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1 Le lundi 21 janvier 2013
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bonjour à tous et à toutes.
6 Oui, Monsieur Robinson.
7 M. ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, bonjour.
8 Bonjour, Messieurs les Juges.
9 Nous avons présenté ce matin un addendum. Mais au fait, il vaudrait peut-
10 être mieux passer à huis clos partiel avant que d'aborder la première des
11 questions que veux aborder si possible.
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Certainement. La Chambre va passer à
13 huis clos partiel.
14 [Audience à huis clos partiel]
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16 [Audience publique]
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vais répéter. La Juge Lattanzi est
18 indisposée aujourd'hui et pendant la première session e la journée
19 d'aujourd'hui nous allons siéger en application du 15 bis.
20 Oui, Monsieur Tieger.
21 M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
22 Je voulais brièvement aborder une question liée à la plus récente des
23 manifestations de violation de l'obligation de communiquer des pièces et
24 pour ce qui est d'information qui en application des articles du Règlement
25 et des lignes directrices des Juges de la Chambre pour ce qui est des
26 témoins qui sont censés témoigner ici. Dans ce cas concret, l'Accusation a
27 reçu une quantité considérable d'information additionnelle au sujet d'un
28 témoin -- j'ignore le KDZ, mais il s'agit de M. Indjic, avec de très longs
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1 commentaires, et quelque 21 documents nouveaux, dont 15 n'étaient pas sur
2 la liste 65 ter et qui n'ont pas été traduits. Et cela génère des problèmes
3 de taille pour ce qui est des préparatifs, comme les Juges de la Chambre
4 peuvent l'imaginer. Mme Edgerton peut vous fournir des détails
5 complémentaires puisque c'est elle qui est impliquée de façon particulière
6 dans les préparatifs liés à ces documents.
7 Je voudrais faire remarquer, toutefois, que la nature du problème est de
8 taille et que M. Robinson peut juger des difficultés qui découlent de cette
9 notification tardive des documents et il a indiqué qu'il n'avait pas
10 d'objection pour ce qui est de reporter le contre-interrogatoire de M.
11 Indjic à un moment ultérieur après avoir terminé l'interrogatoire au
12 principal de m. Milosevic. Et je suis m'y reconnaissant d'avoir reconnu les
13 difficultés que cela avait causées, et nous pouvons voir ceci dans des cas
14 -- enfin dans des cas de figure assez fréquents.
15 Alors Mme Edgerton peut vous fournir des détails additionnels, mais je
16 crois qu'il suffit de dire que cette notification tardive créée des
17 obstacles qu'il convient de surmonter, et nous demanderions aux Juges de la
18 Chambre de se pencher sur cette question.
19 Je voudrais également faire remarquer que conformément à la pratique
20 qui est celle de cette Chambre et de ce Tribunal pour ce qui est de la
21 notification tardive de documents liés à des écritures en application de 92
22 ter, nous nous attendrions à ce qu'il y ait au moins un témoignage viva
23 voce, mais comme on a pu le voir la semaine passée les conditions et
24 l'expectative de l'une des parties en présence sont liées aussi à des
25 difficultés d'apport de solution au problème pour ce qui est notamment de
26 cette communication tardive des informations.
27 onc je voudrais mettre de côté ces deux questions -- et maintenant
28 que nous avons abordé le sujet nous avons deux solutions qui nous viennent
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1 à l'esprit peut-être que les Juges de la Chambre vont en avoir d'autres.
2 Mais il y avait été dit par les Juges de la Chambre que des solutions
3 draconiennes pourraient être trouvées plutôt que d'avoir des solutions
4 pratiques pour ce qui est de la présentation d'éléments de preuve viva voce
5 et de contre-interrogatoire jusqu'à un moment où l'Accusation pourrait se
6 préparer de façon appropriée. En ce moment-ci, nous demanderions à ce que
7 ces questions soient abordées viva voce et que le contre-interrogatoire
8 soit reporté à un moment ultérieur lorsque nous pourrons de façon
9 satisfaisante nous préparer pour ce qui est de contre-interroger au sujet
10 de la documentation fournie.
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Maître Robinson.
12 M. ROBINSON : [interprétation] En effet, Monsieur le Président. Tout
13 d'abord, notre position est celle de dire qu'il n'y a sans équivoque rien
14 contre le fait de fournir à l'Accusation suffisamment de temps pour se
15 préparer une fois que les informations nouvelles sont communiquées, comme
16 cela a été le cas pendant ce week-end-ci, et ils ont forcément besoin d'un
17 peu plus de temps pour se préparer. D'un autre côté, nous estimons qu'il
18 n'y a aucune violation des Règles de ce Tribunal et pour ce qui est des
19 circonstances de M. Indjic ça se présente comme suit : Nous l'avons
20 interviewé en 2011. Vous allez vous souvenir du fait que la Chambre nous
21 avait tout temps conseillé de préparer les éléments de preuve à décharge
22 pendant la présentation des éléments de preuve à charge, et nous avons
23 essayé de le faire. Nous avons recueilli une déclaration de cet homme. Et
24 lorsqu'il est venu au récolement pendant le week-end le Dr Karadzic a
25 obtenu des informations nouvelles qu'il a considérées être importantes et
26 c'est la raison pour laquelle tous ces paragraphes et ces 20 documents
27 notamment ont été rajoutés et l'Accusation en a pris connaissance pendant
28 le week-end.
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1 Les Règlements demandent de notre part pour ce qui est des paquets 92 ter
2 de communiquer à 48 heures par avance avant le début du témoignage. Mais le
3 témoin va probablement commencer son interrogatoire principal cet après-
4 midi, et le contre-interrogatoire ne commencera que demain matin. Donc nous
5 serions dans le cadre des 48 heures de délai et nous estimons que nous
6 avons suffisamment à l'avance notifier tout ceci. Nous avons communiqué les
7 documents déjà à l'Accusation pendant, dès le week-end pas seulement celui-
8 ci. Donc nous estimons que nous nous conformons aux Règlements, mais
9 d'autre part nous comprenons parfaitement bien que l'Accusation ait besoin
10 d'avoir suffisamment de temps pour se pencher sur une telle quantité de
11 documents.
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Tieger, est-ce que vous
13 souhaitez ajouter quoi que ce soit ?
14 M. TIEGER : [interprétation] Eh bien, pour l'essentiel, Monsieur le
15 Président, comme vous avez pu le voir, les arguments présentés par Me
16 Robinson se trouvent être cohérents pour ce qui est des dispositions
17 proposées par l'Accusation, en l'occurrence. Toutefois, il me semble qu'il
18 faudrait se pencher sur l'affirmation qui est celle de dire que, sous les
19 48 heures, on a répondu aux critères répondus par les Juges de la Chambre.
20 Mais il est évident qu'il y a des moments où tout simplement il n'est pas
21 possible de maîtriser une telle quantité de documents communiqués juste
22 avant l'écoulement de ce délai de 48 heures. Et nous avons franchi un seuil
23 pragmatique établi par les Juges de la Chambre comme on l'a indiqué il y a
24 quelques instants, la Chambre a également évoqué aussi la quantité de
25 documents fournis de cette façon-là. Et bien que je ne sois pas sûr que
26 ceci englobe la question concrète qu'il convient de résoudre ou de trancher
27 en ce moment-ci, je pense qu'il est important de demander à la Défense de
28 continuer ou de garder à l'esprit la nature et le volume de la
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1 documentation qui vient d'être communiquée pour considérer que cela peut
2 constituer une violation des lignes directrices fournies par les Juges de
3 la Chambre, compte tenu donc des quantités de documents indépendamment de
4 ce délai de 48 heures sur lequel on peut se pencher de façon différente. Il
5 faut, je pense, s'en tenir aux mises en garde réitérées par les Juges de la
6 Chambre. Les parties au procès obtiennent des grandes quantités
7 d'informations importantes, et il faut trouver une solution pour ne pas
8 faire en sorte que la partie adverse soit prise de court.
9 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Maître Robinson, la Chambre n'avait pas
10 été mis au courant de cette situation. J'ai reçu un message de la part de
11 mon personnel disant que la Chambre a obtenu une déclaration révisée, à 9 h
12 30 du soir, samedi. La Chambre n'a tout simplement pas eu le temps de se
13 pencher sur le fait de savoir si ceci sous-entend des pièces à conviction
14 connexes complémentaires qui devraient constituer une partie indissociable
15 et indispensable de la déclaration de ce témoin. Je me propose de me
16 consulter mes collègues à cet effet.
17 [La Chambre de première instance se concerte]
18 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Maître Robinson, pour que les Juges de
19 la Chambre soient conséquents s'agissant de la pratique de ce Tribunal, la
20 Chambre va donner l'ordre à la Défense de conduire viva voce des
21 interrogatoires au sujet des parties qui ont été rajoutées et au sujet des
22 pièces connexes.
23 M. ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que les Juges
24 de la Chambre de la Chambre pourraient se pencher sur la possibilité de
25 faire varier ou de faire modifier l'ordre de comparution des témoins, pour
26 ce qui est d'interrogatoire principal de M. Indjic, cela fournira le temps
27 à tout un chacun de se pencher sur la totalité des documents. Et je
28 voudrais que vous vous penchiez également sur des documents que nous avons
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1 communiqués le 29 novembre, à l'Accusation, que nous avons considéré devoir
2 être utilisés, y compris ces 20 documents dont trois sont non traduits.
3 Alors nous reconnaissons qu'il nous faudra soit aller viva voce soit les
4 laisser tomber.
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Tieger.
6 M. TIEGER : [interprétation] Quelques éléments à mentionner, Monsieur le
7 Président. Tout d'abord, je voudrais souligner quelque chose de pratique.
8 Mme Edgerton est le conseil qui va contre-interroger les deux témoins dont
9 il est question ici. Donc le changement d'ordre de comparution ne va pas
10 résoudre la question des préparatifs dont nous avons besoin, et ceci
11 implique un autre ou mène un autre commentaire. Il s'agit de lignes
12 directrices émises par les Juges de la Chambre pour ce qui est de la
13 documentation tardivement communiquée disant que cela devait se faire viva
14 voce. Et ceci reflète le fait que les Juges de la Chambre n'ont pas estimé
15 que c'est une façon appropriée de faire usage de l'article 92 ter, c'est la
16 raison pour laquelle on en est revenu à la façon conventionnelle de la
17 présentation des éléments de preuve. Mais ceci ne résout pas le problème
18 des préparatifs. Nous avons obtenu une information, cela entraîne un
19 problème qu'il nous faut résoudre, et je crois que cela est reflété par les
20 commentaires de M. Robinson. Mais je pense que maintenant nous ne serions
21 pas en mesure de réaliser ce que nous avons à réaliser.
22 Et pour ce qui est de ces documents communiqués très peu de temps avant la
23 comparution d'un témoin, nous ne voyons pas quel est le rôle que cela
24 risque de jouer dans le contexte du témoignage du témoin. Bien sûr, nous
25 sommes, nous nous félicitons de les avoir reçus, ça vaut mieux que de ne
26 pas les avoir reçus, mais cela ne nous aide que très peu pour ce qui est
27 des préparatifs appropriés. Nous ne sommes pas en train de chercher des
28 façons de faire en sorte que le procès soit saboté, mais il nous faut
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1 revenir vers la façon dont nous avons à nous préparer pendant toute la nuit
2 pour nous pencher sur ces notifications, et à être autant que possible
3 prêts. Et nous voudrions apporter ces questions à l'attention des Juges de
4 la Chambre, il est de toute façon, clair que ces préparatifs constituent un
5 obstacle, et les parties devraient s'adresser aux Juges de la Chambre.
6 L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que je peux dire quelques mots?
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Karadzic.
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je ne voudrais pas revenir sur ces questions-
9 là, mais je voudrais vous rappeler que lorsque j'ai demandé à ce que nous
10 commencions le 1er mars, c'était une estimation tout à fait réaliste de ma
11 part, d'autre part, personne ne pourrait savoir aussi bien que cela ce que
12 le témoin est susceptible de nous dire que moi. Et ici, l'accusé - et moi,
13 je suis l'accusé - et le conseil de la Défense, en détention. Alors pour ce
14 qui est de savoir quelle est l'ampleur ou l'éventail de tout ce que le
15 témoin pourrait nous dire, je ne l'apprends que lorsqu'il y a un
16 récolement, et ça se fait essentiellement par vidéoconférence. Et ça peut
17 porter atteinte à la régularité des conditions dans lesquelles se déroule
18 ce procès. Et je tiens à préciser aussi que je contribue autant que faire
19 se peut à la régularité de ce procès. Nous sommes bien moins nombreux que
20 les membres de l'Accusation, nous travaillons jusqu'à 3, 4, 5 h du matin,
21 très souvent, nous sommes à bout de souffle, et vous voyez tout ce qu'il a
22 comme travail à effectuer. Donc d'ici à ce 1er mars, nous allons devoir
23 récoler plus de 100 témoins. Vous voyez bien quelle est l'envergure du
24 travail qui nous attend.
25 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, le fait de présenter
26 viva voce des éléments de témoignage d'un témoin, quel est le préjudice que
27 cela peut avoir vous concernant ?
28 M. ROBINSON : [interprétation] Il n'y a pas de préjudice, Monsieur le
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1 Président, pour autant que vous nous attribuez des heures en sus au-delà
2 des 300 heures accordées, ça ne nous porterait pas préjudice.
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Compte tenu de l'importance de ce
4 témoin, ce témoin aurait pu faire l'objet d'une ordonnance pour ce qui est
5 d'un interrogatoire viva voce, et je crois que ce serait une façon juste
6 d'établir un équilibre entre la présentation viva voce des éléments de
7 preuve, et le reste, parce que cela, il ne s'agit que 20 documents. Et je
8 me propose de consulter mes collègues.
9 [La Chambre de première instance se concerte]
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] La Chambre ne voit aucune raison pour ce
11 qui est de motiver le réexamen d'une décision rendue précédemment.
12 Est-ce qu'on peut faire entrer le témoin maintenant ? Et le témoin suivant
13 c'est Pljevaljcic
14 M. TIEGER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, mais je voudrais
15 juste apporter un éclaircissement. Etant donné que M. Robinson a reconnu
16 qu'il y avait un problème et qu'il a accepté la suggestion qui est celle de
17 faire en sorte que le contre-interrogatoire de M. Indjic soit reporté
18 jusqu'à la fin de l'achèvement de l'interrogatoire au principal de Dragomir
19 Milosevic, je pense qu'il se pourrait que les Juges de la Chambre acceptent
20 l'approche que nous avons suggérée, et je voudrais que nous confirmions
21 avec certitude ce qui a été déjà indiquer comme solution.
22 M. ROBINSON : [interprétation] Nous sommes tout à fait disposés à procéder
23 ainsi, Monsieur le Président.
24 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
25 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Alors pour ce qui est de l'ordre de
26 comparution des témoins, j laisse aux parties le soin de s'entendre. La
27 Chambre ne voit pas de difficulté à cette façon de procéder. Voyons un peu
28 comment donc les choses vont évoluées.
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1 Je vais demander au témoin de faire sa déclaration solennelle.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
3 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
4 LE TÉMOIN : TRIVKO PLJEVALJCIC [Assermenté]
5 [Le témoin répond par l'interprète]
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci, Monsieur Pljevaljcic. Je vous en
7 prie, installez-vous.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.
9 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame Uertz-Retzlaff, c'est vous qui
10 allez vous charger du contre-interrogatoire ?
11 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, M. le Président.
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais la Chambre n'a pas été informée du
13 temps qu'il sera nécessaire au contre-interrogatoire, mais je pense que
14 l'Accusation comprend qu'en cas de témoin viva voce, l'Accusation disposera
15 du même temps dont disposera la Défense pour l'interrogatoire principal.
16 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, je
17 comprends.
18 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Karadzic.
19 L'ACCUSÉ : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs les
20 Juges. Bonjour à tous.
21 Interrogatoire principal par M. Karadzic :
22 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Pljevaljcic.
23 R. Bonjour, tous mes vœux vous accompagnent.
24 Q. Comme vous l'avez appris, nous devons mener cet interrogatoire
25 principal viva voce, nous allons passer par toutes les étapes de cet
26 interrogatoire. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous dire quel est votre
27 nom, prénom, et le nom de votre père ?
28 R. Je suis Trivko Pljevaljcic, fils de Milo, né en 1955 de la municipalité
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1 de Foca, ancienne Yougoslavie.
2 Q. Merci. J'ai commis une erreur. J'ai commencé un peu trop vite. Nous
3 devons respecter une pause entre la question et la réponse. Pourriez-vous,
4 s'il vous plaît, dire quel est votre parcours en matière de formation.
5 R. Eh bien, j'ai terminé l'école secondaire avec un diplôme d'ingénieur en
6 électricité et c'est ce le métier que j'ai fait durant toute ma vie.
7 Q. Merci. Avez-vous servi dans l'armée ?
8 R. Oui, effectivement.
9 Q. Et quel était votre domaine de spécialité ?
10 R. J'ai servi dans la section ou le secteur des communications.
11 Q. Merci. Et où avez-vous travaillez et quelle était votre fonction exacte
12 ?
13 R. A partir de 1975, j'ai travaillé pour une entreprise de construction de
14 rails à Belgrade. Et puis je suis allé sur le terrain à Pristina et puis
15 sur l'ensemble du territoire de l'ex-Yougoslavie, et puis en 1981 j'ai
16 commencé à travailler à Focatrans et c'est là que j'ai travaillé jusqu'au
17 moment où j'ai dû quitter ce lieu. Ensuite la fin de l'année 1995, j'ai
18 commencé à travailler à Foca où se trouvait le Dom de la KP, et c'est
19 toujours que je suis aujourd'hui. Je n'ai pas encore pris ma retraite, mais
20 ça devrait être le cas cette année.
21 Q. Merci. Et pouvez-vous nous dire où vous vous trouviez lorsque la guerre
22 a éclaté ?
23 R. J'étais chez moi avec ma famille.
24 Q. Et où se trouvait votre maison ?
25 R. Eh bien, je disposais d'un appartement en ville, mais j'étais parti à
26 ce moment-là et je me trouvais dans un village près de Foca, je me trouvais
27 à plus ou moins 5 à 6 kilomètres de Foca, et c'est là que je me trouvais
28 avec ma famille.
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1 Q. Le mot "fui," "fled" en anglais n'a pas été traduit. Pouvez-vous nous
2 dire quand vous êtes parti en tant que réfugié, et où, et pourquoi vous
3 avez dû fuir ?
4 R. Eh bien, c'est au début du mois d'avril 1992 que je me suis enfui parce
5 que les forces musulmanes étaient en train de s'armer, et il était évident
6 que tous les citoyens de Foca et de la partie de la ville où je vivais
7 étaient constitués de manière majoritaire d'une population musulmane. Et
8 ensuite, le village dont je venais était un village ethniquement pur un
9 village serbe ethnique pur, même si se trouvaient à ces frontières deux
10 villages musulmans, et c'est là que je me suis enfui, en tant que réfugié,
11 pour sauver ma famille, mon épouse et mes enfants.
12 Q. Et pour les sauver de quoi ? Quel type de danger étiez-vous exposé ?
13 R. Eh bien, oui, nous étions en danger, parce que quelques jours avant
14 l'éclatement du conflit, les forces musulmanes avaient érigé des
15 barricades, et l'une de ces barricades avait été érigée sur la voie qui
16 menait à mon village. Une autre barricade avait été érigée également près
17 du centre médical de Foca. Donc il était impossible de passer et de
18 traverser. Les seules personnes qui pouvaient franchir ces barrages, ces
19 barricades se trouvaient dans des ambulances, des véhicules médicaux, à
20 fonctions médicales et il y avait d'autres véhicules également qui eux ne
21 pouvaient pas passer.
22 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas entendu la totalité de la phrase.
23 M. KARADZIC : [interprétation]
24 Q. Merci. Et qui contrôlaient ces "check-points," quoi décidait de qui
25 pouvait passer et pas ?
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] J'entends que les interprètes n'ont pas
27 entendu la fin de la phrase. Pourriez-vous, s'il vous plaît, répéter la
28 dernière phrase, Monsieur Pljevaljcic ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Je répète la dernière phrase : Les forces
2 musulmanes se trouvaient aux points de contrôle, aux "check-points." Ces
3 forces étaient armées. Certaines d'entre elles portaient des vêtements
4 civils et il y a un certain nombre d'entre elles portaient également des
5 uniformes militaires, des uniformes de camouflage. Et les seuls véhicules
6 qui pouvaient passer étaient des ambulances ou des véhicules dépendant de
7 l'hôpital et qui se rendaient à l'hôpital de Foca. Et puis le dernier jour
8 avant la veille de l'éclatement du conflit ils ne laissaient plus passer
9 les véhicules de sorte qu'une partie de Foca se trouvait complètement
10 bloquées. Voilà quelle était ma dernière phrase.
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Monsieur Pljevaljcic, pourrais-je
12 vous demander, s'il vous plaît, de vous exprimer plus lentement et de
13 respecter une pause entre le moment où vous commencez à répondre à la
14 question posée par M. Karadzic.
15 Oui, Monsieur Karadzic.
16 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.
17 M. KARADZIC : [interprétation]
18 Q. Et quelle était la situation dans les autres quartiers de Foca à cet
19 égard ?
20 R. S'agissant des autres quartiers de la ville, je pense que les Serbes
21 avaient également érigé des barrages dans la direction de Cerezluk qui
22 était un quartier essentiellement peuplé de Serbes; et c'est là que se
23 trouvait l'église, dans cette zone-là, l'église orthodoxe serbe. C'est là
24 que les Serbes avaient érigé des barrages. Il n'y avait pas d'autre barrage
25 à Foca.
