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1 Le mardi 11 avril 2000
2 [Remarques préliminaires – Défense]
3 [Audience publique]
4 [Les accusés entrent dans la Cour]
5 --- L’audience débute à 9 h 35
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Kovacic.
7 Me KOVACIC (interprétation) : Merci, Monsieur le
8 Président.
9 La Défense de l’Accusé Dario Kordic parlait hier
10 de toutes les circonstances générales ayant trait d’une
11 manière ou d’une autre, directement ou indirectement, à
12 l’estimation, à la perception même des événements qui se
13 sont produits au cours de l’année 1992-1993 dans la vallée
14 de la Lasva ou pour être plus précis, dans la poche de
15 Vitez. Bien sûr, tous ces événements ont leurs propres
16 implications du point de vue de la culpabilité de l’accusé
17 et les juges adopteront leurs propres conclusions là-
18 dessus, et dans ce sens, ces circonstances générales, ce
19 contexte permet de créer une image réelle des événements
20 qui se sont produits là-bas.
21 Mais sur la base de cette image générale, nous
22 devons nous pencher sur ce qui nous intéresse dans ce
23 procès, à savoir l’individualisation de la culpabilité, et
24 il n’est pas possible d’examiner les pièces à conviction
25 présentées dans le cadre de cette affaire de manière
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1 stérile, séparée de la réalité, mais nous devrons quand
2 même nous pencher sur l’individualisation de la culpabilité
3 et le rôle des accusés vis-à-vis de ce qui est affirmé dans
4 le cadre de la mise en accusation et c’est ce qui constitue
5 la clé de voûte de cette affaire.
6 Nous nous penchons sur des événements spécifiques
7 qui se sont produits en Bosnie durant une certaine période.
8 En effet, nous nous penchons sur un conflit interethnique.
9 Il n’y a pas de doute. Ceci n’est pas contesté. Il s’agit
10 d’un conflit qui a commencé par l’agression de la JNA et
11 des forces paramilitaires serbes des Serbes de Bosnie mais
12 aussi des Serbes de l’extérieur de Bosnie, et en
13 conséquence de ce conflit, un conflit a éclaté entre les
14 Croates de Bosnie et les Musulmans de Bosnie, au moins dans
15 certaines parties de la Bosnie et même dans une certaine
16 mesure, par la suite, un conflit a éclaté entre certains
17 groupes de Musulmans et d’autres groupes de Musulmans.
18 Compte tenu du contexte, et nous en parlerons dans
19 notre défense, il est important de noter que le conflit
20 entre les Croates et les Musulmans ne constituait qu’une
21 conséquence de l’agression serbe en Bosnie, et lorsque nous
22 nous plaçons dans le temps – et là, j’en parlerai lorsque
23 je parlerai du chef d’accusation 2 de l’acte d’accusation,
24 à savoir les persécutions – c’est seulement à ce moment-là
25 que nous arrivons à une image réelle, puisqu’au cours de
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1 l’année 1992, tous les efforts du HVO ont été dirigés vers
2 la lutte contre les Serbes alors qu’au cours de 1993, la
3 situation change à cause des événements et à cause de
4 l’évolution de la situation.
5 C’est pour cela que dès le début, nous critiquons
6 l’acte d’accusation, parce que sur la base de certaines
7 phrases figurant notamment dans l’introduction de l’acte
8 d’accusation, nous sortons de la sphère de la réalité,
9 puisqu’il est impliqué, il est sous-entendu que le HVO – au
10 moins le HVO qui nous concerne – dans la poche de Vitez, au
11 cours de l’année 1992, soi-disant se préparait pour le
12 conflit imminent avec les Musulmans de Bosnie, alors qu’on
13 cache le fait que l’unique tâche et l’unique raison-d’être
14 du HVO dans la poche de Vitez à l’époque était la lutte
15 contre l’agresseur, à savoir les Serbes, et nous allons de
16 prouver cela par le biais de nos moyens de preuve.
17 En ce qui concerne tous ces événements qui se sont
18 produits en Bosnie en 1992-1993, il s’agit là des
19 événements extrêmement confus et il n’est pas facile
20 d’arriver à une image réelle. C’est pour cela que ces
21 genres de procès sont complexes et longs puisqu’il est
22 nécessaire de prendre en considération beaucoup d’éléments
23 afin d’arriver à une image réelle.
24 Je souhaite simplement citer une phrase du livre
25 du Général Bob Stewart et je vais citer cette phrase
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1 simplement parce qu’il s’agit là d’une des questions
2 pertinentes qui nous concernent. Dans son livre… et ceci a
3 été cité dans l’affaire Blaskic à la page 232824, et donc,
4 c’est une citation directe du livre de Bob Stewart,
5 « Broken Lives » ou « Vies brisées ».
6 Je vais lire : « Même la différentiation entre
7 l’aspect civil et militaire est impossible. La Bosnie est
8 en proie à une guerre civile classique où les civils
9 luttent contre les civils. »
10 Et c’est sur la dernière phrase que je mets
11 l’accent : « Celui qui est un civil à un moment est un
12 militaire, un soldat le moment suivant. »
13 Cette phrase contient une question clé justement
14 pour la Défense de Monsieur Cerkez puisqu’il s’agit là
15 d’une des questions qui apparaît dans notre affaire, à
16 savoir la question de savoir quelle est la différence entre
17 les civils et les soldats et entre les soldats différents
18 du point de vue de leur appartenance à une certaine unité.
19 Pour être tout à fait concret, la Défense de
20 Cerkez, dans sa présentation des moyens de preuve,
21 s’efforcera de prouver, de montrer que certains crimes,
22 certains actes criminels qui ont été commis au cours de la
23 deuxième moitié de l’année 1993 à Vitez et notamment après
24 le début du conflit le 16 avril, qu’il n’y a pas de preuve
25 ou bien plutôt nous allons montrer qu’il n’a pas été prouvé
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1 qu’il s’agissait des unités ou bien de la brigade pour
2 laquelle Mario Cerkez peut être considéré comme
3 responsable, que donc cette brigade-là n’a pas commis ces
4 crimes-là. Je vais en parler plus tard.
5 Deuxième question concernant le contexte général,
6 et nous en parlerons dans le cadre de notre défense, est la
7 question de savoir pourquoi une situation pleine de tension
8 et de chaos qui a commencé fin 1992 et qui s’est poursuivie
9 au cours de l’année 1993 a explosé le 16 avril 1993. C’est
10 à ce moment-là qu’un conflit ouvert a éclaté entre les deux
11 parties en Bosnie centrale. Bien sûr, nous souhaitons
12 savoir quelle en est la motivation. Bien sûr, nous devons
13 procéder à une analyse des causes et des raisons.
14 Au cours de la procédure qui a eu lieu jusqu’à
15 maintenant dans le cadre de la présentation des moyens de
16 preuve du Procureur, par le biais de certains documents,
17 l’on a mentionné également le Plan Vance-Owen. Bien sûr,
18 la situation en Bosnie était beaucoup trop complexe et
19 aucune conséquence ne peut être expliquée par une seule
20 cause, mais il n’y a pas de doute certainement non plus que
21 le Plan Vance-Owen constituait un facteur important dans
22 les événements qui se sont produits et était certainement
23 l’une des causes importantes qui ont provoqué cette guerre.
24 Je vais lire encore une fois une seule phrase d’un
25 document qui a été versé au dossier par le biais de la
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1 déposition de l’officier de Boer. Le titre est : « From
2 Intelligence », « Sur la base de renseignements ». Nous
3 avons déjà vu ce document, mais je veux lire la phrase
4 suivante : « Le concept du partage sera marqué dans
5 l’histoire en tant que Plan Vance-Owen, sera introduit dans
6 l’histoire en tant que Plan Vance-Owen. »
7 Je souhaite simplement souligner que le Plan
8 Vance-Owen est sans doute la cause principale, même si ce
9 n’est pas l’unique cause du conflit, de la confrontation
10 entre les Croates de Bosnie et les Musulmans de Bosnie et
11 c’est pourquoi la Défense tentera de présenter des moyens
12 de preuve devant cette Chambre indiquant que ce n’est pas
13 les Croates de Bosnie, ni la HZ H-B, ni le HVO qui avait
14 conçu un plan secret qu’ils auraient décidé de mettre en
15 œuvre ce 16 avril et ils n’ont certainement pas conçu,
16 concocté un tel plan dès l’année 1992, comme le Procureur
17 l’a affirmé, mais le conflit a éclaté d’une manière
18 incontrôlée, quel que soit le camp qui a effectivement
19 commencé le conflit, qui était le premier à lancer
20 l’offensive.
21 Nous n’avons pas entendu d’affirmations directes à
22 ce sujet dans le cadre de cette procédure. Il est
23 considéré que c’était le HVO, mais nous avons vu des
24 documents également indiquant que ce n’était pas le HVO.
25 Cependant, la Défense de Cerkez considère qu’il n’est pas
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1 important de savoir très exactement lequel des camps a jeté
2 une allumette sur un jerrycan rempli de pétrole. Le fait
3 reste que la situation était mure pour que quelque chose
4 comme cela se produise.
5 Nous affirmons, et nous essaierons de prouver
6 cela, que tout le monde était la victime et que l’une des
7 causes importantes n’était pas seulement ce Plan Vance-Owen
8 en tant que document, en tant que base sur laquelle sa mise
9 en œuvre a été essayée d’être organisée, mais l’ensemble de
10 la situation, non pas seulement à cause de la situation et
11 des rapports internes en Bosnie, non pas seulement à cause
12 de la désintégration de la Yougoslavie, mais aussi dans une
13 certaine mesure à cause de la réaction ou à cause de la
14 réaction non-appropriée de la communauté internationale
15 qui, il faut le souligner, a commencé à s’occuper de ses
16 rapports avec les meilleures intentions, avec les
17 intentions honnêtes, mais elle n’a pas réussi à faire face
18 à la situation de manière appropriée.
19 L’acte d’accusation contre mon accusé, Mario
20 Cerkez, contient au total 22 chefs d’accusation et si nous
21 oublions les points formels de droit, cinq actes criminels
22 sont mentionnés et un sixième acte criminel mentionné comme
23 persécution. Il est inutile que je l’analyse dans les
24 détails. Nous savons tous ce que ça veut dire.
25 Ce que je considère comme étant important pour
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1 notre défense est simplement de noter quelle est la période
2 liée à ces actes criminels. Si nous oublions en ce moment
3 le chef d’accusation 2 concernant les persécutions, le tout
4 s’est passé en avril 1993.
5 Monsieur le Président, je vois qu’il n’y a pas
6 plus de transcript mais je peux poursuivre quand même.
7 [La Chambre discute]
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Il y a des
9 difficultés techniques. Il faudra quelques minutes pour
10 les résoudre mais le transcript sera enregistré. Donc,
11 vous pouvez poursuivre, Me Kovacic.
12 Me KOVACIC (interprétation) : Très bien.
13 Dans le fond, tout ce qui s’est passé, tout ce qui
14 est mentionné dans l’acte d’accusation en ce qui concerne
15 mon client s’est produit au mois d’avril 1993. Nous allons
16 essayer de prouver cela dans le cadre de notre présentation
17 des moyens de preuve de la Défense, mais nous devrons
18 montrer également qu’à partir du mois d’avril 1993, s’il
19 est vraiment possible dans le cadre de cette guerre civile
20 de faire une différence entre les victimes et les auteurs
21 de crimes, dans ce cas-là, il est nécessaire de savoir
22 qu’après le mois d’avril 1993, les victimes changent, si
23 jamais il n’est pas possible d’affirmer que tout le monde
24 est victime dans une guerre civile.
25 En ce qui concerne la personne, la personnalité de
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1 Mario Cerkez, je ne souhaite pas aller dans beaucoup de
2 détails en ce qui concerne cela. Nous avons déjà exprimé
3 notre opinion dans le mémoire préalable au procès. Bien
4 sûr, nous allons citer à la barre un certain nombre de
5 témoins de moralité qui vont parler de la personnalité de
6 l’accusé.
7 Nous considérons, en tant que juristes du droit
8 criminel, que le caractère de ce genre d’acte criminel peut
9 servir comme indication. Par exemple en ce qui concerne le
10 chef d’accusation de persécution, nous pourrons prouver que
11 Cerkez n’a jamais eu d’idées préconçues sur le plan
12 ethnique, qu’il a été élevé dans un milieu multiethnique et
13 qu’il n’a jamais eu de raison et qu’il n’a jamais fait
14 preuve d’un changement de ce genre d’attitude.
15 Ceci peut être lié aux motivations de l’accusé, et
16 en ce qui concerne chaque acte criminel, y compris les
17 actes criminels cités dans cet acte d’accusation, il est
18 nécessaire de les prendre en considération, de prendre les
19 motivations en considération, et nous sommes convaincus
20 qu’en ce qui concerne ces actes criminels là, la seule
21 motivation pourrait être des idées préconçues vis-à-vis
22 d’une autre communauté ethnique, et tout simplement, nous
23 allons prouver que ce genre d’idée préconçue n’existait
24 jamais dans la personnalité de notre client.
25 Bien sûr, nous essaierons de prouver également un
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1 fait, à savoir qu’il est nécessaire de prouver l’intention
2 discriminatoire liée au chef d’accusation de persécution,
3 parce qu’il a été stipulé qu’il est nécessaire de prouver
4 l’intention discriminatoire. Donc, le comportement de
5 l’accusé avant le conflit, dans le cadre de sa vie, y
6 compris au cours du conflit, peut montrer, peut servir
7 d’indice, d’un des indices montrant qu’il n’avait pas
8 l’intention de procéder à des persécutions, parce que si la
9 personne ne fait pas preuve d’une attitude discriminatoire
10 vis-à-vis de l’autre communauté ethnique, l’on ne peut pas
11 parler non plus de persécution.
12 En ce qui concerne la personnalité même de
13 l’accusé, je pense qu’il est inutile d’ajouter d’autres
14 éléments à ce sujet, sauf pour dire qu’il s’agissait d’une
15 personne normale, moyenne, qui n’a jamais eu de problèmes
16 vis-à-vis de la loi, même en parlant de délits de moindre
17 importance, sans parler de quoi que ce soit de plus
18 important.
19 Le troisième élément dont je souhaite parler est
20 le chef d’accusation 2, persécution, et je demanderais à
21 l’Huissier de placer un document sur le rétroprojecteur et
22 de distribuer un document afin de nous permettre de suivre
23 plus facilement ce que je dirai.
24 Peut-on placer un exemplaire sur le
25 rétroprojecteur ?
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1 J’ai préparé cet organigramme afin de permettre de
2 suivre plus facilement et d’économiser le temps un peu.
3 L’acte d’accusation met en cause mon client pour
4 la persécution entre avril 1992 et septembre 1993 et il
5 s’agit là de la ligne au milieu de l’organigramme. J’ai
6 marqué ici les deux premières périodes dont nous traitions
7 et je pense que sur la base de la présentation des moyens
8 de preuve de l’Accusation, ceci est plutôt clair.
9 À partir d’avril 1992 jusqu’à avril 1993, ou plus
10 exactement le 16 avril, nous avons une situation générale
11 de chaos, d’anarchie, la situation dans laquelle il n’y a
12 pas de gouvernement. Il n’y a pas de pouvoir central en
13 Bosnie et il n’y a même pas de pouvoir local. Les pouvoirs
14 fonctionnent sur la base de l’improvisation, sur la base
15 des compétences ou de manque de compétences de personnes
16 qui font partie des autorités municipales.
17 Il est nécessaire de comprendre que l’organisation
18 de pouvoirs dans les ex-républiques de la RSFY, y compris
19 en Bosnie, était tout à fait décentralisée du point de vue
20 d’un grand nombre de compétences, même s’il y a eu une base
21 centralisée, mais ce que je souhaite dire c’est que les
22 municipalités constituaient un élément extrêmement
23 important dans le cadre de l’organisation de pouvoirs et
24 exerçait une fonction extrêmement importante en ce qui
25 concerne le volet exécutoire du pouvoir d’État.
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1 Lorsque le chaos a éclaté en Bosnie, lorsque
2 l’État nouvellement reconnu, l’État de Bosnie-Herzégovine,
3 a arrêté de fonctionner effectivement à cause du fait que
4 son centre était isolé et occupé et à cause du fait que 70
5 pour cent du territoire de l’État était occupé par les
6 Serbes de Bosnie, à ce moment-là, les pouvoirs municipaux
7 ont essayé de faire face à la situation au mieux de leurs
8 possibilités. Parfois, ils le faisaient avec plus, parfois
9 avec moins de succès.
10 Nous allons voir quelle a été la situation en ce
11 qui concerne Vitez, mais au cours de cette période et
12 justement à cause de ces défaillances du point de vue du
13 fonctionnement des autorités, nous avons eu une situation
14 illégale, une situation où les groupes criminels organisés
15 et aussi non-organisés fonctionnaient, où les pillages, les
16 meurtres, la contrebande florissaient, de même que tous les
17 autres actes criminels qui apparaissaient toujours dans
18 l’histoire de l’humanité à chaque fois que les autorités
19 n’arrivaient pas à exercer leur pouvoir de manière
20 effective. Quelle que soit la situation, qu’il y est une
21 guerre ou qu’il n’y est pas de guerre, dès que le pouvoir
22 ne fonctionne pas, une anarchie et un désordre se créent.
23 Cependant, cette situation chaotique et ces
24 incidents ne peuvent pas s’expliquer en rendant coupable un
25 peuple vivant dans ce territoire. Il n’est pas possible de
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1 dire que les victimes étaient uniquement ou même
2 majoritairement les Musulmans de Bosnie. Ceci n’est pas
3 vrai. Tout le monde était la victime. Parfois, quelqu’un
4 l’était plus que quelqu’un d’autre, parfois c’était
5 l’inverse, mais tout le monde était une victime. C’est
6 pour cela que nous disons qu’il n’y a pas eu de
7 persécutions, sans aucun doute, jusqu’à la mi-avril, tout
8 simplement parce qu’il n’y a pas eu de persécutions
9 systématiques et à grande échelle à l’encontre d’un groupe
10 ethnique.
11 Il y a, par conséquent, un élément de cet acte
12 criminel qui manque. Nous ne reconnaissons pas, bien
13 évidemment, que cet acte criminel existe après le 16 avril.
14 Nous souhaitons tout simplement confirmer et nous allons
15 certainement, lors de la présentation des éléments de
16 preuve, le prouver, que jusqu’au 16 avril 1993, sans aucun
17 doute, il n’y avait certainement pas cet acte criminel,
18 persécution, et après le 16 avril 1993, nous constatons
19 qu’une nouvelle situation se manifeste, d’autres éléments
20 également qui voient le jour et c’est à ce moment-là
21 également que l’Accusation prétend qu’il y a un certain
22 nombre d’autres actes criminels assez spécifiques et
23 particuliers qui ont été commis et pas persécution car il y
24 a des circonstances qui ont changé. Il y a un conflit
25 armé, ouvert, qui s’est déclenché entre ces deux peuples.
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1 En bas de cet organigramme, je l’ai marqué parce
2 que c’est un deuxième aspect de la Défense : Quel était le
3 poste ou quel était le rôle également de l’Accusé Cerkez au
4 cours de cette période ?
5 Il y a une toute petite erreur de frappe mais de
6 toute façon, je vais y revenir.
7 Tout premièrement, par conséquent, nous ne pouvons
8 pas parler de cette période d’avril 1992 comme le début de
9 la période incriminée pour l’acte commis, tout simplement
10 parce que le QG municipal du HVO qui était en quelque sorte
11 la tutelle de la municipalité de Vitez n’était même pas mis
12 en place. Il a commencé à fonctionner en mai ou juin. Ce
13 n’est qu’à cette époque-là donc qu’il a commencé à
14 fonctionner. Ce n’est qu’à ce moment-là que le conflit
15 s’est déclenché. Par conséquent, dans l’acte d’accusation,
16 on parle d’un mois et demi avant que la guerre s’est
17 déclenchée. On aurait pu également commencer déjà en 1991
18 à ce moment-là car ce sont les Serbes qui avaient attaqué
19 Grude par force… pardon, Ravno.
20 Par conséquent, il y a un autre point également.
21 C’était octobre 1992 quand le QG municipal a cessé de
22 fonctionner. Il y avait un office de la Défense et à
23 l’époque, Monsieur Mario Skopljak qui était chef de l’état-
24 major et qui était supérieur pour Mario Cerkez. Il était
25 son chef. Par conséquent, Mario Skopljak est devenu donc
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1 la tête de cette office. On l’appelait à l’époque
2 ministère de la Défense mais il s’agissait en effet d’un
3 ministère de la Défense municipale, au niveau de la
4 municipalité.
5 Par conséquent, toutes les fonctions ont été
6 transférées à cet organe qui venait d’être créé avec Mario
7 Skopljak à la tête et Cerkez est resté pratiquement au QG,
8 et c’est par conséquent cette petite observation que j’ai
9 faite car on n’a jamais pratiquement donné l’explication du
10 rôle qu’il avait joué. Mais à travers les éléments de
11 preuve et la présentation des éléments de preuve, nous
12 allons certainement le prouver car Cerkez pratiquement est
13 resté au QG pour soi-disant protéger cette maison car il y
14 a une nouvelle qui vient d’être créée. On avait
15 l’intention également de l’affecter ailleurs et on l’a fait
16 d’ailleurs, car en novembre 1992, Cerkez a été nommé
17 commandant ou plutôt membre du commandement d’une brigade
18 intermunicipal des deux municipalités, Novi Travnik et
19 Vitez.
20 Ce commandement a été créé pour renforcer et mieux
21 organiser la lutte contre les Serbes sur les lignes au
22 nord-ouest face aux Serbes, du côté de Vlasic et Turbe.
23 L’unique objectif de cette brigade était la lutte contre
24 les Serbes et la seule mission de Mario Cerkez à cette
25 époque-là était la lutte contre les Serbes, les Serbes qui
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1 étaient des occupants et il s’agissait par conséquent de
2 relations militaires pures.
3 En février 1993 – c’est encore une autre
4 observation, excusez-moi, il y a également une erreur de
5 frappe, c’est marqué « février 1992 », il faut que ce soit
6 marqué « février 1993 » – Cerkez a été nommé Commandant de
7 facto de cette brigade nommée Stjepan Tomasevic. Nous
8 allons présenter un certain nombre d’éléments de preuve.
9 Il y en a qui ont été versés au dossier.
10 Il n’a jamais été nommé dans le vrai sens
11 juridique de ce terme et il n’a jamais été nommé Commandant
12 de cette brigade pour des raisons qui sont différentes,
13 mais de toute façon, je ne considère pas que ce soit
14 pertinent du point de vue juridique, mais je pense qu’il
15 s’agissait plutôt des relations entre les hommes
16 différents. Il y avait des plans qui étaient différents.
17 Cerkez a été nommé comme représentant du
18 Commandant, ce qui a été d’ailleurs marqué car probablement
19 il y avait un certain nombre de plans sur la transformation
20 à l’avenir et c’était une solution qui était une solution
21 temporaire.
22 La Défense convient que pendant un mois ou plutôt
23 six semaines très précisément, il a été Commandant de
24 Stjepan Tomasevic. Pendant cette période, il est à Novi
25 Travnik, au siège de cette brigade et le commandement était
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1 stationné à Novi Travnik tout simplement pour être le plus
2 près possible des positions où la brigade avait sa mission.
3 C’était le secteur de sa responsabilité ou la zone de sa
4 responsabilité. Il s’agissait par conséquent des lignes
5 face aux Serbes, et Cerkez, indépendamment de la période,
6 comme membre du commandement ou le commandant, a été engagé
7 exclusivement dans les batailles contre les Serbes.
8 Je me dois de vous signaler – il y avait déjà des
9 preuves et nous allons encore vous les présenter – à cette
10 époque-là, à Novi Travnik, par conséquent, fin novembre et
11 jusqu’à la mi-mars, pendant que Cerkez se trouvait à Novi
12 Travnik, il n’y avait pas de conflit, tout au moins pas de
13 conflit très grave entre les Musulmans de Bosnie et les
14 Croates de Bosnie à Novi Travnik.
15 Je reviens une fois de plus à un autre élément de
16 cet acte criminel de persécutions car le Procureur
17 maintient que Cerkez est responsable de cet acte sur le
18 territoire de Novi Travnik, Vitez et Busovaca. Par
19 conséquent, pendant cette période, Cerkez ne se trouvait
20 pas à Vitez et il n’y a absolument aucun événement qui
21 aurait prouvé, qui aurait donné le fondement qu’il y avait
22 quelque chose de ce type-là à Novi Travnik. Tout au moins,
23 le Procureur n’a pas présenté de tels éléments et je ne
24 vais pas bien évidemment parler du fait qu’il n’y avait
25 absolument aucune preuve selon laquelle Cerkez aurait
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1 participé aux persécutions à Busovaca. Il n’y était
2 jamais.
3 Dans tous les cas, le 23 mars 1993, par
4 conséquent, trois semaines avant le début du mois d’avril,
5 avant ce conflit ouvert entre les Musulmans de Bosnie et
6 les Croates de Bosnie, Cerkez a été nommé Commandant de la
7 Brigade de Vitez nouvellement créée.
8 Après avoir fait un certain nombre de préparatifs
9 10 jours auparavant auprès de la municipalité, du
10 gouvernement municipal, et après avoir été en contact avec
11 le Commandant de la Zone opérationnelle de la Lasva,
12 Blaskic, il a fait un certain nombre de rapports. Par
13 conséquent, le gouvernement municipal a accepté les
14 propositions de Cerkez.
