Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 12 avril 2012

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.

  6   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Bonjour à tous et à toutes.

  7   Avant que nous ne commencions avec le témoignage de ce témoin-ci, nous

  8   avons besoin de rectifier un point. Le document de la liste 65 ter 30867,

  9   qui a été examiné hier, devrait être marqué à des fins d'identification

 10   comme étant le P4865, et non pas comme cela a été fait par mon erreur à

 11   moi, comme étant une pièce à conviction de la Chambre. Je prie donc les

 12   personnes concernées de procéder à cette rectification.

 13   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 14   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, autre

 15   question, la pièce 11031 65 ter a été versée hier, et cela devrait porter

 16   la cote P4910.

 17   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Merci.

 18   Je demanderais au témoin de faire la déclaration solennelle.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 20   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 21   LE TÉMOIN : TOMISLAV PREMOVIC [Assermenté]

 22   [Le témoin répond par l'interprète]

 23   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Veuillez vous asseoir et mettez-vous

 24   à l'aise.

 25   A vous, Madame West.

 26   Mme WEST : [interprétation] Merci. Bonjour, Madame, Messieurs les Juges. Je

 27   voudrais qu'on montre le 65 ter 22370, s'il vous plaît.

 28   Interrogatoire principal par Mme West :


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  1   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

  2   R.  Bonjour.

  3   Q.  Vous devez parler un peu plus fort.

  4   Veuillez nous indiquer votre nom.

  5   R.  Tomislav Premovic.

  6   Q.  Dans un instant, vous allez voir un document sur votre écran. Le voilà.

  7   Le Procureur a eu une session de récolement avec vous en avril 2009, n'est-

  8   ce pas ?

  9   R.  C'est exact.

 10   Q.  Est-ce que vous avez eu l'occasion de vous repencher sur cette

 11   interview ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Mis à part une correction qu'on va aborder tout à l'heure, est-ce que

 14   cette transcription de notre conversation reflète de façon équitable et

 15   précise ce que vous avez dit, et est-ce que vous répondriez la même chose

 16   si on vous posait les mêmes questions ?

 17   R.  C'est tout à fait exact.

 18   Q.  Bon. Hier, vous nous avez indiqué que les événements qui sont concernés

 19   par cette interview sont exacts dans l'ordre des choses, mais vous pensez

 20   qu'ils se sont produits une semaine plus tôt; est-ce bien exact ?

 21   R.  Au mieux de mes souvenirs, ça c'est passé une semaine avant, oui.

 22   Q.  Mis à part ceci, la teneur de l'interview est exacte ?

 23   R.  C'est tout à fait exact.

 24   Mme WEST : [interprétation] Eh bien, il n'y a pas eu de pièce à conviction

 25   jointe. Il y en avait une, mais elle a déjà été versée au dossier.

 26   M. ROBINSON : [interprétation] Sans objection

 27   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Fort bien. Ça peut être versé au

 28   dossier.


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  1   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P4911.

  2   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Merci.

  3   Mme WEST : [interprétation] J'ai un tout petit résumé.

  4   Tomislav Premovic est né au Kosovo et il a déménagé vers les Etats-Unis

  5   d'Amérique avec sa famille en 1967. Vers le milieu des années 1990, il est

  6   devenu partie intégrante de ses efforts qui ont visé à assurer une bonne

  7   information par les médias et il s'est rendu à Pale en été 1994. Il a fait

  8   partie d'un groupe qui a assisté à un dîner avec l'accusé. Il est revenu

  9   une fois en été juillet 1995 et a re-rencontré M. Karadzic dans le bureau

 10   de celui-ci. Puis, il a voyagé à Pale en compagnie de Slavica Ristic et de

 11   Srdja Trifkovic, qui ont également été présents à l'occasion de cette

 12   réunion avec Karadzic. A l'occasion de la rencontre, le témoin a noté que

 13   le général Mladic avait contacté par téléphone M. Karadzic. Il y a eu un

 14   haut-parleur de mis en marche, et ils étaient en train de discuter

 15   d'événements militaires et de la promotion de l'un des généraux.

 16   Madame, Messieurs les Juges, je n'ai pas d'autres questions à poser à ce

 17   témoin.

 18   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Merci.

 19   Monsieur Premovic, c'est au Dr Karadzic qu'il appartient de vous contre-

 20   interroger.

 21   Docteur Karadzic, à vous.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Bonjour, Excellences. Bonjour à tous et

 23   à toutes.

 24   Contre-interrogatoire par M. Karadzic :

 25   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Premovic.

 26   R.  Bonjour.

 27   Q.  Je voudrais vous demander, si vous allez répondre en serbe, de faire

 28   des pauses vous et moi pour que les interprètes puissent nous suivent, mais


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  1   si c'est plus facile pour vous, vous pouvez répondre en anglais. A vous de

  2   choisir.

  3   R.  L'on peut parler dans les deux langues.

  4   Q.  Merci. Tout à l'heure, vous avez répondu pour dire que la teneur de

  5   l'interview était exacte. Alors, ai-je raison de dire que ceci se rapporte

  6   à l'exactitude de ce qui est consigné quant à ce qui s'est dit, mais en sus

  7   de cela, il y a eu certaines imprécisions, et j'aimerais que nous fassions

  8   la lumière aujourd'hui à ce sujet.

  9   R.  Est-ce que je peux avoir ceci de répété en anglais ?

 10   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Eh bien, vous devriez être en mesure

 11   d'entendre la version anglaise dans vos écouteurs, Monsieur Premovic.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis dans la confusion au sujet de ces

 13   écouteurs et tout ce matériel.

 14   Mais bon, on peut en parler…

 15   M. KARADZIC : [interprétation]

 16   Q.  Merci. Vous…

 17   M. ROBINSON : [interprétation] Je m'excuse, Monsieur le Président. Peut-

 18   être faudrait-il vérifier si les écouteurs de ce témoin sont sur le canal

 19   4, parce que c'est là que se trouve la version anglaise, et c'est là qu'il

 20   peut entendre ce que lui dit M. Karadzic parce que c'est là qu'il pourra

 21   répondre en anglais.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais c'est sur le canal numéro 4.

 23   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Bon, bien, s'il y a confusion

 24   complémentaire, si vous voyez sur l'écran, vous allez voir une

 25   transcription de toute ce qui s'est dit. C'est en simultané.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Moi, je reçois les choses en deux langues. Je

 27   suis ce qui se trouve à l'écran, et je ne suis pas trop habitué à tout

 28   ceci.


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  1   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vais mieux faire les choses en serbe, pour

  2   ma part.

  3   M. KARADZIC : [interprétation]

  4   Q.  Alors, si j'ai bien entendu ce que vous avez dit, on peut discuter des

  5   imprécisions. Au compte rendu d'audience, on a consigné seulement "yes",

  6   oui.

  7   R.  Nous pouvons en discuter, oui. Ce qui se trouve dans cette

  8   transcription et ce dont je me souviens, c'est tout à fait cohérent.

  9   Q.  Merci. Ai-je raison de dire que vous avez quitté la Yougoslavie, entre

 10   autres, pour le besoin que vous avez ressenti de vivre dans un monde

 11   démocratique et de travailler dans la liberté, et vous vous êtes accompli

 12   dans ce monde à l'extérieur ? Puisque vous êtes un homme d'affaires

 13   couronné de succès.

