Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 25 août 2014

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   [Le témoin vient à la barre]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 09.

  6   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour à tout le monde dans le

  7   prétoire et autour de celui-ci.

  8   Madame la Greffière, veuillez citer le numéro de l'affaire, je vous prie.

  9   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges.

 10   Il s'agit de l'affaire IT-04-75-T, le Procureur contre Goran Hadzic.

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 12   Est-ce qu'on peut avoir les présentations, à commencer par l'Accusation.

 13   M. STRINGER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs

 14   les Juges. Pour l'Accusation, Douglas Stringer, Sarah Clanton, et notre

 15   commis à l'affaire, Thomas Laugel, ainsi que la stagiaire, Marina Marcikic.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 17   Maître Zivanovic, pour la Défense.

 18   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Pour la

 19   Défense de Goran Hadzic, Zoran Zivanovic, et Christopher Gosnell. Notre

 20   stagiaire, Sunna Aevarsdottir.

 21   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 22   Monsieur Stringer, veuillez continuer, je vous prie.

 23   M. STRINGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 24   LE TÉMOIN : GORAN HADZIC [Reprise]

 25   [Le témoin répond par l'interprète]

 26   Contre-interrogatoire par M. Stringer : [Suite]

 27   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Hadzic.

 28   R.  Bonjour.

 


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  1   M. STRINGER : [interprétation] Est-ce qu'on peut nous montrer

  2   l'intercalaire 251, qui est la pièce à conviction P00196.140.

  3   Q.  En attendant son affichage, Monsieur Hadzic, je crois que nous allons

  4   parler un peu plus d'un sujet lié aux hébergements et comment la question

  5   de l'installation des personnes avait été abordée et traitée par la SBSO en

  6   fin 1991 et début 1992.

  7   Monsieur Hadzic, ceci vient de Dalj. La date est celle du 2 octobre 1991.

  8   Ceci parle de la session qui s'est tenue ce jour-là à Erdut au sujet du

  9   transfert temporaire des biens appartenant à la République de Croatie, et

 10   notamment la propriété en possession sociale qui se trouvait dans le

 11   district serbe. Vous souvenez-vous de ce document ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Et on voit que votre nom y figure. Alors, est-ce que vous avez signé

 14   cette décision en votre qualité de premier ministre de la SBSO ou pas ?

 15   R.  Je ne m'en souviens pas à titre concret. Je ne me souviens pas de

 16   l'avoir signée, je reconnais ces papiers. On me les a donnés quand je suis

 17   venu ici. C'était conforme à mes souvenirs de façon générale. On visait à

 18   protéger la propriété privée d'une façon ou d'une autre. Mais je ne me

 19   souviens pas à titre concret d'avoir signé ceci.

 20   Q.  Ce que vous venez de dire, je trouve ça c'est intéressant. Vous dites

 21   protéger la propriété privée parce que la décision fait référence aux biens

 22   en propriété sociale dans la République de Croatie. Alors ma question est

 23   celle-ci : est-ce que cette décision se trouve être liée à l'entreprise

 24   agricole de Dalj, la DP Dalj qui était une coopérative, d'après ce que nous

 25   avons déjà eu l'occasion d'entendre dans cette affaire ?

 26   R.  Je ne me suis peut-être pas bien exprimé. J'ai parlé de propriété

 27   privée, mais j'entendais protéger la propriété qui était le bien de

 28   quelqu'un, que ce soit en propriété sociale ou en propriété privée, peu


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  1   importe. C'était le seul objectif poursuivi, que de faire en sorte que ces

  2   biens soient protégés, que ces propriétés soient protégées. Je n'ai pas à

  3   titre concret été mis au courant du fait qu'il s'agisse de DP Dalj ou d'une

  4   autre société appartenant à l'Etat. Mais j'ai apporté mon soutien à l'idée

  5   qui était celle de protéger la propriété de tout un chacun.

  6   Q.  Est-ce que vous seriez d'accord avec moi pour dire qu'une entreprise

  7   telle que DP Dalj tomberait sous la coupe de ce qui figure dans la décision

  8   ci-énoncée ?

  9   R.  Je n'ai pas besoin d'être d'accord ou pas avec vous. J'étais favorable

 10   d'une façon générale à la protection de la propriété, ça a été fait par le

 11   ministère concerné. Je crois que c'était le ministère de l'Agriculture qui

 12   s'en était occupé. Alors, je ne me suis pas aventuré à entrer dans le

 13   moindre détail.

 14   Q.  Certes. Mais je crois que je vous demanderais de nous dire si vous êtes

 15   d'accord avec moi ou pas. Alors, vous faites référence tout à l'heure au

 16   ministère de l'Agriculture. Nous savons que DP Dalj était une entreprise

 17   agricole. Etait-ce en propriété sociale ?

 18   R.  Oui. Le nom le dit. DP, en interprétation dans ma langue, ça veut dire

 19   entreprise sociale, en propriété sociale.

 20   Q.  Alors, une entreprise en propriété sociale telle que l'entreprise DP

 21   Dalj, tomberait-elle, oui ou non, sous la coupe du texte de la décision ici

 22   présente pour ce qui est de faire partie de ce qui était dans le district

 23   serbe; n'est-ce pas ?

 24   R.  Laissez-moi un petit instant pour que je puisse prendre connaissance de

 25   la teneur de cette décision.

 26   C'est écrit ici de façon claire. Ça ne se rapportait à rien de concret et

 27   de particulier. La visée était générale. On voulait protéger la totalité

 28   des biens et en faire une propriété de la région serbe.


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  1   Q.  Y compris la DP Dalj.

  2   R.  Si vous le dites. Moi, à l'époque, je n'avais pas pensé à cette

  3   entreprise concrète.

  4   Q.  Bon, je ne suis pas le témoin. Je vous demande si vous allez tomber

  5   d'accord avec moi ou pas partant du langage utilisé ici, partant du statut

  6   de cette entreprise sociale de Dalj, qui était en propriété sociale donc,

  7   et cela était donc une propriété sociale qui tombait sous l'autorité du

  8   district serbe.

  9   R.  Je vous l'ai déjà dit. Je ne savais pas que la DP Dalj avait été une

 10   entreprise particulièrement concernée. La décision se rapportait à tout un

 11   chacun.

 12   Q.  Vous ne saviez pas que DP Dalj était en propriété sociale en 1991 ?

 13   R.  Je n'ai pas dit que je ne le savais pas en 1991. Je ne le savais pas à

 14   l'époque où on a rédigé le texte de la décision. Le texte de la décision a

 15   été rédigé pour la totalité des entreprises. C'était en état -- en cours de

 16   création. Et ça n'a pas été mis en œuvre tout de suite.

 17   Q.  Est-ce que l'hébergement est inclus dans le texte de cette décision

 18   pour ce qui est des endroits où les gens habitaient ?

 19   R.  Enfin, je ne suis pas juriste, mais au vu de cette décision, je pense

 20   qu'il s'agit ici seulement de transferts provisoires de biens appartenant à

 21   la République de Croatie et autres biens en propriété sociale pour en faire

 22   une propriété du district serbe. Pour ce qui est des biens privés, je ne

 23   sais pas s'il y a eu des cas de figure de cette nature. Je ne me souviens

 24   pas qu'il y ait eu, par exemple, des appartements en propriété sociale sur

 25   le territoire, exception faite de Vukovar, mais Vukovar n'était pas encore

 26   tombée sous notre contrôle.

 27   Q.  Etait-ce le souhait du gouvernement de la SBSO que de prendre

 28   temporairement possession ou autorité à l'égard de tout ce qui tombait sous


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  1   le contrôle de l'hébergement aux fins de préserver ces hébergements ou ces

  2   habitations à l'époque ?

  3   R.  Je ne sais pas vous parler de la période concrète, toutes les décisions

  4   que nous avons prises étaient uniquement des décisions temporaires. Et

  5   d'après mes informations, l'objectif poursuivi était de préserver les

  6   biens, on était en temps de guerre, il y avait beaucoup de gens qui

  7   venaient d'ailleurs qui n'étaient pas habitants de la région. Il y a eu des

  8   vols, des pillages, et ça a été une tentative visant à empêcher les

  9   pillages. Du moins, c'est la façon dont on m'a présenté les choses. Je n'ai

 10   pas été tout à fait lettré en matière de droit pour ce qui concerne ce type

 11   de sujets.

 12   M. STRINGER : [interprétation] Pour ce qui est de l'intercalaire 250

 13   maintenant, et je précise qu'il s'agit de la pièce à conviction 195.140.

 14   Q.  Monsieur Hadzic, nous avons ici la date du 2 octobre. C'est semblable,

 15   mais quelque peu différent quand même, de ce qu'on vient de voir. Il s'agit

 16   d'une protection temporaire de biens. Et je vous renvoie vers la page 2 de

 17   la version en B/C/S -- non, c'est la page 3, excusez-moi. Il s'agit de

 18   biens abandonnés.

 19   Alors, il semble bien que c'est votre signature qu'on voit ici, n'est-ce

 20   pas ?

 21   R.  C'est exact.

 22   Q.  Et si l'on se réfère maintenant à l'article 1, il y est dit que :

 23   "Ce décret réglemente la protection et la préservation temporaires des

 24   biens aux termes de la décision prise par le gouvernement du district serbe

 25   à la date du 2 octobre … ces biens étant devenus la propriété du district

 26   serbe de la SBSO, et on parle de protection, préservation de biens

 27   abandonnés."

 28   Le voyez-vous ?


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  1   R.  Oui, je le vois. C'est bien ce qui est écrit.

  2   Q.  Et à l'article 2, on dit que le ministère de l'économie en temps de

  3   guerre a établi une liste de ce type de biens à l'article 1. Et ensuite, on

  4   enchaîne pour dire que dans les autres articles, que c'est la façon dont le

  5   processus devait se faire pour ce qui est de l'identification des biens et

  6   la gestion de ceci.

  7   Alors, est-ce que vous seriez d'accord avec moi, Monsieur Hadzic, pour dire

  8   qu'aux termes de ce décret du gouvernement de la SBSO, on affirme exercer

  9   une autorité à l'égard de tout ce qui est logement dans le district pour ce

 10   qui est notamment de logements abandonnés ou de maisons de personnes qui

 11   n'y résidaient plus ?

 12   R.  Je ne peux pas être d'accord avec ce type de formulation. Je peux

 13   parler d'une tentative du gouvernement pour ce qui était d'exercer une

 14   autorité à cet égard. Il y a eu bien d'autres conditions concurrentes parce

 15   que nous n'avions pas exercé de contrôle véritable à l'égard du territoire,

 16   nous n'avions pas de moyens de coercition, nous n'avions qu'une influence à

 17   l'égard de l'armée qui se trouvait là, à savoir la JNA. Nous avons donc, de

 18   cette façon, essayé de protéger ces biens, ces propriétés. C'est ce dont je

 19   ne me souviens parce qu'il y a eu des pillages d'effectués par certaines

 20   personnes. Nous ne savions pas qui et nous n'étions encore moins à même de

 21   les poursuivre en justice.

 22   Q.  Mais n'est-il pas là question d'une tentative, et je ne laisse pas

 23   entendre nécessairement qu'il y avait quoi que ce soit de mal intentionné à

 24   ce sujet pour ce qui est de réglementer ou d'essayer de réglementer la

 25   gestion de tous ces logements ou maisons abandonnés pour essayer de voir ce

 26   qui s'y trouvait ? Et on peut se pencher sur la teneur de l'article 10. Et

 27   avant que de le faire, une question de suivi : n'est-il pas là question

 28   d'une tentative du gouvernement pour ce qui était de réglementer et de


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  1   consigner la totalité de ce qui a été abandonné comme maisons dans le

  2   district ?

  3   R.  Je dois être sincère. Le gouvernement n'avait ni le souhait, ni la

  4   possibilité de contrôler tous ces processus. Tout ce que nous voulions

  5   faire à l'époque, tout ce que nous avons essayé de faire, c'était de

  6   préserver ces biens.

  7   Q.  Penchons-nous maintenant sur la teneur de l'article 8 parce qu'il en

  8   parle, justement, ministère de la Justice et l'administration sont chargés

  9   de former une commission composée d'au moins trois membres. On parle de la

 10   mise en œuvre d'une procédure visant à protéger les biens des citoyens sur

 11   les territoires libérés.

 12   Le voyez-vous cela ?

 13   R.  Oui, je le vois.

 14   Q.  Alors première question : Qui sont censés être ces citoyens ? Serbes,

 15   Croates ou Hongrois, Slovaques, tout autre groupe ethnique résidant dans le

 16   district ?

 17   R.  Mais c'est sous-entendu, ça se rapporte à la totalité des citoyens.

 18   Nous n'avons pas, ou du moins, moi, je n'ai pas fait de tri de personnes

 19   pour ce qui est de leur appartenance ethnique. Qu'il s'agisse de biens

 20   abandonnés ou autres, tous étaient des citoyens sur un pied d'égalité en ce

 21   qui me concerne.

 22   Q.  Tout au long de ce procès, Monsieur Hadzic, nous avons entendu bien des

 23   éléments de preuve au sujet de non-Serbes qui ont été chassés du district

 24   en fin 1991 et en 1992, tout comme au-delà. Alors, ce décret s'applique aux

 25   maisons de non-Serbes qui ont été expulsés, n'est-ce pas ?

 26   R.  Je ne peux pas le comprendre ainsi. Je pense que qu'est-ce que vous

 27   venez de dire n'est pas exact du tout. On parle ici de la date du 2

 28   octobre, on en était au début de l'intensification des hostilités, et les


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  1   Serbes, tout comme les Croates, avaient quitté leur maison pour s'abriter,

  2   se mettre à l'abri vis-à-vis de la guerre. Les Croates étaient peut-être un

  3   peu plus nombreux à l'époque, mais il y a eu beaucoup de Serbes qui ont

  4   quitté leurs biens, leurs propriétés, pour aller en Serbie ou voire en

  5   Croatie. Dans cette décision, à titre concret, pour ce qui est de la date

  6   du 2 octobre, ça se rapporte à tous les citoyens. Personne ne les a

  7   expulsés, ils s'étaient mis à l'abri vu les conflits armés.

  8   Q.  Est-ce que vous êtes en train de nier le fait que les Serbes ont été

  9   éloignés du district à la date ou avant la date du 2 octobre 1991 ? Est-ce

 10   que vous le niez de façon inéquivoque ?

 11   R.  Je ne le confirme pas et je ne l'affirme pas. Je n'avais pas

 12   d'information relative à des expulsions. Tous ceux qui voulaient rester,

 13   sont restés. Ceux qui ne voulaient pas rester sont partis. Le premier cas

 14   où j'en ai entendu parler, c'était celui de Dalj, où certains Croates

 15   avaient organisé un départ pour certaines personnes, les autorités croates

 16   les avaient entendus. Alors, c'est une chose plutôt triste que de commenter

 17   maintenant, parce que quand des gens sont obligés de quitter leurs maisons,

 18   c'est déjà suffisamment triste. Je n'ai pas eu à l'époque d'information qui

 19   disait que ces personnes avaient été chassées de là.

 20   Q.  Le ministère de la Justice et de l'Administration auquel il est fait

 21   référence ici à l'article 8, c'est le ministère à la tête duquel se

 22   trouvait M. Susa; non ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Son travail consistait donc à désigner une commission d'au moins trois

 25   personnes pour mettre en œuvre la procédure ? C'est M. Susa qui avait donc

 26   la responsabilité de ce genre d'activités ?

 27   R.  Je ne sais pas vous dire si c'était Susa. On voit ici qu'on mentionne

 28   le ministère de l'Economie en temps de guerre. Je ne me suis pas penché sur


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  1   le détail de ce que faisaient les uns ou les autres. J'ai signé certains

  2   documents. Mais je ne suis pas sûr de l'identité de ceux qui avaient été

  3   chargés de telle ou telle chose. Il viendra témoigner ici, on pourra lui

  4   poser la question.

  5   Q.  A l'article 10, plus loin, on parle de :

  6   "Biens abandonnés par les citoyens qui ne pouvaient pas être transférés au

  7   nom d'autres personnes", et je vais sauter un certain nombre de passages,

  8   "à moins que cela ne soit fait par le propriétaire et à son avantage."

  9   "Alors, ceci peut dire également que l'on peut dire que cela correspondait

 10   aux besoins du district ou aux besoins généraux du district pour ce qui est

 11   des éléments appartenant à des individus."

 12   Alors, Monsieur Hadzic, n'est-ce pas là des dispositions qui permettaient

 13   ou qui faisaient que le gouvernement permettait aux Serbes venus

 14   d'ailleurs, par exemple de la Slavonie occidentale, à occuper des maisons

 15   qui ont été précédemment abandonnées par des non-Serbes ?

 16   R.  Ecoutez, moi, je ne vois pas de lien entre la décision et l'arrivée de

 17   certains Serbes de la Slavonie occidentale. Je ne sais pas vous dire si à

 18   l'époque j'avais eu vent, il y avait déjà eu arrivée de Serbes de Slavonie

 19   occidentale. Cette décision a été adoptée pour protéger les biens

 20   abandonnés. Pour ce qui est des autres articles en matière de droit et

 21   autres détails juridiques, je ne me suis pas penché dessus. J'ai dû me

 22   pencher dessus ici lorsque la question a été posée.

 23   Q.  Etant donné le fait qu'avant le conflit les Serbes n'avaient pas

 24   constitué de majorité dans l'une quelconque des municipalités de votre

 25   district, il était dans l'intérêt dudit district de faire venir certains

 26   Serbes ou d'y héberger des Serbes venus d'ailleurs, n'est-ce pas ?

 27   R.  Non seulement ce n'est pas vrai, mais c'est une construction faite de

 28   toutes pièces qui, si je n'occupais la place que j'occupe et s'il n'y avait


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  1   pas le sérieux de cette institution, je n'aurais pas voulu commenter. Au

  2   début du conflit, il ne m'est même pas venu à l'esprit que quelqu'un

  3   viendrait, des Serbes non appartenant à ce territoire, qu'ils viendraient

  4   là pour créer une majorité serbe. Notre souhait unique était de rester,

  5   faire partie de la Yougoslavie. Je rejette donc absolument ceci. Je n'y ai

  6   pas du tout pensé, ça ne m'a pas effleuré l'esprit en ce qui me concerne

  7   personnellement, du moins.

  8   Q.  Avant les vacances judiciaires, Monsieur Hadzic, et ça fait déjà

  9   plusieurs semaines que nous avions commencé à en parler, je vous ai montré

 10   beaucoup de déclarations où il a été question de Serbes venant d'autres

 11   parties de la Croatie. Nous n'avons pas besoin de revenir sur la totalité

 12   de ces documents-là, n'est-ce pas ?

 13   R.  Nous sommes en train de parler ici du 2 octobre. Je ne me souviens pas

 14   s'il y a eu des Serbes arrivant d'autres parties de la Croatie à ce moment-

 15   là. Les déclarations que j'ai faites étaient de nature déclarative, vous

 16   les avez arrachées de leur contexte, et je réagissais aux propos tenus par

 17   la partie croate. Je ne suis pas maintenant en mesure de vous dire ce que

 18   la partie croate était en train de dire et ce qui m'a incité à faire ce

 19   genre de réponses ou de ripostes. Je n'avais pas les moyens ni les

 20   ressources nécessaires pour mettre en œuvre quoi que ce soit. J'ai fait des

 21   déclarations de nature politique. Le gouvernement était en train d'être mis

 22   en œuvre, des journalistes venaient me poser des questions, et c'est ce que

 23   je leur répondais.

 24   Q.  Vous nous avez dit à plusieurs reprises, Monsieur Hadzic, et je vais

 25   peut-être vous poser des questions de suivi à ce sujet. Vous venez de nous

 26   indiquer que c'était "des déclarations de nature politique uniquement".

 27   Alors avant, vous aviez dit que vos déclarations relatives à l'Herzégovine

 28   occidentale datant de la période pendant la Deuxième Guerre mondiale, ça


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  1   avait également été des déclarations politiques. Alors, qu'entendiez-vous

  2   au juste quand vous avez évoqué des déclarations de nature politique ?

  3   R.  Je vais vous l'expliquer. A l'époque, Stipe Mesic, qui était membre de

  4   la présidence du pays, venait de rentrer de Belgrade et il a dit : J'ai

  5   accompli ma mission. La Yougoslavie n'existe plus. Et les Serbes qui ne

  6   veulent pas rester en Croatie peuvent s'en aller et ils peuvent emporter la

  7   terre qu'ils peuvent mettre sur leurs souliers avec eux. Alors, c'était de

  8   nature politique. Mais Stipe Mesic, à l'époque où il a fait cette

  9   déclaration, contrôlait l'armée. Et moi, j'ai fait ce type de déclarations

 10   politiques en riposte, mais je ne pouvais rien mette en œuvre du tout. Je

 11   n'avais exercé aucun commandement à l'égard de l'armée, moi. J'ai parlé de

 12   l'Herzégovine de l'ouest. Et quand je dis que c'était des expressions ou

 13   des déclarations politiques, j'aurais peut-être mieux fait de dire que

 14   c'était déclaratif.

 15   J'avais un ami dont le fils était là-bas. A l'armée, il n'a eu aucun

 16   problème. Luka Sutalo, par exemple, était un exemple typique de ces Croates

 17   de l'Herzégovine de l'ouest, et je n'ai jamais considéré qu'il devait avoir

 18   des problèmes de ce fait là. Donc, ce sont des déclarations vides de toute

 19   signification véritable plutôt que de parler de déclarations politiques.