26 Q. Merci. Et ces Serbes et ces Musulmans qui avaient érigé ces barrages,
27 qui étaient-ils ? S'agissait-il d'officiers ou de forces officielles
28 particulières ? Qui étaient-elles ?
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1 R. Non, il n'y avait aucune autorité officielle, ni force officielle, à
2 l'époque. Oui, il y avait, bien sûr, des Musulmans du cru de Foca, que l'on
3 connaissait ainsi que des Serbes. Ils étaient tous également des citoyens
4 de Foca. Il n'y avait aucune force sur place qui venait de l'extérieur de
5 Foca, pas encore, en tout cas.
6 Q. Merci. Et comment ces forces de police officielles qui étaient un
7 organe de l'état, comment ces forces ont-elles réagi ?
8 R. Les forces de police officielles n'ont pas réagi du tout. Elles
9 n'étaient pas en mesure de réagir, soit parce que la police était divisée
10 et la ville était essentiellement divisée également dans le sens où il y
11 avait une division entre les autorités, le gouvernement, les autorités de
12 la ville. Et ceci a donné lieu à des négociations pendant quelques jours.
13 Et le poste de police était également divisé entre les exécutants ou les
14 responsables des questions de décisions, et puis les autres. Et certains
15 devaient répondre à des actes ou des décisions liées aux Musulmans, et les
16 autres Serbes. Et les autorités exécutives de la municipalité de Foca
17 étaient en train de négocier la division du pouvoir dans la ville, de sorte
18 que le jour où le conflit a réellement éclaté, la division faisait l'objet
19 de discussion, et puis l'après-midi, deux négociateurs serbes devaient être
20 arrêtés, Mladjenovic et Bodiroga [phon] et ils ont réussi à éviter d'être
21 lynchés. Et ensuite, eu égard aux discussions qui ont eu lieu plus tard, le
22 conflit a eu lieu, a éclaté le mardi, et ensuite le jeudi, d'autres Serbes,
23 membres du pouvoir exécutif, qui faisaient partie de l'appareil politique
24 devaient être enlevés.
25 Q. Merci. Revenons à cela. Je voudrais simplement en savoir davantage
26 concernant cette division. S'agit-il d'une division physique ou s'agit-il
27 finalement de la constitution de deux municipalités distinctes ?
28 R. Il s'agissait de la constitution de deux municipalités. Il s'agissait
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1 de diviser la municipalité pour que finalement elles correspondent à ce
2 qu'on voulait qu'elles soient en fin de compte. Après la guerre, la
3 municipalité de Foca était divisée de sorte que les Musulmans ont
4 maintenant Ustikolina, qui était divisé, et la ville était supposée être
5 divisée également. Mais c'aurait été préférable que la division ait lieu
6 plutôt que ce qui s'est réellement passé, parce que certaines personnes ne
7 voulaient pas que cela se produise comme cela. Ils ne voulaient pas
8 finalement que la division ait lieu.
9 Q. Merci. Ces conditions quelles sont-elles exactement, et quelle est
10 l'importance du territoire de Foca ? Etait-il possible de créer plusieurs
11 municipalités à partir de la municipalité de Foca ?R. Dans l'ex-
12 Yougoslavie, la municipalité de Foca était la deuxième plus grande
13 municipalité juste après Niksic. Et donc Foca pouvait être considéré comme
14 une grande municipalité, qui était tout à fait possible de diviser. Alors,
15 bien sûr, c'est un grand territoire qui disposait d'infrastructures
16 adéquates, et toutes les institutions pouvaient être divisées. Et je pense
17 que cela aurait été une solution bien préférable que celle qui a été
18 finalement mise en œuvre.
19 Q. Merci. Et, dans ce cas, si chaque communauté avait disposé de sa propre
20 municipalité, aurait-il été possible d'expulser quiconque, et certains
21 troubles auraient-ils pu être évités, des troubles qui sont survenus plus
22 tard ?
23 R. Oui, eh bien, toute solution pacifique, sans expulsion, sans guerre,
24 sans conflit aurait été préférable. Et c'est pourquoi je dis qu'il aurait
25 été préférable que cette solution puisse être résolue de manière pacifique.
26 Q. Merci. Et quelle était la position des Serbes, à Foca ? Quelles étaient
27 leurs solutions de prédilection ?
28 R. Les Serbes à Foca se trouvaient dans une position subalterne. Je vais
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1 vous donner quelques exemples. Lorsque les partis nationaux ont dû être
2 formés, c'était aux alentours du printemps de l'année 1990; c'est l'époque
3 où les Serbes ont envoyé un appel, et ils ont introduit un recours. Ils ont
4 posé une question à la Cour constitutionnelle de ce qui était, à l'époque,
5 la Bosnie-Herzégovine, de ne pas permettre les parties nationales de
6 s'enregistrer parce que les Serbes pouvaient voir où cela allait mener;
7 cependant, la réponse de la Cour constitutionnelle de la BiH était
8 négative, et on a autorisé les partis nationaux à s'enregistrer. Ces partis
9 ont été constitués, enregistrés, et nous nous souvenons tous de la réunion,
10 cette réunion de Foca et le drapeau, mais nous y reviendrons plus tard, de
11 sorte que après un mois ou deux, après les Serbes ont été forcés de
12 constituer le Parti démocratique serbe.
13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame Uertz-Retzlaff.
14 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président, j'écoute
15 l'interrogatoire principal, et il me semble que c'est tout à fait autre
16 chose que ce à quoi nous pouvions nous attendre. Lorsque je regarde la
17 déclaration du témoin, eh bien, on ne parle absolument pas de ce dont il
18 s'agit ici, et l'Accusation n'a reçu aucune information de ce dont le
19 témoin allait parler.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Si vous me permettez, je voudrais répondre. De
21 10 à 12 paragraphes voire 15 ou plus encore ont été supprimés, qui
22 faisaient référence aux conditions de vie des Serbes à Foca. Et c'est la
23 raison pour laquelle je voudrais obtenir des réponses, des réponses aux
24 questions qui sont liées et qui vont au-delà des questions personnelles ou
25 des habitants de Foca, qui sont liées aux conditions de vie qui avaient un
26 effet sur la survenue du conflit. Je n'ai pas demandé d'interrogatoire viva
27 voce.
28 [La Chambre de première instance se concerte]
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame Uertz-Retzlaff, étant donné que
2 le témoin présente son témoignage en direct, viva voce, et que jusqu'à
3 présent, la question abordée est liée à la circonstance dans laquelle le
4 conflit est survenu. Je voudrais laisser l'accusé poursuivre son
5 interrogatoire.
6 Oui, Monsieur Karadzic, poursuivez, je vous prie.
7 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
8 M. KARADZIC : [interprétation]
9 Q. Monsieur Pljevaljcic, vous avez dit que les Musulmans s'armaient aux
10 fins de se préparer à la guerre. Comment saviez-vous cela ?
11 R. Eh bien, nous avions connaissance de cette situation via différents
12 rapports, et je vais vous donner quelques exemples de cela. Avant que la
13 guerre n'éclate, la police près de Gorazde, près de Ustipraca a arrêté un
14 camion remorque qui se rendait à Sarajevo et qui venait de quelque part à
15 Sandzak. Et les marchandises transportées dans ce camion étaient suspectes,
16 il s'agissait en fait d'armes. Et c'est à ce moment-là que les services, le
17 centre des services de Sécurité ont commencé à travailler à Sarajevo. Le
18 ministre était un Musulman, et ceci a été tu. Autre exemple, lorsque la
19 guerre a commencé, après quelques jours, lorsque les Musulmans ont quitté
20 Focatrans, dans le site de Focatrans, se trouvait un camion remorque plein
21 d'obus de mortier qui était emballé dans un emballage et des
22 conditionnements de bouteilles de cognac. Et c'est la manière dont les obus
23 étaient empaquetés. Ensuite l'entrepôt de Focatrans, parce que la cafétéria
24 de Focatrans se trouvait au niveau du sous-sol et pas au premier -- au rez-
25 de-chaussée. Il y avait de grandes pièces, des entrepôts, et ensuite, à
26 côté de Focatrans se trouvait également un entrepôt dépendant des chemins
27 de fer qui était une très, très grande taille qui ne fonctionnait de plus
28 depuis très, très longtemps. Un grand nombre des armes ont été retrouvées
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1 là ainsi que du matériel médical, des vivres également. Donc je pense que
2 l'essentiel ou une grande partie des armes qui sont arrivées à Foca sont
3 arrivées à Foca dans des véhicules de Focatrans non pas seulement de
4 Gorazde, mais également de Sarajevo.
5 Je voudrais également ajouter que, lorsque le conflit a éclaté, ils
6 travaillaient d'arrache-pied à la fabrication d'autre types d'armes, et
7 lorsque le conflit a éclaté le premier soir du pilonnage de forte intensité
8 du site a eu lieu et je l'ai dit au début, Cerezluk, où se trouvait
9 l'église orthodoxe serbe. Ensuite des lance-roquettes ont été utilisés dans
10 le cadre de ce bombardement ainsi qu'il y a eu des tirs de mortier. Et on
11 s'est quand même inquiétés, parce que vous pouvez imaginer l'impact de
12 l'utilisation de ces lance-roquettes, ces roquettes, il y avait un grand
13 nombre de roquettes qui étaient tirées. Lorsque la colline a été capturée
14 deux ou trois jours plus tard, ce Weber a été capturé et amené à Foca et on
15 pouvait voir que c'était un lance-roquettes multiple qui avait été fabriqué
16 de manière artisanale et qui a été produit à Unis qu'est une fabrique de
17 fils. Et les Musulmans détenaient le poste du directeur et étaient
18 responsables de la production, un Serbe participait à la production
19 également, et lorsqu'il a vu ça il a dit : "Les gars, c'est moi qui ai fait
20 ça. Donc comment cela se fait-il -- vous allez en prison ?" Et puis il a
21 dit : "Eh bien, j'ai reçu des instructions de mon chef. Je ne sais pas
22 pourquoi il fallait le faire." Donc il a produit certains de ces
23 équipements. Il ne les a pas assemblés. Il a fabriqué certaines parties de
24 ce lance-roquettes.
25 Q. Merci. Je ne vais pas vous demander autre chose concernant Focatrans,
26 mais pourriez-vous nous dire dans quelle mesure ces armes ont pu être
27 découvertes seulement après le retrait des Musulmans de Foca ? Pourquoi
28 n'ont-elles pas été découvertes plus tôt ?
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1 R. Eh bien, vous savez comment nous les avons découvertes ? La police à
2 Foca était divisée ainsi que le poste de police, et on s'attendait
3 absolument pas à cela personne ne s'attendait que les combats éclatent et
4 que le conflit soit si violent. Bien sûr, il y avait des rumeurs qui
5 abondaient. Les gens savent maintenant que les armes avaient été
6 acheminées, mais rien n'a été fait à l'époque. On s'attendait à ce que
7 quelqu'un de la ville intervienne et mette un terme à cela, mais
8 malheureusement ça ne s'est pas produit et vous savez ce qui s'est passé
9 par la suite.
10 Q. Merci. S'agissant de ces armes stockées qui se trouvaient stockées à
11 Focatrans, les Serbes avaient-ils accès à ces armes et étaient-ils à même
12 de les découvrir, à l'époque ?
13 R. Eh bien, il est tout à fait possible que certaines de ces armes aient
14 été acheminées par les Serbes eux-mêmes. Vous savez ce qui s'est passé ? Je
15 pense qu'environ 104 d'entre nous avaient reçu des permis de travail et le
16 directeur, Djurid -- Murid Djuliman; il a également amené quelque 70
17 travailleurs musulmans supplémentaires. Donc dix Serbes ont quitté les
18 lieux, ils sont rentrés chez eux, ils sont allés retrouver leurs familles.
19 Ils n'avaient aucun moyen de subsistance, ils ont été donc contraints de
20 revenir et de travailler avec les Musulmans. Que s'est-il passé à ce
21 moment-là ? Les personnes, qui sont restées sur place, ont dû commencer à
22 travailler sous un régime spécial. Et on en a parlé, à l'époque, dans la
23 presse, et je pense que c'est ce qu'on appelait "Vox" Saja, "Vox," et le
24 rédacteur était Sahinpasic, mais on l'appelait Saja. Donc, en toute
25 probabilité, les Serbes furent ceux qui ont amené les armes dans le camion
26 remorque qui a été ensuite découvert, parce qu'ils n'auraient pas été à
27 même d'entrer sur le site. Il y avait un officier là de garde, et également
28 un chauffeur qu se trouvait à la barrière. Et c'est lui qui était chargé de
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1 vérifier les entrées et les sorties, donc aucun Serbe n'aurait pu entrer
2 dans le périmètre avec son propre véhicule parce qu'il aurait dû remettre
3 le véhicule à l'entrée.
4 Et je vous prie de m'excuser, Monsieur Karadzic, mais j'ai dit qu'en toute
5 probabilité c'étaient les Serbes qui avaient amené les armes parce qu'ils
6 avaient une autorisation de voyage. Il était indiqué qu'il s'agissait sur
7 le connaissement ou le document de bord de cognac. Alors ils ne savaient
8 pas que c'était autre chose.
9 Q. Merci. Bon, pour aider les interprètes, je lis dans le compte rendu que
10 nous avons reçu des permis de travail, pourriez-vous, s'il vous plaît,
11 décrire à la Chambre ce qu'on entend dans votre langue par ce permis ?
12 R. Eh bien, il s'agissait d'un -- oui, d'un manuel qui signifiait que vous
13 avez besoin d'un document spécifique, et si vous ne disposez pas de cela,
14 vous êtes renvoyé. Voilà que cela veut dire.
15 Q. Ça n'a pas d'importance, c'est une expression que nous utilisons, mais
16 les interprètes n'ont pas besoin de connaître les tentants et aboutissants.
17 Pouvez-vous nous dire, quel est le lien entre le renvoie de ces 104 Serbes
18 et le recrutement des 60 Serbes et des armes ?
19 R. Eh bien, il ne s'agissait pas de 60 Serbes qui ont été recrutés, ou re-
20 recrutés, il s'agissait de 60 Musulmans qui ont été recrutés à leur place.
21 Et vous voyez, lorsqu'on essaie de savoir ce qui s'est passé par la suite,
22 eh bien, c'est exactement ce qui s'est passé. Les Serbes faisaient obstacle
23 en quelque sorte aux autorités musulmanes, et ils faisaient obstacle à ce
24 que Focatrans souhaitait faire et leur objectif était d'armer la population
25 musulmane de Foca, de Gorazde, et des zones environnantes, et ils ne
26 pouvaient pas le faire étant donné la présence des Serbes. Et si vous voyez
27 ou regardez les Serbes qui sont revenus, retournés là travailler, eh bien,
28 ils ne savaient absolument pas quel était le type de marchandises qui
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1 entraient sur le site de Foca et quelles étaient les marchandises qui en
2 sortaient. Donc toute probabilité les Serbes constituaient un obstacle et
3 c'est tout à fait incompréhensible. En fait, l'ex-Yougoslavie, voire
4 l'Europe n'a jamais rien vu de telle, dans une société multiethnique où
5 plus de 100 employés ont été simultanément renvoyés. Et je pense qu'il y
6 avait également deux ou trois musulmans faisant partie de ce même groupe
7 qui également a été licencié, mais c'est tout.
8 Q. Quelle était la position des officiers de police venant de ces
9 différentes communautés ethniques s'agissant de l'armement ? Qui a
10 participé à cette opération ?
11 R. Eh bien, comme je viens de le dire, la police se contentait d'observer
12 l'armement mais ils n'ont rien fait, ils n'ont pas réagi, parce qu'ils
13 auraient été renvoyés. Ils pouvaient également devenir les victimes des
14 divisions ethniques et ils auraient pu se retrouver sans travail parce qu'à
15 l'époque il se trouvait un seul chef, un chef unique pour le SUP. Qui était
16 musulman. Et comme je l'ai déjà dit, tous les plans étaient déjà préparés
17 s'agissant des divisions. Et les autorités civiles elles-mêmes ne pouvaient
18 empêcher l'armement. Et se contentaient de regarder ce qui se passait sans
19 dire un mot et les choses se sont poursuives.
20 Q. Qu¸09,29 des communautés religieuses ?
21 R. Eh bien, les communautés religieuses disposaient de leurs propres
22 politiques, et on a pu voir quelles étaient leurs positions lors d'une
23 réunion -- de nature religieuse, un rassemblement qui s'est tenu au milieu
24 des années '90 à Pijesak, qui se trouve dans la région de Foca. Et il est
25 apparu très clairement quelles les positions des différents chefs religieux
26 qui venaient des différentes régions de l'ex-Yougoslavie. S'agissant de
27 notre rassemblement, eh bien, ce rassemblement a eu lieu au stade - et je
28 ne pense pas qu'il y avait des prêtres ou autres autorités religieuses à ce
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1 moment-là.
2 Q. Merci. Qu'en est-il maintenant des bâtiments religieux, ont-ils été
3 utilisés dans le cadre de l'effort de guerre ?
4 R. Eh bien, oui, ils ont contribué à l'effort de guerre. Ils ont été
5 utilisés, ces bâtiments ont été utilisés, et je pense que l'on peut le
6 constater à la lecture d'une des déclarations de Sahinpasic, qui a dit
7 qu'il a été très surpris lorsqu'il a constaté Ustikolina que se trouvaient
8 dans le bâtiment de la mosquée, plus de 100 fusils. Et je pense qu'il y
9 avait plusieurs mosquées à Gornje Polje, et m'en souviens d'une mais je ne
10 me souviens plus le nom, qui était en fait un centre de formation ou
11 d'entraînement. La première personne qui a été tuée, le premier des hommes
12 avoir été tué était tué, parce qu'il a été la cible de quelqu'un qui se
13 trouvait au sommet d'un minaret, le minaret de la mosquée. Donc les
14 bâtiments religieux musulmans à Foca servaient d'entrepôt. On peut dire la
15 même chose de la mosquée de Sajina [phon], à Donje Polje, qui était
16 utilisée en tant qu'entrepôt, et qui était également utilisé pour la vente
17 de fruits et légumes. Eh bien, il y avait également donc participation de
18 cette mosquée qui était utilisée pour abriter des armes pour les Musulmans,
19 même si la ville était majoritairement occupée ou par des Musulmans ou
20 était majoritairement musulmane. Les services, les services religieux
21 étaient tenus le samedi, le dimanche, tous les dimanches, et je ne pense
22 pas qu'on pouvait observer quoi que ce soit à ces moments-là.
23 Q. Combien il y avait de mosquées au total dans cette zone-là?
24 R. Je ne sais pas combien exactement mais il y en avait certainement deux
25 qui étaient actives, qui étaient fonctionnelles. En d'autres mots, les
26 autres mosquées n'avaient pas de service religieux.
27 Q. Très bien, merci. Est-ce que c'était risqué d'entreposer les armes et
28 les munitions dans ces bâtiments dans la ville ?
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1 R. Il n'y avait pas seulement des armes, je ne sais pas toutefois d'où
2 est-ce que tous ces obus de char pouvaient se trouver dans la ville. Mais
3 lorsque la mosquée avait été soufflée, et c'était vers la fin de l'été ou
4 début de l'automne, j'avais été blessé, j'étais à Belgrade à l'hôpital, et
5 je sais qu'on m'avait dit qu'il y avait à peu près 200 kilos d'explosif. Je
6 ne sais pas si c'était les Serbes ou bien est-ce que c'était peut-être lors
7 du pilonnage que ceci a explosé, je ne sais pas, mais ils ont dit que
8 l'explosion était particulièrement forte. Mon appartement se trouvait non
9 loin de là, de 200 à 300 mètres de la mosquée, et les portes ainsi que les
10 fenêtres étaient détruites, cassées à la suite de l'explosion. Mais comme
11 je vous dis à ce moment-là, j'étais à Belgrade.
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît.
13 Oui, Madame Uertz-Retzlaff.
14 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président, de nouveau,
15 tous ces passages n'ont rien à voir avec la déclaration et l'information
16 qui a été communiquée à l'Accusation. Il me semblerait qu'ici, M. Karadzic
17 est en train d'essayer de répéter le témoignage du témoin précédent de
18 Foca, alors que ceci, tout son témoignage n'a rien à voir avec la
19 déposition du témoin jusqu'à maintenant.
20 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous entends, Madame, Uertz-Retzlaff.
21 Monsieur Karadzic, tous les détails des témoins de vive voix devraient être
22 communiqués à la partie adverse. Mais je crois que cette question n'a
23 jamais été abordée dans ses déclarations préalables et dans votre
24 communication, n'est-ce pas ? Est-ce que vous comprenez ce que je vous dis,
25 Monsieur Karadzic ?
26 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, Excellence, mais je crois qu'effectivement
27 on m'a parlé du fait que les mosquées avaient été utilisées comme des
28 entrepôts pour y entreposer des armes, et d'autres moyens. Et ceci figure
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1 aux paragraphes 17, 21, aussi pour ce qui est des paragraphes qui n'ont pas
2 été abrégés ou qui n'ont pas été expurgés.
3 M. KARADZIC : [interprétation]
4 Q. Monsieur Pljevaljcic, dites-nous s'il vous plaît, parlant de
5 l'armement, est-ce que étant donné que les Musulmans s'armaient, est-ce que
6 les Serbes s'armaient également ?
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Madame Uertz-Retzlaff.
8 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Cette référence au paragraphe 17 qu'a
9 fait M. Karadzic tout à l'heure, est complètement incorrect, puisque l'on
10 ne parle que d'une seule mosquée dans ce paragraphe, et c'est la mosquée de
11 Saja, un an avant la guerre, cette mosquée avait abrité des armes.
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] A Ustikolina.
13 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui.
14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Je vais voir la dernière
15 question.
