Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 30 janvier 2012

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   [Le témoin vient à la barre]

  5   --- L'audience est ouverte à 14 heures 18.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bonjour à tous et à toutes. Bonjour,

  7   Monsieur Robinson.

  8   M. ROBINSON : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Je voudrais

  9   présenter aux Juges de la Chambre notre stagiaire qui est venue

 10   d'Australie, Marna Stanisavljevic. Merci.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.

 12   Monsieur Mitchell, j'ai reçu une information de la part du Greffe disant

 13   que, probablement, il faudrait procéder à des annotations nouvelles sur les

 14   pièces P4294 et 95 parce que les annotations se sont perdues. Et le temps

 15   qui sera utilisé pour ce faire ne sera pas mis à charge de l'Accusation.

 16   M. MITCHELL : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Nous allons

 17   parcourir ces deux pièces à conviction tout de suite.

 18   LE TÉMOIN : JEAN-RENE RUEZ [Reprise]

 19   [Le témoin répond par l'interprète]

 20   Interrogatoire principal par M. Ruez : [Suite]

 21   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Ruez.

 22   R.  Bonjour.

 23   Q.  Je voudrais qu'on nous montre le 65 ter 3199, page 137 en version

 24   papier et page 147 en version électronique.

 25   Monsieur Ruez, ceci est une image que vous avez annotée la semaine passée;

 26   malheureusement, il va falloir que vous procédiez à vos marquages une fois

 27   de plus, et je vais vous demander de nous mettre les mêmes annotations que

 28   vous aviez effectuées la semaine passée.


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  1   J'aimerais que vous indiquiez d'abord les sites de LZ-1 et 

  2   LZ-2, qui sont des sites de fosses communes qui se trouvent à gauche de

  3   l'image.

  4   R.  [Le témoin s'exécute]

  5   Q.  Ensuite, je voudrais vous demander de nous montrer la direction de

  6   l'école.

  7   R.  [Le témoin s'exécute]

  8   Q.  Et la troisième chose que je voudrais que vous indiquiez c'est

  9   l'itinéraire suivi par les camions qui venaient de l'école pour aller au

 10   site de LZ-2.

 11   R.  [Le témoin s'exécute]

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] Excusez-moi, mais je n'ai aucun son dans mon

 13   écouteur.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous n'entendez pas d'interprétation ?

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je n'entends pas l'original non plus.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous avez augmenté le volume

 17   ? Est-ce que maintenant vous entendez, Monsieur Karadzic ?

 18   L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, rien.

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous m'entendez maintenant,

 20   Monsieur Karadzic ?

 21   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, maintenant j'entends l'original.

 22   Probablement devrais-je aussi --

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ecoutez, maintenant si vous entendez

 24   l'interprétation.

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui. Merci. Et j'ai l'impression qu'ils

 26   m'entendent aussi.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Merci.

 28   Peut-être ne faut-il pas répéter le tout.


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  1   Continuez, Monsieur Mitchell.

  2   M. MITCHELL : [interprétation] Je vais demander le versement au dossier de

  3   ceci, Monsieur le Président.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il s'agit de la pièce P4294. On va la

  5   remplacer par celle qui est déjà au dossier. Oui.

  6   M. MITCHELL : [interprétation]

  7   Q.  J'aimerais qu'on nous montre maintenant la page 160 dans le prétoire

  8   électronique. Il s'agit de la page 150 en version papier. Et une fois que

  9   ça apparaîtra, je voudrais vous demander d'indiquer deux choses, deux

 10   endroits, Monsieur Ruez. Le premier secteur c'est le secteur où ils

 11   s'étaient arrêtés pour se reposer que vous aviez déjà indiqué.

 12   R.  [Le témoin s'exécute]

 13   Q.  Et le deuxième site c'est le site que vous aviez indiqué comme étant le

 14   site des "exécutions".

 15   R.  [Le témoin s'exécute]

 16   M. MITCHELL : [interprétation] Et ceci se trouve être la pièce P4295,

 17   Monsieur le Président.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.

 19   M. MITCHELL : [interprétation]

 20   Q.  J'aimerais que nous allions maintenant vers la page 156 de la version

 21   papier et page 166 dans le prétoire électronique. Alors, Monsieur Ruez,

 22   pouvez-vous nous dire à quel site se rapporte la série suivante de photos.

 23   R.  Il s'agit du secteur de Petkovci et du site d'exécution de Karakaj, le

 24   barrage de Karakaj.

 25   Q.  Bon. Petkovci et le barrage, à quel site parmi ces deux il y a eu les

 26   premières investigations ?

 27   R.  Le premier site était aisé à identifier; c'est un secteur assez bien

 28   connu parce qu'il y a un barrage, et l'école a été située par la suite du


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  1   fait de déclarations de deux personnes qui ont survécu aux exécutions et

  2   qui s'étaient trouvées d'abord au site de détention à l'école de Petkovci,

  3   c'était très près, et puis on s'est renseigné autour. C'était une chose

  4   facile à trouver.

  5   Q.  Et comment avez-vous trouvé le site du barrage ?

  6   R.  A partir d'une carte, me semble-t-il, et en sus nous avions demandé des

  7   prises de vue aériennes.

  8   Q.   J'aimerais qu'on nous montre la page suivante, 157 en version papier,

  9   167 en version électronique.

 10   Veuillez nous indiquer brièvement ce qu'on voit sur cette photo,

 11   Monsieur Ruez.

 12   R.  Cette photo a été prise à partir d'un hélicoptère. L'école y est

 13   clairement visible. On voit que, tout près, il y a une route qui mène vers

 14   cette petite localité de Petkovci, et à droite ça rejoint la route

 15   nationale qui mène vers Karakaj et vers Zvornik, en tant que chef-lieu.

 16   Q.  Et à quelle distance cela se trouve-t-il de l'école, ce site de

 17   Petkovci et du barrage ?

 18   R.  C'est une petite distance, peut-être un peu plus d'un kilomètre, voire

 19   2 kilomètres.

 20   Q.  Penchons-nous sur la photo suivante, 158 en version papier, 168 en

 21   version électronique.

 22   Je voudrais demanderais de procéder brièvement à un descriptif de ce

 23   qu'on y voit.

 24   R.  C'est une vue rapprochée de la façade de l'école telle qu'on peut

 25   l'apercevoir depuis la route. L'intention était celle de comparer avec ce

 26   que les témoins en avaient dit dans leur déclaration. L'un d'entre eux

 27   avait dit que les soldats étaient en train de monter la garde dans le

 28   secteur, et lorsque les gens qui étaient dans la classe s'étaient mis


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  1   debout, on leur avait tiré dessus.

  2   Q.  Essayons de passer maintenant vers la page 160 en version papier, 170

  3   en version électronique.

  4   Pouvez-vous nous dire ce que vous voyez sur cette photo.

  5   R.  C'est la partie arrière de cette école. C'est l'emplacement qui nous a

  6   été décrit par les témoins. Ils ont dit qu'ils étaient sortis d'un véhicule

  7   pour se diriger vers l'entrée de l'école et ils ont dû passer une haie

  8   d'hommes, deux rangées de soldats qui leur tapaient dessus chemin faisant.

  9   Q.  Et quelle est la signification de ces marches qu'on voit sur le milieu

 10   ?

 11   R.  Eh bien, l'arrière de l'école est très différent de la partie avant, et

 12   c'est ainsi que les témoins ont fourni des descriptions. Ce qu'ils ont

 13   reconnus pour l'essentiel lorsqu'ils ont vu des photos à des fins

 14   d'identification, c'était pour eux le site pertinent.

 15   Q.  Passons maintenant à la page 163 de la version papier et 173 de la

 16   version électronique.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Entre-temps, Monsieur Mitchell, on a

 18   sauté la page 159. Je voudrais qu'on m'indique en quoi importe la flèche

 19   qu'on voit sur cette page. J'aimerais que vous posiez la question au

 20   témoin. J'aimerais qu'on nous télécharge ceci, 169 au prétoire

 21   électronique.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Hm-hm. Oui. C'est la photo qui précède la

 23   photo qui montre l'entrée de l'école qui a été prise -- enfin, la prise de

 24   vue de près. Ici, on voit -- la flèche montre le bâtiment de l'école. La

 25   photo suivante c'est la photo de l'entrée. L'entrée, on peut la voir même

 26   sur cette photo aérienne.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bon. Revenons maintenant vers cette page

 28   163, voire 173 en version électronique.


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  1   Merci, Monsieur Ruez.

  2   M. MITCHELL : [interprétation]

  3   Q.  Monsieur Ruez, pouvez-vous décrire ce qu'on voit maintenant, et en

  4   particulier ces portes qu'on voit à droite du couloir. Qu'est-ce que cela

  5   représente-t-il ?

  6   R.  Oui. Lorsque nous avons pour la première fois montré ces photos, je

  7   m'en souviens bien, le témoin avec lequel je me suis entretenu - et je

  8   parle du Témoin KDZ069 - a dit qu'une fois monté l'escalier jusqu'à l'étage

  9   supérieur de l'école, on y trouvait un corridor, et il est entré, lui, dans

 10   la dernière des salles de classe dans ce couloir, c'est-à-dire la dernière

 11   porte qu'on voit à la droite du couloir.

 12   Q.  Page suivante, s'il vous plaît, 164 en version papier, 174 en version

 13   électronique.

 14   Que nous montre cette photo ?

 15   R.  Ça nous montre la salle de classe où se trouvait ce témoin. Il a décrit

 16   un poêle. Et, en effet, on a retrouvé le poêle, puis on a pris cette photo

 17   suite à une rénovation en juillet 1995, mais il n'en demeure pas moins que

 18   les éléments qui ont été décrits y ont été retrouvés.

 19   Q.  Page 165 en version papier et 175 en version électronique.

 20   Pouvez-vous nous dire que ces cercles blancs signifient ?

 21   R.  Eh bien, que les endroits aient été rénovés, le tableau qui est le

 22   tableau qui s'y trouvait déjà, et ces cercles montrent des trous à

 23   l'intérieur du tableau qui correspondent à des coups de feu tirés de

 24   l'extérieur vers l'intérieur de la salle de classe, comme un témoin nous

 25   l'a raconté.

 26   Q.  Brièvement, photo suivante, 166 papier et 176 en version électronique.

 27   Est-ce que ceci est une vue zoomée de la photo précédente ?

 28   R.  Oui, c'est zoomé.


Page 23826

  1   Q.  Page 170 maintenant, s'il vous plaît, à savoir page 180 en version

  2   électronique.

  3   Tout d'abord, Monsieur Ruez, si vous pouvez nous l'indiquer, que voit-on

  4   ici et quand cette photo a-t-elle été prise ?

  5   R.  Ceci est le site où, véhicule après véhicule, il y a eu acheminement de

  6   prisonniers, ceux-là mêmes qui s'étaient trouvés à l'école, et c'est là

  7   qu'ils ont été emmenés. Il s'agit d'une espèce de plateau à proximité du

  8   barrage de Karakaj, ici, qui se trouve là un lac artificiel et c'est là

  9   qu'on pompe les eaux résiduelles de l'usine d'aluminium. L'espèce de

 10   plateau se trouve vers le bas du lac avec une surface plane assez grande,

 11   et c'est là que les prisonniers ont été emmenés pour des exécutions.

 12   Q.  Est-ce que vous pouvez nous orienter et nous indiquer où se trouve

 13   l'eau de ce barrage ? Dans quelle direction cela se trouve-t-il par rapport

 14   à la photo ?

 15   R.  Est-ce que vous voulez que je l'indique sur la photo ?

 16   Q.  Mais vous pouvez nous le décrire seulement.

 17   R.  Eh bien, cette partie aplanie qui se trouve en contrebas de cette

 18   espèce de surélévation à gauche, c'est là qu'on voit un remblai. Et si on

 19   va tout droit suivant cette route non goudronnée vers la route goudronnée,

 20   et très près de ce carrefour, on trouve l'école.

 21   Q.  Page 172 en version papier et 182 en version électronique.

 22   Pouvez-vous nous décrire cette photo, et en commençant par la route qui est

 23   tout à fait à gauche de la photo. Où est-ce que ceci nous mène ?

 24   R.  C'est la même route que sur la photo précédente, mais c'est une vue

 25   meilleure. On voit l'axe suivi par les camions lors de l'acheminement des

 26   prisonniers, et là on voit beaucoup mieux la taille de ce plateau.

 27   Q.  Et ce qu'on a indiqué ici en petite photo avec une flèche bleue en

 28   dessous, qu'est-ce que cela veut dire ?


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  1   R.  Dans cette photo dans ce petit carré, en fait, on voit le témoin dont

  2   le nom de code vous a été donné par moi tout à l'heure. C'était un jour où

  3   on a pu l'amener. On n'a pas pu entrer dans l'école parce qu'il y avait

  4   beaucoup de gens, mais on est allé vers ce plateau. Et c'est plus ou moins

  5   là qu'il s'était trouvé pour nous montrer où il se trouvait lorsque les

  6   exécutions ont eu lieu.

  7   Q.  Je vous demanderais de nous donner lecture une fois de plus de son nom

  8   de code afin que nous sachions exactement de qui il s'agit.

  9   R.  KDZ069.

 10   Q.  Vous souvenez-vous de l'année où cette photo a été prise ?

 11   R.  Il me semble que c'était en 1998.

 12   Q.  Je voudrais que nous passions maintenant à la page suivante, 173 en

 13   version papier et 183 en version écrite.

 14   Est-ce que vous pouvez nous décrire ce que c'est qu'on voit en gros plan en

 15   bas à droite de la photo.

 16   R.  Eh bien, c'est une photo prise sous un angle de ce même plateau. Et les

 17   véhicules blancs qu'on voit à droite sont sur la route qui mène vers

 18   l'école. Et derrière ces véhicules, il y a une autre route qui mène vers le

 19   haut du remblai du barrage. Et à droite, ici, c'est un canal fabriqué en

 20   béton. La finalité de cette photo vise à vous montrer les installations qui

 21   ont été décrites par deux survivants qui sont sortis de ce plateau, de ce

 22   site, pour rentrer dans cette espèce de tranchée ou de canal en béton.

 23   C'est ce canal-ci.

 24   Q.  Page 174, et 184 en version électronique.

 25   Sur cette photo-ci, on voit une ligne noire et deux fléchettes

 26   bleues. D'abord, dites-nous ce que c'est cette ligne noire.

 27   R.  La ligne noire est la limite même du plateau. En rouge, c'est le lac,

 28   et il y a cette couleur parce que ce sont des déchets chimiques qui se sont


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  1   accumulés là. Les flèches montrent la direction dans laquelle les deux

  2   survivants, d'après leurs propos, s'étaient dirigés. Une fois qu'ils sont

  3   entrés dans le canal, ils ont rampé jusqu'à la petite forêt qui se trouve

  4   un peu plus en surélévation par rapport au plateau. Et partant de là, le

  5   jour suivant, à la date du 15, ils sont allés dans la direction qui est

  6   montrée par la deuxième flèche bleue et qui montre la direction d'une autre

  7   colline.

  8   R.  C'est la ligne entrecoupée, en pointillé.

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Et la route qui mène vers le haut de la photo, ça mène où ?

 11   R.  Eh bien, c'est la route qui conduit vers l'école.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce qu'on voit cette espèce de canal

 13   en béton ?

 14   M. MITCHELL : [interprétation]

 15   Q.  Peut-être pourrait-on demander au témoin de l'annoter.

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Monsieur Ruez, sur la photo, s'il vous plaît.

 18   R.  Cette petite ligne blanche devrait être celle-là.

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bon. Merci.

 20   M. MITCHELL : [interprétation] On devrait peut-être sauvegarder cette

 21   photo, Monsieur le Président.

 22   Q.  Je demanderais au témoin de signer et de dater.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Ce sera la pièce suivante de

 24   l'Accusation.

 25   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce 4300, Monsieur le

 26   Président.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Mitchell, continuez.

 28   M. MITCHELL : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.


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  1   Q.  Je voudrais qu'on nous montre la page 175 en version papier et la page

  2   185 de la version électronique.

  3   Une fois de plus, nous avons deux flèches bleues sur cette photo. Monsieur

  4   Ruez, veuillez nous indiquer ce que ces flèches bleues nous montrent ?

  5   R.  Eh bien, c'est la même situation que tout à l'heure, mais c'est

  6   seulement pris sous un autre angle. Les flèches montrent la direction

  7   qu'ont prise les deux rescapés.

  8   Q.  Page suivante, s'il vous plaît, 176 en version papier, 186 en version

  9   électronique.

 10   Pouvez-vous nous dire qu'est-ce que ce que nous voyons sur cette photo.

 11   R.  Suite à la nuit des exécutions -- je précise que c'est la nuit du 14 au

 12   15 juillet, le 15 juillet donc, ces deux survivants qui s'étaient trouvés

 13   sur la petite colline en face du plateau pouvaient avoir un aperçu de la

 14   situation, et entre autres choses décrites par eux, c'est le fait d'avoir

 15   remarqué un petit tracteur avec une remorque où l'on avait rangé des

 16   cadavres. Et ce petit tracteur a pris la direction suivant la route qui

 17   mène vers le haut de cette colline, de ce plateau, mais ils n'ont pas pu

 18   voir jusqu'où le véhicule est allé. On sait que c'était le tout début de la

 19   collecte des cadavres sur le plateau puisque, plus tard, à la place de ce

 20   petit tracteur, il y a eu une excavatrice pour creuser à l'endroit même.

 21   Q.  Est-ce que vous pouvez nous indiquer sur cette photo l'axe qui a été

 22   emprunté par le tracteur que ces témoins ont aperçu.

 23   R.  Ce tracteur avait récupéré des cadavres qui s'étaient trouvés dans le

 24   secteur des exécutions, et ensuite il s'est dirigé vers la colline. Et

 25   peut-être est-ce à cet endroit qu'ils l'ont perdu de vue, puisqu'ils se

 26   trouvaient là où c'est indiqué ici. Ils ne pouvaient donc plus voir la

 27   direction empruntée.

 28   Q.  La Chambre a entendu le témoignage du Pr Wright, qui a exhumé le


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  1   charnier au plateau même. Y a-t-il d'autres secteurs qui ont été testés --

  2   sondés ?

  3   R.  Oui. Afin de trouver le premier groupe de corps qui ont été réunis

  4   grâce à cette méthode, nous avons cherché dans les images aériennes, nous

  5   avons cherché partout dans les environs, mais nous n'avons rien trouvé

  6   véritablement d'importance. Mais en fait, c'est la zone que nous appelons

  7   la péninsule sur laquelle nous nous sommes concentrés, et là nous avons

  8   fait un tout petit sondage. Il y avait beaucoup de déchets chimiques en

  9   haut, en surface, ici, et c'est ce qui nous a incités à aller chercher là,

 10   mais nous n'avions pas véritablement d'outils spécifiques.

 11   Q.  Alors, est-ce que vous pouvez inscrire le chiffre 1 dans ce secteur que

 12   vous venez de nous décrire, que vous avez appelé la péninsule.

 13   R.  [Le témoin s'exécute]

 14   M. MITCHELL : [interprétation] J'en demande le versement.

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ce sera la pièce P4301. Monsieur

 16   Mitchell, dans la pièce précédente, P4300, le Greffier nous a dit qu'il n'y

 17   a pas eu mémorisation du paraphe de M. Ruez et pas de date non plus, mais

 18   je pense que cela n'est pas nécessaire. Nous pouvons continuer.