 20   C'est du vent.

 21   Q.  Donc, vous êtes en train de nous dire que vous ne croyiez pas à

 22   l'époque, en personne, à ce que vous disiez ?

 23   R.  Moi, je répondais aux provocations des Croates de façon similaire à la

 24   façon dont ils faisaient leurs déclarations. Je n'allais pas aller d'une

 25   personne à l'autre pour voir qui était né où et de quel groupe ethnique

 26   faisait-il partie pour être expulsé ou pas. Or, ça, on peut le voir

 27   maintenant. C'est clair, les choses sont claires.

 28   Q.  Quand vous parlez de "déclarations politiques" et quand vous avez


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  1   raconté certaines choses, vous voulez nous dire maintenant que vous n'y

  2   croyiez pas du tout vous-même et que c'était à des fins d'agiter le public

  3   ?

  4   R.  C'est peut-être la meilleure façon que de dire la chose ainsi.

  5   C'étaient du vent. C'étaient des déclarations vides plutôt que des

  6   déclarations politiques.

  7   Q.  Mais le fait est que vos déclarations politiques ont eu un impact assez

  8   important pour ce qui est des événements qui se sont produits à l'époque

  9   là-bas, n'est-ce pas ?

 10   R.  Non, ce n'est pas exact. Ces déclarations politiques, tout d'abord, je

 11   les ai faites à Belgrade. Personne en Slavonie, Baranja ne pouvait le voir

 12   et ne l'entendre. Il n'y avait pas d'électricité, il n'y avait pas de

 13   programmes de télévision.

 14   Ensuite, les journaux qui publiaient ceci en Slavonie et Baranja, personne

 15   ne les lisait. C'était une déclaration politique pour une opinion publique

 16   plus vaste en Serbie et en Croatie.

 17   M. STRINGER : [interprétation] J'aimerais qu'on nous affiche l'intercalaire

 18   2, ça correspond à la pièce 1D00003.

 19   Q.  Il s'agit d'un article du journal Novosti daté du 7 novembre 1991,

 20   Monsieur Hadzic. Le titre parle de logements. Et on peut zoomer pour vous

 21   et ça peut vous aider à lire la version originale.

 22   R.  J'aimerais que l'on zoome la partie inférieure du texte, si possible.

 23   Il s'agit de la date du 7 novembre, oui. Ça fait plus d'un mois plus tard

 24   par rapport au document qu'on a évoqué tout à l'heure. On parle de

 25   logements temporaires.

 26   Q.  En effet. Et comme vous nous l'avez indiqué, il s'agit de la date du 7

 27   novembre. Comme nous en avons parlé il y a quelques instants, nous avons

 28   parlé de l'arrêt du 2 octobre, donc un mois plus tard environ.


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  1   Et maintenant, vous faites vos déclarations en public et vous demandez aux

  2   Serbes déplacés de venir pour s'installer de façon provisoire en SBSO. Vous

  3   êtes d'accord, n'est-ce pas, pour dire que c'est une déclaration que vous

  4   avez faite vous-même ?

  5   R.  Je suis d'accord. Mais c'est une question humanitaire, ce n'est pas une

  6   question d'ordre politique. Ces personnes ont eu leurs maisons détruites en

  7   Croatie. Il s'agit également ici du territoire croate, simplement il s'agit

  8   de la partie orientale et non pas de la partie occidentale du pays. A

  9   savoir si des gens étaient censés ne pas avoir de toit au-dessus de leur

 10   tête, est-ce que nous étions donc censés leur donner un hébergement

 11   provisoire ?

 12   Q.  Il est préciser que d'après la déclaration qui a été recueillie par

 13   cette agence de presse, Tanjug, que :

 14   "Toute personne intéressée devait s'adresser aux Conseils exécutifs

 15   des localités communes et le ministère de l'Hébergement et des Services

 16   publics et du Bâtiment, qui étaient installés de façon provisoire à Erdut."

 17   Voyez-vous cela ?

 18   R.  Oui, je le vois.

 19   Q.  Est-ce ainsi que cette question a été traitée ? Autrement dit, les

 20   personnes qui souhaitaient venir s'installer dans des maisons abandonnées

 21   en SBSO, donc affectation des maisons au sein du ministère de

 22   l'Hébergement, eh bien, ceci a été confié aux Conseils exécutifs et ce

 23   ministère de l'Hébergement. C'est ainsi que les choses se sont passées ?

 24   R.  Non, les choses ne se sont pas passées ainsi. Je n'ai ni vu, ni entendu

 25   quelqu'un venir suite à cette invitation lancée par le ministère d'Erdut.

 26   Je ne sais même pas qui a lancé cet appel. Et d'après les éléments dont

 27   vous avez parlé jusqu'à présent, nous avons vu qui a créé ces conseils dans

 28   les communautés locales et qui a mis en œuvre ces mesures qui contournaient


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  1   le gouvernement. Ceci n'avait rien à voir avec le gouvernement. Nous avons

  2   également essayé de mettre un petit peu d'ordre dans tout ceci, mais

  3   personne ne s'est adressé au gouvernement s'agissant de ces questions-ci.

  4   Q.  Et les éléments de preuve que nous avons évoqués dans le cadre de cette

  5   question, par exemple, à Beli Manastir, M. Borivoje Zivanovic, qui était à

  6   la tête du Conseil exécutif, et ensuite plus tard dans la SBSO et dans le

  7   secteur d'Erdut, c'était M. Ilic, n'est-ce pas ? C'étaient deux personnes

  8   dont nous avons parlé ?

  9   R.  Je ne voulais pas parler de ces deux hommes-là, mais je vais maintenant

 10   parler de ces deux personnes.

 11   Alors, s'agissant de ce que nous avons abordé, eh bien, cela concernait

 12   Ilok et l'endroit où les réfugiés ont été hébergés dans le Srem occidental,

 13   et ceci avait été l'œuvre de la JNA. C'est ce que je voulais dire. Mais

 14   maintenant que vous parlez de M. Zivanovic et la Baranja, l'assemblée

 15   municipale de la Baranja avait été établie avant le gouvernement. M.

 16   Zivanovic était présent de l'assemblée municipale, ils avaient leurs

 17   propres lois et règlements et ils fonctionnaient, rapport à ça, était

 18   distinct du gouvernement, et ce n'est que plus tard que Milovanovic a été

 19   élu. Je crois que c'était à la fin de l'année 1991, il a été élu président

 20   de la municipalité de Dalj, et ce n'est qu'au printemps de l'année 1992

 21   qu'il a été élu président du SBSO au moment où moi-même je suis devenu

 22   président de la République serbe de Krajina.

 23   Q.  Alors, page 14, ligne 6, Monsieur Hadzic, il est précisé, nous voyons

 24   le nom de "Milovanovic". Je me demande si vous ne parliez pas plutôt -- en

 25   train de parler de Milan Ilic.

 26   R.  J'ai cité deux noms : Boro Zivanovic et Milan Ilic. Je regarde

 27   simplement le contexte pour voir s'il s'agit de Beli Manastir ou de Dalj.

 28   Oui, oui, il s'agit de Milan Ilic.


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  1   Q.  Alors nous avons parlé de cela auparavant et je ne souhaite pas aborder

  2   à nouveau ce sujet. Mais parlons encore une fois de M. Milan Zivanovic et

  3   de ce qui se passait dans le contexte de l'affectation de maison.

  4   M. STRINGER : [interprétation] Mais avant d'aborder cette question, je

  5   souhaite demander le versement au dossier de cette pièce, qui est le

  6   1D00003.

  7   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Ceci sera versé au dossier et recevra

  8   une cote.

  9   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce P3222, Messieurs

 10   les Juges.

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie.

 12   M. STRINGER : [interprétation] Donc, encore une fois, il s'agit de

 13   l'intercalaire numéro 225, P02163.

 14   Q.  Monsieur Hadzic, je puis simplement vous dire qu'il s'agit ici d'une

 15   décision qui porte sur les biens publiés dans le journal officiel de Beli

 16   Manastir, une décision qui a été prise par M. Borivoje Zivanovic, portant

 17   sur la nomination d'une commission aux fins d'affecter des appartements,

 18   maisons à usage temporaire.

 19   Il s'agit du point 66 du journal officiel, je crois.

 20   Ce que vous venez de dire, Monsieur Hadzic, eh bien, je vais vous dire je

 21   suis d'accord, M. Zivanovic était un petit peu en avant, si je puis dire,

 22   et il avait endossé cette responsabilité déjà le 14 septembre 1991, même

 23   avant la création du gouvernement du SBSO officiellement ?

 24   R.  Oui, c'est exact.

 25   Q.  Et ce n'est que par la suite, je crois que c'était au mois de novembre,

 26   qu'il a été officiellement nommé à la tête du Conseil exécutif de Beli

 27   Manastir, n'est-ce pas ? Nous avons déjà regardé cette décision.

 28   R.  Oui, son poste a été confirmé par le gouvernement à ce moment-là, mais


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  1   il avait déjà été élu par l'assemblée municipale de Beli Manastir,

  2   indépendamment du gouvernement.

  3   Q.  Et donc, est-ce que nous pouvons nous mettre d'accord pour dire que M.

  4   Borivoje Zivanovic et ses hommes, et cette commission dont nous parlons

  5   ici, commission qu'il est en train de constituer, eh bien, que cette

  6   commission gère la question des maisons, de l'hébergement, de l'affectation

  7   des appartements à Beli Manastir ? C'est ce que faisaient ces personnes,

  8   n'est-ce pas ?

  9   R.  Je peux être d'accord ou en désaccord avec ce que je vois, mais je suis

 10   ici pour témoigner au sujet d'événements auxquels j'ai participé, et dont

 11   j'étais au courant. Je n'étais pas au courant de ceci. Personne ne m'en a

 12   informé. Je n'ai jamais reçu une copie de cet extrait du journal officiel

 13   de la municipalité de Beli Manastir.

 14   Q.  Il n'y avait pas de, ou en tout cas, la JNA ou l'armée n'a pas joué de

 15   rôle prépondérant à Beli Manastir, n'est-ce pas, par opposition au Srem

 16   occidental ? Est-ce que nous pouvons nous mettre d'accord là-dessus ?

 17   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Stringer, veuillez regarder

 18   votre écran et nous dire si la décision dont vous avez parlé est bien

 19   affichée et s'il s'agit bien de la même décision dont nous parlons.

 20   M. STRINGER : [interprétation] Oui, pardonnez-moi, Monsieur le Président.

 21   Alors, ce que nous avons, en tout cas dans la version anglaise, commence en

 22   bas de cette page-ci, il s'agit du point 66. C'est le point 66 et,

 23   malheureusement, nous n'avons pas la page 2. Ça y est, c'est ça.

 24   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, ça y est. Je le vois.

 25   M. STRINGER : [interprétation] Oui, c'est ce que j'ai, Monsieur le

 26   Président.

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie beaucoup.

 28   M. STRINGER : [interprétation]


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  1   Q.  Monsieur Hadzic, ma dernière question portait sur le fait de savoir si

  2   oui ou non il y avait un rôle prépondérant de la JNA ou de l'armée à Beli

  3   Manastir par opposition au Srem occidental. Ce que je veux dire, c'est que

  4   les autorités locales de Beli Manastir avaient beaucoup plus exercé une

  5   plus grande autorité et contrôle parce qu'en réalité il n'y avait pas

  6   vraiment un conflit majeur à cet endroit, n'est-ce pas ?

  7   R.  Eh bien, moi, je n'ai exercé aucune influence sur la manière dont les

  8   choses ont évolué à Beli Manastir. A ce moment-là, je n'étais pas informé,

  9   donc je ne sais pas comment les choses ont évolué dans la Baranja.

 10   Q.  Vous ne savez pas comment les choses se sont déroulées dans la Baranja

 11   en septembre et octobre de l'année 1991 ?

 12   R.  Non, non, non. Pas au mois de septembre et octobre. Vous m'avez posé

 13   une question au sujet de savoir quand l'armée était là et quand il y a eu

 14   des conflits. Je crois que c'était avant, et moi je ne sais pas combien de

 15   temps l'armée est restée et comment la situation a évolué.

 16   Parce que ces choses sont arrivées à cet endroit sans que je sois au

 17   courant, et les gens disaient en plaisantant qu'il y avait eu une guerre de

 18   trois jours dans la Baranja. La guerre était de courte durée. L'armée était

 19   là, il y avait toujours ces tensions, et les Croates pouvaient à tout

 20   moment relancer quelque chose.

 21   Q.  Cette guerre de trois jours s'est déroulée à quel moment, d'après vos

 22   souvenirs ?

 23   R.  Eh bien, je crois que -- alors aujourd'hui, écoutez, je ne m'en

 24   souviens vraiment pas. Je ne me souviens pas de la date exacte, c'était

 25   peut-être au mois d'août ou au début du mois de septembre. Mais je crois

 26   que c'était au mois d'août.

 27   Q.  Bien. Et donc, au mois de septembre, qui est le mois au cours duquel

 28   cette décision a été rendue, nous pouvons nous mettre d'accord, n'est-ce


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  1   pas, pour dire que les autorités locales, M. Zivanovic, les autorités

  2   locales civiles contrôlaient et pouvaient asseoir leur gouvernement et

  3   remplir leurs fonctions à Beli Manastir, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui, alors si on regarde ces documents, cela semble être le cas, mais

  5   je ne pense pas qu'ils aient pu faire cela sans avoir une quelconque

  6   coordination avec la JNA. Car il y avait encore un état de guerre sur

  7   l'ensemble du territoire. Et je remarque qu'ils avaient des relations très

  8   étroites avec la JNA, Zivanovic en particulier et toutes ces autres

  9   personnes qui sont arrivées à Erdut.

 10   M. STRINGER : [interprétation] Est-ce que nous pouvons afficher

 11   l'intercalaire 1476, la pièce P1707.

 12   Q.  Alors, avec ce document, nous allons avancer dans le temps un petit peu

 13   et passer à la date du 11 décembre 1991, mais le thème est toujours celui

 14   des maisons abandonnées.

 15   Il s'agit d'un document qui émane du commandement de la 1ère Région

 16   militaire. Il s'agit de résoudre ou de répondre aux demandes de personnes

 17   souhaitant s'installer dans des appartements abandonnés. Et on parle ici de

 18   demandes qui émanent d'autorités locales, autrement dit l'autorisation de

 19   pouvoir s'installer dans ces appartements abandonnés et fermes abandonnées. 

 20   Au paragraphe 1 :

 21   "On ordonne que toutes ces questions doivent être résolues en coopération

 22   avec et à la demande des représentants officiels du gouvernement de la SAO

 23   du SBSO … alors suivi par des représentants officiels sélectionnés par le

 24   gouvernement de la Région autonome serbe, ainsi que le gouvernement de la

 25   Région autonome serbe et des organes locaux représentant l'autorité ou par

 26   le gouvernement de la Région autonome serbe nommé par des commissaires."

 27   Alors, ce que nous voyons ici, au niveau de la 1ère Région militaire,

 28   eh bien, dans cette zone de responsabilité, qu'il y a eu coopération avec


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  1   les autorités locales s'agissant de la question de l'hébergement et, en

  2   particulier, de ces appartements abandonnés, n'est-ce pas ?

  3   R.  Non.

  4   Q.  Au point 3, parce que la JNA ne souhaitait pas être associée à ces

  5   questions et pourrait être taxée d'un éventuel abus de ces appartements

  6   abandonnés, et les autorités locales, qui étaient responsables de la

  7   gestion de ces appartements abandonnés, avaient l'obligation de mettre en

  8   place des archives, et cetera. Donc, ce document parle du rôle qui est

  9   envisagé par les autorités locales, il s'agit de consigner cela dans les

 10   registres, et cetera.

 11   Est-ce que vous voyez cela ?

 12   R.  Oui, je le vois.

 13   Q.  Et ensuite, nous allons passer au point 6 :

 14   "Des commandements locaux respecteront les décisions des Conseils

 15   exécutifs de l'assemblée municipale et des décisions prises par le

 16   gouvernement du SBSO concernant la remise, autrement dit, l'utilisation

 17   d'appartements abandonnés."

 18   Donc, ce que nous voyons ici au niveau des éléments de preuve, Monsieur

 19   Hadzic, c'est que les autorités locales et la législation de ces régions

 20   qui ont légiféré au niveau de ces questions-là, alors que la JNA souhaitait

 21   vraiment coopérer avec les autorités locales et transmettre ou, en tout

 22   cas, demander aux autorités locales de gérer ces questions-là, c'est ainsi

 23   que les choses se sont passées, n'est-ce pas ?

 24   R.  Bien sûr que cela n'est pas exact. Et je pense que vous le savez.

 25   Alors, ce que nous constatons ici au niveau de ce document, c'est que

 26   l'armée parle simplement de cette question-là à titre déclaratif. Alors, il

 27   y a plusieurs exemples. Moi, je vais prendre le cadre d'un exemple, celui

 28   d'Ilok. A Ilok, ils ne souhaitaient même pas nous parler avant que ne s'y


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  1   installe un gouvernement militaire. Alors, vous, vous parlez du

  2   "gouvernement local". Non. Et, en fait, c'est l'armée qui est responsable

  3   de tout et ce sont les commandants de villes qui décident de tout et qui

  4   peuvent, dans certains cas, accepter des décisions prises par les

  5   gouvernements locaux. Ceci a été couché sur le passé. Mais ceci ne

  6   correspond pas à ce que vous voulez dire. C'est tout à fait l'inverse.

  7   C'étaient les commandants des villes qui faisaient tout, tout seul.

  8   Alors moi, j'ai parlé d'Ilok, et je leur ai demandé de nous dire ce

  9   qu'ils ont pris en termes de biens collectifs, de voitures, de logements,

 10   de sociétés dont ils se sont emparés qui appartenaient aux réfugiés. Ils ne

 11   souhaitaient même pas nous parler jusqu'au mois de mars, d'avril, c'est eux

 12   qui étaient responsables. Je ne sais même pas à qui ils mentaient. Je veux

 13   dire, mois de septembre, il n'y avait pas ces documents. Nous n'avons

 14   jamais été au courant de cela. C'est en tout cas une communication interne.

 15   Je ne sais même pas ce qui s'est passé à ce moment-là. Ceci prouve

 16   simplement que ce que j'ai déjà dit et nous non pas ce que vous êtes en

 17   train de dire.

 18   Q.  Bien, alors parlons d'Ilok dans ce cas. Vous nous avez dit que c'est

 19   des commandants des villes qui étaient responsable de tout. Vous avez dit

 20   qu'"ils ne souhaitaient même pas nous parler avant l'arrivée de la

 21   FORPRONU." Alors, ligne 10, par rapport à ce que vous avez dit.

 22   M. STRINGER : [interprétation] Regardons l'intercalaire 1486, qui est la

 23   pièce P1709.

 24   Q.  En réalité, il y a eu des échanges, et cela n'est pas vrai. Il y a eu

 25   des discussions. La JNA essayait de s'adresser à vos hommes pour aborder

 26   cette question-là à Ilok.

 27   Il s'agit d'une lettre qui émane du ministre de la Justice, M. Susa, à

 28   Ilok, le 29 décembre, et on parle ici de la Commission chargée de


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  1   l'organisation et de la conduite des opérations d'installations,

  2   d'emménagements et d'hébergements provisoires. Et, en réalité, Monsieur

  3   Hadzic, il semblerait que M. Susa agit ici en qualité de quelqu'un en

  4   fonction de l'article 8 de cet arrêt sur les biens abandonnés, document que

  5   nous avons regardé il y a quelques instants, et qui parlait de la

  6   commission du gouvernement, et il dit : Avait pour but d'assurer une

  7   meilleure coordination au cours de cette séance pour convoquer une réunion

  8   le 30 décembre au château d'Ilok en présence de représentants du Conseil

  9   exécutif de la municipalité de Vukovar, et il s'agissait de gérer la

 10   question de tous les hébergements provisoires.

 11   Dans la municipalité de Vukovar, vous souvenez-vous de Miroljub Vujovic,

 12   qui était commandant de la TO le 20 novembre, savez-vous s'il était

 13   toujours membre du Conseil exécutif de la municipalité de Vukovar à cette

 14   date-là ?

 15   R.  Je ne sais pas. C'était le président du Conseil exécutif qui procédait

 16   à ces nominations. Mais je dois répondre à ce que vous avez dit. Tout

 17   d'abord, j'ai dit quelque chose qui n'était pas exact. Non, je parle sous

 18   serment, et tout ce que je dis est exact. Lorsque j'ai dit qu'ils ne

 19   souhaitaient pas nous parler, je voulais dire de façon pratique. Ils nous

 20   parlaient officiellement, mais de nous redonner des voitures, ils ne

 21   souhaitaient même pas en parler, ou plutôt, ils ne souhaitaient pas nous

 22   redonner les voitures, mais ils auraient pu en parler officiellement

 23   pendant 100 ans, mais ils ne souhaitaient rien faire et n'ont accepté

 24   aucune de nos propositions. C'est dans ce sens-là qu'ils ne souhaitaient

 25   pas nous parler, discuter avec nous, parce qu'ils ne souhaitaient rien

 26   faire pour nous. Et c'est la raison pour laquelle j'ai dit cela. J'ai dit

 27   qu'ils ne cessaient de parler et de parler sans cesse, mais ceci n'avait

 28   aucun sens. Ce que j'ai dit est exact.


