Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 15820

  1         Le mardi 7 mars 2000

  2         [Audience publique]

  3         [Les accusés entrent dans la Cour]

  4               [Le témoin entre dans la Cour]

  5               --- L’audience débute à 9 h 05

  6         LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Bonjour.  Il

  7   s’agit de l’affaire IT-95-14/2-T, Le Procureur contre Dario

  8   Kordic et Mario Cerkez.

  9         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, Me

 10   Naumovski.

 11         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Merci, Monsieur

 12   le Président.

 13         TÉMOIN :  TÉMOIN AO

 14         (SOUS LE MÊME SERMENT)

 15         CONTRE-INTERROGÉ PAR Me NAUMOVSKI

 16         (interprétation) :  (Suite)

 17         Q.    Monsieur AO, nous allons poursuivre là où

 18   nous nous sommes arrêtés hier, à savoir la réunion qui a eu

 19   lieu en septembre 1992… (l’interprète se reprend) en

 20   septembre 1993 dans le quartier général du HVO.  Il s’agit

 21   du paragraphe 22 de votre déclaration.

 22         Nous avons terminé en ce qui concerne Grude mais

 23   dites-nous quelques mots concernant la réponse du HVO de

 24   Vares à Grude.  Vous l’avez vu cette réponse ?

 25         R.    La réponse qui a été envoyée du quartier


Page 15821

  1   général à Grude ?

  2         Q.    Oui.

  3         R.    Il s’agissait de la conversation entre Ivica

  4   Rajic et les autres et puis ça a sorti du quartier général.

  5         Q.    Non.  Je parle de l’événement avant l’arrivée

  6   de Ivica Rajic en octobre.

  7         R.    Ah, depuis le centre ?

  8         Q.    Oui.

  9         R.    Cette lettre a été envoyée à Grude.  On

 10   demandait l’accord… on demandait les instructions de Grude

 11   quant à la question de savoir que faire.  Donc, il fallait

 12   que Grude envoie une réponse.  C’était notre demande pour

 13   que Grude décide de ce qui doit être fait.

 14         Q.    S’il vous plaît, ne mentionnez pas Monsieur

 15   Rajic parce que c’était avant son arrivée.

 16         R.    C’est Anto Pejcinovic qui a envoyé la

 17   demande.

 18         Q.    Là, je parle de ce qui s’est passé au mois de

 19   septembre 1993 dans l’hôtel Ponikve, c’est-à-dire le

 20   quartier général du HVO, et là, je vous demande une

 21   question concernant la réponse de Anto Pejcinovic à Grude.

 22         R.    Moi, je sais qu’il y a eu une réunion à

 23   Grude, on a envoyé une lettre à Grude, et puis dans la

 24   lettre, c’est-à-dire eux, ils n’étaient pas d’accord

 25   concernant la demande d’assistance de la Republika Srpska.


Page 15822

  1         Q.    Très bien !  Et cette réponse a été adressée

  2   à qui ?

  3         R.    À qui ça été envoyé ?

  4         Q.    Oui.

  5         R.    Au quartier général principal à Grude.

  6         Q.    Lorsque vous dites quartier général, vous

  7   parlez du quartier général principal du HVO ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Vous avez dit dans votre déposition que Anto

 10   Pejcinovic et les leaders du HVO étaient prêts à assurer le

 11   passage libre pour les blessés à travers le territoire

 12   serbe ?

 13         R.    En ce qui concerne la Republika Srpska, à

 14   Vares nous ne nous attendions pas à un conflit avec les

 15   musulmans jusqu’au dernier jour lorsqu’il a éclaté.

 16         Q.    En 1993, cette réunion… vous avez dit en ce

 17   qui concerne cette réunion aux enquêteurs :  « Les

 18   représentants du HVO de Vares ont dit qu’ils n’avaient pas

 19   besoin de l’aide des Serbes mais qu’ils étaient prêts à

 20   assurer le passage libre à travers le territoire serbe pour

 21   les blessés » ?

 22         R.    C’est ce que j’ai déjà dit.  Nous n’avions

 23   pas besoin d’aide parce que nous ne nous attendions pas à

 24   des problèmes à Vares.

 25         Q.    C’est ce que je dis.  Donc, vous êtes


Page 15823

  1   d’accord pour dire qu’ils voulaient que ceci soit assuré

  2   pour les blessés ?

  3         Nous n’avons pas beaucoup de temps.  Donc,

  4   veuillez répondre rapidement.

  5         R.    Vous disposez d’une demi-heure.  Nous allons

  6   terminer en une demi-heure.

  7         Q.    Parlons maintenant du point suivant, c’est-à-

  8   dire le paragraphe 13 de votre déclaration qui concerne

  9   l’arrivée de Ivica Rajic dans la région de Vares.  D’où le

 10   connaissez-vous ?

 11         R.    Je le connaissais depuis avant.

 12         Q.    Quand ça ?

 13         R.    Avant la guerre.

 14         Q.    Et il était officier de la JNA ?

 15         R.    Oui.

 16         Q.    [Interprète hors microphone] …vous l’avez

 17   connu ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Où est-ce qu’il a servi ?

 20         R.    En Macédoine pendant un certain temps.

 21         Q.    Quelle a été la fonction de Ivica Rajic au

 22   sein du HVO ?

 23         R.    Je sais qu’il était commandant chargé de la

 24   Bosnie centrale : Kresevo, Kiseljak, Vares, et cætera.

 25         Q.    Donc, vous ne savez pas exactement quelle


Page 15824

  1   était sa fonction ?

  2         J’attends votre réponse.

  3         R.    Pardon ?

  4         Q.    Donc, vous ne connaissez pas sa fonction

  5   précise ?

  6         R.    Ce qui importait à l’époque c’était qu’il

  7   était commandant.

  8         Q.    Et qui était son supérieur ?

  9         R.    Le quartier général de Grude.

 10         Q.    Vous avez dit que Ivica Rajic vous a dit

 11   qu’il a été envoyé de Grude et que l’ordre a été signé par

 12   le Général Praljak ?

 13         R.    Ivica Rajic est venu à Vares dans le quartier

 14   général et nous nous connaissions déjà.  Je croyais qu’il

 15   avait de bonnes intentions.  Donc, je l’ai accepté.  Puis

 16   ensuite, nous avons eu une discussion et j’ai compris de

 17   quoi il s’agissait, ce qui se préparait.  Donc, je n’étais

 18   pas content du fait qu’il m’avait appelé à discuter avec

 19   lui.

 20         Q.    Veuillez répondre à ma question.

 21         R.    Qui a signé l’ordre concernant Rajic ?

 22         Q.    Oui.  Dans votre l’interrogatoire principal,

 23   vous avez dit qu’il a été envoyé de Grude.

 24         R.    Oui, de Grude.

 25         Q.    Et que l’ordre a été signé par le Général


Page 15825

  1   Praljak ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Ma question est la suivante :  Qui de Grude ? 

  4   Le quartier général principal du HVO ?

  5         R.    Eh bien, la présidence de guerre.

  6         Q.    Puisque la présidence de guerre en tant

  7   qu’organisme n’existait pas, ma question est précise et

  8   veuillez me donner une réponse précise.  Vous parlez du

  9   quartier général principal du HVO ?

 10         R.    Celui qui était la personne principale pour

 11   le HVO a signé ça.  Vous pouvez appeler ça aussi la

 12   présidence de guerre.

 13         Q.    En Bosnie centrale, qui était en contact avec

 14   le Général Praljak ?

 15         R.    En ce qui concerne la Bosnie centrale, je

 16   crois que c’est Ivica Rajic, et puis aussi Monsieur Kordic,

 17   puis aussi Monsieur Kreso Bozic, que c’est ces personnes-là

 18   qui étaient en contact avec eux.  Puisque le pouvoir à

 19   Vares, Anto Pejcinovic, Zvonko Duznovic, Ivica Gavran, ils

 20   avaient été remplacés, ils ne pouvaient pas le faire.

 21         Q.    Vous avez mentionné Monsieur Kordic aussi. 

 22   Est-ce que vous êtes d’accord avec moi pour dire que c’est

 23   juste votre supposition qu’il était en contact avec le

 24   Général Praljak ?

 25         R.    Dans la correspondance dont Monsieur Rajic


Page 15826

  1   disposait, nous nous sommes penchés sur ces documents

  2   pendant toute la nuit et d’après ces documents, d’après ces

  3   preuves, je peux affirmer qu’il a été en contact avec lui.

  4         Q.    Donnez-nous un exemple concret prouvant que

  5   Monsieur Kordic était en contact avec le Général Praljak

  6   précisément.

  7         M. LE PRÉSIDENT :  Un instant !  Le témoin vient

  8   de donner un exemple.  Il a dit que dans les papiers qu’il

  9   a vus, ce nom a été mentionné.  S’il y a d’autres exemples,

 10   le témoin peut les fournir mais il faut savoir qu’il a

 11   répondu à votre question.

 12         Est-ce que vous souhaitez ajouter quoi que ce

 13   soit, Témoin AO, à ce que vous avez dit ?

 14         R.    Je peux citer un exemple en réponse à la

 15   question.

 16         En ce qui concerne les contacts, après la réunion

 17   avec Ivica Rajic à Vares, lorsque Bozic proposait des

 18   choses concernant Stupni Do, il a dit que Ivica Rajic est

 19   sorti de la réunion et puis il est allé au centre de

 20   communication afin d’établir des contacts et il a dit qu’il

 21   a mentionné Dario Kordic.

 22         Me NAUMOVSKI (interprétation) : 

 23         Q.    Est-ce que vous avez un autre exemple ?

 24         R.    Eh bien, je viens de le citer.

 25         Q.    En ce qui concerne la conversation que vous


Page 15827

  1   venez de mentionner, nous allons encore revenir là-dessus.

  2         Est-ce que vous savez :  À l’époque, le Général

  3   Praljak, quelle était sa fonction ?

  4         R.    S’il était Général, ça veut dire qu’il était

  5   le chef ou bien le commandant en charge de l’armée ou bien

  6   chargé de la sécurité, quelque chose comme ça. 

  7   Personnellement, je ne connais pas le Général Praljak.

  8         Q.    Si j’ai bien compris, vous ne savez pas

  9   quelle était sa fonction exacte.  Vous ne faites que des

 10   suppositions ?

 11         R.    Je ne sais pas, mais si on l’appelle

 12   commandant, je suppose que sa fonction était élevée.

 13         Q.    Est-ce que vous savez quelle était la

 14   fonction précise de Monsieur Kordic à l’époque ?

 15         R.    Je sais que Kordic était l’une des personnes

 16   principales.

 17         Q.    Quelle était sa fonction ?

 18         R.    Il était la personne principale dans la

 19   présidence de guerre.  Je ne sais pas quel était le nom de

 20   leur fonction, mais je sais qu’il a exercé la fonction

 21   principale là-bas.

 22         Q.    Je dois vous rappeler que la présidence de

 23   guerre n’existait pas.  Là, vous parlez d’une institution

 24   qui existait dans la partie contrôlée par l’armée de

 25   Bosnie-Herzégovine.  De quoi parlez-vous quand vous parlez


Page 15828

  1   de la présidence de guerre du côté croate ?

  2         R.    Je l’ai déjà dit.

  3         M. LE PRÉSIDENT :  Un instant, s’il vous plaît ! 

  4   Vous avez suggéré quelque chose et le témoin a dit autre

  5   chose, mais tout simplement, si vous essayez d’affirmer un

  6   fait qui va à l’encontre de sa déposition, ceci n’est pas

  7   utile à la Chambre de première instance.  Donc, veuillez

  8   poursuivre.

  9         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Excusez-moi, mais

 10   je ne comprends pas ce à quoi le témoin pense.  C’est pour

 11   ça que j’ai posé cette question.

 12         R.    Il s’agissait des personnes principales du

 13   HVO.

 14         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Merci.  Vous

 15   l’avez dit.

 16         Q.    Est-ce que vous avez jamais vu la décision

 17   concernant la constitution de la Communauté croate de

 18   Herceg-Bosna ?

 19         R.    La décision concernant la constitution ? 

 20   Peut-être j’ai besoin d’une traduction, je ne vous

 21   comprends pas.

 22         Q.    De la formation.

 23         R.    J’ai vu à Vares quand ça s’est fait.

 24         Q.    Mais vous n’avez pas vu la décision ?

 25         R.    Non.


Page 15829

  1         Q.    Hier dans votre déposition, vous avez dit que

  2   Ivica Rajic parlait d’un accord entre les Croates et les

  3   Serbes selon lequel Vares, Zepce et Kiseljak devaient

  4   appartenir à l’armée de Bosnie-Herzégovine.  C’est dans le

  5   paragraphe 4 de votre déclaration.  Vous vous en souvenez ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Mais je n’ai pas compris qui a conclu cet

  8   accord.  Les Serbes et les Croates en Bosnie ?

  9         R.    Les Croates en Herzégovine.

 10         Q.    Et les Serbes de Bosnie ?

 11         R.    Je pense qu’il s’agissait des Serbes

 12   d’Herzégovine aussi puisque ce premier accord a été passé

 13   avec les Serbes d’Herzégovine.  Les premiers accords entre

 14   le HVO et l’armée de la Republika Srpska ont été passés en

 15   Herzégovine concernant les convois qui devaient passer à

 16   travers ces territoires.

 17         Q.    Je ne parle pas des convois mais des

 18   territoires.

 19         R.    Je vous dis quel est l’endroit où les accords

 20   entre les Serbes et les Croates ont commencé à être passés.

 21         Q.    Est-ce que vous êtes d’accord pour dire que

 22   Zepce, Vares et Kiseljak se sont défendus contre l’armée de

 23   Bosnie-Herzégovine ?

 24         R.    Si Ivica Rajic n’était pas venu, Vares non

 25   plus n’aurait pas tombé aux mains de l’armée de Bosnie-


Page 15830

  1   Herzégovine, ni Vares, ni Kiseljak, parce que Ivo Komsic et

  2   Petar Jozelic avaient passé un accord avec Selim Pasevkic

  3   (ph.) et s’ils n’avaient pas signé un accord concernant la

  4   Fédération, à mon avis, un massacre aurait eu lieu à

  5   Kiseljak et à Kresevo pire qu’à Vares.

  6         Q.    C’est simplement votre conclusion ?

  7         R.    Non, c’est mon opinion.

  8         Q.    Mais est-ce que vous avez des faits pour

  9   corroborer ça ?

 10         R.    Oui.  J’ai parlé avec Ivo Komsic, avec

 11   Dragutin Stepsic (ph.) et puis aussi avec certains hauts

 12   responsables musulmans.

 13         Q.    Puisque vous mentionnez cela, comment se

 14   fait-il que vous avez parlé avec ?  En tant que politique ?

 15         R.    Non.  À partir de l’année 1994, j’ai été

 16   représentant des organisations humanitaires.  J’ai

 17   travaillé à TTS (ph.), Zagreb, Tuzla.  Je ne sais pas si

 18   vous avez lu le livre, « La Jeunesse éteinte ».  Si vous

 19   lisez ce livre, vous pourrez mieux comprendre ce que je

 20   dis.

 21         Q.    Poursuivons s’il vous plaît.  Vous avez dit

 22   que lorsque Ivica Rajic est venu à Vares pour la deuxième

 23   fois, Pejcinovic, Gavran et Duznovic ont été arrêtés ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Est-ce que vous savez exactement sur ordre de


Page 15831

  1   qui ont-ils été arrêtés ?

  2         R.    Sur ordre du commandement de Grude.

  3         Q.    Ce même jour… parlons maintenant donc d’autre

  4   chose.  Il s’agit d’une deuxième réunion qui a eu lieu dans

  5   le quartier général du HVO où ont assisté Rajic, Kresimir

  6   Bozic, Emil Harah et les autres.  Est-ce que vous vous en

  7   souvenez ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Lors de cette réunion, Rajic a mentionné le

 10   fait qu’il avait reçu les ordres, comme vous dites, de la

 11   présidence de guerre de Grude ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Il a montré ce document et vous avez pu les

 14   voir tous ?

 15         R.    Ceux qui avaient l’intérêt de le voir ont pu

 16   le voir.

 17         Q.    De quelle sorte de document s’agissait-il ? 

 18   C’était un original ?

 19         R.    Il y avait une liste.  C’est un document qui

 20   s’étalait sur deux ou trois pages.  En ce qui me concerne,

 21   la première page, dans l’en-tête, il était indiqué

 22   « ordre », « organisation », quelque chose comme ça.  Il y

 23   avait une sorte de plan de petite carte.  À la troisième

 24   page en bas à droite, il y avait la signature et puis il

 25   était indiqué à qui le document était adressé.


Page 15832

  1         Q.    Commençons par le début donc.  Cet ordre

  2   était adressé à qui ?

  3         R.    À Ivica Rajic.

  4         Q.    Monsieur AO, vous avez reçu un entraînement

  5   militaire puisque vous aviez été membre de l’armée.  Est-ce

  6   que nous pouvons dire qu’il s’agissait d’un ordre

  7   militaire ?

  8         R.    Vous dites que j’étais militaire.  Je n’étais

  9   pas militaire actif au sein de l’ex-JNA.  J’étais Caporal

 10   et c’est ensuite seulement dans la Défense territoriale que

 11   j’ai obtenu un grade, mais en ce qui concerne les ordres,

 12   je m’y connais et je pense qu’il s’agissait d’un ordre

 13   militaire.

 14         Q.    Qui a signé cet ordre militaire à cette

 15   dernière page, comme vous le dites ?

 16         R.    Ceci a été signé par le quartier général de

 17   Grude.  Bien sûr, chaque ordre de ce genre devait être

 18   signé à Grude.

 19         Q.    Puisque vous, vous disposiez de ce document

 20   et puisque vous l’avez vu, vous l’avez examiné, vous devez

 21   savoir qui l’a signé, quelle personne ?

 22         R.    Monsieur, j’ai vu tout un tas de ce genre de

 23   document, au moins 30, et je vous garantis que les

 24   signatures étaient les signatures de Monsieur Kordic,

 25   Monsieur Boban, Monsieur Praljak sur ces 30 documents. 


Page 15833

  1   Mais si vous voulez, nous pouvons fixer une autre date

  2   d’audience et entre-temps, je vais essayer d’obtenir tous

  3   ces documents pour pouvoir répondre à vos questions.

  4         Q.    J’ai une question précise concernant un

  5   document précis.  Est-ce que vous savez qui l’a signé ? 

  6   Sinon, dites : « Je ne sais pas » et nous allons passer à

  7   autre chose.

  8         R.    En ce qui concerne tous les documents, je

  9   sais…

 10         Q.    Je ne parle pas de tous les documents.

 11         R.    Et dans ce document aussi, je sais qu’on

 12   mentionnait aussi Monsieur Dario Kordic, Monsieur Praljak

 13   et Mate Boban aussi.  Tout ceci figure dans cette lettre,

 14   dans cette communication.

 15         Q.    J’ai une question concernant ça, concernant

 16   le contexte dans lequel ils ont été mentionnés.  Mais tout

 17   d’abord, dites-moi qui a signé cet ordre militaire.  Est-ce

 18   que vous le savez ?

 19         M. LE PRÉSIDENT :  Écoutez, nous tournons en rond

 20   sans arrêt en ce qui concerne ce point-là.  Il vous a déjà

 21   dit qu’il ne sait pas.

 22         Me NAUMOVSKI (interprétation) : 

 23         Q.    Hier vous avez dit que Monsieur Kordic a été

 24   simplement mentionné dans ce document de trois pages.  Dans

 25   quel contexte ?


Page 15834

  1         R.    J’ai dit également que Ivica Rajic, après la

  2   discussion avec Kreso Bozic, il a contacté Dario Kordic.

  3         Q.    Mais nous parlerons de ceci.  S’il vous

  4   plaît, je vous demande dans quel contexte Monsieur Kordic a

  5   été mentionné dans cette lettre.

  6         R.    Monsieur Kordic a été mentionné dans le

  7   contexte du commandement.  Donc, il faisait partie de

  8   l’organisation.  Il était l’un de ceux qui ont rédigé ce

  9   document.  Il était mentionné en tant que membre de cette

 10   présidence de guerre.

 11         Q.    Est-ce que vous vous souvenez des détails ?

 12         R.    Non.

 13         Q.    Une phrase où ceci était écrit ?  D’autres

 14   noms ?

 15         R.    Je ne m’en souviens pas.

 16         Q.    Et vous dites que mis à part son nom, on

 17   mentionnait le nom de Mate Boban ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Et quelqu’un d’autre aussi ?

 20         R.    J’ai déjà cité tous les noms.

 21         Q.    Est-ce que les signatures à la main

 22   figuraient sur ce document ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Plusieurs ou un seul ?

 25         R.    Je crois qu’il y avait deux signatures, une


Page 15835

  1   dans la partie gauche et l’autre dans la partie droite de

  2   la page.

  3         Q.    Mais vous avez déjà dit que vous ne savez pas

  4   qui l’a signé.  Est-ce que vous avez remarqué un sceau ? 

  5   Est-ce qu’il y en a eu ?

  6         R.    Oui.  Il y avait un sceau rouge et j’ai

  7   simplement vu qu’il était écrit avec des lettres majuscules

  8   « HVO ».  Il s’agissait donc, je pense, du sceau du HVO et

  9   puis, il était indiqué « numéro 1 ».

 10         Q.    Vous avez déjà dit quel était le contenu de

 11   ce document et quelles étaient les personnes mentionnées,

 12   mais vous avez dit également que dans cet ordre, il était

 13   indiqué que les unités spéciales devaient fournir de

 14   l’assistance à des endroits qui se trouvaient face au

 15   risque de l’armée de Bosnie-Herzégovine, à savoir les

 16   villages croates de Mir, Pocevlje (ph.), Borovica et

 17   Ovceva :  Est-ce exact ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    En mentionnant les villages croates, est-ce

 20   que vous savez ce qui s’est passé à Kopljari en 1993, le 22

 21   octobre ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    C’était une attaque ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Est-ce que vous savez combien de civils ont


Page 15836

  1   été tués ?

  2         R.    Je sais qu’il y en a eu trois, trois civils.

  3         Q.    Parlons maintenant de ce dont vous avez déjà

  4   parlé aujourd’hui, à savoir le fait que Monsieur Rajic a

  5   quitté la réunion à un moment.

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Vous dites aujourd’hui qu’il est allé

  8   téléphoner et qu’il est revenu, et qu’est-ce qu’il a dit en

  9   rentrant ?

 10         R.    Tout d’abord, je n’ai pas dit qu’il est allé

 11   téléphoner.  J’ai dit qu’il est allé dans le commandement

 12   chargé des communications.  Je n’ai pas mentionné de

 13   téléphone.

 14         Q.    Très bien !  Et quand il est rentré ?

 15         R.    Il a changé d’avis et il était d’accord avec

 16   l’avis de Kreso Bozic.

 17         Q.    Très bien !  Est-ce qu’il vous a dit autre

 18   chose ?  Avec qui il avait parlé ?

 19         R.    Il a mentionné Monsieur Kordic.  Il a

 20   mentionné Monsieur Praljak aussi.  Il les mentionnait au

 21   cours de cette conversation.

 22         Q.    Témoin AO, vous parlez aujourd’hui pour la

 23   première fois du fait que Monsieur Rajic a dit avec qui il

 24   avait parlé.  Vous n’avez pas dit ça hier au cours de

 25   l’interrogatoire principal ni dans votre déclaration donnée


Page 15837

  1   aux enquêteurs.

  2         R.    Je crois que je l’ai mentionné peut-être et

  3   ceci n’a pas été accepté.  J’ai dit hier qu’il est parti,

  4   qu’il a accepté l’opinion de Kreso Bozic.

  5         Q.    Oui, tout ça, mais vous n’avez pas dit avec

  6   qui il a parlé.  Vous n’avez pas dit ça ni hier ni avant.

  7         R.    Mais personne ne m’a posé la question de la

  8   même manière dont vous, vous l’avez posée.

  9         Q.    Vous avez dit aux enquêteurs du Tribunal,

 10   paragraphe 27, après que Bozic a dit que vous aviez des

 11   ennemis dans la ville elle-même, vous avez dit (je cite) : 

 12   « Rajic a quitté la réunion, il a eu une conversation

 13   téléphonique, il est rentré, il a dit : ‘C’est

 14   l’arrestation des musulmans et la prise de contrôle à

 15   Stupni Do qui ont la priorité.’ »  Fin de citation.

 16         Ici, on ne mentionne pas du tout la personne avec

 17   qui il avait parlé.

 18         R.    Eh bien, la question n’avait pas été posée.

 19         Q.    Très bien !  Je vais reformuler ma question. 

 20   Il a mentionné ces noms : Monsieur Kordic, Boban, Praljak,

 21   je ne sais pas qui d’autre ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Est-ce qu’il a eu une conversation

 24   téléphonique ou bien plusieurs ?

 25         R.    Je vous dis qu’il ne s’agissait pas d’une


Page 15838

  1   conversation téléphonique.  Il est allé au centre de

  2   communication.  C’était la période du blocus.  Il ne

  3   pouvait pas téléphoner.  Il n’était pas possible de

  4   téléphoner mais seulement d’obtenir un contact depuis le

  5   centre de communication.

  6         Q.    Mais justement, pourquoi est-ce que vous avez

  7   parlé d’une conversation téléphonique aux enquêteurs

  8   puisque ce n’était pas possible d’avoir des conversations

  9   téléphoniques ?

 10         R.    Mais je vous dis, je n’ai pas mentionné le

 11   téléphone, j’ai mentionné les locaux où il est entré en

 12   communication.  J’ai mentionné le centre de communication.

 13         Q.    Très bien !  Est-ce qu’il vous a dit combien

 14   de conversations il a eues comme ça ?

 15         R.    Je ne sais pas combien de conversations il a

 16   eues mais je sais qu’il a dit qu’il a parlé avec ces

 17   personnes et je sais quels sont les noms qu’il a cités.

 18         Q.    Témoin AO, il était connu par tout le monde

 19   qui avait son bureau à Grude, à savoir que c’était Monsieur

 20   Boban ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Et puis les Juges de cette Chambre de

 23   première instance savent puisqu’ils ont entendu parler de

 24   cela de plus de 100 témoins, que Monsieur Kordic avait son

 25   bureau à Busovaca, et nous sommes d’accord pour dire que


Page 15839

  1   Busovaca était coupé du reste du monde à partir de 1993,

  2   d’un moment en 1993 ?

  3         R.    Oui, mais je l’ai déjà dit et je ne sais pas

  4   si vous souhaitez que je le dise.  Je vais vous répondre en

  5   mentionnant Dario Kordic.  Voyons la chose suivante : Si

  6   toutes les communications pouvaient être établies depuis

  7   Vares ou bien si ça passait par Busovaca ou Kiseljak

  8   jusqu’à Grude.  Je pense que puisque je connais bien les

  9   équipements du HVO à Vares et je connais les personnes

 10   chargées des communications là-bas, je sais qu’ils

 11   n’avaient pas de relais.  Ils ont essayé de faire venir des

 12   relais de Kakanj afin d’améliorer leurs communications.

 13         M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) :  Monsieur

 14   Naumovski, je ne sais pas si ce contre-interrogatoire vous

 15   est vraiment utile.  Il y a quelque chose qui n’est pas

 16   utile dans ce contexte et ça ressemble à une sorte

 17   d’engueulade.  Donc à mon avis, il faudrait que vous

 18   fassiez vos suggestions au témoin plus clairement.

 19         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Merci, Monsieur

 20   le Juge.  C’est justement de ça que je voulais parler au

 21   témoin indirectement.  Je voulais lui dire que Monsieur

 22   Rajic n’a pas parlé avec Monsieur Kordic et ce témoin n’a

 23   pas cité les noms de personnes avec qui Monsieur Rajic

 24   avait parlé par téléphone.  Donc, je vais le dire

 25   concrètement.


Page 15840

  1         Q.    Rajic n’a jamais parlé avec Monsieur Kordic

  2   et il ne vous a pas dit ça ?

  3         R.    C’est votre opinion à vous.

  4         Q.    Rajic vous a dit de procéder à des

  5   arrestations et de donner les ordres ?  Il vous a donné

  6   cette autorisation dans un document ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Et vous avec accepté cette autorisation ?

  9         R.    Ce n’était pas comme ça.  J’ai reçu une

 10   autorisation de pouvoir me déplacer dans la ville,

 11   indiquant que les Maturices, Apostolis, Sioux ne pouvaient

 12   pas m’arrêter au point de contrôle ni ailleurs.  Donc, il a

 13   donné une autorisation indiquant que peut-être j’étais la

 14   personne convenable pour lui pour procéder à des

 15   arrestations ou des choses comme ça.

 16         Q.    Vous avez également obtenu un permis de

 17   porter des armes ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Est-ce que ça veut dire qu’auparavant, vous

 20   ne l’aviez pas ?

 21         R.    Je disposais des armes et puisque Sioux,

 22   Maturices, Apostolis sont venus à Vares, je crois que peu

 23   de personnes pouvaient porter des armes, sauf la sécurité

 24   de Ivica Rajic.  Donc, c’est ainsi que ça s’est fait.

 25         Q.    Nous pouvons passer à un autre sujet, Stupni


Page 15841

  1   Do.  Quelques questions pour terminer le plus rapidement

  2   possible.  Je vous prie de me répondre très brièvement.

  3         Êtes-vous d’accord avec moi que vous vous êtes

  4   rendu souvent à Dabravine au cours du mois d’octobre 1993

  5   et que Ekrem Mahmutovic était le commandant de l’armée de

  6   Bosnie-Herzégovine, siège à Dabravine ?

  7         R.    Oui.  Mahmutovic et Avdo Zubaca, les deux.

  8         Q.    L’armée de Bosnie-Herzégovine avait également

  9   une unité militaire à Stupni Do, n’est-ce pas ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Nous sommes d’accord également pour dire que

 12   les représentants de l’armée de Bosnie-Herzégovine ont

 13   commencé à creuser des fortifications qui étaient face au

 14   village Mir et le village Bijelo Polje ?

 15         R.    Oui.  Il y avait quelques tranchées qui ont

 16   été creusées mais c’était juste pour l’égard des sécurités.

 17         Q.    Est-ce que nous sommes d’accord pour dire

 18   également que les soldats de l’armée de Bosnie-Herzégovine

 19   ont établi des points de contrôle au niveau de Potok ? 

 20   C’est un village qui s’appelle Potok entre Stupni Do et

 21   Vares.

 22         R.    Oui.  Il y en avait deux mais à 50 mètres à

 23   peu près de distance.

 24         Q.    Sommes-nous d’accord également qu’il y avait

 25   des villageois qui ont été utilisés pour protéger le


Page 15842

  1   village et pour la protection ?

  2         R.    Non.  Je ne pense pas qu’ils étaient au

  3   nombre de 50.  Il y avait entre 15 et 20.  Il n’y avait pas

  4   tellement d’hommes en âge de combattre dans le village.

  5         Q.    Vous avez dit également dans la déclaration

  6   que vous avez donnée au NordBat, le document D201/1, point

  7   4(m), qu’il y avait 50 villageois qui ont été utilisés aux

  8   fins de défense et que Anto Zubaca était commandant ?

  9         R.    J’ai dit que c’était Zubaca mais j’ai dit en

 10   ce qui concerne le village Mir, que Mir n’avait pas plus de

 11   20 personnes en âge de combattre.  Mais il y a bien

 12   évidemment un certain nombre de personnes qui venaient de

 13   l’extérieur et s’il y en avait 50 au total, il y en avait

 14   20 qui sont restées de l’extérieur car Mir ne pouvait pas

 15   avoir davantage de 25 soldats armés.

 16         Q.    Mais j’ai parlé de Stupni Do, pas de Mir.

 17         R.    Excusez-moi.  En ce qui concerne Stupni Do,

 18   je l’ai dit.

 19         Q.    Mais sommes-nous d’accord pour dire que

 20   l’armée de Bosnie-Herzégovine surnommée Lasta se trouvait à

 21   Stupni Do ?

 22         R.    Non.  Là, je ne suis pas d’accord avec vous.

 23         Q.    Mais vous l’avez également précisé au NordBat

 24   dans ce même point, 4(m).  Vous avez dit qu’à Stupni Do, il

 25   y avait des unités appelées Hirondelles, Lasta, et qu’ils


Page 15843

  1   sont venus de Dabravine ?

  2         R.    C’est ce qu’on envisageait.  On avait dit

  3   qu’éventuellement, il y avait cette unité appelée

  4   Hirondelles, mais ces 20 personnes qui font la différence

  5   entre 50 donc et 20, on avait dit que probablement elles

  6   appartenaient à cette unité Hirondelles venue de Sarajevo. 

  7   Mais c’était tout simplement quelque chose qu’on a pensé,

  8   mais on a compris par la suite que ce n’était absolument

  9   pas vrai et que ce n’était pas les hommes de cette unité

 10   qui s’étaient rendus sur place.

 11         Q.    Monsieur, on vous a vu avant l’événement de

 12   Stupni Do autour de ce village, n’est-ce pas ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    On vous a vu également à Stupni Do après

 15   l’événement ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    NordBat et la police militaire de NordBat

 18   ainsi que l’armée de Bosnie-Herzégovine, une fois que vous

 19   êtes sorti du camp, vous étiez suspecté d’avoir participé à

 20   ce qui s’est passé à Stupni Do, n’est-ce pas ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Est-ce que vous étiez à Stupni Do pendant

 23   l’offensive ?

 24         R.    Non.

 25         Q.    Est-ce que vous savez ce qui s’est passé


Page 15844

  1   pendant l’opération à Stupni Do ?

  2         R.    Vous me posez la question si j’étais à Stupni

  3   Do et j’ai dit que je n’y étais pas.  Étant donné que les

  4   hommes qui portaient des uniformes noirs arboraient des

  5   insignes HOS, une fois qu’ils sont sortis et comme moi,

  6   j’étais à Vares, ils ont raconté que soi-disant c’est moi

  7   qui avais organisé cette opération, que c’est moi qui

  8   perpétrais le génocide, et cætera, pour que ceci puisse

  9   être raconté au sein de la police militaire, au sein

 10   également de la police civile et un petit peu partout.

 11         Q.    Mais ce n’est pas indispensable d’élargir le

 12   sujet.  En ce qui concerne Monsieur Kordic, vous avez dit

 13   hier au cours de votre déposition que Monsieur Kordic s’est

 14   rendu à la célébration le 30 septembre 1992.  C’était la

 15   fête de l’église : Saint-Michel, n’est-ce pas ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Mais nous sommes bien d’accord pour dire que

 18   ce jour-là, il y était.  Ce n’est pas ça ce que je voulais

 19   vous demander mais je voulais tout simplement vous demander

 20   si l’événement concernant Ponikve a eu lieu à peu près ces

 21   jours-ci.

 22         R.    Peut-être quelque peu plus tôt mais je me

 23   souviens qu’il y avait des jeunes qui étaient officiels et

 24   je me souviens que moi, j’étais à Ponikve.  J’habitais à 50

 25   mètres par rapport à l’hôtel à cette époque-là très


Page 15845

  1   précise, au moment où Rajic s’était rendu à cet endroit-là.

  2         Q.    Entendu !  Maintenant, quelques questions que

  3   je pourrais classer sous divers.

  4         Hier au cours de votre déposition, vous avez dit

  5   que vous étiez au courant au sujet des unités spéciales de

  6   l’armée croate qui soi-disant se trouvaient dans les

  7   régions frontalières en Bosnie-Herzégovine ?

  8         R.    L’armée croate ?

  9         Q.    Vous avez parlé des unités d’entraînement.

 10         R.    Oui.  Ils étaient proches des postes

 11   frontaliers.

 12         Q.    Mais c’est vous qui avez utilisé le mot

 13   « autour de la région frontalière ».

