Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 23 janvier 2014

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   [Le témoin vient à la barre]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bonjour à tous et à toutes.

  7   Bonjour, Madame McKenna. Vous pouvez continuer, s'il vous plaît.

  8   Mme McKENNA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Madame,

  9   Monsieur les Juges.

 10   LE TÉMOIN : BRANKO DAVIDOVIC [Reprise]

 11   [Le témoin répond par l'interprète]

 12   Contre-interrogatoire par Mme McKenna : [Suite]

 13   Q.  [interprétation] Monsieur Davidovic, pour préciser une question que je

 14   vous ai posée hier, est-ce que vous viviez à Tomina avant la guerre ?

 15   R.  Non, je n'ai jamais vécu à Tomina avant la guerre.

 16   Q.  Est-ce que le nom de votre épouse est Rada ?

 17   R.  Le nom de mon épouse est Jagoda.

 18   Q.  Je vous remercie d'avoir précisé ce point. Au paragraphe 18 de votre

 19   déclaration vous dites :

 20   "Je sais d'après certaines informations des médias que des tentatives ont

 21   été faites afin de présenter de fausses affirmations selon lesquelles les

 22   Serbes ont saisi le pouvoir par la force dans la municipalité de Sanski

 23   Most, qui n'est pas vrai."

 24   Et au paragraphe 27, vous avez dit que vous êtes perplexe par cette

 25   affirmation selon laquelle la 6e Brigade ait pris part aux attaques contre

 26   l'assemblée de Sanski Most. Et j'aimerais attirer votre attention de

 27   nouveau sur le document P3660, il s'agit du registre de guerre du colonel

 28   Basara.


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  1   Mme McKENNA : [interprétation] J'aimerais maintenant demander que l'on

  2   affiche la page 3 en anglais et la page 5 en B/C/S.

  3   Q.  Au point 6, Monsieur Davidovic, vous verrez vers le bas du paragraphe

  4   que le colonel Basara parle de la situation politique, et il dit :

  5   "Les 6 se sont préparés pour s'emparer du pouvoir et assurer la prise de

  6   pouvoir du territoire de la municipalité de Sanski Most et Kljuc."

  7   Maintenant, Monsieur Davidovic, c'est votre propre commandant, le colonel

  8   Basara, qui décrit de quelle manière la 6e Brigade a prêté main-forte pour

  9   saisir le pouvoir et pour assurer la prise de pouvoir de Sanski Most et des

 10   municipalités de Kljuc. Et c'est en réalité la vérité, n'est-ce pas ? Il y

 11   avait un plan très précis, intentionnel, selon lequel on avait planifié de

 12   prendre le pouvoir à Sanski Most et Kljuc, et que la 6e Brigade a prêté

 13   main-forte dans l'exécution de ce plan ? Ce n'est pas quelque chose qui

 14   figure dans les médias.

 15   R.  Si vous me permettez, je vais commencer par vous expliquer ceci : le

 16   journal de guerre de la brigade est rédigé par le commandant adjoint pour

 17   les opérations. Le commandant de la brigade ne rédige pas le journal. Je ne

 18   sais pas qui a rédigé ce document. Et deuxièmement, la 6e Brigade n'a pas

 19   participé à la prise de pouvoir de Sanski Most. Il y avait plutôt une autre

 20   unité qui ne faisait pas partie de la 6e Brigade de Sanski Most. Pour ce

 21   qui est maintenant de la participation à la prise du pouvoir dans la

 22   municipalité de Kljuc, il est tout à fait vrai que même avant Kljuc, à 2 ou

 23   3 kilomètres de là, nous étions déployés, donc, avant Kljuc, mais nous

 24   n'avions pas lancé d'attaque le soir où le pouvoir a été pris à Kljuc.

 25   Q.  Prenons maintenant le rapport de combat que vous avez rédigé vous-même,

 26   il s'agit du P3663.

 27   Mme McKENNA : [interprétation] Et je vous demanderais de prendre la page 4

 28   en anglais, et c'est la même page en B/C/S. Vers le milieu de la page en


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  1   anglais --

  2   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je crains que nous n'ayons pas la version en

  3   serbe. En fait, ce n'est pas la même page de toute façon.

  4   Mme McKENNA : [interprétation] Le paragraphe qui m'intéresse se trouve vers

  5   le bas de la page 4. Il est indiqué que :

  6   "Il y a eu un écart entre les autorités de Sanski Most…"

  7   Q.  Ici, on peut y lire : 

  8   "Afin de protéger les biens qui appartiennent à l'Etat, le 20 avril, la

  9   brigade a pris le contrôle de toutes les installations importantes et

 10   localités dans la ville."

 11   Donc, est-ce que vous serez d'accord avec moi, Monsieur Davidovic, pour

 12   dire que la 6e Brigade faisait partie intégrante de l'opération serbe qui

 13   avait pour objectif de prendre le pouvoir à Sanski Most ?

 14   R.  Avec votre permission, j'aimerais vous expliciter la situation. Dans

 15   cette déclaration qui est la mienne, j'avais déjà indiqué de quelle manière

 16   le pouvoir a été formé et, donc, de quelle manière on a procédé aux

 17   élections. Le pouvoir a fonctionné de manière tout à fait normale jusqu'en

 18   avril 1992. Le président de l'assemblée municipale de Sanski Most était un

 19   Serbe, il s'appelle Nedeljko Rasula. C'est lui qui avait remporté les

 20   élections, il a eu le plus grand nombre de voix. Le président du Conseil

 21   exécutif de l'assemblée municipale était un Musulman. Et tout ceci a

 22   fonctionné jusqu'au mois d'avril, jusqu'au moment où la présidence de la

 23   Bosnie-Herzégovine a proclamé un état de guerre imminent, et c'est à ce

 24   moment-là que --

 25   Q.  Je vais devoir vous interrompre, Monsieur Davidovic, et je vais vous

 26   demander de bien vouloir vous concentrer sur les questions que je suis en

 27   train de vous poser. Voici donc ma question : seriez-vous d'accord avec moi

 28   que la 6e Brigade a joué une partie intégrante dans la prise du pouvoir


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  1   serbe de la municipalité de Sanski Most ? Répondez par un oui ou par un

  2   non, s'il vous plaît.

  3   R.  Non.

  4   Q.  Je vais passer à un autre point.

  5   Au paragraphe 21 de votre déclaration, vous faites référence aux fouilles

  6   légitimes et vérifications menées par la 6e Brigade le 25 mai. Maintenant,

  7   dans ce rapport de combat que nous avons sous les yeux, vous êtes en train

  8   de décrire qu'entre le 25 mai et le 4 juin, une opération globale avait été

  9   entreprise pour nettoyer le terrain et pour désarmer les extrémistes

 10   musulmans de la municipalité de Sanski Most. J'aimerais à présent me

 11   pencher sur cette opération de grande envergure dont vous parlez.

 12   Au paragraphe 23, vous dites que :

 13   "…il est un mensonge qu'il y avait des victimes civiles à Mahala, car

 14   il n'y avait pas du tout de combat à cet endroit-là au sens propre de ce

 15   terme."