15 Il a proposé des solutions au Commandant de la
16 Zone opérationnelle, Blaskic, et on avait décidé de créer
17 la brigade, et comme ceci a été donc initié par la
18 municipalité, on avait nommé cette brigade : Brigade de
19 Vitez. Le siège était dans le bâtiment du cinéma où on a
20 trouvé des bureaux disponibles et c’est là où on avait
21 organisé le commandement. De toute façon, lors de la
22 présentation des éléments de preuve, nous allons y revenir.
23 Nous allons le prouver.
24 Blaskic, sur cette proposition, le 23 mars, comme
25 Commandant de la Zone opérationnelle, a nommé Cerkez
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1 Commandant de la brigade trois semaines avant l’ouverture
2 du conflit, avant le déclenchement du conflit.
3 Il s’agit par conséquent d’une brigade qui était
4 nouvellement créée et on prétend qu’elle est une force clé
5 dans la région de Vitez, dans le secteur donc de Vitez qui
6 opère dans la poche de Vitez qui a été encerclée – ceci
7 n’est pas contestable – par des forces beaucoup plus
8 puissantes qui n’ont aucune mesure de comparaison avec les
9 forces de l’armée. C’est à partir du 16 avril qu’il y a
10 par conséquent le conflit qui s’est déclenché avec ces
11 forces qui sont beaucoup plus puissantes.
12 La brigade a 300 hommes. Elle n’a pas encore été
13 structurée. Lors de la présentation des éléments de
14 preuve, nous allons parler également de la composition de
15 cette brigade, et ceci notamment sous l’aspect des
16 officiers qui ont été formés, entraînés, qualifiés – il y
17 en avait à peine – des soldats également.
18 Outre un certain nombre de ces soldats qui avaient
19 été formés dans l’ex-JNA, car le service militaire était
20 obligatoire dans l’ex-Yougoslavie et l’ex-JNA, il y avait
21 d’autres soldats qui n’avaient absolument aucune formation
22 et ces hommes avaient des armes qui étaient vraiment au
23 nombre minimum et on attendait que cette brigade participe
24 au conflit qui… selon la thèse de l’Accusation, c’est le
25 HVO, donc ceux qui sont plus faibles qui déclenchent le
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1 conflit.
2 Nous considérons que ce n’est pas logique, de
3 toute façon, et qu’il y a un certain nombre de documents
4 qui prouvent juste le contraire et c’est ce que nous allons
5 essayer de prouver à travers les éléments de preuve.
6 Cerkez, en sa qualité du Commandant d’une des
7 unités militaires à Vitez, avait été averti le 15 avril par
8 le Commandant qu’il était indispensable d’élever le niveau
9 d’alerte, qu’éventuellement une attaque aurait pu se
10 produire le lendemain matin. Mais à vrai dire, il n’y
11 croyait pas. Je ne sais pas, de toute façon, si c’était
12 justifié ou non.
13 C’est les événements qui l’ont démenti, mais il
14 est un fait que le 14 avril déjà, Cerkez… même s’il y avait
15 un certain nombre de témoins qui avaient parlé du 15 avril,
16 nous allons prouver que ça s’est passé le 14 avril. Donc,
17 je reviens à mon idée.
18 Cerkez a passé tout l’après-midi le 14 avril à
19 l’état-major avec des collègues de l’armée de Bosnie-
20 Herzégovine. Il a participé à cette célébration du premier
21 anniversaire de l’établissement de l’armée de Bosnie-
22 Herzégovine. Il a passé à Stari Vitez avec des officiers
23 bosniaques qui étaient jusqu’à ce moment-là ses camarades,
24 ses collègues, car déjà à cette époque-là, ils luttaient
25 ensemble contre les Serbes sur la ligne qui était du côté
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1 de la montagne, car déjà à ce moment-là, un jour ou deux
2 jours avant et même le jour même du conflit, il y avait une
3 équipe, un groupe de la Brigade de Vitez. Soixante-dix
4 hommes se trouvaient sur la ligne de front contre les
5 Serbes, là où la ligne a été pratiquement partagée entre
6 les Croates de Bosnie et les Musulmans de Bosnie, par
7 conséquent, entre l’armée de Bosnie et le HVO.
8 Cerkez, bien sûr, a participé au jubilé, premier
9 anniversaire de l’armée de Bosnie-Herzégovine, car il
10 s’agissait tout simplement de ses collègues. Il est un
11 fait qu’à ce moment-là, il y avait des approches
12 différentes. Il y avait quelques discordes dans les points
13 de vue, des différences politiques, mais les militaires
14 coordonnent leurs activités dans la mesure du possible et
15 ceci pour aboutir à ce but qui est le but et l’objectif
16 principal : c’était la lutte contre les Serbes à cette
17 époque-là, et non seulement parce qu’il s’agissait d’une
18 mission militaire toute précise, mais également pour le
19 fait que tous ceux qui étaient des villageois, des citoyens
20 de ce secteur, de ce territoire, savaient que c’était un
21 danger, un danger de vie ou de mort car il y avait les
22 Serbes qui avançaient. Par conséquent, qu’il fallait les
23 arrêter.
24 Je pense, de toute façon, que nous allons prouver
25 au cours de notre procès qu’il ne s’agissait pas tout
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1 simplement du fait que des militaires suivaient des ordres
2 de manière aveugle. Bien évidemment, quand on est en
3 guerre, on obéit aux ordres, mais ce n’était pas
4 véritablement une obéissance qui était aveugle, mais
5 c’était plutôt une motivation qui était tout à fait humaine
6 et normale.
7 Il ne faut pas oublier que les Serbes avaient 70
8 pour cent du territoire qu’ils occupaient. Tout le monde
9 pouvait le constater en regardant la télévision. Par
10 conséquent, si on avait quelque chose dans la tête, on
11 savait très bien ce qui se passait. Sarajevo était sous le
12 siège. Il y avait une force très puissante qui avait
13 pratiquement occupé l’ensemble de la Bosnie.
14 Par conséquent, tout le monde savait que cette
15 guerre n’allait pas peut-être s’étendre sur leur village.
16 Il y en avait qui pensaient qu’il fallait tout simplement
17 s’asseoir et qu’il y avait quelqu’un d’autre qui allait
18 résoudre leurs problèmes. Donc, ils étaient naïfs.
19 D’autres étaient un peu plus pratiques : ils étaient plus
20 intelligents, ils étaient sûrs, ils savaient que personne
21 d’autre n’allait résoudre le problème de la guerre. Par
22 conséquent, ils se sont organisés pour se protéger. Ils se
23 sont armés également pour se défendre.
24 C’était le 14 avril. Le 15 avril, Cerkez a pris
25 la décision de se marier et il a donc fixé la date et
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1 l’heure de son mariage. C’était le 15 avril dans l’après-
2 midi. De toute façon, nous allons vous présenter les
3 moyens de preuve.
4 Depuis 1980 déjà, il était marié, mais à cette
5 époque-là, il a pris la décision d’aller se marier à
6 l’église et ceci pour respecter la tradition car
7 auparavant, il ne pouvait pas le faire, vu également le
8 travail et les fonctions qu’il exerçait, parce que dans
9 l’ex-Yougoslavie, ce n’est pas avec beaucoup de sympathie
10 qu’on prenait les gens qui concluaient les mariages dans
11 l’église. On considérait que ce n’était pas logiquement
12 acceptable, alors que Cerkez a travaillé au Secrétariat de
13 la Défense, il a travaillé également à l’usine, et c’est
14 pour cette raison-là qu’il n’avait pas, par conséquent,
15 conclu son mariage dans l’église.
16 Le 15 avril 1993, il a pris la décision de le
17 faire. Lui ne sait pas, bien évidemment, que le lendemain
18 matin, la guerre allait se déclencher. Par conséquent, il
19 y a une logique qui permet la conclusion qu’il était
20 ignorant, qu’il ne savait pas que le conflit allait se
21 déclencher, même si Blaskic avait pris la décision d’élever
22 le niveau d’alerte puisqu’on attendait l’attaque de l’autre
23 partie, mais il y avait de tels appels d’alerte qui
24 existaient déjà auparavant et ce n’était pas quelque chose
25 de nouveau, et puis rien ne s’est passé.
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1 C’est la raison pour laquelle Cerkez, après s’être
2 consulté avec les membres de son commandement, a tout
3 simplement conclu qu’il s’agissait d’une alarme, d’un
4 signal d’alarme et que rien ne se passerait. Mais
5 malheureusement, ceci ne s’est pas produit comme il le
6 pensait et c’est le lendemain matin que le conflit s’est
7 déclenché.
8 À la veille donc du 16 avril – je parle donc du 15
9 avril 1993 – Cerkez a obtenu l’ordre. C’était un ordre
10 oral qui a été délivré par Blaskic qui lui a dit qu’il
11 préparait la défense de Vitez et des villages des alentours
12 car il disposait d’un certain nombre d’informations dont
13 Cerkez n’était pas au courant, et de toute façon, je ne
14 vais pas en parler ici, ce n’est pas indispensable.
15 Blaskic a essayé de se préparer pour cette
16 éventualité. Cerkez donc a obtenu l’instruction, l’ordre
17 de se préparer pour bloquer un certain nombre de routes et
18 d’axes, notamment en direction de Kruscica et du côté du
19 centre-ville.
20 Pourquoi – là maintenant, la question peut se
21 poser – Blaskic l’a-t-il envoyé dans cette direction ?
22 Bien évidemment, il faut le prouver. Nous allons essayer
23 de le prouver lors de la présentation des éléments de
24 preuve.
25 Blaskic l’a envoyé à cet endroit-là. On sait que
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1 la brigade se compose de 300 hommes. Les hommes qui ne
2 sont pas dans les casernes, ils sont chez eux et ils
3 doivent tout simplement, par conséquent, venir au moment où
4 on les appelle pour aller se rendre sur la ligne de front.
5 Il avait appelé parce qu’il y avait une équipe à ce moment-
6 là qui se préparait pour relayer celle qui était sur la
7 ligne de front face aux Serbes. Donc, cette équipe qui se
8 préparait normalement était à l’hôtel de Kruscica et c’est
9 comme ça qu’on a été organisé à l’époque. Déjà à l’époque
10 où il a été au QG et maintenant, depuis que la brigade
11 fonctionne, c’est comme ça qu’on s’était organisé.
12 Je vous ai déjà précisé que les soldats ne se
13 trouvaient pas dans les casernes, et par conséquent, il y
14 avait une liste, et sur la liste, un certain nombre de noms
15 de soldats. On les convoquait. Il y en avait une centaine
16 à peu près qui étaient convoqués par équipes.
17 Ces gens-là normalement devaient répondre à
18 l’appel. C’était au moment où ils ont reçu l’appel qu’ils
19 ont été considérés comme soldats. Ils passent sept jours
20 pour se préparer pour se rendre sur la ligne. Ils prennent
21 des armes, des munitions. On les affecte à tel et tel
22 endroit. On leur dit ce qu’ils doivent faire, et cætera,
23 et on les achemine au nord de Travnik sur la ligne face aux
24 Serbes pour les défendre.
25 Une fois qu’ils rentrent de cette ligne de front,
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1 ils continuent leurs activités de tous les jours ou bien
2 dans les champs ou bien éventuellement s’ils ont une
3 occupation dans une usine, et cætera. Ils restent une
4 semaine, deux semaines, trois semaines et ils sont des
5 citoyens simples. Ils ne sont plus des militaires.
6 Par conséquent, Cerkez, dans la nuit entre le 15
7 et le 16, doit s’occuper d’une équipe comme ça qui est en
8 préparation et qui se trouve donc au sud de Kruscica et ce
9 groupe, cette équipe donc a été utilisée pour une
10 éventuelle défense si jamais il y a une attaque.
11 Qu’est-ce qui s’est passé ? Le lendemain matin,
12 au moment où le conflit s’est déclenché, nous affirmons que
13 ce sont des forces musulmanes qui ont déclenché le conflit.
14 Les membres de la Brigade de Vitez qui ont été disposés au
15 nord de Kruscica, du côté de la route principale, et
16 Vranjska également, donc entre Kruscica et Vranjska vers le
17 centre-ville, ils se trouvent donc sur leurs positions mais
18 ils n’ont même pas réussi à se maintenir sur cette ligne.
19 Ce sont les troupes qui se sont pratiquement retirées par
20 rapport aux positions qui étaient planifiées. Elles se
21 sont retirées vers le bas et ceci démontre également quel
22 était le rapport des forces.
23 Certes, nous n’allons pas répéter que les hommes
24 n’étaient pas bien armés, qu’ils n’avaient pas été bien
25 entraînés. Il y avait un certain nombre de soldats qui
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1 avaient l’expérience acquise dans la lutte contre les
2 Serbes, mais cette lutte se réduisait pratiquement à une
3 stratégie de tranchées et, si j’ai bien compris en
4 discutant avec ces hommes, elle n’était pas très différente
5 par rapport à ce qui se passait lors de la grande guerre,
6 la Première Guerre mondiale.
7 Eh bien, c’est tout en ce qui concerne le début de
8 ce conflit. Au moment où le conflit a éclaté, la brigade
9 détenait la position décrite. En même temps, les conflits
10 ont éclaté ailleurs dans la municipalité et nous, nous nous
11 limitons strictement à la municipalité de Vitez. Entre
12 autres choses, un conflit a eu lieu, y compris cet incident
13 horrible et tragique à Ahmici, et je répète encore une fois
14 que la brigade de mon client n’était pas à Ahmici. Ahmici
15 se trouve au nord de la route Kruscica-Vranjska. Les
16 positions de la brigade sont ailleurs au sud de la route.
17 Le 16 avril, elle y était avec une autre unité.
18 Vous allez le voir dans le cadre de la présentation des
19 moyens de preuve. Tout le mal qui s’est produit à Ahmici
20 s’est produit le 16 avril dans la matinée, ce qui a été
21 prouvé assez clairement déjà.
22 Au cours du conflit, donc à partir du 16 avril et
23 plus tard, dans la région de la municipalité de Vitez, il y
24 a eu un nombre d’unités différentes appartenant au HVO.
25 Déjà dans le cadre de la procédure jusqu’à maintenant, nous
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1 avons pu voir que le siège de la Zone opérationnelle,
2 c’est-à-dire le commandement le plus élevé en ce qui
3 concerne cette région, la Bosnie centrale, se trouvait à
4 l’hôtel Vitez dans la ville de Vitez, seulement à quelques
5 centaines de mètres de l’état-major de Monsieur Cerkez.
6 C’est là que se trouvait également la police
7 militaire, le 4e Bataillon de la police militaire. Il
8 s’agissait d’une unité bien organisée qui disposait d’un
9 personnel actif et des sub-unités spécialisées, des
10 pelotons spécialisés qui étaient chargés de tâches
11 différentes, y compris des tâches de combat, et puis
12 également une unité appelée Jokeris qui avait leur quartier
13 général à un autre endroit dans le Bungalow.
14 Puis, il y a eu les Vitezovis dont la taille peut-
15 être n’était pas tellement grande, mais il s’agissait d’une
16 unité importante puisqu’il s’agissait d’une unité mobile
17 bien équipée dont les soldats avaient un moral à un niveau
18 élevé. Ils étaient très agressifs et nous aurons des
19 moyens de preuve à ce sujet.
20 Également, avant que le conflit n’éclate, il y a
21 eu des troupes qui sont venues de l’extérieur, comme Ludvig
22 Pavlovic et Bruno Busic, ces deux brigades. Ces deux
23 brigades ont été amenées afin de renforcer les positions
24 contre les Serbes, mais malheureusement, leurs activités se
25 réduisaient au fait de manger, de boire et de piller et ils
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1 ont aidé très peu en ce qui concerne les efforts de la
2 défense contre les Serbes.
3 Il y a eu également des brigades comme Frankopan,
4 ensuite, l’unité Tvrtko 2 et puis d’autres.
5 La Défense affirme, et bien sûr, nous allons
6 avancer des moyens de preuve allant dans ce sens, que
7 l’Accusé Mario Cerkez en tant qu’auteur, ni directement ni
8 indirectement n’a commis aucun acte criminel, y compris les
9 actes criminels qui figurent dans l’acte d’accusation et la
10 Défense affirme que Cerkez ne peut pas être tenu pour
11 responsable, ni sur la base de la chaîne de commandement
12 puisqu’il n’y a pas de preuve indiquant que ses
13 subordonnés, des soldats qui lui étaient subordonnés,
14 auraient commis des actes criminels.
15 En ce qui concerne un certain nombre de moyens de
16 preuve qui ont été présentés ici, et là, je parle surtout
17 des documents versés au dossier par le biais du Témoin
18 Spork, ils ouvrent des questions, indiquent certains doutes
19 à ce sujet, mais la Défense prouvera que ces documents ne
20 sont pas en réalité ce que l’on peut penser à première vue,
21 qu’ils ne peuvent pas servir de base à des conclusions
22 fermes et que même si on les acceptait tels quels, nous ne
23 pouvons pas, sur la base de ces documents-là, tirer des
24 conclusions qu’une certaine personne qui aurait commis un
25 crime à un certain endroit était à ce moment-là et à cet
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1 endroit-là membre de la Brigade de Vitez pour laquelle
2 Cerkez pourrait être responsable.
3 Ensuite, la Défense maintient que, bien sûr, un
4 commandant doit savoir ou, dans des circonstances données,
5 peut prévoir objectivement et savoir qu’un crime se
6 préparait ou bien qu’un crime a eu lieu. Sur la base de
7 cette supposition, certains événements où l’on essaie
8 d’indiquer qu’il s’agit de membres de la brigade doivent
9 être négligés puisqu’au moment où l’acte criminel a été
10 commis, personne ne le savait.
11 Par exemple, il existe un exemple où la victime
12 n’a jamais dit à qui que ce soit pendant très, très
13 longtemps que l’acte criminel avait été commis à l’encontre
14 d’elle. Donc, bien sûr, il ne pouvait pas traiter de cela
15 puisqu’il n’était pas au courant.
16 Nous allons ensuite nous pencher sur la thèse qui
17 est indirectement avancée dans l’acte d’accusation, à
18 savoir que Cerkez est le commandant de ce territoire. Il
19 faut savoir que si nous interprétons les chefs d’accusation
20 à l’encontre de Cerkez, nous pouvons conclure que l’unique
21 interprétation de l’acte d’accusation logique est que
22 Cerkez est le commandant chargé de ce territoire parce que
23 sinon, il n’est pas clair comment on peut conclure que
24 Cerkez est le supérieur d’un certain nombre d’unités
25 présentes sur ce territoire.
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1 Je pense qu’il est clair que Cerkez pourrait être
2 tenu pour responsable sur la base de la supériorité
3 hiérarchique seulement pour les actes criminels commis, qui
4 auraient été commis par ses subordonnés. Il ne peut pas
5 être tenu pour responsable pour les actes criminels commis
6 par des membres d’autres unités, même si ceci a été fait
7 sur le territoire de la municipalité de Vitez. Cerkez
8 n’est pas le commandant suprême du HVO dans la municipalité
9 de Vitez et je ne vais même pas mentionner les autres
10 endroits où son unité n’était même pas active, sauf les
11 lignes contre les Serbes. Ou bien si on le proclame
12 commandant du territoire, dans ce cas-là, théoriquement, il
13 pourrait être tenu pour responsable.
14 Je pense que jusqu’à maintenant, il est devenu
15 clair que cette thèse selon laquelle il serait le
16 commandant de l’ensemble du territoire n’est simplement pas
17 fondée. Nous aurons d’autres moyens de preuve qui le
18 démontreront et nous allons prouver également qu’il y avait
19 toute une série d’autres unités présentes sur le terrain
20 pour lesquelles Cerkez n’a jamais été responsable et qu’il
21 n’a jamais pu commander.
22 Dans cette partie de la responsabilité pour
23 d’autres unités, je pense que dès à présent, nous devons
24 dire aux juges afin de leur permettre de suivre plus
25 facilement la présentation de nos moyens de preuve que nous
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1 avons entendu peu de choses concernant la police militaire
2 de brigade qui donc, si c’est la police militaire de
3 brigade, il faudrait conclure qu’elle dépend de Cerkez.
4 Afin que les choses soient tout à fait claires, je
5 souhaite dire que la police militaire de brigade n’existait
6 pas jusqu’au début du mois de septembre 1993, moment où
7 certains changements de structure ont eu lieu, et la
8 brigade, malgré la thèse selon laquelle c’est la manière
9 dont les choses fonctionnent dans les unités de l’OTAN ou
10 bien une autre thèse selon laquelle c’était la doctrine
11 adoptée par la JNA, malgré toutes ces explications et
12 doctrines, le fait reste que la Brigade de Vitez n’avait
13 pas dans sa structure d’organisation, ni sur le plan
14 théorique et surtout pas sur le plan pratique, n’avait pas
15 de police militaire.
16 Devant ce Tribunal, nous avons entendu des propos
17 concernant l’organisation de poursuites judiciaires,
18 également concernant l’organisation de la justice dans
19 l’ensemble. La Défense Kordic en a parlé. Donc, je ne
20 souhaite pas me pencher là-dessus.
21 Mais en ce qui concerne la notion de la police de
22 brigade, je souhaite dire simplement qu’à Vitez, dans le
23 cadre du 4e Bataillon de la police militaire, dans le
24 commandement, et une sorte de siège se trouvait à l’hôtel
25 Vitez, il y a eu entre autres un peloton, le peloton de la
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1 police militaire, dont la tâche était d’assurer la
2 protection du commandement de la brigade municipale, donc
3 la Brigade de Vitez. Il s’agissait là d’un peloton de
4 petite taille constitué de 20 à 25 personnes. Ce chiffre
5 changeait.
6 D’après le modèle théorique, au moins 30 personnes
7 devaient faire partie de ce peloton mais ça n’a jamais été
8 le cas – nous allons entendre des dépositions à ce sujet –
9 et c’est dans le cinéma que ce peloton était basé. Le
10 peloton assurait la protection de l’immeuble, y compris du
11 personnel, des documents, de la sécurité, des moyens de
12 communication, et cætera.
13 Bien sûr, puisque les membres du peloton se
14 trouvaient dans ce peloton pratiquement tout au long de la
15 guerre, c’est pour cela que beaucoup de personnes, compte
16 tenu de l’endroit où ils étaient placés physiquement, les
17 appelaient la police militaire de brigade, la police de
18 brigade, simplement parce que c’est là qu’ils étaient
19 déployés.
20 Mais il est important de savoir à qui ils étaient
21 subordonnés, qui était leur commandant. Nous allons nous
22 pencher là-dessus dans le cadre de notre présentation de
23 moyens de preuve et nous allons montrer quel est le nom et
24 le prénom du commandant de ce peloton, qui donnait des
25 ordres à ce commandant, qui était son supérieur aussi. Et
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1 bien sûr, cette personne n’était pas Mario Cerkez. C’était
2 une autre personne qui a déjà été mentionnée ici.
3 Ensuite, je souhaite dire quelques mots concernant
4 Ahmici puisque Ahmici représente l’essentiel de cette
5 procédure. Sur la base des moyens de preuve versés au
6 dossier jusqu’à maintenant, je considère qu’il n’est pas
7 nécessaire que l’on prouve cela de manière spécifique, mais
8 de toute façon, nous verrons cela sur la base de la
9 présentation de nos moyens de preuve.
10 La tragédie d’Ahmici a eu lieu le 16 avril dans la
11 matinée, le 16 avril 1993. D’après certains moyens de
12 preuve, le tout a été terminé avant 11 h 00 même. Mais sur
13 la base d’une estimation plus large, nous pouvons dire
14 qu’il est clair que le conflit s’est terminé à Ahmici avant
15 midi.
16 En ce qui concerne la brigade ou plutôt mon
17 client, nous avons eu des documents qui ont été
18 communiqués, et parmi des centaines de documents, nous
19 avons reçu deux documents indiquant que deux personnes qui
20 étaient membres de la brigade sont mortes à Ahmici le 16
21 avril. Donc, on essaie de conclure tout de suite :
22 puisqu’il s’agissait de personnes qui étaient membres de la
23 brigade et qui ont été tuées à Ahmici, c’est la culpabilité
24 de Cerkez puisqu’il était le commandant de la brigade.
25 Je pense que nous ne disposons pas de suffisamment
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1 de faits pour tirer une telle conclusion, mais dans la
2 présentation de nos moyens de preuve, nous allons prouver
3 que ces deux personnes-là, et ceci n’est pas visible sur la
4 base de ces documents-là, que ces deux personnes étaient
5 effectivement membres de la brigade. On est sûr au moins
6 pour l’une de ces personnes. Pour l’autre, nous ne sommes
7 même pas sûrs.
8 Ces gens ont été tués devant leurs maisons.
9 Pourquoi la personne a été tuée devant sa propre maison ?
10 Nous ne le savons pas, c’est-à-dire jusqu’à maintenant,
11 nous ne le savons pas sur la base des documents qui ont été
12 versés au dossier jusqu’à maintenant, et nous, nous allons
13 traiter de cela. D’après ces documents, il est clair
14 simplement que la personne a été tuée. Je m’excuse. Je
15 m’exprime mal. J’ai dit « tuée » mais en fait, la personne
16 a été blessée et la personne a été blessée à un endroit qui
17 s’appelle malheureusement Ahmici et c’est pour ça que cet
18 endroit est important, et visiblement, la personne est
19 membre de la brigade.
20 Nous allons prouver que ces deux hommes ont été
21 blessés devant leurs propres maisons et qu’ils s’y
22 trouvaient puisque c’est là qu’ils habitaient et que ceci
23 n’a aucun lien avec leur déploiement militaire, qu’ils ne
24 se trouvaient pas sur place suite à un quelconque ordre,
25 bien au contraire, qu’ils s’y trouvaient justement parce
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1 qu’ils n’étaient pas déployés à ce moment-là dans le cadre
2 d’une tâche militaire.
