Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 3 décembre 2012

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 00.

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour à tous qui se trouvent au

  6   prétoire et autour.

  7   Monsieur le Greffier, pourriez-vous citer l'affaire ?

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

  9    Il s'agit de l'affaire IT-04-75-T, le Procureur contre Goran Hadzic.

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 11   J'invite les parties à se présenter, en commençant par le Procureur.

 12   M. STRINGER : [interprétation] Je me présente. Bonjour, Monsieur le

 13   Président.

 14   M. Stringer, Matthew Olmsted, et Sebastiann van Hooydonk notre commis à

 15   l'affaire.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien. Et maintenant la Défense,

 17   Maître Zivanovic.

 18   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Pour la Défense de M. Goran Hadzic, Me

 19   Zivanovic et Christopher Gosnell.

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Pouvons-nous passer à huis clos

 21   partiel ?

 22   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

 23   [Audience à huis clos partiel]

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 14   [Audience publique]

 15   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, Monsieur Zivanovic.

 16   M. ZIVANOVIC : [interprétation] J'aimerais vous informer que l'une des

 17   pièces de la Défense D16 a été versée au dossier en anglais uniquement,

 18   traduction anglaise. L'original a été omis, et il me semble que c'était un

 19   jugement de la cour de Belgrade dans l'affaire Lovas, et la cote est

 20   1D002203. J'aimerais tout simplement que ce soit au compte rendu pour que

 21   les Juges de la Chambre puissent ordonner donc au Greffier de verser

 22   l'original.

 23   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] La version anglaise est donc versée

 24   d'ores et déjà, et maintenant, la version en B/C/S.

 25   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien, merci.

 27   Monsieur Stringer.

 28   M. STRINGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je ne suis pas

 


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  1   sûr. Je crois que l'on pense -- que je pense exactement au même document

  2   que mon collègue vient de citer. Je crois que ça n'a pas encore versé et

  3   que c'était une question de savoir si cela devrait être versé.

  4   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Y a-t-il une cote de la Défense ? Si

  5   c'est une cote MFI, Monsieur le Greffier ?

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] Le document a été versé à titre de pièce

  7   de la Défense D16, le 26 novembre, par l'intermédiaire du témoin Cirba

  8   Zeljko. Merci.

  9   M. STRINGER : [interprétation] Je crois que je pensais donc à une autre

 10   décision et pour laquelle nous allons demander le versement.

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien. Faisons entrer le témoin.

 12   L'INTERPRÈTE : L'interprète demande une rectification : La chambre de

 13   Belgrade sur les crimes de guerre.

 14   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 15   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien. Eh bien, l'original

 16   pourrait être versé. Monsieur le Greffier.

 17   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 18   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Rendulic.

 19   M'entendez-vous dans une langue que vous comprenez ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Je vous

 21   entends parfaitement.

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien, merci.

 23   Pourriez-vous décliner votre identité et votre date de naissance, pour le

 24   compte rendu. Et nous donner votre appartenance ethnique.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Adam Rendulic. 19 novembre 1947. Croate.

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Vous allez prononcer la déclaration

 27   solennelle par laquelle vous vous engagez à dire la vérité. Je dois vous

 28   dire que par cette déclaration, vous exposez aux sanctions de parjure au

 


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  1   cas où les informations dont vous déposez seraient erronées ou fausses.

  2   Pourriez-vous lire la déclaration solennelle maintenant.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

  4   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  5   LE TÉMOIN : ADAM RENDULIC [Assermenté]

  6   [Le témoin répond par l'interprète]

  7   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci mille fois. Je vous prie de

  8   vous asseoir.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Votre témoin, Monsieur Olmsted.

 11   M. OLMSTED : [interprétation] Oui, merci, Monsieur le Président.

 12   Interrogatoire principal par M. Olmsted : 

 13   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Rendulic.

 14   R.  Bonjour.

 15   Q.  Je vais commencer par vous poser quelques questions sur vos

 16   antécédents.

 17   Pourriez-vous nous dire où vous résidez à l'heure actuelle ?

 18   R.  J'habite à Lovas, où je suis né.

 19   Q.  Et quel est votre emploi ?

 20   R.  Je suis encore directeur de la coopérative agricole de Lovas.

 21   Q.  Est-il exact qu'après le lycée, vous avez reçu un diplôme en

 22   agriculture de l'Université de Banja Luka ?

 23   R.  Oui. C'est là où j'ai reçu mon diplôme de l'école supérieure

 24   d'agriculture.

 25   Q.  Après avoir parachevé l'université, êtes-vous retourné à Lovas, vers

 26   1969 ?

 27   R.  Oui, je suis revenu à Lovas en 1968.

 28   Q.  Et où avez-vous pris un poste ?


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  1   R.  Tout d'abord, je suis allé faire le service militaire à Pozarevac, et

  2   j'en suis revenu en 1968.

  3   Q.  Merci de cet éclaircissement. Et où avez-vous commencé à travailler

  4   quand vous êtes retourné à Lovas ?

  5   R.  J'ai commencé à travailler immédiatement à la coopérative agricole à

  6   Lovas, en décembre 1969.

  7   Q.  Et qu'en êtes-vous devenu directeur de cette coopérative ?

  8   R.  Je suis devenu directeur en 1975.

  9   Q.  J'aimerais tout d'abord vérifier la date. Avez-vous dit 1975 ?

 10   R.  Oh, pardon, 1985. 1985, j'ai pris un poste de directeur.

 11   Q.  Très bien.

 12   R.  Oui, je suis devenu directeur en 1969.

 13   Q.  Attendez, mettons-nous d'accord.

 14   Est-ce que directeur -- est-ce la même chose que directeur général ?

 15   R.  Oui, à peu près.

 16   Q.  Et quand vous avez commencé en 1969, vous n'étiez pas directeur général

 17   ?

 18   R.  Non, non. Je suis devenu directeur général en 1985.

 19   Q.  Je pense que ceci est clair.

 20   Pourriez-vous nous parler de cette coopérative en 1990, 1991, ce qu'on y

 21   faisait, et quelle était sa taille ?

 22   R.  La coopérative agricole de Lovas faisait principalement de

 23   l'exploitation agricole, et organisait les agents coopérants. Nous avions

 24   environ 1 900 hectares, et environ 82 collaborateurs. Nous organisions nos

 25   agents coopératifs par des finances, en leur accordant des prêts, et par la

 26   suite, nous avons organisé notre propre production y compris les vignobles

 27   et les bergers.

 28   Q.  Et quelles étaient les appartenances ethniques des effectifs de la


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  1   coopérative ?

  2   R.  Ils étaient principalement croates, plus quelques Serbes.

  3   Q.  Et n'avez-vous jamais rempli de fonction officielle politique ? 

  4   R.  Non, jamais.

  5   Q.  Et avez-vous été membre d'un parti politique quelconque ?

  6   R.  Oui, j'ai été membre de la Ligue des Communistes.

  7   Q.  Jusqu'à quand ?

  8   R.  Jusqu'à 1991.

  9   Q.  Avez-vous été membre du Parti HDZ ?

 10   R.  Non, jamais.

 11   M. OLMSTED : [interprétation] Pourrait-on afficher P233.140 ? Il s'agit de

 12   l'onglet 33.

 13   Je crois que ceci a été versé sous pli scellé au départ, mais je ne vois

 14   pas de motif que cela soit sous pli scellé. Donc, je pense que nous pouvons

 15   tout à fait le diffuser. Je ne sais pas si nous avons enlevé, donc, cette

 16   appellation.

 17   On indique que non et donc le Procureur demanderait maintenant que

 18   l'on élimine cette appellation sous pli scellé. Il n'y en a fait aucun

 19   motif que -- d'où nous serions avertis.

 20   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 21   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Il va nous falloir tout simplement

 22   nous fier à nos propos, parce que nous ne pouvons le confirmer, mais si

 23   vous dites qu'il n'y a pas de problème, le statut confidentiel sera donc

 24   levé.

 25   Si vous voulez bien procéder, Monsieur le Greffier.

 26   M. OLMSTED : [interprétation] Très bien. Si nous pouvons faire un gros plan

 27   sur le secteur qui est au sud-est de Vukovar. En quelque sorte, le petit

 28   secteur qui est en ergot en haut à droite de la carte. Si vous voulez bien


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  1   faire un gros plan là, très bien. Maintenant, si vous voulez bien défiler

  2   vers la droite. Merci.

  3   Q.  Monsieur, pourriez-vous nous dire dans l'ensemble, en termes généraux,

  4   quelle était la majorité ethnique dans les villages de ce secteur au -- du

  5   Srem occidental, à l'est de Vukovar -- sud-est de Vukovar ?

  6   R.  Dans ce triangle de Srem, comme nous l'appelions, Lovas, Tovarnik et

  7   jusqu'à Ilok, de Vukovar, la majorité des habitants était croate et c'est

  8   pour cela que la frontière est si -- a tant de convolution. Parce que

  9   lorsqu'elle a été dressée, après la Deuxième Guerre mondiale, elle a été

 10   tracée le long des villages croates. Si elle avait été en ligne droite, ces

 11   villages croates se seraient retrouvés en Vojvodina serbe et c'est pourquoi

 12   la frontière a tant de lacets, en raison de ces villages croates.

 13   Q.  Pourriez-vous tout simplement confirmer, en ce qui concerne les

 14   villages qui sont en rouge qu'ils étaient tous à majorité croate ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Et vous nous avez parlé de l'importance historique des lacets de cette

 17   frontière.

 18   Pourriez-vous nous parler de la population serbe dans ce secteur.

 19   Etait-elle de ce triangle du Srem occidental, comme vous l'avez appelé ?

 20   R.  Eh bien, une partie plus petite l'est. La seconde a été peuplée par des

 21   populations serbes de Banja et de Korduna après la Deuxième Guerre

 22   mondiale.

 23   M. OLMSTED : [interprétation] Pourrions-nous faire défiler l'image vers le

 24   haut ? Merci. Parfait.

 25   Q.  Pourriez-vous, je vous prie, pour que nous pourrions -- pouvons donner

 26   un contexte à votre déposition, pourriez-vous encercle Lovas ?

 27   R.  Voici Lovas.

 28   Q.  Pourriez-vous nous dire, avant le conflit, combien de personnes y


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  1   habitaient, dans ce village ?

  2   R.  Environ 1 700.

  3   Q.  Et quelle était la composition ethnique de ce village ?

  4   R.  La grande majorité était croate. Il n'y avait que 8 % de Serbes, c'est-

  5   à-dire 133 résidents y étaient serbes.

  6   Q.  Pourriez-vous maintenant encercler Sotin ?

  7   R.  Voici Sotin.

  8   Q.  Et quelle était la population de Sotin ?

  9   R.  Je ne sais pas exactement, mais je pense qu'il y avait davantage de

 10   Serbes à Sotin qu'à Lovas.

 11   Q.  Et combien de personnes habitaient à Sotin ?

 12   R.  Egalement environ 1 700. Peut-être 20 % d'entre eux étaient serbes.

 13   Q.  Et pourriez-vous entourer d'un cercle Tovarnik ?

 14   R.  Tovarnik … attendez un instant. Voilà, ici. Tovarnik.

 15   Q.  Pourriez-vous nous dire quelle était la population de Tovarnik ?

 16   R.  Là encore, la majorité était croate, mais il y avait également des

 17   Serbes. Je ne sais pas exactement combien, mais bien moins que de Croates.

 18   Q.  Pourriez-vous nous donner une idée de la population totale de Tovarnik

 19   ?

 20   R.  Environ 3 000.

 21   Q.  Pourriez-vous encercler Bapska ?

 22   R.  Bapska, ici.

 23   Q.  Pourriez-vous nous donner la population de Bapska ?

 24   R.  Bapska était exclusivement croate en termes de population.

 25   Q.  Et combien de personnes y habitaient ?

 26   R.  Là encore, environ 1 700, pareil qu'à Lovas.

 27   Q.  Enfin, pouvez-vous entourer d'un cercle Ilijak [comme interprété] ?

 28   R.  Ilok se trouve ici.


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  1   Q.  Et quelle était la population d'Ilok ?

  2   R.  Là encore, il s'agissait d'un population principalement en Croates. Il

  3   y avait quelques Slovaques -- davantage de Slovaques que de Serbes. Les

  4   Serbes étaient en minorité absolue.

  5   Q.  Et quelle était la population totale d'Ilok avant le conflit ?

  6   R.  Environ 6 000 habitants.

  7   Q.  Avant mai 1991 -- nous allons retourner à Lovas où vous habitiez. Avant

  8   mai 1991, quelles étaient les relations entre les Croates et les Serbes,

  9   dans votre village ?

 10   R.  Avant, et en 1990, avant que la guerre ne connaisse une escalade, les

 11   relations entre les Serbes et les Croates étaient très bonnes.

 12   Q.  Pourriez-vous nous dire combien d'agents de police étaient affectés à

 13   Lovas ?

 14   R.  Lovas n'avait pas de postes de police villageois. Il y avait quelques

 15   agents de police de Lovas qui travaillaient aux postes de police à Vukovar

 16   et Tovarnik.

 17   Q.  Elucidons votre dernière question. Vous avez dit qu'il y avait moins

 18   d'agents de police de Lovas. Oui, je comprends. Donc, les agents de police

 19   qui arrivaient à Lovas ou qui venaient à Lovas, où se trouvaient leurs

 20   postes ?

 21   R.  A Tovarnik et à Vukovar.

 22   Q.  Et vous avez dit qu'il y avait quelques agents de polices qui étaient

 23   affectés à Lovas; quelle était leur appartenance ethnique ?

 24   R.  C'était en 1991 et c'était principalement des Croates.

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic.

 26   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Le témoin a déjà répondu à cette question.

 27   Merci.

 28   M. OLMSTED : [interprétation] Je ne vois pas où il a répondu à la question.


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  1   Q.  Ma question est la suivante : Vous avez dit qu'il y avait trois agents

  2   de police -- ou quelques agents de police qui venaient régulièrement à

  3   Lovas en patrouille ou pour s'acquitter de leurs responsabilités à Lovas.

  4   Ma question est donc : Ces quelques agents de police, quelle était leur

  5   appartenance ethnique ?

  6   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur le Témoin, un instant.

  7   Où le témoin -- ou quand le témoin a-t-il dit qu'il y avait des agents de

  8   police qui étaient affectés à Lovas ?

  9   [La Chambre de première instance se concerte]

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Ligne 17.

 11   M. OLMSTED : [interprétation] Si vous regardez à la page 10, ligne -- à la

 12   page 10 --

 13   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, il y avait quelques agents de

 14   police. Ce n'était pas une question. Ce n'était pas une réponse.

 15   M. OLMSTED : [interprétation] Je vais élucider la question.

 16   Q.  Monsieur, pourriez-vous nous dire combien d'agents de police étaient

 17   affectés à Lovas; en d'autres termes, ils s'acquittaient de leurs

 18   responsabilités à Lovas avant le conflit ?

 19   R.  Cela dépend est-ce que vous parlez de 1991 ou avant 1991. Ce que j'ai

 20   compris c'est que nous parlions de la période avant 1991. A l'époque, les

 21   agents de police venaient de Tovarnik à Lovas en patrouille, principalement

 22   deux agents de police. Au début, l'un était Musulman, l'autre était Serbe.

 23   Ils venaient de Tovarnik.

 24   Par la suite, deux Serbes venaient, l'un appelé Rudic, qui était né à

 25   Lovas, et l'autre de Tovarnik. Avant la guerre, ils étaient chargés du

 26   travail de police à Lovas. Avant 1991.

 27   Q.  Maintenant pourriez-vous nous dire : En 1991, la chose a-t-elle changé

 28   ?


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  1   R.  En 1991, à l'établissement de l'État croate, les choses ont changé. Il

  2   y avait un poste de police à Tovarnik et, à l'époque, de Lovas, il y avait

  3   quelques agents de police qui allaient travailler à Tovarnik et à Vukovar.

  4   Q.  Et alors en ce qui concerne Lovas, Lovas en soi ? Le nombre d'agents de

  5   police qui venaient à Lovas pour s'acquitter de leurs responsabilités, est-

  6   ce que cela a changé en 1991 ?

  7   R.  Eh bien, oui, cela a changé. Les Croates étaient principalement ceux

  8   qui venaient, mais également Mica Devcic, par exemple, qui était Serbe, qui

  9   était né à Lovas, et qui travaillait à Vukovar.

 10   Q.  Pourriez-vous nous dire en gros dans cette période de 1991 - à

 11   l'évidence, avant octobre - combien d'agents de police étaient affectés à

 12   Lovas, Lovas même ?

 13   R.  Eh bien, les agents de police ne travaillaient pas à Lovas. Le poste de

 14   police se trouvait à Tovarnik, donc ils venaient à Lovas de Tovarnik.

 15   Q.  Très bien. Etiez-vous informé d'une échauffourée armée qui s'est

 16   déroulée le 2 mai 1991 à Borovo Selo ?

 17   R.  Oui, absolument, j'en ai été tout à fait informé. C'est lorsque 13

 18   agents de police ont été tués.

 19   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Permettez-moi de vous interrompre avant

 20   de continuer. Je ne suis pas tout à fait sûr d'avoir compris les agents de

 21   police qui venaient à Lovas. Je sais qu'il n'y avait pas de poste de police

 22   sur place. Est-ce que vous pourriez demander au témoin de développer ce

 23   sujet, comment est-ce que cela se faisait qu'ils venaient à Lovas puisqu'il

 24   n'y avait pas de poste de police ? Ils ne faisaient que passer ou ils

 25   travaillaient ?

 26   M. OLMSTED : [interprétation]

 27   Q.  Monsieur le Témoin, avez-vous compris la question du Juge ? Est-ce que

 28   vous pourriez y répondre.


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  1   R.  Oui, j'ai compris.

  2   Les agents de police, qui étaient employés donc de la police, travaillaient

  3   au poste de police à Tovarnik. Ils habitaient à Lovas et ils allaient

  4   travailler à Tovarnik. Et ils venaient à Lovas uniquement s'ils avaient à y

  5   faire, à l'instar de ce qui se passait avant 1991, comme je l'ai expliqué.

  6   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Donc, si besoin était, en moyenne, dans

  7   un mois, par exemple, combien de fois les agents de police venaient-ils ou

  8   devaient-ils venir à Lovas ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, tout comme auparavant, ils venaient

 10   hebdomadairement, recevoir des informations, voir s'il y avait des

 11   problèmes, s'il y avait eu des incidents, s'il y avait eu des crises, et

 12   ensuite les décisions étaient prises. Mais ils venaient, je présume, une

 13   fois par semaine.

 14   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci, Monsieur Rendulic.

 15   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Un instant.

 16   M. LE JUGE MINDUA : Monsieur le Procureur, excusez-moi.

 17   Monsieur le Témoin, toujours sur cette histoire de policiers.

 18   A la page 12 du transcript [comme interprété], vous avez dit qu'au début,

 19   il y avait deux policiers, dont l'un était Serbe et l'autre Musulman,

 20   qu'ils venaient à Lovas. Et après, il y avait toujours deux policiers, les

 21   deux Serbes venaient à Lovas, et plus tard, nous avons deux Croates, deux

 22   policiers croates.

 23   Y a-t-il une raison à cette composition ethnique de l'équipe qui venait à

 24   Lovas ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'ai dit tout à l'heure; il faut faire un

 26   distinguo entre 1991 et la période précédant cette date.

 27   Ces agents de police, Serbes, venaient avant 1991. Avec l'établissement de

 28   l'État croate, les choses ont changé. Et également il n'y avait pas de


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  1   poste de police à Lovas. La police venait de Tovarnik selon les besoins.

  2   M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous en prie.

  4   M. OLMSTED : [interprétation]

  5   Q.  Vous avez déposé que vous connaissez l'incident de mai 1991, du 2 mai

  6   1991, à Borovo Selo et nous avons d'ores et déjà des pièces au sein de ce

  7   Tribunal concernant cet incident.

  8   Mais pouvez-vous nous dire quels ont été les incidences de cet événement

  9   sur les habitants de Lovas ?

 10   R.  Ceci a eu un effet négatif sur les habitants de Lovas et aux alentours.

 11   Treize agents de police croates ont été tués, et à l'évidence, ceci a

 12   produit des tensions, des problèmes, une certaine nervosité, chez les

 13   villageois, et la situation est devenue quelque peu plus complexe.

 14   Q.  Est-ce que certains Serbes à Lovas à l'époque ont quitté Lovas ?

 15   R.  Non, personne n'a quitté Lovas.

 16   Q.  Et pour ce qui est de la période avant le mois de mai ? Est-ce qu'il y

 17   a eu des Serbes de Lovas qui ont quitté Lovas ?

 18   R.  Oui. De jeunes hommes, certains jeunes hommes de Lovas ont quitté

 19   Lovas. Et j'ai posé la question à leurs parents pour savoir où ils étaient

 20   partis, et ils m'ont dit qu'ils étaient partis à Vojvodine pour travailler.

 21   Pourtant, plus tard, j'ai appris que ce n'était pas vrai.

 22   Q.  Pour ce qui est de ces jeunes hommes serbes, est-ce que des pressions

 23   ont été exercées sur eux par les Croates, la population croate, pour qu'ils

 24   quittent Lovas ?

 25   R.  Non. Il n'y a pas eu de pressions sur qui que ce soit à Lovas, sur les

 26   Serbes non plus.

 27   Q.  Vous avez déposé que plus tard vous avez appris qu'ils n'ont pas dit la

 28   vérité. Qu'est-ce que vous avez appris plus tard ?


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  1   R.  Lors des premières négociations à Sid, je les ai vus dans l'unité de

  2   paramilitaires à Tovarnik.

  3   Q.  A un moment donné en 1991, est-ce que la cellule de Crise a été formée

  4   à Lovas ?

  5   R.  Oui. Principalement dans les villages après l'événement à Borovo

  6   Naselje, après le meurtre des policiers croates, les cellules de Crise ont

  7   été formés dans ces villages, à Lovas aussi.

  8   Q.  Et pouvez-vous nous dire les noms de certains des membres de ces

  9   cellules de Crise, si vous pouvez vous en souvenir ?

