Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le lundi 23 avril 2007

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 19.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Madame la Greffière.

6 Veuillez, s'il vous plaît, donner le numéro de l'affaire.

7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour. Affaire IT-04-84-T, le

8 Procureur contre Ramush Haradinaj et consorts.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup, Madame. Bonjour à toutes

10 et à tous dans ce prétoire et à l'extérieur. Je souhaite tout

11 particulièrement la bienvenue à M. Gosnell, qui est le nouveau juriste du

12 bureau du Procureur, et à M. Byrne, qui est un stagiaire.

13 Maître Emmerson.

14 M. EMMERSON : [interprétation] Une question de procédure que je

15 souhaiterais aborder d'emblée, cela concerne le témoin dont il est prévu

16 qu'il dépose demain matin. Nous avons eu un échange de courrier avec la

17 Chambre aussi bien qu'avec le bureau du Procureur. Je vais résumer la

18 position en ce qui nous concerne --

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je vais vous laisser faire, mais un

20 instant auparavant, la Chambre a essayé de déterminer de combien de temps

21 on aurait besoin pour le témoin que nous allons entendre tout de suite, et

22 s'est demandée si la question ne serait pas résolue du fait que, de toute

23 façon, le contre-interrogatoire du témoin de demain ne commencera pas

24 demain.

25 M. EMMERSON : [interprétation] Non, pas tout à fait. Il est possible, si

26 nous pouvons vous persuader que le contre-interrogatoire ne devrait que

27 commencer que jeudi pour le témoin de demain, à ce moment-là, on pourrait

28 avoir là une solution. Il y a plusieurs documents qui nous ont été

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1 communiqués qui sont disponibles pour l'instant uniquement en B/C/S et en

2 albanais. Il est très difficile de savoir pour l'instant si ces documents

3 peuvent revêtir une importance quelconque pour le contre-interrogatoire. Si

4 nous disposons de suffisamment de temps entre maintenant et jeudi pour

5 avoir au moins une traduction préliminaire de ces documents, à ce moment-

6 là, nous pourrons déterminer si ces documents peuvent être importants pour

7 notre contre-interrogatoire ou pas.

8 Quelques notions de calendrier. Sans entrer dans le détail de la

9 communication de ces documents, sauf à dire qu'il y a plus de 400 pages de

10 documents. Nous avons eu le week-end pour nous préparer pour ce document et

11 pour préparer les documents relatifs au Témoin 8.

12 Mais pour préparer tous ces documents qui sont en anglais et pour

13 comprendre les autres documents qui sont en B/C/S, il nous faudrait une

14 bonne journée en dehors de l'audience.

15 Le témoin qui vient maintenant devrait prendre trois heures pour

16 l'interrogatoire principal, donc son contre-interrogatoire se poursuivra

17 demain. Nous souhaiterions soit que l'interrogatoire principal du témoin

18 concerné commence mercredi et son contre-interrogatoire jeudi, soit qu'on

19 commence son interrogatoire principal mardi, mais que le contre-

20 interrogatoire attende jeudi. Quoi qu'il en soit, il y a quand même un

21 volume de documents considérable que nous devons étudier en deux jours et

22 demi hors du prétoire. Il faut que nous ayons ce temps-là pour préparer

23 correctement tous ces documents.

24 Je ne veux pas être abrupt dans ma manière d'intervenir, mais je ne vois

25 pas d'autre solution.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, j'imagine que les

27 autres conseils de la Défense partagent en partie votre point de vue.

28 Parfois les événements trouvent une solution par eux-mêmes. On va voir ce

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1 qui se passe, et si nécessaire, la Chambre prendra une décision.

2 D'autre part, je voudrais vous rappeler que vendredi, il n'y a pas

3 d'audience en l'espèce ni la semaine prochaine, c'est un élément dont nous

4 devons tenir compte.

5 La question est tout à fait limpide. Nous allons nous pencher sur

6 cette question. Attendons un petit peu pour voir s'il est nécessaire de

7 prendre une décision tout de suite ou d'attendre un peu que les choses se

8 décantent. Enfin, nous sommes pleinement conscients de cette situation.

9 M. DI FAZIO : [interprétation] Excusez-moi d'intervenir, mais nous avons

10 tout à fait compris la position de la Chambre. C'est limpide. Cependant, ce

11 serait peut-être une bonne idée de revenir sur cette question à la fin de

12 la journée. Il faut se souvenir des deux autres témoins qui doivent déposer

13 et dont les déplacements, et cetera, peuvent avoir un impact sur la

14 décision que vous prendrez. J'aimerais pouvoir en parler si possible ce

15 soir. Je pourrais me consulter avec M. Re pendant les pauses pour voir si

16 nous pouvons ajouter quoi que ce soit à la discussion. Mais je voudrais

17 avoir la possibilité d'intervenir plus tard, si nécessaire.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce qu'il y a un troisième témoin

19 prévu après ce deuxième témoin ?

20 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui, d'après ce que je sais. Donc il faudra

21 savoir ce qu'il adviendra de ce témoin en cas de décision relative au

22 deuxième témoin.

23 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, il y a un troisième témoin qui est

24 prévu pour cette semaine. C'est un témoin qui est réticent, donc une

25 demande d'injonction de comparaître a été présentée à son sujet. Vous vous

26 souviendrez que c'est un témoin qui réside dans un pays qui n'est pas loin

27 des Pays-Bas. Donc je ne pense pas que ce sera véritablement un problème si

28 on repousse sa déposition à une date ultérieure.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Nous vous engageons à vous

2 entretenir à ce sujet pendant les pauses.

3 Monsieur Di Fazio --

4 M. DI FAZIO : [interprétation] Excusez-moi, dernière nouvelle qui m'arrive

5 à l'instant. On me fait savoir que nous pouvons accepter la proposition de

6 Me Emmerson. Si bien que les craintes que j'avais précédemment n'ont plus

7 lieu d'être.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et pas de difficultés s'agissant des 125

9 heures, Monsieur Di Fazio ? Il est bon, bien entendu, que vous arriviez à

10 un accord avec Me Emmerson, mais le calendrier nous préoccupe de plus en

11 plus.

12 M. DI FAZIO : [interprétation] Je ne voudrais pas que ce soit l'Accusation

13 qui subisse les conséquences de sa décision d'agréer à la proposition de M.

14 Emmerson. Nous ne voulons pas perdre de temps. S'il y a des répercutions

15 pour nous, j'aimerais pouvoir m'entretenir à ce sujet avec M. Re.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, c'est peut-être une bonne idée de

17 le faire parce que vous avez fait preuve de beaucoup de générosité avec M.

18 Emmerson, mais cela ne résout pas la question.

19 M. DI FAZIO : [interprétation] Tout à fait.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ces 125 heures dont vous disposez,

21 il convient que vous les utilisiez au mieux. Il n'est pas possible de ne

22 pas siéger pendant deux ou trois jours, puis ensuite de dire que ces

23 journées ne doivent pas être déduites du temps qui vous était imparti au

24 départ. Donc essayez de vous entretenir avec M. Re à ce sujet.

25 Deux questions de procédure, pas de discussion, je vais juste les

26 mentionner. Premièrement, Andjelkovic, les pièces le concernant. Le 23

27 mars, le bureau du Procureur a dit qu'il allait reclasser la totalité des

28 pièces dont on s'est servi pendant la déposition d'Andjelkovic le 6 et le 7

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1 mars. La Défense est intervenue au sujet des pièces après qu'elles avaient

2 été présentées le 6 [comme interprété] avril. Nous avions encouragé les

3 parties à entrer en contact pour trouver une solution. Le 18 avril, d'après

4 ce qui nous a été dit, une proposition a été faite qui était de demander le

5 versement au dossier des journaux d'Andjelkovic qui avaient été reclassés.

6 Avant d'aller plus avant, je voudrais savoir si les préoccupations

7 exprimées par Me Emmerson le 6 avril ont trouvé une réponse maintenant que

8 ces pièces ont été présentées d'une autre manière ?

9 M. EMMERSON : [interprétation] Je devrais être en mesure normalement

10 de vous répondre, mais malheureusement ce n'est pas le cas.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'est pas grave. Veuillez

12 simplement informer la Chambre au plus tôt de ce qu'il en est afin que nous

13 sachions s'il y aura une discussion concernant le versement au dossier de

14 cette pièce ou si les parties sont d'accord.

15 M. EMMERSON : [interprétation] Je ne pense pas qu'il y aura de débat sur le

16 principe. Il s'agit simplement premièrement de s'assurer que ces pièces

17 sont présentées dans l'ordre chronologique et qu'elles sont véridiques. Et

18 deuxièmement, il s'agit de s'assurer qu'il s'agit de ne verser au dossier

19 que les pièces qui ont été évoquées par le témoin ou sur lesquelles les

20 parties souhaitent s'appuyer. Donc c'est une question d'organisation

21 purement et simplement.

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vois que les trois conseils de la

23 Défense opinent du chef. Nous souhaiterions être informés cependant, même

24 si ce n'est pas urgent, assez rapidement pour savoir ce qu'il en est du

25 versement au dossier de cette pièce et prendre une décision.

26 Autre chose, la Chambre de première instance a demandé au Procureur des

27 informations s'agissant de la sécurité des témoins au Kosovo il y a déjà

28 longtemps. Dernier épisode, le 17 avril, la Chambre de première instance a

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1 accepté d'accorder aux parties un ou deux jours supplémentaires avant

2 qu'elles ne répondent aux dernières propositions faites. Ces journées sont

3 écoulées maintenant.

4 M. EMMERSON : [interprétation] La situation reste identique. La Défense a

5 fait clairement savoir quelle était sa position à l'Accusation. En ce qui

6 concerne les témoins de deuxième catégorie qui n'ont fait l'objet d'aucun

7 menace, à condition que les critères un et deux soient remplis, il n'y aura

8 pas d'objection aux demandes de mesures de protection.

9 D'après ce que j'ai compris de mes discussions avec M. Re, il n'y aura sans

10 doute pas d'opposition sur ce point de la part de l'Accusation; mais il

11 veut me répondre de manière officielle et c'est peut-être quelque chose

12 qu'il a omis de traiter ou qu'il a mis de côté pour l'instant.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous souhaiterions être informés aussi

14 rapidement que possible de ce qu'il en est après ces journées

15 supplémentaires qui vous ont été accordées, ceci au sujet du troisième

16 critère.

17 M. DI FAZIO : [interprétation] Est-ce que nous pourrons intervenir sur ce

18 point après l'audition du témoin ?

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, tout à fait. Ce témoin ne nécessite

20 d'ailleurs aucune mesure de protection, donc même si on revient sur ce

21 sujet demain, cela ne pause aucun problème.

22 Monsieur Di Fazio, êtes-vous prêt à entendre votre témoin ?

23 M. DI FAZIO : [interprétation] Tout à fait, mais il y a une petite question

24 de procédure qui nous gêne un peu et qui est la suivante. Comme les Juges

25 de la Chambre le savent, ce témoin va déposer aussi bien de manière orale

26 qu'en application de l'article 92 ter, donc avec présentation d'éléments de

27 preuve écrits. Et les sources principales écrites de sa déposition sont une

28 déposition de l'an 2005 et une autre qui a été recueillie en avril 2007. Si

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1 bien que je voudrais présenter au témoin ses déclarations, lui demander de

2 les identifier et remplir, bien entendu, tous les critères qui sont prévus

3 à l'article 92 ter.

4 Ce que je voudrais savoir, c'est si la Chambre de première instance

5 veut qu'il y ait expurgation dans ces déclarations de tous les passages

6 dont le témoin va nous parler oralement, à la différence de ce qui sera

7 versé au dossier par écrit; ou est-ce que vous souhaitez que la totalité de

8 la déclaration soit produite et que le témoin ensuite s'exprime

9 parallèlement ou en addition de ce qui figure par écrit dans les documents

10 ?

11 Nous pouvons aller dans un sens comme dans l'autre, mais nous

12 souhaiterions recevoir vos instructions à ce sujet.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

14 Maître Emmerson.

15 M. EMMERSON : [interprétation] De manière générale, notre position de

16 principe, c'est que la fonction d'une déclaration relevant de l'article 92

17 ter, c'est de présenter des éléments de preuve écrits à la Chambre de

18 première instance, des éléments qui ne feront pas l'objet d'une

19 intervention orale de la part du témoin, comme cela s'est fait avec le

20 Témoin 21, avec une déclaration qui a été écrite qui traitait des

21 événements jusqu'à un certain moment, ensuite, tout ce qui a suivi cette

22 date, le témoin s'est exprimé oralement.

23 Il faudrait au moins qu'au dossier soit indiqué clairement quelles

24 sont les parties de la déclaration qui vont être versées au dossier en

25 vertu de l'article 92 ter et les autres, et ce qui va être invoqué par le

26 témoin oralement.

27 Je pense qu'il faut d'une manière ou d'une autre établir les limites

28 entre ce qui est versé au dossier ou pas en vertu de l'article 92 ter.

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1 Certains paragraphes de ces déclarations ne sont pas versés au dossier en

2 vertu de l'article 92 ter, mais sont simplement, comme cela a été le cas

3 pour d'autres témoins, présentés à la Chambre comme éléments de contexte.

4 Cela entre dans le cadre de la décision qui avait été prise par la Chambre

5 et vous nous aviez dit, Monsieur le Président, que c'était des éléments

6 dont il ne serait pas tenu compte en dernière instance.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Pour moi, je ne vois pas que

8 l'article 92 ter s'applique uniquement aux parties de la déclaration qui ne

9 vont pas être abordées oralement. On peut demander au témoin de donner des

10 commentaires supplémentaires, d'ajouter certaines choses. Enfin, il

11 faudrait quand même savoir exactement ce qui est versé au dossier en vertu

12 de cet article 92 ter pour que l'Accusation n'ait pas à donner de résumé de

13 tout cela; et de ce qui va être abordé oralement.

14 Aux premières questions, Monsieur Di Fazio, vous avez dit qu'il y

15 avait une déclaration qui datait d'avril 2007, quelques 18 pages. Est-ce

16 que vous souhaitez ajouter quoi que ce soit à ces 18 pages ou vous

17 appuyiez-vous uniquement sur ce document ?

18 Vous avez dit que tout le reste serait versé au dossier en vertu de

19 l'article 92 ter. Le mieux serait peut-être de choisir l'option des

20 déclarations expurgées.

21 A ce sujet, une petite précision : il y a deux façons d'expurger une

22 déclaration; la première c'est de rendre certains passages complètement

23 illisibles; l'autre, de simplement les biffer, si bien qu'on peut toujours

24 lire ce qui a été biffé. L'avantage de cette dernière solution à laquelle

25 nous ne nous opposerions pas, c'est que les parties ont déjà reçu les

26 déclarations non expurgées, elles peuvent donc un peu s'attendre à avoir

27 une idée de ce qui va être évoqué oralement par le témoin; ça aussi c'est

28 une solution qu'on peut envisager.

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1 Moi, ma proposition est la suivante : pour l'instant, vous nous

2 présentez les déclarations expurgées --

3 [La Chambre de première instance se concerte]

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, on pourrait

5 partir du principe pour l'Accusation que cela serait une solution, que le

6 témoin dépose indépendamment de la déclaration écrite, en fait, ça risque

7 de prendre un peu par surprise la Défense parce qu'on l'avait annoncé qu'il

8 y avait certains passages qui seraient présentés en vertu de l'article 92

9 ter - donc, cela ce n'est pas une bonne solution, si bien que je pense

10 qu'il vaudrait mieux au témoin sa déclaration expurgée, pas biffée mais

11 expurgée, carrément caviardée, dirons-nous.

12 Donc, vous pourriez, je pense, trouver une manière de rendre la

13 procédure aussi transparente que possible pour qu'on sache exactement de

14 quoi il va parler --

15 M. DI FAZIO : [interprétation] Cela nous agrée tout à fait.

16 Est-ce que cette décision que nous venons de prendre, cette

17 discussion que nous venons d'avoir peut être considérée comme un précédent,

18 à savoir qu'à l'avenir on pourra s'en inspirer pour savoir si, oui ou non,

19 on peut demander à un témoin de s'exprimer, de commenter une déclaration

20 versée au dossier en vertu de l'article 92 ter si ça soit se produire

21 encore ?

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais j'ai déjà dit que la Chambre

23 n'était pas encore convaincue parce que demander à un témoin de s'exprimer

24 sur une déclaration 92 ter, ce n'est pas en soi complètement inacceptable.

25 M. GUY-SMITH : [interprétation] J'ai participé aux travaux du comité

26 chargé du Règlement au moment où on débattait de cet article 92 ter - c'est

27 pour cela que je me permets d'intervenir. Il me semble qu'à l'époque,

28 l'idée c'était que l'article 92 ter, c'était qu'il permettrait de gagner

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1 beaucoup de temps dans la présentation des éléments de preuve, parce que

2 ces éléments de preuve seraient présentés de manière écrite, sous forme

3 écrite, et qu'il n'y aurait plus de discussions, de débats sur les éléments

4 de preuve présentés ainsi de manière écrite.

5 Malheureusement, ce qu'on voit se produire dans de nombreux prétoires

6 ici au Tribunal c'est que les déclarations sont, certes, présentées en

7 vertu de l'article 92 ter, mais qu'on demande ensuite au témoin de

8 s'exprimer à ce sujet également. Ce que nous avons fait ici dans cette

9 affaire jusqu'à présent, ça a été de respecter de manière plus fidèle

10 l'article 92 ter, à savoir que tout ce qui est présenté sous forme écrite

11 doit être simplement confirmé par le témoin et soumis éventuellement à un

12 contre-interrogatoire, et que d'autre part il y a des éléments qui sont

13 abordés par le témoin qui sont distincts, qui sont abordés oralement.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Guy-Smith, oui, vous parlez

15 de l'application de l'article 92 ter. C'est une question politique générale

16 du Tribunal. La Chambre encourage les efforts de l'Accusation parce qu'elle

17 est déjà en retard cette Accusation, donc il s'agit d'utiliser au mieux

18 toutes les solutions qui sont à notre disposition pour gagner du temps.

19 Monsieur Di Fazio, êtes-vous prêt à entamer l'audition du témoin ?

20 M. DI FAZIO : [interprétation] Excusez-moi. Non, il y a encore quelque

21 chose que je voudrais dire, mais c'est pour nous faire gagner du temps. Il

22 s'agit de savoir ce qui va se passer avec les pièces à conviction dont

23 parle le témoin dans sa déclaration.

24 Il fait référence à toutes sortes de documents, vous pouvez le constater,

25 que ce sont des documents qui portent des numéros de référence ERN. Je suis

26 sûr que vous avez reçu mon index avec mon classeur dans lequel j'indique la

27 correspondance entre ces documents-là et les documents 65 ter. J'ai

28 l'intention de demander le versement au dossier de tous ces documents. Si

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1 ça va nous causer des difficultés, si ça doit entraîner des objections de

2 la part de la Défense, le mieux serait de résoudre la question tout de

3 suite.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En dehors de ce que va dire la Défense,

5 je dois vous signaler que nous, du côté de la Chambre, nous n'avons pas vu

6 ces documents. Et demandez à la Chambre de se prononcer sur des documents

7 qu'elle n'a pas encore vus, ça effectivement, c'est une difficulté.

8 M. DI FAZIO : [interprétation] Alors, à ce moment-là, une proposition que

9 je pourrais vous faire pour trouver une solution, c'est de leur donner un

10 cote aux fins d'identification à ces documents pour l'instant.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais il faut les lire ces

12 documents. Donnez une cote aux fins d'identification, ça c'est une chose.

13 Mais bon, écoutons, Maître Emmerson.

14 M. EMMERSON : [interprétation] Je me lève uniquement pour vous rappeler que

15 quand j'ai vu la dernière déclaration de ce témoin, je me suis rendu compte

16 qu'il y a une bonne partie de ces déclarations qui a trait à

17 l'identification des documents et qui a trait également à l'identification

18 par le témoin de la signature de M. Haradinaj. Ça m'a beaucoup surpris la

19 lecture de ce document, parce qu'avant les vacances de Noël, l'Accusation

20 avait remis à la Défense toute une liste de points d'accord éventuels qui

21 découlaient de tous ces documents. La Défense avait répondu à cela en

22 janvier en lui faisant savoir quels étaient les documents pour lesquels

23 elle reconnaissait la signature, et le fait est que dans certains cas, M.

24 Haradinaj utilisait un tampon pour signer les documents, un tampon de sa

25 signature, mais il n'a pas contesté qu'il l'avait fait, que ces documents

26 relevaient de son autorité.

27 Je n'ai pas eu l'occasion de me préparer document par document, je veux

28 parler des documents qui vont nous être présentés tout de suite, mais on

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1 pourrait faire le rapport avec les faits, notre réponse concernant les

2 points d'accord. Vous parlez, Monsieur le Président, de gagner du temps, et

3 je pense que demander au témoin qui n'est pas un expert en matière

4 d'écriture de se prononcer sur la signature de M. Haradinaj, ce n'est pas

5 très utile.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, voyez qu'il y a

7 encore quelques difficultés qui persistent. Me Emmerson nous a dit qu'il y

8 a déjà beaucoup de documents pour lesquels il reconnaît que c'est M.

9 Haradinaj qui les a signés. Je me souviens qu'il y a 80 à 90 % des

10 documents qui sont confirmés.