 14         R.    Il y a plusieurs secteurs frontaliers.  Il y

 15   a des régions qui sont face à Republika Srpska, face à

 16   Bosnie-Herzégovine, face à la Croatie.  Par conséquent, je

 17   ne sais pas de quel secteur, de quelle zone frontalière

 18   parlez-vous.

 19         Q.    Mais ce n’est pas moi qui avait utilisé ce

 20   terme, c’est vous qui avez parlé de la zone frontalière.

 21         R.    Mais moi, je vous ai énuméré les villages.

 22         Q.    La question que je vous pose, Monsieur, c’est

 23   de savoir si vous étiez à Busovaca à ce moment-là.

 24         R.    Oui, j’étais à Busovaca, mais j’étais à

 25   Busovaca trois à quatre fois.  J’étais avec Miro Vrebac qui


Page 15846

  1   était à la tête d’une unité spéciale.  Elle était de Vares. 

  2   Il y avait Vjeran Mijatovic.  Je suis venu en combi bleu. 

  3   C’est à Busovaca que nous avons passé trois ou quatre fois

  4   les nuits.

  5         Q.    Mais une fois arrivé à Busovaca, et ceci

  6   concernant ces forces pour l’entraînement des soldats, est-

  7   ce que vous-même, vous avez vu un membre de l’armée croate

  8   à Busovaca ?

  9         R.    J’ai vu deux hommes.  J’ai vu un certain

 10   Mario.  Je ne connais pas son nom de famille et je me

 11   souviens de lui parce qu’il était avec nous.  Il était

 12   assis et il avait même offert à Vjeran Mijatovic de lui

 13   vendre un pistolet.  Je pense que c’était un pistolet d’un

 14   grand calibre.  Donc, je me souviens que cet homme est de

 15   Sibenik ou éventuellement de Zadar et je me souviens de son

 16   prénom.  Il s’appelait Mario.

 17         Q.    Je vous comprends mais je ne parle pas d’un

 18   soldat ou de deux soldats qui sont arrivés de Croatie. 

 19   Vous avez parlé des unités spéciales.  C’est la raison pour

 20   laquelle je vous pose la question si vous avez vu des

 21   unités spéciales.

 22         R.    Moi, j’ai vu à Grude les unités spéciales qui

 23   sont arrivées de Croatie.  J’ai été à Mostar également et

 24   je me souviens que j’étais dans un café au moment où j’ai

 25   pu rencontrer un certain nombre d’hommes qui appartenaient


Page 15847

  1   à ces unités.  Il y en avait sept à peu près.

  2         Q.    Mais je vais vous demander d’être précis s’il

  3   vous plaît.  Est-ce qu’à Busovaca et à Travnik, avez-vous

  4   vu ces unités ?

  5         M. LE PRÉSIDENT :  Un instant !  Vous devez

  6   permettre au représentant de la Défense de finir ses

  7   questions.  Les interrogatoires doivent se dérouler dans un

  8   esprit de courtoisie et les réponses doivent obéir

  9   également à cette règle.

 10         Me Naumovski, avez-vous encore beaucoup de

 11   questions ?

 12         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Je ne pense pas

 13   que je vais rester encore trop longtemps mais je vais

 14   demander au témoin de répondre très brièvement.

 15         Q.    Vous avez dit que vous avez vu des soldats à

 16   Grude et à Mostar.  Ce que je vous demande :  Est-ce que

 17   vous êtes d’accord avec moi pour dire que ces unités

 18   spéciales, vous les appeliez comme ça pour l’entraînement,

 19   et qui venaient de Croatie, vous ne les avez pas vues à

 20   Busovaca ?

 21         R.    J’ai vu cet homme et j’ai dit que ce jeune

 22   homme, il était de Sibenik ou de Zadar.  Il arborait

 23   également les insignes de l’armée croate.  Quand j’ai parlé

 24   de Travnik, il y avait un convoi de salut et ça s’appelait

 25   le convoi sanguinaire.  Même dans les livres, on l’appelle


Page 15848

  1   le convoi sanguinaire.  Moi, je me souviens de l’avoir vu

  2   et moi, je sais que c’était lié à Travnik.  Moi, je l’ai

  3   vu.

  4         Q.    Encore une question au sujet de la

  5   précédente.  Est-ce que vous êtes d’accord avec moi pour

  6   dire qu’outre ces cas individuels, vous n’avez pas vu

  7   l’armée croate ou les unités croates en Bosnie centrale,

  8   outre ces quelques exemples ?

  9         R.    En Bosnie centrale ?  Mais Vares, Olovo,

 10   Kakanj, Zenica, c’est la Bosnie centrale.  Là-bas, je ne

 11   les ai pas vues.

 12         Q.    Encore une autre question qui concerne la

 13   vallée de la Lasva, et la vallée de la Lasva également fait

 14   partie de la Bosnie centrale, n’est-ce pas ?  Là-bas, vous

 15   n’avez pas vu les membres de l’armée croate, les unités ? 

 16   Je parle des unités.  Je ne parle pas des soldats, des

 17   individus.

 18         R.    Je n’ai pas vu des déplacements des grandes

 19   troupes mais j’ai vu quelques unités, quelques individus. 

 20   Donc, c’est ça.

 21         Q.    Merci.  Vous avez dit que ces forces étaient

 22   sous le patronat, sous les hospices de la présidence de

 23   guerre ?

 24         R.    Du quartier général.

 25         Q.    Mais vous voulez parler du quartier général


Page 15849

  1   de Grude, n’est-ce pas ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Un détail s’il vous plaît.  Hier vous avez

  4   dit que Monsieur Rajic avait une bonne réputation, n’est-ce

  5   pas ?

  6         R.    À Kiseljak.

  7         Q.    Mais le Procureur vous a posé une question

  8   qui était plutôt générale.

  9         R.    Pas à Vares, ça c’est certain.

 10         Q.    Vous avez dit également dans votre

 11   déclaration…

 12         M. LE PRÉSIDENT :  Veuillez cesser de parler en

 13   même temps.  L’interprète n’a pas été en mesure d’entendre

 14   la réponse du témoin.  Or ceci est très important.  Il est

 15   important que tout soit interprété correctement et qu’on en

 16   prenne note correctement également.

 17         Donc quelle était votre question, Me Naumovski,

 18   afin que nous puissions en prendre note ?

 19         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Excusez-moi,

 20   Monsieur le Président.  Excusez-moi, les interprètes

 21   également.

 22         Q.    Vous avez dit que c’était quelqu’un non

 23   seulement de bonne réputation mais au contraire de mauvaise

 24   réputation.  C’est un terme que vous avez utilisé ?

 25         R.    En ce qui concerne Ivica Rajic, j’ai dit qu’à


Page 15850

  1   Kiseljak, il avait une bonne réputation, mais en ce qui

  2   concerne Vares, là où je séjournais, il n’a pas été

  3   accueilli bien et il était de mauvaise réputation.  Mais de

  4   toute façon, je parlais de la population de Vares.  C’est

  5   peut-être un terme qui est quelque peu plus fort.

  6         Q.    En janvier 1993, vous avec accompagné un

  7   convoi humanitaire qui se déplaçait entre Split et Bosnie

  8   centrale ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    Pour traverser le territoire contrôlé par le

 11   HVO, c’est Anto Pejcinovic qui vous a donné un laissez-

 12   passer ?

 13         R.    C’était quand s’il vous plaît ?  Quelle

 14   année ?

 15         Q.    C’était au mois de janvier 1993.

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Vous avez affirmé également que conformément

 18   à ses instructions, toutes les fois quand vous deviez vous

 19   déplacer en Bosnie-Herzégovine, il fallait recevoir une

 20   autorisation de Grude ?

 21         R.    Vous parlez de la Croatie ?

 22         Q.    Oui.

 23         R.    Moi, ce que j’ai affirmé c’est que chaque

 24   fois quand il fallait que je me déplace et que j’accompagne

 25   les convois de Split, qu’il fallait s’arrêter à Grude et


Page 15851

  1   puis demander qu’on nous attribue des papiers, qu’on nous

  2   délivre des papiers, qu’on appose des cachets, des

  3   signatures.  C’est de ça que j’ai parlé.

  4         Q.    Entendu !  Et puis, il y a une autre question

  5   également que je voulais poser concernant un autre convoi

  6   humanitaire.  En 1994, un prêtre, le Père Ilija Piplica qui

  7   était à Vares, vous a donné quelques documents et vous a

  8   demandé d’escorter l’aide humanitaire de Caritas.  Est-ce

  9   que vous êtes d’accord avec moi ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Est-ce que vous êtes d’accord avec moi pour

 12   dire que vous êtes allé chercher ces produits alimentaires

 13   mais que ces denrées n’ont pas été distribuées à Dastansko

 14   dans la municipalité de Vares ?  Dastansko a été habité par

 15   les Croates.

 16         R.    Je vais vous donner des explications au sujet

 17   de ce convoi.  Vous n’êtes pas bien informé.  Ce convoi se

 18   composait effectivement de Caritas, de Merhamet, de Saint

 19   Ante, et cætera.  Hier, nous avons déjà parlé de ce convoi

 20   mais de toute façon, on va y revenir.

 21         C’est un convoi qui était mixte et il y avait un

 22   centre logistique également qui s’en est occupé.  Ce convoi

 23   était destiné à l’ensemble de la population de la

 24   municipalité de Vares car on n’a pas précisé qu’il ne

 25   s’agissait pas tout simplement de Caritas et de Saint Ante


Page 15852

  1   mais également pour Merhamet, pour Mercahimat (ph.), et

  2   c’est un convoi qui effectivement s’est rendu à Vares. 

  3   Tous les habitants qui habitaient dans la municipalité de

  4   Vares, y compris les villages Magulice (ph.), Vares, Vares

  5   Majdan, Osijek et les autres ont reçu l’aide humanitaire,

  6   outre Dastansko parce qu’ils ont fait un boycott vis-à-vis

  7   de nous autres croates car on nous a considéré comme

  8   Poturice (ph.), comme ceux qui étaient du côté des Turcs et

  9   des musulmans.

 10         M. LE PRÉSIDENT :  Cela suffit.

 11         Me Naumovski, quelle est la pertinence de toutes

 12   ces questions ?

 13         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Je voulais tout

 14   simplement rajouter une autre question pour lui demander si

 15   le fait que Dastansko n’a pas reçu les denrées alimentaires

 16   était pratiquement considéré comme un abus du prêtre.  Il

 17   s’agit donc du prêtre en question.

 18         M. LE PRÉSIDENT :  Un instant, s’il vous plaît. 

 19   Je vous ai demandé quelle était la pertinence de vos

 20   questions, Me Naumovski.

 21         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Je voudrais tout

 22   simplement que les Juges puissent se rendre compte quel est

 23   le témoin qu’ils ont devant eux.

 24         R.    Oui, d’accord.  Moi, je peux répondre.

 25         M. LE PRÉSIDENT :  Mais je ne comprends toujours


Page 15853

  1   pas quel est l’intérêt de ces éléments de preuve relatifs à

  2   un convoi pour le témoin que nous avons devant nous.  Je ne

  3   vois vraiment pas le lien qui existe.

  4         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  C’est la

  5   crédibilité du témoin parce que le prêtre lui a fait

  6   confiance et de toute façon, il n’a pas répondu comme le

  7   prêtre s’attendait.

  8         M. LE PRÉSIDENT :  Fort bien !  Mais maintenant,

  9   il faut en terminer de ce contre-interrogatoire.

 10         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Quelques

 11   questions.

 12         R.    Est-ce que je peux donner la réponse à la

 13   question qui m’a été posée ?

 14         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Non.  Si les

 15   représentants de l’Accusation souhaitent vous poser des

 16   questions supplémentaires à ce sujet, ils seront en mesure

 17   de le faire.

 18         Me NAUMOVSKI (interprétation) : 

 19         Q.    Une petite question.  Il y avait une cassette

 20   que nous avons visionnée hier où a parlé Monsieur Kordic. 

 21   C’était début 1992, par conséquent avant que le HVO soit

 22   établi.  Nous sommes bien d’accord là-dessus ?

 23         R.    Oui.  Je suis d’accord avec ce que j’ai dit,

 24   bien évidemment.  C’est en 1991 que j’ai parlé en personne

 25   à Zagreb avec Monsieur Dobroslav Paraga et je sais que


Page 15854

  1   c’était les paroles qu’il avait prononcées.  Ensuite, j’ai

  2   dit également qu’il était fort possible que Monsieur Dario

  3   Kordic, début 1992, avait également fait la même

  4   déclaration.  J’ai dit que cette possibilité existe que la

  5   déclaration ait été donnée fin 1991, début 1992.

  6         Q.    Merci.  On ne va pas insister là-dessus et

  7   puis il y a des questions avec lesquelles nous allons

  8   conclure.

  9         Monsieur le Témoin AO, conviendrez-vous avec moi

 10   pour dire qu’après les événements qui ont eu lieu en

 11   octobre 1993, vous avez parlé au NordBat de tout ce qui

 12   s’est passé à Stupni Do et à Vares ?

 13         R.    Mais moi, j’ai déjà donné les réponses hier.

 14         Q.    Par conséquent, nous sommes d’accord là-

 15   dessus ?

 16         R.    Je pense que j’ai dit ce que j’ai eu à dire.

 17         Q.    Mais vous avez donné les noms et les surnoms

 18   de toutes les personnes qui ont quelque chose à faire avec

 19   cet événement ?

 20         R.    En partie.

 21         Q.    Sommes-nous d’accord qu’en ce qui concerne

 22   ces événements, vous n’avez jamais mentionné le nom de

 23   Monsieur Kordic ?

 24         R.    Kordic, il n’était pas à Vares, et moi,

 25   j’aurais pu dire que Firga, Como et les autres y étaient. 


Page 15855

  1   Moi, j’ai mentionné les noms qui concernaient Vares et

  2   Stupni Do.  Moi, je n’ai pas mentionné Monsieur Dario

  3   Kordic car lui, il n’était pas à Vares.  Il n’y a pas

  4   participé.  Pourquoi voulez-vous que j’en parle ?

  5         Q.    Merci.  Quelques dernières questions.

  6         R.    Je pense que c’est un peu trop.  Ça fait plus

  7   d’une demi-heure que je vous donne les réponses, alors que

  8   vous avez dit hier que c’est fini.

  9         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Un instant. 

 10   C’est aux Juges d’assurer le contrôle du déroulement de

 11   l’audience.  Ce n’est pas à vous de le faire, Monsieur.

 12         Me Naumovski, maintenant, il faut en venir à votre

 13   dernière série de questions.

 14         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Oui.  Ce sont les

 15   dernières questions.

 16         Q.    Monsieur le Témoin AO, est-ce que devant ce

 17   Tribunal, vous venez de bon gré ?  Personne ne vous a

 18   forcé ?

 19         R.    Non, personne ne m’a forcé.  Je n’ai même pas

 20   étudié beaucoup de choses concernant ce Tribunal.  Je ne

 21   suis même pas informé au sujet du Tribunal, de ce qu’il

 22   fait, mais j’ai bien évidemment entendu parler du Tribunal. 

 23   J’ai entendu parler également de moi.  J’ai entendu parler

 24   d’un certain nombre de choses et puis il y a un certain

 25   nombre de témoins qui se sont rendus à La Haye qui ont cité


Page 15856

  1   mon nom et qui ont dit un certain nombre de choses que vous

  2   avez soulevées également, et quand ceci m’est parvenu, on

  3   m’a demandé si éventuellement je voulais donner quelques

  4   interviews, étant donné qu’on a beaucoup écrit sur moi sur

  5   les journaux et qu’on a pu entendre également quelque chose

  6   sur moi à la télévision et c’est comme ça qu’on m’avait

  7   demandé de venir ici.

  8         En 1997, j’ai dit que je n’étais pas en bonne

  9   santé.  Par conséquent, je ne pouvais pas venir.  Je les ai

 10   refusés.  J’ai refusé les enquêteurs.  Je ne pensais pas

 11   m’y rendre, mais de toute façon, j’ai accepté.  En

 12   définitive, j’ai accepté.

 13         Q.    Entendu !  Monsieur le Témoin AO, c’est pour

 14   des raisons professionnelles que je vous pose cette

 15   question.  Est-ce que vous étiez collaborateur de l’AID ?

 16         R.    Je vous ai déjà dit que j’ai entendu parler

 17   de AID mais je n’ai jamais fait quoi que ce soit pour l’AID

 18   et puis ça ne me venait même pas à l’esprit.  J’avais

 19   d’autres choses à faire et je n’avais pas le temps pour le

 20   faire et puis du point de vue financier également, je ne

 21   suis pas quelqu’un qui intéresse l’AID.

 22         Q.    Ma toute dernière question :  Est-ce que vous

 23   avez signé la déclaration par laquelle vous reconnaissez

 24   avoir été à Stupni Do pendant cette offensive militaire ?

 25         R.    Si j’ai signé la déclaration que j’étais à


Page 15857

  1   Stupni Do ?  Oui, j’ai signé la déclaration que j’étais à

  2   Stupni Do mais dans un autre contexte.  Il faut voir avec

  3   qui j’étais à Stupni Do.

  4         Q.    Je vous ai demandé et j’ai parlé de l’action

  5   militaire, de l’offensive, de l’opération qui a eu lieu en

  6   1993.

  7         R.    Non, absolument pas.

  8         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

  9   Président, je n’ai plus de questions.  Je remercie le

 10   témoin.  Je remercie les Juges également.

 11         LE TÉMOIN (interprétation) :  Merci.

 12         Me KOVACIC (interprétation) :  Si vous me le

 13   permettez, j’ai deux questions très, très brèves.

 14         CONTRE-INTERROGÉ PAR Me KOVACIC

 15         (interprétation) : 

 16         Q.    Bonjour, Monsieur le Témoin.  Je ne vais pas

 17   me présenter.  Je défends le deuxième accusé ici.

 18         Vous avez parlé du feu Général du HOS Blaz

 19   Kraljevic.  Dites-moi, s’il vous plaît :  Est-ce que vous

 20   savez que Monsieur Darko Kraljevic, le cousin éloigné du

 21   feu Blaz Kraljevic qui était à Kruscica, dont le siège

 22   était à Kruscica, s’il était le commandant du HOS pour

 23   l’ensemble de Bosnie ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Darko Kraljevic de Kruscica ?


Page 15858

  1         R.    Blaz Kraljevic.

  2         Q.    Darko Kraljevic, vous l’avez connu à

  3   Kruscica, n’est-ce pas ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Est-ce qu’en Bosnie centrale, le commandant

  6   numéro un pour la Bosnie centrale était Darko Kraljevic ?

  7         R.    Moi, je n’ai pas eu l’occasion de le

  8   contacter souvent outre quelques réunions à Kruscica, et

  9   chaque fois, je me suis entretenu avec Blaz, avec Goran,

 10   avec Mladen et c’est comme ça que nous sommes restés entre

 11   Tuzla et Zenica, en passant par Blaz Kraljevic.

 12         Q.    Et la partie occidentale ?

 13         R.    Vous pensez à quelle partie ?  Vous pensez à

 14   Kruscica, à Vitez, à Travnik, Novi Travnik ?

 15         Q.    Oui.

 16         R.    Je connaissais quelques hommes.

 17         Q.    Vous avez fait connaissance de Darko

 18   Kraljevic ?

 19         R.    Oui, je l’ai connu.

 20         Q.    À la réunion de Kruscica, n’est-ce pas, où il

 21   était ?

 22         R.    Oui, je le pense.

 23         Q.    Est-ce que là-bas, vous avez appris quelle

 24   était la fonction qu’il exerçait de manière très claire ?

 25         R.    Écoutez, les membres du HOS ne pensaient pas


Page 15859

  1   tellement aux titres et aux grades.  Nous, on a travaillé. 

  2   La question ne se posait pas qui était le commandant, qui

  3   était le suppléant, qui occupait tel et tel poste, mais

  4   c’est les tâches qu’il fallait remplir.

  5         Q.    Est-ce que le HOS en Bosnie centrale, pendant

  6   la période que nous observons, représentait une force

  7   significative dans ce secteur, dans cette région ?

  8         R.    C’était des forces les plus populaires et

  9   l’ennemi avait peur de ces forces le plus.

 10         Me KOVACIC (interprétation) :  Merci.

 11         LE TÉMOIN (interprétation) :  Merci.

 12         RÉINTERROGÉ PAR Me NICE (interprétation) : 

 13         Q.    J’ai cinq ou six questions supplémentaires à

 14   vous poser, Monsieur le Témoin AO, et pour la plupart de

 15   ces questions, je pense que vous serez en mesure de dire

 16   soit « oui », soit « non », soit de répondre par un seul

 17   mot.  Donc, essayez de vous en tenir à ces instructions en

 18   répondant très brièvement si vous le pouvez. 

 19         Donc tout d’abord, vous avez parlé de la visite de

 20   Kordic à plusieurs endroits, y compris à Vares.  Je

 21   voudrais savoir à combien de reprises en 1992 et 1993 vous

 22   avez vu Kordic à Vares ?

 23         R.    Trois à quatre fois.

 24         Q.    Vous avez mentionné un certain nombre de

 25   convois.  Vous leur avez donné des noms et vous avez dit


Page 15860

  1   également que Kordic était présent sur l’un de ces convois. 

  2   Je voudrais savoir de quel convoi il s’agissait, à votre

  3   connaissance.

  4         R.    Vous parlez du convoi qui se déplaçait entre

  5   Tuzla et la Croatie et ensuite Croatie et Tuzla.  Il a fait

  6   les deux sens.

  7         Q.    S’agit-il là d’un convoi que vous avez déjà

  8   mentionné ou bien d’un autre ?

  9         R.    Je pense qu’il s’agissait du Convoi du Salut.

 10         Q.    À votre connaissance, que faisait Kordic sur

 11   ce convoi ?

 12         R.    Dario Kordic a accueilli le convoi.  Je pense

 13   qu’il y avait les trois citernes de dérivés du pétrole et

 14   c’était sur l’ordre de Dario Kordic de rajouter ces trois

 15   citernes contenant les dérivés du pétrole, ensuite,

 16   également l’équipement pour les blessés et je pense que cet

 17   équipement a été assuré par Vjeran Mijatovic.

 18         Q.    On vous a posé des questions ou plutôt on a

 19   semblé dire que vous n’aviez pas dit la vérité aux Juges

 20   sur un certain nombre de points.  C’est ce qui semble être

 21   avancé par les avocats de la Défense.  Je voudrais savoir

 22   quelle est votre origine ethnique.

 23         R.    Croate.

 24         Q.    Donc, vous avez dit avoir connu un certain

 25   nombre de personnes qui sont venues déposer devant le


Page 15861

  1   Tribunal.  Je vous prie de ne mentionner aucun nom car il

  2   est possible que ces personnes aient déposé comme vous,

  3   c’est-à-dire en bénéficiant de l’attribution d’un

  4   pseudonyme. 

  5         Je voudrais savoir si vous avez eu la possibilité

  6   de parler avec des gens venant d’autres groupes ethniques,

  7   si vous avez parlé avec ces personnes de votre expérience à

  8   Vares et Stupni Do.

  9         R.    Bien, tout d’abord, il y avait des rumeurs,

 10   les rumeurs qui ont été entendues par les témoins.  Ce sont

 11   les témoins soi-disant qui m’ont dit qu’il y avait question

 12   de mon nom, qu’on l’a mentionné.  Moi, j’ai d’abord posé la

 13   question pour savoir qui avait parlé de moi et qui a

 14   mentionné mon nom.

 15         Q.    Merci.  C’est bon.  Bien !  On vous a posé

 16   des questions au sujet du commandant de votre brigade qui

 17   s’appelait Holman.  On ne vous a pas posé cette question

 18   mais cela pourra peut-être être soulevé ultérieurement.

 19         Je voudrais savoir si vous avez connaissance d’une

 20   décision signée par Holman au sujet d’une fusion entre le

 21   HOS et le HVO.  Savez-vous quoi que ce soit au sujet de ce

 22   document qui est daté du 5 avril 1993 ?

 23         R.    Oui.  Il y avait une proposition au sujet de

 24   ce document.  C’est Monsieur Mladen Holman qui a fait un

 25   geste.  Après Blaz Kraljevic, Mladen Holman a essayé de


Page 15862

  1   faire quelque chose à Zenica et il y avait une formation du

  2   HOS à Zenica.

  3         Q.    Merci.  Non, ça suffit. 

  4         Me NICE (interprétation) :  Il s’agit de la pièce

  5   à conviction 607.  Je le signale à l’attention des Juges.

  6         Q.    Ensuite, on vous a posé deux questions au

  7   sujet de ce que vous aviez dit aux membres du NordBat. 

  8   Ceci apparaît sur les pièces à conviction, mais dans la

  9   traduction par le biais du norvégien et de l’anglais, vous

 10   avez décrit les hommes armés à Stupni Do de cette façon.

 11         Vous avez dit qu’il y avait environ 15 résidents…

 12   ou plutôt 50 (se reprend l’interprète) résidents qui

 13   participaient à la défense.  Vous n’avez pas dit

 14   spécifiquement que c’était des soldats mais vous avez parlé

 15   d’un commandant de l’armée de Bosnie-Herzégovine.  Était-ce

 16   l’impression que vous aviez qu’il y avait environ 50

 17   personnes qui résidaient à cet endroit et qui participaient

 18   à la défense ?

 19         R.    Le village est petit.  C’est un petit

 20   village.  Je l’ai déjà dit – je ne sais pas comment ça a

 21   été traduit – qu’il n’y avait pas 50 personnes, 50 hommes

 22   en âge de combattre dans ce village.  Il n’y en avait pas.

 23         Q.    Merci. 

 24         Me NICE (interprétation) :  Enfin, au paragraphe S

 25   du même document, les Juges verront que lorsque Me


Page 15863

  1   Naumovski a posé des questions au témoin au sujet des noms

  2   de certaines personnes qu’il a donnés, que la seule chose

  3   que ce témoin ait faite a été de donner des noms de soldats

  4   qui ont participé aux événements mais il n’a jamais donné

  5   les noms de qui que ce soit d’autre.

  6         Q.    Maintenant, je voudrais parler du convoi

  7   Caritas, le convoi d’aide humanitaire.  On semble sous-

  8   entendre que vous n’avez pas répondu à vos obligations en

  9   ce qui concerne ce convoi.  Est-ce que c’est exact ?

 10         R.    Monsieur a avancé un certain nombre de

 11   données inexactes.  Moi, je maintiens que j’ai reçu une

 12   déclaration qui a été signée par Blaz Kraljevic à Split

 13   pour avoir assuré ce convoi et c’est la croix dorée de

 14   Saint Ante.

 15         Q.    Merci. 

 16         R.    Vous pouvez en avoir la copie.

 17         Q.    Vous avez parlé de documents, d’un dossier,

 18   de laissez-passer, d’une vidéo.  Si vous retrouvez ces

 19   documents, êtes-vous prêt à les communiquer au Bureau du

 20   Procureur ici à La Haye ?

 21         R.    Si ma déclaration et ma déposition ne

 22   suffisent pas et si Messieurs le demandent, je vais

 23   m’efforcer pour vous envoyer aussi bien des laissez-passer

 24   de Grude, la copie également des déclarations que j’ai

 25   reçues et puis tous les autres documents que Monsieur le


Page 15864

  1   conseil de la Défense aurait souhaité avoir.

  2         Q.    En tant que Croate, même bénéficiant de

  3   protection, du fait que vous avez déposé sur ce qui s’est

  4   passé à Stupni Do, est-ce que vous pensez que cela vous

  5   fait courir des risques ?

  6         R.    Moi, je pensais que je me suis protégé à

  7   partir du moment où j’ai dit que j’allais témoigner, mais

  8   je vois que les Messieurs, ils savent bien qui je suis,

  9   d’où viennent mes parents, ma famille, et cætera.  Ils

 10   savent tout sur moi.  Ils savent tout sur moi comme moi, je

 11   sais sur eux par le fait même que Kordic, par le conseil,

 12   avait avancé un certain nombre de données.  Par conséquent,

 13   je serai certainement dans les difficultés plus tard.

 14         Q.    Est-ce que vous avez dit la vérité aux Juges

 15   ou non ?

 16         R.    C’est la vérité.  C’est ma vérité et je vais

 17   continuer à en parler.  J’ai apporté un certain nombre de

 18   preuves.  Je n’ai pas parlé de deux attentats qui ont été

 19   préparés contre moi en 1994 et en 1997.  Vous avez

 20   également des décisions qui ont été arrêtées au Tribunal,

 21   mais Zagreb n’a pas livré Mario Rajic, Miroslav Frankovic,

 22   Beli.  Il n’a pas livré tous ces hommes dont les noms

 23   figurent dans les documents que je vous ai remis.

 24         Me NICE (interprétation) :  Merci, Monsieur le

 25   Témoin.  Je n’ai pas de questions supplémentaires à vous


Page 15865

  1   poser.

  2         INTERROGÉ PAR LA CHAMBRE

  3         (interprétation) :

  4         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur le

  5   Témoin, je veux être sûr de bien comprendre ce que vous

  6   nous avez dit au sujet d’une réunion bien précise.  Il

  7   s’agit de la réunion qui a eu lieu le 20 octobre 1993 à

  8   Vares.  C’est une réunion à laquelle vous nous dites que

  9   Ivica Rajic a participé et au cours de laquelle donc il a

 10   montré un ordre qui venait de Grude, qui avait été signé à

 11   Grude, et cet ordre avait trait à la prise de Stupni Do.

 12         Vous avez également dit que pendant cette réunion,

 13   Ivica Rajic est sorti et il est allé au centre des

 14   communications – c’est ce que vous nous avez dit, je crois

 15   – et lorsqu’il est revenu, il a mentionné Monsieur Kordic

 16   et le Général Praljak et il a affirmé son soutien à Bozic. 

 17   Voilà ce que j’ai compris.

 18         Est-ce que vous pouvez me donner des points

 19   d’éclaircissement à ce sujet ?  J’aimerais être en mesure

 20   de mieux vous suivre.  À quel sujet avait-il affirmé son

 21   soutien à Bozic ?

 22         R.    En ce qui concerne l’ordre que Monsieur Ivica

 23   Rajic a apporté, ce document, cet ordre, contenait trois

 24   pages et Bozic, au cours de l’entretien, a essayé

 25   d’expliquer la situation à Ivica Rajic car Ivica Rajic


Page 15866

  1   faisait confiance à Bozic et pas Pejcinovic et Duznovic. 

  2   Bozic a parlé de la stratégie de Vares, de Stupni Do

  3   également qui était au centre-ville, 500 mètres à vol

  4   d’oiseau de distance par rapport à Vares.

  5         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  Ensuite,

  6   qu’est-ce qui s’est passé ?  Est-ce que c’est après cela

  7   que Rajic est sorti de la pièce ?

  8         R.    Oui, c’est vrai.

  9         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Ensuite, vous

 10   nous dites qu’il est rentré et qu’il a dit qu’il était

 11   d’accord avec Bozic.  C’est ça ?

 12         R.    Exact.

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Merci.

 14         Me NICE (interprétation) :  Bien entendu, il

 15   faudra examiner le dossier d’audience mais il est peut-être

 16   incorrect de penser qu’il ait déposé sur l’ordre relatif à

 17   Stupni Do.  Je pense qu’il nous a parlé de la façon dont

 18   cet ordre avait été présenté et qu’ensuite, Stupni Do a été

 19   évoqué ultérieurement.  Au début, il s’agissait d’autres

 20   endroits qui devaient être pris.

 21         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  C’est ce

 22   qui figure dans sa déclaration mais ce n’est pas ce que

 23   j’ai noté.

 24         Me NICE (interprétation) : Il faudra vérifier le

 25   compte rendu d’audience.


Page 15867

  1         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Merci,

  2   Monsieur le Témoin, d’être venu à La Haye.  Vous pouvez

  3   maintenant disposer.

  4         Me Naumovski.

  5         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

  6   Président, en attendant le témoin suivant, je voudrais vous

  7   poser une question.

  8         Il y a un document 201/1 que nous avons versé au

  9   dossier.  C’est un document qui n’est pas complet.  Il y a

 10   10 pages qui manquent.  Nous avons demandé au Procureur de

 11   nous donner toutes les pages mais nous ne les avons pas

 12   encore reçues et c’est la raison pour laquelle je m’adresse

 13   à vous, Monsieur le Président, et je vous demande, s’il

 14   vous plaît, de trancher là-dessus.  Il s’agit d’un document

 15   qui est un document des Nations Unies et qui est en date du

 16   11 décembre 1993.  Je vous remercie.

 17                     [Le témoin se retire]

 18         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur Nice,

 19   pouvez-vous nous apporter une réponse ?

 20         Me NICE (interprétation) :  Je ne sais pas si nous

 21   disposons nous-mêmes de la totalité du document et s’il n’y

 22   a aucune raison pour en conserver une certaine partie. 

 23   Moi, je pensais que la Défense disposait de tout ce qui

 24   était nécessaire.  Je suis pratiquement sûr que c’est le

 25   cas.  Si ce n’est pas le cas, il s’agit peut-être d’autres


Page 15868

  1   documents, mais si vous me permettez, j’aimerais étudier la

  2   question plus précisément.

  3         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Bien !

  4         Me NICE (interprétation) :  Avant d’appeler le

  5   témoin suivant, et il y a des mesures de protection qui ont

  6   été demandées qui vont être présentées par Madame Somers,

  7   mais je voudrais dire que nous sommes pressés par le temps

  8   en ce qui concerne la fin de la présentation de nos

  9   éléments de preuve et je souhaiterais vous demander la

 10   chose suivante.

 11         Serait-il possible que pour le témoin suivant, il

 12   soit possible pour elle d’adopter dans la majorité le

 13   résumé de ses déclarations ?  Ceci constituerait donc son

 14   interrogatoire principal et nous permettrait de gagner du

 15   temps, temps dont nous allons être à court.

 16                     [La Chambre discute]

 17         Me NICE (interprétation) :  Il est possible que

 18   pour certains paragraphes, il soit utile d’ajouter des

 19   détails ou de corriger certaines choses, mais c’est une

 20   technique qui est adoptée dans beaucoup de systèmes

 21   d’affaires au civil, dans d’autres systèmes juridiques.

 22         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Est-ce que le

 23   témoin est un témoin qui dépose sur ce qui s’est passé dans

 24   un village ?

 25         Me NICE (interprétation) :  Oui, en grande partie.


Page 15869

  1         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Est-ce qu’elle

  2   va nous parler des accusés ?  Est-ce qu’elle dépose

  3   directement au sujet des accusés ?

  4         Me NICE (interprétation) :  Je vais donner la

  5   parole à Madame Somers.

  6         Me SOMERS (interprétation) :  Le témoin vient du

  7   village de Gacice.  Elle va parler directement des

  8   personnes qui ont servi de boucliers humains et si elle ne

  9   va pas nommer l’accusé Cerkez par son nom, il apparaît

 10   cependant clairement dans ce qu’elle dit qu’elle est le

 11   seul témoin qui vient directement de Gacice.

 12         Elle parle à un certain moment de l’accusé Kordic

 13   et elle est en mesure de nous donner des informations

 14   détaillées sur les personnes utilisées comme boucliers

 15   humains ainsi que les dommages qui ont été infligés à

 16   Gacice.

 17         Il y a deux points seulement sur lesquels je

 18   souhaiterais attirer l’attention de la Défense et de la

 19   Chambre.  Il s’agit du point 4 où il convient de rayer le

 20   nom de « Skopljak ».  Il s’agit de le remplacer par

 21   « Santic ».  Au paragraphe 33, il y a également un nom qui

 22   doit être corrigé.  Il ne faut pas lire « Narro » mais

 23   « Marko Krizanovic ».  Le témoin a corrigé le document.

 24         Ce témoin a déjà déposé précédemment dans

 25   l’affaire Blaskic et tout ce qui figure dans ce résumé


Page 15870

  1   vient soit des déclarations précédentes, soit de

  2   l’entretien que nous avons eu hier avec le témoin qui n’est

  3   arrivée qu’hier à midi.  Donc, nous l’avons rencontrée très

  4   brièvement.