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  1   Q.  Donc, en annexe ou en pièce jointe à cette lettre, à cette invitation,

  2   si je peux m'exprimer ainsi, ou simplement pour en terminer sur ce point,

  3   M. Susa a dit :

  4   "Je pense que votre présence contribuera tout d'abord à une meilleure

  5   compréhension des problèmes et nous permettra de mieux les résoudre", et

  6   cetera.

  7   Donc, il demande à ce colonel de venir à une réunion à Ilok pour pouvoir

  8   aborder la question ou traiter de la question de l'hébergement. Et ensuite,

  9   en pièce jointe à cette lettre, il y a un document qui comporte énormément

 10   d'informations ou de données, et je vais vous poser des questions sur ces

 11   données.

 12   M. STRINGER : [interprétation] Et, Monsieur le Président, il va falloir

 13   utiliser la version en B/C/S car la version anglaise comporte les tableaux,

 14   mais ne contient pas toutes les données. Alors, je peux passer à la page 2

 15   de ce document en B/C/S.

 16   Q.  Alors, Monsieur Hadzic, est-ce que nous pouvons nous mettre d'accord

 17   pour dire qu'il s'agit ici d'une liste des résidents de Vinkovci dans la

 18   municipalité de Vukovar d'après le recensement de 1991 ? Est-ce que vous

 19   voyez cela en haut ?

 20   R.  Oui, c'est ce qui écrit ici. Mais je vous prie de bien vouloir

 21   m'excuser, je ne sais pas quel est le contexte de ce document, ce que vous

 22   avez lu, la lettre de Susa. Susa ne s'occupait que d'Ilok, et ceci porte

 23   sur l'ensemble de la municipalité de Vinkovci et Vukovar. Et je ne pense

 24   pas que Susa est la personne qui aurait établi ce document, si c'est cela

 25   que vous tentez de dire.

 26   Q.  Alors, les données qui figurent sur ce document - je sais que les

 27   données sont nombreuses - eh bien, ces données ici établissent la

 28   composition de la population en fonction des différentes localités; est-ce


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  1   exact ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Et donc on constate que de nombreuses localités sont à 100 % croate ou

  4   99 % ou 97 %, à 100 %, et d'autres localités, différentes composition

  5   ethniques.

  6   R.  Oui, je dois simplement vous signaler quelque chose. Vous devez savoir

  7   qu'il s'agit du territoire de l'ensemble de la municipalité de Vinkovci.

  8   Plus de 50 % de cette municipalité ne faisait pas partie de la SAO du SBSO.

  9   M. STRINGER : [interprétation] Alors, est-ce que nous pourrions maintenant

 10   passer, s'il vous plaît, à la page dont le numéro ERN de la version en

 11   B/C/S, dont le numéro ERN se termine par 8953. Donc, il faut faire défiler

 12   le document sur 11 pages environ. Nous allons donc passer outre ces pages.

 13   Cette page 8953 est la page qui nous intéresse. Page 14 de l'anglais dans

 14   le prétoire électronique.

 15   Q.  Cette page comporte un tableau. Ce que nous voyons sur cette page, et

 16   les noms sont écrits en cyrillique à gauche dans la colonne numéro 2, mais

 17   regardons par exemple le point 27, Tovarnik. C'est Tovarnik, c'est ça ? Ça

 18   correspond à ça, numéro 27 ?

 19   R.  Oui. Tovarnik, oui.

 20   Q.  Et ensuite, si nous passons de gauche à droite, nous voyons qu'il y a

 21   toute une série de colonnes qui portent sur pre rata, donc pro rata avant

 22   le conflit. Et ensuite, la deuxième série de colonnes, posle rata, ça veut

 23   dire, après le conflit ou après la guerre. C'est exact, c'est bien ce que

 24   cela veut dire ?

 25   R.  Oui, oui, c'est ce qui est écrit ici, mais je ne sais pas qui a créé ce

 26   tableau. Je ne comprends toujours pas.

 27   Q.  S'agit-il là d'un document qui émane de la JNA ? C'est un document qui

 28   émane de la JNA, qui vient de Serbie, comme vous pouvez le voir d'après le


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  1   tampon qui se trouve sur le document, c'est un document qui émane du

  2   ministère de la Défense.

  3   R.  Je ne mets pas en doute que vous soyez en possession de ce document,

  4   mais moi, je vous dis que je n'ai pas parlé de cela et aucun membre du

  5   gouvernement n'a été à l'origine de ce document. Je ne peux pas en

  6   témoigner. Je peux simplement donner mon avis comme si j'étais un expert,

  7   je ne peux pas, je ne peux pas témoigner au sujet de cela. Je n'ai en

  8   réalité jamais vu ce document auparavant.

  9   Q.  Alors, ce que je souhaite faire, c'est parcourir avec vous quelques

 10   chiffres qui figurent dans ce tableau. Parce que, par exemple, alors si

 11   nous regardons toujours le numéro 27, Tovarnik, on constate qu'avant la

 12   guerre, 2 050 Croates vivaient à cet endroit ou 69 % de la population; 890

 13   Serbes, représentant environ 30 %. Et ensuite, après le conflit, nous

 14   constatons qu'il y a environ le même nombre de Serbes, 880, mais le nombre

 15   de Croates est passé 2 050 à 150. Autrement dit, la majorité est maintenant

 16   devenue une minorité et est passée à 36,5 %. Voyez-vous cela ?

 17   R.  Oui, je le vois. La majorité des Croates est partie avec l'armée croate

 18   lors de l'arrivée de la JNA.

 19   Q.  Nous pouvons être d'accord ou en désaccord sur les raisons pour

 20   lesquelles les Croates sont partis. Mais si nous pouvons regarder

 21   maintenant la colonne numéro 15, qui se trouve sur la droite, est-ce que

 22   vous êtes en mesure de nous dire ce que représente cette colonne ? Est-ce

 23   que cela fait référence à un gouvernement local ? Un gouvernement a-t-il

 24   été constitué, oui ou non ?

 25   R.  La JNA a écrit "da", c'est-à-dire "oui" en cyrillique dans cette

 26   colonne-là. Je ne peux que vous donner la traduction de ce qui est écrit.

 27   Q.  Regardons la ligne 26, Boksic, on y voit qu'il n'y a pas de

 28   gouvernement local, mais pour d'autres endroits il y en a, comme à


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  1   Tovarnik. On nous dit qu'il en a un. Est-ce que vous le voyez ?

  2   R.  Je vois qu'il est écrit "ne" pour Boksic, c'est-à-dire "non".

  3   Q.  Passons à la page suivante, s'il vous plaît. Il y a d'autres endroits

  4   là, numéro 16, Ovcara; 17, Sotin, par exemple.

  5   Et pour Sotin, nous voyons que la composition est passée de 62 % de Croates

  6   avant la guerre à 9 % de Croates après le conflit. On y voit aussi que la

  7   population serbe à Sotin est passée de 363 personnes avant le conflit à 786

  8   personnes après le conflit, c'est-à-dire 86 % de la population après le

  9   conflit. Je ne vais pas passer en revue l'intégralité du document, Monsieur

 10   Hadzic, mais en fait ce qui se passe, il faut poser la question, c'est que

 11   les Croates sont partis, les Serbes sont arrivés, et le nombre de Serbes

 12   dans plusieurs de ces villages a augmenté de façon considérable, c'est-à-

 13   dire qu'il y a eu établissement de majorité serbe à des endroits où il y

 14   avait une majorité croate auparavant dans les villages et dans les villes.

 15   C'est bien ce que ce document nous montre ?

 16   R.  Je vous ai déjà dit que je ne savais rien à propos de ce tableau. C'est

 17   ce qu'il nous montre. Maintenant, à savoir si c'est correct, je ne sais

 18   pas. Je ne suis pas en mesure de le savoir.

 19   Q.  Mais nous voyons justement ce que vous avez défendu dans un article de

 20   journal que nous avons consulté, à savoir, par exemple, que les Serbes d'un

 21   autre endroit, notamment que des Serbes étaient en train d'expulser de

 22   grandes portions de la population de Slavonie occidentale et se rendaient

 23   dans des endroits où des Croates et d'autres non-Serbes vivaient

 24   auparavant. En fait, cela montre juste la réalité, n'est-ce pas ?

 25   R.  Moi, je les ai invités à venir et à s'y établir temporairement. J'ai

 26   vécu cela dans mon propre village où il n'y avait que des Serbes. Les gens

 27   se sont installés dans des maisons serbes, pas seulement des maisons

 28   croates, donc il n'y a pas que dans les maisons croates que ces personnes


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  1   se sont installées.

  2   Q.  Sur cette page, passons à la colonne numéro 15, on voit formation du

  3   gouvernement, oui ou non. Alors là, nous voyons qu'un gouvernement a été

  4   formé dans tous ces endroits, n'est-ce pas ?

  5   R.  Alors, pour être précis, il s'agissait de l'autorité qui a été créée

  6   par l'armée populaire yougoslave, comme vous le savez probablement, et

  7   comme les Juges de la Chambre le savent probablement à présent.

  8   Q.  Passons à la page suivante, qui se termine par la cote ERN 8955, s'il

  9   vous plaît. Vous voyez là encore plusieurs endroits qui nous sont

 10   familiers, que nous avons déjà rencontrés lors de ce procès et qui se

 11   trouvent en région du Srem occidental.

 12   A la ligne 1, on voit Ilok; 4 000 Croates, et ce nombre est passé à 850. De

 13   54 % de la population à 13,7 %. Sarengrad ensuite. Bapska, 1 711 Croates et

 14   ensuite 400; 97 % de la population à l'origine et ensuite 43 % par la

 15   suite. Mohovo, Opatovac, Lovas. Lovas, 91,9 % de Croates et, après le

 16   conflit ou après la guerre, 12,3 %.

 17   Là encore, Monsieur Hadzic, pour tous ces emplacements, nous voyons,

 18   Monsieur Hadzic, qu'il y a un gouvernement qui a été formé. Vous le voyez ?

 19   R.  Oui, je le vois.

 20   Q.  Et ce sont ces gouvernements que nous voyons là qui géraient la

 21   question du logement, du logement des Serbes, qui assignaient des logements

 22   aux Serbes qui arrivaient, n'est-ce pas ?

 23   R.  Je ne sais pas. Je ne peux que le supposer, je n'avais pas de contacts

 24   avec eux.

 25   M. STRINGER : [interprétation] Je demande l'affichage de l'onglet 1488,

 26   s'il vous plaît, la pièce P1710.

 27   Q.  Monsieur Hadzic, la pièce précédente commençait par une lettre de M.

 28   Susa envoyée au colonel pour l'inviter à une réunion à Ilok afin de parler


Page 10354

  1   du logement en date du 30 décembre. Cette pièce est datée du lendemain, le

  2  31 décembre. Rapport de la séance du gouvernement envoyé au 1er Commandement

  3   de la région militaire, commission des affaires civiles. Un certain Milos

  4   écrit, Milos Miljovic, commandant adjoint des affaires civiles, et il fait

  5   référence à une réunion de la commission pour la population et le logement

  6   temporaire. Le deuxième paragraphe nous dit, nous apprend que la réunion a

  7   compté sur la présence du premier ministre du département, M. Bogunovic.

  8   Est-ce bien Boro Bogunovic ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Et le ministre de la Justice et de l'Administration, Vojin Susa, ainsi

 11   que Milorad Visic. Représentants de la Défense territoriale et des Conseils

 12   exécutifs de la majorité des communes locales. Ensuite, le document

 13   continue et nous apprend que M. Susa a ouvert la réunion en présentant son

 14   objectif aux autres. Et on dit que :

 15   Un grand nombre de réfugiés ne se sont pas présentés après la demande du

 16   gouvernement mais que cela s'est fait de façon désorganisée et qu'il

 17   fallait assurer un logement pour ces personnes de façon organisée, et

 18   cetera. Il ajoute que le gouvernement avait nommé un groupe à la tête

 19   duquel se trouvait le premier ministre adjoint.

 20   Alors, là encore, la référence au premier ministre adjoint, c'est bien M.

 21   Bogunovic ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Page suivante, on nous dit que :

 24   Bogunovic va gérer cela, va trouver un logement pour ces personnes et

 25   s'occuperait également des questions alimentaires et médicales.

 26   Puis à la fin du paragraphe :

 27   "Il dit que le Conseil exécutif de Vukovar a été créé et fonctionne et qu'à

 28   l'avenir il sera chargé de la coordination de ces actions, même si à ce


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  1   stade-ci il devait se concentrer sur Vukovar."

  2   Donc, en fait, Monsieur Hadzic, ce que nous voyons ici, c'est qu'à la fin

  3   du mois de décembre, votre gouvernement participait activement à la

  4   question de la gestion du logement, de loger les Serbes qui arrivaient, et

  5   avait pris le contrôle de cette question-là, qui consignait tout cela, et

  6   cetera, qu'il s'occupait de l'alimentation, des questions médicales, n'est-

  7   ce pas ?

  8   R.  Non, vous n'avez pas bien expliqué les choses. On ne voit pas ici que

  9   notre gouvernement participait à cela à la fin du mois de décembre. Le 30

 10   décembre, notre gouvernement essayait d'y participer. C'était la première

 11   réunion, c'était le premier contact, et à ce moment-là, en fait, la JNA

 12   avait déjà tout terminé. Lorsque nous avons pris contact, tout était déjà

 13   terminé. C'était notre première tentative d'y participer, mais cela n'a pas

 14   eu lieu.

 15   Q.  Passons quelques paragraphes, et j'aimerais vous poser une question

 16   pour savoir ce que le gouvernement essayait de faire.

 17   Le premier adjoint a déclaré :

 18   "Nous ne savons pas quels sont nos objectifs. Nous voulons que la structure

 19   ici soit modifiée. Certaines personnes ne comprennent pas très bien ce

 20   qu'est l'administration militaire."

 21   Et le rédacteur de ce rapport nous dit que :

 22   "Ces citations illustrent le fait que le gouvernement voulait changer la

 23   structure de la population à tout prix, même s'il fallait user d'artillerie

 24   dans la zone d'activités de combat intenses, pourquoi l'armée ne libère-t-

 25   elle pas toute la Slavonie et ne nous serve pas sur un plateau cette

 26   autorité. Son soutien, même dans la zone où il y avait des activités de

 27   combat intenses, n'a pas cessé, même après une mise en garde de la part

 28   d'un représentant disant que nous n'avions pas recommandé de peupler de


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  1   réfugiés l'ouest de Tovarnik afin de leur éviter de vivre un exode deux

  2   fois."

  3   Donc, Monsieur Hadzic, si la JNA hésitait à remettre les rênes à votre

  4   gouvernement, en tout cas, pour la question du logement, c'est parce que,

  5   comme l'a conclu, votre gouvernement s'en fichait de la sécurité de la

  6   population, et sa seule préoccupation était de changer la composition

  7   ethnique. C'est ce que l'on dit ici; non ?

  8   R.  Non, ce n'est pas comme cela que les choses se sont passées. On parle

  9   d'un organe de remplacement qui a expulsé les Croates d'Ilok. Tout cela a

 10   été fait. Et puis, je crois que vous avez entendu Boro Bogunovic, vous

 11   auriez pu lui poser la question directement. Un autre témoin a également

 12   déposé à ce sujet, mais il était protégé, donc je ne vais pas mentionner

 13   son nom. Mais bon, vous me parlez d'événements du 30 décembre, moi, je vous

 14   dis que tout était déjà terminé à ce moment-là et que nous, nous avons fait

 15   mention à vouloir y participer à ce moment-là mais que c'était trop tard.

 16   Je ne peux pas vous en dire d'avantage.

 17   Q.  Alors, ce que j'avance, Monsieur, c'est que ce rapport a été rédigé par

 18   un homme qui n'avait aucune raison d'écrire dans son rapport ce qu'il

 19   voulait. Il nous dit qu'il y a certaines inquiétudes sur la sécurité de la

 20   population serbe, n'est-ce pas cela ?

 21   R.  Je vous le répète, moi, ce que je sais, c'est que le colonel Belic m'a

 22   écrit une lettre disant que nous n'avions rien fait pour les réfugiés, que

 23   nous n'avions créé aucun conseil, que nous étions censés le faire, et ce

 24   que cet homme essaie de dire, c'est que Boro Bogunovic a fait une

 25   déclaration et ce colonel nous donne, en fait, ses conclusions sur ce que

 26   Boro pensait sur l'envoi de personnes sur la ligne de front. On ne pouvait

 27   pas dire aux gens de se rendre où ils le voulaient. Les gens se rendaient

 28   où eux le désiraient. Alors, lorsque je dis "nous", je parle du


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  1   gouvernement.

  2   Alors, pour la repopulation de certaines régions, le gouvernement n'avait

  3   rien à voir avec cela. Moi, je ne crois pas ce que ce colonel nous dit. Si

  4   vous, vous désirez le croire, eh bien, libre à vous. Je pense que vous

  5   auriez dû poser ces questions au Témoin Bogunovic. Et lorsque Susa viendra

  6   témoigner, nous le lui demanderons. Moi, dans ce document, je ne vois pas

  7   que Boro Bogunovic ait déclaré qu'il fallait retrouver un logement pour ces

  8   personnes à tout prix dans les zones périphériques. C'est la conclusion de

  9   cet homme, de ce colonel. Mais, pour moi, cet homme est malhonnête.

 10   Q.  Alors, vous dites que cet homme est malhonnête. Il s'agit de Milos

 11   Miljovic, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui, oui, je parle de lui. Je ne le connais pas personnellement, c'est

 13   la première fois que j'entends parler de lui, mais je pense que la

 14   conclusion qu'il tire ici est totalement fausse. Je n'ai aucune raison de

 15   défendre Boro Bogunovic sur ce front-là, mais rien dans ce texte ne me

 16   montre qu'il voulait envoyer des gens ou utiliser des gens comme chaires à

 17   canon. Et c'est ce que semble dire cet homme-là. Bon, peut-être que je me

 18   trompe, peut-être que j'ai mal lu le document. Je vais le relire, attendez.

 19   Q.  Etait-ce bien --

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Stringer, il est plus ou

 21   moins l'heure de faire la pause -- non, pas plus ou moins, c'est l'heure de

 22   la pause. Est-ce que nous pouvons faire la pause dès à présent ?

 23   M. STRINGER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 24   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien.

 25   Nous allons faire une pause de 30 minutes. L'audience est suspendue.

 26   --- L'audience est suspendue à 10 heures 29.

 27   --- L'audience est reprise à 11 heures 02.

 28   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Hadzic, au début de


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  1   l'audience d'aujourd'hui, j'ai oublié de vous rappeler que vous étiez

  2   toujours sous serment, mais je suis sûr que vous étiez au courant. Tant que

  3   vous serez à la barre, vous resterez sous serment, et les règles qui ont

  4   été établies sont maintenues.

  5   Veuillez continuer, Monsieur Stringer.

  6   M. STRINGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  7   Je demande l'affichage de l'onglet 1481, pièce D000030.

  8   Q.  Monsieur Hadzic, avant la pause, vous avez fait référence à un échange

  9   de lettre entre vous et le colonel Belic du commandement de la ville

 10   d'Ilok, et je pense que le moment est venu de discuter de cet échange. La

 11   première lettre est la vôtre, que vous lui avez envoyée. Est-ce que vous la

 12   voyez ? Est-ce bien la lettre que vous avez envoyée au colonel Belic ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Corrigez-moi si je me trompe, mais pendant votre déposition de ce matin

 15   vous nous avez dit que vous n'avez pas participé et que vous n'étiez pas au

 16   courant d'une participation quelconque dans des questions liées au

 17   logement. Et ici, en fait, nous voyons que dans cette lettre datée du 23

 18   décembre, vous y avez participé directement en qualité de premier ministre.

 19   Donc, vous étiez informé de ce qu'il était en train de se passer, vous avez

 20   participé aux actions de la JNA à ce sujet, n'est-ce pas ?

 21   R.  Alors, je dois m'expliquer. Vous avez tiré une conclusion qui pour moi

 22   semblait impossible. Alors, lorsque j'ai déclaré que je n'avais pas traité

 23   de cela, moi, je parlais de la période des événements à Ilok et, à ce

 24   moment-là, tout cela était déjà terminé.

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic.

 26   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, Messieurs les Juges. Je suggère que M.

 27   Hadzic répète sa question [sic], parce qu'une très grande partie n'a pas

 28   été retranscrite.


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  1   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Hadzic -- une question, je

  2   ne comprends pas.

  3   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Pardon, sa réponse.

  4   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Sa réponse, très bien.

  5   Monsieur Hadzic, pouvez-vous répéter votre réponse, s'il vous plaît.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Alors, je vais essayer de faire une périphrase

  7   parce que je ne peux pas vous répéter mots pour mots ma réponse.

  8   Je ne m'attendais pas à ce que vous tiriez la conclusion que vous

  9   avez tirée parce que je pensais avoir été clair lorsque j'ai dit que nous

 10   n'avions pas traité de cela, c'est-à-dire le gouvernement, et cela étant la

 11   repopulation à Ilok. Nous n'avons pas participé au processus, et je pense

 12   que nous voyons dans cette lettre que je n'en ai entendu parler que vers la

 13   fin de 1991, décembre 1991, lorsque tout était déjà terminé. Nous essayions

 14   d'établir, de mettre en place des autorités civiles là-bas, mais nous

 15   n'avons pas eu la permission de le faire. Et, comme vous l'avez dit vous-

 16   même, le gouvernement militaire est resté jusqu'au début de l'année 1992

 17   lorsque la FORPRONU est arrivée.

