Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le jeudi 17 mai 2007

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 17.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à toutes les personnes dans le

6 prétoire.

7 Monsieur le Greffier, est-ce que vous pourriez donner le numéro de

8 l'affaire.

9 M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Il s'agit

10 de l'affaire IT-04-84-T, le Procureur contre Ramush Haradinaj et consorts.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

12 La Chambre tient à informer les parties qu'en application de l'article 15

13 bis (A), l'audience d'aujourd'hui se déroulera en l'absence de M. le Juge

14 Hoepfel qui, pour des raisons personnelles urgentes, n'est pas en mesure de

15 siéger aujourd'hui. Quant aux deux autres Juges, à savoir M. le Juge Stole

16 et moi-même, nous avons décidé qu'il était dans l'intérêt de la justice de

17 poursuivre le procès en l'absence de M. le Juge Hoepfel aujourd'hui.

18 Alors, commençons par quelques questions de procédure que j'espère pouvoir

19 traiter assez rapidement. Les parties savent certainement que la déposition

20 du colonel John Crosland reprendra la semaine prochaine. La Chambre

21 voudrait demander à la Défense si elle a quelque objection que ce soit par

22 rapport à l'admission, d'abord, de documents qui accompagnent le compte

23 rendu d'audience de l'affaire Limaj; et deuxièmement, si la Défense a des

24 objections quant au fait que l'Accusation verse au dossier par le biais de

25 ce témoin ces documents au cours du contre-interrogatoire.

26 S'il y a de telles objections par rapport à l'admission de ces documents,

27 la Chambre tient à demander à la Défense de préciser quels sont exactement

28 les documents qui font l'objet de ses objections pour la journée de lundi

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1 prochain. Je pense que plus tôt cette question est posée, mieux pourra se

2 dérouler la poursuite de l'interrogatoire du colonel Crosland.

3 Enfin, la Chambre tient à faire une déclaration eu égard aux requêtes

4 92 bis de l'Accusation. Cette déclaration était plus longue qu'elle ne le

5 sera finalement jusqu'à il y a une heure ou deux en raison du fait

6 qu'aujourd'hui, l'Accusation a déposé un corrigendum à la requête qu'elle

7 avait déposée eu égard aux déclarations écrites en application de l'article

8 92 bis, et ce corrigendum n'est arrivé entre les mains des Juges que ce

9 matin.

10 Toutefois, la Chambre a quelques commentaires à faire au sujet des

11 requêtes 92 bis déposées par l'Accusation.

12 Le 19 février 2007, l'Accusation a déposé une notice de requête en

13 vue de l'admission de déclarations écrites en application de l'article 92

14 bis. Cette requête contenait la déclaration de 21 personnes et d'autres

15 documents liés à ces déclarations. La Défense a répondu le 28 février, le

16 1er mars et le 2 mars 2007.

17 Le 7 mai 2007, l'Accusation a déposé une requête en vue de l'admission des

18 déclarations écrites de huit personnes en application de l'article 92 bis

19 du Règlement. Sept de ces personnes étaient déjà incluses dans les

20 écritures initiales du 19 février. La requête n'explique pas si les

21 documents contenus dans les deux séries d'écritures déposées sont

22 identiques ou pas, et en particulier, elle n'explique pas quelles sont les

23 modifications qui ont été apportées aux déclarations écrites originales. La

24 Chambre fait remarquer que certaines déclarations écrites sont identiques

25 dans les deux cas alors que d'autres ont été modifiées dans une certaine

26 mesure, même si la requête ne dit rien de ces modifications.

27 Une des huit personnes qui s'est vue octroyée le numéro de Témoin 86 est

28 indiquée comme étant un témoin viva voce dans la liste des témoins de

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1 l'Accusation du 2 mars 2007. Même si ceci n'est pas indiqué clairement dans

2 la requête, la Chambre croit comprendre que l'Accusation souhaite

3 maintenant que le statut de ce témoin change, c'est-à-dire qu'il ne soit

4 plus témoin viva voce mais qu'il devienne témoin déposant en vertu de

5 l'article 92 bis du Règlement. L'Accusation aurait dû préciser cette

6 nouvelle requête dans ses écritures du 7 mai.

7 La Chambre porte à l'attention de la Défense le fait qui vient d'être

8 évoqué afin de garantir qu'il sera pris en compte comme il se doit dans les

9 réponses de la Défense qui sont attendues avant le 21 mai 2007. Toutefois,

10 la Chambre demande également à l'Accusation d'être parfaitement claire dans

11 ses requêtes ultérieures au sujet de l'application de l'article 92 bis

12 quant aux modifications intervenues éventuellement dans les écritures

13 mentionnées dans ses requêtes, en particulier eu égard aux écritures

14 déposées le 19 février.

15 Ceci met fin aux commentaires de la Chambre sur les requêtes 92 bis de

16 l'Accusation.

17 Maître Emmerson, c'est à vous.

18 M. EMMERSON : [interprétation] A 14 heures moins deux minutes cet après-

19 midi, nous avons reçu un mail de M. Re relatif au calendrier de l'audition

20 des témoins de la semaine prochaine. Sans entrer dans les détails, cela

21 place la Défense dans une situation réellement difficile car la Défense n'a

22 absolument aucune certitude quant à l'identité des témoins qui vont venir,

23 ni au moment où ils vont venir, ce qui rend toute planification pour le

24 contre-interrogatoire pratiquement impossible.

25 Alors, il est possible que pendant cet après-midi, d'autres informations

26 soient fournies à la Défense, mais j'inviterais les Juges à demander à M.

27 Re, peut-être dix minutes avant la fin de l'audience de cet après-midi, de

28 s'expliquer comme il se doit quant à cette situation, de façon à ce que

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1 nous puissions nous préparer pour la semaine prochaine.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kearney, -- je vous demande un

3 instant. Oui, la Chambre a reçu effectivement un exemplaire de ce mail.

4 Monsieur Kearney, est-ce que vous pensez que M. Re sera disponible dix

5 minutes avant 19 heures ?

6 M. KEARNEY : [interprétation] Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le

7 cas, Monsieur le Président. Je vais lui demander si cela est le cas durant

8 la première pause, et je vous en informerai en temps utile.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Il pourrait être possible

10 éventuellement de lui envoyer un e-mail, de façon à ce qu'il soit informé

11 de la demande même s'il a d'autres occupations cet après-midi. La Chambre,

12 bien sûr, va lire le mail en détail, mais en tout cas, jusqu'à présent,

13 elle aimerait que M. Re puisse être présent dans le prétoire dix minutes

14 avant 19 heures.

15 D'autres questions ? Si tel n'est pas le cas, on peut faire entrer le

16 témoin dans le prétoire. Monsieur Kearney, vous êtes prêt ?

17 M. KEARNEY : [interprétation] Monsieur le Président, je suis prêt. Je

18 voulais simplement porter à un point à l'attention de la Chambre. La

19 Chambre se souvient qu'hier, elle a découvert une contradiction dans les

20 déclarations écrites 92 ter. A la fin de l'audience d'hier, j'ai parlé à

21 mes collègues de la Défense, plus précisément à Me Emmerson et à Me Harvey.

22 Je n'ai pas pu m'entretenir avec Me Guy-Smith hier soir.

23 Quoi qu'il en soit, nous nous sommes entretenus et l'un des conseils a

24 consenti à l'admission du document si l'Accusation pouvait affirmer à la

25 Chambre que les deux traductions correspondaient absolument. Je remercie Me

26 Emmerson et Me Harvey pour ce geste aimable.

27 Depuis hier, nous avons demandé à un interprète albanais de comparer le

28 contenu des deux documents et j'ai reçu la garantie que la seule différence

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1 entre les deux textes consiste dans les deux mots découverts par les Juges

2 de la Chambre, à savoir "lower Lluka" --

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

4 M. KEARNEY : [interprétation] -- qui figure dans la traduction anglaise et

5 pas dans le texte albanais.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je voudrais raccourcir le débat. La

7 contradiction en tant que telle n'est pas particulièrement choquante. J'y

8 reviendrai parce qu'apparemment "lower Lluka" est mentionné dans une autre

9 déclaration écrite et n'est pas particulièrement pertinent en ce moment. Ce

10 qui est peut-être choquant c'est le fait qu'il y ait une différence de ce

11 genre entre les deux textes. Mais si c'est simplement un problème de

12 traduction ou un problème de couper-coller, c'est cela qu'il faut

13 déterminer.

14 M. EMMERSON : [interprétation] Sur le plan de la procédure, je crois

15 comprendre que s'agissant de ce témoin - et c'est peut-être le cas pour

16 d'autres témoins également - leur déclaration écrite 92 ter a été lue aux

17 témoins concernés qui ont attesté de l'exactitude de la version anglaise;

18 en d'autres termes, elle leur est lue en anglais et traduite oralement en

19 albanais.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais toutes les signatures qui

21 figurent sur l'autre version --

22 M. EMMERSON : [interprétation] A moins que je ne me trompe. En d'autres

23 termes, il est important de savoir quelle déclaration écrite est celle qui

24 a fait l'objet d'un accord de la part du témoin, s'agissant de cette

25 différence entre les deux textes.

26 M. KEARNEY : [interprétation] Pour ma part, je crois savoir que le témoin a

27 lu pour lui la version albanaise, il a apporté des corrections à cette

28 version albanaise et il s'est convaincu qu'elle était exacte. Les

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1 modifications ont été incluses, et il a signé le document. Ce document a

2 été traduit ensuite --

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Sans lui être relue -- une nouvelle fois

4 avec nouvelle interprétation pour lui.

5 M. KEARNEY : [interprétation] C'est exact, la version anglaise ne lui a pas

6 été relue.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] S'il y a un problème majeur, mais je ne

8 crois pas que ce soit le cas en ce moment compte tenu des précisions qui

9 viennent d'être apportées; cela dit, nous parlons également pour l'avenir.

10 Il me semble que les témoins signent leur déclaration écrite toujours dans

11 toutes les langues pour garantir le contenu des différents textes. Et si la

12 déclaration qu'ils signent est dans une langue qu'ils ne comprennent pas,

13 il faut que le contenu de cette déclaration soit retraduit au témoin dans

14 sa langue avant qu'il ne la signe.

15 M. EMMERSON : [interprétation] Je pense c'est ce qui doit se passer

16 effectivement. Nous avons commencé des vérifications pour déterminer quelle

17 est la déclaration authentique.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.

19 M. EMMERSON : [interprétation] Je pense que la déclaration authentique est

20 la déclaration en albanais que le témoin a lu et signé.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maintenant nous savons où nous en

22 sommes. Hier nous avons passé pas mal de temps à discuter de cette question

23 qui aurait pu faire l'objet de cinq ou six minutes de contre-

24 interrogatoire, donc démarrons l'audience de cet après-midi.

25 Je demande que l'on fasse entrer le témoin dans le prétoire.

26 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Cekaj. Veuillez vous

28 asseoir.

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Cekaj, je tiens à vous rappeler

3 que vous êtes toujours lié par la déclaration solennelle que vous avez

4 prononcée hier au début de votre déposition. A présent, Monsieur Kearney va

5 poursuivre son interrogatoire.

6 Monsieur Kearney, c'est à vous.

7 M. KEARNEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

8 LE TÉMOIN: SHEMSEDIN CEKAJ [Reprise]

9 [Le témoin répond par l'interprète]

10 Interrogatoire principal par M. Kearney : [Suite]

11 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Cekaj.

12 R. Bonjour.

13 Q. Monsieur Cekaj, j'aimerais revenir sur un commentaire que vous avez

14 fait hier. Vous parliez des bruits des pièces d'artillerie que vous avez

15 entendus alors que vous vous trouviez encore dans le village de Peje, et

16 c'est au sujet de ces pièces d'artillerie que j'aimerais, si vous me le

17 permettez, vous poser quelques questions.

18 Monsieur Cekaj, d'après moi, vous avez passé plus de dix ans dans les rangs

19 de l'armée yougoslave en tant que soldat de cette armée, n'est-ce pas ?

20 R. En tant qu'officier, pas en tant que simple soldat.

21 Q. Toutes mes excuses, Monsieur Cekaj, excusez-moi.

22 R. Je vous en prie.

23 Q. Sur la base de l'expérience que vous avez acquise au sein de l'armée,

24 pourriez-vous m'en dire un peu plus au sujet de l'importance de la taille

25 des canons que vous avez entendu tirer et éventuellement de la portée des

26 obus tirés par ces canons, si vous pouvez le déterminer ?

27 R. Il pouvait s'agir de pièces d'artillerie de calibre 120.

28 Q. En vous fondant sur votre expérience personnelle au sein de l'armée,

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1 quelle est la distance à laquelle peut tirer un obus qui sort d'un canon de

2 calibre 120 ?

3 R. Je n'ai jamais fait partie d'une unité d'artilleurs, mais je pense

4 qu'une telle pièce peut tirer à une distance de 8 à 12 kilomètres. Mais,

5 cela dépend.

6 Q. Merci de votre réponse, Monsieur Cekaj.

7 M. KEARNEY : [interprétation] A présent, avec l'autorisation de la Chambre,

8 j'aimerais que nous revenions au document qui était affiché sur l'écran

9 hier, à savoir la pièce P318.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, elle apparaît à l'écran.

11 M. KEARNEY : [interprétation]

12 Q. Monsieur Cekaj, est-ce que vous voyez bien le document affiché à

13 l'écran devant vous ?

14 R. Il faut que je chausse mes lunettes, je ne vois pas bien sans mes

15 lunettes. Mais je connais par cœur tous ces villages.

16 M. KEARNEY : [interprétation] Monsieur le Président, si cela faciliterait

17 la tâche du témoin, j'ai ici un exemplaire papier. Peut-être cela lui

18 faciliterait-il la tâche durant sa déposition.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est vous qui gérez votre

20 interrogatoire comme vous le souhaitez, Monsieur Kearney, en tout cas il

21 n'y a pas d'objection de la part de la Chambre.

22 M. KEARNEY : [interprétation]

23 Q. Monsieur Cekaj, est-ce qu'il est plus facile pour vous de lire la copie

24 papier ou la copie écran ?

25 R. Je crois que je peux répondre à vos questions parce que je vois bien

26 là.

27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] S'il vous plaît, n'annotez pas la carte

28 avant qu'on ne vous le demande précisément, Monsieur Cekaj.

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1 M. KEARNEY : [interprétation]

2 Q. Monsieur Cekaj, voici ma question. Hier vous avez dit :

3 "Le secteur indiqué en bleu représente le territoire sur lequel les

4 soldats de l'UCK pouvaient se déplacer à l'époque."

5 Vous rappelez-vous avoir dit cela hier ?

6 R. Oui. L'UCK et les gens qui habitaient dans ce secteur.

7 Q. Que voulez-vous dire par ces mots, à savoir les soldats de l'UCK et les

8 civils pouvaient se déplacer librement dans ce secteur ?

9 M. GUY-SMITH : [interprétation] Excusez-moi.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

11 M. GUY-SMITH : [interprétation] Excusez-moi.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une seconde.

13 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je pense que M. Kearney a tiré un peu la

14 question très loin de ce que le témoin a dit.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, le témoin a parlé de se déplacer,

16 il n'a pas parlé de se déplacer librement. Il y a une différence. Pourriez-

17 vous l'interroger sur ce point ?

18 M. KEARNEY : [interprétation] Oui, je remercie la Défense pour sa

19 proposition.

20 Q. Pourriez-vous, Monsieur Cekaj, expliquer ce que vous aviez à l'esprit

21 lorsque vous avez dit que les soldats de l'UCK et les civils pouvaient

22 circuler à l'époque le secteur que vous avez indiqué sur la carte ?

23 R. Oui. Sur la route Peje-Decane-Gjakove, les villages proches de la route

24 étaient menacés et des soldats de l'UCK étaient stationnés dans ces

25 villages, alors qu'à l'intérieur, plus loin de la route, ils pouvaient

26 vaquer à des tâches moins importantes ou simplement être avec leurs

27 familles parce que, compte tenu de la situation, ils avaient aussi d'autres

28 activités, des activités familiales ou des activités personnelles.

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1 Q. Oui.

2 R. C'est ma réponse.

3 Q. Merci. Mais pour que tout soit clair, quand vous dites les parties à

4 l'intérieur, de quoi parlez-vous exactement ?

5 R. Je parle des villages qui n'étaient pas directement vulnérables par

6 rapport aux attaques serbes ou qui étaient plus loin des attaques serbes

7 par rapport aux lieux qui longeaient la route Peje-Decane-Gjakove.

8 Q. Par exemple, on voit un cercle bleu assez petit sur ce document, qui se

9 trouve aux alentours de votre village d'Irzniq, n'est-ce pas ?

10 R. Oui, c'est mon village.

11 Q. Est-ce que vous pensez que le village d'Irzniq était un village qui se

12 trouvait à l'intérieur, selon vos termes, du secteur ?

13 R. Oui. Mon village relie tous les villages quand on va vers Decane, vers

14 Prilep, vers les autres villages situés sur la grande route.

15 Q. Hier en haut de la carte, vous avez inscrit les mots "avril-juin." Eu

16 égard à ce dont nous discutons en ce moment, c'est-à-dire la possibilité de

17 se déplacer dans les parties intérieures de ce secteur, est-ce que la

18 situation restait la même pendant toute la période, si vous pouvez nous le

19 dire ?

20 M. EMMERSON : [interprétation] Encore une fois, excusez-moi d'interrompre,

21 Monsieur le Président, mais je dois corriger M. Kearney. Le témoin a fourni

22 deux réponses différentes l'une de l'autre, et différentes de ce que l'on

23 peut lire dans la légende de la carte. Donc, cela devient important.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kearney.

25 M. KEARNEY : [interprétation] Avec le respect que je dois à mon collègue de

26 la Défense, c'est la raison pour laquelle je viens de demander au témoin de

27 s'expliquer plus en détail quant à ce qu'il avait à l'esprit en répondant

28 comme il l'a fait.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais il serait bon de lui soumettre

2 exactement ce qu'il a dit hier. Mais enfin, veuillez procéder. Tout le

3 monde est en alerte maintenant.

4 M. KEARNEY : [interprétation]

5 Q. Monsieur Cekaj, quand vous avez écrit les mots "avril-juin" en haut de

6 la pièce à conviction dont nous parlons en ce moment, que voulaient dire

7 ces deux mots ?

8 R. On m'a interrogé au sujet de la période avril-juin. Vous m'entendez ?

9 Q. Oui.

10 R. Une fois que la police serbe a quitté le village d'Irzniq, ce secteur a

11 été considéré comme un secteur libre, et les gens pouvaient circuler

12 librement dans ce secteur. Quant aux membres de l'UCK, ils se trouvaient

13 dans les villages qui étaient plus près de la grande route Peje-Decane-

14 Gjakove, comme je l'ai déjà dit. Je peux vous redonner les noms de ces

15 villages, Strellc, Isniq, Beleg, Prilep, Rastavice, Carrabreg, Baballoq.

16 Voilà quels étaient les villages qui étaient directement vulnérables, et

17 qui étaient attaqués ou pilonnés tous les jours avec quelques accalmies,

18 alors que les autres villages se trouvent à l'intérieur de ce secteur.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Cekaj, M. Kearney vous pose des

20 questions très précises. Il n'est pas nécessaire que vous fournissiez des

21 réponses aussi détaillées. Nous aimerions avancer le plus rapidement

22 possible, et M. Kearney sait exactement ce qu'il essaie d'obtenir de vous

23 comme réponse. Donc concentrez-vous sur la question, et ne vous en écartez

24 pas trop.