 19   M. MITCHELL : [interprétation] Nous pouvons peut-être reprendre ce cliché.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Alors, téléchargeons de

 21   nouveau P4300. Nous voyons l'annotation.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il nous faut votre nom et la date.

 24   Merci.

 25   LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Et nous allons sauvegarder cela. Oui,

 27   Monsieur Mitchell.

 28   M. MITCHELL : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.


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  1    Q.  Page 177 en version papier, 187 dans le prétoire électronique.

  2   Monsieur Ruez, pour commencer, qui est la personne que nous voyons à

  3   l'image ?

  4   R.  C'est William Haglund.

  5   Q.  Et que voyons-nous ici sur ce carré qui se trouve disposé devant M.

  6   Haglund ?

  7   R.  Ça a été notre première mission sur place. Elle se situe en avril 1996.

  8   Très rapidement, nous avons ramassé en surface les objets qui étaient

  9   éparpillés sur ce plateau, et donc il y a eu des os. Et grâce à la présence

 10   de M. Haglund, nous avons pu établir avec certitude que c'étaient des os

 11   humains.

 12   Q.  Je souhaite que l'on affiche 178 en impression papier, 188 dans le

 13   prétoire électronique.

 14   Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, quel est cet objet qui est

 15   entouré d'un cercle jaune ?

 16   R.  Oui. C'est un morceau de tissu qui est noué, et nous l'avons également

 17   trouvé sur ce plateau.

 18   Q.  179, s'il vous plaît, à présent, et 189 dans le prétoire électronique.

 19   Est-ce que vous pouvez nous décrire cet objet ?

 20   R.  Là encore, nous voyons le même bout de tissu.

 21   Q.  Et 180, qui correspond à 190 dans le prétoire électronique.

 22   Est-ce que vous pouvez nous décrire ce que nous voyons.

 23   R.  C'est le résultat de ce que nous avons creusé au niveau de la surface

 24   du plateau, et nous l'avons fait pour essayer d'évaluer ce qui était

 25   susceptible d'être trouvé sous la surface, parce qu'à ce moment-là nous ne

 26   savions pas qu'il y avait déjà eu dérangement à cet endroit et que les

 27   corps avaient déjà été emportés. Mais nous avons creusé jusqu'à peu près 1

 28   mètre 30 et - et il est plutôt difficile de creuser puisque c'est très


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  1   rocheux là - eh bien, nous avons trouvé un morceau de crâne d'être humain.

  2   C'est ce qu'indique la flèche.

  3   Q.  Qui a identifié cela comme étant un morceau de crâne ?

  4   R.  Pour être tout à fait franc, c'est nous qui l'avons fait. Nous n'avions

  5   pas d'expertise en pathologie, en médecine légale, mais nous étions en

  6   mesure de voir qu'il s'agissait d'un crâne humain. Mais par la suite, le

  7   pathologiste qui a vu cela ne l'a pas rejeté.

  8   Q.  Page 181, s'il vous plaît, à présent sur papier, 191 dans le prétoire

  9   électronique.

 10   R.  C'est le morceau d'os que nous avons récupéré lorsque nous avons creusé

 11   à titre préliminaire.

 12   Q.  Et par la suite, un anthropologue a pu examiner cela, M. Baraybar ?

 13   R.  Cela est possible. Je n'en suis pas certain. Quoi qu'il en soit, cela a

 14   déjà été présenté à plusieurs reprises dans le prétoire et l'on n'a pas

 15   contesté qu'il s'agisse d'un crâne humain.

 16   Q.  Page 182, s'il vous plaît, à présent, 192 dans le prétoire

 17   électronique.

 18   Pouvez-vous nous décrire ces objets, et qui a écrit les légendes ?

 19   R.  Je pense que cela date d'une autre mission -- oui, je me souviens

 20   maintenant. Pendant cette mission-là, nous avons pu collectionner des

 21   douilles ou des cartouches sur ce plateau à la surface, et nous avons

 22   trouvé à un endroit beaucoup de morceaux d'os. Nous en avons ramassé

 23   certains. M. Baraybar était avec nous. Il les a répartis et les a classés

 24   d'après la partie de corps humain à laquelle ils appartiennent. Donc il y a

 25   des fragments de crâne, ou plutôt, c'étaient tous des morceaux de crâne, ce

 26   qui était assez intéressant puisqu'un témoin a entendu les assassins dire à

 27   l'un et à l'autre d'arrêter de tirer à la tête des gens parce qu'au bout

 28   d'un moment la cervelle qui se répand commence à sentir trop mauvais. Donc


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  1   on a trouvé ces morceaux à la surface du plateau.

  2   Q.  Nous voyons qu'il était inscrit 1997 en haut. Est-ce que c'est l'année

  3   de la mission ?

  4   R.  Je pense, oui, tout à fait.

  5   Q.  A présent, 183, s'il vous plaît, impression papier, et 193 dans le

  6   prétoire électronique.

  7   Pouvez-vous nous dire quelle est l'importance de cette photographie.

  8   R.  C'est le résultat des fouilles à la surface. Nous avons cherché à

  9   ramasser les douilles, et l'objectif de cette collecte était d'établir une

 10   comparaison par la suite entre ces douilles et cartouches qu'on trouvait

 11   ici à celles qu'on avait trouvées, soit dans des fosses d'origine ou

 12   transportées avec les corps dans les fosses secondaires. Et c'est un des

 13   liens qui nous permet par la suite de reconstruire comment le déplacement

 14   des corps s'est passé entre les sites d'exécution, la fosse d'origine et

 15   les fosses secondaires.

 16   Q.  Et là, nous avons des douilles dans ces sacs ?

 17   R.  Je ne sais pas si c'était encore en cours de collecte ou c'est ce que

 18   nous avons trouvé à la fin -- enfin, l'ensemble de ce que nous avons

 19   récupéré.

 20   Q.  Est-ce que vous savez à peu près quel a été le nombre de douilles qui

 21   ont été récupérées à la surface ?

 22   R.  A la surface, je pense environ mille en tout.

 23   Q.  Page suivante, 184, s'il vous plaît, impression papier, et 194 dans le

 24   prétoire électronique.

 25   Est-ce que vous pouvez nous expliquer cette zone qui est bordée en

 26   pointillé jaune ?

 27   R.  En gros, c'est l'endroit où nous avons trouvé les douilles à la

 28   surface. Donc on est en droit de conclure que cela correspond à peu près à


Page 23834

  1   la taille de la zone d'exécution.

  2   Q.  Est-ce qu'il s'agit également de la zone où on a trouvé les fragments

  3   de crâne ?

  4   R.  Ce n'est pas la totalité de cette zone. En fait, je pense que par la

  5   suite on a établi une carte, je pense que le Pr Wright l'a fait. Je n'en

  6   suis pas certain, mais cela n'est pas la surface totale. C'était uniquement

  7   une partie de cette zone, je pense. Plus vers le bas à droite de cette

  8   zone, si mes souvenirs sont bons.

  9   Q.  Passons à un autre secteur. Page 185 en impression papier, 195 dans le

 10   prétoire électronique.

 11   Pouvez-vous nous dire, s'il vous plaît, à quoi correspondent les

 12   photographies que nous allons voir.

 13   R.  Hm-hm.

 14   Q.  A quel site ?

 15   R.  C'était le troisième centre de détention que nous avons trouvé dans le

 16   secteur nord, et un lien était à établir entre ce centre de détention et le

 17   site d'exécution qui se trouve à proximité.

 18   Q.  Et quel est le nom de ce site de détention ?

 19   R.  L'école de Rocevic.

 20   Q.  Et le nom du site d'exécution ?

 21   R.  Le site de Kozluk, au bord de la rivière Drina.

 22   Q.  Je demande l'affichage du cliché 186 en impression papier, 196 dans le

 23   prétoire électronique.

 24   Est-ce que vous pouvez nous dire ce que représente ce cliché,

 25   Monsieur Ruez.

 26   R.  C'est l'école de Rocevic. C'est ainsi qu'on appelle cet endroit.

 27   Q.  Lorsque vous avez pris cette photographie, est-ce que vous aviez déjà à

 28   ce moment-là confirmation qu'il s'agissait d'un lieu de détention ?


Page 23835

  1   R.  Honnêtement, je dois dire que je ne m'en souviens pas exactement. Peut-

  2   être que ce n'était pas encore vrai. Peut-être qu'au moment où j'ai pris

  3   cette photographie, nous n'étions pas encore certains que cela avait été un

  4   centre de détention de ceux qui ont été tués à Kozluk, mais du moment que

  5   c'était la seule école qui se trouvait dans les parages, peut-être que

  6   c'est par anticipation que j'ai pris cette photo. Mais je pense qu'on avait

  7   déjà la déposition à ce moment-là des membres de l'armée serbe de Bosnie

  8   qui montaient la garde des prisonniers de cette école.

  9   Q.  Vous dites des "dépositions", vous voulez dire des déclarations, des

 10   témoignages au tribunal ?

 11   R.  Déclarations, oui.

 12   Q.  Déclarations de témoin ?

 13   R.  Oui. Donc c'est effectivement cette école, c'est certain.

 14   Q.  187, s'il vous plaît, et 197 dans le prétoire électronique.

 15   Est-ce cette même école, l'école de Rocevic, que l'on voit sur ce cliché ?

 16   R.  Oui, tout à fait. C'est une meilleure vue qui nous montre la taille de

 17   l'école.

 18   Q.  Est-ce qu'il y avait également un gymnase faisant partie de l'école ?

 19   R.  Oui. Sur la gauche -- à gauche du bâtiment, vous le voyez. C'est un peu

 20   le même type de gymnase que ce que l'on trouve à l'école d'Orahovac. Le

 21   même, avec le vestiaire devant.

 22   Q.  Page 188, 198 dans le prétoire électronique.

 23   Donc, est-ce que vous pouvez nous montrer sur cette carte ce que

 24   représentent le cercle jaune et l'étoile rouge juste au-dessous.

 25   R.  Le cercle jaune nous montre l'emplacement de l'école, et l'étoile

 26   rouge, le site d'exécution, au bout d'un chemin de terre qui mène de Kozluk

 27   à cet endroit le long de la rivière Drina. Donc, pour s'y rendre de

 28   l'école, on conduit en prenant la route en bitume vers Kozluk, puis on


Page 23836

  1   prend un virage à Kozluk et on tourne vers ce secteur-là.

  2   Q.  Et, à peu près, quelle est la distance entre l'école de Rocevic jusqu'à

  3   ce site de Kozluk ?

  4   R.  Moins de 4 kilomètres.

  5   Q.  Page suivante, sur papier 189, et 199 dans le prétoire électronique.

  6   Alors, comment est-ce que vous avez pu identifier dans un premier temps ce

  7   site de Kozluk ?

  8   R.  C'est assez tardivement que nous l'avons identifié, parce qu'il y avait

  9   beaucoup de choses qui étaient en cours. La reconstruction des événements,

 10   c'est une phase du processus, mais c'est une phase qui a continué pendant

 11   toutes ces années où l'enquête a eu lieu, et même après mon départ. Puis,

 12   nous avons reçu de l'information de la part d'une source, de quelqu'un qui

 13   se trouvait dans un centre de réfugiés en Allemagne, et cette personne

 14   était encore en contact avec des camarades en Republika Srpska, et ce

 15   témoin en Allemagne a entendu dire qu'on avait emmené des prisonniers pour

 16   les abattre à un endroit que l'on appelle le trou de Ferida. Et ici, les

 17   trous ont reçu des noms. C'est une zone de gravier qui a été prise pour des

 18   constructions. Cet endroit-là s'appelait donc le trou de Ferida. Donc,

 19   premièrement, nous avons essayé d'identifier ce secteur où il y aurait du

 20   gravier, mais puisque nous n'avions aucun contact sur place, avec les gens

 21   du cru, en fait, nous avons retrouvé l'endroit grâce aux images que nous

 22   avons reçues.

 23   Q.  Page 190, page 200 dans le prétoire électronique, s'il vous plaît.

 24   Expliquez-nous ce que nous voyons ici.

 25   R.  En fait, pendant l'une des missions en 2008, je me suis trouvé sur un

 26   site d'exhumation d'une fosse secondaire dans la vallée de Cancari. C'est

 27   une de ces fosses le long de la route, plus loin sur la route. Et pendant

 28   les exhumations, on a trouvé des étiquettes provenant de bouteilles où on


Page 23837

  1   voyait écrit Vitinka Kozluk, et le seul endroit qu'on n'avait pas encore

  2   visité jusqu'à ce moment-là pour y sonder, c'était ce trou de Ferida. Donc,

  3   le lendemain, on y est allé très rapidement, on s'est déplacé très

  4   rapidement sur ce site, parce que je savais qu'il y avait cette usine

  5   Vitinka de Kozluk et je savais que c'était près de cet endroit que l'on a

  6   essayé de trouver un site d'exécution. Donc ce sont les étiquettes, en

  7   fait, trouvées dans une fosse secondaire qui nous ont menés sur le site de

  8   cette usine.

  9   Q.  Et c'était en 2008 ?

 10   R.  Ah, excusez-moi, non, c'était en 1998.

 11   Q.  Et comment est-ce qu'on utilisait cette usine au moment où vous vous y

 12   êtes rendu en 1998 ?

 13   R.  Une partie de l'usine, ou juste à côté, était la caserne d'une unité

 14   qui s'appelait les Loups de la Drina, qui appartenait au Corps de la Drina.

 15   Q.  Je voudrais que l'on affiche à présent la photographie 191 en

 16   impression papier, 201 dans le prétoire électronique.

 17   R.  Le site se situe juste au début du chemin de terre qui mène au site

 18   d'exécution.

 19   Q.  Est-ce la même usine, ce que l'on voit ici ?

 20   R.  Oui. Sur la gauche, on voit l'usine, et puis ici vous avez l'entrée

 21   vers l'endroit où est stationnée cette unité, les Loups de la Drina.

 22   Q.  Et la photographie a été prise en 1998 ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Quelle est la distance entre la caserne des Loups de la Drina et le

 25   site d'exécution de Kozluk ?

 26   R.  C'est un chemin en sens unique, et la distance est celle d'un

 27   kilomètre.

 28   Q.  Page 192 sur le papier, 202 dans le prétoire électronique. Nous avons


Page 23838

  1   maintenant à l'image deux vues aériennes, une qui porte la date du 5

  2   juillet 1995 et l'autre du 17 juillet 1995.

  3   Vous avez déjà dit dans votre déposition que vous avez demandé de

  4   recevoir des images. Est-ce que c'est ce que vous avez reçu suite à votre

  5   demande d'images ?

  6   R.  Oui, C'est ce que nous sommes en train d'examiner, et c'est ce qui nous

  7   a permis de trouver facilement l'endroit. Comme vous pouvez le voir, la

  8   zone de dérangement est très claire.

  9   Q.  Page suivante, s'il vous plaît, 193 sur papier et 203 dans le prétoire

 10   électronique.

 11   A quel moment cette photographie a-t-elle été prise et que représente-t-

 12   elle ?

 13   R.  Comme je vous l'ai déjà dit, pendant l'exhumation d'une fosse

 14   secondaire, on a trouvé des étiquettes, mais pas seulement ça; on a trouvé

 15   des morceaux, des tessons de verre de couleur verte, et là c'est un endroit

 16   dans cette zone dérangée où l'on peut voir non seulement des tessons de

 17   bouteilles, mais aussi sur la droite une chaussure, et à l'intérieur on

 18   voit encore un morceau de corps humain.

 19   Q.  Savez-vous en quelle année cela a été photographié ?

 20   R.  C'était une mission rapide que nous avons faite avec Jan Kruszewski et

 21   le Pr Wright.

 22   Q.  En 1998 ?

 23   R.  Je pense en juin, juin ou été 1998.

 24   Q.  Je demande que l'on affiche 194 en impression papier et 204 dans le

 25   prétoire électronique.

 26   Décrivez-nous ce que l'on voit, s'il vous plaît, et plus particulièrement

 27   l'objet juste à côté de l'étiquette jaune à la base de la pelle.

 28   R.  Parmi les objets intéressants que l'on pouvait voir à la surface de la


Page 23839

  1   zone dérangée, il y avait aussi des douilles, et là en particulier sur ce

  2   cliché, c'est ce que l'on voit à l'intérieur de la pelle, juste à côté de

  3   la petite étiquette jaune. 

  4   Q.  Photographie 195, s'il vous plaît, impression papier, et 205 dans le

  5   prétoire électronique.

  6   Est-ce que c'est un plan rapproché de l'image que nous avons vue

  7   précédemment ?

  8   R.  Oui, tout à fait, c'est la même image.

  9   Q.  196, s'il vous plaît, impression papier, et 206 dans le prétoire

 10   électronique. C'est la dernière photographie qui correspond à ce site-là.

 11   Est-ce que vous pouvez nous décrire ce que nous voyons sur ce cliché.

 12   R.  Oui. Nous avons commencé à creuser un petit peu, et en pelletant nous

 13   nous sommes arrêtés très rapidement. Parce que, en fait, on s'est rendu

 14   compte qu'on était en train de commencer une exhumation parce que, tout de

 15   suite sous la superficie, nous avons trouvé des os humains avec des objets

 16   vestimentaires.

 17   Q.  Je voudrais que l'on visionne une vidéo à présent, une vidéo du site de

 18   Kozluk, 65 ter 40280A. Et nous n'allons pas écouter la bande-son, Monsieur

 19   Ruez. Comme nous l'avons fait la semaine dernière, vous allez nous décrire,

 20   s'il vous plaît, ce que nous voyons.

 21   [Diffusion de la cassette vidéo]

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Donc c'est une partie de ce secteur qui a été

 23   dérangé. Nous avons ici des restes humains que nous avons vus précédemment

 24   sur le cliché. Nous ne l'avons pas sorti, celui-ci.

 25   M. MITCHELL : [interprétation] Je note pour le compte rendu d'audience que

 26   c'était vers 35 secondes.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] La chaussure avec la chaussette et un os à

 28   l'intérieur, qui gît également par terre.


Page 23840

  1   M. MITCHELL : [interprétation] A 58 secondes.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est une autre chaussure. Nous avons des

  3   morceaux de verre à différents endroits. Des douilles. Beaucoup -- nous

  4   avons utilisé un détecteur de métal sur le chemin de terre qui longe la

  5   zone dérangée, et on en a trouvé beaucoup qui s'étaient incrustées dans le

  6   sol. Et là, juste à côté des étiquettes jaunes. Des objets vestimentaires,

  7   des chaussures. Des douilles. La chaussure avec un morceau d'os à

  8   l'intérieur.

  9   Là, c'était juste en creusant légèrement à la surface, et comme je

 10   viens de dire, on était en fait en train de commencer une exhumation. Tous

 11   ces sites ont été bien dérangés. Les corps ont été emportés, mais il y

 12   avait encore beaucoup d'éléments qui étaient vraiment visibles très

 13   rapidement, très facilement, et c'est ce que nous avons vu ce jour-là.

 14   L'emplacement ou le site, auparavant, avait été un cimetière. Ce qui fait

 15   qu'il y avait des restes de ce cimetière aussi.

 16   M. MITCHELL : [interprétation]

 17   Q.  Est-ce que vous avez retrouvé d'autres pierres tombales comme celles

 18   qu'on vient de voir ?

 19   R.  Nous n'avons pas vérifié, mais l'une des inscriptions qu'on a trouvées

 20   dans la fosse secondaire. C'est ce qui permet d'établir le lien entre les

 21   sites.

 22   Q.  On en était à la quatrième minute et 15 secondes. Alors, est-ce que

 23   vous pouvez décrire ce qu'on voit, puis qu'on y mette un terme.

