Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 20 mars 2007

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 18.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à tous. Madame la Greffière,

  6   veuillez citer l'affaire.

  7   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour. Nous sommes ici pour l'affaire

  8   IT-04-84-T, l'Accusation contre Ramush Haradinaj et consorts.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien, Madame la Greffière.

 10   La Chambre préférerait ne pas traiter de points de logistique avant

 11   de commencer le contre-interrogatoire. S'il y a des points à gérer, il

 12   faudrait le faire plus tard.

 13   Madame l'Huissière, pouvez-vous, s'il vous plaît, faire venir le témoin

 14   dans le prétoire.

 15   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 16   LE TÉMOIN: TÉMOIN SST7/04[Reprise]

 17   [Le témoin répond par l'interprète]

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez vous asseoir, Témoin 4. Je

 19   tiens à vous rappeler que vous êtes encore tenu par la déclaration

 20   solennelle que vous avez faite au début de votre déposition hier. M.

 21   Kearney va maintenant poursuivre son interrogatoire.

 22   Monsieur Kearney, vous avez la parole.

 23   M. KEARNEY : [interprétation] Merci.

 24   Interrogatoire principal par M. Kearney : [Suite] 

 25   Q.  [interprétation] Témoin 4, bonjour.

 26   R.  Bonjour.

 27   Q.  Hier juste avant la pause, nous allions parler de votre sœur M. Avant

 28   d'aborder ce sujet, j'aimerais clarifier quelque chose que vous avez dit


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  1   hier. Vous avez cité le nom d'un des hommes qui s'est rendu à de nombreuses

  2   reprises chez vous sous le nom de Toger, ou Togeri. J'aimerais savoir si en

  3   albanais ce mot Togeri veut dire quelque chose ?

  4   L'INTERPRÈTE : Les interprètes ne peuvent pas entendre le témoin.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez, s'il vous plaît, Monsieur le

  6   Témoin, parler dans le micro pour que votre réponse soit interprétée.

  7   L'INTERPRÈTE : Les interprètes signalent que le micro de l'interprète n'est

  8   pas allumé.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le micro ne semble pas être allumé.

 10   Pouvez-vous répéter votre réponse ?

 11   Cela dit, il se pourrait qu'il y ait un problème de canaux,

 12   d'interprétation, puisque j'ai entendu ce qui a été dit sur le canal

 13   anglais. Pouvez-vous répéter et nous dire si le mot Togeri signifie quoi

 14   que ce soit en albanais ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne connais pas de signification bien

 16   spécifique de ce nom.

 17   M. KEARNEY : [interprétation]

 18  (expurgé)

 19  (expurgé)

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Veuillez nous en parler.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kearney, vous savez bien quand

 23   même qu'il y a toujours possibilité de passer à huis clos partiel, le cas

 24   échéant.

 25   M. KEARNEY : [interprétation] Tout à fait.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je demanderais que l'on fasse une

 27   expurgation courte.

 28   Vous pouvez poursuivre.


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  1   M. KEARNEY : [interprétation] Très bien.

  2   Q.  Témoin 4, pouvez-vous nous dire ce qui s'est passé à propos de votre

  3   sœur M ?

  4   R.  Il faisait nuit, je crois qu'il était environ 10 heures [comme

  5   interprété] du soir quand Toger est venu en compagnie d'autres soldats.

  6   Q.  Quand ceci est arrivé, étiez-vous chez vous, dans votre maison ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Où vous trouviez-vous dans votre maison ?

  9   R.  Nous étions dans la chambre, nous dormions.

 10   Q.  Quand Toger et ses hommes sont entrés chez vous, étiez-vous éveillés ou

 11   étiez-vous endormis ?

 12   R.  Nous dormions.

 13   Q.  Vous êtes-vous réveillé au cours de cette incident à un moment

 14   quelconque ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Témoin 4, savez-vous ce qui vous a réveillé ce soir-là ?

 17   R.  Ce soir-là quand ils sont arrivés, ils ont fracassé la porte, la porte

 18   d'entrée.

 19   Q.  Cela vous a réveillé ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Pouvez-vous nous dire ensuite ce qui s'est passé après que la porte

 22   d'entrée a été fracassée ?

 23   R.  Ce soir-là, après qu'ils aient fracassé la porte, Toger et d'autres

 24   soldats sont entrés dans la maison.

 25   Q.  Y avez-vous assisté ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Combien de soldats accompagnaient Toger ce soir-là ?

 28   R.  Quatre ou cinq, je ne peux pas vous dire le chiffre exact.


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  1   Q.  Pourriez-vous nous dire comment Toger et ses hommes étaient habillés ?

  2   R.  Toger était habillé avec les vêtements des unités spéciales, comme

  3   toujours.

  4   Q.  Il s'agit des vêtements noirs dont vous nous avez parlé hier ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Les autres hommes, comment étaient-ils habillés ?

  7   R.  Les autres hommes, y compris Xhevat Islami, parce qu'il est venu aussi.

  8   Q.  Avez-vous reconnu d'autres personnes, mis à part Xhevat Islami ?

  9   R.  Non, aucun.

 10   Q.  Xhevat Islami, que portait-il ?

 11   R.  Il était en vêtements militaires de camouflage.

 12   Q.  Arborait-il un emblème ou un insigne sur cette tenue de camouflage que

 13   vous auriez pu remarquer ?

 14   R.  Je ne pouvais pas vraiment voir bien tout cela ou remarquer quoi que ce

 15   soit parce qu'il n'y avait pas d'électricité à l'époque.

 16   Q.  Y avait-il quand même la moindre de source de lumière à l'intérieur de

 17   la maison à ce moment-là ?

 18   R.  Non, pas de lumière en tant que telle, mais quand ils sont arrivés ils

 19   avaient des torches.

 20   Q.  Ces vêtements de camouflage que portait M. Islami, les aviez-vous déjà

 21   vus soit dans votre village, soit dans les alentours au cours de la

 22   guerre ?

 23   R.  Les vêtements, c'était les vêtements que les militaires portaient dans

 24   le passé, comme je l'ai dit hier.

 25   Q.  Quand vous parlez "des militaires," faites-vous référence à l'UCK ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Au cours de cette visite chez vous, les hommes portaient-ils quoi que

 28   ce soit sur leurs visages ?


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  1   R.  Oui. Xhevat Islami portait un masque, enfin une cagoule.

  2   Q.  Qu'en est-il de Togeri ?

  3   R.  Non, il n'avait pas de masque.

  4   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Je suis désolé de vous interrompre.

  5   Comment pouvez-vous dire de qui il s'agissait si cette personne était

  6   cagoulée ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux vous dire de qui il s'agissait, parce

  8   qu'avant la guerre il était venu très souvent chez nous.

  9   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Je vous remercie.

 10   M. KEARNEY : [interprétation]

 11   Q.  Ces hommes qui sont venus chez vous ce soir-là, étaient-ils armés ou

 12   non ?

 13   R.  Xhevat était armé.

 14   Q.  De quel type d'arme s'agissait-il ?

 15   R.  Je ne l'ai pas bien vu. C'était un fusil, un type d'arme de ce style.

 16   C'était quand même une arme de grande taille.

 17   Q.  Togeri, qu'en était-il ? Etait-il armé ?

 18   R.  Oui, je pense. Je dirais oui. Ils étaient tous armés. Chaque fois que

 19   je l'ai vu, il était armé.

 20   Q.  Que s'est-il passé après que ces hommes soient entrés chez vous ce

 21   soir-là ?

 22   R.  Quand ces hommes sont arrivés chez nous ce soir-là, Xhevat Islami a dit

 23   qu'ils étaient venus chez nous au nom de Ramush Haradinaj. Pour le compte

 24   de Ramus Haradinaj.

 25   Q.  A l'époque, saviez-vous qui était ce Ramush Haradinaj ?

 26   R.  Non. On connaissait son nom, Ramush, mais je ne l'avais jamais vu.

 27   Q.  Quand vous dites que Xhevat a dit qu'il était venu pour le compte de

 28   Ramush Haradinaj, pouvez-vous nous expliquer ce que cela signifiait ? Est-


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  1   ce que ce sont les mots exacts qu'il a employés ?

  2   R.  Il a dit, je suis Ramush.

  3   Q.  L'avez-vous cru quand il l'a dit ?

  4   R.  Non.

  5   Q.  Pourquoi non ?

  6   R.  Parce que nous savions de qui il s'agissait.

  7   Q.  Au cours de cet incident, Togeri lui-même a-t-il pris la parole ?

  8   R.  Togeri est allé dans l'autre pièce où se trouvait ma sœur.

  9   Q.  Avez-vous pu voir ou entendu quoi que ce soit ? Pouvez-vous nous dire

 10   comment il s'agit que c'est lui ?

 11   R.  Je l'ai vu quitter notre pièce et partir à la pièce où se trouvait ma

 12   sœur.

 13   Q.  Quand il était en votre présence et avant d'aller dans la pièce où se

 14   trouvait votre sœur, l'avez-vous entendu dire quoi que ce soit ?

 15   R.  Non. Il y est allé. Il a emmené ma sœur et il est reparti par la porte

 16   d'entrée.

 17   Q.  L'un de ces hommes ou bien des membres de votre famille vous a-t-il dit

 18   pourquoi ils emmenaient votre soeur ?

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Guy-Smith.

 20   M. GUY-SMITH : [interprétation] Il s'agit d'une question qui est composée

 21   de plusieurs questions.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kearney, pouvez-vous reformuler

 23   la question.

 24   M. KEARNEY : [interprétation] Pas de problème.

 25   Q.  Est-ce que l'un de ces hommes vous aurait dit pourquoi ils prenaient

 26   votre soeur ?

 27   R.  Non, je ne sais pas si qui que ce soit ait dit cela.

 28   Q.  Avez-vous pu voir votre sœur alors qu'ils étaient en train de


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  1   l'emmener ?

  2   R.  Je l'ai juste vue le temps qu'ils l'emmènent.

  3   Q.  Que portait-elle quand ils l'ont prise avec eux ?

  4   R.  Des habits noirs.

  5   Q.  Pourriez-vous nous les décrire ?

  6   R.  Un pantalon noir, un pull noir et un blouson de cuir.

  7   Q.  Que portait-elle aux pieds ? Pourriez-vous nous le dire ? Vous vous en

  8   souvenez ?

  9   R.  Non. Je ne m'en souviens pas.

 10   Q.  Quand vous dites que vous ne savez pas ce qu'elle avait aux pieds, est-

 11   ce que vous savez si elle avait ou non des chaussures, ou alors est-ce que

 12   vous ne vous en souvenez tout simplement pas ?

 13   R.  Les chaussures qu'elle portait habituellement ont été retrouvées dans

 14   la maison le lendemain.

 15   Q.  A-t-elle eu le droit ou a-t-elle pu emporter quoi que ce soit de

 16   personnel avec elle la nuit où elle a été emmenée ?

 17   R.  Je ne sais pas et je ne m'en souviens pas. Je ne l'ai pas vue en tout

 18   cas.

 19   Q.  Après que votre soeur ait été emmenée de chez vous cette nuit-là,

 20   l'avez-vous vue vivante ?

 21   R.  Non, jamais.

 22   Q.  Quand avez-vous entendu à nouveau parler d'elle ou de l'endroit où elle

 23   pouvait se trouver ?

 24   R.  Quatre jours plus tard, une personne est venue et nous a dit de qui il

 25   s'agissait.

 26   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Que voulez-vous dire "une personne

 27   est venue" ? Quelle personne ? Qu'a-t-il dit, s'il vous plaît ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Cette personne s'appelait Can Mala. Il était


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  1   du village de Bardhaniq.

  2   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Qu'a-t-il dit exactement ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Il est venu. Il nous a demandé comment on

  4   allait. On a dit : Ça va. Ensuite, il nous a demandé : Avez-vous perdu quoi

  5   que ce soit ? Nous avons répondu : Oui.

  6   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci.

  7   M. KEARNEY : [interprétation]

  8   Q.  Que lui avez-vous dit que vous aviez perdu ?

  9   R.  On avait perdu notre sœur quatre jours auparavant. Il nous a demandé ce

 10   qu'elle portait. On lui a décrit comment elle était habillée. Il a dit :

 11   Oui, dans ce cas, c'est bien elle.

 12   Q.  Pouvez-vous, s'il vous plaît, épeler le prénom de cet homme qui est

 13   venu de Bardhaniq vous voir ?

 14   R.  Can Mala.

 15   Q.  Son prénom commence par un C; c'est cela ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Avait-il peut-être d'autres noms sous lesquels il était connu ?

 18   R.  Je ne sais pas. Je ne m'en souviens pas.

 19   Q.  Vous avez dit qu'il venait de Bardhaniq; c'est bien cela ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Quelle est la distance entre Bardhaniq et Ratis ?

 22   R.  Je ne sais pas exactement. Je dirais 5 ou 6 kilomètres.

 23   Q.  Après la conversation que vous avez eue avec ce monsieur, êtes-vous

 24   parti avec lui vers Bardhaniq ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Veuillez nous en parler.

 27   R.  Il y avait un autre jeune homme avec moi, et on est allé récupérer le

 28   corps de ma sœur avec une carriole.


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  1   Q.  Quand vous vous êtes rendu vers Bardhaniq avec cet homme, avez-vous vu

  2   le corps de votre sœur à un moment ou à un autre ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Où se trouvait-elle ?

  5   R.  Il y avait une espèce de sentier qui sépare Zabel et Bardhaniq, au pied

  6   de la montagne.

  7   Q.  A quelle distance du sentier se trouvait le corps de votre soeur ?

  8   R.  A 4 ou 5 mètres.

  9   Q.  Avez-vous montré cet emplacement, à un moment ou à un autre, aux

 10   enquêteurs du TPIY ?

 11   R.  Oui.

 12   M. KEARNEY : [interprétation] Avec votre permission, Messieurs les Juges,

 13   j'aimerais montrer au témoin la pièce 65 ter 1189.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y. Certes, je n'ai pas vu cette

 15   pièce, mais si aucune personne n'est montrée sur cette pièce, il n'y a pas

 16   besoin de la mettre sous pli scellé.

 17   M. KEARNEY : [interprétation] Il faut peut-être la montrer sous pli scellé.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais croyez-vous qu'il faut ou

 19   qu'il ne faut pas la montrer au public ?

 20   M. KEARNEY : [interprétation] Non. Je pense qu'il faut que la pièce soit

 21   sous pli scellé.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

 23   Madame la Greffière, pourrions-nous avoir la cote.

 24   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, ce sera la pièce

 25   P25, sous pli scellé, avec une cote provisoire.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Merci.

 27   M. KEARNEY : [interprétation]

 28   Q.  Témoin 4, s'agit-il de la photographie de l'endroit où l'on a trouvé le


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  1   corps de votre soeur ?

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que c'est déjà affiché sur

  3   l'écran du témoin ? Pour l'instant, ce n'est pas sur nos écrans.

  4   Monsieur le Témoin, est-ce que vous avez une quelconque photo à l'écran en

  5   ce moment ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans ce cas-là, il va falloir attendre.

  8   M. KEARNEY : [interprétation] Monsieur le Président, on m'informe que ceci

  9   est sur la chaîne anglaise.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous sommes sur la chaîne B/C/S.

 11   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Oui, le canal anglais.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Témoin, est-ce que vous voyez la photo à

 13   l'écran ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous voyez la photo à l'écran

 16   maintenant, Témoin ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 18   M. KEARNEY : [interprétation]

 19   Q.  Est-ce qu'il s'agit là de l'emplacement où vous avez trouvé le cadavre

 20   de votre soeur ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Lorsque vous êtes allé à cet endroit avec cet homme de Bardhaniq, est-

 23   ce que quelqu'un d'autre y était lorsque vous êtes arrivés ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Qui, s'il vous plaît ?

 26   R.  Il y avait certaines personnes que je ne connaissais pas.

 27   Q.  Quelle était leur appartenance ethnique ?

 28   R.  Je ne suis pas certain de qui ils étaient, mais je crois qu'ils étaient


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  1   des Albanais.

  2   Q.  Est-ce que l'un quelconque d'entre eux portait des vêtements qui le

  3   distinguait, d'après ce que vous avez vu ?

  4   R.  J'ai vu une seule personne qui portait des pantalons de camouflage.

  5   Q.  Est-ce que c'était des hommes ou des femmes ?

  6   R.  Des hommes.

  7   Q.  Ils étaient combien ?

  8   R.  Je ne saurais vous dire le nombre avec exactitude, mais je dirais

  9   qu'ils étaient six ou sept.

 10   Q.  A quelle distance du cadavre de votre sœur, étaient-ils lorsque vous

 11   êtes arrivé ?

 12   R.  Vous parlez des personnes dont on a parlé ?

 13   Q.  Oui.

 14   R.  Si mes souvenirs sont bons, ils étaient à 10 ou 15 mètres.

 15   Q.  Dans la photographie P25 que vous avez devant vous, nous voyons des

 16   buissons, des arbres avec des feuilles. Je souhaite demander si le cadavre

 17   de votre sœur était couvert par de tels matériels ou bien est-ce qu'il

 18   était visible --

 19   M. EMMERSON : [interprétation] Objection; question directrice.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] L'objection est rejetée, mais en même

 21   temps, vous faites une distinction, Monsieur Kearney, entre le fait d'être

 22   couvert ou visible alors que ce n'est pas une distinction claire. Veuillez

 23   reformuler votre question.

