Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 4 décembre 2012

  2   [Audience publique]

  3   --- L'audience est ouverte à 8 heures 45.

  4   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour à tout le monde dans le

  5   prétoire et autour du prétoire.

  6   Monsieur le Greffier, s'il vous plaît, citez le numéro de l'affaire.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs

  8   les Juges.

  9   Il s'agit de l'affaire IT-04-75-T, le Procureur contre Goran Hadzic.

 10   Merci.

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci. Les parties peuvent-elles se

 12   présenter, d'abord l'Accusation.

 13   M. STRINGER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs

 14   les Juges. Je m'appelle Douglas Stringer; avec Matthew Olmsted, François

 15   Braun, notre commis à l'affaire, Sebastiaan van Hooydonk, nous représentons

 16   aujourd'hui l'Accusation.

 17   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 18   Maître Zivanovic, pour la Défense.

 19   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs

 20   les Juges. Pour la Défense de M. Hadzic, Zoran Zivanovic et Christopher

 21   Gosnell.

 22   Merci.

 23   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 24   Est-ce qu'on peut faire entrer le témoin dans le prétoire maintenant.

 25   Je pense qu'il vaut mieux peut-être de faire les pauses comme d'habitude --

 26   [Le témoin vient à la barre]

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Rendulic. Vous

 28   pouvez vous asseoir.

 


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Rendulic, je vous rappelle

  3   que vous êtes toujours tenu par la déclaration solennelle.

  4   Maître Zivanovic, vous pouvez poursuivre votre contre-interrogatoire.

  5   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  6   LE TÉMOIN : ADAM RENDULIC [Reprise]

  7   [Le témoin répond par l'interprète]

  8   Contre-interrogatoire par M. Zivanovic : [Suite]

  9   Q.  [interprétation] Monsieur Rendulic, hier, je vous ai posé des questions

 10   concernant l'organisation militaire du HDZ sur le territoire de la

 11   municipalité de Vukovar ainsi que sur le territoire du village de Lovas, et

 12   c'est à partir de la deuxième moitié du mois d'avril 1991.

 13   Maintenant j'aimerais vous lire une partie de l'information dont nous

 14   disposons.

 15   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Il s'agit de l'intercalaire numéro 1, le

 16   document 2803, qui ne doit pas être montré en public. Il ne faut pas non

 17   plus montrer le document au témoin.

 18   Q.  Monsieur le Témoin, vous n'allez pas voir ce document affiché à votre

 19   écran puisque nos Règles de la procédure exigent cela. Et compte tenu de la

 20   source de l'information. C'est pour cela que je vais lire cette partie de

 21   l'information qui se trouve à la première page, dans les deux versions en

 22   anglais et en serbe. Je vais pas lire qui a assisté à cette réunion. J'ai

 23   déjà dit quand cette réunion a eu lieu et où c'était au village de

 24   Bogdanovci. Et voilà ce que figure dans notre information :

 25   "Mercep Tomislav a présidé cette réunion. Il nous a dit, dans son discours

 26   d'introduction, qu'il avait reçu des instructions du Comité central du HDZ

 27   d'Osijek pour commencer à former une organisation militaire dans le cadre

 28   du HDZ. Et il faut former un service technique dont la tâche principale


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  1   serait pour ce qui est de la phase initiale d'armer les membres du HDZ les

  2   plus fiables qui sont en fait les premières recrues de l'armée croate qu'il

  3   faut crééer dans un stade ultérieur.

  4   "A la tête de ce service technique, Mercep Tomislav a désigné Gazo Josip

  5   qui devrait être le chef de ce service. Pour ce qui est du service

  6   militaire qui a été également formé lors de cette réunion a pour tâche

  7   d'entraîner les membres armés du HDZ, pour ce qui est du maniement des

  8   armes et pour ce qui est du concept de la guerre sur le territoire de la

  9   municipalité de Vukovar au cas où la création de l'Etat indépendant croate

 10   ne serait pas fait par les moyens pacifiques. Rados Stjepan a été nommé

 11   chef de ce service militaire :

 12   "Pour ce qui est du service médical à la tête de ce service a été désigné

 13   Rimac Vlado. Et ce service médical avait pour tâche de collecter du

 14   matériel médical, de le disposer aux points dans la ville de Vukovar, de

 15   préparer la création de petits hôpitaux ou des dispensaires, et tout cela

 16   de façon illégale et dans des endroits cachés, parce qu'à l'époque, le HDZ

 17   faisait cela de façon illégale.

 18   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Olmsted.

 19   M. OLMSTED : [interprétation] Monsieur le Président, nous soulevons une

 20   objection pour ce qui est du format de la question, parce que c'est une

 21   longue question. Le conseil de la Défense lit quelque chose qui est

 22   consigné au compte rendu, et c'est le document qui n'est pas à la

 23   disposition de la Chambre, et ce témoin n'a pas vu ce document auparavant.

 24   Et comment le témoin, après avoir entendu cet extrait long de document

 25   pourrait répondre à la question ?

 26   Je pense que le conseil de la Défense doit simplement présenter une

 27   thèse au témoin, dans une forme simplifiée pour que le témoin puisse

 28   répondre à cette question, et non pas se lancer dans un discours long, dans


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  1   une diatribe concernant un sujet que nous ne connaissons pas.

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, puis-je ajouter à

  3   ce qui a été dit ? La Chambre prendra la position plus tard que les

  4   questions que vous semblez vouloir poser au témoin avaient déjà été posées,

  5   et que le témoin avait déjà répondu à ces questions.

  6   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, en partie, Monsieur le Président,

  7   j'aimerais justement présenter l'information entière au témoin pour ce qui

  8   est de l'organisation de -- pour ce qui est de l'organisation militaire à

  9   Lovas. Et j'aimerais le lire également cette partie de l'information, par

 10   la suite, j'aimerais lui poser des questions concernant ces éléments de

 11   l'information.

 12   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Mais pourquoi présenter au témoin les

 13   informations dont il n'est pas au courant. Il a déjà dit cela en répondant

 14   à votre question.

 15   M. ZIVANOVIC : [interprétation] C'est vrai, il a dit qu'il n'en savait rien

 16   pour ce qui est de l'organisation militaire du HDZ. Pourtant --

 17   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Il ne savait rien non plus pour ce

 18   qui est du service médical ou technique.

 19   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui.

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bien. Il y avait donc ces trois

 21   éléments.

 22   M. ZIVANOVIC : [interprétation] J'ai voulu lui fournir ces informations

 23   concrètes qui figurent dans ce document, et qui concernent Lovas pour lui

 24   poser des questions, s'il était au courant de ces éléments, de ces

 25   informations.

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Olmsted.

 27   M. OLMSTED : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 28   Est-ce qu'on peut demander au témoin de retirer ses casques, parce que


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  1   j'aimerais en discuter de ce document concret.

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur le Témoin, est-ce que vous

  3   comprenez l'anglais ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Dans ce cas-là, pourriez-vous retirer

  6   vos casques, s'il vous plaît ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  8   M. OLMSTED : [interprétation] Monsieur le Président, l'Accusation est

  9   préoccupée pour ce qui est de ce document concret. Nous avons bien compris,

 10   il s'agit d'une sorte de confession du témoin qui était dans des conditions

 11   difficiles, c'est des aveux du témoin qui était dans des conditions dures

 12   de détention, en 1991. Le document a été fourni au conseil de la Défense

 13   dans une autre affaire devant ce Tribunal, et il y a notre préoccupation

 14   qui est la nôtre pour ce qui est de la lecture de grands extraits de ce

 15   document aux fins du compte rendu, ce qui pourrait donc ouvrir la

 16   discussion pour ce qui est de la fiabilité de ce document.

 17   C'est une autre raison pour laquelle nous considérons qu'il ne devrait pas

 18   -- que ce document soit lu aux fins du compte rendu.

 19   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, Maître Zivanovic.

 20   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Ce document, cela nous a été communiqué par

 21   l'Accusation, et pour autant que je sache, cela se trouve sur la liste 65

 22   ter des documents de l'Accusation. Et ce document n'a pas été obtenu par la

 23   contrainte ou en utilisant des moyens illicites.

 24   Et pour ce qui est de la source de ce document, que je n'aimerais pas

 25   mentionner en présence du témoin, cette source également figure sur la

 26   liste de l'Accusation.

 27   M. OLMSTED : [interprétation] Monsieur le Président, tous les documents qui

 28   se trouvent sur la liste 65 ter n'étaient pas -- on ne peut pas garantir la


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  1   fiabilité de tous ces documents, pour de diverses raisons. Et ce document a

  2   été communiqué conformément à l'article 66(A), pour que la Chambre et la

  3   Défense puissent l'avoir. Et je pense que le conseil de la Défense connaît

  4   très bien la source du document, et je ne dirais plus rien là-dessus.

  5   M. ZIVANOVIC : [interprétation] J'aimerais juste ajouter à présent qu'il

  6   n'y a pas d'indication provenant de l'Accusation que ce document ait été

  7   obtenu par la contrainte. Et c'est tout.

  8   [La Chambre de première instance se concerte]

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, vous pouvez poser

 10   les questions concrètes à ce témoin, et vous pouvez lui présenter les

 11   informations nécessaires pour qu'il puisse répondre à vos questions. Mais

 12   il ne faut pas que vous lisiez des extraits des documents qui sont longs

 13   aux fins du compte rendu.

 14   Monsieur le Témoin, vous pouvez remettre vos casques.

 15   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 16   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 17   Q.  Monsieur le Témoin, Monsieur Rendulic [hors micro] -- Monsieur

 18   Rendulic, hier, je vous ai lu un certain nombre de noms. Je vais vous les

 19   réitérer à présent. Vous avez dit que ces noms vous étaient connus, à

 20   l'exception en fait d'un nom, et pour ce qui est de ces noms nous disposons

 21   de l'information selon laquelle ce sont les gens qui ont fait -- qui ont

 22   mis en place la décision du HDZ à Lovas.

 23   Je pouvais les énumérer : Franjo Krizmanic, Kolic Mijo, Jozo Milas, Grcanac

 24   Josip, Krizmanic Branko, Vidic Marin, Badanjak Josip, Madzarevic Ivo, Keser

 25   Braco.

 26   Hier, vous avez dit par rapport au nom de Duka Filic, que vous -- que cette

 27   personne n'existait pas à Lovas.

 28   R.  Non.


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  1   Q.  Pourtant hier, vous avez également dit, et c'est la page 1956 du compte

  2   rendu, vous avez parlé d'une personne qui s'appelle Djuka Filic. C'est

  3   comme cela que son nom a été consigné au compte rendu.

  4   R.  Djuka Filic ce n'est pas Duka, c'est Djuka Filic.

  5   Q.  Est-ce que cela veut dire que Djuka Filic existe ?

  6   R.  Oui, à Lovas, oui.

  7   Q.  Et quel est son vrai nom ?

  8   R.  Djuka.

  9   Q.  C'est son vrai prénom ?

 10   R.  Oui, son prénom est Djuka.

 11   Q.  Parmi les personnes dont les noms j'ai énumérés, on voit le nom de

 12   Tomislav Rendulic. Pouvez-vous me dire s'il a un lien de parenté avec vous

 13   ?

 14   R.  Non. Nous portons le même nom de famille et c'est tout.

 15   Q.  Lors de votre déposition, hier, à la page du compte rendu 1961, vous

 16   avez dit que, d'Ilok à Lovas, pendant une certaine période de temps, il y

 17   avait des mines antichars qui étaient envoyées d'Ilok à Lovas et qui par la

 18   suite ont été retournées à Ilok.

 19   Qui les a envoyées, ces mines ?

 20   R.  Cela a été envoyé de Ilok. Mais je ne sais pas qui les a envoyées. En

 21   tout cas, ces mines sont arrivées à Lovas.

 22   Q.  Qui les a emmenées ?

 23   R.  Je ne sais pas qui les a emmenées. C'était pendant la nuit, mais cela

 24   est arrivé à Lovas, et j'ai déjà dit hier que c'était au mois de juillet.

 25   Q.  Et comment ces mines ont été transportées ?

 26   R.  A bord de véhicules. Certainement pas à pied. Et c'est comme cela

 27   également que ces mines ont été retournées à Ilok.

 28   Q.  A qui appartenaient ces véhicules ?


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  1   R.  Je ne sais pas. Ces mines sont arrivées pendant la nuit.

  2   Q.  Est-ce que vous étiez présent au moment où les mines ont été retournées

  3   à Ilok ?

  4   R.  Oui. Je pense que la police est venue le 29 septembre pour faire

  5   retourner ces mines.

  6   Q.  Et qui les a reçues, ces mines ?

  7   R.  Je ne sais pas qui a reçu les mines, je ne sais pas qui a été de garde

  8   dans la cellule de Crise ce jour-là. Je ne sais pas qui était de permanence

  9   ce jour-là.

 10   Q.  Savez-vous où ces mines ont été entreposées ?

 11   R.  C'était dans le bureau de la commune.

 12   Q.  Et qui les gardait ?

 13   R.  Personne. C'était fermé à clef, mais il n'y avait pas de garde.

 14   Q.  Dites-moi, comment ces mines ont été retournées à Ilok ?

 15   R.  Avant tout, ces mines n'étaient pas nécessaires à Lovas. C'est pour

 16   cela que les mines étaient fermées à clef dans ce bureau. Et lorsqu'on est

 17   arrivé à un accord avec l'armée pour les rendre, on les a rendues.

 18   Q.  Mais lorsque vous dites lorsqu'un accord avec l'armée a été conclu,

 19   j'ai compris que l'armée vous a demandé de rendre les armes dont vous

 20   disposiez mais ces mines n'ont pas été rendues à l'armée.

 21   R.  J'ai dit que le 28 l'armée est arrivée, il y avait les armes qui ont

 22   été rendues et que après cette date-là l'armée n'est plus jamais revenue

 23   pour demander des armes.

 24   Q.  Le 28, vous avez rendu les armes dont vous disposiez, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Mais ces mines sont restées chez vous.

 27   R.  Et les armes aussi. Tout est resté. L'armée n'a rien pris.

 28   Q.  Vous n'avez pas donné ces mines à l'armée.


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  1   R.  Nous avons compris que nous devions rendre tout.

  2   Q.  Selon votre témoignage, j'ai compris qu'il a été dit à l'armée, à

  3   l'époque, qu'il y avait deux ou trois kalachnikovs et ainsi que les fusils

  4   de chasse.

  5   R.  Il y avait des pistolets aussi.

  6   Q.  Mais personne n'a dit qu'il y avait des mines antichars.

  7   R.  Si on rendait un type d'armes, on allait rendre toutes les armes.

  8   C'était quelque chose qui était entendu.

  9   Q.  Peut-être que vous n'avez pas compris ma question. Je vous ai posé la

 10   question suivante et je vous ai dit que - et vous pouvez me répondre comme

 11   vous voulez - que d'après votre déposition et d'après les informations dont

 12   on dispose, il n'a jamais été dit à l'armée que ces mines existaient à

 13   Lovas.

 14   R.  Je ne me souviens pas de cela. Peut-être que quelqu'un leur a dit cela.

 15   Mais l'armée n'a pas demandé d'armes ni quoi que ce soit d'autre après

 16   cela.

 17   Q.  J'ai également compris que l'armée n'est pas venue pour prendre des

 18   armes qui leur ont été montrées, à savoir quelques kalachnikovs et fusils

 19   de chasse, mais que jamais il n'a été dit à l'armée que des mines antichars

 20   existaient également. Peut-être que leur position aurait été différente si

 21   on leur avait dit que les mines existaient.

 22   R.  Ils étaient au courant de tout. Mais je ne sais pas s'ils voulaient

 23   prendre ces armes ou pas. Je ne sais pas pourquoi ils n'ont pas pris les

 24   armes qu'on avait rendues. Ils connaissaient la situation à Lovas. Et tout

 25   ce que j'ai dit hier, je le maintiens aujourd'hui, ils savaient quand et

 26   dans quelle maison il y avait la lumière allumée et lorsqu'il y avait une

 27   réunion qui était en cours et dans quelle maison.

 28   L'armée avait de très bonnes informations concernant tous les événements


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  1   non seulement à Lovas mais aussi aux alentours.

  2   Q.  Je suppose que vous voulez dire que l'armée disposait des informations

  3   selon lesquelles les mines existaient à Lovas ?

  4   R.  Je crois que oui.

  5   Q.  Dites-moi, puisque vous participez aux pourparlers avec les

  6   représentants de l'armée lors desquels vous avez dit qu'à Lovas il n'y

  7   avait pratiquement pas d'armes, qu'il n'y avait que des fusils de chasse

  8   et, éventuellement, quelques kalachnikovs, ou pistolets --dites-moi cela,

  9   si l'armée pouvait peut-être arriver à la conclusion que vous trichiez,

 10   puisqu'ils savaient que vous disposiez des mines antichars ?

 11   R.  Je ne sais pas ce qu'ils ont pensé de tout cela, mais ils ne faisaient

 12   que dire qu'il y avait trop de toutes les armes, mais ce qui ne fût pas

 13   vrai en fait. Il n'y avait que quelques fusils.

 14   Q.  Pensez-vous que les informations dont l'armée disposait concernant les

 15   mines antichars auraient pu avoir une influence sur leur décision de lancer

 16   une attaque contre Lovas ?

 17   R.  Ils auraient attaqué Lovas comme d'autres villages que l'armée avait

 18   attaquée, puisque c'était leur objectif et le scénario de l'attaque était

 19   le même pour tous les villages. Par exemple, à Sotin, à Ilaca, il n'y avait

 20   rien, mais ces deux villages ont été attaqués avant Lovas. Tovarnik

 21   également, il n'y avait pas de mines à Tovarnik et je ne sais pas quel

 22   était le nombre d'armes qu'il y avait à Tovarnik et Tovarnik aussi a été

 23   attaqué. Donc ce scénario a été appliqué systématiquement, le scénario qui

 24   avait été conçu beaucoup de temps auparavant.

 25   Q.  Dites-moi d'où vous tenez les informations concernant le nombre de

 26   pièces d'armes à Sotin, à Tovarnik, à Ilaca, ainsi qu'à d'autres lieux ?

 27   R.  J'ai dit que je me rendais souvent à Sotin puisque mon feu frère y

 28   vivait. A Tovarnik également, puisqu'il y avait des liens d'affaires avec


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  1   notre coopérative, et en parlant à des gens, j'ai appris cela. Après le 2

  2   mai, lorsque les policiers croates se sont fait tuer, nous avons parlé de

  3   la situation et des événements à venir, et surtout au moment où l'attaque

  4   contre Vukovar a été lancée, lorsque Vukovar a été pilonnée, on savait que

  5   la guerre a commencé.

  6   Q.  Comment pouvez-vous savoir qu'à Sotin, il n'y avait pas de mine

  7   antichar ou à Tovarnik, ou à Ilica, ou à un autre village parmi les

  8   villages que vous venez d'énumérer ?

  9   R.  Pour ce qui est de cela, j'ai appris cela en parlant à des gens, mais

 10   je ne sais pas ce qui était la vraie situation. Mais je dis qu'il n'était

 11   pas possible des gens dans ces petits villages d'obtenir des armes.

 12   Q.  Je ne parle pas d'armes lourdes. Je parle précisément de mines

 13   antichars, les mines antichars sont destinées à détruire des véhicules

 14   blindés, des chars, des véhicules blindés de transports de troupes, et

 15   cetera.

 16   J'aimerais savoir si vous avancez que pour ce qui est de ces mines il

 17   n'y en avait pas dans des villages aux alentours que vous venez d'énumérer

 18   à Sotin, Tovarnik, et à Ilica ?

 19   R.  Je pense qu'il n'y en avait pas. Puisque les chars passaient par Ilica

 20   et par Sotin. Et aucun de ces chars n'avait jamais été endommagé. Les chars

 21   passaient par Lovas également. Et rien ne s'est passé aucune mine n'a été

 22   utilisée. Donc cela ne pouvait pas être de prétexte pour attaquer ces

 23   villages. Et surtout attaquer Lovas. Où 68 personnes ont été tuées, en

 24   fait, encore plus de victimes il y avait à Lovas. C'est ce qu'on a appris

 25   plus tard, il y en avait 72.