 18   M. STRINGER : [interprétation]

 19   Q.  Donc, pouvons-nous nous mettre d'accord sur le fait qu'à la fin de

 20   l'année 1991, vous et votre gouvernement participaient directement à la

 21   question du logement et que vous assumiez des hautes responsabilités en la

 22   matière au fil du temps ?

 23   R.  Non, non. Parce que ce n'est qu'à la fin de l'année 1991 que nous avons

 24   essayé d'y participer, mais vu qu'il y avait un gouvernement militaire,

 25   nous n'avons pas pu le faire. Ils ont nommé tous les représentants

 26   officiels civils là-bas, y compris les directeurs d'entreprises à Ilok, et

 27   nous avions très, très peu d'influence là-dessus. Et au début, presque pas

 28   d'influence du tout. En fait, je ne sais même pas si nous avions une


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  1   influence quelconque à l'époque. Je pense que non.

  2   Q.  A la page 2 de votre lettre que nous avons à l'écran, troisième

  3   paragraphe en anglais, vous dites :

  4   "Dans un effort d'éliminer ou du moins de réduire les problèmes possibles

  5   dans notre camp, nous avons nommé ministre de la Justice et de

  6   l'Administration M. Vojin Susa, en qualité de représentant chargé des

  7   relations avec les organes de la JNA…"

  8   Donc, cela a eu lieu le 23 décembre, et juste avant la pause vous parliez

  9   de la réunion que M. Susa a tenue avec eux le 30 décembre. Donc, lorsque M.

 10   Susa et M. Bogunovic ont rencontré les autorités de la JAN le 30 décembre,

 11   c'était suite à la nomination dont vous faites référence dans votre lettre

 12   ici, n'est-ce pas, en disant qu'on lui a donné ces responsabilités ?

 13   M. STRINGER : [interprétation] Monsieur le Président, je crois qu'il y a

 14   quelque chose --

 15   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, excusez-moi. Maître Zivanovic.

 16   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je viens de voir une erreur

 17   d'interprétation au paragraphe qui a été lu par M. Stringer. Parce que dans

 18   l'original, on parle "d'efforts visant à exercer une influence aux fins de

 19   mettre un terme à" et non pas "pour éliminer".

 20   Alors, je vais donner lecture en serbe de la version originale, qui dit :

 21   "dans son souhait d'influer de notre part en faveur de l'élimination ou du

 22   moins, en faveur de la réduction de problèmes susceptibles de survenir."

 23   M. STRINGER : [interprétation] C'est consigné au compte rendu. Je crois que

 24   dans la mesure où il y aurait une différence, il n'y aurait pas besoin de

 25   demander des éclaircissements complémentaires, à moins que les Juges ne

 26   pensent le contraire.

 27   Q.  Mais le point où je voulais en venir, Monsieur Hadzic, c'est que vous

 28   indiquez que le gouvernement a procédé à la nomination de M. Susa pour


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  1   qu'il assume des responsabilités au sujet de la semaine du 30, où il y a

  2   des pourparlers avec la JNA au sujet de la situation liée à l'habitat à

  3   Ilok, n'est-ce pas ?

  4   R.  C'était une tentative d'essayer d'éventuellement exercer une influence,

  5   mais c'était trop tard, les choses étaient déjà terminées ou parachevées en

  6   fin 1991.

  7   Q.  Ensuite, vous êtes en train de parler d'espoirs que vous nourrissiez -

  8   oui, je crois que j'ai sauté un paragraphe - disant que le ministère des

  9   Finances aura "la possibilité d'y prendre part pour vérifier les comptes,

 10   le flux des fonds…"

 11   Vous le voyez cela ?

 12   R.  Je m'en souviens, je dois retrouver le passage. Mais je pense que

 13   c'était le principal des problèmes à leurs yeux.

 14   Q.  En page 3 de la version anglaise, et il y a quelque quatre paragraphes

 15   plus bas qui en parlent, où on dit que :

 16   "Le gouvernement a été informé du fait que le processus d'arrivée de la

 17   population à Ilok s'est passé assez bien."

 18   Le voyez-vous ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Et ensuite, vous dites que vous apprécieriez d'être informé au sujet

 21   des critères suivant lesquels cela a été fait, en faisant remarquer que

 22   votre approbation n'était pas sous-entendue.

 23   Alors, vous ajoutez qu'à plus juste titre, que :

 24   "Il y a eu une demande formulée par M. Susa qui parle des raisons et

 25   approbations pour ce qui est de l'installation temporaire de réfugiés dans

 26   des agglomérations situées aux alentours d'Ilok."

 27   Alors, ce que je veux vous laisser entendre, Monsieur Hadzic, que l'une des

 28   raisons pour lesquelles la JNA avait souhaité garder un certain degré de


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  1   contrôle à cet égard-là, c'était justement parce que vous, votre

  2   gouvernement et les représentants de ce gouvernement, aviez eu l'intention

  3   de loger des Serbes tout au large de ces territoires sans prêter attention

  4   à la sécurité de ces gens dans les secteurs où les conflits faisaient rage,

  5   chose qu'on a pu voir dans la pièce à conviction précédemment examinée par

  6   nous.

  7   R.  Ce n'est pas exact. Je vous l'ai déjà dit dans ma réponse avant la

  8   pause. Je ne sais pas vraiment, mais je n'ai peut-être pas le droit de

  9   poser la question et ce n'était pas décent que de demander comment vous

 10   avez fait pour tirer ce type de conclusions. Je ne l'ai vu nulle part, je

 11   n'ai même pas pu supposer telle chose, parce que ce n'est écrit nulle part.

 12   Q.  Eh bien, Monsieur Hadzic, je pense que nous avons des interprétations

 13   différentes de la pièce à conviction que l'on a examinée avant la pause. Je

 14   n'ai pas l'intention d'y retourner, à moins que les Juges de la Chambre ne

 15   souhaitent analyser à nouveau les formulations qui y sont utilisées.

 16   Je vais sauter deux paragraphes de plus, puis je vais faire référence à un

 17   rapport qui a été communiqué par le ministre, M. Susa, au gouvernement et

 18   par M. Bogunovic. Et juste pour confirmer, M. Bogunovic, c'est quelqu'un

 19   que vous avez chargé pour accompagner M. Susa à l'occasion des pourparlers

 20   avec la JNA ?

 21   R.  Oui. Lui aussi et M. Bogdan Vojnovic, qui était ministre des Finances.

 22   Il s'agissait d'une commission composée de trois personnalités.

 23   Q.  Le document suivant, c'est l'intercalaire 1484, c'est une lettre qui

 24   est arrivée en réponse de la part du colonel Belic. Il s'agit de la pièce

 25   P1962, la date est celle du 25 décembre.

 26   Alors au début, il vous salue, il dit que c'est un grand plaisir pour

 27   lui que d'établir un dialogue officiel et mutuellement utile avec vous.

 28   Et vers le bas de la page une en anglais, paragraphe 4, il dit :


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  1   "Je dois reconnaître que je m'attendais à une façon qualifiée et

  2   organisée de l'implication des membres du gouvernement de la SBSO du point

  3   de vue de l'installation des réfugiés arrivant de la Slavonie occidentale."

  4   Je me propose de sauter quelques lignes encore, et puis on voit qu'il

  5   dit :

  6   "Je suis déçu d'avoir à vous dire que les gens à qui vous avez confié

  7   les plus importantes des questions civiles n'ont pas fait preuve de la

  8   moindre habilité, de la moindre connaissance ou de la moindre bonne volonté

  9   de procéder à ce travail. Il est difficile de décevoir les gens qui ont

 10   tant souffert pour faire porter le chapeau à quelqu'un d'autre. Je l'ai dit

 11   parce qu'il y a eu bien des critiques de formulées à l'égard de votre

 12   gouvernement."

 13   Alors, une fois de plus, Monsieur Hadzic, une fois de plus,

 14   indépendamment des plaintes que vous avez formulées à l'égard de la gestion

 15   militaire des choses par la JNA, le rôle de la JNA du point de vue de ce

 16   domaine d'intervention dans le secteur d'Ilok, montre que cela a été pris

 17   en charge par la JNA, parce que le gouvernement a omis de le faire, et

 18   qu'elle n'avait pas montré la volonté de le faire. N'est-ce pas cela la

 19   vérité ?

 20   R.  Je suis accusé devant ce Tribunal pour ce qui est des chefs

 21   d'accusation qui figurent à l'acte d'accusation, je ne vais pas les répéter

 22   tous. Mais l'un des chefs dit que j'ai fait déménager des parties de la

 23   population pour faire venir là des Serbes. Dans le courrier envoyé par le

 24   colonel Belic, on voit clairement qu'il me met en accusation parce que je

 25   ne l'ai pas fait. Cette lettre devrait donc, en quelque sorte, être une

 26   pièce à conviction cruciale pour la Défense disant que le chef d'accusation

 27   n'est pas exact.

 28   Alors, vous pouvez voir tous et toutes que je ne me suis pas engagé


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  1   en faveur du peuplement d'Ilok. J'ai peut-être été un mauvais président du

  2   gouvernement, c'était peut-être au gouvernement d'en débattre. Mais si ce

  3   que M. Belic est en train de dire est vrai, et ce que le Procureur vient de

  4   dire est exact, or, c'est exact, je ne peux pas être mis en accusation pour

  5   ce fait, parce que je n'ai pas prêté attention à un volet.

  6   Alors, que dois-je répondre à votre question ? Que je n'ai pas en ma

  7   qualité de premier ministre traité du problème d'Ilok. Je n'ai pas peuplé

  8   des gens, je n'ai pas fait habiter des gens, et que je n'ai pas fait partir

  9   d'autres personnes. Or, je suis mis en accusation pour l'avoir fait. Alors,

 10   je pense vraiment qu'il faut pas être expert juridique en la matière. Ça me

 11   semble être assez élémentaire comme raisonnement, du moins, de la façon

 12   dont je comprends les choses.

 13   Q.  Il enchaîne à la page 3 de la version anglaise, et je descends

 14   cinq paragraphes plus bas en B/C/S, où il est dit :

 15   "Je suis attristé par le fait de voir que le problème du peuplement

 16   des personnes ou de l'installation des gens se trouvent être mis de côté du

 17   fait des demandes adressées au ministère pour ce qui est d'un grand nombre

 18   de personnes disant que la tâche prioritaire consistait à installer les

 19   membres de leur famille."

 20   Alors, Monsieur Hadzic, une fois de plus, la JNA exprime une fois de

 21   plus la déception du fait de voir votre gouvernement ne pas être préoccupé

 22   par le fait que la population serbe doit être mise à l'abri des zones de

 23   conflit, et ils disent qu'ils sont déçus par le fait que de voir que le

 24   gouvernement ne s'occupe que de soi-même, et on voit que les membres de

 25   votre gouvernement s'installent dans de belles maisons d'Ilok. Cela est

 26   bien vrai ? Et tous ceux qui ont été à Ilok savent que c'est un endroit

 27   très beau.

 28   R.  Alors, je n'ai pas très bien suivi parce qu'on vient de me changer la


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  1   page à l'instant même, je n'ai pas pu vous suivre, et j'aimerais que vous

  2   me disiez où cela se trouve pour que je puisse en prendre lecture.

  3   Q.  Ça commence par les mots :

  4   "Je suis déçu ou déprimé par le fait de voir que…"

  5   R.  Oui, je le vois.

  6   Mais dans votre question, vous mentionnez la ligne de front où l'on peuple,

  7   où on fait habiter des gens où on installe des gens, moi, je ne le retrouve

  8   pas, ce passage. Ce qui est visible dans le passage, c'est que cela prouve

  9   que notre gouvernement n'avait aucune influence d'exercée pour ce qui est

 10   des gens installés à Ilok. On n'a même pas pu y installer trois membres du

 11   gouvernement, dont deux, soit dit en passant, étaient aussi des réfugiés.

 12   Susa était un réfugié de Vinkovci, il n'avait pas où installé sa famille,

 13   tout comme les gens de la Slavonie occidentale. Bogdan Vojinovic était lui

 14   de Vukovar, mais sa maison a été détruite, et il n'avait pas où habiter.

 15   Alors, ça illustre la thèse défendue par moi, et j'aimerais bien que vous

 16   me montriez où c'est écrit que nous avons fait habiter des gens sur la

 17   première ligne de front. Nous n'avons pas dit cela, nous avons dit que nous

 18   voulions installer les gens dans Ilok. Nous n'avons pas cherché des manoirs

 19   et des châteaux, nous voulions loger les gens. Mais je sais bien, tout

 20   comme vous, qu'Ilok c'est une très jolie ville, oui.

 21   M. STRINGER : [interprétation] J'aimerais qu'on nous montre l'intercalaire

 22   1600. Pièce à conviction 65 ter 6527.

 23   Q.  Monsieur Hadzic, nous avons ici un PV d'une réunion du conseil régional

 24   de la SBSO, 25 mai 1992. Donc, on est à cinq mois plus tard. La session se

 25   tient à Erdut. Ce document est lié à la question des priorités accordées

 26   par la SBSO s'agissant de la politique de repeuplement. On parle de la

 27   chose en fin mai 1992 aussi.

 28   M. Milan Ilic qui se trouvait être à la tête du conseil régional de SBSO à


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  1   l'époque; est-ce bien exact ?

  2   R.  Moi, on m'a traduit "conseil régional". Il était président du

  3   gouvernement de la SBSO qui a été mis en place après mon départ. Je n'ai

  4   pas eu par la suite de contact au sujet de leurs activités, ils sont restés

  5   tout à fait indépendants par rapport au président de la SBSO, de la

  6   République de la SBSO. Je ne sais vraiment pas ce qu'ils faisaient.

  7   Q.  Eh bien, ils ont constitué un organe qui a opéré au sein d'une

  8   structure qui était la République de la Krajina serbe, n'est-ce pas ? Ils

  9   n'étaient pas tout à fait autonomes et indépendants ?

 10   R.  Je ne sais pas vous le dire. J'ai perdu tout relationnel avec eux. Ils

 11   ont probablement eu des contacts avec le gouvernement de la Krajina serbe à

 12   Knin. Ils avaient une assemblée à eux, et ils avaient un haut degré

 13   d'autonomie. Ils passaient par l'assemblée, et l'assemblée était l'instance

 14   qui se trouvait au-dessus d'eux.

 15   Q.  Avant les vacances d'été, nous nous sommes penchés sur un document

 16   montrant que c'était vous qui aviez nommé Milan Ilic et, à ce moment-là, il

 17   était censé être à la tête du Conseil exécutif d'Erdut ?

 18   R.  Non, je m'en souviens, mais ce n'était pas Erdut, c'était Dalj. D'après

 19   la nouvelle législation croate, ça a été transféré à Erdut maintenant.

 20   Q.  On voit d'autres noms encore de personnes présentes à cette réunion.

 21   Savez-vous nous dire qui était Pajo Nedic ?

 22   R.  Bien sûr que je sais, oui.

 23   Q.  Quelles étaient donc ses fonctions ?

 24   R.  En 1991, il faisait partie du gouvernement. Il était ministre de

 25   l'Industrie en Slavonie, Baranja et Srem occidental. Il a été élu par la

 26   suite dans le conseil régional, mais je ne sais plus quelles fonctions il a

 27   exercées, je n'ai plus eu de contact avec lui.

 28   Q.  Bon. Dans ce document, on voit au point 2, et j'aimerais que vous vous


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  1   penchiez dessus, on nous dit :

  2   "Le président Ilic Milan a présenté aux personnes présentes le fait que

  3   plusieurs villages dans le secteur se trouvaient inhabités, il y avait

  4   possibilité de peupler pas mal de gens dans bon nombre d'endroits.

  5   L'importance du peuplement de ces localités est grande et il n'est point

  6   nécessaire de l'expliciter outre mesure et il est, par conséquent,

  7   nécessaire de prendre les mesures qui s'imposent."

  8   Et on explique la façon dont on peut réaliser.

  9   Alors, Monsieur Hadzic, ce que M. Ilic est en train de dire ici, c'est

 10   qu'il était fort important que de peupler ces secteurs avec des Serbes, de

 11   façon à ce que la majorité démographique serbe qui était mise en place à ce

 12   moment-là puisse être sauvegardée. C'était cela qui revêtait une grande

 13   importance aux yeux de M. Ilic, n'est-ce pas ?

 14   R.  Non, ce n'est pas ça. Je n'ai pas été présent à cette réunion. Mais

 15   pour répondre à la question que vous avez posée tout à l'heure, le

 16   gouvernement a entériné la nomination de M. Ilic suite à la proposition des

 17   communautés locales. Ce n'est pas le gouvernement qui l'a proposé mais les

 18   communautés locales. Il me semble que vous n'avez pas bien compris les

 19   choses. Je ne pense pas qu'il y ait eu une grosse erreur. Mais le problème,

 20   c'était ceci. La Slavonie et la Baranja, c'étaient des territoires

 21   agricoles, des terres agricoles. Il y avait des domaines abandonnés. On n'a

 22   pas cultivé la terre. C'est une partie paysanne de la population. Il

 23   fallait que quelqu'un s'occupe de la terre. Je ne sais pas ce que Milan

 24   Ilic avait à l'esprit, mais je ne pense pas qu'il ait nommé la nation qui

 25   était censée venir peupler ceci. C'étaient des villages abandonnés, les

 26   terres n'ont pas été exploitées, il y avait des possibilités donc de voir

 27   des maladies ou des contagions se répandre, et il fallait donc s'occuper de

 28   ces terres. Je crois que c'était l'élément politique qui primait, et je ne


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  1   pense pas que l'on ait précisé que c'était aux Serbes que l'on devait

  2   confier ceci, et je ne sais pas comment il voulait faire venir ces Serbes.

  3   En ma qualité de président de la république, je ne pense pas que le

  4   gouvernement de Krajina, nous n'avons pas débattu de cette question. Je ne

  5   m'en souviens du moins pas.

  6   Q.  Mais on parle ici des données démographiques qui ont été jointes au

  7   document qu'on a vu plus tôt dans la matinée d'aujourd'hui, et il est dit

  8   qu'il y a bon nombre de secteurs où il y avait eu une majorité croate, et

  9   cette majorité n'y était plus. Vous en souvenez-vous ?

 10   R.  Je m'en souviens. On en a parlé juste avant la pause.

 11   Q.  Oui, mais moi je vous demande si vous vous en souvenez.

 12   R.  Vous ne m'avez pas compris, peut-être. Je viens de vous dire que je

 13   m'en souvenais parce que nous en avions parlé avant la pause.

 14   Q.  Le point auquel je veux en venir, c'est que la politique du

 15   gouvernement qui est exprimée ici et qui est exprimée dans d'autres

 16   documents encore que nous allons voir, c'était de faire en sorte de

 17   maintenir cette majorité serbe, bien que cette majorité n'ait pas existé là

 18   avant le conflit. C'était la politique en vigueur et l'objectif poursuivi,

 19   n'est-ce pas ?

 20   R.  Non. Je vous ai expliqué l'objectif. On n'était pas en train de

 21   procéder à des élections entre Serbes et Croates et de faire voter le plus

 22   de Serbes. Il fallait faire cultiver la terre. Les Serbes, on était autant

 23   qu'on était. On ne pouvait pas faire venir des Serbes de la planète Mars

 24   pour qu'ils viennent cultiver la terre. Il fallait la cultiver, cette

 25   terre. Il y avait des problèmes de contagion et de maladie qui pouvaient

 26   faire leur apparition sur ces territoires.

 27   Q.  Mais ici, nous sommes au mois de mai, on est au 25 mai 1992, et les

 28   gens qui étaient censés revenir travailler la terre, c'étaient des Croates


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  1   qui avaient vécu là auparavant, n'est-ce pas ?

  2   R.  Je vous ai déjà dit que je n'ai pas été présent à cette réunion. Je ne

  3   sais rien au sujet de ce document. Je sais que quelqu'un était censé venir

  4   travailler la terre. Etaient-ce des Croates qui accepteraient de revenir ou

  5   des Serbes, je n'en sais rien. On est en train de parler de cela pour la

  6   première fois maintenant ici. C'est la première fois que j'en parle.

  7   Q.  Mais d'après le plan Vance, que vous aviez accepté, en fait, c'étaient

  8   les Croates qui étaient censés revenir, les Croates qui n'étaient plus

  9   présents, donc il s'agissait de retour de réfugiés. C'était ce qui était

 10   censé se passer.

 11   R.  Oui, c'était ce qui était censé se passer. Le plan Vance était censé

 12   être mis en œuvre. Nous l'avions accepté mais ce n'est pas nous qui l'avons

 13   signé. Nous n'avons pas décidé de ce plan Vance. C'étaient la Serbie, la

 14   Croatie et les Nations Unies qui en avaient décidé et qui avaient négocié.

 15   Nous, au mois de mai, on ne nous a rien demandé du tout. Ni la Serbie, ni

 16   la Croatie ne nous avaient rien demandé du tout.

 17   Q.  Mais vous ne pensez tout de même pas que M. Ilic fait référence à un

 18   peuplement de ces secteurs avec des Croates ? Vous n'allez quand même pas

 19   nous dire que c'était ce qu'il voulait dire ?

