Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 18 novembre 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 21.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à toutes les personnes

  6   présentes. 

  7   Monsieur le Greffier d'audience, veuillez citer le numéro de

  8   l'affaire.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour à toutes les personnes présentes.

 10   Il s'agit de l'affaire IT-06-90-T, le Procureur contre Ante Gotovina et

 11   consorts.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier d'audience.

 13   Une requête concernant les mesures de protection est toujours en

 14   suspens.

 15   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Mahindaratne, la Chambre souhaite

 17   donner l'occasion aux parties de poser des questions supplémentaires à

 18   l'égard de cette requête, de les poser au témoin, ensuite nous allons

 19   prendre notre décision.

 20   Mais il faudrait que ceci soit fait à huis clos, donc nous allons

 21   passer à huis clos.

 22   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes à huis

 23   clos.

 24   [Audience à huis clos]

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  8   [Audience publique] 

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup.

 10   Madame Mahindaratne, est-ce que vous êtes prête à interroger Mlle Mauro ?

 11   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, c'est à vous.

 13   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je ne suis pas sûre, Monsieur le

 14   Président, que le nom complet du témoin ait été précédemment enregistré.

 15   Non, Monsieur le Président.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas avant que nous n'entrions en

 17   audience à huis clos, et je n'ai pas -- enfin, vous n'avez pas demandé, en

 18   l'occurrence, cela et les parties n'ont pas non plus demandé qu'elle

 19   décline son identité pour le compte rendu.

 20   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 21   Interrogatoire principal par Mme Mahindaratne : 

 22   Q.  [interprétation] Mademoiselle Mauro, pourriez-vous, s'il vous plaît,

 23   décliner votre identité pour le compte rendu.

 24   R.  Maria Teresa Mauro.

 25   Q.  Est-ce que vous avez fourni au bureau du Procureur des déclarations les

 26   2 et 3 mars 2000, et pour la deuxième fois, le 5 et le 6 janvier 2008 ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Depuis lors, avez-vous eu l'occasion d'examiner ces deux déclarations ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Est-ce que vous estimez que la teneur des deux déclarations traduit

  3   exactement ce que vous avez déclaré aux membres du bureau du Procureur lors

  4   des circonstances précédentes ?

  5   R.  Oui.

  6   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, je voudrais qu'on

  7   présente le document 5362, s'il vous plaît.

  8   Q.  Un document va apparaître à l'écran qui est devant vous, Mademoiselle

  9   Mauro.

 10   Pendant que ceci se fait, je voudrais vous demander si la teneur de ces

 11   deux déclarations, pour autant que vous le sachiez, sont véridiques ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Maintenant, si on vous posait les mêmes questions que celles qui vous

 14   ont été posées en mars 2000 par des membres du bureau du Procureur ainsi

 15   qu'en janvier 2008 aujourd'hui, est-ce que vos réponses à l'audience

 16   seraient les mêmes ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Vous voyez la déclaration qui est devant vous ?

 19   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, est-ce qu'on

 20   pourrait -- oui, merci.

 21   Q.  Est-ce que c'est bien cela votre déclaration ?

 22   R.  Oui.

 23   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, est-ce que nous

 24   pourrions voir la version anglaise du document -- pas la dernière page,

 25   mais celle qui précède la page portant la signature.

 26   Q.  Est-ce que c'est votre signature ?

 27   R.  Oui.

 28   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais

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  1   demander que ce document soit versé au dossier comme élément de preuve.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'après les écritures, je vois qu'il n'y

  3   a pas d'objections contre le versement au dossier.

  4   Monsieur le Greffier, la déclaration de 2000 devient…

  5   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ça devient la pièce numéro P1098.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La déclaration de 2008 devient…

  7   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Si vous me le permettez --

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Nous ne l'avons pas vu. Je vais

  9   trop vite. La pièce P1098 est admise au dossier comme élément de preuve.

 10   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, est-ce que vous

 11   pourriez, s'il vous plaît, présenter à l'écran le document 5362, s'il vous

 12   plaît.

 13   Q.  Mademoiselle Mauro, pourriez-vous regarder le document suivant qui

 14   apparaît à l'écran, pouvez-vous l'identifier.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce qu'il y a des problèmes en ce qui

 16   concerne les numéros ?

 17   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Excusez-moi. Le 5363, Monsieur le

 18   Greffier. Excusez-moi.

 19   Q.  Mademoiselle Mauro, est-ce que c'est bien le document de 2008 qui

 20   correspond à votre déclaration ?

 21   R.  Oui.

 22   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, je demande que

 23   cette déclaration soit versée au dossier.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je fais la même observation, d'après les

 25   écritures de la Défense.

 26   Monsieur le Greffier.

 27   M. LE GREFFIER : [interprétation] La pièce P1099, Monsieur le Président.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La P1099 est admise au dossier comme

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  1   élément de preuve.

  2   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

  3   Q.  Témoin, comment --

  4   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Excusez-moi.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Mahindaratne, comment allons-nous

  6   procéder, parce que nous en avons un qui a trait à une pièce qui doit

  7   encore être ajoutée à la liste 65 ter - et je comprends qu'il s'agit d'un

  8   rapport - en plus de ceux qui figurent déjà sur la liste 65 ter. Je

  9   comprends qu'il n'y a pas d'objection contre le fait d'ajouter ceci à la

 10   liste 65 ter. Les autres pièces, vous allez les inscrire sur la liste --

 11   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je ne

 12   demande que trois documents pour cette liste --

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour le reste, le reste se trouvera sur

 14   une liste de sorte que M. le Greffier pourra lui attribuer des numéros pour

 15   ceux auxquels vous n'avez pas fait référence.

 16   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je ferai

 17   cela.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie. Poursuivez.

 19   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 20   Q.  Mademoiselle Mauro, au moment où vous avez fourni une déclaration

 21   complémentaire au bureau du Procureur en 2000 [comme interprété], est-ce

 22   que vous avez examiné un certain nombre de rapports qui, pour la plupart,

 23   étaient écrits par vous-même ou vous étiez le co-auteur ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Maintenant, est-ce que vous avez examiné les documents depuis 2008,

 26   depuis le moment où vous avez fait la déclaration complémentaire, en

 27   particulier dimanche ou hier ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Est-ce que vous êtes satisfaite que la teneur de ces documents est

  2   véridique et précise pour autant que vous le sachiez ?

  3   R.  Oui.

  4   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais lire

  5   le résumé de la déclaration du témoin.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y. Vous avez expliqué le but de ce

  7   résumé et de sa lecture ?

  8   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y.

 10   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Mlle Maria Teresa Mauro a travaillé

 11   comme fonctionnaire des Nations Unies basées à Knin de mars à décembre

 12   1995. Elle était présente pendant le pilonnage de Knin les 4 et 5 août

 13   1995. Elle était membre de l'équipe "Human Rights Action," connue sous le

 14   sigle HRAT, à partir du 7 août 1995, et en cette qualité a procédé à des

 15   patrouilles quotidiennes du HRAT dans la Krajina méridionale. Elle a rendu

 16   compte de ses observations et des violations des droits de l'homme

 17   observées par les observateurs du HRAT pendant et après l'opération

 18   Tempête. Mlle Mauro a donné des éléments directs concernant les crimes pour

 19   l'accusé Ivan Cermak.

 20   C'est tout, Monsieur le Président.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Madame Mahindaratne.

 22   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, si on pouvait

 23   remettre au témoin les copies papier de cette déclaration -- merci, Madame

 24   l'Huissière.

 25   Monsieur le Greffier, pourrais-je avoir, s'il vous plaît, maintenant la

 26   pièce P1098 à l'écran.

 27   Q.  Mademoiselle Mauro, si vous regardez votre déclaration de 2000, nous

 28   avons maintenant les copies papier qui vous ont été remises. Pourriez-vous

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  1   les analyser ou suivre à l'écran.

  2   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, si l'on pouvait

  3   voir la page 3 de la traduction anglaise et la page 3 également pour

  4   l'originale, la version croate. Les paragraphes ne sont pas numérotés, mais

  5   le troisième paragraphe de la page 3.

  6   Q.  Voilà ce que vous dites : "Je peux me rappeler le général Cermak qui

  7   était arrivé tôt après l'attaque, et était souvent disponible pour parler

  8   des problèmes que nous avions rencontrés. Il semblait être la principale

  9   autorité dans le secteur et il avait un certain nombre d'aides avec lui.

 10   Cermak portait un uniforme et était apparemment le gouverneur de Knin à

 11   l'époque."

 12   La question que je vous pose, Mademoiselle Mauro, est : quels sont les

 13   facteurs qui vous ont conduit à penser que M. Cermak semblait être la

 14   principale autorité dans le secteur ?

 15   R.  Il y avait la personne elle-même, puis les autres s'adressaient à lui

 16   lorsque les situations étaient difficiles et nécessitaient qu'il s'en

 17   occupe, et il était évident qu'il résolvait ces questions.

 18   Q.  Est-ce que vous pourriez être un peu plus précise lorsque vous dites

 19   que c'était évident. Indépendamment du fait que les autres s'adressaient à

 20   lui, est-ce que vous avez observé quelque chose personnellement qui vous

 21   aurait conduite à conclure que M. Cermak était la principale autorité du

 22   secteur ?

 23   R.  C'était la personne de grade le plus élevé -- enfin, ça n'est pas

 24   douteux parce qu'aussi ils s'adressaient à lui, j'ai me suis adressé au

 25   général Forand qui était le chef de mon bureau, donc l'autorité

 26   hiérarchique la plus élevée dans le secteur c'était lui.

 27   Q.  D'après ce que j'ai compris de ce que vous dites, vous dites que dans

 28   votre propre hiérarchie, la personne à qui on s'adressait c'était lui…

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  1   R.  C'était le général Cermak.

  2   Q.  Je vois. Dans votre déclaration, vous parlez du fait que vous avez eu

  3   des contacts personnels avec lui et participé à des réunions avec lui.

  4   Quelles ont été vos observations personnelles en ce qui concerne les

  5   réunions et la façon dont M. Cermak s'exprimait ?

  6   R.  Exactement, et je --

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Higgins.

  8   Mme HIGGINS : [interprétation] Monsieur le Président, mon objection c'est

  9   quant à la façon dont la question a été posée par Mme Mahindaratne dans la

 10   mesure où elle se réfère à : "Des entretiens, le fait qu'ils auraient eu

 11   des contacts personnels avec lui, avoir participé à des réunions avec lui."

 12   Selon moi, nous devons d'abord régler ce point et trouver une base pour lui

 13   demander si oui ou non c'est exact et la nature des contacts que le témoin

 14   a eus en l'occurrence, Monsieur le Président.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais je crois que --

 16   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je peux donner la référence des

 17   paragraphes de la déclaration en question, Monsieur le Président.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans la déclaration, est-ce qu'on

 19   mentionne des contacts directs. Qu'on appelle ça une réunion ou le fait

 20   d'avoir rencontré quelqu'un, mais que ce ne soit pas dans une réunion --

 21   enfin, je comprends que votre question concerne des contacts directs entre

 22   ce témoin et M. Cermak.

 23   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous pourriez, s'il vous

 25   plaît, répondre à la question.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Quelle question ?

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, nous --

 28   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je vais répéter la question,

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  1   Mademoiselle Mauro.

  2   Q.  Dans vos contacts directs et personnels avec M. Cermak, comment avez-

  3   vous observé ou compris ce qu'était l'autorité de M. Cermak dans le secteur

  4   ?

  5   R.  C'est exactement comme je l'ai écrit dans ma déclaration.

  6   Q.  Est-ce que vous pourriez nous l'expliquer verbalement maintenant, s'il

  7   vous plaît.

  8   R.  Il était l'autorité dans le secteur. C'était la personne à qui on

  9   s'adressait lorsqu'il y avait des problèmes qui devaient être réglés, et

 10   dans des situations difficiles on s'adressait à lui.

 11   Q.  On en viendra à la question de ces problèmes et situations dans un

 12   moment. Mais avant d'en parler, lorsque vous vous occupiez de questions

 13   particulières avec M. Cermak, à un moment donné, est-ce qu'il vous a jamais

 14   informé du fait que vous deviez vous adresser, pour ces questions, à

 15   quelqu'un d'autre ?

 16   R.  Non, pas que je puisse m'en souvenir.

 17   Q.  Je vous remercie. Veuillez regarder maintenant le paragraphe 5 de votre

 18   déclaration 2008, Mlle Mauro.

 19   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, est-ce qu'on

 20   pourrait voir à l'écran le P1099.

 21   Pourrait-on voir la page de la déclaration -- ça c'est la page 3, oui.

 22   Q.  Mademoiselle Mauro, paragraphe 5 de votre déclaration 2008, vous dites

 23   : "A la page 3 de ma déclaration précédente, paragraphes 3 et 4, je parle

 24   du général Cermak et de ses assistants qui sont avisés qu'il y a des crimes

 25   qui ont été commis ou des délits et leurs réponses. A certaines occasions,

 26   j'ai personnellement parlé au général Cermak dans l'enceinte de l'ONU, et

 27   je l'ai informé de la situation."

 28   Maintenant, est-ce que vous pourriez être très précise ? De quoi avez-vous

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  1   parlé ? Que voulez-vous dire par la situation ? Qu'est-ce que vous avez

  2   exactement dit à M. Cermak comme

  3   information ?

  4   R.  J'ai parlé du sort d'un certain nombre de personnes qui étaient restées

  5   dans le secteur, des difficultés d'une population très éparse et isolée qui

  6   était restée dans le secteur connu sous le nom de secteur sud et des

  7   difficultés qu'ils avaient à survivre et à se débrouiller, ainsi que des

  8   problèmes d'incendie et des difficultés de se procurer de quoi vivre, et

  9   les pillages, et les vols, et les harcèlements, et les crimes que la

 10   population ou certaines personnes avaient vus, dont ils étaient témoins ou

 11   dont ils avaient connaissance.

 12   Q.  Vous dites dans ce même paragraphe : "Dans ces occasions, il semblait

 13   disposé à coopérer et a toujours assuré, garanti, que la question serait

 14   examinée et qu'il voulait être informé des activités criminelles ou

 15   délictueuses, s'il y en avait. Le général Cermak nous a toujours assuré que

 16   la situation était sous contrôle."

 17   Alors, à l'époque où vous avez évoqué ces questions avec le général Cermak

 18   et qu'il vous a assuré que les questions étaient sous contrôle

 19   effectivement, est-ce que c'était vraiment le cas ?

 20   R.  Non.

 21   Mme HIGGINS : [interprétation] C'était une question directrice, Monsieur le

 22   Président.

 23   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, je ne vois aucun

 24   aspect directif dans la question que j'ai posée.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien qu'il y ait certains éléments

 26   directifs, il n'est pas approprié de poser la question de cette manière,

 27   donc il faut répondre à la question.

 28   Vous pouvez poursuivre.

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  1   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  2   Q.  Après ces conversations avec M. Cermak, est-ce qu'on a fait quelque

  3   chose concernant les problèmes que vous avez évoqués avec lui ?

  4   R.  Si vous lisez mon rapport ou les rapports d'autres membres de l'équipe

  5   HRAT, il ne semble pas que ce soit le cas. La situation s'est détériorée

  6   jusqu'à ce que nous partions.

  7   Q.  Bien. Merci pour cette réponse.

  8   Maintenant, voyons le paragraphe 6 de votre déclaration de 2008,

  9   Mademoiselle Mauro, lorsque vous dites : "A la suite d'une de ces

 10   conversations avec le général Cermak, quelques jours plus tard, alors que

 11   nous étions en patrouille, nous avons observé le fait que des crimes

 12   étaient commis (incendies). Nous sommes immédiatement retournés à Knin et

 13   avons informé le bureau, le cabinet du général Cermak en fournissant les

 14   coordonnés précises de l'endroit où ce crime était en train d'être commis.

 15   L'aide de camp du général Cermak nous a assuré que la question serait

 16   suivie; après quoi, nous sommes retournés au camp de l'ONU et nous avons

 17   informé le général Forand."

 18   Est-ce que vous avez jamais reçu des renseignements après ce rapport fait

 19   au cabinet du général Cermak selon lesquels cet incident-ci, pour lequel

 20   vous avez fourni les coordonnées à l'aide du général Cermak, avait fait

 21   l'objet d'une enquête ? Est-ce que vous avez su cela ?

 22   R.  Si je me rappelle bien, au cours de cette période, ça a été le moment

 23   où on avait commencé à nier. C'est une attitude consistant à nier les

 24   choses. En d'autres termes, nous ne disions pas la vérité, d'après les

 25   autorités croates que nous informions et le général Cermak aussi.

 26   Donc, du point de vue de la population, non, je n'ai pas eu lieu de

 27   comprendre que des mesures avaient été prises pour remédier à la situation.

 28   Q.  Votre réponse a été : "Si je me souviens bien de cette période…," il y

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  1   avait une "attitude tendant à nier les choses. En d'autres termes, que nous

  2   ne disions pas la vérité, d'après les autorités croates que nous

  3   informions, ainsi que le général Cermak."

  4   Est-ce que vous êtes en mesure de nous donner un exemple particulier dans

  5   lequel le général Cermak avait exprimé ce type d'idée qu'il niait la

  6   situation ?

  7   R.  Il devrait y avoir une lettre où il a exprimé ce type de déni, oui.

  8   Q.  Bien. Je vous remercie.

  9   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, est-ce qu'on

 10   pourrait voir, s'il vous plaît, la pièce P36 à l'écran, s'il vous plaît.

 11   Pourrait-on voir la page suivante, s'il vous plaît, Monsieur le Greffier.

 12   Est-ce qu'on pourrait se centrer, s'il vous plaît, sur --

 13   Q.  Mademoiselle Mauro, regardez bien ce document. En fait, vous avez fait

 14   référence à un document, paragraphe 41 de la déclaration 2008 et ceci,

 15   c'est un rapport de l'équipe du HRAT qui a été établi par vous et M. Edward

 16   Flynn.

 17   Au deuxième paragraphe -- suivant le paragraphe numéroté 2, c'est

 18   peut-être, je crois, le paragraphe 3 - il est dit : "La présence de la

 19   police civile croate dans le secteur en dehors des villes principales

 20   demeure presque inexistante. La liberté qui en résulte fait que des bandes

 21   de soldats croates en uniforme pillent et brûlent comme ils le veulent, à

 22   l'envi, et ceci a donc rejeté les habitants locaux de la campagne du

 23   secteur sud et les a placés dans un état de crainte pratiquement continuel.

 24   Cette situation représente un contraste marqué par rapport au tableau qui a

 25   été présenté par le gouverneur militaire Cermak, qui a insisté, dans une

 26   lettre datée du 3 septembre, adressée au commandant du secteur Forand,

 27   qu'il est stupéfait par vos déclarations en ce qui concerne la situation

 28   des pauvres et des misérables sur le territoire."

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  1   Est-ce que c'est la lettre dont vous vouliez parler ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Je cite : "Le général Cermak a indiqué qu'il était pleinement disposé à

  4   se rendre en personne en visite aux endroits où des abus étaient observés

  5   par l'ONU, mais aujourd'hui, là encore, on avait observé…" Je passe au

  6   paragraphe suivant.

  7   "… au 4 septembre. La HRAT a visité des hameaux, les hameaux de Tintori,

  8   Petrovici et Cvijanovici, à quelque 20 kilomètres au nord de Knin. Les

  9   habitants du village ont rendu compte d'un week-end qui avait été passé

 10   dans la crainte en raison des bandes de soldats croates en uniforme qui se

 11   trouvaient là. Et la 4e Brigade de Split près d'une maison qui brûlait."

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Mahindaratne.

 13   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président.

 14   Q.  "Le deuxième bâtiment a été vu en flammes en haut de la colline, les

 15   soldats parlaient vaguement du fait que d'autres soldats étaient en train

 16   de --

 17   L'INTERPRÈTE : [inaudible]

 18   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 19   Q.  D'après ce rapport, il est dit que dans le précédent paragraphe,

 20   lorsque cet incident précis a été observé, le général Cermak n'était pas

 21   là, n'était pas en ville. Comment est-ce que vous pouvez expliquer quel

 22   était le lien qui existait entre cet incident et le fait que le général

 23   Cermak n'était pas là, n'était pas en

 24   ville ?

 25   R.  C'est parce que j'ai été avisé et nous avons rendu compte de cet

 26   incident lorsque nous sommes venus dans le secteur. Nous sommes passés au

 27   bureau du général Cermak à Knin, et nous avons informé du fait que ceci

 28   avait eu lieu, mais on nous a dit qu'il n'était pas là, qu'il n'était pas

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  1   en ville.

  2   Q.  A qui est-ce que vous avez fourni ce renseignement ? Est-ce que c'était

  3   quelqu'un du bureau du général ou juste une personne qui se trouvait là ?

  4   R.  Non. C'était un officiel, une personne appartenant à son bureau, à son

  5   cabinet. Je ne me rappelle pas de son nom.

  6   Q.  En ce qui concerne ce rapport, à la suite de ce rapport, est-ce que

  7   vous avez été informé du fait qu'une enquête aurait été effectuée

  8   concernant cet incident ?