 16   Maintenant, Monsieur Davidovic, l'opération consistant à désarmer Mahala

 17   exigeait une attaque d'artillerie planifiée et coordonnée avec la 6e

 18   Brigade et la TO, n'est-ce pas ?

 19   R.  C'est exact.

 20   Q.  Des éléments de preuve ont été présentés aux Juges de la Chambre selon

 21   lesquels les soldats serbes avaient contraint les résidents de Mahala de se

 22   rassembler sur un terrain de formation, à la suite de laquelle la 6e

 23   Brigade a pilonné Mahala. Les entreprises musulmanes ont été plastiquées

 24   par les forces serbes, les maisons ont été incendiées et les personnes qui

 25   étaient trop vieilles ou trop malades pour se déplacer étaient soit

 26   blessées ou tuées. Donc, c'était la réalité de la situation. C'est ceci, en

 27   réalité, qui est arrivé à Mahala, n'est-ce pas ?

 28   R.  A la veille du 25 -- en fait, je ne sais pas si vous parlez du 25,


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  1   j'ignore la date exacte, mais l'on a tiré depuis Mahala sur les berges

  2   droites de la Sana. Mahala était habité principalement par la population

  3   musulmane, alors que de l'autre côté de la Sana, il y avait une population

  4   majoritairement serbe. Moi, à ce moment-là, je me trouvais à 10 kilomètres

  5   de Sanski Most. J'ignore tous les détails exactement, mais j'avais entendu

  6   dire qu'une partie de nos effectifs d'artillerie, afin de pouvoir calmer la

  7   situation pour que la situation ne s'enflamme pas encore plus, qu'ils ont

  8   pilonné, qu'ils ont bombardé une étable d'un homme qui avait du bétail. Il

  9   avait en fait des cheveux pur sang. Et je connaissais ce propriétaire car

 10   il faisait partie d'un club où il y avait des chevaux à Sanski Most et nous

 11   avons participé aux compétitions ensemble.

 12   Et ensuite, le lendemain lorsque je suis arrivé, je me suis promené

 13   dans Mahala. Et ensuite, lorsque mon bataillon est passé par Mahala, je

 14   n'ai pas vu une seule victime. Nous étions en train de passer donc dans

 15   Mahala. Pendant une heure nous avons inspecté Mahala, une heure et demie,

 16   si vous voulez. Et ensuite, j'ai demandé à mon officier subordonné si

 17   quelqu'un était blessé ou tué du côté musulman, et ensuite nous sommes

 18   partis. Et, dans les entrefaites, j'ai rencontré un homme qui était en

 19   train de pousser sa mère dans une brouette, et ensuite -- voilà, vous

 20   pouvez trouver le tout dans ma déclaration.

 21   Q.  Monsieur, je vous remercie. Vous êtes en train de répéter ce qui figure

 22   déjà dans votre déclaration. Toutefois, vous venez de vous contredire,

 23   parce que vous avez dit dans votre déclaration :

 24   "Il n'y avait pas du tout eu de combat à Mahala au sens propre de ce

 25   terme."

 26   Maintenant concentrons-nous sur la question de pertes civiles.

 27   Mme McKENNA : [interprétation] Pourrait-on afficher P3652.

 28   Q.  Monsieur Davidovic, ceci est une décision de la cellule de Crise de


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  1   Sanski Most du 28 mai 1992, et vous verrez au point 1 qu'il est indiqué :

  2   "L'emplacement pour l'enterrement des personnes tuées dans la municipalité

  3   de Sanski Most est désigné en tant que cimetière musulman de Greda."

  4   Et au point 2 :

  5   "Ceux qui ont été tués seront enterrés dans une tombe commune sans le

  6   rituel habituel (en l'absence de leurs familles, et cetera) et en présence

  7   des organes des autorités."

  8   Donc, deux jours après le bombardement de Mahala, un endroit a été

  9   sélectionné pour que les personnes soient enterrées sans la présence de

 10   leurs familles, et ce, dans le secret. Donc, ceci est tout à fait contraire

 11   à votre témoignage, ces personnes étaient des victimes civiles, n'est-ce

 12   pas ? C'est contraire à votre déclaration.

 13   R.  Je vous affirme, et je vous relate ce que j'ai vu ce jour-là, je ne

 14   sais pas si ces victimes ont trouvé la mort un jour avant ou un jour après.

 15   Je ne peux pas vous l'affirmer, je ne le sais pas. Pour ce qui est de la

 16   journée en question, lorsque je suis passé dans la ville, je peux vous

 17   affirmer que mon officier subordonné m'a dit qu'il n'y a pas du tout eu de

 18   victimes.

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je n'arrive pas à trouver de fondement pour

 20   cette affirmation selon laquelle il s'agissait de civils tués dans Mahala.

 21   Je ne vois rien de cela dans ce document. Je ne vois de mention de "civils"

 22   et je ne vois pas non plus de mention de "Mahala".

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] C'est donc dans la question de

 24   l'Accusation.

 25   Continuez, je vous prie, Madame McKenna.

 26   Mme McKENNA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 27   Q.  Parlons maintenant d'une autre opération dans laquelle la 6e Brigade a

 28   été impliquée. Au paragraphe 22 de votre déclaration, vous dites que :


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  1   "L'on ne peut pas parler de civils non armés à Hrustovo…"

  2   Maintenant, pendant l'opération du désarmement vers la fin du mois de mai,

  3   vous et votre unité, l'unité que vous commandiez, étiez basés à Kljevci, un

  4   village serbe qui se trouve juste à côté de Hrustovo, n'est-ce pas ?

  5   R.  C'est exact. Mon bataillon à moi et un autre bataillon qui était là,

  6   nous étions déployés dans le village de Kljevci, c'est un village voisin.

  7   Et Kljevci est un village serbe.

  8   Q.  Et les personnes de Hrustovo et d'autres villages de la région vous ont

  9   remis les armes personnellement, n'est-ce pas ?

 10   R.  C'est exact. Je suis passé par plus de dix villages. Je me suis

 11   entretenu avec un certain nombre de personnes. Tout d'abord, j'ai parlé

 12   avec des personnes les plus proéminentes de ces villages. Je leur ai parlé

 13   de la situation relative à la sécurité, je leur ai expliqué ce qui était en

 14   train de se passer sur le territoire de la municipalité, et pour prévenir

 15   toute hécatombe, je leur ai dit qu'il serait mieux de recueillir les armes

 16   et de les placer à un endroit. Et ensuite, nous avons pris ces armes.

 17   Voilà, c'est ce qui est arrivé. Donc, il n'y a pas eu une seule balle de

 18   tirée dans ces villages. Et ces armes ont été remises de manière

 19   volontaire. Nous avions deux camions remplis d'armes. Nous avons pris ces

 20   armes et nous les avons apportées dans nos dépôts.

 21   Q.  Vous dites qu'il n'y a pas eu une seule balle de tirée dans ces

 22   villages. Mais le fait est, Monsieur Davidovic, n'est-ce pas, que malgré le

 23   fait que les armes aient été remises par certains habitants de Hrustovo,

 24   Hrustovo avait continué à être bombardé, n'est-ce pas ?

 25   R.  Je vais vous expliquer ce qui est arrivé à Hrustovo. Lorsque je suis

 26   arrivé à Kljevci, j'ai aussi invité trois personnes importantes du village

 27   de Hrustovo. Et j'ai été très honnête avec eux, je leur ai expliqué quelle

 28   était la situation comme mes frères, et je leur ai supplié de rendre leurs


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  1   armes tout comme dans les autres villages. Je leur ai expliqué que dans les

  2   autres villages, on a également rendu les armes. Et je les ai priés de

  3   faire cela. L'un d'eux -- en fait, ils ont tous accepté cela, et l'un d'eux

  4   m'a dit qu'il n'allait certainement pas se livrer à cet exercice car l'un

  5   d'eux m'a dit : Devant moi, il y a 70 personnes qui étaient armées

  6   jusqu'aux dents. Il y en a cinq fois plus. Ils sont tout à fait conscients

  7   de leur puissance, de leur pouvoir, et qu'ils n'allaient pas rendre leurs

  8   armes. Je les ai suppliés de nouveau pour qu'ils rendent leurs armes, mais

  9   ils ne l'ont pas fait. Nous avons attendu pendant deux ou trois jours, mais

 10   ils ne l'ont pas fait. Donc, ils n'ont pas rendu leurs armes. Et nous

 11   pouvons voir plus loin dans la déclaration qu'il y a eu 250 combattants qui

 12   étaient de leur côté qui avaient capturé 13 personnes. Deux, trois hommes

 13   ont perdu la vie, et il s'agissait de Serbes.