25 M. KEARNEY : [interprétation]

26 Q. Dans cette période en 1998, est-ce que ce secteur était un secteur

27 libre, comme vous l'avez dit ?

28 R. Nous parlons de la période qui va jusqu'à la deuxième offensive. C'est

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1 la question qu'on m'a posé un peu plus tôt, et j'ai dit qu'il y avait eu

2 trois offensives : la première le 25 mai; la deuxième, celle qui s'est

3 achevée le 11 et le 12 juillet; ensuite, il y a eu la troisième offensive,

4 celle de septembre, le 8 septembre.

5 Q. Monsieur Cekaj, quand --

6 R. Donc, je dis que c'est jusqu'à la deuxième offensive que dans ce

7 secteur les gens pouvaient circuler librement.

8 Q. Monsieur Cekaj, vous venez de dire que la deuxième offensive a eu lieu

9 les 11 et 12 juillet. Pour ma part, en me fondant sur vos déclarations

10 écrites antérieures, je vous demande si vous ne pensiez pas plutôt aux 11

11 et 12 août.

12 M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi encore une fois, mais ce témoin

13 a fait deux déclarations différentes au sujet des dates en question, avec

14 le respect que je dois à l'Accusation, il n'est pas juste de lui soumettre

15 un passage de sa déclaration écrite sans lui parler également des dates

16 qu'il a citées dans l'entretien, Monsieur le Président, et vous avez ces

17 dates.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je n'ai pas encore vérifié. Si les

19 dates sont les mêmes, il n'y a aucune nécessité; mais si elles ne sont pas

20 les mêmes, Monsieur Kearney, vous êtes invité à soumettre précisément la

21 partie de la déclaration du témoin qui fait l'objet de vos questions à ce

22 dernier.

23 M. KEARNEY : [interprétation] C'est un passage que l'on trouve dans les

24 deux déclarations écrites, Monsieur le Président, mais pour que tout soit

25 clair --

26 Q. Je parlerai d'abord de la longue déclaration que vous avez faite la

27 semaine dernière, Monsieur Cekaj, et eu égard au paragraphe 47 --

28 M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi, mais mon objection tient

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1 toujours. Je pense que M. Kearney n'a pas bien compris --

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Peut-être pourrions-nous faire la chose

3 suivante :

4 Monsieur Kearney, vous lisez les deux versions au témoin, et vous lui

5 demandez laquelle est exacte. Si c'est inexact --

6 M. EMMERSON : [interprétation] J'aimerais être clair. Je ne parle pas des

7 deux déclarations écrites du témoin; je parle de la dernière déclaration

8 écrite, la déclaration synthétique dont parle à ce moment M. Kearney, et de

9 l'entretien --

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

11 M. EMMERSON : [interprétation] – que vous avez, Monsieur le Président,

12 Messieurs les Juges, la transcription de l'entretien, pages 100 à 107, avec

13 des dates différentes qui sont données par rapport à cette offensive, si on

14 la compare à la date qui figure dans la déclaration écrite du témoin.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est --

16 M. KEARNEY : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais simplement

17 raviver la mémoire du témoin.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais si vous voulez lui raviver la

19 mémoire et qu'il y a des sources qui indiquent qu'il a donné des versions

20 différentes dans cette question, bien sûr vous voulez lui raviver la

21 mémoire, mais je pense qu'il serait équitable dans ces conditions de lui

22 donner un choix à faire entre ce qu'il a dit dans ses différents

23 déclarations, si elles sont différentes les unes des autres, bien sûr. Je

24 sais bien que c'est une façon de diriger un peu le témoin. Me Emmerson va

25 s'y opposer. Mais si vous voulez parler de la longue déclaration écrite qui

26 comporte plusieurs pages, alors je pense qu'il faudrait lui indiquer

27 exactement le passage --

28 M. EMMERSON : [interprétation] Je peux vous aider, Monsieur le Président.

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1 Cela se trouve en page 100 --

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Voyons d'abord si je trouve ce passage,

3 parce que cela était enregistré par audio, mais pas imprimé.

4 C'est bien l'entretien qui a été enregistré en audio, l'entretien de

5 2005 ?

6 M. EMMERSON : [interprétation] Exactement, Monsieur le Président.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord --

8 M. EMMERSON : [interprétation] Le --

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- je l'ai maintenant sur l'écran.

10 M. EMMERSON : [interprétation] Ce qui sera le plus facile, c'est de trouver

11 le passage pertinent qui se trouve en page 107.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord.

13 Monsieur Kearney.

14 M. KEARNEY : [interprétation] Je n'aurai aucun problème à soumettre au

15 témoin les trois déclarations écrites qu'il a faites, Monsieur le

16 Président, si la Chambre le souhaite.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je n'ai pas encore vérifié, mais si les

18 déclarations sont différentes, il serait équitable de le faire.

19 M. KEARNEY : [interprétation] Peut-être le témoin pourrait-il enlever ses

20 écouteurs quelques instants ?

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui -- Il nous a salués en anglais. Je

22 ne sais pas si ce sera très utile.

23 Vous parlez anglais, Monsieur Cekaj ?

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup pour le "good afternoon"

26 que vous nous avez dit en entrant.

27 LE TÉMOIN : [interprétation] Excusez-moi.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pourriez-vous enlever quelques instants

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1 vos écouteurs ?

2 Oui, Monsieur Kearney.

3 M. KEARNEY : [interprétation] Monsieur le Président, dans les deux langues,

4 le compte rendu en question fait plusieurs pages, de la page 100 à la page

5 107 à peu près, s'agissant du passage évoqué par Me Emmerson, ce témoin

6 décrit l'offensive du mois d'août. Dans sa déclaration écrite de la semaine

7 dernière et dans les notes de récolement annexées à la déclaration écrite

8 92 ter, il parle également du mois d'août. L'Accusation soutient que

9 lorsqu'il a dit juillet il y a quelques instants, il a simplement fait une

10 erreur. Je voulais lui rafraîchir la mémoire sur ce point.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que c'est la

12 deuxième ? Parce qu'il a parlé de trois offensives -- je vérifie.

13 Je dois passer d'un écran à un autre. Il a parlé de trois offensives, et je

14 crois qu'il a dit que la troisième - plutôt la seconde je vérifie.

15 M. EMMERSON : [interprétation] 11.23 je crois, Monsieur le Président.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui. Il parle du 25 mai, du 11 et

17 12 juillet, et de l'offensive de septembre.

18 M. EMMERSON : [interprétation] Dans le compte rendu d'audience, la position

19 est la suivante : dans l'entretien, page 107 et à la page 100 également,

20 l'offensive du mois d'août est décrite comme ayant eu lieu le 7 et 8 août.

21 Ceci se trouve au paragraphe 47 de la déclaration écrite du témoin des 11

22 et 12 août. Si le témoin doit se rafraîchir la mémoire, à notre avis, il

23 faut que cela soit fait en lui soumettant les dates exactes qu'il a citées.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kearney, ceci semble équitable.

25 M. KEARNEY : [interprétation] Je voulais simplement lui demander quel était

26 le mois au cours duquel a eu lieu la seconde offensive, et l'Accusation

27 soutient que lorsque le témoin a dit juillet, il s'est trompé, je voulais

28 lui rafraîchir la mémoire sur ce point. Mais, je n'ai pas besoin de me

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1 référer à ces déclarations pour ce faire.

2 M. EMMERSON : [interprétation] Je voudrais simplement ajouter qu'il est

3 important pour la Défense de déterminer si le témoin maîtrise bien les

4 dates dans son souvenir. Plutôt que de le guider en proposant de tirer cela

5 au clair. D'après la Défense, il serait plus utile pour la Chambre de

6 première instance de vérifier la fiabilité de la mémoire de ce témoin quant

7 aux dates, compte tenu des différentes dates qu'il a évoquées.

8 M. KEARNEY : [interprétation] Monsieur le Président, je dois --

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Kearney.

10 M. KEARNEY : [interprétation] Ce sont des événements qui ont eu lieu il y a

11 huit ou neuf ans, je ne pense pas qu'il soit absolument inacceptable de lui

12 rafraîchir la mémoire sur un mois particulier compte tenu que cela s'est

13 passé il y a huit ou neuf ans.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Cekaj, s'il vous plaît, vous

15 avez remis vos écouteurs, c'est parfait. Vous avez dit que la deuxième

16 offensive avait lieu les 11 et 12 juillet. En êtes-vous sûr ? Etes-vous sûr

17 du mois ?

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Messieurs les Juges, je suis absolument

19 désolé, j'ai fait une erreur. C'est une erreur, je voulais dire août, bien

20 sûr, et j'ai fait un lapsus, j'ai dit juillet.

21 C'est vraiment une erreur de ma part.

22 La date correcte, c'est le 7 et 8 août ainsi que le 11 août.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous nous avez dit, 7, 8 et 11. C'est

24 bien cela.

25 Monsieur Kearney, vous pouvez poursuivre.

26 M. KEARNEY :

27 Q. Monsieur Cekaj, --

28 R. Oui.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais, Monsieur Kearney -- s'il vous

2 plaît -- Monsieur le Témoin, écoutez bien la question de M. Kearney pour ne

3 répondre qu'à cette question.

4 M. KEARNEY : [interprétation]

5 Q. Monsieur Cekaj, que s'est-il passé après cette offensive d'août ? Est-

6 ce que la possibilité, la liberté de déplacement de l'UCK au sein de la

7 zone dont vous nous avez parlé a été modifiée suite à cette offensive ?

8 R. Comme je vous l'ai dit, l'offensive d'août a commencé les 9, 8, 11 et

9 s'est terminée le 12. A ce moment-là, comme je l'ai dit, les forces serbes

10 ont réussi à pénétrer dans ce secteur interne, donc jusqu'à Irzniq en

11 provenance de différentes directions, Prilep, Isniq, Gllogjan, Baballoq,

12 Rastavice, Irzniq, Gllogjan aussi, jusqu'au village même d'Irzniq, aussi

13 d'autres secteurs depuis Ratishe jusque le long du canal. Le 12 août, ils

14 sont arrivés avec leurs unités, armées jusqu'aux dents, et ont incendié les

15 maisons après les avoir pillées.

16 Q. Bien. Cette offensive d'août 1998 lancée par les Serbes, pouvez-vous

17 nous dire combien de temps elle a duré en jours ?

18 R. L'offensive d'août a commencé le 8 et s'est terminée le 12. Donc elle

19 s'est terminée le 12 août, ils sont revenus, ensuite ils sont rentrés dans

20 les villages. Mais nous, nous avons recommencé à restructurer nos forces

21 dans les villages, et ce, jusqu'au 8 septembre, jusqu'au 8 septembre.

22 Q. Mais pendant tout ce temps pendant l'offensive, les Serbes ont-ils

23 occupé le village ou sont-ils juste rentrés dans le village puis s'en sont

24 retirés immédiatement ?

25 R. Ils sont rentrés dans les villages, ont pillé les maisons, brûlé les

26 maisons. Ensuite, ils sont revenus sur leur base, ils sont rentrés dans

27 leur cantonnement.

28 Q. Après le retrait des forces serbes suite à l'offensive d'août, pouvez-

Page 4429

1 vous nous décrire quelle était la liberté de déplacement en ce qui vous

2 concerne dans cette zone que vous avez encerclée en bleu, ce secteur de

3 Dukagjini ?

4 R. La situation était différente puisque les maisons avaient été

5 incendiées mais les gens commençaient à revenir chez eux et les membres

6 d'UCK dans la mesure du possible revenaient aussi, revenaient sur leurs

7 positions qui étaient au front. Nous avons commencé à restructurer à la

8 fois les rangs, les unités, la population aussi est revenue, mais tout le

9 monde n'a pas pu rentrer chez eux puisque énormément de maisons avaient été

10 brûlées dans les villages.

11 Q. Passons à autre chose, passons à votre réunion d'avril avec M.

12 Haradinaj. Juste après cette réunion vous nous avez dit que vous êtes

13 rentré chez vous à Peje. A un moment quelconque après être revenu à Peje,

14 avez-vous décidé de rejoindre les rangs de l'UCK ?

15 R. Après mon retour à Peje à la mi-mai, je me suis ensuite rendu

16 dans mon village.

17 Q. Mais vous nous parlez de votre village, il s'agit bien d'Irzniq ?

18 R. Oui.

19 Q. Quand vous avez quitté Peje pour revenir à Irzniq, avez-vous emprunté

20 le même itinéraire au travers des villages que vous avez déjà décrit lors

21 de votre premier voyage en avril ?

22 R. Oui, j'ai repris le même itinéraire.

23 Q. Avez-vous rencontré les mêmes points de contrôle de l'UCK qu'en avril ?

24 R. Oui.

25 Q. Quand vous êtes revenu à Irzniq en mai, avez-vous rencontré le

26 commandant du village en charge de l'UCK à l'époque ?

27 R. Oui, j'ai rencontré le commandant de l'état-major du village ainsi que

28 son adjoint.

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1 Q. Il s'agissait de M. Maxhun Cekaj, n'est-ce pas ? C'est celui dont vous

2 nous avez parlé hier ?

3 R. Oui.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kearney, vous savez que nous

5 n'avons pas beaucoup de temps. Dans vos sept à huit dernières questions, il

6 y en a cinq qui relèvent de la

7 déclaration 92 ter, comme les questions à propos du temps qu'il a passé

8 dans l'armée, et cetera. Tout cela, c'est déjà dans la déclaration 92 ter.

9 Donc, s'il vous plaît, concentrez-vous pour lui poser des questions qui

10 apportent quelque chose, pas de répéter ce qu'il a déjà dit hier.

11 Si vous avez besoin, bien sûr, de le diriger un peu pour l'orienter

12 dans une certaine direction, vous pouvez le faire sur la base de sa

13 déclaration 92 ter. Dites, par exemple : à la mi-mai au village, avez-vous

14 rencontré untel ou untel; il vous aurait dit oui, puis comme cela vous

15 auriez pu économiser quatre questions.

16 Vous pouvez poursuivre.

17 M. KEARNEY : [interprétation] Oui, je vais garder cela à l'esprit.

18 Q. Quand vous êtes revenu en mai et vous avez parlé avec ce commandant du

19 village à Irzniq, vous avez mentionné dans votre déclaration 92 ter, qu'à

20 l'époque il y avait déjà une structure de commandement en place; est-ce

21 bien vrai ?

22 R. Oui.

23 Q. Pouvez-vous nous dire exactement qui a mis en place cette structure de

24 commandement et quand cette structure de commandement a-t-elle été mise en

25 place ?

26 R. Cette structure de commandement a été créée dès 1992.

27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce que je vous ai déjà dit précédemment

28 s'applique aux deux questions que vous venez de poser.

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1 M. KEARNEY : [interprétation] Oui, mais c'étaient des questions qui me

2 permettaient d'établir les bases pour mes questions suivantes.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais quand vous dites -- dans ce

4 cas-là, dites cela : La structure de commandement a bel et bien été établie

5 en 1992, n'est-ce pas, ensuite passez à autre chose puisque tout est déjà

6 dans la déclaration 92 ter. Il n'y a pas besoin de lui redemander tout

7 cela, puisque c'est déjà dans sa déclaration 92 ter.

8 Poursuivez, s'il vous plaît.

9 M. KEARNEY : [interprétation]

10 Q. Cette structure de commandement qui date de 1992 à laquelle vous faites

11 référence, est-ce quelque chose que vous avez véritablement vu de vous

12 yeux, Monsieur Cekaj ? Est-ce que c'est représenté sur un document que vous

13 auriez vu ?

14 R. Vous parlez d'un document qui a été créé et rédigé par les membres de

15 l'état-major dès 1992; c'est bien cela ?

16 Q. Oui. Monsieur Cekaj, ma question est la suivante : cette structure de

17 commandement qui a été créée en 1992, est-elle représentée sur un document

18 que vous avez vu de vos yeux ?

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kearney, au paragraphe 9, il

20 est écrit : "Ils m'ont montré un document qui avait été rédigé en 1992."

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, j'ai vu ce document.

22 M. KEARNEY : [interprétation] Maintenant, je voudrais lui poser des

23 questions à propos du contenu de ce document.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans ce cas-là, dites-le, tout

25 simplement.

26 M. KEARNEY : [interprétation]

27 Q. Monsieur Cekaj, pourriez-vous nous dire ce qui était écrit dans ce plan

28 reprenant la structure de commandement créée en 1992, document que vous

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1 avez vu ?

2 R. C'est un organigramme qui montrait l'organisation de l'état-major. Il

3 était prévu que ce commandement soit composé de

4 dix membres. Il y avait donc un bataillon avec deux compagnies, avec des

5 sections, des escouades. Il y avait aussi toute une section qui s'occupait

6 de la logistique.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kearney, je lis tout cela dans

8 la déclaration 92 ter, puisque voici ce que je lis, et je cite :

9 "La structure de commandement d'Irzniq à l'époque était la suivante :

10 sous le commandement du village qui comportait environ dix personnes, il y

11 avait un bataillon comprenant deux compagnies, et chaque compagnie était

12 composée de deux sections, et chaque section était composée de trois

13 escadrons de sept à huit personnes."

14 Donc si vous voulez obtenir des informations supplémentaires, faites-le et

15 posez-lui des questions. Mais ici vous ne faites que répéter ce qui est

16 dans le document 92 ter, et vous allez encore me dire que c'est parce que

17 cela va introduire votre question suivante, mais finalement vous ne faites

18 que répéter ce qui est dans le 92 ter. Alors la procédure 92 ter a

19 justement été inventée pour gagner du temps.

20 Continuez, s'il vous plaît.

21 M. KEARNEY : [interprétation]

22 Q. Je vais maintenant passer à autre chose, quelque chose que vous avez

23 abordé brièvement dans votre déclaration 92 ter. C'est une réunion à

24 laquelle vous avez assisté à la mi-mai à Gllogjan quand vous êtes revenu au

25 village d'Irzniq. Est-ce que vous vous souvenez tout d'abord avoir

26 participé à cette réunion ?

27 R. Oui.

28 Q. Après cette réunion principale se soit tenue, y a-t-il eu une réunion

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1 restreinte ?

2 R. Oui, la même nuit.

3 Q. Qui a participé à la réunion restreinte à la mi-mai à Gllogjan quand

4 vous êtes revenu au village d'Irzniq ?

5 R. Quand je suis revenu de Peje à Irzniq, le commandant du village et son

6 adjoint m'ont informé que le soir même ils avaient prévu une réunion de

7 tous les commandants des états-majors locaux de tous les villages des

8 environs.

9 M. KEARNEY : [interprétation] J'aimerais maintenant afficher la pièce 1337

10 de la liste 65 ter, mais le temps que cela s'affiche, je vais poser

11 quelques questions.

12 Q. Monsieur Cekaj, au cours de cette réunion que vous nous décrivez qui a

13 eu lieu à la mi-mai à Gllogjan, qui était les dernières personnes qui ont

14 participé à cette réunion ?

15 R. Vous voulez que je nomme des noms, c'était Ramush Haradinaj, il y avait

16 moi-même, Skender Rexhahmetaj, Rrustem Tetaj, Gani Gjukaj, et d'autres

17 commandants de village, mais je ne me souviens pas de leurs noms. Je le ne

18 les connaissais pas. Il y avait beaucoup de monde.

19 Q. Lors de la réunion restreinte qui a eu lieu après la réunion

20 principale, un état-major a-t-il été créé pour ce qui est de la zone de

21 Dukagjin ?

22 R. Oui.

23 Q. Qui faisait partie de cet état-major, s'il vous plaît, si vous pouvez

24 vous rappeler de leurs noms ?