 24   M. KEARNEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je comprends.

 25   Q.  Témoin, est-ce que le cadavre de votre sœur était visible depuis la

 26   route ?

 27   R.  Non.

 28   Q.  Pourquoi pas ?


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  1   R.  Parce qu'il se trouvait à une distance de 4 à 5 mètres, Nous ne

  2   pouvions pas le voir depuis la route.

  3   Q.  Dites-nous, s'il vous plaît, dans quel état était le corps de votre

  4   sœur lorsque vous l'avez vue la première fois ?

  5   R.  Lorsque je l'ai vue pour la première fois, elle était couverte par une

  6   couverture.

  7   Q.  Savez-vous si sous la couverture elle avait des vêtements ou pas ?

  8   R.  Pas le torse.

  9   Q.  Lorsque vous avez vu le corps pour la première fois --

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kearney, demandez une

 11   clarification, s'il vous plaît, car la question était de savoir si elle

 12   portait des vêtements ou pas. Le témoin a dit : "Pas le torse." Nous ne

 13   savons pas s'il veut dire que le torse avait ou n'avait pas de vêtements.

 14   M. KEARNEY : [interprétation]

 15   Q.  Témoin 4, est-ce que vous pouvez expliquer votre dernière réponse. Est-

 16   ce qu'elle avait des vêtements sur la partie supérieure de son corps ou

 17   non ?

 18   R.  Lorsque je l'ai vue par la première fois, elle avait huit entailles

 19   dans la partie supérieure de son corps et sur la gorge aussi.

 20   Q.  Tout à l'heure, nous avons parlé des blessures que vous avez vues sur

 21   elle, mais pour le moment, je vous pose des questions seulement au sujet de

 22   ses vêtements. Vous avez dit tout à l'heure qu'elle ne portait pas de

 23   vêtements sous la couverture. Est-ce que vous pouvez nous l'expliquer ?

 24   R.  Elle avait des vêtements dans la partie inférieure.

 25   Q.  Est-ce qu'elle avait des vêtements sur la partie supérieure de son

 26   corps ?

 27   R.  Lorsque je l'ai vue, sur l'épaule et la gorge, je ne pense pas qu'elle

 28   avait des vêtements.


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  1   Q.  Est-ce que vous avez vu des parties de ses vêtements près du corps ?

  2   R.  Sa veste en cuir était jetée près de son corps.

  3   Q.  A quelle distance de son corps est-ce que cette veste se trouvait

  4   lorsque vous l'avez vue ?

  5   R.  Peut-être 1 à 2 mètres, pas moins du corps.

  6   Q.  Dans quel état était la veste lorsque vous l'avez vue, s'il vous

  7   plaît ?

  8   R.  Il y avait beaucoup de traces de balles et beaucoup de coups de

  9   couteau.

 10   Q.  Avez-vous remarqué quoi que ce soit d'autre concernant la veste, que

 11   vous trouviez important à l'époque ?

 12   R.  La veste était ouverte, déboutonnée et j'ai vu des impacts de balles.

 13   Q.  Est-ce que vous avez remarqué des signes de traumatisme sur le corps de

 14   votre soeur ?

 15   R.  J'ai vu des coups de couteau sur le bras, la gorge, puis j'ai vu un

 16   impact de balle sur l'oreille.

 17   Q.  Mis à part les coups de couteau que vous avez vus sur le bras, est-ce

 18   que vous avez vu -- je retire cette question. Est-ce qu'à un moment donné,

 19   Témoin 4, vous avez compté le nombre de trous dans la veste dont vous nous

 20   avez parlé ?

 21   R.  Non, je n'ai pas eu le temps de les compter car j'étais très triste.

 22   Q.  Lorsque vous avez vu le corps de votre sœur pour la première fois, est-

 23   ce que vous avez vu quelque indice que ce soit qui vous indiquait le temps

 24   qu'elle avait passé à cet endroit ?

 25   R.  Je ne pouvais pas le savoir, mais elle a été portée disparue depuis

 26   quatre jours à partir de la nuit que j'ai décrite.

 27   Q.  Est-ce que vous savez s'il y avait des chaussures sur le corps de votre

 28   sœur à ce moment-là ?


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  1   R.  Non, pas lorsque l'on a trouvé son corps.

  2   Q.  Elle ne portait pas de chaussures ?

  3   R.  Elle n'avait pas de chaussures.

  4   Q.  Est-ce que vous avez vu des chaussures à proximité du corps lorsque

  5   vous l'avez trouvée ? ---

  6   R.  Non.

  7   Q.  Qu'avez-vous fait avec le corps de votre sœur, après que vous l'ayez

  8   découvert ?

  9   R.  Nous l'avons porté et nous l'avons amené à la maison.

 10   Q.  Comment avez-vous accompli cela.

 11   R.  Oui.

 12   Q.  En carriole.

 13   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Est-ce que vous avez pris la veste

 14   avec vous ou avez-vous fait quoi que ce soit avec la veste ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Lorsque nous l'avons enterrée, nous avons

 16   laissé la veste à la maison.

 17   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Mais avant, au moment où vous avez

 18   porté son cadavre en carriole ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Nous avons apporté la veste avec le cadavre,

 20   ensuite nous avons laissé la veste à la maison.

 21   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci.

 22   M. KEARNEY : [interprétation]

 23   Q.  Pendant que vous transportiez votre sœur, est-ce que vous avez remarqué

 24   du sang sur son corps ou sur ses vêtements ?

 25   R.  Oui, sur la gorge, et là, elle avait des blessures. C'est là qu'on a vu

 26   le sang.

 27   Q.  Lorsque vous avez transporté son corps de cet endroit jusqu'à chez

 28   vous, au moment de ce transport, est-ce que les hommes que vous avez


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  1   décrits étaient toujours là ? 

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Est-ce que l'un quelconque d'entre eux vous a aidés à transporter le

  4   cadavre ?

  5   R.  Cette personne qui est venue et qui nous l'a dit et Can Mala.

  6   Q.  Mis à part cette personne, est-ce que qui que ce soit d'autre parmi les

  7   hommes, y compris celui qui portait en partie des vêtements de camouflage

  8   vous a aidés à porter le cadavre ?

  9   R.  Non.

 10   Q.  Qu'avez-vous fait avec le cadavre, après que vous l'ayez ramené chez

 11   vous ?

 12   R.  Nous avons ramené le corps à la maison et nous l'avons gardé pendant un

 13   certain temps à la maison. Le lendemain, nous sommes allés informer nos

 14   oncles pour qu'ils viennent l'enterrer.

 15   Q.  Est-ce que vous l'avez effectivement enterrée, à un moment donné ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Combien de temps après que vous ayez récupéré le corps de votre sœur

 18   l'avez-vous enterrée ?

 19   R.  Nous l'avons enterrée au bout de cinq jours.

 20   Q.  Cinq jours après qu'elle a été emmenée de chez vous ou bien cinq jours

 21   après que vous l'avez découverte dans la forêt ?

 22   R.  C'était cinq jours après qu'on l'ait découverte.

 23   Q.  Au cours de ces cinq jours avant son enterrement, qu'avez-vous fait

 24   avec ce corps, si vous avez fait quoi que ce soit ?

 25   R.  Je ne me souviens pas avoir fait quoi que ce soit.

 26   Q.  Où votre sœur a-t-elle été enterrée ?

 27   R.  Elle a été enterrée près de notre maison.

 28   Q.  A un moment donné au cours de l'enquête, avez-vous montré à l'enquêteur


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  1   du bureau du Procureur l'endroit où vous aviez enterré votre soeur ?

  2   R.  Oui.

  3   M. KEARNEY : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaite que l'on

  4   montre maintenant au témoin un autre document. Il s'agit du document 1026

  5   en vertu de liste 65 ter qui devait être placé sous pli scellé.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Cela peut-être montré au témoin.

  7   Madame la Greffière d'audience, est-ce que ce sera la pièce P26 ?

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Tout à fait, Monsieur le Président.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière d'audience.

 10   Pour le moment le document est marqué aux fins d'identification.

 11   M. KEARNEY : [interprétation]

 12   Q.  Témoin 4, est-ce que vous voyez maintenant une image à l'écran ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  S'agit-il de l'endroit où vous avez enterré votre sœur et qui fait

 15   partie de votre terrain ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Est-ce qu'à un moment donné au cours de l'enquête dans cette affaire,

 18   vous avez donné la permission aux enquêteurs du bureau du Procureur

 19   d'exhumer le corps de votre soeur ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Pour autant que vous le sachiez, est-ce que ceci a été effectué ?

 22   R.  Oui, c'était le cas.

 23   Q.  Est-ce que vous savez à quel moment cette exhumation a eu lieu ?

 24   R.  Je pense que c'était il y a deux ans.

 25   Q.  A partir du moment où votre sœur a été enterrée à cet endroit jusqu'à

 26   son exhumation, est-ce que cette tombe a été dérangée d'une quelconque

 27   manière pour autant que vous le sachiez ?

 28   R.  De quelle tombe parlez-vous ?


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  1   Q.  De la tombe de votre sœur M.

  2   R.  Je ne sais pas. Je ne sais rien, mais je sais que la tombe n'était pas

  3   encerclée par une barrière ou quoi que ce soit. Les animaux avaient

  4   facilement accès à cet endroit.

  5   Q.  Avez-vous vu si quoi que ce soit est arrivé à la tombe entre

  6   l'enterrement et l'exhumation ?

  7   R.  Je n'étais pas sur place au moment de l'exhumation.

  8   Q.  Après l'exhumation est-ce qu'on vous a jamais montré les objets

  9   personnels appartenant à votre soeur ?

 10   R.  Non. Ensuite, ils nous ont demandé quels vêtements elle avait portés. A

 11   ce moment-là, on leur a donné les vêtements que l'on avait trouvés sur

 12   elle.

 13   Q.  Lorsque vous avez transporté le corps de votre sœur, lorsque vous

 14   l'avez écarté de la forêt, est-ce que vous avez remarqué sur elle des

 15   objets personnels que vous avez reconnus ?

 16   R.  C'était une couverture mais qui ne nous appartenait pas. C'était la

 17   couverture de quelqu'un d'autre qui était jetée sur elle. Certainement

 18   quelqu'un d'autre l'avait jetée sur elle.

 19   Q.  Est-ce que vous savez qui ?

 20   R.  Non, je ne le sais pas.

 21   Q.  Témoin 4, je souhaite maintenant que l'on revienne momentanément,

 22   brièvement à l'année 1998 et au moment où on a emmené votre sœur M de chez

 23   vous, d'accord ?

 24   R.  Très bien.

 25   Q.  Je souhaite vous demander ce qui s'est passé -- ou plutôt, où vous avez

 26   vécu après que l'on a emmené votre sœur M de chez vous.

 27   R.  Nous vivions dans deux chambres. Les sœurs vivaient dans l'autre partie

 28   de la maison.


Page 1479

  1   Q.  Après que votre sœur M ait été emmenée de chez vous, est-ce que vous y

  2   êtes restés ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Pendant combien de temps ?

  5   R.  Nous avons continué à y vivre pendant encore cinq jours. Après

  6   l'enterrement de la sœur, nous n'y sommes plus restés vivre.

  7   Q.  Pourquoi pas ?

  8   R.  Car on avait peur de continuer à vivre là-bas.

  9   Q.  Où êtes-vous allés ?

 10   R.  Nous sommes allés nous installer chez notre oncle.

 11   Q.  De quoi aviez-vous peur, Témoin 4 ?

 12   R.  On avait peur que ce qui était arrivé à nos sœurs ne nous arrive à nous

 13   aussi.

 14   Q.  Au cours de l'enquête dans le cadre de cette affaire, est-ce qu'on vous

 15   a montré une série de photos ? Est-ce que les enquêteurs de ce Tribunal

 16   vous l'ont montrée ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Est-ce que vous savez quand c'était le cas ?

 19   R.  La première fois, c'était quand nous sommes allés à Pristina.

 20   Q.  Monsieur le Témoin 4, vous avez été interrogé en 2004, 2005 et 2006. A

 21   quel moment est-ce que vous avez vu cette série de photos, vous l'avez

 22   visionnée ?

 23   R.  Je n'en suis pas sûr, mais je pense que c'était en 2004.

 24   Q.  Veuillez nous dire à quoi ce processus ressemblait, si vous le pouvez.

 25   R.  Lorsque l'on répondait aux questions que l'on nous posait, une personne

 26   nous a montré un album de photos.

 27   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Lorsque vous dites "lorsqu'on nous

 28   posait des questions," de qui parlez-vous ? Vous étiez là avec quelqu'un


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  1   lorsque vous répondiez à ces questions ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] J'y étais avec mon frère.

  3   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] S'il vous plaît, est-ce que vous

  4   pouvez continuer dans ce sens ?

  5   M. KEARNEY : [interprétation]

  6   Q.  Lorsque l'on vous a montré ces photos, lorsque l'enquêteur vous les ai

  7   montrées, est-ce qu'à ce moment-là vous étiez seul ou avec votre frère ?

  8   M. GUY-SMITH : [interprétation] Objection. Je pense qu'il faut faire très

  9   attention en ce moment pour ce qui est de la manière dont on pose les

 10   questions. Je pense, en ce moment, que le témoin ne devrait pas faire

 11   l'objet de questions potentiellement suggestives ou directrices concernant

 12   cet événement particulier, de quelque manière que ce soit, ou des questions

 13   directrices.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je comprends votre préoccupation,

 15   Maître Guy-Smith. En même temps, à la base des réponses précédentes du

 16   témoin, je n'ai trouvé rien de particulier dans cette question qui serait

 17   inapproprié.

 18   M. GUY-SMITH : [interprétation] J'apprécie la décision de la Chambre, mais

 19   je dis qu'il faut faire très attention à partir de ce moment-là.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 21   Monsieur Kearney, je pense que vous avez compris que Me Guy-Smith

 22   insiste plus que d'habitude sur la forme des questions posées au témoin,

 23   qui doivent être posées de manière appropriée. Poursuivez, Monsieur

 24   Kearney.

 25   M. KEARNEY : [interprétation] Oui, je prends note des préoccupations de mon

 26   confrère et je vais reposer la question au témoin.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 28   M. KEARNEY : [interprétation]


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  1   Q.  Est-ce que vous étiez avec votre frère ou seul lorsqu'on vous a montré

  2   ces photographies ?

  3   R.  J'étais avec mon frère.

  4   Q.  Où est-ce que cela s'est passé ? Où à Pristina --

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je veux poser une question, d'abord.

  6   Vous dites que vous y étiez avec votre frère. Est-ce que la série des

  7   photos vous a été montrée à vous tout seul ou à vous et votre frère ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce jour-là, lorsque nous y sommes allés

  9   ensemble, mon frère était assis un peu plus loin que moi, et ils m'ont

 10   montré cette série de photos à moi seul, en me demandant si je

 11   reconnaissais qui que ce soit parmi ces personnes.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Monsieur Kearney.

 13   M. KEARNEY : [interprétation]

 14   Q.  Lorsqu'on vous a montré cette série et lorsqu'on vous a demandé si vous

 15   avez reconnu qui que ce soit, est-ce que vous avez effectivement reconnu

 16   qui que ce soit ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Qui avez-vous reconnu dans la série de photos ?

 19   R.  J'ai reconnu, dans cette série de photos Togeri.

 20   Q.  Lorsque vous avez reconnu Togeri sur la photo, avez-vous fait quoi que

 21   ce soit ? Avez-vous d'une manière ou d'une autre exprimé cette

 22   reconnaissance de votre part ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Qu'avez-vous fait ?

 25   R.  J'ai entouré d'un cercle autour de la personne autour de la photo.

 26   M. KEARNEY : [interprétation] J'aimerais que l'on montre au témoin la pièce

 27   numéro 711 selon la liste 65 ter et j'aimerais que l'on montre cette pièce

 28   sous pli scellé au témoin, Monsieur le Président.


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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y.

  2   M. KEARNEY : [interprétation]

  3   Q.  Témoin, voyez-vous cette page à l'écran ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Est-ce bien la planche de photos que vous a montrée l'enquêteur au

  6   cours de vos conversations avec lui et dont vous avez parlé avec lui ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Reconnaissez-vous une annotation particulière que vous auriez apposée

  9   de votre main sur cette pièce ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Pourriez-vous nous l'indiquer, s'il vous plaît. Qu'avez-vous reconnu

 12   sur cette pièce, qu'y avez-vous fait figurer de votre main ?

 13   R.  C'est le numéro 6.

 14   Q.  Sous le chiffre 6 dans cette pièce, il semblerait que quelque chose

 15   soit écrit. Reconnaissez-vous cette écriture ?

 16   R.  Oui, c'est la mienne.

 17   Q.  Sans nous dire ce qui est écrit ici, sans nous dire quels sont les mots

 18   que vous y avez inscrits, quelle est la nature de votre inscription ?

 19   R.  Je n'ai pas compris la question. Qu'est-ce que vous voulez que je

 20   vous dise; que je vous dise ce qui est écrit ou non ?

 21   Q.  Oui. Dites-nous ce qui est écrit, mais sans prononcer les mots à haute

 22   voix. Dites-nous simplement ce que vous avez indiqué sous ce chiffre 6.