3 En outre, l’ensemble de la procédure en cours
4 s’est basé sur des moyens de preuve indirects, sur des
5 indices, et c’est justement pour cela que dans la
6 présentation des moyens de preuve de la Défense, nous
7 devrons prouver, indiquer que chacun de ces indices peut
8 être examiné d’un autre point de vue.
9 Je ne vais pas me lancer dans tous les détails
10 maintenant, mais il est clair qu’un grand nombre de
11 documents ont été versés au dossier, y compris des pièces à
12 conviction émanant d’autres affaires. Certaines pièces à
13 conviction ont ainsi déjà été versées au dossier et la
14 Défense va en proposer d’autres, mais je pense qu’il est
15 clair sur la base des moyens de preuve présentés jusqu’à
16 maintenant qu’à Ahmici, d’autres unités du HVO
17 reconnaissables s’y trouvaient : concrètement parlant, une
18 unité des forces actives du 4e Bataillon de la police
19 militaire de Vitez et leur peloton de police militaire
20 connu sous le nom de Jokeris.
21 La brigade n’était pas présente à Ahmici, et
22 jusqu’à maintenant, nous avons déjà entendu des moyens de
23 preuve indiquant à quel endroit la brigade devait se
24 trouver et nous allons prouver que c’est effectivement là
25 qu’elle se trouvait, à savoir au sud de la ligne du front,
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1 parlant du 16 avril, et c’est le seul endroit où la brigade
2 était engagée ce 16 avril.
3 En ce qui concerne l’enquête d’Ahmici, mon
4 collègue Me Sayers en a parlé suffisamment. Je souhaite
5 simplement dire quelques mots concernant l’aspect lié à
6 Cerkez.
7 Je souhaite vous rappeler que le Témoin Stewart a
8 dit à Cerkez qu’il serait bien qu’il lance une enquête sur
9 Ahmici, mais Bob Stewart a demandé la même chose une demi-
10 heure ou une heure plus tôt de Blaskic. Donc, il s’agit là
11 du supérieur de Cerkez. Cerkez, en ce qui concerne cette
12 conversation avec Stewart, bien sûr, il en a informé
13 Blaskic aussi et c’est à ce moment-là qu’il a appris que le
14 Général Stewart a fait la même demande auprès de Blaskic
15 aussi.
16 Deuxièmement, Cerkez aurait pu et dû lancer une
17 enquête seulement dans le cadre de sa propre unité.
18 Visiblement, il n’a pas de pouvoirs lui permettant de
19 lancer une enquête sur quoi que ce soit, y compris les
20 événements d’Ahmici, s’il s’agit d’une autre unité qu’il ne
21 commande pas.
22 Donc, sur la base de ceci, je pense qu’on peut
23 conclure tout à fait logiquement que Cerkez aurait dû
24 lancer une enquête seulement au cas où, sur la base de
25 quelque source que ce soit, il considérait que son unité
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1 s’y trouvait ou bien une partie de son unité, ou bien dans
2 un autre cas de figure, si son supérieur lui donnait un tel
3 ordre. Pourquoi le commandant supérieur, concrètement
4 Blaskic, ne demande pas à Cerkez de mener une enquête ? La
5 réponse est claire : parce que lui-même, en tant que
6 commandant supérieur, sait quelles sont les unités qui
7 étaient à Ahmici et il sait que la Brigade de Vitez n’y
8 était pas.
9 Nous avons déjà entendu certains éléments de
10 preuve indiquant quelles sont les unités que l’on demande à
11 mener une enquête. Blaskic a donné l’ordre à la police
12 militaire de mener une enquête. Lorsqu’il n’a pas obtenu
13 de résultat, il a donné l’ordre au SIS en tant que service
14 de renseignements, considéré comme un service capable
15 d’être suffisamment puissant pour mener une telle enquête.
16 Troisièmement, conformément à la législation de
17 l’époque en ce qui concerne une enquête criminelle, et
18 apparemment, dès l’entretien avec le Colonel Stewart,
19 Blaskic a compris qu’il s’agissait d’un acte criminel là,
20 c’est le système judiciaire et la police militaire qui sont
21 responsables de mener une enquête. Conformément au code
22 criminel de l’époque, sur la base des archives, sur la base
23 du règlement de la police militaire, si la police militaire
24 était impliquée, c’est seulement le procureur militaire qui
25 avait la compétence de lancer des poursuites et c’est
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1 seulement un tribunal militaire qui pouvait être chargé de
2 la procédure.
3 Donc, quelqu’un de l’extérieur, d’après la loi,
4 pouvait simplement être un observateur mais ne pouvait pas
5 lancer une telle procédure, et d’après la loi, il était
6 stipulé à peu près, lorsque le procureur apprend qu’un acte
7 criminel a été commis, il est tenu de prendre des mesures,
8 et cætera, et cætera.
9 Sur le plan pratique, ça voulait dire qu’un
10 citoyen, ou bien comme dans le cas précis, un soldat,
11 lorsque cette personne croyait ou bien avait l’impression
12 qu’un acte criminel avait été commis, dans ce cas-là, cette
13 personne pouvait écrire une lettre ou bien téléphoner au
14 procureur pour lui parler de ses connaissances, et à ce
15 moment-là, le procureur était tenu d’entamer une procédure.
16 Bien sûr, si quelqu’un s’adressait au procureur, s’il
17 s’agissait d’une personne qui avait un poste d’autorité,
18 par exemple un officier d’une unité, et si une telle
19 personne informait le procureur d’un acte criminel, bien
20 sûr que le procureur allait prêter plus d’attention à ces
21 informations, mais d’après la loi, le fait reste que mon
22 client n’avait pas de pouvoirs lui permettant de lancer des
23 enquêtes et en plus, comme je l’ai déjà expliqué, il
24 n’avait aucune raison de le faire.
25 Quatrièmement, il fallait s’attendre que Blaskic
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1 allait au moins demander une sorte de rapport ou bien une
2 explication, peut-être même une enquête, de la part de
3 Cerkez, si au cours de ces premiers jours lorsque l’on
4 parlait visiblement d’Ahmici, si d’une quelconque manière,
5 il avait un certain doute lui permettant de conclure
6 qu’éventuellement, certains membres de la brigade étaient à
7 Ahmici ce jour-là, le jour des faits. Mais ceci n’a pas
8 été fait.
9 Donc, non seulement Blaskic sait quelle était la
10 tâche qu’il a donnée à la brigade, et donc au premier
11 moment, il ne demande pas que l’on fasse une enquête sur le
12 rôle de la brigade à Ahmici, mais même au cours des jours
13 qui ont suivi, au moment où l’on peut supposer qu’il a
14 obtenu des éléments supplémentaires, même à ce moment-là,
15 il ne demande pas à la brigade de lancer une enquête parce
16 que visiblement, au cours de ces jours-là, il a pu entendre
17 et apprendre autre chose, à savoir, comme nous l’avons déjà
18 appris ici, que c’était d’autres unités qui se trouvaient à
19 Ahmici, qui avaient été à Ahmici ce jour-là.
20 J’ajouterais un seul détail encore concernant
21 Ahmici. Même si la Défense accepte qu’un acte criminel a
22 eu lieu à Ahmici et que des civils ont été tués, environ
23 100 personnes, peu importe s’il s’agit de cinq ou de 100
24 personnes, déjà, s’il y a cinq morts civils, il s’agit
25 d’une véritable tragédie, mais la Défense n’accepte pas
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1 l’affirmation que Ahmici était une cible non défendue.
2 Nous avons déjà eu certains moyens de preuve à ce
3 sujet. Nous en présenterons d’autres indiquant qu’une
4 petite unité de l’armée de Bosnie-Herzégovine était à
5 Ahmici, que des combats ont éclaté à Ahmici, d’ailleurs,
6 des membres du HVO y ont été tués également, mais bien sûr,
7 ceci ne peut pas justifier un tel nombre de victimes
8 civiles, et c’est dans ce sens que nous sommes d’accord
9 pour dire qu’il s’agissait d’un acte criminel, mais nous ne
10 pouvons pas être d’accord pour dire qu’il s’agissait là
11 d’une cible non-défendue.
12 Allant dans le même sens, en ce qui concerne
13 certains autres endroits qui figurent dans l’acte
14 d’accusation, je souhaite dire qu’il n’y a pas de doute que
15 dans la vallée de la Lasva, dans les parties où l’unité de
16 mon client était active, que l’importance stratégique de la
17 route qui passe à travers la vallée de la Lasva constitue
18 un élément important. Je ne souhaite pas le répéter. Il y
19 a eu des moyens de preuve concernant cela et il y en aura
20 certainement d’autres.
21 La force militaire qui contrôle cette route et la
22 force militaire qui contrôle plusieurs points géographiques
23 clés peut contrôler l’ensemble du territoire. Le HVO dans
24 la vallée de la Lasva, et ça veut dire dans la poche de
25 Vitez qui est encerclée par les forces de l’armée de
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1 Bosnie-Herzégovine, d’après tous les standards militaires
2 raisonnables, devait essayer de maintenir le contrôle de la
3 route, à savoir devait essayer de conquérir certains chefs
4 des Musulmans de Bosnie et c’est là que les luttes ont eu
5 lieu. Sinon, sur le plan général, chaque armée protégeait
6 son propre village. Dans des endroits où les Musulmans
7 constituaient la majorité de la population du village,
8 c’est l’armée de Bosnie-Herzégovine qui protégeait le
9 village et en ce qui concerne les villages à majorité
10 croate, c’est le HVO qui assurait le contrôle et la
11 protection du village, sauf en ce qui concerne les endroits
12 stratégiques. C’est là que les deux parties essayaient de
13 prendre le contrôle de ces points-là.
14 Par exemple, Stari Vitez, sur la base de tout ce
15 qu’on a entendu jusqu’à maintenant, constituait une cible
16 militaire légitime. Il n’y a pas de doute qu’une unité de
17 l’armée de Bosnie-Herzégovine y existait. Il s’agissait
18 d’une unité armée et équipée qui recevait des fournitures,
19 qui a réussi à subsister pendant les 15 mois de siège
20 lancés par l’ennemi, à savoir le HVO, et qui a réussi à
21 faire face aux tentatives du HVO de conquérir cette région.
22 En ce qui concerne la raison pour laquelle le HVO
23 a essayé de prendre le contrôle de ce territoire, je pense
24 que c’est clair : tout d’abord, à cause des tireurs
25 embusqués dont les activités ont bloqué les activités dans
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1 une certaine partie de la ville et puis deuxièmement, pour
2 prendre le contrôle d’une des deux routes qui passent à
3 travers Ahmici et puis également afin de contrôler
4 partiellement l’autre route, la route qui contournait
5 l’autre et sur laquelle les tireurs embusqués et
6 l’artillerie tiraient depuis Stari Vitez.
7 Je ne souhaite pas mentionner d’autres endroits
8 puisque j’ai mentionné que je n’allais pas me lancer dans
9 ce genre de détails, mais je souhaite simplement dire qu’en
10 ce qui concerne ces endroits-là, il y a eu durant cette
11 période un conflit entre l’armée de Bosnie-Herzégovine et
12 le HVO et la Brigade de Vitez a participé à ce conflit à
13 partir du 17 avril pendant quelques jours, mais nous
14 maintenons qu’il s’agissait de cibles militaires légitimes.
15 À partir du mois d’avril, les lignes de front
16 étaient pratiquement stabilisées, mais en ce qui concerne
17 la situation, le rapport des forces a changé et il est
18 clair qu’à partir du mois de juin, le HVO était une force
19 plus faible en ce qui concerne son rapport envers l’armée
20 de Bosnie-Herzégovine du point de vue de ses forces, du
21 déploiement stratégique des équipements, du nombre
22 d’officiers professionnels, et cætera. Nous avons déjà
23 entendu parler de cela mais nous aurons d’autres moyens de
24 preuve qui vont le démontrer de manière supplémentaire.
25 Le seul sujet qui nous reste concerne le conflit
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1 armé international. Certains chefs d’accusation n’existent
2 pas à moins que la notion d’un conflit armé international
3 n’est pas prouvée, mais peut-être il n’est pas nécessaire
4 que j’en parle puisque la Défense Kordic a traité de cela
5 de manière suffisante.
6 Mais au fond, notre thèse est qu’il n’est pas
7 possible dans cette procédure de parler de ce test du
8 contrôle global sur la base de l’affaire Tadic parce que,
9 sans souhaiter prendre trop de votre temps, je pense que je
10 peux dire qu’il est clair que nous considérons que le
11 conflit croato-musulman, comme je l’ai déjà dit dans
12 l’introduction, constitue une conséquence de l’agression
13 serbe et donc, du point de vue de plusieurs éléments
14 pratiques et autres, il s’agit d’une guerre différente.
15 Nous pourrons prouver que c’est après l’agression
16 lancée par la JNA et les Serbes où deux camps se sont
17 opposés, d’un côté, les Serbes, et de l’autre, les Croates
18 et les Musulmans de Bosnie ensemble, ça c’était une
19 première guerre, et la conséquence de cette guerre a été le
20 conflit entre les Musulmans et les Croates, donc la
21 deuxième guerre, et nous pouvons comparer ces deux guerres
22 et constater qu’il y a beaucoup de différences et que
23 beaucoup d’éléments prouvent que la République de Croatie
24 n’était pas le maître de jeu dans le cadre de cette guerre.
25 Moi, j’aimerais bien parler de ce sujet-là de manière
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1 supplémentaire mais je pense qu’il n’est pas nécessaire
2 qu’on parle de beaucoup trop de détails et qu’on perde
3 beaucoup trop de temps.
4 Mais de toute façon, il y a un certain nombre de
5 contradictions à la thèse selon laquelle la République de
6 Croatie était le maître de la guerre. Je dirais tout
7 simplement à titre d’illustration que l’usine des explosifs
8 SPS, comme un complexe puissant disposer des finances, et
9 cætera, des opérations qui étaient développées à Split,
10 avait financé un certain nombre de vols d’hélicoptères qui
11 ont effectivement ramené des équipements, qui ont également
12 transféré des blessés. Nous allons le prouver.
13 Nous allons prouver que l’hélicoptère dont il a
14 été question ici, il y avait un certain nombre d’indices
15 selon lesquels il s’agissait d’un hélicoptère du HV. Nous
16 allons également démontrer qu’il y avait un certain nombre
17 d’hélicoptères qui ont été financés par l’entreprise de
18 Vitez, donc une personne morale qui n’a strictement rien à
19 voir avec la Croatie.
20 Nous allons également prouver… ici, nous allons
21 présenter des moyens de preuve pour démontrer qu’un soldat
22 de Croatie d’origine de Bosnie s’est acheminé en été 1993
23 sur le territoire de Bosnie pour aider ses compatriotes, et
24 au moment où il avait traversé la frontière entre la
25 Croatie et la Bosnie, au poste frontalier, on l’avait
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1 fouillé. On a trouvé qu’il portait un uniforme et l’arme.
2 Ils lui ont expliqué que de toute façon, c’était la
3 violation des lois. Ils lui ont expliqué qu’il ne pouvait
4 pas se rendre en Bosnie. On l’avait mené devant la
5 justice. Il y avait une peine également qui a été
6 prononcée à son égard car il y avait un procès d’infraction
7 qui a été entamé. Donc, il avait même payé une amende qui
8 était plus élevée que sa paye mensuelle, ce qui était la
9 norme à ce moment-là. C’est donc à titre d’exemple que
10 nous allons en parler.
11 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Kovacic,
12 excusez-moi, mais nous sommes maintenant 11 h 10
13 pratiquement. Est-ce que vous allez encore poursuivre
14 longuement parce que nous devons quand même faire la
15 pause ?
16 Me KOVACIC (interprétation) : Je suis sûr que je
17 vais finir d’ici trois ou quatre minutes, cinq minutes.
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : D’accord, vous
19 pouvez poursuivre.
20 Me KOVACIC (interprétation) : Par conséquent, en
21 ce qui concerne le territoire de la municipalité de Vitez,
22 il faut également signaler que ce territoire a été divisé
23 entre les Musulmans de Bosnie et les Croates de Bosnie. On
24 le sait déjà. Ceci a été fait bien avant et les témoins
25 nous l’ont dit.
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1 Soixante-quinze pour cent de la municipalité de
2 Vitez a été contrôlé par les Musulmans de Bosnie et 25 pour
3 cent ont été détenus par les Croates et d’autres peuples
4 qui habitaient ce territoire. Il y avait des Croates qui
5 étaient majoritaires mais il y avait également un village
6 des Roms, des gitans, et il y avait un certain nombre de
7 villages de Serbes, mais malheureusement, ils ont été déjà
8 expulsés et je pense tout particulièrement à Kajmovic, le
9 village de Kajmovic. Il y a un témoin qui en a parlé.
10 Enfin, nous allons certainement revenir à d’autres
11 questions car nous considérons que les événements qui ont
12 eu lieu à Vitez ne peuvent pas être considérés dans un
13 contexte isolé, enfin plutôt hors contexte, car la
14 situation était très, très complexe.
15 Il y avait donc ce tableau qui est extrêmement
16 complexe de l’ensemble de la Bosnie et c’est la raison pour
17 laquelle je voudrais tout simplement citer deux phrases de
18 la déposition et de la lettre du Témoin Watters qui étaient
19 citées ici. C’est une pièce à conviction qui a déjà été
20 versée au dossier de la Défense 57/1. Je pense que c’est
21 d’une manière tout à fait réaliste qu’il en a parlé. Je
22 vais donc parler en anglais.
23 Je cite : « Il est trop facile que de parler de
24 la culpabilité d’un certain nombre de factions, factions
25 qui souhaitent donc obtenir un certain avantage politique.
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1 C’est facile et c’est simple d’identifier celui qui a été
2 l’auteur de cet acte et le pointer. C’est bien évidemment
3 plus facile mais ce n’est pas simple. Par conséquent, dans
4 une guerre civile, il n’y a que des victimes. » Fin de
5 citation.
6 Je poursuis, Monsieur le Président.
7 Il y a eu véritablement de victimes. Nous ne le
8 contestons pas. Même si ces actes ont été commis, nous ne
9 pouvons pas en donner la description comme ceci a été
10 présenté lors de la présentation des moyens de preuve à
11 charge, et de toute façon, ce n’était pas le cas d’une
12 seule partie et on ne peut pas tirer de tous ces éléments
13 une culpabilité individuelle. Il y a bien évidemment une
14 culpabilité collective, mais les pénalistes ne peuvent pas
15 accepter une responsabilité, culpabilité collective et en
16 tirer la conclusion qu’il y a également une responsabilité
17 individuelle.
18 Par conséquent, il est indispensable de prouver
19 ici que mon client effectivement avait fait ou non cet acte
20 criminel, qu’il aurait pu empêcher ou sanctionner. Nous
21 considérons de toute façon que ceci ne fut pas le cas et
22 que nous allons le prouver au cours de la présentation des
23 preuves à décharge.
24 Je vous remercie, Monsieur le Président et
25 Messieurs les Juges.
Page 16994
1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Merci, Me
2 Kovacic.
3 Nous allons maintenant faire une pause d’une demi-
4 heure.
5 --- Suspension de l’audience à 11 h 14
6 --- Reprise de l’audience à 11 h 46
7 [Le témoin entre dans la Cour]
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vais
9 demander au témoin de prononcer la déclaration solennelle.
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Je déclare
11 solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et
12 rien que la vérité.
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Veuillez vous
14 asseoir.
15 TÉMOIN : FILIP FILIPOVIC
16 (ASSERMENTÉ)
17 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Naumovski,
18 nous venons de recevoir le résumé des déclarations du
19 témoin. Je pense qu’il serait peut-être une bonne idée,
20 étant donné ce qu’a dit Me Sayers et cela paraissait une
21 proposition tout à fait raisonnable. Cela paraît
22 raisonnable donc que le résumé forme la base de
23 l’interrogatoire principal.
24 À ce moment-là, pour gagner du temps, il serait
25 peut-être utile que vous vous contentiez de passer en revue
Page 16995
1 ce résumé aussi rapidement que possible en traitant en
2 particulier des paragraphes dont vous estimez qu’ils sont
3 d’une importance particulière.
4 Me NICE (interprétation) : Permettez-moi
5 d’intervenir, Monsieur le Président.
6 Nous venons seulement de recevoir ce document. Je
7 ne peux pas vous dire si je serai en mesure de contre-
8 interroger ce témoin. D’autre part, j’ai des observations
9 à faire au sujet des résumés et au sujet de la façon dont
10 les dépositions doivent être présentées. Peut-être
11 pourrais-je intervenir à ce sujet après avoir entendu le
12 témoin.
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, mais le
14 Règlement ne vous donne pas le droit de faire aucune
15 déclaration que ce soit. Donc, en fait, vous êtes plus
16 privilégié que vous ne devriez l’être.
17 Me NICE (interprétation) : Oui, mais je souhaite
18 faire des observations au sujet des résumés en dehors de la
19 présence du témoin.
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Essayons de
21 commencer tout de suite car nous souhaitons terminer avec
22 la déposition des témoins présents à La Haye cette semaine.
23 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci, Monsieur
24 le Président, Messieurs les Juges. Bien entendu, nous
25 allons nous conformer à ce que vous venez de dire.
Page 16996
1 Je vais donc me contenter de poser quelques
2 questions en matière d’introduction à ce témoin, le témoin
3 qui est le Général de brigade à la retraite Filip
4 Filipovic.
5 INTERROGÉ PAR Me NAUMOVSKI
6 (interprétation) :
7 Q. Monsieur Filipovic, vous avez lu, vous avez
8 passé en revue votre déclaration et vous en disposez d’un
9 exemplaire en serbo-croate ?
10 R. Oui.
11 Q. Tout ce qui figure dans ce document
12 correspond à votre connaissance et, autant que vous vous en
13 souveniez, à ce que vous avez dit ?
14 R. Oui.
15 Q. Ce que l’on peut lire dans cette déclaration
16 correspond à vos connaissances et à ce que vous savez ?
17 R. Oui.
18 Q. Vous avez maintenant prononcé la déclaration
19 solennelle et vous allez donc maintenant confirmer que tout
20 ce qui figure dans cette déclaration est conforme à la
21 vérité.
22 R. Oui.
23 Q. Bien !
24 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Monsieur le
25 Président, Messieurs les Juges, à ce moment-là, je
Page 16997
1 souhaiterais demander le versement au dossier de ce
2 document et je souhaiterais qu’on lui donne une cote.
3 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Y a-t-il des
4 objections ?
5 Me NICE (interprétation) : Oui, car je n’ai pas
6 eu la possibilité de lire ce document. Donc, je ne peux me
7 prononcer d’une manière ou d’une autre sur la nature de ce
8 document et sur le fait qu’il soit ou non approprié de le
9 verser au dossier.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Bien !
11 Me Naumovski, à ce stade de la procédure, étant
12 donné qu’il y a une objection, la meilleure façon de
13 procéder est la suivante. Le témoin a passé en revue le
14 document, a confirmé la véracité de ce document. Donc, je
15 vous demande d’attirer son attention sur les points qui
16 vous tiennent particulièrement à cœur, lui demander donc de
17 s’exprimer sur les points les plus importants.
18 En ce qui concerne les éléments relatifs au
19 contexte, je ne pense pas qu’ils soient contestés d’une
20 manière ou d’une autre. Il s’agit notamment de la première
21 page, par exemple. Je vous demande donc d’amener ainsi le
22 témoin rapidement jusque… en tout cas, les deux premières
23 pages, nous pouvons les lire et vous pouvez peut-être
24 commencer à partir du paragraphe 16 et traiter rapidement
25 de cette partie de sa déposition.
Page 16998
1 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci, Monsieur
2 le Président, Messieurs les Juges. Nous allons donc passer
3 très rapidement sur cette partie introductive.
4 Q. Mon Général, vous êtes donc né le 1er mars
5 1946 à Travnik, vous êtes marié et vous avez trois enfants,
6 n’est-ce pas ?
7 R. Oui.
8 Q. Vous avez terminé le lycée à Travnik en 1965
9 et à ce moment-là, vous avez rejoint l’Académie militaire
10 de Belgrade et vous avez parfait votre formation militaire
11 en suivant les cours de l’Académie pour les officiers
12 supérieurs de brigade de 1977 à 1979 ?
13 R. Oui.
14 Q. Actuellement, vous êtes le directeur, le chef
15 de la direction responsable du déminage qui relève du
16 ministère de la Défense de Bosnie-Herzégovine ?
17 R. Oui.
18 Q. Maintenant, quelques éléments d’information
19 au sujet de votre service au sein de la JNA. Il s’agit des
20 paragraphes 7 à 15, donc, service au sein de la JNA et du
21 HVO.
22 Donc, au sein de la JNA, vous avez eu des postes
23 de responsabilité importants. Vous avez eu une carrière
24 assez brillante de militaire de carrière, n’est-ce pas ?
25 R. Oui.
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1 Q. Vous avez quitté la JNA volontairement le 10
2 avril 1992, n’est-ce pas ?
3 R. Oui.
4 Q. Il apparaît clairement qu’à ce moment-là,
5 vous étiez Colonel, n’est-ce pas ?
6 R. Oui.
7 Q. Étant donné votre formation militaire, vous
8 êtes retourné dans votre municipalité, dans votre ville
9 natale Travnik et vous vous êtes mis à la disposition de
10 votre peuple et vous êtes devenu le premier commandant de
11 toutes les forces du HVO qui étaient en phase
12 d’organisation en Bosnie centrale, n’est-ce pas ?