 14   Q.  De nouveau, Monsieur, je vous interromps.

 15   R.  Vous voulez que je continue ?

 16   Q.  Monsieur Davidovic, vous êtes en train de répéter ce qui figure dans

 17   votre déclaration alors que j'aimerais que l'on se concentre sur la

 18   question des armes.

 19   Mme McKENNA : [interprétation] J'aimerais demander que l'on affiche le

 20   document 65 ter 25877.

 21   Q.  Monsieur Davidovic, nous avons là une déclaration d'Adem Seferovic,

 22   originaire de Hrustovo, déclaration qui a été donnée au bureau du Procureur

 23   en 1999. Cette déclaration a été versée au dossier dans l'affaire

 24   Krajisnik.

 25   Mme McKENNA : [interprétation] Je demanderais que l'on affiche la page 3 en

 26   anglais et la page 3 en B/C/S, s'il vous plaît.

 27   Q.  M. Seferovic dit ici que :

 28   "Le bombardement de Hrustovo a commencé le 27 mai 1992…"


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  1   Il poursuit et dit :

  2   "Le 30 mai 1992, nous avons décidé de rendre nos armes. Nous avons pris

  3   toutes nos armes et les avons apportées au hameau de Kukavice, d'où Husein

  4   Merdanovic les a transportées à Kljevci sur un tracteur…

  5   "Lorsque Husein est revenu, il a dit qu'il a parlé avec un Serbe qui

  6   s'appelait Brane Davidovic. Je pense que Davidovic était un officier de

  7   réserve et était venu à Kljevci pour recueillir les armes. Il a promis que

  8   les personnes de Hrustovo pouvaient revenir dans leurs maisons et que rien

  9   n'allait leur arriver. Toutefois, le bombardement s'est poursuivi après

 10   quelques heures…"

 11   Monsieur Davidovic, ma question est la suivante : même après que les

 12   habitants aient remis leurs armes, le pilonnage de Hrustovo a continué,

 13   n'est-ce pas ?

 14   R.  Non, toutes les armes n'ont pas été remises. Je viens de vous le dire

 15   que nous avons attendu quelques jours pour que les armes nous soient

 16   rendues ou soient remises. Mais ils n'ont pas voulu se livrer à cet

 17   exercice, ils n'ont pas rendu les armes, et nous avons dit à ce moment-là

 18   qu'il fallait laisser les civils quitter ou permettre aux civils de quitter

 19   le village pour éviter toutes victimes.

 20   Q.  Monsieur Davidovic, la politique de la 6e Brigade était de détruire les

 21   villages dans lesquels toute résistance quelle qu'elle soit est montrée ou

 22   suspectée, n'est-ce pas ?

 23   R.  Je peux vous affirmer catégoriquement que cela n'a pas été le cas. Au

 24   tout début, notre objectif était d'empêcher un conflit entre les nations,

 25   un conflit interethnique et, par la suite, si cela n'était pas fait par le

 26   truchement de négociations et de pourparlers, bien, à ce moment-là nous

 27   voulions désarmer les individus et les groupes afin de créer des conditions

 28   pour un fonctionnement normal des autorités. Nous n'avions certainement pas


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  1   voulu détruire des villages, absolument pas.

  2   Q.  Monsieur Davidovic, j'aimerais vous demander d'écouter une bande audio

  3   qui provient d'une allocution présentée à la radio.

  4   Mme McKENNA : [interprétation] Et il s'agit de P725, horodatage 15 minutes,

  5   13 secondes, à 15 minutes, 51 secondes. Pour les interprètes, il s'agit de

  6   la page 7 en anglais, page 11 en B/C/S.

  7   L'INTERPRÈTE : Note des interprètes : la bande est inaudible.

  8   [Diffusion de la cassette audio]

  9   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 10      "Nous allons détruire vos villages, ce qui veut dire que vous n'allez

 11   pas pouvoir vivre sur ces territoires. Si vous voulez aller vivre sur ces

 12   territoires, acceptez la coopération, la remise de toutes les armes et

 13   l'équipement militaire et rendez les aux autorités serbes. Tous les

 14   extrémistes seront contraints --"

 15   L'INTERPRÈTE : Inaudible. Le son est très mauvais et il est absolument

 16   impossible d'interpréter en écoutant.

 17   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que vous seriez en mesure de nous

 18   fournir une transcription en serbe ?

 19   Mme McKENNA : [interprétation]

 20   Q.  Monsieur le Témoin, est-ce que vous étiez en mesure d'écouter ?

 21   R.  Oui, en fait, j'ai pu entendre la majorité de ce qui a été dit. Dois-je

 22   répondre ?

 23   Q.  Ma question est la suivante : lorsque le commandement des forces serbes

 24   a commencé, pour autant qu'une personne ait eu une arme, cela a permis aux

 25   forces serbes de détruire les maisons et de détruire les familles. N'est-ce

 26   pas ce qui est arrivé ?

 27   R.  Je ne connais pas cette proclamation, je ne sais pas qui a dit ceci, je

 28   n'avais pas de radio. Et je ne sais pas si le commandement ait jamais fait


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  1   ce type de proclamation. J'étais un commandant de bataillon. Je ne faisais

  2   pas partie du commandement de la brigade, mais j'imagine que je n'ai jamais

  3   reçu une telle proclamation. Notre ordre à nous consistait à désarmer sans

  4   conséquence les habitants, si possible. Mais de détruire un village juste

  5   en raison d'une arme, non, je ne connais pas, je ne sais pas, je n'ai

  6   jamais entendu rien de la sorte.

  7   Q.  Mais qu'est-ce que vous avez entendu, Monsieur Davidovic ? N'avez-vous

  8   pas entendu, tout comme l'a entendu la Chambre de première instance, que

  9   les membres de la 6e Brigade aient tiré sur des personnes non armées, des

 10   femmes et des enfants qui s'étaient abrités dans un garage à Hrustovo le 31

 11   mai ? Est-ce que vous avez entendu parler de cela ?

 12   R.  A l'époque, il y a eu des combats, de véritables combats, et donc c'est

 13   possible que cela se soit produit, mais au cours de combat, ils étaient

 14   dans ces villages, l'unité avait la taille d'un bataillon, ils avaient un

 15   capitaine d'active à la tête, Antic, qui d'ailleurs n'est pas originaire de

 16   la municipalité de Sanski Most, et donc il est possible que ce que vous

 17   dites se soit produit.

