Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mercredi 8 décembre 2010

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 11 heures 47.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bonjour à toutes et à tous.

  7   Veuillez accepter nos excuses pour vous avoir fait attendre, cela est dû à

  8   un problème de logistique.

  9   Commençons.

 10   Que le témoin prononce sa déclaration solennelle, s'il vous plaît.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 12   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 13   LE TÉMOIN : SEAD BESIC [Assermenté]

 14   [Le témoin répond par l'interprète]

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez vous asseoir, Monsieur Becic.

 16   Oui, Monsieur Gaynor.

 17   M. GAYNOR : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 18   Interrogatoire principal par M. Gaynor :

 19   Q.  [interprétation] Monsieur le Témoin, veuillez vous présenter, s'il vous

 20   plaît.

 21   R.  Je suis Sead Besic.

 22   Q.  Quelle est votre profession maintenant ?

 23   R.  Je travaille au MUP du canton de Sarajevo. Je travaille au niveau de la

 24   police scientifique et technique et je suis inspecteur.

 25   Q.  Vous êtes déjà venu déposer devant ce Tribunal dans les procès contre

 26   Stanislav Galic, Dragomir Milosevic, et Momcilo Perisic; est-ce exact ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Vous avez fourni des dépositions au bureau du Procureur de par le passé

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  1   ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Je pense pouvoir affirmer que vous avez eu l'occasion de relire votre

  4   déclaration consolidée qui reprend vos déclarations préalables; est-ce que

  5   cela est exact ?

  6   R.  Oui.

  7   M. GAYNOR : [interprétation] 65 ter, 22060, s'il vous plaît, peut-on

  8   l'afficher ?

  9   Q.  Voyez-vous la page de garde s'afficher à présent, la page de garde qui

 10   correspond à votre déclaration consolidée, Monsieur Besic ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  La version consolidée reflète-t-elle de manière véridique votre

 13   déposition préalable et ici aujourd'hui l'on vous interrogeait sur les

 14   mêmes sujets répondriez-vous de la même manière ?

 15   R.  Oui.

 16   M. GAYNOR : [interprétation] Je demande que la version consolidée de la

 17   déclaration soit versée au dossier.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 19   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P1966.

 20   M. GAYNOR : [interprétation] Je donnerai lecture du résumé très bref de la

 21   déclaration de M. Besic.

 22   M. Besic était un technicien de la police scientifique et technique à

 23   Sarajevo au centre des services de Sécurité du MUP de la République de

 24   Bosnie-Herzégovine. Il a pris aux enquêtes portant sur les incidents de

 25   pilonnage et de tir de tireurs embusqués à Sarajevo. M. Besic a préparé des

 26   croquis de photographie, des enregistrements vidéo des lieux de crime, et

 27   il a aussi recueilli des éléments de preuve physiques. Sa déposition porte

 28   sur les enquêtes relatives au pilonnage de la zone résidentielle de

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  1   Dobrinja du 4 février 1994, le pilonnage du marché de Markale, du 5 février

  2   1994, ainsi que du 28 août 1995, ainsi que l'incident de tir isolé du 18

  3   novembre 1994.

  4   S'agissant de l'incident du marché de Markale du 4 février 1994, à

  5   savoir le Markale I où 66 personnes ont trouvé la mort, et plus de 140 ont

  6   été blessées, M. Besic affirme que, pendant l'examen initial du point

  7   d'impact, le stabilisateur ne pouvait pas être vu, n'était pas visible au-

  8   dessus du niveau de sol. M. Besic a pris part au nettoyage de la zone

  9   autour du point d'impact. Le stabilisateur a été enlevé par la suite par

 10   les hommes, les membres français de la FORPRONU, et a été fourni à M.

 11   Besic. M. Besic confirme que le lieu du crime, y compris une partie du

 12   travail des membres de la FORPRONU consistant à enlever le stabilisateur, a

 13   été enregistré par un de ses collègues, à l'aide d'une caméra vidéo.

 14   M. Besic a pris part à l'enquête du pilonnage du marché de Markale du

 15   28 août 1995, à savoir le Markale 2, où 43 personnes ont été tuées et 75

 16   ont été blessées. M. Besic a pris toute une série de photographies et a

 17   réalisé un diagramme du lieu de l'incident.

 18   M. Besic a pris part également à l'enquête portant sur l'incident de

 19   tireurs embusqués qui est visé à l'acte d'accusation, à l'incident du 18

 20   novembre 1994, où Dzenana [phon] Sokolovic et son fils, Nermin Divovic, ont

 21   essuyé des tirs pendant qu'ils marchaient le long de Zmaja Od Bosne.

 22   Dzenana Sokolovic a été blessée, son fils a été tué.

 23   Au moment de l'incident, ils rentraient à la maison de Hrasno, ils y

 24   étaient allés afin de trouver du bois de chauffage, la vielle. M. Besic

 25   devait prendre des photographies, et réaliser le diagramme de l'endroit.

 26   Donc, Monsieur Besic, je vais vous interroger uniquement sur les

 27   incidents de Markale I et II. Alors pour commencer, avec Markale I, je

 28   demande une vidéo qui a été versée au dossier. Il s'agit de la pièce P1711.

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  1   Je souhaite qu'on la visionne, s'il vous plaît. Nous commençons au début,

  2   et nous allons continuer jusqu'à 11 secondes.

  3   [Diffusion de la cassette vidéo]

  4   M. GAYNOR : [interprétation]

  5   Q. Monsieur Besic, pouvez-vous nous décrire ce que nous voyons, à

  6   l'image ?

  7   R.  Oui, c'est le marché Markale I. La photographie nous montre les dégâts,

  8   des étales renversées, et nous pouvons également me voir, moi-même. Je suis

  9   là, cette figure que vous voyez, c'est moi.

 10   M. GAYNOR : [interprétation] 2 minutes, 33 secondes à présent, s'il vous

 11   plaît.

 12   [Diffusion de la cassette vidéo]

 13   M. GAYNOR : [interprétation] Est-ce que vous pouvez continuer, s'il vous

 14   plaît ? Faites un arrêt sur image. Nous sommes arrêtés donc à 2 minutes 38

 15   secondes.

 16   Q.  Que voit-on ici, Monsieur Besic ?

 17   R.  C'est le centre de l'explosion de l'obus de mortier, l'on voit le

 18   matériel qui a été jeté à cet endroit. Après le nettoyage, on verra

 19   beaucoup mieux le centre de l'explosion de cet obus.

 20   Q.  Etait-ce une approche routinière que vous aviez de nettoyer ces

 21   endroits pendant vos enquêtes, donc le lieu de l'impact ?

 22   R.  Oui, c'est une manière habituelle de procéder pour pouvoir bien

 23   distinguer le centre de l'explosion et les dégâts portés sur l'asphalte,

 24   ainsi que pour bien voir la direction de l'arrivée du projectile.

 25   Q.  Comment vous y êtes pris pour nettoyer cette zone autour de l'obus ?

 26   R.  Très concrètement, à cet endroit-là, comme je n'avais pas vraiment de

 27   balai, de balayette, j'ai utilisé un torchon. Une espèce de torchon de

 28   serpillière pour enlever ces divers objets. Il y avait des morceaux de

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  1   tissus, du sang, j'ai enlevé tout cela.

  2   M. GAYNOR : [interprétation] Continuez, s'il vous plaît, à partir de 02:38

  3   jusqu'à 03:30.

  4   [Diffusion de la cassette vidéo]

  5   Q.  Alors généralement parlant, que vendait-on au Markale, en février 1994

  6   ?

  7   R.  On pouvait trouver de la farine, de l'huile, des cigarettes, des

  8   briquets sur ce marché, puis des installations de gaz aussi, tout

  9   l'équipement nécessaire à cela. Il n'y avait quasiment pas de fruits ni de

 10   légumes, en fait.

 11   M. GAYNOR : [interprétation] La régie, peut-elle nous faire entendre la

 12   bande son de la vidéo, s'il vous plaît, pour le reste, les 15 secondes à

 13   venir, s'il vous plaît ? Je voudrais qu'on les voie,  et écoutez, s'il vous

 14   plaît, les voix, Monsieur Besic, écoutez attentivement.

 15   [Diffusion de la cassette vidéo]

 16   M. GAYNOR : [interprétation] Arrêtez à 3 minutes 45 secondes.

 17   Q.  Avez-vous entendu les voix ?

 18   R.  J'ai entendu la voix.

 19   Q.  Qui était la personne qui parlait ?

 20   R.  C'était ma voix. Je m'adresse au juge, je lui demande de donner

 21   l'autorisation de nettoyer ce centre de l'explosion, pour qu'on enlève tous

 22   les objets qui s'y trouvent, pour pouvoir bien voir le centre de

 23   l'explosion.

 24   Q.  Donc vous n'avez pas commencé à nettoyer l'endroit avant d'avoir reçu

 25   l'autorisation du juge, pour le faire ?

 26   R.  Mais il faut savoir que tout ce qui a été fait et tout ce qui est fait

 27   sur les lieux de l'incident ne peut être fait sans avoir l'aval du juge

 28   d'instruction.

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  1   Q.  Sur la droite à l'écran devant vous, l'on voit des ciseaux. Est-ce que

  2   vous pouvez nous dire pourquoi on trouverait des ciseaux à cet endroit, à

  3   votre avis ?

  4   R.  Je suppose que ces ciseaux étaient tombés d'un étale, parce qu'on

  5   vendait tout et n'importe quoi au marché. Les gens, ils mettaient en vente

  6   n'importe quoi pour avoir un paquet de cigarettes, un litre d'huile, un

  7   kilo de farine, du sucre, des pâtes. Donc je suppose que ces ciseaux sont

  8   probablement tombés par terre depuis une table, il n'y a pas d'autre

  9   raison.

 10   M. GAYNOR : [interprétation] 6 minutes 38 secondes, à présent, s'il vous

 11   plaît.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant.

 13   M. GAYNOR : [aucune interprétation]

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous n'avons pas entendu

 15   l'interprétation de cette voix qui demande l'autorisation, mais je ne pense

 16   pas que la Défense le conteste. Très bien. Merci.

 17   M. GAYNOR : [interprétation] Merci. Nous reprendrons donc à 6 minutes 38

 18   secondes.