 24   R.  Ça, c'est un petit film de courte durée que j'ai tourné lorsque nous

 25   sommes sortis du secteur. J'ai rapidement inspecté l'usine, et pour

 26   l'essentiel l'entrée de cette caserne des Loups de la Drina.

 27   M. MITCHELL : [interprétation] Bon, arrêtons-nous ici. Je vais demander,

 28   Monsieur le Président, le versement au dossier de cette pièce.


Page 23841

  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ce sera versé au dossier comme pièce à

  2   conviction de l'Accusation.

  3   M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce 4320, Monsieur le Président.

  4   M. MITCHELL : [interprétation] Est-ce qu'on peut nous montrer la pièce à

  5   conviction 65 ter 3199, 197, et page 207 au prétoire électronique.

  6   Q.  Monsieur Ruez, pouvez-vous nous dire ce qu'est le site suivant que nous

  7   allons voir.

  8   R.  Le site suivant c'est l'endroit où il y a eu à proximité des

  9   exécutions. Il s'agit du site de détention de Kula et du site de la ferme

 10   de Branjevo.

 11   Q.  Et ce qu'on voit en jaune, cela nous indique l'emplacement de l'école ?

 12   R.  Oui. C'est une indication plus ou moins exacte de l'emplacement de

 13   l'école de Kula.

 14   Q.  Est-ce qu'on peut maintenant mon montrer la page 198 en version papier,

 15   208 en version électronique.

 16   Monsieur Ruez, est-ce que  vous pouvez nous dire ce que vous avez

 17   appris au sujet de cette école pour ce qui est de son utilisation en tant

 18   que site de détention ?

 19   R.  Les informations initiales sont venues d'un survivant du cru. En fait,

 20   il y en a deux. Et ce qu'on a pu trouver dans ce secteur, c'est le fait

 21   qu'il s'agit du seul site où une salle de gym se trouve jointe à celui-ci.

 22   Q.  Est-ce que vous pouvez voir le nom de ce survivant qui vous a fourni

 23   cette information initiale ?

 24   R.  En fait, les deux nous ont fourni ces informations.

 25   Q.  Est-ce que vous pouvez nous donner lecture de ces noms de codes de

 26   témoins que vous avez sous les yeux ?

 27   R.  Oui. Les Témoins KDZ333 et KDZ167.

 28   Q.  Peut-on nous montrer la page suivante, s'il vous plaît, 199 en version


Page 23842

  1   papier et 209 en version électronique.

  2   Alors, que nous montre cette photo, Monsieur Ruez ?

  3   R.  Ceci nous montre la route en gravier qui conduit vers l'école, et c'est

  4   là que les autocars sont arrivés et ont déchargé les prisonniers.

  5   Q.  Photo suivante, 200 en version papier, 210 en version électronique.

  6   Alors, que voit-on sur cette photo ?

  7   R.  C'est le petit sentier qui conduit jusqu'à l'entrée de l'école, où ils

  8   sont allés à pied.

  9   Q.  Est-ce que c'est l'entrée principale qu'on voit sur cette image ?

 10   R.  Non. C'est juste après le coin de ce premier bâtiment qu'on voit en

 11   gros plan.

 12   Q.  Passons à la photo suivante, 201 en version papier, 211 en version

 13   électronique.

 14   Est-ce que c'est là l'entrée principale de l'école ?

 15   R.  Oui. C'est l'entrée et c'est aussi la sortie. C'est l'emplacement où

 16   l'un des témoins, ou du moins au moins l'un de ces témoins, nous a dit

 17   qu'on l'avait aligné avec d'autres avant que d'avoir été emmené vers la

 18   ferme de Branjevo. Donc c'est l'entrée et la sortie.

 19   Q.  Et de quel témoin s'agit-il, si vous pouvez nous donner son nom de code

 20   ?

 21   R.  Je ne serais pas capable de vous donner -- de vous dire lequel des

 22   deux.

 23   Q.  O.K.

 24   R.  C'est peut-être les deux, d'ailleurs.

 25   Q.  Peut-on passer à la page suivante, 202 en version papier, 212 en

 26   version électronique. Nous sommes en train de nous pencher sur une autre

 27   photo de l'école, et cette photo est une vue aérienne.

 28   Alors, Monsieur Ruez, pouvez-vous nous dire quelle est la


Page 23843

  1   signification de cette flèche qui nous montre un endroit qui porte

  2   l'inscription "source d'eau".

  3   R.  L'un des témoins qui a été gardé à l'intérieur de la salle de gym, à un

  4   moment donné, avait été chargé d'aller chercher de l'eau pour la ramener

  5   dans la salle de gym, et il a dit qu'il est passé près d'une source d'eau.

  6   Et lorsqu'il était sur le chemin du retour, il a vu un autocar qui est

  7   arrivé très tard dans la nuit et il a des prisonniers qu'on a fait

  8   descendre de l'autocar, mais étant donné que l'endroit était déjà bondé de

  9   gens, ces gens-là ont été exécutés tout de suite, sur-le-champ.

 10   Q.  Vous souvenez-vous lequel de ces deux témoins a témoigné de cela ?

 11   R.  C'est le plus jeune des deux. Je ne sais plus si c'était le 333 ou le

 12   167, mais je sais que c'est celui qui est plus jeune que l'autre qui nous

 13   l'a raconté.

 14   Q.  Passons à la page suivante, s'il vous plaît, 203 en version papier et

 15   213 en version électronique.

 16   Qu'est-ce qu'on voit ici au centre de la photo, Monsieur ?

 17   R.  Ça, c'est la source d'eau. On a cherché autour pour trouver une source

 18   d'eau et on a trouvé celle-là. Puis ensuite, en effet, notre autre témoin a

 19   reconnu celle-ci d'après la photo.

 20   Q.  Et est-ce que vous êtes allé avec le témoin sur le site même ?

 21   R.  Non. Nous ne sommes pas retournés avec le témoin jusqu'à cet endroit.

 22   Je ne pense pas.

 23   Q.  Et comment le témoin a-t-il reconnu le site ?

 24   R.  Je pense qu'il l'a reconnu d'après la photo.

 25   Q.  Passons à la page suivante, s'il vous plaît, 204 en version papier et

 26   214 en version électronique.

 27   Est-ce que vous pouvez nous décrire ce que l'on est en train de voir

 28   et quelle est la signification de cette flèche orange qui montre vers le


Page 23844

  1   bas de la photo.

  2   R.  Eh bien, cette flèche orange c'est la ligne de vue qu'on peut avoir

  3   lorsque vous sortez de l'endroit où se trouve la pompe à eau ou la source

  4   d'eau. Ce qui fait que lorsque vous arrivez de cette direction, et c'est ce

  5   qu'a vu l'un des prisonniers, les prisonniers qu'on a fait descendre de

  6   l'autocar, et celui-ci était garé le long de cette route en gravier, c'est

  7   là qu'ils ont été descendus de l'autocar et exécutés à l'endroit même.

  8   Q.  Passons à la page suivante, s'il vous plaît, 205 en version papier, 215

  9   en version électronique.

 10   Alors, est-ce que vous pouvez brièvement nous dire quelle est la

 11   structure que l'on voit ici et la signification de ce petit cercle rouge

 12   qu'on voit au centre de la photo.

 13   R.  Eh bien, pour vérifier les dires relatifs à ces exécutions au niveau de

 14   l'école, nous avons cherché à retrouver des traces sur la façade du

 15   bâtiment là où les exécutions ont prétendument eu lieu. Et, par exemple, on

 16   a retrouvé ce trou de balle dans la vitre.

 17   Q.  Page suivante, s'il vous plaît, 206 en version papier et 216 en version

 18   électronique.

 19   Une fois de plus, est-ce que vous pouvez nous dire ce que c'est que

 20   ce nous voyons ici et en quoi ceci est-il important.

 21   R.  Ça aussi, ce sont des traces sur le mur de ce bâtiment de l'école.

 22   Q.  Page suivante, 207 en version papier, 217 au prétoire électronique.

 23   Ici, on voit comme sur la photo 200 qu'on a vue tout à l'heure -- on la

 24   montre en haut à gauche.

 25   Est-ce que vous pouvez nous décrire la signification de ce qui est

 26   montré par la photo en bas à droite.

 27   R.  Oui. Ça nous montre l'angle de tir tel que décrit par le témoin. Et les

 28   trous ont été comblés, bouchés, mais on voit que ça laisse quand même des


Page 23845

  1   traces dans le mur.

  2   Q.  Quel type de traces ? De quel type de traces s'agit-il ?

  3   R.  Ces traces sont des traces de balle.

  4   Q.  Bon. Page suivante, s'il vous plaît, 208 en version papier, 218 en

  5   version électronique. Et il y a deux photos sur cette page.

  6   Si vous pouvez commencer par l'une, qui est celle qui est en haut, et

  7   nous dire ce que signifie ce qui est cerné de rouge.

  8   R.  Ça, c'est le secteur où les gens ont été descendus de l'autocar et on

  9   leur a tiré dessus. On a indiqué cela en rouge. Et le secteur où nous avons

 10   trouvé beaucoup de douilles se trouve être indiqué ici, là où on les a

 11   retrouvées au sol. C'est le secteur de cette route en espèce de gravats, et

 12   c'est plus près de ce site d'exécution à proximité de l'école. C'est donc

 13   juste à côté de petits arbres qu'on voit à côté de l'école, au bas.

 14   Q.  Vous souvenez-vous du nombre de douilles que vous avez retrouvées dans

 15   le secteur ?

 16   R.  Non. Ce n'était pas un très grand nombre. Mais on n'a retrouvé

 17   probablement que celles des douilles qui ont été enfoncées par des gens qui

 18   ont marché dessus.

 19   Q.  Est-ce qu'on peut nous montrer la page suivante, 209 en version papier,

 20   219 en version électronique. Nous sommes en train de nous pencher sur une

 21   autre carte ici.

 22   Vous pouvez voir un cercle jaune au-dessus de Kula et puis une petite

 23   croix rouge à côté de Branjevo. Est-ce que vous pouvez expliquer la

 24   corrélation entre les deux ?

 25   R.  Mais c'est les mêmes symboles. Le jaune montre l'emplacement de ce lieu

 26   de détention, et c'est l'école de Kula, en fait. La petite étoile rouge

 27   montre le site des exécutions.

 28   Q.  Et qu'est-ce que vous avez eu à investiguer en premier s'agissant de la


Page 23846

  1   ferme de Branjevo ?

  2   R.  Premièrement, ce qui nous a incité à nous rendre sur le site de la

  3   ferme de Branjevo, c'était la déclaration de Drazen Erdemovic, qui est

  4   arrivé à la La Haye de Serbie. Il a décrit la ferme où il a exécuté, lui

  5   avec d'autres, des prisonniers à partir de 10 heures du matin jusqu'à 15

  6   heures de l'après-midi le 16 juillet 1995.

  7   Q.  Les déclarations des deux survivants, est-ce qu'elles vous ont été

  8   utiles au début lorsque vous avez annoncé votre enquête sur place ?

  9   R.  Non. Non, nous avions la déclaration de Drazen Erdemovic avant le mois

 10   d'avril 1996. Et mises à part les missions très, très brèves que nous avons

 11   faites en janvier avec John Shattuck, la mission principale a eu lieu en

 12   avril, et à ce moment-là nous avions déjà beaucoup de détails grâce à la

 13   déclaration d'Erdemovic, beaucoup plus de détails que ce que nous n'avons

 14   eu grâce aux deux survivants.

 15   Q.  Tournons la page, s'il vous plaît, 210 en impression papier, 220 dans

 16   le prétoire électronique.

 17   Pouvez-vous nous décrire cette image, et est-ce que vous pouvez l'annoter

 18   également. Dites-nous quels sont ces bâtiments que nous voyons ici à

 19   l'image.

 20   R.  Les prisonniers arrivaient à bord d'autocars, et les autocars

 21   avançaient par ce petit chemin d'accès. C'est là qu'ils se garaient. Les

 22   prisonniers descendaient et puis ils marchaient en longeant cette ligne-ci.

 23   Les différents bâtiments -- alors, là, c'est la porcherie. C'est une ferme

 24   militaire, en fait. C'est là qu'on élevait les cochons, et puis on avait

 25   aussi du maïs, champs de maïs, là. Administration, garage, après la

 26   porcherie.

 27   Et les équipes d'exécution étaient là, au numéro 1, juste derrière le

 28   garage. Donc c'est là qu'ils se reposent.


Page 23847

  1   Q.  Et par rapport à la route en haut de l'image sur la droite, où est-ce

  2   qu'elle mène, cette route ?

  3   R.  Elle ne mène nulle part, cette route. Si vous prenez la route, en fait,

  4   elle revient juste à côté, à Pilica, un secteur qui s'appelle Pilica, et

  5   c'est de là uniquement que vous avez une route plus importante qui va de

  6   Zvornik au sud, vers Bijeljina au nord. Mais en fait, depuis la ferme, vous

  7   ne pouvez pas voir cette route en bitume. La ferme est cachée par une

  8   colline.

  9   Q.  Est-ce que vous pouvez nous inscrire un B juste à côté de l'endroit où

 10   étaient garés les autocars, et est-ce que vous pouvez, s'il vous plaît,

 11   parapher et nous inscrire la date.

 12   R.  [Le témoin s'exécute]

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Serait-ce la pièce P4303 ? Oui. Très

 14   bien. Alors, est-ce que je peux annoncer une pause, si cela vous convient ?

 15   M. MITCHELL : [interprétation] Oui.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] La pause durera 25 minutes. Nous

 17   reprendrons à 16 heures.

 18   --- L'audience est suspendue à 15 heures 34.

 19   --- L'audience est reprise à 16 heures 05.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur le Procureur, à vous.

 21   M. MITCHELL : [interprétation] Merci.

 22   Q.  Monsieur Ruez, je voudrais revenir très brièvement au sujet de l'école

 23   de Kula. En page 24, plus tôt aujourd'hui, je vous ai demandé si vous vous

 24   étiez rendu sur ce site particulier en compagnie d'un témoin précis. Vous

 25   avez répondu que cela n'avait pas été le cas, vous avez dit : "Non, je ne

 26   suis pas revenu sur ce site avec le témoin. Je ne crois pas." Ensuite, plus

 27   loin, page 26, je vous ai demandé si vous vous rappeliez combien de

 28   douilles avaient été retrouvées dans la zone de l'école de Kula, et vous ne


Page 23848

  1   vous êtes pas souvenu du chiffre en question.

  2   Alors je voudrais vous présenter un rapport daté du 20 juin 1999 afin que

  3   nous voyions s'il ne serait pas susceptible de vous aider à mieux vous

  4   souvenir de ces détails particuliers.

  5   M. MITCHELL : [interprétation] Je voudrais maintenant que l'on remette au

  6   témoin un exemplaire papier du document en question. Il s'agit d'un

  7   document qui ne doit pas être diffusé. Et, Monsieur le Président, nous

  8   avons prévu des copies à l'intention des Juges également.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.

 10   M. MITCHELL : [interprétation]

 11   Q.  Monsieur Ruez, prenez votre temps et veuillez consulter ce rapport.

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Est-ce que ceci vous aide à vous vous rappeler si vous vous êtes rendu

 14   ou non à l'école de Kula avec le témoin ?

 15   R.  Oui. Absolument.

 16   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire quel était le nom de code du témoin

 17   en question ?

 18   R.  Eh bien, il y a KDZ333, pour le plus jeune des témoins.

 19   Q.  Je voudrais attirer votre attention sur le haut de la seconde page.

 20   Est-ce que cela vous aide quant au nombre de douilles retrouvées sur le

 21   site de cette école ?

 22   R.  Oui, oui, tout à fait.

 23   Q.  Si vous vous souvenez bien, nous avons vu deux zones que vous avez

 24   marquées, l'une d'une forme rectangulaire et l'autre d'un cercle dans une

 25   zone où se trouvaient des arbres. S'agit-il là des deux emplacements où des

 26   douilles de 22 millimètres ont été retrouvées ?

 27   R.  Eh bien, la zone entourée d'un cercle était probablement celle où des

 28   douilles de 22 millimètres ont été retrouvées, la route recouverte de


Page 23849

  1   gravier. Ce sont les chiffres en question, oui. Alors il s'agit ici d'un

  2   rapport qui est bien plus précis que ceux dont je parviens à me souvenir

  3   aujourd'hui.

  4   M. MITCHELL : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais

  5   demander l'ajout de ce document à notre liste en application de l'article

  6   65 ter, suite à quoi je me proposerais d'expurger ce document afin d'en

  7   obtenir une version publique qui pourrait être chargée dans le système e-

  8   court.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Il n'y a pas de position

 10   particulière de la Défense.

 11   M. ROBINSON : [interprétation] Eh bien, Monsieur le Président, je ne crois

 12   pas qu'il soit approprié de verser une déclaration de témoin de cette

 13   manière. Je crois que ceci est versé au compte rendu, les réponses du

 14   témoin y figurent, et qu'il s'agirait là d'une façon de procéder qui serait

 15   meilleure.

 16   [La Chambre de première instance se concerte]

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous estimons que l'observation de Me

 18   Robinson est pertinente et que, par conséquent, il n'est pas nécessaire de

 19   procéder au versement de cette déclaration. Tout ceci a été consigné au

 20   compte rendu. Le témoin nous a confirmé l'identité cet autre témoin.

 21   M. MITCHELL : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Puis-je donc

 22   consigner un certain nombre de chiffres au compte rendu également ?

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Allez-y.

 24   M. MITCHELL : [interprétation] Il s'agit donc d'un rapport suite à la

 25   visite effectuée sur le site de l'école de Pilica en date du 20 juin 1999

 26   et de la ferme de Branjevo. Le numéro de page ERN est -- alors, un instant,

 27   s'il vous plaît.

 28   [Le conseil de l'Accusation et le commis à l'affaire se concertent]


Page 23850

  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant. Il ne s'agit pas là d'une

  2   déclaration de témoin. C'est un rapport de M. Ruez --

  3   M. MITCHELL : [interprétation] C'est un rapport de M. Ruez relatant sa

  4   visite à ces différents sites.

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Très bien. Poursuivez. Ce n'est

  6   pas une question vraiment centrale.

  7   M. MITCHELL : [interprétation] Le numéro ERN est R1078147 à 49.

  8   Q.  Pouvons-nous maintenant passer à la page 211 dans la version papier du

  9   jeu de planches photographiques, page 221 dans le système e-court.

 10   Monsieur Ruez, pouvez-vous examiner les clichés qui vont s'afficher devant

 11   vous à l'écran et pourriez-vous nous expliquer quel est le point de vue à

 12   partir duquel on voit ces vues.

 13   R.  Eh bien, cette photographie a été prise à partir du chemin permettant à

 14   accéder à la ferme. Donc il y a un bâtiment administratif au premier plan.

 15   Sur la droite, on voit le garage ainsi qu'un champ où est stationné

 16   l'hélicoptère, et ce champ est celui des exécutions.

 17   Q.  Ce que vous décrivez comme étant un chemin permettant d'accéder à la

 18   ferme, s'agit-il en fait de la route empruntée par les autobus pour se

 19   rendre à la ferme et pénétrer dans son enceinte ?

 20   R.  Oui

 21   Q.  Je voudrais que nous passions à la page suivante, numéro 212 dans la

 22   version imprimée, numéro 222 dans le système e-court. Je vais vous demander

 23   de procéder à des annotations sur l'image suivante.