 10   R.  Je ne me souviens pas de tous les noms, mais je me souviens de Jozo

 11   Milas, il était président. Ensuite, Djuko Filic. Moi-même. Ivo Madzarevic

 12   également. Il y avait à peu près une dizaine de personnes. Zeljko Cirba

 13   aussi. Je ne me peux pas me souvenir de tous les noms.

 14   Q.  Très bien. Pouvez-vous nous dire quand vous êtes devenu membre de cette

 15   cellule de Crise ?

 16   R.  Je suis devenu membre de la cellule de Crise à un moment donné au mois

 17   de juillet. J'ai été coopté au sein de la cellule de Crise.

 18   Q.  Et quelle était la fin de la formation de cette cellule de Crise, comme

 19   vous l'avez appelée ?

 20   R.  La cellule de Crise devait surveiller les événements dans le village

 21   ainsi que les événements survenus dans d'autres villages. Ensuite, il

 22   fallait également entrer en contact avec d'autres villages, parce qu'on a

 23   pu voir qu'après les événements à Borovo Selo, la situation était tendue et

 24   on a pu voir que quelque chose allait se passer, qui n'allait pas être bien

 25   pour nous.

 26   Q.  Est-ce que les réunions de la cellule de Crise étaient les réunions

 27   publiques ?

 28   R.  Principalement, oui, il s'agissait de réunions publiques. Donc, tout le


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  1   monde pouvait avoir accès à ces réunions. Il y avait même quelques Serbes

  2   qui ont participé à ces réunions.

  3   Q.  Pouvez-vous nous dire quelles étaient les mesures que la cellule de

  4   Crise a prises pour assurer la sécurité à Lovas ?

  5   R.  Il s'agissait généralement du fait d'entrer en contact avec les Serbes

  6   dans d'autres villages. Et c'est pour cela qu'on a eu des réunions avec les

  7   Serbes, pour arriver à des accords concernant le maintien de la paix dans

  8   nos villages et de continuer à vivre comme on vivait jusqu'en 1991.

  9   Q.  Est-ce que les points de contrôle ont été établis autour du  village de

 10   Lovas ?

 11   R.  Oui. Après tous ces malheureux événements, on a établi les points de

 12   contrôle à sept, huit lieux autour du village même.

 13   Q.  Pouvez-vous nous dire pendant quelle période de temps ces points de

 14   contrôle fonctionnaient, à peu près ?

 15   R.  Je pense que c'était pendant le mois de juin et le mois de juillet que

 16   les points de contrôle ont commencé à être établis.

 17   Q.  Et pendant combien de temps ces points de contrôle existaient ?

 18   R.  Ils existaient jusqu'au 29 septembre -- ou plutôt, 29 novembre 1991.

 19   Q.  Nous avons la date du 29 novembre 1991. Pouvez-vous confirmer que cette

 20   date est exacte ?

 21   R.  Je pense que j'ai dit la même date.

 22   Q.  Permettez-moi de poser la question suivante : quand avez-vous quitté

 23   Lovas ?

 24   R.  J'ai quitté Lovas le 10 octobre, le jour où l'agression contre Lovas a

 25   été faite.

 26   Q.  Ces points de contrôle existaient-ils au moment où vous avez quitté

 27   Lovas, à savoir au mois d'octobre ?

 28   R.  J'ai dit que les points de contrôle ont cessé d'exister le 29


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  1   septembre, et au mois d'octobre il n'y avait plus de points de contrôle.

  2   Q.  Il était nécessaire de tirer ce point au clair aux fins du compte

  3   rendu, parce qu'on voit le mois de novembre consigné au compte rendu.

  4   Et pouvez-vous nous dire qui se trouvait à ces points de contrôle ?

  5   R.  A ces points de contrôle se trouvaient principalement les Croates.

  6   Majoritairement parce que c'était le village croate, mais il y avait des

  7   Serbes également qui venaient pour être de service à ces points de

  8   contrôle. Pas régulièrement, mais souvent ils venaient. Et même, ils

  9   apportaient des boissons à ces personnes qui se trouvaient aux points de

 10   contrôle.

 11   Q.  Est-ce que les gens qui se trouvaient à ces points de contrôle étaient

 12   les membres des forces armées ?

 13   R.  Non, il n'y avait pas d'unités armées à Lovas.

 14   Q.  Et pour ce qui est des personnes qui venaient de l'extérieur de Lovas ?

 15   R.  Je ne sais pas s'il y avait des gens qui faisaient partie des unités

 16   militaires et qui étaient d'autres lieux que Lovas.

 17   Q.  Non, permettez-moi de reformuler ma question.

 18   Les gens qui se trouvaient aux points de contrôle à Lovas, est-ce que ces

 19   gens étaient de Lovas même, ou est-ce que ces gens étaient de l'extérieur

 20   de Lovas ?

 21   R.  C'étaient les villageois de Lovas.

 22   Q.  Et quelles étaient les tâches de ces personnes, de ces hommes qui se

 23   trouvaient à ces points de contrôle ?

 24   R.  Leur tâche était de contrôler les entrées et les sorties du village

 25   puisque certains groupes s'approchaient déjà du village pour faire de la

 26   reconnaissance. J'ai eu l'occasion de parler à mon père, qui m'a dit que

 27   les membres d'une armée étaient venus pour lui poser des questions

 28   concernant la vie dans le village et pour savoir où se trouvait le


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  1   cimetière serbe. Mon père a dit : Il n'y a pas de cimetière serbe à Lovas,

  2   il y a un cimetière commun qui est croate et serbe.

  3   Et donc, leur tâche était de surveiller cette situation puisque la

  4   situation était déjà tendue, tout cela pour éviter des incidents.

  5   Q.  Vous avez dit que l'une de leurs tâches était de contrôler les gens qui

  6   entraient dans le village et qui sortaient du village. Est-ce qu'ils ont

  7   empêché qui que ce soit d'entrer dans le village ou de quitter le village ?

  8   R.  Non. Il ne s'agissait pas de points de contrôle des douanes, par

  9   exemple. Il fallait justement savoir ce qui se passait autour du village.

 10   Mais ils n'arrêtaient pas les gens aux points de contrôle pour les

 11   fouiller.

 12   Q.  Et pour ce qui est des personnes qui se trouvaient aux points de

 13   contrôle, pouvez-vous nous dire si ces personnes étaient armées, et si oui,

 14   comment ?

 15   R.  C'était pendant la nuit que ces gardes s'y trouvaient, et ils

 16   disposaient principalement de fusils de chasse que les chasseurs leur

 17   donnaient. Les chasseurs donnaient leurs fusils de chasse à des personnes

 18   qui se trouvaient à ces points de contrôle pendant la nuit.

 19   Q.  Pour autant que vous le sachiez, pendant l'existence de ces points de

 20   contrôle, est-ce qu'il y avait des tirs de lancés de ces fusils de chasse ?

 21   R.  Non, il n'y a pas eu de tirs.

 22   Q.  Et comment les Serbes locaux ont réagi à l'existence de ces points de

 23   contrôle ?

 24   R.  C'est ce qu'on a fait en accord avec eux. Ils étaient contents de voir

 25   que les contrôles se faisaient pour éviter des incidents de quelque côté

 26   que cela soit. Puisque cela aurait pu poser beaucoup de problèmes. Donc,

 27   ils étaient contents. Et j'ai beaucoup parlé avec eux et ils étaient

 28   contents de l'existence de ces points de contrôle, surtout les Serbes qui


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  1   étaient villageois de Lovas.

  2   Q.  Il a été consigné au compte rendu que vous avez dit que : "Ils n'ont

  3   jamais exprimé leur contentement." Pouvez-vous nous expliquer cela ?

  4   R.  J'ai dit que leur mécontentement était dans un autre sens. Mais ils

  5   étaient contents puisqu'on pouvait, comme cela, faire régner la paix et

  6   l'ordre dans notre village.

  7   Q.  Maintenant, pour autant que vous le sachiez, dites-nous si la cellule

  8   de Crise a été impliquée à la création de formations armées à Lovas.

  9   R.  Non. J'ai dit qu'à Lovas il n'y avait pas de formations armées.

 10   Q.  Et est-ce que la cellule de Crise a obtenu des explosifs ?

 11   R.  Non, la cellule de Crise ne s'est pas approvisionnée en explosifs, pour

 12   autant que je sache.

 13   Q.  Pouvez-vous nous dire si, à un moment donné, lorsque Lovas a obtenu des

 14   mines de quelque part ?

 15   R.  Oui. Bien, il s'agissait des mines antichars qui ont été envoyées

 16   d'Ilok et qui ont été retournées à Ilok par la suite, à la fin du mois de

 17   septembre. Il s'agissait des mines qui ont été envoyées puisqu'en juillet,

 18   il y avait des chars là-bas. Nous ne voulions pas utiliser ces mines. Les

 19   mines sont restées dans l'entrepôt, et elles ont été retournées le 29

 20   septembre à Ilok.

 21   Q.  Et quel était le nombre de mines antichars que vous avez reçues ?

 22   R.  Je ne connais pas le nombre exact, mais je pense qu'il y en a eu à peu

 23   près une quinzaine.

 24   Q.  Pourquoi ces mines n'ont pas été utilisées, n'ont pas été posées nulle

 25   part ?

 26   R.  C'était parce que la vie dans le village était toujours normale. Les

 27   gens prenaient leurs tracteurs pour aller travailler dans leurs champs, et

 28   nous estimions qu'il serait très dangereux de poser ces mines. Et c'était


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  1   la raison pour laquelle nous n'avons pas utilisé ces mines.

  2   Q.  Est-ce que la cellule de Crise a pris des mesures pour éviter que les

  3   Serbes soient inquiets ?

  4   R.  J'ai déjà dit que j'ai eu beaucoup de contacts avec les Serbes. Et on a

  5   eu une réunion dans la maison de Mirko Lovric, qui était Serbe. Et les

  6   Serbes eux-mêmes nous ont invités pour avoir cette réunion. Et lors de

  7   cette réunion, nous avons dit que nous voulions dire aux Serbes qu'il ne

  8   s'agissait pas d'une réunion obligatoire. Nous avons dit que nous allions

  9   participer à cette réunion.

 10   Q.  Pouvez-vous nous dire quand cette réunion a eu lieu dans la maison de

 11   M. Lovric ? A peu près quand ?

 12   R.  Je pense que c'était juste après les événements à Borovo, vers la fin

 13   du mois de mai ou en juin 1991.

 14   Q.  Mais à un moment donné en juillet 1991, vous souvenez-vous de

 15   l'incident auquel étaient impliqués la JNA, et c'est un incident qui a eu

 16   lieu à la coopérative de Lovas ?

 17   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur Olmsted. Il faut

 18   que je pose une question avant que vous ne continuiez. 

 19   Monsieur Rendulic, vous avez dit auparavant que vous avez été coopté en

 20   tant que membre de la cellule de Crise. Ma question a deux volets. D'abord,

 21   est-ce que vous avez fait cela de votre propre gré; et qui vous a coopté au

 22   sein de la cellule de Crise ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Vous voyez, j'ai répondu à l'appel de mon

 24   secrétaire qui travaillait avec moi dans ma compagnie. Donc, je suis devenu

 25   membre de la cellule de Crise de mon propre gré. Ce secrétaire était le

 26   président de la cellule de Crise. Et lorsqu'il m'a demandé si je voulais

 27   être membre de la cellule de Crise, vu que j'avais la possibilité

 28   d'utiliser mon influence par le biais de la coopérative, et comme je


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  1   n'étais pas membre du HDZ, je pensais que je pouvais contribuer à ce que la

  2   paix règne entre les Serbes et les Croates.

  3   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Merci, Monsieur le Témoin.

  4   Monsieur Olmsted, vous pouvez continuer.

  5   M. OLMSTED : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.

  6   Q.  J'aimerais revenir à ma question. A un moment donné en juillet 1991,

  7   vous vous souvenez d'un incident auquel étaient impliqués les soldats de la

  8   JNA et qui s'est produit à la coopérative agricole de Lovas ?

  9   R.  Oui, je me souviens qu'il y ait eu un incident. Les membres de l'armée

 10   sont arrivés. Je ne sais pas s'il s'agissait des soldats de la JNA ou des

 11   effectifs de réserve. Ils sont venus chez nous dans la coopérative

 12   agricole. Ils ont fait descendre le drapeau croate. Ils ont obligé le

 13   gardien de faire cela. Et Nikica Maric a été obligé de monter sur le silo,

 14   qui était d'une hauteur de 20 mètres à peu près, pour descendre le drapeau

 15   croate du silo également. Mais personne ne voulait monter au sommet du

 16   silo, et Nikica non plus, donc le drapeau est resté au sommet du silo.

 17   Ensuite, on a demandé les clés au garde de l'armoire où se trouvaient, je

 18   pense, deux vieux fusils de type M-48. C'étaient les fusils qui

 19   appartenaient aux gardes, parce que dans le système ancien, tous les gardes

 20   disposaient de fusils. Donc, l'armée a ouvert cette armoire pour reprendre

 21   ces deux fusils en lui promettant de les retourner, mais cela ne s'est

 22   jamais produit.

 23   Q.  En août 1991, est-ce que vous avez participé à la réunion avec les

 24   membres de la JNA ?

 25   R.  Oui. Il y avait beaucoup de contacts avec des membres de la JNA. Au

 26   mois d'août, la voie de communication entre Tovarnik et Lovas était

 27   bloquée, et également entre Lovas et Sid. Puisqu'à l'époque, on avait

 28   toujours des contacts avec Sid, qui se trouvait en Serbie. Les gens y


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  1   allaient pour acheter des médicaments et d'autres choses. Puisque Vukovar

  2   était déjà bloquée à l'époque, nous ne pouvions pas nous rendre à Vukovar

  3   et nous allions à Sid. C'est là-bas où les réservistes du Corps de Novi Sad

  4   sont arrivés, ils ont bloqué la route et ils ne permettaient plus aux

  5   policiers de se rendre à Tovarnik pour travailler. Djuro Prodanovic, moi-

  6   même et Zeljko Cirba - donc Prodanovic était Serbe - nous sommes partis

  7   pour avoir des pourparlers avec ces réservistes pour qu'ils débloquent la

  8   route, et c'est ce qu'ils ont fait par la suite.

  9   Q.  Vous souvenez-vous du nom de l'officier de la JNA avec qui vous avez eu

 10   la réunion ce jour-là ?

 11   R.  Il a dit qu'il s'agissait des réservistes du Corps de Novi Sad. Il y

 12   avait un lieutenant-colonel, un homme plus jeune, dont je ne me souviens

 13   pas le nom, et il y en avait un autre, le commandant Radosavljevic. Il a

 14   dit qu'il était de Sid, qu'il nous connaissait, qu'il connaissait Lovas

 15   parce qu'il y venait souvent pour faire des emplettes, et qu'il connaissait

 16   les gens de Lovas.

 17   Q.  Est-ce que ce commandant de la JNA vous a dit -- est-ce qu'il a dit à

 18   la délégation des gens de Lovas quoi que ce soit pour ce qui est de Lovas

 19   et de Tovarnik, pour ce qui est de ce qu'il savait là-dessus ?

 20   R.  Il nous a dit qu'il connaissait Lovas et les gens de Lovas. Il a dit

 21   qu'il s'agissait d'un village calme et que dans ce village il n'y avait pas

 22   de problèmes. Il a dit qu'ils ont été envoyés ici, ces membres de -- du

 23   Corps de Novi Sad avec des instructions disant qu'il y avait 2 000 Oustachi

 24   et d'autres choses, mais cela n'existait pas du tout, et ils ont vu eux-

 25   mêmes cela. Et finalement, il a dit : Ne provoquez pas de problèmes. Et

 26   nous non plus nous n'avons pas provoqué de problèmes.

 27   Q.  Pouvez-vous nous dire quel était le nombre d'hommes armés à Lovas à

 28   l'époque ?


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  1   R.  Pour ce qui est des hommes armés, je ne sais pas. Si on prend en compte

  2   les fusils de chasse, peut-être entre 30 et 35 personnes armées, mais je

  3   souligne que c'est compte fait de fusils de chasse.

  4   Q.  Avant l'attaque lancée contre Lovas, est-ce qu'il y avait dans le

  5   village une Unité de la Garde nationale croate ?

  6   R.  Avant l'attaque contre Lovas, je pense qu'au début du mois de mai il y

  7   avait un groupe d'entre dix et 12 membres de la Garde nationale croate qui

  8   se trouvaient dans les locaux de l'ancienne école. Mais ils y sont restés

  9   entre dix et 15 jours, après quoi ils ont quitté Lovas.

 10   Q.  Pendant qu'ils s'y trouvaient pendant cette courte période de temps,

 11   dites-moi ce qu'ils faisaient ?

 12   R.  Rien. Ils se déplaçaient à bord de leurs voitures dans le village. Ils

 13   allaient à Tovarnik et ils revenaient à Lovas. Ils ne faisaient rien. Et

 14   après cette brève période de temps, ils ont quitté Lovas.

 15   Q.  Savez-vous pourquoi ils sont partis de Lovas ?

 16   R.  Je ne sais pas pourquoi ils sont partis.

 17   Q.  Est-ce que vous avez fourni l'information concernant le nombre d'hommes

 18   armés à Lovas, ainsi que l'information concernant l'Unité de la Garde

 19   nationale croate à ce commandant, est-ce que vous avez fourni ces

 20   informations au commandant qui était présent à la réunion concernant le

 21   blocus ?

 22   R.  Je ne m'en souviens pas. Nous avons discuté de tout ouvertement. Il

 23   disait qu'il connaissait Lovas. Je ne me souviens pas d'avoir parlé des

 24   membres de la ZNG, de la Garde nationale croate. Mais notre conversation

 25   portait sur tout et était très ouverte.

 26   Q.  Ne parlons plus de l'Unité de la Garde nationale croate qui se trouvait

 27   provisoirement à Lovas, est-ce que vous avez informé le commandant du fait

 28   que ces informations à lui concernant 2 000 Oustachi n'étaient pas exactes


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  1   et qu'il y avait beaucoup moins d'hommes armés à Lovas ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Est-ce qu'il a procédé à la vérification de ces informations, les

  4   informations que vous lui avez fournies ?

  5   R.  Je ne sais pas s'il a vérifié ces informations. D'ailleurs, cela

  6   n'était pas nécessaire parce que ces informations n'étaient pas exactes du

  7   tout, les informations dont il disposait.

  8   Q.  Maintenant, pour ce qui est de cette réunion, pouvez-vous nous dire où

  9   cette réunion a eu lieu ? Est-ce que cette réunion a eu lieu à l'endroit où

 10   la route était bloquée ?

 11   R.  Oui, c'était sur la route même entre Tovarnik et Lovas. Dans le champ.

 12   Q.  Pendant la réunion, est-ce que vous avez eu l'occasion de voir certains

 13   des véhicules de la JNA ?

 14   R.  Lors de la conversation, j'ai dit à ce commandant, puisque notre

 15   conversation était correcte, que je n'ai jamais vu un char. Et il m'a

 16   demandé si je voulais voir un char. Il m'a dit : Tu peux monter sur un char

 17   pour le voir; et c'est ce que j'ai fait. Et j'ai vu qu'il avait une

 18   mitrailleuse avec des balles réelles dans la cartouche, et je lui ai dit :

 19   Voilà, je viens de voir un char, mais j'ai vu également des balles réelles

 20   dans la cartouche de cette mitrailleuse. Il a dit : Oui, mais il est

 21   important que cela ne tire pas. Et un homme qui se trouvait à bord de ce

 22   char m'a dit : Pourquoi ne pas tirer sur les Oustachi ? Et le commandant

 23   est intervenu pour dire : Il ne faut pas que tu dises cela, ils ne sont pas

 24   Oustachi. Je connais très bien les gens de Lovas. Lovas c'est un village

 25   calme. Tu ne peux pas dire qu'il s'agit d'Oustachi. Après quoi, ce

 26   réserviste s'est emporté contre le commandant : Pourquoi tu as laissé les

 27   policiers oustachi aller à Tovarnik, et moi, je dois rester ici pour monter

 28   la garde ?


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  1   J'ai vu que la situation empirait, et après cela, j'ai rejoint Cirba et

  2   Prodanovic avec ce lieutenant-colonel. Et le commandant est rentré pour

  3   nous dire, Voilà, c'est un réserviste qui est un peu extrémiste. Mais il ne

  4   faut pas que cela vous ennuie, on va régler cela.

  5   Q.  Auparavant, vous avez dit que la JNA a levé le blocus. Quand cela s'est

  6   passé ?

  7   R.  C'était au moment même où nous avons eu cette conversation.

  8   Q.  J'aimerais maintenant aborder un autre sujet.

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Juste un instant, Monsieur Olmsted.

 10   Monsieur le Témoin, vous nous avez dit que plus ou moins 30 à 35 personnes

 11   à Lovas disposaient de fusils de chasse, n'est-ce pas ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 13   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Donc cela veut dire qu'il s'agissait

 14   de chasseurs.

 15   J'aimerais vous poser la question suivante : A l'époque, est-ce que vous

 16   pensiez qu'il s'agissait des hommes armés ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Nous pensions qu'il s'agissait de civils

 18   qui utilisaient des fusils qui appartenaient à des chasseurs.

 19   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Ma question, en fait, serait la

 20   suivante : Vous ne définissiez pas ces personnes en termes de personnes

 21   armées, ce n'est pas la façon dont vous les perceviez ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais bien sûr que non. Il s'agissait de

 23   sportifs, des gens qui faisaient partie d'une organisation sportive.

 24   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 25   M. OLMSTED : [interprétation]

 26   Q.  Je souhaite préciser encore un petit peu la question qui vous a été

 27   posée par le Président.

 28   Quand vous parlez de cette trentaine d'hommes, vous parlez bien des hommes


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  1   qui se trouvaient aux postes de contrôle ?

  2   R.  Non, ce n'étaient pas les hommes qui se trouvaient près des barricades

  3   ou des barrages routiers, c'étaient plutôt les hommes qui montaient la

  4   garde autour du village.

  5   Q.  Mais je n'ai pas parlé de "barrages routiers." J'ai parlé de points de

  6   contrôle.