  5         D’autre part, ceci repose également sur la

  6   déposition du témoin dans l’affaire Blaskic en décembre

  7   1997.

  8         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  En ce qui

  9   concerne les Juges, Madame Somers, eh bien, nous vous

 10   invitons à suivre la démarche qui a été présentée.  S’il y

 11   a des points sur lesquels vous souhaitez donner plus de

 12   détails, vous pourrez le faire brièvement, mais à part

 13   cela, on peut adopter le résumé des déclarations et de

 14   cette façon, on pourra finir l’interrogatoire principal en

 15   une demi-heure.

 16         Me SOMERS (interprétation) :  Comme vous le

 17   verrez, j’ai surligné les points importants.  Est-ce que je

 18   peux parler des mesures de protection demandées ?

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Kovacic.

 20         Me KOVACIC (interprétation) :  Je ne m’oppose pas

 21   à ces mesures de protection mais je voudrais qu’une chose

 22   soit bien claire.  Je souhaiterais signaler que Monsieur

 23   Cerkez ne fait pas l’objet dans l’acte d’accusation de

 24   charges relatives à Gacice.

 25         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Cela peut être


Page 15871

  1   encore discuté.  Nous entendrons les éléments de preuve en

  2   temps utile.

  3         Madame Somers, parlez-nous des mesures de

  4   protection.

  5         Me SOMERS (interprétation) :  Eh bien, ce témoin a

  6   déjà déposé, comme je l’ai déjà dit.  Sa maison a été

  7   incendiée à Gacice.  Ensuite, elle a été reconstruite et de

  8   nouveau incendiée.  Bien que le témoin habite maintenant

  9   dans un autre pays, il y a beaucoup de membres de sa

 10   famille qui habitent dans la municipalité de Vitez et elle

 11   s’inquiète pour eux.  La situation en Bosnie centrale est

 12   assez volatile et ceci explique les mesures demandées.

 13         Le témoin a demandé l’attribution d’un pseudonyme

 14   ainsi que la déformation des traits de son visage.  Elle

 15   est tout à fait prête à s’exprimer en audience publique. 

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Y a-t-il des

 17   objections ?

 18         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Nous n’avons pas

 19   d’objection.  Je voudrais seulement demander la chose

 20   suivante.  D’après ce que je vois dans le résumé au

 21   paragraphe 20 et au paragraphe 43, le témoin parle de

 22   Monsieur Kordic dont elle n’avait jamais parlé

 23   précédemment.  Je voudrais donc qu’elle soit interrogée

 24   très précisément à ce sujet.  De plus, en ce qui concerne

 25   le paragraphe 8, donc pour résumer, paragraphes 8, 20 et


Page 15872

  1   43.  Merci.

  2                     [La Chambre discute]

  3         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.

  4         Me KOVACIC (interprétation) :  La Défense de

  5   Monsieur Cerkez ne s’oppose pas aux mesures de protection

  6   demandées.  Nous n’avons aucune demande précise ou

  7   particulière au sujet de la nature des questions à poser,

  8   que ce soit des questions directives ou non.

  9         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Bien !  Nous

 10   allons rendre l’ordonnance telle qu’elle nous a été

 11   demandée.

 12         Je vais maintenant vous prier de faire entrer le

 13   témoin dans le prétoire. 

 14         Ceci étant dit, on vient de me signaler que le

 15   moment serait bien choisi pour faire une pause.  Nous

 16   sommes à quelques minutes seulement de la pause.  Donc,

 17   peut-être serait-il plus judicieux de l’observer

 18   maintenant.

 19         Bien !  Nous entendrons le témoin après la pause

 20   et j’espère que l’on pourra en terminer de sa déposition

 21   très rapidement et avant la pause-déjeuner, en tout cas. 

 22   Nous reprendrons l’audience à 11 h 00.

 23               --- Suspension de l’audience à 10 h 27

 24               --- Reprise de l’audience à 11 h 02

 25               [Le témoin entre dans la Cour]


Page 15873

  1         LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Le pseudonyme

  2   pour le prochain témoin sera « Témoin AP ».

  3         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Le témoin

  4   peut-il prêter serment, s’il vous plaît ?  Veuillez vous

  5   lever pour prêter serment.

  6         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je déclare

  7   solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et

  8   rien que la vérité.

  9         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Madame Somers.

 10         TÉMOIN :  TÉMOIN AP (ASSERMENTÉE)

 11         INTERROGÉE PAR Me SOMERS

 12         (interprétation) :  

 13         Q.    Témoin AP, la Chambre de première instance et

 14   les conseils de la Défense ont été informés du fait que

 15   votre déclaration de témoin sera acceptée comme

 16   interrogatoire principal.  J’ai apporté deux corrections et

 17   je vais traiter de quelques sujets très brièvement.  Je

 18   vous demanderai également d’identifier quelques pièces à

 19   conviction et puis c’est ainsi que nous pourrons procéder

 20   rapidement.

 21         Témoin AP, en ce qui concerne la plus grande

 22   partie de votre interrogatoire, votre déclaration portait

 23   sur l’attaque du HVO contre Gacice et je vous demanderais

 24   maintenant d’identifier brièvement quelques pièces à

 25   conviction. 


Page 15874

  1         Me SOMERS (interprétation) :  Je demanderais

  2   l’aide de l’huissier afin de vous montrer les pièces à

  3   conviction 1773 et 1771 aussi pour que vous puissiez les

  4   identifier rapidement et puis si vous souhaitez apporter

  5   des explications, faites-le mais brièvement si possible. 

  6   Merci.

  7         Le nom protégé figure sur le document.  Donc,

  8   veuillez ne pas le placer sur le rétroprojecteur et en ce

  9   qui concerne tous les documents portant le nom de ce

 10   témoin, je demanderais qu’ils soient placés sous scellés.

 11         Je demanderais également de l’aide de l’huissier

 12   et j’indique à la greffière d’audience que le résumé de ce

 13   témoin constitue la pièce à conviction 1771.2.

 14         Q.    Si vous examinez rapidement maintenant la

 15   pièce à conviction 1773, est-ce que vous pourriez expliquer

 16   aux Juges de quoi il s’agit ?

 17         R.    C’est une carte dessinée à la main, la carte

 18   de Greblje qui se trouvait dans le village de Gacice.

 19         Q.    C’est quoi Greblje ?

 20         R.    Greblje, c’est le cimetière où on enterrait

 21   les musulmans du village de Gacice.  Ce qui figure à côté

 22   de la barrière était un endroit creusé, une tombe pour

 23   plusieurs corps, plusieurs cadavres.

 24         Q.    Vous avez dit dans votre déclaration qu’il y

 25   a eu plusieurs enterrements organisés par des soldats du


Page 15875

  1   HVO, donc plusieurs corps ont été enterrés après Ahmici. 

  2   Est-ce que ceci s’est produit à cet endroit, ces

  3   enterrements-là ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Est-ce que c’est vous qui avez dessiné ce

  6   plan, cette esquisse ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Vous avez mentionné également, concernant à

  9   la fois l’attaque et la présence de la HV ou bien des

 10   soldats du HVO, que vous avez remarqué clairement plusieurs

 11   insignes.  Veuillez maintenant examiner la pièce à

 12   conviction Z1530 et puis 1790…. 2790 (se reprend

 13   l’interprète).

 14         Est-ce qu’il s’agit là… pardon, je vais attendre

 15   avant que ces documents vous soient remis.

 16         [Hors microphone]  Excusez-moi.

 17         Si vous examinez la pièce à conviction 1530, dans

 18   votre déclaration, vous avez dit que vous avez vu des

 19   insignes arborant le nom de « Vitezovi ».  Est-ce que ceci

 20   reflète ce que vous avez vu ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Vous avez vu également, conformément à la

 23   pièce à conviction 2790, la lettre « U » sur un insigne, à

 24   savoir donc la lettre symbolisant le signe de Oustashis. 

 25   Est-ce que cette photographie reflète cet insigne ?


Page 15876

  1         R.    Oui.  Sur la photo, nous voyons les insignes

  2   des soldats que portaient les soldats à Vitez, et également

  3   le jour de l’attaque contre notre village, ils avaient

  4   surtout ces insignes, les insignes de la HV et du HVO.

  5         Me SOMERS (interprétation) :  Veuillez maintenant

  6   montrer au témoin la pièce à conviction 1763, s’il vous

  7   plaît.

  8         Q.    Vous avez dit dans votre déclaration qu’il y

  9   avait une inscription sur la Maison des Jeunes de Gacice

 10   qui reflétait les symboles Oustashis.  Est-ce que cette

 11   photographie représente de manière précise ce que vous avez

 12   vu sur la Maison des Jeunes à Gacice ?

 13         R.    Oui, sauf que je souhaite expliquer également

 14   que de l’autre côté de la même Maison des Jeunes, il y

 15   avait une croix gammée.

 16         Q.    Il y avait également la lettre « U »,

 17   l’inscription de « Herceg-Bosna » et puis l’inscription

 18   « Za Dom Spremni » :  Est-ce exact ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    Veuillez maintenant voir quelques autres

 21   photos de Gacice. 

 22         Me SOMERS (interprétation) :  Il s’agit des pièces

 23   à conviction Z1760, Z1761.  Il s’agit des photos qui sont

 24   parmi les dernières de la liasse de documents.  Donc,

 25   également 1772, 1770.1 et 1770.2, également 1770.3.


Page 15877

  1         Q.    Est-ce que vous pouvez les examiner

  2   rapidement et nous dire ce qu’elles représentent ?  En

  3   fait, c’est expliqué dans la légende mais nous voyons

  4   également votre nom.  Donc, le document restera sous

  5   scellé.  Donc, est-ce que ceci représente Gacice ?

  6         R.    Il s’agit des maisons musulmanes de Gacice

  7   qui ont brûlé le 20 avril 1993.  Toutes les maisons étaient

  8   musulmanes.

  9         Q.    Est-ce qu’il y a une photo de la mosquée

 10   également ?

 11         R.    Oui.  1760 représente le mekteb à Gacice.

 12         Q.    Ce mekteb a-t-il été détruit lors de

 13   l’attaque contre le village le 20 avril 1993, l’attaque

 14   effectuée par le HVO ?

 15         R.    Oui, le 20 avril.

 16         Q.    Veuillez maintenant regarder une photo, 1758. 

 17   Il s’agit d’une pierre tombale où l’on voit le nom de

 18   Fikret Hrustic.  Est-ce qu’il s’agit ici de l’endroit où

 19   Fikret Hrustic a été enterré et est-ce que c’est ce même

 20   Fikret Hrustic qui, d’après votre déclaration, a été brûlé

 21   vivant par les soldats du HVO lors de l’attaque contre

 22   Gacice le 20 avril 1993 ?

 23         R.    Oui.

 24         Me SOMERS (interprétation) :  En ce qui concerne

 25   la pièce à conviction 1771, nous pouvons voir une légende


Page 15878

  1   qui est en annexe et qui reflète le nom du témoin.  Donc,

  2   je demanderais que ce document soit placé sous scellé.

  3         Q.    Veuillez simplement dire aux Juges si ces

  4   emplacements sont indiqués de manière précise.  Donc, est-

  5   ce que vous reconnaissez cette pièce à conviction et est-ce

  6   que les annotations sont correctes ?

  7         R.    Oui.

  8         Me SOMERS (interprétation) :  Je souhaite

  9   simplement indiquer que le point 3 est le point de contrôle

 10   après le 20 avril.

 11         Q.    Ensuite, nous voyons votre maison, le lieu où

 12   les tranchées ont été creusées.  Nous voyons le cimetière

 13   et l’endroit où se trouvait la mosquée et le point 12, ce

 14   serait la direction depuis laquelle le HVO a attaqué Gacice

 15   le 20 avril 1993 :  C’est exact ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Vous avez dit que 247 civils musulmans de

 18   Gacice ont été forcés après l’attaque de marcher vers la

 19   ville de Vitez et ils ont été placés devant l’hôtel Vitez.

 20         Me SOMERS (interprétation) :  Je demanderais à

 21   l’huissier de vous montrer les pièces à conviction 2166.2

 22   et 2166.1.

 23         Je crois qu’en ce moment, vous pouvez placer cela

 24   sur le rétroprojecteur.  Nous avons une copie en couleur. 

 25   Peut-être ceci peut vous être utile.  Veuillez donc, s’il


Page 15879

  1   vous plaît, placer sur le rétroprojecteur la pièce à

  2   conviction 2166.2.

  3         Q.    Témoin AP, si vous examinez cette photo, est-

  4   ce que vous pourriez nous dire si au-dessus du mot

  5   « hôtel » –  donc, ce mot est inscrit en haut à droite –

  6   est-ce que vous pouvez nous dire ce qui est représenté ici

  7   et pourquoi est-il montré ?

  8         R.    Il s’agit là de l’hôtel Vitez à Vitez.  Le 20

  9   avril après l’attaque contre notre village, nous avons tous

 10   été amenés – donc 247 personnes – devant cet hôtel.  Nous

 11   étions assis devant pendant quelques heures, peut-être

 12   jusqu’au soir.

 13         Q.    Pourquoi est-ce qu’ils vous ont placés devant

 14   l’hôtel ?  Quelle a été l’explication fournie par les

 15   soldats du HVO qui vous ont amenés jusque là-bas depuis

 16   Gacice ?

 17         R.    Ce matin-là, nous sommes arrivés devant

 18   l’hôtel.  Ils nous ont dit qu’ils étaient pilonnés par

 19   l’armée de Bosnie-Herzégovine et que nous allions être

 20   assis devant cet hôtel au cas où l’armée de Bosnie-

 21   Herzégovine les pilonnerait.  Ils ont dit que s’ils

 22   apprennent que nous étions là, ils allaient arrêter de

 23   pilonner, et sinon, si nous étions devant l’hôtel, qu’ils

 24   allaient nous pilonner nous et non pas eux.

 25         Moi, j’étais assise dans un cratère d’obus et


Page 15880

  1   autour il n’y avait que des débris de verre brisé.  Il y

  2   avait beaucoup de soldats dans l’hôtel et devant l’hôtel,

  3   il y en avait vraiment beaucoup.  Il y a une baie vitrée

  4   dans l’hôtel, à l’entrée de l’hôtel.  Donc, nous pouvons

  5   voir ce qui se passe à l’intérieur.  Donc, nous avons pu

  6   voir que des soldats étaient d’abord à l’extérieur et

  7   ensuite, ils sont entrés.

  8         Pendant que nous étions assis, au bout d’une

  9   heure, ils ont séparé les hommes qui étaient avec nous, ils

 10   ont mis de côté les personnes âgées et handicapées, ils les

 11   ont amenées au cinéma et à l’école primaire Bratsvo i

 12   Jedinstvo à Vitez et les femmes sont restées sur place. 

 13   Ils nous ont apporté des bouteilles d’eau et du jus, et

 14   pendant qu’ils nous distribuaient cela, ils filmaient. 

 15   Mais dès qu’ils ont arrêté de filmer, ils ont ramené tout

 16   ce qu’ils avaient apporté.

 17         Q.    Témoin AP, pendant que vous veniez à Vitez à

 18   pied, est-ce que vous avez pu remarquer s’il y a eu des

 19   tirs lancés par l’armée de Bosnie-Herzégovine, et

 20   lorsqu’ils vous ont placé devant l’hôtel comme boucliers

 21   humains, est-ce que les tirs se sont arrêtés ?

 22         R.    En arrivant vers Vitez, nous avons entendu

 23   des sons de pilonnage autour.  Je ne sais pas depuis quelle

 24   direction mais les tirs n’étaient pas dirigés contre nous. 

 25   Mais pendant toute la période pendant laquelle nous étions


Page 15881

  1   assis là-bas, nous entendions des sons de pilonnage.

  2         Q.    Est-ce que l’on vous a permis de vous

  3   déplacer de cet endroit, l’endroit où vous étiez assis,

  4   afin d’empêcher le pilonnage de l’armée de Bosnie-

  5   Herzégovine contre la base du HVO ?

  6         R.    Personne ne pouvait bouger.  Personne ne

  7   pouvait se déplacer devant l’hôtel.  Ils nous regardaient

  8   depuis la fenêtre et ils pouvaient nous voir, bien sûr, et

  9   ils ont dit que si quelqu’un souhaitait se déplacer et

 10   quitter ce plateau devant l’hôtel que cette personne allait

 11   être tuée.

 12         Me SOMERS (interprétation) :  Je demanderais à

 13   l’huissier de montrer au témoin la pièce à conviction Z505

 14   qui a déjà été versée au dossier.  Il s’agit d’une série de

 15   documents.

 16         Q.    Témoin AP, dans votre déclaration vous avez

 17   mentionné certains noms, parmi lesquels Goran Krizanovic,

 18   Boro Krizanovic, Zlavko Krizanovic, Marko Krizanovic, Zarko

 19   Krizanovic, Anto Krizanovic, Zoran Bosnjak, Keka Bosnjak,

 20   Joja Bosnjak, Vlado Baskarad, Damjan Baskarad et Stjepan

 21   Krizanovic.

 22         Si vous voyez un endroit où ces noms sont

 23   mentionnés, est-ce que vous pouvez l’indiquer ?  Ça doit

 24   être marqué en couleur jaune.

 25         R.    Oui.


Page 15882

  1         Q.    Est-ce que vous pouvez nous dire où vous

  2   voyez ces noms et quels sont les noms ?

  3         R.    Veno Baskarad, Rajko Baskarad.

  4         Q.    Je crois que par la suite dans les pages

  5   suivantes, il y a parfois ces mêmes noms, mais si vous en

  6   voyez d’autres, veuillez nous le dire.

  7         R.    Baskarad, Rajiko et Veno; ensuite, Baskarad,

  8   Damjan; Baskarad, Goran; Zoran Bosnjak.

  9         Q.    À la dernière page, marqué en jaune, est-ce

 10   que vous avez vu autre chose ?  Nous allons nous arrêter

 11   là.

 12         Je souhaite attirer votre attention sur ce que

 13   vous avez dit sur le jour de marché, un samedi avant le

 14   massacre de Ahmici.  Vous avez dit que Dario Kordic était

 15   au stade de football à Vitez.  Comment est-ce que vous le

 16   saviez que Monsieur Kordic était là, qu’il devait être là ?

 17         R.    À chaque fois que Kordic venait, on le savait

 18   à Vitez puisque beaucoup d’attention était accordée à cela

 19   et à chaque fois qu’il venait, la situation détériorait

 20   dans la ville, les tensions montaient, et ce jour-là quand

 21   il est venu, tout le monde savait que Kordic venait.  Ce

 22   jour-là, j’allais au marché et je suis passée à côté du

 23   stade puisque c’était un raccourci si je prenais ce chemin-

 24   là.  Je savais que Kordic était là parce que je l’ai

 25   entendu.  J’ai entendu par le biais des haut-parleurs le


Page 15883

  1   discours tenu par Kordic devant les soldats.

  2         Q.    Donc, vous saviez qu’il était là et ensuite

  3   vous avez entendu sa voix sur les haut-parleurs.  Est-ce

  4   que vous vous souvenez brièvement de certains de ses propos

  5   de ce que vous avez entendu par les haut-parleurs ?

  6         R.    Pendant que je passais, j’ai entendu des

  7   parties de son discours, mais bien sûr, j’étais empressée. 

  8   Je ne voulais pas rester pendant longtemps et j’ai entendu

  9   son discours où il disait qu’il s’agissait d’un moment

 10   historique pour le peuple croate et pour la Croatie, l’État

 11   de Croatie, et qu’ils devaient lutter pour leur

 12   indépendance et pour leurs droits, et il saluait les

 13   soldats et les soldats le saluaient.  Il disait « Za Dom »

 14   et eux, ils répondaient « Spremni » et ils avaient recours

 15   aux mêmes salutations que celles employées dans l’armée

 16   d’Hitler.

 17         Q.    Là pour être tout à fait précis, vous avez

 18   dit un jour de marché, un samedi avant Ahmici.  Donc là,

 19   nous parlons du mois d’avril 1993 ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Cette information, c’est seulement récemment

 22   que l’on vous a demandé de la fournir ?  C’est seulement

 23   récemment lorsque vous avez rencontré des représentants du

 24   Bureau du Procureur que l’on vous a demandé de nous donner

 25   cette information, n’est-ce pas ?


Page 15884

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Je souhaite maintenant attirer votre

  3   attention brièvement sur le commentaire que Boro Krizanovic

  4   a fait devant vous concernant les unités différentes qui

  5   étaient sur place.  Il s’agit du paragraphe 38.

  6         Si j’attire votre attention à ça, est-ce que vous

  7   pourriez nous donner un commentaire concernant la manière

  8   dont Boro Krizanovic vous a mentionné le fait que les

  9   Vitezovis et la 330e [sic] brigade de Split et la 120e

 10   [sic] unité de la HV de Varazdin soutenaient l’attaque du

 11   HVO local contre Gacice ?

 12         R.    Durant cette période lorsque notre village a

 13   été incendié, nous, nous sommes restés, et un matin, Boro

 14   Krizanovic est venu et il m’a dit… on parlait tous les deux

 15   et je lui ai dit : « Comment avez-vous pu faire des choses

 16   aussi horribles ?  Nous étions des voisins.  Nous avons

 17   vécu ensemble jusqu’à hier. »  Et lui, il m’a dit que pour

 18   eux, c’était tout à fait simple, que de toute façon c’était

 19   facile pour eux de prendre le contrôle de notre village

 20   puisque c’est la 303e brigade de Split et la 125e brigade

 21   de Varazdin qui les ont aidés et il a dit qu’ils

 22   obéissaient simplement aux ordres et que si jamais on leur

 23   demandait de nous tuer tous, ils allaient le faire, et

 24   s’ils recevaient l’ordre de nous échanger, qu’ils allaient

 25   le faire.


Page 15885

  1         Q.    À l’époque, Boro Krizanovic était membre de

  2   formation militaire connue comme le HVO ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Dans le paragraphe 43, vous avez également

  5   dit qu’à un certain moment en Bosnie, vous avez eu

  6   l’occasion de serrer la main de Dario Kordic.  Est-ce que

  7   vous pourriez nous dire quelque chose sur les circonstances

  8   dans lesquelles ceci s’est produit ?

  9         R.    Je m’en souviens.  Ce jour-là, le Président

 10   Tudjman est venu de Croatie afin d’inaugurer l’hôpital à

 11   Nova Bila et Kordic est venu afin d’accueillir le Président

 12   Tudjman.  Il est venu en hélicoptère ce jour-là.  À ce

 13   moment-là, je travaillais dans la FORPRONU et nous aussi

 14   nous sommes venus afin d’assurer le transport du Président

 15   de l’aéroport jusqu’à l’hôpital.  C’est à ce moment-là que

 16   j’ai rencontré Kordic.  L’officier pour qui je travaillais

 17   s’est approché de Kordic et lui a serré la main.  Moi

 18   aussi, je lui ai serré la main et puis on parlait aussi

 19   d’autres choses nécessaires pour préparer le séjour du

 20   Président.  Nous n’avions pas un autre véhicule blindé pour

 21   lui et il était très déçu et en colère parce que nous

 22   n’avions pas trouvé un meilleur véhicule pour lui.

 23         Q.    Est-ce que vous pouvez nous dire quelle était

 24   votre fonction au sein de la FORPRONU à l’époque et pendant

 25   combien de temps vous avez travaillé pour la FORPRONU et


Page 15886

  1   ensuite pour les unités qui ont succédé la FORPRONU en

  2   Bosnie ?

  3         R.    J’ai travaillé pour le bataillon britannique

  4   comme interprète pendant environ trois ans.

  5         Me SOMERS (interprétation) :  J’indique à

  6   l’intention de la Chambre et du conseil de la Défense que

  7   l’on a mentionné également ce jour de marché dans le

  8   paragraphe 20.  Excusez-moi de ne pas l’avoir indiqué plus

  9   tôt.

 10         Q.    Un instant s’il vous plaît.  Pour finir, je

 11   souhaite parler de deux ou trois autres points.

 12         Maintenant, je demanderais à l’huissier – j’aurais

 13   dû le faire au début, cela dit – mais l’huissier va vous

 14   montrer un papier où un nom est inscrit et veuillez

 15   simplement dire par « oui » ou « non » s’il s’agit de votre

 16   nom.  Veuillez dire à haute voix « oui » ou « non ».

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Pour finir, est-ce que tout ce que vous avez

 19   dit et ce qui figure dans ce résumé de déclaration est

 20   vrai, pour autant que vous le sachiez et croyiez ?

 21         R.    Oui.

 22         Me SOMERS (interprétation) :  Merci.

 23         Je n’ai plus de questions pour ce témoin.

 24         Me MIKULICIC (interprétation) :  Si vous me le

 25   permettez, Monsieur le Président, c’est la Défense de


Page 15887

  1   Monsieur Cerkez qui souhaite contre-interroger le témoin

  2   d’abord, suite à notre accord, à l’accord passé entre les

  3   deux Défenses.

  4         M. LE PRÉSIDENT :  Oui, allez-y.

  5         Me MIKULICIC (interprétation) :  Merci.

  6         CONTRE-INTERROGÉE PAR Me MIKULICIC

  7         (interprétation) : 

  8         Q.    Témoin AP, je m’excuse de ce manque de

  9   courtoisie mais ceci se fait afin de protéger vos intérêts. 

 10   Je m’appelle Goran Mikulicic et je représente Mario Cerkez

 11   avec mon collègue Monsieur Kovacic.

 12         Vous avez donné plusieurs déclarations aux

 13   enquêteurs de ce Tribunal et vous avez également donné une

 14   déclaration le 21 octobre 1994.  Avant cette date, est-ce

 15   que vous avez également fait des déclarations auprès d’un

 16   certain organe ?

 17         R.    Je ne sais pas de quel organe vous parlez.

 18         Q.    Je vous demande cette question parce que dans

 19   votre première déclaration du 21 octobre 1994, il est

 20   indiqué que vous avez donné une seule déclaration

 21   précédemment.

 22         R.    C’est possible, mais vraiment, je ne m’en

 23   souviens pas.

 24         Q.    Vous ne vous en souvenez pas ?  Très bien !

 25         Témoin AP, votre village, le village dans lequel


Page 15888

  1   vous avez vécu au moment des faits, c’est-à-dire vers la

  2   deuxième moitié de l’année 1992 et la première moitié de

  3   l’année 1993, quelle était la constitution ethnique de ce

  4   village ?

  5         R.    C’était environ 50 pour cent de musulmans, 50

  6   pour cent de Croates et une famille serbe.

  7         Q.    Est-ce que vous seriez d’accord avec la

  8   donnée reçue par une personne qui a travaillé dans votre

  9   communauté locale pendant 18 ans – je ne vais pas citer son

 10   nom puisqu’il a le même nom de famille que vous – il a dit

 11   que 378 habitants vivaient à Gacice, dont 206 musulmans et

 12   169 Croates et trois Serbes ?

 13         R.    Vraiment, je ne connais pas les données

 14   exactes.

 15         Q.    Vous avez dit que les rapports entre les

 16   Croates et les musulmans étaient corrects avant ces

 17   incidents ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    C’est vers la mi-1993 que les deux groupes

 20   ont commencé à se séparer et vous vous êtes répartis en

 21   deux entités dans le village, d’un côté les Croates et de

 22   l’autre les musulmans ?

 23         R.    Oui, mais en ce qui concerne les séparations

 24   et les tensions, ceci a commencé même avant l’année 1993.

 25         Q.    Madame AP, est-ce que vous vous souvenez que


Page 15889

  1   dans le village, des gardes villageoises ont été montées

  2   constituées à la fois des uns et des autres ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Par la suite, ils se sont divisés en gardes

  5   villageoises croates et musulmanes et les Croates gardaient

  6   la partie croate et les musulmans la partie musulmane du

  7   village ?

  8         R.    Les Croates étaient surtout dans la Maison

  9   des Jeunes.  C’est là qu’ils gardaient leurs armes, dans la

 10   cave de cet immeuble.

 11         Q.    Vous avez dit que vers la fin 1992, on a

 12   pratiquement imposé la langue croate à l’époque ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Est-ce que vous pouvez me dire quelle était

 15   la langue employée par les Croates de votre village ?

 16         R.    Dans mon village, ils parlaient le

 17   serbo/croate.

 18         Q.    Les Bosniens, quelle est la langue qu’ils

 19   parlaient dans votre village ?

 20         R.    La même.

 21         Q.    D’après vous, quelle est la différence entre

 22   la langue bosniaque et croate ?  Est-ce que les gens se

 23   comprennent bien en parlant ces deux langues ?

 24         R.    S’ils le veulent, ils peuvent se comprendre

 25   sans problème.


Page 15890

  1         Q.    Est-ce qu’il est exact de dire que mises à

  2   part certaines constructions différentes, certaines

  3   structures grammaticales différentes, il n’y a pas de

  4   différence parmi ces deux langues, qu’il s’agit

  5   pratiquement d’une même langue ?

  6         R.    Pratiquement.

  7         Q.    Vous avez dit également, en parlant de la

  8   deuxième moitié de l’année 1992, que les Croates ont

  9   commencé à hisser leur propre drapeau ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Il s’agit du drapeau avec le damier ?

 12         R.    Oui.  Il s’agit du drapeau croate avec le

 13   symbole croate.

 14         Q.    Est-ce que vous pouvez remarquer la

 15   différence entre le drapeau de l’État croate et le drapeau

 16   de la Communauté croate de Herceg-Bosna ?  Est-ce que vous

 17   savez quelle est la différence entre ces deux ?

 18         R.    En ce moment, je ne sais plus mais je suis

 19   sûre qu’à l’époque, je le savais.

 20         Q.    Donc, les Croates ont lié leurs sentiments à

 21   ce drapeau avec le damier ?

 22         R.    Les Croates à Vitez ont introduit la monnaie

 23   de l’État de Croatie, ils hissaient les drapeaux…

 24         Q.    Pour le moment, nous parlons des drapeaux.

 25         R.    Oui.


Page 15891

  1         Q.    D’autre part, les musulmans ont été liés

  2   sentimentalement au drapeau avec les lys ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    D’autre part, est-ce que vous savez que

  5   l’entité serbe de Bosnie-Herzégovine était liée à un

  6   drapeau qui était différent de ces deux drapeaux ?

  7         R.    Oui, mais à Vitez, ni le drapeau serbe, ni le

  8   drapeau musulman n’ont jamais été hissés.  Il n’y avait que

  9   le drapeau croate.

 10         Q.    Très bien !  Nous pouvons dire que les trois

 11   peuples vivant en Bosnie étaient liés à leurs trois

 12   drapeaux respectifs ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Vous avez vécu dans le village et vous

 15   connaissiez un grand nombre de vos voisins.  Vous les avez

 16   mentionnés d’ailleurs.  Vous avez mentionné parmi les

 17   autres Boro Krizanovic.  Le connaissez-vous ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Dites-moi, compte tenu des rapports qui

 20   prévalaient dans le village, est-ce qu’il était connu comme

 21   quelqu’un qui buvait beaucoup d’alcool ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Témoin AP, dans votre déclaration, vous avez

 24   dit que vous avez vu un grand trou, une sorte de grande

 25   tranchée creusée par une pelleteuse.  Vous vous en


Page 15892

  1   souvenez ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Vous avez mentionné également que certains

  4   corps ont été enterrés dans cette tranchée ?

  5         R.    Ce n’était pas une tranchée.  Il s’agissait

  6   d’une fosse commune large de deux mètres et longue

  7   d’environ 40 et puis profonde d’environ un demi mètre.

  8         Q.    Est-ce que vous vous souvenez quand ceci

  9   s’est passé par rapport à l’attaque ?

 10         R.    Je me souviens que c’était vers la fin du

 11   mois d’avril ou bien le début du mois de mai.

 12         Q.    Si je vous dis que l’un de vos voisins a dit

 13   aux enquêteurs de ce Tribunal que le 23 avril, Boro

 14   Krizanovic et Darko Kraljevic lui ont montré cette tranchée

 15   et qu’elle était vide et qu’ils l’ont remplie, qu’est-ce

 16   que vous pouvez dire à cela ?

 17         R.    Je ne sais rien en ce qui concerne cela mais

 18   moi, j’ai vu de mes propres yeux qu’ils plaçaient des corps

 19   à l’intérieur.

 20         Q.    Quelles étaient les armes employées par la

 21   garde villageoise ?

 22         R.    De quel côté ?

 23         Q.    Bosnien.

 24         R.    Ils avaient des Kalashnikovs et des fusils de

 25   chasse.


Page 15893

  1         Q.    Est-ce que vous savez à peu près combien de

  2   personnes disposaient d’armes ?

  3         R.    Je ne sais pas mais je sais que très peu de

  4   personnes les avaient et qu’ils avaient des Kalashnikovs

  5   qu’ils avaient reçus de la Défense territoriale lorsqu’ils

  6   allaient se battre contre les Serbes.  Donc, lorsqu’ils

  7   rentraient des lignes de front, certains d’entre eux

  8   portaient leurs Kalashnikovs, mais puisqu’il n’y avait pas

  9   suffisamment d’armes, certains d’entre eux devaient laisser

 10   leurs armes sur place sur les lignes de front pour les

 11   autres combattants contre les Serbes.

 12         Me MIKULICIC (interprétation) :  Je vais attendre

 13   la fin de l’interprétation.

 14         Q.    Est-ce que vous savez, Madame, par hasard, la

 15   déclaration de cette même personne donc qui était le

 16   commandant de la Défense territoriale qui a dit que deux

 17   mortiers se trouvaient dans le village et que les musulmans

 18   disposaient d’environ 38 fusils, est-ce que ceci est

 19   conforme à vos souvenirs ?

 20         R.    Je ne sais pas.

 21         Q.    Dans cette partie du village où les Bosniens

 22   s’étaient retirés, est-ce qu’il y a eu certaines

 23   fortifications, des blockhaus, des tranchées dans cette

 24   partie du village ?

 25         R.    Non.


Page 15894

  1         Q.    Ce même Monsieur dont il a été question avait

  2   dit qu’il y avait un certain nombre de tranchées qui ont

  3   été creusées et qu’il y avait également une fortification,

  4   un blockhaus qui était au centre-ville ?

  5         R.    Oui.  C’était juste en contrebas par rapport

  6   à la maison de Hasim Hrustic.

  7         Q.    Au moment de l’offensive, de l’attaque,

  8   pourriez-vous nous dire combien il y avait d’hommes dans le

  9   village ?

 10         R.    En ce qui concerne les hommes en âge de

 11   combattre, ils étaient 25 à peu près.

 12         Q.    Est-ce que vous savez qu’un certain nombre

 13   d’hommes se sont retirés dans la forêt pendant l’attaque et

 14   que d’autres se sont remis aux soldats du HVO ?

 15         R.    Oui, je m’en souviens.

 16         Q.    Conviendrez-vous avec moi qu’en mentionnant

 17   la déclaration de votre époux qui s’est retiré à la forêt,

 18   qu’il y avait une quarantaine d’hommes qui se sont retirés

 19   dans la forêt et que les 15 se sont remis aux soldats du

 20   HVO ?  Est-ce que vous serez d’accord avec moi ?

 21         R.    Je ne sais pas combien ils étaient dans la

 22   forêt.  Je sais qu’il y avait un groupe de personnes qui se

 23   sont retirées dans la forêt.  Il y avait mon mari

 24   également.  Ils étaient une quinzaine à peu près.

 25         Q.    Par conséquent, ce qu’il avait dit, qu’ils


Page 15895

  1   étaient une quarantaine, ce n’est pas vrai ?

  2         R.    Je ne dis pas que ce n’est pas exact.  Je dis

  3   tout simplement que j’ai vu le groupe dans lequel il était. 

  4   J’ai vu donc tout simplement ce groupe à partir de la

  5   maison où j’étais.

