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1 Le jeudi 22 mars 2007
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 22.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière d'audience,
6 pourriez-vous, s'il vous plaît, présenter l'affaire.
7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour. Messieurs les Juges, il s'agit
8 de l'affaire IT-04-84-T, le Procureur contre Ramush Haradinaj et consorts.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.
10 Bonjour à tous et à toutes. J'ai été informé que l'Accusation souhaiterait
11 s'adresser à la Chambre.
12 Monsieur Dutertre, c'est à vous ? Je vous en prie.
13 M. DUTERTRE : Oui, Monsieur le Président. Je voulais donner quelques
14 explications quant aux documents de nature 68; les six documents qui ont
15 été remis hier par la Défense de M. Haradinaj. Des recherches ont été
16 effectuées - et elles sont d'ailleurs toujours en cours - pour affiner la
17 situation. Ce que je peux dire d'ores et déjà, c'est que le document coté
18 1, c'est-à-dire une liste de policiers serbes avec un numéro
19 d'identification du parquet K0111310 jusqu'à 1322 --
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Dutertre, je crois que nous
21 nous étions mis d'accord sur le fait que toute question relative à ces
22 documents se feraient en audience à huis clos partiel.
23 Bien entendu, si vous commencez à nous expliquer ce que sont ces documents,
24 nous passerions à côté des moyens recherchés par une audience à huis clos
25 partiel. Je demande donc à ce que vous demandiez une audience à huis clos
26 partiel.
27 M. DUTERTRE : Huis clos partiel.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, passons en audience à huis clos
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1 partiel.
2 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous y sommes.
3 [Audience à huis clos partiel]
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13 [Audience publique]
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. D8, D9, D10 et D11 ont été
15 enregistrés aux fins d'identification, signatures du Témoin 19, déclaration
16 redonnée au TPIY du Témoin 19, les 18 juillet et 20 octobre 2004. D10 est
17 encore une déclaration au TPIY du Témoin 19 en date du 24 et du 26 juillet
18 2006. La pièce D11, déclaration de témoin donnée au TPIY du Témoin 19, le 9
19 octobre 2005.
20 Allez-vous demander le versement au dossier de ces documents ou pas ? Nous
21 aimerions le savoir.
22 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je n'ai pas l'intention de demander le
23 versement des déclarations de témoin. Par contre, j'ai l'intention de
24 demander le versement au dossier de ce qui est de D8, à savoir la signature
25 du témoin.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. C'est une page qui porte trois
27 signatures.
28 M. GUY-SMITH : [interprétation] Tout à fait.
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. D8, y a-t-il des objections au
2 versement, Monsieur Di Fazio, Monsieur Dutertre ?
3 M. DI FAZIO : [interprétation] Non, il n'y a pas d'objections à cela, la
4 signature --
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Donc, le document D8 est
6 versé au dossier.
7 M. DI FAZIO : [interprétation] Mais si vous me le permettez, Monsieur le
8 Président. Les déclarations pourraient poser des difficultés par la suite.
9 Si vous souhaitez évaluer ce qu'a dit le témoin à un moment donné et le
10 comparer avec ce qui figure dans ses déclarations à un stade ultérieure,
11 comment le faire si ces documents n'ont pas été versés au dossier ? Voilà
12 quelle est ma question, c'est à la Chambre de première instance, bien sûr,
13 de voir. Mais après tout, il a été contre-interrogé sur ces déclarations,
14 et ces déclarations devraient figurer au dossier.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Effectivement, dans la mesure où il
16 y a eu contre-interrogatoire du témoin, il me semble que les parties
17 pertinentes lui ont été présentées, lui ont été lues. Dans cette mesure-là
18 et sur cette question particulière du contre-interrogatoire, nous avons ces
19 passages; et s'agissant de ce qu'il a dit, s'agissant des signatures que
20 nous avons vues, nous avons de quoi faire avec la pièce D8. Donc, à ce
21 stade-ci -- Bien sûr, il n'est peut-être pas très juste de commencer à
22 rechercher des éléments de cohérence ou d'incohérence sur une autre base
23 que ce que nous a dit le témoin en audience. Peut-être que les parties
24 auraient du mal à savoir ce sur quoi nous allons nous concentrer.
25 Alors, pour l'instant, la Chambre confère…
26 [La Chambre de première instance se concerte]
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour l'instant, Monsieur Di Fazio
28 et Maître Guy-Smith, la Chambre n'insistera pas sur le versement au dossier
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1 de ces déclarations, D9, D10 et D11. Si toutefois, la Chambre, à un stade
2 ultérieur, pense qu'il est nécessaire de réfléchir à ces éléments de preuve
3 sans toutefois de témoignages supplémentaires de la part du témoin, les
4 parties en seront informées. Mais la Chambre a le pouvoir de demander à ce
5 que l'on verse au dossier certains éléments.
6 M. EMMERSON : [interprétation] Vous vous souviendrez, Monsieur le
7 Président, il y avait un passage de la déclaration du Témoin 19, un passage
8 que je l'ai invité à lire sans qu'il le fasse à haute voix.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Tout à fait.
10 M. EMMERSON : [interprétation] Ensuite, je lui ai posé un certain nombre de
11 questions, et je crois que vous m'aviez demandé à ce moment-là si je
12 souhaitais que cette déclaration devienne un pièce à conviction, et j'avais
13 répondu que non. Puisque j'avais compris à ce moment-là que le document
14 avait été enregistré aux fins d'identification, il me semble qu'il y a un
15 lien sur le compte rendu qui permet de vérifier le passage si nécessaire.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
17 M. EMMERSON : [aucune interprétation]
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour l'instant, nous allons en rester
19 là. Mais je l'ai dit, si la Chambre à un moment donné ou à un autre estime
20 qu'il est nécessaire de se pencher plus avant sur ces éléments et si elle
21 considère que ceci est nécessaire dans le cadre de son délibéré, nous le
22 dirons. Les parties auront la possibilité de se prononcer là-dessus et une
23 décision sera prise. Mais pour l'instant, ces documents n'ont été
24 enregistrés qu'à des fins d'identification.
25 S'il n'y a pas d'autre question, j'aimerais maintenant vous donner
26 l'occasion, Maître Emmerson, de poursuivre votre contre-interrogatoire, et
27 je demande à Mme l'Huissière de bien vouloir faire entrer le témoin.
28 Je me tourne aussi vers l'Accusation puisque la pièce P22 est encore
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1 sur ma liste. Il s'agit d'un rapport qui porte sur l'attaque du 2 mars.
2 Est-ce que vous demandez le versement au dossier de cette pièce ?
3 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui, certainement, Monsieur le Président.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cette pièce est maintenant versée au
5 dossier.
6 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
7 LE TÉMOIN: MILOICA VLAHOVIC [Reprise]
8 [Le témoin répond par l'interprète]
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Vlahovic. Je vous
10 rappelle que vous êtes toujours tenu de dire la vérité, toute la vérité et
11 rien que la vérité, conformément à la déclaration que vous avez prononcée
12 au début de votre déposition. Me Emmerson va poursuivre son contre-
13 interrogatoire.
14 Maître Emmerson, allez-y.
15 Contre-interrogatoire par M. Emmerson : [Suite]
16 Q. [interprétation] Monsieur Vlahovic, hier soir, je vous ai posé
17 quelques questions sur des conversations que vous aviez eues avec certaines
18 personnes sur vos parents entre avril et la fin du mois d'août et le début
19 du mois de septembre. Je vous ai dit que j'allais revenir sur des
20 conversations dont vous dites que vous les avez eues avec certaines
21 personnes au mois de septembre.
22 Il y a une conversation dont vous faites état dans votre déclaration,
23 ou il y a une information s'agissant de cela qui figure dans votre
24 déclaration, information dont vous dites que vous l'avez reçue à propos de
25 vos parents et dont vous n'avez pas parlé au cours de votre déposition dans
26 votre interrogatoire principal.
27 M. EMMERSON : [interprétation] Aux fins du compte rendu, il s'agit de
28 la page 5, premier paragraphe de la déclaration d'avril 2002 de M.
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1 Vlahovic. Je ne vais pas demander à ce qu'elle apparaisse à l'écran.
2 Q. Je vais vous donner lecture du paragraphe en question. Vous
3 auriez dit : "Le 10 mai ou à peu près, j'ai entendu une fausse rumeur de
4 Nuo Alakaj", A-l-a-k-a-j, "un Catholique de Marnule," M-a-r-n-u-l-e,
5 "municipalité de Gjakova, selon laquelle mes parents avaient été libérés.
6 Nuo a dit qu'il avait entendu dire que mes parents avaient été libérés à
7 Prilep. Nuo m'a dit qu'il avait entendu dire cela par Zef" Z-e-f, "Hiseni",
8 H-i-s-e-n-i, "de Donji Ratis".
9 Est-ce exact pour commencer ? Avez-vous effectivement entendu une
10 fausse rumeur de la bouche de Nuo Alakaj selon laquelle vos parents
11 auraient été libérés à Prilep ?
12 R. Oui. C'est ce que Nuo m'a dit et il l'avait entendu dire de Zef,
13 de Donji Ratis.
14 Q. Bien. Nuo vous l'a-t-il dit lui-même ?
15 R. Non.
16 Q. Avez-vous eu une conversation avec Nuo ou pas ?
17 R. C'est mon frère qui lui a parlé.
18 Q. C'était ma question suivante. Donc, votre frère a parlé à Nuo, et votre
19 frère Rade vous a dit ce que Nuo lui avait dit; c'est cela ?
20 R. Plus ou moins, oui.
21 Q. Et ce que Rade vous a dit c'est que Nuo lui avait dit à lui que vos
22 parents avaient été libérés alors qu'ils étaient encore en vie à Prilep,
23 n'est-ce pas ?
24 R. Oui, c'est cela. C'est ce qu'il a dit plus ou moins.
25 Q. J'aimerais vous présenter un passage que l'on trouve dans la
26 déclaration de témoin de Rade, et j'aimerais que vous vous prononciez sur
27 ce paragraphe.
28 M. EMMERSON : [interprétation] Ce sont les paragraphes 39 et 40 de la
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1 déclaration du 30 juin 2004 de M. Rade Vlahovic.
2 Q. Votre frère aurait dit :
3 "En mai 1998, j'ai entendu d'amis catholiques albanais de Djakovica qu'ils
4 avaient entendu dire de parents à eux qui se trouvaient à Gornji Ratis que
5 mes parents avaient été emmenés par les hommes de Ramush Haradinaj au
6 quartier général de l'UCK à Glodjane. Les noms de ces amis catholiques
7 albanais étaient Nuo Alakaj et Cuo Alakaj. Ils vivent encore dans le
8 village de Marnule, près de Djakovica."
9 Voilà le passage sur lequel j'aimerais que vous vous prononciez. Dans la
10 déclaration de Rade, celui-ci dit que Nuo Alakaj lui avait dit que vos
11 parents avaient été emmenés par les hommes de Ramush Haradinaj à Gllogjan,
12 mais vous, vous nous dites que ce qu'il vous a dit, ce qu'avait dit Nuo
13 Alakaj, c'est que vos parents avaient été libérés alors qu'ils étaient
14 encore en vie à Prilep.
15 R. Apparemment, c'est ce que Zef de Donji Ratis lui avait dit. Donc, je
16 suppose que c'est vrai. Si ce n'avait pas été vrai, je ne pense pas que
17 cela aurait été dit.
18 Q. Je ne sais pas très bien ce que veut dire cette réponse, mais que les
19 choses soient claires. Il y a quelques instants, vous nous avez dit que ce
20 que Rade vous avait dit, c'était que Nuo Alakaj lui avait dit à lui que vos
21 parents avaient été libérés en vie à Prilep. C'est ce qu'il vous a dit que
22 Nuo Alakaj lui avait dit; c'est cela ?
23 R. C'est ce qu'il m'a dit. C'est ce qu'il avait entendu, selon lui.
24 Q. C'est Nuo Alakaj qui le lui a dit ?
25 R. Très probablement.
26 Q. Rade a rejoint les rangs de la police du MUP en 1990, n'est-ce pas ?
27 R. Oui.
28 Q. Tout au long des années 1990, il a travaillé au sein de la police. Il
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1 était toujours policier en 1998 et en 1997, n'est-ce pas ?
2 R. Oui. Oui.
3 Q. Egalement tout au long de l'année 1999 ?
4 R. Oui.
5 Q. Savez-vous ce que les sigles PJP veulent dire, Monsieur Vlahovic, au
6 sein de la police, j'entend ?
7 R. Non, je ne sais pas. Non.
8 Q. Excusez ma prononciation, mais Posebne, Policije, Posebne Jedinice,
9 Policije, est-ce que cette section-là du MUP vous dit quelque chose ?
10 R. J'en ai entendu parler.
11 Q. C'est le PJP, n'est-ce pas, Monsieur Vlahovic ?
12 R. C'est tout à fait probable, oui.
13 Q. C'est une police paramilitaire en réalité, n'est-ce pas ?
14 R. Je ne sais pas. Comment pourrais-je le savoir ? Ceci ne relève pas de
15 mon domaine d'expertise.
16 Q. Mais votre frère, Monsieur Vlahovic, était membre du PJP, n'est-ce pas
17 ?
18 R. Je ne sais pas.
19 Q. Vous ne savez pas ?
20 R. Non.
21 Q. Je vois. Nous avons des documents officiels qui montrent, Monsieur
22 Vlahovic, qu'en mars 1999, Rade était membre de la police paramilitaire.
23 Or, vous nous dites que vous ne saviez pas ?
24 R. Comment pourrais-je le savoir ? Je ne travaillais pas au sein de la
25 police. Je ne savais pas qui travaillait où, et je ne lui ai jamais posé la
26 question.
27 Q. L'avez-vous vu en uniforme en mars 1999 ?
28 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] En 1998 ?
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1 M. EMMERSON : [interprétation] Non, non, j'ai demandé en 1999.
2 Q. L'avez-vous vu en uniforme ?
3 R. Il avait le même uniforme que tout le monde, que tous les autres. Je ne
4 l'ai pas vu porter un uniforme particulier, différent.
5 Q. Vous ne l'avez jamais vu avec une arme automatique AK-47 ?
6 R. Tout le monde portait le même uniforme à l'époque. J'ai peut-être vu
7 quelqu'un avec un fusil automatique.
8 Q. Le nom de Mundza, vous dit-il quelque chose, un groupe paramilitaire au
9 sein de la PJP ?
10 R. Non.
11 Q. Vous n'avez jamais entendu parler des Mundza, Monsieur Vlahovic ?
12 R. Jamais. C'est la première fois que j'entends ce mot.
13 Q. Très bien. Rade Markovic et Zvonko Markovic, vous nous avez dit que
14 c'était vos cousins, à savoir que votre père et leur mère étaient frère et
15 sœur; c'est cela ?
16 R. Non. Ma mère et leur père étaient sœur et frère.
17 Q. Très bien. Hier, au cours de votre témoignage, vous nous avez dit que
18 vous les voyez souvent à l'époque, n'est-ce pas exact ?
19 R. Oui, c'est exact.
20 Q. Ces deux là étaient membres des forces de réserve du MUP, n'est-ce pas
21 ?
22 R. Oui. Oui, je crois.
23 Q. Les avez-vous jamais vu portant un uniforme ?
24 R. J'ai vu beaucoup de gens en uniforme. Tous ceux qui servaient au sein
25 de la police portaient des uniformes.
26 Q. Non, je vous pose la question à propos de vos cousins, Monsieur
27 Vlahovic. Les avez-vous jamais vu avec un uniforme ?
28 R. De quelle année parlez-vous ?
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1 Q. 1998 ou 1999, à quelque moment que ce soit. Les avez-vous jamais vu en
2 uniforme ?
3 R. C'est possible. Je ne sais pas si c'était 1998 ou 1999.
4 Q. Rade Markovic portait un AK-47 lorsqu'il était en uniforme. L'avez-vous
5 jamais vu avec cette arme ?
6 R. Qu'est-ce que c'est qu'un AK-47 ?
7 Q. Vous ne savez pas ce que c'est qu'un AK-47, Monsieur Vlahovic ? C'est
8 ce que vous dites ?
9 R. Si, si. C'est un fusil automatique ? Je n'ai jamais entendu ce terme,
10 "AK-47."
11 Q. Bien, oui, c'est un fusil automatique. N'avez-vous jamais vu votre
12 cousin Rade avec un fusil automatique ?
13 R. Oui.
14 Q. Merci. Qu'en est-il des autres membres, Branislav et Slavisa Markovic ?
15 Eux aussi à un moment donné ou un autre, ont-ils fait partie des forces de
16 réserve du MUP ?
17 R. Je pense que non. Je ne sais pas, mais je pense que non.
18 Q. Je vous posais une question au sujet de votre famille la plus proche.
19 Vous nous avez dit --
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Attendez, Maître Emmerson, mais afin
21 d'éviter la confusion, dites-moi, lorsque vous parlez de Branislav et
22 Slavisa --
23 M. EMMERSON : [interprétation] Il y a deux familles Markovic mentionnées
24 dans la déposition de ce témoin. L'une d'elle a été escortée de Dashinoc
25 par Dzevdet Sadikaj. C'était des cousins lointains de l'autre branche de la
26 famille Markovic. Tout à l'heure, j'ai posé des questions au sujet de Rade
27 Markovic et Zvonko Markovic, qui sont plus proches --
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Les cousins réels. Oui. Branislav
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1 et Slavisa, et leur père était mort alors que la mère était Milojka.
2 M. EMMERSON : [interprétation] Oui.
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Poursuivez. Donc, on parle
4 des bonnes personnes.
5 M. EMMERSON : [interprétation]
6 Q. Vous nous avez dit que vous n'aviez jamais été au sein du MUP à quelque
7 moment que ce soit; est-ce exact ?
8 R. Non, effectivement.
9 Q. Faites attention avant de répondre, s'il vous plaît, et dites-moi :
10 est-ce que vous n'avez jamais porté un uniforme en 1998, 1999, Monsieur
11 Vlahovic ?
12 R. Non.
13 Q. N'avez-vous jamais porté une arme ?
14 R. J'avais une carabine de chasse, et j'avais un pistolet avec un permis
15 de port.
16 Q. Pourquoi aviez-vous ce pistolet ?
17 R. Je l'avais. Ceci avait été approuvé.
18 Q. Dans quel but l'utilisiez-vous ?
19 R. Je ne le portais pas, je ne l'utilisais pas. Vous me demandiez si je
20 l'avais.
21 Q. Pourquoi l'aviez-vous ? Ce n'était pas pour la chasse. On ne va pas à
22 la chasse avec un pistolet ?
23 R. Je l'avais et je le maintenais chez moi.
24 Q. Votre frère -- pardon, vous vouliez dire quelque chose ?
25 R. Je voulais dire, c'est une erreur, j'ai fait quelque chose de faux si
26 je l'avais ?
27 Q. Il ne me revient pas à moi de faire des commentaires. Votre frère
28 Novak, est-ce que lui aussi il n'avait jamais fait parti du MUP ?
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1 R. Oui.
2 Q. Quand était-il au sein du MUP ?
3 R. Il était dans les forces de réserve pendant la guerre.
4 Q. Est-ce qu'il était dans la réserve en 1998 ?
5 R. Je ne m'en souviens pas.
6 Q. L'avez-vous vu en uniforme en train de porter une arme ?
7 R. Je suppose que oui.
8 Q. Une arme automatique ?
9 R. Oui, je suppose.
10 Q. Et votre frère Goran ?
11 R. Je n'ai pas entendu la question. Qu'est-ce qu'il y a avec mon frère
12 Goran ?
13 Q. Même question. Je vais vous poser la même question au sujet de
14 plusieurs personnes, donc la question concernant chacune de ces personnes
15 est si, pour autant que vous le sachiez, ces personnes n'avaient jamais
16 fait partie du MUP ou des forces de réserve du MUP et s'ils ne portaient
17 jamais un uniforme, et si, d'après vos connaissances, ils ne portaient
18 jamais une arme; si oui, laquelle ? Ce sont les questions que je vous pose.
19 Qu'en est-il de Goran ?
20 R. Je pense que lui aussi il était réserviste.
21 Q. L'avez-vous vu, lui, en uniforme et avec une arme ?
22 R. Je suppose que je l'ai vu, mais je n'y prêtais pas attention.
23 Q. Donc, est-ce que je conclus bien si je dis que parmi les quatre frères,
24 vous étiez le seul qui n'était pas membre de la police ?
25 R. Oui.
26 Q. Très bien. Les frères Stojanovic, est-ce que l'un quelconque d'entre
27 eux était dans la police ?
28 R. Oui. Je n'en ai pas entendu parler.
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1 Q. Lesquels ?
2 R. Je ne sais pas. Je ne suis pas sûr.
3 Q. Parlant d'eux un par un. Predrag, est-ce qu'il était dans la police ?
4 R. Je ne sais pas.
5 M. EMMERSON : [interprétation] Peut-être je vais simplement reposer la
6 question.
7 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Est-ce que l'un quelconque d'entre
8 eux était dans la police ?
9 M. EMMERSON : [interprétation]
10 Q. Est-ce que vous dites qu'aucun d'entre eux n'était dans la police ?
11 R. J'ai dit que je ne sais pas. Je n'ai dit ni oui ni non.
12 Q. Très bien. Soyons clairs. Parlons de ces frères un par un. Predrag,
13 vous le connaissiez bien, n'est-ce pas ?
14 R. Je le connaissais mais pas bien, parce qu'il est plus âgé que moi.
15 Q. Est-ce qu'il était dans la police ?
16 R. J'ai déjà dit que je ne le savais pas.
17 Q. Je suggère qu'il était au sein de la PJP avec votre frère, Rade,
18 Monsieur Vlahovic. Vous saviez qu'il avait été au sein de la PJP, n'est-ce
19 pas ?
20 R. Non, je ne le savais pas. Comment voulez-vous que je le sache ?
21 Q. Vesko ? Faites attention avant de répondre, s'il vous plaît. Vesko,
22 était-il dans la police ?