 20   R.  Moi, je ne peux pas penser telle chose ou telle autre chose. Ce ne

 21   serait pas sérieux que d'interpréter ce qu'il avait à l'esprit. Je ne sais

 22   vraiment pas. A mes yeux, il eut été logique de voir des Croates revenir

 23   sur ces territoires en respectant nos lois. Les voir revenir, ça n'aurait

 24   pas été contestable du tout, à mes yeux.

 25   M. STRINGER : [interprétation] Monsieur le Président, nous demandons un

 26   versement au dossier de la pièce 65 ter 6527.

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic.

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je voudrais faire objection parce que le


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  1   témoin n'a pas fourni d'information quelle qu'elle soit. Il n'a pas eu à

  2   connaître ce document, il n'a pas été au courant de ce document. Je ne

  3   pense pas qu'il y ait fondement pour ce qui est d'un versement au dossier

  4   de ce document.

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Stringer.

  6   M. STRINGER : [interprétation]

  7   Q.  Monsieur Hadzic, vous vous êtes penché sur l'original.

  8   On peut se pencher sur la page 2 aussi.

  9   Est-ce que vous pouvez reconnaître la signature qui apparaît au bas ?

 10   R.  Je vois qu'on a tapé à la machine le nom de "Milan Ilic", mais je ne

 11   connais pas sa signature à Milan Ilic. Moi, cette signature ne me dit rien

 12   du tout. Et je sais lire les caractères cyrilliques, et je ne sais même pas

 13   distinguer si c'est des caractères cyrilliques ou latins qui ont été

 14   utilisés. Je ne vois pas du tout ce qu'on a inscrit comme nom.

 15   M. STRINGER : [interprétation] Je vais aller de l'avant, Monsieur le

 16   Président.

 17   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 18   M. STRINGER : [interprétation]

 19   Q.  Avant que de poursuivre, je vais faire une petite digression, Monsieur

 20   Hadzic.

 21   Je suis en train de me pencher sur votre témoignage daté du 9 juillet ici,

 22   où vous avez évoqué une conversation que vous aviez eue avec Radovan

 23   Stojicic au sujet de M. Bogunovic. Je vous renvoie vers la page 9 594 du

 24   compte rendu. Vous avez dit que Badza, Stojicic, vous avait indiqué qu'ils

 25   ne voulaient pas travailler avec M. Bogunovic en sa qualité de ministre de

 26   l'Intérieur. Vous en souvenez-vous de cela ?

 27   R.  Je m'en souviens.

 28   Q.  Et suite à cela, il a été révoqué de ses fonctions. Je peux peut-être


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  1   vous donner lecture de la réponse que vous avez apportée, ça vous

  2   facilitera la chose.

  3   Vous avez dit, en page 9 595, la chose suivante :

  4   "Il ne m'a pas dit : Révoquez Boro Bogunovic. Il m'a dit : Faite

  5   comme bon vous semblera. Mais si Bogunovic reste ministre, nous n'allons

  6   pas coopérer avec lui. C'est du moins la façon dont j'ai compris les

  7   choses."

  8   Vous en souvenez-vous ?

  9   R.  Je m'en souviens, oui, je me souviens de l'entretien que j'ai eu avec

 10   Badza, et je me souviens aussi du fait d'avoir témoigné sur ce point-là.

 11   Q.  A la même page de votre témoignage, vous avez dit que :

 12   "Boro n'était pas un professionnel. Il n'avait pas d'expérience. Lorsque

 13   nous avons créé un gouvernement, il a constitué une solution intérimaire

 14   pour ce qui est du problème que nous avions eu à résoudre. C'était la chose

 15   la plus importante. Il n'avait pas de qualités professionnelles

 16   suffisantes."

 17   Ça se trouve à la page 9 595. Vous souvenez-vous d'avoir dit quelque chose

 18   en ce sens dans votre témoignage, Monsieur Hadzic ?

 19   R.  Oui, je m'en souviens.

 20   Q.  Ensuite, à la page suivante, vous décrivez la façon dont vous avez

 21   informé M. Bogunovic parce que c'était un ami à vous. Et en page 9 596,

 22   vous avez dit :

 23   "J'ai dit que Badza représentait Belgrade, et que c'était l'opinion de

 24   Belgrade. Et je vois qu'il avait été d'accord d'être premier ministre

 25   adjoint plutôt que ministre de la police."

 26   Vous en souvenez-vous de cela aussi ?

 27   R.  Oui, je m'en souviens. J'ai dit que Badza avait représenté Belgrade et

 28   avait représenté la police serbe, celle de Belgrade.


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  1   M. STRINGER : [interprétation] Je voudrais qu'on nous affiche

  2   l'intercalaire 355, il s'agit de la pièce P197.140.

  3   Q.  Et pour situer les choses dans le temps, Monsieur Hadzic, il s'agit de

  4   PV d'une session du gouvernement de la SBSO daté du 29 novembre 1991 ou

  5   plutôt, 28 novembre [comme interprété]. On voit que c'est vous qui êtes

  6   présent, Stevo Bogic, M. Borislav Bogunovic, d'autres membres du

  7   gouvernement encore. Il dit que Trosic Milorad, Vojnovic Milovic [comme

  8   interprété], Predrag Radulovic, Milan Milanovic, et Radovan Stojicic sont

  9   présents. Donc, Badza, lui, était présent aussi à l'occasion de cette

 10   session.

 11   En page 2 de la version anglaise, et je pense qu'il s'agit de la page 2

 12   aussi en B/C/S, au point 1 [comme interprété], vers le bas du passage, il

 13   est dit ou, plutôt, Trosic Milorad, qui est le procureur public régional,

 14   parle de la situation en termes du taux de criminalité. Il est question

 15   d'un débat où on a parlé également de la nomination du ministre de

 16   l'Intérieur pour qu'il soit l'un des vice-premiers ministres. Et aucune

 17   décision particulière n'a été adoptée.

 18   Il s'agit d'un rapport présenté par M. Trosic, en fait.

 19   Alors, Monsieur Hadzic, est-ce que ceci, plus ou moins, vous rappelle quel

 20   est le moment où vous avez eu cette discussion avec Badza où il s'était

 21   plaint de M. Bogunovic, et c'est le moment où M. Bogunovic est devenu vice-

 22   premier ministre ou l'un des vice-premiers ministres plutôt que de rester

 23   ministre de l'Intérieur ?

 24   R.  Eh bien, je ne peux pas confirmer cela avec une quelconque certitude

 25   aujourd'hui car le remplacement de Bogunovic, eh bien, cela n'a pas pris

 26   seulement un jour ou deux. Cela a duré 15 jours peut-être. Donc, autour de

 27   cette date, oui, mais je pense qu'il fait référence à un autre endroit.

 28   Boro n'était pas d'accord tout de suite. Donc, je ne sais pas si cela a


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  1   duré dix ou 15 jours, mais il fallait le convaincre.

  2   Q.  Alors, nous savons qu'au moment où M. Susa et que M. Bogunovic ont

  3   rencontré le colonel de la JNA le 30 décembre, il était manifestement vice-

  4   premier ministre à ce moment-là parce que c'est ainsi qu'on l'a présenté et

  5   qu'on l'appelait.

  6   Vous devez répondre par oui ou par non. Vous ne pouvez pas simplement

  7   hocher la tête car ceci ne peut pas être consigné au compte rendu

  8   d'audience.

  9   R.  Oui, oui. Ce n'est pas que je hochais la tête en guise de réponse. Je

 10   hochais la tête à moi-même. Ceci a été rendu public dans le journal

 11   officiel lorsqu'il est devenu ministre de la police, vice-premier ministre,

 12   donc il ne s'agit pas seulement de cela. Il y a d'autres sources à partir

 13   desquelles on peut constater à quel moment ceci s'est déroulé.

 14   Q.  Là où je veux en venir, Monsieur Hadzic, c'est que M. Bogunovic a été

 15   renvoyé de son poste de ministre de l'Intérieur, comme vous l'avez dit, il

 16   n'était pas suffisamment professionnel et semblait ne pas avoir les

 17   capacités nécessaires pour diriger le ministère de l'Intérieur, et vous

 18   l'avez donc promu et vous l'avez fait travaillé aux côtés de Susa et il est

 19   devenu responsable des questions d'hébergement ou du logement. Pourquoi

 20   avez-vous fait cela ? Pourquoi l'avez-vous promu et pourquoi était-il

 21   responsable du logement alors qu'il n'avait pas les capacités nécessaires,

 22   qu'il n'était pas professionnel au poste qu'il occupait auparavant ?

 23   R.  Boro Bogunovic était un profane aux yeux de la police. Boro Bogunovic

 24   était un homme qui était capable de faire d'autres choses. Il travaillait

 25   dans une grande entreprise à Vukovar avant la guerre, c'était un homme

 26   capable. Lorsque j'ai dit qu'il n'était pas professionnel, je voulais dire

 27   qu'il n'était pas professionnel aux yeux de la police. Il coopérait mal

 28   avec la police de Serbie et Badza était leur patron.


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  1   L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète de la cabine anglaise : M. Hadzic peut-

  2   il ralentir, s'il vous plaît, et répéter le reste de sa réponse, s'il vous

  3   plaît.

  4   M. STRINGER : [interprétation]

  5   Q.  Avez-vous entendu cela, Monsieur Hadzic ? On vous demande de ralentir

  6   et de répéter la fin de votre réponse, s'il vous plaît.

  7   R.  Badza avait l'ensemble de la police sous son contrôle, ce qui signifie

  8   l'ensemble du territoire de la Slavonie et de la Baranja. Et il n'était pas

  9   d'accord avec Boro Bogunovic et Boro n'était pas professionnel aux yeux de

 10   la police. Mais Boro aurait pu accomplir un travail d'une autre nature.

 11   Lorsque Boro a été nommé ministre de la police, la décision, ne revenait

 12   pas seulement à moi. Lorsque le gouvernement a été formé, moi, je n'étais

 13   pas en quelque sorte le grand patron. Moi, je ne pouvais pas décider de qui

 14   occuperait quelle fonction. Il s'agissait d'une décision conjointe, qu'à ce

 15   que Boro allait devenir ministre de la police. La police n'existait pas

 16   encore à l'époque, donc sur un plan officiel, cela n'avait aucune valeur,

 17   et l'assemblée a nommé Boro vice-premier ministre sur ma proposition.

 18   M. STRINGER : [interprétation] Intercalaire 1512, s'il vous plaît, P3184.

 19   Q.  Monsieur Hadzic, je souhaite regarder des chiffres pendant quelques

 20   instants encore. Il s'agit d'un rapport du 10 mars 1992 qui émane du

 21   village de Tovarnik, du commandant de la JNA qui se trouvait à cet endroit,

 22   concernant la structure nationale et le nombre d'habitants dans la zone de

 23   la 3e Brigade motorisée.

 24   Et si nous regardons ensuite la page suivante, nous voyons un autre tableau

 25   analogue à celui-ci qui porte sur la composition ethnique avant le conflit

 26   et après le conflit.

 27   M. STRINGER : [interprétation] Messieurs les Juges, dans la version

 28   anglaise, on voit l'abréviation "b/d", qui correspond aux "opérations de


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  1   combat", donc il s'agit de chiffres qui correspondent aux dates précédant

  2   les opérations de combat. Donc, avant ou après les combats.

  3   Q.  Veuillez me dire si vous n'êtes pas du tout d'accord avec les données

  4   qui figurent sur ce tableau.

  5   Tovarnik, avant le conflit, combat avant le conflit, 21 000 Croates,

  6   262 Croates après les combats. Alors, que si vous si regardez en même temps

  7   852 Serbes qui vivaient à cet endroit, qui après le conflit ont été

  8   rejoints par 950 personnes serbes qui sont venus s'installer. Ilaca avait

  9   15 Serbes avant le conflit, et 550 après le conflit, après que les Serbes

 10   sont venus s'installer. 

 11   Donc, si nous passons maintenant à la page 5 en anglais, la

 12   population, en fonction de sa composition ethnique au sein du commandement

 13   de la ville d'Ilok et de la zone de responsabilité du commandement de la

 14   ville d'Ilok, 8 500 Croates avant le conflit, 1 826 après le conflit. Le

 15   nombre des Serbes dans ce tableau reste relativement -- pardon, excusez-

 16   moi. Alors avant les opérations de combat, 1 167 Serbes. Après les combats,

 17   le nombre de Serbes qui vivaient déjà là avant la guerre est sensiblement

 18   le même, mais nous voyons ici les personnes qui se sont installées après, 4

 19   314 Serbes qui sont arrivés après.

 20   Conviendrez-vous avec moi, Monsieur Hadzic, pour dire que - bon, je

 21   ne vais pas parcourir tous ces chiffres, on parle ensuite d'Ilok, Mohovo,

 22   Bapska - nous ne sommes pas vraiment en désaccord, n'est-ce pas, s'agissant

 23   du 10 mars 1992, à cette date-là, la composition ethnique avait

 24   profondément changé dans cette région du Srem occidental comme cela a été

 25   indiqué dans ce rapport ?

 26   R.  Ce rapport montre qu'ils utilisent le concept de zone de

 27   responsabilité et secteur de l'administration militaire, à savoir tout ce

 28   qui se passait au sein de l'organisation de la JNA. En tant que témoin, je


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  1   ne sais pas, parce que je n'ai pas participé à cela, mais je sais que les

  2   gens ont quitté la Slavonie occidentale, les Serbes et les Croates, en même

  3   temps que leur arme, et cela je le sais, mais ce genre de chose, je n'ai

  4   pas participé à cela, donc je ne peux rien dire dans ma déposition à ce

  5   sujet.

  6   Q.  Alors, mettons de côté la simple question de la zone de

  7   responsabilité, même de savoir que les Croates sont partis. Alors, je me

  8   fonde ou ma question se fonde sur la question suivante : Vous, en tant que

  9   président de la RSK, que vous étiez à l'époque, ou simple citoyen, je

 10   suppose que vous n'êtes pas profondément en désaccord avec l'idée qu'il y a

 11   eu un changement démographique profond au Srem occidental à cette époque ?

 12   R.  Eh bien, je pourrais être d'accord avec vous. Je sais que les

 13   Croates sont partis et que les Serbes de la Slavonie occidentale sont

 14   arrivés. C'est ce que je sais, et je crois que votre question porte là-

 15   dessus.

 16   M. STRINGER : [interprétation] Est-ce que nous pourrions afficher

 17   l'intercalaire 1514, c'est la pièce P2754, s'il vous plaît.

 18   Q.  Il s'agit là d'un document qui date environ de la même époque, le 16

 19   mars 1992, un rapport envoyé au commandement de la 1ère Région militaire,

 20   "Rapport hebdomadaire de l'organe chargé des affaires civiles."

 21   Je vais passer à la page 2, en premier lieu, je souhaite voir -- pardonnez-

 22   moi. En haut de la page 2, on parle du remplacement des documents

 23   personnels et de leur remettre des documents qui seront certifiés par le

 24   gouvernement du SBSO.

 25   Et ensuite :

 26   "Un ordre afin de pouvoir résoudre cette question, l'organe chargé

 27   des affaires civiles a envoyé ou renvoyé cette question devant le

 28   gouvernement de la Région autonome et les autorités de la municipalité.


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  1   Pour essayer de trouver une solution à ce problème et exercer une influence

  2   sur le gouvernement serbe, mais par leur intermédiaire et sur le

  3   gouvernement de la Région autonome serbe, les autorités du gouvernement de

  4   la Région autonome de SBSO ne sont pas suffisamment présentes sur le

  5   terrain, ne sont pas efficaces, et ne peuvent pas résoudre les questions

  6   importantes."

  7   Alors, pourquoi n'avez-vous pas pris des mesures, car vous savez d'après

  8   l'échange que vous aviez avec M. Belic au mois de décembre, qu'il n'y avait

  9   pas suffisamment de coordination et que celle-ci était inadéquate entre

 10   votre gouvernement et la JNA, les autorités militaires, pourquoi n'avez-

 11   vous rien fait pour essayer de résoudre cette question-là ?

 12   R.  Il y a plusieurs raisons à cela. La première, c'est que nous ne nous

 13   sommes pas occupés du tout de la question de l'installation, de la

 14   réinstallation. Cela ne constitue pas une priorité. Le gouvernement n'a pas

 15   du tout pris part à cela.

 16   Ensuite, deuxièmement, nous avons été pris par surprise, comme vous

 17   pouvez voir d'après la lettre de Belic, et nous avons été accusés de ne

 18   rien faire, ce qui est tout à fait contraire au chef d'accusation en

 19   question de l'acte d'accusation.

 20   Et ensuite, il y avait un régime militaire qui était en place à ce moment-

 21   là. Vous pouvez regarder la date, et le régime militaire était toujours en

 22   place et ils ne nous permettaient pas de traiter de ces questions-là. La

 23   commission dirigée par Bogunovic a essayé, à Ilok, de traiter de ces

 24   questions-là, mais nous ne pouvions pas parce qu'il y avait un régime

 25   militaire. Et lorsque la question des finances est arrivée à l'ordre du

 26   jour, eh bien, ils ont simplement décidé d'écarter cette question et de la

 27   gérer eux-mêmes. Ils ne voulaient pas du tout en parler.

 28   Q.  Vous avez dit que "nous ne nous sommes pas occupés des questions liées


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  1   à l'installation et la réinstallation". Eh bien, cela n'est pas vrai,

  2   Monsieur Hadzic, car vous étiez le négociateur principal dans le cadre des

  3   négociations qui se sont déroulées au sujet du plan Vance-Owen, et vous

  4   avez participé à ces négociations, et tout ce processus de négociations a

  5   porté précisément sur la question de l'installation et de la

  6   réinstallation.

  7   Comment pouvez-vous dire que vous ne vous êtes pas du tout occupé de

  8   la question de l'installation de ces personnes ou de leur réinstallation ?

  9   R.  Eh bien, moi je peux vous dire ceci et vous expliquer la chose

 10   suivante.

 11   Tout d'abord, bon, il y a mes arguments et les arguments de la partie

 12   adverse, la partie adverse qui m'accuse de quelque chose. Alors, d'après la

 13   théorie de M. Ilic, quelqu'un essayait de déplacer des Serbes et faire en

 14   sorte qu'ils s'installent dans la région, alors que moi, j'ai accepté le

 15   plan Vance-Owen en vertu duquel les réfugiés étaient censés revenir lorsque

 16   les conditions adéquates étaient réunies.

 17   Le 16 mars, qui est la date de ce document-ci, on ne parlait pas de

 18   cela. Cela est tout à fait manifeste d'après ce document, que la JNA avait

 19   une autre idée que le gouvernement, et moi, je ne savais rien à ce sujet.

 20   Lorsque ces questions ont été débattues, mon gouvernement avait déjà été

 21   démantelé et n'existait pas. Donc, c'est la raison pour laquelle nous

 22   n'avons pas traité de ces questions-là. Je veux parler du gouvernement dont

 23   j'étais le premier ministre. Nous n'avions pas pour priorité de chasser les

 24   Croates et de faire venir les Serbes. Après le mois de février, le

 25   gouvernement n'existait plus.

 26   Le problème du plan Vance-Owen est quelque chose à propos duquel vous

 27   avez raison mais pas de cette façon-là. Le plan Vance souhaitait que les

 28   réfugiés reviennent une fois que les conditions adéquates étaient réunies.


Page 10380

  1   Et même la FORPRONU était contre le retour des réfugiés à ce moment-là, car

  2   les blessures n'étaient pas encore cicatrisées et les personnes qui avaient

  3   fait la guerre la veille ne pouvaient pas simplement cohabiter de façon

  4   pacifique. C'était trop tôt pour que ces réfugiés reviennent.

  5   Il est clair que cet officier de la JNA prônait quelque chose avec

  6   lequel je n'étais pas d'accord. Je maintiens ma position comme je l'ai

  7   maintenue à l'époque.

  8   Q.  Un des paragraphes de ce document précise que :

  9   "Avec la permission du gouvernement du SBSO, les autorités locales

 10   continuent à expulser la population croate. Le 15 mars 1992, environ 100

 11   habitants ont été chassés du village de Boksic. Et d'après nos

 12   informations, ces expulsions ont été menées à partir de listes qui ont été

 13   compilées, et il y a des personnes importantes qui ont participé à cela

 14   ainsi que les forces de défense ou collaborent encore avec eux de façon

 15   bénévole."

 16   Même si vous étiez devenu à ce moment-là président de la république,

 17   le gouvernement du SBSO et les personnes qui étaient encore là continuaient

 18   à appliquer cette politique et chasser les Croates afin d'obtenir une

 19   région où les Serbes étaient majoritaires sur un plan démographique, n'est-

 20   ce pas ?

 21   R.  Non. Vous avez dit qu'ils ont poursuivi leur politique. Ils ne

 22   pouvaient pas poursuivre leur politique tout simplement parce que le

 23   gouvernement du SBSO n'avait pas ce genre de politique. Il n'est pas

 24   nécessaire d'être un grand savant pour comprendre qui a rédigé ce genre de

 25   texte. Cela relevait de la responsabilité de la JNA. Personne ne pouvait se

 26   rendre dans ces régions-là sans la permission de la JNA. Ils contrôlaient

 27   l'ensemble de ce territoire. Je ne sais pas à qui ces mensonges sont

 28   destinés. Je ne sais pas pourquoi il rédige ce genre de chose-là. Qui


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  1   pouvait entrer sur le territoire placé sous la responsabilité de la JNA ?