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Merci. Etant donné cette attitude que vous aviez eue vis-à-vis du

 16   régime antérieur, est-ce que vous auriez remarqué la présence de moi-même

 17   et du Parti démocratique serbe et quelle a été votre impression lorsque

 18   nous sommes arrivés sur la scène politique ?

 19   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Monsieur Premovic, je vois que, de

 20   façon évidente, vous avez des problèmes avec la dualité du fait d'entendre

 21   deux langues en même temps, le serbe et l'anglais.

 22   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 23   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Enfin, c'est tout à fait

 24   compréhensible.

 25   Vous entendez de l'anglais dans vos écouteurs et vous entendez le

 26   serbe en direct dans le prétoire, et c'est ce qui prête à confusion.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 28   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Je ne suis pas sûr si --


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais essayer sans les écouteurs, pour

  2   essayer, en direct la question -- et je ne suis pas, dirais-je, en mesure

  3   de suivre dans les deux langues et de suivre ce qui se passe sur l'écran et

  4   répondre.

  5   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Oui, mais ça demande un peu de

  6   pratique.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  8   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Alors, en tout état de cause, vous

  9   pourriez essayer sans vos écouteurs.

 10   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 11   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Et le Dr Karadzic lui -- je ne pense

 12   pas qu'on vous ait accusé de parler d'une voix trop basse, mais vous

 13   pourriez peut-être essayer de parler un peu plus fort afin que le témoin

 14   puisse vous entendre même sans écouteurs dans le prétoire, comme ça il

 15   n'aura pas à écouter via ses écouteurs.

 16   L'ACCUSÉ : [interprétation] Excellence, je vais essayer de le faire. Fort

 17   bien.

 18   M. KARADZIC : [interprétation]

 19   Q.  La question que je vous ai posée, la comprenez-vous ? Vous pouvez la

 20   lire.

 21   R.  Je l'ai lue, mais je n'ai pas très bien compris. Est-ce que vous pouvez

 22   reformuler.

 23   Q.  Je vais essayer. Etant donné votre passé et le fait d'avoir quitté le

 24   pays pour des raisons de besoin de démocratie, est-ce que vous avez

 25   remarqué l'apparition de Radovan Karadzic et du Parti démocratique serbe

 26   sur la scène politique et quelle a été votre impression ?

 27   R.  Non. J'ai commencé à faire connaissance de ce qui se passait en Bosnie

 28   et de vous-même seulement lorsque la guerre a commencé.


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  1   Q.  Merci. Serait-il exact de dire que c'est tout à fait par hasard que

  2   vous vous êtes trouvé aux côtés des personnalités éminentes qui se

  3   trouvaient être mécontentes de la façon dont ce conflit a été présenté pour

  4   ce qui est de la Yougoslavie et de la Bosnie, présenté par les médias, je

  5   veux dire, vis-à-vis du public ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Merci. Je voudrais que l'on tire les choses au clair : la fondation

  8   Lord Byron se trouve avoir son siège en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis ?

  9   R.  Je ne sais pas où se trouve le siège. Je sais où se trouvent les

 10   différentes personnalités qui le composent. Il y a des membres venant du

 11   Canada, de l'Europe et d'Amérique, et ils se réunissent là où ils jugent

 12   bon de se réunir.

 13   Q.  Bon. Et il y a des personnalités éminentes telles que feu Sir Alfred

 14   Sherman, qui était auparavant conseiller du Premier ministre Margaret

 15   Thatcher, puis M. Stanton, M. Ron Hatchett, M. Srdja Trifkovic et d'autres

 16   intellectuels en vue ?

 17   R.  C'est tout à fait exact.

 18   Q.  Bien que nous parlions dans deux langues différentes tous les deux, il

 19   faut faire une petite pause. Quand vous voyez la petite lettre A pour dire

 20   "answer" sur l'écran, c'est là que vous pouvez commencer à répondre.

 21   Bon. Toujours est-il que vous avez de façon tout à fait indépendante

 22   remarqué qu'il y avait quelque chose dans la façon dont les médias

 23   rapportaient la chose et informaient des conflits qui ne se trouvait être

 24   pas tout à fait bonne, n'est-ce pas, et c'est là que vous avez fait

 25   connaissance de ces personnes, n'est-ce pas ?

 26   R.  C'est exact.

 27   Q.  Merci. Quand vous avez dit tout à l'heure que vous avez commencé à vous

 28   intéresser à moi, ou à nous, seulement lorsque la guerre a commencé, est-il


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  1   exact de dire que c'est la première fois que vous m'avez vu ou que vous

  2   avez eu un contact avec moi en 1994 seulement ?

  3   R.  C'est exact.

  4   Q.  Merci. Et en cette année 1994, vous avez effectué une visite à la

  5   Yougoslavie et à la Bosnie-Herzégovine, puis à la Republika Srpska, et vous

  6   avez visité Gorazde, qui était une localité tout à fait d'actualité du

  7   point de vue de la crise ?

  8   R.  C'est exact.

  9   Q.  Est-il exact de dire que vous avez vu là-bas bon nombre de villages

 10   serbes mis à feu, dévastés, des cimetières détruits, dévastés, profanés, et

 11   beaucoup de pertes subies par la partie serbe, comme je vous l'ai dit ?

 12   R.  C'est exact.

 13   Q.  Merci. Vous vous souviendrez d'avoir rencontré un certain nombre de

 14   policiers qui faisaient partie des effectifs de protection de ma personne,

 15   tels que Bojic et Kovacevic, et ces gens vous ont escortés vers la partie

 16   basse de la ville, tant vous que M. Hatchett, n'est-ce pas ?

 17   R.  C'est exact.

 18   Q.  Alors, est-il exact de dire ce que vous avez dit, à savoir que j'avais

 19   formulé le souhait de rencontrer M. Hatchett et que je lui ai remis un

 20   texte comportant des points de vue serbes pour mettre un terme à la guerre,

 21   et vous vous souviendrez que cette proposition était similaire à l'accord

 22   auquel on a abouti au Camp David du temps de la présidence du président

 23   Carter ?

 24   R.  Oui, c'est exact. Je me souviens de cela -- je n'ai pas eu à connaître

 25   la teneur de l'accord du Camp David, mais je crois que c'est tout à fait

 26   similaire aux accords de Dayton. Et d'après ce que j'ai gardé en souvenir,

 27   à l'époque les Serbes de Bosnie contrôlaient la plupart du territoire,

 28   c'est-à-dire 85 % ou presque, et le Dr Karadzic avait proposé de restituer


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  1   des territoires à ceux qui -- là où ils étaient minoritaires. Il y a eu des

  2   propositions de négociations pour Sarajevo, pour les enclaves, et vice

  3   versa. Enfin, tous les arrangements étaient sujets à discussion à l'époque.

  4   Q.  Merci. Ça se passe en été 1994. Avez-vous considéré ou trouvé que c'est

  5   ce qui s'est réalisé en novembre et décembre 1995 à Dayton ? Est-ce que la

  6   proposition que j'avais avancée se trouvait être fort similaire ?