16 L'ACCUSÉ : [interprétation] Et au paragraphe 21 --
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Restons-en à ceci. Est-ce que vous vous
18 souvenez de la dernière question, Monsieur Pljevaljcic, pouvez-vous
19 répondre à la question.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je me souviens de la dernière question.
21 Les serbes s'agissant de l'armement --
22 M. KARADZIC : [interprétation]
23 Q. Je crois que le Président a pensé à la question précédente, la question
24 qui a trait aux mosquées.
25 L'ACCUSÉ : [interprétation] Ai-je raison, Excellence ? Est-ce que c'est
26 bien à ceci que vous faisiez référence ?
27 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non, non, laissons les mosquées de côté.
28 Votre dernière question semblait être celle-ci, étant donné que les
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1 Musulmans s'armaient, que faisaient les Serbes ? S'armaient-ils également ?
2 C'était la dernière question que vous avez posée au témoin.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, j'ai tout à fait compris cette question,
4 et justement j'étais en train de donner une réponse. Les Serbes avaient des
5 membres de réserve de la police où l'on procédait à l'armement. Ils avaient
6 un très grand nombre de fusils de chasse également, et ils disposaient tout
7 ceci non loin de la ville, d'un entrepôt où il n'y avait pas beaucoup
8 d'armement. C'était la défense civile qui était abritée dans ce bâtiment.
9 Il y avait certaines armes d'infanterie, à cet endroit-là, et ceci se
10 trouvait dans la partie qui était contrôlée par les Serbes. Maintenant
11 lorsque les conflits ont éclaté, le lendemain, les Serbes avaient réussi à
12 obtenir un certain nombre d'armes qui se trouvaient dans cet entrepôt.
13 S'agissant d'autres armes, les Serbes ne pouvaient pas s'armer autrement
14 puisque l'ex-Yougoslavie et l'armée de l'ex-Yougoslavie n'étaient pas du
15 tout proches de Foca, et la caserne se trouvait à Ustikolina, alors que
16 Ustikolina était maintenant sous le contrôle des Musulmans. Et donc je
17 parle de plus de 80 % de la population à Ustikolina était musulmane, et la
18 caserne à Ustikolina était placée sous le contrôle musulman. S'agissant
19 d'autre aide, nous n'avions pas d'autre aide, l'aide ne pouvait pas nous
20 parvenir ni de Sarajevo, parce que Foca était presque entièrement bloqué.
21 Il était contrôlé par les Musulmans, Gorazde était un endroit musulman
22 également, et donc il n'y avait pas de contrôle.
23 Mais lorsque les conflits ont éclaté, cette partie-là, enfin les armes
24 avaient été envoyées aux Serbes par l'ancienne armée yougoslave. Comme je
25 vous dis ils avaient certaines armes de chasse, mais lorsqu'ils sont
26 arrivés dans cet entrepôt, ils ont réussi à s'approprier, à prendre des
27 armes et c'était le bâtiment de la défense civile qui se trouvait non loin
28 de Foca.
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1 M. KARADZIC : [interprétation]
2 Q. Je vous remercie. Et qui a pris les armes de la Défense territoriale
3 des municipalités, des communes locales et des entreprises, qui s'est
4 approprié ces armes-là ?
5 R. Les entreprises, je ne le crois pas parce que même si les entreprises
6 disposaient d'armes, c'étaient des pistolets, à l'exception du MUP. Comme
7 je l'ai déjà dit, le MUP avait des fusils automatiques, et les Musulmans
8 ont pris leurs armes. Les Serbes ont pris les leurs, alors que les Serbes,
9 déjà lorsque les conflits ont éclaté, déjà au lendemain de l'éclatement du
10 conflit, cet entrepôt que la Défense civile se trouvait sur la partie qui
11 était dans la partie qui était contrôlée par les Serbes. Comme je vous dis,
12 la Défense civile n'avait pas énormément d'armes mais ils ont pu prendre
13 ces armes-là. Les entreprises n'avaient pas d'arme parce que à Foca il n'y
14 avait pas d'entreprise militaire.
15 Q. Merci. Pourriez-vous très brièvement nous expliquer, mais précisément
16 toutefois le début du conflit, qui a commencé ? Comment est-ce que le
17 conflit a éclaté, qui a tiré, qui a péri ?
18 R. J'ai parlé un petit peu de barricades tout à l'heure. D'abord on a
19 commencé à ériger des barricades ou des barrages et c'étaient les Musulmans
20 donc trois jours avant le début du conflit. La première victime civile à
21 Foca est tombée dans le village de Vukovina de 15 à 20 kilomètres de Foca,
22 en direction de Cajnice. C'était une femme qui a péri, c'était la femme du
23 feu Manojlo Jankovic et sa fille également a été blessée alors qu'ils
24 faisaient du jardinage. Et ce Manojlo a été tué -- par la porte et par la
25 suite on l'a tué. Et il n'a pas osé ouvrir la porte, on a tiré sur lui,
26 mais la porte était fermée, donc il a péri de cette façon-ci. Maintenant
27 les premières maisons qui ont pris feu ont été incendiées le lendemain du
28 début du conflit. Les propriétaires de ces maisons étaient les Kovac et il
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1 y avait également le Dr Milisav Obrenovic et il y avait également la maison
2 de Boza Drakulic. Et je crois qu'il y avait également une autre maison.
3 Donc il s'agissait de quatre à cinq maisons qui étaient le long du même axe
4 et qui se trouvaient tout près de -- ou plutôt cette maison-là se trouvait
5 dans un endroit qui était pas principalement musulman. Les premiers viols,
6 qui ont eu lieu à Foca, c'était le viol d'une femme serbe qui a été violée
7 devant son mari. La situation était la même à Donje Polje, contrôlé par les
8 Musulmans, je crois que cette femme a déjà témoigné devant ce Tribunal.
9 Q. Très brièvement, pourrait-on passer à huis clos partiel afin que le
10 témoin puisse nous donner le nom de cette victime qui a également témoigné
11 dans une affaire devant ce Tribunal ?
12 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que
13 ceci n'est pas pertinent car nous avons déjà entendu auparavant, que
14 lorsque l'un des côtés fait quelque chose de mal c'est une Défense tu
15 quoque.
16 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, je me demandais justement comment
17 est-ce que ce témoin pourrait savoir que le témoin a déjà témoigné avec des
18 mesures de protection ici devant le Tribunal.
19 Est-ce que vous souhaitez que l'on ait connaissance du nom de la victime ?
20 Je ne crois pas que ce soit nécessaire.
21 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'essaie simplement pour être -- pour la
22 crédibilité, et le témoin pourra nous expliquer en l'occurrence de quelle
23 façon il a appris l'identité de cette personne.
24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Passons à huis clos partiel.
25 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
26 [Audience à huis clos partiel]
27 (expurgé)
28 (expurgé)
Page 32302
1 (expurgé)
2 (expurgé)
3 (expurgé)
4 (expurgé)
5 (expurgé)
6 (expurgé)
7 (expurgé)
8 (expurgé)
9 (expurgé)
10 (expurgé)
11 (expurgé)
12 [Audience publique]
13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous approchez à la fin de
14 votre intervention ?
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, j'espère que je pourrais terminer avant la
16 fin de ce volet d'audience.
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Karadzic, si je puis continuer, donc
18 les premières victimes civiles à Foca étaient des victimes serbes --
19 M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]
20 LE TÉMOIN : [interprétation] -- les premiers barrages --
21 M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Je voulais juste ajouter quelque chose.
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non, Monsieur, un instant, s'il vous
24 plaît. Vous êtes censé répondre aux questions qui vous sont posées par
25 l'accusé, M. Karadzic. Si c'est nécessaire, M. Karadzic vous posera des
26 questions pour obtenir plus de précisions.
27 Veuillez poursuivre, Monsieur Karadzic.
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous remercie.
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1 M. KARADZIC : [interprétation]
2 Q. Vous avez mentionné des femmes qui travaillaient dans les champs, dans
3 leur jardin. Comment est-ce que ceci -- quel impact est-ce que ceci a eu,
4 ces premières victimes et ces premiers incendies sur l'état d'esprit de la
5 population de Foca ?
6 R. Les premiers incendies et les premiers bombardements ont causé une
7 panique énorme à Foca. C'était le chaos total. Et le lendemain, après le
8 bombardement, il y avait d'énormes colonnes de Serbes et de Musulmans qui
9 s'étaient dirigées vers le Monténégro et la Serbie. Mais vous savez quand
10 on bombarde un endroit toute une nuit, c'est quelque chose d'absolument
11 terrible, ceux qui n'ont pas vécu ceci ne peuvent pas le savoir. Donc ce
12 qui est de la population civile il s'agissait de très longues colonnes. Il
13 y avait un très grand nombre de Musulmans qui étaient abrités dans des
14 bâtiments qui étaient placés sous le contrôle serbe et les Musulmans
15 étaient en minorité. Donc un très grand nombre d'entre eux avaient été
16 placés dans des pièces et les autorités civiles avaient placé des gardiens
17 et ils ont trouvé quelqu'un pour assurer la sécurité, mais la plupart
18 d'entre eux avaient fui vers la Serbie et le Monténégro. Je parle de
19 Musulmans. Alors ceux qui sont restés les Serbes avaient bien sûr assuré
20 avec leur consentement bien sûr des autocars pour les transporter, donc il
21 y avait un très grand nombre d'autobus, il y en avait peut-être plus que
22 cent, plus d'une centaine d'autobus donc ont transporté les Musulmans à
23 Sandzak, à Novi Pazar, et à Skopje.
24 Et un très grand nombre de Musulmans étaient également abrités dans les
25 villages avoisinants qui étaient placés sous le contrôle serbe. Chez moi il
26 y avait une famille avec deux enfants; et cette famille est partie en toute
27 sécurité. C'est moi qui les ai reconduits, donc, il y avait un chaos total
28 après le premier bombardement et après les premiers incendies également.
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1 Q. Merci bien. Alors, aux fins de crédibilité, pourriez-vous, s'il vous
2 plaît, nous donner le nom de cette famille que vous avez hébergée, vous,
3 chez vous, qui vous avez assuré un départ que vous avez transportée à bord
4 de votre véhicule ?
5 R. C'était Senada Kuloglija, je ne sais pas exactement son prénom, je
6 pense que c'est Seneda, et elle était venue dans mon village qui était
7 ethniquement pur. Et, moi, je les avais hébergés avec deux enfants mineurs,
8 elle avait un fils qui était âgé d'environ 12 ou 13 ans et l'autre fils
9 avait de 7 à 8 ans, peut-être. Il y avait d'autres exemples de ce type,
10 bien sûr.
11 Q. Merci. Alors qui a bombardé la ville vous avez dit qu'un chaos total
12 régnait par la suite, alors c'était à quel moment ? Quelle heure, à quelle
13 heure ?
14 R. C'était les Musulmans qui avaient bombardé la ville du mont Sis te, non
15 loin de Foca. Ils ont commencé à bombarder le hameau serbe Cerezluk, et ils
16 ont pilonné depuis un lance-roquettes multiple et d'un lance-mortiers. Les
17 Serbes, à l'époque, ne disposaient pas d'arme. Les Serbes n'avaient pas
18 s'arme, je le répète, donc ils n'ont pas pu riposter. Alors le lendemain
19 lorsque le bombardement a cessé. C'est là que ce chaos total s'en ai suivi,
20 le chaos total et la panique. Le lendemain c'était les combats d'infanterie
21 qui ont commencé. Alors le pilonnage a commencé vers 8 heures, ou le
22 bombardement vers 8 heures lendemain, il s'agissait de combat d'infanterie
23 et à Alaca [phon], le premier combattant serbe a trouvé la mort, Rogoljub
24 Trivkovic [phon] qui a été touché depuis la mosquée. Les négociations ont
25 eu lieu, pour être plus précis, j'ai négocié avec Halilovic, pour être plus
26 précis, donc, parce que le lendemain, ils ont commencé à bombarder
27 également la rive droite de Ceotina. J'ai demandé à Halilovic, parce qu'il
28 m'a dit, il avait le numéro de téléphone, parce que à l'époque les
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1 téléphones fonctionnaient encore. Donc il a appelé quelqu'un au téléphone,
2 un collègue, un Musulman, pour que le bombardement cesse de la rive droite,
3 où il y avait principalement des Serbes, enfin qui était principalement
4 habitée par les Serbes, alors qu'il y avait quand même assez de Musulmans
5 là également, il y avait 33 Musulmans qui étaient hébergés dans une maison,
6 dans une grande pièce. Et nous avions assuré leur sécurité à cet endroit-
7 là, et ils ont réussi à sortir de Foca, en toute sécurité, eux tous.
8 Et donc Halilovic appelait un collègue qui était situé sur le mont, alors
9 qu'il y avait un village sous le mont, et il a dit : "Arrête, arrêtez de
10 bombarder la partie droite de Ceotina, parce que nous sommes ensemble, les
11 Musulmans et les Serbes." Je peux vous dire que les bombardements ont
12 cessé, mais les combats d'infanterie ont continué dans la ville même.
13 Q. Qui attaquait et qui se défendait, comment ressemblait cette attaque
14 d'infanterie ? A quoi ressemblait cette attaque d'infanterie ?
15 R. Eh bien, voyez-vous, si une partie de la ville était placée sous le
16 contrôle des Serbes, alors il est tout à fait normal que les Serbes de
17 cette partie-là se défendent donc défendaient leur partie, cette partie-là,
18 alors que la partie musulmane, c'est la rive droite de Ceotina, qui s'étend
19 jusqu'à l'hôpital et jusqu'au KP Dom Foca. Cette zone-là était contrôlée
20 par les Musulmans, et c'est là qu'il y avait également des barricades, et
21 c'est là que les combats les plus intenses ont eu lieu. Alors il y avait
22 également l'enceinte du Focatrans, c'est là que le QG musulman était situé.
23 Après les bombardements, il y avait un très grand nombre de personnes,
24 environ 500 personnes qui s'étaient abritées à cet endroit-là, parce que
25 quand les Serbes ont avancé dans les combats d'infanterie, les Musulmans se
26 sont retirés vers le QG. Il y avait environ 500 Musulmans qu'on a vu se
27 retirer avec le QG en direction de Gorazde, en fait en direction de
28 Ustikolina, parce que Ustikolina leur appartenait, et puis ils se sont
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1 dirigés en direction de Gorazde. Q. Merci bien. Alors pourriez-vous nous
2 dire comment est-ce que les Serbes ont réussi à être remportés, alors
3 qu'ils étaient moins bien organisés, et bien moins armés ?
4 R. Eh bien, voyez-vous Focatrans et tous ceux qui -- c'est Focatrans qui a
5 aidé aux Serbes d'une certaine façon, parce que c'est eux qui leur ont fait
6 le plus de tort, parce que les Serbes n'ont jamais réussi à s'entendre à
7 Foca, et c'est Focatrans qui leur a causé tout ceci, parce que la
8 population serbe avait été battue par les spéciaux de Sarajevo, donc ils
9 les avaient passés à tabac, et donc les Serbes avaient décidé de prendre le
10 contrôle de Foca à tout prix. Par contre, je peux vous dire avec certitude
11 que Foca avait été prise en cinq à six jours, qu'il n'y avait pas beaucoup
12 de pertes des deux côtés ou des victimes. Je ne sais pas s'il y avait plus
13 de dix victimes, s'agissant de personnes ayant trouvé la mort dans le cadre
14 des activités de combat. Les Serbes avaient donc contrôlé la ville, mais il
15 n'y avait pas d'aide de personne, de nulle part. Et s'agissant du SDS, eux
16 non plus n'ont pas pu leur venir en aide ni l'ex-JNA. Les Serbes s'étaient
17 organisés eux-mêmes grâce à Focatrans. Alors les Serbes ont continué à
18 libérer leur propre municipalité, de sorte que l'ensemble du territoire de
19 la municipalité de Foca avait été libéré en quelques mois.
20 Et je peux vous donner un exemple, si vous le souhaitez. J'ai été blessé le
21 14 juillet 1992, à Cerva Ravna. C'est un endroit qui est situé sur la
22 frontière entre Foca et Gorazde. J'ai donc été blessé en juillet 1992,
23 alors que les accords de Dayton ont eu lieu lorsque les soldats serbes se
24 trouvaient au même endroit. Donc il n'y avait pas, ils ne s'étaient pas
25 déplacés à un seul millimètre. Ils n'avaient pas fait irruption sur le
26 territoire de la municipalité non plus, et ceci est arrivé également sur
27 l'ensemble de la ligne qui était tenue par les Serbes. Il y avait des
28 formations armées musulmanes et des bandes armées musulmanes, et ils
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1 avaient réussi à libérer le territoire de Foca, et l'ont contrôlé jusqu'à
2 la fin de la guerre. Les Musulmans ont eu deux offensives très nourries, et
3 ils ont essayé de reprendre leur municipalité, Alija Izetbegovic n'a pas
4 pu, n'a pas souhaité oublier Foca, il a dit qu'après Foca ait été tombé, il
5 a dit qu'il se sentait très mal, parce que Foca était tombé, et il ne
6 pardonnerait jamais aux Musulmans d'avoir permis que Foca tombe entre les
7 mains serbes.
8 Q. Et qu'en est-il des parties de Foca qui étaient principalement habitées
9 par les Musulmans ?
10 R. La dernière partie que les Serbes ont réussi à libérer c'était
11 Tjentiste et Sutjeska. C'étaient les deux derniers endroits, alors que le
12 reste de la municipalité, les Serbes ont réussi à libérer les municipalités
13 en quelques mois, à libérer des formations musulmanes. Il y avait des
14 incursions plus tard par les Musulmans pendant l'ensemble de la guerre, il
15 y a eu un très grand nombre de victimes. Vous connaissez très bien le cas
16 de Josanica, de Jabuka, vous connaissez très bien le cas de Gornji
17 Miljevina, où s'agissant de chaque action musulmane sur notre territoire,
18 il y avait plus de 60 victimes civiles massacrées.
19 Q. Merci bien. Pourriez-vous alors expliquer aux Juges de la Chambre, très
20 brièvement, que s'est-il passé à Josanica, que s'est-il passé dans les
21 villages, s'il vous plaît ?
22 R. Josanica a eu lieu lors de --
23 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président.
24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Madame Uertz-Retzlaff.
25 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] De nouveau, nous avons ici une
26 tentative de preuve tu quoque.
27 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous aimeriez répondre --
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, certainement. Excellence, nous n'essayons
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1 pas du tout de justifier les choses, mais les événements sont liés les uns
2 avec les autres. C'est une conséquence alors je veux simplement expliquer
3 ce que ça veut dire que de tuer 60 civils dans un village, et d'ailleurs
4 c'est pour placer les choses dans leur contexte, parce que je veux poser
5 une autre question au témoin, pour ne pas vous dire ce que je souhaitais
6 poser comme question.
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Puisque vous avez dit quelque chose, je
8 ne comprends pas votre explication cause à effet entre ces deux événements.
9 Qu'est-ce que vous avez voulu dire par là, s'il vous plaît, expliquez-nous
10 ce que vous vouliez dire ?
11 L'ACCUSÉ : [interprétation] Certainement, Excellence. Voici, alors, est-ce
12 que le côté serbe avait planifié quelque chose, et est-ce que ceci faisait
13 partie du plan, ou bien est-ce que avait été provoqué par la peur et par
14 les victimes liées, par exemple, le comportement de la communauté serbe
15 aujourd'hui était placé sous -- s'est avéré à la suite de ce qui s'est
16 passé hier par les Musulmans ? Je veux simplement savoir si c'était un plan
17 ou bien si c'était une conséquence de ce qui leur était arrivé la veille.
18 C'est ce que je veux établir.
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Pljevaljcic, ce n'est pas une
20 question qui vous est adressée à vous, alors un instant, s'il vous plaît de
21 répondre. Je vous demande de faire preuve de patience.
22 Oui, Madame Uertz-Retzlaff.
23 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président, l'attaque
24 contre le village de Jabuka est un incident qui s'est déroulé en juillet
25 1992, et ceci n'a rien à voir avec le début de la guerre, et ceci n'a rien
26 à voir non plus avec les crimes qui sont chargés dans l'acte d'accusation.
27 En fait ce sont des éléments tu quo que, c'est une preuve tu quo que, on ne
28 peut pas justifier le début de la guerre par ce qui s'est passé à Foca par
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1 quelque chose qui s'est déroulé en juillet 1992.
2 [La Chambre de première instance se concerte]
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, la Chambre est
4 d'accord avec Mme Uertz-Retzlaff. Il s'agit du tu quoque ou d'éléments de
5 preuve tu quoque.
6 M. ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais
7 simplement dire que l'incident 5.4 au tableau numéro A parle d'un meurtre
8 qui a eu lieu dans la municipalité de Foca en juillet 1992.
9 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît.
10 Vous dites l'incident C ?
11 M. ROBINSON : [interprétation] Incident A, point 5.4.
12 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président --
13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] De quelle façon est-ce que cet incident
14 est en rapport avec le village de Jabuka, Maître Robinson, puisque c'est
15 vous-même qui avez soulevé cette question ?
16 M. ROBINSON : [interprétation] Oui, certainement, Monsieur le Président, je
17 ne sais pas moi-même mais peut-être que le témoin ou le Dr Karadzic
18 pourrait nous l'expliquer, mais d'aucun cas, les événements qui se sont
19 déroulés dans la municipalité en juillet 1992 sont tout à fait pertinents
20 pour ce qui est de l'acte d'accusation. Car nous ne nous limitons pas non
21 plus à cet incident en particulier. C'est simplement un exemple que j'ai
22 voulu mentionner. Puisque Mme Uertz-Retzlaff, qui n'a parlé que
23 d'incidents, qui ont lieu avant la guerre. Et donc je voulais simplement
24 dire que l'acte d'accusation et la façon dont les événements sont décrits
25 dans l'acte d'accusation, font en sorte que les événements de juillet 1992
26 sont tout à fait pertinents pour expliquer le comportement des deux côtés,
27 non pas seulement d'un côté.