11 Donc, ça peut être utile pour vous, Monsieur Di Fazio. Bien entendu, ces

12 documents seront versés au dossier avec une cote aux fins d'identification

13 pour que la Chambre puisse en prendre connaissance ultérieurement, mais il

14 y a des documents sur lesquels la Chambre souhaiterait se pencher avec un

15 peu plus d'attention, surtout ceux où M. Haradinaj ne reconnaît pas sa

16 signature.

17 M. EMMERSON : [interprétation] Bien entendu. Je pense que M. Di Fazio peut

18 nous dire quels sont les documents qu'il souhaite verser au dossier, qui

19 correspondent aux documents qui faisaient l'objet des points d'accord

20 éventuels, comme ça il connaîtrait exactement la position de la Défense.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Si M. Di Fazio ne l'a pas encore

22 fait, il pourra le faire dans les heures qui suivent.

23 M. DI FAZIO : [interprétation] En fait, je n'avais pas l'intention

24 d'aborder ces documents-là. Je vois que la Défense place les choses dans

25 une perspective différente, en nous replaçant dans le contexte des points

26 d'accord éventuels. Je voulais simplement que ces documents soient versés

27 et portent une cote aux fins d'identification. Je ne veux pas que le témoin

28 les passe en revue un à un et nous donne des informations supplémentaires.

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1 Je souhaitais simplement une cote aux fins d'indentification.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc j'imagine qu'avant le contre-

3 interrogatoire, au moins on saura de quels documents et sous quels

4 concluants il s'agit de se pencher.

5 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, je sais quels documents vont faire

6 l'objet de mon contre-interrogatoire. Mais je pense que c'est un petit peu

7 bizarroïde, excusez-moi de le dire, de procéder de la sorte, de demander au

8 témoin, qui ne produit pas ces documents, d'être celui par le truchement

9 duquel on va verser au dossier les documents qui portent la signature de M.

10 Haradinaj. Cela me paraît un peu bizarre.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Soit sur la base des faits, des points

12 d'accord, soit de la déclaration du témoin, nous avons les documents pour

13 lesquels les parties sont d'accord que c'est M. Haradinaj qui les a signés.

14 Bon, ne nous attardons pas.

15 Monsieur Di Fazio, est-ce que vous êtes prêt à interroger votre

16 témoin ?

17 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, je suis prêt.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Huissière, pourriez-vous, s'il

19 vous plaît, faire entrer le témoin, M. Zyrapi, dans le prétoire.

20 M. DI FAZIO : [interprétation] Pendant que nous attendons, pourrions-nous

21 faire en sorte que nous ayons le document 1304 du 65 ter à l'écran s'il

22 vous plaît.

23 [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, j'ai suggéré de lire

25 le résumé, qui ne comporte qu'une seule page. Peut-être au commencement, en

26 présence du témoin, je considère que vous avez expliqué ceci au témoin, il

27 ne s'agit pas de sa déclaration mais tout simplement d'un résumé de sa

28 déclaration, et à ce moment-là, vous pourriez lui montrer --

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1 M. DI FAZIO : [interprétation] Vous voulez parler du résumé de la

2 déclaration faite au titre de l'article 92 ter ?

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

4 M. DI FAZIO : [interprétation] Bien. J'allais lui montrer, en fait, les

5 détails le concernant, ses tenants et aboutissants, c'est un autre

6 document.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est un autre document.

8 M. DI FAZIO : [interprétation] Est-ce que vous préféreriez d'abord que ce

9 soit moi qui m'occupe du résumé ? Je peux le faire.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, si le témoin n'est pas encore ici.

11 M. DI FAZIO : [interprétation] Bon, je suis tout à fait prêt à le faire,

12 peu importe qu'il soit là ou non.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois qu'il est déjà en train

14 d'entrer, donc je vais lui expliquer la procédure.

15 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui.

16 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Zyrapi. C'est bien

18 cela ?

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Zyrapi, avant que vous ne

21 commenciez à faire votre déposition dans cette salle d'audience, le

22 Règlement de procédure et de preuve exige que vous fassiez une déclaration

23 solennelle selon laquelle vous direz la vérité, toute la vérité et rien que

24 la vérité. Le texte vous est présenté par Mme l'Huissière, et j'aimerais

25 vous inviter à faire cette déclaration solennelle.

26 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

27 vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

28 LE TÉMOIN: BISLIM ZYRAPI [Assermenté]

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1 [Le témoin répond par l'interprète]

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, veuillez vous asseoir.

3 Monsieur Zyrapi, vous allez faire votre déposition dans cette salle

4 d'audience; et en l'occurrence, vous avez déjà fait un certain nombre de

5 déclarations, et une partie de ce que comporte ces déclarations ne sera pas

6 répétée au cours de votre déposition.

7 Néanmoins, pour que le public puisse comprendre ce qui figure dans ces

8 déclarations publiques, M. Di Fazio va commencer par lire un résumé. Ce

9 n'est pas votre déclaration, ce n'est pas votre déposition, mais simplement

10 un résumé de sorte que le public soit mieux à même de comprendre le reste

11 de votre déposition. Par conséquent, M. Di Fazio va commencer par lire

12 cela.

13 Monsieur Di Fazio, allez-y.

14 M. DI FAZIO : [interprétation] Je vous remercie. Donc, résumé de la

15 déclaration faite au titre de l'article 92 ter du Règlement de Bislim

16 Zyrapi.

17 "M. Zyrapi est un Albanais qui, actuellement, a un poste au

18 Département de la gestion des questions d'urgence au Kosovo. Précédemment,

19 il était militaire de carrière dans la JNA, et plus tard dans l'ABiH, puis

20 l'UCK. En mars 1998, il est allé à Tirana, en Albanie et s'est occupé

21 d'aider de former des soldats de l'UCK en Albanie. En avril ou en mai 1998,

22 il a rencontré brièvement Ramush Haradinaj à Tirana, dans un appartement

23 qui était utilisé par M. Zyrapi et d'autres soldats de l'UCK. Il a remarqué

24 à cette occasion que Ramush Haradinaj était troublé, ennuyé à se disent

25 certains mots dans le sens que des officiers de l'UCK devraient quitter

26 l'Albanie et se rendre au Kosovo. En même temps, Ramush Haradinaj, que le

27 témoin connaissait selon Smalj, était blessé. Egalement présents étaient

28 d'autres membres de l'UCK.

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1 "Le 28 mai 1998, M. Zyrapi a traversé la frontière entre l'Albanie et

2 le Kosovo avec environ 80 soldats armés de l'UCK. Tous étaient armés, en

3 uniforme, chaque homme portait une arme supplémentaire. Des membres de

4 l'état-major général de l'UCK faisaient partie de ce groupe. Après son

5 entrée au Kosovo, M. Zyrapi a reçu pour mission de former et de conseiller

6 les forces de l'UCK, ainsi que de vérifier l'état de préparation de la

7 défense de l'UCK au Kosovo occidental pour les zones d'opération, ceci

8 comprenant la zone d'opération de Dukadjin.

9 "Bislim Zyrapi a continué de rencontrer Ramush Haradinaj et l'a revu

10 en août ou septembre 1998 à la suite d'un différend entre Ramush Haradinaj

11 et Tahir Zemaj. Puis, en 1999, il a également rencontré Ramush Haradinaj de

12 façon plus fréquente après novembre 1998, lorsqu'il a été nommé chef

13 d'état-major à l'état-major général de l'UCK. Parfois, des commandants de

14 zones opérationnelles, tels que Ramush Haradinaj, ont fourni des rapports à

15 l'état-major général de l'UCK sous forme écrite ou de façon orale. Bislim

16 Zyrapi a eu la possibilité de voir la signature de Ramush Haradinaj lorsque

17 de tels rapports étaient présentés. Bislim Zyrapi a vu un certain nombre de

18 pièces à conviction présentées par l'Accusation et a fourni un commentaire

19 sur ces documents, y compris concernant la signature de Ramush Haradinaj

20 qui figure sur un grand nombre de ces documents.

21 "Bislim Zyrapi a été au courant d'un différend entre la FARK ou

22 forces armées de la République du Kosovo, Tahir Zemaj, un officier qui

23 était arrivé au Kosovo vers le mois de juillet 1998 en ce qui concerne le

24 commandement des forces dans la zone opérationnelle de Dukadjin. Vers la

25 fin du mois d'août ou au début septembre 1998, Bislim Zyrapi et une

26 délégation de l'état-major de l'UCK s'est rendu en visite dans le secteur

27 de Dukadjin et est intervenu dans le différend et l'état-major général de

28 l'UCK a pris position avec Ramush Haradinaj dans ce différend."

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1 Puis-je poursuivre ?

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous en prie.

3 Interrogatoire principal par M. Di Fazio :

4 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin, je voudrais que vous regardiez

5 maintenant l'écran que vous avez devant vous et vous allez voir une liste

6 de renseignements personnels. Est-ce que vous voyez ces éléments ? Vous

7 voyez ce qui est anglais, suivi d'une traduction en albanais. Pourriez-vous

8 simplement la lire rapidement, et voir justement ces éléments, nous dire

9 s'ils sont exacts, si ceci correspond bien à votre date de naissance, votre

10 lieu de naissance, et autres éléments personnels, y compris des détails

11 concernant votre carrière militaire, et si c'est nécessaire, vous pouvez

12 faire défiler le texte, peut-être qu'on pourrait vous aider à le faire. Si

13 vous avez du mal on demandera à l'Huissière.

14 R. Oui, j'ai tout lu.

15 Q. Est-ce que ces éléments sont exacts ou est-ce qu'il y a quelque chose

16 que vous souhaiteriez modifier ?

17 R. Tout ce que j'ai lu est exact.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière, ce document recevra

19 comme cote ?

20 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agira de la

21 pièce à conviction numéro P117, qui reçoit une cote provisoire aux fins

22 d'identification.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

24 Y a-t-il des objections de la part de la Défense ? Si ce n'est pas le

25 cas, je crois que vous souhaitez que ce document soit versé au dossier.

26 Puisqu'il n'y a pas d'objection, il est effectivement versé au dossier.

27 M. DI FAZIO : [interprétation] Je vous remercie.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

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1 M. DI FAZIO : [interprétation]

2 Q. Je souhaiterais maintenant vous montrer, Monsieur Zyrapi, des versions

3 électroniques de votre déclaration. Là encore, elles vont apparaître à

4 l'écran, et vous verrez qu'il y a des parties qui ont été caviardées.

5 Alors, ne vous en préoccupez pas, c'est pour différentes raisons d'ordre

6 juridique. Nous allons vous entendre verbalement sur la question de ces

7 parties qui ont été caviardées, et c'est la raison pour laquelle elles le

8 sont, ce n'est pas quelque chose dont vous devriez vous inquiéter.

9 M. DI FAZIO : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait, s'il vous plaît,

10 montrer au témoin la déclaration de novembre 2005, c'est-à-dire la pièce

11 13103 de la liste 65 ter.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière, ceci serait quel

13 numéro ?

14 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, ce serait la

15 pièce à conviction P118, avec une cote aux fins d'identification.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

17 M. DI FAZIO : [interprétation] Si vous le permettez, j'ai également une

18 copie papier. Pourriez-vous montrer -- qu'on ait une copie papier le

19 témoin, peut-être que ce sera plus commode.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que ce sera plus commode pour

21 le témoin de le parcourir.

22 M. DI FAZIO : [interprétation] Très bien.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il a une copie papier de cela.

24 M. DI FAZIO : [interprétation] Bien. Si vous le permettez, aux fins du

25 compte rendu, je voudrais simplement dire que je présente maintenant au

26 témoin non pas une, mais deux déclarations. Pour commencer, la déclaration

27 de novembre 2005 qui est la pièce 13103 de la liste 65 ter qui contient des

28 expurgations, des passages expurgés; et deuxièmement la déclaration d'avril

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1 2007, qui est la pièce 13101 de la liste 65 ter, qui contient également des

2 passages expurgés.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

4 Madame la Greffière, pourriez-vous, s'il vous plaît attribuer des

5 cotes pour commencer avec la déclaration de novembre 2005 ?

6 M. DI FAZIO : [interprétation] Maintenant, Monsieur le Président --

7 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] S'il s'agit de la pièce que vous venez

9 d'annoncer, n'est-ce pas, c'est la 1303 de la liste 65

10 ter ?

11 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Oui, c'est exact, Monsieur le

12 Président.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je vois que nous avons maintenant

14 la version en B/C/S --

15 M. DI FAZIO : [interprétation] Je pense que c'est une version albanaise que

16 vous devriez avoir.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, c'est la version albanaise,

18 excusez-moi. Est-ce qu'il serait possible également pour les membres de la

19 Chambre de faire défiler le texte de façon à ce que nous puissions voir si

20 les différents paragraphes --

21 M. DI FAZIO : [interprétation] La version albanaise, si vous le permettez,

22 n'a pas été expurgée. J'ai simplement l'intention de demander le versement

23 au dossier, bien sûr, des versions anglaises de ces déclarations.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Qu'est-ce que vous avez donné au

25 témoin ?

26 M. DI FAZIO : [interprétation] Ce que j'ai donné au témoin, ce sont les

27 versions anglaises de ces déclarations.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

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1 M. DI FAZIO : [interprétation] Ce sont celles qui ont été signées --

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

3 M. DI FAZIO : [interprétation] -- et il y a celles que nous devrons

4 examiner.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais en même temps, il pourrait y

6 avoir quelque confusion pour savoir, au moment où on demandera le versement

7 au dossier -- admise, la version expurgée -- Je veux dire, je comprends que

8 la traduction devra également être expurgée de façon à correspondre

9 exactement à ce qui est dans l'original.

10 M. DI FAZIO : [interprétation] Le problème ne s'est pas posé, mais je

11 pourrais faire en sorte que --

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Donc --

13 M. DI FAZIO : [interprétation] -- pour ceci puisse être fait et que ceci

14 puisse être fait dès que possible.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Parce que sans cela, nous aurons des

16 versions différentes comme éléments de preuve; une version albanaise

17 complète et sans expurgation, et une version en anglais qui serait

18 expurgée. Je ne sais pas quelle est la situation qui serait la préférable.

19 M. DI FAZIO : [interprétation] Très bien. Donc je vais m'occuper de la

20 question et cela sera fait dans l'heure.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

22 M. DI FAZIO : [interprétation] Est-ce que vous préférez que je poursuive

23 ceci plus tard ? Est-ce qu'on peut poursuive avec cette déposition ?

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y.

25 M. DI FAZIO : [interprétation] Je vais demander que les versions albanaises

26 soient par conséquent expurgées de façon parallèle afin qu'elles

27 correspondent aux expurgations qui sont faites dans le texte anglais, et je

28 produirai cette déclaration au témoin en anglais plus tard.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, c'est bien cela.

2 M. DI FAZIO : [interprétation] Peut-être que les déclarations devraient

3 m'être rendues, Madame l'Huissière, je vous remercie.

4 Q. Excusez-moi pour cette confusion, Monsieur le Témoin. Je vais vous

5 présenter ceci plus tard lorsque vous pourrez avoir une version comportant

6 des expurgations analogues en albanais pour l'accompagner.

7 Je voudrais simplement obtenir quelques renseignements

8 supplémentaires concernant votre travail et votre carrière dans l'UCK. Quel

9 grade avez-vous finalement obtenu en l'UCK, et quand avez-vous obtenu ce

10 grade ?

11 R. Dans l'UCK, j'étais chef de l'état-major général de l'UCK. Je n'avais

12 pas de grade particulier.

13 Q. Je vous remercie. Lorsque vous avez été désigné à ce poste de chef

14 d'état-major général, c'était quand ?

15 R. En novembre 1998.

16 Q. Est-ce que vous avez conservé ce poste pendant toute la guerre ?

17 R. Non. Jusqu'en avril 1999, j'étais d'état-major général, puis j'ai

18 quitté ces fonctions et j'ai eu d'autres fonctions, une autre mission.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant que nous ne poursuivions, Monsieur

20 Di Fazio, j'ai essayé de vérifier ce que nous avons par rapport à ce qui

21 est dit dans votre e-mail, votre courriel du 20 avril, dans lequel vous

22 annoncer quels sont les paragraphes sur lesquels vous allez poser des

23 questions pour que la déposition soit faite verbalement à ce sujet.

24 Et je lis maintenant - je me réfère à la déclaration de novembre 2005

25 - que : "la déposition fera l'objet de questions sur les documents auxquels

26 il est fait référence aux paragraphes 6, 7, 12, 13, 14, 18."

27 C'est bien ce que j'ai compris, juste pour commencer ?

28 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.

2 Maintenant, Monsieur Di Fazio, je lis ceci comme voulant dire que le

3 paragraphe 6 de la déclaration ne serait pas présenté aux fins de versement

4 au dossier comme élément de preuve au titre de l'article 92 ter. Mais je

5 vois que dans la version expurgée que j'ai à l'écran, je vois tout d'abord

6 les trois premières lignes du paragraphe 6 qui n'ont pas été caviardées.

7 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui, excusez-moi. Je vous présente mes

8 excuses pour cela.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vois que ce que vous voudriez

10 entendre par la déposition qui sera faite concerne 12, 13, 14. 12, dans la

11 version que je trouve sur mon écran, n'est pas caviardée. Maintenant, vous

12 êtes en train de faire ce que vous avez annoncé - je suppose que la Défense

13 s'est fondée sur cela - que ce sont là ces paragraphes qui ont été

14 caviardés, et maintenant il se révèle qu'ils ne l'ont pas été. Tout au

15 moins je ne suis pas allé plus loin, il semble que le 18 cela va bien; le

16 19, vous dites que vous allez également poser des questions au témoin. Mais

17 le 19 complet n'a pas été caviardé. Le 20 non plus, le 21 non plus, il n' y

18 a que le 22.

19 Donc ce que vous faites, c'est que vous annoncez dans un courriel

20 quelles sont les parties de la déposition 92 ter, et ici Me Emmerson, à

21 juste titre, a souligné à quel point il était important d'avoir toute la

22 transparence nécessaire ici. Maintenant, vous nous présentez un document

23 qui ne traduit que partiellement ce que vous avez dit que vous alliez

24 présenter ce que vous avez dit dans votre e-mail.

25 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'aimerais voir maintenant, en fait, ce

27 qui a été présenté au témoin pour m'assurer qu'il s'agit bien du document

28 analogue. Est-ce que l'Huissier pourrait un instant -- si le témoin l'a

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1 rendu --

2 M. DI FAZIO : [interprétation] Je l'ai ici.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je voudrais voir le document, c'est-à-

4 dire celui qui --

5 M. DI FAZIO : [interprétation] Mais il n'a pas plus ces documents, Monsieur

6 le Président. Je les ai repris.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je vois que j'ai juste regardé la

8 déclaration de novembre et je ne vais pas examiner l'ensemble, Monsieur Di

9 Fazio. La Chambre s'attend à ce que, si vous dites dans une déclaration :

10 "La déposition verbale sera faite sur la base de documents qui sont cités

11 dans tel ou tel paragraphe et dont nous avons déjà discuté et pour lesquels

12 vous avez préparé une version caviardée ou avec des expurgations, à ce

13 moment-là, la Chambre s'attend à ce que vous ayez effectivement expurgé

14 tous les paragraphes que vous mentionnez, non pas seulement la moitié.

15 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui, je vous prie de m'excuser. Je vais

16 m'assurer que la version qui sera produite par la suite reflète bien cela

17 au cours de l'après-midi.

18 M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi de demander la parole. Comme je

19 vous ai dit, j'espère que j'ai dit les choses très clairement d'emblée.

20 Tout ce qui me préoccupe, c'est d'avoir une situation parfaitement claire.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

22 M. EMMERSON : [interprétation] Donc, je vois ce que j'ai compris de la

23 dernière remarque de M. Di Fazio, c'est que maintenant la déclaration sera

24 alignée sur ce qui est dit dans le courriel plutôt que le contraire, si je

25 ne me trompe.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est comme cela que je l'ai compris,

27 Monsieur Di Fazio.

28 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

2 Veuillez poursuivre.

3 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci.

4 Q. Je voudrais maintenant vous poser quelques questions, Monsieur le

5 Témoin, concernant une période qui se trouve vers la fin de 1997. A ce

6 moment-là, est-ce que vous résidiez dans un pays d'Europe occidentale ? Je

7 n'ai pas besoin de savoir quel pays en particulier.

8 R. Oui.

9 Q. Est-ce que vous alliez parfois à des clubs albanais de temps à autre ou

10 des Albanais se réunissaient pour se retrouver ensemble et pour d'autres

11 raisons ?

12 R. Oui.

13 Q. Est-ce qu'en allant à ces clubs, vous vous êtes rendu compte de

14 l'existence de l'UCK ?

15 R. Oui, dans un club.

16 Q. Pourriez-vous dire aux membres de la Chambre de première instance

17 comment ceci s'est fait ?

18 R. C'était en 1997, 1998, il y avait des clubs qui existaient à ce moment-

19 là en Europe. J'y suis allé en visite; c'étaient des clubs albanais, et les

20 Albanais s'y réunissaient pour différentes activités -- pardon, pas en

21 avril, mais en 1997, 1998, j'y suis allé, j'ai participé à des réunions, et

22 j'étais présent à une réunion avec l'un des représentants de l'UCK qui a

23 décrit la situation au Kosovo. J'ai proposé au cours de cette réunion de

24 rejoindre l'UCK. Mais il y avait également du travail à faire pour récolter

25 des fonds pour l'UCK.