  7   R.  Oui, oui, oui, oui, il s'agissait bien des gens qui s'occupaient des

  8   postes de contrôle. Et au cours de la nuit, pour qu'ils ne soient pas

  9   complètement désarmés, les chasseurs faisaient passer leurs fusils de

 10   chasse aux autres. Par exemple, si, moi, j'avais un fusil de chasse et je

 11   ne montais pas la garde à un poste de contrôle, alors je donnais mon fusil

 12   de chasse à la personne qui montait la garde.

 13   Q.  J'aimerais que nous passions à un autre sujet maintenant.

 14   Etiez-vous à Sotin le 22 août 1991 ?

 15   R.  Le 22 août, j'ai été à Sotin, où, par ailleurs, je me rendais très

 16   souvent puisque mon demi-frère avec sa famille y habitait. Et c'est

 17   pourquoi j'allais très souvent à Sotin. J'y suis allé le 22, j'y suis allé

 18   aussi le 26, le jour où mon neveu a trouvé la mort à Vukovar.

 19   Q.  Peut-être ai-je fait un lapsus. J'ai voulu parler du 28 août. Donc je

 20   [inaudible] -- que nous parlions des événements qui se sont produits à

 21   Sotin, le 28 août.

 22   R.  Oui, j'y suis allé c'était le jour de l'enterrement de mon neveu qui

 23   avait trouvé la mort à Borovo.

 24   Q.  Et combien de personnes ont-elles assisté à l'enterrement ?

 25   R.  Il devait y avoir une centaine de personnes, voire 150, il y avait un

 26   grand nombre d'habitants de Lovas aussi qui ont assisté au service, puisque

 27   mon demi-frère était originaire de Lovas.

 28   Q.  Et y avait-il beaucoup de femmes et d'enfants parmi les personnes qui


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  1   assistaient à l'enterrement ?

  2   R.  Oui, les femmes et les enfants étaient en très grand nombre.

  3   Q.  Pourriez-vous nous dire ce qui s'est passé au cours du service ?

  4   R.  Une fois le service religieux terminé, dans la cour de mon neveu, nous

  5   sommes sortis de la cour à pied, nous sommes arrivés près d'un parc, et

  6   alors nous avons été survolés par des avions de type Galeb, et nous

  7   pensions que c'étaient des avions qui se dirigeaient vers Vukovar, puisque

  8   vu Vukovar avait tombé. Et il faisait objet d'un blocade [comme interprété]

  9   mais en fait c'était nous que les avions survolaient. Alors le cortège

 10   funèbre s'est dispersé, tout le monde a commencé à courir, moi et ma fille,

 11   nous sommes allés dans le parc, tandis que les avions ont commencé à tirer.

 12   L'un de ces avions s'est dirigé vers Lovas, puis l'autre est revenu et il a

 13   fait tomber une bombe juste devant la maison de mon neveu. Alors le fait

 14   heureux c'était que nous avons fait avancer l'heure de l'enterrement qui

 15   était prévu pour 16 heures, et nous avions commencé un peu plus tôt. Et

 16   heureusement que nous l'avons fait, à la demande du prêtre, parce que la

 17   bombe est atterrie précisément à 16 h 06 minutes dans la cour de mon neveu.

 18   Donc si nous n'étions pas déjà partis, ce groupe de 150 personnes aurait

 19   été massacré, parce que le lendemain nous avons pu voir ce qui s'était

 20   passé avec les maisons, et les façades des maisons étaient complètement

 21   trouées partout par des éclats d'obus.

 22   Q.  Et avez-vous pu constater à qui appartenaient ces avions ?

 23   R.  Eh bien, nous savons tous qu'il s'agissait des avions de la JNA.

 24   Q.  Et avez-vous soupçonné les Serbes de Sotin d'avoir joué un rôle

 25   quelconque dans cette attaque ?

 26   R.  D'après nous, oui. Parce qu'on savait que l'enterrement devait avoir

 27   lieu à 16 h, et quelqu'un a dû les faire savoir à la JNA, quelqu'un a dû

 28   informer la JNA que l'enterrement était prévu pour 16 h, un enterrement


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  1   d'oustachi, soi-disant.

  2   Et donc tout devait être préparé d'avance pour lancer cette attaque contre

  3   Sotin.

  4   Q.  Et suite à cette attaque lancée contre Sotin, que s'est-il passé plus

  5   tard dans la soirée ?

  6   R.  Eh bien, malheureusement, nous n'avons pas pu enterrer mon neveu. Ce

  7   n'est qu'une fois la nuit tombée, qu'on l'a fait porter au cimetière pour

  8   l'enterrer, et au cours de la nuit, il y a eu des véhicules blindés, je ne

  9   sais pas quel était le nombre, un véhicule, deux véhicules blindés qui ont

 10   ouvert le feu sur les maisons de Sotin. Par ailleurs, au cours de la nuit,

 11   un autobus rempli d'habitants de Sotin a quitté le village pour se réfugier

 12   à Lovas.

 13   Q.  Au cours des jours qui ont suivi cette attaque, avez-vous pu constater

 14   les dégâts infligés à Sotin ?

 15   R.  Oui, je suis allé à Sotin le lendemain pour permettre à ma sœur et sa

 16   collègue, et quelques autres amis de récupérer leurs affaires. Donc je leur

 17   ai servi de chauffeur, et en arrivant dans le village, j'ai vu que les

 18   façades des maisons étaient complètement trouées, et par ailleurs que des

 19   fenêtres ont été brisées.

 20   Q.  D'après vos connaissances, la population de Sotin a-t-elle fourni une

 21   résistance armée lors de cette attaque ?

 22   R.  Non, pas du tout, certainement pas.

 23   Q.  Un autobus rempli de civils, de citoyens de Sotin se sont réfugiés à

 24   Lovas, avez-vous dit. Combien de personnes se trouvaient-elles à bord de

 25   cet autobus ?

 26   R.  Eh bien, je crois qu'il s'agissait d'une cinquantaine de personnes.

 27   C'est un double autobus, et qui était conduit par le chauffeur de

 28   l'entreprise Vupik, et il devait y avoir une cinquantaine de personnes à


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  1   bord de cet autobus, et certains sont arrivés à bord de leur propre

  2   véhicule.

  3   Q.  Et ces citoyens qui sont arrivés à Lovas depuis le village de Sotin,

  4   étaient-ils armés ?

  5   R.  Mais non, c'étaient des civils. Parmi eux, il y avait des femmes et des

  6   enfants qui sont partis pour Zagreb le lendemain, en passant par Lipovac.

  7   Q.  Après cette nuit de 28, 29 août, une nouvelle attaque a-t-elle été

  8   lancée contre Sotin ?

  9   R.  Eh bien, il y a eu une attaque au cours de la nuit du 28 et du 29, et

 10   puis après, je ne pense pas qu'il y ait eu d'autres attaques.

 11   Q.  Et qu'en est-il de l'attaque lancée contre Lovas, n'y a-t-il pas eu

 12   d'autres attaques contre Sotin après celle qui s'est produite à Lovas ?

 13   R.  Oui, une fois Lovas attaqué, Sotin l'a été aussi.

 14   Q.  Et que s'est-il passé ?

 15   R.  C'était le même modèle qui avait été appliqué dans le village de Lovas,

 16   de Bapska, et cetera. D'abord il y avait une attaque d'artillerie, et

 17   ensuite c'est l'infanterie qui se présentait.

 18   Q.  J'aimerais passer maintenant au mois de septembre 1991 --

 19   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît, Monsieur

 20   Olmsted.

 21   Monsieur le Témoin, vous avez dit que l'enterrement de votre neveu était

 22   perçu comme un enterrement d'oustachi. Pour quelle raison cela avait-il

 23   quelque chose à avoir avec les activités de votre neveu au moment où il a

 24   trouvé la mort ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Permettez-moi de tout vous expliquer.

 26   Le petit était parti avec un groupe d'hommes qui avait appris que les

 27   Chetniks avaient pénétré dans la maison, dans les palais des arts

 28   techniques à Borovo. Donc ce groupe d'hommes s'était réuni pour libérer la


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  1   maison des arts techniques. Et au moment où ils sont arrivés, les Chetniks

  2   se trouvaient déjà à l'intérieur. Et donc au moment où le groupe s'est

  3   approché de cette maison des arts techniques, il y a eu un obus tiré d'une

  4   Zolja, et le projectile a touché un mur qui s'est écroulé, et mon neveu a

  5   été touché par un éclat de mur. Et puis, un Chetnik qui se tenait derrière

  6   le coin a frappé mon neveu, a tiré sur mon neveu. Et c'est ainsi qu'il a

  7   trouvé la mort.

  8   Donc pour résumer, des paramilitaires ont fait irruption dans Borovo

  9   Naselje, le petit allait porter son assistance, et c'est ainsi qu'il a

 10   trouvé la mort. Et c'est pour cette raison qu'on parlait d'un enterrement

 11   d'oustachi.

 12   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 13   Vous pouvez vous poursuivre, Monsieur Olmsted.

 14   M. OLMSTED : [interprétation]

 15   Q.  Pour préciser votre dernière réponse, votre neveu était-il membre

 16   des ZNG ?

 17   R.  Non. Il était un simple civil.

 18   Q.  Et pourriez-vous nous dire à quelle organisation il appartenait ?

 19   S'agissait-il de la Défense territoriale locale ?

 20   R.  Oui. C'était une organisation locale, comme on avait monté des gardes à

 21   Lovas de façon similaire. On avait organisé les gens pour faire sortir ces

 22   Chetniks de la maison des arts techniques de Borovo.

 23   Q.  J'aimerais maintenant passer au mois de septembre 1991. Que c'est-il

 24   passé dans le village de Tovarnik au cours du mois de septembre ?

 25   R.  Au mois de septembre 1991, il faut dire que le village de Tovarnik fête

 26   sa fête religieuse le 22 septembre, c'est la fête du saint protecteur du

 27   village. Et ce jour-là, Tovarnik a été attaqué selon toujours le même

 28   modèle : D'abord il y a eu une attaque d'artillerie, ensuite les forces


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  1   d'infanterie ont pénétré dans le village. La plupart des habitants se sont

  2   réfugiés à Lovas et les réfugiés ont raconté qu'il y a eu beaucoup de

  3   victimes. Que de nombreuses maisons ont été incendiées, que des églises ont

  4   été détruites, presque la moitié du village s'est réfugiée à Lovas.

  5   Q.  Pourriez-vous nous citer la date de cette attaque, à titre approximatif

  6   ?

  7   R.  Je pense que cette attaque s'est produite le 21 ou le 22. Le 22 c'est

  8   le jour de Saint-Matthew. La fête religieuse du village.

  9   Q.  Et savez-vous si des membres des ZNG ou d'autres forces armées se

 10   trouvaient à Tovarnik à ce moment-là ?

 11   R.  Non, non, non, non. Il n'y avait que les membres de la police croate,

 12   quant aux formations armées il n'y en avait pas.

 13   Q.  Et la population croate de Tovarnik a-t-elle opposé une résistance

 14   armée aux attaquants ?

 15   R.  Non, il n'y a pas eu de résistance armée puisque tout le monde s'est

 16   réfugié à Lovas, ou pratiquement tout le monde.

 17   Q.  Et les habitants qui se sont réfugiés à Lovas, portaient-ils des

 18   uniformes militaire, étaient-ils armés ?

 19   R.  Non. Dans la plupart des cas il s'agissait de civils. D'après ce que

 20   j'ai pu voir dans ma rue et d'après ce que j'ai pu voir dans les locaux de

 21   la cellule de Crise, il s'agissait des civils.

 22   Q.  Et avez-vous eu l'occasion de voir les dégâts subis par Tovarnik de vos

 23   propres yeux ?

 24   R.  Oui, j'en ai été le témoin lorsque je suis allé à Sid pour participer à

 25   des négociations.

 26   Q.  Compte tenu du niveau de destruction subie par Tovarnik, pourriez-vous

 27   nous dire qui avait lancé cette attaque ?

 28   R.  Mais ce n'est pas la peine de tirer des conclusions sur la base de


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  1   destructions infligées au village. J'ai pu voir donc qu'il s'agissait

  2   lorsque nous sommes allés pour participer aux négociations le 27 septembre,

  3   nous avons rencontré en route beaucoup de militaires et de paramilitaires.

  4   Sur la route qui passe à côté de Tovarnik, il y avait énormément de

  5   camions, de chars, de véhicules de tout type, et nous avons vu beaucoup de

  6   militaires, qui étaient descendus de véhicules. Certains même étaient en

  7   train de se raser, de faire leurs toilettes. Et j'ai pu remarquer aussi

  8   qu'il y avait beaucoup de paramilitaires, parce que c'étaient des gens qui

  9   n'avaient pas l'apparence très soignée, ils n'étaient pas rasés, ils

 10   n'étaient pas bien coiffés. Quant au niveau de destruction infligée, le

 11   niveau était très élevé. J'ai beaucoup de maisons ruinées, d'animaux morts.

 12   Les églises ont été brûlées. L'église orthodoxe aussi bien que l'église

 13   catholique. Mais je vous signale qu'il y avait énormément de militaires le

 14   long de la route. Notamment avant d'arriver à Sid.

 15   Q.  Avez-vous vu des maisons détruites à Tovarnik ?

 16   R.  Je vous ai déjà dit, que j'ai vu beaucoup de maisons détruites et

 17   beaucoup de maisons incendiés. Des toits avaient brûlés, on voyait des

 18   traces de projectiles qui avaient frappés ces maisons, les églises ont été

 19   incendiées, et par ailleurs on voyait toujours un petit peu de fumée au

 20   moment où je suis passé.

 21   Q.  Et pour quelles raisons êtes-vous venu à Tovarnik ce jour-là ?

 22   R.  Le prête du village, le feu Ivan Burik, était venu à Lovas pour voir

 23   notre prête du village et je suis allé voir celui-ci pour régler les frais

 24   de l'enterrement de mon neveu, et il a dit : Vous devez accompagner l'armée

 25   pour vous rendre à Tovarnik de toute vitesse parce que Lovas sera attaqué.

 26   Déjà on a installé des lance-roquettes pour préparer l'attaque, donc il

 27   faut que vous y alliez pour entamer des négociations de toute vitesse. Et

 28   c'est alors que je suis allé accompagné de Zeljko Cirba, et de Milan


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  1   Tepavac, et des représentants de la population serbe de Lovas. Et nous

  2   sommes allés pour négocier avec l'armée.

  3   Q.  Quelle était l'appartenance ethnique de Milan Tepavac ?

  4   R.  Bien, je vous ai déjà dit, c'était un Serbe. Donc il nous accompagnait

  5   comme un représentant de la population serbe de Lovas.

  6   Q.  Et pourquoi un Serbe aurait-il assisté à cette réunion ?

  7   R.  Mais je vous ai déjà dit que nous ne cachions rien au sein de la

  8   cellule de Crise. Les Serbes étaient au courant de nos activités. Nous

  9   avons insisté pour que cette cellule de Crise ne soit pas purement croate,

 10   nous avons toujours essayé de coopter la population serbe du village à

 11   travers des entretiens que nous avons eus.

 12   Q.  Et donc au moment où cette réunion s'est tenue, y avait-il des Serbes

 13   parmi les membres de la cellule de Crise ?

 14   R.  Officiellement non, à mon avis, mais les Serbes étaient invités

 15   régulièrement, presque régulièrement pour assister aux réunions de la

 16   cellule de Crise. Ceci est important pour maintenir de bonnes relations,

 17   des relations pacifiques, telles qu'elles avaient prévalues au village

 18   avant le début des événements.

 19   Q.  Et cette rencontre avec la JNA où a-t-elle eu lieu ?

 20   R.  Eh bien, nous avions cru qu'elle allait avoir lieu à Tovarnik. Mais

 21   lorsque nous nous sommes approchés de Tovarnik, nous avons rencontré un

 22   soldat après nous avons découvert que c'était le lieutenant-colonel

 23   Radosavljevic. Donc nous avons eu un petit entretien. Il s'est assis sous

 24   l'herbe et alors nous avons commencé à parler, qu'est-ce qui se passe ici.

 25   Pourquoi tout ceci a été détruit à Tovarnik ? Pourquoi personne ne réagit ?

 26   Jusqu'à quand cette situation va durer ? Et, bon, nous avons été un peu

 27   surpris par ses propos.

 28   Et, finalement, il a dit : Nous ne pouvons pas nous entretenir ici il va


Page 1975

  1   falloir nous déplacer à Sid. Et voilà c'était la fin de cette petite

  2   conversation que nous avons eue avec lui.

  3   Q.  Très bien. Et dans les locaux de quel bâtiment vous êtes-vous

  4   rencontrés à Sid ?

  5   R.  Après avoir passé le poste au contrôle à Tovarnik, nous avons reçu un

  6   laissez-passer parce qu'en fait, de la personne qui se trouvait au poste de

  7   contrôle ne savait pas si la personne qui nous accompagnait, nous, était un

  8   officier ou non et alors, nous sommes allés à l'école de Sid.

  9   Q.  Et lorsque vous êtes arrivé à cette école de Sid, qu'est-ce que vous

 10   avez pu constater ? Qui y avait son siège ?

 11   R.  A Sid, nous avons retrouvé un grand nombre de militaires qui étaient

 12   concentrés où est-ce qu'il y avait un grand nombre de véhicules et dans

 13   l'école même, il y avait beaucoup de militaires, ainsi que dans les

 14   environs de l'école. Enfin, pratiquement, la ville de Sid regorgeait de

 15   militaires de la JNA et peut-être d'autres formations armées.

 16   Mais ensuite, nous sommes allés dans une salle de classe, dans cette

 17   école et nous avons accueilli par les officiers de la JNA. Et nous nous

 18   attendions à un entretien du genre table ronde, mais en fait, nous avons

 19   pris les pupitres d'écoliers alors que eux, ils ont pris la place

 20   d'enseignant et alors, ils ont commencé à nous interroger.

 21   Q.  Avant de passer à la teneur de l'entretien, le long de la route qui va

 22   de Tovarnik à Sid, qu'est-ce que vous avez pu voir ?

 23   R.  Je vous l'ai déjà dit. Nous avons vu un très grand nombre de

 24   militaires, un très grand nombre de véhicules blindés, de chars, de

 25   camions. Mais les militaires n'étaient pas à bord de véhicules. Il faisait

 26   beau ce jour-là et donc les militaires s'étaient disposés le long de la

 27   route, mais en tout cas, sur la route, il y avait un long cortège de

 28   véhicules militaires et de soldats le long de la route. Pratiquement tout


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  1   semblait vers le long de cette route tant il y avait de soldats et de

  2   véhicules militaires.

  3   Q.  Et vous souvenez-vous quels étaient les représentants de la JNA qui ont

  4   assisté à cette réunion qui s'est tenue à l'école de Sid ?

  5   R.  Ils étaient tous des officiers hauts gradés. Un certain Zelimir

  6   Petrovic a parlé avec nous, un officier haut gradé du contre renseignement

  7   militaire qui était venu de Belgrade. S'est ainsi qu'il s'est présenté,

  8   tout au moins. Puis, il y avait un autre officier, très haut de taille et

  9   qui gardait le silence tout le temps. On nous a dit qu'il s'agissait de

 10   Milici [comme interprété] Jovic. Et puis les autres, c'étaient plutôt --

 11   surtout les -- des commandants des rangs de la JNA qui consignaient des

 12   notes et écoutaient les négociations menées par ce représentant du contre

 13   renseignement militaire qui était venu de Belgrade, à savoir, Zelimir

 14   Petrovic.

 15   Q.  Et lors de cet entretien, les officiers de la JNA ont-ils avancé des

 16   affirmations quant au nombre d'armes détenus par les habitants de Lovas ?

 17   R.  Eh bien, la même chose s'est produit lors -- que lors -- notre

 18   rencontre précédente avec les soldats du Corps de Novi Sad. Par ailleurs,

 19   ces soldats-là, ils étaient aussi -- ils appartenaient aussi au Corps de

 20   Novi Sad. Donc, ils disaient qu'il y avait beaucoup d'Oustachis, qu'il y

 21   avait beaucoup d'armes, bien qu'ils savaient très précisément ce qui s'est

 22   passé à Lokas [comme interprété] et qui se trouvait à Lokas [comme

 23   interprété]. Et nous avons répondu que ce qu'ils disaient était faux, que

 24   la situation à Lovas était calme, qu'il n'y avait pas de problème et que

 25   toutes les informations citées par eux étaient fausses et erronées.

 26   Q.  Avez-vous l'impression que ces officiers de la JNA étaient au courant

 27   du nombre d'armes qui se trouvaient effectivement dans le village de Lovas

 28   ?


Page 1977

  1   R.  Mais bien évidemment qu'ils savaient tous. Il y en avait un qui m'a

  2   même demandé est-ce que quelque chose ne s'est pas produit ce jour-là, dans

  3   les locaux de la vieille école. J'ai dit oui, quelque chose s'y est

  4   produite -- "question," et il m'a demandé, mais qu'est-ce qui s'est produit

  5   ? Et alors je lui ai expliqué qu'un blessé est arrivé à l'école et nous

  6   avons invité un Serbe pour interroger cette personne blessée. Donc, ils

  7   savaient tout. Ils savaient exactement ce qui s'était produit, à quel

  8   moment, à quelle heure de la journée, à quelle date. Donc, bien sûr, qu'ils

  9   disposaient de toutes les informations pertinentes.

 10   Q.  Et les officiers de la JNA, ont-il adressé un ultimatum à la population

 11   de Lovas ? Ont-il formulé des demandes ?

 12   R.  A la fin de la conversation, Zelimir Petrovic a déclaré que les

 13   habitants de Lovas devaient rendre leurs armes en nombres qu'il avait

 14   précédemment précisé. Nous avons répondu que c'est impossible, parce qu'il

 15   n'y avait pas d'armes dans le village de Lovas. Alors, il a répondu qu'il

 16   fallait rendre toutes les armes, quelque soit leurs nombres, et que la

 17   chose devait se passer le lendemain et que nous serons accompagnés par cet

 18   officier qui nous avait ramenés, Radisavkic, qu'il serait accompagné

 19   d'autres militaires et qu'ils allaient vérifier s'il y avait d'autres armes

 20   à -- au village.

 21   Q.  Pourriez-vous me répéter le nom du -- de l'officier de la JNA qui vous

 22   avait accompagné jusqu'à Sid, parce que je pense que son nom n'a pas été

 23   bien consigné dans le compte rendu d'audience ?