13 R. Oui.
14 Q. Cependant, cela n’a duré que pendant peu de
15 temps jusqu’au 29 mai 1992 et ensuite jusqu’en octobre
16 1992, vous avez été commandant du QG spécial dans la Zone
17 opérationnelle de Bosnie centrale sous le commandement du
18 Colonel Tihomir Blaskic ?
19 R. Oui.
20 Q. En octobre 1992, à Travnik, celui qui était
21 alors commandant de la Brigade, Ivica Stojak, a été tué par
22 des membres de la 7e Brigade musulmane et vous êtes alors
23 devenu commandant de la Brigade de Travnik ?
24 R. Oui.
25 Q. Il ne s’agissait nullement d’occuper un poste
Page 17000
1 inférieur, de vous faire occuper un poste inférieur à celui
2 que vous occupiez précédemment ? C’était volontaire de
3 votre part. Vous avez souhaité occuper ce poste étant
4 donné la gravité de la situation et étant donné les
5 activités de l’armée de la Republika Srpska ?
6 R. Oui. Je l’ai fait de mon plein gré.
7 Q. Vous avez occupé ce poste jusqu’à la fin
8 avril 1993 ou plus exactement jusqu’au 28 avril 1993,
9 n’est-ce pas ?
10 R. Oui.
11 Q. À ce moment-là, vous avez été remplacé par
12 Jozo Leutar qui a été tué dans le cadre d’une tentative
13 d’assassinat à Sarajevo. Il était adjoint du ministre de
14 l’Intérieur de la Bosnie-Herzégovine ?
15 R. Oui.
16 Q. Je crois que nous allons peut-être un peu
17 vite. Donc, ce que je me propose de faire c’est de faire
18 une petite pause entre nos interventions respectives.
19 Donc, maintenant, parlons d’une période de temps,
20 celle de la fin avril 1993. Vous êtes devenu membre de la
21 Commission conjointe qui réunissait l’armée de Bosnie-
22 Herzégovine et le HVO, une commission qui avait été mise
23 sur pied pour les négociations de cessez-le-feu après les
24 combats à Travnik et vous êtes resté à ce poste ou dans ces
25 fonctions jusqu’en juin 1993 ?
Page 17001
1 R. Oui. J’étais effectivement membre de cette
2 commission de très haut niveau qui réunissait l’armija,
3 l’armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO.
4 Q. Je souhaiterais que vous nous disiez la chose
5 suivante : Sous le commandement de Monsieur Petkovic, il y
6 avait le Colonel Andric du côté croate et il y avait Sefer
7 Halilovic, Rasim Delic et Vehbija Karic du côté de l’armée
8 de Bosnie-Herzégovine, n’est-ce pas ?
9 R. Oui. Vous avez indiqué les membres les plus
10 importants qui participaient à cette commission. De notre
11 côté, il y avait également Monsieur Totic parce qu’il avait
12 été enlevé par les forces musulmanes, et de l’autre côté,
13 il y avait d’autres officiers qui étaient présents au sein
14 de cette commission, mais je ne pourrais pas vous dire
15 leurs noms.
16 Q. Si j’ai bien compris ce que vous venez de
17 nous dire, la nomination de Zivko Totic, c’était une façon
18 d’obliger la partie adverse à le libérer, n’est-ce pas ?
19 R. Oui, oui. Au départ, c’était la première
20 raison. D’autre part, c’était un officier de qualité qui
21 pouvait faire du bon travail au sein de cette commission.
22 Q. Dans cette partie d’introduction, maintenant,
23 je vais passer aux paragraphes 12 à 15 du résumé, 12 à 15.
24 Le 11 juin 1993, vous avez été nommé adjoint au
25 Commandant pour la Zone opérationnelle de Bosnie centrale.
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1 Vous étiez donc adjoint du Colonel Blaskic. Vous étiez
2 responsable de la préparation des opérations de combats et
3 vous êtes resté à ce poste jusqu’en mars 1994, à savoir la
4 fin de la guerre ?
5 R. Oui. Quand je suis arrivé en Bosnie centrale
6 le soir du 10 juin, la situation était extrêmement confuse
7 et il était important que j’aille tout de suite sur les
8 lignes de front pour évaluer la situation. Nos lignes
9 s’étaient complètement effondrées, notamment sur le front
10 ouest et aussi sur d’autres segments de la ligne de front.
11 Les forces musulmanes étaient parvenues à enfoncer le
12 front.
13 Q. Merci. En avril 1994, vous avez remplacé le
14 Colonel Blaskic et vous êtes devenu effectivement le
15 Commandant de la Zone opérationnelle. Vous êtes resté à ce
16 poste pendant un an ?
17 R. Oui. J’étais adjoint au commandant, j’étais
18 adjoint de Blaskic. Je l’ai été pendant toute la guerre
19 qui a opposé les Musulmans et les Croates, c’est-à-dire
20 l’armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO. Jusqu’à l’accord
21 de cessez-le-feu après le conflit, quand Blaskic est parti,
22 j’ai occupé le poste de Commandant de la Zone
23 opérationnelle.
24 Q. Après un bref séjour dans la deuxième Zone
25 opérationnelle de Tomislavgrad, en mai 1995, vous avez
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1 remplacé le Général Ante Roso au sein du commandement
2 conjoint de l’armée de la Fédération, c’est-à-dire que vous
3 avez remplacé un officier du HVO qui auparavant, donc,
4 était membre du commandement conjoint ?
5 R. Oui. Le commandement conjoint de l’armée de
6 la Fédération avait son QG à Sarajevo et je suis entré à
7 Sarajevo par un tunnel à la mi-mai et j’y ai donc occupé le
8 poste de commandant. Mon homologue, c’était le Général
9 Muslimovic et Backovic qui lui a succédé après.
10 Q. Merci. Je n’ai plus qu’une seule question à
11 vous poser au sujet de votre carrière d’officier. Il
12 s’agit du point 15 du résumé.
13 Le 31 janvier 1997, vous êtes parti à la retraite
14 et vous aviez à la fin de votre carrière le poste de
15 Général de brigade au sein de l’armée de la Fédération de
16 Bosnie-Herzégovine : Est-ce bien exact ?
17 R. Oui.
18 Q. Maintenant, j’ai un certain nombre de
19 questions à vous poser au sujet de la structure du
20 commandement des forces du HVO telle qu’elle prévalait au
21 début en Bosnie et il s’agit des paragraphes qui commencent
22 par le paragraphe 16 dans le résumé. La Chambre de
23 première instance a déjà eu des informations à ce sujet.
24 Les Croates faisaient l’objet de discrimination au
25 sein de la JNA et vous avez été un des premiers Croates
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1 depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale à fréquenter
2 l’Académie militaire pour officiers supérieurs ?
3 R. Oui. Vingt ans après la guerre, il était
4 inconcevable pour les Croates de fréquenter cette académie
5 militaire. Il a fallu attendre la chute de Rankovic pour
6 que les Croates puissent effectivement poursuivre des
7 carrières d’officiers militaires supérieurs.
8 Q. La situation militaire est devenue
9 extrêmement tendue, extrêmement incertaine pour les
10 Musulmans et les Croates du fait de l’agression et la
11 nouvelle République de Bosnie-Herzégovine qui venait d’être
12 établie n’a jamais été en mesure de fonctionner
13 correctement avec toutes les institutions qu’on imagine et
14 qui font partie d’un pays normal ?
15 R. Il est très difficile de décrire la situation
16 en Bosnie-Herzégovine en avril et même d’ailleurs en mars
17 1992. Le fait est que presque rien ne fonctionnait
18 correctement. Le système était en plein déshérence.
19 Q. Étant donné la situation qui prévalait à ce
20 moment-là, les municipalités qui étaient isolées et qui
21 avaient du mal à communiquer entre elles, les municipalités
22 étaient laissées à elles-mêmes ?
23 R. Pas uniquement les municipalités. Même si on
24 descend à un niveau inférieur, les gens s’organisaient
25 donc, bien entendu, au niveau des municipalités, c’était
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1 considéré comme le niveau le plus élevé, mais les gens
2 s’organisaient également au niveau des villages.
3 L’organisation qui fonctionnait encore au plus haut niveau,
4 c’était celle des municipalités.
5 Q. Pendant cette période très difficile, le HVO
6 a officiellement été proclamé, sa formation a été
7 officiellement proclamée le 8 avril 1992 ?
8 R. J’ai quitté la JNA le 10 avril 1992 à
9 Sarajevo et ce n’est que plus tard que j’ai appris que le
10 HVO avait été constitué. Je suis arrivé dans la zone de la
11 vallée de la Lasva le 12 avril.
12 Q. Vous voulez dire en 1992 ?
13 R. Oui, c’est exact, 1992. Immédiatement, j’ai
14 constaté que la situation était chaotique et du fait de
15 l’agression de la JNA, de ses intentions agressives,
16 connaissant ce fait, j’ai offert mes services parce que je
17 savais que parmi les Croates, il n’y avait personne qui
18 était mieux à même de répondre, de réagir à la situation,
19 qui était mieux formé pour y réagir. Donc, j’ai insisté
20 personnellement pour que l’on me fasse commandant des
21 forces qui se trouvaient sur le terrain à ce moment-là.
22 Q. L’attaque qui a été menée, une attaque très
23 puissante qui a été menée par les forces serbes qui étaient
24 bien formées, qui étaient très bien équipées, dans sa phase
25 initiale a permis à ces forces d’occuper 70 pour cent du
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1 territoire et a entraîné des flux de réfugiés dans les
2 zones qui n’étaient pas encore occupées ?
3 R. En avril, il n’y a peut-être pas encore de
4 flux de réfugiés, mais en tout cas, au début mai et ensuite
5 en juin, on a vu des milliers de personnes aller vers la
6 zone de Bosnie centrale.
7 Q. Nous avons donc parlé de la mise en place du
8 HVO, point 19 du résumé, mais à l’époque, vous avez
9 participé activement à l’organisation du HVO et vous avez
10 déclaré que les problèmes les plus graves que vous
11 rencontriez, c’était de former des officiers parce qu’il
12 n’y avait qu’une dizaine d’officiers de carrière
13 disponibles, si on peut dire ?
14 R. Oui. J’ai essayé de travailler non seulement
15 à l’organisation des forces, à l’organisation des Croates,
16 mais aussi à l’organisation des Musulmans parce que nous
17 nous attendions à une attaque extrêmement dangereuse au
18 niveau du col de Komar qui se trouve près de Turbe et au
19 niveau du mont Vlasic. Ils étaient extrêmement bien armés.
20 Il y avait donc beaucoup de personnes qui étaient armées,
21 mais il n’y avait pas d’organisation pour commander les
22 personnes qui disposaient d’armes, de commandement
23 professionnel, et en ce qui concerne les Croates, à
24 l’époque, il n’y avait pratiquement personne qui était
25 disponible pour remplir ces fonctions, et tout au long de
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1 la guerre, nous n’avons été en mesure d’avoir à notre
2 disposition qu’une dizaine et même moins de 10 officiers de
3 carrière, officiers expérimentés.
4 Q. Vous conviendrez, n’est-ce pas, qu’en 1992,
5 le HVO a mis en place sa structure militaire, on a vu la
6 création des zones opérationnelles, de l’état-major
7 principal et à la fin 1992, le HVO était assez bien
8 organisé et avait des forces assez considérables,
9 importantes ?
10 R. Oui. À partir d’avril 1992 et jusqu’à la fin
11 de l’année, nous avons été en mesure d’organiser nos hommes
12 et les combats qui ont eu lieu nous ont forcés à former ces
13 soldats pour repousser les attaques au niveau du mont
14 Vlasic, au niveau du col de Komar, de la ville de Jajce et
15 nous avons été aussi en mesure de faire le lien avec
16 l’enclave de Jajce. Ceci s’est passé en été 1992 et cet
17 endroit a donc formé un tout, il y a eu une continuité
18 territoriale.
19 Q. Avec le développement du HVO, il s’est
20 graduellement séparé des autorités civiles. Nous savons
21 qu’en été 1992, on a mis en place un gouvernement civil du
22 HVO sous la direction de Monsieur Jadranko Prlic.
23 R. Au départ, il était assez difficile de faire
24 la distinction entre ces différentes parties du HVO. Au
25 début, il n’y avait que le HVO et puis ultérieurement, bien
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1 entendu, on a fait la distinction, la séparation entre la
2 partie militaire et l’autre et nous nous sommes efforcés
3 donc de développer la partie militaire, la branche
4 militaire du HVO séparément des autres.
5 Q. Autre question au sujet de l’organisation.
6 Il s’agit du paragraphe 20 du résumé.
7 Vous avez dit qu’au sein de l’armée de Bosnie-
8 Herzégovine, il y avait beaucoup plus d’officiers de
9 carrière, d’officiers formés correctement qui étaient venus
10 de la JNA, y compris d’ailleurs des officiers à la
11 retraite. Donc, il a été plus facile à l’armée de Bosnie-
12 Herzégovine de s’organiser, plus facile que pour le HVO
13 parce que l’armée de Bosnie-Herzégovine disposait de plus
14 d’officiers d’état-major ?
15 R. Dès mai 1992, et cela d’ailleurs s’est
16 poursuivi également en juin, un certain nombre de
17 Musulmans, d’officiers musulmans sont arrivés sur le
18 territoire de la Bosnie centrale et ils étaient dix fois
19 plus nombreux que leurs homologues croates. Je pourrais
20 vous en donner les noms d’une vingtaine comme ça. Donc, on
21 a senti leur présence dans la région et donc il y avait de
22 nombreux officiers qui ont rejoint les rangs de la Défense
23 territoriale ou de l’armée de Bosnie-Herzégovine. Le nom
24 n’a cessé de changer.
25 Donc, du fait de l’arrivée de ces gens-là,
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1 l’équilibre qui prévalait dans cette zone assez limitée,
2 qui avait prévalu dans cette zone depuis très longtemps a
3 été complètement modifié et les unités de l’armée de
4 Bosnie-Herzégovine, à partir de juin 1992, se sont beaucoup
5 plus étoffées, et je parle non seulement du nombre d’hommes
6 qu’elles contenaient mais aussi des officiers de carrière
7 qui les commandaient. La seule faiblesse était peut-être
8 au niveau du matériel, de l’équipement.
9 Q. Paragraphe 21 : il s’agit ici des personnes
10 qui sont passées dans la Zone opérationnelle entre mai et
11 juin 1992 au moment où le Colonel Blaskic est devenu le
12 Commandant de la Zone opérationnelle de Bosnie centrale.
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Naumovski,
14 nous pouvons lire ce paragraphe par nous-mêmes. Donc, vous
15 pouvez passer assez rapidement.
16 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci, Monsieur
17 le Président. C’est justement ce que je m’apprêtais à
18 faire.
19 Q. Mon Général, il n’est pas utile de donner le
20 nom de toutes les personnes qui vous ont succédé, mais
21 vous, vous avez proposé au Général Petkovic de nommer
22 Tihomir Blaskic au poste de Commandant de la Zone
23 opérationnelle de Bosnie centrale en juin 1992, n’est-ce
24 pas ?
25 R. Oui. L’un des commandants a été fait
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1 prisonnier. Étant donné la nature des difficultés que nous
2 rencontrions dans la zone, l’étendue de ces problèmes, ces
3 difficultés, il est devenu très clair que nous avions
4 besoin d’un militaire de carrière professionnel à ce poste
5 et nous l’avons trouvé effectivement en la personne de
6 Tihomir Blaskic.
7 Q. Nous pouvons passer au point 22.
8 Donc, il a été nommé commandant. Il a adopté une
9 certaine mesure également. Franjo Nakic a été nommé le
10 chef de l’état-major de la Bosnie centrale. Par
11 conséquent, la structure du HVO pratiquement a été mise en
12 place. On peut dire que maintenant, on a une chaîne de
13 commandement, n’est-ce pas ?
14 R. Oui. Au cours de 1992, nous avons essayé de
15 trouver les moyens pour nous organiser de la meilleure
16 façon possible. À la fin de 1992, nous avons pratiquement
17 obtenu une forme, si nous pouvons dire, nous avons obtenu
18 une structure la meilleure possible à l’époque dans
19 laquelle nous avons agi.
20 Q. Maintenant, nous passons au paragraphe 23.
21 En avril 1992, vous vous êtes rendu en Bosnie
22 centrale. Vous étiez en bonnes relations avec vos
23 collègues de la Défense territoriale, je le suppose, mais
24 vous avez remarqué, par ailleurs, que les Musulmans, au
25 bout de deux mois après votre arrivée dans le secteur de
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1 Travnik, ont commencé à changer, à remplacer plutôt leurs
2 commandants, les commandants qui étaient en poste à
3 l’époque et puis ils les remplaçaient par des hommes qui
4 étaient membres du Parti musulman SDA et vous savez que
5 jusqu’à la mi-1992, les Musulmans avaient remplacé
6 pratiquement tous leurs commandants qui à l’époque étaient
7 en très bons termes avec les Croates aussi bien dans la
8 région de Travnik et de Novi Travnik que de Vitez ?
9 R. Dès le début, j’étais en très bons termes et
10 j’étais en très bonne coopération avec les commandants tels
11 que Cengic à Vitez, Siber à Travnik, et à Novi Travnik
12 également, il y avait un commandant. Donc, c’était au
13 niveau des commandants locaux et puis nous avons essayé
14 également de négocier le départ de l’ex-JNA et moi, j’étais
15 en quelque sorte l’otage pour que les soldats de la caserne
16 de Novi Travnik sortent de Novi Travnik, pour que donc
17 cette garnison se retire. On m’a pris en otage en quelque
18 sorte. Il y avait bien évidemment les citoyens, les
19 villageois qui les ont poursuivis.
20 Il y avait d’autres actions également que nous
21 avons entreprises et puis tout d’un coup, de nouvelles
22 personnes, des personnes qui n’étaient pas de ce territoire
23 et qui étaient des fonctionnaires, qui essayaient de
24 prendre un certain nombre de décisions, alors que des
25 cadres, des gens qui étaient sur place, que je connaissais,
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1 tout d’un coup, n’étaient plus dans ces structures. Il y
2 avait des personnes qui sont arrivées telles que Alagic,
3 Cuskic, Merdan et les autres.
4 Q. Monsieur Filipovic, vous n’avez jamais été
5 membre du HDS, n’est-ce pas, du Parti croate ?
6 R. Non.
7 Q. Quelque chose au sujet de la chaîne de
8 commandement, et là, nous passons aux points 24 jusqu’à 28.
9 Nous avons parlé de l’organisation militaire du
10 HVO déjà tout à l’heure, mais parallèlement, il y avait
11 également des autorités civiles de la Communauté croate de
12 Herceg-Bosna qui ont été crées, le Président comme fonction
13 a commencé à exister, le Président donc de la Communauté
14 croate de Herceg-Bosna. C’était au début du mois de
15 juillet 1992 et le Président de la Communauté croate de
16 Herceg-Bosna était en même temps le Commandant suprême des
17 forces armées, n’est-ce pas ?
18 R. Oui.
19 Q. Conformément au décret sur les forces armées,
20 il y avait également la fonction du chef de l’état-major du
21 HVO ainsi qu’il y avait un office de la Défense, un
22 ministère en quelque sorte qui a été créé, n’est-ce pas ?
23 R. Oui, mais personnellement, je ne peux pas
24 vous dire trop de choses là-dessus parce qu’on a appris un
25 certain nombre de choses. Il y avait quelques informations
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1 que nous avons reçues, mais on n’était pas en contacts
2 permanents avec le sommet, avec l’état-major principal et
3 avec le Président de la Communauté croate de Herceg-Bosna,
4 mais de temps à autre, on était en contact et, bien
5 évidemment, il y avait des décisions qui nous sont
6 parvenues.
7 Q. Paragraphe 25. Au cours de 1992 jusqu’à la
8 fin juillet, début août 1993, le Général de brigade Milivoj
9 Petkovic était le Commandant en chef du HVO, des forces
10 armées du HVO. Il a été remplacé à ce poste par le Général
11 Slobodan Praljak et par la suite, fin novembre 1993, il a
12 été remplacé par le Commandant en chef Général Ante Roso ?
13 R. Je ne suis pas tout à fait sûr des dates que
14 vous citez, mais c’était l’ordre chronologique en ce qui
15 concerne les Commandants en chef de l’état-major du HVO.
16 Q. Pour ce qui est du point 26, les forces
17 armées du HVO étaient organisées dans les quatre zones
18 opérationnelles, n’est-ce pas ?
19 R. Oui. Première, deuxième, troisième,
20 quatrième zones.
21 Q. D’accord. Maintenant, ce qui nous intéresse
22 c’est la Zone opérationnelle de Bosnie centrale. Je pense
23 que c’était la troisième Zone opérationnelle et elle était
24 désignée comme ça, comme la troisième Zone opérationnelle,
25 n’est-ce pas ?
Page 17014
1 Je vais terminer. Elle avait couvert par
2 conséquent les municipalités de la Bosnie centrale. Dans
3 ce paragraphe 26, il y a l’énumération de ces
4 municipalités. Nous n’allons pas répéter quelles sont les
5 municipalités, mais je pense que nous sommes d’accord là-
6 dessus, que ces municipalités étaient couvertes par la Zone
7 opérationnelle numéro 3 ?
8 R. Oui. Pratiquement toute la Bosnie, exception
9 faite de Posavina et de Herzégovine.
10 Q. Après ces premiers problèmes de nature
11 organisationnelle, au moment où, en définitive, le Colonel
12 Blaskic a été nommé Commandant en chef et chef de cette
13 Zone opérationnelle en juin 1992, le commandement se
14 trouvait à Kruscica. Par la suite, ce siège a été
15 transféré à l’hôtel Vitez de la ville Vitez ? Je pense que
16 j’ai bien compris cela.
17 R. Oui. Le QG de la Zone opérationnelle de
18 Vitez, en été 1992, était stationné à Lovac à Kruscica.
19 C’est un village mixte. Il y avait des Croates et des
20 Musulmans. Il y avait une suite d’incidents qui se sont
21 déroulés dans ce secteur et un peu plus largement et c’est
22 la raison pour laquelle Blaskic et le commandement de la
23 Zone opérationnelle avaient pris la décision de transférer
24 leur siège à l’hôtel Vitez. Effectivement, l’état-major a
25 été transféré en automne 1992.
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1 Q. 1992 ?
2 R. Oui, tout à fait, 1992, et ils sont restés à
3 cet endroit-là jusqu’à la fin de la guerre pratiquement.
4 Q. Pour ce qui concerne la Zone opérationnelle –
5 maintenant, nous parlons du paragraphe 27 – il y avait des
6 brigades municipales qui opéraient. Chaque brigade avait
7 son commandement, son commandant, son adjoint, et cætera.
8 À titre d’exemple, la Brigade Busovaca qui a été nommée
9 Nikola Subic-Zrinjski avait son Commandant Niko Jozinovic.
10 Ensuite, il est parti à Zepce et il a été remplacé par
11 Dusko Grubesic, n’est-ce pas ?
12 R. Oui. Au moment où nous avons commencé à nous
13 organiser au sein des brigades, quand nous étions à ce
14 niveau-là – maintenant, bien évidemment, ça nous paraît
15 très clair – mais pendant donc cette période, il ne faut
16 pas oublier qu’on a été pilonné par l’armée de la Republika
17 Srpska. Puis, il y avait également ces incidents et ces
18 tensions entre les Musulmans et les Croates.
19 Ce n’était pas facile et ce n’était pas aussi
20 simple que nous le voyons. C’était un processus qui était
21 lent et on s’était organisé par villages et en fonction de
22 la population dont nous disposions au niveau des villages.
23 Par conséquent, on a commencé par les compagnies, par les
24 pelotons, et ce n’est que plus tard que nous sommes arrivés
25 jusqu’à la brigade, et sinon, vous avez raison de citer cet
Page 17016
1 exemple.
2 Q. Au cours de ce procès, on a beaucoup parlé de
3 la Brigade du HVO, mais vous, vous êtes une personne
4 expérimentée, certainement la plus qualifiée. Ce n’est pas
5 une brigade dans le sens de l’OTAN ou dans le sens de
6 l’organisation d’une armée moderne. Elle porte un nom
7 brigade, mais sur le plan substantiel, ce n’est pas une
8 brigade qui pourrait être comparée à une brigade selon les
9 normes régulières ?
10 R. Nous avons utilisé ce terme « brigade » vis-
11 à-vis de l’ennemi également parce qu’on voulait leur faire
12 dire que nous sommes bien organisés, on voulait être
13 efficace, et cætera. La mobilisation était généralisée et
14 ça aurait pu être véritablement une brigade, mais quand on
15 parle de la chaîne de commandement, quand on parle
16 également des relations entre les unités différentes, ce
17 n’était pas véritablement une brigade. On aurait pu nommer
18 ça plutôt une formation.
19 On fonctionnait, mais ce n’était pas dans le vrai
20 sens de ce terme, si vous voulez, une formation militaire.
21 Il est indispensable, un an ou deux ans même en temps de
22 paix, pour organiser une brigade et davantage même quand
23 vous êtes en période de guerre. Vous pouvez éventuellement
24 accélérer les choses, mais sur le plan organisation
25 intérieure, sur le plan également cadre dont on disposait,
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1 on ne pouvait certainement pas parler d’une brigade, non
2 seulement conformément, si vous voulez, aux normes de
3 l’OTAN, mais même pas en vertu de ce qui se passe ailleurs.
4 Q. Nous allons parler du paragraphe 28. C’est
5 le dernier de ce chapitre.
6 Il y avait des brigades qui comportaient des
7 bataillons et les bataillons comportaient des compagnies.