  7   R.  A mon avis, c'est le cas.

  8   Q.  Merci. Et M. Hatchett se trouvait être avant cela un ambassadeur des

  9   Etats-Unis ?

 10   R.  Il était ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique -- excusez-moi, je ne

 11   suis pas trop sûr pour ce qui est du nom de cette organisation chargée de

 12   la sécurité européenne en Autriche. Il était donc ambassadeur des Etats-

 13   Unis dans cette organisation.

 14   Q.  Se peut-il que ce soit l'OSCE ?

 15   R.  Oui, je pense que c'est bien cela.

 16   Q.  Merci. Alors M. Hatchett vous a informé des détails de ma proposition,

 17   n'est-ce pas, et il s'était montré plutôt enthousiaste pour ce qui est

 18   d'une mise d'un terme à la guerre selon cette proposition, n'est-ce pas ?

 19   R.  Je crois que c'est cela.

 20   Q.  Est-ce que M. Hatchett vous a fait connaître M. Rudolph Perina, qui

 21   était chargé d'affaires et qui avait exposé la proposition avancée par les

 22   Serbes pour qu'il soit mis un terme à la guerre ?

 23   R.  C'est exact.

 24   Q.  Et la réponse de M. Perina était celle d'affirmer que cela

 25   n'intéressait pas les Etats-Unis, et M. Hatchett a trouvé ça choquant, il a

 26   trouvé que la réponse était tout à fait inattendue et peu usuelle ?

 27   R.  Le Dr Hatchett avait connu en personne M. Rudolph Perina parce qu'ils

 28   avaient servi ensemble de par le passé, et une fois qu'il avait présenté le


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  1   plan proposé par le Dr Karadzic, le Dr Perina lui avait dit qu'il n'était

  2   pas intéressé par ce genre de deal.

  3   Q.  Merci. Mais est-il exact de dire que le Dr Hatchett a continué à œuvrer

  4   aux Etats-Unis pour essayer d'aboutir à des instances compétentes au niveau

  5   de l'administration qui serait susceptible de comprendre la teneur de cette

  6   proposition, aussi a-t-il continué à contacter les gens du congrès, au

  7   niveau du parti républicain et du parti démocratique, pour assurer un

  8   niveau de compréhension suffisant pour la proposition telle qu'avancée ?

  9   R.  Oui. Le Dr Hatchett était ex-adjoint du secrétaire d'Etat, et il a

 10   compris -- enfin, il connaissait les modalités de mise en garde de

 11   l'administration au sujet de certaines choses, et il a continué à œuvrer

 12   pour que ces informations parviennent jusqu'au sommet de l'administration,

 13   au niveau du parti démocratique, du parti républicain, de la CIA et membres

 14   du congrès américain qu'il pouvait contacter.

 15   Q.  Pour les besoins du compte rendu, je voudrais dire qu'en page 9, ligne

 16   24, je ne pense pas que vous ayez dit que "… ils n'étaient pas intéressés

 17   pour le deal," et non pas pour le "détail", comme inscrit dans le compte

 18   rendu ?

 19   R.  Non, ils n'étaient pas intéressés par ce deal, par cet arrangement.

 20   Q.  Merci. Le Dr Hatchett a contacté le sénateur Pryor et bien des gens

 21   proches du président Clinton, c'est bien cela, et ce, à des fins de

 22   placement de cette proposition là où il fallait pour mettre un terme à la

 23   guerre ?

 24   R.  Le Dr Hatchett, on peut le dire, a contacté toutes ces personnes qu'il

 25   connaissait. Pour ce qui est du sénateur Pryor, j'ai essayé de le contacter

 26   moi-même, étant donné que ma famille habite à Hot Springs en Arkansas, et

 27   c'est une petite localité rurale, les gens se connaissent entre eux, et on

 28   connaît la famille Clinton et toutes les autres familles de là-bas. Le


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  1   sénateur Pryor a dit, pour sa part -- quand je lui ai remis le projet de

  2   plan de paix recommandé par le Dr Karadzic à M. Hatchett. Et j'ai essayé de

  3   faire en sorte que ce soit lui qui fasse en sorte que ce soit présenté aux

  4   hommes politiques de l'Arkansas.

  5   Q.  Etes-vous d'accord avec moi pour dire que ça a été utile, mais

  6   seulement 15 ou 16 mois plus tard ?

  7   R.  Oui, c'est ce que je pense.

  8   Q.  Merci. Un tout petit détail encore pour ce qui est de l'entretien que

  9   j'ai eu avec mon conseiller en droit, M. Robinson. Et je vous remercie

 10   d'avoir accepté de contacter la Défense, comme vous avez fait pour

 11   l'Accusation.

 12   Alors, à ce titre, est-il exact de dire que vos donations pécuniaires n'ont

 13   pas été envoyées aux Serbes de Bosnie mais à des fondations qui ont œuvré à

 14   faire connaître la vérité au sujet du conflit survenu ?

 15   R.  C'est tout à fait exact.

 16   Q.  Merci. En 1995, au mois de juillet, vous avez effectué une deuxième

 17   visite en Republika Srpska, n'est-ce pas ?

 18   R.  Exact.

 19   Q.  Laissez-moi vous demander autre chose encore au sujet des donations à

 20   l'organisation Lord Byron et autres : vous n'avez pas posé de conditions

 21   pour ce qui en serait fait, et vous vouliez que la vérité soit dite telle

 22   quelle, n'est-ce pas ?

 23   R.  Exact.

 24   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Vous n'avez pas pu entendre ce que

 25   les interprètes ont dit. Mais on vous a demandé de faire une petite pause

 26   pour attendre que la traduction en anglais soit terminée pour répondre.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais essayer de le faire.

 28   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Merci.


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  1   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

  2   M. KARADZIC : [interprétation]

  3   Q.  Est-il exact qu'à cette époque-là, c'est-à-dire pendant les six

  4   premiers mois -- du mois de juillet, il était risqué pour vous de voyager

  5   en passant par Zvornik, car il y avait à ce moment-là des combats à Zvornik

  6   ? Enfin, je parle de votre voyage de retour. C'est pour le voyage de retour

  7   que vous avez dû passer par Visegrad au lieu de Zvornik, n'est-ce pas ?

  8   R.  C'est exact.

  9   Q.  Merci. Mais pour le voyage aller, est-ce que vous étiez passé par

 10   Zvornik ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Merci. Au moment où vous avez fait ce voyage d'aller en passant par

 13   Zvornik, est-ce qu'il y avait déjà certaines précautions qui devaient être

 14   prises en raison des combats qui se déroulaient à l'époque dans le secteur

 15   ?

 16   R.  Pas vraiment. Tout était vraiment tranquille. Nous sommes passés par là

 17   en voiture sans grand obstacle. Mais simplement, quand nous sommes arrivés

 18   plus loin, nous nous sommes rendu compte qu'il y avait quand même beaucoup

 19   de circulation de poids lourds. Je veux dire, des camions et des autobus,

 20   ce genre de véhicules. Mais il n'y avait rien de véritablement visible de

 21   ce point de vue pendant notre voyage aller.

 22   Q.  Merci. Et à votre arrivée à Pale, vous avez rencontré M. Zametica, qui

 23   connaissait déjà M. Trifkovic, et qui était mon conseiller en affaires

 24   politiques, n'est-ce pas ?