 24   R.  C'était le lieutenant-colonel Radisavkic, originaire de Valjevo. C'est

 25   ainsi qu'il s'est présenté.

 26   Q.  Et qu'est-ce qu'ils vous ont dit, les officiers de la JNA ? Quels sort

 27   réservaient-ils aux habitants de Lovas si les armes n'étaient pas rendues ?

 28   R.  Eh bien, il ont dit que si les armes n'étaient pas rendues et si une


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  1   seule balle était tirée sur l'armée, soit dans le village, soit dans les

  2   champs, alors le village de Lovas sera rasé.

  3   M. OLMSTED : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

  4   peut-être est-ce un bon moment pour faire la pause ?

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Tout à fait.

  6   Monsieur le Témoin, nous allons faire notre première pause pour reprendre

  7   nos travaux à 11 heures. Mme l'Huissière vous raccompagnera en dehors de la

  8   salle d'audience. Merci.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci à vous.

 10   [Le témoin quitte la barre]

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] La séance est suspendue.

 12   --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.

 13   --- L'audience est reprise à 10 heures 59.

 14   M. OLMSTED : [interprétation] J'aimerais annoncer que l'Accusation vient de

 15   recevoir François Brown.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Votre micro, je vous prie.

 17   M. OLMSTED : [interprétation] Mon micro était allumé.

 18   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Désolé. Je n'avais pas mes écouteurs.

 19   M. OLMSTED : [interprétation] On m'a également demandé de la part du greffe

 20   de déclarer au compte rendu que la carte que j'ai présentée au témoin, nous

 21   ne souhaitons pas la verser. Elle a déjà été versée et il a tout simplement

 22   entouré d'un cercle quelques villages.

 23   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 24   [Le témoin vient à la barre]

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Si vous voulez bien continuer,

 26   Monsieur Olmsted.

 27   M. OLMSTED : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 28   Q.  Bienvenue à nouveau, Monsieur Rendulic. Désolé, j'ai un peu massacré


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  1   votre nom. 

  2   J'aimerais revenir rapidement à cette rencontre avec la JNA le 27

  3   septembre. Après que les officiers de la JNA aient délivré ces exigences

  4   pour la population de Lovas, que leur avez-vous dit de ce que vous en

  5   feriez quant à ces exigences ?

  6   R.  Nous leur avons dit que ce qu'ils me demandaient de faire était

  7   impossible à réaliser. Et nous n'avions pas ces armes, nous parlerions aux

  8   habitants locaux, que nous nous réunirions le soir même, et que nous leur

  9   transmettrions le message qui nous avait été remis à Sid.

 10   Q.  Est-ce que cette réunion vous l'avez tenue à Lovas ?

 11    R.  Oui. Ce soir même, lorsque nous sommes revenus, nous avons tenu une

 12   rencontre avec les habitants locaux, nous leur avons dit à quoi ressemblait

 13   la situation. Je leur ai dit ce que j'avais vu à Tovarnik et Sid. En

 14   l'occurrence des effectifs militaires très nombreux. Et nous leur avons dit

 15   qu'il fallait garder la paix, éviter tout conflit, que nous devrions nous

 16   efforcer donc de faire en sorte que toutes les armes soient déposées et

 17   rendues.

 18   Q.  Et comment la population de Lovas a-t-elle répondu à ces informations ?

 19   R.  Eh bien, les réactions étaient différentes. La plupart craignait ce qui

 20   pouvait se passer car on leur avait dit que les troupes arriveraient au

 21   village le lendemain matin. Ils savaient ce qui s'était passé à Tovarnik

 22   lorsque la JNA et les paramilitaires sont arrivés, il y a eu des blessés,

 23   des morts et des maisons détruites. Et bien sûr, les populations étaient

 24   effrayées, et pendant la nuit un grand nombre de ces populations sont

 25   parties et sont allées à Ilok.

 26   Q.  Quels étaient les groupes d'âges et le genre des personnes qui sont

 27   parties ?

 28   R.  Femmes et enfants, y compris les miens. Principalement des civils qui


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  1   se sont rendus à Tovarnik ce soir-là. Ils avaient peur. Ils craignaient

  2   l'arrivée de la JNA et des paramilitaires. Et c'est pourquoi près de la

  3   moitié du village a quitté le village ce soir-là.

  4   Q.  Et quelqu'un à Lovas a remis ces armes ?

  5   R.  Un certain nombre de personnes ont apporté leurs armes. Trois

  6   Kalachnikovs et le reste étant des fusils de chasse et des armes de poing.

  7   A l'évidence, ces armes de poing appartenaient aux chasseurs qui avaient

  8   des permis de port d'arme.

  9   Q.  Pourriez-vous nous donner le nombre environ d'armes qui ont été rendues

 10   ?

 11   R.  En tout, jusqu'à 20 armes ont été rendues.

 12   Q.  Et est-ce que certaines armes ont été conservées par les populations ?

 13   R.  Certains ont gardé des armes. Ils ne voulaient pas les remettre. Et ont

 14   déclaré, C'est ma propriété. Je l'ai payée. Si l'armée veut me l'enlever,

 15   il va falloir qu'elle vienne me l'enlever elle-même. Car les militaires

 16   étaient avertis de qui avait des armes. Et toutes ces armes avaient reçu

 17   des permis de la police, donc ce n'était absolument pas un problème que de

 18   savoir qui avait des armes, parce que toutes ces armes avaient été

 19   achetées, et ce, par rapport à des permis qui avaient été délivrés par la

 20   police, c'étaient des armes de chasse et de sport.

 21   Q.  Y a-t-il eu débat sur éventuellement une résistance armée opposée à la

 22   JNA ?

 23   R.  Non, personne n'en a parlé. Après ce que nous avons vu à Tovarnik, moi-

 24   même et d'autres avons déclaré que nous ne pourrions résister, et que rien

 25   ne devrait être fait, que la JNA et les paramilitaires ne devraient pas

 26   être provoqués de quelque façon que ce soit.

 27   Q.  Que s'est-il passé le lendemain, le 28 septembre ?

 28   R.  Le 28 septembre, le matin, le prêtre Burik est venu de Tovarnik avec le


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  1   même officier, Radisavkic. Nous avons tenu une brève conversation. Nous

  2   leur avons montré les armes que nous avions recueillies, l'officier a dit

  3   que ce n'était pas suffisant, que ce n'était pas ce dont nous avions parlé,

  4   et qu'il fallait revenir à Sid pour d'autres pourparlers.

  5   Q.  Et qui de Lovas s'est rendu à ce deuxième cycle de pourparlers ?

  6   R.  Encore une fois, moi-même, le lieutenant-colonel Anton Lovric, Franjo

  7   Krizmanic et un représentant des Serbes, Milan Tepavac.

  8   Q.  Vous mentionnez Anton Lovric, le lieutenant-colonel. Etait-il membre en

  9   activité d'une unité ?

 10   R.  Non. Il était en fait un colonel à la retraite de la JNA qui habitait

 11   Lovas.

 12   Q.  Et cette deuxième réunion s'est tenue au même endroit à Sid ?

 13   R.  Oui. En chemin, nous nous sommes arrêtés à Tovarnik où nous nous sommes

 14   adressés à d'anciens habitants de Lovas qui étaient Serbes et qui étaient

 15   membres des formations paramilitaires. Et nous nous sommes rendus à l'école

 16   élémentaire pour parler à Zelimir Petrovic cette fois-là.

 17   Q.  Vous avez déclaré qu'en chemin vers Sid vous avez rencontré des Serbes

 18   qui étaient de Lovas. Pourriez-vous nous en donner les noms ?

 19   R.  Eh bien, au poste de police dont ils étaient soi-disant chargés il y

 20   avait Zeljko Krnjaic, un homme nommé Grkovic, et d'autres hommes que je ne

 21   connaissais pas. Et en chemin, j'ai rencontré Milan Devcic. Je vous ai déjà

 22   dit qu'il était agent de police. Et nous avons parlé de la situation à

 23   Lovas. Ceux-là étaient donc devant le poste de police, Grkovic, Krnjaic qui

 24   était soi-disant le chef du poste de police. Et ils m'ont dit, en

 25   m'appelant de mon sobriquet, Aco, de m'assurer que rien ne se passe à Lovas

 26   parce que sinon nous le raserions. Je leur ai dit que rien ne s'était passé

 27   jusqu'à présent, et que rien n'arrivera à l'avenir. J'ai également

 28   rencontré une personne --


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  1   L'INTERPRÈTE : Dont l'interprète n'a pas saisi le nom.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] -- sur la route et il m'a demandé, Où est mon

  3   père ? J'ai dit que je l'avais vu une demi-heure plus tôt, qu'il avait

  4   traversé le village. Et il m'a dit également de m'assurer que rien ne se

  5   passe dans le village. Et ma réponse a été la même : Rien ne s'est passé

  6   jusqu'à présent, nous allons nous assurer que rien ne se passe à l'avenir.

  7   Q.  Simplement pour élucider le compte rendu, vous avez parlé de Krnjaic

  8   qui était le chef du poste de police. De quel poste de police s'agissait-il

  9   ?

 10   R.  Il s'agissait du nouveau commissariat de police qui a été établi après

 11   la chute de Tovarnik. Soit la JNA ou des formations paramilitaires serbes

 12   l'avaient mis en place à Tovarnik.

 13   Q.  J'aimerais maintenant parler de la deuxième réunion à Sid. Vous avez

 14   indiqué que le colonel Petrovic s'y trouvait. Qu'avez-vous dit au colonel

 15   Petrovic quant à la situation à Lovas ?

 16   R.  Nous lui avons dit que nous avions tenu cette réunion la veille à

 17   Lovas. Nous avons expliqué à tous ce qui avait été demandé que nous

 18   fassions, et qu'il était impossible de remplir ces impératifs parce que

 19   nous n'avions pas beaucoup d'armes.

 20   Nous avons déclaré que la moitié de la population avait fui à Ilok la nuit

 21   et on nous a demandé pourquoi ils avaient fui. Et je leur ai dit qu'après

 22   avoir vu ce qui se passait à Tovarnik, les meurtres, les incendies de

 23   maisons, les populations étaient effrayées et s'étaient enfuies à Ilok

 24   pendant la nuit. Et il a répondu qu'il venait d'arriver de Belgrade, du

 25   KOS, il était un colonel du KOS, et qu'il était supposé placer les

 26   paramilitaires sous le contrôle de la JNA pour juguler les crimes car ce

 27   n'était pas ce que la JNA faisait. Et c'est pourquoi il avait été envoyé

 28   pour mettre ces paramilitaires sous le contrôle des unités de la JNA afin


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  1   de mettre fin à ce comportement.

  2   L'INTERPRÈTE : L'interprète de la cabine anglaise : Pourriez-vous demander

  3   au témoin de ralentir. Merci.

  4   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur le Témoin, les interprètes

  5   demandent si vous pouvez ralentir quelque peu pour que les interprètes

  6   puissent suivre.

  7   J'ai une question à vous poser quant à cette réunion-là et la précédente.

  8   Qu'est-ce qui vous avait été demandé exactement ? De Lovas, je veux dire.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] De rendre les armes que nous avions, de les

 10   remettre aux militaires le lendemain.

 11    M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Mais lors de la deuxième rencontre,

 12   vous avez dit à l'officier de la JNA que vous n'aviez pu remplir les

 13   exigences qui vous avaient été présentées. Y avait-il un quota ? Fallait-il

 14   remettre un certain nombre d'armes ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Ils nous ont dit que nous avions

 16   énormément d'armes et qu'il y avait près de 2 000 soldats qui avaient des

 17   armes. Et ça, ce n'était pas vrai. Nous avons répondu que nous avions peut-

 18   être 35 armes, surtout des fusils de chasse. C'est tout ce que nous

 19   pouvions remettre, que nous ne pouvions pas remplir leur exigences car

 20   celles-ci étaient tout simplement irréalistes.

 21   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Donc la demande était qu'il leur

 22   fallait les armes de 2 000 hommes.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, je présume que oui. Mais en termes

 24   pratiques, c'était tout à fait impossible. Parce qu'on leur a dit que le

 25   nombre n'était certainement pas aussi élevé que cela.

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 27   M. OLMSTED : [interprétation]

 28   Q.  Vous avez indiqué que le colonel Petrovic faisait partie d'une


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  1   organisation KOS. Pourriez-vous nous dire de quoi il s'agit ? J'ignore si

  2   on en a entendu parler auparavant.

  3   R.  C'est le contre-renseignement de la JNA de l'époque. Et pour être

  4   honnête, je ne sais pas de quoi s'occupait ce service, quel était son

  5   travail.

  6   Q.  Pendant cette réunion avec le colonel Petrovic, lui avez-vous dit quoi

  7   que ce soit sur la façon dont les populations serbes étaient traitées à

  8   Lovas ?

  9   R.  Eh bien, je lui a dit qu'à Lovas rien d'extraordinaire ne se déroulait,

 10   aucune pression n'était exercée sur les populations serbes. Ces dernières

 11   n'avaient pas été provoquées. Je lui ai dit que tout était calme et en bon

 12   ordre jusque-là. Et je lui ai demandé, Colonel, combien de temps cela va-t-

 13   il durer ? Il m'a répondu, Pendant aussi longtemps que les habitants nous

 14   ont dit, à savoir si Milosevic et Tudjman complotaient, et c'était en fait

 15   ce qu'il souhaitait.

 16   Q.  Est-ce que Milan Tepavac se trouvait à cette réunion ?

 17   R.  Oui, Milan était à mes côtés pendant la première et la deuxième

 18   rencontres. Il est resté silencieux. Il a peu dit.

 19   Q.  Quand vous parliez de la façon dont les Serbes étaient traités à Lovas,

 20   disconvenait-il de votre appréciation ?

 21   R.  Non. En fait, il appuyait nos propos. Il nous appuyait dans ce que nous

 22   déclarions.

 23   Q.  Qu'est-ce que le colonel Petrovic a demandé à la délégation de Lovas en

 24   matière d'armes lors de la deuxième réunion ?

 25   R.  Lors de cette deuxième réunion, il a déclaré que l'armée ne souhaitait

 26   pas avoir des armes qu'on leur avait remises. Il nous a dit d'essayer de

 27   persuader les populations de revenir d'Ilok à Lovas. Par la suite, le Père

 28   Burik a posé la question sur Tovarnik. Et Petrovic lui a dit la même chose,


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  1   Essayez de faire en sorte que ces populations reviennent, c'est-à-dire ceux

  2   qui s'étaient enfuis de Tovarnik. Et lorsque la population est

  3   effectivement revenue par la suite, et lorsque les armes ont été reçues à

  4   Lovas, ils sont venus vérifier la situation et s'assurer que toutes les

  5   armes avaient effectivement été remises. Toutefois, ils ne sont jamais

  6   réapparus à Lovas après cela.

  7   Q.  Donc ils ne sont pas venus effectuer ces fouilles pour trouver des

  8   armes.

  9   R.  Non, ils ne sont jamais revenus.

 10   Q.  Et ils n'ont jamais non plus pris les armes que vous aviez réussi à

 11   reprendre de la population de Lovas ?

 12   R.  Non. Ils ne sont jamais venus prendre les armes qui avaient été remises

 13   auparavant ni vérifier même si davantage encore avaient été recueillies.

 14   Q.  Est-ce que le colonel Petrovic a lancé un avertissement supplémentaire

 15   lors de cette deuxième réunion ?

 16   R.  En dehors de ce que je viens de vous dire, c'est-à-dire le retour des

 17   populations et le fait de recueillir les armes, rien. Lorsque nous sommes

 18   sortis de l'immeuble, il a dit aux troupes, Ces hommes n'ont pas fait ce

 19   que nous étions convenus hier, donc il n'est pas nécessaire que nous nous

 20   rendions à Lovas aujourd'hui. Les troupes étaient déjà en place, prêtes à

 21   fouiller les maisons.

 22   Q.  Que s'est-il passé -- vous mentionnez feu le prêtre Burik. Que s'est-il

 23   passé, qu'est-il advenu de lui après cette réunion ?

 24   R.  Il est retourné à Tovarnik, et après la chute de Lovas le 10 octobre,

 25   lorsque les paramilitaires ont envahi Lovas, quelque sept ou huit jours par

 26   la suite, il a été tué à Tovarnik.

 27   Q.  Son corps a-t-il été retrouvé ?

 28   R.  Oui. Son corps a été retrouvé. Il a été exhumé et enseveli par la suite


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  1   au cimetière de Tovarnik.

  2   Q.  Et qu'est-ce que la délégation de Lovas a fait en revenant à Lovas de

  3   cette deuxième réunion ?

  4   R.  Nous n'avons déclaré aux habitants locaux que les militaires ne

  5   viendraient pas au village immédiatement, mais que cela ne voulait pas dire

  6   qu'ils ne viendraient plus jamais. Petrovic nous a déclaré qu'il

  7   conviendrait de ne pas tirer sur les militaires parce que si un seul coup

  8   était tiré, il raserait Lovas.

  9   Lors de la deuxième réunion, lorsque nous avons parlé avec Petrovic, nous

 10   lui avons dit que nous ne pouvions être tenus responsables de ce qui se

 11   passait en dehors du village, dans les champs en campagne, que nous ne

 12   pouvions que garantir la situation sécuritaire et la sûreté des militaires

 13   dans le village lui-même, donc à Lovas, et non pas à l'extérieur.

 14   Q.  Que s'est-il passé le 1er octobre ?

 15   R.  Le 1er octobre, la première attaque contre Lovas s'est déroulée. Pas

 16   contre Lovas en soit, mais le périmètre de notre société, y compris les

 17   silos. La JNA avait été postée dans la forêt de Si, en Serbie, est arrivée

 18   avec des chars à proximité des silos, à quelque 3 kilomètres, et à environ

 19   11 heures ce matin-là, les chars ont tiré sur nos silos.

 20   Je me trouvais dans mon bureau, avec mes collègues. Nous avons

 21   entendu des explosions. Nous avons pensé que le centre du village était

 22   visé, mais ça n'était pas le cas, mais bien le périmètre de notre société

 23   et des silos. Dix obus ont été tirés à cette occasion.

 24   Q.  Etiez-vous averti de la raison pour laquelle la JNA pilonnerait la

 25   coopérative agricole de Lovas ?

 26   R.  Après tous les pourparlers et les négociations avec l'armée à Sid, en

 27   me fondant sur leur comportement, il n'y avait aucun motif quel qu'il soit

 28   pour cette attaque contre nos installations à Lovas.


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  1   Q.  Des maisons croates ont-elles été détruites à cette occasion ?

  2   R.  Une seule appartenant à Tadija Bekcevic, qui était un employé. Ça a été

  3   la seule maison qui a été touchée à cette date.

  4   Q.  Que s'est-il passé le 3 octobre ?

  5   R.  Le 3 octobre, il y a eu une autre attaque. J'ai envoyé des hommes

  6   ramasser les céréales qui s'étaient déversées des silos. Et nous avions un

  7   entrepôt de pommes. Le toit a été détruit. J'ai envoyé mes hommes pour

  8   protéger les pommes ainsi que les céréales des silos. Je me suis rendu à

  9   Ilok. Lorsque je suis revenu, j'ai rencontré un villageois qui m'a dit

 10   qu'il y avait eu une autre attaque de char venant de la même direction, de

 11   la direction de Sid, et encore une fois la cible principale était notre

 12   société.

 13   Q.  Pourriez-vous nous dire ce qui s'est passé maintenant le 5 octobre à

 14   Lovas ?

 15   R.  Le 5 octobre, il y a eu une attaque contre le village, c'est-à-dire

 16   contre l'église, et la tour de l'église a été incendiée par des mortiers

 17   qui étaient tirés de chars. Donc ces Maljutkas, qui étaient des obus, ont

 18   été tirés de chars et ont mis feu à l'église le 5 octobre.

 19   Q.  Y avait-il des unités armées à l'intérieur de cette église ?

 20   R.  Non, jamais.

 21   Q.  Pendant cette période dont nous parlons - c'est-à-dire du 28 septembre

 22   au 5 octobre ou 6 octobre - les populations croates qui étaient parties de

 23   Lovas sont-elles revenues ?

 24   R.  Entre le 5 et le 10 octobre, il y a eu une période de calme. Rien ne

 25   s'est passé. Certains sont allés à Ilok; d'autres sont revenus. Ils avaient

 26   du bétail à Lovas. Donc ils sont revenus pour nourrir ce bétail. Il y a eu

 27   des allées et venues entre Ilok et Lovas.

 28   Q.  Et pourriez-vous nous dire ce qui s'est passé le matin du 10 octobre ?


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  1   R.  Le matin du 10 octobre, il y a eu une attaque contre Lovas qui a

  2   commencé par de l'artillerie. Des obus de chars et de mortiers tiraient sur

  3   le secteur du village qui appartenait à des Croates exclusivement. Il n'y

  4   avait pas de maisons serbes dans ce secteur. C'est-à-dire la partie

  5   orientale en direction du cimetière.

  6   Ma maison, qui est une maison d'un étage, a été la maison qui avait

  7   été visée, et six ou sept obus sont tombés autour de ma maison. C'était

  8   manifeste, la cible était autour de ma maison, c'est-à-dire dans la partie

  9   croate de notre village.

 10   Q.  Avant cette attaque le 10 octobre, est-ce que la JNA et qui que

 11   ce soit d'autre a délivré des avertissements qu'une attaque allait se

 12   produire ?

 13   R.  Non, personne n'a dit quoi que ce soit. Il n'y avait pas

 14   d'annonces préalables.

 15   Q.  Et vous avez mentionné que quelque six obus sont tombés à proximité de

 16   votre maison. Pourriez-vous nous dire, si vous le pouvez, le nombre total

 17   d'obus dont vous vous souvenez qui seraient tombés ce jour-là ?

 18   R.  Je sais ce qui s'est passé autour de ma maison. Dans des conversations

 19   par la suite, j'ai appris que 15 à 20 obus - pas plus que cela - étaient

 20   tombés ce jour-là.

 21   M. OLMSTED : [interprétation] Pourrions-nous afficher 65 ter 2961. Il

 22   s'agit de l'onglet 21.