 19   [Diffusion de la cassette vidéo]

 20   M. GAYNOR : [interprétation] Arrêtez, s'il vous plaît, à 6 minutes 42.

 21   Q.  Que voyez-vous à l'écran, Monsieur Besic ?

 22   R.  On voit le centre de l'explosion de cet obus de mortiers, l'on voit les

 23   traces sur la surface asphaltée, et l'on a nettoyé précisément pour pouvoir

 24   mieux voir ces traces, parce que c'est sur elle que l'on s'appuie pour

 25   déterminer la direction de tirs. En fait, ces bâtons qui sont -- ces

 26   baguettes, qui sont disposés pour constituer un T, ces baguettes permettent

 27   de déterminer la direction par rapport aux traces que l'on détecte dans

 28   l'asphalte. Ça permet aux experts balistiques de faire leur travail.

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  1   Q.  Est-il exact de dire que vous n'étiez pas appelé à déterminer la

  2   direction de tirs ?

  3   R.  C'est vrai. C'était le travail des experts en balistique. C'était leur

  4   devoir.

  5   Q.  Vous souvenez-vous qui était-ce, les experts en balistique qui ont

  6   travaillé là, sur place ?

  7   R.  Mirza Sabljica, et puis l'autre qui est décédé, je n'arrive pas à

  8   retrouver son nom.  

  9   M. GAYNOR : [interprétation] Très bien. Est-ce que l'on peut visionner à

 10   partir de 08:37 jusqu'à 08:47, s'il vous plaît ?

 11   [Diffusion de la cassette vidéo]

 12   M. GAYNOR : [interprétation] Arrêtez à 08:47, s'il vous plaît.

 13   Q.   Alors que voyez-vous à l'écran, à présent, Monsieur Besic ?

 14   R.  Le centre même de l'explosion de l'obus de mortiers, l'on voit la

 15   terre, l'asphalte et du gravier.

 16   M. GAYNOR : [interprétation] Jusqu'à 09:20, à présent, s'il vous plaît,

 17   continuez.

 18   [Diffusion de la cassette vidéo]

 19   M. GAYNOR : [interprétation] Arrêt sur image, juste avant 09:20.

 20   Q.  Pourriez-vous décrire aux Juges de la Chambre ce que vous voyez là, ce

 21   que vous avez vu dans cette partie de la vidéo ?

 22   R.  Dans cette partie de la vidéo, nous avons vu le nettoyage du centre de

 23   l'explosion. Après avoir enlevé l'asphalte, le gravier, des grumeaux de

 24   terre, l'on a repéré, l'on a trouvé le stabilisateur d'un obus de mortier

 25   de 120 millimètres.

 26   Q.  Est-ce qu'il y a eu des employés du MUP de BiH qui auraient pris part à

 27   l'enlèvement de ce gravier, et qui ont participé à cette action qui a

 28   consisté à enlever le stabilisateur ?

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  1   R.  L'on voit que c'était des membres de la FORPRONU. Plus concrètement,

  2   c'était des membres du Bataillon français, car nous ne voulions rien

  3   entreprendre avant leur arrivée, pour qu'eux puissent se rendre compte de

  4   leurs propres yeux, et pour qu'ils puissent, eux, sortir ce projectile,

  5   eux-mêmes.

  6   Q.  Pourquoi vous ne vouliez rien faire tant qu'ils ne s'en seraient pas

  7   aperçus eux-mêmes ?

  8   R.  Il y a eu toutes sortes de conjectures de par le passé, lorsqu'il y a

  9   eu des pilonnages, lorsqu'il y a eu des victimes, et nous avons décidé

 10   qu'il valait mieux que ce soit eux qui s'en chargent plutôt que de le faire

 11   nous-mêmes.

 12   Q.  A partir du moment où les membres du Bataillon français ont enlevé le

 13   stabilisateur, ils l'ont remis à qui ?

 14   R.  Je l'ai pris, moi-même, ce stabilisateur de l'obus de mortier et je

 15   l'ai emporté au centre de la Police scientifique et technique du CSB en

 16   tant que preuve matérielle. Il a été enregistré dûment dans notre registre

 17   et il a été déposé dans la pièce où les preuves sont conservées.

 18   Q.  Le lendemain, à savoir le 6 février 1994, qu'est-il advenu de ce

 19   stabilisateur ? S'est-il passé quelque chose ?

 20   R.  Oui, le 6 février, on a mis sur pied une équipe, équipe chargée

 21   d'expertise balistique. Alors cette équipe s'est rendue de nouveau sur les

 22   lieux. Les lieux avaient été sécurisés 24 heures sur 24 et mon chef,

 23   Mohammed Hadzisakovic, mon chef de l'époque, qui était à la tête de la

 24   police scientifique, il a emporté ce stabilisateur sur place, et les

 25   experts en balistique ont procédé à l'expertise, Berko Zecevic, en

 26   particulier, qui est l'auteur du rapport sur l'angle de chute de ce

 27   projectile.

 28   M. GAYNOR : [interprétation] Je propose que l'on continue de 09:20 jusqu'à

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  1   09:39, s'il vous plaît.

  2   [Diffusion de la cassette vidéo]

  3   M. GAYNOR : [interprétation]

  4   Q.  D'après vous, ces images, où ont-elles été enregistrées ?

  5   R.  Cela a été filmé à la morgue de l'hôpital de Kosevo. Tous les cadavres

  6   ont été transportés à la morgue de l'hôpital de Kosevo. Nous voyons un

  7   corps qui est étendu sur une tôle ondulée qui provient du toit d'une

  8   installation au marché. Donc en fait, les gens s'en sont servis pour

  9   transporter.

 10   Q.  [aucune interprétation]

 11   M. GAYNOR : [interprétation] Est-ce que nous pouvons continuer le

 12   visionnage pendant cinq secondes environ ?

 13   [Diffusion de la cassette vidéo]

 14   M. GAYNOR : [interprétation]

 15   Q.  Dans cet extrait, avez-vous pu voir plusieurs corps étendus sur ces

 16   morceaux de tôle utilisés pour constituer une toiture, enfin qui ont été là

 17   et qui ont servi de brancard ?

 18   R.  Oui, à plusieurs endroits, on voit ces corps qui sont posés sur ces

 19   tôles ondulées, enfin il faut savoir qu'on a pris tout ce qu'on a pu pour

 20   transporter les blessés et les morts pour les mettre dans des véhicules et

 21   les transporter au plus vite à l'hôpital, et pour certains à la morgue.

 22   M. GAYNOR : [interprétation] Nous avons fait un arrêt sur image à 10

 23   minutes 3 secondes, et nous allons aller de 19:60 jusqu'à 20 maintenant.

 24   [Diffusion de la cassette vidéo]

 25   M. GAYNOR : [interprétation]

 26   Q.  Nous voyons en bas à gauche de cet arrêt sur image, nous voyons

 27   6.2.1994, donc c'est le lendemain de l'incident; est-ce exact ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Est-ce que vous pourriez nous décrire ce que vous avez vu dans cette

  2   partie-là de la vidéo ?

  3   R.  L'on voit ici le centre de l'explosion. L'on voit les traces des dégâts

  4   au niveau du sol, de l'asphalte, c'est à la craie blanche que l'on a tracé

  5   cette partie endommagée. C'est l'équipe chargée de dresser le constat qui

  6   l'a fait. Donc l'équipe chargée du rapport balistique est chargée de

  7   déterminer la direction du tir.

  8   M. GAYNOR : [interprétation] 22 minutes 20 secondes à présent, s'il vous

  9   plaît.

 10   [Diffusion de la cassette vidéo]

 11   M. GAYNOR : [interprétation] Pourrions-nous, s'il vous plaît, avoir la

 12   vidéo. Veuillez vous arrêter, donc nous sommes à 22 minutes 28 secondes.

 13   Q.  Savez-vous à quoi correspondent ces marques qui sont sur le sol ?

 14   R.  Ecoutez, je ne suis pas expert dans ce domaine, et je n'étais pas sur

 15   place à l'époque, mais la flèche indique le nord, 18 degrés, nord. Alors,

 16   je ne sais pas si c'est l'angle d'impact ou si c'est 18 degrés du nord vers

 17   l'est. Je ne suis pas sûr mais ce qui est certain c'est que la flèche, elle

 18   indique le nord, et le 18 degrés indique sans doute la direction d'où

 19   venait le projectile.

 20   M. GAYNOR : [interprétation] Pourrions-nous maintenant avoir la vidéo de 26

 21   minutes 32 secondes à 26 minutes et 54 secondes.

 22   [Diffusion de la cassette vidéo]

 23   M. GAYNOR : [interprétation]

 24   Q.  Pourriez-vous nous décrire ce que vous avez vu dans cette séquence

 25   vidéo ?

 26   R.  On voit à nouveau le centre de l'impact, là où l'obus de mortier a

 27   explosé, et ceci a été filmé par mon collègue Suad Dzumisic, donc c'est une

 28   vue de près et puis précédemment on voyait en fait la zone vue du haut d'un

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  1   bâtiment --

  2   Q.  En se basant sur cela et sur votre expérience en tant qu'enquêteur,

  3   avez-vous pu tirer la conclusion que le projectile avait explosé lorsqu'il

  4   a touché un toit ou alors est-ce qu'il a explosé lorsqu'il a touché le sol

  5   ?

  6   R.  On voit ces dégâts occasionnés à l'asphalte, mais le contact c'était

  7   sur le toit qui était juste au-dessus, mais on voit du fait des dégâts

  8   infligés par le projectile et aussi l'emplacement on a trouvé le

  9   stabilisateur qu'il s'agit ici du centre d'impact c'est donc le centre

 10   d'impact de cet obus de mortier.

 11   Q.  Bien. Nous allons passer aux photographies maintenant. Donc vous avez

 12   compilé, n'est-ce pas, un recueil de photographies à propos de cet incident

 13   de Markale I ?

 14   R.  Oui.

 15   M. GAYNOR : [interprétation] Puis-je avoir sur l'écran la pièce P1709.

 16   Q.  S'agit-il de la page de garde de ce dossier de recueil de photographies

 17   portant sur Markale I que vous avez compilé vous-même ?

 18   R.  Oui, en effet, c'est le document.

 19   Q.  Monsieur Besic, je pense que l'on peut dire que ce recueil de

 20   photographies divisé en trois volets. Premièrement, les photographies de

 21   l'emplacement même où a eu lieu l'incident, deuxièmement photographies du

 22   stabilisateur, et ensuite photographies des corps trouvés à la morgue,

 23   corps des victoires donc; c'est bien cela ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Pouvez-vous nous dire quelles sont les photographies que vous avez

 26   prises vous-même en ce qui concerne donc ces trois volets ?

