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1 Le mardi 7 mars 2000
2 [Audience publique]
3 [Les accusés entrent dans la Cour]
4 [Le témoin entre dans la Cour]
5 --- L’audience débute à 9 h 05
6 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Bonjour. Il
7 s’agit de l’affaire IT-95-14/2-T, Le Procureur contre Dario
8 Kordic et Mario Cerkez.
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, Me
10 Naumovski.
11 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci, Monsieur
12 le Président.
13 TÉMOIN : TÉMOIN AO
14 (SOUS LE MÊME SERMENT)
15 CONTRE-INTERROGÉ PAR Me NAUMOVSKI
16 (interprétation) : (Suite)
17 Q. Monsieur AO, nous allons poursuivre là où
18 nous nous sommes arrêtés hier, à savoir la réunion qui a eu
19 lieu en septembre 1992… (l’interprète se reprend) en
20 septembre 1993 dans le quartier général du HVO. Il s’agit
21 du paragraphe 22 de votre déclaration.
22 Nous avons terminé en ce qui concerne Grude mais
23 dites-nous quelques mots concernant la réponse du HVO de
24 Vares à Grude. Vous l’avez vu cette réponse ?
25 R. La réponse qui a été envoyée du quartier
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1 général à Grude ?
2 Q. Oui.
3 R. Il s’agissait de la conversation entre Ivica
4 Rajic et les autres et puis ça a sorti du quartier général.
5 Q. Non. Je parle de l’événement avant l’arrivée
6 de Ivica Rajic en octobre.
7 R. Ah, depuis le centre ?
8 Q. Oui.
9 R. Cette lettre a été envoyée à Grude. On
10 demandait l’accord… on demandait les instructions de Grude
11 quant à la question de savoir que faire. Donc, il fallait
12 que Grude envoie une réponse. C’était notre demande pour
13 que Grude décide de ce qui doit être fait.
14 Q. S’il vous plaît, ne mentionnez pas Monsieur
15 Rajic parce que c’était avant son arrivée.
16 R. C’est Anto Pejcinovic qui a envoyé la
17 demande.
18 Q. Là, je parle de ce qui s’est passé au mois de
19 septembre 1993 dans l’hôtel Ponikve, c’est-à-dire le
20 quartier général du HVO, et là, je vous demande une
21 question concernant la réponse de Anto Pejcinovic à Grude.
22 R. Moi, je sais qu’il y a eu une réunion à
23 Grude, on a envoyé une lettre à Grude, et puis dans la
24 lettre, c’est-à-dire eux, ils n’étaient pas d’accord
25 concernant la demande d’assistance de la Republika Srpska.
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1 Q. Très bien ! Et cette réponse a été adressée
2 à qui ?
3 R. À qui ça été envoyé ?
4 Q. Oui.
5 R. Au quartier général principal à Grude.
6 Q. Lorsque vous dites quartier général, vous
7 parlez du quartier général principal du HVO ?
8 R. Oui.
9 Q. Vous avez dit dans votre déposition que Anto
10 Pejcinovic et les leaders du HVO étaient prêts à assurer le
11 passage libre pour les blessés à travers le territoire
12 serbe ?
13 R. En ce qui concerne la Republika Srpska, à
14 Vares nous ne nous attendions pas à un conflit avec les
15 musulmans jusqu’au dernier jour lorsqu’il a éclaté.
16 Q. En 1993, cette réunion… vous avez dit en ce
17 qui concerne cette réunion aux enquêteurs : « Les
18 représentants du HVO de Vares ont dit qu’ils n’avaient pas
19 besoin de l’aide des Serbes mais qu’ils étaient prêts à
20 assurer le passage libre à travers le territoire serbe pour
21 les blessés » ?
22 R. C’est ce que j’ai déjà dit. Nous n’avions
23 pas besoin d’aide parce que nous ne nous attendions pas à
24 des problèmes à Vares.
25 Q. C’est ce que je dis. Donc, vous êtes
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1 d’accord pour dire qu’ils voulaient que ceci soit assuré
2 pour les blessés ?
3 Nous n’avons pas beaucoup de temps. Donc,
4 veuillez répondre rapidement.
5 R. Vous disposez d’une demi-heure. Nous allons
6 terminer en une demi-heure.
7 Q. Parlons maintenant du point suivant, c’est-à-
8 dire le paragraphe 13 de votre déclaration qui concerne
9 l’arrivée de Ivica Rajic dans la région de Vares. D’où le
10 connaissez-vous ?
11 R. Je le connaissais depuis avant.
12 Q. Quand ça ?
13 R. Avant la guerre.
14 Q. Et il était officier de la JNA ?
15 R. Oui.
16 Q. [Interprète hors microphone] …vous l’avez
17 connu ?
18 R. Oui.
19 Q. Où est-ce qu’il a servi ?
20 R. En Macédoine pendant un certain temps.
21 Q. Quelle a été la fonction de Ivica Rajic au
22 sein du HVO ?
23 R. Je sais qu’il était commandant chargé de la
24 Bosnie centrale : Kresevo, Kiseljak, Vares, et cætera.
25 Q. Donc, vous ne savez pas exactement quelle
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1 était sa fonction ?
2 J’attends votre réponse.
3 R. Pardon ?
4 Q. Donc, vous ne connaissez pas sa fonction
5 précise ?
6 R. Ce qui importait à l’époque c’était qu’il
7 était commandant.
8 Q. Et qui était son supérieur ?
9 R. Le quartier général de Grude.
10 Q. Vous avez dit que Ivica Rajic vous a dit
11 qu’il a été envoyé de Grude et que l’ordre a été signé par
12 le Général Praljak ?
13 R. Ivica Rajic est venu à Vares dans le quartier
14 général et nous nous connaissions déjà. Je croyais qu’il
15 avait de bonnes intentions. Donc, je l’ai accepté. Puis
16 ensuite, nous avons eu une discussion et j’ai compris de
17 quoi il s’agissait, ce qui se préparait. Donc, je n’étais
18 pas content du fait qu’il m’avait appelé à discuter avec
19 lui.
20 Q. Veuillez répondre à ma question.
21 R. Qui a signé l’ordre concernant Rajic ?
22 Q. Oui. Dans votre l’interrogatoire principal,
23 vous avez dit qu’il a été envoyé de Grude.
24 R. Oui, de Grude.
25 Q. Et que l’ordre a été signé par le Général
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1 Praljak ?
2 R. Oui.
3 Q. Ma question est la suivante : Qui de Grude ?
4 Le quartier général principal du HVO ?
5 R. Eh bien, la présidence de guerre.
6 Q. Puisque la présidence de guerre en tant
7 qu’organisme n’existait pas, ma question est précise et
8 veuillez me donner une réponse précise. Vous parlez du
9 quartier général principal du HVO ?
10 R. Celui qui était la personne principale pour
11 le HVO a signé ça. Vous pouvez appeler ça aussi la
12 présidence de guerre.
13 Q. En Bosnie centrale, qui était en contact avec
14 le Général Praljak ?
15 R. En ce qui concerne la Bosnie centrale, je
16 crois que c’est Ivica Rajic, et puis aussi Monsieur Kordic,
17 puis aussi Monsieur Kreso Bozic, que c’est ces personnes-là
18 qui étaient en contact avec eux. Puisque le pouvoir à
19 Vares, Anto Pejcinovic, Zvonko Duznovic, Ivica Gavran, ils
20 avaient été remplacés, ils ne pouvaient pas le faire.
21 Q. Vous avez mentionné Monsieur Kordic aussi.
22 Est-ce que vous êtes d’accord avec moi pour dire que c’est
23 juste votre supposition qu’il était en contact avec le
24 Général Praljak ?
25 R. Dans la correspondance dont Monsieur Rajic
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1 disposait, nous nous sommes penchés sur ces documents
2 pendant toute la nuit et d’après ces documents, d’après ces
3 preuves, je peux affirmer qu’il a été en contact avec lui.
4 Q. Donnez-nous un exemple concret prouvant que
5 Monsieur Kordic était en contact avec le Général Praljak
6 précisément.
7 M. LE PRÉSIDENT : Un instant ! Le témoin vient
8 de donner un exemple. Il a dit que dans les papiers qu’il
9 a vus, ce nom a été mentionné. S’il y a d’autres exemples,
10 le témoin peut les fournir mais il faut savoir qu’il a
11 répondu à votre question.
12 Est-ce que vous souhaitez ajouter quoi que ce
13 soit, Témoin AO, à ce que vous avez dit ?
14 R. Je peux citer un exemple en réponse à la
15 question.
16 En ce qui concerne les contacts, après la réunion
17 avec Ivica Rajic à Vares, lorsque Bozic proposait des
18 choses concernant Stupni Do, il a dit que Ivica Rajic est
19 sorti de la réunion et puis il est allé au centre de
20 communication afin d’établir des contacts et il a dit qu’il
21 a mentionné Dario Kordic.
22 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
23 Q. Est-ce que vous avez un autre exemple ?
24 R. Eh bien, je viens de le citer.
25 Q. En ce qui concerne la conversation que vous
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1 venez de mentionner, nous allons encore revenir là-dessus.
2 Est-ce que vous savez : À l’époque, le Général
3 Praljak, quelle était sa fonction ?
4 R. S’il était Général, ça veut dire qu’il était
5 le chef ou bien le commandant en charge de l’armée ou bien
6 chargé de la sécurité, quelque chose comme ça.
7 Personnellement, je ne connais pas le Général Praljak.
8 Q. Si j’ai bien compris, vous ne savez pas
9 quelle était sa fonction exacte. Vous ne faites que des
10 suppositions ?
11 R. Je ne sais pas, mais si on l’appelle
12 commandant, je suppose que sa fonction était élevée.
13 Q. Est-ce que vous savez quelle était la
14 fonction précise de Monsieur Kordic à l’époque ?
15 R. Je sais que Kordic était l’une des personnes
16 principales.
17 Q. Quelle était sa fonction ?
18 R. Il était la personne principale dans la
19 présidence de guerre. Je ne sais pas quel était le nom de
20 leur fonction, mais je sais qu’il a exercé la fonction
21 principale là-bas.
22 Q. Je dois vous rappeler que la présidence de
23 guerre n’existait pas. Là, vous parlez d’une institution
24 qui existait dans la partie contrôlée par l’armée de
25 Bosnie-Herzégovine. De quoi parlez-vous quand vous parlez
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1 de la présidence de guerre du côté croate ?
2 R. Je l’ai déjà dit.
3 M. LE PRÉSIDENT : Un instant, s’il vous plaît !
4 Vous avez suggéré quelque chose et le témoin a dit autre
5 chose, mais tout simplement, si vous essayez d’affirmer un
6 fait qui va à l’encontre de sa déposition, ceci n’est pas
7 utile à la Chambre de première instance. Donc, veuillez
8 poursuivre.
9 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Excusez-moi, mais
10 je ne comprends pas ce à quoi le témoin pense. C’est pour
11 ça que j’ai posé cette question.
12 R. Il s’agissait des personnes principales du
13 HVO.
14 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci. Vous
15 l’avez dit.
16 Q. Est-ce que vous avez jamais vu la décision
17 concernant la constitution de la Communauté croate de
18 Herceg-Bosna ?
19 R. La décision concernant la constitution ?
20 Peut-être j’ai besoin d’une traduction, je ne vous
21 comprends pas.
22 Q. De la formation.
23 R. J’ai vu à Vares quand ça s’est fait.
24 Q. Mais vous n’avez pas vu la décision ?
25 R. Non.
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1 Q. Hier dans votre déposition, vous avez dit que
2 Ivica Rajic parlait d’un accord entre les Croates et les
3 Serbes selon lequel Vares, Zepce et Kiseljak devaient
4 appartenir à l’armée de Bosnie-Herzégovine. C’est dans le
5 paragraphe 4 de votre déclaration. Vous vous en souvenez ?
6 R. Oui.
7 Q. Mais je n’ai pas compris qui a conclu cet
8 accord. Les Serbes et les Croates en Bosnie ?
9 R. Les Croates en Herzégovine.
10 Q. Et les Serbes de Bosnie ?
11 R. Je pense qu’il s’agissait des Serbes
12 d’Herzégovine aussi puisque ce premier accord a été passé
13 avec les Serbes d’Herzégovine. Les premiers accords entre
14 le HVO et l’armée de la Republika Srpska ont été passés en
15 Herzégovine concernant les convois qui devaient passer à
16 travers ces territoires.
17 Q. Je ne parle pas des convois mais des
18 territoires.
19 R. Je vous dis quel est l’endroit où les accords
20 entre les Serbes et les Croates ont commencé à être passés.
21 Q. Est-ce que vous êtes d’accord pour dire que
22 Zepce, Vares et Kiseljak se sont défendus contre l’armée de
23 Bosnie-Herzégovine ?
24 R. Si Ivica Rajic n’était pas venu, Vares non
25 plus n’aurait pas tombé aux mains de l’armée de Bosnie-
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1 Herzégovine, ni Vares, ni Kiseljak, parce que Ivo Komsic et
2 Petar Jozelic avaient passé un accord avec Selim Pasevkic
3 (ph.) et s’ils n’avaient pas signé un accord concernant la
4 Fédération, à mon avis, un massacre aurait eu lieu à
5 Kiseljak et à Kresevo pire qu’à Vares.
6 Q. C’est simplement votre conclusion ?
7 R. Non, c’est mon opinion.
8 Q. Mais est-ce que vous avez des faits pour
9 corroborer ça ?
10 R. Oui. J’ai parlé avec Ivo Komsic, avec
11 Dragutin Stepsic (ph.) et puis aussi avec certains hauts
12 responsables musulmans.
13 Q. Puisque vous mentionnez cela, comment se
14 fait-il que vous avez parlé avec ? En tant que politique ?
15 R. Non. À partir de l’année 1994, j’ai été
16 représentant des organisations humanitaires. J’ai
17 travaillé à TTS (ph.), Zagreb, Tuzla. Je ne sais pas si
18 vous avez lu le livre, « La Jeunesse éteinte ». Si vous
19 lisez ce livre, vous pourrez mieux comprendre ce que je
20 dis.
21 Q. Poursuivons s’il vous plaît. Vous avez dit
22 que lorsque Ivica Rajic est venu à Vares pour la deuxième
23 fois, Pejcinovic, Gavran et Duznovic ont été arrêtés ?
24 R. Oui.
25 Q. Est-ce que vous savez exactement sur ordre de
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1 qui ont-ils été arrêtés ?
2 R. Sur ordre du commandement de Grude.
3 Q. Ce même jour… parlons maintenant donc d’autre
4 chose. Il s’agit d’une deuxième réunion qui a eu lieu dans
5 le quartier général du HVO où ont assisté Rajic, Kresimir
6 Bozic, Emil Harah et les autres. Est-ce que vous vous en
7 souvenez ?
8 R. Oui.
9 Q. Lors de cette réunion, Rajic a mentionné le
10 fait qu’il avait reçu les ordres, comme vous dites, de la
11 présidence de guerre de Grude ?
12 R. Oui.
13 Q. Il a montré ce document et vous avez pu les
14 voir tous ?
15 R. Ceux qui avaient l’intérêt de le voir ont pu
16 le voir.
17 Q. De quelle sorte de document s’agissait-il ?
18 C’était un original ?
19 R. Il y avait une liste. C’est un document qui
20 s’étalait sur deux ou trois pages. En ce qui me concerne,
21 la première page, dans l’en-tête, il était indiqué
22 « ordre », « organisation », quelque chose comme ça. Il y
23 avait une sorte de plan de petite carte. À la troisième
24 page en bas à droite, il y avait la signature et puis il
25 était indiqué à qui le document était adressé.
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1 Q. Commençons par le début donc. Cet ordre
2 était adressé à qui ?
3 R. À Ivica Rajic.
4 Q. Monsieur AO, vous avez reçu un entraînement
5 militaire puisque vous aviez été membre de l’armée. Est-ce
6 que nous pouvons dire qu’il s’agissait d’un ordre
7 militaire ?
8 R. Vous dites que j’étais militaire. Je n’étais
9 pas militaire actif au sein de l’ex-JNA. J’étais Caporal
10 et c’est ensuite seulement dans la Défense territoriale que
11 j’ai obtenu un grade, mais en ce qui concerne les ordres,
12 je m’y connais et je pense qu’il s’agissait d’un ordre
13 militaire.
14 Q. Qui a signé cet ordre militaire à cette
15 dernière page, comme vous le dites ?
16 R. Ceci a été signé par le quartier général de
17 Grude. Bien sûr, chaque ordre de ce genre devait être
18 signé à Grude.
19 Q. Puisque vous, vous disposiez de ce document
20 et puisque vous l’avez vu, vous l’avez examiné, vous devez
21 savoir qui l’a signé, quelle personne ?
22 R. Monsieur, j’ai vu tout un tas de ce genre de
23 document, au moins 30, et je vous garantis que les
24 signatures étaient les signatures de Monsieur Kordic,
25 Monsieur Boban, Monsieur Praljak sur ces 30 documents.
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1 Mais si vous voulez, nous pouvons fixer une autre date
2 d’audience et entre-temps, je vais essayer d’obtenir tous
3 ces documents pour pouvoir répondre à vos questions.
4 Q. J’ai une question précise concernant un
5 document précis. Est-ce que vous savez qui l’a signé ?
6 Sinon, dites : « Je ne sais pas » et nous allons passer à
7 autre chose.
8 R. En ce qui concerne tous les documents, je
9 sais…
10 Q. Je ne parle pas de tous les documents.
11 R. Et dans ce document aussi, je sais qu’on
12 mentionnait aussi Monsieur Dario Kordic, Monsieur Praljak
13 et Mate Boban aussi. Tout ceci figure dans cette lettre,
14 dans cette communication.
15 Q. J’ai une question concernant ça, concernant
16 le contexte dans lequel ils ont été mentionnés. Mais tout
17 d’abord, dites-moi qui a signé cet ordre militaire. Est-ce
18 que vous le savez ?
19 M. LE PRÉSIDENT : Écoutez, nous tournons en rond
20 sans arrêt en ce qui concerne ce point-là. Il vous a déjà
21 dit qu’il ne sait pas.
22 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
23 Q. Hier vous avez dit que Monsieur Kordic a été
24 simplement mentionné dans ce document de trois pages. Dans
25 quel contexte ?
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1 R. J’ai dit également que Ivica Rajic, après la
2 discussion avec Kreso Bozic, il a contacté Dario Kordic.
3 Q. Mais nous parlerons de ceci. S’il vous
4 plaît, je vous demande dans quel contexte Monsieur Kordic a
5 été mentionné dans cette lettre.
6 R. Monsieur Kordic a été mentionné dans le
7 contexte du commandement. Donc, il faisait partie de
8 l’organisation. Il était l’un de ceux qui ont rédigé ce
9 document. Il était mentionné en tant que membre de cette
10 présidence de guerre.
11 Q. Est-ce que vous vous souvenez des détails ?
12 R. Non.
13 Q. Une phrase où ceci était écrit ? D’autres
14 noms ?
15 R. Je ne m’en souviens pas.
16 Q. Et vous dites que mis à part son nom, on
17 mentionnait le nom de Mate Boban ?
18 R. Oui.
19 Q. Et quelqu’un d’autre aussi ?
20 R. J’ai déjà cité tous les noms.
21 Q. Est-ce que les signatures à la main
22 figuraient sur ce document ?
23 R. Oui.
24 Q. Plusieurs ou un seul ?
25 R. Je crois qu’il y avait deux signatures, une
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1 dans la partie gauche et l’autre dans la partie droite de
2 la page.
3 Q. Mais vous avez déjà dit que vous ne savez pas
4 qui l’a signé. Est-ce que vous avez remarqué un sceau ?
5 Est-ce qu’il y en a eu ?
6 R. Oui. Il y avait un sceau rouge et j’ai
7 simplement vu qu’il était écrit avec des lettres majuscules
8 « HVO ». Il s’agissait donc, je pense, du sceau du HVO et
9 puis, il était indiqué « numéro 1 ».
10 Q. Vous avez déjà dit quel était le contenu de
11 ce document et quelles étaient les personnes mentionnées,
12 mais vous avez dit également que dans cet ordre, il était
13 indiqué que les unités spéciales devaient fournir de
14 l’assistance à des endroits qui se trouvaient face au
15 risque de l’armée de Bosnie-Herzégovine, à savoir les
16 villages croates de Mir, Pocevlje (ph.), Borovica et
17 Ovceva : Est-ce exact ?
18 R. Oui.
19 Q. En mentionnant les villages croates, est-ce
20 que vous savez ce qui s’est passé à Kopljari en 1993, le 22
21 octobre ?
22 R. Oui.
23 Q. C’était une attaque ?
24 R. Oui.
25 Q. Est-ce que vous savez combien de civils ont
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1 été tués ?
2 R. Je sais qu’il y en a eu trois, trois civils.
3 Q. Parlons maintenant de ce dont vous avez déjà
4 parlé aujourd’hui, à savoir le fait que Monsieur Rajic a
5 quitté la réunion à un moment.
6 R. Oui.
7 Q. Vous dites aujourd’hui qu’il est allé
8 téléphoner et qu’il est revenu, et qu’est-ce qu’il a dit en
9 rentrant ?
10 R. Tout d’abord, je n’ai pas dit qu’il est allé
11 téléphoner. J’ai dit qu’il est allé dans le commandement
12 chargé des communications. Je n’ai pas mentionné de
13 téléphone.
14 Q. Très bien ! Et quand il est rentré ?
15 R. Il a changé d’avis et il était d’accord avec
16 l’avis de Kreso Bozic.
17 Q. Très bien ! Est-ce qu’il vous a dit autre
18 chose ? Avec qui il avait parlé ?
19 R. Il a mentionné Monsieur Kordic. Il a
20 mentionné Monsieur Praljak aussi. Il les mentionnait au
21 cours de cette conversation.
22 Q. Témoin AO, vous parlez aujourd’hui pour la
23 première fois du fait que Monsieur Rajic a dit avec qui il
24 avait parlé. Vous n’avez pas dit ça hier au cours de
25 l’interrogatoire principal ni dans votre déclaration donnée
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1 aux enquêteurs.
2 R. Je crois que je l’ai mentionné peut-être et
3 ceci n’a pas été accepté. J’ai dit hier qu’il est parti,
4 qu’il a accepté l’opinion de Kreso Bozic.
5 Q. Oui, tout ça, mais vous n’avez pas dit avec
6 qui il a parlé. Vous n’avez pas dit ça ni hier ni avant.
7 R. Mais personne ne m’a posé la question de la
8 même manière dont vous, vous l’avez posée.
9 Q. Vous avez dit aux enquêteurs du Tribunal,
10 paragraphe 27, après que Bozic a dit que vous aviez des
11 ennemis dans la ville elle-même, vous avez dit (je cite) :
12 « Rajic a quitté la réunion, il a eu une conversation
13 téléphonique, il est rentré, il a dit : ‘C’est
14 l’arrestation des musulmans et la prise de contrôle à
15 Stupni Do qui ont la priorité.’ » Fin de citation.
16 Ici, on ne mentionne pas du tout la personne avec
17 qui il avait parlé.
18 R. Eh bien, la question n’avait pas été posée.
19 Q. Très bien ! Je vais reformuler ma question.
20 Il a mentionné ces noms : Monsieur Kordic, Boban, Praljak,
21 je ne sais pas qui d’autre ?
22 R. Oui.
23 Q. Est-ce qu’il a eu une conversation
24 téléphonique ou bien plusieurs ?
25 R. Je vous dis qu’il ne s’agissait pas d’une
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1 conversation téléphonique. Il est allé au centre de
2 communication. C’était la période du blocus. Il ne
3 pouvait pas téléphoner. Il n’était pas possible de
4 téléphoner mais seulement d’obtenir un contact depuis le
5 centre de communication.
6 Q. Mais justement, pourquoi est-ce que vous avez
7 parlé d’une conversation téléphonique aux enquêteurs
8 puisque ce n’était pas possible d’avoir des conversations
9 téléphoniques ?
10 R. Mais je vous dis, je n’ai pas mentionné le
11 téléphone, j’ai mentionné les locaux où il est entré en
12 communication. J’ai mentionné le centre de communication.
13 Q. Très bien ! Est-ce qu’il vous a dit combien
14 de conversations il a eues comme ça ?
15 R. Je ne sais pas combien de conversations il a
16 eues mais je sais qu’il a dit qu’il a parlé avec ces
17 personnes et je sais quels sont les noms qu’il a cités.
18 Q. Témoin AO, il était connu par tout le monde
19 qui avait son bureau à Grude, à savoir que c’était Monsieur
20 Boban ?
21 R. Oui.
22 Q. Et puis les Juges de cette Chambre de
23 première instance savent puisqu’ils ont entendu parler de
24 cela de plus de 100 témoins, que Monsieur Kordic avait son
25 bureau à Busovaca, et nous sommes d’accord pour dire que
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1 Busovaca était coupé du reste du monde à partir de 1993,
2 d’un moment en 1993 ?
3 R. Oui, mais je l’ai déjà dit et je ne sais pas
4 si vous souhaitez que je le dise. Je vais vous répondre en
5 mentionnant Dario Kordic. Voyons la chose suivante : Si
6 toutes les communications pouvaient être établies depuis
7 Vares ou bien si ça passait par Busovaca ou Kiseljak
8 jusqu’à Grude. Je pense que puisque je connais bien les
9 équipements du HVO à Vares et je connais les personnes
10 chargées des communications là-bas, je sais qu’ils
11 n’avaient pas de relais. Ils ont essayé de faire venir des
12 relais de Kakanj afin d’améliorer leurs communications.
13 M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) : Monsieur
14 Naumovski, je ne sais pas si ce contre-interrogatoire vous
15 est vraiment utile. Il y a quelque chose qui n’est pas
16 utile dans ce contexte et ça ressemble à une sorte
17 d’engueulade. Donc à mon avis, il faudrait que vous
18 fassiez vos suggestions au témoin plus clairement.
19 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci, Monsieur
20 le Juge. C’est justement de ça que je voulais parler au
21 témoin indirectement. Je voulais lui dire que Monsieur
22 Rajic n’a pas parlé avec Monsieur Kordic et ce témoin n’a
23 pas cité les noms de personnes avec qui Monsieur Rajic
24 avait parlé par téléphone. Donc, je vais le dire
25 concrètement.
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1 Q. Rajic n’a jamais parlé avec Monsieur Kordic
2 et il ne vous a pas dit ça ?
3 R. C’est votre opinion à vous.
4 Q. Rajic vous a dit de procéder à des
5 arrestations et de donner les ordres ? Il vous a donné
6 cette autorisation dans un document ?
7 R. Oui.
8 Q. Et vous avec accepté cette autorisation ?
9 R. Ce n’était pas comme ça. J’ai reçu une
10 autorisation de pouvoir me déplacer dans la ville,
11 indiquant que les Maturices, Apostolis, Sioux ne pouvaient
12 pas m’arrêter au point de contrôle ni ailleurs. Donc, il a
13 donné une autorisation indiquant que peut-être j’étais la
14 personne convenable pour lui pour procéder à des
15 arrestations ou des choses comme ça.
16 Q. Vous avez également obtenu un permis de
17 porter des armes ?
18 R. Oui.
19 Q. Est-ce que ça veut dire qu’auparavant, vous
20 ne l’aviez pas ?
21 R. Je disposais des armes et puisque Sioux,
22 Maturices, Apostolis sont venus à Vares, je crois que peu
23 de personnes pouvaient porter des armes, sauf la sécurité
24 de Ivica Rajic. Donc, c’est ainsi que ça s’est fait.
25 Q. Nous pouvons passer à un autre sujet, Stupni
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1 Do. Quelques questions pour terminer le plus rapidement
2 possible. Je vous prie de me répondre très brièvement.
3 Êtes-vous d’accord avec moi que vous vous êtes
4 rendu souvent à Dabravine au cours du mois d’octobre 1993
5 et que Ekrem Mahmutovic était le commandant de l’armée de
6 Bosnie-Herzégovine, siège à Dabravine ?
7 R. Oui. Mahmutovic et Avdo Zubaca, les deux.
8 Q. L’armée de Bosnie-Herzégovine avait également
9 une unité militaire à Stupni Do, n’est-ce pas ?
10 R. Oui.
11 Q. Nous sommes d’accord également pour dire que
12 les représentants de l’armée de Bosnie-Herzégovine ont
13 commencé à creuser des fortifications qui étaient face au
14 village Mir et le village Bijelo Polje ?
15 R. Oui. Il y avait quelques tranchées qui ont
16 été creusées mais c’était juste pour l’égard des sécurités.
17 Q. Est-ce que nous sommes d’accord pour dire
18 également que les soldats de l’armée de Bosnie-Herzégovine
19 ont établi des points de contrôle au niveau de Potok ?
20 C’est un village qui s’appelle Potok entre Stupni Do et
21 Vares.
22 R. Oui. Il y en avait deux mais à 50 mètres à
23 peu près de distance.
24 Q. Sommes-nous d’accord également qu’il y avait
25 des villageois qui ont été utilisés pour protéger le
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1 village et pour la protection ?
2 R. Non. Je ne pense pas qu’ils étaient au
3 nombre de 50. Il y avait entre 15 et 20. Il n’y avait pas
4 tellement d’hommes en âge de combattre dans le village.
5 Q. Vous avez dit également dans la déclaration
6 que vous avez donnée au NordBat, le document D201/1, point
7 4(m), qu’il y avait 50 villageois qui ont été utilisés aux
8 fins de défense et que Anto Zubaca était commandant ?
9 R. J’ai dit que c’était Zubaca mais j’ai dit en
10 ce qui concerne le village Mir, que Mir n’avait pas plus de
11 20 personnes en âge de combattre. Mais il y a bien
12 évidemment un certain nombre de personnes qui venaient de
13 l’extérieur et s’il y en avait 50 au total, il y en avait
14 20 qui sont restées de l’extérieur car Mir ne pouvait pas
15 avoir davantage de 25 soldats armés.
16 Q. Mais j’ai parlé de Stupni Do, pas de Mir.
17 R. Excusez-moi. En ce qui concerne Stupni Do,
18 je l’ai dit.
19 Q. Mais sommes-nous d’accord pour dire que
20 l’armée de Bosnie-Herzégovine surnommée Lasta se trouvait à
21 Stupni Do ?
22 R. Non. Là, je ne suis pas d’accord avec vous.
23 Q. Mais vous l’avez également précisé au NordBat
24 dans ce même point, 4(m). Vous avez dit qu’à Stupni Do, il
25 y avait des unités appelées Hirondelles, Lasta, et qu’ils
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1 sont venus de Dabravine ?
2 R. C’est ce qu’on envisageait. On avait dit
3 qu’éventuellement, il y avait cette unité appelée
4 Hirondelles, mais ces 20 personnes qui font la différence
5 entre 50 donc et 20, on avait dit que probablement elles
6 appartenaient à cette unité Hirondelles venue de Sarajevo.
7 Mais c’était tout simplement quelque chose qu’on a pensé,
8 mais on a compris par la suite que ce n’était absolument
9 pas vrai et que ce n’était pas les hommes de cette unité
10 qui s’étaient rendus sur place.
11 Q. Monsieur, on vous a vu avant l’événement de
12 Stupni Do autour de ce village, n’est-ce pas ?
13 R. Oui.
14 Q. On vous a vu également à Stupni Do après
15 l’événement ?
16 R. Oui.
17 Q. NordBat et la police militaire de NordBat
18 ainsi que l’armée de Bosnie-Herzégovine, une fois que vous
19 êtes sorti du camp, vous étiez suspecté d’avoir participé à
20 ce qui s’est passé à Stupni Do, n’est-ce pas ?
21 R. Oui.
22 Q. Est-ce que vous étiez à Stupni Do pendant
23 l’offensive ?
24 R. Non.
25 Q. Est-ce que vous savez ce qui s’est passé
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1 pendant l’opération à Stupni Do ?
2 R. Vous me posez la question si j’étais à Stupni
3 Do et j’ai dit que je n’y étais pas. Étant donné que les
4 hommes qui portaient des uniformes noirs arboraient des
5 insignes HOS, une fois qu’ils sont sortis et comme moi,
6 j’étais à Vares, ils ont raconté que soi-disant c’est moi
7 qui avais organisé cette opération, que c’est moi qui
8 perpétrais le génocide, et cætera, pour que ceci puisse
9 être raconté au sein de la police militaire, au sein
10 également de la police civile et un petit peu partout.
11 Q. Mais ce n’est pas indispensable d’élargir le
12 sujet. En ce qui concerne Monsieur Kordic, vous avez dit
13 hier au cours de votre déposition que Monsieur Kordic s’est
14 rendu à la célébration le 30 septembre 1992. C’était la
15 fête de l’église : Saint-Michel, n’est-ce pas ?
16 R. Oui.
17 Q. Mais nous sommes bien d’accord pour dire que
18 ce jour-là, il y était. Ce n’est pas ça ce que je voulais
19 vous demander mais je voulais tout simplement vous demander
20 si l’événement concernant Ponikve a eu lieu à peu près ces
21 jours-ci.
22 R. Peut-être quelque peu plus tôt mais je me
23 souviens qu’il y avait des jeunes qui étaient officiels et
24 je me souviens que moi, j’étais à Ponikve. J’habitais à 50
25 mètres par rapport à l’hôtel à cette époque-là très
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1 précise, au moment où Rajic s’était rendu à cet endroit-là.
2 Q. Entendu ! Maintenant, quelques questions que
3 je pourrais classer sous divers.
4 Hier au cours de votre déposition, vous avez dit
5 que vous étiez au courant au sujet des unités spéciales de
6 l’armée croate qui soi-disant se trouvaient dans les
7 régions frontalières en Bosnie-Herzégovine ?
8 R. L’armée croate ?
9 Q. Vous avez parlé des unités d’entraînement.
10 R. Oui. Ils étaient proches des postes
11 frontaliers.