 24   Est-ce que vous pourriez tout d'abord nous donner des orientations

 25   générales concernant la route que l'on voit au premier plan.

 26   R.  Alors ceci, c'est la route qui permet d'accéder à la ferme, de Pilica.

 27   C'est donc le chemin d'accès. Là où l'on voit les véhicules, c'est

 28   également l'endroit où les autobus se sont rendus.


Page 23851

  1   Q.  Pourriez-vous indiquer au moyen d'une flèche la direction de Pilica.

  2   R.  [Le témoin s'exécute]

  3   Q.  Pourriez-vous entourer d'un cercle le garage et marquer cet endroit au

  4   moyen de la lettre G.

  5   R.  [Le témoin s'exécute]

  6   Q.  Ensuite, pourriez-vous entourer d'un cercle la zone sur laquelle les

  7   exécutions ont eu lieu.

  8   R.  [Le témoin s'exécute]

  9   Q.  Est-ce que, sur cette photographie, vous voyez la zone dans laquelle le

 10   Dr Haglund, en 1996, a procédé à l'exhumation d'un charnier ?

 11   R.  [Le témoin s'exécute]

 12   Q.  Pourriez-vous apposer votre paraphe ainsi que la date du jour, s'il

 13   vous plaît.

 14   R.  [Le témoin s'exécute]

 15   Q.  Est-ce que vous vous rappelez la date à laquelle cette photographie a

 16   été prise ?

 17   R.  C'est un cliché que j'ai pris depuis un hélicoptère le jour où

 18   Madeleine Albright a effectué une visite sur ce même site. Je crois que

 19   c'était pendant l'année 1998, pendant l'été.

 20   Q.  Et cela correspond à ce qu'on peut voir ?

 21   R.  Excusez-moi. En fait, c'était bien plus tôt, bien plus tôt. C'était fin

 22   1996. Probablement au mois d'août.

 23   Q.  Et nous voyons quatre bâtiments. Vous avez décrit le garage ainsi que

 24   le bâtiment administratif. Est-ce que ces constructions sont toujours

 25   présentes aujourd'hui ?

 26   R.  Non, pas du tout. Aujourd'hui, on trouve un village à cet emplacement.

 27   Je suis revenu en 2002. Il ne reste plus rien de ce que l'on voit ici. La

 28   seule chose que j'ai pu retrouver lors de ce voyage était les fondations


Page 23852

  1   d'une partie de l'un de ces bâtiments, le bâtiment de la porcherie, en

  2   fait. Et il n'y a plus rien d'autre qui ait subsisté. Aujourd'hui, c'est un

  3   village.

  4   M. MITCHELL : [interprétation] Puis-je demander le versement de ce document

  5   annoté au dossier, Monsieur le Président.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Soit.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il reçoit la cote 4304, Madame, Messieurs

  8   les Juges.

  9   M. MITCHELL : [interprétation]

 10   Q.  Alors la prochaine page que nous allons examiner est la numéro 213 en

 11   version imprimée, 223 dans le système e-court.

 12   Alors, Monsieur Ruez, pouvez-vous nous dire quel est le bâtiment que nous

 13   pouvons voir du côté gauche de cette image.

 14   R.  Eh bien, ceci correspond exactement à la zone vers laquelle les

 15   prisonniers se dirigeaient, marchaient. A la gauche, on voit le garage

 16   derrière lequel les hommes qui procédaient aux exécutions avaient leur zone

 17   de repos. Et cet arbre est celui auquel l'un des témoins se réfère dans sa

 18   déclaration lorsqu'il dit qu'il y avait cet arbre juste derrière la zone

 19   dans laquelle il devait s'aligner devant ou à côté des rangées de ceux qui

 20   avaient déjà été exécutés. Donc c'est bien là l'arbre qu'il décrit

 21   également.

 22   Q.  Et la zone qui s'étend à perte de vue sur la partie droite de l'image,

 23   au-delà de l'arbre, que représente-t-elle ?

 24   R.  C'est le champ qui a servi aux exécutions.

 25   Q.  Page suivante, s'il vous plaît, numéro 214 en version imprimée, page

 26   224 dans le système électronique.

 27   Pourriez-vous nous décrire ce que l'on voit et où cette photographie a été

 28   prise.


Page 23853

  1   R.  Eh bien, j'ai pris cette photographie au moment où nous avons fait une

  2   visite éclair sur place, juste pour vérifier si cette zone était bien la

  3   bonne. Donc, dans cette zone qui se trouve au-delà du garage, mais sur la

  4   gauche, nous nous trouvons exactement à l'emplacement des exécutions, et à

  5   cet endroit nous avons commencé à retrouver des chaussures, des ossements

  6   humains qui étaient présents tout au long de cet alignement d'arbres ou de

  7   buissons.

  8   Q.  Nous allons examiner brièvement certains des objets que vous avez

  9   retrouvés. Mais je voudrais que nous passions à la page suivante, numéro

 10   215 dans la version imprimée, 225 dans le système e-court.

 11   Alors, Monsieur Ruez, pourriez-vous nous dire de quel type d'objet il

 12   s'agit ici et où il a été retrouvé ?

 13   R.  Il s'agit d'une chaussure qui a été retrouvée dans le paillis que l'on

 14   voyait sur la photographie précédente.

 15   Q.  Page suivante, 216 dans la version imprimée, 226 dans le système e-

 16   court.

 17   Encore une fois, Monsieur Ruez, pourriez-vous nous dire ce que l'on

 18   voit ici et où ces objets ont été retrouvés ?

 19   R.  Eh bien, ceux-ci ont été retrouvés dans la même zone, l'alignement

 20   d'arbres ou de buissons. Il s'agit d'ossements humains. Il y a un fragment

 21   d'os pubien et il y a également une côte.

 22   Q.  Qui les a identifiés en tant que tels ?

 23   R.  Ils ont été identifiés ultérieurement sur la base de la photographie.

 24   Q.  Et qui a procédé à cela ?

 25   R.  Je n'ai pas compris.

 26   Q.  Qui a procédé à l'identification ?

 27   R.  Je ne sais pas à qui nous avons présenté ceci. C'était probablement

 28   Bill Haglund à l'époque. M. Haglund.


Page 23854

  1   Q.  Pourrions-nous passer à la page suivante, numéro 217 dans la version

  2   imprimée, 227 dans le système e-court.

  3   Que voyons-nous sur cette photographie et où ceci a-t-il été retrouvé

  4   ?

  5   R.  Alors ceci a également été retrouvé dans les buissons que l'on voyait

  6   dans l'alignement sur la photographie tout à l'heure. Il s'agit d'un crâne

  7   humain.

  8   Q.  Pourriez-vous passer à la page à la page suivante, numéro 218 dans la

  9   version papier, et 228 dans le système électronique. Il s'agit ici d'une

 10   photographie aérienne datée du 17 juillet 1995, montrant la ferme d'Etat de

 11   Branjevo.

 12   Pourriez-vous nous dire, Monsieur Ruez, ce que représentent les deux

 13   lignes jaunes en pointillé qui apparaissent dans la partie gauche de

 14   l'image ?

 15   R.  Lors de l'une des visites que nous avons faites sur le site de cette

 16   ferme, nous avons procédé à une collecte de douilles telles qu'elles

 17   pouvaient être retrouvées en surface dans la zone correspondante, qui est

 18   ici représentée par ces lignes précisément. Alors, en réalité, la zone

 19   examinée était une bande de terrain plus étroite, mais c'est là une

 20   indication approximative de la zone dans laquelle nous avons collecté des

 21   douilles qui étaient au sol. Et la plupart des douilles, en revanche, ne se

 22   trouvaient probablement plus à la surface du sol.

 23   Q.  Pourrions-nous passer à la page suivante, numéro 219 dans la version

 24   imprimée, 229 dans le système e-court.

 25   Monsieur Ruez, vous pouvez voir ici deux jeux d'indications sur des

 26   fonds de couleur différente. Il y a deux couleurs différentes. Pourriez-

 27   vous nous expliquer pourquoi ?

 28   R.  Oui. En fait, les étiquettes jaunes, c'est moi qui les ai apposées,


Page 23855

  1   avec les flèches rouges qui indiquent le sens de l'arrivée. Et les autres,

  2   les étiquettes blanches, sont celles qui figuraient à l'origine sur le

  3   document tel qui nous a été fourni. Les étiquettes orange viennent

  4   également de l'auteur original du document, à l'exception de celles qui

  5   indiquent la zone où l'excavatrice a creusé. Donc les indications qui

  6   pouvaient y figurer étaient "équipement lourd" ou quelque chose de ce

  7   style, ainsi que "emplacement probable des corps", "tas de terre", et tout

  8   en haut, "corps". Ces indications figuraient sur l'image initiale.

  9    Q.  Pouvons-nous maintenant examiner rapidement le document 3599 de la

 10   liste 65 ter. Alors c'est encore une photographie aérienne. Numéro 3959.

 11   C'est une photographie aérienne datée du 17 juillet 1995.

 12   Est-ce que vous pourriez nous dire qui a apposé les indications qui

 13   figurent sur cette photographie, le texte ? Alors, s'agit-il ici de la

 14   photographie originale telle qu'elle vous a été fournie et sur laquelle

 15   vous avez apposé des légendes de couleur orange ?

 16   R.  Eh bien, les couleurs sont inversées ici. Le noir apparaît en blanc et

 17   le blanc en noir. C'est comme un négatif. Tout est complètement inversé, en

 18   termes de couleurs. Ce qui devrait être blanc apparaît en noir, et vice

 19   versa. Donc je vais avoir du mal à vous confirmer s'il s'agit ou non ici de

 20   l'original parce que, en fait, les originaux se présentent toujours avec

 21   des inscriptions en noir sur fond blanc. Alors qu'ici on a l'inverse.

 22   M. MITCHELL : [interprétation] Monsieur le Président, puis-je remettre au

 23   témoin une version papier de cette photographie telle que nous l'avons

 24   reçue.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Plaçons-là sur le rétroprojecteur dans

 26   ce cas.

 27   M. MITCHELL : [interprétation] Merci.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Je reconnais sans difficulté cette


Page 23856

  1   photographie. C'est bien de l'original qu'il s'agit.

  2   M. MITCHELL : [interprétation]

  3   Q.  C'est bien là l'image de départ à partir de laquelle vous avez réalisé

  4   l'autre que nous avons vue avec des légendes sur fond orange, n'est-ce pas,

  5   page 119 de votre ouvrage ?

  6   R.  En effet.

  7   M. MITCHELL : [interprétation] Je voudrais demander le versement au

  8   dossier, Monsieur le Président.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Mitchell, pourriez-vous nous

 10   expliquer la différence entre la version papier, d'une part, et celle qui

 11   est disponible dans le système e-court ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] L'original est en noir et blanc.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je m'adressais à M. Mitchell, en fait.

 14   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Parce que vous n'avez pas pu nous

 16   l'expliquer.

 17   M. MITCHELL : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que c'est la

 18   même image, et je crois que ça a sans doute quelque chose à voir avec la

 19   façon dont on a procédé à la numérisation.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ce sont donc des documents qui

 21   pourraient peut-être être re-numérisés ?

 22   M. MITCHELL : [interprétation] En effet.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Alors, Maître Robinson, y a-t-il la

 24   moindre observation ou objection ?

 25   M. ROBINSON : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Dans ce cas-là, nous allons

 27   demander que l'original soit de nouveau numérisé avant d'être présenté pour

 28   versement au dossier.


Page 23857

  1   M. MITCHELL : [interprétation] Très bien, Monsieur le Président.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Attribuons d'ores et déjà une cote.

  3   M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce numéro P4305, Madame et Messieurs

  4   les Juges.

  5   M. MITCHELL : [interprétation] Pourrions-nous revenir à la pièce

  6   numéro 3199 de notre liste 65 ter, page 220 dans la version imprimée, 230

  7   dans le système électronique.

  8   Q.  Encore une fois, nous voyons ici deux photographies aériennes. Celle de

  9   gauche porte la date du 21 septembre 1995; celle de droite, celle du 5

 10   juillet 1995. Alors, pourriez-vous nous dire ce que signifie la flèche de

 11   couleur jaune que l'on voit dans la partie inférieure de ces clichés ?

 12   R.  La flèche jaune indique l'emplacement où, à la date du 5 juillet, rien

 13   n'avait encore été dérangé à la surface; alors que le 21 juillet, eh bien,

 14   on pouvait déjà remarquer la zone où on avait dérangé le site, et on

 15   pouvait également voir clairement le charnier.

 16   Q.  Page suivante, numéro 221 dans la copie papier et 231 dans le système

 17   e-court.

 18   Est-ce que vous pourriez nous dire ce que l'on voit ici à l'image ?

 19   R.  Oui, il s'agit des restes humains qui se trouvaient à la surface du sol

 20   au moment où nous sommes entrés pour la première fois sur le site de cette

 21   ferme. Ces restes ont été retrouvés à l'extrême limite du charnier.

 22   Manifestement, ces restes humains avaient été repoussés par les machines --

 23   les excavatrices, et laissés tels quels dans les buissons.

 24   Q.  Je vais maintenant vous proposer que nous visionnions un enregistrement

 25   vidéo présentant le même site. Encore une fois, nous n'allons pas entendre

 26   la bande-son, et je vais simplement vous demander de décrire ce que vous

 27   voyez. C'est le document numéro 40227A de la liste 65 ter.

 28   [Diffusion de la cassette vidéo]


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agit d'un enregistrement pris depuis un

  2   hélicoptère. Ici, nous survolons l'école de Kula, et cela se fait en

  3   suivant le parcours du chemin de terre qui va vers Pilica, de façon à

  4   apprécier la distance. Donc nous suivons toujours le chemin. Ensuite, il y

  5   a l'arrivée à la ferme de Branjevo.

  6   Ici, on voit la ferme de Branjevo. Et si on agrandit l'image du site

  7   où se trouve le charnier…

  8   Et voilà les bâtiments.

  9   Ici, on voit l'endroit où désormais se trouve un village -- un

 10   lotissement. Ici, on surplombe le charnier.

 11   Ici, nous voyons les choses à partir du sol.

 12   M. MITCHELL : [interprétation] Pour consignation au compte rendu

 13   d'audience, nous sommes à quatre minutes du début de la séquence.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] On voit ici des objets qui sont toujours

 15   éparpillés à la surface du sol. Et ici, une partie de corps qui a été

 16   déplacée par l'engin.

 17   Ici, ce sont des photos prises un autre jour dans le cadre d'une

 18   mission menée sur place.

 19   Ces photos-ci sont tournées par Peter Nicholson.

 20   M. MITCHELL : [interprétation]

 21   Q.  Et qu'est-ce qu'on voit --

 22   R.  On voit ici le garage, l'arbre qui nous montre la direction suivie par

 23   les prisonniers. On voit ici le bâtiment administratif. La porcherie est

 24   derrière. Donc le garage. Et le secteur où nous avons récupéré des

 25   douilles. Et maintenant nous voyons la zone d'exécution, le charnier étant

 26   juste derrière les arbres sur la gauche.

 27   M. MITCHELL : [interprétation] Nous sommes au code horaire 6 minutes, 2

 28   secondes.


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] L'arrière du garage. Et le champ. Ici, des

  2   étiquettes jaunes qui marquent l'emplacement de douilles visibles à la

  3   surface du sol. 

  4   M. MITCHELL : [interprétation]

  5   Q.  Et les images que nous sommes en train de voir maintenant ont été

  6   filmées à partir de quel endroit ?

  7   R.  Ce sont des images qui ne montrent peut-être pas exactement la

  8   dimension du lieu d'exécution parce que la zone a été remuée par des engins

  9   lourds qui ont servi à récupérer les cadavres en surface, mais il y a aussi

 10   des engins agricoles qui, plus tard, ont sans doute été utilisés dans ce

 11   champ. Donc la zone dans laquelle nous avons trouvé les douilles est plus

 12   grande, en réalité, mais on voit tout de même sur ces images une surface

 13   assez importante.

 14   Ici, nous sommes dans le secteur qui conduit au charnier.

 15   M. MITCHELL : [interprétation] Je crois qu'on peut s'arrêter ici. Ou

 16   plutôt, toutes mes excuses, la diffusion devrait se poursuivre. Nous étions

 17   arrivés à 9 minutes, 11 secondes.

 18   Q.  Pouvez-vous nous dire ce qu'on voit dans cette portion de la séquence

 19   vidéo, Monsieur Ruez.

 20   R.  Oui. Ici, on voit le pont sous lequel le témoin s'est caché après avoir

 21   rampé pour s'éloigner du lieu d'exécution, c'est-à-dire l'endroit où il a

 22   passé la nuit. Il a décrit la présence d'un pont sous lequel se trouvaient

 23   beaucoup de détritus ainsi que des restes de véhicules. Donc la première

 24   chose que nous lui avons montrée, avant même de prendre des photographies

 25   du secteur est représenté sur ces images, mais quand nous sommes revenus

 26   plus tard avec lui, il a confirmé que c'était bien l'endroit. Il a donc

 27   passé la nuit sous ce pont.

 28   Q.  Et quelle est la distance qui sépare ce pont de la ferme ?


Page 23860

  1   R.  La distance n'est pas grande, moins d'un kilomètre. C'est ce même

  2   témoin qui, le lendemain, a vu un camion chargé de corps sans vie qui

  3   empruntait la route venant de Pilica.

  4   Q.  Pouvez-vous nous dire le nom de code de ce témoin ?

  5   R.  Oui. KDZ333.

  6   M. MITCHELL : [interprétation] Je demande le versement au dossier de cette

  7   séquence vidéo, Monsieur le Président.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela devient la pièce P4306, Monsieur le

 10   Président, Madame, Messieurs les Juges.

 11   M. MITCHELL : [interprétation]

 12   Q.  J'aimerais que nous regardions la page 222 de votre livre, qui

 13   correspond à la page 232 dans le prétoire électronique.

 14   Monsieur Ruez, pourriez-vous nous expliquer quel est ce nouveau site que

 15   nous allons voir et dans quelles conditions vous avez appris l'existence de

 16   ce site.

 17   R.  Nous avons appris l'existence de ce site grâce à une source unique, à

 18   savoir la déclaration de Drazen Erdemovic, qui a dit que lorsque les

 19   exécutions à la ferme de Branjevo se sont terminées, le responsable

 20   sécurité sur place leur a dit qu'il restait à peu près 500 prisonniers à

 21   exécuter non loin de là, à savoir dans la maison de la Culture de Pilica.

 22   Q.  Passons maintenant à la page 223 de votre livre, qui correspond à la

 23   page 233 du prétoire électronique.

 24   Pourriez-vous nous dire la signification des deux bâtiments annotés par une

 25   flèche sur cette image ?

 26   R.  Drazen Erdemovic, accompagné d'un certain nombre de membres du 10e

 27   Détachement de Sabotage, s'est rendu en compagnie du responsable sécurité

 28   pour boire quelque chose dans un café qui se trouvait du côté opposé de la


Page 23861

  1   route, et de ce côté opposé de la route se trouvait l'endroit où les

  2   prisonniers étaient enfermés et où une autre équipe de tueurs venus de

  3   Bratunac ont abattu par balle les personnes enfermées à l'intérieur.

  4   Q.  Et ce qu'on voit ici, c'est le village de Pilica ?

  5   R.  Oui. C'est bien le village de Pilica, et on voit le café ainsi que la

  6   maison de la Culture de Pilica sur ces images.

  7   Q.  Pourriez-vous nous dire dans quelle direction court la route que l'on

  8   voit au bas de la photographie ?