 27   R.  J'ai pris les photographies du premier volet donc tout ce qui a trait à

 28   l'emplacement même. En ce qui concerne le deuxième volet c'est Suad

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  1   Dzumisic, qui s'est occupé de ces photographies au laboratoire et il y a

  2   aussi fait des photographies avec l'échelle. Ensuite un Miralem Sarvan a

  3   pris les photographies des victimes à la morgue. Donc vu des circonstances

  4   et vu l'ampleur de l'incident, il y avait énormément de blessés donc il y

  5   avait plusieurs équipes, l'une qui travaillait à l'hôpital, l'autre

  6   travaillait sur place, et cetera.

  7   M. GAYNOR : [interprétation] Pourrions-nous avoir maintenant la page 8 de

  8   ce recueil enfin que nous puissions aussi voir la légende ?

  9   Q.  Donc pourriez-vous nous dire exactement ce que l'on voit sur cette

 10   photographie ?

 11   R.  Bien, comme la légende le dit, on voit l'emplacement de l'impact de cet

 12   obus de mortier photographié après que l'on ait nettoyé cette zone de tous

 13   les objets qu'on y retrouvait.

 14   Q.  Très bien.

 15   M. GAYNOR : [interprétation] Pourrions-nous passer à la page 12 maintenant

 16   ? Donc il s'agit de la photographie numéro 11 du dossier de photographique.

 17   Q.  Maintenant pourriez-vous nous dire ce que l'on voit ici ?

 18   R.  Ecoutez, on voit encore le centre de l'explosion, et la légende dit :

 19   "Après avoir déblayé la zone de l'impact de cet obus de mortier, le

 20   stabilisateur équipant un obus de mortier de calibre 120."

 21   M. GAYNOR : [interprétation] Très bien. Pourrions-nous maintenant avoir la

 22   page 09620A de la liste 65 ter ? Il s'agit de la page 4.

 23   Q.  Donc hier, lorsque vous êtes venu, Monsieur Besic, vous avez donné des

 24   photographies qui sont, en fait, des impressions des originaux qui -- que

 25   vous avez employés pour fabriquer ce recueil ?

 26   R.  Oui, tout à fait. Je l'ai emmené avec moi, parce que nous avons les --

 27   dans nos archives, nous avons des films qui relatent tous ces événements,

 28   tout ce qui a été filmé pendant la guerre, et il est facile de prendre des

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  1   arrêts sur image pour faire des clichés.

  2   M. GAYNOR : [interprétation] Pourrions-nous, s'il vous plaît, faire un

  3   agrandissement du centre de la photographie à droite, qui est donc la

  4   photographie que M. Besic vient de nous apporter ? Comme vous le voyez,

  5   Monsieur -- Madame, Messieurs les Juges, la qualité de la photographie

  6   apportée par M. Besic est bien meilleure. C'est les mêmes photographies, en

  7   fait, mais nous avons maintenant des images qui sont de bien meilleure

  8   qualité. Donc voici ce que je voudrais faire. Nous voudrions télécharger

  9   ces photographies que M. Besic vient de nous apporter, et les intégrer à la

 10   pièce qui porte la cote qu'elle a déjà. Vous pouvez ainsi les regarder,

 11   bien sûr, et la Défense aussi a reçu des copies de ces photographies. Ce

 12   sont exactement les mêmes.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Y a-t-il des objections de la Défense ?

 14   Je pense que nous allons donc faire droit à votre requête.

 15   M. GAYNOR : [interprétation] Je vous remercie. Nous allons donc procéder au

 16   téléchargement.

 17   Pourrions-nous voir la photographie suivante, la photographie 12 que l'on

 18   trouvera à la page 13, et nous n'avons plus besoin des photographies qui

 19   sont à l'écran.

 20   Q.  Pourriez-vous nous dire de quoi il s'agit, Monsieur Besic ?

 21   R.  C'est donc le stabilisateur de projectile, cette extrémité à ailette

 22   que l'on peut trouver. Donc il a été photographié lorsqu'il était au

 23   laboratoire criminologique, et photographié en noir et blanc. On voit, d'un

 24   côté, une règle qui indique les centimètres, donc c'est toujours ainsi que

 25   l'on photographie ce type de pièce afin d'avoir une bonne idée de la taille

 26   qu'elles ont.

 27   M. GAYNOR : [interprétation] Pourrions-nous avoir la pièce suivante --

 28   photo suivante ?

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  1   Q.  Que voit-on à l'écran ?

  2   R.  C'est toujours la même pièce, mais vue d'un autre angle, photographiée

  3   sous un autre angle. Donc on voit le détonateur, et on voit les marquages

  4   qui sont gravés sur ce détonateur.

  5   M. GAYNOR : [interprétation] Pourrions-nous avoir la pièce 010457 ?

  6   Monsieur le Greffier, pourriez-vous nous montrer la pièce en tant que tel,

  7   puisque vous l'avez ? Pourrions-nous montrer la pièce au témoin ?

  8   Q.  Monsieur Besic -- Monsieur le Témoin, pouvez-vous reconnaître l'objet ?

  9   R.  Oui, oui, c'est l'objet en question, en effet.

 10   Q.  [aucune interprétation]

 11   R.  Il y avait une autre -- un autre cercle qui était ici -- enfin, un

 12   autre ruban qui avait été attaché là, avec marquage que nous avions fait

 13   pour notre -- nos besoins d'archivage, qui n'est pas là, mais c'est bien

 14   l'objet.

 15   Q.  Il s'agit bien du stabilisateur que vous avez retrouvé en ce qui

 16   concerne l'incident Markale I ?

 17   R.  Oui, c'est en effet le stabilisateur.

 18   Q.  Merci, Monsieur Besic. Nous allons maintenant passer à l'incident de

 19   Markale II. Vous avez --

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur -- je suis

 21   désolé, Monsieur Gaynor, d'interrompre, mais juste pour que vous puissiez

 22   vous organiser, nous avons commencé un peu tard, mais nous aurons -- nous

 23   ferons notre pause à 12 heures 40. Donc nous avons encore dix minutes, et

 24   nous ferons une pause d'une demi-heure. Vous avez donc dix minutes devant

 25   vous.

 26   M. GAYNOR : [interprétation] Oui. J'ai oublié de verser au dossier le

 27   stabilisateur de l'incident Markale I. Donc il a déjà été versé au dossier

 28   dans l'affaire Galic. Si j'ai bien compris, on ne peut pas verser la même

Page 9421

  1   pièce dans deux procès différents. Nous allons donc plutôt verser la

  2   photographie de cette pièce.

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, enfin, c'est pour des raisons

  4   logistiques.

  5   M. GAYNOR : [interprétation] Oui, oui, enfin, je suis convaincu que

  6   l'affaire Galic est complètement terminé, mais cela fait partie du dossier

  7   de cette affaire-là. Donc on ne peut pas, pour cela, réutiliser cette

  8   pièce.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien. Puisque c'est cela, nous allons

 10   procéder comme vous nous l'avez indiqué, à moins qu'il n'y ait une

 11   objection. Pourrions-nous avoir une cote…

 12   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P1967.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, enfin, ça ne va pas être l'objet

 14   lui-même, mais la photographie représentant le stabilisateur.

 15   M. GAYNOR : [aucune interprétation]

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Cela dit, il sera toujours possible

 17   d'aller récupérer le stabilisateur, si besoin est, à un moment ou à un

 18   autre.

 19   M. GAYNOR : [interprétation] Oui, de toute façon, il sera toujours sous la

 20   garde du Greffe.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien.

 22   M. GAYNOR : [interprétation]

 23   Q.  Nous allons maintenant passer à Markale II; quelles étaient vos

 24   fonctions, à l'époque ?

 25   R.  Lorsque cet incident est intervenu, les travaux des agents chargés des

 26   scènes de crime, c'est de prendre des photographies de la scène,

 27   d'enregistrer aussi sur film, de collecter tous les éléments de preuve qui

 28   pourraient s'avérer utiles dans le cadre de l'enquête. Ici, donc une équipe

Page 9422

  1   a été organisée. Nous nous sommes rendus sur place, sur la scène de

  2   l'incident, et nous avons effectué notre travail. Comme vous voyez, suite

  3   de toutes les pièces jointes qui existent dans le dossier, s'ils n'avaient

  4   pas fait notre travail, il n'y aurait pas de documentation photographie, il

  5   n'y aurait pas de croquis, pas de projectile, et cetera. Donc c'est à ça

  6   que ça sert, ce travail de police.

  7   Q.  Oui. C'est vous, personnellement, qui avez pris les photographies de

  8   l'emplacement de l'incident de Markale II, le jour même ?

  9   R.  Oui, c'est moi qui ai pris ces photos, et c'est mon collègue qui s'est

 10   occupé d'enregistrer le film. Donc, moi, je prenais des photos, et mon

 11   collègue filmait.

 12   M. GAYNOR : [interprétation] Pourrions-nous avoir la pièce 65 ter 09533 ?

 13   Q.  A l'écran à votre droite, Monsieur Besic, vous voyez donc un panneau,

 14   qui est en fait un montage photographique, qui montre un panoramique d'une

 15   scène; de quoi s'agit-il exactement ?

 16   R.  Cette photo a été prise à partir du deuxième étage d'un bâtiment qui

 17   surplomb le marché de Markale. Donc il s'agit, comme je l'ai dit, d'un

 18   cliché panoramique qui a été monté à partir de quatre photographies. Donc

 19   on voit les taches de sang, beaucoup de débris, et on voit aussi le centre

 20   d'impact, le point d'impact de l'obus de mortier.

 21   Q.  Qui a pris ces photos ?

 22   R.  C'est moi, et c'est moi qui les ai montées pour obtenir ce panorama.

 23   M. GAYNOR : [interprétation] Puis-je demander le versement au dossier de

 24   cette pièce ?

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 26   M. LE GREFFIER : [interprétation] Elle recevra la cote P1968.

 27   M. GAYNOR : [interprétation] Je vais maintenant vous montrer deux séquences

 28   vidéo qui concernent cet incident. Tout d'abord, la pièce 65 ter 40102.

Page 9423

  1   [Diffusion de la cassette vidéo]

  2   M. GAYNOR : [interprétation]

  3   Q.  Nous nous sommes arrêtés donc au code horaire, 1 minutes 23 secondes.

  4   Monsieur Besic, qu'avons-nous vu sur cette vidéo, sur ce passage-là ?

  5   R.  Ecoutez, nous avons vu une scène épouvantable. Nous avons pu voir

  6   combien de personnes ont été touchées. Les gens essayaient de courir pour

  7   aller s'entraider. Que dire.