 26   Q.  Je ne vous ai pas posé la question pour savoir si ces mines avaient été

 27   utilisées. Mais plutôt pour savoir si ces mines elles existaient. J'ai

 28   compris dans votre réponse que dans ces autres villages il n'y avait pas de


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  1   mine antichar.

  2   R.  J'ai compris que c'était la raison pour laquelle l'armée a attaqué ces

  3   villages ou a commis des crimes.

  4   Q.  Je vous ai posé cette question, et vous m'avez répondu de cette façon-

  5   là et de votre réponse. Pour ce qui est de votre réponse j'aimerais savoir

  6   si vous avancez qu'il n'y avait pas de telles mines dans d'autres villages

  7   ou que simplement vous supposez qu'il n'y avait pas de telles mines dans

  8   d'autres villages ?

  9   R.  Je suppose qu'il n'y en avait pas dans d'autres villages.

 10   Q.  J'aimerais donc savoir, pourquoi ces mines ont été données à Lovas, si

 11   les autres lieux n'en ont pas bénéficié. Pourquoi Lovas ?

 12   R.  Je ne le sais. Sans doute, parce qu'à ce moment-là, Lovas appartenait

 13   au secteur d'Ilok. Les autres villages sont plus loin que Lovas. En termes

 14   de travail de police, Lovas était reliée à Ilok.

 15   Q.  Vous vous souvenez vous avez dans votre déclaration remise aux

 16   enquêteurs du bureau du Procureur. Nous pourrions même la voir.

 17   M. ZIVANOVIC : [interprétation] C'est-à-dire 2217. Onglet 9. Il s'agit

 18   d'une déclaration du 8 novembre 1995.

 19   Q.  Vous souvenez-vous de cette déclaration ?

 20   R.  J'ai fait plus d'une déclaration. Et je vois maintenant que c'était

 21   effectivement le 8 novembre 1995.

 22   Je ne sais pas de quoi il s'agissait. Ljuban Devetak et cet autre homme,

 23   Arandjelovic. Mais je crois que c'était devant le tribunal de Zagreb et

 24   c'était effectivement des enquêteurs. Oui, maintenant je m'en souviens.

 25   Q.  Je vais vous poser la question suivante d'abord : Est-ce que vous avez

 26   déposé une déclaration aux enquêteurs du bureau du Procureur une seule fois

 27   ?

 28   R.  Je crois que c'était peut-être une seule fois, peut-être davantage.


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  1   C'était il y a longtemps. Mais c'était en 1995 quand nous sommes venus à

  2   Zagreb en qualité de réfugiés. Et peut-être que cela a été à plusieurs

  3   reprises.

  4   Q.  Pourrions-nous voir la page 2 de cette déclaration où vous déclarez

  5   qu'à Lovas une cellule de Crise a été mise sur pied. Vous en avez déposé

  6   hier ici même.

  7   Pourriez-vous tout d'abord me dire la chose suivante, une cellule de Crise

  8   à Lovas, de qui relevait-elle ? Recevait-elle des instructions de qui que

  9   ce soit ? De qui relevait-elle ?

 10   R.  Je ne crois pas qu'elle relevait de qui que ce soit. La cellule de

 11   Crise a décidé de son propre chef de sa propre direction de ce qu'elle

 12   ferait à un moment donné.

 13   Q.  Savez-vous s'il y avait une cellule de Crise de Vukovar ?

 14   R.  Je crois qu'il existait une cellule de Crise partout.

 15   Q.  Savez-vous qui siégeait à la cellule de Crise et qui en était à la tête

 16   à Vukovar ?

 17   R.  A Vukovar ? Je l'ignore. En dehors de Mercep à Zadar, je ne connais

 18   personne -- en dehors de ce Mercep et de Blago, je ne sais pas quelqu'un

 19   d'autre.

 20   Q.  Y avait-il une relation entre la cellule de Crise de Lovas et celle de

 21   Vukovar ?

 22   R.  Je présume que, oui, c'était le même territoire. C'était une ancienne

 23   municipalité de Vukovar. A l'époque, nous faisions encore partie de la

 24   municipalité de Vukovar.

 25   Q.  Lorsque vous déclarez "sans doute," cela signifie-t-il que vous n'en

 26   êtes pas sûr ? Que vous présumez ou que vous le savez ?

 27   R.  Je sais qu'il y a eu des pourparlers ou tout du moins des conversations

 28   sur la situation à Vukovar, et les sujets d'importance qui étaient


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  1   soulevés. Je peux dire, par exemple, que nous avons obtenu des informations

  2   par la cellule de Crise de Vukovar qu'une réunion s'est tenue à Pacetin des

  3   membres serbes de la Ligue de Communistes, et qu'une personne de Lovas a

  4   pris part à cette réunion à Pacetin.

  5   Q.  Vous avez déposé hier à la page 1 962 que vous étiez entré à la cellule

  6   de Crise en juin ou mai 1991 ?

  7   R.  Je crois que c'était à la fin du mois de juin 1991.

  8   Q.  Et vous êtes entré à la cellule de Crise invité par le secrétaire de

  9   votre coopérative; c'est que vous avez déclaré ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Quel est le nom de la personne ?

 12   R.  Jozo Milas.

 13   Q.  Il était président du conseil de la cellule de Crise.

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Il était également président du conseil exécutif de HDZ à Lovas ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Pourriez-vous me dire maintenant qui a en fait mis sur pied cette

 18   cellule de Crise à Lovas ?

 19   R.  La commune locale et le HDZ. Car ce dernier venait de remporter les

 20   élections, et il avait établi les politiques du village, bien sûr, a mis en

 21   place la cellule de Crise, non pas en qualité de parti politique mais en

 22   qualité de dirigeant de la commune locale, car il s'agissait donc du HDZ.

 23   Q.  En ce qui concerne la commune locale, je ne sais pas si nous avons été

 24   clair, hier. Selon nos informations, le président de la commune locale

 25   était Zeljko Cirba.

 26   R.  Oui, nous l'avons confirmé.

 27   Q.  Je vous ai dit, hier, que selon nos informations, la direction du HDZ

 28   en l'occurrence son conseil exécutif avait mis en œuvre la décision de


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  1   l'organisation militaire de Lovas, et avait mis sur pied les services

  2   médicaux militaires. Vous ne nous l'avez pas dit, mais nous disposons

  3   d'information en la matière.

  4   Cela se trouve à la page 2 du document qui n'a pas été diffusé au témoin.

  5   En anglais, à la page 2, et cela chevauche la page 3.

  6   Et on y énumère les personnes de Lovas qui ont pris part à la réunion, où

  7   la décision d'organisation militaire a été prise. Voyez lorsque vous

  8   comparez les noms de ces personnes d'un côté, et je vous ai lu une partie

  9   de ces noms, hier, lorsque vous les comparez, on a des membres de la

 10   cellule de Crise que vous avez, vous, donné dans votre déclaration. Je vois

 11   que c'est le même groupe de personnes en dehors de vous. Vous n'étiez pas

 12   présent lors de cette première réunion, lorsque la décision a été prise sur

 13   l'organisation militaire des membres du HDZ.

 14   R.  Parlez-vous de Bogdanovci ? Je ne m'y trouvais pas.

 15   Q.  Oui. Et je n'ai pas eu la possibilité de vous lire cet extrait. Après

 16   Bogdanovci, après cette réunion, cette décision a été mise en œuvre à

 17   Lovas, et également les services techniques militaires et médicaux ont été

 18   établis, et il y a eu une réunion qui s'est tenue à Lovas, où les membres

 19   du conseil exécutif du HDZ ont adopté cette décision. Je vous ai déjà lu

 20   leurs noms, il n'est pas nécessaire de les réitérer.

 21   Mais lorsque je compare cette liste de noms et celle de la cellule de

 22   Crise que vous avez mentionnée dans votre déclaration, c'est quasiment le

 23   même groupe de personnes.

 24   M. LE JUGE DELVOIE : [aucune interprétation] 

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que vous parlez de la réunion à

 26   Lovas ?

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Un instant, je vous prie.

 28   M. OLMSTED : [interprétation] Nous élevons une objection quant à ces


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  1   questions. Encore une fois, ce que M. Zivanovic présente, c'est un argument

  2   ce n'est pas une question qui est présentée au témoin. Et je répèterai

  3   notre inquiétude, c'est que l'on présente des informations que ce soit au

  4   compte rendu ou que cela fasse partie des éléments de preuve, ce sont des

  5   allégations, et il conviendrait de poser des questions. Est-ce que ceci

  6   s'est bien passé ? Etes-vous conscient de cet événement ? Et non pas de

  7   dire voici ce qui est arrivé, ceci est arrivé, et demandez au témoin

  8   d'apporter ses observations.

  9   M. ZIVANOVIC : [interprétation] J'aimerais présenter au témoin le fait que

 10   ceux qui font partie de la cellule de Crise dont il a parlé dans sa

 11   déclaration, sont ceux qui se trouvent dans ce document qui a été présenté

 12   aux Juges de la Chambre, et qui est connu du bureau du Procureur, et du

 13   document qui vient de la liste des éléments du Procureur.

 14   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Certes, Maître Zivanovic. Alors

 15   quelle est votre question en la matière ? Est-ce que votre question portait

 16   sur les personnes, les membres du conseil exécutif du HDZ étant les mêmes

 17   que ceux -- que ces gens à la cellule de Crise ?

 18   M. ZIVANOVIC : [interprétation] C'est cela, c'est exact. Et je souhaitais

 19   présenter au témoin la coïncidence entre ces membres-ci qui font partie du

 20   conseil exécutif du HDZ, et ceux de la cellule de Crise, où il était

 21   inclus.

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Mais il n'y a pas de question, quelle

 23   est votre question ? Ou quelle est votre question que vous souhaitez poser

 24   au témoin en la matière ?

 25   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Ma question était -- ma question antérieure

 26   portait sur la création : Comment cette cellule de Crise a-t-elle été

 27   créée, établie ? Et si je dois présenter les questions suivantes que

 28   j'aimerais poser, mais je le ferais mais pas devant ce témoin.


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  1   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien.

  2   Monsieur Olmsted.

  3   M. OLMSTED : [aucune interprétation]

  4   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je crois que nous avons conclu la

  5   chose.

  6   Avant que de vous demander de continuer, Maître Zivanovic, je rappellerai.

  7   Je vous rappellerai ainsi qu'au témoin de vous arrêter après les questions,

  8   de faire une pause aux questions que vous posez, Monsieur Zivanovic, et

  9   Monsieur le Témoin, les réponses que vous donnez pour permettre aux

 10   interprètes de suivre les échanges. Merci.

 11   M. ZIVANOVIC : [hors micro]

 12   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Micro.

 13   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Désolé.

 14   Q.  A partir des informations dont nous disposons, et selon notre

 15   affirmation que la cellule de Crise dont vous avez parlé préexistait, et

 16   qu'elle a été établie la première fois pendant la réunion du HDZ, c'est-à-

 17   dire de son conseil à Lovas, qui s'est tenue vers la fin du mois d'avril

 18   1991.

 19   Avez-vous quoi que ce soit à ajouter en la matière ?

 20   R.  Vous avez déclaré que le service technique a été mis sur pied ainsi

 21   qu'un service médical. Il n'y avait pas d'organisation militaire. Il n'y

 22   avait que des gardes dans le village, et le service médical était dirigé

 23   par Slobodan Kacar, qui était serbe, qui était également au service des

 24   patients ambulatoires. Et il était le seul service, ils avaient également

 25   une infirmière, et c'est le seul service médical dont nous disposions. Et

 26   ce Slobodan Kacar était notre médecin, il était serbe dans le village.

 27   Q.  La mise en place de la cellule de Crise, aurait-ce pu provoquer les

 28   Serbes à Lovas ?


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  1   R.  Je ne le crois pas. Nous avons déclaré, hier, que nous avions mis en la

  2   cellule de Crise pour coordonner des activités pour être en quelque sorte

  3   le catalysateur d'activités à Lovas et informer tant les Serbes que les

  4   Croates des événements. C'est pourquoi nous avons organisé cette réunion

  5   avec les Serbes dans la maison de Mirko Lovric.

  6   Et comme je vous l'ai dit d'ores et déjà hier, à cette réunion, on nous a

  7   dit que nous ne devrions craindre rien, nous protéger les uns les autres,

  8   et que nous devrions nous efforcer de maintenir la normalité de notre vie.

  9   Q.  Combien de Serbes siégeaient à la cellule de Crise ?

 10   R.  Je ne sais pas si Djuro Prodanovic était membre de la cellule de Crise.

 11   Toutefois, ce dernier et Milan Tepavac étaient toujours à nos côtés. Ils

 12   participaient à tous nos contacts, à toutes les négociations. La cellule de

 13   Crise et ses activités étaient transparentes. Et dans les réunions, qui se

 14   tenaient dans la communauté locale, et y prenaient part et un nombre de

 15   personnes qui n'en étaient pas membres de cette cellule de Crise, tout

 16   particulièrement vers la fin de cette période quand la situation est

 17   devenue plus compliquée.

 18   Q.  Dans votre déclaration, vous ne mentionnez pas une certaine personne

 19   comme faisant partie de la cellule de Crise.

 20   R.  Comme je l'ai dit, je ne sais pas si Djuro Prodanovic était membre de

 21   la cellule de Crise ou pas. Je ne sais pas. Milan Tepavac non plus. Je sais

 22   tout simplement qu'ils étaient invités à la cellule de Crise et qu'ils

 23   étaient toujours à nos côtés.

 24   Q.  Vous n'en avez jamais parlé jusqu'à présent.

 25   R.  Je ne sais pas. Personne ne m'a posé sans doute la question jusque-là.

 26   Q.  Et bien j'aimerais vous inviter à consulter votre déclaration. Vous

 27   citez tous ceux qui étaient membres de la cellule de Crise.

 28   R.  Je vous ai donné les noms des Croates qui étaient membres de la cellule


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  1   de Crise. Personne ne m'a jamais posé la question quant aux Serbes. Et il y

  2   a une autre déclaration que j'ai déposée parlant de la réunion qui s'est

  3   tenue le 28 ou le 29 à laquelle participaient des Serbes, y compris Milan

  4   Tepavac et Djuro Prodanovic, réunion qui s'est tenue après cette réunion

  5   avec l'armée. Nous voulions parler de ce que nous étions censés faire quant

  6   à l'armée.

  7   M. LE JUGE DELVOIE : [aucune interprétation]

  8   [La Chambre de première instance se concerte]

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Si vous voulez bien continuez, Maître

 10   Zivanovic.

 11   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci.

 12   Q.  En regardant votre dernière réponse, je vois que personne ne vous a

 13   posé de question sur les Serbes. Est-ce votre affirmation que, lorsque vous

 14   avez parlé aux enquêteurs de ce Tribunal, qu'on vous a posé des questions

 15   uniquement sur les Croates qui étaient membres de la cellule de Crise ?

 16   R.  Je vous l'ai dit. Je vous ai dit quels étaient les Serbes qui étaient à

 17   nos côtés lors des négociations qui se sont tenues au mois de juillet. Il y

 18   avait deux Serbes, et un Serbe qui nous a accompagné à Sid, et ces deux

 19   réunions se sont déroulées en juillet et en août. Et je vous ai dit que des

 20   Serbes étaient à nos côtés.

 21   Q.  Monsieur Rendulic, je ne vous ai pas posé la question. Je ne vous ai

 22   pas demandé qui était venu avec vous aux négociations avec la JNA. Je vous

 23   ai demandé qui étaient les membres serbes de la cellule de Crise de HDZ. Et

 24   la distinction est très claire. D'un côté, il y a des négociateurs et il y

 25   a des membres de la cellule de Crise du HDZ. C'était là ma question. Vous

 26   avez répondu de la façon dont vous le pouviez.

 27   R.  Je vous ai dit également que les Serbes se sont mis à une distance, et

 28   ce volontairement, de l'assemblée de ma société. Et tout d'un coup, ils ont


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  1   cessé de prendre part au travail de notre organisation. Quand j'ai posé la

  2   question pourquoi ils ne venaient plus à des réunions, ils avaient toutes

  3   sortes d'excuses. Ils étaient malades et autre.

  4   Les seules personnes qui souhaitaient continuer à travailler dans la

  5   cellule de Crise et dans la société étaient Djuro Prodanovic, Milan Tepavac

  6   et Milan Miljkovic. C'était les trois Serbes qui ont continué une

  7   participation active. Tous les autres tout simplement ont pris les

  8   distances sans aucune raison, ou des raisons que seuls eux connaissaient.

  9   Q.  La raison pourrait-elle être des informations sur une organisation à

 10   Lovas ?

 11   R.  Il n'y avait pas d'organisation militaire. Quel est votre argument à

 12   cet effet ? Nous avions des gardes civils dans le village. C'était tout.

 13   Q.  Vous savez que nous disposons de ces informations, et je vous l'ai

 14   présenté en partie. Nous le savons. Mais nous savons que les Serbes à la

 15   base savaient davantage que nous. Ainsi, j'estime que toutes ces

 16   informations auraient été très troublantes et c'est pourquoi ils ont pris

 17   leurs distances et se sont retirés de toutes ces instances et de toutes ces

 18   activités que vous venez de mentionner.

 19   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Est-ce que c'est vous qui présentez

 20   votre déposition maintenant ?

 21   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Bien sûr, non.

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Donc quelle est votre question à

 23   poser au témoin ?

 24   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Ma question était -- a déjà été posée au

 25   témoin, quant à -- quant aux Serbes qui étaient troublés ou inquiétés par

 26   les événements à Lovas, concernant l'organisation militaire du HDZ.

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Et la réponse vous a été donnée ?

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, merci.


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  1   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

  2   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  3   Q.  Vous avez également mentionné les gardes postés dans le village de

  4   Lovas. Vous avez déclaré qu'ils avaient des fusils de chasse, qu'il n'y

  5   avait que deux hommes armés de fusils de chasse. Est-ce bien cela, ce que

  6   vous avez dit ? Je vois, dans votre expression de visage, que ce n'était

  7   pas le cas, mais répondez à ma question.

  8   R.  J'ai dit qu'il y avait plusieurs personnes qui avaient des fusils de

  9   chasse pour lesquels ils avaient des permis.

 10   Q.  L'on parle des gardes qui étaient postés aux postes de contrôle autour

 11   de Lovas.

 12   R.  Oui, à des postes de contrôle.

 13   Q.  Est-ce que ces postes de contrôle étaient gardés par deux gardes chaque

 14   ?

 15   R.  Parfois deux, parfois cinq. Mais les trois supplémentaires venaient en

 16   quelque sorte leur tenir compagnie au poste de contrôle.

 17   Q.  Et ils y passaient toute la nuit ?

 18   R.  Ceux, dont c'était le tour d'être de garde, venaient après le dîner, ou

 19   apportaient de la nourriture, des boissons, et donc tuaient le temps. Et

 20   quand ils tombaient dans l'ennui, leurs collègues venaient, et ceux, qui

 21   devaient rester, restaient pendant toute la nuit.

 22   Q.  Et ils portaient des armes ?

 23   R.  Oui. Ils avaient des fusils de chasse -- certains d'entre eux avaient

 24   des carabines. Par exemple, moi-même en qualité de chasseur j'avais un

 25   fusil de chasse et une carabine.

 26   Q.  Vous nous avez dit que ces gardes avaient été mis sur pied après les

 27   incidents à Borovo Selo. Pourriez-vous être plus précis ? Quant à cet

 28   incident de Borovo Selo, en quoi a-t-il influé sur la mise en place de


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  1   gardes à Lovas ? Je sais qu'il y a une différence entre Borovo Selo et

  2   Lovas. A Borovo Selo, la majorité de la population est serbe, et dans

  3   l'autre, c'était des Croates ?

  4   R.  Oui. Mais c'était une municipalité, et pour un incident de la sorte

  5   dans une municipalité, et pour que 13 agents de police soient tués comme

  6   cela, de façon aléatoire, vous ne pouvez vous imaginer combien cet incident

  7   a une incidence sur toute la municipalité de Vukovar. Et ceci a déclenché

  8   l'inquiétude de la population quand ils ont appris que des agents des

  9   forces de l'ordre officiel avaient été tués dans un village de leur

 10   municipalité, il s'agit de Borovo Selo dans ce cas.

 11   Q.  Vous connaissez sans doute tous les détails. Deux autocars d'agents de

 12   police croate sont arrivés de Vinkovci à Borovo Selo et ceci a entraîné un

 13   conflit armé avec 13 victimes.