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous dites qu'il n'y a pas de lien
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1 direct entre ces deux événements. Et M. Karadzic a mentionné les effets
2 cause à effet.
3 Oui, Madame Uertz-Retzlaff.
4 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Pour être tout à fait précise, Jubaka
5 est en direction de Gorazde, alors que le village de Trosanj/Mjesaga est en
6 direction de Tjentiste, de l'autre côté de la municipalité de Foca. Et donc
7 lorsqu'une attaque a eu lieu, ceci pourrait ne rien à voir avec ce qui
8 s'est déroulé le long de la ligne de front entre Gorazde et Foca.
9 L'ACCUSÉ : [interprétation] Moi, je crois qu'une question et une réponse du
10 témoin peuvent tirer tout ceci au clair.
11 [La Chambre de première instance se concerte]
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais quelle était cette question,
13 Monsieur Karadzic ?
14 L'ACCUSÉ : [interprétation] Le témoin a mentionné le fait que je n'ignorais
15 pas ce qui s'était passé à Josanica, Jabuka, et cetera. Moi, j'ai eu
16 connaissance de la chose mais les Juges n'ont pas eu connaissance de ceci.
17 Et je lui ai demandé de nous en parler, parce qu'il a estimé que ceci avait
18 joué un rôle important dans la suite des événements, et c'est la raison
19 pour laquelle étant donné que, moi, je sais ce qui s'était passé, mais je
20 voulais que les Juges le sachent aussi, puisque c'est le témoin qui a
21 établi un lien. Il a dit qu'il s'est passé là-bas des choses qui ont influé
22 sur l'évolution des événements par la suite.
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais qu'est-ce que vous pensez de la
24 pertinence au sujet de la présentation de vos éléments ?
25 Mme UERTZ-RETZLAFF : [aucune interprétation]
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Madame Uertz-Retzlaff, j'ai posé la
27 question à l'accusé --
28 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, mais je pense avoir dû le faire
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1 précédemment. Le témoin est en train d'écouter ces présentations
2 d'argument. Puisque je crois qu'il aurait été préférable qu'il enlève ses
3 écouteurs puisque ceci est susceptible de l'influencer.
4 L'ACCUSÉ : [interprétation] Moi, je peux parler anglais --
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non, non, ça été traduit --
6 L'ACCUSÉ : [interprétation] Mais s'il enlève ses écouteurs là je peux
7 parler anglais …
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Donnez-nous un instant.
9 [La Chambre de première instance se concerte]
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, la Chambre ne
11 considère pas cette question comme étant pertinente. Nous vous demandons
12 d'aller de l'avant ou vu l'heure ne pensez-vous pas qu'il serait préférable
13 de faire une pause maintenant ?
14 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, on peut faire la pause. Et j'aurais besoin
15 d'une quinzaine de minutes après la pause, c'est le temps qui s'est écoulé
16 pour ce qui est des objections qui ont été soulevées.
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous allons faire une pause d'une demi-
18 heure, nous allons reprendre à 11 heures 05.
19 --- L'audience est suspendue à 10 heures 35.
20 --- L'audience est reprise à 11 heures 07.
21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je crains fort que je n'ai
22 l'obligation de mentionner que nous continuerons à siéger en application du
23 15 bis pour le reste de la journée d'aujourd'hui. Maintenant pour ce qui
24 est des points évoqués par Me Robinson plus tôt dans le courant de la
25 journée d'aujourd'hui, la Chambre a décidé d'avoir une audience à 2 heures
26 et quart avec le représentant du Greffier et les conseils.
27 M. ROBINSON : [interprétation] Alors, merci, Monsieur le Président.
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ça veut dire que nous allons cesser
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1 l'audition de ce témoin à 2 heures et quart et nous allons poursuivre avec
2 cette audience.
3 Monsieur Karadzic, veuillez continuer.
4 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
5 M. KARADZIC : [interprétation]
6 Q. Monsieur Pljevaljcic, vous avez mentionné autre chose. Tirons d'abord
7 au clair quelle est la partie de Foca qui était restée hors du contrôle des
8 Serbes, c'est-à-dire sous le contrôle des Musulmans ?
9 R. Vous parlez de quelle période ?
10 Q. En 1992, dès le début.
11 R. Sous le contrôle des Musulmans il y avait Tjentiste, en 1992, il y
12 avait Ustikolina, et une partie de Slatina pendant une période de temps
13 assez courte. C'est une partie de Slatina qui va vers Cajnice et Gorazde.
14 Q. Merci. Quelle est la partie de Foca, parce que Foca, d'après les
15 accords de Dayton, c'est devenu la municipalité de Foca Ustikolina
16 appartenant aux Musulmans ?
17 R. Oui, c'est en direction de Gorazde. C'est devenu Foca Ustikolina
18 d'après les accords de Dayton, en effet. C'était cette volonté non réalisée
19 des Musulmans pour ce qui était de prendre Foca. Et ils ont donné
20 Ustikolina, ce rajout de nom, Foca Ustikolina. C'est une grande superficie
21 en direction de Gorazde.
22 Q. Merci. Est-ce qu'en vertu de ces négociations, les Musulmans auraient
23 obtenu une municipalité musulmane de Foca plus grande encore ?
24 R. Ils avaient obtenu plus en tout état de cause parce qu'ils avaient 1
25 500 habitants plus parmi les Musulmans que parmi les nôtres, et ils
26 auraient obtenu plus en tout état de cause. Il est certain que quelque 80 %
27 des villages qui se trouvent autour de Foca avaient été des villages
28 musulmans. Donc ils avaient une majorité des villages, donc il est certain
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1 qu'ils auraient obtenu davantage.
2 Q. Et dans la ville même, quelle était la population majoritaire ?
3 R. Dans la ville même, il me semble qu'il y avait 500 ou 600 Serbes de
4 plus que d'autres, sur le territoire de la municipalité de Foca, il y avait
5 peut-être 1 500 Musulmans de plus que d'autres.
6 Q. Merci. Je voudrais que nous fassions des pauses tous les deux entre la
7 question et réponse. Alors vous avez parlé de villages musulmans qui sont
8 restés sous le contrôle des Serbes, et qui ont été nettoyés de leurs
9 membres combattants, des effectifs musulmans. Alors qu'est-il advenu des
10 civils musulmans ?
11 R. Les villages dans les environs de Foca qui étaient majoritairement
12 musulmans à l'occasion du nettoyage, il s'est fait que la plupart des
13 Musulmans en âge de combattre avaient fui en direction de Gorazde. Ceux qui
14 sont restés, se sont installés non pas là mais ils sont allés plus près,
15 parce que j'ai dit que Foca c'était la municipalité, la deuxième, pour ce
16 qui est de la grandeur de son territoire en ex-Yougoslavie. Donc ils sont
17 allés dans les banlieues, dans certaines parties urbaines de Foca, afin
18 d'assurer une sécurité de façon plus aisée à leur égard. J'ai dit que à la
19 rive droite de Cehotina, il y avait 33 civils, femmes et enfants qui ont
20 séjourné peut-être plusieurs journées. Ils sont allés nourrir leur bétail
21 là-bas, et il en est de même pour ce qui est de la rive. Il y avait un
22 centre d'accueil là-bas, dans une maison musulmane. Mais partout on avait
23 monté la garde. Les autorités de la cellule de Crise à Foca avaient désigné
24 des individus pour garder ces familles en trois équipes, pour garder les
25 civils je veux dire. Il y a un cas de figure qui s'est produit à Codor
26 Mahala. Lorsqu'il y a eu un début de conflit, il est arrivé des volontaires
27 ou des paramilitaires, ils étaient une vingtaine ou trentaine pendant ces
28 premières journées, et l'un de ceux-là a essayé d'accéder aux civils à
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1 Codor Mahala. Il a été tué par les gardiens qui étaient placés là-bas. Ça
2 fait que les Serbes avaient beaucoup de problèmes pendant ces quelques
3 journées-là, s'agissant de ces paramilitaires ou de ces volontaires tels
4 qu'ils se qualifiaient eux-mêmes. Il y avait un centre d'accueil plus haut,
5 à partisans. Je sais que les autorités avaient désigné des gardiens
6 partout, les gardes étaient mis en place partout. Et la finalité de ces
7 gardes c'était d'éviter que des individus non peu désirables ne viennent à
8 entrer dans ces bâtiments.
9 Q. Vous avez dit que la population civile villageoise s'était abritée à
10 Foca, et elle pouvait aller vers les villages pour quand même nourrir le
11 bétail. Alors est-ce qu'ils s'étaient abrités dans la partie de Foca qui
12 était contrôlée par la partie serbe ?
13 R. Mais c'est normal, bien sûr qu'ils sont allés de ce côté-là. Il y avait
14 là ces centres d'accueil. Pour ce qui est de Foca, en tant que tel, la
15 ville a été libérée au bout de trois ou quatre jours, Foca, la ville, je
16 veux dire. Mais il restait ces banlieues, ces périphéries, mais ça n'a pas
17 duré plus de dix jours, pour ce qui est du reste, exception faite des
18 villages que je vous ai énumérés.
19 Q. Merci. Tirons les choses au clair, ces gardes avaient limité ceux qui
20 voulaient de façon non autorisée accéder à ces centres d'accueil. Mais est-
21 ce qu'ils limitaient les sorties des Musulmans vers l'extérieur, pour ce
22 qui est de ces centres d'accueil?
23 R. Bien sûr que si. Les Musulmans ou les familles ou à titre individuel,
24 ceux qui voulaient sortir avec l'autorisation des gardes, ils allaient
25 chercher, enfin demandaient, réclamaient une sortie. L'axe de sortie
26 c'était vers Niksic, vers le Monténégro, ou au nord vers la Serbie, via le
27 Monténégro en passant par Plijevlja [phon]. La plupart des Musulmans
28 avaient utilisé nos autocars, enfin ceux qui le voulaient, ceux qui ne
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1 voulaient pas étaient restés. Je sais que vous parlez de quelques cas de
2 figure où par exemple le Dr Zijo, il est resté jusqu'à la fin juillet ou
3 jusqu'à août. Suljo Hajric qui se trouve actuellement en Norvège, lui avec
4 sa femme et ses deux enfants, ils avaient un garçon et une fille, était
5 resté jusqu'à juillet/août. J'ai un autre collègue qui travaillait avec moi
6 au KP Dom, il est resté jusqu'à fin août. Donc il y avait des Musulmans qui
7 ne voulaient pas s'en aller, et ceux qui ne voulaient pas partir, restaient
8 là. Ils vivaient normalement tout comme nous. Et je crois que la Croix-
9 Rouge avait régulièrement aidé toutes ces familles musulmanes en vivres, et
10 pour ce qui est du reste. Ceux qui avaient souhaité s'en aller, sont
11 partis, on leur assurait un transport, mais personne n'a été expulsé. Moi,
12 j'ai du mal, enfin je prends mal les gens qui disent qu'ils ont été
13 expulsés. On n'a expulsé que ces paramilitaires qui sont partis vers
14 Gorazde, puis ils sont revenus pour porter du tort, comme je vous l'ai
15 déjà expliqué. J'avais voulu étoffer davantage encore mes propos, mais on
16 ne m'a pas laissé faire.
17 Q. Merci. Tirons une chose au clair, peut-être que technologiquement les
18 choses ne sont pas claires. Vous parliez de départ, mais est-ce que -- moi,
19 je vous ai demandé s'ils pouvaient sortir pour aller à la campagne ou
20 ailleurs en ville pour se procurer des vivres ?
21 R. Bien sûr c'était autorisé. Mais, par exemple, il y a des villages qui
22 sont à 10 ou 20 kilomètres de Foca. Mais ni les Musulmans ni les Serbes
23 n'avaient aucune envie d'y aller. C'était déserté, il y avait des Musulmans
24 qui allaient vers la banlieue de la ville, ça oui, mais pour ce qui est des
25 vivres, ils allaient dans les commerces, et cherchaient pour acheter ce
26 dont ils avaient besoin. Ils vivaient normalement tout comme nous les
27 Serbes, du reste.
28 Q. Merci. En sus de ces civils qui étaient originaires de ces villages,
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1 est-ce qu'il y a eu des civils musulmans qui étaient originaires du noyau
2 urbain qui sont restés là, et qui n'ont pas fui à l'occasion des combats ?
3 R. Il y en a eu, oui. Il y avait un bijoutier, il est décidé, il y a
4 quelques années, hélas. Lui, il a passé tout le temps de la guerre-là. Il y
5 avait quelques autres Musulmans qui sont restés tout le temps. Il y avait
6 des Musulmans qui étaient dans les rangs de notre armée. Il y avait un
7 Musulman, qui a été tué à Olovo dans les rangs de nos forces, s'est battu
8 de l'autre côté. Il y a eu d'autres Musulmans qui sont restés, Musulmans et
9 Musulmanes, qui sont restés pendant toute la durée de la guerre, et qui
10 vivent encore de nos jours à Foca.
11 Q. Merci. Est-ce que vous pouvez dire aux Juges de la Chambre quelle est
12 la différence entre ceux qui ont fui, qui sont partis, enfin je ne parle
13 pas de ceux qui sont partis librement vers la Serbie ou le Monténégro, mais
14 qui sont allés à Gorazde vers les territoires contrôlés par les Musulmans,
15 et ceux qui ont donc décidé de rester sur les territoires contrôlés par les
16 Serbes, qu'est-ce qui a été décisif ?
17 R. La différence c'est celle-ci : Ceux qui sont restés, nous acceptaient
18 ils considéraient que nous étions leurs frères, et ils avaient décidé de
19 vivre à nos côtés. Ceux qui ont fui, ceux qui ont été expulsés ont été
20 expulsés parce qu'ils s'étaient armés. Ceux qui sont allés à Gorazde
21 avaient voulu dominer dans Foca, et on verra plus tard. Ce qui s'est passé
22 au sujet de ces journaux islamistes qui ont été publiés autour du corridor
23 et qui parlaient de la transversale verte, eux, ils ont fui vers Gorazde et
24 ils s'étaient dit qu'ils retourneraient, ils ont lancé plusieurs offensives
25 pour revenir à Foca et c'est ce qu'ils promettaient sans cesse, et ils
26 disaient qu'ils allaient faire d'ores et de Foca un lieu musulman taillé en
27 leur mesure.
28 Q. Merci. Vous avez mentionné le fait que vous avez eu l'occasion
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1 d'apprendre que les négociateurs serbes allaient être capturés, et qu'ils
2 seraient abattus, vous avez dit aussi qu'il y avait eu une liste de Serbes
3 en vue qui étaient également prévus pour des arrestations ou exécutions.
4 Comment avez-vous su cela ?
5 R. Eh bien, je vous l'ai dit, on a appris cela dès le premier jour, avant
6 le début des conflits. C'est là qu'on a eu les dernières négociations au
7 sujet de partage de Foca. Il y avait deux négociateurs de notre côté,
8 Vojislav Bodiroga et Mladjenovic Radojaca, et c'est le soir qu'ils ont eu
9 du mal à éviter d'être lynchés. Ce sont des gens qui sont encore vivant et
10 qui sont à Foca. Donc ces négociations en fait n'ont pas eu lieu, il est
11 probable que certains de ces Musulmans dans ce cas de figure n'avaient pas
12 tenu à avoir des négociations ils étaient convaincus à 100 % que Foca
13 resterait entre leurs mains et que ce serait conforme à ce qu'ils avaient
14 planifié on a pu le voir à partir du cas de cette police spéciale
15 lorsqu'ils sont arrivés à Foca et les Musulmans leur criaient, les
16 injuriaient du haut de leurs balcons on a pu voir tout ce qui était en
17 train de se préparer pour Foca.
18 Q. Merci. Mais de quelle année êtes-vous en train de parler ? Est-ce que
19 vous parlez de l'intervention avant les élections en 1990 ?
20 R. Oui, ça s'est passé en 1990 avant les élections lorsqu'il y a eu
21 l'arrivée de cette police spéciale. Parce que les négociations des
22 grévistes à Sarajevo, il y avait des Serbes et Musulmans, grévistes qui
23 sont allés négocier au parlement fédéral --
24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Madame Uertz-Retzlaff.
25 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Nous sommes maintenant en train de
26 parler de 1990 et nous sommes en train de parler de grévistes de Focatrans.
27 Alors nous ne pensons pas que ce soit pertinent de l'avis des Juges de la
28 Chambre, ça [inaudible] être aussi.
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Karadzic, si vous avez des
2 observations concrètes à formuler à ce sujet, je vous prie, d'aller de
3 l'avant.
4 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je voulais tirer au clair le fait de savoir si
5 c'était à ce moment-là que cette intervention s'était produite ou s'il y en
6 avait eu une autre plus tard, mais je vais quitter le sujet.
7 M. KARADZIC : [interprétation]
8 Q. Monsieur Pljevaljcic, comment avez-vous compris ces Musulmans qui n'ont
9 ni fui à Gorazde ni demander à passer sous le contrôle des autorités
10 musulmanes mais ont préféré aller en Serbie ou au Monténégro ? Etait-ce des
11 gens qui étaient des pacifiques ? Ou comment avez-vous perçu l'attitude des
12 autorités serbes à leur égard ?
13 R. C'étaient des Musulmans, des gens normaux, et comme bon nombre de gens
14 normaux. Ils ont exprimé le souhait de s'en aller de ces territoires où le
15 conflit faisait rage. Ils s'étaient dit que c'était temporaire, il y en a
16 eu qui ont vendu leurs biens, d'autres non, la plupart de ces gens sont
17 revenus vers les banlieues en particulier. Ce sont des gens qui sont restés
18 en très bons termes avec nous autres, avec la majorité. Et nous autres avec
19 eux on est en bons termes. Je veux vous parler -- en fait, donner des
20 exemples, un certain Muratovic qui est encore vivant. Sisic qui est parti à
21 Skopje, lui aussi. Je lui ai donné des sous, j'avais de l'argent. Ils
22 avaient besoin d'argent. On s'est dits au revoir. On s'est embrassé, et ils
23 sont partis. Il y a eu aucun problème. Ils sont partis de leur propre gré.
24 Q. Merci. Est-ce que quelqu'un s'est vu dépossédé de biens immobiliers ou
25 de biens mobiliers ? Je parle non pas de pilleurs mais des autorités. Est-
26 ce que ceux qui sont partis ont fait l'objet de pression du point de vue de
27 leur statut foncier ?
28 R. Je n'en ai pas connaissance, non. Je ne pense pas que les autorités
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1 aient confisqué quoi que ce soit il y a eu ces effectifs paramilitaires qui
2 ont fait ce type de chose, ils tombaient sur des voitures et ils s'en
3 emparaient. Mais c'était un peu partout dans les situations de conflit le
4 cas. Mais pour ce qui est des biens immobiliers, rien n'a été confisqué ni
5 rien n'a été mobilisé.
6 Q. Merci. Quelle a été l'attitude des autorités municipales, dans la
7 partie serbe de Foca pour ce qui est de la population civile du groupe
8 ethnique musulman ?
9 R. Je pense que l'attitude avait été correcte. Je pense que ça été la même
10 attitude que vis-à-vis de nous ils étaient considérés comme étant des
11 citoyens à nous, la direction musulmane a quitté Foca quant à elle, alors
12 l'autorité serbe, et la cellule de Crise, ont pris le pouvoir et l'attitude
13 a été la même qu'à l'égard de nous-mêmes. Il n'y a eu aucune différence à
14 cet effet de faite.
15 Q. Savez-vous nous dire quand est-ce qu'a commencé cette organisation
16 militaire des Musulmans à Foca, est-ce que vous avez entendu parler de
17 Halid Cengic et de sa participation à tout ce qui s'est passé là-bas ?
18 R. Je pense qu'il y a deux personnalités qui l'ont emporté ou qu'ils
19 prédominaient pour ce qui est des armements c'est ce dénommé Halid que vous
20 venez de mentionner, et un certain Sahinpasic, surnommé Saja. C'étaient des
21 gens qui étaient plus riches que les autres ils avaient de l'argent, et la
22 majeure partie des armes passait par eux. Je n'ai pas connu moi-même ce
23 Halid. J'ai appris qu'il avait travaillé à Ustikolina je ne l'ai pas connu.
24 Le Sahinpasic je l'ai connu, mais tout ce passait avec une implication de
25 leur part. Il était une espèce de chargée de quelque chose mais lorsque les
26 Musulmans ont contrôlé Ustikolina, la partie où Ustikolina serbe, la partie
27 serbe d'Ustikolina il était une espèce de directeur ou ce genre de chose.
28 Q. Et ce Cengic vous ne l'avez pas connu ?
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1 R. Non.
2 Q. Alors ce Sahinpasic c'est le même Sahinpasic que vous avez évoqué comme
3 étant le fondateur et rédacteur en chef de la revue "Vox" ?
4 R. Oui.
5 Q. Merci. Je n'ai pas le temps de vous montrer la revue "Vox," mais est-ce
6 que vous pouvez dire aux Juges de la Chambre quels étaient les articles qui
7 étaient publiés par cette revue et quel est l'effet que cela a eu pour ce
8 qui est de l'état d'esprit des Serbes dans Foca ?