  2   Personne. Nous ne pouvions pas quitter nos propres villages sans avoir un

  3   laissez-passer particulier. Qui pouvait emmener 100 personnes au vu et au

  4   su d'une brigade de la JNA et de tous les colonels ? Nous ne pouvions même

  5   pas nous approcher de ces personnes-là. Je suis fort surpris de constater

  6   que quelqu'un pourrait croire à ces choses-là.

  7   Q.  Alors, M. Gusic, est-ce qu'il ment aussi lorsqu'il dit que ceci a été

  8   fait avec l'approbation du gouvernement du SBSO ? Est-ce qu'il s'agit

  9   encore d'un officier de la JNA qui ment au sujet de ce qui se passe dans sa

 10   propre zone de responsabilité ?

 11   R.  Bien sûr qu'il ment. Il ment honteusement. Alors, quel gouvernement ?

 12   De quel gouvernement s'agit-il ? Quelle approbation du gouvernement ?

 13   Comment le gouvernement pouvait-il donner un quelconque ordre à la JNA ?

 14   Q.  Alors, vous nous dites, en somme, Monsieur Hadzic, que ce monsieur est

 15   un colonel de la JNA et que c'est un commandant adjoint chargé des affaires

 16   civiles, et que cet homme ment à ses supérieurs au niveau du commandement

 17   de la 1ère Région militaire, il ment au sujet de l'expulsion de 100 Croates

 18   du village de Boksic. C'est ce que vous dites ? C'est votre point de vue ?

 19   Qu'il s'agit d'un rapport totalement faux.

 20   R.  Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit qu'il dit la vérité à demi-

 21   mot. Autrement dit, dans la première partie, il dit que c'est placé sous

 22   leur administration, c'est un régime militaire et il s'agit d'une

 23   administration militaire. Ça, c'est juste.

 24   Mais pour que ce soit bien consigné au compte rendu d'audience, il ment

 25   parce qu'il dit que c'est quelqu'un d'autre qui est à l'origine de cela.

 26   Bon, lorsqu'il parle, c'est à 60 % exact et 40 % des mensonges.

 27   Q.  Donc, alors, tous les expulsions ou déplacements des non-Serbes du Srem

 28   occidental, d'après vous, ont été menés exclusivement par la JNA. C'est ce


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  1   que vous dites dans votre déposition ?

  2   R.  Dans la zone de responsabilité de la JNA, qui pouvait venir ? Le

  3   gouvernement était toujours en place.

  4   J'ai commencé ma phrase, mais vous ne m'avez pas permis de la terminer.

  5   C'était un grand problème pour notre gouvernement que de répartir les

  6   revenus personnels. Ils n'avaient pas un seul autocar et ils ne pouvaient

  7   pas transporter 100 personnes parce qu'ils n'avaient pas de voitures eux-

  8   mêmes. Je suis sûr qu'aucun membre du gouvernement ne pouvait se rendre à

  9   Boksic. Tout d'abord, parce que l'armée était là, et deuxièmement, parce

 10   que le gouvernement n'avait ni voitures, ni essence --

 11   L'INTERPRÈTE : Monsieur Hadzic, veuillez ralentir votre débit.

 12   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Hadzic, vous parlez beaucoup

 13   trop rapidement. Veuillez tenir ceci à l'esprit lorsque vous répondez.

 14   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Pardonnez-moi, je viens de remarquer une

 15   erreur soit au niveau du compte rendu d'audience, soit au niveau de la

 16   traduction. C'est à la ligne 8.

 17   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Ceci n'est pas surprenant, Maître

 18   Zivanovic. A ce niveau de débit, cela n'est pas surprenant.

 19   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui. C'est à la page 54, ligne 8, où il est

 20   dit : "Comment pouvions-nous transporter 100 personnes…". Parce que d'après

 21   ce que j'ai entendu, il a dit : "Comment pouvaient-ils transporter", et non

 22   pas nous, "transporter 100 personnes alors qu'il n'avait pas de voitures

 23   eux-mêmes ?"

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact. Je parlais de ce gouvernement-là

 25   dont je ne faisais plus partie. Pardonnez-moi si je suis allé plus vite car

 26   lorsque le Procureur m'a interrompu, j'ai parlé plus vite parce que je

 27   craignais qu'il ne m'interrompe à nouveau. Mais je ne vais plus parler

 28   aussi vite.


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  1   M. STRINGER : [interprétation]

  2   Q.  Donc, d'après vous, la JNA est-elle exclusivement responsable des

  3   expulsions et des déplacements des non-Serbes dans la municipalité de Dalj

  4   également ?

  5   R.  Eh bien, ça c'est une autre affaire. Je ne sais pas comment se sont

  6   passées les expulsions dans la municipalité de Dalj. Veuillez me montrer

  7   des documents, des éléments de preuve sur la manière dont ceci a été

  8   organisé, mais ceci n'aurait pas pu être fait sans l'autorisation de la

  9   JNA. Peut-être qu'il y a des idiots ou des gens qui s'étaient

 10   autoproclamés, quelque chose peut-être. Mais sans l'autorisation de la JNA,

 11   ça eu été impossible parce que la JNA contrôlait l'ensemble du territoire.

 12   Un vélo ne pouvait pas passer à un poste de contrôle sans être vu, encore

 13   moins un autocar. Donc, je ne peux pas parler de tout ceci dans les

 14   détails. Rien ne pouvait se passer sans la JNA.

 15   Q.  Et la JNA était exclusivement responsable des déplacements, des

 16   expulsions à Beli Manastir, dans la région de la Baranja, d'après vous ?

 17   R.  Je sais que l'ensemble du territoire de la Baranja était contrôlé par

 18   la JNA, mais je ne connaissais pas si bien que cela la région de la

 19   Baranja, donc je n'avais pas d'information particulière. Mais, encore une

 20   fois, je suis sûr que rien n'aurait pu être fait sans la JNA car les deux

 21   frontières, celle qui longeait la Serbie et l'autre, la Croatie, étaient

 22   contrôlées par la JNA et par la police serbe.

 23   Q.  Alors, le fait est que les déplacements et les expulsions de non-Serbes

 24   étaient vitaux pour vous et votre gouvernement et qu'il est très important

 25   pour vous de conserver la région de la SBSO et tous ces endroits parce

 26   qu'il n'y avait pas de majorité serbe avant. Et vous estimiez que ces

 27   expulsions étaient nécessaires et qu'il fallait continuer ces expulsions.

 28   R.  Non. Tel n'était pas le cas. Nous avions un point de vue tout à fait


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  1   inverse. Alors, j'espère que je vais être suffisamment clair pour que les

  2   Juges de la Chambre me comprennent.

  3   Alors, au cours des combats et après la fin des combats, un nombre

  4   important de Croates sont partis, accompagnés de leur armée. Un petit

  5   nombre de Croates est resté, des personnes qui souhaitaient rester. Pour

  6   moi et le gouvernement que je représentais, ces personnes-là ne posaient

  7   aucun problème. Au contraire, c'était dans notre intérêt que ces personnes

  8   restent là parce que nous souhaitions encore faire partie de la

  9   Yougoslavie. Et si cela avait été un territoire ethniquement pur, cela

 10   n'était pas bien. Et donc, c'était un problème constant, et j'ai dû faire

 11   face à ces questions-là souvent lorsque j'étais premier ministre. Et

 12   j'étais contre ces expulsions, même si je n'avais aucun pouvoir en la

 13   matière. Mais en vertu des informations dont je dispose maintenant,

 14   certains Croates sont partis parce qu'ils ont été chassés, mais d'autres

 15   sont partis de leur plein gré avec leurs familles. Parce que nos autorités

 16   ne leur avaient pas délivré de laissez-passer pour qu'ils puissent s'en

 17   aller. Mais de différentes façons, certains sont partis avec l'aide de la

 18   FORPRONU. Il n'était pas bon pour nos autorités que les Croates quittent la

 19   Slavonie et la Baranja, nous ne craignions pas les élections, ni la

 20   majorité croate dans certaines régions.

 21   Tel n'était pas notre raisonnement. Nous souhaitions rester au sein de la

 22   Yougoslavie.

 23   M. STRINGER : [interprétation] Est-ce que nous pouvons afficher

 24   l'intercalaire 1218, la pièce P41.

 25   Q.  Il s'agit d'un télégramme des Nations Unies de M. Goulding à M.

 26   Nambiar, 9 juillet 1992, s'agissant d'une réunion avec vous, M. Dzakula et

 27   M. Vejzovic, ministre des Affaires étrangères. J'aimerais attirer votre

 28   attention sur le paragraphe numéro 10 parce que ce vous venez de nous dire,


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  1   Monsieur Hadzic, est un mensonge, ce que vous nous avez dit sur le fait que

  2   vous vouliez que les Croates restent.

  3   Voilà comment les choses se sont passées. Paragraphe 10, je cite :

  4   "Sur la question des réfugiés, Hadzic a déclaré qu'ils étaient prêts à

  5   accepter que tous les non-Serbes qui voulaient rentrer au poste de

  6   regroupement des Nations Unies pouvaient le faire, mais parallèlement, il

  7   faut tenir compte du fait que même si tous les non-Serbes devaient revenir,

  8   les Serbes resteraient une majorité."

  9   Donc, c'était votre point de vue en qualité de président de la RSK, en tant

 10   que président de la république, vous pensiez que toutes ces zones devaient

 11   être sous le contrôle serbe, contrôle démographique, et vous alliez faire

 12   en sorte que cela ait lieu et aussi faire en sorte que peu de Croates

 13   reviennent pour reprendre une majorité, comme cela était le cas avant le

 14   conflit. C'est la vérité, n'est-ce pas ?

 15   R.  Non, c'est faux. Je ne voulais pas utiliser de mots trop durs. Il ne

 16   faut pas amplifier les choses, je vais m'exprimer lentement pour que les

 17   interprètes me suivent.

 18   Il y a un moment, nous avons parlé de la Slavonie, Baranja et du Srem

 19   occidental. Maintenant, nous parlons de la République serbe de Krajina.

 20   Dans ce paragraphe, c'est le paragraphe 10, je pense, il n'est plus à

 21   l'écran, je ne le vois plus, deux conclusions qui n'ont rien à voir l'une

 22   avec l'autre ont été expliquées, mais de façon exagérée. Il en allait dans

 23   mon intérêt et dans l'intérêt du gouvernement de la République de la

 24   Krajina serbe de maintenir une communauté multiethnique et de mettre en

 25   œuvre le plan Vance du mieux possible. Ce n'est pas parce que nous voulions

 26   rester une majorité. En SAO de Krajina, même avant le conflit, il y avait

 27   95 % de Serbes. Donc, les Croates n'avaient aucun problème à revenir. Ils

 28   auraient constitué quand même une minorité. En fait, cela prouve que ce


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  1   n'était pas un problème pour nous que les Croates reviennent, pas du tout.

  2   Knin était à 95 % serbe. Je ne suis pas en train de dire que c'était bien

  3   ou mal. Mais pourquoi ces 10 % de Croates devaient-ils disparaître. Alors,

  4   je ne vois pas non plus pourquoi vous êtes en train de me dire que je mens

  5   lorsque j'affirme que ça ne me posait pas de problème si les Croates

  6   restaient, s'ils désiraient rester en Yougoslavie comme nous le désirions.

  7   M. STRINGER : [interprétation] Je pense qu'il est temps de faire une pause,

  8   Monsieur le Président.

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, effectivement. Merci, Monsieur

 10   Stringer.

 11   Nous suspendons l'audience.

 12   --- L'audience est suspendue à 12 heures 16.

 13   --- L'audience est reprise à 12 heures 45.

 14   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Veuillez continuer, Monsieur

 15   Stringer.

 16   M. STRINGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 17   Q.  Monsieur Hadzic, avant la pause, nous étions en train de consulter la

 18   pièce P41, qui est un télégramme des Nations Unies qui parle d'une de vos

 19   déclarations selon laquelle "vous étiez prêt à accepter que tous les non-

 20   Serbes qui voulaient revenir au point de regroupement des Nations Unies le

 21   fassent, mais parallèlement qu'il fallait se rendre compte que même si tous

 22   les non-Serbes devaient rentrer, les Serbes resteraient en majorité."

 23   Alors, je vais vous poser la question suivante, Monsieur Hadzic, sur

 24   justement la majorité, c'est l'aspect démographique et la capacité de votre

 25   gouvernement de maintenir une certaine majorité démographique en SBSO.

 26   J'aimerais savoir si vous deviez maintenir le statu quo obtenu pendant la

 27   guerre qui était le nettoyage ethnique et l'expulsion des non-Serbes. Est-

 28   ce exact ?


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  1   R.  Non, ce n'est pas vrai. En tout cas, moi j'ai entendu dans

  2   l'interprétation qui m'est arrivée SBSO. Vous vous êtes peut-être trompé,

  3   votre langue a peut-être fourché. Mais là, il ne s'agit pas alors de

  4   Slavonie, de Baranja et de Srem occidental. On parle de la République de

  5   Krajina serbe.

  6   J'aimerais consulter le document en serbe, s'il vous plaît, pour voir le

  7   libellé exact de cette citation, et ensuite, je vous donnerai mon

  8   explication.

  9   M. STRINGER : [interprétation] Montrons à M. Hadzic le paragraphe 10 de la

 10   version B/C/S, s'il vous plaît. Je ne suis pas sûr que nous l'ayons dans

 11   son intégralité.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Je comprends le contexte à présent.

 13   Je l'ai dit uniquement pour confirmer, pour confirmer que cette accusation,

 14   selon laquelle nous ne voulions pas des Croates, ne tenait pas la route

 15   parce qu'en RSK, en République serbe de Krajina, les Serbes resteraient une

 16   majorité même si les Croates revenaient.

 17   M. STRINGER : [interprétation]

 18   Q.  En fait, ce paragraphe parle de zones protégées des Nations Unies au

 19   pluriel, mais que ce soit ces zones de regroupement des Nations Unies ou la

 20   RSK, nous parlons quand même de la région de SBSO. La SBSO était l'une des

 21   zones protégées des Nations Unies, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui. Oui, oui. Mais pour moi, c'était la République serbe de Krajina

 23   dans son ensemble. Nous n'avons pas discuté des choses séparément. Nous

 24   n'avons pas parlé du fait que les réfugiés pouvaient revenir dans une

 25   région, dans un secteur, et pas dans un autre. Lorsque nous avons parlé de

 26   ce sujet-là, nous avons parlé de l'ensemble du territoire. Et,

 27   personnellement, je n'ai jamais parlé de parties, de portions séparées de

 28   cette région, et pour autant que je m'en souvienne, personne d'autre non


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  1   plus n'a mentionné de portions particulières.

  2   Q.  Au paragraphe précédent, au paragraphe 9, on vous pose une question sur

  3   les expulsions de Tovarnik. Et nous savons, malgré ce que vous êtes en

  4   train de nous dire aujourd'hui, que la discussion avec ces hommes, ces

  5   responsables des Nations Unies, portait notamment sur la SBSO ? Tovarnik

  6   est bien en Srem occidental.

  7   R.  Je viens de vous expliquer cela il y a quelques instants. Moi, j'ai

  8   parlé de l'ensemble du territoire de la République serbe de Krajina, y

  9   compris toutes ces parties, donc y compris Tovarnik, qui se trouvait en

 10   République serbe de Krajina. Remontrez-moi le paragraphe 9, s'il vous

 11   plaît, pour voir exactement ce que l'on y dit.

 12   Oui, je me souviens de cette question. Je me souviens qu'on m'a posé cette

 13   question lorsque je suis arrivé là-bas, et je sais que certaines de ces

 14   personnes ont été poursuivies, qu'on les a attrapées. Pas toutes, mais

 15   certaines personnes ont été jugées pour Tovarnik. Ce n'était pas tout à

 16   fait mon travail, mais j'ai entendu parler de ces affaires-là.

 17   Q.  Nous en parlerons probablement demain.

 18   Le 14 juillet, Monsieur Hadzic, 14 juillet de cette année, pendant votre

 19   interrogatoire on vous a posé une question là-dessus, sur ce que nous

 20   appelons le statut spécial, et votre conseil a déclaré la chose suivante :

 21   "Vous avez également dit que l'option la plus acceptable était celle du

 22   statut spécial."

 23   Et votre réponse, page 9 719 du compte rendu, est la suivante, je cite :

 24   "Oui, c'est bien ce que je dis. Nous, en Slavonie, en Baranja et Srem

 25   occidental, étions prêts à discuter d'un statut particulier, d'un statut

 26   spécial, mais il fallait certaines conditions préalables et cela ne pouvait

 27   pas se faire du jour au lendemain."

 28   Est-ce que vous vous souvenez de cela ?


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  1   R.  Oui, je m'en souviens. Je pense que c'était à propos de ma conversation

  2   avec M. Wijnaendts, je crois.

  3   Q.  Oui, et aussi avec l'ambassadeur Ahrens, qui a déposé en l'espèce.

  4   Et lors de ces discussions avec MM. Wijnaendts et Ahrens, Monsieur Hadzic,

  5   ces discussions qui ont porté sur un certain niveau d'autonomie ou un

  6   statut particulier pour les Serbes qui se trouvaient dans ces zones de

  7   Croatie, pouvez-vous confirmer que vous avez parlé de cela ?

  8   R.  Nous n'en avons pas parlé en détail mais le mot "statut" indique

  9   effectivement qu'il s'agissait d'un statut particulier, d'un statut

 10   spécial, mais je ne m'en souviens pas maintenant.

 11   Q.  Mais vous saviez que lors de vos pourparlers avec la communauté

 12   internationale, Wijnaendts, Ahrens, ou d'autres, qu'il n'y aurait pas de

 13   statut particulier pour les Serbes en Slavonie occidentale -- excusez-moi,

 14   en SBSO, parce qu'ils n'avaient jamais représenté une population

 15   majoritaire dans cette zone, et le statut particulier ne s'appliquait que

 16   pour les zones à majorité serbe telle que la Krajina de Knin. Ce n'est pas

 17   comme cela que l'on vous a expliqué les choses ?

 18   R.  Non. Pourquoi Wijnaendts m'aurait-il informé et pas Babic, qui ne

 19   voulait pas en discuter ? Là où il y avait des Serbes en Croatie, ils

 20   étaient censés obtenir un statut particulier quel que soit le territoire.

 21   C'est comme cela que je l'ai compris.

 22   M. STRINGER : [interprétation] Je demande l'affichage de l'onglet 44, s'il

 23   vous plaît, document 65 ter 1D02579.

 24   Q.  Monsieur Hadzic, vous avez là un rapport, une note, daté du 23 juillet

 25   1992, qui reprend les propos d'une réunion qui avait eu lieu deux jours

 26   auparavant, le 21 juillet 1992, vous y étiez et vous aviez rencontré Lord

 27   Carrington, entre autres. Votre ministre des Affaires étrangères était

 28   également présent, Vejzovic, le ministre de la Défense, Spanovic, aussi. M.


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  1   Ahrens était également présent.

  2   Et le 21 juillet ou, en tout cas, le même mois, vous avez rencontré M.

  3   Goulding et M. Nambiar. C'était 12 jours plus tard. Au bas de la page 2 de

  4   la version anglaise, on dit :

  5   "L'ambassadeur Ahrens n'a pas accepté de s'éloigner de la mission…"

  6   Le paragraphe commence de la sorte. Et, malheureusement, je n'ai pas

  7   le numéro de paragraphe pour la version en B/C/S.

  8   Je pense que cela se trouve également à la page 2 en B/C/S. Donc je

  9   répète le paragraphe en question :

 10   "L'ambassadeur Ahrens n'était pas d'accord de s'éloigner de la

 11   mission…"

 12   Est-ce que vous le voyez ?

 13   R.  Oui, je le vois.

 14   Q.  Donc, je continue ma citation.

 15   "L'ambassadeur Ahrens a répondu à cette remarque en disant que la

 16   République de Krajina serbe comportait deux problèmes graves : tout

 17   d'abord, la RSK, est une partie de la Croatie, elle n'est pas totalement

 18   indépendante; et deuxièmement, le fondement de la décision se fera lors du

 19   recensement de 1981 ou 1991, d'après lequel les Serbes sont en majorité

 20   dans 11 municipalités et en majorité relative à Pakrac et Petrinje, mais à

 21   Beli Manastir les Serbes ne représentent que 26 %. Après le départ des

 22   réfugiés vers 11 municipalités, la majorité serbe sera restaurée, et cela

 23   sera le fondement de la décision, mais les autres municipalités ne feront

 24   pas partie de la communauté autonome, entre guillemets et entre

 25   parenthèses, c'est-à-dire RSK."

 26   Monsieur Hadzic, le message que l'on vous transmet ici - et d'après les

 27   éléments de preuve que l'ambassadeur Ahrens nous a donnés, il vous a passé

 28   ce message à plus d'une reprise - les 11 municipalités ici seront la


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  1   référence pour la Krajina serbe. Alors que Beli Manastir, qui ne comptait

  2   que 26 % de Serbes, ne ferait jamais partie d'une région, un statut

  3   particulier. Je crois que c'était bien cela que l'on est en train de vous

  4   dire, n'est-ce pas ?

  5   R.  Nous avons tous entendu la déposition de M. Ahrens. Il a dit ce qu'il

  6   avait à dire sur mon comportement et le comportement de toutes les

  7   personnes présentes à ce moment-là. Je n'ai rien à ajouter à cela.