 25   R.  C'est exact.

 26   Q.  Merci. Est-ce que vous saviez que M. Zametica était détenteur d'un

 27   doctorat obtenu à Cambridge et était un chercheur éminent au Royaume-Uni,

 28   ce qui lui avait permis de connaître Michael Stanton, professeur à


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  1   l'université, et d'autres éminents représentants du monde universitaire ?

  2   R.  Je savais qu'il avait fait ses études supérieures en Angleterre, mais

  3   je ne connaissais pas dans le détail son parcours.

  4   Q.  Merci. Encore aujourd'hui, vous n'êtes pas en mesure de parler de dates

  5   avec beaucoup de précision, n'est-ce pas ?

  6   R.  J'ai l'impression de m'être trouvé sur les lieux à des dates

  7   antérieures à celles qui y figurent par écrit dans le document.

  8   Q.  Merci. Lors d'un dîner qui a eu lieu un jour de 1994, n'est-ce pas,

  9   aucun discours politique n'a été prononcé ? Il n'a pas été officiellement

 10   question de politique, mais des conversations ont eu lieu avec les autres

 11   invités à ce dîner, et en particulier du dîner qui était donné en leur

 12   honneur. Et, en particulier, la conversation générale a porté sur les

 13   moyens financiers en rapport avec les difficultés de la guerre, n'est-ce

 14   pas ?

 15   R.  C'est exact. C'était simplement une visite et un dîner au cours duquel

 16   se sont tenues des conversations tout à fait naturelles entre les gens

 17   selon l'emplacement où ils se trouvaient et les personnes avec qui ils

 18   pouvaient s'entretenir.

 19   Q.  Merci. Et en 1995, également, vous avez participé à un dîner avec moi,

 20   tout comme l'ont fait d'autres hôtes de ce dîner, n'est-ce pas ?

 21   R.  Non, je n'étais pas inclus parmi ces invités, si vous avez eu un dîner

 22   avec eux.

 23   Q.  Mais est-ce que vous n'étiez pas parti un peu plus tôt qu'eux ?

 24   R.  Oui, je suis parti un peu plus tôt que les deux autres visiteurs.

 25   Q.  Merci. J'aimerais maintenant -- enfin, terminons-en d'abord avec une

 26   autre question. Donc vous avez également fait la connaissance du chef de

 27   l'agence de presse serbe, SRNA, à Pale, et c'est de ce chef d'agence de

 28   presse que vous avez entendu le désir qui était le leur d'envoyer le plus


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  1   possible de journalistes à Pale pour s'informer au plus près des événements

  2   et pouvoir écrire au sujet des événements, n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui.

  4   M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Est-ce que vous avez répondu oui,

  5   Monsieur ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  7   M. KARADZIC : [interprétation]

  8   Q.  Je vous prierais encore une fois de ménager une brève pause entre les

  9   questions et les réponses. Quand vous voyez apparaître la lettre A à

 10   l'écran, cela signifie que vous pourrez répondre.

 11   Est-ce que vous vous êtes convaincu qu'en dehors du besoin professionnel

 12   d'envoyer des collègues journalistes à Pale, il existait aujourd'hui chez

 13   les Serbes l'idée qu'ils risquaient d'être informés de façon mensongère sur

 14   tel ou tel sujet, et que donc il était dans leur intérêt d'envoyer des

 15   journalistes là où risquaient d'apparaître des accusations à leur encontre

 16   ?

 17   Mme WEST : [interprétation] Objection.

 18   Je crois que j'ai entendu le mot "attitude".

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vais apporter quelques explications. M.

 20   Premovic a dit spontanément lorsqu'il s'est entretenu avec les

 21   représentants de la Défense que lorsqu'il a eu cette conversation avec le

 22   chef de l'agence SRNA, il a appris que cette agence de presse souhaitait

 23   envoyer des journalistes en nombre aussi grand que possible sur place de

 24   façon à ce que les journalistes puissent constater la réalité des

 25   événements, car il existait chez les Serbes l'idée qu'ils risquaient d'être

 26   mensongèrement informés sur un certain nombre de questions liées à de

 27   possibles accusations contre les Serbes.

 28   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Ce n'est pas une question, c'est une


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  1   déclaration que vous venez de faire.

  2   Monsieur Premovic, après avoir relu la dernière déclaration faite à

  3   l'instant par le Dr Karadzic, est-ce que vous vous dites d'accord avec

  4   cette analyse ou avec cette affirmation ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux vous dire pour l'essentiel ce qui m'a

  6   été dit par cet homme dont je ne me rappelle plus le nom à l'instant, mais

  7   qui était le représentant ou le chef de cet organisme -- enfin, de cette

  8   agence. Je crois qu'elle s'appelait SRNA. Il m'a dit qu'ils envoyaient le

  9   plus possible de journalistes sur place à Srebrenica, tous les journalistes

 10   qu'ils avaient à leur disposition, avant ce qu'ils s'attendaient à voir

 11   survenir à Srebrenica, parce qu'ils souhaitaient s'assurer de bien rendre

 12   compte de tout ce qui se passerait grâce à leurs propres représentants.

 13   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Je vous remercie.

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous remercie.

 15   M. KARADZIC : [interprétation]

 16   Q.  Mais est-ce que ceci correspondait à ce que vous saviez au sujet des

 17   fausses informations diffusées par les médias contre les Serbes ?

 18   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Monsieur Premovic, vous ne le savez

 19   peut-être pas, mais ce que vous dites est également interprété en français

 20   pour l'une de nos collègues parmi les Juges de la Chambre.

 21   M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Est-ce que nous pourrions réentendre

 22   votre réponse à la dernière question, je vous prie.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact.

 24   M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Merci.

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

 26   M. KARADZIC : [interprétation]

 27   Q.  Est-ce que vous avez remarqué qu'en diverses circonstances, dans le

 28   cadre de diverses crises, se produisait fréquemment ce phénomène de ce


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  1   qu'on a l'habitude d'appeler crier au loup, autrement dit, un phénomène qui

  2   consiste à susciter de fausses inquiétudes, et que dans ces conditions il

  3   était assez difficile de connaître la vraie vérité ?

  4   R.  Il était très compliqué d'accéder à la vérité. Pour l'essentiel,

  5   j'étais d'avis que les médias diffusaient des informations fausses ou

  6   fabriquées de toutes pièces.

  7   Q.  Merci. Est-ce qu'à ce moment-là, lorsque vous avez été en contact avec

  8   moi, vous vous êtes rendu compte que j'avais une certaine distance par

  9   rapport à la présence des médias. Autrement dit, que ma position était

 10   différente de celle du directeur de l'agence de presse SRNA, ou alors, est-

 11   ce que vous avez eu le sentiment que ma position était semblable à celle du

 12   directeur de l'agence de presse SRNA ?

 13   R.  Je suppose que votre attitude était semblable.

 14   Q.  Merci. Est-il exact que pendant cette entrevue il n'a été fait aucune

 15   mention de prisonniers de guerre ou d'un quelconque crime qui aurait été

 16   commis dans la zone de Srebrenica ?

 17   R.  Quand je me suis trouvé là-bas dans la première partie du mois de

 18   juillet -- les dates que j'ai à l'esprit ne correspondent pas à celles qui

 19   sont sur le papier, mais enfin, d'après mon souvenir, cela devait se situer

 20   le 4 ou 5 juillet 1995, et à ce moment-là il n'a été fait aucune mention

 21   dans les discussions ou les conversations de prisonniers ou de quoi que ce

 22   soit de ce genre.