 18   Q.  Mais là, il ne s'agit pas du tout de combat. Il s'agit d'un groupe des

 19   femmes, des enfants non armés qui se sont abrités dans un garage et qui ont

 20   été tués tout simplement par les membres de votre brigade. Et là, on va

 21   parler d'un autre incident et les membres de votre brigade ont pris part à

 22   cet événement. Donc, les Juges de la Chambre ont entendu parler de

 23   l'attaque de la 6e Brigade qui a eu lieu le 31 mai à Vrhpolje. Les soldats

 24   ont rassemblé les habitants de Begici, près de Vrhpolje, ils ont emmené les

 25   hommes à Vrhpolje, ils les ont passés à tabac, et ensuite ils les ont

 26   forcés à sauter de ce rocher, et ensuite ils les ont tués pendant qu'ils le

 27   faisaient, ils leur ont tiré dessus. Et au moins 28 hommes ont été tués ce

 28   jour-là. Donc, c'est un autre exemple de "combat armé", d'après vous ?


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  1   R.  Ecoutez, moi, je n'ai jamais entendu parler de cela. Je n'étais pas là-

  2   bas. Mon unité, moi-même, je n'étais pas présent, moi, ni mon bataillon.

  3   Donc, si vous avez des preuves, montrez-les-moi, parce que moi je n'étais

  4   pas là, je ne l'ai pas vu, je ne peux pas vous le confirmer ou l'infirmer.

  5   Mme McKENNA : [interprétation] Je vais demander à voir la pièce P3601.

  6   Q.  Monsieur Davidovic, là, vous avez un ordre de votre

  7   commandant, Basara. La date, le 1er juin 1992. C'est le lendemain des

  8   événements de Hrustovo et de Vrhpolje, on vient d'en parler. Et ici, on

  9   voit que l'on essaie de faire régner l'ordre et la discipline dans les

 10   unités de la brigade au cours des opérations de combat. Et vous allez voir

 11   au paragraphe 1 :

 12   "Tous les soldats qui seraient enclins à commettre le génocide contre le

 13   peuple qui est non armé doivent être renvoyés.

 14   "Tous les soldats qui ont tendance à brûler et détruire les bâtisses dont

 15   l'ennemi ne tire pas doivent être renvoyés…"

 16   Et ensuite, le paragraphe 2 :

 17   "Dans vos futures opérations de combat, vous ne devez pas répéter les

 18   erreurs faites concernant le traitement de prisonniers. Personne n'a le

 19   droit de passer à tabac ou de maltraiter les prisonniers au moment où on

 20   les interroge…"

 21   Et ensuite :

 22   "J'interdis de façon catégorique les actes de génocide perpétrés contre la

 23   population non armée de l'autre côté, y compris les femmes, les enfants qui

 24   ont moins de 18 ans, les personnes malades et les personnes qui ont plus de

 25   60 ans."

 26   Donc, Monsieur Davidovic, c'est exactement ce qu'ont fait les soldats de la

 27   6e Brigade. Ils ont brûlé des maisons, ils ont passé à tabac les

 28   prisonniers, ils ont tué les Musulmans, des Croates, les hommes, les


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  1   femmes, les enfants, les jeunes, les vieux, les malades; est-ce exact ?

  2   R.  Non, que je sache. Pendant que j'étais là, personne ne l'a jamais fait,

  3   on n'a jamais même giflé un prisonnier. Cela étant dit, ce que l'on voit

  4   dans cet ordre correspond à la vérité, parce que vous aviez des individus

  5   qui se comportaient comme bon leur semblait parfois, et surtout quand ils

  6   n'étaient pas au sein de l'unité, ils voulaient se venger des victimes de

  7   leurs ancêtres au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Que je sache, de

  8   tels incidents, de telles exceptions ont été punies. Il y en a eu cinq ou

  9   six au tout. Et là, l'ordre du commandant Basara vise en empêcher de telles

 10   occurrences. Il voulait tout simplement faire régner l'ordre et la

 11   discipline dans ses unités, pour que tout cela soit encore mieux structuré,

 12   pour qu'il y ait encore davantage de discipline.

 13   Q.  Monsieur Davidovic, contrairement à ce que vous dites, nous n'avons pas

 14   reçu d'éléments de preuve qui indiqueraient que les gens responsables de

 15   tels crimes ont été traduits devant la justice, et surtout pas pendant la

 16   durée de la guerre.

 17   R.  Non, non. Danilusko Kajtez a fait l'objet d'un procès pendant la

 18   guerre. On l'a jugé. Il faisait partie de la brigade. Cela étant dit, alors

 19   qu'il était en permission, il a fait un crime, et c'est pour cela qu'on l'a

 20   jugé. Je me souviens qu'il a été traduit devant la justice, qu'il a été

 21   jugé. Ensuite, je ne sais pas quelle a été l'issue de ce procès.

 22   Q.  Monsieur Davidovic, nous avons de nombreux moyens de preuve concernant

 23   Danilusko Kajtez, et les preuves montrent qu'il n'a pas été jugé pendant la

 24   guerre, mais après la guerre. Mais je vais passer aux sujets dont vous avez

 25   déposé. Dans votre déposition, au paragraphe 25, vous dites :

 26   "Que je sache, les gens qui ont été emmenés à Betonjerka ont soit pris part

 27   aux activités terroristes ou bien avaient des liens avec les gens qui ont

 28   pris part à de telles activités…"


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  1   Ensuite, dans le paragraphe 26, vous dites :

  2   "Nous n'avons pas arrêté, nous n'avons pas fait venir les civils…"

  3   Mme McKENNA : [interprétation] Et je voudrais vous montrer à cet effet le

  4   document P3929.

  5   Q.  Ici, vous avez un document du 3 septembre 1992. C'est le rapport de

  6   commandant du 1er Corps de la Krajina. Il s'agit du moral des troupes dans

  7   le corps au mois d'août 1992. Vous étiez assistant du commandant à cette

  8   époque dans la 6e Brigade, chargé justement du moral des troupes; est-ce

  9   exact ?

 10   R.  Oui.

 11   Mme McKENNA : [interprétation] Je vais demander à voir la page 4 en B/C/S,

 12   la page 3 en anglais.

 13   Q.  C'est un paragraphe qui se trouve tout en bas du texte en anglais, et

 14   en B/C/S aussi. Et on peut lire :

 15   "Des tensions sont toujours présentes à Kotor Varos, à Kljuc, à Sanski Most

 16   et à Prijedor … à cause d'un grand nombre de citoyens arrêtés au sujet

 17   desquels il n'y a pas de preuve qu'ils aient véritablement pris part aux

 18   opérations de combat et à la rébellion armée…"

 19   Donc, Monsieur Davidovic, ici, l'individu devant qui vous répondez, dit que

 20   pour un grand nombre de détenus il n'y a pas de preuves que les détenus ont

 21   pris part aux activités armées. Vous avez déjà expliqué que ceci concerne

 22   Sanski Most, donc ce document doit être basé sur les informations que vous

 23   lui avez fournies; est-ce exact ? Contrairement à ce que vous dites ici,

 24   contrairement à votre déposition, pour un grand nombre de détenus, il n'y a

 25   pas eu de preuves qu'ils aient pris part à des activités armées ?

 26   R.  En ce qui concerne les gens que l'on a fait venir dans le poste de

 27   sécurité publique de Sanski Most, eh bien, ce sont les policiers qui les

 28   ont fait venir. Nous n'avons arrêté personne. Ils avaient un plan d'action,


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  1   ils ont arrêté les gens qui avaient des liens avec ces actes ou bien qui

  2   ont commis ces actes. Nous, au niveau de la brigade, nous n'avons pas

  3   arrêté ces gens. C'est eux qui l'ont fait. D'ailleurs, ils n'avaient qu'une

  4   toute petite pièce où ils pouvaient placer ces gens au sein du poste de

  5   police.