12 Q. Mais c’est vous qui avez utilisé le mot
13 « autour de la région frontalière ».
14 R. Il y a plusieurs secteurs frontaliers. Il y
15 a des régions qui sont face à Republika Srpska, face à
16 Bosnie-Herzégovine, face à la Croatie. Par conséquent, je
17 ne sais pas de quel secteur, de quelle zone frontalière
18 parlez-vous.
19 Q. Mais ce n’est pas moi qui avait utilisé ce
20 terme, c’est vous qui avez parlé de la zone frontalière.
21 R. Mais moi, je vous ai énuméré les villages.
22 Q. La question que je vous pose, Monsieur, c’est
23 de savoir si vous étiez à Busovaca à ce moment-là.
24 R. Oui, j’étais à Busovaca, mais j’étais à
25 Busovaca trois à quatre fois. J’étais avec Miro Vrebac qui
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1 était à la tête d’une unité spéciale. Elle était de Vares.
2 Il y avait Vjeran Mijatovic. Je suis venu en combi bleu.
3 C’est à Busovaca que nous avons passé trois ou quatre fois
4 les nuits.
5 Q. Mais une fois arrivé à Busovaca, et ceci
6 concernant ces forces pour l’entraînement des soldats, est-
7 ce que vous-même, vous avez vu un membre de l’armée croate
8 à Busovaca ?
9 R. J’ai vu deux hommes. J’ai vu un certain
10 Mario. Je ne connais pas son nom de famille et je me
11 souviens de lui parce qu’il était avec nous. Il était
12 assis et il avait même offert à Vjeran Mijatovic de lui
13 vendre un pistolet. Je pense que c’était un pistolet d’un
14 grand calibre. Donc, je me souviens que cet homme est de
15 Sibenik ou éventuellement de Zadar et je me souviens de son
16 prénom. Il s’appelait Mario.
17 Q. Je vous comprends mais je ne parle pas d’un
18 soldat ou de deux soldats qui sont arrivés de Croatie.
19 Vous avez parlé des unités spéciales. C’est la raison pour
20 laquelle je vous pose la question si vous avez vu des
21 unités spéciales.
22 R. Moi, j’ai vu à Grude les unités spéciales qui
23 sont arrivées de Croatie. J’ai été à Mostar également et
24 je me souviens que j’étais dans un café au moment où j’ai
25 pu rencontrer un certain nombre d’hommes qui appartenaient
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1 à ces unités. Il y en avait sept à peu près.
2 Q. Mais je vais vous demander d’être précis s’il
3 vous plaît. Est-ce qu’à Busovaca et à Travnik, avez-vous
4 vu ces unités ?
5 M. LE PRÉSIDENT : Un instant ! Vous devez
6 permettre au représentant de la Défense de finir ses
7 questions. Les interrogatoires doivent se dérouler dans un
8 esprit de courtoisie et les réponses doivent obéir
9 également à cette règle.
10 Me Naumovski, avez-vous encore beaucoup de
11 questions ?
12 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Je ne pense pas
13 que je vais rester encore trop longtemps mais je vais
14 demander au témoin de répondre très brièvement.
15 Q. Vous avez dit que vous avez vu des soldats à
16 Grude et à Mostar. Ce que je vous demande : Est-ce que
17 vous êtes d’accord avec moi pour dire que ces unités
18 spéciales, vous les appeliez comme ça pour l’entraînement,
19 et qui venaient de Croatie, vous ne les avez pas vues à
20 Busovaca ?
21 R. J’ai vu cet homme et j’ai dit que ce jeune
22 homme, il était de Sibenik ou de Zadar. Il arborait
23 également les insignes de l’armée croate. Quand j’ai parlé
24 de Travnik, il y avait un convoi de salut et ça s’appelait
25 le convoi sanguinaire. Même dans les livres, on l’appelle
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1 le convoi sanguinaire. Moi, je me souviens de l’avoir vu
2 et moi, je sais que c’était lié à Travnik. Moi, je l’ai
3 vu.
4 Q. Encore une question au sujet de la
5 précédente. Est-ce que vous êtes d’accord avec moi pour
6 dire qu’outre ces cas individuels, vous n’avez pas vu
7 l’armée croate ou les unités croates en Bosnie centrale,
8 outre ces quelques exemples ?
9 R. En Bosnie centrale ? Mais Vares, Olovo,
10 Kakanj, Zenica, c’est la Bosnie centrale. Là-bas, je ne
11 les ai pas vues.
12 Q. Encore une autre question qui concerne la
13 vallée de la Lasva, et la vallée de la Lasva également fait
14 partie de la Bosnie centrale, n’est-ce pas ? Là-bas, vous
15 n’avez pas vu les membres de l’armée croate, les unités ?
16 Je parle des unités. Je ne parle pas des soldats, des
17 individus.
18 R. Je n’ai pas vu des déplacements des grandes
19 troupes mais j’ai vu quelques unités, quelques individus.
20 Donc, c’est ça.
21 Q. Merci. Vous avez dit que ces forces étaient
22 sous le patronat, sous les hospices de la présidence de
23 guerre ?
24 R. Du quartier général.
25 Q. Mais vous voulez parler du quartier général
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1 de Grude, n’est-ce pas ?
2 R. Oui.
3 Q. Un détail s’il vous plaît. Hier vous avez
4 dit que Monsieur Rajic avait une bonne réputation, n’est-ce
5 pas ?
6 R. À Kiseljak.
7 Q. Mais le Procureur vous a posé une question
8 qui était plutôt générale.
9 R. Pas à Vares, ça c’est certain.
10 Q. Vous avez dit également dans votre
11 déclaration…
12 M. LE PRÉSIDENT : Veuillez cesser de parler en
13 même temps. L’interprète n’a pas été en mesure d’entendre
14 la réponse du témoin. Or ceci est très important. Il est
15 important que tout soit interprété correctement et qu’on en
16 prenne note correctement également.
17 Donc quelle était votre question, Me Naumovski,
18 afin que nous puissions en prendre note ?
19 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Excusez-moi,
20 Monsieur le Président. Excusez-moi, les interprètes
21 également.
22 Q. Vous avez dit que c’était quelqu’un non
23 seulement de bonne réputation mais au contraire de mauvaise
24 réputation. C’est un terme que vous avez utilisé ?
25 R. En ce qui concerne Ivica Rajic, j’ai dit qu’à
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1 Kiseljak, il avait une bonne réputation, mais en ce qui
2 concerne Vares, là où je séjournais, il n’a pas été
3 accueilli bien et il était de mauvaise réputation. Mais de
4 toute façon, je parlais de la population de Vares. C’est
5 peut-être un terme qui est quelque peu plus fort.
6 Q. En janvier 1993, vous avec accompagné un
7 convoi humanitaire qui se déplaçait entre Split et Bosnie
8 centrale ?
9 R. Oui.
10 Q. Pour traverser le territoire contrôlé par le
11 HVO, c’est Anto Pejcinovic qui vous a donné un laissez-
12 passer ?
13 R. C’était quand s’il vous plaît ? Quelle
14 année ?
15 Q. C’était au mois de janvier 1993.
16 R. Oui.
17 Q. Vous avez affirmé également que conformément
18 à ses instructions, toutes les fois quand vous deviez vous
19 déplacer en Bosnie-Herzégovine, il fallait recevoir une
20 autorisation de Grude ?
21 R. Vous parlez de la Croatie ?
22 Q. Oui.
23 R. Moi, ce que j’ai affirmé c’est que chaque
24 fois quand il fallait que je me déplace et que j’accompagne
25 les convois de Split, qu’il fallait s’arrêter à Grude et
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1 puis demander qu’on nous attribue des papiers, qu’on nous
2 délivre des papiers, qu’on appose des cachets, des
3 signatures. C’est de ça que j’ai parlé.
4 Q. Entendu ! Et puis, il y a une autre question
5 également que je voulais poser concernant un autre convoi
6 humanitaire. En 1994, un prêtre, le Père Ilija Piplica qui
7 était à Vares, vous a donné quelques documents et vous a
8 demandé d’escorter l’aide humanitaire de Caritas. Est-ce
9 que vous êtes d’accord avec moi ?
10 R. Oui.
11 Q. Est-ce que vous êtes d’accord avec moi pour
12 dire que vous êtes allé chercher ces produits alimentaires
13 mais que ces denrées n’ont pas été distribuées à Dastansko
14 dans la municipalité de Vares ? Dastansko a été habité par
15 les Croates.
16 R. Je vais vous donner des explications au sujet
17 de ce convoi. Vous n’êtes pas bien informé. Ce convoi se
18 composait effectivement de Caritas, de Merhamet, de Saint
19 Ante, et cætera. Hier, nous avons déjà parlé de ce convoi
20 mais de toute façon, on va y revenir.
21 C’est un convoi qui était mixte et il y avait un
22 centre logistique également qui s’en est occupé. Ce convoi
23 était destiné à l’ensemble de la population de la
24 municipalité de Vares car on n’a pas précisé qu’il ne
25 s’agissait pas tout simplement de Caritas et de Saint Ante
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1 mais également pour Merhamet, pour Mercahimat (ph.), et
2 c’est un convoi qui effectivement s’est rendu à Vares.
3 Tous les habitants qui habitaient dans la municipalité de
4 Vares, y compris les villages Magulice (ph.), Vares, Vares
5 Majdan, Osijek et les autres ont reçu l’aide humanitaire,
6 outre Dastansko parce qu’ils ont fait un boycott vis-à-vis
7 de nous autres croates car on nous a considéré comme
8 Poturice (ph.), comme ceux qui étaient du côté des Turcs et
9 des musulmans.
10 M. LE PRÉSIDENT : Cela suffit.
11 Me Naumovski, quelle est la pertinence de toutes
12 ces questions ?
13 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Je voulais tout
14 simplement rajouter une autre question pour lui demander si
15 le fait que Dastansko n’a pas reçu les denrées alimentaires
16 était pratiquement considéré comme un abus du prêtre. Il
17 s’agit donc du prêtre en question.
18 M. LE PRÉSIDENT : Un instant, s’il vous plaît.
19 Je vous ai demandé quelle était la pertinence de vos
20 questions, Me Naumovski.
21 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Je voudrais tout
22 simplement que les Juges puissent se rendre compte quel est
23 le témoin qu’ils ont devant eux.
24 R. Oui, d’accord. Moi, je peux répondre.
25 M. LE PRÉSIDENT : Mais je ne comprends toujours
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1 pas quel est l’intérêt de ces éléments de preuve relatifs à
2 un convoi pour le témoin que nous avons devant nous. Je ne
3 vois vraiment pas le lien qui existe.
4 Me NAUMOVSKI (interprétation) : C’est la
5 crédibilité du témoin parce que le prêtre lui a fait
6 confiance et de toute façon, il n’a pas répondu comme le
7 prêtre s’attendait.
8 M. LE PRÉSIDENT : Fort bien ! Mais maintenant,
9 il faut en terminer de ce contre-interrogatoire.
10 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Quelques
11 questions.
12 R. Est-ce que je peux donner la réponse à la
13 question qui m’a été posée ?
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Non. Si les
15 représentants de l’Accusation souhaitent vous poser des
16 questions supplémentaires à ce sujet, ils seront en mesure
17 de le faire.
18 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
19 Q. Une petite question. Il y avait une cassette
20 que nous avons visionnée hier où a parlé Monsieur Kordic.
21 C’était début 1992, par conséquent avant que le HVO soit
22 établi. Nous sommes bien d’accord là-dessus ?
23 R. Oui. Je suis d’accord avec ce que j’ai dit,
24 bien évidemment. C’est en 1991 que j’ai parlé en personne
25 à Zagreb avec Monsieur Dobroslav Paraga et je sais que
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1 c’était les paroles qu’il avait prononcées. Ensuite, j’ai
2 dit également qu’il était fort possible que Monsieur Dario
3 Kordic, début 1992, avait également fait la même
4 déclaration. J’ai dit que cette possibilité existe que la
5 déclaration ait été donnée fin 1991, début 1992.
6 Q. Merci. On ne va pas insister là-dessus et
7 puis il y a des questions avec lesquelles nous allons
8 conclure.
9 Monsieur le Témoin AO, conviendrez-vous avec moi
10 pour dire qu’après les événements qui ont eu lieu en
11 octobre 1993, vous avez parlé au NordBat de tout ce qui
12 s’est passé à Stupni Do et à Vares ?
13 R. Mais moi, j’ai déjà donné les réponses hier.
14 Q. Par conséquent, nous sommes d’accord là-
15 dessus ?
16 R. Je pense que j’ai dit ce que j’ai eu à dire.
17 Q. Mais vous avez donné les noms et les surnoms
18 de toutes les personnes qui ont quelque chose à faire avec
19 cet événement ?
20 R. En partie.
21 Q. Sommes-nous d’accord qu’en ce qui concerne
22 ces événements, vous n’avez jamais mentionné le nom de
23 Monsieur Kordic ?
24 R. Kordic, il n’était pas à Vares, et moi,
25 j’aurais pu dire que Firga, Como et les autres y étaient.
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1 Moi, j’ai mentionné les noms qui concernaient Vares et
2 Stupni Do. Moi, je n’ai pas mentionné Monsieur Dario
3 Kordic car lui, il n’était pas à Vares. Il n’y a pas
4 participé. Pourquoi voulez-vous que j’en parle ?
5 Q. Merci. Quelques dernières questions.
6 R. Je pense que c’est un peu trop. Ça fait plus
7 d’une demi-heure que je vous donne les réponses, alors que
8 vous avez dit hier que c’est fini.
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Un instant.
10 C’est aux Juges d’assurer le contrôle du déroulement de
11 l’audience. Ce n’est pas à vous de le faire, Monsieur.
12 Me Naumovski, maintenant, il faut en venir à votre
13 dernière série de questions.
14 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Oui. Ce sont les
15 dernières questions.
16 Q. Monsieur le Témoin AO, est-ce que devant ce
17 Tribunal, vous venez de bon gré ? Personne ne vous a
18 forcé ?
19 R. Non, personne ne m’a forcé. Je n’ai même pas
20 étudié beaucoup de choses concernant ce Tribunal. Je ne
21 suis même pas informé au sujet du Tribunal, de ce qu’il
22 fait, mais j’ai bien évidemment entendu parler du Tribunal.
23 J’ai entendu parler également de moi. J’ai entendu parler
24 d’un certain nombre de choses et puis il y a un certain
25 nombre de témoins qui se sont rendus à La Haye qui ont cité
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1 mon nom et qui ont dit un certain nombre de choses que vous
2 avez soulevées également, et quand ceci m’est parvenu, on
3 m’a demandé si éventuellement je voulais donner quelques
4 interviews, étant donné qu’on a beaucoup écrit sur moi sur
5 les journaux et qu’on a pu entendre également quelque chose
6 sur moi à la télévision et c’est comme ça qu’on m’avait
7 demandé de venir ici.
8 En 1997, j’ai dit que je n’étais pas en bonne
9 santé. Par conséquent, je ne pouvais pas venir. Je les ai
10 refusés. J’ai refusé les enquêteurs. Je ne pensais pas
11 m’y rendre, mais de toute façon, j’ai accepté. En
12 définitive, j’ai accepté.
13 Q. Entendu ! Monsieur le Témoin AO, c’est pour
14 des raisons professionnelles que je vous pose cette
15 question. Est-ce que vous étiez collaborateur de l’AID ?
16 R. Je vous ai déjà dit que j’ai entendu parler
17 de AID mais je n’ai jamais fait quoi que ce soit pour l’AID
18 et puis ça ne me venait même pas à l’esprit. J’avais
19 d’autres choses à faire et je n’avais pas le temps pour le
20 faire et puis du point de vue financier également, je ne
21 suis pas quelqu’un qui intéresse l’AID.
22 Q. Ma toute dernière question : Est-ce que vous
23 avez signé la déclaration par laquelle vous reconnaissez
24 avoir été à Stupni Do pendant cette offensive militaire ?
25 R. Si j’ai signé la déclaration que j’étais à
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1 Stupni Do ? Oui, j’ai signé la déclaration que j’étais à
2 Stupni Do mais dans un autre contexte. Il faut voir avec
3 qui j’étais à Stupni Do.
4 Q. Je vous ai demandé et j’ai parlé de l’action
5 militaire, de l’offensive, de l’opération qui a eu lieu en
6 1993.
7 R. Non, absolument pas.
8 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Monsieur le
9 Président, je n’ai plus de questions. Je remercie le
10 témoin. Je remercie les Juges également.
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Merci.
12 Me KOVACIC (interprétation) : Si vous me le
13 permettez, j’ai deux questions très, très brèves.
14 CONTRE-INTERROGÉ PAR Me KOVACIC
15 (interprétation) :
16 Q. Bonjour, Monsieur le Témoin. Je ne vais pas
17 me présenter. Je défends le deuxième accusé ici.
18 Vous avez parlé du feu Général du HOS Blaz
19 Kraljevic. Dites-moi, s’il vous plaît : Est-ce que vous
20 savez que Monsieur Darko Kraljevic, le cousin éloigné du
21 feu Blaz Kraljevic qui était à Kruscica, dont le siège
22 était à Kruscica, s’il était le commandant du HOS pour
23 l’ensemble de Bosnie ?
24 R. Oui.
25 Q. Darko Kraljevic de Kruscica ?
Page 15858
1 R. Blaz Kraljevic.
2 Q. Darko Kraljevic, vous l’avez connu à
3 Kruscica, n’est-ce pas ?
4 R. Oui.
5 Q. Est-ce qu’en Bosnie centrale, le commandant
6 numéro un pour la Bosnie centrale était Darko Kraljevic ?
7 R. Moi, je n’ai pas eu l’occasion de le
8 contacter souvent outre quelques réunions à Kruscica, et
9 chaque fois, je me suis entretenu avec Blaz, avec Goran,
10 avec Mladen et c’est comme ça que nous sommes restés entre
11 Tuzla et Zenica, en passant par Blaz Kraljevic.
12 Q. Et la partie occidentale ?
13 R. Vous pensez à quelle partie ? Vous pensez à
14 Kruscica, à Vitez, à Travnik, Novi Travnik ?
15 Q. Oui.
16 R. Je connaissais quelques hommes.
17 Q. Vous avez fait connaissance de Darko
18 Kraljevic ?
19 R. Oui, je l’ai connu.
20 Q. À la réunion de Kruscica, n’est-ce pas, où il
21 était ?
22 R. Oui, je le pense.
23 Q. Est-ce que là-bas, vous avez appris quelle
24 était la fonction qu’il exerçait de manière très claire ?
25 R. Écoutez, les membres du HOS ne pensaient pas
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1 tellement aux titres et aux grades. Nous, on a travaillé.
2 La question ne se posait pas qui était le commandant, qui
3 était le suppléant, qui occupait tel et tel poste, mais
4 c’est les tâches qu’il fallait remplir.
5 Q. Est-ce que le HOS en Bosnie centrale, pendant
6 la période que nous observons, représentait une force
7 significative dans ce secteur, dans cette région ?
8 R. C’était des forces les plus populaires et
9 l’ennemi avait peur de ces forces le plus.
10 Me KOVACIC (interprétation) : Merci.
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Merci.
12 RÉINTERROGÉ PAR Me NICE (interprétation) :
13 Q. J’ai cinq ou six questions supplémentaires à
14 vous poser, Monsieur le Témoin AO, et pour la plupart de
15 ces questions, je pense que vous serez en mesure de dire
16 soit « oui », soit « non », soit de répondre par un seul
17 mot. Donc, essayez de vous en tenir à ces instructions en
18 répondant très brièvement si vous le pouvez.
19 Donc tout d’abord, vous avez parlé de la visite de
20 Kordic à plusieurs endroits, y compris à Vares. Je
21 voudrais savoir à combien de reprises en 1992 et 1993 vous
22 avez vu Kordic à Vares ?
23 R. Trois à quatre fois.
24 Q. Vous avez mentionné un certain nombre de
25 convois. Vous leur avez donné des noms et vous avez dit
Page 15860
1 également que Kordic était présent sur l’un de ces convois.
2 Je voudrais savoir de quel convoi il s’agissait, à votre
3 connaissance.
4 R. Vous parlez du convoi qui se déplaçait entre
5 Tuzla et la Croatie et ensuite Croatie et Tuzla. Il a fait
6 les deux sens.
7 Q. S’agit-il là d’un convoi que vous avez déjà
8 mentionné ou bien d’un autre ?
9 R. Je pense qu’il s’agissait du Convoi du Salut.
10 Q. À votre connaissance, que faisait Kordic sur
11 ce convoi ?
12 R. Dario Kordic a accueilli le convoi. Je pense
13 qu’il y avait les trois citernes de dérivés du pétrole et
14 c’était sur l’ordre de Dario Kordic de rajouter ces trois
15 citernes contenant les dérivés du pétrole, ensuite,
16 également l’équipement pour les blessés et je pense que cet
17 équipement a été assuré par Vjeran Mijatovic.
18 Q. On vous a posé des questions ou plutôt on a
19 semblé dire que vous n’aviez pas dit la vérité aux Juges
20 sur un certain nombre de points. C’est ce qui semble être
21 avancé par les avocats de la Défense. Je voudrais savoir
22 quelle est votre origine ethnique.
23 R. Croate.
24 Q. Donc, vous avez dit avoir connu un certain
25 nombre de personnes qui sont venues déposer devant le
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1 Tribunal. Je vous prie de ne mentionner aucun nom car il
2 est possible que ces personnes aient déposé comme vous,
3 c’est-à-dire en bénéficiant de l’attribution d’un
4 pseudonyme.
5 Je voudrais savoir si vous avez eu la possibilité
6 de parler avec des gens venant d’autres groupes ethniques,
7 si vous avez parlé avec ces personnes de votre expérience à
8 Vares et Stupni Do.
9 R. Bien, tout d’abord, il y avait des rumeurs,
10 les rumeurs qui ont été entendues par les témoins. Ce sont
11 les témoins soi-disant qui m’ont dit qu’il y avait question
12 de mon nom, qu’on l’a mentionné. Moi, j’ai d’abord posé la
13 question pour savoir qui avait parlé de moi et qui a
14 mentionné mon nom.
15 Q. Merci. C’est bon. Bien ! On vous a posé
16 des questions au sujet du commandant de votre brigade qui
17 s’appelait Holman. On ne vous a pas posé cette question
18 mais cela pourra peut-être être soulevé ultérieurement.
19 Je voudrais savoir si vous avez connaissance d’une
20 décision signée par Holman au sujet d’une fusion entre le
21 HOS et le HVO. Savez-vous quoi que ce soit au sujet de ce
22 document qui est daté du 5 avril 1993 ?
23 R. Oui. Il y avait une proposition au sujet de
24 ce document. C’est Monsieur Mladen Holman qui a fait un
25 geste. Après Blaz Kraljevic, Mladen Holman a essayé de
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1 faire quelque chose à Zenica et il y avait une formation du
2 HOS à Zenica.
3 Q. Merci. Non, ça suffit.
4 Me NICE (interprétation) : Il s’agit de la pièce
5 à conviction 607. Je le signale à l’attention des Juges.
6 Q. Ensuite, on vous a posé deux questions au
7 sujet de ce que vous aviez dit aux membres du NordBat.
8 Ceci apparaît sur les pièces à conviction, mais dans la
9 traduction par le biais du norvégien et de l’anglais, vous
10 avez décrit les hommes armés à Stupni Do de cette façon.
11 Vous avez dit qu’il y avait environ 15 résidents…
12 ou plutôt 50 (se reprend l’interprète) résidents qui
13 participaient à la défense. Vous n’avez pas dit
14 spécifiquement que c’était des soldats mais vous avez parlé
15 d’un commandant de l’armée de Bosnie-Herzégovine. Était-ce
16 l’impression que vous aviez qu’il y avait environ 50
17 personnes qui résidaient à cet endroit et qui participaient
18 à la défense ?
19 R. Le village est petit. C’est un petit
20 village. Je l’ai déjà dit – je ne sais pas comment ça a
21 été traduit – qu’il n’y avait pas 50 personnes, 50 hommes
22 en âge de combattre dans ce village. Il n’y en avait pas.
23 Q. Merci.
24 Me NICE (interprétation) : Enfin, au paragraphe S
25 du même document, les Juges verront que lorsque Me
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1 Naumovski a posé des questions au témoin au sujet des noms
2 de certaines personnes qu’il a donnés, que la seule chose
3 que ce témoin ait faite a été de donner des noms de soldats
4 qui ont participé aux événements mais il n’a jamais donné
5 les noms de qui que ce soit d’autre.
6 Q. Maintenant, je voudrais parler du convoi
7 Caritas, le convoi d’aide humanitaire. On semble sous-
8 entendre que vous n’avez pas répondu à vos obligations en
9 ce qui concerne ce convoi. Est-ce que c’est exact ?
10 R. Monsieur a avancé un certain nombre de
11 données inexactes. Moi, je maintiens que j’ai reçu une
12 déclaration qui a été signée par Blaz Kraljevic à Split
13 pour avoir assuré ce convoi et c’est la croix dorée de
14 Saint Ante.
15 Q. Merci.
16 R. Vous pouvez en avoir la copie.
17 Q. Vous avez parlé de documents, d’un dossier,
18 de laissez-passer, d’une vidéo. Si vous retrouvez ces
19 documents, êtes-vous prêt à les communiquer au Bureau du
20 Procureur ici à La Haye ?
21 R. Si ma déclaration et ma déposition ne
22 suffisent pas et si Messieurs le demandent, je vais
23 m’efforcer pour vous envoyer aussi bien des laissez-passer
24 de Grude, la copie également des déclarations que j’ai
25 reçues et puis tous les autres documents que Monsieur le
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1 conseil de la Défense aurait souhaité avoir.
2 Q. En tant que Croate, même bénéficiant de
3 protection, du fait que vous avez déposé sur ce qui s’est
4 passé à Stupni Do, est-ce que vous pensez que cela vous
5 fait courir des risques ?
6 R. Moi, je pensais que je me suis protégé à
7 partir du moment où j’ai dit que j’allais témoigner, mais
8 je vois que les Messieurs, ils savent bien qui je suis,
9 d’où viennent mes parents, ma famille, et cætera. Ils
10 savent tout sur moi. Ils savent tout sur moi comme moi, je
11 sais sur eux par le fait même que Kordic, par le conseil,
12 avait avancé un certain nombre de données. Par conséquent,
13 je serai certainement dans les difficultés plus tard.
14 Q. Est-ce que vous avez dit la vérité aux Juges
15 ou non ?
16 R. C’est la vérité. C’est ma vérité et je vais
17 continuer à en parler. J’ai apporté un certain nombre de
18 preuves. Je n’ai pas parlé de deux attentats qui ont été
19 préparés contre moi en 1994 et en 1997. Vous avez
20 également des décisions qui ont été arrêtées au Tribunal,
21 mais Zagreb n’a pas livré Mario Rajic, Miroslav Frankovic,
22 Beli. Il n’a pas livré tous ces hommes dont les noms
23 figurent dans les documents que je vous ai remis.
24 Me NICE (interprétation) : Merci, Monsieur le
25 Témoin. Je n’ai pas de questions supplémentaires à vous
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1 poser.
2 INTERROGÉ PAR LA CHAMBRE
3 (interprétation) :
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur le
5 Témoin, je veux être sûr de bien comprendre ce que vous
6 nous avez dit au sujet d’une réunion bien précise. Il
7 s’agit de la réunion qui a eu lieu le 20 octobre 1993 à
8 Vares. C’est une réunion à laquelle vous nous dites que
9 Ivica Rajic a participé et au cours de laquelle donc il a
10 montré un ordre qui venait de Grude, qui avait été signé à
11 Grude, et cet ordre avait trait à la prise de Stupni Do.
12 Vous avez également dit que pendant cette réunion,
13 Ivica Rajic est sorti et il est allé au centre des
14 communications – c’est ce que vous nous avez dit, je crois
15 – et lorsqu’il est revenu, il a mentionné Monsieur Kordic
16 et le Général Praljak et il a affirmé son soutien à Bozic.
17 Voilà ce que j’ai compris.
18 Est-ce que vous pouvez me donner des points
19 d’éclaircissement à ce sujet ? J’aimerais être en mesure
20 de mieux vous suivre. À quel sujet avait-il affirmé son
21 soutien à Bozic ?
22 R. En ce qui concerne l’ordre que Monsieur Ivica
23 Rajic a apporté, ce document, cet ordre, contenait trois
24 pages et Bozic, au cours de l’entretien, a essayé
25 d’expliquer la situation à Ivica Rajic car Ivica Rajic
Page 15866
1 faisait confiance à Bozic et pas Pejcinovic et Duznovic.
2 Bozic a parlé de la stratégie de Vares, de Stupni Do
3 également qui était au centre-ville, 500 mètres à vol
4 d’oiseau de distance par rapport à Vares.
5 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. Ensuite,
6 qu’est-ce qui s’est passé ? Est-ce que c’est après cela
7 que Rajic est sorti de la pièce ?
8 R. Oui, c’est vrai.
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Ensuite, vous
10 nous dites qu’il est rentré et qu’il a dit qu’il était
11 d’accord avec Bozic. C’est ça ?
12 R. Exact.
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Merci.
14 Me NICE (interprétation) : Bien entendu, il
15 faudra examiner le dossier d’audience mais il est peut-être
16 incorrect de penser qu’il ait déposé sur l’ordre relatif à
17 Stupni Do. Je pense qu’il nous a parlé de la façon dont
18 cet ordre avait été présenté et qu’ensuite, Stupni Do a été
19 évoqué ultérieurement. Au début, il s’agissait d’autres
20 endroits qui devaient être pris.
21 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. C’est ce
22 qui figure dans sa déclaration mais ce n’est pas ce que
23 j’ai noté.
24 Me NICE (interprétation) : Il faudra vérifier le
25 compte rendu d’audience.
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Merci,
2 Monsieur le Témoin, d’être venu à La Haye. Vous pouvez
3 maintenant disposer.
4 Me Naumovski.
5 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Monsieur le
6 Président, en attendant le témoin suivant, je voudrais vous
7 poser une question.
8 Il y a un document 201/1 que nous avons versé au
9 dossier. C’est un document qui n’est pas complet. Il y a
10 10 pages qui manquent. Nous avons demandé au Procureur de
11 nous donner toutes les pages mais nous ne les avons pas
12 encore reçues et c’est la raison pour laquelle je m’adresse
13 à vous, Monsieur le Président, et je vous demande, s’il
14 vous plaît, de trancher là-dessus. Il s’agit d’un document
15 qui est un document des Nations Unies et qui est en date du
16 11 décembre 1993. Je vous remercie.
17 [Le témoin se retire]
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur Nice,
19 pouvez-vous nous apporter une réponse ?
20 Me NICE (interprétation) : Je ne sais pas si nous
21 disposons nous-mêmes de la totalité du document et s’il n’y
22 a aucune raison pour en conserver une certaine partie.
23 Moi, je pensais que la Défense disposait de tout ce qui
24 était nécessaire. Je suis pratiquement sûr que c’est le
25 cas. Si ce n’est pas le cas, il s’agit peut-être d’autres
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1 documents, mais si vous me permettez, j’aimerais étudier la
2 question plus précisément.
3 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Bien !
4 Me NICE (interprétation) : Avant d’appeler le
5 témoin suivant, et il y a des mesures de protection qui ont
6 été demandées qui vont être présentées par Madame Somers,
7 mais je voudrais dire que nous sommes pressés par le temps
8 en ce qui concerne la fin de la présentation de nos
9 éléments de preuve et je souhaiterais vous demander la
10 chose suivante.
11 Serait-il possible que pour le témoin suivant, il
12 soit possible pour elle d’adopter dans la majorité le
13 résumé de ses déclarations ? Ceci constituerait donc son
14 interrogatoire principal et nous permettrait de gagner du
15 temps, temps dont nous allons être à court.
16 [La Chambre discute]
17 Me NICE (interprétation) : Il est possible que
18 pour certains paragraphes, il soit utile d’ajouter des
19 détails ou de corriger certaines choses, mais c’est une
20 technique qui est adoptée dans beaucoup de systèmes
21 d’affaires au civil, dans d’autres systèmes juridiques.
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Est-ce que le
23 témoin est un témoin qui dépose sur ce qui s’est passé dans
24 un village ?
25 Me NICE (interprétation) : Oui, en grande partie.
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Est-ce qu’elle
2 va nous parler des accusés ? Est-ce qu’elle dépose
3 directement au sujet des accusés ?
4 Me NICE (interprétation) : Je vais donner la
5 parole à Madame Somers.
6 Me SOMERS (interprétation) : Le témoin vient du
7 village de Gacice. Elle va parler directement des
8 personnes qui ont servi de boucliers humains et si elle ne
9 va pas nommer l’accusé Cerkez par son nom, il apparaît
10 cependant clairement dans ce qu’elle dit qu’elle est le
11 seul témoin qui vient directement de Gacice.
12 Elle parle à un certain moment de l’accusé Kordic
13 et elle est en mesure de nous donner des informations
14 détaillées sur les personnes utilisées comme boucliers
15 humains ainsi que les dommages qui ont été infligés à
16 Gacice.
17 Il y a deux points seulement sur lesquels je
18 souhaiterais attirer l’attention de la Défense et de la
19 Chambre. Il s’agit du point 4 où il convient de rayer le
20 nom de « Skopljak ». Il s’agit de le remplacer par
21 « Santic ». Au paragraphe 33, il y a également un nom qui
22 doit être corrigé. Il ne faut pas lire « Narro » mais
23 « Marko Krizanovic ». Le témoin a corrigé le document.
24 Ce témoin a déjà déposé précédemment dans
25 l’affaire Blaskic et tout ce qui figure dans ce résumé
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1 vient soit des déclarations précédentes, soit de
2 l’entretien que nous avons eu hier avec le témoin qui n’est
3 arrivée qu’hier à midi. Donc, nous l’avons rencontrée très
4 brièvement.