 23   Q.  Est-ce que vous le voyez, c'est une carte de Lovas à l'écran. Vous avez

 24   indiqué que le pilonnage s'est déroulé dans un secteur qui était

 25   exclusivement croate. Pourriez-vous encercler sur cette carte le secteur

 26   dont vous parlez ?

 27   R.  Vous voyez l'église dans la partie orientale du village. Et ma rue est

 28   très proche du cimetière.


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  1   C'est là le quartier du village où les obus sont tombés. Rien ne

  2   s'est passé dans le quartier nord-ouest du village, parce qu'il s'y

  3   trouvait des maisons serbes.

  4   Ici, il n'y avait pas de maisons serbes du tout, et c'est là où les

  5   obus se sont concentrés.

  6   Q.  Et dans ce secteur, y avait-il des installations militaires ou des

  7   usines ?

  8   R.  Non, non, non. Il n'y avait pas d'usine, rien du tout.

  9   C'était un quartier résidentiel avec des maisons civiles. Il n'y avait pas

 10   de militaires non plus.

 11   Q.  Pourriez-vous peut-être indiquer d'une flèche la direction d'où

 12   venaient les obus ?

 13   R.  Ces obus sont venus de la partie sud de la région, de la route de Sid-

 14   Tovarnik, ou de ce que nous appelions la forêt de Jelas. C'est là le

 15   village, voici la route qui va vers Tovarnik et c'est de cette direction

 16   que venaient les obus.

 17   Q.  S'il vous plaît, apposez la lettre A à côté de cette flèche.

 18   R.  [Le témoin s'exécute] [aucune interprétation]

 19   Q.  Vous avez dit que l'attaque a commencé par les tirs d'artillerie.

 20   Dites-nous ce qui s'est passé après cette attaque d'artillerie ?

 21   R.  Après cette attaque d'artillerie, ça s'est calmé. Une de mes voisines

 22   avec deux enfants en bas âges est venue dans ma cave. On a parlé. Ensuite

 23   on est passé dans la cave des parents de mon épouse. Pendant que nous

 24   étions dans la cave, nous avons soudainement entendu des tirs d'infanterie

 25   ainsi que des rafales, mais nous pensions qu'il s'agissait déjà des tirs

 26   sur nos maisons, il s'agissait des balles appelées dum-dum et elles

 27   provoquaient la panique parmi la population. J'ai pensé que les unités

 28   paramilitaires étaient déjà arrivées jusqu'à nous. Et ces unités ont


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  1   commencé à se déplacer du nord-ouest, j'ai indiqué par une flèche cette

  2   direction d'où elles se déplaçaient. Nous pensions que ces unités

  3   paramilitaires allaient venir de la direction de Sid, mais cela n'était pas

  4   le cas, ces unités sont arrivées du côté du nord-ouest, de la direction de

  5   Vukovar.

  6   Q.  Et vous avez apposé une autre flèche qui indique la direction de

  7   laquelle les forces armées sont entrées au village de Lovas. Pouvez-vous

  8   apposer la lettre B à côté de cette flèche.

  9   R.  [Le témoin s'exécute] [aucune interprétation]

 10   Q.  Merci.

 11   M. OLMSTED : [interprétation] Est-ce qu'on peut verser cette carte au

 12   dossier.

 13   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui.

 14   M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela sera la pièce P314.

 15   M. OLMSTED : [interprétation]

 16   Q.  Monsieur Rendulic, est-ce qu'il y avait des maisons croates qui ont été

 17   endommagées pendant le pilonnage du 10 octobre ?

 18   R.  Oui. Dans ma partie de la rue, la maison qui est en face de ma maison a

 19   été touchée, et Milan Latas a été tué dans cette maison, et il était Serbe.

 20   A gauche par rapport à sa maison, et en face de ma maison, une autre maison

 21   a été presque complètement détruite parce qu'elle a été touchée d'un

 22   projectile direct.

 23   Et à droite par rapport à la maison, mon beau-père. Un obus est également

 24   tombé et a blessé une femme. Egalement, un obus est tombé sur la maison de

 25   mon beau-père.

 26   Q.  Après le pilonnage et après l'entrée des unités armées dans votre

 27   quartier, dites-nous s'il y a eu d'autres maisons qui avaient été détruites

 28   et si oui, pouvez-vous me dire quel était le nombre de ces maisons ?


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  1   R.  A sept heures 20, il y avait le pilonnage, et lorsque les unités

  2   paramilitaires sont entrées dans le village, il y avait d'autres maisons

  3   qui ont été détruites, puisqu'il y avait des balles incendiaires qui

  4   incendiaient les maisons, pas toutes les maisons mais selon un système, je

  5   présume. Et c'étaient principalement les Serbes locaux qui guidaient ces

  6   unités paramilitaires pour incendier des maisons. C'est comme ça que ma

  7   maison a été incendiée aussi.

  8   Q.  Combien de maisons ont été brûlées ce jour-là ?

  9   R.  Je pense une vingtaine de maisons, entre 20 et 30 maisons. Je ne peux

 10   pas vous fournir le chiffre exact.

 11   Q.  Pourriez-vous nous dire quel était le nombre de Croates qui ont été

 12   tués lors de cette attaque ?

 13   R.  Le premier jour, on a reçu le rapport à Ilok des observateurs européens

 14   selon lequel 21 Croates ont été tués ce jour-là.

 15   Q.  Est-ce que les observateurs européens se sont rendus à Lovas ?

 16   R.  Oui. Ils se sont déplacés de Ilok à Lovas. Nous leur avons décrit la

 17   situation. J'étais avec eux, mais ils ne pouvaient pas assurer ma sécurité

 18   et je ne suis pas parti avec eux, plus loin.

 19   M. OLMSTED : [interprétation] Peut-on afficher le document 5062,

 20   l'intercalaire 29 sur la liste 65 ter ? Et il ne faut pas diffuser ce

 21   document en public, puisqu'il s'agit d'un document protégé.

 22   Nous voyons le rapport daté du 18 octobre 1991. Est-ce qu'on peut afficher

 23   la page 3 -- numéro 3 dans la version originale ? Et pour ce qui est de la

 24   traduction, il y a le numéro 03041190. C'est le numéro de la traduction.

 25   C'est donc le numéro de la page dans la traduction du document.

 26   Q.  On voit ici énuméré les noms de 22 civils croates. Pouvez-vous nous

 27   confirmer s'il s'agit des personnes qui ont été tuées le 10 octobre ?

 28   R.  Ces gens ont été tués le 10 octobre.


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  1   Q.  Est-ce que vous avez vu les corps ou les cadavres de l'une des

  2   personnes dont les noms sont énumérés sur cette liste ?

  3   R.  Lorsque j'ai fuit ma cour, j'ai vu le cadavre d'un homme à gauche par

  4   rapport à moi. Et plus tard, on a constaté qu'il s'agissait du cadavre

  5   d'Antolovic, Zivan, qui habitait près de ma maison.

  6   Q.  C'est le nom qui figure au numéro 21.

  7   M. OLMSTED : [interprétation] Monsieur le Président, je demande que ce

  8   document soit versé au dossier.

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Le document sera versé au dossier. Il

 10   faut leur octroyer une cote.

 11   M. LE GREFFIER : [interprétation] La cote du document sera P315, sous pli

 12   scellé. Merci.

 13   M. OLMSTED : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier. Vous avez

 14   raison. Il faut que ce document soit versé au dossier sous pli scellé.

 15   Q.  Monsieur Rendulic, est-ce que la population croate à Lovas a présenté

 16   une résistance armée pendant l'attaque du 10 octobre ?

 17   R.  Non, aucune résistance. Aucune résistance parce que comme je l'ai déjà

 18   dit, du nord-ouest -- au nord-ouest, il y avait la population mixte, il y

 19   avait des Serbes aussi. Et du côté est du village, il n'y avait aucune

 20   possibilité de présenter une résistance, puisqu'ils n'avaient pas d'armes

 21   et il n'y avait pas de villageois dans cette partie orientale du village.

 22   La population avait déjà fuit cette partie du village en se déplaçant vers

 23   les champs.

 24   Q.  Vous avez dit que vous avez été en mesure de voir certains des membres

 25   des unités serbes armées qui étaient entrées ce jour-là à Lovas. Quel type

 26   d'uniforme ils portaient ?

 27   R.  Il y avait des uniformes militaires, des uniformes de camouflage et

 28   également, il y avait des vêtements civils qu'ils portaient. J'ai vu par


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  1   exemple une blouse ou plutôt une salopette bleue portée par l'un des

  2   membres de cette unité.

  3   Q.  Vous avez dit qu'ils tiraient de leurs armes pour incendier des

  4   maisons. Est-ce que vous avez pu les entendre parler pendant que vous étiez

  5   ?

  6   R.  J'ai entendu pas mal de choses, lorsqu'ils sont arrivés jusqu'à ma

  7   maison. Heureusement, ils ont -- ils n'ont pas incendié la maison de mon

  8   beau-père dans la cave duquel -- de laquelle je me trouvais avec ma belle-

  9   mère et une femme avec des enfants en bas âge. Et ma maison se trouvait sur

 10   la même place que la mère de mon beau-père. Sa distance n'était que de 10

 11   mètres. J'ai entendu, lorsqu'ils sont entrés dans ma maison, ils ont ouvert

 12   la porte de mon garage. Ils ont dit mais il n'y est pas, il est parti, sa

 13   voiture n'est pas là. L'un d'entre eux a crié en disant : Il appartient au

 14   HDZ. Et l'une de mes voisines, Kata Gordic [comme interprété], a dit, en

 15   pensant qu'ils m'avaient retrouvés, pour pouvoir me sauver : Non, non, il

 16   n'est pas membre du HDZ, il est communiste. Ensuite, j'ai dit -- j'en

 17   entendu l'un d'entre eux dire : Milan, Milan, donne-moi cela. J'ai supposé

 18   qu'il s'agissait de l'un de mes souvenirs, un couvre-chef de Lika, et j'ai

 19   entendu que ce membre des unités paramilitaires portait ce couvre-chef de

 20   Lika à Lovas de cela.

 21    Q.  Vous avez dit que vous êtes parti de Lovas. Est-ce que vous avez

 22   quitté Lovas ce jour-là, le jour de l'attaque, après avoir vu cela et

 23   entendu cela ?

 24   R.  Oui. Vers midi, je suis parti de Lovas. Mon -- mes beaux-parents ainsi

 25   que cette femme avec deux enfants ont dit qu'ils allaient se rendre. Moi,

 26   j'ai dit que je n'allais pas me rendre, que j'allais rester dans la cave.

 27   Pourtant quelques minutes après cela, cette voisine est venue pour me

 28   dire : Aco, ta maison est en flammes. C'est parce qu'avant cela, j'ai pu


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  1   entendre deux détonations et plus tard, on a appris qu'ils ont tombé --

  2   qu'ils ont lancé deux bombes au phosphore qui pouvaient très vite incendier

  3   des maisons.

  4   L'INTERPRÈTE : L'interprète prie le témoin de parler un peu plus lentement.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] A ce moment-là, instinctivement, je suis sorti

  6   de la cave et j'ai vu ma maison en flammes. A l'étage, il y avait des

  7   rideaux qui étaient déjà incendiés et du rez-de-chaussée, il y avait de la

  8   fumée. Et j'étais confus à ce moment-là et ma belle-mère m'a dit : Aco,

  9   partons dans la cour arrière. Et donc, on est passé par le portique d'une

 10   trentaine de mètres pour rejoindre la cour arrière. Et lorsqu'on est entrés

 11   dans l'étable, j'ai vu que les unités paramilitaires ouvraient la porte

 12   entre ces deux maisons en criant : Sortez de la cave. Est-ce qu'il y a

 13   quelqu'un dans la cave ? Après avoir entendu cela, j'ai repris mes esprits

 14   et j'ai dit à mes parents -- à beaux-parents : Je vais fuir. Je suis passé

 15   dans l'autre rue par le jardin et, à gauche, il y avait une maison dans

 16   laquelle je suis entré, et cette maison se trouvait à l'extrémité du

 17   village. Je me suis retourné et j'ai vu que ma maison était enflammée. Les

 18   flammes, donc, se dégageaient du toit.

 19   Et dans les champs, j'ai retrouvé d'autres personnes qui ont quitté

 20   Lovas ce jour-là.

 21   M. OLMSTED : [interprétation]

 22   Q.  Et où vous vous êtes rendu ce jour-là, finalement ?

 23   R.  Ce jour-là, on s'est mis d'accord pour savoir où aller et nous sommes -

 24   - certains sont partis à [inaudible], et moi, j'ai préféré partir à Ilok.

 25   Et c'est comme ça qu'un groupe est parti à Mohovo. A Mohovo, nous sommes

 26   restés dans un bureau de la communauté où il y avait d'autres villageois de

 27   Lovas qui avaient déjà fui. Et dans la soirée, Balic Marin et moi-même et

 28   une autre personne de Mohovo, qui portait le même nom de famille que moi,


Page 1996

  1   sont partis. Nous sommes partis à Ilok pour décrire ce qui s'était passé,

  2   et les autres sont restés à Mohovo.

  3   Q.  Merci, Monsieur Rendulic. Etant donné que nous n'avons pas beaucoup de

  4   temps, je vous demande de fournir la réponse quelque peu plus courte.

  5   Dites-nous si, à Mohovo, vous avez appris quelles forces serbes étaient

  6   entrées à Lovas ce jour-là ?

  7   R.  Là-bas j'ai appris qu'il s'agissait de Krnjaic, de Vorkapic, des hommes

  8   de Krnjaic, des hommes de Vorkapic, dont on a parlé auparavant ils sont

  9   arrivés avec ces forces paramilitaires. Il ne s'agissait pas de membre de

 10   la JNA.

 11   Q.  Et qui était à la tête de ce groupe paramilitaire ?

 12   R.  Selon ce que Lisac a dit : Lisac qui était croate qui a été arrêté à

 13   Tovarnik. Il y avait entre 80 à 85 personnes dans ce groupe, à la tête

 14   duquel se trouvait Ljuban Devetak, le villageois de Lovas.

 15   Q.  Et après avoir quitté Mohovo, dites-nous : dans quel village vous vous

 16   êtes rendu ?

 17   R.  Je vois ici consigné Milan, mais j'ai dit Ljuban Devetak. Il faut que

 18   cela soit corrigé.

 19   Q.  Merci pour cette correction, Monsieur le Témoin. Dites-nous : dans quel

 20   village vous vous êtes rendu après Mohovo ?

 21   R.  Après Mohovo, nous nous sommes rendus dans la ville, à Ilok. Pendant la

 22   nuit, moi-même ainsi que ces deux de mes amis nous sommes partis à Ilok.

 23   Q.  Lorsque vous êtes arrivé à Ilok, quelle était la situation qui

 24   prévalait dans ce village à l'époque ?

 25   R.  Vous pensez à la ville d'Ilok ?

 26   La situation là-bas était tourmentée. Les gens savaient déjà ce qui s'était

 27   passé à Tovarnik. Il y avait pas mal de gens d'Ilaca qui avaient été

 28   attaqués; de Tovarnik, qui avaient été attaqués également; et de Bapska.


Page 1997

  1   Puisque Bapska avait été attaqué le 5 par des tirs d'artillerie et tous ces

  2   gens se sont concentrés à Ilok donc la situation était tendue et --

  3   Q.  Quel était le nombre de réfugiés qui se trouvaient à Ilok à ce moment-

  4   là ?

  5   R.  Je pense que nous étions à peu près 6 000 puisqu'il y avait également

  6   le même nombre d'habitants d'Ilok, 6 000 d'habitants, et 6 000 de réfugiés

  7   des villages aux alentours d'Ilok.

  8   Q.  Est-ce qu'il s'agissait des réfugiés croates ?

  9   R.  Oui. Que des Croates.

 10   Q.  Et pourquoi Ilok ? Pourquoi tous ces gens se sont rendus à Ilok ?

 11   R.  C'est parce que Vukovar a été encerclé à l'époque. Et la partie vers le

 12   sud était également contrôlée vers Ilica sous le contrôle des unités

 13   paramilitaires. Donc on ne pouvait que se rendre à Ilok, qui se trouvait

 14   sur les rives du Danube, et d'Ilok, on ne pouvait partir nulle part

 15   ailleurs.

 16   Q.  Et pendant que vous étiez à Ilok, dites-nous si vous étiez en mesure

 17   d'observer des forces de la JNA dans cette région-là ?

 18   R.  Oui, nous avons vu des forces concentrées de la JNA, avec des véhicules

 19   blindés, des nids de mitrailleuses autour d'Ilok. Puisque une grande partie

 20   d'Ilok se trouve dans une vallée, et il y a des élévations autour d'Ilok,

 21   des collines, donc on pouvait très bien voir cela dans la cuvette.

 22   Q.  Est-ce que vous avez vu des canons, des pièces d'artillerie ?

 23   R.  Nous avons des mortiers, des nids de mitrailleuse, des véhicules

 24   blindés sur la route passant au-dessus d'Ilok puisqu'il s'agissait de la

 25   route entre Backa Palanka et Sid.

 26   Q.  Et dites-nous dans quelle direction ces pièces d'armes étaient

 27   orientées ?

 28   R.  Tous les canons de toutes les pièces d'armes étaient orientés vers la


Page 1998

  1   ville d'Ilok.

  2   Q.  Bien. Vous avez déposé que vous êtes arrivé à Ilok le 10 octobre. Et

  3   pouvez-vous nous dire ce qui s'était passé dans la matinée du 11 octobre ?

  4   R.  Le 11 octobre, dans la matinée du 11 octobre, on m'a appelé, les

  5   résidents d'Ilok m'ont appelé, Petar Cobankovic plus précisément m'a invité

  6   à venir dans le centre-ville pour nous rendre à des pourparlers avec la JNA

  7   à Sid.

  8   Q.  Et savez-vous quelle était la fonction de M. Cobankovic à l'époque ?

  9   R.  Il était président de la cellule de Crise d'Ilok.

 10   Q.  Est-ce qu'il vous a dit pourquoi vous avez été invité à participer à la

 11   réunion avec la JNA ?

 12   R.  On m'a invité à participer à cette réunion pour que je décrive la

 13   situation qui prévalait à Lovas après les événements qui s'y sont passés la

 14   veille.

 15   Q.  Est-ce que M. Cobankovic vous a expliqué, vous a décrit la situation

 16   pour ce qui est de la JNA à Ilok et comment les choses se sont déroulées

 17   jusqu'à ce moment-là à Ilok ?

 18   R.  Pour ce qui est de la situation à Ilok, la situation était calme,

 19   normale, mais ils étaient donc coupés du côté est puisqu'il y avait de la

 20   JNA de ce côté-là, la situation était difficile puisque le nombre

 21   d'habitants d'Ilok a augmenté. Jusqu'alors il y avait de l'électricité et

 22   la station radio également fonctionnait, c'était la raison pour laquelle

 23   entre autres raisons nous sommes rendus là-bas. Ilok recevait de

 24   l'électricité de Palanka, et il y avait souvent des coupures d'électricité,

 25   c'est pour cela que la situation là-bas était difficile.

 26   Q.  Avant la réunion avec la JNA le 11 octobre, avez-vous appris ce qui

 27   s'était passé à Bapska ?

 28   R.  Les habitants de Bapska ont dit qu'ils ont été également attaqués par


Page 1999

  1   les tirs d'artillerie. Je pense que cette attaque s'est passée le 5

  2   octobre, et c'est lors de cette attaque, mon ami, Josip, qui était

  3   vétérinaire, a été blessé et il est décédé par la suite ou à la suite de sa

  4   blessure.

  5   Josip Vulic, il s'appelait maintenant. Je viens de me souvenir de son nom

  6   de famille.

  7   M. OLMSTED : [interprétation] Peut-on afficher 418 sur la liste 65 ter.

  8   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Juste un instant, s'il vous plaît,

  9   Monsieur Olmsted.

 10   Monsieur Rendulic, le rapport qui est affiché à nos écrans représente la

 11   liste des civils enterrés tués lors du combat pour libérer Lovas et ensuite

 12   on voit la liste de combattants tués pour la libération de Lovas et on voit

 13   Djordjevic, un nom, c'est Djordjevic, un volontaire de la Serbie. Vous

 14   voyez cela ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Vous nous avez dit qu'aucune

 17   résistance avait été présentée à Lovas. Savez-vous ce qui s'est passé pour

 18   ce qui est de cet homme ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] A Lovas, il n'y avait pas de combat, il n'y

 20   avait pas de combattants. Il n'y avait que des civils qui ont été tués. On

 21   les a emmenés pour les tuer.

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] S'il vous plaît, Monsieur Rendulic,

 23   je ne vous pose pas la question concernant ces 22 personnes. Mais je vous

 24   pose la question concernant le nom qui figure en bas de la liste en dessous

 25   de la liste de combattant et où on voit le nom de Djordjevic volontaire de

 26   la Serbie. Je suppose que c'était une personne qui était de l'autre côté.

 27   Savez-vous ce qui s'est passé pour ce qui est de cet homme et de sa mort

 28   comment il est décédé ?


Page 2000

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai voulu intervenir,

  2   puisque, ici, il est indiqué que : "Ils se sont faits tuer pendant la

  3   libération de Lovas."

  4   Il ne s'agissait pas de combattants. Il s'agissait de civils,

  5   permettez-moi de rectifier cela. Pour ce qui est de Djordjevic qui s'est

  6   fait tuer à Lovas, voilà quelle était la conversation le concernant. L'un

  7   des nôtres qui s'est fait tuer partait de Lovas vers Opatovac, et ce côté

  8   maure d'où les forces paramilitaires étaient arrivées. Là c'est cet homme

  9   qui a été touché, en fait il a été tué. Il était toujours en vie au moment

 10   où Djordjevic l'a approché et on présume que c'est lui qui l'a tué en lui

 11   tirant un coup de son pistolet au moment où il était blessé.

 12   C'est l'explication qui a été fournie pour ce qui est de cet homme

 13   qui s'appelle Djordjevic.

 14   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Mais dans le document qui est affiché

 15   à l'écran on peut lire que Djordjevic lui aussi s'est fait tuer. Si vous le

 16   savez. Si vous ne le savez pas, dites-le-nous.