26 Q. Je vous remercie. Je vais vous poser quelques questions concernant le

27 fait que vous avez rejoint l'UCK, en temps utile. Je voudrais simplement

28 que vous disiez à la Chambre de première instance ce que vous savez en ce

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1 qui concerne l'apparition de l'UCK et des représentants de l'UCK dans ces

2 clubs, et ce qu'ils faisaient en 1997.

3 Premièrement - et rappelez-vous, il ne s'agit pas de vous-même en

4 particulier - y a-t-il eu des tentatives de recruter des Albanais à l'UCK

5 en utilisant justement ces clubs comme moyen ?

6 R. Oui. Au cours de ces réunions, on a parlé de rejoindre l'UCK.

7 Q. Comment est-ce que cela se manifestait, cela ? Est-ce que c'étaient des

8 orateurs de l'UCK qui s'adressaient aux membres des clubs. Est-ce que

9 c'étaient par des affiches ? Comment, en fait, les choses se déroulaient-

10 elles ?

11 R. Cela se passait au cours de la réunion. Il y avait un exposé qui était

12 fait en ce qui concerne la situation au Kosovo, et on offrait la

13 possibilité aux Albanais de la diaspora de rejoindre l'UCK. Puis ils

14 parlaient aux gens de la personne qu'ils devaient contacter de façon à

15 pouvoir rejoindre l'UCK.

16 Q. Je vous remercie. Est-ce que ceci avait eu lieu vers la fin de 1997 ?

17 R. Pour autant que je sache, oui, en 1997 et en 1998.

18 Q. Je vous remercie. Est-ce que ceci avait lieu dans un seul des clubs

19 albanais ou est-ce que vous avez vu faire des tentatives de recrutement à

20 divers clubs albanais en Europe lorsque vous y êtes allé ?

21 R. Dans tous les clubs en Europe qui existaient.

22 Q. Est-ce que ces efforts de recrutement étaient tous ouverts; était-ce

23 fait de façon publique; il n'y avait rien de clandestin les concernant ?

24 R. Les réunions qui avaient lieu étaient des réunions ouvertes, tout au

25 moins les réunions auxquelles j'ai pris part.

26 Q. Je vous remercie. Avez-vous jamais entendu parler de l'existence de

27 quelque chose qui s'appelle Vendladja Therret, la Vendladja Therret, le

28 fonds Therret, T-h-e-r-r-e-t. Avez-vous jamais entendu parler d'un tel

Page 3181

1 fonds ?

2 R. Oui, ce fonds existait dans la diaspora en 1997.

3 Q. Pouvez-vous vous rappeler quand en 1997 vous avez pour la première fois

4 entendu parler de ce fonds ?

5 R. Lorsque j'ai commencé à assister à ces réunions dans les clubs

6 albanais.

7 Q. Pourriez-vous expliquer aux membres de la Chambre ce qu'étaient

8 exactement ces fonds, et leur but, comment ils fonctionnaient ?

9 R. L'objectif du fonds était en fait de recueillir des fonds, des

10 ressources financières visant à financer les activités de l'UCK. Il

11 s'agissait de recueillir également des armes, des vêtements, des denrées

12 alimentaires et des médicaments, lesquels étaient nécessaires pour la mise

13 sur pied de l'UCK.

14 Q. Est-ce qu'ils demandaient des contributions de la part de la communauté

15 albanaise ?

16 R. Oui.

17 Q. Comment pouvait-on apporter une contribution à ce fonds, pour autant

18 que vous en ayez connaissance ?

19 R. Chacun offrait sa contribution, chacun à sa façon. On pouvait

20 contribuer en offrant de l'argent en espèces ou en versant de l'argent sur

21 un compte qui avait été mis sur pied précisément pour cet objectif.

22 Q. Merci. Je souhaiterais maintenant passer à 1998. Nous allons faire un

23 saut dans le temps, en 1998, vous êtes déjà au Kosovo. A ce moment-là,

24 avez-vous participé à quelque moment que ce soit à la prise de décision ou

25 à l'utilisation des fonds recueillis par le truchement de ce fonds ?

26 R. Oui, lorsque j'ai occupé pour la première fois le poste de chef d'état-

27 major.

28 M. EMMERSON : [interprétation] Mais c'est une remarque d'ordre général que

Page 3182

1 je souhaitais faire suite au propos et à la question qui a été posée, cela

2 à trait également aux dépositions du témoin dans d'autres affaires.

3 A vrai dire, il est tout à fait essentiel que toutes les questions

4 posées s'inscrivent dans un contexte chronologique très clair. Parce que

5 par exemple, cela a été très clair, il n'était pas chef d'état-major

6 général avant novembre 1998. Donc la question qui s'inscrit dans un

7 contexte de savoir est-ce qu'on peut passer à 1998 --

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, on va essayer effectivement de

9 veiller à ce que ce ne soit pas le cas.

10 Monsieur Di Fazio, j'imagine que cela ne vous pose pas de problèmes ?

11 M. DI FAZIO : [interprétation] Aucun problème, Monsieur le Président.

12 Q. Pourriez-vous, Monsieur le Témoin, nous donner une idée non pas

13 simplement de l'année, mais du mois au cours duquel vous avez participé à

14 des prises de décision quant à l'utilisation qu'il allait falloir faire des

15 fonds qui avaient été accumulés dans le cadre de ce fonds spécifique

16 justement ?

17 R. J'ai participé à la prise de décision au moment où j'ai occupé pour la

18 première fois le poste de chef d'état-major en novembre 1998.

19 Q. Etes-vous au courant ou savez-vous si d'autres haut gradés de l'UCK de

20 l'état-major général ont exercé les mêmes activités avant votre désignation

21 à ce poste en novembre 1998; donc prendre des décisions quant à

22 l'utilisation qu'il allait falloir faire des fonds et à quoi il allait

23 falloir les consacrer ?

24 R. Jusqu'au moment où j'ai été désigné au poste de chef d'état-major, je

25 n'avais aucune information quant aux décisions prises et à la façon dont

26 les décisions avaient été prises quant à l'utilisation des fonds. Ce n'est

27 qu'après avoir été désigné à ce poste que j'ai pris part au processus de

28 prise de décisions portant sur l'utilisation à faire des fonds.

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1 Q. Merci. Merci. Très bien.

2 Je vous propose de revenir en arrière, fin 1997, début 1998, pour

3 être précis, et je vous inviterais à indiquer à la Chambre de première

4 instance de quelle façon vous avez été recruté et vous avez rejoint les

5 rangs de l'UCK. Je commencerai par vous demander si vous connaissez le

6 général Fehmi Lladrovci.

7 R. Oui.

8 Q. Le nom de Xhemal Fetahu vous dit-il quelque chose ?

9 R. Oui.

10 Q. Ont-il joué un rôle quel qu'il soit dans votre décision d'adhérer à

11 l'UCK ?

12 R. Oui.

13 Q. Merci. Je vous invite à présent à dire à la Chambre de première

14 instance de quelle façon vous avez au départ discuté de cette question et

15 ce qui est apparu à l'issue de cette discussion, s'agissant du moment où

16 vous avez effectivement rejoint les rangs de l'UCK.

17 R. Comme je l'ai déjà indiqué tout à l'heure, lors de ces réunions dans le

18 club, j'ai fait la connaissance de Fehmi Lladrovci qui a discuté avec moi

19 dans le pays où je résidais à l'époque, en Allemagne, et nous avons discuté

20 des opérations de l'UCK et de la possibilité qu'il me serait offerte de

21 rejoindre leurs rangs.

22 Puis, suite à plusieurs réunions de ce type, en Allemagne et dans

23 d'autres pays où je résidais, il m'a dit -- ou plutôt, il m'a demandé si je

24 souhaitais rejoindre les rangs de l'UCK et pour ce faire, m'a-t-il dit, il

25 faut que tu contactes l'état-major de l'UCK qui prendra la décision quant à

26 l'opportunité de ton adhésion ou pas.

27 C'est en 1998, je crois que c'était au mois de mars en 1998, Fehmi,

28 qui était d'abord en Allemagne, puis en mars était allé en Albanie, puis au

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1 Kosovo pour rejoindre les rangs, il a laissé Xhemal Fetahu comme point de

2 contact et j'ai gardé le contact avec lui par téléphone, parce qu'à

3 l'époque il était, lui aussi, en Albanie.

4 Puis dans la deuxième quinzaine du mois de mars, avant le massacre de

5 la famille Jashari, donc après cela, Xhemal Fetahu m'a appelé au téléphone

6 et m'a demandé d'aller en Albanie afin que je voie si ce serait possible ou

7 pas pour moi de rejoindre les rangs de l'UCK. Donc j'ai quitté l'endroit où

8 je résidais à ce moment-là et je suis allé en Albanie.

9 A l'aéroport, j'ai été accueilli par M. Xhemal, il m'a accompagné à

10 Tirana, il m'a dit d'attendre jusqu'à ce que la décision de l'état-major

11 général de l'UCK soit prise s'agissant de mon arrivée au Kosovo et de

12 l'aide que je pourrais leur apporter au cours de cette période pendant que

13 j'attendais.

14 Q. Merci beaucoup. Tout d'abord, quelques petites questions à propos de la

15 réponse très longue que vous venez de nous apporter. Savez-vous si au

16 moment où vous meniez des entretiens avec eux quant à la possibilité pour

17 vous de rejoindre leurs rangs, si Lladrovci ou Fetahu étaient membres de

18 l'UCK ?

19 R. A l'époque où nous avons fait connaissance, ils se sont présentés comme

20 étant membres de l'état-major de l'UCK.

21 Q. Merci. Pouvez-vous nous donner une indication de la date à laquelle

22 vous vous êtes rendu par avion à Tirana, en Albanie ?

23 R. J'y suis allé au cours de la deuxième quinzaine du mois de mars. Je ne

24 suis pas en mesure de vous indiquer la date précise, mais je sais que

25 c'était après le massacre perpétré à l'encontre de la famille Jashari, puis

26 je suis allé à Tirana.

27 Q. Merci. Très brièvement, pourriez-vous dire à la Chambre de première

28 instance quels sont les éléments qui vous ont motivé à joindre les rangs de

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1 l'UCK et si le massacre de la famille Jashari dans l'enceinte de la famille

2 Jashari a joué quelque rôle que ce soit dans votre décision ?

3 R. Ce qui m'a motivé à joindre les rangs de l'UCK, compte tenu de mon

4 expérience au cours de la guerre de Bosnie et compte tenu du fait qu'il

5 manquait d'expériences de ce type au Kosovo, j'ai décidé d'enjoindre les

6 rangs de manière à aider mon peuple dans la guerre qu'ils menaient. Lorsque

7 j'ai dit que la guerre venait juste de commencer, je voulais dire que le

8 massacre commis dans l'enceinte de la famille Jashari, c'est pour moi

9 l'épisode qui marque le début de la guerre entre les forces serbes d'une

10 part et l'UCK de l'autre.

11 M. EMMERSON : [interprétation] Désolé de vous interrompre, mais la dernière

12 réponse, selon moi, pose un petit problème lié à la traduction. Parce que

13 la traduction, telle qu'elle figure au compte rendu, est : "Ce qui m'a

14 motivé à joindre les rangs de l'UCK, compte tenu de mon expérience dans la

15 guerre de Bosnie et compte tenu du fait qu'il manquait de telle expérience

16 au Kosovo, j'ai décidé d'aider mon peuple dans la guerre…"

17 Il se peut que le témoin entende parler à vrai dire plutôt de sa propre

18 expérience --

19 M. DI FAZIO : [interprétation] C'était la question que j'allais poser.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous en prie, poursuivez.

21 M. DI FAZIO : [interprétation]

22 Q. Vous avez entendu cet échange, le conseil de la Défense et la Chambre

23 de première instance. A vrai dire c'est un sujet sur lequel je souhaiterais

24 que vous reveniez. Votre expérience militaire en Bosnie a-t-elle joué un

25 rôle quel qu'il soit dans la décision que vous avez pris de rejoindre les

26 rangs de l'UCK ? Ce que j'entends par là c'est la chose suivante : est-ce

27 que vous l'avez présentée comme étant une bonne raison pour eux pour qu'ils

28 vous acceptent ou est-ce que ce sont eux qui ont dit : Vous êtes un homme

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1 qui a une expérience qui pourrait nous être utile. Quelqu'un comme vous,

2 cela pourrait nous être utile ? Veuillez répondre à la Chambre de première

3 instance.

4 R. Lorsque j'ai parlé "d'expérience militaire", j'entendais par là

5 l'expérience que j'avais recueillie à l'école militaire que j'avais

6 fréquentée et de l'expérience que j'avais accumulée au cours de mes

7 activités dans la guerre de Bosnie de 1992 à 1995 au poste que j'occupais

8 tout d'abord à Sarajevo dans la brigade d'artillerie, ensuite en Bosnie

9 centrale. Et finalement, j'étais commandant de division. Cela est donc une

10 expérience assez complète, je dirais.

11 Q. Absolument, personne n'en doutera. Simplement, je souhaitais savoir

12 ceci : ce parcours, cette expérience très importante a-t-elle joué quelque

13 rôle que ce soit dans la décision qui fût prise de vous recruter ou dans la

14 décision que vous avez prise de rejoindre les rangs de l'UCK ? Est-ce que

15 les hommes de l'UCK ont dit : Vous avez de l'expérience, on pourrait vous

16 utiliser, vous pourrez nous être utile ?

17 R. Oui. Dans le cadre des contacts que j'avais avec Fehmi et Xhemal, ils

18 savaient eux que j'avais été officier et que j'avais participé à la guerre

19 de Bosnie. Par conséquent, ils estimaient que mon expérience leur serait

20 utile.

21 Q. Merci. Vous nous avez dit que vous vous êtes rendu - c'est ce que vous

22 nous avez dit - vous vous êtes rendu au cours de la deuxième quinzaine du

23 mois de mars, à Tirana par avion. Est-ce que vous avez été logé dans un

24 appartement sur place ?

25 R. Oui. Lorsque je suis arrivé de l'aéroport à Tirana, on m'a hébergé dans

26 un appartement où je suis resté tout au long de mon séjour à Tirana.

27 Q. Quand avez-vous quitté Tirana pour vous rendre au Kosovo ?

28 R. A la fin du mois de mai, le 28 mai, je suis entré au Kosovo.

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1 Q. Je demanderais à présent de vous reporter à cette période-là, à la

2 période où vous étiez à Tirana et avant que vous ne partiez au cours de la

3 deuxième quinzaine -- donc entre la deuxième quinzaine du mois de mars et

4 la fin du mois de mai. Dans l'appartement dans lequel vous logiez, est-ce

5 que des membres de l'état-major de l'UCK s'y rendaient de temps à autre ?

6 R. Oui, Xhemal venait assez souvent et Konushefci Ilir, membres du

7 département logistique de l'UCK. Ils venaient assez souvent pour venir nous

8 trouver et pour nous demander nos conseils s'agissant de

9 l'approvisionnement en armes. Konushefci, à présent décédé.

10 Q. Pourriez-vous nous aider quelque peu, pourriez-vous nous donner les

11 noms complets si vous vous en souvenez, des membres du quartier général de

12 l'état-major général de l'UCK qui sont venus vous rendre visite dans

13 l'appartement dans lequel vous résidiez en Albanie. Prénoms et noms de

14 famille, s'il vous plaît, si vous pouvez vous en souvenir le plus possible

15 - le plus de noms possible.

16 R. Le plus souvent, Raif Gashi, Ilir Konushefci, Xhemal Fetahu, Xhavit

17 Haliti, sont les personnes qui venaient le plus souvent au cours de mon

18 séjour à Tirana.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Maître Guy-Smith.

20 M. GUY-SMITH : [interprétation] Pourrait-il apporter un éclairage sur ce

21 "nous", venaient "nous" rendre visite. Il parle de nous. Est-ce qu'il

22 pourrait nous dire qui est ce "nous" ?

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Excellente suggestion, merci.

24 M. DI FAZIO : [interprétation]

25 Q. Qui étaient les personnes dans l'appartement, à part vous-même ?

26 R. A part moi-même, il y avait aussi Naim Maloku, ancien officier de

27 l'armée yougoslave lui aussi. Puis Agim Qela, également était là, Afrim

28 Basha, ainsi que d'autres officiers qui venaient de l'ouest et qui

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1 résidaient là un certain temps avant de se rendre au Kosovo.

2 Q. Merci. Agim Qela, Afrim Basha et Naim Maloku, vous venez de citer leurs

3 noms. Ces hommes occupaient-ils quelque grade ou quelque poste que cela

4 soit dans l'UCK ? Avaient-ils quelque grade ou occupaient-ils quelque poste

5 que ce soit dans l'UCK ?

6 R. Non. Ils n'avaient pas encore rejoint les rangs de l'UCK à ce moment-

7 là, pas encore. Ils étaient d'anciens officiers de l'armée yougoslave,

8 comme nous l'appelions à l'époque.

9 Q. En fait ils étaient dans la même position que vous, c'étaient des

10 hommes, des militaires d'expérience réunis dans un appartement avec pour

11 objectif l'adhésion à l'UCK à terme ?

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson.

13 M. EMMERSON : [interprétation] Il est très important pour ces questions-là

14 d'être aussi précis que possible, et si j'ai bien compris la déposition du

15 témoin, deux des personnes dont il a donné les noms sont des personnes dont

16 il a dit qu'elles étaient passées depuis l'ouest en passant par Tirana pour

17 aller au Kosovo, ils passaient. Page 32 ligne 24.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Effectivement, je vois que cela

19 apparaît.

20 M. DI FAZIO : [interprétation] La déposition de ce témoin, ça s'applique à

21 lui aussi. Je pourrais élucider cela dans quelques instants et le préciser.

22 Cela ne me pose strictement aucun problème.

23 Q. Les noms -- en fait, ce qui m'intéresse ce sont les noms que vous avez

24 cités dont vous avez dit qu'ils étaient dans l'appartement dans lequel vous

25 logiez : Agim Qela, Afrim Basha, Naim Maloku. Ces personnes-là ont-elles

26 fini par traverser la frontière pour se rendre au Kosovo comme vous l'avez

27 fait vous-même ?

28 R. Oui.

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1 Q. Est-ce qu'il s'agissait de militaires d'expérience, anciens membres de

2 la JNA ?

3 R. Naim Maloku, oui; Agim Qela, oui; Afrim Basha était un officier

4 supérieur dans l'armée de Bosnie.

5 Q. Ont-ils tous fini par joindre les rangs de l'UCK ?

6 R. Oui.

7 Q. Ont-ils tous logé dans le même appartement que vous pendant une

8 certaine durée en Albanie ?

9 R. Oui, effectivement. Nous avons logé ensemble jusqu'au moment où nous

10 avons rejoint les rangs de l'UCK au Kosovo.

11 Q. Est-ce que, comme vous-même, ils arrivaient d'autres régions d'Europe ?

12 R. Oui.

13 Q. Très bien. Au cours de la période au cours de laquelle vous étiez en

14 Albanie avant de traverser la frontière, quelles étaient vos activités ?

15 R. Avant de traverser la frontière pour me rendre au Kosovo, comme je vous

16 l'ai dit il y a quelques instants, Xhemal Fetahu et Konushefci, Raif Gashi,

17 je prodiguais des conseils sur les choix d'armement à apporter au Kosovo

18 ainsi qu'en matière de formation des soldats venus de l'ouest ou venus du

19 Kosovo.

20 Q. Nous allons essayer de séparer ces deux questions et de les traiter

21 séparément. Tout d'abord la question de la formation. Avez-vous été associé

22 à des activités de formation ou d'entraînement au cours de la période qui a

23 précédé votre passage de la frontière pour vous rendre au Kosovo ?

24 R. Oui. J'ai participé aux activités d'entraînement conjointement avec

25 d'autres officiers présents à Tirana.

26 Q. Combien d'hommes, selon vos estimations, ont-ils été entraînés par vous

27 ?

28 R. Je ne les ai pas tous entraînés personnellement, mais avec mes

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1 collègues, nous avons entraîné quelque 300 hommes, je dirais, à Tirana.

2 Q. Je souhaiterais simplement préciser une chose suite à votre dernière

3 réponse, puisque la traduction indique ceci : "Conjointement avec mes

4 collègues j'ai entraîné quelque 300 hommes à Tirana."

5 Donc, ma question est la suivante : l'entraînement, il n'a eu lieu qu'à

6 Tirana ou est-ce qu'il y a eu également des activités d'entraînement de

7 soldats de l'UCK dans d'autres régions d'Albanie ?

8 R. J'ai dit au cours de la période où j'étais à Tirana. Il n'y avait pas

9 beaucoup d'entraînement qui pouvait se faire de façon ouverte. Cela se

10 faisait plutôt de façon clandestine, voyez-vous. Nous sommes allés au

11 village de Qerret près de Kavaj pour organiser l'entraînement tactique,

12 tandis que pour les armes à feu, c'était à Kukes, c'étaient des usines

13 désaffectées qu'on utilisait comme terrain d'entraînement pour l'usage des

14 armes à feu avant qu'ils ne se rendent au Kosovo.

15 Q. Merci. Ce village de Qerret à proximité de Kavaj, où se situe-t-il, ce

16 village en Albanie, s'il vous plaît ?