5 D’autre part, ceci repose également sur la
6 déposition du témoin dans l’affaire Blaskic en décembre
7 1997.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : En ce qui
9 concerne les Juges, Madame Somers, eh bien, nous vous
10 invitons à suivre la démarche qui a été présentée. S’il y
11 a des points sur lesquels vous souhaitez donner plus de
12 détails, vous pourrez le faire brièvement, mais à part
13 cela, on peut adopter le résumé des déclarations et de
14 cette façon, on pourra finir l’interrogatoire principal en
15 une demi-heure.
16 Me SOMERS (interprétation) : Comme vous le
17 verrez, j’ai surligné les points importants. Est-ce que je
18 peux parler des mesures de protection demandées ?
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Kovacic.
20 Me KOVACIC (interprétation) : Je ne m’oppose pas
21 à ces mesures de protection mais je voudrais qu’une chose
22 soit bien claire. Je souhaiterais signaler que Monsieur
23 Cerkez ne fait pas l’objet dans l’acte d’accusation de
24 charges relatives à Gacice.
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Cela peut être
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1 encore discuté. Nous entendrons les éléments de preuve en
2 temps utile.
3 Madame Somers, parlez-nous des mesures de
4 protection.
5 Me SOMERS (interprétation) : Eh bien, ce témoin a
6 déjà déposé, comme je l’ai déjà dit. Sa maison a été
7 incendiée à Gacice. Ensuite, elle a été reconstruite et de
8 nouveau incendiée. Bien que le témoin habite maintenant
9 dans un autre pays, il y a beaucoup de membres de sa
10 famille qui habitent dans la municipalité de Vitez et elle
11 s’inquiète pour eux. La situation en Bosnie centrale est
12 assez volatile et ceci explique les mesures demandées.
13 Le témoin a demandé l’attribution d’un pseudonyme
14 ainsi que la déformation des traits de son visage. Elle
15 est tout à fait prête à s’exprimer en audience publique.
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Y a-t-il des
17 objections ?
18 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Nous n’avons pas
19 d’objection. Je voudrais seulement demander la chose
20 suivante. D’après ce que je vois dans le résumé au
21 paragraphe 20 et au paragraphe 43, le témoin parle de
22 Monsieur Kordic dont elle n’avait jamais parlé
23 précédemment. Je voudrais donc qu’elle soit interrogée
24 très précisément à ce sujet. De plus, en ce qui concerne
25 le paragraphe 8, donc pour résumer, paragraphes 8, 20 et
Page 15872
1 43. Merci.
2 [La Chambre discute]
3 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui.
4 Me KOVACIC (interprétation) : La Défense de
5 Monsieur Cerkez ne s’oppose pas aux mesures de protection
6 demandées. Nous n’avons aucune demande précise ou
7 particulière au sujet de la nature des questions à poser,
8 que ce soit des questions directives ou non.
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Bien ! Nous
10 allons rendre l’ordonnance telle qu’elle nous a été
11 demandée.
12 Je vais maintenant vous prier de faire entrer le
13 témoin dans le prétoire.
14 Ceci étant dit, on vient de me signaler que le
15 moment serait bien choisi pour faire une pause. Nous
16 sommes à quelques minutes seulement de la pause. Donc,
17 peut-être serait-il plus judicieux de l’observer
18 maintenant.
19 Bien ! Nous entendrons le témoin après la pause
20 et j’espère que l’on pourra en terminer de sa déposition
21 très rapidement et avant la pause-déjeuner, en tout cas.
22 Nous reprendrons l’audience à 11 h 00.
23 --- Suspension de l’audience à 10 h 27
24 --- Reprise de l’audience à 11 h 02
25 [Le témoin entre dans la Cour]
Page 15873
1 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Le pseudonyme
2 pour le prochain témoin sera « Témoin AP ».
3 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Le témoin
4 peut-il prêter serment, s’il vous plaît ? Veuillez vous
5 lever pour prêter serment.
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Je déclare
7 solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et
8 rien que la vérité.
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Madame Somers.
10 TÉMOIN : TÉMOIN AP (ASSERMENTÉE)
11 INTERROGÉE PAR Me SOMERS
12 (interprétation) :
13 Q. Témoin AP, la Chambre de première instance et
14 les conseils de la Défense ont été informés du fait que
15 votre déclaration de témoin sera acceptée comme
16 interrogatoire principal. J’ai apporté deux corrections et
17 je vais traiter de quelques sujets très brièvement. Je
18 vous demanderai également d’identifier quelques pièces à
19 conviction et puis c’est ainsi que nous pourrons procéder
20 rapidement.
21 Témoin AP, en ce qui concerne la plus grande
22 partie de votre interrogatoire, votre déclaration portait
23 sur l’attaque du HVO contre Gacice et je vous demanderais
24 maintenant d’identifier brièvement quelques pièces à
25 conviction.
Page 15874
1 Me SOMERS (interprétation) : Je demanderais
2 l’aide de l’huissier afin de vous montrer les pièces à
3 conviction 1773 et 1771 aussi pour que vous puissiez les
4 identifier rapidement et puis si vous souhaitez apporter
5 des explications, faites-le mais brièvement si possible.
6 Merci.
7 Le nom protégé figure sur le document. Donc,
8 veuillez ne pas le placer sur le rétroprojecteur et en ce
9 qui concerne tous les documents portant le nom de ce
10 témoin, je demanderais qu’ils soient placés sous scellés.
11 Je demanderais également de l’aide de l’huissier
12 et j’indique à la greffière d’audience que le résumé de ce
13 témoin constitue la pièce à conviction 1771.2.
14 Q. Si vous examinez rapidement maintenant la
15 pièce à conviction 1773, est-ce que vous pourriez expliquer
16 aux Juges de quoi il s’agit ?
17 R. C’est une carte dessinée à la main, la carte
18 de Greblje qui se trouvait dans le village de Gacice.
19 Q. C’est quoi Greblje ?
20 R. Greblje, c’est le cimetière où on enterrait
21 les musulmans du village de Gacice. Ce qui figure à côté
22 de la barrière était un endroit creusé, une tombe pour
23 plusieurs corps, plusieurs cadavres.
24 Q. Vous avez dit dans votre déclaration qu’il y
25 a eu plusieurs enterrements organisés par des soldats du
Page 15875
1 HVO, donc plusieurs corps ont été enterrés après Ahmici.
2 Est-ce que ceci s’est produit à cet endroit, ces
3 enterrements-là ?
4 R. Oui.
5 Q. Est-ce que c’est vous qui avez dessiné ce
6 plan, cette esquisse ?
7 R. Oui.
8 Q. Vous avez mentionné également, concernant à
9 la fois l’attaque et la présence de la HV ou bien des
10 soldats du HVO, que vous avez remarqué clairement plusieurs
11 insignes. Veuillez maintenant examiner la pièce à
12 conviction Z1530 et puis 1790…. 2790 (se reprend
13 l’interprète).
14 Est-ce qu’il s’agit là… pardon, je vais attendre
15 avant que ces documents vous soient remis.
16 [Hors microphone] Excusez-moi.
17 Si vous examinez la pièce à conviction 1530, dans
18 votre déclaration, vous avez dit que vous avez vu des
19 insignes arborant le nom de « Vitezovi ». Est-ce que ceci
20 reflète ce que vous avez vu ?
21 R. Oui.
22 Q. Vous avez vu également, conformément à la
23 pièce à conviction 2790, la lettre « U » sur un insigne, à
24 savoir donc la lettre symbolisant le signe de Oustashis.
25 Est-ce que cette photographie reflète cet insigne ?
Page 15876
1 R. Oui. Sur la photo, nous voyons les insignes
2 des soldats que portaient les soldats à Vitez, et également
3 le jour de l’attaque contre notre village, ils avaient
4 surtout ces insignes, les insignes de la HV et du HVO.
5 Me SOMERS (interprétation) : Veuillez maintenant
6 montrer au témoin la pièce à conviction 1763, s’il vous
7 plaît.
8 Q. Vous avez dit dans votre déclaration qu’il y
9 avait une inscription sur la Maison des Jeunes de Gacice
10 qui reflétait les symboles Oustashis. Est-ce que cette
11 photographie représente de manière précise ce que vous avez
12 vu sur la Maison des Jeunes à Gacice ?
13 R. Oui, sauf que je souhaite expliquer également
14 que de l’autre côté de la même Maison des Jeunes, il y
15 avait une croix gammée.
16 Q. Il y avait également la lettre « U »,
17 l’inscription de « Herceg-Bosna » et puis l’inscription
18 « Za Dom Spremni » : Est-ce exact ?
19 R. Oui.
20 Q. Veuillez maintenant voir quelques autres
21 photos de Gacice.
22 Me SOMERS (interprétation) : Il s’agit des pièces
23 à conviction Z1760, Z1761. Il s’agit des photos qui sont
24 parmi les dernières de la liasse de documents. Donc,
25 également 1772, 1770.1 et 1770.2, également 1770.3.
Page 15877
1 Q. Est-ce que vous pouvez les examiner
2 rapidement et nous dire ce qu’elles représentent ? En
3 fait, c’est expliqué dans la légende mais nous voyons
4 également votre nom. Donc, le document restera sous
5 scellé. Donc, est-ce que ceci représente Gacice ?
6 R. Il s’agit des maisons musulmanes de Gacice
7 qui ont brûlé le 20 avril 1993. Toutes les maisons étaient
8 musulmanes.
9 Q. Est-ce qu’il y a une photo de la mosquée
10 également ?
11 R. Oui. 1760 représente le mekteb à Gacice.
12 Q. Ce mekteb a-t-il été détruit lors de
13 l’attaque contre le village le 20 avril 1993, l’attaque
14 effectuée par le HVO ?
15 R. Oui, le 20 avril.
16 Q. Veuillez maintenant regarder une photo, 1758.
17 Il s’agit d’une pierre tombale où l’on voit le nom de
18 Fikret Hrustic. Est-ce qu’il s’agit ici de l’endroit où
19 Fikret Hrustic a été enterré et est-ce que c’est ce même
20 Fikret Hrustic qui, d’après votre déclaration, a été brûlé
21 vivant par les soldats du HVO lors de l’attaque contre
22 Gacice le 20 avril 1993 ?
23 R. Oui.
24 Me SOMERS (interprétation) : En ce qui concerne
25 la pièce à conviction 1771, nous pouvons voir une légende
Page 15878
1 qui est en annexe et qui reflète le nom du témoin. Donc,
2 je demanderais que ce document soit placé sous scellé.
3 Q. Veuillez simplement dire aux Juges si ces
4 emplacements sont indiqués de manière précise. Donc, est-
5 ce que vous reconnaissez cette pièce à conviction et est-ce
6 que les annotations sont correctes ?
7 R. Oui.
8 Me SOMERS (interprétation) : Je souhaite
9 simplement indiquer que le point 3 est le point de contrôle
10 après le 20 avril.
11 Q. Ensuite, nous voyons votre maison, le lieu où
12 les tranchées ont été creusées. Nous voyons le cimetière
13 et l’endroit où se trouvait la mosquée et le point 12, ce
14 serait la direction depuis laquelle le HVO a attaqué Gacice
15 le 20 avril 1993 : C’est exact ?
16 R. Oui.
17 Q. Vous avez dit que 247 civils musulmans de
18 Gacice ont été forcés après l’attaque de marcher vers la
19 ville de Vitez et ils ont été placés devant l’hôtel Vitez.
20 Me SOMERS (interprétation) : Je demanderais à
21 l’huissier de vous montrer les pièces à conviction 2166.2
22 et 2166.1.
23 Je crois qu’en ce moment, vous pouvez placer cela
24 sur le rétroprojecteur. Nous avons une copie en couleur.
25 Peut-être ceci peut vous être utile. Veuillez donc, s’il
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1 vous plaît, placer sur le rétroprojecteur la pièce à
2 conviction 2166.2.
3 Q. Témoin AP, si vous examinez cette photo, est-
4 ce que vous pourriez nous dire si au-dessus du mot
5 « hôtel » – donc, ce mot est inscrit en haut à droite –
6 est-ce que vous pouvez nous dire ce qui est représenté ici
7 et pourquoi est-il montré ?
8 R. Il s’agit là de l’hôtel Vitez à Vitez. Le 20
9 avril après l’attaque contre notre village, nous avons tous
10 été amenés – donc 247 personnes – devant cet hôtel. Nous
11 étions assis devant pendant quelques heures, peut-être
12 jusqu’au soir.
13 Q. Pourquoi est-ce qu’ils vous ont placés devant
14 l’hôtel ? Quelle a été l’explication fournie par les
15 soldats du HVO qui vous ont amenés jusque là-bas depuis
16 Gacice ?
17 R. Ce matin-là, nous sommes arrivés devant
18 l’hôtel. Ils nous ont dit qu’ils étaient pilonnés par
19 l’armée de Bosnie-Herzégovine et que nous allions être
20 assis devant cet hôtel au cas où l’armée de Bosnie-
21 Herzégovine les pilonnerait. Ils ont dit que s’ils
22 apprennent que nous étions là, ils allaient arrêter de
23 pilonner, et sinon, si nous étions devant l’hôtel, qu’ils
24 allaient nous pilonner nous et non pas eux.
25 Moi, j’étais assise dans un cratère d’obus et
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1 autour il n’y avait que des débris de verre brisé. Il y
2 avait beaucoup de soldats dans l’hôtel et devant l’hôtel,
3 il y en avait vraiment beaucoup. Il y a une baie vitrée
4 dans l’hôtel, à l’entrée de l’hôtel. Donc, nous pouvons
5 voir ce qui se passe à l’intérieur. Donc, nous avons pu
6 voir que des soldats étaient d’abord à l’extérieur et
7 ensuite, ils sont entrés.
8 Pendant que nous étions assis, au bout d’une
9 heure, ils ont séparé les hommes qui étaient avec nous, ils
10 ont mis de côté les personnes âgées et handicapées, ils les
11 ont amenées au cinéma et à l’école primaire Bratsvo i
12 Jedinstvo à Vitez et les femmes sont restées sur place.
13 Ils nous ont apporté des bouteilles d’eau et du jus, et
14 pendant qu’ils nous distribuaient cela, ils filmaient.
15 Mais dès qu’ils ont arrêté de filmer, ils ont ramené tout
16 ce qu’ils avaient apporté.
17 Q. Témoin AP, pendant que vous veniez à Vitez à
18 pied, est-ce que vous avez pu remarquer s’il y a eu des
19 tirs lancés par l’armée de Bosnie-Herzégovine, et
20 lorsqu’ils vous ont placé devant l’hôtel comme boucliers
21 humains, est-ce que les tirs se sont arrêtés ?
22 R. En arrivant vers Vitez, nous avons entendu
23 des sons de pilonnage autour. Je ne sais pas depuis quelle
24 direction mais les tirs n’étaient pas dirigés contre nous.
25 Mais pendant toute la période pendant laquelle nous étions
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1 assis là-bas, nous entendions des sons de pilonnage.
2 Q. Est-ce que l’on vous a permis de vous
3 déplacer de cet endroit, l’endroit où vous étiez assis,
4 afin d’empêcher le pilonnage de l’armée de Bosnie-
5 Herzégovine contre la base du HVO ?
6 R. Personne ne pouvait bouger. Personne ne
7 pouvait se déplacer devant l’hôtel. Ils nous regardaient
8 depuis la fenêtre et ils pouvaient nous voir, bien sûr, et
9 ils ont dit que si quelqu’un souhaitait se déplacer et
10 quitter ce plateau devant l’hôtel que cette personne allait
11 être tuée.
12 Me SOMERS (interprétation) : Je demanderais à
13 l’huissier de montrer au témoin la pièce à conviction Z505
14 qui a déjà été versée au dossier. Il s’agit d’une série de
15 documents.
16 Q. Témoin AP, dans votre déclaration vous avez
17 mentionné certains noms, parmi lesquels Goran Krizanovic,
18 Boro Krizanovic, Zlavko Krizanovic, Marko Krizanovic, Zarko
19 Krizanovic, Anto Krizanovic, Zoran Bosnjak, Keka Bosnjak,
20 Joja Bosnjak, Vlado Baskarad, Damjan Baskarad et Stjepan
21 Krizanovic.
22 Si vous voyez un endroit où ces noms sont
23 mentionnés, est-ce que vous pouvez l’indiquer ? Ça doit
24 être marqué en couleur jaune.
25 R. Oui.
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1 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire où vous
2 voyez ces noms et quels sont les noms ?
3 R. Veno Baskarad, Rajko Baskarad.
4 Q. Je crois que par la suite dans les pages
5 suivantes, il y a parfois ces mêmes noms, mais si vous en
6 voyez d’autres, veuillez nous le dire.
7 R. Baskarad, Rajiko et Veno; ensuite, Baskarad,
8 Damjan; Baskarad, Goran; Zoran Bosnjak.
9 Q. À la dernière page, marqué en jaune, est-ce
10 que vous avez vu autre chose ? Nous allons nous arrêter
11 là.
12 Je souhaite attirer votre attention sur ce que
13 vous avez dit sur le jour de marché, un samedi avant le
14 massacre de Ahmici. Vous avez dit que Dario Kordic était
15 au stade de football à Vitez. Comment est-ce que vous le
16 saviez que Monsieur Kordic était là, qu’il devait être là ?
17 R. À chaque fois que Kordic venait, on le savait
18 à Vitez puisque beaucoup d’attention était accordée à cela
19 et à chaque fois qu’il venait, la situation détériorait
20 dans la ville, les tensions montaient, et ce jour-là quand
21 il est venu, tout le monde savait que Kordic venait. Ce
22 jour-là, j’allais au marché et je suis passée à côté du
23 stade puisque c’était un raccourci si je prenais ce chemin-
24 là. Je savais que Kordic était là parce que je l’ai
25 entendu. J’ai entendu par le biais des haut-parleurs le
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1 discours tenu par Kordic devant les soldats.
2 Q. Donc, vous saviez qu’il était là et ensuite
3 vous avez entendu sa voix sur les haut-parleurs. Est-ce
4 que vous vous souvenez brièvement de certains de ses propos
5 de ce que vous avez entendu par les haut-parleurs ?
6 R. Pendant que je passais, j’ai entendu des
7 parties de son discours, mais bien sûr, j’étais empressée.
8 Je ne voulais pas rester pendant longtemps et j’ai entendu
9 son discours où il disait qu’il s’agissait d’un moment
10 historique pour le peuple croate et pour la Croatie, l’État
11 de Croatie, et qu’ils devaient lutter pour leur
12 indépendance et pour leurs droits, et il saluait les
13 soldats et les soldats le saluaient. Il disait « Za Dom »
14 et eux, ils répondaient « Spremni » et ils avaient recours
15 aux mêmes salutations que celles employées dans l’armée
16 d’Hitler.
17 Q. Là pour être tout à fait précis, vous avez
18 dit un jour de marché, un samedi avant Ahmici. Donc là,
19 nous parlons du mois d’avril 1993 ?
20 R. Oui.
21 Q. Cette information, c’est seulement récemment
22 que l’on vous a demandé de la fournir ? C’est seulement
23 récemment lorsque vous avez rencontré des représentants du
24 Bureau du Procureur que l’on vous a demandé de nous donner
25 cette information, n’est-ce pas ?
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1 R. Oui.
2 Q. Je souhaite maintenant attirer votre
3 attention brièvement sur le commentaire que Boro Krizanovic
4 a fait devant vous concernant les unités différentes qui
5 étaient sur place. Il s’agit du paragraphe 38.
6 Si j’attire votre attention à ça, est-ce que vous
7 pourriez nous donner un commentaire concernant la manière
8 dont Boro Krizanovic vous a mentionné le fait que les
9 Vitezovis et la 330e [sic] brigade de Split et la 120e
10 [sic] unité de la HV de Varazdin soutenaient l’attaque du
11 HVO local contre Gacice ?
12 R. Durant cette période lorsque notre village a
13 été incendié, nous, nous sommes restés, et un matin, Boro
14 Krizanovic est venu et il m’a dit… on parlait tous les deux
15 et je lui ai dit : « Comment avez-vous pu faire des choses
16 aussi horribles ? Nous étions des voisins. Nous avons
17 vécu ensemble jusqu’à hier. » Et lui, il m’a dit que pour
18 eux, c’était tout à fait simple, que de toute façon c’était
19 facile pour eux de prendre le contrôle de notre village
20 puisque c’est la 303e brigade de Split et la 125e brigade
21 de Varazdin qui les ont aidés et il a dit qu’ils
22 obéissaient simplement aux ordres et que si jamais on leur
23 demandait de nous tuer tous, ils allaient le faire, et
24 s’ils recevaient l’ordre de nous échanger, qu’ils allaient
25 le faire.
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1 Q. À l’époque, Boro Krizanovic était membre de
2 formation militaire connue comme le HVO ?
3 R. Oui.
4 Q. Dans le paragraphe 43, vous avez également
5 dit qu’à un certain moment en Bosnie, vous avez eu
6 l’occasion de serrer la main de Dario Kordic. Est-ce que
7 vous pourriez nous dire quelque chose sur les circonstances
8 dans lesquelles ceci s’est produit ?
9 R. Je m’en souviens. Ce jour-là, le Président
10 Tudjman est venu de Croatie afin d’inaugurer l’hôpital à
11 Nova Bila et Kordic est venu afin d’accueillir le Président
12 Tudjman. Il est venu en hélicoptère ce jour-là. À ce
13 moment-là, je travaillais dans la FORPRONU et nous aussi
14 nous sommes venus afin d’assurer le transport du Président
15 de l’aéroport jusqu’à l’hôpital. C’est à ce moment-là que
16 j’ai rencontré Kordic. L’officier pour qui je travaillais
17 s’est approché de Kordic et lui a serré la main. Moi
18 aussi, je lui ai serré la main et puis on parlait aussi
19 d’autres choses nécessaires pour préparer le séjour du
20 Président. Nous n’avions pas un autre véhicule blindé pour
21 lui et il était très déçu et en colère parce que nous
22 n’avions pas trouvé un meilleur véhicule pour lui.
23 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire quelle était
24 votre fonction au sein de la FORPRONU à l’époque et pendant
25 combien de temps vous avez travaillé pour la FORPRONU et
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1 ensuite pour les unités qui ont succédé la FORPRONU en
2 Bosnie ?
3 R. J’ai travaillé pour le bataillon britannique
4 comme interprète pendant environ trois ans.
5 Me SOMERS (interprétation) : J’indique à
6 l’intention de la Chambre et du conseil de la Défense que
7 l’on a mentionné également ce jour de marché dans le
8 paragraphe 20. Excusez-moi de ne pas l’avoir indiqué plus
9 tôt.
10 Q. Un instant s’il vous plaît. Pour finir, je
11 souhaite parler de deux ou trois autres points.
12 Maintenant, je demanderais à l’huissier – j’aurais
13 dû le faire au début, cela dit – mais l’huissier va vous
14 montrer un papier où un nom est inscrit et veuillez
15 simplement dire par « oui » ou « non » s’il s’agit de votre
16 nom. Veuillez dire à haute voix « oui » ou « non ».
17 R. Oui.
18 Q. Pour finir, est-ce que tout ce que vous avez
19 dit et ce qui figure dans ce résumé de déclaration est
20 vrai, pour autant que vous le sachiez et croyiez ?
21 R. Oui.
22 Me SOMERS (interprétation) : Merci.
23 Je n’ai plus de questions pour ce témoin.
24 Me MIKULICIC (interprétation) : Si vous me le
25 permettez, Monsieur le Président, c’est la Défense de
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1 Monsieur Cerkez qui souhaite contre-interroger le témoin
2 d’abord, suite à notre accord, à l’accord passé entre les
3 deux Défenses.
4 M. LE PRÉSIDENT : Oui, allez-y.
5 Me MIKULICIC (interprétation) : Merci.
6 CONTRE-INTERROGÉE PAR Me MIKULICIC
7 (interprétation) :
8 Q. Témoin AP, je m’excuse de ce manque de
9 courtoisie mais ceci se fait afin de protéger vos intérêts.
10 Je m’appelle Goran Mikulicic et je représente Mario Cerkez
11 avec mon collègue Monsieur Kovacic.
12 Vous avez donné plusieurs déclarations aux
13 enquêteurs de ce Tribunal et vous avez également donné une
14 déclaration le 21 octobre 1994. Avant cette date, est-ce
15 que vous avez également fait des déclarations auprès d’un
16 certain organe ?
17 R. Je ne sais pas de quel organe vous parlez.
18 Q. Je vous demande cette question parce que dans
19 votre première déclaration du 21 octobre 1994, il est
20 indiqué que vous avez donné une seule déclaration
21 précédemment.
22 R. C’est possible, mais vraiment, je ne m’en
23 souviens pas.
24 Q. Vous ne vous en souvenez pas ? Très bien !
25 Témoin AP, votre village, le village dans lequel
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1 vous avez vécu au moment des faits, c’est-à-dire vers la
2 deuxième moitié de l’année 1992 et la première moitié de
3 l’année 1993, quelle était la constitution ethnique de ce
4 village ?
5 R. C’était environ 50 pour cent de musulmans, 50
6 pour cent de Croates et une famille serbe.
7 Q. Est-ce que vous seriez d’accord avec la
8 donnée reçue par une personne qui a travaillé dans votre
9 communauté locale pendant 18 ans – je ne vais pas citer son
10 nom puisqu’il a le même nom de famille que vous – il a dit
11 que 378 habitants vivaient à Gacice, dont 206 musulmans et
12 169 Croates et trois Serbes ?
13 R. Vraiment, je ne connais pas les données
14 exactes.
15 Q. Vous avez dit que les rapports entre les
16 Croates et les musulmans étaient corrects avant ces
17 incidents ?
18 R. Oui.
19 Q. C’est vers la mi-1993 que les deux groupes
20 ont commencé à se séparer et vous vous êtes répartis en
21 deux entités dans le village, d’un côté les Croates et de
22 l’autre les musulmans ?
23 R. Oui, mais en ce qui concerne les séparations
24 et les tensions, ceci a commencé même avant l’année 1993.
25 Q. Madame AP, est-ce que vous vous souvenez que
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1 dans le village, des gardes villageoises ont été montées
2 constituées à la fois des uns et des autres ?
3 R. Oui.
4 Q. Par la suite, ils se sont divisés en gardes
5 villageoises croates et musulmanes et les Croates gardaient
6 la partie croate et les musulmans la partie musulmane du
7 village ?
8 R. Les Croates étaient surtout dans la Maison
9 des Jeunes. C’est là qu’ils gardaient leurs armes, dans la
10 cave de cet immeuble.
11 Q. Vous avez dit que vers la fin 1992, on a
12 pratiquement imposé la langue croate à l’époque ?
13 R. Oui.
14 Q. Est-ce que vous pouvez me dire quelle était
15 la langue employée par les Croates de votre village ?
16 R. Dans mon village, ils parlaient le
17 serbo/croate.
18 Q. Les Bosniens, quelle est la langue qu’ils
19 parlaient dans votre village ?
20 R. La même.
21 Q. D’après vous, quelle est la différence entre
22 la langue bosniaque et croate ? Est-ce que les gens se
23 comprennent bien en parlant ces deux langues ?
24 R. S’ils le veulent, ils peuvent se comprendre
25 sans problème.
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1 Q. Est-ce qu’il est exact de dire que mises à
2 part certaines constructions différentes, certaines
3 structures grammaticales différentes, il n’y a pas de
4 différence parmi ces deux langues, qu’il s’agit
5 pratiquement d’une même langue ?
6 R. Pratiquement.
7 Q. Vous avez dit également, en parlant de la
8 deuxième moitié de l’année 1992, que les Croates ont
9 commencé à hisser leur propre drapeau ?
10 R. Oui.
11 Q. Il s’agit du drapeau avec le damier ?
12 R. Oui. Il s’agit du drapeau croate avec le
13 symbole croate.
14 Q. Est-ce que vous pouvez remarquer la
15 différence entre le drapeau de l’État croate et le drapeau
16 de la Communauté croate de Herceg-Bosna ? Est-ce que vous
17 savez quelle est la différence entre ces deux ?
18 R. En ce moment, je ne sais plus mais je suis
19 sûre qu’à l’époque, je le savais.
20 Q. Donc, les Croates ont lié leurs sentiments à
21 ce drapeau avec le damier ?
22 R. Les Croates à Vitez ont introduit la monnaie
23 de l’État de Croatie, ils hissaient les drapeaux…
24 Q. Pour le moment, nous parlons des drapeaux.
25 R. Oui.
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1 Q. D’autre part, les musulmans ont été liés
2 sentimentalement au drapeau avec les lys ?
3 R. Oui.
4 Q. D’autre part, est-ce que vous savez que
5 l’entité serbe de Bosnie-Herzégovine était liée à un
6 drapeau qui était différent de ces deux drapeaux ?
7 R. Oui, mais à Vitez, ni le drapeau serbe, ni le
8 drapeau musulman n’ont jamais été hissés. Il n’y avait que
9 le drapeau croate.
10 Q. Très bien ! Nous pouvons dire que les trois
11 peuples vivant en Bosnie étaient liés à leurs trois
12 drapeaux respectifs ?
13 R. Oui.
14 Q. Vous avez vécu dans le village et vous
15 connaissiez un grand nombre de vos voisins. Vous les avez
16 mentionnés d’ailleurs. Vous avez mentionné parmi les
17 autres Boro Krizanovic. Le connaissez-vous ?
18 R. Oui.
19 Q. Dites-moi, compte tenu des rapports qui
20 prévalaient dans le village, est-ce qu’il était connu comme
21 quelqu’un qui buvait beaucoup d’alcool ?
22 R. Oui.
23 Q. Témoin AP, dans votre déclaration, vous avez
24 dit que vous avez vu un grand trou, une sorte de grande
25 tranchée creusée par une pelleteuse. Vous vous en
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1 souvenez ?
2 R. Oui.
3 Q. Vous avez mentionné également que certains
4 corps ont été enterrés dans cette tranchée ?
5 R. Ce n’était pas une tranchée. Il s’agissait
6 d’une fosse commune large de deux mètres et longue
7 d’environ 40 et puis profonde d’environ un demi mètre.
8 Q. Est-ce que vous vous souvenez quand ceci
9 s’est passé par rapport à l’attaque ?
10 R. Je me souviens que c’était vers la fin du
11 mois d’avril ou bien le début du mois de mai.
12 Q. Si je vous dis que l’un de vos voisins a dit
13 aux enquêteurs de ce Tribunal que le 23 avril, Boro
14 Krizanovic et Darko Kraljevic lui ont montré cette tranchée
15 et qu’elle était vide et qu’ils l’ont remplie, qu’est-ce
16 que vous pouvez dire à cela ?
17 R. Je ne sais rien en ce qui concerne cela mais
18 moi, j’ai vu de mes propres yeux qu’ils plaçaient des corps
19 à l’intérieur.
20 Q. Quelles étaient les armes employées par la
21 garde villageoise ?
22 R. De quel côté ?
23 Q. Bosnien.
24 R. Ils avaient des Kalashnikovs et des fusils de
25 chasse.
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1 Q. Est-ce que vous savez à peu près combien de
2 personnes disposaient d’armes ?
3 R. Je ne sais pas mais je sais que très peu de
4 personnes les avaient et qu’ils avaient des Kalashnikovs
5 qu’ils avaient reçus de la Défense territoriale lorsqu’ils
6 allaient se battre contre les Serbes. Donc, lorsqu’ils
7 rentraient des lignes de front, certains d’entre eux
8 portaient leurs Kalashnikovs, mais puisqu’il n’y avait pas
9 suffisamment d’armes, certains d’entre eux devaient laisser
10 leurs armes sur place sur les lignes de front pour les
11 autres combattants contre les Serbes.
12 Me MIKULICIC (interprétation) : Je vais attendre
13 la fin de l’interprétation.
14 Q. Est-ce que vous savez, Madame, par hasard, la
15 déclaration de cette même personne donc qui était le
16 commandant de la Défense territoriale qui a dit que deux
17 mortiers se trouvaient dans le village et que les musulmans
18 disposaient d’environ 38 fusils, est-ce que ceci est
19 conforme à vos souvenirs ?
20 R. Je ne sais pas.
21 Q. Dans cette partie du village où les Bosniens
22 s’étaient retirés, est-ce qu’il y a eu certaines
23 fortifications, des blockhaus, des tranchées dans cette
24 partie du village ?
25 R. Non.
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1 Q. Ce même Monsieur dont il a été question avait
2 dit qu’il y avait un certain nombre de tranchées qui ont
3 été creusées et qu’il y avait également une fortification,
4 un blockhaus qui était au centre-ville ?
5 R. Oui. C’était juste en contrebas par rapport
6 à la maison de Hasim Hrustic.
7 Q. Au moment de l’offensive, de l’attaque,
8 pourriez-vous nous dire combien il y avait d’hommes dans le
9 village ?
10 R. En ce qui concerne les hommes en âge de
11 combattre, ils étaient 25 à peu près.
12 Q. Est-ce que vous savez qu’un certain nombre
13 d’hommes se sont retirés dans la forêt pendant l’attaque et
14 que d’autres se sont remis aux soldats du HVO ?
15 R. Oui, je m’en souviens.
16 Q. Conviendrez-vous avec moi qu’en mentionnant
17 la déclaration de votre époux qui s’est retiré à la forêt,
18 qu’il y avait une quarantaine d’hommes qui se sont retirés
19 dans la forêt et que les 15 se sont remis aux soldats du
20 HVO ? Est-ce que vous serez d’accord avec moi ?
21 R. Je ne sais pas combien ils étaient dans la
22 forêt. Je sais qu’il y avait un groupe de personnes qui se
23 sont retirées dans la forêt. Il y avait mon mari
24 également. Ils étaient une quinzaine à peu près.
25 Q. Par conséquent, ce qu’il avait dit, qu’ils
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1 étaient une quarantaine, ce n’est pas vrai ?