 23   Q.  Merci. Par ailleurs, vous avez vécu ces rencontres avec moi-même et

 24   avec vos collègues des Etats-Unis et de Grande-Bretagne comme des visites

 25   amicales, et vous ne les avez en aucun cas vécues comme des visites

 26   officielles, n'est-ce pas ?

 27   R.  C'est exact.

 28   Q.  J'aimerais à présent que nous nous intéressions à la conversation


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  1   téléphonique entre moi et le général Mladic.

  2   Vous avez dit que quelqu'un vous avait peut-être dit ou, en tout cas,

  3   que vous avez tiré la conclusion que l'autre interlocuteur dans cette

  4   conversation à l'autre bout du fil était le général Mladic, mais que vous

  5   ne l'avez pas reconnu car vous ne l'aviez jamais rencontré jusqu'à ce

  6   moment-là, n'est-ce pas ?

  7   R.  J'ai eu l'impression que la voix était celle du général Mladic. Mais je

  8   n'avais jamais rencontré cet homme jusqu'à ce jour-là et je ne connaissais

  9   pas non plus sa voix.

 10   Q.  Merci. Existerait-il dans ce cas la possibilité que d'une certaine

 11   façon vous êtes parti du principe qu'il pouvait s'agir du général Mladic,

 12   mais que moi je ne vous ai pas confirmé la réalité de la chose ?

 13   R.  J'avais l'impression qu'il s'agissait du général Mladic.

 14   Q.  Merci. Est-ce que vous vous rappelez que pendant cette rencontre il y a

 15   eu d'autres conversations téléphoniques que j'ai eues avec d'autres

 16   personnes chaque fois que la secrétaire réussissait à établir la jonction

 17   téléphonique ?

 18   R.  Je me rappelle cette conversation téléphonique-là.

 19   Q.  Merci. Est-ce que pendant ces rencontres vous avez appris que la partie

 20   serbe facilitait le passage à la partie serbe, c'est-à-dire aux civils

 21   serbes ainsi qu'aux forces armées musulmanes qui souhaitaient quitter

 22   Srebrenica ? Je vais documenter mon propos. Je crois que cela a été dit

 23   pendant l'interview. Oui. Pages 66 et 67 de l'interview.

 24   R.  Quand j'étais là-bas, ce qui a été dit dans la conversation, c'est que

 25   l'armée garantissait l'existence d'un corridor destiné à permettre le

 26   passage de l'armée musulmane ou, finalement, de toute personne qui

 27   souhaitait se rendre dans le nord à pied.

 28   Q.  Merci. Est-ce que vous avez aussi entendu dire que l'on favorisait le


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  1   passage des civils musulmans vers le territoire sous contrôle musulman ?

  2   R.  On m'a dit que des autobus et des camions se dirigeaient vers le sud ou

  3   arrivaient du sud -- enfin, à ce moment-là, au début du mois de juillet, il

  4   y avait au total 190 autobus et camions qui se dirigeaient vers le sud dans

  5   le cadre de ce qui se passait, qui était en fait un transfert de

  6   population, dans le but en tout cas de transporter la population musulmane

  7   de Srebrenica à Tuzla.

  8   Q.  Vous avez dit 90 ou 190 ? Parce que ce qui est écrit au compte rendu

  9   c'est "190".

 10   R.  Cent quatre-vingt-dix.

 11   Q.  Et c'est un chiffre qui a été cité par quelqu'un, n'est-ce pas ?

 12   R.  Exact.

 13   Q.  Merci. Est-il exact que la discussion n'a porté en aucun cas sur les

 14   civils ou les prisonniers de guerre, qui n'étaient absolument pas un sujet

 15   dans cette conversation, n'est-ce pas ?

 16   R.  Si je me souviens bien, tout ceci s'est passé avant le conflit à

 17   Srebrenica. Cela se passait au moment des préparatifs de ce que j'appelle

 18   conflit ou qu'on peut appeler attaque, ou quel que soit le mot que l'on

 19   souhaite utiliser. Cela se passait avant l'événement en question.

 20   Q.  Oui, mais alors, voyez-vous, nous avons un problème car il y a

 21   impossibilité entre vous et moi de confirmer avec certitude la date exacte

 22   de votre visite. Mais enfin, cela n'a pas d'importance. Est-il exact que

 23   vous avez acquis l'impression d'être en présence de quelque chose qui avait

 24   fait l'objet d'un accord entre les parties et qui impliquait une chute

 25   rapide de Zepa et de Srebrenica ? Ou bien, est-ce que ce serait quelque

 26   chose que quelqu'un vous aurait dit ? Vous parlez de cela en page 70 de

 27   l'interview.

 28   R.  C'était ma conclusion personnelle, conclusion que j'ai tirée simplement


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  1   parce que les événements se sont passés si vite que j'ai conclu au fait

  2   qu'il y avait sans doute eu un accord préalable qui était en train d'être

  3   mis en œuvre.

  4   Q.  Merci. Ce jour-là, vous avez déjeuné dans un restaurant qui se trouvait

  5   non loin de la présidence, et à ce moment-là vous avez eu quelques

  6   conversations courantes avec les personnes qui étaient présentes à ce

  7   déjeuner, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui. J'ai déjeuné à -- je n'arrive pas à retrouver le mot en anglais

  9   pour l'endroit où j'ai déjeuné. Ah, j'ai déjeuné à la cantine.

 10   Q.  Merci. Là-bas, vous avez rencontré plusieurs personnes, n'est-ce pas,

 11   dans cette cantine, et, au passage, vous avez eu quelques petites

 12   conversations avec ces personnes, n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui, je me trouvais là-bas, et j'ai donc entendu au passage pas mal de

 14   conversations entre les personnes qui se trouvaient dans cette cantine, ce

 15   qui m'a permis d'absorber un certain nombre d'informations.

 16   Q.  Merci. Conviendrez-vous que dans mon cabinet vous n'avez pas rencontré

 17   de militaires, mais qu'à la cantine il était possible de remarquer ici ou

 18   là un homme portant un uniforme, n'est-ce pas ?

 19   R.  C'est exact.

 20   Q.  Merci. Est-ce qu'à ce moment-là en 1995, tout comme d'ailleurs vous

 21   l'aviez fait en 1994, est-ce que vous vous êtes convaincu que la partie

 22   serbe était à bout ? Est-ce que vous vous rappelez que la Republika Srpska,

 23   à l'époque, subissait des sanctions de la communauté internationale, mais

 24   aussi des sanctions de la République yougoslave ?

 25   R.  Oui. J'avais l'impression que les Serbes étaient dans une situation

 26   très insupportable, qu'il n'y avait pas suffisamment d'approvisionnements.

 27   Enfin, que les sanctions et l'embargo avaient finalement abouti à

 28   l'objectif souhaité.


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  1   Q.  Merci. Est-ce que plus tard vous avez appris que j'appuyais le colonel

  2   Pandurevic à l'époque, que j'étais donc favorable à l'ouverture d'un

  3   corridor de façon à ce que les forces armées de Srebrenica puissent

  4   utiliser ce corridor, ce qui permettrait de réduire l'intensité des combats

  5   ?