17 R. Ce village se situe dans la commune de Kavaj à proximité de la côte

18 albanaise.

19 Q. Où avez-vous organisé cet entraînement-là ? C'était dans la campagne ?

20 Est-ce que vous alliez sur le terrain de quelqu'un; est-ce que vous aviez

21 des équipements à votre disposition ? Comment est-ce que ces sessions

22 d'entraînement étaient-elles organisées ?

23 R. Mes hommes étaient dans un motel à Kavaj, et l'entraînement se faisait

24 dans un endroit entre le littoral et le village, une pinède, où on pouvait

25 organiser ces activités d'entraînement intense sur ce terrain. C'est ce

26 qu'on faisait avec les groupes UCK sur place.

27 Q. Merci. L'entraînement comportait-il des exercices avec des munitions à

28 balles réelles ?

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1 R. Pas à Qerret. Là, l'entraînement était un entraînement portant sur les

2 questions d'ordre tactique, comment se déplacer sur un terrain donné,

3 comment se protéger. Tandis que pour l'entraînement utilisation des armes à

4 feu, cet entraînement se faisait dans la partie nord de l'Albanie à Kukes,

5 dans des usines désaffectées que nous utilisions pour nous entraîner avec

6 des armes à feu à balles réelles; et on les entraînait à utiliser ces armes

7 à feu.

8 Q. Savez-vous qui finançait votre hébergement ainsi que l'hébergement des

9 autres hommes dans cet appartement de Tirana, et savez-vous qui finançait

10 l'entraînement de ces personnes dans un hôtel à Kavaj ? Savez-vous d'où

11 venait l'argent ?

12 R. Les fonds provenaient de Xhemal Fetahu pour l'appartement, et l'argent

13 pour l'entraînement provenait du département logistique qui payait pour

14 l'alimentation des soldats, leur hébergement. Le département logistique

15 était responsable de l'achat d'armes, et ce sont les fonds des appels de la

16 mère patrie qui finançaient cela.

17 Q. Vous le saviez à l'époque ou que vous l'avez découvert que plus tard,

18 l'origine des fonds pour ces entraînements ?

19 R. A l'époque, je ne le savais pas. Ma mission consistait à offrir

20 l'entraînement et à prodiguer des conseils. Ce n'est que plus tard que j'ai

21 découvert d'où venait cet argent.

22 Q. A quel moment et comment avez-vous appris d'où provenaient les fonds ?

23 R. Après m'être entretenu avec mes camarades, Raif, Xhemal, et lorsque

24 j'ai rejoint les rangs de l'UCK à l'état-major général.

25 Q. Merci. Vous nous avez dit qu'il y avait environ 300 hommes qui

26 faisaient l'objet de cet entraînement, et c'est à cela que vous consacriez

27 vos efforts et que le faisaient également vos collègues. Sur ces quelque

28 300 hommes, combien selon vous venaient du Kosovo et combien venaient,

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1 selon vous toujours, d'autres pays, ou d'Albanie, d'ailleurs ?

2 R. 70 % des hommes provenaient de la diaspora albanaise et les 30 %

3 restant venaient du Kosovo.

4 Q. Enfin, toujours sur cette question de l'entraînement, savez-vous qui

5 avait mis à votre disposition ces usines désaffectées dans lesquelles vous

6 procédiez à ces exercices d'entraînement avec armes à feu et balles réelles

7 ?

8 R. Comme je vous l'ai dit, nous les utilisions de façon illégale, disons,

9 clandestine. Maintenant, comment on est parvenu à les mettre à notre

10 disposition, là je n'en sais rien. Je ne dispose pas de cette information.

11 Q. Au cours de cette période de mars à la fin du mois de mai, combien de

12 temps fallait-il pour assurer la formation et l'entraînement de ces hommes,

13 en moyenne ?

14 R. En moyenne, pour l'entraînement d'un jeune homme qui n'a strictement

15 aucune expérience de la vie militaire, il faut compter un à deux mois avant

16 qu'il puisse être envoyé à la guerre. Mais compte tenu du fait que la

17 plupart d'entre eux provenant de la diaspora étaient des individus qui

18 avaient déjà accompli leurs tâches militaires dans l'ancienne armée

19 yougoslave, il leur fallait moins de temps. Il était tout à fait urgent

20 qu'ils se rendent au Kosovo et qu'ils rejoignent les rangs de l'UCK. Donc,

21 pour autant que je m'en souvienne, l'entraînement durait une quinzaine de

22 jours, entraînement technique et aux armes.

23 Q. Merci. Vous avez dit qu'il était urgent pour eux de rejoindre les rangs

24 de l'UCK ou le Kosovo. Vous dites que cette nécessité urgente existait.

25 Comment en avez-vous eu connaissance et quelles étaient ces raisons d'être

26 ?

27 R. Je dis cela parce qu'après le massacre des Jashari, il y a eu une

28 escalade du conflit entre les forces serbes et l'UCK; et à la suite de cet

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1 incident, les combats se sont déclenchés dans de nombreuses zones du

2 Kosovo, et nos collègues sur le terrain dans les services logistiques nous

3 ont dit qu'il fallait former ces hommes aussi rapidement que possible afin

4 qu'ils puissent entrer sur le territoire du Kosovo et rejoindre les rangs

5 de l'UCK.

6 Q. Merci.

7 M. DI FAZIO : [interprétation] Monsieur le Président, le moment est-il bien

8 choisi pour faire la pause ?

9 Je m'apprêtais à aborder un autre thème.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, effectivement. Mais on va d'abord

11 demander à l'huissière d'escorter le témoin.

12 Monsieur le Témoin, nous allons maintenant faire une pause d'environ

13 30 minutes; suite à laquelle nous nous retrouverons ici même.

14 [Le témoin quitte la barre]

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant la pause, Monsieur Di Fazio, une

16 petite remarque. Si vous passez en revue les parties caviardées de la

17 déclaration de novembre 2005, je n'ai pas vu celles d'avril 2007. J'imagine

18 que vous avez procédé aux vérifications nécessaires. Je voudrais donc vous

19 demander de bien noter que le paragraphe 20 de la déclaration de novembre

20 2005 est un paragraphe où on mentionne une pièce jointe, qui figure aussi

21 bien dans la version électronique que dans la version papier. Il s'agit

22 d'un extrait d'un ouvrage, page 134 à 138, "Récits de guerres et de

23 libertés."

24 Le paragraphe 20 a été noirci. Faites en sorte que la pièce jointe qui est

25 mentionnée soit supprimée de l'ensemble des documents y afférents.

26 Pause jusqu'à 16 heures 15.

27 --- L'audience est suspendue à 15 heures 48.

28 --- L'audience est reprise à 16 heures 21.

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1 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant de vous laisser poursuivre,

3 Monsieur Di Fazio, deux petites questions que je souhaiterais aborder, qui

4 peuvent quand même revêtir une certaine importance, on ne sait jamais. La

5 Chambre sait que pour des raisons d'efficacité, la Défense de Balaj

6 souhaiterait disposer d'une journée supplémentaire afin de répondre aux

7 écritures de l'Accusation au sujet du Témoin 8 et à la demande qui était

8 afférente relative à l'audition d'un témoin en vertu de l'article 98. Une

9 journée en plus ou en moins, cela ne change pas grand-chose, j'imagine,

10 Monsieur Di Fazio. La Chambre est plutôt encline à faire faire droit à

11 cette demande.

12 M. DI FAZIO : [interprétation] Non, je ne pense pas que cela posera de

13 problème.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.

15 M. GUY-SMITH : [interprétation] Merci beaucoup.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Deuxième chose, précédemment, il a été

17 dit que les parties caviardées des déclarations seraient conformes à ce qui

18 était indiqué dans le courrier électronique, et pas l'inverse. Je voudrais

19 attirer votre attention, Monsieur Di Fazio, sur le fait, dans le premier

20 courrier électronique, vous mentionnez un certain nombre de paragraphes en

21 disant qu'ils sont extraits de la déclaration 2005, alors que tout le

22 monde, en fait, pensait que ça se rapportait à la déclaration d'avril 2007.

23 M. DI FAZIO : [interprétation] C'est une coquille ou une erreur. Je m'en

24 suis rendu compte moi-même il y a cinq minutes, cinq minutes avant le début

25 de l'audience. Vous avez tout à fait raison.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, allez-y.

27 M. DI FAZIO : [interprétation]

28 Q. Vous nous avez parlé, Monsieur Zyrapi, de ces formations que vous avez

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1 dispensées en Albanie avant le 28 mai 1998. Maintenant, j'aimerais que l'on

2 en vienne à quelque chose que vous avez évoqué précédemment, c'était la

3 vérification et l'achat d'armes. Au cours de cette période de temps, qui va

4 de la mi-mars 1998 au 28 mai 1998, est-ce que vous avez fourni des conseils

5 aux membres de l'UCK quant aux types d'armes qu'il faudrait employer ou

6 qu'il faudrait acheter ?

7 R. Oui.

8 Q. Bien. Pouvez-vous nous faire part des conseils que vous avez donnés et

9 à qui ?

10 R. Concrètement, c'est Ilir Konushefci, Xhemal Fetahu, les personnes avec

11 qui je résidais, et mes conseils avaient trait essentiellement aux armes

12 qui pouvaient avoir ou non un usage technique -- enfin c'est sur la base de

13 ce critère-là que j'ai basé mes conseils.

14 Q. Est-ce que vous avez participé à l'achat des armes ?

15 R. J'ai simplement procédé à une vérification de cela, mais je n'ai pas,

16 non, participé à l'achat des armes; les armes, elles ont été achetées par

17 le service logistique.

18 Q. Vous parlez d'aspect "technique" de l'achat des armes. En quoi cela

19 consiste ? Pouvez-vous nous le préciser ?

20 R. Je voulais dire que je procédais à des vérifications et je leur disais

21 si ces armes étaient propres à être utilisées ou pas du point de vue

22 technique, si elles étaient utilisables pour nous.

23 Q. Savez-vous si certains de vos collègues ont, pendant cette période de

24 la mi-mars 1998 au 28 mai de la même année, acheté des armes pour l'UCK ?

25 R. Au cours de cette période que j'ai passée avec ces collègues à Tirana,

26 ce sont eux qui se sont occupés de l'achat des armes.

27 Q. Mais comment le savez-vous ?

28 R. Je le sais parce que Xhemal Fetahu, Ilir Konushefci, et Raif Gashi me

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1 l'ont dit.

2 Q. Que vous ont-il dit au sujet de l'achat des armes ?

3 R. D'abord, ils m'ont demandé si ces armes étaient techniquement

4 utilisables, ensuite ils achetaient les armes et fait en sorte que celles-

5 ci soient transportées au Kosovo.

6 Q. Savez-vous quels moyens ont été utilisés pour transporter ces armes

7 jusqu'au Kosovo ?

8 R. Je n'ai pas suivi ce qui se passait jusqu'à la frontière, je parle du

9 transport, comment ça se faisait, mais d'après ce que m'ont dit Raif,

10 Xhemal et Ilir, une fois qu'ils étaient arrivées à la frontière, les armes

11 étaient transportées au Kosovo, même par des animaux.

12 Q. Pendant cette même période, la mi-mars à la fin avril 1998, pouvez-vous

13 nous donner l'idée de la fréquence de ces transports d'armes qui passaient

14 la frontière pour rentrer au Kosovo ? Je parle de ces transports à dos

15 d'animaux.

16 R. J'ignore la fréquence de ces envois. Ça ne relevait pas de mes

17 attributions.

18 Q. Merci. Savez-vous où vos collègues ont acheté les armes pendant cette

19 période ?

20 R. Autant que je m'en souvienne, cela s'est passé à Elbasan, Tirana,

21 Durres, Shkoder.

22 Q. Il s'agit de villes d'Albanie ?

23 R. Oui.

24 Q. Après votre arrivée à Tirana, avez-vous reçu des informations au sujet

25 des combats ayant lieu entre les forces de l'UCK et les forces serbes au

26 Kosovo ?

27 R. Oui. Mes camarades, Xhemal Fetahu, Raif et Ilir, m'ont informé des

28 combats, de ces combats qui ont eu lieu au Kosovo à partir de mars, avril,

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1 mai, qui se sont poursuivis ensuite.

2 Q. Précédemment au cours de votre déposition, vous nous avez expliqué que

3 les combats avaient commencé à partir de l'épisode qui s'est déroulé sur la

4 propriété de la famille Jashari. Qu'est-ce qui vous amène à dire cela ?

5 R. Je l'ai dit parce qu'après le massacre de Jashari, on a vu se

6 déclencher un conflit ouvert entre l'UCK et les forces serbes, ça a été le

7 point de départ. Ensuite, on a vu des combats d'autres endroits au Kosovo,

8 à Gllogjan, sur le territoire de Rahovec, Malisheve, et cetera. Ce sont mes

9 amis, mes camarades, qui m'ont rapporté cela.

10 Q. Merci. Nous reviendrons en détail sur ce point, mais je veux savoir si

11 vous disposiez d'autres sources d'informations en dehors de ce que vous

12 disaient vos collègues ?

13 R. Mes collègues, puis la télévision par satellite, la télévision

14 albanaise.

15 Q. Est-ce qu'elle donnait des informations au sujet des combats à l'époque

16 où vous vous trouviez en Albanie ?

17 R. A ce moment-là, les collègues dont j'ai parlé m'ont parlé des combats

18 qui avaient lieu au Kosovo.

19 Q. Est-ce que vous avez vu ou est-ce que vous avez eu connaissance de ces

20 combats ?

21 Non, je reformule. Avez-vous reçu des informations dans les médias quand

22 vous étiez au Pays-Bas ?

23 M. DI FAZIO : [interprétation] Excusez-moi, il faut procéder à

24 l'expurgation.

25 M. EMMERSON : [interprétation] Je me lève uniquement parce que je ne sais

26 pas si cela avait déjà été mentionné, je ne sais pas si c'est cela qui fait

27 objet de l'expurgation. Je ne crois pas que le témoin ait jamais demandé

28 précédemment à ce que l'on fasse le silence sur le pays où il habitait. Il

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1 en a parlé très ouvertement lors de deux autres procès.

2 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui, mais peut-être par abus de précaution.

3 Si nous passons à huis clos partiel, nous pourrons parler de la chose plus

4 librement, évoquer tous ces éléments sans aucune difficulté.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, si vous examinez le

6 document qui porte sur le parcours du témoin, qui n'a pas été versé sous

7 pli scellé, si vous examinez l'avant-dernière ligne. J'ai remarqué que

8 précédemment lorsque le témoin a déposé, ça n'a pas été mentionné

9 directement. Mais si vous procédez ainsi, par souci de prudence, je pense

10 que c'est un petit peu excessif. Peut-être si vous regardez le parcours

11 professionnel du témoin ou son parcours personnel plutôt.

12 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui, je pense que vous avez tout à fait

13 raison.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, vous avez peut-être des raisons

15 particulières de vouloir passer à huis clos partiel, mais sinon il y a

16 beaucoup d'autres éléments qui peuvent être tout à fait abordés en audience

17 publique.

18 M. DI FAZIO : [interprétation] Bien.

19 Q. Quand vous habitiez au Pays-Bas, est-ce que vous avez lu dans les

20 médias ou eu connaissance dans les médias d'informations au sujet de la

21 nature et du niveau des combats ? Je parle maintenant de la période qui

22 précède immédiatement votre départ pour l'Albanie, pour Tirana.

23 R. Pendant que j'étais au Pays-Bas, on parlait à la télévision albanaise

24 de ce qui se passait, la télévision par satellite, mais j'en ai aussi

25 entendu parler de ces combats lors des réunions dans les clubs.

26 Q. Est-ce qu'on vous a donné des informations au sujet de l'intensité, de

27 la fréquence des affrontements au cours de cette période ? Je parle de

28 cette période pendant laquelle vous preniez connaissance de ces combats

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1 dans les clubs ?

2 R. Dans ces clubs au cours de ces réunions, on a reçu des informations,

3 entendu des exposés au sujet de la situation au Kosovo et des combats. Mais

4 je ne pense pas que j'ai reçu d'informations au sujet de l'intensité des

5 combats.

6 Q. Merci. Revenons à la période de votre séjour à Tirana avant que vous ne

7 franchissiez la frontière. Vous nous avez dit que certains de vos collègues

8 vous ont fourni des informations. Quelle était la nature des informations

9 qui vous étaient communiquées ? Veuillez l'expliquer à la Chambre de

10 manière un peu plus détaillée. Est-ce que vous avez reçu des informations

11 sur la localisation des combats et sur la nature des combats qui avaient

12 lieu ?

13 R. A l'époque, mes collègues, aussi bien que les médias, parlaient de

14 combats sur plusieurs zones du territoire, mais je n'avais pas

15 d'informations précises quant au lieu exact des combats.

16 Q. Est-ce qu'on vous a fourni des informations détaillées, je parle de vos

17 collègues au sujet de la nature des combats, est-ce qu'il s'agissait de

18 combats déclarés de grande envergure ou non, est-ce qu'il s'agissait

19 d'opérations extrêmement ciblées, d'opérations commando ? Aviez-vous une

20 idée du nombre d'hommes impliqués, et cetera.

21 R. Non. A l'époque, on ne m'a pas dit où avaient lieu les combats. Je

22 crois qu'il s'agissait d'affrontements assez limités, mais je n'ai pas

23 d'informations précises à ce sujet.

24 Q. Vous nous avez d'ores et déjà dit que vous avez franchi la frontière

25 vers le 28 mai 1998, vous êtes donc entré au Kosovo à ce moment-là.

26 Ultérieurement, est-ce qu'il vous est arrivé de vous rendre dans la zone de

27 Dukadjin; si oui, à quel moment ?

28 R. Après être entré sur le territoire du Kosovo le 28 mai 1998, la

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1 totalité du groupe dont je faisais partie est allée à l'état-major général

2 et là, à l'état-major, on nous a fait part de nos attributions, nos

3 fonctions --

4 Q. Je vais vous interrompre, parce que ce qui m'intéresse maintenant c'est

5 une période de temps bien précise. Tout ce que je veux savoir c'est la

6 chose suivante : après être entré au Kosovo, est-ce qu'à un moment donné

7 ultérieurement, vous vous êtes rendu dans la zone de Dukadjin; si oui, à

8 quel moment à peu près ?

9 R. Oui, j'y suis allé à la mi-juillet la première fois, et j'y suis

10 retourné en août.

11 Q. Merci. Nous savons maintenant que vers la mi-mai vous êtes entré au

12 Kosovo. Au bout d'un mois et demi vous vous êtes rendu dans la zone, la

13 région de Dukadjin; est-ce bien exact ?

14 R. Oui.

15 Q. Maintenant, j'ai quelques questions à vous poser au sujet de cette

16 période qui s'est écoulée entre le moment où vous êtes entré au Kosovo et

17 cette visite, puis j'aurais des questions au sujet de la visite même. Entre

18 la mi-mai et la mi-juillet, pendant la période concernée, de quoi étiez-

19 vous responsable, quelle était la nature de vos activités ?

20 R. De la fin mai à la mi-juillet, j'avais les fonctions d'un officier

21 travaillant au service opérationnel de l'état-major général. J'étais

22 officier chargé du développement de l'UCK. Mes fonctions avaient notamment

23 pour objet de fournir des conseils, d'assurer la formation des hommes, et

24 des états-majors et unités qui étaient mises sur pied.

25 Au début, on m'a demandé d'aller donner des conseils, d'aller

26 dispenser des formations dans les zones où il y avait des unités de

27 Mitrovica à Klina. Je suis allé voir plusieurs positions de défense

28 occupées par l'UCK. Je leur donnais des conseils sur la coordination entre

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1 les différentes unités. D'autre part j'étais responsable du développement

2 de la structure militaire qui devait se faire ensuite.

3 Q. Est-ce qu'il y avait déjà une structure préexistante d'après ce que

4 vous avez pu constater à ce moment-là ? Vous nous dites, je le sais qu'on

5 pensait qu'il fallait qu'il y ait une structure militaire qui se développe

6 à l'avenir. Cela c'est bien compris, mais est-ce que vous avez vu quelque

7 chose qui vous a permis de dire qu'une telle structure existait déjà en

8 partie sous une forme ou sous une autre ?

9 R. Quand je suis allé là, effectivement il y avait déjà certaines

10 structures en place, il s'agissait pour l'essentiel de quartiers généraux

11 locaux dans les zones où je me suis rendu. Mais il n'existait pas

12 d'organisations militaires au sens propre du terme avec notamment un

13 commandant et des échelons inférieurs.

14 Q. Vous avez dit que vous avez proposé et procédé à la réorganisation des

15 états-majors ou des QG locaux dans le cadre d'une structure plus globale et

16 plus cohérente.

17 R. Oui.

18 Q. Est-ce que vous avez fourni une formation pour l'utilisation des armes

19 à différents états-majors de l'UCK ?

20 R. Oui. Pendant cette période, j'ai donné des conseils mais ces conseils

21 portaient également sur la façon dont il fallait assurer la formation.

22 Personnellement, je ne participais pas à cette formation.

23 Q. Je vous remercie. Est-ce que vous pourriez donner aux membres de la

24 Chambre des chiffres concernant les effectifs, le nombre d'hommes qui

25 étaient dans l'UCK, les hommes, les combattants qui étaient avec vous qui

26 étaient dans les effectifs de l'UCK au Kosovo dans cette période, vers la

27 fin du mois de mai et la mi-juillet 1998 ?