9 R. Ce journal appelé "Vox," a commencé à être publié en même temps qu'il y
10 a eu les événements de Focatrans, ça s'est fait -- enfin de façon
11 synchronisée 1989 et 1990. Je crois que ça a commencé à être publié en
12 octobre 1991, mais ce journal et ces extraits de la revue Vox, qui
13 donnaient des instructions aux Musulmans pour ce qu'il fallait faire aux
14 Serbes, cela traduit exactement ce qui s'est passé dans Focatrans, et c'est
15 de ces moments-là que date le tout de 1989 et 1990. On a mis en exergue,
16 point par point, une dizaine de choses qu'il convenait de faire avec des
17 Serbes.
18 Q. Merci. Dernière question pour vous de ma part, Monsieur Pljevaljcic.
19 Est-ce que vous êtes en train de nous dire ici ou est-ce que vous pouvez
20 nous redire qui est-ce qui a commencé à combattre et à pilonner ? Quelle
21 est la partie qui a commencé le tout et quand ?
22 R. J'affirme ici en toute responsabilité que les pilonnages de Foca ont
23 commencé le 8 avril 1992 et cela a été l'œuvre des effectifs musulmans avec
24 un lance-missiles à plusieurs tubes, qu'on appelle Weber , et avec un autre
25 lance-missiles de cette colline de Siste qui surplombe Foca. Les Serbes, le
26 lendemain, avaient enchaîné avec des combats d'infanterie parce qu'ils
27 n'avaient pas d'armes lourdes. Tout ce qui s'est passé pendant cette toute
28 première journée, je vous l'affirme en toute responsabilité, disais-je,
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1 c'est qu'il y a eu une réaction de la part des Serbes à ce qu'ont fait les
2 Musulmans. Et je l'ai dit du point de vue des victimes civiles. Les
3 premières victimes civiles, c'étaient des victimes serbes. Puis, il y a eu
4 des mises à feu de bâtiments religieux. C'était l'église de Jabukara [phon]
5 qui -- l'église serbe qui a été incendiée. Puis, il y a eu un viol d'une
6 femme serbe et les Serbes n'ont fait que riposter et que réagir. Ils ont
7 été tout simplement provoqués. Ça, je vous l'affirme, disais-je, en toute
8 responsabilité.
9 Q. Plus qu'une question pour vous. Quelle était la situation des
10 transmissions ou des lignes téléphoniques et autres et quand est-ce que
11 l'on a rétabli les communications avec la direction centrale, avec le
12 gouvernement de la présidence et les autres institutions à Pale ?
13 R. Pour ce qui est du début, avec ces événements du début de la guerre,
14 nous n'avons obtenu aucune espèce d'assistance du -- de la part de la
15 direction serbe de Pale ni de la part de l'armée yougoslave. Je vous l'ai
16 déjà dit. On s'est organisés tout seuls, grâce à Focatrans qui nous a
17 ouvert les yeux. Et des passages à tabac si violents de la part des
18 formations musulmanes qui sont arrivées de Sarajevo, qui ont été d'ailleurs
19 commanditées pour venir depuis Sarajevo, pour semer la terreur et pour
20 faire voir aux Serbes ce qui allait leur arriver.
21 Q. Et -- Alors, j'ai dit les lignes téléphoniques. Est-ce que vous avez pu
22 obtenir des informations ou instructions de Pale ?
23 R. Je pense qu'il n'y a que pendant un jour ou deux au début que les
24 lignes marchaient encore. Ensuite, lorsque les combats ont commencé, tout a
25 été coupé. Les Musulmans, pour ce qui est des différents centres et je
26 crois que le centre de transmission se trouvait à Gorazde pour la
27 téléphonie, tout, au bout de quelques jours a été -- toutes les lignes, au
28 bout de quelques jours, ont été interrompues.
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1 Q. Merci.
2 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, le témoin a déjà répondu à la
3 question.
4 Oui, Madame Uertz-Retzlaff.
5 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président, depuis que
6 nous avons commencé le deuxième volet de l'audience, le témoin a abordé des
7 questions qui n'étaient ni notifiées dans la liste 65 ter ni dans la
8 déclaration dont nous avons possession. Je voulais simplement attirer votre
9 attention sur ce point. Il s'agit donc de questions ou de sujets dont
10 l'Accusation n'avait pas connaissance.
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Donc, vous n'êtes pas en train de
12 demander de retarder votre contre-interrogatoire, n'est-ce pas ?
13 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président, il est tout à
14 fait dans l'intérêt de la justice que l'Accusation se voie accorder
15 suffisamment de temps pour préparer comme il se doit le contre-
16 interrogatoire et je pense que ceci constitue le fondement d'une requête
17 pour reporter le contre-interrogatoire. Néanmoins, je -- dans le but de ne
18 pas perturber les débats plus encore, je voudrais vous dire que nous sommes
19 à même de mener à bien le contre-interrogatoire sans donc demander que
20 celui-ci soit reporté.
21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.
22 Je pense que nous en avons terminé, Monsieur Karadzic.
23 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je vous remercie.
24 Je remercie le témoin. Je n'ai plus de questions à lui poser pour
25 l'instant.
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Madame Uertz-Retzlaff.
27 Contre-interrogatoire par Mme Uertz-Retzlaff :
28 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Pljevaljcic. Vous m'entendez,
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1 Monsieur le Témoin ?
2 R. Oui. Bonjour.
3 Q. Si je vous ai bien compris, au début de votre déposition, vous avez
4 mentionné que vous aviez passé les journées qui ont marqué les débuts du
5 conflit dans un village serbe. Quel était le nom de ce village ?
6 R. Le nom de ce village est Orahovo.
7 Q. Et quand êtes-vous retourné à Foca ?
8 R. Je suis retourné à Foca quelques quatre ou cinq jours plus tard,
9 lorsque ce village a été libéré. Mais étant donné que j'étais le commandant
10 de la compagnie, je me trouvais avec mes hommes entre Foca et mon village.
11 Et mon village se trouvait à quelques cinq à six kilomètres de Foca. Donc,
12 nous, en fait, nous étions en train de garder le village.
13 Q. Et je crois comprendre que vous avez été blessé le 14 juillet et qu'à
14 partir de là, vous vous trouviez à Belgrade. Est-ce exact ?
15 R. Oui.
16 Q. Et puis, vous êtes retourné vers 1993. Est-ce exact ?
17 R. Oui.
18 Q. Je voudrais aborder la question suivante. Elle est liée au fait qu'on a
19 découvert du matériel de combat dans la cave de Focatrans ainsi que de
20 l'équipement militaire à bord de camions.
21 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Et je voudrais que soit affichée la
22 pièce P3033 à l'écran. Merci. Eh bien, nous n'avons que la version anglaise
23 à l'écran. Il s'agit du rapport d'expert -- expert militaire Raynaud
24 Theunens, un rapport qui a été préparé aux fins de cette affaire et je
25 demanderais que soit affichée la page 51 de ce rapport. J'aimerais que l'on
26 grossisse le bas de la page, que l'on zoome sur la deuxième partie de cette
27 page.
28 Q. Cet expert militaire déclare ici et il donne la définition de TO et il
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1 nous dit que c'est le vojni leksikon de la JNA de 1981 donne la définition
2 suivante, donc :
3 "Il s'agit de communautés sociopolitiques organisées, de provinces, de
4 municipalités également, d'organisations de -- syndicales, de communautés
5 locales."
6 Et il est dit un peu plus bas que ces équipes sont équipées de matériel
7 suffisant pour mener le combat armé de manière indépendante ou en
8 coordination avec la JNA.
9 Monsieur Pljevaljcic, Focatrans était une organisation complexe --
10 qui impliquait une organisation; est-ce exact ?
11 R. Oui.
12 Q. Et c'est une organisation qui est dotée de trois branches principales;
13 est-ce exact ?
14 R. Oui, c'est ce qu'on appelait les trois OOUR.
15 Q. Et la société Focatrans était une organisation importante, une
16 organisation qui comptait un syndicat important, qui comptait deux unités
17 TO; est-ce exact ?
18 R. Non, Focatrans ne comptait de propres unités de TO. Il disposait d'un
19 service de sécurité, des gardes finalement. Il s'agissait de cinq hommes
20 qui étaient armés de pistolet, et ils devaient garder l'entrée, ils
21 devaient ouvrir la barrière, la refermer et vérifier qui entrait et
22 sortait. Voilà.
23 Q. Etiez-vous vous-même un membre de la TO -- vous étiez vous-même un
24 membre de la TO, n'est-ce pas ?
25 R. Oui, effectivement, mais à l'époque, on ne parlait pas de Défense
26 territoriale en tant que tel. J'étais réserviste, et ce pendant un laps de
27 temps assez long, et j'ai participé à des exercices militaires et c'est ce
28 que quiconque avait terminé son service militaire devait faire de temps en
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1 temps. Nous nous trouvions sur le site principal, et nous étions organisés,
2 et les membres de ces -- on n'appelait pas cela la protection civile, pas
3 vraiment, c'est ce qu'on appelait des bataillons civils qui devaient
4 organiser les parades lorsqu'un général était promu, et c'est à ce moment-
5 là que cet exercice s'était organisé dans la zone entre Ustikolina --
6 L'INTERPRÈTE : Et l'interprète n'a pas entendu le nom de l'autre lieu.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Et ce service de protection civile disposait
8 de quelques entrepôts mais il s'agissait d'entrepôt qui n'était
9 opérationnel ou qui n'était utilisé lorsque par exemple une catastrophe
10 naturelle survenait.
11 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]
12 Q. Monsieur, et lorsque vous avez dû intervenir dans ce que vous avez dit,
13 n'était pas TO mais une TO de réserve, vous vous retrouviez à Focatrans,
14 n'est-ce pas ?
15 R. Non.
16 Q. Où alors ?
17 R. Nous devions rendre des comptes ou répondre aux ordres de convocation
18 que nous recevions par la section militaire. Et puis, nous devions nous
19 présenter à notre compagnie, dans mon cas, il s'agissait de Focatrans pour
20 pouvoir participer à ces exercices, de sorte que nous pouvions justifier
21 notre absence de la compagnie. Donc en fait Focatrans n'avait rien à voir
22 avec cette compagnie ni avec aucune autre compagnie.
23 Q. Monsieur, vous avez déjà dit que vous étiez commandant au sujet sein de
24 cette compagnie. Etiez-vous le commandant de la 3e Compagnie du 5e Bataillon
25 ?
26 R. Oui.
27 Q. Qui était le commandant du bataillon ?
28 R. Boro Ivanovic.
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1 Q. Et ce bataillon faisait partie du Groupe tactique de Foca; est-ce exact
2 ?
3 R. Oui.
4 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Pourrais-je demander l'affichage à
5 l'écran de la pièce P03354, à l'écran ?
6 Cette pièce devrait s'afficher dans les deux langues.
7 Q. Monsieur, nous avons sous les yeux un ordre de bataille du commandant
8 Marko Kovac, en date du 7 juillet 1992, qui porte entre autres sur la zone
9 de Cerova ravna et Zebina suma. Marko Kovac était le commandant de ce
10 groupe, n'est-ce pas ?
11 R. Oui.
12 Q. Et auparavant, il était officier au sein de la JNA; est-ce exact ?
13 R. Je ne le connaissais pas, mais je pense qu'effectivement c'était le
14 cas.
15 Q. Et il était le commandant de l'Unité de la JNA, appelée, le Corps
16 Uzice; est-ce exact ?
17 R. Non, je n'ai jamais entendu cela.
18 Q. Nous disposons d'information, et d'élément de preuve présenté devant
19 cette Chambre, selon lesquels le Corps d'Uzice avait fait partie ou avait
20 participé au combat à Foca, lorsque la guerre a éclaté, et que les casernes
21 de Kalinovik avaient soutenu cette attaque à Foca, grâce à des forces
22 d'artillerie.
23 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Et Monsieur le Président, il s'agit
24 de ce qui vient des dépositions des témoins KDZ017, KDZ239 et KDZ379.
25 Q. Donc on ne peut pas dire, comme vous l'avez néanmoins di, qu'il
26 s'agissait des Serbes du cru qui ont participé à l'attaque, n'est-ce pas ?
27 R. Ce qui est exact c'est que les Serbes du cru ont participé à la
28 libération de Foca. Le Corps d'Uzice n'avait aucun moyen d'entrer dans
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1 Foca, parce que entre Foca et Uzice se trouvait Gorazde. S'agissant de
2 Kalinovik, la distance de Foca et Kalinovik n'est que de 100 kilomètres. Et
3 c'est pourquoi s'agissant de Trnovo, Trnovo était un village musulman, et
4 c'est pourquoi on ne peut exclure la possibilité que l'artillerie de
5 Kalinovik ait pu apporter un soutien. En ce qui concerne Tjentiste et
6 Svjetevite [phon] -- Sutjeska Sutjeska, et --
7 L'INTERPRÈTE : Un troisième site que l'interprète n'a pas saisi.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] -- ces sites sont restés sous le contrôle des
9 Musulmans jusqu'à l'automne. Et donc cette possibilité ne peut être exclue
10 dans sa totalité.
11 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]
12 Q. Monsieur Pljevaljcic, vous savez que certaines unités de la JNA, qui
13 ont été repositionnées après la guerre de Croatie en Bosnie, en ce, y
14 compris le Corps d'Uzice, qui en fait avaient été repositionnées de
15 Dalmatie, n'est-ce pas ?
16 R. Oui, c'est vrai, et j'en avais connaissance. Il s'agissait d'une unité
17 unique, je ne sais pas de qui elle dépendait. C'était quelque cinq jours
18 avant l'éclatement du conflit ou des affrontements. Et ils sont entrés dans
19 Foca vers Herzégovine, et c'est ce que les gens disaient, ils allaient vers
20 Bileca, parce qu'il se trouvait là-bas un grand site militaire, mais ils ne
21 sont pas restés. Et en fait, ils n'ont pas laissé de matériel alors qu'ils
22 ont traversé cette zone, c'était cinq à six jours avant l'éclatement des
23 affrontements. Et les Musulmans étaient toujours à Foca, ils ont traversé
24 vers la Herzégovine, et ils ont dit qu'à ce moment-là, l'unité était
25 arrivée du site militaire en Croatie.
26 Q. Monsieur, vous avez également dit que le SDS n'avait pas organisé des
27 combats à Foca, et c'était essentiellement les Serbes du cru qui s'étaient
28 organisés, et le SDS, rien à voir avec cela. C'est ce que vous avez dit,
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1 n'est-ce pas ?
2 R. [aucune interprétation]
3 L'INTERPRÈTE : Correction de l'interprète : Le SDS n'avait pas organisé
4 cela.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, essentiellement, c'est le cas. Les Serbes
6 se sont organisés grâce à Focatrans et je ne le dirai jamais assez.
7 Ensuite, comme on dit, c'est grâce à Focatrans qu'on s'est rendu compte de
8 ce qu'il se passait et finalement, les Serbes se sont rendu compte de ce
9 qui se passait, on décidé de s'organiser et c'est ce qui s'est passé. Le
10 SDS était le seul parti serbe à Foca à l'époque et, bien sûr, il
11 travaillait avec les Serbes, il communiquait avec les Serbes. Il s'agissait
12 d'un effort synchronisé. Nous nous sommes organisés. Nous avons nous-même
13 nettoyé notre ville et quiconque est retourné plus tard était toujours le
14 bienvenu et cette pratique est d'ailleurs toujours d'actualiser [comme
15 interprété].
16 Q. Et Miroslav Stanic a été le premier commandant des forces militaires de
17 Foca; est-ce exact ?
18 R. Il était le président de la cellule de Crise. C'était le nom que l'on
19 donnait à ces forces à l'époque.
20 Q. Il était responsable du SDS à Foca également, n'est-ce pas ?
21 R. Oui.
22 Q. Et la cellule de Crise à Foca se trouvait -- la cellule de Crise du SDS
23 ou la cellule de Crise des Serbes se trouvait à Cerezluk, près de l'église
24 orthodoxe, n'est-ce pas ? En tout cas, au début de la guerre, n'est-ce pas
25 ?
26 R. Oui.
27 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] J'aimerais que l'on revienne à la
28 pièce qui est affichée à l'écran et je demanderais que soit affichée la
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1 page 4 de la version en B/C/S, page 3 de la version en anglais. Merci.
2 Q. Comme vous pouvez le voir, sous l'intitulé : "Command Post : Ustikolina
3 Barracks", nous pouvons lire :
4 "Le Détachement Dragan Nikolic a participé à la libération et au tuage
5 [inaudible] du village d'Ilovaca et a également fait partie d'un bataillon
6 indépendant."
7 Voyez-vous ce que je viens de lire ?
8 R. C'est difficile à lire. Oui, effectivement. Ilovaca, en tant que
9 village, n'a jamais été libéré et il n'y a jamais eu de tentative,
10 d'ailleurs, de libération de ce village. Les forces serbes sont allées
11 jusqu'à Ilovaca dans leur effort de libérer l'artillerie.
12 Q. Permettez-moi de vous interrompre. Ma question est la suivante : Cette
13 unité, ce Détachement Dragan Nikolic, qui le dirigeait ?
14 R. Dragan Nikolic lui-même dirigeait ce détachement et il a été tué le
15 deuxième ou le troisième jour de ces affrontements. Donc, le commandant a
16 été tué et l'unité a été baptisée en son nom pour lui rendre hommage.
17 Q. Et ensuite, qui a pris le commandement de ce détachement ?
18 R. Après qu'il fut tué, je pense que c'est Branislav Cosovic qui a été
19 nommé à la tête de cette unité. Il s'agissait d'Unités de Reconnaissance et
20 qui ne comptaient que très peu d'hommes, et il existait de plusieurs unités
21 de ce type à Foca, dont les effectifs variaient l'une à l'autre. Certaines
22 comptaient 12 hommes, d'autres 15, d'autres jusqu'à 30 au plus.
23 Q. Monsieur, vous étiez le vice-président de l'organisation des vétérans à
24 Foca et donc, je peux partir du principe que vous connaissiez un grand
25 nombre de vétérans, n'est-ce pas ?
26 R. Oui, j'étais le président de l'organisation des invalides de guerre à
27 Foca, et ensuite, je suis devenu vice-président de l'organisation des
28 vétérans. Et j'ai occupé ce poste jusqu'à ce que j'occupe mon poste dans le
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1 DOM de KP.
2 Q. Et étant donné la connaissance que vous aviez des vétérans, je suppose
3 que vous connaissiez -- vous saviez que Zoran Vukovic et Radomir Kovac,
4 ainsi que Janko Janic, Tuta, faisaient partie du détachement Dragan
5 Nikolic, n'est-ce pas ?
6 R. Je pense -- je pense qu'ils en faisaient partie. Tuta, je pense, a été
7 tué un moment donné et les deux autres sont toujours vivants. Je pense
8 qu'il faisait effectivement partie de ces unités.
9 Q. Et Janko Janic, Tuta, a été tué quand ça a été -- il a été tué
10 lorsqu'on a tenté de l'arrêter pour des crimes qu'il avait commis ainsi que
11 des violences sexuelles contre des femmes; est-ce exact ?
12 R. Eh bien, vous savez, il a été tué par des soldats de l'OTAN. Eh bien,
13 juger quelqu'un avant que l'on ait prouvé quoi que ce soit, je ne sais pas
14 si ce Tuta avait violé quiconque et ce n'est pas à moi de le dire. Une
15 chose est sûre, c'est qu'il a été tué pendant une tentative d'arrestation
16 par l'OTAN.
17 Q. Et Zoran Vukovic et Radomir Kovac ont été condamnés pour viols ici, à
18 ce Tribunal, des viols commis entre autres contre des femmes qui étaient
19 détenues dans le hall de sport, des partisans. Est-ce exact ?
20 R. Je ne sais pas. Je n'ai absolument pas connaissance de ce dont vous
21 venez de parler. Je n'ai jamais moi-même été dans ce hall de sport et je
22 n'ai jamais eu connaissance de quoi que ce soit qui s'est -- s'y soit
23 passé. Il s'agissait d'une zone qui était totalement différente. Je sais
24 qu'ils ont été condamnés; l'un d'entre eux a été relâché et l'autre est
25 toujours en prison. Zagar [comme interprété] est toujours en prison. Y a-t-
26 il eu des preuves apportées de la -- à leur -- de leur culpabilité, et est-
27 ce la raison pour laquelle ils ont été condamnés; ce n'est pas à mois de le
28 dire. Je sais qu'ils ont été jugés.
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1 Q. Et lorsque vous l'avez dit, Zagar [comme interprété], à savoir Kunarac,
2 le détachement indépendant Zagar [comme interprété], qui est mentionné
3 juste après que l'on mentionne le détachement Dragan Kilonic [comme
4 interprété] dit ceci, je cite :
5 "Le détachement de Zaga, le détachement indépendant, participera au
6 nettoyage des zones dans la direction de l'attaque P [inaudible] du 5e
7 Bataillon."
8 Il s'agit bien d'une unité dirigée par Zaga Kuranac [comme interprété],
9 pour ainsi dire; est-ce exact ?
10 R. Zaga Kunarac était chargé de reconnaissance, de missions de
11 reconnaissance et il disposait de cinq ou six hommes, mais pas plus. Et
12 donc, il faisait des rondes et il ramenait des informations. Voilà ce qu'il
13 faisait.
14 Q. Monsieur, vous avez déclaré dans votre déposition que se trouvaient là
15 des éléments indésirables tels que des volontaires. S'agit-il des personnes
16 auxquelles vous faites référence ou qu'entendiez-vous par ces termes ?
17 R. Non. Non, je faisais référence à des volontaires qui venaient de
18 Serbie, principalement de Serbie, Monténégro. En d'autres termes, d'autres
19 pays. Et il y avait des volontaires de Russie, d'après ce que j'ai entendu
20 dire, qui se trouvaient sur certaines parties du théâtre d'opération, mais
21 ils ne constituaient qu'une minorité. Il y avait entre peut-être 30 ou 40
22 hommes de Serbie, Monténégro, qui finalement faisaient preuve de
23 désobéissance ou d'indiscipline, si vous voyez ce que je veux dire.