25 R. A l'époque nous étions l'état-major du plateau de Dukagjini. Il y avait

26 Ramush Haradinaj, moi-même, Skender Rexhahmetaj, Rrustem Tetaj, Gani

27 Gjukaj, et d'autres membres des états-majors locaux, mais je ne me souviens

28 pas de leurs noms.

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1 Q. Cet état-major de la zone de Dukagjin auquel vous faites référence,

2 après cette première réunion dont on parle, qui aurait eu lieu à la mi-mai

3 1998, savez-vous à quelle fréquence cet état-major de la zone de Dukagjin

4 s'est réuni ?

5 R. C'était parfois hebdomadaire, voire bihebdomadaire, et parfois c'était

6 qu'une fois tous les 15 jours. C'est un peu aléatoire. Tout dépendait de

7 l'évolution des choses sur le terrain.

8 Q. Y avait-il un endroit bien spécifique où se tenaient ces réunions

9 d'état-major ?

10 R. Non, il y avait différents endroits pour se réunir.

11 Q. Pouvez-vous nous décrire ces endroits ?

12 R. On se rencontrait à Irzniq, à Gllogjan, à Pozhare, Kodrali, Isniq,

13 Lluke. C'était dans ces villages qu'on se rencontrait.

14 Q. Au cours de cette première réunion de l'état-major dont vous venez de

15 nous parler en mai, vous a-t-on donné des responsabilités spécifiques

16 concernant l'UCK au cours de cette réunion ?

17 R. Au cours de cette réunion, j'ai été nommé responsable de la supervision

18 de certains villages. Non seulement je devais m'occuper de mon propre

19 village, mais aussi d'autres villages.

20 Q. La semaine dernière lors de l'entretien avec le bureau du Procureur,

21 vous a-t-on demandé de dessiner une carte reprenant tous ces villages dont

22 vous avez maintenant la supervision ?

23 R. Oui.

24 M. KEARNEY : [interprétation] Pourrions-nous afficher maintenant la pièce

25 1337 de la liste 65 ter.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense qu'elle est déjà chargée. Vous

27 pouvez y aller.

28 M. KEARNEY : [interprétation]

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1 Q. Monsieur Cekaj, s'agit-il des villages dont on vous a donné la

2 supervision lors de cette réunion du mois de mai à Irzniq ?

3 R. Oui, j'étais en charge de ces villages. Je devais les surveiller,

4 superviser.

5 Q. Qui vous a demandé de les superviser ? Qui vous en a

6 chargé ?

7 R. J'étais d'accord. C'est moi qui ai fait la proposition puisque c'était

8 un état-major. On fonctionnait en tant qu'état-major à l'époque. Les

9 circonstances étaient telles que j'ai un peu pris l'initiative au cours de

10 la réunion de proposer cela, et les autres étaient d'accord. Ils étaient

11 d'accord considérant que nous étions expérimentés, que de ce fait nous

12 pouvions nous charger de l'organisation de la vie quotidienne de ces

13 villages ainsi que des objectifs de tir et des autres objectifs que nous

14 nous étions donnés.

15 Q. Monsieur Cekaj, vous dites que c'était vous finalement qui était à

16 l'initiative de la responsabilité qui vous a été donnée de superviser ces

17 sept villages.

18 R. Ce n'était pas des décisions. C'était juste des opinions. On exprimait

19 nos opinions.

20 Q. Je répète ma question : c'était vous qui a été à l'initiative de la

21 prise de commandement de ces sept villages ?

22 R. Nous avons débattu de beaucoup de choses, puis on est arrivé à l'idée

23 qu'il serait bon d'avoir une personne qui superviserait ces villages. Puis

24 il y a d'autres villages qui, eux, ont été plutôt attribués à certains de

25 mes collègues. C'était un point important.

26 Q. Au cours de votre -- on vous avait posé cette même question quant à

27 savoir pourquoi c'est à vous qu'a été attribué le commandement de ces sept

28 villages, on vous a posé cette question, non seulement lors de votre

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1 entretien, mais aussi de la déclaration qui a été requise la semaine

2 dernière entre le 9 et le 11 mai 2007 ?

3 R. Oui, la nuit était terrible. Il y avait pilonnage qu'au total. Il y

4 avait des déplacements de population.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais la question de

6 M. Kearney était différente. Il vous a juste demandé si on ne vous a pas

7 posé exactement la même question il y a environ une semaine ici à La Haye,

8 au cours des entretiens que vous avez eus avec le bureau du Procureur. On

9 vous a quand même demandé, sous l'initiative de qui vous avez obtenu la

10 supervision de ces sept villages ?

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous m'en avez parlé. On en parlait, on a

12 débattu et on est arrivé à la conclusion qu'en tant que chefs expérimentés,

13 il nous revenait de superviser tous ces villages, de prendre en charge

14 d'autres villages, si je puis dire, pas celui où nous habitions; pour moi,

15 c'était Irzniq. D'autres membres ont aussi fait exactement la même

16 proposition. Donc c'était au départ une proposition, et j'étais d'accord

17 pour prendre en charge l'organisation de la vie quotidienne dans ces

18 villages, tout en gardant à l'esprit les objectifs que nous nous étions

19 donnés en ce qui concerne l'organisation de la structure, la formation, la

20 logistique, et cetera. Ce n'était comme si on nous avait un ordre strict

21 auquel il aurait fallu obéir; c'était plutôt une proposition qui est venue

22 du groupe.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre, Monsieur

24 Kearney.

25 M. KEARNEY : [interprétation]

26 Q. Mais qui donc a fait cette proposition ?

27 R. Le groupe, spontanément, a fait cette proposition, mais Ramush

28 Haradinaj présidait cette réunion.

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1 Q. Dans votre déclaration, Monsieur Cekaj, et là je cite le paragraphe 21

2 :

3 "Ramush m'a demandé si je voulais être responsable de sept village."

4 Vous l'avez quand même dit dans votre déclaration. C'est écrit.

5 R. Mais il ne me l'a pas ordonné.

6 Q. Vous a-t-il demandé d'assumer la responsabilité de ces sept villages ?

7 R. Il m'a demandé : Peux-tu prendre la responsabilité de ces sept villages

8 ? Il m'a dit : Est-ce que tu peux le faire ? Est-ce que tu t'en sens

9 capable ? Et j'ai dit oui.

10 Q. Pendant cette période ou vous vous êtes vu chargé de la responsabilité

11 de ces sept villages, quelles étaient les responsabilités de M. Haradinaj

12 dans la zone de Dukagjin ?

13 R. Ramush Haradinaj à l'époque était simplement un membre de l'état-major

14 du plateau de Dukagjin. Il était responsable du village de Gllogjan et du

15 secteur où se trouvait les villages de Baballoq, Dubrave et Gramaqel.

16 M. GUY-SMITH : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

18 M. GUY-SMITH : [interprétation] Si vous me permettez, je lis le compte

19 rendu d'audience, et notamment la deuxième question posée par M. Kearney,

20 page 26, ligne 2, je cite : "Vous a-t-il demandé de prendre la

21 responsabilité des six [comme interprété] villages ?"

22 Or, c'est différent de ce que dit ce monsieur dans sa déclaration écrite,

23 dont lecture lui a été faite précédemment, à savoir s'il pouvait prendre la

24 responsabilité.

25 Je ne sais pas si insister sur le mot "pouvait" est important ou pas,

26 mais je souhaitais le souligner, parce que je pense que compte tenu de ce

27 que nous avons entendu jusqu'à présent, c'est là que réside peut-être une

28 subtilité par rapport à la façon dont la décision a été prise.

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1 M. EMMERSON : [interprétation] Je n'aime pas beaucoup interrompre non plus,

2 mais encore une fois pour l'enregistrement de l'entretien, le passage

3 pertinent se trouve à la page 42 au bas de laquelle le témoin explique ce

4 qu'il est en train d'expliquer maintenant.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Kearney.

6 M. KEARNEY : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que ce détail

7 a été précisé. Je pense que je peux poursuivre.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est une bonne idée, allez-y.

9 Je suppose, Maître Guy-Smith, que le mot "pouvait" pourra être abordé par

10 vous pendant le contre-interrogatoire si vous le

11 Souhaitez.

12 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je vous remercie.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Monsieur Kearney.

14 M. KEARNEY : [interprétation]

15 Q. Monsieur Cekaj, j'aimerais que vous nous parliez de Toger. Quelles

16 étaient ses tâches et responsabilités dans la zone de Dukagjin à l'époque,

17 c'est-à-dire en mai 1998 ?

18 R. A cette époque-là, Toger commandait l'unité que l'on appelle une unité

19 de diversion en termes militaires, une unité de sabotage, et les gens

20 appelaient les membres de cette unité, les Aigles noirs.

21 Q. Quels étaient les effectifs de cette unité ?

22 R. Je n'ai jamais vu l'ensemble des effectifs alignés les uns à côté des

23 autres, mais je crois que cette unité comptait une trentaine d'hommes.

24 Q. Si vous le savez, à quel moment cette unité a-t-elle été créée ?

25 R. Les uniformes noirs ?

26 Q. A quel moment cette unité a-t-elle été créée, s'il vous plaît ?

27 R. Je pense qu'elle a été créée au début du mois d'avril 1998.

28 Q. Où les membres de cette unité se sont-ils entraînés, Monsieur Cekaj ?

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1 R. Je pense que ces hommes se sont entraînés sur des terres appartenant à

2 la coopérative, tout près de Gllogjan.

3 Q. Vous parlez de la coopérative qui se trouve à l'est de Gllogjan, c'est

4 bien cela ?

5 R. Au nord est.

6 Q. Où cette unité avait-elle son quartier général, je vous prie ?

7 R. Je crois qu'à cette époque-là, son quartier général était à Gllogjan.

8 Q. Où précisément à Gllogjan se trouvait le QG ?

9 R. J'ai déjà dit que je ne le savais pas exactement.

10 M. KEARNEY : [interprétation] J'aimerais que l'on soumette au témoin le

11 document 1335 de la liasse 65 ter, je l'annonce à l'avance.

12 Q. Monsieur Cekaj, suite à la période où cette unité avait son QG à

13 Gllogjan, je parle de l'unité de Toger, est-ce qu'il est arrivé un moment

14 où cette unité s'est déplacée ailleurs ?

15 R. Après s'être trouvée à Gllogjan, cette unité a été transférée à Irzniq.

16 Q. Les membres de cette unité sont-ils allés à Irzniq au moment où Irzniq

17 relevait de votre responsabilité ?

18 R. A cette époque-là, mes responsabilités étaient différentes.

19 Q. Oui, mais je vous repose la question, Irzniq faisait-il partie de la

20 zone de responsabilité générale qui était la vôtre lorsque l'unité de Toger

21 y a été transférée ?

22 R. Non.

23 Q. J'aimerais maintenant vous montrer la photographie --

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant cela, je crois qu'il faut

25 attribuer des cotes. La carte qui était à l'écran hier, à savoir la pièce

26 P318 montrait le secteur où la liberté de circulation était relativement

27 bonne. Ensuite, on a une autre carte qui indique quels sont les villages

28 qui faisaient partie de la zone de responsabilité de M. Cekaj. Monsieur le

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1 Greffier, pourriez-vous nous donner une

2 cote ?

3 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agira de la

4 pièce P319, enregistrée aux fins d'identification.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et la carte qui est actuellement à

6 l'écran aura quelle cote ?

7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, cette carte

8 deviendra la pièce P320, enregistrée aux fins d'identification.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Y a-t-il des objections pour le

10 versement au dossier de ces deux cartes et de la

11 photographie ?

12 M. EMMERSON : [interprétation] Non.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non. Ces documents sont versés au

14 dossier y compris la photographie annotée P320.

15 Veuillez poursuivre, Monsieur Kearney.

16 M. KEARNEY : [interprétation]

17 Q. Monsieur Cekaj, pour gagner du temps, veuillez jeter un coup d'œil à la

18 photographie qui se trouve actuellement devant vous. On y voit des cercles

19 qui ont été dessinés. Est-ce vous qui avez dessiné ces cercles ?

20 R. Oui.

21 Q. Et que décrivaient ces trois cercles, je vous prie, si vous pouvez nous

22 le dire ?

23 R. Le numéro 1, c'est l'endroit où se trouvait l'état-major du

24 commandement d'Irzniq au début. Après le pilonnage qui a eu lieu entre le

25 25 et le 30 mai, son commandement s'est déplacé au niveau du cercle numéro

26 2. Donc le cercle numéro 2 représente le QG du village d'Irzniq.

27 Q. Et le cercle numéro 3, que représente t-il ?

28 R. Le cercle numéro 3 représente l'endroit où l'unité antiterroriste et de

Page 4443

1 sabotage était stationnée.

2 Q. Cette unité antiterroriste de sabotage avait-elle un nom ?

3 R. Les Aigles noirs.

4 Q. Vous est-il arrivé de vous rendre au QG de ces Aigles noirs lorsque

5 vous opériez dans ce secteur en 1998 ?

6 M. GUY-SMITH : [interprétation] Excusez-moi.

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne pouvais pas --

8 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je demande encore une fois que la question

9 soit plus précise par rapport à la précision des réponses déjà fournies. La

10 réponse fournie par le témoin consistait à dire qu'ils s'y sont trouvés,

11 rien de plus. Peut-être que dans la suite des réponses du témoin on

12 arrivera à ce que sous-entend M. Kearney, mais ce n'est pas encore le cas

13 maintenant. Donc je demanderais pour l'instant à M. Kearney de ne pas aller

14 plus loin que ce qu'a indiqué le témoin dans ses réponses antérieures

15 s'agissant des faits qui feront l'objet des éléments de preuve.

16 M. KEARNEY : [interprétation] Je peux reformuler, Monsieur le Président.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez le faire, je vous prie.

18 Q. Est-ce que vous vous êtes rendu en ce lieu, le cercle numéro 3, à

19 quelque moment que ce soit. Est-ce que vous êtes entré dans la structure

20 dont vous parliez ?

21 R. Non.

22 Q. Pourquoi pas, Monsieur ?

23 R. A cette époque-là, j'étais commandant de la 132e Brigade à Bardhaniq.

24 Q. Toger rendait compte à qui ? Est-ce qu'il vous rendait compte à vous,

25 Monsieur, en tant que son supérieur hiérarchique ?

26 R. Je n'étais pas son supérieur hiérarchique, je n'étais pas le supérieur

27 de Toger. Je commandais la 132e Brigade de Bardhaniq.

28 Q. Mais alors, devant qui Toger était-il responsable dans ces conditions ?

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1 R. Durant nos réunions, nous discutions de nos préoccupations, nous

2 analysions la situation sur le terrain, et comme tout le monde, il faisait

3 rapport et donnait des renseignements au sujet de son unité. Donc, il avait

4 son unité, une unité particulière.

5 Q. Donc il venait aux réunions d'état-major et faisait rapport, mais est-

6 ce que quelqu'un lui donnait des ordres en fait ?

7 R. Nous discutions les uns avec les autres. Il n'y avait pas d'ordres. En

8 fonction des tâches qui étaient distribuées et des décisions prises après

9 les discussions en question, tout le monde se rendait au sein de son unité

10 ou dans sa zone de responsabilité pour accomplir les missions qui lui

11 avaient été confiés. Donc, tout dépendait de la nature de la mission qui

12 avait été impartie à chacun d'entre nous, et de la situation précise dans

13 laquelle nous nous trouvions à un moment déterminé.

14 Q. Pendant le temps que vous avez passé, Monsieur Cekaj, soit au poste de

15 commandement de secteur, c'est-à-dire des sept villages dont vous avez

16 parlez, soit au poste de commandement de brigade, est-ce qu'à un moment ou

17 à un autre vous avez eu connaissance d'un écart de conduite présumé qui

18 aurait été commis par Toger ou par M. Balaj ?

19 R. Je vous en prie, Monsieur le Procureur, pourriez-vous me poser votre

20 question de façon plus concrète ? Je ne la comprends pas.

21 Q. Absolument. Quelqu'un s'est-il plaint directement auprès de vous au

22 sujet des actions de Toger, dont nous savons maintenant que son vrai nom

23 est M. Balaj ?

24 R. Ceci n'a rien à voir avec les comportements. Si vous m'interrogez au

25 sujet du cas que j'ai évoqué, je dirais qu'un matin durant le mois de juin

26 une personne dont le prénom était Besim - et j'ai déjà dit que je ne

27 connaissais pas son nom de famille - est arrivé tôt un matin pour

28 m'informer du cas, et je décrirais ce cas comme suit :

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1 La veille, Besim avait rencontré Toger par hasard dans la rue, et il a

2 déclaré qu'au cours de la conversation qu'il a eue avec lui, il a demandé à

3 Besim si ce dernier pourrait faire un travail dans un village. Selon lui,

4 il a accepté d'aider. Ils se sont mis d'accord sur l'heure à laquelle ils

5 iraient accomplir cette tâche, et Toger est parti à 22 heures à peu près.

6 Alors qu'ils étaient en chemin, ils sont passés devant l'école de Prilep,

7 les forces serbes les ont vus, et cela a donné lieu à un échange de tirs. A

8 ce moment-là, Toger est parti vers Drenoc, alors que Besim a rebroussé

9 chemin vers son village, c'est-à-dire vers Rznic. Voilà ce qui s'est passé.

10 Q. [aucune interprétation]

11 R. Je pense qu'il était question d'une tranchée.

12 Q. Besim vous a-t-il dit pour quelle raison il était venu vous voir pour

13 vous donner ces renseignements ?

14 R. Il posait la question suivante : Est-ce que qui que ce soit a le droit

15 de venir me voir pour m'emmener quelque part, me charger de faire un

16 travail ? Je lui ai répondu que j'allais parler à Toger de tout cela, et à

17 partir de ce moment-là, il n'a plus jamais emmené quelque membre de mon

18 village pour faire quel que travail que ce soit.

19 Q. Besim était-il un soldat de l'UCK ?

20 R. Besim était un membre qui était allé chercher un fusil, donc il a

21 apporté un fusil, il a apporté sa contribution. Mais comme il était chef de

22 famille, il devait s'occuper de sa famille, il était le seul qui pouvait le

23 faire. A cause de cela, il n'a pas pu rejoindre les rangs de l'UCK.

24 Q. Quand vous êtes allé voir Toger pour lui parler de cet incident, que

25 s'est-il passé, je vous prie ?

26 R. J'ai rencontré Toger quelques brefs instants dans la rue, et je lui ai

27 fait un reproche. Je lui ai dit que ce genre de chose ne devait pas

28 arriver. Il m'a manifesté du respect, c'est-à-dire qu'il a admis avoir fait

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1 une erreur, et par la suite plus jamais une chose de ce genre ne s'est

2 reproduite.

3 Q. Avez-vous également été informé du fait qu'un homme répondant au nom

4 d'Adem Balaj avait été abattu par balle dans la période située à la fin du

5 mois de juillet ou au début du mois d'août 1998 ?

6 R. Adem Hulaj.

7 Q. J'accepte votre correction s'agissant de la prononciation. Je vous

8 remercie. Veuillez nous dire quel renseignement vous avez reçu au sujet de

9 cet incident ?

10 R. A cet époque-là j'étais à Bardhaniq, mais il m'arrivait d'aller rendre

11 visite à mes frères, et dans la soirée ils m'ont relaté l'incident.

12 Q. Que vous ont-ils dit ?

13 R. Vous l'avez dans ma déclaration écrite aussi. Ma nièce se trouvait là

14 et elle a vu ou entendu parler de cet incident.

15 Q. Durant cet incident, M. Hulaj a-t-il été blessé ?

16 R. J'ai entendu dire qu'il avait été blessé.

17 Q. Quelle était la nature de sa blessure ?

18 R. Je n'étais pas présent, donc je ne sais pas dans quelle condition il a

19 été blessé. Je ne saurais vous dire, mais il a reçu une balle dans la

20 jambe.