28 R. Je ne sais pas exactement combien il y en avait parce que je n'avais

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1 pas des renseignements complets. Mais il y avait des soldats de l'UCK dans

2 l'ensemble du territoire.

3 M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi d'interrompre.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

5 M. EMMERSON : [interprétation] A la page 49, ligne 15, il y a une mauvaise

6 transcription de ce qui en fait était une question directrice. La question

7 posée était : "A ce moment-là, vous avez commencé à proposer de

8 restructurer ces états-majors locaux ou ces quartiers généraux dans quelque

9 chose qui était plus complet et plus cohérent ?"

10 Voilà une déclaration assez vaste, assez large mais importante, le témoin a

11 été convaincu de l'accepter, d'être d'accord. Je me demande si on pourrait

12 demander maintenant à M. Di Fazio de développer sur ce que cela signifiait

13 ou ce que veut dire le témoin lorsqu'il était question de réagencer les

14 états-majors locaux et des quartiers généraux de façon plus complète et

15 plus cohérente, et quel était le rôle du témoin pour ce réagencement des

16 états-majors et des quartiers généraux locaux.

17 M. DI FAZIO : [interprétation] Je comprends que Me Emmerson soit intéressé

18 à cette question, bien entendu, c'est une question qu'il peut évoquer lors

19 du contre-interrogatoire, mais j'ai moi-même des contraintes de temps, si

20 vous le permettez, Monsieur le Président, et il faut que je progresse --

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En même temps, Monsieur Di Fazio, si

22 vous souhaitez que la Chambre comprenne bien la déposition lorsqu'il a dit

23 qu'il n'y avait pas de structures de commandement, et cetera, si en même

24 temps vous parlez de réagencement d'un quartier général, un quartier

25 général évidemment donne à penser qu'il y avait une sorte de structure de

26 commandement parce qu'il y a normalement un quartier général --

27 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le témoin a également dit qu'il n'y

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1 avait pas de structure de commandement. Le témoin a dit dans da déposition,

2 il a parlé de services logistiques, mais c'était ailleurs, si vous laissez

3 les choses telles qu'elles, bien entendu, il s'agit du temps qui vous est

4 imparti. La suggestion qui est faite, si vous voulez la suivre, pourrait

5 donner un renseignement complémentaire qui pourrait aider les membres de la

6 Chambre à comprendre ce que l'on entend à ce sujet dans cette déposition

7 qui n'est pas absolument claire. Veuillez poursuivre.

8 M. DI FAZIO : [interprétation] Je vous remercie, je vais certainement

9 m'efforcer de faire de mon mieux pour aider les membres de la Chambre de

10 première instance.

11 M. EMMERSON : [interprétation] C'est simplement que je suis préoccupé, je

12 ne suis pas sûr avec tout le respect que je lui dois que M. Di Fazio ait

13 toute la liberté de choix qu'il suppose parce qu'il a posé une question

14 directrice dont la signification demeure peu claire.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, j'en suis resté là en fait, je n'ai

16 pas dit quoi que ce soit du point de vue de son caractère technique, bien

17 entendu je m'attendrais à ce que vous soyez opposé à cette question si,

18 bien entendu, il s'agissait d'une question directrice comprenant certains

19 éléments qui, dans ce contexte, ne seraient pas tout à fait clairs.

20 Veuillez poursuivre.

21 M. DI FAZIO : [interprétation]

22 Q. Quelle était la structure des états-majors locaux ou des quartiers

23 généraux locaux dans ces territoires que vous avez eu à observer ? Quelle

24 sorte de structure avez-vous observée ?

25 R. Au moment où j'ai visité ces territoires de Mitrovica à Klina, je suis

26 allé aux états-majors locaux, ce qui veut dire qu'il y avait un

27 commandement au niveau des villages ou du voisinage d'un village, mais il

28 n'y avait pas de structure de commandement. Il n'y avait pas une structure

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1 de commandement militaire au sens strict avec une structure de grades, et

2 ainsi de suite. Il y avait là des groupes qui n'étaient pas coordonnés

3 entre eux, c'est pour cela que j'y suis allé, pour donner des conseils et

4 les faire profiter de mes connaissances sur la façon d'assurer d'une

5 coordination. C'est ce que j'ai fait. J'ai fait une proposition au

6 département des opérations, à partir de ce moment-là, nous avons continué à

7 mettre sur pied une vraie armée avec création d'escouades, de pelotons ou

8 de sections, de compagnies, de bataillons, et ainsi de suite.

9 Q. Les commandements que vous avez observés au niveau des villages

10 revêtaient quel type de structure, plus particulièrement, qu'est-ce qui

11 avait été mis en place localement, de ce que vous avez vu ?

12 R. Ce que j'ai vu dans les états-majors locaux, c'est qu'ils avaient un

13 commandant mais ils n'avaient aucune structure, pas de hiérarchie ni de

14 groupes ou de subdivisions à commander tels que des équipes ou des

15 escouades et des compagnies, et ainsi de suite. Lorsque j'ai rencontré ces

16 gens, il s'agissait simplement de groupes, de simples groupes de personnes,

17 de 10 à 20 soldats qui s'étaient rassemblés.

18 Q. Vous n'avez vu aucun commandement local plus grand que

19 cela ?

20 R. Non. Non, pas au cours de cette période où j'étais venu leur rendre

21 visite.

22 Q. Parlez-nous, s'il vous plaît, des secteurs que vous avez visités au

23 cours de cette période. Pouvez-vous nous les rappeler ?

24 R. Les secteurs que j'ai visités, venant de Mitrovica vers Klina, il

25 s'agit d'un territoire qui relève pour l'essentiel de la municipalité de

26 Drenica. Je suis donc allé dans ce secteur et j'ai donné des conseils

27 concernant les développements qui devaient intervenir par la suite.

28 Q. Je vous remercie. A cette période, vers la fin du mois de mai jusqu'à

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1 la mi-juillet 1998, est-ce que vous vous êtes rendu dans le secteur de

2 Dukadjini ?

3 R. Oui, à la mi-juillet 1998.

4 Q. Bien. Mais avant cela, vous n'y étiez pas allé dans ce secteur ?

5 R. Non.

6 R. Je voudrais maintenant vous poser des questions concernant votre visite

7 en juillet 1998 dans cette région. A cette époque-là environ, quel était

8 votre grade, ou plutôt, quelle était votre situation, votre position au

9 sein de l'UCK ?

10 R. Pendant cette période, lorsque je suis allé visiter le secteur de

11 Dukadjini, j'avais comme fonction d'être directeur du département des

12 opérations de cet état-major général.

13 Q. Qu'est-ce que représentait en fait cette mission, cette tâche ? De quoi

14 étiez-vous responsable ?

15 R. La responsabilité opérationnelle dans l'état-major général de l'UCK, ce

16 qui comprenait le développement, la formation, l'entraînement et les

17 opérations sur le terrain, d'autres développements des membres par la suite

18 de l'UCK.

19 Q. Lorsque vous avez visité le secteur de Dukagjini, combien de temps

20 avant cela aviez-vous été nommé à cette position de directeur du

21 département opérationnel ?

22 R. Pour autant que je puisse m'en souvenir, c'était seulement la veille ou

23 deux jours avant que je ne parte dans ce secteur pour faire cette visite.

24 Q. Quel était votre objectif, votre objectif précis en allant dans ce

25 secteur ?

26 R. Lorsque nous sommes allés là-bas, nous nous y sommes rendus avec

27 d'autres membres de l'état-major général. Nous nous sommes réunis à

28 Jablanica avec Ramush Haradinaj. En plus de cette réunion, je voulais me

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1 familiariser avec le terrain et le secteur. Je souhaitais rester quelques

2 jours de plus afin de mieux connaître le secteur.

3 Q. Est-ce que vous saviez que -- je retire cette question ou je vais la

4 reformuler.

5 Est-ce que vous aviez l'intention de visiter des structures

6 militaires à Dukadjini ?

7 M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson.

9 M. EMMERSON : [interprétation] C'est une question d'une difficulté

10 extraordinaire, c'est très difficile de suivre, cette question, à moins que

11 M. Di Fazio ne veuille parler d'une structure matérielle de quelque type,

12 il faudrait qu'il nous explique, qu'il explicite à quelle structure

13 matérielle ou physique il pense. S'il pense à quelque structure

14 d'organisation, alors il est nécessaire qu'il pose la question comme il

15 faut, si vous me permettez de le dire.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

17 M. DI FAZIO : [interprétation]

18 Q. Est-ce que vous aviez l'intention de visiter une structure

19 d'organisation, d'organisation militaire dans le secteur ?

20 R. L'objet de ma visite était d'examiner les commandements et les éléments

21 subalternes, et dans ce cas la zone de Dukagjin. La réunion tenue à l'état-

22 major de Ramush, qui était le commandant, a eu lieu, et j'ai voulu

23 connaître un peu mieux le terrain, me familiariser avec le terrain.

24 Q. Je vous remercie. Vous avez dit que la réunion avait été tenue avec

25 l'état-major de Ramush. Qu'est-ce que c'était cet état-major de Ramush ?

26 R. Je n'ai pas dit l'état-major de Ramush, mais à Jabllanice; et dans le

27 territoire de Ramush Haradinaj, dans la zone opérationnelle, là j'ai

28 appris, lorsque je m'y suis rendu, à savoir Ramush Haradinaj était le

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1 commandant de la zone opérationnelle et qu'une réunion allait avoir lieu

2 entre le commandant de secteur et l'état-major général.

3 Q. Je vous remercie. Qui vous a fourni cette information que Ramush

4 Haradinaj était le commandant de la zone opérationnelle ?

5 R. L'état-major général, les anciens directeurs de l'état-major général.

6 Q. Lorsque vous êtes arrivé dans le secteur, d'après ce que vous avez vu

7 et observé; est-ce que c'était cela ?

8 R. Je n'ai pas compris votre question.

9 Q. Lorsque vous êtes arrivé dans la zone, dans le secteur, d'après ce que

10 vous avez vu et observé, est-ce que ce que l'on disait c'était que Ramush

11 Haradinaj était le commandant de la zone opérationnelle, est-ce que c'était

12 un renseignement exact, si on disait cela ?

13 R. Lorsque je suis arrivé sur place et que la réunion a eu lieu, on nous a

14 dit qu'il était le commandant de la zone opérationnelle. Au cours de ma

15 visite, je suis resté là trois jours; je n'ai pas pu visiter l'ensemble du

16 territoire pour découvrir exactement jusqu'où s'étendait son commandement,

17 quelle était l'étendue de son commandement.

18 Q. Bien. Je vous remercie. Vous nous avez dit que l'état-major général ou

19 les anciens directeurs de cet état-major général vous avaient fourni ces

20 renseignements concernant M. Haradinaj. Et vous venez également de nous

21 dire maintenant que lorsque vous êtes arrivé, il y avait une réunion qui

22 était en cours et vous avez dit : "On nous a dit qu'il était le commandant

23 de la zone opérationnelle."

24 Qui vous a dit cela lorsque vous êtes arrivé sur place et que la réunion a

25 été tenue que Ramush Haradinaj était le commandant de la zone

26 opérationnelle ?

27 R. Les membres de l'état-major, les anciens directeurs du département

28 opérationnel, Rexhep Selimi et Sokol Bashota. Chemin faisant, on m'a dit

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1 que Ramush Haradinaj était le commandant de la zone et que nous étions

2 censés avoir une réunion avec eux.

3 Q. Je crois que vous avez dit un peu plus tôt que vous aviez effectivement

4 rencontré M. Haradinaj. Pourriez-vous nous rappeler très précisément quand

5 cela a eu lieu, quelle est la première fois que vous l'avez rencontré ?

6 R. Pour la première fois je l'ai rencontré à Tirana.

7 Q. Cela, c'est déjà dit ailleurs. Vous n'avez pas besoin de vous

8 préoccuper de cela. Je vais vous parler des visites de juillet, je veux

9 dire juillet 1998. Vous avez fait une visite dans la zone de Dukadjini. Où

10 l'avez-vous rencontré par la première fois à cette occasion ?

11 R. Je l'ai rencontré à Jabllanice où a eu lieu effectivement cette

12 réunion; c'était la réunion de l'état-major général avec le commandant de

13 zone.

14 Q. Bien. Est-ce qu'il s'est présenté à vous ?

15 R. Quand la réunion a commencé, je n'étais pas présent à ce moment-là

16 précis parce que j'étais en train de visiter les unités. Donc, je suis

17 arrivé sur place lorsque la réunion était déjà en cours, de sorte que je ne

18 sais pas comment il s'est présenté à l'origine.

19 Q. Y avait-il d'autres commandants de la zone lors de la réunion; lorsque

20 vous êtes arrivé y avait-il d'autres subordonnées ?

21 R. D'après mes souvenirs il y avait des membres de l'état-major général,

22 Ramush Haradinaj, moi-même et d'autres dont je ne me rappelle pas

23 précisément les noms.

24 Q. Dans cette période pendant laquelle vous étiez là, avez-vous jamais

25 rencontré des commandants adjoints ?

26 R. Au cours de cette période, j'ai rencontré Sali Veseli qui était dans le

27 commandement de Dukagjini. Il était le chef d'état-major, si je ne me

28 trompe. Tout au moins, c'est comme cela qu'il s'est présenté à moi.

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1 Q. Je voulais qu'on soit bien précis sur ce point, Sali Veseli était le

2 chef de l'état-major de quel commandement particulier ou de quelle entité

3 particulière ?

4 R. De la zone de Dukagjini.

5 Q. Je vous remercie. Est-ce que vous connaissez Lahi

6 Brahimaj ?

7 R. Oui.

8 Q. Pourriez-vous dire aux membres de la Chambre quand vous l'avez

9 rencontré pour la première fois ?

10 R. Je l'ai vu pour la première fois en juillet à l'état-major général.

11 Q. Et c'était où précisément ?

12 R. C'était à l'état-major général, comme je l'ai dit, à la montagne de

13 Berisha. C'était là qu'une partie de l'état-major général était située.

14 Q. Indépendamment de cette réunion dans les montagnes de Berisha, est-ce

15 que vous l'avez revu ?

16 R. Oui, je le voyais fréquemment, parce qu'il faisait partie de l'état-

17 major.

18 Q. Est-ce que vous l'avez vu au cours de ce voyage en juillet dont vous

19 nous avez parlé ?

20 R. Oui, parce qu'il était membre du personnel, de l'état-major.

21 Q. Et là encore, si vous vouliez avoir la bonté de clarifier un point. De

22 quel personnel, en particulier, voulez-vous parler ?

23 R. A ce moment-là, au moment où je parle, lorsque je l'ai rencontré pour

24 la première fois, il était chef de la division des finances. Mais il était

25 membre de l'état-major général, et en cette qualité, nous sommes allés

26 ensemble dans la zone de Dukagjini.

27 Q. Je vois. Donc, vous avez fait route ensemble dans ce secteur; c'est

28 exact ? Je vous comprends bien ?

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1 R. Oui, avec Lahi et les autres membres de l'état-major général qui ont

2 participé à cette réunion : Hashim Thaqi, Jakup Krasniqi, et d'autres.

3 Q. Est-ce qu'il avait un poste particulier dans le commandement à

4 Dukadjini dont vous avez parlé ?

5 R. Pour autant que j'aie été informé de cette question par le personnel

6 avant qu'il ne devienne commandant de la zone de Dukagjini, lorsque je l'ai

7 rencontré, il remplissait les fonctions de directeur du département

8 financier.

9 Q. Et s'agissait-il d'un directeur des finances du département de l'état-

10 major général de l'UCK ?

11 R. Oui.

12 Q. Je vous remercie. Connaissiez-vous un monsieur nommé Nazmi Brahimaj ?

13 R. Oui.

14 Q. Est-ce que vous l'avez vu au cours de cette visite en juillet 1998 ?

15 R. Je ne me rappelle pas. Je me rappelle l'avoir vu en 1998. Mais alors,

16 c'est en août que je l'ai vu. Et lorsque je l'ai vu, il était commandant

17 adjoint de la zone.

18 Q. Je vous prie de m'excuser si je suis un peu pédant, commandant adjoint

19 de quelle zone ?

20 R. De la zone opérationnelle de Dukagjini.

21 Q. Je vous remercie. Je voudrais maintenant que vous vous concentriez sur

22 la première journée pendant laquelle vous vous êtes trouvé dans le secteur.

23 Vous nous avez déjà brièvement parlé d'une réunion que vous avez eue avec

24 un certain nombre de personnalités qui étaient présentes. Est-ce que vous

25 avez procédé à des inspections des forces de l'UCK ou du matériel de l'UCK

26 dans le secteur ?

27 R. Après la réunion tenue à Jabbllanice, je suis allé à Gllogjan avec

28 Ramush et Sali Veseli était également là. Dans la soirée, lorsque que nous

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1 sommes arrivés à Gllogjan, nous nous sommes reposés sur place un moment

2 dans une maison. Nous y avons passé la nuit. Le lendemain, j'ai inspecté

3 les unités de l'UCK à Gllogjan. Puis je suis allé voir deux positions dans

4 le voisinage de Gllogjan où il y avait des pièces anti-artillerie de 12,7

5 millimètres. Je me trouvais là avec Ramush lorsque nous avons visité ces

6 positions. Puis je suis allé à Irzniq, Prilep - je veux parler de la

7 deuxième journée. Puis nous sommes revenu à Gllogjan, et après le déjeuner

8 dans l'après-midi, avec Sali Veseli. J'ai visité le village de Shaptej

9 jusqu'au soir de cette journée. Pendant la soirée, j'ai demandé à visiter

10 le territoire de Reka e Keqe. Nous avons visité ce territoire --

11 Q. Il faut que je vous interrompe ici, si vous permettez. Je voudrais que

12 vous me donniez quelques détails supplémentaires sur ce que vous nous avez

13 dit. Vous nous avez dit que vous étiez arrivés à Gllogjan et que vous vous

14 étiez reposés dans une maison. C'était la maison de qui ?

15 R. C'était une maison proche du commandement appartenant à la famille de

16 Ramush, tout au moins c'est cela que je me rappelle.

17 Q. Et où se trouvait le commandement, où était-il en fait situé

18 réellement ? Pouvez-vous vous rappeler ?

19 R. Le commandement est situé dans une maison qui était proche de la maison

20 de Ramush.

21 Q. Vous avez également dit que vous aviez inspecté certaines unités à

22 Gllogjan. Votre phrase, en fait, était : "Le lendemain" et c'est après cela

23 que vous avez pu vous reposer, et "vous avez inspecté des unités de l'UCK à

24 Gllogjan."

25 Pourriez-vous donner aux membres de la Chambre de première instance

26 le moyen de comprendre ce qu'étaient ces unités, quels étaient leurs

27 effectifs ?

28 R. Lorsque j'ai dit que le lendemain après être arrivé à Gllogjan nous

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1 avons visité le commandement, lorsque j'étais là, il n'y avait pas

2 seulement des unités de Gllogjan, il y avait également d'autres unités ou

3 groupes qui passaient du Kosovo en Albanie et d'Albanie au Kosovo. Donc je

4 ne peux pas vous donner de chiffres exacts. Puis nous sommes allés voir ces

5 deux points que j'ai mentionnés, là où se trouvaient des positions

6 artillerie. Puis nous sommes retournés à Gllogjan, mais je ne peux pas vous

7 donner le nombre exact d'unités parce que je ne le savais pas à ce moment-

8 là.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, j'aimerais poser une

10 question pour pouvoir avoir une meilleure compréhension de la déposition de

11 ce témoin.

12 Monsieur Zyrapi, vous nous avez dit dans votre déposition que lorsque vous

13 visitiez ces territoires de Mitrovica à Klina, vous n'aviez pas trouvé de

14 structure de commandement, pas de commandement militaire qui se respecte,

15 pas de grade, et cetera, seulement des groupes. Est-ce que ce que vous avez

16 observé était différent de ce que vous aviez constaté dans la zone qui se

17 trouvait plus loin, la zone sur laquelle Haradinaj était le commandant ?

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Au cours de ma visite à Gllogjan, les autres

19 lieux que j'ai mentionnés et les visites antérieures dans les zones de

20 Mitrovica à Klina, c'était pratiquement la même structure, des structures

21 qui n'étaient pas typiques des choses militaires, des structures

22 véritablement militaires. C'était essentiellement des groupes.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais en même temps, vous nous

24 parlez de commandant, de sous-commandants, vous nous parlez de positions

25 anti-artillerie, vous nous parlez de visiter les unités, des quartiers

26 généraux. Tout ceci donne l'impression qu'il y avait tout au moins une

27 structure militaire, qu'il y avait une bonne organisation, tout au moins

28 pour ce qui est de la division des tâches. Egalement, vous avez dit plus

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1 tôt, parlant des autres secteurs, qu'il n'y avait guère plus de dix à 20

2 personnes dans chaque groupe. Il est difficile pour moi de comprendre; ou,

3 d'une part, vous avez donné un tableau qui fait qu'il y avait des groupes

4 locaux non organisés, et en même temps, vous dites que cela n'était pas

5 très différent du fait qu'il y avait des commandants, des sous-commandants,

6 des quartiers généraux, des unités que vous avez visitées, qu'il y avait

7 des tâches spécifiques données dans ces unités. Donc j'ai certaines

8 difficultés à concilier tout cela. Pourriez-vous m'expliquer ?