  9   R.  Non.

 10   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, pourrais-je voir

 11   maintenant la page P46 à l'écran.

 12   Q.  Mademoiselle Mauro, je voudrais vous demander de regarder, pendant

 13   qu'on le montre à l'écran, le paragraphe 33 de votre déclaration 2008 où

 14   vous faites référence au rapport HRAT du 22 août 1995.

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Dans ce rapport, il est question d'une réunion qui aurait eu lieu entre

 17   vous et le chef de Knin, M. Romanic; c'est de cela qu'il est rendu compte.

 18   Qui d'autre était présent à cette réunion, à savoir la réunion entre vous-

 19   même et M. Romanic ?

 20   R.  Il y avait certainement un interprète et très probablement, à la fois,

 21   un membre de la police civile de l'ONU et un observateur militaire de l'ONU

 22   qui se trouvaient dans la pièce avec nous.

 23   Q.  Ce rapport traite également du fait qu'il y a eu réunion avec M. Jukic,

 24   Pavo, du bureau chargé de la Défense civile à Knin.

 25   Maintenant, est-ce que cette réunion a eu lieu avec

 26   M. Romanic ? Est-ce qu'il pourrait y avoir eu deux réunions distinctes ?

 27   R.  C'est possible. Je ne m'en rappelle pas exactement.

 28   Q.  Alors, quel était le but de cette réunion ? Non, excusez-moi. On voit

Page 12014

  1   déjà qu'il était question de traiter des questions de sécurité et des

  2   préoccupations de "safet" [phon] concernant la population qui était restée

  3   dans le secteur de Plavno.

  4   Est-ce que vous pouvez nous dire exactement si vous avez informé M. Romanic

  5   du fait qu'il y avait là un problème de sécurité et "safet"[phon] pour les

  6   habitants du secteur de Plavno, à quoi avaient-ils à faire face à ce moment

  7   particulier ?

  8   R.  Pour finir, nous sommes allés dans le secteur de Plavno pour la

  9   première fois, c'était un secteur très isolé et la route pour y parvenir

 10   était très difficile. Et la première fois que nous y sommes allés, la

 11   population était totalement terrifiée et nous avons trouvé qu'il y avait --

 12   L'INTERPRÈTE : [inaudible]

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] -- qui se trouvait dans les champs et les

 14   personnes qui étaient restées nous ont parlé du fait qu'il y avait des

 15   cadavres enterrés ou non enterrés, pas d'électricité, pas de service quel

 16   qu'il soit.

 17   Donc, nous avons pensé que nous voulions appeler l'attention des autorités

 18   croates sur la situation parce que fondamentalement, tout le monde voulait

 19   partir et nous voulions retourner à Knin, et nous avons eu cette réunion

 20   avec M. Romanic avec l'idée que nous pourrions tenir une réunion avec le

 21   reste de la population le lendemain ou dès qu'il serait disponible de façon

 22   à ce que nous puissions rassurer et trouver une méthode pour alléger leur

 23   sort.

 24   Donc, nous avons constitué cette réunion et en fait -- bon, c'est une autre

 25   histoire, mais c'est la raison pour laquelle je me trouvais là et M.--

 26   L'INTERPRÈTE : [inaudible]

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] -- qui assistait la Défense.  C'était pour

 28   discuter des divers lieux de sépulture que nous avions visités et

Page 12015

  1   comprendre s'ils avaient une idée claire de qui avait été enterré là et

  2   pourquoi et quels étaient les moyens de les identifier, s'il y avait une

  3   base de données centrale pour cela.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous arrête un instant. Vous avez dit

  5   que toutes les personnes âgées étaient -- seules les personnes âgées

  6   étaient restées -- seulement les personnes âgées étaient restées; c'est

  7   bien cela ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  9   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 10   Q.  Est-ce que vous avez eu des communications ? Est-ce que vous avez parlé

 11   avec les habitants qui étaient restés dans le secteur de Plavno avant cette

 12   réunion ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Et est-ce qu'ils vous ont dit pourquoi ils voulaient partir ?

 15   R.  Parce qu'ils craignaient pour leur vie.

 16   Q.  Maintenant, je voudrais simplement revenir et poser une question que

 17   j'aurais dû poser tout à l'heure. Vous avez mentionné la présence d'un

 18   interprète aux réunions avec M. Romanic. Quand vous avez communiqué avec M.

 19   Cermak, est-ce que vous communiquez d'habitude avec un interprète ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Et c'est un interprète de quel côté ? Est-ce que c'était un interprète

 22   de l'ONU ou un interprète de M. Cermak ?

 23   R.  L'interprète de l'ONU était toujours avec moi.

 24   Q.  Et est-ce que M. Cermak avait ses propres interprètes à ce moment-là ?

 25   R.  Probablement oui, mais nous ne les utilisions pas pour nos

 26   communications, pas autant que je m'en souvienne.

 27   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Greffier, je voudrais

 28   demander maintenant le document 1824, s'il vous plaît.

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  1   Est-ce qu'on pourrait passer à la page 2, s'il vous plaît, Monsieur le

  2   Greffier. Excusez-moi, ça devrait être la page 3.

  3   Q.  Mademoiselle Mauro, c'est un rapport du HRAT dont vous avez parlé dans

  4   votre déclaration de 2008. Pourrait-on regarder le dernier paragraphe, s'il

  5   vous plaît. Donc, ce rapport dit -- on lit à cet endroit-là que : "Le même

  6   jour, le HRAT a rencontré M. Barisic, Milan, coordonnateur du ministère de

  7   l'Intérieur pour le secteur de Gracac. M. Barisic a exprimé sa satisfaction

  8   pour la bonne coopération établie avec les organisations internationales

  9   jusqu'à présent. Il a dit que la police croate était en train de faire de

 10   son mieux pour garantir la sécurité de la population serbe qui restait.

 11   Toutefois, il a souligné qu'il était très difficile de contrôler un secteur

 12   de 200 kilomètres carrés sous la juridiction du poste de police de Gracac.

 13   "D'après M. Barisic, la police croate, pour des raisons de sécurité,

 14   s'abstenait de patrouiller sur la frontière du côté avec la Bosnie et la

 15   partie méridionale (dans la direction de Knin) pour le secteur de Gracac.

 16   Dans la partie méridionale, un certain nombre de personnes, d'anciens

 17   soldats du HV et qui, par conséquent, portaient des uniformes, se livraient

 18   à des activités criminelles et étaient particulièrement agressifs. Jusqu'à

 19   présent, les autorités concernées avaient exercé les poursuites contre 30 à

 20   35 d'entre eux. Toutefois, pour les activités de pillage, les auteurs

 21   n'étaient pas censés être placés en détention. M. Barisic ne pouvait pas

 22   préciser quel type de charges avait été porté contre ces criminels."

 23   Maintenant, la première question que je vous pose est : est-ce que M.

 24   Barisic était un policier en uniforme ou un fonctionnaire du ministère de

 25   l'Intérieur ?

 26   R.  Je ne me souviens pas -- je ne sais pas comment il était habillé à ce

 27   moment-là, ce qu'il portait.

 28   Q.  Où est-ce que vous l'avez rencontré ? Dans son bureau à Gracac ou non -

Page 12017

  1   -

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Qui l'a introduit en disant que c'était le coordinateur du ministère de

  4   l'Intérieur de la zone de Gracac ?

  5   R.  Il s'est présenté lui-même.

  6   Q.  Ici, on peut lire qu'il a dit que : "…en ce qui concerne les

  7   pilonnages, il ne faut pas placer en détention les auteurs."

  8   D'après-vous, qu'est-ce que cela veut dire ?

  9   R.  Les pillages étaient tolérés.

 10   Q.  Est-ce que vous lui avez demandé sur la base de quoi ils avaient pris

 11   cette décision ?

 12   R.  Je lui ai demandé de quoi seraient, à la fin, accusés ces criminels.

 13   Q.  Quelle a été sa réponse ?

 14   R.  Il n'y avait pas de réponse. Sinon, les choses se seraient passées

 15   autrement, et ceci aurait été écrit.

 16   Q.  Merci.

 17   R.  Merci.

 18   Q.  Est-ce qu'il vous a dit qui avait donné ces instructions, à savoir de

 19   ne pas placer en détention les auteurs des pillages ?

 20   R.  Non, je n'ai pas posé la question. Mais c'est lui qui représentait le

 21   ministère de l'Intérieur.

 22   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, je vais demander

 23   que ce document soit versé au dossier. Il fait partie des documents 92 ter.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas d'objections. Monsieur le Greffier.

 25   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce P1100.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] P1100 est versée au dossier.

 27   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci.

 28   Monsieur le Greffier, je vais demander de montrer le document 3062.

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  1   Maintenant, ce document, sa page 4 notamment, contient un tableau qui avait

  2   déjà été versé au dossier, c'est la pièce P688. Je peux démontrer que le

  3   résumé que l'on voit ici découle de ce tableau, mais ce que je vais

  4   demander après avoir conclu cela, je vais demander que l'on verse juste le

  5   résumé sans montrer le tableau.

  6   Q.  Madame, est-ce que vous reconnaissez ce document ?

  7   R.  Mais oui, certainement.

  8   Q.  Qu'est-ce que c'est ?

  9   R.  C'est une compilation des crimes, corps sans vie, des crimes ayant

 10   entraîné la mort, et on a appris cela soit par le biais du personnel de

 11   l'ONU ou bien par la population civile tout simplement.

 12   Q.  Je voudrais attirer votre attention sur votre déclaration 2008,

 13   paragraphes 57, 58 et 59, où vous parlez de cette liste. Au paragraphe 58,

 14   vous dites -- par rapport aux personnes responsables de faire ces rapports,

 15   vous dites : "Une équipe où se trouvaient Sajin Zhang, moi-même et Judith

 16   Jacob ainsi que l'interprète était responsable de recueillir ces

 17   informations." Est-ce que Mme Judith Jacob c'était l'assistante de M. Alun

 18   Roberts ?

 19   R.  Oui, oui. C'est elle qui travaillait dans cette station chargée de

 20   l'information, PIO, comme on disait.

 21   Q.  Merci.

 22   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, je vais demander

 23   que les pages 1 à 3 soient versées au dossier. Pour le reste, je vais

 24   demander qu'il soit enlevé de l'e-court.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je n'entends pas d'objections.

 26   Donc Monsieur le Greffier.

 27   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P1101.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce P1101 est versée au dossier.

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  1   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je vous remercie.

  2   Monsieur le Greffier, est-ce que vous pourriez nous montrer la pièce P2584

  3   [comme interprété].

  4   Q.  Est-ce que vous reconnaissez ce document ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Qu'est-ce que c'est ?

  7   R.  C'est l'analyse de la situation concernant les réfugiés dans l'ex-

  8   Yougoslavie ainsi que dans l'ex-Yougoslavie.

  9   Q.  Où étiez-vous au moment où vous avez fait ces rapports ?

 10   R.  J'étais dans le bureau à Belgrade.

 11   Q.  Pendant que vous avez fait ces rapports, qu'est-ce que vous avez fait

 12   comme recherche ?

 13   R.  J'ai parlé avec la Commission des Nations Unies pour les réfugiés; j'ai

 14   parlé avec le bureau serbe chargé des réfugiés; et j'ai parlé avec

 15   différentes organisations non gouvernementales, y compris le comité

 16   d'Helsinki. Donc c'étaient les sources principales.

 17   Q.  En ayant fait ces recherches, est-ce que vous avez reçu des

 18   informations quant à la volonté des réfugiés serbes qui se trouvaient en

 19   République fédérale de Yougoslavie et en Serbie, donc leur désir de

 20   regagner la Krajina --

 21   R.  Oui.

 22   Q.  -- après l'avoir quittée ?

 23   R.  Oui, effectivement. J'ai reçu des informations des différents habitants

 24   de Krajina, et il s'agissait de la situation en général qui était tellement

 25   difficile que personne ne songeait vraiment à revenir, mis à part pour

 26   essayer de récupérer ses biens ou pour essayer de venir en aide aux

 27   personnes âgées, membres de leurs familles qui étaient restés sur place.

 28   Q.  Vous avez dit que "…l'information concernant toute la situation en

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  1   général, elle était tellement difficile que personne ne pensait vraiment

  2   revenir…" Qu'est-ce que -- quelles étaient les informations qu'ils

  3   recevaient ?

  4   M. MISETIC : [interprétation] Objection, Monsieur le Président, puisque je

  5   voudrais demander un petit peu plus de bases pour les sources des

  6   informations.

  7   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Le témoin vient juste de dire qu'ils

  8   avaient des informations qui venaient des civils, des habitants.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense --

 10   M. MISETIC : [interprétation] Combien étaient-ils, et cetera --

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Apparemment, le témoin avait reçu des

 12   infos là-dessus.

 13   Pourriez-vous nous dire, Madame le Témoin, de qui venaient ces

 14   informations, à savoir que la situation était difficile, et cetera, et est-

 15   ce que vous avez reçu plus de détails quant à la difficulté de la situation

 16   là-bas.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Mis à part les gens à qui j'ai parlé, je ne

 18   sais pas combien ils étaient exactement, mais toujours est-il que mon ex-

 19   propriétaire se trouvait à Belgrade ainsi que toute sa famille, une

 20   vingtaine, trentaine de personnes. Mais il y avait aussi les interprètes.

 21   Certains interprètes étaient restés dans la zone; ils n'ont pas tous

 22   déménagé du secteur sud, donc on les a utilisés comme source d'information.

 23   Puis, il y avait d'autres interprètes qui étaient venus les remplacer, puis

 24   des gens que j'aurais pu rencontrer alors que j'étais à Krajina, puis pour

 25   le UNHCR c'était très difficile d'organiser ces visites et -- tout cela

 26   avait quelque chose à voir par rapport aux informations que l'on recevait.

 27   C'était un secret de polichinelle.

 28   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] 

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  1   Q.  Donc vous dites que c'était difficile pour le UNCHR d'organiser les

  2   visites, mais quelles visites ?

  3   R.  A un moment donné, on s'est dit que le UNCHR devait aller visiter les

  4   gens pour faciliter le retour. Mais ce qui était difficile, c'était déjà de

  5   recevoir les autorisations des autorités compétentes croates pour mener à

  6   bien ces visites d'ailleurs.

  7   Donc il y avait deux sources de problèmes qui empêchaient le retour. D'un

  8   côté, vous aviez la situation sur le terrain, ensuite, vous aviez les

  9   autorités croates qui hésitaient à faciliter cela.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que Mme Mahindaratne vous a

 11   demandé de nous expliquer exactement quelles étaient ces difficultés.

 12   Est-ce que vous avez quelques informations supplémentaires quant à la

 13   situation qui prévalait sur le terrain et à cause de laquelle les gens ne

 14   voulaient pas revenir.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Il n'y avait pas d'infrastructure. Les maisons

 16   étaient détruites et elles restaient détruites. Il n'y avait plus de

 17   bétail, parce que les bétails étaient soit tués, soit volés.

 18   Les maisons étaient vides. Par exemple, je vais vous citer un exemple, ma

 19   maison à moi, là où j'habitais, celle-là a été pillée aussi.

 20   Donc vous aviez des problèmes sans arrêt, les harcèlements, des opérations

 21   de nettoyage étaient en cours.

 22   Mme MAHINDARATNE : [interprétation]

 23   Q.  Quand avez-vous exactement écrit ce rapport ?

 24   R.  [aucune interprétation]

 25   Q.  Quelle année ?

 26   R.  C'était en 1996. Le 13 juin.

 27   Q.  Merci.

 28   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je voudrais demander de verser ce

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  1   document au dossier.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je n'entends pas d'objections.

  3   Monsieur le Greffier.

  4   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, ceci devient la

  5   pièce P1102.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce P1102 est versée au dossier.

  7   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Avec ceci se termine mon interrogatoire

  8   principal, Monsieur le Président.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 10   Cette opération de nettoyage dont vous avez parlé, est-ce que vous receviez

 11   toujours les rapports à ce sujet au mois de juin 1996 ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Pas moi personnellement, mais j'ai entendu

 13   parler de cela.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que là il s'agissait des

 15   informations qui étaient à jour par rapport à ce qui s'était passé au mois

 16   de juin, mai 1996, ou bien il s'agissait des informations portant sur la

 17   période antérieure ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas --

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] -- pour vous.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Higgins.

 22   Mme HIGGINS : [interprétation] Je me suis demandé s'il ne serait pas

 23   opportun de prendre une pause à présent pour que je puisse me préparer.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Effectivement, c'est une très bonne

 25   idée. Nous allons prendre une pause à présent.

 26   Nous allons reprendre nos travaux à 4 heures.

 27   --- L'audience est suspendue à 15 heures 37.

 28   --- L'audience est reprise à 16 heures 01.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Higgins, c'est à vous.

  2   Contre-interrogatoire par Mme Higgins : 

  3   Q.  [interprétation] Madame, je vais vous poser quelques questions au nom

  4   de M. Cermak, et je vais commencer en parlant de votre travail, il s'agit

  5   de votre travail allant du mois de mars au mois de décembre 1995.

  6   Est-ce que vous me comprenez ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Vous avez dit que vous avez travaillé à Knin en tant qu'officier des

  9   affaires civiles entre le mois de mars et le mois de décembre 1995.

 10   Pourriez-vous nous dire qui était votre supérieur hiérarchiques à Knin ?

 11   R.  Avant, donc avant M. Al-Alfi, c'était M. Kotnik [phon].

 12   Q.  Est-il exact qu'au cours de votre position et votre fonction, vous

 13   étiez censée faire les patrouilles journalières dans la zone de Knin ?

 14   R.  C'est exact.

 15   Q.  Donc vous faisiez ces patrouilles avec vos collègues, et après cela,

 16   vous deviez écrire le rapport journalier au nom du HRAT; est-ce exact ?

 17   R.  Cela n'a pas commencé avant le mois d'août.

 18   Q.  On va parler de ce qui se passe à partir du 7 août et ensuite.

 19   R.  Bien sûr.

 20   Q.  Donc vous deviez préparer ces rapports quotidiens, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Je vais faire une pause à chaque fois que vous me répondez pour les

 23   interprètes.

 24   R.  D'accord.

 25   Q.  Alors pour que tout ceci soit bien clair, au cours de votre travail en

 26   tant que membre de l'équipe HRAT, combien y avait-il de personnes qui

 27   faisaient partie de chacune des patrouilles ?

 28   R.  En général, il y avait un officier de la CIVPOL, un représentant des

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  1   observateurs internationaux et un interprète. De temps en temps, il y avait

  2   un officier des droits de l'homme ou bien un officer de l'UNCHR qui était

  3   aussi avec nous.

  4   Q.  Donc on peut dire que vous étiez entre quatre et six ?

  5   R.  D'habitude, c'était le CIVPOL de l'ONU, les affaires civiles de l'ONU,

  6   un observateur militaire et un interprète.

  7   Q.  Très bien. En moyenne, il y avait combien d'équipes de la HRAT qui

  8   patrouillaient à un moment donné ?

  9   R.  Cela dépendait, parce que parfois il y avait des gens en plus qui

 10   faisait partie de notre équipe, mais on peut dire qu'au début on était

 11   trois.

 12   Q.  Est-il exact que tous les membres de l'équipe, après être revenus de

 13   patrouille, ensuite ils étaient débriefés dans le bureau de M. Al-Alfi ?

 14   R.  C'est exact.

 15   Q.  C'était un coordinateur des affaires civiles; est-ce exact ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Il est exact, n'est-ce pas, aussi que toutes les équipes de l'équipe

 18   des droits de l'homme qui avaient été sur le terrain ce jour-là faisaient

 19   ces débriefings ?

 20   R.  Oui. Mais souvent, c'était les chefs du département, un observateur de

 21   l'ONU, le CIVPOL, mais pas toutes les personnes qui étaient sorties avec

 22   nous.

 23   Q.  Combien de personnes auraient pu prendre part à ces sessions de

 24   débriefings quand il s'agissait de fournir les informations pour les

 25   rapports ?

 26   R.  Chacun participait à cela en fonction de ce qu'ils avaient observé

 27   pendant la journée.

 28   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire combien de personnes avaient

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  1   participé à ces réunions ?

  2   R.  Il y avait toujours un coordinateur; son remplaçant; le bureau des

  3   droits de l'homme; puis il y avait trois officiers des affaires civiles;

  4   plus le chef de l'UNMO; les chefs de la police civile et militaire étaient

  5   aussi présents; et il y avait des gens du bureau du général Forand; puis

  6   l'UNCHR; puis par la suite, il y avait aussi les membres de la MOCE.

  7   Q.  Est-ce que vous faisiez cela pour rassembler les informations que vous

  8   aviez et ensuite pour faire un seul rapport ou bien plusieurs rapports ?

  9   R.  Cela dépendait. Souvent, il n'y avait qu'un seul rapport, mais parfois,

 10   il y avait des rapports communs. Mais je dois dire que nous avions un

 11   collègue qui couvrait la zone de Korenica. Lui, il y était aussi de temps

 12   en temps, pas tout le temps, pas tout le temps. Lui aussi il faisait ses

 13   rapports et il nous les envoyait de façon quotidienne.