21 Q. Avez-vous parlé en tête-à-tête avec votre nièce de cet incident ?

22 R. Quand je suis allé là-bas, elle m'en a parlé.

23 Q. Que vous a-t-elle dit qu'elle avait vu exactement au sujet de cet

24 incident ?

25 R. Elle n'a pas vu survenir cet incident, parce qu'elle était à

26 l'intérieur, mais elle a entendu les coups de feu. Elle est donc sortie

27 après que l'événement soit survenu, et elle a vu ces personnes.

28 Q. Quelles personnes vous a-t-elle dit avoir vues ?

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1 R. A cet époque-là, elle ne les connaissait pas. Je ne crois pas qu'elle

2 les connaissait, mais elle a vu Toger vêtu d'un uniforme, parce qu'elle

3 était tout près, et elle a pu constater que ce qu'il avait fait, il ne

4 l'avait pas fait de façon délibérée.

5 Q. Je vous interromps ici, Monsieur Cekaj. Vous venez de dire qu'il

6 n'avait pas fait cela de façon délibérée, mais de qui parlez-vous ? Qui ne

7 l'a pas fait de façon délibérée ?

8 R. Ce n'est pas elle qui me l'a dit, mais vous savez quand quelqu'un se

9 met à chuchoter : Pourquoi est-ce que j'ai fait cela ?

10 Q. D'après ce qu'elle vous a dit, qui a chuchoté : Pourquoi est-ce que

11 j'ai fait cela ?

12 R. Elle l'a entendu parce qu'elle était tout près, personne ne le lui a

13 dit.

14 Q. Mais d'après ce qu'elle vous a dit, qui a chuchoté cela ?

15 R. Toger.

16 Q. Donc, Monsieur Cekaj, votre nièce vous apprend que Toger a peut-être

17 été impliqué dans un incident au cours duquel des coups de feu auraient été

18 tirés avec une autre personne, un certain M. Hulaj. D'ailleurs, M. Hulaj

19 était-il civil ou militaire ?

20 R. M. Hulaj était un civil.

21 Q. Il était plus âgé, n'est-ce pas ?

22 R. Oui, c'était un homme âgé.

23 Q. Donc, Monsieur Cekaj, vous recevez un renseignement indiquant que Toger

24 a peut-être tiré sur un civil âgé. Avez-vous fait une enquête au sujet de

25 cet incident ?

26 R. Non.

27 Q. Quelqu'un a-t-il fait enquête au sujet de cet incident ?

28 R. Une autre personne ?

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1 Q. Oui, est-ce que quelqu'un d'autre, par exemple, au sein de l'UCK aurait

2 enquêté sur cet incident ?

3 R. Je ne suis pas au courant qu'une autre personne l'ait fait.

4 Q. Savez-vous si Toger a été sanctionné d'une façon ou d'une autre pour

5 avoir tiré de cette façon ?

6 R. Peut-être que oui, mais je ne suis pas au courant.

7 Q. Je voudrais aussi parler avec vous maintenant d'une visite que vous

8 avez faite à une femme habitant Ratis en juin 1998 pour enquêter au sujet

9 d'un autre incident. Vous vous rappelez cela, Monsieur ?

10 R. Je crois que vous ne devriez pas formuler votre question de la sorte,

11 car au mois de juin, j'étais responsable des villages de Ratishe i Ulet et

12 Ratishe i Eperme, et ces villages étaient dans la partie intérieure dont

13 j'ai parlé tout à l'heure, ils étaient assez sûrs. Quand je suis allé là-

14 bas, la personne responsable du village m'a dit qu'il y avait une famille

15 habitant dans une maison située en périphérie du village, et nous sommes

16 allés rendre visite à cette famille.

17 Q. Vous êtes allés rendre visite à cette famille, mais pourquoi ?

18 R. Il m'a dit que ces personnes vivaient dans une maison isolée. Nous

19 avons au début discuté du fait de savoir si cette famille avait des

20 problèmes, si elle avait suffisamment de nourriture, et cette femme a dit

21 que la personne responsable du village s'occupait de tous les membres de sa

22 famille. Au cours de notre deuxième visite --

23 Q. Je voudrais que nous en restions à votre première visite pour le

24 moment. Pourquoi êtes-vous allé voir cette femme à Ratis ?

25 R. Parce que lui m'avait dit que cette famille vivait à l'écart du

26 village, et que parfois il y avait des préoccupations. Mais elle ne m'a

27 rien dit de ces motifs de préoccupations.

28 Q. Est-ce qu'on vous a montré la photographie de cette femme la semaine

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1 dernière au cours de votre entretien avec les représentants du bureau du

2 Procureur ? Pièce P16.

3 R. Oui.

4 Q. Avez-vous reconnu la femme qu'on voit sur cette photographie ?

5 R. Oui, sur la base des renseignements, oui.

6 M. KEARNEY : [interprétation] Je demande que l'on affiche à l'écran la

7 pièce P16.

8 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je pense que cela devrait se faire à huis

9 clos partiel, sans doute.

10 M. KEARNEY : [interprétation] C'était ce que je voulais dire à l'instant.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Huis clos partiel.

12 M. EMMERSON : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais vous

13 demander si vous auriez l'amabilité de m'excuser un instant. J'ai quelque

14 chose à faire à l'extérieur du prétoire.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous êtes excusé.

16 M. EMMERSON : [interprétation] M. Dixon me remplacera.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien, Maître Dixon.

18 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes à huis

19 clos partiel.

20 [Audience à huis clos partiel]

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11 [Audience publique]

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kearney.

13 M. KEARNEY : [interprétation] Merci.

14 J'ai conscience des préoccupations de la Chambre s'agissant du temps,

15 je voudrais vous signaler que j'ai l'intention d'obtenir des informations

16 de deux paragraphes qui figurent dans la déclaration du témoin qu'il a

17 signée et sur laquelle il a apposé ses initiales. Il s'agit de la

18 déclaration qui a été recueillie du 9 au 11 mai 2007. Les paragraphes qui

19 m'intéressent sont les 45 et 46.

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17 [Audience publique]

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

19 M. EMMERSON : [interprétation]

20 Q. Monsieur Cekaj, dans la déclaration, la première des deux que vous avez

21 faites et que vous avez signée la semaine dernière, au paragraphe 8 vous

22 affirmez la chose suivante :

23 "Mon frère Ali a organisé une réunion entre moi-même et Ramush, cette

24 rencontre a eu lieu vers le 20 avril 1998."

25 Un peu plus bas, au paragraphe 11, vous dites :

26 "Lorsque je suis allé au village rencontrer Ramush le 16 avril 1998, j'ai

27 appris que le quartier général de l'UCK à Irzniq avait déjà été constitué."

28 En d'autres termes, vous donnez deux dates différentes dans la même

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1 déclaration à quelques lignes de distance. Oui -- je parle d'Irzniq.

2 Veuillez, s'il vous plaît, nous aider à comprendre laquelle de ces deux

3 dates est la bonne ?

4 R. Monsieur le Président, au cours de la réunion il y a eu aussi des

5 erreurs d'interprétation. Mais je n'ai pas trafiqué les dates. J'ai dit

6 qu'à la mi-avril il y avait eu cette réunion. C'était peut-être le 20 ou

7 avant le 20, mais ça, cela peut être mal interprété par les traducteurs.

8 Q. Oui, mais vous dites que vous êtes retourné à Irzniq pendant la

9 deuxième quinzaine de mai. Est-ce que c'est exact ?

10 R. Irzniq, non, pas pendant la deuxième quinzaine, mais à la mi-mai, à un

11 moment donné à la mi-mai.

12 Q. Est-il exact de dire que vous êtes retourné à Irzniq le même jour où

13 vous êtes allé à une réunion importante à Gllogjan, réunion à laquelle ont

14 participé tous les dirigeants des villages plutôt ? Est-ce que c'était le

15 même jour ?

16 R. Oui, c'était dans la soirée du même jour.

17 Q. Si je vous dis que nous disposons des invitations pour participer à

18 cette réunion, et que cette réunion a eu lieu le 26 mai, pas la mi-mai,

19 mais le 26 mai, est-ce que cela signifie que c'est ce jour-là que vous êtes

20 allé à Irzniq, que vous êtes retourné à Irzniq pour assumer vos fonctions

21 au sein de l'UCK ?

22 R. Je ne me souviens pas de la date, neuf années se sont écoulées depuis.

23 Je n'ai jamais manipulé les dates. J'ai simplement dit que c'était à la mi-

24 mai quand on m'a invité à faire une déclaration. Je n'ai pas donné de date

25 précise. J'ai simplement parlé de la mi-avril.

26 Q. Mais il y a encore quelques instants, Monsieur Cekaj, je vous ai dit

27 que c'était au cours de la deuxième quinzaine de mai. Vous m'avez corrigé,

28 vous m'avez dit que ce n'était pas la deuxième quinzaine, mais à la mi-mai.

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1 Maintenant, ce que je vous dis, c'est que si vous avez raison et si la date

2 à laquelle vous êtes revenu à Irzniq était bien la date de la réunion

3 importante qui a eu lieu à Gllogjan, à ce moment-là il devait forcément

4 s'agir du 26 mai, c'est-à-dire que c'était à la fin du mois.

5 R. Vous avez peut-être raison.

6 Q. A partir de ce moment-là, vous étiez commandant de la sous-zone numéro

7 2 ?

8 R. Oui, après cette réunion.

9 Q. Donc, tout de suite après votre retour à Irzniq, vous avez assumé le

10 rôle de chef de la sous-zone 2 ?

11 R. Oui, c'est exact.

12 Q. Et dans les jours qui ont suivi, on a assisté à une offensive majeure

13 des forces serbes à la fin mai, n'est-ce pas ?

14 R. Oui, c'est exact.

15 Q. Et vous expliquez dans votre déclaration ce qui s'est passé. Cela

16 figure aux paragraphes 27 à 30, on trouve cela également dans la

17 déclaration 92 ter.

18 Je cite : "L'événement important qui a suivi, l'événement marquant, c'est

19 l'élection du commandement de la plaine de Dukagjini." C'était le 23 juin,

20 n'est-ce pas ?

21 R. Le 23 juin. Oui, c'est exact.

22 Q. Et les forces qui sont entrées au Kosovo sous le commandement de Tahir

23 Zemaj ont franchi la frontière à peu près à cette date, c'est-à-dire vers

24 le 23 ou le 24 juin ?

25 R. Oui. Quand ils sont venus à Jasic, certes je ne me souviens pas de la

26 date exacte, mais je sais qu'ils sont arrivés à Irzniq le 30. Mais vous

27 avez peut-être raison.

28 Q. Ils sont arrivés à Isniq le 30 --

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1 R. Oui, à Isniq.

2 Q. Est-il exact qu'ils ont passé environ une semaine à Jasic ?

3 R. Ils sont arrivés à Isniq le 30. Mais je ne sais pas exactement combien

4 de temps ils sont restés.

5 Q. Afin que les choses soient bien claires, et si je reprends ce qui a été

6 dit précédemment, il y a deux villages qui s'appellent Jasic dans cette

7 partie occidentale du Kosovo. Le Jasic où se sont arrêtées les forces de

8 Tahir Zemaj, où ils ont installé la première base au Kosovo, ce Jasic se

9 situe à l'ouest de la route principale qui est à proximité de la frontière

10 albanaise, n'est-ce pas ?

11 R. Oui.

12 Q. Et vous êtes resté commandant de cette sous-zone 2 jusqu'au 12 juillet,

13 à ce moment-là, vous êtes devenu commandant du 123e Bataillon, qui se

14 trouvait à Bardhaniq, puis à Zhabel ?

15 R. Je faisais partie de la 132e --

16 Q. Désolé, la 132e. C'est une responsabilité qui vous a été donnée le 12

17 avril, n'est-ce pas ?

18 R. Oui.

19 Q. Pardon, c'était le 12 juillet. Je m'en excuse, j'ai fait une erreur.

20 Mais à partir du 12 juillet, vous n'étiez plus à Irzniq du tout ou y êtes-

21 vous retourné ?

22 R. Non, je n'y étais plus.

23 Q. Et lors de la grande offensive qui a commencé au début septembre, un

24 certain nombre de commandants, dont vous-même, avez fait retraite et avez

25 refranchi la frontière de l'Albanie à peu près vers le 8 septembre; c'est

26 cela ?

27 R. Oui. Il s'agissait des unités de la 134e Brigade. J'avais des contacts

28 avec eux.

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1 Q. Soyons clairs pour ce qui est du déroulement des choses. Vous avez

2 quitté le Kosovo et franchi la frontière avec l'Albanie vers le 8

3 septembre; c'est cela ?

4 R. Le 8, le 9 ou le 10.

5 Q. Gardant ce déroulement chronologique à l'esprit, je vais essayer de

6 vous poser des questions plus détaillées. Tout d'abord, personnellement,

7 vous êtes-vous jamais rendu à Irzniq ou Gllogjan à un moment quelconque

8 entre le 24 mars, quand il y a eu l'attaque des forces serbes sur la

9 résidence Haradinaj, et le 16 avril, quand vous avez rencontré M. Haradinaj

10 à Irzniq ? Vous étiez-vous rendu soit à Gllogjan, soit à Irzniq, entre ces

11 deux dates ?

12 R. Non, pas à Gllogjan. Mais oui, je me suis rendu à Irzniq.

13 Q. Combien de fois êtes-vous allé à Irzniq au cours de ce laps de temps ?

14 R. Deux ou trois fois, jusqu'à la réunion avec Ramush.

15 Q. Et vous êtes-vous entretenu avec qui que ce soit qui essayait

16 d'organiser le village d'Irzniq à ce moment-là ?

17 R. A l'époque, enfin à ce moment-là, on ne parlait pas vraiment en

18 profondeur des choses, on ne s'entretenait pas de tout cela pendant des

19 heures.

20 Q. Savez-vous qu'il y avait des attaques contre le poste de police

21 d'Irzniq ?

22 R. Je ne m'en souviens pas.

23 Q. Vous ne vous souvenez pas s'il y a eu ou s'il n'y a pas eu d'attaques;

24 c'est ça ?

25 R. Non, je ne me souviens pas quand il y a eu des attaques.

26 Q. Dans votre déclaration complète, paragraphe 8, vous dites :

27 "Je n'étais pas au courant qu'il y eu des attaques de l'UCK contre le

28 poste de police à Irzniq."

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1 Donc c'est bien cela, vous ne saviez absolument pas s'il y avait eu des

2 attaques ?

3 R. Je n'étais pas à Irzniq à l'époque, je n'y habitais pas, donc je ne

4 sais pas.

5 Q. Vous nous avez dit que vous vous y êtes rendu plusieurs fois, quand

6 même, au cours de cette période de temps ?

7 R. Quand la police s'est retirée, je ne pense pas que qui que ce soit les

8 ait attaqués.

9 Q. Mais je vous affirme que si. Il y a eu des échanges de tirs entre les

10 policiers du poste de police d'Irzniq et les combattants armés du village.

11 R. J'étais au courant de l'attaque à Prilep.

12 Q. Hier, vous avez déclaré que quand vous êtes revenu à Irzniq le 16

13 avril, il y avait à ce moment-là 120 soldats dans le village pour 15

14 fusils. Pourriez-vous un petit peu nous aider ? Ces 120 personnes, comment

15 pouvait-on les considérer comme des soldats ?

16 R. Mais ça, c'est une erreur d'interprétation. Tout dépend de la question

17 qui vous est posée. En avril, je n'étais pas au courant des 120 soldats

18 dont vous venez de me parler. C'est écrit, cela dit, dans la déclaration de

19 cette façon.

20 Mais le chiffre a varié entre 120 et 170, sur la base de ce plan dont on

21 avait parlé et dont j'ai fait mention précédemment.

22 Q. Dans votre déclaration de témoin, on vous a posé une question à ce

23 propos d'ailleurs, quelqu'un vous a montré un document, un document qui

24 datait de 1992, un organigramme de bataillon. Est-ce vraiment la vérité,

25 Monsieur Cekaj, un document qui aurait été rédigé en 1992, un organigramme

26 de 1992 ? C'est cela que vous avez vu ?

27 R. Oui.

28 Q. Avec des noms, des noms de recrues ?

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1 R. Je l'ai lu très brièvement parce que ce n'était plus valide à l'époque.

2 C'était quelque chose qui avait été rédigé en 1992 étant donné ce qui

3 s'était passé en 1991 et 1992. Donc sur ce document, il y avait cet état-

4 major composé de dix personnes qui avaient réfléchi à la situation, qui

5 avaient évalué la situation.

6 Q. Monsieur Cekaj, vous êtes en train dans nous dire que ces bataillons

7 qui, soi-disant, qui sont écrits comme ayant existé en 1992 dans ce

8 document de 1992, étaient des bataillons de l'UCK ? C'est ce que vous êtes

9 en train de nous dire ?

10 R. Oui, cela existait sur papier, c'était un secret.

11 Q. Il n'y avait pas d'UCK en 1992, Monsieur Cekaj; l'UCK n'existait pas.

12 R. Mais c'était un plan parfaitement secret qui avait été rédigé en

13 secret. Jusqu'à ce jour-là, ils ne l'avaient jamais montré à qui que ce

14 soit. Il n'était pas public, et ce, pour des raisons de sécurité, bien sûr.

15 Q. Qui avait élaboré ce plan ?

16 R. Le commandant du village, j'ai déjà donné son nom.

17 Q. Il vous a dit qu'il avait élaboré cet organigramme en

18 1992 ?

19 R. Oui, oui. Lui avec son adjoint.

20 Q. Je vais vous lire quelque chose que vous nous avez dit hier, il s'agit

21 de la page 4 390, ligne 4 du compte rendu, on vous a posé des questions à

22 propos de ce qui s'était passé après le 24 mars. Vous avez dit :

23 "A ce moment-là l'UCK venait juste de commencer à s'organiser dans

24 les villages qui étaient attaqués. Après l'événement ou l'incident qui a eu

25 lieu le 24 à Gllogjan, ils se sont tous organisés pour défendre leurs

26 villages au cas où les Serbes les attaqueraient, pour être sûr que les

27 Serbes ne puissent pas pénétrer dans les villages."

28 C'est ce que vous nous avez dit hier. Alors soyons clairs. Vous êtes

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1 en train d'affirmer qu'il y avait une organisation qui avait été conçue à

2 Irzniq depuis 1992 ?

3 R. C'était un plan, un projet, un projet que le commandant et son adjoint

4 avaient élaboré. C'était un secret gardé. Ce plan n'était pas valide à

5 l'époque dont on parle, avant que l'UCK ne se manifeste ouvertement dans

6 les villages dont je vous ai parlé.

7 Q. La première fois que vous avez entendu parler de l'UCK est la fin

8 novembre 1997, n'est-ce pas, quand ils se sont manifestés lors d'obsèques à

9 Laushe. C'est la première fois que vous en avez entendu parler --

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Emmerson, essayez de comprendre

11 ce que veut dire le témoin.

12 Monsieur Cekaj, vous parlez d'un plan, d'un projet, d'un plan qui

13 existerait sur papier. Vous nous avez dit qu'il avait été élaboré en 1992.

14 Pourriez-vous nous dire s'il s'agissait d'un projet UCK ou s'il s'agissait

15 juste d'un projet de défense éventuelle du village au cas ou ? Est-ce qu'il

16 y était spécifiquement libellé plan UCK, oui ou non ?