2 R. Je ne dis pas que ce n’est pas exact. Je dis
3 tout simplement que j’ai vu le groupe dans lequel il était.
4 J’ai vu donc tout simplement ce groupe à partir de la
5 maison où j’étais.
6 Q. J’ai compris. Par conséquent, cette attaque
7 tragique qui a eu lieu, qui vous a frappée vous-même,
8 d’autres villageois également, vous avez dit que ce
9 Monsieur dont il a été question était connu également dans
10 le village comme une personne qui était plutôt disposée à
11 l’alcool. Vous avez parlé également d’un certain nombre
12 d’unités croates. Vous avez parlé de la 303e de Split et
13 125e de Varazdin.
14 Si je vous disais que de telles brigades
15 n’existent pas sous cette désignation et que ce n’est pas
16 vrai, comment vous l’auriez commenté étant donné la source
17 d’où vous détenez ces informations ?
18 R. Je ne sais pas si ces brigades existaient sur
19 le plan juridique mais je sais que des unités de Croatie
20 étaient chez nous. Quelles étaient les raisons pour
21 lesquelles Boro les avait inventées, comme je l’ai dit, je
22 ne sais pas.
23 Q. De toute façon, votre source d’information,
24 c’est Boro, n’est-ce pas ?
25 R. Oui. Les gens qui étaient dans le village ce
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1 jour-là, ceux qui étaient également avant, nous pouvons
2 faire la différence entre nous selon l’accent dans notre
3 parler.
4 Q. Entendu ! Vous avez dit également que lors
5 de cette attaque, il y avait l’unité des Vitezovis. Est-ce
6 que vous savez qui était le commandant des Vitezovis ?
7 R. Non.
8 Q. Est-ce que vous savez qui est Darko
9 Kraljevic ?
10 R. Oui.
11 Q. Est-ce que c’est la personne qui vous a
12 demandé de vous rendre devant l’hôtel de Vitez ?
13 R. Je n’ai pas vu Darko Kraljevic, mais de toute
14 façon, il était peut-être dans le groupe mais moi, je ne
15 pouvais pas le reconnaître. Donc, je ne peux pas vous
16 dire.
17 Q. À ce moment-là, dans le compte rendu, quand
18 je vous ai posé la question si vous connaissiez Darko
19 Kraljevic, vous avez dit oui. À ce moment-là, il y a
20 quelque chose qui ne va pas.
21 R. J’ai entendu parler de Monsieur Darko
22 Kraljevic et je ne le connais pas en personne.
23 Q. Entendu ! Je vous ai comprise.
24 Madame AP, vous nous avez cité un certain nombre
25 de noms de vos voisins que vous avez reconnus lors de
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1 l’attaque. Vous nous avez dit également que vous avez
2 entendu les personnes parler avec un accent et vous saviez
3 qu’ils étaient venus de l’extérieur ?
4 R. Oui.
5 Q. Vous voulez dire qu’ils sont arrivés
6 d’Herzégovine, par exemple ?
7 R. Parmi ces gens-là, il y en avait beaucoup que
8 j’ignorais. Je sais qu’ils n’étaient pas de notre village
9 et je sais qu’ils avaient un autre accent. Je suppose
10 qu’ils sont arrivés d’Herzégovine.
11 Q. Madame AP, est-ce vous connaissez le village
12 Garici ?
13 R. Oui.
14 Q. Par rapport au village Gacice, quelle est la
15 distance entre donc Gacice d’un côté et Garici de l’autre ?
16 Ce sont deux villages qui se joignent pratiquement, n’est-
17 ce pas ?
18 R. Oui, vous avez raison.
19 Q. Vous avez parlé également d’une autre
20 personne dénommée Kreso Garic. Vous avez dit que vous
21 n’avez jamais fait connaissance de ce Monsieur ?
22 R. J’ai dit que je ne l’ai pas vu auparavant
23 mais je l’ai vu par la suite.
24 Q. Est-ce que c’est vous-même qui l’avez vu au
25 moment où il y avait l’attaque qui a été organisée contre
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1 votre village ?
2 R. Oui.
3 Q. Est-ce que vous vous souvenez quel était
4 l’uniforme qu’il portait ?
5 R. Je me souviens qu’il portait un casque, un
6 gilet pare-balles et un uniforme de camouflage.
7 Q. Vous avez pu également voir les insignes
8 qu’il arborait ?
9 R. Je ne m’en souviens pas maintenant. Excusez-
10 moi.
11 Q. Madame AP, j’ai dit que le commandant de TO
12 dans le village a parlé de ces événements. Il n’a jamais
13 dit qu’il avait vu les membres de la République de Croatie
14 dont Boro Krizanovic vous a parlé au moment où l’attaque
15 s’est produite sur le village. Est-ce que vous pouvez
16 faire votre commentaire ?
17 R. Moi, j’ai vu les soldats arborant les
18 insignes HV au moment où l’attaque a eu lieu.
19 Q. Vous en avez vu combien, s’il vous plaît ?
20 R. Je ne les ai pas comptés.
21 Q. C’était les personnes de Herzégovine ou bien
22 éventuellement c’était les personnes qui parlaient votre
23 langue avec l’accent que vous connaissez ?
24 R. Il y en avait qui parlaient avec le même
25 accent, d’autres avec un accent qui n’est pas le nôtre.
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1 Q. Est-ce que vous savez, Madame, que les gens
2 de votre village et des alentours de votre village, au
3 moment ou la guerre a commencé en Croatie, étaient partis
4 en Croatie pour justement joindre les unités croates et
5 lutter, combattre les formations de l’ex-JNA ?
6 R. Oui.
7 Q. Est-ce que vous savez que c’était des unités
8 également qui retournaient en Bosnie au moment où la guerre
9 a commencé en Bosnie ?
10 R. Oui.
11 Me MIKULICIC (interprétation) : Madame AP, je
12 vous remercie.
13 Monsieur le Président, je n’ai plus de questions.
14 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci, Monsieur
15 le Président.
16 CONTRE-INTERROGÉE PAR
17 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
18 Q. Madame AP, je vais me présenter. Je suis
19 Mitko Naumovski. Ensemble avec mon confrère Sayers, je
20 défends le premier accusé, Dario Kordic, et je vais vous
21 poser quelques questions étant donné que mon confrère
22 Mikulicic a pratiquement épuisé les questions que je
23 pensais vous poser.
24 Quelques détails au sujet de la formation qui a
25 été localisée, stationnée dans votre village. Nihad, pour
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1 ne pas parler du nom, disposait d’une Motorola, n’est-ce
2 pas ?
3 R. Non, je ne sais pas.
4 Q. Vous avez déjà déposé dans une autre affaire
5 et je pense justement qu’il y a eu certaines différences
6 entre vos deux dépositions et je me souviens que vous avez
7 parlé qu’il ne s’agissait pas véritablement d’un émetteur
8 radio mais qu’il s’agissait plutôt d’une Motorola.
9 R. Il n’est pas impossible que je l’aie dit.
10 Q. Je voulais tout simplement préciser qu’il
11 avait communiqué avec son siège à Stari Vitez.
12 R. Non. Le jour où nous avons été attaqués,
13 nous n’avons pu communiquer, ni contacter qui que ce soit.
14 Q. Il y a un autre sujet qui m’intéresse et qui
15 concerne Monsieur Kordic et c’est la raison pour laquelle
16 le mieux c’est d’entrer dans le vif du sujet.
17 Madame AP, vous n’avez jamais entendu, n’est-ce
18 pas, que Monsieur Kordic ait menacé qui que ce soit et
19 qu’il l’a fait en passant par les masses médias ? Il n’a
20 jamais menacé qui que ce soit, n’est-ce pas, au sujet des
21 événements de Ahmici en octobre 1992 ?
22 R. Non. Il n’a jamais dit qu’il allait attaquer
23 Ahmici bien évidemment, mais il a appelé en permanence son
24 peuple pour se défendre. Il n’a fait que ça.
25 Q. Vous n’avez jamais entendu dire publiquement
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1 Kordic que Darko Kraljevic ou quelqu’un d’autre était
2 responsable pour le camion piège à Stari Vitez, n’est-ce
3 pas ?
4 R. Non.
5 Q. Vous n’avez jamais entendu parler non plus
6 qu’il a proféré des injures sur les musulmans ?
7 R. Non, mais jamais il ne disait du bien sur le
8 peuple musulman. Selon les propos, selon les déclarations,
9 selon tout ce qu’il avait dit à la radio, à la télévision,
10 il invitait tout le temps le peuple croate pour se défendre
11 et il n’a jamais fait appel à qui que ce soit. Il a
12 toujours parlé des frontières historiques qu’il fallait
13 défendre et il a souvent également dit qu’il se rendait
14 souvent à Zagreb pour des réunions différentes.
15 Q. Madame le Témoin AP, vous répondez à une
16 question mais vous ne connaissez pas vous-même. Ce n’est
17 pas vos propres connaissances ? Vous n’avez jamais entendu
18 tout cela ?
19 R. Non, vous n’avez pas raison. C’est moi qui
20 l’ai entendu.
21 Q. Au moment où vous avez donné la déclaration
22 le 21 octobre 1994, vous avez dit : « Moi personnellement,
23 je n’ai jamais entendu Monsieur Kordic quand il a parlé » ?
24 R. Moi, j’ai dit que je n’ai pas vu à la
25 télévision Monsieur Kordic. Je n’ai pas suivi l’ensemble
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1 de son discours mais j’ai entendu des parties de son
2 discours.
3 Q. Vous êtes explicite et je cite : « Je ne l’ai
4 jamais entendu personnellement. » Fin de citation.
5 R. Mais c’est vrai, je n’ai pas entendu en
6 entier son discours à la télévision.
7 Q. Par conséquent, ce que vous avez dit aux
8 enquêteurs du Tribunal, moi, j’ai déduit que vous supposez
9 que les visites de Monsieur Kordic à Vitez avaient quelque
10 chose à faire avec les tensions à Vitez ?
11 R. Non, mais on savait très bien quand Kordic
12 allait se rendre à Vitez et il y avait des tensions. On
13 les sentait chaque fois quand Kordic s’y rendait. Mes
14 voisins croates, les gens avec lesquels je travaillais
15 auparavant disaient : « Hier, Kordic était à tel et tel
16 endroit. Il s’est rendu à telle et telle place », et
17 cætera.
18 Q. Maintenant, nous allons parler quelque peu de
19 cet événement dont il a été déjà question et qui a eu lieu
20 samedi avant les événements de Ahmici en 1993.
21 R. Oui. C’était un samedi et c’était avant
22 l’attaque de Ahmici.
23 Q. C’est un samedi ou bien le samedi précédant
24 Ahmici ?
25 R. Un samedi. Je ne me souviens pas combien par
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1 rapport à Ahmici.
2 Q. Vous pouvez nous dire quel était le mois ?
3 R. Non.
4 Q. Est-ce que vous vous souvenez que c’était en
5 1993 ?
6 R. Oui. Je sais que ceci s’est passé avant
7 Ahmici. Je ne peux pas vous donner la date exacte. Je ne
8 suis pas capable de vous répondre avec précision car à
9 cette époque-là, on ne savait pas que Ahmici allait se
10 produire… enfin que l’événement allait se produire et c’est
11 la raison pour laquelle je ne pensais pas…
12 Q. Excusez-moi, je vous ai interrompue, mais
13 ceci est extrêmement important. Est-ce que vous pouvez
14 nous dire si c’était avant le 1er de l’an 1993 ou c’était
15 fin 1992 ? Est-ce que vous pouvez, à titre d’orientation,
16 dire à quel moment c’était ?
17 R. Je pense que c’était après mais je ne peux
18 pas vous l’affirmer.
19 Q. Vous avez dit que vous alliez au marché.
20 C’était un samedi. Vous êtes passée à côté du stade. Vous
21 avez pu voir également ce qui se passait sur le stade, ce
22 qui s’y passait, et cætera. Ce n’était pas un stade qui
23 était clôturé, n’est-ce pas ? Ce n’était pas fermé ?
24 R. Oui. Il y avait une clôture, mais de toute
25 façon, on pouvait voir à travers la clôture, tout au moins
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1 d’un côté. On ne pouvait pas bien évidemment voir tout,
2 tout ce qui se passait, mais on pouvait voir l’armée, on
3 pouvait voir les soldats. Il y avait quelques tribunes
4 également qu’on pouvait voir.
5 Q. Est-ce qu’il y avait une tribune solennelle ?
6 Vous voyez, quand il y a une manifestation qu’on organise,
7 il y a toujours une tribune pour les personnalités, et
8 cætera.
9 R. Je ne m’en souviens pas.
10 Q. Est-ce que vous savez de quelle manifestation
11 s’agissait-il, quelle était l’occasion ?
12 R. Non.
13 Q. Vitez n’est pas une grande ville et par
14 conséquent, vous auriez pu en entendre parler. Vous ne
15 saviez pas ce qui se passait ?
16 R. Non. Je l’ignorais absolument parce qu’il y
17 en avait beaucoup et il y avait une série de manifestations
18 différentes.
19 Q. Pourriez-vous nous dire également combien de
20 personnes il y avait ? Est-ce que vous avez vu à peu près
21 les gens qui étaient présents ?
22 R. Non, je n’ai pas pu voir toutes les personnes
23 qui étaient présentes. J’ai vu quelques tribunes. Comme
24 je l’ai dit, j’ai entendu beaucoup de voix et je sais
25 qu’ils saluaient. Ils disaient : « Prêts pour la patrie. »
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1 Je pense qu’il y en avait une centaine, même plus qu’une
2 centaine qui répétaient à la fois : « Prêts pour la
3 patrie. »
4 Q. Vous parlez pour la deuxième fois de la
5 tribune. Ceux qui saluaient, ils étaient sur les tribunes
6 ou…
7 R. Oui. Je pense, oui.
8 Q. Est-ce que vous-même, vous avez vu en
9 personne, de vos propres yeux Monsieur Kordic ?
10 R. Non.
11 Q. Votre conclusion, vous la fondez sur la
12 reconnaissance de sa voix soi-disant ?
13 R. Sur ce qui nous a été dit également. C’était
14 les voisins croates qui nous ont dit que Tudjman était
15 venu, qu’il avait eu un bon discours, qu’il avait parlé
16 très, très bien sur tout ce qui se passait.
17 Q. Vous avez parlé du Président Tudjman. De
18 toute façon, je ne suis pas arrivé encore là.
19 En ce qui me concerne, je suis intéressé à ce
20 samedi, ce samedi du marché, à ces événements qui ont eu
21 lieu sur le stade. Qui vous a dit que Monsieur Kordic
22 était sur place ce jour-là ?
23 R. Je ne me souviens pas exactement qui me l’a
24 dit mais je sais que tous ont raconté ce qui s’est passé,
25 aussi bien les musulmans que les Croates. Les musulmans,
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1 ils avaient peur. En revanche, les Croates, ils parlaient
2 de ce qui s’est passé sur le stade et ils ont dit également
3 qu’il s’y est rendu, mais ils n’avaient aucune crainte, les
4 Croates, ce qui n’était pas le cas des musulmans.
5 Q. Si je vous comprends bien, vous vous fondez
6 sur ce que vous avez entendu parler par les gens de Vitez,
7 n’est-ce pas ?
8 R. Oui. Il y a la voix qu’on a pu reconnaître
9 également et il y a un certain nombre de choses qui m’ont
10 été racontées par la suite par les gens, par les voisins,
11 aussi bien les Croates que les musulmans.
12 Q. De toute façon, vous-même, vous ne pouvez pas
13 exclure la possibilité quand même qu’il y avait
14 éventuellement la radio ?
15 R. Bien évidemment, c’est possible qu’on diffuse
16 un discours, mais je ne vois pas pourquoi les gens auraient
17 fait autant de commentaires s’il n’y avait tout simplement
18 que quelque chose qui a été diffusé et que c’était une
19 émission de la radio.
20 Q. Vous avez entendu pendant combien de temps ce
21 discours ?
22 R. C’était sur la route vers Vitez et pendant
23 une demi-heure, par les haut-parleurs, on a pu suivre ce
24 discours.
25 Q. Vous-même, vous l’avez suivi ?
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1 R. Non. Je ne me suis pas arrêtée pour écouter,
2 mais de toute façon, j’ai pu appréhender la voix ou
3 également suivre le discours pendant quelques minutes.
4 Q. Madame le Témoin AP, est-ce que vous savez
5 qu’il y avait d’autres manifestations également qui ont eu
6 lieu sur ce stade ? Est-ce que vous-même, vous avez vu un
7 certain nombre d’autres manifestations ?
8 R. Il y avait souvent de tel type de
9 manifestations. Je ne sais pas si vous pensez à la guerre
10 ou autre chose.
11 Q. Non, mais je parle de la période qui a
12 précédé la guerre.
13 R. Avant, il y avait des chanteurs qui se
14 rendaient sur le stade. Il y avait le football également.
15 Q. Non, excusez-moi, ce n’est pas à ça que je
16 pensais. Je pensais tout à fait concrètement si vous êtes
17 au courant qu’il y avait une prestation de serments qui a
18 été organisée à l’intention des soldats du HVO et que
19 c’était en été 1992.
20 R. En ce moment, je ne peux pas m’en souvenir
21 exactement, mais je sais qu’il y avait la prestation de
22 serments qui a été organisée sur le stade.
23 Q. Est-ce que l’événement dont vous parlez et
24 qu’on va situer en 1992, 1993 éventuellement, est la
25 prestation de serments ? J’ai essayé de rafraîchir votre
Page 15908
1 mémoire en vous en parlant.
2 R. Je n’en suis pas sûre mais je pense que
3 c’était une autre manifestation, mais je ne suis pas sûre à
4 100 pour cent.
5 Q. Par conséquent, vous laissez quand même la
6 possibilité qu’il s’agissait de la prestation du serment
7 qui a eu lieu en été 1992 ?
8 R. C’est possible.
9 Q. Entendu ! Très brièvement, Madame le Témoin
10 AP, vous êtes d’accord avec moi pour dire que jusqu’à
11 aujourd’hui, vous avez donné quatre déclarations trois fois
12 aux enquêteurs du Tribunal, et une fois, vous avez déposé
13 dans une autre affaire, n’est-ce pas ?
14 R. Oui.
15 Q. Dans ces quatre déclarations, vous n’avez
16 jamais parlé de ce détail, n’est-ce pas ?
17 R. Personne ne m’a posé la question à ce sujet-
18 là.
19 Q. Aujourd’hui en répondant au Procureur, vous
20 avez dit que c’est la première fois que vous avez fait
21 votre commentaire tout simplement parce qu’on vous l’a
22 demandé, on vous a posé la question ?
23 R. Oui.
24 Q. Qui était au courant que vous étiez au
25 courant de ce qui s’était passé ?
Page 15909
1 R. Moi, j’ai donné la déclaration et c’est une
2 deuxième, troisième fois qu’on a répété les mêmes choses.
3 Par conséquent, ce n’était peut-être pas intéressant lors
4 de la première déclaration. Maintenant éventuellement,
5 c’était beaucoup plus intéressant.
6 Q. Lors de l’interrogatoire principal, nous
7 avons dit que c’était avant Ahmici, alors que maintenant,
8 nous disons que c’est peut-être août 1992.
9 R. Je pense que c’était plus près du mois
10 d’avril mais je ne peux pas l’affirmer à 100 pour cent.
11 Q. Par conséquent, vous ne pouvez pas affirmer
12 que ce n’était pas au mois d’août 1992 ?
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Naumovski,
14 il est inutile de répéter ceci à l’envie. Nous avons
15 compris.
16 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci, Monsieur
17 le Président. Je viens de terminer.
18 Q. Madame le Témoin AP, je vais être très bref.
19 Si j’ai bien compris, vous avez travaillé à l’époque pour
20 les Nations Unies et il fallait par conséquent assurer le
21 passage en sécurité au Président Tudjman, n’est-ce pas ?
22 Vous vous en souvenez ?
23 R. Oui.
24 Q. Vous conviendrez avec moi pour dire que
25 c’était quelque peu après la guerre ? Il y a les Accords
Page 15910
1 de Washington qui ont été signés et peu après, vous avez
2 travaillé pour les Nations Unies ?
3 R. Oui.
4 Q. Par conséquent, sur le plan sécurité, la
5 situation n’était pas encore très bonne ? Il est évident
6 qu’il y avait des risques ?
7 R. Le Président Tudjman traversait uniquement le
8 territoire croate, contrôlé par les Croates.
9 Q. Je ne vois pas votre réponse à ma question
10 selon laquelle les Nations Unies devaient assurer la libre
11 circulation au Président Tudjman.
12 R. Oui. Normalement, il a fallu assurer une
13 voiture pour le Président Tudjman.
14 Q. Si je vous ai bien comprise, Monsieur Kordic
15 n’était pas satisfait pour des raisons de sécurité ?
16 R. Non, mais la voiture n’était pas propre.
17 Elle était sale et on n’avait pas une voiture qui était
18 propre et il considérait que ce n’était pas bien pour le
19 Président.
20 Q. Mais sinon, la voiture correspondait ?
21 R. Oui, oui, tout à fait.
22 Q. Encore une toute dernière question. Je n’ai
23 pas examiné avec précision le nouveau résumé. Lors de
24 votre déposition dans l’autre affaire, vous avez parlé du
25 Plan Vance-Owen et vous avez dit que Mate Boban a fait
Page 15911
1 quelques commentaires au sujet de ce Plan. Vous vous en
2 souvenez ?
3 R. Oui.
4 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Monsieur le
5 Président, voilà ! C’est tout au nom de Monsieur Kordic.
6 Merci au témoin également.
7 RÉINTERROGÉE PAR Me SOMERS
8 (interprétation) :
9 Q. Je sais que nous n’avons pas beaucoup de
10 temps. Je n’ai donc que quelques questions à vous poser.
11 Madame le Témoin AP, s’agit-il du même Boro
12 Krizanovic duquel on a parlé dans l’interrogatoire
13 principal et qui au point 7 vous a dit à vous-même et à
14 votre époux qu’il détestait Tito, et si c’est le cas,
15 pouvez-vous nous expliquer pourquoi il vous a dit ça ?
16 R. Boro Krizanovic s’est rendu chez nous dans
17 notre boutique. Ce jour-là, il a dit qu’il détestait Tito
18 parce qu’il a accordé aux musulmans la nationalité car nous
19 ne sommes pas des êtres humains qui méritent la nationalité
20 et que c’était de la faute de Tito. C’est ce qu’il disait.
21 Q. Est-ce qu’il semblait sobre quand il vous a
22 dit ça et est-ce que ce qu’il vous a dit vous a inquiétée ?
23 R. Oui, oui, absolument.
24 Q. Donc, il était sobre et ça vous a inquiétée ?
25 R. Oui.
Page 15912
1 Q. On a parlé d’un certain nombre de vos
2 témoins. Il y en a un qui s’appelait Goran Krizanovic.
3 Est-ce qu’il s’est présenté à vous… enfin, en d’autres
4 termes, comment saviez-vous qu’il s’agissait effectivement
5 de Goran Krizanovic au moment de l’offensive sur Gacice ?
6 R. Goran Krizanovic, au moment où le village a
7 été attaqué, avait à la place d’une cagoule une chaussette
8 sur le visage et puis un des soldats lui a dit : « Pourquoi
9 cette chaussette ? De toute façon, on va tuer tous les
10 balijas. » C’est à ce moment-là qu’il a enlevé ce bas noir
11 et j’ai pu reconnaître mon voisin.
12 Q. Il s’agit de quelque chose qui est mentionné
13 au paragraphe 33 de votre résumé.
14 Me KOVACIC (interprétation) : Je suis désolé mais
15 je dois m’opposer à ce type de questions. Au début, on
16 nous a dit que le résumé des déclarations du témoin devait
17 être inclus dans le compte rendu. Nous, nous avons donc
18 posé les questions qui s’imposaient dans le cadre du
19 contre-interrogatoire, mais maintenant, on répète ce qui a
20 déjà été dit. Il ne s’agit pas d’apporter des
21 éclaircissements sur ce qui a été dit, il s’agit de choses
22 qui sont répétées. Donc, on perd le temps de tout le
23 monde.
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Vous avez
25 encore des questions ?
Page 15913
1 Me SOMERS (interprétation) : Quelques questions
2 très brèves.
3 Q. On vous a posé des questions au sujet de
4 Kreso Garic et on vous a affirmé que des gens étaient
5 revenus de Croatie après le début de la guerre en Bosnie.
6 Est-ce que c’est le même Kreso Garic qui au paragraphe 35 a
7 dit qu’il était revenu, qu’il avait habité à Zagreb pendant
8 18 ans, et qui a dit être revenu pour cette opération et
9 qu’il rentrerait à Zagreb dès que l’opération serait
10 finie ? Est-ce qu’il s’agit du même Kreso Garic ?
11 R. Oui.
12 Q. Dernière question. Vous n’avez jamais
13 participé aux meetings ou aux manifestations au cours
14 desquels Monsieur Kordic s’est exprimé, mais est-ce que
15 personnellement, vous l’aviez entendu précédemment à la
16 radio ?
17 R. Non… Oui. (Pardon, l’interprète se corrige).
18 Me SOMERS (interprétation) : Je n’ai plus de
19 questions à poser au témoin.
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Madame le
21 Témoin, vous en avez terminé de votre déposition. Je vous
22 remercie d’être venue déposer devant le Tribunal Pénal
23 International et vous pouvez maintenant quitter le
24 prétoire.
25 Me MIKULICIC (interprétation) : Monsieur le
Page 15914
1 Président.
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous en
3 prie.
4 Me MIKULICIC (interprétation) : Si vous
5 permettez, je voudrais tout simplement vous demander de
6 passer à huis clos pour pouvoir dire les noms des personnes
7 dont j’ai parlé en posant les questions au témoin. Je ne
8 voulais pas mentionner ces noms, citer ces noms pour
9 protéger le témoin.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : On peut le
11 faire, en effet, si nous passons à huis clos.
12 [Huis clos]
13 [expurgée]
14 [expurgée]
15 [expurgée]
16 [expurgée]
17 [expurgée]
18 [expurgée]
19 [expurgée]
20 [expurgée]
21 [expurgée]
22 [expurgée]
23 [Audience publique]
24 [Le témoin se retire]
25 Me NICE (interprétation) : C’est Monsieur Lopez-
Page 15915
1 Terres qui va interroger le témoin suivant, mais
2 auparavant, je voudrais vous présenter la chronologie des
3 témoins que nous avons à entendre ainsi que certaines
4 questions de procédure qu’il convient encore de traiter.
5 Le témoin que nous allons entendre maintenant est
6 quelqu’un dont il est important que nous finissions de la
7 déposition avant demain et de préférence demain matin
8 puisque des dispositions ont été prises pour que cette
9 personne rentre demain.
10 Donc, sous réserve de voir où nous en sommes
11 arrivés cet après-midi, peut-être pourrions-nous passer 10
12 minutes à parler des questions de procédure et ensuite
13 décider si on va en parler oralement au cours d’une
14 audience ou s’il conviendrait de soumettre des documents.
15 À ce moment-là, on pourra reprendre la fin du
16 témoignage demain matin, mais si nous parvenons à entendre
17 ces trois témoins d’ici demain, nous en aurons entendu six
18 sur neuf et ceci peut nous permettre d’envisager de finir
19 la présentation de nos éléments de preuve d’ici jeudi ou en
20 tout cas d’ici vendredi.
21 En ce qui concerne le témoin que nous allons
22 entendre maintenant, sous réserve d’observations ou
23 d’objections de la Défense, c’est quelqu’un qui a préparé
24 un résumé. Il a signé ce résumé. Donc, je pense qu’il est
25 possible de considérer que ce résumé de ses déclarations
Page 15916
1 fait partie de sa déposition principale. Ceci permettrait
2 de gagner du temps.
3 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Y a-t-il des
4 commentaires à ce sujet ?
5 Me KOVACIC (interprétation) : Monsieur le
6 Président, je n’ai qu’une observation. Nous avons eu une
7 discussion à une certaine époque, il y a deux semaines en
8 fait, au sujet des témoins qu’il restait à entendre et j’ai
9 écrit une lettre le 25 février à l’Accusation.
10 Au point 3 de cette lettre, j’ai dit la chose
11 suivante. Si vous me permettez, je vais le relire :
12 « Afin que l’on puisse préparer correctement le contre-
13 interrogatoire des témoins – puis-je utiliser le nom du
14 témoin ? – donc « nous avons besoin de temps pour préparer
15 le contre-interrogatoire de Sulejman Kalco puisqu’un
16 certain nombre de documents et de cassettes audios ont été
17 présentés avec ce témoin. »
18 Il faut savoir qu’à l’époque, en février, on avait
19 prévu d’interroger ce témoin en une matinée. Donc moi,
20 j’ai ressenti le besoin de faire clairement savoir quelles
21 étaient mes intentions et vous comprendrez, Monsieur le
22 Président, Messieurs les Juges, qu’étant donné que le
23 patron, le chef de ce témoin, Monsieur Djidic, n’est pas
24 ici, eh bien, ce témoin, Monsieur Kalco, que nous allons
25 entendre maintenant est absolument essentiel pour moi.
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1 Donc moi, je ne veux pas être limité. Je ne veux
2 pas que ce témoin soit présenté au dernier moment et je ne
3 veux pas être soumis à des restrictions de temps.
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Eh bien,
5 essayons de ne pas perdre plus de temps qu’il n’est
6 nécessaire et allons-y.
7 Monsieur Lopez-Terres.
8 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur le Président, le
9 témoin n’a demandé aucune mesure de protection. J’indique
10 simplement à l’intention de votre Chambre que ce témoin a
11 été victime en janvier 1996 d’une attaque cérébrale. À la
12 suite de cette attaque, il a quelques difficultés
13 d’élocution et il peut éprouver de la fatigue s’il doit
14 être soumis à un interrogatoire trop long, mais il est prêt
15 de toute façon à répondre à toutes les questions qui lui
16 seront posées.
17 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Très bien !
18 [Le témoin entre dans la Cour]
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vais
20 demander au témoin de prononcer la déclaration solennelle.
21 Me LOPEZ-TERRES : [Hors microphone]
22 M. LE PRÉSIDENT : Oui. Que le témoin prononce la
23 déclaration solennelle.
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Je déclare
25 solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité,
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1 rien que la vérité.
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Veuillez vous
3 asseoir, Monsieur.
4 Me KOVACIC (interprétation) : Monsieur le
5 Président.
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Kovacic.
7 Me KOVACIC (interprétation) : Si on utilise le
8 résumé de la déclaration du témoin dans le cadre de cet
9 interrogatoire, je souhaiterais indiquer certains points
10 sur lesquels je souhaiterais que l’on ne guide pas les
11 réponses du témoin, que l’on ne lise pas le résumé, et il
12 s’agit des passages 3 à 6, paragraphes 3 à 6, paragraphe
13 14, paragraphes 21 et 24, 27, 48 à 50 et 57 à 59. Merci.
14 Me SAYERS (interprétation) : En ce qui concerne
15 la Défense de Monsieur Kordic, nous souhaitons que la même
16 chose soit faite pour les paragraphes 23, 36 et 51 à 53.
17 TÉMOIN : SULEJMAN KALCO
18 (ASSERMENTÉ)
19 INTERROGÉ PAR Me LOPEZ-TERRES :
20 Q. Vous êtes bien Monsieur Sulejman Kalco né en
21 1942 à Donja Veceriska dans la municipalité de Vitez ?
22 R. Oui.
23 Q. Vous êtes actuellement retraité de l’armée de
24 Bosnie et vous habitez à Stari Vitez ?
25 R. Oui.
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1 Q. Monsieur Kalco, avant que vous ne
2 comparaissiez aujourd’hui, vous avez eu un entretien avec
3 le Bureau du Procureur au cours duquel un résumé de vos
4 déclarations a été établi. Vous avez bien signé le résumé
5 de ces déclarations que vous acceptez ?
6 R. Oui.
7 Q. Monsieur Kalco, pendant le conflit qui s’est
8 produit en Bosnie, vous aviez le rang de Major et vous
9 étiez le commandant adjoint de l’armée de Bosnie-
10 Herzégovine à Vitez, votre commandant, votre supérieur
11 étant Sefkija Djidic ?
12 R. Oui.
13 Q. Avant que ce conflit n’éclate, vous
14 connaissiez déjà l’accusé Mario Cerkez avec lequel vous
15 avez travaillé au secrétariat du Bureau de la Défense du
16 Peuple à Vitez et ensuite à l’usine Slobodan Princip où
17 Mario Cerkez a exercé les fonctions de chauffeur pour votre
18 compte ?
19 R. Oui. Moi, je travaillais avec Mario à la
20 municipalité de Vitez et ensuite à la société Princip où
21 lui, il était chef d’une section chargée de l’équipement
22 technique et puis il était chauffeur à la fois.
23 Q. Quelle était la nature des relations que vous
24 entreteniez à l’époque avec Monsieur Cerkez ?
25 R. Nous étions de bons amis, des collègues.
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1 Q. Est-ce que ces relations se sont dégradées ou
2 ont cessé à un certain moment ?
3 R. Non. Nous avons maintenu nos relations, mais
4 il y a eu l’établissement du HVO et de l’armée, et après,
5 ça s’est détérioré.
6 Q. Monsieur Kalco, est-ce que, alors qu’il y
7 avait un conflit qui allait se dérouler sur le territoire
8 croate, est-ce que des Croates de Vitez ont reçu à
9 l’occasion de ce conflit une formation militaire ?
10 R. Oui. Ils sont partis en Herzégovine. Il y
11 en a qui sont allés également en Croatie pour se former.
12 Je veux parler de l’entraînement.
13 Q. À votre connaissance, est-ce que l’accusé
14 Mario Cerkez faisait partie des personnes qui ont reçu une
15 telle formation et un tel entraînement ?
16 R. Oui, oui, oui.
17 Q. Est-ce que vous connaissez le nom d’autres
18 personnes croates de Vitez qui ont reçu une telle
19 formation ?