23 R. Je ne sais pas. Je pense que non. Comment voulez-vous que le sache ? Je
24 ne disposais pas l'information indiquant qui était dans la police et qui ne
25 l'était pas. Ceci ne m'intéressait pas, d'ailleurs.
26 Q. Vous nous avez dit hier qu'en tant qu'enseignant à l'école dans la
27 région, vous connaissiez bien toutes ces familles et vous avez pu
28 comprendre qu'elles étaient leurs liens de parenté. Soyons ouverts. Saviez-
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1 vous ou pas si Dragoslav Stojanovic était dans la police ?
2 R. Je ne le savais pas, et je ne le sais toujours pas.
3 Q. Qu'en est-il de Stanisa Radosevic ? Vous le connaissiez bien; c'est ce
4 que vous nous avez dit. Est-ce que Stanisa Radosevic était dans la police
5 pendant cette période 1998 et 1999 ?
6 R. Je pense qu'il a commencé en 2000 ou peut-être à la fin 1999, mais je
7 n'en suis pas sûr. Je ne le sais pas avec exactitude.
8 Q. Monsieur Vlahovic, en mars 1999, Stanisa Radosevic travaillait avec
9 votre frère au sein de la PJP, avec votre frère Rade, avec le
10 paramilitaire ?
11 R. Je ne le sais pas. Je ne sais pas avec qui il travaillait. Je sais
12 simplement qu'il a rejoint le rang plus tard, mais je ne sais pas avec qui
13 il travaillait.
14 Q. Très bien. Vous nous avez parlé à ce sujet. Vous dites qu'il les a
15 rejoints tard. Lorsque vous dites "tard," soyons clairs. Vous le
16 connaissiez bien, suffisamment bien pour savoir à quel moment il est entré
17 dans la police ? Donc, dites-nous à quel moment est-ce que cela s'est
18 fait ?
19 R. Je dis simplement que plus tard il est entré dans la police, mais je ne
20 sais pas avec qui il travaillait. Je ne sais pas avec exactitude. A
21 l'époque, cela ne m'intéressait pas de retenir les dates, les années, les
22 détails de leur travail. Je ne travaillais pas dans la police pour prendre
23 note de tout cela. Donc, je ne saurais vous répondre à ces questions.
24 Q. Vous nous avez dit qu'il a commencé à travailler fin 1999 ou en 2000.
25 Est-ce que vous dites dans votre déposition que Stanisa Radosevic n'était
26 pas dans la police pendant la guerre ?
27 R. Peut-être avant il y était déjà. Je ne sais pas. Je ne sais pas
28 exactement quand il a commencé, quand il en faisait partie.
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1 Q. Mais si vous ne le savez pas, pourquoi est-ce que vous nous avez dit
2 tout à l'heure qu'il a commencé fin 1999 ou en 2000 ? Pourquoi ?
3 M. DI FAZIO : [interprétation] Je fais objection à cela, car immédiatement
4 après il a dit dans le compte rendu d'audience qu'il ne le savait pas. Il
5 faut le lire jusqu'à la fin de la ligne : "Je crois qu'il a commencé à
6 travailler fin 1999 --
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il a dit : "Je crois qu'il a commencé à
8 travailler fin 1999 ou 2000, mais je ne le sais pas."
9 M. DI FAZIO : [aucune interprétation]
10 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, mais un peu plus loin : "Je ne sais
11 pas. Je ne sais pas avec qui il travaillait. Je sais simplement qu'il est
12 entré plus tard, assez tard …"
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Peut-être vous pourriez limiter
14 votre question --
15 M. EMMERSON : [interprétation] Je vais passer à autre chose.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.
17 M. EMMERSON : [interprétation]
18 Q. Qu'en est-il de Radoje Radosevic, son frère ?
19 R. Je ne le sais pas. Je ne m'en souviens pas.
20 Q. Vous ne vous souvenez pas. Les fils de Konstantin Stijovic, Novak et
21 Momo, qu'en est-il en ce qui les concerne, eux ?
22 R. Je ne sais pas, car jusqu'en 1999 je n'étais pas à Decani. Je ne peux
23 pas savoir qui faisait quoi là-bas. Je sais qu'avant cette période, ils n'y
24 travaillaient pas, mais pendant la guerre, je ne le sais pas. Comment
25 voulez-vous que je le sache ? Je n'y étais pas.
26 Q. Une question simple : n'avez-vous jamais vu un quelconque d'entre eux
27 en uniforme ?
28 R. Je ne m'en souviens pas.
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1 Q. Pour être clair, vous voulez dire que vous ne vous souvenez pas ni si
2 c'était ou ni si ce n'était pas le cas ?
3 R. Je ne me souviens pas de les avoir revus.
4 Q. Je me demande si on pourrait vous montrer une liste.
5 M. EMMERSON : [interprétation] Si on pourrait l'afficher à l'écran, placer
6 sur le rétroprojecteur.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous sommes toujours en audience
8 publique, si cela vous va.
9 M. EMMERSON : [interprétation] Je pense que c'est bon. Je pense que nous
10 avons traité de cela avec ce témoin. Je ne vais pas nécessairement parler
11 de manière aussi détaillée avec le témoin suivant de tout cela.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Afin que les noms soient écrits, est-ce
13 que vous souhaitez verser au dossier ce document ?
14 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, je vais le faire.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, il faudra lui attribuer une cote.
16 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce à conviction D14,
17 marquée pour fins d'identification.
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.
19 M. EMMERSON : [interprétation]
20 Q. Monsieur Vlahovic, il s'agit ici d'une liste des noms dont les noms
21 figurent dans les archives de la PJP en tant que personnes ayant reçu un
22 salaire de la PJP en mars 1999. Je souhaite que l'on parcoure cette liste.
23 Le premier, bien évidemment, c'est votre frère, n'est-ce pas ?
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous pouvez poser la question
25 de manière claire, Maître Emmerson ? Il n'est pas clair si c'est son frère,
26 si c'est cela qui est vrai ou si le fait qu'il était au sein de la police
27 était vrai.
28 M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi.
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1 Q. Vous nous avez dit que votre frère était dans la police. C'est le nom
2 de votre frère, n'est-ce pas ?
3 R. Oui.
4 Q. Stanisa Radosevic, est-ce que vous connaissez un seul Stanisa Radosevic
5 ou plusieurs ?
6 R. Je ne sais pas; un seul.
7 Q. Oui. Et Zeljko Radosevic, vous nous avez dit hier que vous ne
8 connaissez pas cet homme; est-ce exact ?
9 R. Je ne le connais pas.
10 Q. Qu'en est-il de Slobodan Markovic ? C'est un nom que vous connaissez ou
11 pas ?
12 R. Je ne sais pas.
13 Q. Momcilo Markovic. Vous ne connaissez pas cet homme ?
14 R. Non.
15 Q. Danilo Stijovic, vous nous avez dit hier que c'était le cousin de Momo
16 Stijovic, qui avait été blessé à Gllogjan; est-ce exact ?
17 R. Je n'ai pas dit. Je sais que Momo avait été blessé, mais lui, je le
18 connaissais, mais pas bien. C'est ce que j'ai dit hier en ce qui concerne
19 Danilo en question.
20 Q. Vous nous avez dit hier que Danilo était le cousin de Momo Stijovic,
21 qui avait été blessé à Gllogjan ?
22 R. Oui. Momo, lui, a été blessé.
23 Q. Oui, et Danilo était son cousin ?
24 R. Ils étaient cousins. Mais je ne sais pas exactement quel était leur
25 lien de parenté. Je ne les connaissais pas bien.
26 Q. Mais vous les connaissiez tous les deux, n'est-ce pas ?
27 R. Pas bien, superficiellement.
28 Q. Predrag Stojanovic, c'est le fils de Ljubica, n'est-ce pas ?
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1 R. De Ljubica, oui.
2 Q. Veselin Stojanovic. C'est Vesko ?
3 R. Je pense que non, mais je ne sais pas. Je suppose que Vesko, c'est son
4 vrai prénom. Donc, je ne pense pas que ce soit lui. Je pense que ce n'est
5 pas lui, mais je ne peux pas être sûr.
6 Q. Très bien. Mais vous savez qui est Ljubisa Radunovic, n'est-ce pas ?
7 R. Oui, je sais.
8 Q. Pardon ? Oui ?
9 R. Oui, je sais.
10 Q. Il est le fils de Milos et Milka Radunovic ?
11 R. Oui, Milica Radunovic.
12 Q. Oui. Monsieur Vlahovic, saviez-vous que votre frère Rade avait
13 participé à l'enquête concernant ce qui a été trouvé dans le canal Radonjic
14 en sa capacité de policier ?
15 R. Je ne sais pas. Comment est-ce qu'il aurait pu participer à cette
16 enquête ? Je ne sais pas du tout. Il n'aurait pas pu participer à cette
17 enquête.
18 Q. Mais il y a participé à cette enquête, Monsieur Vlahovic. Ne vous l'a-
19 t-il pas dit ?
20 R. Non, il ne me l'a pas dit. Je ne vois pas comment il aurait pu
21 participer à cela.
22 Q. Ne vous a-t-il pas dit qu'il avait interrogé un certain nombre
23 d'Albanais qui étaient placés en détention au sujet du canal ? Ne vous l'a-
24 t-il pas dit ?
25 R. Je ne lui ai jamais posé des questions au sujet de son travail. Nous
26 n'en avons jamais parlé.
27 Q. Même pas après que l'on a découvert que le cadavre d'un de vos parents
28 y a été trouvé ? Même après cela, il ne vous a pas dit qu'il avait
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1 participé à l'enquête concernant ce canal ?
2 R. Je ne lui ai jamais posé de questions au sujet de ce canal.
3 Q. Mais si vous ne le saviez pas, bien sûr que vous ne lui avez pas posé
4 la question. Mais ma question est la suivante : de son propre gré, il ne
5 vous a jamais fourni cette information ?
6 R. Non, il ne l'a jamais dit et je ne lui ai jamais demandé. C'est ce que
7 j'ai dit.
8 Q. Qu'en est-il de votre cousin Zvonko Markovic ? Vous nous avez dit que
9 vous le voyiez souvent, régulièrement à ce moment-là. Est-ce que vous
10 saviez qu'il avait participé à l'opération dans le canal ? Je vais reposer
11 ma question.
12 Vous nous avez dit hier que vous avez vu votre cousin Zvonko Markovic
13 fréquemment à cette époque-là. Est-ce qu'il vous a dit qu'il avait
14 participé à l'opération de fouille dans le lac du canal Radonjic ?
15 R. Il ne l'a pas dit. J'y suis allé moi-même, et j'ai vu les cadavres. Je
16 n'ai pas posé de questions. Je ne sais pas qui y avait participé, car j'ai
17 vu les cadavres moi-même.
18 Q. Est-ce que vous y avez vu votre cousin Zvonko en uniforme ?
19 R. Quand j'étais là, je n'ai pas vu cela.
20 Q. Oui. Et il ne vous a jamais dit qu'il avait participé à cette partie de
21 l'opération ?
22 R. Je n'ai jamais posé de question, et il n'a jamais rien dit.
23 Q. Et Dashinoc, est-ce qu'il vous a dit qu'il avait été à Dashinoc ? Est-
24 ce qu'il vous a dit qu'il s'est rendu au site où, prétendument, on avait
25 trouvé les corps de Milos Radunovic et de Slobodan Radosevic ? Est-ce qu'il
26 vous a dit qu'il avait participé à cela ?
27 R. Non, je ne lui ai pas posé de question, mais je suis allé moi-même.
28 Pourquoi voulez-vous que je pose des questions ? Alors que moi-même je me
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1 suis rendu sur place dans les deux cas. Je n'ai pas posé de questions.
2 Q. Je comprends. Nous allons maintenant nous pencher sur les occasions
3 lors desquelles vous y êtes allé. Vous nous avez relaté les deux
4 conversations que vous avez eues en septembre, après que les Serbes ont
5 pris contrôle de la région autour de Ratishe et Dashinoc, avec une personne
6 appelée Shaban Sadikaj et un autre appelé Madjun. Je vais vous poser des
7 questions au sujet des deux.
8 Tout d'abord, Shaban Sadikaj. Vous nous avez dit dans votre
9 déposition que vous avez eu une conversation avec lui en septembre, que
10 c'était au début du mois de septembre. Est-ce que vous pouvez nous donner
11 plus de précision concernant la date ?
12 R. Je ne me souviens pas de la date exacte. Je pense que c'était au début
13 du mois de septembre, mais je n'en suis pas sûr.
14 Q. Essayons de voir si nous pouvons établir la date de manière plus
15 précise. Au moment où vous avez eu une conversation avec Shaban Sadikaj,
16 est-ce que vous aviez déjà appris que l'on avait découvert ce que l'on
17 considérait à l'époque comme le cadavre de votre père dans le canal du lac
18 Radonjic ? Est-ce que vous le saviez déjà lorsque vous avez parlé avec
19 Shaban Sadikaj ?
20 R. Non.
21 Q. Vous êtes allé à l'hôtel Pastrik à un moment donné pour identifier des
22 vêtements, n'est-ce pas ?
23 R. C'est exact. Nous y sommes allés, mais rien n'était connu à l'époque.
24 Je ne me souviens pas non plus de la date. C'était seulement après qu'ils
25 ont fini par nous le dire.
26 Q. Nous avons les dates, Monsieur Vlahovic. Ne vous en inquiétez pas. Vous
27 étiez là lorsque l'on a identifié les vêtements que l'on connaît pour des
28 vêtements de votre père, n'est-ce pas ?
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1 R. Oui.
2 Q. Est-ce que votre conversation avec Shaban Sadikaj a eu lieu avant ou
3 après cela ?
4 R. Avant.
5 Q. Merci. Vous avez parlé avec Shaban Sadikaj chez lui, n'est-ce pas ?
6 R. Je lui ai parlé le long de la route, à Shaban Sadikaj.
7 Q. Et c'était une route qui passait près de chez lui ?
8 R. Oui, près de chez lui.
9 Q. Il vivait à Dashinoc. Est-ce que vous étiez à Dashinoc au moment de
10 cette conversation ?
11 R. Oui.
12 Q. Que faisiez-vous à Dashinoc ?
13 R. J'ai voulu le voir, parce que je voulais aller voir Djevdet. Il avait
14 dit à Milojka qu'il devait expulser ses deux parents, de même que Milica.
15 Q. Donc, vous êtes allé là-bas afin de parler avec Shaban concrètement ?
16 R. Non, pas Shaban. Djevdet.
17 Q. Vous êtes allé parler avec Djevdet ?
18 R. Oui.
19 Q. Est-ce qu'à l'époque vous pensiez que Djevdet était un dirigeant de
20 l'UCK à Dashinoc ?
21 R. Oui, c'est ce que je pensais.
22 Q. Est-ce que vous êtes allé à Dashinoc une fois ou plusieurs fois en
23 septembre ?
24 R. Une seule fois à Ratis et à Dashinoc. Je n'y suis pas allé deux fois,
25 juste une fois.
26 Q. Lors de la même occasion vous êtes allé à la fois à Ratis et à
27 Dashinoc; c'est exact ?
28 R. Oui. Je suis d'abord allé à cette maison qui n'est pas très loin de
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1 notre maison de Dasinovac.
2 Q. Est-ce que nous devons conclure que la conversation que vous avez eue
3 avec Arifaj Madjun a eu lieu le même jour que votre conversation avec
4 Shaban Sadikaj ?
5 R. J'ai parlé avec Arifaj Madjun à Ratis.
6 Q. C'était le même jour où vous avez parlé avec Shaban Sadikaj ?
7 R. Non. C'était un autre village, donc cela n'a pas pu se passer le même
8 jour. J'ai parlé avec Madjun avant.
9 Q. Vous avez parlé d'abord avec Madjun avant de parler avec Shaban; est-ce
10 exact ?
11 R. Je pense que c'était le cas.
12 Q. Monsieur Vlahovic, saviez-vous lorsque vous êtes allé à Dashinoc qu'il
13 y avait des observateurs internationaux dans la région, des observateurs
14 qui suivaient ce qui se passait ? Le saviez-vous ?
15 R. Non, je ne le savais pas, même si je savais qu'il y avait des
16 observateurs partout, mais je ne savais pas concrètement parlant au sujet
17 de Dasinovac.
18 Q. Stanisa Radosevic a déposé devant ce Tribunal disant que lorsqu'il est
19 allé à Dashinoc le 9 ou 10 septembre, la plupart des maisons avaient été
20 incendiées et certaines brûlaient encore. Est-ce que vous avez vu des
21 maisons qui avaient subi des dégâts dans des incendies lorsque vous êtes
22 allé à Dashinoc et lorsque vous avez parlé avec Shaban Sadikaj ?
23 R. Je ne l'ai pas vu lorsque j'y suis allé.
24 Q. Lorsque vous êtes allé il n'y pas eu de trace de dégâts provoqués par
25 des incendies dans les maisons ?
26 R. Non.
27 Q. Je vois. Je souhaite que l'on parle maintenant de ce que d'après vous
28 Shaban Sadikaj vous a dit. Concernant vos parents, vous nous avez dit hier
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1 que Shaban Sadikaj vous a dit que vos parents étaient restés chez eux
2 pendant 10 à 15 jours après la date à laquelle vous les avez vus pour la
3 dernière fois, le 20 avril, et vous nous avez dit que Milojca Radunovic, la
4 femme de Milos Radunovic, était restée avec eux, d'après Shaban Sadikaj. Il
5 nous a dit qu'il vous avait dit qu'un voisin qui s'appelle Syle Kuci aurait
6 pu l'aider à sortir, mais ne l'a pas fait, et vous nous avez dit qu'il ne
7 vous a dit rien d'autre concernant vos parents, sauf cela; n'est-ce pas ?
8 R. Il a aussi parlé de Milica, du fait qu'elle était allée le voir pour
9 lui parler de Milos et de son cousin sans savoir que le cousin avait déjà
10 été tué.
11 Q. Oui. Je vais parler de cela tout à l'heure. Vous nous avez dit hier
12 après-midi que mis à part ce qu'il vous a dit au sujet de vos parents,
13 Shaban Sadikaj vous a dit aussi quelque chose au sujet de ce qui était
14 arrivé à Slobodan Radosevic et Milos Radunovic. Vous avez dit qu'il vous a
15 dit qu'une réunion avait eu lieu dans la maison de Dzevdet Sadikaj, le fils
16 de Shaban, et vous nous avez dit que Shaban vous avait dit qu'il avait vu
17 des gens à la réunion qui arrêtait Milos Radunovic lorsqu'il allait vers la
18 maison de Slobodan Radosevic. Il vous a dit qu'il avait essayé d'intervenir
19 afin d'empêcher cela, mais qu'ils avaient crié sur lui et l'ont chassé pour
20 qu'il rentre chez vous. Il vous a dit que tout cela s'était passé quelques
21 jours après que vous aviez vu votre père pour la dernière fois, est-ce
22 exact ?
23 R. C'est ce qu'il m'a dit à l'époque.
24 Q. Monsieur Vlahovic, lorsque vous avez fait votre déclaration à
25 l'enquêteur du bureau du Procureur en avril 2002, vous n'avez mentionné
26 rien du tout de ce que vous dites maintenant au sujet de ce que Shaban
27 Sadikaj vous aurait dit concernant l'enlèvement prétendu de Milos
28 Radunovic ?
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1 R. Je l'ai dit.
2 Q. Nous avons votre déclaration et, si nécessaire, nous pouvons voir cela
3 à l'écran aussi. Je vais vous lire le paragraphe décrivant la conversation
4 que vous avez eue avec Shaban Sadikaj, c'est votre seule référence :
5 "Après que l'armée yougoslave et le MUP avaient pris le contrôle de
6 la région autour de mon village en septembre 1998, je suis allé à
7 Dasinovac. J'ai parlé avec Shaban Sadikaj dont le fils Dzevdet était
8 probablement le commandant de l'UCK le plus haut placé à Dasinovac. D'après
9 Shaban, son fils et Rustem Sadrijaj ou Kamisi - je ne suis pas sûr du nom
10 de famille - et une troisième personne étaient les membres principaux de
11 l'UCK à Dasinovac et avaient perpétré beaucoup de crimes horribles. Shaban
12 m'a aussi dit que mes parents étaient restés chez eux pendant dix à 15
13 jours après que la route avait été bloquée, que Milica Radunovic était
14 restée avec eux. Au cours de cette période, elle ne savait pas ce qui était
15 arrivé à mon mari. Shaban m'a dit aussi que le voisin de mes parents, Syle
16 Kuci, aurait pu les assister à fuir, mais qu'il avait choisi de ne pas le
17 faire".
18 C'est tout ce qui a été dit dans votre déclaration au sujet de cette
19 conversation. On ne mentionne pas du tout le prétendu enlèvement de Milos
20 Radunovic.
21 Monsieur Vlahovic, pourquoi n'avez-vous pas mentionné cela à l'époque ?
22 R. Je pense que je l'ai fait. J'aurais dû le faire car c'est ce qui
23 s'était passé. Je ne pense pas que je l'aurais omis.
24 Q. Monsieur Vlahovic, à la fin de cet interrogatoire en avril 2002, cette
25 déclaration vous a été relue, n'est-ce pas, dans une langue que vous
26 comprenez, par un interprète ?
27 R. Je ne sais pas. Mais il me semble que je l'avais dit pour que ce soit
28 sur la déclaration. Cela dit, en tout cas, c'est arrivé comme cela et je ne
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1 peux rien y changer.
2 Q. Mais tout est clair pour tout le monde. Vous avez votre déclaration.
3 Nous avons aussi votre déclaration sous les yeux. Il n'y a absolument rien
4 dans votre déclaration qui mentionne ceci.
5 R. Tant pis. Il n'y a rien. N'empêche que c'est arrivé.
6 Q. Stanisa Radosevic nous a parlé d'une conversation qu'il aurait eue avec
7 un Albanais à Dashinoc à peu près à ce moment-là. Etait-il présent quand
8 vous avez parlé avec Shaban Sadikaj ?
9 R. Non.
10 Q. Y avait-il des Serbes que vous connaissiez à l'époque à Dashinoc quand
11 vous y êtes allé ?