8 Par conséquent, les commandants des bataillons étaient
9 responsables devant le commandant des brigades, les
10 commandants de compagnies répondaient aux commandants de
11 bataillons. Par conséquent, il y avait Blaskic qui était
12 en haut de cette pyramide, n’est-ce pas ?
13 R. Oui.
14 Q. Maintenant, nous allons passer à un autre
15 sujet si vous voulez bien, mon Général. Il s’agit de ce
16 partage des armes et des casernes de l’ex-JNA.
17 Excusez-moi, mais il y a une petite question sur
18 laquelle j’aimerais revenir. Quand j’ai parlé de Nikola
19 Subic-Zrinjski, de la brigade, j’ai dit qui était le
20 commandant, mais comme Monsieur Kordic est mon client, il
21 me faut vous poser la question : Monsieur Kordic n’a
22 jamais été Commandant de Nikola Subic-Zrinjski, n’est-ce
23 pas ? Il n’a jamais été commandant d’aucune formation à
24 Busovaca, n’est-ce pas ?
25 Me NICE (interprétation) : Je pense qu’il s’agit
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1 d’une question qui est une question qui guide le témoin.
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : D’accord.
3 R. J’ai déjà dit qu’il ressort du paragraphe
4 numéro 27 comment on avait organisé la brigade à Busovaca.
5 Je peux bien évidemment vous énumérer toutes les autres
6 brigades dans ce secteur, aussi bien de Travnik, de Novi
7 Travnik, et cætera. Je pense que cette conclusion en
8 ressort clairement.
9 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
10 Q. Il y avait une objection qui a été soulevée
11 par Me Nice. Je peux vous poser la question différemment.
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Non, non. On
13 n’en a pas besoin. Vous pourrez poser la question
14 éventuellement, si vous voulez, si Monsieur Dario Kordic
15 était commandant d’une brigade ou d’une autre unité, d’un
16 groupement ou autre chose. C’est comme ça que vous pouvez
17 poser la question.
18 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
19 Q. Est-ce que Monsieur Dario Kordic était
20 commandant d’une unité ou d’une formation militaire en
21 Bosnie centrale ou ailleurs ?
22 R. Je sais que Monsieur Dario Kordic n’a pas
23 commandé de formation quelle qu’elle soit dans la Zone
24 opérationnelle de Bosnie centrale.
25 Q. Merci. Je vais maintenant passer à ce sujet
Page 17019
1 que j’ai déjà annoncé. Il s’agit du deuxième sujet portant
2 sur le partage des armes et des casernes de l’ex-JNA, donc,
3 paragraphe 29 et plus loin.
4 Au moment où la guerre a commencé, en ce qui
5 concerne les armes, et bien évidemment à ce sujet-là, je
6 pense aux Croates et aux Musulmans, c’est une question qui
7 s’était posée parce que si on ne possédait pas des armes,
8 on ne pouvait pas se défendre non plus. Par conséquent,
9 vous avez pris une décision et vous avez même conclu un
10 accord que de partager des armes et de maintenir la
11 caserne, enfin, de garder la caserne à Slimena, n’est-ce
12 pas ?
13 R. Au moment où je suis arrivé en Bosnie
14 centrale, il y avait beaucoup d’armes que des individus
15 avaient sur eux, mais ce n’était que des fusils, fusils
16 juste pour dire que c’était quelqu’un qui disposait d’une
17 arme individuelle. On savait, par ailleurs, qu’il y avait
18 également des entrepôts d’armes, qu’il y avait donc ces
19 armes qui appartenaient autrefois à la Défense
20 territoriale. Ce n’était pas la propriété de l’ex-JNA,
21 mais c’était à la disposition de la Défense territoriale,
22 autrement dit, à toute la population dans la région en
23 question et que ces armes se trouvaient dans l’entrepôt de
24 Slimena. Dès le premier jour, moi, j’ai axé mes activités
25 dans ce sens-là, donc, la caserne de Novi Travnik et
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1 Slimena.
2 Q. Pour que la Chambre puisse comprendre bien,
3 Slimena se trouve à trois ou quatre kilomètres par rapport
4 à Travnik, n’est-ce pas ?
5 R. Oui. Il s’agit d’un entrepôt et d’un secteur
6 qui se trouvait dans le village où habitaient les Croates.
7 J’ai pu me renseigner et j’ai justement suivi un petit peu
8 ce qui se passait pour que les armes ne soient pas prises.
9 Q. De toute façon, vous avez convenu de partager
10 des armes, n’est-ce pas, mais il y avait un incident qui
11 s’est passé, les gens se sont acheminés vers l’entrepôt,
12 ceci ne pouvait pas être contrôlé, et c’est de cette façon-
13 là que les armes ont été prises de cette caserne, c’était
14 plutôt chaotique ?
15 R. Non, pas le premier jour, pas au moment des
16 combats et des opérations. Ce n’est que le lendemain
17 matin, une fois qu’un des commandants a dynamité deux de
18 ces bâtiments dans le cadre de ce complexe et quand on a
19 pratiquement pu voir les armes déposées dans les champs et
20 c’est à ce moment-là que des Musulmans se sont rassemblés
21 et puis sont allés prendre des armes.
22 Moi, je savais qu’il y avait des mines qui ont été
23 posées. Moi, j’ai essayé donc de convaincre les gens de ne
24 pas rentrer dans ce complexe, d’abord de déminer pour
25 ensuite laisser les gens rentrer à l’intérieur, ce que nous
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1 avons réussi de faire jusqu’à la fin de l’après-midi, et
2 ensuite, les gens ont accouru et ont tout simplement pris
3 des armes.
4 Q. Plus tard, vous étiez sur le terrain, vous
5 avez également pu estimer la quantité des armes. Il
6 s’agissait de fusils semi-automatiques qui ont été pris par
7 la Défense territoriale. Est-ce que vous pouvez nous dire
8 quelque chose là-dessus ?
9 R. Il s’agissait des armes et de l’équipement
10 qui appartenaient à la Défense territoriale de la région en
11 question. C’était par conséquent un peu plus de 2 000
12 fusils automatiques, d’autres également types d’armes qui
13 normalement auraient dû être à la disposition de la
14 population de la région. Par conséquent, les Musulmans qui
15 sont arrivés pour prendre les armes, ils étaient nombreux
16 et ils étaient majoritaires. Plus de 1 000 fusils étaient
17 pris par les Musulmans. Il y a 500 ou 600 fusils qui ont
18 été pris par les Croates. D’ailleurs, la preuve c’est
19 qu’il y en avait beaucoup parmi les Musulmans qui ont été
20 des victimes de ces mines qui ont été posées, et comme moi,
21 je suis qualifié dans le domaine d’artillerie, moi, j’ai
22 demandé également à ce qu’on me fournisse un certain nombre
23 d’équipements tels boussoles, autres équipements également,
24 me soient… enfin, pris pour moi-même. Donc effectivement,
25 on a pu prendre ces pièces détachées et me les apporter.
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1 Q. Mais en effet, c’était pour vous une bonne
2 leçon que vous avez pu en tirer. Vous avez entrepris
3 également par la suite un certain nombre de mesures pour
4 que quand il s’agirait plus tard d’autres casernes telles
5 Kaonik et les autres à Novi Travnik, vous vous organisiez
6 d’une façon beaucoup plus sure, enfin, surtout que ces
7 casernes et les armes qu’elles contenaient soient réparties
8 d’égal à égal ?
9 R. Oui. Il y avait des accords auxquels nous
10 sommes passés. Puis, l’armée également se retirait d’un
11 certain nombre d’endroits. Par conséquent, nous nous
12 sommes mis d’accord de respecter strictement l’organisation
13 et notamment de ne pas permettre que le cas de Slimena se
14 répète.
15 Q. Merci. Comme nous parlons maintenant du
16 partage des armes, nous devons également dire quelques mots
17 au sujet des armes de Novi Travnik et de l’usine Bratstvo.
18 Vous avez partagé entre l’armée et le HVO moitié-moitié de
19 ces armes. Vous avez dit qu’un tiers normalement auraient
20 dû donc être affectées au HVO de Visoko, un tiers à la
21 Défense territoriale et une partie également devait aller à
22 l’armée : Est-ce que c’était bien ça ?
23 R. Oui.
24 Q. Vous avez dit par ailleurs que vous-même,
25 vous étiez présent sur place, vous étiez témoin, vous avez
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1 constaté que les Musulmans avaient une centaine de
2 mortiers, neuf obusiers de calibre 122 millimètres et deux
3 obusiers de 125 millimètres qu’on avait appelé Nora ?
4 R. Oui. Nous avons mis en œuvre cet accord et
5 c’était au mois de mai 1992.
6 Q. Merci. Maintenant, nous allons passer à un
7 autre sujet : la chute de Jajce, paragraphes 30 et 31.
8 Dans ces deux paragraphes, vous avez donné en
9 détail ce qui s’était passé. Vous avez dit également que
10 vous aviez une ligne de responsabilité d’une longueur d’au-
11 delà de 100 kilomètres. Vous avez dit également que le
12 HVO, avec des forces assez importantes, défendait cette
13 ligne. Mais je pense que vous serez d’accord avec moi pour
14 dire que vous avez engagé 60 pour cent pratiquement de
15 forces dont disposait le HVO en Bosnie centrale et le
16 Général Milivoj Petkovic le disait également à un endroit ?
17 R. Pour ce qui concerne la poche et l’enclave de
18 Jajce, c’était un problème en soi-même. Il y avait un
19 corridor qui était très étroit de la Bosnie centrale qui
20 passait par Vlasic, par Ranco (ph.). Il fallait passer par
21 la forêt pour rejoindre Jajce. C’est un corridor qui était
22 véritablement très étroit. Au cours de l’été 1992, il y
23 avait des combats. Il y avait des opérations très
24 violentes dans la poche de Jajce. Cette poche donc
25 séparait le 1er et 2e Corps d’armée de la Republika Srpska
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1 à 70 kilomètres à peu près et c’est la raison pour laquelle
2 ces deux corps dans la région de Turbe pouvaient
3 pratiquement sur le plan artillerie se toucher et c’est la
4 raison pour laquelle ils voulaient se joindre. C’est la
5 raison pour laquelle d’ailleurs l’armée de la Republika
6 Srpska voulait véritablement liquider cette poche de
7 Jajce : pour se joindre, pour faire le lien.
8 Q. Nous n’allons pas maintenant abuser du temps
9 de la Chambre. Il y a juste une petite question que je
10 voulais vous poser à ce sujet.
11 Vous avez appris probablement qu’un certain nombre
12 de Musulmans prétendaient qu’il n’y avait pas de soldats du
13 HVO du côté de la ligne du front de Jajce et que c’est le
14 HVO qui s’était mis tout simplement d’accord avec les
15 Serbes de Bosnie de rendre Jajce. Est-ce que vous avez
16 entendu parler de ça ?
17 R. Personnellement, je dois dire que j’étais
18 très, très touché par la chute de Jajce parce que moi, je
19 me suis beaucoup engagé pour défendre Jajce. D’un autre
20 côté, Republika Srpska avait, avec la chute de Jajce,
21 également de très grandes possibilités du point de vue
22 stratégique, et moi, je sais également que Travnik et par
23 conséquent la vallée de la Lasva étaient beaucoup plus
24 menacées maintenant que ce ne fut le cas auparavant.
25 Mais juste au lendemain de la chute de Jajce, il y
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1 avait la propagande des Musulmans et notamment provenant de
2 Sarajevo que soi-disant le HVO avait trahi des Musulmans,
3 ce qui a véritablement provoqué une consternation dans la
4 vallée de la Lasva parce que comme on pouvait vous trahir
5 vous-même, vous avez maintenant des milliers et des
6 milliers de réfugiés qui viennent dans la vallée de la
7 Lasva. Par conséquent, il s’agit d’un épisode qui tout
8 simplement avait pour but de sous-estimer et de rendre
9 impossible l’action du HVO.
10 Q. Merci. Nous allons passer à un autre sujet.
11 Maintenant, nous allons parler d’expulsions et des
12 persécutions, des réfugiés, le paragraphe 32.
13 Vous avez dit qu’en résultat de cette attaque
14 violente de l’armée de Republika Srpska contre les
15 Musulmans et les Croates a provoqué une persécution de plus
16 de 100 000 de Musulmans et des Croates et notamment les
17 Musulmans qui se sont rendus dans le secteur que vous
18 habitiez. Ce sont les gens qui ont traversé les lignes
19 croates. Par conséquent, aussi bien les Musulmans que les
20 Croates ont été autorisés de traverser vos propres lignes
21 que vous avez tenues face aux Serbes et vous les avez
22 laissés passer pour s’installer en Bosnie centrale, n’est-
23 ce pas ?
24 R. Pour ce qui concerne le front, comme j’ai
25 dit, il était de longueur 70, à savoir 30 respectivement
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1 entre l’armée et le HVO. Il y avait les trois routes, les
2 trois routes par lesquelles les réfugiés pouvaient s’y
3 rendre, et c’est l’armée de la Republika Srpska qui les a
4 pratiquement livrés. Ils ne pouvaient pas venir sans
5 qu’ils soient livrés par l’armée de la Republika Srpska et
6 toute cette ligne a été tenue par le HVO. Quand je dis 100
7 000 personnes, je parle de ces deux routes.
8 Au moment où ils ont traversé les lignes de front,
9 il fallait les transférer également. Il n’y avait pas du
10 pétrole, d’essence, de combustible. Donc, on en manquait
11 et c’est nous qui nous nous en sommes occupés. Il ne
12 s’agissait pas de réfugiés. C’était véritablement des gens
13 qui étaient frustrés. Ce n’était pas des réfugiés simples.
14 C’est même difficile de vous décrire ce qui
15 s’était passé. C’est l’armée de la Republika Srpska qui a
16 tout simplement livré 10 000, 12 000 personnes et puis tout
17 d’un coup, vous voyez une colonne qui s’achemine par Vlasic
18 dans la vallée de la Lasva. C’est comme ça que ça s’est
19 passé.
20 Q. Maintenant, nous allons revenir au
21 paragraphe… ou plutôt nous allons discuter du paragraphe
22 33, et pour que l’Accusation ne m’accuse pas de poser des
23 questions qui vous guident, enfin, questions pas
24 pertinentes, je vais vous demander, mon Général : Est-ce
25 que d’après vous, en ce qui concerne la Bosnie centrale et
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1 le HVO, y avait-il véritablement une politique officielle
2 dans le sens de persécution des Musulmans qui a été
3 élaborée ?
4 R. Mais j’ai déjà dit que les réfugiés ont été
5 livrés par l’armée de la Republika Srpska. Ces réfugiés
6 ont été installés dans nos villages respectifs. Dans les
7 bâtiments de culte, par exemple à Novi Travnik, il y avait
8 des centaines de Musulmans qui ont été installés dans une
9 église. Si véritablement il y avait une politique,
10 j’aurais été peut-être d’accord parce que j’étais contre le
11 fait que les réfugiés soient installés dans cette église
12 consacrée à Jésus. Mais cette politique était inexistante.
13 Ça n’existait pas. J’aurais pu très bien éventuellement ne
14 pas les aider, ne pas les aider sur le plan transport, sur
15 le plan installation, hébergement, et cætera.
16 Donc, je vais abréger. Il n’y avait aucune
17 politique dans le sens militaire, civil, religieux ou
18 autre, dans le sens de non-acceptation des souffrances
19 auprès des réfugiés et des Musulmans. Il me faut vous dire
20 également que ce n’était pas uniquement les Musulmans. De
21 Krajina, il y avait également des Croates. Ils n’étaient
22 pas aussi nombreux mais notre politique c’était de les
23 accueillir, de les héberger, de les aider, et cette aide
24 d’ailleurs que nous avons fournie, par la suite, a eu le
25 revers de la médaille.
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1 Q. Dans ce paragraphe, vous dites de manière
2 expresse quelle aurait été votre réaction et votre attitude
3 si éventuellement il y avait une telle politique, si on
4 avait conçu une telle chose ?
5 R. Heureusement qu’on ne peut pas véritablement
6 voir ce qui se passerait dans le futur, dans l’avenir. On
7 peut essayer de prévoir mais on ne sait pas. On ne voit
8 pas clairement ce qui se passera. Mais si jamais quelqu’un
9 avait de manière intentionnelle essayer de créer une autre
10 politique outre les relations donc telles qui prévalaient
11 dans la région, je me serais opposé certainement à une
12 telle politique.
13 Q. Mais vous avez dit, outre cette pression de
14 la présence des réfugiés, vous avez également fait une
15 observation militaire, enfin, au sujet des persécutions.
16 Vous avez dit que même s’il y avait une telle politique,
17 alors que nous nous sommes mis d’accord bien évidemment que
18 telle politique n’existait pas, aurait été un suicide tout
19 simplement et que votre expérience militaire, outre donc
20 ces qualités humaines que vous avez, vous aurait imposé
21 d’agir différemment et de ne pas permettre justement de
22 faire du mal à quelqu’un qui était beaucoup plus nombreux
23 et beaucoup plus violent.
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Naumovski,
25 veuillez accélérer s’il vous plaît. Je suis sûr que vous
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1 êtes en train d’essayer de faire un résumé de la déposition
2 mais il vaut mieux ne pas déposer à la place du témoin.
3 Laissez-le faire cela. Mais je suppose que nous avons
4 compris ce que vous vouliez dire.
5 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Vraiment, je
6 n’avais pas l’intention de dire quoi que ce soit qui ne
7 fasse pas partie des commentaires avancés par le Général,
8 c’est-à-dire je ne souhaitais pas me référer à quoi que ce
9 soit qui sortirait des propos tenus personnellement par ce
10 Général. Donc, c’est lui-même qui avait affirmé cela.
11 Q. Donc, est-ce que vous pourriez répondre
12 maintenant s’il vous plaît brièvement, Monsieur le
13 Général ?
14 R. En tant que professionnel, et d’ailleurs j’en
15 ai déjà parlé, le rapport des forces dans la vallée de la
16 Lasva s’est changé dès le mois de juin et surtout juillet
17 1992 et chaque évolution de ligne, chaque changement de
18 ligne de front serait une folie. Au moins moi-même, je ne
19 souhaitais pas être responsable de cela, et là, nous
20 parlons de la Bosnie centrale. Il n’y a pas eu de
21 politique de persécution de Musulmans dans cette région et
22 surtout pas de manière organisée. Je parle des incidents,
23 des événements différents qui se produisaient tous les
24 jours. Nous connaissons les causes mais il n’y a pas eu
25 d’intention à le faire.
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1 Q. Je vais proposer que ce résumé soit versé au
2 dossier, et compte tenu de cela, je n’allais pas poser de
3 questions concernant la 7e Brigade musulmane, mais puisque
4 nous n’avons pas reçu de cote de cette pièce à conviction,
5 il va être nécessaire d’en parler. Donc, nous allons aller
6 rapidement à travers le paragraphe 34.
7 Vous avez dit que l’organisation du HVO et de
8 l’armée de Bosnie-Herzégovine était semblable : le HVO
9 disposait des zones opérationnelles et l’armée de Bosnie-
10 Herzégovine des corps d’armée ?
11 R. Oui. La situation était semblable, les
12 problèmes étaient semblables et donc, les manières de les
13 résoudre étaient semblables aussi. Donc, les corps d’armée
14 et les zones opérationnelles étaient organisés selon un
15 système semblable ou identique. D’ailleurs, ceci a été
16 organisé par les personnes qui avaient reçu le même
17 entraînement au sein de la JNA.
18 Ici, en ce qui concerne les zones opérationnelles,
19 puisqu’il s’agit de quelque chose de caractéristique pour
20 la Bosnie centrale, mais en ce qui concerne la 7e Brigade
21 musulmane, elle a été créée, je pense, en été 1992 et
22 l’exception à la règle concernant l’organisation des
23 structures militaires dans la Bosnie centrale était
24 illustrée par cette unité.
25 Cette 7e Brigade musulmane a provoqué un profond
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1 changement par le biais des insignes, par le biais des cris
2 de guerre. Tout ceci n’existait pas avant. Également, les
3 membres de cette unité insistaient que les femmes portent
4 un foulard et puis d’ailleurs, il y a eu d’autres
5 caractéristiques qui montrent que cette unité était
6 différente, que cette brigade était différente par rapport
7 aux autres unités qui opéraient dans cette région.
8 Je considère que l’organisation de la 7e Brigade
9 musulmane, et par la suite des Mujahedins, constituait un
10 poids de plus sur la balance des tensions déjà existantes
11 dans la région.
12 Q. Dites-moi, s’il vous plaît : La 7e Brigade
13 musulmane et ce détachement spécialement organisé, est-ce
14 qu’ils étaient constitués des fondamentalistes, des
15 personnes d’orientation fondamentaliste ?
16 R. Moi, j’ai l’impression, d’après mes
17 connaissances de l’époque et même aujourd’hui, que la
18 personne qui n’avait pas une compréhension spéciale des
19 buts de la lutte dans cette région ne pouvait pas faire
20 partie de cette unité. Par exemple, je lutte pour la
21 Bosnie-Herzégovine, je lutte pour mon peuple, je lutte pour
22 que mes filles puissent utiliser du maquillage ou bien pour
23 que mon fils puisse se servir des ordinateurs et ensuite,
24 des forces armées viennent empêcher une telle évolution.
25 C’est pour ça que je dis qu’il s’agissait là d’un
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1 changement par rapport à la vie normale, par rapport aux
2 conditions de vie qui régnaient dans la région jusqu’à ce
3 moment-là.
4 Q. Général, d’après vos connaissances, ces
5 unités, 7e Brigade musulmane et El Mujahedins, qui les
6 contrôlaient ? De qui dépendaient-elles du point de vue du
7 commandement et contrôle ? Quel était le commandement qui
8 leur était supérieur ?
9 R. Officiellement, c’était le 3e Corps d’armée
10 avec son siège à Zenica. Cependant, moi, je sais qu’en
11 1995, en tant que Commandant de l’état-major conjoint,
12 lorsque j’ai envoyé les membres des deux composantes afin
13 de se rendre à certaines parties de Han Bila, que je ne
14 pouvais pas trouver de personnes qui pouvaient le faire, ni
15 les Croates, ni les Musulmans, et cette unité était traitée
16 toujours différemment par rapport à toutes les autres
17 unités, au moins en ce qui concerne cette partie du
18 territoire contrôlé par l’armée de Bosnie-Herzégovine.
19 Donc, je ne souhaite pas dire quoi que ce soit de
20 plus, mais officiellement, elles dépendaient du
21 commandement du 3e Corps d’armée de Bosnie-Herzégovine.
22 Q. En ce qui concerne le paragraphe 35, nous
23 allons en parler brièvement.
24 Les juges ont déjà pu entendre que les membres de
25 la 7e Brigade musulmane ont commis un massacre à Dusina le
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1 26 janvier 1993. Il s’agissait là du premier massacre
2 contre les civils en Bosnie centrale, mais vous savez
3 personnellement, n’est-ce pas, que la 7e Brigade musulmane
4 avait une fonction importante aussi pendant l’offensive de
5 Travnik en juin 1993, ensuite, à Kakanj en juin 1993, à
6 Fojnica en juillet 1993, à Bugojno en juillet 1993 et puis
7 finalement à Vares en novembre 1993 ?
8 R. En ce qui concerne toutes ces opérations
9 effectuées par la partie musulmane, elles n’auraient pas pu
10 être effectuées sans la totalité ou une partie de la 7e
11 Brigade musulmane, et sur la base de mes connaissances
12 personnelles, de ce que les gens me disaient, je pense que
13 les crimes contre les Croates dans cette région, les crimes
14 contre les gens tout simplement étaient commis par des
15 membres de cette brigade.
16 Q. Dernière question concernant Stupni Do et le
17 rôle de cette brigade : Dans la population civile ou même
18 au sein des forces armées du HVO, puisque les membres de
19 cette brigade, de la brigade musulmane ne montraient pas
20 beaucoup de respect pour la vie humaine, les gens avaient
21 peur, n’est-ce pas ?
22 R. J’ai déjà mentionné que l’image a changé avec
23 le rôle joué de cette brigade. Je ne peux pas dire
24 vraiment que nous avions peur. Bien sûr, au début, ils
25 avaient une certaine réussite grâce à leur nouvelle
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1 attitude, mais en 1993, au moment où nous nous sommes
2 retrouvés encerclés dans une enclave, lorsque les membres
3 de cette unité et d’autres unités spéciales ont commencé à
4 lancer des attaques, il s’agissait là d’une unité de combat
5 comme les autres, sauf qu’elle provoquait plus de victimes
6 que d’autres, plus de victimes de notre part.
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Peut-être le
8 moment est opportun…
9 Me NAUMOVSKI (interprétation) : C’est justement
10 ce que j’allais proposer. Ça me convient tout à fait pour
11 ne pas aborder un autre sujet maintenant.
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Très bien !
13 Nous allons suspendre l’audience.
14 Général Filipovic, veuillez rentrer à 2 h 30 pour
15 terminer votre déposition. Je dois vous avertir, comme je
16 le fais avec tous les témoins, de ne pas parler avec qui
17 que ce soit de votre déposition avant sa fin et ceci
18 concerne également les représentants de la Défense.
19 À 2 h 30.
20 --- Suspension de l’audience à 13 h 00
21 --- Reprise de l’audience à 14 h 30
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Naumovski,
23 c’est à vous.
24 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci, Monsieur
25 le Président.