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je pourrais. En réponse, je dirais qu'en

10 fait il y avait des différences entre ces différentes zones. En mi-juillet,

11 au moment où on a commencé à déployer des efforts afin de réorganiser le

12 commandement au niveau des zones et au niveau des états-majors, lorsque je

13 me suis rendu à Gllogjan, ces efforts étaient en cours, on était en train

14 d'établir le commandement. Il y avait un chef d'état-major, il y avait un

15 commandement, les membres de l'état-major, mais lorsque nous nous sommes

16 rendus dans les territoires au niveau local, ils n'étaient pas formés au

17 niveau militaire s'agissant des unités coordonnées entre elles. Ceci dit,

18 là où était le commandement où nous nous sommes rendus, nous avons vu

19 également ces armes, j'ai mentionné les mitraillettes 12,7 millimètres. Ils

20 étaient en phase de réorganisation, ils étaient en train de se réorganiser

21 dans les zones.

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Ce que je souhaiterais savoir,

23 suite à votre description, au cours de votre première visite dans la zone,

24 avant même que vous ne vous y rendiez pour la première fois, avant même que

25 vous n'y soyez pour la première fois, vous avez trouvé plus ou moins ces

26 structures organisées ?

27 M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président. Je crois

28 que c'est peut-être un problème de formulation, je crois qu'il faut être

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1 très prudents, à commencer par l'ordre chronologique du déroulement des

2 évènements. Je suis tout à fait disposé à faire référence à de la

3 documentation en contre-interrogatoire.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, effectivement, si cela pouvait

5 brosser un portrait plus fidèle ce serait utile, mais pour l'instant je me

6 limite à des questions, et s'il reste des questions en suspens, bien

7 entendu, elles seront posées au témoin.

8 M. EMMERSON : [interprétation] Non, je ne vous décourage pas de poser des

9 questions, simplement dans la déposition, il est dit que la structure de

10 commandement est en phase de développement.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais n'en discutons pas à ce stade-

12 ci. Nous allons tout d'abord entendre le reste de la déposition du témoin,

13 ensuite nous verrons et nous poserons les questions éventuellement au

14 témoin.

15 Monsieur Di Fazio, veuillez poursuivre.

16 M. DI FAZIO : [interprétation]

17 Q. Vous nous avez dit que la défense antiaérienne existait. Qui vous a

18 accompagné pour aller voir ces mitraillettes antiaériennes ?

19 R. Je n'ai pas parlé de "fusils", j'ai parlé de "mitraillettes" 12,7, et

20 j'ai parlé les mitraillettes DCA, je les ai vues avec Ramush Haradinaj.

21 Q. Est-ce que vous avez prodigué des conseils -- je me reprends.

22 Qu'avez-vous fait lorsque vous êtes allé inspecter ces équipements ?

23 Quel était l'objectif de votre visite ?

24 R. L'objectif de ma visite était de voir quelles étaient les positions des

25 armements, est-ce qu'elles étaient positionnées aux endroits qui

26 convenaient, et il s'agissait de voir si les soldats étaient correctement

27 entraînés à l'utilisation de telles armes.

28 Q. Savez-vous combien de soldats utilisaient ces armes spécifiques ?

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1 R. Lorsque je me suis rendu en visite sur place à l'époque, il y avait

2 environ cinq ou six personnes.

3 Q. Est-ce qu'ils étaient membres de telle ou telle unité pour autant que

4 vous puissiez en juger ?

5 R. Oui, ils étaient membres de l'unité de Gllogjan.

6 Q. Comment le savez-vous ? Qui vous l'a dit ?

7 R. J'y étais avec Ramush, en visite.

8 Q. Vous nous avez parlé de visites dans d'autres villages de la région, y

9 compris Rznic et Saptej, si je me m'abuse, excusez si j'écorche le nom de

10 ce village. Qui a pris les dispositions permettant de vous y amener ?

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, il faudrait que nous

12 comprenions mieux tout d'abord la dernière réponse du témoin.

13 Vous avez dit, Monsieur Zyrapi : "Ils étaient membres de l'unité de

14 Gllogjan." C'est la réponse que vous avez donnée, réponse de fait. Puis, M.

15 Di Fazio vous a demandé : "Mais comment le savez-vous ? Qui vous l'a dit ?"

16 Cela semblait indiquer qu'on vous l'avait dit. Mais à part cela, vous avez

17 dit : "J'étais là en visite avec Ramush," est-ce que ce que vous vouliez

18 dire c'était que c'est Ramush qui vous a dit qu'ils étaient membres de ces

19 unités ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup.

22 Veuillez poursuivre.

23 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci.

24 Q. Dans votre déposition, vous avez parlé de visites dans d'autres

25 villages de la région au cours de ce tour que vous avez fait. Qui a pris

26 les dispositions qui vous ont permis de vous rendre en visite dans ces

27 endroits ?

28 R. Après Gllogjan, comme je vous le disais, je me suis rendu à Irzniq avec

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1 Ramush. Là, nous avons rencontré le commandant de l'unité d'Irzniq, le

2 commandant local, Shemsedin Qeku, puis nous sommes allés à Togeri, l'unité

3 d'intervention rapide qui se situait à proximité de l'école, à 100 ou 150

4 mètres de l'école plus ou moins.

5 Suite à quoi, nous avons poursuivi et nous sommes rendus à Prilep, là aussi

6 nous avons rencontré le commandant local du village de Prilep, Maliq

7 Ndrecaj, je crois que c'était son nom. Nous avons poursuivi, toujours avec

8 Ramush.

9 Q. Merci. Vous nous avez dit où vous êtes allé, vous nous avez donné les

10 noms de certaines des personnes qui vous ont accompagnés et qui était

11 présentes, j'y reviendrai dans quelques instants. En revanche à présent, ce

12 que je souhaiterais savoir, c'est comment vous en êtes arrivé à prendre la

13 décision de vous rendre dans ces endroits ? Comment cette décision a-t-elle

14 été prise, sur base de quoi avez-vous pris cette décision ? Pourquoi Rznic

15 ? Pourquoi Saptej ? Pourquoi tous ces endroits ? Pourquoi parler à ces

16 personnes-là plutôt qu'à d'autres ? C'est ce que je souhaiterais savoir.

17 J'aurais souhaité savoir comment vous avez pris votre décision.

18 R. J'y suis allé pour voir les unités. C'est la raison pour laquelle je

19 suis allé dans ces endroits-là, c'était pour voir les unités, pour voir

20 quel était le niveau d'organisation. Je voulais voir s'ils étaient bien

21 organisés ou pas. Puis j'ai formulé une exigence, à savoir que je

22 souhaitais visiter ces unités, et Ramush a pris les dispositions

23 nécessaires pour que je puisse y aller, pour que je puisse me rendre dans

24 les endroits que j'ai mentionnés, compte tenu du temps que j'avais à ma

25 disposition.

26 Q. Merci. S'agissant de Rznic, vous avez parlé de l'unité d'intervention

27 rapide, est-ce que vous saviez déjà qu'existait une unité d'intervention

28 rapide à Rznic et est-ce que vous avez demandé à ce qu'on vous y amène ou

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1 est-ce qu'on vous a informé de son existence une fois que vous étiez dans

2 la zone ? C'est grosso modo ce que je souhaiterais savoir.

3 R. Non, je ne le savais pas. Je n'avais pas connaissance de l'existence de

4 cette unité au préalable. En fait, j'ai appris une fois sur place

5 qu'existait cette unité d'intervention rapide.

6 Q. Merci. Qui vous a fourni cette information s'agissant de l'existence de

7 cette unité spécifique et de son emplacement ?

8 R. C'est le commandant de la zone.

9 Q. Qui cela ?

10 R. Ramush Haradinaj.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, vous avez dit au

12 témoin il y a quelques instants -- enfin, vous avez mentionné les visites à

13 Rznic et Saptej. Est-ce qu'il y a quelque chose qui m'a échappé ? Parce que

14 j'ai entendu Prilep et Rznic. J'ai essayé de juste interrompre --

15 M. DI FAZIO : [interprétation] Non, j'ai voulu concentrer notre attention

16 sur Rznic, je m'occuperai du reste par la suite.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais quand le village a-t-il été

18 mentionné par le témoin, Saptej ? Je n'ai pas trouvé.

19 Vous avez dit plusieurs villages, y compris Saptej et Rznic, mais je

20 ne sais pas où vous en avez parlé.

21 M. DI FAZIO : [interprétation] Excusez-moi, il me semblait qu'il avait

22 mentionné cet endroit.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, il a dit Prilep, on fera une

24 recherche dans le texte.

25 M. DI FAZIO : [interprétation] Je peux peut-être lui poser la question.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien entendu.

27 M. DI FAZIO : [interprétation]

28 Q. Est-ce qu'au cours de votre visite, vous vous êtes rendu dans un

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1 village du nom de Saptej ?

2 R. Le village de Saptej, oui. J'y suis allé avec Sali Veseli.

3 Q. Merci.

4 M. DI FAZIO : [interprétation] On va peut-être essayer de régler cela. On

5 pourrait peut-être montrer au témoin un 65 ter 1306, il s'agit en fait de

6 deux pages et deux cartes. Est-ce qu'on pourrait montrer cela au témoin ?

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière, le numéro ?

8 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] P119, enregistré aux fins

9 d'identification, Monsieur le Président, Messieurs les Juges.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.

11 M. DI FAZIO : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait la mettre dans

12 l'autre sens, et est-ce qu'on pourrait faire un zoom, s'il vous plaît ?

13 Q. Monsieur Zyrapi, tout d'abord, Monsieur le Témoin, vous voyez là

14 apparaître une représentation électronique d'une carte sur laquelle

15 figurent des annotations. Est-ce que c'est vous qui avez apposé ces

16 annotations ?

17 R. Oui. Comme je l'ai dit, je me suis rendu dans cette zone au moment où

18 j'étais à Dukadjin.

19 Q. Oui, le chiffre 1 est juste à côté du village de Jablanica.

20 R. Oui, le numéro 1, c'est le village de Jablanica où j'ai été le premier

21 jour.

22 Q. Le numéro 2, c'est Gllodjan, n'est-ce pas ?

23 R. Oui.

24 Q. Vous dites de part et d'autre de Gllodjan il y a deux annotations avec,

25 je crois, le numéro 3 de part et d'autre de cette indication. Ces

26 annotations à quoi font-elles référence ?

27 R. Comme je l'ai dit tout à l'heure, elles font référence aux positions

28 des fusils DCA.

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1 Q. Comme vous l'avez dit avant, nous sommes dans le village de Rznic où

2 vous vous êtes rendu; c'est exact, le numéro 5 ?

3 R. Oui, le village d'Irzniq.

4 Q. Numéro 6, c'est Prilep, n'est-ce pas, où vous vous êtes rendu pour

5 procéder à des inspections à Prilep, n'est-ce pas ?

6 R. Oui, je suis allé dans ce village également.

7 Q. Merci.

8 M. DI FAZIO : [interprétation] Peut-on peut-être élever quelque peu la

9 carte de manière à ce qu'on voit mieux la partie inférieure de la carte ?

10 Q. Vous voyez qu'il y a également une ligne en tiret, en pointillé, qui

11 descend le long de Babaloc, ensuite qui traverse la route qui va de Decani

12 à Saptej. Est-ce que vous voyez cela ?

13 R. Oui.

14 Q. Cette ligne en pointillé, ce parcours représente quoi exactement ?

15 R. Il représente l'itinéraire vers Reka e Keqe, en tout l'itinéraire que

16 j'ai suivi.

17 Q. Merci.

18 M. DI FAZIO : [interprétation] Je demanderais le versement au dossier de ce

19 document.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Y a-t-il des objections ? Non.

21 Il porte déjà une cote; par conséquent, il sera versé au dossier.

22 Mais, Monsieur Di Fazio, le témoin a mentionné Saptej tout à l'heure.

23 Autant pour moi, en fait, il avait récemment mentionné Prilep, mais c'est

24 vrai que neuf pages plus haut il avait parlé de Saptej. Mais le problème

25 c'est qu'il était orthographié différemment, donc lorsque je l'ai cherché

26 je ne l'ai pas trouvé.

27 Toutes mes excuses.

28 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Est-ce que je peux dire -- est-ce que

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1 ce sont les deux documents qui sont versés au dossier ?

2 M. DI FAZIO : [interprétation] Non, juste la première.

3 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Vous allez y revenir à la deuxième

4 carte ?

5 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui, je reviendrais le moment venu. Je pense

6 qu'ils ont besoin de cote séparée.

7 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] C'est un seul numéro ou est-ce que ce

8 sont des numéros séparés ?

9 M. DI FAZIO : [interprétation] Ce sera simplement -- j'en ai parlé au

10 témoin, celui qui porte le numéro "Annexe A".

11 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Une seule ?

12 M. DI FAZIO : [interprétation] Une partie de la déposition, Monsieur le

13 Président, je reviendrai à la deuxième carte dans quelques instants. Merci.

14 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci. Désolé de vous avoir

15 interrompu.

16 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Messieurs les

17 Juges, merci d'avoir précisé cela.

18 Q. Je souhaiterais vous poser des questions à propos des visites dans ce

19 village, notamment lorsque vous vous êtes rendu dans la région avec M.

20 Haradinaj.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour éviter toute confusion, bien

22 entendu, le document qui est présenté et la cote de ce document ce n'est

23 pas simplement une carte, mais en page 2 il y a l'autre carte, nous

24 devrions tout de même marquer aux fins d'identification ou dire clairement

25 que la cote n'a été attribuée qu'à la première page du document.

26 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] A vrai dire c'est ce que je voulais

27 poser comme question.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Cela a été fait.

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1 M. DI FAZIO : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

2 si c'est ce que vous préférez ce serait peut-être plus clair.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est très bien. Mais si vous demandez à

4 ce que soit versé au dossier un document au titre du 65 ter, bien entendu,

5 Madame la Greffière, octroie une cote à l'ensemble du document, à moins

6 qu'il y ait une indication claire indiquant que seule une partie du

7 document doit se voir attribuer une cote pour le versement au dossier,

8 c'est l'ensemble du dossier qui se retrouve avec cette seule et même cote.

9 Enfin, tout est clair maintenant. C'est uniquement la première page de ce

10 document qui porte la cote.

11 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président,

12 Messieurs les Juges.

13 Q. Monsieur le Témoin, vous étiez en train de nous parler de votre visite

14 à Rznic, vous nous avez parlé de l'emplacement de l'unité d'intervention

15 rapide. Savez-vous qui était responsable ou qui était au commandement de

16 cette unité d'intervention rapide ?

17 R. Lorsque je me suis rendu sur place, le commandant de l'unité

18 d'intervention rapide était Togeri.

19 Q. Est-ce que c'était la première fois - j'évoque ce que vous aviez dans

20 votre esprit - est-ce que c'était la première fois que vous le rencontriez

21 pour autant que vous le sachiez ?

22 R. Oui. C'était la première fois que je le rencontrais à Irzniq, mais on

23 m'a dit que je l'avais déjà rencontré à Tirana, mais je ne m'en souvenais

24 pas d'avant.

25 Q. Qui vous l'a dit ?

26 R. Lorsque j'ai rencontré Togeri c'est lui qui m'a dit que nous nous

27 étions déjà rencontrés à Tirana une fois. Bien entendu, nous nous étions

28 probablement déjà rencontrés parce qu'il y avait beaucoup de gens, il y

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1 avait beaucoup de passages, mais je peux difficilement me souvenir de tout

2 le monde bien sûr.

3 Q. Cette unité d'intervention rapide -- les membres de cette unité

4 portaient-ils des uniformes particuliers ?

5 R. Lorsque je me suis rendu sur place, ils portaient des uniformes noirs

6 et utilisaient des armes qui étaient d'une qualité quelque peu supérieure à

7 celle des autres unités. Mais je n'étais là que très peu de temps, je n'ai

8 passé que 15 minutes sur place dans cette unité-là.

9 Q. Merci. Qui vous a présenté Toger -- pardon Togeri ?

10 R. C'est Ramush qui me l'a présenté.

11 Q. Est-ce qu'on vous a fourni quelque information que ce soit quant à

12 cette unité d'intervention rapide ? Est-ce qu'on vous a dit si elle faisait

13 partie d'un groupement militaire plus grand ?

14 R. Sur la base de mes observations sur place, c'était un petit groupe, une

15 unité, mais comme je vous l'ai dit, nous étions en cours de réorganisation

16 de l'armée. Par conséquent, je ne sais pas à quel moment l'unité avait été

17 formée précisément.

18 Q. Très bien. Vous ne saviez peut-être pas quand elle a été formée, mais

19 la question que je vous posais était celle de savoir

20 si : pour autant que vous le sachiez elle s'inscrivait cette unité dans une

21 unité militaire de plus grande envergure ou un groupement militaire plus

22 grand dans la région ?

23 R. L'unité d'intervention rapide était au niveau du "commandement local".

24 L'unité d'intervention rapide était menée par les commandants de zone.

25 Q. Lorsque vous parlez de "commandement de zone," est-ce que vous pourriez

26 être un peu plus précis ? A quoi faites-vous référence exactement lorsque

27 vous dites que l'unité d'intervention rapide était au niveau du

28 commandement local ?

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1 R. L'unité d'intervention rapide à Dukagjini et dans d'autres régions

2 était sous le commandement des commandants de zone.

3 Q. A quels commandants de zone faites-vous référence ?

4 R. Pourriez-vous répéter la question s'il vous plaît ? Vous voulez dire ?

5 Vous parlez au pluriel ou au singulier ?

6 Q. Vous dites que l'unité d'intervention rapide à Dukadjini ainsi que dans

7 d'autres régions relevait du commandement des commandants de zone. La

8 question que je vous pose était de savoir si cette unité d'intervention

9 rapide à Rznic faisait partie d'un groupement militaire de plus grande

10 envergure dans la région de Dukadjini ?

11 R. Oui.

12 Q. Lequel ?

13 R. Sous commandement de la zone opérationnelle de Dukagjini.

14 Q. Merci. Je demanderais de bien vouloir vous reporter à la carte à

15 nouveau, cela devrait encore être à l'écran que vous avez sous les yeux.

16 Vous avez dit au Tribunal de première instance que vous vous êtes rendu en

17 déplacement dans ces zones et que M. Haradinaj était avec vous, en tout cas

18 en partie ?

19 R. Oui, les endroits mentionnés.

20 Q. Lorsque vous alliez d'un village à un autre, des soldats de l'UCK vous

21 accompagnaient-ils ?

22 R. A chaque fois nous étions accompagnés par des soldats de l'UCK,

23 notamment lorsque je me déplaçais.

24 Q. Oui. Ils étaient armés et ils vous escortaient ?

25 R. Oui, bien sûr, ils étaient armés et j'étais moi aussi armé.

26 Q. Bien. Mais ces visites, elles avaient lieu le jour, les visites sur les

27 sites de DCA et dans les villages qu'on voit apparaître ici, Rznic, Prilep,

28 Saptej; ces visites se faisaient de jour ?

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1 R. Oui, de jour.

2 Q. Vous vous déplaciez à bord d'un véhicule ou vous étiez parti à pied,

3 partie à bord d'un véhicule ?

4 R. Oui. Nous allions en certains endroits en voiture et le reste à pied.

5 Q. Merci. Il y a quelques instants vous avez parlé ou commencé à parler de

6 Reka e Keqe où vous vous êtes rendu. Puis vous nous aviez montré

7 l'itinéraire que vous aviez emprunté, qui est signalé par une ligne en

8 pointillé sur cette pièce à conviction. Comment vous vous êtes rendu de

9 Gllogjan à la région de Reka e Keqe, de Gllogjan à Reka e Keqe ?

10 R. A partir de Gllogjan, nous avons emprunté cette ligne en pointillé, et

11 là nous étions à pied.

12 Q. Nous, qu'entendez-vous par "nous"; à qui faites-vous référence très

13 exactement ?

14 R. A l'époque, lorsque je suis allé à Reka e Keqe, j'étais accompagné de

15 Sali Veseli, mais aussi d'un groupe d'autres soldats qui nous

16 accompagnaient.

17 Q. Qui vous a fourni ces soldats qui vous ont accompagnés; ou peut-être

18 poser une question plus claire, d'où venaient-ils ?

19 R. J'ai pris ces soldats à Gllogjan au commandant de la zone.

20 Q. Qui précisément ?

21 R. Ramush. Il devait nous escorter vers Reka e Keqe.

22 Q. Ils étaient là pour assurer votre protection et pour vous escorter.

23 C'était là leur rôle, n'est-ce pas ?

24 R. Oui.

25 Q. Au cours de ce déplacement dans la région de Reka e Keqe, cela s'est

26 fait intégralement à pied, ce déplacement ?

27 R. Dans le territoire de Reka e Keqe, nous nous sommes rendus dans

28 certains endroits en voiture, dans d'autres à pied. Cela dépendait du

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1 terrain.

2 Q. A ce stade-ci, je ne vous parle que de - si vous voulez boire un verre

3 d'eau, n'hésitez pas, si vous avez la gorge quelque peu irritée, Monsieur

4 Zyrapi.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, je ne sais pas s'il y

6 a lieu ou pas de faire une pause avant d'aller plus avant. Ceci dit, vous

7 êtes peut-être sur le point de conclure.