  9   R.  Au bas de la photographie, on est dans la direction de Zvornik, et en

 10   haut on va voir Bijeljina. La frontière de la zone de responsabilité du

 11   Corps de la Drina commence à la sortie nord du village.

 12   Q.  224 dans votre livre, 234 dans le prétoire électronique.

 13   Pouvez-vous nous dire ce qu'on voit là.

 14   R.  Sur ces images, on voit un autobus devant la maison de la Culture,

 15   c'est-à-dire exactement à l'endroit où les gens sont allés pour se diriger

 16   vers la maison de la Culture, de Bratunac.

 17   Q.  Et page 224 papier, 234 au prétoire électronique.

 18   Que voyons-nous là ?

 19   R.  C'est la façade avant de la maison de la Culture. Au premier étage, il

 20   y avait le bureau du maire, et au rez-de-chaussée, une petite centrale

 21   téléphonique.

 22   Q.  Page suivante, page 225 sur papier, 235 dans le prétoire électronique.

 23   Que voit-on là ?

 24   R.  C'est le café qui se trouve juste devant la maison de la Culture, le

 25   café où Erdemovic et d'autres membres du 10e Détachement de Sabotage ont bu

 26   quelque chose.

 27   Q.  En bas à gauche à l'avant de la photographie, que voit-on ? Est-ce que

 28   c'est bien la route goudronnée ?


Page 23862

  1   R.  Oui, exactement. C'est la route goudronnée.

  2   Q.  Page suivante,  226 sur papier et 236 dans le prétoire électronique.

  3   Pouvez-vous nous dire où cette photographie a été prise et ce qu'on y voit.

  4   R.  Cette photographie montre l'intérieur du café. Et par la fenêtre, vous

  5   voyez la maison de la Culture. Les entrée et sortie de cette salle dans

  6   laquelle les personnes ont été enfermées ne sont pas visibles sur cette

  7   photographie en raison de la présence d'une structure métallique qui les

  8   cache. Donc Erdemovic ne pouvait pas voir exactement ce qui se passait à

  9   l'intérieur du bâtiment, mais il a pu voir des prisonniers qui sortaient en

 10   courant et qui ont ensuite été abattus dans la rue.

 11   Q.  Entre le café et la maison de la Culture, est-ce que la route que l'on

 12   voit est bien la route principale reliée à Zvornik et à Bijeljina ?

 13   R.  Oui. Derrière le parking et les voitures que l'on voit, se trouve cette

 14   route.

 15   Q.  J'aimerais que l'on passe à la page suivante, 227 dans votre livre, 237

 16   dans le prétoire électronique.

 17   Que montre cette photographie, Monsieur Ruez ?

 18   R.  Ce qu'on voit sur cette photographie, c'est l'immeuble tout entier. Et

 19   à l'endroit où se trouve le soldat à l'avant de la photographie, on voit la

 20   porte de couleur bleue, qui est la porte d'entrée de la maison de la

 21   Culture.

 22   Q.  Donc, lorsque vous dites "l'immeuble entier", c'est bien l'immeuble

 23   qui, dans sa totalité, constitue la maison de la Culture ?

 24   R.  Oui, c'est l'immeuble qui dans sa totalité constitue la maison de la

 25   Culture.

 26   Q.  J'aimerais que nous passions à la page suivante, 228 sur papier, 238

 27   dans le prétoire électronique.

 28   Que voit-on sur cette photographie ?


Page 23863

  1   R.  Sur cette photographie, on voit à gauche la porte qui mène à l'étage,

  2   c'est-à-dire vers la salle de projection à l'intérieur de la maison de la

  3   Culture, et la porte que l'on voit sur la droite est l'entrée principale de

  4   la maison de la Culture. Lorsque nous sommes arrivés au milieu de cette

  5   porte, elle avait un cadenas. Ce qui montrait bien qu'avant notre arrivée,

  6   personne n'y avait pénétré entre le moment où les événements ont eu lieu et

  7   le jour de notre entrée à l'intérieur.

  8   Q.  Page suivante, 229 dans votre livre et 239 dans le prétoire

  9   électronique.

 10   Est-ce que c'est bien le cadenas qui verrouillait la porte ?

 11   R.  C'est le cadenas qui verrouillait la porte, et on voit entre la porte

 12   des toiles d'araignée anciennes qui montrent que la porte a été verrouillée

 13   pendant pas mal de temps.

 14   Q.  Est-ce que vous vous rappelez la date de votre première entrée dans la

 15   maison de la Culture de Pilica ?

 16   R.  Je ne m'en souviens pas avec précision, mais je pense que c'était sans

 17   doute à la fin de l'été 1996.

 18   Q.  Passons à la page suivante, 230 dans votre livre, 240 dans le prétoire

 19   électronique.

 20   Pouvez-vous nous dire ce qu'on voit sur cette photographie et où elle

 21   a été prise.

 22   R.  Cette photographie a été prise à l'étage par le trou ménagé dans un mur

 23   de la cabine de projection. Donc c'est la première vue que nous avons de

 24   l'intérieur de la maison de la Culture.

 25   Q.  Page suivante, 231 dans votre livre, 241 dans le prétoire électronique.

 26   Pouvez-vous nous dire qui est la personne qu'on voit sur cette

 27   photographie et ce qu'elle fait.

 28   R.  Cette personne est John Gerns, qui nous a accompagnés pendant cette


Page 23864

  1   mission. Et nous avons maintenant une date précise, à savoir fin du mois

  2   d'août 1996. C'est moi qui ai pris cette photographie. Quant à John Gerns,

  3   c'était un technicien de scène de crime, et il est en train de récupérer

  4   des échantillons sur le mur.

  5   Q.  Quelle est la nature des échantillons qu'il prélève ?

  6   R.  Il prend des échantillons de la surface du mur qui pourraient être des

  7   traces de sang humain afin de vérifier si c'est bien le cas, et également

  8   des échantillons pour vérifier s'il y a présence de traces d'explosifs.

  9   Q.  Ces échantillons ont été analysés ?

 10   R.  Comme tous les échantillons que nous avons prélevés à Kravica, il

 11   devait s'agir d'échantillons sécurisés au cas où quelque chose arriverait

 12   au bâtiment après notre départ. Donc les échantillons qu'on voit ici ont

 13   simplement été stockés mais n'ont pas été traités. Ils ont sans doute servi

 14   uniquement à déterminer s'il y avait présence ou non de sang humain, mais à

 15   cet endroit précis, et pas dans l'entrepôt de Kravica. Car la pièce qu'on

 16   analysait ici n'a pas pu être utilisée à quelque moment que ce soit comme

 17   abattoir. Donc nous étions sûrs qu'il s'agissait de sang humain.

 18   Q.  Passons à la page suivante, 232 sur papier, 242 dans le prétoire

 19   électronique.

 20   Que voit-on sur cette photographie ?

 21   R.  C'est une tache de sang sur le mur que nous avons prélevée avant que le

 22   technicien de scène de crime ne prélève lui-même un échantillon.

 23   Q.  Page suivante, 233 sur papier et 243 dans le prétoire électronique.

 24   Que voit-on sur cette photographie ?

 25   R.  Eh bien, c'est toujours la même chose. C'est une tache de sang que l'on

 26   voit sur le mur avant le prélèvement effectué par le technicien de scène de

 27   crime.

 28   Q.  Page suivante, 234 sur papier, 244 dans le prétoire électronique.


Page 23865

  1   Quelle est la partie exacte de la maison de la Culture que nous

  2   voyons sur cette photo et quelles sont les marques que l'on voit sur le mur

  3   ?

  4   R.  Nous sommes ici au niveau des escaliers à l'arrière de la pièce où se

  5   trouve la scène, c'est sans doute l'endroit où les gens se sont regroupés

  6   une fois que les tirs ont commencé. Et manifestement, ce qu'on voit sur le

  7   mur est une tache de sang.

  8   Q.  Est-il exact qu'une équipe d'experts en médecine légale est retournée

  9   sur le site après votre première visite ?

 10   R.  Oui, absolument.

 11   Q.  Et ces experts ont rédigé un rapport dans lequel ils ont consigné leurs

 12   conclusions, n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Page 235 sur papier, 245 dans le prétoire électronique.

 15   Pouvez-vous décrire ce qu'on voit sur cette photographie, en

 16   commençant par les marques noires qu'on voit dans la partie inférieure de

 17   la photographie ?

 18   R.  Il s'agit du mur qui était à l'arrière de la pièce, le bas du mur, les

 19   traces noires étant des traces laissées par l'explosion de grenades.

 20   Q.  Qu'en est-il des marques que l'on voit sur la droite de la

 21   photographie, qui remontent vers l'extrémité supérieure gauche de la

 22   photographie ?

 23   R.  Ce sont des taches de sang qui ont giclé sur les murs.

 24   Q.  Page suivante, 236 sur papier et 246 dans le prétoire électronique.

 25   Que voyez-vous sur cette photographie ? Il s'agit d'une image

 26   aérienne datant du 7 juillet 1995. Est-ce bien vous qui avez apposé ces

 27   annotations jaunes sur l'image ?

 28   R.  Oui.


Page 23866

  1   Q.  Pouvez-vous nous dire ce qu'elles signifient.

  2   R.  Oui. Le camion était déjà marqué sur la photo originale. Il est garé

  3   devant la porte bleue, la porte d'entrée. Et ce qui est intéressant au

  4   sujet des traces, c'est qu'elles conduisent également à la porte arrière.

  5   C'est intéressant compte tenu du fait que le nettoyage de l'intérieur

  6   aurait nécessité d'emporter les cadavres aussi bien par la porte d'entrée

  7   que par la porte de sortie arrière.

  8   Q.  Pouvez-vous nous orienter dans l'espace ? On voit une route que l'on

  9   voit sur la droite de l'image du haut vers le bas.

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Quelle est cette route ?

 12   R.  C'est la route goudronnée qui se dirige vers le sud, c'est-à-dire vers

 13   le bas de la photographie, dans la direction de Zvornik, et vers le nord,

 14   c'est-à-dire vers le haut, vers Bijeljina. Et juste en dessous du numéro

 15   qui est apposé sur la photographie, en haut à droite, se trouve le café à

 16   peu près.

 17   Q.  Donc, en dessous du numéro 704.

 18   R.  Oui. C'est l'endroit où se trouve le café.

 19   Q.  Page suivante, 237 sur papier, 247 dans le prétoire électronique.

 20   Pouvez-vous nous dire ce qu'on voit sur cette photographie et quelle

 21   est la signification de la flèche rouge.

 22   R.  Les cadavres des personnes qui ont été abattues à l'intérieur de la

 23   maison de la Culture, eh bien, ce qu'on a supposé à l'époque, c'est

 24   qu'étant donné que le témoin qui s'est caché sous le pont avait vu un

 25   camion chargé de corps sans vie prendre la direction qui nous a été

 26   indiquée, nous avons supposé que les cadavres ont probablement été emportés

 27   vers la ferme de Branjevo, et la flèche rouge montre cette direction. Elle

 28   montre donc le chemin suivi par les camions qui ont transporté les cadavres


Page 23867

  1   vers la ferme de Branjevo, la ferme étant derrière le bout des flèches,

  2   donc derrière la colline.

  3   Q.  Le point de départ des flèches rouges, est-ce que c'est le bâtiment qui

  4   est immédiatement sur la droite, est-ce que c'est bâtiment qui est

  5   immédiatement sur la droite ? Et ce bâtiment, est-ce que c'est bien la

  6   maison de la Culture ?

  7   R.  Oui, c'est la maison de la Culture.

  8   Q.  Je voudrais maintenant vous montrer une autre vidéo, document 65 ter

  9   numéro 40235A, et, encore une fois, je vous demanderais de commenter ce

 10   qu'on voit sur les images.

 11   [Diffusion de la cassette vidéo]

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] On a ici l'arrivée à la maison de la Culture.

 13   Ici, c'est la façade avant. Ainsi que la route goudronnée dans la direction

 14   de Bijeljina. Encore une fois, maintenant on voit la façade de la maison de

 15   la Culture.

 16   M. MITCHELL : [interprétation]

 17   Q.  Est-ce que vous vous rappelez quelle est année correspondant à ces

 18   images ?

 19   R.  Oui, oui. Nous avons ici une bonne indication de la date. C'est le 23

 20   août 1996.

 21   Q.  Quel est le bâtiment que l'on vient de voir ?

 22   R.  Excusez-moi. Il s'agissait du café. C'est une vue où l'on voit en

 23   tournant à 360 degrés tout ce qu'il y a autour. Donc on voit ici ce qui se

 24   trouvait après l'entrée, une fois entré dans la maison de la Culture --

 25   c'est l'intérieur de la maison de la Culture, mais la porte en question

 26   avait été complètement murée, avec du ciment.

 27   M. MITCHELL : [interprétation] C'est à 1 minute 25.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Ceci est le central téléphonique. Et ici, nous


Page 23868

  1   avons la vue à partir de cette petite alcôve.

  2   Voici maintenant l'arrière du bâtiment. Ensuite, la caméra tourne.

  3   Et ici, on a une vue à partir de la cabine de projection, c'est l'une

  4   des deux lucarnes. Ici, on voit l'emplacement à partir duquel la première

  5   série de tirs a commencé.

  6   Là où on a la cage des escaliers, les escaliers qui descendent vers

  7   le bas. Le sol avait été nettoyé, mais la femme de ménage qui s'en était

  8   chargée n'avait pas été soigneuse au point d'éliminer quelques douilles qui

  9   étaient toujours au sol sur le côté.

 10   Voilà des douilles. On en voit un certain nombre à nouveau.

 11   Puis, on a une vue extérieure.

 12   Ici, on voit le café juste en face.

 13   M. MITCHELL : [interprétation]

 14   Q.  Les troupes de l'IFOR que l'on vient d'apercevoir à l'image avaient-

 15   elles quoi que ce soit à voir avec votre visite ?

 16   R.  Oui, absolument. Ces effectifs nous escortaient puisque cette zone

 17   faisait partie de ce qu'il était convenu d'appeler le secteur russe. Donc,

 18   en l'espèce, c'était une unité de soldats russes qui nous accompagnait.

 19   Alors, ici, on voit encore une fois à l'extérieur. Des gants en

 20   caoutchouc, on peut imaginer qu'ils ont été laissés sur place par ceux qui

 21   étaient entrés dans la maison de la Culture pour enlever les corps et

 22   procéder au nettoyage. On voit encore quelques douilles.

 23   Et ensuite, nous avons détruit le cadenas et pénétré à l'intérieur.

 24   On voit donc ici l'intérieur. C'est Peter Nicholson qui tourne ces images.

 25   On voit la salle de projection, plus précisément la lucarne.

 26   Alors je ne vous décris pas toutes les traces visibles. Elles sont

 27   assez éloquentes.

 28   Q.  Que voit-on maintenant --


Page 23869

  1   R.  C'est la scène.

  2   Q.  -- à 7 minutes, 45 secondes ?

  3   R.  Alors nous avons également essayé de voir si, sous la scène, il n'y

  4   avait pas des objets faciles à repérer. Ici, nous avons quelques cartes

  5   d'identité, ou "licna karta" en B/C/S.

  6   Q.  C'est à 8 minutes, 55 secondes.

  7   R.  Ici, on voit des douilles. Encore une fois une douille. Et quelques-

  8   unes des cartes d'identité qui ont été retrouvées. Et je me souviens bien

  9   qu'une seule de ces cartes d'identité présentait un nom encore lisible,

 10   ainsi qu'une photo. Si, c'est celle-ci. Cet homme figurait sur la liste des

 11   personnes disparues de la Croix-Rouge, disparu de Srebrenica.

 12   Q.  C'est à 9 minutes, 40 secondes.

 13   M. MITCHELL : [interprétation] Et je voudrais demander le versement de

 14   cette séquence vidéo, Monsieur le Président.

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Soit.

 16   M. LE GREFFIER : [interprétation] Le document reçoit la cote P4307, Madame,

 17   Messieurs les Juges.

 18   M. MITCHELL : [interprétation]

 19   Q.  Monsieur Ruez, à quel moment avez-vous été pour la dernière fois à la

 20   maison de la Culture de Pilica ?

 21   R.  Eh bien, je crois que c'était en 2002 la dernière fois.

 22   Q.  Et le site avait-il changé en quoi que ce soit par rapport à ce que

 23   nous voyions sur ces images ?

 24   R.  Pas du tout. En 2002, nous sommes revenus avec une équipe d'experts

 25   légistes. Tout comme ce que nous avions fait pour Kravica, rien n'avait

 26   changé, tout était encore sur place. Enfin, en tout cas, l'extérieur avait

 27   pas mal changé, mais à l'intérieur, le bâtiment était resté en l'état.

 28   Q.  Passons maintenant à une autre zone. Passons à la page 239 dans votre


Page 23870

  1   ouvrage, 249 dans le système électronique.

  2   Pourriez-vous nous expliquer très brièvement ce que montre cette carte.

  3   R.  Cette carte présente l'ensemble des sites de charniers présents dans

  4   cette région -- c'est après que l'on ait mené à son terme le processus

  5   initial des exhumations, c'est-à-dire le 17 juillet. C'était au mois de

  6   juillet 1995, et c'était la situation telle qu'elle était connue à ce

  7   moment-là concernant les principaux charniers.

  8   Q.  Est-ce que dans votre enquête vous avez indiqué également que quelque

  9   chose s'était passé sur les sites de ces charniers au cours des mois qui

 10   ont suivi la date du 17 juillet 1995 ?

 11   R.  Eh bien, le processus d'exhumation était dirigé par Bill Haglund en

 12   1996. Il a été mené à son terme, et c'était la fin de l'année donc. Près de

 13   500 corps avaient été exhumés, bien que, à partir des déclarations des

 14   témoins, nous avions estimé que le nombre de corps que nous étions

 15   susceptibles de retrouver aux alentours devait être bien plus important. Il

 16   y a même eu un article dans "Newsweek" intitulé : "Un général sans corps."

 17   Donc la question qui se posait était celle de savoir où ces corps avaient

 18   été emportés. Et notamment sur les sites où des exhumations avaient été

 19   pratiquées, des indications claires existaient montrant que les charniers

 20   couvraient une surface bien plus importante que celle qui avait fait

 21   l'objet d'exhumation. Donc il y a clairement eu des pillages dont ont été

 22   victimes ces différents corps dans les sites d'origine.

 23   Q.  Et quand avez-vous appris pour la première fois l'existence des sites

 24   secondaires dans lesquels des restes humains avaient été enterrés ?

 25   R.  Eh bien, la première indication concernait un certain nombre

 26   d'emplacements suspects au sud de l'enclave dans une zone assez éloignée

 27   nommée Zeleni Jadar. La personne qui nous a fourni cette indication nous a

 28   permis de retrouver les emplacements de quatre sites secondaires, et des


Page 23871

  1   techniques d'imagerie nous ont permis de retrouver en fait six charniers à

  2   Srebrenica dont le contenu provenait, selon nous, du site d'origine

  3   principal à Glogova.

  4   Q.  Et donc, vous avez découvert six charniers à Zeleni Jadar, mais qui a

  5   pris l'initiative de rechercher et de découvrir ces autres sites ?

  6   R.  Après leur découverte et la confirmation que, contrairement à notre

  7   estimation initiale faite à partir des photographies aériennes, le site

  8   avait été dérangé, une analyse de ces images a été effectuée et l'on s'est

  9   efforcé de comprendre ce qui était véritablement visible sur ces

 10   photographies. Le gouvernement des Etats-Unis nous a fourni plusieurs

 11   photographies qui nous ont permis ensuite de nous rendre sur le terrain,

 12   d'inspecter les différents sites concernés et de procéder à une nouvelle

 13   vérification afin de voir s'il n'y avait pas d'autres corps avant de

 14   procéder à des exhumations.