 17   Savez-vous si cet homme, Djordjevic, a été tué ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Je sais que l'un des membres des unités

 19   paramilitaires a été tué dans la matinée. Mais on nous a donné

 20   l'explication selon laquelle il a tiré sur l'autre personne qui était

 21   blessée, il s'est approché de cette personne qui s'appelait Anton Sabijak

 22   [phon] pour l'achever avec un tir de pistolet. Et cette personne qui était

 23   blessée est arrivée à nous tirer dessus également, et c'est comme cela

 24   qu'il est mort.

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 26   M. LE JUGE MINDUA : Oui, Monsieur le Témoin. Dans la foulée de la question

 27   du Président, toujours pour cette journée du 10 octobre. Vous avez dit, si

 28   je vous ai bien compris, que l'attaque a commencé --  l'attaque sur Lovas a


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  1   commencé avec une attaque d'artillerie, et puis avec des obus tirés à

  2   partir des chars et des mortiers.

  3   Dites-moi : pendant que cette attaque se faisait au moyen de chars et

  4   de l'artillerie et de mortiers, est-ce qu'il y avait une réponse -- il y

  5   avait des -- un échange de coups de feu ? Ou c'est seulement la JNA qui

  6   tirait dans le village et personne ne répondait ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, il n'y avait pas d'échanges de tirs ou de

  8   riposte. C'est pour cela que j'ai dit qu'il n'y a pas de combats pour

  9   libérer Lovas. Il n'y avait que l'attaque contre Lovas, et de notre côté il

 10   n'y avait pas de riposte du tout.

 11   M. LE JUGE MINDUA : Merci.

 12   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Olmsted, vous pouvez

 13   poursuivre.

 14   M. OLMSTED : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 15   Peut-on maintenant afficher 418 sur la liste 65 ter - l'intercalaire 16.

 16   Q.  C'est le document qui est daté du 28 septembre 1991. Est-ce que vous

 17   reconnaissez ce document ?

 18   R.  Je vois ce document affiché à l'écran. Et je ne l'ai pas vu auparavant.

 19   Mais il y avait d'autres documents ayant le contenu similaire à Lovas et à

 20   Ilok.

 21   Q.  Ce document concerne Bapska. Pendant que vous vous trouviez à Ilok,

 22   avez-vous eu l'occasion de voir des documents provenant de Bapska ?

 23   R.  Je ne me souviens pas d'avoir vu des documents provenant de Bapska,

 24   mais j'ai vu le document manuscrit à Ilok concernant la reddition des

 25   armes. Lovas a reçu cet ordre oralement.

 26   Q.  Et lorsque vous dites que vous pensez que vous avez vu un document

 27   similaire, est-ce que ce document concernait Bapska ou un autre village ?

 28   R.  Cela concernait Ilok.


Page 2002

  1   Q.  Très bien.

  2   M. OLMSTED : [interprétation] Peut-on maintenant afficher le document 365

  3   sur la liste 65 ter, qui se trouve à l'intercalaire 5.

  4   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Olmsted, ce document n'a pas

  5   été versé au dossier -- vous ne demandez pas le versement au dossier du

  6   document qui est affiché à l'écran ?

  7   M. OLMSTED : [interprétation] J'aimerais demander son versement au dossier.

  8   Mais j'aimerais poser également une autre question pour avoir des bases

  9   pour demander son versement. Puisque le témoin n'a pas dit qu'il a reconnu

 10   ce document.

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Ah, j'ai compris. Continuez.

 12   M. OLMSTED : [interprétation]

 13   Q.  Dans le premier paragraphe, on peut lire que le MUP croate, les civils

 14   armés et les membres de la ZNG se trouvaient à Bapska à l'époque. Pour

 15   autant que vous le sachiez, est-ce qu'à Bapska il y avait des forces armées

 16   ?

 17   R.  Pour autant que je sache, non. La même situation qu'à Lovas, il n'y

 18   avait que des civils et que des civils qui montaient la garde à l'époque.

 19   Q.  Vous avez dit que vous avez reçu un ultimatum à Lovas, vous avez

 20   également mentionné d'autres endroits. Et dites-nous ce qui s'est passé à

 21   Bapska ? Est-ce que les villageois du village de Bapska ont reçu le même

 22   ultimatum ?

 23   R.  C'était le même scénario. Ils voulaient nous imposer certaines

 24   obligations que nous ne pouvions pas remplir, après quoi les forces

 25   paramilitaires de la JNA lançaient une attaque contre ces villages.

 26   M. OLMSTED : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaite demander

 27   le versement au dossier de ce document.

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je soulève une objection. Il n'y a pas de


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  1   lien entre la déposition du témoin et le document concerné. Et le témoin a

  2   déclaré n'avoir jamais vu ce document auparavant, et il n'est pas au

  3   courant non plus de la teneur du document.

  4   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Olmsted, lorsque je vous ai

  5   demandé si vous souhaitiez demander le versement au dossier de ce document,

  6   je ne souhaitais pas vous poser un piège. Mais à première vue, il y a un

  7   problème au niveau des liens qui existent entre le témoin et le document.

  8   Alors vous avez demandé l'affichage d'un autre document au moment où je

  9   vous ai interrompu et  où je vous ai posé la question au sujet de ce

 10   document-ci. Est-ce que c'est un document du même type ?

 11   M. OLMSTED : [interprétation] Non. C'est un document tout autre.

 12   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Alors quelle est votre réponse à

 13   l'objection de la Défense ?

 14   M. OLMSTED : [interprétation] Eh bien, j'imagine que la Défense ne va pas

 15   prétendre que tous les documents présentés au témoin doivent avoir été vus

 16   par le témoin, parce que la Défense a certainement déjà présenté des

 17   documents aux témoins qu'ils n'avaient jamais vus auparavant.

 18   Notre position c'est que le témoin était au courant de la situation qui

 19   concernait les Croates de Bapska de façon générale. Il a déjà parlé des

 20   habitants de Bapska qui étaient venus à Ilok, et nous pensons que cela

 21   permet d'établir un lien entre le témoin et le document.

 22   [La Chambre de première instance se concerte]

 23   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'objection est rejetée; avec

 24   l'opinion contraire du Juge Mindua.

 25   Donc nous allons admettre le document au dossier.

 26   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P316.

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie.

 28   M. OLMSTED : [interprétation] Peut-on afficher à l'écran le document 365 de


Page 2004

  1   la liste 65 ter. Il se trouve à l'intercalaire 5.

  2   Q.  Monsieur Rendulic, ceci est un ordre qui a été donné par la 1ère

  3   Division de la Brigade d'infanterie mécanisée de la JNA, du 4 octobre 1991.

  4   Nous voyons que l'ordre a été donné par le général Dragoljub

  5   Arandjelovac. Alors je ne souhaite pas que vous vous étendiez sur les

  6   détails, dites-moi tout simplement si vous connaissiez ce général, si vous

  7   avez fait sa connaissance ?

  8   R.  Oui. Le 11, dans la ville de Sid.

  9   Q.  Vous avez fait sa connaissance le 11 octobre ?

 10   R.  Le 10, le 10 octobre.

 11   M. OLMSTED : [interprétation] Je souhaite qu'on présente la page 1 de la

 12   version originale; qui correspond à la page 2 de la version anglaise.

 13   Q.  Alors si nous nous penchons sur le point numéro 4 de cet ordre, le

 14   général ordonne à la 2e Brigade de Gardes d'infanterie motorisée de prendre

 15   le contrôle des villages de Bapska et de Sarengrad en se servant d'un

 16   bataillon armé, et en se servant d'un canon de type Howitzer 122

 17   millimètres, en coordonnant ses activités avec les forces spéciales de la

 18   Défense territoriale.

 19   Pourriez-vous nous dire comment ce type d'artillerie, ce type de canon peut

 20   être comparé aux pièces d'artillerie utilisées à Lovas au début du mois

 21   d'octobre ?

 22   R.  Mais je pense que les mêmes pièces d'artillerie étaient utilisées pour

 23   lancer des attaques contre Lovas, et tous les autres villages dans les

 24   environs.

 25   Q.  Et on parle ici des forces spéciales de la Défense territoriale.

 26   Pourriez-vous nous dire de quel type de forces il s'agissait ?

 27   R.  Mais c'étaient en fait des formations paramilitaires dont j'ai parlé

 28   tout à l'heure. Ils les appelaient la Défense territoriale et nous les


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  1   appelions les paramilitaires. C'étaient des forces qui étaient à la fois

  2   rattachées et n'étaient pas rattachées à la JNA. Mais au fond, elles

  3   étaient bien rattachées à la JNA, j'en suis sûr.

  4   M. OLMSTED : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

  5   je souhaite demander le versement au dossier de ce document.

  6   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Le document est admis.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P317, Messieurs les

  8   Juges.

  9   M. OLMSTED : [interprétation]

 10   Q.  J'aimerais que nous nous penchions maintenant sur cette réunion à

 11   laquelle vous avez assisté le 11 octobre de pair avec les représentants de

 12   la JNA.

 13   Parmi les habitants d'Ilok, qui vous a accompagné, qui a assisté à cette

 14   réunion ?

 15   R.  Notre guide c'était un officier de la JNA qui s'appelait Grahovac. Donc

 16   parmi les représentants des habitants, il y avait moi, il y avait Katica

 17   Coric, il y avait un certain Mrsic, Boro Magovac, puis quelques autres

 18   personnes, je ne me rappelle plus de tous les noms.                                                                            

 19   Q.  Et dans les locaux, de quel bâtiment cette réunion s'est-elle tenue à

 20   Sid ?

 21   R.  La réunion s'est tenue dans la ville de Sid, dans les locaux d'une

 22   école, près d'un parc, c'est le centre-ville de Sid.

 23   Q.  Et était-ce la même école où vous avez eu une réunion avec les

 24   représentants de la JNA lorsque vous êtes parti de Lovas ?

 25   R.  Non, non, non, non. C'était une autre école. C'était une école qui se

 26   trouvait dans le quartier ouest de Sid, non loin de la foire, tandis que

 27   cette école-ci dont je parle maintenant se trouvait dans le centre-ville,

 28   non loin de l'église.


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  1   Q.  Vous dites que le général Arandjelovac a fait partie des personnes

  2   présentes. Quels étaient les autres représentants de la JNA ?

  3   R.  Il y a eu plusieurs autres officiers qui se tenaient à ses côtés, puis

  4   il y avait les soldats de la JNA qui suivaient nos propos et qui montaient

  5   la garde dans la pièce pendant les négociations.

  6   Q.  Et au cours de la réunion, le général Arandjelovac a-t-il avancé des

  7   demandes adressées aux habitants d'Ilok ?

  8   R.  Oui. La situation était la même que pour Lovas lorsque Petrovic nous

  9   imposait un ultimatum, ils ont dit que toutes les armes devaient être

 10   rendues, et que dans le cas contraire, l'armée était à même de raser le

 11   village dans l'espace de quelques heures.

 12   Q.  Et si les habitants d'Ilok refusaient de rendre leurs armes, qu'est-ce

 13   qui devait arriver au village, qu'est-ce qu'il a dit, le général ?

 14   R.  Mais il nous a menacés de lancer une attaque contre Ilok et il a dit

 15   qu'il pouvait facilement raser la ville.

 16   Q.  Et la délégation croate d'Ilok, comment a-t-elle réagi à ces menaces ?

 17   R.  Je pense que c'est Mrsic, le maire d'Ilok, qui a répondu qu'il y avait

 18   plusieurs milliers d'habitants à Ilok, y compris des femmes et des enfants,

 19   et que si une telle attaque était lancée, il y aurait un grand massacre, et

 20   quelqu'un devra en être responsable. Et le général a répondu en disant, Moi

 21   je ne suis qu'un simple soldat et je m'acquitte de mes tâches militaires.

 22   Q.  Et avez-vous posé des questions relatives à Lovas au général ?

 23   R.  Oui. A la fin de la conversation, je lui ai posé des questions

 24   relatives à Lovas. J'ai dit, Monsieur le Général, il m'a dit, Non, non,

 25   non, appelez-moi Mon Général, tout simplement. Et donc je lui ai dit que

 26   Lovas avait été attaquée, que 21 personnes ont été tuées, que des maisons

 27   ont été brûlées. Et il m'a répondu en disant que ce n'était pas l'armée qui

 28   commettait ce genre d'actes. Et moi, je lui ai dit, Mais comment pouvez-


Page 2007

  1   vous dire qu'il ne s'agit pas de l'armée puisque j'ai très bien vu que ces

  2   forces étaient équipées d'artillerie, or les forces paramilitaires n'ont

  3   pas de canons, n'ont pas de pièces d'artillerie. Et à cela il m'a répondu

  4   en disant que nous avions tué un membre de la Défense territoriale. Il

  5   pensait sans doute à ce Djordjevic -- en fait non, plutôt il avait dit

  6   qu'un membre de la Défense territoriale avait été tué dans les champs, et

  7   moi je lui ai répondu en disant que moi j'avais passé un accord avec

  8   Petrovic, que cet accord concernait le village, mais que nous ne pouvions

  9   pas être tenus responsables de ce qui se passait en dehors du village, dans

 10   le champ.

 11   Q.  Et --

 12   R.  Et à ce moment-là, le général a levé la séance et il a dit : Nous en

 13   avons terminé avec notre conversation.

 14   M. OLMSTED : [interprétation] Penchons-nous sur le document 403 de la liste

 15   65 ter. Il figure à l'intercalaire 11. C'est un accord du 11 octobre 1991.

 16   Q.  Monsieur, connaissez-vous la teneur de ce document ?

 17   R.  Oui, bien évidemment que je connais la teneur de cet accord puisque

 18   j'ai assisté à la réunion.

 19   Q.  Et qui a rédigé cet accord ?

 20   R.  L'accord a été rédigé par les représentants de la JNA.

 21   Q.  Et à en juger par votre réponse précédente, j'imagine que la JNA vous a

 22   présenté ce document lors de la rencontre que vous avez eue à Sid ?

 23   R.  Le document ne m'a pas été remis personnellement, il a été remis aux

 24   représentants de la ville d'Ilok, comme j'ai pu le voir moi-même.

 25   Q.  Au paragraphe 1, on évoque des formations ou des organisations

 26   paramilitaires. De telles organisations existaient-elles à Ilok à ce moment

 27   donné ?

 28   R.  A Ilok ? Il n'y avait pas d'organisation paramilitaire croate.


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  1   Q.  Et y avait-il une organisation militaire croate de quelque type que ce

  2   soit ?

  3   R.  Seule la police croate était présente dans la ville d'Ilok, il y avait

  4   un poste de police.

  5   Q.  Et la Défense territoriale locale n'existait-elle pas ?

  6   R.  Eh bien, il y avait la cellule de Crise, et puis, comme cela a été le

  7   cas à Lovas, la population montait la garde à Ilok.

  8   Q.  Quels types d'armes pouvait-on trouver à Ilok ?

  9   R.  C'était la même chose qu'à Lovas. C'étaient surtout les fusils de

 10   chasse, et il y avait quelques kalachnikovs, quelques fusils automatiques.

 11   Parce que c'est la police d'Ilok qui était équipée de ces fusils

 12   automatiques.

 13   M. OLMSTED : [interprétation] Je vois l'heure qu'il est, Monsieur le

 14   Président, mais je n'en ai pas terminé avec ce document. Peut-être est-il

 15   tout de même préférable de faire une pause.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Rendulic, nous allons faire

 17   notre deuxième pause, pour reprendre nos travaux à 12 heures 45. Mme

 18   l'Huissière vous raccompagnera en dehors de la salle d'audience. Merci.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci à vous.

 20   [Le témoin quitte la barre]

 21   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'audience est suspendue.

 22   --- L'audience est suspendue à 12 heures 14.

 23   --- L'audience est reprise à 12 heures 45.

 24   [Le témoin vient à la barre]

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Olmsted, à vous.

 26   M. OLMSTED : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 27   Q.  Monsieur Rendulic, j'aimerais revenir au document dont nous avons

 28   discuté avant la pause.


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  1   Veuillez vous pencher, s'il vous plaît, sur le paragraphe numéro 6.

  2   Il est indiqué :

  3   "Les Unités de la JNA vont occuper la ville et mettre en place un poste de

  4   contrôle, pour assurer la paix jusqu'à ce que la situation soit stable."

  5   Compte tenu de ce que vous saviez au sujet de la situation à Ilok à

  6   l'époque, était-il nécessaire pour la JNA de venir afin d'établir la paix

  7   et faire régner la stabilité à Ilok ?

  8   R.  Mais c'était absolument superflu. La situation était pacifique et

  9   stable. Personne ne devait rétablir quoi que ce soit. Personne ne devait

 10   venir pour assurer la stabilité.

 11   Q.  Et à ce moment donné, après cette réunion qui s'est tenue avec la JNA à

 12   Sid, est-ce que la délégation d'Ilok faisait confiance à la JNA ? Est-ce

 13   qu'elle croyait que la JNA respecterait l'accord passé ?

 14   R.  Eh bien, on faisait très peu de confiance à la JNA compte tenu de ce

 15   qui s'était passé dans les villages environnants de Tovarnik et de Bapska.

 16   Pour nous, cela annonçait ce qui allait se passer à Ilok aussi.

 17   Q.  Et comment la décision de signer ou de ne pas signer cet accord a-t-

 18   elle été prise ?

 19   R.  Nous avons décidé d'organiser un référendum, donc la population devait

 20   voter pour exprimer ses souhaits quant à la façon dont il fallait procéder.

 21   Q.  Et vous souvenez-vous à quelle date ce référendum s'est tenu ?

 22   R.  Je crois que le référendum a eu lieu le 13 octobre.

 23   M. OLMSTED : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

 24   je souhaite demander le versement au dossier de ce document.

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Le document est admis au dossier.

 26   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P318.

 27   M. OLMSTED : [interprétation] Peut-on afficher, s'il vous plaît, le

 28   document 404 de la liste 65 ter. Il se trouve à l'intercalaire 12.


Page 2010

  1   Q.  Ce que nous avons sous les yeux est un bulletin de vote. Reconnaissez-

  2   vous ce document ?

  3   R.  Oui, je le reconnais.

  4   Q.  Et qu'est-ce que c'est ?

  5   R.  Eh bien, nous offrons deux possibilités différentes : est-ce que vous

  6   êtes en faveur d'un déménagement collectif de la localité compte tenu de la

  7   situation critique qui y prévaut -- donc, est-ce que vous êtes pour ou est-

  8   ce que vous êtes contre, c'étaient les deux possibilités. Puis, nous posons

  9   une autre question : est-ce que vous êtes en faveur de la signature de

 10   l'accord avec la JNA et de la reddition de toutes les armes ?

 11   Q.  Donc, c'étaient là les deux questions qui ont été posées à la

 12   population ?

 13   R.  Oui, à la population d'Ilok.

 14   Q.  Et nous voyons que cette alternative où il est question de rendre

 15   toutes les armes et de signer l'accord, que la seule autre alternative à

 16   cette proposition, la seule autre alternative qui est proposée, est celle

 17   de déménager collectivement de la ville.

 18   C'était là le seul choix que les habitants avaient ?

 19   R.  Oui. Soit il fallait rester, soit il fallait partir.

 20   Q.  Mais il n'y avait pas d'autres possibilités ?

 21   R.  Non.

 22   M. OLMSTED : [interprétation] Je souhaite demander le versement au dossier

 23   de ce document, Monsieur le Président, Messieurs les Juges.

 24   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Le document est admis.

 25   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 319.

 26   M. OLMSTED : [interprétation] Peut-on afficher, s'il vous plaît, le

 27   document 413 à l'écran, c'est un document de la liste 65 ter. Il se trouve

 28   à l'intercalaire 14.


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  1   Q.  Ceci est un rapport sur le référendum qui s'est tenu le 13 octobre. A

  2   la page 1, nous voyons que la population a rejeté l'alternative où on

  3   proposait la reddition des armes. Et si nous nous penchons sur la page 2,

  4   nous voyons que la population a voté en faveur d'un déménagement collectif

  5   d'Ilok.

  6   Ce rapport reflète-il correctement les résultats du référendum ?

  7   R.  Oui, les résultats sont indiqués de façon correcte.

  8   Q.  Vous et les autres Croates d'Ilok, qu'est-ce que vous pensiez à

  9   l'époque ? Qu'est-ce qui devait vous arriver si vous restiez à Ilok plutôt

 10   que de déménager ?

 11   R.  Eh bien, sur la base de ce qui s'était passé auparavant dans les

 12   villages de Tovarnik et de Bapska, qui avaient été occupés par la JNA et

 13   par les unités militaires et, surtout par les unités paramilitaires qui

 14   terrorisaient la population, la faisaient chanter, voire la tuaient, donc

 15   nous tous pensions que la meilleure chose pour les habitants d'Ilok c'était

 16   de déménager, de quitter la ville, et c'était aussi l'opinion de nous qui

 17   étions réfugiés.

 18   M. OLMSTED : [interprétation] Je souhaite demander le versement au dossier

 19   de ce document, Monsieur le Président.

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Le document est admis.

 21   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P320, Messieurs les

 22   Juges.

 23   M. OLMSTED : [interprétation]

 24   Q.  Après la tenue du référendum, la population d'Ilok est-elle partie de

 25   la région ?

 26   R.  Oui. La plupart des habitants d'Ilok sont partis et aussi la grande

 27   majorité des réfugiés, et le départ s'est effectué le 17 octobre.

 28   Q.  Et qu'avez-vous fait ?


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  1   R.  Moi, j'ai fait la même chose.

  2   Q.  Et où êtes-vous allé ?

  3   R.  Nous avons formé une colonne. Nous sommes partis vers 10 heures. Cette

  4   colonne avait plusieurs kilomètres de longueur. Nous avons traversé le pont

  5   de Backa Palanka, nous nous sommes dirigés vers Sid, puis dans le village

  6   de Lipovac nous sommes revenus en territoire croate.

  7   Q.  Excusez-moi, pourriez-vous répéter les noms des villages que vous avez

  8   cités tout à l'heure, parce que les interprètes n'ont pas réussi à les

  9   saisir.

 10   R.  Très bien. Alors nous sommes partis d'Ilok à 10 heures. Puis sur le

 11   pont de Backa Palanka nous avons été contrôlés par la JNA. Puis nous sommes

 12   allés à Sid. De Sid, nous sommes allés à Adasevac, à Adasevac, nous avons

 13   pris l'autoroute Zagreb-Belgrade. Puis dans le village de Lipovac, nous

 14   avons passé en territoire croate.