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1 Avec votre permission, Monsieur le Président,
2 Messieurs les Juges, je me suis avancé et j’ai retravaillé
3 sur ce que j’avais prévu de faire. Donc, je pense que nous
4 allons pouvoir aller plus vite que prévu. Je crois que
5 l’Accusation a eu le temps d’étudier le résumé et je crois
6 que maintenant, nous pouvons le verser au dossier. De
7 cette façon, nous n’aurons pas besoin d’aller paragraphe
8 par paragraphe.
9 Me NICE (interprétation) : Je ne suis pas en
10 mesure de faire cette concession. Je n’ai eu le temps
11 d’étudier le document que pour certaines parties. Je n’ai
12 pas eu le temps d’en étudier l’intégralité.
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Naumovski,
14 je vais vous demander de procéder aussi rapidement que
15 possible. Bien entendu, s’il y a certaines questions sur
16 lesquelles vous souhaitez particulièrement attirer notre
17 attention ou que vous souhaitez mettre en lumière
18 particulièrement dans le cadre de votre interrogatoire
19 principal, faites-le.
20 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci, Monsieur
21 le Président.
22 Q. Mon Général, nous pouvons donc reprendre là
23 où nous nous étions arrêtés avant la pause-déjeuner. Nous
24 nous sommes arrêtés au moment – et il s’agissait du
25 paragraphe 37 – au moment où nous avons dit que les
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1 organisations politiques ont cessé de fonctionner, donc,
2 paragraphes 37 et 38.
3 Vous n’étiez pas membre du HDZ. Vous nous l’avez
4 dit. Vous savez que ce principal parti politique croate a
5 cessé d’exister pendant cet été-là ?
6 R. Je ne sais pas grand-chose à ce sujet, mais
7 je sais que le HDZ, les Chrétiens démocrates, la démocratie
8 de droite, les partis de droite n’étaient pas très actifs à
9 l’époque et j’ai entendu dire qu’officiellement, on avait
10 décidé que les membres du HVO ne pouvaient pas participer
11 activement à la vie de partis politiques, et à partir de
12 juin 1992, en effet, ces partis n’étaient pas actifs.
13 Q. Nous avons également parlé aujourd’hui des
14 activités des autorités civiles et nous nous sommes mis
15 d’accord pour dire qu’en 1992, il y avait des difficultés
16 et du fait de ces difficultés, la vie civile a continué à
17 s’organiser au niveau municipal et parfois même, vous
18 l’avez dit, au niveau des villages ?
19 R. Oui, effectivement. Il y avait des
20 difficultés politiques et c’était quelque chose de continu
21 et il fallait bien que quelqu’un continue à mener à bien
22 les activités de ce genre et je dois dire que la plupart
23 des activités civiles étaient en sommeil.
24 Par exemple, en ce qui concerne le système de
25 l’enseignement, les enfants ne pouvaient pas continuer à
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1 aller à l’école puisqu’on s’attendait à des pilonnages tous
2 les jours. Des obus de calibre 155 tombaient.
3 D’autre part, en ce qui concerne le système de
4 santé, il n’y avait plus que la cave des centres de santé
5 qui fonctionnait, des dispensaires qui fonctionnait, mais
6 en bref, il fallait bien que la vie continue et ce qui est
7 vraiment venu au devant de la scène, c’était l’activité des
8 organisations humanitaires sur le terrain.
9 Q. Ces problèmes dans l’organisation de la vie
10 civile se sont fait particulièrement sentir à partir
11 d’avril 1993 parce que tout le monde était à ce moment-là
12 mobilisé ? Il a fallu que tout le monde participe à la
13 défense, soit sur la ligne de défense, si je puis
14 m’exprimer ainsi ?
15 R. Oui. Au moment où nous sommes devenus une
16 enclave, eh bien, il y avait très peu d’activités civiles
17 qui se poursuivaient normalement. Donc, une des
18 particularités, c’était que la vie était organisée de façon
19 militaire ou du moins autour des institutions militaires.
20 Q. Bien ! Passons maintenant au paragraphe 38.
21 Vous avez eu des informations dans le cadre de
22 cette affaire selon lesquelles des rapports des services de
23 renseignements de l’armée britannique ont semblé indiquer
24 qu’il y avait des liens entre le HVO et le HDZ. En
25 d’autres termes, il y avait une sorte de zampolit, de
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1 commissaires politiques tels qu’on les connaissait du temps
2 de l’Union Soviétique.
3 Vous, vous êtes vraiment la personne à laquelle il
4 convient de poser cette question : Est-ce qu’il y avait
5 des commissaires politiques au sein du HVO au sens où ce
6 mot était utilisé dans l’ex-Union Soviétique ?
7 R. Je peux affirmer qu’il n’y avait pas de poste
8 de ce genre et il n’y avait pas d’officiers politiques au
9 sein de l’armée. Il y avait uniquement des officiers qui
10 faisaient la liaison avec les organes de l’autorité
11 publique. Ils étaient chargés du moral des troupes et
12 c’était des officiers de liaison.
13 Q. En d’autres termes, il s’agit là d’un poste
14 que l’on trouve dans d’autres armées, mais est-ce qu’il y
15 avait des représentants du HDZ qui travaillaient sur les
16 plans de combats, les opérations de combats, l’utilisation
17 des troupes, et cætera ?
18 R. À aucun niveau de commandement, y compris au
19 niveau des sections, des compagnies, des bataillons, de la
20 Zone opérationnelle de la brigade, à aucun niveau on ne
21 trouvait de telles fonctions, de personnes remplissant de
22 telles fonctions.
23 Q. Donc, je voudrais que nous le répétions
24 encore une fois. D’après le décret sur les forces armées…
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous en avons
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1 déjà entendu parler. Je pense qu’il est inutile de répéter
2 ce qui a été dit à ce sujet.
3 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci, Monsieur
4 le Président.
5 Q. Nous allons maintenant passer au paragraphe
6 39. Il s’agit de la défense du HVO dans la vallée de la
7 Lasva.
8 Est-ce que le HVO a été préparé au conflit avec la
9 Défense territoriale et l’armée de Bosnie-Herzégovine en
10 1992, 1993, mon Général ?
11 R. Je peux vous parler de la Zone opérationnelle
12 de Bosnie centrale et de la Brigade de Travnik. C’est là
13 que se concentraient principalement mes activités à
14 l’époque. Eh bien, en ce qui nous concernait, nous étions
15 extrêmement occupés à assurer notre défense contre l’armée
16 de la Republika Srpska et, donc, il y avait également des
17 problèmes qui se posaient du fait de la population mixte
18 dans l’enclave et l’offensive musulmane a montré que le HVO
19 n’était pas préparé à ces fonctions politiques, à assumer
20 ces fonctions militaires.
21 Donc, ces incidents nous ont montré que nous
22 pouvions être attaqués et si on comparaît nos hommes, nos
23 soldats à ceux de l’armée de la Republika Srpska, nous,
24 nous devions assurer un corridor entre la République de
25 Croatie et les enclaves, mais nous ne pouvions pas nous y
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1 préparer, nous ne nous y préparions pas et nous ne pouvions
2 pas prévoir l’évolution de la situation parce que nous
3 avions mis sur pied une commission qui était censée
4 travailler sur la séparation des forces ainsi que sur
5 d’autres questions importantes à l’époque.
6 Q. Est-ce que vous pourriez dire, s’il vous
7 plaît, aux juges quels étaient les principaux objectifs de
8 l’armée de Bosnie-Herzégovine à Vitez ?
9 R. Je peux vous parler de toute la vallée de la
10 Lasva. L’armée de Bosnie-Herzégovine avait un certain
11 nombre d’objectifs-clés qui consistaient à consolider les
12 zones qu’elle contrôlait dans la vallée de la Lasva et donc
13 ceci afin d’obtenir un contrôle sur tout le territoire de
14 la vallée de la Lasva. Il y avait deux usines très
15 importantes, l’usine de Bratstvo, une usine d’armements qui
16 produisait des explosifs ainsi que des armes qui allaient
17 jusqu’au calibre 150, et la deuxième entreprise était une
18 entreprise d’explosifs à Vitez.
19 En octobre 1992, ils sont parvenus à nous couper
20 l’accès jusqu’à l’usine de Bratstvo et pendant toute
21 l’année 1993, ils se sont efforcés de prendre le contrôle
22 de l’usine d’explosifs de Vitez et en 1993, pendant cette
23 année, il est apparu quels étaient véritablement les
24 objectifs de l’armée de Bosnie-Herzégovine. Il s’agissait
25 de faire une coupure au sein de la poche de la Lasva,
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1 Ahmici, Santici, Vranjska, qui se trouve sur une ligne qui
2 fait à peu près 800, 900 mètres. L’un des objectifs était
3 également le QG de la Zone opérationnelle, ce qui serait
4 revenu à couper la tête de cet organisme et de ce fait, on
5 s’attendait à ce que la totalité du corps meurt.
6 À Vitez, nous avions 150 à 200 hommes par équipe
7 qui participaient à la défense, et à partir de juin 1993,
8 toute personne à même de porter une arme a été mise à
9 contribution et le nombre de victimes a également augmenté
10 proportionnellement. Sur cette zone, on a compté environ
11 800 victimes croates pour cette zone extrêmement limitée et
12 ceci représente un nombre de victimes extrêmement
13 important.
14 Il y avait également des forces à Travnik, Novi
15 Travnik et Busovaca. En tout cas, c’était très
16 caractéristique de cette zone.
17 Q. Pour en terminer avec ces questions, je
18 voudrais vous poser la question suivante : En plus de ce
19 nombre de victimes extrêmement important, du nombre de
20 décès, on a compté également près de 2 000 blessés, n’est-
21 ce pas, dans la zone ?
22 R. Oui.
23 Q. Maintenant, nous allons passer aux
24 paragraphes 40 et 41. Il s’agit de la police militaire.
25 Il y avait, n’est-ce pas, une chaîne de
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1 commandement dans la Zone opérationnelle de Bosnie centrale
2 en ce qui concerne la police militaire ? C’est bien exact,
3 n’est-ce pas, pour ce qui est des opérations ? Le
4 commandant des opérations dans la Zone opérationnelle,
5 c’était le Commandant de la Zone opérationnelle : Est-ce
6 bien exact ?
7 R. Oui.
8 Q. C’est donc ainsi que le 4e Bataillon de la
9 police militaire qui se trouvait à Vitez a également été
10 mis à contribution ?
11 R. Oui.
12 Q. Sur la base de ce qui se passe dans d’autres
13 armées, on sait que du point de vue de son organisation, du
14 point de vue de son administration, du point de vue de la
15 nomination des officiers, la police militaire a également
16 des liens avec l’armée, n’est-ce pas, avec le ministère de
17 la Défense ?
18 R. Oui, oui. Si on regarde la police militaire
19 dans l’ensemble de l’organisation militaire, on peut dire
20 que la police militaire a ses fonctions qui lui sont
21 propres, des fonctions qui consistent à s’assurer que
22 toutes les recrues, tous les soldats que l’on incorpore
23 dans les unités vont bien sur le front avec ces unités. La
24 mission consiste également à garantir, à assurer
25 l’efficacité maximum des forces armées. C’est la raison
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1 pour laquelle la police militaire est séparée de l’armée
2 d’une certaine façon.
3 Q. Je crois que dans le cadre du contre-
4 interrogatoire, on vous posera des questions
5 supplémentaires à ce sujet, mais permettez-moi quant à moi
6 de vous poser une question supplémentaire en ce qui
7 concerne ce sujet précis.
8 Pendant le temps que vous avez passé au poste de
9 commandant au sein donc du HVO, est-ce que vous pouvez nous
10 dire si Monsieur Blaskic a... (l’interprète se reprend) si
11 Monsieur Kordic avait des responsabilités quelconques en ce
12 qui concernait la police militaire ?
13 R. J’ai déjà dit que Monsieur Kordic n’a jamais
14 eu le commandement d’aucune unité militaire au sein de la
15 Zone opérationnelle de Bosnie centrale et ceci inclut
16 notamment la police militaire.
17 Q. Merci. Avançons rapidement. Je vais
18 maintenant passer aux paragraphes 42 à 48. Il s’agit des
19 combats qui ont eu lieu en 1992 et 1993. Paragraphes 42 à
20 48. J’ai plusieurs questions à vous poser ici au sujet du
21 conflit à Novi Travnik en octobre 1992.
22 Il y a eu plusieurs jours de combats à ce moment-
23 là. Vous nous en avez déjà parlé, mais je voudrais savoir
24 quel était l’objectif stratégique de la Défense
25 territoriale, à savoir de l’armée de Bosnie-Herzégovine en
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1 1992.
2 R. Ce conflit, il ne s’est pas manifesté
3 uniquement à Novi Travnik. Novi Travnik a fait partie des
4 zones touchées par le conflit. Le Commandant de la Brigade
5 de Novi Travnik, Ivica Stojak, a été tué dans le cadre de
6 ces combats et pendant cette période, je n’ai pas pu aller
7 à Travnik.
8 Il s’agissait d’une opération qui faisait partie
9 d’une opération de plus grande envergure. L’objectif, je
10 pense, c’était de conquérir du territoire. Nous avons
11 perdu la possibilité de contrôler environ 70 pour cent du
12 territoire à Travnik, y compris l’usine de Travnik qui, si
13 je me souviens bien, employait près de 4 000 personnes,
14 plus de 4 000 personnes même.
15 D’autre part, en ce qui concerne ce conflit qui a
16 eu lieu donc en octobre, il a entraîné la chute de Jajce et
17 on en a déjà parlé d’ailleurs, mais je voudrais répéter que
18 les gens qui ont pu traverser les montagnes dans des 4 X 4
19 ou dans des véhicules du genre, qui ressemblaient à des
20 Jeep, ces gens ont su que pendant les six mois qui allaient
21 suivre, ils ne seraient plus en mesure d’utiliser ces
22 routes de montagne et le conflit entre les Musulmans et les
23 Croates a ébranlé la confiance de ceux qui étaient chargés
24 de défendre Jajce, de l’enclave de Jajce et une enclave qui
25 était clé, qui avait joué un rôle-clé dans la défense de la
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1 totalité de la vallée de la Lasva. Donc, cette enclave a
2 été perdue.
3 Q. Vous avez mentionné l’usine de Bratstvo à
4 Travnik et vous nous avez dit que le HVO a perdu le
5 contrôle de cette usine en octobre ?
6 R. Oui.
7 Q. Pouvez-vous me dire qui donnait les ordres à
8 Travnik pendant le conflit entre le HVO et la Défense
9 territoriale ou, autrement dit, l’armée de Bosnie-
10 Herzégovine ?
11 R. Les structures de commandement étaient telles
12 que la Brigade de Novi Travnik, c’est-à-dire les gens de
13 Novi Travnik, enfin, moi, j’étais là constamment ainsi que
14 le Commandant de la Zone opérationnelle de Bosnie centrale.
15 Comme je l’ai dit, le conflit a éclaté à plusieurs
16 endroits. Donc, il y avait le chef de la zone, il y avait
17 moi, son adjoint, et cætera.
18 Q. La Chambre de première instance sait où se
19 trouvait Monsieur Kordic pendant cette offensive. Est-ce
20 que Monsieur Kordic a joué un rôle quelconque en tant que
21 commandant pendant ce conflit ?
22 R. Monsieur Kordic venait toujours là où la
23 situation était particulièrement grave et critique. Par
24 exemple, je sais que quand la situation était
25 particulièrement critique à Jajce, il y venait et il en
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1 allait de même pour Vitez, Travnik, et cætera, mais en ce
2 qui concernait le système de contrôle de commandement au
3 sein du HVO, il n’y participait pas du tout.
4 Q. Je vous comprends bien. Donc, vous nous
5 parlez en général du système de commandement, du système de
6 contrôle, mais soyons un peu plus précis. Vous-même, vous
7 étiez à Novi Travnik, vous étiez chargé de suivre toutes
8 les opérations. Est-ce que vous pouvez nous dire si,
9 pendant les jours où le conflit a duré en octobre 1992,
10 sept ou huit jours, je voudrais savoir s’il a donné des
11 ordres quelconques ?
12 R. Je dois répéter pour la cinquième fois que je
13 n’en ai jamais entendu parler et je ne l’ai jamais vu
14 donner des ordres.
15 M. LE JUGE BENNOUNA : [Hors microphone] …demander
16 au Général Filipovic. Il nous dit que non : il n’est pas
17 au courant que Monsieur Kordic ait donné des ordres. Il
18 était là quand il y avait des problèmes sérieux, mais il
19 n’était pas au courant qu’il avait donné des ordres.
20 Est-ce que, Général Filipovic, vous étiez au
21 courant que Monsieur Kordic recevait des instructions
22 d’autorités politiques ou militaires supérieures pour lui
23 permettre d’être présent là où il y avait des problèmes
24 difficiles ? Est-ce que vous étiez au courant vous-même
25 qu’il recevait des instructions pour être présent dans ces
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1 moments difficiles ?
2 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
3 Q. Vous avez compris la question ?
4 R. Je ne sais pas s’il a reçu des instructions.
5 Je sais quelles étaient les activités sur le terrain. On
6 n’a pas besoin d’instructions quand on est attaqué. Il
7 faut se défendre autant qu’on le peut.
8 M. LE JUGE BENNOUNA : Alors, Général, vous dites
9 que Monsieur Kordic était toujours là, mais alors, est-ce
10 qu’il avait un contact avec la hiérarchie militaire quand
11 il était là ? Est-ce que vous-même, vous êtes au courant
12 de contacts qu’il a eus avec la hiérarchie militaire ?
13 R. Monsieur Kordic était là parce que moi,
14 j’étais là, je me suis entretenu avec lui, j’ai eu des
15 contacts avec lui. Il était là avec le Général Blaskic.
16 Il était là avec d’autres personnes, mais je dois dire, et
17 je le répète, qu’à tout instant, il était en mesure de
18 traiter des problèmes qui se posaient, mais c’était la
19 structure militaire qui donnait des ordres.
20 Si vous voulez que je vous donne des exemples
21 précis, je peux vous dire que Monsieur Kordic ne m’a jamais
22 donné aucun ordre, ni d’ailleurs à aucun de mes
23 subordonnés.
24 M. LE JUGE BENNOUNA : [Hors microphone] …Général,
25 des exemples de quel type de problèmes il s’occupait,
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1 Monsieur Kordic ?
2 R. Monsieur Kordic a contacté avec les gens. Il
3 a donc essayé tout simplement de leur dire qu’il fallait
4 qu’ils tiennent le coup. C’est dans ce sens-là qu’il avait
5 agi politiquement parce que, de toute façon, il était
6 leader de ce peuple et c’est la raison pour laquelle il
7 était présent. Quand je dis qu’il était leader, c’est que
8 le peuple a voté pour lui, il a montré par son action qu’il
9 l’était.
10 Je dis que Monsieur Kordic était également à Jajce
11 au moment où il y avait la défense de cette ville. C’était
12 en été 1992. Je pense que c’était le mois d’août très
13 précisément. Il était Président au moment où une partie de
14 Travnik est tombée après la chute de Jajce. Donc, il y
15 avait les villages environnants de Travnik qui sont tombés.
16 Monsieur Kordic était sur place pour pouvoir dire où il
17 fallait établir la ligne ou essayer de mobiliser toutes les
18 forces qui sont sur place pour la défense et c’est la
19 raison pour laquelle il était à Travnik en octobre 1992.
20 Par conséquent, il avait tout simplement agi comme
21 quelqu’un qui était élu, élu du peuple. C’est dans ce
22 sens-là.
23 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci.
24 Q. Vous venez de parler de Jajce. Vous venez de
25 parler également de cet appui fourni par Monsieur Kordic
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1 pour défendre Jajce. C’est le point 53. Vous avez
2 expliqué quel était le rôle de Monsieur Kordic.
3 Pourriez-vous encore une fois de plus nous donner
4 quelque plus de précisions à ce sujet-là ? Comment, s’il
5 vous plaît, comment il avait mobilisé les gens ? Comment
6 il a fait ?
7 R. Quand vous perdez la liberté, il y a des gens
8 qui sont tués, il y en a qui sont blessés, il n’y a pas
9 véritablement beaucoup de personnes qui véritablement
10 exercent des fonctions qu’elles doivent exercer. Les
11 médecins quittent l’espace, le champ de bataille parce que
12 normalement, ils devraient y rester. C’est là où il y a
13 des victimes. Les professeurs, ils ne sont pas dans des
14 écoles parce qu’il y a le pilonnage.
15 Monsieur Kordic, à mon avis, était quelqu’un qui,
16 comme j’ai dit, a été élu par le peuple. C’est quelqu’un
17 qui souhaite le bien-être de ce peuple, souhaite également
18 que ce peuple vive comme il entend vouloir vivre. Par
19 conséquent, il n’a jamais quitté la région quand ce
20 territoire était en danger et c’est dans ce sens-là qu’il
21 avait participé dans les opérations dans la vallée de la
22 Lasva et dans tous les événements. Il était partout,
23 partout où éventuellement, on aurait pu être tué à chaque
24 moment, à chaque instant.
25 Q. Merci. Nous pouvons poursuivre maintenant.
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1 C’est le paragraphe 44.
2 Il y a un incident qui a eu lieu au moment de
3 Pâques. C’était en avril 1993. Les Croates ont hissé les
4 drapeaux tout simplement pour fêter et célébrer Pâques.
5 Est-ce que vous pouvez nous dire, s’il vous plaît, Général,
6 comment ça s’est passé ?
7 R. Au mois de mars et au mois d’avril 1993, il y
8 avait toute une série d’incidents auxquels j’ai assisté
9 dans la zone de responsabilité de la Brigade de Travnik.
10 Il y avait également ce meurtre de l’épouse de Zvonko Gaso.
11 Elle a été tuée au seuil de sa porte. Ensuite, Medancic
12 également a été tué dans son propre appartement. Il y
13 avait un certain nombre d’autres personnes qui ont été
14 expulsées de leurs propres appartements, par exemple, la
15 famille Rimac.
16 Mais un des incidents qui était des plus
17 caractéristiques, c’était ce moment où on avait enlevé nos
18 drapeaux, mes drapeaux qui étaient hissés le long de la
19 rue, et on a chanté les chansons telles que : « Nous allons
20 égorger les Croates. C’est Mohamed qui est notre Dieu »,
21 et cætera, et c’est comme ça que nous avons par conséquent
22 essayé de ne plus leur permettre d’agir ainsi.
23 Ça prouve qu’il y avait donc des perturbations et
24 des troubles et que dans la zone de responsabilité qui fut
25 la mienne, il y avait véritablement un déséquilibre dans le
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1 comportement. Avec le Général Alagic véritablement,
2 j’étais toujours en très bons contacts et on a toujours pu
3 négocier et se mettre d’accord sur un certain nombre de
4 points et ce que j’ai fait également.
5 Je répète, les incidents ne sont pas uniquement
6 dus à l’action des Musulmans mais également à certaines
7 opérations des Croates.
8 Q. Vous venez de citer un nom. C’était un
9 Croate ? Ce n’était pas un Musulman ?
10 R. Il était membre du HDZ. Je ne sais pas s’il
11 avait occupé un poste très élevé, mais je sais qu’il était
12 officier de la Brigade de Travnik. C’était au mois
13 d’octobre 1992, alors qu’en mars ou début avril, son épouse
14 a été tuée sur le seuil de sa porte.
15 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Moi, j’ai parlé
16 du nom « Gaso », mais je vois que le nom ne figure pas sur
17 la transcription et c’est pour ça que je vais tout
18 simplement demander qu’on inscrive le nom.
19 Q. Il y avait un certain nombre d’incidents.
20 Vous en avez parlé. Nous passons au paragraphe 45, les
21 incidents qui ont eu lieu au mois d’avril 1993.
22 Mon Général, pourriez-vous nous dire, s’il vous
23 plaît, si Mate Boban a été à Travnik au cours de 1993 ?
24 Est-ce qu’il avait rendu visite à la ville de Travnik en
25 1993 ?
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1 R. Non, pas à Travnik, certainement pas. Il a
2 été juste une fois dans la Zone opérationnelle de Bosnie
3 centrale. C’était en septembre ou octobre 1992 et il y est
4 passé quelques heures, pas plus.
5 Q. C’était la seule fois où il s’était rendu sur
6 place ?
7 R. Oui.
8 Q. Excusez-moi, je ne vous ai pas entendu me
9 donner la réponse.
10 R. J’ai dit oui.
11 Q. On passe au paragraphe 46.
12 En ce qui concerne les événements de Ahmici, vous
13 avez appris tout ce qui s’est passé à Ahmici pour la
14 première fois des propos du Lieutenant Colonel Stewart au
15 moment où il était venu vous voir et vous avez parlé
16 également d’un certain nombre de problèmes que vous, les
17 Croates, vous aviez dans la ville de Travnik ?
18 R. Oui, oui, oui.
19 Q. Donc, c’est lui qui vous a relaté ce qui
20 s’était passé à Ahmici. Est-ce qu’il vous a raconté autre
21 chose ou bien tout simplement il vous a évoqué cet
22 incident, cet événement ?
23 R. Lui, il venait souvent. Il venait souvent
24 chez moi. Puis, il se rendait chez Alagic également. De
25 toute façon, on était en contact permanent. Je me souviens
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1 effectivement qu’une fois, quand moi, j’avais fait une
2 objection, j’ai dit que des Musulmans et l’armée
3 entreprenaient un certain nombre de choses à l’encontre des
4 Croates et du HVO, à une occasion, il m’avait dit : « Vous,
5 qu’est-ce que vous faites ? » Ensuite, il a cité donc
6 Ahmici et c’est bien la première fois que j’ai appris qu’il
7 y avait ce crime qui était commis à Ahmici.