  6   Mme McKENNA : [interprétation] Je vais demander à voir le document D470.

  7   Q.  Vous venez de dire aux Juges de la Chambre, Monsieur Davidovic, que les

  8   gens que l'on a arrêtés et fait venir au poste de sécurité publique de

  9   Sanski Most ont été arrêtés par la police. Vous venez de dire que l'armée

 10   n'a jamais arrêté qui que ce soit.

 11   Ici, vous avez un rapport qui vient du service de sécurité, et il date du

 12   mois d'août 1992.

 13   Mme McKENNA : [interprétation] C'est la page 14 en anglais qui m'intéresse

 14   et la page 18 en B/C/S.

 15   Q.  Donc, c'est un rapport qui concerne le SJB de Sanski Most en date du 18

 16   août 1992. Et au niveau du troisième paragraphe, on peut lire :

 17   "Le présent nombre de personnes, à peu près 90 % des personnes, a été

 18   emmené par l'armée, où ils ont été constitués prisonniers dans les zones où

 19   se déroulaient les combats…"

 20   Donc, ce que vous venez de dire aux Juges est tout simplement faux, à

 21   savoir que l'armée ne faisait pas venir les gens dans le poste de police,

 22   tout comme il n'est pas vrai que les gens qui ont été placés en détention

 23   par l'armée ont tous pris part au combat ?

 24   R.  Je réponds en toute responsabilité que je ne suis pas au courant de

 25   cela. Mon unité, mon bataillon, n'a jamais arrêté qui que ce soit. Peut-

 26   être que d'autres unités l'ont fait, mais la mienne, non. Donc, moi, je

 27   n'ai jamais arrêté un Musulman et les membres de mon bataillon, que je

 28   sache, et dans la mesure où j'ai été en mesure de contrôler la situation,


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  1   ne l'ont jamais fait également. Je n'ai jamais entendu parler de cela. Au

  2   contraire, j'ai parlé avec les gens du poste de sécurité publique, et il

  3   est clair que nous n'avons jamais arrêté qui que ce soit. Peut-être était-

  4   ce l'œuvre de la TO, parce qu'à l'époque, ils ne dépendaient pas de notre

  5   brigade. Ils faisaient partie de l'armée, mais pas de notre brigade.

  6   Mme McKENNA : [interprétation] Monsieur le Président --

  7   Q.  Je vous remercie, Monsieur Davidovic.

  8   Mme McKENNA : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions à poser à M.

  9   Davidovic.

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, je suppose que vous

 11   avez quelques questions à poser ?

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Avant que vous ne le fassiez, je

 14   voudrais poser une question à M. Tieger. Il s'agit de la pièce P3660,

 15   colonel Basara, son récit écrit à la main. La description dans le e-court

 16   dit que c'est quelque chose qui a été probablement écrit vers la fin de

 17   l'année 1992, et j'ai jeté un coup d'œil rapidement sur ce document, et

 18   nous avons entendu la déposition de M. Keserovic qui a dit qu'il n'a pas

 19   compris pourquoi le colonel Basara a écrit cela après être parti à la

 20   retraire. Donc, je me demande si vous pouvez nous dire à quel moment le

 21   colonel Basara a écrit cela et de quelle façon le Procureur s'est emparé de

 22   ce document ?

 23   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mme McKenna peut aussi répondre,

 25   évidemment.

 26   M. TIEGER : [interprétation] Non, non. Non, non, c'est bon. Je ne suis pas

 27   sûr de pouvoir répondre entièrement à la question posée, même avec l'aide

 28   de Mme McKenna. Je sais que ce n'est qu'après le conflit que le bureau du


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  1   Procureur s'est procuré ce cahier. Je ne sais pas si la description est

  2   bonne. Si vous avez besoin de la réponse immédiatement, j'aurais du mal à

  3   vous répondre car je ne suis pas en mesure à présent de répondre à toutes

  4   les questions posées par les Juges. Je ne suis pas vraiment sûr de la

  5   réponse pour l'instant. J'ai besoin peut-être d'un petit peu plus de temps.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Eh bien, ici, le terme utilisé c'est

  7   "journal de guerre", mais ce n'est pas vraiment un journal de guerre qui a

  8   été écrit de façon contemporaine et spontanée.

  9   M. TIEGER : [interprétation] Différents documents ont été versés sous ce

 10   titre général "journal de guerre". Et comme vous le savez, il s'agit de

 11   toutes sortes de documents où l'on consigne de façon journalière et

 12   contemporaine des informations, mais aussi des documents où l'on décrit de

 13   façon rétrospective les événements. Donc, peut-être serait-il utile de leur

 14   attribuer des différents noms, de les classer dans différentes catégories,

 15   pour bien faire la distinction. Toujours est-il, je vais essayer d'obtenir

 16   les informations qui vous intéressent le plus rapidement possible, à savoir

 17   la date de l'acquisition précise de ce document et puis, ce qui est encore

 18   plus important, la façon dont nous nous sommes procurés ce document. Parce

 19   que vous savez sans doute que de nombreux documents ont été obtenus de

 20   Sanski Most à cause de la façon dont les autorités serbes ont quitté cette

 21   zone en 1995. Ils ont laissé pas mal de choses derrière que nous avons pu

 22   obtenir par la suite. Mais en ce qui concerne la date de ces inscriptions,

 23   la meilleure façon d'examiner, de comprendre cela, eh bien, je dois encore

 24   me renseigner, et ensuite je vous répondrai.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Donc, cette pièce a été versée en

 26   faisant partie des pièces connexes par le biais d'un témoin protégé du

 27   Procureur ?

 28   M. TIEGER : [interprétation] C'est exact.


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  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Et quand nous avons traité des pièces

  2   connexes à l'époque, il n'y a pas eu vraiment d'objection de la Défense.

  3   Ai-je raison de le dire, Monsieur Robinson ?

  4   M. ROBINSON : [interprétation] Ecoutez, je ne m'en souviens pas. Moi aussi,

  5   je dois le vérifier alors.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. On va attendre.

  7   M. TIEGER : [interprétation] Je pense que ce document a été versé dans

  8   d'autres affaires aussi.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien.

 10   Monsieur Karadzic, vous pouvez poursuivre.

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Bonjour à toutes les personnes présentes dans

 12   ce prétoire. Bonjour, Madame, Messieurs les Juges. Bonjour, Monsieur le

 13   Président.

 14   Nouvel interrogatoire par M. Karadzic :

 15   Q.  [interprétation] Et bonjour, Monsieur Davidovic.

 16   R.  Bonjour.

 17   Q.  On va enchaîner sur le dernier point justement soulevé. Est-ce que,

 18   pour vous, arrêter et faire venir au poste, cela veut dire la même chose;

 19   et le cas échéant, quelle est la différence ?

 20   R.  Eh bien, capturer, ça veut dire capturer au cours des combats; alors

 21   que faire venir la personne au poste, eh bien, vous pouvez le faire dans le

 22   cadre des autres activités.

 23   Q.  Et quand vous faites venir quelqu'un au poste, vous l'amenez au poste,

 24   vous l'amenez d'où ?

 25   R.  Ecoutez, nous, nous n'avons jamais fait cela. Ce sont les policiers de

 26   Sanski Most qui le faisaient, mais à condition qu'ils aient été au courant

 27   des crimes éventuellement commis par ces personnes ou bien à condition

 28   qu'ils savaient ou pensaient que ces personnes avaient un rapport avec ceux


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  1   qui commettaient des crimes.

  2   Q.  Et qui est habilité à amener au poste quelqu'un ?

  3   R.  La police.

  4   Q.  A la page 14, vous avez dit qu'il y avait des personnes qui faisaient

  5   exception. Vous avez dit cela par rapport à l'ordre du colonel Basara.