 15   Q.  Alors, voyons ces images très rapidement. Nous allons passer à la page

 16   240 dans la version papier et 250 dans le système électronique.

 17   Est-ce que vous pourriez nous dire à quel site correspondent les

 18   photographies que nous voyons.

 19   R.  Il s'agit ici du site LZ-2. C'est le premier site d'exécution à

 20   Orahovac. L'une des deux photos montre la situation telle qu'elle était au

 21   7 septembre, date à laquelle le site avait déjà été dérangé. Et l'image de

 22   droite, datée du 27 septembre, montre clairement que la façon dont le site

 23   a été dérangé se présente d'une façon qui est tout à fait différente de ce

 24   que l'on voit à la date du 7 septembre. Par conséquent, quelque chose

 25   s'était produit sur ce site entre le 7 et le 27 septembre.

 26   Q.  Peut-on passer à la page suivante, numéro 241 dans la version papier,

 27   251 dans le système électronique.

 28   Veuillez nous dire, Monsieur le Témoin, le site qui est ici photographié.


Page 23872

  1   R.  C'est le même emplacement -- le même site à Orahovac, mais c'est celui

  2   connu sous le nom de LZ-1. Encore une fois, on peut voir que la façon dont

  3   le site a été dérangé n'est plus du tout la même en apparence à la date du

  4   27 par rapport à ce qui était visible à celle du 7.

  5   Q.  Page suivante, numéro 242 dans l'ouvrage, 252 dans la pagination

  6   électronique.

  7   Pourriez-vous encore une fois nous expliquer ce que représentent ces

  8   images.

  9   R.  C'est exactement le même type de situation, mais il s'agit du barrage

 10   de Petkovci. On voit que le creusement de la fosse et la façon dont le site

 11   a été, par conséquent, modifié se présente sous une apparence tout à fait

 12   différente aux dates des 27 et 7 septembre.

 13   Q.  Et nous avons une zone en forme de plateau juste devant le barrage,

 14   n'est-ce pas ?

 15   R.  Oui, c'est le plateau.

 16   Q.  Pouvons-nous maintenant passer à la page suivante, 243 dans l'ouvrage,

 17   253 dans le système électronique.

 18   Nous voyons donc des modifications visibles au sol à Kozluk, avec la moitié

 19   gauche qui correspond à la date du 7 septembre 1995, et la moitié droite à

 20   la date du 27 septembre 1995.

 21   R.  C'est le même type de situation, mais cette fois-ci c'est le site de

 22   Kozluk qui est concerné. C'est aussi là une des raisons pour lesquelles sur

 23   tous ces différents sites il nous a été particulièrement facile de

 24   retrouver des ossements et des restes humains dispersés à la surface du

 25   sol. Parce que, au cours du processus d'enlèvement de tous ces corps au

 26   moyen d'équipement lourd, il y a eu dispersion d'un certain nombre

 27   d'objets. Donc, ici, nous avons la façon dont le site de Kozluk a été

 28   modifié.


Page 23873

  1   Q.  Pouvons-nous passer à la page suivante, 244 dans l'ouvrage, 254 dans le

  2   système électronique. Il s'agit ici d'une seule photographie montrant la

  3   ferme de Branjevo à la date du 27 septembre 1995. Alors il y a une légende

  4   qui dit "tranchée nouvellement creusée" et une autre légende indiquant

  5   "excavatrice et rétrocaveuse".

  6   Alors, c'est bien le cas, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui. Toutes ces indications ainsi que le grossissement de la cour de la

  8   ferme correspondent bien à ce que vous dites.

  9   Q.  Quelle est la signification de cette image particulière ?

 10   R.  Eh bien, nous connaissions déjà l'emplacement précis du charnier, et

 11   sur cette photographie nous pouvons voir la cour de la ferme, et on peut

 12   voir effectivement qu'il y a une rétrocaveuse et une excavatrice.

 13   Q.  Pouvons-nous avoir la page suivante, 245 dans l'ouvrage, 255 dans le

 14   système électronique.

 15   Pourriez-vous nous dire de quel site il s'agit ?

 16   R.  Il s'agit du site de la ferme de Branjevo. C'est un exemple tout à fait

 17   typique du type de résultat final que l'on pouvait avoir à la fin de 1996,

 18   puisqu'on voit une fosse profonde sur la photographie qui a la taille du

 19   charnier d'origine. Mais la seule chose qui subsistait dans cet énorme

 20   charnier, c'était un empilement de 100 corps.

 21   Q.  Pouvons-nous passer à la page suivante, 246 dans l'ouvrage, 256 dans le

 22   prétoire électronique.

 23   S'agit-il ici de l'empilement de corps que vous évoquiez à l'instant

 24   ?

 25   R.  Oui. Il s'agit des corps empilés qui subsistaient sur le site de la

 26   ferme de Branjevo.

 27   Q.  Page suivante, 247 dans l'ouvrage, 257 dans le système électronique.

 28   R.  Ici, il s'agit de l'une des photographies aériennes de Glogova qui fait


Page 23874

  1   partie de toute une série de photographies présentées en évolution dans son

  2   ensemble qu'a connue ce site très important. Très important, parce qu'il

  3   s'agit là non seulement du charnier où les corps de la maison de Kravica

  4   ont été inhumés, mais également ceux qui ont été exécutés à Bratunac ainsi

  5   que ceux qui ont été exécutés le long de la route après s'y être rendus.

  6   Tous les corps de ces victimes ont été emportés à Glogova. Cette

  7   photographie particulière est datée du 30 octobre et montre que le

  8   processus de modification du site se poursuivait, puisque l'on voit que la

  9   rétrocaveuse se trouve précisément à l'intérieur du périmètre de l'un de

 10   ces charniers. On voit que le site est composé de certain nombre de

 11   charniers.

 12   Q.  Et la conclusion d'après laquelle c'est une rétrocaveuse que l'on peut

 13   voir à cet emplacement sur l'image, c'est une conclusion à laquelle est

 14   parvenue la source qui vous a fourni cette image, n'est-ce pas ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Page 248 dans l'ouvrage, 258 dans le système e-court.

 17   Est-ce que vous pourriez rapidement nous décrire ce que représente

 18   cette carte ainsi que le sens de la flèche jaune qui pointe vers le sud.

 19   R.  Eh bien, je crois que cette carte représente -- ou plutôt, cette flèche

 20   représente le mouvement ou le déplacement des corps pris à Glogova et

 21   emportés de l'autre côté par rapport à la zone de sécurité des Nations

 22   Unies, vers Zeleni Jadar.

 23   Q.  Il y a d'autres témoins qui ont parlé des liens entre ces deux sites,

 24   entre ces deux séries de charniers, n'est-ce pas ?

 25   R.  Le lien est établi sur la base des résultats d'exhumation et d'analyses

 26   de médecine légale parce qu'il y a de nombreuses possibilités de liens

 27   existant entre les sites primaires et secondaires. Il y a un certain nombre

 28   d'objets retrouvés de façon évidente, il y a les analyses du sol, la


Page 23875

  1   comparaison des douilles et différentes méthodes auxquelles l'on a recouru.

  2   En fait, c'est Dean Manning qui les a utilisées.

  3   Q.  Peut-on examiner la page suivante, 249 dans l'ouvrage, 259 dans le

  4   système électronique.

  5   Pouvez-vous nous décrire ce qui est visible sur cette image.

  6   R.  Ceci nous montre la zone connue sous le nom de Zeleni Jadar et

  7   l'extrême sud de l'enclave. L'image présente la façon dont les différents

  8   sites des charniers ont été répartis le long de cette route, la façon dont

  9   les charniers ont été répartis de façon à rendre quasiment impossible la

 10   localisation des autres charniers, à supposer que l'on en ait localisé l'un

 11   d'entre eux. En fait, les différents emplacements se situent à la limite ou

 12   au contact de la ligne de confrontation de l'époque, ce qui signifie qu'il

 13   y avait des champs de mines dans toute cette zone.

 14   Q.  Peut-on passer à la page suivante, 250 dans l'ouvrage, 260 dans le

 15   système électronique.

 16   Qui est la personne que l'on voit sur cette photographie, si vous

 17   vous en souvenez ?

 18   R.  Absolument. C'est William Haglund. Et nous prélevons ici des

 19   échantillons sur l'un des sites suspects, celui de Zeleni Jadar, afin de

 20   confirmer la présence de restes humains. Ici, nous voyons un homme.

 21   Q.  Ici, c'est le site de Zeleni Jadar numéro 4, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui, c'est exact. Zeleni Jadar numéro 4.

 23   Q.  Pouvons-nous passer à la page suivante, 251 dans l'ouvrage et 261 dans

 24   la version électronique.

 25   Alors nous pouvons voir sept cercles jaunes et noirs sur cette carte

 26   aux environs de Zvornik. Pourriez-vous nous expliquer ce qu'ils

 27   représentent ?

 28   R.  Ils font partie, ou, enfin, ils représentent une partie des sites


Page 23876

  1   suspects. Nous les avons inspectés -- nous les avons tous inspectés en

  2   2007, et il s'agit d'un ensemble de sites se trouvant le long de l'ancienne

  3   route qui allait de Zvornik à Tuzla. C'était une route non goudronnée, un

  4   chemin de terre, à l'écart de la route que l'on peut emprunter normalement

  5   pour sortir de Zvornik. Et toutes les inspections ont été positives, et il

  6   y a eu des exhumations ensuite sur ces différents sites. Les corps

  7   retrouvés étaient des corps provenant d'Orahovac.

  8   Q.  Et lorsque vous avez effectué ces analyses en 2007 -- c'était bien en

  9   2007, n'est-ce pas ?

 10   R.  Non, excusez-moi, c'était en 1997.

 11   Q.  Et quels sont les noms de ces différents sites, de ces sept sites ?

 12   R.  Eh bien, il s'agit de la route de Hodzici. Donc, en nom de code c'est

 13   HZ.

 14   Q.  Pouvons-nous passer à la page suivante, 252 dans l'ouvrage, 262 dans le

 15   système électronique.

 16   S'agit-il là des mêmes sept sites que nous venons d'évoquer ?

 17   R.  Oui, oui. Et encore une fois, on voit sur cette image la façon dont les

 18   différents sites ont été éparpillés et dispersés, la façon également dont

 19   tous ces restes humains ont été éparpillés pour diminuer les chances de les

 20   retrouver tous, et afin de faire en sorte que l'ampleur du crime ne puisse

 21   pas être appréhendé dans toute son ampleur dans la mesure où il y aurait eu

 22   un grand nombre de corps manquants.

 23   Q.  Voyons la page suivante, 253 dans l'ouvrage, 263 dans le système

 24   électronique.

 25   Cette carte présente également un certain nombre de cercles jaunes et

 26   noirs juste en dessous de la localité de Liplje. Pourquoi ?

 27   R.  Eh bien, nous sommes également à proximité de Zvornik. Nous avons

 28   effectué des inspections sur ces sites également, et ensuite nous avons


Page 23877

  1   procédé à des exhumations. C'était encore une fois en 1997. Et ces

  2   exhumations ont permis aux experts d'établir un lien entre ces sites-ci et

  3   ceux où des prisonniers avaient été exécutés à proximité du barrage.

  4   Q.  Passons à la page suivante, 255 [comme interprété] dans l'ouvrage, 265

  5   [comme interprété] dans le système e-court.

  6   S'agit-il là des mêmes quatre sites que nous venons d'évoquer ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Dans cette zone près de Liplje, y avait-il une population qui y vivait

  9   ? S'agissait-il d'une zone habitée au moment où vous avez procédé à

 10   l'inspection de ces sites ?

 11   R.  Tous les sites de ces charniers secondaires étaient situés dans des

 12   zones qui étaient entièrement inhabitées à l'époque.

 13   Q.  Pouvons-nous passer à la page suivante. Il s'agit d'une carte

 14   présentant neuf disques jaunes dans la zone de Cancari.

 15   R.  Eh bien, la zone de Cancari se trouve dans une vallée qui fait environ

 16   8 kilomètres de long au milieu d'une route en terre. Et les différents

 17   disques de couleur jaune le long de cette route sur cette carte

 18   représentent les différents sites de charniers secondaires où l'on a

 19   retrouvé des corps qui provenaient de Branjevo.

 20   Q.  Est-ce que tous les corps provenaient de Branjevo ou y en avait-il

 21   d'autres provenant d'un autre site ?

 22   R.  Ici, tous les sites provenaient de Branjevo. A l'entrée de la vallée,

 23   il y a trois sites supplémentaires où les corps provenaient de Kozluk.

 24   Q.  Passons à la page suivante, 256 dans l'ouvrage, 266 dans le système

 25   électronique.

 26   Monsieur Ruez, est-ce que vous pourriez nous dire -- alors, en fait,

 27   dans le compte rendu, page 56, ligne 9, vous nous avez dit que dans tous

 28   les sites de charniers secondaires, il n'y avait pas de population qui y


Page 23878

  1   résidait, que ces endroits étaient inhabités. Donc il y avait une

  2   population, en revanche, autour, n'est-ce pas ?

  3   R.  Non, personne ne vivait sur ces sites. Ils se trouvaient tous dans des

  4   zones où les maisons avaient été entièrement détruites, et ils se

  5   trouvaient donc être inhabités.

  6   Q.  Donc c'étaient des sites inhabités, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui, inhabités.

  8   Q.  Alors nous examinons la page 256 maintenant.

  9   Pourriez-vous nous décrire ce que nous voyons sur cette photographie.

 10   R.  C'est une photographie prise en 1998, la vallée de Cancari. A ce

 11   moment-là, plutôt à cet endroit, la vallée s'élargit quelque peu, mais

 12   toutes les maisons que vous voyez ici ont été, en fait, reconstruites;

 13   alors qu'en 1995 et 1996, personne ne vivait ici. Il aurait été beaucoup

 14   trop dangereux de vivre ici avant la fin du conflit.

 15   Q.  On peut voir une route qui court à partir du bas de cette photographie

 16   jusqu'à son milieu. Est-ce que vous pourriez nous donner quelque repère ?

 17   R.  Eh bien, ce chemin de terre en bas de la photographie, si vous le

 18   suiviez, vous vous dirigeriez vers la vallée de la Drina, donc en direction

 19   de Nova Kasaba; en revanche, dans la direction du nord, c'est vers Zvornik

 20   que vous vous dirigez.

 21   Q.  Passons à la page suivante, 257. Passons donc à la page suivante.

 22   S'agit-il bien ici des sites de la route de Cancari que vous avez déjà

 23   évoqués ?

 24   R.  Oui. On ne voit pas la vallée de la Drina sur ces images qui sont à

 25   droite. Le premier site, alors, en fait, il y en avait peut-être trois ou

 26   quatre, je ne suis pas tout à fait sûr, trois ou quatre corps qui

 27   provenaient de la zone de Kozluk. Et ce site, nous nous y sommes rendus

 28   immédiatement après -- ou plutôt, nous sommes allés à Kozluk juste après


Page 23879

  1   avoir posé des marqueurs. Tous les autres corps venaient de Branjevo, et là

  2   encore la photographie nous montre la façon dont les sites ont été

  3   éparpillés dans la vallée.

  4   Q.  Si nous voyons la page suivante -- ou, peut-être, passons la suivante

  5   et passons à la page 259.

  6   Est-ce que vous pourriez nous décrire ce qu'on voit ici ? Page 259

  7   papier, 269 au prétoire électronique.

  8   R.  C'est une vue d'hélicoptère de l'ensemble du site d'exhumation dans la

  9   deuxième fosse secondaire qu'on compare aux photos aériennes.

 10   Q.  Page suivante, 250 [comme interprété] sur papier, 270 dans le prétoire

 11   électronique.

 12   Quel est le site que nous voyons là ?

 13   R.  C'est le site de Cancari numéro 12. Sur cette photographie, on voit la

 14   première couche d'exhumation dans la fosse. Ce que nous voulions, c'est

 15   prendre en photo cette première couche. Ce n'est peut-être pas une façon

 16   tout à fait classique de mener une exhumation, mais de façon à apprécier

 17   l'aspect d'un charnier de ce genre, nous voulions photographier la première

 18   couche d'exhumation.

 19   M. MITCHELL : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai encore cinq à

 20   dix minutes de questions. Je ne sais pas exactement quand la prochaine

 21   pause était prévue.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je pense que nous pourrions poursuivre

 23   jusqu'à 17 heures 45.

 24   M. MITCHELL : [interprétation] Je vous remercie.

 25   Q.  Page 264 sur papier, qui devrait normalement correspondre à la page 274

 26   dans le prétoire électronique, s'il vous plaît.

 27   Pourriez-vous nous expliquer d'abord ce qu'on voit sur cette photographie

 28   et à quelle date elle a été prise.


Page 23880

  1   R.  Cette photographie est un cliché qui est tiré de la vidéo V550, filmée

  2   par Zoran Petrovic. Cette vidéo date du 12 juillet. Et ce qu'on voit ici,

  3   c'est le moment où il pénètre dans la ville de Srebrenica. Nous voyons là

  4   la mosquée du centre-ville. Il y avait deux monuments du culte au centre de

  5   Srebrenica, dont l'un était une église et l'autre une mosquée.

  6   Q.  Donc ceci, c'est la mosquée du centre-ville à Srebrenica ?

  7   R.  Oui. La photo a été prise après la prise de la ville par l'armée bosno-

  8   serbe, le lendemain.

  9   Q.  Page suivante, 256 [comme interprété] sur papier, 266 [comme

 10   interprété] dans le prétoire électronique.

 11   Pourriez-vous nous dire d'abord quel jour cette photographie a été

 12   prise ?

 13   R.  J'ai pris cette photographie au mois d'avril 1996. Nous n'avons pas la

 14   date inscrite sur la photo, mais je crois que c'est le 16 ou le 18 avril.

 15   Q.  Et qu'est-ce qu'on voit sur cette photographie ?

 16   R.  On voit la même mosquée que celle que nous avons vue sur la

 17   photographie précédente.

 18   Q.  Comment pouvez-vous dire qu'il s'agit bien de la même mosquée ?

 19   R.  Eh bien, parce que la photo est prise exactement au même endroit, au

 20   centre-ville. Les seuls éléments que l'on peut reconnaître sur cette

 21   photographie, étant donné l'importance des destructions et le fait que la

 22   mosquée a été plastiquée, donc la seule chose que l'on peut voir ici c'est

 23   une partie du toit et un morceau du minaret.

 24   Q.  Page suivante, 266 sur papier, 276 dans le prétoire électronique.

 25   Encore une fois, je vous demanderais de nous dire quel jour cette

 26   photographie a été prise et quels sont les éléments importants qu'on peut y

 27   voir.

 28   R.  Je ne me rappelle pas exactement la date, mais elle a été prise au


Page 23881

  1   moins un an après les photos que nous venons de voir, car chaque fois que

  2   je retournais sur les lieux, je prenais une photographie de façon à

  3   apprécier la destruction lente du monument. Ici, on voit qu'il ne reste

  4   plus qu'un gros morceau de béton.

  5   Q.  Page suivante, 267 sur papier, 277 dans le prétoire électronique.

  6   C'est un gros plan de la photographie précédente, n'est-ce 

  7   pas ?