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Oui, oui. Monsieur le Président, ce plan

18 décrivait la structure de commandement d'un bataillon. Il y avait un

19 bataillon qui avait été créé et la structure organisationnelle de ce

20 bataillon y était établie. Il y avait environ 200 noms qui étaient

21 mentionnés.

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne suis pas intéressé par les détails

23 de ce plan, de cet organigramme. Je voudrais savoir si c'était un projet

24 qui disait, par exemple : au cas où il faut que nous nous organisions pour

25 défendre le village; ou s'il s'agissait d'un plan émanant de l'UCK. Est-ce

26 que c'était extrêmement général ou --

27 LE TÉMOIN : [interprétation] Aucune mention de l'UCK, bien sûr que non.

28 C'était un plan visant à défendre le village au cas où il serait attaqué.

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1 Parce que c'était une époque difficile. La Yougoslavie était en train de

2 s'effondrer.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Attaqué par qui, par n'importe qui;

4 c'est ça ?

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est ça, par n'importe qui. Au cas où il

6 y aurait une attaque, c'était comment s'organiser.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

8 Vous pouvez poursuivre, Monsieur Emmerson.

9 M. EMMERSON : [interprétation]

10 Q. Hier, en réponse à une question de M. Kearney, vous avez dit vous avez

11 rencontré M. Haradinaj à Irzniq le 16 avril. Le poste de police avait déjà

12 été évacué, il n'y avait donc plus de policiers serbes au poste de police -

13 -

14 R. Le 16 avril, oui, mais ça c'est des choses que j'ai entendues en

15 parlant à certaines personnes. Le 16 avril, l'UCK s'est manifestée

16 ouvertement à Irzniq.

17 Q. Vous nous avez donné une date extrêmement précise hier, compte rendu

18 4 403, ligne 18, vous nous avez dit que les forces de police serbes avaient

19 quitté Irzniq le 14 ou le 15 avril. Alors, d'où tenez-vous cette date du 14

20 ou du 15 avril ?

21 R. C'est mes covillageois qui m'en ont parlé.

22 Q. Je vous affirme que vous vous trompez là-dessus aussi, que les forces

23 de police serbes contrôlaient encore le poste de police quand vous avez

24 rencontré M. Haradinaj, et que les officiers de police sont restés à leur

25 poste jusqu'au 21 avril. C'est ce jour-là que la police a commencé à être

26 évacuée.

27 R. Peut-être. Vous avez peut-être raison, je vous ai rapporté ce que

28 j'avais entendu à l'époque.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Emmerson, j'attire votre

2 attention sur le fait que vous avez fait dire au témoin qu'il avait indiqué

3 que les dates exactes c'est le 14 ou le 15.

4 M. EMMERSON : [interprétation] Oui.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Or, on dirait que c'est une conclusion

6 alors qu'il a dit : Je n'ai pu en conclure que ces dates-là. Donc c'est un

7 petit peu différent. Le calcul peut-être est correct, mais la date est

8 peut-être fausse en revanche.

9 M. EMMERSON : [interprétation] En effet, en effet. Cela dit, le temps que

10 la pièce 388 de la liste 65 ter s'affiche, puisqu'il s'agit d'un document

11 du commandement du Corps de Pristina qui fait rapport de l'évacuation du

12 poste de police d'Irzniq comme ayant eu lieu le

13 21 avril. Je ne vais pas attendre que cela s'affiche, mais je tiens quand

14 même à vous dire que c'est ce qui est écrit dans ce document.

15 Q. Monsieur Cekaj, je tiens à vous affirmer que même après que le poste de

16 police ait été évacué à Irzniq, il y avait encore des patrouilles de police

17 qui rendaient visite au poste de police; est-ce vrai ?

18 R. Je n'en suis pas sûr. J'habitais à Peje. Je n'en sais rien.

19 Q. Hier vous nous avez dit que quand vous habitiez à Peje, vous entendiez

20 les pilonnages sur Smolice, Baballoq et Dubrava à partir de la fin mars.

21 Vous avez décrit certaines de ces attaques très intenses. Tout ceci se

22 trouve au compte rendu à la linge 9 de la page 4 387.

23 J'affirme que vous vous trompez à nouveau, qu'il n'y a pas eu de

24 pilonnage conséquent entre le 24 mars et le 21 avril, date à laquelle les

25 forces serbes cantonnées à Suka Baballoq ont commencé à pilonner le village

26 de Baballoq.

27 M. KEARNEY : [interprétation] Je soulève une objection à propos du mot

28 "conséquent," c'est beaucoup trop vague.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais Monsieur Kearney, en tout cas,

2 la façon dont je l'interprète et dont je pense M. Cekaj l'interprète, c'est

3 qu'on est en train de vous affirmez, Monsieur Cekaj, qu'il n'y avait pas de

4 pilonnage à part peut-être un tir sporadique ici et là, et qu'il n'y avait

5 pas de pilonnage entre le 24 mars et le 21 avril. C'est ce que vous affirme

6 M. Emmerson.

7 Etes-vous d'accord avec lui ou non ?

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Il y avait les pilonnages sur Smolice et sur

9 le Suka qui a été mentionné. Il y avait aussi des combats, je l'ai déjà dit

10 d'ailleurs.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais quand ? Pouvez-vous nous

12 donner une date ? Avant le 21 avril ?

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Avant le 21 avril il y avait des

14 pilonnages sur Smolice. Enfin, cela c'est ce que je crois en tout cas.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Monsieur Emmerson.

16 M. EMMERSON : [interprétation]

17 Q. Je vais compléter ce que je vous affirme. Les pilonnages ont commencé

18 le 21 avril, ensuite ce pilonnage a été plus ou moins continu. En revanche,

19 il n'y avait eu aucun pilonnage avant les fêtes de Pâques orthodoxe. Voilà

20 ce que je vous affirme.

21 R. Mais il y a eu des pilonnages à Smolice parce que l'UCK y était.

22 Q. Mais pas à Dubrava et pas à Baballoq ?

23 R. Non, à Smolice.

24 Q. Donc on est en train de préciser un petit peu votre déposition d'hier.

25 Hier vous nous avez dit qu'il y avait des pilonnages à Smolice, Baballoq et

26 Dubrava, et ce, depuis la fin

27 mars ?

28 R. A Baballoq et Suka e Hereqit, ces deux endroits sont extrêmement

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1 proches l'un de l'autre, et il y avait des pilonnages. Enfin, en tout cas

2 il me semble qu'il y en avait. Je pense qu'il y en avait. Des 64-

3 illimètres, des 82-millimètres, des mortiers

4 64-millimètres, 82-millimètres.

5 Q. Pensez-vous que vous pourriez faire une erreur d'un mois à propos de la

6 date que vous nous donnez ?

7 R. Oui, oui. Peut-être que je me trompe, parce qu'il est vrai que les

8 dates ce n'est pas mon fort.

9 Q. Passons plutôt à l'endroit où les Serbes étaient cantonnés quand le

10 pilonnage a commencé pour de bon. Je tiens à vous dire que le pilonnage a

11 commencé pour de bon le 21 avril et qu'à partir du

12 21 avril donc, il y avait des positions d'artillerie serbes qui étaient

13 cantonnées sur les trois collines principales de cet

14 endroit : Suka Baballoq, Suka Bitesh et Suka Cermjan; c'est bien

15 cela ? Vous êtes d'accord ?

16 R. Oui, oui. Oui, oui, c'est correct. Et aussi sur des polygones de tirs

17 qui étaient à côté de Peje.

18 Q. Très bien. Peut-on se mettre d'accord pour dire qu'à partir du moment

19 où le pilonnage a commencé pour de bon, il y a eu pilonnage pratiquement

20 tous les jours ?

21 R. Oui.

22 M. EMMERSON : [interprétation] Pourrions-nous, s'il vous plaît, afficher la

23 pièce P318.

24 Q. Il s'agit de la carte à propos de laquelle vous avez déposé.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pendant que nous attendons l'affichage,

26 est-ce que je pourrais demander au témoin d'enlever ses écouteurs ?

27 Maître Emmerson, hier le témoin nous a dit qu'il avait entendu des

28 pilonnages depuis Pec, à 3, à 12, 13, 14 kilomètres de là, peut-être pas

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1 exactement ce qui était pilonné parce qu'il ne faisait qu'entendre les

2 pilonnages. Ensuite il a un petit peu modifié ce qu'il avait dit. Il a dit

3 qu'il a vu les dégâts occasionnés un peu plus tard et du coup il a un petit

4 peu modifié ce qu'il avait dit au départ. Alors, j'aimerais savoir

5 exactement ce qu'a su le témoin quand il a dit : "Je crois que c'est

6 arrivé," il faut que nous sachions exactement sur quelle base il se fonde.

7 Soit qu'il ait entendu ou peut-être qu'il ait vu les dégâts plus tard,

8 enfin --

9 M. EMMERSON : [interprétation] Vous voulez qu'il –-

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous faisons très attention à ce qui a

11 été dit hier -- savoir ce qui se passe à 12 ou 13 kilomètres de là

12 uniquement en se basant sur ce qu'on entend est quand même une affirmation

13 que les Juges vont très certainement prendre avec prudence, pour le moins.

14 M. EMMERSON : [interprétation] Je vous affirme qu'il n'y avait pas de

15 pilonnage pendant cette période.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Certes, je comprends bien où vous voulez

17 en venir, cela dit -- déjà ce que nous avons entendu hier n'était pas

18 extrêmement fiable.

19 M. EMMERSON : [interprétation] Je vous ai bien compris.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc Maître Emmerson, poursuivons.

21 M. EMMERSON : [interprétation]

22 Q. Quand vous êtes revenu à Irzniq à la fin mai, y avait-il toujours des

23 pilonnages ?

24 R. Oui.

25 Q. A partir de ce moment-là quand vous étiez à Irzniq depuis le 26 mai et

26 au-delà, avez-vous pu voir les positions d'artillerie serbes cantonnées sur

27 les trois hauteurs dont vous parlez ?

28 R. Si l'on prend en compte la position géographique de ces trois villages,

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1 les positions serbes étaient sur les hauteurs, les surplombaient. Ils

2 attaquaient tous les jours, il y avait des pilonnages tous les jours à

3 certaines, il y avait aussi des attaques.

4 Q. Bien, je vais découper votre dernière réponse en deux volets. Tout

5 d'abord, quand il y avait des missiles et des obus qui étaient lancés,

6 pouviez-vous voir d'où venaient ces missiles ou ces obus de mortier en vous

7 basant sur leur trajectoire ?

8 R. Oui.

9 Q. Et vous venez de nous dire aussi que :

10 "Ils pilonnaient tous les jours, mais qu'ils attaquaient aussi."

11 Qu'est-ce que vous voulez dire par cela, c'était quoi ces attaques ?

12 R. A partir de ce jour-là, ils ont essayé d'attaquer Carrabreg, Prilep,

13 Rastavice, Baballoq et d'autres villages qui étaient près de la grand-

14 route. C'était des tentatives quotidiennes, à partir de ce jour-là. Ils

15 essayaient très intensivement de rentrer dans la zone qui se trouvait près

16 de l'école de Carrabreg.

17 Q. D'après ce que vous avez compris à l'époque, vous pensiez que la

18 stratégie militaire des forces serbes était de rentrer de force dans ce

19 territoire que vous nous avez indiqué sur la carte, et que la stratégie de

20 l'UCK était juste d'essayer de leur interdire l'entrée ?

21 R. Oui. C'était obligé, c'était le relief qui dictait ce type de défense.

22 Ils n'avaient pas choisi d'attaquer Baballoq et Gllogjan par hasard.

23 C'était délibéré; les forces serbes voulaient pénétrer dans ce secteur et

24 rentrer ensuite dans tous les villages qui se trouvaient à l'intérieur de

25 ce secteur.

26 Q. Savez-vous si les forces serbes cantonnées sur ces trois hauteurs, Suka

27 Baballoq, Suka Bitesh et Suka Cermjan, savez-vous si, non contentes de

28 procéder à des pilonnages depuis ces hauteurs, les forces serbes montaient

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1 aussi des opérations terrestres à partir de ces positions ?

2 R. [aucune interprétation]

3 Q. Y avait-il des forces serbes qui se trouvaient aussi en contrebas, pas

4 uniquement en surplomb ?

5 M. KEARNEY : [interprétation] Je soulève une objection, c'est beaucoup trop

6 vague pour ce qui est du temps. On ne sait absolument pas de quelle date on

7 parle.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Sur les collines et sur tout ce qui était en

9 surplomb, ils mettaient leur artillerie, puis évidemment ailleurs,

10 l'infanterie essayait de pénétrer à l'aide de leurs engins motorisés.

11 M. EMMERSON : [interprétation]

12 Q. Nous allons venir aux dates dans une minute, mais regardons la carte

13 d'abord, et cette ligne bleue que vous avez marquée, Suka Bitesh et Suka

14 Cermjan se trouvent à l'intérieur de cette zone que vous avez délimitée en

15 bleu, n'est-ce pas ?

16 R. Oui.

17 Q. J'aimerais savoir exactement ce que vous essayez de nous montrer sur

18 cette carte pour nous repérer chronologiquement. Précédemment, lorsque vous

19 avez répondu à M. Kearney, ligne 23 de la page 1 120, vous dites que la

20 ligne bleue est censée montrer la zone au sein de laquelle l'UCK pouvait se

21 déplacer jusqu'au moment que vous nous avez décrit comme étant le moment de

22 la deuxième offensive, qui a eu lieu entre le 7 et le 12 août. C'est ce que

23 vous avez dit à M. Kearney, n'est-ce pas ?

24 R. Oui.

25 Q. Maintenant, voyons ce qui est écrit en haut de la carte, s'il vous

26 plaît.

27 M. KEARNEY : [interprétation] Je pense que mon collègue vient à nouveau de

28 déformer les propos du témoin, puisqu'il faisait référence au 8 août et non

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1 au 7 août, comme étant la date du début de l'offensive.

2 M. EMMERSON : [interprétation] Certes, mais il a nommé énormément de dates

3 pour ce qui est du début de cette offensive. Mais de toute façon, la date

4 du début de l'offensive n'est pas essentielle à ma question.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, ce n'est pas vraiment essentiel.

6 Vous pouvez continuer, Maître Emmerson.

7 M. EMMERSON : [interprétation]

8 Q. Ce que je voudrais savoir c'est ce qui s'est passé jusqu'au début août.

9 Vous avez écrit en haut de la carte que c'était la situation qui prévalait

10 à l'époque d'avril à juin. C'est bien ce qui est écrit sur la carte ?

11 R. Je n'ai pas bien compris votre question, pourriez-vous être un peu plus

12 précis ?

13 Q. On voit que vous avez écrit en haut de la carte avril à juin 1998,

14 n'est-ce pas ?

15 R. On m'a interrogé au sujet d'avril et juin, on m'a demandé où se

16 trouvaient les forces, si elles pouvaient se déplacer librement, je parle

17 de l'UCK et de la population. Cela se trouvait dans la partie intérieure,

18 alors que les forces serbes se trouvaient de l'autre côté de la route

19 principale. A l'intérieur, on pouvait se déplacer au cours de cette période

20 d'avril, mai, juin jusqu'à la première puis à la deuxième offensive.

21 Q. La première et la deuxième offensives, Monsieur Cekaj, mais la Chambre

22 de première instance a besoin de comprendre les dates auxquelles vous

23 faites référence. Dans la déclaration de synthèse que vous avez faite, au

24 paragraphe 9, vous dites au sujet de cette

25 carte :

26 "Après le retrait des Serbes du poste de police d'Irzniq en avril, le

27 territoire autour d'Irzniq était contrôlé par l'UCK. J'ai indiqué sur une

28 carte quelle était la zone contrôlée par l'UCK et qui était considérée

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1 comme un territoire libre à partir de ce moment-là et jusqu'à l'offensive

2 serbe, qui a eu lieu à la fin du mois de mai et dont je vais parler

3 ultérieurement dans cette déclaration."

4 En d'autres termes, quand la semaine dernière vous avez fait votre

5 déclaration au bureau du Procureur, vous dites que cette carte représentait

6 la situation entre le moment du retrait des Serbes du poste de police

7 d'Irzniq, c'est-à-dire le 21 avril, nous le savons, jusqu'à l'offensive

8 serbe, dont nous savons qu'elle a eu lieu le 28 mai.

9 Mais cet après-midi, vous nous dites que cette carte représente la

10 situation prévalant jusqu'à la fin août. Sur la carte on lit avril à juin,

11 et hier vous nous avez dit à un moment donné que c'était censé représenter

12 la situation en mai et en avril, page 4 404, ligne 5, et un peu plus tard

13 vous dites que, non, ça n'a rien à voir avec la situation qui existait en

14 avril, mais à la période commençant au 15 mai, page 4 405, ligne 15.

15 R. J'ai répondu aux questions qui m'étaient posées. L'offensive a eu

16 lieu comme vous le dites. J'ai même dit que c'était avant, en mai.

17 Q. Mais est-ce que ce que vous dites dans votre déclaration est bien exact

18 ? Paragraphe 9, cette carte représente la situation jusqu'à l'offensive

19 serbe de la fin mai. Est-ce que c'est ce qu'on peut voir sur cette carte ?

20 R. Au cours de cette période d'avril, mai, juin, à part la première

21 offensive qui entraînait le retrait des Serbes, comme vous l'avez dit, le

22 28 mai, il est possible qu'il y ait erreur sur les dates, ça arrive. Mais

23 la première offensive a eu lieu en mai. C'est la raison pour laquelle je

24 dis qu'il y avait eu trois offensives et pas deux offensives. Après

25 l'attaque, les forces serbes se sont retirées.

26 Q. Oui. J'entends bien. Ce que je vous dis, c'est la chose suivante. Dans

27 votre déclaration, vous affirmez que cette carte représente la situation

28 telle qu'elle était à partir du moment où les Serbes ont quitté le poste de

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1 police et jusqu'à l'offensive serbe de la fin mai. Est-ce que ce que vous

2 avez dit dans votre déclaration de témoin, c'est bien la vérité ? Est-ce

3 que c'est ce que vous entendiez montrer sur cette carte ?

4 R. Mais cela a eu lieu, c'était comme cela même après les dates des

5 offensives en août et septembre.

6 Q. Mais vous n'étiez pas là jusqu'au 26 mai, jusqu'à une date toute proche

7 de l'offensive dont nous parlons ?

8 R. Mais où est-ce que j'étais d'après vous ?

9 Q. Monsieur Cekaj, jusqu'au 26 mai vous étiez à Pec.

10 R. Cette offensive que j'ai évoquée a pu avoir lieu entre cette date-là et

11 le 30 mai. C'est possible. La première offensive, les forces serbes, qui

12 impliquait quelque 1 000 hommes d'après les estimations, ont attaqué en

13 empruntant la route Peje-Decane-Gjakove, vers Peje, et d'autre part elles

14 ont attaqué Raushiq, et les villages de la vallée de Barani. Pendant la

15 journée, les forces se sont retirées de cette offensive.

16 Q. Bien, je vais passer à autre chose. J'aimerais vous interroger au sujet

17 de la réunion à laquelle vous avez participé le jour de votre retour. Il

18 s'agit de la réunion qui a eu lieu à Gllogjan le 26 mai. Comme je vous l'ai

19 dit, les documents dont nous disposons nous montre que l'invitation a été

20 lancée pour le 26 mai. Vous en parlez dans votre déclaration synthétique --

21 M. EMMERSON : [interprétation] Seulement quelques extraits ont été repris

22 dans la déclaration 92 ter, je le signale pour les Juges. J'examine

23 maintenant la déclaration de synthèse paragraphe 20, 22, 23 pour

24 l'essentiel.