 14   Q.  Ces rapports étaient envoyés où, Madame ?

 15   R.  Ils étaient envoyés au QG à Zagreb.

 16   Q.  En ce qui concerne ces sessions de débriefings, est-ce que M. Flynn

 17   assistait à ces sessions ?

 18   R.  A chaque fois qu'il était présent, oui.

 19   Q.  Qu'en est-il du général Forand ?

 20   R.  Il participait parfois, mais souvent c'était plutôt le colonel Leslie

 21   ou bien un autre représentant du bureau du général Forand.

 22   Q.  Vous avez dit dans votre déclaration de 2008, en donnant quelques

 23   précisions, que les rapports du HRAT contenaient des informations venant de

 24   différentes composantes des Nations Unies comme les observateurs, la police

 25   civile, l'UNHCR, et cetera.

 26   R.  Si j'ai bien compris votre question, je pense qu'il y a un malentendu

 27   là, parce que les rapports étaient faits par la HRAT. Donc c'est eux

 28   surtout qui faisaient ces rapports.

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  1   Q.  Ces rapports contenaient des informations au sujet des réunions entre

  2   différents officiels de l'ONU, par exemple, M. Al-Alfi, le général Forand,

  3   différentes personnes comme M. Cermak, et cetera ?

  4   R.  Oui. Parfois, c'est mentionné aussi.

  5   Q.  Vous avez fourni deux déclarations préalables pour le Procureur, et on

  6   vous a demandé de passer en revue 50 rapports de la HRAT, et de toute

  7   façon, ces rapports figurent déjà en tant que pièces à conviction en

  8   l'espèce.

  9   Mais est-il exact que quand vous avez revu ces rapports, les choses

 10   dont vous, vous pourriez parler et dont vous avez parlé avec les autres, ce

 11   sont les choses qui figurent déjà dans votre déclaration de témoin, et là

 12   vous en parlez de toute façon dans votre déclaration.

 13   R.  La plupart de ces rapports, ce sont les rapports que j'ai écrits moi-

 14   même.

 15   Q.  Il y a toute une série de rapports qui ne comportent pas d'initiales;

 16   est-ce que vous vous souvenez de cela ?

 17   R.  Montrez-moi cela.

 18   Q.  Je vais revenir là-dessus.

 19   Mais ce que je vous demande c'est comme suit : ce que vous savez au

 20   sujet des événements, d'après ce que j'ai compris, vous ne dites pas que

 21   vous avez des connaissances personnelles de tout ce qui se trouve dans ces

 22   rapports; par exemple, certaines informations vous ont été communiquées par

 23   d'autres personnes qui ont travaillé ailleurs sur le terrain.

 24   R.  Non, pas forcément, parce que j'ai toujours participé personnellement

 25   dans ces rapports. Si vous avez mes initiales, c'est que j'y étais.

 26   Q.  On va en parler.

 27   Mais je voudrais vous poser quelques questions au sujet de M. Cermak,

 28   quand il est arrivé et quand vous avez eu des contacts avec lui. A nouveau,

Page 12028

  1   vous pouvez examiner les déclarations que vous avez sous vos yeux. Dans

  2   votre déclaration de l'an 2000, page 3, vous dites : "Je peux me rappeler

  3   que le général Cermak est arrivé plus tôt après l'attaque, et il était

  4   toujours disponible pour parler des problèmes que nous avions."

  5   Ce paragraphe vous a été lu par Mme Mahindaratne; vous vous en

  6   souvenez ?

  7   R.  Oui, oui.

  8   Q.  Est-ce que vous saviez ou est-ce que vous avez appris à un moment donné

  9   que M. Cermak est arrivé à Knin le 6 août ? Est-ce que c'est quelque chose

 10   que vous avez appris à un moment donné ?

 11   R.  Si mes souvenirs sont exacts, je l'ai vu soit le 6, soit le 7 ou le 8.

 12   Q.  Pendant que vous étiez à Knin et que vous aviez des contacts avec le

 13   camp de l'ONU, vous avez aussi appris que M. Cermak, entre autres, avait

 14   pour fonction d'aider la base de l'ONU dans le secteur sud ?

 15   R.  Quand vous dites aider la base de l'ONU dans le secteur sud -- d'après

 16   moi, il était là pour aider la population du secteur sud et pour faciliter

 17   le travail de l'ONU.

 18   Q.  Pour faciliter le travail de l'ONU, il s'agissait de les aider avec

 19   tous les problèmes pratiques qu'ils pouvaient avoir, par exemple, les aider

 20   à récupérer les véhicules volés ?

 21   R.  Ce n'est pas vraiment cela qui nous préoccupait à l'époque. Ce qu'on

 22   essayait de faire, c'était d'attirer l'attention des autorités sur les

 23   problèmes de la population parce qu'on savait très bien que la Croatie

 24   était un Etat indépendant.

 25   Q.  Mais peut-être que vous n'étiez pas au courant de la question des

 26   véhicules volés de l'ONU, mais est-ce que vous avez appris que M. Forand

 27   avait parlé de cela avec M. Cermak ?

 28   R.  J'étais un officier chargé des questions politiques et humanitaires.

Page 12029

  1   Les questions de sécurité ne me préoccupaient pas du tout.

  2   Q.  Les problèmes qui existaient, parmi ces problèmes, il y avait des

  3   problèmes concernant les gens qui se trouvaient dans la base de l'ONU, les

  4   gens de la région ?

  5   R.  Oui, mais c'est toute la situation qui nous préoccupait.

  6   Q.  Mais même dans le cadre de cette situation générale, il s'agissait de

  7   procéder à la normalisation de la ville après l'opération Tempête, par

  8   exemple, restaurer l'eau, l'électricité, et cetera ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Il s'agissait aussi de faire fonctionner les hôpitaux, les boutiques,

 11   les banques, différents commerces à Knin et autour de Knin ?

 12   R.  Oui, c'est exact.

 13   Q.  D'après votre déclaration, vous avez rencontré M. Cermak dans la base

 14   de l'ONU.

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Est-ce que vous pouvez nous donner la date de cela ?

 17   R.  C'était vraiment au début du mois d'août.

 18   Q.  Est-ce que vous vous rappelez ou bien est-ce que vous avez appris que

 19   M. Cermak aidait les personnes déplacées qui se trouvaient dans les camps

 20   en leur fournissant la nourriture et différentes autres denrées, de genre

 21   cigarettes ou couvertures ?

 22   R.  Vous savez, on n'avait même pas suffisamment de nourriture pour nous

 23   parce que tous les moyens d'approvisionnement étaient complètement coupés.

 24   Q.  Est-ce que vous savez qu'une cuisine avait été organisée, une espèce de

 25   cantine publique qui se trouvait dans le bâtiment de la garnison ?

 26   R.  Cela a peut-être eu lieu plus tard.

 27   Q.  Est-ce que vous savez que cela venait de la garnison ?

 28   R.  Je ne sais pas qui donnait cette nourriture.

Page 12030

  1   Q.  On va revenir sur ce que vous avez dit vraiment dans votre déclaration

  2   en 2008, le paragraphe 5, où vous avez dit : "Il est arrivé que je

  3   m'entretienne personnellement avec le général Cermak dans la base de l'ONU,

  4   et je l'ai informé de la situation."

  5   Est-ce que vous avez cela sous vos yeux ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Au cours de l'interrogatoire principal, on vous a demandé quels étaient

  8   les thèmes que vous avez évoqués avec M. Cermak, et vous avez dit que vous

  9   lui parliez des problèmes qui existaient dans la zone, vous parliez aussi

 10   des problèmes de criminalité en général, et vous ne vous rappeliez pas

 11   vraiment de quelque chose de particulier dont vous auriez parlé avec lui;

 12   est-ce exact ?

 13   R.  On lui a cité quelques exemples précis.

 14   Q.  Quels étaient ces exemples ?

 15   R.  La vallée de Plavno où il y a eu des incendies, et en dépit les

 16   assurances contraires, et d'autres incidents.

 17   Q.  Est-ce que vous avez parlé de Grubori ?

 18   R.  Non.

 19   Q.  Est-ce que vous lui avez donné une note officielle ?

 20   R.  On est allés dans son bureau, mais il n'était pas là.

 21   Q.  Etait-ce le 4 septembre ?

 22   R.  Il faudrait que je regarde cela.

 23   Q.  Pourriez-vous le faire quand vous aurez la possibilité de le faire

 24   parce que c'est quelque chose qui est vraiment important pour nous, donc on

 25   voudrait savoir si c'est à cette occasion-là que vous avez parlé de cela.

 26   R.  Mais on a déjà parlé de cela quand on l'avait informé de cet incident

 27   d'incendie volontaire.

 28   Q.  Peut-être que votre déclaration préalable va nous être utile, vous vous

Page 12031

  1   souvenez avoir fait une référence concrète --

  2   R.  Il faudrait que je regarde -- c'est effectivement dans le paragraphe 6.

  3   Mais il faudrait que j'examine le rapport, le rapport concret qui parle de

  4   cela. Donc c'est dans le paragraphe 6, de toute façon.

  5   Q.  Pourriez-vous lire ce paragraphe ? Parce que j'ai une question à vous

  6   poser, et pourriez-vous le faire avec beaucoup d'attention ?

  7   R.  C'est fait.

  8   Q.  A la relecture de ce paragraphe, est-ce qu'en réalité ce n'est pas

  9   l'incident d'incendie que vous avez pu remarquer à Grubori le 25 août --

 10   R.  Non.

 11   Q.  Laissez-moi terminer la question, s'il vous plaît, donc que vous avez

 12   pu remarquer et que vous êtes venue dire aux personnes se trouvant dans le

 13   bureau du général Cermak. Est-ce que ce n'était pas le même incident ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Comment vous pouvez être aussi sûre ?

 16   R.  Parce que, vous savez, je me souviens très bien de Grubori. C'était une

 17   longue journée, et je ne me souviens même pas d'être allée au bureau de

 18   Cermak moi-même. Mais je me souviens en revanche qu'après Grubori,

 19   évidemment, on observait Plavno de près, et on est revenus quelques jours

 20   plus tard, et il y avait un incident similaire qui a eu lieu.

 21   Q.  On va parler de Grubori puisque vous dites que vous savez.

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Dans ce paragraphe 6, vous dites que vous avez informé le bureau de M.

 24   Cermak. Qui s'y trouvait, dans le bureau de M. Cermak ? Quelles personnes

 25   vous avez informées ?

 26   R.  Il y avait plusieurs personnes. Il y avait une personne qui est venue

 27   nous voir, on a laissé le message au coordinateur et on a dit qu'on est

 28   allés au QG.

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  1    Q.  Donc vous dites qu'après tout ce temps vous ne pouvez pas me donner le

  2   nom de la personne ?

  3   R.  Non.

  4   Q.  Est-ce que vous pourriez me fournir le rapport du HRAT faisant part de

  5   l'incident ?

  6   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, puis-je ? En

  7   fait, lors de l'interrogatoire principal, j'ai demandé que l'on présente la

  8   pièce P36 qui fait état de cette question --

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 10   Mme HIGGINS : [interprétation]

 11   Q.  Puis-je vous poser la question suivante, Madame Mauro : vous avez dit

 12   qu'à plusieurs reprises des détails ont été fournis. Vous avez attiré mon

 13   attention sur celui-ci où vous faites la distinction entre cela et Grubori.

 14   Est-ce que vous pouvez m'indiquer d'autres incidents spécifiques mentionnés

 15   dont le bureau de M. Cermak a été informé, comme vous le dites ?

 16   R.  Non.

 17   Q.  Bien.

 18   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président --

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Pas à travers moi.

 20   Mme HIGGINS : [interprétation] Merci.

 21   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Juste un point à soulever --

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne sais pas ce que vous allez dire,

 23   Madame Mahindaratne, mais vous pouvez soulever votre question lors des

 24   questions supplémentaires.

 25   Je pense que Mme Higgins a voulu poser la question de façon concrète pour

 26   savoir s'il y avait un rapport et puisque ceci a fait objet de

 27   l'interrogatoire principal, je pense qu'il n'est pas inutile d'indiquer la

 28   pièce P36. Mais il faut que nous nous abstenions d'intervenir lors de

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  1   l'interrogatoire mené par d'autres parties.

  2   Donc, à moins que vous êtes sûr d'avoir quelque chose de tout à fait

  3   approprié à soulever, je pense que vous devriez garder vos questions et

  4   commentaires pour les questions supplémentaires.

  5   Mme HIGGINS : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît.

  6   [Le conseil de la Défense se concerte]

  7   Mme HIGGINS : [interprétation] Merci.

  8   Q.  Nous allons revenir maintenant au camp de l'ONU, car je suis encore

  9   intéressée à vos contacts avec M. Cermak. Nous allons revenir à la date du

 10   7, et peut-être ça peut vous rafraîchir la mémoire, si nous considérons

 11   cela comme une question qui était retenue. Vous vous souvenez de la date de

 12   l'arrivée de la délégation de M. Akashi; je crois que vous vous en

 13   souvenez, d'après votre déclaration de 2000.

 14   R.  Je ne me souviens pas vraiment de la date. Mais je me souviens que la

 15   délégation d'Akashi est arrivée.

 16   Q.  Est-ce que vous faisiez partie du groupe qui a parlé avec M. Akashi ?

 17   R.  Non. Je l'ai simplement vu.

 18   Q.  Est-ce que vous vous souvenez si vous avez vu M. Cermak ce jour-là ?

 19   R.  Je crois.

 20   Q.  Est-ce que vous vous souvenez si vous lui avez parlé ce jour-là ?

 21   R.  Je ne suis pas sûre.

 22   Q.  Bien. Est-ce que vous avez appris à un moment donné lors de vos

 23   sessions d'information que M. Cermak avait fait part de son désir fort -

 24   d'après les mots de M. Akashi - de faire en sorte que toutes les personnes

 25   dans le camp restent à Knin et continuent à y vivre ?

 26   R.  Je ne suis pas sûre que j'ai compris votre question.

 27   Q.  Si l'on revient à l'incident concernant l'arrivée de la délégation de

 28   M. Akashi, est-ce que vous avez appris pendant vos sessions d'information

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  1   que M. Akashi a dit que M. Cermak souhaitait fortement que ces personnes

  2   dans le camp continuent à vivre à Knin et aux alentours ?

  3   R.  Pendant ces journées-là, notre priorité était d'obtenir la nourriture,

  4   l'eau et la liberté de déplacement, car nous n'avions pas le droit d'aller

  5   où que ce soit, et nous n'avions pas suffisamment de vivres. Puis, c'était

  6   presque fini car nous avions accueilli un certain nombre de personnes qui

  7   n'étaient pas prévues au départ.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Mauro, je vais vous arrêter là.

  9   Je comprends que vous aviez d'autres priorités à l'époque, mais Me Higgins

 10   souhaite savoir si lors de vos sessions d'information vous avez appris que

 11   M. Cermak souhaitait fortement que ceux qui vivaient dans le camp

 12   continuent à vivre à Knin et aux alentours. Et même si vous vous occupiez

 13   d'autres activés plus pressantes, je crois que Mme Higgins souhaite avoir

 14   une réponse.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Je me souviens qu'il y a eu des

 16   discussions avec Sarinic. C'était un participant important aux sessions

 17   d'information à l'époque.

 18   Mme HIGGINS : [interprétation]

 19   Q.  Est-ce que ça a eu lieu le 8 ?

 20   R.  Ça dépend --

 21   Q.  Nous allons maintenant nous pencher sur le rapport du HRAT.

 22   Mme HIGGINS : [interprétation] Peut-on le placer à l'écran, s'il vous

 23   plaît. C'est la page 2, au fond de la page.

 24   Q.  Un rapport de M. Cermak qui s'adresse au comité chargé des personnes

 25   disparues dans l'enceinte.

 26   R.  Je n'ai pas assisté à cette réunion.

 27   Q.  C'est bien. Mais je souhaite que vous nous répondiez au sujet de la

 28   méthode et du mécanisme des sessions d'information que vous avez eues. Est-

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  1   ce que vous avez appris, vous voyez au fond de la page, ligne 2 en allant

  2   du fond de la page : "Aujourd'hui, cependant, le général Cermak est venu

  3   dans la base et a remis, en présence de l'ONU, au comité chargé des

  4   personnes déplacées…"

  5   Mme HIGGINS : [interprétation] Page suivante.

  6   Q.  Et vous pouvez lire vous-même, Madame Mauro. Ceci concerne l'arrivée

  7   afin de transmettre au gouvernement croate sa position concernant leur

  8   réintégration et afin de les rassurer en fournissant des informations

  9   concernant les personnes déplacées en indiquant que leurs droits seraient

 10   garantis à Knin et dans la région, ce qui s'étendait aussi à la

 11   citoyenneté, la nourriture, l'aide, l'emploi, et cetera.

 12   Est-ce que vous étiez présente lorsque M. Cermak a souligné que la Croatie

 13   ne souhaite pas avoir une ville morte et souhaitait que ces personnes

 14   continuent à y vivre ?

 15   Est-ce que vous voyez cela, est-ce que vous avez appris cela à

 16   l'époque ou peu de temps après, que c'était en réalité la position de M.

 17   Cermak ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Merci. Encore une fois, nous savons, d'après la manière dont vous avez

 20   formulé cela dans votre déclaration, que vous vous souvenez qu'il était

 21   venu à la base de l'ONU afin de se renseigner au sujet de la situation là-

 22   bas. Est-ce que vous êtes allée voir, en réalité, le document qui avait été

 23   rendu public suite à l'intervention de M. Cermak ? Je vais vous donner

 24   l'opportunité de le voir.

 25   Mme HIGGINS : [interprétation] Il s'agit de D300.

 26   Q.  Madame Mauro, est-ce que vous pouviez lire la langue croate à l'époque

 27   où vous étiez à Knin ?

 28   R.  Non.

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  1   Q.  Est-ce que vous pourriez examiner la traduction anglaise et voir si

  2   vous étiez déjà au courant de cela ?

  3   R.  Je ne me souviens pas.

  4   Q.  S'agissant des conversations que vous avez eues avec

  5   M. Cermak, est-ce que vous pourriez me donner un indice concernant le

  6   nombre de conversations que vous avez eues avec lui ?

  7   R.  Quelques-unes.

  8   Q.  Toutes ces conversations ont eu lieu dans la base de l'ONU elle-même ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Je sais, d'après votre déclaration de 2008, page 3, que vous avez fait

 11   référence au fait que vous aviez enregistré ou pris note de vos

 12   observations à l'époque dans un cahier. C'est ce que vous avez dit dans

 13   votre déclaration. Encore une fois, si vous souhaitez, veuillez examiner

 14   cela à la page 3, paragraphe 12.

 15   Est-ce que vous avez encore votre cahier de l'époque ?

 16   R.  Non. Malheureusement, non. Mais excusez-moi, vous parlez de quelle

 17   partie ?

 18   R.  Paragraphe 12 de la déclaration de 2008, où il est dit : "Au cours de

 19   nos patrouilles, nous avons pris note de nos observations dans nos cahiers

 20   individuels."

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Je souhaite savoir s'ils existent encore.

 23   R.  Non.

 24   Q.  Est-ce que vous savez ce qui est arrivé à vos cahiers ?

 25   R.  Ça a été brûlé, ou jeté, ou détruit.

 26   Q.  Détruit quand, est-ce que vous le savez ?

 27   R.  C'est nous qui l'avions fait. Après que l'on terminait un cahier, une

 28   fois le cahier terminé, d'habitude, on ne les gardait pas car les

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  1   informations étaient gardées dans l'ordinateur.

  2   Q.  Est-ce que vous vous souvenez avoir eu une réunion formelle avec M.

  3   Cermak au bâtiment de la garnison ?

  4   R.  Non.

  5   Q.  Est-ce que dans le cadre de vos patrouilles vous n'avez jamais demandé

  6   d'avoir une réunion officielle avec lui ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  Pourquoi pas ? Est-ce qu'il y a une raison en particulier pour laquelle

  9   ceci n'aurait pas été approprié ?

 10   R.  D'habitude, ceci concernait le général Forand et M. Al-Alfi, donc ceci

 11   suffisait.

 12   Q.  Les quelques conversations que vous avez eues dans la base, je suppose

 13   qu'elles ont eu lieu en présence d'autres personnes qui y étaient à

 14   l'époque, n'est-ce pas ?

 15   R.  Oui, comme l'interprète.

 16   Q.  Oui. Y a-t-il eu d'autres personnes présentes au cours de ces

 17   conversations avec M. Cermak ?

 18   R.  C'est possible.

 19   Q.  A la page 2 de votre déclaration de 2008, paragraphe 5, vous faites

 20   référence aux occasions lors desquelles vous avez parlé avec Cermak, et

 21   voici vos observations, vous avez dit : "Lors de ces occasions, il donnait

 22   l'impression d'être prêt à coopérer et à chaque fois s'assurait qu'il

 23   allait se pencher sur la question et qu'il souhaitait être informé des

 24   activités criminelles, s'il y en a eu…"

 25   Est-ce que vous voyez cela, Madame Mauro ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Est-ce qu'il est exact de dire que d'après vos contacts brefs avec M.