  6   Pourriez-vous nous dire quelle était l'attitude du commandement par rapport

  7   aux individus qui faisaient ces excès, qui se comportaient différemment ?

  8   Est-ce qu'il fermait les yeux devant de tels incidents ou bien est-ce que

  9   le commandement faisait quelque chose ?

 10   R.  Non, nous ne fermions pas les yeux devant de tels excès. Nous avons

 11   même créé une prison, un lieu de détention sur le théâtre des opérations,

 12   où l'on plaçait en détention provisoire ces personnes. Et puis, aussi, on

 13   essayait de travailler avec ces personnes du point de vue moral, politique,

 14   pour les convaincre d'oublier ce qui se passait au cours de la Deuxième

 15   Guerre mondiale, pour les empêcher de se livrer à des excès. Par exemple :

 16   mon voisin, Ismet Foca, et un Serbe, ils avaient de bons rapports, mais

 17   parfois ils s'enivraient et ensuite ils se querellaient, et une fois ce

 18   Serbe est venu de Prijedor même pour régler les comptes avec mon voisin,

 19   qui vivait vraiment à côté de chez moi. Mon épouse m'a appelé, et je suis

 20   allé parler avec eux et j'ai réussi à les calmer. Il n'y a pas eu de

 21   querelle ou de conflit entre eux.

 22   Q.  A la page 6, concernant les événements de Mahala, vous avez dit ne pas

 23   avoir été présent le premier jour du pilonnage. Ensuite, au paragraphe 23,

 24   vous avez dit que dans le centre-ville à Mahala, il n'y a pas eu de combat

 25   proprement dit. Donc, que s'est-il passé vraiment ? Est-ce qu'il y a eu des

 26   échanges de tirs ou bien est-ce qu'il y a eu vraiment des combats de rue

 27   là-bas ?

 28   R.  Eh bien, il y a eu des échanges de tirs, mais pas vraiment de combat.


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  1   Parce que quand vous parlez de combat, il faut que ce soit plus violent. Il

  2   y a eu des échanges de tirs, je dirais. Mais moi je ne parle que de la

  3   journée où j'ai été présent, à savoir c'est le lendemain de la date

  4   concernée.

  5   Q.  Je vais vous citer un paragraphe d'un livre intitulé : Un crime est un

  6   crime oublié, Zihad Kljucanin [phon].

  7   "Dans ces conditions, les dirigeants du SDA devaient se retirer à Sehovci

  8   et à Mahala et essayer d'organiser une résistance quelconque à partir de

  9   ces endroits-là. Cela s'est avéré pratiquement impossible…"

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Madame McKenna.

 11   Mme McKENNA : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Le témoin

 12   a dit clairement quelle a été sa déposition. Il a dit qu'il n'a pas été

 13   présent, puis il a expliqué les événements, décrits les événements qu'il a

 14   pu voir le jour où il était présent. Donc, M. Karadzic pose la question

 15   sans avoir étayé la base pour la poser, et il fait cela tout simplement

 16   pour aider le témoin à répondre.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous souhaitez répondre,

 18   Monsieur Karadzic ?

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] Le Procureur a contesté notre version des

 20   événements de Mahala et il disait que ce n'était pas un combat mais que

 21   c'était un endroit habité exclusivement par des civils. Là, je cite un

 22   livre écrit par un Musulman et je souhaite confronter le témoin avec ce qui

 23   est écrit dans ce livre pour demander au témoin si cela correspond à son

 24   expérience, à son vécu sur le terrain. Parce que le Procureur a clairement

 25   contesté qu'il y ait eu des combattants dans cette ville. Il a qualifié

 26   cette attaque comme une attaque sur la population civile.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Le témoin a dit qu'il n'a pas eu de vrai

 28   combat, n'est-ce pas ?


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  1   L'ACCUSÉ : [interprétation] Il a dit que le lendemain, après le pilonnage,

  2   il n'a pas eu de véritable combat; autrement dit, ils n'étaient pas en

  3   train de conquérir la ville, mais il y a eu des échanges de tirs. Moi, ce

  4   que j'essaie de vérifier, c'est s'il s'agissait là d'une ville ou d'un

  5   village de civils ou bien militarisé, où il y avait donc des éléments

  6   armés.

  7   [La Chambre de première instance se concerte]

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous considérons que le témoin a été

  9   très clair dans sa réponse, et vous n'avez pas besoin de citer ce livre par

 10   rapport à ce point-là. Vous pouvez passer à un autre sujet.

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Très bien. Je vais poser une question d'ordre

 12   général.

 13   M. KARADZIC : [interprétation]

 14   Q.  Monsieur Davidovic, savez-vous s'il y avait des villages purement

 15   civils sans défense qui ont été attaqués sans aucune raison dans la

 16   municipalité de Sanski Most ?

 17   R.  Que je sache, non.

 18   Q.  Merci. Nous avons entendu et nous avons vu, même si cela a été

 19   contesté, quel était le point de vue du commandant de la 6e Brigade. Quels

 20   étaient les ordres que vous receviez des commandements supérieurs, par

 21   exemple, du commandement du 1er Corps de Krajina, concernant le respect des

 22   normes, du droit de la guerre, droit humanitaire, le respect des

 23   dispositions concernant les civils, leurs propriétés, et cetera, ainsi que

 24   les bâtiments du culte ?

 25   R.  La position de notre commandant de brigade, qui était appréciée même

 26   par les Musulmans au début, puisqu'ils leur parlaient également, était la

 27   suivante : s'il faut que la guerre éclate, il faudrait respecter toutes les

 28   conventions concernant la guerre. C'étaient les instructions qu'on recevait


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  1   du Corps de Krajina de Banja Luka, mais nous n'avions d'ailleurs pas besoin

  2   de recevoir de telles instructions étant donné qu'on les appliquait nous-

  3   mêmes.

  4   L'ACCUSÉ : [interprétation] Peut-on afficher à l'écran le document de la

  5   liste 65 ter qui porte le numéro 17885.

  6   M. KARADZIC : [interprétation]

  7   Q.  S'il vous plaît, le 7 juin 1992, c'est la date du document, et dans ce

  8   document il est dit que :

  9   "On maltraitait les membres blessés et capturés des formations ennemies…"

 10   Cette partie de l'ordre, regardez-la, s'il vous plaît. Il n'est pas

 11   nécessaire que vous la lisiez, regardez-la seulement, et dites-nous si

 12   c'était la position générale de tous les commandements et dites-nous si la

 13   6e Brigade de Sana s'est comportée en conformité avec le contenu de cet

 14   ordre ?

 15   R.  Oui, la 6e Brigade de Sana respectait tout cela. Je peux vous donner un

 16   exemple.

 17   Q.  Allez-y.

 18   R.  J'ai un exemple que j'ai cité dans ma déclaration, mais également j'ai

 19   un autre exemple à vous citer. Cela concerne des positions sur le front où

 20   un combattant musulman a été capturé. J'ai d'abord déjeuné avec lui. On

 21   était à la même table. Il mangeait le même repas que moi. Et je lui ai posé

 22   des questions concernant la situation sur cette partie du territoire, après

 23   quoi je l'ai remis aux organes chargés de la sécurité. Les organes chargés

 24   de la sécurité étaient censés poser d'autres questions à cet homme, et par

 25   la suite il devait être échangé. C'est comme cela qu'on a obtenu le corps

 26   de l'un de nos combattants qui s'est fait tuer et dont le corps a été brûlé

 27   par la suite, et nous leur avons donné leur officier qui avait été capturé.