  8   R.  Oui, c'est un gros plan de la photographie précédente.

  9   Q.  Page suivante, 268 sur papier, 278 dans le prétoire électronique, s'il

 10   vous plaît.

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je me demande si tout ceci relève bien de la

 12   compétence du témoin qui est devant vous.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous entendrons la réponse du témoin,

 14   Monsieur Karadzic.

 15   Monsieur Mitchell, quelle était votre question ?

 16   M. MITCHELL : [interprétation]

 17   Q.  Ma première question est la suivante : est-ce que vous vous rappelez,

 18   Monsieur Ruez, le jour exact où cette photographie a été prise ?

 19   R.  Le jour, je ne m'en souviens pas, mais l'année est 1998.

 20   Q.  Et ma deuxième question la suivante : quel est l'élément mis en exergue

 21   par la flèche jaune ?

 22   R.  La flèche jaune que j'ai ajoutée moi-même met l'accent sur l'endroit

 23   qui se trouve juste devant la mosquée du centre-ville de Srebrenica. Cet

 24   emplacement est en train d'être transformé en parking.

 25    Q.  Page suivante, 269 sur papier et 279 dans le prétoire électronique.

 26   Que voit-on là ?

 27   R.  C'est une autre mosquée de Srebrenica qui se trouve sur la route qui

 28   mène ou qui permet de revenir de Zeleni Jadar.


Page 23882

  1   Q.  Et elle a été prise quel jour, cette photographie ?

  2   R.  A un certain moment en 1997.

  3   Q.  Donc c'est une autre mosquée que la mosquée du centre-ville de

  4   Srebrenica, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui. Au total, il y avait trois mosquées dans la ville, mais je n'ai

  6   pas photographié toutes les mosquées. Celle-ci, il se trouve qu'elle se

  7   trouvait sur la route qui mène à Zeleni Jadar. Et je l'ai prise, ce qui

  8   permet de voir ce qui est arrivé à cette mosquée également. Mais j'ai pris

  9   cette photographie en 1997.

 10   Q.  Est-ce que vous vous rappelez si cette mosquée est visible sur l'une

 11   des images datant de juillet 1995 ?

 12   R.  Non. Nous n'avons pas la photographie de cette mosquée à un autre

 13   moment qu'en 1997, et manifestement elle avait été détruite, mais pas par

 14   les combats.

 15   Q.  Les deux pages suivantes, nous n'allons pas vous les montrer. Il s'agit

 16   des pages 270 et 271. Mais s'agit-il sur ces deux photographies de la même

 17   mosquée sous des angles différents ?

 18   R.  Oui.

 19   M. MITCHELL : [interprétation] Monsieur le Président, je demande le

 20   versement au dossier de l'ouvrage de M. Ruez.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il n'a pas encore été versé au dossier,

 22   n'est-ce pas ?

 23   M. MITCHELL : [interprétation] Non.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien. Le livre est versé au dossier.

 25   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il devient la pièce à conviction P4380

 26   [comme interprété].

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que ceci met un point final à

 28   votre interrogatoire principal, Monsieur Mitchell ?


Page 23883

  1   M. MITCHELL : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je vous

  2   remercie.

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Eh bien, dans ces conditions, nous

  4   allons maintenant entendre la déposition de M. Haglund, n'est-ce pas ?

  5   M. MITCHELL : [interprétation] Oui, c'est exact.

  6   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il s'agit d'un témoin qui est entendu de

  8   vive voix, donc vous n'avez pas de pièces à conviction associées à verser

  9   au dossier, n'est-ce pas ?

 10   M. MITCHELL : [interprétation] C'est exact.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Eh bien, Monsieur Ruez, avant que vous

 12   n'entendiez le contre-interrogatoire de M. Karadzic, comme je l'ai déjà

 13   indiqué, un autre témoin sera entendu au principal. Votre contre-

 14   interrogatoire devrait sans doute démarrer dans la journée de demain.

 15   Nous allons suspendre jusqu'à 18 heures 15, mais avant, j'aurais une

 16   décision à rendre par oral rapidement.

 17   Il s'agit de la réponse de l'Accusation à la requête en vue de

 18   suppression des éléments de preuve concernant Sarajevo, déposée le 23

 19   janvier 2012.

 20   La Chambre est d'avis que la requête de l'Accusation en vue d'une

 21   prolongation du temps aux fins de répondre à la requête de l'accusé

 22   demandant l'exclusion des éléments de preuve liés à Sarajevo doit être

 23   acceptée. En conséquence, l'Accusation devrait déposer sa réponse au plus

 24   tard trois jours après reçu la position définitive du fournisseur au titre

 25   de l'article 70 du Règlement. En tant que tel, la Chambre renvoie à une

 26   date ultérieure l'examen par elle de la requête de l'accusé en attendant la

 27   réponse de l'Accusation.

 28   Nous reprendrons nos débats à 18 heures 15.


Page 23884

  1   [Le témoin quitte la barre]

  2   --- L'audience est suspendue à 17 heures 46.

  3   --- L'audience est reprise à 18 heures 18.

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je demanderais au témoin de prononcer la

  6   déclaration solennelle.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

  8   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  9   LE TÉMOIN : WILLIAM HAGLUND [Assermenté]

 10   [Le témoin répond par l'interprète]

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez vous asseoir

 12   confortablement, Monsieur.

 13   Monsieur Mitchell, vous pouvez procéder.

 14   M. MITCHELL : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 15   Interrogatoire principal par M. Mitchell :

 16   Q.  [interprétation] Bonjour, Docteur. Pourriez-vous, je vous prie,

 17   décliner vos nom et prénom et épeler votre nom de famille.

 18   R.  Oui. Je m'appelle William D. Haglund, H-a-g-l-u-n-d.

 19   Q.  Quelle est votre profession ?

 20   R.  Je suis anthropologiste en médecine légale ?

 21   Q.  Je demande l'affichage du document 65 ter numéro 11142 grâce au

 22   prétoire électronique.

 23   Docteur, voit-on à l'écran en ce moment un exemplaire de votre

 24   curriculum vitae ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  On voit au bas de la première page de ce CV que vous avez été

 27   conseiller principal en médecine légale auprès du bureau du Procureur du

 28   TPIY en 1996, n'est-ce pas ?


Page 23885

  1   R.  C'est exact.

  2   Q.  Qu'impliquait le rôle que vous aviez à jouer dans ce théâtre ?

  3   R.  Eh bien, mon rôle impliquait que j'étais responsable de la mise en

  4   place de toute la politique appliquée par le Tribunal en matière de

  5   questions liées à la médecine légale, c'est-à-dire d'exhumations et

  6   d'obtention des éléments nécessaires pour accomplir ce travail. Je devais

  7   recruter les anthropologues, archéologues, pathologues [phon] et autre

  8   personnel apportant leur contribution au travail d'autopsie et de collecte

  9   des éléments de preuve, et je devais également évaluer les diverses fosses

 10   communes qui intéressaient le Tribunal afin d'en obtenir l'exhumation.

 11   M. MITCHELL : [interprétation] Monsieur le Président, je demande le

 12   versement au dossier de ce curriculum vitae.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il est admis.

 14   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il devient la pièce P4309.

 15   M. MITCHELL : [interprétation]

 16   Q.  Docteur, vous avez supervisé l'exhumation et l'analyse des restes

 17   humains dans les sites de Cerska, Lazete 2 et Pilica, n'est-ce pas ?

 18   R.  C'est exact.

 19   Q.  Vous avez rédigé également un rapport au sujet de chacun de ces sites,

 20   n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Et vous avez témoigné en qualité de témoin expert au sujet de ces

 23   rapports dans le procès intenté au général Krstic dans l'affaire Popovic et

 24   dans l'affaire Tolimir, n'est-ce pas ?

 25   R.  C'est exact.

 26   Q.  Vous avez également témoigné au Tribunal pénal international pour le

 27   Rwanda, n'est-ce pas ?

 28   R.  C'est exact.


Page 23886

  1   Q.  Dans l'affaire Kayishema et l'affaire Rutaganda, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Votre déposition a été prise en compte dans l'affaire Kayishema, mais

  4   pas dans l'affaire Rutaganda, par la Chambre de première instance en raison

  5   de certaines critiques quant à la méthode scientifique que vous aviez

  6   appliquée, n'est-ce pas ? Pouvez-vous rapidement expliquer aux Juges de la

  7   Chambre quelles étaient ces critiques ?

  8   R.  Eh bien, je pense que la perspective d'où partaient ces critiques était

  9   une perspective canadienne et américaine. C'étaient des gens qui n'avaient

 10   pas encore travaillé longtemps dans des pays étrangers, et je crois que

 11   c'est de là que vient principalement le problème.

 12   Mais je n'ai pas pensé que ces critiques étaient liées à l'existence

 13   du garage parce que nous avons parcouru le garage et les terrains

 14   environnants sans y trouver aucun cadavre. Les cadavres étaient à

 15   l'extérieur du garage, dans la zone entourée par une clôture.

 16   M. MITCHELL : [interprétation] Pour le compte rendu d'audience, j'appelle

 17   l'attention des Juges de la Chambre sur les paragraphes 256 et 257 du

 18   jugement Rutaganda, qui date du 6 décembre 1999.

 19   Q.  Alors, revenons sur votre travail au TPIY. Est-ce que vous vous

 20   rappelez avoir témoigné au sujet de Cerska, Pilica ou Lazete 2 sur la base

 21   de rapports écrits par vous --

 22   R.  Oui.

 23   Q.  -- ainsi que dans l'affaire Krstic ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  C'était le 2 [comme interprété] mai 2000 ?

 26   R.  Hm-hm.

 27   Q.  Est-ce que vous avez eu la possibilité de revoir votre déposition ?

 28   R.  Oui.


Page 23887

  1   L'ACCUSÉ : [interprétation] Puis-je intervenir ? Je voudrais intervenir au

  2   nom des interprètes. J'ai l'impression qu'ils se battent pour suivre le

  3   rythme, étant donné l'absence de pause entre les questions et les réponses.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Karadzic.

  5   Vous comprenez maintenant la nécessité de ménager une pause de quelques

  6   millisecondes lorsque vous contre-interrogez les témoins de la région vous-

  7   même, n'est-ce pas ?

  8   Oui, Docteur, je vous prierais de bien vouloir ménager une pause entre les

  9   questions et les réponses. Je vous remercie.

 10   Veuillez poursuivre, Monsieur Mitchell.

 11   M. MITCHELL : [interprétation] Je vous remercie.

 12   Q.  Docteur, pouvez-vous confirmer que la transcription que vous avez lue

 13   rend fidèlement compte de ce que vous avez dit dans votre déposition dans

 14   l'affaire Krstic ?

 15   R.  C'est exact.

 16   Q.  Si l'on vous posait aujourd'hui les mêmes questions qu'à l'époque sur

 17   les mêmes sujets, est-ce que vos réponses seraient les mêmes ?

 18   R.  Oui.

 19   M. MITCHELL : [interprétation] Je demande l'affichage du document 65 ter

 20   numéro 3225. Et il y a un certain nombre de pièces associées qui sont

 21   énumérées dans notre notification. Je pense que demander le versement au

 22   dossier du compte rendu Krstic aujourd'hui n'aurait pas de pertinence.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Des objections, Maître Robinson ?

 24   M. ROBINSON : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien. Est-ce que nous allons donner un

 26   numéro au compte rendu Krstic ?

 27   M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Il s'agira de

 28   la pièce P4310.


Page 23888

  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Et toutes les pièces associées

  2   obtiendront un numéro de pièce à conviction en temps utile.

  3   M. MITCHELL : [interprétation] Je vous remercie.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.

  5   M. MITCHELL : [interprétation] Monsieur le Président, je demande le

  6   versement au dossier à présent du rapport du Dr Haglund au sujet de Cerska,

  7   qui constitue les documents 65 ter numéro 2441 jusqu'à 2445. C'est un

  8   rapport composé de cinq tomes. Et je demande également le versement au

  9   dossier du rapport rédigé par le Dr Haglund au sujet de Lazete 2, qui est

 10   les documents 65 ter numéro 2446 à 2450. Encore une fois, un rapport de

 11   cinq tomes. Ainsi que du rapport rédigé par le Dr Haglund au sujet de

 12   Pilica, à savoir les documents 65 ter 2452 à 2455. Encore une fois, c'est

 13   un rapport qui comporte quatre volumes.

 14   M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Je dois dire que lorsque j'ai relu la

 16   déposition dans l'affaire Krstic, il y avait quelques petits problèmes

 17   d'orthographe -- donc il y avait quelques petits problèmes dans les années

 18   aussi.

 19   M. MITCHELL : [interprétation]

 20   Q.  Est-ce que vous vous rappelez l'année qui était inexacte dans la

 21   transcription de votre déposition ?

 22   R.  Oui. On a écrit que les exhumations avaient eu lieu en 1995, alors que

 23   c'était en 1996.

 24   Q.  D'accord. Je vous remercie.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Des objections, Maître Robinson ?

 26   M. ROBINSON : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Ces documents seront donc

 28   versés au dossier.


Page 23889

  1   M. MITCHELL : [interprétation] Je veux maintenant lire un résumé de la

  2   déposition du témoin dans l'affaire Krstic.

  3   En 1996, le Dr Haglund a supervisé l'exhumation et l'analyse de restes

  4   humains prélevés dans les fosses communes liées à Srebrenica sur les sites

  5   de Cerska, Lazete 2 et Pilica, connue également sous le nom de ferme

  6   militaire de Branjevo.

  7   Le premier site, celui de Cerska, était une fosse commune primaire

  8   non remuée qui se trouvait sur le talus le long d'un chemin de terre. Il

  9   contenait les cadavres de 150 hommes, dont 149 étaient morts par des tirs

 10   d'armes à feu. Quarante-huit liens ont été récupérés dans la fosse, dont 24

 11   étaient toujours en place. Les individus présentant des liens étaient

 12   dispersés de façon aléatoire un peu partout dans la fosse. En se fondant

 13   sur son analyse du site, et y compris sur la présence de douilles du côté

 14   opposé de la route menant à la fosse, le Dr Haglund a conclu que les

 15   victimes étaient alignées sur le côté de la route et ont été abattues par

 16   balle et qu'elles sont soit tombées, soit ont roulé le long du talus. La

 17   terre du chemin a ensuite été prélevée sur le côté opposé de la route et

 18   utilisée pour recouvrir les corps.

 19   Le deuxième site, connu sous le nom de Lazete 2, se trouvait dans un

 20   champ à l'arrière d'un souterrain passant sous une voie ferrée. Le champ

 21   était accessible grâce à un petit chemin de campagne qui traversait le

 22   souterrain situé sous la voie ferrée. Le Dr Haglund a trouvé deux lieux où

 23   se trouvaient des cadavres sur ce site, qui ont été désignés sous le nom de

 24   Lazete 2A et Lazete 2B. Etant donné le mauvais temps pluvieux, il a été

 25   incapable de déterminer si ces deux lieux se trouvaient dans deux fosses

 26   distinctes ou dans une seule et même tranchée de longue taille. Lazete 2A

 27   était une fosse primaire non remuée qui contenait 112 corps mâles

 28   relativement complets, plus quelques restes humains en surface. Lazete 2B


Page 23890

  1   était une fosse primaire non remuée qui contenait au minimum le corps de 52

  2   individus. Ce qui nous fait un nombre minimum de 165 hommes pour le site,

  3   dont 158 sont morts de coups de feu. Au total 104 bandeaux ont été

  4   récupérés parmi ces restes humains.

  5   Le troisième site, connu sous le nom de Pilica, ou de ferme militaire

  6   de Branjevo, était une fosse de très grande taille mesurant 28 mètres de

  7   long, 5 mètres de large et 3 mètres de profondeur. Quatorze pourcents de la

  8   fosse étaient occupés par des restes humains, ce qui faisait au minimum 132

  9   personnes. Soixante-dix-sept de ces personnes avaient les mains liées

 10   derrière le dos, et en particulier un homme qui avait une prothèse à la

 11   jambe.

 12   Le Dr Haglund a également expliqué la procédure suivie après

 13   l'arrivée de restes humains à la morgue. Ces restes ont été photographiés

 14   et passés au fluoroscope pour identifier les projectiles. Le pathologue a

 15   ensuite procédé à l'autopsie pendant laquelle il a enlevé les vêtements et

 16   autres éléments de preuve pour analyse grâce à l'aide des techniciens de

 17   scène de crime et des photographes. Les anthropologues de médecine légale

 18   ont également contribué à la reconstitution des ossements endommagés et à

 19   la détermination du sexe, de l'âge et du nombre minimum de cadavres

 20   découverts.

 21   Enfin, le Dr Haglund a parlé dans sa déposition des conclusions d'un

 22   groupe d'experts convoqué par le bureau du Procureur dans le but d'examiner

 23   les critiques dont son travail a fait l'objet ainsi que celui du chef de

 24   l'équipe des pathologues de médecine légale pendant la saison 1996. Le

 25   groupe d'experts a conclu que les critiques dont a fait l'objet le travail

 26   du Dr Haglund ne mettaient pas en cause la qualité scientifique de ce

 27   travail. Toutefois, le groupe a estimé que le chef des pathologues avait

 28   agi de façon inappropriée en transformant la cause de décès dans certains


Page 23891

  1   rapports d'autopsie sans consulter le pathologue qui avait procédé à

  2   l'autopsie. Le Dr Haglund a rappelé que le groupe d'experts considérait que

  3   le bureau du Procureur avait traité la situation comme il se doit en

  4   restituant tous les rapports d'autopsie au pathologue responsable de la

  5   première autopsie pour relecture et vérification des conclusions.

  6   Fin du résumé.

  7   Q.  Docteur Haglund, j'ai quelques questions maintenant à vous poser sur ce

  8   dernier sujet.

  9   M. MITCHELL : [interprétation] Je demande l'affichage du document 65 ter

 10   23521. Monsieur le Président, nous avons demandé l'ajout de ce document à

 11   notre liste 65 ter.

 12   M. ROBINSON : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.

 13   M. MITCHELL : [interprétation]

 14   Q.  [aucune interprétation]

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] L'interprétation française vient à peine

 16   de s'achever.

 17   M. MITCHELL : [interprétation] Toutes mes excuses.

 18   Q.  Docteur, est-ce que le groupe d'experts qui vient d'être évoqué est

 19   bien le groupe d'experts dont vous avez parlé dans votre déposition Krstic

 20   ?

 21   R.  Oui.

 22   M. MITCHELL : [interprétation] Je demande l'affichage de la page 7 grâce au

 23   prétoire électronique, aussi bien en version anglaise qu'en version B/C/S.

 24   Q.  Docteur, je voudrais vous donner lecture des conclusions que ce groupe

 25   d'experts a faites au sujet de votre travail et vous demanderais, si vous

 26   le jugez bon, de commenter ces critiques. Le premier paragraphe sous

 27   l'intitulé "Conclusions", je cite :

 28   "La réponse du témoin n'indique aucune action répréhensible de la part du


Page 23892

  1   Dr Haglund et rien de répréhensible non plus dans les exhumations qui soit

  2   susceptible de mettre en cause la validité scientifique de ce travail. Les

  3   pathologues qui ont travaillé à la morgue ne se sont pas plaints de

  4   l'exhumation des cadavres ou de la façon dont les anthropologues ont

  5   travaillé à la morgue ou sur les sites de fosses communes."

  6   Puis ensuite, l'avant-dernière phrase du texte, je cite :

  7   "Il y avait très peu de véritables éléments de preuve relatifs aux

  8   exhumations qui puissent permettre de se poser la moindre question au sujet

  9   de la qualité globale du travail sur le plan scientifique. Au côté des

 10   pathologues, les anthropologues les plus expérimentés ont participé à la

 11   récupération des corps et ont déclaré qu'elle s'était faite de façon

 12   convenable dans des circonstances difficiles."