12 R. Non, aucun.
13 Q. Puis-je vous poser cette question ? Avez-vous vu une Mercedes garée
14 devant la maison de M. Sadikaj ?
15 R. J'ai vu une Mercedes, mais c'était une épave, une blanche, 123, l'une
16 des nôtres, et une vache noire aussi qui était la nôtre.
17 Q. A qui appartenait la Mercedes que vous avez vue en dehors, juste garée
18 à l'extérieur de la maison de M. Sadikaj ?
19 R. C'était la nôtre.
20 Q. C'était votre voiture ?
21 R. Oui, à nous, à notre famille. Et la vache aussi nous appartenait,
22 c'était une vache noire.
23 Q. Etiez-vous assez furieux de voir votre voiture garée devant chez M.
24 Sadikaj ? Vous avez peut-être pensé qu'il l'avait volée ?
25 R. Non. J'ai demandé à Shaban et il m'a dit que la voiture appartenait à
26 Dzevdet et à Rustem.
27 Q. Mais vous savez que ce n'était pas vrai, puisque vous savez que c'était
28 votre voiture ?
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1 R. Oui. C'était notre voiture Mais ce n'était plus notre voiture. Tout le
2 monde pouvait l'utiliser. Ils avaient déjà tué mes parents. Ils pouvaient
3 aussi prendre ma voiture, vu les circonstances.
4 Q. Mais je répète ma question : est-ce que vous étiez furieux de voir
5 qu'ils avaient volé votre voiture ?
6 R. Non, oui, peut-être un peu. Oui, j'étais assez en colère.
7 Q. Oui, je pense que vous étiez en colère, Monsieur Vlahovic, parce que
8 j'affirme que vous n'étiez pas le seul, vous étiez avec d'autres personnes,
9 et ensemble, vous avez tabassé Shaban Sadikaj. Voilà ce qui s'est passé ce
10 jour-là ?
11 R. Non, non, pas du tout. C'est absolument faux.
12 M. EMMERSON : [interprétation] Pourrions-nous voir la pièce de la Défense
13 ID11-0048 ?
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière, il a besoin d'une
15 cote.
16 M. EMMERSON : [interprétation] Oui. Une cote provisoire, s'il vous plaît,
17 ensuite on demandera le versement.
18 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce D15, cote provisoire
19 pour identification.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.
21 M. EMMERSON : [interprétation] Regardons la première page, s'il vous plaît.
22 C'est la pièce 0048.
23 Q. Je ne pense pas que vous allez comprendre ce document puisqu'il est en
24 anglais, mais je vais vous lire le passage qui m'intéresse pour que vous
25 voyiez exactement de quoi il s'agit. Il s'agit d'un rapport d'enquêteur
26 venant d'un enquêteur du Procureur qui est allé parler à Shaban Sadikaj à
27 propos de l'entretien que vous avez eu avec lui ou de votre rencontre avec
28 lui. Juste pour que vous sachiez un peu ce qu'est ce document qui est sous
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1 vos yeux.
2 M. EMMERSON : [interprétation] Pourrions-nous maintenant passer aux pages 5
3 et 6 de ce document. Tout d'abord la page 5, rapidement. Il me semble qu'il
4 s'agit là de la page 4 à l'écran. Voici la page 5.Q. Au bas de la page,
5 dans la déclaration de Miloica Vlahovic, il y a un paragraphe dans lequel
6 il parle d'un homme appelé Shaban Sadikaj venant de Dasinovac. Ce
7 paragraphe mentionne Djevdet Sadikaj comme étant le chef de l'UCK à
8 Dasinovac. Il déclare aussi que Miloica Vlahovic parlait à Shaban Sadikaj
9 et qu'il lui a dit que : "Les parents de Miloica étaient restés dans sa
10 maison 10 à 15 jours et que Miloica Radunovic était avec eux."
11 Je pense que l'enquêteur ici a mal compris les choses. Puisque dans
12 votre déclaration de témoin, il est écrit que Shaban Sadikaj vous a dit que
13 vos parents étaient restés dans leur propre maison pendant 10 à 15 jours,
14 je pense qu'il a cru que Shaban Sadikaj avait dit qu'ils étaient restés à
15 la maison de Sadikaj, mais cela vous ne l'avez jamais dit à personne,
16 n'est-ce pas ?
17 R. Non.
18 Q. Passons maintenant à la page 6, s'il vous plaît. Je vais vous le lire,
19 j'espère que je ne vais pas lire trop vite.
20 "OL", il s'agit de l'enquêteur, "s'est rendu à Dashinoc le
21 19 novembre 2005. Dashinoc est un petit village éloigné de tout. La maison
22 de Shaban Sadikaj a été trouvée et sa fille, Minire Sadikaj, a ouvert la
23 porte. L'un des fils est arrivé, est entré, n'avait pas l'air très amical.
24 L'enquêteur lui a demandé si Shaban Sadikaj était à la maison. Il a dit
25 qu'il l'était. Il voulait savoir le propos de la visite et l'enquêteur est
26 entré pour expliquer. Il y avait un autre frère qui était présent ainsi que
27 la mère paralysée et d'autres enfants dans la pièce.
28 "C'est les deux fils qui ont parlé la plupart du temps. Les
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1 enquêteurs ont expliqué qu'ils voulaient parler de certaines choses qui
2 étaient arrivées au cours de la guerre. Les frères étaient extrêmement
3 hostiles. Ils disaient que c'était des mauvaises personnes qui étaient
4 accusées de crime de guerre. L'un a mentionné Rade Vlahovic comme tant
5 quelqu'un qui aurait commis énormément de crimes."
6 Il s'agit là de votre frère, n'est-ce pas, Monsieur Vlahovic ?
7 R. Oui. Quant à savoir si c'est vrai ou pas, là, c'est autre chose.
8 Q. "L'enquêteur n'a pas dit de quoi il voulait vraiment parler mais il a
9 demandé de parler au père. Ils ont dit que le père était toujours furieux
10 quand il parlait de la guerre à cause de ce que les Serbes lui avaient
11 fait, mais qui pouvait lui parler quand même. Il est entré dans la pièce
12 après peu de temps. Shaban Sadikaj a 74 ans et n'est pas dans un état
13 mental permettant une interview. Il n'écoutait pas les questions, il
14 n'arrêtait pas de parler du moment où les Serbes sont arrivés et l'ont pris
15 à la pointe du fusil. Ils ont dit qu'ils allaient le tuer, ensuite ils
16 l'ont tabassé jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Lorsqu'il s'est
17 réveillé, les Albanais qui passaient par là l'ont sauvé et ont empêché
18 qu'on le tue.
19 "Shaban Sadikaj rentrait et sortait de la pièce et disait toujours la
20 même chose.
21 "Les frères ont dit que l'incident avec Shaban Sadikaj était arrivé en
22 septembre 1998. Tout le monde avait déjà quitté le village, mais le père
23 était resté.
24 "L'enquêteur a demandé au frère s'il passait au niveau de l'UCK à
25 Dashinoc. Ils ont dit qu'ils avaient leur propre défense dans le village et
26 que les gens défendaient leur propre maison. Ils avaient l'impression de
27 faire partie de l'UCK, mais ils n'étaient pas sous le commandement ni de
28 Ramush ni de Tahir."
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1 "L'enquêteur a noté qu'il avait déjà visité le village précédemment et
2 avait rencontré d'autres Sadikaj qui lui avaient dit à peu près la même
3 chose.
4 "Dashinoc est un petit village, et selon les frères, la plupart des
5 15 maisons qui s'y trouvent sont toutes appelées Sadikaj. Il y avait des
6 Serbes qui habitaient dans le village. Tout allait bien jusqu'à la guerre.
7 Quand on lui a posé la question à propos de la famille Vlahovic, ils ont
8 dit qu'ils étaient de bons amis, mais que tout a changé rapidement. Ils ont
9 déclaré que même pendant le début de la guerre, tout le monde s'aidait
10 quelle que soit la l'ethnicité, quelle que soit l'appartenance ethnique.
11 "Les frères ne voulaient pas donner de réponse bien claire quant au
12 chef principal de l'UCK dans le village. Ils ont dit que chacun se
13 débrouillait et s'occupait de ses affaires. Ils ont aussi dit qu'ils
14 n'avaient pas été touchés par les troupes de Ramush ou de Tahir. Ils n'ont
15 rien dit à propos de Ramush Haradinaj, mais qu'ils étaient absolument
16 furieux de ce que les Serbes avaient fait. Ils ont dit que la maison avait
17 été détruite et que leurs parents avaient été tués par des personnes qui
18 apparemment étaient leurs amis."
19 Monsieur Vlahovic, quand vous avez vu Shaban Sadikaj, avait-il déjà été
20 passé à tabac ? Monsieur Vlahovic ? Pouvez-vous répondre, quand vous avez
21 vu Shaban Sadikah, avait-il déjà été passé à tabac, oui ou non ?
22 R. Quand ils disent ici dans cette déclaration qu'ils aidaient les Serbes,
23 il n'y avait plus de Serbes. De quels Serbes parlaient-il ? Il n'y avait
24 plus de Serbes. En 1998, ils étaient en train de tuer les Serbes. Personne
25 n'est sorti de Dasinovac en vie. Tout cela est faux. C'est un tissu de
26 mensonges. Comment auraient-ils pu aider le moindre Serbe ? Donc c'est
27 faux.
28 Ensuite --
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1 Q. Répondez à ma question, c'est tout ce que je vous demande. Je ne vous
2 demande pas de nous dire ce qu'il en était des Serbes. Je voulais savoir si
3 Shaban avait déjà été passé à tabac quand vous lui avez parlé ?
4 R. Quand je lui ai parlé, il n'avait pas encore été passé à tabac.
5 Q. Très bien. Avez-vous appris qu'il avait été passé à tabac par la
6 suite ?
7 R. Non, je ne l'ai pas appris. Je ne l'ai plus vu de toute façon, et je
8 n'ai jamais entendu parler de lui. Quand je l'ai vu, il avait l'air tout à
9 fait comme d'habitude et en bonne santé.
10 Q. Très bien. Savez-vous qui est Salih Sadikaj ?
11 R. Oui.
12 Q. Une plainte a été enregistrée avec votre frère Novak et votre frère
13 Goran ainsi que Stanisa Radosevic. Dans cette plainte, il est écrit -- dans
14 cette réclamation, il est écrit que vous avez passé à tabac Shaban Sadikaj
15 brutalement pendant une demi-heure avec des pistolets, des mitraillettes et
16 des couteaux. Avez-vous en effet fait tout cela, Monsieur Vlahovic ?
17 R. Je ne vois qui aurait pu survivre à ce genre d'attaque. Comme je vous
18 l'ai déjà dit, j'étais seul. Shaban allait très bien. Je ne l'ai pas
19 touché. Nous avons juste parlé. C'est la vérité.
20 Q. Est-ce que vous aviez amené votre pistolet avec vous ? Ce pistolet que
21 vous aviez en votre possession, est-ce que vous l'avez emporté ?
22 R. Peut-être.
23 Q. Pourtant il est bien noté qu'il a été frappé avec un "pistol", donc à
24 la crosse de pistolet. Avez-vous fait cela, Monsieur Vlahovic ?
25 R. Je répète : je n'ai même pas touché, alors certainement pas frappé à
26 coup de crosse de pistolet. C'est absolument faux. Tout est faux, c'est un
27 mensonge. Ensuite, j'étais seul.
28 Je l'ai rencontré, je lui ai parlé, ensuite je suis parti.
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1 Q. Savez-vous qui est Halil Sadikaj ?
2 R. Non, je ne sais pas.
3 Q. Pourtant il vous connaît. Etes-vous en train de nous dire que vous êtes
4 en bons termes avec ce Salih Sadikaj, cet homme dont je vous ai parlé ?
5 Vous êtes en train de nous dire qu'en septembre 1998, vous étiez en très
6 bons termes avec tous ces gens qui étaient vos amis ?
7 R. En septembre 1998, non, il n'y avait plus de relations du tout. J'ai vu
8 Shaban, puis après je ne l'ai plus jamais revu avant avril. Non. En fait,
9 depuis avril 1998 je n'ai plus vu aucun Sadikaj, mis à part Shaban. Le seul
10 que j'ai vu ce soit Shaban.
11 Q. Essayons de résumer. Vous nous avez dit que tout allait bien avec vos
12 voisins albanais jusqu'en avril --
13 R. Oui.
14 Q. Donc vous dites de Shaban Sadikaj était un de vos amis, n'est-ce pas ?
15 R. Je n'ai jamais dit que c'était un de mes amis. Je n'ai jamais dit cela.
16 J'ai dit qu'on ne se disputait avec personne. On était en bons termes avec
17 tout le monde. Je n'ai jamais parlé de Shaban spécialement, et je n'ai
18 jamais dit que nous étions amis.
19 Q. Mais il n'y avait pas de problème entre vos deux familles, la sienne et
20 la vôtre ?
21 R. Non, aucun problème.
22 Q. Y aurait-il des raisons pour lesquelles Salih Sadikaj devrait inventer
23 --
24 M. DI FAZIO : [interprétation] Non. Là, je soulève une objection. Là, M.
25 Emmerson devrait savoir quand même qu'il s'agit de spéculation. Il demande
26 des spéculations et rien de plus. Il a dit qu'il ne connaissait pas Halil
27 Sadikaj.
28 M. EMMERSON : [interprétation] Non, il n'a pas dit cela. Il a dit qu'il ne
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1 connaissait pas Halil Sadikaj.
2 M. DI FAZIO : [interprétation] De toute façon, c'est une question qu'il ne
3 faudrait pas poser.
4 M. EMMERSON : [interprétation] Je n'accepte pas cette critique. Le témoin a
5 dit qu'ils étaient de très bons amis, qu'ils étaient en bons termes. Je lui
6 demande s'il y a une relation qui aurait pu provoquer l'invention de tout
7 ce qui vient d'être lu.
8 M. DI FAZIO : [interprétation] Mais la question, y a-t-il des raisons pour
9 établir tout cela.
10 M. EMMERSON : [aucune interprétation]
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je comprends. En fait, c'est la
12 formulation de la question qui vous déplaît. Je comprends bien. D'ailleurs,
13 j'aimerais que les deux parties utilisent des termes qui ne brouillent pas
14 encore plus les choses et qui provoquent des spéculations de la part du
15 témoin.
16 Prenez en compte quand même, Monsieur Emmerson, ce qu'a dit
17 M. Di Fazio.
18 M. EMMERSON [interprétation] Très bien.
19 Q. Monsieur Vlahovic, étant donné la relation qui existait entre votre
20 famille et celle des Sadikaj, avez-vous la moindre idée de pourquoi
21 quelqu'un en voudrait suffisamment à votre famille pour inventer une
22 allégation selon laquelle vous et vos frères auraient tabassé Shaban
23 Sadikaj ?
24 R. Mais s'ils étaient de si bons amis ils auraient aidé ma mère et mon
25 père. Ils les auraient aidés à partir. Parce que mon père et ma mère
26 c'était un vieux couple qui n'avait jamais fait de mal à personne. Ils ont
27 tout inventé, j'en suis sûr à 100 %.
28 Q. Très bien. Très bien. Pour en finir avec ceci, un homme appelé Halil
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1 Sadikaj a porté plainte au motif que vos frères Novak et Goran ainsi que
2 Stanisa Radosevic, Novak Stijovic et votre cousin Markovic et vous-même
3 avez participé au pillage des maisons albanaises le 7 septembre; est-ce
4 vrai ?
5 R. Non, c'est un mensonge, c'est un tissu de mensonges. C'est complètement
6 impossible.
7 Q. Il est allégué que vous êtes entrés dans des maisons albanaises
8 ensemble et que vous avez emporté des voitures et des machines électriques.
9 Avez-vous pris votre voiture, par exemple ?
10 M. DI FAZIO : [interprétation] Je soulève une objection ici. Je ne sais pas
11 si M. Emmerson écoute les réponses. M. Emmerson a certes demandé avec
12 raison que cet homme, Halil, avait porté plainte contre les frères, ensuite
13 que ce témoin ici avait participé à un pillage. Il lui a demandé si c'était
14 vrai. Le témoin a répondu : "Non, c'est faux, c'est un tissu de mensonges.
15 C'est complètement impossible."
16 Question suivante. On commence à parler du pillage en détail, alors que le
17 témoin a bien dit qu'il n'y avait participé.
18 M. EMMERSON : [aucune interprétation]
19 M. DI FAZIO : [interprétation] Si M. Emmerson veut présenter des documents,
20 qu'il le fasse. Mais une fois que le témoin a dit : Non, ce n'est pas vrai,
21 on ne peut plus vraiment aller au-delà.
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, je crois que lors
23 d'un contre-interrogatoire, un premier "non", une première réponse négative
24 n'empêche pas de poursuivre un peu plus avant.
25 Je vais vous donner un exemple -- non, je vais plutôt ne pas vous donner
26 d'exemple. Mais dans certaines limites, je serais un peu d'accord pour que
27 l'on exerce une certaine pression.
28 M. EMMERSON : [aucune interprétation]
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc s'il s'agit d'un déni, mais qui est
2 d'une nature plus générale, on peut poser des questions supplémentaires qui
3 pourraient peut-être rafraîchir la mémoire du témoin ou qui lui
4 rappelleraient certains détails qui sont connus à la partie procédant au
5 contre-interrogatoire. Il y a certes des limites. Mais à mon avis les
6 limites n'ont pas encore été dépassées.
7 M. DI FAZIO : [interprétation] Monsieur le Président --
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela dit, j'ai bien conscience qu'il
9 existe les techniques de contre-interrogatoire où parfois on joue sur le
10 timbre de la voix. Là aussi j'aimerais bien que les parties sachent qu'il
11 ne convient pas d'aller trop loin par les effets de manches. Tant que vous
12 restez dans la limite, je ne dirai rien. Cela dit, dès que vous irez trop
13 loin, j'interviendrai.
14 M. EMMERSON : [interprétation] Très bien.
15 Q. Cette voiture, l'avez-vous ramenée chez vous ?
16 R. Non, je ne l'ai pas prise. Ce que vous avez dit il y a une minute est
17 un tissu de mensonges. C'est un tissu de mensonges. Il n'y a pas eu de
18 pillage. Complètement inventé.
19 Q. Vous dites qu'il n'y avait pas de pillage ou que vous n'avez pas
20 participé au pillage ? Vous êtes en train de nous dire que les maisons
21 albanaises n'ont pas été pillées à Dashinoc en
22 septembre 1998 ?
23 R. Ce que je vous dis, c'est que je ne les ai même pas vues être pillées.
24 Alors, ce n'est pas certainement pas moi qui les aurais pillées. C'est
25 complètement inventé. C'est un tissu de mensonges.
26 Q. Je passe à autre chose. Il y a votre conversation que vous auriez eue
27 avec Arifaj Madjun. Vous nous avez dit hier qu'en septembre vous avez
28 rencontré Madjun et qu'il vous a dit qu'il avait vu vos parents et Milica
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1 Radunovic emportés vers Gllogjan. Vous avez dit hier qu'il vous avait dit
2 qu'ils étaient armés, en uniforme, mais qu'il ne les connaissait pas. Il ne
3 vous a pas donné de description des uniformes qu'ils portraient, vous ne
4 lui avez pas posé de questions à ce propos, il ne vous a pas dit quelle
5 était leur appartenance ethnique, et vous n'avez pas posé de question à ce
6 propos non plus ?
7 Maintenant, j'ai quelques questions à vous poser. Dans
8 l'enregistrement de la vidéoconférence avec Belgrade du 8 mars, un passage
9 que je vais vous lire : "Le témoin," c'est-à-dire vous, "n'a pas demandé
10 quand c'est arrivé, et Madjun n'a rien dit à propos de la date."
11 Est-ce que cela reflète fidèlement ce que vous avez dit lors de cette
12 vidéoconférence quand vous avez parlé à partir de Belgrade ?
13 R. Oui, en effet. Je ne lui ai pas demandé quand ils ont été emmenés.
14 Q. Donc, à votre connaissance, avec ces informations qu'il vous a données,
15 cela aurait pu arriver n'importe quand entre le 20 septembre -- le 20 avril
16 et le début de septembre ? Vous n'avez absolument aucune idée de ce qui
17 s'est passé; c'est cela, et vous n'avez pas pensé à lui demander ?
18 R. Je ne lui ai pas demandé quand c'était arrivé précisément, mais cela a
19 dû arriver bien avant.
20 Q. Mais vous ne vouliez pas savoir exactement quand cela était arrivé ?
21 R. Nuo y est allé. Ils n'étaient pas à la maison. C'est à peu près à ce
22 moment-là que l'incident est arrivé. Puisqu'il n'était pas à la maison deux
23 semaines plus tard, après le 20 avril, cela devait être début mai. Alors,
24 je vois -- pourquoi j'aurais posé une question.
25 Q. C'est ce même Nuo dont vous nous avez déjà parlé qui a dit à Rade que
26 vos parents avaient été libérés à Prilep ? C'est de cette personne que l'on
27 parle ?
28 R. Oui.
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1 Q. Donc hier, vous nous avez dit que Madjun vous avait dit que quelqu'un
2 appelé Bajram Imer avait dit à ces hommes qu'il ne fallait pas toucher à
3 vos parents car ils étaient vieux et qu'ils devaient être libérés, et que
4 les hommes armés ensuite ont essayé de tuer Bajram Imer parce qu'il voulait
5 s'interposer. C'est bien ce que vous dites que vous avez entendu de la part
6 d'Arifaj Madjun ?
7 R. Ce qu'il m'a dit à l'époque, c'est que c'était impossible de les
8 sauver, et il a ajouté qu'Imer Ademi a insisté fermement pour qu'ils soient
9 libérés et que de ce fait les autres voulaient le tuer, et donc il avait
10 été impossible de les sauver.
11 Q. Mais Arifaj Madjun vous a-t-il dit comment ils ont essayé de le tuer,
12 comment il a réussi à s'en sortir ? Vous a-t-il décrit la scène ?