  8   Q.  De quel incident s'agit-il ?

  9   R.  C'est l'incident appelé Markale II, dans la rue Mustafe Beseskije. Donc

 10   c'est la rue qui sert d'entrée et de sortie au marché.

 11   M. GAYNOR : [interprétation] Pourrions-nous maintenant avoir les trois

 12   prochaines secondes, donc de 1 minute 23 à 1 minute 26.

 13   [Diffusion de la cassette vidéo]

 14   M. GAYNOR : [interprétation]

 15   Q.  Voyiez-vous dans cette séquence vidéo un homme qui déplace une

 16   bicyclette, Monsieur Besic ? Si vous voulez, je peux rejouer la scène.

 17   R.  Oui, oui, je l'ai vu. Cet homme déplace sans doute sa bicyclette pour

 18   pouvoir sortir un corps. Parce qu'on voit que tout le monde essaie, que les

 19   gens essaient de s'entraider.

 20   M. GAYNOR : [interprétation] Pourriez-vous maintenant avoir la séquence

 21   jusqu'à trois minutes 20 secondes.

 22   [Diffusion de la cassette vidéo]

 23   M. GAYNOR : [interprétation] Vous pouvez arrêter la vidéo, s'il vous plaît.

 24   Q.  --

 25   M. GAYNOR : [interprétation] Nous sommes arrêtés à 3 minutes et 25 secondes

 26   et huit dixième.

 27    Q.  Ici, Monsieur Besic, on voit les corps des morts et des blessés, de

 28   certains morts et certains blessés embarqués à bord de véhicules.

Page 9424

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Pourriez-vous nous décrire le type de véhicules qui ont été employés

  3   qui d'habitude étaient employés pour évacuer des morts et des blessés des

  4   lieux où des pilonnages avaient eu lieu ?

  5   R.  Ecoutez, comme vous le voyez, il y a une Volkswagen Golf, il y a une

  6   Jugo, c'est-à-dire une voiture produite sur place. Il y avait aussi des

  7   véhicules appartenant au journal local.

  8   Q.  Mais la routine, la procédure habituelle était-elle de laisser les

  9   corps des morts sur le lieu de l'incident ou autre chose. Enfin, lorsque je

 10   parle de procédure habituelle, je parle de la procédure qui a été

 11   habituellement employée lors d'incident de pilonnage.

 12   R.  Ecoutez, lorsqu'il y avait beaucoup de blessés, beaucoup de victimes,

 13   évidemment, la première de priorités c'est de venir en aide aux personnes,

 14   de les transférer à l'hôpital de Kosevo, le plus vite possible, pour qu'ils

 15   puissent être accueillis par les médecins qui procédaient au triage. Ceux,

 16   qui étaient morts à l'arrivée, partaient à la morgue, et puis il fallait

 17   aider les autres. C'est la pratique habituelle, la procédure habituelle

 18   lorsqu'on est en guerre.

 19   M. GAYNOR : [interprétation] Pourrions-nous faire la pause maintenant ?

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Nous allons faire la pause et nous

 21   reprendrons dans une demi-heure, à 13 heures 15.

 22   --- L'audience est suspendue à 12 heures 42.

 23   --- L'audience est reprise à 13 heures 56.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je présente à chacun toutes mes excuses

 25   pour ce retard. Il y a eu un problème de communication avec les Juges.

 26   Donc, Monsieur Gaynor, poursuivons.

 27   M. GAYNOR : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 28   Je demande que l'on diffuse le reste de la vidéo que nous regardions avant

Page 9425

  1   la pause, 35 secondes qui restent.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] J'indique à chacun que nous allons

  3   poursuivre notre travail jusqu'à 14 heures 55.

  4   [Diffusion de la cassette vidéo]

  5   M. GAYNOR : [interprétation]

  6   Q.  Je voudrais vous poser quelques questions au sujet de cette courte

  7   séquence, Monsieur Besic. D'abord, je pense qu'à un certain moment, nous

  8   voyons un soldat, n'est-ce pas, et plus tard, je vous montrerai d'ailleurs

  9   une autre séquence avec d'autres soldats ? Est-ce que, personnellement,

 10   vous vous êtes rendu au marché de Markale très souvent en 1994 et 1995 ?

 11   R.  Oui. Les gens qui allaient à Markale étaient très nombreux. Tout le

 12   monde allait à Markale, des gens qui portaient l'uniforme ou des gens qui

 13   ne portaient pas d'uniforme. Markale, c'était un marché où l'on pouvait

 14   trouver toutes sortes d'articles très divers, et donc toutes sortes de gens

 15   allaient à Markale, en uniforme ou pas.

 16   Q.  Pourriez-vous expliquer aux Juges de la Chambre, en vous fondant sur

 17   vos observations personnelles, si le marché de Markale était avant tout

 18   fréquenté par des civils ou avant tout fréquenté par des militaires ?

 19   R.  C'est un lieu qui est destiné normalement aux civils mais étant donné

 20   la situation qui prévalait dans la ville à ce moment-là, tout le monde

 21   utilisait le marché de Markale, y compris des gens qui portaient

 22   l'uniforme. Normalement, c'était un lieu qui aurait dû être majoritairement

 23   réservé aux civils mais étant donné les circonstances, il était fréquenté

 24   par des gens en uniforme également.

 25   M. GAYNOR : [interprétation] Je demande le versement au dossier de ce toute

 26   vidéo, Monsieur le Président.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Toute la vidéo, n'est-ce pas ?

 28   M. GAYNOR : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. La dernière

Page 9426

  1   séquence que nous avons diffusée allait de 3 minutes 25 à 4 minutes.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] La vidéo est admise.

  3   M. LE GREFFIER : [interprétation] Et devient la pièce P1969, Monsieur le

  4   Président, Madame, Monsieur les Juges.

  5   M. GAYNOR : [interprétation] J'aimerais maintenant que nous passions à une

  6   vidéo qui a déjà été versée au dossier et qui est la pièce P1450. Je me

  7   propose d'en diffuser quelques extraits. Je demande à présent la diffusion

  8   de la première minute de cette vidéo.

  9   Les sauveteurs appellent de temps en temps du renfort des personnes

 10   présentes parce qu'ils ont trouvé un corps qui était encore envie.

 11   M. GAYNOR : [interprétation] Nous avons cessé la diffusion à 48 secondes.

 12   Q.  Monsieur Besic, il a été affirmé de façon très répétitive devant cette

 13   Chambre que nombre des corps trouvés à l'issue des incidents Markale I et

 14   Markale II étaient des cadavres qui avaient été amenés là à partir du front

 15   et que c'était donc des corps sans vie. Je vous demanderais si vous pouvez

 16   commenter cette affirmation.

 17   R.  Il est difficile de commenter cela. On voit sur les images tout ce qui

 18   s'est passé. A l'époque, diverses histoires ont circulé selon lesquelles

 19   des cadavres auraient été installés là après y avoir été amenés à partir

 20   d'un autre lieu, mais sur les images, on voit ce qui s'est passé. Ici, si

 21   les cadavres avaient été amenés déjà sans vie sur les lieux, les gens qu'on

 22   a vus sur les images ne se seraient pas comportés comme ils l'ont fait.

 23   Vous avez vu cet homme à qui il manquait la jambe à partir du genou. Si

 24   vous regardez d'autres enregistrements, vous verrez d'autres parties de

 25   membres humains. Mais il y a eu toutes sortes d'histoires qui ont circulé.

 26   Cela dit, les faits sont là, n'est-ce pas ?

 27   Q.  Personnellement, est-ce que vous avez eu l'expérience d'échanges de

 28   corps qui étaient déjà sans vie depuis quelque temps ?

Page 9427

  1   R.  Oui. Nous avons souvent eu à travailler à la morgue de l'hôpital de

  2   Kosevo. Les cadavres arrivaient de partout et la police était tenue

  3   d'appliquer la procédure habituelle à ces cadavres et de décrire l'état de

  4   ces cadavres après examen. Ces cadavres qui étaient reçus à la morgue en

  5   vue d'un échange présentaient un aspect tout à fait différent.

  6   Q.  Expliquez brièvement en quoi ils étaient si différents.

  7   R.  Si nous regardons les photographies des cadavres qui ont été apportés à

  8   la morgue à partir du marché de Markale après les incidents Markale I et

  9   Markale II, on constate qu'il s'agit de cadavres plus frais, qui ne sont

 10   pas recouverts de terre ou de diverses souillures, et dont la peau est

 11   encore lisse, alors que les cadavres qui étaient reçus en vue d'échange

 12   étaient des cadavres en très mauvais état dont la peau était flétrie et qui

 13   était recouvert de pas mal de boue ou de terre, et ils étaient dans des

 14   housses mortuaires, et cetera.

 15   Q.  Pouvez-vous expliquer à peu près à quel moment vous avez participé

 16   vous-même à un échange de cadavres ?

 17   R.  Le travail pour la police consistait, lorsque les cadavres étaient

 18   reçus à l'hôpital de Kosevo, en vue d'un échange d'envoyer sur place une

 19   équipe en général, mes collègues et moi-même nous nous rendions à

 20   l'hôpital. Nous prenions des photos, nous faisions des enregistrements, et

 21   établissions des documents, et au bout d'un certain temps, il fallait

 22   parvenir à identifier les cadavres. Voilà ce que nous avons fait en 1992,

 23   1993, 1994, 1995 jusqu'à la fin.

 24   M. GAYNOR : [interprétation] Je demande maintenant qu'on diffuse la

 25   séquence qui va de 1 minute 30 secondes à 1 minute 50 secondes.

 26   [Diffusion de la cassette vidéo]

 27   M. GAYNOR : [interprétation] On peut s'arrêter là.

 28   Q.  Pourriez-vous, Monsieur Besic, nous dire quel est le bâtiment qu'on

Page 9428

  1   voit sur l'écran maintenant ?

  2   R.  C'est l'entrée septentrionale de Markale à partir de la rue Mula

  3   Mustafe --

  4   L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas entendu le nom.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] L'entrée nord du marché. A partir de

  6   l'ancienne rue du maréchal Tito qui porte aujourd'hui le nom de Mula

  7   Mustafe Baseskije.

  8   M. GAYNOR : [interprétation]

  9   Q.  Pour préciser les choses et pour que les Juges puissent suivre

 10   parfaitement, pourriez-vous expliquer ce que vous entendez exactement par

 11   "l'entrée septentrionale" ? Donc c'est la partie du bâtiment qui fait face

 12   au nord, n'est-ce pas ?