 23   R.  C'est mon nom et prénom.

 24   Q.  Autour du chiffre 6 sur cette même pièce, il semblerait qu'il y ait une

 25   annotation apposée à la main, un petit trait,

 26   Témoin 4 ?

 27   R.  Vous parlez toujours du chiffre 6, n'est-ce pas ?

 28   Q.  Oui.


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  1   R.  Oui, c'est vrai.

  2   Q.  Reconnaissez-vous cette annotation qui figure autour du chiffre 6 ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  L'avez-vous apposée vous-même ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  En haut à droite de cette pièce, on aperçoit d'autres annotations

  7   manuscrites, il semblerait que ce soit une date. La reconnaissez-vous ?

  8   R.  Vous parlez de la date ?

  9   Q.  Oui.

 10   R.  Je ne sais pas. Ce n'est pas moi qui ai écrit cela.

 11   Q.  Reconnaissez-vous la date qui figure sur ce document ?

 12   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je fais objection, bien sûr.

 13   M. KEARNEY : [aucune interprétation]

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Quelle est votre question ?

 15   M. KEARNEY : [interprétation] Je pourrais reposer la question d'une manière

 16   différente.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, alors allez-y.

 18   M. KEARNEY : [interprétation]

 19   Q.  Témoin 4, vous souvenez-vous de la date à laquelle on vous a montré

 20   cette planche de photos ?

 21   R.  Je ne me souviens plus de la date, mais je sais que nous y sommes allés

 22   pour consulter et regarder ces photos.

 23   Q.  Bien. De même au cours de l'enquête, avez-vous remis un échantillon de

 24   votre ADN aux enquêteurs ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Quelque temps après avoir remis cet échantillon aux enquêteurs, avez-

 27   vous reçu les restes ou la dépouille de l'un ou l'autre des membres de

 28   votre famille ?


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  1   R.  Vous parlez des corps ?

  2   Q.  Oui.

  3   R.  Après qu'ils aient prélevé l'échantillon sanguin, ils nous ont demandé

  4   ensuite si nous autoriserions l'exhumation des cadavres, nous avons répondu

  5   par l'affirmative.

  6   Q.  Après l'exhumation, après la collecte des échantillons sanguins, avez-

  7   vous récupéré la dépouille de l'un quelconque des membres de votre famille

  8   afin que vous puissiez l'enterrer ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Qui vous a été restitué afin que vous puissiez enterrer cette

 11   personne ?

 12   M. GUY-SMITH : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 14   M. GUY-SMITH : [interprétation] J'aimerais que l'on demande d'abord au

 15   témoin qu'il retire ses écouteurs pour un instant.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Merci. Témoin 4, veuillez retirer

 17   vos écouteurs.

 18   M. GUY-SMITH : [interprétation] M. Kearney demande des choses à ce témoin

 19   que le témoin ne connaît pas. Peut-être qu'il lui a été présenté certaines

 20   hypothèses, certains éléments s'agissant de la nature des restes humains

 21   qui lui ont été remis, mais pour l'instant, il lui pose une question qui

 22   dépasse largement ses connaissances, qui portent sur des éléments

 23   techniques, scientifiques. Je crois que cette question est totalement

 24   inadéquate.

 25   M. KEARNEY : [interprétation]  Monsieur le Président --

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'essaie de comprendre, Maître Guy-

 27   Smith.

 28   M. GUY-SMITH : [interprétation] Bien sûr. Je vais voir si je peux


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  1   m'expliquer mieux.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous dites que ceci dépasse largement

  3   ses connaissances. La question est de savoir s'ils ont récupéré le corps de

  4   membres de la famille. Pourquoi ceci sortirait-il de son domaine de

  5   connaissances ? Pourquoi ne saurait-il pas si effectivement il a pu

  6   récupérer le cadavre de membres de sa famille.

  7   M. GUY-SMITH : [interprétation] Et bien, avec le temps, la question va

  8   devenir de plus en plus claire. Certains des corps qui ont été identifiés

  9   non pas été identifiés correctement.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, d'accord mais --

 11   M. GUY-SMITH : [interprétation] Par conséquent --

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui mais bien sûr, mais ce que nous

 13   demandons au témoin ici, c'est ce qu'il sait. Il est possible qu'il fasse

 14   une erreur, c'est une autre question. Mais la question en soi ne suscitera

 15   pas une réponse qui sort nécessairement du domaine de connaissances du

 16   témoin.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] S'il fait une erreur, et bien - bon --

 18   M. GUY-SMITH : [interprétation] Mais si la question est posée - excusez-

 19   moi, j'ai peut-être parlé trop vite.

 20   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Vous vous chevauchez les uns les

 21   autres.

 22   M. GUY-SMITH : [interprétation] Si la question a été posée, à savoir avez-

 23   vous récupéré les corps, et bien, évidemment la chose serait différente.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais vous êtes en train ici de formuler

 25   des hypothèses, parce que vous savez certaines choses sur le sujet.

 26   M. GUY-SMITH : [aucune interprétation]

 27   Nous pourrions demander au témoin quelle est la source de ses informations.

 28   M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui, mais plutôt que de poursuivre sans


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  1   obtenir de résultat, peut-être que nous pourrions poursuivre.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Le témoin va pouvoir remettre ses

  3   écouteurs et vous pourrez poser la question au témoin. Monsieur Kearney,

  4   vous savez que Me Guy-Smith a quelques préoccupations s'agissant de la

  5   source des informations du témoin et de la qualité de ces sources.

  6   Poursuivez.

  7   M. KEARNEY : [interprétation]

  8   Q.  Témoin 4, après l'exhumation, après avoir donné un échantillon d'ADN,

  9   de votre ADN au TPIY, avez-vous reçu de la part des enquêteurs du TPIY des

 10   corps en retour ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Quels ont été les corps -- ou plutôt je reprends ma question, est-ce

 13   que le TPIY a identifié les corps qui vous ont été  restitués ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  D'après eux, quels ont été les corps qui vous ont été restitués ?

 16   R.  Le corps de ma sœur qui avait fait l'objet d'un examen médico-légal

 17   (expurgé)

 18   Q.  Enfin, cet homme que vous avez identifié au numéro 6 sur cette planche

 19   de photos, est-ce l'homme que vous avez appelé Togeri tout au long de votre

 20   témoignage, Togeri ou Toger ?

 21   R.  Oui.

 22   M. KEARNEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je n'ai plus de

 23   questions. Nous demandons le versement au dossier.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais avant, il nous faut donner un

 25   numéro à ce document ou une cote.

 26   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, il s'agira

 27   de la pièce P27, enregistrée aux fins d'identification et sous pli scellé.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Effectivement, c'est la planche de


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  1   photos.

  2   M. KEARNEY : [interprétation] Je n'ai plus de questions, Monsieur le

  3   Président.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous souhaitez demander le versement au

  5   dossier de tous les documents que vous avez examinés ?

  6   M. KEARNEY : [aucune interprétation]

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, je vois qu'il n'y a pas

  8   d'objections. Je pense que ce sera les pièces P25, 26 et 27. Ces trois

  9   pièces sont donc versées au dossier.

 10   Je regarde l'heure.

 11   M. GUY-SMITH : [interprétation] Peut-être que nous pourrions faire une

 12   pause maintenant et que nous reprenions le contre-interrogatoire juste

 13   après la pause.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Serez-vous le premier à contre-

 15   interroger le témoin ?

 16   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je crois, oui. Mon confrère acquiesce, donc

 17   ce sera moi.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Avant de laisser sortir le témoin,

 19   j'aurais moi-même une ou deux questions à lui poser.

 20   Témoin 4, vous avez dit que votre frère était présent lorsque cette

 21   planche-photos vous a été présentée. Etait-ce au début, au milieu, à la

 22   fin ? Quand vous a-t-on montré cette planche de photos au cours de

 23   l'entretien auquel vous vous êtes prêté ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois que c'était au début.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez dit que votre frère était

 26   présent. Des questions vous ont-elles été posées tant à lui qu'à vous, ou

 27   était-il simplement présent au cours de votre entretien ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Ils ont posé les questions le même jour. Ils


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  1   ont pris à part mon frère. Je ne sais pas ce qu'il leur a dit.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Essayons de faire en sorte de

  3   présenter les choses le plus clairement possible. Au moment où votre frère

  4   a été présent, alors que l'on vous a montré cette planche-photos, par la

  5   suite est-il demeuré à vos côtés dans la même pièce, pour la suite de votre

  6   entretien ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pendant combien de temps est-il resté ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Vous parlez de mon frère ?

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Lorsque nous avons fait nos déclarations, nous

 12   l'avons fait de manière séparée. Nous n'étions pas ensemble.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Quoi qu'il en soit, vous avez indiqué

 14   qu'il était présent au moment où l'on vous a montré la planche-photos.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Je parlais du jour où nous y sommes allés

 16   ensemble, parce qu'il y a eu un autre jour où j'y suis allé seul et où j'ai

 17   fait ma déclaration.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Vous nous avez dit que votre frère

 19   était à proximité lorsque l'on vous a montré la planche de photos. Pouvez-

 20   vous nous dire à quelle distance exactement il se trouvait ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] A 4 ou 5 mètres peut-être, dans l'autre pièce.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous dites "dans l'autre pièce." Dois-je

 23   comprendre qu'il n'était pas dans la même pièce ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous ai-je bien compris lorsque vous

 26   avez dit : Il était avec moi. Vous parliez de votre frère qui se trouvait

 27   dans le même bâtiment, mais non pas dans la même pièce, ou y a-t-il une

 28   autre interprétation à donner à vos propos sur ce point ?


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce que j'ai dit, c'est qu'il était dans le

  2   même bâtiment que moi mais pas dans la même pièce au moment où j'ai fait ma

  3   déclaration.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vois. Permettez-moi simplement de

  5   rechercher le passage pertinent.

  6   M. GUY-SMITH : [interprétation] C'est à la page 21, ligne 14, Monsieur le

  7   Président, je crois.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. M. Kearney vous a posé une

  9   question. Il vous a demandé la chose suivante : "Lorsque l'on vous a montré

 10   ces photos, étiez-vous avec votre frère ou étiez-vous seul ?" Vous avez

 11   répondu que "vous étiez avec votre frère."

 12   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour éviter toute confusion ou

 14   malentendu, pourriez-vous nous dire très précisément ce que vous entendiez

 15   par là ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce que j'entendais par là, c'est qu'au cours

 17   de la journée où on m'a montré cette planche de photos, nous nous sommes

 18   rendus sur place ensemble, avec mon frère, mais mon frère n'était pas

 19   présent dans la pièce où je faisais l'objet de ces questions.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Ils ne nous ont pas interrogés ensemble, en

 22   même temps.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Je vais vous poser la question

 24   suivante, mais j'aimerais que vous attendiez avant de répondre.

 25   Avez-vous parlé avec votre frère de l'entretien et de ce que vous avez dit

 26   au cours de cet entretien ? Voilà quelle est ma question, et je m'empresse

 27   d'ajouter à celle-ci : n'oubliez pas qu'hier je vous ai indiqué que vous ne

 28   pouviez vous entretenir de vos propos tenus ici même, dans ce prétoire,


Page 1492

  1   avec qui que ce soit ni hier ni au cours des jours que vous passez à La

  2   Haye, mais la même interdiction ne pesait pas en octobre 2004. Vous aviez

  3   la liberté, à l'époque, de parler avec d'autres de ce que vous disiez au

  4   cours de cet entretien.

  5   Ma question est donc la suivante, je la répète : avez-vous parlé avec

  6   votre frère de ces entretiens ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Je lui ai dit que j'étais là pour faire une

  8   déclaration, mais je n'ai pas parlé de la teneur de mes déclarations. J'ai

  9   parlé de choses que j'ai vues au cours de cette déclaration, et lui a fait

 10   de même.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Lui avez-vous parlé de cette

 12   planche de photos qui vous a été présentée ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Je pense lui avoir dit que j'avais reconnu la

 14   personne.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Est-ce que votre frère vous a dit

 16   si on lui avait soumis une planche-photos également ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Qu'a-t-il dit ? Pourriez-vous nous le

 19   dire ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Il a dit qu'il n'avait pas été en mesure de

 21   reconnaître qui que ce soit.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci de ces réponses.

 23   Nous allons - d'abord, je vais demander à Mme l'Huissière de bien vouloir

 24   accompagner le témoin hors du prétoire.

 25   [Le témoin quitte la barre]

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant de lever la séance, j'aimerais

 27   vous poser une question. Une demande de mesures de protection

 28   supplémentaires a été formulée s'agissant du Témoin 49 ? J'aimerais savoir


Page 1493

  1   si la Défense entend répondre à cette requête, et si oui, quand.

  2   M. EMMERSON : [aucune interprétation]

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Devons-nous passer en audience à huis

  4   clos partiel.

  5   M. EMMERSON : [interprétation] Pas du tout. Je crois que la requête porte

  6   sur une déposition à huis clos. Serions-nous autorisés à répondre à cette

  7   requête demain matin ? Et pourrait-on y répondre par oral ou souhaitez-vous

  8   plutôt que nous répondions par écrit ?

  9   [La Chambre de première instance se concerte]

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 11   M. EMMERSON : [interprétation] J'ai dit demain matin, mais bien sûr, ce

 12   sera en début de session demain après-midi.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, cela nous convient.

 14   Monsieur Di Fazio, Monsieur Kearney, si toutefois votre requête pose des

 15   difficultés, requête de déposition à huis clos, pensez-vous pouvoir obtenir

 16   du témoin toute déposition que nous pourrions au moins entendre en audience

 17   à huis clos partiel ? Ceci, bien sûr, entraînerait la divulgation de

 18   l'identité du témoin potentiellement.

 19   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

 20   M. DI FAZIO : [interprétation] Oui.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Nous allons, bien sûr, entendre les

 22   arguments de la Défense demain et nous verrons effectivement dans quelle

 23   mesure une audience à huis clos partiel pourrait répondre à nos

 24   préoccupations et dans quelle mesure une audience à huis clos complet est

 25   absolument indispensable, à la lumière, bien sûr, des motifs exposés.

 26   Nous allons faire notre pause. Nous reprendrons à 16 heures 05.

 27   --- L'audience est suspendue à 15 heures 39.

 28   [Le témoin vient à la barre]


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  1   --- L'audience est reprise à 16 heures 08.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Guy-Smith, êtes-vous prêt pour

  3   le contre-interrogatoire du Témoin 4 ?

  4   M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Maintenant, Témoin 4, M. Guy-

  6   Smith, conseil de la Défense de M. Balaj, va procéder au contre-

  7   interrogatoire.

  8   Vous avez la parole, Monsieur Guy-Smith.

  9   M. GUY-SMITH : [interprétation] Sommes-nous en audience publique ?

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 11   M. GUY-SMITH : [interprétation] Dans ce cas, il conviendrait de passer à

 12   huis clos partiel pour un bref moment.

 13   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos

 14   partiel.

 15   [Audience à huis clos partiel]

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 23   [Audience publique]

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 25   Vous pouvez poursuivre, Monsieur Guy-Smith.

 26   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 27   Q.  Vous nous avez dit qu'une personne appelée Slobodan Prascevic était

 28   venu vous rendre visite chez vous de temps en temps; est-ce vrai ?


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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Pourriez-vous nous dire comment vous communiquiez avec ce Slobodan

  3   Prascevic ? Peut-être par radio, par téléphone ? Comment savait-il quand

  4   venir vous voir chez vous ?

  5   R.  A quoi faites-vous référence ? Parlez-vous du jour où il y a eu des

  6   tirs ou n'importe quel autre jour ?

  7   Q.  Je parle ici de façon générale. J'aimerais savoir comment votre famille

  8   entrait en contact avec cette personne, Slobodan Prascevic ?

  9   R.  Comme je l'ai dit, à l'époque on n'avait pas de téléphone, mais il ne

 10   venait pas si souvent nous rendre visite.

 11   Q.  Aviez-vous une radio qui vous aurait permis de communiquer avec cette

 12   personne ?

 13   R.  Non.

 14   Q.  Quand vous avez reçu l'information sachant qu'il était mort, vous avez

 15   dit que vous l'aviez appris à la radio ou par la radio; c'est bien vrai ?

 16   R.  Oui. Je parlais juste d'une radio normale et non pas d'une radio

 17   utilisée pour les communications.

 18   Q.  Il s'agit d'une radio que vous aviez chez vous ?

 19   R.  Ce jour-là, quand on a entendu parler de cela, nous n'étions pas chez

 20   nous.

 21   Q.  Où vous trouviez-vous ?

 22   R.  Je veux bien dire où j'étais, mais je ne veux pas que les autres le

 23   sachent.

 24   Q.  Très bien.

 25   M. GUY-SMITH : [interprétation] Nous pouvons donc passer à huis clos

 26   partiel.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Passons à huis clos partiel.

 28   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.


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  1   [Audience à huis clos partiel]

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 19   [Audience publique]

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Monsieur Guy-Smith.

 21   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 22   Q.  Quand vous êtes allé dans ce village dont on vient de parler, avant d'y

 23   aller vous deviez demander la permission de vous y rendre, n'est-ce pas ?