 14   Le savez-vous ?

 15   R.  Je crois qu'il n'y avait qu'un seul autocar, et pas deux. Toutefois, il

 16   faut que je vous dise la chose suivante, et aux Juges de la Chambre

 17   également quelque chose qui ne fait pas partie de ma déclaration. J'ai déjà

 18   au mois de janvier 1991, j'ai vu des Chetniks à Borovo Selo avec des amis

 19   avec lesquels j'étais, un Serbe, qui m'a demandé à Vukovar de l'emmener à

 20   Borovo Selo chez son frère car son frère était touché d'un cancer. Je l'ai

 21   emmené, je l'ai emmené en voiture à Borovo Selo, dans une rue près de la

 22   scierie. Je l'ai laissé. Il a vu son frère. Il est retourné très

 23   rapidement. J'étais dans la voiture. Quand nous quittions Borovo Selo, il y

 24   a un café à gauche de la route que l'on connaît peut-être. Et ce café, je

 25   crois, que le nom en est Kod Cadje et donc nous sommes allés dans ce café.

 26   Il voulait tout simplement m'offrir une boisson. Et j'ai été étonné de voir

 27   une personne avec une cocarde ou un couvre-chef, et il avait à côté des

 28   jambes un fusil M-48 et il nous regardait. J'ai demandé à mon ami, qui


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  1   était serbe, qui était collègue, qui était agronome, et chef d'une société

  2   à Tovarnik, je lui ai dit, Mais c'est quoi ça ? Et il m'a dit : Prenons

  3   notre boisson, nous partirons et je te dirais de quoi il s'agit.

  4   Après avoir pris cette boisson, nous avons quitté le café. Nous sommes

  5   montés dans la voiture, et en route sur Vukovar, il m'en a parlé : Ici à

  6   Borovo Selo, il y a environ 20, si non plus, paramilitaires, d'hommes

  7   paramilitaires qui sont arrivés. Je lui ai demandé : Quand ils sont arrivés

  8   ? Et il m'a dit qu'ils étaient arrivés avant le nouvel an. Et je lui ai

  9   demandé : Que font-ils sur place ? Il a dit : Je l'ignore. Ils sont arrivés

 10   -- et ils ont imposé des obligations aux villageois. Ils vivent sur le

 11   champ de foot, et ils ont posé aux villageois de les nourrir. Tous les

 12   jours, plusieurs familles doivent leur apporter des vivres, des boissons,

 13   et je peux vous dire que la population en a déjà assez. Et relativement peu

 14   contente de cette situation.

 15   Voilà ce qu'il m'a dit sur cette formation paramilitaire qui était arrivée

 16   avant le nouvel an, de 1991. Tout le monde en était averti.

 17   Et maintenant vous me demandez pourquoi nous avons mis en place des gardes

 18   et pourquoi les habitant de notre village -- pourquoi ils étaient

 19   perturbés. Ils nous a fallu contrôler ceux qui entraient, tant les Serbes

 20   que les Croates. C'était aussi simple que cela.

 21   Q.  Et cet ami vous a-t-il donné la raison pour laquelle ces gens-là n'ont

 22   pas été arrêtés ?

 23   R.  Mais quand les policiers sont arrivés, ils les ont tués, abattus.

 24   Q.  Cet événement s'est produit en janvier, d'après vous ?

 25   R.  Oui, janvier/février.

 26   Q.  Mais l'autre s'est produit en mai. Entre les deux pourquoi n'a-t-on pas

 27   arrêté ces gens-là ? Cet ami vous l'a-t-il dit ?

 28   R.  Non. Non, il m'a pas dit pourquoi ils ont pas été arrêtés. La question


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  1   est de savoir : Qui était au courant de ces gens-là ? Je ne sais pas

  2   pourquoi ils ont été pas arrêtés, mais je sais qu'ils n'ont pas été. Moi,

  3   je les ai vus et je pense que nombreux les ont vus.

  4   Q.  Vous dites "quand la police est arrivée;" vous voulez dire que la

  5   police est arrivée et qu'elle est venue pour les arrêter ? Je suis en train

  6   de lire votre réponse.

  7   R.  La police est venue pour libérer les policiers croates qui ont été

  8   détenus à Borovo Selo. Elle est venue pour les libérer, parce que je

  9   suppose que ces paramilitaires qui se sont trouvés à Borovo Selo les ont

 10   fait prisonniers.

 11   Q.  Mais, excusez-moi, d'après mes informations, ces deux policiers croates

 12   qui ont été les premiers à venir la veille à Borovo Selo, ils ont été

 13   libérés, on n'a pas touché à ces gens-là.

 14   R.  Non, non, ils ont été arrêtés, enfermés, et les autres sont venus pour

 15   les libérer.

 16   Q.  Les ont-ils libérés ?

 17   R.  Je ne sais pas ce qui s'est passé. Il y en a eu 13 qui ont été tués là-

 18   bas. Je ne sais pas finalement ces deux autres est-ce qu'ils sont sortis,

 19   et à quel moment.

 20   Q.  Mais quoi qu'il en soit, il y avait ce risque qui était présent à

 21   Borovo Selo mais cela n'a pas existé à Lovas. Il n'y avait pas de risque

 22   qu'un autocar de policiers croates arrive et que la population locale

 23   l'attaque, tire des coups de feu contre eux.

 24   R.  Mais de Sid on a pu voir arriver un autocar de paramilitaires puisque

 25   Lovas est à la frontière même avec la Serbie.

 26   Seul un chemin de terre, de cinq mètres de large nous sépare de la Serbie.

 27   Donc on aurait pu craindre l'arrivée des paramilitaires à Lovas, c'est la

 28   raison pour laquelle c'était justifié de contrôler la situation dans le


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  1   village de vérifier les entrées et les sorties dans le village. Pour

  2   défendre nos intérêts communs des habitants du village.

  3   Q.  Mais ces deux hommes qui montaient la garde avec des fusils de chasse

  4   qu'auraient-il pu faire face à un autocar de paramilitaires de Sid ?

  5   R.  Je supposerais à juste donner le signal pour avertir qu'il se passait

  6   quelque chose. Tout comme le dit, octobre, quand ils ont été 84 à faire

  7   éruption dans Lovas et à massacrer les gens, on a rien pu faire.

  8   Q.  Mais expliquez-moi, s'il vous plaît, si je vous ai bien compris, hier :

  9   Donc en substance les tours de garde, les postes de contrôle autour de

 10   Lovas ou étaient postés ces gardes c'était juste pour vérifier de visu qui

 11   rentrait et qui sortait.

 12   R.  Oui, comment dire, c'était juste en guise de dissuasion plutôt de

 13   stabilisation, mais personnes véritablement pour se défendre.

 14   Q.  Mais je suppose que les habitants de Lovas savaient que ces deux hommes

 15   armés de fusil de chasse ne pouvaient empêcher personne d'entrer dans le

 16   village ?

 17   R.  Oui, mais c'était pas cela l'intention d'engager le combat. C'est pour

 18   cela que je vous ai dit qu'il n'y avait pas d'unité militaire.

 19   Q.  Hier, vous avez dit qu'en réalité, les Serbes étaient satisfaits de

 20   voir ces postes de contrôle établis.

 21   R.  Oui, les Serbes avec lesquels j'ai eu l'occasion de parler, oui.

 22   Q.  Et comment est-ce qu'ils interprétaient l'importance de ces postes de

 23   contrôle ? Puisque nous voyons qu'aucune protection efficace n'a été

 24   possible, grâce à ces postes de contrôle, même face à un petit groupe

 25   d'hommes bien armés, et encore moins face à une puissance armée plus

 26   importante.

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] S'il vous plaît, vous devez faire une

 28   pause. Les interprètes ne peuvent pas vous suivre. La sténotypiste ne peut


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  1   pas suivre non plus.

  2   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  3   Q.  Donc qu'est-ce qui leur a permis de se trouver satisfait ?

  4   R.  Mais vous comprenez, c'était sur le plan psychologique d'importance

  5   pour les uns comme pour les autres, pour savoir s'il y avait quoi que ce

  6   soit qui entrait dans le village. Ça pouvait être des voleurs, des

  7   pilleurs, surtout après ces événements où on a commencé à voir circuler des

  8   groupes de tout genre.

  9   Q.  Savez-vous qu'après l'événement de Borovo Selo, il y a eu une vague

 10   d'actes de violence contre les Serbes, à Vukovar, et dans les secteurs

 11   environnants ?

 12   R.  Ecoutez, je ne sais pas pour Vukovar. Je peux vous dire qu'à Lovas,

 13   Tovarnik, Ilok, là où je circulais, il n'y a eu quasiment aucun problème

 14   entre les Serbes et les Croates.

 15   Q.  Voyez-vous, nous avons un élément d'information qui nous provient

 16   toujours de la même source - page 9 de la version serbe, page 6 du deuxième

 17   paragraphe de la version anglaise - qu'il y a une réunion des représentants

 18   du HDZ municipal de Vukovar avec des branches locales du HDZ, des antennes

 19   locales et des représentants des services techniques, et qu'à l'issue de

 20   cette réunion, on a pris à l'unanimité la décision de réorganiser les

 21   services techniques pour en faire un service de sécurité interne, dans les

 22   communautés locales.

 23   L'INTERPRÈTE : [aucune interprétation]

 24   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 25   Q.  Pour en faire un service de sécurité interne dans les communautés

 26   locales.

 27   Et d'après cette information, ce service se voit confier la tâche de

 28   surveiller les habitants d'appartenance ethnique serbe pour lesquels leur


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  1   appréciation leur dit qu'ils sont dangereux, qu'ils constituent un danger

  2   pour le HDZ.

  3   Savez-vous qu'une telle chose a été constituée, donc ce service de sécurité

  4   interne; est-ce que ça a été mis sur pied à Lovas ?

  5   R.  Je n'étais pas présent à cette réunion, je n'étais pas membre du HDZ

  6   d'ailleurs. Donc vous parlez d'une réunion dont je ne sais rien. Et c'est

  7   la première fois que j'entends parler de cette expression "sécurité

  8   interne" vis-à-vis de la localité de Lovas. Au niveau de la Yougoslavie, ça

  9   existait, un certain service de sécurité interne, oui.

 10   Q.  D'après les informations que nous avons, un certain nombre de membres

 11   du HDZ ont suggéré de procéder à des fouilles des résidences des Serbes,

 12   Vorkapic, Lovric, Prodanovic, Krnjic, Kacar.

 13   R.  Qu'on ait proposé cela, je ne sais pas, et que cela ait eu lieu, je

 14   dois dire que non, ça n'a pas eu lieu, surtout pas Kacar. C'était notre

 15   médecin, il était membre de notre service médical.

 16   Q.  Et d'après ces informations d'autres membres ont proposé d'avoir des

 17   entretiens avec des Serbes, et c'est à ce moment-là que dans la maison de

 18   Mirko Lovric, on a organisé une réunion. Vous en avez parlé, me semble-t-il

 19   ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  A cette réunion, est-ce qu'on a constitué une commission mixte; vous en

 22   souvenez-vous ?

 23   R.  J'étais présent à cette réunion. Je sais de quoi on a parlé, et sur

 24   quoi on s'est mis d'accord. Je l'ai dit, hier, on a parlé d'une vie

 25   commune, normale, en paix dans le village, sans qu'il y ait des pressions

 26   exercées sur les uns ou sur les autres. Qu'il y ait eu constitution de

 27   commission, ça, je ne suis pas au courant de ça.

 28   Q.  Nous avons également appris, non pas au sujet de cette réunion chez


Page 2065

  1   Mirko Lovric, où vous étiez présent, mais pour ce qui est de cette réunion

  2   précédemment tenue sur la constitution du service de sécurité interne, nous

  3   avons appris qu'on a décidé de commencer à surveiller à un certain nombre

  4   de maisons serbes et que leurs voisins croates allaient se charger de les

  5   surveiller. La maison de la famille Vorkapic, ce sont Franjo Mujic, Jakob

  6   Balic, Josip Balic qui devaient se charger de cela. Est-ce que vous êtes au

  7   courant de cela ?

  8   R.  Non, je ne suis pas au courant de cela. Je ne sais pas si cela a eu

  9   lieu, peut-être que ça a eu lieu, et pour quelle raison. Parce qu'il y a eu

 10   des rumeurs comme quoi la JNA distribuait des armes des les maisons serbes,

 11   avec les véhicules de la JNA. Alors est-ce que cela était vrai ou pas, je

 12   ne sais pas, mais toujours est-il qu'on en a parlé. A Lovas, on m'a dit

 13   qu'un camion militaire est arrivé, et que chez Rade Sedlar, on aurait

 14   entreposé des armes. Je ne sais pas si c'est vrai ou non, j'ai juste

 15   entendu la rumeur.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, j'ai remarqué que

 17   le témoin a supposé que vous lui demandiez s'il était au courant ou pas,

 18   mais vous ne l'avez pas explicité cela. Donc vous ne lui avez pas demandé

 19   est-ce qu'il le savait ou non.

 20   Donc est-ce que vous pouvez, s'il vous plaît, être plus précis lorsque vous

 21   formulez vos questions au témoin.

 22   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 23   Q.  Donc ma question était de savoir : Etes-vous au courant de cette mise

 24   sur surveillance des maisons serbes de la part de leurs voisins croates ?

 25   R.  Je ne suis pas au courant de cela. Je ne sais que ce que je vous ai

 26   déjà dit.

 27   Q.  Et dites-nous ensuite au sujet de ces rumeurs comme quoi des véhicules

 28   militaires auraient amené des armes pour les déposer dans la maison de


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  1   Sedlar. Est-ce qu'on en a parlé à la cellule de Crise ?

  2   R.  Non, non, c'était juste une rumeur entre les habitants non seulement de

  3   Lovas, mais ailleurs où il y avait des Serbes, on disait que c'était ce qui

  4   se passait, qu'on apportait des armes à la population serbe.

  5   Q.  Et la Crise a-t-elle pris une décision à ce sujet pour prendre des

  6   mesures pour agir ?

  7   R.  La cellule de Crise n'a pris aucune décision là-dessus parce que

  8   c'était juste une information qui relevait des rumeurs, c'était juste des

  9   choses qu'on disait, comme ça, de manière informelle.

 10   Q.  Et ce camion qui aurait apporté ces armes, est-ce qu'il aurait pu

 11   passer inaperçu devant les postes de contrôle ?

 12   R.  On l'aurait vu. Mais, comme vous l'avez déjà constaté vous-même, deux

 13   hommes armés de fusils de chasse, qu'auraient-ils pu faire face à un camion

 14   comme ça ? Et puis c'était l'armée, on ne pensait pas qu'il fallait s'en

 15   prendre à l'armée non plus.

 16   Q.  Mais d'après ce que j'ai compris dans votre déposition, vous avez dit

 17   que ces hommes qui étaient postés au poste de contrôle, qu'ils ne devaient

 18   pas prendre des mesures, qu'ils devaient simplement informer du passage,

 19   par exemple, de ce camion. On informait la cellule de Crise.

 20   R.  Oui, c'est justement ce que je disais moi-même. Leur tâche était

 21   simplement de relayer l'information sur ce qui se passait. Pas seulement

 22   sur le fait qu'un camion arrivait, mais il y avait des Serbes qui

 23   arrivaient de Novi Sad, par exemple, à Lovas, qui avaient des proches. Donc

 24   on savait simplement que ces Serbes étaient arrivés, c'est tout.

 25   Q.  Vous dites "nous, on savait," vous voulez dire la cellule de Crise ?

 26   R.  Oui. Parce que ceux qui étaient au poste de contrôle et les gardes

 27   avaient relayé l'information.

 28   Q.  Mais je suppose qu'on vous aurait informé s'il y avait eu le passage


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  1   d'un camion militaire pour entrer dans le village.

  2   R.  Oui. Oui, sans aucun doute.

  3   Q.  Vous voyez, nous avons d'autres informations, il semblerait d'après ces

  4   informations qu'un certain nombre de personnes dont nous avons déjà

  5   mentionné les noms, lorsqu'il a été question de voir comment il fallait

  6   agir, ce qu'il fallait faire, donc certaines personnes étaient favorables

  7   au recours aux engins explosifs ou armes à feu, et cela sans aucun

  8   avertissement préalable, donc là, je veux dire dans une situation où il

  9   s'agirait de s'opposer à cette politique, et d'autres, cependant,

 10   semblaient estimer qu'il fallait d'abord mettre en garde les adversaires et

 11   que s'ils opposaient une résistance, que c'était uniquement à partir de ce

 12   moment-là qu'il fallait recourir à la force. Est-ce qu'on en a parlé à la

 13   cellule de Crise ?

 14   R.  Non, ce n'est pas vrai. Ça ne s'est jamais produit.

 15   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Témoin.

 16   Faites une pause avant de répondre.

 17   Oui, Monsieur Olmsted.

 18   M. OLMSTED : [interprétation] --

 19   Une précision, s'il vous plaît. "S'opposer à cette politique," lorsque dit

 20   le conseil de la Défense -- je ne comprends pas très bien ce qu'il veut

 21   dire par "s'opposer à cette politique". J'essaie de suivre ses questions.

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, Maître Zivanovic.

 23   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Ce serait plus clair si je pouvais lire ce

 24   document, il me suffirait de donner lecture de deux phrases. Ça serait tout

 25   à fait clair.

 26   Je ne mentionnerai pas les noms.

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, allez-y.

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation]


Page 2068

  1   Q.  Voilà, d'après l'information que j'ai ici, il est dit sur le mode

  2   d'action, les représentants de l'aile extrémiste étaient favorables au

  3   recours aux armes à feu et aux engins explosifs, tandis que les modérés -

  4   là encore je ne mentionne pas de noms - estimaient qu'il fallait d'abord

  5   mettre en garde les gens. Et s'ils opposaient résistance, s'ils ne se

  6   rendaient pas, c'est uniquement à ce moment-là qu'il fallait recourir aux

  7   armes. Quant au geste en mode d'action concret qui devait être utilisé par

  8   les membres du service de sécurité, aucune décision n'a été prise là-

  9   dessus. On a estimé que chaque individu devait en décider pour lui-même.

 10   Donc pendant les réunions des cellules de Crise, est-ce que vous avez

 11   entendu prendre ce type de décisions ?

 12   R.  Dans les réunions de la cellule de Crise, je ne sais pas, je ne pense

 13   pas qu'il y ait eu ce type de conversations. Et je ne vois pas contre qui

 14   on aurait recouru aux armes. Parce que je vous dis que les relations

 15   étaient normales. Il y avait moins de Serbes que de Croates, et je ne vois

 16   pas pourquoi on aurait à employer des armes contre eux. Et il n'y avait pas

 17   lieu d'avoir ce type de conversation, du moins pour autant que je sache. Je

 18   ne vois pas contre qui on aurait utilisé les armes à Lovas.

 19   Q.  On dit ici que ces armes devaient être utilisées contre certains Serbes

 20   habitants de Lovas, mais si on n'en a pas parlé à la cellule de Crise,

 21   j'accepte.

 22   Nous avons un autre élément d'information ici, d'après cette information on

 23   a fait parvenir 2 kilogrammes à peu près d'explosifs à Lovas. Est-ce que

 24   vous êtes au courant de cela ?

 25   R.  Je ne sais pas de quels 2 kilogrammes vous parlez ? Qu'est-ce que cela

 26   devrait signifier "2 kilogrammes d'explosifs" ? Quelle importance ça aurait

 27   ?

 28   Q.  Cet explosif devait être utilisé pour fabriquer des engins explosifs et


Page 2069

  1   pour intimider des gens, des Serbes.

  2   D'après, est-ce qu'il y a eu des attaques lancées contre la propriété, les

  3   biens ou la personne, et j'entends par là la communauté serbe ?

  4   R.  Non, il n'y en a pas eues. A l'appui, je vous donne un argument.

  5   Lorsque les paramilitaires sont entrés dans Lovas et quand ils ont

  6   interrogé les habitants de Lovas, leur soi-disant police, un de mes amis

  7   qui n'est plus en vie a été amené et ils ont dit qu'ils avaient dans leurs

  8   dossiers quelque chose. Ils ont dit :

  9   "Ivica Sabljak, dis-nous ce que les Croates voulaient faire aux

 10   Serbes de Lovas".

 11   Et lui a répondu :

 12   "Et dites-moi si parmi les Serbes, il y en a eu qui ont souffert des

 13   dégâts. Est-ce que ne serait-ce qu'une vitre ou un carreau a été brisé sur

 14   les maisons serbes ?".