8 Ce n’est que plus tard et au sein de cette
9 commission, jamais avant, ni auprès de Delic, ni Karic, ni
10 auprès de Siber, ni auprès du Général… excusez-moi, le nom
11 m’échappe, je pense à Dzemal Merdan. Je n’ai jamais
12 entendu parler de cet événement en dehors, si vous voulez,
13 d’une série de crimes qui avaient été commis dans ce
14 territoire. Donc, on n’a jamais parlé véritablement de ce
15 crime comme quelque chose qui était séparé.
16 Ce n’est qu’en 1994, 1995 qu’on a commencé à
17 parler de cette tragédie, de cet événement, et moi, pour
18 moi, c’est un tableau qui est presque un montage de plein
19 de choses pour mettre en question plein de choses
20 entreprises par le HVO parce que, de toute façon, le HVO se
21 défendait. Pendant dix mois, nous avons été encerclés.
22 Personne ne nous a aidés. Des dizaines de milliers de
23 victimes. Par conséquent, on met en question également les
24 objectifs de ces défenses.
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur le
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1 Témoin, excusez-moi, mais ceci ne va pas nous aider.
2 Si vous voulez maintenant poursuivre, je vous en
3 prie. Me Naumovski, si vous voulez poser encore des
4 questions au sujet de Ahmici, d’accord, mais sinon, on
5 passe à un autre sujet.
6 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Très brièvement,
7 Monsieur le Président.
8 Q. Mon Général, nous sommes encore au paragraphe
9 46. Vous êtes un militaire, militaire entraîné, formé,
10 avec beaucoup d’expérience. Par conséquent, vous
11 considérez probablement que tout être humain et tout civil
12 est une victime et que c’est un crime si on commet un
13 meurtre à l’égard d’un civil ?
14 R. Bien évidemment que je condamne le crime,
15 n’importe lequel. Je condamne les crimes qui ont été
16 commis à l’encontre non seulement de mon propre peuple mais
17 des peuples en Bosnie-Herzégovine et je pense que les
18 protagonistes de cette guerre vont subir des sanctions. Je
19 pense que ce Tribunal également nous permet d’essayer de
20 normaliser la vie en Bosnie-Herzégovine et surtout de ne
21 plus permettre de tel type de crimes.
22 Q. Merci. Très brièvement, vous avez entendu
23 également dire que le HVO avait entrepris un certain nombre
24 d’investigations pour voir ce qui s’était passé à Ahmici.
25 Est-ce que vous-même, vous avez éventuellement participé
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1 dans les enquêtes qui ont été menées ? Est-ce que vous
2 avez eu un rôle sur ce plan-là ?
3 R. Non, mais j’avais tellement d’autres choses à
4 faire que malheureusement, je ne pouvais pas être ailleurs.
5 Enfin, j’avais beaucoup de choses à faire à Travnik. J’ai
6 appris et je sais qu’il y avait un certain nombre
7 d’investigations qui ont été entreprises, mais je n’y ai
8 pas participé. Je me suis fait quand même un tableau et je
9 sais ce qui s’est passé dans l’ensemble de ce territoire et
10 pendant la période dont il est question.
11 Q. De toute façon, il va y avoir d’autres
12 questions qui vont vous être posées à ce sujet-là. Par
13 conséquent, nous passons au paragraphe suivant. Je parle
14 du paragraphe 47.
15 Vous êtes officier de carrière et pendant que vous
16 étiez également dans la Zone opérationnelle, avant et après
17 la Brigade de Travnik, cette situation militaire, pour
18 vous, était claire et vous la connaissez très bien. Vous
19 savez ce qui s’était passé en Bosnie centrale et dans la
20 vallée de la Lasva.
21 D’après vous, le 16 avril 1993, il y a eu des
22 conflits qui se sont déclenchés dans plusieurs secteurs,
23 pas dans un seul secteur en Bosnie centrale, n’est-ce pas ?
24 R. Le 16 avril est devenu, si vous voulez, une
25 date de pointe, une date de grande envergure et de très
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1 grande importance, et moi, j’ai eu l’occasion de voir un
2 petit peu et de visiter pour voir ce qui se passait et j’ai
3 pu donc constater combien de personnes et combien de
4 soldats ont été tués pendant ce temps-là et combien sont
5 enterrés dans cette vallée.
6 Par conséquent, le tableau que je me suis fait,
7 j’en ai tiré des conclusions sur la base de ce que j’ai vu
8 sur place, mais de toute façon, en ce qui concerne le
9 crime, il a été commis, je suis sûr et je considère que
10 ceux qui l’ont commis doivent être sanctionnés.
11 Q. En ce qui concerne le paragraphe 48, il
12 s’agit des attaques de l’armée de Bosnie-Herzégovine fin
13 1992, Krizancevo Selo… excusez-moi, je commets une erreur.
14 Il s’agissait du mois de décembre 1993 et puis janvier
15 1994, Buhine Kuce et Krizancevo Selo. Il y avait beaucoup
16 de personnes qui ont été tuées parmi les civils et il y
17 avait également des soldats.
18 Je pense que vous avez des connaissances à ce
19 sujet-là, étant donné qu’il y avait vos soldats également
20 qui étaient sur place. Est-ce que vous pouvez nous en dire
21 un peu plus ?
22 R. Je vous ai déjà dit que cette enclave, elle
23 se réduisait de plus en plus car c’est l’armée de Bosnie-
24 Herzégovine qui attaquait de plus en plus. Par conséquent,
25 l’enclave devenait de plus en plus restreinte. Je pense à
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1 Ahmici, Santici, Buhine Kuce, Krizancevo Selo. On nous a
2 dit que Noël 1993 sera un Noël sanglant et c’était vrai,
3 d’ailleurs. À Krizancevo Selo, nous avons perdu 100
4 personnes à peu près. À Buhine Kuce, une vingtaine de
5 personnes ont été tuées.
6 Il est vrai également que c’était le résultat des
7 combats qui ont été déclenchés, mais il y avait des crimes
8 également à l’encontre des civils et également des soldats,
9 des soldats qui ont été emprisonnés, capturés. Par
10 conséquent, le crime a été commis sur les soldats qui ont
11 été capturés.
12 Q. J’ai déjà parlé de Dusina. J’ai déjà dit
13 également qu’il y avait un crime qui a été commis à Dusina,
14 mais dans la région que vous connaissez le mieux, et je
15 parle de la municipalité de Travnik, il y avait des crimes
16 qui ont été commis à Miletici, à Maljina, à Cukle. Par
17 conséquent, c’était le mois de juin 1993. Vous avez
18 également un certain nombre de cousins qui habitaient
19 Miletici et vous connaissez probablement ce qui s’était
20 passé là-bas ?
21 R. J’avais des cousins à cet endroit-là. Je
22 vous ai relaté un petit peu ce qui s’était passé. J’ai dit
23 qu’il y avait des attaques, il y avait le nettoyage
24 ethnique, il y avait une opération militaire également qui
25 a été engagée et ces combats pour le territoire, pour la
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1 survie dans ce territoire, pour assurer également la
2 liberté, la libre circulation dans ce territoire ont été à
3 l’origine des crimes qui ont été commis d’un côté et de
4 l’autre.
5 Moi, j’ai parlé des incidents. Moi, j’ai parlé
6 des incidents quand ce n’était pas des crimes qui étaient
7 des crimes de masse, mais de toute façon, quand il
8 s’agissait de 20 personnes ou 70, à ce moment-là, on ne
9 peut plus parler d’un incident. C’était un crime.
10 C’est la raison pour laquelle j’ai essayé de me
11 brosser le tableau, de vous dire ce qui s’était passé et
12 comment et de quelle manière on s’y était pris pour
13 défendre la vallée de la Lasva. C’est de ça que j’ai
14 parlé.
15 Q. Mon Général, vous avez travaillé avec de
16 nombreux officiers qui étaient de l’autre côté, qui étaient
17 vos ennemis pendant la guerre, par exemple avec Merdan et
18 les autres. Est-ce que vous avez appris par ces gens-là si
19 les auteurs des crimes parmi les Musulmans, qui ont commis
20 des crimes à l’encontre des Croates, ont été sanctionnés ?
21 R. Non. On n’a même pas entamé des procès. Par
22 conséquent, ils ne pouvaient pas être sanctionnés.
23 Q. Merci. Nous allons passer à un autre sujet,
24 le sujet que la Chambre connaît sur le Convoi de la Joie.
25 Vous, vous parlez du convoi de Tuzla, le paragraphe 49.
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1 Avant de parler directement de ce convoi, de ce
2 qui s’était passé, très brièvement, pourriez-vous dire à la
3 Chambre ce qui s’était passé ce jour-là parce que d’autres
4 jours avant le Convoi de la Joie, il y avait une action,
5 une opération très puissante et très bien organisée de
6 l’armée de Bosnie-Herzégovine qui a été déclenchée dans
7 toute cette région : Novi Travnik et les villages
8 environnants ?
9 R. Le 9 et le 10, moi, maintenant, j’étais avec
10 Siber et avec Delic ensemble avec Petkovic parce qu’on
11 avait négocié. Le 10 au soir, c’est la FORPRONU qui nous
12 transfère à Vitez. Donc, les négociations ont eu lieu à
13 Kiseljak, mais j’ai senti au moment où on a été transféré
14 par la FORPRONU à Vitez qu’il y avait une panique qui
15 prenait le peuple. J’ai appris que huit enfants ont été
16 tués ce jour-là. C’était à côté d’un bâtiment désigné
17 monténégrin. Il y avait d’autres victimes également.
18 Dès que nous avons terminé cette espèce de
19 réunion, Petkovic est allé se rendre au QG. Moi, je suis
20 allé vers la Brigade de Travnik parce que la Brigade de
21 Travnik a été décimée par l’offensive qui avait précédé.
22 Ce n’était plus les hommes qui vraiment étaient capables de
23 combattre parce que c’était comme un noyau de nerfs, enfin,
24 un nœud de nerfs, enfin, chaque homme était un nœud de
25 nerfs en quelque sorte.
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1 Moi, j’ai essayé quand même de leur parler, mais
2 c’était très difficile parce qu’il ne faut pas oublier non
3 plus que c’était des gens qui voyaient que leurs maisons
4 étaient détruites. Elles étaient incendiées, en flammes.
5 Ils savaient qu’il y avait de la famille qui était dans ces
6 maisons. Donc, c’était difficile de les maîtriser et c’est
7 ce jour-là justement que le convoi de Tuzla s’est rendu sur
8 place.
9 Donc, c’était dans ce tronçon de la route entre
10 Travnik et Novi Travnik et je sais qu’on ne pouvait
11 pratiquement pas contrôler le comportement des réfugiés,
12 des réfugiés qui, deux jours auparavant, avaient perdu
13 pratiquement tous les membres de leur famille et qui se
14 sont trouvés complètement dépourvus.
15 Q. Merci, merci. Arrêtez-vous, mon Général.
16 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Monsieur le
17 Président, je m’excuse, mais avant de commencer
18 l’interrogatoire de Monsieur Filipovic, j’ai oublié de dire
19 qu’on n’avait pas de pièce à conviction, mais on a une
20 cassette vidéo. Elle est très brève. Ce sont les
21 actualités qui ont été transmises par la BBC et justement
22 qui portent sur le convoi.
23 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous en
24 prie, allez-y.
25 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Est-ce que vous
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1 pouvez me donner la cote, s’il vous plaît, de la cassette
2 vidéo ?
3 LA GREFFIÈRE (interprétation) : La cassette vidéo
4 va être marquée D204/1.
5 [Diffusion d’une cassette vidéo]
6 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
7 Q. Mon Général, vous avez donné la description
8 de la situation, de la situation qui est une situation
9 réaliste. C’est la guerre. Il y a le Convoi de la Joie.
10 Est-ce que ce que vous venez de voir sur la cassette
11 correspond à ce que vous avez essayé de nous relater et
12 quelles étaient les circonstances dans lesquelles ce Convoi
13 de la Joie s’est trouvé dans une situation inconfortable ?
14 R. Oui. Je vois le rôle de quelques soldats.
15 Ils ont isolé, je ne sais pas, quelques personnes. Je ne
16 sais pas comment et pourquoi, d’ailleurs. Je vois
17 également un père, un prêtre, qui avait essayé probablement
18 de calmer la situation. Il arrive jusqu’à une femme et
19 cette femme l’empêche de passer. Pour cette région-là,
20 j’avoue qu’il est assez bizarre de voir qu’une femme
21 s’oppose à un prêtre parce que normalement, le prêtre est
22 quelqu’un qui est très respecté et ça prouve justement
23 quelles étaient les relations ces jours-là et quelle était
24 l’ambiance générale à Travnik parce que, de toute façon, on
25 risquait de perdre l’ensemble de ce territoire et les gens
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1 ne pouvaient plus se maîtriser.
2 Q. Il paraît que ce convoi, d’après ce qu’on a
3 entendu ici dans le prétoire, ce convoi a été arrêté
4 intentionnellement et que tout a été planifié et que c’est
5 comme ça qu’on l’avait arrêté, mais vous, vous étiez sur
6 place. Est-ce que vous considérez que c’est vrai ? Est-ce
7 qu’on peut croire que véritablement, on a planifié
8 d’arrêter ce convoi ?
9 R. Non, mais il n’y avait même pas de plan pour
10 défendre sa propre vie. Il y avait des situations où on ne
11 pouvait même pas dire où la ligne devait s’arrêter, comment
12 défendre la maison, et cætera. Donc, par conséquent, vous
13 êtes dans une situation où il y a le territoire que vous
14 perdez, il y a des maisons que vous perdez, il y a des
15 maisons qui sont incendiées, il y a des hommes qui sont
16 tués.
17 Par conséquent, le HVO et les Croates tout d’un
18 coup se retrouvent rassemblés à un endroit restreint et
19 dans cette ambiance-là, planifier d’arrêter un convoi, moi,
20 ça ne me paraît pas concevable.
21 Q. Vous avez eu affaire à ce convoi même au
22 moment où ça s’est passé, mais est-ce que vous avez entendu
23 parler des officiers du HVO qu’un quelconque officier ait
24 été à la tête justement de ce qui s’est passé, de ce qui a
25 été soi-disant organisé ? Est-ce que quelqu’un aurait pu
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1 faire ça d’après vous ?
2 R. J’ai vu le convoi de Tuzla. Il venait en
3 provenance de Tomislavgrad et il s’acheminait vers
4 Kiseljak. De toute façon, moi, je devais m’y rendre pour
5 les négociations et je sais qu’on avait reporté à plusieurs
6 reprises le passage de ce convoi, même des semaines
7 entières parce qu’on se rendait compte que ce convoi allait
8 traverser une zone qui n’était pas assurée.
9 Il y a quelqu’un qui a pris la décision, de toute
10 façon, de laisser passer ce convoi, mais il savait que ce
11 convoi n’allait pas pouvoir traverser comme ça parce qu’il
12 y a le convoi. Par conséquent, les Musulmans ont supposé
13 qu’il y avait de la munition et des armes, alors que nous
14 perdons des centaines de vies, nous perdons des maisons et,
15 à mon avis, il ne fallait même pas permettre que le convoi
16 s’y rende et notamment à cette période et pendant ces
17 jours-là.
18 Laissons ça de côté. En ce qui concerne donc
19 l’endroit précis où le convoi a été attaqué est l’endroit
20 où, à un moment donné, on ne pouvait pas retirer en 1992
21 des armes.
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Général, est-
23 ce que vous pouvez vous concentrer, s’il vous plaît, sur la
24 question qui vous a été posée ? La question qui vous a été
25 posée c’était de savoir si quelqu’un aurait pu contrôler le
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1 convoi et ce qui se passait éventuellement. Est-ce que
2 vous pouvez être très bref et nous dire ce qui s’est passé,
3 comment vous le jugez, comment vous l’estimez ?
4 R. Je ne suis pas juriste. Excusez-moi. Vous
5 devez bien évidemment me rappeler à l’ordre, mais ma
6 réponse est la suivante. Personne ne pouvait dire, et moi,
7 je n’ai jamais entendu parler que qui que ce soit ait
8 organisé l’attaque sur le convoi. Je n’ai jamais appris
9 une information telle.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous en
11 prie, nous pouvons poursuivre.
12 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
13 Q. Mon Général, combien de réfugiés ce jour-là
14 se retiraient de la région où il y avait des combats, des
15 combats qui ont été déclenchés par l’armée de Bosnie-
16 Herzégovine ?
17 R. Vingt mille Croates de la municipalité de
18 Travnik se retiraient, étaient en train de se retirer. Il
19 y avait également une partie de Novi Travnik, de Vitez, de
20 Busovaca, 30 000 personnes au total à peu près.
21 Q. Encore une autre question du paragraphe 50.
22 Je ne sais pas si vous avez entendu parler de ce cas où
23 Monsieur Kordic s’est adressé à un certain nombre de
24 personnes à Novi Travnik en leur demandant de laisser
25 passer le convoi. Est-ce que vous savez quelle était la
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1 réaction ?
2 R. Ce sont les gens de la Brigade de Travnik qui
3 m’ont raconté. Ils m’ont dit qu’ils ont été donc expulsés
4 de leur région et ils se sont retrouvés par conséquent dans
5 cette enclave, dans cette poche de Travnik. Il y avait
6 des personnes différentes qui se sont rendues sur place
7 pour essayer de les organiser. Je pense que Kordic est
8 venu par la suite, peut-être même Blaskic. Je ne sais pas
9 comment, mais de toute façon, ils ont essayé de les
10 organiser et tous ont pointé des armes également sur Kordic
11 et ceux qui l’escortaient. Je pense que ceci était vrai
12 également en ce qui concerne Blaskic.
13 En ce qui me concerne, moi, je n’étais pas sur
14 place. Je n’ai jamais été sur place dans des situations
15 critiques de tel type. Moi, j’allais toujours sur la ligne
16 de front parce que je préférais être tué par un ennemi que
17 de me rendre sur un endroit où vraiment il y avait beaucoup
18 plus d’émotions. Les gens ne se maîtrisaient pas et
19 c’était une situation tout à fait irréelle.
20 Q. Maintenant, nous allons passer au sujet que
21 nous avons désigné comme « Dario Kordic », avant-dernier
22 sujet, paragraphes 51 jusqu’à 56.
23 Une fois arrivé en Bosnie centrale, vous avez donc
24 trouvé sur place un certain nombre de personnes dont vous
25 avez parlé comme des personnes de très grande envergure et
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1 très importantes. Une de ces figures était Monsieur
2 Kordic. Il y en avait d’autres ?
3 R. Pour faire bien mon métier, je dois aussi
4 être capable de juger les hommes et voir si quelqu’un est
5 capable de remplir une telle fonction ou une autre et si
6 j’examine la vallée de la Lasva, les quatre municipalités,
7 Matisic à Travnik et d’autres qui figurent dans le résumé,
8 en tout cas, c’était des gens qui voulaient vraiment être
9 au service de leur peuple.
10 Q. Vous avez déjà partiellement répondu à la
11 question qui figure au paragraphe 52, mais je souhaiterais
12 cependant que vous parliez un petit peu sur ce que vous
13 pensez et ce que vous saviez de Monsieur Kordic. Vous avez
14 dit que c’était un homme politique et qu’il était capable
15 de motiver les autres ?
16 R. Je ne veux pas sans cesse répéter la même
17 chose. Je pourrais donner plus de détails et développer ma
18 réponse, mais en tout cas, ce que je veux dire c’est que
19 Monsieur Kordic était indéniablement quelqu’un capable de
20 motiver les hommes et qu’il essayait de le faire. Il était
21 très convaincant. C’est un homme qui avait des idées très,
22 très claires, très nettes et il avait le courage
23 d’affronter des situations difficiles.
24 Par exemple, quand on est allé à Jajce, il y avait
25 un parcours de 16 kilomètres qui était extrêmement
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1 dangereux et il n’y a qu’une trentaine de personnes
2 seulement qui se sont portées volontaires pour y aller et
3 donc, moi, j’ai eu des contacts avec les dirigeants
4 politiques par le biais de Monsieur Blaskic et par le biais
5 de Kordic. Ce n’est pas très formel. Je lui ai demandé de
6 faire quelque chose parce qu’il fallait le faire et
7 Monsieur Kordic et d’autres sont intervenus en notre faveur
8 et ensuite, nous avons eu des équipes régulières de
9 personnes qui allaient à Jajce et ailleurs.
10 Donc, c’était ainsi que le climat se présentait,
11 le rôle des dirigeants politiques, mais il n’y avait pas
12 que les structures politiques. Il fallait faire participer
13 tout le monde pour faire avancer les choses et faire
14 participer tout le monde.
15 Q. Vous l’avez entendu prononcer des discours,
16 des allocutions. Est-ce que vous l’avez entendu utiliser
17 des termes péjoratifs pour désigner d’autres communautés,
18 notamment les Musulmans ? C’est ainsi qu’on les désignait
19 à l’époque.
20 R. Jamais. Jamais pour ce qui concernait les
21 communautés ethniques, mais en ce qui concernait les
22 extrémistes au sein de ces communautés ethniques qui, dans
23 les circonstances qui prévalaient à l’époque, étaient nos
24 ennemis, eh bien, envers ces personnes-là, il était très,
25 très vif dans son langage et très réaliste également sur ce
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1 qui était nécessaire de faire et la façon dont il fallait
2 procéder.
3 Q. Donc, si je vous ai bien compris, il n’a
4 jamais rien eu contre des groupes en tant que tels et dans
5 leur ensemble ?
6 R. Non. Uniquement contre les extrémistes et
7 contre des groupes en particulier pour lesquels peut-être
8 il s’est exprimé de façon un peu plus dure.
9 Q. Passons maintenant au paragraphe 58.
10 Vous nous dites que Monsieur Kordic était à Novi
11 Travnik. Est-ce qu’il lui était possible de venir
12 s’informer sur la situation militaire ?
13 R. Monsieur Kordic et d’autres comme Matisic à
14 Travnik ont pu à tout moment participer aux réunions comme,
15 par exemple, Pero Krizanac également. C’était son cas.
16 Ils pouvaient participer aux réunions, aux briefings, si
17 c’était nécessaire et ils le faisaient souvent pour
18 apprendre à connaître les problèmes qui prévalaient dans la
19 région. Ils le faisaient souvent, mais je souhaiterais le
20 répéter, ils n’avaient aucun rôle de commandant. Ils leur
21 aurait été impossible de se mêler des affaires militaires.
22 Il s’agissait pour eux simplement de pouvoir mieux faire
23 leur travail pour les aider ensuite à mobiliser les forces.
24 C’est pour ça qu’ils participaient à cette réunion.
25 Q. Oui. Vous nous l’avez déjà dit à plusieurs
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1 reprises, aucun civil, y compris les personnes que vous
2 venez de nous mentionner, n’a jamais eu aucun rôle dans
3 cette chaîne de commandement, n’est-ce pas ?
4 R. Oui.
5 Q. Au paragraphe 54, quand vous êtes arrivé,
6 vous avez constaté que Monsieur Kordic était un de ceux qui
7 ont organisé dès le départ les institutions dans la zone et
8 plus tard, vous et Monsieur Blaskic, qui étaient des
9 officiers de carrière, vous avez repris ces postes, c’est-
10 à-dire que vous avez organisé le HVO du point de vue
11 militaire, n’est-ce pas ?
12 R. Je ne sais pas exactement quel était le rôle
13 de Monsieur Kordic avant mon arrivée. Je ne peux que faire
14 des hypothèses, mais après que j’ai pris la direction du QG
15 régional et ensuite Blaskic, l’organisation, le combat,
16 tout se faisait dans le cadre de la filière de
17 commandement, de la chaîne de commandement, et par exemple,
18 pour ce qui était de la logistique, fourniture de
19 carburant, de vivres, et cætera, nous n’avions pas
20 d’organisation pour le faire. C’est pourquoi c’est les
21 civils qui s’en occupaient.
22 Les gouvernements municipaux également payaient
23 les soldes s’il y avait de l’argent. C’est eux qui
24 payaient les hommes s’il y avait de l’argent. Ça
25 représentait à peu près 30 à 40 marks par mois. Donc, le
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1 Colonel Filipovic, lui aussi, a reçu une solde de 20 à 30
2 marks par mois et ceci m’a été payé par le gouvernement
3 municipal.
4 Q. Mon Général, vous êtes un officier de
5 carrière. Est-ce que vous pouvez me dire si Monsieur
6 Kordic avait une formation militaire quelconque, des
7 connaissances dans le domaine militaire ?
8 R. S’il en avait, en tout cas, il ne les a pas
9 montrées, mais je ne crois pas qu’il avait des
10 connaissances dans le domaine militaire et d’ailleurs si
11 c’était le cas, il n’a jamais, en tout cas, essayé d’en
12 faire montre.
13 Q. Vous savez qu’il a simplement fait son
14 service militaire tout comme les jeunes hommes étaient
15 obligés de le faire au sein de l’ex-armée de la
16 Yougoslavie, n’est-ce pas ?
17 R. Oui.
18 Q. Est-ce que vous avez jamais entendu Monsieur
19 Kordic délivrer des ordres à aucune unité spéciale ou à
20 aucune unité régulière du HVO ou encore à une partie la
21 plus petite qu’elle soit d’une unité du HVO dans la Zone
22 opérationnelle de Bosnie centrale pendant votre séjour sur
23 place ?
24 R. Une fois encore, ma réponse est non.
25 Q. Donc, j’ai parlé d’une unité de la plus
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1 petite taille imaginable. Je pensais aux Jokeris, aux
2 Vitezovis, à la force Alfa, enfin, à des unités de ce
3 genre. Est-ce que votre réponse est la même pour toutes
4 les unités quelles qu’elles soient ?