 24   R.  En effet.

 25   Q.  Vous obteniez la permission de vous rendre dans ce village, au QG de

 26   l'UCK, comme vous l'avez appelé, que vous avez identifié comme étant une

 27   épicerie appartenant à Zef Avdyli. C'est bien ce que vous faisiez, n'est-ce

 28   pas ?


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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Quand vous alliez obtenir ces autorisations de déplacement, vous y

  3   alliez seul, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  A votre connaissance, votre frère ne s'est-il jamais rendu

  6   chez Zef Avdyli pour y obtenir une autorisation de déplacement ?

  7   R.  Je ne m'en souviens pas. Je ne sais pas, je ne peux pas répondre à

  8   cette question.

  9   Q.  Je vais vous poser une autre question. Mis à part vous-même, quand vous

 10   vouliez vous déplacer au cours de ces mois d'été de 1998, vous souvenez-

 11   vous si votre frère lui aussi aurait quitté la maison à un moment

 12   quelconque pour se rendre ailleurs ?

 13   R.  Je me souviens qu'une fois il a quitté la maison.

 14   Q.  Quand vous dites qu'il a quitté la maison, à votre connaissance, est-il

 15   allé dans un autre village pour lequel il aurait dû obtenir une

 16   autorisation de déplacement cette fois-là ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  S'y est-il rendu seul ou s'y est-il rendu accompagné d'un autre membre

 19   de la famille ?

 20   R.  Je sais qu'il s'y est rendu seul. Pour ce qui est de l'autorisation, là

 21   je ne m'en souviens pas.

 22   Q.  Vous nous avez dit qu'à plusieurs reprises des individus en vêtements

 23   noirs se sont rendus chez vous dans votre maison; est-ce bien vrai ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  La première fois qu'ils sont venus en noir, il s'agissait d'hommes que

 26   vous connaissiez, n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui. La première fois je ne les connaissais pas, mais la deuxième et

 28   les fois suivantes, je les ai reconnus.


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  1   Q.  La première fois que ces hommes en noir sont venus chez vous, ces

  2   hommes étaient, entre autres, M. Rexhepi, M. Islami et

  3   M. Zefi, n'est-ce pas, des personnes que vous connaissiez depuis des

  4   années ?

  5   R.  Oui, mais je n'ai pas dit qu'Islami et les autres étaient en noir.

  6   Q.  La première fois que des gens sont venus chez vous, vous dites que

  7   trois ou quatre personnes sont rentrées avec des cagoules noires. Pour ce

  8   qui est des vêtements, vous dites qu'il y en avait certains en civil et

  9   d'autres en militaire. Nous avons identifié trois personnes M. Rexhepi, M.

 10   Islami et M. Zefi. Pour ce qui est de M. Rexhepi était-il en noir ?

 11   M. KEARNEY : [interprétation] La question ici est une question composée de

 12   plusieurs propositions. Il y a énormément d'informations dans cette

 13   question. Si mon éminent collègue veut absolument faire référence au compte

 14   rendu, il n'a qu'à lire le compte rendu en entier de façon à ce que tout

 15   soit clair.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Guy-Smith, en effet, les

 17   questions composées sont souvent des questions qui amènent plus de

 18   confusion qu'autre chose.

 19   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je n'ai aucune envie d'embrouiller quoi que

 20   ce soit.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans ce cas-là, procédez et posez votre

 22   question. Souvenez-vous quand même qu'il ne faut pas embrouiller les

 23   choses.

 24   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 25   Q.  Au cours de la première visite rendue à votre maison --

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donnez-nous, s'il vous plaît, la

 27   référence exacte du compte rendu pour que nous puissions vous suivre.

 28   M. GUY-SMITH : [interprétation] J'ai besoin d'une petite seconde.


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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Certes.

  2   M. GUY-SMITH : [interprétation]

  3   Q.  Parlez-nous de ce groupe d'hommes masqués.

  4   R.  Ils sont venus avec des cagoules et de la peinture sur le visage. Je ne

  5   les ai pas reconnus.

  6   Q.  Quand vous dites que vous ne les avez pas reconnus, êtes-vous en train

  7   de nous dire que les trois ou quatre hommes qui sont venus chez vous ce

  8   jour-là, c'était des hommes que vous n'avez pas reconnus comme étant les

  9   personnes que je vous ai citées, M. Rexhepi, M. Islami, M. Zefi ?

 10   R.  Ils sont venus un autre jour.

 11   Q.  Certes, ils sont venus une autre fois. La première fois, vous n'avez

 12   reconnu aucun des hommes qui sont venus chez vous comme étant ces trois-

 13   là ?

 14   R.  Je ne les ai pas reconnus, parce que c'est la première fois qu'ils sont

 15   venus.

 16   Q.  La fois suivante où des hommes sont venus chez vous en noir, vous

 17   dormiez et il faisait noir, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Quand vous vous êtes réveillés, vous vous êtes réveillés parce que vous

 20   avez entendu du bruit dans la maison ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Vous n'avez pas vu la voiture à bord de laquelle ces hommes sont

 23   arrivés ?

 24   R.  Non.

 25   Q.  Lors de la deuxième fois où ces hommes en noir sont venus chez vous, si

 26   j'ai bien compris votre déposition, vous étiez derrière une porte devant

 27   laquelle quelqu'un montait la garde ?

 28   R.  Oui.


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  1   Q.  Il n'y avait pas d'électricité dans votre maison ?

  2   R.  En effet.

  3   Q.  Pendant que vous vous teniez derrière la porte gardée par quelqu'un,

  4   vous nous avez dit que votre mère s'entretenait avec l'un ou plusieurs de

  5   ces hommes en noir; c'est cela, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui, de ce côté-là de la maison.

  7   Q.  Quand vous dites "de ce côté-là de la maison," vous dites le côté qui

  8   était loin de là où vous vous teniez derrière la porte ?

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Guy-Smith, vous êtes en train

 10   de nous dire qu'il est derrière une porte. Cela fait trois ou quatre fois

 11   que vous nous le dites. Pouvez-vous nous dire où, dans la déposition du

 12   témoin, il est dit qu'il était derrière une porte ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 14   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je demande au témoin, si cela est correct,

 15   s'il était bien derrière une porte ? S'il dit qu'il est derrière une porte

 16   --

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, non, je vais vérifier ce qu'il a

 18   dit exactement et ce que vous dites.

 19   M. GUY-SMITH : [interprétation] C'est à la page 40, ligne 1. Ma question

 20   est la suivante : "La deuxième fois que les hommes en noir sont venus chez

 21   vous, si j'ai bien compris votre déposition, vous étiez derrière une

 22   porte …"

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 24   M. GUY-SMITH : [aucune interprétation]

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est encore une question composée.

 26   Décomposez-là, s'il vous plaît, pour ne pas embrouiller l'affaire.

 27   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 28   Q.  Après que vous vous soyez réveillé quand ces hommes en noir sont venus


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  1   pour la deuxième fois chez vous, vous êtes resté dans votre chambre qui

  2   était fermée et il y avait un homme qui montait la garde devant la porte;

  3   c'est cela ?

  4   R.  Je n'ai pas dit que je restais derrière la porte. J'ai dit que je suis

  5   resté dans la chambre quand ils sont venus et qu'ils nous ont réveillés.

  6   J'ai dit que cette personne montait la garde, là.

  7   Q.  A quelle distance se tenait la conversation qu'entretenait votre mère

  8   avec cet homme en noir pendant que vous étiez dans cette chambre à coucher

  9   où quelqu'un montait la garde ?

 10   R.  Environ 4 à 5 mètres.

 11   Q.  Vous nous avez dit qu'au cours de la conversation, vous avez entendu un

 12   nom cité de façon répétée.

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Mis à part ce nom que vous avez entendu mentionné à plusieurs reprises,

 15   qu'avez-vous entendu d'autre quant à la teneur de la conversation ?

 16   R.  J'ai entendu ce nom cité par quelqu'un d'autre. Puis, il a parlé avec

 17   ma mère de l'autre côté de la maison, à 5 mètre à peu près de là où nous

 18   étions, et quand on s'est réveillé le lendemain matin, notre mère nous a

 19   dit ce qui s'était passé.

 20   Q.  Les informations à propos de ce qui s'était passé cette nuit-là, est-ce

 21   l'information que vous avez apprise de votre mère.

 22   M. KEARNEY : [interprétation] Je soulève une objection. Je trouve que le

 23   terme "information" est beaucoup trop vague. Il conviendrait que l'on soit

 24   plus précis.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il faudrait que le témoin enlève ses

 26   écouteurs.

 27   M. GUY-SMITH : [interprétation] Avant de faire cela, pourrions-nous savoir

 28   si le témoin parle anglais ?


Page 1504

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mettez votre écouteur, Monsieur le

  2   Témoin, s'il vous plaît. Dites-nous si vous comprenez l'anglais ou si vous

  3   parlez anglais.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, très peu.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Enlevez vos écouteurs.

  6   Monsieur Guy-Smith, un grand nombre de vos questions sont des questions qui

  7   embrouillent les choses plutôt qu'autre chose. Par exemple, quand vous

  8   dites -- il y a énormément de suggestions implicites dans vos questions,

  9   qui pourraient très bien ne pas être comprises par le témoin. Ainsi les

 10   réponses deviennent extrêmement difficiles à évaluer. Je vais vous donner

 11   quelques exemples. Dans l'une de vos questions précédentes, vous avez

 12   suggéré que la personne dont on parlait ne venait que quand on l'avait

 13   appelée. Or, jusqu'à présent il n'y avait aucune preuve nous montrant cela.

 14   Ensuite, question suivante, fort heureusement, le témoin s'est rendu compte

 15   que vous parliez d'une radio. La question était très ambiguë. Vous n'avez

 16   pas vraiment précisé de quel type de radio vous parliez. Ensuite, dans la

 17   dernière question que vous venez de poser, vous avez plus ou moins suggéré

 18   - je vais essayer de trouver vos propos exacts pour vous citer : "Mis à

 19   part le nom que vous avez cité, que vous avez entendu à plusieurs reprises,

 20   qu'avez-vous entendu d'autre quant à la teneur de la conversation ?" Ce qui

 21   suggère que ce nom mentionné faisait partie de la conversation. Alors que

 22   très clairement, dans la déposition du témoin, il est dit qu'il avait

 23   entendu l'autre homme utiliser le nom, et que c'est sa mère, le lendemain,

 24   qui l'avait informé. Donc, vous avez fait des suggestions très implicites

 25   dans vos questions, qui embrouillent un petit peu le sujet, ce qui n'aide

 26   absolument pas la Chambre. Souvenez-vous de tout cela. Je vais demander au

 27   témoin de remettre ses écouteurs afin que nous puissions poursuivre le

 28   contre-interrogatoire.


Page 1505

  1   Monsieur Guy-Smith, vous avez la parole.

  2   M. GUY-SMITH : [interprétation]

  3   Q.  Lors de la deuxième visite, vous n'avez pas personnellement pu

  4   identifier Toger comme étant présent ce soir-là; est-ce la vérité ?

  5   R.  En effet.

  6   Q.  Trois ou quatre jours après cette deuxième visite nocturne, votre sœur

  7   S est revenue à la maison; c'est bien vrai ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Quand elle est rentrée, elle est revenue à bord d'une voiture blanche ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Où vous trouviez-vous quand vous avez vu votre sœur rentrer à la

 12   maison ?

 13   R.  J'étais aux alentours de la maison; j'étais dans la cour, pour être

 14   précis.

 15   Q.  Vous nous avez dit que votre sœur était accompagnée d'une autre

 16   personne qui se trouvait à bord de la voiture.

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Cette personne était en noir.

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Votre sœur est rentrée dans la maison et y est restée 30 à 40 minutes.

 21   R.  Oui.

 22   Q.  La personne qui est venue avec elle, en noir, elle est restée dans la

 23   voiture pendant toutes les 30 à 40 minutes que votre sœur a passées dans la

 24   maison ?

 25   R.  Oui.

 26   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Pour être exact, pouvez-vous

 27   confirmer qu'il est bien resté dans la voiture pendant les 30 à 40 minutes

 28   de la visite de votre soeur ?


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Il est sorti avec ma sœur d'abord. Il est

  2   sorti de la voiture avec ma sœur. Il n'est pas resté très longtemps à

  3   l'extérieur. Ensuite, je l'ai vu rentrer dans sa voiture, et je suis rentré

  4   dans la maison avec ma sœur.

  5   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci.

  6   M. GUY-SMITH : [interprétation]

  7   Q.  Lorsque vous êtes entré à la maison avec votre sœur - et là j'enchaîne

  8   sur la question du Juge - est-ce que vous avez continué à regarder la

  9   voiture de temps en temps, pendant les 30 à 40 minutes, pendant la visite

 10   que vous avez effectuée avec votre sœur ?

 11   R.  Lorsque j'étais à l'intérieur de la maison, je ne sortais pas afin de

 12   voir ce qui se passait dans la voiture.

 13   Q.  Pendant que vous étiez dans la maison, est-ce que vous avez regardé

 14   vers l'extérieur, vers la voiture ?

 15   R.  Non. On était assis dans une autre pièce de laquelle on ne pouvait pas

 16   voir la voiture.

 17   Q.  Lors de la deuxième visite avec votre sœur S, vous avez dit qu'elle est

 18   venue en voiture; est-ce exact ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Lorsqu'elle est venue en voiture cette deuxième fois, est-ce qu'elle

 21   est venue seule ou est-ce qu'à ce moment-là elle est venue avec cet homme

 22   vêtu de noir ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Je suppose que lorsque vous dites "oui", vous voulez dire par là que

 25   cette fois-là elle est venue avec cet homme vêtu de noir; est-ce exact ?

 26   R.  C'est exact.

 27   Q.  Est-ce que qui que ce soit était dans la voiture à part votre sœur et

 28   cet homme vêtu de noir ?


Page 1507

  1   R.  Lorsqu'elle a été ramenée à la maison, non.

  2   Q.  Lorsque vous avez vu qu'on la ramenait la maison, lors de cette

  3   deuxième visite dans la matinée avec cet homme qui portait des vêtements

  4   noirs, après qu'elle est venue près de votre maison, elle est sortie de la

  5   voiture; est-ce exact ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  La voiture est partie; est-ce exact ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Ensuite, vous avez passé quelques heures avec votre sœur; est-ce

 10   exact ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  A un moment donné dans l'après-midi, votre sœur vous a dit qu'il était

 13   temps qu'elle parte; est-ce exact ?

 14   R.  Oui. Oui.

 15   Q.  Lorsqu'elle vous a dit qu'il était temps de partir, vous avez décidé de

 16   marcher avec elle pour l'accompagner ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Les seules deux personnes qui sont parties de la maison à ce moment-là

 19   de l'après-midi, c'était vous-même et votre sœur; est-ce exact ?

 20   R.  C'est exact.

 21   Q.  Pendant combien de temps étiez-vous en train de marcher

 22   approximativement avant d'arriver à Ratis "ford" ?

 23   R.  D'après mes souvenirs, c'était environ 25 minutes.

 24   Q.  Vous avez marché dans quelle direction ?

 25   R.  Dans la direction d'Irzniq.

 26   Q.  Après que vous avez marché pendant environ 25 minutes, vous êtes

 27   arrivés à un endroit où il y avait une rivière où un cours d'eau ?

 28   R.  C'est exact.


Page 1508

  1   Q.  C'était à peu près à mi-chemin, et à ce moment-là votre sœur vous a dit

  2   qu'il n'était pas nécessaire que vous continuiez le chemin avec elle; c'est

  3   exact ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Elle a poursuivi son chemin ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Vers Irzniq ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Vous êtes rentré chez vous ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Peut-on dire que vous avez eu besoin d'à peu près le même temps pour

 12   rentrer de "ford"que le temps qu'il vous a voulu d'y aller depuis votre

 13   maison ? Je veux dire par là environ 25 minutes ?

 14   R.  Je ne suis pas sûr s'il s'agissait du même temps. Peut-être cela a duré

 15   moins longtemps, mais c'est à peu près cela.

 16   Q.  Lorsque vous êtes rentré chez vous, vous y êtes resté pendant peu de

 17   temps lorsque la voiture est arrivée à la maison de nouveau; est-ce exact ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Il y avait plusieurs hommes vêtus de noir dans cette voiture; est-ce

 20   exact ?

 21   R.  Non. Seulement la personne qui était venue à chaque fois, alors que les

 22   autres, je ne les ai pas reconnus.

 23   Q.  Je vais vous poser la question ainsi. Vous dites : "Non. Seule la

 24   personne qui venait à chaque fois, alors que les autres, je ne les ai pas

 25   reconnus." Lorsque vous êtes rentré chez vous et que la voiture est

 26   arrivée, est-ce qu'il y avait une personne dans la voiture ou plusieurs ?

 27   R.  Il y avait deux personnes.

 28   Q.  Très bien. Est-ce que ces deux personnes portaient des vêtements


Page 1509

  1   noirs ?

  2   R.  Je n'ai pas vu ce que l'autre personne portait. J'ai parlé avec eux

  3   depuis une distance de 7 à 8 mètres. Je ne me souviens pas de ce que

  4   portait l'autre personne.

  5   Q.  Après que vous leur avez parlé d'une distance de 7 à

  6   8 mètres, ils sont partis; est-ce exact ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  La fois suivante que vous avez des contacts avec les hommes vêtus de

  9   noir, c'était deux à trois semaines après que vous vous êtes séparé de

 10   votre sœur à "ford"; est-ce exact ?