 15   Et on lui a répondu que non. Je pense que c'est Devcic -- Milan

 16   Devcic qui l'interrogeait. Il a dit :

 17   "Laissez-le rentrer chez lui".

 18   M. ZIVANOVIC : [interprétation] C'est la page 3 qui m'intéresse -- page 2,

 19   premier paragraphe de la version anglaise du premier document, le document

 20   que l'on n'a pas montré au témoin et que l'on ne diffuse pas.

 21   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je ne vous suis plus, Maître

 22   Zivanovic. Avez-vous l'intention de verser ce document au dossier ?

 23   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Non, non. C'était juste pour que vous

 24   puissiez suivre la partie du document que j'ai utilisée comme référence.

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Une autre question, et peut-être que

 26   le témoin devrait enlever son casque. Est-ce que vous pouvez le faire,

 27   Monsieur le Témoin ?

 28   Monsieur Zivanovic, c'est un rapport que vous utilisez là.


Page 2070

  1   M. ZIVANOVIC : [aucune interprétation]

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Vous avez dit deux fois "un rapport."

  3   Alors de quoi s'agit-il ?

  4   M. ZIVANOVIC : [interprétation] C'est une déclaration, et c'est la raison

  5   pour laquelle je n'ai pas demandé le versement.

  6   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, merci.

  7   M. OLMSTED : [interprétation] Je dois dire que ce terme "rapport" nous

  8   dérange aussi parce que cela semble nous dire qu'il s'agit d'un document

  9   qui a une certaine crédibilité. Donc lorsqu'on dit au témoin : "Nous avons

 10   un rapport ici," cela incite le témoin a pensé que, bon, quelqu'un qui

 11   occupe un poste de responsabilité à l'origine de ce document ou que c'est

 12   un texte officiel.

 13   Vous pouvez simplement dire : Savez-vous qu'il y a eu 2 kilomètres

 14   d'explosif qui ont été amenés ? S'il dit "non," vous pouvez continuer. Vous

 15   n'avez pas besoin de citer un rapport, une déclaration ou quoi que ce soit.

 16   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Mais en B/C/S, je vois que j'ai dit

 17   "document." Le mot "document." Je pense que ça peut-être été traduit par

 18   "rapport." Il ne s'agit pas d'un rapport. C'est une déclaration, et je m'en

 19   suis servie.

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [aucune interprétation]

 21   M. ZIVANOVIC : [interprétation] -- pour que les Juges de la Chambre et pour

 22   que mon confrère de l'Accusation puissent savoir quel est le document sur

 23   lequel je m'appuie. C'est la seule finalité de ce recours à ce document …

 24   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Pendant les questions qui vont venir,

 25   est-ce que vous pouvez simplement dire d'après l'information que nous

 26   avons. Est-ce que cela vous serait possible ?

 27   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui.

 28   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Continuez, s'il vous plaît.


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  1   Est-ce que vous pouvez, Monsieur le Témoin, remettre votre casque.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Merci.

  3   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

  4   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Excusez-moi.

  5   Q.  Monsieur Rendulic, est-ce que vous savez qu'un engin explosif a été

  6   lancé dans la cour de la famille Devcic ?

  7   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Et, là, je fais référence à la page du

  8   compte rendu numéro 1 669 jusqu'à 1 670, ainsi que 1 682 jusqu'à 1 683.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est ce que j'ai entendu dire. Mais il

 10   ne s'agit pas d'une maison serbe. Bozo Devcic est croate.

 11   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 12   Q.  Et Milan Devcic ?

 13   R.  C'est son fils.

 14   Q.  Savez-vous s'il a été poursuivi pour certains crimes à Lovas ?

 15   R.  Oui. C'était cette année, Milan Devcic a fait l'objet d'un procès au

 16   pénal à Belgrade et le jugement a été rendu dans cette affaire.

 17   Q.  Savez-vous s'il a été poursuivi au pénal en tant que membre de

 18   formation militaire ou de formation paramilitaire du côté serbe ou du côté

 19   croate ?

 20   R.  Il a été condamné en tant que membre des formations paramilitaire

 21   serbe. Mais, auparavant, il était membre de la police croate. Il a quitté

 22   la police croate, et comme tous les autres, il est parti pour trouver un

 23   autre travail. Et à l'époque lorsque cet explosif a été trouvé, on ne

 24   savait pas du tout où se trouvait Milan Devcic.

 25   Q.  Vous faites référence à l'incident au moment où cet engin explosif a

 26   été lancé dans la cour -- la maison de son père ?

 27   R.  Oui. On ne savait pas s'il est parti du côté croate ou du côté serbe.

 28   Q.  Savez-vous qu'à Lovas une ferme a été minée la ferme de Dobrivoje


Page 2072

  1   Katanski ?

  2   R.  Cela ne se trouve pas à Lovas. Cela se trouve à l'extérieur de Lovas

  3   dans la forêt de Jelas. Et cette personne Katanski n'était pas un

  4   villageois de Lovas, et il vit à Belgrade.

  5   Q.  Je suppose que, parce qu'il vivait à village, enfin le fait qu'il

  6   vivait à Belgrade n'était pas une raison pour dynamiter sa ferme.

  7   R.  Non. Je n'ai jamais dit cela.

  8   Q.  Savez-vous si à Lovas a été pillée et par la suite à incendier la

  9   maison de Ljubisa Todorovic ?

 10   R.  Je ne sais pas si cette maison a été pillée et incendiée. J'étais dans

 11   de bons rapports avec Ljubisa. Ljubisa était un homme avec qui les

 12   villageois de Lovas se comportaient de façon normale. Et il y a un an, nous

 13   étions ensemble dans une fête de noces. Et il ne s'est jamais plaint de

 14   cela. Je ne peux pas y croire que sa maison avait été pillée.

 15   Q.  Vous dites que la maison qui appartenait à cet homme n'avait pas été

 16   pillée. Ou n'avez pas été pillée ni incendiée ?

 17   R.  Je n'arrive pas à me souvenir que cette maison avait été pillée. Et

 18   pour ce qui est de dire si cette maison avait été incendiée. Je ne peux

 19   rien dire là-dessus.

 20   Q.  Est-ce que vous savez si la maison de Milorad Novakovic a été pillée et

 21   incendiée ?

 22   R.  La maison de Milorad Novakovic. Milorad Novakovic était mon employé, à

 23   l'époque, et il l'est toujours au jour d'aujourd'hui. Cette maison est

 24   restée intacte, et aujourd'hui, son frère y vit et Milorad vit dans une

 25   autre maison. Son frère et lui-même ils vivent à Lovas, et ils travaillent

 26   chez moi dans la coopérative, en fait, son frère ne travaille pas il est en

 27   congé maladie.

 28   Q.  Est-ce que vous savez quoi que ce soit pour ce qui est de l'incendie et


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  1   du pillage de la maison de Rajko Lovric ?

  2   R.  Je dois rire vraiment. Parce que la maison de Rajko Lovric est intacte.

  3   Aujourd'hui, elle est intacte aussi au centre du village. La maison l'a

  4   rachetée et c'est là-bas où la municipalité construit un bâtiment qui doit

  5   servir à des fins publics.

  6   Voilà il y a beaucoup d'informations qui ne sont pas exactes.

  7   Q.  Donc vous avancez que cette maison n'a été ni incendiée ni pillée ?

  8   R.  Ni incendiée ni pillée. Je vous ai déjà dit. Vous pouvez venir à Lovas

  9   pour voir cette maison.

 10   Q.  En tout cas, pour ce qui est de cet engin explosif qui a été jeté dans

 11   la cour de la maison du père de Milan Devcic par rapport à l'incendie sur

 12   la ferme de Dobrivoje Katanski, pour ce qui est de Ljubisa Todorovic, vous

 13   avez dit que vous n'étiez pas certain si la maison de cet homme avait été

 14   incendiée, me semble-t-il. Pouvez-vous nous dire si, au moment où vous avez

 15   eu la conversation avec le colonel, je pense qu'il s'appelait Zelimir

 16   Petrovic au mois de septembre; avez-vous eu l'impression qu'il vous croyez

 17   au moment où vous avez dit que la situation à Lovas était calme.

 18   R.  Je pense que oui.

 19   Q.  Pensez-vous que l'armée était au courant de ces incidents ?

 20   R.  Je pense que oui, puisque l'armée était au courant de beaucoup d'autres

 21   choses.

 22   Q.  En tout cas, vous ne lui avez pas mentionné à l'époque, ces incidents,

 23   les incidents qui ont eu lieu à Lovas ?

 24   R.  Non, je dois dire que s'il y avait eu ces incidents, l'armée aurait dû

 25   être informée là-dessus, et l'armée nous aurait posé des questions là-

 26   dessus, parce qu'on a posé des questions concernant d'autres choses plus --

 27   beaucoup moins importantes. Et si cela est arrivé après la conversation

 28   jusqu'à la date du 10, l'armée nous aurait certainement posé la question


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  1   là-dessus, et m'aurait posé la question également.

  2   Q.  J'ai compris que vous avez confirmé certains de ces événements, mais

  3   par rapport à votre dernière réponse, je pense que vous avez dit si ces

  4   incidents avaient eu lieu. Il faut tirer ce point au clair; est-ce que vous

  5   dites pour ce qui est de ces trois incidents que l'incident concernant la

  6   maison du père de la cour -- de la maison du père de Milan Devcic ou pas ?

  7   R.  Oui, c'est ce que j'ai entendu dire. J'ai entendu dire qu'un engin

  8   explosif a été lancé dans la cour de cette maison.

  9   Q.  Pour ce qui est de Dobrivoje Katanski, vous avez dit, et selon ce que

 10   j'ai compris, vous avez dit que sa ferme avait bien été minée ?

 11   R.  Oui, mais je ne sais pas quand cela a été fait, et si l'armée était au

 12   courant de cela au moment où il y avait ces pourparlers. Mais si cela est

 13   arrivé pendant cette période de temps, l'armée m'aurait certainement posé

 14   la question là-dessus, puisque l'armée nous a posé beaucoup d'autres

 15   questions concernant les choses moins importantes.

 16   Q.  Peut-être que l'armée ne voulait pas vous poser de questions mais

 17   l'armée peut-être voulait voir dans quelle mesure vous étiez sincère.

 18   R.  Je ne sais pas ce qu'ils ont fait, ce qu'ils ont voulu faire.

 19   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Vous demandez au témoin qu'il se

 20   lance à des conjectures.

 21   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président.

 22   Q.  Quand avez-vous appris que Milan Devcic avait rejoint les formations

 23   serbes ?

 24   R.  Je l'ai appris lorsque je l'ai rencontré au moment où il y avait les

 25   pourparlers à Sid. Je l'ai rencontré à Tovarnik, au sein de ces formations

 26   paramilitaires.

 27   Q.  Est-ce à ce moment-là, vous ne saviez pas que c'était le cas, à Lovas ?

 28   R.  Non, on ne pouvait qu'avoir certaines idées vagues là-dessus.


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  1   Q.  Et vous dites que vous n'excluez pas la possibilité qu'un engin

  2   explosif a été lancé dans la cour de la maison de son père, après ses

  3   pourparlers avec le colonel Zelimir Petrovic ?

  4   R.  Je ne sais pas, peut-être que quelqu'un voulait provoquer tout

  5   simplement du côté serbe ou du côté croate. Mais cela encore une fois nous

  6   amène à faire des conjectures.

  7   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'aborderais un

  8   nouveau sujet, et je me demande si le moment est propice pour faire la

  9   pause. Merci.

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci, Maître Zivanovic.

 11   Monsieur Rendulic, nous allons faire notre première pause, et nous allons

 12   reprendre à 11 h. Maintenant Mme l'Huissière va vous raccompagner hors du

 13   prétoire.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 15   [Le témoin quitte la barre]

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'audience est suspendue.

 17   --- L'audience est suspendue à 10 heures 28.

 18   --- L'audience est reprise à 11 heures 00.

 19   [La Chambre de première instance se concerte]

 20   [Le témoin vient à la barre]

 21   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, vous avez la

 22   parole.

 23   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 24   Q.  Monsieur Rendulic, nous avons également l'information disant qu'en

 25   juillet, en août 1990, à la réunion des présidents du HDZ et ces trois

 26   services -- lors de cette réunion une décision a été rendue, la décision

 27   concernant la formation des détachements des volontaires, ainsi que des

 28   sections dans le cadre de ces détachements des volontaires.


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  1   Est-ce que vous en savez quelque chose ?

  2   R.  Non, je n'en sais rien pour ce qui est de ces détachements et des

  3   sections. Je vous ai déjà dit que j'étais au courant de la formation des

  4   postes de gardes.

  5   Q.  Selon nos informations à Lovas, un détachement de volontaires composé

  6   de 120 personnes a été formé, commandé par un certain Markica Grcanac.

  7   R.  Je pense que ce n'est pas vrai du tout, parce que ce Markica Grcanac

  8   n'était pas en mesure de le faire.

  9   Q.  Savez-vous si, à Lovas, une revue a été organisée, la revue d'un

 10   détachement de volontaires de Lovas en présence d'à peu près 50 personnes

 11   et tous les membres du comité exécutif du HDZ à Lovas ?

 12   R.  C'est ce que j'entends la première fois ici. J'aurais certainement été

 13   au courant de cela si cela avait été le cas ainsi que les autres.

 14   Q.  Savez-vous si ce détachement --

 15   L'INTERPRÈTE : L'interprète prie le témoin de ménager une pause entre les

 16   questions du conseil de la Défense et ses réponses.

 17   [Le conseil de la Défense se concerte]

 18   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur le Témoin, les interprètes,

 19   encore une fois, vous ont demandé de faire une pause entre les questions de

 20   M. Zivanovic et vos réponses. Je sais que c'est difficile, mais il faut que

 21   je vous rappelle cela de temps en temps.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'en excuse. 

 23   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 24   Q.  Savez-vous qu'une revue a été organisée, la revue des détachements de

 25   volontaires au village de Bogdanovci et/ou le détachement de volontaires de

 26   Lovas a participé ?

 27   R.  Pour ce qui est de Bogdanovci je n'en sais rien, puisque je ne faisais

 28   pas partie de ces formations et j'ai pu d'information concernant les


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  1   événements survenus à Bogdanovci.

  2   Q.  Selon nos informations - c'est à la page du compte rendu 1674, lignes 2

  3   à 6 [phon] - la télévision a fait un reportage pour ce qui est cette revue

  4   et cela a été diffusé à la télévision.

  5   R.  Je ne le sais pas.

  6   Q.  Donc vous ne savez rien pour ce qui est de ces détachements et de

  7   sections de volontaires qui faisaient partie de ces détachements ?

  8   R.  J'ai déjà dit, que je savais qu'il y avait des postes de gardes civils

  9   autour du village.

 10   Q.  Vous vous souvenez d'avoir déposé dans une affaire à Belgrade

 11   dans l'affaire concernant Lovas devant la Chambre chargée des crimes de

 12   guerre. C'était le 25 février 2009.

 13   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut afficher le document

 14   1D148 ? Et ce document se trouve à l'intercalaire 4. Je pense que c'est à

 15   l'intercalaire 4.

 16   Peut-on passer à la page 75, dans la version en B/C/S et pour ce qui est de

 17   la version en anglais, il faut afficher la page 69 ?

 18   Q.  L'avocat, Gradimir Nalic, vous a posé une question, et vous avez

 19   répondu à cette question en disant :

 20   "Lovas, et à Lovas, il y avait la cellule de Crise, et après cela, on a

 21   organisé ces sections de garde. Il s'agissait des listes de la population

 22   civile."

 23   L'avocat Nalic demande :

 24   "Et il y avait combien de personnes dans un détachement ?"

 25   Le témoin, Adam Rendulic, répond :

 26   "Je ne sais pas. Cela dépendait. Il y avait entre dix et 15

 27   personnes. Cela dépendait du nombre de personnes qui se présentaient là-

 28   bas."


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  1   Vous vous souvenez de cette déposition que vous avez faite, n'est-ce

  2   pas ?

  3   R.  Oui. Mais permettez-moi de lire cela.

  4   Vous n'avez pas lu la partie où Gradimir Nalic a dit, je cite :

  5   "Combien de sections fallait-il pour garder le village ?"

  6   "J'ai parlé de sections qui gardaient le village, et non pas de formation

  7   militaire que vous avez évoquée."

  8    C'est ce que Nalic a dit aussi.

  9   Q.  Et de quoi s'agissait-il quelles étaient ces sections qui gardaient le

 10   village ?

 11   R.  C'est ce que j'ai déjà dit. C'étaient les personnes qui devaient être

 12   au courant de ce qui se passait et qui montaient la garde.

 13   Q.  Et ces personnes étaient organisées au sein de sections.

 14   R.  Au sein de sections, ou de groupes. Moi, je n'étais pas en charge de

 15   cela. Mais ces sections montaient la garde. Et ici on voit clairement la

 16   question de Nalic il fallait combien de sections pour garder le village.

 17   Q.  Il vous a posé la question suivante :

 18   "Savez-vous, concernant l'organisation, la subordination, comment

 19   cela était organisé en dessous ? Est-ce qu'il y avait des compagnies, des

 20   sections dans votre village ?"

 21   Ensuite vous parlez de cela de l'organisation de cela dans certaines

 22   communautés, et après cela vous parlez de Lovas.

 23   R.  J'ai dit ici au milieu :

 24   "On n'organisait pas de sections. On organisait de point de garde pour

 25   garder le village."

 26   C'était ma réponse à la question de cet avocat.

 27   Q.  En tout cas, cela veut dire que les sections existaient.

 28   R.  Les sections, ou les groupes. Nous les appelions les sections puisque


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  1   nous savions de quelle unité il s'agissait. Puisque nous faisions notre

  2   service militaire dans la JNA.

  3   Q.  Vous avez dit que la coopération agricole, pendant que vous étiez son

  4   directeur, octroyait des prêts à des gens qui travaillaient dans la

  5   coopérative. Et nous disposons de l'information selon laquelle la

  6   coopérative agricole de Lovas a octroyé un certain nombre de prêts en

  7   espèce à un certain nombre de membres du HDZ, ces membres du HDZ étaient en

  8   même temps membres des détachements de volontaires. Et ces prêts ont été

  9   octroyés pour l'approvisionnement en armes.

 10   Est-ce que vous en savez quelque chose pour ce qui est de ces prêts ?

 11   R.  Pour ce qui est des prêts pour acheter des armes, on n'a jamais octroyé

 12   ces prêts, jamais. Pour ce qui est de la coopérative et de ses activités et

 13   pour ce qui est des employés de la coopérative qui étaient de Lovas, de

 14   Opatovac et d'autres villages, même de Tovarnik, donc la coopérative

 15   octroyait des prêts même avant cette période-là et également en 1991 pour

 16   ce qui est de l'exploitation agricole et de la production agricole ou de

 17   l'élévation [comme interprété] du bétail, également pour les besoins de nos

 18   employés. Par exemple, lorsqu'il y avait l'établissement de lignes

 19   téléphoniques, on donnait des prêts de 1 200 marks allemands.

 20   Q.  Vous ne devez pas nous parler de tout cela pour ce qui est de ces

 21   prêts. Vous avez déjà répondu à ma question, donc il ne faut pas qu'on

 22   perde le temps.

 23   Selon nos informations, ces prêts ont été octroyés officiellement pour

 24   acheter du bétail ou du matériel agricole, mais l'argent, puisqu'il

 25   s'agissait des prêts en espèce, cet argent a été utilisé pour l'achat des

 26   armes.

 27   R.  Si cela avait été le cas, il y aurait eu beaucoup plus d'armes. C'est

 28   vrai que la demande de prêts a augmenté à l'époque, mais nous avons pu


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  1   comprendre pourquoi beaucoup plus tard. Puisque l'inflation a été galopante

  2   et les gens ont spéculé, prenaient de l'argent pour partir à Sid [phon], en

  3   Serbie ou en Bosnie, pour acheter des marks allemands, puis ils

  4   retournaient en Croatie, et en dix jours, ils pouvaient gagner entre 10 et

  5   15 %, en utilisant le cours entre le dinar et le mark allemand à l'époque,

  6   et c'est pour cela qu'on a réduit le nombre de prêts qu'on octroyait à

  7   l'époque. Et pour ce qui est des armes, on n'a jamais accordé de prêts pour

  8   acheter des armes. Pour savoir si qui que ce soit aurait acheté des armes,

  9   je n'en sais rien.