25 Q. En premier lieu, dans la déclaration que vous avez faite la semaine

26 dernière, au paragraphe 20, vous dites que la réunion du 26 mai concernait

27 les villages de la zone de Dukagjini, et dans chacun de ces villages il y

28 avait un QG de l'UCK. Est-ce bien exact ?

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1 R. Tous les QG des villages environnants ont participé, enfin ceux qui ont

2 pu venir.

3 Q. Bien. Il est exact qu'il y a un groupe qui n'a pas pu venir, c'est-à-

4 dire ceux qui se trouvaient sur la partie occidentale de la route

5 principale Peje-Gjakove n'ont pas pu venir, c'est ce que vous dites dans

6 votre déclaration ?

7 R. Oui, je crois que c'est effectivement le cas, c'était le début pour

8 moi. Je ne connaissais pas tout le monde, mais je crois que vous avez

9 raison.

10 Q. Vous dites dans votre déclaration que ces QG villageois de l'UCK :

11 "Avaient été organisés d'une manière autonome et n'avaient pas de

12 liens avec Gllogjan."

13 Est-ce bien exact ?

14 R. Ils s'étaient organisés eux-mêmes, mais bien sûr ils coopéraient.

15 Q. Mais à ce moment-là, avant le 26 mai, ils n'avaient pas de liens avec

16 Gllogjan, n'est-ce pas ?

17 R. Il est possible qu'ils se soient rencontrés, mais il n'y avait pas de

18 relation hiérarchique.

19 Q. Vous dites, paragraphe 20 de votre déclaration :

20 "Ramush a ouvert la réunion mais pas en tant que commandant de la

21 zone. A l'époque il était chef, mais chef d'un village."

22 R. Oui.

23 Q. Vous dites, paragraphe 22 :

24 "A partir de ce moment-là, nous quatre, Rrustem Tetaj, Skender

25 Rexhahmetaj, Ramush et moi-même, avons travaillé au sein d'une équipe en

26 tant qu'état-major opérationnel de Dukagjini, mais il n'y avait pas de chef

27 suprême, de commandement Suprême."

28 Est-ce que c'est là quelque chose qui correspond à ce dont vous vous

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1 souvenez de la situation ?

2 R. Il y avait d'autres membres du QG, mais je ne me souviens pas de tous

3 leurs noms. Mais c'est vrai que nous fonctionnions en tant qu'état-major,

4 mais nous n'avions pas de chef.

5 Q. C'était peut-être le cas du point de vue de l'organisation, mais il est

6 exact qu'à partir du 26 mai, même si théoriquement vous étiez tous au même

7 échelon, en fait c'était Ramush Haradinaj qui essayait d'organiser la

8 zone ?

9 R. Oui, c'est tout à fait vrai.

10 Q. Officiellement, ce n'était pas votre commandant, mais on peut dire

11 qu'il était le premier parmi ses pairs, n'est-ce pas ? Est-ce que cela

12 correspond à la situation ?

13 R. Ramush Haradinaj était quelqu'un de très important. Il jouissait du

14 respect de tous. Ce que vous dites est exact.

15 Q. Paragraphe 23, ceci résume peut-être ce que vous voulez nous dire, je

16 vous en donne lecture :

17 "Je ne relevais pas de Ramush en tant que son subordonné, parce que

18 je ne le considérais pas comme mon chef."

19 Est-ce que c'est bien la situation telle qu'elle vous apparaissait ?

20 R. Non, ce n'est pas exact. Je ne crois pas. Je ne crois pas que ce soit

21 exact. Montrez-moi où j'ai dit ça.

22 Q. Il s'agit du paragraphe 23 de votre déclaration. Je vais vous relire

23 cet extrait pour que cela vous soit bien traduit. Je

24 cite :

25 "Je ne relevais pas de Ramush en tant que son subordonné parce que je

26 ne le considérais pas comme mon chef. Nous avions les mêmes fonctions à

27 l'époque et nous fonctionnions comme un état-major ou un QG."

28 C'est ce que vous dites.

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1 R. C'est totalement incompréhensible. Non, ce ne peut pas être exact.

2 Q. Alors, essayez de nous expliquer ce que vous vouliez dire à votre

3 manière ?

4 R. Oui, on avait tous proposé conjointement de travailler ensemble comme

5 un QG. Là il y a eu une erreur d'interprétation de mes propos. J'ai

6 simplement dit ou quand j'ai dit que je ne le considérais pas comme mon

7 chef, là ce n'est pas tout à fait exact.

8 Q. Est-ce qu'après le 26 mai vous le considériez comme votre chef ou pas ?

9 Est-ce que vous étiez sous ses ordres ou pas ?

10 R. J'avais le plus grand respect pour lui. Mais à partir de la réunion que

11 nous avons eue à cause de la situation telle qu'elle existait, nous avons

12 agi comme nous avons agi. Mais en ce qui concerne l'opinion que j'avais de

13 lui, c'était une opinion extrêmement bonne, j'avais le plus grand respect

14 pour lui.

15 Q. Ce n'est pas du tout ce que je voulais dire, je n'ai jamais voulu dire

16 que vous n'aviez pas le plus grand respect pour lui.

17 J'aimerais vous présenter et vous soumettre un autre extrait de ce même

18 paragraphe, et je voudrais que vous me disiez si cela est bien exact. Je

19 cite :

20 "Ramush se déplaçait également très fréquemment dans la région. Il

21 était plus particulièrement intéressé par la zone située aux alentours de

22 Carrabreg parce qu'elle était en difficulté. A cette période, je voyais

23 Ramush une ou deux fois par semaine. Nous étions également en contact par

24 le truchement de nos estafettes."

25 Pouvez-vous confirmer que c'est bien ce que vous avez déclaré ?

26 R. C'est exact. Mais on ne peut pas résumer les activités de Ramush en

27 quelques mots seulement, parce que sa contribution était vraiment très

28 particulière.

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1 Q. Oui, j'entends bien. Mais je veux faire la lumière sur un point. Vous

2 dites que Ramush était constamment en déplacement pendant cette période;

3 c'est bien exact ?

4 R. A l'époque, Ramush Haradinaj était quelqu'un d'extrêmement dynamique,

5 il était toujours en déplacement. Il était toujours en déplacement, il

6 suivait l'évolution des combats en tant que chef, en tant que commandant

7 parce que c'est ce qu'il était.

8 Q. Donc il se rendait au front là où se déroulaient les combats, n'est-ce

9 pas ?

10 R. Oui.

11 Q. D'ailleurs, il a été blessé lors de l'offensive qui a eu lieu à la fin

12 mai, n'est-ce pas ?

13 R. Il a été blessé lors de l'offensive de mai à l'école de Carrabreg,

14 c'est un fait notoirement connu.

15 Q. Pour que les choses soient bien claires, cette bataille de Carrabreg au

16 cours de laquelle Ramush Haradinaj a été blessé près de l'école, cette

17 bataille elle a eu lieu le 28 mai, n'est-ce pas ?

18 R. Au cours de cette période, du 25 au 28 ou même au 30, je crois, il y a

19 eu des combats tous les jours et des tentatives de la part des forces

20 serbes d'entrer dans la zone.

21 Q. Vous-même, après le 26 mai, vous vous êtes déplacé dans votre propre

22 zone de manière assez intensive, n'est-ce pas ? Est-ce bien exact ?

23 R. Oui, c'est exact.

24 Q. Du 26 mai, date à laquelle vous avez été nommé commandant de sous-zone,

25 à partir de cette date jusqu'au 12 juillet où vous avez cessé d'occuper ce

26 poste à Irzniq, vous vous êtes rendu dans les villages qui se trouvaient

27 dans votre zone tous les jours, n'est-ce pas ?

28 R. Oui, c'est exact.

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1 Q. Le canal qui descend jusqu'au lac Radoniq, ce canal traverse Irzniq,

2 n'est-ce pas ?

3 R. Oui.

4 Q. Il passe tout près du poste de police serbe; est-ce que c'est bien

5 exact ? Est-ce que j'ai bien saisi la disposition des lieux ? Est-ce que

6 cela passe tout près du poste de police serbe d'Irzniq ?

7 R. Oui.

8 Q. Je vais vous présenter l'affirmation suivante : j'affirme que le

9 territoire se situant autour du canal était un territoire qui faisait

10 l'objet de beaucoup de combats, de beaucoup de convoitises et qui a été une

11 sorte de no man's land pendant une bonne partie de la période qui s'est

12 écoulée entre votre arrivée, le 26 mai, et votre départ, le 12 juillet;

13 est-ce exact ?

14 M. KEARNEY : [interprétation] Objection. Ceci est trop vague. De quel

15 tronçon du canal parle-t-on ? C'est une question beaucoup trop importante.

16 M. EMMERSON : [interprétation] Je parle de la totalité du canal de la zone

17 qui se situe entre Irzniq et le lac Radoniq. C'était une zone où se

18 trouvaient les forces serbes qui ouvraient le feu sur tout ceux qu'elle

19 voyait dans cette zone.

20 M. KEARNEY : [interprétation] J'aimerais que ceci soit précisé, il faudrait

21 nous préciser la date.

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais, Me Emmerson l'a précisé. Il a

23 dit que la date c'était celle ou la période c'était celle du 26 mai au 12

24 juillet. Donc voilà une période extrêmement précise.

25 M. EMMERSON : [interprétation]

26 Q. Vous avez compris ma question, Monsieur le Témoin ? Je vous dis

27 qu'entre le 26 mai, date de votre arrivée et le 12 juillet, date de votre

28 départ, il y avait des forces serbes, y compris des forces paramilitaires

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1 serbes qui se trouvaient par moment sur le territoire situé sur les deux

2 rives du canal ?

3 R. Non. Je n'ai pas d'information à ce sujet. Il était impossible pour les

4 forces d'entrer dans ce territoire à ce moment-là.

5 Q. Est-ce que vous vous êtes rendu sur place, Monsieur Cekaj, est-ce que

6 vous vous êtes rendu à cet endroit ?

7 R. Non. Non, je n'ai eu aucun contact, je n'y suis pas allé. Je suis allé

8 jusqu'à Ratishe, je suis monté jusqu'à Ratishe, mais jamais je ne suis allé

9 dans cette zone. Quand je suis allé à Ratishe, c'était rarement, parce que

10 je n'avais pas à y aller. Je suis allé plus fréquemment dans d'autres

11 villages.

12 Q. Quand les forces serbes ont pilonné Gllogjan, puis sont entrées dans

13 Gllogjan, comment les forces serbes sont-elles parvenues à couper la voie

14 par laquelle les gens auraient pu se replier sur Jablanica ?

15 M. KEARNEY : [interprétation] Ici encore, je voudrais qu'on précise la date

16 exacte et les offensives dont il est question.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, cela serait utile.

18 M. EMMERSON : [interprétation]

19 Q. [aucune interprétation]

20 R. Cela c'est une question plus précise. Entre - ou plutôt pendant la

21 deuxième ou la première offensive, après l'offensive du

22 28 mai, c'est une offensive donc qui a dû commencer le 8. Le 8, ils ont

23 commencé à pilonner, ils ont essayé d'entrer à partir de Baballoq; ils sont

24 entrés à Gllogjan. Et le 11, on a vu arriver les forces serbes. Comme je

25 l'ai expliqué précédemment, ils sont arrivés au village d'Irzniq, puis ils

26 sont repartis, ils se sont repliés. Et le lendemain, de nouveau, ils sont

27 revenus à la charge. Ils venaient de toutes les directions. Un membre de

28 l'UCK qui se trouvait à proximité du canal, le long de la route qui va à

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1 Ratishe, un membre de l'UCK a été tué par les forces serbes. Les forces

2 serbes ont pu pénétrer dans le territoire jusque-là, ils sont entrés dans

3 village. Ensuite, dès qu'ils ont eu accompli leur mission, après avoir

4 pillé, incendié, et cetera, ils se sont repliés, après avoir infligé toute

5 sorte de dégâts au village, donc ils se sont repliés.

6 Ils sont peut-être allés jusqu'au canal au cours de toutes ces

7 opérations, parce que le soldat de l'UCK, il a été tué à cet endroit précis

8 ce jour-là. Tout le monde connaît son nom. Ils sont donc venus de ce côté-

9 là. Il y avait des hommes de l'infanterie, il y avait aussi des véhicules,

10 ils ont pu à ce moment-là arriver jusqu'à cet endroit.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, je n'arrive pas très

12 bien à comprendre ce dont nous parlons. Vous parliez dans votre première

13 question de la période du 26 mai au début juillet, or le témoin est en

14 train de nous parler de ce qui a eu lieu en août. Enfin, c'est ce que j'ai

15 cru comprendre. Il dit : "Le 8, ils ont commencé à pilonner," et cetera.

16 Donc j'ai l'impression qu'il nous parle de la deuxième offensive, si bien

17 que j'ai du mal à voir le lien entre ce qu'il nous dit et votre question de

18 départ.

19 Parallèlement, j'aimerais me tourner vers le témoin pour lui poser une

20 question.

21 Monsieur Cekaj, Me Emmerson vous a posé une question qui porte sur la

22 période qui s'écoule de votre arrivée jusqu'à votre départ. Il vous a

23 demandé si à proximité du canal, il y avait des hommes sur le terrain, des

24 troupes, ce à quoi vous répondez : Je n'y suis jamais allé. Mais un peu

25 plus tard, vous dites : Je suis allé à Ratishe.

26 Est-ce que je dois en déduire que quand on va d'Irzniq à Ratishe, il

27 faut franchir le canal. Est-ce que c'est bien exact ? Est-ce que c'est

28 ainsi que les choses se présentent ?

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, c'est vrai, je suis

2 allé à Ratishe. Il faut voir quand j'y suis allé. J'y suis allé très

3 rarement. Ratishe, c'était loin. A ce moment-là, le canal entre Irzniq et

4 Dodaj - c'est une sorte de hameau qui appartient à Irzniq - donc c'est là

5 que passe le canal, le canal qui se jette dans le lac Radoniq.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Vous nous dites qu'il faut faire

7 une distinction dans le temps. Entre votre arrivée à la fin mai et votre

8 départ au début juillet, quand êtes-vous allé à Ratishe ?

9 LE TÉMOIN : [interprétation] J'y suis allé à deux ou trois reprises.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous veniez d'Irzniq ?

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je venais du village.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Quand je regarde la carte - je me trompe

13 peut-être - mais j'ai l'impression que quand on entre dans la zone où se

14 trouve le canal, le canal qui va jusqu'au lac Radoniq --

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous êtes allé à deux ou trois reprises

17 d'Irzniq à Ratishe. Vous avez traversé donc cette zone, vous avez passé

18 près du canal. Est-ce qu'à ce moment-là, quand vous avez traversé cette

19 zone, vous avez vu des fantassins serbes ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, il n'y en avait pas.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, je regarde l'horloge.

22 Nous allons faire une pause. Oui, Monsieur le Témoin, nous allons faire une

23 pause. L'huissier va vous raccompagner.

24 [Le témoin quitte la barre]

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] De combien de temps aurez vous encore

26 besoin, Maître Emmerson ?

27 M. EMMERSON : [interprétation] J'aurai besoin de 25 minutes. J'en ai parlé

28 avec Me Guy-Smith, et je pense qu'entre lui et moi, tout en tenant compte

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1 de Me Harvey, nous en terminerons aujourd'hui. On pourrait avoir une pause

2 plus courte que d'ordinaire.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il y aussi M. Kearney, bien entendu, qui

4 aura peut-être des questions supplémentaires à poser ?

5 M. EMMERSON : [interprétation] J'avais imaginé qu'il ne serait pas très

6 exigeant sur ce point.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kearney.

8 M. KEARNEY : [interprétation] Il me faudrait très peu de temps, cinq à dix

9 minutes.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais si on ajoute les cinq ou dix

11 minutes en question, cela nous donne 25 minutes. Cela nous mène à 18 heures

12 30. Vous aviez demandé initialement 50 minutes, et cetera, et cetera, cela

13 nous mène à 19 heures 20, puis à

14 19 heures 30.

15 Maître Guy-Smith, je suis sûr que vous pourrez un peu accélérer votre débit

16 habituel.

17 M. GUY-SMITH : [interprétation] Merci. Je vais le faire.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, je vais vous demander

19 d'en terminer en 20 minutes.

20 Maître Guy-Smith, vous, je vais vous demander de vous limiter à 25 minutes

21 au lieu des 30 que vous aviez demandées.

22 Ensuite vous, Monsieur Kearney, vous aurez cinq minutes.

23 On reprendra à 6 heures 05. Nous entendrons Me Emmerson jusqu'à 6 heures

24 25.

25 Maître Harvey, le temps qu'il vous restera, six minutes vous seront

26 consacrées. Mais vous êtes quelqu'un qui avez un tel esprit synthétique,

27 que je pense que cela suffira.

28 Ensuite, Me Guy-Smith, nous l'entendrons jusqu'à 18 heures 50, donc

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1 six minutes ou cinq minutes pour Me Harvey.

2 La Chambre aura peut-être quelques questions, moi j'en aurai une, et

3 M. Kearney aura ce qui reste.

4 Pause jusqu'à 18 heures 05.

5 --- L'audience est suspendue à 17 heures 45.

6 --- L'audience est reprise à 18 heures 06.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Emmerson, poursuivez, s'il vous

8 plaît.

9 M. EMMERSON : [interprétation] Merci.

10 Q. Monsieur Cekaj --

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Messieurs les Juges, s'il vous plaît, j'ai une

12 demande à faire.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y.

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Pouvons-nous passer à huis clos partiel ? Car

15 j'ai une question à vous poser.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne sais pas quelle est la teneur de

17 votre question, mais allez-y.

18 Nous devons être bien prudent en effet.

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Ma question sera très courte.

20 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

21 [Audience à huis clos partiel]

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7 [Audience publique]

8 M. EMMERSON : [interprétation]

9 Q. Monsieur Cekaj, vous nous avez dit il y a peu de temps, qu'à partir du

10 12 juillet vous n'étiez plus basé à Irzniq. C'est bien cela ?

11 R. Oui, plus à Irzniq.

12 Q. Et après vous avez résidé à Zhabel. C'est cela ?

13 R. A l'école de Zhabel, à Jablanica d'ailleurs.

14 Q. A partir du 12 juillet, c'est cela ?

15 R. Oui, jusqu'au 21 août.

16 Q. Mais où vous trouviez vous au cours de l'offensive serbe, au cours des

17 15 premiers jours d'août ?

18 R. Au cours de la première partie de l'offensive, je me trouvais dans ce

19 secteur, à Bardhaniq, Zhabel, Grgoc, jusqu'à ce jour. Pendant l'offensive.

20 Q. Etiez-vous à Gllogjan ou Irznic lorsque les forces serbes se sont

21 emparées de ces deux villages au cours de l'offensive du mois d'août ?

22 R. Le 11, le jour de l'offensive, j'étais à Irzniq. D'ordinaire, quand je

23 revenais de Bardhaniq, je me rendais toujours là-bas pour leur rendre

24 visite sur leurs positions.

25 Q. Vous dites que l'offensive serbe a commencé le 11. Précédemment vous

26 nous avez dit que l'offensive avait commencé du 7 jusqu'au 12, ensuite vous

27 vous êtes ravisé et vous nous avez dit le 8 jusqu'au 12.

28 M. Cekaj, étiez-vous bel et bien présent là-bas lors de l'offensive

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1 des Serbes ?

2 R. La question n'est pas claire, je ne vous comprends pas.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Cekaj, vous nous dites que

4 l'offensive a duré plusieurs jours, en commençant soit le 7, soit le 8.