  6         Q.    J’ai compris.  Par conséquent, cette attaque

  7   tragique qui a eu lieu, qui vous a frappée vous-même,

  8   d’autres villageois également, vous avez dit que ce

  9   Monsieur dont il a été question était connu également dans

 10   le village comme une personne qui était plutôt disposée à

 11   l’alcool.  Vous avez parlé également d’un certain nombre

 12   d’unités croates.  Vous avez parlé de la 303e de Split et

 13   125e de Varazdin.

 14         Si je vous disais que de telles brigades

 15   n’existent pas sous cette désignation et que ce n’est pas

 16   vrai, comment vous l’auriez commenté étant donné la source

 17   d’où vous détenez ces informations ?

 18         R.    Je ne sais pas si ces brigades existaient sur

 19   le plan juridique mais je sais que des unités de Croatie

 20   étaient chez nous.  Quelles étaient les raisons pour

 21   lesquelles Boro les avait inventées, comme je l’ai dit, je

 22   ne sais pas.

 23         Q.    De toute façon, votre source d’information,

 24   c’est Boro, n’est-ce pas ?

 25         R.    Oui.  Les gens qui étaient dans le village ce


Page 15896

  1   jour-là, ceux qui étaient également avant, nous pouvons

  2   faire la différence entre nous selon l’accent dans notre

  3   parler.

  4         Q.    Entendu !  Vous avez dit également que lors

  5   de cette attaque, il y avait l’unité des Vitezovis.  Est-ce

  6   que vous savez qui était le commandant des Vitezovis ?

  7         R.    Non.

  8         Q.    Est-ce que vous savez qui est Darko

  9   Kraljevic ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Est-ce que c’est la personne qui vous a

 12   demandé de vous rendre devant l’hôtel de Vitez ?

 13         R.    Je n’ai pas vu Darko Kraljevic, mais de toute

 14   façon, il était peut-être dans le groupe mais moi, je ne

 15   pouvais pas le reconnaître.  Donc, je ne peux pas vous

 16   dire.

 17         Q.    À ce moment-là, dans le compte rendu, quand

 18   je vous ai posé la question si vous connaissiez Darko

 19   Kraljevic, vous avez dit oui.  À ce moment-là, il y a

 20   quelque chose qui ne va pas.

 21         R.    J’ai entendu parler de Monsieur Darko

 22   Kraljevic et je ne le connais pas en personne.

 23         Q.    Entendu !  Je vous ai comprise.

 24         Madame AP, vous nous avez cité un certain nombre

 25   de noms de vos voisins que vous avez reconnus lors de


Page 15897

  1   l’attaque.  Vous nous avez dit également que vous avez

  2   entendu les personnes parler avec un accent et vous saviez

  3   qu’ils étaient venus de l’extérieur ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Vous voulez dire qu’ils sont arrivés

  6   d’Herzégovine, par exemple ?

  7         R.    Parmi ces gens-là, il y en avait beaucoup que

  8   j’ignorais.  Je sais qu’ils n’étaient pas de notre village

  9   et je sais qu’ils avaient un autre accent.  Je suppose

 10   qu’ils sont arrivés d’Herzégovine.

 11         Q.    Madame AP, est-ce vous connaissez le village

 12   Garici ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Par rapport au village Gacice, quelle est la

 15   distance entre donc Gacice d’un côté et Garici de l’autre ? 

 16   Ce sont deux villages qui se joignent pratiquement, n’est-

 17   ce pas ?

 18         R.    Oui, vous avez raison.

 19         Q.    Vous avez parlé également d’une autre

 20   personne dénommée Kreso Garic.  Vous avez dit que vous

 21   n’avez jamais fait connaissance de ce Monsieur ?

 22         R.    J’ai dit que je ne l’ai pas vu auparavant

 23   mais je l’ai vu par la suite.

 24         Q.    Est-ce que c’est vous-même qui l’avez vu au

 25   moment où il y avait l’attaque qui a été organisée contre


Page 15898

  1   votre village ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Est-ce que vous vous souvenez quel était

  4   l’uniforme qu’il portait ?

  5         R.    Je me souviens qu’il portait un casque, un

  6   gilet pare-balles et un uniforme de camouflage.

  7         Q.    Vous avez pu également voir les insignes

  8   qu’il arborait ?

  9         R.    Je ne m’en souviens pas maintenant.  Excusez-

 10   moi.

 11         Q.    Madame AP, j’ai dit que le commandant de TO

 12   dans le village a parlé de ces événements.  Il n’a jamais

 13   dit qu’il avait vu les membres de la République de Croatie

 14   dont Boro Krizanovic vous a parlé au moment où l’attaque

 15   s’est produite sur le village.  Est-ce que vous pouvez

 16   faire votre commentaire ?

 17         R.    Moi, j’ai vu les soldats arborant les

 18   insignes HV au moment où l’attaque a eu lieu.

 19         Q.    Vous en avez vu combien, s’il vous plaît ?

 20         R.    Je ne les ai pas comptés.

 21         Q.    C’était les personnes de Herzégovine ou bien

 22   éventuellement c’était les personnes qui parlaient votre

 23   langue avec l’accent que vous connaissez ?

 24         R.    Il y en avait qui parlaient avec le même

 25   accent, d’autres avec un accent qui n’est pas le nôtre.


Page 15899

  1         Q.    Est-ce que vous savez, Madame, que les gens

  2   de votre village et des alentours de votre village, au

  3   moment ou la guerre a commencé en Croatie, étaient partis

  4   en Croatie pour justement joindre les unités croates et

  5   lutter, combattre les formations de l’ex-JNA ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Est-ce que vous savez que c’était des unités

  8   également qui retournaient en Bosnie au moment où la guerre

  9   a commencé en Bosnie ?

 10         R.    Oui.

 11         Me MIKULICIC (interprétation) :  Madame AP, je

 12   vous remercie. 

 13         Monsieur le Président, je n’ai plus de questions.

 14         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Merci, Monsieur

 15   le Président.

 16         CONTRE-INTERROGÉE PAR

 17         Me NAUMOVSKI (interprétation) : 

 18         Q.    Madame AP, je vais me présenter.  Je suis

 19   Mitko Naumovski.  Ensemble avec mon confrère Sayers, je

 20   défends le premier accusé, Dario Kordic, et je vais vous

 21   poser quelques questions étant donné que mon confrère

 22   Mikulicic a pratiquement épuisé les questions que je

 23   pensais vous poser.

 24         Quelques détails au sujet de la formation qui a

 25   été localisée, stationnée dans votre village.  Nihad, pour


Page 15900

  1   ne pas parler du nom, disposait d’une Motorola, n’est-ce

  2   pas ?

  3         R.    Non, je ne sais pas.

  4         Q.    Vous avez déjà déposé dans une autre affaire

  5   et je pense justement qu’il y a eu certaines différences

  6   entre vos deux dépositions et je me souviens que vous avez

  7   parlé qu’il ne s’agissait pas véritablement d’un émetteur

  8   radio mais qu’il s’agissait plutôt d’une Motorola.

  9         R.    Il n’est pas impossible que je l’aie dit.

 10         Q.    Je voulais tout simplement préciser qu’il

 11   avait communiqué avec son siège à Stari Vitez.

 12         R.    Non.  Le jour où nous avons été attaqués,

 13   nous n’avons pu communiquer, ni contacter qui que ce soit.

 14         Q.    Il y a un autre sujet qui m’intéresse et qui

 15   concerne Monsieur Kordic et c’est la raison pour laquelle

 16   le mieux c’est d’entrer dans le vif du sujet.

 17         Madame AP, vous n’avez jamais entendu, n’est-ce

 18   pas, que Monsieur Kordic ait menacé qui que ce soit et

 19   qu’il l’a fait en passant par les masses médias ?  Il n’a

 20   jamais menacé qui que ce soit, n’est-ce pas, au sujet des

 21   événements de Ahmici en octobre 1992 ?

 22         R.    Non.  Il n’a jamais dit qu’il allait attaquer

 23   Ahmici bien évidemment, mais il a appelé en permanence son

 24   peuple pour se défendre.  Il n’a fait que ça.

 25         Q.    Vous n’avez jamais entendu dire publiquement


Page 15901

  1   Kordic que Darko Kraljevic ou quelqu’un d’autre était

  2   responsable pour le camion piège à Stari Vitez, n’est-ce

  3   pas ?

  4         R.    Non.

  5         Q.    Vous n’avez jamais entendu parler non plus

  6   qu’il a proféré des injures sur les musulmans ?

  7         R.    Non, mais jamais il ne disait du bien sur le

  8   peuple musulman.  Selon les propos, selon les déclarations,

  9   selon tout ce qu’il avait dit à la radio, à la télévision,

 10   il invitait tout le temps le peuple croate pour se défendre

 11   et il n’a jamais fait appel à qui que ce soit.  Il a

 12   toujours parlé des frontières historiques qu’il fallait

 13   défendre et il a souvent également dit qu’il se rendait

 14   souvent à Zagreb pour des réunions différentes.

 15         Q.    Madame le Témoin AP, vous répondez à une

 16   question mais vous ne connaissez pas vous-même.  Ce n’est

 17   pas vos propres connaissances ?  Vous n’avez jamais entendu

 18   tout cela ?

 19         R.    Non, vous n’avez pas raison.  C’est moi qui

 20   l’ai entendu.

 21         Q.    Au moment où vous avez donné la déclaration

 22   le 21 octobre 1994, vous avez dit : « Moi personnellement,

 23   je n’ai jamais entendu Monsieur Kordic quand il a parlé » ?

 24         R.    Moi, j’ai dit que je n’ai pas vu à la

 25   télévision Monsieur Kordic.  Je n’ai pas suivi l’ensemble


Page 15902

  1   de son discours mais j’ai entendu des parties de son

  2   discours.

  3         Q.    Vous êtes explicite et je cite : « Je ne l’ai

  4   jamais entendu personnellement. »  Fin de citation.

  5         R.    Mais c’est vrai, je n’ai pas entendu en

  6   entier son discours à la télévision.

  7         Q.    Par conséquent, ce que vous avez dit aux

  8   enquêteurs du Tribunal, moi, j’ai déduit que vous supposez

  9   que les visites de Monsieur Kordic à Vitez avaient quelque

 10   chose à faire avec les tensions à Vitez ?

 11         R.    Non, mais on savait très bien quand Kordic

 12   allait se rendre à Vitez et il y avait des tensions.  On

 13   les sentait chaque fois quand Kordic s’y rendait.  Mes

 14   voisins croates, les gens avec lesquels je travaillais

 15   auparavant disaient : « Hier, Kordic était à tel et tel

 16   endroit.  Il s’est rendu à telle et telle place », et

 17   cætera.

 18         Q.    Maintenant, nous allons parler quelque peu de

 19   cet événement dont il a été déjà question et qui a eu lieu

 20   samedi avant les événements de Ahmici en 1993.

 21         R.    Oui.  C’était un samedi et c’était avant

 22   l’attaque de Ahmici.

 23         Q.    C’est un samedi ou bien le samedi précédant

 24   Ahmici ?

 25         R.    Un samedi.  Je ne me souviens pas combien par


Page 15903

  1   rapport à Ahmici.

  2         Q.    Vous pouvez nous dire quel était le mois ?

  3         R.    Non.

  4         Q.    Est-ce que vous vous souvenez que c’était en

  5   1993 ?

  6         R.    Oui.  Je sais que ceci s’est passé avant

  7   Ahmici.  Je ne peux pas vous donner la date exacte.  Je ne

  8   suis pas capable de vous répondre avec précision car à

  9   cette époque-là, on ne savait pas que Ahmici allait se

 10   produire… enfin que l’événement allait se produire et c’est

 11   la raison pour laquelle je ne pensais pas…

 12         Q.    Excusez-moi, je vous ai interrompue, mais

 13   ceci est extrêmement important.  Est-ce que vous pouvez

 14   nous dire si c’était avant le 1er de l’an 1993 ou c’était

 15   fin 1992 ?  Est-ce que vous pouvez, à titre d’orientation,

 16   dire à quel moment c’était ?

 17         R.    Je pense que c’était après mais je ne peux

 18   pas vous l’affirmer.

 19         Q.    Vous avez dit que vous alliez au marché. 

 20   C’était un samedi.  Vous êtes passée à côté du stade.  Vous

 21   avez pu voir également ce qui se passait sur le stade, ce

 22   qui s’y passait, et cætera.  Ce n’était pas un stade qui

 23   était clôturé, n’est-ce pas ?  Ce n’était pas fermé ?

 24         R.    Oui.  Il y avait une clôture, mais de toute

 25   façon, on pouvait voir à travers la clôture, tout au moins


Page 15904

  1   d’un côté.  On ne pouvait pas bien évidemment voir tout,

  2   tout ce qui se passait, mais on pouvait voir l’armée, on

  3   pouvait voir les soldats.  Il y avait quelques tribunes

  4   également qu’on pouvait voir.

  5         Q.    Est-ce qu’il y avait une tribune solennelle ? 

  6   Vous voyez, quand il y a une manifestation qu’on organise,

  7   il y a toujours une tribune pour les personnalités, et

  8   cætera.

  9         R.    Je ne m’en souviens pas.

 10         Q.    Est-ce que vous savez de quelle manifestation

 11   s’agissait-il, quelle était l’occasion ?

 12         R.    Non.

 13         Q.    Vitez n’est pas une grande ville et par

 14   conséquent, vous auriez pu en entendre parler.  Vous ne

 15   saviez pas ce qui se passait ?

 16         R.    Non.  Je l’ignorais absolument parce qu’il y

 17   en avait beaucoup et il y avait une série de manifestations

 18   différentes.

 19         Q.    Pourriez-vous nous dire également combien de

 20   personnes il y avait ?  Est-ce que vous avez vu à peu près

 21   les gens qui étaient présents ?

 22         R.    Non, je n’ai pas pu voir toutes les personnes

 23   qui étaient présentes.  J’ai vu quelques tribunes.  Comme

 24   je l’ai dit, j’ai entendu beaucoup de voix et je sais

 25   qu’ils saluaient.  Ils disaient : « Prêts pour la patrie. » 


Page 15905

  1   Je pense qu’il y en avait une centaine, même plus qu’une

  2   centaine qui répétaient à la fois : « Prêts pour la

  3   patrie. »

  4         Q.    Vous parlez pour la deuxième fois de la

  5   tribune.  Ceux qui saluaient, ils étaient sur les tribunes

  6   ou…

  7         R.    Oui.  Je pense, oui.

  8         Q.    Est-ce que vous-même, vous avez vu en

  9   personne, de vos propres yeux Monsieur Kordic ?

 10         R.    Non.

 11         Q.    Votre conclusion, vous la fondez sur la

 12   reconnaissance de sa voix soi-disant ?

 13         R.    Sur ce qui nous a été dit également.  C’était

 14   les voisins croates qui nous ont dit que Tudjman était

 15   venu, qu’il avait eu un bon discours, qu’il avait parlé

 16   très, très bien sur tout ce qui se passait.

 17         Q.    Vous avez parlé du Président Tudjman.  De

 18   toute façon, je ne suis pas arrivé encore là.

 19         En ce qui me concerne, je suis intéressé à ce

 20   samedi, ce samedi du marché, à ces événements qui ont eu

 21   lieu sur le stade.  Qui vous a dit que Monsieur Kordic

 22   était sur place ce jour-là ?

 23         R.    Je ne me souviens pas exactement qui me l’a

 24   dit mais je sais que tous ont raconté ce qui s’est passé,

 25   aussi bien les musulmans que les Croates.  Les musulmans,


Page 15906

  1   ils avaient peur.  En revanche, les Croates, ils parlaient

  2   de ce qui s’est passé sur le stade et ils ont dit également

  3   qu’il s’y est rendu, mais ils n’avaient aucune crainte, les

  4   Croates, ce qui n’était pas le cas des musulmans.

  5         Q.    Si je vous comprends bien, vous vous fondez

  6   sur ce que vous avez entendu parler par les gens de Vitez,

  7   n’est-ce pas ?

  8         R.    Oui.  Il y a la voix qu’on a pu reconnaître

  9   également et il y a un certain nombre de choses qui m’ont

 10   été racontées par la suite par les gens, par les voisins,

 11   aussi bien les Croates que les musulmans.

 12         Q.    De toute façon, vous-même, vous ne pouvez pas

 13   exclure la possibilité quand même qu’il y avait

 14   éventuellement la radio ?

 15         R.    Bien évidemment, c’est possible qu’on diffuse

 16   un discours, mais je ne vois pas pourquoi les gens auraient

 17   fait autant de commentaires s’il n’y avait tout simplement

 18   que quelque chose qui a été diffusé et que c’était une

 19   émission de la radio.

 20         Q.    Vous avez entendu pendant combien de temps ce

 21   discours ?

 22         R.    C’était sur la route vers Vitez et pendant

 23   une demi-heure, par les haut-parleurs, on a pu suivre ce

 24   discours.

 25         Q.    Vous-même, vous l’avez suivi ?


Page 15907

  1         R.    Non.  Je ne me suis pas arrêtée pour écouter,

  2   mais de toute façon, j’ai pu appréhender la voix ou

  3   également suivre le discours pendant quelques minutes.

  4         Q.    Madame le Témoin AP, est-ce que vous savez

  5   qu’il y avait d’autres manifestations également qui ont eu

  6   lieu sur ce stade ?  Est-ce que vous-même, vous avez vu un

  7   certain nombre d’autres manifestations ?

  8         R.    Il y avait souvent de tel type de

  9   manifestations.  Je ne sais pas si vous pensez à la guerre

 10   ou autre chose.

 11         Q.    Non, mais je parle de la période qui a

 12   précédé la guerre.

 13         R.    Avant, il y avait des chanteurs qui se

 14   rendaient sur le stade.  Il y avait le football également.

 15         Q.    Non, excusez-moi, ce n’est pas à ça que je

 16   pensais.  Je pensais tout à fait concrètement si vous êtes

 17   au courant qu’il y avait une prestation de serments qui a

 18   été organisée à l’intention des soldats du HVO et que

 19   c’était en été 1992.

 20         R.    En ce moment, je ne peux pas m’en souvenir

 21   exactement, mais je sais qu’il y avait la prestation de

 22   serments qui a été organisée sur le stade.

 23         Q.    Est-ce que l’événement dont vous parlez et

 24   qu’on va situer en 1992, 1993 éventuellement, est la

 25   prestation de serments ?  J’ai essayé de rafraîchir votre


Page 15908

  1   mémoire en vous en parlant.

  2         R.    Je n’en suis pas sûre mais je pense que

  3   c’était une autre manifestation, mais je ne suis pas sûre à

  4   100 pour cent.

  5         Q.    Par conséquent, vous laissez quand même la

  6   possibilité qu’il s’agissait de la prestation du serment

  7   qui a eu lieu en été 1992 ?

  8         R.    C’est possible.

  9         Q.    Entendu !  Très brièvement, Madame le Témoin

 10   AP, vous êtes d’accord avec moi pour dire que jusqu’à

 11   aujourd’hui, vous avez donné quatre déclarations trois fois

 12   aux enquêteurs du Tribunal, et une fois, vous avez déposé

 13   dans une autre affaire, n’est-ce pas ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Dans ces quatre déclarations, vous n’avez

 16   jamais parlé de ce détail, n’est-ce pas ?

 17         R.    Personne ne m’a posé la question à ce sujet-

 18   là.

 19         Q.    Aujourd’hui en répondant au Procureur, vous

 20   avez dit que c’est la première fois que vous avez fait

 21   votre commentaire tout simplement parce qu’on vous l’a

 22   demandé, on vous a posé la question ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Qui était au courant que vous étiez au

 25   courant de ce qui s’était passé ?


Page 15909

  1         R.    Moi, j’ai donné la déclaration et c’est une

  2   deuxième, troisième fois qu’on a répété les mêmes choses. 

  3   Par conséquent, ce n’était peut-être pas intéressant lors

  4   de la première déclaration.  Maintenant éventuellement,

  5   c’était beaucoup plus intéressant.

  6         Q.    Lors de l’interrogatoire principal, nous

  7   avons dit que c’était avant Ahmici, alors que maintenant,

  8   nous disons que c’est peut-être août 1992.

  9         R.    Je pense que c’était plus près du mois

 10   d’avril mais je ne peux pas l’affirmer à 100 pour cent.

 11         Q.    Par conséquent, vous ne pouvez pas affirmer

 12   que ce n’était pas au mois d’août 1992 ?

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Naumovski,

 14   il est inutile de répéter ceci à l’envie.  Nous avons

 15   compris.

 16         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Merci, Monsieur

 17   le Président.  Je viens de terminer.

 18         Q.    Madame le Témoin AP, je vais être très bref. 

 19   Si j’ai bien compris, vous avez travaillé à l’époque pour

 20   les Nations Unies et il fallait par conséquent assurer le

 21   passage en sécurité au Président Tudjman, n’est-ce pas ? 

 22   Vous vous en souvenez ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Vous conviendrez avec moi pour dire que

 25   c’était quelque peu après la guerre ?  Il y a les Accords


Page 15910

  1   de Washington qui ont été signés et peu après, vous avez

  2   travaillé pour les Nations Unies ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Par conséquent, sur le plan sécurité, la

  5   situation n’était pas encore très bonne ?  Il est évident

  6   qu’il y avait des risques ?

  7         R.    Le Président Tudjman traversait uniquement le

  8   territoire croate, contrôlé par les Croates.

  9         Q.    Je ne vois pas votre réponse à ma question

 10   selon laquelle les Nations Unies devaient assurer la libre

 11   circulation au Président Tudjman.

 12         R.    Oui.  Normalement, il a fallu assurer une

 13   voiture pour le Président Tudjman.

 14         Q.    Si je vous ai bien comprise, Monsieur Kordic

 15   n’était pas satisfait pour des raisons de sécurité ?

 16         R.    Non, mais la voiture n’était pas propre. 

 17   Elle était sale et on n’avait pas une voiture qui était

 18   propre et il considérait que ce n’était pas bien pour le

 19   Président.

 20         Q.    Mais sinon, la voiture correspondait ?

 21         R.    Oui, oui, tout à fait.

 22         Q.    Encore une toute dernière question.  Je n’ai

 23   pas examiné avec précision le nouveau résumé.  Lors de

 24   votre déposition dans l’autre affaire, vous avez parlé du

 25   Plan Vance-Owen et vous avez dit que Mate Boban a fait


Page 15911

  1   quelques commentaires au sujet de ce Plan.  Vous vous en

  2   souvenez ?

  3         R.    Oui.

  4         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

  5   Président, voilà !  C’est tout au nom de Monsieur Kordic.

  6         Merci au témoin également.

  7         RÉINTERROGÉE PAR Me SOMERS

  8         (interprétation) : 

  9         Q.    Je sais que nous n’avons pas beaucoup de

 10   temps.  Je n’ai donc que quelques questions à vous poser.

 11         Madame le Témoin AP, s’agit-il du même Boro

 12   Krizanovic duquel on a parlé dans l’interrogatoire

 13   principal et qui au point 7 vous a dit à vous-même et à

 14   votre époux qu’il détestait Tito, et si c’est le cas,

 15   pouvez-vous nous expliquer pourquoi il vous a dit ça ?

 16         R.    Boro Krizanovic s’est rendu chez nous dans

 17   notre boutique.  Ce jour-là, il a dit qu’il détestait Tito

 18   parce qu’il a accordé aux musulmans la nationalité car nous

 19   ne sommes pas des êtres humains qui méritent la nationalité

 20   et que c’était de la faute de Tito.  C’est ce qu’il disait.

 21         Q.    Est-ce qu’il semblait sobre quand il vous a

 22   dit ça et est-ce que ce qu’il vous a dit vous a inquiétée ?

 23         R.    Oui, oui, absolument.

 24         Q.    Donc, il était sobre et ça vous a inquiétée ?

 25         R.    Oui.


Page 15912

  1         Q.    On a parlé d’un certain nombre de vos

  2   témoins.  Il y en a un qui s’appelait Goran Krizanovic. 

  3   Est-ce qu’il s’est présenté à vous… enfin, en d’autres

  4   termes, comment saviez-vous qu’il s’agissait effectivement

  5   de Goran Krizanovic au moment de l’offensive sur Gacice ?

  6         R.    Goran Krizanovic, au moment où le village a

  7   été attaqué, avait à la place d’une cagoule une chaussette

  8   sur le visage et puis un des soldats lui a dit : « Pourquoi

  9   cette chaussette ?  De toute façon, on va tuer tous les

 10   balijas. »  C’est à ce moment-là qu’il a enlevé ce bas noir

 11   et j’ai pu reconnaître mon voisin.

 12         Q.    Il s’agit de quelque chose qui est mentionné

 13   au paragraphe 33 de votre résumé.

 14         Me KOVACIC (interprétation) :  Je suis désolé mais

 15   je dois m’opposer à ce type de questions.  Au début, on

 16   nous a dit que le résumé des déclarations du témoin devait

 17   être inclus dans le compte rendu.  Nous, nous avons donc

 18   posé les questions qui s’imposaient dans le cadre du

 19   contre-interrogatoire, mais maintenant, on répète ce qui a

 20   déjà été dit.  Il ne s’agit pas d’apporter des

 21   éclaircissements sur ce qui a été dit, il s’agit de choses

 22   qui sont répétées.  Donc, on perd le temps de tout le

 23   monde.

 24         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Vous avez

 25   encore des questions ?


Page 15913

  1         Me SOMERS (interprétation) :  Quelques questions

  2   très brèves.

  3         Q.    On vous a posé des questions au sujet de

  4   Kreso Garic et on vous a affirmé que des gens étaient

  5   revenus de Croatie après le début de la guerre en Bosnie. 

  6   Est-ce que c’est le même Kreso Garic qui au paragraphe 35 a

  7   dit qu’il était revenu, qu’il avait habité à Zagreb pendant

  8   18 ans, et qui a dit être revenu pour cette opération et

  9   qu’il rentrerait à Zagreb dès que l’opération serait

 10   finie ?  Est-ce qu’il s’agit du même Kreso Garic ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Dernière question.  Vous n’avez jamais

 13   participé aux meetings ou aux manifestations au cours

 14   desquels Monsieur Kordic s’est exprimé, mais est-ce que

 15   personnellement, vous l’aviez entendu précédemment à la

 16   radio ?

 17         R.    Non… Oui.  (Pardon, l’interprète se corrige).

 18         Me SOMERS (interprétation) :  Je n’ai plus de

 19   questions à poser au témoin.

 20         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Madame le

 21   Témoin, vous en avez terminé de votre déposition.  Je vous

 22   remercie d’être venue déposer devant le Tribunal Pénal

 23   International et vous pouvez maintenant quitter le

 24   prétoire.

 25         Me MIKULICIC (interprétation) :  Monsieur le


Page 15914

  1   Président.

  2         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous en

  3   prie.

  4         Me MIKULICIC (interprétation) :  Si vous

  5   permettez, je voudrais tout simplement vous demander de

  6   passer à huis clos pour pouvoir dire les noms des personnes

  7   dont j’ai parlé en posant les questions au témoin.  Je ne

  8   voulais pas mentionner ces noms, citer ces noms pour

  9   protéger le témoin.

 10         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  On peut le

 11   faire, en effet, si nous passons à huis clos.

 12                           [Huis clos]

 13   [expurgée]

 14   [expurgée]

 15   [expurgée]

 16   [expurgée]

 17   [expurgée]

 18   [expurgée]

 19   [expurgée]

 20   [expurgée]

 21   [expurgée]

 22   [expurgée]

 23                     [Audience publique]

 24                     [Le témoin se retire]

 25         Me NICE (interprétation) :  C’est Monsieur Lopez-


Page 15915

  1   Terres qui va interroger le témoin suivant, mais

  2   auparavant, je voudrais vous présenter la chronologie des

  3   témoins que nous avons à entendre ainsi que certaines

  4   questions de procédure qu’il convient encore de traiter.

  5         Le témoin que nous allons entendre maintenant est

  6   quelqu’un dont il est important que nous finissions de la

  7   déposition avant demain et de préférence demain matin

  8   puisque des dispositions ont été prises pour que cette

  9   personne rentre demain.

 10         Donc, sous réserve de voir où nous en sommes

 11   arrivés cet après-midi, peut-être pourrions-nous passer 10

 12   minutes à parler des questions de procédure et ensuite

 13   décider si on va en parler oralement au cours d’une

 14   audience ou s’il conviendrait de soumettre des documents. 

 15         À ce moment-là, on pourra reprendre la fin du

 16   témoignage demain matin, mais si nous parvenons à entendre

 17   ces trois témoins d’ici demain, nous en aurons entendu six

 18   sur neuf et ceci peut nous permettre d’envisager de finir

 19   la présentation de nos éléments de preuve d’ici jeudi ou en

 20   tout cas d’ici vendredi.

 21         En ce qui concerne le témoin que nous allons

 22   entendre maintenant, sous réserve d’observations ou

 23   d’objections de la Défense, c’est quelqu’un qui a préparé

 24   un résumé.  Il a signé ce résumé.  Donc, je pense qu’il est

 25   possible de considérer que ce résumé de ses déclarations


Page 15916

  1   fait partie de sa déposition principale.  Ceci permettrait

  2   de gagner du temps.

  3         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Y a-t-il des

  4   commentaires à ce sujet ?

  5         Me KOVACIC (interprétation) :  Monsieur le

  6   Président, je n’ai qu’une observation.  Nous avons eu une

  7   discussion à une certaine époque, il y a deux semaines en

  8   fait, au sujet des témoins qu’il restait à entendre et j’ai

  9   écrit une lettre le 25 février à l’Accusation.

 10         Au point 3 de cette lettre, j’ai dit la chose

 11   suivante.  Si vous me permettez, je vais le relire : 

 12   « Afin que l’on puisse préparer correctement le contre-

 13   interrogatoire des témoins – puis-je utiliser le nom du

 14   témoin ? – donc « nous avons besoin de temps pour préparer

 15   le contre-interrogatoire de Sulejman Kalco puisqu’un

 16   certain nombre de documents et de cassettes audios ont été

 17   présentés avec ce témoin. »

 18         Il faut savoir qu’à l’époque, en février, on avait

 19   prévu d’interroger ce témoin en une matinée.  Donc moi,

 20   j’ai ressenti le besoin de faire clairement savoir quelles

 21   étaient mes intentions et vous comprendrez, Monsieur le

 22   Président, Messieurs les Juges, qu’étant donné que le

 23   patron, le chef de ce témoin, Monsieur Djidic, n’est pas

 24   ici, eh bien, ce témoin, Monsieur Kalco, que nous allons

 25   entendre maintenant est absolument essentiel pour moi.


Page 15917

  1         Donc moi, je ne veux pas être limité.  Je ne veux

  2   pas que ce témoin soit présenté au dernier moment et je ne

  3   veux pas être soumis à des restrictions de temps.

  4         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Eh bien,

  5   essayons de ne pas perdre plus de temps qu’il n’est

  6   nécessaire et allons-y.

  7         Monsieur Lopez-Terres.

  8         Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur le Président, le

  9   témoin n’a demandé aucune mesure de protection.  J’indique

 10   simplement à l’intention de votre Chambre que ce témoin a

 11   été victime en janvier 1996 d’une attaque cérébrale.  À la

 12   suite de cette attaque, il a quelques difficultés

 13   d’élocution et il peut éprouver de la fatigue s’il doit

 14   être soumis à un interrogatoire trop long, mais il est prêt

 15   de toute façon à répondre à toutes les questions qui lui

 16   seront posées.

 17         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Très bien !

 18                     [Le témoin entre dans la Cour]

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vais

 20   demander au témoin de prononcer la déclaration solennelle.

 21         Me LOPEZ-TERRES :  [Hors microphone]

 22         M. LE PRÉSIDENT :  Oui.  Que le témoin prononce la

 23   déclaration solennelle.

 24         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je déclare

 25   solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité,


Page 15918

  1   rien que la vérité.

  2         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Veuillez vous

  3   asseoir, Monsieur.

  4         Me KOVACIC (interprétation) :  Monsieur le

  5   Président.

  6         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Kovacic.

  7         Me KOVACIC (interprétation) :  Si on utilise le

  8   résumé de la déclaration du témoin dans le cadre de cet

  9   interrogatoire, je souhaiterais indiquer certains points

 10   sur lesquels je souhaiterais que l’on ne guide pas les

 11   réponses du témoin, que l’on ne lise pas le résumé, et il

 12   s’agit des passages 3 à 6, paragraphes 3 à 6, paragraphe

 13   14, paragraphes 21 et 24, 27, 48 à 50 et 57 à 59.  Merci.

 14         Me SAYERS (interprétation) :  En ce qui concerne

 15   la Défense de Monsieur Kordic, nous souhaitons que la même

 16   chose soit faite pour les paragraphes 23, 36 et 51 à 53.

 17         TÉMOIN :  SULEJMAN KALCO

 18         (ASSERMENTÉ)

 19         INTERROGÉ PAR Me LOPEZ-TERRES : 

 20         Q.    Vous êtes bien Monsieur Sulejman Kalco né en

 21   1942 à Donja Veceriska dans la municipalité de Vitez ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Vous êtes actuellement retraité de l’armée de

 24   Bosnie et vous habitez à Stari Vitez ?

 25         R.    Oui.


Page 15919

  1         Q.    Monsieur Kalco, avant que vous ne

  2   comparaissiez aujourd’hui, vous avez eu un entretien avec

  3   le Bureau du Procureur au cours duquel un résumé de vos

  4   déclarations a été établi.  Vous avez bien signé le résumé

  5   de ces déclarations que vous acceptez ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Monsieur Kalco, pendant le conflit qui s’est

  8   produit en Bosnie, vous aviez le rang de Major et vous

  9   étiez le commandant adjoint de l’armée de Bosnie-

 10   Herzégovine à Vitez, votre commandant, votre supérieur

 11   étant Sefkija Djidic ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Avant que ce conflit n’éclate, vous

 14   connaissiez déjà l’accusé Mario Cerkez avec lequel vous

 15   avez travaillé au secrétariat du Bureau de la Défense du

 16   Peuple à Vitez et ensuite à l’usine Slobodan Princip où

 17   Mario Cerkez a exercé les fonctions de chauffeur pour votre

 18   compte ?

 19         R.    Oui.  Moi, je travaillais avec Mario à la

 20   municipalité de Vitez et ensuite à la société Princip où

 21   lui, il était chef d’une section chargée de l’équipement

 22   technique et puis il était chauffeur à la fois.

 23         Q.    Quelle était la nature des relations que vous

 24   entreteniez à l’époque avec Monsieur Cerkez ?

 25         R.    Nous étions de bons amis, des collègues.


Page 15920

  1         Q.    Est-ce que ces relations se sont dégradées ou

  2   ont cessé à un certain moment ?

  3         R.    Non.  Nous avons maintenu nos relations, mais

  4   il y a eu l’établissement du HVO et de l’armée, et après,

  5   ça s’est détérioré.

  6         Q.    Monsieur Kalco, est-ce que, alors qu’il y

  7   avait un conflit qui allait se dérouler sur le territoire

  8   croate, est-ce que des Croates de Vitez ont reçu à

  9   l’occasion de ce conflit une formation militaire ?

 10         R.    Oui.  Ils sont partis en Herzégovine.  Il y

 11   en a qui sont allés également en Croatie pour se former. 

 12   Je veux parler de l’entraînement.

 13         Q.    À votre connaissance, est-ce que l’accusé

 14   Mario Cerkez faisait partie des personnes qui ont reçu une

 15   telle formation et un tel entraînement ?

 16         R.    Oui, oui, oui.

 17         Q.    Est-ce que vous connaissez le nom d’autres

 18   personnes croates de Vitez qui ont reçu une telle

 19   formation ?

 20         R.    Il y avait Kraljevic, Bertovic, et puis il y

 21   en avait d’autres, beaucoup d’autres.