 10   Est-ce que je peux ajouter ? Cet homme dont vous avez parlé hier, Ivo

 11   Madzarevic, vous avez dit qu'il était un service technique d'apport

 12   d'armes. Avant nos négociations avec l'armée, il a acheté un fusil de

 13   chasse à Sid. Je lui ai posé la question à cet effet, et il m'a dit :

 14   "Oui, tout cet embarras passera, et j'aurai quand même mon fusil de

 15   chasse pour pouvoir chasser".

 16   Voilà, c'est ainsi que les armes étaient achetées, parce qu'il nous fallait

 17   avoir un permis tout d'abord.

 18   Q.  Quoi qu'il en soit, vous ne savez pas si ceux qui ont obtenu des prêts

 19   en numéraire s'en sont servis pour acheter des armes par la suite. C'est

 20   ainsi que j'ai compris votre réponse maintenant.

 21   R.  Et bien, et si -- désolé, est-ce que je peux ?

 22   S'il y avait des achats massifs d'armes, et bien il y aurait eu bien plus

 23   d'armes au moment où nous étions censés les remettre.

 24   Q.  Selon mes informations, il s'agissait de 15 à 20 prêts de la sorte qui

 25   représentaient 67 000 dinars [comme interprété]. Mais si vous ne vous

 26   souvenez pas de ce détail, dites-moi.

 27   R.  Je ne me souviens plus des montants. J'ai dit que des prêts étaient

 28   octroyés auparavant, nous continuons d'ailleurs, en numéraire, et ce, à des


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  1   fins de production.

  2   Q.  Savez-vous que Jozo Milas et Josip Grcanac ont recueilli des devises

  3   étrangères à Lovas pour acheter des armes encore une fois ? C'est selon nos

  4   informations.

  5   R.  Je l'ignore. Vous dites qu'ils auraient pu les acheter en se servant de

  6   ces prêts. Et bien pourquoi iraient-ils mendier ?

  7   Q.  Si seulement seul un certain nombre de prêts avaient été octroyés, à

  8   l'évidence d'autres personnes ne les avaient pas demandés ou encore

  9   n'étaient pas qualifiés pour les recevoir.

 10   Je vous pose la question, indépendamment de ces prêts, savez-vous si ces

 11   deux personnes, Milas et Grcanac, ont recueilli des fonds des mains de

 12   citoyens, donc des devises étrangères, pour acheter des armes ?

 13   L'INTERPRÈTE : L'interprète de la cabine anglaise demande si le témoin

 14   pourrait répéter sa question [comme interprété]. Il a commencé trop tôt.

 15   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur le Témoin, pourriez-vous

 16   répéter votre réponse ?

 17   Monsieur le Témoin -- un -- un instant. Vous voyez -- vous voyez quand est-

 18   ce que vous devriez commencer votre réponse, quand à l'écran, la

 19   dactylographie s'arrête. Ça veut dire que l'interprète a terminé et que

 20   donc la procès-verbaliste [comme interprété] également a terminé.

 21   Donc si vous voulez bien maintenant répéter votre réponse.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci mille fois. Je suis un homme de terrain.

 23   Je ne suis jamais présenté en qualité de témoin, donc quand vous êtes un

 24   homme de terrain il vous faut être rapide.

 25   J'ai dit que je ne pensais pas que Milas et Grcanac avaient recueilli ces

 26   dons, parce qu'ils n'en avaient pas besoin. S'il y avait des prêts, comme

 27   vous le déclarez, pourquoi iraient-ils mendier pour acheter des armes ?

 28   Milas travaillait dans notre société et son collègue travaillait à Vukovar.


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  1   Je ne sais pas où ils auraient pu trouver le temps d'aller chercher de

  2   l'argent, mendier, pour acheter des armes.

  3   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] C'était une question qui demandait

  4   une réponse oui ou non. Encore une fois, une simple question : dire oui, je

  5   le savais, non, je ne le savais pas. A l'évidence, vous n'étiez pas averti,

  6   n'est-ce pas ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je ne sais pas.

  8   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  9   Q.  Savez-vous qu'entre le 10 et le 15 septembre 1991, des armes ont été

 10   distribuées à Lovas ?

 11   R.  Je ne sais pas que des armes ont été distribuées.

 12   Q.  Selon nos informations, 20 kalachnikovs ont été livrées à Lovas à ce

 13   moment-là.

 14   R.  Désolé, mais je dois dire la chose suivante.

 15   Si les articles avaient été achetés grâce à des prêts et si ces armes

 16   avaient été livrées à Lovas, combien d'armes auraient abouti à Lovas ? Un

 17   grand nombre. En fait, je ne le sais pas.

 18   Q.  Est-ce que cela signifie que vous n'êtes pas averti de la livraison de

 19   ces 20 kalachnikovs à Lovas au mois de septembre 1991 ?

 20   R.  Je n'en suis pas averti, et je ne crois pas que ce soit fait.

 21   Q.  Et maintenant dites-moi la chose suivante : vous savez que le Parti

 22   démocrate serbe existait en Croatie à l'époque; y avait-il des membres de

 23   ce parti à Lovas ?

 24   R.  Je ne savais pas que ce parti existait et je ne savais pas qui en était

 25   membre. Je ne suis pas averti de sa présence à Lovas non plus.

 26   Parlez-vous du SDS, ce que l'on nomme être le SDS ?

 27   Q.  Vous ne savez pas que ce parti existait en Croatie ?

 28   R.  Je savais qu'il existait en Croatie, mais je ne savais pas qu'il


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  1   existait dans notre région.

  2   Q.  Hier, dans le cadre de votre déposition, vous avez déclaré qu'il n'y

  3   avait pas de police à Lovas, pages 1951, 1954.

  4   Voyons la même pièce qui est à l'écran, page 70 en version B/C/S, et

  5   63 et 64 en anglais.

  6   Encore une fois, le conseil Gradimir Nalic vous a posé la question

  7   suivante :

  8   "Dites-moi : comment s'est-il fait que le poste de police provisoire d'Ilok

  9   du MUP [inaudible]  ?

 10   Et le témoin répond :

 11   "Parce que nous l'avons demandé ce qui se passait en ce qui concerne les

 12   troupes militaires et paramilitaires qui traversaient constamment notre

 13   village. Et la population s'est alarmée, et a fui, et pour atténuer la

 14   pression exercée sur Ilok, les gens ont demandé d'établir un poste pour que

 15   les habitants se sentent davantage en sécurité."

 16   "Question suivante : Quels étaient leurs devoirs et responsabilités, ce

 17   poste de 10 à 15 hommes dans le village ? Ils n'étaient pas tout simplement

 18   restés assis à l'école, je présume."

 19   Et vous avez répondu :

 20   "Eh bien, non, ils faisaient des patrouilles dans le village."

 21   Et ensuite, vous dites qu'ils avaient des véhicules civils, et qu'ils

 22   portaient des blasons, des insignes en damier sur leurs uniformes.

 23   Hier, vous avez déposé qu'il n'y avait pas de police à Lovas, en soi, mais

 24   plutôt que des agents de police de Lovas venaient de Tovarnik et ailleurs

 25   où ils travaillaient.

 26   Mon impression est que vous avez déclaré ce que vous avez déclaré ici

 27   même, vient contredire votre -- ce que vous avez déclaré devant le tribunal

 28   à Belgrade, vient contredire votre témoignage d'hier.


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  1   R.  Oui, mais il nous faut donner un contexte temporel. Hier, nous

  2   avons parlé de deux périodes différentes. En premier, après les événements,

  3   après Borovo Selo, au mois de mai, et ces agents de police spécifique sont

  4   arrivés vers la fin de septembre, à un moment où nous avions négocié avec

  5   l'armée. Nous avons demandé à un détachement de police à être envoyé à

  6   Lovas pour donner un certain niveau meilleur de sécurité aux villageois.

  7   Nous voulons nous assurer que l'arrivée de l'armée ne produirait pas des

  8   événements inattendus et empêcher les habitants d'Ilok, de Lovas plutôt de

  9   s'enfuir à Ilok.

 10   Je vous ai dit hier que nombre d'habitants après nos négociations du

 11   28 ont quitté le village, sont allés à Ilok, et c'est pour cela que nous

 12   avons demandé aux agents de police de venir. Ils ont été cantonnés à

 13   l'école, parce que l'école était fermée, et les agents de police sont

 14   restés quelques jours, et ensuite ils sont retournés à Ilok, d'où ils

 15   étaient venus tout d'abord.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Est-ce que nous pourrions avoir une

 17   référence précise du compte rendu, là où le témoin aurait dit qu'il n'y

 18   avait pas d'agent de police d'Ilok vraiment à Lovas, mais se rendant en

 19   d'autres lieux. Parce qu'ici, le témoin semble avoir dit qu'ils faisaient

 20   des patrouilles à Lovas. Est-ce que le témoin n'avait pas dit la même chose

 21   sous une autre forme, hier ?

 22   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Hier, il a déclaré --

 23   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Peut-être donnez-nous une référence.

 24   M. ZIVANOVIC : [interprétation] J'ai dit qu'hier, la référence est aux

 25   pages 1951 à 1954, il a déclaré qu'il n'y avait pas d'agent de police à

 26   Lovas.

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Mais qui étaient stationnés à Lovas.

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Qu'il n'y avait pas de police permanence à


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  1   Lovas.

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Est-ce qu'il a dit le contraire de ce

  3   document.

  4   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, je comprends qu'ils étaient hébergés à

  5   l'école, à l'école à Lovas.

  6   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] La réponse est non, ils faisaient des

  7   patrouilles dans le village, rien d'autre. Et vous avez lu la réponse.

  8   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Il y a une question, je vais la lire en

  9   B/C/S, citation :

 10   "Dites-moi, comment se fait-il que la police d'Ilok s'est retrouvée dans

 11   une école ? Parlez-vous de l'école de Lovas ?

 12   "Réponse : Parce que nous voulions qu'ils viennent. Nous ne nous sentions

 13   pas sécurité."

 14   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Si vous voulez bien continuer.

 15   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci.

 16   Q.  Hier, vous n'avez pas parlé de 1991 mais de 1990, n'est-ce pas ?

 17   R.  Allons lentement. Hier, nous avons parlé de 1991. Toutefois, avant nos

 18   pourparlers avec l'armée qui sont tenus en septembre, jusques-là, il n'y

 19   avait pas de police à Lovas. Je vous l'ai dit, et je ne veux pas revenir

 20   sur ce même terrain. Nous avons invité la police à venir, après nos

 21   pourparlers avec l'armée, et je vous ai dit : Pourquoi nous avons procédé

 22   ainsi ?

 23   Q.  Après les contacts avec l'armée, après votre premier contact et après

 24   que vous ayez invité la police, et une fois que la police est arrivée, est-

 25   ce que vous avez informé l'armée que vous aviez demandé à la police d'Ilok

 26   de venir à Lovas ?

 27   R.  A l'évidence, non, vous ne m'avez pas compris. Je vous ai dit que la

 28   police a été invitée après nos pourparlers avec l'armée.


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  1   Q.  J'avais l'impression que vous aviez eu plusieurs pourparlers avec les

  2   militaires, en septembre 1991, que ce n'était pas uniquement un cycle de

  3   pourparlers.

  4   R.  Nous avons pourparler à deux occasions, en deux jours différents le 27

  5   et le 28 septembre.

  6   Q.  Et après le deuxième jour, c'est-à-dire le 28, vous avez invité la

  7   police d'Ilok à venir à Lovas; est-ce exact ?

  8   R.  Oui, c'est bien ce que j'ai dit.

  9   Q.  Voyons maintenant la partie qui porte sur l'attaque contre Lovas.

 10   J'aimerais vous poser une question d'ordre général, puisque vous avez fait

 11   votre service militaire, vous devriez le savoir. Pourriez-vous faire le

 12   distinguo entre une recrue ordinaire et un membre de la Défense

 13   territoriale ?

 14   R.  Ça n'était pas possible, mais oui, c'était -- il était possible de

 15   faire le distinguo entre les deux, principalement de par leur comportement,

 16   de par leur aspect. Les recrues, les soldats ordinaires, réguliers étaient

 17   maîtrisés et d'aspect plus net, alors que les membres de la Défense

 18   territoriale étaient plus désordonnés, et en terme d'aspect, ce n'était pas

 19   des jeunes. C'étaient surtout des hommes d'âge moyen, donc on pourrait en

 20   conclure qu'ils appartenaient à des paramilitaires plutôt qu'à l'armée

 21   régulière.

 22   Q.  Conviendriez-vous avec moi si je vous disais que les membres de la JNA

 23   servant -- remplissaient leurs fonctions obligatoires étaient plus nets

 24   d'aspect, et qu'ils étaient donc rasés de près, qu'ils avaient des coupes

 25   de cheveux nets, par rapport aux autres ?

 26   R.  Oui. C'est exactement ce que je voulais dire et c'est ce que j'ai dit.

 27   Q.  Je ne veux pas parler du pilonnage antérieur de Lovas. Je vais passer

 28   directement au 10 octobre 1991, c'est-à-dire le moment où l'attaque a été


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  1   réalisée et où la JNA est entrée dans Lovas.

  2   A ce moment-là, vous vous trouviez dans votre domicile. Vous vous étiez

  3   dissimulé jusqu'à midi ou vers cette heure, et ensuite vous avez quitté

  4   votre maison, si je vous comprends. Vous avez déclaré qu'il n'y avait pas

  5   de résistance armée opposée à cette attaque contre Lovas.

  6   Pourriez-vous nous expliquer comment vous le saviez, puisque vous étiez

  7   dans votre cave ? Comment saviez-vous ce qui se passait à l'extérieur et

  8   dans le village ?

  9   R.  La raison pour laquelle j'en suis averti c'est qu'un accord antérieur

 10   avait été conclu qu'après les pourparlers de Sid, et nous n'avions pas de

 11   force suffisante pour résister à l'armée et donc qu'aucune résistance ne

 12   sera opposée, et ce qui a été dans l'ensemble accepté.

 13   Q.  Eh bien, c'était donc l'accord antérieur à l'attaque. Toutefois, ma

 14   question était différente. Est-ce que vous affirmez qu'il n'y avait pas

 15   d'échauffourée, qu'il n'y avait pas de conflit armé, ou qu'il y avait

 16   simplement un accord que ça se passait ainsi ?

 17   R.  Je suis sûr qu'il n'y a pas de conflit armé.

 18   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je demanderais 1D168. Non, 161 ou à

 19   l'onglet 8.

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Olmsted.

 21   M. OLMSTED : [interprétation] Monsieur le Président, c'est un élément qui

 22   ne devrait pas être diffusé au témoin mais tout simplement une question

 23   devrait être lui posée.

 24   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui. C'est cela, ça ne sera pas diffusé au

 25   témoin.

 26   Je voudrais la page 2 en B/C/S, et version anglaise, c'est le dernier

 27   paragraphe de la page 3.

 28   Q.  Il s'agit d'un rapport que nous avons obtenu, et je vais en lire un


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  1   paragraphe.

  2   "Lutter contre --" "-- la lutte pour notre village, Lovas, a duré plusieurs

  3   heures, quatre à cinq heures. La résistance et la défense a été opposée par

  4   les membres de ZNG, parmi lesquels se trouvaient nos propres habitants,

  5   c'est-à-dire, soit, des habitants locaux, ils étaient tous des habitants

  6   locaux de Lovas, et ceux qui ont combattu, c'est-à-dire qui ont défendu le

  7   village, se sont retirés vers Ilok. Ceux d'entre nous, qui n'ont pas pris

  8   part au combat, nous sommes tous des civils, les personnes âgées, les

  9   femmes, et les enfants, sont restés au village."

 10   Il s'agit d'un élément d'information dont nous disposons à partir duquel on

 11   peut conclure qu'il y a eu des combats dans le village et, qu'après quatre

 12   ou cinq heures, les combats se sont arrêtés et que les défenseurs se sont

 13   retirés.

 14   Pourriez-vous nous donner vos observations ?

 15   R.  J'essaie de me contrôler et d'aider les interprètes.

 16   Il me faut rire. A nouveau, ceci est erroné, et ce n'est pas véridique, à

 17   l'instar de nombre d'éléments antérieurs.

 18   Q.  Comment le savez-vous du point de vue de votre cave où vous étiez en

 19   train de vous cacher ?

 20   R.  Je n'étais pas dans la cave tout le temps. Nous étions tous, ou la

 21   plupart d'entre nous, à un endroit. Je vous l'ai dit hier, nous étions à

 22   Badnjara [phon], tous ceux qui sont allés à Ilok par la suite. Les femmes,

 23   les enfants, la plupart des civils, et aucun des défenseurs de ceux qui ont

 24   participé au combat étaient à Lovas.

 25   Désolé. Même la cellule de Crise dont nous avons parlé et les membres du

 26   HDZ n'avaient pas été à Lovas depuis trois ou quatre jours avant cela. Ils

 27   étaient partis déjà pour Ilok avant même tout cela.

 28   Q.  Vous déclarez qu'ils sont partis pour Ilok. Ça veut dire avant


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  1   l'attaque du 10 octobre.

  2   R.  Oui, avant.

  3   Q.  Est-ce que vous avez eu l'occasion une fois que vous avez quitté Lovas

  4   de vous réunir au moins une fois avec Jakov Balic ?

  5   R.  Non seulement Jakov Balic, mais également avec d'autres hommes qui

  6   étaient sortis avec leurs pistolets et leurs fusils de chasse. Ils étaient

  7   dans mon secteur, à quelque 200 mètres de là, quand j'étais dans ma cave.

  8   Q.  Est-ce que Toma Balic était l'un d'entre eux ? Etait-il parmi eux ?

  9   R.  Tomo Balic, était à Vukovar. Il n'était même pas à Lovas.

 10   Q.  Et alors Sinisa Pavlicic qu'en est-il ?

 11   R.  Sinisa Pavlicic à l'époque n'était qu'un jeune garçon. C'était un

 12   gamin.

 13   Q.  Qu'en est-il de Josip Conjar ?

 14   R.  En ce qui concerne Josip, je ne m'en souviens pas.

 15   Q.  Voyez-vous, selon nos informations ils ont tous pris part à ces

 16   combats.

 17   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Page 1 755, lignes 15 à 25.

 18   Q.  J'aimerais que vous lisiez encore une chose en ce qui concerne

 19   l'enterrement à Sotin dont vous avez parlé, l'enterrement de l'un de vos

 20   proches.

 21   Vous nous avez dit qu'il était que c'était un civil d'ailleurs. Si vous

 22   voulez bien répondre.

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Donc il n'était pas membre d'une formation militaire ni de la police ni

 25   encore du ZNG ?

 26   R.  Non. Ils faisaient juste partie des patrouilles ou encore des équipes

 27   de garde au poste de contrôle, comme Milo et Vaso.

 28   Q.  Et vous dites qu'il a été tué dans des combats à Borovo Naselje. Je


Page 2091

  1   pense que c'était le club des ingénieurs ou aux environs.

  2   Vous a-t-on expliqué pourquoi, pour défendre cet immeuble à Borovo Naselje,

  3   il était -- il a été appelé, on l'a sollicité pour qu'il vienne de Sotin,

  4   et qu'il y vienne en qualité de civil ?

  5   R.  Je ne sais pas pourquoi il a été appelé, mais il n'a pas été le seul à

  6   partir. A partir de ce poste de contrôle où ils se trouvaient, et c'était

  7   dans la direction de Vukovar, donc le poste de contrôle sur la route, on

  8   leur a demandé de venir et d'épauler le club technique ou technologique à

  9   Borovo Naselje pour aider à repousser les forces paramilitaires, ou comme

 10   on les appelait les Chetniks de cet immeuble vers Borovo Selo.

 11   Q.  Alors il n'y avait pas suffisamment de personnes à Borovo Naselje pour

 12   résoudre le problème, ils avaient besoin d'un civil de votre proche pour

 13   s'occuper de cela. Il n'y avait pas de police, pas de gardes nationales,

 14   pas de ZNG sur place ?