  6   R.  Je ne suis pas spécialiste de la dernière partie de votre question.

  7   Mais je dirais que dans les conversations auxquelles j'ai participé plus

  8   tôt, il était souvent question de l'ouverture d'un corridor devant

  9   permettre à la population de Srebrenica d'utiliser ce corridor à pied pour

 10   se rendre vers Tuzla.

 11   Q.  Merci. Par ailleurs, vous êtes parti à la fin de cette visite un peu

 12   plus tôt que les autres visiteurs, mais vous avez été envoyé vers Visegrad,

 13   et pas vers Zvornik, parce qu'à ce moment-là passer par Zvornik n'était

 14   plus du tout sûr, n'est-ce pas ?

 15   R.  En effet. Je crois que l'armée intensifiait ses opérations et que donc

 16   je ne pouvais plus me diriger vers Zvornik à ce moment-là. La seule

 17   possibilité qui me restait pour aller vers le sud c'était de passer vers

 18   Visegrad.

 19   Q.  Merci. Est-ce que pendant cette visite vous avez acquis le sentiment

 20   que je souhaitais que les choses se passent correctement, avec le nombre le

 21   plus limité possible de victimes et de 

 22   souffrances ? Je vous pose cette question parce qu'après votre retour aux

 23   Etats-Unis, vous avez entendu un certain nombre de choses qui ne

 24   correspondaient pas à la réalité de vos constatations pendant les contacts

 25   que vous avez eus avec moi, n'est-ce pas ?

 26   R.  L'impression que je me suis faite du Dr Karadzic, c'est qu'il

 27   travaillait sincèrement en faveur de la paix, qu'il souhaitait que la paix

 28   se rétablisse le plus vite possible. En 1994, lorsque je lui ai rendu


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  1   visite, il a proposé finalement tout ce qu'il fallait pour que soit conclu

  2   un règlement négocié. Et on pourrait dire que ceci concorde tout à fait

  3   avec ce que disait le Dr Hatchett, c'est-à-dire que parfois tout ce qui est

  4   important est là, mais que ce qui manque c'est autre chose, et que donc

  5   lorsque tout ce qui est important est présent et qu'il ne manque que

  6   quelques petites autres choses, on peut conclure un accord en surmontant

  7   l'absence de ces quelques autres choses.

  8   Q.  Je vous remercie. Est-ce que l'une des choses importantes c'était

  9   l'idée qu'il faudrait que nous ayons notre propre entité et que nous étions

 10   prêts à restituer des territoires au nom du rétablissement de la paix ?

 11   R.  Oui. Vous savez, à cette époque, l'idée qui circulait était celle d'une

 12   confédération assez souple, et je crois -- enfin, je crois me rappeler

 13   d'une chose importante, c'était que la Republika Srpska souhaitait disposer

 14   de sa propre force de police, si je ne me trompe. Quelque chose comme ça a

 15   été dit -- il y avait trois choses qui ont été évoquées, mais je ne me

 16   rappelle plus avec certitude ces trois choses. Pour l'essentiel, ces trois

 17   éléments étaient tous constitutifs de souveraineté. Une force de police,

 18   une confédération souple. Comme je l'ai dit, ces propositions étaient

 19   faites en 1994 déjà.

 20   Q.  Je crois qu'il n'a pas été consigné au compte rendu d'audience dans

 21   votre dernière réponse que ce qui était proposé en 1994 ressemblait de très

 22   près à ce qui a été inscrit dans l'accord de Dayton en 1995, n'est-ce pas ?

 23   R.  Exact.

 24   Q.  Merci. Est-il exact que vous avez entendu parler pour la première fois

 25   de certains meurtres uniquement après votre retour aux Etats-Unis ?

 26   R.  Ce que j'ai lu dans les journaux au sujet de Srebrenica à mon retour

 27   était totalement opposé à ce qui était préparé au moment de ma visite.

 28   Q.  Merci. Donc vous n'avez pas pu faire confiance à ce que vous avez lu.


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  1   Et je vous demande si ceci correspondait à votre sentiment préexistant déjà

  2   au sujet de la sincérité des médias ou de la partialité des médias ?

  3   R.  A partir de toutes les impressions que j'ai acquises pendant ma visite,

  4   je me suis rendu compte que ce que je lisais dans la presse était

  5   totalement contraire à l'impression que je m'étais faite de l'armée de la

  6   Republika Srpska et à ce que j'avais pu retirer de tout ce que j'avais

  7   entendu discuter sur place, parce que tout ce qui se disait dans la presse

  8   à mon retour était contraire aux vœux exprimés pendant ma visite. SRNA

  9   envoyait des journalistes pour documenter les événements, tout ce qui se

 10   passait et tout ce qui se préparait. Or, tout cela a été opposé à ce qui

 11   s'est passé réellement.

 12   Q.  Je vous remercie. Après cela, vous avez eu des contacts avec M.

 13   Trifkovic ainsi qu'avec d'autres membres de la fondation avant tout. Et

 14   Trifkovic vous a laissé entendre que vous devriez témoigner pour dire la

 15   vérité dans toute la mesure du possible. Vous déclarez cela en page 12 de

 16   votre entretien de 2009.

 17   R.  Oui. J'ai reçu cet appel téléphonique de Srdja Trifkovic, qui m'a

 18   interrogé sur des dates parce qu'il n'était pas non plus très sûr des dates

 19   exactes. Et je n'ai pas été capable de l'aider parce que je ne me rappelais

 20   pas exactement non plus les dates exactes. Mais il m'a demandé ce qu'il en

 21   était de ce qui s'était passé et il m'a demandé si je pouvais dire ce dont

 22   je me souvenais.

 23   Q.  Merci. Il vous a dit aussi qu'il témoignerait. Mais est-ce qu'il vous

 24   l'a dit après avoir témoigné ?

 25   R.  Il m'a dit qu'on lui avait demandé de témoigner. Mais c'est tout ce que

 26   je sais au sujet d'un éventuel témoignage de sa part ou de ce qui a pu se

 27   passer après.

 28   Q.  Merci. Est-il exact de dire que vous avez appris qu'un dénommé


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  1   Jovanovic était en possession d'une bande d'enregistrement magnétoscopique

  2   pour ce qui est de ce qui s'est passé pour ce qui est des gens qui ont fait

  3   la queue pour le pain, et c'est un document qui n'a pas été publié ?

  4   R.  C'est exact. Ce journaliste, Vuk Jovanovic, que je connaissais, m'a dit

  5   qu'il avait acheté des enregistrements non utilisés s'agissant du massacre

  6   perpétré à l'égard des gens qui faisaient la queue pour acheter du pain, et

  7   c'était soi-disant un matériel superflu, donc il m'a remis cette copie.

  8   Q.  Vous, vous avez examiné cet enregistrement et vous avez constaté qu'il

  9   y avait de vieux cadavres qui étaient déjà rigidifiés et d'autres détails

 10   peu cohérents, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui. J'ai vu cet enregistrement, et au fond sur l'enregistrement il y

 12   avait un film avec des cadavres qui étaient assez anciens et qui étaient

 13   placés dans des positions qui montraient que c'étaient déjà des cadavres

 14   rigidifiés, ou je ne sais pas trop le terme qui est utilisé. Toujours est-

 15   il que c'étaient des cadavres déjà rigides et qui ont été transportés à

 16   certains endroits.