 22         Q.    Savez-vous si l’accusé Mario Cerkez a quitté

 23   Vitez à une certaine époque pour rejoindre le front en

 24   Croatie contre les Serbes ?

 25         R.    Il était absent.  Je ne sais pas s’il était à


Page 15921

  1   l’endroit que vous dites et je ne sais pas s’il a participé

  2   au conflit contre les Serbes, mais à l’époque, il était

  3   absent.

  4         Q.    À l’époque, il y avait un conflit contre les

  5   Serbes en Croatie ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Vous souvenez-vous de la durée de son

  8   absence ?

  9         R.    Je ne m’en souviens pas exactement.  C’était

 10   un mois, deux mois, peut-être même davantage.

 11         Q.    D’autres Croates de Vitez se sont également

 12   absentés avec Cerkez ou à la même période ?

 13         R.    Il y en avait d’autres également qui

 14   provenaient de Vitez et de Bosnie centrale, de Travnik,

 15   Novi Travnik, Busovaca, Kiseljak, Kresevo également,

 16   Kakanj.

 17         Q.    Lorsque ces Croates de Bosnie centrale se

 18   sont absentés, quelle a été l’interprétation qui a été

 19   donnée à cette absence par les musulmans qui vivaient à

 20   Vitez ?

 21         R.    Eh bien, on a dit tout simplement qu’ils sont

 22   partis aider les Croates dans leur lutte contre les Serbes.

 23         Q.    Au cours du printemps et plus exactement du

 24   mois d’avril à juin 1992, est-ce qu’il y a eu des réunions

 25   à Vitez destinées à organiser une armée commune entre les


Page 15922

  1   musulmans et les Croates ?

  2         R.    Oui.  Il y avait des réunions de tel type,

  3   mais la partie croate protégeait toujours les intérêts du

  4   HVO et considérait que c’était la force principale.  Ils

  5   avaient la majorité et puis ils étaient mieux équipés

  6   également, mieux armés.  Ils pensaient tout simplement

  7   qu’ils pouvaient prendre la première place et jouer le

  8   premier rôle.

  9         Q.    Pouvez-vous nous indiquer le nom de certaines

 10   personnes qui ont participé à ces réunions de mise en place

 11   d’une armée commune contre les Serbes du côté du HVO ?

 12         R.    Franjo Nakic, Mario Cerkez, Ante Bertovic,

 13   Pero Skopljak, Ivica Santic, et du côté bosnien, Sefkija

 14   Djidic, Ramiz Dugalic, moi-même, Hakija Cenjic et des

 15   autres.

 16         Q.    À l’époque dont nous parlons, c’est-à-dire la

 17   deuxième moitié de 1992, quelles étaient les fonctions

 18   exactes qu’exerçait l’accusé Mario Cerkez à Vitez ?

 19         R.    Il y avait le commandant du Bureau municipal

 20   chargé de la Défense et du côté du HVO.

 21         Q.    Y avait-il un supérieur à Mario Cerkez durant

 22   cette époque ?

 23         R.    Pour ce qui concerne la municipalité de

 24   Vitez, non.  Il était numéro un du HVO.

 25         Q.    Quelle était la fonction exacte à cette même


Page 15923

  1   époque du nommé Marijan Skopljak ?

  2         R.    Marijan Skopljak a travaillé au Ministère ou

  3   je ne sais pas, on appelait plutôt cela Bureau de la

  4   Défense, et lui était représentant de ce Bureau chargé de

  5   la Défense.

  6         Q.    Ce Marijan Skopljak exerçait-il une autorité

  7   hiérarchique sur Mario Cerkez ?

  8         R.    Je pense que du point de vue militaire, non. 

  9   Ce qu’il avait à faire c’était de compléter les unités de

 10   Mario, alors qu’il avait d’autres tâches également à

 11   remplir, d’accorder les autorisations concernant les

 12   explosifs et autres armes qui devaient être transférés de

 13   l’entrepôt vers d’autres secteurs, vers d’autres régions. 

 14   Quand je parle de l’entrepôt, je pense à Princip.

 15         Q.    Est-il exact que Mario Cerkez, pour la

 16   municipalité de Vitez, était donc le commandant militaire

 17   de toutes les unités qui étaient stationnées dans cette

 18   municipalité ?

 19         R.    Oui.  Il était commandant des unités des

 20   municipalités de Vitez, mais il y avait d’autres unités qui

 21   sont venues de l’extérieur et ce n’est pas lui qui les a

 22   commandées car il s’agissait de la Bosnie centrale.  Il y

 23   avait cette zone opérationnelle pour la Bosnie centrale.

 24         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur

 25   Lopez-Terres.  Il est 12 h 30.  Est-ce que le moment est


Page 15924

  1   bien choisi pour interrompre votre interrogatoire ?

  2         Me LOPEZ-TERRES :  Peut-être une seule question

  3   avec un document, si vous me le permettez.

  4         Q.    Je voudrais vous présenter un document,

  5   Monsieur Kalco.  Il s’agit du document Z221 qui est daté du

  6   19 septembre 1992.  Est-ce que vous avez sous les yeux le

  7   document daté du 19 septembre 1992 ?

  8         R.    Oui, je vois.

  9         Q.    Ce document est bien signé par l’accusé Mario

 10   Cerkez ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    À votre connaissance, quelles sont les unités

 13   spéciales pour lesquelles l’accusé Mario Cerkez demandait

 14   la fourniture d’équipements au mois de septembre 1992 ?

 15         R.    Vitezovis, Jokeris et d’autres unités

 16   spéciales.  C’était des unités spéciales, des unités de

 17   sabotage qui étaient chargées des missions spéciales pour

 18   ce secteur.

 19         Me LOPEZ-TERRES :  Je vous remercie.

 20         Je pense que nous pouvons interrompre.

 21         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous allons

 22   suspendre l’audience pendant une heure 30. 

 23         Monsieur Kalco, je vais vous demander de revenir

 24   dans le prétoire à 14 h 00 pour la poursuite de votre

 25   déposition.  Je voudrais vous rappeler que vous ne devez


Page 15925

  1   parler à quiconque de votre déposition avant qu’elle ne

  2   soit terminée et par là, j’entends également les membres de

  3   l’équipe du Procureur.

  4         14 h 00.

  5         LE TÉMOIN (interprétation) :  Entendu.

  6               --- Suspension de l’audience à 12 h 33

  7               --- Reprise de l’audience à 14 h 04

  8         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur

  9   Lopez-Terres, nous avons cru comprendre qu’on ne trouve

 10   plus le témoin.  On ne sait pas où il est.

 11         Me LOPEZ-TERRES :  Apparemment, il est dans la

 12   maison.  Nous sommes en train de le rechercher.  J’ignore

 13   ce qui a pu se passer.

 14         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Afin de ne pas

 15   perdre de temps pendant que l’on recherche le témoin, il

 16   serait peut-être utile d’examiner les questions d’ordre

 17   administratif dont on a parlé précédemment.

 18         Me NICE (interprétation) :  Oui.  Il s’agit de

 19   questions diverses et variées qu’il conviendra d’aborder à

 20   un moment ou à un autre.  Nous avons noté qu’il y a une

 21   audience au sujet d’un document relatif à des corps…

 22   (l’interprète se reprend) un document relatif aux

 23   organisations susceptibles de produire des documents, mais

 24   nous ne pensons pas qu’une audience ait été prévue pour la

 25   Fédération.


Page 15926

  1         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous allons

  2   essayer de nous renseigner à ce sujet.

  3         Me NICE (interprétation) :  Je crois qu’il

  4   convient également de prendre une décision au sujet du

  5   classeur de Kiseljak ainsi que de la vidéo.  Nous serons

  6   prêts à nous exprimer à ce sujet aujourd’hui ou demain,

  7   demain en tout cas, c’est sûr.

  8         En ce qui concerne les pièces à conviction, nous

  9   avons donné à la Défense une liste de pièces à conviction

 10   qui vue la décision de la Chambre la semaine dernière,

 11   seront versées au dossier, mais peut-être devrais-je

 12   expliquer quelque chose au sujet des pièces à conviction

 13   que nous souhaitons produire et de notre logique, au cas où

 14   cela a une influence sur les témoins qui restent à

 15   entendre.

 16         Les pièces à conviction qui sont présentées de

 17   cette façon ne sont pas des pièces à conviction présentées

 18   par le biais de témoins individuels, mais la situation est

 19   toujours la suivante.  Il n’y a pas d’obligation à produire

 20   des pièces à conviction avant la déposition d’un témoin et,

 21   par exemple, il arrive qu’un témoin vienne avec des pièces

 22   à conviction.  Cela s’est produit à deux ou trois reprises.

 23         En ce qui concerne les pièces à conviction, il y a

 24   deux ou plutôt une chose que nous souhaiterions mettre en

 25   évidence.  Nous avons notifié la Défense à ce sujet.  Il


Page 15927

  1   serait peut-être utile de signaler la chose à la Chambre et

  2   peut-être d’en reparler demain.

  3         La Chambre a exclu certaines parties des éléments

  4   de preuve fournis par le Professeur Cigar, mais il n’y a

  5   pas eu d’argumentation définitive de la part de Monsieur

  6   Scott, ni d’ailleurs par la Défense, et je comprends tout à

  7   fait les motifs de la décision de la Chambre, mais notre

  8   position est la suivante.  L’argument au vu d’exclure le

  9   rapport de Cigar se basait sur le principe que les

 10   documents qu’il a étudiés étaient des documents que les

 11   Juges eux-mêmes pouvaient examiner mais que ses conclusions

 12   n’étaient pas celles d’un expert mais des conclusions

 13   auxquelles des Juges des faits qui ne sont pas des experts

 14   pourraient eux aussi arriver.  C’est un argument, je crois,

 15   qui a été celui de la Chambre en partie ou dans sa totalité

 16   pour exclure le rapport Cigar.

 17         En conséquence, ce que nous avons fait c’est la

 18   chose suivante.  Nous avons produit tous les documents

 19   qu’avait utilisés le Professeur Cigar immédiatement après

 20   la décision de la Chambre, ceci pour permettre à la Chambre

 21   de travailler, d’examiner ces documents si nous l’invitons

 22   à le faire en temps utile dans le cadre de notre

 23   plaidoirie, de notre réquisitoire, ceci afin d’arriver à

 24   des conclusions semblables à celles du Professeur Cigar.

 25         Donc, nous avançons que les éléments de preuve,


Page 15928

  1   les annexes, et cætera, tout ce qui se trouve en annexe du

  2   rapport du Professeur Cigar soient détachés du rapport lui-

  3   même et soient présentés sous forme de pièces à conviction

  4   et donc devraient être mis à la disposition de la Chambre

  5   pour qu’elle puisse examiner ces documents en temps utile.

  6         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Permettez-moi

  7   de voir si je vous comprends bien.  Est-ce que vous parlez

  8   des quatre classeurs qui étaient en annexe de son rapport

  9   ou de pièces à conviction sur lesquelles nous avons pris

 10   des décisions ?

 11         Me NICE (interprétation) :  Bon.  S’il s’agit de

 12   quatre classeurs, il s’agit de quatre classeurs, mais en

 13   tout cas, il s’agit des documents qu’il a utilisés dont

 14   beaucoup ont déjà été versés au dossier ou ailleurs, mais

 15   oui, c’est l’essentiel de notre demande.  C’est une demande

 16   que nous avons dû faire vu la décision d’exclure le rapport

 17   et la décision de la Chambre disant qu’elle pouvait elle-

 18   même arriver à des conclusions semblables à celles du

 19   Professeur sur la base des documents qu’il avait examinés.

 20         M. LE JUGE BENNOUNA :  Me Nice, je crois que ce

 21   n’est pas exactement ce que la Chambre a dit au sujet du

 22   rapport de « l’expert », du Professeur Cigar.  Ce que nous

 23   avons dit c’est qu’il nous appartient à nous de faire les

 24   conclusions qu’il propose de faire et par conséquent, ce

 25   n’est pas de l’expertise, c’est une appréciation sur les


Page 15929

  1   faits.  C’est une sorte de jugement qui est apporté et qui

  2   relève du ressort de la Chambre.

  3         Ce n’est pas que nous aurions pu arriver aux mêmes

  4   conclusions à partir des mêmes documents.  Ce n’est pas

  5   exactement ce que nous avons dit.  Nous avons dit que ce

  6   n’est pas de l’expertise parce que la plupart des

  7   appréciations ou des estimations sont des estimations qui

  8   relèvent de la Chambre, une fois qu’elle aura passé tout le

  9   système des preuves que nous sommes en train de passer, et

 10   qu’elle en tirera un certain nombre de conclusions.

 11         Voilà ce que nous avions dit.  Ce n’est pas

 12   exactement la même chose. 

 13         Maintenant, je ne vois pas comment vous pouvez

 14   nous dire : « Puisque vous n’acceptez pas les conclusions

 15   du Professeur Cigar, parce que vous auriez dû les faire

 16   vous-mêmes, prenez les documents.  Comme ça, vous allez

 17   faire les conclusions vous-mêmes.  Vous allez arriver aux

 18   mêmes conclusions que lui. »  Ça paraît un peu un

 19   raisonnement qui n’est pas tout à fait orthodoxe, si je

 20   puis dire.

 21         Donc, je crois que le système des documents, s’ils

 22   doivent être introduits, doit obéir à la même procédure que

 23   n’importe quel document. 

 24         Donc, on ne peut pas détourner la décision.  Notre

 25   décision a été motivée par le fait que ce n’était pas une


Page 15930

  1   expertise.  Ce sont des conclusions qui relèvent de la

  2   compétence discrétionnaire de la Chambre et des Juges qui

  3   siègent dans cette Chambre.  Voilà ce que nous avions dit

  4   exactement.

  5         Me NICE (interprétation) :  Je ne crois pas que

  6   nos positions soient si éloignées que cela.  Je n’ai pas

  7   dit que c’était exactement la base de vos conclusions mais

  8   c’était les argumentations qui avaient été présentées.

  9         Bien entendu, je ne vais pas jusqu’à dire que vous

 10   arriveriez aux mêmes conclusions que le Professeur Cigar. 

 11   Ce n’est pas ce que j’ai dit, mais il me semble, sur la

 12   base de la décision de la Chambre, que ce que la Chambre

 13   disait : « Voici le genre de conclusions qu’il nous

 14   appartient de tirer en partie ou dans leur totalité et les

 15   documents sur la base desquels le Professeur a rédigé son

 16   rapport sont exactement le type de documents que nous

 17   examinons au jour le jour.  Donc, nous n’avons pas besoin

 18   d’un expert pour interpréter ce genre de documents. »

 19         C’est en ayant ceci à l’esprit que nous avançons

 20   que vous avez besoin, que vous devez avoir accès à ces

 21   documents.  Pour certains d’entre eux, il s’agit de

 22   documents extrêmement utiles.  Vous devez donc avoir accès

 23   à ces documents, ceci afin d’être le mieux à même de tirer

 24   des conclusions sur les faits, des conclusions que vous

 25   serez appelés à tirer, étant donné la mission qui est la


Page 15931

  1   vôtre, mais bien entendu, je ne vais pas jusqu’à dire que

  2   vous allez tirer des conclusions différentes ou identiques

  3   à celles de Monsieur Cigar.

  4         Une fois que ce rapport est exclu, ce qui reste

  5   c’est les documents qu’il a utilisés et ensuite, il

  6   appartient aux Juges d’examiner ces documents et d’en tirer

  7   les conclusions qu’ils souhaitent.  Nous, nous avancerons

  8   les conclusions que nous estimons qu’il convient de tirer

  9   sur la base de ces documents, mais ça, c’est quelque chose

 10   qui se passera ultérieurement.

 11         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Pour moi, la

 12   décision ne signifiait en aucune manière que nous

 13   n’admettrions aucune partie du rapport ou les pièces à

 14   conviction.  La décision avait pour objectif d’exclure tout

 15   cela.

 16         Monsieur Nice, nous sommes face à un volume de

 17   documents pratiquement insurmontable.  Nous avons pris une

 18   décision à ce sujet et en ce qui me concerne

 19   personnellement, je ne suis pas prêt à rouvrir la

 20   discussion à ce sujet.

 21         Me NICE (interprétation) :  Si vous me permettez,

 22   votre décision avait pour objectif d’exclure le rapport. 

 23   Cela, nous l’avons bien compris, mais c’est parce que sur

 24   la base de cette discussion, nous avons présenté ces pièces

 25   à conviction ultérieurement.


Page 15932

  1         Vous nous dites, Monsieur le Président, que les

  2   documents qui sont présentés sont de plus en plus

  3   volumineux, mais lorsque nous vous présentons des

  4   documents, nous prenons bien soin de vous dire que vous

  5   n’avez pas à tous les lire mais que ces documents doivent

  6   être disponibles.  Ils doivent être disponibles au cas où

  7   vous ayez besoin en temps utile de les examiner et nous

  8   allons sélectionner parmi ces documents ceux dont nous

  9   estimons qu’il faudra les examiner.

 10         Je dois dire que ce que j’ai pensé au début

 11   c’était de rassembler tous les documents et de travailler

 12   sur cette base.  La procédure que nous suivons ne permet

 13   pas d’adopter cette approche.  Il faut introduire les

 14   documents au cas par cas, mais notre position c’est que les

 15   documents sur lesquels s’est basé le Professeur Cigar,

 16   c’est exactement le genre de documents dont doivent

 17   disposer les Juges sur les faits, des documents à partir

 18   desquels les Juges peuvent tirer des conclusions.

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Les documents

 20   qui sont contenus dans le classeur relatif au conflit armé

 21   international, nous n’avons pas encore pris de décision à

 22   ce sujet.  Il nous reste encore à écouter les

 23   argumentations à ce sujet et je crois d’ailleurs que ça va

 24   revenir un peu à ce dont on a déjà parlé.

 25         Me NICE (interprétation) :  Oui.  Il y a également


Page 15933

  1   des documents qui se trouvent dans les documents Cigar, si

  2   je puis dire.  Donc concrètement, vous auriez quatre

  3   classeurs supplémentaires, mais il est peu probable que

  4   vous ayez à y avoir recours très souvent, mais peut-être.

  5         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  En ce qui me

  6   concerne, moi, je suis contre cette demande.  S’il y a des

  7   documents particuliers que vous souhaitez produire, à ce

  8   moment-là, faites-nous le savoir.

  9         M. LE JUGE BENNOUNA (interprétation) :  Monsieur

 10   Nice, s’il y a des documents dans les documents utilisés

 11   par le Professeur Cigar dont vous estimez qu’ils sont

 12   importants dans le cadre de votre stratégie, vous pouvez

 13   tout à fait demander le versement au dossier de ces

 14   documents.  Par exemple, dans le cadre de votre

 15   réquisitoire, vous avez la possibilité de présenter de

 16   nouveaux documents à la Chambre, mais vous ne pouvez pas

 17   dire que vous avez besoin d’une sorte de bibliothèque de

 18   documents.

 19         Si nous avons besoin d’examiner des documents de

 20   référence, nous savons le faire.  Nous n’avons pas besoin

 21   de votre bibliothèque.  Mais il y a une différence entre ce

 22   genre de chose et le système de production des éléments de

 23   preuve qui est le nôtre.

 24         Je suis tout à fait d’accord avec le Président. 

 25   Nous avons pris une décision à ce sujet sur l’expertise du


Page 15934

  1   témoin, son rapport, les documents utilisés et je dois dire

  2   que ce n’est pas – d’ailleurs ce n’est pas la première fois

  3   que j’ai l’occasion de le dire – je ne vois pas pourquoi

  4   nous reviendrions sur une décision que nous avons déjà

  5   prise.  Nous avons pris une décision mais libre à vous

  6   d’introduire ces documents, des documents, si vous le

  7   souhaitez, par un autre biais.

  8         Me NICE (interprétation) :  Je vous remercie pour

  9   cette dernière explication sur une alternative pour la

 10   production de ces documents.

 11         On a retrouvé le témoin.  Donc, il est peut-être

 12   temps de reprendre l’interrogatoire principal.

 13               [Le témoin entre dans la Cour]

 14         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur

 15   Kalco, j’aurais du vous dire ce que je vais vous dire

 16   auparavant, mais si à un moment ou à un autre, vous

 17   souhaitez faire une pause, si vous ne vous sentez pas très

 18   bien par exemple, si vous êtes fatigué, n’hésitez pas à

 19   nous le dire et nous observerons une pause.

 20         LE TÉMOIN (interprétation) :  Merci beaucoup,

 21   Monsieur le Président.

 22         Me LOPEZ-TERRES :  Je vais essayer d’aller assez

 23   rapidement sur les paragraphes 7 à 14 puisque, apparemment,

 24   ils ne font pas l’objet de contestation de la part de la

 25   Défense.


Page 15935

  1         Q.    Monsieur Kalco, il est exact que l’accusé

  2   Mario Cerkez, après avoir été le chef du quartier général

  3   municipal de Vitez, est devenu le commandant adjoint de la

  4   brigade Stjepan Tomasevic ?  Cette brigade avait à l’époque

  5   deux bataillons d’environ 300 à 500 hommes.  L’un était

  6   stationné à Vitez et l’autre était stationné à Novi

  7   Travnik.

  8         R.    Oui, c’est exact.  Mario était commandant en

  9   second de Malbasic et il y avait un bataillon également de

 10   Vitez qui à cette époque-là était localisé à Novi Travnik.

 11         Q.    Au début 1993, Mario Cerkez est devenu le

 12   chef de la brigade de Vitez qui venait d’être nouvellement

 13   formée.

 14         Je voudrais vous présenter simplement un document

 15   pour que vous nous fassiez quelques commentaires là-dessus

 16   et nous indiquer s’il correspond à la réalité des

 17   différentes fonctions qui ont été exercées par l’accusé. 

 18   Il s’agit du document Z567.  Il s’agit d’un document en

 19   date du 24 mars 1993 qui est signé par le Colonel Blaskic.

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Est-ce que les indications qui concernent les

 22   différentes fonctions exercées par Mario Cerkez sur ce

 23   document sont exactes ?

 24         R.    Oui, c’est exact.  Il est donc désigné

 25   commandant de la brigade Viteska de Vitez et il était


Page 15936

  1   commandant du QG du HVO à Vitez et commandant en second de

  2   la brigade Stjepan Tomasevic et Novi Travnik avec son siège

  3   à Novi Travnik.  Vous avez également la signature de Mario

  4   Cerkez.  Donc, c’est lui qui a signé cette décision.

  5         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Un instant.

  6         Me Kovacic.

  7         Me KOVACIC (interprétation) :  Je crains qu’il n’y

  8   ait une confusion ici en ce qui concerne ces documents.  Ce

  9   document porte maintenant une cote qui commence par « Z ». 

 10   Or, il a déjà été produit avec une cote commençant par

 11   « D ».  C’est un document de la Défense.  Je l’ai ici

 12   quelque part mais je n’arrive pas à le trouver à l’instant. 

 13   Mais je pense qu’il est un peu absurde de voir qu’un

 14   document soit présenté sous une cote commençant par « Z »,

 15   ensuite sous une cote commençant par « D ».

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Essayons

 17   d’éviter de perdre du temps.  Vous pourrez en temps utile

 18   nous donner la cote du document commençant par un « D ».

 19         Poursuivons.

 20         Me LOPEZ-TERRES :

 21         Q.    Dans la deuxième moitié de 1992 toujours…

 22   vous pouvez laisser le document, Monsieur Kalco.  Je vous

 23   remercie.

 24         Dans la deuxième moitié de 1992, les pourparlers

 25   pour la création d’une brigade mixte sous le commandement


Page 15937

  1   de Franjo Nakic, Sefkija Djidic comme adjoint, se sont

  2   poursuivis.  Il a été question de la création d’une brigade

  3   consistant à un nombre de 2 000 soldats, 1 000 soldats

  4   provenant de chacune des deux nationalités, 1 000 musulmans

  5   et 1 000 Croates :  C’est exact ?

  6         R.    Oui, c’est exact.  Il y avait cet accord

  7   auquel sont parvenus Ivica Santic, Pero Skopljak, Franjo

  8   Nakic, Mario Cerkez d’un côté et Djidic, Sefkija de l’autre

  9   côté, Munib Kajmovic du côté des Bosniens.  Cette brigade

 10   aurait dû normalement se préparer pour défendre le

 11   territoire de l’agression Chetnik de l’ex-JNA, mais cette

 12   brigade n’a jamais été mise en place et ceci parce que les

 13   Croates ne l’ont pas souhaitée, ne l’ont pas voulue.  Ce

 14   sont eux qui ont fait l’obstruction et c’est la lettre

 15   morte sur le papier. 

 16         Il y avait bien évidemment de bonnes intentions et

 17   notamment des bonnes intentions du côté de la population

 18   musulmane, mais du côté croate, c’était tout simplement une

 19   manœuvre, et ceci pour tromper, masquer ce que l’autre

 20   partie faisait en effet.

 21         Q.    Le but du HVO était, si je vous comprends

 22   bien, simplement de faire passer l’effectif musulman de

 23   cette brigade sous son propre contrôle ?

 24         R.    Oui, à peu près.  À partir du moment où cette

 25   attaque a eu lieu et où l’armée a commencé le conflit,


Page 15938

  1   l’objectif principal c’était que l’armée de Bosnie-

  2   Herzégovine passe sous le contrôle du HVO.  Soi-disant ils

  3   étaient mieux organisés, mieux équipés, qu’ils avaient déjà

  4   également pris l’habitude d’opérer dans les théâtres

  5   d’opération en Croatie et en Herzégovine, et on nous a

  6   toujours pratiquement demandé que les Croates soient les

  7   principaux et les détenteurs en quelque sorte de la défense

  8   de la municipalité de Vitez.

  9         Q.    Je vous remercie.  Nous allons passer à un

 10   autre point.  Au 21 mai 1992, un soldat de l’armée de

 11   Bosnie-Herzégovine du nom de Samir Trako a été tué à Vitez

 12   et à l’époque, le commandant de la police militaire pour la

 13   zone de Vitez, Pasko Ljubicic, vous a dit que la police

 14   militaire ferait une enquête sur ce meurtre.  Les demandes

 15   qui ont été faites par l’armée de Bosnie à propos de cette

 16   enquête n’ont jamais abouti et vous n’avez jamais eu le

 17   résultat de cette enquête ?

 18         R.    Oui, c’est exact.  Vous l’avez dit assez

 19   correctement.  Le soldat Trako était à Kruscica et il y

 20   avait cette manifestation de l’alignement de Viteska qui

 21   devait se rendre le 21 mai 1992 à Sarajevo, à Visoko, sur

 22   le théâtre d’opération.  Il s’est arrêté à l’hôtel de

 23   Vitez.  On a tiré sur lui.  Le feu a été ouvert par les

 24   soldats du HVO.

 25         Moi, je ne sais pas bien évidemment qui l’a tué


Page 15939

  1   mais il a été tué sur place et son copain qui était avec

  2   lui, il a été blessé.  Il y avait une commission conjointe

  3   de la part de l’armée de Bosnie-Herzégovine, Ramiz Dugalic

  4   au nom de l’armée et au nom du HVO, c’était Pasko Ljubicic

  5   qui faisait partie de cette commission conjointe, et puis

  6   il y avait quelques autres Croates également.

  7         Ils ont dressé un constat, ils ont rédigé un PV et

  8   un jour ou deux par la suite, j’ai appelé au téléphone

  9   Pasko pour me renseigner, pour savoir où ils sont arrivés

 10   dans leur enquête.

 11         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je me permets

 12   de vous interrompre, Monsieur Kalco.

 13         Monsieur Lopez-Terres, nous avons déjà entendu des

 14   témoins déposer au sujet de cet incident précis.  À moins

 15   que vous n’ayez des questions bien précises à poser au

 16   témoin à ce sujet, je vous propose de passer à autre chose.

 17         Me LOPEZ-TERRES :

 18         Q.    Monsieur Kalco, à l’époque de ce meurtre, le

 19   21 mai 1992, qui était le commandant de la police militaire

 20   locale à Vitez ?

 21         R.    C’était Pasko et Ivan Budimir.

 22         Q.    Qui était le supérieur de Ivan Budimir ?

 23         R.    Moi, je pense que c’était Pasko.  Pasko lui

 24   était supérieur.

 25         Q.    Est-ce que l’accusé Mario Cerkez avait un


Page 15940

  1   lien d’autorité ou de commandement sur Ivan Budimir ?

  2         R.    Oui.  Il était son commandant.  Il était son

  3   supérieur.

  4         Q.    Je voudrais clarifier ce point.  Le

  5   commandant direct de Ivan Budimir, était-ce Mario Cerkez ou

  6   Pasko Ljubicic ?

  7         R.    Mario Cerkez.

  8         Q.    Vous n’avez pas d’information sur les

  9   circonstances ni sur l’identité de l’auteur ou des auteurs

 10   de ce meurtre de Monsieur Samir Trako ?  Vous connaissez le

 11   nommé Perica Vukadinovic, Monsieur Kalco ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Ce Perica Vukadinovic était un soldat qui

 14   appartenait à la brigade de Vitez, et d’après les

 15   informations que vous avez obtenues, il a été impliqué dans

 16   la commission de deux meurtres.  Dans la nuit du 19

 17   novembre 1992 à Kruscica, deux musulmans ont été tués et un

 18   troisième musulman a été sérieusement blessé :  C’est

 19   exact ?

 20         R.    Oui, c’est exact.  C’est Huran (ph.) qui a

 21   été tué et puis… excusez-moi, je vais consulter mes notes,

 22   j’ai marqué l’autre nom.  Il y a une autre personne qui a

 23   été blessée, c’est Hakilic (ph.).

 24         Q.    Ce n’est peut-être pas nécessaire d’avoir le

 25   nom, Monsieur Kalco.  Je vous remercie.


Page 15941

  1         R.    Entendu !

  2         Q.    En ce qui concerne ces deux meurtres et les

  3   blessures causées à ce troisième homme, vous en avez parlé

  4   à nouveau à Pasko Ljubicic, lequel vous a indiqué à nouveau

  5   que le HVO ferait une enquête et punirait le responsable. 

  6   Est-ce qu’à votre connaissance, cette enquête a été menée

  7   et est-ce que le responsable a été puni ?

  8         R.    L’enquête n’a pas été menée jusqu’au terme,

  9   jusqu’à la fin.  Les personnes qui ont survécu et qui se

 10   trouvaient dans des voitures, on a appris que c’était

 11   Vukadinovic qui avait tiré, qu’il a tué deux personnes et

 12   que le troisième a été blessé.  J’ai eu l’occasion de

 13   m’entretenir avec Pasko et j’ai posé la question justement

 14   pour savoir jusqu’où ils sont arrivés et puis si

 15   éventuellement ceux qui l’ont tué ont été trouvés, mais il

 16   m’a tout simplement dit que tout est en cours, l’enquête

 17   est en cours, qu’ils n’ont pas encore les résultats

 18   définitifs.  C’était comme ça la situation.

 19         Ensuite, il y avait d’autres événements qui

 20   étaient beaucoup plus importants à ce moment-là et nous

 21   n’avons jamais appris véritablement qui avait tué et on n’a

 22   jamais appris ce qui s’était passé véritablement, comment

 23   les deux personnes ont été tuées, comment une personne a

 24   été blessée.  On ne sait pas si les auteurs de ce crime ont

 25   été punis ou non.  On n’a jamais su ça.


Page 15942

  1         Q.    Monsieur Kalco, vous nous confirmez que ce

  2   Vukadinovic avait pour supérieur Mario Cerkez ?

  3         R.    Absolument.

  4         Q.    Le 18 octobre 1992, Monsieur Kalco, vous avez

  5   été informé que des forces du HVO qui venaient de Kresevo,

  6   Kiseljak, Fojnica, Busovaca, se rendaient dans la direction

  7   de Novi Travnik où elles souhaitaient apporter des renforts

  8   au HVO de Novi Travnik et vous avez reçu l’ordre du 3e

  9   corps à Zenica de bloquer ces forces à Ahmici.

 10         Pouvez-vous nous indiquer pour quelle raison le

 11   HVO souhaitait prendre la ville de Novi Travnik ?

 12         R.    Le HVO avait une usine d’explosifs à Vitez et

 13   il devait y avoir également une usine à Novi Travnik où

 14   étaient entreposés des mortiers, d’autres armes.  Refik

 15   Lendo était commandant, commandant chargé de la défense de

 16   Novi Travnik.  Il a refusé les requêtes du HVO, enfin, la

 17   demande du HVO selon laquelle l’usine aurait dû être remise

 18   au HVO et c’est la raison pour laquelle il y a eu ce

 19   conflit entre le HVO et l’armée.

 20         Nous, on a reçu l’ordre de l’état-major de Zenica,

 21   de notre zone opérationnelle, donc, du 3e corps d’armée

 22   pour parler plus précisément, d’empêcher les forces du HVO

 23   qui se déplaçaient en provenance de Busovaca et qui étaient

 24   composées des gens de Kresevo, de Fojnica, de Kiseljak, de

 25   Busovaca et de les empêcher de rentrer dans la municipalité


Page 15943

  1   de Stari Vitez.

  2         Nous avons dressé un barrage.  Nous avons empêché

  3   ces unités d’emprunter la route principale Sarajevo-

  4   Travnik.  Les tirs ont été échangés et de notre côté, il y

  5   avait un jeune de 15, 16 ans mineur qui a été tué.  Je ne

  6   sais pas si de l’autre côté, il y avait des personnes qui

  7   ont été tuées, du côté du HVO. 

  8         C’est comme ça que les forces de Novi Travnik ont

  9   été consolidées.  Ils ont organisé une véritable défense et

 10   ils n’ont pas permis à ce que les forces du HVO s’emparent

 11   de l’unité Bratstvo à Novi Travnik. 

 12         Je pense que le 16 avril, les événements de

 13   Ahmici, le 16 avril 1993, Ahmici a pratiquement payé la

 14   note et c’était en quelque sorte, si vous voulez, le

 15   résultat de ce que nous avons fait au moment où nous avons

 16   arrêté cette brigade en 1992, en octobre 1992.

 17         Q.    [Hors microphone] …plus loin au mois d’avril

 18   1993.

 19         Ce 19 octobre 1992, des pourparlers se sont

 20   engagés entre vous-même et les représentants du HVO et ces

 21   représentants vous ont demandé d’enlever ce barrage ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Pourriez-vous nous indiquer quelles ont été

 24   les négociations qui ont été menées et quel a été le rôle

 25   de l’accusé Mario Cerkez au cours de ces négociations ?


Page 15944

  1         R.    Mario Cerkez était commandant de la brigade

  2   Viteska et…

  3         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Qu’est-ce que

  4   vous voulez, Me Kovacic ?

  5         Me KOVACIC (interprétation) :  Nous n’avons pas

  6   les documents concernant ce témoignage.  Nous n’avons pas

  7   des notes, les notes auxquelles se réfère le témoin.

  8         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  De quelles

  9   notes s’agit-il, Me Lopez-Terres ?

 10         Me LOPEZ-TERRES :  Me Kovacic fait référence aux

 11   journaux du témoin qu’il est en train de consulter. 

 12   J’indique pour rassurer Me Kovacic que pas plus que lui, le

 13   Bureau du Procureur n’a eu accès à ces journaux et que le

 14   témoin nous a indiqué clairement qu’il ne souhaitait pas

 15   que quiconque ait accès à ces journaux.

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur

 17   Kalco, vous avez tenu un journal.  Ce que vous êtes en

 18   train de regarder, c’est bien ça ?

 19         R.    Oui.  Ce sont mes notes, mes notes que j’ai

 20   faites moi-même sur les événements qui ont eu lieu entre

 21   1992 et jusqu’à la fin du conflit avec le HVO.

 22         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Entendu !

 23         Me Kovacic, vous avez votre réponse.  Même le

 24   Procureur n’a pas vu les notes.

 25         Est-ce que vous faites objection ?  Est-ce que


Page 15945

  1   vous n’acceptez pas qu’il consulte ses notes ?