 11   R.  Oui, mais de quel endroit parlez-vous ?

 12   Q.  De votre maison, le soir.

 13   R.  Ils sont venus au bout de deux à trois semaines. A ce moment-là,

 14   certaines personnes sont venues chez nous.

 15   Q.  Vous nous avez dit que c'était à peu près au moment où vous faisiez la

 16   récolte du blé, n'est-ce pas ?

 17   R.  Non. C'était en automne, car en automne on fait ce genre de travaux

 18   dans les champs deux fois.

 19   Q.  Bien, vous me corrigez sur quelque chose que je ne savais pas. C'était

 20   à un moment donné à l'automne après la moisson du blé.

 21   R.  Tout d'abord, on récolte les haricots en automne, ensuite le blé.

 22   Q.  Lors de cette visite en automne, vous nous avez dit qu'un certain

 23   nombre d'hommes vêtus de noir sont arrivés. Je crois qu'ils ont parlé avec

 24   votre mère; est-ce exact ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Vous nous avez parlé d'une conversation, je crois - là je fais

 27   référence à la page 87, fin de la page 86 - "ils ont parlé à la mère" --

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous utilisons les numéros qui


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  1   continuent, pas juste la pagination de la journée. Donnez-nous le texte.

  2   Cela va être plus facile de trouver.

  3   M. GUY-SMITH : [interprétation] "Ils ont parlé avec la mère …" Je pense que

  4   c'est 1 445, ligne 4.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] 1 445. Merci.

  6   M. GUY-SMITH : [interprétation] "Ils ont parlé avec la mère, et avez-vous

  7   entendu cette conversation ?"

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Veuillez procéder.

  9   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 10   Q.  C'était la conversation que vous avez entendue; est-ce exact ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  C'est la conversation qui concernait la question de savoir si les gens

 13   pouvaient partir de la maison avec une autorisation ou sans autorisation;

 14   est-ce exact ?

 15   R.  Lorsqu'ils sont venus la deuxième fois après que ma sœur a été portée

 16   disparue (expurgé)

 17   (expurgé), vous

 18   nous avez dit, je crois, que la personne qui en avait parlé avec votre mère

 19   était quelqu'un que vous aviez identifié comme Toger; est-ce exact ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Cette information en particulier, que la personne qui avait parlé avec

 22   votre mère était Toger, c'est l'information dont vous  avez parlé avec M.

 23   Kearney, avant de venir déposer ici, n'est-ce

 24   pas ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Vous avez dit à M. Kearney, n'est-ce pas, que vous aviez entendu un

 27   soldat de l'UCK dire à votre mère que tout le monde pouvait obtenir des

 28   documents de voyage sauf elle, et que si elle essayait de partir, elle


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  1   allait être tuée, n'est-ce pas ? C'est ce que vous avez dit à M. Kearney.

  2   M. KEARNEY : [interprétation] Monsieur le Président, mon éminent collègue,

  3   s'il fait référence aux déclarations préalables du témoin ou aux notes de

  4   récolement, je souhaite qu'il nous donne la référence pour qu'on puisse

  5   suivre.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  7   M. GUY-SMITH : [interprétation] Il s'agit de 2D2-1317 page 2, des notes de

  8   récolement.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

 10   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 11   Q.  Vous nous avez dit que vous avez dit à M. Kearney que la personne qui

 12   avait eu cette conversation avec votre mère était Toger; est-ce exact ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  N'est-il pas vrai que vous avez dit à M. Kearney que la personne qui

 15   avait parlé de cela avec votre mère était une personne qui s'appelait

 16   Aslan ?

 17   M. KEARNEY : [interprétation] Monsieur le Président, excusez-moi

 18   d'interrompre, mais est-ce que vous faites référence à la page 2 des notes

 19   récolement.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. J'essaie de trouver cet endroit

 21   aussi. Est-ce que vous pourriez nous dire le paragraphe exact ?

 22   M. GUY-SMITH : [interprétation] "Visite au quartier général de l'UCK à

 23   Ratis."

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, pour moi c'est la première page des

 25   notes de récolement.

 26   M. GUY-SMITH : [interprétation] "Le témoin confirme" --

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je vois.

 28   M. GUY-SMITH : [interprétation] Ensuite, ce serait la troisième phrase. "Le


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  1   témoin …"

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, on voit. Oui, nous allons lire

  3   cela. J'ai trouvé. Poursuivez.

  4   M. GUY-SMITH : [interprétation] Merci.

  5   Je souhaite que l'on réponde à ma dernière question.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Veuillez répéter la question, mais

  7   je souhaite simplement lire un autre point brièvement.

  8   Veuillez répéter la question.

  9   Est-ce que le témoin pourrait enlever brièvement ses écouteurs ?

 10   Monsieur Guy-Smith, Vous étiez en train de parler d'une conversation que la

 11   mère a eue avec une personne que le témoin a identifiée. Vous dites : "Je

 12   crois que la personne qui avait eu cette conversation avec votre mère vous

 13   l'avez identifiée." Il a

 14   répondu : "Oui." Ensuite, vous avez dit que cette conversation avec votre

 15   mère, c'était M. Toger qui l'a eue, et que vous l'avez dit à

 16   M. Kearney, n'est-ce pas ? "Vous lui avez dit que vous aviez entendu qu'un

 17   soldat de l'UCK disait cela à votre mère, et cetera."

 18   Est-ce que je dois comprendre, vous venez de dire : "Je viens de vous dire

 19   que vous avez dit à M. Kearney que la personne qui avait eu cette

 20   conversation avec votre mère était --"

 21   M. KEARNEY : [interprétation] Quand est-ce que le témoin a dit exactement

 22   que c'était Toger qui avait donné cette information. Vous soumettez cela au

 23   témoin.

 24   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je lui ai demandé s'il avait dit cela

 25   pendant son récolement. Je lui ai demandé : "Est-ce que vous avez dit à M.

 26   Kearney que Toger était la personne qui avait menacé" -- je vais reformuler

 27   la question.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais trouver l'endroit exact où vous


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  1   avez soumis cela au témoin : "Vous avez dit à

  2   M. Kearney que vous avez entendu un soldat de l'UCK dire à votre mère que

  3   tout le monde…", ensuite, votre question était directrice. "Vous venez de

  4   dire que vous aviez dit à M. Kearney que la personne qui avait eu cette

  5   conversation avec votre mère était Toger."

  6   Quand est-ce qu'il a dit cela ?

  7   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je lui demande s'il avait dit cela à M.

  8   Kearney.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, vous avez dit : "Vous avez dit à M.

 10   Kearney cela." Où est-ce qu'il l'a dit ? Je regarde le compte rendu

 11   d'audience, à quel endroit est-ce qu'il a dit à

 12   M. Kearney que c'était Toger qui avait donné cette information ?

 13   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je pense que c'est là, mais je ne peux pas

 14   retrouver. Je vais reposer la question pour clarifier les choses. Je vais

 15   relire cela.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, faites-le.

 17   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 18   Q.  Lorsque vous avez parlé avec M. Kearney avant de déposer devant la

 19   Chambre, vous avez dit à M. Kearney que Toger était celui qui avait menacé

 20   votre mère; est-ce exact ?

 21   M. KEARNEY : [interprétation] Encore une fois, c'est vague. Peut-être qu'il

 22   faut lire la situation des notes de récolement.

 23   M. GUY-SMITH : [interprétation] Non, on ne citait pas les notes de

 24   récolement. Ce n'est pas le but de ce qu'on faisait ici.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Guy-Smith, je vais intervenir

 26   maintenant. Vous avez soumis au témoin qu'il vous avait dit que c'était

 27   Toger - c'est à la page 50, ligne 5.

 28   M. GUY-SMITH : [interprétation] Il faudrait que je retrouve l'endroit chez


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  1   moi.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] L'avez-vous trouvé ?

  3   M. GUY-SMITH : [interprétation] Pas encore.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] "Vous nous avez dit …"

  5   M. GUY-SMITH : [interprétation] Attendez. J'ai trouvé.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. "Vous venez de nous dire que vous

  7   avez dit à M. Kearney que la personne qui avait eu cette conversation avec

  8   votre mère était Toger, n'est-ce pas ?" La réponse c'était : "Oui." Je

  9   pense que le témoin avait déposé au sujet du fait qu'il avait eu une

 10   conversation avec Toger.

 11   Question suivante : "N'était-il pas vrai …"

 12   M. GUY-SMITH : [interprétation] Si vous examinez la page d'avant, Monsieur

 13   le Président.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Quelle ligne ?

 15   M. GUY-SMITH : [interprétation] Ligne 8 : "Les informations (expurgé)

 16   (expurgé), je crois que cette

 17   personne qui avait eu la conversation avec votre mère est quelqu'un que

 18   vous aviez identifié comme Toger; est-ce exact ?" Réponse : "Oui."

 19   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 20   M. GUY-SMITH : [interprétation] "Alors cette information concernant le fait

 21   que la personne qui avait eu la conversation avec votre mère était Toger,

 22   c'est l'information dont vous avez parlé avec M. Kearney avant de venir

 23   déposer ici, n'est-ce pas ?" Réponse : "Oui."

 24   M. KEARNEY : [interprétation] L'Accusation ne dispute pas cela. Cependant,

 25   ceci est une chose à part des menaces dont on parle maintenant. Ce n'est

 26   pas la même chose, lorsqu'elle ait été amenée et lorsqu'on lui a proféré

 27   des menaces.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je trouve que tout ceci prête à la


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  1   confusion. On parle des menaces, on parle des autorisations de voyager, des

  2   permis de voyager, on parle des conversations et on ne fait pas toujours

  3   clairement la distinction concernant quel était le sujet des discussions ou

  4   quels étaient les interlocuteurs. Afin de soumettre cela au témoin ou de

  5   l'inviter à réfléchir à cela, afin qu'il ne soit pas incohérent, il faut

  6   être plus précis.

  7   Poursuivez, Maître Guy-Smith. La Chambre préférerait que vous lisiez

  8   au témoin ce qu'il a dit à la base du compte rendu d'audience plutôt que de

  9   lire ce qui est reflété dans les notes de récolement. Poursuivez, Maître

 10   Guy-Smith.

 11   M. GUY-SMITH : [interprétation] C'est cela justement notre difficulté avec

 12   les notes de récolement, car nous ne savons pas si elles sont complètes.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, nous ne le savons pas. Mais si vous

 14   souhaitez confronter le témoin à ce qui est dans les notes de récolement,

 15   vous devez citer les notes de récolement car vous ne devez pas émettre de

 16   conjectures.

 17   M. GUY-SMITH : [interprétation] Si je puis attirer l'attention de la

 18   Chambre de première instance et de l'Accusation à la page 49, ligne 5, où

 19   il est question de la même conversation : "C'est la conversation qui

 20   concerne la question de savoir si les gens pouvaient partir de chez eux

 21   avec ou sans autorisation, n'est-ce pas ?"

 22   Réponse : "Lorsqu'ils sont venus la deuxième fois, après que ma sœur a été

 23   portée disparue, (expurgé)

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En fait, on parle de la même fois, de la

 25   même conversation -- de la même fois, oui, de la même conversation, oui --

 26   M. GUY-SMITH : [interprétation] Très bien. Je vais reformuler la question.

 27   Q.  Est-ce que vous avez jamais dit pendant le récolement de

 28   M. Kearney --


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  1   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Je pense qu'il faudrait que le témoin

  2   mette ses écouteurs.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  4   M. GUY-SMITH : [interprétation]

  5   Q.  Est-ce que vous avez jamais dit à M. Kearney pendant que vous aviez

  6   votre session de récolement le 9 et le 12 mars, que Togeri avait menacé de

  7   tuer votre mère si elle partait de chez elle ?

  8   R.  Lorsque je suis allé au quartier général, à l'état-major afin de

  9   chercher la permission car ils avaient refusé de me le donner.

 10   Q.  Ma question est la suivante : avez-vous dit à M. Kearney -le monsieur

 11   qui est assis en face - la chose suivante : que Togeri avait menacé de tuer

 12   votre mère et que vous aviez entendu cette conversation ?

 13   R.  Je sais que c'était Aslan Rexhepi qui a dit cela.

 14   Q.  Donc, Togeri ne l'a pas dit. Togeri n'a jamais menacé votre mère de la

 15   tuer ou du fait qu'elle allait être tuée si elle partait de chez elle,

 16   n'est-ce pas ? 

 17   R.  Je ne sais pas. Je ne me souviens pas de cette partie-là, concernant

 18   son départ de chez elle. Je sais simplement qu'il a parlé avec ma mère

 19   lorsqu'il (expurgé)

 20   (expurgé)

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Guy-Smith, nous allons passer à

 22   l'audience à huis clos partiel afin d'éviter d'avoir à procéder à de

 23   nouvelles expurgations.

 24   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel,

 25   Monsieur le Président.

 26   [Audience à huis clos partiel]

 27  (expurgé)

 28  (expurgé)


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 20   [Audience publique]

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 22   Continuez, Maître Guy-Smith.

 23   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 24   Q.  Avant d'être allé à Pristina en 2004 pour examiner cette planche de

 25   photos, aviez-vous vu des émissions à la télé sur Idriz Balaj et sur le

 26   fait qu'il ait été traduit devant le tribunal de Dukagjin ?

 27   R.  Qu'il était jugé, non, je n'ai rien vu à ce propos. Mais lorsque j'ai

 28   regardé une émission sur un accident, j'ai vu à la télé l'information selon


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  1   laquelle ils avaient tiré sur sa maison ou lancé quelque chose sur sa

  2   maison.

  3   Q.  Bien. Lorsque vous avez vu ce reportage de la télévision qui disait

  4   qu'ils avaient tiré sur sa maison ou qu'ils avaient lancé quelque chose sur

  5   sa maison, vous avez appris que son nom était Idriz Balaj, n'est-ce pas ?

  6   C'est ainsi qu'on l'a appelé dans ce reportage et qu'il s'appelait

  7   également Togeri. C'était son surnom.

  8   R.  Oui.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vraiment, Maître Guy-Smith, j'aimerais

 10   que vous décomposiez les questions pour que les choses soient claires.

 11   D'abord, vous demandez si c'était Balaj, ensuite vous lui demandez si on a

 12   également indiqué son surnom, parce que sinon, nous obtenons un oui de la

 13   part du témoin, mais il semble leur dire oui à quatre ou cinq questions à

 14   la fois. Je ne souhaite pas devoir vous interrompre à nouveau sur ce même

 15   point.

 16   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 17   Q.  Lorsque vous avez vu ce passage de ce reportage à la télévision sur

 18   quelque chose qui aurait été jeté contre sa maison, il y a deux noms qui

 19   ont été mentionnés, n'est-ce pas, d'abord, il y a eu Idriz Balaj ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  L'autre nom que vous avez entendu, c'était Toger, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Lorsque vous avez entendu le nom de Toger, vous l'avez aussi entendu en

 24   connexion avec le nom d'Idriz Balaj, n'est-ce pas?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Cela, c'était en 2002, n'est-ce pas ?

 27   R.  Je crois.

 28   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Pourriez-vous nous donner des


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  1   informations supplémentaires sur la nature de l'émission de ce reportage

  2   que vous avez vu ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Je pense qu'un engin explosif a été jeté

  4   contre sa maison lorsqu'il partait avec sa femme et ses enfants. En tout

  5   cas, c'est ce qu'il a été dit à la télé.

  6   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Que voyait-on, qui voyait-on dans ce

  7   reportage ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Ils ont montré des personnes non identifiées,

  9   vraisemblablement les auteurs.

 10   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci.

 11   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 12   Q.  On a vu également une photo d'Idriz Balaj au cours de ce reportage,

 13   n'est-ce pas ?

 14   R.  Oui, je crois.

 15   Q.  On a vu également une photo de sa femme, n'est-ce pas ?

 16   R.  Oui, et un enfant de bas âge.

 17   Q.  Outre ce reportage vu à la télévision, avez-vous eu la possibilité de

 18   lire quoi que ce soit dans les journaux sur cette attaque, cette agression,

 19   d'Idriz Balaj et de sa famille ? J'entends par là, cette tentative

 20   d'assassinat.

 21   R.  Non, je n'ai rien lu. Je n'ai pas eu l'occasion.

 22   Q.  Après avoir vu ce reportage à la télévision sur cet incident - et par

 23   cela j'entends la tentative d'assassinat - avez-vous vu quoi que ce soit à

 24   la télé sur le procès de Dukagjin au cours duquel Idriz Balaj a été jugé

 25   avec d'autres ?

 26   R.  Non.

 27   Q.  J'ai une dernière question à vous poser, Monsieur : "Toger," ne veut-il

 28   pas dire lieutenant, le terme de "Toger," en albanais ?


Page 1523

  1   R.  Avant on ne le savait pas. On l'a appris par la suite. Nous avons

  2   appris qu'il y avait un système de grade dans la police et qu'effectivement

  3   c'est sous le nom de son grade qu'il était appelé pendant la guerre.