20 R. Il y avait Kraljevic, Bertovic, et puis il y
21 en avait d’autres, beaucoup d’autres.
22 Q. Savez-vous si l’accusé Mario Cerkez a quitté
23 Vitez à une certaine époque pour rejoindre le front en
24 Croatie contre les Serbes ?
25 R. Il était absent. Je ne sais pas s’il était à
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1 l’endroit que vous dites et je ne sais pas s’il a participé
2 au conflit contre les Serbes, mais à l’époque, il était
3 absent.
4 Q. À l’époque, il y avait un conflit contre les
5 Serbes en Croatie ?
6 R. Oui.
7 Q. Vous souvenez-vous de la durée de son
8 absence ?
9 R. Je ne m’en souviens pas exactement. C’était
10 un mois, deux mois, peut-être même davantage.
11 Q. D’autres Croates de Vitez se sont également
12 absentés avec Cerkez ou à la même période ?
13 R. Il y en avait d’autres également qui
14 provenaient de Vitez et de Bosnie centrale, de Travnik,
15 Novi Travnik, Busovaca, Kiseljak, Kresevo également,
16 Kakanj.
17 Q. Lorsque ces Croates de Bosnie centrale se
18 sont absentés, quelle a été l’interprétation qui a été
19 donnée à cette absence par les musulmans qui vivaient à
20 Vitez ?
21 R. Eh bien, on a dit tout simplement qu’ils sont
22 partis aider les Croates dans leur lutte contre les Serbes.
23 Q. Au cours du printemps et plus exactement du
24 mois d’avril à juin 1992, est-ce qu’il y a eu des réunions
25 à Vitez destinées à organiser une armée commune entre les
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1 musulmans et les Croates ?
2 R. Oui. Il y avait des réunions de tel type,
3 mais la partie croate protégeait toujours les intérêts du
4 HVO et considérait que c’était la force principale. Ils
5 avaient la majorité et puis ils étaient mieux équipés
6 également, mieux armés. Ils pensaient tout simplement
7 qu’ils pouvaient prendre la première place et jouer le
8 premier rôle.
9 Q. Pouvez-vous nous indiquer le nom de certaines
10 personnes qui ont participé à ces réunions de mise en place
11 d’une armée commune contre les Serbes du côté du HVO ?
12 R. Franjo Nakic, Mario Cerkez, Ante Bertovic,
13 Pero Skopljak, Ivica Santic, et du côté bosnien, Sefkija
14 Djidic, Ramiz Dugalic, moi-même, Hakija Cenjic et des
15 autres.
16 Q. À l’époque dont nous parlons, c’est-à-dire la
17 deuxième moitié de 1992, quelles étaient les fonctions
18 exactes qu’exerçait l’accusé Mario Cerkez à Vitez ?
19 R. Il y avait le commandant du Bureau municipal
20 chargé de la Défense et du côté du HVO.
21 Q. Y avait-il un supérieur à Mario Cerkez durant
22 cette époque ?
23 R. Pour ce qui concerne la municipalité de
24 Vitez, non. Il était numéro un du HVO.
25 Q. Quelle était la fonction exacte à cette même
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1 époque du nommé Marijan Skopljak ?
2 R. Marijan Skopljak a travaillé au Ministère ou
3 je ne sais pas, on appelait plutôt cela Bureau de la
4 Défense, et lui était représentant de ce Bureau chargé de
5 la Défense.
6 Q. Ce Marijan Skopljak exerçait-il une autorité
7 hiérarchique sur Mario Cerkez ?
8 R. Je pense que du point de vue militaire, non.
9 Ce qu’il avait à faire c’était de compléter les unités de
10 Mario, alors qu’il avait d’autres tâches également à
11 remplir, d’accorder les autorisations concernant les
12 explosifs et autres armes qui devaient être transférés de
13 l’entrepôt vers d’autres secteurs, vers d’autres régions.
14 Quand je parle de l’entrepôt, je pense à Princip.
15 Q. Est-il exact que Mario Cerkez, pour la
16 municipalité de Vitez, était donc le commandant militaire
17 de toutes les unités qui étaient stationnées dans cette
18 municipalité ?
19 R. Oui. Il était commandant des unités des
20 municipalités de Vitez, mais il y avait d’autres unités qui
21 sont venues de l’extérieur et ce n’est pas lui qui les a
22 commandées car il s’agissait de la Bosnie centrale. Il y
23 avait cette zone opérationnelle pour la Bosnie centrale.
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur
25 Lopez-Terres. Il est 12 h 30. Est-ce que le moment est
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1 bien choisi pour interrompre votre interrogatoire ?
2 Me LOPEZ-TERRES : Peut-être une seule question
3 avec un document, si vous me le permettez.
4 Q. Je voudrais vous présenter un document,
5 Monsieur Kalco. Il s’agit du document Z221 qui est daté du
6 19 septembre 1992. Est-ce que vous avez sous les yeux le
7 document daté du 19 septembre 1992 ?
8 R. Oui, je vois.
9 Q. Ce document est bien signé par l’accusé Mario
10 Cerkez ?
11 R. Oui.
12 Q. À votre connaissance, quelles sont les unités
13 spéciales pour lesquelles l’accusé Mario Cerkez demandait
14 la fourniture d’équipements au mois de septembre 1992 ?
15 R. Vitezovis, Jokeris et d’autres unités
16 spéciales. C’était des unités spéciales, des unités de
17 sabotage qui étaient chargées des missions spéciales pour
18 ce secteur.
19 Me LOPEZ-TERRES : Je vous remercie.
20 Je pense que nous pouvons interrompre.
21 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous allons
22 suspendre l’audience pendant une heure 30.
23 Monsieur Kalco, je vais vous demander de revenir
24 dans le prétoire à 14 h 00 pour la poursuite de votre
25 déposition. Je voudrais vous rappeler que vous ne devez
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1 parler à quiconque de votre déposition avant qu’elle ne
2 soit terminée et par là, j’entends également les membres de
3 l’équipe du Procureur.
4 14 h 00.
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Entendu.
6 --- Suspension de l’audience à 12 h 33
7 --- Reprise de l’audience à 14 h 04
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur
9 Lopez-Terres, nous avons cru comprendre qu’on ne trouve
10 plus le témoin. On ne sait pas où il est.
11 Me LOPEZ-TERRES : Apparemment, il est dans la
12 maison. Nous sommes en train de le rechercher. J’ignore
13 ce qui a pu se passer.
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Afin de ne pas
15 perdre de temps pendant que l’on recherche le témoin, il
16 serait peut-être utile d’examiner les questions d’ordre
17 administratif dont on a parlé précédemment.
18 Me NICE (interprétation) : Oui. Il s’agit de
19 questions diverses et variées qu’il conviendra d’aborder à
20 un moment ou à un autre. Nous avons noté qu’il y a une
21 audience au sujet d’un document relatif à des corps…
22 (l’interprète se reprend) un document relatif aux
23 organisations susceptibles de produire des documents, mais
24 nous ne pensons pas qu’une audience ait été prévue pour la
25 Fédération.
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous allons
2 essayer de nous renseigner à ce sujet.
3 Me NICE (interprétation) : Je crois qu’il
4 convient également de prendre une décision au sujet du
5 classeur de Kiseljak ainsi que de la vidéo. Nous serons
6 prêts à nous exprimer à ce sujet aujourd’hui ou demain,
7 demain en tout cas, c’est sûr.
8 En ce qui concerne les pièces à conviction, nous
9 avons donné à la Défense une liste de pièces à conviction
10 qui vue la décision de la Chambre la semaine dernière,
11 seront versées au dossier, mais peut-être devrais-je
12 expliquer quelque chose au sujet des pièces à conviction
13 que nous souhaitons produire et de notre logique, au cas où
14 cela a une influence sur les témoins qui restent à
15 entendre.
16 Les pièces à conviction qui sont présentées de
17 cette façon ne sont pas des pièces à conviction présentées
18 par le biais de témoins individuels, mais la situation est
19 toujours la suivante. Il n’y a pas d’obligation à produire
20 des pièces à conviction avant la déposition d’un témoin et,
21 par exemple, il arrive qu’un témoin vienne avec des pièces
22 à conviction. Cela s’est produit à deux ou trois reprises.
23 En ce qui concerne les pièces à conviction, il y a
24 deux ou plutôt une chose que nous souhaiterions mettre en
25 évidence. Nous avons notifié la Défense à ce sujet. Il
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1 serait peut-être utile de signaler la chose à la Chambre et
2 peut-être d’en reparler demain.
3 La Chambre a exclu certaines parties des éléments
4 de preuve fournis par le Professeur Cigar, mais il n’y a
5 pas eu d’argumentation définitive de la part de Monsieur
6 Scott, ni d’ailleurs par la Défense, et je comprends tout à
7 fait les motifs de la décision de la Chambre, mais notre
8 position est la suivante. L’argument au vu d’exclure le
9 rapport de Cigar se basait sur le principe que les
10 documents qu’il a étudiés étaient des documents que les
11 Juges eux-mêmes pouvaient examiner mais que ses conclusions
12 n’étaient pas celles d’un expert mais des conclusions
13 auxquelles des Juges des faits qui ne sont pas des experts
14 pourraient eux aussi arriver. C’est un argument, je crois,
15 qui a été celui de la Chambre en partie ou dans sa totalité
16 pour exclure le rapport Cigar.
17 En conséquence, ce que nous avons fait c’est la
18 chose suivante. Nous avons produit tous les documents
19 qu’avait utilisés le Professeur Cigar immédiatement après
20 la décision de la Chambre, ceci pour permettre à la Chambre
21 de travailler, d’examiner ces documents si nous l’invitons
22 à le faire en temps utile dans le cadre de notre
23 plaidoirie, de notre réquisitoire, ceci afin d’arriver à
24 des conclusions semblables à celles du Professeur Cigar.
25 Donc, nous avançons que les éléments de preuve,
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1 les annexes, et cætera, tout ce qui se trouve en annexe du
2 rapport du Professeur Cigar soient détachés du rapport lui-
3 même et soient présentés sous forme de pièces à conviction
4 et donc devraient être mis à la disposition de la Chambre
5 pour qu’elle puisse examiner ces documents en temps utile.
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Permettez-moi
7 de voir si je vous comprends bien. Est-ce que vous parlez
8 des quatre classeurs qui étaient en annexe de son rapport
9 ou de pièces à conviction sur lesquelles nous avons pris
10 des décisions ?
11 Me NICE (interprétation) : Bon. S’il s’agit de
12 quatre classeurs, il s’agit de quatre classeurs, mais en
13 tout cas, il s’agit des documents qu’il a utilisés dont
14 beaucoup ont déjà été versés au dossier ou ailleurs, mais
15 oui, c’est l’essentiel de notre demande. C’est une demande
16 que nous avons dû faire vu la décision d’exclure le rapport
17 et la décision de la Chambre disant qu’elle pouvait elle-
18 même arriver à des conclusions semblables à celles du
19 Professeur sur la base des documents qu’il avait examinés.
20 M. LE JUGE BENNOUNA : Me Nice, je crois que ce
21 n’est pas exactement ce que la Chambre a dit au sujet du
22 rapport de « l’expert », du Professeur Cigar. Ce que nous
23 avons dit c’est qu’il nous appartient à nous de faire les
24 conclusions qu’il propose de faire et par conséquent, ce
25 n’est pas de l’expertise, c’est une appréciation sur les
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1 faits. C’est une sorte de jugement qui est apporté et qui
2 relève du ressort de la Chambre.
3 Ce n’est pas que nous aurions pu arriver aux mêmes
4 conclusions à partir des mêmes documents. Ce n’est pas
5 exactement ce que nous avons dit. Nous avons dit que ce
6 n’est pas de l’expertise parce que la plupart des
7 appréciations ou des estimations sont des estimations qui
8 relèvent de la Chambre, une fois qu’elle aura passé tout le
9 système des preuves que nous sommes en train de passer, et
10 qu’elle en tirera un certain nombre de conclusions.
11 Voilà ce que nous avions dit. Ce n’est pas
12 exactement la même chose.
13 Maintenant, je ne vois pas comment vous pouvez
14 nous dire : « Puisque vous n’acceptez pas les conclusions
15 du Professeur Cigar, parce que vous auriez dû les faire
16 vous-mêmes, prenez les documents. Comme ça, vous allez
17 faire les conclusions vous-mêmes. Vous allez arriver aux
18 mêmes conclusions que lui. » Ça paraît un peu un
19 raisonnement qui n’est pas tout à fait orthodoxe, si je
20 puis dire.
21 Donc, je crois que le système des documents, s’ils
22 doivent être introduits, doit obéir à la même procédure que
23 n’importe quel document.
24 Donc, on ne peut pas détourner la décision. Notre
25 décision a été motivée par le fait que ce n’était pas une
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1 expertise. Ce sont des conclusions qui relèvent de la
2 compétence discrétionnaire de la Chambre et des Juges qui
3 siègent dans cette Chambre. Voilà ce que nous avions dit
4 exactement.
5 Me NICE (interprétation) : Je ne crois pas que
6 nos positions soient si éloignées que cela. Je n’ai pas
7 dit que c’était exactement la base de vos conclusions mais
8 c’était les argumentations qui avaient été présentées.
9 Bien entendu, je ne vais pas jusqu’à dire que vous
10 arriveriez aux mêmes conclusions que le Professeur Cigar.
11 Ce n’est pas ce que j’ai dit, mais il me semble, sur la
12 base de la décision de la Chambre, que ce que la Chambre
13 disait : « Voici le genre de conclusions qu’il nous
14 appartient de tirer en partie ou dans leur totalité et les
15 documents sur la base desquels le Professeur a rédigé son
16 rapport sont exactement le type de documents que nous
17 examinons au jour le jour. Donc, nous n’avons pas besoin
18 d’un expert pour interpréter ce genre de documents. »
19 C’est en ayant ceci à l’esprit que nous avançons
20 que vous avez besoin, que vous devez avoir accès à ces
21 documents. Pour certains d’entre eux, il s’agit de
22 documents extrêmement utiles. Vous devez donc avoir accès
23 à ces documents, ceci afin d’être le mieux à même de tirer
24 des conclusions sur les faits, des conclusions que vous
25 serez appelés à tirer, étant donné la mission qui est la
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1 vôtre, mais bien entendu, je ne vais pas jusqu’à dire que
2 vous allez tirer des conclusions différentes ou identiques
3 à celles de Monsieur Cigar.
4 Une fois que ce rapport est exclu, ce qui reste
5 c’est les documents qu’il a utilisés et ensuite, il
6 appartient aux Juges d’examiner ces documents et d’en tirer
7 les conclusions qu’ils souhaitent. Nous, nous avancerons
8 les conclusions que nous estimons qu’il convient de tirer
9 sur la base de ces documents, mais ça, c’est quelque chose
10 qui se passera ultérieurement.
11 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Pour moi, la
12 décision ne signifiait en aucune manière que nous
13 n’admettrions aucune partie du rapport ou les pièces à
14 conviction. La décision avait pour objectif d’exclure tout
15 cela.
16 Monsieur Nice, nous sommes face à un volume de
17 documents pratiquement insurmontable. Nous avons pris une
18 décision à ce sujet et en ce qui me concerne
19 personnellement, je ne suis pas prêt à rouvrir la
20 discussion à ce sujet.
21 Me NICE (interprétation) : Si vous me permettez,
22 votre décision avait pour objectif d’exclure le rapport.
23 Cela, nous l’avons bien compris, mais c’est parce que sur
24 la base de cette discussion, nous avons présenté ces pièces
25 à conviction ultérieurement.
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1 Vous nous dites, Monsieur le Président, que les
2 documents qui sont présentés sont de plus en plus
3 volumineux, mais lorsque nous vous présentons des
4 documents, nous prenons bien soin de vous dire que vous
5 n’avez pas à tous les lire mais que ces documents doivent
6 être disponibles. Ils doivent être disponibles au cas où
7 vous ayez besoin en temps utile de les examiner et nous
8 allons sélectionner parmi ces documents ceux dont nous
9 estimons qu’il faudra les examiner.
10 Je dois dire que ce que j’ai pensé au début
11 c’était de rassembler tous les documents et de travailler
12 sur cette base. La procédure que nous suivons ne permet
13 pas d’adopter cette approche. Il faut introduire les
14 documents au cas par cas, mais notre position c’est que les
15 documents sur lesquels s’est basé le Professeur Cigar,
16 c’est exactement le genre de documents dont doivent
17 disposer les Juges sur les faits, des documents à partir
18 desquels les Juges peuvent tirer des conclusions.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Les documents
20 qui sont contenus dans le classeur relatif au conflit armé
21 international, nous n’avons pas encore pris de décision à
22 ce sujet. Il nous reste encore à écouter les
23 argumentations à ce sujet et je crois d’ailleurs que ça va
24 revenir un peu à ce dont on a déjà parlé.
25 Me NICE (interprétation) : Oui. Il y a également
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1 des documents qui se trouvent dans les documents Cigar, si
2 je puis dire. Donc concrètement, vous auriez quatre
3 classeurs supplémentaires, mais il est peu probable que
4 vous ayez à y avoir recours très souvent, mais peut-être.
5 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : En ce qui me
6 concerne, moi, je suis contre cette demande. S’il y a des
7 documents particuliers que vous souhaitez produire, à ce
8 moment-là, faites-nous le savoir.
9 M. LE JUGE BENNOUNA (interprétation) : Monsieur
10 Nice, s’il y a des documents dans les documents utilisés
11 par le Professeur Cigar dont vous estimez qu’ils sont
12 importants dans le cadre de votre stratégie, vous pouvez
13 tout à fait demander le versement au dossier de ces
14 documents. Par exemple, dans le cadre de votre
15 réquisitoire, vous avez la possibilité de présenter de
16 nouveaux documents à la Chambre, mais vous ne pouvez pas
17 dire que vous avez besoin d’une sorte de bibliothèque de
18 documents.
19 Si nous avons besoin d’examiner des documents de
20 référence, nous savons le faire. Nous n’avons pas besoin
21 de votre bibliothèque. Mais il y a une différence entre ce
22 genre de chose et le système de production des éléments de
23 preuve qui est le nôtre.
24 Je suis tout à fait d’accord avec le Président.
25 Nous avons pris une décision à ce sujet sur l’expertise du
Page 15934
1 témoin, son rapport, les documents utilisés et je dois dire
2 que ce n’est pas – d’ailleurs ce n’est pas la première fois
3 que j’ai l’occasion de le dire – je ne vois pas pourquoi
4 nous reviendrions sur une décision que nous avons déjà
5 prise. Nous avons pris une décision mais libre à vous
6 d’introduire ces documents, des documents, si vous le
7 souhaitez, par un autre biais.
8 Me NICE (interprétation) : Je vous remercie pour
9 cette dernière explication sur une alternative pour la
10 production de ces documents.
11 On a retrouvé le témoin. Donc, il est peut-être
12 temps de reprendre l’interrogatoire principal.
13 [Le témoin entre dans la Cour]
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur
15 Kalco, j’aurais du vous dire ce que je vais vous dire
16 auparavant, mais si à un moment ou à un autre, vous
17 souhaitez faire une pause, si vous ne vous sentez pas très
18 bien par exemple, si vous êtes fatigué, n’hésitez pas à
19 nous le dire et nous observerons une pause.
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Merci beaucoup,
21 Monsieur le Président.
22 Me LOPEZ-TERRES : Je vais essayer d’aller assez
23 rapidement sur les paragraphes 7 à 14 puisque, apparemment,
24 ils ne font pas l’objet de contestation de la part de la
25 Défense.
Page 15935
1 Q. Monsieur Kalco, il est exact que l’accusé
2 Mario Cerkez, après avoir été le chef du quartier général
3 municipal de Vitez, est devenu le commandant adjoint de la
4 brigade Stjepan Tomasevic ? Cette brigade avait à l’époque
5 deux bataillons d’environ 300 à 500 hommes. L’un était
6 stationné à Vitez et l’autre était stationné à Novi
7 Travnik.
8 R. Oui, c’est exact. Mario était commandant en
9 second de Malbasic et il y avait un bataillon également de
10 Vitez qui à cette époque-là était localisé à Novi Travnik.
11 Q. Au début 1993, Mario Cerkez est devenu le
12 chef de la brigade de Vitez qui venait d’être nouvellement
13 formée.
14 Je voudrais vous présenter simplement un document
15 pour que vous nous fassiez quelques commentaires là-dessus
16 et nous indiquer s’il correspond à la réalité des
17 différentes fonctions qui ont été exercées par l’accusé.
18 Il s’agit du document Z567. Il s’agit d’un document en
19 date du 24 mars 1993 qui est signé par le Colonel Blaskic.
20 R. Oui.
21 Q. Est-ce que les indications qui concernent les
22 différentes fonctions exercées par Mario Cerkez sur ce
23 document sont exactes ?
24 R. Oui, c’est exact. Il est donc désigné
25 commandant de la brigade Viteska de Vitez et il était
Page 15936
1 commandant du QG du HVO à Vitez et commandant en second de
2 la brigade Stjepan Tomasevic et Novi Travnik avec son siège
3 à Novi Travnik. Vous avez également la signature de Mario
4 Cerkez. Donc, c’est lui qui a signé cette décision.
5 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Un instant.
6 Me Kovacic.
7 Me KOVACIC (interprétation) : Je crains qu’il n’y
8 ait une confusion ici en ce qui concerne ces documents. Ce
9 document porte maintenant une cote qui commence par « Z ».
10 Or, il a déjà été produit avec une cote commençant par
11 « D ». C’est un document de la Défense. Je l’ai ici
12 quelque part mais je n’arrive pas à le trouver à l’instant.
13 Mais je pense qu’il est un peu absurde de voir qu’un
14 document soit présenté sous une cote commençant par « Z »,
15 ensuite sous une cote commençant par « D ».
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Essayons
17 d’éviter de perdre du temps. Vous pourrez en temps utile
18 nous donner la cote du document commençant par un « D ».
19 Poursuivons.
20 Me LOPEZ-TERRES :
21 Q. Dans la deuxième moitié de 1992 toujours…
22 vous pouvez laisser le document, Monsieur Kalco. Je vous
23 remercie.
24 Dans la deuxième moitié de 1992, les pourparlers
25 pour la création d’une brigade mixte sous le commandement
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1 de Franjo Nakic, Sefkija Djidic comme adjoint, se sont
2 poursuivis. Il a été question de la création d’une brigade
3 consistant à un nombre de 2 000 soldats, 1 000 soldats
4 provenant de chacune des deux nationalités, 1 000 musulmans
5 et 1 000 Croates : C’est exact ?
6 R. Oui, c’est exact. Il y avait cet accord
7 auquel sont parvenus Ivica Santic, Pero Skopljak, Franjo
8 Nakic, Mario Cerkez d’un côté et Djidic, Sefkija de l’autre
9 côté, Munib Kajmovic du côté des Bosniens. Cette brigade
10 aurait dû normalement se préparer pour défendre le
11 territoire de l’agression Chetnik de l’ex-JNA, mais cette
12 brigade n’a jamais été mise en place et ceci parce que les
13 Croates ne l’ont pas souhaitée, ne l’ont pas voulue. Ce
14 sont eux qui ont fait l’obstruction et c’est la lettre
15 morte sur le papier.
16 Il y avait bien évidemment de bonnes intentions et
17 notamment des bonnes intentions du côté de la population
18 musulmane, mais du côté croate, c’était tout simplement une
19 manœuvre, et ceci pour tromper, masquer ce que l’autre
20 partie faisait en effet.
21 Q. Le but du HVO était, si je vous comprends
22 bien, simplement de faire passer l’effectif musulman de
23 cette brigade sous son propre contrôle ?
24 R. Oui, à peu près. À partir du moment où cette
25 attaque a eu lieu et où l’armée a commencé le conflit,
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1 l’objectif principal c’était que l’armée de Bosnie-
2 Herzégovine passe sous le contrôle du HVO. Soi-disant ils
3 étaient mieux organisés, mieux équipés, qu’ils avaient déjà
4 également pris l’habitude d’opérer dans les théâtres
5 d’opération en Croatie et en Herzégovine, et on nous a
6 toujours pratiquement demandé que les Croates soient les
7 principaux et les détenteurs en quelque sorte de la défense
8 de la municipalité de Vitez.
9 Q. Je vous remercie. Nous allons passer à un
10 autre point. Au 21 mai 1992, un soldat de l’armée de
11 Bosnie-Herzégovine du nom de Samir Trako a été tué à Vitez
12 et à l’époque, le commandant de la police militaire pour la
13 zone de Vitez, Pasko Ljubicic, vous a dit que la police
14 militaire ferait une enquête sur ce meurtre. Les demandes
15 qui ont été faites par l’armée de Bosnie à propos de cette
16 enquête n’ont jamais abouti et vous n’avez jamais eu le
17 résultat de cette enquête ?
18 R. Oui, c’est exact. Vous l’avez dit assez
19 correctement. Le soldat Trako était à Kruscica et il y
20 avait cette manifestation de l’alignement de Viteska qui
21 devait se rendre le 21 mai 1992 à Sarajevo, à Visoko, sur
22 le théâtre d’opération. Il s’est arrêté à l’hôtel de
23 Vitez. On a tiré sur lui. Le feu a été ouvert par les
24 soldats du HVO.
25 Moi, je ne sais pas bien évidemment qui l’a tué
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1 mais il a été tué sur place et son copain qui était avec
2 lui, il a été blessé. Il y avait une commission conjointe
3 de la part de l’armée de Bosnie-Herzégovine, Ramiz Dugalic
4 au nom de l’armée et au nom du HVO, c’était Pasko Ljubicic
5 qui faisait partie de cette commission conjointe, et puis
6 il y avait quelques autres Croates également.
7 Ils ont dressé un constat, ils ont rédigé un PV et
8 un jour ou deux par la suite, j’ai appelé au téléphone
9 Pasko pour me renseigner, pour savoir où ils sont arrivés
10 dans leur enquête.
11 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je me permets
12 de vous interrompre, Monsieur Kalco.
13 Monsieur Lopez-Terres, nous avons déjà entendu des
14 témoins déposer au sujet de cet incident précis. À moins
15 que vous n’ayez des questions bien précises à poser au
16 témoin à ce sujet, je vous propose de passer à autre chose.
17 Me LOPEZ-TERRES :
18 Q. Monsieur Kalco, à l’époque de ce meurtre, le
19 21 mai 1992, qui était le commandant de la police militaire
20 locale à Vitez ?
21 R. C’était Pasko et Ivan Budimir.
22 Q. Qui était le supérieur de Ivan Budimir ?
23 R. Moi, je pense que c’était Pasko. Pasko lui
24 était supérieur.
25 Q. Est-ce que l’accusé Mario Cerkez avait un
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1 lien d’autorité ou de commandement sur Ivan Budimir ?
2 R. Oui. Il était son commandant. Il était son
3 supérieur.
4 Q. Je voudrais clarifier ce point. Le
5 commandant direct de Ivan Budimir, était-ce Mario Cerkez ou
6 Pasko Ljubicic ?
7 R. Mario Cerkez.
8 Q. Vous n’avez pas d’information sur les
9 circonstances ni sur l’identité de l’auteur ou des auteurs
10 de ce meurtre de Monsieur Samir Trako ? Vous connaissez le
11 nommé Perica Vukadinovic, Monsieur Kalco ?
12 R. Oui.
13 Q. Ce Perica Vukadinovic était un soldat qui
14 appartenait à la brigade de Vitez, et d’après les
15 informations que vous avez obtenues, il a été impliqué dans
16 la commission de deux meurtres. Dans la nuit du 19
17 novembre 1992 à Kruscica, deux musulmans ont été tués et un
18 troisième musulman a été sérieusement blessé : C’est
19 exact ?
20 R. Oui, c’est exact. C’est Huran (ph.) qui a
21 été tué et puis… excusez-moi, je vais consulter mes notes,
22 j’ai marqué l’autre nom. Il y a une autre personne qui a
23 été blessée, c’est Hakilic (ph.).
24 Q. Ce n’est peut-être pas nécessaire d’avoir le
25 nom, Monsieur Kalco. Je vous remercie.
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1 R. Entendu !
2 Q. En ce qui concerne ces deux meurtres et les
3 blessures causées à ce troisième homme, vous en avez parlé
4 à nouveau à Pasko Ljubicic, lequel vous a indiqué à nouveau
5 que le HVO ferait une enquête et punirait le responsable.
6 Est-ce qu’à votre connaissance, cette enquête a été menée
7 et est-ce que le responsable a été puni ?
8 R. L’enquête n’a pas été menée jusqu’au terme,
9 jusqu’à la fin. Les personnes qui ont survécu et qui se
10 trouvaient dans des voitures, on a appris que c’était
11 Vukadinovic qui avait tiré, qu’il a tué deux personnes et
12 que le troisième a été blessé. J’ai eu l’occasion de
13 m’entretenir avec Pasko et j’ai posé la question justement
14 pour savoir jusqu’où ils sont arrivés et puis si
15 éventuellement ceux qui l’ont tué ont été trouvés, mais il
16 m’a tout simplement dit que tout est en cours, l’enquête
17 est en cours, qu’ils n’ont pas encore les résultats
18 définitifs. C’était comme ça la situation.
19 Ensuite, il y avait d’autres événements qui
20 étaient beaucoup plus importants à ce moment-là et nous
21 n’avons jamais appris véritablement qui avait tué et on n’a
22 jamais appris ce qui s’était passé véritablement, comment
23 les deux personnes ont été tuées, comment une personne a
24 été blessée. On ne sait pas si les auteurs de ce crime ont
25 été punis ou non. On n’a jamais su ça.
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1 Q. Monsieur Kalco, vous nous confirmez que ce
2 Vukadinovic avait pour supérieur Mario Cerkez ?
3 R. Absolument.
4 Q. Le 18 octobre 1992, Monsieur Kalco, vous avez
5 été informé que des forces du HVO qui venaient de Kresevo,
6 Kiseljak, Fojnica, Busovaca, se rendaient dans la direction
7 de Novi Travnik où elles souhaitaient apporter des renforts
8 au HVO de Novi Travnik et vous avez reçu l’ordre du 3e
9 corps à Zenica de bloquer ces forces à Ahmici.
10 Pouvez-vous nous indiquer pour quelle raison le
11 HVO souhaitait prendre la ville de Novi Travnik ?
12 R. Le HVO avait une usine d’explosifs à Vitez et
13 il devait y avoir également une usine à Novi Travnik où
14 étaient entreposés des mortiers, d’autres armes. Refik
15 Lendo était commandant, commandant chargé de la défense de
16 Novi Travnik. Il a refusé les requêtes du HVO, enfin, la
17 demande du HVO selon laquelle l’usine aurait dû être remise
18 au HVO et c’est la raison pour laquelle il y a eu ce
19 conflit entre le HVO et l’armée.
20 Nous, on a reçu l’ordre de l’état-major de Zenica,
21 de notre zone opérationnelle, donc, du 3e corps d’armée
22 pour parler plus précisément, d’empêcher les forces du HVO
23 qui se déplaçaient en provenance de Busovaca et qui étaient
24 composées des gens de Kresevo, de Fojnica, de Kiseljak, de
25 Busovaca et de les empêcher de rentrer dans la municipalité
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1 de Stari Vitez.
2 Nous avons dressé un barrage. Nous avons empêché
3 ces unités d’emprunter la route principale Sarajevo-
4 Travnik. Les tirs ont été échangés et de notre côté, il y
5 avait un jeune de 15, 16 ans mineur qui a été tué. Je ne
6 sais pas si de l’autre côté, il y avait des personnes qui
7 ont été tuées, du côté du HVO.
8 C’est comme ça que les forces de Novi Travnik ont
9 été consolidées. Ils ont organisé une véritable défense et
10 ils n’ont pas permis à ce que les forces du HVO s’emparent
11 de l’unité Bratstvo à Novi Travnik.
12 Je pense que le 16 avril, les événements de
13 Ahmici, le 16 avril 1993, Ahmici a pratiquement payé la
14 note et c’était en quelque sorte, si vous voulez, le
15 résultat de ce que nous avons fait au moment où nous avons
16 arrêté cette brigade en 1992, en octobre 1992.
17 Q. [Hors microphone] …plus loin au mois d’avril
18 1993.
19 Ce 19 octobre 1992, des pourparlers se sont
20 engagés entre vous-même et les représentants du HVO et ces
21 représentants vous ont demandé d’enlever ce barrage ?
22 R. Oui.
23 Q. Pourriez-vous nous indiquer quelles ont été
24 les négociations qui ont été menées et quel a été le rôle
25 de l’accusé Mario Cerkez au cours de ces négociations ?
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1 R. Mario Cerkez était commandant de la brigade
2 Viteska et…
3 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Qu’est-ce que
4 vous voulez, Me Kovacic ?
5 Me KOVACIC (interprétation) : Nous n’avons pas
6 les documents concernant ce témoignage. Nous n’avons pas
7 des notes, les notes auxquelles se réfère le témoin.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : De quelles
9 notes s’agit-il, Me Lopez-Terres ?
10 Me LOPEZ-TERRES : Me Kovacic fait référence aux
11 journaux du témoin qu’il est en train de consulter.
12 J’indique pour rassurer Me Kovacic que pas plus que lui, le
13 Bureau du Procureur n’a eu accès à ces journaux et que le
14 témoin nous a indiqué clairement qu’il ne souhaitait pas
15 que quiconque ait accès à ces journaux.
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur
17 Kalco, vous avez tenu un journal. Ce que vous êtes en
18 train de regarder, c’est bien ça ?
19 R. Oui. Ce sont mes notes, mes notes que j’ai
20 faites moi-même sur les événements qui ont eu lieu entre
21 1992 et jusqu’à la fin du conflit avec le HVO.
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Entendu !