  2         Me KOVACIC (interprétation) :  Oui.

  3         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Pourquoi ?

  4         Me KOVACIC (interprétation) :  Si le témoin relate

  5   les événements qui se sont passés il y a six, sept ans et

  6   donc il se rafraîchit la mémoire en jetant un coup d’œil

  7   sur ses notes, à ce moment-là, les deux parties doivent

  8   également avoir accès.  Sinon, ni le témoin ni nous, on ne

  9   va pas les regarder.

 10         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous en

 11   prie, Me Lopez-Terres.

 12         Me LOPEZ-TERRES :  Je peux continuer ou je…

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Vous pouvez

 14   répondre si vous voulez à cette objection.

 15         Me LOPEZ-TERRES :  J’ai interrogé le témoin à

 16   partir du moment où j’ai constaté lorsque je l’ai rencontré

 17   pour la première fois, donc dimanche, qu’il avait des

 18   documents qu’il avait amenés avec lui.  Je précise que dans

 19   chaque ordonnance de votre Chambre invitant un témoin à

 20   comparaître, il est précisé qu’il doit se rendre à La Haye

 21   avec des documents s’il en possède.

 22         Donc, j’en ai déduit que le témoin avait apporté

 23   avec lui ses journaux.  Je lui ai posé la question à propos

 24   de ses journaux.  Sachant que la Défense n’y avait pas eu

 25   accès, je me suis interdit d’y avoir accès moi-même et le


Page 15946

  1   témoin encore une fois, comme je l’ai indiqué tout à

  2   l’heure, m’a clairement fait savoir qu’il s’agissait de

  3   documents personnels et qu’il ne tenait pas à ce qu’aussi

  4   bien le Bureau du Procureur que la Défense puissent prendre

  5   connaissance de ses journaux personnels.

  6         Me SAYERS (interprétation) :  Monsieur le

  7   Président, si vous me le permettez, je voudrais tout

  8   simplement vous dire quelle est l’attitude de la Défense de

  9   Monsieur Kordic.  Il s’agit d’un témoin qui dispose

 10   également d’un certain nombre de données qui concernent

 11   également Monsieur Kordic.

 12         C’est la raison pour laquelle nous nous joignons à

 13   la requête de Monsieur Kovacic.  Nous considérons qu’il

 14   faut avoir également à notre disposition toutes les notes

 15   éventuellement, bien évidemment, et exclure tout ce qui est

 16   de caractère personnel.

 17         C’est important en ce qui concerne mon client car

 18   il y a des notes également qui ont été prises qui

 19   concernent mon propre client.  Il y a des informations qui

 20   datent d’il y a six ans, sept ans.  C’est la raison pour

 21   laquelle il est indispensable de pouvoir les consulter. 

 22   C’est indispensable de les avoir.

 23                     [La Chambre discute]

 24         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur

 25   Kalco, vous ne souhaitez pas que votre journal, vos notes


Page 15947

  1   soient mises à la disposition ni du Procureur ni à la

  2   Défense ?

  3         R.    C’est exact.  Il s’agit de mes notes

  4   personnelles.  Moi, je vais essayer également de rédiger un

  5   livre.  C’est un livre de souvenirs parce que je considère

  6   qu’il ne faut pas oublier ce qui s’est passé et c’est la

  7   raison pour laquelle je ne voudrais vraiment pas que qui

  8   que ce soit ait accès à mes notes.  Ça, ce sont mes notes

  9   personnelles.  Voilà ce que j’ai à vous dire.

 10         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il y a une

 11   règle à laquelle nous devons nous conformer.  Si le témoin

 12   se réfère à ses propres notes, à ce moment-là, ces notes

 13   doivent être mises à la disposition des deux parties.  Il y

 14   a bien évidemment des exceptions et nous avons déjà permis

 15   à un certain nombre de témoins éventuellement d’exclure de

 16   leurs propres notes ce qui est personnel et le reste, de le

 17   mettre à la disposition des parties.

 18         Si véritablement, ces notes peuvent être

 19   considérées comme un élément de preuve, à ce moment-là, il

 20   faut que les deux parties puissent en disposer parce que

 21   pour nous, c’est extrêmement important.  Il est important

 22   également d’en prendre note et de savoir ce qui s’est passé

 23   exactement.  Ça, c’est notre position.

 24         Par conséquent, si vous voulez les consulter à

 25   l’avenir, dans ce cas-là, il faudrait absolument les mettre


Page 15948

  1   à la disposition des deux parties et vous pouvez exclure,

  2   comme je vous l’ai dit, les parties pour lesquelles vous ne

  3   voulez pas que les autres soient mis au courant, mais si

  4   vous ne voulez absolument pas permettre que ces notes

  5   soient consultées, à ce moment-là, je vous prie de ne plus

  6   les consulter.

  7         C’est à vous de prendre la décision.  Une décision

  8   ou l’autre, c’est à vous, mais de toute façon, c’est à

  9   vous, Monsieur Kalco.

 10         Est-ce que vous êtes prêt à mettre à la

 11   disposition vos notes à condition d’exclure ce qui vous

 12   concerne ou bien vous continuez la déposition sans

 13   consulter vos notes ?

 14         R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

 15   je ne vais pas les consulter.  C’est ma décision.

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  D’accord.

 17         Me LOPEZ-TERRES :

 18         Q.    Monsieur Kalco, avant cette intervention de

 19   Me Kovacic, nous parlions des faits du 19 octobre 1993 et

 20   des différentes négociations auxquelles vous avez

 21   personnellement participé à Vitez et auxquelles a participé

 22   l’accusé Mario Cerkez.

 23         Est-ce que vous pouvez nous indiquer en quelques

 24   mots l’évolution de ces négociations et quel a été le rôle

 25   de l’accusé Mario Cerkez au cours de celles-ci ?


Page 15949

  1         R.    Nous avons interdit, comme je l’ai dit, que

  2   les unités du HVO se dirigent vers Novi Travnik et après

  3   cette interdiction, il y a eu des pourparlers.  Donc,

  4   c’était une réunion qui a eu lieu dans le bâtiment des PTT,

  5   dans le soubassement, dans une cave.  Il y avait un centre

  6   de transmission.

  7         Il y avait quelques bureaux également qui s’y

  8   trouvaient et lors de cette réunion, outre moi-même,

  9   Sefkija Djidic, l’Imam y a participé, l’Imam de Vitez, Ivan

 10   Mistrovac, et du côté des Croates, Mario Cerkez, Pero

 11   Skopljak, Ivica Santic, lors de cette réunion, il a été

 12   convenu de démanteler tout de suite les barrages, les

 13   barrages qui étaient dressés dans le secteur de Stari

 14   Vitez. 

 15         Nous avons également fait un PV de la réunion et

 16   lors de cette réunion ou plutôt vers la fin, au moment où

 17   il fallait signer également le procès-verbal, nous avons

 18   entendu des tirs assez violents.  C’était un feu qui a été

 19   ouvert à Vitez.  Ces tirs venaient à peu près de l’endroit

 20   où se trouvaient les formations de logistique de l’armée de

 21   Bosnie-Herzégovine.

 22         Moi, j’ai été le premier à sortir en vitesse de

 23   cette pièce, mais je ne pouvais pas aller beaucoup trop

 24   loin parce que les soldats du HVO s’y trouvaient et ce sont

 25   eux qui gardaient la porte.  Parmi eux, j’ai reconnu


Page 15950

  1   Grabovac et ensuite Vinko également et je n’ai pas pu

  2   sortir pour voir ce qui se passait, mais de toute façon,

  3   j’ai entendu des bruits et j’ai entendu des bruits du feu

  4   qui, comme je l’ai dit, provenaient de notre logistique.

  5         Moi, j’étais le seul à ne pas avoir signé le

  6   procès-verbal parce que j’étais révolté.  Pendant que nous,

  7   on discutait, eux, ils planifiaient d’attaquer nos

  8   formations de logistique et j’ai demandé à Santic, j’ai

  9   demandé à Mario, j’ai demandé également à Skopljak…

 10         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vais une

 11   fois de plus vous interrompre.

 12         Monsieur Lopez-Terres, il faut absolument avancer. 

 13   Accélérez un petit peu ce témoignage.  Si vous n’avez pas

 14   véritablement un point plus particulier qui vous intéresse

 15   au sujet de cette réunion, à ce moment-là, nous pourrions

 16   peut-être poursuivre.

 17         Me LOPEZ-TERRES :  [Hors microphone] …d’abord,

 18   c’est qu’il me semble que le témoin est passé directement

 19   aux faits qui se sont produits le 22 octobre 1992 et

 20   l’accord dont il nous parle est celui du 22 octobre 1992,

 21   et par conséquent, nous n’avons pas encore évoqué ce qui

 22   s’est produit entre le 19 et le 22 octobre 1992, c’est-à-

 23   dire les paragraphes…

 24         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous en

 25   prie.  Est-ce que vous pouvez lui suggérer pour qu’il lise


Page 15951

  1   quelque chose à ce sujet-là ?

  2         Me LOPEZ-TERRES :  Me Kovacic a fait une objection

  3   à la lecture de ces paragraphes.

  4         Q.    Avant cet accord de cessez-le-feu du 22

  5   octobre, qui est celui dont vous venez de nous parler,

  6   Monsieur Kalco, vous avez eu cette réunion le 19 octobre à

  7   la poste.  Vous nous en avez parlé.  Je voudrais que vous

  8   nous indiquiez ce qui s’est passé entre le 19 et le 22

  9   octobre et en particulier ces négociations au cours

 10   desquelles des échanges ont eu lieu et au cours desquelles

 11   également des coups de téléphone ont été passés et au cours

 12   desquelles l’accusé Dario Kordic a été consulté.

 13         R.    Entendu !  J’ai compris la question. 

 14   D’accord.  Excusez-moi d’avoir sauté la date en question. 

 15   Effectivement, nous nous sommes mis d’accord avec les

 16   représentants du HVO pour démanteler le barrage à Ahmici. 

 17   Mario Cerkez a assisté à cette réunion, Ivica Santic

 18   également, Pero Skopljak, moi-même et Sefkija Djidic, et

 19   nous avons dit que nous ne pouvons pas démanteler ce

 20   barrage avant de recevoir l’ordre de Zenica.

 21         Après cela, le soir, c’est Ivica Santic qui a

 22   insisté sur cette question.  Mario Cerkez s’est rendu au QG

 23   avec Ivica Santic.  Il y avait des représentants des

 24   autorités civiles et des représentants de l’armée et lors

 25   de cette réunion, on a insisté pour qu’on laisse passer les


Page 15952

  1   unités du HVO qui se sont dirigées vers Novi Travnik, mais

  2   nous, on n’a pas voulu entendre parler de ça parce qu’il y

  3   avait des menaces par la suite.  On nous a dit également

  4   que toute la municipalité allait être incendiée si jamais

  5   on ne les laisse pas passer.

  6         Monsieur Ivica Santic est allé appeler quelqu’un

  7   au téléphone et il a appelé, à Novi Travnik, Kordic et il

  8   lui a dit que la réunion était en cours.  Il lui a raconté

  9   ce qui s’est passé et Kordic a dit à peu près qu’il fallait

 10   absolument respecter ce qu’on nous demandait, que des

 11   unités devaient absolument passer pour aller à Novi Travnik

 12   et que Mario Cerkez et Santic devaient mettre en œuvre ses

 13   instructions.

 14         Ni moi ni personne d’autre parmi nous n’avons pu

 15   entendre ce qui a été dit au téléphone, mais une fois qu’il

 16   avait terminé sa conversation téléphonique, Ivica Santic

 17   nous a dit qu’il a reçu des instructions de la part de

 18   Kordic et que Mario et lui-même doivent respecter cet ordre

 19   car Boban était en Herzégovine et dans l’ensemble du

 20   territoire de Bosnie-Herzégovine, c’était Kordic pour la

 21   Bosnie centrale.  Lui, il était numéro un en Bosnie

 22   centrale.

 23         La réunion n’a pas encore été terminée et Dr

 24   Franjo Tibolt a insisté de poursuivre donc les

 25   négociations.  Le lendemain matin, nous avons organisé une


Page 15953

  1   réunion.  Il y avait une quinzaine d’employés de ce centre

  2   médical, Sefkija, Sliskovic, moi-même et Mario Cerkez. 

  3   Nous sommes restés ensemble et nous n’avons pas permis de

  4   démanteler les barrages, et Mario, il a dit

  5   littéralement que la municipalité allait être incendiée,

  6   qu’on va massacrer tout le monde et que l’armée de Bosnie-

  7   Herzégovine sera responsable pour ce qui se passera dans la

  8   municipalité parce qu’elle n’a pas permis aux formations du

  9   HVO, aux unités du HVO de traverser la route et de se

 10   rendre à Novi Travnik.

 11         C’était donc le matin après 6 h 55 minutes à peu

 12   près.  La réunion s’était terminée et tout de suite après,

 13   l’attaque sur Ahmici a commencé.

 14         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Ça suffit.  Je

 15   vous interromps. 

 16         Monsieur Lopez-Terres, je vous en prie, vous

 17   pouvez poursuivre.

 18         Me LOPEZ-TERRES : 

 19         Q.    Monsieur Kalco, pendant la période dont vous

 20   nous parlez, vous avez dû quitter par la force le quartier

 21   général que l’armée de Bosnie occupait et vous avez dû vous

 22   rendre à Stari Vitez.  C’est bien exact ?

 23         R.    Oui, c’est exact.  Nous avons été obligés de

 24   quitter.

 25         Q.    Vous avez été attaqué dans votre quartier


Page 15954

  1   général.  Est-ce que vous pouvez nous indiquer par quelle

  2   unité vous avez été attaqué dans ce quartier général ?

  3         R.    Ce sont les formations de Kraljevic et Mario

  4   qui nous ont attaqués.  Ils ont tiré de l’obusier Zolja,

  5   mais ils n’ont pas touché la pièce où nous nous sommes

  6   trouvés.  Si l’obus avait touché l’endroit où nous étions,

  7   à ce moment-là, les 12 personnes auraient péri, ceux qui

  8   représentaient l’armée de Bosnie-Herzégovine et puis la

  9   direction également, les Bosniens.

 10         Après cela, quatre autres obus sont tombés entre

 11   l’école élémentaire et l’école secondaire.  Je parle de

 12   Bratsvo i Jedinstvo.  Le matin, nous avons été obligés de

 13   nous retirer en passant par le stade et en allant vers

 14   Stari Vitez, de Vitez à Stari Vitez.

 15         Q.    Plus tard, le mois suivant, le mois de

 16   novembre, le 23 novembre 1992, vous avez participé à une

 17   réunion qui a eu lieu à Travnik et à laquelle étaient

 18   conviés le Général Praljak ainsi que le Général Jaganac, où

 19   il a été toujours question de la mise en place d’une armée

 20   conjointe.  Un délai de sept jours a été donné aux

 21   commandants locaux pour mettre en place cette armée

 22   conjointe mais en fait ce délai n’a jamais été respect et

 23   finalement, l’accord n’a jamais abouti ?

 24         R.    C’est exact ce que vous venez de dire, mais

 25   la raison n’était pas que le HVO n’a pas voulu.  Messieurs


Page 15955

  1   le Général Praljak et Jaganac, ils ont créé un sceau commun

  2   avec le damier et le lys pour qu’il serve aux deux côtés et

  3   ils nous ont donné sept jours afin d’organiser l’armée

  4   entre Gornji Vakuf et Kiseljak.  À ce moment-là, ceci n’a

  5   pas été respecté.  Monsieur Praljak était un Général de

  6   l’armée croate.  Il portait l’insigne de l’armée croate.

  7         Q.    Monsieur Kalco, avez-vous rencontré d’autres

  8   généraux de l’armée croate à Vitez ?

  9         R.    Oui.  Après l’attaque du HVO le 16 avril, une

 10   équipe a été constituée, représentée du côté de l’armée de

 11   Bosnie-Herzégovine par Monsieur Sefer Halilovic, Rasim

 12   Delic et Vehbija Karic.  Du côté croate, il y avait le

 13   Général Petkovic – il était Général de l’armée croate et il

 14   portait un tel insigne – le Colonel de l’armée croate

 15   Andric qui portait un tel insigne, Totic, Filip Filipovic. 

 16   Ils se sont rendus à Stari Vitez et ensuite, nous sommes

 17   allés à l’hôtel Vitez.

 18         Q.    Excusez-moi de vous interrompre.  Vous avez

 19   eu l’occasion également de rencontrer à Vitez un autre

 20   Général de l’armée croate qui était le commandant du HVO à

 21   l’époque, le Général Roso ?

 22         R.    Je souhaitais le dire plus tard.  Monsieur

 23   Roso était avec le Général Hayes (ph.), le Général

 24   britannique.  Après la fin du conflit entre l’armée de

 25   Bosnie-Herzégovine et le HVO, il est venu passer quelques


Page 15956

  1   jours.  Ils sont entrés dans Stari Vitez.  Moi, je n’avais

  2   rien à leur offrir à boire, sauf un rhum et un café.  Nous

  3   avons bu du café donc aussi.  Moi, je n’étais pas content

  4   de voir…

  5         Q.    Si vous me permettez, Monsieur Kalco, le

  6   temps nous presse.  Nous allons passer à un autre point.

  7         Au mois de février 1993, vous avez été informé de

  8   la commission d’un crime à Nadioci.  Il s’agissait du

  9   meurtre de Monsieur Esad Salkic.  La personne qui a été

 10   désignée comme étant l’auteur de ce meurtre était le nommé

 11   Miroslav Bralo qui était également surnommé Cicko.  Est-ce

 12   qu’après la commission de ce crime, vous avez vu à la

 13   télévision l’accusé Dario Kordic parler de cette affaire ?

 14         R.    Effectivement, le meurtre a eu lieu et à la

 15   télévision locale, j’ai vu Monsieur Kordic qui a dit que

 16   pour le meurtre commis par Bralo, une enquête allait être

 17   menée concernant ce meurtre et que la procédure judiciaire

 18   allait être conforme aux lois en vigueur en Bosnie-

 19   Herzégovine.

 20         Au bout de cinq ou six jours peut-être,

 21   personnellement, j’ai vu Cicko à Vitez en voiture.  Donc,

 22   il n’était pas en prison.  Il n’a pas été arrêté.  La

 23   procédure n’a pas été entamée.  D’autres personnes l’ont vu

 24   à Busovaca aussi, ce qui veut dire qu’il n’a pas passé un

 25   seul jour en prison et qu’il n’a pas été soumis à des


Page 15957

  1   mesures de sanction.

  2         Q.    Au mois d’avril, début du mois d’avril 1993,

  3   ayant été informé de ce que Monsieur Bralo circulait

  4   librement, vous avez interrogé l’accusé Cerkez et son

  5   adjoint, le nommé Saljevic, et ils vous ont dit qu’ils

  6   essaieraient d’obtenir des informations, et ces

  7   informations, vous ne les avez jamais obtenues ?

  8         R.    C’est exact.  D’après eux, ils ne savaient

  9   pas non plus ce qui lui était arrivé.  Ils n’avaient pas

 10   d’informations ou peut-être ils ne pouvaient pas les

 11   fournir.  Ils ne voulaient pas les fournir peut-être.  Ils

 12   ont dit qu’au bout de quelques jours, ils allaient nous

 13   informer sur la situation concernant Bralo.  Par la suite,

 14   l’attaque a eu lieu.  Donc, nous n’avons pas pu constater

 15   ou plutôt nous n’avons pas reçu d’information de leur part

 16   concernant cette personne.

 17         Q.    Monsieur Kalco, à votre connaissance,

 18   Miroslav Bralo appartenait-il à la brigade de Vitez que

 19   commandait Cerkez ?

 20         R.    Oui, certainement.

 21         Q.    Entre le 31 mars et le 11 avril 1993, vous

 22   avez reçu des informations de la part de vos services de

 23   renseignements selon lesquelles environ 350 soldats du HVO

 24   provenant de Travnik et Busovaca, circulant dans des bus et

 25   des camions, s’étaient déployés dans la zone de Vitez et en


Page 15958

  1   particulier à Veliki Mosunj, Kruscica et Zabrdze :  Est-ce

  2   bien exact ?

  3         R.    C’est exact.  Il y avait environ 300 ou 350

  4   personnes.  C’est mes officiers de renseignements qui me

  5   l’ont dit et ils ont dit que ces personnes étaient logées à

  6   Veliki Mosunj, dans le chalet à Zabrdze et dans les maisons

  7   de campagne, et à Kruscica.

  8         Q.    Vous avez également obtenu de la part de ces

  9   mêmes officiers de renseignements des informations selon

 10   lesquelles le HVO avait mis en place de l’artillerie, des

 11   mortiers dans plusieurs endroits, et par conséquent, était

 12   en mesure de couvrir toute la vallée de la Lasva ?

 13         R.    C’est exactement ça.  De Prahulje, à Nova

 14   Bila, à Pjescara, à Stari Bila, Gradina, Zabrdze et à

 15   d’autres endroits vers Busovaca, ils ont placé des pièces

 16   d’artillerie, des canons, des mortiers.  Donc, ils

 17   couvraient la région depuis Nova Bila jusqu’à Busovaca ou

 18   jusqu’à Kaonik.  C’est cette région-là qu’ils pouvaient

 19   contrôler et ils pouvaient lancer une attaque contre ou

 20   plutôt tirer sur Zenica aussi.

 21         Q.    Le 10 avril 1993, au cours de la nuit, vous

 22   avez été appelé par l’accusé Mario Cerkez qui vous a

 23   indiqué que l’un des officiers de sa brigade, le nommé Ivo

 24   Sucic, avait été arrêté et malmené à Stari Vitez par des

 25   soldats de votre unité.


Page 15959

  1         Vous avez procédé à quelques vérifications et en

  2   fait vous êtes arrivé à la conclusion qu’il n’y avait

  3   jamais eu d’interpellation concernant ce nommé Sucic et

  4   qu’en aucun cas des violences avaient été exercées contre

  5   lui :  C’est bien cela ?

  6         R.    C’est exact.  Ivo Sucic, je le connais bien. 

  7   Il me connaît bien aussi.  Le 10 avril, c’est le jour du

  8   NDH (ph.), c’est-à-dire l’État indépendant de Croatie,

  9   l’État qui existait pendant la Deuxième Guerre mondiale, et

 10   c’est surtout les Croates qui fêtaient ce jour-là la fête

 11   nationale de l’ancienne NDH, c’est-à-dire l’État

 12   indépendant de Croatie.

 13         Sucic était ivre.  Je suppose qu’il avait bu

 14   quelque part, mais d’après nos informations, aucun membre

 15   de l’armée de Bosnie-Herzégovine ni de la population n’a

 16   malmené Ivo Sucic et il ne portait pas de traces de passage

 17   à tabac.  Tout simplement, il y avait des traces de

 18   poussière parce qu’il était par terre, il était tellement

 19   ivre.

 20         Q.    Je voudrais vous présenter un document au

 21   sujet de cet incident.  Il est en date du 12 avril 1993. 

 22   C’est le document Z642.  C’est un document qui a été rédigé

 23   par l’accusé Mario Cerkez.

 24         Monsieur Kalco, ce document fait référence à des

 25   violences qu’aurait subies Monsieur Ivo Sucic et en quelque


Page 15960

  1   sorte vient démentir la version que vous venez de nous

  2   exposer.  Quelles sont vos observations sur la sincérité de

  3   ce document ?

  4         R.    En ce qui concerne ce document, je pense

  5   qu’il est énoncé afin de nous provoquer simplement. 

  6   J’aurais aimé avoir notre réponse à ce document.  Je ne

  7   l’ai pas sur moi mais je me souviens que nous avons réfuté

  8   les arguments exposés dans ce document.

  9         Q.    Deux jours plus tard, le 12 avril 1993, l’un

 10   de vos officiers, le nommé Nihad Rehibic, a été arrêté à un

 11   barrage à Dolac alors qu’il se trouvait avec son chauffeur

 12   et la police militaire du HVO a exercé des violences sur

 13   ces deux hommes.  Vous êtes intervenu auprès de Pasko

 14   Ljubicic et finalement, Rehibic et son chauffeur ont été

 15   libérés.

 16   Vous avez vu Monsieur Rehibic à l’époque ainsi que le

 17   chauffeur.  Dans quel état étaient-ils ?

 18         R.    Oui.  Ceci s’est passé ainsi.  Rehibic est

 19   venu avec le chauffeur dans le commandement.  Il portait

 20   des traces visibles… il était ligoté et il y avait des

 21   marques sur son visage, des bleus.  Donc, c’était des

 22   traces du passage à tabac.  Il y avait également du sang

 23   sur leur visage.  Donc visiblement, ils avaient été

 24   malmenés.

 25         Q.    Le lendemain, le 14 avril 1993, Mario Cerkez


Page 15961

  1   vous a appelé au téléphone pour vous informer ce que Darko

  2   Kraljevic et deux autres membres des Vitezovis avaient été

  3   tués par les soldats de l’armée de Bosnie-Herzégovine dans

  4   un bois. 

  5         Vous avez là encore procédé à une rapide enquête

  6   et vous avez constaté qu’en réalité, Kraljevic et les deux

  7   autres Vitezovis avaient été trouvés en état d’ébriété,

  8   alors qu’ils consommaient du haschisch, par une de vos

  9   patrouilles et qu’ils avaient été ramenés ensuite à Vitez

 10   sans être absolument malmenés.

 11         R.    C’est exact.  Nous avons reçu l’information

 12   qu’ils étaient tués à Kruscica à Suhe Jele.  Nous avons

 13   envoyé une patrouille constituée de trois policiers

 14   militaires qui les ont trouvés en état d’ébriété et ils

 15   consommaient du haschisch.  Ils ont été amenés à Vitez.

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il n’est pas

 17   nécessaire que vous répétiez ce que le Procureur a dit.

 18         R.    O.K.   

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Passez à autre

 20   chose, s’il vous plaît.

 21         Me LOPEZ-TERRES :

 22         Q.    Vous avez reçu le 15 avril 1993 une lettre de

 23   Monsieur Kraljevic qui se plaint des mauvais traitements

 24   qu’il a reçus à l’occasion de cet incident.  Cette lettre

 25   fait l’objet de la pièce à conviction Z661.  Je voudrais


Page 15962

  1   que vous l’examiniez et que vous nous fassiez vos

  2   commentaires sur ce document, Z661.

  3         Vous vous souvenez d’avoir reçu ce document ?

  4         R.    Oui, je m’en souviens.  Nous avons envoyé une

  5   réponse à cela, mais moi, je ne l’ai pas en ma possession. 

  6   Nous leur avons répondu.  Je pense qu’encore une fois, il

  7   s’agissait de provocation dans cette lettre et ceci faisait

  8   justement partie des préparatifs pour cette attaque finale

  9   qui a eu lieu le 16 avril.

 10         Q.    Le 14 avril 1993, vous étiez en compagnie

 11   d’autres membres de l’armée de Bosnie et de représentants

 12   du HVO de Vitez, notamment Mario Cerkez et ses adjoints

 13   Karlo Grabovac, Sajic, et Bertovic, et vous avez célébré

 14   ensemble l’anniversaire de l’armée de Bosnie.  Vous avez bu

 15   et consommé ensemble cette nuit-là et au cours des échanges

 16   de propos que vous avez eus, vous avez eu l’assurance

 17   qu’aucun conflit n’éclaterait à Vitez les jours suivants ?

 18         R.    C’est exact.  Nous avons fêté l’anniversaire,

 19   la fête de l’armée le 15 avril, mais à cause de la fête qui

 20   a eu lieu à Zenica, nous avons organisé cela dans la

 21   municipalité un jour plus tôt et lors de cette fête de

 22   l’armée de Bosnie-Herzégovine, nous avons également invité

 23   des membres du HVO et ces personnes dont vous venez de

 24   citer les noms étaient présentes.

 25         Nous avons parlé, nous avons chanté pendant


Page 15963

  1   longtemps, jusqu’à tard dans la nuit et Darko Kraljevic a

  2   dit à nous, les membres de l’armée de Bosnie-Herzégovine,

  3   pas que moi – nous étions environ 20 – qu’il n’y aurait

  4   jamais de conflit entre l’armée de Bosnie-Herzégovine et le

  5   HVO et il a souligné tout particulièrement qu’il n’y aurait

  6   pas du tout de conflit entre Kruscica et le HVO et que le

  7   HVO n’allait jamais attaquer Kruscica puisque Mario vivait

  8   au début de ce village de Kruscica.

  9         Q.    Une précision.  Il est indiqué dans le

 10   transcript, dans la version anglaise, en tout cas : 

 11   « Mario Kraljevic nous a dit qu’il n’y aurait jamais de

 12   conflit. »

 13         « Mario Kraljevic », je pense qu’il y a une

 14   erreur.  De qui vous voulez parler exactement ?

 15         R.    Mario Cerkez parce que Kraljevic n’était pas

 16   là.  Nous ne l’avons pas invité, donc il n’était pas là.

 17         Q.    Merci de cette précision.  Le lendemain, donc

 18   le 15 avril, vous vous êtes rendu à Zenica pour fêter le

 19   jour officiel de l’anniversaire de l’armée de Bosnie.  Vous

 20   êtes parti vers midi et vous êtes rentré aux environs de 17

 21   h 00 l’après-midi ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Environ une heure plus tard, vous avez

 24   téléphoné à l’accusé Mario Cerkez à son quartier général et

 25   vous avez discuté avec lui au téléphone ?


Page 15964

  1         R.    Vers 6 h 00, je suis rentré de Zenica et au

  2   bout d’une heure, j’ai parlé avec Mario.  Nous avons parlé

  3   de la situation dans la municipalité, dans la région de la

  4   municipalité.  Il ne semblait pas savoir qu’il y aurait un

  5   conflit.  Les officiers de renseignements m’ont dit qu’il y

  6   a eu un rassemblement de troupes du HVO entre la station-

  7   service et l’hôtel Vitez et nous nous disions que

  8   probablement ils allaient partir quelque part sur le

  9   terrain, qu’il s’agissait peut-être d’une relève d’autres

 10   unités.

 11         Il est vrai que nous avons renforcé des mesures de

 12   sécurité, nous avons donné ce genre d’instructions à nos

 13   forces, c’est-à-dire nous avons relevé l’état d’alerte. 

 14   Donc, pendant toute cette nuit, la situation était calme,

 15   mais en Bosnie, nous avons l’expression : nous avons pu

 16   sentir dans l’air que quelque chose ne tournait pas rond,

 17   que quelque chose allait se passer mais nous ne savions pas

 18   très exactement quoi.

 19         Nous n’avons pas pu prévoir les événements puisque

 20   30 heures plus tôt, nous avons eu la réunion avec ces

 21   officiers du HVO, de la brigade de Vitez qui nous ont

 22   rassurés pendant la réunion qui a eu lieu pendant la

 23   célébration de la fête de l’armée de Bosnie-Herzégovine et

 24   qui nous ont dit que ce genre de choses n’allaient pas se

 25   produire.


Page 15965

  1         Q.    Le 16 avril au matin alors que vous étiez à

  2   Stari Vitez, vous avez constaté que Stari Vitez et Vitez

  3   étaient attaqués par les forces du HVO.  Les forces de la

  4   brigade de Vitez ont-elles participé à cette attaque ?

  5         R.    Oui, oui.  C’était les forces de la brigade

  6   de Vitez et peut-être de certaines autres unités, les

  7   forces commandées par Mario Cerkez, en principe, la JNA,

  8   c’est-à-dire que et nous et le HVO, nous avons adopté les

  9   principes de la JNA.  Le commandant de la plus grande unité

 10   dans une région commandait toutes les autres unités

 11   inférieures subordonnées, de toutes les autres unités qui

 12   se plaçaient sous le commandement du commandant de cette

 13   brigade.

 14         Il est vrai que lorsque l’attaque a été lancée,

 15   des tirs d’artillerie ont été lancés contre des bâtiments

 16   de Stari Vitez et d’autres endroits et une autre unité est

 17   venue depuis la direction de Ribarnica (ph.).  Cette unité

 18   est entrée et ils ont incendié une dizaine de maisons, y

 19   compris un restaurant et c’est ainsi que l’attaque a

 20   commencé.

 21         Q.    Au même moment où Vitez et Stari Vitez

 22   étaient attaqués, avez-vous reçu des informations selon

 23   lesquelles d’autres villages environnant Vitez étaient

 24   également attaqués ?

 25         R.    Oui.  Nous disposions de communications


Page 15966

  1   téléphoniques et radios depuis Donja Veceriska, Divjak,

  2   Gacice, Kruscica, Ahmici et autres endroits.  Je ne vais

  3   pas les énumérer tous.  Nous avons reçu des informations

  4   que les forces du HVO avaient attaqué ces endroits-là au

  5   même moment.  Par la suite, les lignes téléphoniques ont

  6   été rompues.  Nous n’avions que des communications par

  7   radio.

  8         Q.    Au cours de cette journée, au cours de ces

  9   attaques, avez-vous, vous personnellement ou des gens de

 10   votre unité, intercepté des conversations téléphoniques du

 11   HVO ?

 12         R.    Oui.  Ils faisaient la même chose vis-à-vis

 13   de nous.  Probablement ils interceptaient toutes nos

 14   conversations puisqu’ils disposaient de meilleurs

 15   équipements et de meilleurs moyens techniques.  Donc, ils

 16   suivaient toutes nos conversations et nous faisions la même

 17   chose envers eux dans la mesure du possible.

 18         Donc, l’ordre donné par Mario selon lequel Marko

 19   Lujic surnommé Markesa, qui était chargé du canon Nora à

 20   Pjescara, il devait tirer sur les sites religieux à

 21   Vranjica.  Après que plusieurs obus ont été lancés sur

 22   cette région, Vranjica et la mosquée, Markesa Lujic a

 23   demandé à son commandant, Mario, d’arrêter afin de

 24   permettre à l’appareil de se refroidir et afin de pouvoir

 25   manger.


Page 15967

  1         Nous avons enregistré cette conversation entre

  2   Mario et Markesa Lujic.  C’est un homme qui avait travaillé

  3   dans Princip comme moi et Mario, qui connaissait bien Mario

  4   et Mario le connaissait bien aussi, de même que Mario me

  5   connaissait moi.  On avait été collègues de travail tous

  6   les deux et lui et Marko Lujic avaient été collègues de

  7   travail, eux aussi.

  8         Malheureusement, nous avons rendu…

  9         Q.    Cet enregistrement dont vous nous parlez,

 10   savez-vous ce qu’il est devenu ?

 11         R.    Nous l’avons rendu.  C’est ce que je voulais

 12   dire.  Nous l’avons remis à notre commandement à Zenica, ça

 13   et puis d’autres éléments concernant l’explosion de la

 14   voiture piégée.  Mais je ne sais pas où se trouvent ces

 15   documents.  Je ne sais pas où se trouve cette cassette.

 16         Q.    Vous venez de parler du nommé Marko Lujic et

 17   de cette conversation ou de ces conversations entre Marko

 18   Lujic et Mario Cerkez.  Vous n’avez aucun doute sur

 19   l’identification des voix ?  Vous n’avez pas pu confondre

 20   les voix de ces deux personnes ?

 21         R.    Pas du tout.  J’ai grandi avec ces personnes,

 22   je travaillais avec eux, je les voyais.  On buvait

 23   ensemble, on fêtait la fête ensemble.  Nous nous

 24   connaissions très bien.  Je sais que Mario Cerkez était le

 25   supérieur de Marko Lujic surnommé Markesa.


Page 15968

  1         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Si le moment

  2   est bon, nous pouvons faire une pause.

  3         Me LOPEZ-TERRES : 

  4         Q.    Je voudrais vous présenter un document,

  5   Monsieur Kalco.  Il s’agit du document qui porte la

  6   référence Z4802.  Ce document fait partie du classeur qui

  7   vous a été remis il y a quelque temps, classeur auquel on a

  8   attribué le numéro 2813.2. 