  8   C'était ce que nous pensions à l'époque. Alors, on voit ici qu'il est dit

  9   si cela devait constituer le principe principal, seuls les recensements de

 10   1981 et de 1991 seraient utilisés, et dans ce cas-là il n'y avait aucune

 11   raison d'expulser qui que ce soit. Moi, je n'étais pas en faveur de

 12   l'expulsion, et M. Ahrens peut vous dire directement ce que je pensais à

 13   l'époque. Moi, je pense que tout cela vous confirme ce que je suis en train

 14   de vous dire, que j'étais prêt à négocier, à discuter, et à arriver à une

 15   solution pacifique et stable.

 16   Q.  Mais ce que M. Ahrens était en train de vous dire à l'époque c'était

 17   que vous ne pourriez jamais avoir la mainmise sur la SBSO, en tout cas sous

 18   la forme d'une région autonome ou de territoire, parce que dans cette

 19   région les Serbes n'avaient pas jamais constitué une majorité, n'est-ce pas

 20   ?

 21   R.  C'est ce qui est écrit ici. Moi, je ne m'en souviens exactement, mais

 22   ça s'est révélé être vrai. C'est ce qui est arrivé.

 23   Q.  Et donc vous saviez que votre seule chance d'avoir la mainmise sur la

 24   SBSO en tant que région autonome était de maintenir une composition

 25   ethnique à laquelle vous étiez arrivé récemment, à l'époque, et vous saviez

 26   que pour arriver à cette majorité serbe, il fallait passer par des

 27   expulsions, n'est-ce pas ?

 28   R.  Non, ce n'est pas exact. En fait, c'est le contraire de ce que vous


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  1   êtes en train de dire. Quelle qu'était la situation à ce moment-là,

  2   c'étaient les recensements de 1981 et 1991 qui ont été pris en compte, une

  3   situation particulière n'a en aucun cas influencé les choses. Il n'y a que

  4   les recensements de 1981 et 1991 qui ont été pris comme référence.

  5   M. STRINGER : [interprétation] Monsieur le Président, nous demandons le

  6   versement de cette pièce 1D02579.

  7   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] La pièce est admise et reçoit une

  8   cote.

  9   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Cela devient la pièce P3322 [comme

 10   interprété], Messieurs les Juges.

 11   M. STRINGER : [interprétation]

 12   Q.  Monsieur Hadzic, le 10 juillet de cet été, donc le mois dernier lors de

 13   votre interrogatoire principal, on vous a posé quelques questions sur M.

 14   Stevo Bogic, et j'aimerais revenir là-dessus.

 15   A la page 9 689 du compte rendu -- en fait, je vous redonne le contexte, à

 16   ce moment-là, Me Zivanovic vous parlait de la Loi relative aux ministres,

 17   qui disait que tous les ministres nommés au gouvernement de SBSO étaient

 18   énumérés. Est-ce que vous vous en souvenez ? Il vous demandait d'où

 19   venaient les personnes énumérées dans la liste.

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Et puis on vous a posé des questions sur M. Bogic, et vous avez répondu

 22   que :

 23   "Il venait de Borovo Selo. Qu'il faisait partie du groupe qui était arrivé

 24   avec Jovic et Devetak."

 25   Vous vous souvenez de cela ?

 26   R.  Oui, je m'en souviens.

 27   Q.  Et, d'après ce que j'ai compris, il était ministre sans portefeuille.

 28   Je crois que je vous ai posé une question à ce sujet tout à l'heure. Et


Page 10394

  1   vous aviez déclaré à ce moment-là qu'il n'avait pas fait d'études, et que

  2   c'était la raison pour laquelle on ne lui avait pas confié de portefeuille.

  3   R.  Oui. En fait, il n'était pas vraiment professionnel pour assumer un

  4   ministère en particulier ou un département en particulier.

  5   Q.  Et ensuite, vous poursuivez en décrivant ses fonctions, ses

  6   responsabilités, et je vais vous donner lecture, je cite la page 9 690. Je

  7   cite :

  8   "Il était chargé de mettre sur pied un service de sécurité autour du

  9   bâtiment gouvernemental. Cela voulait dire que la sécurité devait être

 10   présente 24 heures sur 24, et qu'il y avait trois postes assumés."

 11   Vous vous souvenez de cela ?

 12   R.  Je me souviens avoir déclaré cela, et je me souviens que c'était bien

 13   le cas.

 14   M. STRINGER : [interprétation] Aux fins du compte rendu, Messieurs les

 15   Juges, je ne crois pas qu'il faille afficher la page, mais je me réfère à

 16   la pièce L1, page 24 de la version anglaise, qui est la décision nommant M.

 17   Bogic ainsi que les autres ministres au gouvernement.

 18   Q.  Quelle était la profession de M. Bogic avant sa nomination en tant que

 19   ministre sans portefeuille ?

 20   R.  Je crois qu'il était technicien agricole, de formation, en tout cas.

 21   Q.  Est-ce que vous l'avez rencontré à Borovo Selo au moment ou aux

 22   alentours de la période des événements en mai 1991 ?

 23   R.  A l'époque, non, je ne l'ai pas rencontré. Je crois que je ne le

 24   connaissais même pas à l'époque. Enfin, je veux dire, je ne lui ai pas

 25   parlé, je ne lui avais pas parlé. Peut-être que je l'avais vu, mais nous

 26   n'étions pas amis, ni quoi que ce soit.

 27   Q.  Alors, je vais reformuler ma question. Quand avez-vous connu pour la

 28   première fois M. Bogic ?


Page 10395

  1   R.  Je l'ai rencontré à l'été 1991. Je pense. Je le connaissais de nom, je

  2   connaissais son prénom, son nom. Je l'avais vu à une réunion avant cela,

  3   mais je ne savais pas qui il était. Je ne sais pas. En fait, je ne m'en

  4   souviens plus.

  5   Q.  Vous venez de nous décrire brièvement comment ont évolué vos relations

  6   avec lui au point où on lui a confié la mission d'organiser, de mettre sur

  7   pied ce service de sécurité pour les bâtiments gouvernementaux. J'aimerais

  8   avoir davantage de détails à ce sujet, s'il vous plaît.

  9   R.  Bon, je ne sais pas comment j'ai expliqué les choses jusqu'à présent,

 10   mais lorsque je vous ai dit qu'il était chargé de la sécurité pour le

 11   gouvernement, cela ne voulait pas dire que c'est moi personnellement qui

 12   lui avait confié cette responsabilité. Je ne le connaissais même pas à

 13   l'époque. C'était une décision gouvernementale et il était ministre et il

 14   venait de Borovo Selo, il est arrivé avec cet autre groupe comme Devetak.

 15   Je ne connaissais même pas Devetak non plus. Je ne connaissais que Jovic.

 16   Je le connaissais un peu mieux.

 17   Q.  Est-ce que M. Bogic avait déjà travaillé dans le domaine de la

 18   sécurité, d'après ce que vous saviez ?

 19   R.  Non, pas que je sache. Non, non.

 20   Q.  Avançons à présent dans le temps, 1992 et par la suite, il a également

 21   été ministre au gouvernement de la RSK, n'est-ce pas ? Désolé, non, il

 22   était ministre adjoint, je me reprends.

 23   R.  Oui. Oui, il était ministre adjoint en RSK et il a été élu à cette

 24   assemblée de Borovo Selo.

 25   Q.  Pendant cette période, est-ce que M. Bogic a également joué un rôle

 26   dans le domaine de la sécurité ?

 27   R.  Vous voulez dire pendant l'assemblée, pendant que l'assemblée avait

 28   lieu ?


Page 10396

  1   Q.  Oui, peut-être. Mais en termes plus génériques, pendant la période de

  2   la RSK, elle a commencé en 1992, est-ce qu'il a joué un rôle dans le

  3   domaine de la sécurité pour l'assemblée, pour les membres du gouvernement,

  4   pour le transport de personnes, ce genre de choses ?

  5   R.  A l'époque du gouvernement de la Slavonie et Baranja en 1991, ça et là,

  6   parfois, il venait aider à organiser. En 1992, je pense que non. Je n'ai

  7   pas de renseignement à cet effet.

  8   M. STRINGER : [interprétation] J'aimerais qu'on nous affiche l'intercalaire

  9   97, pièce à conviction 1D03600.

 10   Q.  Monsieur Hadzic, ceci vient du journal Danas, 16 juillet 1991. On dit :

 11   "Il n'y aura pas de négociations avec les Croates." Ça se passe à Borovo.

 12   Et une partie de ceci est une déclaration de M. Bogic et une autre partie

 13   vous est attribuée à vous.

 14   Dans le premier paragraphe, on parle de Stevo Bogic qui indique que : 

 15   "Ces idées se trouvaient aller à l'encontre des déclarations de Stevo

 16   Bogic, qui a reconnu le fait que les autorités croates avaient lancé des

 17   avis de recherche à son égard et il attendait que la Serbie reconnaisse

 18   comme territoire à elle la Slavonie, Baranja et Srem. Il n'y aura pas de

 19   négociations avec les Croates. Il y avait trop d'offenses et trop de

 20   victimes, ce qui fait que la vie commune n'est plus possible."

 21   R.  Moi, je n'arrive pas à retrouver ce passage.

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic.

 23   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Il me semble que l'original ne corresponde

 24   pas du tout à la traduction.

 25   M. STRINGER : [interprétation] Je vais alors aller de l'avant, et puis on y

 26   reviendra par la suite. Mais je m'excuse de ce qui vient de se passer.

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 28   M. STRINGER : [interprétation] Il s'agit de l'intercalaire 1047, qui vient


Page 10397

  1   par la suite. C'est un clip vidéo. Il s'agit de la pièce P241, maintenant.

  2   Il s'agit de la date du 29 juillet 1991, c'est ce qui est noté. Les

  3   interprètes doivent avoir reçu les transcriptions appropriées. Nous allons

  4   attendre pour voir s'ils ont retrouvé la transcription adéquate.

  5   L'INTERPRÈTE : Les interprètes demanderaient à ce que le 65 ter leur soit

  6   donné ou le V, le numéro V.

  7   L'interprète l'a trouvé.

  8   M. STRINGER : [interprétation] Est-ce que nous pouvons commencer ?

  9   L'INTERPRÈTE : Oui.

 10   [Diffusion de la cassette vidéo]

 11   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 12   "Le vice-président de la présidence, Branko Kostic, a rendu visite

 13   aujourd'hui à Borovo Selo. En s'entretenant avec les gens du cru, Kostic a

 14   affirmé que les défenseurs de leurs maisons ne pourraient être traités de

 15   bandits ou de terroristes. Il a critiqué le gouvernement fédéral du fait de

 16   l'assistance insuffisante…"

 17   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 18   M. STRINGER : [interprétation]

 19   Q.  Monsieur Hadzic, nous avons interrompu la vidéo à cet endroit-là. Je

 20   vais vous demander si vous êtes à même d'identifier un certain nombre de

 21   personnes qu'on voit ici.

 22   Et d'abord, dites-nous, cet homme qui est en costume clair à droite, qui

 23   c'est ?

 24   R.  C'est Branko Kostic.

 25   Q.  Et quelles étaient ses fonctions à l'époque ?

 26   R.  Si mes souvenirs sont bons, il était vice-président de la présidence de

 27   la RSFY et il était président par intérim. Je n'en suis pas trop sûr de

 28   cela.


Page 10398

  1   Q.  Vous souvenez-vous de l'opportunité ou du moment où il a rendu visite à

  2   Borovo Selo ?

  3   R.  Je me souviens du fait qu'il soit venu, mais je ne me souviens pas des

  4   détails.

  5   Q.  Seriez-vous d'accord avec moi pour dire que ça s'est passé le 29

  6   juillet 1991 ?

  7   R.  Je veux bien, oui, probable.

  8   Q.  Bien. A côté de M. Kostic, c'est vous, on voit que vous êtes en train

  9   de signer quelque chose. Et ensuite, si on va un peu plus vers la gauche,

 10   il y a un homme qui est debout avec une chemise claire déboutonnée au col.

 11   Est-ce que vous pouvez identifier cet homme ?

 12   R.  Oui, c'est Stevo Bogic.

 13   Q.  Bon. Je voudrais vous montrer un certain nombre d'enregistrements vidéo

 14   parce que je veux laisser entendre, et vous pouvez me rectifier si je me

 15   trompe, que compte tenu du fait qu'il soit rapproché, s'il est prêt de

 16   vous, est-ce que c'est quelqu'un qui assure votre sécurité ? Est-ce que ça

 17   à voir avec l'exercice de fonctions liées à la sécurité ou est-ce que lui

 18   est là pour des raisons autres ?

 19   R.  Il est là par hasard, c'est fortuit sa présence. Il n'était pas capable

 20   d'assurer la sécurité de qui que ce soit. Il était handicapé physique. Il

 21   avait un problème au niveau de la jambe ou du pied. Ce qui fait -- enfin,

 22   je ne veux offenser personne, mais ce serait ridicule que d'affirmer que

 23   lui, en personne, pouvait assurer la sécurité de qui que ce soit.

 24   M. STRINGER : [interprétation] Le passage suivant est au 1022, pièce à

 25   conviction P3128, qui correspond au 65 ter 4831.1.

 26   Une fois que les interprètes l'auront retrouvé, nous commencerons.

 27   L'INTERPRÈTE : La cabine française l'a retrouvé.

 28   [Diffusion de la cassette vidéo]


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  1   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  2   "La journaliste : 'Ça valait la peine de vivre pour ce moment-là,' ce

  3   sont les propos tenus par la Grande assemblée nationale de la Slavonie,

  4   Baranja et Srem occidentale, Ilija Koncarevic, qui s'adressait aux députés

  5   pour communiquer une décision disant que la Slavonie, Baranja et Srem

  6   occidentale, la Région serbe autonome de la Krajina serbe, constitueraient

  7   une nouvelle unité fédérale du peuple serbe. L'assemblée de la SAO de la

  8   Krajina, à sa session de Knin, a proclamé la création d'une république de

  9   la Krajina, promulgué sa constitution et a élu à l'unanimité son président,

 10   premier président, à savoir Milan Babic."

 11   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 12   M. STRINGER : [interprétation]

 13   Q.  Monsieur Hadzic, nous sommes ici à Beli Manastir au mois de décembre

 14   1991, il est question de la proclamation --

 15   R.  Pardon ?

 16   Q.  Est-ce bien exact ?

 17   R.  Je n'avais pas compris que c'était la question que vous me posiez. Oui,

 18   c'est exact.

 19   Q.  Est-ce que vous êtes assis ici, au milieu de l'écran, en uniforme vert;

 20   c'est bien cela ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Qui est le monsieur qui est assis à côté de vous ?

 23   R.  C'était le ministre des Affaires étrangères de notre gouvernement, le

 24   professeur Dr Caslav Ocic. C'est un professeur académicien, membre de

 25   l'Académie serbe des sciences et des arts.

 26   Q.  Merci. Nous pouvons encore laisser passer quelques instants de la

 27   vidéo, mais ce que je voudrais vous laisser entendre aussi, c'est que

 28   derrière vous, en vert, on voit de nouveau M. Bogic présent à cette session


Page 10400

  1   ?

  2   R.  Moi, on m'a dit "une fois de plus". Or, cela signifierait qu'il était

  3   déjà assis quelque part derrière moi ou alors, c'est une erreur de

  4   traduction.

  5   Q.  Je vais reformuler ma question.

  6   Est-ce que M. Bogic est assis derrière vous, cet homme que l'on voie à

  7   l'écran et qui semble porter un uniforme vert ?

  8   R.  Non. C'est Vitomir Devetak et, Bogic, il est derrière Caslav Ocic, il

  9   est assis derrière Caslav Ocic. Et derrière moi, de l'autre côté, comme

 10   Bogic se trouve du côté droit, il y a Milan Milanovic. Il est assis à la

 11   gauche de Devetak, et à la droite de Devetak, c'est Bogic, en effet.

 12   Q.  Bien. Pour les besoins du compte rendu d'audience, je tiens à préciser

 13   que dans la rangée derrière vous, en allant de la partie droite de l'écran,

 14   on voit M. Milan Milanovic, puis M. Vitomir Devetak et M. Stevo Bogic. Qui

 15   est le quatrième, si vous pouvez nous le dire ?

 16   R.  Je ne le connais pas. Je crois que c'était un invité de Novi Sad. Ce

 17   n'était pas quelqu'un issu de la région.

 18   Q.  Pourquoi vous et ces deux membres ou ces deux personnes qui avaient été

 19   membres du gouvernement de la SBSO, M. Milanovic et M. Bogic, portaient-ils

 20   encore un uniforme à l'époque ?

 21   R.  On était au mois de décembre 1991. La FORPRONU n'était pas encore

 22   venue. On était encore en état de guerre, je vous ai expliqué pourquoi je

 23   portais l'uniforme, pourquoi je n'étais pas en civil. Peut-être faut-il que

 24   je réexplique à nouveau, si cela vous intéresse. Je sais pourquoi j'ai

 25   porté l'uniforme. Je ne sais pas pourquoi Bogic a porté un uniforme et je

 26   ne suis pas trop sûr que ce soit un uniforme. Mais moi, oui, je portais un

 27   uniforme.

 28   Q.  Bon. Le document suivant, je ne sais pas si on doit le faire afficher,


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  1   mais je tiens à le préciser pour le compte rendu, Monsieur Hadzic. Si vous

  2   souhaitez le voir, on peut le faire. Peut-être est-il préférable de le

  3   faire afficher.

  4   M. STRINGER : [interprétation] Ça se trouve à l'intercalaire 424, pièce à

  5   conviction L6.

  6   Q.  Ce que nous sommes en train de voir ici, Monsieur Hadzic, c'est au

  7   numéro 140 que ça nous intéresse. Il s'agit du journal officiel de la RSK,

  8   décision portant élection du premier ministre et des ministres au

  9   gouvernement de la RSK.

 10   On voit que M. Bogic figure au numéro 4, et il a été élu aux fonctions de

 11   ministre au gouvernement.

 12   Savez-vous nous dire quelles sont les fonctions qui lui ont été confiées,

 13   là ?

 14   R.  Je sais qu'il a été élu aux fonctions de vice-premier ministre au sein

 15   du gouvernement.

 16   Q.  Mais qu'a-t-il contribué pour ce qui est des activités du gouvernement

 17   aux fins de justifier cette nomination ?

 18   R.  Je ne sais pas devant qui on était censés justifier quoi que ce soit.

 19   Il a été élu au parlement et le gouvernement venait d'être créé ce jour

 20   même.

 21   Q.  C'est cela. Mais en votre qualité de président de la république, vous

 22   devez forcément savoir ce que l'on est censés obtenir de tout individu,

 23   n'est-ce pas ?

 24   R.  Bien entendu que non. Il s'agissait du gouvernement de la République

 25   serbe de la Krajina. Ça a été proposé comme effectifs par Zdravko Zecevic.

 26   Je ne connaissais pas la moitié des cadres qu'il avait proposés. C'est

 27   Zecevic qui les a proposés, qui a présenté sa liste devant l'assemblée,

 28   c'est l'assemblée qui a procédé à l'élection.


Page 10402

  1   Q.  C'est le même Zdravko Zecevic que celui au sujet duquel je vous ai posé

  2   des questions à l'occasion de votre témoignage avant les vacances

  3   judiciaires. C'est le monsieur au sujet duquel il avait été affirmé que les

  4   Croates ne pourraient plus revenir à Benkovac; vous en souvenez-vous ?

  5   R.  Moi, je ne connais qu'un seul Zdravko Zecevic, et c'est bien celui-là.

  6   Q.  Et c'est lui qui a proposé que M. Bogic et autres soient membres de son

  7   gouvernement ?

  8   R.  C'était la procédure en œuvre, le premier ministre proposait la liste

  9   de ceux qui allaient faire partie de son cabinet.

 10   Q.  Mais au fur et à mesure que le temps s'est passé, vous étiez devenu ami

 11   avec ce monsieur Bogic, n'est-ce pas, ça n'a pas -- enfin on peut pas dire

 12   que vous avez été juste président, que lui, il était juste vice-premier

 13   ministre, vous aviez des relations d'amitié qui s'étaient créées entre-

 14   temps, n'est-ce pas ?

 15   R.  A l'époque, ce n'était pas encore le cas. Nous sommes devenus amis plus

 16   tard lorsqu'il m'arrivait de résider à Borovo Selo de temps en temps, et

 17   lui, il était originaire de là-bas. Mais je ne l'ai pas fréquenté à titre

 18   particulier.

 19   Q.  Et vous dites dans votre témoignage que vous ne savez vraiment pas

 20   quelles étaient véritablement ses fonctions. Mais de façon générale, savez-

 21   vous nous dire quels étaient le rôle et les fonctions du vice-premier

 22   ministre au sein du gouvernement de la RSK ?

 23   R.  Je n'ai pas dit que je ne savais pas quelles étaient ses fonctions. Je

 24   vous ai dit qu'il était vice-premier ministre du gouvernement. Il était

 25   régulièrement présent. Il avait des missions, mais il ne présentait pas de

 26   rapport à mon intention, Zdravko Zecevic non plus. On lui a probablement

 27   donné des tâches à accomplir, c'était Zdravko Zecevic qui lui confiait ces

 28   tâches, mais moi, je ne puis que supposer ce qui lui a été confié. Je ne le


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  1   sais pas vraiment.

  2   Q.  Mais est-ce que vous savez nous dire s'il a représenté le gouvernement

  3   de la RSK lors des rencontres avec les représentants locaux au sein de la

  4   république ?