 28   Cermak dans la base de l'ONU, qu'il a fait preuve de l'esprit de

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  1   coopération, il essayait d'aider ?

  2   R.  C'est ce que j'ai dit.

  3   Q.  Oui. Est-ce qu'il est exact de dire que compte tenu de vos fonctions à

  4   Knin à l'époque, vous n'étiez pas au courant de ses connaissances, ni de

  5   ses ressources à sa disposition, ni de ce qu'il était autorisé à faire ?

  6   Vous ne le savez pas, n'est-ce pas ?

  7   R.  Apparemment c'était un point de repère.

  8   Q.  Je comprends cela. Ma question est un peu plus concrète, s'agissant des

  9   ressources dont il disposait, vous ne le saviez pas ni quelle était

 10   l'autorité qu'il avait afin de venir en aide.

 11   Est-ce que vous voyez la différence ?

 12   R.  Les ressources, je ne sais pas.

 13   Q.  Oui.

 14   R.  L'autorité -- ceci a été dit car il souhaitait être tenu informer et

 15   puis, il était rassurant. Il disait que la situation était sous le contrôle

 16   et que d'autres personnes -- je pense que le chef de la police aussi avait

 17   fait référence au général Cermak, je ne suis pas tout à fait sûre.

 18   Mais c'était un point de repère et lui, il était tout à fait

 19   rassurant dans son attitude.

 20   Q.  S'agissant du repère, je ne suis pas en désaccord avec vous, Madame

 21   Mauro. Ma question concernait, par exemple, la question de savoir si vous

 22   n'avez jamais reçu ou si vous saviez quelles étaient ses fonctions exactes

 23   en Croatie à l'époque.

 24   R.  Au début, il n'y a pas eu d'autorité civile; donc, il était compétent,

 25   il avait la juridiction sur l'ensemble de la région.

 26   Q.  Dans votre interrogatoire principal, vous avez dit que vos suppositions

 27   concernant son autorité se fondaient sur ses contacts avec le chef du

 28   secteur sud ou avec des échelons supérieurs de l'hiérarchie.

Page 12040

  1   Vous vous en souvenez ?

  2   R.  Nous n'avions pas vraiment de point de référence, sauf le chef de la

  3   police, Romanic, puis après, soudainement, il est parti. Donc, ça a duré un

  4   certain temps seulement.

  5   Q.  Oui. Mais vous avez dit qu'il avait une juridiction totale sur cette

  6   région. Mais vous ne savez même pas quel était son poste exact, n'est-ce

  7   pas ?

  8   R.  Général Cermak ?

  9   Q.  Oui.

 10   R.  Il était gouverneur militaire.

 11   Q.  Nous en traiterons tout à l'heure. Est-ce que vous savez combien de

 12   membres de personnel avaient M. Cermak ?

 13   R.  Non.

 14   Q.  Dans votre déclaration, vous parlez de ses assistants. Vous parliez de

 15   qui ?

 16   R.  Il y avait toujours des soldats autour de lui.

 17   Q.  Comment s'appelaient-ils ?

 18   R.  Je ne sais pas, car il était notre seul interlocuteur, si vous voulez…

 19   Q.  Est-ce que vous étiez au courant d'une structure qui avait été

 20   développée entre l'ONU et le gouvernement croate dans le cadre duquel un

 21   système de liaison a été établi et des officiers ont été affectés afin

 22   d'aider au travail de liaison ?

 23   R.  Je me souviens qu'à Zadar il y avait un bureau civil, en réalité, qui

 24   était censé être notre point de référence, puis, j'ai aussi lu un rapport,

 25   et je me souviens que notre coordinateur nous disait qu'il essayait de

 26   fixer une réunion depuis des semaines et à la fin, nous avons réussi à

 27   avoir une réunion au bout de quelques semaines ou quelques mois - je ne me

 28   souviens pas - et j'y ai assisté à l'époque.

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  1   Q.  S'agissant des assistants dont vous avez parlé, est-ce que vous parlez

  2   en réalité des officiers de liaison, peut-être M. Dondo ou Lukic [comme

  3   interprété] ? Est-ce que ces noms vous disent quelque chose ?

  4   R.  Non. Probablement il y a 13 ans, ça aurait été le cas, mais là,

  5   maintenant non, absolument non.

  6   Q.  Avez-vous jamais rencontré M. Cermak avant qu'il ne vienne à Knin ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  Est-ce que vous savez à quel moment il a été affecté à son poste à Knin

  9   ?

 10   R.  Lorsque je l'ai vu.

 11   Q.  Est-ce que vous saviez quand --

 12   R.  Non, pour autant que je le sache, c'était lorsque je l'ai vu. Mais je

 13   ne sais rien d'autre.

 14   Q.  Avez-vous vu des documents croates qui affectaient M. Cermak à son

 15   poste ?

 16   R.  Non.

 17   Q.  Pour revenir à la question que j'ai soulevée tout à l'heure, il est

 18   exact que vous n'avez pas vu une description réelle du poste de M. Cermak

 19   ou un mandat l'indiquant; est-ce exact ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Après l'opération Tempête, est-ce que vous avez reçu personnellement

 22   des instructions formelles concernant la manière dont la nouvelle

 23   administration civile et militaire fonctionnait à Knin et autour de Knin ?

 24   R.  Nous savions que notre point de référence était le général Cermak et

 25   que les autorités civiles n'étaient pas encore mises en place, elles

 26   allaient être établies; ensuite, je ne me souviens pas au bout de combien

 27   de semaines ou de jours M. Romanic est venu.

 28   Q.  Encore une fois, ma question était tout à fait concrète, je vais y

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  1   revenir. Est-ce que vous avez reçu des instructions formelles concernant la

  2   manière dont la nouvelle administration civile et militaire devaient

  3   fonctionner à Knin et aux alentours ?

  4   R.  Pas plus que ce que j'ai déjà dit.

  5   Q.  Or, ce que vous avez dit précédemment est que M. Cermak était un point

  6   de référence, je ne suis pas en désaccord avec cela. Mais ma question porte

  7   sur l'instruction formelle.

  8   R.  Nous avons appris qu'à Zadar ils allaient établir un autre point de

  9   référence pour nous, mais je dois dire que de ce point de vue-là, c'était

 10   la confusion, on n'avait pas une idée claire de ce qui se passait.

 11   Q.  Je vais enchaîner sur ce que vous avez dit au sujet de la confusion;

 12   est-ce qu'il est exact de dire qu'il y avait un élément de confusion lié à

 13   la question de savoir qui était M. Cermak et quel était son travail ?

 14   R.  Non. Non, parce qu'en réalité la plupart des personnes dans la région

 15   étaient des militaires.

 16   Q.  Bien. Compte tenu de vos fonctions particulières et compte tenu du fait

 17   que vous êtes restée pendant une période relativement limitée dans la

 18   région et que vous étiez limitée par les événements qui sont survenus après

 19   l'opération Tempête, est-ce qu'il exact de dire que vous n'étiez pas au

 20   courant du fonctionnement de l'opération de la structure militaire croate

 21   après l'opération Tempête ?

 22   R.  C'est un domaine qui ne m'intéressait pas particulièrement, ceci

 23   relevait des observateurs militaires de l'ONU.

 24   Q.  Donc, vous êtes d'accord pour dire que vous n'étiez pas au courant de

 25   cet aspect-là ?

 26   R.  Non. Je ne sais pas ce à quoi ressemblaient les structures militaires

 27   croates.

 28   Q.  Et vous ne saviez pas comment une garnison fonctionnait en Croatie,

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  1   n'est-ce pas ?

  2   R.  Je ne suis pas une militaire.

  3   Q.  Non. La raison pour laquelle je vous pose cette question est parce que

  4   vous semblez croire que vous pouvez dire des choses concernant la

  5   juridiction générale de certaines personnes; donc je suis sûr que vous

  6   comprenez les raisons pour lesquelles je teste vos connaissances.

  7   La question suivante est de savoir si à l'époque ou peu de temps après,

  8   vous avez appris qu'il n'y a pas eu de poste de gouverneur militaire en

  9   Croatie ?

 10   R.  Non, pas exactement.

 11   Q.  Lorsque mon éminent collègue vous a demandé d'énumérer les facteurs sur

 12   lesquels vous vous êtes fondée pour dire que vous supposiez que M. Cermak

 13   était l'autorité principale dans la région, vous avez dit que sans aucun

 14   doute c'était le cas, car au sein de notre hiérarchie, la personne avec qui

 15   nous étions en contact était lui, et il y avait en réalité une liaison

 16   entre le général Forand et le général Cermak; est-ce exact ?

 17   R.  Pas tout à fait.

 18   Q.  C'est ce que vous avez dit, peut-être que vous pouvez nous aider.

 19   R.  Oui. J'ai dit qu'il était en liaison formellement avec M. Forand et M.

 20   Al-Alfi, mais il était la seule personne avec laquelle nous pouvions être

 21   en contact. C'est ce que j'ai dit et c'est ce que je répète. Il n'y avait

 22   personne d'autre avec qui nous aurions pu communiquer.

 23   Q.  Les informations que vous aviez concernant son autorité et son titre se

 24   fondaient sur ce que d'autres au sein de l'ONU vous avaient dit; est-ce

 25   exact ?

 26   R.  Mes collègues.

 27   Q.  Vos collègues. Où avez-vous obtenu l'information indiquant que M.

 28   Cermak était le gouverneur de Knin ?

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  1   R.  On en parlait ainsi.

  2   Q.  Qui ça ?

  3   R.  Tout le monde.

  4   Q.  Est-ce que vous vous souvenez qui vous avait donné cette information ?

  5   R.  Ce n'était pas vraiment une information. C'est comme ça qu'on

  6   l'appelait.

  7   Q.  Au sein de l'ONU ?

  8   R.  Oui. Aucun d'entre nous ne parlait la langue croate là-bas, donc je ne

  9   sais pas si les Croates en parlaient ainsi aussi, mais les interprètes

 10   utilisaient ce terme dans leur interprétation.

 11   Q.  Avez-vous jamais appris qu'il était nommé au poste du commandant de

 12   garnison, que c'était son titre exact ?

 13   R.  Non, je ne savais pas qu'il était un commandant de garnison.

 14   Q.  Je souhaite que l'on passe maintenant à un autre sujet, et je souhaite

 15   que l'on passe à la question de notification de M. Cermak au sujet des

 16   crimes qui se déroulaient dans la région.

 17   Pour vous permettre d'avoir un point de repère, Madame Mauro, je vous

 18   indique que nous allons nous pencher sur votre déclaration de 2003, page 3

 19   de cette déclaration.

 20   Je vais vous donner lecture de la page 2 où il est dit : "Je sais que

 21   Cermak et ses assistants ont entendu parler à plusieurs reprises des

 22   meurtres, des pillages et des incendies criminels des maisons serbes."

 23   Est-ce que vous vous en souvenez ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Encore une fois, vous le savez, car d'autres personnes au sein de

 26   l'ONU, qui étaient plus haut placées que vous, vous ont dit, et c'était les

 27   personnes qui avaient eu des réunions avec M. Cermak, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui. Mis à part cela, on l'avait rencontré plusieurs fois. On

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  1   partageait les informations au sein des ONU de l'ONU.

  2   Q.  Vous dites aussi : "Je me souviens d'un officiel croate" - c'est à la

  3   même page - "un officier croate qui disait que c'était certainement une

  4   vengeance pour ce qui s'était passé auparavant, et que certaines de ces

  5   personnes faisaient partie des groupes non contrôlés."

  6   S'agissait-il là d'un point de vue fréquent concernant la cause des crimes

  7   ?

  8   R.  Oui, la vengeance, oui, c'était -- l'une des questions.

  9   Q.  Dans votre déclaration, vous n'avez pas attribué cela à un officiel en

 10   particulier, donc je suppose que c'est en raison du temps qui s'est écoulé,

 11   mais vous ne vous souvenez pas ?

 12   R.  Je me souviens qu'il y avait un certain --

 13   L'INTERPRÈTE : Nom inaudible.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] -- qui venait d'une délégation de --

 15   L'INTERPRÈTE : Nom inaudible.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] -- qui est venu une fois. Il y avait des

 17   officiels de la Croix-Rouge qui venaient de temps en temps.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous dites que vous ne savez pas

 19   exactement qui vous l'a dit, ensuite vous faites référence à deux membres

 20   du parlement, et des gens de la Croix-Rouge. Est-ce que vous vouliez dire

 21   qu'il y avait l'un des deux membres du parlement ou bien la Croix-Rouge ou

 22   les deux membres du parlement ? Quelle est votre réponse ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne me rappelle pas exactement, mais je me

 24   rappelle que la vengeance était l'un des motifs qui avait été invoqués pour

 25   ce qui se passait pour les parlementaires. Mais vous savez, il y avait

 26   cette grande délégation qui venait, et on parlait à quelqu'un à

 27   l'extérieur. C'était --

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais maintenant, vous utilisez le

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  1   pluriel, "les parlementaires."

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez également parlé un peu plus

  4   tôt de la Croix-Rouge. Est-ce que vous avez appris cela d'une personne qui

  5   était un parlementaire ou de quelqu'un qui était de la Croix-Rouge ou de

  6   davantage de personnes ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'ai entendu de plusieurs personnes, mais

  8   je ne me rappelle pas qui c'était.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 10   Veuillez poursuivre, Madame Higgins.

 11   Mme HIGGINS : [interprétation]

 12   Q.  Je voudrais maintenant en venir à un exemple précis qui remonte à votre

 13   déclaration de 2000, et je vais vous la relire de façon à ce que vous

 14   puissiez l'avoir devant vous. Le passage est le suivant : "Je connais le

 15   fait que le général Forand se plaignait régulièrement au général Cermak, et

 16   j'ai connaissance d'une lettre ou d'un rapport envoyé par Cermak à Forand

 17   suggérant que les maisons n'avaient pas été incendiées et qu'il n'y avait

 18   aucun problème."

 19   Est-ce que vous vous rappelez de cet aspect de votre déclaration ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Maintenant, Mademoiselle Mauro, est-ce que vous avez jamais vu le

 22   document auquel vous vous référez ici vous-même avec la signature sur le

 23   document ?

 24   R.  Je ne suis pas sûre.

 25   Q.  Nous savons, d'après votre interrogatoire principal, que le 4 septembre

 26   - ma consoeur s'est référée à la pièce P36 qu'on a vue à l'écran pendant

 27   votre déposition - on vous a dit que le 4 septembre, M. Cermak était absent

 28   de la ville; vous vous rappelez cela ?

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  1   R.  Je me rappelle que nous avons vu ce passage.

  2   Q.  Oui. Alors est-ce que vous savez ou est-ce que vous saviez à l'époque

  3   quand M. Cermak a quitté la ville et quand il est revenu en ville ? Est-ce

  4   qu'on vous a donné ces renseignements à un moment quelconque ?

  5   R.  Non.

  6   Q.  Vous avez parlé pendant votre interrogatoire principal à l'attitude de

  7   dénégation qui se manifestait, et c'est quelque chose sur lequel je

  8   souhaiterais qu'on s'arrête un instant.

  9   Lors des séances de débriefing qui ont eu lieu avec M. Al-Alfi, est-ce

 10   qu'on vous a informée à l'époque de la position de M. Cermak, à savoir que

 11   les crimes ou les délits avaient effectivement lieu et étaient considérés

 12   comme une honte pour la Croatie ? Est-ce que ceci a été porté à votre

 13   attention ?

 14   R.  C'est possible.

 15   Q.  Est-ce que je pourrais voir si je peux vous aider en parlant des

 16   rapports de l'époque de M. Al-Alfi parce que ceci pourrait peut-être vous

 17   rafraîchir la mémoire.

 18   Mme HIGGINS : [interprétation] Monsieur le Greffier, est-ce qu'on pourrait

 19   voir la pièce D56, s'il vous plaît, à l'écran, et pourrais-je voir la page

 20   3 du document en question, s'il vous plaît.

 21   Q.  Alors juste pour le compte rendu, Madame Mauro, il s'agit d'un rapport

 22   de l'ONU adressé par M. Al-Alfi en date du 18 août, et adressé à M. Pavo

 23   Pitkinen [phon] au quartier général de l'ONU à Zagreb. Il parle là d'une

 24   réunion qu'il a eue cet après-midi-là avec le général Cermak, et il parle

 25   d'autres personnes qui étaient présentes au cours de cette réunion.

 26   Si vous regardez le paragraphe 2 de cette page, on lit que : "Au cours de

 27   la réunion, j'ai également appelé l'attention du général Cermak sur notre

 28   préoccupation concernant les rapports continus selon lesquels il y avait

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  1   des maisons et des fermes qui étaient incendiées dans les villages et du

  2   pillage, je lui ai demandé quelles étaient les mesures prises de son côté

  3   pour arrêter et empêcher de tels actes. Le général Cermak a partagé cette

  4   préoccupation avec nous et a exprimé son inquiétude et son déplaisir du

  5   fait que ça continuait. Il a promis que des mesures musclées seraient

  6   prises contre ceux qui commettaient de tels actes. Il a également expliqué

  7   que certains de ces actes étaient peut-être commis par des civils qui

  8   revenaient dans le secteur pour chercher à se venger, en prenant avantage

  9   du fait que les restrictions avaient été levées en ce qui concerne leur

 10   déplacement dans le secteur."

 11   Madame Mauro, y a-t-il quelque dénégation en ce qui concerne cette réponse

 12   de M. Al-Alfi ?

 13   R.  Non. C'était dans la lettre de septembre.

 14   Q.  Mais je vous pose la question maintenant en ce qui concerne --

 15   R.  Non. J'ai dit non.

 16   Q.  -- ce document dans ce contexte.

 17   R.  Non, non.

 18   Q.  Je vous remercie.

 19   Mme HIGGINS : [interprétation] Le D151, s'il vous plaît, Monsieur le

 20   Greffier.

 21   Q.  Juste pour le compte rendu encore, tandis que l'on présente ce document

 22   à l'écran, il est daté d'une semaine plus tard environ. Là encore, la

 23   présentation est la même que celle du rapport de M. Al-Alfi adressé au

 24   quartier général de l'ONU à Zagreb, et il est daté du 24 août.

 25   Sur la première page, nous voyons une référence, là il est question de 13

 26   heures 30 de l'après-midi, le général Forand a une réunion avec le général

 27   Cermak, réunion tenue dans le bureau du général Cermak et --

 28   L'INTERPRÈTE : Inaudible.

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  1   Mme HIGGINS : [interprétation] -- participe à la réunion. Alors le fait est

  2   que -- M. Al-Alfi; c'est bien cela ?

  3   R.  Oui, si c'est de lui, si c'est de lui.

  4   Q.  Oui.

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Est-ce que je pourrais aller à la page suivante, s'il vous plaît,

  7   paragraphe 5. Vous voyez une référence qui est faite au fait que : "Nous

  8   avons porté la question du fait que des maisons continuaient à brûler et

  9   que les pillages continuaient dans le secteur à l'attention du général

 10   Cermak, et nous lui avons demandé de mettre fin à de tels actes. Il a

 11   accepté ce fait en ce qui concerne la continuation de tels incidents…" et

 12   vous pouvez voir à qui il les attribuait si vous continuez à lire le

 13   paragraphe. Je ne vais pas vous faire repasser l'ensemble. Vous voyez que

 14   là il fait une référence au fait qu'à son avis le secteur est très vaste et

 15   que ce serait mentir de sa part s'il nous disait que rien de ce genre ne

 16   continuerait de se passer."

 17   Vous voyez cela ?

 18   R.  Nous ne comprenions pas pourquoi les ordres stricts qui étaient donnés

 19   ne parvenaient pas aux gens sur le terrain.

 20   Q.  Mademoiselle Mauro, vous ne pouvez pas m'aider avec la question de

 21   l'autorité factuelle de facto que M. Cermak avait en fait, n'est-ce pas ?

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mlle Mauro nous dit ce qui lui est venu

 23   à l'esprit et, bien entendu, il n'y a pas lieu d'essayer de creuser cela.

 24   Mais, Me Higgins, elle nous a dit qu'ils ne comprenaient pas cela à

 25   l'époque --

 26   Mme HIGGINS : [interprétation] Oui.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- ce qui est une observation

 28   personnelle, et elle est en droit de comprendre ça dans sa réponse.

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  1   Veuillez poursuivre.

  2   Mme HIGGINS : [interprétation] Merci. Finalement, pourrais-je voir à

  3   l'écran, s'il vous plaît, le D59.

  4   Q.  Mademoiselle Mauro, pendant le temps que vous avez passé à Knin -

  5   tandis qu'on attend de voir ce document à l'écran - est-ce que vous avez eu

  6   la possibilité d'avoir accès à certains articles des médias croates quand

  7   ils étaient publiés ?