  9         Monsieur Kalco, ce document a pour objet de

 10   proposer une promotion à un nommé Marko Lujic, fils de

 11   Marko, originaire de Jardo.  Pouvez-vous nous indiquer si

 12   ce document concerne le Marko Lujic dont vous venez de nous

 13   parler ?

 14         R.    À Vitez et dans la vallée de la Lasva, il n’y

 15   a qu’un seul Marko Lujic surnommé Markesa.  Il n’y en a pas

 16   d’autres.

 17         Me LOPEZ-TERRES :  Je vous remercie.

 18         Monsieur le Président, on peut faire une pause.

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous allons

 20   faire une pause de 20 minutes.

 21               --- Suspension de l’audience à 15 h 31

 22               --- Reprise de l’audience à 15 h 56

 23         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous en

 24   prie, Me Lopez-Terres, et essayez s’il vous plaît

 25   d’accélérer un petit peu.


Page 15969

  1         Me LOPEZ-TERRES :  Je vais essayer, Monsieur le

  2   Président.

  3         Q.    Monsieur Kalco, vous nous avez parlé il y a

  4   quelques instants du nommé Marko Lujic qui était

  5   responsable de l’artillerie à Vitez.  Est-ce que vous

  6   pouvez nous donner le nom du responsable de la division

  7   d’artillerie pour la zone de Bosnie centrale ?

  8         R.    C’était Batinic.

  9         Q.    Le 18 avril 1993 en fin d’après-midi, il

 10   s’est produit une explosion très forte à Vitez.  Un camion

 11   bourré d’explosifs a explosé cet après-midi-là et après

 12   l’explosion, il y a eu une attaque de l’infanterie sur

 13   Stari Vitez.  Pourriez-vous nous indiquer si au cours de

 14   cette attaque contre Stari Vitez, il y avait des membres de

 15   la brigade de Vitez qui y ont participé ?

 16         R.    D’après les informations dont nous avons

 17   disposé, c’était effectivement des membres de la brigade de

 18   Vitez qui ont opéré et c’était sur le commandement, sur

 19   l’ordre de cette brigade que l’action a été entreprise.

 20         Q.    Au cours de la soirée du 18 avril toujours,

 21   le jour de cette explosion, est-ce que vous vous rappelez

 22   d’avoir vu l’accusé Dario Kordic apparaître à la

 23   télévision ?

 24         R.    Oui.  Il est apparu à la télévision locale et

 25   il a dit que l’entrepôt à Stari Vitez a été activé.  Il l’a


Page 15970

  1   dit sur un ton ironique.  Il a dit qu’il y en a d’autres

  2   également qui vont être envoyés en l’air.

  3         Q.    Est-ce que vous avez reçu ce message comme

  4   étant une menace pour l’avenir ?

  5         R.    Oui.  C’était une menace bien évidemment.  Ce

  6   n’était pas pour rien qu’il a parlé.  Il a parlé de cet

  7   entrepôt de munitions pour menacer l’armée mais pour faire

  8   peur au peuple également.

  9         Q.    Si j’ai bien compris, il a expliqué que

 10   l’explosion était due à l’explosion d’un dépôt et non pas à

 11   celle d’un camion ?

 12         R.    Oui.  C’était un entrepôt, mais il y avait

 13   également un camion, un camion qui était bourré

 14   d’explosifs.  C’était l’explosif qui a été pris de Vitezit. 

 15   Il y avait 3 000 ou 4 000 kilogrammes d’explosifs et c’est

 16   Sahman, un réfugié de Sipovo, qui conduisait le camion.

 17         Q.    Monsieur Kalco, est-ce qu’au cours de cette

 18   intervention télévisée, l’accusé Dario Kordic a également

 19   indiqué ce qu’il adviendrait des responsables de l’armée de

 20   Bosnie-Herzégovine et les a invités à se rendre ?

 21         R.    Oui.  Après, il a dit que les membres de

 22   l’armée devaient se remettre car de toute façon, ils

 23   savaient ce qui les attendait, alors que le commandant a

 24   dit qu’on allait les juger en vertu des lois de Herceg-

 25   Bosna et qu’ils allaient être déclarés… je m’excuse, je ne


Page 15971

  1   peux plus me souvenir, mais de toute façon, on a dit qu’ils

  2   allaient être déclarés comme des révoltés.  Voilà !

  3         Q.    Le 30 avril 1993, c’est le jour où le Général

  4   dont vous nous avez parlé, Milivoj Petkovic, est venu à

  5   Vitez.  Vous avez eu une réunion à l’hôtel Vitez avec le

  6   Colonel Blaskic et Petkovic ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Vous étiez, je crois, le seul représentant de

  9   l’armée de Bosnie à Vitez ce jour-là au cours de cette

 10   réunion ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Est-ce que vous pouvez nous indiquer ce que

 13   le Colonel Blaskic a déclaré au cours de ce meeting ?

 14         R.    Tout d’abord, Petkovic et Totic, Filipovic,

 15   Andric, tous ceux du HVO, ils y étaient.  Ensuite, Sefer

 16   Halilovic, Rasim Delic et ensuite Vehbija Karic, ils ont

 17   visité Stari Vitez.  Par la suite, il y a une réunion à

 18   l’hôtel Vitez qui a été organisée et lors de cette réunion,

 19   Petkovic a dit qu’il allait inviter le soir les

 20   représentants de la municipalité de Vitez, que Stari Vitez

 21   a été détruite et que des fonctions vitales devaient être

 22   rétablies pour que les gens puissent continuer à vivre à

 23   Stari Vitez.

 24         Monsieur Blaskic, en revanche, a dit qu’il a tout

 25   simplement obéi aux ordres de Herceg-Bosna, obéi aux ordres


Page 15972

  1   de celui qui a été supérieur et il a nommé Dario Kordic. 

  2   Il y avait le commandant également du commandement conjoint

  3   de l’armée de Bosnie-Herzégovine dénommé Ivica Mioc, qui

  4   était officier à l’époque de l’ex-JNA car tous les

  5   officiers et le HVO…

  6         Q.    Excusez-moi.  Après cette rencontre à l’hôtel

  7   Vitez, vous vous êtes rendu au cinéma où Mario Cerkez avait

  8   son quartier général et vous étiez escorté par deux soldats

  9   britanniques.  Vous avez rendu visite à des prisonniers. 

 10   Au cours de cette visite, plus exactement à l’issue de

 11   cette visite, vous avez été pris à parti par un soldat et

 12   frappé, un soldat du HVO ?

 13         R.    Oui.  Je suis allé visiter les prisonniers. 

 14   J’étais escorté par les deux soldats britanniques.  Il y

 15   avait une foule devant le cinéma.  Il y a quelqu’un qui m’a

 16   donné un coup de pied dans le ventre.  Moi, j’ai perdu

 17   connaissance et je ne sais pas comment je suis revenu

 18   après, je suis retourné à l’hôtel.

 19         Avec Filip Filipovic, nous sommes retournés une

 20   fois de plus à cet endroit et l’un des soldats du HVO a dit

 21   (je cite) : « Emmène-le.  Je vais lui enfoncer la croix

 22   dans le front. »  Fin de citation.

 23         Après, j’ai vu et j’ai rencontré Mario Cerkez. 

 24   Nous avons discuté un petit peu.  On a parlé des

 25   prisonniers.  Nous avons demandé que les prisonniers soient


Page 15973

  1   relâchés et quelques jours plus tard, ils ont été relâchés

  2   effectivement.  Soixante-dix personnes exactement ont été

  3   relâchées le jour même alors que 15, 20 personnes qui

  4   étaient à la direction du parti SDA ont été emmenées dans

  5   la prison de Busovaca.

  6         Q.    Au total, d’après les chiffres que vous avez

  7   pu obtenir, ce sont environ 700 personnes qui ont été

  8   relâchées des différents centres de détention de Vitez ?

  9         R.    Oui.  Dans la salle du cinéma et dans

 10   d’autres pièces ou même dans une chaudière puis il y avait

 11   le club des échecs, il y avait la station vétérinaire,

 12   l’école élémentaire.  Il y en avait beaucoup.

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je ne sais pas

 14   s’il est indispensable véritablement de rentrer en détail.

 15         Me Lopez-Terres, je vous en prie, est-ce qu’on

 16   peut passer à d’autres sujets, s’il vous plaît ?

 17         Me LOPEZ-TERRES : 

 18         Q.    Monsieur Kalco, le 18 juillet 1993, vous

 19   étiez à Stari Vitez lorsqu’une nouvelle attaque a été menée

 20   contre cette partie de Vitez.  Cette attaque a duré de 4 h

 21   15 à 18 h 00 ?

 22         R.    Oui.  C’était le matin, très tôt le matin, 4

 23   h 00 du matin, entre 4 h 00 jusqu’à 18 h 00 le jour même. 

 24   On a essayé de rentrer à Princip sur un véhicule blindé. 

 25   Il y avait même un bulldozer et 12 soldats du HVO


Page 15974

  1   normalement avaient pour but de massacrer les soldats et la

  2   population, mais on a eu beaucoup de chance.  Même si on ne

  3   disposait pas beaucoup d’obus, il y avait quand même un

  4   obus qui a réussi à toucher le bulldozer.  Il y avait dix

  5   mètres…

  6         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Excusez-moi,

  7   mais est-ce qu’il est vraiment indispensable de donner

  8   toutes ces précisions, Me Lopez-Terres ?

  9         Me LOPEZ-TERRES :  La Défense a fait savoir

 10   qu’elle s’opposait à ce que je mène les questions de façon

 11   dirigée.  Je suis dans une situation un peu délicate.

 12         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Vous pourrez

 13   éventuellement poser la question, combien de victimes

 14   éventuellement, s’il y avait des victimes parmi les soldats

 15   du HVO.

 16         R.    Ce jour-là, on n’avait aucun soldat qui a été

 17   tué.  Il y en avait 15 qui ont été blessés dont huit

 18   grièvement.  On les a transportés à Zenica.

 19         Me LOPEZ-TERRES : 

 20         Q.    Excusez-moi.  Non pas que je n’aie aucun

 21   intérêt pour les pertes que vous avez subies ce jour-là

 22   mais je voudrais avoir des informations concernant les

 23   pertes du HVO plus spécifiquement.  Est-il exact que ce

 24   jour-là, le HVO a perdu 27 hommes ?

 25         R.    Moi, j’ai commencé justement à parler de


Page 15975

  1   cela.  Au bout de deux ou trois jours, moi, c’est au nom de

  2   l’armée de Bosnie-Herzégovine que j’agissais et Boro Jozic

  3   représentait le HVO, mais il y avait question de 12 soldats

  4   et 12 soldats qui appartenaient à la brigade de Vitez.

  5         Nous, on ne savait pas combien encore de soldats

  6   ont été tués ou blessés et ce n’est que plus tard que nous

  7   avons appris qu’il y en avait 15 autres soldats, 15 soldats

  8   qui sont restés entre les deux lignes, les lignes de front

  9   et l’armée de Bosnie-Herzégovine et celles du HVO. 

 10         Boro ne voulait pas prendre les dépouilles

 11   mortelles de ces soldats parce qu’il a tout simplement dit

 12   qu’il ne s’agissait pas de ses propres soldats et nous, on

 13   a constaté que c’était des soldats de Bjelovar, de Daruvar,

 14   de Osijek, par conséquent, des soldats de l’armée croate.

 15         Nous avons trouvé sur eux des livrets militaires

 16   et des cartes d’identité, des photographies également, des

 17   noms des membres de leur famille, et cætera, et nous avons

 18   donc remis tous ces documents à nos autorités à Zenica.  Je

 19   ne connais pas le sort de ces documents.

 20         Q.    Entre le mois de juillet 1993 et le mois de

 21   février 1994, lorsque le cessez-le-feu est intervenu, avez-

 22   vous constaté le passage fréquent ou l’atterrissage

 23   d’hélicoptères au-dessus de Vitez ?

 24         R.    Oui.  Ces hélicoptères passaient souvent.  Je

 25   pense qu’il y avait 86 vols.  Il y en avait qui


Page 15976

  1   atterrissaient, il y en avait qui jetaient par parachutes

  2   quelques denrées alimentaires de l’aide humanitaire car le

  3   vent nous a apporté ce qui était contenu dans les colis car

  4   dans les colis, il y avait de la munition également.  C’est

  5   nous qui en avions profité un petit peu.

  6         Par la suite, nous avons appris que Bralo, le

  7   pilote, était quelqu’un qui conduisait les hélicoptères et

  8   puis il y avait un autre pilote également répondant au nom

  9   de Sejo.  Il est bosnien de Kakanj.  Il y en avait d’autres

 10   probablement.     Nous avons appris qu’ils étaient payés 5 000

 11   deutschmarks pour chaque vol en hélicoptère.

 12         Q.    Ces hélicoptères dont vous avez vu les

 13   passages, étaient-ils des hélicoptères qui portaient les

 14   signes du HVO ou les signes de l’armée de la République de

 15   Croatie ?

 16         R.    Je ne peux pas l’affirmer.  Ils étaient loin,

 17   mais en général, c’était les vols de nuit.

 18         Q.    Le 8 août 1993, vous vous trouviez dans une

 19   maison à Stari Vitez et vous avez aperçu l’accusé Dario

 20   Kordic.  Est-ce que vous pouvez nous indiquer dans quelles

 21   circonstances et ce que vous avez vu exactement ce

 22   jour-là ?

 23         R.    Je vais revenir à la dernière question, à la

 24   toute dernière question, juste une phrase.

 25         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Non.  C’est le


Page 15977

  1   conseil qui vous a posé une question et c’est à ses

  2   questions que vous allez répondre, s’il vous plaît,

  3   Monsieur le Témoin.  Poursuivez.

  4         R.    Oui.  J’ai visité les lignes face à Lasva et

  5   au village de Krcevine.  J’ai pu remarquer Mario, Kordic

  6   également.  J’avais des jumelles et puis j’ai remarqué

  7   également des officiers du HVO.  Ils étaient sur la route à

  8   Ravno.  C’est une ligne de séparation entre l’armée et le

  9   HVO.  C’est Ravni Put l’endroit.   

 10         Monsieur Kordic portait un uniforme de camouflage. 

 11   Il avait également une chaîne avec la croix.  Il agitait

 12   les mains et j’ai pu me rendre compte qu’il délivrait des

 13   ordres car j’ai dit que j’ai observé tout ça par les

 14   jumelles.

 15         Me LOPEZ-TERRES : 

 16         Q.    À quelle heure du jour avez-vous vu cette

 17   scène ?

 18         R.    C’était à midi, 1 h 00.  Le jour était très

 19   ensoleillé, très clair.  Donc, on pouvait bien voir.  Je

 20   n’étais pas le seul.  Il y avait d’autres soldats également

 21   qui ont observé, tout comme moi, ce qui se passait de

 22   l’autre côté.

 23         Q.    Vous vous trouviez à ce moment-là à Stari

 24   Vitez ?

 25         R.    Oui.


Page 15978

  1         Q.    Le soir du même jour, le 8 août 1993, vous

  2   avez vu l’accusé Dario Kordic à la télévision locale.  Est-

  3   ce que vous pouvez nous indiquer ce qui était diffusé ce

  4   soir-là ?

  5         R.    Oui.  J’ai pu voir Kordic.  Il portait

  6   l’uniforme.  Je l’ai vu sur la ligne.  Il visitait les

  7   lignes de front du HVO et puis il maintenait que ces lignes

  8   étaient bien renforcées, qu’on ne pouvait pas les vaincre. 

  9   Voilà !

 10         Q.    L’accusé Dario Kordic a-t-il fait référence

 11   ce jour-là à l’histoire du territoire et au fait que ce

 12   territoire…

 13         Me SAYERS (interprétation) :  Objection.  C’est

 14   une question directrice.

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Un petit

 16   moment.  Dans ce cas-là, le Procureur peut demander si

 17   Kordic éventuellement a rajouté quelque chose.

 18         Me LOPEZ-TERRES : 

 19         Q.    Est-ce que l’accusé Kordic a parlé au cours

 20   de cette intervention des personnes qui étaient les seules

 21   habilitées à vivre sur ce territoire ?

 22         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  C’est

 23   justement la question que je voulais éviter, Me Lopez-

 24   Terres.

 25         Me LOPEZ-TERRES :  Elle n’a pas été…


Page 15979

  1         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Maintenant,

  2   vous avez l’objection maintenant qui a été soulevée.

  3         Monsieur Kalco, est-ce que Dario Kordic a dit

  4   quelque chose d’autre ?

  5         R.    Monsieur le Président, oui, je me souviens. 

  6   Il a dit qu’il s’agissait du territoire séculaire croate et

  7   que ce ne sont que des Croates qui peuvent habiter ces

  8   territoires et plus personne.  Si mes souvenirs sont bons,

  9   c’est ce qu’il a dit. Peut-être il a rajouté encore autre

 10   chose.  Je ne m’en souviens pas.

 11         Me LOPEZ-TERRES :  Je n’ai plus d’autres

 12   questions, Monsieur le Président.

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Qui va contre-

 14   interroger ?

 15         Me KOVACIC (interprétation) :  Monsieur le

 16   Président, si vous permettez, c’est nous qui allons être

 17   les premiers.

 18         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous en

 19   prie.

 20         CONTRE-INTERROGÉ PAR Me KOVACIC

 21         (interprétation) : 

 22         Q.    Mes respects, Monsieur Kalco.  Je m’appelle

 23   Bozidar Kovacic.  Je suis le conseil de Mario Cerkez

 24   ensemble avec mon confrère Mikulicic.  Je voudrais vous

 25   poser quelques questions au sujet de votre déposition.


Page 15980

  1         R.    Merci.

  2         Q.    Je vais vous demander tout simplement qu’on

  3   soit très prudent.  Il faut ménager les pauses étant donné

  4   qu’il y a des interprètes qui travaillent.  Nous deux, on

  5   se comprend mais il faut traduire les questions et les

  6   réponses.

  7         R.    D’accord.

  8         Q.    Monsieur Kalco, c’est la première fois

  9   aujourd’hui que nous avons appris du Procureur que vous

 10   avez été sujet à une attaque cérébrale.  C’est vrai ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Je pense que ceci pourrait avoir des

 13   incidences sur l’ensemble de la situation.  Pourriez-vous

 14   nous dire à quel moment vous avez eu cette attaque ?

 15         R.    C’était le 19 janvier 1996.

 16         Q.    Vous avez été soigné ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Où ?

 19         R.    À Zenica.

 20         Q.    Combien vous êtes resté à l’hôpital ?

 21         R.    12 jours.

 22         Q.    Est-ce que vous avez fait une récupération

 23   fonctionnelle par la suite ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Combien ça a duré ?


Page 15981

  1         R.    Un mois.

  2         Q.    À Zenica également ?

  3         R.    À Fojnica.

  4         Q.    À Fojnica.  D’accord.  Vous avez dit par la

  5   suite que vous êtes parti à la retraite.  C’est invalide ou

  6   retraité normalement, régulièrement ?

  7         R.    Retraité de l’armée régulièrement.

  8         Q.    D’accord.  Après cette maladie, après la

  9   récupération fonctionnelle, est-ce qu’on peut dire que du

 10   côté santé, vous vous sentez bien ?

 11         R.    Oui, absolument.  En ce moment, oui.

 12         Q.    Est-ce que vous avez quelques problèmes avec

 13   la mémoire ?  Est-ce que vous avez des troubles d’amnésie ?

 14         R.    Non.  C’est au niveau du parler que j’ai

 15   quelques problèmes.

 16         Q.    Vous n’avez pas de problème au sujet des

 17   périodes différentes du passé ?

 18         R.    Non.

 19         Q.    Excusez-moi.  C’était vraiment tout à fait

 20   privé les questions que je vous ai posées mais j’y étais

 21   obligé.

 22         R.    Entendu !

 23         Q.    Vous nous avez dit que vous connaissez Cerkez

 24   avant le conflit.  Nous allons essayer d’accélérer.  Vous

 25   avez dit que vous étiez son supérieur pendant qu’il


Page 15982

  1   travaillait au Comité municipal de la Défense ?  Vous me

  2   répondez par oui ou non.

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Ensuite, vous avez dit que vous étiez son

  5   supérieur également pendant que vous avez travaillé tous

  6   les deux à SPS ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Vous avez travaillé tous les deux pendant dix

  9   ans, n’est-ce pas ?

 10         R.    Peut-être un peu plus mais dix ans, de toute

 11   façon, c’est sûr.

 12         Q.    Est-ce que je peux déduire de tout cela que

 13   vous le connaissiez très bien ?

 14         R.    Oui.  Je le connaissais très bien et je

 15   l’aimais.  Je l’aimais comme si c’était mon frère cadet.

 16         Q.    Monsieur Kalco, est-ce qu’au cours de ces 12

 17   années et même quand les premiers problèmes sont apparus au

 18   cours de 1992, est-ce que vous avez pu remarquer que Cerkez

 19   éventuellement avait épousé quelques attitudes étranges

 20   vis-à-vis d’autres communautés ethniques ?  Est-ce

 21   qu’éventuellement il avait une attitude négative à l’égard

 22   d’autres peuples ?  Est-ce qu’il avait fait preuve de

 23   discrimination à l’égard d’autres communautés ethniques ?

 24         R.    Non.

 25         Q.    Jamais personne ?


Page 15983

  1         R.    Non.

  2         Q.    Est-ce que vous pouvez nous dire quand la

  3   première fois éventuellement vous avez remarqué de tels

  4   comportements chez lui ?

  5         R.    Il a épousé un autre comportement au moment

  6   où l’armée a été établie, au moment où le HVO a été mis en

  7   place.  Nous n’étions plus véritablement amis, on n’était

  8   plus copains copains. On avait discuté à titre officiel et

  9   tout ce qu’il fallait se dire, on se l’était dit entre

 10   nous.

 11         Q.    Vous avez eu quand même une série de contacts

 12   directs entre les militaires, n’est-ce pas ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Vous, vous étiez soldat de l’armée de Bosnie-

 15   Herzégovine, Cerkez du HVO ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Est-ce qu’à ce moment-là également, vous

 18   aviez un rapport purement professionnel ou bien

 19   éventuellement il avait un autre comportement vis-à-vis de

 20   vous ?

 21         R.    À partir de ce moment-là, il ne se comportait

 22   que sous l’aspect professionnel vis-à-vis de moi.

 23         Q.    Même à ce moment-là, il n’avait pas eu une

 24   attitude ethnique vis-à-vis de vous mais tout simplement,

 25   vous étiez le représentant d’une autre armée, n’est-ce pas,


Page 15984

  1   vous étiez son ennemi ?

  2         R.    Maintenant, c’est difficile et délicat de

  3   répondre.  Les gens disent une chose et font une autre

  4   chose.

  5         Q.    Je vais vous interrompre.  Je vais accélérer

  6   un petit peu.  Juste une question.  Est-ce que…

  7         M. LE JUGE BENNOUNA :  [Hors microphone] …ralentir

  8   un peu le rythme parce qu’à travers la traduction, c’est un

  9   peu difficile.  Merci.

 10         Me KOVACIC (interprétation) :  Excusez-moi,

 11   Monsieur le Juge.  Je vais poser donc la question suivante.

 12         Q.    Est-ce que pendant la guerre, au cours de vos

 13   contacts, il a proféré des injures à l’encontre des

 14   musulmans ou d’autres ?

 15         R.    Au cours de la guerre, on n’a pas eu

 16   l’occasion de se rencontrer jusqu’au 16 avril.  Entre le 16

 17   avril et le 25 février 1994, on n’a pas eu l’occasion de se

 18   rencontrer, mais par la suite, oui.  De toute façon, après,

 19   il a dit : « Ce qui s’est passé s’est passé.  Nous pouvons

 20   poursuivre nos relations. »  En général, vis-à-vis de moi,

 21   c’est comme ça qu’il s’est comporté.

 22         Q.    Au cours de ces entretiens que vous avez eus

 23   en 1993, en octobre 1992 ou en avril 1993, vous l’avez

 24   contacté quand même.  Est-ce qu’il avait utilisé des termes

 25   pour vous vexer, pour proférer des injures, pour dire


Page 15985

  1   quelque chose à l’encontre du peuple bosnien ?

  2         R.    Non, mais il ne faut pas oublier non plus

  3   qu’à un moment donné où nous avons eu cette réunion à la

  4   poste, il a été catégorique.

  5         Q.    Je m’excuse.  On va venir à ce sujet-là.

  6         R.    D’accord.

  7         Q.    Merci.  Vous nous avez dit par ailleurs que

  8   c’était une question de coïncidence mais que de toute

  9   façon, en 1992, vous saviez que beaucoup de volontaires de

 10   Bosnie sont allés en Croatie combattre les Serbes et qu’à

 11   ce moment-là, Cerkez était absent pendant cette période

 12   également et c’est comme ça que vous avez déduit que

 13   d’après vous également, Cerkez s’est rendu en volontaire en

 14   Croatie ?

 15         R.    Il n’était pas à Vitez probablement,

 16   probablement.  C’est ce que je pense.  De toute façon, il

 17   est un fait qu’il n’était pas à Vitez pendant cette

 18   période.

 19         Q.    Vous n’avez aucun fait concret, vous n’avez

 20   aucune information sur laquelle vous basez votre opinion ?

 21         R.    C’est vrai, je ne l’ai pas, mais il est vrai

 22   également que ses camarades qui étaient avec lui ont

 23   raconté qu’ils étaient ensemble pour la formation et ils

 24   ont mentionné leurs propres noms.  Moi, je ne vais pas vous

 25   citer maintenant les personnes qui me l’ont dit et ses


Page 15986

  1   camarades qui me l’ont dit.

  2         Q.    Un peu de précisions, s’il vous plaît.  Vous

  3   avez parlé une fois de plus de la formation.  La question

  4   que je me pose, c’est s’il était en Croatie.  Est-ce que

  5   vous avez des informations s’il était en Croatie pour

  6   combattre les Serbes ?

  7         R.    Je ne le sais pas.

  8         Q.    Maintenant, la deuxième question, question

  9   qui concerne la formation.

 10         R.    D’accord.

 11         Q.    Par conséquent, il y avait des rumeurs selon

 12   lesquelles soi-disant lui également, il était en Croatie

 13   pour s’entraîner, mais vous ne disposez pas des

 14   informations ?

 15         R.    Vous avez raison.

 16         Q.    Est-ce que vous êtes capable également de

 17   nous citer la personne ?

 18         R.    Je ne le dirai pas parce que ce n’est pas une

 19   seule personne, il y en a plusieurs et je ne voudrais pas

 20   citer leurs noms.

 21         Q.    Merci.  Vous avez par ailleurs dit lors de

 22   votre déposition que Cerkez et d’autres Croates comme, par

 23   exemple, et vous avez parlé de Darko Kraljevic, Anto

 24   Furundzija, sont allés pour s’entraîner en Croatie, n’est-

 25   ce pas ?


Page 15987

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Anto Furundzija, si nous parlons de la même

  3   personne, a été en 1992, pendant la même période,

  4   commandant d’un peloton de sabotage au sein de la TO,

  5   n’est-ce pas ?

  6         R.    Non.  Il était à la police militaire de

  7   l’armée de Bosnie-Herzégovine.

  8         Q.    Entendu !

  9         R.    Il y avait des conflits entre l’armée et le

 10   HVO et tout de suite après, il est allé rejoindre le HVO. 

 11   Il n’était pas le seul.  Il y avait d’autres Croates

 12   également.

 13         Q.    Très bien.  Ce Furundzija, donc, il a été

 14   dans la police militaire de l’armée de Bosnie-Herzégovine. 

 15   Est-ce qu’il a été envoyé à l’entraînement en cette

 16   qualité-là ?

 17         R.    Non.  Seulement après avoir quitté l’armée de

 18   Bosnie-Herzégovine.

 19         Q.    N’est-il pas vrai de dire que l’armée de

 20   Bosnie-Herzégovine envoyait ses hommes à l’entraînement en

 21   Croatie également, qu’ils bénéficiaient de l’aide de la

 22   République de Croatie ainsi ?

 23         R.    Pas de Vitez.

 24         Q.    Pas de Vitez.  Et de la Bosnie centrale ?

 25         R.    Je ne sais pas.


Page 15988

  1         Q.    Vous, en tant qu’officier, vous ne disposiez

  2   pas d’informations à ce sujet ?

  3         R.    Non.

  4         Q.    Monsieur Kalco, une seule question concernant

  5   cette partie.  Vous êtes devenu membre actif de la Défense

  6   territoriale seulement au mois d’août 1992, lorsque vous

  7   avez remplacé votre collègue, Monsieur Hakija Cenjic, qui

  8   avait occupé ce poste jusqu’alors.  Est-ce exact ?

  9         R.    Je suis devenu membre de la Défense

 10   territoriale le 4 avril 1992.  J’étais le commandant du

 11   détachement de Stari Vitez.  Ensuite, je suis allé sur les

 12   lignes de front de Vitez et de Sarajevo… de Visoko et de

 13   Sarajevo et après cela, j’ai remplacé Hakija Cenjic au

 14   poste du chef de l’état-major de la Défense territoriale.

 15         Q.    Quand est-ce que ceci s’est passé en 1992 ?

 16         R.    Au début du mois d’octobre.

 17         Q.    Donc, si j’ai bien compris, je peux conclure

 18   sur la base de cela qu’entre avril et octobre 1992, vous

 19   n’étiez pas du tout à Vitez ?

 20         R.    Ce n’est pas vrai.  J’ai été à Vitez.  Je

 21   partais pendant sept jours et puis je revenais à Vitez

 22   pendant sept jours.  Je fonctionnais comme ça.

 23         Q.    Donc, vous fonctionniez par équipes ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Puisque nous parlons de ces relèves, de ces


Page 15989

  1   équipes, l’armée de Bosnie-Herzégovine envoyait ses relèves

  2   sur les lignes de front ?

  3         R.    Oui. 

  4         Q.    Le HVO envoyait ses propres relèves sur les

  5   lignes de front contre les Chetniks aussi ?

  6         R.    Oui, mais pas dans la partie de la ligne de

  7   front de Visoko et de Sarajevo mais seulement Turbe et

  8   Vlasic.

  9         Q.    Très bien.  Donc, Turbe et Vlasic et pas

 10   Visoko et Sarajevo.  Ils envoyaient leurs troupes par

 11   relèves aussi ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Monsieur Kalco, je crois que vous serez

 14   d’accord avec moi pour dire que ce travail constitué pour

 15   le HVO en 1992 était un travail organisé par l’état-major

 16   municipal du HVO à Vitez ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    C’était eux qui étaient chargés de ces

 19   opérations ?

 20         R.    Oui.  En ce qui concerne les unités du HVO et

 21   le commandant de l’armée de Bosnie-Herzégovine était chargé

 22   en ce qui concerne les unités de l’armée de Bosnie-

 23   Herzégovine.

 24         Q.    C’est exact.  C’est sur les lignes de front

 25   qu’ils avaient une sorte de partage entre eux de leurs


Page 15990

  1   propres secteurs ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    En 1992, à Vitez, il n’y a pas eu de brigade

  4   de HVO.  Est-ce exact ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Conformément à la législation en vigueur à

  7   l’époque qui a été reprise sur la base de la législation en

  8   vigueur dans l’ancienne Yougoslavie – ceci a été repris à

  9   la fois par le HVO et le gouvernement à Sarajevo – les

 10   hommes en âge de combattre pouvaient être mobilisés sur les

 11   lignes de front afin de travailler dans le cadre d’une

 12   relève et ensuite, la personne revenait chez elle.  À ce

 13   moment-là, qu’était-il pendant qu’il était chez lui ?

 14         R.    Il se reposait.

 15         Q.    Il travaillait à ce moment-là ?

 16         R.    Non.  À l’époque, les usines ne

 17   fonctionnaient pas.

 18         Q.    Mais si l’usine fonctionnait, la personne

 19   allait au travail ?

 20         R.    Je crois que non.  Je crois que les personnes

 21   qui étaient sur les lignes de front avaient arrêté de

 22   travailler.  Donc, ils allaient une semaine sur les lignes

 23   de front et la semaine suivante était la semaine de repos.

 24         Q.    Monsieur Kalco, est-ce que cette personne

 25   était considérée comme étant soldat pendant qu’elle était


Page 15991

  1   libre, pendant qu’elle se reposait ?

  2         R.    Je crois que oui.

  3         Q.    Donc, ça veut dire qu’il portait un uniforme

  4   et portait ses armes ?

  5         R.    Ceux qui avaient des armes les portaient, au

  6   moins un pistolet, mais pour la plupart des fois, ils se

  7   déplaçaient en uniformes de camouflage.

  8         Q.    Vous parlez maintenant des deux armées ?

  9         R.    Oui, des deux armées.

 10         Q.    Vous ne l’affirmez pas ?  Vous avez dit « je

 11   pense ».

 12         R.    Si, si, je l’affirme.  Je l’affirme.

 13         Q.    Donc, vous affirmez, pour être tout à fait

 14   clair, que d’après la législation en vigueur, le soldat qui

 15   revenait de la ligne de front, qui attendait sa relève, sa

 16   prochaine relève, il était toujours considéré comme

 17   soldat ?

 18         R.    C’est exact.

 19         Q.    Vous les traitiez ainsi au sein de la Défense

 20   territoriale ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Vous ne savez pas si le règlement du HVO

 23   fonctionnait selon le même principe ?

 24         R.    Oui, selon le même principe.

 25         Q.    Merci.  Est-ce que vous avez jamais pu


Page 15992

  1   étudier cette question particulièrement de savoir si la

  2   pratique au sein du HVO était pareille ?

  3         R.    Non, mais nous avons pu l’apprendre les uns

  4   des autres.

  5         Q.    Je souhaite maintenant parler d’un autre

  6   sujet, Monsieur Kalco.  Vous nous avez parlé aujourd’hui de

  7   ce barrage routier et de cet incident à Ahmici qui a eu

  8   lieu le 20 octobre 1992. 

  9         Tout d’abord, en ce qui concerne cette réunion

 10   qui, comme vous l’avez dit, a eu lieu le 19 octobre, donc

 11   la veille du conflit autour du barrage routier, vous avez

 12   dit que vous avez assisté à cette réunion avec l’Imam

 13   Mestrovac, Ivica Santic, Cerkez et Pero Skopljak et que

 14   ceci s’est produit dans la cave de la poste.

 15         D’après ce que nous avons déjà entendu dans le

 16   cadre de l’affaire présente, lorsque ces personnes se

 17   réunissaient et surtout Monsieur Mestrovac, ceci s’est

 18   produit après les événements ?  C’est à ce moment-là que

 19   l’on a essayé de régler le problème ?

 20         R.    Ce n’est pas vrai.

 21         Q.    Je vais vous montrer un document qui vous

 22   rafraîchira la mémoire plus tard peut-être.  Deuxièmement,

 23   en ce qui concerne cette réunion, en ce qui concerne donc

 24   les personnes présentes à la réunion et parmi les réunions

 25   que vous avez mentionnées, Monsieur Marijan Skopljak a


Page 15993

  1   assisté à laquelle de ces réunions ?

  2         R.    Il n’était pas dans la poste.

  3         Q.    Je n’ai pas bien compris.  Il était à la

  4   poste ?

  5         R.    Non, non, il n’y était pas.

  6         Q.    Et dans le centre médical ?

  7         R.    Non.

  8         Q.    Et au cours de la réunion après l’incident ?

  9         R.    À ce moment-là, nous avons eu une réunion

 10   dans la municipalité chez Mario.

 11         Q.    Ça, c’était avant la réunion.  Donc, d’après

 12   vous, il y a eu au moins trois réunions avant les

 13   incidents ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Vous avez expliqué pour quelle raison le

 16   barrage routier a été érigé.  Nous n’allons pas entrer dans

 17   ces détails mais dites-nous, s’il vous plaît, quelque chose

 18   concernant ces réunions.