 13   R.  C'est la partie nord du marché de Markale, l'endroit au nord du marché

 14   où on trouve une entrée/une sortie du marché, parce qu'il y en a une autre,

 15   une sortie/une autre entrée au sud du marché à partir de la rue Vase

 16   Miskina. Mais l'entrée nord c'est la principale entrée, c'est celle qui se

 17   situe au niveau de la Mula Mustafe Baseskije, et il y a deux autres entrées

 18   latérales, qui ne sont pas utilisées.

 19   Q.  Le lieu d'impact à l'issue de l'incident Markale I, à quelle distance

 20   était-il du lieu d'impact à l'issue de l'incident Markale II ?

 21   R.  A une distance de 100, 150 mètres, pas plus, dans la même rue, Mula

 22   Mustafe Baseskije.

 23   M. GAYNOR : [aucune interprétation]

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pour que tout soit clair, l'entrée que

 25   nous venons de voir dans la vidéo correspond à l'entrée que l'on voit sur

 26   le montage photographique panoramique, n'est-ce pas, Monsieur Besic ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, oui.

 28   M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]

Page 9429

  1   M. GAYNOR : [interprétation]

  2   Q.  Par rapport à l'image que vous avez à l'écran devant vous, à quelle

  3   distance se trouve le lieu d'impact de la porte du marché, de l'entrée, à

  4   peu près ?

  5   R.  Sous cet angle, le lieu d'impact se trouve sur la droite à 4 ou 5

  6   mètres à peu près.

  7   M. GAYNOR : [interprétation] Je demande la diffusion de la suite de la

  8   vidéo.

  9   [Diffusion de la cassette vidéo]

 10   M. GAYNOR : [interprétation] 

 11   Q.  Pourriez-vous décrire les images que l'on voit sur cet arrêt sur image

 12   ?

 13   R.  Oui. On voit ici un corps. D'après les commentaires entendus, il

 14   s'agirait d'un soldat, c'est un corps revêtu d'un uniforme, il est donc

 15   probable que ce soit un soldat qui est venu là pour acheter quelque chose,

 16   ou qui passait par là et qui a été touché.

 17   M. GAYNOR : [interprétation] Cette image se situe à 2 minutes 30 secondes.

 18   Q.  Est-ce qu'à quelque moment que ce soit vous avez reçu un renseignement

 19   qui permettrait de penser que l'un ou l'autre de ces soldats -- de ces

 20   corps de soldats auraient été placés à cet endroit ?

 21   R.  Non, parce que dans cette partie de la ville qui est proche du marché,

 22   il n'y a pas un seul lieu où ce serait trouvé des membres des forces

 23   armées. En tout cas, moi, je n'avais pas connaissance de l'existence d'un

 24   tel lieu dans le voisinage. Par ailleurs, il y a, bien sûr, un foyer de

 25   l'armée qui se trouve à 500 mètres de distance. Dans le voisinage de

 26   l'endroit où ce sont déroulés les incidents Markale I et Markale II, il n'y

 27   a pas de bâtiment qui aurait abrité des membres de l'ABiH.

 28   Q.  Est-ce que vous avez été informé de quelque renseignement permettant de

Page 9430

  1   penser que l'un ou l'autre des cadavres de soldats auraient été placés en

  2   ce lieu ?

  3   R.  Non. Non, je ne suis pas au courant de cela.

  4   Q.  D'accord.

  5   M. GAYNOR : [interprétation] Je demande maintenant la diffusion du reste de

  6   la vidéo jusqu'à 3 minutes et 7 secondes.

  7   [Diffusion de la cassette vidéo]

  8   M. GAYNOR : [interprétation] Arrêt sur image, je vous prie.

  9   Q.  Monsieur Besic, pouvez-vous confirmer quelle est la porte que l'on voit

 10   là sur l'image à 3 minutes 7 secondes ?

 11   R.  La même chose que tout à l'heure. C'est l'entrée/sortie du marché, au

 12   nord du marché qui donne sur la rue Mula Mustafe Baseskije.

 13   M. GAYNOR : [interprétation] J'aimerais maintenant que l'on passe

 14   directement à 3 minutes 40 secondes et qu'on diffuse les 20 secondes qui

 15   suivent.

 16   [Diffusion de la cassette vidéo]

 17   M. GAYNOR : [interprétation] Arrêt sur image, je vous prie. Nous nous

 18   sommes arrêtés à 4 minutes et 2 secondes.

 19   Q.  Pouvez-vous dire ce que l'on voit dans cet extrait de la vidéo ?

 20   R.  On voit quelle était la situation au moment où nous sommes arrivés. On

 21   voit également des représentants des Nations Unies. Le lieu avait, en

 22   majeure partie, été déjà nettoyé, les cadavres et les blessés avaient été

 23   enlevés, et le lieu avait été sécurisé par la police. Nous avons continué

 24   en faisant notre travail en vue de déterminer les faits dans cet incident.

 25   M. GAYNOR : [interprétation] 30 secondes de diffusion supplémentaire, je

 26   vous prie.

 27   [Diffusion de la cassette vidéo]

 28   M. GAYNOR : [interprétation] Arrêt sur image. L'arrêt s'est effectué à 4

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  1   minutes et 35 secondes.

  2   Q.  Pouvez-vous décrire ce qui s'est passé dans cet extrait, Monsieur Besic

  3   ?

  4   R.  Sur ces images, on voit des représentants des Nations Unies, qui

  5   effectuent des mesures depuis le centre depuis le lieu d'impact où s'est

  6   produit l'explosion jusqu'au mur nord du marché de Markale, tout près de

  7   l'entrée du marché. On voit des marques. C'est à la craie blanche qui

  8   indique le lieu endommagé au point d'impact, au centre de l'explosion.

  9   M. GAYNOR : [interprétation] J'aimerais maintenant qu'on passe à 6 minutes

 10   45 secondes, et qu'on diffuse la fin de la vidéo.

 11   [Diffusion de la cassette vidéo]

 12   M. GAYNOR : [interprétation]

 13   Q.  Monsieur Besic, d'après ce que vous comprenez, que se passe-t-il dans

 14   les images que l'on voit à la fin de cette vidéo ?

 15   R.  La liste des personnes, qui ont été touchées et qui sont à l'hôpital de

 16   Kosevo, a été publiée. On voit une femme qui parle et qui appelle les noms

 17   en disant à quel endroit se trouvent les corps correspondant à ces noms, la

 18   majorité de ces corps ayant été emmenés au département d'orthopédie, ce qui

 19   permet de penser que les blessures ont principalement affecté les membres,

 20   les extrémités.

 21   Q.  Je vous remercie. Donc c'était la fin de la vidéo relative à Markale

 22   II. Je voudrais simplement préciser quelques détails au sujet des

 23   photographies que vous nous avez données hier.

 24   Est-il exact que vous avez donné des photographies qui concernent les

 25   fichiers photographiques issus de l'incident Markale I, de l'incident

 26   Markale II, et de l'incident qui a eu lieu à Dobrinja, le 4 février 1994 ?

 27   R.  Oui.

 28   M. GAYNOR : [interprétation] Monsieur le Président, les photos que nous

Page 9432

  1   avons reçues de M. Besic concernent, pour certaines, mais pas toutes, les

  2   trois incidents qui viennent d'être évoqués. Ce sont, pour certaines, des

  3   photographies qui ont déjà été versées au dossier. Nous avons téléchargé

  4   ces -- les photographies dont nous disposions. J'aimerais donc lire, pour

  5   le compte rendu d'audience, le numéro 65 ter de ces photographies de

  6   meilleure qualité que nous venons de recevoir, et qui, pour leur part, ont

  7   été téléchargées dans le prétoire électronique.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.

  9   M. GAYNOR : [interprétation] S'agissant de la pièce P1709, qui se trouve

 10   déjà dans le fichier photographique relatif à Markale I, les photographies

 11   reçus de M. Besic sont le numéro 65 ter 09620A. Pour la pièce P1926 qui est

 12   déjà dans le fichier photographique relatif à Markale II, les photos reçus

 13   de M. Besic constituent le document 65 ter numéro 09900A. Enfin, s'agissant

 14   de la pièce P1707 qui est dans le fichier photographique relatif à

 15   l'incident de Dobrinja, à savoir l'incident G-7, les photographies reçues

 16   de M. Besic constituent le document 65 ter numéro 09624A.

 17   Je demande le versement au dossier de ces trois documents 65 ter, et

 18   j'aimerais également pouvoir traiter des autres pièces associées, Monsieur

 19   le Président.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Qu'entendez-vous par "demander le

 21   versement" ? Est-ce que vous voulez qu'elles remplacent les photographies

 22   déjà versées ?

 23   M. GAYNOR : [interprétation] Non, non, non. Les photographies actuelles

 24   existeront toujours, puisque ce sont les photographies officielles qui se

 25   trouvent dans le fichier photographique du dossier de l'espèce. Mais ces

 26   dernières photographies reçues de M. Besic sont des photos de meilleure

 27   résolution que les anciennes, principalement.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous voulez parler de la pièce 9620A,

Page 9433

  1   9900A et 9624A ?

  2   M. GAYNOR : [interprétation] Oui, ce sont bien les trois numéros 65 ter de

  3   ces nouvelles pièces.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Elles sont admises.

  5   M. LE GREFFIER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président,

  6   Madame, Monsieur les Juges. Le document 65 ter 09620A devient la pièce

  7   P1970, le document 65 ter 09900A devient la pièce P1971, et le document 65

  8   ter 09624A devient la pièce P1972. Je vous remercie.

  9   M. GAYNOR : [interprétation] S'agissant maintenant du reste des pièces

 10   associées, nous avons souligné, dans les écritures soumises en rapport avec

 11   M. Besic, le 22 octobre - je crois que c'est la bonne date - nous avons

 12   donc indiqué les numéros de pièce à conviction de ces pièces associées qui

 13   ont déjà été versées au dossier, et il y en a deux autres qui ont été

 14   admises. Il y a donc deux nouvelles pièces associées qui ont été admises

 15   depuis le dépôt de nos écritures. Je voudrais donc indiquer quelles sont

 16   ces pièces, si vous le souhaitez, Monsieur le Président.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Allez-y.

 18   M. GAYNOR : [interprétation] Les pièces associées, qui n'ont pas encore été

 19   admises, sont le document 65 ter numéro 09619, numéro 10457, numéro 10228,

 20   numéro 09899, numéro 10226, et numéro 09910. Je demande donc le versement

 21   de ces documents en tant que pièces associées.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous avons déjà parlé du document 10407,

 23   c'est le document existant, n'est-ce pas ?