 17   Q.  Merci. Est-ce que ça pourrait concerner l'événement de Markale numéro

 18   I, à savoir un événement de 1994, ou était-ce l'événement où les gens

 19   faisaient la queue pour le pain ?

 20   R.  Au meilleur de mes souvenirs, il s'agit d'un incident où un obus, ou

 21   prétendu obus, avait explosé alors qu'il était tiré du côté des positions

 22   tenues par les Serbes sur la place du marché. Je ne suis pas tout à fait

 23   sûr. Mais c'est bien cet enregistrement-là. C'était le deuxième des

 24   massacres à se produire.

 25   Q.  Merci. Est-ce que vous avez cet enregistrement en votre possession au

 26   Texas ?

 27   R.  Il se peut que je l'aie encore. Mais je n'en suis pas très sûr parce

 28   que ça fait très longtemps que je ne l'ai plus revu.


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  1   Q.  Merci. Est-il exact de dire qu'en 2008, à Lugano en Suisse, vous avez

  2   rencontré Manuel Warmley [phon], et pouvez-vous nous dire de quoi il vous a

  3   informé ?

  4   R.  Oui. En 2008, j'ai été pour des affaires en Suisse. J'attendais une

  5   réunion d'affaires, et un monsieur est entré dans cette pièce. On a attendu

  6   ensemble et on s'est mis à parler, et au fond il m'a dit -- je parle de

  7   l'année 2008, c'était vers l'époque où le conflit en Georgie a éclaté avec

  8   la Russie. Et il m'a dit qu'il était chargé d'assurer la sécurité du

  9   personnel des Nations Unies en Georgie, et j'étais intéressé par ce qui se

 10   passait et on a commencé à en parler. Et au fil de l'entretien, il m'a dit

 11   qu'il avait été très impliqué dans un ex-conflit en ex-Yougoslavie et qu'il

 12   avait été à tous les endroits problématiques, en Serbie, en Bosnie-

 13   Herzégovine, Croatie, Kosovo, et qu'il a également été échangé en tant que

 14   prisonnier contre un général serbe. Je ne me souviens pas du nom de ce

 15   général, mais il me l'avait dit. Et on a discuté -- oui, excusez-moi, je ne

 16   sais pas comment on en est arrivé à parler de ce massacre dans la queue de

 17   personnes qui attendaient du pain, mais je crois que c'était cet incident

 18   de l'obus, et il m'a dit qu'il avait personnellement enquêté au sujet de

 19   l'incident, et je lui ai dit que je ne pensais pas que ça s'était passé

 20   comme on avait dit que ça s'était passé. Et au bout d'un moment de

 21   discussion, il a dit que ce n'était pas un obus, et que leur conclusion, en

 22   fait, c'était que c'était une mine qu'on avait placée et que c'est ce qui a

 23   été à l'origine du massacre.

 24   Ils ont appelé cela -- c'est la télévision bosnienne qui a utilisé ce

 25   terme, c'est la terminologie utilisée par cette télévision, et c'est le mot

 26   de mine qui a été utilisé.

 27   Q.  Est-ce que ça pouvait être l'incident numéro 3 ? Si le premier incident

 28   était celui de la rue Vasa Miskina, le deuxième à Markale et un troisième


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  1   incident à Markale, est-ce que ça pouvait être le troisième incident de

  2   Markale suite auquel l'OTAN a bombardé les Serbes en Bosnie-Herzégovine ?

  3   R.  Celui dont je parle était censé faire partie des obus d'artillerie qui

  4   auraient survolé de hauts immeubles parce que, si je me souviens de ce dont

  5   j'ai discuté avec Manuel, selon la disposition de la ville avec tous ces

  6   immeubles, il aurait été impossible de faire suivre la trajectoire d'une

  7   parabole à un obus. Donc c'était une attaque à l'artillerie, je ne sais pas

  8   laquelle, vous les décrivez comme étant la première, deuxième ou troisième,

  9   mais dans ce qui a été rapporté au sujet de cette attaque, c'était une

 10   attaque à l'artillerie.

 11   Q.  Merci. Vous souvenez-vous du fait que s'agissant de cet entretien au

 12   sujet de quoi vous aviez eu l'impression que vous avez donnée pour

 13   l'entretien entre Mladic et moi, vous souvenez-vous si c'était moi qui

 14   avais appelé ou est-ce que j'ai été appelé par mon interlocuteur ?

 15   R. C'est vous qui avez été appelé, et vous avez répondu à l'appel. Et mon

 16   impression au fond c'était que c'était un rapport de combat qu'on vous

 17   présentait. On vous disait ce qui s'était passé, il s'était avéré ceci,

 18   mais c'était une façon de présenter un rapport, rien de particulier. Et la

 19   seule chose que j'aie gardée en mémoire partant de cette conversation c'est

 20   qu'il a été question de promouvoir des individus qui s'étaient bravement

 21   battus à Zepa. Mon impression c'était qu'il s'agissait de Zepa. Et ce qui

 22   est resté dans mes souvenirs c'est qu'il y avait un général sans jambe

 23   [comme interprété] qui s'était battu de façon très courageuse et qui a été

 24   promu, c'est ce dont je me souviens.

 25   Q.  Se peut-il qu'il se soit agi là du général Krstic qui, à ce moment-là,

 26   avait pris le commandement du Corps de la Drina ? Parce que c'est le seul à

 27   avoir été un unijambiste suite aux combats.

 28   R.  Je me souviens de ceci parce qu'on m'avait dit qu'il s'agissait d'un


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  1   général qui avait perdu une jambe et qui s'est battu de façon très

  2   courageuse. Et j'ai gardé ça en mémoire parce qu'on m'avait précisé que

  3   c'était un général qui n'avait plus qu'une jambe.

  4   Q.  Merci, Monsieur Premovic. Je n'ai pas coutume de le faire, mais je vais

  5   vous demander la chose : est-ce que vous souhaitez dire quelque chose alors

  6   que cela n'a pas fait l'objet de mes questions parce que vous considéreriez

  7   cela important ?

  8   R.  Mes impressions au sujet du Dr Karadzic pour ce qui est des quelques

  9   fois où nous nous sommes rencontrés, et c'est celle des gens qui l'ont

 10   rencontré et qui l'ont connu, personne n'a jamais rien dit de négatif à son

 11   égard. Tous ont dit que c'était un gentleman, une personne brave, un homme

 12   de famille, et c'était quelqu'un que tout le monde appréciait.

 13   Q.  Merci, Monsieur Premovic, du témoignage que vous êtes venu nous

 14   fournir. Je n'ai plus de questions à vous poser.

 15   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Avez-vous des questions

 16   complémentaires à poser, Madame West ?

 17   Mme WEST : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je serai brève.

 18   Nouvel interrogatoire par Mme West :

 19   Q.  [interprétation] Monsieur, en page 8 aujourd'hui, vous avez parlé de

 20   conversations que M. Hatchett avait eues avec M. Karadzic en 1994 pour ce

 21   qui est de négociations éventuelles. Vous en souvenez-vous ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Avez-vous été présent à l'occasion de ces entretiens ?