  8   R.  Quand j'avais le temps.

  9   Q.  Oui. Est-ce qu'il y avait là quelqu'un pour vous aider avec la

 10   traduction de ces articles ?

 11   R.  Oui, bien sûr.

 12   Q.  Pourrais-je vous demander de jeter un coup d'œil à cet article, article

 13   de l'un des journaux, Slobodna Dalmacija, et daté du 7 septembre 1995.

 14   Il s'agit d'une interview de M. Cermak, et vous pouvez voir là où s'est

 15   indiqué : "Il y a une volonté très nette, il n'y a pas de place pour les

 16   pilleurs dans l'armée croate." Si vous lisez simplement cet article vous-

 17   même un instant, s'il vous plaît.

 18   Est-ce que cet article a été porté à votre attention à ce moment-là ?

 19   R.  Non.

 20   Q.  Vous pouvez voir que cet article parle du lancement des opérations

 21   visant à résoudre les problèmes sur place, et ceci a trait notamment à

 22   l'appropriation illégale d'appartements, à du pillage et au fait

 23   d'incendier certaines maisons.

 24   Est-ce que c'était quelque chose qui n'a été jamais évoqué au cours de ces

 25   réunions de débriefings, Mademoiselle Mauro ?

 26   R.  Dans notre débriefing, ce qui était dit c'était le contraire.

 27   Q.  Oui.

 28   R.  Donc ceci ne pouvait pas être évoqué parce qu'effectivement, nous

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  1   étions là tous les jours à remarquer que malheureusement, ceci continuait

  2   et que les gens se trouvaient encore dans une situation terrible et que des

  3   cadavres étaient exhumés --

  4   Q.  Oui.

  5   R.  -- et trouvés, des personnes âgées.

  6   Q.  Je comprends.

  7   R.  Donc non, ceci n'était pas dit au débriefing, malheureusement, il y

  8   avait ces éléments d'action substantielle et déterminée que nous

  9   dénoncions.

 10   Q.  La raison pour laquelle je vous pose la question est parce que certains

 11   des rapports provenant de M. Al-Alfi lui-même qui dirigeait ces réunions,

 12   j'essaie de vous donner la possibilité de faire des commentaires à ce

 13   sujet.

 14   R.  Si je peux continuer, probablement que nous comprenions qu'il y avait

 15   une différence entre les faits et paroles.

 16   Q.  Vous m'avez aidée autant que possible en ce qui concerne ces rapports.

 17   Finalement, ce que je souhaiterais voir avec vous c'est la question de

 18   Grubori, si on peut en traiter brièvement.

 19   Vous avez déjà expliqué que, et nous l'avons vu dans le rapport dans lequel

 20   vous êtes allée présenter vos préoccupations à M. Romanic, vous avez eu une

 21   réunion avec M. Romanic, vous lui demandez de venir à une réunion avec les

 22   résidents locaux dans la vallée de Plavno --

 23   R.  Oui.

 24   Q.  -- et ceci doit avoir lieu le 25 août; c'est exact ?

 25   R.  Alors, je suppose qu'il organise cela parce que nous aurions pu aller

 26   immédiatement voir les conditions des gens qui se trouvaient là et on

 27   aurait pu revenir immédiatement. Mais nous lui avons, à l'évidence, donné

 28   la possibilité de décider quand c'était le plus commode pour lui, donc il a

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  1   fixé une date.

  2   Q.  Nous savons, d'après l'un de vos rapports, le rapport qui traite de

  3   cette réunion, qu'il avait été proposé qu'à la fois lui et M. Pasic, qui

  4   était commissaire du gouvernement, assisteraient tous deux à Plavno, et

  5   cela le 25 août.

  6   R.  Je ne me rappelle pas M. Pasic. C'est possible, mais je ne me rappelle

  7   pas M. Pasic pour le moment. Je me rappelle M. Romanic. Il est venu à

  8   l'évidence avec quelqu'un d'autre, mais…

  9   Q.  Si vous reprenez ceci à partir des noms qui sont cités dans votre

 10   propre rapport HRAT; si vous voulez le voir, je suis sûr qu'on peut vous en

 11   fournir un exemplaire. C'est dans le P46.

 12   R.  Mais je ne nie pas que M. Pasic ne venait pas. Viendrait, excusez-moi.

 13   Q.  Vous étiez présente avec une équipe le 25 lorsque vous étiez en train

 14   de vous rendre au hameau de Zoric dans le secteur de Plavno, et c'est à ce

 15   moment-là que vous avez vu de la fumée de l'autre côté de la montagne, donc

 16   votre équipe s'est déplacée pour aller jusqu'à l'endroit que nous

 17   connaissons sous le nom de Grubori; c'est exact ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Est-ce que c'était bien ce jour-là qu'il y avait M. Flynn ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  M. Roberts ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  M. Romassev, membre de la police civile de l'ONU ?

 24   R.  C'est possible. Il y avait quelqu'un de la police civile de l'ONU. Ce

 25   n'était pas toujours la même personne, il y avait des rotations. Donc je ne

 26   me rappelle pas pour tous les jours ce qui se passait --

 27   Q.  Certainement, je comprends. Pouvez-vous m'aider pour  savoir qui

 28   d'autre se trouvait là comme membre de ce groupe ?

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  1   R.  Oui. Il y avait également quelqu'un du HCR de l'ONU. Je veux dire, une

  2   personne de ce bureau.

  3   Q.  Vous vous rappelez son nom ?

  4   R.  Olivier Mouquat.

  5   Q.  Comment dites-vous ?

  6   R.  Mouquat.

  7   Q.  Pouvez-vous l'épeler, s'il vous plaît.

  8   R.  M-o-u-q-u-a-t.

  9   Q.  Je vous remercie. Quelqu'un d'autre ?

 10   R.  En tant que fonctionnaire internationale, je ne me rappelle.

 11   Probablement qu'il y avait également un observateur militaire. Très

 12   probablement, mais je ne me souviens pas. Je me rappelle les personnes que

 13   j'ai évoquées.

 14   Q.  Alors maintenant, je vais vous demander -- excusez-moi. Veuillez

 15   poursuivre.

 16   R.  En ce qui concerne Alun Roberts, je ne suis pas absolument certaine, en

 17   fait, en ce qui concerne Alun Roberts. Je ne suis pas certaine qu'il nous

 18   ait rejoint, mais… oui.

 19   Q.  Je voudrais vous demander concernant le moment où vous avez quitté

 20   Grubori et vous êtes retournée à Knin.

 21   Vous nous avez dit, d'après votre première déclaration, que dans l'après-

 22   midi à 16 heures 30, "…nous nous sommes présentés au bureau du général

 23   Cermak afin qu'il puisse répondre, mais il n'y a pas eu de réponse ce jour-

 24   là."

 25   Vous rappelez-vous cette partie de votre déclaration à la page 5 ?

 26   R.  Je répète que ceci est exact, c'est un autre exemple où nous sommes

 27   allés et où nous n'avons pas eu de réponse. Donc probablement, ça a été

 28   deux fois parce que -- mais qu'est-ce que vous essayez de me demander ?

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  1   Q.  Pouvez-vous confirmer qu'à 16 heures 30 --

  2   R.  Oui.

  3   Q.  -- le 25, vous êtes allée au bureau de M. Cermak, comme vous l'appelez,

  4   et vous êtes allée là-bas avec qui ? Est-ce que vous vous rappelez ?

  5   R.  Je vous l'ai déjà dit. Je ne me rappelle même pas si je faisais partie

  6   de l'équipe qui est allée au bureau du général Cermak ce jour-là. Je me

  7   rappelle qu'il y a eu un autre cas, également dans le secteur de Plavno, où

  8   je suis allée, faisant partie de l'équipe jusqu'au bureau du général

  9   Cermak. Mais je me rappelle qu'une partie des gens qui se trouvaient là

 10   avec nous sont allés pour informer le général Cermak.

 11   Q.  Est-il exact qu'aucune de ces personnes qui en fait ont parlé au

 12   général Cermak lui-même n'ont pu lui parler ? Ils n'ont pas pu lui parler,

 13   ils ont parlé à M. Dondo, qui était l'un des officiers de liaison de HV.

 14   Pouvez-vous nous aider avec cela ?

 15   R.  Je regrette, je ne peux pas.

 16   Q.  Bien. Donc en fait, vous n'êtes pas sûre que vous êtes entrée dans le

 17   bâtiment ou si vous êtes restée à l'extérieur; c'est bien cela ?

 18   R.  Je ne suis même pas sûre que -- parce qu'il y avait plusieurs voitures.

 19   Q.  Oui.

 20   R.  Je ne suis pas sûre d'être allée dans le bureau ou d'être entrée au

 21   quartier général.

 22   Q.  Pourriez-vous nous aider pour le point de savoir si c'est vous la

 23   personne qui aurait eu une conversation avec Dondo ?

 24   R.  C'est bien moi ?

 25   Q.  Oui.

 26   R.  Si je vous dis que je ne me rappelle pas si je suis allée dans ce

 27   bureau.

 28   Q.  Je vous demande si vous vous rappelez une conversation, de façon à ce

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  1   que vous puissiez m'aider avec ce point, peut-être.

  2   R.  J'ai déjà dit non.

  3   Q.  Merci. Est-ce que vous vous rappelez ou vous ne pouvez pas vous

  4   rappeler si la question a été présentée ce jour-là, s'il y a eu un rapport

  5   ce jour-là par votre équipe à la police à Knin ?

  6   R.  Non.

  7   Q.  Vous ne pouvez pas vous rappeler ou vous ne savez pas ?

  8   R.  Non. Non. Je ne me rappelle pas.

  9   Q.  Bien. Est-ce que vous avez connaissance de la façon dont les enquêtes

 10   concernant les crimes de délit fonctionnaient au sein de la société croate

 11   à ce moment-là, après l'opération Tempête ?

 12   R.  C'est uniquement ce que l'on m'a dit concernant, par exemple, le

 13   pillage. Il ne faisait pas l'objet de poursuites.

 14   Q.  Est-ce que vous savez quoi que ce soit concernant la responsabilité de

 15   la police criminelle, de l'obligation qu'ils auraient d'enquêter sur des

 16   incidents qui avaient eu lieu ? Est-ce qu'il y avait quelque chose que vous

 17   saviez à ce sujet en tant que membre de patrouille ?

 18   R.  Non.

 19   Q.  Je vous remercie.

 20   R.  Mais on ne nous a pas demandé de rendre compte à la police criminelle.

 21   On ne nous a jamais demandé de rendre compte à la police criminelle.

 22   Q.  Je vous demande simplement si vous savez comment la police criminelle

 23   travaillait. Vous comprenez cela, Mademoiselle Mauro ?

 24   R.  Vous me demandez quelles étaient les responsabilités de la police

 25   criminelle, mais nous n'étions même pas au courant du fait qu'il existait

 26   une police criminelle. Alors comment pourrions-nous savoir de quoi ils

 27   étaient responsables pour ce qui est d'enquêter sur les incidents ?

 28   Q.  Vous avez eu une réunion avec M. Romanic. Combien de réunions avez-vous

Page 12058

  1   eues avec lui ?

  2   R.  Je ne peux pas les compter, et me rappeler, 13 ans plus tard,

  3   certainement pas.

  4   Q.  Est-ce que vous savez qui était le commandant du poste de police de

  5   Knin alors ?

  6   R.  Je l'ai vu. C'était -- au moins, il était le chef de la police, je

  7   crois qu'il y a une différence entre commandant et chef de police, je ne

  8   sais pas.

  9   Q.  Dans votre déclaration, vous avez dit qu'il n'y avait pas eu de réponse

 10   ce jour-là en ce qui concerne Grubori. Est-ce que vous avez appris qu'en

 11   fait l'officier de liaison dont j'ai parlé, M. Dondo, est allé à Grubori le

 12   lendemain et a fourni des renseignements à la police en Croatie ? Est-ce

 13   que vous étiez au courant de cela ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Est-ce que vous êtes retournée à Grubori, Madame Mauro ?

 16   R.  Oui. Parce que nous avons vu ces autres maisons qui brûlaient, comme je

 17   l'ai dit plus tôt.

 18   Q.  Est-ce que vous êtes jamais allée --

 19   R.  Pas Grubori, excusez-moi. Nous sommes allés à Plavno.

 20   Q.  A Plavno ?

 21   R.  Oui, à Plavno. De Grubori, pour ce qui est de venir de Knin, c'est sur

 22   le côté droit, et ensuite vous avez Zoric qui est du côté gauche, et en

 23   face de vous, vous avez un autre village, et il y a donc la grande vallée.

 24   Q.  Est-ce que vous êtes retournée au village de Grubori ou non ?

 25   R.  Non.

 26   Q.  Comment.

 27   R.  Je suis allée là-bas à l'école, oui. Il y avait des maisons qui se

 28   trouvaient en bas de la vallée. Je suis allée là-bas, mais je ne suis pas

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  1   remontée.

  2   Q.  Etant donné que vous aviez été l'une de celles qui étaient allées

  3   porter des renseignements à l'attention de M. Romanic pour programmer la

  4   réunion, est-ce que vous êtes jamais retournée trouver M. Romanic pour

  5   apprendre quel était le motif pour lequel il n'était pas là le 25 à la

  6   réunion ?

  7   R.  Je suis certaine, connaissant le contexte professionnel, de l'avoir

  8   fait. Mais je ne sais pas s'il était déjà parti à ce moment-là. Mais je ne

  9   me rappelle pas, oui.

 10   Q.  Quelle était la réponse ?

 11   R.  Là encore, je dis, je ne sais pas s'il était vraiment parti à ce

 12   moment-là.

 13   Q.  Bien --

 14   R.  Donc je ne me rappelle pas sa réponse s'il y en a eu une, nous étions

 15   absolument stupéfaits de ce qui s'était passé à Grubori.

 16   Q.  Ce que je vous demande c'est de savoir si vous êtes retournée et si

 17   vous avez demandé à M. Romanic pourquoi il n'y avait pas participé, et si

 18   vous pourriez nous donner la date, s'il vous plaît ?

 19   R.  Non, je ne peux pas vous donner la date -- comme je l'ai dit, M.

 20   Romanic probablement était déjà parti, mais je suis certaine que nous

 21   sommes retournés trouver la police pour les informer de ce qui s'était

 22   passé.

 23   Q.  Est-ce que vous êtes capable de donner une référence de rapport HRAT en

 24   ce qui concerne l'un des 50 documents de façon à ce que je puisse trouver

 25   cela dans le dossier, s'il vous plaît ?

 26   R.  Non, parce qu'également, tout est écrit là de ce que nous avons discuté

 27   avec M. Romanic dans le rapport HRAT, si vous avez remarqué.

 28   Q.  Je l'ai remarqué.

Page 12060

  1   R.  En lisant le rapport, oui. Donc nous étions là pour enquêter sur les

  2   questions des droits de l'homme. Il y aurait eu un rapport différent, et

  3   autre chose de très important à mentionner dans le rapport HRAT. Sinon,

  4   nous ne l'aurions pas mentionné, mais…

  5   Q.  Madame Mauro, ce n'est pas le HRAT --

  6   R.  Oui --

  7   Q.  -- pour lequel je pose la question.

  8   R.  Probablement, nous n'avons pas pu le voir.

  9   Q.  Je vous remercie.

 10   Mme HIGGINS : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Mademoiselle Higgins.

 13   Je voudrais maintenant demander combien de temps il vous faudrait, Maître

 14   Kuzmanovic ?

 15   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Probablement moins d'une heure, Monsieur

 16   le Président.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Moins d'une heure.

 18   Maître Misetic.

 19   M. MISETIC : [interprétation] Pas plus de 15 minutes, Monsieur le

 20   Président.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que les parties pourraient

 22   s'efforcer ? Il devrait être possible d'achever la déposition de ce témoin

 23   aujourd'hui.

 24   Madame Mahindaratne, pourriez-vous nous donner une indication concernant le

 25   temps dont vous aurez besoin pour les questions supplémentaires ?

 26   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Une seule question, Monsieur le

 27   Président.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une seule question jusqu'à présent.

Page 12061

  1   Maître Kuzmanovic, je pense que le mieux c'est que vous commenciez le

  2   contre-interrogatoire parce que c'est un peu tôt pour une suspension de

  3   séance et --

  4   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Pas de problème, Monsieur le Président.

  5   J'ai simplement besoin qu'on m'apporte le lutrin.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mademoiselle Mauro, vous allez

  7   maintenant être interrogée en contre-interrogatoire par Me Kuzmanovic qui

  8   est le conseil de M. Markac.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

 10   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 11   Contre-interrogatoire par M. Kuzmanovic : 

 12   Q.  [interprétation] Mademoiselle Mauro, je voudrais reprendre là où Me

 13   Higgins a terminé. Vous avez dit, je crois, que M. Romanic, lorsque vous

 14   vouliez le rejoindre et lui rendre compte, était parti à ce moment-là. Mais

 15   parti pour où ? Le secteur de Knin ?

 16   R.  Oui. Il est parti brusquement. Là encore -- excusez-moi si je n'ai pas

 17   bonne mémoire, mais un jour nous sommes allés le voir et on nous a dit

 18   qu'il ne travaillait plus dans le secteur Knin et qu'il avait été

 19   transféré. Je ne me rappelle pas exactement quand c'était.

 20   Q.  Alors, il y a le rapport du HRAT daté du 23 septembre, c'est-à-dire un

 21   peu moins d'un mois après l'incident de Grubori, et vous indiquez là que

 22   vous avez rencontré M. Romanic, chef de la police du secteur de Knin. Donc

 23   il fallait que ce soit à ce moment-là qu'il soit parti.

 24   R.  C'est exact. Mais il arrivait qu'il quitte Knin pour un moment et qu'il

 25   revienne.

 26   Q.  Bien. La question c'est que vous-même vous n'avez jamais rendu compte

 27   de cet incident à Grubori à M. Romanic, n'est-ce pas ?

 28   R.  Non. Je ne pense pas que ce soit exact. Mais --

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  1   Q.  Bien, écoutez, dites-moi, dans le document, ce qui est exact, ce que

  2   dit le document par rapport à M. Romanic.

  3   R.  Je pense que probablement nous avons rendu compte à Cermak, au général

  4   Cermak, et nous avons pensé que c'était la personne la plus appropriée

  5   parce que les personnes que nous avons vues portaient des uniformes

  6   militaires.

  7   Q.  Bien.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kuzmanovic, si vous lisez la page

  9   68, ligne 23, vous verrez que le témoin voulait continuer sa réponse. Elle

 10   a dit "mais." "Je ne pense pas que ce soit correct, mais…" et vous l'avez

 11   interrompue.

 12   Pourriez-vous, s'il vous plaît, permettre au témoin de finir ses réponses.

 13   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Certainement.

 14   Q.  Si vous vouliez ajouter quelque chose, sentez-vous libre de le faire.

 15   R.  Oui. Je l'ai fait.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pendant ce temps-là, j'insiste auprès de

 17   vous, Maître Kuzmanovic, pour que vous donniez immédiatement la possibilité

 18   au témoin de finir vos réponses.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] J'apprécie beaucoup.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

 21   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Maître Kuzmanovic.

 23   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 24   Q.  Le rapport que vous avez rédigé sur Grubori était un rapport qui

 25   portait sur trois journées. Il est exact, n'est-ce pas, qu'il englobait

 26   trois jours et que c'était un rapport qui avait un rapport individuel pour

 27   chaque jour ?

 28   R.  Je ne l'ai pas devant moi.

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  1   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Le P27. Est-ce qu'on pourrait nous le

  2   présenter, s'il vous plaît.

  3   Q.  En l'occurrence, il s'agit d'un rapport sur quatre jours qui englobe

  4   les journées du 24 au 27--

  5   L'INTERPRÈTE : [mois inaudible]

  6   M. KUZMANOVIC : [interprétation]

  7   Q.  -- 1995. Pourriez-vous, s'il vous plaît, me dire s'il n'y avait pas eu

  8   de rapport distinct écrit pour chacune des journées ?

  9   R.  C'est une bonne question. Je pense qu'en fait nous essayions de

 10   travailler très dur et voir comment on pouvait aider ces gens et rassurer

 11   ces gens, de sorte que la plupart du temps nous étions sur le terrain, et

 12   ceci aurait pu coïncider également avec l'arrivée de certaines délégations.

 13   Q.  C'était le moment de l'arrivée du président Tudjman à ce moment-là sur

 14   le train ?

 15   R.  C'est possible.

 16   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je voudrais demander qu'on voie la page 4

 17   de ce rapport, Monsieur le Greffier.

 18   Q.  Au bas de la page, Mademoiselle Mauro, il y a trois groupes

 19   d'initiales.

 20   R.  Oui.

 21   Q.  EJ Flynn, c'est la première ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Et pour les vôtres, ce sont les deuxièmes groupes d'initiales ? MTM ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Qui est PS ?

 26   R.  Peter Soucek.

 27   Q.  Et qui était-ce ?

 28   R.  C'était l'officier ou fonctionnaire qui couvrait le Korenica.

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  1   Q.  Est-ce que vous trois avez établi ce rapport ensemble ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Ensemble ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Est-ce qu'il y a eu une participation de quelqu'un

  6   d'autre ?