24 C'étaient des jeunes très indisciplinés qui n'obéissaient pas aux ordres et
25 ils se tenaient avec d'autres groupes. Je pense que finalement ils ont
26 causé plus de tort aux Serbes qu'aux Musulmans. J'en suis pratiquement sûr.
27 Et leur cellule de Crise à Foca souhaitait pouvoir se débarrasser de ces
28 soi-disant soldats et je vous ai donné l'exemple où l'un d'eux a été tué
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1 lorsque nous étions confrontés à des problèmes juste après la tuerie. Ils
2 sont venus pour aider les Serbes --
3 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas compris la dernière partie de la
4 réponse donnée par le témoin.
5 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]
6 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, répéter la dernière partie de votre
7 réponse les interprètes ne vous ont pas entendu.
8 R. Eh bien, les volontaires qui se trouvaient sur place n'étaient pas --
9 leur présence n'était pas souhaitable ils étaient indésirables selon les
10 autorités serbes à Foca, parce qu'ils ont causé du tort aux Musulmans. Mais
11 ils ont causé également autant de tort aux Serbes. Ils n'ont apporté aucune
12 aide. Ils refusaient de se placer sous l'autorité de la cellule de Crise.
13 Et ils avaient défini leurs propres règles et ils menaient la guerre en
14 fonction de ces règles. Plusieurs d'entre eux constituaient un groupe et si
15 un crime était perpétré à Foca ou dans ces environs, ce crime s'ils étaient
16 leur fait, et ils étaient leur fait de [inaudible] tellement indépendants.
17 La cellule de Crise n'avait aucun moyen d'établir le contrôle quel qu'il
18 soit sur ces hommes. Comme je l'ai dit Foca est la deuxième plus grande
19 municipalité de l'ex-Yougoslavie il s'agissait d'un énorme territoire et il
20 était donc très, très difficile de faire en sorte que tous ces groupes
21 restent sous le contrôle de la cellule de Crise.
22 Q. Monsieur, vous avez parlé de l'armement des Musulmans bien avant la
23 guerre et vous avez donné quelques exemples. Les Serbes se sont également
24 armés. Si j'ai bien compris votre déposition, ils ont commencé à le faire
25 après l'affaire de Focatrans en 1990; est-ce exact ?
26 R. Une grande partie des Serbes s'est armée lorsqu'il y a eu éruption dans
27 les entrepôts de la Défense civile. C'était déjà le premier jour après le
28 début du conflit, donc le lendemain après le début du conflit. Et les
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1 Serbes qui détenaient des armes d'infanterie. C'étaient des personnes qui
2 étaient des réservistes qui faisaient partie de la réserve de la police et
3 qui étaient également des chasseurs. Alors que les Musulmans s'armaient
4 grâce à Focatrans parce que c'était leur vue logistique ils en avaient la
5 possibilité --
6 Q. Je suis vraiment désolée de vous interrompre. Mais il n'est pas
7 nécessaire de répéter ce que vous avez déjà dit. Ecoutez attentivement ma
8 question. Je vous ai posé une question sur l'armement des Serbes, vous avez
9 déjà mentionné que lorsque l'entrepôt a été cambriolé ils étaient entrés,
10 nous vous en avez parlé. Mais vous dites que les Serbes après Focatrans se
11 sont préparés. Ils se sont préparés pour le conflit, n'est-ce pas ? C'est à
12 ce moment-là qu'ils se sont rendus compte de la situation ?
13 R. Non, non, moi, j'ai dit qu'ils s'étaient rendus peut-être, ils avaient
14 compris de quoi il s'agissait, et c'était après les événements de
15 Focatrans. Et ceci n'avait rien à voir avec l'armement. Ils avaient compris
16 ce qui allait se passer et c'est dans ce sens-là que j'ai parlé de
17 Focatrans. Je n'ai pas parlé d'armement; j'ai parlé de l'armement des
18 Serbes. J'ai expliqué de quelle façon ils s'étaient procurés les armes.
19 Mais pour ce qui est des Musulmans, je vous ai donné un exemple de la
20 période d'avant la guerre. Je vous ai dit quelle en avait été la situation
21 concernant --
22 Q. Je vous interromps. Je n'ai pas posé de question sur les Musulmans. Je
23 vous ai posé une question concernant les Serbes et je vous demanderais de
24 bien vouloir vous en tenir à ma question.
25 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je demanderais que l'on affiche
26 maintenant la pièce 65 ter 24394 à l'écran, s'il vous plaît.
27 Q. Pendant que l'on attend l'affichage de ce document, il s'agit d'une
28 proposition du commandant Marko Kovac envoyé à Vojislav Seselj, président
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1 du Parti SRS pour nommer Gojko Jankovic, en tant que voïvode, pour lui
2 attribuer le titre de voïvode, et c'est un document qui émane du 13 août
3 1993. Monsieur, vous savez que Gojko Jankovic était l'un des commandants
4 militaires du cru, n'est-ce pas ?
5 R. Non, il n'était pas un commandant. Il était un chef, c'est une
6 différence, un komandir. Donc il était le chef d'une unité de
7 reconnaissance qui comptait environ 30 personnes donc une trentaine de
8 personnes mais ce n'était pas un commandant. Alors que pour le reste, je ne
9 le sais pas. J'étais peut-être encore à l'hôpital, je me remettais de mes
10 blessures.
11 Q. Vous connaissez ce titre de "voïvode," dans le jargon du SDS ? Vous
12 savez ce que cela veut dire, n'est-ce pas ?
13 L'INTERPRÈTE : "Duc" en français, note de l'interprète. "voïvode."
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce n'est pas un titre du SDS. Ce n'est pas non
15 plus un grade, c'est un grade si vous voulez du Mouvement chetnik du Parti
16 radical serbe. C'est leur grade mais cela n'a rien à voir avec le SDS.
17 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]
18 Q. Je me suis peut-être trompée ou il y a peut-être eu un problème
19 d'interprétation. Je voulais dire le SRS, donc le Parti radical serbe.
20 Voyons voir maintenant de quelle façon Kovac et pourquoi il fait cette
21 proposition et je vous renvoie au deuxième paragraphe. Juste sous
22 l'intitulé "explication," donc il fait référence à Jankovic qui rassemblait
23 des armes, et qui organisait des réunions --
24 R. Je n'ai pas --
25 Q. Excusez-moi. Essayons de nouveau. Je vous renvoie au deuxième
26 paragraphe de cette proposition sous l'intitulé : "Explication," on peut y
27 lire que ce paragraphe, en fait, fait référence à Jankovic rassemblant des
28 armes. Il organisait des réunions et des rassemblements, il formait le
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1 personnel pour la lutte et pour le combat, en fait. Et on fait également
2 référence à l'expérience de Jankovic, ayant pris part à la lutte contre les
3 Oustachi en Croatie, et ici, on fait également référence au Détachement
4 spécial de Jankovic avec lequel il a participé pour la libération de Foca
5 et dans d'autres endroits. Monsieur Pljevaljcic, est-ce que l'on pourrait
6 dire qu'il s'agit d'une bonne description des activités de M. Jankovic
7 avant et pendant la guerre ?
8 R. Cette information selon laquelle Jankovic ait participé aux activités
9 en Croatie m'est inconnu. Pour ce qui est maintenant de ce qu'a dit Marko
10 Kovac et souhaitant promouvoir ce dernier, étant donné que c'est un bon
11 soldat, il a probablement été. Je ne vois pas ce qui est contesté ici. Si
12 de nouveau cette personne ait commis un crime, je ne vois pas ce qui est
13 contesté. Si c'est un bon combattant, s'il a défendu son peuple, et si on
14 lui octroie ou on veut lui octroyer le grade le plus élevé qui existait au
15 sein du parti radical, je ne vois pas ce qui serait contesté ici. Je ne
16 veux jamais entrer dans ni un seul instant. Je ne veux pas savoir si une
17 personne individuellement a commis un crime. Toute personne ayant commis un
18 crime doit répondre devant la justice. Mais mon objectif à moi ici est de
19 vous dire ceci.
20 Etant donné ou pour ce qui est de la cellule de Crise de Foca --
21 Q. Monsieur, je faisais référence à ses activités s'agissant de ses
22 collectes d'armes. Il a organisé des rallyes, des rassemblements, des
23 réunions, il a formé le personnel. Ce n'est pas ce qu'il a fait pendant la
24 guerre; c'est quelque chose qu'il a fait avant le début du conflit, n'est-
25 ce pas ? C'est ce que je vous ai lu tout à l'heure dans ce paragraphe.
26 R. Non, ce n'est pas vrai. Cela est sûr. Parce que je sais que Gojko
27 Jankovic est né à Foca, mais avant le début du conflit, il a vécu à Herceg-
28 Novi, au Monténégro, et personne ne l'avait jamais aperçu sur ces
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1 territoires. Donc, il est venu avec sa femme et ses enfants de Herceg-Novi,
2 c'est sur la côte du Monténégro, et il s'est placé à la disposition des
3 Serbes pour la défense de sa ville, car c'est là qu'il est né. Mais ce
4 n'est pas vrai qu'il ait participé à des rassemblements. De toute façon, le
5 LVS n'avait eu qu'un seul rassemblement lorsque le parti a été créé; sinon,
6 il n'en avait pas eu d'autres.
7 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais
8 demander que cette pièce soit versée au dossier.
9 M. ROBINSON : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Le témoin
10 n'a pas été en mesure de confirmer ce qui figure dans cette pièce, et de
11 toute façon, il nous a dit qu'il était à Belgrade en août 1993, date à
12 laquelle le document a été rédigé.
13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Madame Uertz-Retzlaff.
14 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Tout d'abord, la date du document
15 n'est pas réellement un problème puisque le contenu du document fait
16 référence à une période lorsque la guerre a commencé et lorsque le témoin
17 se trouvait encore sur le terrain dans cette région. De toute façon, le
18 témoin nous a confirmé que Gojko Jankovic était bel et bien le dirigeant
19 d'une unité -- ou le chef d'une unité, une unité de reconnaissance, et
20 qu'il était pour ces fins-là. C'est la raison pour laquelle on l'a proposé
21 pour obtenir le titre de Voïvode. Et je crois que c'est important, et c'est
22 la raison pour laquelle j'ai mentionné ceci. Et également, c'est pour des
23 raisons de récusation.
24 [La Chambre de première instance se concerte]
25 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Maître Robinson, la Chambre est d'accord
26 avec ce qu'a dit Mme Uertz-Retzlaff.
27 M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce P6082, Monsieur le Président,
28 Messieurs les Juges.
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1 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je demanderais que l'on affiche
2 maintenant la pièce 65 ter 40199B. C'est une vidéo que je voudrais que l'on
3 passe. Mais en fait, je suis vraiment désolée, c'est une pièce qui comporte
4 déjà un numéro P. Je vais donner la cote, P03476.
5 Q. [aucune interprétation]
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous avez dit que ceci fait partie de --
7 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] C'est ce qui a été versé au dossier
8 avec le précédent témoin à Foca.
9 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Lorsque M. Vujicic était ici, nous avons
10 vu un extrait.
11 Mme UERTZ-RETZLAFF : [aucune interprétation]
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Et par la suite, vous nous avez dit que
13 cet extrait fait partie de P03476.
14 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] C'est tout à fait juste, Monsieur le
15 Président. Je me suis trompée. Alors, je demanderais que l'on affiche
16 P6081, en fait. C'est les mêmes deux extraits que nous avons entendus
17 lorsque le précédent témoin était ici, et j'aimerais demander que l'on
18 passe ce premier extrait encore une fois, qui porte sur ce qu'a dit Stanic
19 sur les activités avant la guerre.
20 [Diffusion de la cassette vidéo]
21 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Voilà, c'est là. Il nous faut
22 entendre la voix.
23 L'INTERPRÈTE : Mme Uertz-Retzlaff demande que l'on essaie de nouveau.
24 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Cela a bien fonctionné la semaine
25 dernière.
26 [Diffusion de la cassette vidéo]
27 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Si vous souhaitez aborder un autre
28 sujet, nous pourrions le faire à ce moment-là, et puis nous pourrons
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1 revenir sur --
2 Mme UERTZ-RETZLAFF : [aucune interprétation]
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] -- cette vidéo.
4 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] En fait, si vous le souhaitez, je
5 pourrais donner lecture des propos de M. Stanic --
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien.
7 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation]
8 Q. Monsieur, nous avons passé en revue cet extrait vidéo en la présence
9 d'un autre témoin vendredi dernier, et j'aimerais maintenant vous donner
10 lecture des propos de M. Stanic. Vous n'allez pas l'entendre, mais vous
11 allez -- si vous le souhaitez, je vais vous donner lecture --
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais nous pourrions également
13 télécharger le compte rendu d'audience --
14 Mme UERTZ-RETZLAFF : [aucune interprétation]
15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] -- dans les deux langues également.
16 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, voilà. C'est une autre
17 possibilité, effectivement.
18 Q. Monsieur, alors, ici, si vous prenez cet extrait, vous verrez ce que
19 dit M. Stanic. M. Stanic, ici, fait référence à Parti démocratique serbe
20 laissant toute activité politique de côté, et ils ont commencé l'auto-
21 organisation du peuple serbe. Il parle de la formation de huit bataillons
22 qui ont été menés par certains membres -- certains officiers de réserve
23 serbes, et il fait référence à un événement tout particulièrement, un
24 événement qui impliquait un bataillon qui s'était aligné et qui avait fait
25 l'objet d'une inspection en juin 1991. Voilà ce que dit M. Stanic pour ce
26 qui est de la préparation des Serbes pour le conflit, et c'était en juin
27 1991 qu'il a prononcé ces propos.
28 R. Je n'ai pas connaissance de ceci, en 1991, que des bataillons ont été
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1 formés ou avaient commencé à se former. Non, je ne le sais pas. Ce n'est
2 pas quelque chose qui m'est connu.
3 Q. La date est le mois de juin 1991, ou tout du moins pour ce qui est de
4 l'inspection de ce bataillon.
5 R. La déclaration de Stanic qui avait été faite après le passage à tabac
6 de Serbes, enfin, je comprends, mais le fait de dire que les bataillons
7 avaient été formés en 1991, c'est quelque chose que j'ignore. J'ai fait
8 partie du 5e Bataillon, mais en 1991, il n'avait pas été formé. Je crois
9 qu'il s'agirait d'une erreur ici.
10 Q. Pourrait-on se concentrer -- nous concentrer sur la partie du bas de la
11 même page. Le passage qui m'intéresse est le deuxième passage cité ici.
12 Monsieur Pljevaljcic, il n'y a que deux lignes en B/C/S sur cette page,
13 ici, et par la suite, il nous faudra passer à la page 4 en B/C/S. Comme
14 vous pouvez le voir de nouveau, il fait référence à l'organisation
15 militaire serbe, et il dit que les Serbes devaient commencer à se préparer
16 un an auparavant. Et il mentionne ici -- parle des premiers commandants --
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît. Je ne suis
18 pas tout à fait certain -- on m'a dit qu'il n'y a pas de page 2 -- oui, il
19 y a une deuxième page en B/C/S. Un instant, s'il vous plaît.
20 Mme UERTZ-RETZLAFF : [aucune interprétation]
21 L'ACCUSÉ : [interprétation] Lorsque l'on a fait passer cet extrait vidéo,
22 j'ai oublié de dire ceci. M. Stanic a dit c'était fort. Pourquoi est-ce que
23 ça a été expurgé ? De quoi parle Stanic ? Qui était fort ? Parce que le
24 passage est expurgé puisque ceci fait partie intégrante de cette
25 déclaration de Stanic.
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] L'Accusation ne nous a présenté que
27 cette partie-ci --
28 Mme UERTZ-RETZLAFF : [aucune interprétation]
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] M. Karadzic faisait partie [comme
2 interprété] à la partie expurgée.
3 Mme UERTZ-RETZLAFF : [aucune interprétation]
4 M. LE JUGE KWON : [interprétation] J'imagine que M. Karadzic devrait avoir
5 l'accès à l'ensemble du document ?
6 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, tout à fait. Mais en réalité,
7 j'ai oublié de mentionner que lorsqu'on parle de la deuxième partie, M.
8 Stanic faisait référence aux Musulmans et aux forces musulmanes qui étaient
9 fortes.
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien.
11 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] C'était en référence aux Musulmans.
12 J'ai oublié de le dire. Je croyais que cela figurait dans le texte.
13 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
14 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, la deuxième page.
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Il serait bon d'avoir un numéro --
16 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît.
17 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
18 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Le --
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je ne suis pas tout à fait certain
20 d'avoir compris l'explication, mais ce que l'on me dit c'est que le greffe
21 ne peut pas télécharger la deuxième page. Et si l'on enlève la partie
22 anglaise, est-ce que là à ce moment-là on peut présenter la deuxième page
23 au témoin puisque nous avons déjà pris connaissance de la partie en
24 anglais, n'est-ce pas ?
25 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, effectivement. Et je pourrais
26 vous donner lecture de l'ensemble de la version de l'entretien Stanic. Les
27 questions qui sont expurgées mais qui devraient figurer ici. La question de
28 l'hôte était :
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1 "Votre réponse aux Musulmans -- votre réponse devait être rapide parce que
2 nous nous souvenons tous que le Parti du SDA, l'Action démocratique serbe
3 était forte à Foca à l'époque."
4 C'était la question qui avait été posée par l'animateur, et par la suite
5 Stanic a répondu. Il faudrait peut-être télécharger une nouvelle version où
6 cette question peut être lue.
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez continuer, Madame Uertz-
8 Retzlaff.
9 M. ROBINSON : [interprétation] Serait-il possible d'avoir le numéro 65 ter
10 de la version non expurgée afin que nous puissions suivre ? Je sais que
11 ceci nous a été communiqué, mais nous ne saurions pas retrouver cet extrait
12 facilement.
13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ceci pourrait-il être fait pendant la
14 pause; est-ce que cela vous conviendrait, Maître Robinson ?
15 M. ROBINSON : [interprétation] Oui, certainement, Monsieur le Président.
16 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] En fait, nous l'avons, voilà, c'est
17 40199. C'est l'ensemble de l'extrait vidéo et la transcription de cet
18 extrait vidéo également.
19 Q. Alors, Monsieur, ici vous voyez de nouveau une référence au fait que
20 l'organisation militaire du peuple serbe s'est préparée un an auparavant,
21 puis par la suite on voit une liste de commandants mentionnés, on mentionne
22 le premier commandant de guerre. Et parmi ces derniers, nous retrouvons le
23 nom de Gojko Jankovic. Il est mentionné ici juste à côté de Boro Ivanovic,
24 vous nous avez dit qu'il était le commandant de votre bataillon, du 5e
25 Bataillon, donc il est mentionné ici juste à côté de Pero Elez, un autre
26 commandant de bataillon. Donc Gojko Jankovic est mentionné ici parmi les
27 premiers commandants, n'est-ce pas ? Vous voyez bien son nom ici ?
28 R. Oui, je le vois, mais il y a certaines choses qui ne me sont pas très
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1 claires ici. Nous voyons également le nom de Radmilo Pljevadzic. Ce n'était
2 pas un commandant. Il est devenu le commandant d'un peloton d'intervention
3 seulement après que j'ai été blessé, un an peut-être après le début du
4 conflit. Donc je n'ai pas très bien -- cela ne m'est pas très clair. Et
5 pour ce qui est ici, nous pouvons voir que Boro était le commandant du
6 bataillon, il y avait peut-être un autre -- mais pour ce qui est de Cosovic
7 et pour ce qui est de Zivanovic, pour ce qui est de Gojko Jankovic,
8 c'étaient des chefs, des komandirs, pas des commandants. Vous ne comprenez
9 peut-être pas cette différence entre commandants et komandirs. Les
10 komandirs se sont des chefs d'unités de reconnaissance. Il ne s'agissait
11 pas du tout de commandants. Pour ce qui est maintenant de la déclaration de
12 Miro Stanic, les Serbes voyaient également que Miro Stanic -- ce n'était
13 pas une blague, et les Serbes avec Miro Stanic à la tête des Serbes ont
14 décidé de se défendre. Mais pour ce qui est de l'aide, nous n'avions pas eu
15 d'aide ni des dirigeants de Pale ni par la JNA. Nous n'avons pas eu d'aide
16 du tout, nous devions nous organiser nous-mêmes.
17 Q. Monsieur, un peu plus tôt vous nous avez dit que vous n'aviez pas
18 connaissance de ce type d'activités, lorsque ces activités se déroulaient,
19 donc vous ne savez pas qui aidait M. Stanic, qui lui prêtait main forte
20 dans toutes ces activités, n'est-ce pas ?
21 R. Je n'étais pas du tout le commandant du bataillon, donc je n'ai pas pu
22 le savoir. Maintenant, je ne sais pas si les autres commandants le
23 savaient, je ne sais pas si c'était la cellule de Crise qui procédait à la
24 création des unités, probablement que oui. La cellule de Crise de Foca
25 comptait, je crois, 15 membres. Et c'étaient probablement eux qui étaient
26 ceux qui choisissaient les commandants et qui procédaient à la création des
27 unités. Mais tout ceci était dans l'objectif de protéger le peuple serbe.
28 Q. Monsieur, alors que vous ne pouvez pas nous parler des événements qui
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1 se sont déroulés du côté serbe avant le début de la guerre, vous nous avez
2 donné un très grand nombre d'informations, de détails par rapport aux
3 Musulmans, et vous savez -- quant à ce qu'ils faisaient. Donc il s'agit de
4 ouï-dire ? Ce n'est pas quelque chose que vous avez réellement vu de vos
5 propres yeux. Ce sont des dires que vous avez entendus, ce sont des
6 informations que vous avez lues, ce sont des dires que vous avez entendus
7 d'autres personnes, n'est-ce pas ?
