de faire

 15   le calcul exact qui nous indiquera combien de temps la Chambre vous a pris

 16   avec ses questions. Sur la base de cette information, je ne sais pas, nous

 17   allons vous donner des informations pour votre gouverne. Je ne sais pas si

 18   nous pourrons le faire dès cet après-midi, mais nous essayerons de ce

 19   faire.

 20   Tout d'abord, Monsieur Celic, je vous ordonne de ne parler à qui que ce

 21   soit du sujet de votre déposition faite aujourd'hui et que vous ferez

 22   demain. Je vous prie de revenir demain matin à 9 heures. Donc nous

 23   reprendrons nos travaux vendredi le 5 septembre à 9 heures dans le prétoire

 24   numéro I.

 25   --- L'audience est levée à 13 heures 50 et reprendra le vendredi le 5

 26   septembre 2008, à 9 heures 00.

 27  

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