  7   R.  Non. Il y aurait pu y avoir une participation de militaires ou de la

  8   police civile concernant la question de la sécurité, notamment en ce qui --

  9   il aurait pu y avoir des informations techniques que nous aurions pu

 10   obtenir des militaires. Oui, c'est possible.

 11   Q.  Mais en ce qui concerne ce débriefing-là, pour lequel ce rapport a été

 12   écrit, est-ce que vous vous rappelez autre chose -- si on a écrit autre

 13   chose, puis, il y a ces trois noms, est-ce que vous ne savez pas si

 14   d'autres ont pu participer à rédiger ceci, personne d'autre ne pourrait

 15   avoir participé à cette rédaction ?

 16   R.  Non. Personne d'autre n'aurait participé. Là encore, à partir du moment

 17   où nous avons reçu des informations de nature technique militaire par,

 18   notamment d'autres observateurs militaires de l'ONU, mais sinon, non.

 19   Q.  Je voudrais maintenant qu'on regarde sur P27, voir la page 1 du même

 20   document.

 21   Le deuxième paragraphe, le premier paragraphe en entier, on peut lire les

 22   deux  sections -- enfin, c'est la section en gras où on peut écrire : "La

 23   mise à jour tardive."

 24   Donc, la mise à jour tardive -- où on peut lire : "Une équipe des droits de

 25   l'homme s'est rendue à Grubori dans l'après-midi du 27 août et a reçu des

 26   rapports fiables d'un groupe de dix membres de la police spéciale de

 27   Croatie qui circulait le long de la route qui mène à Grubori, au milieu de

 28   la matinée du 25."

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  1   Est-ce que vous savez, vous ou qui que ce soit de votre équipe, que les

  2   membres de la police spéciale croate ne portaient jamais les uniformes de

  3   camouflage ?

  4   R.  Non, je ne le savais pas.

  5   Q.  Est-ce que vous saviez qu'en revanche les policiers de l'armée de la

  6   Republika Srpska -- ou plutôt les militaires portaient le plus souvent les

  7   uniformes de camouflage ?

  8   R.  Non, je ne le savais pas.

  9   Q.  Maintenant, je vais vous demander de regarder la pièce P46.

 10   Mais avant cela, est-ce que vous saviez qu'après l'opération Tempête, fin

 11   août/début septembre, il y avait des groupes de soldats de l'ARSK dans les

 12   bois, dans différentes zones au nord et au sud de Knin ?

 13   R.  Je savais qu'il y avait des soldats de l'ARSK dans la zone.

 14   Q.  Et c'était les groupes de soldats qui se cachaient dans les bois et

 15   vous saviez que dans le cadre de l'opération de ratissage de terrain, il

 16   s'agissait de trouver ces individus ?

 17   R.  Je savais aussi qu'il y en avait parmi eux qui nous ont demandé à

 18   intervenir pour qu'ils soient libérés.

 19   Q.  D'accord.

 20   R.  Et on l'a fait. Moi, j'ai été personnellement impliquée dans ça.

 21   Q.  Oui, mais est-ce que vous pourriez répondre à la question.

 22   R.  Si vous avez vraiment besoin de chercher la question, peut-être que ce

 23   n'était pas vraiment une question.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] M. Kuzmanovic vous a demandé si vous

 25   saviez qu'entre autres, l'objectif de ces opérations de ratissage était à

 26   retrouver ces individus.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je le savais.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre, Monsieur

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  1   Kuzmanovic.

  2   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je vous remercie.

  3   Q.  P46, c'est un document du 23 août 1995, c'est le rapport du HRAT et la

  4   dernière page de ce document. Veuillez l'examiner, on peut voir vos

  5   initiales.

  6   M. KUZMANOVIC : [interprétation] On peut voir la dernière pages, s'il vous

  7   plaît. C'est tout à fait en bas de cette page.

  8   Q.  Et je pense que vous avez dit tout à l'heure au cours de votre

  9   déposition que quand on voyait vos initiales, cela voulait dire que vous

 10   avez soit pris part à l'élaboration de ce document, soit écrit ce document.

 11   R.  Dans ce cas précis, je pense que c'est moi qui l'ai écrit.

 12   Q.  [aucune interprétation]

 13   R.  Vous voulez que je lise cela ?

 14   Q.  Non. Je vous prie d'examiner ce qui est écrit à la première page de ce

 15   document et de dire si vous reconnaissez ce document.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pourriez-vous regarder un instant

 17   l'écran, s'il vous plaît, Monsieur Kuzmanovic. On peut y lire. Faites, s'il

 18   vous plaît, une pause entre les questions et les réponses.

 19   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 20   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 21   M. KUZMANOVIC : [aucune interprétation]

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Mauro, si on ne fait pas de

 23   petite pause entre les questions et les réponses, le sténotypiste ne peut

 24   pas nous suivre.

 25   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pourriez-vous, s'il vous plaît, essayer

 27   de nous aider, vous aussi.

 28   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

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  1   M. KUZMANOVIC : [interprétation]

  2   Q.  Puisqu'on parle la même langue, c'est un peu normal de répondre du tac

  3   au tac et de ne pas faire de pause et ce qu'il faut savoir, c'est que tout

  4   cela va être traduit et donc, c'est tout simplement très difficile de

  5   suivre.

  6   Cela n'a rien à voir, évidemment, avec les qualités professionnelles des

  7   interprètes et des sténotypistes.

  8   Donc, veuillez examiner ce document et nous dire si…

  9   Enfin, vous avez parlé de ce document avec Mme Higgins. Vous vous

 10   souvenez avoir pris part à cette réunion ?

 11   R.  C'est moi qui l'ai organisée.

 12   Q.  Pouvez-vous regarder la deuxième page de ce document, vous avez dans la

 13   section 6 : M. Jukic est venu se joindre à la réunion. Et les personnes qui

 14   assistent à la réunion apprennent que : "…on procède à la collection de

 15   corps sans vie, que ceci est fait par une équipe de spécialistes qui

 16   opèrent dans la région de Knin. D'après lui, dans cette équipe, il y a un

 17   médecin, il y a un spécialiste des enterrements, puis, un enquêteur de la

 18   police criminelle."

 19   D'après cette réunion qui au lieu le 23 août 1995 et d'après ce que vous

 20   avez appris, pourquoi n'êtes-vous pas allée voir M. Romanic pour lui

 21   demander pourquoi ce genre d'équipe n'est pas envoyée à Grubori ?

 22   R.  Tout simplement, nous pensions que M. Cermak allait pouvoir nous aider

 23   avec Grubori parce qu'il y avait des gens qui portaient des uniformes là-

 24   bas, et on s'est dit qu'en l'informant de cela, il allait se sentir

 25   responsable puisque que nous, de toute façon, après tout, on était une

 26   organisation internationale.

 27   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Le point 8 de ce document.

 28   Q.  On peut lire : "M. Jukic, tout comme les propos avancés par M. Romanic,

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  1   invitait les représentants de l'ONU d'envoyer les rapports au sujet des

  2   corps sans vie dans le secteur sud, de les diriger vers la défense civile."

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Oui, vous pouvez nous faire part de votre commentaire.

  5   R.  Mais je vous attends.

  6   Q.  Donc, les internationaux, l'ONU vous ont dit de façon très précise

  7   d'envoyer des requêtes au sujet des vies sans mort à la défense civile ?

  8   R.  Oui, c'est ce qu'on a fait, mais je me souviens très bien que ces corps

  9   ont continué à giser dans ce village pendant des journées et des journées

 10   après cela.

 11   Et c'est parce qu'on a compris qu'ils avaient peu de succès avec ces corps

 12   sans vie, qu'ils n'ont pas vraiment réussi à les enlever.

 13   Q.  Donc là, c'est deux jours avant Grubori, on vous a dit cela deux jours

 14   avant Grubori ? Grubori a eu lieu le 25 et cela s'est produit le 23 ?

 15   R.  Mais je pense que cela a eu lieu après.

 16   Q.  Mais en ce qui concerne Grubori, vous n'avez pas suivi la proposition

 17   faite par M. Jukic et M. Romanic, à savoir d'informer la défense civile au

 18   sujet des corps sans vie retrouvés dans le secteur sud ?

 19   R.  Non.

 20   Q.  J'ai raison de dire cela ?

 21   R.  C'est vrai. On n'est pas allé voir M. Jukic par rapport à cela.

 22   Q.  Et M. Romanic ?

 23   R.  On est allé voir M. Romanic, je pense, mais peut-être pas

 24   immédiatement, mais on lui a dit ce qui s'est passé à la fin.

 25   Q.  Est-ce que vous-même vous êtes revenue à Grubori le même jour après

 26   être revenue de Knin, donc est-ce que vous y êtes allée le même jour ?

 27   R.  Non, je ne pense pas.

 28   Q.  Est-ce qu'un quelconque membre de votre groupe est resté à Grubori pour

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  1   revenir le soir ?

  2   R.  Je n'en suis pas certaine, mais je pense qu'il y a eu du mouvement.

  3   Q.  Bien. Peut-être que ma question n'était pas très claire.

  4   Est-ce qu'il y avait un groupe faisant partie de votre groupe qui se serait

  5   rendu à Grubori ce jour-là ou bien qui serait resté derrière après qu'une

  6   portion de votre groupe est revenue ?

  7   R.  Je ne sais pas s'ils sont restés ou s'ils sont revenus et ensuite,

  8   retournés à nouveau à Grubori.

  9   Q.  Merci.

 10   Dans un de vos rapports, on parle de la reddition des 14 membres de la RSK,

 11   12 kilomètres de Knin, pas trop loin de Plavno. Je vais trouver ces

 12   rapports dans un instant.

 13   R.  Quand vous dites que ce n'est pas loin de Plavno, c'est vous qui vous

 14   livrez à des hypothèses ou bien…

 15   Q.  Mais je vais vous les trouver.

 16   M. KUZMANOVIC : [interprétation] C'est le document P48.

 17   Q.  Avant de parler de cela, est-ce que vous étiez au courant d'autres cas

 18   où les combattants de l'armée de la Republika Srpska s'étaient soit rendus

 19   ou avaient été capturés par des forces militaires croates avant ce rapport

 20   qui a pour date le 28 août ?

 21   R.  Non.

 22   Q.  Donc, P48. On voit bien qu'il s'agit de la date du 29 août 1995.

 23   Si l'on regarde la prochaine page de ce document.

 24   Est-ce que vous étiez présente au moment où cette reddition a eu lieu ?

 25   R.  Oui. J'étais présente au moment où les soldats de la soi-disant ARSK --

 26   quand ils ont décidé de se rendre. Je suis allée dans ce village pour leur

 27   parler.

 28   Q.  Est-ce que cela a duré plus qu'un jour ?

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  1   R.  Non.

  2   Q.  Est-ce que vous savez si qui que ce soit d'autre y est allé, peut-être

  3   un jour ou deux jours avant ?

  4   R.  Non, c'est -- juste un ou deux jours avant d'y aller, les observateurs

  5   militaires y sont allés et ils voulaient me faire participer à cela ainsi

  6   que la Croix-Rouge pour être sûrs qu'il allait y avoir la vraie -- un lien

  7   entre les militaires et les civils.

  8   Q.  Est-ce que M. Ermolaev avait participé à cela ? Est-ce que cela vous

  9   dit quelque chose ?

 10   R.  Non.

 11   Q.  Et M. Tchernetsky ?

 12   R.  Il y avait un officier de police qui était là. Puis, il y avait aussi

 13   les observateurs des Nations Unies, ainsi qu'un officier national d'un

 14   centre des droits de l'homme, ainsi qu'un interprète.

 15   Q.  Je sais que tout cela s'est passé il y a longtemps, mais est-ce que

 16   vous vous souvenez des noms ?

 17   R.  Non. Peut-être que je me souviens du nom de l'interprète, mais je n'en

 18   suis pas sûre…

 19   Q.  On ne veut pas que vous vous livriez à des conjectures.

 20   R.  De toute façon il n'y en avait que deux, mais je ne voudrais pas dire

 21   leurs noms en public.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si à un moment donné vous vous posez la

 23   question de savoir s'il est opportun ou non de donner des noms et si vous

 24   n'avez pas envie de le faire en public, on peut toujours passer à huis clos

 25   partiel, cela dépend aussi de ce que les parties souhaitent obtenir avec

 26   les noms, mais…

 27   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Evidemment, on peut passer un instant à

 28   huis clos partiel, juste pour obtenir les noms de ces interprètes.

Page 12072

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Mauro, on va passer à huis clos

  2   partiel. Ce qui veut dire que ce que vous allez dire, cela ne va pas

  3   figurer dans le dossier de cette affaire. De toute façon, même quand vous

  4   déposez en audience publique, les portions de ce que vous dites peuvent

  5   encore être, par une décision particulière, dissimulées du public. Donc, M.

  6   Kuzmanovic souhaite connaître ces noms.

  7   On passe à huis clos partiel.

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] On passe à huis clos partiel.

  9   [Audience à huis clos partiel]

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  1   [Audience publique]

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

  3   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  4   Q.  En ce qui concerne les 30 soldats de la police spéciale croate qui sont

  5   mentionnés dans ce rapport, est-ce que vous étiez présente lorsqu'ils sont

  6   arrivés sur place ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Il y avait eu des tensions, n'est-ce pas ?

  9   R.  Beaucoup.

 10   Q.  Mais ceci a finalement été calmé et les personnes, pour l'essentiel,

 11   ont été mises en détention; c'est exact ?

 12   R.  En fait, non, ils n'ont pas été mis en détention ce jour-là.

 13   Q.  Bien. Est-ce que vous pouvez décrire ce qui s'est passé ?

 14   R.  Ce qui s'est passé c'était que nous avons discuté avec le colonel

 15   responsable du groupe des 30 soldats croates, et il leur a parlé, il a été

 16   convenu qu'ils auraient pu se rendre et qu'on leur aurait garanti un

 17   traitement équitable dans la prison. Nous les avons rassurés du fait que

 18   nous allions recueillir leurs noms, et effectivement, nous sommes allés les

 19   voir par la suite en prison. Donc ils ont été emmenés un jour plus tard.

 20   Q.  Bien. Donc il fallait qu'il y ait une confiance importante à la fois

 21   entre la police spéciale croate et vous-même pour les laisser là, n'est-ce

 22   pas ?

 23   R.  Je pense qu'il y avait de la confiance, on se faisait confiance entre

 24   nous trois en fin de compte parce que c'était une situation très tendue au

 25   début, et nous aurions pu ne pas être bien compris, mais ensuite -- des

 26   deux côtés, les choses ont été expliquées.

 27   Q.  Finalement, tout a bien marché ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  La police spéciale croate a emporté les armes de ces combattants de

  2   l'ARSK, n'est-ce pas ?

  3   R.  Je pense que oui.

  4   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je voudrais demander maintenant qu'on nous

  5   présente le P1100.

  6   Q.  C'est un rapport du 25 septembre 1995, Mademoiselle Mauro.

  7   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait voir la page

  8   suivante du document, s'il vous plaît.

  9   Q.  Dans le premier paragraphe de ce document, il y a une discussion qui

 10   porte sur le fait de conclure des arrangements pour aider les personnes

 11   afin d'obtenir leurs documents croates, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  A la quatrième ligne, on lit -- l'ensemble de la phrase dit : "Le reste

 14   des personnes doivent demander à la municipalité de Gracac, tandis que

 15   d'autres qui ont précédemment été enregistrés dans des secteurs où les

 16   registres ont été brûlés et perdus, ont été immatriculés par le MS…"

 17   Alors ma première question maintenant c'est de savoir ce que vous voulez

 18   dire par "uniquement enregistré par la police" ?

 19   R.  En n'ayant pas fourni de documents, et il n'y a pas eu d'indication par

 20   écrit de qui c'était et d'où ils vivaient.

 21   Q.  Vous saviez que dans de nombreux secteurs de la RSK sur le secteur sud

 22   il y avait des registres qui avaient été ou bien détruits, ou on avait pris

 23   les registres des naissances et des habitants, la documentation relative à

 24   cela, et qu'ils les avaient emportés avec eux quand ils sont partis ?

 25   R.  Non. Je savais que des documents de ce genre manquaient.

 26   Q.  Quant à savoir comment ils manquaient, vous ne vous en préoccupiez pas

 27   ?

 28   R.  Non.

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  1   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Si nous pouvions aller à la page suivante

  2   du document.

  3   Q.  Vous avez mentionné -- dans le dernier paragraphe de ce rapport, vous

  4   avez parlé dans l'une de vos déclarations de cette question, et là il est

  5   question de votre conversation avec M. Barisic qui était le coordinateur du

  6   secteur de Gracac pour le ministère de l'Intérieur.

  7   Il y a là quelques discussions avec lui où il dit que le secteur était

  8   difficile à contrôler parce que ses dimensions étaient de 200 kilomètres

  9   carrés du ressort de Gracac, et que c'était la partie méridionale de ce

 10   secteur de responsabilité où il y avait d'anciens soldats du HV qui

 11   portaient des uniformes et qui se livraient à des actes délictueux ou

 12   criminels et qui étaient particulièrement agressifs. On mentionne également

 13   le fait que des poursuites avaient été exercées contre 30 à 35 d'entre eux.

 14   Est-ce que vous étiez au courant, je crois que vous avez passé du temps en

 15   Croatie, sur le nombre de personnes qui ont été accusées et/ou poursuivies

 16   pour des crimes tels que pillage ou tout autre type de délit ou de crime

 17   dans le secteur sud ?

 18   R.  Non.

 19   Q.  Quand avez-vous quitté le secteur sud ?

 20   R.  En décembre.

 21   Q.  1995 ? Oui ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Une dernière question pour vous, Mademoiselle Mauro.

 24   En mars 1995, vous êtes arrivée en Croatie, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Vous étiez fonctionnaire des affaires civiles pour l'ONU ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Vous étiez basée à Knin ?

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  1   R.  A partir du mois de mars, oui.

  2   Q.  Qu'avez-vous fait jusqu'au moment de l'opération Tempête en tant que

  3   fonctionnaire des affaires civiles dans le secteur sud à Knin ?

  4   R.  J'étais censée m'occuper du bien-être de la minorité à ce moment-là, la

  5   population croate dans le secteur.

  6   Q.  Est-ce que vous avez participé à des patrouilles ?

  7   R.  Oui, régulièrement, et j'ai fait l'impossible pour qu'on puisse

  8   s'assurer qu'ils seraient secourus, et j'ai également mobilisé les

  9   militaires de l'ONU, les équipes médicales des militaires de l'ONU pour

 10   qu'ils nous fournissent de l'aide. J'ai essayé de faciliter les rencontres

 11   entre la population croate qui vivait dans le secteur et leurs familles qui

 12   vivaient en Croatie proprement dite.

 13   Q.  Est-ce que vous avez eu une occasion d'aller dans la vallée Plavno

 14   pendant -- ou avant l'opération "Storm" ?

 15   R.  Non.

 16   Q.  Bien.

 17   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions, Monsieur

 18   le Président. Merci.

 19   Q.  Merci, Madame Mauro.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Maître Kuzmanovic.

 21   Monsieur Misetic, je me demande si peut-être nous ne pourrions pas

 22   suspendre l'audience un moment.

 23   M. MISETIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Mauro, nous allons faire notre

 25   suspension d'audience maintenant et nous reprendrons à 18 heures.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 27   --- L'audience est suspendue à 17 heures 40.

 28   --- L'audience est reprise à 18 heures 02.

Page 12077

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic.

  2   Madame Mauro, c'est Me Misetic qui va vous contre-interroger maintenant, et

  3   il représente M. Gotovina.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci beaucoup. Avec votre permission.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais revenir à l'interrogatoire précédent,

  7   et je souhaite également attirer l'attention du monsieur concernant un

  8   rapport en date du 12 octobre 1995 où, effectivement, nous avons rencontré

  9   les représentants de la défense civile. Cependant, il a été très difficile

 10   de comprendre qui faisait quoi, et il est clairement indiqué que personne

 11   ne savait exactement qui était en charge. Donc la raison pour laquelle

 12   probablement -- nous n'étions pas tellement stricts par rapport au problème

 13   des cadavres - mis à part le fait qu'ils n'avaient pas été écartés - était

 14   aussi que le bureau ne fonctionnait pas probablement. Donc le rapport est

 15   en date du 12 octobre 1995.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous souhaitez ajouter cela à votre

 17   réponse à la question posée par M. Kuzmanovic concernant la question de

 18   savoir pourquoi vous n'avez pas informé de cela M. Jukic ou au moins son

 19   service ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact. Merci.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic.

 22   M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 23   Contre-interrogatoire par M. Misetic : 

 24   Q.  [interprétation] Bonjour, Madame Mauro.

 25   R.  Bonjour.

 26   M. MISETIC : [interprétation] Peut-on placer à l'écran le document P62.

 27   Q.  Voici ma question : dans votre déclaration de l'an 2000, vers la fin de

 28   la page 2, vous parlez du pilonnage et vous dites : "Le pilonnage a été

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  1   intense, et nous avons vécu dans une zone résidentielle avec l'école à

  2   proximité, mais je sais que la zone de l'école, à un moment donné,

  3   contenait aussi des équipements militaires."