 13   Docteur, est-ce que vous êtes en désaccord avec ces 

 14   conclusions ?

 15   R.  Non.

 16   Q.  J'aimerais maintenant vous poser quelques questions sur le Dr

 17   Kirschner. Pourriez-vous nous dire qui était le Dr Kirschner ?

 18   R.  Le Dr Kirschner est celui qui, à l'époque, a été le légiste

 19   représentant les médecins pour les droits de l'homme. C'était un pathologue

 20   très connu à Chicago.

 21   Q.  Quel a été son rôle en Bosnie en 1996 ?

 22   R.  Eh bien, pour commencer, il aurait dû être plus souvent en Bosnie qu'il

 23   ne l'a été. Ça, c'est le premier problème. Mais nous disposions de l'aide

 24   de 33 pathologues représentant plusieurs pays, et certains d'entre eux, je

 25   les connaissais déjà. Ils l'ont remplacé lorsque lui-même n'était pas

 26   présent sur place de façon à vérifier que l'autopsie et toutes les tâches

 27   associées à l'autopsie se déroulaient comme il convient à l'endroit où les

 28   cadavres ont été transportés.


Page 23893

  1   Q.  Donc il était le pathologue de médecine légale en chef, n'est-ce pas ?

  2   R.  C'est exact.

  3   Q.  Passons à la page 10 à présent du rapport en anglais et en B/C/S à

  4   l'écran. Nous voyons ici l'avis et le commentaire du Dr Vincent DiMaio.

  5   Pouvez-vous dire aux Juges de la Chambre qui est le Dr Vincent DiMaio

  6   ?

  7   R.  Oui. C'est un pathologue très connu originaire de Dallas, au Texas. Il

  8   était le chef de ce groupe d'experts, si je ne me trompe.

  9   Q.  Nous voyons dans le premier paragraphe de cette page que le

 10   comportement du Dr Kirschner a été considéré comme inacceptable. Vous êtes

 11   au courant de cela, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  J'aimerais maintenant appeler votre attention sur le troisième

 14   paragraphe de la page, qui se lit comme suit, je cite :

 15   "Si les actions du Dr Kirschner avaient potentiellement capacité à

 16   invalider ou en tout cas à remettre en cause les rapports d'autopsie, le

 17   Tribunal a empêché cela en renvoyant les rapports aux médecins qui en

 18   étaient les auteurs, pour commencer, aux fins de certification de la cause

 19   et des conditions de décès. Par conséquent, le groupe estime qu'aucune

 20   atteinte permanente n'a été infligée à la validité des rapports du fait des

 21   actions du Dr Kirschner."

 22   Est-ce que vous êtes au courant des mesures qui ont été prises par le

 23   bureau du Procureur ?

 24   R.  Oui. Ce qui s'est passé, c'est qu'il y a eu quelque irrégularité dans

 25   les conditions dans lesquelles le pathologue a signé les documents relatifs

 26   à la cause définitive des décès. Certaines personnes indiquaient le nombre

 27   de balles et d'autres parlaient simplement de plaies multiples par balle.

 28   Et je pense que Dr Kirschner a essayé d'imposer la solution consistant à


Page 23894

  1   parler de plaies par balle multiple, et ensuite il a modifié quelque chose…

  2   Q.  Est-ce que vous vous rappelez qui au bureau du Procureur a participé à

  3   la restitution des rapports aux médecins qui en étaient les auteurs pour

  4   certifier la cause et les conditions du décès ?

  5   R.  Oui. Je pense que c'était M. McCloskey.

  6   Q.  Peter McCloskey ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  [aucune interprétation]

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez attendre une seconde.

 10   Vous pouvez procéder maintenant.

 11   M. MITCHELL : [interprétation] Je vous remercie.

 12   Je demande à présent l'affichage de la page 8 en anglais et en B/C/S.

 13   Q.  Ce seront les dernières questions que j'aurai à vous poser sur ce

 14   sujet. Je vais vous donner lecture de la première recommandation du groupe

 15   d'experts et vous demander ensuite si vous avez des commentaires à faire : 

 16   "Les indications de présence de crimes de guerre sont très importantes dans

 17   chacun des sites. Quelques problèmes administratifs ou quelques

 18   insuffisances temporaires par rapport à l'idéal scientifique n'ont pas

 19   empêché la validité de la qualité de ces éléments de preuve et de leur

 20   interprétation au moment de l'autopsie. Toute mise en accusation pour

 21   crimes de guerre en Yougoslavie sera faite sur des bases scientifiques

 22   solides. Il y a littéralement des centaines de restes liés à des crimes de

 23   guerre qui ont été déplacés et interprétés grâce à des méthodes

 24   scientifiques très sûres."

 25   Docteur, est-ce que vous auriez un commentaire suite à cette recommandation

 26   ?

 27   R.  Non.

 28   Q.  Vous êtes d'accord avec ce qui est dit là ?


Page 23895

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Passons à présent --

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Mitchell, plutôt que de se

  4   contenter de répondre à la question d'une façon que je qualifierais de

  5   partielle, pourriez-vous peut-être demander au témoin ce qui s'est passé

  6   par rapport au sujet que vous venez d'exposer de façon globale, de façon à

  7   ce que les Juges comprennent mieux de quoi il est question.

  8   M. MITCHELL : [interprétation] Certainement. Le rapport fournit davantage

  9   de détails, Monsieur le Président.

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 11   M. MITCHELL : [interprétation] Mais bien sûr, le Dr Haglund peut répondre

 12   et expliquer.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.

 14   Docteur.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, la question s'est posée parce que

 16   certains éléments ont été corrigés dans les écritures du Dr Kirschner.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, c'est cela.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] D'accord.

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Comment est-ce qu'a été constituée la

 20   commission d'experts ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] La commission a été constituée par le

 22   Tribunal. Elle était composée d'anthropologues et de pathologues. Ils ont

 23   tous été surpris lorsqu'ils m'ont parlé, surpris qu'il n'y ait pas eu

 24   davantage de protestations, parce que quand on a des gens qui viennent d'un

 25   peu partout dans le monde et qui font des choses différentes, c'est une

 26   chose; mais enfin, modifier ce que des médecins ont écrit dans leur

 27   rapport, et ce, lorsqu'il est question de dénombrement de blessures par

 28   balle, et cetera, je pense que c'est là que réside le problème et que le Dr


Page 23896

  1   Kirschner aurait dû consulter d'autres personnes avant de le faire. Les

  2   gens venaient sur place pendant deux semaines et s'en allaient. Ils étaient

  3   bénévoles, et ils étaient de bons pathologues. Ils auraient pu revenir

  4   travailler, mais ils ne sont pas restés sur place pendant tout le temps

  5   qu'a duré le travail; alors qu'en 1995, on allait commencer à rémunérer les

  6   gens. Ceux dont je parle étaient volontaires. Nous leur avons rémunéré leur

  7   voyage, leur alimentation, leur logement, mais ils travaillaient

  8   bénévolement. Ils n'ont été payés qu'à partir de 1995.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous pourriez nous donner des

 10   exemples de modification de ces nombres ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] D'accord. Eh bien, disons qu'une personne

 12   présente 15 blessures par balle et qu'une autre personne en présente deux,

 13   alors qu'une troisième en présente quatre, et une quatrième cinq. Donc,

 14   quand on essaie de synthétiser la situation, il est préférable de parler

 15   soit d'une blessure par balle, soit de blessures par balle multiples, et

 16   c'est cela que le Dr Kirschner a essayé d'obtenir.

 17   M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Mais si une personne présente deux

 18   blessures par balle, est-ce que cela peut être qualifié de blessures par

 19   balle multiples ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez poursuivre, Monsieur Mitchell.

 22   M. MITCHELL : [interprétation]

 23   Q.  Pour résumer, c'est en cela qu'a consisté le problème suscité par le Dr

 24   Kirschner ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Mais il y a aussi eu des allégations proférées à votre encontre, n'est-

 27   ce pas ?

 28   R.  Oh, oui.


Page 23897

  1   Q.  Peut-être pourriez-vous nous donner des détails à ce sujet.

  2   R.  Je pense qu'elles provenaient de trois ou quatre personnes. Il y avait

  3   des gens, je suppose, qui pensaient qu'on ne devrait exhumer que deux

  4   cadavres par jour ou trois cadavres par jour, et c'étaient des gens qui

  5   avaient l'habitude de travailler sur des restes humains. Et quand on

  6   travaille sur des restes humains squelettisés [phon], cela prend pas mal de

  7   temps parce qu'il faut qu'on s'occupe 206 os, et il faut les nettoyer, les

  8   déplacer. Mais quand on travaille dans des conditions où l'on ne dispose

  9   principalement que de restes humains, ils sont souvent reliés les uns aux

 10   autres. Il était parfois difficile de séparer un corps d'une pile de restes

 11   humains tant ces cadavres étaient intégrés les uns aux autres, et la

 12   plupart recouverts en partie par un autre cadavre, et cetera. Donc tout

 13   dépendait de la façon dont les corps étaient dispersés. Par exemple, dans

 14   la fosse de Cerska, nous avions une fosse de 30 mètres sur 6, et il y avait

 15   à l'intérieur 150 cadavres. Quelquefois ils avaient roulé les uns sur les

 16   autres et quelquefois on avait suffisamment de place, mais quelquefois on

 17   n'avait pas suffisamment de place. Donc une équipe de deux inspectait la

 18   fosse et pouvait parfois commencer son travail en exposant les restes

 19   humains quand il était possible de les déplacer. Mais quand on est dans un

 20   endroit beaucoup plus petit, beaucoup plus restreint, on ne peut pas faire

 21   ce travail. Donc il y a eu quelques éléments problématiques avec

 22   l'inspection de ces fosses. Et nous en avons eu tout le temps.

 23   Et quand on a des cadavres qui sont recouverts de chair et qui sont

 24   complets, il se trouve au bas de la fosse, et on peut en sortir 20 ou 40

 25   par jour. Mais le problème -- parce qu'il nous fallait reconstituer les

 26   cadavres, mettre la tête à l'endroit où elle devait se trouver, les genoux

 27   à l'endroit où ils devaient se trouver, les hanches, les pieds, et cetera.

 28   Mais quand on a quelqu'un qui fait ce travail avec des instruments


Page 23898

  1   électroniques, en trois minutes, si c'est un spécialiste, il peut accomplir

  2   ce travail. Et on peut à ce moment-là soulever le cadavre, le placer dans

  3   un sac mortuaire, le numéroter et le sortir de la fosse.

  4   Q.  Donc les critiques vous concernant portaient principalement sur la

  5   rapidité de l'exhumation.

  6   R.  Oui. Je pense que trois ou quatre personnes ont pensé que la rapidité

  7   n'était pas suffisante, mais nous travaillions surtout sur des restes

  8   squelettisés.

  9   Q.  [aucune interprétation]

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Arrêtez-vous. Vous pouvez poursuivre.

 11   M. MITCHELL : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 12   Q.  Docteur, nous allons maintenant examiner les conclusions au sujet du

 13   site de Cerska. Je demande l'affichage de la pièce P00209 grâce au prétoire

 14   électronique. Ceci, Docteur, est une photographie du site de Cerska qu'on

 15   vous a montrée dans l'affaire Krstic. Et j'aimerais vous demander

 16   d'expliquer en quelques mots aux Juges de la Chambre quelles sont vos

 17   conclusions au sujet de ce qui a pu se passer sur ce site. Si vous

 18   souhaitez annoter la photographie, vous pouvez le faire.

 19   R.  Eh bien, il y a une partie de la photographie qui est assez peu

 20   visible. Tout un côté qui est vraiment très obscur. Peut-être pourrait-on

 21   avoir un autre exemplaire -- mais enfin, c'est une route qui traverse la

 22   vallée de la Cerska qu'on voit ici, une route couverte de gravier. Et au

 23   moment de la construction de la route, la colline a été coupée, et donc on

 24   a vu sur place pas mal de végétation qui poussait. Cela faisait sans doute

 25   un an qu'elle avait poussé sans obstacle, et on a finalement découvert à

 26   cet endroit une fosse qui avait une dimension de 30 mètres de long sur 6

 27   mètres de large et qui se trouvait sur une pente. Il y avait plusieurs

 28   séries de douilles provenant de fusils automatiques sur place, et lorsqu'on


Page 23899

  1   a une pille de douilles de cette apparence, cela signifie que la personne

  2   qui tire est debout au même endroit. Et ces personnes étaient debout du

  3   côté opposé de la route par rapport à l'endroit où elle était coupée, les

  4   victimes étant alignées à l'extrémité de la fosse. Donc, sur la base de

  5   l'aspect que présentait la végétation, on pense que les victimes étaient

  6   alignées à l'endroit que j'indique et qu'elles ont été abattues un peu

  7   comme on asperge quelqu'un d'eau, aspergées de balles. Les tueurs

  8   utilisaient des armes automatiques et ils tiraient sans discontinuer. Voilà

  9   quelle a été la conclusion des pathologues.

 10   Et puis, à un certain moment, les corps sont soit tombés au sol, soit ont

 11   roulé le long du talus, et il y avait un engin qui avait servi à couper une

 12   partie de la colline au moment de la construction de cette route qui a

 13   ramassé de la terre pour recouvrir les cadavres de façon assez

 14   superficielle. La terre était parsemée de petits cailloux et ne s'est pas

 15   accumulée sur les cadavres, d'où le fait que pas mal de ces cadavres,

 16   lorsque nous les avons retrouvés, étaient squelettisés. Ils avaient

 17   chauffés au soleil, et avec les cailloux, la chaleur a encore augmenté.

 18   Donc, pas mal de corps squelettisés dans la fosse.

 19   Q.  Merci. Docteur, j'aimerais maintenant appeler votre attention sur le

 20   site de Lazete 2. Je demande l'affichage du document 65 ter numéro 2458

 21   grâce au prétoire électronique. Ce que nous allons voir est un tableau

 22   relatif au travail d'exhumation mené par vous sous le site de Lazete 2. Je

 23   vous demanderais de bien vouloir apposer quelques annotations sur ce

 24   graphique.

 25   R.  [aucune interprétation]

 26   Q.  Pourriez-vous nous relater votre travail d'exhumation, et si vous avez

 27   besoin d'annoter quoi que ce soit, n'hésitez pas à le faire.

 28   R.  Eh bien, il y a une route à l'endroit que je dessine ici et une voie de


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  1   chemin de fer, la route passant en dessous du chemin de fer.

  2   Ici, c'est une zone qui descend en pente à partir du sommet d'une

  3   colline, c'est une zone de drainage. Il y a beaucoup de manipulation de la

  4   terre par des engins de terrassement dans ce secteur, et donc on y trouvait

  5   pratiquement que de la boue puisque nous étions là-bas à la mauvaise

  6   saison, il pleuvait.

  7   Et si on regarde vers la colline, eh bien, c'est là qu'on trouve la

  8   fosse. Donc nous avons commencé par creuser des tranchées dans ce sens,

  9   dans cette direction, et finalement nous avons trouvé les emplacements des

 10   fosses à équidistance l'une de l'autre, toutes deux contenant des restes

 11   humains à une profondeur de 2 mètres et demi, 3 mètres.

 12   Donc, ici, on a Lazete A, et là on a Lazete B. Au niveau de Lazete A,

 13   les fosses n'avaient pas été manipulées. Il y a des gens qui sont venus là

 14   pour creuses une fosse, mais ce ne sont pas ces mêmes personnes qui ont

 15   placé les cadavres à l'intérieur. Ce sont des gens qui ont simplement

 16   commencé à creuser et qui ont fait leur travail d'une façon assez

 17   malhabile. J'espère qu'on pourra le constater au vu des photographies.

 18   Il y avait dans Lazete B, 132 cadavres.

 19   Q.  [aucune interprétation]

 20   R.  Enfin, une centaine, oui.

 21   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire ce que nous voyons à l'image en ce

 22   moment ?

 23   R.  Quand j'aurai trouvé ce que je cherche, je pourrai vous le dire. Bon,

 24   la fosse Lazete A n'avait pas été manipulée. Quant à la fosse Lazete B,

 25   elle a été manipulée, c'est-à-dire que des cadavres ont été sortis de cette

 26   fosse pour être emportés ailleurs.

 27   Q.  Pourriez-vous nous dire quel est le classeur que vous avez sous les

 28   yeux ?


Page 23901

  1   R.  C'est le premier tome des rapports.

  2   Q.  Merci.

  3   R.  Donc, dans la fosse A, Lazete A, il se trouvait 112 cadavres, et la

  4   plupart de ces cadavres étaient des restes de cadavres humains. Il ne s'y

  5   trouvait que 52 cadavres complets à peu près. Et puis, 98 de ces cadavres

  6   ont été documentés, les uns provenant de Lazete A, les autres de Lazete B.

  7   Et pour d'autres cadavres, on n'a retrouvé que des morceaux, c'est-à-dire

  8   des os fracturés, un bras ici, une jambe ici, mais le nombre était de 52

  9   cadavres. Donc, au total, nous avons retrouvé 164 cadavres dans ces deux

 10   fosses et un certain nombre de restes humains en surface qui avaient été

 11   enterrés très peu profond. Donc les restes humains de 165 personnes sur ce

 12   site.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] A quel endroit de votre rapport peut-on

 14   trouver ces explications ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous pourriez nous donner les

 17   numéros de page.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Cela fait partie de l'introduction, du résumé

 19   global.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Pour le compte rendu d'audience,

 21   j'indique que le graphique que nous sommes en train de regarder se trouve à

 22   la page 20 du rapport du témoin.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Ah, oui, le graphique. Oui, oui.

 24   M. MITCHELL : [interprétation]

 25   Q.  Docteur, cette route que vous avez dessinée, est-ce que vous pourriez

 26   inscrire l'initiale A à côté.

 27   R.  Cette route-là ?

 28   Q.  Oui.


Page 23902

  1   R.  [Le témoin s'exécute]

  2   Q.  Et la route principale à droite de la photographie, est-ce que vous

  3   pourriez inscrire l'initiale B.

  4   R.  Oui. Il y avait une autre fosse qui se trouvait plus bas ici, mais elle

  5   était inondée. Donc nous n'avons pas travaillé dans cette fosse.

  6   Q.  Veuillez inscrire l'initiale C à côté de la flèche dans la partie

  7   gauche de la photographie où vous avez parlé de zone de drainage.

  8   R.  Oui. 

  9   Q.  Et puis, un X dans la zone boisée.

 10   R.  Oui, c'est exact. 

 11   Q.  Pourriez-vous parapher ce graphique et inscrire la date d'aujourd'hui,

 12   le 30 janvier.

 13   R.  [Le témoin s'exécute]

 14   M. MITCHELL : [interprétation] Je demande le versement au dossier de ce

 15   graphique, Monsieur le Président.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il est admis.

 17   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il devient la pièce P4339.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je pense que ce sera tout pour

 19   aujourd'hui, étant donné l'heure.

 20   M. MITCHELL : [interprétation] Oui. Je vous remercie.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Docteur, nous allons suspendre pour

 22   aujourd'hui et reprendrons demain à 9 heures.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] O.K.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] L'audience est suspendue.

 25   [Le témoin quitte la barre]

 26   --- L'audience est levée à 19 heures 01 et reprendra le mardi 31 janvier

 27   2012, à 9 heures 00.

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