 15   Q.  Et qu'est-ce que vous aviez le droit de prendre avec vous, je parle de

 16   vous personnellement, mais aussi des autres réfugiés, lorsque vous êtes

 17   partis d'Ilok ? Qu'est-ce que vous pouviez prendre avec vous ?

 18   R.  Nos effets personnels, c'est tout, et ceux qui avaient un véhicule

 19   pouvaient le prendre et le remplir de bagages, mais seuls les effets

 20   personnels pouvaient être emportés.

 21   Q.  Et compte tenu de la situation, quelle était la quantité d'effets

 22   personnels qu'une personne moyenne pouvait emporter avec elle ?

 23   R.  Ce qui pouvait être placé dans deux sacs de plastique. On prenait tout

 24   simplement quelques vêtements, quelques chaussures. C'est tout.

 25   M. OLMSTED : [interprétation] Peut-on afficher, s'il vous plaît, le

 26   document 2214 de la liste 65 ter ? Il se trouve à l'intercalaire 20.

 27   Ce sont des extraits du procès-verbal de l'assemblée de la

 28   municipalité d'Ilok, et j'aimerais que nous affichions la page 5 de la


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  1   version anglaise; qui correspond à la page 3 dans la version originale.

  2   Alors ce que nous avons sous les yeux c'est le procès-verbal d'une séance

  3   de l'assemblée qui s'est tenue le 11 octobre 1991, c'est une séance de

  4   l'assemblée en comité élargi. Et nous voyons qu'il y est question d'une

  5   autre réunion qui s'est tenue précédemment avec le général Arandjelovic.

  6   Q.  Au cours de la séance de récolement, vous avez eu l'occasion d'examiner

  7   ces notes. Alors pour ce qui est de la rencontre à laquelle vous avez

  8   assisté et qui s'est tenue à Sid, le 11 octobre, ces notes reflètent-elles

  9   de façon correcte les sujets qui ont été débattus lors de la rencontre ?

 10   R.  Oui. Notre débat est reproduit fidèlement dans le procès-verbal.

 11   M. OLMSTED : [interprétation] Passons maintenant à la page 4 de l'original;

 12   qui correspond à la page 6 de la version anglaise.

 13   Q.  C'est un extrait du procès-verbal du 12 octobre, et dans le procès-

 14   verbal, il est indiqué qu'une personne nommée Salihovic déclare, je cite :

 15   "

 16   "-- que quelqu'un puisse quitter Ilok en portant des armes est hors

 17   de question.

 18   "Le général l'a indiqué explicitement hier. Par ailleurs, il a ajouté

 19   que si jamais quelqu'un de la colonne ouvrait le feu, nous allons prendre

 20   la colonne pour cible."

 21   Qui était ce Salihovic ?

 22   R.  Salihovic était un habitant d'Ilok, un membre de l'assemblée de la

 23   ville d'Ilok.

 24   Q.  Vous souvenez-vous si le général Arandjelovic a délivré cet

 25   avertissement lors de la réunion du 11 octobre à Sid ?

 26   R.  Il a déclaré que, s'il s'y passait quoi que ce soit, s'il y avait un

 27   coup de tiré sur les militaires à quelque moment que ce soit, si les tirs

 28   venaient de la colonne, les militaires passeraient aux représailles.


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  1   Q.  Et tout simplement pour éclaircissement, quand vous parlez d'une

  2   "colonne," c'est une colonne de quoi ?

  3   R.  La colonne de réfugiés qui ont quitté Ilok et se sont dirigés vers Sid

  4   et plus loin encore.

  5   M. OLMSTED : [interprétation] Si l'on peut passer à la page 5 de

  6   l'original; 7 de la version en anglais.

  7   Q.  Et nous voyons donc le procès-verbal du 12 octobre 1991 de la réunion

  8   municipale d'Ilok. Nous voyons que D. Bosnjak a indiqué que Rendulic de

  9   Lovas a transmis un message qu'il y a environ 1000 personnes pour la

 10   sortie.

 11   De quelle personne parle-t-il ?

 12   R.  Il s'agit de moi. J'ai déclaré que tous les réfugiés de Lovas qui

 13   étaient à ce moment-là à Ilok voulaient partir.

 14   Q.  Et encore une fois pour éclaircissement, les mêmes personnes dont on

 15   parle ici, il s'agit des habitants de Lovas qui sont venus à Ilok ?

 16   R.  Oui. Principalement les habitants de Lovas qui sont arrivés à Ilok et

 17   qui voulaient partir d'Ilok.

 18   M. OLMSTED : [interprétation] Monsieur le Président, nous aimerions verser

 19   ce document au dossier.

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic.

 21   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, je lève une objection car il n'y a pas

 22   de procès-verbal intégral de cette réunion, nous n'avons que des extraits

 23   préparés par Stjepan Kraljevic, un tiers. Et je crois que nous devrions

 24   nous voir remettre l'intégralité du procès-verbal de ces réunions.

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Existe-il, ce procès-verbal intégral

 26   ?

 27   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je l'ignore.

 28   M. OLMSTED : [interprétation] C'est ce dont nous disposons. Si nous avions


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  1   tout le procès-verbal, à l'évidence, non seulement nous l'aurions

  2   communiqué à la Défense, mais nous nous en servirions. Voilà ce que c'est.

  3   Nous avons des extraits. Les Juges de la Chambre en sont avertis et le

  4   témoin est en mesure de déposer à cet effet.

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'objection est rejetée.

  6   Donc versement au dossier et reçoit une cote.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il reçoit la cote P321.

  8   M. OLMSTED : [interprétation] J'aimerais maintenant vous passer une vidéo.

  9   Il s'agit du document 4874.1 de la liste 65 ter. Nous allons l'afficher

 10   dans notre système Sanction et nous en avons d'ailleurs un relevé. Si vous

 11   voulez bien faire un arrêt sur image.

 12   [Diffusion de la cassette vidéo]

 13   M. OLMSTED : [interprétation] Il n'y a pas d'interprétation, tout du moins

 14   en anglais.

 15   [Diffusion de la cassette vidéo]

 16   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 17    "Nous passons en Slavonie et au Srem occidental après.

 18   "D'après cette conférence, chers auditeurs, qui s'est tenue à Erdut

 19   aujourd'hui, nous avons demandé à Goran Hadzic, président de la région

 20   serbe de Slavonie, Baranja, et Srem occidental, de répondre à quelques

 21   questions pour nos téléspectateurs de la télévision à Belgrade. Monsieur

 22   Hadzic, dans quelle mesure des combats se poursuivent-ils dans ce théâtre

 23   grave et fort ?

 24   "Goran Hadzic : Les combats sont intenses. La première partie, c'est-à-dire

 25   la libération du Srem occidental, est à sa phase finale. Comme je l'ai dit,

 26   les combats pour Vukovar se poursuivent. Nous pouvons dire que nos unités

 27   contrôlent près de 50 % de la ville. Nous avons des positions assurées et

 28   avançons maison par maison. L'action de ratissage des villages oustachi a


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  1   également été réalisée ces deux derniers jours. A la suite du ratissage de

  2   la section Sid-Vinkovci, plusieurs villages oustachis de cette section dans

  3   notre région ont été ratissés il y a trois jours. Bogdanovci et les

  4   villages qui s'y trouvent. D'autres villages se sont rendus. A Ilok, plus

  5   particulièrement, un quartier offre sa reddition alors que l'autre extrême

  6   ne le permettra pas. Nous aurons des pourparlers sur cette question

  7   aujourd'hui pour qu'ils puissent rendre leurs armes et les auteurs puissent

  8   être tenus responsables devant les tribunaux alors que les innocents

  9   peuvent rester et vivre à nos côtés.

 10   "Le journaliste : Est-ce que l'armée territoriale, les défenseurs des

 11   villages, l'armée populaire yougoslave vont lancer des offensives plus

 12   fortes, car comme vous le savez, l'on parle de plaintes nombreuses

 13   concernant les activités de guerre, tout particulièrement de la JNA ?

 14   "Goran Hadzic : Eh bien, oui, certes, il y a des doléances. Il s'agit de

 15   doléances justifiées étant donné l'attitude et les possibilités. Notre

 16   objectif n'est pas le massacre de Croates mais de punir des particuliers en

 17   leur sein, ce qui signifie que nous avons tout essayé par des moyens

 18   démocratiques et pacifiques pour l'empêcher. Toutefois, même après la

 19   signature de la trêve, des accords, des négociations, les Oustachi

 20   continuent à mépriser les signatures qu'ils ont apposées. Cela signifie que

 21   je ne leur fais pas confiance du tout. C'est clair. Et il ne peut y avoir

 22   de négociations avec eux et la situation doit être réglée de façon

 23   militaire. Le communiqué du commandement Suprême porte à cet effet, mais il

 24   nous faut être conscients que l'armée ne peut le réaliser sans les

 25   habitants. Donc il va nous falloir entamer une action coordonnée réelle

 26   entre les populations et l'armée.

 27   "Ratko German, un volontaire du village, a été tué. Nous passons à la

 28   Slavonie et le Srem occidental…"


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  1   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

  2   M. OLMSTED : [interprétation]

  3   Q.  Pourriez-vous identifier l'homme qui est vêtu d'un uniforme de

  4   camouflage ?

  5   R.  Oui, je le reconnais. Goran Hadzic.

  6   Q.  Reconnaissez-vous l'immeuble devant lequel il se trouve ?

  7   R.  Je reconnais l'immeuble. Il s'agit d'un immeuble à Erdut, près des

  8   caves vinicoles.

  9   Q.  Et dans cet entretien, M. Hadzic déclare que :

 10   "L'action de ratissage des villages oustachi a également été réalisée

 11   ces deux derniers jours. A la suite du ratissage de la section de Sid-

 12   Vinkovci, quelques villages oustachi dans la partie centrale de notre

 13   région ont été ratissés."

 14   De quelle région parle-t-il ?

 15   R.  Il parle de la région qui comprend les villages qui ont été occupés par

 16   la JNA et par les paramilitaires, Lovas, Bapska, et plus loin, et à partir

 17   de ces villages, les Croates ont été chassés.

 18   Q.  Il cite :

 19   "Ilok, une aile," - dit-il - "offre la reddition alors que l'autre

 20   extrême ne le permettra pas."

 21   Ces deux ailes, ces deux factions, y en avait-il deux sur la question à

 22   Ilok ?

 23   R.  Je crois qu'il n'avait pas deux factions. On le voit dans le

 24   référendum, la plupart des habitants étaient en faveur de leur départ. Il

 25   n'y avait pas de factions opposées. Personne n'empêchait les personnes de

 26   partir.

 27   Q.  Y avait-il une faction qui était pour le conflit armé ou une résistance

 28   armée contre la JNA ?


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  1   R.  Non, pas du tout. Nous savions dès le départ en voyant les forces qui

  2   occupaient Ilok que nous n'avions aucune chance. Personne n'avait

  3   suffisamment de force pour s'opposer aux paramilitaires et la JNA.

  4   Q.  M. Hadzic déclare ensuite :

  5   "Nous aurions des pourparlers concernant Ilok aujourd'hui, donc ils

  6   peuvent rendre leurs armes et les auteurs sont tenus responsables devant le

  7   droit."

  8   De quels auteurs ou de quels coupables parle-t-il ?

  9   R.  Je n'en ai aucune idée. Je ne sais à qui il s'est adressé, s'il a parlé

 10   à qui que ce soit. Il n'y avait pas de forces qui s'y trouvaient. Il

 11   n'était pas nécessaire de s'adresser à qui que ce soit quant au départ. Je

 12   crois que c'était simplement des effets de [inaudible]. Il leur fallait

 13   donc dresser ce faux tableau que c'étaient des villages oustachis et qu'il

 14   fallait chasser les Croates car c'étaient des Oustachis.

 15   Q.  Pendant que vous étiez à Ilok ou que vous le quittiez, avez-vous appris

 16   la présence des membres de la direction serbe/croate qui se trouvait dans

 17   la région pendant ces événements ?

 18   R.  Non. Non.

 19   Q.  Qu'en est-il sur le pont en quittant Ilok le jour de l'évacuation ?

 20   R.  Près de la sortie, il y avait des effectifs de la JNA et l'on m'a dit

 21   que le maire de Vukovar, Slavko Dokmanovic, s'y trouvait. Quelqu'un m'a dit

 22   : Comment, tu n'as pas pu le voir ? Et en fait, je le connaissais, mais je

 23   ne l'ai pas reconnu. Il y avait trop de personnes en uniforme. Alors que

 24   d'autres effectivement l'ont vu.

 25   Q.  Quand vous dites "d'autres personnes l'ont vu," de qui s'agit-il ?

 26   R.  Des habitants d'Ilok qui le connaissaient bien. Il avait un poste en

 27   vue dans notre municipalité. Il avait été l'inspecteur agricole, puis

 28   président de la municipalité.


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  1   M. OLMSTED : [interprétation] Nous aimerions verser cet extrait vidéo au

  2   dossier.

  3   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Versé et reçoit une cote

  4   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il reçoit la cote P322.

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

  6   M. OLMSTED : [interprétation] Et enfin j'aimerais afficher à l'écran le

  7   document 5085 de la liste 65 ter. Il s'agit de l'onglet 32. S'il serait

  8   possible de ne pas diffuser la chose, car il s'agit d'un document couvert

  9   par des mesures de protection.

 10   Q.  Pendant que nous affichons la chose à l'écran, si vous pourriez

 11   répondre à la question suivante. Vous nous avez dit, Monsieur Rendulic,

 12   vous nous avez parlé des événements à Sotin, Tovarnik, Lovas, Bapska, et

 13   Ilok. Avez-vous remarqué des schémas quant à la façon dont les événements

 14   se sont déroulés dans tous ces villages ?

 15   R.  Eh bien, j'ai dit il y a un instant et tout à l'heure dans ma

 16   déposition que c'était le même schéma, le même scénario qui se déroulait

 17   exercer des pressions sur les villages croates, de lancer la panique,

 18   première attaque à l'artillerie, et ensuite permettre aux paramilitaires

 19   d'entrer dans ces villages pour piller, incendier les maisons, tuer les

 20   habitants, et provoquer davantage encore de frayeur, et la pression exercée

 21   par la JNA et les paramilitaires était à dessein si forte avec un objectif

 22   qui était que les Croates quittent ce village.

 23   Q.  Si vous voulez bien passer à la page 3 de la version en anglais de ce

 24   même document, donc page 5 de la traduction, et nous voyons donc, sous le

 25   2, les conclusions de ce rapport concernant un scénario de la JNA comme il

 26   suit le chemin suivant. Et donc on y voit six alinéas.

 27   Tout d'abord, tensions, conclusions, ensuite renforcement des frayeurs;

 28   deuxièmement, artillerie ou tirs de mortier; troisièmement, ultimatum de la


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  1   JNA concernant le recueil d'armes; et quatrièmement, sans attendre le

  2   résultat de cet ultimatum, il y attaque militaire; cinquièmement,

  3   parallèlement, simultanément ou peu de temps après l'attaque les Chetniks

  4   entrent dans le village et parachèvent la tâche.

  5   Est-ce que cette description de ce rapport s'inscrit dans les [inaudible]

  6   exquis de ce que vous avez remarqué ?

  7   R.  Oui, c'est presque à 100 % le calque.

  8   Q.  Et au point 5, on y voit que les Chetniks rentrent dans le village pour

  9   terminer la tâche. Avez-vous une conclusion quant à la raison pour laquelle

 10   la JNA, en qualité d'infanterie n'est pas entrée elle-même dans ce village,

 11   mais envoyait des paramilitaires pour terminer la tâche ?

 12   R.  La JNA était censée remplir un rôle non brutal, avec un profil plus

 13   bas, de se restreindre, de ne pas participer à cela, je crois aux attaques

 14   contre ces villages pour protéger sa propre image. Toutefois, je pense

 15   qu'ils étaient complices avec ces unités pour apporter un appui

 16   d'artillerie, tout d'abord, et ensuite lancer l'attaque initiale, parce

 17   que, bien sûr, les paramilitaires n'avaient pas d'artillerie. Et après les

 18   attaques de l'artillerie, les paramilitaires, les Chetniks et les hommes de

 19   Seselj et autres auraient permission d'entrer pour piller, pour produire la

 20   plus grande confusion, pour tuer, incendier, et c'est ainsi que la panique

 21   était jetée, et les habitants étaient intimidés, et fuyaient.

 22   Q.  Au point 6, l'on y voit qu'Ilok n'a pas été détruit, et à cette étape,

 23   cela représentait donc un bien avec une valeur fondamentale. Pourriez-vous

 24   nous dire quelle serait cette valeur fondamentale d'un village dans Ilok

 25   qui n'avait pas été détruit, et ce, pour les forces de la JNA ou les forces

 26   serbes ?

 27   R.  Je crois que la JNA à l'époque, ces Serbes, avaient besoin d'une ville,

 28   qu'elle reste telle quelle. Vukovar avait été détruit, il y avait trop de


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  1   villes qui avaient été détruites d'ores et déjà, et si tout était détruit,

  2   ils se retrouvaient tout simplement sans hébergement. Ça, c'est l'une des

  3   raisons. Et ensuite Ilok se trouve à la conjonction de Vukovar et de -- et

  4   proche de Sid. Donc il fallait qu'une ville reste telle quelle mais qu'elle

  5   soit vide.

  6   Q.  Si nous passons à la page 12 de la version en anglais, à la page 14 de

  7   la traduction, et nous voyons que c'est là une relation de l'attaque contre

  8   Lovas, présentée par les réfugiés, les organisations internationales. Et on

  9   y voit que 15 fusils mitrailleurs ont été recueillis après l'ultimatum de

 10   la JNA. Y avait-il des fusils mitrailleurs à Lovas ?

 11   R.  Non, il n'y avait pas de fusils mitrailleurs quel qu'il soit. Tout ce

 12   qui s'y trouvait était des armes légères. Des fusils mitrailleurs sont des

 13   armes de l'infanterie, si je comprends bien.

 14   Q.  Et je crois que vous avez la possibilité de consulter ce rapport. En

 15   dehors de cela, la somme d'information fournie par des réfugiés, est-elle

 16   dans le droit fil de ce qui s'était passé à Lovas ?

 17   R.  Un instant, je vous prie, laissez-moi consulter. Oui, c'est à peu près

 18   cela.

 19   M. OLMSTED : [interprétation] Monsieur le Président, je demande que ce

 20   document soit versé au dossier sous pli scellé.

 21   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Le document sera versé au dossier.

 22   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce document est versé au dossier sous la

 23   cote P323, sous pli scellé. Merci.

 24   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 25   M. OLMSTED : [interprétation] J'en ai fini avec mon interrogatoire

 26   principal.

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 28   Maître Zivanovic, êtes-vous prêt à commencer votre contre-interrogatoire ?

 


Page 2023

  1   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, merci, Monsieur le Président.

  2   Contre-interrogatoire par M. Zivanovic.  : 

  3   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Rendulic. Je m'appelle Zoran

  4   Zivanovic. Je suis conseil de la Défense de M. Goran Hadzic dans cette

  5   affaire.

  6   R.  Bonjour.

  7   Q.  Monsieur Rendulic, d'abord j'aimerais qu'on apporte une correction au

  8   niveau du compte rendu. Il y a en fait deux corrections à apporter, la

  9   première est à la page 33, où vous avez parlé de l'attaque contre Tovarnik,

 10   de l'attaque de la JNA contre Tovarnik. Et si je vous ai bien entendu, vous

 11   avez dit que entre autres les deux églises ont été touchées lors de cette

 12   attaque. Vous avez fait référence à l'église catholique et à l'église

 13   orthodoxe.

 14   R.  C'est ce que j'ai dit.

 15   Q.  C'est parce qu'il n'y avait que mention de l'église catholique dans le

 16   compte rendu, c'est pour cela que j'ai mentionné cette correction. Et vous

 17   avez parlé assez vite. Et la deuxième correction à apporter à la page 34 du

 18   compte rendu, concernant votre conversation avec le commandant Radisavkic.

 19   Je pense qu'à un moment donné, il vous a dit entre autres choses, en

 20   évoquant la destruction en masse, il vous a demandé ce que -- il a dit ce

 21   que l'Europe a fait et pourquoi l'Europe se tait, pourquoi l'Europe ne fait

 22   pas quelque chose; est-ce qu'il vous a dit cela ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Vous nous avez déjà dit que vous travailliez dans la coopérative

 25   agricole à Lovas depuis des années avant la guerre, et j'ai compris que

 26   pendant cinq ans, avant l'éclatement de la guerre, vous étiez directeur de

 27   la coopérative agricole.

 28   R.  Oui.


Page 2024

  1   Q.  Cette coopérative agricole avait certainement une grande influence sur

  2   la vie de Lovas, pour ce qui est de l'économie de cette région ?

  3   R.  Oui, pour ce qui est de l'économie, certainement.

  4   Q.  Vous aviez de bons rapports avec toute la population de Lovas, n'est-ce

  5   pas, indépendamment de leur appartenance ethnique ?

  6   R.  Oui, absolument, avec tout le monde.

  7   Q.  Et vous avez dit que jusqu'à 1991, vous étiez membre de la Ligue des

  8   Communistes, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  0A Lovas, il y avait pas mal de membres de la Ligue des Communistes, à

 11   l'époque, je présume ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Pouvez-vous me dire quelles étaient les raisons pour lesquelles vous

 14   avez décidé de quitter la Ligue des Communistes en 1991 ? C'était de votre

 15   propre gré ou pas ?

 16   R.  Ecoutez, en 1991, les activités de Ligue des Communistes s'est presque

 17   éteinte -- se sont presque éteintes. Et cela est devenu le SDP, le Parti

 18   socio démocrate. Cela voulait dire qu'il n'y avait plus de Ligue des

 19   Communistes et, moi, je suis -- j'ai cessé de devenir membre. Je n'ai pas

 20   dit explicitement que je ne voulais plus être membre de la Ligue des

 21   Communistes, mais tout simplement, il n'y avait plus d'activités du tout.

 22   Et j'ai cessé d'être impliqué.

 23   Q.  Pour ce qui est du SDP, vous n'avez pas vu en SDP une sorte d'héritier

 24   de la Ligue des Communistes pour ce qui est de la plateforme politique de

 25   la Ligue des Communistes ?