13 R. Non, je ne lui ai pas posé la question à l'époque.
14 Q. Avez-vous essayé de parler à Bajram Imer ? Avez-vous essayé de parler à
15 Bajram Imer ou à Imer Ademi ?
16 R. Non, je ne l'ai pas recherché. Je n'ai pas essayé de le trouver. Je ne
17 l'ai pas vu.
18 Q. Avez-vous parlé de lui à l'un de vos trois frères qui font partie de la
19 police en disant peut-être qu'il faudrait essayer de trouver cet homme qui
20 avait vu vos parents se faire emmener ?
21 R. Non.
22 Q. Parce que si on a bien compris, après votre conversation avec Arifaj
23 Madjun, vous ne saviez pas qui étaient ces hommes, vous n'aviez aucune
24 identification pour ces hommes et vous ne saviez même pas quand cet
25 incident avait bien pu intervenir. Vous n'aviez pas envie de savoir qui
26 avait pu emmener vos parents, obtenir l'identité de la part de cet homme
27 qui avait assisté de visu à tout cela ?
28 R. Pour ce qui est de l'identité, je savais que c'étaient les Albanais. Il
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1 n'y avait pas d'autres personnes. Il y avait plus que des Albanais. Et tout
2 le monde savait qui commandait à Gllogjan. Madjun ne savait pas --
3 Q. Mais vous n'auriez pas eu envie de savoir de la bouche de Bajram Imer
4 s'il savait qui étaient ces hommes qui avaient emmené vos parents ?
5 R. Si Madjun ne le savait pas et c'étaient des voisins, alors l'autre non
6 plus n'aurait pas su qui c'était. C'est évident. Je savais qu'ils avaient
7 été emmenés à Glodjane, mais je ne vois pas pourquoi j'aurais posé la
8 question. Tous savaient qui habitaient là. C'étaient les Albanais qui
9 habitaient là. Et tout le monde savait là-bas qui commandait. Cela c'était
10 de notoriété publique.
11 Q. Je vais y arriver. Mais Madjun vous a-t-il dit si ces hommes étaient en
12 voiture ou à pied ?
13 R. Je ne lui ai pas demandé à l'époque. Je n'avais pas du tout besoin du
14 tout de cette information, qu'ils soient dans un véhicule, à pied, je ne
15 voyais pas l'importance. Ce qui me préoccupait vraiment, c'est que mes
16 parents avaient été emmenés. Je n'ai pas voulu rentrer dans les détails.
17 Q. Je suis désolé de vous dire tout cela, mais vous êtes en train de nous
18 dire que vous parlez avec un homme qui vous a dit qu'il a vu vos parents
19 être emmenés et vous ne lui avez rien demandé, quelle était l'appartenance
20 ethnique de ces hommes, description des uniformes, le jour où c'est arrivé,
21 vous n'avez pas absolument essayé d'avoir des informations supplémentaires
22 auprès de quelqu'un d'autre. Je vous affirme que vous ne dites pas la
23 vérité à propos de tout cela. Voilà ce que j'avance. Si vous aviez eu une
24 conversation de ce type avec cette personne, vous auriez voulu avoir
25 beaucoup plus d'informations et de détails sur les circonstances de
26 l'événement que cet homme était en train de vous décrire.
27 R. Cette conversation a eu lieu. Pourquoi est-ce que j'inventerais tout
28 cela ? Mais je savais aussi qu'ils n'étaient plus chez eux deux semaines
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1 plus tard, et je savais qu'il n'y avait plus de Serbes, que tous les Serbes
2 avaient été tués. Je savais qu'il n'y avait plus que des Albanais là-bas,
3 des Siptar. Je savais que le QG était à Glodjane. Je savais que le
4 commandant là-bas c'était Ramush Haradinaj. Je savais tout. Alors pourquoi
5 est-ce que j'allais commencer à poser des questions auprès de tout le
6 monde ?
7 La seule fois que j'ai pu y aller, c'était en septembre quand tout
8 était terminé et que je savais pour de bon que mes parents étaient morts.
9 C'est vrai, j'ai dit la vérité. C'est vous qui êtes en train de faire des
10 conjectures.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Emmerson, vous nous avez dit
12 que vous n'aviez plus qu'un seul point à aborder. Vous avez dit cela il y a
13 15 minutes.
14 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, c'est de cela que je parle d'ailleurs.
15 Je suis en train de l'aborder.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez déjà eu 75 minutes. Avez-vous
17 besoin encore de temps ?
18 M. EMMERSON : [interprétation] Encore dix minutes.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Sept minutes et nous avons la pause.
20 M. EMMERSON : [interprétation] Très bien.
21 Q. Cet emplacement où Madjun vous a dit que selon lui tout ceci était
22 arrivé, c'était sur un pont au-dessus de la rivière Ratiska, n'est-ce pas ?
23 R. Oui.
24 Q. Dans quelle direction sont-ils allés ensuite ?
25 R. Cette route mène jusqu'à Rznic et Glodjane, et pas ailleurs.
26 Q. Oui, je vois. Mais elle mène de Ratis jusqu'au pont vers Irzniq, et à
27 Irzniq, vous pouvez tourner à gauche vers Gllogjan, tout droit vers Prilep,
28 ou à droite vers Pozar, n'est-ce pas ?
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1 R. Oui, il y a un croisement, c'est vrai.
2 Q. Oui. Lorsque vous nous dites qu'ils ont été emmenés en direction de
3 Gllodjan --
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant de rentrer dans les détails ici,
5 Monsieur Vlahovic, vérifions les choses.
6 Est-il exact que le pont dont vous parlez est bien le pont près de
7 Rznic ? Parce qu'implicitement dans votre question, Maître Emmerson, vous
8 suggérez qu'ils sont partis vers l'ouest -- ou alors j'ai mal compris.
9 M. EMMERSON : [interprétation] Ce n'est pas une suggestion de ma part.
10 C'est une vraie question.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais tâchons de poser la question
12 autrement, de manière à ce que le témoin puisse dire s'ils sont allés en
13 direction du sud, de l'ouest ou de l'est, parce qu'il y a effectivement
14 plusieurs chemins qui mènent à Rome.
15 M. EMMERSON : [interprétation] Oui. J'essaie simplement d'aller le plus
16 vite possible --
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
18 M. EMMERSON : [interprétation] -- sans que l'on ait à consulter la carte.
19 Q. Monsieur Vlahovic, ce pont se trouve sur la route qui va de Gornji
20 Ratishe à Irzniq, n'est-ce pas ?
21 R. Oui.
22 Q. Vous a-t-il dit qu'ils allaient vers l'est en direction de Gornji
23 Ratishe ou qu'ils allaient vers l'ouest en direction d'Irzniq ? L'a-t-il
24 dit d'une manière ou d'une autre ?
25 R. Vers Rznic, ils allaient vers Rznic.
26 Q. Il vous l'a dit sans préciser par ailleurs s'ils étaient à pied ou en
27 voiture ?
28 R. Il ne l'a pas dit. Il m'a juste dit qu'ils avaient été emmenés en
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1 direction de Rznic. Est-ce qu'ils étaient en voiture… ?
2 Q. Une fois à Rznic, ils auraient pu continuer tout droit vers Prilep et
3 aller à gauche vers Gllogjan, ou aller à droite vers Pozar et Kordolija,
4 n'est-ce pas ?
5 R. Ils auraient pu s'ils avaient été libérés. Et s'ils avaient été vers
6 Prilep, ils seraient encore en vie, donc la seule direction qu'ils ont pu
7 suivre c'était Glodjane.
8 Q. C'est une déduction que vous avez faite, Monsieur Vlahovic. Madjun ne
9 vous a pas dit, n'est-ce pas, qu'il avait entendu ces hommes dire qu'ils
10 allaient à Gllogjan ?
11 R. Je ne lui ai pas posé cette question, mais s'ils étaient allés vers
12 Prilep, ils s'en seraient sortis, ils seraient encore en vie. Où d'autre
13 auraient-ils pu aller ?
14 Q. Je vous prie de ne pas vous perdre en spéculation. Cet homme ne vous a
15 pas dit qu'il avait entendu qui que ce soit parmi ces hommes dire qu'ils
16 allaient vers Gllogjan, n'est-ce pas ?
17 R. Non. Mais le lieu où ma mère a été retrouvée confirme tout cela. Elle a
18 été retrouvée dans le canal.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Vlahovic, la chose est assez
20 simple. Ce que Me Emmerson demande, c'est si vous avez déduit qu'il
21 n'aurait -- vous ne m'entendez pas ? Y a-t-il un problème de traduction ?
22 Je recommence.
23 Me Emmerson essaie de savoir si c'est parce que vous pensez qu'ils
24 n'auraient pas pu aller ailleurs, sur la base de ce que vous avez appris
25 ensuite, que Gllogjan, ou si dans votre conversation on vous a dit que
26 quelqu'un, au cours de cet incident, avait dit à Madjun qu'ils allaient
27 vers Gllodjan. Est-ce que cela a été dit véritablement ou est-ce que c'est
28 une conclusion à laquelle vous êtes arrivé vous-même ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Lorsque vous dites oui, vous dites que
3 c'est parce que vous êtes arrivé à cette conclusion vous-même, parce que
4 vous n'envisagiez pas qu'autre chose ait pu se produire ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est cela. Je n'ai pas pu envisager
6 qu'autres choses se soient produites que cela.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais on ne vous a pas dit que c'est
8 quelque chose qui a été dit expressément par quelqu'un ?
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
11 M. EMMERSON : [interprétation]
12 Q. Enfin, si vous me le permettez, vous avez dit que votre mère avait été
13 retrouvée dans le canal. J'aimerais que vous confirmiez pour moi, la chose
14 suivante : vous nous avez dit qu'avec votre frère, vous étiez allés à
15 l'hôtel Pastrik et que vous aviez identifié certains vêtements dont vous
16 pensiez qu'ils appartenaient à votre père. Suite à cette identification,
17 des restes humains ont été remis à votre famille et vous les avez enterrés
18 pensant qu'il s'agissait là votre père, n'est-ce pas ?
19 R. Oui.
20 Q. Avez-vous fait de votre mieux pour identifier en toute honnêteté les
21 vêtements qui vous ont été montrés ?
22 R. Oui, bien sûr, mais il y a eu beaucoup de temps qui s'est écoulé entre
23 avril et septembre. Après tout, comment savoir ce qu'il portait ce jour-
24 là ? Ce n'est pas comme si nous les avions quittés la veille.
25 Q. Je ne critique absolument pas quoi que ce soit que vous ayez fait,
26 c'est tout à fait compréhensible. Mais le fait est que vous et vos frères
27 avez fait de votre mieux, n'est-ce pas, et avez en toute honnêteté
28 identifié un ensemble de vêtements dont vous pensiez qu'ils appartenaient à
Page 1707
1 votre père, et par la suite, après exhumation, et examen et analyse ADN, il
2 s'était avéré qu'en réalité ce n'était pas votre père, n'est-ce pas ?
3 R. Oui.
4 Q. Merci.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Maître Emmerson. J'aimerais tirer
6 un point au clair, pas auprès du témoin, mais auprès des parties. Avant la
7 pause, j'aimerais savoir de combien de temps Me Guy-Smith et Me Harvey
8 auront besoin ?
9 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je vais voir pendant la pause, mais quoi
10 qu'il en soit, si je pose des questions, elles ne dureront pas plus de 10
11 minutes.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Harvey.
13 M. HARVEY : [interprétation] Cette conversation aura lieu avec moi pendant
14 la pause, en partie, et à la suite de cette conversation, je suis sûr de
15 pouvoir décider de limiter mes questions à cinq minutes.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
17 Monsieur Vlahovic, il se peut que d'autres questions vous soient posées par
18 les autres conseils de la Défense. Nous allons donc faire la pause et nous
19 reprendrons à, en tout cas pour vous, je vous informe de cela.
20 Madame l'Huissière, nous n'y sommes pas encore. Nous reprendrons à
21 environ 16 heures 20. J'ai une autre question à poser à Me Emmerson.
22 Toutefois, le témoin peut quitter le prétoire. Madame l'Huissière, vous
23 pouvez ramener le témoin.
24 [Le témoin quitte la barre]
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Voici la précision que je demande : y a-
26 t-il un accord entre les parties sur cet événement. Si tel n'est pas le
27 cas, bien sûr, nous devrons procéder autrement. Vos questions,
28 implicitement, donnaient à penser que le témoin avait reconnu les vêtements
Page 1708
1 de son père. En fait, il se trouve que cette identification était erronée.
2 L'analyse ADN ultérieure a montré que le corps qui avait été remis à la
3 famille n'était pas le corps du père.
4 M. EMMERSON : [interprétation] C'est exact.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce que je ne comprends pas très bien,
6 c'est la chose suivante. Les vêtements étaient-ils sur le corps de l'homme
7 lorsqu'ils l'ont reconnu ou pas ?
8 M. EMMERSON : [interprétation] Non. Voici comment l'identification a été
9 réalisée, et ce, parce que le corps était partiellement en décomposition.
10 Il semble que les vêtements aient été retirés et il me semble même nettoyés
11 et ont été placés sur des tables et les familles ont été invitées à
12 examiner les vêtements et c'est ainsi que l'identification a eu lieu.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vois.
14 M. EMMERSON : [interprétation] Je l'ai mentionné dans certains documents à
15 un certain stade au cours de la phase préparatoire du procès.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
17 M. EMMERSON : [interprétation] Ensuite, s'agissant des identifications
18 positives de vêtements qui ont eu lieu par rapport aux restes qui ont été
19 retrouvés dans le canal, pour la moitié d'entre elles, elles se sont
20 avérées erronées.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. J'ai bien compris. Monsieur
22 Dutertre, si vous n'êtes pas d'accord, j'aimerais que vous me le disiez. Si
23 nous parlons d'erreur d'identification - corrigez-moi si j'ai tort - il y a
24 deux possibilités : que vous identifiez les bons vêtements, mais que l'on
25 vous donne le mauvais corps, si je puis dire; ou que vous faites une erreur
26 au moment de l'identification des vêtements. Mais nous n'avons pas encore
27 d'informations sur ce point-là.
28 M. EMMERSON : [interprétation] En l'occurrence, il n'y a pas eu de corps du
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1 père, si vous voulez. Les vêtements qui ont été identifiés n'ont pas été
2 pris d'un corps qui aurait pu être celui du père. En d'autres termes, tous
3 les corps qui ont été exhumés et qui ont fait l'objet d'une analyse d'ADN,
4 aucun n'est le corps du père. Le père n'a pas été retrouvé, si vous voulez.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais le corps n'a-t-il pas été
6 remis à la famille ?
7 M. EMMERSON : [interprétation] Ce n'était pas le bon, c'était le corps de
8 quelqu'un d'autre.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je comprends. Mais peut-être qu'il
10 faudra que j'en apprenne davantage.
11 Monsieur Dutertre, voulez-vous peut-être ajouter quoi que ce soit.
12 J'essaie simplement de comprendre sur quoi porte cette partie du
13 témoignage.
14 M. DUTERTRE : Cette question sera évoquée en détail avec des supports
15 vidéos qui vous permettront de former votre jugement. Ce qui est certain,
16 c'est qu'il peut y avoir des prélèvements effectués sur des corps qui sont
17 aujourd'hui encore non identifiés et qui, pour des raisons diverses, n'ont
18 pas pu être mis en concordance avec des profils sanguins. On a toujours des
19 corps non identifiés.
20 Au-delà de cela, des restes appartenant à la mère du témoin ont bien été
21 identifiés par génétique. C'est quelque chose sur lequel, j'imagine, on
22 s'entend avec la Défense.
23 M. EMMERSON : [interprétation] C'est exact.
24 Pour être tout à fait clair, Monsieur le Président, lorsque la famille est
25 allée à l'hôtel, ils n'ont pas retrouvé de vêtements correspondant à ceux
26 de la mère. Donc, la mère n'a pas été identifiée. Ils ont trouvé des
27 vêtements dont ils pensaient qu'ils appartenaient au père, et sur la base
28 de ce vêtement, et sur la base de comparaison entre un certain nombre de
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1 données post mortem, un ensemble de restes a été remis à la famille, qui à
2 l'époque ont été -- dont on pensait que c'était les restes du père, mais
3 rien s'agissant de la mère.
4 Par la suite, il s'est avéré que ces restes humains avaient été
5 exhumés pour identification, y compris des restes non-identifiés auxquels a
6 fait référence M. Dutertre, qu'il y a eu analyse ADN réalisée au sein de la
7 famille, et on s'est rendu compte que le corps qui avait été remis à la
8 famille, et dont on avait dit que c'était celui du père, était en fait le
9 corps d'un homme appelé Istref Krasniqi, et que l'un des autres restes non-
10 identifiés était en réalité la mère. Mais pour ce qui est du corps du père,
11 il n'a pas été retrouvé.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci de cette précision. Ceci va
13 nous aider à suivre le témoignage. Je crois qu'il y a accord sur certains
14 points.
15 M. DUTERTRE : [chevauchement] -- je serai court. Je vous le promets.
16 Les éléments, les restes humains de la mère, qui ont été identifiés,
17 appartenaient à des os des jambes, et il n'y avait pas d'autres vêtements
18 effectivement disponibles, ce qui comme quoi a expliqué qu'il n'y a pas eu
19 d'identification par des vêtements pour la mère. Je vous remercie.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui. Je comprends. Peut-être
21 que ce qui a semé la confusion plus tôt dans mon esprit, c'est qu'il a été
22 question d'une "identification classique," dite classique ou
23 traditionnelle, disons, et maintenant je comprends de mieux en mieux. En
24 fait, il ne s'agit pas d'une identification dite classique, parce qu'en
25 général il y à la fois les vêtements et le corps.
26 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, oui. Tout à fait, effectivement.
27 Lorsque vous tombez sur ce terme identification disons dite classique ou
28 traditionnelle, vous devez comprendre "identification des vêtements avec
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1 comparaison de certaines données ante mortem et post mortem." Je comprends.
2 M. DUTERTRE : Je dois dire sur ce point, mais c'est des compléments.
3 On reviendra sur ce point-là, mais les conditions dans lesquelles toutes
4 ces opérations se sont placées étaient un peu difficiles sur le plan
5 matériel, ce qui explique le fait que les vêtements étaient pour partie
6 séparés des corps.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je crois que les parties sont
8 d'accords pour la plupart de ces éléments. C'est vrai que la Chambre aurait
9 préféré le voir écrit de manière à ne pas avoir à se livrer à des
10 spéculations.
11 M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi, vous trouverez un résumé de
12 tout ceci dans le mémoire préalable au procès de la Défense. Tout ceci y
13 figure.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] On y voit que vous êtes d'accord ?
15 M. EMMERSON : [interprétation] Oui. En fait, oui, il reflète notre accord
16 sur un certain nombre de points, et je crois que dans les notes de bas de
17 page ceci est dit de manière assez claire.
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Peut-être que je ne les ai pas lus de
19 manière suffisamment minutieuse.
20 Nous reprendrons l'audience à 4 heures 25.
21 --- L'audience est suspendue à 16 heures 01.
22 --- L'audience est reprise à 16 heures 32.
23 [Le témoin vient à la barre]
24 LE TÉMOIN: MILOICA VLAHOVIC [Reprise]
25 [Le témoin répond par l'interprète]
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Vlahovic, on nous a informé
27 qu'il n'y avait plus de questions de la part du conseil de la Défense.
28 Monsieur Dutertre, avant que la Chambre se demande si elle a des questions
Page 1712
1 à poser au témoin, avez-vous des questions supplémentaires à poser à ce
2 témoin ?
3 M. DUTERTRE : Effectivement, j'ai quelques questions à poser à nouveau au
4 témoin.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais, allez-y.
6 Nouvel interrogatoire par M. Dutertre :
7 Q. Monsieur Vlahovic, j'ai une série de questions à vous poser concernant
8 tout d'abord les tensions qui existaient entre la population albanaise et
9 la population serbe dans la région où vous habitiez durant les années
10 précédant le conflit. M. Emmerson vous a demandé s'il y avait des problèmes
11 particuliers avec certaines familles albanaises. Cela figure page 70 du
12 transcript d'hier. M. Emmerson vous a également demandé s'il y avait des
13 litiges en matière de propriété entre certaines familles serbes et
14 certaines familles albanaises. Page 71 du transcript d'hier.
15 Lorsque je vous ai interrogé mardi soir, vous avez indiqué que les Serbes
16 avaient quitté la région, et vous avez donné des chiffres sur le nombre
17 d'élèves serbes dans le village de Ratis, comme indicateur de cette baisse
18 de la population serbe. Il y avait une vingtaine d'élèves en 1974; et en
19 1980 il y avait deux élèves serbes quand votre frère a fini sa scolarité.
20 Ma question est la suivante : quel est le poids, selon vous, qu'il faut
21 accorder aux conflits de propriété entre certaines familles serbes et
22 certaines familles albanaises dans la baisse de la population serbe de la
23 région de votre village ?
24 R. Je ne pense pas que tout ceci était aussi important, que le poids était
25 important. C'est vrai qu'il y a eu des disputes entre les familles. Peut-
26 être que les Serbes ont essayé de vendre des terres dans les années 1980,
27 dans les années 1990 et qu'ils n'y sont pas parvenus. Mais à part cela, il
28 n'y avait pas d'autres litiges. En fait, tout ce qui est arrivé avait à
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1 voir avec les attaques lancées par les Albanais contre les Serbes, et toute
2 l'intimidation et tous les préjudices subis par les Serbes. C'est ce dont
3 j'ai parlé hier.
4 Q. Je passe à un deuxième point; sur la fréquentation des écoles. Hier, Me
5 Emmerson vous a longuement interrogé sur le système scolaire au cours des
6 années 1990. Pages 72 et 73 du transcript d'hier. En réponse à une question
7 qui avait été posée, vous avez indiqué qu'il y avait des écoles où il n'y
8 avait que des Albanais. Vous avez indiqué que les Rom étaient scolarisés
9 avec les Serbes. Est-ce que c'était la représentation que vous aviez
10 effectivement en 1998, que les Rom étaient scolarisés avec les Serbes ?