23 Me Kovacic, vous avez votre réponse. Même le
24 Procureur n’a pas vu les notes.
25 Est-ce que vous faites objection ? Est-ce que
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1 vous n’acceptez pas qu’il consulte ses notes ?
2 Me KOVACIC (interprétation) : Oui.
3 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Pourquoi ?
4 Me KOVACIC (interprétation) : Si le témoin relate
5 les événements qui se sont passés il y a six, sept ans et
6 donc il se rafraîchit la mémoire en jetant un coup d’œil
7 sur ses notes, à ce moment-là, les deux parties doivent
8 également avoir accès. Sinon, ni le témoin ni nous, on ne
9 va pas les regarder.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous en
11 prie, Me Lopez-Terres.
12 Me LOPEZ-TERRES : Je peux continuer ou je…
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Vous pouvez
14 répondre si vous voulez à cette objection.
15 Me LOPEZ-TERRES : J’ai interrogé le témoin à
16 partir du moment où j’ai constaté lorsque je l’ai rencontré
17 pour la première fois, donc dimanche, qu’il avait des
18 documents qu’il avait amenés avec lui. Je précise que dans
19 chaque ordonnance de votre Chambre invitant un témoin à
20 comparaître, il est précisé qu’il doit se rendre à La Haye
21 avec des documents s’il en possède.
22 Donc, j’en ai déduit que le témoin avait apporté
23 avec lui ses journaux. Je lui ai posé la question à propos
24 de ses journaux. Sachant que la Défense n’y avait pas eu
25 accès, je me suis interdit d’y avoir accès moi-même et le
Page 15946
1 témoin encore une fois, comme je l’ai indiqué tout à
2 l’heure, m’a clairement fait savoir qu’il s’agissait de
3 documents personnels et qu’il ne tenait pas à ce qu’aussi
4 bien le Bureau du Procureur que la Défense puissent prendre
5 connaissance de ses journaux personnels.
6 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur le
7 Président, si vous me le permettez, je voudrais tout
8 simplement vous dire quelle est l’attitude de la Défense de
9 Monsieur Kordic. Il s’agit d’un témoin qui dispose
10 également d’un certain nombre de données qui concernent
11 également Monsieur Kordic.
12 C’est la raison pour laquelle nous nous joignons à
13 la requête de Monsieur Kovacic. Nous considérons qu’il
14 faut avoir également à notre disposition toutes les notes
15 éventuellement, bien évidemment, et exclure tout ce qui est
16 de caractère personnel.
17 C’est important en ce qui concerne mon client car
18 il y a des notes également qui ont été prises qui
19 concernent mon propre client. Il y a des informations qui
20 datent d’il y a six ans, sept ans. C’est la raison pour
21 laquelle il est indispensable de pouvoir les consulter.
22 C’est indispensable de les avoir.
23 [La Chambre discute]
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur
25 Kalco, vous ne souhaitez pas que votre journal, vos notes
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1 soient mises à la disposition ni du Procureur ni à la
2 Défense ?
3 R. C’est exact. Il s’agit de mes notes
4 personnelles. Moi, je vais essayer également de rédiger un
5 livre. C’est un livre de souvenirs parce que je considère
6 qu’il ne faut pas oublier ce qui s’est passé et c’est la
7 raison pour laquelle je ne voudrais vraiment pas que qui
8 que ce soit ait accès à mes notes. Ça, ce sont mes notes
9 personnelles. Voilà ce que j’ai à vous dire.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Il y a une
11 règle à laquelle nous devons nous conformer. Si le témoin
12 se réfère à ses propres notes, à ce moment-là, ces notes
13 doivent être mises à la disposition des deux parties. Il y
14 a bien évidemment des exceptions et nous avons déjà permis
15 à un certain nombre de témoins éventuellement d’exclure de
16 leurs propres notes ce qui est personnel et le reste, de le
17 mettre à la disposition des parties.
18 Si véritablement, ces notes peuvent être
19 considérées comme un élément de preuve, à ce moment-là, il
20 faut que les deux parties puissent en disposer parce que
21 pour nous, c’est extrêmement important. Il est important
22 également d’en prendre note et de savoir ce qui s’est passé
23 exactement. Ça, c’est notre position.
24 Par conséquent, si vous voulez les consulter à
25 l’avenir, dans ce cas-là, il faudrait absolument les mettre
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1 à la disposition des deux parties et vous pouvez exclure,
2 comme je vous l’ai dit, les parties pour lesquelles vous ne
3 voulez pas que les autres soient mis au courant, mais si
4 vous ne voulez absolument pas permettre que ces notes
5 soient consultées, à ce moment-là, je vous prie de ne plus
6 les consulter.
7 C’est à vous de prendre la décision. Une décision
8 ou l’autre, c’est à vous, mais de toute façon, c’est à
9 vous, Monsieur Kalco.
10 Est-ce que vous êtes prêt à mettre à la
11 disposition vos notes à condition d’exclure ce qui vous
12 concerne ou bien vous continuez la déposition sans
13 consulter vos notes ?
14 R. Monsieur le Président, Messieurs les Juges,
15 je ne vais pas les consulter. C’est ma décision.
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : D’accord.
17 Me LOPEZ-TERRES :
18 Q. Monsieur Kalco, avant cette intervention de
19 Me Kovacic, nous parlions des faits du 19 octobre 1993 et
20 des différentes négociations auxquelles vous avez
21 personnellement participé à Vitez et auxquelles a participé
22 l’accusé Mario Cerkez.
23 Est-ce que vous pouvez nous indiquer en quelques
24 mots l’évolution de ces négociations et quel a été le rôle
25 de l’accusé Mario Cerkez au cours de celles-ci ?
Page 15949
1 R. Nous avons interdit, comme je l’ai dit, que
2 les unités du HVO se dirigent vers Novi Travnik et après
3 cette interdiction, il y a eu des pourparlers. Donc,
4 c’était une réunion qui a eu lieu dans le bâtiment des PTT,
5 dans le soubassement, dans une cave. Il y avait un centre
6 de transmission.
7 Il y avait quelques bureaux également qui s’y
8 trouvaient et lors de cette réunion, outre moi-même,
9 Sefkija Djidic, l’Imam y a participé, l’Imam de Vitez, Ivan
10 Mistrovac, et du côté des Croates, Mario Cerkez, Pero
11 Skopljak, Ivica Santic, lors de cette réunion, il a été
12 convenu de démanteler tout de suite les barrages, les
13 barrages qui étaient dressés dans le secteur de Stari
14 Vitez.
15 Nous avons également fait un PV de la réunion et
16 lors de cette réunion ou plutôt vers la fin, au moment où
17 il fallait signer également le procès-verbal, nous avons
18 entendu des tirs assez violents. C’était un feu qui a été
19 ouvert à Vitez. Ces tirs venaient à peu près de l’endroit
20 où se trouvaient les formations de logistique de l’armée de
21 Bosnie-Herzégovine.
22 Moi, j’ai été le premier à sortir en vitesse de
23 cette pièce, mais je ne pouvais pas aller beaucoup trop
24 loin parce que les soldats du HVO s’y trouvaient et ce sont
25 eux qui gardaient la porte. Parmi eux, j’ai reconnu
Page 15950
1 Grabovac et ensuite Vinko également et je n’ai pas pu
2 sortir pour voir ce qui se passait, mais de toute façon,
3 j’ai entendu des bruits et j’ai entendu des bruits du feu
4 qui, comme je l’ai dit, provenaient de notre logistique.
5 Moi, j’étais le seul à ne pas avoir signé le
6 procès-verbal parce que j’étais révolté. Pendant que nous,
7 on discutait, eux, ils planifiaient d’attaquer nos
8 formations de logistique et j’ai demandé à Santic, j’ai
9 demandé à Mario, j’ai demandé également à Skopljak…
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vais une
11 fois de plus vous interrompre.
12 Monsieur Lopez-Terres, il faut absolument avancer.
13 Accélérez un petit peu ce témoignage. Si vous n’avez pas
14 véritablement un point plus particulier qui vous intéresse
15 au sujet de cette réunion, à ce moment-là, nous pourrions
16 peut-être poursuivre.
17 Me LOPEZ-TERRES : [Hors microphone] …d’abord,
18 c’est qu’il me semble que le témoin est passé directement
19 aux faits qui se sont produits le 22 octobre 1992 et
20 l’accord dont il nous parle est celui du 22 octobre 1992,
21 et par conséquent, nous n’avons pas encore évoqué ce qui
22 s’est produit entre le 19 et le 22 octobre 1992, c’est-à-
23 dire les paragraphes…
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous en
25 prie. Est-ce que vous pouvez lui suggérer pour qu’il lise
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1 quelque chose à ce sujet-là ?
2 Me LOPEZ-TERRES : Me Kovacic a fait une objection
3 à la lecture de ces paragraphes.
4 Q. Avant cet accord de cessez-le-feu du 22
5 octobre, qui est celui dont vous venez de nous parler,
6 Monsieur Kalco, vous avez eu cette réunion le 19 octobre à
7 la poste. Vous nous en avez parlé. Je voudrais que vous
8 nous indiquiez ce qui s’est passé entre le 19 et le 22
9 octobre et en particulier ces négociations au cours
10 desquelles des échanges ont eu lieu et au cours desquelles
11 également des coups de téléphone ont été passés et au cours
12 desquelles l’accusé Dario Kordic a été consulté.
13 R. Entendu ! J’ai compris la question.
14 D’accord. Excusez-moi d’avoir sauté la date en question.
15 Effectivement, nous nous sommes mis d’accord avec les
16 représentants du HVO pour démanteler le barrage à Ahmici.
17 Mario Cerkez a assisté à cette réunion, Ivica Santic
18 également, Pero Skopljak, moi-même et Sefkija Djidic, et
19 nous avons dit que nous ne pouvons pas démanteler ce
20 barrage avant de recevoir l’ordre de Zenica.
21 Après cela, le soir, c’est Ivica Santic qui a
22 insisté sur cette question. Mario Cerkez s’est rendu au QG
23 avec Ivica Santic. Il y avait des représentants des
24 autorités civiles et des représentants de l’armée et lors
25 de cette réunion, on a insisté pour qu’on laisse passer les
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1 unités du HVO qui se sont dirigées vers Novi Travnik, mais
2 nous, on n’a pas voulu entendre parler de ça parce qu’il y
3 avait des menaces par la suite. On nous a dit également
4 que toute la municipalité allait être incendiée si jamais
5 on ne les laisse pas passer.
6 Monsieur Ivica Santic est allé appeler quelqu’un
7 au téléphone et il a appelé, à Novi Travnik, Kordic et il
8 lui a dit que la réunion était en cours. Il lui a raconté
9 ce qui s’est passé et Kordic a dit à peu près qu’il fallait
10 absolument respecter ce qu’on nous demandait, que des
11 unités devaient absolument passer pour aller à Novi Travnik
12 et que Mario Cerkez et Santic devaient mettre en œuvre ses
13 instructions.
14 Ni moi ni personne d’autre parmi nous n’avons pu
15 entendre ce qui a été dit au téléphone, mais une fois qu’il
16 avait terminé sa conversation téléphonique, Ivica Santic
17 nous a dit qu’il a reçu des instructions de la part de
18 Kordic et que Mario et lui-même doivent respecter cet ordre
19 car Boban était en Herzégovine et dans l’ensemble du
20 territoire de Bosnie-Herzégovine, c’était Kordic pour la
21 Bosnie centrale. Lui, il était numéro un en Bosnie
22 centrale.
23 La réunion n’a pas encore été terminée et Dr
24 Franjo Tibolt a insisté de poursuivre donc les
25 négociations. Le lendemain matin, nous avons organisé une
Page 15953
1 réunion. Il y avait une quinzaine d’employés de ce centre
2 médical, Sefkija, Sliskovic, moi-même et Mario Cerkez.
3 Nous sommes restés ensemble et nous n’avons pas permis de
4 démanteler les barrages, et Mario, il a dit
5 littéralement que la municipalité allait être incendiée,
6 qu’on va massacrer tout le monde et que l’armée de Bosnie-
7 Herzégovine sera responsable pour ce qui se passera dans la
8 municipalité parce qu’elle n’a pas permis aux formations du
9 HVO, aux unités du HVO de traverser la route et de se
10 rendre à Novi Travnik.
11 C’était donc le matin après 6 h 55 minutes à peu
12 près. La réunion s’était terminée et tout de suite après,
13 l’attaque sur Ahmici a commencé.
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Ça suffit. Je
15 vous interromps.
16 Monsieur Lopez-Terres, je vous en prie, vous
17 pouvez poursuivre.
18 Me LOPEZ-TERRES :
19 Q. Monsieur Kalco, pendant la période dont vous
20 nous parlez, vous avez dû quitter par la force le quartier
21 général que l’armée de Bosnie occupait et vous avez dû vous
22 rendre à Stari Vitez. C’est bien exact ?
23 R. Oui, c’est exact. Nous avons été obligés de
24 quitter.
25 Q. Vous avez été attaqué dans votre quartier
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1 général. Est-ce que vous pouvez nous indiquer par quelle
2 unité vous avez été attaqué dans ce quartier général ?
3 R. Ce sont les formations de Kraljevic et Mario
4 qui nous ont attaqués. Ils ont tiré de l’obusier Zolja,
5 mais ils n’ont pas touché la pièce où nous nous sommes
6 trouvés. Si l’obus avait touché l’endroit où nous étions,
7 à ce moment-là, les 12 personnes auraient péri, ceux qui
8 représentaient l’armée de Bosnie-Herzégovine et puis la
9 direction également, les Bosniens.
10 Après cela, quatre autres obus sont tombés entre
11 l’école élémentaire et l’école secondaire. Je parle de
12 Bratsvo i Jedinstvo. Le matin, nous avons été obligés de
13 nous retirer en passant par le stade et en allant vers
14 Stari Vitez, de Vitez à Stari Vitez.
15 Q. Plus tard, le mois suivant, le mois de
16 novembre, le 23 novembre 1992, vous avez participé à une
17 réunion qui a eu lieu à Travnik et à laquelle étaient
18 conviés le Général Praljak ainsi que le Général Jaganac, où
19 il a été toujours question de la mise en place d’une armée
20 conjointe. Un délai de sept jours a été donné aux
21 commandants locaux pour mettre en place cette armée
22 conjointe mais en fait ce délai n’a jamais été respect et
23 finalement, l’accord n’a jamais abouti ?
24 R. C’est exact ce que vous venez de dire, mais
25 la raison n’était pas que le HVO n’a pas voulu. Messieurs
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1 le Général Praljak et Jaganac, ils ont créé un sceau commun
2 avec le damier et le lys pour qu’il serve aux deux côtés et
3 ils nous ont donné sept jours afin d’organiser l’armée
4 entre Gornji Vakuf et Kiseljak. À ce moment-là, ceci n’a
5 pas été respecté. Monsieur Praljak était un Général de
6 l’armée croate. Il portait l’insigne de l’armée croate.
7 Q. Monsieur Kalco, avez-vous rencontré d’autres
8 généraux de l’armée croate à Vitez ?
9 R. Oui. Après l’attaque du HVO le 16 avril, une
10 équipe a été constituée, représentée du côté de l’armée de
11 Bosnie-Herzégovine par Monsieur Sefer Halilovic, Rasim
12 Delic et Vehbija Karic. Du côté croate, il y avait le
13 Général Petkovic – il était Général de l’armée croate et il
14 portait un tel insigne – le Colonel de l’armée croate
15 Andric qui portait un tel insigne, Totic, Filip Filipovic.
16 Ils se sont rendus à Stari Vitez et ensuite, nous sommes
17 allés à l’hôtel Vitez.
18 Q. Excusez-moi de vous interrompre. Vous avez
19 eu l’occasion également de rencontrer à Vitez un autre
20 Général de l’armée croate qui était le commandant du HVO à
21 l’époque, le Général Roso ?
22 R. Je souhaitais le dire plus tard. Monsieur
23 Roso était avec le Général Hayes (ph.), le Général
24 britannique. Après la fin du conflit entre l’armée de
25 Bosnie-Herzégovine et le HVO, il est venu passer quelques
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1 jours. Ils sont entrés dans Stari Vitez. Moi, je n’avais
2 rien à leur offrir à boire, sauf un rhum et un café. Nous
3 avons bu du café donc aussi. Moi, je n’étais pas content
4 de voir…
5 Q. Si vous me permettez, Monsieur Kalco, le
6 temps nous presse. Nous allons passer à un autre point.
7 Au mois de février 1993, vous avez été informé de
8 la commission d’un crime à Nadioci. Il s’agissait du
9 meurtre de Monsieur Esad Salkic. La personne qui a été
10 désignée comme étant l’auteur de ce meurtre était le nommé
11 Miroslav Bralo qui était également surnommé Cicko. Est-ce
12 qu’après la commission de ce crime, vous avez vu à la
13 télévision l’accusé Dario Kordic parler de cette affaire ?
14 R. Effectivement, le meurtre a eu lieu et à la
15 télévision locale, j’ai vu Monsieur Kordic qui a dit que
16 pour le meurtre commis par Bralo, une enquête allait être
17 menée concernant ce meurtre et que la procédure judiciaire
18 allait être conforme aux lois en vigueur en Bosnie-
19 Herzégovine.
20 Au bout de cinq ou six jours peut-être,
21 personnellement, j’ai vu Cicko à Vitez en voiture. Donc,
22 il n’était pas en prison. Il n’a pas été arrêté. La
23 procédure n’a pas été entamée. D’autres personnes l’ont vu
24 à Busovaca aussi, ce qui veut dire qu’il n’a pas passé un
25 seul jour en prison et qu’il n’a pas été soumis à des
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1 mesures de sanction.
2 Q. Au mois d’avril, début du mois d’avril 1993,
3 ayant été informé de ce que Monsieur Bralo circulait
4 librement, vous avez interrogé l’accusé Cerkez et son
5 adjoint, le nommé Saljevic, et ils vous ont dit qu’ils
6 essaieraient d’obtenir des informations, et ces
7 informations, vous ne les avez jamais obtenues ?
8 R. C’est exact. D’après eux, ils ne savaient
9 pas non plus ce qui lui était arrivé. Ils n’avaient pas
10 d’informations ou peut-être ils ne pouvaient pas les
11 fournir. Ils ne voulaient pas les fournir peut-être. Ils
12 ont dit qu’au bout de quelques jours, ils allaient nous
13 informer sur la situation concernant Bralo. Par la suite,
14 l’attaque a eu lieu. Donc, nous n’avons pas pu constater
15 ou plutôt nous n’avons pas reçu d’information de leur part
16 concernant cette personne.
17 Q. Monsieur Kalco, à votre connaissance,
18 Miroslav Bralo appartenait-il à la brigade de Vitez que
19 commandait Cerkez ?
20 R. Oui, certainement.
21 Q. Entre le 31 mars et le 11 avril 1993, vous
22 avez reçu des informations de la part de vos services de
23 renseignements selon lesquelles environ 350 soldats du HVO
24 provenant de Travnik et Busovaca, circulant dans des bus et
25 des camions, s’étaient déployés dans la zone de Vitez et en
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1 particulier à Veliki Mosunj, Kruscica et Zabrdze : Est-ce
2 bien exact ?
3 R. C’est exact. Il y avait environ 300 ou 350
4 personnes. C’est mes officiers de renseignements qui me
5 l’ont dit et ils ont dit que ces personnes étaient logées à
6 Veliki Mosunj, dans le chalet à Zabrdze et dans les maisons
7 de campagne, et à Kruscica.
8 Q. Vous avez également obtenu de la part de ces
9 mêmes officiers de renseignements des informations selon
10 lesquelles le HVO avait mis en place de l’artillerie, des
11 mortiers dans plusieurs endroits, et par conséquent, était
12 en mesure de couvrir toute la vallée de la Lasva ?
13 R. C’est exactement ça. De Prahulje, à Nova
14 Bila, à Pjescara, à Stari Bila, Gradina, Zabrdze et à
15 d’autres endroits vers Busovaca, ils ont placé des pièces
16 d’artillerie, des canons, des mortiers. Donc, ils
17 couvraient la région depuis Nova Bila jusqu’à Busovaca ou
18 jusqu’à Kaonik. C’est cette région-là qu’ils pouvaient
19 contrôler et ils pouvaient lancer une attaque contre ou
20 plutôt tirer sur Zenica aussi.
21 Q. Le 10 avril 1993, au cours de la nuit, vous
22 avez été appelé par l’accusé Mario Cerkez qui vous a
23 indiqué que l’un des officiers de sa brigade, le nommé Ivo
24 Sucic, avait été arrêté et malmené à Stari Vitez par des
25 soldats de votre unité.
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1 Vous avez procédé à quelques vérifications et en
2 fait vous êtes arrivé à la conclusion qu’il n’y avait
3 jamais eu d’interpellation concernant ce nommé Sucic et
4 qu’en aucun cas des violences avaient été exercées contre
5 lui : C’est bien cela ?
6 R. C’est exact. Ivo Sucic, je le connais bien.
7 Il me connaît bien aussi. Le 10 avril, c’est le jour du
8 NDH (ph.), c’est-à-dire l’État indépendant de Croatie,
9 l’État qui existait pendant la Deuxième Guerre mondiale, et
10 c’est surtout les Croates qui fêtaient ce jour-là la fête
11 nationale de l’ancienne NDH, c’est-à-dire l’État
12 indépendant de Croatie.
13 Sucic était ivre. Je suppose qu’il avait bu
14 quelque part, mais d’après nos informations, aucun membre
15 de l’armée de Bosnie-Herzégovine ni de la population n’a
16 malmené Ivo Sucic et il ne portait pas de traces de passage
17 à tabac. Tout simplement, il y avait des traces de
18 poussière parce qu’il était par terre, il était tellement
19 ivre.
20 Q. Je voudrais vous présenter un document au
21 sujet de cet incident. Il est en date du 12 avril 1993.
22 C’est le document Z642. C’est un document qui a été rédigé
23 par l’accusé Mario Cerkez.
24 Monsieur Kalco, ce document fait référence à des
25 violences qu’aurait subies Monsieur Ivo Sucic et en quelque
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1 sorte vient démentir la version que vous venez de nous
2 exposer. Quelles sont vos observations sur la sincérité de
3 ce document ?
4 R. En ce qui concerne ce document, je pense
5 qu’il est énoncé afin de nous provoquer simplement.
6 J’aurais aimé avoir notre réponse à ce document. Je ne
7 l’ai pas sur moi mais je me souviens que nous avons réfuté
8 les arguments exposés dans ce document.
9 Q. Deux jours plus tard, le 12 avril 1993, l’un
10 de vos officiers, le nommé Nihad Rehibic, a été arrêté à un
11 barrage à Dolac alors qu’il se trouvait avec son chauffeur
12 et la police militaire du HVO a exercé des violences sur
13 ces deux hommes. Vous êtes intervenu auprès de Pasko
14 Ljubicic et finalement, Rehibic et son chauffeur ont été
15 libérés.
16 Vous avez vu Monsieur Rehibic à l’époque ainsi que le
17 chauffeur. Dans quel état étaient-ils ?
18 R. Oui. Ceci s’est passé ainsi. Rehibic est
19 venu avec le chauffeur dans le commandement. Il portait
20 des traces visibles… il était ligoté et il y avait des
21 marques sur son visage, des bleus. Donc, c’était des
22 traces du passage à tabac. Il y avait également du sang
23 sur leur visage. Donc visiblement, ils avaient été
24 malmenés.
25 Q. Le lendemain, le 14 avril 1993, Mario Cerkez
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1 vous a appelé au téléphone pour vous informer ce que Darko
2 Kraljevic et deux autres membres des Vitezovis avaient été
3 tués par les soldats de l’armée de Bosnie-Herzégovine dans
4 un bois.
5 Vous avez là encore procédé à une rapide enquête
6 et vous avez constaté qu’en réalité, Kraljevic et les deux
7 autres Vitezovis avaient été trouvés en état d’ébriété,
8 alors qu’ils consommaient du haschisch, par une de vos
9 patrouilles et qu’ils avaient été ramenés ensuite à Vitez
10 sans être absolument malmenés.
11 R. C’est exact. Nous avons reçu l’information
12 qu’ils étaient tués à Kruscica à Suhe Jele. Nous avons
13 envoyé une patrouille constituée de trois policiers
14 militaires qui les ont trouvés en état d’ébriété et ils
15 consommaient du haschisch. Ils ont été amenés à Vitez.
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Il n’est pas
17 nécessaire que vous répétiez ce que le Procureur a dit.
18 R. O.K.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Passez à autre
20 chose, s’il vous plaît.
21 Me LOPEZ-TERRES :
22 Q. Vous avez reçu le 15 avril 1993 une lettre de
23 Monsieur Kraljevic qui se plaint des mauvais traitements
24 qu’il a reçus à l’occasion de cet incident. Cette lettre
25 fait l’objet de la pièce à conviction Z661. Je voudrais
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1 que vous l’examiniez et que vous nous fassiez vos
2 commentaires sur ce document, Z661.
3 Vous vous souvenez d’avoir reçu ce document ?
4 R. Oui, je m’en souviens. Nous avons envoyé une
5 réponse à cela, mais moi, je ne l’ai pas en ma possession.
6 Nous leur avons répondu. Je pense qu’encore une fois, il
7 s’agissait de provocation dans cette lettre et ceci faisait
8 justement partie des préparatifs pour cette attaque finale
9 qui a eu lieu le 16 avril.
10 Q. Le 14 avril 1993, vous étiez en compagnie
11 d’autres membres de l’armée de Bosnie et de représentants
12 du HVO de Vitez, notamment Mario Cerkez et ses adjoints
13 Karlo Grabovac, Sajic, et Bertovic, et vous avez célébré
14 ensemble l’anniversaire de l’armée de Bosnie. Vous avez bu
15 et consommé ensemble cette nuit-là et au cours des échanges
16 de propos que vous avez eus, vous avez eu l’assurance
17 qu’aucun conflit n’éclaterait à Vitez les jours suivants ?
18 R. C’est exact. Nous avons fêté l’anniversaire,
19 la fête de l’armée le 15 avril, mais à cause de la fête qui
20 a eu lieu à Zenica, nous avons organisé cela dans la
21 municipalité un jour plus tôt et lors de cette fête de
22 l’armée de Bosnie-Herzégovine, nous avons également invité
23 des membres du HVO et ces personnes dont vous venez de
24 citer les noms étaient présentes.
25 Nous avons parlé, nous avons chanté pendant
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1 longtemps, jusqu’à tard dans la nuit et Darko Kraljevic a
2 dit à nous, les membres de l’armée de Bosnie-Herzégovine,
3 pas que moi – nous étions environ 20 – qu’il n’y aurait
4 jamais de conflit entre l’armée de Bosnie-Herzégovine et le
5 HVO et il a souligné tout particulièrement qu’il n’y aurait
6 pas du tout de conflit entre Kruscica et le HVO et que le
7 HVO n’allait jamais attaquer Kruscica puisque Mario vivait
8 au début de ce village de Kruscica.
9 Q. Une précision. Il est indiqué dans le
10 transcript, dans la version anglaise, en tout cas :
11 « Mario Kraljevic nous a dit qu’il n’y aurait jamais de
12 conflit. »
13 « Mario Kraljevic », je pense qu’il y a une
14 erreur. De qui vous voulez parler exactement ?
15 R. Mario Cerkez parce que Kraljevic n’était pas
16 là. Nous ne l’avons pas invité, donc il n’était pas là.
17 Q. Merci de cette précision. Le lendemain, donc
18 le 15 avril, vous vous êtes rendu à Zenica pour fêter le
19 jour officiel de l’anniversaire de l’armée de Bosnie. Vous
20 êtes parti vers midi et vous êtes rentré aux environs de 17
21 h 00 l’après-midi ?
22 R. Oui.
23 Q. Environ une heure plus tard, vous avez
24 téléphoné à l’accusé Mario Cerkez à son quartier général et
25 vous avez discuté avec lui au téléphone ?
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1 R. Vers 6 h 00, je suis rentré de Zenica et au
2 bout d’une heure, j’ai parlé avec Mario. Nous avons parlé
3 de la situation dans la municipalité, dans la région de la
4 municipalité. Il ne semblait pas savoir qu’il y aurait un
5 conflit. Les officiers de renseignements m’ont dit qu’il y
6 a eu un rassemblement de troupes du HVO entre la station-
7 service et l’hôtel Vitez et nous nous disions que
8 probablement ils allaient partir quelque part sur le
9 terrain, qu’il s’agissait peut-être d’une relève d’autres
10 unités.
11 Il est vrai que nous avons renforcé des mesures de
12 sécurité, nous avons donné ce genre d’instructions à nos
13 forces, c’est-à-dire nous avons relevé l’état d’alerte.
14 Donc, pendant toute cette nuit, la situation était calme,
15 mais en Bosnie, nous avons l’expression : nous avons pu
16 sentir dans l’air que quelque chose ne tournait pas rond,
17 que quelque chose allait se passer mais nous ne savions pas
18 très exactement quoi.
19 Nous n’avons pas pu prévoir les événements puisque
20 30 heures plus tôt, nous avons eu la réunion avec ces
21 officiers du HVO, de la brigade de Vitez qui nous ont
22 rassurés pendant la réunion qui a eu lieu pendant la
23 célébration de la fête de l’armée de Bosnie-Herzégovine et
24 qui nous ont dit que ce genre de choses n’allaient pas se
25 produire.
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1 Q. Le 16 avril au matin alors que vous étiez à
2 Stari Vitez, vous avez constaté que Stari Vitez et Vitez
3 étaient attaqués par les forces du HVO. Les forces de la
4 brigade de Vitez ont-elles participé à cette attaque ?
5 R. Oui, oui. C’était les forces de la brigade
6 de Vitez et peut-être de certaines autres unités, les
7 forces commandées par Mario Cerkez, en principe, la JNA,
8 c’est-à-dire que et nous et le HVO, nous avons adopté les
9 principes de la JNA. Le commandant de la plus grande unité
10 dans une région commandait toutes les autres unités
11 inférieures subordonnées, de toutes les autres unités qui
12 se plaçaient sous le commandement du commandant de cette
13 brigade.
14 Il est vrai que lorsque l’attaque a été lancée,
15 des tirs d’artillerie ont été lancés contre des bâtiments
16 de Stari Vitez et d’autres endroits et une autre unité est
17 venue depuis la direction de Ribarnica (ph.). Cette unité
18 est entrée et ils ont incendié une dizaine de maisons, y
19 compris un restaurant et c’est ainsi que l’attaque a
20 commencé.
21 Q. Au même moment où Vitez et Stari Vitez
22 étaient attaqués, avez-vous reçu des informations selon
23 lesquelles d’autres villages environnant Vitez étaient
24 également attaqués ?
25 R. Oui. Nous disposions de communications
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1 téléphoniques et radios depuis Donja Veceriska, Divjak,
2 Gacice, Kruscica, Ahmici et autres endroits. Je ne vais
3 pas les énumérer tous. Nous avons reçu des informations
4 que les forces du HVO avaient attaqué ces endroits-là au
5 même moment. Par la suite, les lignes téléphoniques ont
6 été rompues. Nous n’avions que des communications par
7 radio.
8 Q. Au cours de cette journée, au cours de ces
9 attaques, avez-vous, vous personnellement ou des gens de
10 votre unité, intercepté des conversations téléphoniques du
11 HVO ?
12 R. Oui. Ils faisaient la même chose vis-à-vis
13 de nous. Probablement ils interceptaient toutes nos
14 conversations puisqu’ils disposaient de meilleurs
15 équipements et de meilleurs moyens techniques. Donc, ils
16 suivaient toutes nos conversations et nous faisions la même
17 chose envers eux dans la mesure du possible.
18 Donc, l’ordre donné par Mario selon lequel Marko
19 Lujic surnommé Markesa, qui était chargé du canon Nora à
20 Pjescara, il devait tirer sur les sites religieux à
21 Vranjica. Après que plusieurs obus ont été lancés sur
22 cette région, Vranjica et la mosquée, Markesa Lujic a
23 demandé à son commandant, Mario, d’arrêter afin de
24 permettre à l’appareil de se refroidir et afin de pouvoir
25 manger.
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1 Nous avons enregistré cette conversation entre
2 Mario et Markesa Lujic. C’est un homme qui avait travaillé
3 dans Princip comme moi et Mario, qui connaissait bien Mario
4 et Mario le connaissait bien aussi, de même que Mario me
5 connaissait moi. On avait été collègues de travail tous
6 les deux et lui et Marko Lujic avaient été collègues de
7 travail, eux aussi.
8 Malheureusement, nous avons rendu…
9 Q. Cet enregistrement dont vous nous parlez,
10 savez-vous ce qu’il est devenu ?
11 R. Nous l’avons rendu. C’est ce que je voulais
12 dire. Nous l’avons remis à notre commandement à Zenica, ça
13 et puis d’autres éléments concernant l’explosion de la
14 voiture piégée. Mais je ne sais pas où se trouvent ces
15 documents. Je ne sais pas où se trouve cette cassette.
16 Q. Vous venez de parler du nommé Marko Lujic et
17 de cette conversation ou de ces conversations entre Marko
18 Lujic et Mario Cerkez. Vous n’avez aucun doute sur
19 l’identification des voix ? Vous n’avez pas pu confondre
20 les voix de ces deux personnes ?
21 R. Pas du tout. J’ai grandi avec ces personnes,
22 je travaillais avec eux, je les voyais. On buvait
23 ensemble, on fêtait la fête ensemble. Nous nous
24 connaissions très bien. Je sais que Mario Cerkez était le
25 supérieur de Marko Lujic surnommé Markesa.
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Si le moment
2 est bon, nous pouvons faire une pause.
3 Me LOPEZ-TERRES :
4 Q. Je voudrais vous présenter un document,
5 Monsieur Kalco. Il s’agit du document qui porte la
6 référence Z4802. Ce document fait partie du classeur qui
7 vous a été remis il y a quelque temps, classeur auquel on a
8 attribué le numéro 2813.2.