  4   Q.  Merci.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, c'est à vous.

  6   M. EMMERSON : [interprétation] Oui, j'ai quelques questions à poser à ce

  7   témoin, mais j'aimerais également attirer votre attention sur une question

  8   urgente avant la pause.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 10   M. EMMERSON : [interprétation] Il est peu probable que j'en aie terminé de

 11   mon contre-interrogatoire et que M. Kearney ait terminé ses questions

 12   supplémentaires avant la pause. Plus précisément, puis-je soulever ces

 13   questions sans attendre, puisqu'il faudra leur apporter une solution avant

 14   la pause.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais je ne sais pas si la question

 16   est véritablement urgente. J'espère que ceci n'a pas encore à voir avec la

 17   communication d'éléments de preuve. Toutefois, la présence du témoin pose-

 18   t-elle un problème, peut-être que nous pourrions lui demander de quitter le

 19   prétoire. Combien de temps souhaitez-vous ?

 20   M. EMMERSON : [interprétation] Pour les questions, cinq à dix minutes.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Cinq à dix minutes.

 22   Maître Harvey.

 23   M. HARVEY : [interprétation] Je n'aurai pas de questions à poser à ce

 24   témoin, Monsieur le Président.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous n'avez pas de questions. Bien.

 26   Monsieur Kearney.

 27   M. KEARNEY : [interprétation] Puis-je être entendu. Je dirais que pour

 28   l'instant mes questions supplémentaires seront extrêmement brèves. Pour le


Page 1524

  1   témoin, j'aimerais qu'on en ait terminé au plus vite.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Bien. Je propose que vous posiez

  3   d'abord vos questions, Maître Emmerson, que nous en terminions du contre-

  4   interrogatoire, ensuite nous inviterons Mme l'Huissière a accompagné le

  5   témoin hors du prétoire et nous entendrons vos questions liées à la

  6   procédure, et après la pause

  7   M. Kearney posera les questions supplémentaires au témoin.

  8   M. EMMERSON : [interprétation] Que les choses soient tout à fait claires.

  9   La question que j'aimerais soulever en matière de procédure ne porte pas

 10   sur ce témoin-ci mais sur le témoin suivant.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 12   M. EMMERSON : [interprétation] Si M. Kearney en est d'accord, après mes

 13   quelques brèves questions - s'il n'en a pas beaucoup lui non plus - il

 14   faudra procéder très rapidement aux questions supplémentaires.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Bien sûr, mais je ne sais pas qui

 16   va poser des questions au témoin suivant.

 17   M. KEARNEY : [aucune interprétation]

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je dois voir sur ma liste s'il n'y a pas

 19   de mesures de protection qui ont été demandées. Sachant que si cela était

 20   le cas, on ne devrait pas poser de questions s'agissant du prochain témoin

 21   devant ce témoin-ci.

 22   M. EMMERSON : [aucune interprétation]

 23   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 24   M. KEARNEY : [interprétation] C'est M. Dutertre qui se chargera du témoin

 25   suivant.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Dans ce cas-là, contactez M.

 27   Dutertre. En attendant, nous allons entendre les questions finales du

 28   contre-interrogatoire, et une fois que nous aurons conclu le contre-


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  1   interrogatoire, nous réserverons un laps de temps, une fois que M. Dutertre

  2   sera également présent, pour traiter de ces questions après la pause.

  3   Témoin 4, ceci ne présente qu'un intérêt très limité pour vous. Vous allez

  4   maintenant entendre les questions de Me Emmerson dans le cadre de la suite

  5   du contre-interrogatoire.

  6   Veuillez procéder, Monsieur Emmerson.

  7   Contre-interrogatoire par M. Emmerson : 

  8   Q.  [interprétation] Témoin, je vais vous poser une ou deux questions au

  9   nom de Ramush Haradinaj.

 10   Tout d'abord, vous avez dit hier que la veille au soir de l'incident au

 11   cours duquel le policier a reçu une balle dans sa voiture, un incident

 12   avait eu lieu qui avait pris pour cible une maison de famille de Ratis, et

 13   vous nous avez donné un nom; Malesha. Vous nous avez dit que vous ne vous

 14   souveniez plus de son nom de famille, mais que la maison avait subi des

 15   dégâts et que vous l'aviez vu vous-même lorsque vous vous étiez rendu sur

 16   place.

 17   J'aimerais préciser l'identité de cette personne pour éviter tout

 18   malentendu sur le nombre d'incidents de cette nature qui avait eu lieu à

 19   Ratis. Le nom Nastadin Culafic vous dit-il quelque chose, Malesha.

 20   R.  Non, je n'ai jamais entendu parler de lui.

 21   Q.  Le couple auquel vous avez fait référence, qui se trouvait dans la

 22   maison à Radis, vous êtes allé voir la maison, n'est-ce pas ?

 23   R.  Je ne sais plus pourquoi j'ai dû me rendre dans ce village.

 24   Effectivement, je suis allé jeter un œil à la maison.

 25   Q.  Connaissiez-vous le couple qui vivait là-bas ?

 26   R.  Je ne connaissais que l'homme et sa femme, je ne me souviens plus de

 27   son nom à elle.

 28   Q.  Je vais essayer de rafraîchir votre mémoire. Nous avons entendu des


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  1   témoins, ici même dans ce prétoire, nous dire qu'un couple nommé Culafic -

  2   dont le mari s'appelait Nastadin ou Malesha, et dont la femme s'appelait

  3   Jela. Ce couple vivait dans une maison qui avait subi des dégâts à peu près

  4   au moment dont vous parlez. J'aimerais juste savoir si le Malesha dont vous

  5   nous parlez est le même Malesha dont nous avons déjà entendu parler.

  6   R.  Je le connais sous le nom de Malesha, rien d'autre.

  7   Q.  C'est son prénom, pas son nom de famille, n'est-ce pas ?

  8   R.  Tout le monde l'appelait Malesha.

  9   Q.  Oui. Et je crois vous avoir entendu dire hier, qu'à part cet incident-

 10   là, vous n'aviez pas d'autres exemples à donner d'incidents ayant

 11   occasionné des dommages ou des dégâts contre des maisons serbes à Ratis à

 12   cette date-là à peu près.

 13   M. KEARNEY : [interprétation] Vous êtes vague, semble-t-il. S'agissant de

 14   la période "à l'époque," vous dites --

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 16   M. KEARNEY : [interprétation] -- avant le meurtre de Prascevic ?

 17   M. EMMERSON : [interprétation] Ce n'est pas vague du tout.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, non je crois que la période dont

 19   vous parlez est tout à fait claire. Je me souviens même qu'il y a eu un

 20   accord entre les parties le 2 mars n'est-ce pas ? Donc le 2 ou 3 mars.

 21   M. EMMERSON : [interprétation] Oui, effectivement. Le témoin n'a pas été en

 22   mesure de se souvenir de la date. C'est la raison pour laquelle je ne lui

 23   ai pas posé la question. Je lui ai dit néanmoins que c'était la nuit à

 24   propos de laquelle il a déposé. M. Kearney suggère que c'est vague, mais

 25   cela ne l'est pas.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 27   M. EMMERSON : [interprétation]

 28   Q.  Je vais répéter la question. Il est exact, n'est-ce pas, qu'à part cet


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  1   incident qui s'est produit la veille au soir de l'incident au cours duquel

  2   un policier s'est fait tiré dessus, vous n'avez pas à l'esprit d'autres

  3   incidents au cours desquels des maisons serbes auraient pu subir des

  4   dommages à Ratis, aux environs de cette période ?

  5   R.  Non, à l'exception de cette maison-là. Cette nuit-là, à ma

  6   connaissance, il n'y a pas eu d'autres maisons qui ont été endommagées.

  7   Q.  Merci. Maintenant, j'aimerais passer à d'autres questions qui ont trait

  8   à la nuit au cours de laquelle votre soeur M a été emmenée. Ne répondez pas

  9   avant que je vous aie posé la question. J'aimerais que nous procédions

 10   lentement, par ordre chronologique.

 11   J'aimerais d'abord vous montrer une déclaration que vous avez faite et que

 12   vous avez signée à l'intention du bureau du Procureur le 25 juillet 2006.

 13   Pour que vous compreniez bien comment je fonctionne, je vous explique :

 14   cette déclaration a été recueillie par une femme francophone. Vous

 15   souvenez-vous de cela ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  A la fin de l'entretien, l'interprète présent vous a lu la déclaration

 18   qui avait été écrite en français, en albanais, et cet interprète vous a

 19   donné la possibilité de corriger cette déclaration. Vous avez alors

 20   confirmé que la teneur de cette déclaration était exacte et vous avez

 21   apposé votre signature sur la version française de ce document.

 22   R.  Oui, mais nous avons eu quelques difficultés avec les interprètes parce

 23   qu'ils arrivaient mal à nous comprendre.

 24   Q.  Je vais vous donner lecture d'un bref passage qui se situe en fin de

 25   déclaration. Si vous avez eu quelques problèmes avec l'interprétation, il

 26   est important que les choses soient tout à fait claires ici. A la fin de la

 27   déclaration il y a un certificat signé par l'interprète qui dit : "J'ai

 28   traduit par oral la déclaration susmentionnée du français vers l'albanais


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  1   en présence de (expurgé), qui semble avoir entendu et compris ma

  2   traduction de cette déclaration. (expurgé)"

  3   M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi, je vais trop vite ?

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, pas trop vite.

  5   M. EMMERSON : [interprétation] Toutes mes excuses. Toutes mes excuses.

  6   C'est une erreur grave de ma part.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous acceptons vos excuses.

  8   M. EMMERSON : [interprétation]

  9   Q.  Cette attestation dit ensuite que vous avez déclaré que les éléments

 10   figurant dans la déclaration tels qu'ils vous ont été traduits reflétaient

 11   la vérité à votre connaissance et selon vos souvenirs. Ensuite, vous avez

 12   apposé votre signature à l'endroit prévu à cet effet sur la déclaration en

 13   français.

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Bien. Ce qui signifie qu'à partir du moment où vous avez apposé votre

 16   signature sur cette déclaration, vous compreniez ce qu'elle contenait ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Merci.

 19   M. EMMERSON : [interprétation] Très brièvement, je vais vous donner trois

 20   références dans la version en français qui porte la signature. Tout ceci,

 21   bien sûr, devra être versé au dossier sous pli scellé.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Je suppose que nous allons

 23   recevoir la version en français de cette déclaration.

 24   M. EMMERSON : [interprétation] Pour que les choses soient tout à fait

 25   claires, je ne vais pas demander le versement au dossier de ce document,

 26   mais s'il faut l'enregistrer aux fins d'identification, et bien, je pense

 27   qu'effectivement il faudrait que la version en français le soit.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous allez lire à partir de l'anglais.


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  1   M. EMMERSON : [interprétation] Oui. Et il y a aussi la traduction en

  2   albanais.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Nous avons donc la version en

  4   albanais. Ce qui manque c'est encore le lien entre --

  5   M. EMMERSON : [interprétation] Oui, je procédais par étape.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. J'aimerais pouvoir consulter la

  7   version en français au moment où vous allez lire la version en anglais pour

  8   voir s'il n'y a pas de difficulté ou d'incohérence.

  9    Bien. Comment obtenir tout ceci sur mon écran. J'aimerais obtenir le

 10   numéro correspondant de manière à ce que je puisse retrouver la traduction.

 11   M. EMMERSON : [interprétation] Oui, je peux vous donner le numéro de

 12   chacun. Pour la version en français c'est 0468, les quatre derniers

 13   chiffres. Pour la version en anglais c'est 21-0305 [comme interprété] et

 14   pour la version en albanais pour le témoin c'est

 15   2D21-0476.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 17   M. EMMERSON : [interprétation] Et les numéros de page --

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] S'il faut enregistrer ces documents aux

 19   fins d'identification, il faut leur donner une cote. D'abord, pour la

 20   version en français dont les quatre derniers chiffres sont 0468.

 21   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est un document - en fait, les

 23   différentes versions figurent ensemble au sein d'un même document ?

 24   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Oui, en effet. C'est l'original qui est

 25   en français. Cet original aura pour cote le numéro D13 enregistré aux fins

 26   d'identification.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, merci, Madame la Greffière.

 28   M. EMMERSON : [interprétation] On peut peut-être examiner la signature du


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  1   témoin, si cela peut vous aider, mais je pense qu'il est désormais

  2   largement reconnu que c'est bien la déclaration qu'il a signée. Est-ce que

  3   ceci vous aiderait de voir la version en français avec la signature ?

  4   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

  5   M. EMMERSON : [aucune interprétation]

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, ce qui m'aiderait c'est de voir le

  7   texte français sur mon écran.

  8   Y a-t-il une quelconque contestation ?

  9   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je veux voir la version en français. Je

 11   ne crois pas qu'il y ait de contestation sur le fait que c'est bien ce

 12   témoin-ci qui a signé cette déclaration, n'est-ce pas ?

 13   M. KEARNEY : [interprétation] Non.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Nous allons pouvoir poursuivre et

 15   nous concentrer sur le fond plutôt que sur la forme.

 16   M. EMMERSON : [interprétation] Pour le témoin en albanais, pour ceux qui

 17   parlent l'anglais, il y a la version en anglais. Vous avez également la

 18   version en français. Dans ces différentes versions, ce sont les paragraphes

 19   29 et 30 qui m'intéressent.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 21   M. EMMERSON : [interprétation] Peut-être qu'ils ne figurent pas sur les

 22   mêmes pages en fonction des versions, mais les paragraphes, eux, portent

 23   les mêmes numéros, heureusement.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 25   M. EMMERSON : [interprétation] Bien. J'aimerais que l'on agrandisse les

 26   paragraphes 29 et 30 pour le témoin.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Voyez-vous sur votre écran, Témoin, dans

 28   votre langue, les paragraphes 29 et 30 ?


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, c'est à vous.

  3   M. EMMERSON : [interprétation]

  4   Q.  Oui. Pourriez-vous prendre connaissance des paragraphes 29 et 30, sans

  5   les lire à haute voix. Avant cela, je dois vous préciser - à votre

  6   attention et également à l'attention des Juges - que le nom qui apparaît au

  7   paragraphe 29, Rexh Islami, est déjà un nom que vous avez corrigé au cours

  8   de votre témoignage et au cours de votre conversation avec M. Kearney,

  9   avant de venir déposer ici. En fait, cela devrait être Xhevat Islami. Je ne

 10   vais donc pas vous poser de questions sur ce point-ci. J'aimerais

 11   simplement que vous preniez connaissance des paragraphes 29 et 30, sans les

 12   lire à haute voix.

 13   R.  Oui.

 14   Q.  A part cette erreur où dans la déclaration il est question de Rexh

 15   plutôt que de Xhevat Islami, ces deux paragraphes sont-ils exacts ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Bien, j'aimerais que les choses soient tout à fait claires. Une

 18   traduction a été faite au cours de votre déposition de cet après-midi, au

 19   cours de laquelle vous avez parlé de Xhevat Islami pendant la nuit où M a

 20   été emmenée. Ce qui nous a été traduit, ce qui figure au compte rendu,

 21   c'est la chose suivante : "Xhevat a dit qu'il était venu chez nous au nom

 22   de Ramush Haradinaj." Puis, un peu plus tard, on vous a demandé ce qu'avait

 23   dit Xhevat exactement, et vous avez

 24   dit : "Xhevat a dit : 'Je suis Ramush'." L'on vous a demandé si vous

 25   l'aviez cru, et vous avez répondu : "Non, je ne l'ai pas cru parce que nous

 26   savions qui il était."

 27   Je voulais simplement vous rappeler ce que vous aviez dit plus tôt,

 28   et maintenant j'aimerais vous poser quelques questions. Pour que les choses


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  1   soient tout à fait claires, l'homme dont vous pensez que c'était Xhevat

  2   Islami, cet homme, a-t-il dit : "Je suis Ramush," ou a-t-il dit : "Je suis

  3   Ramush Haradinaj" ?

  4   R.  Il a dit : "Je suis Ramush Haradinaj."

  5   Q.  Mais vous saviez d'emblée que ce n'était pas Ramush Haradinaj ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Vous dites dans votre déclaration écrite que ce n'était pas la première

  8   fois que vous entendiez cet homme se présenter comme Ramush Haradinaj,

  9   n'est-ce pas ?

 10   R.  J'en suis certain, cet soir-là il a dit : "Je suis Ramush."

 11   Q.  Soyons vraiment clair - là, je ne suis pas en train d'essayer de vous

 12   leurrer ou de vous tromper - mais vous dites dans votre déposition que ce

 13   n'est pas la première fois que vous l'avez entendu se présenter de cette

 14   façon. Alors, si vous ne vous souvenez pas maintenant de ce qui s'est

 15   vraiment passé, si vous l'avez déjà entendu ou non, dites-le-nous, s'il

 16   vous plaît.

 17   R.  Je suis absolument certain que ce soir-là il a dit qu'il était Ramush.

 18   Il se peut qu'il se soit présenté sous ce nom à d'autres occasions, mais

 19   cela, je ne peux pas vraiment vous en parler.

 20   Q.  Mais il s'agit d'un homme dont vous nous avez dit que vous le

 21   connaissiez puisqu'il était venu à de nombreuses reprises chez vous avant

 22   la guerre ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Pour être très clair, cette personne à laquelle je fais illusion c'est

 25   Xhevat Islami, je répète. Xhevat Islami était venu à plusieurs reprises

 26   chez vous avant la guerre, et c'est pour cela que vous avez pu le

 27   reconnaître; c'est cela ?