 15   R.  J'ai dit qu'il n'est pas parti tout seul, ils étaient dix à 12 à y

 16   aller depuis ce poste de contrôle où ils montaient la garde. Ils sont

 17   partis pour Vukovar. Et quant à ce club technique, il appartient à la ville

 18   de Vukovar. Et on sait qu'il y avait très peu de défenseurs de Vukovar, peu

 19   par rapport à l'ensemble de ce territoire, de ce secteur de Vukovar et de

 20   Borovo Selo.

 21   Q.  Et ce groupe avec lequel est parti votre proche, ils étaient tous des

 22   civils ?

 23   R.  Oui, oui, des civils, tous.

 24   Q.  Ils étaient armés ?

 25   R.  Oui, ça dépendait.

 26   Q.  Vous nous avez dit qu'il y avait pas mal d'habitants de Lovas qui

 27   avaient un permis de port d'armes, et ils avaient une arme qui

 28   correspondait.


Page 2092

  1   R.  Oui, oui.

  2   M. OLMSTED : [interprétation] C'est une représentation erronée de la

  3   déposition du témoin. Je pense que le témoin a parlé de 30 à 35 personnes

  4   qui avaient une arme.

  5   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  6   Q.  Vous avez dit qu'il y avait 30 à 35 personnes qui avaient un permis de

  7   port d'armes; est-ce que c'est un chiffre exact ou c'est une évaluation ?

  8   Saviez-vous exactement combien de personnes avaient un permis de port

  9   d'armes ?

 10   R.  Comme j'étais chasseur moi-même et c'est par le biais de l'organisation

 11   sportive par laquelle j'étais actif que j'ai eu ces informations-là.

 12   Q.  Il y avait aussi quelques pistolets, ce n'est pas une arme de chasse au

 13   sens propre du terme.

 14   R.  A l'évidence, vous ne vous y connaissez pas. Tout chasseur a le droit

 15   d'avoir une arme de poing pour tirer le coup de grâce, comme on l'appelle.

 16   Et moi-même, je l'avais aussi.

 17   Q.  Et pour ces 30 ou 35 permis, vous savez que c'étaient des permis

 18   délivrés aux membres du club de sport qui s'appelait Lovas, le chasseur ?

 19   Et le ministère de l'Intérieur de Vukovar délivrait des permis aussi à

 20   certains individus qui n'étaient pas des chasseurs ? Est-ce que ces permis

 21   de port d'armes ont été délivrés aussi ?

 22   R.  Ecoutez, je ne sais pas. Mais c'était une possibilité de se faire

 23   délivrer un permis de port d'armes après avoir présenté une demande en

 24   bonne et due forme, et par la suite, il se pouvait qu'on fasse droit à

 25   cette demande.

 26   Q.  1581, page du compte rendu d'audience, vous avez dit que l'armée était

 27   au courant des permis qui étaient délivrés par la police. Est-ce que vous

 28   vous en souvenez ?


Page 2093

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Comment l'armée pouvait-elle savoir quels sont les permis de possession

  3   ou de port d'armes qui étaient délivrés par le MUP de Vukovar ?

  4   R.  On le savait pour la raison suivante, en partie, les policiers qui

  5   travaillaient à Vukovar, donc pour l'essentiel c'étaient des Serbes, le

  6   savaient. Ils avaient accès à ces dossiers pour savoir qui avait une arme

  7   et qui n'en avait pas. Puis il faut savoir qu'il y a pas mal de gens qui

  8   allaient acheter une arme de chasse à Sid. C'est là aussi que je suis allé

  9   pour en acheter une. Donc on allait quasiment tous à Sid, il y avait là une

 10   entreprise qui s'appelait Jelen, le [inaudible], et c'est en Serbie.

 11   Q.  Autrement dit, vous pensez que les Serbes, qui travaillaient pour le

 12   MUP de Vukovar, fournissaient des informations à l'armée, par voie

 13   officieuse sur le nombre de permis qui ont été délivrés, et à qui ils ont

 14   été délivrés.

 15   R.  Oui, peut-être est-ce bien également comme ça, mais ce n'était pas un

 16   secret du tout.

 17   Q.  Ce n'était pas un secret pour qui ?

 18   R.  Mais pour personne. C'est de manière publique qu'on arborait ces armes,

 19   on pouvait voir cela.

 20   Q.  Donc vous estimez que l'armée était en mesure de le savoir parce que

 21   tout simplement on voyait qu'il y avait une arme, et quelqu'un aurait

 22   informé l'armée de cela, lui aurait fourni ces informations-là ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Hier, dans votre déposition, vous avez parlé des circonstances dans

 25   lesquelles a perdu la vie, a été tué, un volontaire, Djordjevic, qui a pris

 26   part à l'action de Lovas, le 10 octobre. Puisque vous n'étiez pas présent

 27   au moment de l'événement lui-même, qu'est-ce qui vous permet de dire

 28   comment cela s'est produit ? D'où tenez-vous vos informations ?


Page 2094

  1   R.  Quand nous sommes arrivés à Ilok, bien entendu, on a parlé de tout ce

  2   qui s'était passé et de la manière dont cela s'est produit, et c'est à ce

  3   moment-là que j'ai appris comment ce paramilitaire, ou ce membre des unités

  4   territoriales a péri.

  5   Q.  Vous ne seriez pas en mesure de nous dire quelle est la source de votre

  6   information, qui vous l'a dit ?

  7   R.  Je ne pourrais pas vous donner de nom, c'était au bout du village,

  8   lorsqu'on quitte le village pour aller vers Opatovac, c'était en banlieue

  9   du village. Et nous avons eu un entretien avec l'armée et l'armée a dit que

 10   nous ne pouvions contrôler que ce qui se passait dans le village, et non

 11   pas à l'extérieur. Mais vous donnez le nom très précis de quelqu'un qui

 12   m'aurait dit cela, non, ça je ne pourrais pas, puisque nous étions assez

 13   nombreux qui nous sommes réfugiés à Ilok.

 14   Q.  Vous avez dit que vous ne pouviez pas garantir à l'armée ce qui se

 15   passait à l'extérieur du village, dans les champs, mais qu'entendiez-vous

 16   par là, à l'extérieur du périmètre des maisons du village ?

 17   R.  Oui, à l'extérieur, il y a des champs de maïs, des champs, et donc tout

 18   ce qui pouvait se produire à 50 ou à 100 mètres [comme interprété] du

 19   village autour de Lovas.

 20   Q.  Oui. Mais une éventuelle défense de Lovas n'aurait pas été organisée

 21   dans les maisons du village à proprement parler, mais à l'extérieur, n'est-

 22   ce pas ? Parce que de ce que vous venez de nous dire, vous nous dites qu'on

 23   n'opposera pas de résistance depuis les maisons elles-mêmes, mais vous

 24   n'excluez pas qu'il n'y ait pas de résistance depuis les champs qui se

 25   trouvent alentours, autour du village.

 26   R.  Non, je comprends quel est votre travail et votre mission ici, mais je

 27   viens de vous dire qu'il n'y a pas eu de défense du village, que dès le 29

 28   il y a eu la fin de cette défense, lorsqu'il y a eu ces entretiens avec


Page 2095

  1   l'armée. Nous savions que nous n'avions pas la possibilité d'opposer une

  2   résistance. Il n'y avait plus de tours de garde ni de postes de contrôle.

  3   Rien. Tout ça s'est décomposé. Il n'y avait plus rien autour du village,

  4   parce que s'il y en avait eu, si on avait établi un contrôle, alors les

  5   paramilitaires ne se seraient pas rapprochés du village de nuit. Même dans

  6   certaines maisons serbes en périphérie du village, à partir du moment où il

  7   y a eu la fin de cette attaque d'artillerie, écoutez, ils sont partis

  8   depuis la partie ouest vers l'est de ces maisons-là.

  9   S'il y avait eu des tours de garde pendant la nuit, on aurait pu voir tout

 10   cela, ou au moins on aurait pu tirer un coup de feu pour alerter, pour

 11   avertir que les paramilitaires étaient quasiment dans ces maisons serbes

 12   déjà. Et de nuit les gens auraient pu prendre la fuite au lieu d'être pris

 13   quasiment dans leur sommeil.

 14   Q.  Pour préciser un point.

 15   Vous avez dit aux représentants de l'armée que vous ne pouviez pas garantir

 16   de ce qui allait se produire dans les champs à l'extérieur du village, en

 17   d'autres termes, vous vouliez dire que vous ne pouviez pas garantir qu'il

 18   n'y aurait aucune résistance dans les champs. Je ne dis pas qu'il y a eu

 19   une résistance, mais je vous dis que lorsque vous dites aux représentants

 20   de la JNA : "Nous vous garantissons qu'il n'y aura aucune résistance dans

 21   le village tandis que nous ne pouvons vous donner aucune garantie pour les

 22   champs," et bien cela peut être interprété comme si une résistance allait

 23   être opposée dans les champs. Donc je vous fais mon commentaire sur ce qui

 24   a été dit, et non pas si ce qui s'est produit le 10 octobre.

 25   R.  Mais, là encore, vous ne citez pas correctement.

 26   On n'a absolument pas évoqué la résistance. On a parlé d'incidents,

 27   d'éventuels accidents qui pouvaient se produire entre les pourparlers et

 28   l'entrée de l'armée dans le village. Donc tout un chacun peut produire un


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  1   incident à même la frontière ou ailleurs et cela aurait pu être utilisé

  2   comme argument par l'armée pour intervenir. Mais quant à la résistance, il

  3   n'en a absolument pas été question.

  4   Q.  Je pense que vous avez cité hier le nom de cet homme qui a été blessé

  5   et qui a tiré un coup de son pistolet, il a tiré sur ce volontaire qui

  6   s'appelait Djordjevic. Ce nom n'a pas été consigné au compte rendu

  7   d'audience, alors est-ce que vous pourriez le répéter ?

  8   R.  Il s'agissait d'Antun Sabljak, surnommé Rodjo. C'est le premier qui a

  9   été tué, mais il a été tué à l'extérieur du village, il était en train de

 10   prendre la fuite à bord de son véhicule. C'est ce que j'ai dit hier

 11   également.

 12   Q.  J'ai jeté un coup d'œil sur cette liste qui vous a été montrée hier par

 13   le Procureur, la liste des victimes du 10 octobre, et je n'y trouve pas ce

 14   nom. Je vais essayer de la retrouver. Il ne me reste plus beaucoup de

 15   temps.

 16   M. OLMSTED : [interprétation] Je n'ai pas la cote, mais sur la liste 65

 17   ter, il s'agit du document 5062.

 18   C'est le numéro 16 sur la liste.

 19   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la cote P315.

 20   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci.

 21   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Est-ce qu'on peut l'afficher ? Merci.

 22   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Page 3, si mes souvenirs sont bons.

 23   Q.  [aucune interprétation]

 24   Est-ce qu'on peut agrandir, s'il vous plaît ?

 25   Je ne vois pas ici de nom "Antun Sabljak," parmi les victimes.

 26   Mais, quoi qu'il en soit, on ne s'attardera plus sur cette liste.

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Nous devrions-nous pas, Maître

 28   Zivanovic, donnez la possibilité au témoin de voir la liste ?


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  1   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, tout à fait.

  2   L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète : Le témoin ne voit pas la liste sur

  3   son écran.

  4   M. LE JUGE DELVOIE : [aucune interprétation]

  5   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  6   Q.  Vous avez vu la liste ?

  7   R.  Mais je ne vois pas la liste. Mon écran est éteint.

  8   Pardon. Tomo Sabljak au numéro 16. On l'appelait Antun. C'était aussi la

  9   conclusion du Procureur. Je pense en fait que ça a été mal consigné. Il

 10   s'appelait Antun et non pas Tomo. Antun, surnommé Rodjo. Et on retrouvera

 11   son nom sur de nombreuses listes dressées avec les noms des victimes de

 12   Lovas.

 13   Il a été la première victime. Donc, en fait, il s'appelle Antun, c'est une

 14   forme abrégée de son nom.

 15   Q.  Dans tous les cas, le nom d'Antun Sabljak ne figure pas sur cette liste

 16   ? Vous êtes bien d'accord avec moi ?

 17   R.  Je suis certain que c'est la même personne. On peut vérifier cela si

 18   vous voulez sur l'ensemble des listes.

 19   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Est-ce que nous pouvons examiner une pièce

 20   de l'Accusation, s'il vous plaît, la pièce P320. Il s'agit des résultats du

 21   référendum qui a été organisé à Ilok.

 22   Q.  Vous avez dit que vous ne pensiez pas qu'il existait deux camps à

 23   l'époque à Ilok, vous avez vu un extrait vidéo, et vous nous avez dit que

 24   ces résultats justement allaient nous permettre de comprendre cela.

 25   La page 2018 du compte rendu d'hier.

 26   Donc si l'on examine ces résultats, il en ressort que sur un ensemble de 5

 27   600 électeurs, 2 684 ont voté au référendum. Donc c'est moins que le nombre

 28   enregistré. Et puis là on voit que -- on voit que 769 [phon] personnes ont


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  1   voté également dans les villages alentours. Et on voit qu'en tout, 940 ont

  2   voté pour, et 2 619 contre. Donc, en fait, il y avait deux groupes de

  3   citoyens.

  4   R.  Où est-ce que vous voyez les pour ? 2 619 contre.

  5   Q.  Exact. Mais au-dessus l'on voit que pour il y a eu --

  6   R.  240.

  7   Q.  Non, 940, je crois. Je pense que, dans la traduction, on voit qu'il

  8   s'agit de 940.

  9   R.  Oui, c'est possible.

 10   Q.  Est-ce que cela ne vous permet pas de voir qu'il y avait effectivement

 11   deux groupes de citoyen ? Il y avait des contres --

 12   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, pour et contre quoi

 13   ?

 14   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je vais essayer de préciser cela avec le

 15   témoin.

 16   P319, s'il vous plaît, est-ce qu'on peut l'examiner ?

 17   Q.  Deux questions, en fait, s'affichent ici, deux questions qui ont été

 18   posées lors de ce référendum. Premièrement, êtes-vous favorable qu'on

 19   remette l'ensemble des armes et à ce qu'on signe l'accord qui a été proposé

 20   avec la JNA ? Puis il y avait un deuxième bulletin : Etes-vous favorable à

 21   un départ conjoint de la localité à cause de la situation de crise ?

 22   Alors je ne sais pas par rapport à laquelle de ces deux questions nous

 23   avons vu les résultats, les résultats correspondent-ils à l'une, ou à

 24   l'autre de ces deux questions.

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, vous reprenez vos

 26   questions d'hier sur l'existence de deux camps, c'est ce que vous faites

 27   sur la base de ce document ?

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui.


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  1   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Mais si je me souviens bien, hier

  2   lorsque vous avez interrogé sur l'existence de deux camps vous disiez que

  3   l'un des camps était favorable à ce qu'on n'oppose une résistance, et que

  4   l'autre y était opposé.

  5   Mes souvenirs sont-ils bons ?

  6   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je ne me souviens pas que cela ait été posé

  7   au sujet d'Ilok. Il se peut que je me trompe, cependant, excusez-moi. Je ne

  8   sais pas.

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Alors, très précisément,  de quoi

 10   consiste votre question sur l'existence des deux camps ?

 11   M. ZIVANOVIC : [interprétation] J'aimerais savoir si, sur la base des

 12   résultats du référendum, le témoin peut en conclure qu'il y avait

 13   effectivement deux camps opposés à Ilok parmi les citoyens d'Ilok.

 14   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Par rapport à la reddition d'armes et

 15   par rapport au départ d'Ilok ?

 16   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je ne sais pas à laquelle de ces deux

 17   questions correspondent les résultats.

 18   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] A l'une de ces deux questions ?

 19   M. ZIVANOVIC : [aucune interprétation]

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Et pas au fait d'opposer une

 21   résistance.

 22   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, c'est cela.

 23   M. LE JUGE DELVOIE : [aucune interprétation]

 24   M. OLMSTED : [interprétation] La vidéo que nous avons montrée hier, était

 25   la question -- portait sur la question de la reddition donc est-ce qu'ils

 26   allaient se rendre ou pas. Et je comprends maintenant pourquoi ce n'est pas

 27   clair.

 28   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Allez-y, Maître Zivanovic.


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  1   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  2   Q.  Donc la seule chose qui m'intéresse maintenant : Donc je ne sais pas

  3   véritablement laquelle de ces deux questions est à l'origine de ces

  4   résultats. Mais les résultats vous permettent-ils néanmoins de penser qu'il

  5   y a eu deux camps opposés parmi les citoyens ? Il y avait un camp qui était

  6   favorable, et l'autre qui était défavorable à la question.

  7   R.  Oui, mais naturellement. Mais tout le monde ne s'est pas exprimé au

  8   référendum non plus comme cela se produit d'habitude.

  9   D'ailleurs, tous les Croates n'ont pas quitté Lovas non plus ni Ilok. Il y

 10   avait des Croates qui étaient favorables au départ, et puis d'autres

 11   voulaient rester dans leur foyer, et ce sont surtout les Slovaques qui sont

 12   restés. Mais on ne peut pas vraiment parler de camp séparé.

 13   Q.  Alors ma dernière question portera sur ce que vous avez dit, hier, au

 14   sujet d'une rumeur. Vous avez entendu dire qu'à la sortie d'Ilok, quelqu'un

 15   ou certains auraient vu Slavko Dokmanovic.  

 16   J'ai parcouru toutes les déclarations que vous avez données aux enquêteurs

 17   du TPY, et ce de 1993 au juge de district de Zagreb, et aussi ce que vous

 18   avez dit devant le tribunal supérieur chargé des crimes de guerre, je vois

 19   que jamais cette information n'a été mentionnée par vous précédemment.

 20   R.  Oui, je ne l'ai pas mentionné parce que jamais personne ne m'a posé

 21   cette question. Donc j'ai pensé que ce n'était pas important. Mais j'aurais

 22   bien aimé le voir puisque c'est quelqu'un que je connais très bien, et qui

 23   me connaît. Bien sûr, je parle au passé puisqu'il n'est plus parmi nous.

 24   Q.  Merci, Monsieur Rendulic, je n'ai plus de questions pour vous.

 25   R.  [aucune interprétation]

 26   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Messieurs les

 27   Juges.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous en prie.

 


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  1   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, pour ce qui est de

  2   cette question de l'existence de deux camps, je me suis rappelé donc la

  3   question qui est consignée à la page 75 du compte rendu d'hier. Je cite, il

  4   a dit :

  5   "Qu'à Ilok, une aile ou une faction voulait se rendre, et l'autre, pas."

  6   Ensuite à la question suivante, vous demandez :

  7   "S'il y a eu une faction qui était en faveur de conflit armé ou de

  8   présenter une résistance armée à la JNA ?"

  9   Donc cette question diffère de la question que vous avez posée au

 10   témoin aujourd'hui, n'est-ce pas ?

 11   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, je suis d'accord avec vous, Monsieur

 12   le Président.

 13   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 14   Monsieur Olmsted, je suppose qu'après la pause, vous allez avoir des

 15   questions supplémentaires à poser ?

 16   M. OLMSTED : [interprétation] Peu de questions, Monsieur le Président.

 17   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bien.

 18   Monsieur le Témoin, nous allons faire notre deuxième pause, et nous allons

 19   reprendre à 12 h 45. Mme l'Huissière va vous faire sortir du prétoire.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 21   [Le témoin quitte la barre]

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'audience est suspendue.

 23   --- L'audience est suspendue à 12 heures 16.

 24   --- L'audience est reprise à 12 heures 45.

 25   [Le témoin vient à la barre]

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Olmsted, vous pouvez

 27   continuer.

 28   M. OLMSTED : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 


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  1   Nouvel interrogatoire par M. Olmsted :

  2   Q.  [interprétation] Monsieur Rendulic, j'ai quelques questions à vous

  3   poser pour clarifier certaines questions pour ce qui est du contre-

  4   interrogatoire, et je vous promets que je vais essayer d'être expéditif

  5   pour que vous puissiez finir votre déposition aujourd'hui.

  6   La Défense a soulevé la question concernant des prêts, et Me Zivanovic vous

  7   a posé des questions eu égard à des prêts que la coopérative agricole de

  8   Lovas octroyait aux membres de la communauté.

  9   Lorsqu'une personne recevait un prêt de la coopérative agricole, dites-nous

 10   si cette personne devait fournir des éléments de preuve ou des preuves

 11   montrant que l'argent a été utilisé à la fin pour laquelle il a été prêt.