8 M. DI FAZIO : [interprétation] Non, cela conviendrait parfaitement parce

9 que cela me permettra de finaliser les choses et de savoir exactement

10 comment procéder. C'est moins d'accrocs comme cela.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Nous allons nous interrompre

12 et reprendre nos travaux à 18 heures 5.

13 --- L'audience est suspendue à 17 heures 44.

14 --- L'audience est reprise à 18 heures 09.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, allez-y.

16 M. DI FAZIO : [interprétation] Permettez-moi d'aborder le thème du témoin

17 de demain. Je sais que c'est ce qui préoccupait mes confrères, donc

18 quelques indications sur le temps qui m'est nécessaire. D'abord, j'aurais

19 besoin encore de 25 minutes, et je me demande si Me Emmerson pourrait nous

20 dire le temps dont il aura besoin pour contre interroger le témoin, même si

21 ce n'est qu'une approximation, afin que nous puissions programmer la venue

22 du témoin suivant.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, vous-même et vos

24 collègues, pouvez-vous nous donner une idée du temps dont vous aurez besoin

25 ?

26 M. EMMERSON : [interprétation] Je pense que j'aurai besoin d'environ deux

27 heures.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous seul ?

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1 M. EMMERSON : [interprétation] Oui.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Guy-Smith ?

3 M. GUY-SMITH : [interprétation] De 20 à 40 minutes.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Maître Harvey ?

5 M. HARVEY : [interprétation] Je subodore que j'aurais besoin de 15 à 20

6 minutes, suivant les questions qui auront été posées par mes confrères.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

8 Monsieur Di Fazio.

9 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci beaucoup, j'informerai mes collègues

10 de ces informations.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En tout, cela comporte deux volets

12 d'audience. Bien entendu, il va falloir tenir compte du temps qui sera

13 nécessaire pour traiter des documents et de toutes les autres choses.

14 Veuillez poursuivre.

15 M. DI FAZIO : [interprétation]

16 Q. Vous nous parliez, Monsieur le Témoin, du déplacement que vous avez

17 réalisé à Reka e Keqe. Vous dites que vous vous êtes déplacé à pied. Est-ce

18 que c'était pendant la nuit ou pendant la journée ?

19 R. Pendant la nuit.

20 Q. Et pour quelle raison ?

21 R. Parce que les forces serbes étaient positionnées le long de la route

22 Prizren-Djakove-Peje.

23 Q. Merci. J'aimerais que l'on présente au témoin la pièce portant le

24 numéro 65 ter 1306, page 2. C'était le numéro que portait précédemment

25 cette pièce. C'est une carte sur laquelle figure la mention, "annexe B".

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Je vais demander à la Greffière

27 de bien vouloir nous donner une cote.

28 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce enregistrée aux

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1 fins d'identification portant le numéro P120.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup.

3 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci. J'aimerais que l'on agrandisse la

4 partie inférieure gauche du document. Bien.

5 Q. Monsieur le Témoin, en premier lieu, est-ce que les annotations qu'on

6 voit sur cette carte, est-ce que c'est vous qui les avez portées ?

7 R. Oui.

8 Q. On voit ici encore une fois une ligne en pointillée qui va de Glodjane

9 jusqu'à Smolice. Est-ce que vous avez repéré cette

10 ligne ?

11 R. Oui.

12 Q. Est-ce qu'il s'agit là de l'itinéraire que vous avez emprunté pour vous

13 rendre sur zone ?

14 R. Oui, effectivement. Il s'agit de l'itinéraire que j'ai emprunté jusqu'à

15 Reka e Keqe.

16 Q. On voit la route de Decani à Djakovica vers le sud, également. On voit

17 qu'il y a trois cercles qui ont été tracés sur cette route. Qu'est-ce que

18 cela représente ?

19 R. Ces cercles nous indiquent la présence des forces serbes.

20 Q. Qui vous a fourni les renseignements ou les informations relatives à la

21 présence des forces serbes ?

22 R. J'ai reçu ces informations de la part de Sali Veseli, qui avait des

23 informations relatives aux positions occupées par les forces serbes sur

24 cette route.

25 Q. Est-ce que vous savez si c'était des positions qui étaient fixes ?

26 R. Je l'ignore, mais c'est ce qu'on m'a dit. On m'a dit que les forces

27 serbes étaient positionnées à ces endroits-là quand je m'y suis rendu.

28 Q. Est-ce que, lorsque vous avez dû, en empruntant l'itinéraire que vous

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1 avez indiqué, traverser la route, est-ce qu'à ce moment-là vous avez couru

2 un danger ? Est-ce que c'était

3 dangereux ?

4 R. Bien entendu que c'était dangereux parce qu'on traversait une zone où

5 il y avait des forces serbes.

6 Q. Vous avez évoqué certaines mesures de précaution qui avaient été

7 adoptées, à savoir notamment les déplacements qui se faisaient de nuit.

8 Est-ce que l'escorte qui vous était donnée avait pour objectif de vous

9 protéger de toute attaque éventuelle serbe ?

10 R. Oui.

11 Q. Est-ce que vous avez pu franchir cette route sans faire l'objet

12 d'attaques des forces serbes ?

13 R. Oui.

14 Q. Est-ce que vous avez fini par arriver dans la zone de Reka e Keqe ?

15 R. Oui.

16 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] De quelle région ou zone parliez-vous

17 ? Est-ce qu'on pourrait le préciser au moyen de la

18 carte ? La ligne pointillée ne va pas jusqu'à Smolice, localité que vous

19 avez mentionnée au cours de votre première question, si bien que je suis un

20 petit peu dans l'incertitude quant à l'objectif final de ce déplacement.

21 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui, excusez-moi, et merci de votre

22 question.

23 Q. Monsieur le Témoin, quel est le lieu dans lequel vous vous êtes rendu

24 concrètement ?

25 R. Comme je l'ai déjà dit, nous nous sommes déplacés de nuit. Nous sommes

26 arrivés vers 2 ou 3 heures du matin. Nous sommes déjà allés au village de

27 Ramoc. On y était à l'aube, ensuite Naim Maloku est arrivé. En sa

28 compagnie, nous sommes allés au village de Smolice.

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1 Q. Merci. En dehors de la ligne pointillée qui montre l'itinéraire que

2 vous avez emprunté, on voit sur cette carte une zone qui a été délimitée

3 par une courbe, par une ligne avec les initiales suivantes : NM ou MN

4 plutôt et AH. Que désigne cette zone qui a été ainsi délimitée avec Junik

5 notamment ?

6 R. Oui. Les initiales NM, c'est pour Naim Maloku quand il était à l'état-

7 major à Smolice, et on voit aussi les initiales AH qui désignent Aziz

8 Hyseni à Smolice.

9 Q. Merci. Qui était exactement Aziz Hyseni ?

10 L'INTERPRÈTE : Correction des interprètes : le deuxième individu se

11 trouvait à Junik et pas à Smolice.

12 LE TÉMOIN : [interprétation] A l'époque, Aziz commandait l'état-major de

13 Junik.

14 M. DI FAZIO : [interprétation]

15 Q. Quel était l'objectif de votre déplacement dans cette

16 zone ?

17 R. L'objectif de ma visite dans cette zone était le suivant : il

18 s'agissait d'abord de visiter la zone, de se familiariser avec les unités

19 qui se trouvaient dans cette zone, et il fallait également procéder une

20 incorporation, une intégration des unités de cette zone dans la zone

21 opérationnelle de Dukagjini.

22 Q. Combien de temps êtes-vous resté sur place ?

23 R. Comme je l'ai déjà dit, je suis arrivé au petit matin, je suis resté

24 sur place toute la journée. C'était donc la troisième journée. J'ai visité

25 toute la zone. Ensuite on m'a dit qu'à Rahovec il y avait une attaque menée

26 par les forces serbes. En fin de journée je suis parti; j'ai emprunté le

27 même itinéraire pour me rendre à Gllogjan, ensuite à Rahovec.

28 Q. Merci. Est-ce que vous avez regagné Gllogjan de nuit ?

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1 R. Oui. Oui, sinon il était impossible de passer pendant la journée. Si

2 bien que je suis parti de nuit. Mais quand je suis arrivé là-bas vers 11

3 heures à Gllogjan, à ce moment-là, Ramush m'a dit qu'il fallait que j'aille

4 à Rahovec. Il m'a donné une voiture qui m'a permis d'aller à Jabllanice où

5 Lahi Brahimaj m'attendait.

6 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur Di Fazio. Est-

7 ce que vous avez déjà demandé au témoin quand avait eu lieu ce déplacement

8 de trois jours ?

9 M. DI FAZIO : [interprétation] D'après les informations dont nous disposons

10 jusqu'à présent cela s'est passé à la mi-juillet, rien de plus précis.

11 Q. Monsieur le Témoin, veuillez essayer de répondre à la question posée

12 par M. le Juge. Vous nous avez dit que cette visite avait eu lieu à la mi-

13 juillet, est-ce que vous pouvez être un peu plus précis ?

14 R. C'est à ce moment-là que je suis allé là-bas. C'était à la mi-juillet

15 et c'était le 3e jour de ma visite dans cette zone.

16 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci.

17 M. DI FAZIO : [interprétation]

18 Q. Ensuite, vous avez quitté cette zone pour vous rendre à Orahovac où il

19 y avait, selon les informations, des combats. Est-ce que c'est bien le cas

20 ?

21 R. Oui.

22 Q. J'aimerais qu'on parle à nouveau de Reka e Keqe. Vous nous avez

23 expliqué que l'objectif de cette visite c'était d'unifier les

24 commandements, d'intégrer toutes les unités qui se trouvaient dans cette

25 zone. Quel était le commandement que vous souhaitiez unifier ?

26 R. Le commandement de l'état-major local de Junik devait être intégré à la

27 zone opérationnelle de Dukagjini.

28 Q. Merci. Est-ce que vous avez parlé à Naim Maloku et Aziz Hyseni de ce

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1 sujet et de cette proposition ?

2 R. Oui, je leur ai expliqué quel était l'objectif de ma visite sur place.

3 Ils ont accepté de se rattacher au commandement de la zone opérationnelle

4 de Dukagjini.

5 Q. Est-ce que l'état-major général de l'UCK estimait que c'était une

6 mesure souhaitable ?

7 R. Oui.

8 Q. Est-ce que vous en aviez parlé avec Ramush Haradinaj; et si c'est le

9 cas, est-ce qu'il avait fait part de son point de vue, s'il en avait un ?

10 R. Oui. Je lui avais parlé et il estimait que ces états-majors devaient

11 être intégrés dans le cadre de l'état-major de la zone opérationnelle.

12 Q. Est-ce que c'est ce qui a fini par se produire, à savoir que cette zone

13 de Reka e Keqe a été intégrée à la zone opérationnelle de Dukadjini et à

14 son commandement ?

15 R. Oui, mais je ne sais pas exactement à quel moment a eu lieu cette

16 fusion à cause de la mauvaise qualité des transmissions, des

17 communications.

18 Q. Bien. J'aimerais que l'on revienne à la visite que vous avez effectuée

19 dans la zone de Reka e Keqe.

20 M. EMMERSON : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait donner une explication

21 des deux derniers mots de la dernière réponse du témoin ?

22 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui, ça vient parce que justement c'est un

23 sujet que je souhaitais aborder. Si on me l'autorise à le faire j'aimerais

24 aborder cette question à ma manière.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y.

26 M. DI FAZIO : [interprétation]

27 Q. Naim Maloku se trouvait au sud de Reka e Keqe, et Aziz Hyseni se

28 trouvait au nord de cette zone, il se trouvait à Junik, lui. Comment êtes-

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1 vous allé de Ramoc à Junik pour parler à Aziz Hyseni ?

2 R. De Smolice, je suis allé avec Naim Maloku en voiture jusqu'à Junik.

3 Q. Est-ce que vous étiez escortés par un groupe de soldats ?

4 R. Oui.

5 Q. Vous avez fait ce déplacement pendant la journée et vous avez rencontré

6 Aziz Hyseni ?

7 R. Oui.

8 Q. Est-ce que vous êtes retournés à Ramoc ensuite, ce même

9 jour ?

10 R. Oui, on est retournés à Ramoc le même jour dans la soirée, et on a

11 continué à pied vers Gllogjan.

12 Q. Merci. C'est justement ce que je voulais savoir. Est-ce que vous avez

13 pour retourner à Glodjane emprunté exactement le même itinéraire qu'à

14 l'aller ?

15 R. Oui.

16 Q. Dans une de vos précédentes réponses --

17 M. DI FAZIO : [interprétation] Un instant je vous prie, oui.

18 Q. Vous avez fait référence à la mauvaise qualité des transmissions, des

19 communications. Pouvez-vous nous dire comment se faisaient les

20 communications entre cette zone de Reka e Keqe - ici, je suis en train de

21 parler de la situation au niveau militaire - donc quelle était la nature

22 des communications entre la zone opérationnelle de Dukadjini et Reka e Keqe

23 ?

24 R. Au moment de ma visite, il était difficile de communiquer parce qu'il

25 était impossible d'avoir des liaisons directes, des communications directes

26 ou par des messagers. Il fallait que le messager traverse l'ensemble de ce

27 territoire qui était plein de dangers. Je n'ai pas observé de

28 communications par moyen radio, Motorola ou autres moyens de transmission,

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1 de communication.

2 Q. Est-ce qu'un messager aurait eu à faire face aux mêmes problèmes que

3 vous pour aller du secteur de Gllogjan jusqu'à Reka e Keqe et vice et

4 versa; à savoir à cause des positions serbes sur cette route ?

5 R. Oui.

6 M. DI FAZIO : [interprétation] Si vous voulez bien m'accorder un instant,

7 Monsieur le Président.

8 [Le conseil de l'Accusation se concerte]

9 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui, je vous remercie.

10 Q. Vous avez dit que lorsque vous êtes revenu au secteur de Gllogjan, Lahi

11 Brahimaj se trouvait là.

12 M. EMMERSON : [hors micro]

13 M. DI FAZIO : [interprétation] Excusez-moi.

14 M. EMMERSON : [interprétation] Ce n'était pas une présentation exacte de ce

15 qu'il a dit.

16 M. DI FAZIO : [interprétation]

17 Q. Après avoir traversé la route, la route qui conduit à Djakovica, est-ce

18 que -- où êtes-vous allé ?

19 R. Après avoir été de retour, je suis retourné à Gllogjan, et là j'ai

20 rencontré Ramush. Il m'a donné une voiture pour aller à Jabllanice. Puis

21 j'ai été appelé par l'état-major général qui m'a dit d'aller à Rahovec.

22 Q. Je pense que vous -- qui avez-vous vu à Jablanica ? Quelles personnes

23 avez-vous rencontrées à Jablanica ?

24 R. A Jabllanice, j'ai rencontré Lahi Brahimaj, qui nous attendait pour me

25 donner cet ordre; dans sa voiture, nous sommes allés à Rahovec.

26 Q. Je vous remercie. Est-ce que c'était par un arrangement qui était fait

27 d'avance, est-ce que vous êtes allé à Jablanica avec l'intention de

28 rencontrer Lahi Brahimaj ou est-ce que c'était purement par accident ?

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1 R. Pour le rencontrer et poursuivre notre route ensemble, et en route

2 vers l'état-major général --

3 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

4 M. HARVEY : [interprétation] Il y a malheureusement quelque chose à la

5 ligne 11 de la page 83 du texte anglais, l'ordre de l'état-major général,

6 c'est ce qu'a dit le témoin, et vous pouvez voir à l'écran ce qu'il y a là,

7 ce qui ne devrait pas s'y trouver.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je comprends le caractère très

9 sensible de ce contexte. Ce sera corrigé. L'attention est tout

10 particulièrement appelée sur ceux qui doivent corriger le compte rendu.

11 Page 83, ligne 11.

12 M. DI FAZIO : [interprétation]

13 Q. Vous n'avez toujours pas vraiment éclairci les choses de façon aussi

14 claire que je l'aurais souhaité le faire, s'il vous plaît. Lorsque vous

15 alliez vers Jablanica, est-ce que vous aviez à l'esprit et est-ce que vous

16 aviez l'intention de rencontrer Lahi Brahimaj ?

17 R. Oui, oui.

18 Q. Comment ceci s'est-il passé ? Quel était votre plan et comment est-ce

19 qu'il s'est trouvé que c'est devenu votre plan ?

20 R. Lahi Brahimaj était un membre de l'état-major général, il avait reçu

21 des ordres qui étaient de retourner à l'état-major général qui était situé

22 à Rahovec à ce moment-là.

23 Q. C'est bien possible, c'est bien possible, mais pourquoi et comment est-

24 il arrivé que vous ayez eu l'intention de le retrouver, de rencontrer Lahi

25 Brahimaj ?

26 R. Comme je l'ai dit tout à l'heure, l'ordre donné par l'état-major

27 général était de revenir parce qu'il y avait des combats qui se

28 poursuivaient à Rahovec. Et la personne qui a apporté cet ordre de l'état-

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1 major général était Lahi Brahimaj, qui nous attendait à Jabllanice. Après

2 que je sois revenu de la zone de Reka e Keqe, je suis allé à Gllogjan.

3 C'est là que Ramush Haradinaj nous a dit de retourner à Rahovec. Puis il

4 m'a prêté une voiture et m'a escorté jusqu'à Jabllanice -- enfin qui nous a

5 escortés jusqu'à Jabllanice. J'ai rencontré Lahi Brahimaj, il m'a donné

6 l'ordre en question, et nous sommes allés ensemble à Rahovec, où l'état-

7 major général était situé à ce moment-là.

8 Q. Pendant le moment où vous étiez en train de faire cette tournée de

9 trois jours, outre les positions serbes que vous avez mentionnées, avez-

10 vous rencontré d'autres positions serbes ?

11 R. Lorsque j'ai fait le tour du village de Prilep, la route qui va à

12 Decane-Gjakove était tout près et les forces serbes avaient pris position à

13 cet endroit-là, mais pas dans l'arrière-pays du village.

14 Q. Je vous remercie. Je voudrais vous montrer certaines déclarations, s'il

15 vous plaît.

16 M. DI FAZIO : [interprétation] Si l'on pouvait montrer au témoin - j'ai ici

17 des copies papier, et également la possibilité de présenter par le prétoire

18 électronique e-court - nous allons nous intéresser à la déclaration de

19 novembre 2005 qui porte la cote 1308 de la liste 65 ter, peut-être qu'avec

20 l'aide de --

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois que nous avions déjà attribué

22 une cote ou un numéro à la déclaration de novembre 2005, donc je considère

23 que ceci remplacera, Madame la Greffière, la cote précédente.

24 Oui, c'est bien confirmé. Est-ce que ceci a été téléchargé sur le système

25 e-court, Monsieur Di Fazio ? Je vois que Mme la Greffière opine en ce sens

26 --

27 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Bien. Là il s'agit de la

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1 déclaration de novembre 2005.

2 M. DI FAZIO : [interprétation] Je souhaiterais produire des copies papier

3 pour le témoin. J'ai des copies papier de la version albanaise et j'ai un

4 exemplaire papier de la version anglaise.

5 Q. Monsieur Zyrapi, est-ce que vous reconnaissez votre propre signature

6 quelque part sur ce document -- je vous conseille de regarder le texte

7 anglais.

8 R. Oui, oui.

9 Q. Je vous remercie. Vous avez également une version en albanais de la

10 déclaration. Pourriez-vous jeter un bref regard -- regarder rapidement ceci

11 de façon à vous familiariser avec cette déclaration-ci, je veux dire la

12 traduction.

13 Est-ce que vous vous rappelez avoir fait cette déclaration à des membres du

14 bureau du Procureur ?

15 R. Oui, j'ai fait cette déclaration au bureau du Procureur en novembre.

16 Q. Est-ce que ceci contient des renseignements que vous pourriez encore

17 fournir, qui seraient les mêmes, avec les mêmes réponses si on vous posait

18 les questions concernant ces sujets dans cette déclaration ?

19 R. Oui.

20 Q. Je vous remercie.

21 M. DI FAZIO : [interprétation] Je demande le versement de cette déclaration

22 au dossier, si vous le permettez.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je vois que puisqu'il n'y a pas

24 d'objection, la -- attendez une seconde, s'il vous plaît.

25 M. DI FAZIO : [interprétation] Je vous remercie.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

27 [La Chambre de première instance se concerte]

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ceci est versé au dossier.

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1 [La Chambre de première instance se concerte]

2 M. DI FAZIO : [interprétation] Si vous le permettez --

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc c'est l'anglais qui est le texte

4 original.

5 Veuillez poursuivre.

6 M. DI FAZIO : [interprétation] Si vous le permettez, je souhaiterais

7 maintenant montrer à M. Zyrapi la déclaration d'avril 2007, et également

8 lui fournir un exemplaire papier des versions anglaise et albanaise.

9 Q. Monsieur Zyrapi --

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière, quelle serait la

11 cote ?

12 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, ceci sera la

13 pièce à conviction numéro P112 [comme interprété], qui reçoit une cote aux

14 fins d'identification.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je vous remercie.

16 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci.

17 Q. Monsieur Zyrapi, je voudrais simplement vous répéter pour l'essentiel

18 toutes les questions; à savoir pouvez-vous identifier dans cette

19 déclaration - enfin juste pour vous rafraîchir la mémoire, pour savoir dans

20 l'ordre de quelle déclaration il s'agit. Regardez les signatures, ensuite

21 vous pourrez nous dire si cette déclaration contient des éléments que vous

22 fourniriez à la Chambre si on vous posait des questions concernant ces

23 sujets ?