11 Est-ce que c'était bien la situation en 1998 également ?
12 R. Les Rom allaient plus dans les écoles albanaises que dans les écoles
13 serbes, et les Siptar, évidemment, allaient dans des écoles siptar pour
14 qu'ils puissent suivre l'enseignement dans leur langue, le siptar. Ce que
15 je n'ai pas dit hier, c'est que parfois les Serbes suivaient leur
16 enseignement, leur cours en albanais à Decani, par exemple. A Glamoc, par
17 exemple, dans l'école il y avait deux personnes appelées Lakicevic qui
18 avaient suivi leur cours en albanais, même s'ils étaient Serbes d'origine.
19 Mais je n'ai pas en tête le moindre cas d'un Albanais ou d'un Siptar qui
20 ait suivi ces cours en serbe. Pas un seul cas ne me vient à l'esprit.
21 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Vous pouvez nous expliquer la
22 différence entre un Albanais et un Siptar en une seule phrase, s'il vous
23 plaît. Pourriez-vous nous expliquer comment vous employez ces termes-là ?
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Au Kosovo, les Albanais c'étaient ceux qui
25 vivaient en albanais, et les Siptar sont ceux qui vivaient au Kosovo. C'est
26 la seule distinction.
27 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci.
28 M. DUTERTRE :
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1 Q. Monsieur Vlahovic, j'en reviens sur les actions armées au début de
2 l'année 1998, vous avez indiqué que le 19 avril 1998, votre père avait vu
3 des hommes tirer des coups de feu en l'air près de votre maison. C'est ce
4 que votre père vous a raconté le 20. On trouve cette indication, page 57 du
5 transcript. Me Emmerson vous a demandé si avant le 20 avril vous aviez déjà
6 vu des groupes d'Albanais armés sur les routes dans les villages autour de
7 votre domicile à Donji Ratis - page 57 du transcript d'hier - et vous avez
8 dit non. Me Emmerson vous a ensuite demandé si les bruits de coups de feu
9 que vous entendiez de façon régulière depuis le début du mois d'avril - je
10 présume qu'il faisait référence aux bruits de tir provenant de Glodjane -
11 étaient les seuls signes de ce type d'activités et vous avez répondu oui ?
12 J'aimerais une clarification sur ce point. Lorsque je vous ai interrogé
13 mardi, vous avez relaté un certain nombre d'incidents; l'incident
14 concernant les frères Stojanovic, Dragoslav et Mijat; l'exécution de
15 Slobodan Prascevic, policier à la retraite qui conduisait sa voiture début
16 mars; l'incident concernant le couple Culafic en fin février, début mars
17 1998, dont la maison a été attaquée aux lance-roquettes; l'attaque à arme
18 automatique avec tirs venant de différentes directions sur les trois
19 maisons Babovic, fin février, début mars 1998; le bombardement de l'église
20 orthodoxe de Donji Ratis. Tout cela se situe sur le transcript du 20 mars
21 1997.
22 Ma question est la suivante : comment interprétez-vous cette émergence
23 avant le 20 avril 1998, date de violences répétées contre des Serbes ou des
24 biens appartenant à des Serbes au moyen souvent d'armes militaires ?
25 R. Oui, c'est vrai qu'on pourrait effectivement dire --
26 M. EMMERSON : [interprétation] J'hésite à me lever parce que je vois bien
27 comment en est arrivé M. Dutertre à ces questions qu'il souhaite poser.
28 Toutefois, le témoin a déposé sur chacun de ces incidents, mais il n'y ait
Page 1716
1 pas été présent au moment où ces incidents se sont produits, et il n'est
2 pas question de savoir qui ont été les auteurs. Ceci ne figure pas dans la
3 déposition du témoin. Donc, sur la base de ces éléments que je viens
4 d'évoquer, à part peut-être l'incident impliquant Stojanovic, nous avons
5 entendu effectivement des éléments de preuve directs, à savoir qu'il n'y
6 avait pas d'éléments s'agissant de déterminer qui en étaient les auteurs,
7 donc sur la base de tous ces éléments que je viens de dire, demander à un
8 témoin d'exprimer une opinion sur les personnes responsables de ces
9 activités ou la raison d'être de ces activités n'est pas une question
10 appropriée à poser au témoin.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui. Monsieur Dutertre, ce n'est
12 pas la première question au travers de laquelle vous essayez d'obtenir une
13 opinion de ce témoin qui n'est pas expert, bien sûr. Bien sûr, Monsieur
14 Emmerson, je comprends qu'il reste des zones d'ombre. Toutefois, si ce
15 témoin avait une explication qui pourrait être donnée par une personne qui
16 n'est pas un expert, la Chambre aimerait néanmoins la connaître.
17 Cela étant, Monsieur Dutertre, pourriez-vous répéter votre question
18 et peut-être éviter, "comment interprétez-vous l'émergence de…" Peut-être
19 que vous pourriez demander au témoin s'il n'a jamais entendu des
20 explications, s'il n'a jamais entendu des explications de cette émergence,
21 parce que le témoin n'est pas un expert. Donc, je ne vais pas vous
22 interdire de soulever la question. Je ne suis pas très stricte s'agissant
23 des explications, mais, s'il vous plaît, j'aimerais que vous fassiez en
24 sorte que le témoin soit le plus près possible des faits.
25 M. DUTERTRE : [chevauchement] -- pour créer un piège, mais j'essayais
26 en tant que "civil lawyer" de trouver quelque chose qui ne soit pas
27 directif, "not leading". Je reformule ma question.
28 Q. Comment expliquez-vous, Monsieur Vlahovic, cette série de faits
Page 1717
1 de violences répétées contre des Serbes avec l'emploi d'armes militaires ?
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est moi qui vais poser la
3 question au témoin.
4 Monsieur Vlahovic, êtes-vous au courant de quelque donnée que ce soit
5 qui pourrait aider à mieux comprendre le développement de la situation à
6 l'époque pour ce qui est de la violence ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Le plus probablement, on intimidait les Serbes
8 afin qu'ils partent et afin qu'ils ne restent plus au Kosovo et pour créer
9 une partie, au moins là je parle de la région dont je venais, mon village,
10 une partie du Kosovo qui allait être ethniquement pure.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'est pas vraiment une réponse à ma
12 question.
13 Monsieur Dutertre, c'est le risque que nous avons lorsque l'on demande des
14 explications et des interprétations de certains événements. Vous pouvez
15 poursuivre.
16 M. DUTERTRE : Je vous remercie, Monsieur le Président.
17 Q. J'en reviens au traitement plus particulier de certaines personnes
18 serbes, que vous avez mentionnées, par des Albanais que vous avez également
19 mentionnés. Me Emmerson vous a interrogé hier sur le sort de la famille
20 Markovic et de Konstantin Stijovic. Vous avez indiqué que la famille
21 Markovic avait été escortée en dehors de la région par Djevdet Sadikaj.
22 Vous avez mentionné que Djevdet Sadikaj avait utilisé une route secondaire
23 et qu'il avait peur d'utiliser la route principale. Page 58 du transcript
24 d'hier. Vous avez également mentionné que Konstantin Stijovic vous avait
25 confié avoir été libéré grâce à l'intervention du père de Ramush Haradinaj,
26 Hilmi Haradinaj. Page 81 du transcript d'hier.
27 Ma question est la suivante : compte tenu de votre connaissance de ce qui
28 se passait dans la région, est-ce que l'aide reçue par la famille Markovic
Page 1718
1 et la libération de Konstantin Stijovic étaient quelque chose de fréquent ?
2 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Vous voulez dire l'aide donnée à la
3 famille Markovic ou par la famille Markovic ?
4 M. DUTERTRE : La famille Markovic, donnée à la famille Markovic et la
5 libération de Konstantin Stijovic.
6 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas. Les Albanais aidaient souvent,
8 ou plutôt les voisins. Je ne m'attendais jamais à ce qu'ils ne veuillent
9 pas aider.
10 M. DUTERTRE :
11 Q. Pourquoi Djevdet Salikaj, escortant la famille Markovic, était-il si
12 effrayé de prendre une route principale ?
13 R. Je suppose, pas que je suppose, mais certainement parce que des
14 personnes armées attendaient. Il n'y a pas d'autre explication. Il avait
15 deux routes plus brèves de Rznic via Prilep ou via Pozar pour arriver
16 jusqu'à Decani. Ce sont les routes bien plus courtes. Alors qu'ils
17 prenaient la route deux fois longue, il arrivait dans la municipalité de
18 Pec. C'était en raison des gens armés qui ne permettaient pas aux Serbes de
19 quitter cette région.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Dutertre, il nous faut une base
21 dans les données.
22 M. DUTERTRE :
23 Q. Monsieur Vlahovic, est-ce que c'est une impression ou est-ce que c'est
24 quelque chose que vous saviez vous-même ?
25 R. Je le savais personnellement. Avant cela aussi il y avait des rumeurs
26 qui circulaient, puis ce qui était arrivé aux Stojanovic. Avant cela ils
27 arrêtaient les gens, ils les contrôlaient. Parfois ils laissaient passer
28 des gens et parfois ils ne le permettaient pas.
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La question est vague encore une fois,
2 car on a demandé au témoin pourquoi cette personne avait pris une certaine
3 route. Ensuite, le témoin a donné une explication des raisons, ensuite j'ai
4 demandé une base factuelle de cette question, et vous lui avez demandé si
5 c'était une impression ou s'il le savait personnellement. Nous avons deux
6 questions séparées : s'il savait, s'il était au courant des circonstances
7 qui ont peut-être inspiré la décision de prendre une certaine route;
8 deuxièmement, la question de savoir si ce témoin a appris, et de qui il
9 l'avait appris, que c'était la raison. Je vais essayer de clarifier cela
10 avec le témoin.
11 Lorsque vous avez dit que vous le saviez, Monsieur Vlahovic, est-ce
12 que vous faisiez référence aux circonstances qui, à votre avis, auraient
13 amené cette personne à prendre cette route ou est-ce que vous parlez de vos
14 connaissances, du fait que vous saviez que ces personnes-là ont pris cette
15 route pour ces raisons-là ? Est-ce qu'ils vous l'ont dit ? Peut-être ma
16 question n'est pas claire.
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Si.
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que qui que ce soit vous a dit
19 que c'était cela la raison qu'ils avaient pris cette route pour cette
20 raison-là, et sinon, quelle est la source de vos connaissances du fait que
21 c'était effectivement cela la raison ?
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Milojka m'a dit à l'époque qu'ils
23 n'osaient pas partir via Ljumbarda ou Rznic, et que peut-être ils allaient
24 être tués, et c'est pour cela qu'il est allé via Berane jusqu'à Rausic.
25 M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi. J'évite d'interrompre, comme
26 vous le savez, Monsieur le Président. Si
27 M. Dutertre va poser d'autres questions à ce sujet, il faut qu'il le fasse
28 dans le cadre de la déposition du témoin faite jusqu'à maintenant, c'est-à-
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1 dire que Djevdet Sadikaj, celui qui avait mené cette opération, était lui
2 le leader de l'UCK à Dashinoc.
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Dutertre, jusqu'à maintenant
4 nous avons établi seulement les raisons évoquées par Milojka, la raison
5 pour laquelle ils ont pris cette route. Mais si vous voulez approfondir les
6 questions sur ce sujet, je pense qu'il faut poser cette question.
7 M. DUTERTRE : [chevauchement] -- dans les débats, le rôle tenu par Djevdet
8 Sadikaj, cela a été mentionné par Me Emmerson hier, si j'ai bonne mémoire.
9 Par ailleurs, je n'avais pas d'autres questions ultérieures, mis à part
10 cette question-là.
11 M. EMMERSON : [interprétation] Ce n'est pas moi qui ai mentionné cela, mais
12 ce témoin l'a mentionné. Je lui ai soumis cela à la base de sa déclaration.
13 Il a été d'accord.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] M. Dutertre n'a pas d'autres questions
15 et nous allons nous en arrêter là pour le moment.
16 [La Chambre de première instance se concerte]
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que les questions supplémentaires
18 vous amènent à poser d'autres questions ? Je m'adresse à la Défense. Dans
19 ce cas-là, on va voir si les Juges ont des questions.
20 Tout d'abord, Monsieur le Témoin, le Juge Hoepfel a quelques questions pour
21 vous, Monsieur Vlahovic.
22 Questions de la Cour :
23 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Oui, Monsieur le Témoin, je souhaite
24 que l'on reparle de la question de votre pistolet.
25 Me Emmerson vous a posé des questions à ce sujet. Je souhaite savoir si
26 vous l'avez acheté ou sinon, de quelle manière l'avez-vous obtenu et quand,
27 en quelle année ?
28 R. La procédure était que l'on soumettait une demande du permis de port
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1 d'armes auprès du SUP, et après, soit le permis était accordé, soit non. Je
2 l'ai eu en 1988, et après j'ai acheté cette arme avec mon propre argent.
3 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci. Est-ce que vous avez porté
4 cette arme après la dernière fois que vous avez vu vos parents avec vous ?
5 R. Parfois oui et parfois non. Donc parfois oui, parfois non.
6 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] A ce moment-là, au moment dont il a
7 été question lors du contre-interrogatoire, lorsque vous êtes allé --
8 lorsque vous avez vu votre vieille voiture, est-ce que vous aviez votre
9 pistolet sur vous ? Est-ce que vous vous en souvenez ?
10 R. Je pense que je ne l'avais pas. Je n'en suis pas sûr.
11 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] La voiture, c'est une question
12 spécifique, est-ce que ceci a joué un rôle supplémentaire ? Est-ce que vous
13 l'avez revue depuis ?
14 R. Non, je ne l'ai plus revue.
15 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai une question pour vous. Vous avez
17 dit au cours de votre déposition hier, vous avez parlé des événements qui
18 se sont déroulés les 21 et 22 avril. Vous avez dit que vous aviez rencontré
19 un ami. Vous êtes allé à Pec, de Djakovica à Pec. Vous avez donné le nom
20 d'un ami, Duna Laka, et vous avez dit : "Je suis allé avec lui à Pec pour y
21 chercher un véhicule pour des raisons d'affaires." Ce n'était pas clair
22 "pour prendre un véhicule là-bas pour des raisons liées aux affaires."
23 Quelles affaires aviez-vous à Pec, vous concernant ou le concernant ?
24 R. Oui, bien sûr, cet ami et moi-même avons pris une Mercedes 124 à
25 Djakovica et nous allions l'amener à Pec.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour quelles raisons ?
27 R. Parce que le propriétaire était un homme de Pec.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et c'était quoi les affaires ? C'est la
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1 partie que je n'ai pas comprise.
2 R. C'était pour transporter le véhicule, car chez nous, la voiture doit
3 être transportée à l'endroit où se trouve le propriétaire. Ensuite, il faut
4 faire un contrat, puis organiser le transport.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Si je dois comprendre que
6 vous avez ensuite vendu cette voiture ?
7 R. Non. Je l'achetais. Et j'allais…
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Je comprends. Je n'ai plus de
9 questions.
10 Est-ce qu'il y a des questions qui découlent des questions des Juges ?
11 Monsieur Vlahovic, ainsi se termine votre déposition devant ce Tribunal. Je
12 souhaite vous remercier d'être venu à La Haye et d'avoir répondu aux
13 questions des deux parties et de la Chambre. Dans des circonstances
14 normales, je ne vous aurais pas dit de ne pas parler avec qui que ce soit
15 au sujet de votre déposition. Ce n'est pas habituel. Une fois la déposition
16 terminée, vous pouvez parler avec qui que ce soit. Mais compte tenu des
17 circonstances actuelles, je vais juste consulter mes collègues …
18 [La Chambre de première instance se concerte]
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Juste pour être sûr, il n'y a pas de
20 mesures de protection pour le témoin suivant, n'est-ce pas ? Non. Le témoin
21 suivant, comme vous le savez peut-être, est votre frère. Même si vous
22 pouvez parler de votre déposition, ne tentez pas votre frère qui, lui, n'a
23 pas le droit, une fois la déposition commencée, à en parler avec qui que ce
24 soit. Donc, ne commencez pas de conversation avec lui au sujet de votre
25 déposition pendant qu'il déposera. C'est peu habituel mais je pense qu'il
26 vaut mieux se retenir de discuter de cela en attendant votre voyage de
27 retour.
28 Je demanderais maintenant à Mme l'Huissière d'escorter le témoin en dehors
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1 du prétoire.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président de m'avoir
3 invité.
4 [Le témoin se retire]
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Dutertre, c'est vous ou M. Di
6 Fazio qui va interroger le témoin suivant ? C'est Monsieur Di Fazio.
7 Est-ce que nous avons marqué des documents aux fins d'identification. Est-
8 ce que vous pouvez les lire ? Et je pense que l'un d'eux sera sous pli
9 scellé.
10 M. EMMERSON : [interprétation] Non.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, l'un d'eux est sous pli
12 scellé ?
13 M. EMMERSON : [interprétation] J'essaie de me rappeler lequel pourrait être
14 sous pli scellé, tout d'abord.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donnez-moi le numéro, puis on verra.
16 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce à conviction
17 numéro 30.
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Dutertre, faut-il placer la
19 pièce P30 sous pli scellé ? D'après ce que j'ai compris, il s'agit d'un
20 rapport ADN.
21 M. DUTERTRE : Cela ne paraît pas utile, mais il me semble me souvenir. Je
22 me demande si une décision a été prise concernant les deux photos des
23 parents du précédent témoin qui ont reçues un numéro d'identification. Je
24 ne suis pas sûr qu'elles étaient mises comme pièces d'ores et déjà.
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Nous n'avons pas essayé d'établir
26 cela. Vous pouvez communiquer avec le greffe pour savoir s'il y a eu une
27 telle omission. Si oui, bien sûr, cela va être corrigé.
28 Maître Emmerson.
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1 M. EMMERSON : [interprétation] Monsieur le Président, au total, il y a huit
2 documents auxquels on a fait référence ou que j'ai utilisés pendant le
3 contre-interrogatoire. Tout d'abord, les documents 1 à 6, que j'ai remis
4 sous forme écrite à la Chambre. Je pense qu'ils n'ont pas été marqués aux
5 fins d'identification formellement. Donc, il faudrait le faire et je
6 souhaite les verser au dossier en tant que pièces à conviction.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, bien sûr. Il n'y a pas beaucoup de
8 questions qui ont été posées au témoin à ce sujet, car nous n'avions pas de
9 traduction, comme vous l'avez expliqué.
10 Je suggère, comme cela a été dit hier, que la Greffière les marque aux fins
11 d'identification, qu'elle fasse une liste de ces points en suspens.
12 M. EMMERSON : [interprétation] Très bien.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que c'est acceptable, Monsieur Di
14 Fazio ?
15 M. DI FAZIO : [interprétation] C'est tout à fait acceptable. Je souhaite
16 dire que nous avons un problème concernant ces documents en raison de leur
17 traduction; notamment 5 et 6. C'est pour cela que nous ne souhaitons pas
18 qu'ils soient versés au dossier.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
20 Maître Emmerson, vous savez qu'il vous reste encore du travail à faire.
21 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ces documents, qui doivent encore être
23 décrits, vont être marqués aux fins d'identification car ils ont été remis
24 à la Chambre, mais pour le moment, nous n'avons pas encore décidé de leur
25 admission.
26 M. EMMERSON : [interprétation] Une petite question de procédure, il y a
27 encore deux documents dont une seule feuille qui a été montrée sur le
28 rétroprojecteur.
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
2 M. EMMERSON : [interprétation] Et finalement --
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ose demander si vous avez voulu les
4 verser au dossier, vous avez dit que vous voulez qu'on les marque aux fins
5 d'identification.
6 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, je vais vous demander de les verser au
7 dossier.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En même temps, soyons pratiques. Nous
9 avons une liste de plusieurs noms. Vous avez lu tous ces noms au témoin et
10 aucun des noms --
11 M. EMMERSON : [interprétation] Oui.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- telle est la situation. Il n'est pas
13 nécessaire de lui attribuer une cote.
14 M. EMMERSON : [interprétation] Très bien. Et l'autre document, c'est le
15 rapport d'enquêteur portant sur l'entretien avec la famille Sadikaj.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
17 M. EMMERSON : [interprétation] C'était le document de la Défense identifié
18 comme numéro 48 et il doit être marqué aux fins d'identification. Nous
19 avons proposé le versement au dossier.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, nous allons traiter du rapport
21 d'abord. C'est une question supplémentaire, ce n'est pas un rapport total,
22 n'est-ce pas ?
23 M. EMMERSON : [interprétation] Oui. C'est un document expurgé qui a été
24 communiqué à la Défense.
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
26 M. DI FAZIO : [interprétation] Je n'ai pas d'objection.
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je comprends. Mais la Chambre
28 n'aime pas toujours traiter des documents expurgés car non pas seulement la
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1 Défense perd des informations concernant le contexte. Le contexte est peut-
2 être sans pertinence et si tout est communiqué, cela peut provoquer des
3 préjudices. En même temps, la seule partie qui jusqu'à maintenant a pu
4 vérifier cela, c'est l'Accusation. Et la Chambre d'habitude n'aime pas
5 dépendre de l'Accusation s'agissant de ce genre de questions.
6 M. DI FAZIO : [interprétation] Je ne pas si j'ai bien compris. Est-ce que
7 j'ai bien compris, Monsieur le Président, que vous dites que vous aimeriez
8 voir l'ensemble du document ?
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Au moins, vous devriez prendre cela
10 en considération, mais il faudrait savoir si la Défense ne s'y oppose pas.
11 M. EMMERSON : [interprétation] Je pense que vous anticipez bien la réponse
12 de la Défense.
13 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
14 M. EMMERSON : [interprétation] C'est-à-dire, mis à part autre chose, je ne
15 pourrais pas être en mesure d'avancer des arguments sur l'importance de ce
16 document. S'il faut l'examiner, bien sûr, la Défense devrait être en mesure
17 d'être informé du contenu.