 26   R.  Tout simplement, je ne voulais pas être membre du HDZ ni du SDP

 27   d'ailleurs. Je ne voulais plus être actif sur le plan politique.

 28   Q.  Puisque vous avez mentionné le HDZ, vous savez certainement qu'en 1989,


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  1   ce parti a été fondé, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Pouvez-vous nous dire quel était l'impact de ce parti pour ce qui est

  4   du village de Lovas ?

  5   R.  Ce parti avait une certaine influence pour ce qui est d'établir

  6   l'indépendance de la République de Croatie.

  7   Q.  Vous avez pas mal de partisans de ce parti à Lovas ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Pouvez-vous me dire, puisque vous avez dit qu'il y avait beaucoup de

 10   partisans du HDZ à Lovas, si j'ai bien compris et d'après les informations

 11   dont je dispose, ces partisans étaient presque tous d'appartenance ethnique

 12   croate ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Etant donné que vous connaissiez la situation à Lovas et le contexte

 15   des événements à Lovas, est-ce que vous avez jamais appris pourquoi les

 16   Serbes ne devenaient pas membres du HDZ ? Est-ce que c'était -- cela leur

 17   était interdit ou est-ce qu'ils ne voulait pas devenir membres du HDZ ?

 18   R.  J'ai pas mal -- j'ai parlé avec pas mal de Serbes jeunes ou plus âgés

 19   et [inaudible],  ils ne regardaient pas d'un œil positif le fait que le HDZ

 20   était pour l'indépendance de la Croate et la sécession de la Yougoslavie.

 21   Q.  Est-ce que vous avez pu comprendre pourquoi cela leur était important ?

 22   En fait, pour ce qui est des personnes avec qui vous avez parlé, pouvez-

 23   vous nous dire s'ils considéraient cela comme étant une chose importante de

 24   savoir où ils allaient vivre, en Yougoslavie ou en Croatie ?

 25   R.  Je ne sais pas, mais je sais qu'à un moment donné, ils se sont retirés.

 26   Même les Serbes qui se trouvaient dans des organes d'administration de la

 27   coopérative ne venaient plus dans la coopérative de leur propre gré. Je

 28   posais la question pourquoi ils ne venaient plus. Ils me répondaient qu'ils


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  1   étaient malades ou ils disaient une autre raison. Tout simplement, ils se

  2   sont retirés eux-mêmes de toutes les activités de la coopérative agricole

  3   et des activités de la vie sociale du village.

  4   Q.  Et quand avez-vous remarqué cela à peu près ?

  5   R.  C'était presque au même moment où le HDZ a accédé au pouvoir. Et

  6   lorsque l'état croate a été proclamé, j'ai vu qu'ils sont devenus

  7   mécontents. Et pour ce qui est de Lovas et de moi-même et de la

  8   coopérative, c'était sans aucune raison.

  9   Q.  Lorsque vous dites que c'était lorsque le HDZ a accédé au pouvoir, cela

 10   veut dire pratiquement après les élections ?

 11   R.  Oui, après la victoire du HDZ aux élections.

 12   Q.  Et je suppose qu'à Lovas, le Parti du HDZ a eu la majorité des voix.

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Est-ce que vous avez eu l'impression que la population serbe de Lovas à

 15   l'époque était en quelque sorte terrifiée par le fait que la Croatie allait

 16   faire sécession de la Yougoslavie ?

 17   R.  Selon moi, il n'y avait pas de raison pour qu'ils soient effrayés. Mais

 18   il y en a eu qui me disaient nous voulions à vivre en Yougoslavie, parce

 19   que nous allons nous sentir mieux en Yougoslavie. Ce qui m'a étonné quelque

 20   peu, puisqu'il s'agissait de jeunes. Les hommes plus âgés qui connaissaient

 21   tous les événements qui se sont produits en Deuxième Guerre mondiale, ça,

 22   je pouvais les comprendre. Mais pour ce qui est des jeunes qui disaient

 23   cela, je peux dire qu'ils étaient en fait en quelque sorte révoltés.

 24   L'INTERPRÈTE : Ils ont été - l'interprète se reprend - endoctrinés, en

 25   quelque sorte, pour avoir de telles opinions envers la Croatie

 26   indépendante.

 27   M. OLMSTED : [interprétation]

 28   Q.  Lorsque vous dites que les personnes âgées qui disaient cela, cela ne


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  1   nous étonnait pas --

  2   R.  Ces hommes connaissaient la situation qui prévalait à l'époque pendant

  3   la Deuxième Guerre mondiale, mais les jeunes ne connaissaient pas ces

  4   événements. Ils n'étaient pas -- ils ne connaissaient pas cette situation.

  5   Q.  Vous -- Quand vous dites cela, vous faites référence à des événements

  6   qui se sont produits lors de la Deuxième Guerre mondiale, lorsque les

  7   Oustachis ont commis les crimes contre les Serbes ?

  8   R.  Il y avait également des crimes commis par les Chetniks, par les

  9   partisans et par ceux qui n'étaient pas partisans et qui se sont produits

 10   lors de la Deuxième Guerre mondiale.

 11   Q.  Là, pouvez-vous expliquer cela ? Est-ce que ces personnes âgées avaient

 12   peur que de mêmes crimes ne se soient produits par les Oustachis ?

 13   R.  Ils pensaient peut-être que des choses allaient se produire, des choses

 14   comme cela, une fois les Oustachis venus au pouvoir. Ils y réfléchissaient.

 15   Q.  Mais pourquoi pensez-vous que les jeunes ne connaissaient pas ce qui

 16   s'était passé en Deuxième Guerre mondiale ? Ils auraient pu entendre cela

 17   de leurs parents, de leurs grands-parents.

 18   R.  Je pense que ces jeunes ont grandi dans une société où prévalaient les

 19   idées qui les unissaient dans une communauté et où les idées et les visions

 20   du monde étaient différentes.

 21   Q.  C'étaient donc les gens qui ont -- qui grandissaient dans un esprit

 22   d'un pays commun ?

 23   R.  Oui. C'est ce qu'on leur enseignait à l'école, de vivre ensemble et

 24   d'avoir les mêmes idées pour ce qui est de cette vie commune.

 25   Q.  A la page 8 du compte rendu d'aujourd'hui, vous avez dit que la plupart

 26   des Serbes qui se trouvaient -- qui vivaient à Lovas étaient venus à Lovas

 27   après la Deuxième Guerre mondiale de Banja et de Kordun, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui.


Page 2028

  1   Q.  Est-ce que cela avait une importance d'après vous pour ce qui est de

  2   cette attitude des gens ?

  3   R.  Je ne le sais pas. Je pense que non, que cela devait pas être le cas.

  4   Q.  Savez-vous si, pour ce qui est de Banja et de Kordun, pendant la

  5   Deuxième Guerre mondiale, ces régions faisaient partie de l'Etat

  6   indépendant croate, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Et à la proximité, il y avait des camps, par exemple, le camp de

  9   Jasenovac ?

 10   R.  C'est ce qu'on a appris dans l'histoire.

 11   Q.  On a eu l'occasion dans cette affaire d'entendre et d'obtenir les

 12   informations selon lesquelles il n'y avait pas de Serbes en Croatie qui,

 13   pendant la Deuxième Guerre mondiale, n'avaient pas de tragédie familiale,

 14   des gens qui ont péri dans ces camps.

 15   R.  Je ne le sais pas. Je ne peux pas dire qu'il n'y avait pas de Serbes

 16   qui n'avaient pas de telle tragédie. Il y avait des Serbes, il y avait des

 17   Croates également. Mon père m'a raconté quel était le destin des Croates

 18   dans Kordun, par exemple.

 19   Q.  Vous savez quand, à Lovas, le comité du HDZ a été formé à Lovas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  C'était en mars 1991 ?

 22   R.  Je ne sais pas quand c'était exactement, puisque je n'étais pas membre

 23   du HDZ.

 24   Q.  Est-ce que vous savez qui étaient les membres du HDZ ?

 25   R.  Oui. Ce n'est pas un grand village.

 26   Q.  Pouvez-vous nous dire qui étaient les membres du Conseil exécutif du

 27   HDZ à Lovas ?

 28   R.  Je ne peux pas énumérer tous les membres. Jozo Milas était le président


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  1   du HDZ. Ensuite, Mujic. Ivan ou Franjo, je ne suis pas certain. Parce que,

  2   pour ce qui est de ce conseil ou du Comité du HDZ et de la politique de ce

  3   parti, je dois dire que je ne connaissais pas grand-chose.

  4   Q.  Et savez-vous qui a été élu président de l'assemblée de la communauté

  5   locale de Lovas après que le HDZ ait remporté la victoire aux élections ?

  6   R.  Jusqu'alors, c'était Jakob Poljak. Et pour ce qui est de l'élection du

  7   président à ce moment-là, je n'arrive pas à me souvenir. Jusqu'alors,

  8   c'était Jakob Poljak, mais après lui… attendez. Le président de l'assemblée

  9   de la communauté locale ?

 10   Q.  Oui.

 11   R.  C'était Poljak - il était Croate - qui était à la tête de l'assemblée

 12   jusqu'alors, mais après je ne le sais pas.

 13   Q.  Je vais vous rappeler. Est-ce que le nom de Zeljko Cirba vous dire

 14   quelque chose ?

 15   R.  Bien sûr. Zeljko Cirba travaillait à la coopérative agricole. Mais pour

 16   ce qui est de sa nomination au poste du président de la municipalité, je

 17   n'en sais rien. C'est possible.

 18   Q.  Nous disposons d'une information qui dit qu'à la deuxième moitié du

 19   mois d'avril 1991, le HDZ a commencé à former une organisation militaire.

 20   Est-ce que vous en savez quelque chose ?

 21   R.  Non, mais je pense que ce n'était pas le cas. En 1991, le HDZ de Lovas

 22   ne pouvait pas former une organisation militaire. Vous avez fait référence

 23   à Lovas ? Bon, je n'en sais rien, mais je pense que cela n'a pas été le

 24   cas.

 25   Q.  Vous savez que le président du conseil du HDZ à Lovas était Milas, Jozo

 26   Milas, n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Savez-vous que les vice-présidents étaient Marin Vidic, Bili, et Josip


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  1   Grnacac ?

  2   R.  Je sais qu'ils étaient membres du HDZ, mais je ne sais pas quelles

  3   étaient leurs fonctions. Puisque je vous ai déjà dit que je n'étais pas

  4   membre du parti.

  5   Q.  Savez-vous que Josip Grcanac était le chef de l'administration de la

  6   police à Vinkovci pendant une certaine période de temps ?

  7   R.  Oui, c'était après la guerre. Il était le chef de l'administration de

  8   la police à Vinkovci.

  9   Q.  Et avant la guerre ?

 10   R.  Avant la guerre, il était à Vukovar. Mais je ne sais pas si il était à

 11   la tête de l'administration de la police. Je sais qu'il travaillait dans la

 12   police à Vukovar.

 13   Q.  Savez-vous qu'au sein du Conseil exécutif du HDZ à Lovas se trouvait,

 14   entre autres, Mijo Kolic ?

 15   R.  Je sais qu'il était membre du HDZ, mais je ne sais pas s'il faisait

 16   partie des organes exécutifs du HDZ.

 17   Q.  Et Franjo Krizmanic ?

 18   R.  Lui aussi, il était membre du HDZ.

 19   Q.  Et Branko Krizmanic ?

 20   R.  Pour ce qui est de Branko Krizmanic, je ne sais pas s'il était membre

 21   du HDZ. Il est fils de Franjo, et il est possible qu'il ait été membre du

 22   HDZ lui aussi.

 23   Q.  Et Josip Badanjak ?

 24   R.  Il était membre du HDZ, mais je ne sais pas quelle était sa fonction.

 25   Q.  Et qu'en est-il de Josip Filic ?

 26   R.  Un autre membre du HDZ.

 27   Q.  Et dites-moi, s'il vous plaît, si son surnom était Duka ?

 28   R.  Non. Personne ne portait un tel surnom à Lovas.


Page 2031

  1   Q.  Et qu'en est-il d'Ivo Madzarevic ?

  2   R.  Lui aussi, il était membre du HDZ.

  3   Q.  Tomislav Rendulic ?

  4   R.  Oui, lui aussi.

  5   Q.  Franjo Mujic ?

  6   R.  Oui, un autre membre du HDZ.

  7   Q.  Keser, surnommé Braca ?

  8   R.  Keser ? Oui. Je crois qu'il s'agit de Mile Keser, et oui, il était

  9   membre du HDZ lui aussi.

 10   Q.  A partir de l'année 1990, on a commencé à approvisionner la population

 11   de Lovas en armes; le savez-vous ?

 12   R.  Dès 1990 ?

 13   Q.  Oui.

 14   R.  Je n'en sais rien. De toute façon, si vraiment ce mouvement était

 15   massif, je l'aurais appris.

 16   Q.  J'ai obtenu une information - et vous en savez peut-être quelque chose

 17   vous aussi - à la frontière hongroise, Mile Jovanovic, Josip Mirkovic et un

 18   certain Mustafa Mumin ont été arrêtés pour trafic d'armes; le savez-vous ?

 19   R.  J'ai entendu cette histoire racontée par les autres, mais je ne suis

 20   pas au courant des faits. J'ai entendu tout simplement les histoires qui

 21   circulaient.

 22   Q.  Et savez-vous si une formation des membres du HDZ de la municipalité de

 23   Vukovar, entre autres, de Lovas, a été organisée ?

 24   R.  Je n'en sais rien. Mais aucune formation n'a été organisée à Lovas.

 25   Q.  Et ailleurs ?

 26   R.  Je ne le sais pas.

 27   Q.  Et avez-vous entendu parler de l'organisation de jeunesse de travail

 28   fédéral ?


Page 2032

  1   R.  Oui. C'était une manifestation qui était organisée sur l'exploitation

  2   agricole de Vupik.

  3   Q.  Savez-vous si des formations ont été organisées là-bas ?

  4   R.  Je sais que les membres des ZNG s'y trouvaient au moment où ils

  5   faisaient déjà partie des formations militaires croates régulières.

  6   Q.  Donc, vous savez que des formations y ont été organisées ?

  7   R.  Je sais que des militaires s'y trouvaient. Alors, quels types de

  8   formation y ont été organisés, je l'ignore.

  9   Q.  Nous avons également obtenu un autre élément d'information qui concerne

 10   l'organisation militaire montée au sein du HDZ. Nous avons appris que dans

 11   la deuxième moitié du mois d'avril 1990, une décision quant à

 12   l'organisation militaire du HDZ a été adoptée dans le village de

 13   Bogdanovci. Le savez-vous ?

 14   R.  Non, je l'ignore. Et, par ailleurs, je ne connaissais pas ce village

 15   très bien.

 16   Q.  D'après d'autres éléments d'information dont nous disposons, trois

 17   services ont été établis au sein de cette organisation militaire : un

 18   service technique, un service militaire et un service médical. Le savez-

 19   vous ?

 20   R.  Non, je ne le sais pas.

 21   Q.  Et, par ailleurs, nous avons appris que des représentants de Lovas ont

 22   assisté à cette réunion et que par la suite ils ont mis en œuvre les

 23   décisions prises lors de cette réunion dans le village de Lovas.

 24   R.  Je ne le sais pas. Peut-être les choses se sont-elles passées ainsi.

 25   Mais je n'ai jamais décelé aucune activité militaire à Lovas à cette

 26   époque-là.

 27   Q.  Nous avons, par ailleurs, appris que c'est Ivo Madzarevic qui se

 28   trouvait à la tête du service technique. Et la tâche qui revenait à ce


Page 2033

  1   service technique, c'était d'approvisionner les membres du HDZ en armes.

  2   R.  Je ne sais pas s'il s'est vu confier ces tâches. Mais en tout cas, il

  3   n'y a pas eu d'armement de villageois à ce moment-là à Lovas.

  4   Q.  Et savez-vous si des mesures ont été prises pour s'approvisionner en

  5   armes ?

  6   R.  En 1990 ? Non. Non, pas à cette époque-là.

  7   Q.  Et en 1991 ?

  8   R.  En 1991, lorsque des incidents ont commencé à se produire dans les

  9   environs de Borovo Selo [phon], alors on a commencé à se dire qu'il fallait

 10   assurer sa sécurité, et évidemment la sécurité ne pouvait pas être assurée

 11   sans armes.

 12   Q.  Et alors, comment est-ce que vous avez fait pour vous approvisionner en

 13   armes ?

 14   R.  Eh bien, je sais que des individus sont allés à Sid pour acheter des

 15   pistolets et des fusils légalement, avec des permis de port d'armes. Et

 16   puis, par ailleurs, je pense que le HDZ a reçu trois ou cinq kalachnikovs

 17   après les événements qui se sont produits au mois de mai 1991. Le HDZ a

 18   reçu ces kalachnikovs des mains de la police ou de l'armée, et alors le HDZ

 19   était autorisé à distribuer ces armes-là. Mais là, on parle déjà d'une

 20   époque différente, où les éléments avaient déjà pris leur cours.

 21   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, j'aimerais avoir

 22   quelques minutes pour traiter des questions d'intendances avant 14 heures.

 23   Donc, lorsque vous arriverez à un autre sujet, il serait bon de vous

 24   arrêter.

 25   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je peux m'arrêter dès maintenant, Monsieur

 26   le Président.

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien.

 28   Monsieur Rendulic.

 


Page 2034

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Votre déposition vient de toucher à

  3   sa fin pour aujourd'hui. Vous allez reprendre votre déposition demain.

  4   Demain, nous allons commencer nos travaux à 8 heures 45 plutôt qu'à 9

  5   heures, mais les services compétents vous en informeront.

  6   Je vous rappelle que la déclaration solennelle que vous avez

  7   prononcée est toujours en vigueur. Cela veut dire que vous n'avez le droit

  8   de discuter de votre témoignage avec qui que ce soit. Par ailleurs, vous

  9   n'avez pas le droit d'en parler -- ou de communiquer avec les parties au

 10   procès.

 11   M'avez-vous compris ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je vous ai compris, Monsieur le

 13   Président.

 14   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien. Mme l'Huissière vous

 15   raccompagnera en dehors du prétoire. Merci beaucoup.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci à vous.

 17   [Le témoin quitte la barre]

 18   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, la question que je

 19   souhaite soulever concerne votre requête pour vous accorder du temps

 20   additionnel lorsque nous entendrons le témoin prévu pour vendredi par

 21   vidéoconférence. C'est le Témoin 056, je crois ? Il déposera à huis clos --

 22   M. ZIVANOVIC : [aucune interprétation]

 23   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] -- donc il vaut mieux ne pas évoquer

 24   son nom.

 25   Monsieur Stringer, êtes-vous au courant de cette requête ? Avez-vous une

 26   position à exprimer à cet égard ? Comme il s'agit d'une déposition par

 27   conférence vidéo, il faut prendre la décision en temps voulu.

 28   M. STRINGER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. J'étais en train


Page 2035

  1   de rédiger quelques notes et j'allais vous proposer de nous présenter notre

  2   réponse oralement, pour accélérer la procédure.

  3   Nous avons examiné la requête de la Défense et nous soulevons une

  4   objection. Nous nous y opposons sur la base de ce que nous avons pu voir.

  5   Il s'agit d'un témoin qui doit déposer sur les faits, si je puis m'exprimer

  6   ainsi, sur deux questions essentielles. Une question  concerne Klisa,

  7   paragraphe 29 de l'acte d'accusation. Le témoin a été présent au centre

  8   d'entraînement d'Erdut et il y a été interrogé.

  9   L'Accusation va entendre le témoin en vertu de l'article 92 ter. Nous

 10   aurons un interrogatoire principal de 30 minutes au maximum, et c'est

 11   pourquoi il ne nous semble pas justifié de doubler le temps alloué à la

 12   Défense. Il faudrait voir peut-être combien de temps il nous restera, parce

 13   que nous souhaitons en terminer avec cette déposition par conférence vidéo

 14   cette semaine, avant de passer à la période suivante au cours de laquelle

 15   nous ne comptons pas siéger. Donc, si nous avons suffisamment de temps, et

 16   si les Juges de la Chambre pensent que la requête de la Défense est

 17   justifiée, alors, bien évidemment, nous allons en tenir compte.

 18   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Et le témoin suivant doit-il déposer

 19   par biais d'une conférence vidéo, le Témoin GH-100 ? Je vois que c'est un

 20   témoin qui déposera en audience publique.

 21   M. STRINGER : [interprétation] Non. Le témoin suivant est à La Haye.

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, souhaitez-vous

 23   ajouter quelque chose ?

 24   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Moi, j'avais compris que votre question au

 25   Témoin GH-100.

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Mais non, nous parlions de votre

 27   requête, et votre requête, elle s'applique au Témoin 56. Et la question que

 28   je pose au sujet du Témoin GH-100, c'est tout simplement de savoir s'il


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  1   doit testifier [comme interprété], lui aussi, par le biais d'une

  2   vidéoconférence.

  3   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Mais j'avais cru comprendre que oui, c'est

  4   un autre témoin qui devrait déposer par le biais de vidéoconférence.

  5   M. STRINGER : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas toutes

  6   les informations pertinentes sous les yeux, en ce moment, donc il n'est pas

  7   impossible que je me sois …

  8   Je vous demande pardon, en effet, le Témoin GH-100 est le témoin qui

  9   doit déposer par le biais d'une conférence vidéo.

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien.

 11   Alors vous vouliez ajouter, Maître Zivanovic.

 12   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, Messieurs les Juges, je peux réduire

 13   le temps que j'ai prévu pour le Témoin GH-100 d'une heure, si bien que

 14   notre demande n'est plus pertinente.

 15   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Fort bien, la demande n'est plus

 16   pertinente.

 17   Nous reprenons nos travaux demain matin, à 8 h 45. N'oubliez pas s'il

 18   vous plaît, que nous allons commencer 15 minutes plus tôt que d'habitude.

 19   Voilà, la séance est levée.

 20   --- L'audience est levée à 13 heures 55 et reprendra le mardi 4 décembre

 21   2012, à 8 heures 45.

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