9 Monsieur Kalco, ce document a pour objet de
10 proposer une promotion à un nommé Marko Lujic, fils de
11 Marko, originaire de Jardo. Pouvez-vous nous indiquer si
12 ce document concerne le Marko Lujic dont vous venez de nous
13 parler ?
14 R. À Vitez et dans la vallée de la Lasva, il n’y
15 a qu’un seul Marko Lujic surnommé Markesa. Il n’y en a pas
16 d’autres.
17 Me LOPEZ-TERRES : Je vous remercie.
18 Monsieur le Président, on peut faire une pause.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous allons
20 faire une pause de 20 minutes.
21 --- Suspension de l’audience à 15 h 31
22 --- Reprise de l’audience à 15 h 56
23 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous en
24 prie, Me Lopez-Terres, et essayez s’il vous plaît
25 d’accélérer un petit peu.
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1 Me LOPEZ-TERRES : Je vais essayer, Monsieur le
2 Président.
3 Q. Monsieur Kalco, vous nous avez parlé il y a
4 quelques instants du nommé Marko Lujic qui était
5 responsable de l’artillerie à Vitez. Est-ce que vous
6 pouvez nous donner le nom du responsable de la division
7 d’artillerie pour la zone de Bosnie centrale ?
8 R. C’était Batinic.
9 Q. Le 18 avril 1993 en fin d’après-midi, il
10 s’est produit une explosion très forte à Vitez. Un camion
11 bourré d’explosifs a explosé cet après-midi-là et après
12 l’explosion, il y a eu une attaque de l’infanterie sur
13 Stari Vitez. Pourriez-vous nous indiquer si au cours de
14 cette attaque contre Stari Vitez, il y avait des membres de
15 la brigade de Vitez qui y ont participé ?
16 R. D’après les informations dont nous avons
17 disposé, c’était effectivement des membres de la brigade de
18 Vitez qui ont opéré et c’était sur le commandement, sur
19 l’ordre de cette brigade que l’action a été entreprise.
20 Q. Au cours de la soirée du 18 avril toujours,
21 le jour de cette explosion, est-ce que vous vous rappelez
22 d’avoir vu l’accusé Dario Kordic apparaître à la
23 télévision ?
24 R. Oui. Il est apparu à la télévision locale et
25 il a dit que l’entrepôt à Stari Vitez a été activé. Il l’a
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1 dit sur un ton ironique. Il a dit qu’il y en a d’autres
2 également qui vont être envoyés en l’air.
3 Q. Est-ce que vous avez reçu ce message comme
4 étant une menace pour l’avenir ?
5 R. Oui. C’était une menace bien évidemment. Ce
6 n’était pas pour rien qu’il a parlé. Il a parlé de cet
7 entrepôt de munitions pour menacer l’armée mais pour faire
8 peur au peuple également.
9 Q. Si j’ai bien compris, il a expliqué que
10 l’explosion était due à l’explosion d’un dépôt et non pas à
11 celle d’un camion ?
12 R. Oui. C’était un entrepôt, mais il y avait
13 également un camion, un camion qui était bourré
14 d’explosifs. C’était l’explosif qui a été pris de Vitezit.
15 Il y avait 3 000 ou 4 000 kilogrammes d’explosifs et c’est
16 Sahman, un réfugié de Sipovo, qui conduisait le camion.
17 Q. Monsieur Kalco, est-ce qu’au cours de cette
18 intervention télévisée, l’accusé Dario Kordic a également
19 indiqué ce qu’il adviendrait des responsables de l’armée de
20 Bosnie-Herzégovine et les a invités à se rendre ?
21 R. Oui. Après, il a dit que les membres de
22 l’armée devaient se remettre car de toute façon, ils
23 savaient ce qui les attendait, alors que le commandant a
24 dit qu’on allait les juger en vertu des lois de Herceg-
25 Bosna et qu’ils allaient être déclarés… je m’excuse, je ne
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1 peux plus me souvenir, mais de toute façon, on a dit qu’ils
2 allaient être déclarés comme des révoltés. Voilà !
3 Q. Le 30 avril 1993, c’est le jour où le Général
4 dont vous nous avez parlé, Milivoj Petkovic, est venu à
5 Vitez. Vous avez eu une réunion à l’hôtel Vitez avec le
6 Colonel Blaskic et Petkovic ?
7 R. Oui.
8 Q. Vous étiez, je crois, le seul représentant de
9 l’armée de Bosnie à Vitez ce jour-là au cours de cette
10 réunion ?
11 R. Oui.
12 Q. Est-ce que vous pouvez nous indiquer ce que
13 le Colonel Blaskic a déclaré au cours de ce meeting ?
14 R. Tout d’abord, Petkovic et Totic, Filipovic,
15 Andric, tous ceux du HVO, ils y étaient. Ensuite, Sefer
16 Halilovic, Rasim Delic et ensuite Vehbija Karic, ils ont
17 visité Stari Vitez. Par la suite, il y a une réunion à
18 l’hôtel Vitez qui a été organisée et lors de cette réunion,
19 Petkovic a dit qu’il allait inviter le soir les
20 représentants de la municipalité de Vitez, que Stari Vitez
21 a été détruite et que des fonctions vitales devaient être
22 rétablies pour que les gens puissent continuer à vivre à
23 Stari Vitez.
24 Monsieur Blaskic, en revanche, a dit qu’il a tout
25 simplement obéi aux ordres de Herceg-Bosna, obéi aux ordres
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1 de celui qui a été supérieur et il a nommé Dario Kordic.
2 Il y avait le commandant également du commandement conjoint
3 de l’armée de Bosnie-Herzégovine dénommé Ivica Mioc, qui
4 était officier à l’époque de l’ex-JNA car tous les
5 officiers et le HVO…
6 Q. Excusez-moi. Après cette rencontre à l’hôtel
7 Vitez, vous vous êtes rendu au cinéma où Mario Cerkez avait
8 son quartier général et vous étiez escorté par deux soldats
9 britanniques. Vous avez rendu visite à des prisonniers.
10 Au cours de cette visite, plus exactement à l’issue de
11 cette visite, vous avez été pris à parti par un soldat et
12 frappé, un soldat du HVO ?
13 R. Oui. Je suis allé visiter les prisonniers.
14 J’étais escorté par les deux soldats britanniques. Il y
15 avait une foule devant le cinéma. Il y a quelqu’un qui m’a
16 donné un coup de pied dans le ventre. Moi, j’ai perdu
17 connaissance et je ne sais pas comment je suis revenu
18 après, je suis retourné à l’hôtel.
19 Avec Filip Filipovic, nous sommes retournés une
20 fois de plus à cet endroit et l’un des soldats du HVO a dit
21 (je cite) : « Emmène-le. Je vais lui enfoncer la croix
22 dans le front. » Fin de citation.
23 Après, j’ai vu et j’ai rencontré Mario Cerkez.
24 Nous avons discuté un petit peu. On a parlé des
25 prisonniers. Nous avons demandé que les prisonniers soient
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1 relâchés et quelques jours plus tard, ils ont été relâchés
2 effectivement. Soixante-dix personnes exactement ont été
3 relâchées le jour même alors que 15, 20 personnes qui
4 étaient à la direction du parti SDA ont été emmenées dans
5 la prison de Busovaca.
6 Q. Au total, d’après les chiffres que vous avez
7 pu obtenir, ce sont environ 700 personnes qui ont été
8 relâchées des différents centres de détention de Vitez ?
9 R. Oui. Dans la salle du cinéma et dans
10 d’autres pièces ou même dans une chaudière puis il y avait
11 le club des échecs, il y avait la station vétérinaire,
12 l’école élémentaire. Il y en avait beaucoup.
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je ne sais pas
14 s’il est indispensable véritablement de rentrer en détail.
15 Me Lopez-Terres, je vous en prie, est-ce qu’on
16 peut passer à d’autres sujets, s’il vous plaît ?
17 Me LOPEZ-TERRES :
18 Q. Monsieur Kalco, le 18 juillet 1993, vous
19 étiez à Stari Vitez lorsqu’une nouvelle attaque a été menée
20 contre cette partie de Vitez. Cette attaque a duré de 4 h
21 15 à 18 h 00 ?
22 R. Oui. C’était le matin, très tôt le matin, 4
23 h 00 du matin, entre 4 h 00 jusqu’à 18 h 00 le jour même.
24 On a essayé de rentrer à Princip sur un véhicule blindé.
25 Il y avait même un bulldozer et 12 soldats du HVO
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1 normalement avaient pour but de massacrer les soldats et la
2 population, mais on a eu beaucoup de chance. Même si on ne
3 disposait pas beaucoup d’obus, il y avait quand même un
4 obus qui a réussi à toucher le bulldozer. Il y avait dix
5 mètres…
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Excusez-moi,
7 mais est-ce qu’il est vraiment indispensable de donner
8 toutes ces précisions, Me Lopez-Terres ?
9 Me LOPEZ-TERRES : La Défense a fait savoir
10 qu’elle s’opposait à ce que je mène les questions de façon
11 dirigée. Je suis dans une situation un peu délicate.
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Vous pourrez
13 éventuellement poser la question, combien de victimes
14 éventuellement, s’il y avait des victimes parmi les soldats
15 du HVO.
16 R. Ce jour-là, on n’avait aucun soldat qui a été
17 tué. Il y en avait 15 qui ont été blessés dont huit
18 grièvement. On les a transportés à Zenica.
19 Me LOPEZ-TERRES :
20 Q. Excusez-moi. Non pas que je n’aie aucun
21 intérêt pour les pertes que vous avez subies ce jour-là
22 mais je voudrais avoir des informations concernant les
23 pertes du HVO plus spécifiquement. Est-il exact que ce
24 jour-là, le HVO a perdu 27 hommes ?
25 R. Moi, j’ai commencé justement à parler de
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1 cela. Au bout de deux ou trois jours, moi, c’est au nom de
2 l’armée de Bosnie-Herzégovine que j’agissais et Boro Jozic
3 représentait le HVO, mais il y avait question de 12 soldats
4 et 12 soldats qui appartenaient à la brigade de Vitez.
5 Nous, on ne savait pas combien encore de soldats
6 ont été tués ou blessés et ce n’est que plus tard que nous
7 avons appris qu’il y en avait 15 autres soldats, 15 soldats
8 qui sont restés entre les deux lignes, les lignes de front
9 et l’armée de Bosnie-Herzégovine et celles du HVO.
10 Boro ne voulait pas prendre les dépouilles
11 mortelles de ces soldats parce qu’il a tout simplement dit
12 qu’il ne s’agissait pas de ses propres soldats et nous, on
13 a constaté que c’était des soldats de Bjelovar, de Daruvar,
14 de Osijek, par conséquent, des soldats de l’armée croate.
15 Nous avons trouvé sur eux des livrets militaires
16 et des cartes d’identité, des photographies également, des
17 noms des membres de leur famille, et cætera, et nous avons
18 donc remis tous ces documents à nos autorités à Zenica. Je
19 ne connais pas le sort de ces documents.
20 Q. Entre le mois de juillet 1993 et le mois de
21 février 1994, lorsque le cessez-le-feu est intervenu, avez-
22 vous constaté le passage fréquent ou l’atterrissage
23 d’hélicoptères au-dessus de Vitez ?
24 R. Oui. Ces hélicoptères passaient souvent. Je
25 pense qu’il y avait 86 vols. Il y en avait qui
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1 atterrissaient, il y en avait qui jetaient par parachutes
2 quelques denrées alimentaires de l’aide humanitaire car le
3 vent nous a apporté ce qui était contenu dans les colis car
4 dans les colis, il y avait de la munition également. C’est
5 nous qui en avions profité un petit peu.
6 Par la suite, nous avons appris que Bralo, le
7 pilote, était quelqu’un qui conduisait les hélicoptères et
8 puis il y avait un autre pilote également répondant au nom
9 de Sejo. Il est bosnien de Kakanj. Il y en avait d’autres
10 probablement. Nous avons appris qu’ils étaient payés 5 000
11 deutschmarks pour chaque vol en hélicoptère.
12 Q. Ces hélicoptères dont vous avez vu les
13 passages, étaient-ils des hélicoptères qui portaient les
14 signes du HVO ou les signes de l’armée de la République de
15 Croatie ?
16 R. Je ne peux pas l’affirmer. Ils étaient loin,
17 mais en général, c’était les vols de nuit.
18 Q. Le 8 août 1993, vous vous trouviez dans une
19 maison à Stari Vitez et vous avez aperçu l’accusé Dario
20 Kordic. Est-ce que vous pouvez nous indiquer dans quelles
21 circonstances et ce que vous avez vu exactement ce
22 jour-là ?
23 R. Je vais revenir à la dernière question, à la
24 toute dernière question, juste une phrase.
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Non. C’est le
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1 conseil qui vous a posé une question et c’est à ses
2 questions que vous allez répondre, s’il vous plaît,
3 Monsieur le Témoin. Poursuivez.
4 R. Oui. J’ai visité les lignes face à Lasva et
5 au village de Krcevine. J’ai pu remarquer Mario, Kordic
6 également. J’avais des jumelles et puis j’ai remarqué
7 également des officiers du HVO. Ils étaient sur la route à
8 Ravno. C’est une ligne de séparation entre l’armée et le
9 HVO. C’est Ravni Put l’endroit.
10 Monsieur Kordic portait un uniforme de camouflage.
11 Il avait également une chaîne avec la croix. Il agitait
12 les mains et j’ai pu me rendre compte qu’il délivrait des
13 ordres car j’ai dit que j’ai observé tout ça par les
14 jumelles.
15 Me LOPEZ-TERRES :
16 Q. À quelle heure du jour avez-vous vu cette
17 scène ?
18 R. C’était à midi, 1 h 00. Le jour était très
19 ensoleillé, très clair. Donc, on pouvait bien voir. Je
20 n’étais pas le seul. Il y avait d’autres soldats également
21 qui ont observé, tout comme moi, ce qui se passait de
22 l’autre côté.
23 Q. Vous vous trouviez à ce moment-là à Stari
24 Vitez ?
25 R. Oui.
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1 Q. Le soir du même jour, le 8 août 1993, vous
2 avez vu l’accusé Dario Kordic à la télévision locale. Est-
3 ce que vous pouvez nous indiquer ce qui était diffusé ce
4 soir-là ?
5 R. Oui. J’ai pu voir Kordic. Il portait
6 l’uniforme. Je l’ai vu sur la ligne. Il visitait les
7 lignes de front du HVO et puis il maintenait que ces lignes
8 étaient bien renforcées, qu’on ne pouvait pas les vaincre.
9 Voilà !
10 Q. L’accusé Dario Kordic a-t-il fait référence
11 ce jour-là à l’histoire du territoire et au fait que ce
12 territoire…
13 Me SAYERS (interprétation) : Objection. C’est
14 une question directrice.
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Un petit
16 moment. Dans ce cas-là, le Procureur peut demander si
17 Kordic éventuellement a rajouté quelque chose.
18 Me LOPEZ-TERRES :
19 Q. Est-ce que l’accusé Kordic a parlé au cours
20 de cette intervention des personnes qui étaient les seules
21 habilitées à vivre sur ce territoire ?
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : C’est
23 justement la question que je voulais éviter, Me Lopez-
24 Terres.
25 Me LOPEZ-TERRES : Elle n’a pas été…
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Maintenant,
2 vous avez l’objection maintenant qui a été soulevée.
3 Monsieur Kalco, est-ce que Dario Kordic a dit
4 quelque chose d’autre ?
5 R. Monsieur le Président, oui, je me souviens.
6 Il a dit qu’il s’agissait du territoire séculaire croate et
7 que ce ne sont que des Croates qui peuvent habiter ces
8 territoires et plus personne. Si mes souvenirs sont bons,
9 c’est ce qu’il a dit. Peut-être il a rajouté encore autre
10 chose. Je ne m’en souviens pas.
11 Me LOPEZ-TERRES : Je n’ai plus d’autres
12 questions, Monsieur le Président.
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Qui va contre-
14 interroger ?
15 Me KOVACIC (interprétation) : Monsieur le
16 Président, si vous permettez, c’est nous qui allons être
17 les premiers.
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous en
19 prie.
20 CONTRE-INTERROGÉ PAR Me KOVACIC
21 (interprétation) :
22 Q. Mes respects, Monsieur Kalco. Je m’appelle
23 Bozidar Kovacic. Je suis le conseil de Mario Cerkez
24 ensemble avec mon confrère Mikulicic. Je voudrais vous
25 poser quelques questions au sujet de votre déposition.
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1 R. Merci.
2 Q. Je vais vous demander tout simplement qu’on
3 soit très prudent. Il faut ménager les pauses étant donné
4 qu’il y a des interprètes qui travaillent. Nous deux, on
5 se comprend mais il faut traduire les questions et les
6 réponses.
7 R. D’accord.
8 Q. Monsieur Kalco, c’est la première fois
9 aujourd’hui que nous avons appris du Procureur que vous
10 avez été sujet à une attaque cérébrale. C’est vrai ?
11 R. Oui.
12 Q. Je pense que ceci pourrait avoir des
13 incidences sur l’ensemble de la situation. Pourriez-vous
14 nous dire à quel moment vous avez eu cette attaque ?
15 R. C’était le 19 janvier 1996.
16 Q. Vous avez été soigné ?
17 R. Oui.
18 Q. Où ?
19 R. À Zenica.
20 Q. Combien vous êtes resté à l’hôpital ?
21 R. 12 jours.
22 Q. Est-ce que vous avez fait une récupération
23 fonctionnelle par la suite ?
24 R. Oui.
25 Q. Combien ça a duré ?
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1 R. Un mois.
2 Q. À Zenica également ?
3 R. À Fojnica.
4 Q. À Fojnica. D’accord. Vous avez dit par la
5 suite que vous êtes parti à la retraite. C’est invalide ou
6 retraité normalement, régulièrement ?
7 R. Retraité de l’armée régulièrement.
8 Q. D’accord. Après cette maladie, après la
9 récupération fonctionnelle, est-ce qu’on peut dire que du
10 côté santé, vous vous sentez bien ?
11 R. Oui, absolument. En ce moment, oui.
12 Q. Est-ce que vous avez quelques problèmes avec
13 la mémoire ? Est-ce que vous avez des troubles d’amnésie ?
14 R. Non. C’est au niveau du parler que j’ai
15 quelques problèmes.
16 Q. Vous n’avez pas de problème au sujet des
17 périodes différentes du passé ?
18 R. Non.
19 Q. Excusez-moi. C’était vraiment tout à fait
20 privé les questions que je vous ai posées mais j’y étais
21 obligé.
22 R. Entendu !
23 Q. Vous nous avez dit que vous connaissez Cerkez
24 avant le conflit. Nous allons essayer d’accélérer. Vous
25 avez dit que vous étiez son supérieur pendant qu’il
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1 travaillait au Comité municipal de la Défense ? Vous me
2 répondez par oui ou non.
3 R. Oui.
4 Q. Ensuite, vous avez dit que vous étiez son
5 supérieur également pendant que vous avez travaillé tous
6 les deux à SPS ?
7 R. Oui.
8 Q. Vous avez travaillé tous les deux pendant dix
9 ans, n’est-ce pas ?
10 R. Peut-être un peu plus mais dix ans, de toute
11 façon, c’est sûr.
12 Q. Est-ce que je peux déduire de tout cela que
13 vous le connaissiez très bien ?
14 R. Oui. Je le connaissais très bien et je
15 l’aimais. Je l’aimais comme si c’était mon frère cadet.
16 Q. Monsieur Kalco, est-ce qu’au cours de ces 12
17 années et même quand les premiers problèmes sont apparus au
18 cours de 1992, est-ce que vous avez pu remarquer que Cerkez
19 éventuellement avait épousé quelques attitudes étranges
20 vis-à-vis d’autres communautés ethniques ? Est-ce
21 qu’éventuellement il avait une attitude négative à l’égard
22 d’autres peuples ? Est-ce qu’il avait fait preuve de
23 discrimination à l’égard d’autres communautés ethniques ?
24 R. Non.
25 Q. Jamais personne ?
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1 R. Non.
2 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire quand la
3 première fois éventuellement vous avez remarqué de tels
4 comportements chez lui ?
5 R. Il a épousé un autre comportement au moment
6 où l’armée a été établie, au moment où le HVO a été mis en
7 place. Nous n’étions plus véritablement amis, on n’était
8 plus copains copains. On avait discuté à titre officiel et
9 tout ce qu’il fallait se dire, on se l’était dit entre
10 nous.
11 Q. Vous avez eu quand même une série de contacts
12 directs entre les militaires, n’est-ce pas ?
13 R. Oui.
14 Q. Vous, vous étiez soldat de l’armée de Bosnie-
15 Herzégovine, Cerkez du HVO ?
16 R. Oui.
17 Q. Est-ce qu’à ce moment-là également, vous
18 aviez un rapport purement professionnel ou bien
19 éventuellement il avait un autre comportement vis-à-vis de
20 vous ?
21 R. À partir de ce moment-là, il ne se comportait
22 que sous l’aspect professionnel vis-à-vis de moi.
23 Q. Même à ce moment-là, il n’avait pas eu une
24 attitude ethnique vis-à-vis de vous mais tout simplement,
25 vous étiez le représentant d’une autre armée, n’est-ce pas,
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1 vous étiez son ennemi ?
2 R. Maintenant, c’est difficile et délicat de
3 répondre. Les gens disent une chose et font une autre
4 chose.
5 Q. Je vais vous interrompre. Je vais accélérer
6 un petit peu. Juste une question. Est-ce que…
7 M. LE JUGE BENNOUNA : [Hors microphone] …ralentir
8 un peu le rythme parce qu’à travers la traduction, c’est un
9 peu difficile. Merci.
10 Me KOVACIC (interprétation) : Excusez-moi,
11 Monsieur le Juge. Je vais poser donc la question suivante.
12 Q. Est-ce que pendant la guerre, au cours de vos
13 contacts, il a proféré des injures à l’encontre des
14 musulmans ou d’autres ?
15 R. Au cours de la guerre, on n’a pas eu
16 l’occasion de se rencontrer jusqu’au 16 avril. Entre le 16
17 avril et le 25 février 1994, on n’a pas eu l’occasion de se
18 rencontrer, mais par la suite, oui. De toute façon, après,
19 il a dit : « Ce qui s’est passé s’est passé. Nous pouvons
20 poursuivre nos relations. » En général, vis-à-vis de moi,
21 c’est comme ça qu’il s’est comporté.
22 Q. Au cours de ces entretiens que vous avez eus
23 en 1993, en octobre 1992 ou en avril 1993, vous l’avez
24 contacté quand même. Est-ce qu’il avait utilisé des termes
25 pour vous vexer, pour proférer des injures, pour dire
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1 quelque chose à l’encontre du peuple bosnien ?
2 R. Non, mais il ne faut pas oublier non plus
3 qu’à un moment donné où nous avons eu cette réunion à la
4 poste, il a été catégorique.
5 Q. Je m’excuse. On va venir à ce sujet-là.
6 R. D’accord.
7 Q. Merci. Vous nous avez dit par ailleurs que
8 c’était une question de coïncidence mais que de toute
9 façon, en 1992, vous saviez que beaucoup de volontaires de
10 Bosnie sont allés en Croatie combattre les Serbes et qu’à
11 ce moment-là, Cerkez était absent pendant cette période
12 également et c’est comme ça que vous avez déduit que
13 d’après vous également, Cerkez s’est rendu en volontaire en
14 Croatie ?
15 R. Il n’était pas à Vitez probablement,
16 probablement. C’est ce que je pense. De toute façon, il
17 est un fait qu’il n’était pas à Vitez pendant cette
18 période.
19 Q. Vous n’avez aucun fait concret, vous n’avez
20 aucune information sur laquelle vous basez votre opinion ?
21 R. C’est vrai, je ne l’ai pas, mais il est vrai
22 également que ses camarades qui étaient avec lui ont
23 raconté qu’ils étaient ensemble pour la formation et ils
24 ont mentionné leurs propres noms. Moi, je ne vais pas vous
25 citer maintenant les personnes qui me l’ont dit et ses
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1 camarades qui me l’ont dit.
2 Q. Un peu de précisions, s’il vous plaît. Vous
3 avez parlé une fois de plus de la formation. La question
4 que je me pose, c’est s’il était en Croatie. Est-ce que
5 vous avez des informations s’il était en Croatie pour
6 combattre les Serbes ?
7 R. Je ne le sais pas.
8 Q. Maintenant, la deuxième question, question
9 qui concerne la formation.
10 R. D’accord.
11 Q. Par conséquent, il y avait des rumeurs selon
12 lesquelles soi-disant lui également, il était en Croatie
13 pour s’entraîner, mais vous ne disposez pas des
14 informations ?
15 R. Vous avez raison.
16 Q. Est-ce que vous êtes capable également de
17 nous citer la personne ?
18 R. Je ne le dirai pas parce que ce n’est pas une
19 seule personne, il y en a plusieurs et je ne voudrais pas
20 citer leurs noms.
21 Q. Merci. Vous avez par ailleurs dit lors de
22 votre déposition que Cerkez et d’autres Croates comme, par
23 exemple, et vous avez parlé de Darko Kraljevic, Anto
24 Furundzija, sont allés pour s’entraîner en Croatie, n’est-
25 ce pas ?
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1 R. Oui.
2 Q. Anto Furundzija, si nous parlons de la même
3 personne, a été en 1992, pendant la même période,
4 commandant d’un peloton de sabotage au sein de la TO,
5 n’est-ce pas ?
6 R. Non. Il était à la police militaire de
7 l’armée de Bosnie-Herzégovine.
8 Q. Entendu !
9 R. Il y avait des conflits entre l’armée et le
10 HVO et tout de suite après, il est allé rejoindre le HVO.
11 Il n’était pas le seul. Il y avait d’autres Croates
12 également.
13 Q. Très bien. Ce Furundzija, donc, il a été
14 dans la police militaire de l’armée de Bosnie-Herzégovine.
15 Est-ce qu’il a été envoyé à l’entraînement en cette
16 qualité-là ?
17 R. Non. Seulement après avoir quitté l’armée de
18 Bosnie-Herzégovine.
19 Q. N’est-il pas vrai de dire que l’armée de
20 Bosnie-Herzégovine envoyait ses hommes à l’entraînement en
21 Croatie également, qu’ils bénéficiaient de l’aide de la
22 République de Croatie ainsi ?
23 R. Pas de Vitez.
24 Q. Pas de Vitez. Et de la Bosnie centrale ?
25 R. Je ne sais pas.
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1 Q. Vous, en tant qu’officier, vous ne disposiez
2 pas d’informations à ce sujet ?
3 R. Non.
4 Q. Monsieur Kalco, une seule question concernant
5 cette partie. Vous êtes devenu membre actif de la Défense
6 territoriale seulement au mois d’août 1992, lorsque vous
7 avez remplacé votre collègue, Monsieur Hakija Cenjic, qui
8 avait occupé ce poste jusqu’alors. Est-ce exact ?
9 R. Je suis devenu membre de la Défense
10 territoriale le 4 avril 1992. J’étais le commandant du
11 détachement de Stari Vitez. Ensuite, je suis allé sur les
12 lignes de front de Vitez et de Sarajevo… de Visoko et de
13 Sarajevo et après cela, j’ai remplacé Hakija Cenjic au
14 poste du chef de l’état-major de la Défense territoriale.
15 Q. Quand est-ce que ceci s’est passé en 1992 ?
16 R. Au début du mois d’octobre.
17 Q. Donc, si j’ai bien compris, je peux conclure
18 sur la base de cela qu’entre avril et octobre 1992, vous
19 n’étiez pas du tout à Vitez ?
20 R. Ce n’est pas vrai. J’ai été à Vitez. Je
21 partais pendant sept jours et puis je revenais à Vitez
22 pendant sept jours. Je fonctionnais comme ça.
23 Q. Donc, vous fonctionniez par équipes ?
24 R. Oui.
25 Q. Puisque nous parlons de ces relèves, de ces
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1 équipes, l’armée de Bosnie-Herzégovine envoyait ses relèves
2 sur les lignes de front ?
3 R. Oui.
4 Q. Le HVO envoyait ses propres relèves sur les
5 lignes de front contre les Chetniks aussi ?
6 R. Oui, mais pas dans la partie de la ligne de
7 front de Visoko et de Sarajevo mais seulement Turbe et
8 Vlasic.
9 Q. Très bien. Donc, Turbe et Vlasic et pas
10 Visoko et Sarajevo. Ils envoyaient leurs troupes par
11 relèves aussi ?
12 R. Oui.
13 Q. Monsieur Kalco, je crois que vous serez
14 d’accord avec moi pour dire que ce travail constitué pour
15 le HVO en 1992 était un travail organisé par l’état-major
16 municipal du HVO à Vitez ?
17 R. Oui.
18 Q. C’était eux qui étaient chargés de ces
19 opérations ?
20 R. Oui. En ce qui concerne les unités du HVO et
21 le commandant de l’armée de Bosnie-Herzégovine était chargé
22 en ce qui concerne les unités de l’armée de Bosnie-
23 Herzégovine.
24 Q. C’est exact. C’est sur les lignes de front
25 qu’ils avaient une sorte de partage entre eux de leurs
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1 propres secteurs ?
2 R. Oui.
3 Q. En 1992, à Vitez, il n’y a pas eu de brigade
4 de HVO. Est-ce exact ?
5 R. Oui.
6 Q. Conformément à la législation en vigueur à
7 l’époque qui a été reprise sur la base de la législation en
8 vigueur dans l’ancienne Yougoslavie – ceci a été repris à
9 la fois par le HVO et le gouvernement à Sarajevo – les
10 hommes en âge de combattre pouvaient être mobilisés sur les
11 lignes de front afin de travailler dans le cadre d’une
12 relève et ensuite, la personne revenait chez elle. À ce
13 moment-là, qu’était-il pendant qu’il était chez lui ?
14 R. Il se reposait.
15 Q. Il travaillait à ce moment-là ?
16 R. Non. À l’époque, les usines ne
17 fonctionnaient pas.
18 Q. Mais si l’usine fonctionnait, la personne
19 allait au travail ?
20 R. Je crois que non. Je crois que les personnes
21 qui étaient sur les lignes de front avaient arrêté de
22 travailler. Donc, ils allaient une semaine sur les lignes
23 de front et la semaine suivante était la semaine de repos.
24 Q. Monsieur Kalco, est-ce que cette personne
25 était considérée comme étant soldat pendant qu’elle était
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1 libre, pendant qu’elle se reposait ?
2 R. Je crois que oui.
3 Q. Donc, ça veut dire qu’il portait un uniforme
4 et portait ses armes ?
5 R. Ceux qui avaient des armes les portaient, au
6 moins un pistolet, mais pour la plupart des fois, ils se
7 déplaçaient en uniformes de camouflage.
8 Q. Vous parlez maintenant des deux armées ?
9 R. Oui, des deux armées.
10 Q. Vous ne l’affirmez pas ? Vous avez dit « je
11 pense ».
12 R. Si, si, je l’affirme. Je l’affirme.
13 Q. Donc, vous affirmez, pour être tout à fait
14 clair, que d’après la législation en vigueur, le soldat qui
15 revenait de la ligne de front, qui attendait sa relève, sa
16 prochaine relève, il était toujours considéré comme
17 soldat ?
18 R. C’est exact.
19 Q. Vous les traitiez ainsi au sein de la Défense
20 territoriale ?
21 R. Oui.
22 Q. Vous ne savez pas si le règlement du HVO
23 fonctionnait selon le même principe ?
24 R. Oui, selon le même principe.
25 Q. Merci. Est-ce que vous avez jamais pu
Page 15992
1 étudier cette question particulièrement de savoir si la
2 pratique au sein du HVO était pareille ?
3 R. Non, mais nous avons pu l’apprendre les uns
4 des autres.
5 Q. Je souhaite maintenant parler d’un autre
6 sujet, Monsieur Kalco. Vous nous avez parlé aujourd’hui de
7 ce barrage routier et de cet incident à Ahmici qui a eu
8 lieu le 20 octobre 1992.
9 Tout d’abord, en ce qui concerne cette réunion
10 qui, comme vous l’avez dit, a eu lieu le 19 octobre, donc
11 la veille du conflit autour du barrage routier, vous avez
12 dit que vous avez assisté à cette réunion avec l’Imam
13 Mestrovac, Ivica Santic, Cerkez et Pero Skopljak et que
14 ceci s’est produit dans la cave de la poste.
15 D’après ce que nous avons déjà entendu dans le
16 cadre de l’affaire présente, lorsque ces personnes se
17 réunissaient et surtout Monsieur Mestrovac, ceci s’est
18 produit après les événements ? C’est à ce moment-là que
19 l’on a essayé de régler le problème ?
20 R. Ce n’est pas vrai.
21 Q. Je vais vous montrer un document qui vous
22 rafraîchira la mémoire plus tard peut-être. Deuxièmement,
23 en ce qui concerne cette réunion, en ce qui concerne donc
24 les personnes présentes à la réunion et parmi les réunions
25 que vous avez mentionnées, Monsieur Marijan Skopljak a
Page 15993
1 assisté à laquelle de ces réunions ?
2 R. Il n’était pas dans la poste.
3 Q. Je n’ai pas bien compris. Il était à la
4 poste ?
5 R. Non, non, il n’y était pas.
6 Q. Et dans le centre médical ?
7 R. Non.
8 Q. Et au cours de la réunion après l’incident ?
9 R. À ce moment-là, nous avons eu une réunion
10 dans la municipalité chez Mario.
11 Q. Ça, c’était avant la réunion. Donc, d’après
12 vous, il y a eu au moins trois réunions avant les
13 incidents ?
14 R. Oui.
15 Q. Vous avez expliqué pour quelle raison le
16 barrage routier a été érigé. Nous n’allons pas entrer dans
17 ces détails mais dites-nous, s’il vous plaît, quelque chose
18 concernant ces réunions.