18 Je souhaite dire aussi que la plupart des expurgations contenues dans
19 ce document ne concernent pas cet entretien. Il y a beaucoup d'autres
20 documents avant cet entretien où il y a beaucoup de pages totalement
21 noires, mais il y a une partie, environ deux, trois lignes qui ont été
22 expurgées en bas de la page 6 et au haut de la page 7, et après une grande
23 partie plus tard. Autrement dit, dans l'entretien, il y a eu deux parties
24 brèves qui ont été expurgé et peut-être une troisième qui concerne cela
25 aussi, ou peut-être autre chose. Mais s'agissant des grandes parties
26 expurgées à la page 1, 2, 3, 4 et 5, il est clair que ceci ne concerne pas
27 cet entretien.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Donc, vous acceptez cela.
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1 Peut-être, M. Di Fazio pourrait vous convaincre du fait que les autres
2 parties n'ont pas de pertinence. Peut-être vous pourriez résoudre cela, car
3 parfois la solution se trouve tout simplement dans le fait qu'on pourrait
4 vous montrer l'original sans expurgation et dire : vous voyez, ceci ne
5 concerne pas en attendant la solution définitive entre les parties. Dans ce
6 cas-là, la Chambre sera plus prête à l'accepter dans ce format.
7 M. EMMERSON : [interprétation] Nous allons en discuter de cela entre nous.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Quelle sera la cote ?
9 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Les deux documents ont déjà reçu leurs
10 cotes. Il s'agit de D14 et D15.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Dans ce cas-là, nous allons
12 attendre pour voir -- en même temps, j'hésite un peu car ce qui se passe
13 c'est que vous avez reçu un document expurgé. Vous ne vous plaignez pas de
14 cela, et c'est vous qui versez au dossier le document. Maintenant, la
15 Chambre de première instance y voit un problème. C'est un petit peu le
16 monde à l'envers. Toutefois, je pense que la Chambre peut accepter ce
17 document si la Défense en est satisfaite. Dans ce cas-là, nous aussi, nous
18 serons satisfaits.
19 M. EMMERSON : [interprétation] Je souhaite parler de cela avec M. Dutertre
20 et vous en informer.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.
22 M. EMMERSON : [interprétation] Merci.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Ensuite, les six documents, 1, 2,
24 3, 4, 5, 6, Madame la Greffière d'audience, qui ont été fournis à la
25 Chambre au début du contre-interrogatoire du dernier témoin, est-ce que
26 vous pourriez, s'il vous plaît, leur attribuer des cotes.
27 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les
28 Juges, le document 1 sera la pièce à conviction D16, marqué aux fins
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1 d'identification; le deuxième, le numéro 2 sera D17, marqué aux fins
2 d'identification; le numéro 3 aura la cote D18, marqué aux fins
3 d'identification; numéro 4, D19, marqué aux fins d'identification; 5, D20,
4 marqué aux fins d'identification; et le numéro 6 sera la pièce à conviction
5 numéro D21, marqué aux fins d'identification.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière. Aucun
7 d'entre eux n'est placé sous pli scellé, n'est-ce pas, Monsieur Emmerson ?
8 Non.
9 Dans ce cas-là, les autres, si vous avez d'autres questions à soulever
10 concernant les documents ? Sinon, Madame l'Huissière, est-ce que vous
11 pourriez faire venir le témoin suivant.
12 C'est M. Di Fazio qui va l'interroger ?
13 M. DI FAZIO : [interprétation] Pardon. Je n'ai pas compris que
14 c'était une question. C'est le frère, Goran Vlahovic.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je souhaitais tout simplement
16 éviter tout risque d'erreur, car nous trouvons beaucoup de noms de famille.
17 M. DI FAZIO : [interprétation] Au moins, je pense que c'est la
18 personne qui est en train de marcher dans le couloir. J'en suis assez
19 certainement.
20 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Vlahovic. Je pense que
22 vous vous appelez, en effet, Monsieur Vlahovic. Avant de témoigner devant
23 cette Chambre, vous devez faire une déclaration solennelle comme quoi vous
24 allez dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Le texte va
25 vous être donné par Mme l'Huissière. Vous avez à faire cette déclaration
26 solennelle.
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
28 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
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1 LE TÉMOIN: GORAN VLAHOVIC [Assermenté]
2 [Le témoin répond par l'interprète]
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur Vlahovic. Vous pouvez
4 vous asseoir.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous allez être interrogé tout d'abord
7 par M. Di Fazio, conseil de l'Accusation.
8 Monsieur Di Fazio, vous avez la parole.
9 Interrogatoire principal par M. Di Fazio :
10 Q. [interprétation] Monsieur Vlahovic, je m'appelle Di Fazio et nous ne
11 nous sommes jamais entretenus. Je suis l'un des Procureurs en l'espèce.
12 M. DI FAZIO : [interprétation] Pourrons-nous pousser le rétroprojecteur
13 afin que je puisse voir le témoin.
14 Q. Pourriez-vous tout d'abord nous donner le nom du village où vous êtes
15 né ?
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, étant donné que nous
17 la même famille ici, il faudrait peut-être aussi demander au témoin, avant
18 tout, surtout, le nom entier du témoin avec son prénom afin de savoir
19 exactement de qui il s'agit.
20 M. DI FAZIO : [interprétation] Tout à fait. Pas de problème.
21 Q. Pouvez-vous nous dire votre date de naissance.
22 R. Le 16 juin 1974.
23 Q. Votre nom complet, nom et prénom, s'il vous plaît.
24 R. Goran Vlahovic.
25 Q. Pourriez-vous nous dire où vous êtes né.
26 R. A Decani.
27 Q. Est-ce la municipalité de Decani ?
28 R. Oui.
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1 Q. Pouvez-vous nous dire exactement dans quel village de la municipalité
2 de Decani vous êtes né ?
3 R. A Ratis.
4 Q. Nous savons qu'en l'espèce il y a deux Ratis : Gornji Ratis et Donji
5 Ratis. Où êtes-vous né ?
6 R. Gornji Ratis.
7 Q. Si je vous demandais votre appartenance ethnique, pourriez-vous me
8 répondre ?
9 R. Je suis Serbe.
10 Q. Merci. Maintenant, nous allons revenir au début de 1998. A ce moment-
11 là, aviez-vous un métier, une profession; et si oui, pouvez-vous nous dire
12 ce que vous faisiez ?
13 R. Oui. J'étais chauffeur à Decani.
14 Q. Chauffeur de quoi ?
15 R. Je travaillais avec Autoprevoz, la ligne de transport entre Decani et
16 Pec.
17 Q. Pour être bien sûr, il s'agit d'une entreprise de transport routier,
18 d'autocar, n'est-ce pas ? Vous étiez chauffeur de bus; c'est bien cela ?
19 R. Oui, j'étais chauffeur de bus.
20 Q. Depuis combien de temps occupiez-vous ce poste au début de 1998 ?
21 R. J'ai commencé à travailler en 1996.
22 Q. Mais avant, que faisiez-vous ?
23 R. J'ai travaillé dans une scierie à Decani.
24 Q. Avez-vous fait votre service militaire quand vous étiez jeune ?
25 R. Oui.
26 Q. Où ?
27 R. A Pristina.
28 Q. Quelle a été la durée de votre service militaire?
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1 R. Douze mois.
2 Q. Vous êtes-vous spécialisé lors de votre formation militaire ?
3 R. Non.
4 Q. Avez-vous été formé en tant qu'officier de police ?
5 R. Non.
6 Q. En 1997 ou en 1998, faisiez-vous partie d'une "force de réserve,"
7 réserve de la police, par exemple, ou réserve de l'armée.
8 R. Non.
9 Q. Très bien. Cela suffit pour ce qui est de vos détails personnels.
10 L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète, modifiez "chauffeur de bus," et mettre
11 plutôt "contrôleur de bus."
12 M. DI FAZIO : [interprétation]
13 Q. Maintenant, nous allons voir un petit peu quelle est votre famille, en
14 commençant par vos parents. Pourriez-vous nous donner les noms de vos
15 parents, ensuite de vos frères et sœurs en commençant par le plus âgé et en
16 allant jusqu'au plus jeune. Donc commencez par votre père et votre mère,
17 ensuite on passera aux frères et sœurs.
18 R. Milovan Vlahovic, Milka Vlahovic --
19 Q. Il s'agit de vos parents ?
20 R. Oui.
21 Q. Maintenant passons aux frères et sœurs en commençant par le plus âgé en
22 allant jusqu'au plus jeune.
23 R. Nada Vlahovic.
24 Q. Vous pouvez poursuivre.
25 R. Novak Vlahovic.
26 Q. Allez-y. Donnez-nous les noms de tous vos frères et sœurs.
27 R. Miloica Vlahovic, Rade Vlahovic, Natalia Vlahovic.
28 Q. Merci. Au début 1998, pourriez-vous nous dire où habitaient vos
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1 parents ?
2 R. Dans les villages de Gornji Ratis.
3 Q. Quand je dis début 1998, je vous parle du premier trimestre, janvier,
4 février et mars. C'est pour que vous compreniez bien. Donc au premier
5 trimestre 1998, pourriez-vous nous dire où vous habitiez ?
6 R. J'habitais aussi à Ratis.
7 Q. Dans le même village à Gornji Ratis ou aux alentours ?
8 R. Oui, dans le même village, Gornji Ratis.
9 Q. Habitiez-vous dans la même maison, le même appartement, enfin le même
10 bâtiment que vos parents, ou est-ce que vous aviez une résidence séparée ?
11 R. J'habitais chez eux, dans la même maison.
12 Q. Comment faisiez-vous pour vous rendre à votre travail à ce moment-là ?
13 R. On y allait en voiture.
14 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, ne pas répondre trop rapidement. Il
15 faut vraiment qu'on ménage une pause entre les questions et les réponses
16 pour permettre l'interprétation.
17 Vous nous dites que : "On y allait en voiture." Qui était ce "on," qui
18 allait en voiture de Gornji Ratis jusqu'à son lieu de travail ?
19 R. C'était mon frère et moi.
20 Q. De quel frère parlez-vous ?
21 R. De Novak.
22 Q. Pouvez-vous nous dire quel était le type de la voiture ?
23 R. Une Mercedes.
24 Q. Pouvons-nous avoir le modèle de la Mercedes ?
25 R. Une 123.
26 Q. Est-ce que tous vos frères et sœurs avaient leurs propres voitures, ou
27 est-ce qu'il n'y avait qu'une seule voiture dans votre famille ?
28 R. On avait d'autres voitures.
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1 Q. D'autres Mercedes, ou est-ce qu'il n'y avait qu'une seule Mercedes au
2 sein de la famille ?
3 R. Il y avait un autre Mercedes.
4 Q. De quel modèle était l'autre Mercedes ?
5 R. 190.
6 Q. Au premier trimestre 1998, donc jusqu'en mars 1998, aviez-vous le
7 moindre problème pour vous rendre à votre travail depuis Gornji Ratis pour
8 faire des allers-retours ?
9 R. Non.
10 Q. Avez-vous connaissance ou avez-vous des informations à propos de
11 problèmes éventuels qu'auraient rencontré soit un de vos frères ou une de
12 vos soeurs ?
13 R. Non, pas que je sache.
14 Q. Merci. Maintenant, je veux poser quelques questions à propos des
15 personnes qui habitaient à Gornji Ratis. Y avait-il des familles serbes qui
16 résidaient à Gornji Ratis ?
17 R. Oui. Il y avait quatre familles.
18 Q. Qu'en est-il du reste du village ? Quelle était leur appartenance
19 ethnique ?
20 R. Des Albanais et des Catholiques.
21 Q. Merci. Quand vous dites "Catholiques," est-ce que cela signifie des
22 Catholiques albanais ou un autre groupe ethnique qui aurait été aussi
23 catholique ?
24 R. Des Albanais.
25 Q. Enfin, vous dites qu'il y avait quatre familles serbes qui habitaient
26 dans Gornji Ratis. Alors quand vous dites "familles," pouvez-vous nous dire
27 combien de familles albanaises habitaient dans le village ?
28 R. Je ne peux pas vous répondre exactement.
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1 Q. Je ne vous demande pas un chiffre exact, mais je voudrais juste avoir
2 un ordre d'idée, si les quatre familles étaient une majorité ou une
3 minorité ? Je voudrais juste avoir un ordre d'idée.
4 R. Les quatre c'était une minorité.
5 Q. Les Serbes étaient en minorité; c'est bien ce que vous voulez dire ?
6 R. Oui.
7 Q. Merci. Je vous ai posé des questions à propos du début de l'année 1998.
8 Je vous ai demandé si les membres de votre famille ou vous-même aviez eu le
9 moindre problème pour vous rendre à votre travail, pour faire des allers-
10 retours depuis là où vous habitiez. Vous m'avez dit "non."
11 R. Non, absolument pas.
12 Q. Attendez la fin de ma question. Parce que je ne parle pas très vite. Il
13 faut attendre la fin de ma question pour répondre.
14 Qu'en est-il du mois d'avril ? Les allers-retours depuis Gornji Ratis
15 jusqu'à la ville étaient-ils toujours aussi tranquilles ?
16 R. Oui, jusqu'au 20 avril, à peu près.
17 Q. Nous allons arriver au 20 avril. Jusqu'au 20 avril, jusqu'à ce moment-
18 là, vous n'aviez pas de problème, vous n'aviez aucun problème à effectuer
19 les allers-retours depuis Gornji Ratis jusqu'aux villes plus importantes
20 des environs Pec ou Decani, n'est-ce pas ?
21 R. Non, il n'y avait aucun problème.
22 Q. Très bien. Maintenant, nous allons nous pencher sur la période
23 entourant le 20 avril.
24 Tout d'abord, est-ce que vous habitiez encore à Gornji Ratis avec vos
25 parents le 20 avril, aux environs du 20 avril ?
26 R. Oui, jusqu'au 21 avril.
27 Q. Le 21 avril, êtes-vous allé travailler ou êtes-vous resté à Gornji
28 Ratis. Pouvez-vous nous dire ce que vous avez fait ce jour-là ?
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1 R. Je suis allé travailler.
2 Q. Comment vous êtes-vous rendu au travail ce jour-là ?
3 R. En voiture.
4 Q. Quelle voiture avez-vous utilisée ?
5 R. La Mercedes.
6 Q. Etes-vous allé travailler seul ce jour-là ou étiez-vous accompagné d'un
7 membre de votre famille, ou de qui que ce soit d'ailleurs, étiez-vous seul
8 dans la voiture ?
9 R. Non, j'étais avec mon frère.
10 Q. Pouvez-vous nous dire son nom ?
11 R. Novak.
12 Q. Quelle était l'occupation de Novak à l'époque ?
13 R. Il travaillait avec Antoprevoz à Pec.
14 Q. Il travaillait dans la même entreprise que vous ?
15 R. Oui.
16 Q. Quel était son poste chez Antoprevoz ?
17 R. Il était chauffeur.
18 Q. Vos parents avaient-ils un téléphone à la maison ?
19 R. Non.
20 Q. Merci. Ce jour-là, quand vous êtes parti travailler le 21 avril 1998,
21 avez-vous vu vos parents ?
22 R. On les avait vus ce jour-là, mais on ne les a jamais revus, ensuite.
23 Q. Etes-vous allé travailler ce jour-là et avez-vous fait votre travail
24 comme d'habitude ?
25 R. Oui.
26 Q. Avez-vous essayé de rentrer chez vous ensuite ce jour-là ?
27 R. Oui.
28 Q. Vous dites oui. Vous étiez seul ?
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1 R. Non, j'étais avec mon frère.
2 Q. Il s'agirait de Novak ?
3 R. Oui.
4 Q. Avez-vous réussi à rentrer chez vous ?
5 R. Non.
6 Q. Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre pourquoi vous n'avez pas
7 réussi à rentrer chez vous ? Qui vous en a empêchés ?
8 R. Ils nous en ont empêché. Les routes étaient bloquées, il y avait des
9 barrages.
10 Q. Nous allons procéder par étape. Comment vous êtes-vous rendu compte
11 qu'il y avait des barrages routiers ? D'ailleurs pourquoi avez-vous posé la
12 question -- je vais reformuler ma question. Comment vous êtes-vous rendu
13 compte qu'il y avait des barrages routiers ?
14 R. La police ne nous a pas laissés passer. Ils ne nous ont pas autorisés à
15 passer.
16 Q. De quelle police parlez-vous ? Pouvez-vous nous préciser
17 l'emplacement ?
18 R. A Decani.
19 Q. Pourriez-vous nous expliquer un petit peu pourquoi la police de Decani
20 vous a empêchés de rentrer chez vous. Etait-ce un barrage routier qui avait
21 été érigé ou y avait-il des panneaux, ou vous êtes-vous arrêtés pour parler
22 à un policier dans la rue ? Expliquez un petit peu aux Juges ce qui s'est
23 passé. Comment vous avez su de la part de la police que vous ne pouviez pas
24 rentrer chez vous ?
25 R. Les policiers étaient à Decani, et ils nous ont interdit de passer. Ils
26 nous ont dit que la route était bloquée et qu'on ne pouvait pas
27 l'emprunter.
28 Q. Votre frère et vous étiez dans votre voiture à ce moment-là, et vous
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1 aviez l'intention de rentrer chez vous ?
2 R. Oui.
3 Q. Donc, il s'agissait d'un barrage routier. Vous êtes arrêtés à un
4 barrage routier et la police vous a dit vous ne pouviez pas passer. C'est
5 cela ?
6 R. Oui.
7 Q. Avez-vous posé des questions à la police sur la raison de ce barrage
8 routier ?
9 R. Oui. La route était fermée. On ne pouvait plus passer.
10 Q. Vous avez demandé quel était l'obstacle qui gênait le passage, si
11 c'était un glissement de terrain ? Un arbre qui est tombé à travers de la
12 route ? Des bandits armés ? Nous avons besoin de savoir.
13 R. Ils nous ont dit qu'il y avait des hommes armés.
14 Q. Avez-vous essayé d'obtenir des détails de la part des policiers à
15 propos de ces hommes armés ?
16 R. Non, nous n'avons pas posé d'autres questions.
17 Q. Etiez-vous inquiets à propos de vos parents ?
18 R. Oui.
19 Q. Comme vous étiez inquiets à propos de vos parents, avez-vous essayé de
20 savoir si c'était possible de retourner à Gornji Ratis pour voir s'ils
21 allaient bien ?
22 R. On a essayé, on est arrivé à rien.
23 Q. Pouvez-vous nous dire comment vous avez essayé ? Vous nous avez dit que
24 vous avez essayé, expliquez-vous, s'il vous plaît ?
25 R. On a essayé de prendre une autre route, mais ce n'était pas possible
26 non plus.
27 Q. Pourriez-vous nous dire quel était le chemin habituel que vous
28 empruntiez après le travail pour rentrer chez vous à Gornji Ratis ? Je fais
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1 finir ma question. Quels sont les villages que vous traversiez pour
2 retourner à Gornji Ratis d'habitude ? Et après nous avoir énuméré ces
3 villages, pourrez-vous nous dire aussi quelle était l'autre route que vous
4 avez essayé de prendre quand vous avez appris que la route habituelle était
5 fermée ou impossible à emprunter.
6 R. Luka, Pozar, Ljumbarda et Ratis. Alors Crnobreg, Prilep, Rznic, et
7 Ratis.
8 Q. En empruntant l'autre route, jusqu'où vous êtes allés ?
9 R. Jusqu'à Prilep. Pas plus loin.
10 Q. Qu'es-ce qui vous a arrêté à Prilep ?
11 R. La police.
12 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Quelle police ? Le même genre de
13 police ? La même police qui vous avait arrêtés auparavant ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, la même.
15 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] De quelle police s'agit-il ?
16 LE TÉMOIN : [interprétation] De la police serbe.
17 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci.
18 M. DI FAZIO : [interprétation]
19 Q. Lors de ce deuxième barrage routier, avez-vous obtenu des informations
20 complémentaires sur ce qui se passait au-delà sur la route ?
21 R. Ils nous ont dit que la route était fermée et que c'était impossible,
22 que nous ne pouvions pas l'emprunter. Ils nous ont empêchés de passer.
23 Q. A ce moment-là, avez-vous essayé d'en savoir plus de la part de la
24 police, à savoir, par exemple, combien de temps les barrages allaient
25 rester en place, quand est-ce qu'on pourrait repasser ?
26 R. On a essayé de leur demander mais ils n'ont pas su quoi nous dire.
27 Q. Au premier barrage routier tout comme au deuxième barrage routier de la
28 police dont nous avons parlé, avez-vous pu apprendre de la part de la
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1 police qui empêchait que l'on prenne cette route, qui bloquait la route ?
2 R. Ils nous ont dit qu'il y avait des hommes armés. Rien de plus.
3 Q. Qu'avez-vous fait, alors ?
4 R. Nous sommes rentrés à Decani.
5 Q. Les jours suivants, avez-vous essayé d'arriver à Gornji Ratis, de
6 retourner à Gornji Ratis ?
7 R. Oui, on a essayé, mais ce n'était plus possible. Ils empêchaient les
8 gens de passer.
9 Q. Vous avez dit : "Nous avons essayé." Pouvez-vous nous dire qui était ce
10 "nous" qui avait essayé ? Vous nous dites que Novak et vous avez essayé de
11 rentrer en voiture. Qui exactement a essayé de retourner à Gornji Ratis ?
12 R. Novak et moi.
13 Q. Toujours de la même façon, à bord de la voiture en essayant de trouver
14 une route ouverte qui vous permettrait d'arriver à Gornji Ratis ?
15 R. Oui. Oui, on a monté dans la voiture et on a repris la route, parce
16 qu'il n'y avait pas d'autre façon. C'était la seule route.
17 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Désolé de vous interrompre, mais qui
18 était au volant ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] C'était Novak.
20 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci.
21 M. DI FAZIO : [interprétation]
22 Q. Au cours des jours suivants, avez-vous réussi à vous rendre en voiture
23 jusqu'à Gornji Ratis ?
24 R. Non.
25 Q. Pourquoi est-ce que vous n'avez jamais pu passer ?
26 R. Les routes étaient fermées. On ne pouvait pas passer. On ne nous
27 laissait pas passer.