8 R. Non, ce n'est pas exactement comme ceci. J'ai personnellement été
9 témoin oculaire de Focatrans. J'ai vu les barricades qui avaient été
10 érigées à Foca. J'ai été témoin oculaire d'un très grand nombre
11 d'événements, comme, par exemple, lorsque nous devions aller chercher une
12 petite fille, qui était âgée d'une dizaine d'année de feu Manojlo Jankovic.
13 Elle était blessée et sa mère avait été tuée. Nous étions allés enterrer sa
14 mère. Ce sont des événements que j'ai vécus personnellement. Je ne vous dis
15 pas -- Je ne vous raconte pas des choses par cœur. J'ai vu moi-même des
16 incendies qui se trouvaient à un demi kilomètre de moi, des incendies de
17 maisons serbes. Je n'ai pas vu l'église qui avait été incendiée à Jabuka,
18 parce que c'était à environ 50 kilomètres de Foca, mais je sais que c'était
19 incendié et non pas seulement que c'était incendié, mais qu'on a également
20 tué une cinquantaine de civils. Ce n'est pas les Serbes qui les ont tués.
21 Q. Monsieur, en déposant ici, devant le Tribunal, vous avez fait référence
22 aux Musulmans qui avaient fui pour aller se réfugier chez leurs voisins
23 serbes pour être en sécurité, n'est-ce pas ?
24 R. Est-ce que vous êtes en train de parler de la Serbie ou du Monténégro,
25 là ?
26 Q. Excusez-moi. J'ai cru comprendre dans votre témoignage que pendant que
27 vous étiez encore à Foca, des villageois musulmans ou les Musulmans de Foca
28 avaient fui chez leurs voisins serbes pour être en sécurité, n'est-ce pas ?
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1 Vous avez fourni plusieurs exemples et vous avez dit que vous aviez aidé
2 aussi ces voisins musulmans. C'est bien cela ?
3 R. C'est exact. J'ai dit que les Musulmans s'étaient abrités à des
4 endroits sécurisés. C'est les Serbes qui leur ont rendu possible de se
5 mettre à l'abri et leur ont fourni des effectifs de sécurité. C'était dans
6 les agglomérations mixtes où -- là où les Musulmans étaient minoritaires.
7 Là où ils étaient majoritaires, ils allaient contrôler ladite partie de la
8 ville avant que les forces serbes ne viennent libérer ces parties-là. Et
9 lorsque l'on a libéré les parties de la ville où il y avait une majorité
10 musulmane et notamment les gens qui étaient aptes à combattre parmi les
11 Musulmans s'étaient rendus à Gorazde. La population civile qui était
12 restée, on les a mis -- on l'a mises à l'abris. Puis, par la suite, ils ont
13 pu aller vers la Serbie ou ailleurs, comme ils l'entendaient.
14 Q. Vous avez également décrit la façon dont vous avez aidé les Musulmans à
15 quitter Foca. Vous en souvenez-vous ? Vous aviez donné un exemple à cet
16 effet.
17 R. Oui. Il s'agit d'une banlieue de la ville où l'on avait -- il y avait
18 33 Musulmans exactement. Ils ont resté -- Ils sont restés trois jours, puis
19 ils sont allés par la suite vers le Monténégro, en toute sécurité. Il y
20 avait un autre village frontalier avec Orahovo, Subi Suljci. Là aussi,
21 lorsqu'il était question de nettoyer le village des groupes de Musulmans en
22 armes, il n'en a pas eu. Les Musulmans aptes à combattre étaient déjà
23 partis à Gorazde. Je suis allé personnellement en compagnie de deux soldats
24 à ce village. On y allait chez Asim Memic. On était -- On s'est assis avec
25 lui, avec ses petits enfants. On a pris un café et il a dit, ils sont
26 partis à Gorazde. Pourquoi sont-ils partis, je ne le sais. On eut vivre
27 ensemble. Si quelqu'un ne fait pas partie des formations armées, il n'a pas
28 besoin de s'en aller. Et ces gens de Sulhini [comme interprété] Suljci se
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1 sont retirés aussi en direction de Gorazde. Personne n'a péri. On n'a rien
2 fait à personne. Ils ont décidé de s'en aller.
3 Q. Mais moi, ce que j'ai cru comprendre, partant de votre témoignage,
4 c'est que les Musulmans avaient besoin d'aide pour sortir de Foca et ce,
5 d'aide de la part de leurs voisins serbes. C'est bien cela ?
6 R. Oui, ils avaient besoin d'aide et cette aide leur a été dispensée. Nous
7 avons organisé des autocars et tous ceux qui avaient souhaité s'en aller de
8 leur plein gré -- et c'est eux qui avaient demandé la chose, c'est eux qui
9 avaient souhaité s'en aller pour se mettre à l'abri des conflits en termes
10 simples, conflits entre les Serbes et les Musulmans.
11 Q. Monsieur, vous avez mentionné le fait où il y a eu des Musulmans -- des
12 villages musulmans nettoyés de combattants musulmans. Vous avez dit que la
13 population civile avait été emmenée vers des sites à Foca pour être gardée
14 à l'abri. Dans ce contexte, vous avez aussi mentionné les villages de
15 Trosanj et de Mjesaja. Alors, c'est -- les Juges de cette Chambre ont
16 entendu des témoignages disant que ces villages ont été complètement
17 incendiés, que les hommes des villages ont été tués, que les femmes ont été
18 emmenées à Buk Bijela et à l'école secondaire de Foca, tout comme à la
19 salle de sports du partisan -- du club partisan. Ils n'ont -- n'ont pas été
20 protégés et ces femmes ont été violées par des hommes qu'on a mentionnés ce
21 matin, y compris Gojko Jankovic. N'est-ce pas là ce qui s'est passé à Foca,
22 ou est-ce que tout simplement, vous n'êtes pas au courant ?
23 R. Je ne suis pas au courant de ceci, mais moi, je n'ai jamais déclaré
24 quoi que ce soit -- rien de -- je n'ai rien déclaré au sujet de Tosa ni de
25 Mjesaja. J'apprends pour la première fois de ceci. Et c'est moi qui
26 témoignage. C'est par rapport à là où j'étais, c'est -- au côté opposé. Je
27 n'ai pas parlé et je ne sais pas du tout où vous avez trouvé tout cela.
28 Q. J'ai parlé de -- d'éléments de preuve qui ont déjà été présentés aux
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1 Juges de cette Chambre et il s'agit d'événements de juillet 1992 et je me
2 demandais qui la raison pour laquelle vous n'ayez pas eu vent de cela,
3 c'était que vous n'étiez pas là-bas à ce moment-là, mais vous étiez à
4 Belgrade.
5 R. Oui, j'étais à Belgrade, mais je vous dis que ça va à l'encontre --
6 enfin, c'est au sens opposé de là où je vivais. Moi, j'étais sur la rive
7 droite de Cehotina et de la Drina. Mon bataillon se trouvait-là et Trosanj
8 et l'autre, je crois que c'est la cellule de Crise de Foca qui avait donné
9 des ordres explicites. La population civile était censée être protégée.
10 Mais comme ces villages se trouvaient plutôt loin de Foca, il a fallu
11 qu'ils viennent en contrebas pour qu'on puisse contrôler les choses et
12 fournir des effectifs de sécurité. Je sais à peu près où se trouve se
13 village de Trosanj. Il fallait envoyer une unité entière là-bas pour
14 sécuriser la population, ou alors, Tjentiste. Tjentiste, ça se trouve à 50
15 kilomètres de là. Alors, c'est ce qu'on faisait, mais s'il restait des
16 civils, ils ont été accueillis à Foca à plusieurs sites. C'est des gens qui
17 ont été amenés là pour les -- pour être installés même au KP DOM. Qu'est-il
18 advenu par la suite, est-ce qu'il y en eu à avoir -- enfin, à manquer
19 [inaudible] -- au niveau [inaudible], je ne le sais pas. Mais l'objectif de
20 la cellule de Crise, c'était d'accueillir la population civile. C'était
21 l'objectif primordial.
22 Q. Permettez-moi de vous interrompre. Etant donné que vous ne le savez pas
23 et que vous n'étiez pas à Foca à compter du 14 juillet et au-delà, je
24 comprends parfaitement bien que vous pouvez -- enfin, que vous ne pouvez
25 pas être au courant de Trosanj et de Mjesaja et des détails liés à ces
26 sites. Mais tout ce que vous nous avez raconté au sujet de cette période,
27 le départ de gens de leur plein gré ou protection des individus au niveau
28 des municipalités, c'est des ouï-dire, parce que vous ne pouvez pas
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1 confirmer tout ceci vu que vous n'avez pas été présent ?
2 R. Ce que je peux vous confirmer, je l'ai confirmé. Je ne peux pas vous
3 parler de ce qui s'est passé à Tjentiste en septembre 1992. J'ai appris que
4 Tjentiste n'a été libérée qu'en août, septembre 1992, donc je ne peux pas
5 vous parler de ce qui s'est passé là-bas. Je me battais pour survivre à
6 Belgrade.
7 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Messieurs les Juges, donnez-moi un
8 instant, s'il vous plaît.
9 [Le conseil de l'Accusation se concerte]
10 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président, nous n'avons
11 plus de questions pour ce témoin.
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.
13 Nous allons reprendre après la pause. Est-ce que vous avez des questions
14 complémentaires à poser.
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Quelques-unes seulement, Excellence.
16 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous allons reprendre à 1 heure 25.
17 --- L'audience est levée pour le déjeuner à 12 heures 40.
18 --- L'audience est reprise à 13 heures 25.
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, poursuivez, je vous
20 prie.
21 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
22 Nouvel interrogatoire par M. Karadzic :
23 Q. [interprétation] Monsieur Pljevaljcic, quelques questions et j'espère
24 que nous aurons bientôt terminé. A la page 55, Mme Uertz-Retzlaff vous a
25 posé une question concernant la participation du Corps d'Uzice dans
26 l'attaque de Foca. Pourriez-vous nous dire qui attaquait Foca et qui se
27 défendait de Foca ?
28 R. Pour autant que je le sache, le Corps d'Uzica n'avait absolument rien à
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1 voir avec Foca, ni ne se trouvait d'ailleurs près de cette zone. Comme je
2 l'ai déjà dit, le pilonnage de Foca a commencé, et ce sont les Musulmans
3 qui pilonnaient, et il n'y avait aucune autre attaque, excepté ce qui a
4 suivi cette première attaque, dans les jours qui ont suivi, où des combats
5 d'infanterie sont survenus. Mais le Corps d'Uzica n'avait rien à voir avec
6 Foca. Il n'a absolument pas pris part aux combats là.
7 Q. Merci. J'aimerais que vous précisiez un point : y avait-il des forces
8 serbes qui se trouvaient en dehors de Foca et qui ont attaqué Foca, ou qui
9 étaient les attaquants et qui défendait Foca ?
10 R. Il n'y avait pas de forces venant de l'extérieur de Foca qui ont
11 attaqué Foca. De notre côté, je ne sais pas s'il y avait des Bérets verts
12 ou des unités paramilitaires du côté des Musulmans, mais s'agissant de
13 Foca, Foca a été attaquée par les Musulmans et défendue par des volontaires
14 serbes, des patriotes serbes de la ville de Foca qui ont réussi à la
15 défendre et à la libérer.
16 Q. Merci. Je voudrais maintenant vous poser une question portant sur
17 l'artillerie. Il a été fait mention du fait que l'artillerie avait
18 participé à l'attaque à Foca. De qui s'agissait-il et qui pilonnait, qui
19 bombardait Foca ?
20 R. Eh bien, les premiers obus qui sont tombés sur Foca étaient des obus
21 musulmans, et ça s'est produit la première nuit. Et puis, le jour suivant,
22 des tirs de mortier ont eu lieu, et de roquettes également. Ces premiers
23 obus qui ont frappé Foca furent cela, et puis l'attaque s'est poursuivie de
24 22 heures jusqu'à environ minuit ou 1 heure du matin, et le jour suivant la
25 panique régnait dans Foca. Alors, en ce qui concerne le pilonnage, il n'y a
26 eu aucun pilonnage à Foca. Il ne s'agissait que de combats d'infanterie.
27 Q. Merci. A la page 57, Mme Uertz-Retzlaff a parlé de la cellule de Crise
28 de Foca, et ensuite elle a ajouté la cellule de Crise du SDS de Foca. Cette
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1 cellule de Crise, s'agissait-il de l'organe du parti ou d'une instance
2 municipale ? Y avait-il des membres du parti populaire ou des représentants
3 de la municipalité ?
4 R. Eh bien, il n'y avait aucune personne faisant partie du parti au sein
5 de la cellule de Crise -- ou peut-être y avait-il un membre de la cellule
6 de Crise qui faisait partie de l'équipe municipale et qui était également
7 membre du SDS, mais il s'agissait d'un membre de la municipalité et mis en
8 place par la municipalité une fois que les négociations se sont terminées.
9 La moitié des représentants de la municipalité étaient Serbes.
10 Q. Merci. A la page 60, je pense que la totalité de votre réponse n'est
11 pas reflétée dans le compte rendu. Avez-vous dit que ces volontaires --
12 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président.
13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Madame Uertz-Retzlaff.
14 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Comme vous avez pu le voir, Mme
15 Gustafson et moi-même avons changé de place et c'est pourquoi je dois vous
16 interrompre d'ici, même si vous ne me voyez pas très bien d'où je suis
17 assise. Alors je pense que s'agissant de ce qui est dit ici, à savoir le
18 témoin aurait dit quelque chose ou n'aurait pas dit quelque chose, je pense
19 que la manière dont la question est formulée est faite de manière
20 directrice. Voyez ce que je veux dire ici, il est dit : J'ai bien peur que
21 la totalité de votre réponse ne soit pas reflétée. Je pense que nous
22 devrions être plus clair, et je pense qu'il devrait trouver la question qui
23 fait référence à la réponse qui manque plutôt que de citer.
24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, mais il était sur le point de citer
25 la page du compte rendu. Voulez-vous que nous revenions sur la manière dont
26 la question a été formulée, Madame Uertz-Retzlaff ?
27 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Oui, je pense que la réponse a déjà
28 été donnée.
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Voyons.
2 Quelle est votre question, Monsieur Karadzic ?
3 L'ACCUSÉ : [interprétation] Eh bien, j'aurais pu intervenir au moment du
4 compte rendu, mais je n'ai pas souhaité interrompre le débat à ce moment-
5 là. Je peux lire la partie de la réponse et puis demander au témoin si ce
6 qu'il a dit à ce moment-là a été omis, si c'est ce que vous préférez. Il
7 s'agit de la page 60, lignes 7 à 10. Puis-je lire la réponse du témoin ?
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous en prie.
9 M. KARADZIC : [interprétation]
10 Q. Voilà quelle fut votre réponse :
11 "Ils souhaitaient se débarrasser de ces soi-disant soldats, et je vous ai
12 donné l'exemple où l'un de ceux-là a été tué, et ensuite nous avons été
13 confrontés à un grand nombre de problèmes dans les jours qui ont suivi la
14 tuerie. Ils sont venus pour aider les Serbes."
15 Et puis, vous avez dit autre chose - et ceci peut être vérifié - quelque
16 chose comme : Nous sommes venus pour aider. Et -- voilà, pourriez-vous
17 finir votre phrase, s'il vous plaît.
18 R. Oui. Eh bien, cet homme, ce volontaire, a été tué - si je peux
19 l'appeler un volontaire - et nous avions de graves problèmes avec ces
20 volontaires, nous les Serbes. Et j'ai dit que nous étions venus là pour
21 vous aider à vous défendre, et vous nous tuez. Voilà ce que j'ai dit.
22 Q. Merci. Ceci n'était pas reflété dans le compte rendu d'audience, et
23 c'est ce que je voulais préciser. Maintenant, page 61, Mme Uertz-Retzlaff a
24 dit, s'agissant de Foca, que l'armement des Serbes a commencé dans les
25 années 1990 -- en 1990, cette année-là. Etait-ce le cas ?
26 R. Certainement pas. Je vous ai déjà parlé de l'année 1990. L'armement des
27 Serbes a commencé, et la plupart des Serbes se sont armés - je vais répéter
28 ce que j'avais déjà dit - le premier jour de l'éclatement de la guerre.
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1 C'est à ce moment-là qu'ils sont entrés dans le dépôt de la Défense
2 territoriale et ont constaté que se trouvaient des armes d'infanterie. Il
3 n'y avait pas d'autres armes que celles-là. Il n'y avait pas de pièces
4 d'artillerie. Il n'y avait pas de bombes, pas de grenades à main ni d'obus.
5 Il n'y avait que des armes d'infanterie. Donc, la plupart des Serbes se
6 sont armés.
7 Q. Oui. Je voudrais vous poser une autre question qui est en lien avec
8 l'entretien avec M. Stanic. Je ne sais pas exactement quand il a donné cet
9 entretien. Etait-il habituel pour des personnes du cru de se vanter de
10 certaines choses dont d'autres personnes ne se revendiquaient pas ?
11 R. Eh bien, oui, c'était assez habituel. C'est quelque chose qui ne
12 m'apparaît pas très clairement à la lecture du rapport Stanic. Mais si vous
13 connaissez Stanic - et je le connais bien - c'est un homme qui aime la
14 paix, très pacifique. Et pour lui, un bon soldat serait un commandant.
15 Donc, voilà la différence. Et il ferait référence à un bon patriote, un bon
16 combattant, un bon soldat ou commandant. La plupart de ces noms -- la
17 plupart de ces personnes dont les noms sont mentionnés ici n'étaient pas du
18 tout des commandants. Et donc, cette déclaration ou cet entretien qu'il a
19 donné avait pour but, finalement, d'embellir un peu la situation, parce que
20 les Serbes sont ceux qui ont libéré Foca. Et lui, en tant que président du
21 parti, avait le sentiment que finalement, il était un peu responsable de la
22 situation et il s'attribuait un peu les lauriers. En fait, il embellissait
23 la situation et il se vantait un peu du rôle qu'il avait pu jouer.
24 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je ne sais pas si "embellish" en anglais serait
25 traduit "bragging" -- et de manière plus adéquate, "bragging" que
26 "embellish" en anglais. Parce que le témoin, donc, disait qu'il se vantait.
27 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Y a-t-il une grande différence ? Nous
28 prenons acte de votre observation, mais je vous demanderais de cesser de
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1 poser des questions directrices. Poursuivez, je vous prie.
2 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.
3 M. KARADZIC : [interprétation]
4 Q. A la page 72, on vous a posé une question concernant l'aide
5 qu'apportaient les voisins, les voisins serbes, à leurs amis musulmans, et
6 comment ils les avaient aidés à quitter les lieux. Alors, quelle était la
7 position des autorités ? Savez-vous si à un moment les autorités ont essayé
8 d'empêcher quiconque de quitter, quel que soit donc le camp ?
9 R. Je sais que --
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un moment. Madame Uertz-Retzlaff.
11 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Autre question directrice.
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.
13 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Tout comme la question précédente,
14 mais je n'étais pas intervenue, mais il s'agit à nouveau d'une question
15 directrice.
16 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, objection retenue.
17 Reformulez votre question, Monsieur Karadzic.
18 M. KARADZIC : [interprétation]
19 Q. Quelle était la position des autorités serbes à Foca vis-à-vis des
20 départs soit des Serbes soit des Musulmans de Foca ?
21 R. Eh bien, tant les Musulmans que les Serbes qui quittaient Foca - et je
22 n'en avais pas parlé plus tôt mais je pensais que je l'avais fait - des
23 Serbes quittaient également la ville. Mais en ce qui concerne les autorités
24 serbes à Foca, elles n'ont jamais empêché quiconque de quitter la ville
25 volontairement. Au contraire, elles ont aidé à quitter la ville; mais, par
26 ailleurs, elles essayaient également de faire en sorte que les personnes ne
27 partent pas. Et elles ont dit qu'elles tenteraient d'apporter une
28 protection nécessaire et le feraient pour quiconque déciderait de rester
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1 sur place. Je vous ai parlé des personnes qui étaient restées sur place.
2 Ils ont passé toute la guerre avec les Serbes. Et puis, d'autres personnes
3 sont parties vers la fin de l'année 1992 pour revenir plus tard. Et ce sont
4 des personnes qui ont travaillé avec moi. Par exemple, un collègue de Foca
5 KP, qui a quitté la ville en 1992 pour la Turquie, eh bien, son départ a
6 été facilité par les autorités serbes à l'époque, puis il est revenu avec
7 sa famille. Donc, vous voyez, les autorités serbes ont facilité le départ
8 de quiconque souhaitait partir, et cela valait pour absolument tout le
9 monde. Elles ont également autorisé les Musulmans à faire ce que les Serbes
10 pouvaient faire également. Le moment était difficile, à l'époque. C'était
11 la guerre.
12 Q. Merci. Pourrions-nous voir maintenant la P2642. Donc, avant le moment
13 où vous avez été blessé, vous faisiez toujours partie de l'unité. Pourrais-
14 je demander l'affichage du document P2642. Pendant que nous attendons la
15 version en anglais, je vous demanderais de vous pencher sur la première
16 page du document, la page de garde.
17 Je vous en prie, lisez le document, Monsieur Pljevaljcic.
18 R. Oui, oui, c'est exactement comme cela que les choses se sont passées.
19 Q. Page suivante, s'il vous plaît, la première page dans sa totalité,
20 ensuite nous passerons à la page 2. Dites-moi quand vous avez fini de lire
21 cette page, s'il vous plaît.