 19         Ces réunions ne visaient-elles pas, n’étaient-

 20   elles pas le reflet des dirigeants locaux, de la volonté

 21   des dirigeants locaux de Vitez de trouver une solution

 22   compte tenu de propositions différentes ?  Est-ce que vous

 23   cherchiez à éviter un conflit et à trouver une autre

 24   solution ?

 25         R.    D’après le HVO, la seule solution était de


Page 15994

  1   laisser passer leurs unités.  Il n’y avait pas d’autres

  2   propositions.

  3         Q.    Monsieur Kalco, est-ce que vous discutiez de

  4   l’initiative selon laquelle les barrages routiers communs

  5   devaient être érigés sur la route de telle manière que

  6   l’unité venant de l’est, du sud-est, pouvait passer par la

  7   route sans entrer dans la ville de Vitez ?

  8         R.    Après l’incident, après Ahmici, il y a eu de

  9   telles propositions, mais non pas au cours de cette

 10   réunion.

 11         Q.    Pas avant Ahmici ?

 12         R.    Après Ahmici, nous avons convenu que ces

 13   unités pouvaient utiliser la route principale sans

 14   traverser Vitez.

 15         Q.    Cette idée a été exprimée lors de la réunion

 16   qui a eu lieu le 19, avant le barrage routier ?

 17         R.    Ce n’est ni le HVO, ni l’armée de Bosnie-

 18   Herzégovine qui l’a proposé.  C’est le commandement,

 19   l’ancien commandement de l’armée de Bosnie-Herzégovine de

 20   Zenica qui l’avait proposé.

 21         Q.    Donc finalement, vous serez d’accord avec moi

 22   pour dire qu’il y a eu deux barrages routiers, d’un côté à

 23   Ahmici, comme nous l’avons mentionné, et puis d’autres

 24   part, près de Bila ?

 25         R.    Oui.


Page 15995

  1         Q.    Le HVO, comment est-ce qu’il a pu passer à

  2   travers le point de contrôle de Bila ?

  3         R.    Il n’y allait pas.

  4         Q.    Je n’ai pas bien compris.

  5         R.    Mais où voulez-vous qu’ils aillent depuis

  6   Bila ?

  7         Q.    Sur la route principale, il y avait le

  8   barrage routier.  Ils devaient le traverser.

  9         R.    Ils allaient soit vers Travnik, soit vers

 10   Zenica, Sarajevo.  C’est ça que je veux savoir.

 11         Q.    C’est vous qui avez dit qu’ils allaient à

 12   l’ouest, au nord-ouest.  C’est vous qui l’avez dit.

 13         R.    Je vais vous expliquer.  Eux, depuis Ahmici,

 14   ils ne pouvaient pas arriver jusqu’au barrage routier à

 15   Bila, sauf les unités du HVO de Stari Vitez.  C’était les

 16   seules unités qui pouvaient passer jusque là et les autres

 17   non.

 18         Q.    Finalement le matin, c’est autour de ce

 19   barrage routier que les combats se sont déroulés et

 20   l’attaque a été lancée surtout contre ce barrage routier. 

 21   Vous êtes d’accord ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Il y a eu des dommages collatéraux ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Certaines maisons et étables ont été


Page 15996

  1   détruites ?

  2         R.    Non, pas des étables mais des maisons.  La

  3   mosquée à Vitez, la mosquée à Preocica ont été détruites à

  4   ce moment-là et la mosquée de Ahmici aussi.

  5         Q.    Est-ce qu’il y a eu des combats à Preocica ? 

  6   Nous n’avons pas entendu parler de ça.

  7         R.    Comment voulez-vous qu’il y ait des combats ? 

  8   Il y avait l’armée de Bosnie-Herzégovine là-bas et pas les

  9   soldats du HVO, mais simplement, c’est là que se trouvait

 10   l’état-major d’une unité de l’armée de Bosnie-Herzégovine.

 11         Q.    Très bien !  En ce qui concerne ce barrage

 12   routier, il a été libéré, il a été écarté et vous avez dit

 13   que plusieurs soldats du HVO y ont été tués ?

 14         R.    Je ne sais pas exactement.  C’est ce que je

 15   suppose.

 16         Q.    Il est certain qu’il s’agissait là d’un

 17   conflit entre deux forces armées ?

 18         R.    Absolument.

 19         Q.    Suite à cela, nous avons déjà parlé un peu de

 20   cela, des réunions se sont poursuivies, assistées à la fois

 21   par les hommes politiques et les représentants militaires

 22   de Vitez et le but de ces réunions était d’apaiser la

 23   situation qui avait provoqué des tensions et aurait pu

 24   déboucher sur de grands problèmes.  Est-ce exact ?

 25         R.    Oui.  Il est exact de dire que tout a été


Page 15997

  1   essayé et je pense qu’en ce qui concerne l’armée de Bosnie-

  2   Herzégovine et les pouvoirs civils bosniens, ils essayaient

  3   d’éviter des conflits ouverts, mais l’autre côté essayait

  4   de provoquer l’armée de Bosnie-Herzégovine de diverses

  5   manières, ensuite de placer l’armée de Bosnie-Herzégovine

  6   sous le commandement du HVO...

  7         Q.    Permettez-moi de vous interrompre.  Nous

  8   allons parler de tout ceci plus tard.  En ce qui concerne

  9   les pouvoirs municipaux, en ce qui concerne les hommes

 10   politiques, les hommes politiques des deux côtés

 11   d’ailleurs, des efforts sérieux et honnêtes ont été

 12   déployés des deux côtés afin d’apaiser la situation.  Est-

 13   ce exact ou pas ?

 14         R.    Sur le plan verbal, oui, mais dans la

 15   pratique, non.

 16         Q.    Monsieur Kalco, dans la pratique, puisque

 17   vous mentionnez la pratique, les personnes dont les maisons

 18   ont été détruites ont reçu des réparations ?

 19         R.    C’est la première fois que je l’entends de

 20   votre part aujourd’hui.  C’est la première fois que je

 21   l’entends.

 22         Q.    Est-ce que vous pouvez nier cela ?

 23         R.    Il est certain que non.

 24         Q.    Très bien.  Merci.  Le fait reste cependant

 25   que ceci n’a pas débouché sur un nouveau conflit, que la


Page 15998

  1   situation est restée sous contrôle à Vitez à ce moment-là. 

  2   Est-ce que vous êtes d’accord avec cela ?

  3         R.    Oui, pendant un certain temps, mais encore

  4   une fois, ils ont recommencé à insister que l’armée de

  5   Bosnie-Herzégovine soit placée sous le commandement du HVO,

  6   soit rattachée au HVO.

  7         Me KOVACIC (interprétation) :  Il y a eu un

  8   problème dans le compte rendu, ligne 7 de la partie 165. 

  9   Le témoin a dit qu’il s’agissait là d’un conflit des deux

 10   forces armées.

 11         Q.    Est-ce exact ?

 12         R.    Oui.

 13         Me KOVACIC (interprétation) :  Dans le compte

 14   rendu, c’est le contraire qui est inscrit, comme s’il avait

 15   dit non.

 16         Q.    Témoin Kalco, vous avez donc dit comment

 17   l’ordre a été issu concernant le blocus de la route de

 18   Ahmici.  Cet ordre a été envoyé à Nijaz Sivro depuis

 19   Sivrino Selo.  Est-ce exact ?

 20         R.    Oui, c’est exact.  Il était responsable pour

 21   cette région.

 22         Q.    Nijaz Sivro, il a donné l’ordre à Midhat

 23   Berbic d’ériger le barrage routier près du cimetière sur la

 24   route ?

 25         R.    Oui.


Page 15999

  1         Q.    Comme vous le savez, Midhat Berbic était le

  2   commandant de l’armée de Bosnie-Herzégovine à Ahmici.  Est-

  3   ce exact ?

  4         R.    Oui, à l’époque.

  5         Q.    L’état-major de l’armée de Bosnie-Herzégovine

  6   à Ahmici était à l’école ?

  7         R.    Oui, pendant un certain temps.

  8         Q.    Je parle du moment des faits

  9         R.    Oui.

 10         Q.    À ce moment-là, ils y avaient leurs

 11   équipements radios appelés Lupovka ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Est-ce qu’ils pouvaient se mettre en contact

 14   avec la Défense territoriale de Vitez, donc chez vous, à

 15   Stari Vitez, ensuite à Vranjska, à Kruscica, à Vhrovine,

 16   Poculica et Sivrino Selo ?  Est-ce exact ?

 17         R.    Oui.  Le système des communications de

 18   l’armée de Bosnie-Herzégovine fonctionnait comme ça.

 19         Q.    Très bien !  Donc, ça fonctionnait.  Dans

 20   tous ces endroits se trouvaient également des unités de la

 21   Défense territoriale.  Qu’il s’agisse des unités appelées

 22   la Défense territoriale ou armée de Bosnie-Herzégovine,

 23   nous parlons quand même de la même notion, n’est-ce pas ?

 24         R.    C’est exact.

 25         Q.    Il y avait suffisamment d’hommes qui


Page 16000

  1   assuraient la protection de ce barrage routier.  Est-ce

  2   exact ?

  3         R.    Je ne vois pas de quoi vous parlez.

  4         Q.    Je parle des barres métalliques qui étaient

  5   placées autour du barrage.  Ensuite, il y avait des mines

  6   antipersonnelles et des mines antichars et puis il y avait

  7   des soldats armés, suffisamment de soldats armés qui

  8   protégeaient, qui sécurisaient le barrage routier.

  9         R.    C’est exact.

 10         Q.    Il ne s’agissait pas d’amateurs ?

 11         R.    C’était les soldats.

 12         Me KOVACIC (interprétation) :  Peut-être c’est moi

 13   qui est allé beaucoup trop vite, mais dans ce paragraphe

 14   qui commence par la ligne 18, le témoin a confirmé ce que

 15   j’ai dit.  Il a dit oui.

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Effectivement,

 17   c’était une question très longue et je suppose que les

 18   interprètes n’ont pas pu entendre la réponse.  Est-ce que

 19   vous pouvez poser vos questions de manière brève ?

 20         Me KOVACIC (interprétation) :  Oui, bien sûr.  Je

 21   vais essayer de le faire, mais j’essayais d’accélérer les

 22   choses parce que de toute façon, ces faits n’étaient pas

 23   contestés.

 24         Q.    Donc pour le compte rendu, Monsieur Kalco,

 25   tout ce que je viens d’énumérer, tous ces éléments


Page 16001

  1   militaires que je viens d’énumérer, vous les avez

  2   confirmés :  Est-ce exact ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Dites-moi, s’il vous plaît :  Avant

  5   l’établissement de ce barrage routier, est-ce qu’il y a eu

  6   des incidents importants entre les membres des deux côtés ?

  7         R.    Non, pas d’incidents importants.

  8         Q.    Est-ce que vous savez pourquoi votre

  9   supérieur, Sefkija Djidic, a remplacé Zahid Ahmic en

 10   l’accusant d’une certaine manière comme la personne

 11   responsable de l’échange de tirs qui a eu lieu autour du

 12   barrage routier ?

 13         R.    Ce n’est pas exact.  Il a été remplacé pour

 14   d’autres raisons.

 15         Q.    Est-ce que nous pouvons connaître ces

 16   raisons ?

 17         R.    Je préfère ne pas les expliquer.

 18         Q.    Très bien !  Monsieur Kalco, à quoi

 19   ressemblait la situation à Stari Vitez en ce qui concerne

 20   les réserves et les équipements la veille du conflit, donc

 21   le 15 avril 1993 ?  Tout d’abord, parlons de plusieurs

 22   aspects.  En ce qui concerne vos armements, vous disposiez

 23   de quelle sorte d’armes ?

 24         R.    Les armes légères automatiques, semi-

 25   automatiques.  Ensuite, les mortiers de 60 millimètres.


Page 16002

  1         Q.    D’après mes informations, vous aviez trois ou

  2   quatre mortiers de 60 millimètres.

  3         R.    Deux.

  4         Q.    Deux.  Vous aviez au moins un de 82

  5   millimètres ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Vous aviez trois Snipers, trois fusils à

  8   lunettes dont l’un était Steyer 7.9 ?

  9         R.    Seulement un et les deux autres, c’était des

 10   fusils M-48 depuis la Deuxième Guerre mondiale qui

 11   pouvaient être utilisés comme des fusils à lunettes si les

 12   tireurs étaient bons.

 13         Q.    Mais avec la lunette ?

 14         R.    Non, non, pas du tout.

 15         Q.    Très bien !  Vous aviez une arme semi-

 16   automatique M-84 ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Vous aviez au moins trois fusils semi-

 19   automatiques M-53 ?

 20         R.    Trois.

 21         Q.    Donc, vous disposiez également des armes

 22   légères, comme vous l’avez dit.  Au total, il y avait

 23   environ 270 soldats armés ?

 24         R.    Deux cent cinquante-six, mais il faut savoir

 25   qu’ils disposaient d’environ 200 fusils militaires et puis


Page 16003

  1   le reste, c’était des fusils de chasse.  À la fin de la

  2   guerre, nous avions plus de 300 fusils puisque nous avons

  3   ôté certains fusils du HVO pendant les combats.

  4         Q.    Deux offensives ont été lancées par la partie

  5   adverse afin de s’emparer de Stari Vitez, une fois

  6   l’offensive du 16 avril dont vous avez parlé et puis le 18

  7   août.  Vous avez parlé de cela également.  Mis à part cela,

  8   est-ce qu’il y a eu d’autres actions offensives ou bien la

  9   situation, est-ce qu’elle s’était stabilisée ?

 10         R.    Tout d’abord, ceci s’est passé le 16, ensuite

 11   le 18 et ensuite, ceci s’est produit au mois de juillet, le

 12   18, et puis il y a eu d’autres tentatives venant de la

 13   direction du garage de Novi Vitez, mais ceci n’a pas

 14   réussi.

 15         Q.    Après le mois de juillet, il n’y avait plus

 16   de changement de situation important sur les lignes de

 17   front ?

 18         R.    Non.

 19         Q.    En ce qui concerne les réserves alimentaires

 20   et la munition, vous en aviez, vous aviez suffisamment

 21   d’aliments ?

 22         R.    Je souhaite que tout le monde dans ce

 23   prétoire le sache, les Juges et Cerkez lui aussi, nous

 24   avions suffisamment de nourriture pour la population et

 25   pour l’armée.  Nous n’avions pas suffisamment de sucre, ni


Page 16004

  1   d’huile.  Nous avions de la munition en ce qui concerne les

  2   obus.  Pour ces deux mortiers, nous avions 100 obus, mais

  3   au moment de la guerre, nous n’en avions que 10.  Donc 90,

  4   nous avions déjà utilisés.

  5         Nous utilisions la munition seulement lorsque nous

  6   y étions obligés, mais nous avons acheté ça des soldats du

  7   HVO et nous avons dû payer cher pour la munition qu’ils

  8   vendaient.

  9         Q.    Au cours de ces 11 mois d’encerclement, est-

 10   ce qu’au moins de temps en temps, vous étiez ravitaillés ?

 11         R.    Oui, au début et plus tard, vers la fin de la

 12   guerre.

 13         Q.    Lorsque vous dites au début, vous parlez de

 14   l’acheminement du ravitaillement par rivière ?

 15         R.    Non.  Je parle de l’assistance que nous avons

 16   reçue par le biais des organisations humanitaires.  En ce

 17   qui concerne la rivière, ça, c’est une autre histoire.  Je

 18   n’ai pas envie d’en parler maintenant.

 19         Q.    Donc, il y avait des axes de ravitaillement

 20   qui avaient été ouverts par vous ?

 21         R.    Tout à fait.

 22         Q.    Je souhaite simplement parler maintenant de

 23   quelque chose que j’ai omis de traiter tout à l’heure. 

 24   Dans votre déclaration donnée aux enquêteurs de ce Tribunal

 25   le 15 et le 16 juillet 1995, lorsque vous avez parlé de ce


Page 16005

  1   barrage routier du 20 octobre et de ces combats, à un

  2   endroit, vous avez dit notamment… je vais lire la phrase :

  3         « La seule personne autorisée par le HVO de la

  4   municipalité de Vitez de donner l’ordre d’attaquer Ahmici »

  5   – là, je parle du 20 octobre – « était le Président de la

  6   municipalité de Vitez, Ivica Santic. »

  7         R.    Est-ce que je peux faire un commentaire sur

  8   cela ?

  9         Q.    S’il vous plaît, oui.  Tout d’abord, dites-

 10   moi, est-ce que c’est la déclaration que vous avez faite ?

 11         R.    Oui, mais je dois expliquer ceci.  Le HVO et

 12   l’armée et le pouvoir civil faisaient partie d’un même

 13   commandement, à savoir celui du HVO.  Maintenant, quant à

 14   la question de savoir qui donnait les ordres à Santic, ça,

 15   je ne le sais pas.

 16         Q.    Nous venons d’ouvrir un autre domaine

 17   maintenant.  Donc, il faut explorer cela.  Je vais essayer

 18   d’être bref.  Est-ce que vous êtes d’accord avec moi pour

 19   dire que le HVO était la branche exécutive, le pouvoir

 20   exécutif de la Communauté croate de Herceg-Bosna ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Et puis qu’il existait deux volets de ce

 23   gouvernement du HVO, le volet militaire et civil.  Est-ce

 24   que vous êtes d’accord avec moi ?

 25         R.    Je vais vous expliquer.  Ils faisaient les


Page 16006

  1   deux.

  2         Q.    Je vais être plus précis.  Est-ce qu’il

  3   existait un partage entre le volet civil et militaire ?

  4         R.    Je ne sais pas, mais ça devrait exister mais

  5   je ne suis pas sûr.  Je ne sais pas les détails de leur

  6   organisation.

  7         Q.    Vous ne connaissez pas leur organisation,

  8   mais si vous ne connaissez pas leur organisation

  9   précisément, sur la base de quoi vous dites que Cerkez en

 10   1992 était le commandant de l’état-major du HVO à Vitez ?

 11         R.    Parce qu’il nous envoyait des documents qu’il

 12   signait lui-même.

 13         Q.    Monsieur Kalco, permettez-moi de vous

 14   rafraîchir la mémoire.  Jusqu’au mois d’octobre 1992,

 15   Marijan Skopljak était le commandant de l’état-major du HVO

 16   à Vitez ?

 17         R.    Il était dans un bureau de préparatifs au

 18   niveau de la défense, oui, mais préparatifs.

 19         Q.    Qui avant Marijan Skopljak a été commandant

 20   du bureau ?  Est-ce que vous pouvez vous en souvenir ?

 21         R.    Non.

 22         Q.    Et Stipo Krizanac, ce n’était pas lui par

 23   exemple ?

 24         R.    Oui, probablement.

 25         Q.    Par conséquent, il y avait un bureau chargé


Page 16007

  1   de la défense, Stipo Krizanac d’abord, ensuite Marijan

  2   Skopljak, n’est-ce pas, et c’était le QG du HVO.  On parle

  3   de 1992 et vous avez communiqué avec lui ?  Vous étiez à la

  4   TO et vous le connaissiez ?  Vous nous avez dit également

  5   que vous avez coopéré également ensemble sur la ligne de

  6   front de Turbe pendant que c’était votre relève des

  7   équipes, n’est-ce pas ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Par conséquent, ce sont eux qui ont organisé

 10   le ravitaillement et la logistique et ce sont eux qui

 11   versaient sur le front des soldats ?

 12         R.    Oui, tout à fait.

 13         Q.    Par conséquent, Mario Cerkez est un des

 14   hommes de Marijan Skopljak en 1992 ?

 15         R.    Oui, mais du point de vue militaire, c’est

 16   lui qui commandait cette unité.

 17         Q.    Entendu !  Mais on parle toujours de 1992. 

 18   Est-ce que Marijan Skopljak était chef à Mario Cerkez ?  Je

 19   parle de 1992 jusqu’en octobre 1992.

 20         R.    Je pense que vous avez raison.

 21         Q.    Vous nous avez dit quelque chose auparavant. 

 22   Vous avez dit que par la suite – le Procureur ne vous a pas

 23   posé la question au sujet de la période – à la fin de 1992,

 24   en octobre 1992 pour parler précisément, Marijan Skopljak a

 25   été désigné chef du bureau chargé de la défense de la


Page 16008

  1   municipalité de Vitez ?

  2         R.    Mais c’est exactement la même chose.

  3         Q.    Mais il y a quand même une différence

  4   maintenant.  On l’appelle différemment.  Ils ont remanié le

  5   bureau.

  6         R.    Oui, mais le travail est le même.

  7         Q.    Mais vous êtes d’accord avec moi pour dire

  8   qu’il y avait un remaniement et que la désignation est

  9   différente ?

 10         R.    C’est vrai mais l’objectif était le même.

 11         Q.    Pour parler très concrètement…

 12         M. LE PRÉSIDENT :  Monsieur Kovacic, je pense que

 13   tous ces détails ne sont pas indispensables.  Vous avez le

 14   résumé des déclarations du témoin.  Vous pouvez passer à

 15   d’autres sujets.

 16         Me KOVACIC (interprétation) :  Je ne vais pas

 17   abuser de votre temps, Monsieur le Président, mais il est

 18   indispensable quand même de faire la distinction entre les

 19   personnes qui étaient à des postes importants.

 20         M. LE PRÉSIDENT :  Donc, posez la question et puis

 21   vous poursuivez.

 22         Me KOVACIC (interprétation) : 

 23         Q.    Monsieur Kalco, est-ce que vous vous souvenez

 24   qu’en octobre 1992 ou approximativement, on a appelé ça le

 25   pouvoir du HVO, le pouvoir municipal ?


Page 16009

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Conviendrez-vous avec moi pour dire que Ivica

  3   Santic était le maire ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Ensuite, il a occupé le poste du Président du

  6   HVO, côté civil ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Est-ce que Ivica Santic a porté l’uniforme ? 

  9   Est-ce que vous l’avez vu ?

 10         R.    Moi, je ne l’ai pas vu en uniforme.

 11         Q.    Merci.  Vous avez parlé de l’incident au mois

 12   de mai quand Samir Trako a été tué.  Juste deux questions à

 13   ce sujet-là.  Vous avez entendu dire qu’il y avait

 14   également un juge d’instruction qui était sur les lieux et

 15   qu’il est venu de Zenica, n’est-ce pas ?

 16         R.    Non, je ne suis pas au courant.

 17         Q.    Vous avez tout simplement entendu dire qu’il

 18   y avait des représentants militaires sur place ?

 19         R.    Oui.  De notre côté, c’était Dugalic et de

 20   l’autre côté, il y avait un autre représentant.

 21         Q.    Est-ce que vous avez appris également que

 22   cette même nuit, il y avait la cellule de crise qui s’est

 23   réunie et qu’ils ont parlé de ce cas ?

 24         R.    La cellule de crise, oui, mais de toute

 25   façon, j’ai entendu parler.  Mais cette cellule de crise,


Page 16010

  1   ça a deux facettes.  On a beaucoup parlé, on n’a rien fait

  2   au sein de cette cellule de crise.

  3         Q.    Entendu !  En ce qui concerne Ivan Budimir,

  4   aujourd’hui vous avez dit qu’il était à la police

  5   militaire.  Vous avez dit également qu’il était sous le

  6   contrôle de Cerkez.  Mais je serai obligé de vous poser

  7   quelques questions car vous savez la structure et je pense

  8   que ce n’était pas tout à fait clair ce que vous avez dit.

  9         Quelle était la fonction de Ivan Budimir en 1992 ?

 10         R.    Il était commandant de la police militaire et

 11   la police militaire était attachée aux brigades.

 12         Q.    Mais je parle de 1992.  Votre collègue Edib

 13   Zlotrg, policier, en contacts pratiquement fréquents et

 14   permanents avec Budimir, en a parlé – il y a quelques

 15   documents qui sont versés au dossier – et il a dit…

 16         M. LE PRÉSIDENT :  Écoutez, Me Kovacic, si vous

 17   avez un autre témoin, ce n’est pas indispensable d’en

 18   parler devant celui qui est dans ce prétoire.  Pourquoi

 19   discuter de telle façon avec les témoins ?  Vous avez la

 20   preuve.  Vous avez la pièce à conviction.  Ce n’est pas

 21   indispensable de répéter en permanence les mêmes choses et

 22   de le confronter avec ce qui a été dit par d’autres

 23   témoins.

 24         Je vous propose de passer à un autre sujet, s’il

 25   vous plaît.


Page 16011

  1         Me KOVACIC (interprétation) : 

  2         Q.    Aujourd’hui vous avez dit entre autre

  3   concernant un certain nombre d’assassinats qui soi-disant a

  4   été commis par Perica Vukadinovic au mois de novembre 1992,

  5   vous avez dit également qu’il était membre de la brigade. 

  6   Est-ce que nous étions bien d’accord sur le fait que la

  7   brigade n’existait pas en 1992 ?

  8         R.    Mais il y avait le QG, l’état-major du HVO,

  9   et Mario était commandant, était à la tête.

 10         Q.    Vous voulez dire qu’il était parmi les gens

 11   qui faisaient partie des équipes, n’est-ce pas ?

 12         R.    Oui, mais on en a déjà parlé.

 13         Q.    Mais est-ce que vous voulez nier que Perica

 14   Vukadinovic était membre de la police militaire ?

 15         R.    Je sais que son commandant était Mario et les

 16   personnes sur lesquelles il a tiré l’ont reconnu et je l’ai

 17   dit.

 18         Q.    Monsieur Kalco, à quel moment Mario Cerkez

 19   était son commandant ?

 20         R.    C’était au mois d’octobre, novembre.

 21         Q.    En 1992 ?

 22         R.    Oui.  À ce moment-là et après également.

 23         Q.    Vous avez dit également que pendant la

 24   réunion, il y a cette attaque qui s’est produite sur la

 25   base de logistique de l’armée de Bosnie-Herzégovine ou


Page 16012

  1   plutôt de la Défense territoriale à Vitez.  C’était les

  2   Vitezovis qui l’ont attaqué.  C’est ce que vous avez dit,

  3   n’est-ce pas ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Par conséquent, il s’agissait de l’unité des

  6   Vitezovis ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    À ce moment-là, ça n’avait rien à faire avec

  9   Cerkez ?

 10         R.    Effectivement.  Vous avez raison.  Je ne

 11   pense pas que ça a trait avec Cerkez.

 12         Q.    Quelques questions concernant encore les

 13   réunions et les pourparlers auxquels vous avez assisté.  À

 14   deux reprises, vous avez dit que Cerkez y était et qu’il y

 15   avait Ivica Santic.  Sur un plan hiérarchique, qui était

 16   supérieur ?

 17         R.    Du point de vue militaire : Mario.

 18         Q.    Mais tout à l’heure, vous avec bien convenu

 19   avec moi qu’il n’y avait que Santic qui pouvait donner

 20   l’ordre ?

 21         R.    Oui.  Santic était venu accompagné de Mario

 22   et il est vrai également qu’il a demandé qu’on démantèle le

 23   point de contrôle, le barrage, et Mario a dit que si jamais

 24   on ne démantelait pas le barrage que Vitez allait être

 25   massacré.


Page 16013

  1         Q.    Entendu !  Mais vous venez de dire quelque

  2   chose qui soi-disant a été prononcé par Cerkez.  Est-ce que

  3   c’était dans un contexte de vouloir expliquer la situation

  4   et de vouloir dire que de toute façon, tout allait

  5   s’enflammer, s’embraser ?  C’était une menace ou il voulait

  6   tout simplement prévenir, dire que ça allait s’enflammer ?

  7         R.    Je pense qu’il s’agissait d’une menace.

  8         Q.    Par conséquent, vous voulez dire qu’il l’a

  9   menacé ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Est-ce qu’il a été question également d’un

 12   certain nombre de conséquences qui allaient avoir lieu si

 13   jamais la situation n’était pas résolue ?

 14         R.    Il a tout simplement dit que Vitez allait

 15   être massacré, c’est-à-dire les quartiers habités par les

 16   Bosniens, par les musulmans.

 17         Q.    Au sujet de Cicko Bralo, juste une question. 

 18   Demain matin, je vais vous montrer un document. 

 19   Actuellement, on est en train de le photocopier.

 20         Au moment où Salkic a été tué, Bralo était membre

 21   d’autres unités, n’est-ce pas ?  Qu’est-ce que vous

 22   affirmez ?  Quelle était l’unité à laquelle il appartenait

 23   au moment où l’assassinat a eu lieu ?

 24         R.    À Viteska, à la brigade de Vitez.  Mais de

 25   toute façon, vous pouvez trouver une autre liste et dire


Page 16014

  1   autre chose.  Moi, je ne peux pas l’accepter.

  2         Q.    Monsieur Kalco, juste une petite question. 

  3   Vous avez dit que la brigade de Vitez à l’époque n’existait

  4   pas ?

  5         R.    Je vous en prie.  Ne parlez pas de la brigade

  6   de Vitez.  Il y a des signatures ici et il y a des

  7   documents et il en ressort clairement que Mario Cerkez

  8   demandait l’équipement à l’intention des unités spéciales. 

  9   Je vous en prie.

 10         Q.    Bien évidemment, on ne va pas entrer en

 11   discussion, mais je voudrais tout simplement vous poser la

 12   question au sujet du document que vous venez de citer. 

 13   Est-ce que vous avez des informations très concrètes, outre

 14   bien évidemment ce qui vous a été dit par les officiers de

 15   renseignement ?  Est-ce que Bralo à l’époque était membre

 16   de l’unité commandée par Mario Cerkez ?

 17         R.    Oui.  Mes officiers de renseignements me

 18   l’ont dit et moi, je leur fais confiance.

 19         Q.    Mais vous-même, vous n’avez jamais vu de

 20   document ou une autre preuve sur ce plan-là ?

 21         R.    Non.

 22         Q.    Comme vous parlez de ce document 221 signé

 23   par Monsieur Cerkez et en haut c’est marqué « l’état-major

 24   municipal, le 19 septembre », vous êtes bien d’accord avec

 25   moi pour dire que normalement ce sont eux qui auraient dû


Page 16015

  1   s’occuper de la logistique ?

  2         R.    Oui, de la logistique et de déploiement des

  3   forces.

  4         Q.    Entendu !  En ce qui concerne votre

  5   conception, donc vous avez parlé que vous avez repris de la

  6   JNA, ayant trait au rattachement de certaines unités,

  7   pourriez-vous me dire tout d’abord :  Est-ce que vous êtes

  8   d’accord avec moi pour dire que sur le territoire de la

  9   municipalité de Vitez, à partir de 1992, fin 1992 et plus

 10   tard, il y avait plusieurs unités qui opéraient ?

 11         R.    Oui, je suis parfaitement d’accord avec vous. 

 12   Il y avait plusieurs unités qui opéraient.

 13         Q.    Est-ce que vous êtes au courant qu’à Vitez,

 14   le siège de la zone opérationnelle du HVO était à l’hôtel

 15   Vitez ?

 16         R.    Oui, j’étais au courant.

 17         Q.    Vous avez dit également qu’à Vitez, il y

 18   avait une unité qui opérait à Vitez qui s’appelait en 1992

 19   HOS, ensuite, elle change la désignation, elle est

 20   commandée par Darko Kraljevic, et que cette unité reste

 21   tout le temps à Vitez.  Est-ce que c’est exact ?

 22         R.    Je vais vous dire.

 23         Q.    Je vais vous demander tout simplement de me

 24   dire par « oui » ou « non » que cette unité était à Vitez.

 25         R.    Oui.


Page 16016

  1         Q.    Est-ce que le 4e bataillon de la police était

  2   également à Vitez ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Est-ce que la police militaire avait deux

  5   pelotons d’intervention, dont des Jokeris ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Est-ce qu’à la fin 1992, il y avait l’unité

  8   Ludvig Pavlovic qui s’est rendue dans la municipalité de

  9   Vitez ?

 10         R.    Oui.  Ils arboraient des insignes spéciaux du

 11   chêne, des feuilles de chêne.

 12         Q.    Entendu !  Est-ce que l’unité de Busic, Bruno

 13   Busic, était à Vitez ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Est-ce que le 16 avril, quelques éléments de

 16   la formation Frankopan étaient également du côté de l’est

 17   par rapport à Busovaca ?

 18         R.    Je ne peux pas vous dire quels sont les

 19   éléments qui étaient présents dans la municipalité.  Ce que

 20   je sais c’est qu’en ce qui concerne l’attaque sur Stari

 21   Vitez, c’est la brigade Viteska et le commandant qui en

 22   sont responsables.  S’ils ont reçu l’ordre pour opérer

 23   ainsi, c’est une autre question.  Mais il est vrai que

 24   toutes les unités qui lui ont été subordonnées, lui, il

 25   était commandant supérieur, toutes autres unités lui ont


Page 16017

  1   été rattachées et toutes autres unités également qui lui

  2   ont été rattachées étaient placées sous le commandement de

  3   l’unité principale.  Ça c’est un modèle.

  4         Q.    Un modèle ?

  5         R.    Oui, tout à fait, comment c’était.  Sinon, je

  6   ne peux pas l’affirmer.

  7         Q.    Mais il y a quand même une chaîne de

  8   commandement, il y a des structures, et c’est un modèle qui

  9   peut être différent ?  Vous êtes bien d’accord avec moi ?

 10         R.    Oui, bien évidemment.  Je ne le conteste pas. 

 11   C’est possible.

 12         Q.    Mais est-ce que vous avez vu le document ou

 13   éventuellement un ordre…

 14         R.    Non.

 15         Q.    [Suite de la question précédente] …selon

 16   lequel par exemple vous affirmeriez que c’est le premier

 17   modèle qui a été utilisé ?

 18         R.    Non.

 19         M. LE PRÉSIDENT :  Me Kovacic.  Si vous voulez, Me

 20   Kovacic, vous nous dites quand le moment est propice pour

 21   lever l’audience.

 22         Me KOVACIC (interprétation) :  En effet, Monsieur

 23   le Président et Messieurs les Juges, il me semble que

 24   maintenant c’est le moment propice.

 25         M. LE PRÉSIDENT :  Combien de temps vous auriez


Page 16018

  1   pour demain ?

  2         Me KOVACIC (interprétation) :  Je pense une heure

  3   et demie, pas au-delà de deux heures.  Mais de toute façon,

  4   je ne peux pas m’avancer…

  5         M. LE PRÉSIDENT :  Une heure.

  6         Me KOVACIC (interprétation) :  Je vais faire de

  7   mon mieux.

  8         Me NICE (interprétation) :  Monsieur le Président,

  9   nous avons Monsieur Hayes et j’avoue qu’on n’avait pas

 10   envisagé que l’interrogatoire principal serait long car

 11   nous allons vous demander d’accepter sa déclaration, le

 12   résumé, et demain après-midi, normalement il doit prendre

 13   l’avion.  C’est la raison pour laquelle nous vous proposons

 14   peut-être de l’entendre avant la fin du contre-

 15   interrogatoire.

 16         M. LE PRÉSIDENT :  Combien de temps vous avez

 17   besoin ?  Je m’adresse à Me Sayers.

 18         Me SAYERS (interprétation) :  Éventuellement une

 19   demi-heure.

 20         M. LE PRÉSIDENT :  À ce moment-là, on va tenir

 21   compte de cela et on va tenir compte surtout du brigadier

 22   en question.  On va pouvoir travailler jusqu’à 17 h et

 23   quart, 17 h 30.

 24         Me NICE (interprétation) :  Entendu !

 25         M. LE PRÉSIDENT :  Monsieur Kalco, excusez-nous,


Page 16019

  1   mais c’est demain que vous allez être obligé de retourner

  2   et je vais vous demander de bien vouloir être ici à 9 h 00.

  3         --- L’audience est levée à 17 h 21

  4         pour reprendre le mercredi

  5         8 mars 2000 à 9 h 00

  6  

  7

  8

  9

 10

 11

 12

 13

 14

 15

 16

 17

 18

 19

 20

 21

 22

 23

 24

 25