  4   Je souhaite vous montrer une carte aérienne de Knin, et veuillez

  5   encercler et marquer par la lettre "A" la zone dans laquelle vous avez

  6   vécu, et par la lettre "B" l'école à laquelle vous faites référence.

  7   Est-ce que vous pouvez vous orienter sur cette carte ?

  8   R.  Je n'ai pas l'habitude d'utiliser les cartes aériennes militaires.

  9   Q.  Si vous examinez la partie droite à l'écran, vous allez voir la caserne

 10   de l'ONU, le quartier général du secteur sud. Est-ce que vous voyez cela ?

 11   C'est la base de l'ONU.

 12   R.  Est-ce que vous pouvez me dire quelle partie ?

 13   Q.  A droite de l'écran --

 14   R.  Hm-hm.

 15   Q.  -- vous allez voir une --

 16   R.  D'accord.

 17   Q.  -- partie bloquée ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  C'est une base de l'ONU.

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Donc est-ce que ça vous aide à vous orienter à Knin ?

 22   R.  Oui, et surtout si vous m'indiquez où se trouve l'entrée ?

 23   Q.  L'entrée se trouverait -- si vous regardez en haut à gauche, vous allez

 24   voir où est indiqué le nord. Ce serait au nord de la base de l'ONU, c'est

 25   là que se trouve l'entrée.

 26   R.  Ici ?

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur l'Huissier, nous ne sommes pas

 28   encore arrivés au point où commence l'annotation. Est-ce que vous pourriez

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  1   aider le témoin à utiliser le curseur. Nous ne pouvons pas voir cela --

  2   est-ce que vous pouvez venir ici, s'il vous plaît.

  3   En fait, je regardais le mauvais écran. Est-ce que vous pouvez tout

  4   d'abord indiquer avec le curseur l'ONU. D'après la déposition jusqu'à

  5   maintenant, si j'ai bien compris --

  6   M. MISETIC : [interprétation] Oui.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- c'est ici, la base de l'ONU, et

  8   l'entrée serait plus ou moins à gauche, n'est-ce pas ?

  9   Veuillez, s'il vous plaît, déplacer le curseur, Monsieur l'Huissier,

 10   un peu en bas, à gauche, en suivant la route. C'est la route qui mène à

 11   Knin. Ensuite, en remontant à droite, direction aux alentours du château de

 12   Knin, c'est là approximativement que se trouve la gare ferroviaire. Est-ce

 13   que vous pouvez vous orienter ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, relativement. Mais je me souviens que je

 15   vivais près de l'école, et je me souviens que l'école était en arrière de

 16   cette route. Mais je ne sais pas exactement quelle était sa position par

 17   rapport ni à la route ni à la base, et je ne saurais pas le dire d'après

 18   cette carte.

 19   M. MISETIC : [interprétation]

 20   Q.  Est-ce que vous vous souvenez d'autres bâtiments qui étaient à

 21   proximité de l'endroit où vous avez vécu ?

 22   R.  Non. La maison avait deux étages; et à proximité, il y avait ce type de

 23   bâtiments, en fait.

 24   Q.  D'accord.

 25   R.  Donc je ne pouvais pas être précise. Est-ce que je peux utiliser cela ?

 26   Q.  Oui.

 27   R.  Je peux indiquer ici, ou ici.

 28   Q.  Bien.

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  1   R.  Hm-hm.

  2   M. MISETIC : [interprétation] Peut-on, s'il vous plaît, marquer cette zone

  3   par un grand cercle ?

  4   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Misetic, peut-être qu'il ne

  6   serait pas une bonne idée d'aider le témoin, enfin, ne serait-il pas une

  7   bonne idée d'aider le témoin en disant où l'on traversait la ligne

  8   ferroviaire --

  9   M. MISETIC : [interprétation] Très bien.

 10   Q.  Est-ce que vous voyez la gare ferroviaire marquée par les lettres RRSTN

 11   ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Un peu plus au nord, vous voyez la route qui traverse --

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Au nord -- afin d'éviter la confusion,

 15   c'est à gauche de la carte.

 16   M. MISETIC : [interprétation] Oui.

 17   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 18   M. MISETIC : [interprétation] Oui.

 19   Q.  Est-ce que vous pouvez aller encore plus à gauche. Puis vous verrez un

 20   petit pont, et ensuite vous pouvez poursuivre par cette route. Est-ce que

 21   vous connaissez la caserne nord ?

 22   R.  Non.

 23   Q.  La caserne militaire ? Non ? Est-ce que vous connaissez l'usine Tvik

 24   Tractor [phon] ?

 25   R.  Non.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez trouvé la route de l'hôpital,

 27   est-ce que vous pouvez le faire ?

 28   R.  Oui.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Peut-être si l'on montre au témoin --

  2   M. MISETIC : [interprétation] Oui, si on pouvait --

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- à partir de la gare ferroviaire --

  4   maintenant il faut aller plus à gauche suivant les rails.

  5   Si vous traversiez les rails ferroviaires, vous iriez vers l'hôpital…

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Mon lieu de résidence était sur la route de

  7   l'hôpital, mais en arrière.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que nous pourrions déplacer la

  9   photo de manière à pouvoir voir l'hôpital aussi.

 10   Sur cette carte, est-ce que vous pourriez maintenant identifier où se

 11   trouve l'hôpital ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Si je ne me trompe, ça devrait être par ici.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous l'avez indiqué avec le curseur ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. C'est dans cette direction-là.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 16   Maintenant, je vous laisse faire, Misetic. Je ne souhaite pas faire

 17   une coproduction avec vous.

 18   M. MISETIC : [interprétation]

 19   Q.  Il est exact, n'est-ce pas que ceci vous aide à vous orienter par

 20   rapport à l'endroit où vous avez vécu ?

 21   M. MISETIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut montrer la partie

 22   inférieure de l'écran pour voir l'hôpital.

 23   Q.  Est-ce que vous voyez l'hôpital ?

 24   R.  Oui, je vois.

 25   Q.  Bien.

 26   R.  C'était peut-être ici ou ici. Pardon.

 27   Q.  Bien. 

 28   Est-ce que vous pourriez nous dire quelle est la région générale dans

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  1   laquelle vous avez vécu ?

  2   R.  Je vais essayer. Je ne suis pas sûre, mais peut-être à peu près ici.

  3   Q.  Est-ce que vous pourriez apposer un cercle autour de cette région en

  4   général ?

  5   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Mais, Monsieur le Président, compte

  6   tenu du fait que le témoin n'a de cesse de dire qu'elle n'est pas tout à

  7   fait sûre, je ne sais pas à quel point --

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est la Chambre qui évaluera. Bien sûr,

  9   nous avons entendu tout cela et nous avons aidé au témoin de s'orienter,

 10   donc nous savons très bien qu'il reste quelques hésitations.

 11   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic.

 13   M. MISETIC : [interprétation] Ça me convient tout à fait, Monsieur le

 14   Président.

 15   Q.  Est-ce que, par rapport à cette zone générale, vous pouvez trouver

 16   l'école à laquelle vous avez fait référence ?

 17   R.  Non.

 18   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaite que la

 19   pièce à conviction soit marquée et je souhaite la verser au dossier.

 20   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Pas d'objection.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas d'objection.

 22   Le Greffier d'audience.

 23   M. LE GREFFIER : [interprétation] La pièce D955.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D955, une carte aérienne marquée par le

 25   témoin, est versée au dossier.

 26   Veuillez poursuivre.

 27   M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 28   Q.  Madame Mauro, lors de l'interrogatoire principal, vous avez mentionné

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  1   le fait que certaines de vos sources d'information en 1996 incluaient tout

  2   d'abord les interprètes. S'agissait-il des interprètes dont vous avez fait

  3   connaissance de nouveau lorsque vous êtes allée à Belgrade ?

  4   R.  A la fois ceux dont j'ai pris connaissance et puis ceux qui sont restés

  5   à Knin.

  6   Q.  Je souhaite que l'on clarifie cela. Vous étiez à Belgrade en 1996,

  7   n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Et une fois à Belgrade, est-ce que vous avez reçu des informations au

 10   sujet de la situation en Croatie de la part des interprètes ?

 11   R.  Oui, et comme je l'ai déjà dit, la propriétaire de ma maison aussi, et

 12   les membres de sa famille, et des amis, des membres du personnel de l'ONU

 13   précédemment.

 14   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire qui était le propriétaire de votre

 15   maison ? La propriétaire, c'était quelqu'un qui vivait dans le secteur sud

 16   ?

 17   R.  Oui.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous souhaitez que l'on entende les

 19   noms, peut-être il faut passer à huis clos partiel.

 20   M. MISETIC : [interprétation] Je vais obtenir le plus d'information

 21   possible et ensuite seulement poser des questions sur les noms.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Me Misetic va traiter de toutes les

 23   préoccupations éventuelles que vous avez.

 24   Poursuivez.

 25   M. MISETIC : [interprétation] Merci.

 26   Q.  Par rapport aux interprètes, encore une fois, il n'était pas clair si

 27   c'étaient les interprètes avec lesquels vous avez parlé pendant que vous

 28   étiez à Belgrade ou les anciens interprètes du secteur sud de l'ONU ?

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  1   R.  Aussi du secteur nord de l'ONU, car j'ai travaillé au sein du secteur

  2   nord de l'ONU aussi, de même que le secteur sud.

  3   Q.  Et vous avez dit les amis des anciens membres du personnel national de

  4   l'ONU ?

  5   R.  Les amis et les membres de la famille.

  6   Q.  Lorsque vous dites, personnel national de l'ONU, sans donner des noms,

  7   vous parlez de qui ?

  8   R.  Surtout des interprètes.

  9   Q.  Donc des amis et membres de la famille des interprètes.

 10   R.  Oui, et ma propriétaire et les amis. Ils avaient des membres de

 11   familles à Belgrade, donc ces cousins de Belgrade connaissaient les gens

 12   qui sortaient dans le cadre de l'exode qui s'est ensuivie après le 5 août.

 13   Q.  Bien.

 14   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, peut-on passer à huis

 15   clos partiel maintenant.

 16   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

 17   [Audience à huis clos partiel]

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  9   [Audience publique]

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier d'audience.

 11   M. MISETIC : [interprétation]

 12   Q.  Madame --

 13   M. MISETIC : [interprétation] Je vais poser des questions d'un des

 14   interprètes, mais nous en avons parlé longuement en public, donc je pense

 15   qu'il ne sera pas nécessaire de passer à huis clos partiel. Mais je vous

 16   laisse décider.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre.

 18   M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 19   Q.  Est-ce que vous avez connu un interprète du nom de Predrag Sare ?

 20   R.  Je le connaissais.

 21   Q.  Que saviez-vous à son sujet ?

 22   R.  C'était un interprète compétent.

 23   Q.  Quelle est la dernière fois que vous lui avez parlé, si vous vous en

 24   souvenez ?

 25   R.  Lorsque j'ai quitté Knin.

 26   Q.  Bien.

 27   R.  Ou lorsque lui a quitté Knin. Je ne me rappelle pas. Depuis Knin, je ne

 28   lui ai plus jamais parlé.

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  1   Q.  Bien. En ce qui concerne vos collègues fonctionnaires internationaux

  2   dans l'ancien secteur sud, est-ce que vous gardez le contact avec eux ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Pourriez-vous nous dire avec qui vous maintenez le contact ?

  5   R.  Plusieurs d'entre eux.

  6   Q.  Pouvez-vous nous dire avec lesquels ?

  7   R.  Sajin Zhang. Olivier Mouquat. Igor Krnetic. Branka. Nina. Judith Jacob.

  8   Q.  Est-ce que vous avez gardé le contact avec Alun Roberts ?

  9   R.  Alun Roberts.

 10   Q.  En ce qui concerne M. Roberts, est-ce que vous lui avez parlé du tout

 11   de la présente affaire ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Quand est la dernière fois que vous avez parlé à M. Roberts de cette

 14   affaire ?

 15   R.  Quand je l'ai vu ici.

 16   Q.  Pourriez-vous nous dire quelles ont été les circonstances ou l'objet

 17   qui ont fait que M. Roberts et vous-même vous vous êtes trouvés ensemble

 18   ici au même moment ?

 19   R.  C'était à une séance de récolement.

 20   Q.  Vous rappelez-vous la date ? Est-ce que c'était cette année-ci ?

 21   R.  C'était la dernière déclaration que j'ai faite.

 22   Q.  Est-ce que ce serait janvier 2008 ?

 23   R.  Janvier ou février.

 24   Q.  Oui. Donc pouvez-vous nous dire où vous avez rencontré M. Roberts alors

 25   que vous étiez ici ?

 26   R.  Nous étions dans le même hôtel.

 27   Q.  En plus de M. Roberts, y avait-il quelqu'un d'autre ici à La Haye, ou

 28   seulement vous deux ?

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  1   R.  Non, pas que j'ai connu.

  2   Q.  Est-ce que vous avez parlé avec M. Roberts des raisons pour lesquelles

  3   vous étiez à La Haye ? Est-ce que vous avez parlé des événements de 1995 ?

  4   R.  Brièvement. Mais lorsque vous dites qui d'autre était là, vous voulez

  5   dire qui d'autre parmi qui ?

  6   Q.  Y avait-il quelqu'un de l'époque où vous vous trouviez dans le secteur

  7   sud en 1995 et qui aurait également été présent à La Haye en janvier 2008 ?

  8   R.  Non, pas que je sache.

  9   Q.  Vous rappelez-vous ce dont vous avez brièvement parlé avec M. Roberts

 10   concernant les événements de 1995 ?

 11   R.  Nous nous sommes rappelés les moments difficiles que nous avons passé.

 12   Q.  Et c'est la dernière fois que vous avez parlé à M. Roberts ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Lorsque vous avez été au bureau du Procureur en janvier, est-ce que

 15   vous l'avez rencontré ou est-ce que M. Roberts était présent ? Vous étiez

 16   seule ?

 17   R.  J'étais seule.

 18   Q.  Mademoiselle Mauro --

 19   M. MISETIC : [interprétation] Je vais demander au Greffier s'il pourrait

 20   nous présenter la pièce D690.

 21   Q.  Alors, en 1996, est-ce que vous travailliez du tout avec le HCR ?

 22   R.  Bien, nous coopérions.

 23   Q.  Voici un document d'octobre 1995. C'est une déclaration faite par Mme

 24   Ogata. Je suis sûr que vous savez qui c'est, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui.

 26   M. MISETIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait, s'il vous plaît,

 27   voir la page 4 de ce document, Monsieur le Greffier.

 28   Q.  Le troisième paragraphe, qui commence par : "Deuxièmement…"

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  1   Mme Ogata a dit que les rapatriements doivent se faire par des étapes

  2   organisées. Ça continue en parlant de l'hébergement adéquat et des services

  3   essentiels qui doivent être disponibles au lieu où les gens retourneront.

  4   "Le fait de ramener un très grand nombre de réfugiés dans les secteurs qui

  5   ne sont pas encore prêts à les recevoir peut avoir des conséquences très

  6   graves, non seulement pour les réfugiés eux-mêmes, mais pour la stabilité

  7   de la région elle-même. Je pense en particulier à la situation encore très

  8   fragile dans la région de la fédération."

  9   Mademoiselle Mauro, dans votre travail pour le HCR de l'ONU en 1996, est-ce

 10   que vous saviez que cette question des retours était une question qui

 11   impliquait de nombreux pays, indépendamment des questions de races ou

 12   indépendamment des différents groupes ? Est-ce que vous saviez comment ce

 13   processus se déroulait ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Lors de l'interrogatoire principal, vous avez dit dans votre déposition

 16   que les Croates faisaient obstacle à des retours, que ceci était une partie

 17   du problème, le fait que ces réfugiés devaient revenir, et que ceci s'était

 18   mêlé à la question des réfugiés en Croatie qui avait trait au retour des

 19   réfugiés croates en Bosnie, et cetera.

 20   R.  Mais il y avait, je crois, deux problèmes. L'un, c'était le retour

 21   proprement dit, et l'autre, c'était la délivrance de documents croates, par

 22   exemple, qui était très lente.

 23   Q.  Je crois que Me Kuzmanovic peut vous avoir posé cette question qui

 24   était de savoir si vous saviez qu'un grand nombre de documents de base des

 25   Serbes de Croatie, en fait, avaient été emmenés à Belgrade dans le cadre de

 26   "l'exode." C'est le mot que vous avez utilisé tout à l'heure, l'exode de la

 27   Serbie le 5 août.

 28   R.  C'est là une des interprétations. L'autre interprétation est qu'ils ont

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  1   été brûlés dès que les autorités croates sont arrivées, et je n'ai aucune

  2   réponse à cela.

  3   Q.  Mais est-ce que vous savez qu'en 2003 la Croatie est parvenue à un

  4   accord international d'après lequel la Serbie ferait officiellement revenir

  5   toutes les archives personnelles en Croatie ? Est-ce que vous connaissez

  6   cela ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  Bien.

  9   M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je n'ai pas

 10   d'autres questions.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Maître Misetic.

 12   Madame Mahindaratne.

 13   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 14   Nouvel interrogatoire par Mme Mahindaratne : 

 15   Q.  [interprétation] Mademoiselle Mauro, j'ai une question de vous poser,

 16   et ceci découle d'une question qui vous a été posée par Me Higgins. Pour le

 17   compte rendu, à la page 48, ligne 8, je voudrais simplement vous rappeler,

 18   Mademoiselle Mauro, je vais vous relire les questions et votre réponse.

 19   On vous a posé la question suivante : "Est-il vrai de dire que d'après le

 20   bref contact que vous avez eu avec M. Cermak dans l'enceinte de l'ONU,

 21   qu'il coopérait et essayait d'aider ?"

 22   Et vous avez répondu : "C'est ce que j'ai dit."

 23   Puis, on vous a posé la question à nouveau : "Est-il juste de dire qu'étant

 24   donné votre poste à Knin à l'époque, vous n'étiez pas au courant des

 25   ressources qu'il avait à sa disposition ou de ce qu'il était habilité ou

 26   autorisé à faire ? Ce n'est pas quelque chose que vous saviez, n'est-ce pas

 27   ?"

 28   Et votre réponse a été : "Il donnait l'impression d'être le point de

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  1   référence."

  2   Puis on vous a posé la question suivante, je cite : "Ma question était un

  3   peu plus précise. Du point de vue de savoir si vous connaissiez ou non les

  4   ressources qu'il avait à sa disposition et si vous saviez quel était le

  5   pouvoir qu'il avait d'aider, est-ce que vous voyez une différence ?"

  6   Vous avez répondu : "Pour les ressources, je ne sais pas. Pour l'autorité,

  7   le pouvoir ou l'habilitation" - c'est sur cette réponse que je vous demande

  8   de vous centrer - il a été dit qu'il voulait être informé et il voulait

  9   être rassurant, et il était rassurant. Il disait que la situation était

 10   bien contrôlée, ainsi que d'autres l'étaient. Je pense également que le

 11   chef de la police rendait compte au général Cermak, je ne peux pas -- je ne

 12   sais vraiment en ce qui concerne le général Cermak.

 13   Enfin, c'est ça que vous avez dit et c'est ça qui a été enregistré comme

 14   réponse, une réponse qui n'est pas très claire.

 15   Donc la question que je vous pose est la suivante : qu'est-ce que le chef

 16   de la police a dit concernant M. Cermak qui vous a amenée à tirer certaines

 17   conclusions concernant l'autorité ou les pouvoirs de M. Cermak ?

 18   R.  Il a dit, si je m'en souviens bien, que le général Cermak aurait

 19   l'autorité pour avoir une influence sur la situation lorsqu'il s'agirait de

 20   problèmes tels que de pillage, d'incendies, d'actes criminels de toutes

 21   sortes, y compris des meurtres.

 22   Q.  Et lorsque vous dites chef de la police, vous voulez parler de qui ?

 23   R.  Le chef de la police, là, je parle de Romanic.

 24   Q.  Vous rappelez-vous quand il vous a dit cela ?

 25   R.  Dans l'une de nos réunions où on appelait son attention sur la

 26   situation sur le terrain.

 27   Q.  Est-ce que vous pourriez brièvement nous donner une idée du moment où

 28   ça se passait ?

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  1   R.  Non.

  2   Q.  Merci.

  3   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai plus de

  4   questions à poser.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Merci, Madame Mahindaratne.

  6   Je suggère que premièrement nous voyions s'il y a des questions que

  7   souhaitent poser les Juges.

  8   Mme HIGGINS : [interprétation] Bien sûr. Je vous remercie.

  9   [La Chambre de première instance se concerte]

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le Juge Gwaunza a une ou plusieurs

 11   questions à vous poser.

 12   Questions de la Cour : 

 13   Mme LE JUGE GWAUNZA : [interprétation] Mademoiselle Mauro, ma question a

 14   trait à une déclaration qui est contenue dans votre déclaration des 5 et 6

 15   janvier 2008; c'est en fait la déclaration complémentaire, à la page 2, au

 16   paragraphe 4.