 28   R.  Oui.


Page 1534

  1   Q.  Je pense que vous pouvez confirmer que même lors de l'incident dont on

  2   parle, quand M a été emmenée, ce n'était pas le chef. Enfin, en tout cas,

  3   vous n'aviez pas l'impression que c'était le chef ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Passons maintenant au paragraphe 30. Vous dites : "Je n'ai jamais vu

  6   Ramush Haradinaj en personne …" Puis-je vous demander la chose suivante :

  7   de ce fait, lors de votre séjour à Ratis, pendant tout le temps que vous

  8   avez passé à Ratis, vous n'avez jamais vu Ramush Haradinaj dans les

  9   environs ?

 10   R.  Non, je ne l'ai jamais vu dans les alentours de Ratis.

 11   Q.  Mais vous avez entendu que c'était un bon soldat et que c'était un bon

 12   commandant.

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Vous avez entendu dire qu'il avait vécu à l'étranger; est-ce vrai ?

 15   R.  Non, à l'époque, non, mais je l'ai appris par la suite.

 16   Q.  Soyons précis. Vous avez entendu plus tard qu'il avait vécu à

 17   l'étranger par le passé ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Et vous ne n'avez jamais entendu qui que ce soit le décrire comme un

 20   tueur ?

 21   R.  Non. Je n'ai jamais entendu qui que ce soit dire qu'il avait tué

 22   quelqu'un ou qu'il avait mis quelqu'un en prison.

 23   Q.  Merci.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous n'avez plus de questions à poser,

 25   Monsieur Emmerson ?

 26   Monsieur Harvey, la situation est toujours identique.

 27   M. HARVEY : [interprétation] Oui.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kearney.


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  1   M. KEARNEY : [interprétation] Oui, j'ai juste une question très courte à

  2   propos de cette déclaration, ensuite j'en aurai terminé.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] S'il n'y a qu'une question, je vais

  4   quand même laisser cinq à dix minutes pour M. Emmerson. Il a mis un peu

  5   plus longtemps que prévu. Mais si vous n'avez qu'une question à poser,

  6   allez-y.

  7   Monsieur Kearney va vous poser une dernière question.

  8   M. KEARNEY : [interprétation] Merci.

  9   Nouvel interrogatoire par M. Kearney :

 10   Q.  [interprétation] Témoin 4, j'aimerais attirer votre attention sur ce

 11   paragraphe sur lequel on vous a posé des questions, paragraphe 29 de votre

 12   déclaration de 2006. Elle est normalement sous vos yeux à l'écran, et ce,

 13   en albanais. Je vais lire la dernière phrase de ce paragraphe et je vais

 14   vous demander ensuite de faire des remarques. Donc voici: "Malgré tout,

 15   Toger semblait être le chef de l'opération." Je pense que l'opération que

 16   vous faites allusion ici est celle où votre sœur M a été emmenée ?

 17   Donc, j'aimerais vous demander la question suivante : tout d'abord,

 18   est-ce que cela reflète fidèlement ce que vous avez dit à l'enquêteur en

 19   2006, c'est-à-dire que Toger semblait être le chef de l'opération, avez-

 20   vous bel et bien dit cela à l'enquêteur français en 2006 ?

 21   R.  Je me souviens que je lui ai dit qu'à chaque fois qu'ils sont venus,

 22   Toger était le numéro un.

 23   Q.  Quand vous lui avez dit cette chose, vous considériez qu'il s'agissait

 24   de la vérité, n'est-ce pas ?

 25   R.  A qui faites-vous référence ?

 26   Q.  Quand vous avez dit à l'enquêteur que Toger semblait être le chef

 27   chaque fois que vous l'avez vu, c'était la vérité ?

 28   R.  Vous êtes en train de faire référence à ce que j'ai dit, aux propos que


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  1   j'ai tenus; c'est cela ?

  2   Q.  Oui.

  3   R.  Oui.

  4   M. KEARNEY : [interprétation] Je n'ai plus de questions à poser.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Témoin 4, je crois que plus personne ne

  6   demande la parole du côté de la Défense, malgré que la Chambre non plus n'a

  7   pas de questions à vous poser. Votre déposition est maintenant terminée. Je

  8   tiens à vous remercier d'être venu ici, à La Haye, pour avoir répondu aux

  9   questions des deux parties et aux questions des Juges. Je vous souhaite un

 10   bon retour chez vous.

 11   Madame l'Huissière, pourriez-vous, s'il vous plaît, escorter le Témoin 4 en

 12   dehors du prétoire.

 13   [Le témoin se retire]

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Emmerson.

 15   M. EMMERSON : [interprétation] Je vois que le temps passe et je sais bien

 16   qu'il va falloir faire une pause. Je vois que M. Dutertre est entré

 17   maintenant avec nous. Avec votre permission, je vais voir si on peut

 18   clarifier et résoudre le problème rapidement entre nous. Après la pause, si

 19   nécessaire, nous demanderons votre aide pour résoudre le problème. Mais

 20   nous allons essayer de nous en sortir sans votre contribution.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Certes, mais de ce fait, nous ne pouvons

 22   pas utiliser les 20 minutes de la pause pour parler du problème et

 23   réfléchir sur ce problème.

 24   M. EMMERSON : [interprétation] Non, je ne vais pas vous dire de quoi il

 25   s'agit. Juste avant de reprendre l'avant-dernière pause, Monsieur Di Fazio

 26   m'a donné le dossier que j'ai dans la main gauche, des éléments portant sur

 27   l'article 68 pour le témoin suivant et le témoin juste après lui.

 28   Donc, très rapidement, je peux vous dire la chose suivante : le


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  1   contenu de ces éléments - peut-être faudrait-il passer à huis clos partiel

  2   pour en discuter.

  3   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

  4   [Audience à huis clos partiel]

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 13  Pages 1538-1541 expurgées. Audience à huis clos partiel.

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  3  (expurgé)

  4  (expurgé)

  5  (expurgé)

  6  (expurgé)

  7  (expurgé)

  8   [Audience publique]

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière, y a-t-il des pièces

 10   de la Défense qui doivent être versées et qui sont en suspens ? Je ne pense

 11   pas. Je sais que nous avons traité les pièces de l'Accusation, mais je ne

 12   suis pas certain de ce qui s'est passé au niveau des pièces de

 13   l'Accusation.

 14   M. EMMERSON : [interprétation] Je ne verse pas la déclaration du témoin

 15   puisque le témoignage m'a bien suffit.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous avons quand même coté

 17   provisoirement, je pense. Le témoin a dû relire les paragraphes 29 et 30.

 18   Ceci doit être au compte rendu. Cela n'a pas été lu néanmoins totalement.

 19   M. EMMERSON : [interprétation] En effet.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous ne voulez pas le verser. Cela a été

 21   marqué sous une cote provisoire. J'ai certains problèmes logistiques à

 22   traiter avec Mme la Greffière.

 23   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Il y a quelques décisions

 25   concernant des versements au dossier qui sont encore en suspens, P22, et

 26   cetera. Nous allons y veiller dès demain.

 27   Monsieur Dutertre, êtes-vous prêt pour citer votre prochain témoin ? Si

 28   j'ai bien compris, le témoin suivant ne bénéficie pas de mesures de


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  1   protection. Il s'agira de …

  2   M. DUTERTRE : Oui, Monsieur le Président, je suis prêt. Il s'agit de

  3   Miloica Vlahovic.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Madame l'Huissière, pouvez-

  5   vous, s'il vous plaît, faire entrer le témoin dans le prétoire.

  6   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Vous êtes

  8   Monsieur Vlahovic. Avant de déposer en l'espèce, le Règlement de procédure

  9   et de preuve vous demande de faire une déclaration solennelle comme quoi

 10   vous direz la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Le texte va

 11   vous être donné par

 12   Mme l'Huissière. Pourriez-vous, s'il vous plaît, faire la déclaration

 13   solennelle.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 15   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 16   LE TÉMOIN: MILOICA VLAHOVIC [Assermenté]

 17   [Le témoin répond par l'interprète]

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur Vlahovic. Vous pouvez

 19   vous s'asseoir.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Vlahovic, c'est

 22   M. Dutertre qui représente l'Accusation, qui va être le premier à vous

 23   poser des questions. Nous sommes en audience publique.

 24   M. DUTERTRE : Je vous remercie, Monsieur le Président.

 25   Interrogatoire principal par M. Dutertre : 

 26   Q.  Votre nom est Miloica Vlahovic. Vous êtes né le

 27   12 juillet 1965, dans la ville de Pec, au Kosovo. Vous êtes de nationalité

 28   serbe. Vous avez été enseignant de 1989 à 1999 à Decane, et vous avez


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  1   résidé jusqu'au 12 juin 1999 au Kosovo; est-ce exact ?

  2   R.  C'est exact.

  3   Q.  Votre domicile familial était situé à Gornji Ratis - vous m'excuserez

  4   si la prononciation n'est pas exacte - c'est là que votre père, Milovan, et

  5   votre mère, Milka Vlahovic, vivaient. Vous-même, vous y résidiez

  6   partiellement. J'entends par là que vous y passiez un certain temps, mais

  7   que vous aviez également un domicile à Djakovica qui vous appartenait, avec

  8   un restaurant qui vous appartenait; est-ce exact ?

  9   R.  C'est exact.

 10   Q.  Monsieur Vlahovic, vous enseigniez à Decani. A quels élèves enseigniez-

 11   vous et était-ce une école ouverte à tous ? J'entends par là, Serbes et

 12   Albanais ?

 13   R.  Oui, c'était ouvert à tous.

 14   Q.  Les élèves de cette école étaient de quelle origine ethnique ?

 15   R.  Il y avait des enfants d'appartenance ethnique albanaise, rom, serbe.

 16   Il n'y en avait pas d'autres.

 17   Q.  Majoritairement, les familles albanaises envoyaient leurs enfants dans

 18   cette école où elles avaient leurs propres écoles pour scolariser leurs

 19   enfants ?

 20   R.  Jusqu'en 1991, ils envoyaient les enfants dans cette école. Plus tard,

 21   ils s'organisaient dans des maisons, mais là où les villages étaient

 22   ethniquement purs. Ils continuaient à le faire dans des écoles, dans des

 23   villages où il n'y avait pas de Serbes. C'est là qu'ils ont continué à

 24   envoyer normalement leurs enfants à l'école.

 25   Q.  Pourquoi y avait-il ce changement en 1991, et cette volonté d'envoyer

 26   leurs enfants dans des écoles maîtrisées par eux-mêmes ?

 27   R.  A partir de l'année 1991, ils ne voulaient plus accepter le programme

 28   et le plan du ministère de l'Education de la République de Serbie, mais


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  1   celui de la République d'Albanie. C'est la raison principale pour laquelle

  2   les Albanais ne voulaient pas envoyer leurs enfants à des endroits où ils

  3   pouvaient avoir des contacts avec les Serbes. Les Serbes, ils étaient

  4   seulement dans le centre de la ville de Decani. Dans cette région, dans les

  5   villages aux alentours, les Albanais continuaient à suivre l'enseignement

  6   dans des écoles d'Etat.

  7   Q.  Quelle était la composition, la répartition de la population entre

  8   Serbes, Albanais et Rom dans votre village familial à Gornji Ratis en

  9   1998 ?

 10   R.  Il y avait peu de Serbes; peut-être une vingtaine ou une trentaine. Le

 11   reste, c'était tous des Albanais. Il n'y avait pratiquement pas de Rom.

 12   Q.  Quelle était la situation quelque dizaine d'années auparavant. Dans les

 13   années 60, quelle était la répartition dans votre village entre Serbes,

 14   Albanais et Rom ?

 15   R.  Pendant dix ans, les Serbes se déplaçaient. Dès après les années 60,

 16   d'après ce qu'on me disait, et dans mon village Gornji Ratis, il y avait

 17   une école primaire, et pendant que j'étais élève, par exemple, en 1974 --

 18   ou plutôt dans les années l970, il y avait, par exemple, une vingtaine

 19   d'élèves.

 20   En 1980, lorsque mon frère cadet a terminé l'école, il n'y avait que

 21   deux enfants serbes, et cela montre bien combien de Serbes étaient partis.

 22   Il n'y avait pratiquement plus de Serbes. L'école primaire à Gornji Ratis

 23   c'était pour Ratis, il n'y avait plus de Serbes à partir de l'année 1980.

 24   Il n'y avait plus aucun élève serbe.

 25   Q.  Pourquoi la population serbe quittait-elle Gornji Ratis exactement ?

 26   R.  Oui, je peux. Il y avait plusieurs raisons. Les Albanais du Kosovo

 27   exerçaient une pression. Par exemple, ils violaient des enfants, des

 28   petites filles. Pas à Ratishe, mais à d'autres endroits. Il n'y avait pas


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  1   de liberté de circulation. Ensuite, ils provoquaient des dégâts, par

  2   exemple, dans les moissons du blé, ensuite, ils faisaient brûler le foin

  3   qu'on utilisait pour le bétail. Ensuite, en ce qui concerne l'irrigation,

  4   ils ne permettaient pas d'utiliser le système d'état aux Serbes, alors que

  5   c'était prévu pour que la population puisse irriguer leurs champs de maïs

  6   et de toutes sortes de légumes.

  7   Q.  Quand avez-vous constaté qu'il y avait une dégradation de la

  8   situation dans les relations entre Serbes et Albanais ?

  9   R.  La situation était toujours tendue, à vrai dire. Mais à partir de

 10   l'année 1990-1991 soi-disant lorsqu'il y avait un empoisonnement dans les

 11   écoles et qu'ils ne voulaient plus apprendre la langue serbe; moi,

 12   auparavant, j'enseignais la langue serbe aux Albanais à Gramocelj. Entre

 13   septembre 1991 et à ce moment-là, les tensions ont vraiment commencé à

 14   monter.

 15   Q.  Pour être plus précis, en 1997-98, comment a évolué la situation ?

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je demanderais une clarification

 17   d'abord. Est-ce que vous avez dit que vous enseigniez la langue albanaise

 18   aux enfants serbes ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, j'enseignais la langue serbe aux enfants

 20   albanais.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 22   Poursuivez, Monsieur Dutertre.

 23   M. DUTERTRE : Je vous remercie, Monsieur le Président.

 24   Q.  En 1997, à la fin 1997-98, comment décrivez-vous la situation entre la

 25   population serbe et la population albanaise ?

 26   R.  Vers la fin 1987 début 1988, dans le village de Rznic et Prilep,

 27   Ratishe, Rznic, c'était la route vers Gornji Ratis en allant depuis

 28   Djakovica, il y avait des hommes armés qui apparaissaient, qui arrêtaient


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  1   les voitures, à la fois serbes et albanaises. Ils vérifiaient les pièces

  2   d'identification. Parfois, ils arrêtaient des gens ou ils les laissaient

  3   passer. Ensuite à Ratis et dans le village à côté de Glodjane, à un à deux

  4   kilomètres, et il y avait un polygone là-bas qu'ils utilisaient pour se

  5   former. On entendait souvent des coups de feu d'armes automatiques en

  6   provenance de cet endroit.

  7   Q.  Vous nous avez indiqué, Monsieur, qu'il y avait des hommes armés en

  8   camouflage qui arrêtaient des voitures. Qui étaient ces hommes ? De quelle

  9   origine ethnique étaient-ils ?

 10   R.  C'étaient des Albanais, l'appartenance ethnique.

 11   Q.  Comment connaissiez-vous vous-même ces faits ? Qui vous l'a raconté ou

 12   qu'avez-vous expérimenté vous-même ?

 13   R.  Concrètement parlant, personne ne m'a arrêté. Peut-être j'ai eu de la

 14   chance parce que je voyageais souvent. Mais ils ont arrêté, par exemple,

 15   les frères Stojanovic sur la route. Ils vivaient en contrebas du village de

 16   Glodjane ou plutôt région limitrophe avec le village de Glodjane. Ensuite,

 17   certains Albanais disaient que ces gens-là arrêtaient les gens.

 18   Q.  J'aimerais revenir un instant, Monsieur Vlahovic, sur les frères

 19   Stojanovic. Est-ce que vous pouvez nous donner leurs prénoms, et nous dire

 20   exactement ce qui leur est arrivé ?

 21   R.  [aucune interprétation]

 22   M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi. Avant la réponse du témoin,

 23   est-ce que M. Dutertre pourrait établir le fondement des connaissances du

 24   témoin avant de lui demander de déposer au sujet de ce qui est arrivé à ces

 25   personnes.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Dutertre.

 27   M. DUTERTRE : C'était ma question suivante, mais je peux la demander d'ores

 28   et déjà d'emblée, si la Défense le préfère.


Page 1548

  1   Q.  Comment savez-vous ce qui est arrivé aux frères Stojanovic, Monsieur

  2   Vlahovic ?

  3   R.  Ils me l'ont dit personnellement.

  4   Q.  Quand vous l'ont-ils dit, et à quelle occasion ?

  5   R.  Ils m'ont dit cela en 1998, en avril. Je ne sais pas quelle était la

  6   date exacte, mais je sais que c'était en avril, lorsque celui qui a été

  7   tabassé, Dragoslav Stojanovic, lorsqu'il est sorti de l'hôpital, il était à

  8   l'hôpital à Pristina, et son frère Mijat Stojanovic, il a eu plus de

  9   chance, il a eu des blessures légères et il n'était pas hospitalisé. Et

 10   leur cousin, [inaudible] Stijovic, lui y était avec eux à ce moment-là.