 24   M. GAYNOR : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. C'est exact. Je

 25   vous remercie. Le Greffier -- Monsieur le Président, le Greffe affectera à

 26   ces documents les numéros de pièce à conviction appropriés en temps utile.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Qu'en est-il du numéro 9910 ? Ah

 28   oui, vous l'avez évoqué à la fin. Je pense que cela correspond aux éléments

Page 9434

  1   que nous possédons. Je vous remercie.

  2   M. GAYNOR : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président. Ceci

  3   met un point final à l'interrogatoire principal.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Gaynor.

  5   Monsieur Besic, vous allez maintenant être interrogé par M. Karadzic.

  6   Monsieur Karadzic, veuillez, je vous prie, commencer votre contre-

  7   interrogatoire.

  8   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous remercie.

  9   Contre-interrogatoire par M. Karadzic :

 10   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Besic.

 11   R.  Bonjour.

 12   Q.  Je voudrais vous poser quelques questions qui préciseront un peu les

 13   choses pour commencer. Vous êtes donc membre de la police depuis 1975 ?

 14   R.  Oui, depuis le 1er mars 1975, et j'ai travaillé en tant que technicien

 15   chargé des scènes de crime depuis 1987.

 16   Q.  Il faut que nous ménagions des pauses.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] C'est ce que je voulais dire. Monsieur

 18   Besic, étant donné que les questions et les réponses doivent être

 19   interprétés en anglais et dans l'autre langue officielle des Nations Unies,

 20   qui est en usage au Tribunal, je vous demanderais de ménager une pause

 21   brève entre la fin des questions et le début des réponses. Merci.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

 23   M. KARADZIC : [interprétation]

 24   Q.  Ces 12 dernières années, quel était votre travail, ou quelle était

 25   votre fonction ?

 26   R.  J'ai continué à travailler au sein de la police, mais dans les services

 27   techniques.

 28   Q.  Merci. Lorsque vous êtes entré dans cette branche de la police, qui est

Page 9435

  1   celle des techniciens chargés des scènes de crime, vous avez commencé à

  2   être chargé de faire les constatations indispensables sur les lieux des

  3   crimes, n'est-ce pas ? Est-ce que c'était le département chargé des

  4   Homicides, ou quoi ?

  5   R.  Quand j'ai commencé à travailler dans ce domaine, j'ai dû suivre un

  6   stage de six mois, et j'ai donc terminé ce stage, et en 1988, j'ai commencé

  7   à travailler de façon active dans le cadre des enquêtes menées sur les

  8   lieux. En général, il s'agissait de lieux où s'étaient produits des

  9   homicides, des vols, des cambriolages, des accidents de la route, ou

 10   d'autres types de crimes et incidents.

 11   Q.  Merci. Combien d'homicides avez-vous traité dans le cadre d'une

 12   enquête, avant le début de la guerre, ou disons, avant Markale -- non,

 13   avant le début de la guerre ?

 14   R.  Pendant les quatre ans en question, j'ai eu à travailler dans le cadre

 15   d'enquêtes relatives à quatre crimes de sang. C'était des cas qui étaient

 16   encore assez rares, à l'époque, les crimes de sang, et il fallait procéder

 17   à des enquêtes très sérieuses et très spécifiques.

 18   Q.  Je vous remercie. Tout ceci, tout ce travail s'effectuait dans le cadre

 19   des enquêtes, qui étaient diligentées et qui ensuite devaient donner lieu à

 20   comparution devant un tribunal pour application des dispositions de la loi

 21   pénale, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Merci. Il y avait dans ce cadre un certain nombre d'obligations à

 24   respecter et un certain nombre de règles à appliquer dans le traitement des

 25   corps sur place, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Merci.

 28   Maintenant, revenons à Markale I. Vous avez participé à ce travail de

Page 9436

  1   constatation sur place. Alors je vous pose la question suivante : Lorsque

  2   vous êtes arrivé au marché, après l'incident Markale I, j'aimerais savoir à

  3   quelle heure, à quel moment vous y êtes arrivé et en compagnie de qui ?

  4   R.  Après l'incident de Markale I, une fois que l'annonce de cet

  5   incident s'est faite - et elle s'est faite dans les dix minutes - une

  6   équipe a été composée avec le juge d'instruction, le procureur, les agents

  7   responsables d'enquête criminelle, les techniciens, les policiers, et en 14

  8   à 15 minutes, nous nous sommes trouvés sur les lieux. Au moment où nous

  9   sommes arrivés, la scène avait déjà été sécurisée par les policiers du

 10   poste de police de Stari Grad.

 11   Q.  Merci. Lorsque vous dites "sécurisée," qu'est-ce que cela

 12   implique précisément, la sécurisation d'une scène de ce genre ?

 13   R.  Cela implique que la scène est sécurisée, c'est-à-dire que les gens se

 14   voient interdits l'entrée sur la scène, de façon à ce qu'aucune

 15   modification de la scène ne se produise, et qu'elle reste en l'état. C'est

 16   un travail qui était accompli par les policiers, dépendant de la direction

 17   de la police de Stari Grad. Ils ne laissaient aucun passant, aucun civil

 18   pénétrer sur les lieux.

 19   Q.  Suis-je en droit de dire que l'incident s'est produit à 12 heures 20,

 20   je veux parler de l'explosion, 12 heures 20, n'est-ce pas? Je vais vous

 21   aider un peu.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Penchons-nous sur le document 65 ter, numéro

 23   09634, dont je demande l'affichage. Donc en serbe, nous avons besoin de la

 24   page 5, et en anglais, c'est la page 4.

 25   M. KARADZIC : [interprétation]

 26   Q.  Dans le premier paragraphe de ce document, nous voyons que vous avez

 27   été averti de l'incident à 13 heures 20.

 28   R.  Oui, c'est bien cela, 13 heures 20.

Page 9437

  1   L'ACCUSÉ : [interprétation] Maintenant penchons-nous sur ce rapport

  2   d'enquête, pièce 9622, de la liste 65 ter, donc la 9622.

  3   M. KARADZIC : [interprétation]

  4   Q.  Donc le rapport sur l'enquête qui déclare qu'entre 13 heures 25 et 16

  5   heures, un examen du site Markale a été effectué, examen par les personnels

  6   chargés des scènes de crime et par les personnels de la police judiciaire.

  7   R.  Oui. Je pense qu'à cinq minutes près, c'est bon. L'enquête a commencé à

  8   13 heures 30 et a terminé à 16 heures, et il est écrit aussi que

  9   l'explosion a eu lieu à 13 heures. Donc il y a une petite divergence en

 10   matière de temps, de cinq à dix minutes.

 11   Q.  Bien. Donc en dix minutes, vous avez réussi à mettre sur pied une

 12   équipe et à vous rendre sur cette scène; c'est bien cela ?

 13   R.  Non. L'examen a été -- l'équipe a été mise sur pied, est arrivée sur

 14   place en 40 minutes.

 15   Q.  Oui, mais regardez la dernière phrase du paragraphe. Le projectile est

 16   tombé aux environs de 12 heures 20, or, on vous en a informé à 13 heures

 17   20, et à 13 heures 30, vous étiez déjà sur scène; c'est bien cela, sur les

 18   lieux; c'est cela ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  C'est un peu étrange quand même que l'on vous informe de cet incident

 21   une heure après que le projectile soit tombé ?

 22   R.  Nous avons été avertis, le centre de communication a été averti par

 23   radio qu'un projectile était tombé, qu'un grand nombre de personnes a été

 24   blessé, et l'équipe a été mise sur pied en application de la chaîne de

 25   commandement. Un juge est nommé, et ensuite l'équipe se rend sur scène, les

 26   lieux de l'incident. Au vu du type d'incident, il se peut qu'il y ait des

 27   erreurs qui se soient glissées dans ce rapport.

 28   Q.  Dans le document précédent, il était écrit que vous avez été averti à

Page 9438

  1   13 heures 20, et que vous aviez atteint les lieux de l'incident à 13 heures

  2   30 donc, et dans aucun des documents, on ne conteste le fait que

  3   l'explosion a eu lieu à 12 heures 20. Alors que s'est-il passé pendant

  4   toute cette heure, avant que vous ne soyez informés ?

  5   R.  Nous ne sommes pas tous dans le même bâtiment. Les procureurs se

  6   trouvent dans un bâtiment, les juges sont ailleurs, la police est encore

  7   installée dans un autre bâtiment. Donc il nous fallait du temps pour mettre

  8   sur pied l'équipe. Le procureur qui était de service, le juge d'instruction

  9   qui était de service. Il y avait les agents aussi qui devaient participer à

 10   l'enquête, il nous a fallu à peu près 40 minutes pour mettre sur pied

 11   l'équipe, et puis la scène était à 500 à 700 mètres du bâtiment de la

 12   police.

 13   Q.  Oui, mais je ne vois pas ces 40 minutes. Moi, ce que je vois c'est que

 14   l'obus est tombé à 12 heures 20, vous avez été informé à 13 heures 20,

 15   ensuite vous vous êtes rendu pratiquement tout de suite sur place, ce qui

 16   fait que vous n'avez pas perdu énormément de temps. Mais il y a des gens

 17   précédemment qui ont perdu du temps, une heure entière. Alors que s'est-il

 18   passé pendant cette heure, pouvez-vous nous le dire ?

 19   R.  Non, je ne peux pas vous le dire.

 20   Q.  Avez-vous -- étiez-vous accompagné d'un photographe ou d'une personne

 21   qui a filmé ?

 22   R.  Oui, il fait partie de l'équipe. Donc il s'agit d'un membre de la

 23   police scientifique, un technicien, il prend les vidéos. Il y avait

 24   d'autres membres de l'équipe.

 25   Q.  Mais combien de caméraman  avez-vous emmené ?

 26   R.  Un, Suad -- Suad Djumisic.

 27   Q.  Y avait-il d'autres personnes qui enregistraient la scène sur vidéo ?

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pourriez-vous donner le nom de cette

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  1   personne qui a pris la vidéo, qui a enregistré la séquence sur vidéo,

  2   puisqu'il s'agit d'un Suad, mais l'interprète de la cabine anglaise n'a pas

  3   saisi le nom de cette personne.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Je me suis trompé entre Markale I et Markale

  5   II. C'était Sadikovic, Zlatan, qui a fait la vidéo pour Markale I.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pourriez-vous nous épeler ce nom de

  7   famille, Sadikovic -- Zlaten Sadikovic ? Veuillez épeler le nom pour qu'il

  8   soit consigné correctement au compte rendu.