 12   R.  Oui. Aucun prêt n'a été octroyé sans contrat, et dans le contrat, il

 13   fallait figurer d'abord la fin du prêt, et le producteur qui obtenait ce

 14   prêt devait donc rembourser cela en marchandise ou en bétail. Donc parfois,

 15   et exceptionnellement, ils pouvaient rembourser en espèce.

 16   Q.  En 1990 et 1991, est-ce qu'il y avait des problèmes par rapport à cela

 17   ? Est-ce que les gens utilisaient les prêts accordés à d'autres fins et non

 18   pas à des fins déterminées dans le contrat ?

 19   R.  Pour autant que je sache, cela n'a pas été le cas, et les gens ne

 20   pouvaient pas rembourser ces prêts en nature, en marchandise, puisque la

 21   guerre a éclaté en 1991.

 22   Q.  Pourquoi la coopérative agricole a continué à accorder des prêts en

 23   1991 ?

 24   R.  La coopérative accordait des prêts jusqu'à ce que la coopérative a

 25   cessé de fonctionner. Et lorsque la guerre a éclaté, la coopérative ne

 26   fonctionnait plus et les prêts n'étaient plus accordés.

 27   Q.  Et vous avez dit que c'était "quand la guerre a commencé que la

 28   coopérative a cessé d'être active". C'était en quel mois ?


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  1   R.  Jusqu'au 1er octobre nous avions toujours de l'espoir en pensant que

  2   rien de grave n'allait se passer, que la guerre n'allait pas éclater et que

  3   la situation allait se calmer, et que des événements tragiques n'allaient

  4   pas se produire. Mais,  malheureusement, cela est arrivé le 1er octobre.

  5   Déjà le 1er octobre, il n'y avait plus d'activités dans la coopérative, il

  6   n'y avait pas d'activités non plus dans le village.

  7   Q.  Si vous aviez su que Lovas allait être attaqué par la JNA ou par

  8   d'autres forces serbes est-ce que la coopérative agricole aurait continué à

  9   accorder des prêts jusqu'au mois d'octobre ?

 10   R.  Si -- certainement que non. Nous aurions gardé cet argent ou nous

 11   aurions peut-être transféré cet argent ailleurs.

 12   Q.  Hier, à la page 2 031 du compte rendu, vous avez dit qu'une unité de la

 13   ZNG se trouvait sur la ferme de Vupik. Vous rappelez-vous avoir dit cela ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Pouvez-vous nous dire où se trouvait la ferme de Vupik ?

 16   R.  Le siège de Vupik se trouvait à Vukovar. Et il s'agissait là d'une

 17   unité fonctionnelle dans la municipalité d'Opatovac, il s'agissait d'une

 18   antenne, en quelque sorte, de cette compagnie à Opatovac.

 19   Q.  Donc la ferme de Vupik où se trouvait cette Unité du ZNG se trouvait à

 20   Opatovik [comme interprété] ?

 21   R.  A Opatovac.

 22   Q.  Merci pour cette clarification. Pouvez-vous me dire pendant combien de

 23   temps cette unité du ZNG est restée là-bas, si vous le savez ?

 24   R.  Pendant une courte période de temps, je pense qu'hier, j'ai dit qu'une

 25   attaque a été lancée contre cette région, c'était l'attaque d'aviation. Et

 26   en juillet, à la mi-juillet, cette unité avait déjà quitté la zone, c'est-

 27   à-dire avant l'attaque.

 28   Q.  Aujourd'hui, on vous a posé des questions eu égard à des policiers qui


Page 2105

  1   étaient venus d'Ilok vers la fin du mois de septembre 1991, pour aider à

  2   organiser des patrouilles pour maintenir la paix dans le village de Lovas.

  3   Pouvez-vous nous dire d'abord quel était le nombre de policiers qui

  4   étaient venus d'Ilok, à ce moment-là ?

  5   R.  Je pense qu'il y avait entre 10 à 12 policiers, mais encore une fois,

  6   je veux dire que ce n'était pas parce qu'ils voulaient, ils devaient

  7   maintenir la paix et l'ordre, parce que la paix et l'ordre régnaient. Nous

  8   les avons invités au cas où l'armée ou les formations paramilitaires

  9   seraient venues pour nous protéger et pour assurer le soutien moral à la

 10   population, pour que la population ne parte pas à Ilok. Mais la paix

 11   régnait toujours là-bas.

 12   Q.  Est-ce qu'ils ont été amenés pour combattre avec la JNA qui serait

 13   venue dans le village ?

 14   R.  Comment dix personnes auraient pu présenter une résistance à l'armée ?

 15   Jamais ces dix policiers ou les gardes civiles auraient pu présenter une

 16   résistance à l'armée, dont les effectifs étaient beaucoup plus nombreux.

 17   C'est ce que j'ai vu d'ailleurs de mes propres yeux lorsque je me suis

 18   rendu à Sid pour participer à des pourparlers.

 19   Q.  Aujourd'hui, vous avez dit qu'ils sont partis quelques jours après leur

 20   arrivée, qu'ils sont retournés à Ilok.

 21   Dites-nous s'ils sont partis avant ou après le pilonnage de Lovas ?

 22   R.  C'était beaucoup de temps avant l'attaque. Ils sont retournés là-bas

 23   puisqu'ils nous ont dit eux-mêmes qu'ils ne pouvaient pas combattre avec

 24   l'armée. Une partie de la population de Lovas avait déjà parti à Ilok, le

 25   village est pacifique, et ils sont retournés à Ilok par la suite. Je leur

 26   ai parlé de tout cela.

 27   Q.  Aujourd'hui, le conseil de la Défense vous a dit que vous étiez dans

 28   votre cave pendant toute la matinée du 10 octobre, et vous avez apporté une


Page 2106

  1   clarification pour dire que vous n'étiez pas pendant toute cette matinée-là

  2   dans votre cave.

  3   Dites-nous si vous étiez dans votre cave ou à l'extérieur de votre cave, et

  4   si vous étiez en mesure d'observer ce qui se passait autour de votre

  5   maison, le 10 octobre ?

  6   R.  Lorsque les premiers obus ont commencé à tomber vers 7 h 20, je me

  7   trouvais dans ma maison, dans la cave de ma maison. Lorsque les obus ont

  8   cessé de tomber, je suis sorti de la maison. Ma voisine m'a appelé, pour me

  9   dire : Adam, viens, Deda [phon] est décédé. C'était son époux, Milan Latas,

 10   dont j'ai déjà parlé, il était Serbe. Entre-temps, mon père est arrivé

 11   également, et on a parlé de cet événement et de ce qui allait se passer.

 12   Mon père a été, malheureusement, tué là-bas. Il avait 75 à l'époque, et je

 13   lui ai dit de rentrer chez lui, peut-être qu'il s'agissait d'une simple

 14   provocation, comme c'était déjà le cas. Après quoi, je suis retourné dans

 15   ma cave, et cette femme a dit : Partons dans la maison de vos beaux-

 16   parents.

 17   Q.  Excusez-moi, je n'ai pas l'intention de vous interrompre, mais

 18   j'aimerais qu'on en finisse avec ces questions supplémentaires assez vite.

 19   J'aimerais savoir si de l'endroit où vous vous trouviez, ce matin-là, vous

 20   étiez en mesure d'observer les événements dans votre quartier ?

 21   R.  J'ai pu voir de la porte de la cave de la maison de mon beau-père, ce

 22   qui se passait, parce que je voulais fuir moi aussi. Et ma belle-mère m'a

 23   demandé ce qui se passait, et j'ai répondu : Il y a des tirs de partout,

 24   par les balles dum-dum. Donc j'allais dehors pour voir ce qui se passait,

 25   j'ai vu qu'il y avait des gens qui portaient de divers uniformes

 26   militaires, camouflage, il y avait également des gens qui portaient des

 27   salopettes.

 28   Q.  Et pendant que vous étiez à l'intérieur ou à l'extérieur, est-ce que


Page 2107

  1   vous avez vu des citoyens croates de Lovas qui auraient présenté une

  2   résistance armée ?

  3   R.  J'ai déjà dit au conseil de la Défense qu'il n'y avait pas de

  4   résistance du tout. Et d'ailleurs on ne pouvait pas présenter de résistance

  5   puisque après le pilonnage, c'était la panique qui régnait. Et ces unités

  6   qui ont été -- nos unités qui ont été formées auparavant, avaient déjà

  7   quitté pour partir à Ilok, et c'est pour cela qu'on a formé cet organe de

  8   coordination qui a remplacé la cellule de Crise pour calmer la population.

  9   Q.  Dans la matinée du 10 octobre, dites-nous où se trouvaient les citoyens

 10   croates qui se trouvaient toujours à Lovas, ce matin-là ? Où se trouvaient-

 11   ils pendant l'attaque ?

 12   R.  La plupart des habitants à 7 h 20 se trouvaient dans leur maison. Les

 13   enfants, et c'est ce que j'ai déjà dit étaient toujours dans leur lit,

 14   parce que, ce jour-là, il n'y avait pas d'activité, beaucoup d'activités;

 15   c'est pour cela que les habitants du village restaient la plupart du temps

 16   chez eux.

 17   Q.  Et quand l'attaque a été lancée; est-ce que les gens sont restés dans

 18   leur maison ?

 19   R.  Non, tout le monde a fui, tout le monde essayait de se sauver en se

 20   dirigeant dans de différentes parties du village.

 21   Q.  Et vous avez déposé que vous étiez dans votre cave; est-ce que d'autres

 22   citoyens se trouvaient dans les caves de leur maison ?

 23   R.  Les citoyens qui avaient une cave, oui. Ma voisine qui avait deux

 24   enfants en bas âge n'avait pas la cave dans sa maison, et c'est pour cela

 25   qu'elle est venue dans ma maison pour se cacher dans ma cave. Donc dès

 26   qu'elle est entrée dans la maison, un obus est tombé devant ma maison. Donc

 27   si elle n'avait pas été déjà dans la maison, elle-même ainsi que ses deux

 28   petits enfants auraient été tués par cet obus qui a explosé devant ma

 


Page 2108

  1   maison -- devant sa maison.

  2   M. OLMSTED : [interprétation] Je n'ai plus de questions, Monsieur le

  3   Président.

  4   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] --

  5   [La Chambre de première instance se concerte]

  6   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Rendulic, votre déposition

  7   est terminée. Merci d'être venu à La Haye pour aider ce Tribunal.

  8   Maintenant, vous pouvez vous retirer. Mme l'Huissière va vous faire sortir

  9   du prétoire, je vous souhaite bon retour chez vous.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, eh bien, Monsieur le Président, si vous

 11   me permettez, j'aimerais dire quelque chose ? Mais cela ne fera pas partie

 12   de ma déposition, bien sûr.

 13   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Allez-y.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, je vous remercie de

 15   votre tâche de responsable. Merci de ce que vous allez faire pour la paix

 16   et la justice dans le monde.

 17   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne vous en veux pas de questions que vous

 19   m'avez posées, parce que je sais que cela fait partie de votre travail.

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Témoin. Mme va

 21   vous faire sortir du prétoire maintenant. Merci.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci encore une fois, Monsieur le Président,

 23   et au revoir.

 24   [Le témoin se retire]

 25   M. OLMSTED : [interprétation] Maintenant mon collègue, M. Gillett, va poser

 26   des questions au témoin suivant.

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Est-ce qu'on peut faire entrer le

 28   témoin suivant dans le prétoire ?

 


Page 2109

  1   [La Chambre de première instance se concerte]

  2   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  3   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

  4   M'entendez-vous dans une langue que vous comprenez ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Bon après-midi. Oui.

  6   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

  7   Pourriez-vous décliner votre nom, votre date de naissance et votre

  8   appartenance ethnique ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Tomislav Rukavina. Né le 6 février 1964, et je

 10   suis d'appartenance ethnique croate.

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci. Vous allez prononcer la

 12   déclaration solennelle par laquelle les témoins s'engagent à dire la

 13   vérité. Ce qui signifie que vous vous engagez et que vous vous exposez aux

 14   sanctions de parjure au cas où vous présenteriez des informations erronées

 15   ou fausses au Tribunal.

 16   Puis-je vous demander de lire la déclaration solennelle maintenant.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 18   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 19   LE TÉMOIN : TOMISLAV RUKAVINA [Assermenté]

 20   [Le témoin répond par l'interprète]

 21   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci. Asseyez-vous, je vous prie.

 22   Monsieur Gillett, le témoin est à vous.

 23   M. GILLETT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 24   Interrogatoire principal par M. Gillett : 

 25   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Rukavina.

 26   R.  Bon après-midi.

 27   Q.  Monsieur, avez-vous déposé une déclaration devant le Procureur de ce

 28   Tribunal en 1996 ?

 


Page 2110

  1   R.  Oui.

  2   M. GILLETT : [interprétation] Je demanderais que le document 2234 65 ter .1

  3   [comme interprété], qui est une déclaration de témoin du Tribunal, soit

  4   affiché.

  5   Nous avons ajouté une numérotation aux paragraphes, c'est donc la version

  6   que l'on voit, puisque la version précédente n'avait pas ces références.

  7   S'il convient à mon collègue, j'aimerais remettre au témoin une copie

  8   imprimée de sa déclaration, car je vais la consulter à plusieurs reprises.

  9   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Nous en convenons.

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 11   M. GILLETT : [interprétation] Merci.

 12   Q.  Monsieur, reconnaissez-vous le document qui vous a été présenté comme

 13   étant votre déclaration de 1996 et qu'elle porte votre signature ?

 14   R.  Oui. Et je reconnais également ma signature.

 15   Q.  Et lorsque cette déclaration a été déposée en 1996, vous a-t-elle été

 16   lue dans votre langue ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Et lorsque vous êtes venu ici à La Haye, cette semaine-ci pour votre

 19   déposition, avez-vous eu la possibilité de lire le document et d'y apporter

 20   des corrections ?

 21   R.  Oui, effectivement.

 22   Q.  Si j'ai bien compris, vous avez quelques rectifications à apporter.

 23   Tout d'abord, d'après ce que je sais, vous voudriez rectifier l'orthographe

 24   de la personne qui est nommée Bora Tomicic à plusieurs occasions dans cette

 25   déclaration. Quelle en devrait être l'orthographe ?

 26   R.  Boro Tomic.

 27   Q.  Ensuite, d'après ce que je sais, vous voulez rectifier la référence au

 28   paragraphe 11, et c'est aux pages 2 et 3 de la version B/C/S, 3 de la


Page 2111

  1   version en anglais. Et il s'agit là d'une référence de :

  2   "Toutes les femmes et enfants évacués de Bapska pendant la période du 2 au

  3   16 août 1991."

  4   Si j'ai bien compris, toutes les femmes auxquelles on a demandé si elles

  5   souhaitaient partir sont parties, mais certaines d'entre elles ne

  6   souhaitaient pas partir et sont restées à Bapska, est-ce exact ?

  7   R.  Oui, c'est exact.

  8   Q.  Ensuite, si je ne m'abuse, la date qui est indiquée dans votre

  9   déclaration quant à la date de Boro Tomic qu'il a apporté l'ultimatum de

 10   Barjaktarevic et la date à laquelle vous êtes allé aux négociations, qui

 11   est indiquée comme étant le 27 septembre 1991, doit être éclaircie; et par

 12   la suite dans votre déclaration vous dites que l'ultimatum a été lu le 27,

 13   le 28 ou le 29 septembre.

 14   Ma question est donc : Quelle a été la date à laquelle vous avez reçu

 15   l'ultimatum et vous avez tenu des négociations avec la JNA à cet effet ?

 16   R.  Cette déclaration date de cinq ans après les événements, donc je

 17   n'étais plus sûr de la date. C'est pour cela que j'ai donné une réponse en

 18   disant que c'était le 27, 28 ou 29.

 19   La date exacte, en fin de compte, était le 28.

 20   Q.  Et enfin, si je ne m'abuse, vous aimeriez élucider un point sur les

 21   négociations que vous avez tenues avec le major Barjaktarevic, et il s'agit

 22   donc du paragraphe 17 en page 3 de la version B/C/S; page 4 en anglais.

 23   On y lit que lorsque vous êtes rendu aux négociations à la frontière, vous

 24   lui avez dit que les habitants de Bapska n'avaient pas d'armes à remettre.

 25   Est-il exact que vous aviez des fusils de chasse, que les habitants de

 26   Bapska avaient des fusils de chasse ?

 27   R.  Oui, c'est exact. Mais l'on avait des permis pour ces armes, ce qui

 28   signifie que ces armes n'étaient pas illicites, mais bien licites. Et c'est


Page 2112

  1   pourquoi nous considérions qu'il n'était pas nécessaire de remettre ces

  2   armes qui avaient été achetées sur nos propres fonds et qui étaient

  3   utilisées uniquement pour une activité de sport, c'est-à-dire la chasse.

  4   Q.  Et avez-vous déclaré au major Barjaktarevic que vous aviez ces armes de

  5   chasse ?

  6   R.  Oui, c'est ce que nous lui avons dit.

  7   Q.  En dehors de ces précisions, y a-t-il quoi que ce soit d'autre que vous

  8   souhaiteriez changer dans cette déclaration ?

  9   R.  Je crois que ce serait tout.

 10   Q.  Et confirmez-vous l'exactitude et la véracité des informations qui se

 11   trouvent dans cette déclaration ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Et si l'on vous posait les mêmes questions sur les mêmes sujets

 14   aujourd'hui, donneriez-vous les mêmes réponses ?

 15   R.  Oui.

 16   M. GILLETT : [interprétation] Monsieur le Président, nous aimerions verser

 17   cette déclaration de la liste 65 ter cote 02234, et 02234.1, où les

 18   paragraphes sont numérotés. Et ceci sera un versement public.

 19   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je crois que la version numérotée

 20   suffira, Monsieur Gillett.

 21   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation]  Tout à fait. Nous sommes tout à fait

 22   satisfaits de ce versement.

 23   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] S'il n'y a pas d'objection de la

 24   Défense.

 25   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien. Versé et reçoit une cote.

 27   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il reçoit la cote P324. Ce sera la

 28   version uniquement numérotée.


Page 2113

  1   M. GILLETT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  2   Q.  Monsieur Rukavina, quelle était la composition ethnique de Bapska avant

  3   le conflit en 1991 ?

  4   R.  Bapska était quasiment exclusivement croate. Il y avait un tout petit

  5   pourcentage de Serbes; peut-être 1 ou 2 %.

  6   Q.  Si l'on consulte les paragraphes 8 et 9 de votre déclaration, c'est-à-

  7   dire pages 2 et 3 en B/C/S, à la page 3 en anglais, vous parlez de raids

  8   exécutés par des Chetniks sur des villages. Quels villages ont fait l'objet

  9   de ces raids de Chetniks ?

 10   R.  Les raids étaient contre les villages qui sont tombés avant Bapska.

 11   Tovarnik, Ilok, Slakovci, Tompojevci, et d'autres villages qui se

 12   trouvaient, y compris Sotin, bien sûr. De ceux qui vivaient à proximité

 13   d'Ilok nous avons appris les faits de ces événements.

 14   Q.  Quelle était la proximité de ces villages par rapport à Bapska ?

 15   R.  Aucun d'entre eux n'était à plus de 20 à 25 kilomètres. Ils étaient

 16   tous les uns à côté des autres.

 17   Q.  Lorsque les Chetniks ont attaqué ces villages, comment ont-ils traité

 18   les habitants ?

 19   R.  Ils les ont traités de façon cruelle. Ils ont été torturés, ils ont été

 20   tués, violés et autres. C'est ce que nous avons entendu de la part des

 21   habitants eux-mêmes. Nous avons entendu leurs déclarations.

 22   Q.  Et ces raids que vous citez dans les différentes villes, quand se sont-

 23   ils déroulés, environ ?

 24   R.  Le 8 et le 9 -- ou, plutôt, en août, septembre, et octobre. Et Ilok et

 25   ces environs ont en fin de compte fait l'objet d'un raid.

 26   Q.  Et certains des villages dont vous parlez qui sont -- qu'il y a eu une

 27   chute avant Bapska, est-ce que ces descentes ont été réalisées avant que

 28   vous ne receviez l'ultimatum à Bapska ?