 11   Q.  Est-ce que ce sont ces trois personnes qui vous ont raconté --

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le témoin peut-il répéter le nom de la

 13   dernière personne qu'il a mentionné et le prénom ? Le cousin, comment

 14   s'appelait le cousin ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Veselin Stijovic, surnommé Vesko.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 17   Je ne dis que là où c'est écrit "counsel" cela veut dire "cousin".

 18   Poursuivez.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Cousin, oui, cousin germain.

 20   M. DUTERTRE : Monsieur le Président, la traduction française était exacte

 21   pour sa part.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, souvent je fais l'allée et le

 23   retour entre l'anglais et le français. Parfois, par conséquent, je

 24   n'entends pas exactement ce qu'il est dit, donc s'il y a une erreur dans le

 25   compte rendu d'audience, je ne sais pas si c'est une faute de frappe ou si

 26   c'était une faute d'interprétation. Poursuivez.

 27   M. DUTERTRE : Je comprends tout à fait.

 28   Q.  Monsieur Vlahovic, ce sont ces trois personnes qui vous ont raconté les


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  1   faits ou une seule d'entre elles ou deux d'entre elles ?

  2   R.  Concrètement parlant, j'ai parlé avec Dragoslav à ce moment-là,

  3   Dragoslav Stojanovic.

  4   Q.  Que vous a-t-il dit exactement qui étaient les personnes qui les ont

  5   arrêtées, et qu'est-ce qui lui est arrivé précisément ?

  6   R.  Ils vivaient dans le village de Dubrava, en contrebas de Glodjane,

  7   Glodjane ou plutôt village limitrophe. Lorsqu'ils allaient chercher de la

  8   nourriture pour leur bétail, ils ont été arrêtés par des Albanais qui les

  9   ont échoués, et à ce moment-là ils les ont passés à tabac sévèrement.

 10   Q.  Où est-ce qu'ils les ont été échoués ? A quel endroit ?

 11   R.  Ils les ont emmenés dans leur maison, apparemment, et aussi dans le

 12   village de Glodjane.

 13   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Monsieur Dutertre, est-ce que vous

 14   pouvez établir comment le témoin le sait. S'il a dit : "Je ne sais pas,"

 15   "Je suppose." Peut-être il s'agit simplement de la manière dont il

 16   s'exprime ou peut-être il le pense réellement.

 17   M. DUTERTRE : Certainement, Monsieur le Juge.

 18   Q.  Monsieur Vlahovic, vous avez indiqué : Je suppose qu'ils ont été

 19   emmenés dans leur maison et battus et qu'ils ont été aussi emmenés au

 20   village de Glodjane. C'est quelque chose que Dragoslav Stojanovic vous a

 21   dit ?

 22   R.  J'ai dit qu'ils les ont emmenés d'abord dans leur maison et c'est là

 23   qu'ils les ont passés à tabac, ensuite ils les ont emmenés à Glodjane.

 24   Q.  Ma question était précisément de savoir si c'était Dragoslav Stojanovic

 25   qui vous avait dit cela.

 26   R.  Oui, Dragoslav Stojanovic.

 27   Q.  Monsieur Vlahovic, qui est la famille Culafic ?

 28   R.  Oui, Malesha Culafic, et son vrai prénom est Kostadin, sa femme est


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  1   Jela Culafic; ils vivaient à Donji Ratis. Malesha, ou tous les deux, ce

  2   sont des personnes âgées. Malesha est décédé il y a trois ans alors que

  3   Jela est encore en vie.

  4   Q.  Quel était l'âge exact de ce couple, si vous le savez, toutefois ?

  5   R.  Approximativement 70 ans. Peut-être Jela, 68, et Malesha, 70. Je ne

  6   suis pas sûr, mais approximativement c'était leur âge.

  7   Q.  En 1998, j'entends bien.

  8   R.  Oui, oui, approximativement.

  9   Q.  Vous avez indiqué qu'ils vivaient à Donji Ratis. Quelle est la distance

 10   entre Gornji Ratis, où vous habitiez vous-même, et Donji Ratis ?

 11   R.  Ce sont deux villages limitrophes. Donji et Gornji Ratis, Ratis le haut

 12   et Ratis le bas, donc peut-être il y avait un kilomètre et demi entre nos

 13   deux maisons.

 14   Q.  Est-ce que vous connaissiez ce couple personnellement ?

 15   R.  Oui, oui, je le connaissais personnellement.

 16   Q.  Est-ce que vous pouvez décrire ce qui leur est arrivé en 1998 ? Tout

 17   d'abord, j'aimerais savoir comment vous avez appris ce qui leur est arrivé,

 18   s'il leur est arrivé quelque chose. Est-ce que c'est eux qui vous l'ont

 19   dit ? Est-ce que vous l'avez appris par d'autres sources ?

 20   R.  En 1998, en février, je pense, ou en avril, ou en mars peut-être, je ne

 21   suis pas sûr. Je pense que c'était février, peut-être début mars, on a

 22   pilonné leur maison, et je l'ai appris de Malesha et de Jela. On

 23   commémorait 40 jours de la mort de mon oncle dans l'école primaire à Ratis.

 24   Q.  Vous indiquez que la maison a été pilonnée. Est-ce que vous avez vu

 25   cette maison, et est-ce que vous savez quelles armes ont été précisément

 26   utilisées pour pilonner cette maison ?

 27   R.  Je n'ai pas vu -- c'est-à-dire, je l'ai vue avant, mais pas après le

 28   pilonnage. Mais j'ai entendu dire qu'on avait utilisé un lance-grenades


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  1   portable, à main.

  2   Q.  Est-ce que c'est le couple Culafic qui vous a dit cela ?

  3   R.  Oui, c'est eux qui me l'ont dit.

  4   Q.  A quelle époque vous ont-il raconté cet incident ?

  5   R.  C'était, je pense, au début du mois d'avril, le 5 ou le 10 avril,

  6   lorsque l'on commérait les 40 jours. Chez nous, on a l'habitude de

  7   commémorer, d'organiser une commémoration au bout de 40 jours après le

  8   décès de quelqu'un. On l'a fait à l'école primaire de Gornji Ratis pour mon

  9   oncle, Dusan [phon] Delic.

 10   Q.  Est-ce que M. et Mme Culafic étaient présents dans leur maison

 11   lorsqu'elle a été attaquée ?

 12   R.  Oui, ils y étaient, mais dans une autre pièce.

 13   Q.  Monsieur Vlahovic, qui est Slobodan Prascevic ?

 14   R.  Slobodan Prascevic était un policier, chef du secteur à Rznic, ou le

 15   commandant du poste de police à Rznic.

 16   Q.  Quel âge avait-il en 1998 ?

 17   R.  Je ne sais pas exactement quel était son âge, mais il était retraité à

 18   ce moment-là. Il avait reçu un arrêt portant sur sa retraite. Il ne

 19   travaillait plus. Je suppose qu'il devait être âgé d'environ 50 ans,

 20   puisqu'il avait travaillé au sein de la police là-bas.

 21   Q.  Est-ce que vous avez appris quelque chose sur ce qui lui est arrivé ?

 22   Mais d'abord, la question préliminaire : qui vous a appris éventuellement

 23   ce qui a pu lui arriver ?

 24   R.  C'est Pavle Djukic qui m'a parlé de lui, et lui il vivait à Donji

 25   Ratis, près de l'église.

 26   Q.  Que vous a conté Pavle Djukic exactement ?

 27  R.  Que Slobo conduisait une femme, (expurgé) - je ne connais pas son nom de

 28   famille - avec son fils, et qu'il a fait l'objet d'une attaque, et que


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  1   c'est là qu'ils l'ont tué, près de l'église à Donji Ratis. Qu'il a entendu

  2   des tirs et que lorsqu'il est arrivé, il a vu Slobo. (expurgé) a été

  3   blessée, à ce moment-là, alors qu'apparemment son fils n'a pas été blessé.

  4   Slobo, il était tué.

  5   Q.  Est-ce qu'il vous a dit, M. Djukic, approximativement à quelle date cet

  6   événement s'est déroulé ?

  7   R.  Cela s'est passé, je pense, début avril aussi ou fin mars, début avril.

  8   Q.  Quand vous a-t-il raconté cet événement lui-même ?

  9   R.  Il me l'a raconté peut-être le 15 avril, approximativement; au bout de

 10   dix jours, à peu près.

 11   Q.  Est-ce que vous vous rappelez, Monsieur Vlahovic, d'autres incidents à

 12   Donji Ratis ?

 13   R.  A Gornji Ratis, ils ont pilonné l'église. C'est la seule chose dont je

 14   me souviens. A peu près au même moment, mais je ne suis pas sûr si c'était

 15   avant le meurtre de Prascevic et de cet incident avec Malesha ou pas, je

 16   n'en suis pas sûr.

 17   Q.  Qui vous a raconté cet incident, le pilonnage de l'église à Donji

 18   Ratis ?

 19   R.  Dimitrije Radovic me l'a raconté. Il avait une maison près de l'église.

 20   Comme la situation n'était pas sûre, il avait les clés de l'église que les

 21   religieux lui avaient remises.

 22   Q.  Vous venez de mentionner des religieux. Cette église était une église

 23   orthodoxe ?

 24   R.  Oui, une église orthodoxe. C'est une église qui dépend du monastère de

 25   Decani.

 26   Q.  Entendu. Je passe à un autre point. Où habitait votre sœur en février

 27   1998, si vous n'avez qu'une sœur, quelle était son identité.

 28   R.  J'ai deux sœurs. Une vivait à Pec, Nada Vlahovic; et la plus jeune


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  1   Natalia vivait dans le village Crmljane dans la municipalité de Djakovica.

  2   Q.  Pour parler de cette dernière, qu'est-il arrivé à la maison de votre

  3   sœur en 1998 ?

  4   R.  C'était à la fin du mois de février, je crois, ou au début de mars.

  5   Elle était mariée à la famille Babovic dans ce village. A la fin du mois de

  6   février ou début mars, elle a donné naissance à un enfant le 16 février

  7   1998. Deux semaines plus tard, à peu près, ils ont été attaqués. Il y avait

  8   trois frères Babovic. Les trois maisons ont été attaquées à l'aide d'armes

  9   automatiques, parce que des douilles ont été retrouvées sur place. Il y

 10   avait des impacts de balles sur les murs des maisons.

 11   Q.  Qui vous a relaté cet événement ?

 12   R.  Ma sœur, et je suis allé la voir et je l'ai vu de mes yeux. J'ai vu ces

 13   impacts de balles et j'ai vu les douilles également.

 14   Q.  Est-ce que votre sœur vous a indiqué quel était le nombre des

 15   assaillants ?

 16   R.  Ils ont dit qu'ils étaient plusieurs et que les coups de feu

 17   provenaient de différentes directions. Ils n'ont pas donné de chiffre

 18   précis.

 19   Q.  Est-ce qu'elle a pu décrire ces personnes qui ont attaqué leur maison ?

 20   R.  Non, elle n'a pas pu les décrire. Elle était à terre avec son petit

 21   bébé, donc elle n'a rien vu.

 22   Q.  Est-ce que d'autres maisons ont été attaquées à cette occasion dans ce

 23   village ?

 24   R.  Il y a seulement trois maisons serbes au total dans le village

 25   Crmljane, trois ou quatre peut-être au plus, mais les trois familles

 26   habitaient là.

 27   Q.  Uniquement ces maisons ont été attaquées ?

 28   R.  Je ne sais pas si les autres ont été attaquées également.


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  1   Q.  J'ai juste une question qui est une question de traduction et de

  2   prononciation concernant le nom de ce village.

  3   M. DUTERTRE : Sur le transcript cela ne me semble pas refléter le nom du

  4   village tel que je pense le connaître.

  5   Q.  Est-ce que vous pourriez répéter distinctement et clairement, Monsieur

  6   Vlahovic, le nom du village où habitait votre sœur ?

  7   R.  Crmljane, c'était le nom du village. Ils l'appelaient Muva aussi, mais

  8   je sais qu'il s'appelait en réalité Crmljane.

  9   Q.  Merci.

 10   R.  De rien.

 11   Q.  Monsieur Vlahovic, quand avez-vous vu pour la dernière fois votre père

 12   et votre mère Milovan et Milka Vlahovic ?

 13   R.  J'ai vu mon père et ma mère pour la dernière fois, le mardi 21 avril

 14   1998.

 15   Q.  Où était-ce exactement ?

 16   R.  Je les ai vus chez moi à Gornji Ratis. C'est là que j'ai passé la nuit

 17   du 20 avril. Ensuite je suis parti le 21 avril.

 18   Q.  Est-ce que vous pouvez nous décrire quel était l'état d'esprit des

 19   Serbes à Gornji Ratis à cette époque-là, aux alentours du 21, s'il y en

 20   avait encore ?

 21   R.  Le 21 avril, il ne restait que très peu de gens. Ils sont allés de

 22   Decani, ils venaient pour alimenter le bétail. Milos Radunovic et sa femme

 23   Milica, Slobo Radosevic, deux femmes de Vujosevic. Vukosava pour l'une et

 24   l'autre Darinka Vujocevic-Kovac, le nom de son mari en dernier, étaient

 25   encore là. Marka Markovic, Milojka et ses deux enfants étaient à Dasinovac.

 26   Il y avait Radun Dabetic et sa femme et deux enfants qui étaient là aussi

 27   dans ce village. Ils étaient restés.

 28   Q.  Quand vous dites ce village, c'est Gornji Ratis ?


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  1   R.  Non, ils n'étaient pas tous de Gornji Ratis. Certains venaient de

  2   Dasinovac. C'est un village limitrophe.

  3   Q.  Pourquoi les autres personnes d'origine ethnique serbe étaient parties

  4   à ce moment-là et revenaient juste pour nourrir leur bétail ?

  5   R.  Parce ce qui était arrivé à Malesha Culafic et ce qui était arrivé à

  6   l'église, ils ne se sentaient pas en sécurité. On entendait des tirs à

  7   Glodjane. Par la suite, lorsque je suis revenu, le 20, mon père m'a raconté

  8   qu'ils avaient tiré à proximité de chez nous. Ils tiraient en l'air en

  9   réalité, mais c'était très près de chez nous.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Dutertre -- [en français] quand

 11   vous pouvez trouver un moment pour finir pour ce jour.

 12   M. DUTERTRE : Je vais poser quelques questions rapides et je vais clôturer

 13   pour aujourd'hui.

 14   Q.  Je rebondis sur votre dernière réponse, Monsieur Vlahovic. Plusieurs

 15   choses que je vais essayer d'évoquer rapidement. Vous avez dit qu'ils

 16   tiraient en l'air, près de la maison. Qui tirait en l'air près de la

 17   maison ?

 18   R.  Les Albanais. Parmi eux, nos voisins de Ratis également.

 19   Q.  Est-ce que c'est quelque chose que vous avez vu vous-même ou entendu

 20   vous-même, plutôt ?

 21   R.  Non, parce que je n'étais pas chez moi à ce moment-là. C'est ce que mon

 22   père m'a raconté le lundi lorsque je suis revenu, et cela c'était arrivé

 23   dimanche, donc la veille. J'avais été à Sremska Kamenica avec ma mère pour

 24   rendre visite à mon oncle qui était à l'hôpital.

 25   Q.  Qu'est-ce que votre père a dit exactement sur ces hommes ? Est-ce qu'il

 26   les a décrits ?

 27   R.  Je ne lui ai pas demandé. Je n'en voyais pas la raison.

 28   Q.  Vous avez indiqué qu'on pouvait entendre des tirs à Glodjane, et


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  1   précédemment dans votre audition, vos réponses, vous avez indiqué - je

  2   parle sous votre contrôle, Monsieur le Président, ainsi que sous le

  3   contrôle de la Défense - qu'il y avait un -- je peux revenir en arrière

  4   pour vérifier, mais qu'il y avait une sorte de -- c'était un lieu

  5   d'entraînement. Comment saviez-vous que Glodjane était --

  6   M. DUTERTRE : Je peux vérifier si -- je peux vérifier.

  7   M. EMMERSON : [interprétation] Non, non. Je crois que M. Dutertre doit

  8   vérifier, parce qu'effectivement ce n'est pas ce que le témoin a dit. Peut-

  9   être qu'il pourra le faire ce soir.

 10   M. DUTERTRE : Je peux faire cela ce soir et poser la question demain matin.

 11   Ce sera effectivement plus précis, dans l'intérêt de tous, et je peux

 12   clôturer maintenant.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, effectivement. Ce sera demain

 14   après-midi et non pas demain matin, puisque nous siégerons dans l'après-

 15   midi.

 16   Nous allons lever l'audience pour aujourd'hui, Monsieur le Témoin, et nous

 17   poursuivrons votre audition demain à 14 heures 15, dans la salle d'audience

 18   numéro I. Je vous demande de ne pas aborder la déposition que vous avez

 19   faite jusqu'à présent et celle que vous vous apprêtez à faire demain avec

 20   qui que ce soit.

 21   L'audience est levée.

 22   --- L'audience est levée à 19 heures 02 et reprendra le mercredi 21 mars

 23   2007, à 14 heures 15.

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