  9   Je pense qu'il est écrit correctement maintenant, n'est-ce pas, Sadikovic ?

 10   M. KARADZIC : [interprétation]

 11   Q.  Monsieur Besic, j'ai besoin d'une confirmation. Est-ce que le nom de

 12   famille de cette personne est bien épelé, au compte rendu, Sadikovic ?

 13   R.  Oui. Zlatan Sadikovic.

 14   Q.  Merci. Donc cette personne, est-il venu avec vous, et faisait-il partie

 15   de l'équipe officielle, c'est le photographe officiel ?

 16   R.  Oui, il faisait partie de l'équipe à l'époque. Il travaillait au CSB,

 17   et il s'occupait du développement de la pellicule, et des photos dans le

 18   laboratoire photographique. Il s'occupait aussi de la caméra vidéo, et il

 19   était souvent -- il était parfois présent sur certaines enquêtes sur site,

 20   pour nous aider.

 21   Q.  Donc vous l'avez emmené avec vous, il vous a accompagné ?

 22   R.  Oui, il faisait partie de l'équipe.

 23   Q.  Lorsque vous êtes arrivé sur place, à Markale, l'évacuation des blessés

 24   et des tués, était-elle terminée ?

 25   R.  Oui. La scène avait été libérée, tout avait été évacué. Les corps des -

 26   - les corps des morts, les blessés aussi avaient été évacués. Il ne restait

 27   plus que des membres, des morceaux de -- du sang, des tissus humains.

 28   Q.  Donc c'est à ça qu'on s'est occupé pendant cette heure-là, j'imagine ?

Page 9440

  1   R.  Oui, on voit, au point de l'impact, lorsqu'il y a l'explosion, on voit

  2   dans la vidéo qu'il y a une espèce de chaos, les gens qui vont, viennent,

  3   les véhicules qui vont, qui arrivent, qui emmènent les gens, qui emportent

  4   les gens, pour qu'ils soient soignés. Je ne sais pas, ça a dû prendre --

  5   c'est sans doute cela qui a dû prendre à peu près 40 minutes, voire une

  6   heure.

  7   Q.  En tant que technicien de la police scientifique, ça ne vous a pas gêné

  8   qu'on vous fasse venir, et que l'on ne vous avertisse qu'une fois la scène

  9   totalement dégagée ? Ça ne vous paraissait pas bizarre et illégal ?

 10   R.  Non, non. On n'a pas vraiment fait très attention à cet aspect des

 11   choses. Il y avait beaucoup de monde, beaucoup de cadavres. Il y avait des

 12   gens qui avaient besoin d'être soignés rapidement. Bien sûr, bon, ce n'est

 13   peut-être pas la procédure parfaite en application de la loi, mais il

 14   s'agit d'un acte humanitaire issu d'un problème humanitaire. C'est ainsi

 15   qu'il fallait procéder. C'est vrai, la loi demande que l'on laisse le

 16   cadavre sur place, il y en a un ou deux. Mais là, ça s'applique uniquement

 17   en temps de paix. En temps de guerre, les circonstances sont différentes.

 18   Q.  Donc si je vous ai bien compris, les blessés -- il fallait s'occuper

 19   des blessés immédiatement mais, normalement, les morts auraient dû être

 20   laissés sur place pour les suites de l'enquête ?

 21   R.  C'est ce qui se passe en temps de paix. Mais en temps de guerre, on a

 22   surtout à l'esprit des considérations humanitaires. C'était un cas de force

 23   majeure. Puis lorsqu'il y a ce type d'incident, il n'y a pas présence de la

 24   police tout de suite. Il faut quand même s'occuper immédiatement des gens.

 25   C'est les gens qui sont plus importants que tout.

 26   Q.  Savez-vous qui apporté des secours aux blessés, aux morts, en premier,

 27   lors de Markale I ?

 28   R.  Moi non plus, je n'étais pas sur place. C'est impossible que je sois

Page 9441

  1   sur place, donc comme tout le monde, j'ai vu ce qui s'est passé à la

  2   télévision, j'ai vu ce qui s'est passé par les vidéos. J'ai vu qu'il y a

  3   des gens qui sont venus immédiatement à l'aide des autres, des gens qui

  4   étaient au marché, qui étaient au marché, qui n'étaient pas blessés, c'est

  5   ces gens-là qui sont venus aider les autres, ceux qui avaient eu la chance

  6   de ne pas être blessés eux-mêmes.

  7   Q.  Mais en fait, c'est principalement les soldats et les policiers qui

  8   étaient sur place qui se sont livrés à ces premiers secours ?

  9   R.  Ecoutez, j'ai déjà dit qu'il s'agit qui est ouvert à tous, ce n'est pas

 10   un marché qui serait destiné uniquement aux civils ou uniquement aux

 11   soldats. Tout le monde va au marché, et pour ce qui est de la police, il y

 12   a souvent des policiers pour éviter les vols et ce genre d'activités. Quant

 13   aux membres de l'armée qui étaient présents, ils étaient sans doute en

 14   permission, et sont venus au marché pour acheter des cigarettes, pour

 15   échanger des choses, échanger des cigarettes pour avoir de la farine, par

 16   exemple, ou pour avoir de l'huile.

 17   Q.  Pouvez-vous nous dire combien de personnes ont été blessées ?

 18   R.  C'est difficile à dire, car il y a beaucoup de temps qui s'est écoulé.

 19   Au départ, on a parlé de 60 personnes. En fait, il y en avait 35 à 40 à la

 20   morgue -- il y avait 35 à 40 cadavres à la morgue, et l'estimation des

 21   blessés était un peu fluctuante. Je ne peux pas vous dire s'ils étaient 58

 22   ou 60.

 23   Q.  Combien de blessés, 200 ?

 24   R.  A peu près 200. Un peu plus, un peu moins. Je ne sais pas, je n'ai

 25   jamais appris le chiffre exact.

 26   Q.  Donc c'est des personnes qui étaient sur le marché, qui ont eu la

 27   chance, comme vous l'avez dit, de ne pas être ni blessés, ni tués, qui sont

 28   venus à leur secours; c'est ça ?

Page 9442

  1   R.  Un grand nombre de gens se sont précipités vers eux, peut-être par

  2   voyeurisme, mais aussi pour essayer de venir à leur secours. Les gens, qui

  3   étaient dans le coin, ont accouru vers le marché, dès que l'incident a eu

  4   lieu.

  5   Q.  Oui, un grand nombre d'entre eux n'ont pas été blessés par des

  6   fragments ?

  7   R.  Oui, il y avait un grand nombre.

  8   Q.  Donc, on peut dire qu'il y avait près de 400 à 500 personnes, au moment

  9   -- à ce moment-là ?

 10   R.  Oui, il y avait très certainement beaucoup de gens au marché. C'est un

 11   marché qui est assez étendu, et il y aurait très bien pu y avoir 300, 400

 12   personnes sur place. Le marché peut facilement -- sur ce marché, il devait

 13   facilement y avoir plus de

 14   1 000 personnes. Donc, je serais d'accord avec vous pour dire qu'il y avait

 15   entre 400 et 500 personnes au marché, ce jour-là.

 16   Q.  Je vous ai posé une question, et je n'ai jamais eu de réponse. J'ai

 17   voulu savoir s'il y avait un seul cameraman ou plusieurs cameramen.

 18   R.  En ce qui concerne la police, il n'y en avait qu'un, Zlatan Sadikovic,

 19   c'était le seul. S'il y avait d'autres personnes qui filmaient, ils

 20   n'auraient pu filmer que de loin.

 21   L'ACCUSÉ : [interprétation] Pourrions-nous avoir à l'écran la pièce 65 ter

 22   numéro 40125 ? Il s'agit d'une pièce qui a déjà été versée au dossier,

 23   c'est la P1711. Pourrions-nous avoir les séquences suivantes, donc d'abord

 24   de 1 minute 05 à 1 minute 17, puis, de 5 minutes 03 à 5 minutes 11.

 25   M. KARADZIC : [interprétation]

 26   Q.  Savez-vous, tout d'abord, quel genre de produits on pourrait acheter à

 27   Markale qui serait le type de produits qui attireraient plus de 500

 28   personnes ?

Page 9443

  1   [Diffusion de la cassette vidéo]

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Comme vous le voyez, il y a un grand nombre de

  3   produits qui sont vendus, des vêtements, et cetera. Si vous pensez que

  4   c'est juste un marché de fruits et légumes, ce n'est pas du tout le cas.

  5   Chaque étale présentait quelque chose de différent. Donc si on prend en

  6   compte le nombre de vendeurs et le nombre de personnes qui sont venues pour

  7   acheter ou pour faire des échanges, on peut facilement arriver à plus de

  8   500 personnes.

  9   M. KARADZIC : [interprétation]

 10   Q.  Mais ici, sur cette séquence, on voit qu'il n'y a qu'un cinquième des

 11   étales qui sont achalandés et encore, ils sont peu achalandés.

 12   Revenez, s'il vous plaît, à l'image précédente.

 13   Qu'est-ce qui aurait pu attirer 500 personnes à un marché de ce type ?

 14   R.  Ce que l'on voie sur les -- ici, les étales que l'on voie ici sont tous

 15   près de l'explosion, et le côté latéral du marché n'a pas été détruit, et

 16   j'imagine que les vendeurs ont récupéré leurs produits et sont partis en

 17   vitesse. C'est pour cela que les étales sont vides.

 18   Q.  Vous pensez donc qu'on a emporté les produits, les vivres avant de

 19   venir en aide aux blessés et aux morts ?

 20   R.  C'étaient les différentes personnes, les différents passants qui sont

 21   venus au secours des blessés. Mais je pense que les vendeurs ont sans doute

 22   pris leurs biens et se sont enfuis rapidement.

 23   L'ACCUSÉ : [interprétation] Malheureusement, nous allons voir un autre

 24   film, qui a enregistré l'évacuation, et on voit que le marché est tout

 25   aussi vide que ce qu'est-ce que l'on voie ici, sur ce cliché.

 26   Pouvons-nous maintenant voir la séquence allant de 5:03 à 5:11 -- non,

 27   c'est celle que vous nous venons de visionner. Donc ceci a déjà été montré.

 28   Pourrions-nous avoir maintenant à l'écran la pièce 09513 ?

Page 9444

  1   M. KARADZIC : [interprétation]

  2   Q.  Est-ce vous qui avez fait le croquis de l'incident ? Il s'agit de la

  3   pièce 09513.

  4   Avez-vous réalisé le croquis de l'incident Markale, c'est bien vous qui

  5   l'avez fait ?

  6   R.  Je ne peux pas répondre avec certitude, que c'est bien moi qui ais

  7   réalisé celui-ci.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pouvons-nous passer de Sanction au

  9   prétoire électronique ?