Page 2114

  1   R.  Oui, avant de recevoir l'ultimatum.

  2   Q.  En parlant de cet ultimatum qui est décrit dans votre déclaration, vous

  3   affirmez, au paragraphe 13, Boro Tomic est arrivé porteur de cet ultimatum.

  4   Avez-vous vu l'ultimatum écrit ?

  5   R.  Oui. Je l'ai reçu en personne.

  6   Q.  Etait-ce écrit à la main ou dactylographié ?

  7   R.  Ecrit à la main. Et il y avait une signature.

  8   Q.  Et de qui était ce paraphe ?

  9   R.  Major Slobodan Barjaktarevic. Commandant Slobodan Barjaktarevic.

 10   L'INTERPRÈTE : L'interprète de la cabine anglaise : Micro, je vous prie.

 11   M. GILLETT : [interprétation] Désolé. Peut-on afficher le document 418.1 de

 12   la liste 65 ter à l'écran.

 13   Q.  Reconnaissez-vous ce document, le document qui se trouve à l'écran ?

 14   R.  Je le reconnais.

 15   Q.  De quoi s'agit-il ?

 16   R.  Oui, c'est ça.

 17   Q.  Est-ce que je peux comprendre qu'il s'agit de l'ultimatum ?

 18   R.  Oui, c'est bien l'ultimatum.

 19   M. GILLETT : [interprétation] Monsieur le Président, une version de cet

 20   ultimatum a été versé au dossier hier mais il était difficile de lire le

 21   document car il avait été envoyé par télécopieur. Donc nous avons situé

 22   cette version qui porte la même écriture, et ceci pourrait être lié en e-

 23   court à la version déjà versée. Et ainsi nous n'aurions pas à verser une

 24   deuxième fois ce document mais que nous aurions donc une version claire de

 25   la lecture du témoin, si cela vous convient, Monsieur le Président, s'il

 26   n'y a pas d'objection de la part de la Défense.

 27   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 28   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Pouvez-vous nous redire la cote de la


Page 2115

  1   pièce ? Nous ferons comme vous le recommandez.

  2   M. GILLETT : [interprétation] Le document à l'écran à l'heure actuelle

  3   porte la cote 418.l de la liste 65 ter. La cote de l'autre version qui a

  4   déjà été versée est P316.

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce document est maintenant relié.

  7   M. GILLETT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  8   Q.  Monsieur Rukavina, si vous voulez bien consulter le deuxième paragraphe

  9   du document qui est sur votre écran, juste avant que le deuxième paragraphe

 10   avant que les paragraphes numérotés ne commencent.

 11   R.  [aucune interprétation]

 12   M. GILLETT : [interprétation] Si vous voulez bien faire un zoom arrière.

 13   Oui.

 14   Q.  On y voit donc les habitants du village de Bapska étaient pacifiques

 15   jusque-là. Est-ce bien exact que les habitants de Bapska l'étaient avant de

 16   recevoir cet ultimatum ?

 17   R.  Ils étaient très pacifiques. Ils ne provoquaient qui que ce soit, et

 18   aucune instigation n'était de leur part pour faire quoi que ce soit.

 19   Q.  Et qu'a menacé de faire la JNA si vous ne vous confirmiez pas à cet

 20   ultimatum ?

 21   R.  Selon eux, ils nous élimineraient de la planète. Et que nous

 22   n'existerions plus sur la carte de la planète.

 23   Q.  Et y aurait-il une différence si vous aviez effectivement -- si vous

 24   vous étiez plié à l'ultimatum et aviez remis les armes que vous possédiez ?

 25   R.  Je ne crois pas. Je ne crois pas que les choses aient été différentes.

 26   Cela aurait pu être pire.

 27   Q.  Pourquoi les choses auraient-elles été pires ?

 28   R.  Car ils auraient, donc libres, rênes pour commettre le même type de


Page 2116

  1   crime qu'ils avaient commis dans les autres villages.

  2   Q.  Dans votre déclaration, vous expliquez comment après avoir reçu cet

  3   ultimatum, vous avez tenu des négociations avec le commandant Slobodan

  4   Barjaktarevic, et que pendant ces négociations, vous lui avez demandé si la

  5   JNA pouvait protéger le village de Bapska. Comment a t-il répondu à votre

  6   proposition ?

  7   R.  C'est exact, c'est ce que je lui ai demandé, et il a répondu, il m'a

  8   répondu qu'il n'avait pas de possibilité en la matière, qu'il avait les

  9   mains liées.

 10   Q.  Est-ce que la JNA aurait pu protéger Bapska contre les paramilitaires,

 11   s'il l'avait souhaité ?

 12   R.  Je le crois. C'était réellement à eux d'en décider s'ils souhaitaient

 13   le faire ou pas.

 14   Q.  Et pourquoi a-t-il refusé ?

 15   R.  Très probablement parce qu'il n'y avait pas de bonnes relations, il n'y

 16   avait pas de lien entre les -- permettez-moi d'expliquer entre les

 17   paramilitaires et la soi-disant JNA.

 18   Q.  Mais ce manque de lien, en quoi est-ce qu'il aurait empêché la JNA

 19   d'arrêter, de prévenir les paramilitaires, les empêcher d'attaquer Bapska ?

 20   R.  Je ne sais pas, je n'étais pas parmi eux.

 21   Q.  La JNA avait quel type d'armement ?

 22   R.  Parmi les armes d'infanterie, ou plutôt elle avait les armes

 23   d'infanterie, elle avait des canons, des chars. Elle avait même des avions,

 24   elle avait tout.

 25   Q.  Et les paramilitaires, ils avaient quelles armes ?

 26   R.  Surtout des armes légères, donc des fusils automatiques, des Zolja qui

 27   étaient portatifs.

 28   Q.  J'essaie de comprendre pour quelle raison la JNA armée, comme elle


Page 2117

  1   l'était, n'a pas empêché les paramilitaires d'attaquer Bapska -- pourquoi

  2   elle ne pouvait pas le faire.

  3   R.  Je suppose parce que leur objectif était de nous faire partir de là.

  4   Ils voulaient s'ouvrir là un territoire, où ils allaient pouvoir

  5   s'installer et attaquer depuis ces endroits-là en direction de Vukovar et

  6   autres.

  7   Q.  Vous avez décrit l'attaque qui s'est produite sur Bapska. Vous la

  8   racontez dans votre déclaration, aux paragraphes 23 et 24 de votre

  9   déclaration, vous parlez de l'évacuation des femmes et des enfants de la

 10   forêt, après que la JNA ait commencé à pilonner le 4 octobre 1991. Il y

 11   avait combien de femmes et d'enfants qui ont été évacués ?

 12   R.  Je ne pourrais pas vous dire exactement mais c'était un groupe très

 13   important.

 14   Q.  Des dizaines ou des centaines de personnes ?

 15   R.  Plusieurs centaines.

 16   Q.  Parmi les gens de ce groupe, y en avait-il qui étaient armés ?

 17   R.  Non, c'était que des personnes âgées, des femmes et enfants, personne

 18   n'était armé.

 19   Q.  Et vous avez dit que la JNA a pilonné le convoi de femmes et d'enfants.

 20   Comment le savez-vous ?

 21   R.  Parce que ma femme était dans ce convoi. Elle m'a tout raconté quand on

 22   s'est revu par la suite.

 23   L'INTERPRÈTE : Correction de l'interprète : Remplacer évacuer vers la forêt

 24   par évacuer vers la côte.

 25   M. GILLETT : [interprétation]

 26   Q.  Prenons maintenant le paragraphe 25 de votre déclaration. Page 4 en

 27   B/C/S, page 5 en anglais.

 28   Vous décrivez les chars qui arrivent à Bapska, et vous dites qu'ils


Page 2118

  1   ont détruit un certain nombre de bâtiments. Cela s'est produit quel jour ?

  2   R.  L'attaque s'est produite le 4. Il y a eu d'abord le pilonnage,

  3   puis l'entrée s'est faite le 5 octobre.

  4   Q.  Vous dites qu'ils ont ciblé la tour de l'église. Cette église était

  5   catholique ou orthodoxe ?

  6   R.  C'était une église catholique.

  7   M. GILLETT : [interprétation] 65 ter 06227, s'il vous plaît, est-ce qu'on

  8   peut l'afficher.

  9   L'INTERPRÈTE : L'interprète demande de remplacer tour par clocher.

 10   M. GILLETT : [interprétation]

 11   Q.  Reconnaissez-vous cet endroit ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Que voit-on ici ?

 14   R.  C'est l'église de Bapska. Mais elle n'était pas comme ça, ce jour-là.

 15   Q.  De quelle manière l'église a-t-elle été endommagée quand on l'a

 16   attaquée ?

 17   R.  Ils ont tiré en prenant pour cible le clocher, et les cloches ont volé

 18   dans tous les éclats, et puis il y a eu également un obus qui a touché

 19   l'église elle-même, la bâtisse.

 20   Q.  Est-ce que depuis on a restauré l'église ?

 21   R.  Mais l'image nous permet de voir qu'on l'a restaurée.

 22   M. GILLETT : [interprétation] Monsieur le Président, nous demandons le

 23   versement de ce document 06227.

 24   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Le document est versé au dossier.

 25   M. LE GREFFIER : [interprétation] La cote attribuée est la cote P325.

 26   M. GILLETT : [interprétation] Pouvons-nous, s'il vous plaît, afficher le

 27   document 06228.

 28   Q.  Reconnaissez-vous cette prise de vue aérienne ?


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  1   R.  Oui, c'est le village de Bapska.

  2   Q.  Dans votre déclaration, vous décrivez le fait que les chars de la JNA

  3   ont pris pour cible la banque. Pourriez-vous nous indiquer l'emplacement de

  4   la banque de Bapska ?

  5   M. GILLETT : [interprétation] Peut-on aider le témoin.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je pourrais vous montrer cela.

  7   M. GILLETT : [interprétation]

  8   Q.  Est-ce que vous pouvez inscrire un A à cet endroit.

  9   R.  [Le témoin s'exécute]

 10   Q.  Est-ce que nous pouvons effacer, et est-ce que nous pouvons demander au

 11   témoin de tracer un A ? Excusez-moi, j'aurais dû préciser précédemment.

 12   R.  O.K.

 13   Q.  Est-ce que vous pouvez inscrire un A à l'emplacement de la banque ?

 14   R.  [Le témoin s'exécute]

 15   Q.  Et à l'emplacement de l'église, est-ce que vous pouvez écrire un B --

 16   ou plutôt, B [comme interprété] ?

 17   R.  [Le témoin s'exécute]

 18   Q.  Vous mentionnez d'autres maisons, d'autres X dans votre déclaration;

 19   est-ce que vous pouvez tracer des X à ces endroits-là, là où il y avait des

 20   maisons ou des maisons qui ont été détruites ?

 21   R.  [Le témoin s'exécute]

 22   Q.  Vous avez vu vous-même que ces maisons ont été, soit, touchées, soit,

 23   détruites, là où vous avez tracé des croix ?

 24   R.  Oui, j'ai vu cela. J'en ai même vu en flammes.

 25   M. GILLETT : [interprétation] Monsieur le Président, nous en demandons le

 26   versement.

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Le document est versé au dossier, il

 28   reçoit une cote.


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  1   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le document P326.

  2   M. GILLETT : [interprétation] Merci.

  3   Q.  Les forces serbes étaient-elles menacées d'un point de vue militaire

  4   depuis l'emplacement de cette église ?

  5   R.  Non, il n'y avait rien à cet endroit-là.

  6   Q.  Et depuis l'endroit où se trouvait la banque ?

  7   R.  Il n'y avait que le coffre-fort. Mais je ne sais même pas s'il y avait

  8   quoi que ce soit à l'intérieur.

  9   Q.  Le coffre-fort constituait-il une menace, de quelle manière ?

 10   R.  Non, je me suis dit qu'il y avait peut-être de l'argent dans le coffre-

 11   fort, c'est tout, rien d'autre.

 12   Q.  Quelle importance est-ce que cela aurait s'il y avait de l'argent

 13   dedans ?

 14   R.  Ce n'est pas très important. Mais je me suis dit que ça pouvait être

 15   une raison c'est quelque chose qui les aurait incité à ouvrir le feu.

 16   Q.  Et en fin au sujet de cette image, la colonne de personnes qui avançait

 17   vers la forêt de Kordos est-ce que cette colonne a constitué une menace ?

 18   R.  Mais je ne sais pas comment ils auraient pu constituer une menace.

 19   C'était que des femmes, des enfants et des personnes âgées.

 20   Q.  Au paragraphe 29 de votre déclaration, vous dites qu'un groupe

 21   d'habitants de Bapska est parti pour Sid, et cela se situe à peu près en

 22   même temps que l'attaque sur Bapska.

 23   Pourquoi ces gens-là seraient-ils partis pour Sid ?

 24   R.  Un Croate est venu à Bapska et il a dit que c'est en passant par Sid,

 25   et par la Bosnie, qu'il était possible de passer en Croatie. Donc les gens

 26   lui ont fait confiance et c'est comme cela qu'ils sont partis, mais ils ne

 27   sont pas allés loin ils se sont retrouvés dans la salle de sport de

 28   partisans.


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  1   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui. Maître Zivanovic.

  2   M. ZIVANOVIC : [interprétation] L'Accusation pose des questions qui ne se

  3   basent pas sur sa déclaration ni sur le résumé de sa déclaration. C'est

  4   uniquement hier soir à 20 heures 45 que nous avons été informés de cela.

  5   Et c'est la raison pour laquelle j'élève une objection.

  6   M. GILLETT : [interprétation] Il est vrai, Monsieur le Président, que dans

  7   les notes de récolement, il est dit que j'allais parler de cela. Mais ce

  8   sont des informations qui figurent au paragraphe 29 de sa déclaration, où

  9   il parle d'un groupe de personnes qui sont parties pour Sid et ont été

 10   détenues dans le centre sportif ou le gymnase de partisans, et nous voulons

 11   l'interroger là-dessus. Nous avons fourni l'information à l'issue de notre

 12   séance de récolement.

 13   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous en prie, continuez.

 14   M. GILLETT : [interprétation] Merci.

 15   Q.  Que s'est-il passé ? Qu'est-il advenu de ces gens qui ont été détenus

 16   dans cette salle de sport de partisans à Sid, comme vous le dites dans

 17   votre déclaration ?

 18   R.  En passant par des amis certains ont réussi à atteindre la Croatie en

 19   passant pour la Bosnie, d'autres ont servi de boucliers humains et ils ont

 20   été ramenés à Bapska. Ce sont des unités paramilitaires qui avançaient

 21   derrière eux.

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic.

 23   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Cette partie où il est question du bouclier

 24   humain ne figure nulle part ni dans la déclaration ni dans le résumé de la

 25   déposition du témoin. La seule information que nous en avons c'est dans la

 26   note issue de la séance de récolement que nous avons reçue hier soir à 20

 27   heures 45. Comment est-ce que nous aurions pu avoir le temps d'enquêter là-

 28   dessus ?


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  1   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, est-ce que vous

  2   pouvez, s'il vous plaît, tenir compte de la note des interprètes au compte

  3   rendu d'audience ?

  4   A savoir les interprètes ont demandé à Me Zivanovic de produire moins

  5   de bruit parasite pendant qu'il s'exprimait.

  6   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Excusez-moi, je ne m'étais pas rendu compte

  7   que c'était aussi fort.

  8   M. GILLETT : [aucune interprétation]

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, Monsieur Gillett.

 10   M. GILLETT : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 11   C'est une question de suivi simplement par rapport à la teneur du

 12   paragraphe 29. Et la Défense, je pense, contre-interrogera jeudi, donc cela

 13   leur permettra d'avoir un temps supplémentaire leur permettant de se

 14   préparer. J'ai posé des questions que j'avais à poser. J'en ai terminé et

 15   je ne vais pas explorer plus en détail cette question.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous en prie, continuez.

 17   M. GILLETT : [interprétation]

 18   Q.  Et le paragraphe 31 de votre déclaration, page 5 dans les deux

 19   versions, anglaise et B/C/S, vous dites que les paramilitaires ont tué

 20   quatre personnes à Bapska le 15 octobre. Ces victimes étaient-ce des

 21   militaires ou des civils ?

 22   R.  C'étaient tous des civils.

 23   Q.  Et vous dites également que les paramilitaires ont incendié cinq

 24   maisons. Comment est-ce que vous le savez ?

 25   R.  Parce qu'il y avait encore des habitants de Bapska sur place dans le

 26   village, et comme nous nous sommes retrouvés à Ilok plus tard, c'est ce que

 27   j'ai appris.

 28   Q.  Un peu plus loin, au paragraphe 35 de votre déclaration, vous dites


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  1   qu'après que vous ayez fui Bapska, dix habitants de Bapska ont été tués.

  2   Ces dix personnes ont été tuées à part des quatre que vous mentionnez au

  3   paragraphe 31 de votre déclaration ?

  4   R.  Oui, c'est ça. C'est un groupe distinct.

  5   Q.  Était-ce des civils ou des militaires ?

  6   R.  Là encore, ils étaient tous des civils.

  7   Q.  Dans ce même paragraphe, vous dites que 80 maisons ont été détruites.

  8   Les propriétaires de ces maisons étaient de quelle appartenance ethnique ?

  9   R.  Ils étaient tous des Croates.

 10   Q.  Mis à part les précisions que vous fournissez au paragraphe 35 sur les

 11   meurtres et la destruction des biens, à partir du moment où vous étiez

 12   parti de Bapska, est-ce qu'il y a eu de mauvais traitement infligé aux

 13   habitants quels qu'ils soient ?

 14   R.  Il y en a eu. Ils ont été soumis à de mauvais traitements. On les

 15   emmenait à bord des remorques de tracteur pour les renverser. Après ils

 16   étaient limités dans leur mouvement. Tous les jours, ils devaient se

 17   présenter. Bien d'autres choses.

 18   Q.  Est-ce qu'ils étaient contraints aux travaux forcés ?

 19   R.  En partie il y avait des jeunes qui ont été réunis pour aller creuser

 20   des tranchées pour les besoins de l'armée.

 21   Q.  Et ces tranchées, où se trouvaient-elles ?

 22   R.  On les a emmenés vers Lipovac, et c'est là qu'ils ont dû creuser.

 23   Q.  Etaient-ils en sécurité lorsqu'ils faisaient cela ?

 24   R.  Absolument pas. Ils n'étaient pas en sécurité. Devant eux, ils avaient

 25   les Croates, derrière eux, ils avaient des Serbes. Ils étaient pris en

 26   tenailles entre les deux, ça ne pouvait absolument pas être une situation

 27   de sécurité.

 28   Q.  Vous dites devant soi on avait des Croates, derrière, on avait des


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  1   Serbes. Mais en quoi est-ce que cela rendait la situation dépourvue de

  2   sécurité pour ceux qui creusaient les tranchées ?

  3   R.  Mais si ce ne sont pas les uns qui les tuaient, ça pouvait être les

  4   autres.

  5   M. GILLETT : [interprétation] Je vois que l'heure prévue de la fin de

  6   l'audience approche, donc, est-ce que je continue très rapidement pendant

  7   les 30 secondes qui restent avec deux documents qui me restent ou on

  8   s'arrête là ?

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] C'est exactement l'heure prévue. Je

 10   vous remercie.

 11   Monsieur le Témoin, notre audience d'aujourd'hui est terminée. Vous devez

 12   continuer votre déposition demain matin, à 9 h.

 13   [La Chambre de première instance se concerte]

 14   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Ou plutôt, excusez-moi, jeudi, jeudi

 15   après-midi. Jeudi après-midi.

 16   Donc je vous rappelle que vous êtes toujours tenu par la déclaration

 17   solennelle que vous aviez prononcée. Autrement dit, vous ne pouvez parler

 18   de votre déposition avec personne, et vous ne pouvez avoir aucun contact

 19   avec les parties au procès.

 20   Vous comprenez ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous ai compris.

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie. Mme l'Huissière va

 23   vous raccompagner. Merci.

 24   [Le témoin quitte la barre]

 25   [La Chambre de première instance se concerte]

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'audience est levée.

 27   L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète : Reconduit, s'il vous plaît. Remplacer

 28   côte par forêt de [inaudible].    

 


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  1   --- L'audience est levée à 13 heures 46 et reprendra le jeudi 6 décembre

  2   2012, à 14 heures 15.

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