28 Q. Vous êtes en train de me dire que la police avait érigé des barrages
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1 routiers et empêchait les gens de passer, c'est bien cela, ou il y en avait
2 d'autres personnes qui vous empêchaient de passer ?
3 R. La police ne nous a pas laissé passer.
4 Q. Est-ce que vous étiez en contact avec d'autres membres de votre famille
5 mis à part Novak dans les jours qui ont suivi le 21 avril ?
6 R. Oui.
7 Q. Vous étiez en contact avec qui ?
8 R. Avec Rade, Mico.
9 Q. Vos frères, ont-ils essayé, eux aussi, de rentrer en contact avec vos
10 parents; et le cas échéant, pouvez-vous nous dire ce qu'ils ont essayé de
11 faire ?
12 R. Ils ont fait exactement comme nous, mais ils n'ont pas été plus
13 chanceux que nous.
14 Q. Vous dites qu'ils ont essayé d'y aller en voiture et ils ont toujours
15 dû retourner sur Decani; c'est cela ?
16 R. Oui.
17 Q. Mis à part en essayant d'y aller en voiture, y aurait-il eu un autre
18 moyen qui aurait permis de rentrer en contact avec vos parents ?
19 R. Non, on a abandonné. Ce n'était pas possible. On a essayé d'y aller en
20 voiture et c'est tout.
21 M. DI FAZIO : [aucune interprétation]
22 Q. Rade, votre frère Rade, avait-il des amis albanais catholiques au début
23 1998 ?
24 R. Oui, il avait des amis à Djakovica.
25 Q. Savez-vous s'il a demandé l'aide de ces personnes pour essayer de
26 rentrer en contact avec vos parents ?
27 R. Oui.
28 Q. Qu'en savez-vous ? Pouvez-vous nous dire exactement ce qu'a fait votre
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1 frère ?
2 R. Il a essayé d'envoyer là-bas quelqu'un pour qu'il vérifie s'ils étaient
3 encore dans leur maison.
4 Q. Connaissez-vous le nom de cette personne qu'il a essayé d'envoyer là-
5 bas pour vérifier ce qui se passait ?
6 R. C'était Nuo Alakaj.
7 Q. Vous êtes-vous entretenu vous-même avec Nuo Alakaj ou est-ce seulement
8 Rade qui a parlé à cette personne ?
9 R. Il n'y avait rien que Rade.
10 Q. Etiez-vous présent à un moment quelconque quand votre frère s'est
11 entretenu avec ce Nuo Alakaj à propos de cette tentative d'aller voir vos
12 parents ?
13 R. Non.
14 Q. Rade vous n'a-t-il jamais dit quels étaient les résultats de toutes ces
15 tentatives de contact ?
16 R. Il a dit que Nuo est allé là-bas, mais qu'ils n'étaient plus là. Les
17 parents n'étaient plus là. Ils avaient été emmenés.
18 Q. Revenons au 21 avril. D'après vous, combien de temps après le 21 avril
19 est-ce que Rade a demandé l'aide de Nuo Alakaj ? Avez-vous la moindre
20 idée ?
21 R. Non, je ne m'en souviens pas très bien.
22 Q. Vous avez essayé d'employer un messager, d'utiliser un messager pour
23 aller et savoir ce qui a pu se passer à votre famille. Est-ce que cela
24 était répété, peut-être en envoyant quelqu'un d'autre ?
25 R. Oui. Mon cousin est allé voir un de ses voisins, Faza Haradinaj.
26 Q. Qui est votre cousin ?
27 R. Mica.
28 Q. Quel est le nom de famille de Mica ?
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1 R. Vlahovic.
2 M. DI FAZIO : [interprétation] Un instant. A quelle heure va intervenir la
3 pause, Monsieur le Président ?
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans les cinq minutes qui viennent. Si
5 le moment se prête a une pause, faisons-là tout de suite.
6 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons faire une pause, Monsieur
8 Vlahovic. Maître Emmerson, est-ce que le témoin doit rester, peut partir ?
9 M. EMMERSON : [interprétation] Non, pas obligatoirement.
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Madame l'Huissière, vous allez
11 faire sortir le témoin.
12 Nous allons faire une pause de 20 minutes.
13 M. EMMERSON : [interprétation] Non, non. J'aimerais simplement parler de
14 notre organisation pendant la pause.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
16 [Le témoin quitte la barre]
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y.
18 M. EMMERSON : [interprétation] Je ne sais pas, peut-être pour faciliter le
19 temps d'attente du témoin, peut-être qu'il pourra être accompagné pendant
20 la pause.
21 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
22 M. EMMERSON : [aucune interprétation]
23 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
24 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous n'avez pas motivé votre demande,
26 Maître Emmerson, c'est une chose, et je vous signale également que la
27 pratique veut que le témoin passe toute sa pause en présence de quelqu'un
28 qui travaille au sein de la division d'Aide aux Victimes et aux Témoins.
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1 M. EMMERSON : [interprétation] Dans ce cas, je n'ai plus de requête à
2 faire.
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Il n'aura pas loisir de quitter le
4 bâtiment.
5 M. EMMERSON : [interprétation] Oui. C'est tout ce que je voulais savoir.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Nous allons reprendre à 18
7 heures 05.
8 --- L'audience est suspendue à 17 heures 47.
9 --- L'audience est reprise à 18 heures 08.
10 [Le témoin vient à la barre]
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio.
12 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci.
13 Q. Vous avez mentionné un cousin qui vous a aidé à obtenir quelques
14 renseignements, et je crois que vous avez dit -- ou plutôt que vous
15 pourriez nous redonner son nom.
16 R. Miloica Vlahovic, c'est mon frère.
17 Q. Quel est le diminutif ou le surnom, la version brève du prénom
18 Miloica ? Je vais répéter ma question : est-ce que les amis l'appelaient
19 différemment ? Est-ce qu'ils l'appelaient Miloica ou différemment ? Est-ce
20 qu'il avait un diminutif ?
21 R. Mica.
22 Q. Cet homme, où vit-il ?
23 R. A Ratis.
24 Q. C'était quoi son travail ?
25 R. Enseignant.
26 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Excusez-moi. Vous avez dit Miloica
27 Vlahovic, le frère. On vous a posé des questions au sujet d'un cousin. Est-
28 ce un frère ou un cousin ? Est-ce que vous pourriez le clarifier ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Frère.
2 M. DI FAZIO : [interprétation]
3 Q. Avant la pause, vous avez parlé d'une tentative d'obtenir de l'aide
4 répondant au nom de Faza. Vous avez mentionné qu'un cousin l'avait abordé.
5 Comment s'appelle ce cousin ?
6 R. Ce n'est pas un cousin, mais mon frère a envoyé Faza.
7 M. DI FAZIO : [interprétation] Attendez, s'il vous plaît. Je souhaite
8 vérifier le compte rendu d'audience.
9 M. EMMERSON : [interprétation] En attendant, peut-être M. Di Fazio a un
10 problème de sexe, je pense. Faza est une femme.
11 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci. Oui, en effet. Merci au conseil de la
12 Défense de cette précision.
13 Q. Bien. Avant la pause, vous avez dit : "Mon cousin est allé voir un
14 voisin, Faza Haradinaj." Et je vous ai demandé : "Qui était votre cousin ?"
15 Vous avez dit : "Mica." Et j'ai demandé : "Quel était le nom de famille de
16 Mica ?" Vous avez dit : "Vlahovic."
17 Avez-vous un cousin appelé Mica Vlahovic, Mica Vlahovic ?
18 R. Non, non. C'est mon frère Mica, Miloica Vlahovic, frère.
19 Q. Bien. C'est clair. Merci. Est-ce que votre frère est allé lui demander
20 des choses à cette femme, cette femme donc, Faza Haradinaj ?
21 R. Oui. Elle vivait à Djakovica, mais dans le même village. Mon frère est
22 allé lui parler, ensuite elle est allée vérifier.
23 Q. D'accord. Merci. Maintenant, c'est clair. Etiez-vous présent lorsque
24 votre frère a parlé à Faza et lui a demandé de faire cela, ou est-ce que
25 c'est quelque chose dont vous a simplement parlé votre frère ?
26 R. Non, c'est mon frère qui m'en a parlé.
27 Q. Savez-vous si Faza a pu obtenir des informations sur vos parents ?
28 R. Oui. Elle a dit à mon frère qu'elle y avait été, qu'elle avait été
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1 jusqu'à leur maison et qu'ils y étaient encore à l'époque, mais qu'ils
2 n'étaient pas autorisés à partir de chez eux ou à se déplacer.
3 Q. Merci. C'est votre frère qui vous l'a dit. Je pense qu'il s'appelle
4 Rade, n'est-ce pas ?
5 R. Non, Mica.
6 Q. Merci de cette correction.
7 Je sais que ceci s'est passé il y a longtemps, mais est-ce que vous
8 savez de quelle manière Mica vous en a parlé, en particulier ce qu'il a dit
9 au sujet du fait qu'ils étaient dans la maison et qu'ils ne pouvaient pas
10 partir ? Est-ce que vous pouvez nous dire si vous vous souvenez quels
11 étaient les mots qu'ils avaient employés ? Mais sinon dites-le.
12 R. Je ne sais pas.
13 Q. Merci. Etes-vous au courant d'autres tentatives d'établir un contact
14 avec vos parents en utilisant cette même méthode, c'est-à-dire en utilisant
15 les personnes pour leur parler ?
16 R. Non.
17 Q. Tous les gens que votre famille a entrepris à contacter afin qu'ils
18 essaient de se mettre en contact avec vos parents dans leur village, quelle
19 était leur appartenance ethnique ?
20 R. Albanais et Catholiques ?
21 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Vous voulez dire Albanais aussi ?
22 M. DI FAZIO : [aucune interprétation]
23 Q. Quelle est votre réponse à la question du Juge ?
24 R. Oui.
25 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci.
26 M. DI FAZIO : [interprétation]
27 Q. De toute façon, le résultat était que tous ces efforts n'ont rien
28 donné. Vous n'avez plus jamais revu vos parents vivants ?
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1 R. Non. Nous ne les avons jamais vus.
2 Q. Quel était l'âge de vos parents à ce moment-là ?
3 R. Ma mère était âgée d'environ 58 ans et mon père, 53.
4 Q. Merci. Je souhaite maintenant vous poser quelques questions au sujet de
5 vos frères et leur travail. Vous nous avez dit que Novak était un chauffeur
6 de bus. Il faisait ce travail depuis combien de temps, c'est-à-dire au
7 début de l'année 1998 ?
8 R. Je ne sais pas exactement.
9 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire si c'est un travail qu'il faisait
10 depuis toujours ou est-ce que c'est un nouvel emploi pour lui ?
11 R. Non. Il avait commencé à travailler comme chauffeur en 1991, je pense.
12 Q. Avait-il jamais travaillé comme policier ou soldat, soldat
13 professionnel ?
14 R. Non.
15 Q. Quel était le travail qu'exerçait votre frère Rade ?
16 R. Rade travaillait dans la police.
17 Q. Il était policier depuis combien de temps, lui ?
18 R. 1990 ou 1991.
19 Q. Faisait-il ce travail au début de l'année 1998, en particulier en avril
20 1998 ?
21 R. Non.
22 Q. Où était-il stationné ? Où se déroulaient ces activités ? Quel était le
23 bureau ou l'endroit qu'il contactait au jour le jour ?
24 R. Djakovica.
25 Q. Est-ce que vous savez comment il était comme policier ? Je vais être
26 plus clair. Il y a des policiers qui font le travail d'enquêteur ou de
27 détective ou de bureau. Quel était le type de travail que votre frère Rade
28 exerçait dans la police ?
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1 R. Simple policier.
2 Q. En uniforme ?
3 R. Oui.
4 Q. A-t-il continué à faire ce travail pendant le reste de l'année après la
5 disparition de vos parents ou après la dernière fois qu'ils ont été revus
6 vivants par votre famille ?
7 R. Oui.
8 Q. Et le frère Miloica, que faisait-il ?
9 R. Il était enseignant.
10 Q. Connaissez-vous un certain Zvonko Markovic ?
11 R. Oui.
12 Q. Quel travail faisait-il au début de l'année 1998 ?
13 R. Il était postier, à la poste.
14 Q. Bien. En avril où travaillait-il ? Je n'ai pas entendu votre réponse.
15 Pourriez-vous la répéter, s'il vous plaît.
16 R. A Streoce.
17 Q. A-t-il jamais travaillé à Rznic ?
18 R. Je ne sais pas, je ne le sais plus.
19 Q. Est-il jamais devenu policier ou a-t-il fait partie des forces de
20 réserve de la police ?
21 R. Pas que je sache.
22 Q. Après avoir vu vos parents vivants pour la dernière fois, vous et les
23 autres membres de votre famille avez-vous été en contact avec Zvonko
24 Markovic, par hasard ?
25 R. Nous nous sommes vus quelques fois.
26 Q. Où cela ? Où vous êtes-vous vus ?
27 R. A Decani.
28 Q. Connaissez-vous un certain Halil Sadikaj ?
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1 R. Non.
2 Q. Connaissez-vous un certain Salih Sadikaj ?
3 R. Non.
4 Q. Connaissez-vous le village de Dasinovac ?
5 R. Oui.
6 Q. A quelle distance approximative se trouve Dasinovac de votre village ?
7 R. Cinq à 6 kilomètres.
8 Q. Connaissez-vous un village dans votre région appelé Dashinoc ou
9 Dashinoc ?
10 R. Non.
11 Q. Est-ce que Dasinovac est appelé d'autres manières, connaît-on ce
12 village sous d'autres noms ?
13 R. Non.
14 M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi, il se peut qu'il y ait un
15 malentendu ici.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, peut-être, en effet. Peut-être en
17 raison de la prononciation.
18 M. EMMERSON : [interprétation] Nous savons, c'est une certitude que
19 Dashinoc c'est le nom en albanais de Dasinovac. C'est un fait.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, effectivement, nous le retrouvons
21 dans l'acte d'accusation. Parfois nous utilisons Dasinovac, même si parfois
22 vous faites référence à la version albanaise de ce village. Posons la
23 question directement au témoin.
24 Monsieur le Témoin, la Chambre, jusqu'à présent, a entendu des
25 témoignages, a vu des cartes dans lesquelles il semblerait que Dasinovac en
26 albanais s'appelle Dashinoc. Est-ce que c'est quelque chose qui vous dit
27 quelque chose ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Dasinovac. Oui. Cela me dit quelque
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1 chose. Dashinoc, non.
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] De nombreux villages dans votre région
3 ont deux noms. L'un est serbo-croate, si je puis dire, et l'autre en
4 albanais. Avez-vous jamais entendu le village de Dasinovac être appelé sous
5 son appellation albanaise ? Avez-vous jamais entendu donc l'équivalent en
6 albanais de Dasinovac ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je suggère pour la suite des questions
9 qui seront posées au témoin, l'on ne jette pas davantage de confusion même
10 si la distance mentionnée de 5 à 6 kilomètres n'est peut-être pas la
11 distance à vol d'oiseau. Je demanderais aux conseils de bien parler de
12 Dasinovac s'ils ont à choisir.
13 Veuillez poursuivre, Monsieur Di Fazio.
14 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
15 Q. En septembre 1998, êtes-vous allé au village de Dasinovac ?
16 R. Non.
17 Q. En avril 1998, y êtes-vous allé ?
18 R. Non.
19 Q. Entre avril et septembre, vous êtes-vous rendus au village ?
20 R. Non, on ne pouvait pas.
21 Q. Merci. Je n'ai plus de questions.
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.
23 Maître Emmerson, vous êtes le premier à contre-interroger ce témoin.
24 Monsieur Vlahovic, vous allez être contre-interrogé par
25 Me Emmerson qui représente M. Haradinaj.
26 Maître Emmerson, allez-y.
27 Contre-interrogatoire par M. Emmerson :
28 Q. [interprétation] Monsieur Vlahovic, vous nous avez dit il y quelques
Page 1754
1 instants à peine, au début de votre témoignage, que vous-même n'aviez
2 jamais été membre de force de réserve de la police en 1997 ou en 1998; est-
3 ce exact ?
4 R. Oui.
5 Q. Avez-vous jamais été membre à quel que moment que ce soit d'une force
6 de réserve de la police ? Je n'ai pas encore votre réponse.
7 R. Non.
8 Q. Votre frère, Novak, a-t-il jamais été membre d'une force de réserve de
9 la police à quel que moment que ce soit ?
10 R. Oui, mais quand, je ne le sais pas.
11 Q. Donc, il a été membre des forces de réserve, mais vous ne savez pas
12 quand ?
13 R. C'est cela.
14 Q. Etait-ce pendant la guerre ?
15 R. Je ne sais pas exactement.
16 Q. Excusez-moi, il m'a semblé que l'on vous avait posé une question, que
17 M. Di Fazio l'avait fait.
18 M. EMMERSON : [interprétation] Permettez-moi de vérifier le compte rendu.
19 C'est à la page 88, lignes 12 et 13.
20 Q. "Avait-il jamais été policier…" C'est la question qui vous a été posée
21 par M. Di Fazio sur Novak. "Avait-il jamais été policier ou soldat, soldat
22 professionnel ?" Et vous avez répondu: "non."
23 Alors, est-ce que Novak a été policier ou pas ?
24 R. Il était dans les forces de réserve.
25 Q. Monsieur Vlahovic, les policiers de réserve portaient des uniformes,
26 n'est-ce pas ?
27 R. Oui.
28 Q. Ils avaient des fusils automatiques AK-47, n'est-ce pas ?
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1 R. Je ne sais pas ce que vous voulez dire ?
2 Q. Ils avaient des armes automatiques, n'est-ce pas ? Vous savez ce qu'est
3 une arme automatique, Monsieur Vlahovic, n'est-ce pas ?
4 R. Oui. Ils portaient des armes, mais lesquelles, je ne sais pas.
5 Q. Avez-vous vu votre frère Novak avec une arme automatique à un moment
6 donné ou à un autre ?
7 R. Il avait des armes, mais je ne sais pas de quel modèle.
8 Q. Et ce Zvonko Markovic ? Vous nous avez dit, il y a un moment, qu'à
9 votre connaissance il ne faisait pas partie des forces de réserve de la
10 police. Ceci n'est pas vrai, n'est-ce pas, Monsieur Vlahovic ?
11 R. Je ne le crois pas. Il travaillait à Streoce. Il était postier.
12 Q. C'était votre cousin, n'est-ce pas ?
13 R. Oui.
14 Q. Vos familles étaient assez proches, n'est-ce pas ?
15 R. Oui.
16 Q. Vous vous fréquentiez souvent, n'est-ce pas ?
17 R. Pas souvent.
18 Q. Monsieur Vlahovic, corrigez-moi si j'ai tort, mais il me semble qu'il a
19 un frère, Zvonko ? Je n'ai pas entendu votre réponse. Il a un frère, n'est-
20 ce pas ?
21 R. Oui.
22 Q. Comment s'appelle-t-il ?
23 R. Rade.
24 Q. A votre connaissance, Rade a-t-il été fonctionnaire de police sous une
25 forme ou sous une autre ?
26 R. Je ne sais pas.
27 Q. Bien. Que les choses soient tout à fait claires. Vous saviez que Novak
28 était policier de réserve, n'est-ce pas ?
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1 R. Je le savais, oui.
2 Q. Par contre, vous ne saviez pas que Zvonko et Rade Markovic, vos cousins
3 étaient deux policiers de réserve ?
4 R. Non.
5 Q. Ceci vous surprend-il d'apprendre qu'ils ont tous les deux déposé et
6 qu'ils ont tous deux reconnu avoir été membres des forces de réserve de la
7 police au cours de cette période ? Est-ce que ceci vous surprend ?
8 R. Je n'en sais rien. Je n'étais pas là.
9 Q. Jamais le sujet n'a été abordé au cours de conversations que vous avez
10 eues dans le cadre familial, à savoir que ces deux cousins étaient membres
11 des forces de réserve de la police ?
12 R. Pas dans notre famille.
13 Q. Monsieur Vlahovic, je vais vous dire ce que vient de nous dire votre
14 frère sous serment à votre propos. Il a dit dans son témoignage : "Je pense
15 que Goran était aussi dans les forces de réserve". On lui a demandé :
16 "L'avez-vous vu en uniforme et avec une arme ?" Il a répondu : "Il est très
17 probable que je l'ai vu." Ensuite, on lui a posé la question suivante :
18 "Est-il vrai que vous, Miloica, parmi les quatre était le seul à ne pas
19 avoir été membre des forces de police ?" Et il a répondu : "oui."
20 Monsieur Vlahovic, étiez-vous policier ?
21 R. Non.
22 Q. Avez-vous la moindre idée de la raison pour laquelle votre frère aurait
23 pu penser que vous étiez policier ?
24 R. Je ne sais pas. Peut-être qu'il s'est trompé.
25 Q. A quelle fréquence voyiez-vous Miloica à l'époque ?
26 R. J'étais au Monténégro et je ne le voyais que de temps en temps.
27 Q. Excusez-moi. Quand étiez-vous au Monténégro ?
28 R. En 1998 et en 1999.
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1 Q. Quand êtes-vous parti en 1998, et quand êtes-vous revenu au Kosovo ?
2 R. Je suis parti, je crois, en juin 1998. Quand exactement, je ne sais
3 pas.
4 Q. Et quand êtes-vous revenu ?
5 R. Quand nous avons retrouvé notre père en septembre. Ensuite, je suis
6 reparti.
7 Q. Etes-vous en train de nous dire qu'entre juin et septembre 1998, vous
8 n'avez pas du tout vécu au Kosovo ?
9 R. Non. Je n'y étais pas.
10 Q. Et après septembre 1998, avez-vous vécu au Kosovo ?
11 R. Oui.
12 Q. Et à ce moment-là, faisiez-vous partie des forces de réserve de la
13 police ?