19 Ces réunions ne visaient-elles pas, n’étaient-
20 elles pas le reflet des dirigeants locaux, de la volonté
21 des dirigeants locaux de Vitez de trouver une solution
22 compte tenu de propositions différentes ? Est-ce que vous
23 cherchiez à éviter un conflit et à trouver une autre
24 solution ?
25 R. D’après le HVO, la seule solution était de
Page 15994
1 laisser passer leurs unités. Il n’y avait pas d’autres
2 propositions.
3 Q. Monsieur Kalco, est-ce que vous discutiez de
4 l’initiative selon laquelle les barrages routiers communs
5 devaient être érigés sur la route de telle manière que
6 l’unité venant de l’est, du sud-est, pouvait passer par la
7 route sans entrer dans la ville de Vitez ?
8 R. Après l’incident, après Ahmici, il y a eu de
9 telles propositions, mais non pas au cours de cette
10 réunion.
11 Q. Pas avant Ahmici ?
12 R. Après Ahmici, nous avons convenu que ces
13 unités pouvaient utiliser la route principale sans
14 traverser Vitez.
15 Q. Cette idée a été exprimée lors de la réunion
16 qui a eu lieu le 19, avant le barrage routier ?
17 R. Ce n’est ni le HVO, ni l’armée de Bosnie-
18 Herzégovine qui l’a proposé. C’est le commandement,
19 l’ancien commandement de l’armée de Bosnie-Herzégovine de
20 Zenica qui l’avait proposé.
21 Q. Donc finalement, vous serez d’accord avec moi
22 pour dire qu’il y a eu deux barrages routiers, d’un côté à
23 Ahmici, comme nous l’avons mentionné, et puis d’autres
24 part, près de Bila ?
25 R. Oui.
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1 Q. Le HVO, comment est-ce qu’il a pu passer à
2 travers le point de contrôle de Bila ?
3 R. Il n’y allait pas.
4 Q. Je n’ai pas bien compris.
5 R. Mais où voulez-vous qu’ils aillent depuis
6 Bila ?
7 Q. Sur la route principale, il y avait le
8 barrage routier. Ils devaient le traverser.
9 R. Ils allaient soit vers Travnik, soit vers
10 Zenica, Sarajevo. C’est ça que je veux savoir.
11 Q. C’est vous qui avez dit qu’ils allaient à
12 l’ouest, au nord-ouest. C’est vous qui l’avez dit.
13 R. Je vais vous expliquer. Eux, depuis Ahmici,
14 ils ne pouvaient pas arriver jusqu’au barrage routier à
15 Bila, sauf les unités du HVO de Stari Vitez. C’était les
16 seules unités qui pouvaient passer jusque là et les autres
17 non.
18 Q. Finalement le matin, c’est autour de ce
19 barrage routier que les combats se sont déroulés et
20 l’attaque a été lancée surtout contre ce barrage routier.
21 Vous êtes d’accord ?
22 R. Oui.
23 Q. Il y a eu des dommages collatéraux ?
24 R. Oui.
25 Q. Certaines maisons et étables ont été
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1 détruites ?
2 R. Non, pas des étables mais des maisons. La
3 mosquée à Vitez, la mosquée à Preocica ont été détruites à
4 ce moment-là et la mosquée de Ahmici aussi.
5 Q. Est-ce qu’il y a eu des combats à Preocica ?
6 Nous n’avons pas entendu parler de ça.
7 R. Comment voulez-vous qu’il y ait des combats ?
8 Il y avait l’armée de Bosnie-Herzégovine là-bas et pas les
9 soldats du HVO, mais simplement, c’est là que se trouvait
10 l’état-major d’une unité de l’armée de Bosnie-Herzégovine.
11 Q. Très bien ! En ce qui concerne ce barrage
12 routier, il a été libéré, il a été écarté et vous avez dit
13 que plusieurs soldats du HVO y ont été tués ?
14 R. Je ne sais pas exactement. C’est ce que je
15 suppose.
16 Q. Il est certain qu’il s’agissait là d’un
17 conflit entre deux forces armées ?
18 R. Absolument.
19 Q. Suite à cela, nous avons déjà parlé un peu de
20 cela, des réunions se sont poursuivies, assistées à la fois
21 par les hommes politiques et les représentants militaires
22 de Vitez et le but de ces réunions était d’apaiser la
23 situation qui avait provoqué des tensions et aurait pu
24 déboucher sur de grands problèmes. Est-ce exact ?
25 R. Oui. Il est exact de dire que tout a été
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1 essayé et je pense qu’en ce qui concerne l’armée de Bosnie-
2 Herzégovine et les pouvoirs civils bosniens, ils essayaient
3 d’éviter des conflits ouverts, mais l’autre côté essayait
4 de provoquer l’armée de Bosnie-Herzégovine de diverses
5 manières, ensuite de placer l’armée de Bosnie-Herzégovine
6 sous le commandement du HVO...
7 Q. Permettez-moi de vous interrompre. Nous
8 allons parler de tout ceci plus tard. En ce qui concerne
9 les pouvoirs municipaux, en ce qui concerne les hommes
10 politiques, les hommes politiques des deux côtés
11 d’ailleurs, des efforts sérieux et honnêtes ont été
12 déployés des deux côtés afin d’apaiser la situation. Est-
13 ce exact ou pas ?
14 R. Sur le plan verbal, oui, mais dans la
15 pratique, non.
16 Q. Monsieur Kalco, dans la pratique, puisque
17 vous mentionnez la pratique, les personnes dont les maisons
18 ont été détruites ont reçu des réparations ?
19 R. C’est la première fois que je l’entends de
20 votre part aujourd’hui. C’est la première fois que je
21 l’entends.
22 Q. Est-ce que vous pouvez nier cela ?
23 R. Il est certain que non.
24 Q. Très bien. Merci. Le fait reste cependant
25 que ceci n’a pas débouché sur un nouveau conflit, que la
Page 15998
1 situation est restée sous contrôle à Vitez à ce moment-là.
2 Est-ce que vous êtes d’accord avec cela ?
3 R. Oui, pendant un certain temps, mais encore
4 une fois, ils ont recommencé à insister que l’armée de
5 Bosnie-Herzégovine soit placée sous le commandement du HVO,
6 soit rattachée au HVO.
7 Me KOVACIC (interprétation) : Il y a eu un
8 problème dans le compte rendu, ligne 7 de la partie 165.
9 Le témoin a dit qu’il s’agissait là d’un conflit des deux
10 forces armées.
11 Q. Est-ce exact ?
12 R. Oui.
13 Me KOVACIC (interprétation) : Dans le compte
14 rendu, c’est le contraire qui est inscrit, comme s’il avait
15 dit non.
16 Q. Témoin Kalco, vous avez donc dit comment
17 l’ordre a été issu concernant le blocus de la route de
18 Ahmici. Cet ordre a été envoyé à Nijaz Sivro depuis
19 Sivrino Selo. Est-ce exact ?
20 R. Oui, c’est exact. Il était responsable pour
21 cette région.
22 Q. Nijaz Sivro, il a donné l’ordre à Midhat
23 Berbic d’ériger le barrage routier près du cimetière sur la
24 route ?
25 R. Oui.
Page 15999
1 Q. Comme vous le savez, Midhat Berbic était le
2 commandant de l’armée de Bosnie-Herzégovine à Ahmici. Est-
3 ce exact ?
4 R. Oui, à l’époque.
5 Q. L’état-major de l’armée de Bosnie-Herzégovine
6 à Ahmici était à l’école ?
7 R. Oui, pendant un certain temps.
8 Q. Je parle du moment des faits
9 R. Oui.
10 Q. À ce moment-là, ils y avaient leurs
11 équipements radios appelés Lupovka ?
12 R. Oui.
13 Q. Est-ce qu’ils pouvaient se mettre en contact
14 avec la Défense territoriale de Vitez, donc chez vous, à
15 Stari Vitez, ensuite à Vranjska, à Kruscica, à Vhrovine,
16 Poculica et Sivrino Selo ? Est-ce exact ?
17 R. Oui. Le système des communications de
18 l’armée de Bosnie-Herzégovine fonctionnait comme ça.
19 Q. Très bien ! Donc, ça fonctionnait. Dans
20 tous ces endroits se trouvaient également des unités de la
21 Défense territoriale. Qu’il s’agisse des unités appelées
22 la Défense territoriale ou armée de Bosnie-Herzégovine,
23 nous parlons quand même de la même notion, n’est-ce pas ?
24 R. C’est exact.
25 Q. Il y avait suffisamment d’hommes qui
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1 assuraient la protection de ce barrage routier. Est-ce
2 exact ?
3 R. Je ne vois pas de quoi vous parlez.
4 Q. Je parle des barres métalliques qui étaient
5 placées autour du barrage. Ensuite, il y avait des mines
6 antipersonnelles et des mines antichars et puis il y avait
7 des soldats armés, suffisamment de soldats armés qui
8 protégeaient, qui sécurisaient le barrage routier.
9 R. C’est exact.
10 Q. Il ne s’agissait pas d’amateurs ?
11 R. C’était les soldats.
12 Me KOVACIC (interprétation) : Peut-être c’est moi
13 qui est allé beaucoup trop vite, mais dans ce paragraphe
14 qui commence par la ligne 18, le témoin a confirmé ce que
15 j’ai dit. Il a dit oui.
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Effectivement,
17 c’était une question très longue et je suppose que les
18 interprètes n’ont pas pu entendre la réponse. Est-ce que
19 vous pouvez poser vos questions de manière brève ?
20 Me KOVACIC (interprétation) : Oui, bien sûr. Je
21 vais essayer de le faire, mais j’essayais d’accélérer les
22 choses parce que de toute façon, ces faits n’étaient pas
23 contestés.
24 Q. Donc pour le compte rendu, Monsieur Kalco,
25 tout ce que je viens d’énumérer, tous ces éléments
Page 16001
1 militaires que je viens d’énumérer, vous les avez
2 confirmés : Est-ce exact ?
3 R. Oui.
4 Q. Dites-moi, s’il vous plaît : Avant
5 l’établissement de ce barrage routier, est-ce qu’il y a eu
6 des incidents importants entre les membres des deux côtés ?
7 R. Non, pas d’incidents importants.
8 Q. Est-ce que vous savez pourquoi votre
9 supérieur, Sefkija Djidic, a remplacé Zahid Ahmic en
10 l’accusant d’une certaine manière comme la personne
11 responsable de l’échange de tirs qui a eu lieu autour du
12 barrage routier ?
13 R. Ce n’est pas exact. Il a été remplacé pour
14 d’autres raisons.
15 Q. Est-ce que nous pouvons connaître ces
16 raisons ?
17 R. Je préfère ne pas les expliquer.
18 Q. Très bien ! Monsieur Kalco, à quoi
19 ressemblait la situation à Stari Vitez en ce qui concerne
20 les réserves et les équipements la veille du conflit, donc
21 le 15 avril 1993 ? Tout d’abord, parlons de plusieurs
22 aspects. En ce qui concerne vos armements, vous disposiez
23 de quelle sorte d’armes ?
24 R. Les armes légères automatiques, semi-
25 automatiques. Ensuite, les mortiers de 60 millimètres.
Page 16002
1 Q. D’après mes informations, vous aviez trois ou
2 quatre mortiers de 60 millimètres.
3 R. Deux.
4 Q. Deux. Vous aviez au moins un de 82
5 millimètres ?
6 R. Oui.
7 Q. Vous aviez trois Snipers, trois fusils à
8 lunettes dont l’un était Steyer 7.9 ?
9 R. Seulement un et les deux autres, c’était des
10 fusils M-48 depuis la Deuxième Guerre mondiale qui
11 pouvaient être utilisés comme des fusils à lunettes si les
12 tireurs étaient bons.
13 Q. Mais avec la lunette ?
14 R. Non, non, pas du tout.
15 Q. Très bien ! Vous aviez une arme semi-
16 automatique M-84 ?
17 R. Oui.
18 Q. Vous aviez au moins trois fusils semi-
19 automatiques M-53 ?
20 R. Trois.
21 Q. Donc, vous disposiez également des armes
22 légères, comme vous l’avez dit. Au total, il y avait
23 environ 270 soldats armés ?
24 R. Deux cent cinquante-six, mais il faut savoir
25 qu’ils disposaient d’environ 200 fusils militaires et puis
Page 16003
1 le reste, c’était des fusils de chasse. À la fin de la
2 guerre, nous avions plus de 300 fusils puisque nous avons
3 ôté certains fusils du HVO pendant les combats.
4 Q. Deux offensives ont été lancées par la partie
5 adverse afin de s’emparer de Stari Vitez, une fois
6 l’offensive du 16 avril dont vous avez parlé et puis le 18
7 août. Vous avez parlé de cela également. Mis à part cela,
8 est-ce qu’il y a eu d’autres actions offensives ou bien la
9 situation, est-ce qu’elle s’était stabilisée ?
10 R. Tout d’abord, ceci s’est passé le 16, ensuite
11 le 18 et ensuite, ceci s’est produit au mois de juillet, le
12 18, et puis il y a eu d’autres tentatives venant de la
13 direction du garage de Novi Vitez, mais ceci n’a pas
14 réussi.
15 Q. Après le mois de juillet, il n’y avait plus
16 de changement de situation important sur les lignes de
17 front ?
18 R. Non.
19 Q. En ce qui concerne les réserves alimentaires
20 et la munition, vous en aviez, vous aviez suffisamment
21 d’aliments ?
22 R. Je souhaite que tout le monde dans ce
23 prétoire le sache, les Juges et Cerkez lui aussi, nous
24 avions suffisamment de nourriture pour la population et
25 pour l’armée. Nous n’avions pas suffisamment de sucre, ni
Page 16004
1 d’huile. Nous avions de la munition en ce qui concerne les
2 obus. Pour ces deux mortiers, nous avions 100 obus, mais
3 au moment de la guerre, nous n’en avions que 10. Donc 90,
4 nous avions déjà utilisés.
5 Nous utilisions la munition seulement lorsque nous
6 y étions obligés, mais nous avons acheté ça des soldats du
7 HVO et nous avons dû payer cher pour la munition qu’ils
8 vendaient.
9 Q. Au cours de ces 11 mois d’encerclement, est-
10 ce qu’au moins de temps en temps, vous étiez ravitaillés ?
11 R. Oui, au début et plus tard, vers la fin de la
12 guerre.
13 Q. Lorsque vous dites au début, vous parlez de
14 l’acheminement du ravitaillement par rivière ?
15 R. Non. Je parle de l’assistance que nous avons
16 reçue par le biais des organisations humanitaires. En ce
17 qui concerne la rivière, ça, c’est une autre histoire. Je
18 n’ai pas envie d’en parler maintenant.
19 Q. Donc, il y avait des axes de ravitaillement
20 qui avaient été ouverts par vous ?
21 R. Tout à fait.
22 Q. Je souhaite simplement parler maintenant de
23 quelque chose que j’ai omis de traiter tout à l’heure.
24 Dans votre déclaration donnée aux enquêteurs de ce Tribunal
25 le 15 et le 16 juillet 1995, lorsque vous avez parlé de ce
Page 16005
1 barrage routier du 20 octobre et de ces combats, à un
2 endroit, vous avez dit notamment… je vais lire la phrase :
3 « La seule personne autorisée par le HVO de la
4 municipalité de Vitez de donner l’ordre d’attaquer Ahmici »
5 – là, je parle du 20 octobre – « était le Président de la
6 municipalité de Vitez, Ivica Santic. »
7 R. Est-ce que je peux faire un commentaire sur
8 cela ?
9 Q. S’il vous plaît, oui. Tout d’abord, dites-
10 moi, est-ce que c’est la déclaration que vous avez faite ?
11 R. Oui, mais je dois expliquer ceci. Le HVO et
12 l’armée et le pouvoir civil faisaient partie d’un même
13 commandement, à savoir celui du HVO. Maintenant, quant à
14 la question de savoir qui donnait les ordres à Santic, ça,
15 je ne le sais pas.
16 Q. Nous venons d’ouvrir un autre domaine
17 maintenant. Donc, il faut explorer cela. Je vais essayer
18 d’être bref. Est-ce que vous êtes d’accord avec moi pour
19 dire que le HVO était la branche exécutive, le pouvoir
20 exécutif de la Communauté croate de Herceg-Bosna ?
21 R. Oui.
22 Q. Et puis qu’il existait deux volets de ce
23 gouvernement du HVO, le volet militaire et civil. Est-ce
24 que vous êtes d’accord avec moi ?
25 R. Je vais vous expliquer. Ils faisaient les
Page 16006
1 deux.
2 Q. Je vais être plus précis. Est-ce qu’il
3 existait un partage entre le volet civil et militaire ?
4 R. Je ne sais pas, mais ça devrait exister mais
5 je ne suis pas sûr. Je ne sais pas les détails de leur
6 organisation.
7 Q. Vous ne connaissez pas leur organisation,
8 mais si vous ne connaissez pas leur organisation
9 précisément, sur la base de quoi vous dites que Cerkez en
10 1992 était le commandant de l’état-major du HVO à Vitez ?
11 R. Parce qu’il nous envoyait des documents qu’il
12 signait lui-même.
13 Q. Monsieur Kalco, permettez-moi de vous
14 rafraîchir la mémoire. Jusqu’au mois d’octobre 1992,
15 Marijan Skopljak était le commandant de l’état-major du HVO
16 à Vitez ?
17 R. Il était dans un bureau de préparatifs au
18 niveau de la défense, oui, mais préparatifs.
19 Q. Qui avant Marijan Skopljak a été commandant
20 du bureau ? Est-ce que vous pouvez vous en souvenir ?
21 R. Non.
22 Q. Et Stipo Krizanac, ce n’était pas lui par
23 exemple ?
24 R. Oui, probablement.
25 Q. Par conséquent, il y avait un bureau chargé
Page 16007
1 de la défense, Stipo Krizanac d’abord, ensuite Marijan
2 Skopljak, n’est-ce pas, et c’était le QG du HVO. On parle
3 de 1992 et vous avez communiqué avec lui ? Vous étiez à la
4 TO et vous le connaissiez ? Vous nous avez dit également
5 que vous avez coopéré également ensemble sur la ligne de
6 front de Turbe pendant que c’était votre relève des
7 équipes, n’est-ce pas ?
8 R. Oui.
9 Q. Par conséquent, ce sont eux qui ont organisé
10 le ravitaillement et la logistique et ce sont eux qui
11 versaient sur le front des soldats ?
12 R. Oui, tout à fait.
13 Q. Par conséquent, Mario Cerkez est un des
14 hommes de Marijan Skopljak en 1992 ?
15 R. Oui, mais du point de vue militaire, c’est
16 lui qui commandait cette unité.
17 Q. Entendu ! Mais on parle toujours de 1992.
18 Est-ce que Marijan Skopljak était chef à Mario Cerkez ? Je
19 parle de 1992 jusqu’en octobre 1992.
20 R. Je pense que vous avez raison.
21 Q. Vous nous avez dit quelque chose auparavant.
22 Vous avez dit que par la suite – le Procureur ne vous a pas
23 posé la question au sujet de la période – à la fin de 1992,
24 en octobre 1992 pour parler précisément, Marijan Skopljak a
25 été désigné chef du bureau chargé de la défense de la
Page 16008
1 municipalité de Vitez ?
2 R. Mais c’est exactement la même chose.
3 Q. Mais il y a quand même une différence
4 maintenant. On l’appelle différemment. Ils ont remanié le
5 bureau.
6 R. Oui, mais le travail est le même.
7 Q. Mais vous êtes d’accord avec moi pour dire
8 qu’il y avait un remaniement et que la désignation est
9 différente ?
10 R. C’est vrai mais l’objectif était le même.
11 Q. Pour parler très concrètement…
12 M. LE PRÉSIDENT : Monsieur Kovacic, je pense que
13 tous ces détails ne sont pas indispensables. Vous avez le
14 résumé des déclarations du témoin. Vous pouvez passer à
15 d’autres sujets.
16 Me KOVACIC (interprétation) : Je ne vais pas
17 abuser de votre temps, Monsieur le Président, mais il est
18 indispensable quand même de faire la distinction entre les
19 personnes qui étaient à des postes importants.
20 M. LE PRÉSIDENT : Donc, posez la question et puis
21 vous poursuivez.
22 Me KOVACIC (interprétation) :
23 Q. Monsieur Kalco, est-ce que vous vous souvenez
24 qu’en octobre 1992 ou approximativement, on a appelé ça le
25 pouvoir du HVO, le pouvoir municipal ?
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1 R. Oui.
2 Q. Conviendrez-vous avec moi pour dire que Ivica
3 Santic était le maire ?
4 R. Oui.
5 Q. Ensuite, il a occupé le poste du Président du
6 HVO, côté civil ?
7 R. Oui.
8 Q. Est-ce que Ivica Santic a porté l’uniforme ?
9 Est-ce que vous l’avez vu ?
10 R. Moi, je ne l’ai pas vu en uniforme.
11 Q. Merci. Vous avez parlé de l’incident au mois
12 de mai quand Samir Trako a été tué. Juste deux questions à
13 ce sujet-là. Vous avez entendu dire qu’il y avait
14 également un juge d’instruction qui était sur les lieux et
15 qu’il est venu de Zenica, n’est-ce pas ?
16 R. Non, je ne suis pas au courant.
17 Q. Vous avez tout simplement entendu dire qu’il
18 y avait des représentants militaires sur place ?
19 R. Oui. De notre côté, c’était Dugalic et de
20 l’autre côté, il y avait un autre représentant.
21 Q. Est-ce que vous avez appris également que
22 cette même nuit, il y avait la cellule de crise qui s’est
23 réunie et qu’ils ont parlé de ce cas ?
24 R. La cellule de crise, oui, mais de toute
25 façon, j’ai entendu parler. Mais cette cellule de crise,
Page 16010
1 ça a deux facettes. On a beaucoup parlé, on n’a rien fait
2 au sein de cette cellule de crise.
3 Q. Entendu ! En ce qui concerne Ivan Budimir,
4 aujourd’hui vous avez dit qu’il était à la police
5 militaire. Vous avez dit également qu’il était sous le
6 contrôle de Cerkez. Mais je serai obligé de vous poser
7 quelques questions car vous savez la structure et je pense
8 que ce n’était pas tout à fait clair ce que vous avez dit.
9 Quelle était la fonction de Ivan Budimir en 1992 ?
10 R. Il était commandant de la police militaire et
11 la police militaire était attachée aux brigades.
12 Q. Mais je parle de 1992. Votre collègue Edib
13 Zlotrg, policier, en contacts pratiquement fréquents et
14 permanents avec Budimir, en a parlé – il y a quelques
15 documents qui sont versés au dossier – et il a dit…
16 M. LE PRÉSIDENT : Écoutez, Me Kovacic, si vous
17 avez un autre témoin, ce n’est pas indispensable d’en
18 parler devant celui qui est dans ce prétoire. Pourquoi
19 discuter de telle façon avec les témoins ? Vous avez la
20 preuve. Vous avez la pièce à conviction. Ce n’est pas
21 indispensable de répéter en permanence les mêmes choses et
22 de le confronter avec ce qui a été dit par d’autres
23 témoins.
24 Je vous propose de passer à un autre sujet, s’il
25 vous plaît.
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1 Me KOVACIC (interprétation) :
2 Q. Aujourd’hui vous avez dit entre autre
3 concernant un certain nombre d’assassinats qui soi-disant a
4 été commis par Perica Vukadinovic au mois de novembre 1992,
5 vous avez dit également qu’il était membre de la brigade.
6 Est-ce que nous étions bien d’accord sur le fait que la
7 brigade n’existait pas en 1992 ?
8 R. Mais il y avait le QG, l’état-major du HVO,
9 et Mario était commandant, était à la tête.
10 Q. Vous voulez dire qu’il était parmi les gens
11 qui faisaient partie des équipes, n’est-ce pas ?
12 R. Oui, mais on en a déjà parlé.
13 Q. Mais est-ce que vous voulez nier que Perica
14 Vukadinovic était membre de la police militaire ?
15 R. Je sais que son commandant était Mario et les
16 personnes sur lesquelles il a tiré l’ont reconnu et je l’ai
17 dit.
18 Q. Monsieur Kalco, à quel moment Mario Cerkez
19 était son commandant ?
20 R. C’était au mois d’octobre, novembre.
21 Q. En 1992 ?
22 R. Oui. À ce moment-là et après également.
23 Q. Vous avez dit également que pendant la
24 réunion, il y a cette attaque qui s’est produite sur la
25 base de logistique de l’armée de Bosnie-Herzégovine ou
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1 plutôt de la Défense territoriale à Vitez. C’était les
2 Vitezovis qui l’ont attaqué. C’est ce que vous avez dit,
3 n’est-ce pas ?
4 R. Oui.
5 Q. Par conséquent, il s’agissait de l’unité des
6 Vitezovis ?
7 R. Oui.
8 Q. À ce moment-là, ça n’avait rien à faire avec
9 Cerkez ?
10 R. Effectivement. Vous avez raison. Je ne
11 pense pas que ça a trait avec Cerkez.
12 Q. Quelques questions concernant encore les
13 réunions et les pourparlers auxquels vous avez assisté. À
14 deux reprises, vous avez dit que Cerkez y était et qu’il y
15 avait Ivica Santic. Sur un plan hiérarchique, qui était
16 supérieur ?
17 R. Du point de vue militaire : Mario.
18 Q. Mais tout à l’heure, vous avec bien convenu
19 avec moi qu’il n’y avait que Santic qui pouvait donner
20 l’ordre ?
21 R. Oui. Santic était venu accompagné de Mario
22 et il est vrai également qu’il a demandé qu’on démantèle le
23 point de contrôle, le barrage, et Mario a dit que si jamais
24 on ne démantelait pas le barrage que Vitez allait être
25 massacré.
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1 Q. Entendu ! Mais vous venez de dire quelque
2 chose qui soi-disant a été prononcé par Cerkez. Est-ce que
3 c’était dans un contexte de vouloir expliquer la situation
4 et de vouloir dire que de toute façon, tout allait
5 s’enflammer, s’embraser ? C’était une menace ou il voulait
6 tout simplement prévenir, dire que ça allait s’enflammer ?
7 R. Je pense qu’il s’agissait d’une menace.
8 Q. Par conséquent, vous voulez dire qu’il l’a
9 menacé ?
10 R. Oui.
11 Q. Est-ce qu’il a été question également d’un
12 certain nombre de conséquences qui allaient avoir lieu si
13 jamais la situation n’était pas résolue ?
14 R. Il a tout simplement dit que Vitez allait
15 être massacré, c’est-à-dire les quartiers habités par les
16 Bosniens, par les musulmans.
17 Q. Au sujet de Cicko Bralo, juste une question.
18 Demain matin, je vais vous montrer un document.
19 Actuellement, on est en train de le photocopier.
20 Au moment où Salkic a été tué, Bralo était membre
21 d’autres unités, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que vous
22 affirmez ? Quelle était l’unité à laquelle il appartenait
23 au moment où l’assassinat a eu lieu ?
24 R. À Viteska, à la brigade de Vitez. Mais de
25 toute façon, vous pouvez trouver une autre liste et dire
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1 autre chose. Moi, je ne peux pas l’accepter.
2 Q. Monsieur Kalco, juste une petite question.
3 Vous avez dit que la brigade de Vitez à l’époque n’existait
4 pas ?
5 R. Je vous en prie. Ne parlez pas de la brigade
6 de Vitez. Il y a des signatures ici et il y a des
7 documents et il en ressort clairement que Mario Cerkez
8 demandait l’équipement à l’intention des unités spéciales.
9 Je vous en prie.
10 Q. Bien évidemment, on ne va pas entrer en
11 discussion, mais je voudrais tout simplement vous poser la
12 question au sujet du document que vous venez de citer.
13 Est-ce que vous avez des informations très concrètes, outre
14 bien évidemment ce qui vous a été dit par les officiers de
15 renseignement ? Est-ce que Bralo à l’époque était membre
16 de l’unité commandée par Mario Cerkez ?
17 R. Oui. Mes officiers de renseignements me
18 l’ont dit et moi, je leur fais confiance.
19 Q. Mais vous-même, vous n’avez jamais vu de
20 document ou une autre preuve sur ce plan-là ?
21 R. Non.
22 Q. Comme vous parlez de ce document 221 signé
23 par Monsieur Cerkez et en haut c’est marqué « l’état-major
24 municipal, le 19 septembre », vous êtes bien d’accord avec
25 moi pour dire que normalement ce sont eux qui auraient dû
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1 s’occuper de la logistique ?
2 R. Oui, de la logistique et de déploiement des
3 forces.
4 Q. Entendu ! En ce qui concerne votre
5 conception, donc vous avez parlé que vous avez repris de la
6 JNA, ayant trait au rattachement de certaines unités,
7 pourriez-vous me dire tout d’abord : Est-ce que vous êtes
8 d’accord avec moi pour dire que sur le territoire de la
9 municipalité de Vitez, à partir de 1992, fin 1992 et plus
10 tard, il y avait plusieurs unités qui opéraient ?
11 R. Oui, je suis parfaitement d’accord avec vous.
12 Il y avait plusieurs unités qui opéraient.
13 Q. Est-ce que vous êtes au courant qu’à Vitez,
14 le siège de la zone opérationnelle du HVO était à l’hôtel
15 Vitez ?
16 R. Oui, j’étais au courant.
17 Q. Vous avez dit également qu’à Vitez, il y
18 avait une unité qui opérait à Vitez qui s’appelait en 1992
19 HOS, ensuite, elle change la désignation, elle est
20 commandée par Darko Kraljevic, et que cette unité reste
21 tout le temps à Vitez. Est-ce que c’est exact ?
22 R. Je vais vous dire.
23 Q. Je vais vous demander tout simplement de me
24 dire par « oui » ou « non » que cette unité était à Vitez.
25 R. Oui.
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1 Q. Est-ce que le 4e bataillon de la police était
2 également à Vitez ?
3 R. Oui.
4 Q. Est-ce que la police militaire avait deux
5 pelotons d’intervention, dont des Jokeris ?
6 R. Oui.
7 Q. Est-ce qu’à la fin 1992, il y avait l’unité
8 Ludvig Pavlovic qui s’est rendue dans la municipalité de
9 Vitez ?
10 R. Oui. Ils arboraient des insignes spéciaux du
11 chêne, des feuilles de chêne.
12 Q. Entendu ! Est-ce que l’unité de Busic, Bruno
13 Busic, était à Vitez ?
14 R. Oui.
15 Q. Est-ce que le 16 avril, quelques éléments de
16 la formation Frankopan étaient également du côté de l’est
17 par rapport à Busovaca ?
18 R. Je ne peux pas vous dire quels sont les
19 éléments qui étaient présents dans la municipalité. Ce que
20 je sais c’est qu’en ce qui concerne l’attaque sur Stari
21 Vitez, c’est la brigade Viteska et le commandant qui en
22 sont responsables. S’ils ont reçu l’ordre pour opérer
23 ainsi, c’est une autre question. Mais il est vrai que
24 toutes les unités qui lui ont été subordonnées, lui, il
25 était commandant supérieur, toutes autres unités lui ont
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1 été rattachées et toutes autres unités également qui lui
2 ont été rattachées étaient placées sous le commandement de
3 l’unité principale. Ça c’est un modèle.
4 Q. Un modèle ?
5 R. Oui, tout à fait, comment c’était. Sinon, je
6 ne peux pas l’affirmer.
7 Q. Mais il y a quand même une chaîne de
8 commandement, il y a des structures, et c’est un modèle qui
9 peut être différent ? Vous êtes bien d’accord avec moi ?
10 R. Oui, bien évidemment. Je ne le conteste pas.
11 C’est possible.
12 Q. Mais est-ce que vous avez vu le document ou
13 éventuellement un ordre…
14 R. Non.
15 Q. [Suite de la question précédente] …selon
16 lequel par exemple vous affirmeriez que c’est le premier
17 modèle qui a été utilisé ?
18 R. Non.
19 M. LE PRÉSIDENT : Me Kovacic. Si vous voulez, Me
20 Kovacic, vous nous dites quand le moment est propice pour
21 lever l’audience.
22 Me KOVACIC (interprétation) : En effet, Monsieur
23 le Président et Messieurs les Juges, il me semble que
24 maintenant c’est le moment propice.
25 M. LE PRÉSIDENT : Combien de temps vous auriez
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1 pour demain ?
2 Me KOVACIC (interprétation) : Je pense une heure
3 et demie, pas au-delà de deux heures. Mais de toute façon,
4 je ne peux pas m’avancer…
5 M. LE PRÉSIDENT : Une heure.
6 Me KOVACIC (interprétation) : Je vais faire de
7 mon mieux.
8 Me NICE (interprétation) : Monsieur le Président,
9 nous avons Monsieur Hayes et j’avoue qu’on n’avait pas
10 envisagé que l’interrogatoire principal serait long car
11 nous allons vous demander d’accepter sa déclaration, le
12 résumé, et demain après-midi, normalement il doit prendre
13 l’avion. C’est la raison pour laquelle nous vous proposons
14 peut-être de l’entendre avant la fin du contre-
15 interrogatoire.
16 M. LE PRÉSIDENT : Combien de temps vous avez
17 besoin ? Je m’adresse à Me Sayers.
18 Me SAYERS (interprétation) : Éventuellement une
19 demi-heure.
20 M. LE PRÉSIDENT : À ce moment-là, on va tenir
21 compte de cela et on va tenir compte surtout du brigadier
22 en question. On va pouvoir travailler jusqu’à 17 h et
23 quart, 17 h 30.
24 Me NICE (interprétation) : Entendu !
25 M. LE PRÉSIDENT : Monsieur Kalco, excusez-nous,
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1 mais c’est demain que vous allez être obligé de retourner
2 et je vais vous demander de bien vouloir être ici à 9 h 00.
3 --- L’audience est levée à 17 h 21
4 pour reprendre le mercredi
5 8 mars 2000 à 9 h 00
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