5 R. Il y avait beaucoup d’autres unités avec des
6 noms différents qui ne répondaient pas vraiment à leurs
7 obligations, qui ne faisaient pas vraiment partie de la
8 chaîne de commandement, qui essayaient de trouver des
9 moyens d’avoir des activités un peu différentes des unités
10 régulières de l’armée.
11 Q. Oui. Je vous comprends, mais nous sommes ici
12 et moi, je suis ici pour défendre Monsieur Kordic. Donc,
13 ma question est la suivante : Est-ce que vous avez
14 connaissance d’éléments qui lient Monsieur Kordic à aucune
15 de ces unités ?
16 R. Non.
17 Q. Mon Général, je vous demande maintenant de
18 répondre aux questions que je vais vous poser sur le
19 paragraphe 56.
20 On a beaucoup parlé du grade de colonel qu’on a
21 donné à Monsieur Kordic. Vous étiez le seul vrai colonel
22 puisque vous aviez eu ce grade au sein de la JNA, mais est-
23 ce que vous savez dans quelles circonstances Monsieur
24 Kordic a reçu ce grade honorifique ?
25 R. Mon grade, moi, était implicite. Je n’ai
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1 jamais été nommé officiellement à ce grade au sein du HVO,
2 mais tout le monde le respectait, et moi, j’ai insisté pour
3 que Blaskic aussi soit nommé colonel parce que c’était des
4 fonctions qu’il assumait dans le cadre de sa fonction de
5 commandement, et moi, je m’adressais à lui en l’appelant
6 « Colonel » et c’était ce qui se faisait.
7 En été 1992, il y a eu des négociations qui ont
8 commencé à l’aéroport de Sarajevo et le Général Mladic et
9 le Général Halilovic représentaient les parties en présence
10 et c’était le Colonel Blaskic qui nous représentait, nous.
11 Les Généraux Halilovic et Mladic avaient besoin d’environ
12 une heure pour se rendre sur place, pour aller et venir
13 jusqu’au point de rencontre, alors que pour ce qui était du
14 Colonel Blaskic, il lui fallait un ou deux jours.
15 Alors, ça ne pouvait pas durer cette situation.
16 Donc, il nous a fallu nommer une autre personne pour aller
17 assister aux réunions de l’aéroport de Sarajevo.
18 Q. Pourquoi ?
19 R. Parce qu’il n’est pas possible qu’un
20 commandant soit absent pendant aussi longtemps de son poste
21 et donc on a envisagé la possibilité que Monsieur Kordic le
22 remplace, mais il ne pouvait pas aller participer à cette
23 réunion sans avoir un grade. Donc, j’ai dit : « Si moi, je
24 suis colonel, lui aussi peut être colonel et il a besoin de
25 ce grade pour pouvoir faire son travail. » Donc, j’ai
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1 insisté pour que tout le monde l’appelle « Colonel » et je
2 crois que c’est pour cette raison qu’on a décidé de lui
3 donner ce grade.
4 Je sais qu’il y avait un Colonel Jovic qui a été
5 nommé Général de brigade, lui, afin qu’il puisse participer
6 à une mission ensuite en Afrique. En ce qui concerne
7 Monsieur Kordic, je ne sais pas si ce grade a été confirmé
8 ou non, mais en tout cas, personne ne l’a jamais mis en
9 cause. Il n’a pas abusé de ce grade et tout le monde
10 connaissait tout à fait bien la signification de ce grade.
11 Q. Donc, il a conservé ce grade, mais il n’a
12 jamais eu de fonctions en ce qui concernait le
13 commandement ? Il n’a jamais commandé aucune unité,
14 quelle qu’elle soit ?
15 R. Ce grade a été confirmé par la nécessité de
16 la situation, mais il n’en a jamais abusé et ce grade n’a
17 jamais été annulé.
18 Monsieur Mesic, qui est maintenant Président de la
19 Croatie, lui, on l’a nommé Général de brigade alors qu’il
20 n’avait jamais été un militaire auparavant. Voilà comment
21 les choses se passaient.
22 Q. Merci. Je vais maintenant passer au
23 paragraphe 57.
24 M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) : Je
25 souhaiterais poser une question au témoin. Je voudrais
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1 demander au témoin pourquoi il estimait que Monsieur Kordic
2 ne serait pas en mesure de participer aux négociations à
3 moins d’avoir le grade de colonel, d’être désigné sous le
4 grade de colonel.
5 R. Monsieur le Juge, je n’ai pas conclu cela.
6 Je ne suis pas arrivé à cette conclusion. Je le savais.
7 M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) : Peut-être
8 pouvez-vous expliquer, Monsieur le Témoin, de quelles
9 négociations il s’agissait.
10 R. Il s’agissait de négociations auxquelles
11 étaient représentés les commandants militaires des trois
12 parties belligérantes.
13 M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) : Seuls des
14 militaires pouvaient participer à ces négociations ?
15 R. Seuls des militaires, et à ma connaissance,
16 lors de la première réunion, il y avait Sefer Halilovic et
17 Mladic et Blaskic, et au cours de la deuxième réunion,
18 certains d’entre eux ont envoyé des gens à leur place.
19 M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) : Est-ce que
20 vous pourriez m’expliquer autre chose, s’il vous plaît ?
21 Vous avez dit : « Moi, j’étais un colonel. Alors lui, il
22 pouvait très bien être un colonel. » Je ne comprends pas
23 parce que vous, vous êtes un officier de carrière. C’est
24 votre métier. Alors, est-ce que vous pouvez m’expliquer
25 cette phrase que vous avez prononcée ?
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1 R. Dans le HVO, il n’y avait pas de grade
2 officiel jusqu’en avril 1994. C’était une question
3 d’organisation. On était en train de s’organiser. En
4 plus, il y avait des combats. Donc, l’organisation
5 laissait un peu à désirer et puis on manquait de personnel
6 formé envoyé par le ministère de la Défense. Donc, il n’y
7 avait pas suffisamment d’officiers de carrière de haut
8 niveau.
9 Les gens se donnaient eux-mêmes des grades ou bien
10 d’autres personnes leur donnaient un grade. Ainsi, par
11 exemple, dans la Brigade de Travnik, sur la ligne de front
12 à Jajce, moi-même, je m’adressais à certaines personnes en
13 public en utilisant un grade particulier en public.
14 Pourquoi ? Parce que j’estimais que la personne en
15 question méritait, devait avoir ce grade.
16 Ça n’avait rien d’officiel, et généralement, ces
17 grades doivent être confirmés au plus haut niveau, mais du
18 fait que nous étions en train de nous battre, en train de
19 combattre, il fallait faire preuve d’efficacité et c’est
20 pourquoi nous avions procédé de la sorte.
21 M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) : Je vous
22 prie de poursuivre, Me Naumovski.
23 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
24 Q. Je vais poursuivre avec le paragraphe 57. Je
25 voudrais savoir qui avait l’autorité de prendre des mesures
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1 disciplinaires contre les subordonnés à différents niveaux.
2 R. Les commandants.
3 Q. Une autre question ou plutôt une dernière à
4 ce sujet-là : Est-ce que Monsieur Kordic, d’après ce que
5 vous savez, d’après vos informations, avait un rôle au sein
6 des sanctions, enfin, plutôt si lui pouvait entreprendre
7 des mesures disciplinaires, militaires, sanctionner les
8 personnes, et cætera ?
9 R. Monsieur Kordic et puis d’autres également
10 qui ne faisaient pas partie de la hiérarchie militaire
11 n’avaient aucune autorité à ce niveau-là. Ce n’était même
12 pas possible. Il ne l’a pas fait, mais ce n’était même pas
13 possible.
14 Q. Mon Général, je pense que nous avons
15 progressé bien. Il nous reste encore le dernier sujet qui
16 se réfère aux troupes du HVO [sic] en Bosnie centrale,
17 paragraphe 58.
18 Auriez-vous l’amabilité, mon Général, de dire à la
19 Chambre de première instance si, pendant toute cette
20 période de 1992, 1993 jusqu’à mars 1994, il y avait des
21 soldats appartenant à l’armée croate en Bosnie centrale ou
22 éventuellement s’il y avait des véhicules qui portaient les
23 insignes du HV, l’armée croate ?
24 R. En ce qui concerne la Bosnie centrale, il n’y
25 avait ni des particuliers ni des formations appartenant à
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1 l’armée croate. Quand je dis « armée croate », je sous-
2 entends bien évidemment l’armée qui éventuellement serait
3 arrivée de la République de Croatie, de l’État croate.
4 Malheureusement, il y avait des armées différentes
5 du monde entier, mais il n’y avait pas d’armée croate pour
6 une raison tout à fait claire. Les Croates de Bosnie
7 centrale étaient dans une situation à se défendre et
8 l’armée croate n’était pas aussi puissante pour les aider
9 pour défendre cet espace.
10 Au moment où les combattants, par exemple, me
11 posaient la question : « Mais pourquoi nous ne recevons pas
12 l’aide de la Croatie ou de l’armée croate ? », moi, je
13 répondais : « C’est comme un État qui est tout jeune.
14 C’est comme un nouveau-né. Par conséquent, ils ne
15 disposent pas de moyens pour nous aider et ils ne peuvent
16 pas nous aider. »
17 Il y avait un certain nombre d’individus, donc de
18 particuliers qui sont nés en Bosnie et qui ont poursuivi
19 leur enseignement, leur formation en Bosnie et qui
20 portaient des symboles et arboraient des insignes de
21 l’armée croate. Il y en avait également d’autres qui
22 portaient des insignes de l’armée britannique ou allemande,
23 et cætera. Je parle des Croates.
24 Je maintiens que les gens qui sont nés en Croatie,
25 des gens qui ont été formés en Croatie, malheureusement,
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1 n’étaient pas, et je dis malheureusement, n’étaient pas en
2 Bosnie.
3 Q. Quand vous dites « malheureusement », c’est
4 probablement en votre qualité de militaire professionnel de
5 carrière ?
6 R. Sur ce territoire, il y avait des milliers,
7 des milliers de – je ne sais pas comment les appeler –
8 personnes qui viennent du monde entier qui sont contre moi,
9 qui s’organisent, qui s’arment, qui hissent des drapeaux
10 qui ne sont pas les miens, alors que l’État croate ne nous
11 envoie pas de manière légitime une formation militaire qui
12 aurait été une formation légitime, qui aurait été
13 certainement une armée que nous avons attendue.
14 Je sais que ce que je vais dire, ça va créer un
15 tableau négatif sur les Croates, mais malheureusement, je
16 le maintiens : en Bosnie centrale, on a manqué de cette
17 aide. À mon avis, on aurait dû bénéficier de cette aide
18 car tout le monde y croyait et cette aide ne nous est
19 jamais parvenue.
20 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Monsieur le
21 Président, Messieurs les Juges, je pense que j’ai progressé
22 bien. J’aurais pu éventuellement économiser un peu plus de
23 temps, mais pour accélérer les débats, je pense que le
24 mieux effectivement c’est de poursuivre avec cette approche
25 de nous référer sur les résumés. Par conséquent, on peut
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1 juste passer en vitesse des paragraphes et puis, lors du
2 contre-interrogatoire, compléter éventuellement ce qui a
3 été dit par le témoin.
4 C’est comme ça que je termine, Monsieur le
5 Président, Messieurs les Juges. Je remercie le témoin
6 également et je le laisse à votre disposition et à la
7 disposition de l’Accusation.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous n’avons
9 pas versé au dossier les déclarations préparées par
10 l’Accusation et nous ne pensons pas qu’il faille le faire,
11 à moins qu’il y a un accord entre les deux parties à ce
12 sujet.
13 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci.
14 [La Chambre discute]
15 M. LE JUGE BENNOUNA : Me Naumovski, je crois que
16 le témoin vient de nous dire qu’il n’y a pas eu d’aide de
17 la Croatie, bien que cette aide aurait été légitime. Je le
18 vois dans le transcript en anglais : « which would have
19 been legitimate ». Il trouve qu’une aide de la Croatie
20 aurait été tout à fait légitime, mais qu’elle a manqué. Il
21 a dit : « …parce que c’est comme un nouveau-né », et
22 cætera.
23 Je voudrais vous demander, Général Filipovic,
24 pourquoi vous pensez que l’aide de la Croatie aurait été
25 tout à fait normale et légitime.
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1 R. À mon avis, à partir du moment où il y a le
2 peuple qui est victime, si ce sont les Français, les
3 Américains, les Allemands n’importe où dans le monde, il y
4 a une population qui est victimisée, la France, les États-
5 Unis, l’Allemagne doivent aider cette population avec tout
6 ce dont ils disposent.
7 Nous, on était des victimes. On a traversé des
8 épreuves, nous, en Bosnie centrale. La moitié de cette
9 population n’est plus dans cet espace, n’habite plus cette
10 région. Ma famille a tout perdu. Les membres de ma
11 famille ont tout perdu et c’est dans ce contexte que la
12 Croatie – tout au moins, c’est ce que moi, je pensais –
13 avait le devoir de nous aider et on s’attendait à cette
14 aide.
15 M. LE JUGE BENNOUNA : [Hors microphone] …devoir
16 de vous aider parce que vous étiez Croate vous-même comme
17 vous vous êtes défini du point de vue ethnique ou bien
18 parce qu’elle partageait les mêmes objectifs que vous ?
19 R. Je ne parle pas des objectifs, Monsieur le
20 Juge. Je dis que nous parlons d’un espace, un espace bien
21 déterminé. Les Serbes étaient tout-puissants avec l’aide
22 de la Serbie ou de je ne sais pas qui encore. Si les
23 Bosniens également, je parle des Musulmans également, ont
24 de la force parce que c’est le monde je ne sais pas d’où,
25 mais on les aide quand même et c’est dans ce contexte-là
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1 que la Croatie avait le devoir d’aider le peuple croate en
2 Bosnie centrale. Les uns et les autres étaient aidés et je
3 ne parle même pas des Croates, je parle également de la
4 survie en Bosnie centrale.
5 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, merci.
6 Me Kovacic, Me Mikulicic, peut-être pourriez-vous
7 commencer. Nous allons poursuivre les débats jusqu’à 16 h
8 10.
9 Me MIKULICIC (interprétation) : Merci, Monsieur
10 le Président. Je vais commencer.
11 INTERROGÉ PAR Me MIKULICIC
12 (interprétation) :
13 Q. Bonjour, Général Filipovic. Je m’appelle
14 Mikulicic de Zagreb et avec mon confrère Kovacic, je
15 défends Monsieur Cerkez. Je vais vous poser quelques
16 questions. Je serai beaucoup plus bref que ce ne fut le
17 cas de mon confrère Naumovski. Je vais vous demander de
18 bien vouloir me donner les réponses selon bien évidemment
19 ce que vous savez et ce que vous avez gardé en mémoire.
20 Mon Général, vous avez dit que le 12 avril 1992,
21 vous vous êtes rendu dans la vallée de la Lasva ?
22 R. Oui, c’est exact.
23 Q. Pourriez-vous, s’il vous plaît, rafraîchir
24 notre mémoire et essayer de me décrire la situation à ce
25 moment-là et plus tard également en 1992 qui prévalait dans
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1 la région de Vitez ? Quelles étaient les structures du
2 point de vue militaire sur lesquelles… que vous avez
3 constatées, pardon (l’interprète se reprend) ?
4 R. Monsieur le Président, Messieurs les Juges,
5 j’ai déjà dit que c’est le 10 avril 1992 que j’ai quitté
6 l’ex-JNA. Je me suis rendu à Travnik. Je me suis mis
7 d’accord avec mon épouse de l’évacuer elle-même ainsi que
8 les enfants et puis mes parents et ensuite, je suis
9 retourné à Travnik tout seul ou plutôt à Vitez car je
10 connaissais Monsieur Marijan Skopljak. Par conséquent, le
11 12, j’étais déjà à Vitez et je me suis entendu avec
12 Monsieur Marijan Skopljak sur la manière dont ma famille
13 allait sortir de Doboj et c’est là où j’ai fait
14 connaissance de Monsieur Cerkez.
15 Monsieur Cerkez était homme à tout faire à ce
16 moment-là, aussi bien au sein du commandement et aussi bien
17 au niveau de l’organisation de la vie à Vitez. Ils ont
18 réussi à organiser dix personnes donc à aller jusqu’à Doboj
19 en véhicule. Ce n’était pas du tout simple. À ce moment-
20 là, ils ont réussi à sortir de Doboj mes enfants ainsi que
21 mes parents et mon épouse. Ils les ont transférés de Doboj
22 à Travnik.
23 Q. Par conséquent, à ce moment-là, Cerkez, pour
24 vous, était quelqu’un qui était le principal au niveau de
25 la municipalité, n’est-ce pas ? Pardon, je parle de
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1 Marijan Skopljak.
2 R. Oui.
3 Q. Vous avez dit, Général, qu’il y avait eu des
4 entretiens auxquels vous avez assisté et que ces entretiens
5 avaient lieu dans une maison de Marijan Skopljak ?
6 R. Oui. Il s’agit d’une maison. C’est une
7 maison dont le propriétaire était Marijan Skopljak, et en
8 bas, il y avait un café.
9 Me MIKULICIC (interprétation) : Je vais demander
10 à l’Huissier de m’aider et de montrer au témoin la pièce à
11 conviction D66/2. C’est une photographie, je pense.
12 Monsieur l’Huissier, si vous voulez bien mettre la
13 photographie sur le rétroprojecteur, s’il vous plaît, celle
14 qui est en couleur, s’il vous plaît.
15 Q. Mon Général, est-ce que vous reconnaissez la
16 maison sur cette photographie ? C’est la maison dont le
17 propriétaire était Marijan Skopljak, et il y avait ce
18 local, ce café.
19 R. Oui, effectivement, mais nous nous sommes
20 rencontrés dans ce bâtiment annexe [indication du témoin].
21 Q. Exact. Est-ce que c’était en quelque sorte
22 le commandement opérationnel de l’état-major ?
23 R. Oui. Je me souviens. Il y avait deux
24 pièces, deux pièces qui n’ont pas été aménagées
25 véritablement comme il fallait. Il y avait de la peinture
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1 qui manquait, mais il y avait quand même une table et il y
2 avait des chaises et c’est là où nous avons discuté et
3 c’est là où il m’avait promis qu’il allait sortir ma
4 famille de Doboj.
5 Q. Merci.
6 Me MIKULICIC (interprétation) : Merci, Monsieur
7 l’Huissier.
8 Q. Mon Général, vous avez dit également que
9 l’objectif principal pour lequel le HVO s’était organisé à
10 Vitez et également au-delà, dans l’ensemble de la Bosnie
11 centrale, était pour organiser la résistance face aux
12 Serbes et à l’ex-JNA. Il y avait quand même des opérations
13 qu’ils ont engagées. Est-ce que je vous ai bien compris ?
14 R. Oui, vous m’avez bien compris.
15 Q. Par ailleurs, vous avez également dit qu’il y
16 avait un certain nombre d’opérations militaires qui ont été
17 organisées et le but de ces opérations militaires était
18 justement de faire sortir les formations de l’ex-JNA de
19 leurs casernes et de prendre l’armement ?
20 R. Oui. Une fois quand je me suis rendu sur
21 place, c’est à ce moment-là que nous nous sommes organisés
22 pour les faire sortir.
23 Q. Ce n’était pas uniquement des membres du HVO
24 qui ont participé dans ces actions, mais il y avait
25 également des membres de la Défense territoriale, des
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1 Bosniaques qui ont participé dans cette action ?
2 R. Oui. Ils ont participé, bien évidemment,
3 mais ça dépendait également un petit peu de la confiance
4 qu’on leur faisait.
5 Q. Il y avait une action également à l’encontre
6 de cette caserne Slimena, de cet entrepôt, mais si je
7 comprends bien, c’est vous qui avez commandé cette action,
8 cette opération très concrète ?
9 R. Oui.
10 Q. Vous souvenez-vous, mon Général, que mon
11 client, Monsieur Cerkez, sur l’ordre de l’état-major
12 Marijan Skopljak, aurait dû y participer ?
13 R. Il aurait dû participer. Il a participé
14 effectivement dans cette action.
15 Q. Mon Général, vous avez réussi à obtenir
16 également deux chars antiaériens ?
17 R. Oui.
18 Q. Il y en avait un qui avait les trois tubes et
19 l’autre qui était de calibre de 40 millimètres ?
20 R. C’était exactement ça.
21 Q. Il y en avait également d’autres qui étaient
22 de 20 millimètres ?
23 R. Oui, mais je me souviens qu’il y avait toute
24 une batterie. Nous voulions en disposer parce que nous
25 voulions véritablement créer une batterie mixte et nous
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1 voulions donner exemple parce qu’elle était composée des
2 Musulmans et des Croates.
3 Q. C’était une action que vous avez organisée
4 conjointement ? Il ne s’agissait pas d’une action qui
5 était secrète, confidentielle, que vous avez organisée au
6 nom du HVO ?
7 R. C’était confidentiel, bien évidemment, parce
8 que nous avons organisé quelque chose et c’est de ce point
9 de vue que c’était une action qui était secrète, mais ce
10 n’était certainement pas le HVO uniquement qui y
11 participait. Je me souviens que je me suis entretenu avec
12 Cengic à Vitez. Je pense que Dzemo Merdan et Dugalic
13 également ont discuté avec nous quelles étaient les
14 activités qu’il fallait organiser, comment on allait
15 partager les munitions, les armes de cet entrepôt.
16 Q. Excusez-moi, mon Général. J’étais peut-être
17 confus parce que j’ai parlé de secret. Quand j’ai parlé de
18 « secret », je pensais vis-à-vis des Musulmans, vis-à-vis
19 de la Défense territoriale. Dans ce sens-là, il n’y avait
20 pas de secret ? Je pense que vous avez déjà répondu à
21 cette question.
22 R. Oui. J’ai déjà donné la réponse.
23 Q. Vous avez dit également qu’il y avait
24 Monsieur Cerkez qui a participé dans cette action. Est-ce
25 qu’il est vrai que normalement, il avait pour objectif,
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1 pour mission de ramener les volontaires jusqu’à cet
2 endroit-là et à l’endroit où il fallait que les gens se
3 rassemblent pour commencer l’action à Slimena ?
4 R. Oui. À ma connaissance, c’était le rôle qui
5 lui avait été imparti, mais de toute façon, pour moi, il
6 n’avait pas été quelqu’un sur lequel je pouvais compter à
7 100 pour cent. Je comptais sur lui bien évidemment, mais
8 d’un autre côté, ce n’était pas un militaire.
9 Il ne faut pas oublier non plus que moi, j’avais
10 parlé à ce moment-là et j’ai négocié avec Kostic et j’ai
11 tout simplement voulu résoudre la situation de manière tout
12 à fait digne. J’ai dit par conséquent qu’il fallait
13 absolument que des soldats n’allaient pas se rendre, mais
14 qu’ils allaient tout simplement aller dans la caserne de
15 Travnik.
16 Q. Mais ces négociations n’ont pas réussi, n’ont
17 pas abouti ?
18 R. Oui. J’ai compris que malheureusement les
19 négociations n’allaient pas aboutir, et de toute façon, il
20 a plastiqué, il a dynamité l’entrepôt au cours de la nuit.
21 Q. Par la suite, le HVO et le TO ont réussi à
22 s’approvisionner en armes. Est-ce que vous pouvez me
23 donner le détail ? Comment ils sont arrivés à posséder ces
24 armes ?
25 R. Ça n’a pas été véritablement partagé. Il y
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1 avait des barrières de sécurité que nous avons placées,
2 mais il y avait une masse qui est accourue. Donc, ils ont
3 traversé les champs de mines et puis il y avait, un petit
4 peu partout dans les champs et ailleurs à l’extérieur, des
5 armes. Ceux qui étaient mieux organisés étaient dans les
6 véhicules. Je me souviens que Dzemal Merdan et Dugalic
7 sont arrivés avec quelques véhicules, un camion, et je me
8 souviens également qu’il y avait d’autres personnes qui
9 sont arrivées des états-majors municipaux en véhicules et
10 ils se sont emparés de ce matériel.
11 Par conséquent, je ne peux pas parler d’un
12 partage. Ils se sont emparés. C’est le terme.
13 Q. Oui, effectivement. Le terme n’était pas
14 bon. Tout au moins, c’est moi qui ne l’avais pas utilisé
15 correctement.
16 Est-ce qu’une partie de ces armes était prise
17 également par la partie musulmane ? C’est tout.
18 R. Je maintiens qu’en ce qui concerne les
19 fusils, ils en avaient pris une quantité nettement plus
20 grande que les membres du HVO car il y avait des blessés,
21 il y avait des tués également, et il a été démontré que ce
22 n’était que des Musulmans. Ce jour-là, je n’avais aucun
23 Croate qui s’est fait tuer, qui était blessé, mais la
24 veille, effectivement, il y avait huit personnes qui ont
25 été blessées grièvement et deux qui ont été tuées. C’est
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1 au moment où l’officier en question avait dynamité
2 l’entrepôt. Il y avait donc les personnes qui se sont fait
3 tuer, comme je l’ai dit, les deux, et huit ont été blessées
4 grièvement.
5 Me MIKULICIC (interprétation) : Monsieur le
6 Président, je n’ai plus de questions au sujet de ce thème,
7 et si vous voulez, nous pouvons donc nous arrêter là et
8 reprendre demain.
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous allons
10 maintenant lever l’audience et nous reprendrons demain à 9
11 h 30.
12 Je vous demande de revenir demain matin à 9 h 30
13 pour la suite de votre déposition, mon Général.
14 --- L’audience est levée à 16 h 14
15 pour reprendre le mercredi
16 12 avril 2000 à 9h 30
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