 28   Q.  Merci. Pour ce qui est de l'assainissement du terrain, pouvez-vous nous


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  1   dire quelle est la définition de ce terme ?

  2   R.  L'assainissement du terrain veut dire qu'il faut procéder aux actions

  3   consistant à enlever des cadavres ou ce qu'il restait des moyens techniques

  4   utilisés lors des combats.

  5   Q.  Merci.

  6   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce qu'on peut verser ce document ?

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] La cote sera D4234.

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

 10   M. KARADZIC : [interprétation]

 11   Q.  Pouvez-vous nous dire quelles étaient les cibles des projectiles lancés

 12   des pièces d'artillerie ou de mortier ? Quelles étaient les cibles visées

 13   et quelle était la fin de ces tirs ? Quand il s'agit, par exemple, du

 14   quartier de Mahala, de Muhici, dans les banlieues de la ville, et également

 15   par rapport à Hrustovo et à Vrhpolje ?

 16   R.  Avant tout, l'objectif était d'avertir leurs unités du fait qu'une

 17   résistance allait être opposée et qu'ils ne pouvaient pas attaquer de façon

 18   arbitraire certains quartiers de la ville. Et sur le front, c'était le même

 19   objectif. Pour autant que je sache, par rapport à votre question concernant

 20   le quartier de Mahala, cette étable a été touchée. Et jamais on a tiré sur

 21   des maisons et sur d'autres bâtiments d'habitation.

 22   Q.  Merci. Puisque vous avez mentionné un commandant qui n'était pas

 23   originaire de Sanski Most, pouvez-vous nous dire s'il y avait des membres

 24   de forces ainsi que des groupes et des individus armés provenant d'autres

 25   formations et d'autres régions à Sanski Most, et pourquoi, si c'était le

 26   cas, ils étaient venus à Sanski Most ?

 27   R.  Je suppose qu'il y en a eu. Pourquoi ? Parce que le capitaine Avdic

 28   n'était pas originaire du territoire de la municipalité de Sanski Most. Je


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  1   ne sais pas d'où il venait. Mais lorsque nos 12 hommes ont été capturés,

  2   dans ce groupe était notre capitaine qui faisait partie de la même

  3   génération à l'académie militaire. Je suppose, et je ne peux pas affirmer

  4   cela, qu'il y avait d'autres personnes avec lui qui étaient venues de

  5   l'extérieur à Sanski Most pour empêcher la population de rendre leurs armes

  6   pour pouvoir utiliser un autre argument en leur faveur, à savoir que nous

  7   aurions persécuté la population musulmane. Et le seul coupable, selon moi,

  8   de ce qui s'est passé au village de Hrustovo est le fait que lui, avec son

  9   groupe, puisque probablement ils avaient reçu un ordre de l'organe central

 10   de Sarajevo.

 11   Q.  Lorsque vous parlez de Hrustovo et de la reddition des armes, pouvez-

 12   vous nous donner des exemples de cas où la population a rendu les armes, et

 13   pouvez-vous nous dire quel était le sort de ces villages ? Pouvez-vous les

 14   énumérer ?

 15   R.  Oui, je peux les énumérer. Skuceni Vakuf, Naprelje, Fajtovic, Gornji

 16   Kamengrad, Donji Kamengrad, Okrec, Demisevci, Husimovci, Pobrijezje. Tous

 17   ces villages ont rendu les armes. Et je vous ai dit qu'il y avait deux

 18   camions à bord desquels se trouvaient les armes qui ont été rendus à moi

 19   sans aucun problème.

 20   Q.  Est-ce qu'il s'agissait des villages peuplés en majorité de Musulmans ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Ces villages, est-ce qu'ils ont été attaqués après la reddition des

 23   armes ?

 24   R.  Non, jamais. Les gens sont restés à vivre dans leurs villages, dans

 25   leurs maisons. Il est vrai que plus tard beaucoup d'entre eux ont quitté

 26   pour de différentes raisons, mais pas parce que nous faisions une pression

 27   sur eux. Lorsqu'on a rassemblé les armes, lorsque je leur ai dit,

 28   maintenant vous pouvez rentrer chez vous, ils étaient ravis d'avoir entendu


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  1   cela.

  2   Q.  Merci. Est-ce qu'il y avait des villages croates qui ont rendu les

  3   armes, et pouvez-vous me dire ce qui s'est passé dans ces villages ?

  4   Pouvez-vous énumérer certains de ces villages ?

  5   R.  Il y avait moins de villages croates. Il s'agissait des villages de

  6   Mujavita [phon] et de Sasina, mais c'était plutôt sur le territoire de la

  7   municipalité de Prijedor ou dans la zone frontalière entre Sanski Most et

  8   Prijedor qu'il y avait des villages serbes.

  9   Q.  Et les villages de Sasina et de Skrljevita, sur le territoire de Sanski

 10   Most, ont été attaqués ?

 11   R.  Non.

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] Peut-on afficher maintenant le document 65 ter

 13   18911. Mais il semble que nous n'ayons pas de traduction de ce document,

 14   mais je suppose que nous pouvons continuer sans traduction. Le Procureur

 15   dispose peut-être de la traduction de ce document, et je lui serais

 16   reconnaissant s'il met à ma disposition ce document.

 17   M. KARADZIC : [interprétation]

 18   Q.  Il s'agit de l'ordre émanant de l'état-major de la Défense territoriale

 19   concernant une tâche de combat. La date, on a pu conclure que c'était avant

 20   le 26 mai.

 21   Au premier paragraphe, on voit l'énumération de certaines parties de

 22   municipalités peuplées par les Musulmans et par les Croates, et il est dit

 23   que :

 24   "Des groupes du HOS de Zenga [comme interprété] qui se sont introduit

 25   auparavant" --

 26   Pouvez-vous lire la première partie de ce paragraphe à voix haute et

 27   lentement, s'il vous plaît ?

 28   Mme McKENNA : [interprétation] Excusez-moi. Excusez-moi de vous avoir


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  1   interrompu, mais j'aimerais aider les parties. Il s'agit peut-être du

  2   document qui a déjà été versé au dossier sous la cote P3313. Je pense que

  3   c'est ce document-là.

  4   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Donc, il n'est pas nécessaire alors que

  5   cela soit lu.

  6   M. KARADZIC : [interprétation]

  7   Q.  Mais pour ce qui est des premiers paragraphes, pouvez-vous nous dire --

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Juste un instant. On peut faire afficher

  9   ce document à l'écran. Oui. Maintenant, je le vois à l'écran.

 10   L'ACCUSÉ : [interprétation] Il nous faut la version en serbe affichée sur

 11   la partie gauche de l'écran, puisque cela a été retiré. Ah, maintenant, ça

 12   y est.

 13   M. KARADZIC : [interprétation]

 14   Q.  Pouvez-vous regarder le premier paragraphe où il est question des

 15   groupes qui se sont introduits sur le territoire de Sanski Most, les

 16   groupes du poste ZNG et des Bérets verts qui ont rejoint des forces se

 17   trouvant dans des villages et dans des quartiers de la ville de Sanski Most

 18   avec des forces ennemies. Et avec l'aide de ces forces, ils ont réussi à

 19   former huit détachements --

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ralentissez, s'il vous plaît.