22 R. Oui. Oui, c'est exactement ce qui est mentionné ici. Tous ceux qui
23 souhaitaient partir purent le faire de manière tout à fait sûre. Des moyens
24 de transport leur étaient offerts. Et ceux qui souhaitaient rester
25 pouvaient le faire également et mener une existence tout à fait digne de ce
26 nom.
27 Q. Oui. Donc, ce document, pour autant que nous le sachions, reflète ce
28 qui s'est effectivement passé ainsi que les décisions prises par les
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1 autorités serbes à Foca, n'est-ce pas ?
2 Mme UERTZ-RETZLAFF : [aucune interprétation]
3 L'ACCUSÉ : [aucune interprétation]
4 M. KARADZIC : [interprétation]
5 Q. Quelle est la relation entre ce document et ce qui s'est réellement
6 passé ?
7 R. Eh bien, je n'ai jamais vu ce document avant, mais tout ce que j'ai dit
8 pendant ma déposition est tout à fait en conformité avec ce qu'affirme le
9 document, même si je n'ai jamais lu ce document avant aujourd'hui.
10 Q. Merci beaucoup. La question de l'armement des Musulmans a été abordée
11 également, et je voudrais vous poser la question suivante : vous avez dit
12 que vous connaissiez Sahinpasic, Sajo, et également Cengic. Quelle était la
13 réputation de ces deux personnes, ainsi que la légalité de leur
14 comportement ?
15 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président.
16 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame Uertz-Retzlaff.
17 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Je n'ai jamais abordé la question de
18 la personnalité des individus, je n'ai pas abordé la question de leur
19 participation dans l'armement.
20 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non.
21 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'essaie de gagner du temps. Il s'agit d'un
22 document de l'Accusation. Non, pardon, il s'agit d'un document de la
23 Défense. Le fait est que Mme Uertz-Retzlaff a fait mention de rumeurs en
24 1991 s'agissant du fait que les Musulmans étaient en train de s'armer, et
25 j'ai ici sous les yeux un document musulman, D299, qui dit exactement le
26 contraire. Il s'agit d'un document musulman qui émane du service de
27 sécurité musulman --
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un moment, je vous prie. Je ne suis pas
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1 sûr que nous ayons entendu parler de rumeurs concernant l'arment des
2 Musulmans.
3 Avez-vous posé des questions à cet effet, Madame Uertz-Retzlaff ?
4 Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] J'ai demandé au témoin -- parce
5 qu'étant donné qu'il n'était pas là, il n'aurait pas pu avoir connaissance
6 de cela, et c'est pourquoi j'ai fait référence à des ouï-dire, à des
7 rumeurs, et j'ai utilisé le mot "rumeurs", ça, je l'atteste.
8 [La Chambre de première instance se concerte]
9 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien.
10 Poursuivez, je vous prie, Monsieur Karadzic.
11 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.
12 M. KARADZIC : [interprétation]
13 Q. S'agissait-il de rumeurs ou disposez-vous d'information attestant que
14 le SDA armait les Musulmans à Foca et s'organisait dans le sens militaire
15 du terme ?
16 R. Il ne s'agissait pas de rumeurs, c'est certain. Prenons l'exemple donc
17 de ce camion qui était rempli d'armes à Foca, et une fois que les
18 affrontements ont éclaté, ce camion rempli d'armes a été arrêté à
19 Focatrans, et on y a découvert tout un arsenal, une cache d'armes dans la
20 cantine de Focatrans. Et si vous prenez l'ensemble de Gorazde, qui était
21 entouré par les forces serbes - eh bien, comme le prétend ce Tribunal - et
22 tout le monde à Gorazde était armé jusqu'aux dents, vous pouvez imaginer
23 d'où venaient les armes et quand les armes sont arrivées. Ça devait être à
24 un moment antérieur, n'est-ce pas ? Comment Gorazde aurait-il pu être
25 entouré des forces serbes qui étaient armées jusqu'aux dents ? Eh bien, les
26 armes ne sont pas tombées du ciel, n'est-ce pas ?
27 Q. Merci.
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Document D299, je vous prie. Pourrions-nous
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1 avoir ce document affiché sur le prétoire électronique.
2 M. KARADZIC : [interprétation]
3 Q. Pouvez-vous, s'il vous plaît, vous intéresser à la question de
4 l'administration sécuritaire de la Bosnie-Herzégovine. Je voudrais que soit
5 affichée la dernière page du document pour que nous voyions qui l'a signé.
6 Il s'agit d'un document en date du 17 juillet 1993. Fikret Muslimovic, chef
7 de la sécurité. Pourriez-vous revenir à la page 3. Je vais vous donner
8 lecture d'une partie du document :
9 "Sahinpasic est un commercial de Foca, un délégué au conseil des citoyens
10 et de l'assemblée de Bosnie-Herzégovine --"
11 R. Je suis sûr que ces informations sont tout à fait fiables et correctes.
12 Les informations émanent d'un des documents qui était signé par un de ces
13 membres. Ce n'est pas seulement que des personnes disaient qu'elles
14 s'armaient; c'est ce qui se passait réellement et, de toute façon, tous les
15 faits vont dans le sens de cette conclusion. Où les Musulmans ont-ils pu
16 obtenir leurs armes tant à Foca qu'à Gorazde ? C'était un secret de
17 polichinelle à Foca et Ustikolina que la mosquée de Donje Polje, où
18 Sahinpasic disposait d'un entrepôt, était pleine d'armes. Et il est vrai
19 que ces armes et ces fusils étaient vendus aux Musulmans et qu'ils
20 pouvaient payer jusqu'à 1 000 ou plus de 1 000 marks allemands le fusil.
21 Tous le savaient, tous les Serbes et les Musulmans savaient cela.
22 Q. Le document précédent est P2642 -- non, en fait, il s'agit de ce
23 document-là, pas le document précédent.
24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, je vous pose cette
25 question, pour vous en fait. Ce document a déjà été versé au dossier, le
26 témoin ne connaît pas les détails sur la base de son expérience. Alors que
27 souhaitez-vous obtenir de ce témoin ?
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Excellence, je voulais seulement savoir si ce
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1 document est vrai, d'après les expériences de ce témoin. Puisqu'il nous en
2 a parlé et l'Accusation a tenté de contester ceci, c'est la raison pour
3 laquelle j'ai posé ces questions-là. Je vais maintenant conclure et je
4 voudrais remercier M. Pljevaljcic d'être venu déposer, et cela mettra fin à
5 mon intervention.
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] A moins que mes collègues n'aient de
7 question pour vous ? Non. Bien, Monsieur Pljevaljcic, cela conclut votre
8 déposition. Au nom de la Chambre, je souhaiterais vous remercier d'être
9 venu à La Haye, d'avoir déposé devant ce Tribunal. Vous pouvez maintenant
10 disposer. Merci.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.
12 [Le témoin se retire]
13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Le prochain témoin est-il prêt ? Est-ce
14 que vous êtes prêt, Maître Robinson ?
15 M. ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
16 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que vous pensez
17 qu'il vaut la peine de commencer l'audition de ce prochain témoin,
18 puisqu'il ne nous reste que quelque 15 minutes ?
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, certainement, Monsieur Karadzic.
20 Nous pouvons commencer.
21 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
22 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Le témoin peut-il prononcer sa
24 déclaration solennelle, s'il vous plaît.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
26 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
27 LE TÉMOIN : SLAVKO MIJANOVIC [Assermenté]
28 [Le témoin répond par l'interprète]
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Veuillez vous asseoir, Monsieur
2 Mijanovic.
3 Oui, Monsieur Karadzic.
4 Interrogatoire principal par M. Karadzic :
5 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Mijanovic. Je vous demande --
6 R. Bonjour, Monsieur le Président. Et mes meilleurs vœux.
7 Q. Moi, je vous demande de faire des pauses entre des questions et
8 réponses pour que les interprètes aient le temps de tout saisir et afin que
9 tout soit bien consigné au compte rendu.
10 Est-ce que vous avez fait une déclaration à l'intention de mon équipe
11 de la Défense ?
12 R. Oui.
13 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demanderais à ce qu'au prétoire électronique
14 on nous affiche le 1D07029.
15 M. KARADZIC : [interprétation]
16 Q. Est-ce que vous voyez cette déclaration ?
17 R. Oui.
18 Q. Merci. Est-ce que vous l'avez lue et signée ?
19 R. Oui.
20 Q. Merci. Alors est-ce qu'on y a transmis ou consigné exactement la
21 totalité de ce que vous avez dit à l'équipe de la Défense ?
22 R. Oui, Monsieur le Président.
23 Q. Merci. Si je venais aujourd'hui à vous poser les mêmes questions que
24 celles qui vous ont été posées lorsque vous avez fait cette déclaration,
25 les réponses que vous apporteriez seraient-elles en substance les mêmes ?
26 R. En substance, les mêmes, oui.
27 Q. Merci. Et je me propose à présent de donner -- non, ou, plutôt, je vais
28 d'abord demander le versement au dossier de cette déclaration en
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1 application de l'article 92 ter.
2 M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]
3 M. ROBINSON : [aucune interprétation]
4 M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]
5 Mme GUSTAFSON : [aucune interprétation]
6 M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]
7 M. LE GREFFIER : [aucune interprétation]
8 M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]
9 L'ACCUSÉ : [interprétation] Slavko Mijanovic est né à Ulog, municipalité de
10 Kalinovik, Bosnie-Herzégovine. Il a terminé ses études secondaires et a
11 diplômé de la faculté de l'architecture et d'urbanisme à Sarajevo. Après
12 les élections multipartites en Bosnie-Herzégovine automne 1990, il a été
13 nommé secrétaire adjoint au secrétariat de la planification de l'urbanisme,
14 de logement et des services publics de Novi Grad municipalité à Sarajevo.
15 Slavko Mijanovic a remarqué début avril 1992 que l'entrée du bâtiment
16 municipale à Novi Grad était gardé 24 heures sur 24 par des policiers
17 réservistes en arme du groupe ethnique musulman. Il a été conscient du fait
18 qu'il était suivi par des services de sécurité musulman parce qu'il était
19 serbe et bien qu'il se soit plaint à ce sujet, rien n'a changé. La
20 situation au niveau de la sécurité n'a fait que se détériorer et en fin
21 avril Slavko Mijanovic a donné sa démission, et il a déménagé sa famille
22 vers le Monténégro et lui-même a déménagé vers Ilidza, pour travailler là-
23 bas au sein de la commission de guerre.
24 Les résidents serbes et les non-Serbes ont quitté Ilidza et bon nombre de
25 réfugiés serbes ont quitté le territoire contrôlé par les Musulmans dans
26 Sarajevo. Ces déplacements rapides de personnes avaient été nécessaires
27 pour ce qui est d'exercer les responsabilités inhérentes aux logements
28 placés sous le contrôle de la municipalité. Les autorités d'Ilidza n'ont
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1 pas expulsé les non-Serbes. Ils sont partis de leur propre gré et ils sont
2 restés dans Ilidza pendant toute la durée de la guerre. En juillet 1992 une
3 commission pour la distribution de logements a temporairement été mise en
4 place conformément à des règles de procédure qui ont été adoptées pour ce
5 qui est de la situation relative à l'habitat. La commission a établi une
6 liste des priorités pour ce qui est des demandes reçues par écrit. Ces
7 priorités ont été réglées par le règlement et respectées. Les décisions
8 relatives aux appartements à l'usage temporaire avaient compris ou avaient
9 prévu des clauses qui ne rendaient pas possible l'acquisition d'un titre de
10 priorité à l'égard de ces appartements et les gens qui les occupaient
11 devaient en prendre soin.
12 La commission a eu à faire face à bon nombre de difficultés pour ce qui est
13 de son travail du fait d'opérations de combat permanentes, et les résidents
14 locaux avaient occupé les lieux ou des appartements abandonnés par les
15 résidents ce qui fait qu'il y a eu des vols de propriété des résidents.
16 Ilidza est restée en contact avec les autorités et instances de la
17 Republika Srpska pendant la guerre et il n'y a pas eu d'instruction ou
18 d'ordre à avoir été rendus par les autorités à des fins d'expulsion ou de
19 nettoyage ethnique de Musulmans ou autre population non-serbe des
20 territoires ou pour limiter les déplacements de personnes et l'exercice de
21 leurs libertés individuelles ainsi que toute conduite ou actes inhumains.
22 Alors ça serait le résumé.
23 M. KARADZIC : [interprétation]
24 Q. Monsieur Mijanovic, au paragraphe 14, page 3, de votre déclaration, et
25 j'aimerais que celle-ci nous soit affichée sur nos écrans, Enfin, moi, je
26 le sais mais je ne sais pas si les autres parties en présence le savent, au
27 paragraphe 14 vous dites :
28 "Les agglomérations de Mojmilo, Buca Potok et autres pendant la nuit on
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1 entendait très souvent des coups de feu et des rafales."
2 Ça se passait avant le début de la guerre en début de 1992 [phon]. Mais à
3 qui appartenaient ces agglomérations ?
4 R. Ces agglomérations étaient des agglomérations à majorité bosnienne ou
5 musulmane.
6 Q. Merci. En ce moment-ci, je n'ai plus de question pour vous.
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.
8 Monsieur Mijanovic, votre témoignage au principal dans cette affaire a été
9 versé au dossier sous forme écrite et vous allez maintenant être contre-
10 interrogé par un membre du bureau du Procureur.
11 Madame Gustafson, vous avez quelque dix minutes pour ce qui est de la
12 journée d'aujourd'hui.
13 Mme GUSTAFSON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pour aujourd'hui, sais-je.
15 Mme GUSTAFSON : [aucune interprétation]
16 Contre-interrogatoire par Mme Gustafson :
17 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Mijanovic.
18 R. Bonjour et meilleurs vœux vous concernant.
19 Q. Merci. Je voudrais vous remercier d'avoir bien voulu rencontrer les
20 représentants du bureau du Procureur hier et je voudrais commencer par la
21 confirmation de certaines des choses que vous avez dites hier en ma
22 présence et en la présence d'un investigateur du bureau du Procureur. La
23 première question que j'aurais à vous poser se rapporte au paragraphe 4 de
24 votre déclaration, où vous avez décrit que vers la fin avril 1992 vous êtes
25 allé à Ilidza et que vous avez pendant un certain temps assuré la sécurité
26 du bâtiment de la municipalité où c'était installée la cellule de Crise et
27 le commandement militaire avec leurs bureaux. Je voudrais que nous tirions
28 au clair le fait que votre rôle au niveau de ce bâtiment de la municipalité
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1 avait, en fait, consister à convier différents individus aux réunions de la
2 cellule de Crise; est-ce exact ?
3 R. Il est exact de dire que je n'ai pas sécurisé l'immeuble mais j'étais
4 de permanence dans l'immeuble, au niveau des téléphones. C'est moi qui
5 répondais aux appels et sur ordres des représentants de la cellule de Crise
6 ou de la cellule de guerre comme on l'appelait à l'époque je convoquais les
7 réunions de cette commission chargée de la guerre.
8 Q. La personne de l'Accusation qui selon la règle vous donnait des ordres
9 pour ce qui était d'organiser ce type de réunions c'était M. Prstojevic,
10 n'est-ce pas ?
11 R. Oui, c'est exact.
12 Q. Vous avez indiqué ici hier que vous n'aviez personnellement pas
13 assisté aux réunions de la cellule de Crise d'Ilidza ou du commandement
14 militaire d'Ilidza, n'est-ce pas ?
15 R. C'est exact.
16 Q. Et vous nous avez dit que vous n'aviez pas participé à des opérations
17 de combat et que vous n'avez joué aucun rôle du point de vue de la
18 coordination ou du commandement d'opérations militaires ou de police dans
19 Ilidza; est-ce exact ?
20 R. Je n'ai jamais été engagé qu'à un point de vue militaire pendant toute
21 la durée de la guerre.
22 Q. Et vous nous avez confirmé le fait que M. Prstojevic est resté à
23 exercer ses fonctions de président de la municipalité d'Ilidza pendant
24 toute la guerre et pendant une certaine période même après la guerre,
25 n'est-ce pas ?
26 R. C'est exact.
27 Q. Bon. J'aimerais maintenant que nous nous penchions sur le paragraphe 6
28 de votre déclaration, où vous affirmez que les autorités de la municipalité
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1 serbe d'Ilidza ainsi que les instances de celle-ci n'ont pas expulsé des
2 non-Serbes, mais ils les ont fait ses déplacer de façon non organisée,
3 suite à demande de la part de ces gens-là, et à ce titre, je voudrais que
4 nous nous penchions sur la pièce P2308, s'il vous plaît. Il s'agit d'un
5 rapport daté du 20 septembre 1993, en provenance du poste de sécurité
6 publique de Ilidza et c'est adressé au ministère des Affaires étrangères de
7 la RS ainsi qu'au centre des services de sécurité à Sarajevo. Je voudrais
8 que nous nous penchions maintenant sur la page 2 dans les deux versions,
9 c'est-à-dire dans les deux langues. Dans le deuxième des paragraphes qui
10 sont entièrement reproduits ici, il est dit que au début 1991, il est de
11 plus en plus -- il est de plus en plus -- il y a de plus en plus eu de
12 personnes en s'employer en faveur d'une organisation de guerre. Et c'est --
13 il y eu des réunions illégales organisées par Tomislav Kovac, qui était le
14 chef du poste de sécurité publique à Ilidza, un policier du groupe national
15 serbe qui était informé et de ceci et qui a promu les intérêts nationaux de
16 son groupe ethnique. Et quelques lignes plus bas, il est parlé de Romanija,
17 Pale, Sokolac, Kalinovik, Nedzarici et autres localités où les armes ont
18 été transférées.
19 Est-ce que vous avez mis au courant de ces réunions illégales organisées
20 par M. Kovac et au courant de ces activités si intenses pour ce qui et de
21 l'armement de la population serbe ?
22 R. En début de 1991, comme il est dit ici, j'étais dans la municipalité de
23 Novi Grad et non pas sur le territoire de la municipalité de Ilidza. Je ne
24 pouvais donc pas être au courant de tout ceci si tant est que c'est ainsi
25 que les choses se sont passées.
26 Q. Bien. J'aimerais que l'on nous montre à présent la page suivante dans
27 les deux langues. Il est question des activités déployées en 1992. A
28 l'avant-dernier paragraphe, il est dit ceci :
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1 "Toutes ces personnes détenues du groupe ethnique musulman ont été
2 interrogées pour voir quelles étaient leurs intensions. Les mesures
3 répressives entreprises à leur égard pour des raisons variées se sont
4 soldées par des fuites ou des déménagements de plus en plus fréquents de ce
5 territoire."
6 Alors, pour ce qui est de ce que vous nous avez dit au sujet de la
7 façon dont les Musulmans ont quitté le territoire d'Ilidza, dites-nous si
8 vous avez au courant du fait que le poste de sécurité publique et d'Ilidza
9 avait entrepris des mesures répressives à l'égard de ces Musulmans, chose
10 qui s'est soldée par de plus en plus de départs de ce territoire-là.
11 R. Pour ce qui est du commandement de cette commission de guerre et de la
12 cellule de Crise, j'y suis arrivé en -- vers la mi-mai et ces vers cette
13 date-là qu'il y avait eu les trames à circuler entre Ilidza et Bascarsija.
14 Et on pouvait quitter les lieux comme on le voulait. Et on pouvait aussi
15 venir à Ilidza comme on le voulait. A compter de la mi-mai, ça n'a plus été
16 possible, parce que la ville a été bloquée de l'intérieur, verrouillée de
17 l'intérieur, ce qui fait que le territoire tenu par les Musulmans --
18 Q. Monsieur Mijanovic --
19 R. Oui.
20 Q. Excusez-moi de vous avoir interrompu, mais vous n'êtes pas en train de
21 répondre à ma question. Ma question était très simple. Avez-vous eu vent du
22 fait que ce poste de sécurité publique à Ilidza avait entrepris des mesures
23 répressives à l'égard des Musulmans détenus et que cela s'est soldé par
24 leur départ de ce territoire ?
25 R. Non, je ne le savais pas.
26 Mme GUSTAFSON : [interprétation] Je devrais peut-être m'arrêter ici,
27 Monsieur le Président ?
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Mijanovic, la Chambre doit
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1 aborder d'autres questions aujourd'hui. Nous allons donc lever -- nous
2 avons terminé votre audience pour aujourd'hui et vous allez pouvoir revenir
3 demain.
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien.
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Et je voudrais vous demander de ne pas
6 vous entretenir avec qui que ce soit sur des positions que vous avez
7 données ou que vous êtes sur le point de donner. Est-ce que vous me
8 comprenez ?
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Mijanovic, vous pouvez quitter
11 le prétoire.
12 [Le témoin quitte la barre]
13 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Avant de passer à huis clos partiel,
15 je crois que je peux dire que la Chambre a été saisie par une requête
16 confidentielle et pour pouvoir résoudre cette question de façon efficace
17 et rapide, la Chambre a invité un conseil pour le témoin et le
18 représentant du greffe. Ces deux personnes pourraient-elles se présenter,
19 s'il vous plaît, pour le compte rendu d'audience ?
20 M. BOURGON : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs les
21 Juges. Je m'appelle Stephane Bourgon et je représente les intérêts du
22 témoin, M. Dragomir Milosevic. Merci, Monsieur le Président.
23 Mme OSURE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Je m'appelle
24 Anna Osure et je représente le greffier adjoint et le greffier.
25 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien, merci.
26 La Chambre passera maintenant à huis clos partiel pour la durée de ce
27 débat.
28 [Audience à huis clos partiel]
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18 [Audience publique]
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] L'audience est levée.
20 --- L'audience est levée à 14 heures 51 et reprendra le mardi 22 janvier
21 2013, à 9 heures 00.
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