 10   M. KARADZIC : [interprétation]

 11   Q.  Nous avons maintenant le croquis à l'écran. S'agit-il d'un croquis du

 12   marché de Markale, montrant un petit peu les dimensions de ce marché ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Nous avons donc la disposition des étales. Pourriez-vous annoter le

 15   croquis pour montrer où se trouvaient les étales les mieux achalandés ?

 16   R.  Oui, je pourrais si je savais comment me servir du stylet. De toute

 17   façon, chaque étale était achalandé avec un vendeur. Moi, je ne peux pas

 18   vraiment vous dire, mais ici on voit quel était le nombre d'étales sur ce

 19   marché. Quant à savoir combien de produits à vendre il y avait, je ne peux

 20   rien vous dire.

 21   Q.  Pouvez-vous annoter l'endroit où l'incident a eu lieu ?  Oui, c'est

 22   vers le bas de l'image, rue Mula Mustafe Baseskije.

 23   R.  Oui, c'est là que passe la ligne de trama, et c'est là qu'a eu lieu

 24   l'incident.

 25   L'INTERPRÈTE : Le témoin annote la pièce.

 26   M. KARADZIC : [interprétation]

 27   Q.  Maintenant, dites-nous, où se trouvent ces 300 personnes qui ont été

 28   blessées par des éclats d'obus ?

Page 9445

  1   R.  Je peux bien essayer mais les éclats d'obus, vous savez comment on

  2   fait. Ils ne restent pas au centre de l'explosion. Ils peuvent vous blesser

  3   à 50 mètres de là. La plupart des blessés se sont trouvés dans cette zone.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Gaynor.

  5   M. GAYNOR : [interprétation] Je ne pense pas que M. Karadzic ait obtenu de

  6   la part du témoin le chiffre de 300 personnes qui ont été blessées.

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] En effet.

  8   Monsieur Karadzic, d'où tenez-vous cela ? Donnez-nous la référence.

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Ecoutez, si 67 personnes ont trouvé la mort, et

 10   que plus de 200 personnes ont été blessées, en tout, on arrive à

 11   pratiquement à 300 personnes. C'est l'information officielle, c'est la

 12   liste concernant Markale I.

 13   Gardez le G-8, 5 février, 66 morts, plus de 140 blessés, et d'autres

 14   rapports font état de plus de 200 personnes blessées et 68 personnes tuées

 15   par un obus de mortier. Cet obus de 120-millimètre aurait donc tué 66

 16   personnes, et en aurait blessé au moins 140, et d'après un autre rapport,

 17   il y aurait entre 180 et 190 blessés. Ça, c'est dans le tableau G-8.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Gaynor, vous parlez du chiffre,

 19   je pense, et non pas de la façon dont ces personnes avaient été blessées ?

 20   M. GAYNOR : [interprétation] Oui, tout à fait. J'avais compris  la question

 21   comme étant le nombre de personnes qui avait été blessé par les éclats

 22   d'obus. Moi, je pensais qu'on était plutôt près de 200, mais maintenant

 23   j'ai compris on ajoute au 200 blessés les 68 morts et on arrive à 268.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien. Poursuivons.

 25   Vous vous souvenez de la question, voulez-vous que l'accusé répète sa

 26   question, Monsieur Besic ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, je me souviens de la question.

 28   J'ai encerclé cet endroit qui était très, il y avait beaucoup de monde, où

Page 9446

  1   il y avait au moins 200 à 260 personnes. Tout ceci vient des premiers

  2   rapports qui étaient forcément assez abruptes, donc il était difficile

  3   d'estimer à l'époque le nombre de personnes qui avait été blessé. Dans la

  4   morgue, à ce moment-là, nous avions 35 à 40 corps, et puis le nombre de

  5   blessés, bien sûr, est monté sans cesse. C'est difficile de donner les

  6   chiffres bien précis.

  7   M. KARADZIC : [interprétation]

  8   Q.  Pourtant l'acte d'accusation est assez précis, et il y a deux ou trois

  9   choses qui me préoccupent.

 10   J'aimerais savoir ce que 500 personnes faisaient dans un marché vide,

 11   premièrement ? Deuxièmement, quand on prend en compte le nombre d'étales,

 12   où se trouvaient donc toutes ces personnes ? Comment ils arrivaient à tenir

 13   avec tous ces étales ? Troisièmement, comment se fait-il qu'autant de

 14   personnes aient été blessées par éclats d'obus, alors qu'il y avait autant

 15   d'obstacle, autant d'étales, de corps; est-ce que c'est parce qu'un corps

 16   peut recouvrir un autre corps ? Vous êtes quand même un technicien de la

 17   police judiciaire, expliquez-moi --

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ne vous lancer pas les grands discours,

 19   posez vos questions, l'une après l'autre.

 20   M. KARADZIC : [interprétation]

 21   Q.  Bien. J'aimerais savoir premièrement, pourquoi il y avait 500 personnes

 22   dans un marché vide ? Deuxièmement, où se trouvaient ces personnes qui

 23   auraient été debout et qui ont été blessées par des éclats d'obus ?

 24   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Ecoutez, ça ne sert à rien de poser

 25   des questions composées, c'est compliqué, ça ne sert à rien.

 26   Première question que vous avez posée, c'est pourquoi y avait-il 500

 27   personnes dans ce qui a été décrit comme étant un marché vide ? Pouvez-vous

 28   nous aider, Monsieur le Témoin ?

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Ecoutez, on ne peut pas dire avec certitude

  2   que tous les étales étaient vides d'abord.

  3   Les gens sont venus, parfois les gens venaient juste par curiosité en

  4   cherchant une chose, et puis, ils n'étaient pas sûrs de trouver les étales

  5   bien achalandés ou mal, ils n'en savaient rien. Ils venaient au marché pour

  6   voir ce qu'il y avait à vendre. Moi, je ne peux pas vous dire ce qu'ils

  7   faisaient au marché ce jour-là.

  8   Deuxième question, s'il vous plaît.

  9   M. KARADZIC : [interprétation]

 10   Q.  Bien. Mais vous êtes quand même technicien de la police scientifique,

 11   vous connaissez ce genre de chose. Donc regardez, il y a un grand nombre

 12   d'étales, un grand nombre d'obstacles, alors où pouvaient bien se trouver

 13   ces 200, voire 300 personnes, d'après votre rapport, qui auraient été

 14   blessées par des éclats d'obus. Comment est-ce qu'ils arrivaient à tenir

 15   dans cet endroit ? Où est-ce qu'ils pouvaient bien se tenir dans cette zone

 16   ? Ils auraient ensuite été atteints par les fragments d'obus.

 17   R.  Ecoutez, les morts se trouvaient sans doute près du centre de

 18   l'explosion, et ceux qui étaient blessés étaient à 15, voire 50 mètres, et

 19   bien sûr, ils ont pu être blessés par des éclats d'obus, parce que les

 20   éclats d'obus, ça pénètre au travers de l'aluminium, au travers du

 21   plastique. Donc ils ont facilement pu être blessés dans le haut du corps,

 22   les bras, le torse. L'obus, c'est un système -- c'est une arme explosive,

 23   qui est conçue pour tuer, tuer l'ennemi.

 24   Q.  Oui --

 25   R.  Oui, lorsque j'ai employé ce terme utilisé pour tuer l'ennemi, conçue

 26   pour tuer l'ennemi, c'est parce que le mot qu'on m'a -- c'est ce qu'on me

 27   disait lorsque j'étais à la JNA, lorsque j'ai fait mon service. Ça n'a rien

 28   à voir avec la guerre en cours, qui était en cours à l'heure actuelle. On

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  1   disait que c'était pour tuer les effectifs de l'ennemi.

  2   Q.  Donc qui a filmé tout cela, avant que l'évacuation soit terminée ?

  3   R.  Je n'en sais rien. Je ne sais pas. Je ne sais pas, peut-être un

  4   reporter, un journaliste qui traînait dans le coin. Il y en avait beaucoup.

  5   Il y avait beaucoup de journalistes, beaucoup de journalistes étrangers

  6   aussi qui se promenaient en ville et qui cherchaient des scoops. C'était

  7   leur travail. Pour eux, c'est être le premier sur la scène de l'incident,

  8   c'est un scoop.

  9   Q.  Bon, vous vous souvenez si la Radio Hayat était -- fonctionnait à

 10   l'époque ?

 11   R.  Oui, Radio Hayat fonctionnait.

 12   Q.  Cette station de radio diffusait un programme où les gens pouvaient

 13   appeler en direct, pendant le programme. Vous vous en souvenez ? Vous le

 14   saviez ?

 15   R.  Non, de toute façon, les lignes téléphoniques ne fonctionnaient pas,

 16   ça, j'en suis sûr. En 1994, les téléphones ne fonctionnaient pas; donc, je

 17   ne vois pas comment les gens auraient pu appeler directement à un programme

 18   ou à une station de radio.

 19   Q.  Je tiens à attirer votre attention sur une chose. Veuillez, s'il vous

 20   plaît, écouter cet enregistrement audio.

 21   Nous n'avons pas de transcription --

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous voulez que le témoin appose sa

 23   signature au croquis qu'il a annoté ?

 24   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, tout à fait.

 25   M. KARADZIC : [interprétation]

 26   Q.  Monsieur Besic, veuillez, s'il vous plaît, apposer vos initiales et la

 27   date du jour sur ce croquis annoté.

 28   R.  [Le témoin s'exécute]

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  1   Q.  Numéro 1, c'est le centre de l'explosion, et le numéro 2, c'est

  2   l'endroit où se concentraient l'essentiel des blessés et des morts.

  3   R.  [Le témoin s'exécute]

  4   Q.  Dernière question pour aujourd'hui : Donc, je vais vous faire entendre

  5   une séquence de 40 minutes --

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non. Non, nous devons lever la séance.

  7   En effet, la Chambre d'appel a besoin de ce prétoire, et il nous faut

  8   l'évacuer le plus rapidement possible.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Très bien. La cote du croquis annoté sera

 10   D891. Je vous remercie.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.

 12   Nous allons lever la séance, et nous reprendrons demain, à 9 heures du

 13   matin.

 14   Dans l'intervalle, Monsieur Besic, sachez que vous ne pouvez parler à

 15   personne de votre déposition.

 16   Veuillez vous lever.

 17   [Le témoin quitte la barre]

 18   --- L'audience est levée à 14 heures 57 et reprendra le jeudi 9 décembre

 19   2010, à 9 heures 00.

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