 21   M. KARADZIC : [interprétation]

 22   Q.  Il est dit qu'ils ont rejoint des forces ennemies dans des villages et

 23   dans des quartiers de Sanski Most avec l'aide desquels ils ont réussi à

 24   créer huit détachements, cinq compagnies indépendantes, et plusieurs

 25   sections indépendantes dans les quartiers de Mahala, de Kamengradska

 26   Dolina, de Hrustovo, de Vrhpolje, et cetera. Pouvez-vous nous dire si cela

 27   correspond à ce que vous avez appris concernant l'organisation de ces

 28   formations ennemies ?


Page 45929

  1   R.  Les services de sécurité publique ont oeuvré là-dessus. Moi, je n'étais

  2   pas au courant de ces activités, mais j'ai entendu dire que cela s'est

  3   passé ainsi.

  4   L'ACCUSÉ : [interprétation] Peut-on afficher la page 3 dans la version en

  5   serbe, il s'agit probablement de la page 2 en anglais. Il faut afficher le

  6   paragraphe numéro 8. Au paragraphe 8.

  7   M. KARADZIC : [interprétation]

  8   Q.  Pouvez-vous nous aider ? Car dans ce paragraphe, il est dit que :

  9   "La tâche est d'occuper les positions dans le secteur de Hrast et de

 10   procéder aux préparatifs d'attaque d'artillerie sur les cibles

 11   importantes…"

 12   Qu'est-ce que cela veut dire ? Est-ce qu'il s'agissait de tirs non

 13   sélectifs, ou est-ce que cela était en conformité avec les règlements ?

 14   R.  Pouvez-vous être un peu plus précis ?

 15   Q.  Les trois dernières lignes où il est dit que cette compagnie a pris les

 16   positions et avait pour tâche de procéder aux préparatifs d'une attaque

 17   d'artillerie en tirant des pièces d'artillerie sur les cibles importantes

 18   aux villages de Demisevci, Bojancic, ainsi qu'au quartier de Mahala.

 19   Qu'est-ce que cela veut dire les cibles importantes ou plus importantes ?

 20   R.  Il s'agissait d'un processus habituel concernant les activités de

 21   combat.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Peut-on afficher le paragraphe 9 à la page

 23   suivante. Dans la version en anglais, il nous faut également afficher la

 24   page suivante.

 25   M. KARADZIC : [interprétation]

 26   Q.  Concernant les termes utilisés ici, les bâtiments civils ont-ils été

 27   considérés comme des cibles plus importantes pour ce qui est de cette

 28   attaque ?


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  1   R.  Seulement si on savait que des unités ou des moyens techniques étaient

  2   situés dans ces bâtiments et que ces moyens étaient utilisés au combat.

  3   Q.  Ici, il est dit il faut neutraliser des cibles ou des points de feu

  4   restants et procéder à la fouille du secteur du quartier de Mahala. Qu'est-

  5   ce que cela veut dire "neutraliser des cibles ou des points de feu

  6   restants" ?

  7   R.  Cela veut dire que si après la fin des combats les forces ennemies

  8   restent arrière, il faut procéder à la neutralisation de ces unités, à

  9   savoir les détruire.

 10   Q.  Pouvez-vous nous dire si dans notre système de la Défense populaire

 11   généralisée et protection sociale, qui devait, lorsqu'il y a danger

 12   imminent de la guerre, qui devait protéger les biens publics ?

 13   R.  En paix, c'est le service de sécurité publique, et en temps de guerre,

 14   la Défense territoriale et d'autres formations si cela est nécessaire.

 15   Q.  Merci. Ici, on peut lire que la 6e Brigade de Sana a créé les

 16   conditions pour qu'il y ait eu la prise de pouvoir. Est-ce que la création

 17   de telles conditions et participation active sont deux notions opposées.

 18   Qu'est-ce que cela veut dire créer les conditions nécessaires pour la prise

 19   de pouvoir ?

 20   R.  Je ne comprends pas cela. Comment pouvions-nous créer les conditions

 21   pour la prise de pouvoir alors que le pouvoir existait déjà ? Parce qu'en

 22   1990, après les élections multipartites, le Parti démocratique serbe a

 23   obtenu le plus de voix et les autorités ont été établies au mois de

 24   décembre 1990, qui ont fonctionné jusqu'en avril 1992. Et les policiers qui

 25   ont refusé d'arborer de nouveaux insignes de la Republika Srpska et de

 26   prononcer la déclaration solennelle, de prêter serment, bien qu'il leur a

 27   été garanti qu'ils restaient à leur poste, lors de la réunion au MUP, qui

 28   était présidée par le chef du MUP qui était Serbe et il avait également le


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  1   commandant du poste de police qui était Musulman, le président de la

  2   municipalité, M. Rasula, il était présent également, donc on leur a proposé

  3   d'accepter la situation et de continuer à travailler normalement. Ce qu'ils

  4   ont refusé. Ils sont partis du bâtiment en emportant avec eux leurs fusils

  5   automatiques, et d'autres armes dont ils disposaient, des pistolets et

  6   d'autres équipements, et ils se sont rendus chez eux. Je ne sais pas si le

  7   même soir ou le lendemain, ensemble avec les responsables du SDA, ils sont

  8   entrés dans le bâtiment de la municipalité, érigé des barrages, ils ne

  9   voulaient plus parler avec nous. Je ne sais pas comment définir cette prise

 10   de pouvoir de la part de ces personnes. Après quelques jours, je ne sais

 11   pas pendant combien de temps exactement ils sont restés dans le bâtiment,

 12   les responsables du SDS et le président de la municipalité sont arrivés

 13   devant le bâtiment de la municipalité pour leur demander de sortir et de

 14   négocier. Après quoi, un membre de cette unité a lancé un obus en l'air. Et

 15   ils ont eu peur, et ils sont sortis du bâtiment en empruntant une autre

 16   sortie qui se trouvait à l'arrière du bâtiment, et c'est comme ça qu'ils

 17   sont partis et comment le bâtiment de la municipalité a été libéré. Et je

 18   ne sais pas quoi vous dire pour ce qui est de la prise de pouvoir dans ce

 19   sens-là. Puisque les autorités, les organes de pouvoir fonctionnaient, et

 20   j'ai déjà décrit cela.

 21   Q.  Merci, Monsieur Davidovic. Je n'ai plus de question pour vous.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Merci, Monsieur Karadzic.

 23   Monsieur Davidovic, ceci met un terme à votre déposition. Au nom des Juges

 24   de la Chambre, j'aimerais vous remercier d'être venu à La Haye pour

 25   témoigner. Je vous souhaite bon retour chez vous.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Attendez quelques instants, puisque nous

 28   allons d'abord quitter le prétoire tous ensemble.


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  1   M. TIEGER : [interprétation] J'aimerais dire seulement que le colonel

  2   Basara a déposé dans l'affaire Stanisic et Zupljanin et il a confirmé qu'il

  3   avait écrit ce document, ce journal de guerre.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce qu'il a dit quand il l'a écrit ?

  5   M. TIEGER : [interprétation] Je n'ai pas retrouvé cela, et je ne pense pas

  6   que cela soit la question qu'il avait abordée pendant sa déposition, mais

  7   je vais vérifier cela et je vais en informer la Chambre.

  8   M. ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Président, je peux confirmer que

  9   nous n'avons pas d'objection au versement de ce journal en tant que pièce

 10   connexe.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.

 12   Nous levons l'audience, et nous reprenons la semaine prochaine, lundi la

 13   semaine prochaine.

 14   L'audience est levée.

 15   [Le témoin se retire]

 16   --- L'audience est levée à 10 heures 22 et reprendra le lundi, 27 janvier

 17   2014, à 9 heures 00.

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