24 R. Oui, c'est bien ma signature et je le ferai comme vous avez dit.

25 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Pardon --

26 M. DI FAZIO : [interprétation] Si vous le permettez --

27 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] En l'occurrence, il y a deux cartes

28 en annexe. Cela va maintenant faire deux pièces à conviction différentes,

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1 n'est-ce pas ?

2 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui, les cartes sont présentées séparément.

3 Elles faisaient à moment donné partie de la déclaration, mais maintenant

4 elles sont distinctes, on les aurait séparées.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Bien, Monsieur Di Fazio, jetons un

6 coup d'œil à ce que vous nous fournissez pour le moment. Cela c'est avril

7 2007. Je voudrais y jeter encore un coup d'œil ainsi qu'à l'e-mail, le

8 courriel.

9 "La déposition du témoin fera l'objet des questions portant sur les

10 documents qui sont mentionnés au paragraphe 1 à 11."

11 Je vois -- ou est-ce que j'ai le mauvais document maintenant ? Jetons

12 un coup d'œil. J'ai l'impression que je n'ai pas le bon. Oui --

13 M. DI FAZIO : [interprétation] On m'a assuré que ceci avait été corrigé

14 comme il faut.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Jetons un coup d'œil. Ceci est la

16 déclaration d'avril, je pense que -- est-ce que j'ai la

17 bonne ? Oui. Non, je vois que ça va bien maintenant.

18 M. DI FAZIO : [interprétation] Je vous remercie.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.

20 M. DI FAZIO : [interprétation] Si vous le permettez, ceci maintenant nous

21 laisse avec la question des pièces à conviction. Je pense que du point de

22 vue de la célérité et de l'efficacité, si tous les documents auxquels il

23 est fait référence dans la déclaration de 2007, si on pouvait tout au moins

24 les marquer aux fins d'identification. La question de savoir si on peut

25 pleinement les admettre et les verser au dossier est une question sur

26 laquelle les parties pourront s'exprimer, peut-être par écrit, peut-être

27 par voie de requête si nécessaire. Il se peut que, comme Me Emmerson

28 voulait vous faire remarquer, il se peut qu'il n'y ait pas de problèmes

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1 pour un bon nombre de ces documents.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Est-ce que Mme la Greffière a une

3 liste de ces documents, est-ce que ce sont les numéros que nous trouvons

4 sur les pages ? Je veux dire il suffirait que Mme la Greffière puisse --

5 enfin pour les numéros que nous trouvons au paragraphe 48 de la déclaration

6 d'avril.

7 M. DI FAZIO : [interprétation] J'ai présenté un tableau si vous le

8 permettez, qui permettrait de voir exactement quelles sont les

9 correspondances à faire.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

11 M. DI FAZIO : [interprétation] Apparemment ceci porte le numéro -- le

12 tableau que j'ai préparé porte le numéro [inaudible] de la liste 65 ter. Je

13 n'ai pas l'intention de demander son versement au dossier comme élément de

14 preuve.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Juste pour aider Mme la Greffière, nous

16 pourrons peut-être vérifier par la suite sur la base des documents qui ont

17 reçu une cote aux fins d'identification --

18 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je comprends que la Défense

20 soit d'accord pour que Mme la Greffière prenne le temps de faire en sorte

21 que tout ceci soit consigné comme il faut par écrit.

22 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, j'ai des difficultés avec cela, partons

23 de l'hypothèse qu'on n'évoque pas une difficulté concernant un tampon par

24 rapport à une signature, savoir si un tampon équivaudrait à signature et la

25 signature elle-même, alors je n'aurais pas de difficultés avec ce témoin

26 du fait qu'il puisse être utilisé comme un truchement par lequel les

27 documents en question recevraient une cote provisoire et pourraient, si

28 cela convient, être versés au dossier. Je pars de cette hypothèse parce que

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1 je ne suppose pas qu'il soit à même d'identifier la différence entre un

2 type de document et l'autre.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, à moins qu'il ait vu les originaux,

4 cela je ne le sais pas. Monsieur, Di Fazio, est-ce que le témoin -- est-ce

5 qu'on lui a montré lorsqu'il a fait ses commentaires ou lorsqu'on lui a

6 montré des exemplaires, à part cela les tampons d'habitude ont l'avantage

7 d'être les mêmes pendant toute la période considérée.

8 Oui.

9 M. DI FAZIO : [interprétation] Le témoin a parlé de tampon pour la

10 déclaration de 2007.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

12 M. DI FAZIO : [interprétation] En fait --

13 M. EMMERSON : [interprétation] Il s'agit d'une référence différente dans un

14 contexte différent. Il l'a dit dans un contexte différent.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais par exemple si nous trouvons

16 ce commentaire, je cite : "Ce document contient la version longue et la

17 forme courte de la signature de Ramush Haradinaj."

18 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que le témoin a vu l'original ?

20 M. DI FAZIO : [interprétation] Non.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ceci veut dire que -- y a-t-il des

22 documents pour lesquels le bureau du Procureur supposerait que le témoin

23 dise quoi que ce soit de plus que ceci, cette signature telle qu'elle

24 figure dans la copie d'un document et la signature que le témoin identifie

25 comme étant la même, et également qu'il connaît comme étant la signature de

26 M. Haradinaj ? Je veux dire, est-ce qu'il y a un moment quelconque où

27 l'Accusation souhaiterait utiliser ceci comme élément de preuve pour dire

28 que M. Haradinaj a personnellement signé le document en question plutôt que

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1 d'avoir apposer un tampon avec sa signature qui aurait été mis sur ce

2 document ?

3 M. DI FAZIO : [interprétation] Pas sur la base de la déposition du témoin.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.

5 M. DI FAZIO : [interprétation] Tout ce qu'il peut dire c'est je reconnais

6 cette signature, la signature courte ou la signature développée.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

8 M. DI FAZIO : [interprétation] Maintenant, je ne sais pas si cela va

9 jusqu'au point de dire que cela a été placé ici, savoir si c'est bien une

10 main ou, au contraire, si c'est le mécanisme de l'utilisation d'un tampon.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

12 M. DI FAZIO : [interprétation] Mais il reconnaît les signatures développées

13 et la griffe en quelque sorte.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Ceci est parfaitement clair. On

15 voit très bien ce que ceci pourrait démontrer.

16 Maître Guy-Smith, Maître Harvey, vous avez la même position en ce qui

17 concerne la Défense d'Haradinaj ?

18 M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui. En ce qui concerne toutes les

19 questions qui pourraient concerner les signatures, je ne sais pas dans

20 quelle mesure ceci va toucher à la fiabilité pour le fait de pouvoir se

21 fonder sur certains commentaires, à savoir s'il s'agissait de remarques et

22 d'interprétations qui auraient été apposées sur les documents.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que c'est un commentaire sur

24 lequel vous pourriez poser des questions au témoin dans le contre-

25 interrogatoire. Pour le moment, il s'agit de la déposition 92 ter. Très

26 souvent, ça dit simplement : Je reconnais la signature. Mais si c'est

27 davantage, à ce moment-là le témoin --

28 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je veux parler de questions telles que :

Page 3248

1 "D'après le titre de ce document, il s'agit de tel compte rendu," et ainsi

2 de suite. Je ne le trouve pas particulièrement utile, mais je n'ai pas

3 d'objection à ce qu'il soit inclus.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous n'avez pas d'objection, bien

5 entendu parfois le titre d'un document est très utile : c'est une liste de

6 personnes, par exemple, qui ont été payées par M. X ou Y, ou Z, bien

7 entendu si c'est cela le titre, à ce moment-là le titre n'ajoute pas

8 beaucoup à ce que l'on veut savoir pour autant que le témoin ne se

9 contredise pas.

10 M. GUY-SMITH : [interprétation] C'est de cela que je veux parler.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Harvey.

12 M. HARVEY : [interprétation] Je suis d'accord avec la position Haradinaj

13 sur ce point.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Maître Harvey.

15 Monsieur Di Fazio, je crois que vous avez l'intention de demander le

16 versement de ceci, je comprends que nous sommes sur le point de savoir s'il

17 y a des objections.

18 M. DI FAZIO : [interprétation] Excusez-moi.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

20 M. DI FAZIO : [interprétation] Verser quoi précisément au dossier ?

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La déclaration 92 ter.

22 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui. Excusez-moi. Oui, c'était mon

23 intention.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien entendu, nous allons observer les

25 éclaircissements qui auront été donnés par la Défense et la déclaration

26 d'avril est donc versée au dossier comme élément de preuve.

27 J'ai vérifié maintenant sur le prétoire électronique e-court. Tout va

28 bien maintenant, Monsieur Di Fazio. Je vous remercie pour cela.

Page 3249

1 Y a-t-il d'autres questions ?

2 M. DI FAZIO : [interprétation] Non.

3 Q. Merci beaucoup, Monsieur Zyrapi.

4 M. DI FAZIO : [interprétation] Si vous le permettez, je n'ai pas d'autres

5 questions.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

7 Monsieur Di Fazio, parfois je formule des critiques pour ce qui est de

8 l'utilisation du temps, mais je dois dire que vous vous en êtes

9 parfaitement tiré cette fois-ci à cet égard.

10 M. EMMERSON : [interprétation] Je voudrais dire trois choses si vous le

11 permettez. Premièrement, un bref éclaircissement. J'ai supposé que votre

12 dernière décision concernant la déclaration 92 ter ne devait pas être

13 comprise par qui que ce soit comme décidant que les documents auxquels il

14 est fait référence dans cette déclaration ont déjà fait l'objet d'une

15 décision concernant leur versement au dossier comme élément de preuve.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non. En fait, Mme la Greffière est en

17 train de les télécharger juste au moment où je suis en train de parler.

18 M. EMMERSON : [interprétation] Je parle de la déclaration elle-même.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La déclaration elle-même et les annexes

20 qui ont été caviardées maintenant.

21 M. EMMERSON : [interprétation] Oui.

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, ce sont plus des annexes

23 maintenant. Je considère -- on verra ça demain.

24 M. DI FAZIO : [interprétation] Je considère que les membres de la Défense

25 pourront regarder de plus près ces documents. D'après ce que j'ai compris,

26 il ne semble pas qu'il y ait de problèmes majeurs --

27 M. EMMERSON : [interprétation] Ceci pour l'essentiel est vrai.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. La chambre, bien entendu,

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1 souhaiterait entendre dès que possible s'il y a des problèmes qui demeurent

2 pour ce qui est de ces documents qui sont maintenant intégrés dans le

3 système électronique par Mme la Greffière et qui ont reçu des numéros qui

4 se suivent aux fins d'identification, Madame la Greffière. Nous prendrons

5 une décision par la suite à ce sujet.

6 M. EMMERSON : [interprétation] Oui. Il y a l'un des deux documents parmi

7 eux qui n'émane ni de ce témoin ni ne fait partie de documents sur lesquels

8 il a l'intention de reconnaître une signature. Effectivement, il ne s'agit

9 pas de documents qui aient été émis par M. Haradinaj.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui.

11 M. EMMERSON : [interprétation] Donc il y a un ou deux points qui pourraient

12 nécessiter qu'on procède à une toilette.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pourrais-je suggérer ceci : Mme la

14 Greffière va imprimer la liste une fois qu'elle aura attribué des numéros à

15 tous ces documents, nous saurons à ce moment-là par les équipes de la

16 Défense quelle est leur position, quelles sont les objections et voir s'il

17 y a des objections ou sur lesquelles sont les numéros. On pourra à ce

18 moment-là facilement décider si un document est versé au dossier ou non.

19 Nous entendrons les objections à ce sujet --

20 M. DI FAZIO : [interprétation] En ce qui me concerne, je pense que c'est

21 une excellente idée. Pourrais-je suggérer toutefois en ce qui me concerne

22 la dernière partie de ce que vous venez de dire. Si la Défense devait nous

23 indiquer quels sont les points particuliers sur lesquels ils élèvent des

24 objections au versement au dossier, cette question pourrait être résolue

25 par des écritures, plutôt que d'en discuter oralement. Ceci pourra être

26 plus simple et prendre moins de temps.

27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Cela dépend de savoir si nous

28 aurons encore besoin de recevoir des renseignements supplémentaires du

Page 3251

1 témoin parce que la chambre pour le moment ne peut pas exclure --

2 M. DI FAZIO : [interprétation] Peut-être qu'à la fin de la déposition. Je

3 ne voudrais pas discuter de l'admissibilité de cette question à l'audience

4 pour tel ou tel document en particulier, on n'est pas particulièrement

5 préparés pour cela.

6 Maintenant, si la Défense est d'accord pour procéder dans l'ordre

7 qu'on a évoqué, ce serait plus commode.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si la Défense informe l'Accusation de

9 quels sont les documents qui posent des problèmes et indique également à

10 l'Accusation pourquoi ils posent des problèmes, à ce moment-là nous

11 pourrions effectivement gagner du temps du point de vue de l'audience.

12 Y a-t-il autre chose pour le moment, Maître Emmerson ?

13 M. EMMERSON : [hors micro]

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je me demande s'il y a une utilité

15 quelconque à commencer le contre-interrogatoire. Je ne pense pas.

16 M. EMMERSON : [hors micro]

17 [interprétation] Pourrions-nous maintenant utiliser maintenant le

18 temps qui reste pour faire le point sur la position en ce qui concerne la

19 planification du reste de la semaine.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

21 M. EMMERSON : [interprétation] Je comprends que vous souhaitez que l'on

22 parle maintenant de la façon dont la semaine va se développer, mais l'une

23 des difficultés c'est précisément en ce qui concerne les temps impartis.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il n'est pas nécessaire de garder le

25 témoin dans la salle d'audience pour cela.

26 Par conséquent, Monsieur Zyrapi, nous arrêtons l'audience ici. Nous allons

27 rependre demain matin à 9 heures.

28 Madame la Greffière, est-ce que ce sera dans le même prétoire ? Non, ce

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1 sera probablement dans la salle d'audience numéro II. Oui.

2 Nous poursuivrons donc dans une autre salle d'audience, la numéro II,

3 et je voudrais vous donner l'instruction, Monsieur le Témoin, de ne parler

4 à personne de la déposition que vous avez faite, tant sur ce que vous avez

5 dit jusqu'à maintenant que ce que vous allez nous dire demain.

6 Madame l'Huissière, pouvez-vous escorter le témoin hors du prétoire ?

7 [Le témoin quitte la barre]

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Demain, une partie de la journée sera

9 consacrée au contre-interrogatoire de ce témoin. D'après ce que je

10 comprends, il faudra à peu près trois ou quatre heures, et il se peut qu'il

11 y ait également des questions supplémentaires. Ceci prendra l'ensemble de

12 l'audience de demain, et s'il y a des questions supplémentaires des Juges,

13 il faudra qu'on examine la question du versement des documents s'il y a

14 encore des problèmes.

15 Donc j'estime qu'il faudra quelque quatre heures, un peu plus de

16 quatre heures à notre disposition, pratiquement la plus grande partie du

17 temps de l'audience de demain. Ce qui veut dire que le prochain témoin

18 devra comparaître mercredi. Monsieur Di Fazio, le prochain témoin devait

19 prendre combien de temps ?

20 M. DI FAZIO : [interprétation] Je pourrais vous fournir une réponse dans un

21 instant si vous le permettez.

22 M. EMMERSON : [interprétation] Deux heures et demie me dit-on juste à côté.

23 M. DI FAZIO : [interprétation] C'est exact. J'ai vu qu'il s'agissait de

24 deux heures et demie.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Deux heures et demie.

26 Avez-vous une idée du temps qu'il faudra pour le contre-

27 interrogatoire ?

28 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, mon estimation, après avoir discuté de

Page 3253

1 cela avec mes confrères, à l'évidence ces questions ne sont pas tout à fait

2 sûres comme on l'espérerait, mais mon estimation c'est que c'est quelque

3 chose comme deux heures et demie à trois heures au total, peut-être moins

4 que cela.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Au total, cela ferait en tout cinq à

6 cinq heure et demie. Le témoin prévu après cela, Monsieur Di Fazio, combien

7 de temps faudrait-il pour ce témoin ?

8 M. DI FAZIO : [interprétation] Trois heures et demie.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Trois heures demie, ce qui veut dire

10 qu'il faudrait combien de temps pour le contre-interrogatoire ?

11 M. EMMERSON : [interprétation] Je pense à peu près la même durée.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc ceci ferait sept heures. A ce

13 moment-là, il nous resterait 12 heures et demie, de 12 à 12 heures et

14 demie. Nous ne siègerons pas -- cela veut dire qu'après que nous ayons fini

15 le contre-interrogatoire de ce témoin, ceci veut dire qu'il est totalement

16 impossible d'en entendre un autre avant vendredi pour ce qui reste des

17 témoins. Dans ces conditions, je vais consulter mes collègues.

18 [La Chambre de première instance se concerte]

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai examiné un petit peu la question

20 avec mes confrères. Si le prochain témoin, et si on ne pouvait pas avoir le

21 contre-interrogatoire qui commence juste après l'interrogatoire principal

22 jeudi seulement, alors le temps qu'il reste, puisqu'il n'y a pas de

23 possibilité de conclure le troisième témoin, ou alors à ce moment-là il

24 faut le garder ici, mais je crois que l'on pourrait commencer

25 l'interrogatoire principal avec lui mercredi, mais alors on n'aurait pas le

26 temps de finir. Donc cela ne m'apparaît pas être une bonne idée. Ceci étant

27 dit, le troisième témoin qui est prévu pour cette semaine, là, on a besoin

28 de plus de temps pour lui, dans l'ensemble il faudra sept heures. Je ne

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1 sais pas -- après tout, s'il faut qu'on renvoie chez lui un des témoins

2 pour l'heure en tout cas, la question qui se pose est de savoir si c'est le

3 deuxième qu'on renvoie dans ses pénates ou le troisième. C'est là une

4 question sur laquelle les parties pourraient peut-être se consulter entre

5 elles, parce que si on pouvait commencer par le troisième témoin, en

6 partant du principe que ce sera en fin de journée demain, à ce moment-là on

7 aura sept heures -- c'est une estimation de déposition qui doit finir la

8 semaine prochaine. Mais si on commence par le deuxième témoin, alors on se

9 retrouve avec, et c'est une estimation, cinq à cinq heures et demie. Donc à

10 la fin de la semaine, la question est de savoir s'il vaut mieux avoir un

11 témoin qui reste pour sept heures ou d'avoir un témoin qui reste pour cinq

12 heures et demie.

13 Et bien entendu, tout dépend de l'état de préparation.

14 M. EMMERSON : [interprétation] Une des choses qui m'inquiètent un petit peu

15 - je dois dire que je n'avais pas vraiment réfléchi à la question de savoir

16 si inverser l'ordre de déposition des témoins pouvait résoudre la question.

17 Mais en fait, quel que soit le témoin qui sera le prochain à déposer, pour

18 différentes raisons, la préparation, les matériels qui seront présentés

19 vendredi, j'aurai du mal à commencer le contre-interrogatoire avant jeudi,

20 que ce soit l'un ou l'autre, pour les deux.

21 Puis, compte tenu du type d'information qu'il faut examiner, si, par

22 exemple, mercredi l'interrogatoire principal de ce témoin devait durer

23 moins qu'un volet d'audience d'une demi-journée complet, alors je peux vous

24 assurer, Messieurs les Juges, Monsieur le Président, que l'heure

25 complémentaire, c'est une heure que l'on consacrera à bon escient à

26 l'examen des équipements qu'on a beaucoup de mal à examiner compte tenu des

27 délais très serrés.

28 [La Chambre de première instance se concerte]

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, est-ce que vous

2 souhaitez ajouter quelque chose à ceci ? Manifestement, la Défense préfère

3 nettement que l'on n'inverse pas l'ordre de déposition des témoins.

4 M. DI FAZIO : [interprétation] Non, je ne pense pas qu'il faudrait inverser

5 l'ordre. Je crois que cela risque simplement de compliquer les choses. Je

6 ne veux pas trop en dire, mais pour des raisons personnelles --

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'essayais simplement de savoir si vous

8 souhaitez nous faire part d'un souhait net qui nous permettra de gagner du

9 temps, mais cela ne semble pas être le cas.

10 M. DI FAZIO : [interprétation] Nous voulons maintenir l'ordre.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si les Juges entendent l'interrogatoire

12 principal du deuxième témoin prévu pour déposition cette semaine une fois

13 que l'on aura fini le contre-interrogatoire du premier témoin, le témoin

14 actuel, et si l'on autorise la Défense à commencer son contre-

15 interrogatoire jeudi, mais s'ils devaient finir cela également dans les

16 délais impartis de manière à ce que les questions supplémentaires par les

17 Juges puissent aboutir de manière à ce que le témoin puisse rentrer chez

18 lui à la fin de la journée de jeudi.

19 M. EMMERSON : [interprétation] Au nom de tous les conseils de la Défense,

20 je vous fais part de notre reconnaissance. Merci de faire preuve d'autant

21 de souplesse.

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien, s'il n'y a pas d'autres

23 demandes, nous levons l'audience jusqu'à demain matin, 9 heures.

24 --- L'audience est levée à 19 heures 05 et reprendra le mardi 24 avril

25 2007, à 9 heures 00.

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