5 Etes-vous resté à Irzniq tout le temps de l'offensive ou vous n'y étiez que

6 le 11, ou quoi ?

7 LE TÉMOIN : [interprétation] J'y étais le 11 et uniquement le 11.

8 D'ailleurs j'y étais par hasard. En fait, j'étais plutôt à Bardhaniq. Mais

9 le 7 et le 8 août, les pilonnages ont commencé, si je me souviens bien.

10 Même Jablanica a été attaquée -- Jablanica a été attaquée le 8 par les

11 forces serbes.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Cekaj, écoutez bien les

13 questions de M. Emmerson.

14 M. EMMERSON : [interprétation]

15 Q. Je voudrais être très précis. Quand les forces serbes sont entrées dans

16 Gllogjan ou dans Irzniq, qu'elles s'en sont emparées - je parle ici des

17 forces terrestres qui se sont emparés de ces villages - j'aimerais savoir

18 si vous étiez à Irzniq ou à Gllogjan. Oui ou non ?

19 R. J'y étais le matin, et dans l'après-midi nous nous sommes repliés sur

20 Kodrali, Pozhare, sur d'autres villages qui sont à l'intérieur du secteur.

21 Q. Mais nous avons entendu dire par un observateur international qui se

22 trouvait à Irzniq et Gllogjan le 11 août, que lors de son passage à Irzniq,

23 les forces serbes approchaient du village mais ne s'en étaient pas encore

24 emparés, et ne s'étaient emparés ni d'Irzniq, ni de Gllogjan.

25 R. Le 11 dans la soirée, ils sont entrés dans Irzniq, et ensuite ils se

26 sont retirés. Mais le lendemain, au matin, ils ont relancé une autre

27 offensive, toujours dans la même direction. Ils sont entrés dans Gllogjan,

28 dans la zone dont je vous ai parlé il y a un moment, sur les berges du

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1 canal, ils sont entrés ensuite dans Irzniq et dans d'autres villages, les

2 villages ont été pillés, incendiés. Ça, c'est la vérité. Mais ils se sont à

3 nouveau repliés parce qu'il n'y avait plus personne dans ces endroits.

4 Q. Mais étiez-vous présents quand ils sont rentrés dans les villages et

5 qu'ils les ont pillés ?

6 R. On n'a pas pu les voir, mais le lendemain on a bien vu que les villages

7 avaient été pillés et incendiés. Toute la communauté internationale l'a

8 bien vu d'ailleurs. C'est eux qui l'ont fait.

9 Q. D'après votre réponse, j'en déduis que personnellement vous n'étiez pas

10 présent dans ces villages quand les forces serbes y sont rentrées ?

11 R. Que voulez-vous dire que je n'étais pas là ?

12 Q. La question est pourtant simple, Monsieur Cekaj. J'aimerais savoir si

13 vous étiez dans l'un ou l'autre de ces villages quand les forces serbes

14 sont entrées dans les villages à pied ?

15 R. Non, on s'est retirés, on s'est repliés.

16 Q. Mais vous les avez vus approcher, de vos yeux ?

17 R. Ils ont attaqué jusqu'à l'après-midi, les forces de l'UCK se sont

18 retirées parce qu'elles n'ont pas réussi à repousser l'attaque.

19 Q. Et vous dites qu'ils sont revenus à la charge le

20 lendemain ?

21 R. En fin de soirée, les forces serbes se sont retirées et le lendemain

22 ils ont recommencé à attaquer ces villages. Ils sont revenus à la charge.

23 Q. J'ai quelques questions à vous poser maintenant à propos de l'endroit

24 où se trouvait l'unité des Aigles noirs lors de ce mois qui s'est écoulé

25 entre le 26 mai et le 12 juillet, quand vous étiez commandant de votre

26 sous-zone. Donc, dans votre entretien, ainsi que dans votre déclaration de

27 témoin aussi, si je ne m'abuse, mais surtout dans votre entretien audio,

28 vous dites que, pendant un moment, les Aigles noirs étaient cantonnés à

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1 Voksh.

2 M. KEARNEY : [interprétation] De quelle passage de l'entretien parlez-vous,

3 s'il vous plaît, Maître Emmerson ?

4 M. EMMERSON : [interprétation] Il s'agit de la page 116.

5 Q. Donc, Monsieur Cekaj, les Aigles noirs ont été basés pendant un petit

6 moment à Voksh.

7 M. KEARNEY : [interprétation] Je pense qu'ici, on déforme à nouveau la

8 transcription de cet entretien puisqu'au paragraphe -- enfin, à la page

9 116, j'ai dit qu'un passage qui était un peu différent.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Peut-on relire, s'il vous plaît, le

11 passage au témoin ?

12 M. EMMERSON : [interprétation]

13 Q. On vous a demandé ce que vous saviez des Aigles noirs, et vous avez dit

14 :

15 "Dans ma région, là où j'étais, ils n'étaient pas présents. Ils n'ont

16 jamais été vus là où je gérais des opérations."

17 On vous a posé la question.

18 "Mais était-ce une unité qui pouvait opérer dans toute la zone de

19 Dukagjin ?"

20 Vous avez dit :

21 "Je vous ai dit, ils se déplaçaient tout le temps."

22 Ensuite, vous avez dit :

23 "Je les ai vus quand ils ont traversé le village. Pendant un moment,

24 ils étaient à Voksh."

25 Donc, vous vous souvenez que les Aigles noirs ont été à Voksh pendant un

26 moment ? Pouvez-vous nous dire de quel moment il s'agit ?

27 R. Par la suite, enfin, non, pendant que la situation évoluait, les forces

28 serbes essayaient continuellement de bloquer les routes d'approvisionnement

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1 pour qu'il n'y ait plus approvisionnement depuis l'Albanie. Cette unité,

2 qui était une unité de subversion, avait reçu pour mission d'aller dans ce

3 secteur de l'intérieur pour assurer la sécurité du canal. Ils allaient

4 toujours là pour obtenir des armes, et c'était aussi utiliser pour

5 transporter les blessés. C'était leur mission à l'époque, à Sllup, à Voksh.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Essayez, s'il vous plaît, de vous

7 concentrer sur la question qui vous a été posée. Vous avez dit que :

8 "Pendant un moment, ils étaient à Voksh." Etaient-ils à Voksh pour une

9 opération ou étaient-ils cantonnés à Voksh ?

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas exactement. Je ne commandais

11 pas cette unité, mais ils opéraient dans ce secteur-là parce qu'ils

12 voulaient assurer la sécurité du canal, ils voulaient y obtenir des armes,

13 donc, jusqu'au moment à la fin de l'offensive, quand Junik --

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais vous dites, s'ils y étaient pendant

15 un petit moment de -- c'est quoi un petit moment pour vous ? Deux heures ?

16 Une semaine ? Trois semaines ?

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Ça dépendait de l'évolution de la situation.

18 Parfois ils y auraient pu y rester une semaine.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez, Monsieur Emmerson.

20 M. EMMERSON : [interprétation] A la page 85 à la ligne 11, et à la page 85

21 à la ligne 18, il y a un mot qui ne devrait pas être là, je pense, et je

22 vais essayer de clarifier la chose.

23 Q. Donc, il y a quelques secondes, vous venez de nous dire que quand ils

24 étaient dans le coin, ils étaient aux alentours de Voksh --

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous voulez clarifier cela, dont vous

26 avez bien compris quand même qu'ils étaient en train d'assurer la sécurité

27 d'un itinéraire au travers duquel se trouvait un canal. C'est ce que nous

28 avons compris, en tout à cas.

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1 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, oui.

2 Q. J'aimerais être plus précis. Donc, la zone dont vous nous parlez est

3 sur le côté ouest de la grand-route qui va de Pec à Gjakove, c'est de cette

4 route-là dont vous venez de nous parler ?

5 R. Oui, Sllup, Drenoc, Voksh, Junik, c'était l'itinéraire emprunté par une

6 partie de la population pour se rendre en Albanie.

7 Q. Une des missions des Aigles noirs étaient donc d'assurer la liberté de

8 mouvement sur ces routes qui servaient de routes d'approvisionnement, et

9 qui étaient donc côté ouest de la route ?

10 R. Oui, c'était leur mission, ils allaient se battre avec les forces

11 serbes, et cette unité d'ailleurs comporte un grand nombre de martyrs qui

12 ont donné leurs vies dans le combat contre les Serbes.

13 Q. Donc, à la page 115 et la page 116 du compte rendu de l'entretien que

14 vous avez eu avec le bureau du Procureur, vous dites qu'ils étaient en

15 mouvement. Vous dites, je cite, à la page 116 : "En mouvement, ils se

16 déplaçaient." Qu'est-ce que cela signifie ? Pourquoi est-ce que ces Aigles

17 noirs étaient en mouvement, ils se déplaçaient ?

18 R. Cela dépendait de la situation. Ils étaient là dans les endroits dont

19 je vous ai parlé. Je ne sais pas comment cela a été traduit ou interprété,

20 mais c'est comme cela, en tout cas.

21 Q. Ont-ils jamais été à Prilep ou à Carrabreg à différents moments ?

22 R. Vous me posez des questions à propos d'unités de subversion, c'est cela

23 ?

24 Q. [aucune interprétation]

25 R. S'ils sont peut-être rendus pour prêter main-forte lors de l'offensive,

26 je ne sais pas. Enfin, c'est normal. Il fallait qu'ils s'impliquent dans

27 les combats.

28 Q. Encore une chose à propos des dates dont vous nous avez parlé, vous

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1 nous avez décrit un incident où un homme, appelé Besim, est venu se

2 plaindre auprès de vous parce qu'on l'avait forcé à creuser les tranchées.

3 Vous nous avez dit que c'était en juin que c'était arrivé. C'est ainsi que

4 vous vous souvenez de la chose ?

5 R. Il me semble que c'était au mois de juin. Je crois m'en souvenir. Je

6 n'ai pas dit qu'il avait été obligé. Il avait accepté de prêter main-forte.

7 Q. Très bien, très bien. Mais dans votre déclaration complète, au

8 paragraphe 49, vous dites que Besim est venu vous voir "à peu près au mois

9 de mai". Alors, ce n'est plus en juin. Là maintenant, vous nous parlez de

10 mai. Pouvez-vous nous dire si vous parlez du mois de mai ou du mois de juin

11 ?

12 R. Je ne peux pas vraiment vous donner de dates exactes. Quand les

13 enquêteurs du Tribunal m'ont posé des questions, je leur ai bien dit que

14 j'allais avoir beaucoup de mal avec les dates, que je n'étais pas très,

15 très compétent au niveau des dates, puis cette déclaration a été faite

16 pourtant il y a deux ans. Ils ont quand même poursuivi l'entretien, mais je

17 les avais quand même averti à l'avance que les dates ne seraient pas très,

18 très précises. Cela fait quand même neuf ans. Cela dit, l'événement en tant

19 que tel est bel est bien arrivé.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Emmerson, je regarde la pendule

21 et le --

22 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, mais j'en arrive à la fin là. Donc,

23 dans votre déclaration de témoin -- non, dans l'entretien à la page 138,

24 quand vous décrivez cet incident, vous dites que quand cet homme est venu

25 se plaindre, donc, les Aigles noirs avaient leur QG à Irzniq; c'est vrai ?

26 R. Non, ce n'est pas correct. Ils n'avaient pas de base à l'époque. Ils

27 n'avaient pas de base à ce moment-là.

28 Q. Très bien. Je vous remercie.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Guy-Smith, voulez-vous contre-

2 interroger le témoin ?

3 M. Cekaj va maintenant être contre-interrogé par Me Guy-Smith,

4 conseil de M. Balaj.

5 Contre-interrogatoire par M. Guy-Smith :

6 Q. [interprétation] Donc, nous allons parler de dates à nouveau, et

7 veuillez, s'il vous plaît, vous concentrer.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Guy-Smith, si vous voulez vous

9 lancer dans cet exercice pour vous assurer d'une date bien précise, allez-

10 y.

11 [La Chambre de première instance se concerte]

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais gardez deux choses à l'esprit :

13 cela dit, pour ce qui est des dates, elles peuvent être plus ou moins

14 fiables, les dates dont on a déjà parlé, et la même chose s'applique

15 d'ailleurs aux dates qui pourraient être évoquées plus avant.

16 M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui, je prends cela en compte.

17 Q. Donc, vous êtes arrivé à Irzniq le 26 mai, n'est-ce pas, en tant que

18 commandant ?

19 R. Oui, je l'ai déjà dit.

20 Q. Avant d'arriver à Irzniq, je vous affirme que les Aigles noirs venaient

21 juste d'être créés. Il y avait eu le 14 mai à Irzniq un appel aux

22 volontaires. C'est suite à cet appel aux volontaires que les Aigles noirs

23 ont été créés. Le saviez-vous ?

24 R. Je sais qu'ils étaient tous volontaires, mais je ne savais que cela.

25 Q. Mais je vous affirme que les Aigles noirs en avril n'existaient pas, en

26 tout cas pas en tant qu'unité. Le saviez-vous ?

27 R. Sur la base de ce que j'avais entendu, ils avaient quand même commencé

28 à exister. Ils faisaient partie de l'UCK après cela, mais bon, je n'ai pas

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1 d'informations concrètes mis à part ce que je vous ai dit. Plus tard, je

2 sais quand même qu'ils ont fait partie de cette unité. C'est ce que j'ai

3 entendu.

4 Q. Quand vous dites plus tard, je sais qu'ils ont fait partie de cette

5 unité, vous saviez quand même que lorsque vous êtes arrivé à Irzniq, au

6 moment où vous êtes arrivé à Irzniq, les Aigles noirs avaient une fonction

7 bien précise, fonction que vous nous avez d'ailleurs décrite, il s'agissait

8 d'une unité de guérilleros ?

9 R. Oui, c'est l'état-major qui m'a informé de cela; très brièvement

10 d'ailleurs.

11 Q. Leur mission en tant que guérilleros et d'unité de guérilla était

12 d'opérer dans les zones dont vous avez parlé à M. Emmerson entre autres

13 d'ailleurs, donc, il s'agissait de Voksh, Drenoc, Prilep; c'est correct ?

14 R. Quand vous dites unités de guérillas, oui, c'est ainsi qu'ils se

15 comportaient, en effet, puisqu'ils avaient une mission. Ils exécutent la

16 mission, et une fois la mission exécutée, ils rentrent à la base. Mais

17 parfois, selon l'évolution de la situation, ils peuvent rester dans un

18 secteur ou dans un autre. Mais bon, c'est quand même une unité en

19 déplacement, à ma connaissance, en tout cas.

20 Q. D'ailleurs, ils sont restés à Voksh pendant un bon moment puisqu'il y

21 avait des combats assez importants à Voksh entre l'UCK et les forces

22 serbes, puisqu'il s'agissait en fait d'une zone d'approvisionnement pour

23 l'UCK auxquels les Serbes essayaient de mettre un terme; n'est-ce pas ?

24 R. Oui, c'est tout à fait cela. Je l'ai déjà dit, d'ailleurs.

25 Q. Mais cela, c'est ce qui s'est passé après que vous arriviez à Irzniq et

26 qu'on vous donne le commandement de la sous-zone 2 ?

27 R. Oui, oui.

28 Q. Avant d'arriver dans cette région que vous avez appelée la sous-zone 2,

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1 étiez-vous au courant des combats qui avaient eu lieu à Baballoq ?

2 R. Oui, j'en avais entendu parler.

3 Q. Savez-vous qui était le chef du village de Baballoq au cours des

4 combats qui ont eu lieu avant votre arrivée à Irzniq ?

5 R. Non, je ne sais pas.

6 Q. Avez-vous entendu parler d'un individu appelé Faik Dodaj qui aurait été

7 le chef du village de Baballoq ?

8 R. Je connais Faik Dodaj.

9 Q. Mais le connaissez-vous en tant que chef de cette zone ?

10 R. Je sais qu'il était en charge d'un village. Je ne le connaissais pas à

11 l'époque, maintenant je le connais. Il aurait très bien pu être le chef

12 d'un village.

13 Q. C'était aussi le chef de Shaptej, n'est-ce pas ?

14 R. Cela, je ne le sais pas.

15 Q. Pendant la période où vous étiez commandant du village d'Irzniq, vous

16 n'avez jamais vu les Aigles noirs à l'entraînement, n'est-ce pas ?

17 R. Non.

18 Q. Pendant la période où vous avez été commandant du village d'Irzniq, il

19 y avait dans ce village cinq jeunes hommes qui faisaient office de

20 policiers militaires, n'est-ce pas ?

21 R. Ils n'avaient pas suivi de formation militaire, mais on les avait

22 désignés pour assurer ces fonctions.

23 Q. Ils étaient cinq, n'est-ce pas ?

24 R. Oui.

25 Q. Ils portaient des uniformes noirs, n'est-ce pas ?

26 R. Non. Non, non, non. Ils n'avaient pas d'uniformes noirs.

27 Q. Vous avez parlé avec Besim pendant un certain temps, et Besim vous a

28 expliqué qu'il avait rencontré Toger et qu'ils avaient parlé de leur

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1 collaboration la veille du jour où ils sont allés travailler ensemble ?

2 R. Non. Le jour où ils y sont allés -- en tout cas c'est ce qu'il m'a dit

3 -- c'est le même jour, le jour de leur départ ensemble, qu'ils en ont

4 parlé.

5 Q. Vous nous avez expliqué que vous avez parlé à Toger du trouble

6 qu'éprouvait Besim, de ses préoccupations ?

7 R. Oui, en quelques mots seulement.

8 Q. Il s'est excusé auprès de vous ?

9 R. Oui.

10 Q. Vous lui avez dit qu'il était sorti de sa zone de responsabilité, et

11 que c'est une question dont vous auriez pu vous charger puisque c'était

12 votre village ?

13 R. Oui, c'est exact.

14 Q. Et que tout ordre concernant le creusement de tranchées, et cetera,

15 c'était de votre responsabilité et pas de la responsabilité d'autres

16 personnes ?

17 R. C'était la responsable du QG du village. J'étais responsable de ces

18 gens-là, mais il y avait quelqu'un qui était chef du village aussi. Mais

19 quand il s'agissait de venir demander de l'aide, il fallait prendre contact

20 avec le chef du village.

21 Q. C'est justement ce qui vous préoccupait parce que l'unité des Aigles

22 noirs et Toger, ils venaient de l'extérieur du village, n'est-ce pas ?

23 R. Oui.

24 Q. Quel âge avait Adem Hulaj ?

25 R. Au jour d'aujourd'hui, il doit avoir la soixantaine.

26 Q. Quand vous avez appris cet incident, vous n'aviez aucune information

27 sur la nature de la discussion entre Adem Hulaj et Togeri, vous n'aviez

28 aucune information sur la nature de l'incident qui les opposait ?

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1 R. Non. Je n'avais aucun renseignement.

2 Q. Vous ignorez totalement ce qui s'est passé avant qu'Adem Hulaj ne soit

3 battu ?

4 R. Non, je n'ai pas d'autres informations en dehors de ce que j'ai dit

5 dans ma déclaration parce que je n'étais pas sur place.

6 Q. Quand vous avez parlé avec votre nièce, elle vous a raconté ce qui

7 figure dans votre déclaration, n'est-ce pas ? Est-ce que c'était la chose

8 suivante ? C'est que tout de suite après cet incident, Toger se tenait la

9 tête, avait la tête entre les mains et il disait : Mais pourquoi est-ce que

10 j'ai fait cela; n'est-ce pas ?

11 R. Il était peut-être triste de ce qu'il avait fait -- enfin, c'est une

12 supposition de ma part.