 17   Vous parlez là d'une tentative pour essayer de sauver certaines personnes,

 18   tentative qui a été bloquée par l'armée croate à ce moment-là, et ceci

 19   c'était pour alerter des personnes dont vous avez parlé qui étaient près

 20   d'un pont.

 21   Ma question est de savoir : est-ce que vous savez ce qui finalement

 22   est arrivé à ces gens ?

 23   R.  Non.

 24   Mme LE JUGE GWAUNZA : [interprétation] Merci.

 25   R.  Merci à vous.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mademoiselle Mauro, j'ai moi aussi

 27   quelques questions à vous poser. Je vais essayer de les retrouver.

 28   M. Kuzmanovic a posé des questions concernant la réunion à laquelle M.

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  1   Jukic est venu à un moment donné à cette réunion et vous a expliqué ce

  2   qu'il voulait que vous sachiez concernant les équipes avec le médecin et le

  3   technicien de police scientifique, je crois. Dans ce rapport, on trouve

  4   juste après cette partie où il vous invite à rendre compte que M. Jukic a

  5   expliqué que son équipe fonctionnait lentement à cause de rapports

  6   fallacieux, où il a dit que les rapport étaient faux parce que des

  7   personnes qui étaient tuées, en fait, avaient été tuées par des Serbes

  8   parce qu'ils avaient refusé de quitter le secteur -- et lorsque l'offensive

  9   croate a commencé.

 10   Est-ce que vous vous rappelez que ceci a été dit au cours de cette

 11   réunion ?

 12   R.  Je me rappelle que quelque chose a été dit à ce sujet, c'est également

 13   quelque chose qui a été dit en ce qui concerne les raisons pour lesquelles,

 14   par exemple, un homme et une femme étaient ensevelis ou enterrés ensemble,

 15   parce qu'ils tuaient également les femmes s'ils constataient qu'elles

 16   avaient un mari. Donc il y a eu des cas de ce genre.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Est-ce que vous vous êtes forgé une

 18   opinion à l'époque sur la base de vos observations concernant la véracité

 19   de cette déclaration selon laquelle des personnes ont été tuées par les

 20   Serbes parce qu'ils avaient refusé de quitter le secteur où l'offensive

 21   croate à commencé ?

 22   R.  Non, parce que la plupart des gens qui sont partis étaient vraiment

 23   âgés, et je ne pense pas qu'il aurait été facile de les tuer tous si

 24   c'était l'intention des Serbes, s'ils voulaient tuer des gens parce qu'ils

 25   ne voulaient pas qu'ils quittent le secteur.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez commencé votre réponse par

 27   non. Je vous ai demandé si vous vous étiez forgé une opinion sur le point

 28   de savoir --

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  1   R.  Excusez-moi --

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- apparemment, la réponse est oui, vous

  3   vous êtes formé une opinion à ce sujet, et cette opinion c'est que vous

  4   avez considéré que ceci était raisonnable ou vous n'avez pas considéré que

  5   c'était une explication raisonnable du fait qu'il y ait eu ces cadavres

  6   qu'on a trouvés et qui avaient été tués.

  7   R.  Excusez-moi. En fait, je me suis forgée une opinion - et une opinion

  8   qui, en l'occurrence, était exacte - que les gens étaient tués parce qu'ils

  9   ne voulaient pas quitter le secteur. Les personnes tuées auraient été

 10   beaucoup plus nombreuses parce que la plus grande partie des personnes qui

 11   étaient là étaient des personnes âgées, et qu'ils auraient pu les tuer

 12   tous. De sorte que non, je ne pense pas que ça ait eu lieu parce que les

 13   personnes qui ne voulaient pas quitter le secteur par les Serbes.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que les renseignements que M.

 15   Jukic vous a fournis pendant cette réunion, est-ce que ça a eu une

 16   influence quelconque sur votre inclination à rendre compte ou non en ce qui

 17   concerne les cadavres trouvés pour la Défense civile ?

 18   R.  Oui.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] De quelle manière est-ce que ça a

 20   influencé votre sentiment ?

 21   R.  Avec préjugés, parti pris.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie de cette réponse.

 23   Maintenant, vous avez également expliqué pour nous - et vous avez donné ça

 24   comme un complément à votre réponse précédente - qu'à partir du 12 octobre

 25   1995, il y a ce document de cette date, vous avez retiré l'impression que

 26   la Défense civile n'était pas bien au clair en ce qui concerne ses propres

 27   tâches --  et j'ai informé les parties que ceci n'est pas encore versé au

 28   dossier comme élément de preuve, mais je comprends qu'il y a là quelque

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  1   chose qui est censé --enfin, c'est une référence très probablement au 596

  2   de la liste 65 ter qui sera sur votre liste bientôt, d'après ce que j'ai

  3   compris, Madame Mahindaratne.

  4   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ça c'est le document appelé "Résumé des

  6   activités du HRAT du 6 au 11 octobre" et le rapport est daté du 12 octobre.

  7   Mademoiselle Mauro, vous avez parlé de ce document du 12 octobre et de la

  8   confusion. Je lis ce document. Est-ce que c'est ce document qui a trait à

  9   la réunion que vous avez eue avec M. Zlatko De Longa ?

 10   R.  Le document du 12 octobre ?

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 12   R.  Des fonctionnaires de la Défense civile.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Vous nous avez dit que vous avez

 14   peut-être influencé et amené à ne pas rendre compte, mais M. De Longa,

 15   d'après ce document, a créé par mal de confusion également à la suite de ce

 16   rapport. Il a dit qu'il était arrivé seulement deux jours avant cette

 17   réunion, ce qui me conduit à poser la question suivante : comment se

 18   pouvait-il que ce manque de clarté en ce qui concerne la Défense civile que

 19   M. De Longa avait apparemment créé pouvait avoir un effet en ce qui

 20   concernait la situation avant que M. De Longa ne soit arrivé dans le

 21   secteur ?

 22   R.  Ceci est juste un élément de preuve supplémentaire visant à corroborer

 23   notre impression que la Défense civile, en fait, n'avait pas de

 24   renseignement, ou ne voulait pas communiquer de renseignement; et cette

 25   impression est celle que j'ai eue lorsque j'ai rencontré M. Jukic la

 26   première fois.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie de cette réponse.

 28   Vous avez répondu à une question au sujet des informations que vous aviez

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  1   au sujet de l'autorité de M. Cermak et de son titre, on vous a demandé si

  2   ceci était fondé sur ce que les autres membres de l'ONU vous auraient dit.

  3   On vous a demandé si ceci était exact, et vous avez dit : "Mes collègues."

  4   Est-ce que cette information vient uniquement sur la base de ce que vos

  5   collègues vous ont donné, ou bien est-ce que là il s'agit d'une impression

  6   que vous avez eue de son pouvoir, de son autorité - là je ne parle pas de

  7   son titre, mais vraiment de cette impression de pouvoir qu'il avait - est-

  8   ce que c'est basé uniquement sur ce que vos collègues vous ont dit, ou bien

  9   sur ce que vous avez pu observer vous-même ?

 10   R.  Les deux. On travaillait en tant qu'équipe, et on a tous eu ce même

 11   sentiment.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je comprends. Mais quand vous dites

 13   vous personnellement, je veux dire, par exemple, au cours de l'entretien

 14   que vous avez pu avoir avec M. Cermak.

 15   R.  Moi je ne l'ai pas rencontré officiellement, on ne peut pas dire que

 16   c'étaient des réunions officielles, mais j'avais quand même cette

 17   impression, à savoir qu'il avait une position d'autorité.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que ceci comprenait aussi ce que

 19   vous avez dit de M. Romanic ?

 20   R.  Oui.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci de cette réponse.

 22   Il y a une question qui vous a été posée, et c'est une question au sujet de

 23   la position du gouvernement croate quand il s'agit de la réintégration,

 24   c'est Mme Higgins qui vous a posé la question. Elle vous a demandé, quand

 25   elle vous a posé la question, elle a montré un document et elle vous a

 26   demandé : "Est-ce que vous voyez ici une observation indiquant que M.

 27   Cermak avait dit clairement que la Croatie ne voulait pas avoir une ville

 28   purement croate, mais qu'elle voulait que tous ces gens y habitent ?"

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  1   Elle a dit : "Est-ce que vous avez vu cela, est-ce que vous avez appris

  2   soit à l'époque, soit peu de temps après que ceci était en réalité la

  3   position de M. Cermak, celle qu'il avançait ?"

  4   Vous avez répondu : "Bien, oui."

  5   Est-ce que je peux vérifier avec vous différents éléments de la question

  6   posée pour voir si ce "oui" concerne tous les volets de la question.

  7   Elle vous a demandé si vous avez vu, par rapport au document, que c'était

  8   bien cela la position, dois-je comprendre que vous avez vu cela dans le

  9   document ?

 10   R.  Oui, aujourd'hui, certainement.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Ensuite, il y avait une autre

 12   question : "Est-ce que vous avez appris à l'époque ou peu de temps après

 13   que ceci était en réalité la position avancée par M. Cermak ?"

 14   Quand vous avez dit "oui," est-ce que vous avez dit oui aussi par rapport à

 15   cette partie-là de la question ?

 16   R.  Oui.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 18   Madame Higgins.

 19   Mme HIGGINS : [interprétation] J'ai juste quelques questions à poser suite

 20   aux questions posées par mes collègues.

 21   Contre-interrogatoire supplémentaire par Mme Higgins : 

 22   Q.  [interprétation] Madame, par rapport à cet entretien pour lequel vous

 23   avez dit que vous l'avez eu avec M. Romanic au sujet de M. Cermak, nous

 24   savons que vous avez rencontré M. Romanic le 22 août. Est-ce qu'on peut

 25   dire que dans ce document où vous racontez ce qui s'est passé par rapport à

 26   cet événement, on ne parle pas d'une telle conversation.

 27   Il n'y a pas d'autres rapports du HRAT dont j'ai eu connaissance dans

 28   lesquels on aurait consigné cette conversation.

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  1   R.  Il faudrait que je le recherche, mais ce n'est peut-être pas écrit.

  2   Q.  Ceci ne figure dans aucune de vos deux déclarations préalables. Etait-

  3   ce quelque chose dont vous avez parlé au Procureur au cours de la session

  4   de récolement ?

  5   R.  Je ne me souviens pas.

  6   Q.  Pouvez-vous m'aider avec l'endroit où je pourrais trouver la trace de

  7   cet entretien qui, d'après vous, a eu lieu au sujet de l'influence de M.

  8   Cermak ?

  9   R.  Si c'est quelque chose qui est écrit, vous devez le trouver dans le

 10   rapport du HRAT où l'on parle de M. Romanic et des réunions avec M.

 11   Romanic.

 12   Q.  Ceci n'existe pas.

 13   R.  Donc c'est peut-être quelque chose qui n'a jamais été écrit.

 14   Q.  Merci. Pendant cette conversation prétendue, est-ce que M. Romanic vous

 15   a parlé de la responsabilité de la police quand il s'agit d'enquêter sur

 16   les crimes et d'arrêter les crimes dans la zone ?

 17   R.  Malheureusement, j'avais l'impression que M. Romanic vraiment voulait

 18   aider, mais il n'a pas.

 19   Q.  Est-ce qu'il vous a parlé de leur responsabilité, la responsabilité

 20   d'enquêter sur les crimes ?

 21   R.  J'imagine qu'ils avaient cette responsabilité, la responsabilité

 22   d'enquêter sur les crimes, puisqu'il s'agissait là des représentants du

 23   ministère de l'Intérieur.

 24   Q.  Je vous ai posé une question simple. Est-ce qu'il vous a dit au cours

 25   de cet entretien que vous avez eu avec lui, est-ce qu'il vous a dit à

 26   l'époque quelles étaient les responsabilités de la police ? Oui ou non ?

 27   R.  Je ne me souviens pas.

 28   Q.  Puis la dernière question. Pour que ceci soit bien clair puisqu'on a

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  1   parlé des "réunions" à plusieurs reprises, juste pour qu'on se comprenne,

  2   Madame Mauro, est-ce qu'on peut dire que vous avez rencontré M. Cermak à

  3   plusieurs reprises dans la base de l'ONU, et à chaque fois, vous ne l'avez

  4   rencontré que deux ou trois minutes et avec d'autres personnes qui étaient

  5   présentes ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Merci.

  8   Mme HIGGINS : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 10   Monsieur Kuzmanovic.

 11   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 12   Contre-interrogatoire supplémentaire par M. Kuzmanovic : 

 13   M. KUZMANOVIC : [interprétation] C'est une question qui découle de la

 14   question que vous avez posée, Monsieur le Président, à la ligne 3.

 15   Q.  Le Juge Orie vous a posé une question au sujet de la Défense civile. Il

 16   vous a demandé : "Comment ce manque de clarté, quand il s'agit de la

 17   Défense civile et qui était l'œuvre de M. De Longa, est-ce qu'il est

 18   possible que manque de clarté avait son effet bien avant que M. De Longa

 19   n'arrive dans la zone ?"

 20   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je voudrais que l'on montre cela, c'est la

 21   deuxième page, il s'agit de la pièce P46, plus particulièrement le sixième

 22   paragraphe, le septième paragraphe, et la première partie du paragraphe 8.

 23   Vous avez répondu comme suit : "Ceci n'est qu'une preuve supplémentaire" -

 24   donc là, vous parliez de votre réunion avec M. De Longa - "pour corroborer

 25   cette impression que la Défense civile soit ne disposait d'information,

 26   soit ne souhaitait pas communiquer les infos, et cette impression je l'ai

 27   eue quand j'ai rencontré M. Jukic pour la première fois."

 28   La première fois que vous avez rencontré M. Jukic, on voit ceci dans le

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  1   rapport P46; dans les paragraphes 6, 7 et 8, il vous fournit des infos et

  2   il n'omet pas de vous communiquer des informations, n'est-ce pas ?

  3   R.  Non, ce n'est pas précis.

  4   Q.  Il vous parle des équipes chargées de ramasser les corps sans vie dans

  5   la zone de Knin.

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Il vous dit quel était le nombre de corps enterrés dans la région de

  8   Knin. Il vous dit que des informations avaient été fournies à l'adjoint au

  9   premier ministre, qui était le seul Croate habilité à parler avec le public

 10   sur ce point, et il invite aussi les représentants de l'ONU d'envoyer le

 11   rapport par rapport aux corps sans vie à la Défense civile. Donc il vous

 12   fournit les infos, n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Il n'omet pas à vous communiquer quoi que ce soit ?

 15   R.  Regardez ce même document, ou c'est peut-être un autre document, mais

 16   c'est plus bas. Vous allez voir qu'on me pose des questions sur les

 17   orductions [phon], et ensuite on se rend à l'hôpital, et le directeur de

 18   l'hôpital ne souhaite pas nous parler, mais ce n'est pas ce que l'on

 19   cherche vraiment. Donc là on a des éléments qui sont complètement

 20   contradictoires --

 21   Q.  [aucune interprétation]

 22   R.  Laissez-moi terminer comme moi je vous laisse terminer.

 23   Il est dit que tout était très bien organisé et que ces équipes enlevaient

 24   les corps humains et des animaux, mais tout ceci sur le terrain ne se

 25   passait pas. Donc, on avait du mal à le croire.

 26   Q.  Il n'y a rien dans ce document qui résume votre réunion avec M. Jukic,

 27   là vous dites que vous avez eu votre impression, vous vous êtes forgée une

 28   opinion sur lui, quand vous l'avez rencontré la première fois, on ne parle

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  1   pas de l'hôpital.

  2   R.  Si vous regardez le rapport suivant, vous allez voir que les carcasses

  3   d'animaux et les corps sont restés pendant des semaines et des semaines.

  4   Q.  [aucune interprétation]

  5   R.  [aucune interprétation]

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous n'avez pas répondu à la question.

  7   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] Je pense qu'il faudrait lire le

  8   paragraphe 8 en entier.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] M. Kuzmanovic, au début, a parlé des

 10   paragraphes 6, 7 et 8 et à la fin, il n'a parlé que des deux paragraphes; 6

 11   et 7, sans doute. Evidemment, le témoin a répondu à certaines questions, à

 12   de nombreuses questions posées au sujet de ce rapport.

 13   Madame Mauro, veuillez lire encore une fois les paragraphes 6, 7 et 8 de ce

 14   rapport et ensuite, passez à la page suivante, dites-nous quand vous avez

 15   fini avec le paragraphe 7 et quand vous avez fini tout cela, veuillez

 16   répondre, s'il vous plaît, à la question. A savoir, s'il y a quoi que ce

 17   soit dans ce document qui résume la réunion que vous avez pu avoir avec M.

 18   Jukic.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Pourriez-vous nous montrer la page suivante.

 20   Merci.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Vous avez ici quatre corps à Zagrovic qui

 23   n'ont pas été déplacés pendant de nombreuses journées, c'est un exemple.

 24   Puis, il y a un autre rapport, je ne sais pas quel était ce rapport, même

 25   moi, je dis, nous sommes allés voir le directeur de l'hôpital à Knin parce

 26   qu'on nous a dit que c'était eux qui étaient les responsables des

 27   abductions et c'était -- la réponse n'était pas très claire.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kuzmanovic ?

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  1   M. KUZMANOVIC : [interprétation]

  2   Q.  Dans le paragraphe 8, on peut revenir sur ce paragraphe, le paragraphe

  3   8. Les informations fournies dans le paragraphe 8, vous n'avez pas vu cela

  4   ?

  5   R.  Si. Zagrovic était un des cas qui se trouve dans le paragraphe après.

  6   Nous avons fait des rapports.

  7   Q.  [aucune interprétation]

  8   R.  [aucune interprétation]

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que la question a été posée, on

 10   a répondu et vous ne pouvez pas poursuivre.

 11   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je vous remercie.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur Kuzmanovic.

 13   Madame Mauro, avec ceci, se termine votre déposition en l'espèce. Je

 14   voudrais vous remercier d'être venue à La Haye pour déposer, pour répondre

 15   aux questions posées par les parties et je vous souhaite un bon voyage de

 16   retour, où que cela se trouve.

 17   Je vais demander à l'huissier d'accompagner Mme Mauro qui va quitter ce

 18   prétoire.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie de m'avoir donné la

 20   possibilité de venir ici. C'est une responsabilité morale.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce sont les parties qui vous remercient.

 22   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 23   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Je regarde devant moi.

 25   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 26   [Le témoin se retire]

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous avons encore trois minutes. Je sais

 28   qu'il y a une question non résolue par rapport à un expert. Mais j'ai bien

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  1   peur que les interprètes ne vont jamais me pardonner, si je vous donne la

  2   possibilité de commencer à en parler à présent, parce qu'on peut prévoir ce

  3   qui va se passer, à savoir que je vais devoir présenter mes excuses, au

  4   mieux 10 minutes à partir de maintenant à cause du retard provoqué.

  5   Donc, je propose que toute requête à ce sujet soit faite demain, avant

  6   qu'on ne commence à entendre le témoin expert, M. Theunens, mais nous avons

  7   encore deux minutes pour voir si c'est une bonne proposition, oui ou non.

  8   Madame Mahindaratne.

  9   Mme MAHINDARATNE : [interprétation] M. Waespi est ici pour cela. M. Waespi.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 11   M. WAESPI : [interprétation] C'est une très bonne suggestion.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Waespi.

 13   Monsieur Kehoe.

 14   M. KEHOE : [interprétation] Je suis sûr que c'est une très bonne

 15   proposition parce que ces requêtes, nous souhaitons les fournir avant la

 16   comparution du témoin.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Moi, on m'a dit que la réponse allait

 18   être soumise aujourd'hui. Est-ce que vous avez fait cela ?

 19   M. WAESPI : [interprétation] Non. On est toujours en train d'y travailler.

 20   On va le faire d'ici quelques heures.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pouvez-vous faire en sorte -- et bien,

 22   il y a toujours un problème quand vous soumettez les documents en dehors

 23   des heures de bureau, mais est-ce que vous pouvez les envoyer de sorte que

 24   nous n'avons pas besoin d'arriver demain trop tôt pour examiner tout cela,

 25   qu'on puisse avoir la possibilité de regarder cela aujourd'hui, ce soir.

 26   M. WAESPI : [interprétation] Nous avons toujours quelques exemplaires pour

 27   les Juges.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais nous voudrions vraiment

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  1   pouvoir les lire; là, je vous parle de choses pratiques, mais je pense que

  2   vous pouvez régler ça avec le personnel des Juges de la Chambre.

  3   Monsieur Kehoe.

  4   M. KEHOE : [interprétation] Il y avait d'autres questions, mais on va en

  5   parler demain.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Il est 7 heures. Nous levons

  7   la séance pour la journée et nous reprenons nos travaux demain, le 19

  8   novembre, à 14 heures 15 dans ce même prétoire.

  9   --- L'audience est levée à 19 heures 01 et reprendra le mercredi 19

 10   novembre 2008, à 14 heures 15.

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