  5   R.  Je ne sais pas. J'imagine que cela pouvait bien être le cas. Mais je ne

  6   le savais pas, personne ne me présentait de rapport à ce sujet. Il est

  7   probable qu'on lui avait confié quelque chose.

  8   Q.  Et en sa qualité de premier ministre adjoint au sein du gouvernement de

  9   la RSK, on pouvait s'attendre à ce qu'il ait des obligations

 10   professionnelles pour ce qui est de mettre en œuvre la politique de ce

 11   gouvernement de la RSK en sa qualité de représentant de ce gouvernement.

 12   R.  Mais ça aurait été logique. Mais ça, c'était une question abordée par

 13   le gouvernement. Le gouvernement, lui, a été élu par l'assemblée. C'était

 14   un organe qui se trouvait en parallèle avec les fonctions du président de

 15   la république. Nos attributions ne se recoupaient pas.

 16   M. STRINGER : [interprétation] Est-ce que nous pouvons afficher

 17   l'intercalaire 1049, qui correspond à la pièce P2199. Il s'agit d'une

 18   vidéo, numéro 65 ter 4896.2. Si les interprètes peuvent nous dire quand

 19   elles seront prêtes.

 20   L'INTERPRÈTE : Un instant, s'il vous plaît. Ça y est, prêt.

 21   [Diffusion de la cassette vidéo]

 22   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 23   "Les Serbes de la Krajina, ou du moins certains d'entre eux, ont décidé

 24   d'accueillir les Bérets bleus qui ont été bien entraînés et bien formés. Il

 25   n'est pas l'heure de se quereller mais d'être unis et de vivre en

 26   cohabitation de façon harmonieuse avec le peuple serbe dans un seul état.

 27   Tel était le message entendu aujourd'hui lors d'une réunion, le 17 août, au

 28   centre de formation de Krajina, à SUP, secrétariat de l'intérieur situé à


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  1   Golubic, près de Knin. Cette réunion marquait le début de l'entraînement de

  2   première classe de Krajina et du MUP. Des policiers et de nombreux

  3   dignitaires ont assisté à cette réunion, y compris des membres de la

  4   présidence de Yougoslavie Tronquée, Kostic, et Sejdo Bajramovic, ainsi que

  5   Goran Hadzic, Mile Paspalj, et les représentants de l'armée yougoslave,

  6   dirigée par le commandant du Corps de Knin, le général de corps d'armée,

  7   Ratko Mladic, ainsi que les représentants du SUP de Serbie, et les

  8   nationaux 'Hej, Slavonie' et 'Boze pravde' ont été entendus après la revue

  9   des troupes. Milan Martic s'est adressé --"

 10   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 11   M. STRINGER : [interprétation]

 12   Q.  Nous avons arrêté la vidéo à ce point, Monsieur Hadzic, pour que vous

 13   puissiez nous dire qui est là. Vous souvenez-vous de cet événement ? Nous

 14   avons vu cette vidéo à plusieurs reprises.

 15   R.  Pardonnez-moi, mais j'ai un blanc. Je me souviens de qui était là, et

 16   je me souviens d'avoir vu cette vidéo, mais je ne me souviens pas, j'ai un

 17   problème de concentration tout un coup, une baisse de concentration. Je

 18   vous remercie de bien vouloir me rafraîchir la mémoire un petit peu, il

 19   s'agit d'une célébration, je crois.

 20   Q.  Alors, il s'agit d'un rassemblement politique, d'une cérémonie qui a

 21   été tenue à Golubic au printemps de l'année 1992. Est-ce que ceci vous aide

 22   ?

 23   R.  Oui, oui, je vois que c'était à Golubic, en 1992.

 24   Q.  Et ensuite, le monsieur qui est debout à côté de vous, qui est-ce ?

 25   R.  C'est Zdravko Zecevic, le feu Zdravko Zecevic.

 26   Q.  Alors, qui est à côté de lui ?

 27   R.  Son vice-premier ministre, Stevo Bogic.

 28   Q.  Donc, encore une fois, j'avais l'intention de vous soumettre l'idée ou


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  1   plutôt de vous demander si sa proximité était liée à une quelconque

  2   fonction dans la sécurité, mais compte tenu de ce que vous venez de dire,

  3   ceci n'est pas le cas ?

  4   R.  Non. Derrière moi, vous voyez la tête de Ljubomir Mudrinic, entre moi

  5   et Zdravko Zecevic, ça, c'est l'homme chargé de ma sécurité. Et ma deuxième

  6   escorte, Milenko Japundzic, doit être à côté de lui, mais on ne le voit

  7   pas.

  8   Q.  Il s'agit des deux hommes à propos desquels vous avez témoigné, et il

  9   s'agissait des hommes chargés de votre sécurité qui était les plus proches

 10   de vous depuis le début lorsque vous êtes devenu président du gouvernement

 11   du SBSO ?

 12   R.  Oui. C'étaient mes seuls gardes du corps pendant toute l'année 1991.

 13   Stevo Bogic n'est pas là en tant qu'homme chargé de ma sécurité. C'est

 14   également un invité, un de mes invités au niveau protocolaire du terme,

 15   parce que nous sommes en rang ici conformément à notre hiérarchie.

 16   Q.  Alors, vous nous avez précisé qu'à un moment donné, en raison du fait

 17   que vous viviez à Borovo Selo, vous et M. Boro Bogic, vous avez entretenu

 18   des relations amicales. Quand ceci a-t-il commencé ?

 19   R.  Eh bien, après les élections au sein de la République serbe de Krajina,

 20   eh bien, de temps en temps, j'habitais à Borovo Selo, en 1994. Et ensuite,

 21   je l'ai vu plus souvent. Mais nous n'avons jamais eu de problèmes l'un avec

 22   l'autre. Nous étions en bons termes même avant cette date-là. Nous ne

 23   passions pas du temps ensemble dans des bars.

 24   M. STRINGER : [interprétation] Alors, le suivant est le numéro 979. C'est

 25   le P3124, numéro 65 ter 04795.5. Encore une fois, nous allons attendre que

 26   les interprètes trouvent le passage en question.

 27   L'INTERPRÈTE : Je ne vois pas encore le numéro 65 ter à l'écran. Veuillez

 28   nous le rappeler, s'il vous plaît.


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  1   M. STRINGER : [interprétation] C'est le 04795.5.

  2   L'INTERPRÈTE : Ça y est.

  3   [Diffusion de la cassette vidéo]

  4   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  5   "Donc, le 19 février 1995, nous voyons le mariage de Zeljko

  6   Raznjatovic, Arkan, commandant de la Garde des Volontaires serbes et

  7   président du parti de l'Unité serbe, et de Svetlana Ceca Velickovic, la

  8   chanteuse la plus populaire de Serbie et de Yougoslavie. L'arrivée de

  9   Zitora -- à Zitoradja comme prévu. Il pleut encore un petit peu, mais cela

 10   n'a l'air de gêner personne. Je vais également vous parler des personnes ou

 11   des invités à ce mariage. Donc, le marié…"

 12   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 13   M. STRINGER : [interprétation] Pardonnez-moi. Je crois que nous n'avons pas

 14   besoin d'entendre l'ensemble de cette séquence vidéo. Et je souhaite que

 15   nous passions à l'endroit qui indique une minute.

 16   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

 17   [Diffusion de la cassette vidéo]

 18   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 19   "…Janko Raznjatovic, oncle; Vojvode, Vuk Vukovic; Zeljko Raznjatovic,

 20   le fils aîné de Zeljko Raznjatovic; le témoin…"

 21   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 22   M. STRINGER : [interprétation]

 23   Q.  Monsieur Hadzic, nous voyons sur cette image des personnes. Alors, vous

 24   avez assisté à ce mariage, au mariage de Zeljko Raznjatovic, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, c'est exact.

 26   Q.  C'était au mois de février 1995 ?

 27   R.  Je sais que c'était en 1995. Je ne me souviens pas de la date.

 28   Q.  Et est-ce que c'est M. Bogic qui est assis sur votre gauche ici sur


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  1   cette image que nous voyons ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Et ensuite, d'après ce que j'ai compris, autour de cette date, c'était

  4   même peut-être plus tôt, en réalité, je ne sais pas comment vous le dire de

  5   la façon la plus appropriée. Vous étiez le parrain de sa fille, en fait. Il

  6   vous avait demandé d'être le parrain de sa fille lors du baptême de cette

  7   dernière.

  8   R.  Oui. C'est une coutume serbe. Et c'est un pêché que de refuser

  9   lorsqu'on vous demande d'être parrain.

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Stringer, c'est la fille de

 11   qui ?

 12   M. STRINGER : [interprétation] Pardonnez-moi. C'est fille de Stevo Bogic.

 13   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 14   M. STRINGER : [interprétation]

 15   Q.  C'est exact, Monsieur Hadzic ? Nous parlons de la fille de M. Bogic ?

 16   R.  Oui, c'est exact.

 17   M. STRINGER : [interprétation] Est-ce que nous pouvons maintenant afficher

 18   l'intercalaire 414, P00201.140. Il s'agit d'un document et non pas d'une

 19   vidéo.

 20   Q.  Alors, en attendant l'affichage de cela, Monsieur Hadzic, en guise

 21   d'introduction, je crois que nous allons aborder un volet de cette question

 22   et je crois que nous allons être d'avantage en désaccord par rapport à

 23   avant. Je crois que vous niez l'existence d'une entité ou d'un groupe

 24   appelé la Sécurité nationale serbe, ce que nous appelons la SNB en anglais.

 25   Est-ce bien ce que vous dites dans votre déposition, que ceci n'existait

 26   pas ?

 27   L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète : Lors des images précédentes, il y

 28   avait le marié, ainsi que quelqu'un qui portait l'étendard et qui était le


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  1   fils aîné de Zeljko Raznjatovic. Reprise des débats.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, effectivement. Telle est ma déposition.

  3   Cela n'existait pas, à l'exception qu'il y avait des personnes qui

  4   montaient la garde auprès du gouvernement, et donc qui montaient la garde

  5   devant ce groupe de réflexion de la nation serbe. La Garde nationale serbe

  6   ou la Sécurité nationale serbe était un terme assez péjoratif, parce que

  7   cela n'existait pas.

  8   M. STRINGER : [interprétation] Nous n'arrivons pas à afficher des documents

  9   du prétoire électronique. Et je ne sais pas si vous aussi vous avez ce

 10   problème-là.

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Nous avons le même problème.

 12   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 13   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Est-ce qu'il y a quelqu'un qui est en

 14   train de se pencher sur la question ? Est-ce que nous pouvons continuer ou

 15   est-ce qu'il faut attendre ?

 16   M. STRINGER : [interprétation] Je crois qu'il faut attendre pour que nous

 17   puissions afficher le document. Je vais voir si je peux passer à autre

 18   chose.

 19   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Non, ça y est, il est là.

 20   M. STRINGER : [interprétation]

 21   Q.  Vous avez déjà vu ce document, Monsieur Hadzic. Je sais que vous l'avez

 22   vu lors de l'entretien où on vous a interrogé en qualité de suspect. Ici,

 23   ce document est daté du 10 février 1992. En haut, à gauche, on peut lire

 24   "Sécurité nationale serbe, Erdut". Et il semblerait que -- bon, est-ce que

 25   vous reconnaissez la signature ?

 26   R.  Je vois qu'il est écrit "Stevo Bogic". Je ne sais pas exactement à quoi

 27   ressemble sa signature. Je pense que cela doit correspondre, mais je n'en

 28   suis pas tout à fait sûr.


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  1   Q.  Et ici, M. Bogic, eh bien, si vous regardez l'original, on peut

  2   l'agrandir le cas échéant, avez-vous des raisons de mettre en doute le

  3   tampon qui se trouve en regard de son nom ici ?

  4   R.  Je ne sais pas. Ce tampon est le tampon de l'un des ministères du

  5   gouvernement. Mais ce n'est pas le tampon de la Sécurité nationale serbe,

  6   parce qu'elle n'existait pas.

  7   Q.  Moi, je ne vous pose pas de questions sur le fait de savoir si la

  8   Sécurité nationale serbe avait un tampon ou pas. Je pense que vous avez

  9   répondu à ma question, quoi qu'il en soit. Donc, vous êtes en train de nous

 10   dire qu'il semblerait que ce soit le tampon de l'un des ministères du

 11   gouvernement; c'est bien cela ?

 12   R.  Oui, c'est ce que j'ai dit. Peut-être, mais je ne suis pas expert en la

 13   matière.

 14   Q.  Et dans la traduction, nous voyons que c'est le tampon de la région

 15   serbe de Slavonie, Baranja et Srem occidental, Vukovar. C'est bien cela

 16   qu'il dit ?

 17   R.  C'est ce qui est écrit. Mais je ne me souviens pas de ce tampon. Il a

 18   dû être fabriqué dans un ministère. Ce n'était pas le tampon de mon bureau,

 19   du bureau du premier ministre, en tout cas.

 20   Q.  Bon, vous dites : "Ce n'était pas le tampon de mon bureau, le bureau du

 21   premier ministre." Mais en fait, nous sommes en février 1992. Et, à

 22   l'époque, vous dépendiez du bureau du président, n'est-ce pas ?

 23   R.  Je n'avais pas de tampon particulier. Le seul tampon que je possédais

 24   était le tampon du secrétaire du gouvernement, et ce n'est pas celui-là. Et

 25   je n'ai pas eu de fonction particulière avant de devenir président de la

 26   république, et cela a eu lieu à partir du 26 février. Et ici, nous parlons

 27   d'avant.

 28   Q.  Alors, il y a quelques mentions manuscrites sur ce document. Et ce que


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  1   l'on dit ici, c'est que M. Bogic, en fait, envoie 260 000 dinars pendant un

  2   mois. Cela se fonde sur le travail de la Sécurité nationale serbe et du

  3   service y afférent. Vous le voyez ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Donc, au moins à partir de février 1992, M. Bogic pense qu'il y a un

  6   organe qui s'appelle la Sécurité nationale serbe, n'est-ce pas ?

  7   R.  On pourrait le penser en voyant cela, il faudrait le demander à Bogic.

  8   Moi, je n'avais pas ces informations, et elle n'existait pas.

  9   Q.  Et puis, il y a des notes manuscrites dans le document. Et celles de

 10   droite nous disent :

 11   "Il a été convenu que Bogdan devrait appeler, en d'autres mots, que cela ne

 12   devrait pas commencer avant que les procédures des autres ministères ne

 13   soient terminées."

 14   Il s'agit du 19 février 1992. Vous le voyez ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Et puis au bas de la page, en bas, à droite, on voit :

 17   "Sur recommandation du président Hadzic, approuvé par," et puis, il y a une

 18   signature, et c'est celle de Vojnovic. Vous le voyez ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Eh bien, c'est Bogdan Vojnovic.

 21   R.  Je suppose que c'est Bogdan Vojnovic parce qu'il n'y avait qu'un seul

 22   autre Vojnovic qui s'appelait Milos, mais là l'initial est B.

 23   Q.  Et dites-moi, quel était déjà le poste de Vojnovic, de Bogdan Vojnovic

 24   à ce moment-là ?

 25   R.  C'était le ministre des Finances.

 26   Q.  Vous ne doutez pas de la véracité de sa signature sur ce document ?

 27   R.  Je ne peux pas vous répondre par l'affirmative, ni par la négative. Je

 28   ne sais pas.


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  1   Q.  Mais vous n'avez aucune raison de douter de la véracité de ce document,

  2   en tout cas, de ce qu'il y est dit, qu'il approuve les fonds, tels que

  3   demandés, envoyés à M. Bogic ?

  4   R.  Je n'ai aucune raison de penser que cela est faux, ni que cela est

  5   vrai. Tout ce que je peux vous dire, c'est que cela ne s'est pas fait sur

  6   ma recommandation. Pour le reste, je ne sais pas. La seule chose dont je me

  7   souvienne, c'est qu'en février, quelqu'un était censé venir pour financer

  8   les travaux du gouvernement et qu'il s'agit d'une tentative de blanchiment

  9   de quelque chose ou de justification de quelque chose.

 10   Q.  Donc, vous pensez que M. Bogic était mêlé à des détournements de fonds

 11   au gouvernement ?

 12   R.  Je n'irais pas jusque-là, mais je pense qu'il voulait payer des

 13   salaires à ceux qui protégeaient le gouvernement, c'est ce que je suppose.

 14   D'après ce que je sais, ces personnes avaient travaillé une année entière

 15   sans solde, sans être payées. Je parle de l'année 1991, les mois de 1991 et

 16   pas toute l'année parce qu'ils avaient commencé à travailler en octobre.

 17   Q.  Très bien.

 18   M. STRINGER : [interprétation] Je demande l'affichage de l'onglet 432,

 19   pièce P1834.

 20   Q.  Monsieur Hadzic, on vous a demandé d'apporter des commentaires sur ce

 21   document pendant votre interrogatoire principal le 16 juillet, je me réfère

 22   à la page 9 869 à 9 870. Et à la page 9 869, vous avez déclaré :

 23   "S'agissant de la Sécurité nationale serbe, je l'ai déjà expliqué,

 24   elle n'existait pas. C'était juste de la propagande que l'on diffusait

 25   auprès de la population."

 26   Est-ce que vous vous souvenez avoir dit cela ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Passons à la page 5 de la version anglaise, s'il vous plaît, qui


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  1   correspond, si je ne m'abuse, à la page 5 aussi en B/C/S. Monsieur Hadzic,

  2   je vous renvoie au paragraphe qui commence par les mots suivants :

  3   "C'est-à-dire, au moment de valeurs perturbées et de méfiance

  4   généralisée…"

  5   Vous voyez cette partie-là ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Je continue la citation :

  8   "…et de méfiance patente du SJB et du SDB, qui est le service de sécurité,

  9   je pense, certaines personnes ont créé des services de sécurité tels que :

 10   la Sécurité nationale serbe et les services de sécurité aux états-majors de

 11   la Défense territoriale, Zeljko Raznjatovic, l'unité d'Arkan est également

 12   utilisée à cet effet."

 13   Je saute un paragraphe, et dans le paragraphe suivant, on voit que l'on

 14   fait encore référence à la Sécurité nationale serbe. Et l'on dit qu'il y a

 15   une ouverture illégale de positions au SJB de la part de la Sécurité

 16   nationale serbe…

 17   Le paragraphe suivant fait référence aux membres de la Sécurité nationale

 18   serbe.

 19   Et puis le paragraphe suivant après celui-ci, nous dit et je cite :

 20   "Le zénith de mécontentement a eu lieu suite aux informations selon

 21   lesquelles le travail de l'assemblée de Krajina du 25 février 1992 était

 22   assuré par la Sécurité nationale serbe et l'unité de Zeljo Raznjatovic,

 23   Arkan."

 24   Vous le voyez ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Est-ce que vous envisagez la possibilité, Monsieur Hadzic, que même si

 27   vous n'étiez pas au courant qu'il s'appelait de la sorte, il y avait un

 28   groupe de personnes lié à M. Bogic qui s'appelait SNB ou Sécurité nationale


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  1   serbe ?

  2   R.  Non, ils ne s'appelaient pas comme cela. C'était un groupe chargé de la

  3   sécurité du bâtiment et de la résidence de Borovo Selo, parce que la

  4   plupart d'entre eux venaient de Borovo Selo. Et ils les appelaient de

  5   plusieurs noms. L'un d'entre eux était Sécurité nationale serbe, mais ils

  6   disaient qu'ils gardaient le groupe de réflexion, c'est-à-dire cet ensemble

  7   des cerveaux les plus précieux que nous avions.

  8   Q.  Très bien. Alors, je vais être sûr de vous avoir bien compris.

  9   Certaines personnes parlaient de ces gens comme étant la Sécurité nationale

 10   serbe ? C'est bien cela que vous avez dit ?

 11   R.  Oui, mais ils n'étaient que dix, maximum, huit. Ils étaient basés à

 12   Erdut et ils assuraient la sécurité 24 heures sur 24 du gouvernement

 13   pendant que leurs voisins ont dû prendre les armes, faire la guerre. Et ces

 14   gens-là leur donnaient différents noms. Parce que eux devaient aller faire

 15   la guerre, alors que ce groupe était en arrière et gardait les bâtiments du

 16   gouvernement, et se relayait trois fois par jour.

 17   Q.  Alors, ici, on indique également qu'ils ont aussi participé à la

 18   sécurité de l'assemblée de Krajina du 25 février 1992; c'est bien cela ?

 19   R.  Alors moi, j'ai déjà déposé à ce sujet. Il est possible qu'ils aient

 20   assuré la sécurité de certains ministres. Mais ils étaient au maximum trois

 21   ou quatre. Les autres sont restés à Erdut certainement, et ils savaient qui

 22   avait la permission de venir ou pas. Mais ils ne pouvaient pas assurer

 23   toute la sécurité parce que c'était techniquement et physiquement

 24   impossible. Le groupe était trop petit.

 25   M. STRINGER : [interprétation] Monsieur le Président, je vois l'heure, je

 26   pense qu'il est temps de faire la pause, en tout cas de lever l'audience

 27   pour aujourd'hui.

 28   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien.


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  1   Monsieur Hadzic, vous reviendrez demain matin à 9 heures.

  2   L'audience est levée.

  3   --- L'audience est levée à 13 heures 59 et reprendra le mardi, 26 août

  4   2014, à 9 heures 00.

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