13 Q. Mais d'après les informations qui vous ont été transmises par votre

14 nièce --

15 R. Oui, oui.

16 Q. Pour vous, d'après les informations qu'elle vous a transmises, il était

17 manifeste qu'il s'agissait d'un accident, n'est-ce pas ?

18 R. C'est la manière dont on m'a expliqué la chose.

19 Q. Adem – pardon.

20 R. Oui, allez-y.

21 Q. Adem Hulaj, c'était un ami du père de Ramush, n'est-ce

22 pas, Hilmi ?

23 R. Je n'en sais rien.

24 Q. Avez-vous entendu dire qu'il y avait une discussion entre Hilmi et Adem

25 Hulaj au sujet de cet incident malheureux et qu'une solution a été trouvée

26 ?

27 R. Je ne sais rien de tout cela, je n'en sais rien.

28 M. GUY-SMITH : [interprétation] Si on m'accorde quelques instants pour

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1 parcourir ma liste de questions, j'irai encore plus vite que prévu.

2 Q. Vous allé voir cette femme dans le village --

3 M. GUY-SMITH : [interprétation] Là, je ne sais pas s'il est nécessaire de

4 passer à huis clos parce qu'il ne faut donner le nom du village.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Peut-être vaut-il mieux passer à huis

6 clos partiel.

7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

8 [Audience à huis clos partiel]

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24 [Audience publique]

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur.

26 M. GUY-SMITH : [interprétation]

27 Q. Vous dites que vous y êtes allé pour des raisons purement humanitaires

28 et pour aucune autre raison. En fait, ce qui vous préoccupait c'est que

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1 cette femme vivait seule avec ses enfants ?

2 R. Oui, elle vivait en dehors du village. Je suis allé la voir pour des

3 raisons humanitaires, pour lui demander si elle avait des problèmes, des

4 soucis.

5 Q. Quand vous êtes allé la voir, elle vous a dit que sa famille avait été

6 embêtée par des gens qu'elle ne connaissait pas, et qu'il s'agissait de

7 civils ?

8 R. Oui, dans la soirée. Je ne sais pas si elle disait la vérité.

9 Q. Qu'elle ait dit la vérité ou pas, ou qu'elle ait été sincère ou pas, en

10 tout cas, c'est là la nature des informations qu'elle vous a données ?

11 R. Oui.

12 Q. Est-ce qu'elle vous a dit qu'elle savait ou plutôt qu'elle ne savait

13 pas qui étaient ces gens ?

14 R. Oui.

15 Q. Elle vous a dit, n'est-ce pas, qu'ils s'étaient présentés disant qu'ils

16 venaient de plusieurs autres villages ?

17 R. Non, elle ne m'a pas parlé de cela. On s'est entretenu très brièvement.

18 Je n'y suis pas resté très longtemps, cela ne faisait pas partie de mes

19 attributions, c'était quelque chose qui relevait du village.

20 Q. A partir de la conversation que vous avez eue avec cette femme, est-ce

21 que vous étiez convaincu que Sokol Halilaj, le chef du village, était en

22 mesure de répondre à tout autre préoccupation qu'elle aurait eue ?

23 R. Oui. Oui, pour le moment, oui.

24 Q. Une dernière chose, ce Besim à qui vous avez parlé, si je m'abuse, il

25 avait transporté des armes en provenance d'Albanie ?

26 R. Il y est allé avec les gens du village, c'est exact.

27 Q. Il est allé avec les gens du village, pourquoi ? C'était pour amener

28 des armes pour défendre le village, n'est-ce pas ?

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1 R. Oui, c'était l'objectif principal.

2 Q. Il était ce qu'on appelle un Egyptien ?

3 R. Mais il parle albanais -- son appartenance ethnique, ça, c'est son

4 problème.

5 Q. Je comprends bien, mais il était vu comme ce qu'on appelle là-bas un

6 Egyptien, c'est-à-dire un Rom, un Gitan.

7 R. Oui, c'est comme ça qu'on l'appelait.

8 Q. Comme tout le monde dans le village, il voulait défendre le village

9 contre les attaques serbes, n'est-ce pas ?

10 R. Oui.

11 Q. Merci.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Harvey.

13 M. HARVEY : [interprétation] Bonjour, Monsieur Cekaj.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Cekaj, vous allez maintenant

15 être contre-interrogé par Me Harvey, qui est le conseil de M. Brahimaj.

16 Contre-interrogatoire par M. Harvey :

17 Q. [interprétation] Je suis le conseil de M. Brahimaj. J'ai cinq questions

18 à vous poser. Il nous reste cinq minutes. D'accord ?

19 R. D'accord.

20 Q. Je vais essayer d'être le plus bref possible, et essayez de répondre

21 par oui ou par non à mes questions, ce qui vous permettra de pouvoir

22 quitter votre siège à la fin du journée.

23 Premièrement, vous avez expliqué à Me Emmerson qu'il y avait eu une attaque

24 en août contre Jablanica. Vous nous avez dit que, selon vous, c'était le 8

25 août. Ce que je vous dis, c'est que c'est le 2 et le 3 août. Est-ce que

26 vous admettez pouvoir vous tromper ?

27 R. Je me trompe peut-être. C'est possible.

28 Q. Bien. Deusio, dans votre déclaration au paragraphe 41, pour ceux qui

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1 souhaitent suivre nos débats, vous dites, je cite :

2 "Au Kosovo même, l'UCK souhaitait que l'état-major général de l'UCK

3 se trouve à l'intérieur du Kosovo."

4 Est-il exact que vous autres, ceux qui opéraient à l'intérieur du Kosovo,

5 vous souhaitiez ardemment que l'état-major, il se trouve sur le territoire

6 du Kosovo et pas à l'extérieur du Kosovo ?

7 R. Votre question n'est pas très claire. Pourriez-vous la reformuler ?

8 Q. En juillet 1998, est-ce qu'on avait le sentiment que l'état-major

9 général était trop loin, qu'il était donc à l'extérieur à Kosovo et qu'il

10 était nécessaire qu'il se rapproche ?

11 R. C'est vrai qu'il existait une revendication, celle de voir l'état-major

12 de l'UCK sur le territoire même du Kosovo, et pas à l'extérieur.

13 Q. Vous-même à l'époque, vous n'aviez pas une idée très précise sur

14 l'endroit où se trouvait exactement le QG de

15 l'UCK ?

16 R. Ce n'est pas que ce n'était pas clair, mais on ne savait pas où cela se

17 trouvait.

18 Q. Maintenant, je vais passer au paragraphe 47 de votre déclaration, à la

19 troisième ligne -- ou plutôt, cinq lignes à partir du bas du paragraphe.

20 Vous dites, je cite :

21 "Le 12 août dans l'après-midi, les forces serbes sont revenues dans les

22 villages où elles étaient déjà venues la veille avec les unités de

23 pillards." C'est l'expression que vous utilisez, entre guillemets.

24 Est-ce que vous aviez l'impression ou est-ce que vous aviez des

25 informations selon lesquelles il existait au sein des forces serbes des

26 unités spéciales dont la mission était de piller, d'incendier et de

27 détruire les villages une fois qu'ils avaient été occupés par leurs troupes

28 ?

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1 R. Comme le -- vous l'avez déjà dit, je pense qu'il y avait des unités le

2 12 août qui sont entrées dans le village avec des pillards, des unités de

3 pillards, puis avec des formations militaires ou paramilitaires. C'est

4 exact.

5 Q. Ça ne se limite pas au 12 août, mais cela se reproduit à de nombreuses

6 reprises dans d'autres villages ?

7 R. Oui, à plusieurs reprises. Mais là, on est en train de parler de cet

8 incident-là.

9 Q. Merci. J'aimerais maintenant revenir à mon dernier sujet. Il s'agit des

10 réunions d'officiers avec qui vous avez travaillé sur le plateau de

11 Dukagjin, ou la plaine de Dukagjin.

12 Est-il exact que vous avez assisté à de nombreuses réunions, peut-être des

13 réunions où il n'y avait que peu de personnes, deux ou trois personnes,

14 parfois un peu plus, mais que vous avez assisté à un grand nombre de

15 réunions de coordination au cours de l'été 1998 ?

16 R. Oui. Il y a eu toutes sortes de réunions à divers endroits. C'est

17 exact.

18 Q. Est-ce que ça se produisait à peu près une fois par semaine ou est-ce

19 que c'était des réunions plus fréquentes ?

20 R. Une fois par semaine, deux fois par semaine, une fois tous les 15

21 jours. Tout dépendait de la situation qui évoluait.

22 Q. Maintenant, j'aimerais que l'on revienne à certains de vos propos au

23 cours de l'entretien de la transcription, page 73. Il y a un passage qui

24 m'intéresse, ce qui a trait d'un moment où il y a eu une réunion. Lahi

25 Brahimaj était là, et il a été élu commandant en second. Vous souvenez-vous

26 de cette réunion ?

27 R. C'était le 22 ou le 23 juin ?

28 Q. Le 23 juin. Vous dites, page 73, je cite :

Page 4514

1 "Nous avons été informés que Lahi Brahimaj n'était plus son adjoint,

2 mais que c'était Nazmi Brahimaj," et à ce moment-là on vous a demandé qui

3 vous avait informé de la chose, et vous avez répondu que c'était "Ramush".

4 C'était à peu près une semaine après la réunion du 23.

5 Est-ce que vous pouvez le confirmer ?

6 R. Je pense qu'il y a une erreur. Quelqu'un nous a informé, mais c'était

7 au bout de 15 jours. Il faut savoir que Lahi Brahimaj a changé de poste au

8 sein de l'état-major général. Il a été remplacé par son frère, Nazmi

9 Brahimaj.

10 Q. Vous avez dit, page 74, qu'ensuite, vous n'avez plus revu Lahi

11 Brahimaj ?

12 R. Lahi Brahimaj est allé à l'état-major général de l'UCK.

13 Q. Une dernière chose. Page 75, vous dites :

14 "Plus tard, il s'est présenté comme étant le directeur financier de

15 l'état-major général, et il ne participait plus aux réunions." Est-ce que

16 vous en convenez ? Il ne participait plus aux réunions, les réunions

17 auxquelles vous participiez, vous, en tant qu'officier dans la zone de

18 Dukagjin ?

19 R. Je crois qu'il occupait les fonctions que vous avez décrites.

20 Q. Merci beaucoup.

21 R. Je vous en prie.

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Maître Harvey. J'ai du mal à

23 trouver à la page 75 le passage que vous avez cité, et en particulier, ce

24 qui a trait au fait qu'il a cessé de participer aux réunions.

25 M. HARVEY : [interprétation] C'est la quatrième ligne à partir du bas de la

26 page - pour l'interprète - je cite : "Il ne participait plus aux réunions."

27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, d'accord, merci.

28 Monsieur Kearney, il faut vraiment que vous vous concentriez sur

Page 4515

1 l'essentiel.

2 M. KEARNEY : [interprétation] Tout à fait, j'ai trois questions extrêmement

3 brèves. Pendant que je pose la première question, peut-être pourrait-on

4 présenter la pièce 318 ?

5 Nouvel interrogatoire par M. Kearney :

6 Q. [interprétation] Monsieur Cekaj, pour revenir à la dernière question

7 qui vous a été posée par Me Harvey, après le 23 juin, est-ce que vous être

8 retourné à Jablanica ?

9 R. Vous voulez dire après le 23 juin ?

10 Q. Oui.

11 R. Oui, oui, j'y suis retourné.

12 Q. J'aimerais vous remontrer la carte 318 au sujet de laquelle on vous a

13 posé beaucoup de questions pendant le contre-interrogatoire. J'ai une seule

14 question à vous poser. Si je vous ai bien entendu, si je vous ai bien

15 écouté pendant le contre-interrogatoire, est-il exact qu'à partir de la fin

16 du mois d'avril et jusque même en début septembre, l'UCK était en mesure de

17 se déplacer librement dans cette zone, sauf lorsqu'il y avait des

18 offensives serbes; est-ce exact ?

19 R. Oui. Mais pendant les périodes de guerre, à l'exception d'août et

20 septembre -- ou plutôt, à l'exception de septembre -- enfin, c'était

21 possible pendant les autres mois, mais tout dépendait de la situation.

22 M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi, ligne 12, là, il y a un

23 problème pour la réponse à côté du mot "mois."

24 Oui, en fait, il y a écrit "à l'exception de," et ensuite, il y a

25 quelque chose qui n'est pas bien clair.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un instant, je vous prie.

27 Est-ce que vous pourriez poser la question au témoin, "à l'exception

28 du mois de," puis, "septembre," qui est le premier mois que vous avez

Page 4516

1 mentionné en disant qu'il -- c'était un mois au cours duquel il n'y avait

2 pas la guerre ?

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Pendant les mois où il n'y avait pas

4 d'offensives serbes, les unités ou les membres de l'UCK pouvaient se

5 déplacer.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson --

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Parce que c'était la guerre, bien sûr.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Quand un signe comme celui que vous avez

9 remarqué apparaît au compte rendu d'audience, il faut savoir que cela va

10 faire l'objet d'une vérification, une relecture du compte rendu d'audience.

11 Monsieur Kearney.

12 M. KEARNEY : [interprétation]

13 Q. On va parler de l'offensive d'août, Monsieur Cekaj, ne parlons plus des

14 dates exactes. Mais est-il exact que cette offensive sur le terrain n'a

15 duré que deux journées successives, n'est-ce pas ?

16 R. Elle a pris fin le 12. Il n'y a pas eu d'autre offensive avant le mois

17 de septembre. Pendant ce temps, l'UCK et la population sont revenues pour

18 rétablir la vie normale.

19 M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi --

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'espère que c'est très important parce

21 que M. Kearney n'a que trois questions.

22 M. EMMERSON : [interprétation] Je ne pense pas que M. Kearney ait bien

23 résumé la déposition du témoin quand il dit que l'offensive n'a durée que

24 deux jours consécutifs sur le terrain. Le témoin nous a dit qu'il y avait

25 eu une offensive du 7 et du 8 jusqu'au 12.

26 M. KEARNEY : [interprétation] C'est ce que j'essaie de déterminer.

27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kearney, allez-y.

28 M. KEARNEY : [interprétation]

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1 Q. Monsieur Cekaj, je vous parle de cette offensive d'août, de l'offensive

2 sur le terrain, je ne parle pas du pilonnage. Je parle de la phase

3 terrestre de cette opération. Est-il exact que les Serbes sont entrés dans

4 les villages en question pendant une journée, qu'ils se sont retirés à la

5 nuit tombante, puis qu'ils sont revenus le lendemain avant de se retirer ?

6 Est-ce que c'est bien ce qui s'est passé ?

7 R. Oui, c'est exact. Il est exact qu'ils sont entrés en venant de

8 Baballoq, Gllogjan -- ils venaient de l'est -- Shaptej, et de l'autre côté

9 Prilep, Carrabreg au sud-ouest, ils sont allés jusqu'à Irzniq. Ils ont

10 rempli leur mission, ensuite ils se sont retirés le 12.

11 Q. Pour terminer, on vous a interrogé au sujet de la formation suivie par

12 les Aigles noirs. Pendant l'interrogatoire principal, vous avez dit qu'ils

13 s'entraînaient sur un terrain communal au nord-est de Gllogjan. Qui vous

14 l'a dit ?

15 R. Je n'étais pas là. C'est ce que j'ai supposé.

16 Q. Mais est-ce que vous connaissiez personnellement des membres de l'unité

17 des Aigles noirs ?

18 R. Il y avait aussi les jeunes du village que je connaissais, puis il y

19 avait aussi des gens de villages environnants.

20 Q. Est-ce que vous leur avez parlé des 646 activités des Aigles noirs ?

21 R. On n'a eu que très peu de contacts.

22 M. KEARNEY : [interprétation] Merci, je n'ai plus de questions.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur Kearney.

24 [La Chambre de première instance se concerte]

25 Questions de la Cour :

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai quelques questions à vous poser.

27 J'espère que cela ne nous prendra pas trop longtemps.

28 Dans votre village, y avait-il d'autres personnes qui avaient le même nom

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1 que vous, Shemsedin, Cekaj ou Ceku, ou êtes-vous le seul à porter ce prénom

2 et ce patronyme ?

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas de traduction. Monsieur le

4 Président, je n'ai pas entendu votre question.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais la répéter.

6 Donc, dans votre village, y a-t-il une autre personne ou d'autres personnes

7 qui porteraient le même prénom et patronyme que vous -- donc, une autre

8 personne qui s'appellerait aussi Shemsedin Cekaj ou Ceku ?

9 R. Non.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, pourrions-nous passer maintenant à

11 huis clos partiel ?

12 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

13 [Audience à huis clos partiel]

14 (expurgé)

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1 (expurgé)

2 (expurgé)

3 (expurgé)

4 (expurgé)

5 [Audience publique]

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une dernière question. Lorsque M.

7 Kearney vous a demandé où s'entraînaient les Aigles noirs, vous avez dit

8 que vous avez plus ou moins deviné qu'ils s'entraînaient à l'endroit que

9 vous avez mentionné.

10 Alors, sur quoi est-ce que vous vous basiez pour émettre cette

11 hypothèse ?

12 R. Parce que c'est un endroit tout à fait adéquat pour entraîner des

13 soldats, étant un soldat moi-même, je trouvais que c'était un endroit

14 parfait pour entraîner des soldats de l'UCK. C'est pour cela que j'ai émis

15 cette hypothèse.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Il n'y a plus de questions et il

17 n'y a plus de questions non plus suite aux questions des Juges.

18 Donc, Monsieur Cekaj, vous en avez terminé avec votre déposition. Je tiens

19 à vous remercier d'être venu pour répondre à toutes les questions qui vous

20 étaient posées par les deux parties ainsi que par les juges, et je vous

21 souhaite un bon retour chez vous. Mme l'Huissière va vous raccompagner en

22 dehors du prétoire.

23 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

24 [Le témoin se retire]

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kearney, le problème du

26 planning, je pense qu'il n'est pas utile d'en parler dans ce prétoire.

27 Avez-vous autre chose à demander ?

28 M. KEARNEY : [interprétation] J'ai quelques points de logistique, j'ai

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1 quelques pièces à verser.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, dans ce cas-là, nous ferons tout

3 cela la semaine prochaine. S'il y a encore des documents qui n'ont pas reçu

4 de cotes, on va leur donner une cote pour identification, mais sinon, tout

5 le reste nous pourrons le faire la semaine prochaine.

6 M. EMMERSON : [interprétation] Il y a un ou deux documents que je

7 souhaiterais verser au dossier au prétoire, je n'ai pas laissé de temps

8 pendant mon contre-interrogatoire pour le faire.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'est pas grave, ces documents ont

10 été utilisés, ceux qui n'ont pas reçu de cote, c'est autre chose. Je

11 voulais juste savoir s'il restait encore des documents qui avaient été

12 utilisés et qui n'avaient pas eu de cote provisoire pour identification.

13 Mais visiblement, il n'y en a pas.

14 Donc, je tiens à remercier les interprètes, les techniciens, la

15 sténotypiste, les vigiles, tous ceux qui nous ont aidé à terminer le

16 témoignage de ce témoin aujourd'hui, ainsi il n'a pas besoin de rester

17 pendant tout le week-end uniquement pour répondre à deux ou trois

18 questions.

19 Je vous remercie et nous réglerons le problème du planning hors

20 prétoire.

21 Nous allons reprendre donc le lundi 21 mai 2007, à 14 heures 15, dans

22 le prétoire numéro I sous réserve, bien sûr, que nous arrivons à nous

23 mettre d'accord au niveau du planning. Merci.

24 --- L'audience est levée à 19 heures 12 et reprendra le lundi 21 mai 2007,

25 à 14 heures 15.

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