14 R. Non.
15 Q. Votre frère Rade, vous avez dit que c'était un policier qui faisait
16 partie de forces régulières. Qu'est-ce que vous entendiez par cela ? Quelle
17 est la distinction entre un policier faisant partie des forces régulières
18 et un autre policier ?
19 R. Il travaillait tout le temps. Il était en fonction en tant que
20 policier.
21 Q. Connaissiez-vous des forces spéciales de police qui auraient pu se
22 trouver dans votre secteur à l'époque ?
23 R. Non.
24 Q. Vous ne savez pas qu'il y avait des forces paramilitaires au sein de la
25 police ?
26 R. Non.
27 Q. Avez-vous entendu parler de la PJP, Monsieur Vlahovic ?
28 R. Non.
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1 Q. Votre frère Rade - et c'est moi qui l'affirme - était un membre de la
2 police paramilitaire dans l'unité spécialisée appelée la PJP. L'ignoriez-
3 vous ?
4 R. Je l'ignorais.
5 Q. Voyez-vous, Monsieur Vlahovic, voici quelle est ma thèse. Vous n'étiez
6 pas seulement au Kosovo au début du mois de septembre 1998, mais également
7 à Dashinoc, et l'on vous y a vu avec vos frères au moment où vous pilliez
8 des maisons albanaises, et où vous avez roué de coups un homme âgé
9 répondant au nom de Shaban Sadikaj ?
10 R. C'est faux.
11 Q. En outre, en avril 1999, on vous a vu à l'extérieur du poste de police
12 de Decan lorsqu'un convoi de réfugiés albanais est passé par là, et un
13 homme de Dashinoc, un homme âgé appelé Ahmet Sokolaj a été pris à part,
14 roué de coups, puis tué. Je dis que vous étiez là.
15 R. Non. Je n'étais pas là du tout, c'est faux.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, dans l'une de vos
17 questions précédentes vous avez parlé de Dashinoc.
18 M. EMMERSON : [interprétation] Je m'excuse. Oui. Dasinovac.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Peut-être que vous pourriez
20 demander au témoin --
21 M. EMMERSON : [interprétation] Oui.
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- si sa réponse serait la même si vous
23 aviez parlé de Dasinovac et non pas de Dashinoc.
24 M. EMMERSON : [interprétation]
25 Q. Avez-vous entendu parler de cet incident au cours duquel un vieil homme
26 de Dasinovac a été pris à part alors qu'il se trouvait dans un convoi
27 d'hommes devant le poste de police et qu'il a été roué de coups jusqu'à ce
28 que mort s'en suive par des paramilitaires serbes ? Avez-vous entendu
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1 parler de cela ?
2 R. Non.
3 Q. Stanisa Radosevic, est-ce un ami à vous ?
4 R. Non.
5 Q. Le connaissez-vous ?
6 R. De vue.
7 Q. J'aimerais que nous passions un moment à revenir sur ce que vous avez
8 dit à propos de Nuo Alakaj, cet Albanais catholique, dont vous dites qu'il
9 y a eu une conversation avec votre frère Rade. J'aimerais être sûr d'avoir
10 bien compris votre témoignage. Avant la pause, on vous a posé des questions
11 sur M. Alakaj, et on vous a demandé notamment si vous lui avez parlé vous-
12 même ou si les contacts avec Nuo s'étaient limités à ce qu'avait eu votre
13 frère. Vous avez dit : "Juste Rade." Ensuite, on vous a demandé si vous
14 aviez été présent au moment où Rade avait parlé à Nuo Alakaj sur sa visite
15 à vos parents. Vous avez répondu : "Non."
16 Est-ce vrai ? N'avez-vous jamais été là lorsque Rade a parlé à Nuo
17 Alakaj ?
18 R. Non, je n'étais pas présent lorsque Rade lui a parlé.
19 Q. Je vais vous donner lecture d'un bref passage d'une déclaration que
20 vous avez faite et signée en juillet 2004. Je vais le lire lentement de
21 manière à ce que l'on puisse vous l'interpréter, parce que ce sont des mots
22 que vous avez prononcés et à la suite desquels vous avez apposé votre
23 signature. Vous dites :
24 "C'était aux environs de juillet 1998, quand je sais qu'un ami de Rade, un
25 Albanais catholique est allé au village afin d'en faire sortir nos parents,
26 mais il n'a pas pu les trouver. J'étais avec Rade lorsque son ami est
27 revenu de Gornji Ratis et nous a dit qu'il avait demandé à d'autres gens du
28 village ce qui est arrivé à nos parents. L'ami de Rade a dit qu'on lui
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1 avait dit, par d'autres gens du village, qu'ils avaient été emmenés."
2 Avez-vous compris ce que je viens de vous lire ?
3 R. Oui.
4 M. DI FAZIO : [interprétation] Je ne fais pas objection, bien sûr, à ce
5 stade, mais je me demandais si Me Emmerson avait lu la dernière phrase de
6 ce paragraphe.
7 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, oui. Tout à fait.
8 M. DI FAZIO : [interprétation]
9 Q. La dernière phrase de ce paragraphe dit : "Je ne connais pas le nom de
10 cet ami albanais de Rade." Mais dans vos notes de récolement, c'est-à-dire,
11 lorsque l'on vous a interviewé par vidéoconférence, vous avez expliqué le
12 nom de la personne à laquelle vous faisiez référence, et vous avez dit que
13 c'était Nuo Alakaj. Je pourrais, bien sûr, retrouver la référence, puisque
14 je l'aie.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais poser une question au témoin.
16 Lorsque vous avez fait cette déclaration, la déclaration dont on vient de
17 vous donner lecture, pensiez-vous à qui que ce soit d'autre lorsque vous
18 avez parlé de cet ami de Rade, qui que ce soit d'autre que -- je retrouve
19 le nom --
20 M. EMMERSON : [interprétation] Nuo Alakaj.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- Nuo Alakaj. Lorsque vous avez fait
22 cette déclaration, vous n'avez pas donné le nom de cette personne à ce
23 moment-là, mais est-ce que vous mentionniez, vous parliez, de ce Nuo
24 Alakaj ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, de qui parliez-vous ? Y avait-il
27 deux personnes différentes qui ont été envoyées au village pour voir ce qui
28 était advenu de vos parents ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] L'autre, c'était qui ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne connais pas son nom.
4 M. EMMERSON : [interprétation]
5 Q. Que les choses soient tout à fait claires.
6 M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président --
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y.
8 M. EMMERSON : [interprétation]
9 Q. Vous nous avez dit juste avant la pause qu'il y avait eu Faza Haradinaj
10 et Nuo Alakaj, et M. Di Fazio vous a demandé s'il y a eu d'autres gens à
11 votre connaissance qui avaient été envoyés à Gornji Ratis pour rechercher
12 vos parents, et vous avez répondu que non. Vous nous avez dit de manière
13 tout à fait claire que les deux personnes que vous aviez à l'esprit,
14 c'était Faza Haradinaj; une femme âgée, si je ne m'abuse, n'est-ce pas ?
15 C'est une femme âgée, n'est-ce pas, Monsieur Vlahovic ?
16 R. Oui.
17 Q. Et vous avez aussi parlé d'un Albanais catholique répondant au nom de
18 Nuo Alakaj.
19 R. Oui.
20 Q. S'agit-il là bien des deux seules personnes qui à votre connaissance
21 ont été envoyées au village pour parler à vos parents ?
22 R. Ce sont ceux que je connais, mais je ne connais pas le nom de celui-là.
23 Q. Pourquoi avant la pause nous avoir dit que vous n'aviez pas
24 connaissance d'autres tentatives qui auraient été faites d'envoyer d'autres
25 personnes afin de voir vos parents, Monsieur Vlahovic ?
26 R. Je parlais de celui dont je ne connais pas le nom.
27 Q. Cet homme dont vous nous parlez, cet Albanais catholique, ami de Rade,
28 c'est une troisième personne; c'est bien cela ?
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1 R. Oui.
2 Q. Très, très bien. Mais cette personne était là quand vous êtes revenu et
3 que vous avez parlé à votre frère; c'est bien cela ?
4 R. Oui.
5 Q. Pourquoi ne l'avez-vous pas dit avant la pause, Monsieur Vlahovic ?
6 R. J'ai parlé de lui. J'ai parlé de cet homme.
7 Q. De toute façon, nous avons le compte rendu et nous pouvons nous y
8 référer. Mais revenons plutôt à Nuo Alakaj. Vous avez dit que Rade vous
9 avez dit que Nuo Alakaj était allé au village, mais que vos parents
10 n'étaient plus là; c'est bien cela ?
11 R. Oui.
12 Q. Qu'ils avaient été emmenés, qu'à ce moment-là ils avaient déjà été
13 emmenés ?
14 R. Oui.
15 Q. Donc, Nuo Alakaj, que vous n'avez pas entendu parler, disait exactement
16 la même chose que cet autre Albanais catholique que vous aviez entendu. En
17 tout cas, c'est ce que vous êtes en train de nous dire; c'est bien cela ?
18 R. [aucune interprétation]
19 Q. Chronologiquement, qu'est-ce qui est arrivé en premier ?
20 R. Le premier, c'était Nuo Alakaj.
21 Q. Pourriez-vous nous décrire Nuo Alakaj ?
22 R. Cela fait longtemps. C'est un homme âgé.
23 Q. Qu'en est-il de cet autre homme dont vous nous parlez ? A quoi
24 ressemblait-il ?
25 R. Il était aussi âgé.
26 Q. Votre frère, Miloica, a déposé ici aujourd'hui, et il nous a dit que
27 Rade lui avait dit ce que Nuo Alakaj lui avait dit, et ce que Rade à dit à
28 Miloica, c'est que Nuo Alakaj lui avait dit, de façon tout à fait erronée,
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1 que vos parents avaient été libérés à Prilep et étaient libres. Voulez-vous
2 revenir sur votre déposition, Monsieur Vlahovic ?
3 R. Non. Je dis ce que je sais. Je ne sais pas. Je ne sais rien d'autre.
4 Q. Vous en êtes sûr ? Vous êtes sûr de ce que Rade vous a dit ?
5 R. Oui.
6 Q. Il semblerait que Rade a dit à votre frère exactement le contraire de
7 ce qu'il vous a dit à propos de cette même conversation ?
8 R. Cela, je n'en sais rien. C'est ce qu'il m'a dit.
9 Q. Monsieur Vlahovic, vos frères et vous étaient profondément impliqués
10 dans des violences de représailles contre la population albanaise de
11 Dashinoc en septembre, n'est-ce pas ?
12 R. Non.
13 Q. Mais vous étiez un officier de police de la réserve, ainsi que tous vos
14 frères, mis à part Miloica. Vous étiez en uniforme. Vous étiez armés
15 d'armes automatiques et vous avez roué de coups des Albanais, n'est-ce pas
16 ?
17 R. Non.
18 M. EMMERSON : [interprétation] Je n'ai plus de questions.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur Emmerson.
20 Monsieur Guy-Smith, avez-vous besoin de procéder à un contre-
21 interrogatoire ?
22 M. GUY-SMITH : [interprétation] Non.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Qu'en est-il de Me Harvey ?
24 M. HARVEY : [interprétation] Non.
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, avez-vous besoin de
26 poser des questions supplémentaires ?
27 M. DI FAZIO : [interprétation] Non.
28 [La Chambre de première instance se concerte]
Page 1765
1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Vlahovic, les parties n'ont
2 plus de questions à vous poser ni les Juges. Donc, ceci met à votre
3 déposition dans cette Chambre. Je vous remercie d'être venu depuis si loin
4 et d'avoir répondu aux questions des parties.
5 Madame l'Huissière, pouvez-vous escorter le témoin hors du prétoire.
6 [Le témoin se retire]
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Emmerson.
8 M. EMMERSON : [interprétation] Le témoin suivant, en tout cas, sur la liste
9 provisoire est le témoin à qui le numéro 49 lui a été attribué. En fait,
10 c'est son pseudonyme.
11 (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 (expurgé), mais nous ne l'avons pas reçue.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio.
17 M. DI FAZIO : [interprétation] Tout à fait. Mes collègues ont traité ce
18 point. Il est vrai que c'est le prochain témoin à venir. Le témoin est
19 d'ailleurs ici à La Haye. Je me demande si nous pourrions le citer que
20 demain. Car il est déjà 7 heures moins 10, et j'ai besoin de consulter mes
21 collègues à propos de cette fameuse déclaration de témoin qui pourrait être
22 communiquée ou qui aurait dû être communiquée non seulement à la Défense
23 mais aussi à vous-même.
24 Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé aujourd'hui, puisque j'étais
25 dans le prétoire toute la journée. Donc, je ne peux vous tenir au courant
26 de ce qui se passe. Je suis persuadé que nous allons bientôt savoir
27 exactement ce qui se passe.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais je vois bien.
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1 M. DI FAZIO : [aucune interprétation]
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais M. Emmerson était non seulement
3 préoccupé parce qu'il n'a pas eu le temps de se préparer pour ce témoin,
4 surtout si nous devons le citer tout de suite, enfin. Il est quand même 7
5 heures moins 10, donc nous allons très certainement le citer demain.Mais il
6 est quand même inquiet à propos de la préparation éventuelle de ce témoin
7 mais s'il est cité demain.
8 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, tout à fait. De toute façon, les règles
9 n'ont pas été suivies surtout, je ne sais même pas si le témoin pourra être
10 cité demain.
11 M. DI FAZIO : [interprétation] Si, il va être cité demain.
12 M. EMMERSON : [interprétation] Mais il est 7 heures du soir et je ne sais
13 toujours pas qui va être cité demain. Je ne sais absolument pas qui est ce
14 témoin que je dois contre-interroger demain.
15 Pour ce qui est des témoins suivants, il y a le Témoin 6. Il n'y a pas de
16 mesures de protection. Il s'agit de Dragoslav Stojanovic; et le Témoin 7,
17 Mijat Stojanovic. En ce qui concerne ces témoins, là aussi nous n'avons pas
18 reçu les déclarations écrites signées, on parle aussi de notes de
19 récolement.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio.
21 M. DI FAZIO : [interprétation] Je ne pense pas qu'il y ait des notes de
22 récolement pour ces deux Stojanovic.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que c'est parce qu'il n'a pas eu
24 de récolement ou il n'y a pas eu de notes de récolement ?
25 M. DI FAZIO : [interprétation] Quand je suis arrivé dans le prétoire,
26 j'avais cru comprendre qu'il n'y avait pas eu de notes de récolement en ce
27 qui concerne ces deux Stojanovic.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous n'avez pas répondu à ma question
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1 qui était de savoir s'il n'y a pas de notes de récolement parce que vous
2 n'avez pas l'intention de récoler ce témoin, ou alors il y a eu une séance
3 de récolement, mais les notes de récolement n'ont pas encore été rédigées
4 ou terminées, et que c'est pour cela qu'elles n'ont pas été envoyées ?
5 M. DI FAZIO : [interprétation] Tout à l'heure quand je suis entré dans le
6 prétoire, il n'y avait toujours pas eu de séance de récolement et pas de
7 notes de récolement. De ce fait, pour ce qui est de l'éventualité d'un
8 récolement de ce témoin, je dois vous dire que je ne le sais pas. Je ne
9 sais pas. C'est M. Re qui s'en occupe.
10 [La Chambre de première instance se concerte]
11 M. DI FAZIO : [interprétation] Je peux vous dire que les Stojanovic n'ont
12 pas été récolés, n'ont pas fait l'objet d'une séance de récolement.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais là, vous nous parlez des
14 Stojanovic.
15 Revenons-en au Témoin 49. Je vois que nous avons reçu un message envoyé à
16 M. Re, avec copie à Emmerson, Dixon, O'Reilly, Guy-Smith, Rohan, Harvey,
17 Troop, et toute l'équipe travaillant pour le procès de Haradinaj …
18 [La Chambre de première instance se concerte]
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Voici ce qui est écrit sur ce message :
20 "Veuillez trouver ci-joint les notes de récolement, la déclaration du
21 témoin et une synthèse de la déclaration en anglais." Votre problème, c'est
22 que vous ne vouliez pas cette synthèse, c'est cela, mais c'est une version
23 finalisée --
24 M. EMMERSON : [interprétation] Je pense, normalement, l'Accusation avait
25 proposé de nous donner un document papier qui aurait été déposé ce matin.
26 C'est une proposition faite pour ce témoin-ci. Les documents, certes, nous
27 ont été donnés. Mais normalement, aujourd'hui, nous devions avoir aussi une
28 déclaration de témoin signée en albanais. C'est sur la base de tout ceci
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1 que la Défense ne soumet aucune objection du moment que tous ces documents
2 nous étaient communiqués pour que nous travaillions tous ensemble avec les
3 mêmes documents.
4 Mais depuis lors rien ne s'est passé. Alors je ne sais pas quand M.
5 Di Fazio dit qu'il y a un problème quant à savoir si le témoin va être cité
6 demain ou pas, tout ceci dépend, de toute façon, de ce document -- je ne
7 sais pas si cela dépend uniquement du fait que ce document n'a pas été
8 signé ou s'il y a aussi d'autres problèmes.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, nous savons
10 maintenant que les informations étaient communiquées hier. Nous savons
11 qu'il y a une synthèse, une note de synthèse reprenant la déclaration.
12 Pourquoi n'avez-vous pas envoyé la déclaration écrite et signée, finalisée
13 à la Défense ?
14 M. DI FAZIO : [interprétation] Jusqu'à présent, on n'a pas encore réussi à
15 avoir une signature sur le document, c'est tout ce qui manque.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'est pas aux Juges de demander
17 pourquoi vous n'avez pas réussi à obtenir cette signature. Il pourrait y
18 avoir énormément de bonnes raisons; des raisons de toutes sortes.
19 M. EMMERSON : [interprétation] J'aimerais juste savoir si l'Accusation
20 entend citer ce témoin ou non, demain ?
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio.
22 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui, oui, nous avons l'intention de le
23 citer, de l'entendre demain.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Voici ce qu'il faut faire –-
25 M. DI FAZIO : [interprétation] Quant à savoir si vous en arriverez à une
26 déposition du témoin, cela, je ne peux pas en être sûr. Je ne peux pas le
27 dire à la Défense. Mais je peux vous dire que nous en sommes déjà à avoir
28 une note de synthèse en ce qui concerne la déclaration, mais nous n'avons
Page 1770
1 toujours réussi à avoir une signature sur cette note de synthèse.
2 L'Accusation veut faire venir le témoin dans le prétoire. Mais je ne peux
3 pas vraiment en savoir plus.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous sommes dans une situation tout à
5 fait nouvelle pour ce Tribunal d'avoir un témoin cité, mais qui n'est pas
6 interrogé, mais enfin --
7 M. DI FAZIO : [interprétation] En effet, c'est assez nouveau.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est même mystérieux. Mais c'est le
9 témoin de M. Di Fazio, de toute manière, c'est lui qui va le préparer pour
10 des témoignages éventuels.
11 M. EMMERSON : [interprétation] Je tiens à dire quelque chose. A moins
12 d'être obligés de le faire, nous ne sommes pas prêts à contre-interroger ce
13 témoin sans notes de récolement, parce que s'il n'y a pas de séance de
14 récolement et si nous n'avons pas été prévenus, de toute façon nous ne
15 pouvons absolument pas contre-interroger ce témoin. Il pourrait, bien sûr,
16 être cité pour l'interrogatoire principal, mais rien de plus.
17 Autre chose. Messieurs les Juges, vous avez reçu deux requêtes écrites,
18 l'une de la Défense et l'autre de l'Accusation sur la procédure qui doit
19 être suivie. Ce n'est peut-être pas le moment de regarder la proposition de
20 l'Accusation, mais il s'agit de déclarations à la fois sur les faits et sur
21 le droit. Tout ceci est dans le document écrit de l'Accusation. C'est celui
22 que nous avons eu ce matin et il convient d'y apporter des corrections. Si
23 vous voulez que nous recommencions à reprendre les écritures, et si cela
24 peut vous aider, nous pouvons le faire car il y a des points qui doivent
25 être corrigés dans les écritures de l'Accusation.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avez-vous reçu d'autres écritures ?
27 M. EMMERSON : [interprétation] Nous pouvons aussi traiter du problème
28 oralement.
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] On aura sans doute du temps demain.
2 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, nous pourrons très bien en parler
3 demain.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Voici ce que l'on va faire. Nous ne
5 savons toujours pas si le Témoin 49 va être cité. Nous ne savons toujours
6 pas si cette note de synthèse de la Défense portant sur la déclaration du
7 témoin est un document qui pourrait aider la Défense à se préparer au
8 contre-interrogatoire. On n'en est pas sûr. Tout dépend du document, bien
9 sûr. J'imagine que vous l'avez lu. Je tiens à dire que je ne l'ai pas lu.
10 Mais j'imagine bien -- je ne voudrais pas perdre de temps. S'il n'y a que
11 deux ou trois mots à changer, une fois que l'on a le document écrit, je ne
12 vois pas vraiment ce que cela va modifier.
13 M. DI FAZIO : [interprétation] Je ne pense pas que cela soit un problème,
14 et s'il y a des modifications elles seront vraiment mineures.
15 M. EMMERSON : [interprétation] Si le témoin n'est pas prêt à signer le
16 document en l'acceptant comme étant sa propre déclaration, à quoi sert de
17 le contre-interroger ?
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Il y aussi l'enregistrement audio
19 de la séance de récolement de ce témoin. C'est une autre question, n'est-ce
20 pas ? Cela existe, cet enregistrement.
21 M. DI FAZIO : [interprétation] Je crois, oui.
22 Monsieur le Président --
23 [La Chambre de première instance se concerte]
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous en aurons terminé dans une ou deux
25 secondes. Mais j'aimerais passer en audience à huis clos partiel pour une
26 minute.
27 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes en audience à huis clos
28 partiel, Monsieur le Président.
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1 [Audience à huis clos partiel]
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11 [Audience publique]
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.
13 Donc, nous levons l'audience jusqu'à demain 14 heures 15, salle d'audience
14 numéro I.
15 --- L'audience est levée à 19 heures 07 et reprendra le vendredi 23 mars
16 2007, à 14 heures 15.
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