 24   R.  Je n'ai pas été présent lors de la première conversation entre le Dr

 25   Hatchett et le Dr Karadzic et je n'ai pas été présent lorsque le Dr

 26   Hatchett a eu une conversation avec Rudolph Perina. Mais j'ai voyagé avec

 27   le Dr Hatchett, j'ai été son accompagnateur pendant ce voyage, et je n'ai

 28   pas été présent lors des conversations en tant que telles. Le Dr Karadzic


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  1   l'a rencontré tout seul, ce Dr Hatchett. Le Dr Hatchett avait considéré que

  2   c'était personnel et il y est allé tout seul, mais par la suite il m'a dit

  3   tout ce qui s'était passé à l'occasion de la conversation et les réponses

  4   qui ont été obtenues par Rudolph Perina, au terme de quoi il n'avait pas

  5   été intéressé par ce type d'arrangement. C'était quelque chose qui l'avait

  6   véritablement choqué.

  7   Mme WEST : [interprétation] Je voudrais qu'on nous montre la pièce P04560,

  8   et je voudrais demander l'aide de l'huissier. Nous avons des photos ici.

  9   Nous avons des versions papier, je crois qu'il serait beaucoup plus facile

 10   de les montrer. Mais pour ce qui est de l'affichage sur nos écrans, il

 11   s'agit de la pièce 04560.

 12   Q.  Alors, Monsieur, aux pages 13 et 16 du compte rendu d'aujourd'hui, il a

 13   été question de la date de la réunion que vous avez eue avec le Dr Karadzic

 14   en présence de M. Ristic et de M. Trifkovic. Et vous avez dit que cette

 15   réunion avait pu se produire une semaine plus tôt qu'indiqué ?

 16   Alors vous avez deux photos. Les voyez-vous ?

 17   R.  Hm-hm.

 18   Q.  Et j'aimerais que vous vous penchiez sur celle qui se termine par les

 19   chiffres 6570.

 20   Est-ce que vous pouvez nous indiquer qui sont les personnes qu'on voit sur

 21   la photo où l'on ne voit que deux individus ?

 22   R.  Il s'agit du Dr Karadzic et du Dr Srdja Trifkovic.

 23   Q.  Et j'aimerais qu'on montre la deuxième qui se termine 

 24   par --

 25   L'INTERPRÈTE : Un chiffre que l'interprète n'a pas saisi.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agit du Dr Karadzic, de Srdja Trifkovic

 27   et de M. Krajisnik.

 28   M. KARADZIC : [interprétation]


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  1   Q.  Fort bien. Est-ce que vous savez qui a pris ces photos ?

  2   R.  Slavica Ristic.

  3   Q.  Et c'est Mme Ristic qui vous les a données ?

  4   R.  Exact.

  5   Q.  Est-ce que vous pouvez nous indiquer comment le bureau du Procureur

  6   s'est procuré ces photos ?

  7   R.  Je les ai données à un monsieur dont j'ai perdu le nom de mémoire.

  8   Q.  Et vous lui avez remis cela à l'occasion de nos échanges ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Et on vous a rendu les originaux ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  [aucune interprétation]

 13   R.  [aucune interprétation]

 14   Q.  Est-ce que vous pouvez voir ce qui se trouve au dos de ces photos.

 15   Reconnaissez-vous l'écriture ?

 16   R.  Hm-hm.

 17   Q.  [aucune interprétation]

 18   R.  [aucune interprétation]

 19   Q.  Etait-ce votre signature ?

 20   R.  Non.

 21   Q.  Est-ce que c'était indiqué sur les photos lorsque vous les avez reçues

 22   ?

 23   R.  Ça me semble évident. Mais je n'ai pas prêté attention à cela.

 24   Q.  Fort bien. Alors on y indique Pale. Pale, c'était le lieu où la réunion

 25   a eu lieu, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Il est indiqué la date du 13 juillet 1995 ?

 28   R.  Hm-hm.


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  1   Q.  Alors, Monsieur, est-il possible, une fois que vous avez vu ces photos

  2   et que vous avez vu les dates qui y sont indiquées, se peut-il que cette

  3   réunion ait eu lieu bel et bien ce 13 juillet ?

  4   R.  Une fois de plus, je dirais que je suis convaincu -- je dirais que non,

  5   parce que je suis parti avant, et si mes souvenirs sont bons, c'était vers

  6   le 5 juillet. Alors ma fille est née le 5 mai. Et ce sont des dates qu'on

  7   ne perd pas de mémoire. M. Trifkovic et Slavica Ristic sont restés derrière

  8   moi. Donc j'ai pu y aller avant que Srebrenica ne tombe, ou appelez-le

  9   comme vous voulez. Moi, je suis parti donc, et eux ils ont été pris par les

 10   événements, suite à quoi la frontière a été fermée. Donc il n'a pas pu y

 11   avoir de transport vers la Republika Srpska et à l'extérieur à l'époque.

 12   Q.  Fort bien. Et vous avez été présent à la réunion ?

 13   R.  Oui. C'est moi qu'on voit.

 14   Q.  Et à l'occasion de l'entretien, c'est Mladic qui a appelé ?

 15   R.  Oui, ça a été pris pendant l'entretien.

 16   Mme WEST : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions.

 17   L'INTERPRÈTE : Les interprètes seraient grés aux intervenants, quand ils

 18   parlent anglais de part et d'autre, qu'ils ralentissent un peu.

 19   [La Chambre de première instance se concerte]

 20   L'ACCUSÉ : [interprétation] Moi, je voudrais répéter la question, celle qui

 21   a été posée par l'Accusation. Il a été question de la réunion où, peut-

 22   être, Mladic avait à ce moment-là appelé, parce que je n'ai pas

 23   l'impression que le témoin ait affirmé que c'est la réunion où Mladic avait

 24   appelé.

 25   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Je crois que c'est probablement une

 26   chose équitable à dire.

 27   Monsieur Premovic, ceci met un terme à votre témoignage. Merci d'être venu

 28   au Tribunal pour le fournir. Je suppose que vous allez vous en aller vers


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  1   les Etats-Unis tantôt, et je vous souhaite un bon voyage de retour chez

  2   vous.

  3   J'imagine que cette société de Lord Byron - dont je ne sais pas grand-chose

  4   - porte son nom d'après le poète anglais, Lord Byron. Si vous n'avez pas lu

  5   cette poésie, je pense que cela est une chose qu'il serait bon de lire.

  6   Merci.

  7   Nous allons lever l'audience.

  8   Monsieur Tieger, est-ce que c'est notre dernier témoin --

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que je peux ajouter quelque chose,

 10   Excellence.

 11   M. LE JUGE MORRISON : Hm-hm.

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] Cette société porte le nom de Lord Byron parce

 13   que c'était un individu qui avait porté un très grand intérêt aux Balkans.

 14   Il a été en Grèce et participé à la libération de la Grèce de l'occupation

 15   turque.

 16   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Et il est mort à l'âge de 36 ans

 17   pendant cette campagne, et il est mort de fièvre.

 18   Bon.

 19   Alors nous allons reprendre nos audiences mardi prochain à 9 heures.

 20   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je remercie les Juges de la Chambre d'avoir

 21   pris en considération le fait que nous allons bientôt célébrer les fêtes de

 22   Pâques orthodoxes.

 23   --- L'audience est levée à 10 heures 23 et reprendra le mardi 17 avril

 24   2012, à 9 heures 00.

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